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MENSUEL CULTUREL & CITOYEN DU SUD-EST DU 12.11.2016 AU 10.12.2016

2€ JOURNALZIBELINE.FR

société Le retour de l’Action Française Politique culturelle Inégalités territoriales des financements 2€ au programme Aflam, Dansem, Explicit, Chants de Noël


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NOËL DANS LES THÉÂTRES

Musique, danse, théâtre, humour... dans une pochette !

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Quatuor de la Chambre Philharmonique –––

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Shirley fait sa crâneuse –––

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IL EST DIFFICILE D’ATTRAPER UN CHAT… Christophe Honoré, Tommy Millot –––

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CLASSIQUE • GRAND THÉÂTRE • 20.12

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ORCHESTRE FRANÇAIS DES JEUNES

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CLASSIQUE • GRAND THÉÂTRE • 15.12

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JESSYE NORMAN

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David Zinman, Marc Coppey

Notre monde qui chante !

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CLASSIQUE • GRAND THÉÂTRE • 22.12

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JAZZ WORLD • GRAND THÉÂTRE • 16.12

Aix-en-Provence

Marseille

JE U DE PAU M E GYMN ASE G R A N D T HÉ ÂTRE BERN A RDIN ES

L E S T H E AT R E S . N E T 08 2013 2013

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NOVEMBRE DÉCEMBRE 2016

CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant le deuxième samedi du mois Édité à 30 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 Imprimé par Riccobono Imprim’vert - papier recyclé Crédit couverture : © Alouette sans tête Conception maquette Tiphaine Dubois

Directrice de publication & rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Anna Zisman anna.zisman.zibeline@gmail.com

ARTS VISUELS Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr

06 25 54 42 22

LIVRES Fred Robert fred.robert.zibeline@gmail.com MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel jacques.freschel@gmail.com CINÉMA Annie Gava annie.gava@laposte.net

06 88 46 25 01

06 82 84 88 94

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06 86 94 70 44

Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

Polyvolants Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr Maryvonne Colombani mycolombani@gmail.com

06 03 58 65 96 06 62 10 15 75

Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com

06 72 95 39 64

Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56 Jan Cyril Salemi jcsalemi@gmail.com Franck Marteyn abonnement@journalzibeline.fr evenements@journalzibeline.fr

Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com

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WRZ-Web Radio Zibeline Marc Voiry marcvoiry@hotmail.com Directrice Commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Marie Michaud Administration Catherine Simon admin@journalzibeline.fr Houda Moutaouakil contact@journalzibeline.fr

04 91 57 75 11

La capitale, la province et la guerre Voilà que la presse nationale s’intéresse à la culture à Marseille. Télérama y fait ses États Généreux, Le Monde publie un article sur nos théâtres, l’Express enchaîne... Intérêt soudain pour la Province ? On le souhaite : les journalistes culture nationaux ont du mal à sortir de la capitale. Il faut dire que les journaux sont pauvres, et comptent leurs frais de déplacement, et les piges de leurs correspondants. Se pencher sur la vie culturelle provinciale nécessiterait pourtant un regard moins surplombant... Quand sera-t-il question de l’inégalité des financements entre Paris et les Régions ? Ce déséquilibre, aux conséquences si importantes pour la vie culturelle, n’est jamais commenté par les spécialistes, les observateurs, le ministère. L’article du Monde ne parle pas un instant des financements, et presque pas de théâtre : il donne une impression globale et subjective, parle du cou de Macha 101 Makeïeff, rapporte des on-dit quant à ses mises en scène, qu’il n’a visiblement pas vues. Mais il n’aborde jamais la question des moyens de production, et de diffusion. Pourtant les journaux nationaux savent ce que signifie la contrainte économique, et espèrent trouver en province des lecteurs potentiels, et des annonceurs culturels. Des marchés. Les provinciaux intéressent lorsqu’ils payent : l’État finance mal la décentralisation culturelle et a baissé les dotations aux collectivités locales, mais il collecte égalitairement des impôts qui profitent inégalitairement à Paris. Voit-il le désarroi qui s’empare des régions pauvres de France ? Centrés sur leur champ de vision immédiat, les médias et ceux qui nous gouvernent ne comprennent pas davantage ce qui se passe au sud de notre mer. Savent-ils que la COP22 a lieu cette année à Marrakech ? Et que le dérèglement climatique reste tout aussi crucial qu’il y a un an, lorsque tant de moyens ont été mobilisés pour recevoir le monde à Paris ? Quant à la souffrance humaine... Plus de 500 000 personnes sont mortes en Syrie, mais ils comptent et répartissent quelques centaines de réfugiés et de migrants, obsédés par des considérations de politique intérieure. Qu’en est-il de l’égalité que proclame notre devise républicaine ? Qu’en est-il de notre humanité commune ?

ÉDITO

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AGNÈS FRESCHEL


NOVEMBRE

79,254

NOVEMBRE 2016

SAISON 2016 // 2017

THÉÂTRE

18 / 11 / 16

18 / 11 / 16

© Laurent Weyl Argos

79,254

CRÉATION 2016

création 2016 av ec le s out ien de l’O N D A

SUR POINTES

t arif s : 1 5 / 1 0 / 5 / 3 € durée ± 1 h3 0 / ≥ 14 a ns

JEU. 24 & VEN. 25 NOVEMBRE 2016 > 20h30

VOYAGE À TOKYO d’après le film de Yasujiro Ozu

EMIO GRECO PIETER C SCHOLTEN

Dorian Rossel / C ie STT

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© Alwin Poiana

« Avec l’éblouissant Yoshi Oïda en chef de troupe, Dorian Rossel relève le défi de porter au théâtre une des œuvres majeures du cinéma d’Ozu. » Patrick Sourd / Les Inrocks « C’est simple et lumineux. Avec beaucoup de tendresse et d’humour triste. » Fabienne Pascaud / Télérama

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SAISON 16/17

25, 26 NOV. 2016

À L’OPÉRA DE MARSEILLE


sommaire 101

SociÉtÉ

Entretien avec Bassma Kodmani (P.6-7) L’Action Française (P.8-9) COP22 (P.10)

Politique culturelle

Entretien avec Isabelle Martin-Bridot, nouvelle directrice des Hivernales (P.11) L’inégalité territoriale de la culture (P.12-13) La COP22 se tient à Marrakech jusqu’au 18 novembre, Odyssée Ibn Battuta-étape Seyne sur Mer © Gaëlle Cloarec

événements

Conférences à l’EHESS, à Opera Mundi, à la Villa Méditerranée (P.14-15) Expo de Lieux publics, une saison à La Marelle (P.16-17) Dansem, Festiv’anges (P.18-19) Explicit, Rencontres à l’échelle, Théâtre du Maquis (P.20-21) Chants de Noël, les Inovendables (P.22-23) MuCEM, Grains de sel (P.24-25) Une nouvelle directrice aux Hivernales, Isabelle Martin-Bridot © Thomas Bohl

critiques

Spectacles, musiques (P.26-33) Marseille, Montpellier, Aix, Château-Arnoux, Toulon

Festival Explicit à hTh, Montpellier, spectacle Schönheitsabend © Karolina Miernik

AU PROGRAMME DU MOIS Musiques (P.34-38) Spectacles (P.39-65)

Exposition La Traversée, consacrée à Johan Creten au CRAC de Sète, Johan Creten - Odore di femmina © Gerrit Schreurs

cinéma [P.66-71] Arts visuels [P.72-78] Martigues, Nîmes, Marseille, Sète, Montpellier, Aix, Hyères, Brignoles

livres [P.80-86]


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société

Une solution politique en Syrie BASSMA KODMANI, PERSONNALITÉ ACTIVE DE L’OPPOSITION SYRIENNE*, EXPLIQUE À ZIBELINE LA SITUATION POLITIQUE EN SYRIE, ET EN EUROPE... Zibeline : Comment appréhendez-vous l’avenir de la Syrie ? Bassma Kodmani : Il y a bien trop d’acteurs aujourd’hui en Syrie, qui ont englouti la demande initiale, non-violente, d’une aspiration populaire à la fin de la dictature, de l’état policier et corrompu. Nous avons besoin que tous les membres de la communauté internationale concernés par ce conflit signifient à ceux qui soutiennent ce régime criminel qu’il ne pourra pas perdurer. Cet engagement sérieux est indispensable pour parvenir à un processus politique et aboutir à une Syrie unie. Notre priorité est cette solution politique, et le soutien à l’opposition syrienne modérée. Cela implique-t-il une intervention armée plus soutenue ? Pour l’heure, nous avons un camp, c’est-àdire le régime soutenu par la Russie et l’Iran, qui joue le tout militaire et ne donne aucune perspective à une discussion politique. Face à une telle détermination, il est nécessaire d’utiliser des moyens de pression pour que le processus politique devienne possible. Il y a des instruments de menaces : l’utilisation

de la force, et une utilisation effective en cas de violation de tout accord. Ces moyens sont malheureusement nécessaires pour qu’une avancée sur le terrain politique devienne possible. Que ce soit pour un cessez-le-feu ou un accord de paix, nous avons besoin de garanties, qui ne peuvent venir ni du régime, ni de la Russie, mais d’une diplomatie plus coercitive. Vous n’avez pu vous rendre en Syrie depuis deux ans. Quels échos avez-vous de la vie au quotidien dans votre pays ? La situation est insupportable, elle s’aggrave dans toutes les régions, y compris celles tenues par le régime d’Assad. Sans compter l’enfer que vivent les populations bombardées tous les jours. Dans les zones contrôlées par l’Etat Islamique (EI), ceux qui le pouvaient ont fui. Ceux qui sont restés n’avaient nulle part où aller et sont soumis en attendant une issue. Mais ils ne pourront pas prendre l’initiative de se révolter tout seuls, la solution doit venir de l’extérieur. Le régime a des rapports avec l’EI. Nous, en tant qu’opposition syrienne, nous n’en avons aucun. C’est une force qui s’est

© Public Domain

développée à la faveur du chaos et qui doit être éradiquée. Il faut, dans ces zones, remplacer le chaos par une gouvernance légitime. Dans le cadre de la reconstruction du pays, seriez-vous prêts à dialoguer avec Assad ? Non. Le compromis avec Assad s’est révélé impossible. La solution passe par un plan de transition démocratique, dans lequel le départ d’Assad est programmé et se passe de manière contrôlée et, je l’espère, pacifique. Il faut qu’ensuite nous puissions juger le criminel : le scénario de l’Irak ou de la Libye est à éviter absolument. Si Assad part violemment, la violence risque fort de continuer. Pour mener à bien cette transition, pourriez-vous y associer des proches du régime ? Dans le cas d’un départ négocié, je pense que oui. Des membres du gouvernement, ou du système Assad, ceux qui ne sont pas compromis dans les crimes monstrueux, pourront faire partie d’un gouvernement de transition. Quelle est votre position sur le sort des réfugiés en Europe ?

© Public Domain


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André G illes ©

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Pourquoi, à votre avis, une telle attitude ? Le sort que connaissent ici les réfugiés est symptomatique de sociétés relativement insensibles à ce qui se passe ailleurs, avec des gouvernements qui se renvoient la responsabilité les uns aux autres. Cela révèle que les pays riches ne sont pas en mesure de faire davantage, ni pour remédier aux causes d’origine ni pour accueillir les réfugiés. L’Europe est face à une instabilité structurelle, qui va au-delà des réfugiés syriens, mais elle évite d’y faire face. Cela impliquerait des mesures indispensables, de politiques économiques cohérentes, une organisation du codéveloppement. Cela fait des décennies que l’Europe s’en gargarise sans rien faire. Aujourd’hui, elle est confrontée à l’arrivée de ces populations sur son territoire et ne veut toujours pas traiter le problème à la hauteur requise.

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Bassma Kodmani © Arab Reform Initiative (ARI)

Il faut, en préalable, avoir à l’esprit que les pays voisins accueillent un grand nombre de réfugiés syriens. Au Liban, ils représentent près de 30% de la population, en Jordanie 20%. Ils sont 0,5% à tenter d’arriver en Europe et 28 pays ne sont pas décidés à les accueillir au prétexte d’une capacité d’absorption. C’est surprenant, car ces pays européens ont bien plus de moyens ! C’est une question de droits de l’homme, l’Europe tourne le dos aux valeurs qu’elle porte.

Comment avez-vous réagi au démantèlement brutal du bidonville de Calais ? Quand on connaît une situation comme à Calais, on est déjà dans le « trop tard ». C’est la démonstration que les pays se tournent le dos au lieu de coopérer. Le démantèlement était brutal, mais pourquoi en arriver là ? Le Royaume-Uni est autant à blâmer que la France et l’attitude des Britanniques a été très égoïste. Les riches pays du Golfe pourraient accueillir des réfugiés. Pourquoi ne le font-ils pas ? Ces pays ne se prétendent être ni des démocraties, ni des protecteurs des droits de l’homme.

Ils auraient les moyens d’accueillir des réfugiés, sans les faire vivre par la charité et pourraient certainement leur fournir du travail. Mais ils font des choix sans aucune considération de questions morales. Nous souhaitons ardemment qu’il en soit autrement, mais nous n’attendons pas grand chose de leur part. Il faudrait aussi que l’Europe dans son dialogue avec ces pays-là, parle d’autre chose que de contrats et de considérations commerciales. PROPOS RECUEILLIS PAR JAN-CYRIL SALEMI

*Bassma Kodmani est directrice de l’Initiative pour une Réforme Arabe, organisation fondée en 2005 pour favoriser un ensemble d’évolutions afin de tendre vers la démocratie dans les pays arabes. Elle est l’une des représentantes de l’opposition dans la délégation pour les négociations de paix dans son pays. Elle vit désormais principalement en France.

Bassma Kodmani sera l’invitée des Rencontres d’Averroès le 12 novembre à La Criée, Marseille rencontresaverroes.com

Ciao, l’ami !

Sobre, bref, sans « gnangnan », c’est ce qu’aurait voulu notre collaborateur, André Gilles, disparu bien trop tôt mercredi 26 octobre 2016 après une longue maladie. Il a lutté jusqu’au bout, comme il l’a toujours fait contre les injustices de la vie. Il aimait le latin et le grec, l’archéologie, la littérature, la bonne bouffe… et le cinéma. Agrégé de lettres classiques, professeur au collège Georges Brassens de Marignane, formateur en pédagogie du cinéma, à sa retraite, il n’y a même pas 3 ans, il nous a rejointes et a mis sa plume au service de la rubrique cinéma de Zibeline. Et cela a été un pur bonheur de travailler avec ce bon vivant toujours à l’écoute, souriant, généreux, plein d’humour, qui n’hésitait pas parfois à se moquer gentiment des nos « travers de nanas » ! Il parlait turc, grec et avait entrepris d’étudier l’italien ; il a rêvé jusqu’au bout de pouvoir retourner en Sicile au printemps ; il n’en aura pas eu le temps. On se sent un peu orphelines, à la rubrique cinéma. Nous n’hésitons pas à l’écrire, espérant que ce n’est pas trop « gnangnan ‘ pour notre collaborateur et ami, André. ANNIE GAVA ET ÉLISE PADOVANI

La rubrique cinéma est en deuil, la rédaction de Zibeline aussi. Nous avons eu un grand plaisir à découvrir la gentillesse et l’humour d’André, et le décalage léger, bienveillant, qu’il introduisait lors de nos réunions, et dans ses chroniques. Notre collaboration aura été trop courte, et son sourire amusé restera présent dans nos mémoires. AGNÈS FRESCHEL


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société

DEPUIS 2014, LA SECTION PROVENCE DE L’ACTION FRANÇAISE S’EST INSTALLÉE DANS UN LOCAL EN PLEIN CŒUR DE MARSEILLE. DANS LE QUARTIER POPULAIRE DE LA PLAINE, CE MOUVEMENT ROYALISTE ET NATIONALISTE TIENT RÉGULIÈREMENT DES RÉUNIONS ET SA PRÉSENCE PROVOQUE POLÉMIQUES ET TENSIONS

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National royalisme

Tout ce qui est national est nôtre » « Nationalisme intégral, royalisme social ». Ces devises trônent en tête de page sur le site Internet de l’Action Française (AF). Le mouvement naît à la fin du XIXe, dans les remous de l’Affaire Dreyfus. Radicalement anti-dreyfusarde et antisémite, l’AF édite la Revue d’Action Française, où ces idées sont relayées ainsi qu’un nationalisme exacerbé. Très rapidement, l’AF prend une voie royaliste, sous l’influence de Charles Maurras, que les militants appellent encore aujourd’hui « Maître ». Maurras (1868-1952) est un écrivain, élu à l’Académie Française, qui fut lors de l’Occupation un fervent soutien du régime de Vichy. Sa doctrine, le nationalisme intégral, est le socle politique de l’AF, qui réprouvait cependant en 1943 « toute résistance à l’occupant ». « Nous combattrons, comme nous le fîmes toujours, cette anarchie cosmopolite qui remet à des étrangers de naissance ou de cœur le gouvernement de la France, l’anarchie universitaire qui confie l’éducation des jeunes français à des maîtres barbares, les uns juifs, d’autres protestants » Ces mots sont extraits d’un texte de 1908, cosigné Maurras et une douzaine de personnes. Il parut dans le journal de l’AF, devenu alors à parution quotidienne. « À bas la République ! Et, pour que vive la France, vive le Roi ! », conclut la tribune.

CAMELOTS DU ROI

L’idéologie de l’AF, dans la foulée d’autres courants et ligues d’extrême-droite, fut florissante jusqu’au début des années 30. Le 6 février 1934, une manifestation à l’appel de ces diverses organisations tourna à l’émeute sanglante et faillit faire basculer la République. Les Camelots du Roi, militants et vendeurs du journal de l’AF, sont les piliers

du mouvement. Le site de l’AF use encore du terme, précisant : « La vente du journal à la criée, depuis lors, a toujours été la tâche essentielle des Camelots du Roi. Elle contribue à la diffusion des idées royalistes dans le grand public, mais elle est aussi l’école du militantisme. » En 2016, l’un des fondamentaux de l’Action Française reste ses actions de propagande. Depuis les années 30, la situation a nettement évolué. La fleur de lys pour emblème, l’attachement au catholicisme, l’idéologie nationaliste et monarchiste demeurent. Mais les Camelots du XXIe siècle ont adapté leurs méthodes,

médiatique et à produire du contenu à l’usage des réseaux sociaux.

STRATÉGIES DE COMMUNICATION

Ce terrain virtuel est un enjeu majeur pour répandre l’idéologie et, par ricochet, toucher un public jeune, connecté en permanence sur ces réseaux. Les comptes Facebook ou Twitter de l’AF Provence sont alimentés quotidiennement, de manière méthodique et très professionnelle, alternant posts d’opinions et relais des actions menées par le mouvement. L’imagerie y est soignée, met en avant une affirmation clanique (« Esprit de clan » est l’un des slogans utilisés), reprenant certains « street codes », et appuyant une logique de territoire voire de guérilla urbaine (« La rue est à nous », mentionne une affiche, ou « Mauvais garçons mais bons compagnons. Toujours prêts à défendre leur local, leur rue, leur pays », indique un tweet illustré d’une image (une quinzaine d’hommes alignés, visiblement prêts à faire le coup de poing) tirée d’une vidéo de la réunion de rentrée à la rue Navarin. Ce film de trois minutes, conçu comme un clip, use de ces références : images en noir et blanc, saccadées, caméra inclinée, plans serrés sur des militants casqués, occupant la rue pour protéger l’assemblée d’une Tweet de l’AF © X.DR centaine de sympathisants de l’AF, installés sur des chaises au milieu de la chaussée. « Et, pour que vive faisant d’internet et des réseaux sociaux l’un la France, vive le Roi ! », scandent-ils à la fin des axes essentiels de leur communication. de la vidéo. Et si l’AF a connu une longue période de Une certaine violence est donc revendiquée par creux, elle est de nouveau en plein essor. En l’AF, mais les militants marseillais assurent qu’il particulier la section Provence, l’une des plus s’agit de réagir aux menaces qu’ils rencontrent actives. Ces derniers mois, elle affiche une dans le quartier. Leur local est en effet réguprésence marquée, multiplie les coups d’éclats, lièrement la cible d’attaques, dégradations ou cherchant à la fois à atteindre une visibilité tags, que l’AF attribue systématiquement aux


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Local de l’Action française © Jan Cyril Salemi

« antifa ». Dans cette partie de la ville, populaire et métissée, on s’accommode mal de la présence d’un mouvement qui affirme son hostilité aux immigrés, son refus du mariage homosexuel ou son opposition à l’avortement. « Ils représentent des valeurs que l’on rejette » explique-t-on à l’Action Antifasciste Marseille, qui relaye également des témoignages d’agressions commises par des personnes fréquentant le local de la rue Navarin. Et met au défi de prouver que le collectif est l’auteur des actes dont l’accuse l’AF. « Ils ont beaucoup d’ennemis, pas que nous, et ils le savent très bien. » Tandis que du côté de l’AF, on nie toute violence perpétrée par des militants. Ces troubles, de plus en plus fréquents, ont conduit des voisins à se regrouper (Collectif rue Navarin) pour alerter sur la situation et le député de la circonscription, Patrick Mennucci, a demandé fin octobre au maire de Marseille de procéder à la fermeture administrative du local.

RÉSEAUX D’EXTRÊME-DROITE

L’AF refuse d’être cataloguée à l’extrême-droite, assure ne soutenir aucun parti, tient en apparence un discours social, avec références marxistes, « on a beaucoup plus en commun avec les antifa que ce qu’ils veulent le croire ». Dans la réalité, il en va tout autrement.

À Marseille, les connexions avec le Front national sont connues. Les militants AF précisent simplement qu’il s’agit d’affinités avec une personnalité, Stéphane Ravier, non pas avec le parti. Tout comme ils admettent une proximité de vues avec la ligne de Marion Maréchal Le Pen, mais pas celle de Florian Philippot, notoirement homosexuel. « S’il avait été le candidat à la mairie de Marseille, on ne l’aurait pas soutenu. » Malgré ces prises de distance avec l’appareil du FN, l’AF joue un rôle de satellite des frontistes. Il s’agit aussi pour le FN de former des jeunes : le parti est celui qui compte le plus de candidats de moins de 30 ans. Il est relativement aisé pour un jeune militant de gravir les échelons et d’être en situation éligible. L’AF est ainsi une sorte de sas, où il est possible de suivre une formation idéologique, s’aguerrir, voire laisser parfois quelques débordements s’exprimer, sans que cela retombe sur le FN. Officiellement, le parti de la famille Le Pen se tient à l’écart des groupuscules d’extrême-droite. En coulisses, et parfois plus ouvertement, les ramifications sont actives. Lors des municipales de 2014 à Marseille, des membres de l’AF étaient présents sur la liste Ravier, et très impliqués dans sa campagne. Le site de l’AF relaye une vidéo de France 3 où le maire des 13-14, salue « les militants

exemplaires de l’Action Française » se disant « très heureux et très fier de ces jeunes gens ». Le local de la rue Navarin a été acquis via une Société Civile Immobilière, nommée Le Cochonnet, où figurent des proches du Bloc Identitaire (deux membres des Antigones, le mouvement de femmes identitaires) ou un candidat FN à Marseille revendiquant ouvertement le « Blood and Honour » (Sang et Honneur). Cette devise héritée des jeunesses hitlériennes est associée aujourd’hui à un label de musique néo-nazie, spécialisé dans le RAC (Rock Anti-Communiste). La rhétorique de communication privilégiée par l’AF -« on est plus proches de Mélenchon que de Sarkozy ou Hollande »- est incompatible avec ce qu’est réellement ce mouvement. Dans un monde en perte de repères, où les valeurs progressistes peinent à s’exprimer, où les idées radicales deviennent banales, où le discours de gauche est discrédité, l’AF s’engouffre dans une brèche, déjà ouverte sur plusieurs autres fronts. Le modèle de société que souhaitent ces divers courants ne laisse place à aucune ambiguïté. JAN-CYRIL SALEMI


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Odyssée Ibn Battuta-étape Seyne sur Mer © Gaëlle Cloarec

Souquez ! R

appelez-vous, c’était il y a un an, à Paris1 : la COP21 s’achevait, l’État d’urgence ayant assigné à résidence les militants de l’environnement les plus remuants, et Laurent Fabius, épuisé par une négociation intense, annonçait un accord juridiquement contraignant. 195 pays s’engageaient sur le papier contre le réchauffement climatique. Ratifié en septembre par les deux plus gros pollueurs au monde, la Chine et les USA, et par le troisième, l’Inde, un mois plus tard, le texte vise à contenir la hausse des températures moyennes sous le seuil de +2°C par rapport au niveau préindustriel.

LES ENJEUX DE LA COP22 La COP22 aura lieu du 7 au 18 novembre au Maroc : à l’heure où nous écrivons ces lignes, elle n’a pas encore commencé, mais tout le monde espère que cette édition de la conférence, organe de décision suprême de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, sera celle des applications concrètes. Un glissement massif des capitaux, abandonnant les énergies fossiles pour encourager les renouvelables ; un réel effort pour rééquilibrer l’investissement des pays riches, les plus énergivores, face aux pays du Sud, les plus impactés par le réchauffement ; la prise en compte de la problématique spécifique aux espaces maritimes, élément clé de l’équilibre climatique.

LE PAYS ACCUEILLANT Les délégations des 197 Parties concernées (197 États -dont le dernier intégré, la Palestine- et

LA 22E CONFÉRENCE DES PARTIES, DITE COP22, BAT SON PLEIN À MARRAKECH JUSQU’AU 18 NOVEMBRE, DANS LE BUT DE LIMITER LES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE À L’ÉCHELLE MONDIALE, ET DONC LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE. LA SOCIÉTÉ CIVILE CROIT DE MOINS EN MOINS À SON EFFICACITÉ ET S’AUTONOMISE

l’Union Européenne) se rassembleront à Marrakech. D’aucuns se réjouissent : après un pays occidental cossu comme la France, il est bon qu’un pays du Maghreb, dont les côtes et les zones désertiques sont déjà frappées de plein fouet par la hausse des températures, reçoive la Conférence. Reste que sa situation particulière n’est pas anodine : le Maroc est un royaume autoritaire, proche des pays du Golfe, et sa politique environnementale est loin d’être exemplaire.

ODYSSÉE IBN BATTÛTA Comme lors des précédentes COP, d’innombrables ONG et collectifs écologistes convergeront vers le site, espérant influer sur les débats. Mais cette année, de manière plus prononcée encore, la société civile entend conjuguer luttes environnementales et sociales. C’est l’objectif premier de l’Odyssée des Alternatives Ibn Battûta2, une initiative qui relie à la voile Barcelone et Tanger, organisant à chaque étape, avec les structures locales, des forums et mobilisations centrées sur la justice climatique. Le 22 octobre, l’Odyssée s’est arrêtée à La Seyne-sur-Mer, pour une journée d’échanges avec les équipages participants, des projections, débats et nombreux ateliers.

RELIER LES PEUPLES Si la présidence marocaine se réunit avec la société civile pendant la COP22 afin « d’élaborer ensemble un agenda pour le climat commun », annonce le site officiel, ladite société civile n’est pas forcément convaincue. Certes, les grosses ONG, rompues au lobbying, jouent

le jeu volontiers. Mais nombre des plus petites structures et des activistes n’attendent rien ou pas grand chose des grands organismes. Pour Jean Ronan Le Pen, de la plate-forme Océan & Climat, « Les institutions sont devenues un obstacle. La FAO par exemple n’aborde la question maritime que par la « pêche durable », mais l’enjeu ne se limite pas à ça ! ». Comme le souligne Hervé Paris, du collectif Altercarto (usages citoyens des données statistiques), « Nous, on s’en fiche de la COP, ce qu’on veut c’est se mettre en réseau, et creuser le débat sur le changement de modèle productiviste : il est en latence mais il n’a jamais eu lieu ».

ESPÉRER L’escale de l’Odyssée à la Seyne-sur-Mer n’était pas dénuée d’espoir. On y a vu de jeunes adolescents issus des quartiers très populaires de Martigues présenter fièrement le film qu’ils ont réalisé sur l’écocitoyenneté. Avec l’association de scientifiques Les Petits Débrouillards, ils ont entre autres fabriqué leur propre station d’étude de la qualité de l’air : on ne leur en contera plus. À Gabès, l’étape suivante, ce sont les initiatives populaires face à la pollution industrielle, un ravage en Tunisie, qui prendront le relais. GAËLLE CLOAREC 1 2

Lire notre article consacré à la COP21 dans Zibeline n°91 Ibn Battûta : explorateur berbère (1304-1377)

Pour aller plus loin : cop22.ma odysseeibnbattuta.org ocean-climate.org altercarto.fr lespetitsdebrouillardspaca.org


politique culturelle 11

Les Hivernales changent de tête ISABELLE MARTIN-BRIDOT EST OFFICIELLEMENT NOMMÉE À LA DIRECTION DES HIVERNALES - CENTRE DE DÉVELOPPEMENT CHORÉGRAPHIQUE D’AVIGNON. DONT ELLE ÉTAIT LA DIRECTRICE DÉLÉGUÉE DEPUIS LE DÉPART, MOUVEMENTÉ, D’EMMANUEL SÉRAFINI. PORTRAIT D’UNE FEMME DE TERRAIN... Zibeline : Quel a été votre parcours jusqu’à cette prise de direction ? Isabelle Martin-Bridot : Je viens de l’enseignement de la danse, et j’ai commencé en 2000 à travailler à Uzès Danse, pour rejoindre dès 2004 le Centre de Développement Chorégraphique d’Avignon, en tant que chargée de communication. Emmanuel Sérafini m’a ensuite nommée secrétaire générale, et j’assure depuis janvier 2016 la direction par intérim. Votre nomination a-t-elle fait l’unanimité ? Je me suis sentie portée par une équipe en demande, par les collectivités territoriales et surtout par un conseil d’administration qui m’a nettement encouragée. Pour le ministère cela a été plus compliqué : ils ne me connaissaient pas. Mais la Ville et le Département ont été très actifs en ma faveur. Les Hivernales sont-elles sorties des difficultés financières qui ont abouti au licenciement d’Emmanuel Sérafini, et qui existaient du temps d’Amélie Grand ? On en était sorti après le départ d’Amélie Grand mais on a replongé l’année dernière. En 2016 on a commencé à résorber le déficit. L’exercice n’est pas fini mais je peux d’ores et déjà vous dire qu’on a fait un grand pas et que le bout du tunnel est en vue. Et votre lieu, le théâtre des Hivernales, parviendrez vous à le conserver ? À ce niveau tout reste à faire ! Notre bail court jusqu’en 2020 et je suis assurée pourtant que les collectivités ont à cœur de nous aider dans notre recherche d’un lieu de spectacle. Votre projet artistique diffère t-il du précédent ? Il s’agit de maintenir le positionnement du CDC, qui est un lieu de référence chorégraphique. Cependant, sans renoncer à notre exigence artistique, je voudrais ouvrir davantage les Hivernales sur la ville, proposer des spectacles hors de plateau, en extérieur... Après 2017 le Festival se décalera en partie, pour rendre possible la venue des Avignonnais, en particulier de la jeunesse, des étudiants, des lycéens, mais aussi des entreprises avec lesquelles nous tissons des liens. Je voudrais également sortir la danse des remparts d’Avignon, aller en périphérie, mais aussi en milieu rural. J’ai un projet avec Uzes danse, qui a un studio mobile et amène la danse hors de la

Isabelle Martin-Bridot © Thomas Bohl

ville, sur tous les chemins. Allez-vous continuer à travailler toute l’année, ou vous concentrer sur le Festival de février ? Non, nous voulons poursuivre les rencontres régulières et créer du lien autour de la pratique. Nous avons dorénavant -c’est un conventionnement du ministère pour tous les CDC- des artistes associés pour trois ans : Naif production (Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne et Lucien Reynes ndlr) ont à cœur de travailler avec des amateurs, leurs créations s’en nourrissent. Je crois vraiment que c’est par la pratique que la danse s’approche et se transmet. Les Hivernales sont traditionnellement très liés à la pratique, et les stages d’Amélie Grand ont fait le CDC... Oui, mais il faut repenser leur fonctionnement. Aujourd’hui ce type de stage est proposé partout, et les amateurs ne traversent plus la France pour venir en stage de vacances. Nos ateliers de pratique sont pour les habitants, Naif Production est issu du territoire d’Avignon, et cela a du sens. Allez-vous conserver l’Eté des Hivernales ? Oui, bien sûr. Cela va dépendre du lieu, il faudra peut être revoir le format si nous n’avons plus le théâtre, mais il faut absolument que la danse, dans l’énergie du Festival d’Avignon, montre

sa vitalité. C’est un temps de visibilité pour les compagnies chorégraphiques régionales, et les accompagner est l’une de nos missions. Pouvez-vous nous révéler quelques temps fort du festival de février ? Avec plaisir ! Nous commencerons au Palais des Papes ! Avec Yvan Alexandre, juste après la création de sa pièce à la Conciergerie. Naïf production créera la Mécanique des Ombres. Il y aura aussi Christian Rizzo, directeur du Centre chorégraphique National de Montpellier, un voisin avec qui nous voulons créer des liens, et le Ballet National de Marseille, pour les mêmes raisons ! Il y aura aussi du hip hop avec Amala Dianor, la pièce écologique de Frank Micheletti (Kubilai Khan Investigation ndlr), et une belle déambulation de Sébastien Ly dans la Collection Lambert. Pour la plus grande ouverture esthétique possible, dans un esprit de partage, et un désir d’exigence. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

hivernales-avignon.com


12 politique culturelle

SOMMES-NOUS ÉGAUX DEVANT L’OFFRE CULTURELLE ? LES FINANCEMENTS PUBLICS DE LA CULTURE NE CONCERNENT PAS ÉQUITABLEMENT TOUS LES FRANÇAIS, DANS UN PAYS OÙ LA CENTRALISATION FAIT LOI, ET SYSTÈME

Citoyen culturel de deuxième et troisième zones

L

’Arcade, agence régionale des arts du spectacle, s’apprête à publier son rapport régulier (tous les deux ans) sur les financements de la culture 2014 en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une étude qui permet, entre autres, de comparer les financements publics des collectivités : l’État, la Région, les 6 Départements, et un panel de 28 Intercommunalités et 93 Communes. Les chiffres qui en découlent sont mis en perspective territoriale.

SYSTÈME DE COMPENSATION

En région PACA, les équilibres territoriaux sont subtils. Les chiffres datent de 2014, soit avant les élections régionales, départementales et municipales, mais ils n’ont pas notablement changé, sauf sur 2 points : le fort désengagement du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône qui depuis 2014 a baissé le budget culture d’au moins 20%, et l’a de plus concentré sur Marseille ; le rééquilibrage des dépenses de la Région, en particulier vers les Alpes-Maritimes, sous dotées par rapport aux Bouches-du-Rhône lors des mandatures précédentes : Michel Vauzelle parlait d’équité par le développement culturel des territoires défavorisés, Christian Estrosi veut l’égalité

des dépenses culturelles, quel que soit le niveau de vie des habitants. Pour ce qui est des communes, celles des Alpes-Maritimes, plus riches que les autres, investissent davantage dans la culture ; il n’en est pas de même dans le Var où, à l’exception notable de Toulon, les budget culturels des communes sont particulièrement bas, pour un département où le niveau de vie est élevé ; mais c’est dans les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes que le financement des

communes est au plus bas, et entraîne avec lui une très faible implication de l’État et de la Région : il est en effet difficile d’abonder au fonctionnement d’équipements quand les villes qui les abritent ne le font pas. Les communes de Vaucluse, en dehors d’Avignon, sont elles aussi très en dessous de la moyenne des communes en France, mais l’État et la Région finançant les festivals d’Avignon et d’Orange, l’effet d’entrainement du peu d’engagement des communes, et du Département de Vaucluse, est moins net. Quant aux Bouches-du-Rhône, elles bénéficient de la prime au centre : les équipements à vocation régionale ou nationale y sont plus nombreux, et de fait mieux financés, par les collectivités et l’État. En particulier les festivals (Aix et Arles). Mais malgré la plus forte implication de l’État et de la Région, la dépense par habitant y demeure moins forte que dans les Alpes-Maritimes, les communes y dépensant moins. Ce fait, constaté en 2014, sera certainement accentué en 2016 avec la baisse du Conseil départemental et le rééquilibrage du Conseil régional. L’effet de centralité s’exerce donc, globalement, en région PACA : dans chaque département, la ville centre est la mieux financée (Avignon,


13

Toulon et Nice), les Alpes restant dans leur périphérie montagneuse, et les Bouches-du-Rhône, avec leurs 2 millions d’habitants, possédant plusieurs centres (Aix, Arles et Marseille) et faisant office de capitale culturelle régionale multitêtes.

CENTRALITÉ PARISIENNE

L’inégalité fondamentale ne réside pas entre les départements de la région, mais entre régions et capitale. Le ministère de la Culture, qui publie chaque année les chiffres clés de répartition entre ses missions, ne produit d’ailleurs aucun document recensant leur répartition territoriale. Il est difficile de comparer les budgets nationaux (composés de financements de plusieurs ministères et divisés en missions diverses) et ce qui parvient en PACA : mais la seule mission culture (hors patrimoine et musées) répartie pour les 66 millions de Français leur attribuerait 39€ chacun. Sur un périmètre identique il reste, pour un habitant de PACA, 25€. Soit moins de deux tiers, au mieux, et la Région PACA n’est pas parmi les moins dotées en France. Par ailleurs, la dépense par habitant est globalement plus forte en PACA qu’en France : ce sont les communes qui mettent la main à la poche, en particulier dans les Alpes-Maritimes, pour compenser le peu d’engagement de l’État. Lorsqu’elles sont riches elles y parviennent,

lorsqu’elles sont pauvres, ou manquent d’intérêt pour la vie culturelle, en particulier depuis la baisse des dotations d’État, la vie culturelle est sous financée. Où va donc cette différence, minimale, de 39 à 25€ ? À Paris. La très grande majorité des équipements entièrement financés par l’État sont à Paris, ainsi qu’un bon nombre des équipements nationaux (financés majoritairement par l’État). Les théâtres privés y bénéficient d’un fonds dédié, et un tiers des théâtres français sont d’ailleurs en Île de France, qui ne représente pourtant que 18% de la population. L’Opéra National de Paris coûte à l’État plus de 100 millions (0,4 millions pour l’Opéra de Marseille, 3,7 millions pour l’Opéra National de Montpellier) et il y construit encore, hier La Villette et la Philharmonie, et aujourd’hui

« Après la réussite du projet de la Philharmonie de Paris, on comprend que la périphérie devient, en fait, centrale » AUDREY AZOULAY LORS DE SA VISITE AUX ATELIERS BERTHIER

la Cité du Théâtre, qui n’ont pourtant pas de vocation nationale puisqu’ils ne rayonnent jamais hors de Paris. La Cité du Théâtre aux Ateliers Berthier, dans le 17e arrondissement de Paris, est emblématique de la centralisation Française. Elle est conçue pour être un nouveau type de bâtiment culturel, sans qu’il soit question de reproduire ailleurs son modèle. Lors de sa visite, la ministre de la Culture se réjouissait de lancer un projet « de périphérie » pour « démocratiser la culture ». Certes Berthier n’est pas au centre de Paris, mais il n’est même pas en banlieue, et la périphérie parisienne est, aux yeux de 82% des Français, fort centrale ! Le rapport de 2015 du Ministère explique que pour des établissements parisiens comme l’Odéon ou Chaillot, « la subvention de fonctionnement augmente compte tenu des contraintes pesant sur la gestion de l’établissement, et afin de contenir l’érosion de leurs marges artistiques et prendre en compte la croissance tendancielle du coût du théâtre ». Propos de bon sens, mais que l’on n’entend jamais dans les DRAC qui doivent faire face à la même érosion... Il y a bien, en France, des citoyens culturels de première zone, à Paris. Et de troisième zone, dans les Alpes ou le Nord Vaucluse... AGNÈS FRESCHEL


14 événements

Sciences humaines

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e cycle de conférences À l’écoute des sciences sociales, proposé par l’EHESS, reprend à la Bibliothèque Départementale des Bouches-du-Rhône. La sociologue Emmanuelle Marchal a publié en 2015 aux éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales un ouvrage intitulé Les embarras des recruteurs, Enquête sur le marché du travail. Serge Gruzinski est historien ; son livre L’Histoire, pourquoi faire ? est paru la même année chez Fayard. Tous deux ont donné à Zibeline un avant-goût de leurs interventions. Zibeline : Sur quoi travaillez-vous ? Emmanuelle Marchal : J’analyse les pratiques de recrutement, pour voir dans quelle mesure elles n’alimentent pas les difficultés du marché du travail. En m’appuyant sur de très nombreuses sources : offres d’emploi, entretiens d’embauches, enquêtes du ministère, plaintes déposées pour discrimination... On constate que les recrutements sont des opérations très incertaines, et que chaque méthode charrie ses a priori. Il y a des spécificités françaises,

notamment la sélection par le diplôme. Le taux de chômage important joue aussi : de nombreux patrons ne publient pas d’annonce, car ils reçoivent trop de réponses ! La 1re source de recrutement est la candidature spontanée, où l’initiative revient au candidat, mais en aveugle, car il ne connaît pas précisément les besoins de l’entreprise. La plupart des offres mettent l’accent sur le profil, les conditions à remplir pour candidater, plutôt que sur les caractéristiques du poste, les conditions de travail. Beaucoup de travaux sur la recherche d’emploi conduisent de manière indirecte à considérer que les problèmes viennent du chômeur. Mon objectif est de questionner les démarches des employeurs, pas seulement les professionnels qui recrutent directement, mais aussi les intermédiaires tels que Pôle Emploi ou les cabinets de recrutement.

Serge Gruzinski : Au départ, je suis spécialiste de l’Amérique Latine, en particulier le Mexique de la conquête au XVIe siècle. Comment les civilisations indigènes ont-elles réagi à l’occidentalisation ? Tous les problèmes qui se sont posés alors résonnent actuellement : les rapports entre colonisation, religion et questions d’identités. Je ne fais pas de théorie de l’Histoire, mais je pense que dans un monde globalisé, il faut l’enseigner autrement. C’est un déficit de ne pas s’intéresser aux autres continents, de même que l’ignorance des

(Co)-locataires du monde février, deux nouveaux philosophes, Myriam Revault d’Allonnes et Michaël Fœssel, tenteront de réconcilier notre subjectivité avec sa puissance d’agir. Un beau programme pour le nouveau partenaire d’Opera Mundi, la Bibliothèque Départementale des Bouches-du-Rhône. D’autres dates ponctueront le printemps, à la rencontre notamment d’une juriste, Valérie Cabanes, d’un sociologue de l’urbain, Jacques Donzelot, et de Dominique Bourg, qui rappellera que « Loin des rêves de transhumanisme et de vie extra planétaire, c’est sur la Terre qu’il nous faut habiter. » DR FP

nouvelle éthique de cohabitation humains/ animaux à l’anthropocène (rappelons que selon le dernier rapport Planète Vivante du WWF, les populations de vertébrés ont chuté de 58% entre 1970 et 2012, leur habitat se réduisant en parallèle comme peau de chagrin). En 2017, reprise du questionnement avec Baptiste Morizot, philosophe et épistémologue. Son travail porte plus précisément sur « ce qui ne veut pas être domestiqué » (on lira avec intérêt son dernier ouvrage Les Diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant, chez Wildproject). Après son intervention -le 14 janvier, au FRAC-, Barbara Cassin échangera avec François Ost -le 17, à l’Alcazar- au sujet de « l’hospitalité langagière » : toutes les langues de Babel sont une richesse incommensurable. Le 7

Patrice Deb ré ©

B

ien installée auprès du public marseillais après une première saison très réussie, Opera Mundi revient en 2016-2017 avec un nouveau cycle de conférences. Cette fois, la structure se demande Quel(s) monde(s) habiter aujourd’hui ?, et s’apprête à mener sur ce thème, avec une série d’interlocuteurs, une réflexion passionnante. Chaque génération humaine n’est-elle pas simple locataire d’un espace et d’un temps qui lui est transitoirement alloué ? Les conférences ont débuté en octobre au FRAC PACA, où deux philosophes, Sophie Gosselin et David Gé Bartoli, invitaient à moins d’anthropocentrisme. Deux intervenants très différents seront présents en décembre : Patrice Debré, professeur d’immunologie (le 6 à la BMVR Alcazar), et le géographe Michel Lussault (le 10 au FRAC). Le premier dévoilera « les mille et une facettes de la vie en commun de l’homme et des microbes, une des plus fascinantes énigmes de l’histoire du vivant ». Le second appelle de ses vœux une

GAËLLE CLOAREC

Opera Mundi, Marseille 07 82 41 11 84 opera-mundi.org


L

e cycle de rencontres, conférences et débats du mardi à la Villa Méditerranée se poursuit. En ce mois de novembre, deux rendez-vous à noter dans l’enceinte du bâtiment marseillais. Premier thème de débat, le 15 novembre, La Méditerranée n’est plus une mer occidentale. Richard Labévière, journaliste, consultant en questions de défense et de sécurité, et rédacteur en chef du magazine web procheetmoyen-orient.ch, conduira l’intervention. Au programme de la soirée, les nouvelles réalités géopolitiques de l’espace méditerranéen. La guerre qui ravage la Syrie a accéléré un mouvement de bascule : les puissances occidentales n’ont plus le monopole sur l’immense mer intérieure qui couvre Europe, Afrique et Asie. Les forces russes, particulièrement actives et incontournables dans le conflit en Syrie, y ont établi un port militaire à Tartous, où la Chine a également déployé une base maritime. Quelles sont les conséquences diplomatiques et géostratégiques de cette nouvelle donne ? La soirée du 22 novembre aura un thème plus resserré : Algérie, rente pétrolifère et

phénomène d’amnésie ne touche pas que les étudiants, mais l’ensemble de la société, avec son climat de vie dans le présent. PROPOS RECUEILLIS PAR GAËLLE CLOAREC

Le recrutement et les dysfonctionnements du marché du travail 16 novembre À quoi sert l’Histoire aujourd’hui ? 1er décembre Bibliothèque Départementale, Marseille 04 13 31 82 00 biblio13.fr

réformes structurelles ? Raouf Boucekkine, économiste et directeur de l’IMERA (Institut Méditerranéen de Recherches Avancées) tiendra une conférence, organisée en partenariat avec l’IMERA, le journal La Tribune, l’AMSE (Aix-Marseille School of Economics) et la Commission Economique pour l’Afrique des Nations Unies. La situation économique particulière de l’Algérie sera à l’ordre du jour. Avec plus de 90% de ses revenus d’exportation liés aux hydrocarbures, l’économie du pays est l’une des moins diversifiées au monde. Les conséquences du Printemps Arabe de 2011 et le contre-choc pétrolier de 2014 ont mené l’Algérie dans une impasse financière. Quels sont les défis à relever, quelles réformes structurelles sont à mettre en place, et selon quel calendrier ? Ces deux soirées débuteront à 19h, et l’entrée sera libre sur réservation.

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10 E

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langues étrangères. Le désintérêt actuel pour l’Histoire non-contemporaine est à la fois terrifiant et extrêmement marquant. Avoir une mémoire critique c’est avoir une distance par rapport au présent ! La mondialisation nous oblige à visiter le XVIe siècle, où tout a commencé ; l’histoire des religions au Moyen-âge est fondamentale pour comprendre l’Islam aujourd’hui. Aller dans les archives, les bibliothèques, connaître le latin, faire de la paléographie, c’était le b-a ba quand j’ai commencé. Aujourd’hui mes étudiants, même les plus brillants, n’ont pas ces outils. Et ce


16 événements

Galerie en Lieux publics

Prototype des futurs murs d’exposition de la Galerie à ciel ouvert © Lieux publics

L

’espace public appartient à tout le monde, et Lieux publics s’y intéresse particulièrement. Au point qu’il ouvre « une galerie d’art urbaine monumentale » et porte un projet hors champ du spectacle vivant qui est au cœur de son activité. De quoi nous interroger sur le fond, la forme et les objectifs. Le projet est né après 2013 du « désir de

poser un cadre dans l’espace public porté par plusieurs acteurs culturels des quartiers nord où nous tissons des liens » rappelle Jasmine Lebert qui suit le projet depuis ses balbutiements. Aussi Lieux publics est-il aujourd’hui producteur d’une galerie à ciel ouvert conçue avec l’Alhambra, La Gare franche et l’Apcar*, et qui verra le jour le 2

mars 2017 avec l’exposition Le nord fait le mur, fruit d’une collecte photographique réalisée entre février et octobre 2016 à partir d’un abécédaire écrit par Stéphan Muntaner, et de 80 ateliers pensés comme « une école du regard ». L’enjeu étant de ne pas plaquer la galerie dans la cité mais bien de l’intégrer grâce à la participation de relais sur le territoire et la complicité de ses habitants. Des craintes vite balayées par Jasmine Lebert : « L’idée maitresse est d’abord de créer des liens et décloisonner les publics. On a renoncé au fantasme de poser des œuvres dans l’espace public, il n’y a pas d’intérêt. Il faut que cela fasse sens auprès des habitants et que le projet maille le territoire ». La galerie sera donc l’aboutissement d’un processus de réflexion et de travail commun à toutes les structures installées dans ces quartiers : établissements scolaires, AP-HM, Agence de voyages imaginaires, Télémaque, RTM, centres sociaux, foyers d’hébergement ou encore entreprises. La Logirem, par exemple, ne « portera » pas un mur sur sa propriété mais parrainera celui du centre social La Bricarde tout proche, car « le plus important est qu’il y

Une saison de résidences

M

arseille, lundi 17 octobre. Accueillie dans l’espace exposition de la librairie Maupetit, l’équipe de La Marelle dévoile son programme de résidences pour la saison automne 2016-été 2017, en présence de la plupart des artistes et auteurs intéressés (qui interviennent pour parler de leurs projets) et devant un public nombreux. Il faut dire que ledit programme est alléchant. Et très varié. Sont invités à « la grande villa », ainsi que la nomme Laurence Vilaine (lire p 80), des écrivains chevronnés, tels Sylvie Germain (qui y termine actuellement une résidence de deux mois en duo avec le photographe polonais Tadeusz Kluba) ou le Canadien Joseph Boyden, mais également de jeunes auteurs comme l’Equatorien Felipe Troya, encore jamais publié ; des dramaturges : Philippe Malone (un ami d’Emmanuel Darley récemment disparu, auquel il rendra hommage lors d’une intervention au théâtre

Joliette-Minoterie), l’Espagnole Berta Tarrago ; Charline Collette, lauréate du premier appel à projet pour une Sylvie Germain © Tadeusz Kluba résidence jeunesse (en partenariat avec Fotokino) ; des bédéistes, le Franco-libanais Joseph Safieddine et Clément Baloup ; un trio d’écrivains numériques… Bref, une saison ouverte sur le monde et sur toutes les formes d’écritures actuelles. Dès le début de la rencontre, Sylvie Germain a rappelé quel cadeau c’était de pouvoir disposer d’un tel lieu. Et combien cette résidence lui avait permis de s’aventurer hors des frontières de sa pratique habituelle. Ce que donnera cette expérience d’écriture à partir de photographies, elle l’ignore encore. Car à La Marelle, sauf dans le cas des appels à projet,

on n’impose rien. Pas de commande précise. Comme l’a précisé Pascal Jourdana, le projet se concrétise généralement au fil des rencontres entre l’équipe et les artistes invités (qui ont d’ailleurs le loisir d’inviter des amis ou d’autres artistes). Une résidence, c’est donc un travail collectif d’accompagnement et d’échanges. De partenariats également, avec les structures culturelles, les événements littéraires et artistiques, les associations… Ainsi la résidence hors les murs de Clément Baloup, et son projet de Carnets de L’Est, qui sera réalisé en partenariat avec Rives et Cultures et d’autres associations de quartier.


scène conventionnée pour les expressions

saison iv 2016-2017

contemporaines

ait des croisements ». Soit une quarantaine d’exposants qui dessineront ensemble un gigantesque parcours artistique urbain et qui « s’engagent à associer leurs publics et leurs salariés ». Tous les mois, de mars à juillet 2017, une série de murs sera inaugurée en présence de tous les participants. Ouf ! On craignait que les photographies ne soient qu’un nouvel alibi visuel dans la ville, certes accessibles à tous, mais dénuées de sens et de contextes. Après cette phase de lancement participative, Lieux publics invitera le MuCEM à présenter hors les murs Roman-photos, de novembre 2017 au printemps 2018, en partenariat avec l’association Des livres comme des idées. Les trois dernières expositions restent encore à écrire, car « la direction artistique est tournante. Lieux publics ne prétend pas choisir un artiste mais monter avec d’autres structures de nouveaux projets ». La galerie à ciel ouvert a vocation à s’étendre par effet d’agrégation, mais aussi dans le temps jusqu’en 2020 pendant Manifesta, et géographiquement. Après les Aygalades, Marseille devrait être rapidement contaminée jusqu’à Frais Vallon, Bougainville, l’Estaque, Sainte Marthe… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Apcar : Association pour la cité des arts de la rue

*

3 perrault sinon rien cendrillon

le petit poucet

le petit chaperon rouge

09 > 16 Décembre 2016

charles perrault / haïm menahem création / à voir en famille à partir de 8 ans

Lieux publics, Marseille 04 91 03 69 08 lieuxpublics.com

théâtre Joliette-minoterie / 2 place henri verneuil 13002 marseille 04 91 90 74 28 / resa@theatrejoliette.fr / www.theatrejoliette.fr

VILLE DE LA VALETTE-DU-VAR Dans le sillon de la mémoire que le bédéiste continue de creuser, cette nouvelle « BD du réel » se construira à partir de témoignages des habitants sur leur quartier et son histoire. Des formes et des projets très divers, qui veilleront à se rendre visibles de tous les publics : rencontres avec les auteurs, ateliers d’écriture, spectacles…. À noter également l’expansion, en 2017, du dispositif « Livre Jeunesse en région PACA » : dans le cadre de ce dispositif initié en 2016, les auteurs, quel que soit leur ancrage en résidence, se verront proposer des actions à destination des jeunes de la région. C’est par un court spectacle que s’est terminée cette foisonnante présentation. Laurence Vilaine est venue lire, en musique, des extraits de La Grande Villa, qu’elle a rédigé durant ses deux temps de résidence à La Marelle. Un texte intime, émouvant, marqué par la douleur du deuil. Et qui débouchera sur un spectacle musical en collaboration avec un maître de la musique iranienne. La résidence à La Marelle continue de porter ses fruits.

Une collection nomade Œuvres du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur

EXPOSITION du 4 octobre au 23 décembre 2016 Espace d’art Le Moulin La présentation du programme de résidences (automne 2016-été 2017) de La Marelle a eu lieu le 17 octobre à la librairie Maupetit, à Marseille la-marelle.org

8, avenue Aristide Briand - 83160 La Valette-du-Var Du mardi au vendredi de 15 h à 18 h Samedi de 14 h 30 à 18 h 30 et le matin sur rendez-vous - Entrée libre

04 94 23 36 49 lemoulin@lavalette83.fr - www.lavalette83.fr

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FRED ROBERT


18 événements

Effet de dansité, Mathilde Monfreux © Nathalie Hoffman

Le sens des découvertes

Depuis 19 éditions, Dansem nous fait découvrir la danse contemporaine en Méditerranée. Une programmation qui ne manque ni d’ambition, ni de flair...

C

ristiano Carpanini et son Officina officient à Marseille et parviennent depuis bientôt 20 ans à dénicher, produire et diffuser des chorégraphes méditerranéens méconnus, leur offrant un tremplin souvent

décisif. Attentif aux créateurs de la région, de l’arc méditerranéen et des autres rives, le travail de production de l’Officina est précieux pour donner une visibilité, et les moyens de créer, à des chorégraphes qu’il faut avoir le talent

de découvrir et de soutenir. En particulier aux femmes, qui peinent davantage encore à s’exprimer dans l’espace méditerranéen. On retrouve cette année par exemple Nacera Belaza et Bouchra Ouizguen, qui furent à Dansem bien avant d’éclater sur la scène internationale, Christine Fricker, Manon Avram et Georges Appaix, acteurs régionaux que l’Officina soutient avec régularité, et encore Mathilde Monfreux, Danya Hammoud, Francesca Foscarini, Radouan Mriziga... Tous sont déjà, il y a longtemps ou récemment, passés par Dansem. Tous proposent une danse, ou des installations, qui parlent de leur rapport au monde, dans la lenteur ou la saturation, la transe ou le discours, l’introspection ou la révolte. Peu d’abstraction ou de danse conceptuelle à Dansem, mais une urgence à exprimer la vitalité, la recherche ou la douleur. Rayonnant sur le territoire (Marseille, Aix, Arles et Vitrolles), tissant des liens avec les lieux qui cofinancent les spectacles (Montevidéo, la Friche, le théâtre d’Arles, le Pavillon Noir, la ville de Vitrolles...) et travaillant à faire émerger les

Les anges aiment danser

JDC#kids, Mié Coquempot © Benoît Chapon

Pour la 3e année le Klap Maison pour la danse programme Festiv’anges, pour plonger dans l’esprit d’enfance

F

estiv’anges n’est pas un festival destiné aux enfants. Ou pas que. Les chorégraphes invités travaillent sur l’enfance, mais s’adressent à tous. Parlent de danse, la partagent, la font aimer à ceux qui en sont éloignés. Les éditions précédentes ont vu débarquer au KLAP des publics inattendus : ceux que l’on rencontre habituellement au spectacle côtoyaient des familles, des petits groupes en âge scolaire, de toutes les couleurs. Cette année encore il y aura une pièce dansée par les élèves du quartier : Pampero, une version de Zef de Michel Kelemenis, sera adaptée pour eux, pour qu’ils se laissent

aller dans la liberté du vent qui souffle. Autre création du directeur des lieux, Rock and Goal, une pièce ludique pour deux hommes et deux femmes qui s’emparent des gestes performants des sportifs pour les amener vers la fantaisie du mouvement inutile. Créée au

Gymnase, la pièce rayonnera dans la région (voir p40). Pour l’ouverture, Fana Tshabalala dansera en solo une courte pièce qui interroge les clichés de la force virile (Man) puis Manon Avram et Thierry Escarmant créeront No(w) Hope, une pièce danse, texte et arts visuels, qui cherche l’espoir et l’apaisement à travers 6 personnalités contrastées, 4 danseurs et 2 comédiens. Christophe Haleb proposera un solo d’anticipation (interprète Olivier Muller, à partir de 13 ans), Retour sur terre, pour imaginer 2030. Anticipation encore avec Kromos, de Julien Andujar et Audrey Bodiguel, qui imagine la sélection des candidats au premier voyage sur Mars... Enfin Mié Coquempot promènera à Klap et dans les classes du 3e et 13e arrondissement une déambulation autour du corps, son anatomie, ses possibles, ses âges (JDC#kids). Festiv’anges sera également au Massalia, avec Au Pied de la lettre d’Ambra


cycle de conférences - entrée libre OCtObre 2016 - MAi 2017

créateurs de Méditerranée, l’Officina est essentiellement financée par la Région, et parvient malgré quelques coupes budgétaires à maintenir une programmation riche, curieuse et de qualité. Elle alliera dorénavant ses forces avec Komm’n’act, structure de production qui comme elle soutient la création contemporaine et la diffuse lors du Festival Parallèle. Une belle alliance, dans un esprit de partage et la volonté de maintenir une activité de production et d’accueil à l’année, avec deux temps forts de monstration lors des deux festivals. Pour l’heure, quelques rendez vous à ne pas manquer du 15 novembre au 3 décembre : les Aïtas de Bouchra Ouizguen, danseuses et chanteuses berbères aux corps épanouis et à l’énergie joyeuse. Appaix qui reprend son Protocole de conversation ; Alma Söderberg et ses « petits riens » musicaux, les constructions de Radouan Mriziga... et puis l’installation de Manon Avram, la discussion avec Fabien Jannelle, et la projection de Un paese di Calabria, le film de Shu Aiello sur ce village Calabrais qui s’est reconstruit en accueillant des migrants... Et puis la fête électro, le 2 décembre, parce que la danse c’est aussi cela !

QUEL(S) MONDE(S) HABITER AUJOURD’HUI ? Programme comPlet du cycle sur www.oPera-mundi.org informations : 07 82 41 11 84 / info@oPera-mundi.org

Avec le soutien de

et en partenariat avec

AGNÈS FRESCHEL

Dansem 15 novembre au 3 décembre Arles, Aix, Marseille, Vitrolles 04 91 55 68 06 dansem.org

Danse

Legacy Senatore et Loïc Touzé (voir p43). Les spectacles s’accompagnent de dispositifs qui ne sont pas qu’un complément, mais la prise en compte d’une nécessité, et d’un désir, de partage : à partir du 23 novembre, l’installation FLOW 612 de Daniel Larrieu sera ouverte au Klap avant et après tous les spectacles, pour découvrir cet objet cinétique à danser en famille à partir de 3 ans, en cycles de 20 minutes... La danse se partagera aussi lors du grand bal interactif imaginé par Mié Coquempot, autour de la musique populaire depuis les années 60 : les mouvements des participants seront capturés et projetés... Il y aura aussi un atelier Danse à 2 étages le 19 novembre, pour les parents et les enfants (5€ par personne) autour de Rock and Goal, un stage et des cours avec Fana Tshabalala (tout public), une expo de Fotokino sur les murs du Klap, un atelier du regard, la présence d’Ex Nihilo qui prépare son projet participatif pour une centaine d’adolescents et de jeunes adultes... De quoi voir, découvrir, et bouger ! A.F.

Festiv’anges 19 novembre au 13 décembre Klap, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr

MARDI 6 DÉCEMBRE À 20H30 MERCREDI 7 DÉCEMBRE À 19H30

©Dylan Piaser

Chorégraphie Nadia Beugré Interprètes Hanna Hedman et Nadia Beugré Conception musicale et Live Manou Gallo Nadia Beugré déploie une danse à la force brute. La Croix

www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51


20 événements

X en XXL à hTh

Schönheitsabend © Karolina Miernik

L

e pari était risqué. Le Festival d’expressions plurielles du sexuel, EXPLICIT, a pourtant bien été, pour la première édition l’an dernier, un véritable succès. Deuxième programmation cette année, pilotée par Marianne Chargois et Matthieu Hocquemiller (Cie ACPS) à la demande de Rodrigo Garcia, directeur de hTh à Montpellier.

Du 22 au 27 novembre, des spectacles, des performances, des rencontres, des concerts, et des films, puisque cette année le cinéma Diagonal s’associe au projet. Le tout interdit aux moins de 18 ans. C’est indiqué dans le programme, il s’agit de donner voix et espace à des expressions d’avant-garde. L’appellation, émanant de

ce lieu où les propositions ne sont jamais consensuelles, n’est pas une accroche pour communicants culturels. On peut compter sur l’équipe pour être servis en chocs, découvertes, et surtout questionnements à propos de ce qui est « sexuel » aujourd’hui. Les diverses propositions développent une réflexion engagée sur le corps, le corps d’aujourd’hui, qui s’affirme par delà les genres et les règles établies. Yes we fuck ! (Antonio Centeno et Raùl de la Moréna), à voir au Diagonal le 24 novembre, est le film qui a reçu le Prix du meilleur documentaire au Porn Film Festival de Berlin l’an passé. Qu’est-ce qui serait « normal » en sexualité ?, interrogent les auteurs. Le lendemain, avec Extime, le duo pilote d’EXPLICIT présentera une performance mettant en jeu l’imagerie médicale de pointe. Quoi de plus intime que la représentation de l’intérieur des corps ? Il s’agira bien sûr de confronter l’in et l’ex de la physicalité, à travers une réflexion sur l’image et la façon de (se) montrer. Le 26 novembre, un focus autour de Buck Angel, artiste protéiforme américain (il est réalisateur, avocat et trans-porn-activiste international) laissera pénétrer, à travers un de ses films (Sexing the transman) et un talk

Les Rencontres à l’Échelle connaissent leur 11e édition cette année, « habitée par des artistes qui auscultent le monde à la lueur des trajectoires migratoires ». Julie Kretzschmar, directrice de ce festival marseillais, actuellement en résidence au Burkina Faso, a répondu par mail à nos questions

Artistes et migrations Zibeline : Est-ce que vous sentez le propos des artistes avec lesquels vous travaillez se durcir avec l’actualité ? Julie Kretzschmar : Non... Pas plus que celui d’un mouvement plus vaste, qui tente de se saisir de ce qui traverse et secoue des pans de la société. Certains artistes, comme beaucoup d’autres personnes, éprouvent la nécessité de traduire leur colère, sans essayer de proposer des voix concordantes, et cela peut exister jusque dans les formes. Mais non, je ne dirais pas que les formes se durcissent. Qu’elles soient poreuses et surtout reçues dans un contexte qui les transforme, c’est indéniable. Dans l’interview que vous nous aviez accordée en 2015, vous disiez « La grande question des

réfugiés, c’est comment, indépendamment des discours politiques, la société civile va s’emparer de ça. » Vous percevez des progrès de ce point de vue-là ? Mon travail ne me donne pas plus de clefs qu’à n’importe qui pour avoir voix au chapitre. Mais j’observe que oui... et que de toute façon, les seules images et récits qui me parviennent viennent de la société civile : des personnes qui travaillent auprès des camps, qui racontent ce qu’il s’y passe. La question est en partie intacte, du moins la question de l’impuissance qui est peut être la nôtre, ou ce que nous identifions être une limite aux actes citoyens. Contrairement à d’autres structures qui ont vu leurs subventions baisser, votre budget est

Decris ravage © Hichem Dahes

maintenu. Vous vous sentez soutenue, dans votre démarche, au moins à ce niveau-là ? Je pense que ce qui est soutenu (notre budget


21

Lettres à Madeleine

ANNA ZISMAN

EXPLICIT 22 au 29 novembre hTh, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

n’a pas été amputé, un peu quand même par l’une des collectivités territoriales), ou du moins qui n’est pas fragilisé, c’est que nous avons démontré que cette programmation rencontrait un large public, une reconnaissance médiatique et professionnelle, en prenant le risque de proposer dans des grandes salles des artistes dont personne ici ne connaît le travail. Quels sont les spectacles retenus cette année qui vous tiennent particulièrement à cœur, et pourquoi ? L’ensemble de la programmation m’anime ! La plupart sont des créations, la plupart sont donc des projets que j’accompagne ou montre parce que je suis attachée aux démarches de ces artistes. Décris Ravage est un spectacle totalement hors norme, à mon sens, et dans sa forme, et dans son contenu intellectuel et sensible. Celui d’Omar Abusaada a été créé à Marseille, avec un accompagnement de notre part sur les questions administratives et de visa, pour cette équipe syrienne. Mais tous ceux qui ne sont pas cités me tiennent à cœur : ce n’est pas une question à poser à un programmateur ! PROPOS RECUEILLIS PAR GAËLLE CLOAREC

Les Rencontres à l’Échelle 15 novembre au 13 janvier 04 91 64 60 00 lesrencontresalechelle.com

Pierre Béziers revient sur les origines du spectacle Et l’acier s’envole aussi créé en novembre 2015 par le Théâtre du Maquis (à lire sur journalzibeline.fr), et programmé le 9 décembre à La Cité du Livre Zibeline : Pourquoi avoir travaillé sur la correspondance de Madeleine Pagès et Apollinaire, et comment y avez-vous eu accès ? Pierre Béziers : Apollinaire, ça a commencé par le spectacle sur Alcools (lire la critique sur journalzibeline.fr). Nous avons beaucoup lu : notre présidente, Catherine Scherer, nous a proposé un recueil de la correspondance entre le poète et Madeleine Pagès, et Florence Hautier m’a fait partager son éblouissement pour ces lettres. Nous avons rencontré Claude Debon, et aussi le neveu de Madeleine, qui souhaitait « réhabiliter » sa tante, femme solaire, positive -elle n’a jamais formulé de regrets, et pourtant Apollinaire ne la ménage pas !-, et cependant négligée dans les biographies officielles. C’est à lui que nous devons la superbe dernière lettre de Madeleine qui, rejetée, tente de garder un lien… Digne du Ne me quitte pas de Brel… Apollinaire n’a écrit qu’en étant amoureux ! Toujours. Et il y a des poèmes insérés dans cette correspondance qui sont à tomber à la renverse. Apparemment Madeleine est la seule avec laquelle il ait envisagé le mariage, des enfants. Aussi, nous avons mené une double enquête, chercher les raisons de la séparation et d’autres lettres. « Je voudrais me faire prêtre » dit-il dans l’une d’elles ; serait-ce une impuissance inavouée, motif de fuite ? Un CD en préparation ? Il paraît en novembre. Ce sont les compositions originales de Martin (Béziers, ndlr) que l’on retrouve dans le spectacle, sur des textes qui n’ont jamais été mis en musique, il y a aussi des textes dits. On peut l’écouter dans sa voiture… PROPOS RECUEILLIS PAR MARYVONNE COLOMBANI

Le spectacle sera précédé par une conférence, organisée par la Fondation Saint-John Perse, Guillaume Apollinaire et Madeleine Pagès, enquête sur une histoire improbable, animée par Claude Debon et Pierre Béziers. Et l’acier s’envole aussi 9 décembre Conférence 7 décembre Cité du Livre, Aix-en-Provence 04 42 38 94 38 theatredumaquis.com Et l’acier s’envole aussi © Bernadette Thumerelle

show (traduit en simultané), le monde transgenre et les luttes affiliées à cette révolution corporelle et philosophique. Ce même jour, Schönheitsabend, spectacle de Florentina Holzinger et Vincent Riebeek (Pays-Bas), déclinera en trois actes un érotisme kitch, provocant et finalement bouleversant, entre onirisme et brutalité de la confrontation avec le public. Les créateurs posent en effet la question de la limite : jusqu’où un artiste doit-il aller pour répondre aux besoins des spectateurs ? Ils convoquent Shéhérazade, les danseurs des années 1910-20, et Vaslav Nijinski, interné en 1919 pour schizophrénie. Alors : les artistes sont-ils fous avant même de monter sur scène, ou le deviennent-ils à force de lutter contre les attentes démesurées du public ? La dernière journée sera thématique : My body is my business, conférence, film, et performances réalisées par des travailleurs et travailleuses du sexe, mettra en perspective le vécu et les fantasmes véhiculés par ce monde encore largement sans voix, sans visibilité. Un concert de Will Sheridan, artiste activiste queer de la scène hip-hop new-yorkaise, clôturera cette deuxième édition pleine de promesses en découvertes déconcertantes et enrichissantes, où tout est vrai, vécu au plus profond des chairs.


22 événements

Oasis de Noëls 24 éditions, 6 programmes pour 59 concerts... gratuits ! programmes proposés cette année -soit 59 concerts dans tous les département- parviennent à concilier l’attrait des musiques populaires que l’on fredonne avec une véritable exigence artistique, une grande qualité des musiciens, un esprit de création, et un soutien aux structures de production locales. Sans oublier une grande variété ! Le Noël Flamenco d’El cuadro soniquete célèbre la spiritualité Barbara Fortuna et Belem © X-D.R gitane : voix déchirées, a Nativité chrétienne donnant lieu danse nerveuse et guitare virtuose, au rythme aujourd’hui à des débauches de consom- du cajon. C’est Barbara Furtuna qui assure mation écœurantes, les célébrations cette année le Noël Corse, en compagnie de réjouissantes sont rares. Les Chants de Belem (Didier Laloy à l’accordéon diatonique Noël produits par le Conseil départemental et Kathy Adam au violoncelle) : le groupe corse des Bouches-du-Rhône demeurent, depuis sait être le passeur des chants polyphoniques près de 25 ans, un temps irremplaçable de ancestraux, mais aussi de ses compositions partage désintéressé, et d’ouverture vers la devenues des tubes. culture de l’autre. Et quel succès ! Venus des Au Sud encore, le Noël d’Italie par les trois traditions du monde entier, ils ont rassemblés chanteuses d’Assurd, napolitaines qui font plus de 20 000 personnes en 2015, et les six revivre les trois Marie bibliques, figures

L

maternelles du pardon. À trois voix, tour à tour chantant et contant. Venus de plus loin encore le Noël créole, qui fusionne jazz et chants sacrés des Caraïbes : Rara Woulib a rencontré un quartet de jazz, et Souvnans est né, pour nous emmener de la Nouvelle Orléans vers Cuba et Haïti. Retour au pays avec le Noël de Provence et des Alpes du Sud : le Corou de Berra interprète des chants populaires de Provence, des créations contemporaines et des chants polyphoniques alpins mêlant populaire et sacré, latin et niçois. Quant au Noël de la Maîtrise, il fera entendre, en latin et en anglais, des noëls traditionnels et des œuvres de Benjamin Britten et John Rutter. Sous la direction de Samuel Coquard, le chœur d’enfants sera accompagné de la harpiste Sylvie Laforge. Guettez les dates, ils passeront près de chez vous, et venez tôt : il n’est pas rare qu’une partie du public reste sur le parvis des églises qui résonnent... AGNÈS FRESCHEL

Les Chants de Noël 2 au 22 décembre Département des Bouches du Rhône culture-13.fr

Les Inovendables n’ont pas de prix

L

es Inovendables n’est pas le festival marseillais dont vous entendrez le plus parler. Pas de tête d’affiche, ni de quatre par trois sur les murs de la ville. Vous n’aurez pas non plus à déambuler à travers un site gigantesque, en tentant de vous frayer un chemin au milieu d’une foule éméchée. Les Inovendables sont hors-circuit. Un événement à la fois intimiste et défricheur. Décalé et subversif. Un de ces rendez-vous essentiels à la diffusion d’artistes bruts, voire expérimentaux, aux antipodes de l’uniformisation et de la consommation culturelles. Cet ovni, on le doit à une famille inscrite au patrimoine musical phocéen, Léda Atomica Musique (LAM), qui, depuis 2009, sous la baguette inventive de Phil Spectrum, orchestre une programmation éprise d’improvisation et de liberté.

Fouad Didi et Tchoune Tchanelas (25) ; les Selmi Brothers (26) ; une soirée poésie et musique de Grèce (2 décembre) ; le punk rock de Belphegorz et le rockabilly country de Holy Barrel (3) ; les univers jazz du Quartet Thierry Amiot Groove Gang et de Martine R (9) ; le stand-up chantant de David Lafore (10) ; la création Petit vivant, oratorio contemporain d’Alain Aubin (16) ; une soirée de clôture exceptionnelle pour la sortie L’homme est bon, mais le veau est meilleur © X-D.R de l’album de Phil Spectrum et, Les Inovendables, c’est enfin un lieu à l’image par la même occasion, ses 60 ans avec 60 de la manifestation : le LAM, au 63 rue Saint- interprètes invités (17). Rien que ça ! THOMAS DALICANTE Pierre dans le quartier de la Plaine, à Marseille. Cette année, on pourra y découvrir L’homme est bon, mais le veau est meilleur, une propoLes Inovendables sition de théâtre musical d’El Kabaret (19 26 novembre au 17 décembre novembre) ; Flamenc’oriental, rencontre entre 04 96 12 09 80 ledaromica.mus.free.fr


La Criée16/17 Théâtre national de Marseille

La gentillesse Écriture Compagnie Demesten Titip Mise en scène Christelle Harbonn

8 > 15 décembre Un théâtre qui mène aux marges de la société, où les codes deviennent poésie.

© Macha Makeïeff

www.theatre-lacriee.com 04 91 54 70 54


24 événements

Un café au MuCEM Le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée se met à l’heure du café La nouvelle exposition Le MuCEM sent le café ! L’exposition Café In, qui dure jusqu’au 21 janvier, fleure le robusta et l’arabica. Las, ce souci du détail et les efforts de Jean-Michel Djian, son commissaire général, pour la rendre ludique et attractive ne font que renforcer un certain malaise. De la part d’un musée de société, on attendait autre chose sur un tel sujet : notamment un traitement de fond de l’histoire du breuvage noir, souvent douloureuse. On ne peut pas traiter d’esclavage et du commerce triangulaire de manière anecdotique. L’économie actuelle du secteur caféicole -le café serait la seconde ressource naturelle la plus exploitée au monde, après le pétrole- est bien abordée, mais sans réel approfondissement, même si le commerce équitable est évoqué. Mention spéciale toutefois à la qualité des documents d’archives, aux dessins spécialement réalisés par Geluck ou à ceux de Sempé, et particulièrement aux photographies qui jalonnent l’exposition : l’œuvre de Reza, remarquable composition réalisée en 2013 dans le village de Poli Betta en Inde, la fameuse jeune femme court-vêtue de Cartier-Bresson en 1969, ou encore Sartre au Café de Flore en 1945, par Brassaï. La société Malongo, dont la Fondation finance un tiers de la manifestation, est omniprésente : outre le stand de dégustation -payante- dans le hall du musée, elle propose des ateliers-découverte sur l’art de préparer le café, et on peut acheter ses machines à expresso rutilantes dans la boutique du fort Saint-Jean... Le plus intéressant restera probablement d’assister à l’Université Populaire du Café, qui se poursuit hors-les-murs dans divers lieux marseillais : les 12 (baristas), 18 (le café et l’Orient), 19 (disparition des cafés), et 26 novembre (« cafédomancie ») ; puis les 3 (musique avec Bernard Lubat), 6 (génétique du café) et 10 décembre (caféiculture à Cuba). Il n’en demeure pas moins qu’on attend avec impatience l’ouverture de la prochaine

Reza, Inde, Coorg District, village de Poli betta, 9 janvier 2013 © Reza - Webistan

grosse exposition, probablement plus digne d’un Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée : ce sera Après Babel, traduire, avec la philosophe et philologue Barbara Cassin au commissariat (du 14 décembre au 20 mars).

Autres événements Le 26 novembre, les États Généreux de la Culture organisés par le magazine Télérama s’installent au MuCEM, avec l’ambition de penser la culture autrement et de proposer des idées nouvelles à l’approche des présidentielles. Le cinéaste Robert Guédiguian et le prix Albert Londres 2014 Philippe Pujol seront présents lors de cette journée invitant au débat et au « troc culturel ». Les tables rondes en particulier s’annoncent riches, portant sur Internet et écrans : en quoi (et comment) le numérique bouleverse-t-il notre rapport à la culture ?, et Sortir de l’entre-soi culturel, faire advenir la diversité, accueillir l’autre : comment faire plus et mieux ?. Du 30 novembre au 4 décembre auront lieu

les 4e Rencontres Internationales des Cinémas Arabes (lire p. 67), et du 9 au 11, une carte blanche au Festival International du film ethnographique Jean Rouch. Cette dernière sera assortie d’une masterclass du cinéaste Nicolàs Rincón Gille. Enfin le 10 décembre, on pourra découvrir à la Belle de Mai le fruit d’une rencontre entre l’artiste Miguel Palma et une classe du collège marseillais Versailles. L’exposition évolutive issue de ce travail collectif, une cité idéale ou ville rêvée, se tiendra au Centre de Conservation et de Ressources du MuCEM, rue Clovis Hugues, jusqu’en mai. GAËLLE CLOAREC

Retrouvez sur notre WebRadio Zibeline la Traversée mensuelle du MuCEM, avec sa Chronique des libraires, et des focus sur le festival jeunesse En Ribambelle !, l’exposition Café In, et la journée d’études sur les rapports entre hommes et femmes dans une Méditerranée en crise.

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org


Graines de lecteurs

P

oint d’orgue de l’action menée tout au long de l’année par le service Ville Lecture de la ville d’Aubagne, Grains de sel, le festival du livre et de la parole d’enfant revient pour une 6e édition, en gardant la même formule que l’année dernière, qui affirmait le rôle essentiel des librairies –celle du lycée d’Aubagne et L’Alinéa de Martigues- et des libraires, pour mettre en avant la diversité et la richesse de la littérature jeunesse. Ainsi le Salon Shéhérazade est toujours une librairie géante de 1000 m2, aménagée en pôles thématiques (manga, beaux-arts, littérature ados, ouvrages scientifiques, poésie, romans…), dans laquelle se situe l’Escale Rencontres, haut lieu des rendez-vous animés par Maya Michalon. C’est là aussi qu’une invitée de marque fêtera ses 20 ans de création : la maison d’édition indépendante Rue du monde, en présence de son fondateur, l’auteur Alain Serres, et de plusieurs de ses grandes signatures (Laurent Corvaisier –qui réalisera en direct une fresque pour ces 20 ans-, François Place, Judith Gueyfier, Raphaële Frier et Carl Norac). Plus d’une vingtaine d’auteurs et d’illustrateurs seront présents à leurs côtés (et pas des moindres !), parmi lesquels Florence Hinckel, Cécile Roumiguière, Sabine Tamisier, David Groison, Yves Grevet, Gaëtan Dorémus, Fleur Daugey, Taï-Marc Le Thanh… Outre les rencontres, les ateliers, les performances et les expositions (dont la galerie d’images de Rue du monde qui propose 20 œuvres d’illustrateurs « maison ») qui l’émaillent, le festival est aussi l’occasion de permettre aux plus jeunes la découverte de spectacles réjouissants. Au Théâtre Comoedia il y en aura pour tous les âges, certains étant d’ailleurs adaptés d’albums pour la jeunesse : Caché dans un buisson de lavande, Cyrano sentait bon la lessive par la Cie Hecho en casa d’après Cyrano de Taï-Marc Le Thanh, Petit-Bleu et Petit-Jaune par le Théâtre de la vallée adapté de l’album éponyme de Léo Lionni, ou encore Carmen Baleine par Les Mille Tours Compagnie d’après Marlène Baleine de Davide Cali et Sonja Bougaeva… DO.M.

Grains de sel 2015, Salon Sheherazade © Marc Munari - Ville d’Aubagne

Grains de sel 17 au 20 novembre Centre-ville d’Aubagne 04 42 18 17 77 grainsdesel.aubagne.fr


26 critiques spectacles

plus de spectacles sur journalzibeline.fr

Que de bonheurs au Merlan ! Un début de saison où il est question d’enfance, de danse et de filles...

Alice, Pina et Pierre de ses fantasmes préconçus (Pina Bausch est méchante et les danseurs vivent un enfer), reprend des bouts de solos en expliquant combien son corps vieillissant lui fait mal, et le soulagement quand elle peut reprendre son souffle. Drôle, belle, elle offre un voyage à l’intérieur de la pensée du corps dansant, puis en vient à son apprentissage, à ce moment où les formes surviennent et où les regards reprochent aux petites filles de sortir de l’enfance... Un thème qui est au cœur de la création de Josette Baïz, Alice. Après le succès de Guest 1 et 2, qui continuent à tourner dans les lieux les plus prestigieux, et un Oliver Twist qui explorait plutôt l’univers des garçons, la chorégraphe et son Groupe Grenade, composé d’enfants et de jeunes adolescents, se sont penchés vers l’univers de Lewis Carroll. Mais ce Pays des Merveilles est exploré par une ribambelle d’Alice en quête d’une vérité intérieure, d’une transcendance personnelle, d’un au-delà d’elles mêmes. Le spectacle est formidable à plus d’un titre, et surtout parce que les jeunes danseurs sont d’un niveau incroyable : techniquement, y compris les plus jeunes, y compris les plus grands qui ont vu leurs corps changer récemment. Et cette jeunesse, comme toujours avec ce groupe

Grenade qui n’en finit pas de se renouveler et de grandir, ajoute une charge d’émotion incroyable au spectacle de danse. Ils donnent tout ce qu’ils sont, sans compter, avec un plaisir et une fébrilité que leur immense talent n’entame pas. Alice possède d’autres qualités encore : une dramaturgie limpide, où l’on traverse les épisodes -la chute dans le puits, le gâteau qui fait grandir, l’arrivée de la Reine- sans aucune difficulté de lecture. Une scénographie élégante, faite de projections vidéo sur le rideau et sur le sol, et d’un jeu d’ombre qui agrandit ou rapetisse les corps. Un texte de Fred Nevchehirlian qui porte la quête d’Alice dans l’actualité d’une recherche de vérité intérieure. Et des moments hip hop parfaitement maitrisés. Un regret ? Le professionnalisme de ces jeunes danseurs les éloigne sans doute de ce qui fit le Groupe Grenade, un métissage des styles, et un détachement des corps uniformes et des clichés genrés de la danse classique. Ces jeunes filles, noires ou blanches, ont toutes les cheveux longs et tirés, des corps fins qui se ressemblent, et dansent en ouverture. Formidablement et avec caractère, mais aussi uniformément. Mais nul doute qu’à telle école leurs individus trouveront des voies différentes... AGNÈS FRESCHEL

Alice © Léo Ballani

B

on, il y a eu la mauvaise surprise de la Nuit des Taupes de Philippe Quesne : que le directeur du Centre dramatique national de Nanterre puisse penser, et mettre en œuvre avec un des plus gros budgets de production de France, un spectacle d’une vacuité si manifeste, est sidérant. Mais à part cela, que de plaisirs ! La saison a commencé avec un très précieux spectacle de Céline Schnepf, Au fond du bois dormant, une adaptation du Petit Poucet dont toute mièvrerie est absente. Le Petit Poucet s’appelle Pierre mais est une fille, distante de ses frères qui vont par paires et ont peur des Bois, qu’elle apprivoise pour mieux s’affranchir. De la pauvreté, de la solitude, de l’abandon de ses parents, et de ses voix intérieures qui l’attirent vers la maison de l’ogre... Effrayant et beau, le dispositif scénique transportable recèle des cachettes et fait fleurir les zones d’ombres. Les deux comédiennes chantent jouent et murmurent, les enfants apprivoisent leurs peurs, et les adultes retrouvent le trouble qui les a fondés... Le solo de Cristiana Morganti parle aussi d’enfance, mais commence par Pina. La danseuse italienne raconte ses années passées dans la compagnie, répond aux questions absurdes d’une journaliste qui ne démord pas

Au Fond du Bois Dormant a été créé les 3 et 4 octobre, Jessica et moi les 5 et 6 octobre, Alice les 3 et 4 novembre, au Merlan, Scène Nationale de Marseille


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Nicht Schlafen, Alain Platel © Chris Van der Burght

Circulez, y’a tout à vivre !

E

t voilà c’est fini par ici -Hubert Colas a rangé sa vespa et le motard du Radio Vinci Park s’est fort malencontreusement cassé le bras- ça a commencé ailleurs : le festival « marseillais » des Écritures Contemporaines a remis en jeu quelques cartes de sa 16e édition à Montréal, puis se redistribuera à Paris en décembre et cette ouverture souhaitée reste l’un des atouts d’ActOral. Cette année encore Laurent Garbit a enrichi l’identité visuelle (de celle-là on est preneur) de l’événement en mélangeant sur le O bouée de sauvetage le keffieh et le vieux T-shirt, la culotte et la chaussette dépareillée suggérant peut-être que le torchon et la serviette sont faits pour vivre ensemble. Eclectisme et variété ne sont pas ennemis de l’harmonie et c’est vraiment quelque chose de cette complexité-là que cette édition nous a offert : des présents et des présences (bienvenue aux fantômes de Toshiki Okada ou aux Courneuviens de Laurence Vielle), des découvertes piquantes (Alexander Vantournhout), des complicités confirmées (Jan Fabre / Anthony Rizzi) et des rendez-vous manqués (laissons filer les mauvaises taupes de Philippe Quesne) de tout cela on a déjà glosé sur le site journalzibeline.fr ; on peut y revenir : souligner le bonheur de la lecture d’Olivia Rosenthal, qui révèle avec une mauvaise foi jubilatoire la perversité de Bambi et l’anorexie suspecte d’un(e) Bagheera transgenre ; saluer la réussite du focus sur la création belge avec le point

d’orgue du terrible et puissant Nicht Schlafen d’Alain Platel, magistral rituel pour dire le chaos où s’entretissent lieder de Mahler, polyphonies africaines, corps dansants et cheval mort de la plasticienne Berlinde de Bruyckere ; si la légèreté de Miet Warlop a laissé froid, la « pièce » foutraque et joyeusement loufoque de Benjamin Verdonck et Peter Ampe aux prises avec rien moins que les objets, l’espace, le temps, la langue, le corps, la musique, le cosmos, les quatre saisons de Vivaldi et la merveilleuse fluidité du miel, a délicieusement apaisé les yeux et les oreilles du spectateur tenté par le tri sélectif ; que nous suggère-t-on alors dans ce réjouissant We don’t speak to be understood ? De laisser filer ? De prendre ensemble le large vers ce qui se présente : le beau et le laid, le brisé et l’entier, le grognement et la parole claire, le bancal et le stable ? Compris ! Toutes oreilles dehors encore -All Ears- et les yeux pas dans la poche nous avons agréablement louvoyé aussi avec la performeuse Kate Mc Intosh qui a donné une leçon subtile de saut de frontières et de marche en crabe à un public tantôt objet tantôt sujet ; l’air de rien (tout un art), la jeune femme -un corps, une voix, de l’allant- fait subir un questionnaire intime et interminable à toute une salle captivée et réactive ; on lève la main, le bras, on se lève, on se tourne, on regarde son voisin dans les yeux, on s’agace, on résiste puis on accepte de souffler dans des sachets, de jeter

des billes sur la scène et de tirer des fils qui bouleversent l’agencement du plateau ; du son est prélevé puis rendu dans le noir ; on s’y reconnaît plus ou moins et pourtant on y était et d’ailleurs on y est, augmenté des autres ! Processus simple, maîtrisé, fluide qui offre un peu d’émoi au présent. The Thrill is not gone et c’est l’essentiel ! MARIE-JO DHÔ

L’exposition The Thrill is gone du plasticien Theo Mercier, parrain de cette édition, se poursuit au Musée d’Art Contemporain de Marseille jusqu’au 29 janvier 2017 (voir Zib 100). Le numéro 44 de la revue IF propose un écho à la programmation du festival.

La 16e édition du festival ActOral a eu lieu à Marseille du 27 septembre au 15 octobre et à Montréal du 25 octobre au 5 novembre


28 critiques spectacles

Viva Massilia Afropéa

P

© Fred Robert

ari tenu pour Eva Doumbia. La manifestation qu’elle a imaginée, et qui s’est tenue à La Friche Belle de Mai et au cinéma Le Gyptis durant tout un weekend, a attiré un public nombreux. La foule se pressait dans le grand hall de la Cartonnerie où se tenait le salon « mode et beauté » Boucles d’ébène, mais aussi dans les divers lieux de rencontres et de spectacles, dans une atmosphère détendue et festive, propice à tous les échanges, à tous les mélanges. Samedi 29 octobre. La première rencontre, intitulée L’appartenance afropéenne, réunit autour de Pascal Jourdana trois générations d’artistes, qui s’expriment dans des genres littéraires différents. Elle s’ouvre sur une performance de la slameuse d’origine camerounaise Silex. Celle-ci, dans une profération dont les formules font souvent mouche (et sont très applaudies), évoque tous les moments où, en tant que noir, « on prend des claques », lorsqu’on est obligé de tenir les bras écartés dans un magasin par exemple, pour bien montrer qu’on n’a rien pris, ou lorsqu’on lit les livres d’histoire… ce

qui ne l’empêche pas de finir sur une note positive, un texte scandé de « je veux », reflet des aspirations de la jeunesse afropéenne à plus de fraternité. Après la performance, place au dialogue entre les trois auteurs. Se sentent-ils afropéens (terme popularisé en France par l’auteure Léonora Miano) ? À cette question, la Guadeloupéenne Maryse Condé répond clairement non. Incroyable Maryse Condé qui a tenu à être là, bien que très affaiblie. De son fauteuil roulant, et avec son franc-parler habituel, elle affirme ne pas se reconnaître dans ce terme (dans celui de « créolité » non plus au demeurant), qui « perpétue la distinction » et lui semble « réducteur ». Elle fait sienne la phrase d’Edouard Glissant : « J’écris en face de toutes les langues du monde. » Le Malgache Jean-Luc Raharimanana la reprend lui aussi à son compte, lui qui revendique que nous soyons tous « faits de fragments » -Fragments est d’ailleurs le nom qu’il a donné à la collection de textes qu’il édite-, et insiste sur la nécessité d’« arrêter de compartimenter » les gens, les genres, les pratiques artistiques. Un bon moment

Un réservoir de talents à suivre

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enues de Marseille, Istres, Toulon, Avignon, Aix-en-Provence, La Seyne-sur-Mer, Mouans-Sartoux et Nice, dix-sept compagnies ont trouvé à Klap - Maison pour la danse une fenêtre de visibilité durant Question de danse. L’occasion d’avant-premières et de découvertes, mais aussi de retrouvailles avec des talents repérés au Festival de danse de Cannes, aux Rencontres de la danse de Châteauvallon ou au festival Constellation à Toulon. À Marseille donc, Sébastien Ly (Cie Kerman), Simonne Rizzo (Ridzcompagnie) et Éric Oberdorff (Cie Humaine) ont choisi de présenter un instant « T » de leur création avec le risque induit par la notion même de projet en cours. Le public prend le fil d’une pensée en devenir, se l’approprie et imagine la suite, ou projette sur elle ses propres attentes. Ce qui, justement, fait le sel de leurs propositions. Découvert en 2009 au Pavillon Noir, Éric Oberdorff a depuis accompli un parcours sans faute. Pour Question de danse, il s’est prêté au jeu et a présenté,

Scarlett, Arthur Perole © Nina Flore Hernandez

après cinq semaines de travail, un extrait déjà structuré de ce que sera demain Mon corps palimpseste : un duo au phrasé ample contrebalancé par les riffs du guitariste et l’agilité de la plasticienne-tricoteuse pour dire

la mémoire des corps et des gestes sans cesse réécrite. Arthur Perole (CieF) a transformé l’ébauche de Scarlett présentée il y a un an à Châteauvallon en un spectacle parfaitement écrit qui joue sur la montée en puissance du


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30 bougies pour MOD ! de parole libre, que des lectures d’élèves de l’ERAC sont venues ponctuer, et que Jean-Luc Raharimanana a clos sur une très envoûtante lecture musicale de ses textes. Ne reste plus qu’à courir à l’IMMS, à trouver de haute lutte une place pour le spectacle mis en scène par Eva Doumbia avec 6 élèves de l’École Régionale d’Acteurs de Cannes (ERAC), autour d’extraits de deux textes de la grande romancière américaine Toni Morrison. Qu’il s’agisse d’un contexte ancien, le XVIIe siècle pour A mercy, ou plus récent, les années 1950 pour Home, c’est l’Amérique des laissés-pour-compte que Toni Morisson dépeint. Une succession de courtes scènes alternant avec des résumés et quelques brèves lectures, des chants et beaucoup de musique facilitent la lisibilité ; la scénographie dépouillée est très efficace et les jeunes acteurs habités par des rôles forts. Un très beau travail. Les propositions les plus diverses se sont succédé pendant ces deux jours de fête, de danse en conférence, de théâtre en défilé de mode, d’atelier en séance de cinéma. Preuve de la présence afropéenne sur tous les fronts de la culture. Et de sa superbe énergie. FRED ROBERT

Massilia Afropéa s’est déroulé les 28, 29 et 30 octobre à La Friche Belle de Mai et au cinéma Le Gyptis (Marseille)

S

ous la houlette de Josette Pisani, une vingtaine d’artistes ont fêté le 30e anniversaire de Marseille Objectif Danse. C’est en 1987 qu’un groupe de danseurs marseillais avait conçu une structure pour accueillir des créations et initier tous les publics à l’art trop méconnu de la danse contemporaine. Ils ont partagé avec différents invités une Carte libre pour une mosaïque de créations. La première proposition est celle d’Haïm Menahem qui, avec un humour délicieux, évoque l’univers de trois figures mythiques de la danse contemporaine : Merce Cunningham, Trisha Brown et Pina Bausch. Moment magique : Haïm extirpe de sa chemise une combinaison de satin, Pina est là soudain ! La soirée prend ensuite une tournure de rétrospective has been qui nous laisse parfois sur notre faim. En chair et en os ou par le truchement de vidéos se succèdent dans le désordre Daniel Larrieu, Georges Appaix, les groupes Dunes et n+n Corsino avec des films des années 80, les deux inséparables de Grand magasin, Geneviève Sorin à l’accordéon et Jean-Marc Montera à la guitare, les lectures de Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton, poètes bien connus de Marseille… Décalage encore avec la prestation de Pierrette Monticelli et ses complices des Bernardines -désormais retraités- Mireille Guerre et Alain Fourneau, sur un texte de Suzanne Joubert. On retiendra la présence du danseur suisse Foofwa d’Imobilité (Danseur exceptionnel 2013) qui surprend avec un extrait (trop court) de sa chorégraphie Utérus, pièce d’intérieur de 2014. On applaudit le phrasé et la voix du séduisant Yves-Noël Genod qui subjugue le public par une lecture terriblement habitée des premières pages d’À la recherche du temps perdu. Marc Tompkins clôture la soirée avec Witness, émouvant solo créé en 1992 en hommage à son compagnon Harry Sheppard qui venait de décéder. Une soirée nostalgique nuancée d’humour qui augure, espérons-le, une ère nouvelle. CHRIS BOURGUE

Pièces courtes s’est donné les 14 et 15 octobre au Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille

geste et de la création sonore pour explorer et questionner la figure de la Muse. Quant à Nans Martin, découvert en showcase à Cannes, il s’est délesté du poids d’une construction académique pour mettre sa radicalité dans un double duo. Un de ceux qui font de la danse un acte de résistance : éloge de la lenteur et du détachement dans le premier, exploration des limites du corps dans la répétition et l’énergie combattive dans le second. Gestuelle surprenante enfin des trois jeunes danseurs/acrobates de NaïF Production, aux corps anonymes, aux visages cachés par un voile noir sous une capuche. Au début immobiles au sol, ils semblent s’en extraire avec difficulté. Un bras, un pied se soulèvent et retombent lourdement. Le corps glisse, une main attrape le genou pour le ramener sous le torse, comme si les membres étaient paralysés. Peu à peu les corps échappent au sol comme à de la glu, se libèrent. Tout se joue sur le poids, l’équilibre et la confiance. C’est réglé au cordeau. On est séduit. Bref, la danse en région s’enrichit de plus en plus d’étoiles montantes et Question de danse est l’un de ses tremplins. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI ET CHRIS BOURGUE

Question de danse s’est déroulé du 1er au 21 octobre à Klap - Maison pour la danse, Marseille

Witness, Marc Tompkins © Jean-Louis Badet


30 critiques spectacles

Variations sur l’Enfer

© Marc Ginot.

A

nnonce sonore : « Scène 1 : Et la lumière fût » Tout s’éteint. Noir total. Trois bonnes minutes. Quelqu’un toussote. C’est le début d’une cascade de toux rocailleuses de début d’automne, et surtout le prétexte pour évacuer la gêne qui s’installe. Puis la salle s’apaise. On attend. Sagement. Deux phares blancs trouent l’obscurité. Une camionnette pénètre sur la scène. Le véhicule manœuvre, l’odeur de gasoil monte dans les rangs. On s’évente, on tousse cette fois pour de vrai. Sensation intense de claustrophobie. Le monde ne s’est pas créé en un jour, c’est bien connu, la route sera longue. La lumière est bien là : les phares, et une image vidéo, projetée sur l’aile de la camionnette. Un homme tout en cuir, des clous, un masque qui lui colle à la peau, hurle des aigus distordus dans un micro. Voilà la vision biblique

de Markus Öhrn et Pär Thörn, artistes suédois dont cette proposition largement iconoclaste est la première collaboration. En 70 scènes, chacune jouée une unique fois, ils vont refondre les Cinq Livres de Moïse : un parcours déjanté dans le texte de l’Ancien Testament, qui commence dans l’habitacle de cette camionnette. To Walk the Infernal Fields ancre l’origine du monde dans une atmosphère délétère et effrayante. Tout cela

aurait bien mal commencé, n’augurant rien de bon pour la suite, pour nous, pauvres humains (spectateurs) du monde d’aujourd’hui. Impossible de ne pas penser à une chambre à gaz. L’odeur persiste. L’homme tape sur les parois. Il est filmé en direct depuis l’intérieur de la camionnette. Il sort, titube. Sifflements de fumigènes. Et le rideau tombe brusquement. La lourde fumée continue de monter au-dessus du public. C’est un nuage. Les éléments naturels semblent finalement bien cléments, comparés à la folie humaine qui éclot ici. La création des animaux constitue la scène 2. Camionnette toujours. Elle sera l’élément récurrent des 70 scènes à venir. Des animaux en peluche. Des masques de gorille, zèbre et lapin. Fornication. Un vrai chien clouté hante le plateau. Musique noise. Décidément rien ne s’arrange en enfer. La suite sera à voir en décembre à hTh (lire p 64), puis dans d’autres lieux encore secrets, dans les points du globe ayant survécu à l’Apocalypse. ANNA ZISMAN

To Walk the Infernal Fields scènes 1 à 7 a été joué du 5 au 7 octobre à hTh, Montpellier

Théorème de la vertu ? de Christelle Harbonn, Demesten Titip -anagramme d’identité et de temps-, passe La Gentillesse au crible, s’interrogeant dans ce nouvel opus sur cet axe autour duquel s’articulent ses projets théâtraux, l’identité à l’épreuve du temps. Écriture collective, digression devenue art... Une histoire simple en apparence met en scène cinq protagonistes, une mère et ses deux filles dont une adoptée, un père spectral, et un solitaire qui, malgré ses réticences de misanthrope, devient portier de la maisonnée. Lorsqu’un visiteur inconnu arrive pour faire connaissance, l’équilibre bascule, à l’instar de celui de la famille du film de Pasolini Théorème. Intrusion de l’inconscient, passages fantasmés, où la nudité même reste masque… Plus que la gentillesse (malgré le © Ronald Reyes

L

a gentillesse, apanage des « gentils », a-telle conservé sa hauteur aristocratique ? Piètre privilège originel du terme, lorsque, dans L’idiot de Dostoïevski ou La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole, cette qualité rend les personnages inadaptés à la vie en société, boucs émissaires désignés, scandaleux dans leur inconséquence, grotesques et tragiques à la fois… La compagnie

plaidoyer de la mère), la méchanceté ouvre de vastes plaisirs dont le remords fait partie. La troupe, complice, s’en donne à cœur joie dans ce détournement des repères, nimbée d’un clair-obscur propice à toutes les suppositions. Sans doute, la pièce doit mûrir encore un peu afin de trouver sa véritable tension dramatique… MARYVONNE COLOMBANI

La Gentillesse a été créée les 13 et 14 octobre au 3bisf, à Aix-en-Provence

à venir 8 au 15 décembre La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com


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À bonne école

«

L’école, c’est l’un des derniers endroits où tout le monde se croise. » Amélie Chamoux et Laurent EyraudChaume, les deux comédiens, créateurs de 8h30, rue des Ecoles, sont partis de ce constat simple. Après plusieurs mois de travail, dont une résidence de création au Théâtre Durance de Château-Arnoux, leur spectacle tout neuf prend son envol. Passée l’avant-première à Gap, c’est à Durance que la compagnie Le Pas de l’Oiseau a fait déployer ses ailes à son poussin. Pendant un peu plus d’une heure, l’univers de l’école se révèle au plus juste, à la fois cage étriquée et horizon de liberté. L’entrée en scène se fait au son d’une voix de petite fille qui énonce les « métiers » de la classe, responsable du tableau, des cartables ou ramasseur de copies. Puis une immense palette de personnages défile, incarnés par les acteurs. Tous deux ont beaucoup pratiqué le conte. Ils donnent à leur théâtre-récit des allures de conte du réel d’une grande justesse. Avec pour seul décor un grand caisson en bois, le spectacle offre une véritable immersion dans l’école, sans concession, mais avec humour

et poésie. Les instits, les enfants, les parents, la directrice, la cantinière, l’inspecteur, tous s’enchaînent dans une galerie de portraits qui mêle subtilement la caricature et le réalisme. La course folle du matin pour être à l’heure avant la sonnerie de 8h30, le préfabriqué provisoire qui sert de salle de classe depuis 25 ans, la maîtresse idéaliste, celle un peu blasée, l’instituteur aux méthodes alternatives, tout peut évoquer un souvenir au spectateur. Venu de l’enfance ou de sa vie de parent. Rempli de trouvailles visuelles simples et efficaces -une cravate dessinée qui fait apparaître un ministre ou deux petites lumières dans le noir qui deviennent des yeux-, le spectacle file doucement vers une fantaisie utopique et révolutionnaire, où chacun pourrait enfin donner sa vision de l’école idéale. © Rolland Plenecassagne

JAN-CYRIL SALEMI

8h30, rue des Ecoles a été créé les 2 et 3 novembre à La Passerelle, à Gap, puis joué les 4 et 5 novembre au Théâtre Durance à Château-Arnoux/Saint-Auban

Marionnettes pour tous !

À

cheval sur les vacances de la Toussaint, le festival des arts de la marionnette et de l’objet En Ribambelle ! est revenu à Marseille. L’édition 2016 s’est répartie dans trois lieux, le MuCEM ayant rejoint le théâtre Massalia et La Criée, piliers de cette manifestation jeunesse qui se développe depuis trois ans. Et le public suit : les salles étaient souvent pleines à craquer. Pour lancer les festivités, un grand moment dû à la Cie Le Montreur, venue de Lyon, a quasiment fait déborder le Forum au sous-sol du MuCEM. Il faut dire que Louis-Do Bazin, manipulateur de première classe, a l’art de tenir une salle en haleine, devançant « les futures normes en vigueur dans l’Éducation Nationale : un instituteur pour 250 élèves ». Son année scolaire concentrée en 45 minutes a remporté tous les suffrages, des plus petits ravis de donner vie à une marionnette, prêtée pour la leçon, aux adultes, titillés par des touches d’humour qui leur étaient spécialement destinées. Proposer ainsi un spectacle avec plusieurs niveaux de lecture harmonieusement articulés

Cie Le Montreur © G.C.

n’est pas chose facile. La compagnie Ladgy Prod s’en est moins bien tirée, avec son adaptation du livre pour enfants Plouf !, grand succès de Philippe Corentin à l’École des Loisirs. Pour ceux qui ne connaissent pas l’ouvrage -et bien des spectateurs étaient âgés de deux ans à peine- il n’est pas facile de se représenter le système de poulie qui fait tout le sel de cette histoire d’animaux tombés dans un puits. Cela ne les a pas empêchés de découvrir avec plaisir les marionnettes en

objets transformés : un nez de cochon bricolé avec une prise électrique, un loup à tête de scie, un ventre rond fait avec une boîte de bonbons... Quant au festival En Ribambelle !, il s’est poursuivi avec bien d’autres propositions pour tous les âges, et si l’on en croit ses organisateurs, pourrait développer d’autres partenariats sur le territoire marseillais, lors des prochaines éditions. GAËLLE CLOAREC

Le festival En Ribambelle ! a eu lieu du 26 octobre au 8 novembre au Théâtre Massalia, à La Criée et au MuCEM (Marseille)


32 critiques musiques

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Fiesta avant, pendant, tout le temps

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2 000 spectateurs ont franchi le ponton du Dock pour sa 25e Fiesta des Suds. Un équipage multicolore et intergénérationnel, venu plonger dans l’océan des musiques actuelles du monde. Bien sûr, il y avait les poids lourds. Ou plutôt les gros cargos, au vu de la scénographie de l’édition. Thiéfaine, Louise Attaque, Skip&Die vs Lindigo © Johanna Tzipkine Cassius en tête. Ils étaient attendus et n’ont pas déçu. Il y a eu de trente ans. Entre des titres plus récents, aussi les invités dont on ne pouvait que se teintés parfois de blues rock, les très attendus réjouir de leur participation à ce joyeux quart Loreleï ou Alligator 427, toujours prégnant de siècle : Jeanne Added, Deluxe, Smokey d’actualité, ont nourri ce beau moment de Joe and the Kid, Moussu T. Il y eut enfin communion. les découvertes et coups de cœur, celles et Dans un tout autre style, les Aixois Deluxe ceux que la Fiesta peut encore s’honorer de installaient une ambiance de folie où l’auditoire, provoquer. Ce fut vrai pour The Dizzy Brains, considérablement rajeuni, accompagnait de Skip&Die vs Lindigo, Swan Ink ou PinkNoColor. sauts à pieds joints les beats soutenus de Loin des clichés d’un dinosaure sur le retour, l’électro-groove funky. Le show tant visuel que Hubert-Félix Thiéfaine a rassemblé une sonore de Liliboy et sa bande moustachue foule immense devant la scène extérieure. aux tenues délirantes fut électrisant et inventif, Festif et résolument rock, le Vixi Tour XVII véritable diffuseur de déhanchés et d’énergie. du jurassien fut l’occasion de retrouver l’au- Ils sont jeunes, provocateurs et subversifs. teur de La fille du coupeur de joint, dans une The Dizzy Brains, révélation des dernières version dépouillée, comme un présent d’amis Transmusicales de Rennes, ont bousculé les

amateurs de rock garage et au-delà. Guitare et basse saturées, voix d’une agressivité sensuelle, les Malgaches ont abordé la situation politique de leur pays sans oublier d’évoquer une autre de leur préoccupation : le sexe. La rencontre entre les Hollando-Sud-Africains de Skip&Die et les Réunionnais de Lindigo accoucha d’une création électropicale aux accents maloya. La douzaine de musiciens est menée par l’artiste plasticienne et chanteuse sud-africaine Cata.Pirata pour un set exaltant, digne d’un carnaval de rythmes sans frontières mais pas sans racines. Belles surprises locales, Swan Ink et Pink No Color explorent des sentiers électro pop rock divergents. Pourtant, le duo d’Aubagnaises minimaliste comme le quintette marseillais aérien errent dans des univers à la fois sensibles et décoiffants où le chant nuancé ou obsédant accompagne des compositions léchées ou enragées. Une Fiesta des Suds considérée par beaucoup comme un grand cru. Il faut dire que son before officiel, la soirée Global Local, a placé la barre bien haut grâce aux shows de Siska et surtout Anthony Joseph. THOMAS DALICANTE ET FRÉDÉRIC ISOLETTA

La Fiesta des Suds s’est déroulée du 19 au 22 octobre, précédée par la soirée Global Local, le 15, au Dock des Suds, Marseille

Âme généreuse !

E

n coréalisation, la Cité de la Musique de Marseille et Les Voies du Chant proposaient, le 21 octobre, dans le cadre de le 13e édition de festival De Vives Voix, un programme de chansons intitulé L’Anima Lotta : des reprises arrangées, compositions, rendant hommage à Rosa Ballistreri (19271990), chanteuse sicilienne lancées par Dario Fo qui était devenue, dans les années 1970, une icône dans la sphère communiste, mêlant folklore et engagement politique, social... Emmenés par une forte personnalité, Carine Lotta, artiste animée, généreuse, à la voix ensoleillée et rocailleuse, combinant à l’instar du blues une force de conviction et une fragilité sous-jacente, les musiciens qui l’accompagnaient ont livré un concert d’une belle tenue, enrobant les textes chantés en sicilien d’une pâte sonore originale, au moyen d’un savant

© Aurelie Fernando

métissage de styles. C’est le peuple de Sicile qu’on a dépeint, celui d’hier et d’aujourd’hui, sa langue, son âme à la fois violente et tendre, ses ambiguïtés, son amertume... et au-delà une condition humaine universelle, populaire. Tout un univers perceptible qu’on a

perçu, au-delà des mots, dans des pulsations obstinées, syncopées, des crescendos puissants et expressifs, dans les sonorités de mandole (Malik Ziad) basculant d’un côté à l’autre de la Méditerranée, d’un tuba festif (Daniel Malavergne) rappelant les fanfares traditionnelles, les percussions pétillantes, englobantes et coloristes de la batterie (Luca Scalambrino), dans les ritournelles de flûtes ou les envolées jazz d’un saxophone virtuose (Lamine Diagne) ! Un moment fort, vibrant, sensible, à fleur de peau… JACQUES FRESCHEL

L’Anima Lotta a été donné le 21 octobre à la Cité de la musique, Marseille


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Des loups au goûter…

C

e dimanche d’octobre à l’Opéra de Toulon, le menu était alléchant ! L’Orchestre symphonique de l’Opéra de Toulon réactivait, sous la baguette de Raoul Lay, le répertoire des Contes symphoniques. Deux opus au programme dominical : le désormais « classique » Pierre et le loup composé par Sergueï Prokofiev en 1936, et l’indémodable La Chèvre de monsieur Seguin d’Alphonse Daudet composé en 1999 par le jeune compositeur français Olivier Penard. Le trait d’union entre pièce du répertoire et composition contemporaine séduisit l’assistance, généreuse en applaudissements, car si la musique la toucha au cœur, la mise en voix de Renaud-Marie Leblanc la tint en haleine. Enjouée, cajoleuse, féroce, timide, elle embrassa avec ferveur le méli-mélo des sentiments des héros, de Pierre le courageux à l’intrépide Blanquette. Le corps à l’affût de la musique, sans fausse note, on aurait dit que Renaud-Marie Leblanc contait les histoires en se léchant les babines. Se dandinant d’un pied sur l’autre comme le canard, mimiques à point nommé mais pas trop, hochant la tête en mesure à l’approche du chat, croisant les bras de GrandPapa mécontent tandis que les

Orchestre de l’Opéra de Toulon © Olivier Pastor

cordes annoncent le danger… Dans un jeu moins imagé, le comédien se mit légèrement en retrait de l’orchestre (avec piano cette fois) au service de l’écriture musicale d’Olivier Penard, toute en nuances : bucolique dans les instruments à vent, tragique dans les sanglots des violons, fraîche et claire dans les carillons et les xylophones, dramatique dans les percussions. Au point de croire Blanquette bien vivante, gambadant librement au sommet de la montagne en fête !

C’est dire si la complicité était totale entre l’Orchestre national de l’Opéra de Toulon, le chef d’orchestre et le récitant. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Pierre et le loup et La Chèvre de monsieur Seguin ont été joués le 29 octobre au GTP, à Aix, et le 30 octobre à l’Opéra de Toulon, sur une proposition du Festival de Musique de Toulon et sa région

Treizatlantique !

© Marie-Anne Baillon

L

es valises sont prêtes, les voix chauffées aux vocalises, les programmes imprimés, huilés... C’est que le lendemain Musicatreize embarque pour une tournée américaine à New York et Boston ! Dans l’attente, en guise d’avant-première marseillaise, les douze chanteurs font vibrer les murs de la Salle Musicatreize au gré des dissonances en quarts de ton d’un opus de François Paris, de ses effets lumineux, à l’image des néons

qui constituent l’œuvre plastique de Martial Raysse dont la musique s’inspire : Quelques éléments pour dire quelque chose de simple et doux. Une « french touch » bientôt doublée d’un « classique » de l’ensemble vocal, Swan Song de Maurice Ohana qui conserve, trente ans après sa création, toute sa force expressive. Cette espèce de « requiem ironique sur sa propre mort » est dirigée pour l’occasion par deux jeunes chefs prometteurs : Chloé Dufresnes

et Hoviv Hayrabedian. Le versant américain de l’affiche propose un autre « requiem », cette fois dédié à la Nature, aux espèces disparues... Elegy and Observation d’Eric Casalow fera dialoguer avec brio, outre-Atlantique, les douze voix expertes conduites par Roland Hayrabedian et une texture électronique. On termine avec une messe originale de James Primosch pour une création en France ! Mass of the Day of Saint Thomas Didymus adopte une forme ancienne qui met en regard un groupe soliste, chantant en latin, puisant dans des sources grégoriennes et un chœur en anglais. Ce dernier commente les cinq parties de l’ordinaire liturgique en y agrégeant une dimension moderne et singulière : celle du doute ! JACQUES FRESCHEL

12 voix des deux mondes a été donné le 2 novembre, Salle Musicatreize à Marseille


34 au programme musiques marseille bouches-du-rhône var

Orchestre philharmonique de Marseille

Festival de Saint-Victor

Un programme propre à souligner la riche palette de l’Orchestre Philharmonique de Marseille que celui-ci : exubérante gaité et interlude délicat de L’ouverture du Carnaval d’Anton Dvorák, thème du roman grec de Longus, Daphnis et Chloé avec la deuxième suite pour orchestre de Maurice Ravel commandée par Diaghilev pour les Ballets Russes, œuvre concertante éblouissante qu’est la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov, servie par le piano virtuose de Fang Yuang. Enfin, un Concerto pour percussions de Li Biao, à la tête de l’orchestre pour cet exceptionnel concert !

Pour plaire à Odette, André, dit Dédé, achète à M. Chausson un magasin de chaussures, ignorant que ce dernier est l’époux de sa belle et que cet achat arrange bien ses affaires… L’opérette en mode de vaudeville d’Henri Christiné, sur un livret d’Albert Willemetz, fut créée en 1921 avec Maurice Chevalier. Elle revient à l’Odéon sous la direction de Bruno Membrey et Grégory Benchenafi dans le rôle-titre. On pourra reprendre en chœur le célèbre Dans la vie faut pas s’en faire ! de cette œuvre alerte qui suggère, égrillarde, qu’il suffit de trouver chaussure à son pied.

Grégory Benchenafi © Franck Laguilliez

18 novembre Opéra de Marseille, Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Brice Montagnoux © X-D.R.

© VdM

Dédé

Concerts Beethoven

Lawrence Foster © Marc Ginot

26 & 27 novembre Odéon, Marseille 04 96 12 52 74 odeon.marseille.fr

17 & 24 novembre et 1er décembre Abbaye de Saint-Victor, Marseille 06 51 16 63 78 saintvictorfestival.wixsite.com/50ans

Sept Miserere

Marie Galante

Sur les cinq concertos pour piano et orchestre, pas moins de trois de Beethoven seront donnés à l’auditorium du Pharo, sous la houlette de Lawrence Foster, interprétés par l’Orchestre Philharmonique de Marseille et le pianiste à la poésie subtile Inon Barnatan. Seront joués les Concertos n°2, 3 et 4, qui permettront de goûter l’évolution du compositeur, depuis les échos de l’influence mozartienne à l’expression du romantisme.

Le Festival des Musiques Interdites Marseille propose une programmation à l’année et permet de découvrir des pépites souvent ignorées. Ainsi, Marie Galante ou l’Exil sans retour, associant le roman de Jacques Deval et la musique de Kurt Weill (dont quatre chants inédits présentés grâce à la Kurt Weill Foundation de New York), sera donné à La Criée, avec la superbe soprano Émilie Pictet, la comédienne Irène Jacob, le baryton Jean-Christophe Maurice, la basse Frédéric Leroy, et les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Marseille sous la houlette du pianiste Vladik Polionov, le tout mis en espace par Michel Pastore.

1er & 2 décembre Opéra de Marseille, Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

23 & 24 novembre La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

04 91 54 70 54

Les concerts du Festival de Saint-Victor, concoctés par la dynamique association Les Amis de Saint-Victor, continuent d’enchanter l’abbaye romane par leur programmation éclectique. Violoncelles (Geneviève Teullières-Sommer, Marine Rodallec, Jean-Florent Gabriel) et violon (Mohamed Hiber) s’accorderont au piano d’Évelina Pitti pour interpréter Bloch, D’Ollone, Dutilleux, Fauré, Haendel, Schubert, Britten (17 nov) ; puis viendront Messiaen, Landowski, Suaguet, Dutilleux et Guérinel que jouera l’orgue de Brice Montagnoux aux côtés de l’Ensemble du Cefedem-sud (24 nov) ; enfin, les organistes Jean Guillou et Jean-Baptiste Monnot vous entraîneront au rythme de danses, fugues et fantaisies (1er déc).

Deux ensembles vocaux professionnels de Marseille fusionnent -l’Ensemble Hymnys, dirigé par Bénédicte Pereira et l’Ensemble Calisto, dirigé par Jean-Christophe Filiolen Chœur de Chambre de Provence, pour nous présenter un chant polyphonique d’une rare qualité. Dix voix soli a capella tisseront un programme qui exige rigueur, sensibilité et virtuosité, avec des pièces de Purcell, Sweelinck, Hassler, Croce, Trombetti, Lhéritier, Allegri (dont le Miserere très redouté tant il est complexe !). Émotions riches pour ces pièces au somment de l’art polyphonique ! 18 novembre Église Notre Dame, La Ciotat 20 novembre Église Saint-Charles, Marseille 07 60 69 59 34


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Orchestre de chambre de Lausanne Trio Wanderer

Donné en création mondiale au conservatoire d’Aix en juillet 2015 (lire sur journalzibeline. fr), Horae quidem cedunt de Michel Petrossian, composition pour douze voix a capella (commande de l’ensemble Musicatreize), s’ordonne en triptyque sur les images du film en noir et blanc du poète et cinéaste arménien Artavazd Pelechian, Les Saisons (1972). Les musiques de Vivaldi et de V. Kharlamenko sous la direction sobre de Roland Hayrabédian emportent les mots du long poème tournoyant qui rappelle le rythme des saisons et l’histoire du peuple arménien.

Décidément les dimanches de la Chapelle du Méjan connaissent des moments musicaux précieux ! Le 11 décembre, c’est au tour du Trio Wanderer (Jean-Marc Phillips-Varjabédian, violon, Raphaël Pidoux, violoncelle, Vincent Coq, piano) ; il se glissera dans les partitions subtiles de Haydn (Trio avec piano n°32 en la majeur), Mendelssohn (Trio pour piano, violon et violoncelle n°1 en ré mineur) et Schubert (Trio n°2 en mi bémol majeur).

15 novembre GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

Percussions La musique répétitive et tournoyante de Steeve Reich et celle de Minoru Miki s’invitent au Foyer de l’Opéra de Marseille puis sous le Chapiteau Circoscène de la Seyne-sur-Mer (dans le cadre du Festival d’automne organisé par les artistes enseignants du Conservatoire TPM), servies par l’Ensemble Polychronies (Bernard Boellinger, Bernard Pereira, Mathieu Schaeffer, Florent Fabre). De New York à Chicago, Music for Pieces of Wood, Marimba Phase (Steeve Reich) ou Marimba Spiritual (Minoru Miki) envoûteront les auditeurs.

© Marco Borggreve

Ensemble Ad Fontes

Considérée comme une « aristocrate de l’ivoire », la pianiste Élisabeth Leonskaja apportera au GTP la finesse et l’élégance de son jeu, qui sait se dépouiller de tout académisme au profit d’une interprétation inspirée, tout en nuances. La Fantaisie en sol mineur op.77 de Beethoven, la Sonate pour piano en sol majeur D 894 de Schubert et la Grande Sonate en sol majeur op.37 de Tchaïkovski auront le bonheur de se retrouver sous ses doigts. 30 novembre GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

En guise de cadeau du calendrier de l’avent, Jan Heiting dirige l’Ensemble Ad Fontes pour l’interprétation de l’un des chefs-d’œuvre du compositeur Benjamin Britten, Saint Nicolas. La partition écrite pour une géométrie variable et des chanteurs de tous âges et de tous niveaux, narre l’histoire de ce saint qui a les qualités du Père Noël. De l’humour, des mystères, dans une instrumentation subtile et riche, et le texte d’Éric Crozier pour ce conte intemporel.

© Bertrand Périsson

25 novembre Chapiteau Circoscène, La Seyne-sur-Mer 04 94 93 34 29 conservatoire-tpm.fr

11 décembre Le Méjan, Arles 04 90 49 56 78 lemejan.com

Élisabeth Leonskaja

© Jean-Paul Bourgois

19 novembre Foyer de l’Opéra, Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Le jeune chef Joshua Weilerstein, à la tête depuis deux ans de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, dirigera ce bel ensemble sur un programme vaste et éclectique, qui nous fera voyager entre la Symphonie n°60 en do majeur de Joseph Haydn, les Ramifications pour orchestre de Ligeti et la Symphonie n° 3 en mi bémol majeur, dite Rhénane, de Schumann. Entretemps, Renaud Capuçon se sera glissé parmi les musiciens pour la sublime sérénade de Bernstein.

© François Sechet

7 décembre Musicatreize, Marseille 04 91 00 91 31 musicatreize.org

© X-D.R.

Horae quidem cedunt

2 décembre Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net


36 au programme spectacles bouches-du-rhône var vaucluse hérault

Baptiste Trotignon

Conversations baroques

En coréalisation avec Salon, Festival international de musique de chambre de Provence, le Théâtre Armand reçoit un immense artiste de jazz, le pianiste Baptiste Trotignon. Rares sont les pianistes de formation classique qui se glissent avec autant d’aisance dans le monde du jazz. Le piano fluide, élégant, de celui qui joua le rôle de Rydell (jeune pianiste de jazz) dans le film d’Alain Corneau Le Nouveau Monde (1995), lui a valu le Grand Prix de la Ville de Paris lors du concours international Martial Solal en 2002. Privilège que de l’entendre seul sur scène ! 12 novembre Théâtre Armand, Salon-de-Provence 04 90 56 00 82 festival-salon.fr

© Nemo Perrier Stefanovitch

L’opéra de JanáČek, composé sur un livret de Vincence Cervinka, inspiré de la pièce du dramaturge russe Alexandre Ostravski, L’Orage, narre la lente destruction d’une jeune femme, Katia Kabanova. Sa belle-mère autoritaire, Kabanicha, domine son fils et méprise sa belle-fille. Katia est aimée secrètement par le jeune et tendre Boris… Les ingrédients sont prêts pour que la tragédie se mette en place… sous la houlette de Jean-Yves Ossonce dans une mise en scène de Nadine Duffaut et Christina Carvin dans le rôle-titre.

Johann Sebastian Bach, Georg Friedrich Haendel, Georg Philipp Telemann, que rêver de mieux dans le cadre d’un concert baroque ! L’ensemble baroque en résidence Les Ombres offre aux côtés du Petit Concert Baroque (duo spécialiste de la transcription pour deux clavecins) une version inédite du répertoire baroque pour orchestre en formation de musique de chambre. Le concerto, conversation par nature, dialogue avec aisance par la grâce de ces deux formations. 3 décembre Corum, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr

Christina Carvin © X-D.R

© Fabrice Neddam

Katia Kabanova

La Bohème

27 & 29 novembre Opéra du Grand Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr

Nuit américaine

25 novembre Opéra de Toulon 04 94 93 55 45 festivalmusiquetoulon.com

Aurore Boréale

© Opéra 2001

Non, il ne s’agit pas d’un festival de cinéma, ni d’un hommage à François Truffaut, mais du Festival de Musique de Toulon qui s’installe dans l’écrin de l’Opéra pour un programme consacré à de grands compositeurs d’outre-Atlantique. On entendra le délicat Blue Cathedral de Jennifer Higdon, le virtuose Concerto pour violon en ré majeur opus 35 d’Eric Wolfgang Korngold, Hesitation Tango de Samuel Barber, The Chairman Dances de John Adams, ou encore On the Town (3 dances) de Leonard Bernstein. Christophe Poppen dirige l’Orchestre symphonique de l’Opéra de Toulon et Renaud Capuçon livre ses lumineuses interprétations…

Les compositeurs du grand nord sont à l’honneur dans ce programme au nom si poétiquement évocateur. Et la littérature laisse des échos au cœur de leurs œuvres ; les aventures d’Aladdin se lovent dans les partitions de C.F.E. Horneman et son An adventure Overture for Orchestra : on suit les aventures de Peer Gynt de Grieg, d’après le personnage d’Ibsen, on s’évade dans les brumes avec la Symphonie n°3 en ut majeur opus 52 de Jean Sibelius. L’Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon conquiert les frimas sous la houlette de Thomas Søndergård.

Le Quartier Latin, de jeunes artistes, une délicieuse fleuriste qui n’a plus d’allumettes… et les amours du poète Rodolfo et Mimi commencent… passion, destin contraire, mort… L’opéra de Puccini La Bohème ne cesse d’émouvoir. La jeunesse et l’insouciance se fanent, et leur souvenir se cristallise dans le souvenir d’airs joyeux ou tendres. Martin Mázik dirige les solistes, Chœurs et Orchestre de la Compagnie Lyrique Opéra 2001, dans une mise en scène de Roberta Mattelli.

25 & 26 novembre Opéra Comédie, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr

27 novembre Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com


7 déc > 19h

Les saisons / Horae quidem cedunt... Ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian Musique Michel Petrossian, film Artavazd Pelechian, scénographie Toni Casalonga

La belle équipe - 2016

musique et cinéma en partenariat avec l’union culturelle française des arméniens de France (ucFaF marseille Paca)

Musicatreize .org 2016-2017 saison

Salle Musicatreize, 53 rue Grignan 13006 Marseille • 04 91 00 91 31 • reservations@musicatreize.org • tarifs 15 / 12 €

Saison 2016-2017 Danse-cirque engagé

dites à ma mère que je suis là

marionnette

anywhere

marionnette

anywhere

théâtre de l’entrouvert 24 + 25 nov 19:00

théâtre de l’entrouvert 24 + 25 nov 19:00

conférences décalées

conférences décalées

l’atlas de l’anthropocène

cIE etat d’uRgencevertical détrour — frédéric ferrer

Création 19:00

du 29 nov au 03 déc

expérience œnolo-ludique

l’atlas de l’anthropocène vertical détour — frédéric ferrer du 29 nov au 03 déc 19:00 expérience œnolo-ludique

savoir enfin qui nous buvons

savoir enfin qui nous buvons

théâtre d’objets

théâtre d’objets

le poisson soluble 14 déc 16:00

le poisson soluble 14 déc 16:00

sébastien barrier 09 + 10 déc 19:00

motteS

LUN 14, MAR 15

expérience œnolo-ludique NOVEMBRE

À 19Hc’est un métier nourrir l’humanité

art & tça 15 déc 19:00 + 16 déc 21:00 Renseignements & centre réservations culturel rené char

04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

sébastien barrier 09 + 10 déc 19:00

l’atl

verti d

savo

motteS

théâtre documentaire

nourrir l’humanité c’est un métier art & tça 15 déc 19:00 + 16 déc 21:00 centre culturel rené-char

infos résa 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

04160 Château–arnoux Saint–auban

nourr

1 ce


38 au programme musiques bouches-du-rhône hérault

Peedu Kass Momentum

Alejandra Ribera

Nouveau venu dans le paysage musical marseillais, le festival Les Innovants fait la part belle à des artistes émergents, à la nouvelle scène musicale, aux musiques actuelles mais aussi à celles qui s’adressent à un public plus jeune. Au programme : le groupe de rap rock La Canaille, emmené par son fondateur Marc Nammour ; le rappeur et slameur Iraka ; le rock électro de Nord ; le trio Massy Inc (ex Tante Hortense). Le dernier jour, l’après-midi sera consacré au jeune public avec Hansel et Gretel mis en chansons par Catherine Vincent (dès 6 ans) et, pour les plus jeunes, Plouf Plouf d’Abel Croze et Nicolas Cante.

Découverte en 2015 avec son disque La Boca, la canadienne Alejandra Ribera, qui vit à Paris, fait escale au Forum de Berre. Écossaise par sa mère et argentine par son père, elle chante des textes personnels imprégnés de ses racines, d’une voix profonde et suave, qui joue sur des contrastes qui la font passer de la rage à la fragilité. Une pop-folk toute personnelle qui n’est pas sans rappeler parfois Joni Mitchell, Rickie Lee Jones ou encore Lhasa. À ne rater sous aucun prétexte !

2 au 4 décembre Espace Julien, Marseille 04 91 24 34 10 espace-julien.com

Dans le cadre du festival Jazz sur la ville, la Cité de la musique accueille le trio estonien qui joue du jazz contemporain avec un son clair et une fraîcheur nordique regorgeant d’intensité rythmique. Formé par Peedu Kass à la basse, Kristjan Randalu au piano et Toomas Rull à la batterie, le groupe a déjà gagné la reconnaissance des passionnés de jazz !

© Kristina Wagenbauer

La Canaille c ©. Bousquet.

© Kaupo Kikkas

Les Innovants

18 novembre Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

04 42 10 23 60

25 novembre Forum de Berre forumdeberre.com

La Mal coiffée Concert pour le temps présent

© Marc Oriol

Fred Nevchehirlian convoque deux icônes sacrifiées du XXe siècle, Marilyn Monroe et Kurt Cobain. À partir de leurs écrits -sur les femmes, leurs conditions et leurs désirs, le succès et ses travers, les addictions ou l’injustice-, il nous livre un dialogue fantasmé de ces deux étoiles filantes (shooting stars). Dans un « live concept » entre concert littéraire, lecture musicale et poème rock, où l’on croise aussi Rimbaud, Van Gogh, Arthaud, Pasolini, de Staël...

Originaire du Minervois, dans l’Aude, ce quintet de femmes réinvente depuis 2003 un chant polyphonique où la poésie et la langue occitane sont indissociables de l’expression populaire. Dans leur dernier album paru en 2014, L’embelinaire (menteur magnifique qui réenchante le monde), le groupe mêle sa polyphonie à la poésie malicieuse de deux grandes figures de la littérature languedocienne, Jean-Marie Petit et Léon Cordes, mise en musique par Laurent Cavalié.

Thierry Balasse, déjà accueilli au Théâtre Molière pour un concert initié autour de la Face cachée de la lune de Pink Floyd en 2014, revient avec la recréation instrumentale, avec l’aide du compositeur, d’une œuvre majeure de l’histoire de la musique électronique : la Messe pour un temps présent de Pierre Henry, conçue dans les années 60 pour le Ballet Béjart est présentée sur scène pour la 1re fois. Avec sa Cie Inouïe, il propose aussi d’autres facettes de la musique du compositeur : Envol, pièce pour orchestre de haut-parleurs, et Fusion A.A.N, création écrite pour l’occasion, qui crée des ponts avec les musiques d’aujourd’hui. Concert pour un temps présent © Patrick Berger

Shooting stars

© X-D.R

2 décembre Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

18 novembre Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

29 novembre Scène nationale de Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com


Karamazov

© Victor Tonelli

Monter les Frères Karamazov au théâtre relève d’un défi inhumain. Jean Bellorini a choisi justement la démesure, et à la création lors du Festival d’Avignon le froid dans la carrière Boulbon n’aidait pas à se concentrer durant 5 heures. Dans le confort de la Criée, avec une version légèrement resserrée mais toujours enthousiaste, nul doute que la folie de Dostoïevski saura captiver...

04 91 54 70 54

18 au 27 novembre La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

3+ ans

Histoire universelle de Marseille

\/

Dans le cadre de la Semaine de la laïcité, le collectif Manifeste Rien joue à nouveau son adaptation théâtrale de l’ouvrage d’Alèssi Dell’ Umbria (éditions Agone), Histoire universelle de Marseille, remontant jusqu’à la création de la ville pour en comprendre le concept fondamental de cité, et son passé tumultueux. Seule sur scène, Virginie Aimone incarne cette résistance marseillaise qui craint de voir son destin lui échapper au profit d’ambitions aussi bien financièrement que sociologiquement rentables, maniant l’humour comme une arme de résistance politique au formatage.

© Manifeste Rien

Marionnette

9 décembre Atelier Canopé, bd. d’Athènes, Marseille 06 80 50 42 23 manifesterien.over-blog.com

Traviata, vous méritez un avenir meilleur

© Pascal Victor

Marie Duplessis, courtisane morte de tuberculose en 1847, inspira Alexandre Dumas fils et sa Dame aux Camélias, et à Verdi l’un de ses plus beaux opéras, la Traviata. Benjamin Lazar (à la mise en scène), Florent Hubert (pour les arrangements musicaux) et Judith Chemla (dans le rôle-titre) s’emploient « à remettre l’opéra au théâtre d’où il est venu », faisant se côtoyer sur scène chanteurs et instrumentistes, voix parlées et chantées.

04 91 54 70 54

6 & 7 décembre La Criée, Marseille theatre-lacriee.com


40 au programme spectacles

bouches-du-rhône vaucluse gard alpes

Le Fond de l’air effraie, Chansons climatiques & sentimentales

Que se passerait-il si le vote blanc devenait majoritaire ? La fable politique écrite et mise en scène par Maëlle Poésy a des allures de fin du monde diluvienne, mais aussi de printemps nouveau. Créée au festival d’Avignon par une bande de jeunes acteurs enthousiastes, elle dit à la fois leur grande méfiance de la politique, et leur volonté de renouer avec l’idée d’un avenir.

Compositeur, poète, metteur en scène et performeur, Jacques Rebotier crée au Théâtre Joliette-Minoterie un drôle de Tour de parole, comme on dirait un Tour de chant. Avec le quatuor à cordes de musiciennes-parlantes Pamela constitué sur mesure, il a détourné en parole et musique douze chansons, tirées de tous les répertoires ou originales. Cette création marque la clôture des dix-huit de résidence de la compagnie voQue qu’il a fondée.

© Jean-Louis Fernandez

© Benoit Cambillard

Ceux qui errent ne se trompent pas

17 au 19 novembre Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

04 92 52 52 52

Dans le cadre de Festiv’anges (voir p 16), Michel Kelemenis crée au Gymnase une pièce ludique pour tout public, rapprochant le sport et la danse, montrant comment le plaisir du corps vient à la fois de la performance physique et de l’amour esthétique du geste. Pour quatre danseurs : deux couples, forcément ! Une création qui sera ensuite en tournée à Aix, au Thor, à Martigues, à Istres... et à Lyon.

13 décembre Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 auditoriumjeanmoulin.com

By heart Apprendre par cœur, lorsque la vieillesse, ou l’oppression politique, vous interdisent de lire... Tiago Rodrigues met en scène l’histoire d’une vielle femme et celle du poète Boris Pasternak menacé du goulag. Il s’agit pour les volontaires dont il orchestre les mots d’apprendre, de dire, assis, simplement, pour retrouver confiance dans la force inaliénée des mots, et les chemins de la mémoire...

13 décembre La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

Directrice d’une agence de casting au sommet de sa carrière, Vera décide de fusionner avec une importante agence anglaise. C’est le début de la descente aux enfers de ce personnage cynique merveilleusement interprété par Karin Viard. Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo mettent en scène cette tragi-comédie drôle et grinçante qui n’est autre qu’une terrible critique de la société libérale. 29 novembre au 3 décembre Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

04 66 36 65 10

7 au 9 décembre Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

© Magda Bizarro

© Tristan Jeanne-Vales

Vera

© Agnès Mellon

3 au 9 décembre Pavillon Noir, Aix 04 42 93 48 14 preljocaj.org

16 au 19 novembre Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr

25 au 27 novembre Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

Rock & Goal

22 et 23 novembre Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

Dans son troisième spectacle, Sophia Aram continue à déployer avec talent son humour corrosif pour lutter contre la bêtise ambiante. De son écriture affûtée, elle s’interroge sur l’état d’un débat public traversé par des idéologies et une actualité parfois dramatique, dont les sujets ne peuvent que nourrir sa verve ! Sa liberté d’expression sans concession est plus que jamais nécessaire pour décortiquer les comportements de notre époque.

1er au 3 décembre Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr


L'OFFICINA PRÉSENTE

© Cendrillon, Georges Méliès

Le co-directeur du théâtre Joliette-Minoterie se lance dans la téléréalité, vrai ou faux ? Vrai, mais à sa manière : certes Haïm Menahem monte un plateau de télévision sur scène, cependant les concurrents sont des personnages bien connus des enfants depuis moult générations... Le Petit Chaperon Rouge, Cendrillon et le Petit Poucet en lice, c’est un gage d’inventivité et de fraîcheur ! L’enjeu est de remporter le titre du meilleur conteur, sans tricher, et sans massacrer les textes de Charles Perrault. Tout public à partir de 8 ans.

15 NOVEMBRE 3 DÉCEMBRE Marseille Aix-en-Provence Arles Vitrolles

2016

3 Perrault sinon rien

DANSE CONTEMPORAINE EN MÉDITERRANÉE

9 au 16 décembre Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

Voyage à Tokyo

© Laurent Weyl-Argos

En 1953, Yazujirō Ozu réalise un chef-d’œuvre du cinéma japonais, décrivant à travers l’histoire d’un couple de retraités le délitement du système familial traditionnel. Le franco-suisse Dorian Rossel et la Cie Super Trop Top, dont l’esthétique « préfère les vides que les pleins », s’emparent de son scénario minimaliste et délicat pour le transposer au théâtre. À noter, la présence dans cette création 2016, aux côtés d’interprètes occidentaux, d’un acteur nippon prestigieux : Yoshi Oïda. À partir de 14 ans. 24 & 25 novembre Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org 22 novembre La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

Pluie On connaît la Cie Un château en Espagne pour son travail approfondi sur les contes. Ici c’est aux tout-petits que Céline Schnepf s’adresse, dans ce spectacle musical empreint de poésie, pour les moins de 6 ans. Une comédienne (Gaëlle Mairet) et un musicien (Frédéric Aubry) investissent la scène du Merlan avec un dispositif simple mais ô combien évocateur : deux ventilateurs et des feuilles mortes suffisent à invoquer les joies de l’automne et la nostalgie du temps qui passe. Gratuit sur réservation. 26 novembre Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

www.dansem.org


42 au programme spectacles marseille

Grand remix...

Barouf

© J. Evariste

Revisiter une pièce de Maurice Béjart façon rave party, ce n’est pas si impertinent que cela en a l’air, le chorégraphe ayant signifié son goût pour les musiques électroniques dès 1967, lorsqu’il présenta cette œuvre au Festival d’Avignon, avec des danseurs vêtus de jeans. Sa Messe pour le temps présent est ici reprise par Hervé Robbe et les artistes de l’École Supérieure du CNDC d’Angers. Le spectacle est suivi d’Icare, une reprise également, mais d’une chorégraphie de Claude Brumachon, par Benjamin Lamarche, véritable homme-oiseau. Grand remix de la Messe pour le temps présent + Icare 1er & 2 décembre Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

18 novembre Théâtre Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 toursky.fr

Du piment dans les yeux

Le mariage de Figaro

8 & 9 décembre Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

Rythme endiablé, situations cocasses, quiproquos, rebondissements aussi inattendus qu’invraisemblables, échanges d’identités, pantomimes, verve langagière, la pièce que l’on évoque toujours par Le mariage de Figaro mérite bien son titre complet, La folle journée ou Le mariage de Figaro. On aura le plaisir d’applaudir ce chef-d’œuvre de Beaumarchais, dénonciation de privilèges archaïques, mais pas que, et d’une toujours troublante actualité dans sa satire d’une société inégalitaire, dans la mise en scène de Jean-Paul Tribout. « God-dam » !

25 novembre Théâtre Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 toursky.fr

Toute reprise chorégraphique est une nouvelle création ; ainsi, le danseur étoile, fondateur du Ballet d’Europe, Jean-Charles Gil recrée Barouf. Inspiré par les attentats de Boston, le spectacle évoque tous les séismes qui peuvent parcourir la vie humaine, exil, ruptures, passions mortes, tremblements de terre… deux mondes s’unissent, celui de Spiky The Machinist, Dj en live, et celui des danseurs Jorge Calderon et Simon Kuban. Ballet et improvisations musicales se conjuguent en une pièce fascinante qui nous apprend à toujours revenir debout. 2 décembre Théâtre Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 toursky.fr

© Philippe Genty

Paysages intérieurs

© Emmanuelle Sales

© Nicolas Maisse

Rien que le titre fait mal ; la Cie AnteprimA annonce la couleur, en traitant d’exil à partir de faits réels. Inaya fuit la guerre, Mohamed aspire à une vie meilleure : tous deux quittent l’Afrique et, en route pour l’Europe, leurs chemins se croisent. Antonella Amirante a choisi de mettre en scène cette histoire pour donner un visage aux milliers de personnes anonymes qui chaque jour risquent leur peau pour franchir les frontières. Une rencontre avec les artistes est prévue à l’issue de la représentation du 8 décembre.

Nominée aux Molières pour le Meilleur Spectacle 2015, l’adaptation par Marcel Duhamel du roman de Steinbeck Des souris et des hommes arrive au Toursky pour une unique représentation, servie avec une verve époustouflante par une troupe de dix acteurs étonnants de justesse, dans une mise en scène de Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic. Lennie, colosse à l’enfantine et terrifiante innocence, George, si frêle et protecteur, parcourent les grands espaces californiens et l’impossible démesure de leurs rêves.

© Jean Barak

© Ava du Parc

Des souris et des hommes

Fidèle au Toursky, Philippe Genty revient avec sa nouvelle création, Paysages intérieurs, mise en espace et en jeu de son livre éponyme (véritable « odyssée personnelle ») paru chez Actes Sud en 2013. « Donner corps et images à l’ouvrage d’une vie » constitue le propos, voyage intérieur où marionnettes, danse, musique, images suivent spéculations, rêveries et loufoqueries potaches. Un « poème virtuel » confondant de beauté et de trouvailles fantastiques ! 9 décembre Théâtre Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 toursky.fr


bouches-du-rhône

var

spectacles au programme

43

Au pied de la lettre

Sur pointes

Le Massalia poursuit son partenariat avec Klap - Maison pour la Danse, à l’occasion de ce hors-les-murs emmené par La Zouze. Retour sur terre est une création 2016 de Christophe Haleb, qui projette son interprète, Olivier Muller, en 2030. La planète est alors peuplée d’adolescents en armes, « pour mieux s’emparer du monde comme d’un jardin magnifique ». Danger et idéalisme ont toujours constitué les ingrédients de base de l’adolescence, et d’ici une quinzaine d’années, il n’y a pas de raison que cela change... Pour les 14 ans et plus.

Au XVIIIe siècle, on soulevait les danseurs grâce à des câbles pour leur permettre de quitter le sol, et acquérir une légèreté aérienne inusitée. Plus tard sont venus les chaussons à pointes, autorisant pirouettes et sauts. Loin de considérer le travail sur pointes comme une pratique figée par la tradition, Emio Greco et Pieter C. Scholten avec Momentum et Jeroen Verbruggen avec Pointless affirment l’importance métaphysique de cette prouesse technique... qui rapproche les danseurs classiques des cieux, dit-on.

© Frederic Iovino

Retour sur terre

La petite casserole d’Anatole

9 & 10 décembre Massalia hors-les-murs à Klap, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

Décidément cette histoire d’un petit garçon qui trimbale une casserole encombrante inspire les créateurs ! Publiée par l’auteur jeunesse Isabelle Carrier aux éditions Bilboquet, elle a été adaptée au cinéma par Éric Montchaud, et a remporté le très mérité prix du public au Festival d’Annecy en 2014. Le Massalia accueille à son tour cette touchante métaphore du handicap, sous la forme d’un spectacle de marionnettes adapté aux enfants de trois ans et plus, avec Marjorie Currentin et Dominique Cattani.

25 & 26 novembre BNM à l’Opéra de Marseille 04 91 32 73 27 ballet-de-marseille.com

Six Rennes

© Cyrille Louge

© Yves Humel

Los Abrazos

04 95 04 95 75

2 & 3 décembre Massalia, Marseille theatremassalia.com

30 novembre Le Rocher, La Garde 04 94 03 58 62 ville-lagarde.fr

Six Rennes... Elle commence bien, pour qui aime les jeux de mots, cette Sirène et midi net de décembre ! Et comme c’est le mois approprié pour retrouver le goût des jeux d’enfant, Le Bazar Palace plonge les doigts dans une montagne de Kaplas, ces planchettes de bois dont on fait traditionnellement des constructions dignes de la Tour de Pise, au pied du sapin de Noël. Dérivée d’un spectacle de rue bien plus long, la dernière Sirène de 2016 en garde l’esprit : traiter sans en avoir l’air de « l’effondrement du modèle ». Ho ho ho ! 7 décembre Parvis de l’Opéra Lieux Publics, Marseille 04 91 03 81 28 lieuxpublics.com

Le tango, maîtrise formelle embrasée par l’ardeur des sens, ne se conçoit qu’à deux. Ximena Zalazar Firpo et Willem Meul rejouent l’infinie ritournelle des corps désirants, qui tour à tour s’attirent et se retirent. Une batteuse (Vanesa Garcia) et un bandéoniste (Lysandre Donoso) les accompagnent à la perfection, dans ce spectacle tenu à distance des clichés du genre, non dénué d’humour, ni de tendresse.

© Michel Demas

23 au 26 novembre Massalia hors-les-murs à Klap, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

© A. Poiana

Le Massalia a passé commande à deux chorégraphes, qui articulent leurs différents univers dans un même programme pour le jeune public. À Klap - Maison pour la danse, les enfants de 6 ans et plus découvriront une pièce de Loïc Touzé consacrée au mythe d’Ulysse, l’exilé aux racines profondes, puis l’œuvre d’Ambra Senatore, directrice du Centre National Chorégraphique de Nantes. Celle-ci s’appuie sur un auteur phare de la littérature jeunesse italienne, Gianni Rodari, dans un spectacle « où le mouvement rencontre la parole ».

30 novembre Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr


44 au programme spectacles bouches-du-rhône var hérault

Un nouveau départ

30/40 Livingstone

Jeanne pour l’instant Drolatique personnage que cette Jeanne, vieille femme cabotine, qui donne son avis sur tout, partage ses gâteaux avec le public, teste comment ça fait si on est mort, revient sur sa vie et se refuse à suivre les injonctions du metteur en scène… Le spectacle en gestation depuis plus d’un an trouve sa version définitive (mais avec Jeanne, on peut s’attendre à tout !) au Bois de l’Aune. Nicole Choukroun incarne une Jeanne loquace et déjantée, sous le regard agacé et pourtant bienveillant de Claire Massabo. Une création désopilante de l’Auguste Théâtre. 15 novembre Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr

Est-ce l’explorateur écossais qui cartographia la vallée du Zambèze et baptisa les chutes majestueuses de ce fleuve Victoria en l’honneur de la Reine ? Le docteur Livingstone de la pièce de Sergi López et Jorge Picó, anthropologue sportif et loufoque, est absorbé par la quête d’un animal légendaire à corne qui pourrait être lui… Métaphysique et clowneries se conjuguent dans ce spectacle où les pitreries ont plus de profondeur qu’il ne le semble ! 8 & 9 décembre Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr 6 décembre Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Slava’s Snowshow Blanc rouge noir Non, il ne s’agit pas d’un remake de Blanche Neige au teint blanc aux lèvres rouges et aux cheveux noirs ! Blanche, la page à commencer, rouge, l’amour, et noir pour la fin… La création de la compagnie belge De KOE, Blanc Rouge Noir, sous-titrée Le relèvement de l’Occident, et portée par trois acteurs déjantés, (beauté divine (forcément), grand prof et petit teigneux), parcourt l’histoire du monde et de l’art en un catapultage du temps hallucinant.

25 & 26 novembre Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr

© A. Lopez

3 décembre Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

17 & 18 novembre Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr

© Koen Broos

Quand une working girl rencontre un sans abri, à quoi faut-il s’attendre ? Dans la vraie vie, probablement pas à grand chose, mais rien n’interdit l’optimisme aux modernes auteurs de fictions. Poussée par sa fille adolescente qui lui assène qu’elle n’a pas de cœur, Catherine décide d’inviter le SDF grelottant devant sa porte à leur dîner de Noël. Une romance d’aujourd’hui signée Antoine Rault, aux éditions Albin Michel, adaptée par Christophe Lidon au théâtre.

© Olivier Quero

© Karine Letellier

Vouloir se faire enterrer avec son perroquet empaillé a les relents flaubertiens d’Un cœur simple… Corinne conserve son perroquet afin qu’il l’accompagne lors du dernier voyage, alors que Didier, campé sur son échelle double, rêve d’espaces intergalactiques et construit une soucoupe dans son jardin. Sur le mode du magazine de télévision Strip-tease, Paul Pascot campe ces deux personnages (luimême et Florine Mullard) bercés d’une folie douce avec une tendresse mâtinée d’ironie…

© David Ruano

La soucoupe et le perroquet

Apporté par une tempête de neige, le clown Slava Polunin décline une poétique magie. Grotesque dans sa barboteuse jeune et ses pantoufles rouges, il traverse le monde en poussant une énorme boule de neige. Créatures improbables, araignées géantes et bulles de savon hantent la scène, aux côtés d’autres clowns étranges. Pas un mot, l’influence du mime Marceau est là, ainsi que la sensibilité de Chaplin. À partir de 8 ans. 23 au 27 novembre GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net 30 novembre au 4 décembre La Cigalière, Sérignan 04 67 32 63 26 lacigaliere.fr


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Vocazione all’Asimmetria

Le cas Blanche-Neige

Les versions du conte populaire de Cendrillon abondent depuis l’antiquité. En constantes, la petite pantoufle qui ne peut aller qu’à une seule (le plus souvent orpheline et maltraitée) et un prince, beau, évidemment, qui en tombe amoureux et la sauve… Ajoutez une bonne fée (ce peut même être Léonard de Vinci dans Ever After de Andy Tenant)… Le chorégraphe Thierry Malandain (Ballet de Biarritz) s’inspire du conte pour nous faire assister à la naissance d’une étoile… Accomplissement poétique qui laissera le public en suspend !

La Cie Criatura est en résidence au théâtre Vitez depuis déjà un an et offre une étonnante adaptation des mots cruels de Howard Barker dans une traduction de Cécile Menon. Écriture crue et tragique, fellinienne en puissance, qui livre une image duelle du personnage de Blanche Neige, fantasmée et fatale, unissant les contraires, le grotesque et le tragique. La transgression devient le maître mot de ce texte mis en scène par Carole Errante, explorant toutes les limites et se refusant uniquement à la basse médiocrité.

© Ilaria Costanzo

Cendrillon

9 & 10 décembre GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

29 & 30 novembre Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org © Caroline Victor

© Olivier Houeix

Francesca Foscarini et son complice Andrea Costanzo Martini jouent entre soli et duos de l’altérité, de la confrontation avec l’autre qui est aussi une approche de soi. Chacun se révélant à travers la constitution d’un « nous » possible. Cette esthétique de la rencontre se fonde sur la pensée du philosophe Emmanuel Levinas, qui y voit l’élaboration de l’essentiel, de l’absolu. La philosophie devient danse, grâce à ces deux danseurs exceptionnels.

Hamlet de Jex Pire 1er & 2 décembre Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

© Gadi Dagon

Composition pour cinq danseuses, le spectacle de Noa Sadur se base sur des compositions chorégraphiques de Nao Eshkol, qui travailla durant les années cinquante en Israël et inventa un système qui permet de noter les évolutions du corps humain dans l’espace et dans le temps grâce à des symboles graphiques, le Eshkol-Wachman Movement Notation (EWMN). Variations de rythmes, géométrie mouvante des corps, rendent cette œuvre magique et fascinante.

24 au 26 novembre Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

© Philippe Ordionni

Entropy Trust

Comme la tragédie finit mal par nature, autant se plonger dans l’ambiance tout de suite. On se retrouve au cimetière, avec deux fossoyeurs (Pascale Karamazov et Sophie Zanone) qui narrent, miment, chantent, jouent, commentent l’histoire de Hamlet. Flûte et accordéon accompagnent et soulignent l’évocation sur des musiques composées par les deux actrices qui adaptent et mettent en scène la pièce shakespearienne avec clarté et humour, la rendant accessible aux enfants à partir de huit ans. Un beau moment de Mômaix avec la Cie Fluid Corporation !

En résidence de création au théâtre Vitez, la Cie La Paloma présente une étape de travail de son nouveau spectacle Trust, dont la première est prévue en novembre 2017 au Théâtre Joliette-Minoterie (co-producteur). Rachel Ceysson et Thomas Fourneau conjuguent leurs voix pour la lecture d’un texte de Falk Richter. Évocation du monde jusqu’à l’épuisement. Que devient-on alors que tout est régi par la mondialisation du système financier, que les moyens de communication se multiplient… autant de masques qui éludent toute vraie communication… Humour et violence pour raconter la perte des repères… et se retrouver ?

22 novembre Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

9 décembre Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com


46 au programme spectacles bouches-du-rhône

Passion simple

Inconnu à cette adresse

Les ATP d’Aix ont le talent de dénicher des pépites… Ainsi, le spectacle Passion simple d’Annie Ernaux, mis en scène par Jeanne Champagne, interprété avec une pertinente sensibilité par Marie Matheron. Exploration de la passion, de l’attente, du désir… Les mots disent jusqu’au vertige douleurs et fulgurances, pudeur et érotisme. « À partir de septembre de l’année dernière je n’ai rien fait d’autre qu’attendre un homme : qu’il téléphone et qu’il vienne chez moi » (Annie Ernaux).

© X-D.R

14 & 15 novembre ATP Aix (au Théâtre des Ateliers), Aix-en-Provence 04 42 26 83 98 atp-aix.net

À l’instar des nuits de Shéhérazade, le conte dansé par la Cie Al Sharkiat s’inscrit dans la lignée des 1001, ici, danses de l’Orient… Noms de légendes, porteurs de rêves, à la suite de l’éternel marin Sinbad, aux innombrables aventures. La chorégraphe Nathalie Diebold nous fait voyager dans les différents pays du Moyen Orient, par le biais de leurs danses. Le récit fantastique se mêle aux pas des danseurs, chatoiement des costumes et des mots…

© Artcomart

© Benoite Fanton

Les 1001 danses d’Orient

19 novembre Maison du Peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

Les extravagances extraordinaires…

19 lettres pour raconter la montée du nazisme. Correspondance (étalée du 12 novembre 1932 au 3 mars 1934) imaginée par Kathrine Kressmann Taylor en 1938, prémonitoire, tragique, magistrale ; Max Eisenstein, célibataire, d’origine juive, est associé à Martin Schulse, allemand, marié, père de trois enfants, dans un commerce de tableaux à San Francisco. Martin retourne à Munich en 1932 et les deux amis d’enfance entretiennent alors une relation épistolaire… Mais Martin gravit les échelons du parti nazi… une terrible histoire de trahison et de vengeance interprétée par Francis Lalanne et Dominique Pinon, dans une mise en scène de Delphine de Malherbe.

Pièces détachées Mât chinois, trapèze, équilibres, jonglerie… vous l’avez deviné, il s’agit de cirque et de la meilleure facture avec la Cie ABS production. Les numéros s’orchestrent dans une mise en scène théâtralisée, où les prouesses s’enchaînent. On rit, on frémit, on s’exclame, devant les tours des onze personnages qui entraînent petits et grands dans leur univers poétique et déjanté. Et c’est gratuit ! (dans le cadre de la tournée CPA).

04 42 87 75 00

18 novembre Espace NoVa, Velaux espace-nova-velaux.com

Ce spectacle de danse jazz contemporain se joue des apparences, dénonce avec humour la bêtise de l’intolérance, vue par un Candide venu d’une autre galaxie, alien naïf pour lequel les remuements de l’âme humaine sont autant de mystères. C’est drôle, rocambolesque, et beau, grâce aux danseurs exceptionnels de la Cie La Licorne d’Alain Gruttadauria. Les extravagances extraordinaires d’un extraterrestre 18 novembre Maison du Peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

© X-D.R

© X-D.R

© Caroline Coste

Résister c’est exister

2 décembre Maison du Peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

Il est seul en scène et se multiplie en une vingtaine de personnages, de ceux qui osent ou ont osé dire non, depuis les Résistants et les Justes de 1940. François Bourcier rend vie aux témoignages qui jalonnent l’histoire, celle qui passe par les résistances, les refus, nés de la compassion, de la solidarité, de convictions fortes… Sous ses airs de clown naïf, le comédien interpelle les consciences. Une exceptionnelle performance qui nous renvoie à nous-mêmes !

04 42 87 75 00

24 novembre Espace NoVa, Velaux espace-nova-velaux.com


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Un Poyo Royo

Knee Deep

La Cie Double D offre une belle et délicate adaptation du conte d’Andersen, et apporte à l’histoire tragique de cette enfant qui grelotte dans la rue, une émouvante poésie. La comédie musicale composée sur le livret d’Anthony Michineau vous embarque dans les volutes de la musique de Julien Salvia, pour un voyage onirique où la petite fille croise des personnages étranges comme Monstro Falco, des pirates, une voyante, mais surtout retrouve sa grand-mère prisonnière du cruel Fragotov… à voir en famille !

Ils sont quatre acrobates, qui multiplient les défis et prouesses pour réinventer, avec leur corps comme seul langage, des numéros de cirque que l’on croit connaître depuis toujours ! Au diable les codes du cirque traditionnel, les artistes australiens de la Cie Casus nous font frissonner dès qu’ils s’emparent d’un trapèze, qu’ils s’enroulent autour d’une corde ou décident de marcher sur des œufs… En égarant délicieusement nos sens, ils renouvellent la piste avec grâce et poésie.

Annulé l’an passé pour cause de blessure, le spectacle d’Alfonso Barón et Luciano Rosso est à nouveau programmé aux Salins ! Dans les vestiaires d’une salle de sport, deux hommes se préparent, se jaugent, puis tentent d’entrer en contact… Sans un mot, avec beaucoup d’humour et d’énergie, les deux danseurs, acrobates et performeurs argentins, se livrent à un combat de coqs. À moins qu’il ne s’agisse plus simplement d’expérimenter toutes les façons de créer des relations humaines.

Les Aiguilles et l’opium Une nuit de 1949… Tandis que Miles Davis quitte Paris, Juliette Greco et le be-bop, Jean Cocteau laisse derrière lui New York et le désenchantement que la ville lui inspire. 40 ans plus tard, à Paris, un comédien québécois en pleine rupture amoureuse vient doubler un documentaire sur l’idylle impossible entre le jazzman afro-américain et la chanteuse française. Des injections d’héroïne de l’un aux vapeurs d’opium de l’autre naissent des divagations poétiques, que Robert Lepage met en scène avec beaucoup d’inventivité, d’humour et de poésie.

23 & 24 novembre Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Collection secrète #1

© X-D.R

« Laissez-vous tenter par le mystère… » Que voilà une proposition pour le moins intrigante ! C’est celle de Frank Micheletti et la Cie Kubilaï Khan, qui nous accompagneront pendant un an, lors de cinq Collections secrètes, pour percer les secrets de Martigues, de ses lieux, de ses habitants. Ces moments artistiques et conviviaux vous seront dévoilés au tout dernier moment, par sms ou courriel, après inscription auprès de la billetterie du théâtre…

18 & 19 novembre Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

© Jeremy Ghislain

2 décembre Espace NoVa, Velaux espace-nova-velaux.com

6 décembre Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Aglaé Une femme parle, d’elle, du monde et se livre sur son métier, un « métier comme les autres » selon ses mots. Aglaé est prostituée, depuis toujours et à 70 ans encore. Le texte de Jean-Michel Rabeux, qu’il met en scène, a été écrit à l’issue de rencontres avec « Aglaé », une Dame, avec majuscule, qui touche, agace, fait rire, bouleverse, dégomme nos préjugés et interroge nos certitudes. La comédienne Claude Degliame interprète ce personnage infiniment humain. Réservé aux plus de 16 ans.

© Loic Djim @ unsplash.com

04 42 87 75 00

© Evelina Paolina

La petite fille aux allumettes

3 décembre Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net 8 au 10 décembre Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net


48 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse var

La Place Royale ou l’amoureux extravagant

Le Printemps est encore loin En coproduction avec le Théâtre Andrei Muresanu, la Cie L’Egregore revient sur la Roumanie du temps de Ceaucescu. Deux sœurs voient leur destin affecté par la dictature, chacune à sa façon. Comme toujours chez Ivan Romeuf, politique et théâtre s’entremêlent : l’une est auteure, l’autre actrice, la première s’exile dans une illusion de liberté pour fuir la censure, la seconde demeure et se compromet avec le pouvoir.

04 90 85 00 80

Sortie d’usine

12 novembre Le Balcon, Avignon theatredubalcon.org

25 novembre Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

Ils sont jeunes, beaux et amoureux. Alidor et Angélique s’aiment passionnément, mais c’est justement cette passion dont veut se défaire Alidor, épris avant tout de sa liberté et prêt à tout pour la retrouver. Il fait alors une proposition déconcertante à son meilleur ami et alter ego Cléandre… François Rancillac met en scène cette œuvre de jeunesse de Corneille qui questionne l’identité et l’altérité, sujets ô combien intemporels ! © Arnaud Ledoux

Comment va le monde ?

© Christophe Raynaud de Lage

Écrit et joué par Nicolas Bonneau, ce spectacle est un petit bijou. Lors d’un long collectage, il a recueilli la parole d’ouvriers avant d’en faire une pièce de théâtre. Sur scène il est à la fois l’auteur et les personnages, fait vivre des hommes et des femmes qui d’emblée pensaient ne rien avoir à dire. Sans misérabilisme ni jugement, avec beaucoup de pudeur et de tendresse, il leur donne corps, ainsi qu’aux machines, et rend hommage à son père qui un jour a quitté « son » usine, fatigué « d’être pris pour un con ». Suivi à 21h de la projection du film De Mémoire d’ouvriers de Gilles Perret.

04 42 10 23 60

8 décembre Ciné 89, Berre forumdeberre.com

Thierry Malandain / Ballet de Biarritz

2 décembre Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

Nocturnes © Olivier Houeix

Seule chez elle un soir de réveillon, une femme soliloque avec rage. Anéantie, déchirée par la vie, elle laisse remonter à la surface de ses pensées la douleur des souvenirs et son lot de culpabilité, évoque les drames et deuils qui ont jalonnés sa vie, mais aussi son exaspération face à l’idée d’un bonheur sans faille imposé par un monde encore aujourd’hui dominé par les hommes. Hélène Fillières met en scène ce texte sublime et bouleversant de Simone de Beauvoir, joué par Josiane Balasko. J.Balasko et H.Fillières © Charles Mignon

© Jean Barak

La Femme rompue

En voilà une bonne question ! Sol, le clown-clochard-philosophe imaginé par le comédien et humoriste québécois Marc Favreau dans les années 50, est toujours debout, qu’on se le dise ! Ses textes à la fois naïfs, poétiques et humoristiques ont inspirés Michel Bruzat, Théâtre de La Passerelle, qui les met en scène, et Marie Thomas qui les interprète avec gourmandise. Elle incarne ce personnage qui ne cesse de bousculer nos certitudes avec sensibilité, fantaisie et désinvolture.

29 novembre La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

25 novembre La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr 29 novembre au 3 décembre Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

Trois des pièces du chorégraphe sont au programme de cette soirée : Nocturnes, ballet pour 22 danseurs, se présente comme une fresque traduisant les langueurs de l’amour et le passage du temps ; La Mort du cygne, où trois danseuses évoquent la puissance et la grâce d’un oiseau chargé de symboles, dont celui de la lumière ; Estro, enfin, ballet pour 20 danseurs rythmé par l’Estro armonico opus 3 et le Stabat Mater de Vivaldi. 8 décembre La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr


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Le poisson belge

Yatra

Sur scène, quatre comédiens répètent une très libre adaptation du Comte de Monte-Cristo, un homme à qui tout souriait et qui, trahi, se retrouve emprisonné, s’évade, et veut se venger. Voilà pour l’histoire que tout le monde connaît, mais qui prend une autre tournure dans la variation qu’en donne la Cie Belge du Chien qui tousse ! Une adaptation très particulière, hilarante, qui revisite les codes du théâtre pour les remettre au goût du jour.

Andrés Marin, danseur sévillan iconoclaste, poursuit sa relecture de la tradition flamenca, sans la dénaturer ou la ridiculiser, bien au contraire : avec Yatra (qui signifie voyage en sanscrit), il part aux sources mythiques de son art, l’Inde du Nord, avec un détour par le hip hop et la troupe de Kader Attou, pionnier du genre en France. Le tout emporté par le souffle de l’Ensemble Divana, formation de musiciens traditionnels du Rajasthan !

© Christophe Vootz

Monte-Cristo

© Nicolas Joubard.

Thomas Jolly reprend, avec la Cie La Piccola Familia, sa première mise en scène, dans une nouvelle distribution. Dans cette courte pièce de Marivaux, une fée, amoureuse d’Arlequin et voulant se faire aimer de lui, le séquestre. Mais c’est sans compter sur la force et l’innocence des sentiments qu’il va nourrir pour une belle bergère… La violence des émotions, le chaos que l’amour peut provoquer nourrissent cette fantaisie.

6 décembre La Garance, Cavaillon 15 novembre Théâtres en Dracénie, Draguignan

04 93 40 53 00

16 & 17 décembre Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

04 42 56 48 48

22 novembre L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

19 novembre Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

Si ça se trouve, les poissons sont très drôles

Silence

© X-D.R

Arlequin poli par l’amour

04 42 11 01 99

© Arte y movimiento

15 au 19 novembre Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

18 & 19 novembre Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr

9 décembre Théâtre de Fos scenesetcines.fr

04 42 56 48 48

14 novembre L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

Élise et Jean vivent ensemble depuis 65 ans. Leurs silences disent tout de cette vie d’amour infini partagée jusqu’à la maison de retraite. Ensemble ils ont tout traversé, inséparables depuis la première rose immergée par Jean dans un verre sur la table du petit déjeuner… Mais voilà que la mémoire d’Élise s’en va voir ailleurs, là où la parole n’a plus lieu d’être. Par le biais de marionnettes hyperréalistes, la Cie belge Night Shop Théâtre donne à voir et à entendre, par-delà les mots, une lumineuse déclaration d’amour.

Une danseuse espiègle déambule dans un monde peuplé de poissons des plus loufoques. Elle évolue dans un aquarium, au milieu des poissons volants et des méduses, avec une diva des mers et un poisson-chat… Dans l’univers conçu par la Cie Ouragane, la danse, la vidéo et les objets marionnettiques s’entremêlent pour créer un voyage surréaliste où tout est possible, y compris défier les lois de la gravité ! Pour tous dès 18 mois.

04 42 56 48 48

16 novembre L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

© Gilles Destexhe-Province de Liege

© Noemi Nguyen

Marc Lavoine (Grande Monsieur mélancolique) et Géraldine Martineau (Petit fille lunaire) se glissent comme deux poissons dans l’eau dans la pièce déroutante de Léonore Confino mise en scène par Catherine Schaub. Drôle, loufoque, délicate : c’est émouvant de voir ces deux êtres en former peut-être qu’un…

29 novembre Espace 233, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr


50 au programme spectacles bouches-du-rhône var

Pédagogies de l’échec

La Possible impossible maison

BaDaBoum

© Cleps

© iFou pour Le Polle Media

© Vlatka Horvat

Les quatre musiciens et acrobates de la Cie Gondwana jouent de tout et s’amusent d’un rien ! Ils font de leurs souvenirs le prétexte idéal à un déchaînement de situations burlesques ou poétiques, au cours desquelles, à l’endroit ou à l’envers, sur un fil ou à vélo, ils font chanter accordéon, guitare, saxophone et des instruments magiques de l’Ouest africain…

L’immeuble dans lequel ils travaillent s’est effondré mais peu importe, la marche des affaires faisant loi il faut continuer… Alain Timár met en scène une pièce inédite de Pierre Notte, avec Olivia Côte et Salim Kechiouche dans les rôles titres. Entre comédie absurde et vaudeville cynique, la pathétique dégringolade a lieu, révélant « la vanité de l’action et des rôles imposés ».

04 42 56 48 48

Ogre es-tu ?

© Jérôme Bousquet

Le Mariage de Figaro

04 42 56 48 48

6 décembre L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

04 90 52 51 51

Trompeur est le titre, car c’est d’ogresse dont il s’agit dans ce spectacle concocté par la Cie La Paloma ! Si les ogresses des contes de l’enfance étaient méchantes et horribles à faire peur, qu’en est-il aujourd’hui ? En prenant comme point de départ l’album L’ogresse en pleurs de Valérie Dayre, les comédiennes convient «l’originelle croqueuse d’enfants, la mère dévorante, débordante d’amour, ou la petite fille des temps modernes perdue au royaume de la consommation »… À partir de 8 ans.

18 novembre Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr

23 novembre Théâtre d’Arles theatre-arles.com

La Mort de Danton François Orsoni met en scène le texte de Georg Büchner, étonnant de modernité, qui questionne aussi bien l’engrenage de la violence que la jouissance du pouvoir. Dans ce drame historique, il aborde le douloureux avènement de la République, et plus particulièrement les conflits que vivent les protagonistes qui y ont participé, et qui sont en profond désaccord sur la manière de poursuivre le combat dans lequel ils se sont engagés. Homme fatigué, à la dérive, Danton affronte ses doutes…

© X-D.R

2 décembre L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr

Agnès Régolo met en scène la pièce de Beaumarchais avec une belle intelligence du texte, de la scène et des acteurs. Elle en a gardé la drôlerie mais surtout la force révolutionnaire, la revendication d’égalité, de liberté, l’impertinence de cette raison qui s’impose et va quelque mois après l’écriture renverser le système monarchique, conservant à la pièce une incroyable actualité.

10 décembre L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

Tombée des dernières pages d’un livre de mathématiques, une fillette dessinée invite le public à la suivre dans étrange maison… L’histoire s’invente alors en direct, avec deux comédiens qui bricolent le récit en mots et en sons, au gré des rencontres qu’elle va faire. Le collectif Forced Entertainment signe là son premier spectacle pour enfants, dans lequel la magie visuelle se combine merveilleusement aux bruitages comiques pour créer un conte fantastique qui questionne autant le monde que l’imagination.

29 & 30 novembre Maison de la vie associative, Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com 2 & 3 décembre Le Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr


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Une vie bouleversée

Mademoiselle rêve

À l’occasion d’un cycle de conférences orchestrées par le Théâtre d’Arles, JeanPaul Curnier, philosophe et écrivain, viendra débattre avec le public de la place du collectif dans la société. La première de ces conférences interrogera le «nous», l’intégrant et le définissant dans une « dimension collective et politique de la pensée comme action ». Que voulons-nous vraiment pour notre avenir ? sommes-nous prêts à améliorer le présent pour prévoir le futur ?

Mêlant spectacle vivant, avec des objets de récupération, et film d’animation, Filomène & Compagnie revisite pour les tout-petits le cycle de la vie. Dans un jeu proche de celui du clown, avec humour et douceur, Emilie Chevrier fait vivre champs, bois, fleurs et papillons, pluie et vent…

1er décembre Théâtre d’Arles theatre-arles.com

Legacy Pour sa première pièce de groupe, la chorégraphe et danseuse ivoirienne Nadia Beugré, féministe engagée et déterminée, rend hommage à des femmes africaines puissantes et émancipatrices qui ont lutté pour leurs droits et ceux des leurs. Sa danse énergique reflète ses émotions, ses états d’âme et dit sa lutte, comme un hymne au courage et à la liberté. Sur scène, des femmes de tous horizons participent de cet engagement, avec la musicienne Manou Gallo et la danseuse Hanna Hedman.

© Renaud Dupré

Dans le cadre de la 8e édition de De ses battements d’elles conçue par la Cie de l’ambre, le Théâtre d’Arles accueille la pièce que Roxane Borgna a créée, et joue, d’après les écrits de Etty Hillesum, dans une mise en scène de Jean-Claude Fall. Seule sur scène, la comédienne aborde le témoignage de cette jeune juive hollandaise, morte à Auschwitz en 1943 après avoir tenu un journal débordant de vie, avec l’énergie d’un concert de rock, entre introspection et performance.

27 novembre Salle Henri-Rolland, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr

18 novembre Théâtre d’Arles 06 07 40 57 59 desesbattements.canalblog.com

Le Sacre du printemps

© Anthony Merlaud

© Lucien Sanchez

Sacco et Vanzetti

04 90 52 51 51

6 & 7 décembre Théâtre d’Arles theatre-arles.com

Créée à Nouméa en 2012, sur une commande du Centre culturel Djibaou, la version de Julien Lestel s’appuie sur la culture traditionnelle mélanésienne (kanak). Outre la partition originale d’Igor Stravinsky, ce sont des œuvres du groupe Art Zoyd et de Philip Glass qui accompagnent ce Sacre, constitué de deux parties : dans la première les hommes interrogent l’avenir selon les rites, dans la seconde une femme est désignée pour être livrée aux dieux après une grande danse sacrale.

Dans cette pièce d’Alain Guyard, le tandem Dau et Catella retrace le scandale judiciaire des années 20, immortalisé par la chanson Here’s to you de Joan Baez dont les victimes furent deux militants anarchistes italiens, devenus symbole de la lutte contre l’intolérance et la discrimination, et condamnés à la peine capitale malgré le manque de preuves formelles. Une tragédie moderne mise en scène par François Bourcier.

18 novembre L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr

© Jogood

04 90 52 51 51

© Marc Ginot

Que voulons-nous ?

8 décembre L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr


52 au programme spectacles vaucluse

Tel quel !

Migraaants « On est trop nombreux sur ce putain de bateau... » C’est le sous-titre de cette pièce, écrite tout récemment par Matei Visniec et qui sera créée par Gérard Gélas. Le dramaturge franco-roumain, l’un des plus grands auteurs contemporains, s’empare du drame des migrants pour en tirer un texte « taillé comme un diamant noir », dixit le metteur en scène. Avec ses sept comédiens, ils vont recréer en scène cet angoissant « univers de bouées de sauvetage, de bâches bleues, et les vagues de la mer en continu. »

© Frédéric Iovino

Nuit

Nous vivons dans un monde de normes. Aucun âge n’y échappe, pas même l’enfance. Aucun milieu non plus, et celui de la danse n’en est pas exempt. Le directeur du Centre Chorégraphique National de Tours, Thomas Lebrun, aime à jouer du paraître pour mieux remettre en question ses diktats. Voici donc un spectacle de hip-hop qui ne se prend pas au sérieux, n’hésite pas à recourir aux airs de crooners des années 50 (C’est magnifique, de Cole Porter, un régal !), et prône avec humour l’amour des différences. Dès 7 ans.

Depuis 2001, la Scène Nationale de Cavaillon propose aux communes alentours une sélection de ses spectacles, en tournée Nomade(s). Dans celui-ci, les artistes du collectif Le petit travers, issus du cirque, de la musique ou de la danse, abordent chacun avec leur spécificité la discipline du jonglage. Leur thématique est celle de la nuit, perçue comme un mystérieux symbole d’infini.

© Ian Grandjean

17 au 27 novembre Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr

16 novembre La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

Le Cadavre encerclé

29 novembre, Les Taillades 30 novembre, Caumont-sur-Durance 1er décembre, Oppède 2 décembre, Noves La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

L’enfant cachée dans l’encrier

© Cara Slifka

Faire danser les alligators sur la flûte de Pan

24 au 26 novembre La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

© iFou pour le Pôle Media

Joël Jouanneau a écrit ce texte pour la radio, avant de le publier aux éditions Actes Sud, et ses trouvailles linguistiques ont dû faire merveille sur les ondes de France Culture. L’histoire est celle d’un petit garçon, Ellj, qui s’ennuie dans le château paternel avant de se découvrir une petite sœur idéale. Il la délivre de son encrier, et les voilà partis pour trois jours sur une île « où le temps il s’être arrêté ». Pour les enfants de 7 ans et plus.

© Manuel Combe

Nous voici dans l’atelier du docteur Destouches, alias Louis-Ferdinand Céline. L’auteur controversé y vit ses dernières heures. Sans masquer ses nombreuses zones d’ombres, ni occulter ses prises de position nauséabondes, Ivan Morane met en scène la fin de vie de l’écrivain. Le texte, issu des innombrables correspondances de Céline et adapté par Emile Brami, est servi magistralement par Denis Lavant. Le comédien a été récompensé d’un Molière en 2015 pour son interprétation.

9 décembre Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 artsvivants84.fr

Mai 1945. La lutte pour l’indépendance de l’Algérie prend racine à cette période-là. Dix ans plus tard, les « événements », cette guerre qui ne dit pas son nom, dureront jusqu’en 1962. Kateb Yacine, le grand écrivain algérien, a mêlé la politique à toute son œuvre littéraire. Son superbe roman, Nejma, est ici adapté sur scène par Anaïs Cintas. On y côtoie Lakhdar, leader d’un petit groupe de résistants à l’occupant française, remplis d’idéaux, de convictions, et en quête de liberté. 9 & 10 décembre Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com


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Hyperlaxe

Pas pleurer

Voici le destin d’une jeune femme qui se rêvait pilote de chasse. Aux manettes de cet avion de l’US Air Force, elle vibre de sa passion. Puis les aléas de la vie, une rencontre, la maternité, et à l’heure de reprendre son travail, c’est le pilotage télécommandé d’un drone qu’on lui propose. Dans sa base, clouée au sol, elle prend alors une autre conscience. Ce texte de George Brant est mis en scène par Gilles David, avec Pauline Bayle à l’interprétation.

L’œuvre de Lydie Salvayre, prix Goncourt 2014, est ici adaptée par la Cie Ad Hominem, dans une mise en scène de Denis Laujol. Marie-Aurore d’Awans est à l’interprétation, aux côtés de la musicienne Malena Sardi. L’histoire est celle de la mère de la romancière, Montserrat, contrainte de fuir la Catalogne espagnole et la victoire des franquistes pour trouver refuge en France. Pas pleurer est ce qu’elle répétait à sa fille lors des bombardements meurtriers des fascistes. Des mots valables à toute époque, y compris aujourd’hui.

© Menno de Jong

Clouée au sol

2 & 3 décembre Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com

Never mind the words Imaginez une rencontre entre Charlie Chaplin et Buster Keaton. Peu avant de quitter définitivement les Etats-Unis pour l’Europe, Charlot propose à Keaton de jouer dans Les Feux de la Rampe. La Compagnie des Mots met en scène cette rencontre. Fiora Blasi, à l’écriture, la mise en scène et l’interprétation, accompagnée du regard extérieur de Luisa Merloni et de Marie Duprat au piano, proposent cette création. « Une réflexion sur le comique, le mélange de rigueur et de lâcher-prise qu’il suppose. »

17 novembre Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.be

8 décembre Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.be

Trois projets en résidence au Théâtre des Doms seront présentés lors de cette soirée. « Bienvenue à vos propres funérailles », annonce la compagnie Josephine Ochsenblut qui jouera Ni fleurs ni couronnes, « objet sonore et théâtral » ; Penses-tu qu’avec ces muscles tu puisses me porter ? demandera Julie Rouanne, performance mêlant dessin, vidéo, texte et mouvement ; titre énigmatique enfin, Looking for the putes mecs, par Diane Fourdrignier, Anne Thuot et Brandon Lagaert : en question, l’accès à un service de prostitution pour les femmes.

Petits crimes conjugaux Cette pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt, créée par la Cie Interlude, conte l’histoire d’un couple, dont l’homme, Gilles, vient brutalement de devenir amnésique. Lisa, son épouse depuis 15 ans, l’aide à reconstituer son passé, mais son attitude est ambiguë. Lui raconte-t-elle toute la vérité ou cherche-t-elle à profiter de cet accident pour s’inventer un mari parfait ? Julien Di Tommaso signe la mise en scène, avec Hélène Lamoureux et Philippe Gardiol dans les rôles titres.

© X-D.R.

Penses-tu qu’avec ces muscles tu puisses me porter © X-D.R.

Focus performance

© Jeanne Forjonnel

2 & 3 décembre Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 theatredescarmes.com

© Marie-Aurore Ginesta

Cette création est une sortie de résidence qui sera présentée en avant-première, puis jouée à Bruxelles à partir de décembre. La Cie Te Koop invitera le public du Théâtre des Doms, enclave de la Belgique en Avignon, à livrer ses retours et impressions sur le spectacle, à la croisée entre danse et cirque. Avec quelques morceaux de bois pour accessoires, Nicolas Arnould et Alex Stainier y jouent en souplesse avec la pesanteur, d’équilibres en déséquilibres. Sophie Leso signe la mise en scène.

25 novembre Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.be 04 90 85 00 80

25 novembre Le Balcon, Avignon theatredubalcon.org


54 au programme spectacles vaucluse alpes var

Shimcheongjeon

Anywhere Esperluette danse avec la peau des mots

04 90 85 00 80

3 & 4 décembre Le Balcon, Avignon theatredubalcon.org

Nous : mêmes Le je et le nous. Comment exister sans le regard de l’autre ? Comment « remplir le je » sans le miroir du nous ? « Se regarder soi-même ne suffisant pas, la relation entre je et nous devient un aller-retour à l’infini. » Carole Bordes pratique la danse contemporaine, Auriane Viel est championne de France de breakdance. De leur rencontre, au sein de la Cie Emoi, naît une fusion qui « questionne la construction de notre identité, les thèmes de l’imitation et la ressemblance. »

19 novembre Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 theatre-golovine.com

L’histoire d’Œdipe est bien connue. Celle de la tragédie grecque originale comme l’interprétation complexe qu’en a fait la psychanalyse. Le Théâtre de l’Entrouvert adapte Œdipe sur la route, roman en forme de « road movie antique » signé Henry Bauchau. Accompagnée d’Hélène Barreau à la mise en scène et à l’interprétation, Elise Vigneron fait d’Œdipe une marionnette de glace. Incarnant Antigone, elle anime le pantin qui fond goutte après goutte au gré de son parcours tourmenté et de ses transformations. 24 & 25 novembre Théâtre Durance, Château-Arnoux/ Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

Savoir enfin qui nous buvons

Ninika Entre le blanc hivernal et le rouge de la fleur qui pointe au cœur du bourgeon à l’amorce du printemps. La Cie Elirale a choisi ces deux couleurs pour habiller l’espace scénique de leur création. Installée en Pays Basque, la troupe utilise un mot de langue basque signifiant « bourgeon » pour donner titre à son spectacle. Chorégraphié par Pantxika Telleria et adressé au jeune public, il conte avec finesse et poésie les mutations entre l’innocence de l’enfance et les découvertes de l’adolescence.

© Maialen Maritxalar

15 novembre Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 theatre-golovine.com

© Angelique lileyre

2016 est l’année France-Corée. C’est dans ce cadre que le Théâtre du Balcon accueille la Cie sud-coréenne Yechon, qui présentera un spectacle tiré d’un conte populaire, La légende de Shim Chung. L’histoire reprend un concept confucianiste, HYO, qui signifie « la dévotion des enfants envers leurs parents ». Le spectacle, en coréen, surtitré en français, reprend cette légende traditionnelle en lui donnant les contours de la modernité et interroge la notion de famille dans nos sociétés individualistes.

© Cie Reveïda - photo Rémy Masseglia

© XDR.

© Vincent Beaume

Et si les mots étaient des fruits, qu’on épluche avec gourmandise ? La Cie Reveïda plonge avec délice et délectation dans la poésie culinaire. Olivier Debos joue les clowns amateurs de poèmes et de cuisine, Delphine Pouilly danse, chorégraphie et a écrit les textes. Tous deux présentent ce petit plat croquant, pour les petits et les grands, dans ce nouveau rendez-vous des bambini à Golovine, qui a désormais lieu le samedi.

3 décembre Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 theatre-golovine.com

Attention ! Objet artistique hors norme au programme ! La durée annoncée du spectacle, 5 heures, avec pour précision « possiblement sans fin », donne le ton. Sébastien Barrier, conteur et poète passionné, met des mots dans son vin et nous embarque pour un voyage-dégustation en territoire vigneron. Alternant entre sobriété et ivresse, il nous fait vivre ses rencontres vinicoles : bistrotiers, artisans, paysans, se succèdent dans une véritable ode au vin offerte en partage au public. 9 & 10 décembre Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr


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Je brasse de l’air

Rodolphe Dana (collectif les Possédés) s’empare du texte de Céline avec un amour de la scène qui donne de la chair à Bardamu. Il se concentre sur les premiers chapitres, la Guerre de 14-18 et son horreur, et fait entendre la force intacte de cette langue si inventive. Le désespoir de Céline, et de son personnage, est encore celui de l’effarement et de la découverte de l’imbécilité sanglante des hommes, avant que le roman ne plonge dans l’écœurement désabusé...

04 92 52 52 52

© Jean-Louis Fernandez

Depuis une dizaine d’années, Magali Rousseau fabrique des machines poétiques qu’elle met à disposition des spectacles des autres. Dans cette création, elle se met en scène entourée de toutes ces mécaniques étranges. Cet univers extraordinaire est accompagné des trouvailles sonores et musicales de Julien Joubert qui signe également la création lumière. Au milieu de ces objets presque vivants, faits de manivelles, de moteurs, la jeune artiste nous conte leur histoire qui est aussi la sienne. 6 au 9 décembre La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

04 92 52 52 52

One day à la Bobitch

Femme non rééducable

© Thomas Quillardet

04 92 52 52 52

2 décembre La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

© P. Briot

Où les cœurs s’éprennent Du cinéma adapté au théâtre. Thomas Quillardet s’inspire de deux films d’Eric Rohmer, Les Nuits la pleine lune et Le Rayon vert. Assisté de Marie Ménard pour la réécriture, le metteur en scène renouvelle ces deux œuvres, gommant leur « patine années 80 ». Le propos est de mettre en écho les héroïnes de ces films, dont l’une recherche l’indépendance au sein du couple, tandis que l’autre vise un idéal amoureux. Toutes deux s’efforcent d’atteindre leur voie personnelle, en dépit des pressions de leur entourage.

Pour Bobitch, employé modèle de la World Domination Entreprise (rien d’autre !), l’heure de la retraite n’est plus très loin. Malgré ses états de service, la grande entreprise aura tôt fait de l’envoyer aux oubliettes. Mais un beau jour, rempli d’imprévus, va tout chambouler. Boris Arquier, clown de talent, maîtrise également l’art du bruitage et du beatboxing. Avec sa Cie Microsillon, il donne vie et espoir à ce vieux Bobitch qui semblait condamné. 17 & 18 novembre Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

21 au 23 novembre La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

L’histoire d’Anna Politkovskaia, journaliste qui s’est élevée contre Poutine et la guerre en Tchétchénie, est celle d’une véritable héroïne. Le livre de Stefano Massini, à partir de ses articles, de ses lettres, rend compte de son trajet, de ses révoltes, de ses faiblesses aussi, et surtout du courage de celle qui reprend la lutte alors qu’elle sait qu’elle va en mourir. De celle qui témoigne, avec obstination, des exactions de l’armée russe, et de la manipulation lors de la prise d’otages au théâtre de Moscou. Maud Narboni l’incarne avec une sensibilité hors du commun, que Vincent Franchi met en scène sans voyeurisme, mais jusqu’à l’insoutenable.

© Jérémy F. Marron

04 92 52 52 52

14 & 15 novembre La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

© Julien Joubert

Voyage au bout de la nuit

Spectacle en plein cœur de l’actualité. Le bidonville géant de Calais, démantelé par le gouvernement fin octobre, sert de point de départ à ce spectacle multiforme et engagé. La Cie Etat d’Urgence est un collectif d’artistes né autour d’Amanda Da Silva, chercheuse dans le domaine des migrations internationales. Pour partager ses travaux, issus de semaines d’immersion auprès de migrants à Calais, elle a réuni comédiens, danseurs, acrobates, vidéastes qui créent un spectacle intense, témoignage puissant sur une réalité brutale.

© Martine Cendre

Dites à ma mère que je suis là

15 novembre théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu 25 novembre Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr


56 au programme spectacles alpes var

La journée Folle #1

Ciel mon placard

C’est à un véritable marathon culturel que vous convient le Conservatoire et le Théâtre du Briançonnais. Le 3 décembre, de 11h à 22h, les élèves et enseignants du Conservatoire s’emparent de ces deux lieux et les ouvrent grand au public. L’accès sera entièrement gratuit pour la première édition de cette journée découverte. Ecouter de la musique, voir du théâtre, de la danse, échanger avec les professeurs, tous, ceux qui enseignent comme ceux qui apprennent, partageront leurs passions avec les visiteurs.

Out of the box 1/3 – Foire le boucan

3 décembre Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

© Charlotte Fabre

Entrée libre pour cette forme courte (15 minutes), qui aura lieu dans le hall du théâtre. Le Conservatoire TPM invite la Cie Kubilai Khan Investigations à un nouveau partenariat, inauguré ce soir-là. Avec pour objectif de « décloisonner et d’activer des transversalités de pratiques artistiques pour relancer nos capacités d’imaginations ». Pour ce premier rendez-vous, mêlant danse, cirque, musique et arts visuels : découverte de l’univers marginal de l’artiste aux mille cordes Louis Soutter.

© Laurent Thurin-Nal

Et après…

25 & 26 novembre Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Nobody

Ce que le djazz fait à ma djambe

« Le djazz, c’est l’extase ! » Derrière le bon mot se cachent aussi les bonnes notes. Jacques Gamblin, fan inconditionnel de jazz sous toutes ses formes, du be bop au swing en allant jusqu’au funk, livre ici sa déclaration d’amour à cette musique. Dans ce seul-enscène dont il a écrit les textes, il invite en « double scénique et alter ego » le pianiste Laurent de Wilde ainsi que cinq autres musiciens, contrebassiste, batteur, cuivres et DJ. Entre improvisation, rythme et énergie, ce spectacle se vit comme une grande fête.

Cyril Teste poursuit son exploration de l’œuvre politique du dramaturge allemand Falk Richter en écrivant un scénario inédit sur les dérives managériales et la déshumanisation au travail. Immergé dans un dispositif cinématographique, le public assiste à la projection d’un film qui se fabrique en direct. Le collectif MxM explore avec humour et lucidité la violence d’un système qui nous grignote… © Christian Ducasse

9 décembre Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

© Simon Gosselin

© Ernesto Timor

22 novembre Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

« Alors, on dirait que... » Cette formule ouvre souvent les jeux des enfants, qui déploient alors un imaginaire que rien ou presque ne limite. Ce spectacle créé par la Cie des Indiscrets est de ce registre où tout peut arriver. Musique, théâtre, vidéo, performances, tout s’enchaîne et s’emmêle, dans une ambiance plus que loufoque où l’on rit beaucoup. Lucie Gougat et Jean-Louis Baille signent le texte. La première le met en scène, le second l’interprète, aux côtés de Paul Eguisier et Julien Michelet.

18 & 19 novembre Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Dans l’univers du vaudeville, le placard sert communément à dissimuler un amant au moment opportun. Le titre détourné du « Ciel mon mari ! », dessine tout un programme ! Ce sont portes qui claquent, quiproquos, rythme endiablé qui sont convoqués dans la pièce délirante de Nicole Genovese qui se joue du théâtre du boulevard, avec un anticonformisme jubilatoire. Décapant, cocasse, ludique dans une mise en scène de Claude Vanessa.

29 novembre & 1er décembre Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 30 novembre Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com


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La jubilation Qu’est-ce exactement que la jubilation ? Comment la ressent-on, en quelles circonstances s’exprime-t-elle, peut-on seulement la cerner ? Camille Boitel et Pascal Le Corre se sont interrogés sur ce thème et en ont tiré une conférence-spectacle. Constatant le manque d’études consacrées au sujet , ils ont décidé de s’en emparer, attirés par cette « maladie de l’intelligence ». Ils tentent de la définir avec un postulat de départ : « jubiler c’est militer pour l’immédiat, l’instantané. »

Réparer les vivants

© Aglaé Bory

L’apparence est celle du magicien à l’ancienne, style Mandrake. Costume en queue de pie noir, haut de forme, gants blancs, tout y est. Gabriella, la charmante assistante à ses côtés, complète le tableau traditionnel. Mais sous ses dehors classiques, Julien Maurel, alias Magic Julius, renouvelle avec finesse et poésie l’art de l’illusion. Les tours et effets restent ceux que l’on voit habituellement : apparitions de colombes, escamotages ou transformations d’objets. Tout le secret réside dans la façon de les présenter.

22 & 23 novembre Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

Le roman de Maylis de Kérangal est ici porté à la scène par Emmanuel Noblet. Il en a réalisé l’adaptation, la mise en scène et l’interprète seul, accompagné de voix, dont celle de l’auteure. Créé au Festival d’Avignon en 2015, le spectacle plonge dans cette course contre la montre que représente le don d’organes. Une transplantation cardiaque doit être réalisée. Un cœur tout jeune, celui de Simon, 19 ans, va sauver la vie de Claire, 50 ans.

© Antoine Agoudjian

Anima ardens Personnage incontournable de la scène chorégraphique belge : Thierry Smits. Avec sa Cie Thor, il présente ici une pièce pour onze interprètes, uniquement des hommes. Sur une création musicale de Francisco Lopez, tous les danseurs sont nus en scène. Ils vont pousser les limites de leur corps jusqu’à la transe, flirtant avec un état où la violence des émotions devient une libération. Mouvement tribal et rites chamaniques sont au cœur de ce spectacle, exclusivement réservé aux adultes.

2 décembre Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

04 93 40 53 00

Ça ira (1) fin de Louis

9 au 11 décembre Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

18 novembre Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

© Hichem Dahes

Médée poème engagé L’auteur Jean-René Lemoine revisite le mythe de Médée la maudite infanticide amoureuse. Dans cet opéra parlé, qu’il a écrit, mis en scène et dont il est l’interprète, assisté à la création musicale par Romain Kronenberg, il recompose l’histoire de l’héroïne en trois mouvements. Le premier est celui de la passion débordante, sans limite ni morale. Le second est celui de la fuite et de l’errance avec Jason. Le dernier conte son retour au pays, le rejet qu’elle subit et la vengeance silencieuse de son père.

13 décembre Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

Spectacle exceptionnel à l’affiche de Châteauvallon. Pendant 4h30, Joël Pommerat et la quinzaine de comédiens qui l’accompagnent, explorent en détails la Révolution française. Les mécanismes, ce qui pousse le peuple à la révolte, puis toutes les conséquences du changement de régime, leur impact sur la vie des hommes et leur lutte pour l’idéal de démocratie, tout ceci est raconté avec une vitalité débordante et passionnée. Le spectacle a été récompensé par trois Molière.

25 & 26 novembre Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com © Elisabeth Carecchio

Magic Julius Show

du 7 au 11 décembre Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com


58 au programme spectacles var

Ô vous frères humains

Pourquoi les poules…

Magnifique adaptation par Danielle Paume du roman d’Albert Cohen, qu’il publia à 77 ans, traitant d’un souvenir d’enfance qui le hanta toute sa vie : traité de « sale youpin » à son arrivée en France par un camelot marseillais, il n’oublia jamais. Trois acteurs, cosmopolites, formidables d’intensité et de justesse, mis en scène et en espace par Alain Timàr, incarnent l’auteur offensé à des âges différents et donnent corps à la solitude engendrée par l’intolérance, le rejet et la haine. Sensible, poignant, universel.

© Chloé Lebert.

La musique traditionnelle des Balkans sert de support à ce duo de clowns farfelus. Yorg et Itsa, c’est en fait deux musiciens. S’ils maîtrisent leur art, et celui de la danse, ils sont parfois rattrapés par leur fantaisie. Tout à coup, tout s’emballe, tout s’emmêle, tout se chamboule, y compris l’ordinateur rigoureux, censé pourtant être un partenaire fiable. L’humour et le rire deviennent alors leur meilleur allié pour transmettre leur passion de ces musiques.

Le titre a de quoi choquer, mais c’est calculé ! La conférence scientifique intitulée ainsi dissimule en fait un spectacle décalé et hilarant. Le professeur Jérôme Rougier, de son vrai nom d’acteur, est directeur de l’Ecole d’agriculture ambulante. Devant son auditoire, il évoque la question du droit des poules et leurs conditions de vie. Mêlant informations réelles et délirantes, le conférencier passe de l’absurde à la métaphysique, du rire à la réflexion.

© X-D.R

23 novembre Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

3 décembre Sous chapiteau à l’Ecole Fragile – Terrain Allio Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

© Georges Bartoli

Le petit cercle boiteux de mon imaginaire

Derrière cet étrange titre se cache un spectacle subtil et rempli de poésie. La Cie Zampanos conte l’histoire d’un clown, qui essaie simplement d’exister. Difficile pour tous, peut-être plus encore pour un clown. Michel Gibe s’en fait l’interprète, accompagné à la mise en scène par Anne Gibe. Sous un petit chapiteau, où naviguent les drôles de sculptures mobiles réalisées par Jean-Louis Garcia, le message passe, tout en simplicité. 3 & 4 décembre Sous chapiteau à l’Ecole Fragile – Terrain Allio Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

Pourquoi les poules préfèrent être élevées en batterie ? 14 au 19 novembre En itinérance dans six communes du Var Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

Le cirque orphelin

Racine par la racine Etonnant parti pris que celui de la Cie Alcandre. Pour rendre hommage au grand tragédien Jean Racine, la troupe choisit de verser dans la comédie. Et ça marche ! Serge Bourhis, auteur du texte et de la mise en scène, accompagné d’une actrice et d’un acteur, s’amusent du tragique et le tordent jusqu’au rire. Pastiches de scènes célèbres ou extraits authentiques, en versions mime ou comédie musicale, les trois artistes jouent avec délice, sans jamais trahir l’œuvre ni son auteur. 9 décembre Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

© Cinthia Chouinard

© Manuel Pascual

Yorg-Itsa

Sans un mot, tout en manipulation d’objets, la Cie québécoise des Sages Fous livre ici un spectacle exceptionnel. Succès planétaire, primé dans de nombreux festivals, cette création est un véritable bijou. A partir d’un décor fait de tôles rouillées et d’objets abandonnés, deux dompteurs de marionnettes donnent vie à un étonnant cirque. L’univers envoûtant et poétique de leurs créatures emporte le public sur les rives du rêve. 19, 22, 24 & 25 novembre Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com


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L’institut Benjamenta

Street Dance Club

Événement à l’affiche des Théâtres en Dracénie ! La troupe québécoise du Cirque Eloïze sera en escale pour un rendez-vous à ne pas manquer. Leurs spectacles font le tour de la terre, allant de triomphes en triomphes. Cirkopolis ne fait pas exception. Onze artistes y naviguent à la croisée entre cirque, danse, théâtre et vidéo, sous la baguette de Jeannot Painchaud et Dave St-Pierre, les co-metteurs en scène. La plongée dans l’univers de leur ville-usine est littéralement vertigineuse.

Célébration des danses des années folles dans les clubs de jazz (1920-1930), tels le Cotton Club ou le Savoy Ballroom, le spectacle Street Dance Club ne doit pas être pris comme une simple reconstitution : il inscrit l’esthétique de cette période dans la danse d’aujourd’hui, entre les compositions d’Antoine Hervé qui a su en restituer l’ambiance teintée de nostalgie et le chorégraphe Andrew Skeels qui puise aux sources du hip-hop, de la danse classique et contemporaine, pour une exploration riche. Essentiel et communicatif, le plaisir de danser !

© Ivan Boccara

Cirkopolis

Bérangère Vantusso met en scène le roman de Robert Walser avec des marionnettes : les jeunes gens venus apprendre à être de bons domestiques sont représentés par des bustes de pantins interchangeables. Le spectacle, créé au Festival d’Avignon, est visuellement fascinant, mais l’enfermement et l’ambigüité de Walser sont rendus sans en éclaircir le propos. Que nous raconte-t-il donc sur la soumission de ce jeune noble attiré par son maître, et si désireux de servir ?

© Dan Aucante.

3 décembre Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

19 novembre Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

© Valérie Remise

La curiosité des anges

Smashed

Mélange 2 temps Le blanc et l’Auguste, éternel classique du duo de clowns. Mister P et Mister B reprennent ce sillon, en y apposant leur griffe. L’un est bien sûr rêveur et maladroit, l’autre est sévère et rigoureux. Rien ne les unit en apparence, si ce n’est la tendre poésie qui émane toujours de ces Laurel et Hardy sans cesse renouvelés. Philippe Martz et Bernie Collins incarnent ces deux personnages universels, alternant entre théâtre, musique ou manipulations d’objets pour atteindre notre âme d’enfant. 2 décembre Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr

Dans le cadre de son Parcours clown, le Pôle Jeune Public présente La Curiosité des Anges, un spectacle ancien (1988 !) toujours renouvelé, de François Cervantès. Zig et Arletty, alias Dominique Chevallier et Catherine Germain, s’y rencontrent, y posent des questions existentielles avec la force de leur étonnement sur le monde. Pureté, naïveté, légèreté, enfance ? Une façon de voir le monde de côté, qui depuis 28 ans n’a pris ni ride, ni poids. 6 décembre Pôle jeune public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr

© Ludovic des Cognets

© Christophe Raynaud de Lage

9 au 11 décembre Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

Jonglerie, danse avec un clin d’œil à Pina Bausch, une rangée de chaises, de la vaisselle de porcelaine, une centaine de pommes (rappel de Newton ?) et une troupe en costards cravate et robes noires… So british, avec le rite immuable de la « cup of tea » et un humour qui n’a rien à envier à celui des Monty Python. Les neufs jongleurs de la troupe déjantée Gandini Juggling nous entraînent dans un spectacle jubilatoire et iconoclaste virtuose !

19 novembre Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com


60 au programme var gard alpes-maritimes

Les armoires normandes

Ouvert la nuit Fort du succès de 2014, le Théâtre de Grasse renouvelle l’évènement avec le concours de la Cie Dynamo Théâtre qui a mené un cycle d’ateliers de lectures à haute voix auprès des lycéens (par Joëlle Cattino et Michel Bellier), réuni un comité de lecture pour une sélection de textes dramatiques en vue de la lecture publique du 26 novembre et formé une « brigade » d’une vingtaine de lecteurs afin de compléter les performances de comédiens de renom. Le marathon de lectures sur le thème de Babel Méditerranéenne nous attend !

© R. Lebruman

# Hashtag

Désopilant et irrévérencieux à donner des crampes à vos zygomatiques, les Chiens de Navarre mettent en scène l’institution du couple, depuis les premiers émois aux ruptures, jouent des codes et des clichés avec jubilation. Dérision jusqu’au mauvais goût, au 10ème degré, jouissance féroce des mots et des situations, dans une saine esthétique de la démesure… Un spectacle au rythme déjanté mis en scène par Jean-Christophe Meurisse.

Ce petit croisillon est devenu l’emblème de la communication virtuelle et des réseaux sociaux. Mondialisation de comportements qui nous lient aux écrans de toutes tailles et oblitèrent notre relation au monde. Le chorégraphe Riyad Fghani joue de ces nouveaux modes d’échanges et rappelle ce qu’est le contact humain. La troupe virtuose du Pokemon Crew apporte sa vivacité complice, ses acrobaties, son expressivité, à cette transcription du monde dans la danse. Un pur bonheur !

25 & 26 novembre Théâtre de Grasse, Grasse 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com

Oliver Twist

© Alain Rico

3 décembre Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com 10 décembre Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

La Semaine du conte

Les enfants et les plus grands sont gâtés ! La Semaine du Conte du Carré invite trois conteuses internationales, chacune partagée entre deux pays, deux cultures, qui apportent une dimension supplémentaire à leur art. On retrouvera dans les écoles, l’espace public et au Carré, les contes québécois de Nadjne Walsh (Canada/Irlande), les contes d’Orient d’Aïni Iften (France/Algérie) et l’«en quête-contes provençaux » du théâtre d’objets d’Elena Bosco (Italie/France). Embarquement pour des ailleurs merveilleux… Du 5 au 9 décembre Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 04 94 56 77 64 carreleongaumont.com

© X-D.R.

Roi danseur, Louis XIV a professionnalisé, protégé et codifié les arts. Outils de pouvoir que la chorégraphe Simone Rizzo observe, sur une création musicale d’Atone et Mathieu Calmelet et les danseuses Pauline Brottes, Claire Chastaing, Haruka Miyamoto. Une manière d’interroger les relations entre la culture et le pouvoir… intemporel ! La Cie Ridzcompagnie sert avec son enthousiasme et son talent cette exploration des rouages de l’absolutisme.

© Simonne Rizzo.JPG

© X-D.R.

Louis pi/XIV

19 novembre La Croisée des Arts, Saint-Maximin-la-Sainte-Baume 04 94 86 18 90 st-maximin.fr

La jeune et talentueuse danseuse et chorégraphe Bérangère Andreo revient dans sa ville natale pour une nouvelle adaptation de Charles Dickens avec l’histoire attachante d’Oliver Twist. Trente danseurs issus du Conservatoire National Supérieur de Danse de Prague, du Bohemia Ballet de Prague, du Centre Choréa Danse et du Jeune Ballet Méditerranéen apporteront leur fougue sur la musique de Rachel Portman. 8 & 9 décembre Théâtre de Grasse, Grasse 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com


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Tristan et Isolde...

Hyacinthe et Rose

Arthur Pérole interroge le rapport de l’artiste à son inspiration. La pièce, créée au KLAP, fait sortir les corps de la pénombre, par bribes, un membre s’éclairant comme s’il surgissait de la tourbe... Puis les visages affichent des expressions, les corps s’approchent, cherchant dans l’autre à explorer leur propre existence, au son d’une guitare que les suit... ou les fait agir ? Un jeune chorégraphe et une compagnie régionale à découvrir absolument !

Ils sont mariés depuis quarante-cinq ans, ensemble depuis toujours, mais ne s’entendent sur rien. Ou presque rien. Une seule chose unit Hyacinthe le coco bouffeur de curé, et Rose la catho et fière bigote : l’amour des fleurs. François Morel se souvient des vacances passées auprès de ses grands-parents et dresse le portrait tout en délicatesse de leurs « vies minuscules », faites de petits bonheurs et de grandes luttes, de sérieux et de fantaisie.

© Gregory Batardon

Scarlett

22 danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève évoluent sur la trame du Tristan et Isolde de Richard Wagner. Joëlle Bouvier signe une chorégraphie poignante à la démesure de cet opéra de l’amour fou, dont la fin tragique est presque une délivrance. Le dépouillement du plateau et les quelques accessoires dont s’emparent les personnages (cordes, planches, bâtons...) relèvent encore la force du propos.

9 décembre Théâtre de la Licorne, Cannes 04 89 82 20 95 cannes.com

Tristan et Isolde : Salue pour moi le monde 22 & 23 novembre Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

Et même si je me perds... Le dramaturge japonais Shiro Maeda est une star en son pays. Le théâtre de Nîmes l’accueille pour deux représentations exceptionnelles de cette pièce centrée sur la génération des trentenaires tokyoïtes. À travers l’histoire d’une jeune femme désorientée par le monde contemporain, se dessine un malaise urbain des plus intenses, souligné brillamment par une mise en scène flirtant avec le surréalisme.

© Manuelle Toussaint

La femme tondue

16 & 17 novembre Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

© Isabelle Arthuis

© Gotanndadan

29 novembre au 1er décembre Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

Anton Prinner était sculpteur, un mot qui « n’a pas de féminin » selon cet artiste né femme au début du XXe siècle. Sa pièce La femme tondue, publiée à compte d’auteur en 1946, évoque le sort réservé à celles qui avaient « fauté » avec l’envahisseur allemand, pendant la Seconde Guerre mondiale. Emma Morin met en scène ce cri outragé, véritable poème de la honte infligée au corps des filles d’Ève. 24 & 25 novembre Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

Extremalism Les Ballets de Monte Carlo invitent au cours de leur saison de talentueuses compagnies, ouvrant leurs portes à des approches et des esthétiques différentes. Exploration des limites du corps en mouvement, Extremalism, la chorégraphie composée par Emio Greco et Pieter C. Scholten, tend à retrouver l’évidence simple du geste face aux questionnements du monde en crise. Les danseurs du Ballet National de Marseille interprètent avec brio cette œuvre ancrée dans le présent et ses inquiétudes. 10 décembre Salle Garnier, Opéra de Monte Carlo, Monte Carlo 377 97 70 65 20 balletesdemontecarlo.com


62 au programme spectacles gard hérault

Jours étranges

La Cie Hop ! Hop ! Hop ! propose deux versions d’Alice au Pays des merveilles, la première pour le jeune public à partir de 6 ans, la seconde dès 3 ans. Christine Le Berre a sollicité une danseuse, Florence Casanave, pour interpréter la fillette, et met en scène l’auteur de l’histoire lui-même, Lewis Carroll. Un protagoniste qui tente sans grand succès de diriger son propre personnage principal : belle métaphore de l’autonomie de la création... et de celle des enfants.

L’Art de la comédie Patrick Pineau met en scène une pièce d’Eduardo de Filippo, grand auteur populaire italien. Un directeur de théâtre demande une aide au préfet, lequel considère les comédiens comme futiles et superfétatoires... Via une mise en abîme ingénieuse, entre politique et dramaturgie, L’Art de la comédie démontre par A plus B que raconter des histoires est une nécessité vitale à l’humanité. Si, en plus, on peut avoir le plaisir de berner un préfet...

© Caroline Ablain

Tout près d’Alice © Didier Martin

De l’autre côté...

Le chorégraphe Dominique Bagouet, rejouant sa propre adolescence, a composé cette pièce dans un élan de liberté qui balayait les souvenirs, les faisant ressurgir pour chacun d’entre nous, sur l’air fameux des Doors, Strange Days. Catherine Legrand revisite avec six danseuses une chorégraphie pleine de fougue, hommage de la jeunesse d’aujourd’hui à celle de mai 68.

De l’autre côté d’Alice 7 décembre Tout près d’Alice 10 décembre Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

25 novembre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

©.patrick Pineau.

Animal

L’ours qui avait une épée

© Gianluca Foli

© Pascal Holtzer

18 & 19 novembre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

La bonne nouvelle

Après trois décennies de bons et loyaux services, la Cie Flash Marionnettes, fondée en 1981 par Corine Linden et Francesca Sorgato, tire sa révérence avec un « bouquet final » consacré au monde animal. En remontant 65 millions d’années en arrière, au temps des dinosaures, jusqu’à nos jours où l’humanité, prédateur ultime, assiste en direct à une nouvelle extinction massive des espèces, quasiment comme si elle n’était pas concernée. À partir de 7 ans.

Il y a des précédents : des traders repentis, des anciens d’HEC qui renient leur credo libéral, des lobbyistes qui lâchent l’industrie pétrochimique pour se reconvertir dans l’élevage de proximité. Mais ils sont trop peu nombreux ! Si seulement cette pièce pouvait relancer les défections, François Bégaudeau et Benoît Lambert n’auraient pas œuvré en vain. Mettant en scène des technocrates en pleine crise de conscience, ils proposent une forme de déradicalisation des plus pertinentes.

Pour 5 dates, le Camion à histoires du théâtre Lardenois et Cie fait étape en pays d’Alès, avec ce spectacle destiné au jeune public à partir de 3 ans. L’ours qui avait une épée en use bien mal, fauchant une forêt entière, avant de réaliser que cela pourrait bien se retourner contre lui ! De quoi éveiller en douceur le respect de la nature et d’autrui. Attention jauge très limitée (25 places par représentation), pensez à réserver.

15 & 17 novembre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

22 & 23 novembre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

28 novembre au 2 décembre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr


63

La Belle et la Bête

« 24 : 42 » ou le souffle du mouflet

Machine de cirque © Olivier-Houeix

Voilà, ça y est, l’Apocalypse a eu lieu. Quinze ans plus tard, il n’y a plus grand monde sur Terre. Mais loin de décourager Vincent Dubé et ses artistes, l’adversité stimule leur exceptionnelle capacité de rebondissement. Et voilà nos courageux circassiens québécois enchaînant les numéros de haute voltige, planche coréenne et acrobatie, bien décidés à découvrir d’autres rescapés. À partir de 8 ans.

© Sebastien Isaia

Quand le Ballet de Biarritz s’empare de La Belle et la Bête, rien n’est négligé : ni les décors, ni les costumes, ni la mise en scène de Thierry Malandain. Mais bien évidement, ce qui éclate dans ce bel écrin, c’est le talent des 22 danseurs interprétant cette histoire fantastique, « récit initiatique visant à résoudre la dualité de l’être : la Belle incarnant l’âme de l’être humain et la Bête sa force vitale et ses instincts ».

Un aller-retour entre deux pointures : celles du pied du circacien Fabien Coulon entre ses 4 ans et aujourd’hui. Avec le musicien Olivier Merlet, autre pointure, pour l’invention sonore avec objets variés, il entraîne petits et autres sur le chemin d’un cirque qui détourne les codes temporels, entretenant le flou, mêlant enfance et âge adulte. Retrouver son regard de mouflet : de la vraie magie.

6 & 7 décembre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

Les Chaises Marmalade

29 novembre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr 1er décembre Domaine d’O, Montpellier 0800 200 165 domaine-do-34.eu

Ninet’Inferno Attention : talent. Des talents qui se répondent, inspirés par l’inépuisable William Shakespeare. Celui de Mathurin Bolze, l’homme qui fait vibrer d’émotion les trampolines, celui de l’acteur Pascal Greggory, enflammé comme jamais pour un plus jeune que lui, et celui, magnifié par l’esprit collectif, du quatuor à cordes Debussy. On doit au metteur en scène Roland Auzet la confluence de ces disciplines, au service des immortels Sonnets. 2 décembre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

Toutes ces chaises sur le plateau, et ces invités illustres qui n’arriveront jamais… Bernard Levy décide de monter la pièce de Ionesco en s’affranchissant de l’absurdité du texte. Le couple (Thierry Bosc et Emmanuelle Grangé) navigue entre poésie et détresse de la grande vieillesse. Et on plonge finalement dans un certain réalisme.

Un cirque dansé, chorégraphié par la suédoise Claire Parsons. Elle s’adresse aux tout-petits, dès deux ans. Sur une musique de Nino Rota, (tirée du film de Fellini Amarcord), Moa Westerlund et Viktor Gyllenberg, maquillés pour se faire des têtes de Giuletta Masina, jonglent avec les matières, les couleurs, les sons, dans une atmosphère très cocoon. Un spectacle joué plus de 300 fois en Suède depuis sa création en 2013.

© Mats Asman

© Regis Durand De Girard

© Loup-William Théberge

7 au 11 décembre Théâtre d’O, Montpellier 0 800 200 165 domaine-do-34.eu

17 au 19 novembre Théâtre d’O, Montpellier 0 800 200 165 domaine-do-34.eu 28 au 30 novembre Théâtre sortieOuest, Béziers 04 67 28 37 32 sortieouest.fr

10 & 11 décembre Théâtre d’O, Montpellier 0 800 200 165 domaine-do-34.eu


64 au programme spectacle hérault

To Walk the Infernal Fields

Hearing

Deuxième chapitre, sur les dix prévus, de l’incursion biblique Heavy metal proposée par Markus Öhrn (voir critique de la première partie page 30). La création du monde, inspirée de celle narrée dans l’Ancien Testament. Boules Quies fournies à l’entrée, plongée dans l’angoisse, sensation physiquement oppressante. Un spectacle dérangeant, suite de performances au parfum sulfureux.

Fruit de la nouvelle région Occitanie, ce ballet classique réunit deux grandes institutions : le Ballet du Capitole de Toulouse et l’Orchestre National de Montpellier. A la chorégraphie : le directeur du Capitole et ancienne étoile Kader Belarbi. À la direction musicale : Philippe Béran. Le chorégraphe s’attache à maintenir la pièce dans une actualité empreinte de toute l’épaisseur des multiples interprétations du chef-d’œuvre.

© Amir Hossein Shojaei

© Marc Ginot

Giselle

C’est une supposition qui crée toute l’intrigue de l’auteur iranien Amir Reza Koohestani : une voix d’homme aurait peut-être été entendue dans un dortoir féminin. C’est alors une cascade d’accusations, d’intimités solidaires qui se nouent dans ce texte joué en persan, surtitré en français. C’est une mise en scène de la censure entre femme qui interroge le regard et la surveillance.

1er au 3 décembre Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

15 & 16 novembre Théâtre de la Vignette, Montpellier 04 67 14 55 98 theatredelavignette.fr

© David Herrero

Allez mourir plus loin

Ste-Jeanne des abattoirs

Titre violent et provocateur, à la hauteur de l’ambition des deux créateurs. Les portugais Ana Borralho et João Galante pratiquent un théâtre ancré dans le contemporain, bousculant les certitudes bien-pensantes. Il s’agit ici de questionner l’exil, et « l’accueil » réservé aux migrants. Sur scène, les corps sont livrés à des manipulations qui soulagent ou asservissent. Mais qui prend soin de qui ? 7 au 9 décembre Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

© Soraya Hocine

© Marc Ginot

16 & 17 novembre Le Corum, Montpellier 0 800 600 740 montpellierdanse.com

Par/ICI Tout au long de la saison, le Centre Chorégraphique national de Montpellier distille une programmation née des résidences d’artistes : spectacles, rencontres, films, travaux en cours… Tuur Marinus inaugure la série (19 et 29 novembre). Une décomposition du mouvement proche de la photographie. Sofia Dias & Victor Roriz vont improviser trois performances, creusant une réflexion sur le mot (7, 8 et 14 décembre). 19 & 29 novembre et 7, 8 & 14 décembre ICI Institut Chorégraphique International, Montpellier 04 67 60 06 70 ici-ccn.com

Deux sauts dans le temps : celui effectué par l’auteur, Bertolt Brecht, en inventant cette nouvelle Jeanne Dark, passionaria des travailleurs de la viande dans le Chicago des années 30. Et celui impulsé par la metteure en scène Marie Lamachère, qui transpose et décline la lutte entre patrons et ouvriers au cœur de la violence économique d’aujourd’hui. Une crise aux accents universels. 7 & 8 décembre Théâtre de la Vignette, Montpellier 04 67 14 55 98 theatredelavignette.fr


65

Andy’s gone

La Chute

Le chorégraphe Wim Vandekeybus s’intéresse dans sa dernière création à l’impalpable mais si prégnante sensation amoureuse… Huit danseurs pour traduire les émotions, une musique composée par Mauro Pawlowski et son groupe de rock expérimental dEUS. Sur scène, la charismatique chanteuse sud-africaine Tutu Puoane distille un envoutant son soul. Moment intense où toute la palette des sentiments est mise en corps.

Le célèbre monologue de Jean-Baptiste Clamence, avocat désenchanté. Jean-Marc Bourg incarne le personnage créé par Albert Camus, adapté et mis en scène par Stéphane Laudier (Cie V-2 Schneider). Une prise de conscience douloureuse.

© Marc Ginot

Speak low if you speak love…

15 novembre, Aigues Vives 27 novembre MAM, Béziers 2 décembre, Roujan 22 novembre Collège Lucie Aubrac, Béziers 04 67 28 37 32

2 décembre Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com

JM Bourg © Marc Guinot

© Danny Willems

Sur un texte de la québécoise M-C Verdier, Julien Bouffier (Cie Adesso e sempre) invite, dans le cadre de Collège en tournée, une Antigone contemporaine à venir à la rencontre des élèves –et autres publics (spectacle gratuit sur réservation). Les enjeux sont à la fois modernes et mythiques, l’imaginaire et la réalité s’allient pour parler d’adolescence.

sortieouest.fr

Souvenirs assassins Alice et autres merveilles

© Jean Louis Fernandez

© Marie Clauzade

Le plateau est recouvert d’un miroir d’eau. Magnifique trouvaille pour une mise en jeu du texte de Lewis Carroll par Fabrice Melquiot, créée par Emmanuel Demarcy-Mota. Tout le monde est là : Alice, aventurière ingénue, le lapin blanc, un couple royal arborant une bannière de cœur. Mais surtout, il y a tellement d’invention dans ce classique pour enfants ! Les adultes devraient demander la permission d’y aller.

8 & 9 décembre Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com

Serge Mazzuchini interprète ce qui doit être le fantasme du comédien : un personnage habité par une kyrielle de personnalités. Dag Jeanneret (Cie In Situ) orchestre la multitude de présences et de pensées qui se bousculent dans la tête de cet homme imaginé par Serge Valetti. Tempête sous un crâne : un psychiatre, une vieille dame, un ébéniste, un marchand d’ours en chocolat… C’est trop pour un seul homme ! 18 au 20 novembre Théâtre sortieOuest, Béziers 04 67 28 37 32 sortieouest.fr

25 novembre, médiathèque, Magalas 29 novembre, médiathèque, Montarnaud 3 décembre, médiathèque, La Tour-sur-Orb 6 décembre, médiathèque, Cazouls-lès-Béziers 9 décembre, médiathèque, Riols 13 décembre, médiathèque, Maraussan 04 67 28 37 32

sortieouest.fr

Mon cœur é fou Francis Palanc, Constance Swarztlin-Berberat et Jeanne Tripier sont trois créateurs d’art brut, celui qui émerge « par hasard », sans codes, sans professeurs, sans livres. Se saisissant des écrits de ces trois représentants majeurs de ce qu’on appelait « l’art des fous », Sandrine Le Metayer (Cie Doré) compose une partition pour clowns « imprévisibles », dans un cabaret où toutes les folies prennent sens. 2 décembre, Salle Marcel Roux, Le Bousquet-d’Orb 04 67 28 37 32 sortieouest.fr


66 au programme cinéma vaucluse bouches-du-rhône

plus de cinéma sur journalzibeline.fr

L’humanité en courts C’est Yolande Moreau qui sera l’invitée d’honneur de la 23 e édition des Rencontres Court c’est Court de Cabrières d’Avignon : l’occasion de (re)découvrir l’univers de cette « géante aux yeux nus », à travers plusieurs courts métrages dont Sept Sept pièces, s.d.b., cuisine © Ciné-Tamaris pièces, s.d.b., cuisine, (À saisir ) d’Agnès Varda ou le documentaire Comme chaque année, des films, variés, courts qu’elle a réalisé, partie à la rencontre des de Méditerranée, en PACA, films d’animation réfugiés de Calais, Nulle part , en France. ou fantastiques, documentaires, panoramas

de courts récents, venus de tous les horizons et un focus sur Les Pays Bas, son humour particulier et sa poésie. Durant 5 jours, du 16 au 20 novembre, faites votre choix parmi la centaine de courts proposés et ne ratez surtout pas Quelque chose des hommes de la cinéaste Stéphane Mercurio, Madam Black d’Ivan Barge, Ghost Cell d’Antoine Delacharlery, ni Shok de Jamie Donoughue… Et quand vous aurez envie prendre l’air, une promenade à travers le village à voir et écouter, La Solitude, le Rêve et l’Écran vous est proposée par l’artiste plasticienne Séverine B.

Atlal

Soirées espagnoles

Association Cinambule, Cabrières d’Avignon 04 90 06 03 22 cinambule.org

L’Egypte à l’Eden

Atlal de Djamel Kerdar © Pascale Ramonda

Le 15 novembre à 20h, soirée Vidéo FID : projection de Atlal (prix Premier 2016) en présence du réalisateur Djamel Kerdar, accompagné de sa productrice Narimane Mari. Les jeunes d’un village algérien ravagé dans les années 90 par les affrontements, sans travail, qui n’ont d’autre horizon que fuir le pays, ou croupir sur place, se réunissent pour parler, boire, rapper, fumer. Atlal veut dire « ruines » ! 04 95 04 44 90

En partenariat avec AFLAM (voir p 69), weekend de cinéma égyptien à l’Eden de La Ciotat. Le 25 novembre à 20h30, Clash de Mohamed Diab. Le 26, deux films de Salah Abou Seif, réalisateur égyptien disparu il y a 20 ans, compagnon de route de Naguib Mahfouz. À 18h, Ton jour viendra, adapté librement de Thérèse Raquin d’Emile Zola. À 20h 30, Le Caire 30, d’après le roman La Belle du Caire de Naguib Mahfouz, dont le parcours sera présenté par Nivine Khaled, Conseillère culturelle de l’Ambassade d’Egypte à Paris et une lecture par Anny Romand.

FID, Marseille fidmarseille.org

Laïcité Le 4 décembre à 18h30 à Eden Théâtre, Art et Essai Lumière propose Les 3 vies du Chevalier en présence du réalisateur, Dominique Dattola, qui éclaire l’évolution de la liberté de penser depuis l’Ancien Régime en suivant les rebondissements d’une affaire emblématique : l’Affaire n°23 dite « La Barre » ; un procès arbitraire instruit en France au siècle des Lumières. Art et Essai Lumière, La Ciotat 06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr/

Le Caire 30 de Salah Abou Seif Le Caire 30 © les films du Caire

04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com/

Techo y Comida de Juan Miguel de Castillo © Diversa Audiovisual

En partenariat avec CineHorizontes, l’Eden propose deux soirées espagnoles. Le 16 novembre à 21h, Maman a cent ans en présence de Carlos Saura, accompagné d’Emmanuel Larraz, auteur de la première histoire du cinéma espagnol en langue française. Anna est vivante et mariée à Antonio. Tous deux reviennent dans la demeure où Anna fut gouvernante quelques années auparavant afin de fêter les cent ans de la matriarche de la famille. Mais l’anniversaire de la grand-mère va provoquer un conflit familial… Le 22 à 21h, ce sera Techo y Comida de Juan Miguel de Castillo qui a obtenu le Grand Prix du public au Festival de Malaga. 04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com/


Jeune cinéma syrien

Skin d’Afraa Batous © Raya Yamisha

Le 16 novembre, en partenariat avec Image de Ville et les Rencontres Internationales des Cinémas Arabes, le Méliès de Port-de-Bouc propose une soirée sur le jeune cinéma syrien. À 18h30, un film d’Avo Kaprealian, Houses Without Doors, qui évoque la fin de la communauté arménienne d’Alep. À 21h15, Skin d’Afraa Batous qui explore les souvenirs de deux de ses plus proches amis, Hussein et Soubhi, en lutte pour réconcilier leurs actions politiques et sociales dans des temps troublés. La projection sera suivie d’un débat avec la réalisatrice et Delphine Leccas, directrice artistique des RICA. Cinéma Le Méliès, Port-de-Bouc 04 42 06 29 77 cinemelies.fr

N°licence : 1-1091-602 / 2-102-7568 / 3-109-4105 • ZEFACTORY

Un Noir sous le soleil

Un noir au soleil de Lorenzo Ferrigno © Trina Prod

Le 22 novembre à 18h30, au Comoedia de Miramas, Lorenzo Ferrigno animera une soirée dédiée au cinéma local où seront projetés Toril de Laurent Tessier, et son propre film, Un Noir sous le soleil, l’histoire d’« un petit caïd de quartier [qui] commandite l’exécution d’un baron de la pègre à un couple de tueurs à gages inexpérimentés ». Tourné à Berre l’Etang, « sans tête d’affiche mais avec des vraies gueules de cinéma », ce premier long métrage prend un ton décalé pour dire l’odieuse réalité des crimes de sang liés au trafic de drogue. Le tout nappé d’un blues marseillais des plus enivrants, composé par Philippe Troisi.

VENDREDI 18 NOVEMBRE - 20H30 CITÉ DE LA MUSIQUE, LA MAGALONE : 245bis, Boulevard Michelet Marseille 9ème Peedu KASS [Basse], Kristjan RANDALU [Piano], Toomas RULL [Batterie] Tarifs : 12€/10€ Co-réalisation : Ambassade de la République d’Estonie en France, le Ministère Culture d’Estonie et la Cité de la Musique de Marseille.

Cinéma Le Comoedia, Miramas 04 90 50 14 74 scenesetcines.fr Billetterie en ligne : www.citemusique-marseille.com 04 91 39 28 28


68 au programme cinéma bouches-du-rhône

La Méditerranée dans tous ses États

J

’ai 20 ans. Je suis gratuit. Je propose réflexions et analyses pour comprendre le monde méditerranéen du Maghreb au Proche Orient, de la Vieille Europe à l’Anatolie en passant par les Balkans. Je m’installe à la Villa Méditerranée, au MuCEM et à l’Alcazar du 20 au 26 novembre. Qui suis-je ? Tout le monde l’aura deviné ! Le PriMed (Prix International du Documentaire et du Reportage Méditerranéen) dont cette 20e édition s’enrichit d’un partenariat avec CineHorizontes et amplifie son action en direction des jeunes lycéens de la Région. On retrouvera à travers les 24 films en compétition pour 7 prix et une Mention spéciale, de nombreux thèmes d’actualité. L’occasion, grâce aux réalisateurs invités, d’approfondir et de multiplier les points de vue sur des sujets trop souvent survolés. Au premier plan la Syrie bien sûr, avec entre autres une projection-débat destinée à 300 lycéens : Daesh, Paroles de déserteurs réalisé par Thomas Dandois et François-Xavier Tregan qui ont approché le réseau clandestin d’exfiltration des combattants de l’EI. Passé et présent s’éclairant mutuellement, on reviendra sur la guerre du Liban (Wheels of war de Rami Kodeih), sur le massacre de Sabra et Chatilla (Blind Justice de Baheyyah Al-Nammour), sur les tensions israélo-égyptiennes (Arabic Movies d’Eyal Sagui Bezawie et Sara

Daesh, Paroles de déserteurs © ARTE

Tsifroni), et sur le combat, en 1936, 40 ans avant Simone Weil, d’une Ministre de la jeune République espagnole pour imposer le droit à l’avortement (Federica Montseny, l’Indomptable de J.M Rodrigo). Angélique Kourounis dans son Aube dorée, une affaire personnelle nous éclairera sur la montée des fascismes en Europe et Olivier Toscer nous dira tout sur les liens entre Berlusconi et la mafia. On parlera des mutations urbaines du quartier de la Belle de mai à Marseille dans Murat le géographe de Samuele Pellecchia, de la métamorphose de Casablanca sous influence espagnole (La fabulosa Casablanca de Manuel Horrillo) et de bouleversement religieux à Naples

(Napolislam d’Ernesto Pagano). Sans oublier dans la section art, Patrimoine et Cultures, le voyage à faire avec Aram et Virginia, deux arméniens de la diaspora pour recouvrer la richesse oubliée des chants ancestraux (Chœurs en exil de Nathalie Rossetti et Turi Finocchio). Bref, un itinéraire passionnant pour appréhender la complexité de cette Méditerranée fondatrice et tragique. Le jury présidé par Antoine Sfeir aura fort à faire ! Ouverture de la manifestation par une journée spéciale Prix du jury, le 20 au MuCEM. Cérémonie de clôture et de remise des Prix animée par le parrain de l’édition, Moussa Maaskri, le 25, dans l’auditorium de la Villa Méditerranée où les films primés seront projetés le lendemain. ÉLISE PADOVANI

PriMed 20 au 26 novembre Villa Méditerranée, BMVR Alcazar, MuCEM, Marseille primed.tv

Goût du Risc

L

es RISC célèbrent cette année leur 10e édition, en conservant pour partenaire principal le cinéma Les Variétés, dont le festival soutient activement l’équipe, mise en difficulté par son gestionnaire (lire les articles consacrés à ce sujet sur journalzibeline.fr). Dix ans de Rencontres Internationales Sciences & Cinémas, dix ans de I made you i kill you d’Alexandru Petru Badelita curiosité « pour toutes les images en du merveilleux » révélera les traces du passé mouvement » et de goût de la recherche, qui à Berlin, et sur les lieux du tournage de Peau cette fois encore irriguent une belle program- d’Âne, de Jacques Demy. La remise des prix aura mation. Sur plus de 600 œuvres émanant du lieu le 26 au même endroit, où vous êtes invités monde entier, une cinquantaine de courts, à venir fêter « 10 ans de RISC et l’Apocalypse », moyens, et longs métrages ont été retenus. avec en prime la projection en avant-première Ouverture le 19 novembre aux Variétés, donc, du documentaire de science-fiction Homo en partenariat avec l’École d’Art et de Design sapiens, de Nikolaus Geyrhalter. Entre Marseille-Méditerranée : les étudiants de l’ES- ces deux dates, de très nombreuses séances ADMM ont concocté avec À la conquête du sont prévues au cinéma de la Canebière, mais réel un programme télévisuel complet. En aussi au Muséum d’histoire naturelle, seconde partie de soirée, une « Archéologie au Gyptis, ou encore à la BMVR Alcazar,

souvent en présence de scientifiques et/ou de réalisateurs. Le 20 novembre, le jeune public à partir de 6 ans pourra découvrir une sélection ludique et pertinente, couronnée d’un goûter. Le soir aura lieu le 1er Concours de films de doctorants et post-doctorants de la Région PACA. Le lendemain, on ne manquera pas la masterclass proposée par Jean-Marie Schaeffer, directeur de recherche au CNRS, spécialiste d’esthétique philosophique et de théorie des arts, à la BDP13. Et si vous voulez un avant-goût du festival, rendez-vous le 15 novembre au Vidéodrome2 pour un Before qui en présentera la programmation détaillée. GAËLLE CLOAREC

Rencontres Internationales Sciences & Cinémas 19 au 26 novembre Divers lieux, Marseille 04 91 91 45 49 pollymaggoo.org


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Aix, le pays du court

L

e court métrage a la côte ! Après le succès de Courts Bouillon à Rousset, avec plus de 1000 spectateurs en 4 séances, c’est au tour du grand frère, le Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence de nous présenter sa 34e édition du 28 novembre au 3 décembre. Plus de 200 films issus de 26 pays, dont 50 en « Compétition Internationale », et de petits bijoux comme Limbo de Konstantina Kotzamani ou Au bruit des clochettes de Chabname Zariab. En « Compétition Expérimentale », 30 films aux regards variés et aux expressions techniques et scénaristiques innovantes, venus de 18 pays. Mais Tous Courts, c’est aussi un « Visa pour l’Algérie », avec des films de Béjaïa. Comment le cinéma peut-il rendre compte de notre époque ? C’est ce que nous propose le programme « Migrations », avec Boat people de Paul Meschùh, Brûleurs de Farid Bentoumi… Comme chaque année, un film en région (Ravachol de Bernard Cerf qui interroge

Nouveau pour cette édition, la soirée « Polar SNCF » où le public pourra élire le lauréat 2017, peut-être Premier jour de Yohann Charrin ou The man from the Council de Barnaby Southcombe ? La « Nuit du Court » sera en mode Road Movie le vendredi 2 décembre: Limbo, de Konstantina Kotzamani © Sacrebleu Productions Et on n’oublie pas Marc Ripoll, une une figure emblématique de l’Anarchie), deux mémoire du court-métrage d’Aix (lire sur programmes « Motion design » choisis par journalzibeline.fr ) ; Il appréciait Blandine l’association Motion+ et une soirée ARTE, où on Lenoir (Rosa), Emmanuelle Pretot (La Vie pourra découvrir Même le vent semble pleurer par volutes). Un hommage lui sera rendu avec de Jean Gabriel Périot et Manuel de survie les courts qu’il a aimés. d’un combattant de Wissam Charaf. Sans Une 34e édition très alléchante qui ne pourra oublier la traditionnelle soirée de l’Institut de que réjouir les amateurs de ces courts voyages l’image qui permettra de (re)voir J’ai marché en cinéma. ANNIE GAVA jusqu’à vous - récit d’une jeunesse exilée de Rachid Oujdi (lire sur journalzibeline.fr). L’Âge des sirènes d’Héloïse Pelloquet ou La Laine Festival Tous Courts Aix-en-Provence sur le dos de Lotfi Achour font partie de la 04 42 27 08 64 séance « Coups de cœur » des programmateurs. festivaltouscourts.com/FTC2016/

Dans l’Aflam du réel Le temps d’Aflam, festival de cinéma arabe qui rayonne auprès de tous les publics, est revenu, témoignant d’une actualité toujours plus brûlante

Q

uatrièmes rencontres internationales... Chaque année, depuis que ces rencontres du cinéma arabe existent à Marseille, on craint qu’elles ne disparaissent, au gré des changements politiques et des réductions de budgets. Chaque année elles se renforcent, malgré les difficultés. Elles sont désormais, depuis Marseille Provence 2013, non plus un festival consacré à un cinéma national chaque année, mais de véritables rencontres internationales, programmant des films en exclusivité européenne, organisant des master classes, des débats avec les réalisateurs, des conférences et des concours, travaillant toute l’année auprès des établissements scolaires pour promouvoir ces cinémas singuliers, qui nous parlent si vivement des secousses qui ébranlent les mondes arabes. Au programme, une master class en partenariat avec l’EHESS (voir p14), des cafés cinés au MuCEM dans le cadre de son expo CaféIn (voir p24) et un peu de répertoire pour rappeler que le cinéma arabe n’est pas né hier : une rétrospective Salah Abou Seif (1915-1996), virtuose de l’âge d’or égyptien, dont les six films

projetés retracent l’invention des sociétés moyen-orientales (voir À peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid © Shellac copie p.66). Mais l’essentiel du festival se consacre de Lokman Slim et Monika Bergmann). aux films sortis ces deux dernières années. Une partie de la sélection s’attache aussi aux Parce que l’actualité est brûlante, parce que histoires individuelles (À peine j’ouvre les yeux le cinéma, fictionnel ou documentaire, permet de Leyla Bouzid, We’ve never been kids de d’appréhender des réalités difficiles à saisir sur Mahmoud Soliman), qui témoignent égalenos écrans d’actualité immédiate. ment des impasses et des luttes. Et nombres Les impasses sociales, politiques ou écono- de réalisateurs questionnent leurs origines, miques sont au cœur de la plupart des films celles de leur famille, en écho avec l’histoire présentés. Les personnages les contournent, de leurs exils (Houses without doors de Avo les affrontent, s’y soumettent ou tentent d’en Kaprealian, Algérie du possible de Viviane sortir. Ainsi Le Puits de Lotfi Bouchouchi, Candidas...). AGNÈS FRESCHEL Un assiégé comme moi de Hala Alabdallah, Tunisia Clash de Hind Meddeb, ou Off the Coast de Mahmoud Safadi mettent en Les itinérances d’AFLAM Port-de-Bouc au Méliès le 16 novembre, scène des luttes collectives pour échapper à Marseille au Prado le 24 novembre, l’oppression. Que le ton soit comique (The La Ciotat à l’Eden le 26 novembre, sea is behind de Hisham Lasri) ou tragique Marseille à l’Alhambra le 28 novembre, Arles au Méjan le 29 novembre (Ennemis intérieurs de Sélim Azzazi), la réalité sociale est toujours fortement présente. AFLAM L’immigration aussi (Now, end of the season MuCEM, Villa Méditerranée, Variétés, Gyptis, Miroir (Marseille) de Ayman Nahle), la prison de Palmyre et 30 novembre au 4 décembre les tortures du régime des Assad (Tadmor aflam.fr


70 critiques cinéma

Elles ne cèdereront rien

«

Elles ne cèdereront rien », le teaser des Rencontres Films Femmes Méditerranée, l’affirmait, haut et fort, cette ténacité des Méditerranéennes à exister dans des sociétés qui ne leur donnent pas toujours voix et place légitimes, cette persévérance des réalisatrices à filmer et des organisatrices à faire vivre depuis 11 ans cette manifestation, en dépit de son budget modeste. La programmation 2016 a juxtaposé, à côté des hommages à Chantal Akerman et Juliet Berto, des films-champagne tel le Latin lover de Cristina Comencini, plongée parodique dans l’histoire du cinéma au bras d’actrices déjà légendaires, des films coups de poing tel le dérangeant Pourquoi m’as-tu abandonné de Hadar Morag, des films-contes tel Histoire d’une mère de Sandrine Veysset, des films-voyages tel Birds of September de Sarah Francis, des films-mémoire sombres ou solaires, parfois les deux. Comme toujours, la table ronde organisée à la Villa Méditerranée, le 11 octobre en partenariat avec Arte Actions Culturelles autour du film de Marianna Economou The longest Run, fut un temps fort, ouvrant le débat sur l’accueil des Jeunes Migrants en Europe. La jeune réalisatrice grecque Geneviève Jacques, Présidente de la Cimade, et le

passeurs pour faire entrer des clandestins en Grèce, étaient passibles de 25 ans de prison ! Dès lors elle s’est démenée pour y entrer, en prison ! Et son opiniâtreté a payé. Sur les 10 prisonniers qu’elle a rencontrés dans l’établissement pénitentiaire de Vólos qui ne reçoit que ces migrants mineurs, elle a choisi Jasim et Alsaleh. Un Syrien et un Irakien soupçonnés chacun de leur côté d’avoir « apporté leur secours à des passeurs ». On va vivre, jour après jour, leur attente du procès, dans l’espace confiné de la cour, des couloirs, des cellules, dans l’ennui de la vie carcérale. On va mesurer leur détresse, leur impuissance quand, à l’autre bout du téléphone, ils entendent la douleur d’une mère, apprennent la mort Teaser de Marta Anatra © A.G. d’amis. On va épouser leurs angoisses : seront-ils jugés Directeur de Trajectoires, Alexandre Le comme adultes ou mineurs ? Auront-ils un Cleve, ont croisé leurs expériences et leurs avocat valable ? Réuniront-ils les papiers réflexions. L’arrivée de jeunes mineurs nécessaires ? Et le suspense distillé tout au étrangers non accompagnés en Europe est long de ce compagnonnage ne s’arrêtera un phénomène qui s’aggrave. La loi impose pas à leur libération. Car ils ne sortent que d’accorder protection aux jeunes de moins pour se retrouver dans une nouvelle prison, de 18 ans, mais les autorités dans des dérives quitter la Grèce leur étant interdit, bien qu’il xénophobes ne la respectent pas toujours, y soit si difficile d’y vivre. « N’oublie pas ce voyant en eux des étrangers indésirables que tu vaux », dit Alsaleh à Jasim au moment plus que des enfants perdus, fuyant guerre et où ils se séparent. N’oublions pas ce qu’ils misère. Des gamins en danger, ayant franchi valent, semble dire la réalisatrice que le public des milliers de kilomètres, vivant dans des nombreux de la Villa Méditerranée a applaudi. « jungles », de Calais ou d’ailleurs, réelles et Comme la très belle femme photographiée métaphoriques, menacés de violences et par Fathia Zemmouri sur l’affiche FFM d’exactions. Après les frontières géopolitiques, 2016, par bien des côtés ces 11e Rencontres ils se trouvent confrontés à celles, tout aussi ont déchiré le voile. ELISE PADOVANI redoutables de la bureaucratie. Les participants de cette table ronde ont souligné les limites juridiques des actions citoyennes individuelles, rappelé la nécessité absolue d’écouter la parole de ces jeunes gens, de ne pas « s’habituer » à l’inacceptable et de faire pression sur l’État pour trouver des solutions. S’approcher, écouter, comprendre, c’est ce qu’a fait avec ses moyens de cinéaste Marianna Economou dans The Longest Run. L’idée de L’édition 2016 des Rencontres Films ce film, a-t-elle raconté, est née d’un choc. Il y Femmes Méditerranée s’est déroulée a deux ans, elle a appris que les mineurs étran- du 6 au 23 octobre gers convaincus d’avoir collaboré avec des à Marseille et en région Paca


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Retour sur images

A

u lendemain d’un festival aussi riche que le Festival cinématographique d’automne de Gardanne, s’installe une sorte de vide. Du 14 au 25 octobre, les festivaliers (10% de plus que l’an dernier) ont connu les affres délectables d’un véritable marathon, avec plus de 70 films projetés et la venue des réalisateurs ou des acteurs aux avant-premières : Emmanuelle Bercot* pour La Fille de Brest, inspiré du scandale autour du Mediator, Julie Bertucelli* et la découverte d’une remarquable poète, Babouillec, dans Dernières nouvelles du cosmos, Benoît Jacquot* et Julia Roy* pour le poétique À jamais, Christian Pabœuf* compositeur de la musique du ciné-concert sur L’aurore de Murnau…

Des rencontres Privilège commun à tous de rencontrer les artistes. Une journée entière était ainsi consacrée au cinéaste québécois Denis Côté, avec la projection de documentaires à forte teneur symbolique (Bestiaire) et de films, Vic et Flo ont vu un ours, primé au festival de Berlin, et en avant-première Boris sans Béatrice, qui se joue des codes, flirte avec le fantastique, s’amuse d’énigmes. « J’ai encore des caprices un peu juvéniles comme ça », sourit le cinéaste, « Boris est un Tantale des temps modernes, d’ailleurs le recours aux mythes participe

d’un mécanisme de défense de l’écriture pour l’élever. L’histoire en elle-même n’est pas très originale, donc j’y ajoute des épices ; ainsi, le premier ministre est interprété par une icône du porno gay au Canada ! ». Il ajoute : « Quand j’écris un film, j’essaie de tourner les coins à 90°, car sinon, je m’ennuie… je veux que ça ait l’air de la réalité, mais pas vraiment, un pied à côté du réalisme… » Documentaire fortement charpenté, La Sociale de Gilles Perret (auteur du film Les Jours heureux) retrace les origines de la Sécurité Sociale, et rend justice à Ambroize Croizat ministre du Gouvernement provisoire de la République aux lendemains de la guerre. Un public militant se passionne alors et nourrit le débat de commentaires et d’expériences.

rire après des œuvres parfois lourdes (le cinéma promène son miroir sur les chemins du monde et ils ne sont pas que fleurs et réjouissances…), avec Apnée de Jean-Christophe Meurisse, délicieusement drôle et fantasque. On était séduits aussi par les deux courts métrages Inupiluk et Le film que nous tournerons au Groenland suivis de (sic) Voyage au Groenland de Sébastien Betbeder. Un bijou d’humour et d’humanité.

Des prix

Quel incroyable casse-tête pour les différents jurys ! Le prix du public fut remporté par Maha Haj et son premier long métrage, Personnal Affairs, poétiquement drôle dans sa succession de saynètes familiales. Le prix Régine Juin, décerné par le jury jeune, fut Voyages attribué au déroutant Willy 1er d’un collectif de Un focus sur le Chili nous entraînait dans la quatre jeunes réalisateurs, Ludovic et Zoran résistance à la dictature, avec deux films de Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P. Pablo Lorrain, No, où l’on suit la prépara- Thomas, portrait d’un illettré cinquantenaire, tion du référendum imposé à Pinochet par inadapté et attachant. Les tout petits, les la pression internationale, et Neruda lorsque moins petits et les plus grands avaient aussi la le poète du Canto General doit fuir le Chili. charge d’accorder des prix : Promenons-nous « Le traitement de la lumière dans ces deux avec les petits loups d’Anna Levinson et œuvres s’inscrit dans les époques évoquées Borja Guerrero pour les premiers, Ma vie avec une finesse extrême », souligne Cerise de courgette de Claude Barras pour les Jouinot, directrice du Cinéma 3 Casino et deuxièmes (une pure merveille !), et pour les maître d’œuvre du Festival. L’esprit des Chiens derniers 600€ d’Adnane Tragha qui a aussi de Navarre flottait sur le festival, autorisant le animé un atelier film de poche au service enfance-jeunesse de Gardanne. Personnal Affairs de Maha Haj © Sophie Dulac Distribution En clôture, une pépite, inspirée d’un fait divers, Noces de Stephan Streker, tragiquement beau et profond, avec la lumineuse Lina El Arabi. MARYVONNE COLOMBANI

*À écouter sur notre webradio WRZ

Le 28e Festival d’automne de Gardanne s’est déroulé du 14 au 25 octobre


72 critiques arts visuels

Photographier Ponteau

plus d’arts visuels sur journalzibeline.fr

À proximité de Martigues, le site néolithique de Ponteau constitue un intérêt majeur pour l’archéologie provençale. Anne Fourès l’a photographié pendant deux ans et propose sa vision de plasticienne.

A

u troisième millénaire avant notre ère, s’établissait une communauté villageoise près de l’actuelle Martigues. Découvert en 1948, le site de Ponteau a fait l’objet de fouilles archéologiques dont le Musée Ziem restitue une large part Sans titre, 2013-2015, 42x63cm, tirage pigmentaire sur papier © Anne Fourès dans ses collections. Anne Fourès, photo- quelques objets sont présentés en vitrine graphe et archéologue de formation, a suivi avec leur description muséologique, ceux-ci renvoient à leur représentation photographique le travail mené de 2013 à 2015. C’est son regard artistique, davantage que dans le parcours de l’exposition, invitant à documentaire, porté par la photographie, confronter l’écart entre le réel et son image. À que le visiteur est amené à découvrir. Si la dimension archéologique, les images d’Anne

Fourès apportent comme une seconde strate d’interprétation, plasticienne, sensible au plus proche de la terre et des gestes, des objets, de la matière, des camaïeux d’ocres. Qu’est-ce qu’une ombre, une couleur, une matière, un cadrage, un très grand format « diront » en plus ? Comment l’approche artistique incite à une expérience de proximité, à l’intérêt subtil pour le détail (ce que Daniel Arasse suggérait pour la peinture) ? Les plans rapprochés, serrés, reproduisent un élément parfois à une échelle surdimensionnée, apportant un maximum de précision jusqu’à la perte paradoxalement de repères ou d’identification (pointe de silex, dentition de poisson...) pour suggérer d’autres compréhensions au-delà du réalisme, de l’objectivité scientifique. Après les immenses vues immersives du chantier, qui saura déceler cette mouche sur l’inscription FT 265 ? Dans un domaine de nature scientifique, Anne Fourès joue sur les différents possibles de l’acte photographique tout en imprégnant

Echantillons d’Histoire

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ean-Marc Prévost, directeur de Carré d’Art, a invité deux artistes internationaux à produire une exposition bicéphale. La base d’inspiration est commune : les deux propositions questionnent et déclinent l’identité nîmoise. Anna Boghiguian, artiste égyptienne, convoque l’histoire de la cité, qu’elle sollicite depuis ses origines romaines jusqu’à sa récente actualité. Abraham Cruzvillegas, mexicain, a prélevé des éléments concrets de la ville, objets, meubles, restes de chantiers, glanés au hasard de ses promenades dans Nîmes. De cette réflexion commune, deux titres émergent. Promenade dans l’inconscient pour la première, Autoconstriction approximante vibrante retroreflexe pour le second. Dommage qu’ils ne se soient pas accordés sur un titre générique, qui aurait sans doute apporté un peu plus de lisibilité à l’ensemble.

Procession Commençons à droite, dans les trois salles réservées à Anna Boghiguian. Passons les cartographies d’oreilles (on apprend dans le

© Abraham Cruzvillegas

texte d’aide à la visite que l’artiste est sourde) et autres crocodiles naturalisés en référence à la fondation de la ville arrachée à l’emprise de Cléopâtre reine d’Egypte. Malgré les signes identifiables (écouter l’histoire, collectionner les symboles), l’intention est difficile à cerner. Le « Passage à la vie » (deuxième salle) présente au contraire une impressionnante procession de personnages en papier peint et découpé, évoquant une multitude de marionnettes d’Asie du Sud-Est. On pense aussi au roman graphique de Charlotte Salomon, qui a peint

sa tragique autobiographie en quelques 800 gouaches tout en silhouettes détourées et annotées avant d’aller périr à Auschwitz. On circule entre les scènes évoquées par ces farandoles de personnages debout –ils nous arrivent à la taille. Entre bande dessinée géante et théâtre miniature, une histoire dense et bousculée raconte Nîmes telle que l’a assimilée l’artiste égyptienne. Une fresque habitée et vivante.

Rebuts magiques À gauche, l’œuvre d’Abraham Cruzvillegas traverse l’espace, rampe d’une pièce à l’autre. C’est une immense sculpture, une masse hétéroclite qu’on ne distingue pas tout de suite. Il faut suivre ce chemin de matelas éventrés, d’abat-jours déglingués, de parpaings déclassés pour comprendre peu à peu que tout est lié, les restes, les abandonnés, les moches, les inutiles. C’est un jeu de domino, où les éléments se suivent, s’assemblent, parfois ils


73 davantage certaines de ses images de sa propre subjectivité (plus Karl Blossfeld que fiction façon Juan Fontcuberta). Elle distille aussi le temps qui passe dans le dispositif plastique, comme dans cette œuvre où une main tient une truelle. Chacun des quinze clichés –ni simple décomposition du geste, ni chronologie du travail - suggère l’incessante répétition de l’acte de gratter le sol avec précaution, qui mène à la précieuse découverte. De la matière et du temps, le temps historique, celui du travail archéologique, du temps comme composante nécessaire à l’œuvre et au travail du regardeur qui invente sa propre réécriture à partir des fragments offerts. Avec ce paradoxe que l’exposition commence par là où le travail archéologique se clôt : les réserves du musée vues dans une immense perspective colorée. Une expérience à poursuivre à travers le catalogue, plusieurs conférences et rencontres notamment avec l’artiste le jeudi 12 février.

André Mérian ou la réalité recomposée

CLAUDE LORIN

Dans la matière du temps jusqu’au 29 janvier Musée Ziem, Martigues 04 42 41 39 60 ville-martigues.fr/culturesport-et-loisirs/musee-ziem-1708.html

se chevauchent, d’autres s’échappent pour se laisser rattraper par un fil de fer qui les guident vers la suite. Héritier du Readymade de Duchamp, l’artiste mexicain interroge notre monde qui consomme et jette, laissant ceux qui n’ont rien inventer une seconde vie à tous ces rebuts de la modernité. Vaste terrain d’investigation pour les créateurs d’aujourd’hui, que d’extraire un sens et une autre vocation à ce sous texte de notre société. S’adressant à un groupe d’étudiants des BeauxArts de Marseille venus visiter l’exposition, A. Cruzvillegas, devant un élément mélaminé gris demande : « Comment classer tout ça ? C’est de la matière ? C’est du fait main ? C’est dégoutant ? » Les élèves notent. « Is it magical, or is it rectangular ? » Le sourire de l’artiste en dit long sur la réponse à donner. ANNA ZISMAN

Promenade dans l’inconscient, Anna Boghiguian Autoconstriction approximante vibrante retroreflexe, Abraham Cruzvillegas jusqu’au 19 février 2017 Carré d’Art, Nîmes 04 66 76 35 70 carreartmusee.com

Nevermind, André Mérian, Galerie du 5e - Marseille, octobre 2016 © François Moura

O

n avait en mémoire les paysages documentaires d’André Mérian, de larges travellings urbains déshumanisés et bétonnés, manifestement photographiés à distance. On découvre à présent des fragments de paysages et d’architectures, des objets-structures pris en plans rapprochés comme pour abolir –sans renier – une pratique passée. L’élément déclencheur de cette césure date de Marseille 2013, et son travail de commande sur les sept principaux ports de la Méditerranée qui a donné lieu à Waterfront édité par Arnaud Bizalion. Dès lors André Mérian a eu envie de changer de bord. Il a aboli la distance physique, mentale et intellectuelle avec son sujet : il « est » dedans. Il va même jusqu’à mettre en scène certains objets, les déplacer, les contextualiser, et jouer de la frontière entre la réalité et la fiction : fausse bûche incandescente érigée en sculpture, mur de briques à angle mort, lit de rivière désolé ou capot de voiture tronqué. Invité d’honneur du festival La Photographie Marseille, il lui réserve la primauté de sa série Nevermind dans une exposition installée au cordeau à la Galerie du 5ème. Chaque cimaise pourrait composer comme un nouveau paysage mais tel n’est pas le but : le jeu de confrontation entre les paysages et les objets prévaut, et le dédale de prises de vues forme un long ruban formel au fil duquel la nature et la lumière jouent à cache-cache. Où la lumière tient le rôle central dans la composition. « Il n’y a pratiquement pas de hors-champ, je

suis dans l’objet, sur l’objet, près de l’objet » commente André Mérian, comme il est « dans » la jungle de Calais tous les mois pour répondre à une commande du CNAP sur le passage des migrants. Un thème qui l’habite totalement et lui fait dire, baissant la voix, « c’est une leçon de vie ». L’exposition Nevermind donne envie de découvrir les 18 autres événements programmés par La Photographie Marseille dans 16 lieux, tous en libre accès conformément au vœu du photographe Christophe Asso. Des expositions, des conférences, des signatures, une carte blanche à Magali Lambert à Rétine argentique (lauréate du Prix Maison Blanche 2015), et, cette année, un partenariat avec Street Level Photoworks pour les dix ans du jumelage Glasgow-Marseille. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Le 26 novembre à 18 heures, André Mérian commentera son exposition. Nevermind 15 octobre au 26 novembre Galerie du 5ème, Marseille 04 96 11 35 00 galerieslafayette. com/magasin-marseille-st-ferreol/c/ la-galerie-du-5eme La Photographie Marseille #6, Festival de photographie contemporaine 13 octobre au 14 janvier 2017 laphotographie-marseille.com


74 critiques arts visuels

La Traversée, consacrée à Johan Creten Aller – Retour L’exposition au CRAC de Sète, présente un vaste ensemble de sculptures en céramique, bronze et résine, dont à Sète certaines inédites

«

J’aime que les visiteurs aient à boire et à manger », annonce Johan Creten pour introduire son travail. L’artiste belge est généreux, foisonnant, investi. Il se livre sans détours face et surtout dans ses œuvres, il raconte ses errances à travers le monde, toujours en quête, perméable aux aléas de la vie et aux mystères de la création. À l’invitation de Noëlle Tissier, directrice du lieu et commissaire de l’exposition, La Traversée propose une rétrospective magnifiquement agencée. Volumes et couleurs se succèdent et se répondent d’un espace à l’autre, racontant une histoire de formes et de matières qui convoque les mythes, l’inconscient, la mer, la mère, la guerre. Johan Creten est l’un des rares artistes contemporains à pratiquer la céramique, qu’il sublime depuis 25 ans. Le domaine était en effet cantonné, on ne sait trop pourquoi, dans le domaine de l’artisanat, voire du ringard de mauvais goût. Et pourtant, la terre, la cuisson, les déclinaisons de couleurs, la magie de la transformation après passage au four, regorgent de symboles à explorer… Ne serait-ce que celui de se confronter à l’acte divin, modelant ses créations à partir d’une terre mère sans cesse à réinventer. Ou celui de maitriser le feu, sur les pas de Prométhée, pour créer de nouvelles couleurs, de fragiles brillances, à cuire et à recuire.

Palpitante immobilité

Johan Creten - Odore di femmina © Gerrit Schreurs

La Traversée est un voyage en forme d’aller et retour. Johan Creten a découvert la ville de Sète en 1991, lorsque Noëlle Tissier, déjà, l’invitait à la résidence d’artiste de la Villa Saint Clair. Il avait produit des œuvres à découvrir dans un lieu qu’il avait choisi, qu’il fallait relier en bateau depuis le port jusqu’à l’ancienne « quarantaine », souvenir des épidémies, craintes et replis historiques, entre terre et Méditerranée nourricière, inquiétante. 25 ans plus tard, il revient. La Traversée a depuis pris une amplitude qui rattrape l’actualité. Aller et retour d’une œuvre à travers un lieu, l’exposition, ne serait-ce que par son titre, évoque aujourd’hui des trajectoires dramatiques, rendant le travail de Johan Creten prémonitoire. Une traversée à la fois effrayante et exaltante, qu’on parcourt parmi la soixantaine de productions de l’artiste, envouté par la puissance et la vitalité de l’ensemble, entre sensualité et fragilité. Il y a quelque chose de très particulier dans le travail de Creten, qui fait qu’on voudrait tout toucher, caresser, éprouver. Cela semble si doux, parfois, et puis combien ça pèse, est-ce froid, tiède, rugueux ? Tout est tellement vivant, l’immobilité palpite, cela bouillonne sous les couleurs, l’élan du mouvement sculptural invite à imaginer que

Dans tous les sens

Geology 2015 © Haines et Hinterding

D

epuis trois ans, Franck Bauchard, directeur de La Panacée, centre de culture contemporaine à Montpellier, nous a habitué à investir l’art par un biais nouveau, souvent inattendu. Au fil des expositions, ateliers, rencontres, le public est invité (ce n’est pas

un vain mot, puisqu’ici tout est toujours en accès libre) à expérimenter –là aussi, le mot est à comprendre dans son sens littéral : on touche, on écoute, on interagit avec les différentes propositions. Pour clôturer son mandat, avant de passer la main à Nicolas Bourriaud en janvier prochain, Franck Bauchard a choisi d’exposer les deux artistes australiens Joyce Hinterding et David Haines, dont c’est la première exposition monographique en France. Ils vivent dans les Blues Montains, un site naturel exceptionnel, où archéologues, géologues, physiciens, randonneurs, rêveurs puisent inspiration et données diverses. Résonnances magnétiques plonge le visiteur

dans une nuée de sens. Les cinq de la liste bien connue, et de multiples significations conceptuelles. De leur investigation à travers le roc, la plante, les ondes électromagnétiques artificielles, l’ionosphère, ils nous rapportent un ensemble de propositions paradoxalement à la fois foisonnant et aride. Des vidéos, des installations convoquant le champ magnétique ambiant, des morceaux de charbon parfumés, des chemins de graphite (matériau hautement conducteur) évoquant les peintures aborigènes, qu’on écoute avec un casque captant les ondes produites par notre doigt sur l’œuvre… On peut entendre aussi le langage du soleil, dont le champ magnétique est diffusé en direct, avec en sus deux fragrances aux senteurs


75 tout respire. Et c’est très fragile. Un panneau à l’entrée informe qu’il est interdit de toucher les œuvres. Alors on tourne autour, scrutant la matière, la mangeant des yeux. Comme pour rassasier notre envie, l’artiste a prévu des « points d’observation », inspirés d’un élément emblématique de Sète. Des bites d’amarrage sont parsemées autour des différentes pièces. En céramique, on peut les toucher, s’y asseoir, les faire glisser. Quel plaisir de se fondre dans la matière… Un oiseau surplombe du haut de ses 4 mètres la première salle. Fragile et inquiétant, gracile et sombre, il évoque un homme qui marche, ses ailes comme un manteau qui bat le rythme des pas, la tête en avant. On pense à Giacometti, au Balzac de Rodin aussi. Le parcours se termine avec deux autres oiseaux monumentaux. Noirs aussi, on les pense en bronze. La feuille de salle nous apprend qu’ils sont en résine. Ce sont des aigles, ou peut-être des cormorans ? Les ailes ouvertes pour l’un recroquevillées pour l’autre, posés sur des socles comme pour les arrimer à un destin supérieur, ils racontent un pouvoir déchu, quelque chose qui mine, émeut et menace. Entre ces deux vigies, des œuvres colorées, dorées même, illuminent la traversée. Les bustes féminins, composés de centaines de fleurs modelées une à une par l’artiste, sont un pan symbolique de son travail. Fleurs-vulves, fragilité, cavités, multitudes, courbes et méandres, luxe aussi : on approche au plus près le mystère fascinant de la matière fécondatrice selon Creten. ANNA ZISMAN

La Traversée jusqu’au 29 janvier 2017 CRAC de Sète 04 67 74 94 37 crac.languedocroussillon.fr

d’ozones, interprétations de l’odeur de notre étoile : David Haines est en effet aussi créateur de parfums. Beaucoup de choses, donc, à glaner, à attraper au hasard des sensibilités. On ne comprend pas tout, certaines œuvres restent hermétiques, mais il règne à la Panacée une atmosphère de Palais de la Découverte, entre sciences, spiritualité et magie de l’imperceptible, que les deux artistes nous permettent d’approcher. A.Z.

Résonnances magnétiques jusqu’au 23 décembre La Panacée, Montpellier 04 34 88 79 79 lapanacee.org

Histoires d’abstractions

R

aconter une histoire avec de l’abstraction. Dire quelque chose qui nous emmène au fil d’un récit, à travers des formes qui au premier abord ne disent rien d’autre que ce qu’elles nous montrent : des lignes, des couleurs, des matières qu’on ne peut toucher. Et surtout, rien de figuratif ; rien qui puisse nous donner des pistes qu’on pourrait s’approprier spontanément. C’est un parcours difficile qui est proposé au visiteur de la nouvelle exposition du MRAC à Sérignan, titrée Flatland / Abstractions narratives #1 (le deuxième volet sera proposé au Mudam Luxembourg, en octobre 2017). Simon Collet, Série E #001. MDF teinté dans la masse, peinture nitro alkyde, 59,5 x 84 cm. Les deux jeunes commissaires invitées, Courtesy de l’artiste. Sarah Ihler-Meyer et Marianne Derrien, diplômées du Master II Sciences et Techniques de l’Exposition de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, démontrent ici le rôle prééminent, voire peut-être surplombant, de ces orchestrateurs d’art. Le texte de la feuille de salle démontre, de façon très limpide et forte, la volonté de rassembler des travaux (31 artistes sont présentés), tisser des liens théoriques entre eux, créer du sens d’une œuvre à l’autre. Il est question ici d’une référence à l’ouvrage de Edwin A Abott, publié en 1884, Flatland, une aventure à plusieurs dimensions. S’appuyant sur ce récit qui évoque les aventures d’un carré au pays de la troisième dimension, les commissaires ont développé une analyse qui « distingue trois procédés de scénarisation des formes » : la codification, la condensation, et la suggestion. Programme et discours ambitieux. La déambulation entre les œuvres procure cependant un sentiment de distanciation. La vision des deux organisatrices est difficile à cerner, les travaux présentés sont pour le moins arides, on s’accroche aux notices explicatives comme à un viatique qui devrait sauver le visiteur de l’abîme d’incompréhension qui menace. Peut-être y a-t-il finalement trop de pièces, trop de narrations individuelles, justement, des univers personnels qu’on ne parvient pas à décrypter à travers seulement une seule œuvre par artiste. Chacun pourtant nous raconte son histoire. En voici deux : Wilfrid Almendra nous parle de son rapport à la maison pavillonnaire. Il récupère des matériaux sur les chantiers de construction, et crée des sculptures proches du vitrail, avec des carreaux de verre colorés, des morceaux de grilles anti-effraction… Tout un langage qui incarne les rêves et les craintes de nos manières d’habiter. Simon Collet interroge les codes et couleurs du jeu vidéo, qu’il croise dans une œuvre sur aggloméré teinté dans la masse, subtils dégradés de roses, bleus, jaunes, gris, creusés par endroits comme par un ver géant, comme s’il avait eu recours à l’outil « gomme » sur Photoshop. Télescopage des techniques, des visuels, des matières, qui replace les références dans le cadre infini du langage artistique. L’histoire est loin d’être terminée. A.Z.

Une autre exposition est présentée au MRAC, durant la même période : l’artiste allemande Andréa Bütner.

Flatland / Abstractions narratives #1 Andréa Bütner jusqu’au 19 février 2017 MRAC, Sérignan 04 67 32 33 05 mrac.languedocroussillon.fr


76 au programme

arts visuels

Yohanne Lamoulère Depuis 2009, Yohanne Lamoulère raconte Marseille à travers son Rolleiflex pour « saisir ses mutations, la vie des rues ». Un travail largement inspiré par la tradition documentaire qu’elle a poursuivi en intégrant le dispositif « La France vue d’ici » mis en œuvre par le festival Images singulières à Sète et Médiapart. Au Merlan, il trouve un juste écho à la réalité bien que l’artiste voit « aujourd’hui dans ce travail une certaine utopie ». M.G.-G. Main basse Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 30 merlan.org

Les Créneaux, juillet 2009 © Yohanne Lamoulère

À l’heure du dessin, #4e temps La Galerie Servières réunit sous des bannières communes six artistes qui réinventent le dessin contemporain : dessins au crayon de Marine Pagès et rebus technologiques de Joseph Sadoune dans « Au delà des territoires », vidéos et ondes sonores de Yoann Ximenes et gravures de Véronique Duplan dans « Les nouveaux territoires du dessin », pièces de différentes natures d’Yves Schemoul, dessins et installations de Julien Levy dans « Territoires de l’intime ». M.G.-G. 15 octobre au 17 décembre Château de Servières, Marseille 04 91 85 42 78 chateaudeservieres.org Julien Levy, Sans titre (Bureau à secret) 2016, Bois, verre, graphite sur papier, matériaux divers. Bureau réalisé avec l’aimable concours de Jérôme Dumetz © jcLett

Nathalie Bujold Nathalie Bujold est une habituée de Vidéochroniques avec qui elle tisse une collaboration fructueuse depuis 2002 (projections, conférences, résidences). Pour sa première exposition monographique marseillaise, Ménage/Montage, l’artiste québécoise expose sa pratique marquée par une grande diversité de supports et de formats, notamment ses réalisations vidéos qui portent l’étiquette des Productions de l’Esprit Pratique. M.G-G. Ménage / Montage 28 octobre au 22 décembre Vidéochroniques, Marseille 09 60 44 25 58 videochroniques.org Vue partielle de l’exposition «Ménage/Montage», Nathalie Bujold, Vidéochroniques 2016 © X.D-R

Jeanne Moynot & Anne-Sophie Turion En résidence au 3bisf depuis janvier 2016, les deux artistes révèlent dans On lâche rien le background du processus de création : c’est l’envers du décor mis sur le devant de la scène ! La vie de l’équipe, du personnel de l’hôpital, des patients et des plasticiennes constituent la matière première de leur création. Là où « la vie intime et le travail se rencontrent, se désirent, s’esclaffent, bataillent, s’entraident… ». M.G.-G. On lâche rien 10 novembre au 15 décembre 3bisF, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com On lâche rien, 3bisf, 2016 © Jeanne Moynot & Anne-Sophie Turion


Camille Vivier Lauréate 1997 du Festival international de mode et de photographie de Hyères, Camille Vivier revient sur ses pas pour arpenter le territoire et aller à la rencontre de la jeunesse locale. Elle a choisi de lui tirer le portrait en argentique, en numérique et en polaroïd comme pour mieux embrasser sa diversité, son énergie, son insouciance. Ce travail de commande fait suite à une longue liste de photographes invités en résidence et est l’objet d’une publication. M.G-G.

04 98 08 01 98

Les hiéroglyphes îles d’or Villa Noailles, Hyères 16 octobre au 15 janvier villanoailles-hyeres.com

Le Sud, 2016 © Camille Vivier

Animalités Ce sera sa dernière exposition dans ses locaux brignolais. Précédant un avenir nomade, la galerie d’art modeste s’interroge sur la nature animale. Trois artistes, William Bruet, Marielle Guilbert et TomaX PouM avancent leur vision respective selon leur médium d’élection, peinture, dessin ou sculpture. C.L. Animal ? jusqu’au 7 janvier Le bazar du Lézard, Brignoles 04 94 86 01 63 lebazardulezard.com

La vivisection selon William Bruet :Mandril, acrylique sur papier. Photo : courtesy Galerie du Lézard


78 au programme arts visuels

Instants d’urgence 126 films provenant de 46 pays, performances, lectures, concerts, conférences, tables rondes, débats (du 10 au 13 novembre), 25 installations vidéo (jusqu’au 4 décembre), dépeignent un Etat d’Urgence Poétique pour cette 29e édition. Samedi 12 : Nuit blanche jusqu’à l’aube avec lectures/performances et 93 intervenants sous l’éclairage de la psychanalyse. C.L. Instants vidéo # 29 jusqu’au 4 décembre Friche de la Belle de Mai, Marseille 04 95 04 96 24 instantsvideo.com

Ablution, Agnieszka Ewa Braun, 2013 © Courtesy Instants Vidéo

Avec la Belgique Ces Regards Croisés le sont doublement. Aix-en-Provence invite au dialogue avec une sélection de photographes belges en commissariat avec Loft Photo 9-46 Gallery de Bruxelles. La Fontaine Obscure propose aussi chaque année plusieurs Parcours développés sur le Pays d’Aix avec une trentaine de lieux. Lancement jeudi 17 novembre dès 18h à la Cité du Livre. C.L. Phot’Aix 2016 Regards Croisés Belgique-Provence du 17 novembre au 31 décembre La Fontaine Obscure et divers lieux, Aix-en-Provence 04 42 27 82 41 fontaine-obscure.com série This is not America © Benjamin Leveaux.jpg

Bernex, Cueco Comme on le voit peu exposé dans la région, voici une belle opportunité de revoir les œuvres d’Olivier Bernex, de grands formats inspirés de ses excursions dans le Garlaban tel un certain philosophe promeneur solitaire. Du peintre de la Sainte Victoire, Henri Cueco se plaît à en réécrire l’œuvre : Cézanne, son maître à tous (selon Picasso) ?C.L. Olivier Bernex, Rêver Rousseau du 19 novembre au 19 février Henri Cueco, Revoir Cézanne du 3 décembre au 19 février

04 42 52 88 32

Olivier Bernex, Cosmogonie 2, 13e rêverie, 2013 Acrylique sur toile, 200 x 200 cm Photo Jean-Luc Maby © Olivier Bernex

Musée Granet, Aix-en-Provence museegranet-aixenprovence.fr

Jeune création Chaque année La Compagnie propose un grand rendez-vous avec la jeune création principalement issue des écoles supérieures d’art. Cette édition 2016 se construit autour de La Cabane, projet collaboratif de Manu Morvan (promo 2012) aidé de quatre jeunes en insertion, habitée par les œuvres d’artistes venus des écoles d’Aix, Marseille, Toulon, Saint Étienne. Soirées les 17 novembre et 10 décembre. C.L. La Fourmilière jusqu’au 17 décembre La Compagnie, Marseille 04 91 90 04 26 la-compagnie.org La Fourmilière en cours de montage, Manu Morvan/La Compagnie, 2016 © Aurélien Meimaris


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80 critiques livres

plus de livres sur journalzibeline.fr

« Vous êtes la voix qui dérange »

C

’est par ces mots qu’Annie Terrier, directrice des Écritures Croisées, accueille l’invitée d’honneur de la Fête du Livre 2016, Arundhati Roy, célèbre pour son roman Le dieu des petits riens (Booker Prize 1997) et ses nombreux articles et essais. À ses côtés, dans le jeu délicat de l’entretien, tour à tour, les journalistes Gérard Meudal et Raphaël Bourgois mais aussi le polygraphe Jean-Claude Carrière. Le public particulièrement nombreux a eu le privilège de mieux cerner cette Arundhati Roy auteure qui s’insurge contre la dichotomie que l’on établit trop souvent entre « écrivain » et « activiste » : « Autrefois les auteurs écrivaient sur la société dans laquelle ils vivaient et étaient considérés comme écrivains, aujourd’hui on les appellerait des activistes, c’est ridicule ! ».

Le sacre de l’imaginaire Si les textes combattifs répondent à une urgence, le roman doit être hors du temps. Les premiers concernent des sujets précis, le second, une totalité. « La fiction, c’est la liberté d’écrire lentement : mon prochain roman, je l’écris depuis plus de dix ans, comme si je vivais avec mes personnages, fantômes que les invités réels parfois dérangent… »

manière toxique. Arundhati Roy dénonce l’imbrication des grands trusts qui détruisent et tuent sans vergogne d’un côté et de l’autre investissent dans des ONG. Ainsi Le Festival international de littérature de Jaipur compte des compagnies minières parmi ses grands sponsors…

Changer l’idée du bonheur © Maryvonne Colombani

À la question d’une possible adaptation filmique, Arundhati Roy répond par la négative : « Quand vous lisez, vous construisez un petit film dans votre tête, le livre engendre ainsi une myriade d’imaginations face au seul imaginaire imposé par la forme filmée, comme un colonialisme de l’imaginaire… Je voulais faire avec mon livre un récit visuel non filmable. Ainsi, quatre pages pour décrire une rivière avec des tas de choses très belles qui seraient absurdes si filmées. ».

Dans un monde toxique En Inde, « chimère en exercice » (J.C. Carrière), le système des castes, justifié par la religion hindouiste, a fusionné avec le capitalisme de

Écrire avec O l’absence

n le sait, les auteurs en résidence dans un lieu de travail ne peuvent pas laisser toute leur vie sur le seuil de la porte. Elle continue avec celle des autres au dehors. Laurence Vilaine en a fait l’expérience durant deux résidences à La Villa des Auteurs, La Marelle : la première s’est déroulée durant la maladie de son père qui est décédé avant la deuxième. Son dernier passage à Marseille lui permet de renouer avec l’écriture qu’elle croit un moment lui avoir échappé, grâce à un cahier sur lequel elle s’est jeté, délaissant volontairement son ordinateur. À l’épreuve du deuil elle se soumet aussi à celle de la natation, « je nage entre les lignes » dit-elle. Sa solitude dans cette grande maison, les tomettes du sol, le platane devant la fenêtre, la nage, lui permettent de remplir son cahier sans ratures. Elle évoque les conversations téléphoniques avec son père, puis la dernière fois où leurs mains étaient mêlées. Elle fait

« Savoir se dire : j’ai assez, vous rend libre. Le capitalisme vous oblige à toujours désirer plus ; si vous dites j’ai assez, vous êtes plus difficile à manipuler. Il faut changer notre idée du bonheur ». « Pas un jour, je ne trouve une raison de vivre et d’être heureuse… À Delhi, tout est tellement chaotique que naissent des choses imprévisibles et drôles, même les fascistes n’arrivent pas à marcher au pas ! Il n’est pas judicieux de penser seulement à une alternative entre communisme et capitalisme (qui s’appuie sur la dette), il faut imaginer comment re-calibrer la pensée du bonheur de l’humanité »… MARYVONNE COLOMBANI

Écritures Croisées a eu lieu du 14 au 16 octobre à la Cité du Livre, Aix-en-Provence

l’expérience de son absence, du vide laissé par celui qu’elle interroge au-delà de la mort, trouvant enfin quelques réponses aux questions de l’enfance. Laissons à Laurence Vilaine les mots de la fin, ceux qui définissent sa notion de l’écriture : « Écrire, c’est crier sans bruit, cracher entre les lignes, aimer en secret, frissonner beaucoup. »… Et elle a retrouvé le chemin pour poursuivre l’écriture de son troisième livre. CHRIS BOURGUE

Laurence Vilaine était en résidence d’écriture à La Marelle - Friche de la Belle de Mai, Marseille La Grande villa Laurence Vilaine Gaïa,8,50 €


Mort d’une insoumise L

e 7 octobre 2006, il y a dix ans, mourrait assassinée une journaliste russe. Depuis, le nom d’Anna Politkovskaïa est devenu un symbole de résistance face au pouvoir autoritaire, partout dans le monde on célèbre son courage et sa ténacité. Des livres, des films, des pièces de théâtre lui ont été consacrés, et aujourd’hui une bande dessinée, ou plutôt un court roman graphique, qui vient de paraître en France aux Éditions Steinkis. L’excellent travail de ses auteurs, Francesco Matteuzzi et Élisabetta Benfatto, est complété par plusieurs témoignages permettant de comprendre ce qui a conduit cette femme à dénoncer la corruption et la violation des libertés publiques en Russie, jusqu’à en perdre la vie. Nulle idéalisation : le sale caractère d’Anna Politkovskaïa n’est pas éludé. Mais en quelques cases, l’ouvrage, dédié « à ces journalistes qui choisissent encore de faire leur métier », percute le lecteur bien plus efficacement qu’un long discours. « Encore ? » se plaint le rédacteur en chef à qui elle soumet un nouvel article sur la guerre en Tchétchénie. « Bon sang, Dmitri, Novaïa Gazetta est le seul journal qui s’oppose au régime de Poutine ! Tu ne peux pas censurer mes articles ! » répond-elle. Quelques cases de plus, et l’on réalise la force qu’il lui a fallu pour interroger inlassablement ses sources, éliminées les unes après les autres, couvrir des prises d’otages horrifiques, et continuer à écrire malgré une tentative d’empoisonnement et d’innombrables menaces. On apprend dans les annexes qu’un ex-agent du KGB, lui-même assassiné un mois plus tard, affirmait : « On ne peut pas toucher à une journaliste de son niveau sans l’assentiment des plus hautes sphères de l’État. Poutine l’a fait assassiner. » Bilan de ce conflit : des centaines de milliers de morts, 1/5e de la population Tchétchène. Certains ont accusé Anna Politkovskaïa de ne pas être une vraie journaliste, car trop impliquée. La triste conclusion de cet ouvrage est que ses articles avaient provoqué une baisse du tirage de son journal, et des abonnements : les lecteurs ne voulaient pas savoir. Mais au vu de son immense écho à l’échelle mondiale, qui ne s’épuise pas dix ans après sa disparition, on peut garder une lueur d’espoir. GAËLLE CLOAREC

C INEH OR IZON T E S

FESTIVAL DU CINÉMA ESPAGNOL DE MARSEILLE

13 NOVEMBRE

FEST I VA L IMAG E D E V I L L E

19 NOVEMBRE

P R IM E D

PRIX INTERNATIONAL DU DOCUMENTAIRE ET DU REPORTAGE MÉDITERRANÉEN

22 AU 26 NOVEMBRE

C INEH O R IZON T E S

FESTIVAL DU CINÉMA ESPAGNOL DE MARSEILLE

27 NOVEMBRE

RE NCON T RES INTE RNATI ONA LES DE S C INÉ MA S ARABES 30 NOVEMBRE AU 4 DÉCEMBRE

Anna Politkovskaïa, journaliste dissidente Francesco Matteuzzi et Élisabetta Benfatto Éditions Steinkis, 16 €

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES www.villa-mediterranee.org Villa Méditerranée Esplanade Robert Laffont (J4)

13002 Marseille


82 critiques livres

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir… … sur le sexe féminin, Liv Strömquist le révèle dans L’Origine du monde, une bande dessinée documentaire très précise. Vulve, règles, orgasme, clitoris, questions de genre…, la bédéiste suédoise passe tout en revue, tambour battant, au fil des chapitres qui composent cette épatante conférence sur les « organes féminins ». Liv Strömquist a fait des études de sociologie ; c’est donc en sociologue qu’elle s’intéresse d’abord au sujet. En femme aussi évidemment. Comment se fait-il, par exemple, que la vulve, largement visible sur les statuettes du néolithique, ait ensuite été gommée de toutes les représentations, même celles qui se prétendent scientifiques ? Pourquoi les publicités pour les protections féminines insistent-elles toujours sur leur caractère discret, sur la fraîcheur qu’elles permettent de conserver ? Pourquoi la sexualité féminine, d’abord considérée comme une version

(parmi lesquels John Harvey Kellogg, qui n’est pas seulement l’inventeur des Corn Flakes, et aussi Saint-Augustin), on est capté. Séduit par l’intelligence de la scénarisation, la subtilité des variations graphiques, l’humour surtout, omniprésent. La honte liée au sexe féminin et entretenue depuis des siècles n’a rien de drôle. Mais l’évoquer de cette façon a une grande vertu pédagogique. Un ouvrage érudit et engagé, à faire circuler sans modération parmi les jeunes filles, les femmes, et les hommes aussi ! FRED ROBERT

moindre de celle de l’homme, puis comme son contraire, n’est-elle jamais envisagée comme une entité à part entière ? Toutes ces questions, et bien d’autres encore, l’auteure les pose et y répond avec force références et des arguments plus que solides. A première vue, la BD peut rebuter : un noir et blanc quasi constant, des planches envahies de texte, de nombreuses notes… C’est compter sans l’intérêt immédiat qu’elle suscite. Dès le premier chapitre, consacré à « ces hommes qui se sont un peu trop intéressés à ce qu’on appelle les “organes féminins” »

Liv Strömquist était invitée dans le cadre d’Automnes en librairies, la manifestation littéraire organisée du 13 au 15 octobre par l’association Libraires du Sud.

L’Origine du monde Liv Strömquist Editions Rackham, 20 euros

Un rêve américain

«

Car l’Eternel, ton Dieu, va te faire entrer dans un bon pays,[…] où tu mangeras du pain avec abondance, où tu ne manqueras de rien… » En exergue à son premier roman Voici venir les rêveurs, la romancière américaine d’origine camerounaise Imbolo Mbue a placé une citation du Deutéronome. Nul doute que pour ses protagonistes principaux, Jende Jonga et sa femme Neni, l’Amérique

ressemble à la Terre Promise, à un pays de lait, de miel et de liberté. Ils ont quitté Limbé au Cameroun en espérant bien ne jamais y retourner. Dans leur appartement de Harlem, malgré l’exiguïté et les cafards, tous les rêves sont permis. D’autant plus qu’après trois ans de petits boulots, Jende décroche enfin le job en or : il devient le chauffeur de Clark Edwards, l’un des directeurs de Lehman Brothers. Tant pis s’il n’a pas encore de papiers, du moment qu’il est fiable, ponctuel et discret. Commence alors une période d’euphorie pour le couple, qui peut enfin économiser, envoyer de l’argent au pays, envisager de payer les études de pharmacie de Neni, et même de déménager… Sauf que l’action débute en 2007 et que l’effondrement de Lehman Brothers n’est pas loin. En une succession de courts chapitres, le roman relate la nouvelle vie des Jonga puis les désillusions et les difficultés dans lesquelles le couple de clandestins s’engloutit peu à peu. Parallèlement Imbolo Mbue met en scène la famille Edwards, à l’existence en tous points opposée à celle

des Jonga. Pourtant des liens se tissent entre les deux familles malgré le fossé social et la couleur de peau. Mais il ne sert à rien de rêver, la réalité reprend toujours ses droits, pour les uns comme pour les autres. Un rythme soutenu, des dialogues vifs, des personnages attachants, en particulier ceux de Neni et de Cindy, la femme de Clark Edwards. Un premier roman prometteur. FRED ROBERT

Voici venir les rêveurs Imbolo Mbue Editions Belfond, 22 euros


Exposition

26 oct. 2016 —23 jan. 2017

Café in Mucem Mucem.org Avec le mécénat

En coproduction avec Partenaires

Esplanade du j4, 7 promenade Robert Laffont, 13002 Marseille

Vendeur de café par les rues, 1746, gravure, 49,2 × 32,5 cm. Fondation Malongo © François Fernandez Sérigraphie : Lézard Graphique


84 critiques livres

Chaos debout L

’année 2015 aura commencé le 7 janvier par le massacre du comité de rédaction de Charlie Hebdo et se sera achevée sur les attentats de novembre à Paris. Valérie Manteau, membre de l’équipe de Charlie, y perd ses compagnons de route. C’est l’histoire de cette déchirure qu’elle esquisse dans Calme et tranquille. Que faire de tout ça ? Comment vivre avec ses morts ? L’unanimité fervente après le massacre, qui se délite ensuite en autant de postures fausses ou impuissantes, les discours ronflants, les invectives, les tenants du « oui… mais », les polémiques sans fin. Dans ce fatras se détache, intacte, la complicité tendre et déconnante des amis perdus. L’autobiographie évite autant les pièges de la complaisance que ceux du grand témoignage ou de la petite anecdote : pas de sens à donner à son histoire, et encore moins à celle d’un monde qui s’effondre, mais le récit, intime et passionné, d’un égarement complet : la narratrice piétine, dérive, se cogne à l’absurdité indéchiffrable du deuil, celui de sa grand-mère suicidée à 70 ans après un ultime épisode de Kohlanta, comme celui de ses amis exécutés.

Moutons et papillons

D

u haut de son « escaladou » (une nacelle de camion de déménagement), Nel photographie la Crau, « ces trente kilomètres de désert. Ces vingt bonnes minutes de vide, à cent dix à l’heure sur l’autoroute entre

ardente, tantôt désinvolte, drôle ou bourrue, l’impact exact de la déflagration subie. Avec comme fils rouges, la tentation suicidaire, où se mêlent les désirs cathartiques de vie, de mort et de sexe, et son envers : l’échappée vers la beauté crépusculaire et menacée d’Istanbul, pour l’amour de « l’amant turc » taciturne qu’elle y rejoint, orient donné à sa désorientation. KO, oui, mais toujours debout. AUDE FANLO

Lecture musicale le 24 novembre à 19h à la Librairie l’Histoire de l’œil, Marseille

Entre transes, abandons, révoltes retournées sur soi et sur son corps, errances nocturnes, elle s’accroche à l’aide dérisoire de psys plus ou moins farfelus, aux médicaments et à l’alcool, aux souvenirs vécus ou littéraires, à la bienveillance des vivants, à la tendresse de l’humour noir, au désir et à l’écriture de ce roman. La chronique trouve dans la fièvre d’une expression nerveuse, tantôt lyrique et

Salon et Nîmes. A perte de vue du plat. Des cailloux. Quelques cyprès coupe-vent. Des bouquets de roseaux le long de la rambarde métallique. Et presque toujours le mistral... » Un espace comme oublié, dont il aime contempler l’étendue silencieuse en cadrant pour la centième fois sa bergerie préférée. Son ami Matt, lui, réalise à ses moments perdus des documentaires. Il a l’idée d’en réaliser un sur l’un des lieux mythiques de la région, la Chouraskaïa, dite « La Chou », une boîte de nuit planquée dans une pinède, pas loin d’Arles et des Saintes-Maries, fermée aujourd’hui après avoir drainé pendant des décennies tous les fêtards de la région. Légende, le dernier roman de Sylvain Prudhomme, n’entraîne pas aussi loin que Les Grands. Pas d’Afrique cette fois-ci. Malgré quelques évocations de Madagascar et une échappée finale dans les Alpes (où les troupeaux de la Crau partent à l’estive), l’action reste circonscrite entre Arles et Avignon, Nîmes et Tarascon. Et pourtant, une fois encore, on voyage. Dans le temps surtout. Dans les souvenirs des uns et des autres. Au fil des entretiens qu’il mène, le projet de Matt évolue. Car ressurgissent les silhouettes de deux frères, Fabien et Christian,

Calme et tranquille Le Tripode, 15 €.

Valérie Manteau

les cousins de Nel, morts tous deux le même jour. Evoquer leur vie ce sera « revisiter une certaine liberté des années 1980, un joyeux je-m’en-foutisme […] à mille lieues de l’obsession contemporaine de la vie saine. » Un projet de film donc ; et à l’arrivée un roman qui le raconte, croisant les époques et les récits, pour tenter de rendre « cette profusion de vie dont une infime fraction seulement serait jamais narrée ». C’est toujours cela que recherche Sylvain Prudhomme. Une fois de plus, il y parvient avec talent et offre au lecteur une belle « légende », pleine d’humanité. FRED ROBERT

Sylvain Prudhomme est venu présenter son roman à Marseille lors de la rentrée littéraire de la BDP. Lire à ce sujet l’article de Marion Cordier sur notre site journalzibeline.fr

Légende Sylvain Prudhomme Gallimard, collection L’Arbalète, 20 euros


Kellylee Evans. Photographie : Arnaud Compagne

AIX-EN-PROVENCE 96.2 MARSEILLE 92.8 jazzradio.fr


86 critiques livres

Les Noirs écrivent

L

e livre d’Alain Mabanckou dispense une curiosité contagieuse qui nous fait découvrir un monde. S’ouvrant sur une carte qui préfigure des rencontres, cet essai n’a rien de théorique ou, du moins, ne sépare pas théorie, anecdote, poésie et plaisir. Le Monde est mon langage trace les contours d’une littérature mondiale francophone contemporaine mais s’affranchit des cadres. L’écrivain nous fait

passer par Pointe Noire (Congo) où il est né, mais commence à Paris où il enseigne actuellement au Collège de France, ne parle pas de cela mais d’une conférence de Le Clézio où il s’est endormi, file sur le continent américain... sans faire escale à Boston où il enseigne la littérature française mais à la Nouvelle Orléans où il rencontre un sans abri descendant de Toussaint Louverture... part vers Haïti, Buenos Aires, Madagascar, Brazzaville, Douala, Dakar, Conakry... Il y rencontre surtout des écrivains, francophones toujours, raconte aussi sa jeunesse, parle de ses lectures, de ses admirations, et on prend la mesure de l’ignorance où la France reste la littérature francophone noire. Loin d’avoir assimilé le « Tout-Monde » d’Edouard Glissant qui a déjà 20 ans (son explication de la créolisation est magistrale, et bouleversante), d’avoir compris ce que signifiait Camara Laye pour un enfant africain, loin surtout de reconnaître comme siens les nombreux écrivains qu’il évoque. Reste, au fil des pages, une attente fébrile qui demeure déçue : aucune femme, hors les épouses des écrivains, dans ses pérégrinations.

Mabanckou échappe aux genres littéraires, mais pas aux aprioris genrés. Marie Ndiaye, Léonora Miano, Fatou Diomé ne font pas partie de ses admirations. Comme dans le « bordèle » flamboyant de Petit Piment, son dernier roman, le rôle des femmes est assigné. Dommage, pour qui ouvre un monde, de l’ouvrir à moitié. AGNÈS FRESCHEL

Le Monde est mon langage Alain Mabanckou Grasset, 19 €

Chasse au sorcier L

’affaire bien connue a défrayé la chronique dans les années 1630 et le couvent des Ursulines de Loudun a acquis une certaine renommée dans la catégorie des lieux où ne souffle pas forcément l’esprit (encore que !) mais où souffrent les corps en proie à une possession démoniaque estampillée : le célèbre film de Ken Russell ou l’opéra de Penderecki témoignent de l’évidente plasticité du diable lorsqu’il pénètre les âmes –on sait les nommer autrement - des vierges cloîtrées. Frédéric Gros, spécialiste de Michel Foucault, professeur à Sciences Po, investit le sujet par la voie de la fiction romanesque en éclairant deux figures troubles et troublantes, celle du curé Grandier, immédiatement désigné comme grand ordonnateur des troubles, et surtout celle de la Raison d’Etat incarnée dans les menées sournoises du cardinal Richelieu. Éminences grises et éminence rouge mettent tout en œuvre pour avoir la peau d’un homme politiquement fort dérangeant –Urbain Grandier, humaniste épicurien prônant le mariage des prêtres, ami des Huguenots, opposé à la reconquête architecturale de sa ville – en

orchestrant les dérèglements sensuels de mère Jeanne des Anges et de ses « filles » ardentes. Le roman ne manque pas d’intérêt mais mime trop souvent les travers des docu-fictions : dramatisation excessive des séances d’exorcisme, typologie simple des personnages, descriptions lentes, hyper détaillées, des délires hystériques ou des supplices infligés au prêtre

victime à la fois de l’Eglise, de l’Etat et de son propre démon de la liberté. L’auteur fait feu de tout bois pour saisir le lecteur dans une théâtralisation presque suffocante : jeu incessant des points de vue où le futur définitif du narrateur omniscient côtoie efficacement le discours indirect libre du personnage en proie au doute, passages systématiques au présent de narration, images et paroles qui claquent et… une jolie histoire d’amour. Une entreprise narrative totale aux accents hugoliens auxquels parfois il est difficile de résister, lestée des charmes et excès du Baroque, comme pour illustrer ces propos de l’archevêque de Bordeaux « Les vérités avec lesquelles nous gouvernons, monsieur, ne se tiennent pas dans l’intimité muette des consciences. Ce sont des spectacles. » Laissons-nous emporter alors… ! MARIE-JOSÉ DHO

Possédées Frédéric Gros Albin Michel 19, 50 €


Une histoire popUlaire et sensible de Marseille racontée par des Marseillais 150 photographies, 100 témoignages Robert Guédiguian - Gérard Leidet avec Raymond Bizot Julien Dubois, Françoise Fontanelli-Morel, Marie-Noëlle Lhôpital et Bernard Regaudiat

« J’ai fait des films afin que la mémoire des vaincus ne soit pas égarée, et même, suprême prétention, qu’elle entre dans l’Histoire. J’ai écrit les lignes de ce livre pour les mêmes raisons car les photos qu’il contient sont celles des gens qui peinent, qui n’ont ni faveurs, ni héritage... des gens de peu». Robert GUEDIGUIAN

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BON DE COMMANDE A retourner, accompagné de votre règlement, l’ordre des Editions des Fédérés, à : LA MARSEILLAISE 17-19, cours d’Estienne d’Orves - 13001 MARSEILLE JE COMMANDE Prix du livre : 30 � - 5 % = 28,50 � .............. exemplaire(s) x .................. � =........... � + frais de port : 4,80 �/par livre x ........... � =........... � soit un total de ........................�


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