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du 22/04/10 au 20/05/10 | un gratuit qui se lit
Les Jeunes CrĂŠateurs s'exposent
Mensuel gratuit paraissant le deuxième jeudi du mois Edité à 28 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé
Musique et disques Jacques Freschel jacques.freschel@wanadoo.fr 06 20 42 40 57
Edité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse | n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008
Frédéric Isoletta f_izo@yahoo.fr 06 03 99 40 07
Directrice de publication Agnès Freschel
Cinéma Annie Gava annie.gava@laposte.net 06 86 94 70 44
Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture INSTALLATION DE MARINE CLASS ET SARA DOMENACH © Agnès Mellon Conception maquette Max Minniti Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@wanadoo.fr 06 09 08 30 34 Secrétaire de rédaction spectacles et magazine Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Jeunesse et arts visuels Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56 Société Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr 06 03 58 65 96 Arts Visuels Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr 06 25 54 42 22 Livres Fred Robert fred.robert.zibeline@free.fr 06 82 84 88 94
Élise Padovani elise.padovani@orange.fr Philosophie Régis Vlachos regis.vlachos@free.fr Sciences et techniques Yves Berchadsky berch@free.fr Histoire et patrimoine René Diaz renediaz@free.fr Polyvolantes Maryvonne Colombani mycolombani@yahoo.fr 06 62 10 15 75 Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10 Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com 06 19 62 03 61 Ont également participé à ce numéro : Dan Warzy, Yves Bergé, Susan Bel, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Christophe Floquet, Jean Mathieu Colombani, Hudgard
Photographe : Agnès Mellon 095 095 61 70 photographe-agnesmellon.blogspot.com Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 Attachée commerciale Nathalie Simon nathalie.zibeline@free.fr 06 08 95 25 47
Politique culturelle Rencontre avec Patrick Mennucci L’OLRAP Interrégionalité
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Evénements La carte flux Le Ballet National de Marseille La Biennale des Jeunes Créateurs
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Théâtre La Criée, le Gyptis Le Lenche, le Toursky, le Daki Ling Les Bernardines Festival de théâtre amateur Le Jeu de Paume, Nîmes, Avignon Arles, Châteauvallon, Cavaillon Au programme
14 16 17 18 19 20 21, 22, 23
Danse Pavillon Noir, Ballet d’Europe, Merlan Au programme
24, 25 26, 27
Cirque/Arts de la rue Cité cirque, Tendance clown, Sirènes et Midi net Citron Jaune, Sémaphore, Grasse, Ste-Maxime, Draguignan, Le Revest
28 29
Arts visuels Musée d’art contemporain, CIPM Allauch, Arles, Baux-de-Provence L’art renouvelle le lycée, le collège et la ville Villeneuve-lez-Avignon, le printemps de l’art contemporain La Gad, au programme
30 31 32 33 34, 35
Cinéma Les rendez-vous d’Annie Festival Reflets, Image de Ville, Rousset, Cannes
36 37
Musique Récitals Musique de chambre Spectacles Au programme Jazz Actuelles Disques
38, 39 40, 41 42, 43 44 à 47 48 49 50
Livres Musique, Arts Littérature Rencontres littéraires
51, 52 53 à 55 56, 57
Sciences Parole et langage, au programme
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Philosophie Livres
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Histoire/Patrimoine ABD Gaston Deferre Livre, Château de la Barben, Les Nauticales
Rencontres/adhérents ZIBELINE JEUNESSE Evénements La Folle histoire des arts de la rue Rencontres de l’illustration, les Excentrés Éducation Artonik, Crescendo La Fondation Vasarely, Galerie du CG13 Spectacles La Minoterie, Théâtre de la Cité, La Friche Le Comoedia, les Bancs publics, Fos, La Friche Rencontres du 9e art, Festo Pitcho, Venelles Au programme Livres/disques
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I II III IV V VI VII, VIII VIII à X XI à XIII
Gare à la réaction! Sommes-nous entrés dans la crise réelle ? La fin de saison se délite… De nombreuses annulations de spectacles ont émaillé l’année, et on sent dans l’air une angoisse générale face à la destruction en route. Assortie de réactions assez inquiétantes. Voilà que les collectivités locales nous ressortent les ferias, les tréteaux, les carnavals. Et pas des fêtes qui incitent à lire mais les flonflons à neuneu, avec Bosso, mise à mort et serpentins… Même dans les théâtres subventionnés on affiche des spectacles de comiques, parfois gras, et des chanteurs qui remplissent les salles, rentabilité oblige, avec un peu de com’ sophiste pour faire passer la pilule. On y parle de succès dès qu’un nombre important de gens y a passé un bon moment, peu importe la qualité culturelle -au sens strict la culture désigne ce qui nous enrichit et rend plus pertinente notre perception du monde, et non ce qui laisse remonter en nous la jouissance de la mort ou de la raillerie humiliante. Pourquoi cette réaction populiste ? Sans doute parce que partout, à la tête de l’État, à la télé, dans les journaux mêmes, le populisme est légitimé. Mais aussi parce que certains acteurs culturels, exsangues et culpabilisés, dénoncent le coût de la culture qui remplit les salles : le théâtre de répertoire, l’opéra, la danse qui danse, le cinéma de fiction, les grandes expos. L’amalgame profite aux fanfares et aux expositions de croûtes, qui ne coûtent rien. Quant à la création elle souffre plus que jamais de la maladie du Nouveau. Depuis Baudelaire qui prescrivait à l’Artiste la «plongée dans l’Inconnu», toute démarche qui n’est pas d’avant-garde -«innovatrice» dit-on aujourd’hui- est soupçonnée d’être rétrograde. Alors les créateurs cherchent à aller plus «loin», à faire plus technologique, plus nu, plus amplifié, plus délité, plus silencieux, plus provoc’, plus abscons. Se coupant ainsi du public, le souci de lisibilité étant perçu comme une trivialité -on a compris, regrettent-ils quand le propos est clair ; élitiste, soupirent-ils si un violon leur arrache l’âme ! En toute bonne foi ces acteurs culturels offrent aux politiques malintentionnés des prétextes pour massacrer les structures officielles édifiées en quarante ans. Et du même coup faire entrer dans le rang ce qui ne peut être détruit, c’est-à-dire les pratiques subversives populaires -rap, tag, slam, hip hop, fanzine, clip, vidéo. Pas sûr qu’elles gagnent en force à se soumettre au circuit des subventionneurs, marketisées qu’elles sont déjà à outrance, et éblouies souvent par leurs inopinées réussites… AGNÈS FRESCHEL
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POLITIQUE CULTURELLE
RENCONTRE AVEC PATRICK MENNUCCI
Rendre la culture visible Patrick Mennucci, maire du 1er secteur de Marseille (1er et 7e arrondissements) et Vice-Président du Conseil Régional, vient d’être chargé par le Président Michel Vauzelle d’une délégation importante, qui regroupe Culture, Patrimoine Culturel et Tourisme. Il explique à Zibeline comment il conçoit sa mission Parce qu’il faut lutter très rapidement contre la suppression de la compétence générale des Régions. Si l’État nous interdit de mener une politique culturelle, c’est dangereux non seulement pour le secteur, mais pour tout le reste. L’argument économique reste le plus convaincant aux yeux du grand public. Mais si le secteur touristique bénéficie des investissements publics dans la culture, le monde culturel peut-il en attendre une contrepartie ? Avec la disparition de la taxe professionnelle, comment obliger les entreprises à reverser à la culture une part ce qu’elle leur apporte ? C’est effectivement impossible de les obliger, on peut essayer de les convaincre, de mettre en place des partenariats, surtout avec les grandes entreprises… Comptez-vous changer les subventions accordées par la Région ? Dans les grandes lignes non, nous allons continuer la politique entreprise. Le budget s’élève à ? À peu près 80 millions pour la culture seule, sans compter les aides à l’emploi, et tout ce qui relève de la politique de la ville, et qui est attribué au secteur culturel. Vous allez conserver ce budget ? Oui, et sa répartition globalement, même si je veux
revoir certaines subventions, reconduites parfois d’année en année sans être observées de près. Des critères doivent être établis. Il n’est pas normal, me semble-t-il, de subventionner une association qui fabrique des masques de Venise et qui, avec l’argent que nous lui accordons, finance quatre séjours tous les ans au Carnaval. Quels seront donc vos critères ? Le taux de remplissage des salles par exemple, la fréquentation, la réussite ? Les critères de remplissage ne doivent bien sûr pas être absolus, on ne peut pas demander à tout le monde la même chose ; on ne peut employer les critères de rentabilité d’une entreprise. De toute façon il n’y aura pas de restriction, je voudrais simplement établir des critères de pertinence. D’ordre esthétique ? Non, pas de jugements esthétiques, en tous les cas cela n’est pas de mon ressort, je ne suis pas Goebbels. Je peux personnellement préférer telle ou telle chose, la culture populaire par exemple, le off plutôt que le in à Avignon… mais je n’ai pas de marotte, pas d’attachement exclusif à la danse, au patrimoine ou au cinéma, et mes goûts ne comptent pas. Je financerai ce qui doit l’être, que j’aime ou non ! Le monde culturel a peur quand on lui parle de culture populaire, parce que cela fleure parfois le © Agnès Mellon
© Agnès Mellon
Zibeline : Comment comptez-vous infléchir la politique culturelle du Conseil Régional ? Patrick Mennucci : D’abord en la poursuivant. Il n’y a pas de changement de majorité ! et je compte m’inscrire dans la continuité du travail qui a été mené lors des mandatures précédentes. Tout en l’infléchissant sur plusieurs points. Tout d’abord, comme cela ne vous a pas échappé, la délégation regroupe Culture, Patrimoine et Tourisme. Je suis persuadé qu’il faut bâtir des ponts entre ces trois domaines. En les regroupant ? Non ! Il y aura toujours trois délégations, et des budgets séparés. Mon idée est de valoriser la culture par le tourisme. J’ai été pendant des années directeur du Comité Régional du Tourisme, c’est un secteur que je connais bien. Les professionnels y parlent des vecteurs soleil et mer, du sport, à la limite du patrimoine, mais ils ne se rendent pas compte de tout ce que la culture leur rapporte. C’est une valeur déterminante qui fait beaucoup pour l’attractivité de notre territoire. Je veux entreprendre une évaluation des retombées économiques des investissements culturels, et poser le problème en termes de rentabilité. Vous pensez que la culture doit être rentable ? Pas du tout ! Mais je pense que lorsqu’elle l’est il faut le dire. C’est une question de visibilité. Il faut faire comprendre au grand public, et aux acteurs culturels eux-mêmes d’ailleurs, que les investissements des collectivités territoriales ou locales ne sont pas de l’argent dépensé pour rien, et que la culture fait vivre les territoires. Cela ne veut pas dire que les petits événements, les théâtres, les compagnies devront devenir rentables. Il faut au contraire montrer combien, globalement, le secteur culturel rapporte à tous les intervenants, pour légitimer la culture aux yeux de tous. Il y a aujourd’hui des sociétés capables de déterminer les retombées économiques d’un festival comme les Chorégies d’Orange, ou d’un événement comme la Feria d’Arles, pour donner un exemple de quelque chose qui déborde le champ culturel. Nous allons lancer rapidement un appel d’offre, et mettre en place cette évaluation. Cela a déjà été fait lors des grèves des intermittents et des annulations des festivals. Les villes d’Aix et Avignon ont constaté et chiffré l’énorme manque à gagner… Oui, mais cela a été fait en termes négatifs. Je veux le faire positivement, montrer le formidable atout que représente notre vie culturelle. Pourquoi cette démarche d’estimer les retombées des investissements culturels ?
et accessible populisme. Et aujourd’hui cela rappelle le discours du gouvernement qui parle d’échec de la démocratisation culturelle pour justifier les restrictions de budget. Il n’y aura pas de restriction. Mais il est important que l’argent public profite au public, qu’il y ait une masse de gens qui puisse en profiter. Quitte à changer les œuvres ? Il est vrai que je tiens à élargir les publics, mais il n’est pas question de promouvoir des spectacles au rabais. On peut établir des gratuités pour certains événements, ou amener certains publics gratuitement sur les festivals… et bien sûr financer les actions de médiation auprès des publics. Mais il faut aussi favoriser la création d’œuvres plus difficiles. Comptez-vous poursuivre les financements croisés, la cogestion des structures culturelles avec les autres collectivités et l’État ? Peut-on faire autrement ? On ne peut pas changer ça. Comptez-vous reprendre les présidences de votre prédécesseur Alain Hayot ? Celles des organismes régionaux bien sûr, le FRAC… La Régie Culturelle régionale ? L’ARCADE ? L’ARL ? Certainement, on va décider de cela dans les prochains jours, mais je ne tiens pas à siéger dans les conseils d’administration des festivals. Je n’aime pas les mondanités, et les élus locaux qui connaissent mieux que moi le terrain seront les bienvenus sans doute aux CA du Festival de Cannes ou à Avignon. Je préfère, plutôt que de passer 15 jours à Cannes, emmener les réalisateurs visiter d’éventuels lieux de tournage. Et puis il ne vous aura pas échappé que je suis également Maire du © Agnès Mellon
premier secteur de Marseille, et je veux continuer à m’y consacrer. En particulier à développer la vie culturelle dans le secteur populaire du Centre Ville. Le Conseil Régional, en vous confiant cette délégation, veut-il être plus présent à Marseille ? Il est très présent… On a parfois l’impression qu’il s’investit davantage dans les départements alpins, ou à Arles. Le Conseil Régional doit veiller à un développement harmonieux du territoire, et au désenclavement. Mais il est très présent à Marseille… il faut simplement qu’il y soit plus visible. Le public marseillais n’est pas gâté, il faudrait un grand projet pour que ses artistes puissent enfin s’y produire, et pour que le patrimoine historique soit mis en valeur… Puisque vous êtes en charge du patrimoine, quelle sera votre action en ce domaine ? La région a un rôle pilote dans l’établissement de l’inventaire des biens patrimoniaux, la bibliographie, les archives. Quant aux lieux ils sont gérés par les communes ou communautés de communes, ou par l’État lorsqu’il s’agit de monuments nationaux. La Région y a peu de part, et je ne tiens pas à créer une usine à gaz dans ce domaine. En revanche nous devons mettre l’accent sur la richesse du patrimoine, indiquer aux collectivités locales ce qu’elles possèdent et comment elles pourraient mettre en valeur leur patrimoine, en faire un bien à valeur touristique, organiser des événements culturels autour des objets patrimoniaux méconnus. Vous voulez que la Région devienne programmateur ? Pourquoi pas, dans certains cas. Pourquoi ne pas envisager, comme le font les Régions Nord ou l’Île de France, de programmer des compagnies durant le off d’Avignon ? ou ici à Marseille, avant le Festival, afin que les Marseillais puissent voir ces spectacles et que les compagnies de la région montent au off avec des articles de presse ? Depuis que je suis à la Mairie du premier secteur j’ai mis en place un certain nombre d’événements culturels. Notre girafe des Bouquinades est aujourd’hui un des sujets de photographies les plus fréquents de Marseille. Nous lançons un concours de nouvelles, nous voulons redonner vie au kiosque à musique, nous offrons aux clubs du troisième âge non des thés dansants, mais des spectacles. Nous avons rouvert le Théâtre Sylvain et bientôt, sur la Canebière, il y aura un cinéma MK2 ! Si on peut faire ce type d’opération à la Mairie de secteur, pourquoi pas à la région ? ENTRETIEN RÉALISÉ PAR RENÉ DIAZ ET AGNÈS FRESCHEL
L’OLRAP
POLITIQUE CULTURELLE
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L’orchestre d’Avignon n’en finit pas de traverser des crises… Il était en voie de se relever de la dernière. Va-t-il se remettre du départ probable de son chef ?
Les Adieux de
Jonathan Schiffman
Orchestre de l'OLRAP © stephan caso
Chronique de concerts agités…
Retour à l’ordre ? Et c’est avec émotion et surprise qu’une semaine après, à l’église St Pierre, nous avons noté l’absence du chef (certes dignement remplacé par Pascal Rophé) et un changement de programme éloquent : la 3° symphonie du répétitif américain Philip Glass ayant été troquée au bénéfice d’une très consensuelle Sérénade pour cordes en ut de Tchaïkovski ! Par ailleurs, l’acoustique de l’église a été favorable à une émouvante interprétation du Stabat mater de Pergolèse, divinement chanté par Carolina Faria (alto) et Michelle Canniccioni, soprano repérée par Schiffman lors de sa prestation en janvier 2009 dans les Contes d’Hoffmann.
Par téléphone, le chef nous a confié sa tristesse concernant sa situation en Avignon : «je suis blessé, triste et choqué par la mise à pied et le licenciement prochain. Je ne comprends pas !». De son côté la direction de l’orchestre se défend d’avoir voulu licencier Schiffman, et parle dans un communiqué de presse de demande d’augmentation rejetée par le conseil d’administration, ayant débouché sur une absence du chef, un rappel à l’ordre puis… l’allocution du 2 avril au public : «Je ne comprends pas cette annonce de départ, à moins que Jonathan Schiffman ait déjà pris des dispositions par ailleurs, ce qui pourrait expliquer une stratégie», déclare Jacques Crespy, le Président de l’orchestre…
L’Olrap n’avait pas besoin de cela. Il est empêtré depuis des années dans des ennuis financiers consécutifs à l’indécision des tutelles à son égard : un orchestre coûte cher, et depuis la création de ce «petit» orchestre (formation mozartienne de 40 musiciens) les collectivités ne peuvent se décider à le financer correctement, ou à le liquider. La nomination d’un nouvel administrateur, l’effort financier qui avait été consenti en 2009, le plan de redressement qui a été arrêté pour trois ans, et la nomination de Schiffman, chef de talent, à la tête artistique d’un orchestre qui n’en avait plus vraiment depuis longtemps laissaient entrevoir une solution à terme.
Conflits
Il reste à espérer que l’affaire se règle calmement, et n’entraîne pas à nouveau l’Olrap dans les abysses financiers où il avait sombré. Jacques Crespy l’exprime avec fermeté, et un agacement visible : «Je ne voudrais pas que les agissements d’un jeune artiste qui n’œuvrerait que dans son intérêt, celui d’organiser la rupture d’un contrat aux meilleures conditions, mettent en péril le travail de toute une équipe, les efforts des musiciens, ainsi que ceux d’une Ville, d’un Département, d’une Région et de l’État.» Il ne faudrait pas en effet que les tutelles se découragent de soutenir un orchestre qui a plusieurs fois été sur la sellette… à un moment où les consignes du ministère vont très nettement dans le sens d’un désengagement de l’État envers les orchestres : rien de plus simple pour réduire les dépenses publiques que se débarrasser des institutions culturelles onéreuses… Mais un pays peut-il vivre sans orchestre, et que coûte l’Olrap eu égard aux dépenses engagées pour accueillir les équipes de foot les soirs de «liesse» ?
Dangers
Quelle que soit la part de querelles personnelles dans cette affaire, le conflit à aucun moment n’a semblé musical : Jonathan Schiffman à la tête artistique de l’orchestre semblait le tirer vers le haut, et vouloir amener peu à peu les Avignonnais à sortir de ses répertoires de prédilection pour entrer un peu dans son siècle (ou le précédent !). D’où le désarroi compréhensible du public conquis, la pétition qui circule pour qu’il reste, les déclarations relayées par la presse. Jonathan Schiffman © Guy Vivien
Le 2 avril, avec Beethoven, Haydn et Ligeti, l’Olrap et son chef nous ont fait parcourir l’Europe centrale en offrant la première place au violoncelle, soliste dans 1er Concerto pour violoncelle et orchestre de Haydn et celui de Ligeti (1966). Judicieux et consciencieux, Jonathan Schiffman est venu expliquer les œuvres du contemporain hongrois à un public décontenancé et perplexe… Bref, en deux mouvements, son Concerto nous a transportés dans un univers mystérieux fait de statisme, de micro-polyphonies, strates de figures rythmiques agencées comme une horloge déréglée, révélant l’immense travail qu’accomplit Ligeti sur le son. À la fin, une cadence murmurée, dans un long souffle, puis chuchotée jusqu’au silence le plus complet, fit apprécier la virtuosité du jeune violoncelliste strasbourgeois Marc Coppey. On retrouve dans Ramifications pour cordes (1969) de Ligeti cet engouement pour les masses sonores : dans cette composition, deux groupes de cordes sont opposés, le premier étant accordé un quart de ton plus haut que le second, tous deux nous plongeant dans un halo sonore, un nuage quasi hypnotique : le temps s’est arrêté ici, et malgré les remarques (à voix haute s’il vous plaît !) de quelques avignonnais récalcitrants, les interprètes ont eu droit à une merveilleuse ovation… Comme à la toute fin du concert, lorsqu’après l’exécution de la 8e symphonie de Beethoven, Jonathan Schiffman, prenant à nouveau la parole, a annoncé que ce concert était peut-être son dernier en Avignon !
CHRISTINE REY ET AGNES FRESCHEL
Les concerts ont eu lieu à Opéra-théâtre d’Avignon les 2 et 9 avril 2010. Orchestre Lyrique régional Avignon Provence 04 90 85 22 39 www.orchestre-avignon.com
INTERRÉGIONALITÉ
POLITIQUE CULTURELLE
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En des deçà et au-delà frontières
les lieux de spectacles… Claude Fiaert, Vice-Président délégué à la Culture et à la Communication de la Communauté de Communes Moyenne Durance, concrétise par son discours l’entente espérée, en le formulant en Italien. Avec passion, il place ses espoirs dans la culture, base même de la vie sociale, qui permet d’envisager à long terme des perspectives communes.
Le projet CAT
Patrice de Benedetti © Patrice Vernet
Guarda ! L’homme passe un coup de téléphone. Jeune, concentré sur son portable… Le corps glisse soudain du banc, chute, reprise, rebonds… Fluidité des mouvements, épure du geste, les passants déambulent, remarquent l’étrangeté de ces arabesques, trop maîtrisées pour être involontaires. Certains passent un peu plus vite, d’autres s’arrêtent, regardent, s’interrogent, «guarda !», sourient, admirent… La ville réelle devient le décor, ces lieux familiers se détournent insensiblement de leur fonction première, utilitaire et quotidienne, interrogés par cet autre regard. Le spectacle vivant, ainsi nommé parce qu’il s’exprime dans le cadre même de nos vies, conduit par effet de miroir et, le premier étonnement passé, à une réflexion sur soi-même. La troupe en action vient de Marseille, la place se situe à Savigliano, charmante ville du Piémont. Cher lecteur Zibelinien, tu t’interloques, pourquoi évoquer une tournée internationale ? Quel intérêt pour la région ? En fait, c’est une belle histoire…
Ces trois initiales pour «Confrontations Artistiques Transfrontalières», recouvrent un projet passionnant qui, sous l’égide de l’Europe, unit la Commune de Savigliano, la Communauté de Communes Moyenne Durance et l’Association Culturelle Marcovaldo. Le Théâtre Durance de Château-Arnoux en est la cheville ouvrière pour les Alpes de Haute-Provence. Avec la Province de Cuneo ils tentent de dépasser les frontières et de franchir le col de Larche (quelle homonymie propice à l’établissement de passerelles !). Médiation culturelle, résidences d’artistes, créations, confrontation et partage des pratiques artistiques, implication permanente des populations, réhabilitation et construction des lieux, tout ceci autour du spectacle vivant. Un nouvel espace européen se dessine ici, «l’espace transfrontalier»…
Une dynamique mise en œuvre Robert Pasquier, le directeur du théâtre Durance, pose des problèmes concrets : comment organiser le dialogue entre l’artistique et le territoire, comment rompre la distance entre le public de théâtre et ceux qui n’y vont pas… C’est là que, selon lui, réside l’intérêt d’une programmation basée sur les résidences d’artistes, les liens avec les populations permet de «désacraliser la production artistique» et d’en finir avec un théâtre de classe. Il est nécessaire de favoriser l’accès à la culture au plus grand nombre. Éducation et culture sont liées intimement ! Puis avec beaucoup de finesse, Eliane Mathieu, chargée de mission du projet CAT-Théâtre Durance, souleva les problèmes de traduction des spectacles : si l’on a l’impression de se comprendre, dit-elle, on n’a pas la même manière de penser. Comment traduire ? Nous en sommes au début de l’histoire…
Une volonté politique Cette synergie dans les domaines de la production et de la diffusion ne pourrait pas naître sans la volonté des élus. Ces derniers ont manifesté un bel enthousiasme lors de la conférence de presse qui présentait le projet. Sergio Soave, Maire de Savigliano, se réjouit de la permanence du travail des artistes, ses administrés lui témoignent leur enchantement ; à l’heure où certains se referment sur la Ligue Lombarde, il prône une politique d’ouverture, un appel à l’union de frères qui furent ennemis par le passé ; il insiste sur l’importance de recevoir d’autres théâtres ; enfin sur la nécessité économique de trouver des financements pour rénover
Qui était donc dans les rues de Savigliano ? Le Collectif Le Nomade Village, en résidence dans la ville, va y créer Des Corps de Ville (représentation le 17 juillet), exploration de la réalité «augmentée» par tous les média, exploration artistique entre réel, virtuel (vous ne la remarquez pas tout de suite, mais il y a une caméra discrète, aux plans fixes)… Et puis : Masterclass avec Denis Plassard, le chorégraphe, représentation le 24 avril à Savigliano. La Petite entreprise de la Buanderie à Busca, dans L’Univers se fout du Glamour, le 28 avril. La compagnie Tecnologia Filosofica de Turin sera en résidence à Château-Arnoux, pour une représentation de rue le 30 mai, puis la compagnie 15 Febbraio en résidence en mai et en juin donnera le spectacle itinérant Service de Nettoyage (voir Zib’27). D’autres manifestations sont en cours de programmation…
Rénover et construire
Claude Fiaert, Robert Pasquier et Patrice de Benedetti © Patrice Vernet
Les rendez-vous
MARYVONNE COLOMBANI-
Marcovaldo Oui, il s’agit bien du nom du héros d’Italo Calvino ! L’association, créée en 1990, conjugue la valorisation du patrimoine historique et artistique et la promotion de la culture contemporaine. Elle gère de nombreux musées, organise des expositions, des manifestations artistiques, des conférences… Le projet européen lui donne de nouvelles capacités. Ainsi, le siège de l’association, un ancien couvent de capucins à Caraglio, a été rénové et permet de recevoir des artistes en résidence. Un exemple de rénovation ? la filature de soie, construite comme un petit palais, (en 1676, l’architecture industrielle en était à ses balbutiements !), connaît trois destinations, exposition d’art contemporain, grandes expositions (à la fin de l’année, Les animaux dans l’art, des miniatures du Moyen Âge à nos jours) et Musée de la soie (comprenant des expositions à thème). Le vaisseau amiral Ainsi fut baptisé le théâtre de Château-Arnoux, dont l’architecture extérieure, toute de béton, peut ne pas emporter toutes les adhésions, mais l’intérieur… loges d’un rare confort pour les artistes, foyer aux teintes chaleureuses, locaux spacieux et intelligemment agencés, salle modulable, scène d’une grande plasticité, salle de répétition aux mêmes dimensions que la scène… Tout est réuni pour un travail convivial et efficace. Les fonds de l’Europe et la volonté des élus ont permis ce miracle dans une région que tout semblait abandonner lorsque les pôles industriels ont fermé en 2006… «On sera un désert industriel, mais pas un désert culturel !» Le théâtre se situe dans un large complexe, cinéma, médiathèque, espace d’accueil, café Stendhal…
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ÉVÉNEMENT
LA CARTE FLUX
Quelle est cette affiche rouge au slogan impératif et au poing levé qui va se propager sur les murs de Marseille ? un appel à la révolte, au mouvement social comme ils disent, au réveil des luttes ? Non, mais au réveil des esprits !
Encarté ! Cinq structures s’associent aujourd’hui pour proposer un pass de 45€ qui permettra aux spectateurs d’assister à 4 spectacles et 3 projections, de mai à juillet. L’idée ? Faire circuler les publics d’un lieu à l’autre, d’un art à l’autre, surtout : le public de la danse contemporaine est effectivement très exclusif ! L’essentiel de la programmation proposée à travers cette Carte flux les concerne : Marseille Objectif danse (MOD), le Ballet National (BNM) et le Festival de Marseille s’allient pour convier leurs spectateurs à aller voir aussi du côté du Festival International du Documentaire (FID) trois séances au choix, et un concert au MIMI (Musiques Innovatrices) qui s’installent en juillet sur le merveilleux site du Frioul. Chaque structure propose au moins deux spectacles au choix, et les cartes ne sont pas nominatives : il suffit de réserver auprès de chacun 10 jours avant le spectacle. Cela commence les 7 et 8 mai conjointement au BNM (voir ci-contre) et à La Friche avec la venue de Yvonne Rainer invitée par MOD (voir p 27). Puis cela se poursuivra en juin avec deux autres très belles propositions de ces deux structures avant que
l’ennui» contenus dans les trois autres entrent l’affiche. Il faut y voir en piste (nous y re«de l’humour» aussi, viendrons). souligne Ferdinand Cette initiative est Richard, «un jeu «prise en commun ironique avec le clipar des festivals qui ché». La symbolique partagent le goût communiste comme pour l’innovation et produit com’ ? Pour la prise de risque», l’instrumentaliser ou explique Ferdinand pour tenter de lutter Richard (MIMI) et réellement contre la «qui veulent se diriger déculturation de masse ? ensemble vers 2013 en Ce pass, malgré tous ses cultivant leur complicité.» indéniables mérites, n’atJosette Pisani (MOD) explitirera dans les salles que ceux que que «ce regroupement est qui y vont déjà… Mais ils pourront tourné vers le public, pour qu’il y aller plus, et varier les plaisirs ! circule et que les spectacles restent © Antonin Dousset abordables.» Et tandis que Frédéric Flamand AGNÈS FRESCHEL (BNM) souligne que c’est la première fois qu’il y a à Marseille un rapprochement de ce type, elle insiste sur www.fluxdemarseille.com la dimension militante, «la lutte contre la télé et
BNM
ÉVÉNEMENT
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Le Ballet National en marche Parachuté dans le chaudron explosif du Ballet de Marseille il y a cinq ans, après le départ fracassant de Marie-Claude Pietragalla, Frédéric Flamand n’y fit jamais figure de cheveu dans la bouillabaisse. Lentement, sans à coups malgré les divers bâtons dans les roues, avec une chaleur presque méridionale, mais paisible, le chorégraphe Belge a redressé un Ballet qui avait touché le fond, n’avait plus de répertoire et regimbait, piqué au vif par les échecs. Tout semble surmonté : de nouveaux danseurs sont là, d’autres se sont visiblement adaptés au nouveau style, et certains restent attachés à la néoclassique, qu’ils peuvent encore pratiquer. C’est donc avec un plaisir particulier que l’on a découvert la nouvelle pièce de Frédéric Flamand, La Vérité 25 fois par seconde, créée à Luxembourg puis à Chaillot : le BNM y fait preuve d’une cohérence et d’un niveau technique retrouvé, version contemporain, avec, comme des touches de couleur intenses, les talents individuels d’interprètes aux profils variés. La pièce sera donnée en juin, en avant-première du Festival de Marseille dans la Salle Vallier réaménagée : nous y reviendrons. Pour l’heure, c’est à des programmes très divers que Marseillais, Martégaux et Aubagnais pourront assister ces prochains jours. En commençant par l’Opéra de Marseille, avec deux créations d’Oberdorff et Olivia Grandville, et la reprise de Tempo Vicino de Lucinda Childs sur la musique de John Adams (voir Zib 28) les 23 et 24 avril. Quelques jours plus tard, le 30 avril, un autre programme mixte à la Pennesur-Huveaune dans le cadre de Danse en avril reprendra Tempo Vicino, auxquels s’adjoindront Inverses,
une pièce d’Annabelle Lopez Ochoa fondée sur la confrontation de danseurs classiques et de Katharina Christl lancée comme un électron (trop) libre ; et Narcisse, une miniature de Flamand qui revisite le mythe antique en le confrontant aux images, à leurs reproduction numériques et à la décomposition du mouvement. Un beau programme, que l’on a pu découvrir l’an dernier lors de La danse dans tous ses états (voir Zib’20). Suivront des créations des danseurs : depuis son arrivée Frédéric Flamand leur donne souvent carte blanche, et plusieurs montrent un talent certain, que l’on retrouve d’ailleurs dans les pièces de leur directeur qui s’inspire de leur créativité individuelle pour édifier ses œuvres. Les 7 et 8 mai, avec la Carte Flux (voir ci contre), vous pourrez assister à plusieurs de leurs créations au Grand Studio du BNM. C’est dans ce cadre que Yasuyuki Endo, un des plus singuliers solistes du Ballet, avait créé une première version de son Super Man Project : il reprendra sa performance aux chaussures, très plastique, composée de courtes séquences sur la masculinité, dans le cadre de la Nuit des musées au [mac], avec cinq autres danseurs (le 15 mai à 20h30 et 22h). Enfin à Martigues le 18 mai, au Théâtre des Salins, une des pièces les plus réussies de Flamand (voir Zib’15). Métamorphoses est un voyage coloré et dynamique fondé là encore sur quelques récits antiques revisités : ceux d’Ovide, qui raconta les premières histoires de transformistes… Les corps se confrontent à diverses animalités, à leur désir, à leurs répulsions, à la végétation aussi, à diverses matières plus
Métamorphoses © Agnès Mellon
ou moins organiques qui semblent habiter le décor comme des vestiges anciens. Une danse agréable et limpide, pour tout public ! AGNÈS FRESCHEL
Ballet National de Marseille 04 91 327 327 www.ballet-de-marseille.com
BJCEM
ÉVÉNEMENT
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Retour de flammes
Marseille reçoit les jeunes plasticiens de la sélection française exposés à la Bjcem de Skopje en 2009. Un retour en forme de continuité mais avec de nouvelles propositions Pour les plus nombreux qui n’ont pu se rendre en Macédoine en septembre dernier, Retour de Skopje ne comblera pas leur frustration bien compréhensible. Mais qu’ils se consolent : les jeunes artistes Français, entre 18 et 30 ans, leur en donnent plus (en période de peau de chagrin c’est méritant) en présentant pour la plupart des propositions nouvelles ou conçues spécialement pour Marseille, telle la peinture à fresque d’A. C. Depincé. Comme à Skopje, l’éclectisme des médiums est bien présent. Des modes traditionnels (peinture, dessin, sculpture) ou qui le sont devenus (photo, installation) aux nouvelles technologies (vidéos, programmes numériques), sans oublier le design (Ruthy Assouline à elle seule). En charge du projet, Martine Robin a suivi son intuition rapprochant les œuvres par leur contenu -plutôt onirisme/poétique aux Ateliers d’artistes, urbanité/péri-urbain à la galerie Montgrand, servie par une mise en espace très sobre (imposée aussi par les moyens alloués). Quant à l’installation de Marine Class et Sara Domenach (en couverture), elle est un peu perdue dans les Jardins des vestiges au pied du Centre Bourse.
La qualité est assez inégale, parfois convenue dans les technologies numériques (un écran se noircit, des formes tournent en trois dimensions) ou sous forme d’ersatz (un appareil de radio diffuse en boucle une émission canadienne où Monsieur Moo expose son projet de pluie artificielle non réalisé). L’intention ne peut remplacer l’œuvre évidemment. Plus réjouissantes sont les sculptures d’Alice Gadrey ou le Jard 1 en valise autonome de Cédric Jolivet, l’Abandon caravagesque (photo + vidéo) de Marjorie Brunet, ou Soleil Vert de Julien Raynaud. Ce retour constitue un deuxième temps de visibilité offert à ces jeunes artistes émergents, dont certains commencent à bénéficier de la reconnaissance du monde de l’art comme Aurore Valade, Reynald Garcenaux, Karine Rougier. Sera-t-il une incitation à stimuler l’intérêt des institutions, des galeries ou des collectionneurs ? Nombre de ces jeunes passés par les biennales précédentes sont présents aujourd’hui dans les réseaux ou le marché de l’art contemporain. Attendons les prochaines éditions de Casablanca en 2011 et Marseille pour… 2013. 13, ça porte bonheur !
aux Ateliers Boisson: premier plan: Débouché, A. Gadrey; au mur: A. Valade © photo Zibeline/C.Lorin
CLAUDE LORIN
Retour de Skopje Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée jusqu’au 15 mai Galerie Château de Servières/Ateliers d’Artistes de la Ville de Marseille Galerie Montgrand/ Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Marseille Port Antique, Musée d’Histoire de Marseille www.bjcem.net
à la galerie Montgrand/Esbam: au premier plan: Hymne à la poussière d'Alice Gadrey © photo Zibeline/C.Lorin
L’aventure continue Après les expos, les spectacles : la sélection française cette année s’est révélée particulièrement intéressante, et s’est fait remarquer à Skopje… L’idée de se retrouver à Marseille et à Aix, six mois après leur aventure collective en Macédoine, a décuplé l’énergie des lauréats de la 14e BJCEM. Chacun peaufine les moindres détails de sa création ou réactualise son projet car la plupart des propositions de ce printemps sont inédites. Charles-Éric Petit (Cie L’Individu), par exemple, offre une version XXL de sa création 2009, Notre Dallas, dont il n’avait montré que le premier acte en Macédoine, et qu’il avait créée au Gyptis. Aujourd’hui, il réunit l’ensemble des projets satellites qui constituent ce véritable «feuilleton théâtral» : bonus radiophonique avec Radio Grenouille, installation vidéo La chambre de Sue Ellen, exposition de sérigraphies de Karine Verrier… Sur une envie impulsée à la Biennale, l’énergétique IfIf Between devrait «casser la baraque» à l’occasion de deux concerts avec Thomas Barrière, Dicofone et l’auteure Olivia Pierrugues. Une carte blanche qui s’annonce fort prometteuse… Création 2010 de la Cie La [parenthèse], Chercher l’intime prolonge, dans sa réflexion introspective, la chorégraphie sélectionnée pour Skopje, L’heure du bain. Christophe Garcia invente comme une
suite pour 5 danseurs et 2 musiciens. Quant au solo Palimpseste de Jean-Baptiste Bonillo (Cie Post Partum Collectif), c’est une expérience de danse performative originale qu’il s’apprête à vivre avec le public : accompagné par Mélanie Nézereau-Paquemar (hypnose live) et David LePôle (création vidéo et son), il propose une forme théâtrale dansée au plus près des artistes, dans un espace clos. Cinq rendez-vous originaux, donc, qui ne manquent pas de piment. M.G.-G.
Chercher l’intime Christophe Garcia, Cie La [parenthèse] Le 30 avril Théâtre du Gymnase 04 91 24 35 24 Palimpseste, cie Post Partum collectif © Chrystel Gisclard
Palimpseste Jean-Baptiste Bonillo, Cie Post Partum collectif Le 4 mai Montévidéo 04 91 94 53 49 Concert Nolwenn Donnet-Descartes, Kevin Laval, Thomas Barrière & Dicofone Le 5 mai Seconde nature, Aix 04 42 64 16 50 Carte blanche à If If Between Avec Olivia Pierrugues, Thomas Barrière & Dicofone Le 6 mai Montévidéo Notre Dallas Charles-Éric Petit, Cie L’Individu Le 11 mai Montévidéo 04 96 11 04 61 www.bjcem.net
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THÉÂTRE
LA CRIÉE | LE GYPTIS
Deux femmes étranges
Monde, il retrace les interrogatoires et les plaidoiries exacts. Étrangement cet énoncé des faits rend Pauline Dubuisson -qu’il appelle Sophie Auzanneauplus mystérieuse encore, hermétique, inexpliquée. Ses aventures amoureuses ne semblent guidées ni par l’amour, ni par la recherche du plaisir ou de la stabilité. Par un irrépressible besoin d’être aimée sans doute, malmenée qu’elle fut par la guerre et une famille en deuil ? La pièce de Vinaver ne résout rien de plus que le procès lui-même, et la mise en scène d’Anne Marie Lazarini reste dans cette objectivité de l’espace mental : la Cour entoure les saynètes qui déroulent, dans le désordre, les épisodes clefs d’une vie qui n’ouvre sur rien, sinon sur un meurtre. Les acteurs se baladent, avec une fluidité lasse, entre les époques, la représentation des événements de 1946 à 51, et le compte-rendu du procès. La cour trône en haut, écrase les personnages, marionnettes qui jouent dans des cases un destin dont ils ne maîtrisent aucun fil. Pauline Dubuisson, libérée en 1959, se suicida quelques années plus tard comme le faisait BB Dominique Marceau dans le film de Clouzot. Rapprochant de façon tragique le réel de la fiction. La justice, comme la vie, n’est qu’un théâtre où l’on joue son destin ?
Heureusement la vie de la Criée continue ! Pour d’exceptionnels concerts rideau fermé (voir p 40) ou dans la petite salle, qui restera ouverte durant la saison prochaine. Deux pièces contemporaines très différentes y étaient présentées.
AGNES FRESCHEL
Yaacobi et Leidental et Portrait d’une femme ont été joués à La Criée du 23 au 26 mars et du 6 au 10 avril
Yaacobi et Leidenthal © Stéphane Tasse
Mosaïque Quelques jours plus tard une autre écriture dramatique de notre temps. Le théâtre de Michel Vinaver interroge les relations sociales et s’attache dans Portrait d’une femme à brosser celui de Pauline Aubuisson, jeune étudiante qui assassina son amant en 1951. Cette jeune femme avait déjà inspiré Clouzot : en 1960 dans La Vérité, elle y avait la sensualité affirmée et sans fard de BB, et son acte de jeune oisive érotique perdue chez les bobos de la rive gauche trouvait une explication psychologique. La démarche de Michel Vinaver est davantage celle d’un documentariste : il s’appuie avec une fidélité extrême sur les mots du procès, rapportés par Le
Portrait d'une femme © X-D.R
Frédéric Bélier-Garcia était de retour pour 4 soirs en des murs qui l’abritèrent avant sa nomination à la direction du Centre Dramatique National d’Angers. Sa mise en scène de Yaacobi et Leidental lui ressemble : transformant la pièce inquiétante de Hanokh Levin en farce grotesque il lui imprime un rythme surprenant. Écrite après la guerre des 6 jours dans un état d’Israël complètement schizophrène, la comédie a quelque chose de brechtien dans sa forme cabaret (alternance des tableaux et des songs) mais aussi dans le fait que les personnages ont une dimension symbolique : ils sont enfermés dans un univers minuscule, une vie dénuée de sens, où dormir, faire les cent pas, se marier sans amour, faire semblant, sont les seules occupations susceptibles de tromper un ennui qui semble aussi métaphysique que concrètement quotidien. On retrouve ces thèmes dans toute l’œuvre de Levin, mais ils sont ici traités avec dérision et humour, ressorts comiques à l’appui, et crudité légère… dont le metteur en scène s’est emparé pour imprimer à la pièce une couleur outrancièrement boulevard, tapageuse, criarde, tout à fait efficace ! On est surpris et puis on rit, de la férocité et de l’abattage de Manuel Lelièvre, de la belle effronterie d’Agnès Pontier, et de l’obstination lunaire et désabusée de David Migeot. Ce qui n’empêche pas de se demander ce que peut bien représenter cette fichue bonne femme aux avantages généreux, mythomane et aguicheuse comme pas deux, affichant une volonté molle de vie bourgeoise tout en affirmant être coupée en deux, cul et tête…
Anne-Marie et Frédéric Ortiz travaillent depuis des années à amener le théâtre là où il peut encore panser les plaies de notre monde : dans les collèges difficiles, en prison, en banlieue, là où jouer le monde est une entreprise quasi thérapeutique. Pas socio-cul, fondée sur une exigence haute de théâtre, sur l’idée que l’expérience de l’art en commun peut aider à vaincre les obstacles : à les donner à voir au public, et à panser les plaies de ceux qui pratiquent. Quartiers d’isolement, que le théâtre Off «scène des écritures urgentes» décline depuis plusieurs années en divers lieux, devait atteindre au Gyptis son étape ultime. Le soir où j’y assistai un des protagonistes était absent : Zénagui Temimi, ancien détenu,
© Agnès Mellon
Faire théâtre comédien d’une force rare, était reparti croiser quelques-uns des anciens démons qu’il avait mis en scène dans Parloir Sauvage et Parle pas avec moi. Les risques de ce genre de théâtre, disait Frédéric Ortiz à l’entrée. Juste, mais pas seulement. Restait sur scène un autre ex-détenu beaucoup moins convaincant -brut, physique, effrayant, mais sans histoire vive-, une petite comédienne étonnante qui hurlait des insanités comme ces furies hystériques des quartiers déshérités lorsque le trop plein de colère les étouffe -ado en rupture totale puis directement à la case droguée/ dealeuse/détenue/suicidée-, et le petit manège d’Anne-Marie Ortiz, qui tourne autour de ce grand massacre
son petit massacre à elle, sa dépression, son envie d’en finir avec ces univers glauques où elle essaie d’introduire du théâtre, en vain, jusqu’à ce qu’on lui dise encore à la DRAC que son travail relève du social et non du culturel. Le résultat ? des défauts de fabrique, fautes de rythme, de goût, de jeu. Un spectacle qui, ce soir-là au moins, ne marche pas. Si intervenir dans le réel souffrant du monde semble nécessaire, le transcrire sur scène nécessite sans doute plus de distance : celle qui évite de déraper, le nez collé au guidon. A.F.
Quartiers d’isolement a été créé au Gyptis du 23 au 27 mars
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THÉÂTRE
LENCHE | BERNARDINES | DAKI LING | TOURSKY
M’Hamed Benguettaf, auteur algérien, comédien et directeur du TNA, est venu travailler à Marseille avec le théâtre de l’Égrégore pour monter une de ses pièces, La répétition. L’argument en est simple : une petite troupe de théâtre essaie de répéter son prochain spectacle mais elle est sans arrêt interrompue, devant céder la place à des réunions syndicales ou politiques, jugées plus importantes. Le travail des acteurs est perturbé au point que l’acteur principal se met à jouer la grande tirade d’Hamlet au milieu des préoccupations plus matérielles de son personnage. L’Orangeraie de ce dernier est cernée de constructions cossues de plus en plus hautes et il se débat avec leurs constructeurs, comme dans un reflet inversé de la Cerisaie… Les divers registres de la pièce permettent à Ivan Romeuf d’utiliser une large palette d’interprétations, allant jusqu’au surjeu savamment dosé : un beau travail d’acteur. Il y a de l’humour dans ce spectacle, sans doute la meilleure façon de sortir du désespoir des années 90, lorsque le terrorisme régnait en Algérie. La question de la place de l’art dans
la société et celle du théâtre comme acte de résistance est posée ici avec légèreté, mais sans amnésie. Cette création s’inscrit dans le cadre du projet «D’une rive à l’autre» initié depuis 3 ans, par le Théâtre de Lenche et le Théâtre National d’Alger. Ses objectifs : développer les partenariats artistiques avec les pays du Maghreb, servir d’interface entre les pays de la Méditerranée et ceux de l’Europe du nord. Une création commune du TNA et du Théâtre de Lenche mis en scène conjointement par Benguettaf et Romeuf se fera d’ailleurs cet automne au Théâtre du Gymnase. On espère que d’ici là les problèmes à la frontière seront réglés : les représentations en Arabe ont dû être annulées faute de visa des comédiens Algériens… CHRIS BOURGUE
À noter : La répétition se joue jusqu’au 24 avril au Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
La répétition © Catherine Rocchi
L’acteur et l’Orangeraie
Un Piccolo grandissime ! Goldoni ? Un classique direz-vous ! Incontournable et parfois jugé ennuyeux, tant les «classiques» sont assimilés aux devoirs d’école… Le
Piccolo Teatro di Milano-Teatro d’Europa et le collectif Teatri Uniti ont fait la démonstration d’un théâtre vivant, léger, enjoué, dans leur magisTrilogia © Fabio Esposito
trale interprétation des trois pièces de la Trilogia della villeggiatura. Bonheur sensible des comédiens, bonheur double des spectateurs pour cette représentation en vo surtitrée. Enchantement de la langue de Goldoni, élégante, souple, subtile, mise en valeur par le jeu des comédiens, chacun avec un phrasé, un rythme propre : Léonardo, dont la voix reprend des inflexions adolescentes lorsqu’il cède au désespoir, Guglielmo, aux inflexions graves et traînantes, les vieillards, moralisateurs ou volages, les jeunes filles, Vittoria, légère et insouciante, Giacinta, dont l’introspection et les retournements évoquent l’esprit de Marivaux… jusqu’au rôles des valets, contrepoint comique remarquable à ces drames de cette petite bourgeoisie désargentée qui voudrait mener grand train. La villégia-
ture, véritable théâtre dans le théâtre où les apparences se préparent, les robes se taillent à la dernière mode, les menus sont prévus jusqu’aux fourchettes d’argent (sinon que diraient les voisins ?), et si la réalité rejoint nos personnages, c’est encore à l’abandon d’eux-mêmes qu’ils cèdent par une raison qui est celle du jeu social… Metteur en scène et interprète, Toni Servillo a su mener sa troupe à l’excellence. Mise en scène intelligente, fine, décors d’une efficace simplicité, jeu des lumières, qui nous conduisent des intérieurs bourgeois aux frémissements de l’été, à la douceur des nuits… Un réel enchantement ! MARYVONNE COLOMBANI
La Trilogia a été jouée au Toursky les 1er et 2 avril
Trois clowns en cellule Qu’est ce qu’un clown ? Pas ceux du cirque qui font rire les zenfants mais un clown de théâtre, qui nous fait rire aussi, mais autrement ? Maquillés mais sans la couche de blanc ni le nez rouge, des clowns se produisent au Daki Ling. Ils ont toutes les caractéristiques de la recherche contemporaine autour de cette figure, qui renoue avec les décalages du fou du roi, emprunte aux humoristes ce qu’ils ont de meilleur -c’est-à-dire la perfidie- et plongent en eux-mêmes pour atteindre leur petite maladie individuelle, leur pente qu’ils projettent devant nous comme autant de miroir de nos âmes de sales gosses. Le cabaret
clown du 3 avril proposait une de ces confrontations mi-improvisées, inabouties, qu’ils offrent régulièrement au public (5 euros !). Les Cies Spectralex et Matière Première y unissaient leurs forces pour inventer, autour d’un canevas prétexte, un road movie qui passait de la prison au vaisseau spatial pour se conclure en un autre enfermement. Avec au passage des temps morts (c’est la loi de l’impro) et des moments hilarants : c’est que les clowns, l’une en Princesse cruche futile à l’hyperféminité agressive, l’autre en caricature de revêche ado exhibant sa mèche comme révolte, sont extrêmement vrais -et
pourtant si caricaturaux ! C’est pourtant le troisième avec sa lenteur légère et son accent toulousain, sa manière de tout recadrer tout le temps parce qu’il a peur que ça échappe, qui touche le plus. Parce qu’il surprend, et ne ressemble qu’à lui-même… A.F.
À noter : Le Festival Tendance clown organisé par le Daki Ling commence le 30 avril (voir p 28).
Radicalités Le gaspillage, c’est nul, et par définition ça sert à rien! Et ce ne sont pas les deux derniers spectacles de l’opération d’assainissement de l’économie théâtrale, initiée non sans gravité malicieuse par les Informelles et les Bernardines (voir Zib’ 28 Arrêtons le gaspillage), qui trahiront ce beau mouvement visant à ralentir la frénésie qui mène droit aux poubelles ! Que du nécessaire et du concentré ! Visez les thèmes et les titres : 20 novembre (en 2006, un adolescent allemand ouvre le feu sur ses professeurs et camarades de classe avant de se suicider ; en 2007, l’auteur suédois Lars Norén écrit son premier monologue à partir du blogtestament du jeune homme) et Silence (en 1206, un certain Francesco, jeune coq de la jeunesse dorée d’Assise, fait un songe réparateur qui le conduira tout droit à la sainteté ; en 1956, Nikos Kazantzakis publie Le Pauvre d’Assise et la compagnie Vasistas reprend à la volée la figure mythique). Les lieux maintenant : le sous-sol d’une salle de répétitions avec tuyauterie et parpaings à nu pour le jeune désespéré ; le théâtre des Argonautes, petit bijou oublié par le temps, pour notre saint aux mains pleines. Petites jauges, théâtre de contact et même de coup de poing, solo artisanal ou franche singularité : le contrat est rempli ! Léo Maratrat, presque aussi jeune que son personnage, porte à vif la parole de Sébastien Bosse durant l’heure douze qui précède le massacre ; dans la pénombre d’abord et on tend l’oreille ; devant un néon cru qui souligne l’ombre et on se sent traqué. Intelligemment, avec finesse, sans forcer le trait, les yeux dans les yeux du spectateur («t’es heureux toi ? J’ai qu’à te regarder, j’ai déjà la réponse») l’acteur entre et sort heureusement de son incarnation, fait entendre la violence des mots et aussi leur poésie ; pas évident de trouver la bonne distance (rôle créé pour une actrice, facile!), et quand apparaît la carabine on tremble pour la représentation
Le 20 novembre © Julien
mais seul le claquement sec de l’emboîtement du canon scelle l’inexorable. Aucune gesticulation hypersignifiante, des silences modestes et une craie pour le mur. Nous avons tout vu, tout entendu, rien perdu. Merci ! Avec Vasistas, la compagnie polyglotte (espagnol, croate, grec..) et pluridisciplinaire (chant, danse et traduction spontanée considérée comme l’un des Beaux Arts ...) la prise de risque est tout autre ; vitesse du récit-bolide de la métamorphose du jouisseur en ami des stigmates et des petits oiseaux ; kaleïdoscope polyphonique et chorégraphique des corps sonores ; création d’une dramalangue qui emporte tout ; fougue d’une jeunesse sur plateau qui vous fait tendre l’œil, l’oreille et le cou en même temps ; et surtout la discrète et imposante Argyro Chiotti derrière son pupitre, qui lance le chant et garde serré le fragile équilibre, habile pilote de son jet-opéra. Spectacle pas toc et si le sens échappe parfois, on a confusément le sentiment qu’il se réfugie dans l’intensité du geste ou la générosité du don. Victoire du sensible ! MARIE-JO DHÔ
20 novembre et Silence ont été joués du 1er au 3 avril dans le cadre d’Arrêtons le gaspillage ! Silence © Christos Kiriakogonas
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THÉÂTRE
FESTIVAL DE THÉÂTRE AMATEUR
Résolument contemporain et toujours citoyen Le 12e Festival de Théâtre amateur se déroule d’avril à juin et les salles professionnelles ouvrent une nouvelle fois leurs portes aux amateurs… ce qui n’est pas le cas dans les autres régions et mérite d’être souligné. Autre particularité : le répertoire contemporain est à l’honneur, ce qui est révélateur d’une certaine exigence. Maurice Vinçon, directeur du théâtre de Lenche, souligne l’importance de cette «pratique artistique qui permet la cohésion sociale et l’apprentissage citoyen.» Tous les ans plus d’une trentaine de spectacles sont visionnés en vidéo par les membres du jury qui sélectionnent les participants, 9 troupes cette année. Quelques pistes ? des lectures mises en
espaces par Annie Perrot de 3 auteurs contemporains : Israël Horovitz, Nicolas Bonneau et Georges Perec, sur le thème du monde du travail (la Criée-17 mai-20h30) ; une rencontre autour de Jean-Luc Lagarce le lendemain à 20h30, avec François Berreur, metteur en scène fondateur de la maison d’édition Les solitaires intempestifs, et Yannick Butel, professeur à l’Université de Provence. De son côté Frédéric Ortiz fera travailler 3 troupes devant un public en les mettant dans une situation professionnelle (théâtre Off-24 avril-19h).
CHRIS BOURGUE
Vinaver dans le texte C’est de l’auteur lui-même, Michel Vinaver, s’exprimant à l’issue de sa pièce L’Emission de Télévision jouée le 9 avril, dans un Théâtre du Gymnase bondé, qu’est venu ce beau compliment à l’adresse de L’atelier du courant d’air : «je tiens à féliciter la troupe pour le souffle qu’elle a donné à mon texte» a déclaré l’octogénaire… et l’écrivain d’ajouter avec humour : «je me suis même demandé qui pouvait être l’auteur du crime !» De fait, la rigueur et l’intelligence avec lesquelles l’épatante compagnie marseillaise s’est emparée de sa farce contemporaine amère, prouvent que le
mot «amateur» peut rimer avec «valeur». Dans un décor fonctionnel, les comédiens ont incarné des personnages typés : un juge provincial ambitieux et sa secrétaire discrètement entichée, deux gueules de cinquantenaires (et leur dame) ex-chômeurs, mis en balance par des producteurs TV pour participer à un prime-time, une jeune journaliste prête à tout pour sortir de son trou, un toxico paumé à la filiation douteuse… De concert, les acteurs ont porté un texte très actuel avec acuité et mordant ! JACQUES FRESCHEL
Émission de télévision © X-D.R
Sur le front
Mathieu Solaire © X-D.R
Le festival a démarré avec un spectacle venu de Montpellier, créé en 2007 et couronné de plusieurs prix. Il s’agit d’un huis clos mettant en présence un acteur vieillissant qui vient distraire les soldats sur le front d’une guerre indéterminée, et un jeune soldat chargé de son intendance. L’époque n’est pas précisée, on ne sait rien sur cette guerre mais on entend la rumeur du champ de bataille. Les attaques s’intensifient, un dénouement terrible est inévitable. L’acteur Mathieu Solaire s’est inventé le personnage de Madame Olga, perruqué et drapé dans une robe de music-hall ; dans les coulisses il s’interroge sur le rôle du théâtre. Marc Delaruelle propose ici un texte souvent ampoulé accumulant des formules-choc,
forçant la métaphore entre l’acteur et le soldat, la scène et le champ de bataille. Le procédé est gênant, les effets outranciers renforcés par une mise en scène qui manque de sobriété. C’est dommage car les acteurs, Frédéric Mounier, tragédien sur le retour, et Pierre Jeannin, le troufion, sont animés d’une véritable ardeur. C.B.
Mathieu Solaire, mes Nadine Jadin-Pouilly s’est joué à la Minoterie le 2 avril
À venir La Cerisaie de Tchekhov, Gyptis. Cie Les Masqués, Malaucène. 29 avril. Festen de Vinterberg, Parvis des Arts. Cie La Grimace, Aix. 30 avril. Grand Peur et Misère du IIIe Reich, Toursky. Cie Emoi, Paris. 4 mai
Après la pluie de Sergi Belbel-Collège Izzo (Minoterie). Les voix de traverse, Paris. 21 mai 04 91 61 15 37 www.fncta13sudest.fr
JEU DE PAUME | NÎMES | AVIGNON
THÉÂTRE 19
Hugo n’y suffit pas «Le théâtre ce n’est plus seulement un échange de répliques !» s’insurgeait à la sortie un spectateur surpris par l’accueil enthousiaste que ses amis avaient réservé à ce Ruy Blas pépère. À voir… Au moins ici on avait le plaisir du texte, et on s’y laissa prendre, collectivement, longtemps, à plusieurs reprises. C’est déjà ça : ils sont nombreux ces spectacles de théâtre où la voix amplifiée, la vidéo, l’exposition des corps et la musique enregistrée tiennent lieu de seule dramaturgie. N’empêche qu’il avait raison, ce spectateur, le théâtre ça n’est pas seulement ça ! Le problème avec ce Ruy Blas monté par Mesguish (le fils) réside dans sa mise en scène, c’est-àdire dans sa façon de mettre en œuvre cet échange de répliques : dans ses
gags potaches (l’homme de main de Salluste en mafieux ritaloaméricain), dans sa bande son digest (du type les quarante plus beaux tubes du classique, en version j’arrête juste après l’exposition du thème) et dans ses jeunes acteurs, visiblement assez doués, mais qui passent du pire au meilleur selon les consignes de jeu qu’ils ont reçues. Le jeu de César et Salluste, daté, oscille sans choisir entre réalisme et caricature, distance ironique et psychologie. Fort heureusement la Reine et Ruy Blas s’en tirent mieux… même si les élans romantiques de leurs rencontres sont mis à sac par un pseudo onirisme qui les empêche d’aller au bout du pathos (pourquoi jouer Hugo si ce n’est par amour avoué du bon vieux pathos qui tache ?).
© Benjamin Renout Agence Enguerand
Finalement ce spectateur avait tort. Il n’est pas question de mode, de génération, de passé : le théâtre n’a jamais été seulement un échange de répliques, et ce jeu-là n’est pas à la papa :
simplement mal inspiré, et un peu fat. AGNES FRESCHEL
Ruy Blas a été joué au Jeu de Paume (Aix) du 30 mars au 3 avril
Sombre sauvagerie
© Mouss
Artiste associé du Théâtre de Nîmes cette année, Bruno Geslin y a créé Paysage(s) de Fantaisie, pièce coup de poing qui pose un regard sans concession sur le conditionnement et les mécanismes de la violence qui en découlent. Le metteur en scène qui
dit utiliser «le langage du théâtre pour interroger le monde d’aujourd’hui» s’est emparé du texte et de l’univers de l’auteur Tony Duvert (Prix Médicis en 1973), lequel écrivait à propos de son livre : «Les personnages de Paysage de fantaisie sont des enfants, c’est-à-dire un adulte moribond, puisque l’enfance n’existe pas. Car les enfants ne nomment pas l’enfance ; leurs jeux mêmes la nient, la tirent vers un ailleurs pourtant inhabitable : le monde adulte, la “réalité”.» L’enfance n’existe pas, et pourtant les garçons et filles qui peuplent cette histoire n’auront de cesse de la convoquer, images d’un passé qui les hante et dont ils ont bien conscience qu’il a disparu. Car ces jeunes-là sont enfermés, conditionnés, les garçons, meurtriers surveillés, dans un centre de détention de nos jours en Russie, les filles dans un pensionnat du XIXe où on les éduque sévèrement.
Les jeunes comédiens, formidables, fraîchement sortis du Conservatoire de Montpellier, sont donc répartis en deux groupes distincts, et se partagent la scène pour ces deux histoires différentes, et pourtant tellement similaires. Ils vont se rencontrer (comment? voilà peut-être la seule faiblesse de cette mise en scène) et finiront par s’infliger encore plus de souffrances, dans une violence presque insoutenable, en toute conscience. L’enfance s’est effacée, laissant place à une réalité implacable : la violence entraîne la violence. DO.M.
Paysage(s) de Fantaisie a été créé au Théâtre du Périscope, à Nîmes, du 24 au 26 mars
Finir en vers scène, ne ménage pas son énergie. Sur le ton de la dérision les personnages défilent, les chapeaux et faux-nez voltigent, les feux d’artifice crépitent, les chansons et l’accordéon s’animent. La comédienne se fait conteuse, conférencière, clown, brouilleuse de cartes pour disséquer et démythifier le tabou. Maline quand elle utilise une souffleuse de textes, profonde dans la scène des fossoyeurs, drôle et gouailleuse lorsqu’elle chante. Le tout saupoudré d’un métronome, autre fil rouge du spectacle, qui tente de nous rappeler que «la mort n’a rien de tragique». DELPHINE MICHELANGELI
L’Asticot de Shakespeare a été joué au Théâtre des Carmes/André Benedetto les 27 et 28 mars
© Piper Mavis
«Je suis la mère asticot. Des amoureux, des poètes et des fous, oh oui j’en ai mangé. Que tu sois mendiant ou roi, tu passeras par moi.» Prologue à son nouveau spectacle, crée au théâtre Sorano de Toulouse en début d’année, c’est tout naturellement que Clémence Massart a étrenné son Asticot de Shakespeare sur la scène des Carmes, rebaptisé théâtre des Carmes/André Benedetto. Il sera repris pendant le festival dans le port d’attache et de cœur de la truculente comédienne. D’ici là, elle aura sans doute rôdé cette proposition en forme de cabaret, intéressante et inédite, rassemblant des textes sur la mort, avec pour fil rouge l’œuvre du grand Shakespeare, mais aussi de Baudelaire, Giono, Michaux, Jankélévitch. Car le thème est vaste, poétique et philosophique, et les tirades métaphysiques mériteraient quelques dissections pour que le spectateur ne perde pas le rythme. Surtout que Clémence Massart, accompagnée de Philippe Caubère à la dramaturgie et à la mise en
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THÉÂTRE
ARLES | CHÂTEAUVALLON | CAVAILLON
Un cas d’espèce Un peu tordue la famille Coleman, pas méchante, de premier abord du moins, mais gentiment secouée. On se chamaille, on fait la tête, chacun s’impose comme il peut avec ses petits arrangements, et la vie va, un brin décalée. Chez la grand-mère où tout ce beau monde cohabite -tous sauf une des petites-filles, celle qui s’en est sortie-, les tensions sont palpables et audibles. Petit à petit les crispations se font jour, justifiées par la place de chacun au sein de la famille, car tous les enfants n’ont pas le même père (tous absents du reste), n’ont pas la même histoire, sans parler des personnalités très différentes de chacun. Le fragile équilibre s’effritera vite lorsque l’«abuela» tombera malade : dislocation du noyau familial, les caractères égoïstes se révèlent, entre mensonges et petitesses, sordides. La mise en scène sans esbroufe de l’auteur Argentin Claudio Tolcachir permet aux acteurs de se glisser avec énergie dans un texte souvent cruel, et de porter l’estocade finale dans un silence qui en dit long. Manquait peut-être un grain de fantaisie supplémentaire, celui qui fait irrémédiablement perdre pied et pousse l’absurde jusqu’à la folie, de celle qui justifie des identités si malmenées… DO.M. © Compagnie Timbre
Le cas de la famille Coleman a été joué à Châteauvallon le 27 mars, et au Théâtre d’Arles le 30 mars
Chevaleresque Pommerat Fin rapporteur des douleurs de l’homme social, Joël Pommerat déplace dans Cercles/Fictions ses habituelles mosaïques de situations «authentiques et personnelles», en les transplantant dans une représentation circulaire, au cœur du public. Public qui se retrouve prisonnier volontaire d’un cirque, tour à tour témoin, acteur et voyeur. Il file le tournis à cet auditoire qui, plongé régulièrement dans un noir inquiétant, se perd entre réalité et fiction, au milieu de ce théâtre de sensations où vice et vertu se confondent. Les fragments d’histoires s’enchaînent, singulières et tragiques, lui parlent, leur production est telle qu’on ne peut échapper à la magie de la scénographie absolument sidérante de maîtrise. Cette partition très léchée et totalement maîtrisée ne laisse place à aucune improvisation, sauf la nôtre, grâce à la conjugaison de talents réunis. Les comédiens, maîtres ou esclaves, sont d’une précision
© Elisabeth Carecchio
implacable. Les lumières stroboscopiques, inventives et oniriques d’Eric Soyer, se jouant du noir et du clair-obscur, sont d’une qualité exceptionnelle. La réalisation sonore de François Leymarie nous embarque dans un voyage acoustique déroutant. Une tension palpable qui ne nous lâchera pas, malgré
quelques longueurs et irrégularités. Ce ne sont pas forcément ces récits entrecroisés de domination, de guerre, de foi, d’abandon, d’humiliation, de bourgeoisie et de clochardise, de manipulation et de superstition, de laissés pour compte et de nantis, qui marqueront notre mémoire, mais le concept fantasmagorique dans lequel le plasticien Pommerat nous place. «Ce qui vous manque, c’est l’idéal des grands chevaliers d’avant. Il faut réintroduire les valeurs de la chevalerie dans nos sociétés.» La Table ronde ? Dans une vision finale hallucinante surgit ce chevalier. Illusion ? Une imagerie mentale au sommet de sa réussite. DE.M.
Cercles/Fictions de Joël Pommerat s’est joué à la Scène Nationale de Cavaillon du 31 mars au 2 avril
Deux fois dodo Quatre soirées durant, les poètes du quotidien que sont Yannick Jaulin et Michel Laubu, en «chantierrésidence» à la Scène nationale, ont confronté leurs univers devant une petite jauge de spectateurs charmés, la plupart fidèles à chaque rendezvous. Le premier est conteur, acrobate du langage, passeur de mots. Le second manie avec inventivité le théâtre d’objets et la marionnette. L’un est affable, l’autre sans voix. Ils ne se connaissaient pas, mais ont échangé
leurs jouets pour une rencontre quasi improvisée. Leur chantier imaginaire et surréaliste a plongé le spectateur au cœur de leur recherche. En tentant des possibles, sans aboutissement spectaculaire, ils ont démontré avec poésie que l’«errance avant consommation» était la base de la création. Une table/cène autour de laquelle le public assiste à un bric-à-brac improbable, un écran suspendu où des vidéos en direct jouent avec une
imagerie pas si enfantine, un palmier, un répondeur farceur, un animateur et une marionnette géante à la démarche troublante, cohabitent et échangent. Prétexte aux histoires ? le dodo, animal disparu de l’île Maurice : Michel Laubu travaille depuis longtemps sur le syndrome de l’insularité et Yannick Jaulin sur le thème de la gentillesse, où il a croisé le dodo. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer : De l’oisiveté et de l’art de la guerre chez les dodos et autres
peuples insulaires a croisé avec brio leurs talents, et chacun est reparti avec un bout de marionnette et d’imaginaire de l’autre. DE.M.
De l’oisiveté et de l’art de la guerre chez les dodos et autres peuples insulaires s’est joué au Théâtre de Cavaillon du 23 au 26 mars
AU PROGRAMME
THÉÂTRE
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Querelles Dégraissage Mal aimés Les Amoureux de Goldoni sont une comédie Le texte de Roland Schimmelpfennig est hélas La 18 promotion de l’ERAC présente son travail aux e
tapageuse qui allie une finesse psychologique inspirée de Marivaux à un sens de l’effet comique très commedia dell’arte. Gloria Paris met en scène ce texte délicieux, où deux jeunes gens amoureux mais querelleurs trouvent en leurs propres tergiversations les obstacles que leurs familles ne leur opposent pas… Dans un univers contrasté, en noir et blanc, les jeunes comédiens prennent le pari burlesque de la caricature… Avant cela, n’oubliez pas: le fourbe Scapin réinventé par la fantaisie et le talent d’Omar Porras est au Gymnase pour quelques jours encore… suivis par deux événements jeune public (voir p VIII). Les Fourberies de Scapin Jusqu’au 24 avril Les Amoureux Du 4 au 8 mai Le Gymnase 0 820 000 422 www.lestheatres.net
Crise de rire Crashcashocac !, dernière création de Léda Atomica Musique (LAM) se penche sur la crise et propose au spectateur de lui «faire réviser ses notions d’économie de façon drolatique, en chansons et en musique, en le plongeant dans un univers cruel et absurde, mais finalement proche de la réalité.» Quatre musicienscomédiens-chanteurs visitent un répertoire de textes de Brecht, Pierre Dac, Karl Marx, réorchestrés et dépoussiérés, aidés de Philippe Gouix qui crée le lien entre les chansons, et de la mise en scène de Patrick Rabier. Soyez les bienvenus dans le cabaret horrificohumoristique de LAM qui se joue au Théâtre Marie-Jeanne du 23 au 25 avril ! Léda Atomica Musique 04 96 12 09 80 ledatomica.mus.free.fr
Bernardines. Les Crimes de l’amour rapprochent deux textes très étrangers par leur époque et leur esthétique -La dispute de Marivaux et Contention de Gabily- mais finalement assez proches par leur thème, et leur défiance des mots, qui parlent beaucoup pour mal dire… La mise en scène est de Nadia Vonderheyden, aidée à la dramaturgie par Bruno Tackels, et à la chorégraphoie par Aurélien Desclozeaux.
d’une actualité qui n’a de cesse de devenir plus brûlante : le monde de l’entreprise, avec sa compétitivité vitale qui se mue en lutte cruelle, sa philosophie angoissante de l’insécurité de l’emploi qui dresse les cadres les uns contre les autres, lui a inspiré ce Push Up, mis en scène par Gabriel Dufay avec sa jeune compagnie issue du Conservatoire de Paris. Des dialogues acides, entrecoupés de monologues confessions, qui disent la dureté de l’entreprise, mais aussi des relations humaines dans un monde en crise morale.
Les Crimes de l’amour Les Bernardines Jusqu’au 24 avril 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org
Push up Du 27 au 30 avril La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Autrement Théâtre et histoire Confirmant leur volonté d’arrêter le gaspillage (voir Une journée à ne pas manquer, proposée par l’histo- p.17) les Bernardines s’associent à La Minoterie pour donner à Xavier Marchand une carte blanche. Il s’agit d’occuper les théâtres à des horaires inhabituels, le dimanche matin avant un brunch, l’après-midi et pourquoi pas le soir, avec des pièces courtes, de 15 minutes à une heure, mettant sur scène de 1 à 3 acteurs, pour des textes lus ou mis en scène, des performances, des reprises de petites formes que Haïm Ménahem, Alain Fourneau, Xavier Marchand bien sûr, mais aussi Noël Casale ou Suzanne Joubert (voir p 56) avaient dans leur tiroir, leur mémoire ou leurs envies. Il y aura aussi : des installations de Julie Maret, et des ateliers autour de Shakespeare et de Joyce… De quoi mettre en mouvement la fin de saison !
rien Gérard Noiriel, à la Minoterie : d’abord une rencontre autour de son livre Histoire, théâtre et politique, paru chez Agone, qui interroge les formes possibles d’un théâtre politique qui lutte en particulier contre les réécritures, et les silences, de l’histoire (voir Zib 22). Puis Chocolat, une pièce qui rappelle, à travers l’histoire du clown Chocolat qui, au XIXe siècle mettait en scène avec son acolyte clown blanc, la domination raciale. La conférence spectacle, destinée à tous à partir de 14 ans, est à mettre entre toutes les oreilles. Chocolat Le 24 avril Précédé d’une rencontre avec Gérard Noiriel à 15h La Minoterie 04 91 90 07 94 www.minoterie.org
Carte blanche à Xavier Marchand Du 7 au 22 mai La Minoterie, Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org 04 91 90 07 94 www.minoterie.org
Traversées Musica ! La compagnie l’Orpheline est une épine dans le pied Quelques jours encore pour profiter du Médecin présente sa nouvelle création, Terra Cognita sur l’im-
Les Bancs publics 04 91 64 60 00 http://bancspublics.free.fr
Rêveries Entre le premier Voyageur immobile de 1995 et les
Babel Oued © Mathias Poisson
Le médecin malgré lui jusqu’au 24 avril Le Flâneur le 5 mai à 14h et 19h15 Mozart/Salieri Les 18 et 19 mai Le Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com
migration algérienne, les doubles racines, mise en scène par Guillaume Quiquerez et Julie Kretzschmar du 22 au 24 avril. Puis laisse la place à Virginie Thomas et Mathias Poisson pour une Lecturade méditerranéenne les 7 et 8 mai.
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malgré lui, puis le Gyptis fera sonner son espace musical pour finir sa saison : Le Flâneur, un poème électronique de Jean-Louis Clot pour quatuor vocal et bande produit par le GMEM, prolongera le Festival les musiques avec la reprise de cette production maison de 2006, commande d’État faite au compositeur contemporain d’après L’Homme des Foules, d’Edgar Poe, et interprétée par quatre excellents chanteurs de la région (Felicitas Bergman, Marie Prost, Alain Aubin, Laurent Grauer). Et de la musique encore, avec un spectacle en forme d’audition inspirée de Mozart et Salieri (voir p 44).
Voyageurs immobiles de 2010, Philippe Genty a poursuivi l’exploration de la planète, au-delà des océans et des déserts. Le personnage qui traversait ses paysages intérieurs n’est plus seul aujourd’hui, accompagné par un groupe, une humanité… De quoi donner au spectacle une autre dimension, toujours plastique et visuelle, mais comme décuplée car les paysages visités sont ceux des rêves et de l’inconscient. Philippe Genty invente une nouvelle fois un continent, riche et coloré, intriguant, entre rêve et réalité. M.G-G.
Voyageurs immobiles Compagnie Philippe Genty du 22 au 24 avril 21h Théâtre Toursky 04 91 02 58 35 www.toursky.org
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THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Frissonnant
Endiablé Incorrect Yolande Folliot et Romain Bouteille réunis dans On n’arrête plus Christophe Alévêque qui devient, la comédie fulgurante et foisonnante de Shakespeare Tout est bien qui finit bien, c’est le gage d’un sacré moment de théâtre ! Alors, quand Pierre Beffeyte mise sur une adaptation proche de l’esprit des Monty Python ou du cartoon style Tex Avery, on se dit qu’il faudrait être fou pour ne pas s’amuser en si bonne compagnie. D’autant que le verbe est superbe et le rythme endiablé.
pour son dernier spectacle, Super rebelle !… Enfin, ce qu’il en reste. De beaux reliquats, qui lui permettent de continuer à épingler joyeusement le milieu politique, à titiller les consciences, faisant de la mauvaise foi sa marque de fabrique, un anti-brouillard salvateur. Christophe Alévêque est Super rebelle !… Enfin, ce qu’il en reste Le 30 avril à 20h30 Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr
Tout est bien qui finit bien Le 4 mai Salle Émilien Ventre, Rousset 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com
Héroïque Inspiré de deux romans d’Alphonse Daudet, Tartarin
Impro-bable Les Bonimenteurs, alias Didier Landucci et Jean-Marc Chair de ma chair © Marinette Delannéc
C’est l’histoire du destin fragile d’une enfant de la balle raconté à travers le langage visuel de la marionnettiste allemande Ilka Schönbein, «mi-magicienne mi-sorcière», et le texte poignant d’Aglaja Veteranyi, Pourquoi l’enfant cuisait dans la polenta. Puisant dans cette matière sensible -la vie brisée d’une adolescente exilée et violentée-, Ilka Schönbein crée un tableau aux images très corporelles : objets métamorphosés, masques et grimaces, décors, musique, jeu d’actrice et de marionnettiste, bribes de vêtements. Tragique mais sans désespérance, Chair de ma chair ne laisse personne indifférent. Chair de ma chair Les 21 et 22 mai Théâtre de Grasse (06) 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Anges du chaos Le 27 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com
Les Bonimenteurs Mes Carlo Boso Le 11 mai Salle Émilien Ventre, Rousset 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com
Tartarin Du 23 au 25 avril Théâtre de la Calade, Arles 04 90 93 05 23 www.theatredelacalade.org
Sanglant Multitudes Conçu et réalisé par Bruno Geslin, artiste associé au Adaptée du livre éponyme de Philippe de la GenarThéâtre de Nîmes cette année, Crash(s) ! Variations est très librement adapté du roman Crash de James Graham Ballard. Empruntant à la fois à la performance, au film de série B, au roman photo, à l’iconographie pornographique et à la poésie, la pièce expérimente les thématiques particulières liées à l’accident de voiture, dénonçant l’impact «furieux des technologies industrielles sur nos vies, nos comportements, nos corps notre imaginaire et notre sexualité.»
dière, et mise en scène par Alain Timar, la pièce Simples mortels dresse un tableau somptueux de notre postmodernité, de la chute du mur de Berlin à l’effondrement des tours jumelles en septembre 2001. Des mutations qui influent sur nos destins, liant la petite histoire à la grande, les détresses du monde aux nôtres. Simples mortels Du 27 au 30 avril à 20h30 Théâtre des Halles, Avignon 04 90 85 52 57 www.theatredeshalles.com
Crash(s) ! Variations Du 31 mai au 4 juin Salle des expositions, stade des Costières Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
Animalités Du comportement animal au comportement humain il n’y a qu’un pas, que nous proposent de franchir Yannick Jaulin et Angélique Clairand par le biais d’un spectacle au titre évocateur : La bête à deux dos ou le coaching amoureux. En mélangeant le «love coaching» avec les bases scientifiques de l’éthologie, L’Art d’aimer d’Ovide à l’explication du Mythe des androgynes de Platon ou de la métaphore rabelaisienne de la Bête à deux dos, les deux artistes concoctent une véritable remise en forme des animaux que nous sommes ! Crash(s) © Alain Monot
du chaos est une pièce tirée de la tragédie moderne de Michel Azama et troisième volet de sa trilogie Sainte famille. Pour faire entendre l’histoire de cette folle journée (quatre personnages qui s’aiment et se déchirent), le metteur en scène Frédéric Valet mêle ponctuations marionnettistes (des pantins sans vie qui finiront par disparaître), projections vidéo, voixoff chuchotées, masques et ombres, acteurs en chair et en os. Après une journée chaotique viendra la nuit, tumultueuse mais libératrice…
Michelangeli, forment un duo de choc. Drôle et pétaradant ! Entre théâtre et improvisation, leur spectacle entraîne dans son tourbillon les spectateurs qui, sur de petits bouts de papiers, proposent les sujets du soir… Du coup, la surprise est au bout de la nuit avec une prestation menée tambour battant par deux as de la voltige verbale et du comique populaire.
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Chaotique Création 2010 de la compagnie Hors champ, Anges
de Tarascon et Port Tarascon, le Tartarin conçu, réalisé et interprété par Henri Moati éclaire sur le personnage –l’un serait plutôt Don Quichotte, romanesque et romantique, l’autre plus proche de Sancho Pança, court sur patte et amateur de bons chocolats chaudset sur l’époque de Daudet, de la colonisation de l’Algérie au quotidien d’une petite ville de Provence. Olivier Renne accompagne de sa musique le comédien et ses petits personnages sur scène.
La bête à deux dos ou le coaching amoureux Le 27 avril à Oppède Le 28 avril à Joucas Le 29 avril à Mérindol Le 30 avril à Châteauneuf-de-Gadagne Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
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Facho La pièce de Rémi de Vos s’introduit avec violence à
réunissent par trois fois en dix-huit ans pour évoquer l’absent, le monstre, le maître : Donatien Alphonse François, plus connu sous le nom de Marquis de Sade. Sauf que le «divin marquis» est justement le grand absent de cette pièce écrite par Mishima, sorte de spectre effrayant et fascinant, n’apparaissant en filigrane qu’à travers les révélations des femmes… Jacques Vincey en offre une lecture flamboyante, à la croisée du théâtre japonais et du théâtre français du XVIIIe siècle.
l’intérieur d’un massacre banal : un couple, violent, raciste, vit une dispute extrême, où tout se déballe en une impudeur terrifiante. Comme toujours chez Rémi de Vos il s’agit de s’introduire mine de rien dans les enfers mentaux qui peuplent les têtes ordinaires, lobotomisées par le jeu social. Victime bien sûr, mais à deux doigts d’être bourreau. La mise en scène de Dag Jeanneret a été unanimement saluée partout où Occident a été vu…
La mourre © Milan Szypura
Peut-on échapper aux étiquettes ? Il semblerait que ce soit difficile ! Les jeunes artistes issus des dernières promotions du Centre national des Arts du cirque de Chalons se plaisent à brocarder le désir d’identité dans La Mourre, spectacle qui mêle le théâtre aux arts du cirque. Pour faire valser les préjugés, la compagnie la Scabreuse fait se télescoper les registres, à la fois très physiques et langagiers, des jeux des corps aux jeux de mots. Poursuivant son travail sur la notion de liberté, La Scabreuse traque avec fraîcheur l’assignation sociale et la pseudo liberté que chacun s’octroie. Oscillant entre le burlesque et le tragique avec force acrobaties et jongleries, les jeunes circassiens bousculent au passage le regard que l’on porte sur l’autre et sur soi.
Annulation Le spectacle Les Lendemains qui tremblent de Paul Fructus prévu les 27 et 30 avril au Théâtre le Sémaphore est annulé, la compagnie n’ayant pas réussi à réunir les moyens nécessaires. Il est reporté à la saison prochaine, rebaptisé A quoi on joue ?, coréalisé avec le Comité des Œuvres sociales des communaux de Port-de-Bouc, les 3 et 6 mai 2011. Théâtre le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Occident © Marie Clauzade
Que d’espoir ! Théâtre des Halles, Avignon Du 13 au 16 mai 04 90 85 52 57 www.theatredeshalles.com La Colonne, Miramas le 18 mai 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr Théâtre Vitez, Aix Le 20 mai 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com
À table ! Le Banquet fabulateur, création collective de la Cie Parnas est un peu comme un miroir brisé de théâtre. Des petits bouts partout, tous brillants, drôles, terrifiants, légers, pathétiques, qui ensemble tiennent une discours sur ce qu’ils sont, et font l’apologie de la fabulation. Du récit, sans jamais en mener un au bout, de l’incarnation, en l’entrecoupant sans arrêt d’ironie, des larmes qui pleurent vraiment comme seul le vin se boit…. C’est convivial, bourré de talent, intelligent, et abordable dès l’adolescence dans la Cour de l’Archevéché -quel cadre pour un banquet de mots !
Aux sommets Marie José Malis revient au théâtre Vitez, après son Prince de Hombourg grandiose, présenter une forme «de faible intensité». Une promenade sur les traces de Robert Walser, écrivain marcheur qui arpenta les Alpes au début du XXe siècle, et y écrivit son renoncement à écrire… Un orage serait bien beau, ici Les 27 et 28 avril Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com
Le banquet fabulateur Du 4 au 6 mai Cour de l’Archevéché, Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
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La Mourre Le 29 avril Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
Que d'espoir © Delphine Michelangeli
Agnès Regolo met en scène une comédie cruelle d’Hanokh Levin. L’auteur israélien y dit de la façon la plus crue les désirs étrangement infantiles qui traversent la tête de personnages divers, tous à la merci de leur volonté de domination. La pièce est crue, faite de petits textes et chansons, comédie humaine désabusée, et drôle. Agnès Regolo, metteur en scène marseillaise et comédienne d’une très belle énergie, crée la pièce avec le collectif musical Inouï.
Ateliers Comme chaque année le théâtre des Ateliers accueille, dirige et promeut le travail de création de l’option théâtre du Lycée Cézanne. Cette année ils ont exploré l’écriture de Jean-Luc Lagarce et proposent trois spectacles différents faits de divers textes. Une manière pour les jeunes d’aller vers un des plus grands auteurs contemporains, et d’y amener leurs proches, en alliant formation, culture et représentations. La semaine de l’option Du 5 au 8 mai à 18h, 20h et 22h Théâtre des ateliers, Aix 04 42 38 10 45 www.theatre-des-ateliers-aix.com
Le banquet fabulateur © Serge Boudin
Sus aux identités
Occident Du 20 au 22 mai Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
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Madame de Sade Compagnie Sirènes Le 7 mai 04 94 50 59 59 Théâtres en Dracénie, Draguignan www.theatresendracenie.com Le 10 mai (programmation des ATP) Pavillon Noir, Aix 04 42 26 83 98 www.preljocaj.org
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DANSE
PAVILLON NOIR | BALLET D’EUROPE | MERLAN
Toréer la danse La compagnie de Thierry Malandain, le Ballet Biarritz, est un phénomène, une exception dans le paysage chorégraphique français. Par son succès d’abord, qui s’exporte avec bonheur et soulève l’enthousiasme des salles, et par sa technique : les autres centres chorégraphiques nationaux ont peu ou prou abandonné le savoir-faire classique -en tant que technique de corpspour adopter et affiner des vocabulaires contemporains inspirés des techniques modern, ou traditionnelles, ou baroques, ou… Pour autant la danse du Ballet Biarritz n’est pas rétrograde : elle aussi invente du geste, imposant un autre néoclassicisme que celui de Forsythe qui tendait les corps vers une élévation et un étirement absolu. Malandain les modèle en des carapaces de muscles, dont il exhibe les exploits, et la solidité, l’aridité de la chair durcie. Ils ne s’affinent pas en lignes pures, non, ils ouvrent, les bras, les genoux, font des attitudes, des portés acrobatiques rigides, et toujours franchement obliques. Même leurs exploits de souplesse, de contorsion, se font dans une tension extrême qui ne cherchent pas à s’élever, mais à écarteler… Avec cela Malandain ose raconter des histoires par les corps -ce qui lui vaut d’être honni par certains, et adoré du public. Dans Carmen l’ingéniosité théâtrale des décors, la dramaturgie limpide, et la parfaite adéquation entre les élans de la musique et ceux des corps sont indéniables. Il propose une véritable relecture du mythe, où la gitane est une incarnation érotique lumineuse, et
Carmen © Olivier Houeix
Don José un raide serviteur de la mort. Quant à son Amour Sorcier, plus abstrait, il est un poème de flamme, de désir et de cendres, jouant à peine de quelques espagnolades, et architecturant remarquablement la scène de ses seuls mouvements de groupe. Pourtant l’intelligence de la dramaturgie et la qualité de l’exécution -qui correspond visiblement aux intentionslaissent l’émotion à la porte. Les duos
d’amour, en particulier, sont terriblement froids. Sans relâché, sans abandon, sans délicatesse, exécutés par des corps presque nus, mais armés. Ce qui vous donne l’impression étrange qu’il vous faudra après distribuer des notes, comme lors d’une épreuve sportive. Les danseurs viendront d’ailleurs recueillir un à un les applaudissements. En bons interprètes classiques qui, tels des chanteurs d’opéra, ont accompli
un exploit, et attendent une reconnaissance personnelle. Comme des toreros, Carmen oblige ? AGNÈS FRESCHEL
Carmen et L’Amour Sorcier ont été dansés au Pavillon Noir du 7 au 9 avril
Jean-Charles Gil poursuit sa singulière recherche : dans le même programme que Le Petit Prince (voir p V) il proposait un duo masculin, création conçue dans le cadre de sa coopération avec Tanger. L’argument d’un naufrage, prétexte au sens strict, fait plonger les corps dans l’apesanteur et modifie les obstacles, inventant dans l’air les énergies de l’eau et de ses courants. Les deux corps, très dissemblables -l’un est SisQo, breaker marocain et l’autre Fabrice Gallarraue, le danseur le plus éthéré du Ballet d’Europe- dansent chacun les partitions fluides attendues -l’un breake au sol, l’autre s’étire, roule et déboule-, puis rapproché par les courants ils
Udor Polimatès © Agnès Mellon
Apprendre de l’autre semblent nager ensemble, intriquer leurs corps, emprunter à l’autre ses mouvements, sans aboutir d’ailleurs à une gestuelle commune qui ne pourrait que nier leurs individus. Dans les plus jolis moments l’eau semble couler entre eux et leur permettre, relâchés, de flotter ensemble. Et même si SisQo emprunte beaucoup plus à Fabrice, qui va au sol mais cède moins aux gestes de son compagnon, la rencontre est fluide… A.F.
Udor Polimatès (Eau savante) a été créé à La Friche les 1er et 2 avril
Matière vivante En invitant le chorégraphe Virgilio Sieni autour de trois propositions, Le Merlan a entrouvert la porte sur une œuvre «savante et mystérieuse», magique et énigmatique aussi. Formé entre sa ville natale de Florence, Amsterdam, New York et Tokyo, Virgilio Sieni a construit un univers où cohabitent les techniques de l’improvisation (poussée à l’épure dans Solo Goldberg improvisation), le théâtre, la poésie et la philosophie (La natura delle cose en est une illustration exemplaire) et, plus singulière encore, la mise en jeu des corps des spectateurs (projet L’art du geste dans la Méditerranée). Le public du Merlan en a fait l’expérience, à l’issue de son solo, amené avec douceur et fermeté vers un acte poétique partagé : sans rupture, plutôt comme un prolongement des notes de J.-S. Bach, les corps de quatre spectateurs ont pris la pose guidés par le maître de scène. Exercice de style structuré à vue d’œil qui contrastait avec la fluidité du solo de Virgilio Sieni qui, entre deux silences, jouait une partition vivante. Une «improvisation» sans cesse réinventée depuis plus de 12 ans au rythme des 30 variations, tantôt en un frissonnement subtil, une ondulation animale, tantôt en une secousse désarticulée depuis le bout des doigts jusqu’aux pieds. Des pieds qui souvent sont seuls à danser, saisissant ! Tel un archet cillant l’air, son corps n’écoutait plus Bach, il était sa musique. Avec La natura delle cose, inspirée du poème philosophique de Lucrèce De Natura rerum, Virgilio Sieni aborde la danse de groupe comme Le Bernin un bloc de marbre : il sculpte les corps,
la natura delle cose © X-D.R
joue des volumes, crée une perspective avec les rideaux opalescents qui les enferment, invente des accessoires (une tête de cheval noir, une main gigantesque). Les figures sont complexes, les compositions sophistiquées, les enchevêtrements quasi impossibles: une danse «maniériste» à l’image des tableaux du Caravage dont la lumière irradiante révèle l’expression dramatique des visages. Ici, ce sont les métamorphoses de la danseuse masquée, tour à tour enfant, femme et vieillarde, qui expriment la nature des choses. De la vie à saisir, comme le prescrit le poète épicurien. Tandis que les corps des danseurs sont éloquents, secoués de spasmes ou de tressaillements, dans une sorte de désespérance. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Solo Goldberg improvisation et La natura delle cose ont été joués au Merlan les 30 mars, 1er et 2 avril
la natura delle cose © X-D.R
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DANSE
AU PROGRAMME
Soli en double
Contemporain Débordant Il y a toujours un peu de danse au Festival Les Musiques du GMEM, ce qui donne (enfin !) l’occasion de voir des chorégraphes contemporains s’attacher à écrire sur de la musique un peu complexe, et de leur temps. Deux propositions cette année : le couple Moussoux/Bonté chorégraphie Khoom de Scelsi (de la danse voltige pour une musique transcendante interprétée par l’ensemble Musiques Nouvelles, le 22 avril à La Friche) ; et Thierry Thieû Niang s’attaque à forte partie avec quelques chefs-d’œuvres pour violon (Boulez, Berio, Morton Feldman et Wolfgang Rihm !). Il s’agit, comme toujours dans son univers, d’établir des contacts sensibles entre deux univers dissemblables, la danse portée par le duo qu’il forme avec Stéphanie Auberville, et le violon virtuose ou lyrique de Saori Furukowa, qui s’attaque ici à des pièces d’une extrême difficulté. Comment la danse survivra-t-elle ? Car la musique est ici Au Zénith, au centre comme une tâche solaire (le 26 avril à 19h et 21h, la Friche).
Dos à deux «À deux, c’est mieux», semble vouloir dire Geneviève Sorin qui, après avoir créé Sur paroles avec Lulla Chourlin, invente une histoire de couple pour un couple de danseurs : Une scène pour deux. Sa performance chorégraphique interprétée par Maxim Kopistko et Clarence Mugnier met en présence deux vies, deux manières d’arpenter l’espace, deux corps qui vont de long en large, en l’air, derrière, plus haut, tête en bas. Mais chacun de son côté.
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Une scène pour deux Geneviève Sorin Le 27 avril à 21h Théâtre Toursky 04 91 02 58 35 www.toursky.org
Geneviève Sorin © Agnès Mellon
© Agnès Mellon
Thierry Thieû Niang ne va pas chômer : les 20 et 22 avril il danse ses Voltes dans les rues d’Aubagne, le 26 il crée Au Zénith au GMEM, et du 27 au 29 il enchaîne sur de courts préludes dansés, précédant des projections, au cinéma Renoir à Martigues ! Il tente ainsi, avec quelques proches, de nouer des contacts qui débordent la danse, pour construire avec d’autres artistes, d’autres langages autour d’un propos commun. Volte Thierry Thieû Niang Du 27 au 29 à 19h Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Dambë Salia Sanou Concert d’un homme décousu Seydou Boro Les 11 et 12 mai à 19h30 Le Merlan, 04 91 11 19 20 www.merlan.org Le 8 mai à 20h30 Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
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Les Musiques 04 96 20 60 10 www.gmem.org
Les «poussières de sang» sont retombées au sol dans des volutes de révolte, cédant la place à deux solos intimes : Dambë de Salia Sanou, qui se laisse rattraper par son enfance et retrouve son village natal au Burkina Faso, accompagné en chemin par les mélopées rauques et lancinantes de Maaté Keïta, leurs deux corps parfois se frôlant… Et Seydou Boro qui se met en danger dans Concert d’un homme décousu, l’âme troublée et le corps noué. La présence des cinq musiciens suffira-t-elle à panser ses blessures ?
Dambë © Antoine Tampé
Rappel ! Découvrez-vous de tous vos fils en ce printemps nouveau, pour aller goûter dehors/dedans le temps de danse de la ville d’Aubagne. Au programme il vous reste 10 jours échevelés, avec Christine Fricker pour vos enfants, le BNM à la Penne (voir p 11), un bain pris au dehors avec Sara Martinet, le top des claquettes (Fabrice Martin et son Shoebiz) et du hip hop urbain (Artmacadam), et les Voltes Thierry Thieû Niang (voir ci-dessus). Sans parler du très beau solo de Nosibor, et du talent de Kubilaï Khan pour deux créations en duos musicaux. Pour tous les (bons) goûts ! Danse en avril Jusqu’au 30 avril Divers lieux, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
En commun Quand Jawole Willa Jo Zollar rencontre Germaine
Sinfonia éroïca le 7 mai Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
© Herman Sorgeloos
Les écailles de la mémoire Le 29 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
depuis 2005, y a repris en 2006 Sinfonia Eroïca, créée 15 ans plus tôt lorsqu’elle fonda sa compagnie. La pièce explore, avec un vocabulaire corporel proche de celui d’Anne Teresa de Keersmaeker pour qui elle a beaucoup dansé, le rapport à la musique (Mozart, Beethoven bien sûr, et Hendricks), mais surtout les passements entre les corps, comment les énergies se combinent, se déplacent, modèlent l’espace. Un peu brouillonne parfois, rude physiquement, la pièce déroule d’étranges essoufflements, graves, souvent fascinants.
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Acogny, un lien immédiat s’établit entre la chorégraphe afro-américaine et la Sénégalaise. Ensemble elles décident d’écrire un spectacle et d’unir les 15 danseurs de leurs compagnies. Pour une danse africaine retrouvée, contemporaine et ancrée dans le sol, explorant avec énergie et passion les thèmes de l’amour, la résistance, la mémoire.
Symphonique Michèle Anne de Mey, qui co-dirige Chaleroi danse
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Interchangeables Lèse-vitrines Quatre corps masculins, portant le même masque. Christine Fricker installe des corps de performers, Thomas Lebrun chorégraphie, sur la musique électronique de Scanner, une parade qui prend l’eau, des corps qui cèdent et, tout à coup, cessent de mimer l’autre et abandonnent les clichés virils… © Samuel Duplaix
Le Théâtre a accueilli en résidence de création la cie nîmoise de Zéline Zonzon. La chorégraphe y a composé un trio où les corps de multiplient et tracent l’espace : grâce à des capteurs thermiques, des souffleries et des retransmissions numériques, apparaissent derrière eux tous les spectres du mouvement… Se souvenir que l’air nous porte Zéline Zonzon Les 28 (19h) et 29 avril (20h) Théâtre Christian Liger, Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
Switch Le 4 mai Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Inventaires des corps mouvementés Les 7, 10 et 11 mai à 12h, 14h30 et 17h Espace Culture, Marseille 04 91 64 11 58
Class ! Les 10 danseurs emmenés par Anthony Egea empruntent une voie peu commune au breakers : ils emmènent le hip hop vers les territoires étirés et perfectionnistes d’un Ballet presque classique, au son de Vivaldi, Ravel ou Franck II Louise. Une recherche qui aboutit souvent à des bijoux surprenants…
Pantsula !
Urban Ballet Rêvolution Le 30 avril Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.com
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Voisins Farid Berki, chorégraphe chti, travaille sur la notion
quatre à la fois, dans les vitrines de l’Espace culture… À partir de gestes quotidiens, de marche plus que de danse, mais dans des champs très restreints, il s’agit d’interroger le corps quotidien dans un contexte décalé. Et de recueillir les réactions des passants, à des heures de grande affluence, sur La Canebière où ils ne passent pas sans voir…
d’identité complexe. Deng deng est un trio symbolisant la triple culture du Tchad, chrétienne, musulmane et animiste, les tiraillements et les rapprochements possibles, dans un espace clos. Un hip hop qui conduit sa révolte vers un propos, sans abandonner la virtuosité haletante…
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Deng Deng Le 11 mai La Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr
Urban ballet © Jean-Jacques Mahé
Américaine Elle est un des membres fondateurs de la Judson dance company, qui, dans les années 60, révolutionna la danse en la rapprochant de l’art politique de la performance… Yvonne Rainer est invitée par Marseille Objectif danse pour deux pièces fortes : Ros Indexical, qui revisite le scandale de la création du Sacre, et Spiraling down, qui se joue des clichés (photographiques) du monde du sport et du cinéma. Un événement, auquel vous pouvez assister avec votre Carte Flux (voir p. 10).
Deng Deng © Jérémie Roborg
Indienne et… Elle fut interprète chez Pina Bausch et Sankaï Juku…
© Paula Court - Courtesy of Performa
Namasya Le 12 mai L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
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Shantala Shivalingappa n’est pas une danseuse indienne comme les autres. Influencée bien sûr par les styles traditionnels, en particulier le kuchipudi, danse sacrée rythmée, les solis de Shantala Shivalingappa empruntent aussi à l’esthétique japonaise d’Amagatsu et à la danse théâtre. Pour atteindre une beauté toute particulière.
Yvonne Rainer Les 7 et 8 mai La Friche, Marseille 04 95 04 96 42 www.marseille-objectif-danse.org
Woza © John Hogg
Ils tiennent leur nom d’un des plus grands townships de Johannesburg. Créée en 1972 juste après l’abolition de l’apartheid, la compagnie avait pour ambition de mettre en lumière une des pratiques collective de la jeunesse les plus vivaces : la culture Pantsula (se dandiner en Zoulou) est un art de la danse mais aussi de la musique, de la langue, de la représentation un brin frime et «roulade». Formidable de vitalité, en tous les cas, et d’affirmation de soi ! Via Katlehong Dance a depuis cultivé toutes sortes d’influences, pour fabriquer des spectacles enjoués et entraînants, à voir en famille. Woza Via Katlehong Dance Du 27 au 30 avril Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org
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CIRQUE
CITÉ CIRQUE | TENDANCE CLOWN | MIDI NET | CITRON JAUNE
Corde sensible
Vitrine vivante de la création circassienne et du théâtre de rue, Cité cirque fait son festival du 15 mai au 1er juin dans les Hautes-Alpes
Ils sont venus de France, d’Italie et même de Russie ! Les clowns débarquent en force à l’occasion du 5e festival Tendance Clown (30 avril-30 mai) décliné en trois lieux : la rue (kiosque de La Canebière et cours Julien), le théâtre (Daki Ling) et le chapiteau (Gardens aux anciens abattoirs St-Louis). Des espaces propices à illustrer les différentes tendances des arts clownesques selon le Daki Ling qui conjugue au présent découverte, proximité et convivialité. Et embrasse tous les genres pourvu que la magie opère ! Le Cirque As pa de Maïoun avec Yann Ecauvre (trampoline, boule, acrobaties) et le Tony Clifton Circus (Italie) arpenteront les rues marseillaises tandis que la clown Proserpine, interprétée par Caroline Obin (L’Apprentie compagnie) reprendra du service en se rêvant rock-star sous les feux brûlants du chapiteau Gardens. Au Daki Ling, place à la Compagnie de l’autre et sa curieuse thérapie de groupe, au solo de Boris Arquier à la fois DJ céleste et clown de BD (Cie Microsillon), à la conférence magistrale de Mlle Morot (Cie O.P.U.S), à la Cie N°8 qui mêle danse et théâtre absurde, et aux artistes russes Les Licedeï pour un cabaret clown truffé de trouvailles étonnantes. Pour parfaire ce tour de piste, le festival dévoile l’envers du décor et la «vraie» vie des clowns, faite de travail et d’efforts ininterrompus, en invitant les classes de 2e et 3e année de l’École du Samovar de Bagnolet à une déambulation dans les rues et à un cours public donné par leur directeur, Franck Dinet, dans l’espace intime du théâtre. De quoi prendre la mesure du grand écart…
Le festival Cité cirque enfile ses «bottes des sept lieues» pour parcourir à grandes enjambées Gap, Briançon et les 7 villes des Excentrés. L’événement concocté tous les deux ans par La Passerelle à Gap et Le Cadran à Briançon donne à voir toutes les facettes du nouveau cirque et du théâtre de rue. Il revient à Jérôme Thomas d’ouvrir le bal avec la pièce jonglée, à la fois sonore et plastique, Untitled #3, conçue pour un espace muséal. Ça tombe à pic au Musée muséum départemental à Gap ! Doublement présent, Mathurin Bolze offre un moment de danse et d’acrobatie en compagnie d’Hedi Thabet dans Ali, et un voyage entre ciel et terre sur un radeau défiant les lois de l’équilibre dans Du goudron et des plumes. La fête continue avec la chorégraphe Nathalie Pernette qui fait se rencontrer l’homme et l’animal dans une courte pièce, Pedigree, autour de L’histoire de la truffe de Jean-Bernard Pouy chuchotée en voix off au public. Attention, ce spectacle ne doit pas arriver jusqu’aux oreilles des enfants ! Au parc de la Pépinière toujours, Yannick Jaulin explique à l’aide d’exemples pratiques nos comportements amoureux : La bête à deux dos ou le coaching amoureux est une histoire aussi loufoque qu’impertinente et décalée. Le Théâtre Dromesko revient en force (après La Baraque, cantine musicale en 2006) et au grand complet (comédiens, danseurs, acrobates, musiciens tziganes, marabout et toute leur ménagerie…) dans Arrêtez le monde, je voudrais descendre. Dans un tout autre registre mais avec le même sens du désordre ordonné, la compagnie Pré-O-Ccupé / Nikolaus se laisse Raté-Rattrapé-Raté par des boîtes en carton, un pantalon qui tombe, un œuf qui explose… De drôles d’histoires racontées avec les langages du corps, du clown et de la parole. Enfin, sillonnant les routes du département, le duo de choc Domi &
Arrêtez le monde, je voudrais descendre Théâtre DROMESKO © Christian Berthelot
Cirque en mai
Claude posera sa caravane dans les villages, perpétuant ainsi la tradition foraine (voir page II Cahier Jeunesse). M.G.-G.
Cité cirque Festival de cirque et de théâtre de rue Du 15 mai au 1er juin Gap et Hautes-Alpes 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
M.G.-G.
Le festival s’accompagne d’une exposition, Acrobates et Motifs, à découvrir du 11 au 23 mai au Daki Ling. Tendance clown #5 Du 30 avril au 23 mai Chapiteau Gardens, Daki Ling et espaces publics, Marseille 04 91 33 45 14 www.dakiling.com
Frissons d’horreur C’est avec peu de moyens et beaucoup d’émotion que le collectif Anitya s’est emparé de sa sirène. Réunissant des amateurs autour de quelques professionnels et de la pratique du soundpainting (sorte de direction musicale déclenchant des gestes ou des sons simples), il les a dispersés dans le public réuni sur la place de l’Opéra, réussissant un événement très construit autour de l’effrayante alarme de guerre. Venues d’une scène éclatée en six espaces entourant la place, quelques paroles d’abord rappelaient que réduire son identité à une appartenance nationale, ou religieuse, ou politique, ou professionnelle, est «une violence». Puis des voix sortirent de la foule, plaintes, puis sons, notes, mots. Ceux de la Marseillaise, si guerrière. Après cela des corps se mirent à bouger, à souffrir,
puis à danser, à embrasser les spectateurs. Enfin à s’écrouler, lentement, au son revenu des sirènes. Une
représentation très juste des bombardements, évoquant ceux qui, aujourd’hui encore, meurent dessous. ©Vincent Lucas
La Marseillaise sans midinette a été créée le 7 avril à midi net dans le cadre des Sirènes de Lieux publics
À noter : La prochaine sirène réunira sur la place de l’Opéra L’Apprentie compagnie pour une fresque très clown, avec grandes échelles, tuyaux d’incendie (arrosage public ?) et beaux camions rouges. Pour exaucer quelques vœux d’anciens petits garçons ? On ne s’improvise pas pompier Le 5 mai à midi net 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.fr
SÉMAPHORE | GRASSE | STE-MAXIME | DRAGUIGNAN | LE REVEST
CIRQUE
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Des illusions dézingue le monde merveilleux du cirque. Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’atavisme a beau être lourd à porter, c’est un hommage tendre, émouvant et drôle que ce
grand gaillard rend à son clown de «pépé», tout en jonglant, crachant du feu, jouant du fouet et du saxo. Celui qui se rêvait comédien l’est devenu, ce one man show le confirme! (le 21 mai). DO.M.
Coma idyllique © Lucie Dufranc
Les 10e Nuits circulaires du Sémaphore signent la fin de saison du théâtre de Port-de-Bouc, une fin festive passée avec les artistes de la compagnie Hors Pistes et Warren Zavatta. Les premiers présentent un Coma idyllique, spectacle qui mêle disciplines circassiennes (mât, bascule, portés…), musique et danse pour un voyage burlesque et décalé au cœur de souvenirs, d’avant et d’après la naissance. Les six acrobates s’emparent de ces histoires de famille pour jouer avec les repères de chacun, et ceux de notre monde (le 7 mai). Quelques jours plus tard Warren Zavatta, seul sur scène, livrera son spectacle autobiographique. Le petit-fils d’Achille Zavatta déguise sa déclaration d’amour à cette famille «encombrante» sous un cri de gueule qui
C’est dans la boîte ! Débrouillard Attention, Les Argonautes débarquent de leur Comme une injonction, «Regarde Belgique natale à la recherche de la «zénitude» profonde, avec pour tout bagage des blocs de bois, grands et encombrants, dont ils se jouent en un ballet minutieusement orchestré : entre trois pirouettes et deux tours de piste, ils empilent, combinent, assemblent, chevauchent (des navires ? des chevaux de bois ?). C’est que ces mousquetaires du cirque s’en donnent à cœur joie pour ce qui est de l’espièglerie ! Cela donne un spectacle, Pas perdus, à la fois jubilatoire parce que décalé, et inventif parce que mélangeant théâtre, menuiserie et tendresse. Bref, toujours sur le fil de l’absurde, de l’émotion et de l’humour, Les Argonautes racontent l’histoire de boîtes qui se souviennent du temps où elles étaient des arbres et des hommes qui savent qu’ils finiront dans des boîtes. M.G.-G.
Pas perdus Les 21 et 22 avril Théâtre de Grasse (06) 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com Les 26 et 27 avril PôleJeunePublic, Le Revest (83) 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com Pas perdus © A. Chaudron
et regarde encore !» lance le Groupe acrobatique de Tanger dans Chouf Ouchouf conçu par les deux artistes helvètes Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot. Signataire de spectacles où fusionnent musique, cirque, danse et arts visuels, le duo a inventé pour les 10 garçons et les 2 filles la suite de l’aventure de Taoub, créée il y a trois ans par Aurélien Bory, aussi précise qu’une horloge suisse… Cette fois, il est question de radeau, de fantômes, de rires et de chants dans la Medina, de chaloupes sans papier, d’acrobaties millimétrées et de cirque loufoque… Les jeunes devront faire preuve d’une sacrée débrouille !
10e Nuits circulaires Les 7 et 21 mai à 20h30 Théâtre le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Si Chouf Ouchouf transforme la scène en vaste terrain de jeux, il use de l’humour et de l’absurde pour aborder des sujets plus graves, comme la complexité des relations humaines et le labyrinthe des sentiments. M.G.-G.
Chouf Ouchouf Les 21 et 22 mai Théâtres en Dracénie, Draguignan (83) 04 94 50 59 59 www.theastresendracenie.com
La magie des choses Décollage immédiat pour un voyage vers l’extraordinaire avec Étienne Saglio ! Le Soir des monstres, son premier spectacle, est un solo poétique et ubuesque où les vieux objets reprennent vie, où les balles fabriquées avec des bouts de ferraille se voient pousser des ailes et s’envolent comme des colombes, où un vulgaire tuyau se transforme en serpent agité… Tout est noir et gris sur le plateau, éclairé de manière savante afin de démultiplier les effets minimalistes du spectacle qui requiert une attention de tous les instants car la corde se délie sans prévenir et les monstres battent des ailes sans bruit… Ici, Étienne Saglio emprunte aux vieux films muets leur puissance évocatrice, et fait du jonglage, de la magie et de la manipulation d’objet un grand art. Mais il faut être sensible au «parti des pris des choses» pour se laisser emporter par le solo, ou alors, passer son chemin…
Le soir des monstres © Elsa Revol
Le Soir des monstres Les 11 et 12 mai Théâtre de Grasse (06) 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com Le 15 mai Le Carré, Sainte-Maxime (83) 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
M.G.G
Décalé Après Voyage en bordure du bord du bout du monde à l’automne dernier, Le Citron jaune invite la compagnie Les 3 points de suspension pour son nouveau projet Nié Qui Tamola (l’œil voyageur) qui questionne la «Françafrique». Sujet délicat que celui des relations entre la France et ses anciennes colonies, évoqué par la compagnie dans un dispositif documentaire décalé et sous une forme plastique nouvelle mêlant installations mécaniques, collages animés, vidéos, acteurs et objets. Comme un long récit de voyages, un carnet de bord griffonné de croquis et de souvenirs, les
artistes racontent tout autant qu’ils dessinent «le portrait d’une génération désenchantée, désabusée mais consciente des difficultés du rapport à l’identité». Nié Qui Tamola (l’œil voyageur) Les 3 points de suspension Présentation publique le 27 avril à 20h Le Citron jaune, Port-St-Louis-du-Rhône 04 42 48 40 04 www.ilotopie.com
CAHIER JEUNESSE LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE
Les Arts se promènent dans vos rues… La Folle histoire a commencé… depuis longtemps déjà ! Sans remonter jusqu’aux ménestrels ou même aux jongleurs antiques (attestés !), il n’est pas vain de rappeler que les Arts de la rue ont une Histoire. Michel Pezet, délégué à la Culture du Conseil général, rappelait lors de la conférence inaugurale de cette seconde édition que le département 13 était le creuset historique de ces arts : ils y trouvent depuis les années 70 un accueil particulier, dû au climat propice sans doute, mais aussi à la volonté, issue de 68, d’aller chercher le public jusque chez lui… De fait cette Biennale des arts de la rue considère ce genre multiforme dans son Histoire, et présente au public ses esthétiques.
Plaisir et pédagogie
Le Bus expo est à cet égard représentatif : il a sillonné durant deux semaines le département, et s’attardera pendant encore un mois dans les villes associées. À son bord des installations ludiques prévues par les compagnies invitées, qui se présentent dans des boxes aménagés où vous devez vous glisser qui sous un chapeau, qui sur un vélo… pour écouter les présentations du «répertoire» des compagnies. Car c’est de cela dont il est question : présenter ces arts de nomades et sans grades comme on le ferait des genres nobles. Et après le répertoire, l’Histoire : panorama chronologique à l’intérieur du bus, à l’extérieur projection de documentaires éclairants et sur un flanc du bus, les huit familles esthétiques, du théâtre forain à l’intervention urbaine, en passant par l’action/contestation. La volonté pédagogique, évidente, n’empêche pas une visite ludique accompagnée d’un Monsieur Chauffeur Loyal… Cette dimension pédagogique s’affirme également dans les actions qui se déroulent en collèges. Peu nombreuses elles se concentrent sur quelques classes mais apportent à chacune la clef d’une véritable aventure de création : 4 séances d’atelier sont menées par les artistes et les enseignants dans chaque classe, pour écrire avec les collégiens et déboucher sur une présentation publique lors de la venue des compagnies à Mallemort, aux PennesMirabeau et à Saint Rémy (3 classes). Des travaux très différents, sonores, dansés, visuels ou dramatiques, pour entrer en contact avec les compagnies qui s’installent… Les Miniatures, Cie Pernette © Sebastien Laurent
Le Bus-expo © Algo
Compagnies, villes et arts associés
Le principe est le même qu’il y a deux ans : 5 compagnies s’installeront, chacune pour une semaine à Saint Cannat (Escarlata Circus, théâtre forain, du 20 au 24 avril), à Mallemort (Les Grooms, fanfare théâtrale, du 27 avril au 1er mai), à Velaux (Kumulus, théâtre de rue, du 4 au 9 mai), aux Pennes Mirabeau (Cie Pernette, danse contemporaine et Retouramont, danse acrobatique, du 11 au 15 mai). Toutes présentent plusieurs spectacles, invitent à des actions participatives, rejoignent les ateliers prévus dans les collèges, animent des rencontres… Puis se retrouvent pour le Florilège. Cette année c’est Saint Rémy qui a été élu : à partir du 18 mai, place aux collégiens, puis aux artistes durant les trois jours du week-end de Pentecôte, du 21 au 23 mai. À raison d’un spectacle toutes les heures ou presque,
de 11 h à la nuit.Vous pourrez y croiser des humanoïdes en cage, une théorie de l’évolution fantaisiste, de petites pièces dansées, un vrai opéra baroque de Purcell, des touristes perchés… Avec en prime le dernier jour, la transhumance ! Car ce sont habituellement les moutons qui envahissent les rues de Saint Rémy en ce lundi de Pentecôte, et les compagnies ont estimé devoir la partager avec eux pour clôturer cette belle Histoire… AGNES FRESCHEL
Faut pas maronner !
La Folle Histoire organisation Karwan 04 96 15 76 30 www.follehistoire.fr
Pour accompagner la tournée du Bus expo la Cie No Tunes International a créé une forme théâtrale assez ennuyeuse. On les a vus plus inspirés ! Les Maronneurs sont, en l’état (rien n’évolue plus vite qu’un spectacle de rue !) trop longs, répétitifs, emphatiques et surtout mal conçus dans l’espace. Un comble pour un spectacle de rue, qui doit réfléchir à accrocher ceux qui passent, et non à les retenir dans un cul de sac étouffant et sans visibilité comme ce fut le cas à Marseille. Mais on aurait Les Maronneurs © No Tunes International accepté ces mauvaises conditions de réception, dues également à la belle affluence, si le spectacle avait été passionnant. Or les deux acolytes flanqués de leur musicien ne parvinrent pas à sortir de la diatribe verbeuse, jouant des comé-diens fatigués de jouer et invectivant, puis couvrant d’amour, le public et la ville. Un bel argument pour 20 minutes, pas pour plus d’une heure… A.F.
Les Maronneurs a été joué à Arles,Tarascon, Marseille et Salon du 9 au 17 avril. Il sera repris le 23 mai durant le Florilège à Saint Rémy
RENCONTRES DE L’ILLUSTRATION | LES EXCENTRÉS ÉVÉNEMENTS
Un bain d’images Au-delà de la frénésie des Rencontres, les expositions de sérigraphies, encres de chine et collages originaux - pour la plupart extraits d’albums ou de films d’animation - permettent de s’immerger dans le monde des dessinateurs. On fait le grand saut dans le noir (les noirs devrait-on dire) de Lorenzo Mattotti dont l’adaptation du conte de
Hansel et Gretel, Lorenzo Mattotti © X-D.R
Devoiko, Renaud Perrin © X-D.R
Que peuvent bien avoir en commun Lorenzo Mattotti, Michel Galvin, Renaud Perrin, Émilie Boyard et tous les autres dessinateurs, illustrateurs et éditeurs présents à l’Alcazar ? Justement, ce fameux «Trait noir», lien graphique révélateur de thèmes infinis, d’émotions, d’itinéraires entre les pages de leurs livres. À ces artistes qui ont la réputation de travailler la couleur, l’association Sur la place a demandé de «parler en noir et blanc» et Les Rencontres de l’illustration se font l’écho de leurs productions. Le programme est riche de découvertes (les éditeurs italiens Topipittori), de tables rondes (avec l’un des maîtres de la couleur, Lorenzo Mattotti et ses créations singulières en noir et blanc), de dédicaces, de projections (films d’animation) et d’ateliers techniques (sérigraphie, reliure, graphisme). Avec une «table de livres» sélectionnés par la librairie La Réserve à bulles qui accueille les éditions Même pas mal, expose une sélection d’ouvrages du Lièvre de Mars et les images imprimées des Apprentis rêveurs.
Anciliaire, Michel Galvin © X-D.R
Pour ses 4e Rencontres de l’illustration, l’association Sur la place cerne sa manifestation d’un trait noir graphique et fait la part belle à Lorenzo Mattotti, invité d’honneur
Sea Song, Emilie Boyard © X-D.R
En noir et blanc
Grimm, Hänsel et Gretel (éd. Gallimard) a fait grand bruit cet automne. Ainsi que son incroyable The Raven (Le corbeau) écrit d’après la nouvelle d’Edgar Poe et l’opéra de Lou Reed POE-Try (éd. Seuil). Magistral. On explore le monde de Renaud Perrin, épris de littérature lui aussi, à travers 4 projets, 3 livres (voir p XII) et 1 film d’animation qui traitent de manière différente du
noir dans l’image. On poursuit le voyage à l’ombre «des formes merveilleuses, malléables, en mouvement» de Michel Galvin dont l’album C’est un monde ! (éd. Seuil jeunesse) est réellement traversé d’un fil noir déroulé par un diable ! Pour finir avec Émilie Boyard, spécialiste de la réalisation d’images numériques et du cinéma d’animation, qui débarque dans le monde de l’illustration : l’association accompagne ses débuts en soutenant son premier album à paraître fin 2010 aux éditions Anna Chanel, Sea Song, projet collectif au graphisme noir, blanc et argenté. Ou comment «la couleur noire se joue du papier»… Dans le monde des éditeurs aussi : 10 illustrateurs en voyage, FranceItalie offre un regard sur l’édition italienne pour la jeunesse avec Topipittori qui réunit les œuvres de 10 figures de l’illustration. Ou comment les jeunes Italiens s’initient au plaisir de la lecture… Une ouverture hors des frontières annonciatrice d’échanges à l’échelle européenne… À suivre ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Trait noir, Rencontres de l’illustration rencontres les 6 et 7 mai expositions du 27 avril au 22 mai Bibliothèque de l’Alcazar, Marseille Association Sur la place www.surlaplace.fr
Par monts et vallées
bourré de contresens, d’oublis et de jeux de mots bidon. À coup sûr le couple catastrophe séduit tous les publics qui succombent à ce «spectacle presque forain mais complètement parodique». M.G.-G.
Domi and Claude Dominique Roussel et Claude Broyasse théâtre forain dès 7 ans Le 15 mai, Serres Le 16 mai, Veynes Le 17 mai, La Saulce Le 18 mai, Chabottes Le 19 mai, Embrun Les 21 et 22 mai, Gap Le 23 mai, Briançon Le 24 mai, L’Argentière Le 25 mai, Guillestre
Domi and claude © Asilys Deymarie
Avec Les Excentrés, les théâtres de La Passerelle à Gap et Le Cadran à Briançon partent à la rencontre des habitants du territoire des Hautes-Alpes avec une nouvelle proposition artistique originale. Cette année, c’est le théâtre forain de Dominique Roussel et Claude Broyasse qui sillonne les communes pour un tour bucolique peu ordinaire… Domi et Claude sentant leurs emplois menacés, décident de devenir intermittents du spectacle ! Ils rachètent à la famille Marcus leur affaire foraine, c’està-dire en tout et pour tout une vieille voiture, une caravane plutôt usée pleine de petites bricoles, et se lancent dans l’aventure. Joli clin d’œil aux saltimbanques, Domi and Claude oscille entre burlesque et tendresse, maladresse et exploit, humour mordant et prouesses foraines, le tout emporté par un texte
Les Excentrés Le Cadran, Briançon 04 92 25 52 52 www.theatre-le-cadran.eu
II
La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
III
ÉDUCATION ARTONIK | CRESCENDO
Acteurs sans le savoir !
Quelques collégiens du département ont vécu une expérience unique en collaborant à leur insu à un spectacle durant une journée de cours !
Ainsi le matin du mardi 30 mars ceux du collège de Pont de Vivaux (10e) ont découvert dans la cour un service d’ordre avec talkie-walkie, quatre hommes affairés en costume-cravate flanqués d’une secrétaire. Pendant les cours, deux techniciennes de surface passent dans les salles pour proposer des pulvérisations antiallergiques parfumées, pendant que le chef de projet Environnement, Mr Laforêt (Bernard Lloupis), et l’Inspecteur général de l’Éducation (Fabrice Watelet) interviennent dans les cours pour distribuer des plantes dont les élèves devront s’occuper. À la récréation, rassemblement de l’ensemble de la communauté scolaire sous le préau ; Mr Laforêt profite de la pluie pour rappeler ses bienfaits et explique les raisons de leur présence en annonçant l’arrivée imminente de la secrétaire d’État à l’Écologie. Ce collège a été choisi pour présenter un projet de vie scolaire pilote, sur la santé, l’alimenta-
Cours de travail vegetatif de Mr Serein (Francois Palanque), Zero de conduite Marseille, Artonik © Stephanie Soubra
tion, le retour à la terre. La fin de la récré est annoncée par de sonores cocoricos ! La 2e partie de la matinée est marquée par les interventions de Mr Serein (François Palanque), armé de son panier de légumes, à propos de la STV, la Sensibilisation au Travail Végétatif : éloge de la torpeur des salades et relaxation. Plus fort encore la présentation du projet de l’uniforme pour tous les élèves à partir de la rentrée 2010 : pantalon et jaquette pour les garçons, jupe et lavallière pour les filles
! Les questions fusent : «C’est gratuit ? Et pour les chaussures ? Et pour le sport ? Et la capuche ?». Frémissements dans la classe : certains élèves commenceraient-ils à se poser des questions ? Pendant ce temps, Martine, une nouvelle élève un peu particulière puisqu’elle est adulte, a été admise en 5e. Elle est prise en charge par ses camarades. Il s’agit en fait de Thérèse Bosc, comédienne. Puis la cantine est animée par une délégation de revendication. Ça remue dans les rangs et les méninges ! Enfin ces animations surréalistes voient
Vivre en chantant
Une vingtaine d’adolescents de 13 à 17 ans passent des vacances originales: ils écrivent, chantent, apprennent à vivre ensemble, répètent, enregistrent et se produisent même sur scène. Rien à voir pourtant avec la Star’Ac ! Il s’agit d’un séjour de création musicale, connu depuis 8 ans sous le nom de Crescendo, organisé par l’association Musikovent avec l’envie de «faire se réconcilier les
jeunes avec l’écriture et le français» par la voie de la musique. Un pari insensé soutenu aujourd’hui par les collectivités et le Fonds d’action Sacem. Il faut voir l’enthousiasme des familles à la sortie de l’album et leur fierté quand ils donnent leur concert… Ces moments de fête sont le résultat d’un investissement de six mois durant les vacances scolaires et d’un encadrement fidèle. Car
Crescendo © Patrick Gherdoussi
l’équipe originelle est toujours là, convaincue de l’utilité de son action pédagogique et artistique et de la qualité de la production : Alain Ortega et Jean-François Boulade, auteurs-compositeurs-interprètes, François Delage, arrangeur et Jean-Pierre Chauvin, éducateur. Managés par leurs aînés, les adolescents parlent des musiques et des chansons qu’ils aiment, écrivent les textes, se heurtent aux difficultés de la rime et du rythme, défendent leurs idées et leurs styles, apprennent à placer leurs voix avant de se lancer dans l’enregistrement. Entre deux séjours, les professionnels peaufinent les arrangements, la structure, les environnements sonores qui donneront «la» tonalité du Crescendo 8. Puis viendra le temps de la répétition in situ, cette année à l’Institut musical de formation professionnelle à Salon-de-Provence, pour appréhender l’espace scénique, travailler la voix chantée, l’échauffement, la technique vocale et la respiration. On pourrait penser que Leonita, Mathilda, Aïssia, Leïla et les autres vivent le bagne,
leur point d’orgue à la récréation annoncée par des beuglements cette fois. Tout le monde dans la cour. On apprend que la ministre ne viendra pas. Tout finit en chansons, le pot aux roses est découvert, les élèves assaillent les comédiens. Ce type d’actions éducatives et artistiques se font avec le soutien du Conseil général et l’Inspection académique. La création d’Artonik a nécessité la complicité et l’engagement du personnel de l’établissement (direction, enseignants, surveillants, agents de service…) tant dans la réflexion en amont que dans sa réalisation. Caroline Sélig et Alain Beauchet s’adaptent à la particularité de chaque lieu, tout le monde doit jouer le jeu pour amener les collégiens à s’interroger sur les drôles d’informations qu’on leur donne… Une entreprise surréaliste, et énergisante ! CHRIS BOURGUE
Zéro de conduite a été joué dans le collège de Pont de Vivaux à Marseille et du Jas de Bouffan à Aix les 29 et 30 mars
occupés à répéter plusieurs sessions par jour et à participer à des ateliers son, internet (ils ont créé leur blog) et arts graphiques sous la houlette du créateur Arnaud Merle. Mais à voir John revenir pour la deuxième année, il faut croire qu’ils aiment ça ! Pour ces jeunes issus pour la plupart de maisons d’enfants et d’espaces sociaux de Miramas ou de Salon, Crescendo est une fenêtre ouverte sur un monde meilleur. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
À venir cérémonie de sortie de l’album Crescendo 8 mercredi 26 mai 18h concert des «ados du Crescendo 8» dimanche 30 mai 17h IMFP, Salon Musikovent 04 90 53 92 25 www.musikovent.org
FONDATION VASARELY | GALERIE D’ART DU CONSEIL GÉNÉRAL ÉDUCATION
IV
Apprendre le paysage Pour l’association Art, Sciences et Patrimoine en Pays d’Aix (ASPPA), avoir 20 ans est l’occasion de dresser un inventaire de ses actions et réfléchir avec les acteurs de la culture et de l’éducation qui l’accompagnent Exposition de l’ASPPA à la Fondation Vasarely © X-D.R
La principale originalité de l’ASPPA réside dans l’approche ludique des activités qu’elle propose aux jeunes d’Aix-en-Provence dans le cadre scolaire. Et force est de constater que la combinaison de jeux et de connaissances fonctionne à merveille : l’ASPPA est de plus en plus sollicitée par diverses écoles… À la Fondation Vasarely qui l’accueille, l’association jette un œil dans le rétroviseur en exposant quelques travaux d’ateliers artistiques réalisés par des élèves de primaire autour de thèmes proposés par les intervenants ou les artistes : le corps, le paysage, l’Europe, l’architecture, le patrimoine ainsi que la diffusion culturelle sur les territoires. À chaque thème, une activité différente : ainsi, parmi les exposants, les
élèves de CM2 de l’école Henri Wallon se sont intéressés à l’architecture et ont imaginé leur quartier de rêve. Leurs œuvres, même dans leurs maladresses, mettent au grand jour les préoccupations environnementales de ces citoyens en herbe et montrent une approche différente, innocente, de notre société actuelle. Panneaux didactiques, affiches, photos et totems colorés en disent long sur la vie de cette «jeune» association de 20 ans ! Forte de son expérience donc, l’ASPPA rassemblait le 24 mars dernier ses partenaires pour débattre des questions de l’éducation artistique et de la diffusion culturelle, en lien avec la thématique de la deuxième exposition Le paysage, fenêtre ouverte sur le monde*.
Le tour de table des invités fut riche d’enseignements, mais de débat, il n’y en eut pas ! La faute au manque de temps, tous ayant été très prolixes dans leurs témoignages, depuis «la parole institutionnelle relativement aride» de Françoise Bartissol qui rappelait les missions du conseiller pour l’éducation artistique et culturelle de la Drac jusqu’à celle plus poétique de Michel Racine qui a œuvré dans tous les «paysages», de l’architecture à l’École nationale du paysage de Versailles. France Paringaux, responsable de la diffusion de la collection et du service des publics du Frac, démontrait l’implication du Frac auprès des jeunes sur l’ensemble du territoire, tandis que Bruno Ely, conservateur en chef du musée Granet, et Pierre Paliard, vice-président de l’ASPPA rappelaient la place du paysage dans l’art. C’est ainsi qu’un va-et-vient entre la réalité du terrain de l’éducation artistique et l’approche théorique du paysage s’est constitué de manière passionnante, mais sans que l’ASPPA puisse poser le problème des perspectives pour demain. Un autre débat à suivre ? MARIE GODFRIN-GUIDICELLI ET GUILLAUME ANGELINI, STAGIAIRE EN PREMIÈRE L, LYCÉE CHEVREUL BLANCARDE, MARSEILLE
(*) Jusqu’au 16 mai, exposition d’œuvres d’artistes contemporains provenant du Frac et du Fonds communal d’art contemporain de la ville de Marseille 04 42 22 02 97 www.fondationvasarely.fr www.asppa.fr
De super héros La magie du cirque n’opère pas seulement sur les enfants. Sur les photographes aussi, qui glissent leur objectif dans ses entrailles à la lueur du balancement des poursuites. Des années 30 à aujourd’hui, de Brassaï à Pierre et Gilles, tous sont fas-cinés par le monde des bateleurs et des saltimbanques : écuyère, contorsionniste, acrobate, clown, dompteur… Comme par la machinerie extrêmement sophistiquée, les bâches colorées qui tiennent lieu de rideau de scène, les chapiteaux et les roulottes, les animaux «exotiques». L’exposition Parades raconte à travers des clichés d’une très grande qualité la nostalgie de l’enfance qui les habite, mais aussi le talent des artistes nomades, le merveilleux de la piste, la prise de risques… Conçue par Agnès de Gouvion SaintCyr - cofondatrice avec Clergue, Tournier et Rouquette des Rencontres d’Arles - l’exposition réussit à transmettre la dramaturgie qui se joue sur scène. Que Muybridge décortique le déplacement d’un singe ou Brassaï
saisisse l’isolement d’une roulotte la nuit ; que Rhona Bitner sacralise le mouvement en apesanteur ou Olivier Rebufa inverse le donneur d’ordres hommeanimal avec humour ; que Tina Mérandon perce au
jour l’âme d’êtres monstrueux ou Monroe s’autoproclame clown blanc jusqu’à se fondre dans le décor : l’émotion nous étreint. Face à ces géants de la balle qui feront toujours rêver, les «grands» enfants et les adultes apprécieront la parade, sans paillette ni tralala, particulièrement les lycéens en option arts plastiques qui travaillent actuellement sur l’(auto)portrait photographique…. M.G.-G
Parades jusqu’au 27 juin Galerie d’art du Conseil général, Aix-en-Provence 04 42 93 03 67 www.cg13.fr
Pierre et Gilles, Les clowns, 2002, épreuve couleur rehaussée, Fonds national d art contemporain, Paris _ (Inv 02-1583).
V
SPECTACLES MINOTERIE | THÉÂTRE DE LA CITÉ | LA FRICHE
Le Castelet de ses nuits blanches Tendre est la rose Voix dans le noir © Maxime Potherat
On l’avait remarquée dès ses apparitions dans la poupée de Petrouchka, puis lors des workshops du Ballet d’Europe : Florencia Gonzàlez fait preuve d’une capacité créative particulière, qui se nourrit d’une expressivité retenue, d’une plongée délicate dans l’émotion, l’amour et l’enfance. Son Petit Prince, de plus, témoigne d’une belle écriture du mouvement, en particulier dans les groupes, pour des ensembles qui dansent en symbiose, prennent appui sur des élans communs et des portés, et bien sûr, comme toujours au Ballet d’Europe, mettent en évidence les grandes qualités techniques, classiques, des interprètes. Le choix d’écrire un ballet narratif lui ressemble donc, est bien assumé : l’histoire du Petit Prince, connue de tous, se lit à travers quelques repères, projections, bribes de dialogues, saynètes. Une danse pour enfants franchement réussie, ce qui n’est pas si fréquent… même si la jeune chorégraphe semble n’avoir pas maitrisé les élans de ses collaborateurs : la musique, parfois intéressante, s’étale en des plages trop longues qui ralentissent la narration ; quant aux costumes, illustratifs et fragmentés en appendices peu seyants, ils gênent le mouvement et cachent les corps, ce qui est fort dommageable pour des costumes de danse ! Il faudrait resserrer d’un côté et découdre de l’autre, pour obtenir un petit bijou d’enfance…
Voix dans le noir est la reprise, complétée, d’un spectacle de marionnettes qu’Eric Deniaud avait créé à ses débuts. Son solo virtuose de manipulations subtiles transforme l’espace étroit d’un castelet en chambre onirique où les objets les plus petits, les plus plats, les plus inattendus s’animent, silhouettes d’immeubles, tête de souris, visages dessinés, bulles de BD ou simples marionnettes à doigts, à poings, marottes à tiges ou à crochets… L’univers graphique est inquiétant, ocre, cerné, et les textes de Matei Visniec entrainent dans des sociétés cauchemardesques où on lave les cerveaux chaque année pour imposer un bonheur de lobotomisé, mais où un cheval trop blanc et importun peut vous apprendre l’oubli et l’envol… Animaux, humains et objets semblent possédés de la même absence d’âme, perdus dans des univers mécaniques
et inhumains, où chacun, pourtant rêve d’idéal… L’art de la marionnette, où le corps discret du manipulateur apparaît peu à peu -un bras figurant un corps, un visage masqué, puis dénudé, une oppression- permet d’établir des frontières plus floues et plus inquiétantes encore entre ce qui vit et l’artifice, la chair et le bois, la réalité et son écriture. C’est noir, subtil, intime… un beau cadeau de la Minoterie ! A.F.
Voix dans le noir a été joué à la Minoterie du 25 au 27 mars, en présence de Matei Visniec qui animait le 27 des rencontres avec des enseignants, des lycéens et le public organisées par le GRETE
A.F.
Transactions
MARIE-JO DHO
Nous ne nous étions jamais rencontrés conçu et créé par Florence Lloret et Michel André a été présenté au Théâtre de la Cité du 11 au 26 mars
Le Petit Prince © Agnès Mellon
Filage Nous ne nous étions jamais rencontrés © Florence Offret
Sûr, Josette n’est pas Belinda, ni Hugues Daouda mais c’est tout comme ou presque... Quant à ce cher Nicolas, il avait un acteur lui aussi qui portait ses paroles mais «il n’est pas resté». Formidable comme ça ne colle pas et comme ça marche justement ! Belle leçon de théâtre dans le genre rare de l’imitation intelligente… Le projet du Théâtre de la Cité date d’hier et même d’avant- hier ; deux années de travail, d’ajustements, de serrages de boulons et sans doute de pétage de plombs pour donner à voir comment une personne devient un personnage. Cinq acteurs (et très vite quatre cf. l’adieu à Nicolas) emmenés par le
metteur en scène Michel André sont allés à la rencontre d’adolescents de la vraie vie, aventure périlleuse, terrain glissant du partage de l’intime et de l’expérience quotidienne, questionnements, échanges des regards, observation mutuelle, acceptation de l’autre sans jugement et enfin incarnation sur la scène. Avec une étonnante liberté de ton, débarrassé de toutes les béquilles psychologiques ou autres échafaudages sociologiques, sans volonté interprétative paralysante, ça se joue. Le plateau nu porte avec justesse les gestes, les mots : «l’amour et la révolution», «d’abord s’éclater et puis le voile», ça c’est plutôt les filles ; la souffrance et l’espoir, la responsabilité, oui les garçons! Rien de neuf et tout de vrai.Théâtre documentaire pensé dans sa distorsion au réel (Chloé, tu es très émouvante en homme) évoluant entre deux regards: celui de l’ado-source, convoqué sur écran géant pour commenter la comédie / celui du spectateur qui à chaque séquence confirme son bonheur d’être avec des gens bien !
Le Petit Prince a été créé à la Friche les 1er et 2 avril, en même temps que Udor Polimates de Jean-Charles Gil (voir p 22)
COMŒDIA | BANCS PUBLICS | THÉÂTRE DE FOS | LA FRICHE SPECTACLES
Une si troublante balade…
VI
économes, effets a minima, déplacements restreints, et pourtant tout est dit : la mère qui s’amuse à faire la bête, la grand-mère fatiguée et seule, le chemin trop long, trop loin, les yeux qui brillent derrière le feuillage, et cette rencontre qui va faire chavirer une vie si paisible… On entendrait presque le bruit des dents du loup qui claquent de gourmandise… Si le conte est intégralement respecté, Joël Pommerat le conceptualise en s’attachant à sa symbolique (l’enfant face à la cruauté et à la peur, redoutant la vieillesse et la solitude) et à notre rapport à la nature et à l’animalité, voire la bestialité. Il n’hésite pas à faire des deux comédiennes des «récitantes», imposant ainsi une distance entre le corps et le texte («disait la maman», «disait la petite fille») qui, peut-être, évite aux enfants de trop y croire ?
Avec pour tout accessoire et décor un grand tissu rouge, La Troupe de Mr Tchoum fait entendre la voix du Petit Chaperon Rouge, aussi naïve que désespérée. La mise en scène minimaliste de Thiphaine Anne Piffault ourle parfaitement l’écriture limpide de Joël Pommerat qui dépoussière le conte par le jeu de répétitions et de dialogues imagés. Il suffit de peu une ombre, un masque de loup noir, une paire de ballerines rouges- pour que les deux comédiennes fassent basculer le public de la peur au rire, et viceversa. Sur le plateau vide, la mère joue le loup, la petite fille joue la mère de la mère, le loup joue la petite fille ! Et personne ne s’y perd, le tour de passepasse vocal fonctionne parfaitement, leurs regards roulent de peur ou s’amusent, le tissu rouge fractionne les espaces (la maison, la forêt, le lit). Gestes
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI © X-D.R
Rumeurs de basse-cour
Le spectacle de la compagnie L’Art de vivre se déroule derrière une cage de verre, dispositif qui recrée les conditions acoustiques d’un studio radio. Tous les dialogues sont enregistrés et les comédiens
Tous les coqs © Simon Fravega
jouent en fait en play-back. L’effet est saisissant car on s’y casse... le bec ! Querelles de poulailler, disputes de territoires, tentatives de séduction se succèdent en chansons et musiques avec un formidable travail sur le son... Un canard sauvage s’éprend d’une cane de la ferme, le coq et la poule empêchent les pigeons de manger leurs œufs, le ver de terre revendique sa parcelle de liberté. Ces histoires, inspirées des récits d’enfants de Saint-Priest concernant les animaux de la ferme pédagogique de leur quartier, ne manquent pas d’évoquer leurs ressemblances avec nos congénères ! Le tout emballé en un spectacle décapant. Les comédiens (Hélène Force, Catherine Sparta, Bruno Bonomo et Bernard Hours), tous vêtus d’un costume gris à liseré jaune, ont les yeux violemment cernés de rouge et le visage verdâtre. Seuls quelques accessoires marquent leur particularité animale : crête dodelinante du coq, voile mousseux de l’oie. Chacun
Dans un décor d’oreillers suspendus sur lesquels les lumières créent des ombres tantôt effrayantes, tantôt rassurantes, Titus, accompagné par l’accordéoniste Gérard Baraton, met en scène six récits, six textes magnifiques dont il est l’auteur, qui mêlent le quotidien au fantastique. La mémé de Thomas préfère un matin continuer à patiner dans les étoiles pour toujours, plutôt que de répondre à l’injonction du réveil ; Chang, lui, rêve qu’il joue au foot et va à l’école, pour oublier son quotidien d’enfant ouvrier dans une usine de ballon en cuir ; il y a aussi un moustique facétieux et chanteur, plus réel qu’imaginé… Rêves et cauchemars émaillent ces histoires poétiques, dans lesquelles l’inconscient prend autant de place que la réalité. Avec très peu de moyens, des lumières et une musique comme subtils compléments,Titus passe d’un univers à l’autre, d’un rêve à l’autre avec tendresse et poésie, déroulant, au fil des mots, un univers propice à l’imagination… DO.M.
Comment mémé est montée au ciel et autres rêveries a été joué au Théâtre de Fos le 30 mars et au Forum de Berre le 31 mars
Comment meme est montee au ciel © Doume
Rêve ou réalité ?
Le Petit Chaperon Rouge a été joué le 25 mars au Comoedia, Aubagne
y va de sa requête, mais ils ont du mal à se comprendre. Impression de déjà vu ? Le soir de la première le centre social de St Gabriel avait amené une quarantaine d’enfants et de parents. On croise souvent au Massalia ce public trop inhabituel dans nos salles. Ce qui confirme son rôle essentiel dans l’ouverture à la culture artistique de tous les publics : tout âge, et tout milieu. CHRIS BOURGUE
Tous les coqs ont été des œufs, mes Yves Favrega, s’est joué au Petit théâtre de la Friche les 1er, 6 et 7 avril, et aux Bancs publics les 1er et le 2 avril pour les représentations scolaires
VII
SPECTACLES RENCONTRES DU 9e ART | FESTO PICHO
Si seul…
Mektoub et maillot de bain
coté. C’est dommage, car Stand Alone Zone avait tout pour nous embarquer dans un monde à la lisière du réel et du fantastique : l’inventivité formelle et la performance des danseurs. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Stand Alone Zone nous raconte l’histoire d’un enfant, en automne 2813, atteint d’une étrange maladie dont le seul remède se trouve dans la neuvième chambre, après une longue quête. Parmi la vingtaine de tableaux, les plus réussis sont celui de l’ascenseur où nous avons l’impression de descendre avec les danseurs et celui de l’animal solitaire : alors qu’est projeté un animal qui bouge tout en observant une jeune fille, tout à coup, comme sortant de l’écran, il se retrouve sur scène. Autre tableau particulièrement apprécié, celui du Passage où la jeune fille semble s’avancer au ralenti, comme un cosmonaute marcherait sur la lune. Les quatre danseurs évoluent devant nous, mais aussi sur les images projetées. L’histoire se termine en hiver 2813 : l’enfant a récupéré une allure normale même s’il semble avoir un pouvoir magique. La compagnie Système Castafiore a réussi un très bon spectacle avec des décors qui changent à une rapidité impressionnante. Les chorégraphes ont su créer une bonne relation entre les danseurs et les décors en 3D, nouvelle expérience dans le monde de la danse, grâce à des images projetées sur un écran, proposant des univers différents, nature, extérieurs urbains et intérieur, chambres qui renvoient aussi bien à l’univers de la science-fiction qu’à celui du conte.
Stand alone a Zone, Systeme Castafiore © X-D.R
Automne 2813. Le soleil se lève sur Talkovrad, la cité dans les nuages. Comme dans un film, le décor se met en place (images virtuelles en 3D), puis les personnages (créatures hybrides, monstres mi-hommes mi-animaux), enfin le langage (onomatopées et borborygmes sous-titrés). On dirait la bande-annonce d’une production hollywoodienne ! Au début, on se prend au jeu, saisi par le merveilleux, les métaphores poétiques, la profusion des accessoires, des masques et prothèses et cette sensation, vertigineuse, de se fondre dans de vastes espaces grâce aux nouvelles technologies. La plongée dans l’inconnu, dans cette Zone (on pense à Blade Runner pour la désolation angoissante) est une expérience unique mais bien vite répétitive, vaguement ennuyeuse. La chorégraphie de Marcia Barcellos est «écrasée» par le flot ininterrompu des images infographiques créées par Karl Biscuit, et les tentatives d’une réciprocité de la danse entre le cyclo et la scène tellement rares. C’est pourtant dans cette juxtaposition des corps dansés qu’il aurait été intéressant de poursuivre… Procédant par saynètes successives qui figurent le labyrinthe des chambres à traverser pour trouver le remède qui sauvera l’enfant, l’intensité dramatique s’étiole au fil de tableaux d’inégal intérêt et d’un scénario emberlifi-
Tchoum. Un mélange de genre qui prouve l’intérêt tout pédagogique de la nouvelle exemplaire du romancier Franck Pavloff (Éd. Cheyne, 1999) éducateur de rue, spécialiste reconnu de la psychologie et du droit des enfants. Il dénonce la mise en place insidieuse d’un état totalitaire et raciste, que personne ne conteste. «Sait-on où risquent de nous mener collectivement les petites lâchetés de chacun d’entre-nous ?». Une leçon d’humanité et de résistance que Tiphaine Piffault et Laurent Prévot mettent en application avec habileté. Victimes collatérales de leur indifférence face à l’instauration de la violence, les deux personnages ne sont pas là pour faire rire mais pour alerter. Lampe poursuite dans la salle, musique inquiétante, propos pas si saugrenus, ils plongent les spectateurs dans une chasse à l’homme et dans un monde qui se voudrait uniforme pour leur rappeler les principes essentiels des droits de l’homme. Un théâtre de résistance.
Amazigh, jeune fils d’immigré, trouve un billet de 5 francs, le dépose aux objets trouvés et attend la date fatidique, 1 an et un jour plus tard, pour acheter le maillot de bain de ses rêves. «Une tenue à la mode, ça donne de l’importance». Et ça permet d’être comme tout le monde pour devenir Le Roi de la plage aux yeux d’une Melissa inaccessible. Il se perd entre sa conscience, son secret, son espoir et chemine au gré de ses rencontres vers l’incontournable nécessité de grandir. Ce conte d’Éric Rolland Bellagamba, dans lequel «le temps n’existe pas quand les rêves ont la saveur de l’aventure», est incarné par Nader Soufi qui joue tous les rôles, du jeune garçon à son père, d’Ahmed le conteur de la cité au préposé aux objets trouvés. Il est accompagné par Eva Jacobi qui mixe en direct et offre une bande son qui résonne intelligemment. Créé en 2008 par l’AugusteThéâtre, ce spectacle empreint d’une volonté farouche d’intégration, a trouvé un bel écho dans la petite chapelle des Halles. Joué devant de jeunes élèves d’une école de Cavaillon, il leur a permis d’exploser littéralement de joie et de fierté lorsque le comédien utilise parfois la langue arabe. «Ça fait drôle d’entendre parler arabe, c’est pas tous les jours» commenteront-ils lorsque la metteuse en scène Claire Massabo viendra libérer la parole et les rires, difficilement contenus par les enseignants.
DE.M.
DELPHINE MICHELANGELI
ADAME MOUJIB, 3ÈME OPTION DP3 DU COLLÈGE THIERS
Sous surveillance
Ce jour-là au Chêne Noir, des classes de CM2, de Bac Pro et de CAP se sont déplacées pour le spectacle Matin brun adapté par la Troupe de M.
Le roi de la plage © Patrice Claire
Stand Alone Zone a été présenté du 25 au 27 mars au Pavillon Noir à Aix dans le cadre des Rencontres du 9e Art
Matin brun © X-D.R
Matin brun s’est joué au Chêne Noir du 30 mars au 2 avril dans le cadre du festival Festo Pitcho
Le Roi de la plage s’est joué les 30 et 31 mars au théâtre des Halles dans le cadre du festival Festo Pitcho
VENELLES | AU PROGRAMME SPECTACLES VIII
Dialogue de sourds limpide
Féerie chinoise Avec ses airs, sa déclamation particulière, ses costumes colorés, ses scènes de combats, l’Opéra du Sichuan est aujourd’hui la principale forme de théâtre traditionnel et populaire chinois alliant le chant, la danse, le mime, l’acrobatie guerrière… Les personnages y sont très caractérisés : on distingue facilement le bouffon de l’honnête homme, l’aventurier, le brave ou le félon à l’aide des masques et des couleurs symboliques des costumes (le rouge la loyauté et le courage ; le jaune la perspicacité; le blanc la ruse ; le noir la force ou l’intégrité…). La troupe mise en scène par Charles et Vincent Tordjman revisite un roman fantastique de la littérature chinoise du 18e siècle Fleurs dans le miroir de Li Ju Chen et mêle aux mythes de la Chine ancestrale des influences euro-péennes : pour tout public ! J.F
Dans le cadre de la semaine du handicap, la ville de Venelles avait pris le parti d’offrir un spectacle authentiquement «tous publics», donné en matinée pour de jeunes élèves, puis réunissant en soirée des spectateurs entendants et malentendants. Démarche originale dans la mesure où, s’il existe un théâtre pour un public sourd, il est le plus souvent joué exclusivement pour celui-ci. Sur scène deux comédiens rares, issus de l’International Visual Théâtre, dirigé par Emmanuelle Laborit : Yoann Robert, celui qui verbalise, danseur de formation, Jean-Yves Augros professeur de langue des signes et malentendant, dont les diverses expériences vécues alimentent le canevas de la pièce. Il s’agit en effet d’un spectacle visant à présenter les difficultés de communication des malentendants en utilisant, pantomimes, langage populaire et/ou langue des signes en alternance, à l’image de ce qui arrive dans une famille «bilingue». De l’accueil de l’enfant sourd chez les grands-parents à la visite nostalgique du grenier, des chansons de Piaf en langue des signes aux malentendus et autres quiproquos au restaurant, les «petits riens» du quotidien, les positions de doigts, les gestes esquivés ou emphatiques génèrent le sourire, puis la franche hilarité générale tant la verve comique des comédiens, l’autodérision emportent l’adhésion. Les rires fusent, décalés en fonction du langage utilisé, mais le public se retrouve unanime pour applaudir à tout rompre. En agitant les mains en l’air ou en claquant des «palmas» !
Fleurs dans le miroir © X-D.R.
Théâtre de Nîmes mercredi 4 mai 20h et jeudi 5 mai 19h 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com Grand Théâtre de Provence, Aix vendredi 7 et samedi 8 mai 20h30 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Profond comme un conte
JEAN-MATHIEU COLOMBANI
Ma Parole ! a été joué le 18 mars à la Salle des fêtes de Venelles
Ma Parole © Gerard Dumax
Lorsqu’Olivier Py met en scène ses réécritures des Contes de Grimm, il en garde la profondeur symbolique et initiatique, souligne la transcendance, magnifie la langue et transforme le tout en théâtre. Au Gymnase et aux Salins vous pourrez voir les deux derniers volets de la trilogie, avec imbrications, scénographie mouvante faite de bouts de bois, beaux costumes ironiques, musiciens omniprésents et comédiens qui chantent et jouent sans peur de l’emphase, sur le fil de la virtuosité. Des histoires de Princes bien sûr, de pou-pée aussi, de méchante mère, d’eau et de vie, d’abandon dans la forêt, de rédemption, et d’amour vrai.Tout ce qui touche vos enfants, et vous aussi, on l’espère !
www.lestheatres.net les 6 et 7 mai Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
La vraie fiancee, Les contes de Grimm © X-D.R.
La vraie fiancée, L’eau de vie Olivier Py dès 7 ans du 27 au 29 avril Le Gymnase, Marseille 0 820 000 422
Zoo de papier Le programme de mai de Fotokino est placé sous le signe des animaux avec trois courts-métrages de réalisateurs chinois : L’Écureuil coiffeur de Pu Jiaxang, Le Hérisson et la pastèque de Wang Borong et Qian Jiaxin et La Boutique des pandas de Shen Zuwei et Zhou Keqin. Des réalisations venues des studios de Shangai qui inventent un bestiaire poétique à travers les histoires d’un écureuil volontiers coif-feur à ses
heures, les liens qui unissent un grand-père panda à son petit-fils, une maman hérisson qui découvre une pastèque. Comme à l’accoutumée, les séances de cinéma sont précédées pour ceux qui le souhaitent d’un atelier au pied de l’écran : «Papiers animés», pour fabriquer des pan-das, des lapins et autres hérissons articulés et colorés.
La boutique des pandas dès 3 ans mercredi 5 mai, atelier 9h et projection 10h Cinéma Les Variétés, Marseille Fotokino 09 50 38 41 68 www.fotokino.org
IX
SPECTACLES AU PROGRAMME
Timbré ! Décollage Percus Pierre et le Loup pour quintette à vents ? Quelle drôle Que se passe t-il la nuit lorsque la lumière ne cache
d’idée ! La pièce, composée pour faire entendre les timbres des instruments de l’orchestre aux enfants, est aussi un chef d’œuvre par son invention mélodique, la musicalité de son histoire… Alors pourquoi pas changer les timbres ? D’autant que c’est le Quintette Cassiopée qui s’y colle, et qu’il joue ensuite les petits contes de Berio Opus number Zoo, pièce pour enfants nettement moins connue, mais qui reprend le principe du figuralisme animal…
plus rien ? Que voit-on du monde la nuit ? C’est au cœur d’un étrange engin, un grand dôme éclairé, que les enfants prennent place pour un voyage à des années lumière, près des étoiles et des planètes… La compagnie Le Clan des Songes crée un monde merveilleux d’ombres et de lumières, pour permettre aux plus petits, dès 4 ans, d’appréhender l’inquiétante obscurité qui peut se révéler magique grâce à la poésie des images, silhouettes colorées et fantastiques.
Pierre et le Loup dès 6 ans mardi 4 mai 19h Théâtre de la Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.ville-gap.fr vendredi 7 mai 19h Théâtre du Cadran , Briançon 04 92 25 52 52 www.ot-briancon.fr
La nuit s’en va le jour mercredi 28 avril 10h et 16h Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr mercredi 5 mai 15h sous chapiteau, Jardin du Forum, Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
Printanier Un jeune homme vient de perdre sa sœur. Il ne reste Maintien d’elle qu’une jupe. En coulisse, invisible, une jeune fille Que sont les règles de savoir-vivre de notre société ?
discute avec lui, le pousse à dire cette perte, à raconter son histoire. Intrigué, le jeune homme brandit une épée en bois et part à la recherche de la jeune fille. Il trouvera le château dans lequel elle est retenue prisonnière par son père, lequel a fait coudre entre elles toutes ses robes pour qu’elle ne s’enfuie pas. Comment s’échapper alors ? Prenant le conte à contre pied, Philippe Dorin (pour le texte) et Sylviane Fortuny (pour la mise en scène) détournent les codes pour aborder finement la pudeur, la représentation de soi devant les autres.
Un carcan ou un canevas ? Dans sa dernière création, La compagnie On n’est pas là pour se faire engueuler s’empare de l’œuvre de Jean-Luc Lagarce, avec ce texte écrit peu de temps avant sa mort. Avec humour (noir !) et recul, la pièce s’attache à décrypter lesdites règles, solutions ou moyens de réagir et de se comporter en toute circonstance, même si elles sont en vigueur depuis des siècles et se trouvent du coup un brin décalées par rapport à la réalité de notre société… Les règles de savoir-vivre dans la société moderne dès 12 ans vendredi 30 avril et samedi 1er mai 20h30 Théâtre du Balcon,Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org
Abeilles habillez-vous de moi dès 7 ans mardi 18 mai 19h30 et mercredi 19 mai 15h PôleJeunePublic, Le Revest 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com
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Grandissime ! Le Forum de Berre termine sa saison en beauté avec
Abeilles, habillez moi de vous, Cie Pour ainsi dire © X-D.R.
une carte blanche à la compagnie Attention Fragile qui propose deux spectacles mis en scène par Gilles Cailleau : la «fantaisie foraine» Tout l’univers en plus petit embarque les spectateurs dans l’univers rafistolé de réfugiés et de migrants qui composent avec leurs souvenirs et leurs peurs ; le lendemain Thomas parle d’amour, avec fragilité et tendresse, et remonte jusqu’aux origines du cirque avec ses accessoires et ses instruments, pour partager ses secrets, seul au milieu de la piste. Tout l’univers en plus petit dès 10-12 ans vendredi 7 mai 20h30 Thomas parle d’amour tout public samedi 8 mai 20h30 Forum de Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
Parce qu’on va pas lâcher © Saad Zaaour
Les deux avignonnais qui forment le duo Onstap se dévoilent au travers de leur spectacle Parce qu’on va pas lâcher ; ils racontent leur parcours, du quartier Monclar aux ateliers de théâtre dans lesquels ils se retrouvent, jusqu’à cette discipline particulière qu’on nomme percussion corporelle en France et qui fonde le spectacle. Pieds, mains, cuisses, poitrine participent pour créer une vingtaine de sons différents, de la basse à la caisse claire. Au-delà de la performance, les deux artistes donnent du sens à cet art en y mêlant danse, théâtre et slam. Parce qu’on va pas lâcher mercredi 19 mai 20h30, Maubec jeudi 20 mai 20h30, Paluds de Noves vendredi 21 mai 20h30, Morières-les-Avignon samedi 22 mai 20h30, Châteauneuf-de-Gadagne Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
Récréatif Ce n’est pas à un simple concert auquel vous convie
le sextet alsacien Weepers Circus. Non, c’est à un spectacle musical, avec des histoires de sorcières et d’ogres déglingués, des aventures partagées au coin du feu, quelques tours de magie, un décor étrange et merveilleux, d’étranges marionnettes qui apparaissent derrière les guitares et les violoncelles. Bien sûr, il y a toujours leur musique chaloupée, inclassable, entre chansons douces, humour et titres plus rock. À la récré Weepers circus dès 4 ans mardi 4 mai 19h30, mercredi 5 mai 15h PôleJeunePublic, Le Revest 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com
Citoyen Pour sa leçon de géopolitique à l’usage des jeunes,
Thierry Bedard a conçu un immense globe terrestre qui raconte le monde de manière plus imagée et plus vaste que d’ordinaire. Il n’y est pas seulement question de fuseaux et de continents, de mers et d’océans, mais bien d’une «leçon» de vie et de citoyenneté tenant compte des désordres du monde. Le Globe Compagnie Notoire dès 6 ans mardi 11 mai 19h30, mercredi 12 mai 15h PôleJeunePublic, Le Revest 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com
X Christiane Hugel est une leçon de choses vivante et colorée à l’usage des tout jeunes spectateurs. Sur scène, deux artistes aux multiples personnages racontent la création du monde, dialoguent et chantent au milieu d’un bric-à-brac de grosses coquilles cassées, de petits oeufs de caille frits, de mousse de blanc battu, d’œufs durs coupés en rondelles… Car, à l’origine, le monde était un œuf.
langue de Molière aux tout-petits avec son adaptation théâtrale du Malade imaginaire, opère un autre retour aux sources en s’attachant à l’œuvre originale de Carlo Collodi publiée en 1883. Exit «l’amalgame terriblement réducteur» suscité par le film des studios Walt Disney, place à l’histoire de celui qui voulait devenir un vrai petit garçon… Pinocchio Laurent de Richemond dès 4 ans mercredi 12, samedi 15, mercredi 19 et samedi 22 mai 14h30 Badaboum théâtre, Marseille 04 91 54 40 71 www.badaboum-theatre.com
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Ovo, De l’œuf et autres petites choses sans importance Compagnie L’Atalante dès 3 ans mercredi 21 et 28 avril 15h Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Mélodieux Avec la complicité du pianiste François Kerdoncuff, la
soprano Agnès Mellon plonge dans les textes de La Fontaine ou Prévert et retrouve le chemin de l’enfance, du rêve et du rire. Quelques notes de Rossini, Poulenc ou Offenbach, et voilà que toutes sortes de personnages familiers apparaissent et disparaissent : le petit rené, les copains du quartier, le chien Fido et bien d’autres… Autant dire que l’art lyrique, ce n’est pas que pour les grands ! Chante moi une histoire Agnès Mellon mardi 4 mai 19h dès 8 ans Grand théâtre de Provence,Aix 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Désopilant Le titre est digne du célèbre dialoguiste Michel Audiard !
Ovo © X-D.R
Et c’est vrai que le spectacle n’est pas triste non plus, mettant à rude épreuve l’amitié qui lie les deux héros habilement interprétés par Eno Krojanker et Hervé Piron. Armé d’un humour pince-sans-rire, le duo passe avec une agilité d’experts de Don Quichotte à La Mouette, du théâtre masqué au mime et de l’absurde au pathos. Derrière la farce, c’est aussi un théâtre sur l’ennui du spectateur avec lequel ils jouent…
Souvenirs Dans la yourte de Marianne Hansé, directrice
Petit dejeuner orageux © Mathieu Bouvier
On pense à vous dès 7 ans mercredi 28 avril 15h, vendredi 30 avril 18h30 Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 mercredi 5 mai 16h Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr
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artistique du Théâtre de Galafronie, l’invisible est essentiel. Avec ses pinceaux, ses crayons, de l’encre, de l’eau, et plein de couleurs, les pages vont se couvrir d’invisibles, les êtres qui habitent sa tête et son cœur, des gens qui sont «loin, très loin, et parfois loin pour toujours.» Ses peintures les font alors apparaître, avec beaucoup de délicatesse et d’émotions. La jauge étant restreinte, pensez à réserver !
Petit-déjeuner orageux un soir de carnaval Eno Krojanker & Hervé Piron dès 14 ans mardi 20 avril 19h Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.com
Leon, Li, Louis © Veronique Lesperat-Hequet
V.O. Ailé Ovoïde Cette «petite pièce ovale, plastique et musicale» de Laurent de Richemond, qui avait fait entendre la
En trois histoires brèves, d’une manière légère et poétique, Léon, Li, Louis donne une forme à des sensations, met des mots sur des émotions enfantines profondes pour les nommer et les palper: l’amour, la colère et la peur du noir. Grâce aux phrases courtes et aux mots simples de Valérie Deronzier, grâce au jeu subtil entre les comédiens, les marionnettes et la musique électro-acoustique imaginé par Sylvie Baillon, les trois petites fables font mouche auprès des enfants et des parents. Léon, Li, Louis Sylvie Baillon, Cie Ches Panses vertes dès 3 ans mardi 27 avril 19h Le Cadran, Briançon 04 92 25 52 52 www.theatre-le-cadran.eu
Et moi, et moi… En résidence au Théâtre Durance pour le projet
Danse de territoire (Zib’26) au sein du collège Camille Reymond de Château-Arnoux, le Collectif Nomade Village fait d’une pierre deux coups. Il présente le film qui retrace l’aventure chorégraphique vécue avec les élèves de 4e et se met en représentation avec Oscar et Moi, écrit et interprété par Philippe Domengie et Virginie Coudoulet-Girard. Si les jeunes ont appréhendé le côté face des artistes durant cette année passée ensemble (formation/transmission), ils découvriront le côté pile (création) sur scène dans un jeu de rôles à deux voix. Celles d’Oscar et Nina, un homme et une femme, enfermés dans un appartement… Oscar et moi Collectif Nomade Village dès 13 ans vendredi 7 mai 21h Théâtre Durance, Château-Arnoux/St Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.com
XI
LIVRES
Histoires de livres
C’est une chose de découvrir les livres sur les conseils d’un(e) libraire ou d’un(e) bibliothécaire, c’en est une autre -et quel plaisir à chaque fois !- que de s’entendre raconter l’histoire d’un ouvrage par des éditeurs. Lors de la 10e édition de la semaine du livre pour les plus jeunes Lire et Grandir, la médiathèque de Fos-sur-Mer recevait l’éditrice Christine Morault, codirectrice des éditions MéMo, maison qui propose «des livres d’artistes d’hier pour savoir d’où l’on vient et très contemporain pour savoir où l’on va.». Adressés à des enfants, mais pas seulement, les livres édités par MéMo sont des ouvrages d’art, des livres dont l’image est une composante essentielle, des livres pour lequel le terme «artisanal» signifie pleinement la patience et le plaisir pris «à voir la fabrique de l’art» explique notamment Christine Morault. Élaborés entièrement en interne, à part l’impression, les histoires de livres découlent aussi d’une étroite collaboration avec les auteurs et artistes (parmi lesquels Olivier Dozou, Anne Bertier, Malika Doray…), «un cheminement» dont l’éditrice souligne l’importance, notamment avec Louise Marie Cumont, également présente ce jour-là.
L’artiste, sculpteur et mosaïste, travaille sur des matériaux divers, créant
des pièces uniques réalisées entièrement à la main qui deviennent plus tard des livres de papier : Les chaises, variation d’un même thème avec un motif architectural qui «permet à l’enfant son interprétation», Les larmes qui parlent de la guerre sans l’écrire, uniquement avec une déclinaison de différents tissus, ou encore le magnifique Au lit ! et ses imaginaires de sommeil…
Magie de lectures qui n’en sont pas vraiment une puisque les histoires sont «visuelles» et non écrites, délectation de l’éditrice qui raconte ce qu’elle voit, prend plaisir à communiquer sa passion… Un regret cependant : il est vraiment dommage de constater au fil des années que ces rencontres, programmées tous les ans avec des éditeurs différents et passionnants, restent confidentielles, alors qu’elles sont ouvertes à tous et gratuites, et pourraient passionner nombre de lecteurs, enseignants et parents. DOMINIQUE MARÇON
La rencontre avec Christine Morault a eu lieu le 26 mars à Fos-sur-Mer
Le théâtre prend des couleurs...
... avec les petits livres bleus de la nouvelle collection Théâtre jeunesse dirigée par Sabine Chevallier. Claudine Galea écrit pour les enfants depuis 2004, de très beaux albums d’abord, puis ces textes de théâtre. Dans L’heure blanche, une fillette qui s’appelle Blanche parle de son amour du blanc: elle y retrouve son père, photographe disparu, qui utilisait la solarisation ; dans Toutes leurs robes noires une enfant demande une histoire avant de dormir, pour apprivoiser la nuit qui lui parle et l’emporte sur de grands chevaux noirs. La petite MêmePasPeur dialogue avec sa grand-mère TouteVieille qui part pour le grand voyage et attend le retour de MinouGris, parti courtiser la minette ; quant à Petite Poucet, c’est le personnage d’un opéra inventé par Violette pour distraire une camarade : elle s’évade avec ses 6 soeurs aux noms de fleurs, traçant leur chemin avec 7 cailloux blancs… Christophe Tostain, comédien et metteur en scène à Caen, propose son 1er texte pour le jeune public. C’est lui qui le met en scène et le joue seul en Normandie. Par la voix ! raconte l’histoire de Roseline qui se trouve une voix de cochon, décide de ne plus parler et enferme sa voix dans un coffret. C’est un rêve et un cheval blanc qui lui permet-tront de se réconcilier avec sa voix en
écoutant des sons et des musiques. Écrit en vers libres, le texte met en place l’importance de l’écoute et du partage.
textes qui peuvent être lus et joués, permettent d’y entrer par la fiction : sans être du théâtre avec répliques et didascalies les voix s’y croisent ou s’évitent, s’échappent, créent une atmosphère dramatique. CHRIS BOURGUE
Ce théâtre poétique pour enfants ouvre la porte au rêve en même temps qu’il évoque des thèmes essentiels, difficiles à aborder comme ceux de la mort, la séparation. Ces
L’heure blanche & Toutes leurs robes noires Claudine Galea 6 euros La Nuit MêmePasPeur & Petite Poucet Claudine Galea 7,80 euros Par la voix Christophe Tostain 6,50 euros Éd. Espaces 34, collection Théâtre jeunesse
LIVRES
Héritages
La collection Cadet d’Actes Sud junior livre à ses jeunes lecteurs des récits, des tranches de vie dont les acteurs principaux sont des enfants. En adoptant des écritures sobres et sensibles à la fois, un ton juste qui sait éviter les écueils faciles du pathos ou de la mièvrerie… de beaux textes qui apprennent à grandir sans pour autant jouer aux donneurs de leçons. Exercice difficile, dont les différents auteurs se jouent avec brio. C’est l’épineux problème des origines. Que signifie avoir en héritage, et que lègue-t-on ? Une histoire, une religion non pratiquée mais dont on a gardé le vernis, ou l’élevage intensif de poussins dans une ferme ? Certes Lucas est un enfant, mais il regarde avec justesse les adultes qui oublient souvent l’essentiel. À la mort du grand-père, la famille se réunit, et se déchire autour des problèmes de succession. L’argent devient un enjeu capital, alors que la douce grand-mère prépare des gâteaux. Auront-ils les vertus de la petite madeleine de Proust ? La plume de Carine Tardieu ironique et tendre nous fait fondre…
À vos crayons !
«Les artistes voient le monde avec des yeux d’enfant» écrivait Yves Saint Laurent. À moins que les enfants ne voient le monde comme les artistes ? Ceux-là se réjouiront de posséder Le cahier de coloriage Yves Saint Laurent qui s’ouvre sur une photo montage de l’artiste et son chien Moujik, suivie d’un portrait peint par Bernard Buffet. En trois chapitres -Voyages extraordinaires, Clins d’oeil à l’art, Sous les projecteurs- et en quelques croquis connus ou inédits, l’artiste en herbe découvre «l’univers des formes et la palette de couleurs» d’Yves Saint Laurent, explore sa fantaisie créative et ses incursions dans le monde du spectacle au côté de Cocteau, Picasso ou Renoir. Il lui suffit de s’armer d’une paire de ciseaux, d’une boîte de crayons de couleur, d’un crayon à papier et d’un stylo-bille à pointe fine pour réaliser des dessins d’après modèles, inventer de nouvelles formes, découper des silhouettes ou décorer de motifs personnels des tenues encore vierges. Pour peu qu’il suive attentivement les règles du jeu énoncées simplement en marge des croquis… Le cahier de coloriage tient donc ses promesses : idée originale, activités ludiques et créatives, format pratique à glisser dans la poche, prix attractif. De quoi faire naître de nouvelles vocations ! M.G.G Le cahier de coloriage Yves Saint Laurent Coédition Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent et p’tit Glénat, 10 euros version luxe, 5 euros version poche
Grandir c’est aussi, forger son caractère, se corriger, accepter de ne plus être le centre du monde… Projet difficile pour le petit Igor. Son anniversaire arrive, le monde doit se plier comme d’habitude à ses volontés. Tant pis si ses fantaisies doivent léser son meilleur ami ou faire de la peine à sa petite sœur ! Mais voilà que les cadeaux disparaissent par magie et que seule reste une petite graine offerte par son terrible et ingénieux grand-père. La croissance de la plante va suivre d’autres lois que celles de la nature… toujours est-il que notre héros va se transformer en profondeur. Une histoire à méditer, avec juste un brin de magie pour aider le personnage à lutter contre lui-même… Gilles Abier sait nous entraîner aux côtés d’un enfant peu sympathique, et le rendre attachant. Chacun des romans aborde avec intelligence et finesse les mondes de l’enfance… De l’enfance seulement ? Et si elle contenait en germe l’univers des plus grands ?
XII
Des poules et des gâteaux Texte Carine Tardieu, illustrations Agnès Maupré
Une graine en cadeau Texte Gilles Abier, illustrations Benjamin Adam Éd. Actes Sud junior, collection Cadet, 7 euros
MARYVONNE COLOMBANI
Ce livre aimant se lit vraiment
Sûr qu’un jour l’illustrateur Renaud Perrin devait s’acoquiner avec le poète Raymond Roussel pour offrir le meilleur. L’un et l’autre apprécient les jeux de l’esprit, la truculence des mots, et quand Raymond Roussel s’amuse à déconstruire le langage Renaud Perrin invente des saynètes farfelues à l’aide de papiers découpés sur fond noir. Sans blagues potaches, mais avec un humour délicieux, l’imagerie légèrement surannée fait écho aux homophones : Les pirates de mer veillent/Les pies ratent deux merveilles… Des cerveaux fous étaient aux frontières/Dessert : veau fouetté au front hier… le livre déroule les calembours de Raymond Roussel, l’homme au chapeau blanc sur fond noir que l’on aperçoit à chaque page, et qui joue presque tous les rôles : simple spectateur, acteur caché dans le décor, ou bien en vue au premier plan. Élégants dans le trait, décalés dans la forme, fourmillant d’accessoires, les dessins de Renaud Perrin fonctionnent comme de petites mises en scène cocasses à déchiffrer tels des rébus. Aussi, si les
enfants aiment lire à haute voix, ils se délecteront des trouvailles et des drôles de sonorités, s’amuseront à retrouver les indices dans les dessins et reconstituer ces scénarios franchement surréalistes. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Renaud Perrin est l’invité des Rencontres de l’illustration qui se dérouleront les 6 et 7 mai à Marseille (voir page II Cahier Jeunesse) Les cerveaux lents des cerfs-volants Texte Raymond Roussel, illustrations Renaud Perrin à partir de 7 ans Éd.Thierry Magnier, 13 euros
Secrets de hiéroglyphes
Sentant ses forces décliner, le vieux Meryrê confie à son fils Neferhotep un précieux rouleau de papyrus offert par Pharaon à un ancêtre. Transmis de génération en génération, ce texte sacré relate les histoires de l’Age d’or de l’Egypte ; le père en lit quelques unes à son fils. C’est sur cet argument qu’Aude Gros de Beler a construit Le papyrus sacré, dans lequel se succèdent cinq récits de cette période mythique où dieux et hommes cohabitaient. Magnifiquement illustré par Louise Heugel, ce superbe album n’est pas un simple recueil de légendes. L’auteure, égyptologue, entend faire partager sa passion pour une civilisation qu’elle connaît très bien ; elle vise aussi à initier ses jeunes lecteurs à l’écriture hiéroglyphique, «sans doute la plus belle jamais dessinée». C’est pourquoi le texte est émaillé de
ces signes, traduits en gras à leur première utilisation et décomposés en bas de page. À la fin du livre, des informations claires sur ce système complexe, des astuces pour le lire, ainsi qu’une double page pour s’entraîner à devenir scribe. De quoi enchanter les Champollion en herbe ! FRED ROBERT
Le papyrus sacré Aude Gros de Beler, Louise Heugel Actes Sud junior, 14 euros
XIII
LIVRES/DISQUES
Viva Verdi !
L’atout principal de cet enregistrement réside dans… sa distribution ! Le label jaune a puisé dans son immense catalogue les extraits de cette Traviata historique. C’est le chef-magicien Carlos Kleiber qui est à la baguette en 1977. Tout ce que touchait le maestro se transformait en or ! Son Verdi possède une pureté de style rare, un souffle noble, des dynamiques taillées au laser. Le plateau est éloquent : la Violetta de Cotrubas est lumineuse, Domingo dans ces années était un Alfredo royal et Sherrill Milnes un patricien émouvant. De quoi former le
Captivant Django
On trouve l’essentiel, dans cet ouvrage illustré pour les bambins, concernant le monument jazzistique que fut Django Reinhardt (dont on célèbre en 2010 le centenaire de la naissance) : l’enfance et le voyage ; la roulotte et l’apprentissage, sur le tas, de la musique tsigane et des danses musette, l’incendie et la perte de deux doigts… On suit aussi son travail opiniâtre à transcender son handicap, avant la découverte du jazz, sa complicité avec le violoniste Stéphane Grappelli, la formation du Quintette du Hot Club de France… Le récit est ponctué de standards, sous la forme d’extraits au
À croquer
Hansel et Gretel ont pour ainsi dire connu plusieurs vies. Depuis le conte traditionnel des frères Grimm, il a connu plusieurs adaptations dont un opéra d’Humperdinck, des bandes-dessinées, un manga, des longs-métrages… Autoproduit et libre-ment adapté par le duo Catherine Vincent, ce disque s’écoute et pourrait même se lire tant il mêle parfaitement récit et musique : textes clairs parlés, chantés sur un fond de balades folk. Catherine Estrade et Vincent Commaret se partagent guitare acoustique, chant, harmonium indien et petites percussions pour tisser l’histoire des deux enfants abandonnés dans la forêt. Un concept singulier pour une histoire chantée fantastique, où le monde féerique des frères Grimm trouve un écho savoureux. Bien ficelé, ce récit chanté se vit comme une grande histoire ouverte à l’imagination, à écouter en famille à partir de 4 ans. D’ailleurs, Marseillais d’adoption, le duo s’écoute mais mérite également d’être vu sur scène ! (tournée en juin dans les bibliothèques marseillaises www.myspace.com/ contemusicalpourenfants) FREDERIC ISOLETTA
Hansel et Gretel Catherine Vincent Musicast
goût des pitchouns à un délicieux nectar. Quant au livret (une trentaine de pages en format CD), gentiment édulcoré (on biffe la référence à la «semimondanité» de l’héroïne) et au graphisme flirtant avec l’expressionnisme, il permet de suivre l’histoire en écoutant la musique. Mais fi du narrateur ! Chérubin lit dans sa tête… ou c’est maman/papa qui s’y colle ! JACQUES FRESCHEL
CD Deutsche Grammophon – Universal 4803288
début, pour plonger peu à peu les enfants intéressés à l’histoire du jeune Gitan dans la musique, puis finalement dans leur intégralité. On se rend compte alors que le guitariste, virevoltant sur son manche, est toujours aussi captivant, au «beat» de Minor swing, Night and Day, Les yeux noirs et l’incontournable Nuages ! J.F
Livre illustré + CD Éd. Gallimard jeunesse 6-10 ans
Archiludique
L’architecture a cette faculté, par sa grandeur, ses formes ou son matériau de ne pas laisser insensibles même les tout petits. La collection Archibald des éditions Norma s’adresse aux enfants de 7 à 10 ans et a pour but de les initier à l’architecture de façon ludique. Rassurez-vous, les enfants ne visiteront pas seuls des édifices remarquables comme le Centre Pompidou, le musée de Louvre, le Stade de France, la Villa Savoye à Poissy et la Boîte à vent en Martinique, ils seront accompagnés du personnage Archibald, passionné et curieux. Ces cinq petits coffrets d’architecte en herbe contiennent un livre illustré, des jeux, des enquêtes, des bricolages, des plans à découper et une maquette à construire, de quoi comprendre, réfléchir et jouer par l’éducation à la culture. Ces petits bijoux sont remarquablement conçus, avec humour, et pourraient s’adresser également à des plus grands soucieux de se cultiver de manière ludique. Proposant des entrées multiples, les références à l’histoire, à l’art en général et au vocabulaire spécifique permettront au jeune lecteur d’en connaitre rapidement bien plus que bon nombre d’adultes, et d’avoir envie de parfaire son «éducation» dès que l’occasion se présentera. Avec des leçons comme l’historique du Louvre ou le meccano géant appelé Beaubourg il faut dire qu’il
y a de quoi fabriquer. Faire découvrir les cinq points de l’architecture nouvelle du Corbusier ou la drôle de maison créole de Hauvette (rectorat de Martinique), instruire par des mots simples en nourrissant d’histoire de l’architecture tout en faisant travailler les méninges et les mains, tel est le pari réussi de la journaliste Christine Desmoulin et de l’illustrateur Nestor Salas. FREDERIC ISOLETTA
La villa Savoye / La boîte à vent / Le Stade de France / Le Louvre / Le Centre Pompidou Texte Christine Desmoulin, illustrations Nestor Salas Éd. Norma, collection Archibald, 10 euros
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ARTS VISUELS
MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN | CIPM
Reflets des années 80 Les Musées de Marseille ont-ils décidé d’enterrer l’art contemporain ? À l’heure où le Mac de Lyon bat tous les records d’affluence avec 30700 visiteurs en un mois pour sa rétrospective Striptease intégral de Ben, le Mac de Marseille racle les fonds de tiroir. Et offre une exposition a minima réalisée à partir de ses collections et celles du
John Coplans, Feet Frontal, 1984, Collection Mac Marseille © JC Lett
Frac. Idem au musée Cantini qui, d’annulations en reports, met ses ambitions au point mort en proposant une vision renouvelée de sa collection d’art moderne (voir p 35). Heureusement, le Mac parvient à tirer son épingle du jeu : dans Années 80, un parcours photographique il dépasse la simple monstration pour interroger la photographie comme œuvre d’art et son émergence dans le marché de l’art contemporain. Sur une proposition des Ateliers de l’Image, le Mac et le Frac ont sorti de leurs fonds respectifs quelques beaux spécimens qui forment un ensemble cohérent. Figurent ici des artistes aux itinéraires artistiques complexes : le parcours s’ouvre avec l’allemand Dieter Appelt (baryton solo à Leipzig) et l’américain William Wegman (peintre de formation), se poursuit avec des objets quotidiens transformés en objets de méditation par Patrick Tosani (architecte de formation) et le regard frontal de Craigie Horsfield sur les choses. On entre ensuite dans «la sculpture» avec le travail sur la déchéance du corps de John Coplans, «l’architecture» avec Günther Förg et «le tableau» avec Jean-Marc Bustamante. En bonne place également les séries de Suzanne Lafont autour de la question du portrait et les paysages de Jean-Luc Moulène dans la tradition de la peinture de paysage. Des photographies considérées alors comme des «pièces» à part entière et donc cotées sur le marché de l’art. Supplantée depuis par la vidéo et les nouvelles technologies, la photographie ne dispose plus aujourd’hui d’un corpus aussi riche : quand elle est utilisée comme medium, l’objet final reste sou-
vent incertain : affiche ? photo tableau ? multiple ? L’exposition permet donc de regarder la photographie autrement en la resituant dans son environnement, ses pratiques, ses formats, ses références au tableau. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Années 80, Un parcours photographique jusqu’au 23 mai Mac, Marseille 04 91 25 01 07 www.marseille.fr
À l’initiative des Ateliers de l’image, le réseau Diagonal basé à Marseille a été lancé officiellement à l’occasion de l’exposition au Mac. Il regroupe une quinzaine de structures associatives qui œuvrent dans le champ de la photographie et de l’éducation à l’image. Son objectif est de défendre la photographie contemporaine : partage des expériences, maillage des régions, harmonisation des pratiques, circulation des informations à l’échelle nationale, mutualisation des compétences. Selon Diagonal, cette mise en réseau est nécessaire du fait notamment de l’absence de liens entre les pratiques. M.G.-G. Réseau Diagonal Les Ateliers de l’image 04 91 90 46 76 www.ateliers-image.fr
L’aura d’Alix Le cipM nous offre l’opportunité rare de découvrir les photographies d’Alix Cléo Roubaud, jusque-là seulement reproduites dans son Journal qui vient d’être réédité et augmenté de vingt-six photographies et textes inédits. Très tôt après son invention la photographie a su enregistrer l’invisible, voire des fantômes. Dans la série Si quelque chose noir, Alix Cléo Roubaud s’était mise en scène, forme translucide, fluide, presque illisible. Le décor, immuable : une pièce presque vide et sombre, éclairée de face par une fenêtre, toujours en contre-jour, projetant une lumière oblique vers l’angle droit de la photographie, le cadrage quasi identique, en noir et blanc. Une figure féminine, seule et probablement nue, se distingue plus et moins nettement - on pense au travail, plus récent et en couleur d’Emmanuelle Bousquet - parfois dédoublée dans l’ombre ou semblant décomposer un mouvement en phases superposées, jusqu’à évoquer, allongée sur le sol dans le rai lumineux, un
encadrement commun et rendent ces dernières plus étranges encore dans leur forme elliptique. Pour Alix Cléo Roubaud la fiction était autobiographique. Pour voir plus loin : réédition augmentée du Journal d’Alix Cléo Roubaud en même temps que l’édition intégrale du livre de son compagnon, écrivain et poète, Jacques Roubaud, Alix Cléo Roubaud, Si quelque chose noir, 1982 © X-D.R Le grand incendie de Londres au Seuil, 2009. Le court-métrage de Jean Eustache, Les photos d’Alix (1980) devrait bientôt être accessible au grand public chez Tamasa Distribution. L’historienne et critique d’art Hélène Giannecchini prépare actuellement un livre sur l’artiste.
gisant. Disparition ou bien apparition? Présence ou évanescence ? L’aura a pour nom Alix Cléo. Elle construisait/racontait des autoportraits et rédigeait un journal pour résister à l’inéluctable, survenu à 31 ans. De courts extraits dactylographiés, phrases coupées hors du sens, accompagnent sur la gauche ses photos dans un
C.L.
Alix Cléo Roubaud Si quelque chose noir & autres photographies jusqu’au 15 mai cipM 04 91 91 26 45 www.cipmarseille.com
ALLAUCH | ARLES | BAUX-DE-PROVENCE
ARTS VISUELS
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Allauch photo Le sport a ses images. Elles s’exposent au Vieux Bassin pour le 44e Salon photographique d’Allauch en invitant un des meilleurs représentants du genre, Gérard Vandystadt La photographie de presse comme les métiers du journalisme plus généralement sont en profonde mutation, des agences de renom ayant dû baisser le rideau. Certaines se maintiennent pourtant dans la course comme celle créée en 1977 par Gérard Vandystadt spécialisée dans le domaine sportif, devenue en 2005 l’agence Regards du sport. Son directeur est l’invité d’honneur de ce 44e Salon photographique d’Allauch avec une importante exposition éponyme à la galerie du Vieux Bassin. L’occasion est donnée de rencontrer hors contexte journalistique ces images connues pour un bon nombre. Le désir est là de tenter un travail d’équilibriste entre obligation de saisir l’évènementiel et recherche d’une forme plus sensible. On regrette donc que ce lieu toujours
mal adapté ne favorise pas un meilleur accrochage. Cette manifestation s’attache aussi traditionnellement à la rencontre et à la découverte de photographes professionnels et amateurs engagés dans des recherches personnelles. À voir : les photos sélectionnées pour le concours national, section thème imposé Esthétisme et originalité dans la photo de sport, et les travaux des membres de l’association organisatrice Phocal, pour certains sans lien direct avec le thème du moment. D’où les nombreuses expositions disséminées dans le village qui se poursuivent au-delà du salon jusqu’en début juin, sans oublier les soirées, projections, rencontres, signatures centrées sur la galerie du Vieux Bassin.
Patinage © Gerard Vandystadt/Regards du Sport
Regards du Sport 44e Salon photographique d’Allauch jusqu’au 9 mai Vieux Bassin et divers lieux jusqu’au 1er juin www.phocal.org
CLAUDE LORIN
Dévoilements La fine fleur de la photo de nu sera à Arles et aux Baux-deProvence pour la 10e édition du Festival européen de la Photo de nu. Avec Edouard De Pazzi et Jacques Renoir (de la lignée d’Auguste et Jean) en invités privilégiés Au fur et à mesure de ses éditions le Festival européen de la Photo de nu a gagné en lettres de noblesse et s’est étendu d’Arles, déjà bien lotie dans le domaine de la photographie, aux Baux-de-Provence, pour devenir un des évènements du genre. Dix jours pour fêter dix ans d’existence, les vernissages se succédant dès 19h le 7 mai à Arles puis le 8 aux Baux. Vingt-cinq auteurs présenteront leur vision du corps, pour une nudité dévoilée ou drapée (Patrice Bouvier), corps sensualisés (Greg Eleze), élégants (Marc Lafon),
désirables ou désirants, fantasmés (Paul Von Borax, Igor Gaidai) enveloppés dans des mises en scène (Adeline Curioz), réfugiés dans des esthétiques normées (Jacques Renoir) ou des inconvenances retenues (De Pazzi, Panxua Zadilskoa). Le fétichisme du beau sexe s’impose toujours et encore comme valeur traditionnelle (Michel Choffray), et l’exploration de nouvelles formes esthétiques (Ricardo Fihuera) flirte parfois sur le fil des tabous (Vincent Toulotte) ou se joue des convenances avec légèreté (Gabriel Martinez),
fouille l’autoportrait (Morgane Adawi) ou l’intimité avec nostalgie (Elliott Landy). Le collectif Luna Cie tirera le portrait des visiteurs volontaires avec une installation/photomaton, et Jean Turco leur offrira l’alternative d’un portrait ou portrait nu à chacun(e) en tirages numériques. Sans compter les traditionnels rendez-vous avec les artistes, stages, conférences, projections nocturnes dont un chemin de lumière aux Baux-deProvence. Ne manquerait que la présence des livres et éditeurs spécialisés dans le genre ? C.L.
Caresse des sens © Vincent Toulotte Saman 01 © Saman
Regards sur le corps 10e Festival européen de la Photo de nu du 7 au 16 mai 04 90 98 82 93 Arles et Les Baux-de-Provence, divers lieux www.fepn-arles.com
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ARTS VISUELS
L’ART RENOUVELLE LE LYCÉE, LE COLLÈGE ET LA VILLE
L’Art Renouvelle le Lycée, le Collège et la Ville constitue un évènement désormais institutionnalisé dans la cité phocéenne. Avec de nouveaux projets comme le Festival des Arts éphémères qui s’installe à Maison Blanche pour sa deuxième édition Anne Charlotte Depincé, Souvenir de la campagne, acrylique et huile sur toile, 2009
Olivier Setton, La poignée de main N°1, 2007
Sortir de l’ombre Dans son Cours de peinture par principes (1708), Roger de Piles déclarait : «Le clair-obscur dépend absolument de l’imagination du peintre». Plus de trois siècles plus tard, quelle part est attribuée à la lumière comme à l’ombre par les artistes contemporains? L’occasion leur est donnée de les explorer avec Les Parts de l’ombre, matérialités et fictions, une proposition de Lyse Madar responsable du Passage de l’Art.
Art et pédagogie Cet évènement est exemplaire du rapprochement réussi entre enseignement et culture. Environ vingt établissements d’enseignement du secondaire accueillent près d’une trentaine d’artistes de différentes expressions, auxquels se joint pour la seconde fois le Festival des Arts éphémères organisé par la mairie du 9e et 10 e, qui reconduit son travail avec les Ateliers publics de l’École supérieure des Beaux-Arts de Marseille (ESBAM) et inaugure une première collaboration avec le [mac] en confiant la sélection de onze artistes à son directeur adjoint Thierry Ollat. Les établissements scolaires exposent depuis début avril des œuvres d’artistes très divers, photographes, sculpteurs, peintres, qui entrent dans les lycées d’enseignement général (Michelet) mais aussi au collège (Gréasque) et dans les établissements professionnels. Chaque exposition est travaillée en amont avec les artistes et toutes donnent lieu à des projets originaux comme l’installation de Jérémie Setton et Pascal Navarro avec les élèves du lycée professionnel Léonard de Vinci, Manja Rufled et Franck Déglise au lycée Brochier. Quant aux ateliers pour adultes de l’ESBAM, ils présenteront leurs travaux à Maison
Armelle de Sainte Marie, sans titre, huile sur toile, 2008
Lionel Scoccimarro, customised palm tree, prod. Sextant&Plus-Mécènes du Sud, 2007, courtesy galerie Olivier Robert. © Adagp
Blanche, et dans le cadre du Festival des Arts éphémères, confronteront leurs œuvres à celles des artistes invités à partir du 21 mai… Cette édition 2010 ne pourra pas compter avec l’Université comme lieu d’accueil d’expositions mais trouvera une belle compensation avec le colloque qui interrogera ces Parts de l’ombre organisé avec Michel Guérin et l’Université de Provence avec la participation de Raoul Hébréard. Il y sera donc question d’ombre mais aussi de lumière, de peinture et de photographie, du sacré, de Bacon. L’ombre serait donc une lumineuse proposition ! CLAUDE LORIN
Les Parts de l’ombre, matérialités et fictions L’Art renouvelle le Lycée, le Collège et la Ville jusqu’au 17 juin divers lieux 04 91 31 04 08 http://lepassagedelart.free.fr
Festival des Arts éphémères du 21 mai au 9 juin Bastide et Parc de Maison Blanche, Marseille 9e 04 91 14 63 26
colloque Les Parts de l’Ombre : matérialités et Fictions jeudi 22 avril de 9h à 12h Espace Écureuil 04 91 57 26 49
VILLENEUVE LEZ AVIGNON | PRINTEMPS ART CONTEMPORAIN ARTS VISUELS 33
Sacrée Ducaté À Villeneuve lez Avignon Marie Ducaté enchante de son théâtre d’ombres et de silhouettes la Chartreuse et la Tour Philippe le Bel : sa magnificence répond à l’austérité des lieux Marie Ducaté a su faire face au poids de l’histoire des lieux en réinventant un peu de leur passé et en empruntant à l’un la force du sacré (la Chartreuse pontificale du Val de Bénédiction du XIVe siècle), à l’autre le prestige des Templiers (la Tour Philippe le Bel édifiée entre 1292 et 1307). Un projet d’une ampleur exceptionnelle qui lui permet de continuer à explorer les grands thèmes de l’histoire, de l’art et de l’art religieux. À La Chartreuse, qui abrite désormais le Centre national des écritures du spectacle, Marie Ducaté a choisi les passe-plats des cellules de moines, tout autour des cloîtres, pour y nicher une série de dessins sur calque froissé. Chacun est enchâssé dans une boîte noire en verre, savamment éclairé de l’intérieur, que le visiteur silencieux apprend à ouvrir et fermer doucement. Telles des enluminures médiévales les œuvres évoquent là un joueur de flûte ou la ville fortifiée en bordure du Rhône, ici une Crucifixion ou des angelots bienheureux aux joues rebondies. Toutes distillent une légèreté distanciée et une douceur bienvenue. Sur le chemin de la Chapelle des fresques et de la Chapelle des morts, la déambulation se poursuit, croisant art ancien et création contemporaine… Par contraste à la Tour Philippe le Bel, son travail jusque-là «miniature» explose par son ampleur nouvelle : installations, dessins et sculpture investissent les salles voûtées des trois étages avec une intensité dramatique. Au rez-de-chaussée, un «drapé de tissu métal gris peint en or ondule
Oeuvres de Marie Ducaté à la Tour Philippe le Bel © X-D.R
teindre l’ultime terrasse, allongés au sol, Les fantômes des Templiers semblent attendre l’éternité, «leurs âmes/calque, écrit Marie Ducaté, ballottées par les vents et vouées à la poussière». Neuf fantômes de chevaliers à ses yeux dérisoires, conquérants inutiles. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
sur le sol», évoquant Sainte Casarie qui vers l’an 1000 ressuscita un homme noyé dans le Rhône. Luxuriance de la matière conjuguée à la symbolique des motifs : fleurs, soleil… Dans la salle dépouillée du premier étage trône Le Gisant, sculpture en terre noire recouverte d’un tissu de côte de maille inox, entourée de frises figuratives comme l’étaient les tympans des églises romanes. On entendrait presque le tumulte des attaquants au pied de la Tour… Enfin, avant d’at-
Et après… Marie Ducaté La Chartreuse, Villeneuve lez Avignon jusqu’au 15 juin 04 90 15 24 24 Tour Philippe le Bel, Villeneuve lez Avignon jusqu’au 27 juin 04 32 74 08 57 www.chartreuse.org
Saison 2 Le second Printemps de l’art contemporain à Marseille aura lieu les 13, 14, 15 mai. Soirée d’ouverture le 12. Trois jours de découvertes, festifs annonce-t-on. Fleurira et de beaux fruits donnera ? Saison 2. La première avait été commandée dans la précipitation par l’urgence de la conjoncture 2009. La situation de l’art contemporain à Marseille se vivait déjà mal : fermeture de plusieurs lieux, inquiétudes budgétaires et rétrécissement des subsides publics, recherche d’alternatives tournées vers l’entreprise privée. Les troupes n’étaient pas vraiment prêtes mais avaient ressenti la nécessité de faire quelque chose. Servant opportunément de structure fédératrice, le groupement marseille expos continue aujourd’hui d’entretenir la flamme et l’évènement prend plus de consistance. Le principe : 3 jours, chaque jour pour découvrir dans un quartier les lieux d’art contemporain du réseau ouverts de 15h à 19h, et parcours découverte
en nocturne jusque 22h. Et cette année une formule 3 circuits est assurée par l’Office de tourisme sur réservation.
Au programme Nous avons d’ores et déjà relevé quelques rendez-vous, qui seront complétés par d’autres en cours d’élaboration : - le 12 mai dès 21h, à La Friche soirée d’ouverture : projection vidéo Inferno de Marie Bovo, Squelette, performance de Fouad Bouchoucha, Dj
L’Étrange demeure, Martine Derain à Vol de Nuits © Martine Derain
set performatif de Monsieur Moo ; sur le toit terrasse : Unexpected, installation multimédia du GroupeDunes de 19h30 à 21h30 - le 13 chez OÙ, à partir de 19h : lecture et intervention d’Anne Kawala - le 14 à partir de 18h30, à la galerie des Bains Douches de la Plaine : vernissage plus soirée design culinaire - le 14 à 19h30, à Vol de Nuits : L’Étrange demeure, projection diaporama en présence de l’artiste Martine Derain - le 15 dès 17h par La Traverse/Ateliers de l’Image : rencontre et discussion avec l’artiste Anne Penders. Trois jours pour de belles découvertes. C’est aussi ouvert toute l’année ? C.L.
Printemps de l’art contemporain à Marseille du 12 au 15 mai divers lieux www.marseilleexpos.com
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ARTS VISUELS
LA GAD
La gad,
Rédemption
une galerie-concept L’émergence d’une galerie dans le paysage marseillais est un pari audacieux au vu de la conjoncture économique et d’une niche de collectionneurs relativement restreinte. Ce qui n’effraie pas Arnaud Deschin, fraîchement propriétaire de La gad, qui connaît bien la situation, à peu près identique à celle du temps où il travaillait avec Roger Pailhas. «Les collectionneurs sont les mêmes qu’il y a 10 ans, juste un peu plus vieux explique-t-il. Mon objectif est de chercher de nouveaux clients, à Monaco ou à Dubaï s’il le faut !». Combatif, il combine une formation aux Beaux-arts de Luminy et de multiples expériences à Marseille (Art Dealer, revue Blocnotes) et Paris (Fonds national d’art contemporain) à un métier de visiteur médical pour des laboratoires pharmaceutiques. De quoi manager La gad comme un nouveau business, à ceci près que c’est aussi une passion. Confié à des architectes et designers marseillais (Atelier XY et Maxime Paulet de aiedesign), l’aménagement de cet ancien restaurant de 55 m2 rue Espérandieu (1er) est habile et fonctionnel avec ses deux espaces modulables privé-public. Un système de panneaux glissants sépare l’habitat de la salle d’exposition agrémentée d’un banc tout en longueur pour profiter des œuvres ou assister à des performances, l’ensemble donnant sur un jardinet qui sert de puits de lumière naturelle. Là quelques pièces de Fanny Baxter posent d’emblée les fondamentaux de la gale-
rie : un «objet-concept» sculpté et brodé produit par Arnaud Deschin, Sarkoland, qui pèse 100 kg et coûte 5000 euros. Divers courriers encadrés et mis sous verre, mélange d’échanges épistolaires administratifs, commerciaux et artistiques. Une «bague viseur» en argent dans sa boîte bijou, sous une cloche en verre. Et des exemplaires bien frais de la Canned Zaa, une boisson mise en vente dans le cadre des activités du Laboratoire Zaa de Fanny Baxter ! Rien de surprenant car l’artiste est à la tête d’une structure tentaculaire qui regroupe des départements, des services et des produits (sous-titrée «morceaux choisis sur la diversité du vivant» et affiche une posture particulière d’artisteentrepreneur qui détourne le langage commercial et les codes du monde économique. Son champ de création emprunte aux entreprises et à la mercatique leur arborescence et leur vocabulaire. Faire le choix de Fanny Baxter est donc un signe fort qu’Arnaud Deschin adresse à ses futurs clients : ils pourront découvrir dès juillet l’une des sept «Zones de sensibilisation» qu’elle déclinera en Europe. Tout comme ses projets de collaboration avec Art-O-Rama (exposition de Vanessa Santulo) et Astérides (accueil des artistes résidants) affirment son envie de s’inscrire dans la cité sans faire cavalier seul. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Swimming Sarko Fanny Baxter jusqu’au 12 juin La gad, Marseille 06 75 67 20 96 www.facebook.com/ la.gad
Sarkoland, Fanny Baxter © X-D.R
Le monde pictural haut en couleurs de Liliane Wojnarowski est la face joyeuse d’une vie douloureuse marquée par l’exil, les hôpitaux psychiatriques et la perte d’un être cher. Comme pour transcender la réalité elle creuse dans la matière, traite la couleur en aplats vigoureux et figure souvent le portrait de son fils, dans un style proche de l’art singulier. Cette liberté plastique lui permet d’oublier un peu de l’horreur vécue. M.G.-G.
Liliane Wojnarowski © X-D.R
Liliane Wojnarowski du 22 avril au 6 mai Galerie Andiamo, Marseille 04 91 95 80 88 www.assopoc.org
Lignes de vie C’est un face-à-face (un combat ?) avec l’homme dénué de tout artifice que Gérard Eppelé mène dans sa peinture : la figure hante la toile, l’envahit, la vampirise dans un entrelacs de traits serrés, tordus, fiévreux. Les titres en disent long eux aussi sur l’ombre portée par l’homme : Les insurgés, La vie inachevée, Rien l’être, La grande face… Et les interrogations que son œuvre suscite sont aussi violentes qu’un long silence. Ou qu’un blanc laissé béant entre deux lignes de couleur. M.G.G. Regarder la mémoire Gérard Eppelé du 23 avril au 22 mai Galerie Anna-Tschopp, Marseille 04 91 37 70 67 www.anna-tschopp.com La Mélancolie, Gérard Eppelé © X-D.R
AU PROGRAMME
ARTS VISUELS
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Coups doubles Doppio et Doppel sont dans une expo double… de Koki Watanabé. L’artiste qui travaille sur les problématiques des systèmes binaires qui hantent notre univers post moderne, a conçu une installation spécifique pour un lieu et l’autre. C.L. Doppio à La Tangente, Marseille jusqu’au 16 mai http://la.tangente.free.fr Doppel à La Poissonnerie, Marseille du 8 au 21 mai www.lapoissonnerie.free.fr Koki Watanabé: Doppio, installation, terre cuite, copeaux de bois, impression jet d'encre sur papier et lumière noire, peinture acrylique, 2010 © X-D.R
Alain Jouffroy Figure emblématique de la critique d’art et de l’avant-garde, grand découvreur de talents et défenseur de la Figuration narrative, co-fondateur d’Opus international, l’écrivain et poète Alain Jouffroy produira une lecture-surprise en présence des œuvres de Marco Barbon, samedi 24 avril à 17h. C.L. Marco Barbon Chronotopies du 22 avril au 22 juin La Non-Maison, Marseille 06 24 03 39 31 www.lanonmaison.com
tirage jet d’encre sur papier Hahnemuhle Fine Art Pearl
Renouveau Après le sérieux chahut de la précédente exposition, l’institution marseillaise consacrée à l’art moderne rouvre discrètement ses portes. Le nouvel accrochage brosse un portrait de l’art du XXe siècle dont ses collections comptent parmi les plus importantes, ainsi un ensemble exceptionnel du groupe activiste Gutaï précurseur du happening. C.L.
Nombre, Victor Brauner, plâtre, 1943 © X-D.R
Musée Cantini, Marseille 04 91 54 77 75 www.marseille.fr
Femme à genoux, sculpture bronze, Auguste Chabaud © X-D.R
Allégories de la Provence Les Baux-de-Provence, les arcades de Tarascon, les amandiers en fleur, une scène de tauromachie ou un portrait de famille, tels sont quelques-uns des thèmes de prédilection d’Auguste Chabaud, figure majeure de l’École provençale. Avec la même délectation qu’il éprouvait à peindre sa vie quotidienne et les paysages qu’il adorait, on se plaira à retrouver «sa patte» dans un florilège de 120 tableaux, dessins et sculptures qui disent toutes son goût pour un certain art de vivre. M.G.-G.
La Provence d’Auguste Chabaud du 12 mai au 12 septembre Palais des Arts, Marseille 04 91 42 51 50 www.regards-de-provence.org
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CINÉMA
LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE
Du 21 au 25 avril, se tiendra à Cannes la 7e Edition du Festival International du Film Panafricain, organisé par l’association Nord-Sud Développement avec comme fil conducteur cette année : «Le Monde Ethique est en Marche». Concerts, dont un hommage à Myriam Makeba, ateliers, expositions, défilés et une cinquantaine de films -dont une quinzaine en compétition- venus de tous les coins du monde, en particulier d’Afrique, Cameroun, Mali, Guinée, Mozambique, Angola, Burkina…. Léonora Miano, écrivaine originaire du Cameroun, en sera la présidente d’honneur. Festival du Film Panafricain 04 93 99 75 87 www.festivaldufilmpanafricain.org
Variétés 04 91 53 27 82
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Le 22 avril à 18h30, à la Cité du livre à Aix, dans le cadre des Journées du Film sur l’Environnement organisées par le Festival Image de Ville, une carte blanche est donnée aux Rencontres Internationales Sciences et Cinémas (RISC), Cinésciences «Soleils, soleils» : projection de huit films en présence de Marc Lachièze-Rey, astrophysicien, directeur de recherche au CNRS.
Le 28 avril à 20h, au cinéma Variétés, La Chine est encore loin, un documentaire sur le village où a éclaté la révolution algérienne, en présence du réalisateur Malek Besmaïl. Le débat sera animé par Catherine Estrade d’Aflam. Le 10 mai à 20h, projection de 8th Wonderland de Nicolas Alberny, Jean Mach, Aurélien Dupont en présence de l’équipe du film : des millions de personnes, déçues de la manière dont le monde évolue, décident de s’unir. Toutes guidées par le même désir d’améliorer les choses, de ne plus subir l’actualité sans pouvoir réagir… Le 20 mai à partir de 18h30, Coocksound Party en collaboration avec la Plage Sonore et les Arts Mélangés, soirée «Bollywood» autour du film Devdas de Sanjay Leela Bhansali avec expo, repas et musique.
Association Polly Maggoo 04 91 91 45 49 www.pollymaggoo.org
Alcazar 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
Les 27, 28 et 29 avril à 18h 45 au cinéma Renoir à Martigues, Thierry Thieû Niang, chorégraphe et danseur présente trois films, trois voyages intérieurs, précédés d’impromptus dansés et d’échanges. Le 27 ce sera Samson et Delilah de Warwick Thornton, Caméra d’or à Cannes en 2009. Le lendemain, Mother de Bong Joon-Ho et pour finir, Les Plages Agnès d’Agnès Varda. Cinéma Jean Renoir 04 42 44 32 21 http://cinemajeanrenoir.blogspot.com
Le 28 avril à 20h, séance spéciale de Nénette de Nicolas Philibert et de Suite Parlée de Marie Vermillard, en présence de Jean-Michel Frodon, critique, enseignant et écrivain, ancien directeur des Cahiers du Cinéma : «Nénette nous regarde… Ce que je lis dans ce regard, dans quelle mesure est-ce ce qui s’y trouve, ce que j’y projette, ce que des conventions et des préjugés y impriment ? Question du vivre ensemble, question du cinéma aussi (…).» Alhambra 04 91 46 02 83 www.alhambracine.com
La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Les mardis de la Cinémathèque proposent au CRDP deux films mythiques : le 27 avril, Jeux interdits de René Clément, et le 4 mai Chantons sous la pluie, deuxième film réalisé par Gene Kelly et Stanley Donen. Les 11 et 18 mai, c’est le chef-d’œuvre d’Eisenstein, Ivan le terrible, opéra muet de lumières, qui sera présenté en deux parties. Ces séances débutent à 19 heures. La Cinémathèque de Marseille 04 91 50 64 48 www.cinememoire.net
La Chine est encore loin de Malek Besmaïl
Le 29 avril à 20h, l’association Cinépage propose, au cinéma Le Prado, L’Anglaise et le Duc d’Eric Rohmer avec Lucy Russell, Jean-Claude Dreyfus, Rosette… Sous la Révolution, la vie périlleuse de Grace Elliott, une belle Anglaise royaliste résidant en France, et ses relations, à la fois tendres et orageuses, avec le duc d’Orléans, cousin de Louis XVI, acquis aux idées révolutionnaires. Cinépage 04 91 85 07 17 www.cinepage.com
Le 11 mai à 14h, à la Cité des Associations, le Collectif PACA Pour la Mémoire de l’Esclavage et Couleurs Cactus proposent 1802, L’épopée guadeloupéenne de Christian Lara : Napoléon Bonaparte, en 1802, organise sa conquête du pouvoir. Il entend d’abord rétablir l’autorité de la France, et l’esclavage à Saint-Domingue et en Guadeloupe. Le colonel Louis Delgrès décide de se battre contre l’armée française esclavagiste. Et le 12 mai à 14h aussi, ce sera Little Sénégal de Rachid Bouchareb. Couleurs Cactus 06 98 72 29 07
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Le 23 avril à 17h, à l’Alcazar, La Documentation Régionale propose la projection d’un documentaire sur les lieux de l’Occupation à Marseille et la mémoire des exilés qui ont séjourné dans la ville pendant la guerre. Et le 24 avril à 14h, table ronde autour des thématiques du film Je ne vous oublierai jamais, en présence du réalisateur Pascal Kané et de Renée Dray-Bensoussan, Jean-Louis Parisi, Pierre Echinard et Jean-Michel Guiraud. Le 26 avril à 20h, en avant-première et en collaboration avec la Région PACA, au cinéma Variétés, projection de Je ne vous oublierai jamais avec Rudi Rosenberg, Fanny Valette, Pierre Arditi… en présence du réalisateur et de l’équipe. Un film sur un jeune Polonais qui, en 1941, est déchiré entre la possibilité de partir pour l’Argentine et le désir d’attendre sa famille qu’il a laissée derrière lui.
Le 30 avril à 19h, en partenariat avec Fotokino et la Cinémathèque Française, La Criée propose un Ciné concert, L’Hirondelle et la Mésange, film tourné en 1920 par André Antoine dans des décors naturels et avec des acteurs non professionnels. Marc Perrone accompagnera de son accordéon diatonique ce film, refusé par Pathé et dont les éléments abandonnés à la Cinémathèque française ne seront montés qu’en 1983 par Henri Colpi. L’argument ? Une histoire pas si commune en ces temps de réalisme social : le patron marinier est entouré de deux sœurs, une sur chaque péniche. L’Hirondelle et la Mésange, dans les canaux du Nord, entre la Belgique et la France, ne transportent pas que du charbon…
Le 29 avril à 20 h, dans le cadre du Festival Reflets, Diner-Ciné à la Friche de la Belle de Mai, Mezzé grecs suivis de la projection de L’attaque de la Moussaka géante de Panos A. Koutras, une farce survoltée aux effets spéciaux bricolés, devenue une référence dans l’univers du nanar : une moussaka de trente mètres de haut sème la panique et la mort dans les rues d’Athènes… Réservations conseillées au Restaurant Les Grandes Tables de la Friche 04 95 04 95 85
Le 29 avril à 20 h, en partenariat avec l’Institut de L’Image à Aix, l’association 360° et même plus propose HORS CASES #11, en présence de Lionel Soukaz, cinéaste. Outrage et rébellion : le 8 juillet 2009 à Montreuil Joachim Gatti, réalisateur de 34 ans, qui participe à un rassemblement de soutien, perd un œil suite au tir d’un policier. Nicole Brenez, universitaire et programmatrice du cinéma d’avant-garde à la Cinémathèque Française et Nathalie Hubert, monteuse, appellent des cinéastes à réaliser un film collectif… Cette projection sera suivie d’un débat et la soirée se poursuivra avec le documentaire de Francesca Comencini, Carlo Giulani, Ragazzo. 360° et même plus 04 91 91 50 06 http://360etmemeplus.org
Little senegal de Rachid Bouchareb
Du 19 mai au 1er juin l’Institut de L’Image à Aix rend hommage à Éric Rohmer, cinéaste de la Nouvelle vague avec Chabrol, Truffaut, Godard, etc., rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, et fondateur avec Barbet Schroeder des Films du Losange. Huit de la trentaine de longs métrages qu’il a réalisés seront présentés : trois des six Contes Moraux, La Collectionneuse, Le Genou de Claire, Ma Nuit chez Maud ; quatre des six Comédies et Proverbes, La Femme de l’aviateur, Pauline à la plage, Les Nuits de la pleine lune, Le Rayon vert ainsi que Perceval le Gallois, d’après l’œuvre de Chrétien de Troyes. Le 25 mai à 18h30, Charles Tesson, critique de cinéma, fera une conférence sur l’œuvre du cinéaste récemment disparu, qui inventa une sorte de naturel improbable entre dialogues faux, situations banales et effacement subtil des effets de mise en scène. Institut de l’Image 04 42 26 81 82 www.institut-image.org
REFLETS | IMAGE DE VILLE | ROUSSET | CANNES CINÉMA 37
L’écran qui reflète
Un vendredi à Rousset
Du 5 au 9 mai aura lieu la 8e édition du Festival REFLETS, des films d’aujourd’hui pour penser demain. Du cinéma bien sûr, mais aussi de la musique, des rencontres, des expositions, des spectacles, des apéritifs dans la convivialité, pour un festival qui a su démontrer la pertinence de ses choix en donnant à voir, malgré les difficultés financières qui lui sont faites, un visage des thématiques «lesbiennes, gays, trans et bi» sans caricatures, sans folklore et sans tabou. Fictions, documentaires souvent inédits et peu distribués, plus de vingt films, longs et courts portent sur la question du genre et de l’identité sexuelle. En ouverture, le 5 mai, Corazones de Mujer de Kiff Koosof : Shakira, travesti marocain et meilleur couturier de Turin, décide d’aider une cliente, qui n’est plus vierge et va se marier. Sous prétexte d’aller choisir des tissus au Maroc, ils décident de se rendre ensemble à Casablanca où Zina pourra se faire opérer. Pour rentrer dans leur pays d’origine et mener à bien leur voyage, Shakira est obligée de reprendre son allure masculine… Une comédie, Were the world mine de Tom Gustafson raconte l’histoire d’un
Le Festival Provence Terre de Cinéma a mis à l’honneur, cette année, le Kurdistan. Après quatre courts métrages, le public a pu (re)voir le premier long de Bahman Ghobadi, Un temps pour l’ivresse des chevaux, un pur moment d’émotion, une vraie leçon d’amour et de solidarité. Au Kurdistan iranien, près de la frontière avec l’Irak, cinq frères et sœurs survivent difficilement, seuls. Ayoub veut sauver la vie menacée de son frère, atteint d’une grave malformation physique, que seule une opération peut sauver. Il se fait engager par des contrebandiers pour passer des cargaisons en fraude à dos de mules à la frontière irakienne… Une mise en scène à la fois nerveuse et pudique, des images épurées, poétiques et terribles, un film d’endurance et d’état d’urgence dont on ne ressort pas indemne. La transition avec la deuxième partie de la soirée, Du Court au Long, est assurée par un groupe de musiciens franco-kurdes, Bayan, qui ravit l’assistance, occupée à déguster des mezze dans une ambiance conviviale… C’est Hubert Gillet qui est passé du court, Lune, au long, Dans tes bras. Les deux abordent le même thème de l’adoption et du placement. Le premier raconte le retrait d’une petite fille à sa mère et son placement : un film presque sans paroles, pudique et sensible, porté par le très beau «jeu» de la petite Clarisse Baffier. Dans tes bras suit la quête de sa mère biologique par Louis, un adolescent, qu’interprète avec justesse, Martin Loizillon. On ne peut en dire autant de Michèle Laroque (une des mères) qui en fait vraiment trop ! La rencontre entre Hubert Gillet et le public est riche d’informations sur la genèse des films, sur le travail de cinéma. Mais s’il est clair que ce type de films renvoie à l’intime, on regrette que certains spectateurs aient pris la salle de cinéma pour le divan du psychanalyste… Merci pourtant à l’équipe des Films du Delta de proposer des journées aussi variées !
Corazones de mujer de Kiff Koosof
adolescent, seul homosexuel de son lycée, souffre-douleur de ses camarades ; il répand un philtre d’amour, inspiré par Shakespeare, sur l’ensemble de la petite ville américaine qui se transforme ainsi en joyeux village gay... La thématique de la représentation du corps, des tabous et des discriminations, autour du sport, permettra de voir trois documentaires, Les garçons de la piscine de Louis Dupont, Ils seront forts, elles seront belles de Camille Ducellier et Ramène tes fesses à Copenhague de Jean-Baptiste Erreca en présence des auteurs. Deux cartes blanches sont données : l’une à Bernard Latarjet qui propose Le Satyricon de Fellini et l’autre, pour la
soirée de clôture le 9 mai, au Festival Tous Courts d’Aix qui présente dix courts métrages dont Odile de Bénédicte Delgéhier et Yo sólo miro de Gorka Cornejo. Cinq jours de plaisirs cinématographiques au cinéma Variétés à Marseille sans oublier le «One woman show» Océanerosmarie, la lesbienne invisible, le 7 mai à 22h. ANNIE GAVA
Reflets Du 5 au 7 mai Les Variétés 04 91 64 75 87 www.festival-reflets.org
Du soleil plein les yeux ceux qui fuient sécheresse et famine. Voir ou revoir la reddition d’Hirohito dans Le Soleil de Sokourov, revivre l’aventure galactique de la mission Icarus II dans Sunshine de Danny Boyle et suivre les frugaux fremens en l’an 10191 sur la planète Dune avec David Lynch. Les cinéphiles retrouveront avec plaisir le malicieux Méliès et son Eclipse de soleil en pleine lune proposé en ouverture le 21 avril et le carnet de notes pour une Orestie africaine de Pasolini, libre transposition de la tragédie d’Eschyle, le 24 avril. De quoi éclairer les esprits et réchauffer les consciences ! E.P.
Images de ville Les journée du film sur l’environnement 04 42 63 45 09 www.imagedeville.org
ANNIE GAVA
Ouvert à tous les cinéphiles curieux, amateurs, insatiables, le festival Visions Sociales, qui se tient en marge du Festival de Cannes, est l’occasion d’échanges avec des réalisateurs, des acteurs, des techniciens lors de rencontres. Né à l’initiative de la CCAS, il est la vitrine des actions menées à l’année, et l’oc-
casion de (re)découvrir un cinéma d’auteur ambitieux qui tente de questionner l’ordre social. Thèmes phares pour cette 8e édition parrainée par Jean-Pierre Darroussin : la souffrance au travail et la situation des femmes dans le monde, ainsi qu’une place importante accordée au cinéma d’Afrique.
Du 15 au 24 mai, courts et longs métrages, fictions et documentaires seront projetés au Château des Mineurs, à la Napoule. DO.M.
www.ccas-visions-sociales.org
Dans tes bras de Hubert Gillet
Ciné social
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Plein soleil pour la 5e édition des journées du film sur l’environnement proposée par Images de ville du 21 avril au 5 mai en Pays d’Aix. Thème rayonnant sur lequel gloseront astrophysiciens, ingénieurs, architectes et cinéastes. Axes de réflexion : les problèmes énergétiques, climatiques, démographiques, la désertification, l’effet de serre, les prospectives, l’état actuel de nos savoirs sur cette étoile, et les mythes qui s’y attachent. Seront projetés, pour petits et grands, plus de 70 fictions ou documentaires dans lesquels la science rencontre les rêves et dont les titres mystérieux suscitent déjà la curiosité : Et si Dieu jouait aux dés, Les corbeaux du soleil, L’éclipse et le beurre céleste, La brûlure de mille soleils, Super Photon pour Maxi Watt... On pourra se laisser fasciner par le Sahara de Depardon dans Un homme sans l’occident, retrouver le Mali de Souleymane Cissé dans Yeelen, l’Afrique de l’exode et de l’espoir tenace de Marion Hänsel : si le vent soulève le sable sous les pieds de
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MUSIQUE
RÉCITALS
Les femmes composaient !! Deux conférences et un concert clôturèrent un Mars en baroque délicieusement féminin…
Maria Cristina Kiehr © Marie Eve Brouet
Le 16 mars, Sylvie Mamy, musicologue spécialiste de Venise, présentait les filles musiciennes de l’Ospedale de la Pietà qui firent la réputation de la Cité des Doges. Vivaldi y enseigna le violon et il laisse une dédicace mystérieuse à la belle Anna Maria, religieuse et violoniste virtuose : un concerto pour viole d’amour avec codage amoureux! Antonio Vivaldi : Concerto con V’AMor. (V pour Vivaldi, AM pour Anna Maria) : troublant ! Le 23 mars, Catherine Cessac expliqua ce qu’impliquait être femme et compositrice en Italie. Les musiciennes de cette époque étaient religieuses, aristocrates : Catarina Assandra composera des Motets, Sulpiccia Cessis des Antiennes à la vierge, Isabella Leonarda des petits et grands motets et la première sonate composée par une femme ! Les plus célèbres : Francesca Caccini, chanteuse et compositrice publie Il Primo Libro delle Musiche, et Barbara Strozzi, dont l’expression vocale, le style concitato, et les figuralismes étaient dignes de Monteverdi. On retrouvait le répertoire de ces compositrices avec Jean Mac Aymes dirigeant son Concerto
Suave, avec la même aisance à l’orgue et au clavecin. Le continuo, viole de gambe et harpe, soutenait à merveille les plaintes et élans baroques, tandis que les deux violons semblaient chanter le contrepoint dans les jeux en écho. En première partie un Concerto da chiesa, avec les motets d’Isabella Leonarda : Ave suavis dilectio, Francesca Caccini, Maria, dolce Maria. Maria Cristina Kiehr, soprano, caresse la ligne mélodique, souffle suspendu, attaques ciselées, finales résonant dans la merveilleuse acoustique de Saint Laurent : le duo seraphim de Caterina Assandra, bien avant celui des Vêpres de Monteverdi, montre toute la science du dialogue concertant. Suivait un Concerto da camara, des sonates et airs où domine Hor che Apollo de Barbara Strozzi : entre notes tenues planantes et virtuosité baroque, une aisance étonnante des six musiciens. Un bel hommage à des femmes talentueuses, rivalisant sans pâlir face à la domination masculine. YVES BERGÉ
Les conférences ont eu lieu à la Vieille Charité, le concert Eglise Saint Laurent, dans le cadre de Mars en Baroque
L’Arpeggiata joue son Théâtre même qu’au GTP) où le cornet à bouquin rivalisait sur des phrasés ternaires avec un Jaroussky faussement scandalisé, au point d’en perdre sa voix de haute-contre !
La luette fait le printemps
P-A HOYET
Ce concert a eu lieu le 24 mars à la Chapelle du Méjan à Arles
Philippe .Jaroussky © Simon Fowler
En rassemblant tout un répertoire vocal puisant son inspiration autour du sentiment amoureux au XVIIe siècle, Christina Pluhar et son Ensemble Arpeggiata ont présenté une audition encore plus généraliste de leur dernier cd basée sur l’œuvre de Monteverdi et intitulée Teatro d’amore : étaient jointes sur le même thème des pièces d’autres auteurs de la même époque parmi lesquels nous découvrions avec intérêt Strozzi, Sances, Melli… programme proche, en l’absence de Nuria Rial, la soprano annoncée, de celui donné au GTP deux jours plus tard. Philippe Jaroussky était tout à son aise dans un style musical posant les fondements de la musique baroque à travers la seconda prattica si chère à Monteverdi : le figuralisme et le stile rappresentativo étaient à l’honneur à l’image de cet Ohimè symbolisé par de longs filets de voix mourante et ce timbre de haute-contre si particulier. L’Ensemble Arpeggiata, qui doit sa chatoyance à l’alliance des cordes pincées (théorbe, archiluth, guitare, harpe et clavecin), frottées (2 violons) et même frappée (psaltérion), alternait les épisodes instrumentaux et virtuoses dans des passacailles endiablées avec des séquences en stile concertato avec la voix. C’est là que se démarque Christina Pluhar dans une démarche très personnelle et proche du jazz à laquelle se prête si bien le procédé de la variation au sein de la basse obstinée à la limite du walking bass : le pas fut d’ailleurs franchi sans complexe dans un bis iconoclaste et jazzy (le
Vingt minutes de bis, une salle en délire… les Stones ? non ! Philippe Jaroussky et L’Arpeggiata dans un programme consacré aux compositeurs italiens du début du XVIIe siècle : Strozzi, Melli, Cazzati… que des noms qui déclenchent l’hystérie des fans en délire ! Il faut dire que le très jeune et déjà très célèbre contreténor a su parfaitement gérer son affaire : bis plein d’humour, jeux de scène avec l’homme au cornet à bouquin… on était vraiment proche du bas rock ! Ne réduisons pas cependant la formidable qualité du spectacle offert par ces artistes à ce final, au demeurant croustillant ! 1h30 de concert sans discontinuité faisant alterner respectivement l’ensemble de Christina Pluhar -vivant, fin, dynamique, inspiré dans ses improvisations sur des basses obstinées- et l’étoile de la soirée. On a déjà tout dit sur Jaroussky mais répétons-le encore : c’est un musicien exceptionnel capable de distiller des pianissimi à vous faire frémir. Point d’exercices pyrotechniques, la musique, baroque fleurissant tout simplement, léger et audacieux… CHRISTOPHE FLOQUET
Ce concert a eu lieu le 26 mars au GTP (Aix)
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Musique, philosophie et mysticisme L’adagio et fugue en ut mineur de Wolfgang Amadeus Mozart attendait les auditeurs du 26 mars dernier dans la nef toujours trop fraîche de la cathédrale Saint-Sauveur. Le quatuor à cordes d’Aix-en-Provence, composé de Sophie Baduel et Anne Mehat au violon, Magali Demesse à l’alto et François Baduel au violoncelle, livrait une belle interprétation, sensible, où la largeur du son servait la délicatesse du propos, même si la dispersion des harmoniques dilatait parfois à l’excès les notes tenues. Puis, le chœur régional Provence Alpes Côte d’Azur, sous la dynamique direction de Vincent Recolin, donnait l’œuvre de Haydn, Les sept dernières paroles de notre Sauveur sur la croix. Cette composition de commande (sept mouvements lents destinés aux fidèles de la cathédrale de Cadix pour
méditer sur les dernières paroles du Christ), d’abord écrite pour orchestre, connaîtra un tel succès que Haydn en proposera cette version en Oratorio. Une autre dimension était cependant accordée à l’œuvre ce jour-là. Le récitant, Jean-François Héron, lisait non les paroles de l’évangile, mais celles du philosophe Michel Serres, qui interprète les paroles du Christ, les resitue dans le jeu d’échos du monde, regard sur l’énergie gaspillée des guerres, des violences, approche humaine et mystique de l’être, dans toute la beauté d’une possible transcendance. Le chœur, aux pupitres équilibrés, et les voix solistes s’élèvent purs et vibrants, en sacrifiant parfois l’intériorité que réclament les paroles et la musique, au profit du brillant de l’interprétation. Mais l’exécution fut remarquable dans le
Vincent Recolin © X-D.R.
Terremoto, «Tremblement de terre» qui fut repris en bis pour notre plus grande joie. MARYVONNE COLOMBANI
Jeune tubiste à la fête Situé en plein cœur des vacances scolaires, le concert symphonique du 10 avril à l’Opéra de Marseille a tout de même fait recette, remplissant honorablement les travées étagées du temple lyrique, et ce malgré un programme sortant de l’ordinaire, ce qui tend à prouver que le mélomane massaliote fait preuve d’une ouverture d’esprit nettement supérieure à sa réputation ! Personne n’a eu d’ailleurs à le regretter, tant l’affiche a été bien pensée, glorifiant la danse et permettant de découvrir des œuvres festives autant qu’un formidable soliste. Drôle de biberon en vérité que cette énorme pompe à air que tète brillamment le benjamin de l’or-
chestre ! Dans une incroyable cadence improvisée, en bout d’une création de Jean-Philippe Vanbeselaere, opus coloré, à l’impact rythmique puissant et faisant parfois penser à des musiques de film, le jeune Thomas Leleu pétarade, virevolte et swingue sur sa machine comme un jazzman sur son sax. Mais ce n’est pas dans un instrument soliste habituel que souffle le virtuose depuis le début du concert. Déjà dans le Concerto de Vaughan Williams, le tubiste (car c’est bien d’un tuba qu’il s’agit, pachyderme des cuivres condamné d’ordinaire aux basses-pompier de l’orchestre) enchaîne des gammes en guirlande et des sons feutrés comme
sur une mécanique davantage destinée aux envols virtuoses. L’acclamation qu’a reçue Thomas Leleu fut à la hauteur de son talent ! On ajoute aussi que la direction exaltante de Tarcisio Barreto Ceballos, dans une Suite foisonnante de Castellanos et les émouvantes Danses symphoniques tirées de West Side Story (immense Bernstein !), a transmis une belle fougue à l’Orchestre Philharmonique de Marseille et contribué au succès de la soirée. JACQUES FRESCHEL
Café Zimmermann, What else ? Le Café Zimmermann de Leipzig fondé par Telemann et notamment dirigé par Bach était un lieu de création de musique instrumentale au XVIIIe siècle. Pour son concert médian de la XXVe Semaine Sainte en Arles, le Méjan invitait l’ensemble du même nom fondé par Céline Frisch (clavecin) et Pablo Valetti (violon). Ces derniers étaient accompagnés de Patricia Gagnon, Petr Skalka et David Sinclair (alto, violoncelle, contrebasse). Diana Baroni se joignait au groupe dans les emblématiques Suite et Concerto Brandebourgeois avec traverso agrémentés de la Sonate pour flûte, violon et basse continue bwv 1055 du grand J.-S. Bach. Semaine Sainte, certes, mais musique profane donc de la période de Cöthen inspiré par les styles nationaux :
français dans la succession de danses issues de la suite française pour la Suite n°2 en si mineur, italien dans le
style concertant en trois mouvements du 5e Concerto Brandebourgeois, allemand dans la trame contrapuntique Ensemble Café Zimmermann, Pablo Valetti © Petr Skalka
et universel dans la fusion de ces différents apports façonnés par le génie allemand. La tâche est rude pour notre ensemble qui s’en tire à merveille ! Les auditeurs pouvaient ressentir les relances constantes des différents pupitres dynamisés par le premier violon. Le clavecin achevait de nous convaincre avec la célèbre cadence du Brandebourgeois, quand la flûte confirmait sa maîtrise en négociant la Badinerie de la Suite avec brio. Quand le profane rejoint le spirituel, la Semaine reste Sainte ! P-A HOYET
Ce concert a eu lieu le 28 mars à la Chapelle du Méjan à Arles
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MUSIQUE
MUSIQUE DE CHAMBRE
De la manière à la matière, épisode 1 Le fameux label Lyrinx (fondé à Marseille par René et Suzanne Gambini en 1978), coutumier des enregistrements en public, a programmé l’intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven au Grand Théâtre de la Criée ! Vaste sujet, entamé le 26 mars par une conférence de Jean-Yves Bras (directeur de la Documentation Musicale de Radio France), au contenu éclairant sur l’évolution stylistique (d’après la théorie des trois périodes de Wilhelm von Lenz) de l’homme à «plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes», selon Haydn, qui fut un acteur fondamental de l’évolution vers le romantisme. Il suffit en effet d’entendre les sonates de l’opus 12 (d’ailleurs dédiées à Antonio Salieri), solides mais encore scolaires, empreintes du style classique viennois (l’audace mozartienne en moins), et de les comparer à la sonate dite du Printemps (opus 24), plus tardive, pour comprendre la modernité de ses motifs mélodiques.
Côté interprétation, David Galoustov (violon) et Caroline Sageman (piano) se montrèrent tout simplement admirables, respectant l’importance du clavier et limitant les épanchements sans pour autant négliger le lyrisme déjà bien présent dans la partition du jeune Beethoven, en n’oubliant pas de se laisser aller juste ce qu’il faut dans les tempi. Les concerts suivants (19 mai et 8 juin) s’attaqueront aux opus 23, 30 et 96, plus aboutis dans l’écriture et un peu moins austères. Un voyage vers le romantisme en trois étapes… que l’on pourra revivre sur disque grâce au savoir-faire unique des Gambini. SUSAN BEL
Ce concert a eu lieu le 26 mars dans la grande salle de la Criée, rideau de fer baissé pour cause de désamiantage incomplet…
Caroline Sageman © Frédérique Le Calvez
Poésie de l’errance bédian. Un vivace sautillant fait apprécier, dans une fougue Sturm und Drang, la sobre énergie du violon-
Premier récital !
Depuis quelques années, les amis de l’orgue de Carry-le-Rouet, désireux que leur église soit dotée d’un orgue contemporain, multipliaient les collectes, les dossiers de subvention et les concerts gracieux au profit de ce projet. Ils ont vu leurs efforts couronnés ! À l’occasion de son inauguration, la fine fleur des organistes de la région s’était réunie, soucieuse à la fois de «rôder» et d’exploiter les capacités de ce joyau. Bernard de Saint Vaulry, au jeu subtil et tout en nuances, offrait en prélude deux extraits du Petit Livre d’orgue de Bach ; venait ensuite la Grâce de Telemann où s’exprimaient toute la finesse et l’émotion de Valérie Bron, avant les accents mélancoliques de la Sicilienne de Von Paradys, avec la flûte d’Estelle Faure-Brac.
celliste Raphaël Pidoux. Une musique nerveuse, une interprétation magistrale. La surprise vint du trio du compo-
siteur arménien Arno Babadjanian (nommé artiste du peuple de l’URSS en 1956 !) : une marche funèbre précédant de superbes variations au violon puis au violoncelle. Une deuxième respiration, violon planant sur accompagnement du piano, invite le violoncelle en tuilage dans une mélodie d’une étonnante sensibilité. Le trio de Mendelssohn op. 49, à l’écriture moins audacieuse, réserva cependant un final échevelé où l’on apprécia l’exubérance et la sûreté technique de Vincent Coq et la couleur magnifique des cordes frottées. Hommage à un peuple et à toutes les souffrances niées de l’histoire, magnifié par trois voyageurs sans frontières. Trio Wanderer © Yves Bergé
Le Centre culturel arménien Ani, représenté par le pasteur Gilbert Léonian et Robert Assante, maire de secteur, étaient très émus de pouvoir réunir, en l’église Saint Barnabé, le Trio Wanderer, prestigieuse formation de musique de chambre. La rue du 24 avril 1915, tout près, rappelant le terrible génocide, et le quartier de Beaumont attestent d’une forte communauté arménienne installée depuis près d’un siècle dans ce 12e arrondissement de Marseille. Une minute de silence précéda le concert pour une communion contre toutes les soufrances, toutes les guerres. Les Wanderer nous invitaient alors à un voyage intérieur et passionnant. Le trio op. 63 de Schumann impose la patte de ce compositeur écorché vif : des harmonies suspendues, des développements acérés. De grands arpèges au piano, Vincent Coq très expressif, accompagnent un chant mélancolique au violon, ténébreux et sensible Jean-Marc Phillips-Varja-
YVES BERGÉ
Ce concert a eu lieu à Saint Barnabé le 10 avril
La Sonate de Purcell, grâce au jeu lumineux de la trompette de Nicolas Boeri, proposait un dialogue étincelant, aux échos guillerets, avec l’orgue, véritable jeu de questions-réponses, jusqu’à la célébration éclatante de l’exultation ultime. Enfin, René Verdot, avec divers extraits de la Méthode d’orgue de Stolze, organiste allemand du XIXe, mettait en relief les différents registres de ce bel instrument. JEAN MATHIEU COLOMBANI
Ce récital était donné à Carry Le Rouet, le 21 mars
De l’intime à l’infime…
La dernière séance de la saison de la Société de Musique de Chambre de Marseille a affiché un jeune trio germanique, le trio Atos, dans deux fameux opus du répertoire. Annette von Hehn (violon), Stefan Heinemeyer (violoncelle) et Thomas Hoppe (piano) ont pris le parti de la délicatesse, de la subtilité des nuances dans le Trio n°7 op.97 en si bémol majeur «L’Archiduc» de Beethoven et le Trio n°2 op. 100 en mi bémol majeur de Schubert. Ces troislà ont franchi les obstacles beethovéniens, se jouant des fausses pistes formelles de la sonate classique, de ses surprises harmoniques, avec exaltation, mais confondant parfois un peu trop l’«intime» avec l’«infime», comme dans les Variations du 3e mouvement. Ce jeu, certes très musical, mais trop «petit», a été moins préjudiciable dans Schubert, depuis le fameux Andante finement martial au lyrisme affligé (où brilla le violoncelliste), jusqu’au final alerte. On attendra désormais quelques mois avant la prochaine saison et les venues annoncées de Jean-Claude Pennetier (les deux concertos de Chopin avec quatuor !), Emmanuel Strosser ou le retour du Quatuor Modigliani… entre autres ! Le temps de renouveler son adhésion… J.F
Adhésions Espace culture 04 96 11 04 60 ou Harmonia Mundi 04 91 33 08 12
Trio Atos © Gela Megrelidze 2008
Injustement méconnu ! Au programme du concert de musique de chambre de l’Opéra ce mois-ci : les sonates pour deux hautbois et basson n°2 et 7 VWV 181 de Jan Dismas Zelenka et la suite pour clavier BWV 818a de J.-S. Bach. Concert très baroque, donc, et très réjouissant : le sens de la fugue et de la dynamique du compositeur tchèque, injustement méconnu s’avère surprenant, et gagne à être redécouvert largement ! Car il fut connu : Antonio Lotti avait vu en lui un élève prometteur, Bach et Telemann lui enviaient quant à eux sa science du contrepoint et son inventivité harmonique. Il fut très bien desservi par la complicité des deux hautboïstes (Marc Badin et Patrice Barsey) et du bassoniste (Hervé Issartel) de l’ensemble Besozzi. La nervosité des échanges, bien que compensée par une basse continue un peu trop appuyée par le contrebassiste (Jean-René da Conceiçao), rappelait par endroits l’expressivité italienne, rattrapée ça et là par un sérieux et un sens de l’architecture plus allemands. Ensemble Besozzi © X-D.R. La suite de Bach, déliée avec sobriété et tendresse par la claveciniste Christine Lecoin, s’intercala à merveille entre les deux morceaux de bravoure, applaudis chaleureusement par le public. SUSAN BEL
Ce concert a eu lieu le 17 avril au Foyer de l’Opéra de Marseille
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MUSIQUE
SPECTACLES
Le diable au corps
Traces des tueries
La salle de la Cartonnerie de la Friche accueillait pour l’ouverture du Festival Les Musiques le 17 avril l’adaptation du fort scandaleux Concile d’amour d’Oskar Panizza Massacre © Joao Messias-Casa da Musica
Massacre… Voilà un titre bien intrigant quand on ignore qu’il s’agit d’un opéra pour 5 chanteurs, 9 instruments et électronique du compositeur contemporain Wolfgang Mitterer, à partir d’un livret inspiré de la pièce Massacre à Paris (1593) de Christopher Marlowe et basée sur les évènements tragiques de la Saint-Barthélemy. Il fallait la baguette de Peter Rundel et son Remix ensemble pour traduire les terribles atmosphères musicales que se condamnait à écrire le compositeur en choisissant un tel sujet (et faire écho à notre époque ?). Notre homme a du métier et maîtrise sur le fil ses mélanges acoustiques et électro-acoustiques, ses références stylistiques (contemporaines, jazz, techno…) et nous fait partager sa passion de l’«inouï», ainsi qu’il aime à le rapporter, en frisant la saturation et l’autodestruction permanente de ses constructions sonores. Ludovic Lagarde, le metteur en scène, contrepointe cette profusion sonore par une projection vidéo symbolique ou schématique sur des petits cadres supérieurs et un grand écran en fond de scène reportant sporadiquement tout ou partie des tableaux successifs et concomitants (le meurtre, la chute, le procès, la vengeance…). Dense, variée mais unie, la lumière contribue à lier tous ces éléments à l’image de cet éclairage caravagesque sur des vocalises gesualdiennes. Accompagnés par une danseuse à la chorégraphie convulsive quand elle ne devient pas poupée de chiffon, les chanteurs
concourent à cette ambiance terrible, poussés dans leur retranchement à l’image de la performance vocale suraiguë de la colorature Elisabeth Calléo en Duchesse de Guise. Prégnant parfois, mais ça passe, sur le fil (de l’épée) à friser la révocation pour certains… P-A HOYET
Massacre a été joué le 1er avril au théâtre de Nîmes
Étoiles étiolées Voyage au fil du temps, de Rameau à la poésie d’Andrée Chédid : Anna Caterina Antonacci, soprano, campe tour à tour Phèdre, Armide, Médée, Ophélie, Didon. Le spectacle est original mais hybride : des héroïnes d’opéras, amoureuses, blessées, délaissées, la diva cisèle chaque mot, de la plainte © Agnès Mellon
mélancolique à l’hystérie, voix chaude dans les registres graves et médium, plus de dureté dans l’aigu. Mais passer du baroque au romantisme demande une aisance stylistique (accents, ornements, ligne de chant) qu’elle maîtrise mal, malgré un engagement sans failles. Ni récital, ni opéra, ce mélange de scènes tragiques d’époques différentes, dans un décor unique, laisse songeur. Même si l’orchestre Les Siècles s’attache à donner la couleur idéale et le caractère de chaque pièce (symphonie de Méhul, Ouverture de Médée de Cherubini), et accompagne la soprano avec ferveur et délicatesse : le chef François-Xavier Roth maîtrise parfaitement phrasé baroque et élans romantiques. La mise en scène de Juliette Deschamps, sobre, invente une tempête artificielle du plus bel effet, tamise les lumières pour la mort de Didon, magnifique supplique de la Reine déchue et aimante. Quatre robes de soirée donnent une touche sensuelle et moderne, mais la belle Anna Caterina semble corsetée dans ses déplacements. Respirations intéressantes, les poèmes d’Andrée Chédid roulent insupportablement les «r» en voix off…. Que cherrrrches tu ailleurrrrs ? À comprendre, sans doute, pourquoi cet hommage à des femmes superbes et passionnées ne prend pas. YVES BERGÉ
Altre stelle a été joué au GTP le 30 mars
Le moins que l’on puisse dire c’est que le peintre expressionniste allemand Georges Grosz, lui-même auteur d’une toile intitulée Les funérailles d’Oskar Panizza, aurait applaudi des deux mains cette tragédie céleste pour voix, instruments, marionnettes et machineries, tant le propos de l’auteur jadis emprisonné puis interné colle à l’univers satirique et provocateur de l’organisateur de la première foire internationale Dada. Le Concile d’amour, pamphlet irrévérencieux et violemment anticlérical écrit en 1895, a été extirpé de la censure par les surréalistes après la seconde guerre mondiale : il a trouvé en Frédéric Révérend, qui l’a adapté en livret, une filiation géniale. Coproduit par l’opéra d’Angers, les Ateliers du spectacle et le théâtre Massalia, ce spectacle tient finalement plus du théâtre musical et du cabaret satirique cher au duo Brecht/Weill que de l’opéra. Un jésus un peu benêt accroché à sa croix, un dieu un peu dépassé en fauteuil roulant, une vierge Marie limite érotomane et un diable calculateur perché sur son échelle… le metteur en scène Jean-Pierre Larroche s’en est donné à cœur joie, livrant une partition pleine d’humour et de surprises, avalisée par les costumes carnavalesques de Marguerite Bordat. Les marionnettes papales ont des érections monstrueuses, et la perversion des hommes dépasse les pauvres créateurs perchés sur leur nuage. Provocation gratuite ? Pas vraiment si on mesure combien l’humanité contemporaine de Panizza était vaniteuse, viciée et délirante… Question musique, la composition de Michel Musseau utilisant trombone, violon, percussions (grosse caisse, vibraphone), guitare électrique et diffusion (chœurs de l’opéra d’Angers) a semblé en retrait en regard du délirium scénique. Il rappelait parfois le burlesque et le récitatif continu de l’Enfant et les sortilèges de Ravel. Avec des instrumentistes acteurs, il arrive souvent (pas toujours !) que l’on y perde au niveau musical ; mais le pari d’ensemble est réussi, avec une mention singulière pour les jolies voix de Dalila Khatir en Marie et Frédéric Caton en Dieu. Un brin expressionniste et complètement agitateur d’esprit, ce Concile d’amour a su troubler le public nombreux venu pour l’ouverture du festival du GMEM. FRÉDÉRIC ISOLETTA
Le Concile d'amour © Jef Rabillon
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Marseille «M» Verdi
© Christian Dresse 2010
Une fois encore, Marseille honore Verdi et son chant ensoleillé ! Le public phocéen attend son Rigoletto ou son Aida comme un bambin son cadeau au pied du sapin. Et peu importe si l’Attila produit par l’Opéra municipal a été donné dans une version de concert, car mieux vaut (comme ce fut le cas) découvrir une habile mise en espace (Yves Coudray) et lumière (Philippe Grosperrin), qu’assister à une grosse production poussiéreuse ! D’autant que le livret est, dans cet ouvrage, assez secondaire, au service d’un chant essentiel : les interprètes, au cœur du spectacle, ont juste à être placés dans les meilleures conditions pour faire vivre les intentions des personnages et laisser libre cours à leur expression vocale. À ce titre, on souligne la qualité générale du Chœur de l’Opéra, très présent, et la suavité des cordes de l’Orchestre (dir. Giuliano Carella) constituant un soutien lyrique de premier ordre. Le quatuor de solistes fut,
quant à lui, assez inégal. Seul Vittorio Vitelli possède véritablement les cinq lettres capitales du mot V.E.R.D.I. (Voix, Egalité, Rondeur, Dé-
tente, Intensité): un chant formidablement timbré et puissant, dans la lignée des grands barytons du genre ! On associe traditionnellement le re-
gistre d’Attila aux grandes voix russes du passé (Ghiaurov ou Christoff), mais José van Dam, Raimondi et surtout Samuel Ramey ont prouvé qu’une voix plus «chantante» pouvait triompher dans l’ouvrage. Le Slave Askar Abdrazakov, venu pallier la défection de Giacomo Prestia, a montré un chant homogène et noble, mais son timbre a eu tendance à blanchir sur la fin, la fatigue venant. Le ténor Giuseppe Gipali a lui aussi récolté des vivats mérités, grâce à un bel canto du meilleur goût quoique trop léger par rapport au reste du plateau. Enfin, si déception il y a, elle est venue de la soprano Sylvie Valayre, plus très à l’aise semble-t-il dans les vocalises lyriques d’Odabella. JACQUES FRESCHEL
Attila a été chanté à l’Opéra de Marseille du 27 mars au 4 avril
Exercer sa voix Aimer la musique est une bonne chose. L’écouter, la massacrer joyeusement entre copains, la martyriser sous la douche, la reprendre à contretemps en chantant à tue tête sur la radio en voiture, ou à la maison, en karaoké, que sais-je, cela nous emplit d’une joie que certains qualifieraient de sauvage, s’ils avaient le malheur de nous entendre… Mais l’on n’engage que soi dans cet exercice tout aussi périlleux que salutaire (les médecins prônent les exercices vocaux pour un développement harmonieux des poumons et les désencrasser des miasmes de la vie moderne. Cette ordonnance des disciples d’Hippocrate est particulièrement en vogue aujourd’hui, lorsque des volcans islandais cherchent à
polluer l’atmosphère avec plus d’efficacité que les usines de Fos-sur-Mer ou de Port-Saint-Louis-duRhône…). À l’angoissante question qui se posait d’une manière récurrente et académique, Mozart était-il baryton ? Partagé entre son amour pour la clarinette et ces belles voix graves auxquelles il dédia nombre d’éclatantes partitions, le très beau piano de Laurence Beyer apportait une réponse virtuose -les transpositions pour piano en requièrent !-, avec un jeu délié, et juste ce qu’il faut de théâtralisation pour le genre à l’honneur ce soir-là, un pot pourri d’airs extraits de La Flûte enchantée, Les noces de Figaro, Cosi fan tutte, Don Giovanni. Mais les chanteurs amateurs avaient nettement plus
de mal à affronter les partitions d’opéra. Les voix justes des sopranes, les mimiques du baryton étaient bien éloignées de ce que l’on peut attendre dans un tel répertoire. La réelle connivence avec un public amical ne suffisait pas à combler les défaillances vocales. Un programme certainement trop ambitieux, malgré un gentil duo Papageno Papagena, enthousiaste et frais. M.C.
Mozart était baryton, spectacle donné le 17 avril à la chapelle des Oblats à Aix
La Georgie profane fait trembler Venelles ! La polyphonie géorgienne, dont on trouverait les traces les plus anciennes au Ve siècle av J-C, est classée depuis 2001 au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce concert de l’ensemble SIMI en Pays d’Aix et le premier d’une tournée européenne attendue. Des chants sacrés orthodoxes jaillissent des poitrines de sept chanteurs polyphonistes, superbes chevaliers bottés, couverts de brocards et armés de lourds poignards damasquinés. Un chant de résurrection, rythmé et assis sur un bourdon saisissant, précède un chant à la Vierge du XIIe siècle, un murmure très doux où l’on découvre toute la richesse des harmoniques sur les piani, alliée à l’ampleur sépulcrale
des basses. Une berceuse de Svanétie permet de goûter la force des tenues ainsi que la richesse extrême des mélismes. De superbes arrangements de l’Ave Maria de Schubert laissent apprécier la variété des timbres chaleureux. Le chant final, Qorali, construit en cascades jaillissantes de vagues sonores conduit l’assistance à une véritable apothéose. C’est toutefois dans la seconde partie du spectacle, consacrée aux chants et aux musiques profanes, que ces artistes ont dévoilé les multiples facettes de leur art : tour à tour, chanteurs, danseurs, comédiens, musiciens virtuoses aux multiples instruments : guitare, doudouki, salamouri, pan-
douri, tchongouri, doli, tchiboni… Un chant enlevé de cavaliers à la rythmique trépidante, suivi de Souliko, sorte de parodie de chant galant précieux, des chants de travail, d’amour, de fêtes évoquent des réminiscences du chant populaire grec actuel, du chant de la tradition byzantine, voire du «cantu in paghjella» corse… Ce métissage permanent de cultures «venues de la mer», base du chant méditerranéen, laisse penser que les rives de la Mer noire où l’on élevait jadis la Toison d’or chère à l’infortuné Jason ne sont pas si éloignées de nos rivages ! JEAN MATHIEU COLOMBANI
© X-D.R
Ce concert de l’ensemble l’ensemble SIMI a eu lieu le 28 mars à Venelles
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MUSIQUE
AU PROGRAMME
Musiques sacrées Depuis 15 ans, le Festival de Musique Sacrée de Marseille fidélise un public qui vient en nombre (et souvent en famille) assister aux concerts à l’église Saint-Michel. Au-delà de leur caractère strictement «religieux», les opus proposés touchent le plus souvent à l’universel tant le répertoire «sacré» est immense et varié… Après une ouverture «jazzy» témoignage de la foi vivante de Duke Ellington à travers un Concert Sacred Music dirigé par Didier Huot, avec le Chœur et le Big Band de l’Orchestre de l’Opéra de Marseille (Le 23 avril), la manifestation retrouve des bases classiques. C’est un magnifique oratorio de Mendelssohn, Elias, chef-d’œuvre romantique et proche du style de l’opéra, qui est chanté par JeanPhilippe Lafont, Kimy Mc Laren, Qiu Lin Zhang et Gilles Ragon, des stagiaires du CNIPAL, des solistes du Chœur de l’Opéra et l’Orchestre Philharmonique de Marseille dirigés par Friedrich Pleyer (le 6 mai). À cause de l’acoustique de St Michel la direction artistique du festival regarde de
près les effectifs des œuvres affichées (un trop grand dispositif devient vite inaudible). La «Pauken Messe», éclatante et «guerrière» messe «des timbales» qu’Haydn composa en 1796 alors que l’Autriche était menacée par Bonaparte, ainsi que le Lauda Sion (traduction musicale de la transsubstantiation du pain et du vin en corps et en sang) de Mendelssohn, devraient y révéler leur plénitude sonore. Avec l’OLRAP, le Chœur Régional PACA dirigés par Michel Piquemal (le 11 mai). Comme le festival a le mérite de mettre en convergences les structures et talents locaux, on n’oublie pas les concerts gratuits dans quelques églises de la Cité donnés par les élèves les plus affûtés du Conservatoire National à Rayonnement Régional : à Ste Marguerite (29 avril), Montredon (4 mai), St-Julien (9 mai à 16h), StAndré (15 mai à 16h), St-Just (18 mai à 18h30), Les Olives (21 mai à 16h) et au Sacré-Cœur (26 mai).
Jean-Philippe Lafont © X-D.R
MARSEILLE. Réservation : Opéra 04 91 55 11 10 www.marseille.fr
JACQUES FRESCHEL
Rameau en mai
Alexandre le Grand
L’ensemble Baroques-Graffiti (dir. Jean-Paul Serra) au grand complet et des élèves chanteurs du CNR de Paris investissent Lenche au mois de mai autour d’un projet ambitieux. Des ateliers de création autour de la tragédie lyrique Zoroastre de Rameau donnent lieu à des représentations publiques mixant différents domaines. Portraits Croisés musicaux des héros de l’opéra avec la Compagnie Accordances et travail vidéaste (les 12, 13 mai à 19h et le 14 mai à 20h30), Petites histoires de Claviers «Around Rameau» (le 15 mai à minuit), propositions artistiques autours des deux couples de l’opéra («Le bien» le 19 mai à 19h et «Le mal» le 20 mai à 19h) et des transcriptions autour des thématiques communes de Zoroastre et La Flûte Enchantée (le 21 mai à 20h30), des opus pour viole de gambe de Marin Marais (le 22 mai à minuit)… avant les représentations finales du projet mis en scène par Renaud Marie Leblanc (du 26 au 28 mai).
Son dernier disque Journal intime est une lecture originale de pièces célèbres de Chopin : Mazurkas, Nocturnes, Fantaisies, Ballades réunies par la tendresse du souvenir ! Le pianiste chemine à travers ces opus qui, dit-il, ont «marqué et accompagné les étapes de ma vie». Alexandre Tharaud en reprend quelques plages en récital et ajoute Alexandre Tharaud © Marco Borggreve pour Harmonia Mundi des bijoux baroques dont il a le secret depuis ses Couperin et Rameau plébiscités. Mais c’est de Sonates de Scarlatti qu’il s’agit ! J.F.
ISTRES. Le 29 avril au théâtre de l’Olivier 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr DRAGUIGNAN. Le 30 avril au Théâtre - 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
JACQUES FRESCHEL
MARSEILLE. Mai en Musique. Théâtre de Lenche, du 12 au 29 mai 04 91 91 52 22 - www.theatredelenche.info
Celeste et intime On a souvent l’habitude d’associer Aida de Verdi à un péplum grandiloquent, sans doute à cause de son fameux Triomphe et ses trompettes glorieuses. Cependant, nombre de ses scènes se limitent à de simples dialogues où les personnages se livrent à de profonds conflits intérieurs. La mise en scène sobre de Paul-Emile Fourny, s’appuyant sur des éléments Indra Thomas © X-D.R.
de décor (Jean-Pierre Capeyron) éclairés par Jacques Châtelet conviendra sans doute davantage à l’espace scénique d’Avignon, comme ce fut le cas à Toulon en 2006, qu’à la démesure du Palais Nikaïa en 2009. Le rôle-titre est chanté par Indra Thomas avec, à ses côtés, la mezzosoprano Elena Manistina, Jeong-Won Lee dans Radamès, Carlos Almaguer (Amonasro), Nicolas Courjal (Ramfis), Jean Teitgen (le Roi)... Le Chœur, l’Orchestre et le Ballet avignonnais sont dirigés par Rani Calderon. J.F.
AVIGNON. Les 25 avril à 14h30 et 27 avril à 20h30 Opéra Théâtre 04 90 82 81 40 www.avignon.fr
Toutes les mêmes ? Cosi Fan Tutte (ou L’Ecole des Amants) de Mozart serait inspiré d’une histoire vraie dont on parlait à Vienne en 1790 ; on dit même que son sujet fut imaginé par l’Empereur Joseph II. Deux frères, sûrs de l’inclination de leur fiancée, font un pari avec un vieil ami célibataire qui doute de la fidélité féminine. Déguisé, chacun courtise la promise de l’autre. Les deux jeunes femmes résistent... et cèdent ! Cette farce (que l’on qualifierait aujourd’hui de misogyne) est une comédie galante empreinte de libertinage qui reflète la fragilité de la nature humaine… mais c’est surtout est un bijou musical. La mise en scène est signée Yves Beaunesne alors que François Bazola dirige un orchestre mozartien allégé. J.F
DRAGUIGNAN. Le 11 mai à 20h3. Théâtre 04 94 50 59 59 - www.theatresendracenie.com
45 Vieilles perruques et divas fantasques ra en quatre jours. Sur ce surgissent deux sopranos hystériques, Monique Borelli et Lucille Pessey, enrubannées et corsetées, qui se disputent le statut de «prima donna». Se succèdent des shows clownesques aux vocalises fantaisistes, alors qu’au piano Jan Heiting joue l’homme-orchestre. La mise en scène déjantée de Julien di Tomaso contribue au loufoque du spectacle.
En 1786 furent joués à Schönbrunn, devant l’empereur, deux opéras commandés sur le même sujet : le Directeur de Théâtre de Mozart et D’abord la musique, ensuite les paroles de Salieri. L’adaptation conçue pour la jeunesse par Jean-François Héron pour la Compagnie Interlude est une sorte de vaudeville, avec dialogues parlés en français, un habile condensé du «buffo» italien de Salieri et de ce qu’il reste des numéros allemands du singspiel mozartien. Un poète (Pierre Villa-Loumagne) et un musicien (Jean-Christophe Filiol), caricatures des «vieilles perruques» du XVIIIe siècle, tentent de produire, sous la houlette du «Direktor», un opé-
J.F.
MARSEILLE. Le 18 mai à 20h30 et le 19 mai à 19h15. Théâtre Gyptis 04 91 11 00 91 - www.theatregyptis.com © cie Interlude
Éternel repos
Double chœur
Le tonitruant Requiem de Verdi est un des piliers du répertoire de musique sacrée. Outre sa majesté, il séduit par son aspect dramatique et sa verve
Hasmik Papian © Zaven Khachikyan
mélodique. Cette messe des morts, créée en 1874 sous la baguette du compositeur qui tenait à honorer la mémoire du poète Alessandro Manzoni, fut qualifiée «d’opéra en robe ecclésiastique». S’il n’est pas le plus empreint de religiosité, ses effets spectaculaires, tel le cinglant Dies Irae, sont de nature à faire redouter le jour du Jugement dernier… alors que son final invite à l’Espérance. Deux dates qui rempliront, à n’en pas douter, le grand théâtre municipal. Le quatuor vocal est composé d’Hasmik Papian (soprano), Elisabetta Fiorillo (mezzo), Antonio Gandia (ténor), Marco Vinco (basse). Bruno Aprea dirige l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra toulonnais.
Roland Hayrabedian dirige Musicatreize dans un programme vocal à dominante magyare avec les Etudes hongroises de Ligeti, Quatre chants populaires hongrois de Bartok et Madrigalkomödien de Peter Eötvös, auquel il ajoute les «british» Eight sacred and profane lyrics songs de Britten (Marseille, le 7 mai à 19h - ABD Gaston Defferre 04 91 08 61 00). Le chef prend ensuite la tête du Chœur contemporain pour Huit Chansons françaises de Poulenc, Trois poèmes élastiques de Marius Constant Due Coro di Michelangelo Buonaroti il giovane de Dallapicola, Nonsense de Goffredo Petrassi et Burleske de Kagel (Lançon-de-Provence, le 9 mai à 17h. Église 04 90 42 85 99).
J.F.
J.F.
Femmes tragiques
Sons de printemps
Après Aix (voir p. 42), Anna Caterina Antonacci. retrouve Juliette Deschamps à Nîmes. On y avait suivi la soprano dans son spectacle Era la notte et ses Lamentations baroques désespérées. Cette tragédienne dans l’âme récidive avec la même metteuse en scène pour une nouvelle performance en solitaire, accompagnée par l’Orchestre Les Siècles dirigé par François-Xavier Roth.
Parmi le chapelet d’installation, ciné-concert, spectacles chorégraphiques, récitals et concerts du Festival Les Musiques en cours (voir p 42), on attire votre particulière attention sur le concert associant l’ensemble Musicatreize, le Chœur Contemporain, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée P.A.C.A. consacré à une création d’Alexandros Markeas et un oratorio de Maurice Ohana d’après F. Garcia Lorca (le 23 avril à 20h30 au Ballet National de Marseille) ; et la venue en «miroirs», des Quatuors Psophos et Parisii pour deux créations de Jean-Christophe Marti et Mauro Lanza avec également au programme le 4e Quatuor de Dusapin, Ainsi la nuit de Dutilleux et La nuit trans-
J.F.
NÎMES. Les 27 et 29 avril à 20h. Théâtre 04 66 36 65 00 - www.theatredenimes.com Anna Caterina Antonacci © Derossi, naïve
04 91 00 91 31 - www.musicatreize.org
TOULON. Le 14 mai à 20h et le 16 mai à 15h. Opéra 04 94 92 70 78 - www.operadetoulon.fr
ArTe 5e !
figurée de Schoenberg (le 24 avril à 20h au BNM). À noter également les affiches autour des (si «modernes» !) Madrigaux de Gesualdo et Monteverdi (respectivement les 27 et 29 avril à 20h30 à l’église St Laurent) ou la clôture électro-improvisée du Trio PAJ de Michel Portal (le 1er mai à 21h à la Friche). J.F.
MARSEILLE. Jusqu’au 1er mai. Gmem. PHOTO Quatuor Psophos 04 96 20 60 10 - www.gmem.org
La tenue du 5e Festival Art&Terrorisme 5. 1-2-3-4 *THIS IS TEXAS* se déroulera les 16, 17, 23, 27 et 30 avril à L’Embobineuse. Sous le titre énigmatique This is Texas se cache en fait la première partie d’Art&Terrorisme qui s’échelonnera tout au long de l’année. Pour se préparer à un tel dépaysement, inutile de vous dire qu’il vaut mieux s’acclimater en douceur avec l’exposition des linogravures et sérigraphies de Richard Bawin et Pascal Leyder, artistes trisomiques belges en résidence à l’Embobineuse et au Dernier Cri. Le reste parle de lui-même: Apocatastasis (23/4 à 21h), Les violettes noires à la poursuite du lapin blanc (27/4 à 20h30) et Terreur à Dallas (30/4 à 21h). Quatre soirées d’Art-Total-embobiné pour ce premier acte torride et printanier, véritable cocktail explosif (cirque, blues, kabuki, accordéon, variété féroce, tango industriel…) F.I. L’Embobineuse, Marseille 04 91 50 66 09 www.lembobineuse.biz
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MUSIQUE
AU PROGRAMME
Grand mix
Festes d’Orphée
Korcia
Femmes insulaires
La musicienne Iko, les chœurs et l’orchestre Private Domain accompagnés d’artistes «electro» et chanteurs «pop» revisitent, arrangent et transforment des opus classiques de Bach, Mozart, Schubert, Beethoven, Rameau ou Monteverdi.
Académie du tambourin (le 27 avril à 19h à Aix au Temple rue de la Masse), Ensemble Melisma (le 4 mai à 19h à Aix au Musée des Tapisseries), concert baroque (le 7 mai à 20h30 à Grans), Office chanté (le 9 mai à 16h30 à Marseille à La Major), Chœur des Dames: Charpentier (le 19 mai à 20h30 à Aix au Temple rue de la Masse).
Le violoniste joue le Concerto n°1 op. 26 de Bruch avec l’OLRAP dirigé par Jérôme Pillement qui interprète également la Symphonie n°101 «Horloge» de Haydn.
Dans le cadre du 10e Festival Mai-diterranée, on découvre des Chants des femmes de la Sardaigne par un quatuor vocal issu du Teatro Actores Alidos, avant la Corse Jacky Micaelli et des polyphonies de l’Île de Beauté. Tout un répertoire souvent réservé aux hommes !
AIX. Le 23 avril à 20h30. GTP 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Double c(h)œur Le Chant du Voisin (dir. Cati Delolme) et L’Académie du Chant populaire (dir. Alain Aubin) font voyager au travers de répertoires de multiples pays. Un concert au bénéfice du Secours catholique. MARSEILLE. Le 24 avril à 20h. Eglise Ste Catherine 06 80 59 90 22
04 42 99 37 11 www.orphee.org
Luth Claire Antonini joue des musiques françaises du XVIIe siècle. LES BAUX-DE-PROVENCE. Le 29 avril à 20h30 04 90 54 34 39
Au Gymnase…
Musica Antiqua
François Salque (violoncelle) et Vincent Peirani (accordéon) jouent des mélodies traditionnelles d’Europe de l’Est (le 25 avril à 19h). Le Quatuor Schumann (avec piano) interprète Fauré, Brahms et Strauss (le 20 mai à 20h30).
Dernier concert de la saison de Musique and Co par l’ensemble de Christian Mendoze. Programme baroque avec Corinne Betirac (clavecin), Annick Lassalle (viole de gambe) et Jean-Charles Lorgoulloux (percussions).
MARSEILLE. Théâtre du Gymnase 0 820 000 422 (Marseille Concerts)
MARSEILLE. Le 29 avril à 20h. Hôpital St Joseph 04 91 54 76 45 www.musiqueandco.com
Piano/violoncelle
Playblick
Dana Ciocarlie (piano) et Sébastien Van Kuijk (violoncelle) jouent Mendelssohn et Schumann.
Le spectacle burlesque à la gloire des musiques du monde de l’ensemble de percussions Symblêma (dir.Frédéric Daumas) poursuit son aventure...
CASSIS. Le 27 avril à 20h. Oustau Calendal. 04 42 01 77 73 www.musicalescassis.com
Blue note L’Atelier de Musiques Improvisées, collectif emmené par Alain Soler invite le trompettiste Fabien Mary pour une soirée «Jazz club» autour des standards intemporels. CHÂTEAU-ARNOUX. Le 27 avril à 21h. Ferme de Font-Robert 04 92 64 27 34 www.theatredurance.com
LA ROQUE-D’ANTHERON. Le 30 avril à 20h30. Salle M. Pagnol 04 86 31 62 73 www.symblema.com
Trios russes Rachmaninov (Trio élégiaque n°1) et Tchaïkovski (Trio «à la mémoire d’un grand artiste») pour célébrer l’année de la Russie en France, avec au piano MarieFrance Arakélian, au violon Yann Le Roux et au violoncelle Guillaume Rabier. MARSEILLE. Le 30 avril à 20h30. Bastide St Joseph (entrée libre)
Tournée symphonique Capuçon & Braley L’Orchestre Régional de Cannes PACA dirigé par Philippe Bender joue la 5e symphonie de Beethoven et accompagne Brigitte Engerer dans le 23e concerto en la majeur K.488 de Mozart. LES PENNES-MIRABEAU. Le 27 avril à 20h30. Salle Tino Rossi 04 42 09 37 80 et le Concerto n°5 en mi bémol majeur «L’Empereur». SALON Le 28 avril à 20h30. T héâtre Armand 04 90 56 00 82 www.salondeprovence.fr 04 93 48 61 10 www.orchestre-cannes.com
Violoncelle et piano princiers dans des Sonates de Schubert (l’Arpeggione), Prokofiev, Mendelssohn et les Variations de Beethoven tirées de La Flûte enchantée. AVIGNON. Le 4 mai à 20h30 Opéra Théâtre. 04 90 82 81 40 www.avignon.fr
Diva Récital de la soprano française Patricia Petibon accompagnée au piano par Susan Manoff (voir p.50). AIX. Le 5 mai à 20h30 au Théâtre du Jeu de Paume. 04 42 63 11 78 www.concertsdaix.com
AVIGNON. Le 6 mai à 20h30 Opéra Théâtre. 04 90 82 81 40 www.avignon.fr
Beethoven L’Ensemble Pythéas en trio MarieFrance Arakélian (piano), Yann Le Roux (violon) et Xavier Chatillon (violoncelle), jouent la fameuse Sonate «A Kreuzer» et les superbes Trios n°6 et 8 de Beethoven. MARSEILLE. Le 7 mai à 20h30 à la Villa Magalone. 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Messiaen Véronique Muzy (piano) et ClaudeSamuel Lévine, spécialiste historique des (toujours étonnantes !) ondes Martenot, présentent un programme autour d’opus d’Olivier Messiaen. AVIGNON. Le 7 mai à 20h30 au Théâtre du Balcon. 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org
«Sons de plateaux» Concert One shot Quartet Enablers (le 7 mai à 20h30 à Montévidéo), Flash concerts mobiles Pablo Cueco (voix et zarb, le 20 mai à 18h Place de la Joliette). MARSEILLE. 04 91 04 69 59 www.grim-marseille.com
Piano «Pianistes en herbe» (15h), «Contes» (17h) pour piano (Jérémie Honnoré) et récitant (François Castang), avant un récital Chopin et Liszt de Guillaume Coppola (21h). LANÇON-DE-PROVENCE. Le 8 mai. Centre M. Pagnol. 04 96 11 04 61 www.musiquealaferme.com
Tuyaux Deux trompettes de l’opéra (Jean-Marc Regoli & Philippe Nava) et JeanJacques Tournebise à l’orgue dans Stanley, Lasceux, Haydn, Vivaldi… MARSEILLE. Le 9 mai à 17h. Eglise Ste Marguerite
«Tous à l’opéra !» Journées européennes : portes ouvertes dans les maisons lyriques de la région et au GTP. Le 9 mai (voir programmes respectifs).
MARSEILLE. Le 11 mai à 21h. Théâtre Toursky. 0 820 300 033 www.toursky.org
Arts «Flo» Fin de saison pour les Salins avec la venue de l’ensemble baroque Les Arts Florissants. C’est Paul Agnew qui dirige le fameux ensemble instrumental et choral fondé par William Christie dans le Miserere de Leonardo Leo, le Crucifixus à 16 de Caldara, et le Stabat Mater à 10 de Scarlatti. MARTIGUES. Le 12 mai à 21h. Théâtre des Salins. 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Cuivres On retrouve le tubiste Thomas Leleu (voir p. 39) à côté d’Eric Laparra de Salgues, (cornet), Laurent Cabaret et Julien Lucchi (trombones), Denis Cartier Million (trompette) et Bernard Pereira (percussions) dans un programme très varié d’arrangements pour cuivres de Haendel, Moussorgski, Rossini… MARSEILLE. Le 15 mai à 17h. Foyer de l’Opéra. 04 91 55 11 10 www.marseille.fr
Didon et Enée Le chef-d’œuvre de Purcell en version de concert par le Chœur Phocéen, le Quatuor Opus 16, Julien Ferrando (clavecin), les voix de Karine Magnetto, Jean-Christophe Born, Laury Littolff sous la direction de Rémy Littolff. MARSEILLE. Le 15 mai à 20h45. Eglise St Laurent. Espace culture 04 96 11 04 60 http://choeurphoceen.free.fr
Vie musicale Elèves, artistes, enseignants de la Cité de la Musique proposent une quinzaine de performances musicales (jazz, classique, ensemble sax, orchestres, chorales, voix, musique de chambre, danse…) dans divers lieux marseillais. MARSEILLE. Performances dans la ville du 17 au 22 mai. 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com JACQUES FRESCHEL
AIX Jeu de Paume : L’Araignée de l’éternel, d’après les textes de Claude Nougaro, m.e.s de Christophe Rauck avec Philippe Bérodot et Cécile Garcia-Fogel (du 18 au 20/5) 0 820 000 422 www.lestheatres.net
Pasino : Tri Yann (28/4), Serge Lama (6/5) 04 42 59 69 00 www.casinoaix.com/fr
Dock des Suds : Les Baumettes se font la belle, soirée en soutien à l’association Culture, solidarité, prison avec Moussu T e Lei Jovents, Karpienia, Kid Francescoli, Toko Blaze + guests (23/4), Far too loud, MC2, Probe1, DistroPunX Dj’s (24/4), Renan Luce, Benoît Dorémus (29/4), Nuit de l’hydro 2010 (1er/5), Bad Company Uk, Reso, Prolix, 69db, Hedj (14/5) 04 91 99 00 00 www.dock-des-suds.org
Théâtre et Chansons : Michel Melchionne (24/4), Chansons Bouts de crayons (25/4), Défense d’infini ! ou Voyage en Aragon (7 au 9/5), Vis à Vies Au coin de la rue (15 et 16/5) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com
ARLES Cargo de Nuit : Brain Damage (23/4), Naïve New Beaters (24/4), Juan Rozoff (30/4), Smooth (7/5), Disiz (14/5), Apéro Blind-Test (20/5) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com
AUBAGNE Théâtre Comœdia : Noche Tango (21/5)
El Ache de Cuba : Jam session (22 et 29/4), Tzwing (23/4), Joao de Athayde et Alvaro Pignatari (24/4), Africa express (30/4) 04 91 42 99 79 www.elachedecuba.com
Embobineuse : Electronicart, Chien mouillé, Dj Bloody (22/4), Ghédalia Tazartès, Scott Taylor, Kala Lunatic project O.C.R., Dra I Snöret Och Doren Garup (23/4), Spectre, Sensational, Bloody (26/4), live Oddateee, dj set Oddatee (3/5), Double Nelson (5/5), Pneu, Shield your eyes (6/5), Alexis Gideon (11/5), Bug, Golden cup, Feudi (14/5), Main Sohn William (15/5) 04 91 50 66 09 www.lembobineuse.biz
04 42 18 19 88 www.aubagne.com
L’Escale : L’herbe folle, Maison rouge (30/4), Mango Gadzi (7/5), Irina Popovska (14/5) 04 42 18 17 17 www.mjcaubagne.fr
AVIGNON Les Passagers du Zinc : Ez3kiel vs Hint, Vuneny (22/4), Micky Green, Lyre le temps (23/4), Cœur de Pirate, 1973 (24/4), Gérard Baste feat Dr Vince & A2H, Garfld, Akira (7/5), Disiz la peste alias Peter Punk, Renga feat Dr Mozz (12/5) 04 90 89 45 49 www.passagersduzinc.com
BERRE L’ÉTANG Forum des jeunes et de la culture : Alcaz (23/4) 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
BRIANÇON Théâtre du Cadran : Renaud Garcia Fons (4/5) 04 92 25 52 52 www.theatre-le-cadran.com
GRASSE Théâtre : B. Guitar Quartet (24/4) 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
HYÈRES Théâtre Denis : Festival Faveurs de printemps : Piers Faccini, François and the Atlas Mountains (22/4), The Leisure Society, Nick and the mirrors (23/4), Midlake, Mumford & Sons (24/4) 04 94 35 38 64
ISTRES L’Usine : Demi finale Tremplin Découverte (23 et 30/4), Pennywise (4/5), Jamel improvise mais pas tout seul (du 11 au 14/5 et du 18 au 22/5), Saez (15/5) 04 42 56 02 21 www.scenesetcines.fr
MARSEILLE Cabaret Aléatoire : Phosphène, Mlle Caro & Franck Garcia, Alexkid, Noapyra (24/4), Andy Mc Kee (30/4), Make the girl dance, Toxic avenger, Anticlimax (1er/5), Alexis HK, Usthiax (5/5), Sexy sushi, Rafale, Tepr (7/5), Bus driver, Q Bert, Blake Worrel (18/5), Get the blessing, Minimal orchestra (20/5), Breakbot, Boombass, Jackson (21/5) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com
Cité de la musique: Gnawa, tradition et création (22/4dans le hall), Soupra ! (28/4 à la Cave), Chin na na poun (29/4 à l’auditorium) 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Espace Julien : Luke (22/4), Tété (23/4), concert contre le cancer avec Miliana, The snakybouliste, boulevard des airs (24/4), Marc Antoine (28/4), Goldenberg & Schmuyle (29/4), Sylvie Paz (30/4), Tina Lestate, Meisterfackt (1er/5), Michel Jonasz (6/5), Jagdish & Kreol Konexyon, Toklo Tam (8/5), L’ensemble Ahbab Cheikh Salah (9/5), Trio curro Pinana (11/5), Cedric B. (12/5), Mayer Hawthorne and the county (13/5), Alonzo (14/5), Micky Green (20/5), Milow (21/5) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
Intermédiaire: Electro Shake invitent Tahity Bob (23/4), Malfeteur and totem unit, Hardtek to tek (24/4), The end, amine Edge, Missyd, Ad Chris, Cbass, Electro minimal (25/4), Lunar fugue (26/4), The gust (27/4), The bottle buttons (28/4), Dj Rebel and Dj PH (29/4), No concession (30/4) 04 91 47 01 25 www.myspace.com/intermediaire
L’Affranchi : Sat l’Artificier (23/4), Din records (1er/5), Marseille dub station n°10 (7/5), Jo Corbeau (16/5) www.l-affranchi.com
La Machine à Coudre : Antonio Negro et ses invités (22/4), *25*, Conger ! Conger ! (23/4), Top models, Big in Japan (24/4), Podkayne (29/4), Laure Chaminas, GDF (30/4), Devil Crockett, Jim and the hot rod, dirty Farmer (1er/5), Mute, Straighten things out, Wake the dead (5/5) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com
La Mesón : carte blanche à David Walters (23 et 24/4), Tablao flamenco Sandie Santiago (8/5), Gravitations n°2 : Sammy Decoster, Hervé André (9/5), Sam Karpienia & Nicolas Dick (14/5) 04 91 50 11 61 www.lameson.com
Le Paradox : Voodoo (22/4), Soul explosion (23/4), Florence Marty & Forget the heros (24/4), Soirée DJ 70, 80 et 90 (27/4), La Cumbia Chicharra (29/4), les Godfathers (30/4), Djezziré (4/5), Marabu Fonk System (8/5), Imperial Tiger Orchestra (12/5) 04 91 63 14 65 www.leparadox.fr
Nomad Café : Bonobo, So?Mash! (7/5), Madjo (21/5) 04 91 62 49 77 www.lenomad.com
OLLIOULES Châteauvallon : Rosa la rouge, de Claire Diterzi et Marcial di Fonzo Bo (23/4), Souad Massi & Eric Fernandez (24/4) 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
ROUSSET
Salle Emilien Ventre : Chanson plus bifluorée (27/4) 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com
SALON-DE-PROVENCE Portail Coucou : Marc Minelli (30/4), Marc Minelli, Poum Tchack (1er/5), Mason Casey, Neal Black (9/5), The Host, Rescue Rangers (21/5) 04 90 56 27 99 www.portail-coucou.com
TOULON Oméga Live : Jim Murple memorial, Messengers (30/4), Anoraak, Fortune, Arnaud Rebotini (7/5), Bonobo feat Andreya Triana, Iswhat?! (8/5), Mystic Motorcycles, The Saturnians, The Dolipranes (12/5), Get the blessing, Minimal Orchestra (19/5) 04 98 070 070 www.tandem83.com
AGEND’ JAZZ AIX Grand Théâtre de Provence Stacey Kent 29/4 04 42 91 69 69 – www.legrandtheatre.net ARLES Chapelle du Méjan 15e Edition de Jazz in Arles 04 90 49 56 78 - www.lemejan.com MARSEILLE Cri du Port Raphael Imbert - New York Project 22/4 Fabien Mary 4tet 29/4 Jérôme Sabbagh 4tet 6/5 Emilie Lesbros 11/5 Christian Brazier 4tet 20/5 04 91 50 51 41 - www.criduport.fr MARSEILLE Cité de la Musique Chants Polyphoniques 28/4 Chin Na Na Poun 29/4 Nuits des Griots 7 et 12/5 04 91 39 28 28 – www.citemusique-marseille.com MARSEILLE Le Paradox Percussions Wamali Guinée 28/4 Cumbia Chicharra à 22h 29/4 04 91 63 14 65 – www.leparadox.fr MARSEILLE Hôtel de la Musique St Marcel Jean Michel Kajdan trio electric Jazz 23/4 04 91 89 52 77 – www.myspace.com/hdlm4 MARSEILLE Jazz Club Music’Cale – l’Inga de Riaux, l’Estaque Pierre Bruzzo 4tet 30/4 Annie Bucchini 4tet 7/5 Blues Trio 14/5 Camion-Pizza 21/5 06 07 57 55 58 – www.inga-des-riaux.fr MARSEILLE Station Alexandre Sylvie Paz / Bal Latino à 21h 23/4 04 91 00 90 00 – www.station-alexandre.com HYERES Jazz à Porquerolles, Théâtre Denis Trio d’En Bas puis Jacques Coursil à 21h 17/4 06 31 79 81 90 www.jazzaporquerolles.org SALON IMFP 95 Trio B3 invite Gerard Murphy à 20h 5/5 Julien Baudry 4tet à 20h 12/5 Mario Stantchev new trio à 20h 19/5 04 90 53 12 52 – www.imfp.fr VITROLLES Moulin à Jazz, Domaine de Fontblanche Raphael Imbert – New York Project 24/4 Marjolaine Reymond 4tet 8/5 Christophe Marguet 4tet à 21h 23/5 04 42 79 63 60 – www.charliefree.com
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MUSIQUE
JAZZ
Les cercles de Brazier Si vous ne vous êtes pas encore procuré le disque de Christian Brazier (voir Zib’ 28), vous aurez l’occasion de l’écouter en concert au Cri du Port le jeudi 20 mai ! Zibeline : Dans votre dernier album Circumnavigation, on retrouve la trompette et le bugle de Christophe Leloil qui participait à votre précédent album Sazanami, mais cette fois vous vous êtes entouré de nouveaux musiciens. Qu’est-ce qui a guidé votre choix ? Christian Brazier : Je voulais renouveler l’équipe pour constituer ma nouvelle formation. Tous sont des solistes accomplis, qui se connaissaient entre eux, ce qui a permis une cohésion du groupe assez rapide. Je voulais aussi un piano, absent de mes cinq disques précédents. C’est la même instrumentation que mon premier album Pérégrinations : trompette piano, contrebasse, batterie, mais la musique est vraiment différente, cette fois. Mai 68 est une très belle ballade, Rémanence évoque un climat très particulier. Qu’avez-vous voulu évoquer à travers ces musiques et aussi par leur titre ? J’ai connu 68, puisque j’avais 16 ans à l’époque, cette ballade est un hymne à la liberté. J’ai le sentiment que la société actuelle régresse. Il ne s’agit pas de nostalgie, mais d’un
Christian Brazier © François Lai
combat à renouveler. Pour Rémanence, l’empreinte du passé est la source de nouvelles batailles. Vous enregistrez à une fréquence régulière et semblez affectionner particulièrement les studios de La Buissonne à Pernes-les-Fontaines. Quelles sont les raisons de cette fidélité ? Cela fait une vingtaine d’années que je fréquente Gérard de Haro, c’est quelqu’un avec qui les relations sont faciles. C’est l’un des meilleurs studios d’Europe pour le jazz, des labels internationaux prestigieux viennent y travailler. Je sais que tout va bien se passer et que l’on va travailler vite. D’ailleurs, j’espère que l’on remarque la qualité du son des cds. Comment composez-vous ? Je fonctionne au projet. Lorsque je
compose je sais quels musiciens joueront la musique, et à quel moment tout doit être prêt. Tout dépend en général du montage financier. Quelle marge de manœuvre laissezvous aux musiciens? Êtes-vous plutôt directif ? Dans le jazz les musiciens ont beaucoup de liberté, l’improvisation joue un grand rôle. J’amène les thèmes et j’organise le déroulement des morceaux. J’ai toujours une idée assez précise de l’esprit de ce que je veux entendre, mais l’intérêt est d’essayer d’utiliser au mieux la personnalité de chacun. Votre musique se fixe aisément dans notre mémoire. Quel est votre secret ? La simplicité doit y être pour quelque chose je pense ! Mais paradoxalement, les choses les plus simples ne
The Bass of Kell quartet
D.W.
Ce concert a été joué le 27 mars au Moulin à Jazz au Domaine de Fontblanche à Vitrolles CD Arthur Kell 4tet -Victoria – Live in Germany / Label : bju’records
Arthur Kell © Gérard Tissier
Le contrebassiste-compositeur Arthur Kell vit à Brooklyn, et possède une longue expérience des scènes internationales avec son 4tet aux talents multiples : Brad Shapik, le guitariste très inspiré, ponctuant son jeu d’accords plaqués parfois très bleus. Loren Stillman se montre extrêmement loquace au saxo alto lorsqu’il s’agit d’improviser et Mark Ferber, le batteur, ne perd jamais une occasion, avec toute la finesse possible, de faire entendre ses peaux en solo. Le climat est instauré par les thèmes tandis que les grilles de développement progressent d’une grande simplicité initiale à un chaos vertigineux. Arthur Kell a lui aussi longuement improvisé dans une langue et à une rapidité peu souvent pratiquées à la contrebasse : couleur et texture ont trouvé un parfait terrain d’expression.
sont pas forcément les plus faciles à jouer. Il faut savoir gérer l’espace, le temps et le silence. La 1re piste s’intitule Manège et vous avez titré votre projet Circumnavigation. Avec ces mots qui évoquent le mouvement circulaire, êtes-vous aussi en train de «boucler» quelque chose ? Le cercle… J’ai fait des études scientifiques et techniques, et je pense que cette formation influence ma manière de composer. La musique est provoquée par des phénomènes physiques, vibration d’une corde... Pour résumer, on pourrait dire que la musique c’est la poésie des mathématiques. Pour revenir à votre question, j’espère plutôt que la force centrifuge va me propulser vers de nouvelles aventures. On sent la contrebasse beaucoup plus présente dans ce disque que dans les albums plus anciens comme Lumière ou Mémoire vive. Ce sentiment est peut-être lié à une écriture plus conventionnelle que sur les précédents projets. Lorsque l’on enregistre les morceaux, il faut faire attention à rester dans des minutages raisonnables. En concert, la gestion du temps et de la place de chacun est différente. Il faut vraiment venir aux concerts, pour le jazz, c’est là que cela se passe. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR DAN WARZY
Le Cri du Port 04 91 50 51 41 www.criduport.fr
Cabaret Jazz ! Le Paradox est un lieu plein de surprises, un restau qui offre presque tous les jours l’occasion de passer de bons moments musicaux. Anne Carbonnell et Sandrine Battaglia, les deux chanteuses, étaient accompagnées par un quartet de choc : le pianiste Pierre LeVan, fédérateur du groupe de musiciens, avec à la batterie Gilles Alamel, à la contrebasse Pascal Volpi et Michel Vignolo à la guitare. Ce qui donna l’occasion d’entendre quelques standards tels Sweet Georgia Brown ou encore Fly me to the moon dans une ambiance détendue, avec en prime quelques touches d’humour qui ponctuaient un spectacle très «cabaret». DAN WARZY
Ticket to Jazz a été donné le 13 avril au Paradox, Marseille
ACTUELLES
Quand le froid scandinave envahit le sud
C’est Nefarium qui lance les hostilités avec panache devant un public clairsemé (c’est encore l’heure de l’apéro). Musicalement rien de neuf, mais ils le font bien, à l’image des prouesses du batteur Garghuf, qui déchaîne les enfers du haut de ses 22 ans. Globalement un
Dark Funeral © X-D.R.
En cette belle soirée typiquement sudiste du 26 mars, le Jas’Rod des Pennes-Mirabeau assiste à l’invasion barbare des nordistes de Dark Funeral. Le choc est de taille ! bon groupe d’ouverture mais côté son, on est proche du showcase, et ce pour toute la soirée. C’est donc non sans mal que Carach Angren enchaîne ensuite les compos. On commence véritablement à être « dedans », sur scène comme
dans la fosse, au bout du 3e titre. Dommage, c’est sans doute, musicalement, le groupe le plus intéressant de la soirée. C’est au tour des Zonaria, vêtus tels des guerriers du futur, de faire face au public de plus en plus nombreux. On sent une certaine jeunesse dans la façon de mener le show, et un certain modernisme. Set sans encombre avec des musiciens visiblement heureux d’être sur scène, sans que le public accroche vraiment. Un groupe à revoir dans de meilleures conditions ? Plus personne dehors ni au bar, Dark Funeral monte sur scène. La chaleur du sud se fait enfin sentir : acclamations rauques et viriles, des centaines de cornes levées et des pogos. Certes, il ne fait pas bon vieillir pour un black metaleux. Le bide à bière moulé dans ces affreuses combinaisons en cuir lacées, les cheveux grisonnants et le visage bouffi, DF n’en impose pas par le charisme et reste figé jusqu’à la dernière note : il n’en déverse pas moins une musique diablement efficace. Set carré très pro, les musiciens sont excellents et Maître Caligula maîtrise parfaitement
Babel de qualité
Pour sa sixième édition, le festival Babel Med a définitivement posé son empreinte sur la ville du 25 au 27 mars au Dock des Sud Trois jours et trois nuits de concerts et de rencontres professionnelles fécondes, Babel est en train de devenir un véritable label de qualité. Ici, pas de crise d’identité car le son n’a pas de frontière, et Marseille est un véritable carrefour culturel. Les Docks aux cloisons amovibles se jouent des barrières et des codes qui règlent et rangent les genres musicaux. Le terme générique world music qui accueille parfois un peu tout et n’importe quoi trouve ici son jardin d’Eden avec un panel artistique enfin à la hauteur de ce genre trop souvent fourre-tout. Dans un espace accueillant et «délimité» par rapport à sa grande sœur la Fiesta, Babel s’ancre petit à petit dans l’univers marseillais, devenant un
rendez-vous annuel où il fait bon traîner. Réglée comme du papier à musique, la programmation dense et variée voit se succéder et se croiser le monde entier, soumettant le public à un véritable marathon musical. Qui peut se vanter de proposer du blues yéménite le même soir que du rock marocain ? Au demeurant excellent et étonnant, point de rencontre entre Israël et le Yémen, les Yemen Blues attirent les curieux et s’avèrent d’étonnants musiciens, loin du show de Papa Wemba, roi de la rumba congolaise qui a pourtant nombre d’aficionados. Avec un public bien là, Babel Med n’en a pas fini avec Marseille. FREDERIC ISOLETTA
Rock en stock 11 édition pour le festival Prog’Sud du 12 au 15 mai au Jas’Rod e
des Pennes-Mirabeau. Le rock progressif est de retour ! Située à la périphérie de Marseille, le Jas’Rod est une salle qui gagne à être connue. Comme tous les ans, la scène des Pennes-Mirabeau deviendra le rendez-vous des amateurs et spécialistes d’un genre qui perdure : le rock progressif. Proposant des talents en devenir comme des pointures confirmées, Prog’Sud fait bien partie du réseau international de ce style musical un brin désuet qui a tellement apporté à l’histoire du rock. Avec les régionaux Madrigal, les italiens Arti&Mestieri (légende du courant progressif transalpin), les nouveaux venus marseillais Elora, les instrumentaux québécois Karcius, les musiciens classiques allemands The Living passés de «l’autre côté», les japonais Tee ou encore les légendaires finlandais Five Fifteen on peut dire que Prog’Sud brasse large ! Avec un lieu
convivial, un parking gratuit gardé, un lieu de restauration, un accès pour les handicapés et des places assises prévues, les gardiens d’une branche non négligeable du rock ont pensé à tout le monde, y compris en fixant le prix des billets : gratuit pour les moins de 14 ans, forfait 4 soirées à 35 euros, soirée seule à 15 euros (trois groupes par soir). Eclectique et original, ce festival international est paré au décollage. F.I.
Prog’sud salle Jas’Rod, Les Pennes-Mirabeau 04 91 63 16 43 www.progsudfestival.fr
MUSIQUE
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Zonaria © X-D.R.
son chant sans aucune fatigue apparente. Parfois rébarbatives sur cd, les compos prennent en live une tournure plus incisive. Anciens titres ou nouveaux, on ne voit pas le concert passer, même si seules la voix et la batterie ressortent, avec quelques touches de basse. Une soirée qui s’est terminée en apothéose, avec un public de plus en plus bouillant, des groupes différents mais partageant les mêmes codes, une atmosphère bien nordique dans un climat bien sudiste. Bref, une réussite. HUDGARD
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MUSIQUE
DISQUES
Flamme baroque Patricia Petibon passe allègrement des coloratures d’Olympia ou Zerbinette aux premières amours baroques initiées par Rachel Yakar et William Christie. Personnalité à part du monde lyrique, la soprano française possède un enthousiasme naturel très apprécié du public… et de la profession qui n’a pas manqué de couronner l’artiste à trois reprises (entre 1997 et 2003) aux «Victoires de la Musique». Son dernier disque intitulé Rosso (sans doute en référence au «prêtre roux» autant qu’à sa propre chevelure) est consacré à des airs baroques. Ses Haendel sont particulièrement réussis, des plaintes tragiques d’Almirena (Lascia ch’io pianga) ou Cléopâtre (Piangerò la sorte mia) aux légèretés aériennes de Morgana (Tornami a vagheggiar)… À côté des splendeurs du
Saxon londonien (un divin Ah ! mio cor d’Alcina) soutenues par les cordes princières du Venice Baroque Orchestra d’Andrea Marcon, la chanteuse se tourne vers les Italiens et un florilège d’opus douloureux de Stradella, Scarlatti, Porpora, Marcello ou des dynamiques festives de Sartorio, Vivaldi… Elle se délecte des contrastes, joue pleinement les textes, varie les phrasés avec virtuosité et mâtine le tout d’un brin de fantaisie. JACQUES FRESCHEL
À noter : Patricia Petibon se produit en récital avec piano (Susan Manoff) sur la scène aixoise du Jeu de Paume, le 5 mai à 20h30 04 42 99 12 12 - www.concertsdaix.com
Chemin de croix L’ensemble L’Arpeggiata s’est produit dans la région à Arles, Aix et Gap les 24, 26 et 28 mars (voir p. 38) en compagnie du contre-ténor Philippe Jaroussky, tandis que paraissait cet enregistrement. Les musiciens dressent un triptyque baroque (Vision de Marie, Souffrance et Mort, Réunion au Paradis) autour d’opus du XVIIe siècle de Biber, Merula, Rossi, Allegri, Sances… Selon le principe de l’itération cyclique de l’harmonie, des Chaconnes et
Airs envoûtants côtoient quelque céleste Stabat mater interprété par la soprano Nuria Rial ou les plaintes polyphoniques des Corses de Barbara Fortuna. Après All’improvviso (Alpha), Los Impossibles (Naïve), Teatro d’Amore (Virgin), Christina Pluhar ajoute un nouveau bijou à notre collection. J.F
CD Virgin 5099960710703 Edition Deluxe + bonus DVD
Énergie renouvelable Point culminant et point final de la tournée Parades Prénuptiales, l’enregistrement du live au Splendid de Lille est plein de surprises et d’agitation. Dans le registre de la chanson française à texte teintée d’humour, nos six blaireaux du nord s’en donnent à cœur joie. Six voix, un piano, un trombone, un saxophone, un accordéon, une guitare et une batterie ne sont pas de trop pour nourrir des histoires fantasques complètement décalées, voire potaches.
Un déclice Victoire de la musique dans la catégorie révélation, Yodelice vous surprendra avec son premier album Tree of life. Personnage atypique au chapeau melon cabossé, Maxim Nucci de son vrai nom laisse parler son double jusqu’à porter désormais le nom de la «casa» où il a cogité ses titres en Espagne. Funambule et international, ce dandy chante en anglais et oscille entre folk et pop tranquille. Comédien acteur à ses heures (Ne le dis à personne) et auteur de tubes à midinettes (Jennifer, L5), il a freiné des deux pieds, et s’est offert le talent
Du Gardien du musée au Pom pom pom frites, le sextuor taille un costard à notre monde sur fond de satire sociale. Textes caustiques et cinglants à souhait, ce nouvel album au son nickel se vit et laisse présager ce que ces joyeux trublions donnent sur scène. F.I.
Les Blaireaux en concert au Splendid At(h)ome
d’Abraham Laboriel Jr, le batteur de Clapton, sans se détacher de son acolyte violoncelliste Sébastien Grandgambe. Teintés de mélancolie, les dix titres de ce premier opus sont une véritable renaissance pour ce chanteur décontracté. Yodelice s’invente un monde ombragé et subtil, et ça marche ! F.I.
Tree of life Yodelice Mercury – Universal
Métal express Le calme avant la tempête pourrait-on croire quand on enclenche l’album Lives & Walls des lyonnais Kipling. A mi-chemin entre rock mélodique et métal, on pourrait dire que Kipling rappelle les lyriques Muse dans un registre plus métaleux. Avec leur son propre, ces bêtes de scènes enchaînent les dates et atteignent à juste titre une certaine notoriété. On est d’autant plus surpris quand on apprend qu’il s’agit du premier album de la bande
du Rhône ! De quoi présager de très bonnes choses, tant ce premier jet est de qualité. Avec Lives & Walls vous aurez du mal à quitter votre chaîne : le gros son bien carré sait laisser quand il le faut un peu de place à une ligne mélodique bien chantante : Kipling sait jouer avec les genres. F.I.
Lives & Walls Kipling
CD Deutsche Grammophon
MUSIQUE
Quatuors modernes
Bernard Fournier aura fourni une contribution majeure à la compréhension d’un genre essentiel à l’histoire de la musique. Après un ouvrage général (L’Esthétique du quatuor à cordes) et deux volumes (De Haydn à Brahms et De 1870 à l’entre-deux-guerres), son 3e pavé traite des quatuors composés depuis les années vingt. L’encyclopédie forme ainsi un tout en 2010, avec cet ajout copieux sur l’ère «moderne» et ses divers courants esthétiques. Le genre est analysé par pays et continents et l’auteur prend pour point de rupture l’année 1950 qu’il considère comme le 4e «moment» de l’histoire du Quatuor à cordes (après Haydn, Beethoven et Schoenberg). Plus d’une vingtaine de compositeurs possèdent leur propre chapitre (Ligeti,
Carter, Dutilleux, Berio, Boulez…) car ils ont continué de privilégier cette formation considérée depuis Mozart comme l’antichambre de l’orchestre. À juste titre, l’auteur accorde une place de choix à Chostakovitch, qu’il considère comme le pendant beethovénien du XXe siècle. JACQUES FRESCHEL
Histoire du quatuor à cordes de l’entre-deux-guerres au XXIe siècle Bernard Fournier en coll. avec Roseline Kassap-Riefenstahl Éditions Fayard, 40 euros
Cantates de Bach
Dans l’œuvre démesurée de Bach, ses 240 Cantates occupent une place conséquente que le public et le milieu musical (au regard de nombre d’« intégrales » publiées) réévaluent aujourd’hui avec justesse. Il manquait un ouvrage synthétique et clair sur le sujet : voilà que Gilles Cantagrel, éminent spécialiste de l’Allemagne baroque, publie un livre de référence. Après une centaine de pages présentant le genre (origine, histoire, livrets, instruments, voix, symbolique…), les Cantates d’église (texte et traduction à l’appui) sont commentées, replacées dans leurs contextes
historique et liturgique (Avent, Noël, temps pascal, Pentecôte, Trinité…). De même, les Cantates profanes (encore souvent délaissées) sont analysées, classées selon leur destination et conjonctures festives. Indispensable ! J.F.
Les cantates de J.-S. Bach Gilles Cantagrel Éditions Fayard, 40 euros
Mahler 2010… avant 2011 !
En 2010, on honore discrètement Gustav Mahler (1860-1911), né il y a 150 ans… quand l’an prochain on célèbrera le centenaire de sa mort. Héritier de l’école viennoise romantique, Mahler (on redécouvre son œuvre seulement dans les années 1970) passe le plus clair de son activité musicale à diriger, en particulier à l’Opéra de Vienne où il fut considéré comme un immense maestro. Excellent chef dans le domaine lyrique, il délaisse cependant l’opéra dans ses compositions, se consacrant essentiellement (lorsqu’il en a le temps !) à la symphonie et au Lied. Le livre
d’Isabelle Werck s’appuie sur la biographie du musicien, son ascension, ses succès et ses douleurs (la perte de sa fille), pour analyser ses principaux opus à la lumière d’un mysticisme essentiel. J.F.
Gustav Mahler Isabelle Werck Collection Horizons n°19, 20 euros Bleu nuit éditeur - www.bne.fr
Caravane palace Django le guitariste aurait eu cent ans, mais il nous a quittés vraiment trop tôt, il y a 57 ans. À l’heure où les hommages se multiplient, retenons le concept singulier de Patrick Williams, également auteur il y a plus de dix ans d’un ouvrage de référence sur Django Reinhardt, réédité pour l’occasion. Son livre n’est pas un biographie, comme on pourrait l’attendre en ces temps de centenaire, mais des histoires que le guitariste manouche aurait pu vivre s’il n’avait pas été frappé d’une congestion cérébrale. À travers trois narrateurs, un jeune journaliste de jazz, un critique littéraire et un romancier, Django s’invente de nouvelles vies passionnantes ! Un concert sensationnel en duo avec Thélonious Monk, une carrière de compositeur de musique électro-acoustique à
Manhattan et une existence de marcheur solitaire bien loin du swing, des manouches et de sa guitare. La quatrième vie n’est plus une fiction mais une chronique bien réelle, l’histoire d’une postérité atteinte pour l’éternité que l’ethnologue spécialiste nous conte avec passion et exactitude. Entre fiction, virtualité et réalité, des vies de Django que les plus jeunes pourront aussi découvrir avec le livre/cd de Gallimard jeunesse (voir p XIII). FREDERIC ISOLETTA
Les quatre vies posthumes de Django Reinhardt Patrick Williams Editions Parenthèses, 16 euros
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LIVRES
ARTS
L’art : histoire vs esthétique ? Comment l’historien de son côté et le philosophe du sien conçoivent-ils la question de l’art ? Cet ouvrage restitue les actes des colloques L’histoire de l’art en question(s) qui se sont tenus à Marseille entre 2005 et 2007, à l’initiative de Jean-Noël Bret et de l’association Art Culture et Connaissance. L’intérêt -mais aussi le talon d’Achille- d’un tel ouvrage collectif est de nous proposer des approches disparates entre elles, ouvrant cependant individuellement sur des analyses singulières. Après l’examen comparatif et un peu amusé de Michel Guérin sur les bonnes manières des uns et des autres, le lecteur pourra zigzaguer d’un chapitre à l’autre, quitte à enfreindre la structure logiquement bipolaire du livre et faire le grand écart entre la présentation d’Alain Jaubert à propos de la conception de la célèbre série Palettes et
différentes modalités de penser l’art exposées par Michel Makarius, ou encore entre les rapports art/cognition/neurosciences développés par Jean Vion-Dury et l’importance du retard dans l’appréhension des œuvres pointé par Sébastien Rongier. Penser l’art, en tant que «chose sensible» est indispensable quelles que soient les voies empruntées. La synthèse reste à faire : au lecteur de jouer. CLAUDE LORIN
Penser l’art Histoire de l’art et esthétique Sous la dir. de Jean-Noël Bret, Michel Guérin et Marc Jimenez Editions Klincksieck, 29 euros
Le jour et la nuit Stephen Wilson, professeur d’art conceptuel et d’art de l’information à la San Francisco State University, auteur et artiste, a déjà de nombreuses publications à son actif sur le dialogue art-science. Il récidive aujourd’hui avec Art + Science mais dans une forme panoramique et synthétique, abondamment illustrée (plus de 250 reproductions) et agrémentée de nombreuses sources documentaires (lieux ressources internationaux et universités qui promeuvent l’art créé dans ce domaine hybride). Le livre explore avec une grande clarté les liens multiples entre l’art, la science et la technologie à travers le prisme de la production artistique depuis 2000, selon 8 domaines scientifiques: biologie moléculaire, cinétique et robotique, algorithmes… Chacun est introduit par un texte généraliste qui pose les fondements historiques, énonce les découvertes scientifiques, l’émergence de nouveaux outils technologiques, souligne les engagements des artistes. Il y est question d’installations dans
lesquelles les motifs sonores sont contrôlés par un programme informatique, de performances avec capteurs/émetteurs fixés sur des corps vivants ou encore de créations de robots-animaux poétiques et expérimentaux. Si certaines pièces mettent en avant l’incroyable technologie empruntée aux scientifiques par les artistes du XXIe siècle, d’autres soulèvent avant tout des questions éthiques. Comme Jockem Hendricks qui aborde le problème de l’application de procédés de transformation à des organes humains… Efficace dans son agencement très structuré, facile d’accès dans son énoncé, l’ouvrage réconcilie l’art et la science longtemps considérés «comme étant aussi opposés que le jour et la nuit». MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Stephen Wilson est l’auteur également, entre autres, de Using Computers to Create Art (1986), Information Arts : Intersections of Art, Science and Technology (2002)
Enquête non capitale Le court essai de Rébecca Piednoir et Michel Gairaud, Artistes loin de Paris, l’exemple de Marseille Provence, a le mérite de poser par écrit des problèmes que l’on ne formule que sous forme de doléances ou de déplorations convenues : peut-on être artiste reconnu loin des feux de la capitale ? L’épithète «régional», voire «régionaliste», s’attache bien vite à celui qui n’a pas fait sa carrière à Paris. Témoin des écrivains comme Giono ou Mistral qui ont payé leur attachement au suc capiteux de la Provence. Interview de quelques artistes qui ont décidé de s’ancrer dans le midi, reprise (rapide !) de certains pourcentages, évocation (véloce !) des différents types de mécénat… ce livre sympathique nous conduit à nous interroger sur la notion de Capitale culturelle. Certes, le terme d’essai est excessif, l’analyse restant
superficielle : les témoignages ne sont pas confrontés, l’économie n’est pas analysée, et les artistes sont choisis sur on ne sait quels critères… On aurait aimé une véritable enquête, et non un simple recueil de paroles, collectant des sentiments individuels pas toujours pertinents quant à la réalité globale d’une profession. Mais l’intérêt de l’ouvrage réside dans cet appel à une mise à plat des relations Régions/Paris : le milieu de la création inscrit son avenir dans une réflexion globale sur la mise en œuvre de la décentralisation. MARYVONNE COLOMBANI
Artistes loin de Paris, l’exemple de Marseille Provence Rébecca Piednoir et Michel Gairaud Ed Les petits matins (avec le concours du conseil général 13 ), 18 euros
Art + Science Traduction de l’anglais, Gilles Berton Éd. Thames & Hudson, 38 euros
LITTÉRATURE
LIVRES
Mémoire de pierre Un 8e livre vient de paraître dans la collection Collatéral des éditions Le bec en l’air. Comme les précédents il résulte d’un dialogue entre un écrivain et un artiste, ici un photographe. Les deux Argentins nous restituent l’ambiance de la pampa où les superstitions religieuses ont servi longtemps de guide aux populations crédules qui trimaient dans les estancias. Le récit se déroule entre 1870 et 1872. La petite Matildita, fille de grindos européens, âgée de 2 ans, meurt du croup ; ni un gaucho guérisseur, ni le médecin n’ont pu la sauver. Après sa mort, des bruits étranges, des râles, surviennent la nuit. On les entend surtout d’une chambre dont les fenêtres donnent sur la sierra de la Pierre Mouvante, énorme caillou de plusieurs tonnes, en équilibre au loin. Le père, le narrateur, entre en contact avec Papa Dieu, sorte de gourou-guérisseur qui vit de charité. S’ensuivent des processions auprès de la Pierre.
Puis des foules d’éclopés affamés surgissent de toutes parts. Le drame éclatera. Le récit de Néstor Ponce est aussi rauque que la voix de la Pierre. Les photos qui accompagnent le texte proviennent d’archives (le rocher s’est effondré en 1912) et du travail de Pablo Aňeli, photos en noir et blanc floutées, réalisées au sténopé (sorte de camera obscura), images de la sierra et de fragments de pierres sur lesquels se devinent des inscriptions. On sent que les 2 hommes ont été marqués par cette pierre de Tandil, si importante dans les mémoires qu’une copie en a été installée sur son emplacement. CHRIS BOURGUE
Sous la pierre mouvante Nestor Ponce et Pablo Aňeli éd. Le bec en l’air, 14,50 euros
La vraie couleur du nucléaire
«Trois salariés sont morts au cours des six derniers mois […] tous trois victimes de la centrale et tombés sur le même front.» Les premières lignes donnent le ton du bref mais saisissant premier roman d’Elisabeth Filhol. Le danger et la mort planent sur La Centrale. L’ombre du nuage de Tchernobyl aussi. Sur les pas de Yann, le narrateur, le lecteur plonge dans l’univers carcéral du CNPE (Centre Nucléaire de Production d’Électricité). Accès restreint ou en zone contrôlée, sas multiples, combinaisons dites Mururoa, faits et gestes sont calculés au millimètre pour que fonctionne sans heurt le monstre aux 19 têtes. 19 sites sur lesquels des équipes de maintenance tournent toute l’année. Yann fait partie de ces employés nomades ; il est DATR (Directement Affecté aux Travaux sous Rayonnements), autrement dit «chair à neutron». Un de ceux dont l’emploi dépend de «la gestion de la dose» : vingt millisieverts, la dose maximale d’irradiation autorisée par an. À travers l’incident que le narrateur vient de subir, les défaillances ou les suicides d’autres, Filhol met en scène tout un peuple de
travailleurs précaires, dans un style à la fois technique, presque documentaire et très suggestif. Si certaines pages ressemblent à des précis d’initiation au nucléaire (sortes de mises au point pour néophytes), l’ensemble, subtilement organisé en strates temporelles qui se font écho, donne aux personnages une véritable épaisseur. La centrale même, qui bruit doucement et exhale au ciel son souffle blanc, devient personnage. Dangereuse et séduisante, elle a sur les hommes «une force d’attraction incomparable», qui les pousse à s’en approcher au plus près malgré, ou à cause, des risques et du bleu intense de la piscine d’eau borée… Le sujet, l’écriture sont originaux, et troublants. Mais le plus fort est que ce récit sans concessions n’a rien du pamphlet. Juste la vision désenchantée d’un monde menacé. Le nôtre. FRED ROBERT
Elisabeth Filhol vient de recevoir le prix France-Culture Télérama pour ce 1er roman
La Centrale Elisabeth Filhol éd. POL, 14,50 euros
Enquête sous haute surveillance Buenos Aires, fin des années 1970. La junte terrorise l’Argentine. Disparitions forcées, centres de détention clandestins, torture, arrestations… Entre 1973 et 1983, plus de 30 000 personnes seront victimes de cette «guerre sale» ; de nombreuses autres devront s’exiler pour échapper à la répression violente organisée par les militaires au pouvoir. Dans un tel contexte, si l’on est en quête de vérité, autant chercher L’aiguille dans la botte de foin. C’est pourtant à ce combat que s’accroche l’officier de police Lascano, afin d’«œuvrer pour faire de ce monde un endroit plus juste.» Un défi qu’il entend relever, d’autant que, depuis la mort de sa femme, le travail est devenu sa seule raison de vivre. Lascano porte bien son surnom Perro : du chien il a le flair et la ténacité. Ce qui le conduira très vite à subodorer que, parmi les trois cadavres découverts au Riachuelo, l’un a été déchargé là post mortem et n’a rien à voir avec les deux autres, victimes d’une exécution ordinaire en ces
temps de dictature… Le roman d’Ernesto Mallo met en scène la figure attachante d’un flic intègre malmené par la vie, ce qui entre dans la tradition du genre. À ce héros désabusé il adjoint un ami, le légiste Fuseli, une jeune femme traquée, Eva ; tradition toujours. Traditionnels encore les méchants de l’histoire, fils de famille endettés et sans scrupules, militaires ivres de violence et d’impunité. Pourtant, il se dégage de ce polar argentin une atmosphère particulière, comme décalée. Est-ce l’effet des dialogues, transcrits en blocs d’italiques séparés du récit ? Est-ce la présence du fantôme de Marisa, la femme de Lascano, qu’Eva semble réincarner ? Flotte sur le livre ce «réalisme magique» cher aux écrivains latino-américains… et à leurs lecteurs ! FRED ROBERT
Du 21 au 25 avril, Ernesto Mallo sera l’un des invités du festival CoLibriS (voir Zib’28)
L’aiguille dans la botte de foin Ernesto Mallo, traduit par Olivier Hamilton éditions Rivages/noir, 8 euros
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LIVRES
LITTÉRATURE
La clé du réel
Avoir quatre ans, refuser le monde au point de ne pas parler, et surprendre par une phrase lapidaire, la première, «je préfère regarder les oiseaux»… Avoir quatorze ans, être considéré enfin comme suffisamment grand pour que l’on vous confie dans une petite boîte d’argent la clé de la maison… Voilà une étape essentielle accomplie… dans la quête traditionnelle du héros. Il est grand dorénavant ! Et pourtant, c’est ici que tout se complique… qui est cette femme blonde dans la cuisine ? Sa mère ? Wahab ne la reconnaît pas. Les êtres qui l’entourent sont devenus subitement étrangers, pas tous, la voisine qui le croise sur le palier, ses amis d’école, mais les personnages féminins de sa propre famille lui sont de parfaits inconnus… Est-ce une nouvelle réalité, liée au passage de ce fatidique anniversaire ? Et que signifie ce cauchemar récurrent d’une femme aux membres de bois ? La fuite que l’on retrouvera dans la fugue du personnage
ne résoudra rien. Les descriptions oniriques tissent avec celles de faits réels, une toile singulière. Le monde et ses masques multiples, les strates complexes des souvenirs accordent à ce roman initiatique qui hésite aux frontières du fantastique, une rare profondeur. Le dernier chapitre nous donne les clés. Wahab évoque un «avant», ce passé nécessaire au devenir, au «maintenant» à vivre enfin. Wajdi Mouawad, l’homme de théâtre associé l’an dernier au festival d’Avignon, signait en 2002 un premier roman empli du même souffle épique, du même amour de la fable, du même ancrage dans une Histoire qui est aussi la sienne, celle du Liban, et de l’arrachement au pays d’enfance. MARYVONNE COLOMBANI
Visage Retrouvé Wajdi Mouawad Actes Sud, Babel, 7,50 euros
Corentin, peintre citoyen Les Onze de Pierre Michon a la saveur d’une nature morte de Chardin (de la belle ouvrage) alliée à la rigueur d’une peinture d’histoire de David (Le Serment du Jeu de paume par exemple). Tout commence par le portrait du jeune Corentin, futur peintre et auteur présumé d’un immense tableau de 4,30m par 3m exposé au Louvre dont «on se prend à frémir qu’il n’eût pas été.» Sauf que l’auteur nous assure quelques lignes plus loin «qu’il fut commandé, payé, et fait» ! D’où notre embarras : qui croire ? l’histoire, la peinture ou la littérature ? Dans une langue exquise, riche de phrases sinueuses entre lesquelles, parfois, on s’égare un peu, Pierre Michon réinvente la «cène», figure des personnages réels (ceux qui formèrent le Comité du salut public décrétant en 1794 la politique de la Terreur), imagine une généalogie au jeune artiste, une mère aimante et douce… dans un paysage façonné par les méandres de la Loire. Précise, fourmillant de détails véridiques, l’histoire est cousue de fil blanc. Avec un goût pro-
noncé pour l’ornement, peinte à la manière d’un Watteau avec ses zones d’ombre et ses franches clartés. C’était un temps -si l’on en croit l’auteur, sait-on jamais ?- où le vin coulait à flots dans la gorge de sacrés gaillards, où les vignes se courbaient sous les fruits lourds et sucrés… où les hommes besognaient leur femme à l’aveuglette… où les fripons attaquaient sans vergogne les carrosses. Ces allers et retours entre les faits, la fiction, les hypothèses et les anecdotes ne sont, pour l’auteur des Vies minuscules, que prétextes à méditer sur l’Histoire, à dessiner par petites touches poétiques le portrait d’une époque. Celle qui vit la Révolution française basculer dans la Terreur. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Les Onze Pierre Michon Éd. Verdier, 14 euros
Maman, amour, toujours ! La Tour de Tokyo - Maman, moi et papa de temps en temps a fait l’objet d’une série TV ainsi que d’une adaptation cinématographique par Jôji Matsuoka. Et c’est après sa lecture qu’Aka Guruni Koto a proposé à Lily Franky le rôle principal dans son dernier film, All around us qui a remporté le prix du Jury au Festival du film asiatique de Deauville en 2009. Aujourd’hui son roman est traduit en Français. Dans ce roman, Nakagawa Masaya, dit Lily Franky, retrace sa propre jeunesse ; sa mère, qui l’a protégé, son père, toujours absent. «Combien d’années cela faitil que nous n’avons pas dormi tous les trois dans la même chambre ?» remarque désespérément le fils au chevet de sa mère qui se meurt. Car ce roman est un vrai cri d’amour pour cette mère courage qui l’a élevé seule, l’a soutenu, à qui il cause «à quarante ans encore bien du souci», qu’il a fait venir habiter avec lui à Tôkyô, qui lutte contre un cancer et «qui ne voit de son lit d’hôpital que deux choses, le plafond et la Tour de Tôkyô».
«Elle est là, proéminente, pointue, dressée tel l’axe d’une toupie. Au cœur de Tôkyô. Au cœur du pays. Au cœur de nos rêves.(...) Elle colore le jour, illumine la nuit, mais elle a l’air toute seule. Et là, je me suis dit : c’est justement pour ça qu’on est fous d’elle». Car c’est aussi à une découverte de cette ville de tous les possibles, et de tous les échecs, que nous convie l’écrivain. Il y décrit la jeunesse des années 70/80, retrace son parcours, son arrivée pour des études qu’il n’achève pas, sa descente aux enfers, loin d’un père dont il découvre l’activité peu recommandable, dans une langue tour à tour orale et soignée. «Finalement, je n’ai jamais rien fait pour toi. Je ne t’ai même pas remerciée correctement» écrit-il lorsque sa mère meurt. Eh bien, c’est chose faite ! ANNIE GAVA
La Tour de Tokyo - Maman, moi et papa de temps en temps Lily Franky Editions Philippe Picquier, 21 euros
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Décapitation décousue Il est toujours délicat de juger d’une pièce de théâtre à la lecture, surtout lorsque, par souci de liberté et confiance en son metteur en scène, les didascalies sont absentes. Il faut alors que les voix se fassent entendre… La pièce de Marion Aubert comporte de nombreux aspects séduisants, la présentation des rôles «dans le désordre d’apparition», les interventions de M.Auberte dans les courtes et drolatiques «techniques de l’auteure» qui adoptent le ton des Impromptus, les décalages comiques de jeu et de ton entre les personnages dans une même scène, les tirades à rallonge qui s’emballent dans une frénésie verbale comme incontrôlée… Orgueil, Poursuite et Décapitation est volontairement chaotique, agence une série de scènes hystériques qui, par leur caractère
décousu, tiennent du sketch et ne semblent pas, ensemble, former pièce. On reste sur sa faim, avec le sentiment de quelque chose d’inaccompli. Mais cela semble convenir à l’auteure qui conclut : «Ne faites pas semblant d’avoir compris toute la pièce et patati et patata.»… Faut-il la voir pièce sur scène pour en saisir toute la dimension ? Créée à Montpellier par sa complice Marion Guerrero elle sera bientôt à Sète et à Valence… MARYVONNE COLOMBANI
Orgueil, Poursuite et Décapitation Marion Aubert Actes Sud-Papiers, 11 euros
Une vie minuscule
La toute jeune maison d’édition Rouge Inside offre à ses lecteurs la traduction française de l’œuvre hispanophone d’Angel Vazquez, écrivain tangérois majeur et pourtant méconnu. Juanita, dès l’enfance, était une vielle fille. Enfant trop sage dans les jupes de sa mère, elle veillait à ne pas déranger les plis de sa robe en crinoline en attendant en secret un Zorro qu’elle aurait repoussé s’il avait eu l’audace de se présenter. Elle grandit, mal aimée et bien comme il faut, auprès d’une mère qui lui préfère sa sœur, d’un père qui lui préfère la bouteille, d’une sœur détestée parce que trop délurée, et de quelques amies avec qui elle boit le thé et mange des petits gâteaux. Elle tient la maison, s’occupe des repas, et attend. L’amertume, la solitude et la vieillesse remplissent cette vie uniforme, faite de rêves déçus, de naïvetés arrogantes, et de méchancetés revigorantes, qui s’effrite avec les années : la mère meurt, le père aussi, la sœur s’enfuit avec un homme -la traînée !-, les amies s’éloignent, et il ne reste bientôt plus à
Juanita que sa vieille servante, qui finira par disparaître aussi. Le monologue virtuose de Juanita charrie ensemble les ratiocinations, les souvenirs, les imprécations, la liste des courses, les aphorismes et les bribes de chansons. Il entraîne sans qu’on puisse les démêler les pensées intérieures, les paroles échangées avec les vivants et les morts, et restitue admirablement la langue singulière, cosmopolite et bigarrée du Tanger international d’après guerre, mêlant à la hakétia, l’espagnol des juifs sépharades marocains, les expressions françaises, arabes et andalouses. Cette chienne de vie, dans sa banalité attachante, c’est aussi, en minuscule, celle du Tanger d’Angel Vazquez, dont Juanita incarne, avec un mélange de bougonnerie familière et de distinction surannée, les manières d’éternelle demoiselle et la nostalgie pour des splendeurs imaginaires. AUDE FANLO
La chienne de vie de Juanita Narboni Angel Vazquez Ed Rouge inside, 20 euros À lire aussi du même auteur : La Villa d’été, 2010
De toutes les femmes du bus, je suis la seule à être un homme
Daniel, vingt-cinq ans, raconte son histoire, toute entière inscrite dans cette solution de continuité, impossible à résoudre, entre les deux identités sexuelles: enfant adopté, il n’est ni la petite princesse qu’a rêvée son père, ni le prince ténébreux et fier d’une mère dont il vénère la mystérieuse volupté ; amant boulimique, il bande comme un homme et jouit comme une femme. Il a le goût des cosmétiques et des habits féminins, mais n’achève pas sa métamorphose. Toujours en attente, et en devenir, il est une «K», qui visite chaque semaine au parloir de la prison Armand; il est l’ami de Sin, avec qui il partage ces visites hebdomadaires et les séances de drogue ; il est l’amant du mélancolique Arcady, son curieux mentor ; et tous les soirs, il danse sur scène pour les habitués de l’Arcadia. Princesse de, sa particule ne l’attache à aucun royaume, si ce n’est celui de son propre corps, dont il éprouve toutes les énigmes : le lien charnel à la
mère, le dégoût de la nourriture, l’hébètement calculé de l’héroïne, l’exultation de la danse et de la musique. Pourtant Daniel n’est pas l’oiseau de nuit déplumé et souffreteux qu’on pourrait croire : il est invulnérable ! Parce que sa docilité de «chiennasse» est une forme de compassion, l’abandon à ses fantasmes une forme de dérision élégante, qui contrastent avec l’épaisseur du monde. Parce qu’il est dévoré par une faim insatiable: son corps est un gouffre qui consomme tout sans modération, à la fois prison et jubilation, abandon et plénitude, dérèglement et maîtrise. Parce qu’il est porté par la langue singulière, à la fois brusque, altière et fervente de son auteur, qui décline ainsi, sur le mode de l’excès et de la marginalité, ce qui fait le fond obscur de notre banalité. A.FA.
La Princesse de. Emmanuelle Bayamack-Tam P.O.L., 18,50 euros
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LIVRES
RENCONTRES LITTÉRAIRES
Déambullation
À Aix, la BD est en ébullition avec 13 expositions qui rendent compte de toutes les tendances Dans ce parcours bigrement imagé quelques incontournables, comme le Centre aixois des archives départementales qui pare ses cimaises de frises mauresques et aménage un salon de thé pour accueillir les Carnets d’Orient de Jacques Ferrandez. Dans ce dispositif agréable on découvre image après dessin, article après correspondance, objet après circulaire administrative, affiche publicitaire après carte d’état-major ce que furent les «130 années qui ont vu la France enjamber la méditerranée» (jusqu’au 29 mai). En résonance là encore avec la spécificité du lieu, les rats de Ptiluc envahissent la cave du Muséum d’histoire naturelle : après une mise en bouche gentillette de quelques rats couchés sur le papier, enfumés, voire déchirés, le rideau noir s’ouvre sur un cabinet des curiosités à l’effet glaçant. Spécimens empaillés provenant du muséum, planches originales de «Pestiluc» (surnom approprié !), squelettes et même un réfrigérateur transformé en cage à rats… vivants ! (jusqu’au 24 mai). À la galerie Vincent Bercker rendue méconnaissable par un caisson en bois
de 3m x 3m destiné aux œuvres grandeur nature de Clément Baloup, la BD fait de la résistance : depuis son retour d’Indonésie, l’artiste utilise son coup de crayon pour alerter sur la situation des auteurs mis à mal par les mangas (jusqu’au 17 avril). Chez Susini l’univers gothico-romantique de Ciou déborde des cadres, l’artiste ayant à cœur de dessiner sur les murs… (jusqu’au 24 avril). Épicentre de cette déambulation, la galerie Zola à la Cité du livre décline son concept de Cubde : un concentré pur jus de 5 dessinateurs en prise avec le grand format et le volume (jusqu’au 24 avril). Si tous tirent leur épingle du jeu, mention spéciale à Moya : plus qu’un dessinateur, Moya est un objet de BD, un accessoire de BD, un personnage de BD qui «vit et pense en 3D». Bienvenue au «Moya Land» ! M.-G.-G
Signatures
Les séances de dédicaces des festivals de BD ne ressemblent pas aux autres. On vient y parler à son auteur préféré…avec Snapshot, Moya © Patick Moya
l’idée d’obtenir des originaux signés par son dessinateur favori ! Durant les trois jours de signature la Cité du Livre n’a pas désempli, les BD se sont vendues à la pelle, et les poignets des dessinateurs n’ont pas chômé : tous avec fort bonne grâce se sont pliés au jeu, au cœur de cette animation, entre deux projections, les expos et la danse… des rencontres, cafés BD, et même rendezvous canapés ! Les écritures croisées y trouvaient aussi leur place, pour un rendez vous passionnant, où il fut d’ailleurs davantage question de romans que de BD… Autour de Jacques Ferrandez deux auteurs Algériens majeurs, Maïssa Bey et Boualem Sansal: l’une ayant préfacé le dernier volume des Cahiers d’Orient de Ferrandez (Casterman) -le 10e, Terre fatale, sur la guerre d’Algérie-, l’autre son adaptation gra-
Expérimentations poétiques œuvres littéraires, avec «lumières et pigments, branches et masques», sans oublier un concours de balai lors d’un ballet nocturne, l’objet le plus poétique étant récompensé par un prix !
ZIP 22 Le 30 avril Plaine Page, Barjols 04 94 72 54 81 www.plainepage.com
© Günther Vossiek
La Zone d’Intérêt Poétique 22 (ZIP) initiée par l’association Plaine Page met l’artiste plasticien allemand Günter Vossiek à l’honneur avec une installation poétique, visuelle et sonore, Retiens la nuit, qui évoque «un décor de Faust : de Goethe à Gounod, en passant par Verlaine, le sommet du Harz, le «Brocken» (le Gros Morceau) accueille La nuit des sorcières ou Nuit de Walpurgis.» Durant un mois il installe sa forêt imaginaire à Barjols, avec un temps fort le 30 avril pour une soirée performance et lectures actions en compagnie de C. Silvestri, A. Simon, C. Forgeot, C. Cros, sur des conceptions sonores d’Heiner Rath et Michel Baré. De 20h30 à minuit la création contemporaine revisitera le mythe et ses
phique de L’Hôte (Gallimard), nouvelle simple et poignante de Camus qui, aux derniers temps de l’Algérie Française, avant la guerre, posait à travers l’histoire d’un instituteur le problème de la place et de l’engagement des colons envers l’État Français. Quelques très beaux échanges sur la «fatalité» de la Terre Algérienne, sur les victimes et les bourreaux de l’histoire, sur la mémoire, donnèrent envie de se plonger dans le grand œuvre de Ferrandez sur l’Algérie coloniale, et dans les deux derniers romans des auteurs Algériens : le Village de l’Allemand (Boualem Sansal, Gallimard) sur les rapports historiques et politiques entre l’Islamisme et les Nazis, et Puisque mon cœur est mort (Maïssa Bey, éd. de l’Aube), journal lyrique d’une mère qui a perdu son fils et ne peut accepter le devoir d’amnistie que l’on impose aux victimes du terrorisme des années 90. Trois œuvres passionnantes qui se «croisent» étrangement, comme si l’histoire n’en finissait pas de produire des échos de ses premiers massacres… A.F.
Les dédicaces ont eu lieu du 9 au 11 avril à la Cité du Livre, Aix www.bd-aix.com
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Alors, à voix basse, j’écris Suzanne Joubert est une personne discrète. Secrétaire générale des Bernardines, on la connaît surtout pour le travail qu’elle abat au sein de différentes structures. Or, depuis bientôt 20 ans, elle écrit. Des textes de théâtre principalement, dont certains sont édités aux Solitaires Intempestifs, et dont beaucoup attendent qu’elle ait le temps de s’en occuper ! En mai, dans le cadre d’une carte blanche au metteur en scène Xavier Marchand (voir p 21), l’un d’eux sera présenté à la Minoterie. Zibeline : Vous écrivez surtout pour la scène. Pourquoi ? Suzanne Joubert : Je ne me suis pas posé la question au départ. Cette prise de parole-là, qui s’adresse, cette énergie qui doit s’extérioriser s’est imposée à moi. Lorsque j’écris, c’est la parole qui me prend ; le rythme de la première phrase, et puis tout s’enclenche. Mais ça ne prend pas toujours ! Comment qualifieriez-vous votre style ? Je ne sais pas si j’ai un style. Mais j’ai remarqué que les figures de mes textes ne portent que des prénoms ; ce sont des êtres juste après l’anonymat. Quand
j’écris, j’essaie moi aussi de descendre dans cet anonymat, à cet endroit où on n’est pas encore, afin que ceux que j’appelle «mes petits bonshommes» puissent arriver, qu’émerge un universel singulier. À partir de choses très petites je creuse pour arriver à une parole commune. Je n’écris pas à proprement parler des textes politiques, mais dans mes textes le quotidien et l’actuel sont là ; du coup, le social et le politique aussi. Tous tant qu’ils sont, que vous avez écrit en 2006 sur une commande d’Alain Fourneau, va être mis en scène prochainement. Pouvez-vous en dire quelques mots ? Ce monologue théâtral revisite l’histoire d’Agamemnon à plusieurs niveaux. La figure centrale de la jeune femme est née des choix de mise en scène d’Alain. Dans l’Agamemnon qu’il a créé à Moscou, il a introduit sur le plateau Iphigénie, alors que celle-ci est déjà morte à ce moment de la trilogie d’Eschyle. Je me suis intéressée au cas de cette actrice qu’on invitait à jouer une morte, présente parmi les vivants. Ma fiction est issue de ce fait réel. Celle qu’on appelle
Suzanne Joubert © Allain Fillit
La petite y est une employée de supermarché qui rêve d’être actrice et à qui on vient de proposer un tout petit rôle dans une pièce antique. Écrivez-vous en ce moment ? Oui, mais chut ! Je sais juste que c’est en cours. Je ne peux pas en dire plus… PROPOS RECUEILLIS PAR FRED ROBERT
Les auteurs à l’honneur
Le Printemps du livre de Cassis ouvre une nouvelle page de son histoire, la 22e, dans le cadre toujours aussi magnifique de la Fondation Camargo. Placée cette année sous la présidence d’honneur de Patrick Poivre d’Arvor et la présidence de Jean-Claude Kauffmann, la manifestation littéraire est inaugurée, le 24 avril, en présence des écrivains invités, avec la remise du 7e Prix du Printemps du livre, et le traditionnel concert, le soir à l’église Saint-Michel, avec l’Orchestre de l’Opéra Provence Toulon Méditerranée dirigé par Alexandre Piquion, Michel Portal à la clarinette et Laurence Monti au violon, dans un programme entièrement dédié à Mozart. L’après-midi même débuteront les rencontres attendues, toujours animées par Serge Koster et Antoine Spire, au cours desquelles le dialogue se nouera entre les auteurs et avec le public. Seront notamment présents, lors des deux week-end, Alexandre Adler (La chute du mur de Berlin, XO éditions), Blandine Kriegel (Querelles françaises, Grasset) et Philippe Roger (L’ennemi américain, Seuil) pour Je
Total Izzo
Jean-Claude Izzo a disparu depuis 10 ans. Durant un mois, la BMVR Alcazar a rendu hommage au créateur de Fabio Montale, à travers une exposition et diverses manifestations. Point d’orgue de cet hommage, une table ronde intitulée Jean-Claude Izzo, journaliste, poète, romancier. Afin de retracer le parcours atypique mais profondément cohérent de cet homme aux manières douces et aux fortes convictions, Pascal Jourdana avait invité son fils Sébastien, Jacques Roger son ancien rédacteur en chef à La Marseillaise, Marguerite Tiberti l’éditrice de son œuvre poétique, ainsi que Cédric Fabre, ami et confrère en journalisme et en
t’aime moi non plus ; le grand Jérôme Charyn (Johnny BelŒil, Rivages) pour La révolution américaine revisitée ; Eddy Harris (Paris en noir et black, Liana Levi) et Gaston Kelman (Je suis noir et je n’aime pas le manioc, Max Milo) pour Noirs des deux rives ; François Sureau (L’obéissance, Gallimard) et Jean-Loup Bourget (Fritz Lang, Lady Killer, Puf) pour La désobeissance, ou encore Douglas Kennedy (Quitter le monde, Belfond) pour L’Amérique aux multiples facettes. Enfin, n’oublions pas les projections, toujours suivies d’un débat, qui feront cette année la part belle à Clint Eastwood avec L’Echange, Million Dollar Baby, Gran Torino et Invictus. DO.M.
22e Printemps du Livre de Cassis du 24 avril au 2 mai Centre culturel 04 42 01 77 73 www.printempsdulivre-cassis.org
polar. Souvenirs, anecdotes se sont égrenées sans larmoiements devant un public visiblement connaisseur des textes et de l’homme. Tous ont rappelé l’engagement profond qui était le sien, quels que soient la forme ou le genre choisis. Son attachement à une littérature méditerranéenne aussi, où le roman dit noir puise aux deux sources du journalisme et de la poésie. FRED ROBERT
On peut retrouver Izzo sur le site www.jeanclaude-izzo.com
À lire : La peau de la Grande Ourse ; Cesena dans le paysage (éd. des Solitaires Intempestifs). À voir : Tous tant qu’ils sont, mes Xavier Marchand, du 20 au 22 mai à La Minoterie (voir p 21).
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SCIENCES
PAROLE ET LANGAGE | AU PROGRAMME
«Il ne faut pas confondre recherche et innovation : la recherche en Sciences Humaines et Sociales (SHS) a autant d’implications sur le progrès des connaissances que les autres disciplines… Ce sont souvent des travaux de recherche qui paraissaient «farfelus» qui ont ouvert aux plus grandes évolutions du savoir humain…» © CNRS Photothèque / Kaksonen
Quel langage… ma parole !
Aix-en-Provence, avenue Pasteur. Un centre de recherche de renommée européenne questionne la complexité des rapports entre la parole et le langage. Zibeline a rencontré Philippe Blache, Directeur de Recherche au CNRS, Directeur du Laboratoire Parole et Langage (L.P.L.) de l’Université de Provence et du CNRS
Zibeline : Un laboratoire «Parole et Langage», pourquoi ? Philippe Blache : Notre objet est l’étude de la perception et de la compréhension de la parole sous tous ses aspects. Ceci implique évidemment des approches très diverses : acoustique, neurophysiologique, linguistique, cognitive, sociologique et psychologique. La pluridisciplinarité, aussi bien théorique qu’expérimentale, est la règle d’or du LPL, pluridisciplinarité nécessaire pour parvenir à expliquer ce qui fait «sens» dans les «sons» émis par la voix. La spécificité du LPL est de confronter directement au champ social du langage, les données théoriques acquises dans ces disciplines connexes. Nous sommes un laboratoire expérimental d’étude des processus humains d’élaboration cognitive à partir de la communication orale. Notre étude touche un très large domaine de compétences et de métiers, des médecins (phoniatres, neurologues, psychiatres, etc) des linguistes, des psychologues mais aussi des physiciens, des électroniciens et des informaticiens qui développent l’instrumentation spécifique et les logiciels d’interface et de modélisation.
Cette pluridisciplinarité doit nécessiter un personnel considérable en nombre et compétence… Le LPL compte en effet 17 chercheurs du CNRS, 38 Enseignants-Chercheurs universitaires, 11 médecins, 14 personnels techniques et administratifs, 8 chercheurs associés (psychologues, orthophonistes, etc.). Nous accueillons 70 doctorants dans des domaines divers, majoritairement les différentes disciplines des Sciences Humaines et Sociales, mais aussi les Sciences de la Vie (SDV) ou l’informatique. Nous avons trois tutelles, les Universités de Provence [UI], de la Méditerranée [UII] et trois instituts du CNRS (Sciences Humaines, Informatique, Sciences du Vivant). Cette diversité dans le domaine de la linguistique nous a conduit à mettre en place une «plate-forme expérimentale mutualisée» qui offre aux chercheurs des outils technologiques d’investigations spécifiques uniques : articulographie (ndlr : imagerie par captation magnétique du mouvement des organes articulateurs, seulement deux appareils de ce type en France), électroencéphalographie, analyse des mouvements oculaires… La multiplicité des compétences
et des techniques qui est notre spécificité nous confère une toute première place européenne dans le domaine de la linguistique expérimentale : nous couvrons tous les aspects des rapports parole-langage. Mais ces paroles légères, qui s’envolent facilement, sont-elles un objet de recherche aisé ? Le langage lié à la parole est le propre de l’homme. La communication orale est à la fois support et transmission de la connaissance humaine par mais aussi constructrice de cette connaissance par son évolution dans les pratiques sociales. La diversité, la quantité et la qualité de nos acquis théoriques et expérimentaux dans le cadre strict du laboratoire nous permettent désormais de développer © CNRS Photothèque / Kaksonen
l’étude de la communication parlée dans «son cadre naturel». Les progrès technologiques des capteurs et des simulateurs virtuels (télé-enregistrement, imagerie, vidéo…) nous permettent d’étudier les interactions directes entre deux «locuteurs naturels» hors de l’artefact inévitable du laboratoire. Nous étudions comment interagissent différentes composantes (prosodique, syntaxique, phonétique…) dans la genèse du sens dans un contexte particulier ; comment un discours en apparence syntaxiquement inhomogène devient compréhensible par le contexte immédiat. Alors, le langage humain est-il vraiment un jeu de mots ? Le langage est extrêmement variable. Hors de son contexte, la compréhension d’une conversation nécessite un maximum de données vocaliques. Le nombre des paramètres contrôlés est inversement proportionnel à l’apport contextuel. Le langage, par définition, est «multimodal», par exemple dans la coordination parole/geste. Etudier cette multimodalité nécessite de rassembler un maximum de données (films, enregistrements…). Leur analyse directe et/ou automatisée nous permet de modéliser les comportements langagiers liés aux interactions sociales réelles dans leur contexte. Par exemple, au Centre de Réalité Virtuelle de Marseille (CRVM) à Luminy, nous étudions les comportements de deux sujets placés en interaction virtuelle ; une espèce de jeu virtuel enregistré en temps réel pour tenter de joindre le geste à la parole. De lourds moyens pour quelques paroles en l’air ! Au-delà de l’intérêt théorique, nos travaux trouvent de nombreuses applications notamment dans le domaine du diagnostic des pathologies de la voix et de leurs remédiations. Ainsi le système EVA, Evaluation Vocale Assisté, qui peut aider au diagnostic des pathologies vocales, ou le logiciel PCA, Plateforme de Communication Alternative, d’aide à la communication qui est destiné aux personnes dont l’élocution est difficile, voire impossible, et dont la motricité est réduite. Nous travaillons aussi sur des projets en intelligence artificielle pour la communication hommemachine pour, par exemple, la commande à distance de robots. Ces travaux sont bien concrets puisqu’ils ont débouché sur la création de deux start-up et l’exploitation de nombreux systèmes instrumentaux et logiciels d’assistance aux pathologies diverses de la voix. Mais en fait toutes ces études visent plus généralement à cerner la complexité des interactions entre communications gestuelle et verbale dans des contextes particuliers. Désormais, seule une vision d’ensemble de ces processus dans leur diversité peut déboucher sur une théorie globale du langage. PROPOS RECUEILLIS PAR YVES BERCHADSKY
Au programme
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Les vieux singes font la grimace Le Muséum d’Histoire Naturelle de Marseille contribue à l’année de la biodiversité en nous proposant jusqu’au 2 mai son exposition Autour du singe. À partir des collections des muséums de Marseille, Grenoble et Aix-en-Provence cette exposition veut «poser la question de la survie d’un patrimoine vivant». Elle tente d’interroger sur ce qui différencie véritablement l’Homo sapiens des autres espèces de primates de nos temps farouches où les grands singes sont menacés d’extinction. Elle tente aussi de proposer une vision phylogénétique des primates. Muséum d’Histoire naturelle Palais Longchamp Marseille 04 91 14 59 50 www.museum-marseille.org
Les agriculteurs se font un sang d’encre Pour conclure le printemps des chercheurs 2010 à Marseille, Jean-Marc Navarro, Ingénieur d’Etude au Centre d’Immunologie de Marseille-Luminy donnera le 24 avril de 16h à 18h à la Bibliothèque du Merlan une conférence sur : Exposition aux pesticides et cancer des cellules du sang, une première preuve biologique chez les agriculteurs. Une pierre dans le jardin des pesticides : les agriculteurs exposés à certains pesticides présentent selon toute vraisemblance un risque plus élevé de développer un lymphome, cancer du système immunitaire. http://printempsdeschercheurs.fr/spip.php?rubrique122
Le cerveau roule des mécaniques Dans le cadre des «horizons des savoirs» dans le cycle «les chemins de l’intelligence», Régine Jeanningros, directrice de recherche à l’Institut de Neurosciences Cognitives de la Méditerranée (INCM), responsable de l’équipe Imagerie cérébrale en psychiatrie du CNRS, donnera une conférence le 24 avril à 18h30 à l’Espace Ecureuil, à Marseille. Vers une cartographie des troubles du comportement ? Imagerie cérébrale des défaillances du contrôle de soi… «Les nouvelles techniques d’imagerie cérébrale suscitent un vif espoir quant à la localisation des structures du cerveau qui sous-tendent nos capacités psychiques et intellectuelles. Parallèlement, une meilleure compréhension des troubles du comportement se précise ; les défaillances de notre contrôle inhibiteur seront prises comme exemple des récentes avancées obtenues par les chercheurs…» Nous conseillons à nos Zibelecteurs de se munir de leur meilleur esprit critique pour suivre cette approche, a priori bien mécaniste, des comportements humains… www.asts.asso.fr/contenu/fjoint/1000/920_Les_Horizons_du_Savoir.pdf
© CNRS Photothèque / Kaksonen
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PHILOSOPHIE
LIVRES
Inclusions du sujet Si le philosophe s’est aujourd’hui retiré du champ politique, Denis Guénoun, de par ses pratiques passées d’un théâtre populaire et d’engagements politiques révolutionnaires, a de quoi nourrir la pensée avec ce recueil d’articles, où la philosophie se conjugue au politique et au théâtre.
Théâtre, politique, philosophie : la mise en bouche des 40 premières pages se charge d’expliquer le rapport entre ces trois notions, notamment celle qui peut y avoir entre le théâtre et la philosophie. Au XXe siècle entre en scène la philosophie du sujet. Or, «la situation dramatique répète l’inclusion du sujet dans un monde et non sa position devant lui», situation dramatique qui n’est pas «une situation géographique mais inclusion dans un monde collectif composé d’autres humains que le sujet, et à qui il doit répondre.» C’est pourquoi, au-delà de leur concomitance historique, lié à leur naissance commune et aux pratiques théâtrales de nombreux philosophes, théâtre et philosophie entretiennent une autre analogie, de l’ordre de la «livraison», du don qui libère et émancipe. D’ailleurs se demander à quoi sert le théâtre, ce qui le fait, est une question éminemment philosophique et politique : «le théâtre reste un des lieux où se pratique l’assemblement à vif, la réunion d’humains dans un même espace physique de côtoiement et de partage… le théâtre met en jeu l’énigme de l’apparaître devant le mystère de l’assemblement.» Enfin le théâtre est une formidable mise en abyme du triptyque représentation-présentation-critique des conditions de la représentation : «les gens de théâtre qui ne s’interrogent pas sur ce triptyque ne sont que des piètres idéologues» ; bien vu ! On se demande d’ailleurs, puisqu’il sait ce que représenter veut dire, ce que fait Denis Guénoun dans le Who’s who… En dehors de ces 40 pages, ce livre est aussi une somme
de beaux articles sur le théâtre, notamment sur Le Pays lointain de Lagarce, où il analyse le lien de l’individu aux autres qu’il retrouve, et sur Claudel. Guénoun y met en lumière comment le retrait du dramatique engendre paradoxalement une théâtralité : «tout comme le théâtre veut du poème pour sans cesse se refaire, le poétique en appelle à l’impudeur des planches et des tréteaux.» Et l’on trouve aussi des articles de philosophie politique d’envergure dans ces pages -qui restent disparates, comme si Guénoun n’avait pas encore opéré de synthèse entre toutes ses réflexions. Celui sur les «démocratisations dénationalisantes» interroge la démocratie à l’aune des flux fascistes (méprisant les pouvoirs et les peuples) de capitaux et de son problématique ancrage nationaliste. Concluons alors avec lui : «l’horizon de toute politique d’émancipation ne peut être que celui d’une gouvernance mondiale.» RÉGIS VLACHOS
Livraison et délivrance Théâtre, philosophie et politique Denis Guénoun Ed Belin, coll l’extrême contemporain, 26 euros Dénis Guénoun était présent à la Bibliothèque Départementale le 5 mars et à la laiterie de Cadenet le 6 mars (voir Zib 28), pour des échanges avec Pierre Michon (voir p 54).
Quelle culture urbaine ? Une violence éminemment contemporaine Essais sur la ville, la petite-bourgeoisie intellectuelle et l’effacement des classes populaires Jean-Pierre Garnier Éditions Agone,18 euros
On sait depuis Marx que l’humanité ne se pose que les questions qu’elle peut résoudre, et que ne pouvant remédier aux ravages du capitalisme, elle sait bien y faire dans la rénovation des villes… En ce sens le pamphlet virulent de Garnier est là pour nous rappeler qu’on ne pourra jamais résoudre la question de la coexistence des classes sociales dans une ville au sein d’un rapport de production qui ne fait qu’amplifier les inégalités. Le constat se déploie aux yeux de tout habitant des villes : les rénovations et réhabilitations ont pour conséquence de pousser plus loin l’habitat populaire.
Lutte des classes, lutte d’espace «Bobos» : rien n’est plus stupide que ce terme de bourgeois bohème, la bohème artistique désignant les individus qui refusaient la société de consommation pour vivre dans une situation de précarité. Cette nouvelle bourgeoisie urbaine est l’expression de la «montée en puissance dans les villes d’une force de travail intellectuelle bien pourvue en capital scolaire et qui, soucieuse de le faire fructifier, a lié son sort à celui de la bourgeoisie» ; ajoutez à cela la désagrégation du mouvement ouvrier et la débâcle des projets de transformation radicale de la société, et vous comprendrez alors qu’à la révolution culturelle de mai 68 la bourgeoisie va répondre en mettant la culture, et non plus l’économique, au centre du commandement des villes. En privilégiant la consommation hédoniste
d’œuvres «dérangeantes» qui semblent transgresser l’ordre moral, mais confortent l’ordre politique. La fine analyse de l’organisation politique centre Georges Pompidou est à cet égard lumineuse.
Politique du rebelle On souscrit sans peine à ces analyses, pour peu que son esprit d’intellectuel habitant les centres villes soit capable d’une auto analyse critique sur ses propres pratiques culturelles, qui de fait excluent les couches populaires. Cependant le livre pèche paradoxalement par un manque de cohérence politique : comment le capital mondialisé influe-t-il sur les politiques de la ville, et surtout par quels mécanismes les nouvelles petites bourgeoisies sont-elles devenues une classe de l’encadrement capitaliste ? Pamphlet on disait car la force critique en oublie ou méprise les conditions politiques de la construction du rapport de force que ce lumpenprolétariat des cités, si bien analysé dans la troisième partie du livre, peut opposer à cet embourgeoisement de la ville. À qui s’adresse-t-il lorsqu’il écrit que Besancenot est un peureux de la rencontre avec les jeunes des cités et un idolâtre des plateaux télé (p.209), et Bensaïd un propagateur de lieux communs sur les bienfaits politiques de l’ordre bourgeois ou un thuriféraire de la démocratie de marché (http//:1libertaire.free.fr) ? Quels moyens de lutte prône-t-il ? RÉGIS VLACHOS
Dans l’œil de la crise «La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu’en dire, ni comment en prendre la mesure.» Florence Aubenas décide d’en avoir le cœur net. En février 2009 elle s’installe à Caen, où elle n’a aucune attache et où elle va rapidement constater l’étendue du désastre : beaucoup de friches industrielles, peu de travail. Dans cette région dévastée, si on n’a qu’un bac en poche, comme elle le prétend, on ne peut guère espérer mieux que du ménage. Le nettoyage, c’est l’avenir ! C’est ce qu’on lui rabâche au Pôle Emploi, lors de stages bidon qu’elle est tenue de suivre. C’est ce qu’elle fera durant 6 mois. 6 mois de galère, à courir pour 2 heures par-ci, 3 heures par-là, car c’est en heures que ça se négocie. Elle passe parfois plus de temps en trajets qu’au ménage ; lorsqu’elle dépasse l’horaire prévu (ça lui arrive souvent), ce n’est pas payé. Tant pis. Comme les autres, elle accepte tout, même de travailler sur le ferry d’Ouistreham où peu arrivent à tenir. Et lorsqu’elle est en panne de contrat, ses courbatures lui manquent presque… Si ce genre d’expérience n’est pas nouveau, le ton d’Aubenas le renouvelle. Tout en retenue et d’une humanité profonde, il témoigne avec justesse des
conditions de travail des non qualifiés, de ceux qu’on voit rarement et dont on parle si mal. Dans le récit défilent des personnages attachants. On y croise aussi quelques salauds que la journaliste épingle avec humour. On y mesure surtout la facilité avec laquelle l’aliénation gagne du terrain et prend bientôt toute la place dans l’existence des précaires. Et puis, çà et là, des étincelles de beauté et de solidarité, qui font qu’on ferme le livre à regret. FRED ROBERT
Le Quai de Ouistreham Florence Aubenas L’Olivier, 19 euros
Quand les sciences humaines se penchent sur les sciences du vivant
La Pensée de midi, qui fêtera bientôt ses dix ans d’existence, lançait le 30 mars à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence le dernier numéro de la revue, consacré à un dossier sur L’humain, nature et artifices réunissant les travaux de sociologues, philosophes, anthropologues, scientifiques, qui abordent sous l’angle de leur discipline la même question : dans quelle mesure les interventions technologiques de plus en plus sophistiquées opérées sur l’humain peuvent-elles modifier l’homme dans sa nature ? Les technosciences (nanosciences, biotechnologie, sciences cognitives et technologies de l’information) permettent de soigner, d’embellir, ou de rendre plus performant : des applications actuelles (médecine procréative, chirurgie plastique) à un avenir qui n’est plus de science-fiction (hybridation, «transcorporation» ou désincarnation du corps en «orin»), que faut-il craindre ou espérer de ces révolutions qui concentrent les interrogations éthiques, juridiques, politiques et religieuses d’aujourd’hui ? Fidèle à l’esprit de la revue, le dossier permet de replacer de façon très accessible le débat dans une histoire des sciences et des représentations culturelles, qui croise celles des relations du corps et de l’esprit, de l’individu et de la communauté, et d’envisager une «voie moyenne» qui prenne la mesure des risques transgressifs de ces évolutions tout en relativisant les peurs parfois fantasmatiques qu’elles suscitent chez leurs détracteurs. Quoique les conclusions avancées se rattachent à un discours de valeurs morales essentiel mais pas toujours convaincant, la réflexion mobile et plurielle s’avère particulièrement stimulante en ce qu’elle
soulève les paradoxes à partir desquels engager notre propre réflexion, personnelle et civique : réduction mécaniste de l’homme à l’état de machine, ou toutepuissance d’une créature devenue créateur ? rêves d’immortalité, de grandeur et de bonheur éternel ou angoisse de notre propre défaillance dans une perfection indéfiniment repoussée ? fantasme d’une perfectibilité à rebours, remontant vers l’origine au lieu de s’inscrire dans une évolution ; enthousiasme et désenchantement de ce nouvel homme, né de l’impossibilité de «jouir loyalement de son être» comme disait Montaigne. AUDE FANLO
La Pensée de midi 04 96 12 43 19 www.lapenseedemidi.org De l’humain. Nature et artifices La Pensée de midi n°30 Ed. Actes Sud, 18,50 euros
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HISTOIRE
ABD GASTON DEFFERRE | LIVRE © Centro Studi Emigrazione Roma
© Centro Studi Emigrazione Roma
Le prix de l’intégration Le cycle «Le temps des Italiens», (voir Zib’28) continue d’explorer leur place dans la société française à travers, cette fois, leur participation à la Résistance
d’œuvre immigrée (M.O.I) tient alors un rôle important dans ces engagements : elle a tissé des liens avec la communauté qu’elle a défendue pendant les années 30, au moment de la politique de préférence nationale en matière d’emploi. À l’inverse, en novembre 42 lorsque l’armée italienne contribue à l’occupation de la zone libre et s’installe dans les Alpes, lorsque Nice et Grenoble deviennent italiennes, certains immigrés s’engagent auprès des forces fascistes.
Les Italiens de Marseille À l’heure où l’Italie, dominée par le fascisme entre en guerre contre la France, quels ont été les choix politiques des migrants installés sur notre sol ? Gianni Perona, professeur à l’université de Turin posa le cadre : les Italiens ont participé à la résistance ! Entre 7 et 900 000, ils sont majoritairement ouvriers, travaillent dans le bâtiment mais aussi dans le textile et les mines. Immigrés récents, ils font encore de fréquents allers-retours entre les deux pays et, du coup, on rencontre dans une même famille des enfants aux nationalités différentes. Ils habitent Nice, Marseille, Paris davantage qu’ailleurs et se regroupent dans des réseaux au caractère familial. Avec la guerre, en juin 40, le trouble s’installe : faut-il retourner au pays pour s’engager ? faut-il lutter contre le fascisme ? Pour éviter l’entrée en guerre de l’Italie, les autorités françaises ont fait taire la propagande antifasciste. De même, le pacte germano-soviétique a rendu suspect les communistes. La défaite française et la collaboration simplifieront les choses. Souvent dans une situation économique précaire, les Italiens souhaitent avant tout s’intégrer. Pourtant, à partir de 1942 leur participation à la Résistance s’accélère. Les familles, mal assurées de leur place dans la société, veillent toutefois à leur survie : par choix, un seul membre s’engage dans les réseaux résistants. L’organisation de la Main
Grégoire Georges-Picot prit la parole pour s’intéresser de plus près au cadre Marseillais. Pour lui la relation est très forte entre la situation française et italienne. Doit-on résister en France ou pour la France ? Poser cette question est évidemment poser la question de l’intégration. Il évoque Giorgio Amendola qui veut libérer la France pour libérer l’Italie ! Ce représentant du parti communiste italien à Marseille rejoindra d’ailleurs sa terre natale, en 1943, pour poursuivre le combat. En attendant, l’engagement des migrants est conséquent : on les retrouve sur «l’Affiche Rouge» et parmi les fusillés du groupe Manoukian -5 des 23-, en février 44 ! Et, lors de la libération de Marseille, on voit, sur le Port, les FTPMOI défiler avec un drapeau français. Mais pour l’heure le combat passait par la reconstruction des structures. Par contrecoup, comme dans le Var, cela revenait à mettre sur pied des réseaux de résistance français. On constate toutefois des problématiques différenciées selon les générations. Dans la famille Landini où le père, communiste italien, engagé dans les FTPMOI rêve de libérer l’Italie, le frère aîné se sent italien mais s’engage aux jeunesses communistes françaises, tandis que le frère cadet et la sœur refusent de passer en Italie pour combattre car ils se sentent Français. C’est le symbole de cette rupture entre la génération ancienne qui aspire au
retour et les jeunes qui ne conçoivent que l’intégration à la France. D’ailleurs, en 1943 la reconstitution du PCF provoque une séparation d’avec le PCI de France : les deux terrains de lutte vont se séparer.
Dans les Alpes Jean-Louis Panicacci compléta le tableau en insistant sur la résistance dans la Provence de l’Est. Là, la proximité de la frontière rendait la question de l’intervention en Italie beaucoup plus pressante. Il note le poids de la communauté italienne et, lui aussi, la différence de comportement des générations successives : la 3e combat de part et d’autre des Alpes, dans les maquis ; pour les plus jeunes, ils se retrouvent, après la défaite italienne, intégrés aux troupes françaises. Mais ils sont suspects (La République de Salo subsiste). Ils sont à la fois maltraités par l’armée et menacés d’expulsion s’ils ne s’intègrent pas aux unités constituées. Pour convaincre, il les faudra voir verser l’impôt du sang : c’est le cas de l’unité Garibaldi anéantie le 12 août 44. On l’aura compris, les Italiens écartelés entre leurs racines transalpines et françaises ont, dans la Résistance, choisi en fonction de leur idéologie ou de leur appartenance générationnelle. Dans tous les cas, beaucoup, désireux de signer leur intégration à leur pays d’accueil, lui ont sacrifié leur vie. RENÉ DIAZ
Cette conférence a eu lieu le 30 mars aux Archives Départementales de Marseille À venir : Le temps des Italiens Les voix de la citoyenneté : actions politiques et syndicales, le 27 avril à 18h Les femmes de l’immigration italienne, le 18 mai à 18h www.archives13.fr
LA BARBEN | LA CIOTAT
PATRIMOINE
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Oyez oyez ! Marseille est violente Soleil, convivialité, délinquance... Clichés ? Poncifs ? c’est à voir ! Tout Marseillais serait surpris que l’on qualifie Marseille de violente sans étaiement. Mais dans le prolongement des études de Robert Muchembled sur la violence, et celles de Norbert Elias sur la «civilisation des mœurs», Céline RegnardDrouot a étudié la réalité violente de la société marseillaise durant un grand demi-siècle, avant le changement du monde que représente la guerre de 14. Elle a mis à contribution les archives des institutions judiciaires qu’elle a épluchées avec méthode. D’emblée le propos est clair : Marseille recèle une violence en contradiction avec son lent processus d’extinction en Europe de l’Ouest. L’auteur cherche donc à classifier puis à expliquer les ressorts de ces comportements dirimants. L’introduction cerne le profil économique de la cité. Marseille connaît une croissance forte pendant cette époque. Le port et l’industrie se développent. Parallèlement, la ville accueille de plus en plus d’immigrés, surtout en provenance d’Italie, et voit sa démographie exploser. Les crises économiques qui jalonnent la période ont alors une profonde incidence sur les comportements. Dans une première partie l’auteur s’intéresse au durcissement des mœurs. Elle note l’importance des injures et de l’honneur, ainsi que le développement des violences physiques et de leur localisation spatiale. Dans une deuxième partie elle établit la relation entre précarité et comportements violents. Enfin elle s’intéresse à la violence des générations nouvelles et celle issue de la criminalité crapuleuse.
«Blanc pour des agneaux en paix», «noir pour des lions en guerre», telles sont les couleurs du gonfanon (drapeau) des templiers, le Beaucéant ! Le château de la Barben dont vous connaissez le parc, lieu de balade incontournable, avec ses animaux, devient pour la quatrième année le refuge des Templiers. Fête médiévale, avec ses joutes équestres, ses concours à l’arc (on se sent une âme de Guillaume Tell !), ses ateliers, ses dégustations de pain d’épice… au miel, pas de sucre ! nous sommes au XIIIe siècle ! Oyez ! Conférences et signatures dans les salles d’armes du château par JeanPierre Camus, Docteur en Histoire Médiévale à l’Université de Nice Sophia Antipolis, co-directeur du magazine
RENÉ DIAZ
Marseille la violente, criminalité et société (1851-1914) Céline Regnar-Drouot Presses Universitaires de Rennes, 22 euros
M.C.
Fête du Baucéant © X-D.R
Fête médiévale, 4e rencontres Templière du Baucéant Le 2 mai Château de la Barben 04 90 55 25 41 www.chateaudelabarben.fr
Diffusion Cette plongée dans la Marseille des XIX-XXe siècles fait le point sur certains sujets : les violences, essentiellement verbales dans la société du IInd empire, prennent ensuite un caractère physique. Les comportements violents sont supérieurs à la norme française. Le début de la IIe République confirme la progression des délits jusqu’à dessiner une société où la violence réactionnelle, impulsive, est devenue usuelle. Le tournant du siècle connaît une augmentation des meurtres et la criminalité crapuleuse s’étale sur le devant de la scène. Si les Italiens sont les premiers concernés, les femmes et les Marseillais sont désormais touchés. L’auteur relie cette évolution des mœurs avec la croissance économique. L’essor industriel n’entraîne pas le bien-être, et l’enrichissement se fait aux dépens de la main-d’œuvre ouvrière, surtout immigrée, dont la situation se dégrade. Les femmes et les enfants pâtissent, eux, des comportements d’hommes déconsidérés qui font alors de l’honneur une compensation à leur déclassement. On se bat, on se trucide pour des dettes ou pour un regard de défi. Cette violence se dessine dans l’espace : Marseille est à la fois, paradoxe, une ville de la ségrégation spatiale et de la communauté. Dans les espaces communs, en particulier dans les immeubles, la violence tient une grande place : les lieux d’habitations manifestent une identité régionale ou une communauté familiale qui se défend. Là, dans la violence domestique, les femmes tiennent leur place au travers de l’insulte. Mais elles ne participent pas franchement à la violence du sang, réservée aux hommes. Bien d’autres aspects de ce livre seraient dignes d’être évoqués : Céline Regnard-Drouot a réussi à rendre tout à fait accessible une thèse d’histoire en bonne et due forme. Sa démonstration de la liaison entre les comportements et les espaces violents reste valable aujourd’hui. Et l’on retiendra la place particulière que tient la violence dans la culture marseillaise.
Les Temps Médiévaux (L’origine de la règle du Temple à 15h), et par Josy Marty-Dufaut, auteur de la chronique culinaire de la revue Moyen-Âge, écrivain et conférencier (Gastronomie Médiévale, à 14h, et Le Potager Médiéval à 16h). Oyez ! Un marché médiéval vous emporte dans des saveurs perdues et des techniques jalousement préservées… Et des saltimbanques vous invitent à de nombreuses représentations tout au long de la journée… N’oubliez pas la date ! Le 2 MAI !
Le sel de la mer
Les Nauticales de La Ciotat ont rassemblé pour leur huitième édition, du 13 au 21 mars, plus de 40 000 visiteurs. Le thème de la mer y est décliné de toutes les manières possibles, du bateau de croisière aux accastillages, du vêtement marine aux sorties de baptême en mer, des moteurs aux voiles, des compagnies d’assurance aux projets de tour du monde, des régates internationales qui s’invitent en rade de Marseille (match Race France, Audi MedCup, Route des Îles…) aux instituts de plongée professionnelle… Sans compter les activités destinées aux enfants, compréhension de la mer, de l’écosystème, des devoirs du baigneur comme du plaisancier… Un énorme travail est mené pour une écoplaisance : Catherine Chabaud, marraine des Nauticales, se bat pour la protection du monde marin, pour induire de nouveaux comportements, défendre de nouveaux matériaux. Car le rapport à la mer s’éduque (www.reseaumer.org), et constitue sans doute l’une des voies les plus sûres pour s’entendre, se comprendre… Ainsi, la Tacita Med Cup cherche à «faire sortir du silence le monde de l’autisme en utilisant la voile comme vecteur d’une parole confisquée par la maladie.» Souci de protection du domaine maritime, on y confirme la future création du Parc national des calanques, qui sera enfin à même de protéger ces sites exceptionnels… N’oublions pas le pendant littéraire ! Les marins lisent et écrivent beaucoup. La librairie maritime Outremer nous le rappelle avec les œuvres de Moitessier, entre autres, les ouvrages d’art, les planches merveilleusement dessinées…Vous l’avez compris, les Nauticales apportent à chacun grâce à la remarquable diversité des supports proposés, sans être simplement un salon marchand pour plaisanciers. MARYVONNE COLOMBANI
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RENCONTRES
Libraires du sud - 04 96 12 43 42 Itinérances littéraires : rencontre avec Eugenia Almeida en partenariat avec le Festival CoLibriS dans le cadre des journées du livre latino-américain à Marseille (du 22 au 25 avril). Le 23 avril à la médiathèque Louis Aragon avec la librairie L’Alinéa (Martigues) et le 27 avril à 17h30 à la librairie l’Etoile bleue (Aubagne) ; rencontre avec Liliana Lazar le 15 mai à 15h dans les salons de la Mairie d’Apt. Les Jeudis du comptoir : rencontre avec Jakuta Alikavazovis et Fabio Viscogliosi le 6 mai au Longchamp Palace avec la librairie l’Odeur du temps (Marseille). Dans les librairies : rencontre avec Liliana Lazar pour Terre des affranchis (éd. Gaïa), le 23 avril à 19h à la librairie de l’Horloge (Carpentras) avec Chantal Dupuy-Durier pour Saorge, dans la cellule du poème (éd. Voix d’Encre), le 23 avril à 19h à la librairie Masséna (Nice) avec Michel Dreyfus pour L’Antisémitisme à gauche, histoire d’un paradoxe de 1830 à nos jours (éd. La Découverte), le 27 avril à 18h30 à la librairie La Mémoire du monde (Avignon) avec Frédéric Lenoir pour Socrate, Jésus, Bouddha (éd. Fayard) le 30 avril à 20h à la librairie Le Lézard amoureux (Cavaillon) avec Brice Matthieussent pour son 1er roman, Vengeance du traducteur (éd. P.O.L.), le 30 avril à 18h30 à la librairie À l’Encre bleue (Marseille) avec Claude Gudin pour Une histoire naturelle des sens (éd. du Seuil) le 6 mai à la librairie L’Alinéa (Martigues) à l’occasion de la Fête de la librairie indépendante Un livre, une rose, rencontre avec Bernard Plossu, le 24 avril à partir de 16h à la librairie Regards (Marseille), JeanMarc Pontier et Ana Rousse le 24 avril à partir de 15h à la librairie galerie Gulliver (Carpentras), Philippe Carrese le 24 avril de 16h à 18h à la libraire l’Attrape Mots (Marseille) ; hommage à Pascal Garnier le 24 avril à 17h à la librairie de l’Horloge (Carpentras). PROVENCE, LANGUEDOCROUSSILLON Journées de l’Antiquité: Conférences, visites des sites et des musées…Un ensemble passionnant, le plus souvent gratuit, de mars à juillet. Découvrez le programme sur le site http://sciencesantiquite.mmsh.univaix.fr/aja/aja_accueil.htm. AIX-EN-PROVENCE Galerie La Non-Maison – 06 24 03 39 31 A l’occasion de l’exposition de Marco Barbon, Chronotopies, Alain Jouffroy fera une lecture surprise, le 24 avril à 17h. Librairie Book in Bar – 04 42 26 60 07 Rencontre dédicace avec Stephen Clarke pour son livre 1000 years of Annoying the French. Le 6 mai à 17h30. Librairie Goulard – 04 42 27 66 47 Rencontre-débat avec Jean-Claude Mourlevat, écrivain, comédien, metteur en scène. Le 18 mai à 18h30.
AU PROGRAMME | ADHÉRENTS
ARLES Muséon Arlaten – 04 90 93 58 11 Le musée est fermé pour rénovation jusqu’en 2014, mais se promène quand même lors d’ethno’balades : Sur les traces des marins dans le quartier de la Roquette, le 2 mai à 15h, pour enfants de 8 à 14 ans accompagnés. Atelier Archipel – 06 21 29 11 92 Exposition de photographies d’Olga Savich, du 2 au 23 mai. Galerie 8 – 06 82 04 39 60 Expositions d’Edouard de’ Pazzi : Vanités, du 7 mai au 12 juin, et Muses, du 18 mai au 12 juin. Palais de Luppé – 04 90 49 94 04 Exposition Le sentiment de la maison, collection d’art contemporain dédiée à Vincent Van Gogh. Vernissage le 28 avril à partir de 19h. Exposition du 28 avril au 27 juin. AVIGNON Collection Lambert – 04 90 16 56 20 Les rendez-vous de la collection Lambert : En attendant Barceló, préhistoire, chamanisme et histoire de l’art. Conférence proposée par Eric Mézil, directeur du musée, qui propose un voyage dans le temps de la grotte Chauvet aux expériences où l’artiste devient guérisseur ou sorcier, d’Antonin Artaud à Jackson Pollock, de Joseph Beuys à Miquel Barceló. Le 29 avril à 17h30 à l’amphithéâtre de l’Ecole supérieure d’Art. Association A.V.E.N.I.R. – 09 54 18 24 57 Naturavignon : 15e fête écobiologique. Grand marché biologique et artisanal, ateliers, conférences, concerts, défilé de mode bio-éthique et chic… Les 8 et 9 mai au Domaine de la Souvine à Montfavet. BRANTES Le goût des pages – 04 75 28 29 13 4e édition du salon Le goût des pages : près de 40 éditeurs indépendants viennent de tous les horizons sur le thème Petits arrangements avec le développement. Les 24 et 25 avril. CABRIERES-D’AIGUES Les Nouvelles Hybrides – 04 90 08 05 52 Rencontre-débat avec Claudie Gallay pour son dernier livre Les Déferlantes (éd. Le Rouergue, 2008). Le 23 avril à 19h. CARPENTRAS Association Lire ensemble – 09 64 39 45 61 3e fête du livre jeunesse sur le thème Histoires d’arbres. Du 4 au 8 mai. FORCALQUIER Association Croq’Livres – 04 92 75 46 59 11e journées du livre jeunesse de Forcalquier sur le thème La lettre, le mot, l’écriture. Rencontres avec des auteurs Gilles Abier, Anne-Sophie Baumann, Magali Bardos, Raphaële Frier, Clothilde Perrin...), ateliers, expos… Du 4 au 8 mai.
FOS-SUR-MER Centre culturel Marcel Pagnol – 04 42 11 01 99 Dans le cadre des Journées Régionales de la Concertation organisées par les associations CESSA et ARENES aura lieu la journée Risques industriels et concertation : du théâtre-forum, deux ateliers sur les thèmes du risque en tant qu’objet de concertation et de contestation, une table ronde et un documentaire photographique de Franck Pourcel. Le 23 avril de 9h à 17h. GAP Domaine de Charance – 04 92 51 21 79 La démarche du Domaine, qui s’inscrit dans l’année internationale de la biodiversité, offre un grand nombre d’activités qui nous rapprochent d’un patrimoine naturel : le 30 avril, atelier sur le «jardin en carré», le 6 juin, les outils du jardin GARDANNE Librairie Aux vents des mots – 04 42 52 65 47 Rencontre-débat avec Lionel Roux pour son livre L’Odyssée pastorale (éd. actes Sud). Le 4 mai à 19h. MARSEILLE ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00 Ecrivains en dialogue : rencontre animée par Pascal Jourdana avec Laurent Mauvignier et Yannick Haenel autour du thème Du trivial au tragique, le 4 mai à 18h30. Exposition de photographies de Grégoire Eloy avec textes de Sylvain Tesson, Les Oubliés du Pipeline. Du 30 avril au 3 juillet. Débat-rencontres : avec Christian Maurel, chercheur en histoire, sur L’Histoire familiale : de l’archive à l’analyse transgénérationnelle. Le 29 avril à 18h30 avec Michel Dreyfus et Stéphane Mourlane, historiens, sur Le temps des Italiens : Les voies de la citoyenneté, actions politiques et syndicales. Le 27 avril à 18h avec Paola Corti, Université de Turin, Linda Guerry, historienne et Stéphane Kronenberger, historien. Des femmes dans l’immigration italienne : une part invisible, Le 18 mai à 18h. Friche la Belle de Mai - 04 95 04 96 22 Cycle de rencontres à 18h30 L’Art à l’essai initié par Alphabetville : avec Louis-José Lestocart pour L’intelligible connaissance esthétique, le 26 avril ; avec Pascale Cassagnau pour Un pays supplémentaire, ballade-les média dans l’art contemporain, le 10 mai. Marché paysan de la Friche, tous les lundis soir de 18h à 21h, inauguration le 3 mai à 18h. Exposition It’s like a jungle sometimes. It’s makes me wonder how to I keep going under (bis) de Matthieu Clainchard. Jusqu’au 5 juin. Montévidéo – 04 91 37 14 04 Lecture de et par Laurent Mauvignier de son roman Des hommes (éd. de Minuit). Le 17 mai à 20h30.
Cité des associations – 06 27 30 64 89 Le Collectif Paca pour la mémoire de l’esclavage présente une conférence/débat le 24 avril à 15h : 1re partie sur Marseille et la traite négrière aux XVIIe et XVIIIe siècles avec Gilbert Buti, maître de conférence, professeur d’Histoire Moderne à l’Université de Provence ; 2e partie sur La Réunion, colonisation et traite négrière avec Audrey Carotenuto, docteur en histoire. Espace Ecureuil – 04 91 57 26 49 Présentation de l’exposition inaugurale du MuCEM, Féminin, masculin le genre en question, par Denis Chevallier, son commissaire. Le 22 avril à 18h. Quand le roman s’habille de noir : rencontre littéraire organisée par l’association Ecrit du Sud avec Anne Barrière, Sylvie Cohen, Joëlle Gardes et Pia Petersen. Le 30 avril à 18h à l’Espace Ecureuil. Banlieues d’Europe – 04 72 60 97 80 Séminaire thématique autour de l’écrit, des expériences engagées avec les habitants : cette journée réunit artistes, responsables politiques, acteurs culturels et sociaux… Le 30 avril à l’Alcazar de 9h à 18h. Mairie de Maison Blanche – 04 91 14 63 50 L’artiste peintre arménien Garik Karapétyan est invité dans le cadre de la quinzaine arménienne de la Mémoire et de la Culture. Dans les labyrinthes de la mémoire : exposition de ses peintures et des patchworks d’Ani Donabédian, du 21 avril au 7 mai. Conférence de Patrick Donabédian, chargé de la chaire d’Arménologie à l’Université de Provence, sur Le patrimoine arménien en Turquie, le 5 mai à 18h dans les salons de Maison blanche. Concert de musique traditionnelle avec Anouch Donabédian-Krikorian et Rouben Haroutunian, Katmancha, Târ et chant ; et Anahid Ter-Boghossian, piano, le 27 avril à 20h30 à l’Atelier des Arts (résa au 04 91 26 09 06). Horizontes del Sur – 04 91 08 53 78 8e édition du festival L’Espagne des trois cultures : danse, expositions, concerts, rencontres littéraires, théâtre, cinéma avec des artistes venus du Maroc, de Vatalogne, de Murcie, d’Algérie… A noter, le 6 mai, la conférence De l’humain au divin, l’amour dans la poésie arabe et hébraïque andalouse avec Eric Dahan, Denis Gril et Rachid Koraïchi. Du 21 avril au 27 mai. CIPM – 04 91 91 26 45 Soirée consacrée à Christophe Tarkos avec Philippe Castellin, David Christoffel et Gérard Giachi, suivie de la projection de Christophe Tarkos, poète de la lecture de Philippe Castellin. Le 23 avril à 19h. Projection du film Il est important de penser de Katalin Molnár. Le 24 avril à 17h. BMVR Alcazar – 04 91 55 56 34 Passions d’images, rencontres de l’illustration (voir pII) : tables rondes,
débats, ateliers avec Lorenzo Mattotti (artiste italien), Michel Galvin (dessinateur), Renaud Perrin (illustrateur)… Les 6 et 7 mai. Répercussions : restitution publique des créations poétiques produites lors des ateliers de découverte de la poésie numérique. Le 14 mai à 16h. Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Rencontre avec Rosetta Loy et sa traductrice Françoise Bun. Le 27 avril à 18h. Exposition L’Histoire vue des nuages de Giorgio Albertini. Du 29 avril au 14 mai. Rencontre avec l’artiste le 29 avril. Conférence sur Caravaggio par Francesco Galluzzi, professeur d’esthétique de l’Académie de Beaux-Arts de Palerme, historien et critique d’art, le 11 mai à 18h. Echange et diffusion des savoirs – 04 96 11 24 50 Les conférences ont lieu à 18h45 à l’Hôtel du département : Ce n’était pas une crise de plus… d’Olivier Mongin, philosophe, le 22 avril ; Transformation sociale et transformation de la réflexion sur le social de Robert Castel, sociologue, le 29 avril ; Ordre, crise, changement de Marcel Detienne, helléniste et Charles Malamoud, indianiste, le 6 mai. MARTIGUES Musée Ziem –04 42 41 39 50 Visite guidée en Langue des Signes Française pour réunir les publics sourd et entendant. Le 24 avril à 16h. Concert-lecture organisé par le Conservatoire de musique Henri Sauguet et le musée Ziem : Impressions fugaces, aspects du symbolisme, récital d’Edouard Exerjean. Le 29 avril à 18h. Nouveauté du musée : le déjeuner au musée : à chaque nouvelle exposition, le musée propose de venir partager un repas convivial, après un commentaire détaillé d’une œuvre choisie par ses soins. Premier rendez-vous le 23 avril à 12h. NÎMES Ecole Supérieure des Beaux-Arts – 04 66 76 70 22 Conférence Art et architecture, de Claude Parent à Daniel Buren par Albert Ranieri, historien de l’art, professeur à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Nîmes. Le 29 avril à 18h. ORANGE Théâtre Antique – 04 90 51 17 60 Exposition de photographies de Claude Philip, Voyage au cœur des théâtres antiques de la Méditerranée. Jusqu’au 28 février 2011 au Musée d’Art et d’Histoire. Ils sont fous ces romains ! La fête des enfants de Culturespaces fait découvrir de manière ludique notre patrimoine aux jeunes visiteurs : courses de char, spectacles de gladiateurs, ateliers… L’auteur et illustrateur Alex Evang sera présent pour dédicacer sa bande-dessinée Voyages d’Alix, à Orange et Vaison-la-Romaine le 1er mai. Les 1er et 2 mai.
PORT-DE-BOUC Médiathèque Municipale Boris Vian – 04 42 06 65 54 Table ronde organisée dans le cadre des Rencontres pour la ville, animée par Patrick Varin, Président de Peuple & Culture : Culture et éducation populaire : quelles pratiques ? Quelles politiques ?. Avec Jack Ralite, sénateur et animateur des Etats généraux de la culture, René Giorgetti, adjoint à la culture et à l’éducation populaire de Port-de-Bouc, Jean Caune, professeur émérite d’université, Christian Maurel, sociologue et ex-délégué régional de la Fédération des MJC, Jacques Broda, sociologue, universitaire et intervenant en atelier d’écriture, Jean-Pierre Daniel, cinéaste, fondateur et directeur de l’Alhambra à Marseille, Florence Lloret, codirectrice de La Cité, Maison de Théâtre à Marseille et le Collectif Phosphène, musiciens. Le 4 mai à 15h. Café-lecture autour du livre d’Emmanuel Carrière D’autres vies que la mienne (éd. P.O.L.). Le 23 avril à 14h. SAINT-RÉMY Musée Estrine – 04 90 92 34 72 Exposition La nature morte sur le chemin de l’abstraction de Estève, jusqu’au 13 juin. Conférence de Georges Brunel, Conservateur général honoraire de la Ville de Paris, directeur honoraire du Musée Jacquemart-André, sur Le cadre et le tableau. Le 14 mai à 18h. TOULON Librairie Charlemagne – 04 96 06 01 10 Rencontre-débat le 24 avril avec Rémi Durand pour ses livres Le Cercle, la pierre et les chemins (Éd. Villa-Cisneros, 2008) et Venise ? (Éd. Villa-Cisneros, 2010), de 10 h à 13h, et avec Gilbert Renouf pour ses ouvrages Conversations en désert, Par exemple au pied d’un phare et Parce que l’amour (éd. Amateurs Maladroits), de 10h à 18h. TRETS Château des Remparts – 04 42 61 23 75 Touches et Notes de Lumière : exposition plurisensorielle associant peinture, musique et poésie de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. L’idée est de parcourir différentes étapes pour vivre des moments d’émotion et de rencontre avec des œuvres de ces artistes précurseurs qui ont marqué le passage de l’art classique à l’art moderne. Destinée à tout public enfant et adulte, voyant et non voyant, l’exposition présente un parcours sonore et tactile autour de 14 œuvres musicales et de 14 tableaux. Du 17 avril au 5 mai.
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Retrouvez nos formules sur www.journalzibeline.fr Nos Partenaires vous offrent invitations, réductions et avantages ! Pour les places gratuites, téléphonez-leur rapidement pour réserver, puis présentez votre carte de membre (1 place par carte nominative). Pour les réductions, présentez simplement votre carte (réduction valable seulement pour l’adhérent) Auto Partage Provence 6 mois d’abonnement gratuit d’essai vous disposez d’une voiture quand vous le souhaitez, à réserver par téléphone ou Internet, 24h/24, 7j/7, selon vos besoins. 04 91 00 32 94 www.autopartageprovence.com Le Gyptis 4 invitations pour Le Flâneur le 5 mai (2 horaires) 4 invitations par soir pour Mozart/Salieri, cie Interlude les 18 et 19 mai tarif réduit B (15€ au lieu de 24) à toutes les représentations 04 91 11 00 91 Théâtre de Lenche 5 pass Mai en Musique valables du 12 au 29 mai Tarif réduit pour toutes les représentations 04 91 91 52 22 Le Merlan 4 invitations par soir pour La Maison des cerfs, cie Needcompany les 22, 23 et 24 avril 8 invitations par soir pour This door is too small, cie Needcompany les 28 et 29 avril 4 invitations par soir pour Dambë et Concert d’un homme décousu, Salia Nï Seydou les 11 et 12 mai 04 91 11 19 20 pcharbonniere@merlan.org Espaceculture Dans le cadre du Retour de Skopje 10 invitations pour Chercher l’intime, cie La [parenthèse] le 30 avril au Gymnase 5 invitations pour Palimpseste, cie Post Partum le 4 mai à Montévidéo 5 invitations pour la carte blanche à IfIf Between le 6 mai à Montévidéo 5 invitations pour Notre Dallas, cie L’Individu
le 11 mai à Montévidéo résa : journal.zibeline@gmail.com La Minoterie tarif réduit pour toutes les représentations 8 € au lieu de 12 € 04 91 90 07 94 Les Bancs Publics 1 place offerte pour 1 place achetée pour tous les spectacles 04 91 64 60 00 3bisf (Aix) Entrées et visites gratuites sur réservations 04 42 16 17 75 Théâtre Vitez (Aix) Vous offre 3 invitations par soir pour Un orage serait bien beau, ici les 27 et 28 avril pour Ces mots-là, un silence les aboie les 6 et 7 mai pour Que d’espoir ! le 20 mai au-delà de ce quota d’invitations, tarif réduit pour tous les spectacles 04 42 59 94 37 Les Salins (Martigues) Vous offre 6 invitations par soir pour Occident de Rémi De Vos les 20 et 22 mai réservations souhaitées avant le 7 mai 04 42 49 02 00 Le Sémaphore (Port-de-Bouc) Un tarif adhérent à 8 € Pour Coma Idyllique, cie Hors Piste Le 7 mai Pour Warren Zavatta Le 21 mai 04 42 06 39 09 L’institut culturel italien 3 adhésions annuelles d’une valeur de 32 €, cette «carte adhérent» vous donnera accès à tous les services de l’Institut, médiathèque et programme culturel. Demande par mail : iicmarsiglia@esteri.it
ou au 04 91 48 51 94 Librairie Maupetit (Marseille 1er) La Canebière 5% de réduction sur tous les livres Librairie L’écailler (Marseille 1er) 2 rue Barbaroux 5% de réduction sur tous les livres Le Greffier de Saint-Yves (Marseille 1er) librairie générale et juridique 10 rue Venture 5% de réduction sur tous les livres Librairie Regards (Marseille 2e) Centre de la Vieille Charité 5% de réduction sur tous les livres L’histoire de l’œil (Marseille 6e) 25 rue Fontange 5% de réduction sur tous les livres Librairie Imbernon (Marseille 8e) spécialisée en architecture La Cité Radieuse 280 bd Michelet, 3ème étage 5% de réduction sur tous les livres Librairie Arcadia (Marseille 12e) Centre commercial Saint Barnabé Village 30 rue des électriciens 5% de réduction sur tous les livres Librairie de Provence (Aix) 31 cours Mirabeau 5% de réduction sur tous les livres Librairie Au poivre d’Âne (La Ciotat) 12 rue des frères Blanchard 5% de réduction sur tous les livres La Pensée de Midi 3 exemplaires de De l’humain, nature et artifices par mail : chris.bourgue@wanadoo.fr