Zibeline n°22

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du 17/09/09 au 15/10/09 | un gratuit qui se lit

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Du 2 au 10 octobre 2009

Le Théâtre du Jeu de Paume présente

La Comédie Française

Les Le es Chaises Chaises d’Eugène d ’Eugène IIonesco onesco Michel Robin, aavec vec M ichel R obin, Clotilde Clotilde de de Bayser Bayser ett JJean e ean Dautremay. Dautremay. Mise en Dautremay M ise e n scène scène de de JJean ean D autremay aassisté ssisté d’Anne-Marie d’Anne-Marie Burle Burle Scénographie Guénolé Azerthiope S cénographie et et costumes costumes de de G uénolé A zertthiope Lumières Stéphanie Daniel L umières de de S téphanie D aniel Réalisation Ristord R éalisation ssonore onore de de JJean-Luc ean-Luc R istord

Réalisa Réalisation tion www.zutraficdesign.com www.zutraficdesign.com / © photos Cosimo Mirco Magliocca Magliocca

Une U ne coproduction coproduction Comédie-Française, Comédie-Française, Studio-Théâtre, Studio-Théâtre, Théâtre de Provence) T héâtre du du Jeu Jeu d e Paume Paume (Aix (Aix en en P rovence) producteur pour p roducteur délégué délégué p our llaa tournée. tournée.


POLITIQUE CULTURELLE BJCEM RETOURS DE FESTIVALS Avignon Avignon Off Musique Danse SPECTACLES Cirque/Arts de la rue Arles, Caressez le potager, Karwan Small is beautiful, Radio Grenouille, Préavis de désordre Théâtre ActOral, Les Informelles La Criée, le Merlan, le Massalia Le Gymnase/le Jeu de Paume, le Toursky, le Maquis Ouest Provence, Théâtre Durance Martigues, Cavaillon, Avignon, Nîmes, Port-de-Bouc Danse GTP, le Gyptis, Nîmes, Au programme Musique Concerts

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SAISONS Le Merlan, la Minoterie, le Lenche, le Massalia, Salon Nîmes, Arles 3bisf, ATP (Aix), le Périscope (Nîmes) Grasse, Sainte-Maxime Châteauvallon, Draguignan, le Revest-les-Eaux Avignon : Carmes, Halles, Chêne Noir, Doms, Ring, Chartreuse, Opéra-Théâtre Saisons musicales

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CINEMA Marseille à Lussas, le Liban à Avignon, Rousset Rencontres du cinéma européen, les rendez-vous d’Annie Films Femmes Méditerrannée, Aubagne, La Ciotat

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ARTS VISUELS Au programme Vieille Charité, Petit Palais Aubagne, La Ciotat Galerie Sabine Puget, Beaucaire, Art-O-Rama, Toulon

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POESIE Entretien avec Julien Blaine LIVRES Ecritures croisées, ADAAL, Ecrivains en dialogue, Rencontres de l’édition indépendante Barjols, Les Littorales, la Semaine Noire Manosque, Mouans-Sartoux Livres : littérature, arts, conférences FORMATION Gastronomare, Aubagne, Vert-Pré Les Trottoirs de Marseille, ESBAM, Badaboum Théâtre, ICI PATRIMOINE Les Journées du Patrimoine Musée Départemental de l’Arles Antique

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Égalités Un drôle d’été. Passé de festivals en festivals à voir des spectacles d’hommes, à écouter des débats d’hommes, de la musique d’hommes, lire des articles d’hommes sur des hommes de pouvoir. Et plonger dans des livres de femmes, parce que là on a le choix. Puis retrouver à la rentrée des saisons où l’on se réjouit, parfois, de croiser un nom de femme… La régression est telle aujourd’hui que certains risquent une explication : les femmes seraient moins créatives (de bonnes interprètes), et fuiraient le pouvoir (de bonnes exécutantes). Par nature ? Ce que certains se permettent de penser des femmes soulèverait un tollé si on l’avançait pour les Noirs. Si l’on prétendait que, par nature, ils sont moins portés au concept, à la réflexion. Quoi que… Ne courent-ils pas naturellement plus vite ? Ne sont-ils doués d’une sensualité «animale» ? Ne sont-ils pas restés hors de l’Histoire ? Voilà que surgissent, au détour de propos officieux, volés à la sortie d’un meeting, d’un avion, des mots «inacceptables». On a accepté pourtant que le ministre de l’identité nationale fasse augmenter le taux des expulsés, arrêter les enfants au sortir des écoles, et renvoyer «chez eux» des hommes prêts à mourir pour rester où nous avons naturellement le droit d’habiter. Et l’on s’étonne que cet homme ne soit pas un adepte de l’égalité des êtres ? Nous-mêmes, qui tolérons le prix payé pour nous protéger d’une grippe sans doute peu dangereuse, comment survivons-nous quand 2500 enfants africains meurent du paludisme chaque jour? Pourquoi dépensons-nous 1milliard et demi d’euros, alors qu’avec moins de deux fois ce budget par an le Fonds Mondial Sida sauve 2000 Africains par jour ? Quant à la grippe, pourquoi l’OMS n’impose-t-elle pas un Tamiflu générique pour les pays du sud ? Un homme vaut-il un homme ? AGNÈS FRESCHEL


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POLITIQUE CULTURELLE

BJCEM

Retour de Skopje Accueillie à Skopje, au cœur des Balkans, la 14e Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée est apparue comme un enjeu économique autant qu’un symbole de coopération et de dialogue interculturels : l’événement ne pouvait s’abstraire du passé douloureux de Skopje ni de sa situation géopolitique complexe Le 26 juillet 1963 à 5h17, le temps s’est arrêté à Skopje, dévastée par un tremblement de terre. Les aiguilles de l’horloge de la gare en témoignent encore. Une secousse sismique bientôt suivie par les secousses des conflits ethniques entre Macédoniens et Albanais qui fragilisèrent l’économie du pays et de sa capitale… Dix-huit ans après la naissance de la République de Macédoine, la ville meurtrie est en reconstruction, en devenir, dans l’attente de son adhésion à l’Union européenne espérée depuis 2004 par plus de 85 % de sa population. L’avenir de la République de Macédoine réside donc dans le résultat de ce dialogue avec l’Union européenne. C’est dans ce contexte particulier que la BJCEM a investi la cité, répandant l’enthousiasme qui la caractérise dans dix-huit lieux des quartiers orthodoxe et musulman, de part et d’autre du fleuve Vardar. Avec, dans son sillage, un public métissé et des macédoniens plus nombreux chaque jour.

Les découvertes 2009 La palme de l’enthousiasme collectif revient au groupe français Ifif Between qui a enflammé le City Square Macedonia et le City Park jusque tard dans la nuit. Cassant l’image métal avec la voix et la présence percutantes de Nolwenn Donnet-Descartes, il n’a eu aucun mal à embarquer le public sur ses chemins de traverse. Même engouement pour la compagnie L’Individu qui a fait revivre le feuilleton américain Dallas dans une version enlevée, musicale et drôle. Décapante, la pièce de Charles-Éric Petit, Notre Dallas1, a reçu une salve d’applau-

dissements des spectateurs français, macédonien et étranger. Au point de rajouter une date de représentation au Drama Theatre Skopje ! Même si des disparités demeurent au sein même des délégations, la BJCEM reste une plate-forme unique de productions artistiques et un véritable élément fédérateur. Un miroir de la création émergente, et de son «narcissisme» parfois… Sous la houlette de l’Espace Culture Marseille qui coordonne depuis plus de 20 ans la participation des artistes marseillais et régionaux, la sélection 2009 est un bon cru. Tous sont conscients de l’opportunité d’avoir été choisis: Roxane Billamboz, Sarah Domenach, Karine Rougier, Marine Class et le Collectif Post Partum, entre autres, étaient «heureux d’être là pour présenter leurs œuvres et essayer de voir le plus d’expositions et de spectacles.» Regrettant l’absence d’un lieu de rencontre avec les autres créateurs, Karine Rougier espère que «leur travail respectif servira de lien et apprécie les échanges directs d’après spectacles qui sont un luxe.» Pour Marine Class, co-auteur avec Sarah Domenach de la sculpture Le Pavillon à sept brèches2, la biennale est riche d’expériences : «Il faudrait être une huître pour rester imperméable ! Pour le moment, on emmagasine….» Au-delà de la France, d’autres sélections ont été sources de découvertes, notamment Chypre avec le travail photo et vidéo de Marianna Christofides d’une grande maturité ; l’Italie avec la balançoire de Claudio Prestinari judicieusement présentée dans le patio du Museum of Contemporary Art. Ou encore la Macédoine avec le prototype design The Round Table de Simon Stojanovski et le Liban avec la vidéo de Jihad Saadé, The Platoon, dont la force émotionnelle naît de son propos pacifiste comme de sa rigueur technique… Focalisée sur la diffusion, la BJCEM ne résout pas le problème de l’accompagnement des artistes dans la production d’une œuvre car, après Montpellier et Skopje, seul le «Retour à Marseille» en 2010 leur permettra d’exposer des inédits.

L’Europe est orientale Au cœur de l’événement, les artistes ont du mal à dresser un bilan. Mais les organisateurs et politiques, macédoniens et français, ont déjà évalué la BJCEM comme «un facteur de progrès et de développement, un message fort à l’attention de la population.» Plus particulièrement les jeunes qui forment 25% des 2 millions d’habitants ! Dans son discours de bienvenue, Madame le Chargé

Ifif Between, la révélation musicale de Skopje 2009 © Bernard Muntaner, BJCEM, Skopje 2009

d’affaires à l’Ambassade de France à Skopje Isabelle Guisnel a souligné l’importance de la BJCEM, «une grande chance pour les artistes de tous les pays qui sont accueillis avec les moyens du bord mais avec le cœur», et la capacité des macédoniens «à suspendre les soucis et les drames pour réunir toutes les communautés.» Avant de rappeler «que les jeunes ont été soumis, pour leur grande majorité, à une obligation de visa qui limite leurs perspectives» et que «l’Europe est orientale»… En attendant la libre circulation des hommes, Skopje, multiculturelle et pluriethnique, a reçu à bras ouverts cette

déferlante d’artistes internationaux qui, souhaitons-le, enrichiront leurs pratiques à l’aune de leur expérience. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

(1) Notre Dallas sera jouée dans sa version complète le 23 mars 2010 au théâtre Antoine Vitez à Aix et le 26 mars à La Licorne à Cannes. (2) Pour le retour de la BJCEM à Marseille au printemps 2010, la sculpture devrait être réalisée en version monumentale (4m x 4m) et exposée dans un espace public.

Vue du Cifte Amam, un des nombreux lieux d'exposition de la biennale © Bernard Muntaner, BJCEM, Skopje 2009

SKOPJE 2009 en chiffres 10 jours 708 artistes âgés de 18 à 30 ans, 35 ans pour les metteurs en scène et chorégraphes 43 nations 354 productions en arts visuels et arts appliqués 262 performances urbaines, concerts, spectacles de théâtre et de danse 45 longs et courts métrages 34 lectures 13 performances gastronomiques LE COMITÉ FRANCAIS 4 territoires : Espace culture Marseille, Ville de Montpellier, Seconde nature, Agglomération Toulon-Provence-Méditerranée 27 productions en arts visuels, arts appliqués, théâtre, danse, littérature, musique (48 artistes)



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FESTIVALS

AVIGNON IN

Cité des Papes, des idées et du monde

Des témoins ordinaires © Agnes Mellon

Beau bilan, mauvais bilan… le Festival d’Avignon apparaît toujours comme le baromètre du climat théâtral international… À tort ou à raison chacun y attend des signes de santé ou de défaillance d’une profession en particulier et de l’art dramatique en général, alors même que les directeurs du Festival assument des choix esthétiques subjectifs, en accord avec l’artiste invité, et ne cherchent pas à construire un panorama exhaustif du théâtre mondial contemporain. Si l’on prend le Festival d’Avignon pour ce qu’il est, non pas le poumon du monde mais le plus beau des rendez-vous de théâtre… on ne peut que se réjouir de ce parti nouveau qu’il met en oeuvre, et qui consiste à ouvrir les cœurs de tous aux blessures du monde. Jamais la guerre n’a été aussi présente au Festival. Les guerres anciennes, antiques, la seconde guerre mondiale, mais aussi les guerres civiles, le Liban, et les guerres économiques dont le Gabon ou Madagascar sont toujours les victimes. Ces paroles-là, la danse/témoignage de Rachid Ouramdane, mais aussi la révolte tendre de Delbono, le récit personnel et historique de Niangouna, les gifles assénées par Raharimanana, la plongée dans les méandres mentaux du légionnaire

Mensuel gratuit paraissant le deuxième jeudi du mois Edité à 25 000 exemplaires Edité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse | n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Agnès Freschel Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture © Agnès Mellon Conception maquette Max Minniti

de Sonia Chiambretto, le roman photo paradoxal de Lina Saneh et Rabin Mroué (voir p 50) remuent profondément les spectateurs, et balayent les critères esthétiques d’un théâtre-art qui, depuis trop longtemps, s’attache à l’expression individuelle et néglige le politique. L’historien Gérard Noiriel, lors d’une séance du Théâtre des idées, expliqua lumineusement comment le théâtre s’est coupé des sciences sociales et comment, désintéressé du politique de peur d’être jugé «sociocul», il reproduit actuellement les scissions sociologiques dans ses salles (voir chronique p 72). Il n’est pas le seul: le lendemain, l’auteur de Storytelling, Christian Salmon, rappela combien le récit, la fable, est une arme dangereuse de propagande et d’appropriation de l’histoire. Que le théâtre bâtisse des contrefeux et se rapproche des sciences sociales et de l’histoire contemporaine paraît donc urgent… Visiblement beaucoup l’ont fait ! Peu importent alors les tics formels récurrents surutilisation de la vidéo, omniprésence des pieds de micros, du rock et des watts, de l’hystérie. Dans le détail? Peu importent les maladresses de Ciels, dernier

Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@wanadoo.fr 06 09 08 30 34

Musique et disques Jacques Freschel jacques.freschel@wanadoo.fr 06 20 42 40 57

Secrétaire de rédaction Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42

Frédéric Isoletta f_izo@yahoo.fr 06 03 99 40 07

Éducation Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr 06 03 58 65 96 Arts Visuels Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr 06 25 54 42 22 Livres Fred Robert fred.robert.zibeline@free.fr 06 82 84 88 94

volet de la tétralogie de Mouwad fondé sur une surenchère de péripéties et de révélations qui rendaient le tout un brin ridicule, haletant comme le Da Vinci Code, mais tout aussi vain. Peu importent aussi les enflures d’un autre type dont a fait preuve Warlikowski, metteur en scène sans doute génial mais qui n’a pu se décider à couper un peu dans la masse de textes qu’il avait retenu pour son (A)pollonia, ni à laisser de l’espace à ses acteurs statufiés par la mobilité incessante de la scénographie… Le surgissement de ce discours politique laissa par ailleurs la place à des perles formelles isolées : la quête de l’objet poétique au théâtre, menée par Claude Régy; la plongée dans le conflit dramatique primordial, opéré par Joël Jouanneau qui, refusant tous les artifices de la représentation contemporaine (amplification, bande son ou vidéo) ou antique (simplicité des décors costumes et accessoires), proposa un objet théâtral pur, mais ennuyeux ; la mise en œuvre ironique d’une distanciation baroque et foutraque, qu’opéra Hubert Colas (voir Zib 21)… Encore une fois durant un mois de théâtre la parole, la critique, le bonheur et le lien étaient partout. Le théâtre visiblement utile, vital. Reste à espérer que l’aventure se poursuive malgré la crise du secteur, les baisses de subventions, la fin du second mandat des directeurs en 2011… Et rappelons que le théâtre n’est pas qu’à Avignon : des saisons variées et riches s’annoncent partout malgré un contexte difficile ; le théâtre se fait aussi ailleurs ! AGNES FRESCHEL

Avignon en chiffres 23 jours de Festival, 21 lieux 42 spectacles dont 31 créations 275 représentations 125000 billets payants délivrés, soit 94% des places vendues 13000 billets pour les manifestations à entrée libre (Expositions, Théâtres des Idées, lectures) 2600 spectateurs pour les Territoires cinématographiques (voir p.50) 33 metteurs en scène, chorégraphes et plasticiens dont 4 femmes

Sciences et techniques Yves Berchadsky berch@free.fr Histoire et patrimoine René Diaz renediaz@free.fr

X-Ray x-ray@neuf.fr 06 29 07 76 39

Polyvolantes Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10

Cinéma Annie Gava annie.gava@laposte.net 06 86 94 70 44

Maryvonne Colombani mycolombani@yahoo.fr 06 62 10 15 75

Philosophie Régis Vlachos regis.vlachos@free.fr

Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56 Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr

Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com 06 19 62 03 61 Ont également participé à ce numéro : Emilien Moreau, Dan Warzy, Yves Bergé, Marie-Noëlle Vigreux, Emma Viry, Sandra Raguenet, Christine Rey Photographe : Agnès Mellon 095 095 61 70 Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 LA RÉGIE Jean-Michel Florand 04 42 49 97 60 06 22 17 07 56


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De vos gorges poignardées Thierry Bédard ne pouvait s’en tenir à l’échec de sa première collaboration avec Raharimanana -doucement censurée par le ministère des affaires étrangères, qui avait annulé la tournée de 47, spectacle sur les massacres perpétrés par l’État Français à Madagascar. Il a demandé à l’auteur malgache d’écrire à nouveau pour lui. Mais cette fois lui a posé une question précise: comment voit-on l’Occident lorsqu’on habite un pays qui meurt de faim, et a subi depuis toujours l’oppression des blancs ? Car c’est de cela dont il est question : l’esclavage, puis la colonisation, puis l’exploitation économique et la destruction écologique. Toutes les morts imposées à un peuple, par un autre, qui va bien. Le spectacle est rude. On peut s’accrocher à ses imperfections formelles pour ne pas y adhérer, pour ne pas le prendre en pleine poire ; on peut aussi le contester lorsqu’il dérive, gravement, parlant de «l’extermination» perpétrée par les «Juifs» sur les Palestiniens, la double confusion terminologique assimilant tout Juif à Israël, et leur sale guerre et oppression à un génocide en règle, ce qu’elle n’est pas. Mais hors cette dérive il faut bien admettre que le Cauchemar du Gecko fait trembler d’effroi. Parce qu’on nous dissimule au quotidien l’abominable domination

«Salut vieil océan...»

Les cauchemars du gecko © Agnes Mellon

des Blancs sur les Noirs. Qui continue, sous cette autre forme perfide qu’est l’exploitation économique. L’Afrique n’a jamais été aussi exsangue. La voix de notre président à Dakar, lorsqu’elle résonne dans le contexte du spectacle, nous fait rougir d’être blanc. AGNES FRESCHEL

La croix de ma mère ! Angelo est le petit frère italien de Ruy Blas version total despote en prose ; ce drame savoureux qui dénonce oppression politique et tyrannie domestique a rencontré un vif succès en son temps (1835), une fois essuyées les batailles d’enjambements et d’escaliers dérobés chers à l’esthétique romantique ; Christophe Honoré, malicieusement, en fait tout un échafaudage et avec ses coursives et échelles de secours jette ainsi des ponts entre théâtre et cinéma ; Padoue West Side, ombre et lumière, rails de travelling, labyrinthe des tubulures, cathédrale des passions, voix captées et voix perdues : le programme est limpide comme une préface de Hugo ! Plateau commun, jeux mêlés. Et tout se déroule comme il se doit entre main sur le cœur et distance ironique : c’est que le mélo n’est pas une mince affaire ! Les premières scènes font craindre le pire et l’exposition est à la peine ; le texte se dérobe comme les cuisses de la Tisbé, pourtant favorite, sous les assauts maladroits du tyran et les effluves disco d’une fête branchée… et

puis et puis la gouaille de Clotilde Hesme impose la prostituée au grand cœur et la martyre exaltée ; Marcial Di Fonzo Bo en baggy Yamamoto réussit sa traversée des registres, et dans sa rage de puissant trahi frôle parfois l’ombre de Louis de Funès. Traîtres brandissant des micros sur pied -mais que faire de la perche ?- gestes entravés, tueurs polyglottes et étourdis, proscrit fadasse aimé des femmes, épouse vertueuse et bafouée incarnée par une Emmanuelle Devos justement fragile, poignard et poison… Une mise en scène qui agace les dents, un peu verte, pour un théâtre éternellement juvénile et un Hugo pas trahi (le seul dans cette histoire !!). MARIE-JO DHO

Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugo mis en scène par Christophe Honoré a été donné au Théâtre Municipal du 12 au 27 juillet

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Théâtre et Poésie font parfois bon ménage : bienheureux le Verbe qui trouve sa scène ! En ouvrant au public d’Avignon les voies de la longue et foisonnante Ode Maritime de Fernando Pessoa, le rigoureux Claude Régy repousse et dépasse l’horizon des genres pour créer les conditions d’une parole qui fait se lever la houle qui dort en chacun. Un homme «seul» (le premier mot du poème en portugais, qu’incarne instantanément le corps massif de Jean Quentin Châtelain), au bout d’un ponton d’acier suspendu dans la lumière subtilement changeante, brise le silence, jette en avant son exaltation mouvante ou reflue vers des abîmes plus intimes. Coudes au corps deux heures durant, à peine dessiné dans son halo -et par trois fois seulement les mains se portent à l’ovale de la bouche, conque sacrée ou portevoix, souffle des dieux ou des steamers-, l’acteur profère, halète, mugit, murmure, râle ou hoquette de sa voix multiple, fissurée, parfois à contretemps, pulvérisant la bête notion d’expressivité, se livrant tout entier à cette fête sauvage que n’aurait pas reniée Antonin Artaud. Tout vibre enfin (la première a été annulée par le metteur en scène faute d’un son qui soit «ça» et rien d’autre !), des tubulures flottant dans la demi-brume au spectateur à demi-hypnotisé pour peu qu’il ne refuse ni les outrances ni les divagations lyriques très maîtrisées d’un acteur hors du commun. Depuis le Discours aux animaux de Novarina / Marcon, on connaît bien le frisson d’essentiel que peut donner la rencontre d’un auteur, d’un acteur et d’un metteur en scène ! M.J D.

Ode Maritime de Fernando Pessoa a été donné à la Salle Municipale de Montfavet du 9 au 25 juillet Voir également les critiques du Sang des promesses (Wajdi Mouawad), du Livre de Jan (Hubert Colas), de l’Orgie de la Tolérance (Jan Fabre), de Description d’un combat (Maguy Marin) de La Guerre des Juifs (Amos Gitaï) et d’Une fête pour Boris (Denis Marleau) dans notre numéro de juillet ou sur notre site www.journalzibeline.fr.

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FESTIVALS

AVIGNON OFF

Puis quelques souvenirs du off, à la programmation plus abondante que jamais… et qui comme toujours (mieux que toujours ?) recelait de véritables trésors…

Un festival de corps, d’âmes, de jeunesse… de tomates À la Manufacture, la Cie Fraction et les Ephémères Réunis ont présenté un Baal de Brecht remarqué. En choisissant la 1re version du texte, traduite par Laurent Mulheisen, et de jeunes acteurs, le metteur en scène JeanFrançois Matignon rallie avec évidence la fougue et l’énergie de la jeunesse, encore libre des censures et des retenues. Si l’on mesure dès la 1re scène le talent et le potentiel de l’acteur principal, le sanguin et physique Alexis Schweitzer, on regrette que certains «seconds rôles» n’aient pas été portés par des comédiens pouvant lui faire face. Ce Baal est un prédateur cannibale, immoral, un poète rimbaldien vénéneux, un ogre portant sa croix et son sexe. Il use et se fait abuser par son pouvoir et sa soif de lyrisme. Il épate la galerie mais reste un enfant face à une mère déçue («tu ne m’as pas procuré un seul moment de bonheur depuis que tu es né»). La bande son grinçante est renforcée par des lumières impeccablement justes. Ce spectacle, un peu long, rend le texte parfois fatigant -il perd sa dimension poétique en oubliant la magie de la suggestion- mais il mériterait réellement d’autres moyens. Ceux du In? Il résonne étrangement avec la proposition de Jan Fabre qui cet été, dans l’Orgie de la Tolérance, dénonçait avec humour la surconsommation, en l’occurrence de sexe. Alors que les corps se déploient et les âmes se blessent dans Baal, le Théâtre du Mouvement dans Je pense donc ça se voit cherche et dévoile par le geste ce que le cerveau pense et ne dit pas. Emmenés par Yves Marc, les trois danseurs-comédiens, délicieusement espiègles, tiennent un spectacle conférence hilarant qui glisse vers le burlesque poétique, sur les bases de connaissances scientifiques rigoureuses et de dérapages inconscients. Et surtout, avec une maîtrise du corps qui nous démontre la formidable machinerie dans laquelle nous vivons. «Même si ça se voit quand on pense, nous ne savons rien… ou si peu !» concluront ces trois trublions sur la scène du Théâtre Golovine. Au Théâtre du Ring, Le Bonheur de la

tomate de Bernard da Costa a continué son chemin, entamé l’été dernier avec succès. Cette rencontre improbable entre une vieille dame incarnée par l’attachante Marie Pagès, également metteur en scène, et un jeune délinquant que porte subtilement (et physiquement) Karim Hammiche, relève de la fausse légèreté du conte philosophique, genre qui dénote agréablement dans les propositions actuelles. Prétexte métaphorique, la culture des tomates de Clémentine aidera Karim à s’élever et à croire en la nature humaine. Et, en premier lieu, en lui. Dans une scénographie ingénieuse et surprenante, ils tenteront de démontrer que «le jardin se fait déjà dans sa tête». Les protagonistes se prouvent mutuellement, en évitant la démagogie facile, que la vie comporte des trajectoires heureusement inattendues. En équilibre certes mais jamais définitives. Autre fable, autre contexte. La réalité sauve le virtuel dans l’incisif et inquiétant Chatroom écrit par Enda Walsh présenté au Théâtre des Doms (qui offre une programmation toujours étonnante). Le théâtre de Poche de Bruxelles a touché également un large public avec une cyber-version troublante de Sa Majesté des Mouches. Six adolescents livrés à eux-mêmes sur la toile créent un acte ultime de rébellion organisée. Vissés à leurs chaises et leur monde d’ados, les comédiens, tous excellents -notamment le jeune Jim interprété par Julien Vargas-, balancent à toute vitesse leurs propres règles sur des sites douteux, débarrassés de la société des adultes. «On est des jeunes, c’est maintenant qu’il faut faire chier, se rebeller, faire la révolution». L’auteur recrée l’escalade procurée par l’isolement du web, et l’odieuse machine infernale dans laquelle le manque de repères peut entraîner. Douloureux de penser qu’à 15 ans les ados sont aussi pertinents et amers. Le malaise gagne peu à peu. Comme une poussée de fièvre, qui se termine heureusement. Le Théâtre du Balcon a affiché complet pour la dernière

Le bonheur de la tomate © X-D.R.

création de Serge Barbuscia, La disgrâce de Jean Sébastien Bach. Retraçant l’épisode de l’incarcération pendant près d’un mois de JS Bach par le Prince de Weimar, le texte de Sophie Deschamps et Jean-François Robin traite du combat de Bach contre l’obscurantisme et sa lutte pour une création sans contraintes. Un huis-clos historique, à la distribution méritante -mais pas toujours inspirée- et la réalisation très classique mais pas toujours inspirante. Mais qui rappelle, par analogie, les difficiles relations -actuelles- entre l’artiste et le pouvoir: la création ne peut être soumise à la volonté d’un prince. Une mention pour la soprano Aurélie Barbuscia, incarnant l’épouse du compositeur indomptable, qui illumine le spectacle lors de ses apparitions. DELPHINE MICHELANGELI

…de passion… Au départ une pièce est portée à l’écran par John Greyson en 1996. Les prix et les récompenses pleuvent. Il s’agit d’une œuvre phare au Canada, Les Feluettes (titre original Lilies) de Michel Marc Bouchard. La cie Naceo s’en est emparée, en donnant une interprétation magistrale et sensible. Cette répétition d’un drame romantique instaure une esthétique de théâtre dans le théâtre dans la grande tradition baroque, laissant le romantisme apparaître dans le jeu vibrant de l’amour et de la mort, l’écroulement d’un univers, l’exacerba-

tion des sentiments, la fragilité d’êtres trop sensibles, leur inadéquation au monde, la tragique impossibilité de vivre. Le spectateur entre dans une salle quasi obscure, croise des prisonniers énigmatiques. Décor nu, un crucifix seul domine le mur de fond. Une pièce est donnée par des prisonniers à l’évêque Bilodeau, qui évoque les amours adolescentes tenues secrètes de deux jeunes gens Simon et Vallier. Comment Vallier est-il mort tragiquement ? Quel a été le rôle de l’évêque ? Pourquoi Simon s’est-il retrouvé en prison ? Les acteurs, dirigés

par Olivier Sanquer, jouent tout en pudeur, en passion contenue. Troupe entièrement masculine, tradition élisabéthaine ? Il y a du Shakespeare là-dedans, avec ces Roméo et Juliette des temps modernes. Un spectacle dense, un moment de théâtre exceptionnel! MARYVONNE COLOMBANI

Les Feluettes ont été jouées à L’Atelier 44


…et de maîtrise Il n’est pas si fréquent de se faire gifler par un spectacle. Dans la petite salle du Ring chacun retenait sa respiration. Poupée anale nationale est un spectacle violent, dérangeant, inquiétant, cru. L’adaptation du texte d’Alina Reyes est ici magistrale -la forme du cabaret-rock permet une distance salutaire avec le texte-, la comédienne Heidi Brouzeng époustouflante, et l’on digère comme on peut cette histoire éprouvante de Poupée qui se raconte : femme d’un chef de parti d’extrême droite, qui aimerait prendre sa place, elle est, sous ses faux airs de douce idiote, l’incarnation de l’esprit fascisant, et du terme «nettoyage» dans des propos hygiénistes hallucinants. Elle finira d’ailleurs par appliquer ses principes exorbitants sur elle-même -notamment lors d’une terrible scène d’avortement-, jusqu’à sombrer dans une folie qui ne libère en rien le propos. Tout ici est intelligent, la musique de Denis Jarosinsky -qui accompagne Heidi Brouzeng sur scène-, les lumières qui soulignent et suggèrent les espaces imaginaires d’où l’on frissonne encore en ressortant…

Il faut qu'une porte soit ouverte... © BM Palazon 2008

Adaptation toujours, celle du roman de Jean-Paul Dubois, Vous plaisantez, monsieur Tanner au théâtre Buffon, qui est une petite merveille d’inventivité scénographique. L’histoire -un personnage aux prises avec les différents ouvriers, branques ou fantasques, qui défilent dans la maison dont il a hérité et qu’il retapeest portée par un comédien épatant, Roch-Antoine Albaladéjo, qui joue seul la pléiade de personnages en question. Avec, comme pour souligner sa lente dégradation mentale, un décor surréaliste fait de tuyauterie enchevêtrée non raccordée, d’échafaudages instables, de W.C. oublié en hauteur, d’interrupteurs autonomes qu’il parcourt en tous sens… L’absurdité des situations crée une galerie de portraits touchants et drôles d’où se dégage beaucoup d’humanité. Une bonne surprise enfin, comme le Off en procure au détour d’une programmation pléthorique : Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée de Musset au Théâtre de la Luna, mise en scène (et jouée) par Isabelle Andréani à qui l’on doit aussi le délicieux lever de rideau, La clef du grenier d’Alfred. Un préambule qui met en situation la servante et le cocher de Musset (Xavier Lemaire) se retrouvant dans le grenier à la recherche d’un harnais et découvrant là des fragments de pièces, des lettres, des manuscrits… Enivrés par leurs lectures ils décident alors de jouer Il faut qu’une porte…, deviennent marquise et comte se déclarant leur amour jusqu’à confondre sentiments joués et réels. C’est brillant, talentueux, jubilatoire. DOMINIQUE MARÇON

Poupée anale nationale © X-D.R.


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FESTIVALS

JAZZ DES 5 CONTINENTS | SIX-FOURS | TOULON | LA CIOTAT

Jazz, Koto et Chrysanthèmes Le Festival Jazz des 5 continents a proposé en juillet un programme très éclectique, qui a débuté par un grand concert gratuit sur le cours d’Estienne d’Orves. Imaginez un peu : le Leotrio avec en invités Kirk Lihgtsey et John Betsch, le Saiyuki trio représentant l’Inde et le Japon avec une superbe joueuse de Koto, et encore le sextet de Christophe Leloil, dont chaque apparition est un plaisir. Après cette soirée d’ouverture le 10e Festival a continué d’offrir une programmation de tous les continents. Zibeline y a fouiné un peu, notamment le 22 juillet. Le Belmondo All Stars Sextet a rendu hommage, lors d’un concert exceptionnel, au très grand trompettiste Freddie Hubbard disparu fin 2008. Glenn Ferris au trombone, Eric Legnini au piano, Thomas Bramerie à la contrebasse, le batteur André Cecarelli et enfin les frères Belmondo : Lionel au saxophone et Stéphane à la trompette et au bugle. Également batteur et accordéoniste,

En v’la du Jazz Pour sa vingtième année d’existence, Jazz à Toulon proposait une programmation gratuite et éclectique fidèle à son principe de départ ; un jazz tous azimuts et pour tous

celui-ci est passé par le Conservatoire de Marseille et enseigne à l’Institut Art Culture Perception (IACP) fondé en 1976 à Paris par Alan Silva. Chet Baker qui l’avait présenté en 1987 comme le trompettiste européen le plus prometteur ne s’était pas trompé! Monty Alexander a pris place ensuite sur la scène, accompagné du contrebassiste Hassan Shakur et du batteur Georges Fludas. On ne présente plus ce pianiste débordant de talent ; on gardera juste en mémoire le célèbre refrain de cette composition Isn’t she lovely qui était dans nos têtes en sortant du Parc Longchamp. Alors pourquoi les chrysanthèmes ? Pour la pinède marseillaise, partie ce soir-là en fumée, sinistre découverte après notre retour d’une très belle nuit...

À la différence de certains festivals souvent plus connus sur la côte d’Azur, sa spécificité reste de proposer des concerts au sein même de la ville et de ses différents quartiers sur des scènes qui se déplacent donc chaque soir. Sans sacrifier à la mode, il programmait un jazz tantôt «World» avec le contrebassiste Renaud Garcia-Fons, tantôt «pop» avec le guitariste nigérian Keziah Jones, mais une fois encore, cette diversité laissait la part belle à un jazz plus «pur» que d’aucuns qualifient de traditionnel. On gardera sans conteste en mémoire la superbe prestation du Sangoma Everett Quartet auquel s’était ajouté le grand saxophoniste ténor Steve Grossman. Sur une rythmique implacable menée par le leader de la formation accompagné du discret et efficace Mathias Allamane à la contrebasse, Alain Jean-Marie au piano livrait de subtiles harmonies chatoyantes tandis que le saxophoniste très en forme s’enflammait dans des chorus d’un lyrisme et d’une puissance éblouissants. On retiendra notamment une version inoubliable de In a sentimental mood, splendide standard immortalisé par Duke Ellington et John Coltrane. L’hommage de Stéphane Huchard et de sa formation au grand batteur Art Blakey fut lui aussi une réussite, de même que les soirées avec le quintet d’Andy Jaffe et le quartet de Bob Mintzer avec Nicolas Folmer en invité, toutes deux placées sous le signe d’un jazz dans la plus pure tradition servi par des interprètes à la technique et à la musicalité sans faille. Cette édition du festival était une fois encore une réussite !

DAN WARZY

Le Festival Jazz des 5 Continents a eu lieu du 20 au 25 juillet 2009 à Marseille

Entre Bec de l’Aigle et Île Verte Un plaisir de plus que ce festival gratuit à L’Escalet, sur le Port-Vieux de La Ciotat ! Raymond Saniez, son principal ambassadeur, est un véritable militant du Jazz et anime depuis 19 ans l’Atelier Jazz Convergences qui propose éducation musicale, concerts... La soirée de clôture a présenté le quartet Yadès avec un programme de compositions personnelles. Une musique en tension, hors des schémas habituels et dans un environnement, un son spécifique et vraiment original. Le dialogue des instruments est arrangé au cordeau dans une rythmique souvent soutenue qui ne laisse jamais décrocher l’auditeur. Les thèmes développés,

récurrents, tournent, encore, comme si on voulait les épuiser complètement… Notamment dans le morceau Aqsaq où la guitare est utilisée comme un oud par Renaud Matchoulian, à l’unisson avec le saxo soprano d’Alain Venditti, la contrebasse de Laurent Cabané qui nourrit le son avec l’archet et la batterie de Nicolas Aureille, toujours là au bon moment. La seconde partie de la soirée fut d’une tout autre coloration : le groupe Styles, formation ardéchoise, a interprété des reprises de rythm and blues et de soul music avec des accents jazzy ; occasion de regagner mes pénates...

© Dan Warzy

Le 11e Festival Jazz en Août s’est déroulé à La Ciotat du 4 au 8 août www.jazzconvergences.com

DAN WARZY

L’île de la tentation Cette 13e édition des Voix du Gaou a réjoui les oreilles dans un lieu toujours magique

Asian Dub Foundation © Philippe Meunier

Le festival s’est ouvert avec le très sensuel Lenny Kravitz : lunettes de soleil, veste jetée sur l’épaule, petit foulard et jean –euh, comment dire? Sexy est un euphémisme ! Entouré de ses huit musiciens, de 8000 spectateurs et de tout l’éclairage digne d’un show à l’américaine, Lenny n’a pas déçu. Une voix très rock, des solos de guitare à en faire pleurer les cigales, une présence et un charisme étonnant de simplicité. L’artiste aime jouer en France, adore ses fans jusqu’à les prendre en photo pendant le concert ! Côté set liste, rien à redire, du lourd avec entre autres Fly Away, Flower Child, American Woman et deux versions longues de I’ll be waiting et Dancin’Til Dawn pour un concert de deux heures trente de déhanchés inoubliables. Asian Dub Foundation fut également un pur moment de gros son la tête sous les étoiles, rythme puissant mais public clairsemé que les musiciens n’ont pas vraiment réussi à faire décoller. Les Fatals Picards et leur énergie festive avaient pourtant donné le ton, tant le charisme délirant du chanteur et le public fidèle connaissant les chansons par cœur avaient placé la barre haut. Soleil couchant dans la pinède et joyeux bazar sur scène, le rythme cardiaque du Gaou bat fort, et on n’évoque même pas le retour sur terre de Motorhead ! Dans un environnement magnifique grâce à une équipe aux petits soins : les efforts pour organiser un écofestival qui laisse le site propre étaient lisibles, charte écolo-gique oblige ! Un très beau Gaou. EMMA VIRY

EMILIEN MOREAU

Jazz à Toulon s’est déroulé du 16 au 26 juillet

Stephane Huchard © X-D.R

Varié comme jamais, le Gaou se présente : éclectique et touche à tout décliné en soirées à thèmes qui s’annoncent électro, rock, jeunes talents, nuit reggae... On ne les présente plus : Tryo, Motorhead, Bernard Lavilliers, Rokia Traoré, Pascale Picard, Alpha Blondy, Max Romeo, Buju Banton étaient à l’affiche de cette nouvelle édition la deuxième quinzaine de juillet. S’ajoutaient à ces pointures des révélations plus récentes telles que Pep’s, Zaza Fournier, Pauline ou Manu Larrouy. Les «premières parties» ont pu se frotter au public déjà conquis en début de soirée, bénéficiant par ailleurs de moments privilégiés en back stage avec leurs «aînés».



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FESTIVALS

LA ROQUE | AIX

Des nouvelles de l’Olympe Le roi des instruments a, pour la 29e année, soulevé les âmes Nikolaï Lugansky et l’Ensemble orchestral de Paris, dirigé par Lawrence Foster, ont proposé le 26 juillet un concert très romantique

Une carte blanche à Katia et Marielle Labèque pour une nuit des sens et des sons, le 27 juillet Nicolai Lugansky et Lawrence Foster © Xavier Antoinet

L’Ouverture Les Hébrides (Grotte de Fingal), de Mendelssohn, démarrait le programme : évocation de l’Ecosse, mer calme et déchaînée… Les cordes répondent aux bois dans deux thèmes très marqués d’où se détache le basson, avant le déferlement de l’océan emmené par le chef. Puis le 4e concerto de Beethoven : l’héritier de la grande École russe Lugansky fut tour à tour brillant et sensible ; jeu clair et détaché, très mozartien du premier mouvement, puis habité dans l’Andante con moto, respirant avec l’orchestre, ses fins de phrases comme des appels au chef pour reprendre le dialogue : magique. Le Rondo vivace, virtuose, amenait un triomphe mérité et des rappels chaleureux. Le bis (Carnaval de Schumann) donnait toute sa signification au mot romantisme : délicatesse et passion. Pour conclure, la deuxième symphonie, composée à 18 ans par Schubert. La

Les sœurs, en blanc et noir, ont enthousiasmé le public par leur prodigieuse technique et une sensibilité incroyable. Une première partie consacrée à Debussy, Schubert et Stravinsky. En Blanc et Noir de Debussy, composé pour deux pianos pendant la première guerre mondiale, reproduit des citations de poètes français dans des changements de climat et de couleurs surprenants : un éblouissant dernier scherzo. La Fantaisie en fa min de Schubert pour piano à quatre mains fut une belle respiration : le thème en écriture pointée, joué par Katia, com-

direction souple, énergique, jubilatoire de Lawrence Foster, chef d’un âge respectable qui semble tout jeune dans son exubérance, laisse apparaître le passionné d’ouvrages lyriques. Le pupitre des cordes est superbe et les vents apportent leurs couleurs très expressives dans l’Andante constitué de cinq variations. Un triomphe pour ce magnifique orchestre de Paris. Offrant dans un bis généreux des danses de Bartok aux couleurs modales, populaires et dissonantes comme un final vibrant.

Puis David Fray le 1er août, dans une démonstration sensible puis virtuose David Fray rend d’abord hommage à Schubert. Un piano Bechstein est son complice. L’Allegretto en ut mineur, pièce de forme ternaire, fait alterner les passages populaires et ténébreux, légers et violents. David Fray, le regard qui s’évade en des communions solaires, semble habité par cet univers. Le Klavierstück n°2 en mi bémol majeur est un refrain d’allure champêtre, mélodie proche d’un Lied entourant deux couplets, l’un tragique, l’autre plus tourmenté. Lyrisme et mélancolie légère apportent un raffinement sans démonstration. Les Six Moments Musicaux sont la continuation de cette douce rêverie. Comme les pièces David Fray © Xavier Antoinet

courtes très romantiques de Chopin, Schumann, Brahms, ces œuvres permettent de passer d’un Scherzo obsédant et répétitif à un Andante poignant, de guirlandes de doubles croches effleurées par le pianiste à des motifs harmoniques, rappelant un choral (Moment n° Six). En Bis, le célèbre Impromptu n°2 de Schubert et les Scènes d’enfants de Schumann comme une ultime révérence : lyrisme contenu, chant permanent et fragile. Deuxième partie : la Partita pour clavier n°6 de Bach permet à David Fray de montrer tout son talent et sa science de la musique baroque. La musique de Bach est libre : pas d’indications de nuance, de tempo, c’est au musicien d’en comprendre l’architecture générale, ce que réalise le pianiste avec une belle finesse de toucher et une maîtrise de tous les éléments techniques (ornements, trilles, gammes, arpèges). La Toccata, suivie d’une fugue, contraste avec les syncopes et triples croches de la Courante vertigineuse, l’Air joyeux en basse continue et la Sarabande plus tragique sont une parenthèse avant la Gigue finale, fugue à trois voix, jouée avec insolence où s’affirment des septièmes diminuées très expressives coupées de silences. Le cercle fragile de la sensibilité schubertienne et l’univers harmonique et contrapunctique de Bach sont des paris aussi osés. Un beau moment musical ne vaut-il le plaisir de la virtuosité ?

me suspendue au souffle pianissimo de l’accompagnement de Marielle, puis les guirlandes de l’Allegro vivace égrenées avec un toucher magique… La première partie s’acheva diaboliquement avec le concerto pour deux pianos de Stravinsky : une densité sonore, une fête de la couleur et du rythme. En bis La Campanella de Liszt atteignit des sommets d’exubérance vertigineuse. La deuxième partie, hommage à Ravel, fut tout aussi éblouissante. Katia et Marielle, basques, étaient dans leur jardin. Elles effleurent le piano (un fée-

Marielle et Katia Labeque © Xavier Antoinet

rique Jardin Féerique de Ma Mère l’Oye) mais savent se jeter à corps perdus dans la folie des rythmes ravéliens (Malagueña de la Rhapsodie Espagnole). Le Bolero festif et communicatif, enfin, avec des amis percussionnistes basques, l’ostinato rythmique passant des bois, aux peaux, aux percussions corporelles et à la chalaparta, quelques planches de bois : «ce n’est pas un instrument, c’est juste une musique» concluait le jeune interprète Paxkal Indo. Enfin la carte blanche permit d’associer la sœur catalane Mayté Martin, chanteuse flamenca : programme exclusivement hispanique, populaire (Zorongo ou tango) et savant (Berceuse de Manuel de Falla, Granados, Rodrigo) ainsi que la découverte de compositeurs peu connus, Amargós, Montón, une apothéose plus intime. Les belles inflexions de la chanteuse (ornements, chromatismes, art du cante jondo, chant profond d’Andalousie) semblaient parfois se perdre dans l’immensité du lieu au terme d’une soirée qui demeura pourtant exceptionnelle ! YVES BERGÉ


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à La Roque… Lugansky encore, le 2 août… C’est avec la suite bergamasque, première œuvre marquante de Debussy aux accents verlainiens, qu’il ouvre la soirée au parc du Château de Florans. D’entrée, le ton est donné : clarté, sobriété, richesse de la palette sonore… Lugansky semble improviser une suite d’arabesques pour nous plonger dans le climat lunaire et fantastique du Clair de Lune. De la tendresse, puis l’angoisse du glas des basses… Le dialogue entre les deux mains symbolisant les deux personnages de ce colloque sentimental naît, s’anime et s’apaise. Chopin ensuite, avec la 3e sonate en si mineur op. 58. Quatre mouvements pour convaincre du toucher de ce grand pianiste qui nous émeut dans le largo par

leur chant, puis nous emporte littéralement dans le final : aucun effet n’est jamais forcé ; la légèreté des volutes de la main droite, la vélocité inégalée des gammes et des arpèges alternent avec un chant bouillonnant jusqu’à une fin démoniaque à souhait qui soulève un tonnerre d’applaudissements. La deuxième partie du récital fut consacrée à Rachmaninov, avec la partita n°3 pour violon de Bach transcrite pour piano par le Maître, et les Études tableaux op.33 ; huit mouvements où se superposent des climats sonores très différents: passages rythmés et rebondissants, ambiances plus fantasmagoriques, carillons de cloches, arabesques en parfaite symbiose avec le frémissement du vent

Nicolai Lugansky © X-D.R

les accents graves et pudiques de la main gauche, la profondeur des accords et la fluidité des deux mains mêlant

qui se lève à ce moment de la nuit dans le feuillage des grands arbres du parc. Nicolaï Lugansky excelle dans les contrastes, et par sa technique fulgurante ne sert que la musique. Sa main droite court parfois si vite qu’il ne reste plus qu’une impression sonore d’éclair, de météore. Rappelé trois fois, il offre encore au public un prélude de Rachmaninov op 32 en sol # mineur, l’étude de Chopin op 10 n°8 que l’on a rarement entendue ainsi, en demi-teinte et légèreté, pour finir par la Première arabesque. La boucle est bouclée ! Le public le laisse échapper à regret.

Martha Argerich et Nelson Freire le 5 août re d’un chant venu d’outre-tombe que les cigales du parc elles-mêmes, frappées de mutisme, reconnurent comme divin. Chacun est suspendu à une mélodie qui ne passe même plus par le biais d’un instrument. Dans le deuxième mouvement au tempo de valse incertaine, l’hésitation parfaite des deux musiciens nous emporte tout en nous laissant régulièrement sur le bord de la piste. Le final, brillant, jubilatoire, staccato, relance la danse macabre du début : cette fois, ce n’est plus un piano que l’on entend, mais 3 ou 4, tout un orchestre. Après l’entracte, les deux interprètes nous font découvrir une œuvre moins connue, le Concertino pour deux pianos de Chostakovitch, avant de jouer à quatre mains le Grand rondo en la majeur de Schubert dans lequel ils semblent réinventer la partition qu’ils jouent. Pour terminer en apothéose, ils ont choisi la Valse de Ravel, dont la version pour deux pianos a servi au compositeur pour écrire sa version orchestrée. On assiste à la

naissance d’une valse du tréfonds des basses du piano les plus inquiétantes et les plus tragiques jusqu’à la lumière. On est subjugué, happé dans un univers fantasmagorique. Ovationnés par le public, Nelson Freire et Martha Argerich ont encore joué un extrait de Ma mère L’Oye de Ravel, pour renouer avec le classicisme du début de concert, le dernier mouvement particulièrement enlevé de la Sonate pour deux pianos K 381 de Mozart.

Silvacane ? La pianiste joue avec la partition et raconte effectivement son expérience musicale personnelle du clavier : on est loin de la prouesse et de la perfection techniques, plutôt dans le partage d’un lien très intime. Zhu Xiao-Mei tourne les pages du livre pour nous offrir successivement une prière, un choral, une explosion de joie, un moment de paix et de sérénité retrouvées… MARIE-NOËLLE VIGREUX

MARYVONNE COLOMBANI

Zhu Xiao-Mei © X-D.R.

Zhu Xiao-Mei et Bach le 6 août au Cloître de Silvacane Une longue histoire unit la pianiste chinoise avec Jean-Sébastien Bach. Elle la raconte dans son livre de témoignages paru en 2007 chez Robert Laffont, La rivière et son secret. Alors qu’elle est enfermée sans piano

dans un camp pendant la révolution culturelle, au moment même où se dessinait sa carrière, elle trouve la force de survivre grâce au livre I du Clavier bien tempéré qui ne la quitte jamais. «Ce que j’ai vécu fait que mon approche de la musique ne peut pas être intellectuelle. Ce que je cherche, en jouant, c’est à montrer aux gens toutes les beautés d’une œuvre, à les toucher.» Quel lieu plus propice pour une communion avec son public que l’abbaye de

Saut de siècle Le concert du 2 septembre au Musée Granet, au pied de l’exposition Picasso, unissait par leurs œuvres les trois musiciens de son célèbre tableau : Eric Satie, Igor Stravinsky, Manuel de Falla. Cette musique a presque un siècle et on entendait la langue grâce à la lecture des poèmes d’Eluard, de Prévert, Garcia Lorca, Rafael Alberti, Cocteau, par la belle voix de Jean Claude Nieto… Dans l’air immobile -que seul vient troubler la soufflerie de la climatisation-, un concert d’une finesse exceptionnelle se joue. Timbre clair aux subtils pianissimi, Brigitte Peyré chante avec une intelligence du texte qui lui permet de passer d’une émotion à l’autre en conservant une parfaite justesse. Philippe Azoulay livre une interprétation toute en finesse de Sevillana ou de Fandanguillo, en opérant un détour par le difficile et complexe Maurice Ohana. Laurent Wagschal montrait quant à lui deux facettes de son talent, celui d’interprète et d’accompagnateur. Justesse et virtuosité, mais aussi, une main légère sur les touches pour accompagner les pianissimi de la chanteuse. «Montrez-moi le ciel dans une seule étoile» murmurait Eluard. Ce soir-là, trois étoiles s’étaient posées dans un angle du jardin du musée Granet, pour un concert intimiste et virtuose.

Martha Argerich © Adriano Heitmann

Quel privilège de pouvoir écouter et voir les deux monstres du piano qui forment désormais un duo consacré ! Ces deux personnalités si marquées parviennent généreusement à mettre en sourdine leur aura personnelle pour servir la musique et atteindre la perfection d’ensemble. Le concert démarre avec les Variations sur un thème de Haydn de Brahms. Dès la troisième l’unisson est là, on ne distingue plus lequel des deux pianos joue le chant qui coule au son persistant des cigales. Des cascades de notes dévalent avec fougue avant le retour au choral du début, détourné de son caractère initial pour se faire endiablé. Après cette entrée en matière, les deux maîtres du piano s’attaquent à la dernière œuvre de Rachmaninov, les Danses symphoniques, initialement intitulées Danses fantastiques, transcrites pour deux pianos. Un début sauvage, presque agressif, aux attaques incisives particulièrement martelées d’une danse macabre, laisse soudain la place à la magie sono-


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FESTIVALS

ORANGE | AIX

Vérisme cathartique Les opéras de Mascagni et Leoncavallo ont plongé les Chorégies dans la violence d’une Sicile et d’une Calabre figées par le code sanglant de l’honneur La mort de Turiddu doit laver l’adultère le jour de Pâques (Cavalleria Rusticana 1890). Jean-Claude Auvray, metteur en scène, étale un immense chapelet et un Christ en croix devant l’église ; tons monochromes des costumes (noirs-gris) à peine rehaussés par les blancs chemisiers des femmes : ambiance âpre pour cette tragédie paysanne, aux chœurs puissants et homogènes. La distribution est excellente : Béatrice Uria Monzon débute dans Santuzza : voix magnifique, engagement impressionnant en cette douleur de femme trahie. Roberto Alagna, Turiddu, est rayonnant, sensible et vaillant. Alfio est servi par la voix somptueuse de Seng-Hyoun Ko, acteur remarquable. Anne-Catherine Gillet (Lola) possède un joli timbre de soprano frivole et Stefania Toczyska, mezzo dramatique, est parfaite en mère déchirée. Georges Prêtre a 85 ans ? Quel lyrisme! Superbe Orchestre National de France. L’Intermezzo, comme parenthèse précédant le drame, est un moment de

grâce. Le meurtre de Turiddu et le crescendo final sont un sommet expressif: le salut est triomphal. On enchaine sur le deuxième opéra… Les meurtres de Nedda et de son amant ont lieu le jour de l’Assomption. Pagliacci (1892) et ses saltimbanques, sont transposés vers des années 50 aux couleurs vives. On retrouve en Tonio l’insolent baryton SengHyoun Ko : il jouera avec aisance aussi bien le clown bossu repoussé par Nedda que le délateur monstrueux qui amène le meurtre du mari bafoué. Alagna, mari jovial de Nedda puis clown humilié, est déchirant dans l’air de bravoure, Ridi Pagliaccio. Il rit dans ce miroir qui lui renvoie sa propre tragédie. Inva Mula, élégante, aérienne, incarne Nedda et Colombine avec brio; son duo émouvant avec Silvio révèle la belle voix pleine de charme de Stéphane Degout. Puis les aigus ensoleillés de Florian Laconi dans la chanson d’Arlequin sont un repos avant le drame… Qui s’achève. Le mistral est de plus en plus violent mais un vent de folie enthousiaste souffle aussi sur les gradins. Le public est debout pour la deuxième fois, et acclame ce qui reste essentiel à l’opéra : les Voix. YVES BERGÉ

Cavalleria Rusticana © Photo Grand Angle Orange

D’échos en envols Le 24 août le public se pressait aux portes du Grand Théâtre. Bonheur des retrouvailles, un air de soleil pour renouer avec la salle qui marque désormais le paysage musical. Honneur à la jeunesse, l’Orchestre Français des Jeunes, sous la direction enthousiaste et inspirée de Kwamé Ryan, ouvre le bal de

l’année. Le programme en deux parties va à rebrousse temps et présente d’abord des œuvres de musiciens contemporains, puis joue la 7e de Beethoven. L’écoute en est transformée ! Kwamé Ryan dans sa présentation donne à entendre les échos qui servent de lien aux différentes œuvres, et Orchestre français des jeunes © Agnès Mellon

laisse aux spectateurs le soin d’en deviner d’autres. La musique de Beethoven est alors entendue d’une manière nouvelle. On tend l’oreille aux échos, aux rythmes qui animent l’œuvre, à l’utilisation des différents pupitres… énigmes livrées aux auditeurs!!! Quelle belle pièce contemporaine ! Quel allant de l’orchestre ! Il avait déjà, en début de programme, fait la démonstration de sa virtuosité, commençant par «l’amuse oreille» (dixit le chef) de Varèse, Tuningup, travail extraordinaire des percussions, belles nappes harmoniques de l’ensemble des instruments, image sonore de la rue, musique concrète avant l’heure, sirène et beaux cuivres, et… la quête de deux mesures et une note de la 7e ! D’échos en échos on retrouvait aussi dans Le Mandarin Merveilleux, la suite orchestrale de Bartok, des échos du Prélude à l’Après-midi d’un faune et une pâte qui évoquait parfois l’Américain à Paris de Gershwin… Une palette de couleurs d’une singulière variété interprétée avec brio. En présence de Marc-André Dalbavie, le compositeur, qui reçut une véritable ovation, un Concerto pour flûte permit à Benoît Fromager de montrer toutes les facettes de son talent : sur le bruissement sublime des violons, la flûte se transforme en oiseau virtuose. Une soirée exceptionnelle! MARYVONNE COLOMBANI


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Retour sur le Festival d’Aix… Olympe Années folles Plaçons hors catégorie le dernier volet du Ring, événement majeur du circuit musical international initié à Aix par Lissner -somptueusement interprété par Simon Rattle et l’Orchestre Philharmonique de Berlin en début de festival- : la nouvelle production d’Orphée aux Enfers d’Offenbach (co-réalisée avec l’Académie européenne de musique) est la bonne surprise du crû 2009. D’abord c’est (enfin !) un opéra (certes «bouffe») en français que l’on entend. Le public de l’Archevêché a pu apprécier une jeune et talentueuse troupe d’acteurs-chanteurs et les brillants musiciens de la Camerata Salzburg. Un moment de fraîcheur, enthousiaste, pétillant et bienvenu. L’«Olympe» d’Yves Beaunesne s’étage dans un hôtel particulier parisien des années trente où trône un Jupiter à bretelles, caricature de président U.S, et sa

© Elisabeth Carecchio

cour qui «fout le camp» : Vénus «vamp», Diane chasseresse à la Feydeau (excellente voix de Soula Parassidis !), Minerve en «bourge» à la Valérie Lemercier, Junon hystéro, Mercure échappé du Tour de France manœuvrant sa bicyclette, Cupidon

JACQUES FRESCHEL

Du Père et du Fils

Mozart au tableau !

© Elisabeth Carecchio

La Flûte enchantée est d’une richesse symbolique et musicale inépuisable. On ne le monte pas comme un obscur opus. Bernard Foccroulle l’affiche à Aix, patrie mozartienne de cœur après Salzbourg : c’est un risque ! D’autant qu’en 2009 on n’échappe pas à une interprétation baroque… Autrefois, les voix mozartiennes chantaient aussi Wagner ; aujourd’hui, elles sont fort petites ! C’est l’ex-star des contre-ténors René Jacobs qui dirige l’Akademie für alte Musik… Que la pâte instrumentale manque de chair ! Le style sempiternellement rebondissant fait se dandiner l’orchestre jusque dans les moments exigeant de la majesté, comme ceux qui accompagnent le sage Sarastro, basse trop peu altière. Fuyant toute profondeur, le tactus balancé aplatit les voix, brise des phrasés qui ne demandent qu’à s’envoler. On se souvient de Janowitz chantant «Ach ich fühl es»… Elle ne faisait «rien» en scène, mais son chant d’une pureté accomplie régnait en maître. Toute l’émotion de Pamina, bouleversée par le silence de Tamino, passait par sa voix, son phrasé souple, aérien, ses aigus cristallins… La réussite de cette Zauberflöte musicalement frustrante, tient dans sa mise en scène. William Kentridge imagine un procédé de projections-vidéos qui dessine sur le décor (un théâtre baroque à l’italienne), en phase avec la musique, des arabesques, figures géométriques, effets pointillistes, blanc sur noir, d’une beauté féerique. Les Prêtres sont des caricatures de Jules Ferry, hussards d’une 3e République traçant sur un tableau noir quelque avenir ou règnerait la Raison. Cette idée justifie les nombreuses allusions à la franc-maçonnerie (œil, équerre, colonnes…) dont certains membres tracent également, sur un tableau, à la craie blanche, des symboles qui représentent l’organisation du Temple. De surcroît, la dualité blanc/noir, obscurité/lumière, récurrente dans l’œuvre s’y trouve pleinement soulignée. Mais pourquoi l’esclave et traître Monostatos n’est-il pas noir (une opposition, voulue par Mozart et Schikaneder, à la blanche Pamina qu’il tente de violer) ? Politiquement correct ? JACQUES FRESCHEL

«gavroche», Pluton dandy plus félon que nature… et le passeur John Styx, poivrot à la mémoire courte. Pauline Courtin incarne une Eurydice, soubrette gouailleuse aux aigus sûrs, poupée-jouet d’une farce douce-amère, tandis qu’Orphée (Julien Behr), si peu pressé d’aller chercher sa «moitié» aux Enfers, possède quelque chose d’un félibrige à la Mistral… le tout sous l’objectif voyeuriste d’une «Opinion publique» paparazza avant l’heure. Les dialogues parlés réactualisés font mouche, comme l’air du même nom ou celui des baisers, jusqu’au Cancan final, cocasse et habilement «escamoté»… L’humour et la fantaisie dominent, le tout brillamment dirigé par l’excellent Alain Altinoglu, jeune baguette à suivre !

On ne peut pas dire qu’Olivier Py manque d’idées ! Sa mise en scène d’Idomeneo de Mozart propose une lecture originale fondée sur la doublethématique qui lui est chère, l’ambivalence des sexes et la Trinité chrétienne… Hélas le menu s’avère lourd, en partie à cause des déplacements de décors verticaux sur roulettes, échafaudages qui, en sus d’une volonté de dramatiser le discours musical et de contourner le découpage lassant récit/air de l’opéra seria, empêchent précisément d’y goûter sereinement. L’esthétique grisâtre, métallique, matinée de panneaux de miroirs sous une lumière crûe au néon ne fait pas concorde… Néanmoins, le choix de confier le rôle d’Idamante à un ténor (au lieu d’une mezzo travestie ou d’un contre-ténor) s’avère payant. Le fils d’Idoménée (également ténor) promis au sacrifice par son père (en échange de son salut) sert l’analyse équivoque du rapport père/fils (qui tue qui ?), justifie la référence biblique au sacrifice d’Abraham et à celle du Christ en Croix. Musicalement, les deux voix se mêlent et se confondent. Si Yann Beuron (Idamante)

présente une fatigue vocale qui l’handicape, Richard Croft (Idomeneo) fouille avec subtilité les conflits intérieurs de son personnage. La captive troyenne Ilia incarnée par Sophie Kartäuser est une délicieuse amoureuse, et une habile «politique» à l’assise dramatique renforcée. Et Mireille Delunch (Electre) traverse la scène en ovni tragique, archétype outré au chant coupant comme une lame, qui finit badigeonnée du sang maudit des Atrides. Dans la fosse, Marc Minkowsky en est à son quatrième Idomeneo… ça ne s’entend pas ! Il gesticule, à même la pulsation, mais ça n’avance guère ! L’équilibre de l’orchestre baroque des Musiciens du Louvre reste délicat, cependant l’Andante cantabile d’Ilia, dialoguant avec un quatuor de bois judicieusement surélevé, demeure un moment de grâce ou l’on entend (enfin!) ce qui se passe à l’orchestre. Le raccourci de l’œuvre, imaginé sur le ballet final, autre moment fort, donne les clefs d’une lecture (père & fils jumeaux, Electre androgyne…), qui n’a rien de lisse et ne laisse pas indifférent. JACQUES FRESCHEL © Elisabeth Carecchio


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FESTIVALS CHAILLOL | DURANCE

LUBERON

Un festival différent Durant trois semaines le Festival de Chaillol a proposé un voyage artistique à travers le temps et le territoire gapençais. Retour sur la soirée du 2 août, et sur les principes singuliers d’un festival pas comme les autres L’église du hameau de Saint-Michel de Chaillol est bondée bien avant le début du concert. Ce soir c’est Beethoven qui est à l’honneur avec le dernier volet de l’intégrale des sonates pour violoncelle et piano, interprétées par le pianiste italien Andrea Corazziari et le violoncelliste Frédéric Lubiatto. Ambiance conviviale et intimiste, il faut installer des spectateurs sur la scène, les nombreux enfants demeurent sagement accroupis… Une écoute religieuse… et l’auditoire reste époustouflé par le show digital du virtuose italien, qui danse littéralement sur son siège lors des délires rythmiques

Frédéric Lubiatto et Andréa Corazziari © Alexandre Chevillard

propres au compositeur romantique ! Le jeu plein d’émotion du violoncelliste est davantage à nu dans Durations de Morton Feldman, dont l’œuvre atypique offrait une mise en regard pertinente avec Beethoven, qui développe et nourrit l’écoute des novices et des mélomanes. Car le Festival de Chaillol procède d’une véritable démarche culturelle investie. Loin des pôles décisionnels régionaux (mais avec l’aide de la région PACA), le Champsaur,

le Valgaudemar et tout le pays gapençais sont irrigués par une programmation de grande qualité et un éclectisme recherché. Jazz, classique, musique improvisée et musique du monde dans des formations singulières tentent de combler avec succès le fossé qui existe entre ville et vallée. De Tallard aux portes du Dévoluy en passant sous les premières cimes des Ecrins, des communes parfois de moins de 500 habitants accueillent des évè-

nements culturels majeurs. Il faut dire que la Scène Nationale de Gap et ses Excentrés travaillent ce terrain depuis 20 ans ! L’été, autour de Chaillol, les genres se mixent, conjuguent les répertoires… Sous l’impulsion de Michaël Dian, la 13e édition joue entre l’occident et les horizons lointains. Loin de l’étiquette exotique qui masque parfois une certaine vacuité, un véritable échange se crée avec l’Argentine, ou avec le Japon (commande d’un conte musical japonais au jeune compositeur Thomas Keck). 19 nationalités sur 33 musiciens présents cet été, un véritable partage avec les enfants et les stagiaires… Les passerelles artistiques fonctionnent dans les deux sens alors que l’écoute grandit en qualité et en quantité. Trois semaines de concerts, balades musicales, découverte du patrimoine, ateliers d’écriture… De quoi mettre à profit l’été, en conjuguant culture et vacances, développement d’un territoire et éducation musicale. FREDERIC ISOLETTA

La vie de château Le festival Durance Luberon se glisse d’un château à l’autre… Cocktail savoureux au château La Verrerie Spirituels, drôles, Cathy Heiting, soprano, et Jonathan Soucasse, pianiste, ont tenu en haleine les spectateurs bercés par le murmure des eaux du bassin qui se transforme en petit puits d’inspiration pour le premier opéra de Puccini… Puccinistory dans laquelle une certaine mouche à beurre (Butterfly oblige !) connaît de nombreuses aventures au Japon des Pokémons ! Au cours de ce spectacle au rythme endiablé, les deux artistes se donnent la réplique avec une verve, un brio, un talent époustouflants. Il n’est pas de genre qui échappe à leur virtuosité, Rossini et Verdi, les «deux collègues» laissent la scène à un Saint Saëns incompris et plagié, d’où sa dépression chronique… L’Ave Maria joue avec l’Alléluia de Léonard Cohen, Chopin enchâsse ses pièces en un même et brillant morceau qui s’achève en pirouette jazz. La vaisselle elle-même devient percussion pour un Boléro. L’air de Dalila et la Wally se mêlent à des standards de jazz. Une soirée d’été vivifiante ! © Laure Campini-Festival Durance 2009

Le château Mirabeau s’ouvre à la tragédie…

© Laure Campini-Festival Durance 2009

La cour du château de Mirabeau, exceptionnellement ouverte pour le festival, offrait un cadre magique, une remarquable acoustique, dans un écrin de belles pierres aux bossages réguliers, avec des toits bordés de quatre rangs de génoises… Cadre à la hauteur de la pièce interprétée, ici par fragments, Athalie de Racine. L’ensemble vocal Ad Fontes Canticorum, sous la houlette de Jan Heiting, a soutenu vaillamment la partition difficile de Mendelssohn et les solistes ont apporté un souffle musical à la fois sensible et brillant tandis que les acteurs de la Cie Interlude donnaient les extraits les plus connus de la pièce. La qualité sincère de l’interprétation a reçu une ovation méritée. Une soirée magique !

Opéra Bouffe au Paradis Le château Paradis recevait pour sa part Don Pasquale, opéra Bouffe de Donizetti, que la troupe d’art choral de Moscou en résidence d’été en Provence a

interprété avec dynamisme. Chanteurs, certes, et excellents -basse profonde de Dimitri Ovchinnikov, légèreté des aigus cristallins des soprani Anastasia Belukova ou Maria Lobasheva, barytons enlevés, Denis Azarov et Igor Tarasov, mais aussi acteurs ! On rit beaucoup, le jeu est d’une grande justesse, les jeux de scène hilarants. Thème éternel du barbon qui veut épouser une jeunesse… Un spectacle d’un bel humour. C’est d’ailleurs ce que l’on peut retenir de ce festival, Durance Luberon, une exigence de qualité dans le choix des œuvres et des artistes, une équipe dynamique, dévouée et accueillante. Qui donne un peu de vie à la fin du mois d’août peu nourrie des bonheurs de juillet ! MARYVONNE COLOMBANI

Le festival Durance Luberon a eu lieu du 14 au 23 août © Laure Campini-Festival Durance 2009


CHÂTEAURENARD | LE THORONET

FESTIVALS

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Un grand cru à Chateaurenard ! Le festival Aux Tours Du Piano s’est achevé sur les notes romantiques du Trio Georges Sand. Cette seconde édition a rempli avec succès les objectifs du Festival : mettre en avant le monde du piano, en faisant une large place à toutes les alliances musicales et théâtrales qu’il peut susciter. Ainsi, cette année, le festival a rassemblé plus de 600 spectateurs autour de huit spectacles donnés dans l’enceinte du château. Le site historique des Tours, une découverte pour une grande partie du public, a été mis en valeur par des éclairages spectaculaires, et a plu par son originalité et son excellente acoustique.

Cette session 2009, présidée comme la précédente par Philippe Hebert, a offert des soirées intenses et variées, ou intimes et poétiques comme celle consacrée au spectacle de Macha Meril et Marc Laforêt, Feu sacré, contant l’histoire de Chopin et Georges Sand. Et le Festival a innové en proposant des «avant-soirées» à 19h qui ont permis à un public plus jeune et plus divers de découvrir le piano sous des facettes variées et abordables. Aux Tours du Piano a clos ses portes le 28 juillet : beaucoup dans le public ont pris rendez-vous pour l’été 2010! CHRISTINE REY

Trio George Sand © Bernard Richebé

Souffle millénaire Les 19e Rencontres de Musique Médiévale du Thoronet ont accueilli le 26 juillet l’Ensemble Gilles Binchois autour du chant grégorien du Xe au XIVe siècle

Lorsque nous pénétrons dans l’abbaye cistercienne du Thoronet, le commentaire stupéfait de Le Corbusier déclarant lors de sa visite «la pierre y est amie d’homme» nous revient comme un écho soulignant l’harmonie et la pureté du lieu. De plus, les pierres de l’imposante abbatiale redistribuent les sons avec une qualité acoustique remarquable. Sous la voûte en berceau brisé, l’Ensemble Gilles Binchois, du nom du compositeur franco-flamand du XVe siècle, propose un florilège de chants des monastères d’occident, allant d’Engelberg (Suisse), à Las Huelgas à Burgos (Espagne) en passant Saint-Martial

de Limoges et Milan dont le chant se nomme ambrosien. Ce tour d’Europe instructif et varié alternant monodies et polyphonies fut distillé avec très grand soin par l’ensemble déjà trentenaire, sous la direction du ténor Dominique Vellard. Couleurs retenues, atmosphère contemplative ou vocalise à la logorrhée mélismatique à couper le souffle : un immense talent au service d’un travail d’orfèvre. Qu’on aurait tort de juger élitiste ou couvert de poussières muséales. Les rencontres refusent du monde en pleine saison estivale, dans un lieu certes d’exception mais reculé, qui promeut une musique vieille de près

de mille ans… à l’heure où le mot festival accompagne le promeneur où qu’il aille ! Pour notre plus grand bonheur, les vieilles pierres restent, et les vieilles notes aussi. Vivent longtemps ceux qui les ont fait renaître.

résonance inouïe, Stomu Yamash’ta a livré une musique où seule compte la beauté du son, parfois très proche

de nos musiques électroniques savantes occidentales dans l’atmosphère propice à la méditation (on

pense notamment aux œuvres de I. Xenakis). À la différence que l’ensemble semblait relever davantage de l’improvisation tant les musiciens jouaient avec l’acoustique incroyable de l’abbaye. Dans ce voyage sonore au cœur de la spiritualité bouddhiste, l’auditeur était invité à savourer un mélange poétique de stupéfaction et de contemplation. Nul ne saurait dire s’il était ou non nécessaire d’applaudir à la fin de la prestation mais il est certain que les murs épais de Thoronet étaient ce soir-là en parfaite sympathie avec cette expérience vibratoire…

FREDERIC ISOLETTA

Ensemble Gilles Binchois © X-D.R.

Abbaye Zen Le 25 juillet étaient réunis en l’Abbaye du Thoronet le grand percussionniste japonais Stomu Yamash’ta, le flûtiste Shakuhashi Genzan Miyoshi et quatre membres du monastère Daitoku-Ji de Kyôto pour un spectacle à mi-chemin entre musique et spiritualité bouddhiste zen. En effet, alors que les moines déclamaient des sûtras avec une gestuelle très cérémonielle et une concentration sans faille, le flûtiste, sur la gamme pentatonique japonaise, ponctuait le discours d’un souffle très inspiré. Pendant ce temps, le percussionniste accompagnait ces litanies d’interventions sur un ensemble composé de 17 pierres sanukites, roches volcaniques datant de 13 millions d’années. Passé maître dans l’utilisation de ces instruments à la

Stomu Yamash'ta © X-D.R.

EMILIEN MOREAU


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FESTIVALS

MUSIQUE | DANSE

Un campement en création Sous le ciel étoilé des Rencontres de Gassière, à Cotignac, le chorégraphe William Petit et la performer chanteuse Hassounia ont donné corps et voix à Salam Leila, appel nocturne créé en 2005 qui a trouvé dans ce théâtre de verdure un éclat particulier. Au-delà de la danse elliptique et des incantations, scandées parfois jusqu’à la transe, audelà de sa construction onirique, Salam Leila est un duo doux-amer. Un cri d’alarme, enchanteur et acide, sur l’état du monde, «où les protagonistes traversent les questions de l’altérité.» Aller vers l’autre, c’est ce que n’a jamais cessé de faire William Petit au gré de ses créations -Kabaret nomade-vers le bal, Streams, Kavaleva Kansa, Salam à corps perdus…-, son travail gagnant chaque fois en profondeur et en matière. Sa danse se fluidifie au fur et à mesure que sa réflexion se densifie, et préfère l’évocation, la suggestion, à l’exécution d’une partition technique : plus les voyages et les rencontres mûrissent son propos, plus il écrit ses spectacles comme un recueil de nouvelles, avec une parole plus éloquente encore. Crossing Border-comme des chiens enragés courant sur des lames de rasoirs, son projet actuel, en est une autre illustration, fruit d’incessants allersretours le long de la frontière américano-mexicaine. Née

Salam Leila © Guy Thouvignon

d’une collaboration musicale avec Pierre Mourles, qui prend la forme de Rush jusqu’en 2010, cette expérimentation aboutira en 2011 à une nouvelle mise en jeu, avec la complicité du danseur et performer Yoan Mourles. Mais pour mener à bien ce projet dont la forme n’est pas encore définie (spectacle pluridisciplinaire ? photographique ? vidéo ?), il faudrait à William Petit un lieu de travail. D’autant que sa compagnie Rialto Fabrik Nomade n’a toujours pas de studio permanent dans le Var où elle est implantée depuis 15 ans ! Heureusement que ses liens

avec Châteauvallon, le 3Bisf, le Merlan ou le Studio Kelemenis lui permettent d’envisager des séquences de travail… Heureusement encore que les Rencontres de Gassière ont eu la délicieuse idée de programmer Salam Leila en ouverture de festivités aussi intimes que conviviales. Où un certain Miquèu Montanaro s’est fait un plaisir de faire entendre sa musique, venu là en voisin et en ami, comme toute l’assemblée alléchée à l’idée de se rencontrer un soir d’été. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Les Rencontres de Gassière, Cotignac (83) http://rencontresdegassiere.free.fr

L’Egypte au couvent Au Couvent des Minimes de Pourrières, l’équipe de L’Opéra au Village a repris Djamileh : le lieu sied parfaitement à la subtilité du langage de Bizet et à l’intimité de l’intrigue Après un dîner à thème, nous entrons dans la rêverie avec une première partie d’œuvres rares, liées au contexte de l’opéra : La Captive d’Edouard Lalo chantée par la ravissante mezzo au timbre velouté, Yete Queiroz, qui sera Djamileh et La Havanaise de Pauline Viardot ; on apprécie le timbre du baryton Jean Fischer, son phrasé élégant tandis que le ténor Samy Camps, Haroun dans Djamileh, apporte sa jeunesse lumineuse. L’ensemble instrumental accompagne avec sensibilité et fougue les chanteurs, et Luc Coadou dirige avec verve. Des strophes de Namouna de Musset, qui inspirent l’intrigue, sont mêlées à une création électroacoustique. Un lien entre tradition et modernité qui se conclut par une danse orientale. Puis Djamileh, fantaisie orientale de 1872, nous emmène en Egypte. Esclave, Djamileh est congédiée comme les autres par le sultan Haroun, mais fera tout pour reconquérir l’amour de son seigneur. On retrouve nos musiciens dirigés avec le même élan. Ils se jouent des difficultés de la partition avec

insolence : cette réduction d’orchestre de Frédéric Carenco, pour sextuor, est une réussite : elle garde un équilibre de timbre sans perdre le langage romantique. La présence du tambourin, les quintes à vide, les lignes mélodiques ornées et syncopées donnent à cette partition toute sa saveur orientale. Les trois héros sont jeunes et beaux: Yete Queiroz est une belle découverte, une voix magnifique. Samy Camps est un ténor léger qui chante pour la première fois un rôle lyrique.

Son enthousiasme compense des fragilités vocales dans le médium, pressenties dans l’air de Nadir. Les aigus semblent plus faciles, et le dernier duo avec Djamileh sera magnifique. Jean Fischer est un Splendiano tout droit sorti d’un opera buffa : baryton à la belle ligne de chant, un jeu très convaincant aussi. Les choristes assurent une partie théâtrale et vocale homogène, une direction d’acteur souple et cohérente conduit le discours musical. L’équipe technique a réalisé aussi un

très beau travail son et lumières, mettant en valeur de beaux costumes chatoyants. Une heureuse initiative de L’Opéra au Village qui promeut de jeunes talents en faisant revivre des œuvres rares, et en faisant vibrer une commune. Le plateau, étroit, a semblé immense le 23 juillet devant la générosité de tous. YVES BERGÉ

© Yves Bergé


Le Château de Trets accueillait aussi son festival

Philosophie musicale

La Mort Marraine © Agnes Mellon

Télémaque s’accorde, le public entre. L’atmosphère est étrange… Le silence, puis la clarinette duettise avec la contrebasse… Toute frêle dans sa longue tunique blanche, robe des fées et des elfes, Julie Cordier présente les acteurs de l’histoire, comme dans Pierre et le loup, «les âmes et les cœurs ne sont faits que de notes.» Ainsi, chaque rôle est porté par un instrument particulier, les sombres timbales représentent le père tourmenté, l’accordéon, Dieu, la contrebasse, le diable, le pauvre jeune homme, héroïque médecin, le violon nostalgique, la mort si droite et honnête, la douce clarinette et la langoureuse et gracile princesse, le glockenspiel. «Que s’ouvre le livre, laissons les musiciens déverrouiller nos âmes !». Sur le beau texte de Raoul Lay s’ourlent les contours de La Mort Marraine, jeux simples de boules qui s’illuminent, d’écharpe qui se drape… La conteuse entraîne dans un monde onirique où les la mort, Dieu et le diable se croisent avec simplicité; où le temps suspendu des contes se heurte ironiquement au nôtre. Sa voix comme un instrument de l’orchestre se lie au tissu des songes dans lesquels se brodent les thèmes. Moment de pure magie : qui est plus fort ? L’amour ou la mort ? Chacun donnera sa réponse, mystique ou rationnelle… Mais les questions essentielles sont posées, ouvertes aux plus jeunes par l’émotion sans fard d’une musique suspendue…

Madame au château Vous connaissez les petits livres pour enfants, Monsieur tranquille, Madame coquette… De petits volumes cartonnés qui illustrent qualités et défauts à travers la vie de tous les jours. Les personnages ronds et stylisés enchantent les lecteurs débutants. L’originalité du Studio du Soleil est d’avoir repris le schéma de ces historiettes dans une théâtralisation drôle et enjouée qui s’applique à parodier le quotidien par le biais de ces petits «héros». Silhouettes de maisons, ombres chinoises, nuages aux contours enfantins projetés sur le mur du fond de scène… Monsieur Pressé et Madame Lent, Monsieur

Bricoleur et monsieur Maladroit, Madame Boute-en-train et Mademoiselle Timide sans oublier Monsieur Tatillon, se donnent la réplique dans un ballet de gestes qui enchante petits et grands. Le spectacle a remporté un succès mérité dans la cour du château de Trets. Seul élément à déplorer : le peu d’affluence ! Pourtant les organisateurs présentent un programme pertinent, riche et varié, et animent avec une belle énergie le cadre sublime du château de Trets. Sans doute un effort de médiatisation reste-t-il à faire ? MARYVONNE COLOMBANI


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ARTS DE LA RUE /CIRQUE

CARESSEZ LE POTAGER | KARWAN | ARLES

Sous les pavés, le potager... 6e édition de ce festival différent qui propose de mêler le plaisir du jardin avec la bonne chère et les émotions artistiques, dans un parc arboré Côté jardin, 1000 graines de légumes «élevée» par les habitants des bords de l’Huveaune, à côté Béatrice Bonhomme et son jardin de dessins, sculptures, objets volants au gré des heures et des humeurs. L’atelier méditerranéen de l’environnement propose un parcours sensoriel pour les enfants et des cours de cuisine, tandis que l’association Pacasolaire vous initie aux charmes des éoliennes et des capteurs solaires. Sophie et Laurent feront découvrir une grande variété de légumes oubliés et

avec Zaalouk, des contes du Maghreb avec Philémon, du théâtre, du cinéma avec entre autres Les saignantes du réalisateur camerounais Jean-Pierre Bekolo... Côté culture, balades urbaines et photographiques avec Vol de Nuit et animations proposées par le Museum d’Histoire Naturelle de Marseille. Et côté festif, démonstrations de tango avec notamment Christophe Apprill (voir p.75) et grand bal final ! Suivez les sentiers, et vos intuitions ! CHRIS BOURGUE

Les saignantes de Jean-Pierre Bekolo © Quartier Mozart Films

L’après-midi d’un faune de Jérome Dorso, de la musique avec le groupe Teppaz et Pegaz et l’accordéon de Sandrine Clemente, du jazz oriental

officieront aux fourneaux pour des saveurs naturelles ou exotiques. Côté spectacles, de la danse avec Hystera, solo de Claudine Crosta, et

Caressez le potager 25, 26 et 27 septembre Parc de la Mirabelle, Marseille 12e 06 83 85 44 03 www.dusud.com

Suivez l’abeille !

Karwan © algo

L’abeille, c’est l’Ape (prononcez apé, c’est de l’italien), un triporteur multimedia qui annoncera et accompagnera les représentations de la Saison Régionale des Arts de la Rue et des Arts du Cirque, action financée par la Région PACA, soutenue par le Minis-

tère. Cet engin étonnant, conçu par les Ateliers Sud Side, sera piloté par une apicultrice de charme en la personne de Lili, ancienne apprentie de la Fédération des Arts de la Rue. À terme 5 à 6 tournées seront organisées d’ici juin 2010. La 1re tournée présentera Être le loup, nouvelle création de la compagnie Orphéon Théâtre intérieur qui donnera 13 représentations dans 9 communes. Le texte de Bettina Wegenast (éd. L’école des loisirs, 2004) met en scène 2 moutons dans un pré confrontés à la mort du loup : une place à prendre ? Françoise Trompette, metteuse en scène, poursuit son travail sur le répertoire contemporain et déclare faire acte de résistance en réponse à la Mairie de Cuers qui a interdit les activités de la troupe installée pourtant depuis 25 ans. Heureusement la ville de La Seyne serait prête à l’accueillir avec sa bibliothèque de plus de

9000 titres spécialisés dans le théâtre. Karwan a initié cette opération dans le cadre de projets culturels territoriaux pour les Arts de la Rue et du Cirque dans tout le Sud-Est et fédère un réseau d’une trentaine d’acteurs culturels, le R.I.R (Réseau Interrégional en Rue). Objectif : toucher des publics divers et les fidéliser. Chiche ? CHRIS BOURGUE

Être le loup Orphéon Théâtre Château-Arnoux le 16/9, Le Revest le 18/9, MontDauphin le 26/9, Pernes les Fontaines le 30/9, Valbonne le 3/10, Marseille les 7, 14 et 21/10, Port-Saint-Louis le 17/10 www.karwan.info

Arles en piste ! Au Théâtre, mais aussi dans la cour de l’Archevêché, au CDC de Saint-Martin de Crau et à Boulbon, petites formes et grands spectacles invitent à la découverte. Côté entresorts, Le Grand Théâtre Mécanique des Ateliers Denino s’installe Cour de l’Archevêché pour proposer son voyage au royaume des miniatures (10 et 11 oct), tandis que, au même endroit, Branlo et Nigloo, cofondateurs du Cirque Aligre et de Zingaro, feront les Augustes dans leur

petit théâtre baraque (du 10 au 15 oct). En cirque aussi les pointures sont au rendez-vous : la cie catalane Los Gingers et son Perlas Y Plumas multi-récompensé qui oscille entre cabaret et théâtre de rue, tout en imposant son glamour pailleté (les 10 et 11 oct au Théâtre) ; le trampoliniste Mathurin Bolze et le jongleur et acrobate unijambiste Hedi Thabet réinventent l’équilibre et imposent la différence des corps dans Ali (les 12 et 13 oct au Théâtre) ; à StMartin de Crau, la clown Adèll Nodé-Langlois sera Antigone, criant sa rage et se battant contre l’injustice à coups de peinture et de chocolat, la coiffure en bataille (le 14 oct) ; plus tard ce sont les belges de la cie D’irque

(l’acrobate-jongleur) et Fien (la musicienne) qui embarqueront le public dans Oh suivant ! ; et pour finir, le Théâtre accueillera la cie Cirque Hirsute pour un Bal caustique aérien où tout est prétexte aux acrobaties (le 17 oct). Un début de saison envolé ! DOMINIQUE MARÇON

Ali © Stephane Rouaud

Début de saison en Cirque & Entresorts, rendez-vous désormais incontournable pour tous les fidèles et amateurs du genre !

Cirque & Entresorts Du 8 au 17 oct Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com


SMALL IS BEAUTIFUL | RADIO GRENOUILLE

CIRQUE/ARTS DE LA RUE

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Big is épatant !

Écoutez pour voir ANPU © X-D.R.

Dire que Small is beautiful a pris de l’ampleur cette année est en-dessous de la réalité : la manifestation, qui jusqu’alors invitait des cies prestigieuses pour de petites formes, montre en 2009 toute l’ambition esthétique de Lieux Publics. Une philosophie des Arts de la rue vus non pas comme des arts amoindris pour l’espace public, mais des formes exigeantes, adaptées à la rue mais aussi pointus qu’au théâtre, ou au concert. Car les Arts de la Rue ne sont pas un genre, mais un mode de (re)présentation. Ainsi on pourra voir par exemple du Koltes mis en scène par Catherine Marnas : Dans la Solitude des champs de coton, créé aux Salins transformés en parking pluvieux, sera repris… dans des parkings. À Marseille, mais aussi à Martigues, et Aubagne. Car Small is beautiful occupe aussi le territoire : les deux villes, particulièrement ouvertes aux arts de la rue -le «public» y est incroyablement réceptif-, viennent ainsi se joindre à la métropole, occupée de la Canebièreà Saint Charles, de la Belle de mai jusqu’à Saint André. Des navettes sont prévues en tous sens, pour tous, et tout est gratuit… On pourra y croiser les artistes interventionnistes, ceux qui interfèrent avec les passants et jouent sur la surprise : les Beaux Parleurs qui prennent inopinément la parole, des Flash Rue participatifs qui amènent les volontaires à enfourcher des comportements publics inadéquats, un Père Noël qui viendra déranger le mois d’octobre. Mais il y aura aussi des arts de toutes sortes: des solos et duos dansés d’Ex Nihilo, Antoine le Ménestrel et quelques italiens ; du cirque performance avec Camille Boitel, de la musique avec la Banda europa. Des conférences aussi : une vraie, de Bernard Stiegler, et d’autres beaucoup plus loufoques de l’ANPU,

Depuis plusieurs mois Radio Grenouille et Arte radio se sont associées pour mettre Marseille sur écoutes. Alors attention : du 29 sept au 4 oct ils restituent sur leurs ondes, leurs sites mais aussi en direct (les Ecoutes se regardent…) ce qu’ils ont collecté, monté, conçu, suscité. Cela va de la création rap revendicative (Marseille Capitale de la rupture 2013 par RPZ) à un documentaire sonore sur l’incendie du Marché du Soleil, ou à une fiction sur l’histoire sous terraine, et sous-marine, de Marseille, depuis les boyaux miniers jusqu’aux profondeurs mentales… On y entend les voix de la Ville, avec ses accents marseillais ou arabes, et les bruits de tout, y compris les rumeurs politiques et sociétales. On pourra les écouter seul chez soi, ou ensemble sur les lieux d’enregistrement, à l’Alcazar ou au Point de Bascule. De la vraie radio, créative, et d’investigation… AGNÈS FRESCHEL

Marseille sur Écoute Du 29 sept au 4 oct 04 95 04 95 15 www.grenouille888.org www.arteradio.com KompleXKapharnauM © x-D.R

hilarante Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine qui vous accueillera individuellement sur un divan place Caffo, ou en groupe aux Bancs Publics pour psychanalyser Marseille… La sirène du 7 octobre sera confiée à Tony Clifton… Et la création, coproduite par Lieux Publics, aux plasticages de KompleXKapharnaüM. Bref dix jours entiers d’occupation publique. Quand on vous le disait : Small is enormous ! AGNES FRESCHEL

Small is beautiful du 2 au 10 oct Marseille, Aubagne, Martigues 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.com

Pas d’urbanité sans désordre Pour réveiller la ville il faut parfois mettre le oaï. Pour sa 3e édition, Préavis de désordre urbain promet d’être à la hauteur de ce nom qui connote l’agitation sociale, et du projet de l’association Ornic’art : il s’agit de performances engagées dans la ville, produites par des artistes européens issus des arts visuels, et spécialistes de l’espace public. Depuis la Friche, QG des opérations, des interventions préparées par les artistes à partir du 20 sept sont lancées dans les rues (Itinéraire de désordre urbain rue Grignan le 23 à 11 h, Chantier le 26 sur la

Canebière), les théâtres (préavis d’insomnie aux Bernardines le 25) et durant Caressez le Potager (voir ci contre). Une conception interventionniste des Arts Urbains, pour sortir la rue de sa léthargie, et la rendre, peut-être, à son urbanité… A.F.

Préavis de désordre urbain Du 20 au 27 sept 04 95 04 95 04 http://ornicart.over-blog.com


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THÉÂTRE

ACTORAL | LES INFORMELLES

Des Informelles en bonne forme

Écoutez voir les écritures Depuis huit ans actOral ouvre avec fracas la saison artistique à Marseille Singulière, sa démarche n’est pas centrée sur un genre ou un thème et toutes les formes s’y côtoient, de la performance plastique à la lecture, la musique, la danse, le cirque… Un seul axe, mais fondamental, préside à ces 13 jours entiers de festival : arts et écritures y sont contemporains, en création, et en recherche formelle. Parfois vers des impasses, souvent vers du déjà vu, et quelquefois aussi vers des révélations essentielles qui allument du nouveau. Cette année actOral s’étend largement, ayant visiblement atteint un âge de raison qui lui donne une aisance presque replète : actOral après Marseille s’enfuit à Paris et remet ça, avant de se refaire une nouvelle édition à Nantes, au Lieu Unique, en décembre. Et dans sa ville actOral investit tous les lieux et tous les partenaires d’une esthétique voisine. Ainsi les arts de la scène y ont la part belle : le Creac accueille Boris Bechio puis Par le Boudu de Bonaventure Gacon -génial avatar du clochard de Michel Simon ; le Merlan s’interroge sur l’illusionnisme avec un spectacle de magie, toujours dans le cycle les Écrits du cirque, tandis que Marseille Objectif Danse, partenaire historique d’actOral, programme bien sur ses Écrits de la danse, avec Antonia Baehr qui se demande ce que fait son corps lorsqu’il rit, et un Solo aveugle (avec des larmes bleues) d’Olga Mesa, où il est question de formuler un mouvement tenu presque invisible… Massalia aussi se joint à actOral en accueillant la dernière mise en espace de Thierry Bedard, toujours attaché à l’écriture raide et révoltée de Raharimanana : Za est un roman brut, violent et fantastique, trivial et sublime,

cie La Zouze © Cyrille Weiner

Ce sont deux jours de petites formes qui sont proposés, fragments, raccourcis ou résumés, ou instantanés. Comme l’an dernier, à l’École de la Deuxième chance. Ailleurs. Les compagnies ont répondu présent et proposent, dans divers endroits du très beau bâtiment -salles, hall, préau et cours- des configurations surprenantes, inattendues. Informelles quoi ! Le public s’y promène, y butine, y fait son miel, jamais prisonnier d’une proposition qui se déroule, pouvant s’arrêter là et aller voir ailleurs. Car il y a de quoi voir, de 19h jusqu’au bout de la soirée, les 18 et 19 sept : un feuilleton fabriqué par Michel Jacquelin et Odile Darbelley, et les stagiaires de l’Ecole ; un Bartleby, parce que l’histoire de cet homme perdu à Wall Street n’a jamais été aussi frappante d’actualité (Cie Transatlantik de Bruxelles) ; un objet chorégraphique et visuel fabriqué par Christophe Haleb ; un atelier de chant, un de vidéo, une vente aux enchères chorégraphique, un atelier de lecture à moteur, un juke box à embrayage, une performance ontologique sur la crise ; et une proposition théâtrale de Rachel Ceysson et Josef Avelmeïer (musique) sur un texte de Marina Tsvetaeva, qui s’annonce, en regard, presque raisonnable ! Et puis il y aura aussi du cinéma (Tati), la buvette et la restauration, et l’habituelle convivialité. De quoi commencer l’année théâtrale en beauté, et en surprises… A.F.

Les Informelles École de la deuxième chance, Marseille 15e Les 18 et 19 sept 04 91 24 30 48 www.festival-les-informelles.org

Le soir des monstres © Elsa Revol

cie La Zouze © Cyrille Weiner

introspectif et révélateur du monde… Les Bernardines sont de la partie avec Crabe Rouge de Julien Mabiala Bissila; l’ERAC prête ses studios et ses étudiants, Lieux Publics s’installe dans les vitrines de la Canebière, Triangle France programme à la Friche une série de courtes vidéos intitulées Tu fais quoi dans la vie, et élaborées autour de l’œuvre de Valérie Mréjen ; le CiPM expose, l’Alcazar s’associe à de nombreux événements et, avec Radio Grenouille, met Marseille sur Écoute (voir page 23), les Jeudis du comptoir s’associent en accueillant Tanguy Viel (voir p 66), le Gymnase en programmant deux écrivains lusophones, Tiago Rodrigues et Patricia Portella, tandis que la musique aussi sera portugaise à l’ouverture, pour aller ensuite vers le rock japonais et l’électronique berlinoise, programmés par le GRIM. L’essentiel d’actOral est sans doute, cependant, moins spectaculaire. Ce qui se déploie la nuit hors de Montévidéo est comme l’écho amplifié de l’activité diurne du lieu : Lectures plus ou moins mise en espaces, Une heure avec, mais aussi installations plastiques, films, écoutes, pièces radiophoniques… Toutes les journées, à partir de 11h (oui oui, du matin) sont rythmées par la parole d’écrivains que l’on attend impatiemment : Noëlle Renaude, Rainald Goetz, Sonia Chiambretto, Tanguy Viel, Christian Lollike… Et Hubert Colas bien sûr, maître d’œuvre, au croisement de toutes ces écritures qu’il pratique et diffuse lui-même en son lieu, et loin ailleurs. AGNES FRESCHEL

actOral du 28 sept au 10 oct Marseille, divers lieux 04 91 37 30 27 www.actoral.org



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THÉÂTRE

LA CRIÉE | LE MERLAN | LE MASSALIA

Pas de Criée, nouvelle Criée La saison va commencer en retard… Les événements programmés dans le cadre d’actOral (voir p.24), ou des Littorales (voir p 63), se rapatrient vers d’autres lieux. Quant au Hamlet-Cabaret de Matthias Langhoff, prévu au Théâtre Nono, il ne peut avoir lieu, les répétitions en ce lieu étant trop chères. La Sonate à Kreutzer mis en scène par Célie Pauthe disparaît également de la programmation… C’est que la Criée a des soucis. Les travaux ont pris du retard, mais peu eu égard aux circonstances : on a découvert de l’amiante dans la zone réservée aux techniciens; aucun risque pour le public, il s’agit d’amiante non volatile, dangereuse seulement en contact direct. Mais l’un des techniciens, au moins, a un cancer de la plèvre. L’équipe travaille à retrouver tout le personnel, retraité, intermittent, qui est passé dans ces lieux durant

trente ans. Le bâtiment, construit en 1981 après l’interdiction de l’amiante, ne devrait pas en contenir. Les rapports réguliers d’inspection n’en avaient d’ailleurs pas décelé. Sauf en 2006, mais le rapport, remis à la ville, n’avait semble-t-il pas été communiqué à la Criée. Notre Théâtre National a pris le taureau par les cornes et tout désamianté. Le

chantier, impressionnant, devrait se terminer en octobre, pour une réouverture en novembre avec la création de Jean-Louis Benoît. Et une nouvelle façade, dans la foulée. Le hall demeure ouvert, pour les abonnements. Plus que jamais il faut être là !

La Criée 04 96 17 80 00 www.theatre-lacriee.com

A.F.

Projet de facade / illustration du cabinet d'architecture Donjerkovic

Magies et bric à brac continuera d’interroger petits et grands autour du rapport au cirque : celui de Boitel est plus acrobatique. Accumulatif aussi, fait d’objets en tas et d’interrogation sur l’espace, mis en œuvre par luimême et quatre compères avec virtuosité. Comme si aujourd’hui le cirque seul pouvait se la permettre sans reproche… A.F.

Premier Voyage Après l’accueil de Thierry Bédard et Raharimanana dans le cadre d’actOral (voir p 24) le Massalia propose au jeune public (8 ans) un premier voyage en cirque, Ni fini ni infini. Une petite ronde, histoire racontée par un quatuor de messieurs Loyal musiciens, épopée circulaire d’un homme pris de tournis, d’un collectionneur de petites choses qui ne sait où cesser sa collecte et mettre un point d’arrêt au voyage. D’une heure, proposé par la Cie Théâtrenciel. A.F.

Camille Boitel © D. Matvejev

Pour actOral le Merlan accueille un magicien, Etienne Saglio, et réfléchit à l’introduction de cet art de l’illusion sur les scènes théâtrales (voir p 24)... Après cela L’Immédiat, nouveau spectacle de Camille Boitel,

L’Immédiat Du 13 au 23 oct Le Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org

Ni Fini ni infini Les 13 et 15 oct Théâtre Massalia 04 95 04 95 70 http://massalia.lafriche.org


GYMNASE/JEU DE PAUME |TOURSKY | LE MAQUIS

THÉÂTRE

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Vedettes en confiance Au Gymnase / Jeu de Paume, ça commence fort. Après une entrée en chanson avec Virginie Seghers (voir p. 36), un des textes les plus émouvants -et drôles !- de Jean-Luc Lagarce: Music Hall raconte la fin de carrière d’une chanteuse de province, qui court flanquée de ses boys infidèles de petite salle provinciale en hôtels médiocres, toute à sa gloire ratée de peu, à sa passion de scène qui l’a dévoré. Cet autoportrait de l’écrivain en diva, c’est Lambert Wilson qui le met en scène en choisissant Fanny Ardant : la Star saura-t-elle faire oublier sa beauté et sa classe pour endosser cet habit paradoxal ? Nul n’en doute, avec Madame Ardant. Autre lieu, autres «vedettes» (ce terme à la jolie désuétude a été rapté par une marque de lave-linge, et nous militons pour sa réhabilitation). Au Jeu de Paume c’est un classique du XXe siècle qui est joué par la Comédie Française: Michel

Robin et Clothide de Bayser sont les deux vieux des Chaises, de Ionesco. Un texte essentiel sur la déstructuration du langage et des relations sociales, fort mal accepté d’ailleurs par la Comédie française en son temps ! Une pièce qui, le temps la pâtinant,

Talleyrand, c’est le Cardinal Mazarin que l’acteur à l’œil rieur incarnera, au moment de la jeunesse d’un Louis XIV encore sous l’influence d’Anne d’Autriche. Le Diable rouge, d’Antoine Rault mis en scène par Christophe Lidon, tourne depuis plus d’un an. A.F.

Music Hall Du 29 sept au 3 oct Le Diable Rouge Du 13 au 24 oct Gymnase

Les Chaises Du 2 au 10 oct Jeu de Paume, Aix 0 820 000 422 www.lestheatres.net

La grève et Prague Au Toursky aussi la saison commence fort : par une grève de la faim annoncé de Richard Martin, à partir du 3 septembre, en vue d’obtenir le rétablissement de la subvention que l’État a supprimé… En espérant que le directeur du Toursky n’en viendra pas à un geste aussi extrême, on partira en ses murs vers Prague, avec du cinéma (voir p 52) et un spectacle musical (le 16 oct). Avant cela la saison commence avec l’Orchestre symphonique de Vienne (voir p 34) et la création de

donne à voir chair et émotions, et nous parle de l’irrémédiable régression langagière d’un couple qui oublie son passé commun. Puis ce sera au tour de Claude Rich et Geneviève Casile. Pour une pièce historique. Après son triomphe dans

Wladimir Znorko : avec Mon Golem (les 9 et 10 oct) le metteur en scène renoue avec les légendes de l’Est et plonge dans l’imagerie fantastique ashkénaze. Comment le Golem, an-cêtre juif de la créature de Frankenstein, créé de la glaise de Prague par un rabbin imprudent, hante-t-il encore les rêves de Znorko ? A.F.

Théâtre Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org

Revivent les troubadours Après l’accueil chaleureux du public avignonnais durant le off, le Théâtre du Maquis tourne sa nouvelle création en Pays d’Aix. Le Cabaret des hérétiques est un hommage à l’Occitanie médiévale, celle des troubadours, de la fin’amor, et des «hérétiques» que l’Inquisition parvint à détruire. Un spectacle en chansons, comme toujours chez les Bézier, pour rendre justice aux Albigeois 800 ans après un flower power vite réprimé. A.F.

Le Cabaret des hérétiques Meyrargues le 19 septembre Pertuis le 2 octobre Meyreuil le 4 octobre Jeu de Paume Aix le 16 octobre Coudoux le 17 octobre 04 42 38 94 38 www.theatredu maquis.com


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MUSIQUE

OUEST PROVENCE | THÉÂTRE DURANCE

Tout imagé Il fait tout, illusionne d’un tour de main, se multiplie, pirouettes et magie vous égarent. Xavier Mortimer occupe seul la scène et pourtant… Ses instruments s’animent, jouant sans qu’il leur demande une mélodie à peine ébauchée, les partitions s’amusent. Son ombre même se désolidarise jusqu’à former une fanfare… Mais ne vous fiez pas à son air lunaire ou à son apparente gaucherie, Xavier Mortimer est un artiste hors du commun qui maîtrise parfaitement son art. Pascal Ayerbe est un «gribouilleur sonore», un poète du son qui, avec ses deux acolytes Arnaud Sacase et Jean-Baptiste Tandé, enchante les oreilles des petits spectateurs (à partir de 5 ans) dans un spectacle magique. Trio pour un petit pois balade sa musicalité au pied d’un arbre d’où pendent de gros petits pois, de drôles de loupiotes multicolores, des jouets, des objets bizarres… Crissements, bruissements divers proviennent

Trio pour un petit pois © Marion Bouillie

d’instruments de musique connus (accordéon, guitare, clarinette…) ou inventés, à la manière «d’une bande sonore de dessin animé.» DO.M.

Xavier Mortimer Le 3 oct Trio pour un petit pois Le 6 oct Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr

Game over

En finesse C’est avec beaucoup d’élégance qu’Edouard Baer endosse les habits de Patrick Modiano dans Un Pedigree. S’effaçant devant le texte sombre, bouleversant de l’écrivain qui retrace les vingt premières années de sa vie, le comédien pose une voix distante, détachée mais dont le rythme s’attache à ciseler les mots, installant avec le public une intimité captivante. Émotion et finesse sont au rendez-vous de cette «lecture» subtile qui prouve tout le talent d’un artiste étonnant. DO.M.

Un Pedigree Le 6 oct Théâtre de l’Olivier 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr © Zippo-Starface

Émotions François et Mathieu se rencontrent. Le premier vient de d’emménager, un peu perdu dans son nouvel environnement, le second est son nouveau voisin, farouche et renfermé car malade. © cie la Naïve

Rien de plus noir et de plus drôle que cette pièce. Pas de l’humour noir, non, plutôt de la désespérance blanche, ou quelque chose d’approchant. Dans un décor de fin du monde deux infirmes, profondément mutilés, jouent encore au maître et au valet. Se sadisent. S’inventent des horizons marins, enferment les vieux dans les poubelles. Parlent, parlent, pour ne pas tout à fait mourir. La partie est perdue, plus rien ne subsiste que ces clowns tragiques. Et cette drôle de langue désaxée. On n’a jamais dit mieux l’Europe en ruine, la fin de tout, des idéaux et des êtres, les ruines de la guerre, et la domination qui seule persiste comme une empreinte dans le néant advenu. Charles Berling a mis le texte en scène. C’est au programme des Terminales L. Ça tombe bien. A.F.

Entre les deux naît une amitié faite de jeux, de conversations, celles d’enfants qui disent la tristesse de la solitude, l’exclusion, la maladie, mais aussi les petits bonheurs de la vie. Le texte du québécois Jean-Rock Gaudreault, son premier pour le jeune public, aborde là des thèmes délicats mais qui permettent la réflexion par le biais de l’émotion… À partir de sept ans. À Miramas également, la mise en scène de Fin de partie, chef-d’œuvre de Beckett, par Charles Berling (voir ci contre). Au programme des Terminales littéraires cette année. À ne

pas rater pour eux, et pour vous ! DO.M.

Mathieu trop court, François trop long Mes Jean-Charles Raymond Le 13 oct

Fin de Partie Le 8 oct Théâtre Durance 04 92 64 27 34 www.theatredurance.com © Cosimo Mirco Magliocca

Fin de Partie Le 10 oct Théâtre La Colonne 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr



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THÉÂTRE

MARTIGUES | CAVAILLON | AVIGNON | NÎMES | LE SÉMAPHORE

Sans écran de fumée Lecoq et Tania Sourseva-, dirigées par Agnès Régolo, est ponctué par le chœur de l’Académie de Chant Populaire dirigé par Alain Aubin qui complète le spectacle avec des airs populaires et révolutionnaires.

Issu d’un travail de recherche de deux ans sur les ouvrières des manufactures de tabac de la Belle de Mai, Carmenseitas, d’Edmonde Franchi, donne à voir et à entendre la vie quotidienne de ces femmes, leur fraternité émaillée de luttes au gré d’une fresque qui traverse les époques, qui raconte cinquante ans de vie ; c’est aussi un formidable témoignage sur la mémoire ouvrière féminine, une enquête qui entend bien réhabiliter cette histoire oubliée. Le jeu des quatre comédiennes -outre Edmonde Franchi il y a aussi Hélène Force, Catherine

DO.M.

Carmenseitas Le 10 oct Théâtre des Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

© Philippe Houssin

Triste chaire Victor Bâton est un homme seul, désespérément seul, et qui n’en peut plus d’être seul. Il va entreprendre un voyage pour rencontrer un être humain et s’en faire un ami. Vaine quête qui lui fera

traverser des humanités singulières, avec un regard sans concession sur notre monde. Thierry Gimenez est Victor Bâton -personnage titre du roman d’Emmanuel Bove Mes amis, écrit en 1924-, mis en scène par Pierre Pradinas et accompagné sur scène par Marc Perrone et son accordéon ; un duo touchant et drôle qui raconte le désespoir avec humour et délicatesse.

Jeu libre

DO.M.

Victor Bâton En Nomade(s) le 9 oct à Mérindol, le 10 au Thor, le 12 à Joucas, le 14 à Robion, le 15 à Noves et le 16 à Châteauneuf-de-Gadagne Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

© Cie Vol Plane

© Paolo Cardona

Salubrité publique © Manuel Pascual

Christophe Alévêque est Super Rebelle ! Enfin, ce qu’il en reste... C’est le titre boutade de son tout nouveau spectacle, dans lequel l’humoriste se fait encore plus grinçant, plus incisif, jusqu’à l’absurde, à l’image souvent de l’actualité qu’il décortique à longueur de sketchs. Anti politiquement correct jusqu’au bout des ongles, cet électron libre continue de titiller les consciences, riant (et faisant rire !) de ce qui l’agace profondément, du brouillage de piste politique à l’intox médiatique, décrypte sans donner de leçon mais avec «des musiciens sur scène, une revue de presse, de la mauvaise humeur, de la mauvaise foi et aucune limite !»

Pas de décor, pas de costumes, bref pas d’esbroufe dans cette mise en scène efficace du Malade imaginaire de Molière par la compagnie Vol Plané. Le dispositif mis en place par Alexis Moati et Pierre Laneyrie repose sur un parti pris singulier de présentation, qui donne à voir les coulisses, le plaisir d’endosser un rôle… et redonne au texte sa folie comique en s’éloignant «de tous les artifices de l’illusion du théâtre.» Foin des conventions donc, ce qui permet aux quatre comédiens (Carole Costantini et Sophie Delage complètent la distribution) de passer d’un rôle à l’autre avec jubilation. Argan, Béline, Cléante, Toinette… tous s’en trouvent vivifiés ! DO.M.

DO.M.

Christophe Alévêque est Super Rebelle ! Les 1er et 2 oct Théâtre du Chêne Noir, Avignon (84) 04 80 82 40 57 www.chenenoir.fr

Le Malade imaginaire Cie Vol Plané Du 8 au 10 oct Théâtre des Halles, Avignon (84) 04 90 85 52 57 www.theatredeshalles.com


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Versions originales Vingt ans après sa première interprétation de l’hypocondriaque Argan, Michel Bouquet reprend le rôle dans une mise en scène de Georges Werler entouré d’une troupe de comédiens efficaces, à commencer par Juliette Carré jouant une Toinette insoumise à souhait. Immense comédien, Michel Bouquet s’empare du rôle en en faisant ressortir toute la bouffonnerie, «mais une bouffonnerie grave, magique, mystérieuse.» Rien que pour lui… Co-produit par le Théâtre de Nîmes, Timon d’Athènes, Shakespeare and slam est un projet excitant qui propose la rencontre improbable de la langue shakespearienne avec la claque d’un slam urbain. La scénographe Razerka Ben Sadia-Lavant a donc

imaginé un dispositif mélangeant les genres : du théâtre avec un acteur rompu aux scènes les plus exigeantes, Denis Lavant, et des artistes slameurs (D’ de Kabal), rappeurs (Casey, Mike Ladd) et musiciens (Doctor L) qui tous raconteront l’histoire de Timon d’Athènes, sa révolte et son refus du monde. DO.M.

Le Malade imaginaire Les 13 et 14 oct Timon d’Athènes, Shakespeare and slam Les 15 et 16 oct Théâtre de Nîmes (30) 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Drôle de je Vous connaissez peut-être sa voix, reconnaissable entre toutes -aiguë, léger cheveu sur la langue-, ainsi que sa grande silhouette brune aperçue au cinéma ou à la télévision, vous avez peut-être même déjà remarqué que la belle avait beaucoup d’humour et du répondant… Mais c’est au théâtre, seule en scène, que vous pourrez découvrir véritablement Armelle. Un voyage dépaysant dans lequel la comédienne se fait piquante, malicieuse, enjôleuse, chanteuse… et drôle. Armelle Le 10 oct Théâtre le Sémaphore 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

© Anne Gayan Timon d'Athenes © X-D.R.


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SAISONS

LE GYPTIS | GTP | NÎMES | AU PROGRAMME

Jouer au rap David Llari est jeune, mais il a déjà beaucoup vécu. Assistant de Franck II Louise pour Drop it et Konnecting soul, deux pièces marquantes, il a aussi, avec sa Cie Sun of the Shade, créé de nombreuses pièces à Paris avant de s’installer à Marseille. Artoy’z sera la première qu’il créera complètement dans sa nouvelle ville. Pour cela il s’est adjoint quatre danseurs virtuoses et spécialistes des techniques précises de la danse hip hop : Mickaël Bilionnière, Christophe Lepage, Nassir Moktari et Mined Yahiaoui ; ainsi qu’un beatboxer tout autant réputé, Waxybox. La création promet de balancer fort, mais aussi de chercher une part

d’enfance : il est question d’un jouet et de l’enfant malheureux qui le possède… AGNÈS FRESCHEL

Artoy’z David Llari Théâtre Gyptis Du 13 au 17 oct 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com

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Artoy'z

© X-D.R

Revoir Blanche Neige

Le Chant d’Anne Teresa Elle a créé sa nouvelle pièce au Théâtre de la Ville en juin. Avant de partir à Bruxelles en septembre… et à Nîmes dès octobre ! The song est un événement. Parce qu’une pièce d’Anne Teresa de Keersmaeker en est toujours un, mais aussi, plus spécifiquement, parce que celle-ci conduit jusqu’à son terme le virage qu’elle avait amorcé dans Zeitung. Danser dans le silence. S’attacher aux corps masculins (1 femme pour 9 hommes). Laisser entendre les bruits qu’ils produisent. Les amplifier même, avec une bruiteuse. Et puis s’intéresser à la combinatoire plutôt qu’à l’émotion… La plus musicienne des chorégraphes travaille donc sur la chanson, celle des Beatles, qui n’intervient qu’en fin de spectacle. Elle se recentre sur ce qu’elle n’a jamais laissé fuir, mais qu’elle n’a jamais montré aussi à nu : le geste, le poids, la dynamique ne sont pas puisés cette fois-ci dans des analogies musicales, mais dans les trajets spécifiques des corps qui plongent aux origines et évoluent jusqu’à chanter, à courir. Seuls. Vite. Avec la lumière qui se reflète au-dessus d’eux et les poursuit comme un regard. Les Nîmois, décidément chanceux, pourront également (re)voir le film Rosas Danst Rosas, où Thierry de Mey a fixé et sublimé la pièce phare de Keersmaeker (le 3 et 8 oct au Carré d’Art). Fondatrice de sa danse, et de bien d’autres. A.F.

Classique son Blanche neige ? Oui, délicieusement. Le dernier ballet d’Angelin Preljocaj raconte une histoire, repose sur des mouvements d’ensemble alternant avec des duos amoureux, sur des solistes encadrés par des rôles de second plan, et sur un corps de ballet interprétant des scènes de genre, des bals de Cour. Avec de la musique que l’on qualifie souvent de classique, alors que celle-là, Mahler, est romantique jusqu’après le bout des ongles. Et des décors que l’on déplace, des costumes somptueux, pléthore de danseurs. Comme à l’opéra. Rêve d’enfant ? Peut-être. Mais n’est-ce pas avec la matière des rêves que l’on écrit les plus belles œuvres ? Les élans et les peurs qui fondent ce ballet ont l’épaisseur de l’inconscient. À chaque instant on voit apparaître sur scène, en images inattendues, en

corps virtuoses, les conflits et les schèmes du conte: la pomme, la sorcière, la mort de la mère, l’innocence des petits hommes, le miroir… Les corps parlent, parlent leur langage, qui est mouvement dans l’espace, confrontation à l’autre et aux objets. La danse triomphe, à la portée de tous, bien au-delà des mots qui l’ont fait naître. Parce qu’elle emprunte le langage universel des corps mais surtout, parce qu’elle touche aux relations essentielles qui nous fondent : la maternité, l’éveil à l’amour, la jalousie, le désir, le deuil. Traversées de moments sublimes, proprement inoubliables, comme l’incroyable danse verticale, la scène de l’empoisonnement, et les duos amoureux époustouflants. Décidément le fort de Preljocaj ! AGNES FRESCHEL

Blanche Neige © Agnès Mellon

Blanche Neige Ballet Preljocaj Du 5 au 8 oct Grand Théâtre de Provence, Aix 04 42 91 69 69 www.grandtheatre.fr

The Song Anne Teresa de Keersmaeker Les 6 et 7 oct Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com The Song © Michel François


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Brèves de danse J’aime ton corps…

…ton Afrique…

À Martigues aux Salins, Michel Kéléménis continue de tourner avec son Amoureuse de Monsieur Muscle… Un trio ludique et malin qui montre aux enfants comment marchent les corps, mais aussi la séduction ! le 14 oct.

À Châteauvallon toujours, Salia Sanou, emporté par la voix de la chanteuse Maaté Keita, plonge dans une danse instinctive comme s’il la retrouvait, intacte, dans les plis des bruits et des sons d’un village burkinabé… le 16 oct.

04 42 49 42 00 www.theatre-des-salins.fr

04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

…tes histoires…

…tes écrits…

Kader Attou continue de tourner son petiteshistoires.com : un spectacle où le hip hop d’Accrorap plonge vers le mime et le burlesque. Drôle, et toujours touchant. À Châteauvallon les 2 et 3 oct.

Marseille Objectif Danse programme dans le cadre d’actOral ses écrits de la danse, portés par deux chorégraphes qui savent que la parole, ou le rire, sont aussi du mouvement (voir p 24). Antonia Baehr les 28 et 29 sept à Montevideo, Olga Mesa les 2 et 3 oct à La Friche.

04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com Petites histoires.com © Yves Petit

04 95 04 96 42 www.marseille-objectif-danse.org

…et tes répétitions La saison du Pavillon Noir commence au Grand Théâtre voisin, mais avant Alwin Nikolais à partir du 15 oct (pensez à réserver !), les aficionados pourront visiter les salles cachées du pavillon pendant les journées du Patrimoine (19 et 20 sept), retrouver le GUID dans son nouveau programme d’extraits du répertoire Preljocajéen (bon ça n’existe pas mais on peut l’inventer ?) à St Cannat le 19 sept, Vitrolles le 7 oct, Le Tholonet le 10 oct. Ou bien, moment toujours magique pour ceux qui parviennent à entrer, assister à la répétition publique de Blanche Neige le 29 sept, à une séance de vidéo danse du 6 au 9 oct qui vous emmènera dans les coulisses de la création… Tout cela est en entrée libre, mais la réservation est fortement conseillée ! 0811 020 111. www.preljocaj.org

…tes extraits… Pendant les Journées du Patrimoine, le Ballet d’Europe danse au MuCEM des extraits de la dernière création de Jean-Charles Gil, Comme un souffle de femme. Une pièce qui joue sur la reprise par deux quatuors différents (un seul homme ou une seule femme) des mêmes mouvements… Confrontation suggestive ! Le 19 sept. 04 96 13 01 12 www.balletdeurope.org

AGNES FRESCHEL


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MUSIQUE

CONCERTS

La cuisine du Chef

Pleins feux sur Aix !

C’est dans les Hautes-Alpes que Raoul Lay lance son nouveau spectacle musical La revue de Cuisine à la tête de l’Ensemble Télémaque. Une savoureuse création du Cadran de Briançon !

La nouvelle mouture musicale du Grand Théâtre de Provence, mitonnée par Dominique Bluzet et Françoise Jan, convoque Beethoven pour constituer son fil rouge et annonce les venues de Barbara Hendricks, Aldo Ciccolini ou Philippe Jarrousky…

Ensemble Telemaque © Agnes Mellon

suite musicale extraite du Ballet jazz de Martinù, qui donne son titre à ce programme dans lequel certains opus sont savamment (ré)orchestrés par Raoul Lay (comme la fameuse Valse de la Suite jazz n°2 de Chostakovitch). Voilà qui titille les papilles… et la trompe d’Eustache !

Au cœur des Années folles, de nombreux musiciens, en France en particulier, découvrent la musique de jazz. Certaines de leurs œuvres portent la trace de cette nouvelle verve mélodique et rythmique qui swingue depuis ses origines New Orleans. Ravel, Satie, Poulenc, Milhaud ou Stravinsky sont au menu d’un délicieux divertissement mis en espace par Alexandra Tobelaim qui mixe des textes gourmands de Balzac, Cocteau ou Ugo Tognazzi mis en bouche par la comédienne transalpine Erika Urban. L’Italie a la part belle dans cet étonnant «Café concert» pimenté de textes dans la langue de Pétrarque ou une création «très Keith Jarret» de Luca Macchi. C’est La Revue de Cuisine,

J.F.

La revue de Cuisine du 10 au 22 oct À L’Argentière (10 oct), Guillestre (12 oct), Embrun (14 oct), Veynes (16 oct), Serres (18 oct), Tallard (20 oct) , Chabottes (22 oct)… et en tournée en Italie en novembre Théâtre le Cadran, Briançon (05) 04 92 25 52 52 www.ensemble-telemaque.com

Automne italien Les deux premières Escales italiennes de l’Automne baroque peaufiné par Jean-Marc Aymes ont pour siège artistique Venise et Rome. Deux superbes sopranos s’y arrêtent pour des opus interprétés dans un pur esprit baroque. Des «Vêpres à la Vierge» au temps de Monteverdi sont magnifiées par María Cristina Kiehr, avec Valerio Contaldo (ténor). Stephan MacLeod (basse) et le Concerto Soave (le 4 oct. à 18h à l’église St-Laurent), quand

des «Lamenti e Trionfi d’Amore» de Rossi ou Carissimi sont célébrés par Sandrine Piau, Étienne Mangot (viole de gambe & violoncelle) et Jean-Marc Aymes aux claviers (le 6 oct. à 20h30 à l’église Notre-Dame-du-Mont). J.F.

Centre Régional d’Art Baroque 04 91 90 93 75 www.crab-paca.org Location Espace Culture 04 96 11 04 61

Création Après la création plébiscitée de Préface en Prose à la Chartreuse, le jeune compositeur Lionel Ginoux présente son œuvre à la Minoterie. L’Ensemble C Barré ?, composé de brillants musiciens, sera associé au Chœur de Chambre Pyramidion : sous forme d’hommage au poète Benjamin Fondane, ils asso-

cieront musique, littérature et visuel, illustrant les propos du poète roumain face à l’horreur de l’holocauste. F.I.

MARSEILLE. Le 2 oct. La Minoterie 04 91 90 07 94

virtuose, original et didactique (le 1er oct) et le duo Isabelle Faust et Alexandre Melnikov dans les Sonates pour violon et piano n° 1, 2, 3 & 10 de Beethoven (le 9 oct). JACQUES FRESCHEL

Grand Théâtre de Provence, Aix Concerts à 20h30 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net

Tout débute par un feu d’artifice avec deux monuments symphoniques beethovéniens : les 5e («pom-pom-pompôôm !») et 9e (avec sa jubilatoire Ode à la joie) du «grand sourd» sont interprétées par les Chœur et l’Orchestre Anima Eterna dirigés par Jos van Immerseeel (le 25 sept). En attendant l’éminente mezzo-soprano Anne Sofie von Otter dans un bouleversant hommage à des musiques jouées ou composées dans l’enfer du camp concentrationnaire de Terezin (le 15 oct), on entend l’accordéoniste Richard Galliano en sextet dans des standards de Piazzolla (29 sept), le sémillant musico-pédago, star du paf au rayon classique, Jean-François Zygel pour un «Beethov’on the rocks» Jos Van Immerseel © Dirk Vervaert

Des rives… Le festival Vingt lieux sur la mer de Musicatreize et Roland Hayrabedian se termine avec L’autre Rive de Zad Moultaka (voir Zib 21), poème chanté en «simulacres de l’arabe et du français» qui pose la question «et si j’étais né de l’autre côté ?» MARSEILLE. le 18/9 à 21h aux Docks – Espace culture 04 96 11 04 61 TOULON. le 19/9 à 17h Opéra/Eglise St louis - Entrée libre ARLES le 20/9 à 11h au Méjan 04 90 49 56 78 www.musicatreize.org

Balkanique ! Le compositeur/interprète Goran Bregovic (pour le cinéma il compose les B.O. de La Reine Margot ou Le Temps des Gitans…) et ses musiciens de l’Orchestre des Mariages et des Enterrements (orchestre gitan, voix bulgares, quatuor à cordes, fanfare tzi-

gane de Moldavie) proposent un programme festif et psychotonique de musiques des Balkans. NÎMES. le 27 sept à 18h au Théâtre 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Prestige viennois Richard Martin invite le Wiener Concert Verein, formation de l’Orchestre Symphonique de Vienne pour un programme symphonique de Haydn (La Passione), Mendelssohn (2e symphonie pour cordes et Concerto pour violon & piano) et une Création mondiale d’Helmut Schmidinger dirigée par Errol Girdlestone. Avec Vera Novakova-Brodmann (violon), Maki Miura-Belkin (piano) et la récitante Cécile Auclert. MARSEILLE. le 18/9 à 21h au Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org



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MUSIQUE

CONCERTS

Faux classique et vrai chef-d’œuvre Après Elektra, Hugo von Hofmannsthal et Richard Strauss imaginent un opéra léger de type mozartien, une comédie libertine qui, sur fond d’intrigues amoureuses et comiques, de dialogues vifs et subtils, génère par sa musique de grands moments d’émotion. Ainsi La Maréchale chante avec mélancolie le déclin de la jeunesse alors que les deux jeunes amants Octavian et Sophie s’éveillent à l’amour. L’opus triompha à Dresde en 1911 lors de la création et, depuis, Le Chevalier à la Rose demeure l’un des opéras allemands les plus populaires. Son titre vient du nom du chevalier, chargé de faire, au nom d’un pair, une demande en mariage en offrant une rose d’argent à la future. Il y a de la mélancolique Comtesse des Noces de Figaro dans La Maréchale, et du Chérubin travesti (voire du Danceny des Liaisons dangereuses) chez Octavian. Mais rien, dans la musique de Strauss, ne relève du pastiche du XVIIIe siècle ! Si le titre est masculin, Der Rosenkavalier est plutôt un opéra pour voix de voix de femmes. Excepté le profond Baron Ochs (Manfred Hemm), grugé au seuil

Le cycle de Musique de chambre recommence au Foyer avec un Quintette à vent avec piano : Beethoven, Schubert, Onslow, le 19 sept à 17h.

© X-D.R.

du mariage, on y entend la grande soprano dramatique Gabrielle Fontana (La Maréchale), la formidable mezzo Kate Aldrich (le chevalier Octavian), auxquelles on ajoute l’aérienne Sophie chantée par Margareta Klobučar. Pour cette production de l’Opéra de MonteCarlo, mise en scène par Dieter Kaegi, l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de Marseille sont placés sous la direction de Philippe Auguin. JACQUES FRESCHEL

Tutto nel mondo è burla Verdi a 80 ans lorsque Falstaff, son dernier opéra adapté des Joyeuses Commères de Windsor, est créé à la Scala de Milan. On y retrouve toute la verve comique de Shakespeare et le style du vieux maître, tournant assurément le dos aux opéras à numéros, colle à la comédie. Son testament lyrique est du théâtre chanté… et surtout un énorme éclat de rire ! L’opus ouvre la saison de l’Opéra de Toulon, dans une production reprise de la création bordelaise mise en scène par Ivo

Guerra en 2004. Alberto Mastromarino incarne le chevalier ruiné bedonnant et ivrogne, quant la belle Adina Aaron chante le rôle d’Alice Ford. L’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra sont placés sous la direction de Giuliano Carella.

La 11e édition du Concours International d’Opéra de Marseille qui attend près de 150 candidats de tous les pays, présidée par Rollando Villazon, distribuera de nombreux prix. Les phases éliminatoires et les demifinales (du 10 au 12 oct) sont gratuites, mais on loue ses places pour la prestigieuse finale avec l’Orchestre (le 16 oct).

Le Chevalier à la Rose Les 30 sept, 2 et 7 oct. à 19h30, le 4 oct. à 14h30 Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 www.marseille.fr

04 91 18 43 10 www.concours-opera.com

Classiques d’Hyères Le 3e Festival International de Musique d’Hyères : concerts autour de Haydn et Mendelssohn, soirée baroque, musiques vocales de Sibelius, Grieg et piano à quatre mains. HYÈRES. Du 17 au 20 sept (entrée libre). 04 94 38 78 42 - www.festivalhyeres.org

Aubades provençales Récital du pianiste Antonio Di Christofano (le 18 sept à 20h à Vaison-La-Romaine et le 20 sept à 16h à Moustiers-Ste-Marie). Concert Musiques de chambre de 1759 à

1828 avec le violoncelliste Sergio Patria et Elena Ballario au piano (le 19 sept à 20h30 à Valréas). 04 90 303 600 www.floraisonsmusicales.com

J.F.

Falstaff Opéra de Toulon (83) Les 9 et 13 oct à 20h et le 11 oct à 15h. Opéra 04 94 93 03 76 www.operadetoulon.fr Journées du Patrimoine les 19 et 20 sept Visites du bâtiment de 9h30 à 12h30 et de 14h30 à 17h30 Musique de Chambre au Salon Campra le 15 oct. à 19h

Falstaff © Frederic Desmesure

Canon au Château Lors des Journées du Patrimoine des opus (dont le fameux Canon) de Johann Pachelbel sont joués par Sharman Plesner & Caroline Gerber (violons et viole), Jean-Christophe Deleforge (violone), Tarek Abdallah (oud) et Jean-Paul Serra ( clavecin). UCHAUX. Journées du Patrimoine au Château et à l’Eglise St-Michel

Le 20 sept à 11h visite et parcours musical. Concert à 18h. MARSEILLE. L’ensemble Baroque Graffiti accompagne également les danseurs de la Cie Campo pour une création le 19 sept à 18h à la Vieille Charité. 04 91 64 03 46 www.baroquesgraffiti.com

Musique à la Collégiale L’Ensemble Des Equilibres joue Dvorak, Kodaly… SIX-FOURS. Collégiale St-Pierre le 19 sept. à 17h (entrée libre). Festival de Toulon et sa Région - http://musiquetoulon.pagespro-orange.fr

Tutti frutti C’est l’inusable Chanteur de Mexico qui débute l’année 2009-20010 en Avignon (le 3 oct. à 20h et le 4 oct. à 14h30). On attend ensuite le contre-ténor MaxEmmanuel Cencic en récital baroque dans Haendel et Scarlatti (6 oct. à 20h30) avant le pianiste Mikhail Rudy dans le Concerto de Grieg (9 oct. à 20h30). On découvre également

Stéphanie-Marie Degand et Violaine Cochard dans une intégrale des Sonates pour violon et clavecin de Bach (le 13 oct. à 20h30 – Eglise St-Pierre). J.F

Opéra d’Avignon 04 90 82 81 40 www.mairie-avignon.fr

Valeurs aixoises

Chant traditionnel

Du Roi René au XXIe siècle à Aix : œuvres de Dufay, Binchois, Campra, Gilles, Milhaud et Philip Tyack par les Festes d’Orphée AIX. Le 20 sept à 17h – Eglise du St Esprit. MARSEILLE. le 1er oct à 20h30 – Eglise St Laurent.

Soirée musicale (le 19 sept. à 20h Salle Fraternelle avec repas) et Concert public (le 20 sept à 15h – Eglise paroissiale) autour des chants traditionnels corse, slave, provençal… Ateliers dans la journée.

04 42 99 37 11 - www.orphee.org

CORRENS. 04 94 59 56 49 www.le-chantier.com


Home Swing Home Le mois d’octobre sera jazzy dans la cité phocéenne ! Du 1er au 19 aura lieu la quatrième édition du festival Jazz sur la ville dans des lieux culturels variés qui ne sont pas forcément des caves d’aficionados… Les espoirs du cru sont naturellement au rendez-vous et auront l’occasion de se frotter à coups de bossa, soul ou jazz musette à des pointures reconnues internationalement. Notons quelques concepts singuliers comme le ciné concert jeune public autour de Blacksmith de Buster Keaton donné à la Meson sur une musique live de Uli Wolters (14/10 à 10h et 15h), le vernissage de l’exposition des photos de Michel Lafaille à la Cité de la Musique (6/10 à 18h30) et les deux conférences musicales : Alcajazz «hommage à Billie Holiday» par Cécile Mc Lorin à l’Alcazar (13/10 à 17h) et «penser et faire le jazz à Marseille» par la Compagnie Nine spirit de Raphaël Imbert à Ndidi O © Léa Crespi

la Cave de la Cité de la Musique (14/10 à 10h). Des lieux comme la Meson s’activent avec la présence de Marion Rampal (10/10 à 19h + exposition 5 ans d’affiche) et de Stéphane Belmondo invité par le Henri Florens trio (17 et 18/10 à 20h). La Friche s’implique également avec le Cabaret Aléatoire pour un goûter jazz (7/10 à 15h) et Krystle Warren et Meî Teî Shô (9/10 à 21h) précédé d’un plateau Radio Grenouille aux Grandes Tables de la Friche (9/10 à 19h). Profitez en pour retrouver Montévidéo et le Grim (carte blanche au label Rude Awakening le 16/10 à 21h), la Station Alexandre (Cecile Mc Lorin Salvant quintet le 17/10 à 21h30), le Poste à Galène (Ndidi O le 3/10 à 21h et The Lost Fingers le 10/10 à 21h), Le Cri du Port (Eric Legnini trio le 1er/10 à 20h30, Trio Tentik le 2/10 à 20h30 et Toninho Ramos et Joe Vurchio duo le 8/10 à 20h30), la Grotte des Accoules (Baltazar Montanaro, Emmanuel Cremer et JC Bournine le 3/10 à 21h) ; et n’oubliez pas la Maison du Chant, la Bibliothèque du Merlan, l’Intermédiaire, le Troquet, le Parvis des Arts et le Café Julien. La clôture surtout sera à savourer avec Raphaël Imbert dans le New York Project en compagnie du Ahmad Compaore quintet (19/10 à 20h30 à la Cité). D’autant que son nouvel opus, actuellement sous presse, sera dès ce jour-là en vente libre… FREDERIC ISOLETTA

www.myspace.com/jazzsurlaville

À vos tuyaux Le Festival International d’Orgue de Roquevaire poursuit sa route et présente sa 13e édition depuis le 11 septembre. Huit concerts éclectiques de grande qualité illustrent la thématique Bois, Cuivres et Orgue. Les incontournables duos trompette et orgue seront à l’honneur avec la présence de Guy Touvron (27/9) et de Gérard Occello (13/9), accompagnés respectivement par Carine Clement et Chantal De Zeeuw dans des répertoires allant de Vivaldi à Damase. À découvrir également, après l’association Cor, trompette et orgue des Cuivres de Rocamadour (pour le concert d’ouverture (11/9), la bombarde de JeanMichel Alhaits soutenu par Jean-Pierre Rolland dans un répertoire traditionnel breton (16/10). L’orgue, instrument dont les timbres se marient si bien avec les vents, sera tenu par Samuel Liegon et associé au Grand Ensemble de Cuivre Les Zin’q dans une littérature croisant Mozart et le NewOrleans (18/10). Les claviers ayant autrefois appartenus à l’illustre Pierre Cochereau seront également entourés d’un quintette à vent de formation classique : flute, hautbois, clarinette, basson et cor (3/10). Deux récitals rythmeront également cette 13e édition : Bruno Morin (19/11) et Emmanuelle Duperrey (11/10). Renseignements sur www.orgue-roquevaire.fr FRÉDÉRIC ISOLETTA


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MUSIQUE

CONCERTS | AU PROGRAMME

Mars atac les docks Pourquoi la terre s’arrête-t-elle de tourner du 24 au 26 septembre ? Parce que Marsatac pose ses watts sur la cité phocéenne pour un festival toujours nouveau. Nouveau lieu tout d’abord. Resté à quai en tant que victime collatérale de la redéfinition du J4, la 11e édition s’installe quelques embarcadères plus loin, au Dock des Sud, comptoir et dance floor bien connu des noctambules. Nouvelle esthétique, nouvelle programmation et tournant artistique. Plus nombreux d’année en année, les fidèles suivent : ils savent… Toujours en mouvement, le cru 2009 dessine les contours d’un axe création, avec plateaux inédits et collaborations. Jamais gagné par la routine, encore appelé à migrer, Marsatac se déplace et entraine dans son sillage surprises et révélations. La première ? Le 24 avec la création Mix-Up Beyrouth, huit têtes (5 libanais et 3 français) sous la direction artistique de Rodolphe Burger, qui fut dans un temps ancestral le leader de Kat Onoma. À ses côtés la présence de

Fred Nevchéhirlian nous garantit un cocktail explosif. On ne se couche pas et on enchaine avec le virevoltant Rachid Taha qui bénéficie pour l’occasion d’une carte blanche pour un live où ses amis le rejoindront sur scène. Ça promet. Que les insomniaques se rassurent, l’électro pop arabe de Y.A.S et l’oud déjanté des Speed Caravan seront de la partie pour ce qu’il reste de la nuit. Création maison le lendemain avec Aftershock qui réunit sous les manettes de Nitin Sawhney de jeunes artistes prometteurs de Gènes, Manchester et Marseille. Le maitre DJ japonais Krush et le marseillais Krazy Baldhead vous empêcheront à coup sûr de fermer l’œil, et si l’envie vous prend de changer de scène et d’ambiance, les caméléons Bumcello, les californiens Migthy Underdogs et la batucada drum’n’bass portugaise Buraka Som Sistema vous rappelleront que le sommeil se rattrape. De toute façon qui a parlé de dormir ? Samedi, dernier tour de piste et mélanges sulfureux annoncés. Jack de

Nils Petter Molvaer © Oliver Heisch

Marseille, Radio Slave, South Central et Félix Da Housecat pour une DJ set party qui prendra l’accent de chez nous, Berlin, Brighton et Chicago. Avant il faudra compter sur quelques pointures comme le trompettiste norvégien Nils Peter Molvaer et son nu-jazz à michemin avec la musique électronique, le rock garage kill the Dj des Battant, l’inénarrable Success, le trio anglais We have band dont une des reprises des Pet

Shop Boys est plus que prometteuse, le trip-hop d’Archive, les mystérieuses new yorkaises d’Au revoir Simone… Décollage de nuit le 24 septembre ! FREDERIC ISOLETTA

Marsatac Du 24 au 26 sept Dock des Suds 04 86 67 01 30 www.marsatac.com

Tour d’horizons… Douceur de vivre

Istres plus plus

Chanson en trombe !

De Gap à Québec

Ses chansons qui naissent «par hasard, par amour, d’on ne sait où, d’un cri enfoui comme un murmure», Virginie Seghers les livrera le 18 sept à 20h30 au Jeu de Paume. Sa voix chaude et généreuse se mêlera aux contours bossa nova de Pierre Barouh, invité et producteur de son second album.

L’Olivier accueille la plus folle histoire de la chanson : Chanson Plus Bifluorée, humour et bonne humeur garantie pour une relecture irrésistible du patrimoine chansonnier français (29 sept). Au café concert l’Usine, rendez-vous plus rock’n roll avec la présence de Dyonisos dont les quinze ans seront fêtés au même titre que la sortie d’un double album de raretés (7 oct).

Le Sémaphore à Port-de-Bouc ouvre sa saison de belle manière avec «le bal du début» par La Tromba (25 sept). En compagnie de metteurs en scène et de comédiens qui animeront la saison, La Tromba convie à un voyage de présentation où le chant méditerranéen est placé au centre, carrefour de toutes les influences.

La Passerelle à Gap accueille Terez Montcalm, belle québécoise à l’univers musical singulier naviguant entre jazz, soul et pop rock. Les grands et fameux standards d’Aznavour à U2 se savourent tant la jeune artiste sait envouter les répertoires (6 oct).

0 820 000 422 – www.lestheatres.net

04 42 06 39 09 – www.theatre-semaphoreportdebouc.com

04 42 56 48 48 – www.scenesetcines.fr

Nina Simone is back ! Evénement à Martigues aux Salins avec l’incroyable spectacle The Black Rock Coalition Orchestra (16 oct). Ce collectif exclusivement féminin venu tout droit des États-Unis fait revivre la mémoire de Nina Simone dans un show très électrique. Seize femmes en robes panthères et tenues kitch pour une création en hommage à la diva de la musique noire. Sous la houlette et la houppette de Tamar-Kali, égérie de la nouvelle scène afro-punk américaine, ces drôles de dames défendent également les luttes dont la voix d’or se faisait autrefois l’écho (droits civiques, racisme, liberté de création des musiciens afro-américains). Ne manquez pas les Daughters of Nina ! 04 42 49 02 00 – www.theatre-des-salins.fr

Duo de choc À Châteauvallon, fusion garantie le 10 oct avec la présence du duo Erik Truffaz/ Sly Johnson. La rencontre entre la fusion jazz du trompettiste et la voix du rappeur promet une très belle soirée. 04 94 22 02 02 – www.chateauvallon.com

À savourer

Maria do Céu Whitaker Poças, dit CéU fait partie des belles promesses musicales du Brésil. Imprégné de sa culture samba, l’artiste à la voix chaude s’aventure dans les méandres bossanova, afro-beat, soul, électro-jazz. Cela se savoure comme un bon mojito au bord de l’eau… Ce sera l’eau de la Durance au théâtre de Château-Arnoux/Saint-Auban (9 oct). 04 92 64 27 34 – theatredurance.com

Rentrée chargée À Marseille l’Espace Julien vous oblige à sortir sans transition. Le clan des Miros, deuxième opus de Renan Luce sera l’objet de toutes les attentions le 2 oct. On connaissait le père fan de jazz, on ignorait le fils, mais on est curieux. Kyle Eastwood, fils de papa, compositeur et bassiste doué se fait un nom dans le monde du jazz. À juste titre, à découvrir le 8 oct (export du Poste à Galène). Export du Moulin cette fois, Les célèbres Tambours du Bronx et leurs percussions urbaines vont secouer la scène du cours Julien le 9 oct au rythme d’un show toujours explosif. 04 91 24 34 10 – www.espace-julien.com F.I.

04 92 52 52 52 – www.theatre-la-passerelle.com

Dégustation À Saint-Cannat la rentrée est synonyme de Bacchanales, «le festival musical à déguster sans modération.» Aussi, dès le premier soir (le 18 sept), La fanfare Banda du Dock insufflera son esprit festif avec ses rythmes méditerranéens, précédant le swing ska et musette de l’est de Canapacoustik. Le lendemain, à 19h, le Guide Urbain d’Interventions Dansées interprètera, avec sa fougue et son talent, cinq extraits particulièrement virtuoses d’Angelin Preljocaj ; puis le Tintamare Orchestra se produira en 1re partie de Belle du Berry (20h), plume et voix du groupe Paris Combo qui sera accompagnée de David Lewis. Le duo jouera là les morceaux de son 1er album, Quizz, en compagnie de Denis Hénault-Parizel (basse) et Rémy Kaprielan (batterie). DO.M

www.festival-bacchanales.com


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Bleu Pétrole et autres Fantaisies… La meilleure date de la Fiesta 2008 restera une des dernières apparitions d’Alain Bashung. Son ombre plane sur les Docks et de la programmation de cette année, un concentré de passé, de présent et d’avenir, qui va faire couler beaucoup d’encres… Bashung avait repris Les mots bleus, l’hymne blues pour français moyen d’un Saint Christophe moustachu et dragueur, jamais complètement sorti de l’époque Top 50. Bashung avait aussi au début ce coté Kraut-Punk sale et éméché, radicalement non cartésien, que défendait Nina Hagen, qui arrive comme un cheveu dans la soupe… Rêveur et provocante, ces deux artistes divisent les souvenirs des quarantenaires. Même quand la qualité n’était pas là, ces années 80 ont forgé des styles si libres qu’il en reste des traces aujourd’hui, entre nostalgie et insouciance. Les collages de Loo et Placido, la tchatche de locaux comme Toko Blaze (sympa routier des scènes du Sud) ou Sam Karpénia, l’exotisme baltique (Caravan Palace) ou la plastique d’une

bête à cornes (Rinocérose) essaieront de se démarquer dans ce lieu qui peine à présenter ses délires les plus baroques au regard joufflu d’une jeunesse qui préfèrera sans doute son Marsatac. Conformément à la coutume, on touchera du doigt la World Music la plus farfelue (après la cé-cité, la paraplégie de Staff Benda Bilili…) et la plus noble (une soirée Flamenco avec Juan Carmona et des danseurs invités). On n’attendra plus le «grand» retour de Khaled, coureur de fond maintes fois invité dans cette épreuve ! Les idées ne manqueront pas pour redonner le peps aux marseillais (tiens il aurait du y être lui,

Peps, mais à la place on a Anis…et Ysaë): la musique Black s’y installe d’une bien étrange manière, Féfé sans les Saïan, Chaka Demus sans son Pliers, mais comment est-ce possible ? De jeunes pousses roots réunionnaises, Toguna, seront peut-être un des temps forts des cinq soirs de ce festival avec un bon buzz autour de Izïa qui a passé l’épreuve des festivals de cet été, approuvé par le père Higelin. On entend déjà les insatisfaits vouloir remplacer Charlie Winston (autre tête d’affiche plus actuelle) par Leonard Cohen, et Izïa par Jacques. Les pingres dénigreront l’abondance de noms de DJ au lieu de noms de groupes,

les plus tatillons l’absence de Nathalie Natiembé déjà croisée avec Bumcello à la Fiesta. Même les moins branchés auront noté que le futur tram se construisant de-vant la grande scène, il y aura du changement cette année… Les uns regrettent déjà l’absence d’un rendez-vous électro, les autres déploreront le manque de thèmes communs… C’est sûr que la soirée du 23 avec plateau de danse hip hop et DJs de Constantinople, on ne voit pas cela partout… On l’entend donc arriver de loin, la Fiesta et ses critiques, ses flonflons, et même sans son accordéon, c’est reparti (sur les rails !) pour une 18e édition ! X-RAY

Fiesta des Suds Docks de Suds du 16 au 24 oct http://www.dock-des-suds.org/

Toko Blaze © Gherdoussi

Des bruits et du cœur !

Beaucoup de bruit pour rien : la mairie aixoise n’a pas chaviré cet été mais l’élection a failli coûter cher aux acteurs culturels ne pouvant fonctionner sans la subvention du conseil municipal, bloqué plusieurs mois. Zik Zac a relevé le défi et sonne les douze coups cette année sur des starting-blocks. On y retrouvera tous les bons ingrédients habituels car l’été est toujours servi ici au milieu du mois de septembre ! Toujours appliqué à son cadre, le festival avait déjà investi l’an dernier la Bastide de Corsy, et y demeurera (comme l’a fait Cézanne) pour deux soirées concerts et trois jours de partage. Une belle nappe (musicale !) avec tout autour des Arts graphiques et visuels en extérieur : projections, lumières, rencontres pédagogiques, Live painting, avec surtout la présence d’André Cervera, qui créera une œuvre inédite pendant le set de Poum Tchack. Une musique particulièrement festive et bruyante cette année : le sifflement de la cocotte se fera entendre pour le retour des Néo-punks Wampas. Les Chinese Man, déjà présents en 2008, jouent à domicile après une tournée en Europe et deux cd d’une musique chaude et métissée. Le guitariste Justin Adams est prêt lui aussi à mettre le feu sous le chaudron lors de sa rencontre avec le guinéen Juldeh Camara, et d’autres bruits plus

singuliers (Rigolus et leur Fanfare, Kaballah) éveillent nos papilles à l’idée d’une telle dégustation de produits du terroir. Pour Poum Tchack comme pour Ba Cissoko, le Zik Zac sonne même comme une habitude qui vient secouer la ville, tout comme l’antre en ébullition de Musical Riot, à grands renforts de basses puissantes pour mieux digérer le Dub Old School et présenter I-Tist and the Dub Machinist. Une passerelle culturelle devait être lancée entre Venezuela et le Sénégal, comme un écho qui renvoie la recette à son inventeur, mais des problèmes de visas et d’argent ont surgi : on aura donc à l’affiche la soul de Melissa Laveaux et un peu de Kingston, avec Le Donz & Kala-kuttaz. Entre les deux scènes et l’arrêt obligé aux stands culinaires, on ne saura plus sur quel pied danser !

X-RAY

Zik Zac Festival les 18 et 19 sept Jas de Bouffan, Aix www.fonderie-aix.com

Sons pluriels And on the other hand, Festival des musiques improvisées s’installe pour la 4e année dans divers lieux accueillants entre les Réformés et le Panier (du 18 au 20 sept), avec un souci renouvelé de laisser la plus grande des places aux artistes invités et à leur instrument. Un projet multiforme produit par La Meson et initié par la chanteuse Emilie Lesbros qui se produira d’ailleurs en duo avec son complice de longue date Raymond Boni (le 18 sept au théâtre des Argonautes à 20h30), et qui animera un stage de chant (le 19 de 14h à 17h30 et le 20 de 11h à 15h à la Maison du Chant) ouvert aux chanteurs désirant approfondir leur technique vocale. À l’affiche, entre autres : le même soir et au même endroit (mais à 19h45),

un solo piano préparé et voix de Nicolas Cante dans une version plus expérimentale et introspective de son Mekanik Kantatik ; la Meson accueille Hasse Poulsen, guitariste aventureux dans la recherche de sonorités déroutantes (le 20 à 20h30) ; à la Grotte des Accoules, en partenariat avec le Cri du Port, Bernard Santacruz jouera de la contrebasse en solo (le 19 à 20h30), suivi un peu plus tard (à 21h15) par le touche-àtout Gildas Etevenard. Et ce n’est qu’un aperçu ! DO.M.

On the other hand Du 18 au 20 sept La Meson /04 91 50 11 61 www.lameson.com

La Paix se célèbre Grand rendez-vous festif gratuit, la Fête de la Paix rassemble tous les courants pour un week-end de partage du 16 au 20 sept, sur le Cours Foch. Comme chaque année, et tant que la guerre sévira dans le monde, les ondes fm-aires et positives de la Ville d’Aubagne et sa MJC continueront de déverser leur message de paix. Comme l’an dernier, on y entendra même en exclusivité la création inédite de Marsatac, avec des artistes libanais...

Avec Jo Corbeau, Thérèse Themlin, Zazz Band, NMS, Kaballah, Origines contrôlées, les anciens de Zebda, Mouss & Hakim, Mix up MarseilleBeyrouth... et un grand gâteau à se partager ! X-RAY

MJC Pays d’Aubagne 04 42 18 17 17 http://mjcaubagne.free.fr


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SAISONS

MERLAN | MINOTERIE | LENCHE | MASSALIA | SALON

Contemporain et mixte ! Pour la première fois depuis fort longtemps la Scène Nationale du Merlan annonce sa saison annuelle ! Ce qui permet de prévoir quelques soirées à ne pas manquer… et de remarquer aussi quelques traits qui caractérisent la programmation de Nathalie Marteau. On peut regretter le nombre de spectacles, tant au niveau des propositions (une petite vingtaine) que des représentations (une cinquantaine) ; mais on sait qu’elle est due aux moyens relativement courts de la Scène Nationale, dont le budget reste l’un des plus faibles de France. Les traits les plus intéressants sont ailleurs. Dans l’exclusivité donnée à la création contemporaine : la scène des quartiers nord, malgré sa jauge moyenne (mais son grand plateau !) fait venir Maguy Marin, Pippo Delbono, la Needcompany… Pour tous ceux qui ont raté Avignon, c’est une aubaine. D’autant que ces stars de la scène contemporaine sont accompagnées de cies internationales incontournables : la danse de Membros (quatre pièces !), de Salia ni Seydou, de Bruno Beltrao, sont d’une force peu commune. De celle qui, au terme du spectacle, vous laisse bouleversé pour longtemps. D’autres plaisirs aussi sont à prévoir : le duo de circassiennes Moglice Von Verx, au talent fou, le retour également de Zimmermann et De Perrot, la création de Benjamin Dupé, celle d’Eva Doumbia, de Camille Boitel… et le projet cochon de Mathilde

ques chiffres indicatifs offerts à votre vigilance : en comptant auteurs, chorégraphes et metteurs en scène, le Festival d’Avignon 2009 a programmé 2 femmes et demie (une co auteur) pour 75 hommes, et pour 2009/2010 l’Odéon n’en prévoit aucune (mais oui !), le Rond Point , La Colline 1 et demie, la Bastille zéro, le TnB 2, et le Théâtre de la Ville qui a pourtant ouvert de nombreuses voies aux femmes 6 femmes pour plus de 40 spectacles… Le Merlan prouve qu’une autre programmation est possible, que la création féminine existe, claque, brûle… et qu’en priver les spectateurs est indigne ! Et si un jour les spectatrices (plus de 60% du public) boycottaient les scènes (et festivals) qui, durant toute une saison, refusent la parole aux femmes ? Et si les subventionneurs décidaient enfin d’y mettre un peu leur nez ? Et si vous alliez acheter vos places au Merlan ? La billetterie est ouverte ! AGNÈS FRESCHEL

Oper Opis © Mario Del Curto

Le Merlan, Scène Nationale à Marseille Saison 2009/2010 www.merlan.org

Monfreux, qui promet de finir en boudins, dans les truismes de l’ard…. Car le plus remarquable dans la programmation du Merlan, cette année, est la présence des femmes. Presque la moitié des artistes. Parité que l’on ne rencontre nulle part ailleurs. Pour sortir de la région qui cette année semble avoir fait des efforts, quel-

le Buchinger’s boot marionettes qui revient mettre une puce mécanique à nos oreilles, Jean-Pierre Lescot qui met Pinocchio en théâtre d’ombre, la Cie Skappa ! deux fois… D’autres plaisirs ? Un amour où la clown Arletti rencontre la danse de Thierry Niang, la reprise des Clowns de Cervantes, Bonaventure Gacon qui fait son cirque Volchok… Alexis Moati et son Malade imaginaire subtilement distancié… Le duo féminin de Katy Deville intitulé C’est encore loin ?… Bref, beaucoup de spectacles que nous avons vus et aimés, d’autres que nous attendons avec impatience, comme la création de la Cie Du Zieu dans les bleus, l’opéra de Michel Musseau mis en scène par Jean Pierre Larroche, la création de Thierry Bédard, ou encore, en fin de saison, le dernier spectacle de Philippe Dorin et Sylviane Fortuny… Bref, une saison riche, très internationale, aux artistes choisis. Pour les enfants et les autres.

Le théâtre municipal de Salon a une programmation singulière. On y retrouve peu de ce qui se fait ailleurs. Beaucoup de musique, du Concert du Nouvel an jusqu’à Brigitte Engerer dans Beethoven avec l’Orchestre de Cannes, en passant par le blues de China Moses, un ciné concert du Philharmonique de la roquette, et le rock de MyGGgeneration. Beaucoup de textes classiques aussi, Marivaux, Molière, Shakespeare, Gautier, Hugo, mis en scène par des compagnies de la Région (le Kronope d’Avignon, Jean-Claude Nieto, Caroline Ruiz…). Quelques vedettes venues de plus loin comme Bernadette Lafont, Robin Renucci, Roland Giraud ou Xavier Gallais côtoient des spectacles fabriqués par là (Carmenseita d’Edmonde Franchi ou Peau d’Ane du Théâtre des trois Hangars…). Une saison riche, dans un théâtre qui propose aussi des conférences musicales, des ateliers et cours hebdomadaires très courus, un festival de théâtre scolaire… et un festival des arts de la rue qui les 3 et 4 oct (voir p. 22)., accueillera les manifestations organisées par Karwan. Vous avez dit varié ?

AGNES FRESCHEL

A.F.

Place aux artistes ! Au Massalia aussi on laisse de la place aux femmes! Choix qui n’est pas anodin, et dénote une volonté de sortir des circuits habituels du spectacle vivant, si androcrate. La saison s’annonce sans tambour, continuant tranquillement la politique mise en place depuis des années, qui consiste à prendre les enfants au sérieux de leur corps, leurs peurs, leurs désirs, leurs mots. Avec un peu plus de sons et d’objets que les saisons précé-

dentes sans doute, une attention réaffirmée envers les ados jusqu’aux étudiants, moins de très jeune public (c’est dommage !), des spectacles qui se déplacent dans les établissements scolaires, et une collaboration avec ActOral puis Dansem. Parmi les 25 spectacles invités, on notera la création de Mère/Fille, thématique rarement abordée, par la cie Anteprima, Thierry Bédard qui met en scène Raharimanana (voir p 8 et 24), Un amour © C. Raynaud de Lage

Salon particulier

Le Massalia Saison 2009/2010 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Saison 2009/2010 Théâtre Armand, SALON 04 90 56 00 82 www.salondeprovence.fr


Moins mais plus La saison du Lenche affiche moins de propositions que l’an dernier, mais finalement plus de représentations ! Les séries s’allongent, et certains spectacles s’installent plusieurs semaines : il faut dire que la fréquentation des petites salles du Panier est bonne, et que cer-tains soirs, l’an dernier, les spectateurs ont dû rester dehors faute de place ! Ce qui, ainsi, ne devrait plus être le cas. Pour le reste peu de changements, sinon une confirmation des axes : une collaboration profonde avec le Théâtre National d’Alger, qui aboutit à une création commune ; une attention aux enfants du quartier, avec cette année

un temps fort bourré de talents d’ici (Christine Fricker, Jeanne Beziers, la Cie Anamorphose et leur joli J’ai marché sur le ciel…) ; un mois de musique avec la chouette cie Baroques Graffiti, qui sait rendre la musique du XVIIe à sa jovialité ; deux créations, un cabaret Tchekhov, et une reprise (Karl Marx, le retour) des Cies maison ; Dansem au début, Edouard Exerjean au milieu, pour conserver les habitudes… Bref un recentrage sur les fondamentaux qui font l’identité de ce théâtre de proxi-mité. Qui regarde pourtant vers l’autre côté de l’horizon ! A.F.

Saison 2009/2010 Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 théâtredelenche.info

Il n'a été heureux qu'une fois, sous un parapluie © Catherine Rocchi

Du grain à moudre D’avis de tempête en grains annoncés, les saisons de la Minoterie se succèdent dans une convivialité dont ils ont le secret. La création contemporaine reste au cœur de leur projet, ainsi que la programmation des cies de notre région, priorités réaffirmées aujourd’hui. Pour preuve : la saison commence avec le jeune ensemble de musique contemporaine C Barré, enchaîne avec Grand Magasin, la création du Théâtre de L’Ajmer puis celle de Télémaque revenu des Bouffes du Nord, Le rêve de la soie… avant d’accueillir Dansem, tout en exposant dans son hall Pierre Gondard et Matthieu Parent. Tout cela pendant le seul premier trimestre ! Beaucoup de danse et de musique donc, et des textes résolument contemporains : la Minoterie s’affirme comme un lieu de création et de recherches, dans des formes toujours ouvertes et abordables. Une saison à suivre avec attention et fidélité, d’autant que la suite s’avère tout aussi alléchante… (Cie Lalage, Cartoun sardines, Cie Coline, Geneviève Sorin…). Un lieu de vie irremplaçable qui propose aussi des cours, des lectures, et une bibliothèque dramatique assez unique... A.F.

La Minoterie Saison 2009/2010 04 91 90 07 94 www.minoterie.org

Ensemble C Barré © X-D.R.


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SAISONS

NÎMES | ARLES

Déclinaison des créations Nouvelle charte graphique et nouveau logo pour le Théâtre de Nîmes qui mixe des genres… sous l’entière direction, désormais, de François Noël Seul aux commandes, puisque la convention qui liait la cie Deschamps/Makeïeff au Théâtre n’a pas été reconduite, François Noël annonce une saison dédiée aux artistes et à la création, dans la continuité, mais avec un autre artiste associé : le metteur en scène et vidéaste Bruno Geslin, que le Théâtre a déjà accueilli à de nombreuses reprises, sera donc présent avec la cie La Grande Mêlée dans une création, Paysage(s) de Fantaisie (titre provisoire), qui fait dialoguer des adolescents «entre documentaire et fiction spéculative», puis dans Crash(s) !/Variations, librement inspirée de Crash de James Graham Ballard, pièce dans laquelle il tisse des variations autour des obsessions de l’auteur pour les environnements fermés ; et enfin avec La Paranoïa, pièce de Rafael Spregelburg mise en scène par Marcial di Fonzo Bo et Elise Vigier dans laquelle il signe les images. D’autres créations viendront émailler la saison : du théâtre avec La Nuit, un rêve féroce…, sur un texte de Mike Kenny, une mise en scène de Marc Lainé et une création musicale du groupe Moriarty (à partir de 6 ans) ; de la danse avec Daisy Cutter de la cie La Zampa sur une chorégraphie de Magali Milian et Romuald Luydlin, Se souvenir que l’air nous porte par la cie régionale Zéline Zonzon et Duel sur une chorégraphie d’Anne Lopez ; en musique enfin avec Poèmes en prose du compositeur espagnol Carlos Duque par l’orchestre du Conservatoire de Nîmes, une partition électroacoustique du Spleen de Paris de Baudelaire.

Crash(s) ! Variations © Alain Monot

D’autres moments forts sont à noter : un nouveau rendez-vous classique concocté par René Martin -créateur des Folles journées de Nantes et du festival de La Roque d’Anthéron- intitulé La Folle Nuit qui se déroulera en décembre ; mais aussi une programmation de choix en janvier pour le Festival Flamenco qui fête ses 20 ans et qui rassemblera tous les grands noms du genre : Silvia Marín, El Cabrero, Israel Galván, Andrés Marín, Diego Carrasco… Le reste de la programmation est riche en «stars» de théâtre (Galabru, Bouquet, Ludmilla Mikael, Denis lavant, Fellag, Caubère) et en propositions en tous genres : Le Malade imaginaire mis en scène par Georges Werler, le Collectif Superamas et son Empire, Yves Beaunesne, que les nîmois connaissent bien (sa mise en scène du Canard sauvage d’Ibsen est encore dans tous les esprits)

pour Le Partage de midi de Claudel, le collectif Les Possédés avec Oncle Vania… ; en danse avec le Cirque National de Chine, Anne Teresa De Keersmaeker, Garry Stewart ; et en musique bien sûr, avec l’Ensemble Baroque Capriccio Basel qui accompagne la soprano Maria Cristina Kiehr, l’Orchestre National de Montpellier, l’incontournable rendez-vous de fin d’année Musique sur cour… Quantité et qualité peuvent faire bon ménage : venez donc le vérifier à Nîmes ! DOMINIQUE MARÇON

Théâtre de Nîmes Saison 2009-2010 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com

Altérités artistiques À Arles la nouvelle saison débute sous de bons auspices, la fréquentation du théâtre étant en nette hausse ! 7% de spectateurs supplémentaires par rapport à la saison 2007/2008, 28% de plus sur quatre ans, un nombre d’abonnés croissant qui viennent pour 65% d’entre eux d’Arles même, puis de la communauté de commune et enfin du reste de la région.… Forte de ces encouragements, Valérie Deulin, qui dirige le Théâtre, a concocté «un parcours placé sous le thème du préjugé, du respect des altérités, puis des rapports orient/ occident.» Il y a bien sûr dans cette programmation des noms connus, des fidèles qui reviennent, comme Claire Le Michel avec des Contes d’automne adaptés de l’ouvrage éponyme de Grégoire Solotareff, Agnès Limbos qui reprend un de ses grands classiques du théâtre d’objet, Petit pois, le chorégraphe, danseur et comédien Radhouane El Meddeb dans le solo Quelqu’un va danser…, Le banquet fabulateur de Catherine Marnas, festin jubilatoire où le plaisir des fables et des textes dramatiques se dévore et se boit en compagnie…, ou encore Vanessa Van Durme, la magnifique auteure et interprète de Regarde maman je danse qui revient avec Femme blanche. Et puis il y a aussi d’autres belles propositions, notamment avec une nouveauté, début 2010 : un week-end de performances qui se demandent si Le multicultura-

lisme peut aller au-delà du culinaire ! Le programme complet n’est pas fixé, hors la venue de Hooman Sarifi, chorégraphe et interprète de We failed to hold this reality in mind, journal intime dansé sur fond de musique classique iranienne, et celle du performeur suisse Yan Duyvendak qui s’attaque dans Made in Paradise aux clichés médiatiques. Côté théâtre, citons en outre une mise en scène de Bernard Orsoni pour un texte inachevé de Brecht, Jean la chance, avec la cie Théâtre de Neneka ; une Cène apocalyptique de Valère Novarina, Le Repas, mis en scène par Thomas Quillardet ; le Pénélope ô Pénélope écrit, mis en scène et joué par Simon Abkarian entouré de sa famille d’acteurs venus pour beaucoup Le repas © Patrick Fabre

du Théâtre du Soleil ; We are la France, satire sociale de Jean-Charles Massera adaptée et mise en scène par Benoît Lambert ; le très intriguant Le Globe de Thierry Bédard, petite leçon de géopolitique à l’usage des enfants ; le très attendu délire argentin de la cie Timbre 4, Le cas de la famille Coleman, où comment se tissent et se délitent les liens familiaux… Sans oublier les résidences de création, à commencer par celle de La Compagnie singulière accueillie au domaine de l’Etang des Aulnes qui travaillera sur sa nouvelle création, ApartéS et le GdRA (présent l’année dernière avec Singularités Ordinaires) qui prépare Nour, histoires de migrations, toutes deux visibles la saison prochaine au Théâtre d’Arles. Et la Cie Onstap, qui a inventé un rap/slam fait de propos forts et drôles et de percussions corporelles, présente en janvier avec Parce qu’on va pas lâcher. Et puis, comme chaque début de saison, le festival Cirque & Entresorts s’installe en ville avec baraques et chapiteaux : voyez le détail page 22 ! DO.M.

Théâtre d’Arles Saison 2009-2010 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com


3BISF | ATP (AIX) | LE PÉRISCOPE (NÎMES)

SAISONS

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Le temps d’élaborer Le 3bisf est un lieu précieux pour la création artistique. Un de ces chaînons qui manquent dans le circuit de la production et de la diffusion : c’est un lieu d’élaboration. Le Pavillon discret, situé au cœur de l’hôpital psychiatrique Montperrin, accueille des artistes en résidences longues, et coproduit leurs créations. Au passage, il demande à ces artistes de faire des ateliers avec les résidents de l’hôpital, les visiteurs, le personnel hospitalier. Ou le public. Un souffle d’air et d’art dans l’univers de la maladie mentale, et une voie d’accès pour chacun vers ceux que l’on enferme. Un souffle aussi pour les artistes : ceux qui y travaillent semblent, au fil des ans, trouver là le temps et l’espace de fabriquer des choses, et l’on ne compte plus les œuvres élaborées en ces murs. Au premier trimestre il y aura les 6 et 7 oct des performances de Dominique Gillot, soit 25 mns de «relecture fébrile» de la «musique populaire de masse». Performances qui seront doublées d’ateliers musicaux

en septembre, janvier et mars, et de l’installation d’un blog… Pour la plasticienne Cécile Dauchez la démarche sera inverse : l’atelier d’octobre, qui débouchera aussi sur la création d’un blog, précèdera l’exposition personnelle de mars. De même pour Rémi Yadan : son atelier de pratique théâtrale et filmique (novembre), destiné à faire prendre conscience de l’image que l’on donne de soi lorsqu’on est sur scène, précédera son exposition de janvier. On pourra voir aussi en avant-première du 26 au 28 nov le duo de Geneviève Sorin et Lulla Chourlin, conçu et répété là avant d’être créé en février à la Minoterie. Les quatre jumelles de Copi, proposées par la Cie LESGENSDENFACE, finiront de s’élaborer là (présentation du travail du 5 au 7 nov, atelier du 13 au 16 oct) avant d’être crées au Comœdia d’Aubagne… Puis Skappa ! présentera un spectacle les 4 et 5 déc dans le cadre de Momaix… AGNES FRESCHEL

Le bon jour d’Aix

Vice Versa © Julien Oppenheim

Au milieu des querelles qui opposent souvent Aix et son Pays, petites structures historiques et grosses institutions récentes, les Amis du Théâtre Populaire, à Aix, proposent à leurs adhérents une programmation d’une grande qualité qui s’immisce dans tous les lieux… Preuve que leurs esthétiques ne sont pas si lointaines ? Cette année les ATP seront partout, de la salle Emilien Ventre à Rousset jusqu’au Jeu de

Paume au cœur (battant ou assoupi ?) de la ville d’eau; du Vitez universitaire au Pavillon Noir des danseurs, en passant par les Ateliers, le 3bisf, et une tournée dans la Communauté du Pays d’Aix qui accueillera… la création qu’Olivier Py concocte en son Odéon, Théâtre National tout de même ! Malgré cette diversité d’échelle une grande unité non d’esthétique, mais de qualité. Pour preuve : au premier trimestre ne ratez pas Vice versa de Will Self, drôle, grinçant, contemporain et intelligent (du 19 au 21 oct au Théâtre des ateliers), mais pas non plus au Jeu de Paume le romantique Quatrevingt-treize mis en scène par Godefroy Segal (le 23 nov), ni à Rousset le classique Marivaux (Le Triomphe de l’amour) mis en scène par Cendre Chassanne (le 3 déc). En bref, on vous conseille vivement de vous abonner !! A.F.

Saison 09/10 Amis du Théâtre Populaire, Aix www.atpaix.com

Joyeux anniversaire ! À Nîmes, pas très loin du grand Théâtre, le petit Périscope fête ses dix ans en beauté. Car si la salle est petite, elle est toujours pleine comme un oeuf et accueille des spectacles de grande qualité. Jugez un peu : la saison commence par Tête de nuit le 9 oct, un trio de théâtre visuel par le N.U. collectif, très (bien) inspiré de Philippe Genty ; et enchaîne avec l’Immédiat de Camille Boitel (voir p 26) les 5 et 6 nov… La saison anniversaire prévoit une quinzaine de spectacles qui, au-delà du Festival des P’tites canailles en avril, soigne le jeune public, et propose aux adultes des formes contemporaines de pointe. Comme le Vice Versa de Will Self (voir ci-dessus) ou les Plasticizations délirantes de Nelisiwe Xaba. De quoi retenir les (nombreux) fidèles et en attirer de nouveaux, d’autant que le Périscope organise aussi des ateliers de théâtre pour tous âges et tous niveaux… A.F.

Saison 2009/2010 Théâtre du Périscope, Nîmes 04 66 76 10 56 http://theatreperiscope.fr

Plasticization © Suzy Bernstein

Cécile Dauchez, collage sur bureau présidence 2, impression jet d'encre, dim 30 x 45 cm © Cécile Dauchez

Saison 09/10 3bisF, AIX 04 42 16 17 75 www.3bisf.com


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SAISONS

GRASSE | STE MAXIME

Ambitieux et réaliste

Pas Perdus de la Cie Dare d’Art © A. Chaudron

Fidélité et austérité sont les maîtres mots de la nouvelle saison du théâtre de Grasse : fidélité à la danse et au cirque puisque la scène est conventionnée pour cela ; austérité budgétaire avec un nombre de spectacles revu à la baisse (une trentaine pour une centaine de représentations) et un retour aux spectacles in situ, moins coûteux qu’hors les murs… Une programmation perméable à la conjoncture économique, ce que Jean Flores affiche

clairement dans son éditorial : «Nos finances commencent à clignoter à «l’orange» ! et nous devons repasser au «vert» rapidement. Pour compenser les baisses de subventions (ou les non augmentations) nous lançons un appel au mécénat en sollicitant des financements privés d’entreprises de la région et en créant ainsi le Club des Partenaires.» Pas de saison au rabais cependant, mais l’affirmation de choix artistiques vers un public plus ciblé : «Au lieu de

nous lamenter nous «investirons» sur nos jeunes car le public reste une de nos préoccupations majeures.» Dès l’ouverture le ton sera donné entre festivité, convivialité et austérité ! La compagnie Castafiore, compagne de route depuis 12 ans, offrira une mise en bouche de Stand Alone Zone créé en décembre, tandis que le public, convié à la fête, est invité à apporter à boire et à manger dans un esprit de «mutualisation de tout pour tous»… Le théâtre de Grasse soutient également la jeune scène circassienne dont le talent se répand comme une traînée de poudre: Julien Cottereau, Cie Dare d’Art, Les Argonautes, Étienne Saglio… Même les spectacles de théâtre et les soli ont l’heur de plaire à toute la famille, les uns revisitant les textes du répertoire, les autres braquant leurs projecteurs sur des têtes d’affiche. Quand ils ne combinent pas les deux : Michel Galabru et Philippe Caubère, Romane Bohringer, Francine Bergé et Roxane Borgna, Zabou Breitman, François Morel ou Michel Boujenah. Avec le fascinant court métrage d’animation (oscarisé !)

de Suzie Templeton, Raoul Lay et l’Orchestre de Cannes, la musique de Prokofiev mettra à l’unisson petits et grands lors des ciné-concerts Pierre et le Loup. Et c’est sur le fil de la danse que l’on pourra mesurer «la prise de risque» du Théâtre de Grasse, avec une gamme de propositions inventives, étonnantes et revigorantes : Mourad Merzouki, Thierry Vincent et Monique Loudières, Heddy Maalam et Fritz Hauser, Claude Brumachon, Thomas Lebrun. Bref, malgré ce temps de crise qui pèse lourd sur les structures culturelles, Grasse reste un soutien de taille pour les artistes avec pas moins de 10 créations, soit un tiers de sa saison ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Theâtre de Grasse (06) Saison 2009-2010 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Un Carré multiforme Imposant dans son enveloppe de verre signé JeanPascal Clément, Le Carré Sainte-Maxime affiche une première saison audacieuse sous la houlette de Valérie Boronad, ancienne artiste associée à La Ferme du Buisson, et de la cie Artefact. En effet, audelà de son accueil en résidence, Artefact s’associe pleinement au projet artistique en offrant au Carré «un véritable chantier de création ouvert» avec sept spectacles, des rencontres et des répétitions publiques… En guise d’introduction, le festival pluridisciplinaire Entre ciel et terre est dédié «aux quêtes exploratoires, aux esthétiques du merveilleux, au questionnement de l’invisible» : une manière d’affirmer la coloration particulière d’une saison que Valérie Boronad a souhaité «inscrire dans l’air du temps tout en s’adressant à tous». Ainsi, pour toucher le plus grand nombre et notamment le public jeune qui reste à conquérir, Le Carré propose de regarder le monde contemporain à travers le prisme du cirque, de la danse, du théâtre de rue, de la musique et des arts numériques. Dans ce bouillonnement créatif, on retiendra au premier trimestre la performance hip hop de la cie Alexandra N’Possee, l’émouvante Myriam Boyer dans La Vie devant soi mise en scène par Didier Long (trois Molière en 2008), la voix envoûtante de la chanteuse jazzy Stacey Kent, toute la sensualité du tango livrée à chaud par dix danseurs et le sextet de Daniel Binelli. Ou encore l’immense talent de Catherine Rich au service de Stefan Zweig dans 24 heures de la vie d’une femme adapté par Marion Bierry. Du merveilleux avec Mon Pinocchio de Jean-Pierre Lescot, passé maître dans l’art du théâtre d’ombres et d’objets, et du spectaculaire avec le célèbre ballet

Casse-Noisette revu et corrigé par le Cirque national de Chine. De l’expérimental enfin, avec Mylène Benoît et sa cie Contour progressif qui convoque la danse et les arts numériques et interroge l’influence du jeu vidéo sur le monde réel… Ce qui ressemble à un chassé-croisé entre têtes d’affiche et artistes émergents, nouvelles écritures et textes du répertoire, imaginé par un tout nouveau pôle culturel varois richement doté de deux salles de spectacles, d’un espace d’exposition, d’une médiathèque et d’un complexe cinématographique.

Impossible de ne pas s’en réjouir, d’autant que l’offre de qualité la plus proche est à plus de 60 kilomètres… à Grasse, Draguignan ou Châteauvallon ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Carré Léon Gaumont Saison 2009-2010 Sainte Maxime (83) 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Nos Limites © Renaud Vezin


CHÂTEAUVALLON | DRAGUIGNAN | LES COMONI

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Châteauvallon, plus dépaysant que jamais Hétéroclite comme toujours, ouverte sur le monde, la nouvelle saison du CNCDC Châteauvallon à Ollioules dessine une cartographie originale, riche de terres vierges et de paysages familiers. La première expédition se déroule du 18 au 23 sept à l’occasion d’une semaine de présentation de saison organisée par Christian Tamet et son équipe, à la fois vitrine festive, carte d’identité du lieu et levier des réservations à venir… Pour 1 euro seulement, le public peut accéder aux lectures spectacles de Bartleby d’Herman Melville avec Daniel Pennac et de La main coupée de Blaise Cendrars avec Alain Cesco-Resia, découvrir le salon de musique iranienne de Shanbehzadeh, et retrouver la verve de Fellag dans Comment réussir un bon petit couscous avec Bruno Ricci. Enfin, emballé par l’exposition de François Daireaux produite en février dernier par la Villa Tamaris à La Seyne sur Mer (voir Zib’ 16), Châteauvallon invente une suite originale dans le hall du théâtre couvert sous la forme d’une carte blanche. Cette mise en bouche sera suivie d’un temps fort de cirque, les 25 et 26 sept, avec le «duo pour rire» Mathurin Bolze et Hedi Thabet et les deux soli de la compagnie Moglice-Von Verx, celui de la trapéziste Chloé Moglia et celui de Melissa Van Vépy en duel avec un crochet de levage géant! Après cette rentrée en fanfare, le voyage au long cours se poursuivra ponctué de haltes cosmopolites, de révélations et de fidèles compagnonnages. Histoire

de son music-hall dans un spectacle réservé aux adultes, Cœurs croisés, ou encore Joël Pommerat en résidence pour son étude d’anthropologie théâtrale Je tremble 1 et 2… France, Argentine, Italie, Orient, Afrique : Châteauvallon s’affranchit de toutes les frontières et instaure même un nouveau cycle, Noir comme l’amour, qui met en avant la culture noire sous toutes ses formes et dans toute sa diversité. Avec, par ordre dispersé d’entrée en scène, les compagnies chorégraphiques Salia Ni Seydou, Raphaelle Delaunay et Faustin Linyekula, l’orchestre The Black Rock Coalition, la metteur en scène Eva Doumbia, la chanteuse Dobet Gnahore et les huit musiciens congolais de Staff Benda Bilili… C’est dire si les sillons creusés par Châteauvallon ouvriront l’imaginaire collectif sur de nouveaux espaces. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Saison 2009/2010 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com/reservation Coeurs croisés © Agathe Poupeney

de conforter ses liens avec Sophie Perez et Xavier Boussiron pour un Gombrowiczshow totalement déjanté, avec Omar Porras qui revisite Les fourberies de Scapin, Philippe Decouflé qui ouvre les portes

Formes inventives Dire que le théâtre jeune public a beaucoup à apprendre au théâtre pour adultes ne relève pas de la pirouette paradoxale. On s’y interroge sur la réception, sur l’entendement du public, et la préoccupation des artistes est de toucher à l’universel, à ce qui nous fonde en commun. Et, surtout, de le donner ressentir simplement à l’entendement de tous. Le pôle jeune public du Revest fait partie de ces lieux-là. Lié au Massalia ils font certaines fois programmation commune: cette année tous deux accueillent Thierry Bédard, Volchok, Philippe Dorin ou Jean-Pierre Lescot… Mais le pôle varois se consacre, davantage encore que son grand frère historique, au théâtre d’objet, aux petites formes

qui parlent à l’imaginaire enfantin, à la danse qui met en scène les transformations du corps. La saison commencera par Être le loup dès les 19 et 20 septembre : lors des journées du Patrimoine, dans les champs, avec la Cie Orphéon, il s’agira d’écouter l’histoire de cet homme recruté par l’ANPE pour un emploi de Loup… Après cela il y aura le cirque moderne, un ciné concert, et le spectacle bouleversant de Daniel Danis, Kiwi. À voir tout près de ses enfants, plutôt ados, en les rassurant sur la dureté du monde. AGNES FRESCHEL

Volchok © Philippe Laurençon

Les Comoni Saison 2009/2010 Pôle Jeune Public Le Revest-les eaux (83) 04 94 98 12 10 polejeunepublic.com

Draguignan fait rêver ! Depuis l’arrivée d’Odile Thiériot à la tête des Théâtres en Dracénie, le nombre des spectacles s’est multiplié. Leur pertinence aussi, et le public a suivi : la fréquentation est excellente, et les subventionneurs se réjouissent que leur pôle théâtral soit aujourd’hui le plus fréquenté du Var. Cette année la saison proprement dite, dans les murs du théâtre de Draguignan rénové, commencera un peu en retard en raison des travaux de sécurité initiés cet été : c’est le 14 nov que le public pourra retrouver sa salle de 750 places, pour un spectacle événement de cirque vietnamien. D’ici là, hors les murs, une véritable fête les rassemblera le 2 oct : un Hommage à Istanbul emmené par la cie Montanaro et des musiciens méditerranéens pour un répertoire arabo andalou, suivi d’une pluie de plumes d’anges, ballet aérien conçu par les Studios de cirque de Marseille. Puis un autre spectacle gratuit, L’Homme semence, d’après le récit autobiographique de l’habitante d’un village privé d’homme par la guerre… le 9 oct à Taradeau, le 10 oct à Bargemon, le 11 oct à Châteaudouble. Et comme chaque année, le festival des Musiques insolentes les 16 et 17 oct… salle Lilly Pons, avec en particulier Jean-Marc Montera et Ahmad Compaoré.

Place des anges © Bozio

Après la réouverture, pas moins de 42 spectacles sont programmés : les habituels festivals de danse et jeune public -la scène est conventionnée pour celaet le temps de cirque. Mais aussi beaucoup de théâtre : le Phèdre de Renaud Marie Leblanc, La Douleur de Duras/ Chéreau/Dominique Blanc, Le Jour où Nina Simone a arrêté de chanter… Une saison très riche, sur laquelle Zibeline reviendra dans quelques semaines… Ce qui ne doit pas vous empêcher de vous abonner dès à présent –à l’office du tourisme jusqu’au 15 oct, durant la durée des travaux ! AGNES FRESCHEL

Saison 2009/2010 Théâtres en Dracénie (83) 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com


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SAISONS

AVIGNON

L’empreinte de Benedetto 24 nov dans la pièce Lettres anonymes, qu’il n’aura joué que deux fois pendant le festival. Des projets sont à l’étude, notamment la publication d’un recueil complet des écrits de l’artiste et des invitations de jeunes troupes autour de ses textes. Premier à jouer intra-muros en 1966, hors de la programmation officielle, le fondateur presque involontaire du off, ce rebelle à l’œuvre foisonnante, laissera un grand vide dans la cité papale. Espérons que son théâtre restera.

Andre benedetto © D. Michelangeli

Suite au décès du fondateur du Théâtre des Carmes, rebaptisé Théâtre des Carmes André Benedetto, son entourage souhaite poursuivre son œuvre. Aspirant surtout à ne pas devenir un «garage» ni un musée, les amis d’André Benedetto vont tenter de rester dans l’esprit du théâtre créé en 1964. Un «Conseil des sages» agira pour sa continuité et en maintiendra l’esprit. En 2008, Benedetto avait réactualisé le texte Emballages, créé dans les années 70, sur la condition ouvrière, l’homme et la marchandise. Une lecture d’une seconde version de ce spectacle sera donc donnée le 17 oct, par sa fidèle troupe. Puis Bertrand Hurault, le président de l’association Nouvelle Compagnie d’Avignon remplacera l’homme-orchestre du 20 au

DELPHINE MICHELANGELI

Saison 2009-10 Théâtre des Carmes 04 90 82 20 47 www.theatredescarmes.com

Le Ring passe la main Marie Pagès, directrice du Théâtre du Ring, retourne à ses premières amours. «Je veux refaire à plein temps le boulot que j’avais choisi, à savoir comédienne et metteur en scène». En décidant de vendre son théâtre pour revenir pleinement sur le plateau, elle choisit aussi et surtout «de parler d’autres choses que d’argent». Une dernière fois sera malgré tout nécessaire pour conclure la mise en vente du théâtre, qui rencontre actuellement deux

accroches sérieuses. En attendant le passage de relais d’ici fin décembre, le dernier spectacle de la cie Salieri Pagès, Le Bonheur de la Tomate (voir p10) qui a affiché complet tout le festival, part en tournée dès le 17 septembre à la Salle Bouvier de Morières-les-Avignon et enchaînera sur une vingtaine de dates pendant l’année. Une journée de clôture se tiendra fin novembre avec un Marathon de Lectures réunissant tous les auteurs invi-

Les Halles ont des talents Aux Halles, la saison débutera avec la Cie Vol Plané qui offre une nouvelle jeunesse à la dernière comédie de Molière (voir p 30). Puis du 22 au 24 oct, Bernard Proust philosophera autour de la question de l’écriture théâtrale. Reprise d’Une Voix sous la cendre du 18 au 20 nov, à voir absolument si vous l’avez raté la saison dernière. L’année se finira les 18 et 19 décembre avec le Théâtre de l’Ephémère qui montera pour la première fois à trois voix la pièce Donc de Jean-Yves Picq. Jean-Vincent Brisa se dédoublera pour retracer l’œuvre inépuisable de Molière les 14 et 15 janv, dans Molière, une passion. L’incandescent Denis Lavant devrait enflammer la scène dans La Grande vie de Jean-Pierre Martinet du 28 au 30 janv (sous réserve). En février, découverte d’un triptyque sur les métamorphoses des frontières mentales et géographiques de la ville avec 74 Georgia avenue précédé de Les Marchands ambulants et Le Vieux juif. Les 30 et 31 mars, l’Auguste Théâtre offrira au jeune public dans le cadre du festival Festo Pitcho, Le roi de la plage. La nouvelle création d’Alain Timar, réunissant entre autre le trio gagnant des

comédiens du Calaferte, sera donnée du 22 au 25 avril. Simples Mortels, adapté du roman de Philippe de la Genardière, dressera dans ses convulsions comme dans ses éblouissements un tableau primitif de notre postmodernité. Agnès Régolo présentera également sa dernière création du 13 au 16 mai. Que d’espoir d’Hanokh Levin, réunira sa fine équipe de comédiens (Nicolas Geny, Catherine Monin, Kristof Lorion et Nicolas Chatenoud) et les inclassables musiciens du collectif Inouï. De la réjouissance et du talent en perspective. Et en juin, avant le prochain festival, le spectacle Swan sera repris par la Cie Fraction. Librement adapté par Jean-François Matignon à partir du Red Riding Quartet, la «noire» tétralogie de David Peace. Puis la Cie La Sentinelle clôturera la saison avec Vous avez dit Colette ? d’après Lettres à sa fille, 1916-1953 de Colette. DELPHINE MICHELANGELI

tés et un bataillon d’acteurs et de metteurs en scène (dont Gérard Gélas, Alain Timar, Nicolas Geny, Serge Barbuscia et Marie Pagès). Un dernier round généreux pour passer le relais. DE.M.

Le Ring 04 90 27 02 03 www.lering-salieripages.com

Explorons la Chartreuse Le Centre national des écritures du spectaclecontinue de porter son attention à la création culturelle multidisciplinaire. Après des résidences offertes à des auteurs et des artistes, des présentations de travaux (en cours) sont donc organisées à la Chartreuse. Kitsou Dubois ouvrira le bal le 24 sept dans Traversées. Puis, La Plus belle, disaient déjà les Grecs, quatre pièces de Noël Casale se déroulant à Bastia de nos jours, seront données le 22 oct. La Cie Le Zéphir présentera Terre Océane, mise en scène par Véronique Bellegarde le 26 nov, suivie par la Cie Le Bruit des Hommes avec Métiers de nuit. Six monologues pour répondre en miroir aux polyphonies et polyglossies nocturnes. Et la Cie belge Crew continuera l’exploration des technologies immersives avec une résidence s’inscrivant dans la préparation du projet Explorations Immercity, présenté le 10 déc. Un premier trimestre créatif bien sûr, et dense ! DE.M

Saison 2009-10 Théâtre des Halles 04 90 85 52 57 www.theatredeshalles.com

La Chartreuse de Villeneuve 04 90 15 24 24 www.chartreuse.org

Octobre aux Doms Ouverture de saison attendue au Théâtre des Doms avec l’étonnante cie avignonnaise Art.27 qui jouera du 1er au 4 oct sa dernière création Le Nord Perdu, adapté des poèmes de la comédienne Catherine Monin. Un petit bijou d’écriture, mis en scène par Thierry Otin et en lumières par Erick Priano répété en résidence sur la Scène de Cavaillon où il a été présenté le 8 sept en avant première… En images suggestives et musique de voyage, quatre comédiens racontent des histoires minuscules, des bouts de vie, des morceaux de rêves et des parts d’ombre. Ils nous font perdre le Nord tout en suivant le soleil. Leçon de savoir le 10 oct avec une rencontre entre Jacques Reisse et Pascal Picq qui exploreront, avec Darwin et la question des origines, la théorie de l’évolution dans une conférence/débat. Le Théâtre de la Marmite viendra ensuite rencontrer un large public les 22 et 23 avec La Grande dame, accompagné par l’atelier théâtre du CE-SEPR du Pontet et la Cie Carcara. Puis, dans le cadre de Drôle d’Hip Hop, la cie des Daltoniens présentera les 25 et 26 octobre le spectacle Tag. En collaboration avec les toutes proches Hivernales qui organisent les festivités chaque année… Le reste de la saison continuera sur la même voie : dans la collaboration amicale, et l’excellence… DE.M.

Saison 2009-10 Théâtre des Doms 04 90 14 07 99 www.lesdoms.be/fr La Grande Dame - Cie La Marmite © X-D.R.


Opéra théâtre privé Michel et Davy Sardou démarreront la saison théâtrale de l’Opéra d’Avignon le 16 oct, avec Secret de famille d’Eric Assous : une comédie de mœurs dans la tradition du vaudeville. Le 3 nov, dans un décor et une lumière couronnés par un Molière 2009, Claude Rich et Geneviève Casile feront mouche dans Le Diable rouge d’Antoine Rault. Autre «monument» de la scène française, Michel Bouquet incarnera Le Malade imaginaire de Molière le 28 nov. Succédant à l’humour de Valérie Lemercier (le 2), Fabriche Luchini fera Le point sur Robert le 3 déc, dans son spectacle autour de Paul Valéry, Roland Barthes, Chrétien de Troyes, Molière… Francis Veber adaptera Le Dîner de cons le 7 janv avec les compères Chevallier et Laspalès. Un autre humoriste pour une comédie déjantée et inspirée de sa vie dans Le comique avec Pierre Palmade et Noémie de Lattre, le 10

fév. Line Renaud jouera Très Chère Mathilde le 2 mars, et le très attendu Jules et Marcel réunira le 26 mars Michel Galabru et Philippe Caubère d’après la correspondance de Raimu et Pagnol. Pour finir, le 30 avril avec Cochons d’Inde, «une pièce pour oublier la crise», également largement récompensé aux Molières 2009, avec Patrick Chesnais. Une programmation théâtrale fondée sur la célébrité des invités, et qui se tourne nettement vers la télé et les circuits privés. Nettement en dessous de la qualité musicale et lyrique de la maison (voir p 48), même si voir certains de ces monstres sacrés sur scène reste un indéniable plaisir. DE.M.

Saison 2009-10 Opéra-Théâtre 04 90 82 42 42 www.avignon.fr

Du pur Chêne Malgré des difficultés financières annoncées dues à des baisses de subventions conséquentes, la saison d’hiver du Chêne Noir s’annonce riche et variée. L’humoriste Christophe Alévêque ouvrira les hostilités les 1er et 2 oct, «pour se faire du bien sans se faire du mal» comme il l’annonce lui-même (voir p 31). La 6e édition des Rencontres de l’Eloquence transformera le théâtre en tribunal le 30, dans un concours de plaidoiries ouvert à de jeunes avocats. Du 20 au 29 nov, Gérard Gelas livrera sa dernière création Ernesto Che Guevara, la dernière nuit, avec Olivier Sitruk dans le rôle titre. Une création qui permettra de s’interroger sur la violence du monde d’aujourd’hui à travers une double fiction autour du révolutionnaire. Le 10 déc, pour clore sept années de tournée, à la veille de la fermeture du camp de Guantanamo, le théâtre accueillera une représentation exceptionnelle de Guantanamouravec Guillaume Lanson etDamien Rémy. «C’est un long compagnonnage qui va s’arrêter, mais il le faut» confie l’auteur et metteur en scène. «Il fallait libérer aussi les deux acteurs quand même !». Du pur Gélas ! Le 16 déc, Le Petit chaperon rouge de Joël Pommerat, qui n’en finit pas de tourner et de sidérer les yeux (d’enfants) et les imaginaires de tous, invitera à apprivoiser la peur et les désirs oubliés. Après ce premier trimestre chargé la saison continuera au même rythme : Pierre Santini viendra les 21 et 22 janv pour un récital

autour de Paolo Conte mis en scène actuellement par Gérard Gélas à Paris : on oublie parfois le passé de musicien du metteur en scène... Puis dans Charles Gonzalès devient… Camille Claudel, le comédien titre retracera les 25 et 26 fév, sans travestissement, la vie tumultueuse de la sculptrice ; le Théâtre du Kronope déploiera ses voiles du 11 au 13 mars avec La Tempête de Shakespeare : une esthétique absolument «kronopienne» pour ce classique initiatique. Dans le cadre du festival Festo Pitcho, place à nouveau aux enfants qui pourront les 1er et 2 avril, découvrir Matin Brun, par la troupe de M. Tchoum et s’interroger sur les petites lâchetés. Du 22 au 25 avril, la dernière pièce de Jean Anouilh, Le Nombril se demandera jusqu’où il est bon, ou mauvais, de se connaître : nombrilisme, méconnaissance de soi, le fil d’équilibre est mince, et le fossé profond… Claudine Pelletier y dirigera entre autre Marc Olinger, entouré de comédiens luxembourgeois, français et belges. Et toute l’année les Conférences sous le Chêne inviteront mensuellement un naturopathe, Michel Martigny et le 26 mars un sinologue français, François Jullien pour Penser d’un dehors la Chine. DELPHINE MICHELANGELI

Saison 2009-10 Théâtre du Chêne Noir 04 90 82 40 57 www.chenenoir.fr


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SAISONS

MUSIQUE

Fastes toulonnais L’Opéra de Toulon est l’un des plus grands théâtres de France. L’architecture imposante du bâtiment inauguré en 1861, son parterre et ses quatre balcons en corbeille lui permettent d’accueillir près de 1800 spectateurs par représentation Psyche, maquette des decors © Luc Londiveau La nouvelle saison que Claude-Henry Bonnet propose aux varois s’articule autour de productions lyriques : des classiques populaires comme Carmen ou Les Noces de Figaro ou des opus originaux, telle la création française de Street Scene que Kurt Weill composa pour Broadway en 1947. La suite en appelle à un incontournable trio transalpin : si Don Pasquale de Donizetti ou l’«opératique» Requiem de Verdi tiennent souvent le haut de l’affiche, il en va moins de même avec le fourmillant Voyage à Reims de Rossini et Falstaff, ultime opus shakespearien du vieux Verdi, dans lequel on retrouvera la superbe soprano Adina Aaron. On ne manquera pas les concerts organisés en collaboration avec le Festival de Toulon et sa Région et l’Orchestre de l’Opéra (directeur musical Giuliano Carella) au Palais Neptune, qui invitent le grand chef Serge Baudo, les pianistes Marie-Josèphe Jude et Mikhail Rudy ou la violoniste Alexandra

Soumm, quand, traditionnellement, au Foyer Campra, on entend des récitals de musique de chambre, baroques ou lyriques des jeunes chanteurs de CNIPAL. Les Lumières de la Ville, chef-d’œuvre de Chaplin de 1931, est projeté en ciné-concert avec l’Orchestre de l’Opéra qui joue en synchro la musique du film muet. Le Songe du Minotaure (chorégraphie Blanca Li) et Maria de Buenos Aires, création d’Erick Margouet d’après l’operita d’Astor Piazzola forment le volet «ballet», quand la saison théâtrale (avec Michel Sardou, Roland Giraud, Line Renaud, Michel Bouquet ….) est magnifiée par une adaptation d’un Psyché baroque d’après les vers de Molière et la musique de Lully. JACQUES FRESCHEL

Saison 2009/2010 Opéra de Toulon 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Cité classique Le premier trimestre à La Cité de la Musique est ponctué par un cycle de trois concerts Musique et poésie initié par la mezzo-soprano Christine Kattner. Des mélodies de Schumann (9 oct), Mozart (6 nov) et Wagner (4 déc) sont mises en scène par Mickaël Zugowski «afin de retrouver l’esprit théâtral et la dramaturgie voulus par les compositeurs.» C’est dans le même esprit que Michèle Raybaud (piano) et Pascale Delesti-Novella (comédienne) unissent leur talent pour des Échappées romantiques (littérature & musique, 16 oct). La musique de chambre est à l’honneur pour quatre concerts avec Marc Badin (hautbois) et Anaït Serekian au piano (22 oct), le Trio Chiarina (27 nov), le duo Benoît Salmon (violon) et la pianiste Elisabeth Guironnet (11 déc), et l’ensemble Des Équilibres (17 déc). On retrouve des valeurs sûres avec le pianiste Philippe Gueit (20 nov) et Télémaque à l’occasion des festivités accompagnant le 15e anniversaire de la création de l’ensemble par Raoul Lay et ses musiciens (26 nov). Les Acousmonautes, emmenés par Lucie

Prod’homme, donnent rendez-vous aux amateurs d’opus électroacoutiques pour un film et un concert-diffusion (15 oct) ou les traditionnelles Foliephonies (7 déc). Le MIM (Laboratoire Musique et Informatique de Marseille) poursuit quant à lui son cycle thématique sur «l’expérimentation» (11 déc). Et tout cela au seul premier trimestre! J.F.

Saison 2009/2010 Cité de la Musique, Marseille Porte d’Aix ou Villa Magalone 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com Anaït Serekian © X-D.R.

Têtes d’affiches La programmation copieuse de l’Opéra-Théâtre d’Avignon s’appuie essentiellement sur le grand répertoire et les têtes d’affiches La saison lyrique annonce cinq grosses productions, dont I Capuletti e i Montecchi de Bellini, La Cenerentola de Rossini et Aida de Verdi constituent trois piliers. Le beau chant est à l’honneur avec Ermonela Jaho, Karine Deshayes, Indra Thomas, Jeong-Won Lee… On retrouve l’opéra populaire Marius et Fanny, composé par Vladimir Cosma et créé il y a deux ans à Marseille avec Karen Vourc’h et Sébastien Guèze, et l’on découvre la féerie baroque d’un prometteur Amadis de Lully dirigé par Olivier Schneebeli. Quatre opérettes complètent l’aspect lyrique du programme avec les inusables Valses de Vienne, Le Chanteur de Mexico, Un de La Canebière et Je m’voyais déjà… d’Aznavour, les traditionnels «Apér’Opéra» du CNIPAL et les voix de Sophie Koch, Max-Emmanuel Cencic et Nathalie Stuzmann en récital. Les concerts symphoniques de l’OLRAP, pour la plupart dirigés par Jonathan Schiffman, accueillent les pianistes Mikhail Rudy, David Greilsammer, le guitariste Emmanuel Rossfelder, le violoncelliste Marc Coppey, les violonistes Laurent Korcia et

Vadim Repin quand en musique de chambre on attend Nemanja Radulovic, Patricia Kopatchinskaja (violon), Fazil Say et Franck Braley (piano), Gautier Capuçon (violoncelle), le Trio Wanderer, le Quatuor Ebène… Que du très beau monde ! Des ballets «classiques» comme L’oiseau de Feu, La Bayadère et Giselle jalonnent une saison, pimentée de spectacles de «variété» (Calogero), d’«humour» (Patrick Timsit, Valérie Lemercier) et «jeune public» (Le Petit Prince mis en musique par Laurent Petitgirard). Michel Sardou, Claude Rich, Michel Bouquet, Fabrice Luchini, Chevallier & Laspalès, Line Renaud, Michel Galabru ou Philippe Caubère sont les vedettes des affiches théâtrales. JACQUES FRESCHEL

Saison 2009/2010 Opéra-Théâtre d’Avignon 04 90 82 81 40 www.mairie-avignon.fr

Trio Wanderer © Francois Marquet


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Quatre-vingt-dix bougies ! jeune Trio Atos, lauréat de plusieurs grands concours internationaux. Fidèle à sa collaboration avec la Biennale de Quintette à Vent, la S.M.C.M. invite les cinq jeunes femmes du Quintette Aquilon, quand la 1285e séance ouvre la saison-anniversaire par le duo russo-bulgare Elena Rozanova (piano) et Svetlin Roussev (violon) pour un superbe programme slave. Quatuor Prazak © Guy Vivien

Au sortir de la première guerre mondiale, des mélomanes fondaient la Société de Musique de Chambre de Marseille. Aujourd’hui, la doyenne fête ses 90 ans avec une saison qui mêle tradition, valeurs sûres et nouveaux talents. L’équipe animée par Bernard Camau se devait d’inviter les «Prazák», immense quatuor tchèque qui a régulièrement triomphé à l’auditorium de la Faculté de Médecine. Ils jouent entre autres La jeune fille et la mort chef-d’œuvre de Schubert. Double programme festif: le Quatuor Aquilon associé à Lise Berthaud (alto) et François Salque (violoncelle) interprètent également des opus majeurs de Haydn, Mendelssohn, Schubert et Tchaïkovski. Le formidable duo Emmanuelle Bertrand (violoncelle) et Pascal Amoyel font résonner les accents romantiques de

Saint-Saëns, Brahms et Chopin et l’on entend le pianiste Laurent Cabasso en récital «A la Mémoire de Pierre

J.F.

Saison 2009/2010 Société de Musique de Chambre de Marseille Du 20 oct au 30 mars Adhésion Espace Culture - 04 96 11 04 60 ou Harmonia Mundi - 04 91 33 08 12

Barbizet» (disparu en 1990), le quintette avec piano des Solistes de Chambre de Saint-Pétersbourg et le

Suivez les pianistes ! La saison de musique de chambre arlésienne, proposée à la Chapelle du Méjan par Jean-François Heisser, s’articule en 2009-2010 autour de pianistes de renom Si maître Heisser officie en personne dans Iberia d’Albeniz, à l’occasion de la publication d’un livre-disque chez Actes Sud (13 nov), il en va de même avec Jean-Louis Steuermann pour un concert Berg & Schoenberg et la parution d’un ouvrage sur les deux Viennois (29nov). Les Arlésiens découvrent quelques forçats des claviers ayant explosé ces dernières années comme Bertrand Chamayou dans Franck et Liszt (28 fév), Jean-Frédéric Neuburger pour un «week-end» de musique française (15 et 17 janv) et le Chinois Zhong Xu (4 et 6 juin), en récital solo ou en formation de chambre. Autre moment fort de la saison : deux soirées exceptionnelles consacrées à la musique tchèque magnifiée par Ivan Klansky au piano

et le fabuleux Quatuor Kocian (11 et 13 déc). Une saison qui, après Musicatreize (20 sept. à 11h), débute avec le jeune Quatuor Voce. Cette formation lauréate de prestigieux concours internationaux joue l’Op. 103 de Haydn, La jeune fille et la mort de Schubert et Métamorphoses nocturnes de Ligeti (4 oct. à 11h). À l’automne on attend l’ensemble Les Siècles dirigé par François-Xavier Roth (15 nov) et à Pâques la traditionnelle Semaine Sainte. J.F

Saison 2009/2010 Le Méjan, Arles 04 90 49 56 78 www.lemejan.com Quatuor Voce © X-D.R

Accords aixois Les Concerts d’Aix comptent cette année 2009-2010 sur des artistes prestigieux pour enchanter les mélomanes au pays de Milhaud On ne présente plus le Fine Arts Quartet qui ouvre la saison au Théâtre du Jeu de Paume (10 oct). Malgré un récent renouvellement de l’altiste, le quatuor américain (fondé en 1946) demeure l’une des formations de musique de chambre les plus réputées. Dans le même esprit, on entend le Trio Smetana qui, depuis 1991, a repris à son compte une tradition de musique tchèque glorifiée par les fondateurs de l’ensemble au début des années trente (10 mars). Le violoncelliste Marc Coppey (3 fév) et la pétillante soprano Patricia Petibon (5 mai) sont également à l’affiche en récitals aux côtés des chanteuses de jazz brésilien le Trio Esperança (25 nov). Hors les murs la Pastorale de Noël de Marc-Antoine Charpentier est chantée par les Festes d’Orphée (Eglise du Saint-Esprit, le 20 déc), avant Bach par le duo Alice Foccroulle (soprano) et Bernard Foccroulle (orgue) qui officie à la tête du festival d’Aix depuis deux ans (Saint-Jean de Malte, le 28 avril). Le dernier concert est un récital Chopin à deux pianos par les jeunes Célimène Daudet et Emmanuel Despax (Cour de l’Hôtel de Ville, le 3 juin).

Trio Smetana © Jivi Syneh

On n’oublie pas les délicieux «Samedis musicaux» prévus à 17h pour les pitchouns : des chansons du groupe Zut (28 nov.), un opéra-conte de Julien Di Tommaso sur les Cendrillons littéraires et lyriques (12 déc), un conte musical écolo Sauvons la planète (23 janv), et deux spectacles du Conservatoire Darius-Milhaud (Du jazz de Broadway à Boris Vian, les 13 & 14 mars) et des classes musicales du Lycée Vauvenargues (Duo, Duels, le 24 avril). J.F

Saison 2009/2010 Concerts d’Aix 04 42 99 12 12 www.concertsdaix.com


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CINÉMA

MARSEILLE À LUSSAS | LE LIBAN À AVIGNON | ROUSSET

Marseille à Lussas

Beyrouth en

politiques du documentaire, animé par Patrick Leboutte et Sylvain Georges, qui avait pour objectif de «rendre justice» au cinéma militant, souvent nié ou dénigré, tout en travaillant l’histoire au présent. Au moment où on «commémore Mai 68», cela a été l’occasion de voir des films tournés en 16mm par des techniciens du cinéma, le collectif ARC ou Cinélutte.

«Filmer Marseille, c’est filmer le monde»

Sebastien Jousse et Luc Joulé © A. G.

Malgré la canicule, les salles et tentes non climatisées parfois, les amoureux du documentaire se sont pressés à Lussas, village de 800 habitants en Ardèche, du 17 au 22 août Les cafés, lieux où se désaltérer et échanger autour des films, étaient pris d’assaut. Au programme de la 21e édition des États Généraux du Documentaire, deux séminaires, l’un sur les relations entre la photographie et le cinéma, l’autre sur les actualités

C’est dans ce cadre qu’a été présenté le nouveau travail de Denis Gheerbrant, La République Marseille, sept chapitres, sept lieux, sept trajets que nous fait parcourir le cinéaste solitaire, qui tourne, monte ses films seul pour mieux approcher ceux qui deviennent ses personnages. Pourquoi filmer le monde à Marseille ? «Marseille fait partie de mon chemin en cinéma; c’est là que j’ai rencontré René Allio. Marseille est une ville-monde, une ville qui a une grande force populaire. J’avais l’idée d’un film tentaculaire.» Trois ans de travail, six mois d’enquête, six mois d’écriture, un an et demi d’allers-retours entre Paris et Marseille… C’est le quatrième chapitre, Les Femmes de la cité St Louis, qui lui a donné une assise, l’un des plus réussis. Cet habitat social qui fêtait les 80 ans de sa construction est à un tournant : la société qui le gère veut mettre les maisons en vente. Jeannette et ses amies craignent la disparition des liens qu’elles ont créés dans cette cité où elles ont passé toute leur vie… Elles le disent à Denis qui recueille leur parole comme celle de tous ceux qui ne l’ont jamais en cinéma : un docker de l’Estaque, ceux du centre des Rosiers, les habitants de la rue de la République qu’on veut chasser… Le débat a été vif à Lussas, quelques spectateurs reprochant au cinéaste d’avoir tu certaines choses, de la vie politique marseillaise notamment, d’avoir fait un «état des lieux» incomplet et de n’être pas allé au fond des choses, bref de n’être pas «politique». Mais n’est-ce politique que de permettre aux gens de nommer, d’écouter et de donner la parole à ceux qui ne l’ont jamais ? A vous de voir !

Voyage au cœur de la SNCF

Denis Gheerbrant © A. G

Un autre film tourné à Marseille, commandé par le Comité d’établissement des cheminots de la région PACA dans le cadre de son action culturelle, a passionné les spectateurs de Lussas : Cheminots de Luc Joulé et Sébastien Jousse : un vrai voyage au cœur de la SNCF, un documentaire qui donne la parole aux cheminots, qui leur permet de donner leur vision sur les métiers, d’exprimer leurs doutes, leurs craintes à l’heure de la libéralisation et de l’ouverture à la concurrence. On y croise Ken Loach qui explique comment la privatisation de British Rail en Grande Bretagne a été une catastrophe et le résistant Raymond Aubrac qui précise que la résistance face au recul progressif du Service public est l’affaire de la société tout entière. Des documentaires à ne pas rater quand ils passeront à Marseille (voir page … ANNIE GAVA

Khalil Joreige © A. G

Avec pour artiste associé le Libano-Canadien Wadji Mouawad, il ne fallait pas s’étonner de la présence forte du Liban au Festival d’Avignon 2009. Plus surprenant, l’association des représentations théâtrales et cinématographiques étaient constantes, soit parce que des cinéastes comme Amos Gitai (voir Zib 21) ou Christophe Honoré (voir p 8) étaient invités à mettre en planches, soit parce que la vidéo, l’image filmée, s’installaient dans le décor, transformant les murs en écrans. La démarche de Lina Saneh et Rabih Mroué, par exemple, révéla un rapport au cinéma jusqu’alors insoupçonné, loin de la novellisation, de la théâtralisation de film. Ils ont présenté à la Salle Benoît XII Photo Romance, inspiré d’Une Journée Particulière d’Ettore Scola. Nous ne sommes plus à Rome en 1938 mais à Beyrouth en 2006. Et la rencontre entre Lina et Rabih est projetée sur un écran sous la forme d’un roman-photo animé. Sur la scène, deux fauteuils, un ordinateur portable et deux personnages qui discutent ; la femme présente son projet artistique, adapter le film d’Ettore Scola dans le Liban contemporain ; l’homme, le représentant de la Commission de censure, doit en valider l’originalité. Cette mise en abîme permet à la fois de questionner la représentation théâtrale, d’évoquer ce qu’il est permis ou interdit d’aborder au Liban et de faire ainsi émerger le portrait de la société libanaise. Tout en rappelant à la fois le film de Scola, et le cinéma italien de 38, avant le neo-réalisme, la société fasciste italienne et ses censures. Pour corser le millefeuille, dans la salle, Khalil Joreige, accompagné de Joana Hadjithomas, filmait la représentation ! Ces deux artistes, entre Paris et Beyrouth, tournent des films, montent des installations photographiques et audiovisuelles. Pour leur dernière création, Tels des oasis dans le Khalil Joreige © A. G


Avignon désert, ils ont choisi l’église des Célestins, un choix judicieux pour les correspondances qu’il crée : le sol en terre battue, les murs mis à nu renvoient aux ruines, aux traces de l’histoire dans Beyrouth que présente l’installation, aux camps d’Ansar et de Khiam. Le visiteur qui pénètre dans le lieu se retrouve devant une vue monumentale de la capitale, formée de 3000 rectangles collés sur un miroir dont certains manquent. Il est invité à décoller et emporter un fragment au verso duquel est inscrit «Beyrouth n’existe pas», métaphore de la ville en morceaux. «Le titre est tiré d’une citation de Hannah Arendt que nous aimons particulièrement» précisent les artistes : «A défaut de vérité, on trouvera des instants de vérité, et ces instants sont en fait tout ce dont nous disposons pour mettre de l’ordre dans ce chaos d’horreur. Ces instants surgissent à l’improviste, tels des oasis dans le désert.» Le désert est justement le cadre du film Chaque Jour est une fête, proposé dans les Territoires Cinématographiques au cinéma Utopia. C’est la troisième collaboration de Rabih Mroué avec la réalisatrice Dima El-Horr qui réalise là son premier long métrage. Le jour de la fête nationale de l’Indépendance, trois femmes qui ne se connaissent pas prennent un même bus vers la prison de Mermel. Tamara va rendre visite à son mari emprisonné depuis le jour même de leur mariage. Lina veut faire signer par son mari, qui purge une longue peine, le papier du divorce qui la libérera. Hala, la peur au ventre, transporte l’arme de fonction oubliée par son mari, gardien à la prison… Un beau film, oscillant entre réel et onirisme qu’on pourra bientôt voir à Marseille, dans le cadre de Films Femmes Méditerranée (voir page 53). ANNIE GAVA Dima El-Horr et Rabih Mroué © A. G.

Les Territoires Cinematographiques se sont tenus du 10 au 25 juillet au cinéma Utopia, dans le cadre du Festival d’Avignon

Rousset en courts Le 10 octobre à Rousset aura lieu la quatrième édition de Courts-Bouillon, une journée consacrée au court métrage : une sélection de 20 films «coups de cœur» d’ici et d’ailleurs, proposée par les Films du Delta. Une séance spéciale a été élaborée par les Cahiers du cinéma, l’Agence du court métrage et le CNC, qui permettra de voir Shaman de Luc Perez, Malika s’est envolée de Jean-Paul Civeyrac, Les Vœux de Lucie Borleteau et l’Eclaircie de Jérémie Jorrand. La projection sera suivie d’une rencontre avec Fabrice Marquat, programmateur à l’Agence du Court. On pourra voir aussi Séance familiale de Cheng-Chui Kuo, prix du Public à Clermont-Ferrand et Grand Prix du Festival de Brest : une équipe de télévision française s’invite dans une famille de Taiwan. Petit à petit, la caméra devient un nouvel outil de communication au sein de la famille… L’occasion aussi de voir le César du meilleur court-

métrage, Les Miettes de Pierre Pinaud. Cette journée sera précédée d’une programmation pour les scolaires avec C’est dimanche de Samir Guesmi, ou le beau film d’animation Le jour de gloire de Bruno Collet. ANNIE GAVA

Les Films du Delta 04 42 53 36 39 www.filmsdelta.com Séance familiale © Cheng-Chang Kuo


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CINÉMA

RENCONTRE DU CINÉMA EUROPÉEN | R-V D’ANNIE

Dans le cadre des Rencontres de cinéma européen, du 22 au 29 septembre, l’association Cinépage propose de découvrir le cinéma finlandais à travers une trentaine de films. On connaît, bien sûr, Aki Kaurismaki dont seront présentés quatre films parmi lesquels Hamlet goes business, critique du capitalisme réalisée en 1987. Mais les Rencontres donnent également l’occasion de découvrir des cinéastes et des œuvres moins connues ici comme Amour libre (Käpy selän alla) de Mikko Niskanen, film emblématique de la Nouvelle Vague finlandaise qui, à sa sortie en 1966, a eu près de 700 000 spectateurs, ou La Semaine bleue (Sininen Viikk) de Matti Kassila qui raconte la vie ordinaire des gens ; plus récent, La Meilleure des mères (Äideista parhain) de Klaus Härö, qui a représenté la Finlande aux Oscars 2005, évoque l’envoi massif d’enfants finlandais dans d’autres pays durant la guerre 39/45.

Documentaires et Art-vidéo sont aussi au programme dont Les Sept chants de la Toundra et Le Voyage perpétuel d’Anastasia Lapsui et Markku Lehmuskallio et une soirée consacrée au cinéaste Antti Peippo. En ouverture de ces Rencontres, le 22 septembre au cinéma Le Prado, sera projeté Obéir, en présence du réalisateur Aku Louhimies et de Leena Lander, auteur du livre dont il est adapté : en 1918, durant la guerre civile en Finlande, un jeune soldat témoin de viols collectifs et de massacres décide d’emmener au tribunal militaire une femme qui a échappé au massacre… La clôture de ce programme alléchant sera une soirée ArtVidéo, au Daki Ling, avec les Instants Vidéo en présence de Pauliina Salminen, vidéaste plasticienne dont seront présentées deux œuvres. ANNIE GAVA

Käpy Selän Alla de Mikko Niskanen

Cinéma finlandais à Marseille

Rencontres du cinéma finlandais Du 22 au 29 septembre Cinépage 04 91 85 07 17 www.cinepage.com

Les rendez-vous d’Annie Le 26 sept à 21 heures, en clôture de l’exposition Picasso au Musée Granet, les Rencontres cinématographiques d’Aix-en-Provence proposent une sélection de courts métrages : Minotauromaquia de Juan Pablo Etcheverry, Extracorpus d’Augustin Gimel, Oïo de Simon Goulet et Toiles et Toiles, l’enfance de l’art d’Agnès Maury. Rencontres cinématographiques d’Aix en Provence www.aix-film-festival.com

Le 2 oct à 20h30, à l’Alhambra cinéMarseille, le documentaire de Luc Joulé et Sebastien Jousse, Cheminots, un voyage passionnant au cœur du monde des travailleurs du rail (voir page 49). En présence des réalisateurs, de Raymond Aubracet de Robert Mencherini. Le 3 oct à 17 h 30, Nos Lieux interdits de Leïla Kilani, en présence du producteur Gérald Collas ; un documentaire qui suit durant trois ans, quatre familles qui, ayant connu l’emprisonnement durant les années de plomb au Maroc, sont en quête de la vérité.

Le 10 oct, de 14h30 à 23h30, l’Alhambra propose l’intégrale de La République Marseille en présence du réalisateur, Denis Gheerbrant (voir p 50). Pour cette soirée il est conseillé de réserver au 04 91 46 02 83 (repas sur place prévu). Les sept films peuvent aussi se voir séparément à partir du 7 oct. Alhambra Cinémarseille 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com

Vitrolles organise un cycle allemand du 16 sept au 20 oct au cinéma les Lumières. L’occasion de revoir les plus beaux films de Murnau, Wenders, Fassbinder, Herzog, Thalheim. Pour 3.50 euros ! 04 42 77 90 77 www.cinemaleslumieres.fr Minotauromaquia de Juan Pablo Etcheverry

blanche au Festival Tous Courts d’Aix. Un prix du public sera décerné et de nombreux lots offerts aux spectateurs. Une soirée à ne pas rater ! www.films-femmes-med.org

Du 16 sept au 6 oct, l’Institut de l’Image, à Aix, fête ses 20 ans. Dans une salle Armand Lunel rénovée (Cité du Livre), l’équipe dirigée par Sabine Putorti propose une rétrospective anniversaire, reflet de la diversité de la programmation. Parmi les films présentés, Écrit sur du vent de Douglas Sirk, l’un des chefs-d’œuvre du mélodrame hollywoodien, vendredi 18 septembre à 20h30 (soirée anniversaire) ; Les nuits de Cabiria de Fellini ; le mythique Le dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci. Pour les amoureux des Straub, trois courts métrages

Ecrit sur du vent de Douglas Sirk

Le 3 oct, au cinéma Variétés, de 20 heures à minuit, dans le cadre des Rencontres Films-Femmes et Méditerranée, une soirée consacrée au court métrage : 13 en Courts : treize films réalisés par des femmes, dont une Carte

Mardi 13 oct à 21 h, au Théâtre Toursky, projection d’Un rêve tchèque de Vit Klusak et Filip Remunda, avec traduction simultanée en français, sur scène, par deux actrices. Ce film de fin d’études relate la supercherie qu’ont imaginée deux étudiants: la mise en œuvre d’une gigantesque campagne publicitaire annonçant l’ou-

verture d’un grand supermarché appelé «Czech dream». Des milliers de personnes ont accouru le jour de l’ouverture de ce nouveau temple de la consommation… qui n’existait pas ! Théâtre Toursky 04 91 02 58 35 www.toursky.org

inédits à Aix, Le Genou d’Artémide, Le Streghe, femmes entre elles, Itinéraire de Jean Bricard. En clôture, un ciné-concert avec le collectif Inouï, Les Rapaces, une création musicale sur le film de Von Stroheim. Institut de l’Image 04 42 26 81 73 www.institut-image.org


FFM | AUBAGNE | LA CIOTAT

CINÉMA

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Les femmes autour de la Mer Salloum, Slingshop Hip hop, suivi d’une prestation de Dj Rebel aux platines. Le 4 oct, la projection du dernier film de Simone Bitton, Rachel sera suivie d’une rencontre avec les monteurs du film, Catherine Poitevin et Jean-Michel Perez. Enfin, en clôture, le 6 oct, après un mini-concert de musique persane par le duo Maryam Chemirani et Shadi Fathi, un film iranien, Café transit de Kambozia Partovi, nominé à l’Oscar du meilleur film étranger 2006 et présenté pour la première fois dans la région. Du cinéma mais aussi des buffets, de la musique, des échanges avec les invité(e)s… Un voyage en Méditerranée à ne pas rater !

L’association Films Femmes et Méditerranée s’est donné comme but de montrer le travail des Méditerranéennes dans le cinéma, qu’elles soient scénaristes, réalisatrices, actrices, productrices… Leurs 9e Rencontres qui se déroulent du 29 sept au 6 oct aux cinémas Prado et Variétés à Marseille, s’étend cette année à trois autre villes, La Ciotat, Miramas et Hyères, avec une douzaine de longs métrages, comme en 2008, pour la plupart inédits, venus d’Espagne, de France, de Grèce, d’Iran, d’Italie, du Liban, du Maroc, de Palestine, de Roumanie. Et cette année, une soirée, le samedi 3 oct, consacrée au court métrage (voir cicontre).

Voyages, voyages… En ouverture, le 29 sept, un film roumain à sketches, présenté dans la sélection Un Certain Regard à Cannes, Contes de l’âge d’or en présence de la réalisatrice Ioana Uricaru. Cinq récits de survie, d’arrangements avec les contraintes absurdes du régime Ceaucescu. Le 30 sept, voyage en Grèce et dans l’Histoire, avec un film jamais distribué en France, Les Mariées de Pandélis Voulgaris, qui nous emmène sur le King Alexander, avec 700 jeunes femmes grecques émigrant aux États-Unis pour rejoindre un promis, inconnu… La soirée débutera avec un court métrage en avant-première, Des Enfants dans les arbres, en présence de sa réalisatrice marseillaise, Bania Medjbar. Autre voyage, celui de Mouna (superbement interpré-

Cafe Transit de Kambozia Partovi

tée par Nisreen Faour) qui quitte la Cisjordanie pour l’Illinois dans Ammerika de Cherien Dabis. À rattraper si vous l’avez loupé ! Deux films italiens : Bianco e nero de Cristina Comencini, l’histoire d’un coup de foudre entre une très belle Sénégalaise et un Italien, tous deux déjà mariés et La Pivellina de Tizza Covi et Rainer Frimmel (voir Zib’ 20), sont présentés en partenariat avec l’Institut Culturel Italien et le Festival Internazionale di Cinema e Donne de Florence. Le débat dimanche après-midi sera traduit en langue des signes. Et le 2 oct on pourra vérifier la volonté festive de FFM avec le film de Dima El Horr, présenté en avant première, Chaque jour est une fête et avec le documentaire sur le hip hop palestinien de Jackie Reem

Tour du monde à la Ciotat

The ground beneath de René Hernandez

Malgré la Crise, malgré la Grippe, les amateurs de courts se sont retrouvés les 11, 12 et 13 sept à La Ciotat, au cinéma Lumière, pour voir une soixantaine de courts métrages qui ont été primés dans les plus grands festivals internationaux. Dure tâche pour le Jury du Best of Short pour attribuer le Soleil d’Or, le Sable d’Argent et la Mer de Bronze. Ce sont deux films australiens qui ont eu l’or et le bronze : The Ground Beneath de René Hernandez et Spider de Nash Edgerton qui a obtenu aussi le Prix du Public. Quant au Sable d’Argent, il revient au film suédois Instead of Abrakadabra de Patrick Eklund. Tâche difficile aussi pour le public : pour en voir le plus possible, il faut jongler avec les horaires, résister au plaisir de flâner sur la place où les discussions vont bon train. Parmi ces films, tous déjà primés par un jury ou un public, desquels parler si ce n’est de ses coups de cœur

personnels… qui ont séduit par leur propos, leur traitement esthétique ou leur originalité. Quelques pépites trouvées dans le sable, près de la mer sous le soleil du «berceau du cinéma» : Wrestling (Lutte), de l’Islandais Grimur Hakonarson, est l’histoire d’amour de deux lutteurs homosexuels dans la campagne islandaise. Le premier, marié, est agriculteur ; l’autre, qui a la charge de sa mère invalide, creuse des tunnels dans la montagne. Leur dernier combat devient un ballet chargé de désir… Un film poético surréaliste : Next floor du Canadien, Denis Villeneuve où onze convives sont attablés et dégustent leur repas sous l’œil d’un hôte inquiétant. Les planchers s’effondrent successivement et les affamés tombent d’étage en étage, continuant imperturbablement leur repas. Deux films très forts, The ground Beneath de l’Australien René Hernandez, où un adolescent, rejeté par les autres, se découvre luimême grâce à un voisin autiste, et Short term 12 de Destin Daniel Cretton, tourné comme un documentaire, qui met en scène la vie quotidienne d’un centre d’accueil pour enfants maltraités. Au cœur du film, Les Miettes de Pierre Pinaud, une ouvrière qui découvre que son usine se déplace, sortant littéralement du champ : une superbe mise en images en noir et blanc de la délocalisation. On pense bien sûr à Charlot et aux Temps modernes. Puis on sort sur la place Evariste, où l’ambiance est festive et musicale… ANNIE GAVA

ANNIE GAVA

Films Femmes Méditerranée Du 29 sept au 6 oct Marseille, La Ciotat, Miramas, Hyères www.films-femmes-med.org

Les engagements se tiennent à Aubagne Du 5 au 11 octobre se tient le Festival International du Film Militant en pays d’Aubagne : plus de 80 films programmés, films engagés et autoproduits, documentaires, films d’animation, fictions, , clips, vidéos d’art, reportages… En ouverture, lundi 5, sera projeté un film d’animation de David Myriam, réalisé en direct avec la technique d’animation de sable. Puis les thèmes varieront : les alternatives économiques, le respect du vivant, les problèmes du logement, la crise financière, la résistance par la création, la censure… et la question des sans papiers qui sera au cœur du festival. Une vingtaine de réalisateurs seront présents et échangeront avec le public. Après les films, des duplex en vidéo permettront de dialoguer avec des cinéastes et acteurs des mouvements sociaux des quatre coins de la planète, dont une soirée «Palestine» en direct de Gaza. Se tiendront, en même temps, les «salons de la littérature enragée», où des éditeurs indépendants, et engagés !, présenteront leurs livres et organiseront des rencontres avec les auteurs autour de tables basses et de canapés, disposés devant le Comœdia, sur le cours Foch. À noter que le premier soir, les consommations sont gratuites : on est invité à payer un verre aux festivaliers du lendemain et que différents «attentats artistiques» sont programmés, installations, performances, musique… Alors, rendez-vous à Aubagne pour le Grand Soir ? A. G.

Festival du Film engagé Du 5 au 11 oct Aubagne 04 42 03 48 61


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ARTS VISUELS

AU PROGRAMME Ici et là. Être là en laissant venir les choses. Les photographier en différents lieux et temps. Selon le sujet du moment ou bien sans intention particulière. La récolte sera mise en séries plus tard, parfois quelques années après. Aujourd’hui Christophe Niel propose trois séries en couleur de six images chacune pour un vernissage le 7 oct à 18h30. C.L Les Ondes Lentes Christophe Niel du 7 au 30 oct LA FONTAINE OBSCURE, AIX 04 42 27 82 41 www.fontaine-obscure.com

Photographie de Christophe Niel

Des jeunes en foire. Après dix ans d’existence ARTéNîM devient ART NIM. Philippe Saulle, ancien directeur administratif au Centre d’Art de Sète,prend la direction artistique en privilégiant pour cette édition 2009 la peinture et ses jeunes artistes émergents. En sus des galeristes, éditeurs, Claude Viallat et Fred Forest en débat. Ça promet ! C.L.

Galerie Les Singuliers - Alain Campos

Tempéraments Peinture Contemporaine en France du 25 au 28 sept ART NIM, NÎMES Foire d’art contemporain méditerranée www.artenim.com

Mises en scènes. Près de deux cents œuvres, peintures, dessins, maquettes du XVIIIe au XXe, de David, Delacroix, Vuillard ou Delaroche, Degas, Hayez, Daumier ou Toulouse-Lautrec… entre autres ! Pour interroger la théâtralité en peinture et dans l’art plus généralement, et ses prolongements dans la modernité. Une coproduction Réunion des Musées Nationaux et Musée d’Orsay, catalogue aux éditions Skira. C.L. De la Scène au tableau du 6 oct au 3 janv MUSÉE CANTINI, MARSEILLE 0 810 813 813 www.marseille.fr John Singer Sargent, Ellen Terry en Lady Macbeth, 1889 (Huile sur toile, 221 x 114,3 cm). Londres, Tate © Tate, London 2009 Max Charvolen, Langue de ville, en cours de realisation, Avignon, residence juillet 2009. Photo Anne Charvolen

Une ville, des œuvres. Quinzième édition du Parcours de l’Art avec pour questionnement l’œuvre et le lieu. Normal, l’invité d’honneur est Max Charvolen qui fut en résidence durant tout juillet. Les autres ne sont pas en reste (30 exposants sur 180 dossiers) dans de nombreux lieux partenaires. Fête d’ouverture le samedi 3 au Cloître Saint Louis pour lancer un beau programme sur trois semaines. Il n’y a pas que sous le pont… C.L. 15e Parcours de l’Art du 3 au 24 oct Avignon et Châteaurenard 04 90 89 89 88 www.parcoursdelart.com


55 Toufik Medjamia,dust to dust, 2009, huile sur toile. Photographie Toufik Medjamia

Le bel âge. 14 jeunes artistes -peintres, graveurs et dessinateurs- sont invités librement à se frotter aux œuvres de leurs aînés présents dans la collection du musée. L’idée n’est pas neuve mais le segment des 20 /35 ans est réputé pour sa capacité d’innovation, son impertinence, voire son mordant. Que donnera ce dialogue intergénérationnel ? C.L. 20 ans...C’est une fête ! jusqu’au 29 nov MUSEE ESTRINE, SAINT-RÉMY 04 90 92 34 72 www.ateliermuseal.net

Paris-Lyon- Méditerranée, messageries maritimes. Affiche réalisée par E. d'Argence 1909. Photographie Gerard Dufresne © Paris, collection particulière

Fascinations. Le rêve orientaliste européen s’expose à quelques encablures sur la rive de la Venise Provençale. Constantinople, le Bosphore, la Corne d’Or, le Moyen-Orient, la Turquie et les turqueries, Ziem et bien d’autres artistes furent fascinés par la lumière, les couleurs et les paysages brûlants, réels ou réinventés. Et les suaves parfums ? C.L. De Marseille à Istanbul L’Orient turc de Ziem et de ses contemporains du 07 octobre au 10 janvier 2010 Musée Ziem, MARTIGUES 04 42 41 39 60

Weird world. C’est son deuxième projet à Marseille après une résidence à Astérides 2002. Jonas Liveröd présentera à La Tangente une série de dessins et objets hallucinés à sa façon. Une partie des matériaux a été récoltée au marché aux puces -lieu en bien des points aussi extravagant-, où se situe la galerie. Vous avez vu bizarre ? C.L. A weird light Jonas Liveröd jusqu’au 18 octobre LA TANGENTE, MARSEILLE 04 91 58 30 95 http://la.tangente.free.fr

Motif principal. Le motif est-il une utopie visuelle pour Yujeong Pyeon ? Cette jeune artiste coréenne installée à Marseille peint non pas sur mais avec des motifs. Ceux-ci génèrent des œuvres sur-réelles, presque surréalistes, parcourues de flux et de spectres, un poil décoratives. C.L. Utopimotifo peintures de Yujeong Pyeon jusqu’au 18 octobre GALERIE ON DIRAIT LA MER, MARSEILLE www.designmarseille.org

Yujeong Pyeon, Sans titre, 2008. Huile sur toile, 150 x 150 cm

Studio de Jonas Liveröd au Museum of Modern Art a Dublin, détail


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ARTS VISUELS

VIEILLE CHARITÉ | PETIT PALAIS

Le dessus du Panier Best of d’œuvres à la Vieille Charité. De Puget ou Daumier jusqu’à Picasso ou Klein, Raysse et César… du Baroque à l’Art Contemporain On ne gravira pas uniquement la colline du Panier pour voir La Sainte Famille au Palmier de Pierre Puget et un Paysage Méditerranéen d’OthonFriesz (1907), deux acquisitions récentes obtenues par les institutions marseillaises. La compilation des fonds muséaux marseillais permet de profiter en un seul lieu d’un condensé d’histoire de l’art du XVIIe siècle à aujourd’hui. Tirées des collections des musées des BeauxArts, Cantini et du [mac], l’exposition donne la part belle aux peintures complétée d’une maigre section de sculptures. Chronologiquement et selon la succession des trois musées, le visiteur peut entrevoir les transformations esthétiques depuis l’époque baroque jusqu’à la rupture moderne avec le caravagiste Finson, Puget, Duparc (la seule présence féminine), Millet, Loubon et l’Ecole provençale, Monticelli, puis deux scintillants Signac, Dufy, Picasso, Kokoschka, Arp, Léger, Miro, Ernst, Raysse,

Hains, Klein… Mais la poignée de sculptures reléguées dans les alcôves de la chapelle (Puget à côté de Brauner, Arp, Gonzalès, César et un rare assemblage de Bissière) se trouvent écrasées par la monumentalité du lieu. Un comble pour les quelques sculptures de l’architecte baroque auteur des bâtiments !, et une occasion malmenée de faire dialoguer avec ampleur l’art ancien et les propositions de la modernité. Les visiteurs de passage cet été, comme les Marseillais cet automne, sont ainsi encouragés à se rediriger vers les trois institutions muséales parmi les importantes de la ville (sans omettre le musée d’Archéologie Méditerranéenne et le MAAOA (1) abrités à la Vieille Charité même). En patientant pour la réouverture du Palais Longchamp, en attendant l’attribution de moyens sérieux pour une programmation solide au [mac], le musée Cantini nous promet l’évènement automnal avec une exposition sur le thème de la théâtralité dans la représentation picturale (voir p 52). Motivant, non ? CLAUDE LORIN

(1) Musée d’Arts Africains-Océaniens-Amérindiens

Saintes images Sous l’aura de Simone Martini et sa postérité, la peinture siennoise rayonne au musée du Petit Palais d’Avignon Le musée du Petit Palais possède une des plus importantes collections de primitifs italiens hors d’Italie. Depuis cet été trente-neuf pièces prêtées exceptionnellement par la Pinacothèque de Sienne l’ont rejointe pour marquer le 700e anniversaire de l’installation des papes en Avignon. Une belle opportunité d’approcher des ouvrages de dévotion rarement montrés, représentant le passage de l’esprit gothique vers les formes renaissantes. Autour de la figure emblématique du «très noble et très célèbre peintre» Simone Martini, selon le mot du sculpteur Ghiberti, on retrouve les artistes ayant travaillé dans son aire d’influence tels Lippo Memmi, Sano di Pietro, les Lorenzetti et tant d’autres parfois anonymes… Bien que provenant souvent de chefs-d’œuvre démembrés (panneaux d’autels, polyptiques, objets de dévotion privée), fragiles mais soigneusement restaurées (chacune est protégée dans un caisson climatique), ces tempera à l’œuf sur bois ont conservé toute leur intensité chromatique (les coûteux bleus lapis-lazuli, rouges de cochenille, feuilles d’or poinçonnées) avec le raffinement des détails venus de l’enluminure, où s’affirme déjà l’art du portrait humanisé. L’exposition se complète avec la collection Campana du musée où sont déposées une partie des fresques -malheureusement en mauvais étatréalisées par Simone Martini pour la cathédrale des Doms. Par le catalogue aussi, et un beau cycle de conférences. CLAUDE LORIN

Avignon~Sienne L’héritage artistique de Simone Martini jusqu’au 30 novembre Musée du Petit Palais 04 90 86 44 58 www.petit-palais.org

Andrea di Bartolo - Saint Michel Archange - Sienne, Pinacothèque Nationale foto Soprintendenza per i Beni Storici Artistici ed Etnoantropologici di Siena e Grosseto

Andre Derain, Pinède, Cassis, 1907

Les collections s’invitent à la Vieille Charité Beaux-Arts, Art Moderne, Art Contemporain jusqu’au 17 janvier Centre de la Vieille Charité 0810 813 813


LA CIOTAT | AUBAGNE ARTS VISUELS 57

Quel chantier ! Pour son deuxième tour de piste, le festival des arts contemporains de La Ciotat, Les Arts en chantier, a pris du plomb dans l’aile. Avec deux expositions en un mois et pléthore de rendez-vous plus ou moins spectaculaires, le programme n’a pas tenu ses promesses de qualité et de convivialité. Vernissages, marché d’art contemporain, performances, rencontres avec les artistes, projections, débats, musical painting, vente aux enchères se sont succédé sur un train d’enfer entre la chapelle des Pénitents bleus et la cour du cinéma L’Eden ouverte exceptionnellement. Face à cet important arsenal déployé par l’artiste plasticien Marc Ingoglia (association Artistic promotion) et son équipe de bénévoles, on reste dubitatif : entre amateurs et professionnels, pratique artisanale et création artistique la mayonnaise n’a pas pris. Les deux vagues successives d’expositions ont réussi le tour de force de réunir 40 artistes, sans compter ceux de la Collection Sotta, mais au contraire, on aurait souhaité un commissariat plus sé-

lectif, et donc moins de cohabitations hasardeuses : comment peut-on accrocher sur les mêmes cimaises les espagnolades de José-Rogerio Nadal et les sculptures pailletées de Florence Daluz avec les œuvres de Bernex, Plossu, Heller, Gho ou Daumas ? Il y a des frottements qui font grincer les dents ! Pour «répondre à l’afflux des demandes», Marc Ingoglia a décidé «d’augmenter le volume et d’être plus hétérogène» : le résultat laisse perplexe. Difficile de souscrire à une séance dédicace de l’écrivain Claude Darras pour un ouvrage paru en 2004, ou à l’intervention du graffeur Devin et du Dj Constant Faya, qui relevait davantage d’une réunion de vieux copains que d’une performance de haut vol… Le festival avait le goût d’un «piquenique» entre amis -avec des têtes d’affiche comme produit d’appelsans les saveurs d’une table étoilée. Espérons que l’édition 2010 opère un recentrage de qualité, sans perdre l’énergie festive des premiers pas.

Oeuvre de Marc Ingoglia, mai 2009

Oeuvre de Marc Ingoglia, février 2009

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Les pieds sur terre La terre fait un retour en force dans l’Art Contemporain et intéresse de nombreux jeunes artistes. Ce matériau, utilisé librement, émaillé ou poreux, témoigne de notre époque avec des thèmes étonnants qui, même s’ils font des clins d’oeil au passé, renouvellent complètement le propos et sortent de l’artisanat. Treize artistes donc sont présentés aux Pénitents Noirs. Leurs oeuvres demandent une approche attentive, qui laisse venir sensations et correspondances. Elles ne se livrent pas tout de suite, la simplicité de certaines frôlant la pauvreté ou le grotesque. Mais que l’oeil s’y attarde et le sens surgit. Ainsi des 9 Écrans du marseillais Wilson Trouvé en gris, bleu et blanc qui témoignent de la médiocrité de nos programmes télé, des Légos colorés de Séverine Corlier en taille réelle ou des microsillons cassés de Fabrice Croux. Des bibelots kitsch récupérés dans des brocantes intégrés dans une pièce inquiétante, comme ces gentils dauphins roses et dorés, très 50’s, surmontés de la masse noire d’un dauphin prédateur : choc des matières, choc du message du niçois Karim Ghelloussi, de même pour

son pingouin frappé d’incompréhension devant un cactus bien vert ! La précieuse porcelaine elle aussi est revisitée, notamment par trois artistes : Pierre Ardouvin qui a réalisé au Centre de recherche des Arts du feu et de la terre (CRAFT) de Limoges une série de 15 plats et assiettes intitulée Poster, dans la tradition de la vaisselle banale décorée d’images prises sur les postes de travail des ouvriers ; Yvonne Lee Schultz qui a travaillé en collabo-

ration avec la Manufacture Royale de Porcelaine de Berlin, et introduit des répliques des pistolets de James Bond en porcelaine au milieu des services à thé sortis droit d’un roman d’Agatha Christie ; Nicolas Buffe qui décore ses vases de dessins piqués à Walt Disney. L’humour a aussi sa place avec les pièces de Saverio Lucariello, autre marseillais, qui pousse la dérision jusqu’à mettre son visage au milieu d’une Vanitas avec fruits et légumes

Dust, installation en suspension, céramique de Charlotte Nordin

ou d’un coquillage (Autoportrait en guise de perle rare). Le thème des Vanités (Vanité à la calebasse) se retrouve dans les pièces de Valérie Delarue qui montre le pourrissement avec luxuriance. D’autres classiques sont revisités : on pense aux readymade de Duchamp devant les urinoirs Pistolets sagement rangés de Julien Bouillon, aux scènes des peintures classiques devant Le Banquet de Coline Rosoux et Xavery Wolski évoque le travail traditionnel des mexicains (Les Croix). Au fond de la chapelle, Dust, une grande tenture noire de grillage et de poussières est parsemée de formes légères. Racines et fleurs emmêlées ? Stalactites ? Charlotte Nordin interprête les mystères des profondeurs de la terre. CHRIS BOURGUE

Révisons nos classiques, la terre dans l’art contemporain Chapelle des Pénitents noirs, Aubagne jusqu’au 25 octobre 04 42 08 85 90


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ARTS VISUELS

GALERIE SABINE PUGET | BEAUCAIRE

L’art devant elle Quelques années après avoir quitté sa galerie parisienne pour le Var, Sabine Puget dit ne rien regretter. Et pour cause : elle attrape dans ses filets une belle moisson d’artistes Elle a choisi de poser ses valises au pied du vieux village de Fox-Amphoux. C’était en 2004. Quatre étés plus tard, elle réunit artistes, amis, collectionneurs pour fêter «12 années de rencontres autour d’une galerie, 1996-2008», conçoit l’exposition collective L’art devant soi et édite un livre qui témoigne de ses compagnonnages. Des regrets? Aucun, son nouvel espace au cœur des vignobles varois attire de nouveaux collectionneurs d’Aix-en-Provence, de Marseille et des alentours tandis que les souscripteurs du temps de la rue Jacob se réjouissent de cette halte provençale. Quant aux artistes de la première heure, si Sabine Puget leur est fidèle (en 2004, son exposition en forme de manifeste Le silence aussi se regarde donnait à voir 11 œuvres de 11 artistes), elle poursuit néanmoins sa démarche de découvreur. La preuve avec cette formule novatrice qui, sous l’appellation générique Abstractions faites, réunit «l’électron libre» Didier Demozay et ses toutes dernières «fulgurances de la couleur», et Evelyn Ortlieb dont l’œuvre posthume est d’une incroyable contemporanéité, fruit d’une matière aux tonalités sombres et sourdes, qui a vécu avant d’être tressée, nouée, collée. Autour d’eux, trois accrochages successifs ont rythmé l’été. Le premier consacré aux structures et encres de Francis Limerat, le second à l’artiste suisse allemand récemment disparu Martin Müller-Reinhart et enfin Marcel Robelin, «une rencontre extraordinaire», qui travaille essentiellement le papier et la cendre, auteur notamment d’une série de Livres muets… Profitant d’un climat méditerranéen propice, Sabine Puget a transformé son jardin en écrin naturel pour accueillir les œuvres en bois de l’artiste franco-suisse Mireille Fulpius. Elles trouvent ici une résonance particulière, leur légèreté se frottant à la robustesse des sculptures en pierre de Thierry Lancereau, «un virtuose de la tronçonneuse»… S’il fait bon goûter à la plénitude de la nature, celle-ci laisse peu de temps mort, car, comme l’écrit l’artiste Philippe Ségéral, «Sabine Puget désormais, doublement jardine. De la même main invisible qui assemble d’improbables sociétés de

Depuis la galerie, vue sur la construction extérieure du designer et scénographe Jean-Pierre Schneider

plantes, d’arbustes et de fleurs qui ravissent, elle jardine l’œuvre de quelques artistes qu’elle a su faire se joindre». De là à passer commande au designer et scénographe Jean-Pierre Schneider d’une construction éphémère, vite devenue permanente, afin de doubler la surface des cimaises ; de là à produire une série de DVD de photos de Josseline Minet Dans l’atelier des artistes de la galerie. De là encore à confier à Francis Limérat et Jean-Pierre Schneider le soin de redonner un sens à la chapelle de Barras, sur sa propriété, pour abriter à l’occasion quelques concerts intimes. Tout cela avec le sentiment, simple, d’être un passeur, «celui qui trace un chemin de l’atelier vers le regard de l’autre.» MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Galerie Sabine Puget Fos Amphoux (83) Expositions jusqu’au 20 septembre 04 94 77 05 39 www.galeriesabinepuget.com

Une chapelle à Château Barras, livre-DVD textes Sabine Puget, Bernard Chambaz, photographies Josseline Minet, éd Galerie Sabine Puget et Le temps qu’il fait (Cognac), 2008 Atelier de Marcel Robelin

La culture de la toile Les visiteurs d’Arles ont été séduits cette année par la qualité des affiches de la feria de Pâques, un œuf dans lequel les symboles de la fête se retrouvent, arches des arènes, torsion du taureau. Mark Alsterlind (voir Zib 21), né en Californie, a choisi de vivre en Provence, à Beaucaire : une dose de hasard, de rencontres, de fascination pour la lumière, un cadre exceptionnel… S’il a gardé un atelier parisien et expose à la Madeleine, il passe l’essentiel de sa vie à l’étage des anciens abattoirs, construits dans la belle pierre de Beaucaire, espace clair ouvert sur la campagne environnante. Les murs sont recouverts d’esquisses, de toiles, le sol aussi ! «Marchez dessus ! Ce n’est pas grave, cela participe de la vie de la toile !». On hésite un peu, on avance précautionneusement, puis on franchit la barrière de nos interdits, la toile souple sous les pas colle un peu aux semelles, c’est si facile ! L’art n’est plus sacré, la peinture devient une émanation de la vie, elle participe à la musique du monde, comme ces arbres qui s’agitent au loin, comme cette petite brise qui vient nous rafraîchir, mêlée au quotidien, sans prétention aucune. Le vent, la pluie, les pas, les feuilles mortes qui s’agglutinent lorsque la toile se fait chemin marquent leurs passages, auxiliaires bienveillants du peintre. Si la toile débute toujours par un dessin aux lignes sobres et sombres, elle n’en conserve au fil des mois de maturation que l’architecture. Que l’épure des êtres et des choses, au cœur de couleurs qui se fondent et les mêlent. Périodes ocres, rouges, bleues… sans représentation, tout en étant sculptées du monde qui l’entoure. Et se donne aussi à dévorer, en une œuvre qui sait aussi céder à la gourmandise avec les désormais célèbres Eat the paint, «80% de cacao, 20% de sucre, 100% de magie» ! MARYVONNE COLOMBANI

Atelier de Mark Alsterlind Beaucaire (30) 06 10 78 50 03


TOULON | ART-O-RAMA

De retour de Russie

Accord parfait à la Tour royale

On connaissait de Françoise Huguier sa passion pour l’Afrique depuis qu’elle a publié chez Maeght en 1990 Sur les traces de l’Afrique fantôme avec l’écrivain reporter Michel Cressole, et créé la première Biennale de photographie africaine de Bamako en 1994. On découvre à présent son goût pour Saint-Pétersbourg où «[elle] loue une chambre dans un appartement communautaire (Kommunalka en russe), et photographie ses habitants. Les années passent, hantée par ses voisins, [elle] décide de revenir filmer leur vie quotidienne» De cette vie partagée, de ces portes entrouvertes sur le quotidien et l’intimité de quelques «personnages de roman» naissent un témoignage de premier plan sur le communisme d’hier et la Russie d’aujourd’hui qui superpose les ors patinés des tsars aux vestiges communautaires de Leningrad. De ces huis clos étouffants, dégoulinants de tristesse, de misère, de souvenirs, Françoise Huguier rapporte des clichés baignés d’ombres et de lumières où transpire la désillusion. Celle de Natacha et de tous les autres, pareils à des fleurs fanées… Ni documentaire ni reportage, Françoise Huguier défend une phographie du réel perméable à ses sentiments, à son empathie pour la ville, ses habitants et ses fantômes. Au point de leur consacrer une exposition (Maison de la photographie à Toulon dont l’éclairage est pénalisant), un ouvrage (Kommunalki chez Actes sud), des vidéos (galerie des Musées à Toulon) et un film de 97 minutes sorti en salle en juin dernier (Kommunalka produit par les Films d’ici).

Deux bonnes raisons de courir à l’exposition de sculptures contemporaines à Toulon ! Parce que face au Fort de l’Aiguillette et à la Tour Balaguier, ce bâtiment emblématique du passé maritime et militaire de Toulon offre un point de vue unique sur la Petite rade et la presqu’île de Saint-Mandrier. Ensuite parce que les sculptures monumentales de Jean Amado, Vincent Barré, Raoul Hébréard, Tony Long, Jean-Noël Laszlo et Alain Pontarelli s’adaptent parfaitement à cette fortification du XVIe siècle, jusqu’à en épouser les circonvolutions et s’y fondre presque, trop peut-être ? Une telle initiative de la Ville, du Conseil général et de La Valette-du-Var est à saluer car elle sensibilise le public, dans un même mouvement, au patrimoine toulonnais et à la création contemporaine, l’exposition réunissant des œuvres issues des collections muséales et de prêts d’artistes de la région à la réputation internationale. Six pièces suffisent ainsi à présenter un bref aperçu de la sculpture actuelle à travers ses multiples médiums, techniques, inspirations et réflexions, depuis les vaisseaux fantômes de Jean Amado aux assemblages de formes pures de Tony Long, en passant par l’imposante jarre zinguée de Raoul Hébréard ou la correspondance contrariée par Laszlo-Pontarelli entre les galets polis du mot «culture» et l’expres-

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Maison de la photographie et galerie des Musées Toulon (83) jusqu’au 26 septembre 04 94 36 33 30 ©Francoise Huguier - kommunalka - Eyedea presse - Rapho

ARTS VISUELS

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Sculpture de Jean Amado

sion «nature» emprisonnée dans une cage vide et anguleuse… Consensuel ? L’an prochain, c’est sûr, le choix sera moins attendu, au risque de faire souffler un brin d’agacement au sommet de la Tour royale! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Tour royale, le Mourillon (83) jusqu’au 27 septembre 04 94 36 33 30

Une édition riche de promesses accomplies En trois ans seulement, le salon d’art contemporain Art-O-Rama est devenu un centre de gravité où convergent de multiples météores. À la Cartonnerie se déploie un Show Room aussi efficace que talentueux, dédié à promouvoir le travail de jeunes artistes de la scène Marseille-Provence : Frédéric Clavère, Pascal Martinez, Monsieur Moo. Et Pierre Beloüin qui, avec sa Dreamachine Room produite par la Fondation Vacances bleues, réussit le pari d’intégrer son œuvre au décor d’une chambre d’hôtel en offrant une expérience visuelle et sonore totale. Dreamachine Room, «une boîte à rêves plus efficace qu’une télévision» ! L’un de ces quatre artistes sera l’invité de l’édition 2010, à l’instar d’Émilie Perotto dont les sculptures et installations en bois bénéficient cette année d’une vitrine imprenable. Au Salon toujours, parmi les sept galeries internationales présentes, les duos Hannes Vanseveren et Fien Muller (Hoet-Bekaert Gallery, Gand), Clea Coudsi et Éric Herbin (galerie Schirman & de Beaucé, Paris) tirent leur épingle du jeu grâce à des dialogues formels, sonores, graphiques ou visuels pertinents. Même exigence du côté de Sextant et Plus qui présente, à la Friche, la première exposition personnelle en France de l’artiste américaine Norma Jeane. Entre autres réalisations liées à l’objet industriel, Potlatch 4.2 a fait grand bruit, nécessitant l’intervention d’une vingtaine de spectateurs-acteurs pour une mise

Dreamachine de Pierre Beloüin, objet sculptural à géometrie lumineuse, Fondation Vacances bleues © Jean-Louis Aubert

en scène tirée au cordeau. Le satisfecit est quasi unanime, en écho au galeriste parisien Olivier Robert qui fait mouche avec une combinaison audacieuse de deux nouvelles installations de David Ancelin et Élodie Lesourd. Dans cette constellation gravitent également le Frac, qui transporte le spectateur dans un doux Voyage sentimental, le Bauhaus Lab, la galerieofmarseille, partenaire de la performance lecture de Philippe Petit et Hervé Paraponaris, et Triangle France, grand ordonnateur d’une soirée tombola… Si jeune, et pourtant Art-O-Rama a déjà pris corps et sens, aiguisant l’appétit des collectionneurs et captant l’intérêt des galeries ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Exposition jusqu’au 20 septembre à La Cartonnerie www.art-o-rama.fr


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POÉSIE

ENTRETIEN AVEC JULIEN BLAINE

Zigzags dans les mots en action Alors qu’au [mac] son Tri se prolonge jusqu’au 20 octobre, Julien Blaine fait pour Zibeline un tour d’horizon sur son travail et la poésie contemporaine Zibeline : Qu’en est-il de la poésie aujourd’hui ? Julien Blaine : Ce qui se passe dans la poésie aujourd’hui est absolument incompréhensible et inattendu. Je parle de la poésie en France, en Italie, dans les anciens pays de l’Est et dans toute l’Asie. Le premier phénomène qui concerne ma génération, c’est que le marché, essentiellement italien, s’est intéressé à une poésie qui n’est pas que dans les livres mais aussi dans l’action, la performance voire les cimaises. De grands collectionneurs italiens, suivis par quelques américains et de très rares français, se sont intéressés, à ce qu’ils appellent en Italie la «poésie visive» que l’on appelle ici la «poésie visuelle», «élémentaire», «concrète» des années 50. Le deuxième phénomène est l’arrivée d’une autre génération qui a maintenant autour de 40 ans avec une ribambelle de femmes comme Nathalie Quintane, Laure Limongi, Claudie Lenzi, Frédérique Guétat-Liviani, qui ont été suivies par la génération d’après comme Marina Mars avec de très nombreuses poétesses ou performeuses. Et en même temps, paradoxalement, les gros éditeurs de poésie, P.O.L entre autres, ne se sont pas intéressés à cette poésie là hormis à celle de Nathalie Quintane et de Christophe Tarkos. Ce qui fait que certains des poètes de ma génération, ou un peu plus vieux comme Pierre Garnier, sont passés inaperçus. Ça a laissé une place importante à de petits et moyens éditeurs comme Trident Neuf ou Al/Dante qui se sont alors multipliés. J’aimerais que tu reviennes sur la «poésie élémentaire» dont tu es à l’origine À la fin des années 50, je suis en train d’écrire ce type de poésie. Il y en a d’autres mais je ne le sais pas encore, donc je suis obligé de rebâtir ma propre histoire, de m’inventer des antécédents avec Cummings, Mallarmé, Apollinaire, les avantgardes historiques. Et je m’aperçois qu’il y a un mouvement mondial, la «poésie concrète» née en Suisse avec Gomringer, au Brésil avec les frères De Campos et Pignatari, en Allemagne autour de Max Bense. Je découvre un autre mouvement, la «poésie visive» qui détourne des messages publicitaires et les slogans politiques autour d’Eugenio Miccini et Sarenco en Italie. Bien que je sois dans les anthologies de poésie concrète avec mes amis Jean-François Bory ou Adriano Spatola, aucun de ces mouvements ne me satisfait. Et je trouve ce mot «élémentaire» qui me permet de jouer sur les éléments, les apprentissages comme sur les ritualités premières. Ma poésie élémentaire dès 62 est très impliquée par le corps, la voix, la gestualité. Tu ménages des passages entre tes pratiques de poésie concrète, visuelle, performance… On le voit dans l’exposition avec Chut ? Chute typographiée Avec La Chute, c’est l’acte physique qui devient aussi un mot : «chut !», une métaphore incarnée, transformée par la suite en poème visuel où les

La Pythie, [mac], Marseille 2009, vue partielle © Claude Lorin

escaliers deviennent les lignes d’une page. À partir de là, tu peux recommencer l’histoire sans te contenter du spectaculaire. Ce qui m’intéresse ce sont les résidus. Le côté théâtral et chorégraphique de la performance ne m’intéresse pas, à l’inverse du travail des jeunes artistes issus de la

Il est encore temps de revenir ...sap sov rus © Claude Lorin

poésie et des arts plastiques. Et à Marseille ? Y’avait un jeune mec génial, Nicolas Primat. Il y a aussi Marina Mars, Frédérique Guétat-Liviani, Claudie Lenzi, Edwige Mandrou, des gens qui sont repartis d’ici comme Nathalie Thibat. À Marseille, c’est un art essentiellement féminin. C’est un art d’exhibition et si tu remets ça dans la culture gréco-latine ou judéo-chrétienne, ce n’est pas si facile. Il y a aussi une dimension politique dans ton travail… Toujours. Pourquoi sommes-nous dans une telle barbarie à la fin du XXe siècle ? Il faut dire les

choses même si elles sont simples. Ca fait 6000 ans que les monothéistes nous font chier et qu’ils massacrent des peuples au nom de leur dieu ! C’est pour ça que l’exposition fait par exemple référence à Reagan, Bush ou Poutine. Le cri est aussi essentiel pour toi Là on atteint la même force universelle que pour la musique. Je parle en français mais la plupart du temps ce n’est pas traduisible. Alors comment je dois procéder avec ce noir Bamiléké, cet indien d’Amazonie ou du Québec avec lesquels je travaille ? Je ne connais pas leur langue, ils ne connaissent pas ma langue. Mais si je crie, alors… Ainsi les gens me disent toujours : «Mais qu’estce que vous avez à être toujours en colère ?» Je suis en colère, mais quand tu vois comment est le monde ! Ton travail mélange l’originel et les nouvelles technologies… Je suis le traducteur en 62 de la langue éléphantine avec un magnétophone ! Puis est arrivé l’offset qui a ouvert de nouvelles possibilités d’écritures. Mais dans notre travail, tu ne peux pas rester dans ton coin. Aujourd’hui le réseau international, à la suite du mail art, c’est Internet ! On s’est tous mis sur la toile. Les plus grandes archives sont là, avec le Hongrois Gyorgy Galantai d’Artpool ou feu Ray Johnson et le réseau postal international. Avec l’ordinateur, je travaille sur XPress avec des possibilités incroyables de jouer avec les polices, les copier-coller, les dérapages des correcteurs d’orthographe, les traductions inouïes d’un programme à l’autre, etc. PROPOS RECUEILLIS PAR SANDRA RAGUENET ET CLAUDE LORIN

Finissage le 20 octobre à partir de 20h, avec Jerome Rothenberg, Seiji Seimoda et Joachim Montessuis aux platines.



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LIVRES

ADAAL | ÉDITION INDÉPENDANTE | ÉCRITURES CROISÉES

Il ne vous aura pas échappé que nous sommes en pleine effervescence de rentrée. Rentrée du gouvernement, des partis politiques, des classes, mais aussi rentrée littéraire. Les médias entonnent le refrain saisonnier, et Zibeline ne faillit pas à la règle. D’autant que notre région accueille certaines des manifestations littéraires les plus importantes de l’automne et que nos éditeurs locaux ont mis sous presse bon nombre d’œuvres nouvelles… Voici donc des annonces, nombreuses, de rencontres à Marseille, Aix, Manosque ou ailleurs, ainsi que quelques chroniques d’ouvrages fraîchement édités. À vos livres et bonne rentrée (littéraire) à tous ! FRED ROBERT

L’ami des lettres

Ceux qui hantent les manifestations littéraires le connaissent. Tous l’ont déjà croisé, sa pile de bouquins débordant de fiches sous le bras. Et si ce n’est fait, cela ne saurait tarder lors de l’une ou l’autre rencontre proposées ce mois-ci. C’est bien simple, il sera partout, des ABD à La Friche Belle de Mai, de la Caravelle au cours d’Estienne d’Orves, et aussi à Mouans-Sartoux et à Manosque. Lui, c’est Pascal Jourdana, journaliste curieux, lecteur impénitent, coureur de fond de la littérature de France et d’ailleurs. Après des études littéraires et une dizaine d’années passées dans le milieu de la librairie et de l’édition, Pascal Jourdana est devenu journaliste littéraire, un peu par hasard confie-t-il modestement. Passionné par toutes les formes littéraires contemporaines, il en a une approche intime et perspicace, qu’il double souvent d’une authentique relation humaine avec les auteurs. C’est sans doute ce qui donne aux débats qu’il anime leur saveur particulière. Un travail pointu en amont, et pourtant l’impression que la rencontre se fait là sous nos yeux, que la conversation coule comme une discussion entre amis à laquelle les lecteurs seraient également conviés.

Et l’ADAAL fut créée

l’occasion, le 13 octobre prochain, de suivre l’échange entre Claudie Gallay, dont presse et lecteurs ont unanimement applaudi Les déferlantes, et l’écrivain qu’elle a souhaité inviter, Philippe Grimbert, dont le magnifique Un secret est déjà devenu un classique. Un premier rendezvous à ne manquer sous aucun prétexte, et les autres promettent d’être à l’avenant… En guise d’avant-programme Pascal Jourdana fera entendre un premier duo d’écrivains dans le cadre des 2e Rencontres départementales de l’édition indépendante qui se dérouleront les 18 et 19 septembre à la Bibliothèque Gaston Defferre. Animée par Pierre Guéry, la première journée de ce «salon des indépendants», au cours duquel 15 éditeurs de la région invitent cette année 15 éditeurs d’ailleurs, sera réservée aux professionnels. Mais le 2e jour le public pourra arpenter le Salon des Editeurs de 10 à 19h. Dans l’aprèsmidi, les jeunes de 7 à 15 ans seront conviés par les éditions Ornicarinck(s) à des ateliers de fabrication de livres, tandis qu’Ecrivains en dialogue donnera la parole à deux jeunes écrivaines publiées par la maison d’édition marseillaise Le Mot et le Reste, Magali Brénon et Béatrice Rilos ; enfin, à 17h30, Sabine Tamisier proposera un émouvant et poétique monologue théâtral, Casa nostra. Un prélude stimulant à une saison littéraire intense…

C’est pour favoriser ces rencontres entre auteurs et lecteurs et pour porter la parole des écrivains que Pascal Jourdana a créé l’Association Des Auteurs Aux Lecteurs (ADAAL). L’association souhaite penser les rencontres littéraires autrement que comme des événements isolés ou de simples animations, en faire un principe de production, avec des prolongements dans les domaines de la radio, de la vidéo et de l’édition. Ce projet ambitieux est en train de voir le jour. L’installation de l’ADAAL dans ses nouveaux locaux de la rue de l’Olivier, qu’elle partage avec Fotokino, devrait également faciliter le croisement des disciplines, cher aux membres très éclectiques du CA de l’association.

Une saison de dialogues Le grand œuvre de l’association reste cependant le cycle de rencontres qu’elle organise grâce au soutien des Archives départementales. Ecrivains en dialogue entre cet automne dans sa troisième saison et propose pour 2009-2010 un programme d’une variété et d’une qualité exceptionnelles. Ainsi, le premier temps fort, intitulé En quête de soi, sera

FRED ROBERT

Pascal Jourdana © X-D.R

ADAAL 09 81 65 26 44 http://web.me.com/pascal.jourdana/ Des_auteurs_aux_lecteurs 2e Rencontres départementales de l’édition indépendante Les 18 et 19 sept Ecrivains en dialogue Le 10 oct Bibliothèque départementale Gaston Defferre www.biblio13.fr

L’Asie à Aix Depuis plus de 20 ans les Écritures Croisées nous ont habitués à des rencontres exceptionnelles avec les littératures des autres mondes, et on a pu y croiser les plus grands écrivains de notre temps. Les propos des tables rondes volent haut, plongeant dans les arcanes secrets de l’écriture et de l’histoire, chaque invité cherchant à établir analogie et différence avec l’écriture de l’autre. Cette année ce sont les Écritures les plus lointaines qui s’installeront à la Cité du livre : l’Asie est un continent littéraire peu visité, et les lecteurs sont plutôt attachés aux langues européennes ou aux littératures méditerranéennes. L’année de la Chine avait permis d’en éditer quelques-uns, les auteurs japonais sont traduits depuis les années 60’s… mais le reste du continent, coréen ou thaï, reste à découvrir, à traduire, à diffuser. D’autant que toute l’Asie repose sur des traditions romanesques très anciennes, et diverses. Neuf romanciers (Li Ang de Taiwan, Chart Korbjitti de Thaïlande, les japonais Minaé Mizumura et Yoko Tawada, Lee Seung-U et Kim Young-Ha de Corée, Thuân et Bao Ninh du Vietnam, et le Chinois Xu Xing) seront présents pour retracer ce Vrai Roman, avec l’aide de Pascal Quignard et Antoine Volodine, dans le rôle de passeurs… La fête du livre à Aix se déroulera du 15 au 18 octobre : nous y reviendrons ! A.F.

L’Asie aux écritures croisées : un vrai roman Du 15 au 18 oct Cité du Livre, AIX 04 42 26 16 85


BARJOLS | LES LITTORALES | SEMAINE NOIRE

LIVRES

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22, le poème est servi ! Est-il suffisant que le poème trouve le chemin d’une version imprimée, qu’ensuite le livre de vélin ou de papier s’installe sur une étagère de librairie ou de bibliothèque ? Telle est la question. Pour Éric Blanco, le poème imprimé est un simulacre. Vivre pour un poème, c’est aussi être dit. Le texte passe par la voix, ses intonations, les supports les plus variés et les plus surprenants, photos, diaporama, vidéo, multimédia… une «poésie dans tous ses états» suggère Éric Blanco, poète, organisateur (non ce n’est pas incompatible !) de cette rencontre avec les poètes de la BIPAL (Val de Marne) et directeur de la ZIP22.(Zone d’intérêt poétique). Éric Blanco rappelle au public qu’Elias (la lecture se déroule au centre Elias de Barjols) était un troubadour : le temps s’efface, la poésie perdure… Quatre poètes se succèdent,

donnant un bref aperçu de leur univers, par la lecture d’extraits de leurs œuvres. Gérard Noiret qui collabore au magazine littéraire et à France Culture invite à relier le texte au monde et le monde au texte ; Henry Deluy, fondateur de la biennale internationale de poésie du Val de Marne, collaborateur de la revue Action Poétique, affirme que la curiosité est une vertu politique et livre une belle biographie de Maïakovski, qui établit un parallèle entre la connaissance du poète, l’évolution personnelle du narrateur et les affres du monde ; Pascale Petit expose ses carnets de vol sous forme de journal intime, de lettres, dans un style dépouillé qui rend évidents les faits les plus improbables ; Jean Pierre Balpe enfin, auteur aussi dans la revue Action Poétique, se consacre à un jeu digne des essais d’Oulipo, il présente les

Du rouge et du noir Depuis quatre ans, La Semaine Noire, dont il est à noter qu’elle dure plus de 7 jours !, se déroule selon 3 axes directeurs: une résidence d’auteur, un jumelage avec une ville étrangère et une grande fête du polar. La prochaine édition, du 19 au 29 septembre, ne dérogera pas à la tradition, à quelques nuances près. Première différence, notable. L’auteur invité cette année n’est pas vraiment ce qu’on qualifierait d’«auteur noir», même si ce qu’elle écrit n’est pas toujours rose, loin s’en faut. Wendy Guerra est cubaine. Ses œuvres poétiques sont éditées sur son île natale, mais pas ses romans, jugés indignes d’être distingués par le tout-puissant Institut du Livre (juge unique, seule voie éditoriale à Cuba). Ils sont pourtant beaux et troublants et vivants, ses textes, que Stock a accepté d’éditer en France, et qu’elle vient présenter durant tout le mois de sa résidence d’écriture à La Friche. Elle les appelle «romans rouges». Rouge comme la passion, rouge comme la révolution cubaine, dont on célèbre cette année le 50e anniversaire La deuxième variation concerne le choix de la ville jumelée. Malgré son statut de port insulaire, il ne semble pas qu’Ajaccio puisse être définie comme une ville étrangère. Tel est le choix pourtant des organisateurs, qui ont opté pour l’étrangeté corse après celle de Mexico ou d’Hambourg. Dernier axe, les Terrasses du Polar, avec un léger changement là encore. Ces rencontres-dédicaces traditionnelles avec les écrivains, français et étrangers, de polar (une quarantaine pour cette 9e édition) se tiendront en effet d’abord à

Marseille sur le Cours Julien, dans le cadre du Festival du Plateau, samedi 19, puis à Septèmes-les-Vallons, dimanche 20. Quant au Prix Marseillais du Polar, il sera comme d’habitude décerné par un jury de passionnés qui auront lu les 25 ouvrages en lice cette année. Son lauréat recevra le chèque de 1500 euros qui l’accompagne. FRED ROBERT

La Semaine Noire est organisée par l’association L’Ecrit du Sud, en partenariat avec L’Ecailler, Système Friche Théâtre et la BMVR Alcazar www.lecritdusud.com Wendy Guerra © Luis Miguel Palomares

logiciels facteurs de poèmes qu’il a créés, mettant en scène une littérature des variations ; celles-ci s’avèrent infinies à partir d’une même trame. Art de l’éphémère aussi, puisque chaque texte, chaque réécriture disparaît à jamais dans les limbes virtuelles à la moindre modification. De belles fêtes poétiques ! Une bonne raison de faire le chemin jusqu’à Barjols, tous les 22 du mois (sauf ce mois de septembre, le 24)… puisque ZIP 22 ! MARYVONNE COLOMBANI Pascale Petit © Claudie Lenzi & Charles Gros

Aux rendez-vous des Littorales Du 7 au 11 oct, venez rencontrer les auteurs invités par les libraires indépendants associés et retrouver leurs livres, au fil des nombreuses manifestations organisées par l’association Libraires à Marseille. Projections, musique, débats, performances, lectures ponctueront les cinq jours de ces 2e Littorales, l’événement littéraire de l’automne marseillais.

Rendez-vous au cinéma L’avant-première du festival aura lieu, le 7 à 20h au cinéma Les Variétés. Le public sera invité à la projection du documentaire de Sylvain Roumette sur Claude Lanzmann, à l’issue de laquelle une rencontre est prévue avec le réalisateur et Lanzmann lui-même. On y parlera sans aucun doute de son dernier ouvrage, passionnant, Le lièvre de Patagonie (Gallimard, 2009).

Rendez-vous sur le Cours Mais les rendez-vous nocturnes, placés sous le signe de la pluridisciplinarité, ne doivent pas faire oublier ceux du jour. Comme l’an dernier, les chapiteaux envahiront le cours d’Estienne d’Orves durant tout le weekend, de 10h à 19h. On pourra rencontrer au Comptoir littéraire la trentaine d’écrivains sélectionnés par les libraires pour leurs «approches sensibles d’un monde pluriel», retrouver leurs textes à l’Espace Librairie et les faire dédicacer. Chaque stand de libraire proposera également des parcours de lecture et des titres pour les plus jeunes. Une occasion agréable, et gratuite, de découvrir des auteurs, des collections et des maisons d’édition qui manquent souvent de la reconnaissance qu’ils méritent.

Bouquet final Rendez-vous au comptoir Le 8 les fidèles de l’émission littéraire et radiophonique se retrouveront à La Caravelle pour le premier Jeudi du Comptoir de la saison. Pascal Jourdana recevra Tanguy Viel, qui parlera de son dernier roman Paris-Brest (voir p.66), avant d’aller, plus tard dans la soirée, en proposer une lecture à Montévidéo, dans le cadre du festival ActOral.

Rendez-vous à la BMVR L’Alcazar recevra, le 9 à 19h30, Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008 pour Singué Sabour, pierre de patience (POL, 2008), et organisera la projection du film qu’il a réalisé à partir de son roman Terre et cendres.

Rendez-vous en musique Le 10, afin de célébrer la Saison de la Turquie en France, le Pelle Mêle accueillera pour une séance de «littérature en voix» Zülfü Livarelli et Les voix polyphoniques dirigées par Brigitte Cirla.

La première édition des Littorales avait, aux yeux de leurs organisateurs euxmêmes, manqué d’un final à la hauteur. En cette 2e édition, puisque c’est un véritable feu d’artifice qui sera offert au public en clôture de la manifestation : concert des Voix polyphoniques, avant-première nationale du film d’animation Panique au village et, à La Friche, performance-lecture en forme de «Recette de résistance» par Wendy Guerra, la romancière cubaine reçue en résidence cette année. De quoi terminer en art et en beauté ce Salon d’Automne marseillais! FRED ROBERT

Les Littorales Festival littéraire des libraires indépendants du 7 au 11 octobre 04 96 12 43 42 www.librairies-paca.com


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LIVRES

MANOSQUE | MOUANS-SARTOUX

Manosque entre en Correspondances En dix ans, elles sont devenues l’un des événements incontournables de la rentrée littéraire. Pour leur 11e édition, Les Correspondances de Manosque La Poste entendent bien rester à la hauteur de la réputation qu’elles ont gagnée. Leur programme éclectique et exigeant permettra sans aucun doute de faire, une fois encore, de ces rencontres des moments précieux.

Cinq jours de fête littéraire Du 23 au 27 septembre, Manosque et ses alentours vivront au rythme de ces 11e Correspondances, puisque, comme chaque année, les rues, les places, les salles de spectacles, bref tous les lieux possibles, même les sentiers et les collines chers à Giono, seront investis par les Écritoires, les ateliers d’écriture, les lectures et les rencontres avec les auteurs, dans une atmosphère qui a toujours su allier exigence de qualité et esprit bon enfant. Ce qui est suffisamment peu courant pour qu’on le salue. Dès le mercredi, mais surtout à partir du vendredi et durant tout le week-end, le public pourra se rendre aux traditionnels apéros littéraires de la mi-journée puis assister aux nombreuses rencontres de l’aprèsmidi. Il serait vain de donner la liste de tous les écrivains invités ; citons néanmoins et en vrac, Thierry Hesse, Pascal Quignard, Robert Mac Liam Wilson, et Véronique Ovaldé, Marie Ndiaye, Lydie Salvayre, Christian Garcin, Laurent Mauvignier… Auteurs célèbres ou nouveaux-venus sur la scène littéraire, ils seront nombreux à venir lire leurs textes ou parler de leur travail, à rencontrer leur public, seuls ou en duos. On le voit, l’affiche est belle…

À la croisée des arts Et belle aussi la programmation des nuits manosquines ! Mercredi 23, pour la soirée d’ouverture, la danse rencontrera les lettres au Théâtre Jean-le-Bleu. La Cie Karine Saporta y présentera une chorégraphie inspirée du roman Laver les ombres, que Jeanne

Ecritoire © Laurent Gayte

Benameur a écrit pendant sa résidence à Manosque. Ce texte, qui évoque le désir de danser et les relations mère-fille a visiblement inspiré Karine Saporta. On se retrouvera aussi les autres soirs au Théâtre pour les grands rendez-vous de lectures par des stars de la scène cinématographique, dramatique ou lyrique. Jeudi 24, Nicole Garcia mettra en correspondance le poète grec Constantin Cavafy et Marguerite Yourcenar, tandis que, le 25, Carole Bouquet fera entendre «la folie d’amour» d’Antonin Artaud et que, samedi 26, Dominique Reymond lira Bonjour Minuit de la «Colette anglaise», Jean Rhys. C’est à Nathalie Dessay qu’il reviendra de clôturer brillamment le festival puisqu’elle donnera lecture, dimanche 27 en fin d’aprèsmidi, de la magnifique Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig. Comme les rencontres de la journée, ces spectacles du soir se placent résolument sous le signe de la

variété et donneront l’occasion d’entendre des textes célèbres, mais aussi de découvrir des écrits et des auteurs plus confidentiels. Comme à l’accoutumée, Les Correspondances font la part belle à la musique. C’est ainsi que de nombreuses lectures se feront en musique et qu’on retrouvera avec plaisir les concerts littéraires de fin de soirée au Café provisoire ; parmi les invités, Dick Annegarn, Daphné, Clarika… Une superbe édition en perspective et 5 jours de ferveur littéraire et artistique à partager sans modération. FRED ROBERT

Les Correspondances auront lieu à Manosque (04) du 23 au 27 sept. 04 92 75 67 83 www.correspondances-manosque.org

Le bruit de la fureur Le 22e Festival du Livre de MouansSartoux, dans les Alpes-Maritimes, s’apprête à faire de la ville un vaste forum de débat d’idées. Trois jours pour Écouter voir la fureur du monde en compagnie de 350 auteurs, 200 éditeurs et libraires et en débattre avec passion Le Festival n’a eu de cesse, ces dernières années, de provoquer la réflexion, la discussion, de donner la parole à ceux qui écrivent les livres et à ceux qui les lisent, se penchant sur les hommes et femmes en quête de libertés… Il s’agit à Mouans-Sartoux de guetter l’humanité au-delà des murs, de tester les résistances… Rendez-vous littéraire et cinématographique, le Festival convoque donc, aux dires de sa Commissaire, par ailleurs Conseillère générale des Alpes-Maritimes, Marie-Louise Gourdon, «celles et ceux qui portent un regard lucide sur le monde, empli d’espoir ou de pessimisme, d’initiatives ou de forces de création.» Ceux-

là même que le public pourra rencontrer, et avec lesquels il pourra discuter, lors de conférences, débats, rencontres, cafés littéraires, et de projections de films: Atiq Rahimi, Léonora Miano, Françoise Héritier, Inaam Kachachi, Wahiba Khiari, Emmanuel Carrère, Mémona Hintermann, Thu Huong Duong, Robert Guédiguian, Amos Gitaï, Gérard Mordillat pour ne citer qu’eux… Le programme pléthorique d’une des plus importantes manifestations Atiq Rahimi © Hélène Bamberger

littéraires françaises ne permet pas que nous dressions la liste exhaustive de tous les rendez-vous, mais voilà de quoi vous mettre l’eau à la bouche : un débat sur la fureur du monde, d’autres sur la tension civile, la force des femmes, la mémoire de l’Arménie en partage… sans oublier des conférences sur la violence à l’école, le savoir et la finance, la désobéissance des profs et bien sûr les entretiens nombreux, incessants en fait, durant trois jours, avec tel ou tel écrivain ou cinéaste. Car ils sont 350 ! Interrogez-les, interrogez-vous, pour comprendre la fureur du monde. Le temps d’un festival, prolongé par le temps précieux de la lecture. DOMINIQUE MARÇON

Festival du Livre de Mouans-Sartoux Du 2 au 4 oct 04 92 92 47 24 www.lefestivaldulivre.fr



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LITTÉRATURE

Images et mots d’une même voie Les éditions du Chemin de fer ont eu l’excellente initiative de créer «une collection de nouvelles inédites illustrées par des artistes.» D’élégants petits livres où des textes contemporains courts d’auteurs souvent célèbres, parmi lesquels, pour ne citer qu’eux, Pierrette Fleutiaux, Henry Bauchau ou Annie Saumont, sont vus par des artistes. Ainsi, mots et images se répondent au fil d’une lecture rapide mais doublement suggestive. Des auteurs récemment édités par l’association, trois seront présents aux prochaines Littorales (voir p.63). Trois auteurs, trois artistes illustrateurs, trois livrets très différents, preuve de l’éclectisme de la collection. Dans Candelaria ne viendra pas, Mercedes Deambrosis met en scène une mère de famille madrilène au bord de la crise de nerfs, que la défection inattendue de sa femme de ménage va pousser à la rébellion contre une famille ingrate, insupportable. Les prochaines vacances de Dominique Fabre relatent, à partir d’un drame familial qui n’est pas le sien, le retour à l’affection et à la vraie vie du narrateur. Quant à Nathalie Constans, sa reformation des imbéciles rend un hommage déjanté à l’Amérique et au rock, à

travers la rencontre insolite d’Iggy Pop et de la petitefille de Geronimo ; un récit de transe à deux voix aux confins d’un monde en voie d’extinction. On le voit, les thèmes et les tons sont variés. Il en va de même pour les illustrations. Et c’est sans doute ce qu’il y a de plus intéressant dans cette collection : l’adéquation entre les textes et les images qu’ils ont engendrées. Ainsi, les photomontages surréalistes de Jean Lecointre collent on ne peut mieux au verbe halluciné de N. Constans, les portraits sombres aux contours imprécis de Marko Velk traduisent le malaise de la quadragénaire humiliée, les aquarelles presque naïves d’Olivier Masmonteil exaltent les errances du narrateur et sa renaissance à des liens simples et vrais. Une très jolie collection à lire et à rêver.

Mercedes Deambrosis, Candelaria ne viendra pas (12,50 euros),

FRED ROBERT

et Nathalie Constans, La reformation des imbéciles (12 euros) sont édités aux éditions du Chemin de fer.

Dominique Fabre, Les prochaines vacances (14 euros)

Comment peut-on être cubain ? C’est la question que pose Wendy Guerra, née en 1970 à La Havane. Elle y réside actuellement alors que, comme le dit le titre de son premier roman paru en 2006, Tout le monde s’en va. Être cubain aujourd’hui, est-ce rester ? Est-ce partir ? Est-ce vivre dans le souvenir oppressant des héros et des martyrs de la révolution ? Est-ce s’en dépêtrer tant bien que mal? Mère Cuba, deuxième opus de cette jeune écrivaine plus connue jusque là pour son œuvre poétique, interroge à nouveau l’identité cubaine et son lourd héritage à travers le personnage central de Nadia, dont le nom de famille, tiens tiens, est Guerra… Animatrice de radio, artiste spécialisée dans les performances éphémères, la jeune femme semble l’incarnation de cette nouvelle génération qui souhaite juste «survivre sur cette île, éviter le suicide» et ne veut à aucun prix «être la martyre des martyrs, de leurs épopées…» Le roman, faut-il d’ailleurs l’appeler un roman ?, se déroule à mi-chemin entre document et fiction, comme

une sorte de journal des années 2005-2006, auquel Nadia intègre notes, extraits d’émissions radiophoniques, articles de presse, lettres et paroles de chansons, dans un agencement qui perturbe un peu au départ mais dont on accepte très vite la logique interne. Car, au travers de l’histoire de Nadia, de la recherche de sa mère enfuie en Russie, c’est celle de l’île qui se déploie, dans ses flamboyances et ses deuils. Ce récit palimpseste révèle quelques belles figures féminines, dont celle de Celia Sanchez, compagne de Castro. Il est surtout un hommage vibrant à la génération des parents de Nadia qui, trop jeunes pour faire la révolution, ont grandi dans son ombre écrasante et en ont perdu la raison. Ce patchwork de formes et de voix rend enfin hommage à la vie malgré tout, à l’amour et à l’espérance d’un avenir pour l’île. Nadia n’est-il pas la contraction de Nadièjda, l’espoir en russe ?

Wendy Guerra, Mère Cuba, éditions Stock, La Cosmopolite, 19 euros.

W.Guerra sera présente à la Semaine Noire, ainsi qu’aux Correspondances de Manosque et aux Littorales.

F.R.

Roman familial Le dernier ouvrage de Tanguy Viel n’a pas grand’ chose à voir avec la pâtisserie crémeuse et pralinée à laquelle son titre peut faire penser, et le Paris-Brest qu’il offre à la gourmandise du lecteur est tout sauf suave. Tout au plus pourrait-il provoquer, comme le gâteau du même nom, un vague écœurement devant les histoires de famille qui se dévoilent au fil des pages et ne parlent que d’argent, d’intérêt, de vol et de qu’en dira-t-on. Le narrateur revient en quatre temps sur ce qui l’a poussé à fuir Brest, à devenir écrivain, avant de retourner vers son Finistère natal, à quelques jours de Noël, un cadeau empoisonné dans ses bagages. Car il a dû fuir pour parvenir à exister, pour ne pas être un satellite de plus dans l’orbite d’une mère terrible sous ses dehors doucereux ; fuir aussi pour ne pas être gangréné

à son tour par la laideur, l’ennui provincial et la mesquinerie. Cette histoire familiale a quelque chose d’un Nœud de vipères contemporain : obsession pour l’argent, hypocrisie, morale bourgeoise bien-pensante et mères castratrices peuplaient déjà l’univers mauriacien. De même, les circonvolutions du récit, qui tourne et retourne jusqu’à toucher l’essentiel, rappellent la maestria du grand romancier girondin. Tanguy Viel est pourtant avant tout lui-même. De roman en roman, il impose une langue originale, faite d’oralité subtile et d’humour décapant. De même, il a le don de camper des personnages crédibles, touchants même, malgré l’ironie et le peu d’empathie du narrateur à leur égard. Bref, ce Paris-Brest se déguste d’une traite ou presque,

et plus d’un lecteur y retrouvera la saveur, douce ou amère, de sa propre histoire de famille. FRED ROBERT

Paris-Brest Tanguy Viel éditions de Minuit, 14 euros. Le romancier sera l’invité du Jeudi du Comptoir, dans le cadre des Littorales 2009, jeudi 8 octobre à 17h30 à La Caravelle.



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LITTÉRATURE

Pour le chant des étoiles Entre les bruits de Belinda Cannone se présente comme une fable moderne, ancrée dans notre monde souvent cruel, avec sa charge de conflits sanglants, de faits divers douloureux. L’époque n’en est pas précise. Certains événements évoquent un temps proche, on y parle d’enlèvements d’enfants, de la Russie et de la Chine, de la Serbie et du Kosovo, mais aussi de complots secrets internationaux qui nous plongent dans un univers proche de la SF. En revanche l’amitié inattendue entre Jodel, adulte «plan-plan» et Jeanne, fillette touchante, ouvre les portes d’un univers très poétique où l’on s’intéresse aussi bien au chant des oiseaux qu’à ceux des étoiles, et de bruits inaudibles pour le commun des mortels. Ils ont un point commun : ils sont hyperacousiques. Là-dessus surgit un personnage de lointaine origine mongole, ce qui ajoute encore à son mystère, et qui s’impose dans la vie de Jodel, l’obligeant à «sortir de son bocal». Ces deux rencontres bousculent la vie réglée et silencieuse de cet homme qui se lève tôt et se

rend à son travail quand les autres dorment encore ! Il travaille pour la police scientifique et écoute à longueur de jour des enregistrements témoignant de la turpitude de notre monde : viols, séquestrations, meurtres, dans le but de repérer des indices pouvant mettre sur la voie des coupables. Mais une 3e rencontre apporte au récit une touche de sensualité érotique magnifique, celle de la mère de Jeanne musicienne qui compose des musiques que le lecteur rêverait de trouver en CD avec le livre tellement la description des sonorités en est suave ! Le tout nous laisse sous le charme de cette langue qui coule, s’amuse parfois, excelle dans les dialogues incisifs et exulte dans le plaisir amoureux ! CHRIS BOURGUE

Entre les bruits Belinda Cannone Éditions de l’Olivier, 20 euros

263 Canal de l’Empereur Cette adresse n’est pas sans vous rappeler quelque chose. Tragique absence… Là il y a un arbre, seul, un de ces marronniers des villes, simples éléments du décor citadin, devant lesquels on passe, indifférents. À l’aube de sa mort, l’arbre raconte, étonnante confession de témoin muet. Il y a les saisons, les fleurs, les feuilles d’automne, et surtout le regard d’une petite fille pour laquelle les hampes parfumées de fleurs de marronnier seront sans doute le dernier souvenir heureux. Elle s’appelait Anne… Franck bien sûr, et soudain l’adresse se rappelle à vous… Dans ce bel album aux teintes sépia, la dernière image seule porte la couleur de l’espoir. Le dessin est superbe; précision des détails et stylisation se mêlent pour nous emporter dans un univers où les arbres restent les

uniques garde-fous de l’humanité, alors que la barbarie décime des générations innocentes. Un beau livre qui invite à garder la mémoire des arbres, dans un style dépouillé d’une intense poésie. À placer entre toutes les mains ! MARYVONNE COLOMBANI

Les arbres pleurent aussi Irène Cohen-Janca, illustrations A.C. Quarello Editions du Rouergue, 14 euros Livre soutenu par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

Lettres jetées au-dessus des abîmes Véritable gageure de vouloir faire correspondre des êtres qui ne se connaissent pas, sur un sujet qui semble fait pour séparer plutôt qu’unir, susciter les passions plutôt que les apaiser. C’est le défi qu’ont lancé les écrivains Nicole Caligaris et Eric Pessan à d’autres auteurs (26 en tout), 13 Français, 13 d’autres pays, pour établir un pont de lettres entre les continents. Analyses de situation, fragments d’autobiographie, réactions à vif à propos de certaines attitudes politiques incompatibles avec le respect de l’être humain, évocation de faits divers… les lettres de ces écrivains unis par le hasard d’un tirage au sort tissent une toile sensible où le quotidien se mêle aux éclats de l’indignation, de la poésie. C’est avant tout un bel essai d’union et d’unité. Le livre mosaïque se lit par tranches de correspondances à travers lesquelles le lecteur se promène, reconnaissant telle ou telle plume, en découvrant de nouvelles.

Lettres de commande, qui deviennent lettres d’amitié: les écrivains s’y livrent et le romanesque s’efface devant la réalité. L’essentiel réside dans le refus, celui de «l’odieux (si) insidieux» qu’il est nécessaire de dénoncer et de combattre. «La poésie est une arme chargée de futur» disait Gabriel Celaya. Les mots suffiront-ils ? Une belle et généreuse entreprise en tout cas, à lire, à savourer, à réfléchir… M.C.

Il me sera difficile de venir te voir Correspondances littéraires sur les conséquences de la politique française d’immigration Editions Vents d’ailleurs, 14 euros



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LITTÉRATURE

Ode à la nature

Ni catalogue raisonné, ni monographie, À l’écoute des arbres se feuillette comme un livre de photographies à ciel ouvert. Un comble pour un ouvrage sur Marc Nucera qualifié par Christine Picasso de «sculpteur du vivant végétal»… Hier artisan et aujourd’hui land’artiste, Marc Nucera a préféré vivre au naturel dans sa Provence natale plutôt que s’enfermer dans les études, entretenant un rapport fusionnel avec la matière sous l’œil bienveillant de son père ébéniste et «copiste hors pair». Aussi a-t-il appris humblement le nom et la taille des arbres avant qu’il ne croise sur son chemin le paysagiste Alain-David Idoux et la styliste Nicole de Vésian, auteur du célèbre carré Hermès. «Deux magnifiques guides», selon ses mots, auprès desquels il a acquis une grande liberté dans sa manière d’aborder la nature: c’est au contact de l’arbre vivant -cette muse éternellequ’il crée des tribus de marcheurs à partir d’enfourchements végétaux, creuse des salons d’extérieur dans

la masse des troncs et sculpte des totems élancés en hommage aux colonnes sans fin de Brancusi. Dans À l’écoute des arbres, les photographies d’Aline Dautresme sont éloquentes, et les textes d’Anne Hauben aussi : écrits à la première personne du singulier, ils font entendre la voix de Marc Nucera qui, par petites touches sensibles, raconte son enfance, la naissance de ses œuvres, l’influence de ses maîtres, son amour absolu pour la nature. Il parle de structure, d’architecture, de mouvement et de formes libres, de graphisme et de géométrie comme un peintre évoquerait sa palette et ses outils. Mais dans un «je» limpide, presque enfantin. Naturel. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

À l’écoute des arbres Anne Hauben (textes), Aline Dautresme (photographies), Louisa Jones (préface) Actes sud, 2009, 29 euros

Le tombeau du faussaire Le dernier roman de Minh Tran Huy repose sur un assemblage de textes a priori disparates, mais parfaitement concordants quand l’agencement de la lecture parvient à son terme. L’image d’Anna Song, pianiste, vietnamienne, amoureuse, se dessine, nette, d’emblée, dans la nécrologie qui ouvre le livre. Puis, peu à peu ou tout à coup, de révélations en supputations, elle s’efface, se contredit, se contrarie, laissant place à une mosaïque de portraits de l’artiste dont l’ensemble ne fait plus sens. Jusqu’à ce que… Bâti comme un policier le roman mérite qu’on laisse planer ce suspense. Tout en soulignant la complexité de sa construction : fondé sur l’alternance de critiques musicales et du récit de Paul Desroches, mari et mentor de l’interprète, ce récit d’une mystification travaille aussi profondément que Le Pêcheur et la Princesse – premier roman de Minh Tran Huy- sur les fables familiales. Sur ces histoires de filiation qu’on arrange un peu, juste pour donner un sens à sa vie. Le Vietnam qui fonde et nourrit le jeu de la pianiste et l’imaginaire de Paul Desroches se dissout dans l’épaisseur impi-

toyable de l’Histoire. Révèle son effilochage. La suite ne peut être que construction mensongère, imposture, ou renoncement. Heureusement le virtuel peut pallier les manquements de la réalité, qui trahit les photos, les souvenirs, les ambitions, les rêves. Même les critiques musicaux ont besoin qu’on leur raconte des histoires de Vietnam -ou de loups- pour écouter le jeu des virtuoses. Le numérique seul déjouera le virtuel… que les oreilles et l’entendement humain, son besoin de légende surtout, n’avaient pas permis de mettre en doute. Les littérateurs, au fond, font-ils autre chose que Paul Desroches? L’histoire de Minh Tran Huy n’existe-t-elle pas justement parce qu’Anna Song quitte la scène? AGNES FRESCHEL

La double vie d’Anna Song Minh Tran Huy Actes Sud, 18 euros Minh Tran Huy sera présente à Mouans-Sartoux (voir p 64)

Hold-up littéraire Auteur, narrateur et héros fictionnel, Alberto Manguel n’a pas hésité à tripler la mise dans Tous les hommes sont menteurs. Par un procédé de récits enchassés, l’écrivain argentin invente une enquête mi-journalistique mipolicière sur Alejandro Bevilacqua «retrouvé gisant au bas de son balcon, à Madrid, au milieu des années 1970.» Et choisit le témoignage de ses proches, vingt-cinq ans après, pour réhabiliter cet écrivain génial disparu prématurément et mystérieusement après avoir publié Éloge du mensonge. Biographie réelle ou truquée ? La question des faux vrais et des vrais faux traverse le roman jusqu’à en faire perdre le fil. De digression en supercherie et de circonvolution en voyages dans le temps et l’espace -Argentine, Cuba, Espagne, Chili- reconstituer les pièces du puzzle s’avère complexe ! Alberto Manguel, parmi ses nombreux subterfuges, nous demande la même aptitude que son héros à avoir une vision cohésive de la réalité. Bevilacqua, lui, était capable «à partir d’une foule d’élé-

ments disparates, d’informations partielles, de construire un scénario cohérent et vraisemblable, une sorte d’argument logique avec ses personnages principaux et mineurs, ses intrigues et son dénouement.» Pas sûr qu’on y parvienne! À tour de rôle, Alberto Manguel le confident, Andrea le premier amour, son compagnon de cellule dit Le Goret et son éditeur racontent dans un langage imagé, sensuel, incisif ou brutal, la naissance «d’un auteur authentique, un taureau de la mort», mais aussi sa fin tragique. Où l’on comprend, après l’avoir pressenti, que Bevilacqua n’était autre qu’un usurpateur et Tous les hommes sont menteurs l’histoire d’une œuvre séquestrée. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Tous les hommes sont menteurs Alberto Manguel Traduction Alexandra Carrasco Actes Sud, 2009, 19 euros


ARTS

Florentz l’Africain Disparu en 2004, le compositeur français Jean-Louis Florentz, qui composa pour tous les dispositifs de chambre et d’orchestre, reste particulièrement reconnu dans le milieu de l’orgue. Il fut aussi un insatiable voyageur. Cet élève d’Olivier Messiaen et professeur d’ethnomusicologie s’inscrit dans une quête perpétuelle de régénérescence de la culture musicale occidentale : recherche des plus anciennes civilisations chrétiennes, mais surtout fascination pour le continent africain. «Je dois et je veux intégrer à ma matière musicale propre, une autre matière, et cela sans la coloniser, mais au contraire en l’accueillant…» Par ces quelques mots, le monde imaginaire du compositeur amoureux de l’orgue, qui s’asseyait au fond des avions afin de pouvoir écouter le bruit des réacteurs, trouve logiquement sa place dans un XXe siècle musical soucieux d’ouvrir ses yeux et ses oreilles au monde

qui l’entoure. Ouvrage complet, riche en documentations et photos, le livre disque de Marie-Louise Langlais (épouse du compositeur organiste Jean Langlais) paru chez Symétrie s’avère indispensable à la découverte de son œuvre pour orgue. Savamment illustré et foisonnant de précieux témoignages, il en décrypte les couleurs inouïes (enregistrement intégral) et nous plonge dans l’univers métaphysique de l’auteur, livrant les clefs des multiples préoccupations dont se nourrit sa musique. FREDERIC ISOLETTA

Jean-Louis Florentz l’œuvre d’orgue Marie-Louise Langlais Éditions Symétrie / 216 p 29 euros

Science paternelle mais éternelle Carlo Rovelli est professeur à l’Université de la Méditerranée à Marseille. Chercheur en Physique Théorique. Anaximandre de Milet ou la naissance de la pensée scientifique est une recherche en paternité théorique de la physique. Qui prend en compte le temps, à la recherche d’un conte. Dans les traces de Jean-Pierre Vernant jusqu’aux dédales des oscillations périodiques entre Newton et Einstein, Carlo Rovelli interroge l’histoire helléniste pour trouver un père et un pair à sa rationalité. «Entre mythe et politique» l’écrit naturaliste d’Anaximandre, ou plutôt ce qui fut écrit par ses successeurs de ce qu’ils en perçurent, apparaît comme la source critique d’une raison pure. Ce livre érudit revendique l’hésitation comme principe démocratique et immuable- du mélange ainsi que du métissage des savoirs et des cultures. Il constitue une analyse critique originale de l’édification de la connaissance rationnelle. Il montre comment le passage des savoirs s’élabore autour de la construction écrite et de sa genèse logique : depuis l’écriture phénicienne basée sur une cryptographie jalousement gardée par l’ordre divin des scribes, jusqu’à la démocratisation de la lecture par l’écriture

phonétique grecque s’échafaude le débat critique de la connaissance. Anaximandre de Milet ou la naissance de la pensée scientifique est donc un livre libre livré à la sagacité critique du lecteur. Un ouvrage incontournable pour ceux qui s’interrogent sur la certitude scientifique d’un savoir positiviste. Les multiples «figures» qui illustrent ce travail lui donnent cette empreinte particulière de la publication académique, dans laquelle on reconnaît le chercheur en physique errant dans les sous-bois inconnus et parfums-aimés de l’épistémologie, tout en s’éclairant de la lanterne de son savoir écrire. Ainsi il interroge la mouvance permanente de la pensée rationnelle. YVES BERCHADSKY

Anaximandre de Milet ou la naissance de la pensée scientifique Carlo Rovelli traduit de l’italien par Matteo Smerlak ; Collection Universciences, Coédité par Dunod et La Recherche, 19 euros

Construire la fluidité

Résidents ou de passage à Marseille vous l’avez forcément adoptée. Elle dialogue avec Notre Dame et fait désormais partie du paysage urbain phocéen avec ses 148 m de haut et ses deux arcs qui se redressent pour former une verticale. Vous ne savez peut être pas que la tour CMA CGM est l’œuvre de l’architecte irakienne Zaha Hadid, et que ce nom résonne depuis ces trente dernières années dans le monde de l’architecture. Fluide comme l’enveloppe de l’emblème érectile de Marseille, l’œuvre de la première femme lauréate du prestigieux Pritzker Prize est dense, inventive et s’inscrit dans une modernité douce bouleversant les notions d’espace. Les éditions Parenthèses publient le premier ouvrage en français sur l’intégralité de l’œuvre de l’artiste. Riche de près de 200 opus-projets et réalisations commentés par l’auteur, agrémenté de très belles reproductions couleurs. Tours,

musées, gares, opéras, mosquée, plans d’urbanisme, œuvres peintes, mais aussi design d’objets, de mobiliers et d’articles de mode, l’œuvre de l’architecte est énorme et singulière. Elle lui a valu une rétrospective de ses œuvres au Guggenheim de New York, la seule de l’histoire du musée concernant un architecte après Franck Gerhy. FREDERIC ISOLETTA

Zaha Hadid l’Intégrale Editions Parenthèses, 39 euros

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AU PROGRAMME

Reconstruire un théâtre citoyen Le théâtre a une histoire ! Gérard Noiriel ne se propose pas de raconter celle-ci comme dans un manuel. Son propos s’insère dans les visées de la collection «contre-feux» d’Agone. Il s’agit pour l’auteur de cerner la place tenue par le théâtre dans la société depuis sa création, dans la Grèce classique athénienne, jusqu’à nos jours. En bon historien, l’auteur pose le cadre et commence par définir histoire-mémoire et histoire-science : à l’une la célébration des communautés, de leurs héros, et la mise en place de l’idéologie dominante ; à l’autre la distanciation, l’explicitation des problèmes du présent. Ce préambule est, en fait, la clé de sa compréhension du théâtre : face au théâtre-art, qui invoque les émotions, se trouve le théâtre-poli-

tique, qui mobilise les citoyens. Il examine alors, au travers de cette grille, les moments charnières de l’évolution théâtrale d’Aristote à Diderot, Hugo, Brecht ou Sartre, pour finir par les créateurs contemporains. Son propos est avant tout de réfléchir sur la vocation populaire et politique de l’art dramatique. Constatant l’incapacité du théâtre actuel à toucher les foules, il propose, aux lumières des siècles passés, des pistes pour édifier un théâtre constructeur de l’identité collective et non de l’épanouissement de la personnalité. Fort de son expérience à la cité de l’immigration, il propose de renouer le lien entre sciences (notamment l’histoire) et art dramatique, de retrouver un lieu de réflexion et de formation

pour l’esprit critique, de sortir de la représentation petite-bourgeoise, aujourd’hui dominante, pour reconstruire un théâtre politique et citoyen. RENÉ DIAZ

Histoire, théâtre, politique Gérard Noiriel Agone, 15 euros

Au Programme AIX Archives départementales – 04 42 52 81 90 Rencontre/débat entre Bruno Ely, conservateur au musée Granet, et Alain Paire, auteur du livre Pablo Picasso à Vauvenargues (Images en manœuvre, 2009). Le 16 sept à 18h30.

ARLES Association Le Méjan – 04 90 49 56 78 Didier Sandre lit Le Fou d’Elsa. Le 15 oct à 20h30. Musée Réattu – 04 90 49 37 58 Dans le cadre de l’expo Chambres d’écho, soirée autour des conversations entre Brassaï et Picasso avec, à 18h, une conférence d’Agnès de Gouvion Saint-Cyr, et à 20h30 une lecture dans le musée par la cie Le Rouge et le Vert d’extraits de Brassaï, conversations avec Picasso (Gallimard, 1964, réed. 1997). Le 18 sept.

AVIGNON Théâtre des Doms – 04 90 14 07 99 Conférence/débat Darwin et la question des origines : un défi pour la pensée avec Jacques Reisse, chimiste, professeur Emérite de l’Université Libre de Bruxelles et membre de la Classe des Sciences de l’Académie Royale de Belgique et Pascal Picq, paléoanthropologue au Collège de France. Le 10 oct de 14h à 18h. La Chartreuse de Villeneuve-lezAvignon – 04 90 15 24 24 Exposition Monuments et paysages : commande photographique passée en 2006 à Jordi Bernado, John Davies, Bernard Plossu et Massimo Vitali. Jusqu’à début oct.

BARJOLS Les Perles – 06 72 79 97 54 Conférence de Sylvie Daviet et Boris Gresilon

sur Les artistes et les friches industrielles, un enjeu pour le dynamisme et l’aménagement communal. Le 20 sept à 15h.

CAMARGUE Parc Naturel Régional de Camargue – 04 90 97 10 40 Fête des parcs naturels régionaux, visite pédestre des Marais du Vigueirat. Le 27 sept, départ à 10h.

COTIGNAC Association Caractères – 04 94 59 53 12 4e salon de la petite édition indépendante: une trentaine d’éditeurs d la région PACA, du Gard, de la Drôme, de Paris présentent leurs ouvrages. De 10h à 17h le 27 sept.

MARSEILLE BMVR Alcazar – 04 91 55 56 34 Exposition Les voiles du vent sur les cerfs-volants orientaux, des œuvres d’artistes et des appareils de la Belle Epoque. Jusqu’au 30 sept. Exposition Illuminations, manuscrits enluminés de la bibliothèque de Marseille : sélection des plus remarquables pièces des fonds de la bibliothèque (bibles, livres d’heures, psautiers…), jusqu’au 30 sept ; conférence proposée par le département patrimoine sur les manuscrits enluminés : le mal et le malheur des hommes, le manuscrit du Miroir du Salut de l’homme, le 23 sept à 17h30 salle de conférence. Conférence Santé et environnement : qu’en dit la naturopathie ? par le naturopathe Dominick Léaud-Zachoval. Le 23 sept à 17h30 à l’auditorium. Dans le cadre de l’année mondiale de l’astronomie, conférence sur Les grands sondages cosmologiques par Olivier Le Fèvre, directeur du Laboratoire d’astrophysique de Marseille. Le 25 sept à 15h salle de conférence, et sur Des galaxies de toutes les couleurs par Denis Burgarella, président de la Société

Française d’Astronomie et d’Astrophysique. Le 26 sept à 17h salle de conférence.

des Musées de Marseille, sur Les collections des musées de Marseille. Le 28 sept à 18h.

ABD Gaston Defferre – 04 91 08 61 08 Exposition Gaston Castel, les territoires de l’architecte : De l’opéra de Marseille (1921) au lycée Paul Cézanne à Aix-en-Provence (1959), la carrière, l’œuvre et la réflexion de l’architecte sur le territoire de Marseille et du département des Bouches-du-Rhône. Du 18 sept au 19 déc. Exposition Route impériale n°8, Arenc, de la plage de sable aux chantiers d’Euromed : photos de Philippe Piron, vidéo-portraits de François Landriot et recueil de témoignages de Nora Mekmouche. Jusqu’au 24 oct.

Muséum d’histoire naturelle – 04 91 14 59 50 Exposition Télescopium, 400 ans de lunettes et de télescopes. Jusqu’au 10 jan.

Institut culturel italien – 04 91 48 51 94 Table ronde Bruno Munari et les livres, avec Marc Aurel, Marzia Corraini, Giorgio Maffrei et Annie Mirabel. Le 6 oct à 18h. Exposition de photos de Giuseppe Piazza: Verso Nord qui témoigne du phénomène des migrations. Du 15 sept au 1er oct. Dans le cadre du colloque Les mouvements migratoires entre réalité et représentation, conférence du sociologue Enrico Pugliese. Le 21 sept à 18h. Rencontre avec l’auteur Giorgio Maffei et Annie Mirabel, traductrice des livres de Bruno Munari. Le 7 oct à 14h30 à la librairie Imbernon. Ateliers du graphiste japonais Katsumi Komagata. Le 24 oct à la librairie Imbernon. L’automne baroque : caprices napolitains, conférence de Dinko Fabris (La musique à Naples à l’aube du XVIIe siècle, à 18h) et concert (Ascanio Mayone, un Monteverdi instrumenta ; Mara Galassi, harpe double ; Jean-Marc Aymes, clavecin et orgue, à 20h30). Le 20 oct. Espace Leclere - 04 91 50 00 00 Conférence Marie-Paule Vial, directrice

Libraires du Sud/Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42 Rencontre avec Pierre Gallais pour Mathazine, la revue de l’Institut de Mathologie, Le 16 sept à la librairie Le Lièvre de Mars à 19h ; rencontre Ahmet Insel, Michel Marian et Ariane Bonzon pour Dialogues sur le tabou arménien, éditions Liana Levi, organisée par la Ville de Marseille, le 16 sept de 18h à 20h30 à la BMVR Alcazar. Librairie L’Attrape mots – 04 91 57 08 34 Rencontre/débat avec Philippe Carrese autour de son dernier ouvrage Enclave (Plon, 2009). Le 25 sept à 18h30. Les Rencontres Place Publique – 04 91 90 08 55 Semaine de la pop philosophie. Du 1er au 7 oct. Centre Julien – 06 21 09 26 77 Exposition Racines Caraïbes, photos de Béatrice Bruno. Jusqu’au 2 oct. Espace écureuil -04 91 57 26 49 Conférence d’initiation de Jean-Noël Bret, Art et Paysage 1 : du genre mineur à l’art total (Panorama) . Le 6 oct à 12h30, le 9 oct à 12h30 et 18 h.

TOULON Maison de la photo – 04 94 36 36 22 Hommage à Jean Loup Sieff. Du 9 oct au 16 jan.



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FORMATION

GASTRONOMARE | AUBAGNE | VERT-PRÉ

Gourmandises automnales... La saison s’annonce détonante et vous n’aurez que l’embarras du choix!...

«Monstres» de Méditerranée Port un marché de produits du terroir et propose des «nourritures de rue» typiques des pays du pourtour méditerranéen. L’accent est mis sur les poulpes et autres «monstres marins» que quelques grands chefs de restaurants réputés de Marseille ou de l’autre rive accommoderont sous vos yeux et que vous pourrez ensuite déguster. Une soirée gastronomique et une bouillabaisse de poulpes,

Devant le développement inquiétant de la restauration rapide et de la malbouffe, l’idée de conserver la mémoire culinaire du terroir chargée d’histoire et de souvenirs ne peut que séduire. C’est l’objectif que s’est fixé le Conservatoire International des Cuisines Méditerranéennes (CICM). Pour sa 1re manifestation dans la cité marseillaise, Gastronomare installe sur le Vieux

plus populaire, vous sont aussi proposées, le tout sur réservation. Les jeunes gens ne sont pas oubliés : ils découvriront des recettes faciles et apprendront à mieux se nourrir. Des conférences sont organisées au club Pernod : Remo Mugnaioni évoquera le berceau mésopotamien de la gastronomie, Thierry Fabre parlera de cet «art de tous les jours» et Serge Scotto

de la cuisine dans le roman policier. Enfin trois libraires vous proposeront un choix de livres savoureux. Gastronomare 18,19 et 20 sept 04 95 04 95 56 www.gastronomare.com

«Terres de feu, de lumière et de songes...» Avec cette exposition de céramiques des Ateliers Thérèse Neveu à Aubagne, on reste dans le domaine de la cuisine ! En effet ce lieu, peut-être encore trop discret, propose près d’un millier d’objets de la vie quotidienne liés à la cuisine et au foyer, dont certains du Xe siècle. De la tisanière à la daubière, et autres toupins, de la chaufferette au réchaud, sans oublier une collection inouïe de pipes de la célèbre Maison Bonnaud, et des tarraïettes émouvantes, ces objets témoignent de l’importance de la terre et de son accord sacré avec le feu et l’eau. Henri Amouric, archéologue et chercheur au CNRS, est le commissaire éclairé de cette exposition et le principal responsable de l’édition du livre éponyme qui sortira en octobre.

esthétiques. La ville d’Aubagne, le pays d’Aubagne et de l’Étoile, ont un grand projet de création d’une Cité de l’Argile. D’ores et déjà une association loi 1901, Prometerre, s’est installée sur l’espace du Marché de Gros pour faire la promotion économique des entreprises. Elle regroupe les artisans, acteurs économiques de la modernité, les communautés territoriales qui privilégient les vecteurs touristiques et culturels, et qui permettront à cette filière de nature patrimoniale de se redéployer et de se pérenniser. D’ici 2 ans les bâtiments rénovés accueilleront les artisans. Un beau projet très attendu.

Tres grosse marmite - Vallauris - 1889

Par ailleurs la 10e biennale de la céramique, Argilla, a réuni 60 000 visiteurs et des artisans de France et de 7 pays européens, les 22 et 23 août : exposition d’objets utilitaires mais aussi de pièces uniques, mêlant recherches techniques et

Terres de feu Ateliers Thérèse Neveu Cour de Clastre Aubagne jusqu’au 1er novembre 04 42 08 85 90

Spectacles et différences « Envie d’agir » 2008 décerné par le Ministère de la Jeunesse et des Sports. N’hésitez pas à participer à cette généreuse entreprise, ouverte à tous. La même ambition anime l’association Arts-terres qui développe des projets culturels accessibles aux sourds. Intéressant (et ahurissant !) de noter que la langue des signes (LSF) n’a été autorisée pour l’enseignement qu’en 2005! Découvrez la 2e édition du festival insolite Sur le fil avec des spectacles bilingues (langue orale et LSF), mais aussi des tables rondes sur le partage des expériences et des spectacles. Là encore, les entendants sont bienvenus !

© ZimZam Cie

Cela fait 4 ans que l’association ZimZam propose stages et ateliers permettant aux handicapés mentaux de pratiquer des disciplines liées au cirque, dans un but à la fois éducatif et thérapeutique. Depuis 2007, un festival de cirque rassemble des troupes dont plusieurs ont intégré des personnes handicapées mentales jouissant du statut d’intermittent. L’Institut Médico Éducatif Vert-Pré implanté à Ste Marguerite accueille ce festival différent et original en ce qu’il veut «promouvoir les Arts du Cirque comme outil de reconnaissance des compétences des déficients mentaux», le cirque devenant ainsi le lieu où se nouent de nouveaux liens sociaux entre des publics mixtes. 9 compagnies professionnelles, 51 artistes vont se produire sur 5 espaces scéniques pour 8 heures de spectacles, cirque intime ou burlesque. Notez que ZimZam a reçu le 3e Prix national

Fadoli’s Circus le 26 septembre de 13 à 20h, entrée libre Restauration sur place 04 13 59 06 35 IME Vert-Pré, Marseille 09

© ZimZam Cie

Sur le fil du 9 au 11 oct Marseille, divers lieux 04 91 81 34 25 www.arts-terres.org CHRIS BOURGUE


TROTTOIRS DE MARSEILLE | ESBAM | BADABOUM THÉÂTRE | ICI

FORMATION

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En cette rentrée, quelques activités ludiques pour petits et grands...

Ivresses argentines et andalouses

© Michele Giovannangeli

L’association Les Trottoirs de Marseille a proposé jusqu’à fin septembre des démonstrations de tango sur le parvis de l’Opéra. Juste après le Festival de Marseille, certains couples donnaient envie d’entrer dans la danse ! Si vous désirez vous initier à cette danse émouvante et sensuelle participez au stage gratuit le samedi 19 septembre au Théâtre du Bompard, puis débutez les cours le 22 septembre. Les Trottoirs de Marseille rassemblent à ce jour 150 adhérents et une dizaine de bénévoles enthousiastes. Leur président Michel Raous raconte : «Il y a 20 ans quelques amis passionnés se sont initiés au tango avec Josette Pisani (actuellement directrice de Marseille Objectif Danse). Peu à peu l’association s’est développée. Par amour de la musique et de la danse on se retouve pour la «milonga» (le bal-tango) du jeudi, tous

niveaux confondus.» Parmi les enseignants : Laure Boucaya et Christophe Apprill. Ce dernier est aussi sociologue et a publié plusieurs études dont Tango : le couple, le bal et la scène (éd.Autrement), qui montre que le tango est une aventure sensuelle qui s’adapte aux transformations de la société. Tradition gitane, le Flamenco andalou s’est fait une place de choix depuis les années 70 et se pratique dans 2 lieux incontournables. La Mesón propose des cours et des stages animés entre autres par La Rubia, marseillaise désormais installée à Jerez. Cours aussi de guitare et de chant. Le Centre Malvaloca, quant à lui, dispense des cours de flamenco et de sevillanas. Ana Vidal, chorégraphe et danseuse formée en Argentine et en Espagne vous initiera aux «zapateados» et aux «palmas» dès l’âge de 4 ans ! Les Trottoirs de Marseille Théâtre Bompard 04 91 48 09 29 www.lestrottoirs.fr La Mesón 04 91 50 11 61 Centre Malvaloca Portes ouvertes du 21 au 25 sept 06 23 85 35 86

Ivresses dyonisiaques En cette rentrée nouvelle les enfants programment leur formation artistique. Aussi vous pouvez les inscrire aux ateliers-théâtre du Badaboum dès 4 ans. Il leur sera proposé des exercices ludiques pour une approche du jeu dramatique, les plus grands pourront participer à des ateliers d’écriture durant lesquels la parole se libère, et une histoire se construira peu à peu qui débouchera en fin d’année sur un spectacle. Depuis 19 ans le Badaboum Théâtre peaufine ses missions de création et de formation pour les jeunes et offre des spectacles dont la qualité va croissant. Aussi rassemble-t-il un nombre toujours plus important de jeunes spectateurs : l’an dernier plus de 27 000 pour plus de 300 spectacles ! Autant dire que parents, enseignants, éducateurs mesurent l’intérêt de proposer ces moments de partage et d’éveil du sens critique et de la sensibilité. Car c’est aussi une école du spectateur que propose l’équipe du théâtre. Dans cette optique le Badaboum innove encore en présentant un festival du

2 sept au 10 oct, Le Bada fait son Boum, occasion de spectacles de danse, contes, marionnettes, clowns avec des compagnies invitées et des créations maison. À consommer selon sa fantaisie !

Le Badaboum Théâtre 04 91 54 40 71 www.badaboum-theatre.com

La nuit de l'ogre doux © X-D.R.

Griseries colorées L’ESBAM (École Supérieure des Beaux-Arts de Marseille) propose ses Ateliers Publics de pratique artistique avec des cours pour adultes et enfants. 8 sites se dispersent du nord au sud de la ville. Dessin, modelage, peinture, vidéo sont proposés et l’année se termine par une exposition générale (voir Zib 20). Des cours spéciaux sont dispensés pour la préparation des concours d’entrée aux écoles d’Art avec des formations intensives pendant les vacances scolaires. Parallèlement sont proposés des cours d’histoire de l’Art. Une belle approche de l’art contemporain sous toutes ses formes et ses pratiques ! Profitez des Journées Européennes du Patrimoine pour découvrir l’école d’Art à Luminy : elle ouvre ses portes à tous et propose une visite en langue des signes car un de ses atouts est d’accueillir les sourds et les malentendants. ESBAM Inscriptions aux ateliers du 5 au 9 octobre sur les lieux des séances. 04 91 82 83 10 www.esbam.fr Visites de l’école les 19 et 20 septembre sur RDV auprès de l’Office de Tourisme 04 91 13 89 00

Le retour de la Vespa Si vous êtes passionné par ce mode transport né en 1946 et qui revient en force, ne ratez pas l’exposition des Vespa de collection dans la cour de l’Institut Culturel Italien ! Rendez-vous samedi 19 septembre à 10 h. pour un petit déjeuner à l’italienne. Les enseignants vous renseigneront sur les cours, les stages d’italien et la programmation culturelle. Les cours commenceront le 28 septembre. Institut Culturel Italien Journée portes ouvertes le 19 sept 04 91 48 51 94 www.iicmarsiglia.esteri.it CHRIS BOURGUE


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PATRIMOINE

JOURNÉES DU PATRIMOINE

Patrimoine pour tous Les Journées du Patrimoine se déclinent cette année autour du thème national de l’Accessibilité. À priori peu excitant ? Patrimoine et création, l’an dernier, nous titillait davantage. Pourtant… La question de l’accession de tous au Patrimoine est cruciale. Tant du point de vue de sa nécessaire démocratisation, que de l’ouverture au public des lieux emblématiques, ou encore de l’accès des handicapés aux lieux de culture. Si aucun de ces thèmes n’est vendeur pour les communicants, les négliger serait un contresens : comment comprendre le Patrimoine si on ne le considère pas justement comme ce qui nous est commun, ce qui nous fonde ensemble ? Et comment, si on l’entend ainsi, pourrait-on supporter d’en voir exclus ceux qui n’osent pas l’aborder, ou ne peuvent simplement pas l’approcher ?

Les lieux de culture patrimoniale ont fait ces dernières années des efforts de démocratisation et de médiation considérables : ils ont ouvert des ateliers de pratique, proposent des visites guidées, des panneaux explicatifs plus nombreux et simplifiés, des journées gratuites et des tarifs accessibles, des trajets particuliers pour les scolaires. Les Français vont globalement au musée plus que leurs voisins… Souvent pendant les vacances, hors de leur lieu d’habitation. Ils adorent les visites guidées des villes, du patrimoine bâti historique. Bien sûr tout reste à faire avant qu’une majorité de Français entre (avec plaisir !) dans les lieux de patrimoine…

Mais les Journées montrent bien, par leur succès, que lorsque les portes sont ouvertes beaucoup les franchissent ! Reste la question du handicap. Cruciale, emblématique de ce qu’un pays est capable d’investir dans des équipements destinés à n’être jamais rentables. Se priver de la clientèle (ou du vote) des handicapés ne coûte presque rien. Les accueillir est un gouffre financier. Peut-être le degré de civilisation d’une nation se mesure-t-il à ce genre de choses ? la France est à la traîne… A.F.

Ils n’ont pas moins de droits Ah ! Les vacances… vous en revenez, vous en rêvez. Ces mots magiques attisent notre imaginaire. Mais la magie, parfois, perd ses pouvoirs et de vilaines fées Carabosse viennent tout contrarier. À l’heure où l’on parle tant de différences culturelles, il est une préoccupation marginale : l’accès des handicapés aux activités de tous. C’est pour pallier ces manques qu’a été créé le label «Tourisme et Handicap».

Un label Depuis 2003, année européenne des personnes handicapées, les départements de Haute Provence et des Bouches-duRhône sont devenus départements pilotes. À Quinson, lors de la journée du 17 juillet à laquelle étaient invités les professionnels du tourisme et les associations de défense des droits des handicapés, tous ont insisté sur l’évolution des sites labellisés dans notre région : 26 en 2006 et 202 aujourd’hui! Ensemble ils constatent pourtant le retard de notre pays. Rendre la région accessible à tous s’inscrit dans une démarche nationale : il s’agit d’informer et de sensibiliser, d’animer aussi, d’aider, de conseiller, de promouvoir et de valoriser le label TH. En étant convaincu que cela participe à la qualité touristique d’une région. Le comité régional de tourisme s’appuie sur deux outils, un guide version papier et un site grand public, Tourisme et Handicap (www.tourisme-handicaps.org). Le temps presse, il est nécessaire pour tous les lieux de se mettre aux normes, avec comme date butoir 2015 !

Des lieux Jean Gagnepain, directeur du musée de la Préhistoire, affirme avec conviction : «le musée est fait pour le public,

tous les publics.» Il demande que le musée, qui satisfait actuellement aux critères du label TH pour deux catégories de handicap, puisse être équipé pour l’accueil des 4 catégories. (Déficience visuelle, auditive, motrice, mentale). Il rappelle le programme européen, «to touch or not to touch», qui travaille à ce que les musées soient adaptés aux handicaps visuels et auditifs. Ainsi, à Quinson, des textes en Braille permettent de connaître le contenu des vitrines. Bientôt des moulages (en projet) donneront à voir par le toucher, des audiophones branchés sur les différentes fréquences des dioramas en dévoileront le contenu. Une résine spéciale antidérapante recouvre la rampe d’accès, des modifications ont été effectuées pour l’installation d’un ascenseur. Mais chaque opération prend du temps, que ce soit la fabrication d’un équivalent tactile de chaque vitrine en trois D, le projet d’une bande pododactyle pour les mal voyants,

l’installation de boucles magnétiques (conducteurs électriques reliés à un amplificateur de sons) pour les mal entendants…

Une adaptation permanente Par un jeu de questions simples, pratiques, le guide du musée permet aux déficients mentaux de renouer avec le sens. Par une véritable démarche scientifique, basée sur l’observation : que reste-t-il ? Que manque-t-il ? Pourquoi? Les visiteurs reformulent, s’exclament, s’interrogent se passionnent. La matière, sa transformation par l’homme, est l’axe principal employé pour évoquer l’évolution humaine. Toucher, manipuler, formule valable pour tous les types de handicap. D’ailleurs, hors handicap, n’est-ce pas une manière vraiment enrichissante pour tous ? Ces équipements ne permettront-ils pas à chacun d’exercer ses sens et son esprit autrement ? © D. Matz

Au village préhistorique, on apprend à faire du feu. Un mal voyant sera volontaire pour la méthode de la percussion. L’étincelle jaillit «aïe !», une odeur de pain grillé, le velouté de l’amadou, convivialité tactile, union de tous les souffles autour de la braise fragile. Il n’y a plus de handicap, il y a des êtres humains autour de la magie fondatrice, la flamme enfin jaillit. Les activités sportives aussi s’adaptent, tous, quel que soit le handicap : un peu plus loin sur le Verdon les canoës du club Aquattitude ont reçu l’homologation pour l’accueil de tous. Les gîtes ne sont pas en reste : la région tout entière s’adapte peu à peu. Pierre Cartier, chargé de la mission touristique sur le Verdon souligne la nécessité de mettre en réseau les différentes initiatives isolées les unes des autres, pour une politique d’ensemble sur la question. Il est impératif d’informer le public des possibilités d’accueil. Un questionnaire spécifique au parc du Verdon a été élaboré pour faire un état des lieux et laisser émerger de nouveaux projets. Car repenser le handicap, ou la mobilité réduite, permet en réalité de repenser notre vie, notre accès au monde, nos sens. Le handicap nous amènera peut être à une conception plus civilisée de l’existence ! MARYVONNE COLOMBANI


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Au Programme AIX Cie Marie-Hélène Desmaris – 06 89 94 55 79 Présentation de la création Danse Nature Humus Corpi-i : itinérance ponctuée de 4 solos sur les 4 éléments, de 2 duos sur la rencontre de deux éléments et d’1 quatuor avec les quatre éléments qui s’affrontent. Le 20 sept à 17h au Pavillon Vendôme.

BEAUCAIRE Office de tourisme Beaucaire Terre d’Argence – 04 66 59 26 57 Les 19 et 20 sept : visite guidée du Château (à 9h30) ; visite libre du Musée du Cheval et l’Eperonnerie d’Art avec la découverte d’une collection unique : la collection René François, acquise cette année par la Ville de Beaucaire, rassemble des objets rares, voire exceptionnels, de harnachement et d’éperonnerie de tous les pays, de l’Antiquité à nos jours (10h à 12h et 14h à 18h) ; visite guidée de la cave Gallo-Romaine, film et initiation à la dégustation de 3 «vins romains» (14h à 18h).

l’association Rire Sourires de Provence, à 14h ; chants à capella de Renat Sette, à 16h30 dans l’église du Prieuré. Site aménagé pour les personnes malvoyantes (panneaux en relief et en braille, audio-guides…)

MARSEILLE Le Merlan – 04 91 11 19 20 Découvrez le petit monde de Lamerboitel : petites formes artistiques et ludiques conçues comme des «éclats» du spectacle L’immédiat. Le Bribophone à cassettes (fauteuil à interrupteurs mis à disposition des spectateurs) et Le cinéma-miettes (petit cinéma clandestin qui projette de minuscules chefs-d’œuvre). Le 19 sept de 14h à 18h à la Savonnerie du Midi. Parcours d’artistes dans le cadre du dispositif Tremplins 09 : présentation des installations réalisées in situ autour de la thématique des «délaissés» par Pauliina Salminen, artiste vidéaste, Alice Gadrey, sculptrice et Mélanie Terrier, photographe. Le 19 sept dès 10h à la Maison des Associations du Canet (14e).

LA ROQUE D’ANTHÉRON Mairie – 04 42 95 70 70 À l’abbaye de Silvacane, visites commentées à 10h30 et 14h30 (19 et 20 sept) ; Conférence Silvacane et le nombre d’Or, l’utilisation du nombre d’Or dans la construction des abbayes, par Jean Guyou, auteur d’ouvrages sur la construction d’abbayes cisterciennes (20 sept à 16h) ; Exposition d’art contemporain, interventions spatiales de Michel Vallière, vidéo-projection de Yannick Grapard sur les Operarius romans dans l’abbatiale, sculptures de Bernard Pagès dans le paysage de l’abbaye, les mondes crépusculaires de J.-M. Sorgue dans le réfectoire (19 et 20 sept de 10h à 18h).

MANE Musée et jardins de Salagon – 04 92 75 70 50 Le 19 sept : visites guidées du monument et son histoire, de 14h30 à 17h30 toutes les heures ; le 20 sept : visites guidées du monument et des jardins, présentation de l’installation artistique de Paule Riché sur le thème Présence, terre, univers et découverte de l’exposition Vannerie d’ici, vanneries d’ailleurs, avec démonstration de vannerie (à partir de 11h tout au long de la journée) ; ateliers pour enfants : plantes à tordre et à tresser, dès 10h30 toute la journée ; spectacle théâtral et patrimonial : La scientifique rencontre de Gassendi et de Gaffarel, par

Maîtrise des Bouches-du-Rhône – 04 91 11 78 42 Concert Voix en Barcarolle, chœurs, chansons et fables de Poulenc, Ibert, Debussy, Offenbach, Fauré, Calmel. Le 19 sept à 17h à l’Abbaye de Saint-Pons (Gémenos). APCAR la Cité des Arts de la Rue – 04 91 03 20 75 Mise à la verticale d’un bus par la cie Générik Vapeur et signature d’une convention entre l’Association de Préfiguration de la Cité des Arts de la Rue et l’association Arnavant afin de développer les pistes de partenariats entre Culture et monde de l’entreprise (17 sept à 16h) ; Ouverture et visite du chantier de La Cité des Arts de la Rue (19 sept de 14h à 18h) ; Tous Aygo, visite scénographiée de la cascade des Aygalades (19 sept de 14h à 18h). La Friche la Belle de Mai – 04 95 04 95 04 Balade vertigineuse en via cordata sur les toits de la Friche avec Franck Gaudini et Sébastien Valancogne (brevets d’états d’escalade) et une création sonore réalisée par le collectif 201, Silex et guing’Art (17 de 17h à 20h30, 18 de 14h à 20h30, 19 de 14h à 20h30 et 20 de 10h à 18h) ; balade art contemporain du Cartel (regroupement des opérateurs arts visuels de la Friche (19 et 20 sept à 15h);

balade des Rêves Urbains : à la demande d’Euroméditerranée, la cie des Rêves Urbains propose une découverte de l’ancienne manufacture des Tabacs de la Seita, de son architecture, mais aussi du projet d’aménagement de l’actuel pôle artistique de la Friche (19 sept à 10h et 14h). Office du tourisme et des congrès – 04 91 13 89 00 Visite des Archives Municipales, ancienne manufacture des tabacs, rdv à 10h, 11h, 14h30 et 16h à l’accueil des Archives (19 et 20 sept, accessible aux handicapés) ; Visite du «Vieux Marseille» Vieux Port, Maison Diamantée, Les Accoules, Vieille Charité, place de Lenche…, rdv à 10h,14h et 16h30 à l’Office du Tourisme et des Congrès, durée 2 heures environ (19 et 20 sept, accessible aux handicapés) ; Visite de l’école de Danse, Ballet National de Marseille, rdv à 10h, 11h15, 14h30 et 16h devant l’école (19 et 20 sept) ; Visite de l’école supérieure des Beaux-Arts, rdv à 10h, 11h15, 14h30 et 16h devant l’entrée principale de l’école (19 et 20 sept) ; Visite de l’Hôpital Caroline (îles du Frioul), ouverture exceptionnelle du site en partenariat avec la Mission Caroline et le groupe Actavista, rdv à 10h45, 14h, 15h et 16h à l’entrée de l’Hôpital Caroline (19 et 20 sept).

MAS-THIBERT Les Marais du Vigueirat – 04 90 98 70 91 Promenades en calèche, moyen de découverte accessible aux personnes à mobilité réduite. Départs à 10h et à 15h, gratuit, sur réservation (19 sept) ; Le sentier des cabanes, cheminements ludo-pédagogique de 500m sur pilotis où les fauteuils peuvent circuler sans difficulté et se croiser en plusieurs points ; sortie nature Les Marais du Vigueirat d’hier à aujourd’hui avec un guide naturaliste (19 sept, gratuit sur réservation) ; découverte des Marais du Vigueirat par le langage des signes avec un animateur de la LPO PACA (20 sept, gratuit sur réservation).

SALON-DE-PROVENCE Office de Tourisme – 04 90 56 27 60 Circuit commenté du patrimoine fortifié de la ville par Monsieur le Conservateur des Musées de l’Empéri et de Salon et de la Crau, 19 et 20 sept à 14h et 16h ; balade animée par un guide conférencier sur le thème La flore et les botanistes salonais au détour de la fraî-

cheur des fontaines de Salon et de leur flore singulière (départ de l’OT à 9h30, 11h00, 14h30 et 16h00, 20 sept).

VERS-PONT-DU-GARD Pont du Gard – 0 820 903 330 Démonstration de taille de silex avec Guillaume Boccaccio, archéologue et préhistorien (19 sept à 14h30, rive droite); conférence de Dominique Garcia, professeur d’archéologie, sur Un siècle de recherches sur les Gaulois dans le Midi (19 sept à 17h30, auditorium rive gauche) ; fouille archéologique pour les enfants Sur les traces du passé avec un archéologue de l’INRAP et un animateur du site (20 sept à 14h30, rive gauche).

VITROLLES Mairie – 04 42 77 90 00 Visite de la maison de maître du domaine de Fontblanche (15 et 22 sept à 14h) et circuit commenté des œuvres de Guillaume Bottazzi (15, 18, 22 et 25 sept à 14h) ; vernissage/présentation du livre Une Ville, cent histoires, par l’auteur Marie d’Hombres, de l’association Récits, dans le cadre du Projet de Rénovation Urbaine (PRU) du quartier des Pins (18 sept à partir de 18h30 hall du centre culturel George Sand) ; enregistrement de «lectures ouvertes» par des Vitrollais (du 15 sept au 9 oct hall du centre culturel George Sand).

VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON La Chartreuse – 04 90 15 24 24 Trente ans de restauration : visite-conférence avec trois architectes en chef des monuments historiques -Jean-Pierre Dufoix pour le grand cloître, le portail de la Valfenière, le logement du prieur, les appartements du pape, l’accueil de 1979 à 1994, Jean-François Grange-Chavanis pour la cour des frères, les cellules N, O, P, U, le petit cloître, les salles Saint-Jean de 1992 à 2004 et Thierry Algrin pour les cellules V, W (cuisines), l’allée des mûriers, l’aménagement intérieur du tinel, l’hôtellerie- boulangerie (en cours) depuis 2004- qui témoignent de leur expérience et éclairent les différents programmes de 1979 à aujourd’hui (19 sept à 15h30).


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PATRIMOINE

MUSÉE DÉPARTEMENTAL DE L’ARLES ANTIQUE

La mémoire des eaux Le musée bleu s’est refermé sur les merveilles de l’exposition du Louvre, De l’esclave à l’empereur. Mais déjà dans les entrailles de ce grand navire jeté sur les bords du Rhône, dans la presqu’île du grand cirque romain, se prépare l’évènement que tous attendent: le dévoilement des recherches effectuées par Luc Long. Claude Sintès, le directeur du Musée, nous en a dévoilé la teneur L’exposition rendra compte des 20 années de fouilles et de recherches, menées sous la direction de Luc Long, Conservateur en chef au Département des recherches en archéologie subaquatiques et sous-marines et commissaire scientifique de l’exposition. Les découvertes s’échelonnent dans le temps et l’espace, du large des Saintes Maries de la Mer au port d’Arles.

Une dispute sans objet On ne peut pas évoquer ces fouilles sans penser à la tête de César. Le buste, objet d’élucubrations variées a suscité tant de débats qu’il serait vain d’en rapporter les minutes! Dispute de territoire, exaltation de personnes mal informées, presse alléchée par le fumet du scandale… tout était réuni pour une polémique… Toutes les découvertes sont propriétés de l’État et Madame Albanel a donné au musée d’Arles la responsabilité de la conservation des trouvailles, leur entretien, leur exploitation photographique, selon les droits et obligations naturels d’un musée. Il est bien entendu hors de question de revenir au XIXe siècle avec le départ obligatoire des pièces au Louvre ou à Saint Germain en Laye ! La controverse d’ailleurs n’a eu lieu que lors de découvertes spectaculaires. Les restes d’amphores, et il y en a des centaines, des paniers, des glaives… n’ont jamais provoqué de tels remous !

Pas de coup médiatique Claude Sintès insiste. Le propos de l’exposition ne réside pas dans la présentation d’une pièce vedette. Ce n’est pas une exposition autour du buste de César ! Il s’agit bien davantage de rendre sensible l’idée du commerce entre l’ensemble de la Méditerranée et Arles. 80% du trafic s’arrêtait là, au port fluvial d’Arelate. C’est là que les chariots et les chalands chargeaient les denrées pour les acheminer vers le nord de la Gaule, le Languedoc, la Provence. La ville était alors une plaque tournante commerciale, à l’instar de nos «hubs» contemporains. Au XIXe et durant une grande partie du XXe, explique Claude Sintès, on privilégiait dans les fouilles le bel objet, le reste était simplement détruit : l’archéologue fait les choix que son époque induit ! La vie de la ménagère ou de l’ouvrier n’intéressaient guère les collections des musées, il fallait impressionner, émouvoir, séduire le visiteur. Les choix étaient avant tout esthétiques, voire décoratifs. Jamais documentaires. Aujourd’hui, l’histoire s’intéresse aussi à la vie de tous les jours, aux éléments économiques. C’est pourquoi, les

objets du quotidien, paniers, aiguilles, amphores, marmites… ont autant d’importance sinon plus, aux yeux de l’archéologue contemporain, que le bel objet qui déplace les foules. Un osier tressé donnera de précieux renseignements sur la manière de vivre des habitants, la forme d’une amphore permettra d’en déterminer la provenance, le contenu même ! Indications sur l’alimentation, les relations commerciales, l’économie et donc aussi les liens tissés entre les différents peuples…

Mise en espace L’exposition s’articulera autour de thématiques : les objets liés au commerce comme les amphores, puis les zones même du commerce, (Espagne, Afrique, Provence), enfin les instruments du commerce, bateaux adaptés à la navigation maritime et fluviale, et ce à travers des maquettes, les restitutions des fouilles en regard des reconstitutions, pour redonner un sens à cette navigation. Ensuite, l’Arles terrestre, rendue prospère par ce trafic, sera évoquée grâce aux éléments architecturaux trouvés. Plusieurs hypothèses seront présentées, à partir de reconstitutions sous forme d’aquarelles, de maquettes. Il s’agira de montrer les rives d’Arles au temps d’Arelate, en soumettant diverses interprétations. Des reconstitutions vidéo donneront à l’ensemble le cachet de la vraisemblance. Ce travail en relation avec SUPINFOCOM permettra d’articuler l’exposition sur trois plans, le lieu de fouille, l’objet trouvé, et le film comme une aide à l’imaginaire. Ce n’est que dans la dernière section que seront présentés les «beaux objets», le Neptune monumental (1m80) les bronzes dorés, l’esclave aux mains attachées et… bien sûr le fameux buste de César ! Ne l’attendiez-vous pas depuis le début ?

vation, de mémoire, et cette mémoire se doit d’être vivante, d’avoir des relations avec le monde, par le biais d’expositions temporaires, et en mettant tout en œuvre pour faire vivre les collections qui lui sont confiées. Lieu de recherche, de découverte, de vie, d’événements : le musée bleu sous la houlette de son directeur en est un témoin exemplaire ! D’ailleurs Claude Sintès, attentif aux souhaits des visiteurs qui ne peuvent épuiser le contenu du musée en une seule visite, émet le projet d’un billet annuel qui permettrait de se rendre au musée ad libitum ! Alors ne vous privez pas de ce bonheur : cette culture se consomme sans modération ! MARYVONNE COLOMBANI

César, le Rhône pour mémoire 20 ans de fouilles dans le fleuve à Arles Du 24 oct. 09 au 19 sept 10

Musée départemental Arles Antique 04 90 18 89 08 www.arles-antique.cg13.fr

Pas une école Attention cependant ! Malgré cet outillage, cette profusion d’informations précises, cette volonté pédagogique de présentation, Claude Sintès se défend bien de transformer son musée en école. C’est avant tout un lieu de conserPortrait en marbre de Junon ou de Vénus, in situ © C.Chary/ 2ASM / DRASSM




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