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Du 16/03/11 au 13/04/11 | un gratuit qui se lit
Au rayon Culture
Politique culturelle Mémorial de la Marseillaise Regards de Provence Scènes nationales, Région en scène Théâtre Liberté à Toulon Marseille Provence 2013 Politique culturelle régionale Journées de la femme
5 7 8 9 10, 11 12,13 14 à 17
Théâtre Le Gymnase, la Criée La Friche, le Lenche La Minoterie, les Bernardines, le Merlan, Gap, Martigues Martigues, théâtre des Ateliers, théâtre Vitez Fos, Port-de-Bouc, Avignon Cavaillon, FNCTA, Erac Au programme
18 20 22 24 26 27 28 à 33
Cirque/Arts de la rue Martigues, Sirènes et midi net, FAI AR, Ouest Provence, au programme
34, 35
Danse Les Hivernales, Nîmes Au programme
36, 37 38 à 40
Musique GTP, symphonique Opéra Ensembles Au programme Actuelles
42, 43 44, 45 46, 47 48 à 51 52 à 55
Jeunesse Rencontres du 9e art, Festo Pitcho Au programme PôleJeunePublic, Vélo Théâtre Massalia, Jeu de Paume, Théâtre du Balcon Rencontre avec R. Bàdescu, B. Chaud, C. Darietto Livres
56 57 à 59 60 61 62 64, 65
Cinéma Les rendez-vous d’Annie, Salon-de-Provence, Aubagne Alhambra, Ouest Provence, Institut de l’Image ASPAS, Alcazar, les Variétés
66, 67 68 69
Arts visuels Au programme Istres, Arles, Aubagne La Gad, galerie de la Friche Aix, Vauvenargues, Châteauneuf-le-Rouge Hyères, Le Lavandou
70, 71 72, 73 74 75 76
Livres Livres/Arts Littérature Livres/disques Rencontres
78, 79 80 à 83 84, 85 86, 87
Rencontres Arts et littérature, sciences et techniques
88, 89
Histoire Echange et diffusion des savoirs, Gréasque, Toulon
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Philosophie Le rire
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Explosions Il est des jours où vous écrire est difficile. Parce que là-bas, de l’autre côté de la Méditerranée, des peuples qui voulaient se libérer subissent d’inqualifiables répressions, et que le vent de la liberté s’emplit de l’odeur des obus et du sang. Et parce que de l’autre côté du monde des hommes redoutent la terre qui tremble encore, les vagues qui arrivent, et les nuages qui font planer la menace d’une mort lente semblable à celle que leurs grands-parents ont subie. Les morts sont innombrables, comme autant de coups dans nos chairs. À Tchernobyl la vétusté avait fait son monstrueux office. À Haïti, dans l’Océan Indien, la pauvreté, la fragilité des constructions et la lenteur des mesures de sécurité avaient abominablement décuplé les morts. Au Japon nulle défaillance humaine, sauf la plus terrifiante, celle de nos désirs : nous sommes prêts à mettre en jeu des millions de vie pour notre confort électrique, pour ne pas renoncer à nos modes de vie effroyablement aliénants et dispendieux. Et pour que le pétrole coule encore dans nos pompes, quels compromis nos gouvernements successifs ont-ils accepté en nos noms ? Tout près de notre région, pas très loin d’une zone identifiée de risque sismique, deux sites nucléaires Français offrent leurs cheminées à nos regards. Les normes de sécurité en sont drastiques, elles peuvent résister à des avions, à des bombes, à des séismes jamais enregistrés dans la région. Au Japon, un séisme de 9 n’avait jamais eu lieu… Un autre monde est possible, où nous choisissons nos destins. Où les dirigeants écoutent la volonté et l’intérêt des peuples. Où le confort et l’entre-soi ne sont pas des valeurs absolues, mais le partage et le plaisir. Où l’on pense l’avenir du monde, où nos explosions sont de joie. Un monde écologique, égalitaire, intelligent, créatif, participatif. À portée de nos mains. AGNÈS FRESCHEL
Sciences et techniques Biens de consommation
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Adhérents
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MÉMORIAL DE LA MARSEILLAISE
POLITIQUE CULTURELLE
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Mémorial :
la Marseillaise, un chant révolutionnaire ?
La mairie de Marseille a pris l’initiative de consacrer un espace à notre hymne national, la Marseillaise. Rue Thubaneau, dans l’ancien jeu de paume, deux salles ont été aménagées avec un effort de mise en scène. La vidéo, largement mise à contribution, tient le rôle principal, accompagnée de vitrines qui proposent quelques documents sur la période. Le parcours débute par la période prérévolutionnaire avec ses souffrances et ses injustices; une France d’un vieux monde trop inégalitaire pour faire long feu, trop chiche en libertés pour durer. En prolongeant ses pas, on se retrouve au milieu des enthousiasmes révolutionnaires et de son fameux chant. La salle, pavée, sertie d’un grand mur écran, d’une galerie en arcatures et deux autres parois, fait reflet ou écho à la scène principale. Le spectateur, percuté par le son et l’image, assiste au périple des Marseillais et à la journée du 10 août, où ils contribuent à la mise à bas de la monarchie.
pacte républicain, de symbole de la démocratie rassembleuse fondée sur le droit, du lien entre République et citoyens et de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il a ensuite sollicité le Recteur pour que les élèves viennent ici en visite et que l’école joue son rôle dans l’apprentissage de
Visions singulières On retire de cette scénographie spectaculaire l’impression d’une vision provinciale de l’événement : 517 volontaires semblent avoir bousculé l’ordre établi et sauvé la France d’un monarque qui la trahissait pour l’étranger ! Strasbourg et Rouget de Lisle sont bien présents, François Mireur vient bien chanter le «nouveau tube» et en faire un succès national, mais il difficile de ne pas avoir l’impression que Marseille, au travers de ses fils, marquait l’histoire de la France ! On a vite fait de comprendre que cette construction est une interprétation singulière des événements, destinée en particulier à soigner auprès des touristes l’image de Marseille. Les discours du Maire, Jean-Claude Gaudin, et du ministre de l’Éducation, Luc Chatel, venus le 3 mars inaugurer l’édifice, ont achevé de dispenser un certain trouble. Devant l’establishment éducatif (Recteur, Inspecteur d’Académie...) ou administratif (Préfet...), accompagné des élus, le Premier Magistrat a parlé de rendre compte du réel, de la vérité qui doit atteindre à l’objectivité, de symbole pour le printemps des peuples, de rendez-vous avec la mémoire, de voir les enfants apprendre l’histoire de l’hymne national et celle du pays, de vision républicaine de la citoyenneté. Intentions fort louables ! Le ministre a poursuivi en parlant de
l’histoire de la République Française. Ainsi apprit-on que bientôt la Marseillaise serait enseignée dans les salles de classe.
Conflits oubliés Il est normal qu’un ministre donne ses directives et impose ses idées. Mais, parlant de mémoire et d’histoire, l’impulsion n’est pas neutre. À des titres divers, ces deux discours affirment une idée précise de la nation et de ses symboles. Comme le mémorial, ils tentent de gommer une période complexe et tumultueuse. Peut-on aujourd’hui oublier que la Marseillaise ne fut pas adoptée «naturellement» ? Qu’elle fut le produit d’un milieu bourgeois patriote qui refusait le cours pris par les événements à partir de 93 ? Enjeu symbolique, le chant de l’armée du Rhin le fut et l’est encore ! Les Thermidoriens, bourgeois installés et bénéficiaires, en firent un hymne national pour contrebalancer les espoirs révolutionnaires bien plus présents dans La Carmagnole ou le Ça Ira. Ils voulaient aussi empêcher les royalistes de la Terreur Blanche d’imposer leur propre chant, Le Réveil du peuple.
Et que dire des avatars postérieurs ? Bonaparte, empereur, la mit au rencard comme son neveu d’ailleurs. La Restauration la gomma quand Louis-Philippe la toléra quelque peu. En fait, elle devint un symbole de lutte pour les Républicains jusqu’au 14 février 1879 où elle acquit le titre définitif d’hymne national. Mais les masses populaires, échaudées par une République sans sens social, s’en défièrent au point de lui préférer l’Internationale. Le choix d’une version simplificatrice de l’histoire de notre hymne n’est pas, paradoxalement, un bon signe pour l’histoire. Le message ressemble à une version nationaliste œcuménique de la Marseillaise, un point de vue édulcoré qui oublie la dimension conflictuelle d’une société, à cette vision qui fait de la Révolution un passage sans rupture d’un monde ancien à un monde nouveau, un prolongement des valeurs traditionnelles de la France. L’étroitesse de vues du mémorial inquiète : pourquoi consacrer la moitié des salles à un exposé général et mièvre sur la Révolution et omettre sa dimension internationale ou sub© X-D.R versive ? Air du temps, volonté politique ? Il faudra compléter ce point de vue univoque pour faire de ce mémorial un lieu vivant pour la Marseillaise. En la rangeant au titre des accessoires républicains, comme le drapeau auquel elle est associée à l’entrée du bâtiment, on opte pour une vision simplificatrice, alors que la diversité de la France mérite plus de complexité. RENÉ DIAZ
Le coût des travaux du Mémorial de la Marseillaise s’est élevé à 4,5 M d’€, investis entièrement par la Ville de Marseille www.marseilleaccelere.fr La gestion est assurée par une délégation de Service Public, la société Vert Marine. Ouverture du mardi au dimanche de 14h à 18h jusqu’au 31 mars, puis de 10h à 12h et de 14h à 18h Tarif 7 € 04 91 91 91 97 www.vert-marine.com/memorial-marseillaisemarseille-13
REGARDS DE PROVENCE
POLITIQUE CULTURELLE
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2013
Regards maritimes Perspective Musee RdP ouest md © Atelier 9 - Imagoprod
Dans le triangle d’or du MuCEM et du Centre régional de la Méditerranée, le musée Regards de Provence ouvrira début 2013. La fin de l’errance et le commencement d’une nouvelle aventure… Accueillie au Château Borely de 1998 à 2004, la Fondation Regards de Provence s’est ensuite installée au Palais Carli en attendant des jours meilleurs ! Il faut avouer que les sombres boiseries de la bibliothèque ne sont pas des cimaises appropriées… Son troisième déménagement fin 2012 fait suite à une série de repérages qui l’ont conduite aux abords de La Major («on déposait tous les deux ans un projet à la mairie») puis à l’ancienne station maritime de Marseille désaffectée depuis près de 40 ans1. Là, le 4 mai 2010, son directeur Pierre Dumon décela immédiatement les potentialités de la surface (2300 m2) et son emplacement exemplaire. Restait encore à écrire le projet, dessiner le futur bâtiment et boucler le budget ! Pierre Dumon a choisi l’Atelier 9-Guy Daher, Grand
prix de Rome, pour transformer son rêve en réalité : optimiser la surface exploitable et insérer au mieux le bâtiment restauré dans son environnement, celui-ci étant actuellement squatté et pour partie incendié. Déployé sur plusieurs niveaux qui épouseront les dénivelés et doté de plusieurs terrasses extérieures, le futur musée disposera de 1600m2 pour les salles d’exposition, le hall d’entrée, les réserves (la collection de la Fondation compte aujourd’hui plus de 850 œuvres du XVIIIe siècle à nos jours). Avec, en son centre, un «espace baptisé Mémoire du lieu dont on aura conservé les cuves» consacré aux expositions photographiques ou patrimoniales sur l’histoire du lieu. Le tout représentant un budget prévisionnel d’investissement de 3,250 M€ pris en charge par la Fondation (30,8%), les collectivités publiques (État, Région, Département, Ville : 46,2%), la Société privée immobilière Dumon (21,5%) et les mécènes (1,5%). Quant à son fonctionnement, les subventions des mêmes collectivités publiques sont allouées aux expositions et ne représentent que 15%, soit 70 000 € pour 500 000 € de budget annuel. À d’éventuels détracteurs qui lui reprocheraient cet argent public dépensé pour une fondation privée,
Pierre Dumon réplique : «On anime la ville depuis 13 ans et l’on propose plus d’expositions que tous les musées réunis. Donc tout le monde y trouvera son compte». Le reste de la surface sera ventilé entre le restaurant, la librairie, le logement du gardien et un commerce ouvert directement sur la rue : soit un aménagement supplémentaire de 1,6 M€ financé par la société Dumon. Avec ce projet, la Fondation Regards de Provence franchit un cap muséal décisif -expositions permanentes et temporaires, présentation de travaux d’artistes contemporains et librairie spécialisée de 50 m2- qui nécessitera une montée en puissance de l’équipe de 5 à 10 personnes minimum. Sans compter le «bras droit» que Pierre Dumon envisage de recruter pour réussir son pari et combler son envie de toujours : «obtenir le label de Musée de France». Si possible pour 2013… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
(1) Station édifiée en 1948 par Champollion, Fernand Pouillon et René Egger, labellisée «Patrimoine du XXe siècle», propriété de l’État.
La belle manière Ce n’est pas à proprement parler une rétrospective, mais une sélection d’une centaine de pièces relevant du thème favori du peintre, les rives marines, agrémentée de sujets annexes, portraits, scènes de genre, natures mortes. Des six mille peintures et dix mille dessins répertoriés, l’exposition propose essentiellement la recette à succès de Félix Ziem, la plupart du temps réinventées dans l’atelier à partir des nombreux croquis et pochades tirés sur le motif et seulement deux voyages : thématiques vénitienne, orientalisante, bords de mer ou lac (Venise, Constantinople, Marseille ou l’Étang de Berre), scénographie manière Le Lorrain, ligne d’horizon surbaissée laissant place aux ciels immenses (Ziem saisit rarement l’occasion de cet espace d’expression), contrastes de couleurs complémentaires des tons cuivrés et bleus (tant admirés par Van Gogh), contrastes des lumières et leurs captations par les architectures, voiles et reflets aquatiques fugaces,
gestuelle hâtive aux effets pré-impressionnistes. Une véritable rétrospective n’est pas offerte au visiteur, faute d’espace : le seul autoportrait du Trois mats devant le Fort Saint Jean, huile sur panneau, 71x95cm. coll. part. © Zibeline
peintre est une reproduction photographique ; peu d’œuvres graphiques, et l’absence de pièces s’approchant de la modernité à venir comme Les Mouettes (au musée de Martigues), frisant l’abstraction quand le peintre libéré des contraintes de commande, lâche son geste quasi novateur. À poursuivre avec le catalogue bien illustré et les textes d’un spécialiste du peintre, Gérard Fabre, conservateur au musée Ziem de Martigues. Puis en 2013, dans le futur musée… CLAUDE LORIN
Rétrospective Félix Ziem Regards de Provence jusqu’au 22 mai Palais des Arts, Place Carli 04 91 42 51 50 www.regards-de-provence.org
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POLITIQUE CULTURELLE
SCÈNES NATIONALES | RÉGION EN SCÈNE
Exploit quotidien L’effet scènes, du 14 au 20 mars, est un non événement… parce que les scènes nationales sont exceptionnelles à tout instant ! Que programment les scènes nationales de PACA en une semaine une quinzaine de représentations de cirque, danse, théâtre, des expos, du cinéma, des mots d’amour susurrés dans des chambres… Rien d’exceptionnel pour leurs 20 ans ! Ce réseau qui regroupe sur le territoire français 70 scènes pluridisciplinaires est essentiel à la création, à la diffusion, à l’émergence artistique des créateurs, et à la vie culturelle et économique de territoires très divers. Avec près de 8000 représentations et plus de 2.5 millions de spectateurs, le réseau des scènes nationales, implanté hors de Paris, reçoit beaucoup moins d’argent que les Théâtres Nationaux qui y sont concentrés, ou que les Centres Dramatiques, et est pourtant à bien des égards plus actif et créatif que ces grandes maisons d’état, en particulier dans le domaine de la
Cheval, au Merlan © Amicale de production - Guillaume Schmitt
de Cavaillon restent en dessous. Avec la création prévue de deux SN supplémentaires en PACA, à Toulon (voir ci-contre) et à Grasse, l’État devra augmenter considérablement les subsides qu’il accorde à ces théâtres pour répondre aux critères qu’il s’est fixés, et à la promesse de ne supprimer aucune des scènes existantes. De leurs côtés ces établissements verront leur cahier des charges précisé, et de-
coproduction de spectacles. Leurs réalités budgétaires, très diverses, devraient être harmonisées en 2 ou 3 ans autour de deux principes : un seuil budgétaire de 2M d’€ de fonctionnement minimum, et une participation minimale de 500 000 € de l’État. Pour l’instant, dans la région, seul le Merlan a atteint ces seuils. La Passerelle de Gap, Les Salins de Martigues et surtout La scène nationale
vront obéir à des critères plus strictement définis. L’avenir s’annonce donc plutôt bon… et Nathalie Marteau, directrice du Merlan, s’en félicitait, soulignant que l’important n’est pas la réalité budgétaire, mais la pertinence artistique… que le réseau des scènes nationales a toujours démontré ! Jean-Michel Gremillet soulignait que, tandis que nombre de théâtres privés de divertissement ont de grandes difficultés, leurs salles sont plus pleines que jamais de «spectateurs en quête de sens». Un «besoin de sensible» qu’Annette Breuil, directrice des Salins, soulignait également. Alors l’effet scènes ? un moyen de fêter les 20 ans d’une formidable réussite artistique… sans oublier, hors de Paca, d’aller faire un tour jusqu’à Sète, Alès, Valence : à nos portes aussi les scènes nationales ont un sacré talent ! AGNES FRESCHEL
L’Effet Scènes Du 14 au 20 mars Le Merlan, Gap, Martigues, Cavaillon, Sète www.scenes-nationales.fr
Les gens d’ici Le dernier mouvement de Région en Scène a offert un plateau danse éclectique avant de finir de manière festive et musicale Le 16 février après-midi, malgré les caprices du temps, un public familial s’était pressé nombreux à l’Espace Huveaune pour assister à trois spec-
tacles d’artistes installés en Paca programmés par le Cercle de Midi. Malgré une erreur de casting au démarrage (Père U à la plage des varois Loreleï tenait plus du cabaret théâtral que d’une chorégraphie), le plateau permit d’heureuses retrouvailles avec Miguel Nosibor et la compagnie vauclusienne Onstap. Le solo du danseur et chorégraphe (Temps d’arrêt) et le duo (Parce qu’on va pas lâcher) ayant gagné en tournée matuLe cri du choeur © X-D.R.
rité et épaisseur, sans pour autant se délester de leur fraîcheur. Durant trente minutes, Miguel Nosibor plonge sans retenue dans une solitude noire et lumineuse à la fois, passant d’une appréhension féline du sol à une épure verticale, oscillant par vagues ondulatoires ou enclenchant la mécanique hip hop ; sourire aux lèvres et mains de géant frémissantes, il fait entendre chaque pulsation de son cœur. Mourad Bouhlali et Hassan Razak, eux, continuent à ne rien lâcher de leur énergie et de leur humour dans un duo sonore et physique au tempo rudement mené ! Ces deux «hommes orchestre» séduisent d’emblée parce qu’ils ont la pêche ! On ne pouvait donc que regretter les faiblesses de la Cie Loreleï au pays d’Alfred Jarry, sa mise en scène invertébrée et sa baisse de régime face à l’imaginaire ubuesque. Il faut dire que l’immense plateau de la salle de spectacles, où le duo se cherchait sans se trouver, a desservi leur partition… Sur le plateau plus étroit du Co-
mœdia d’autres Varois ont déployé leurs étonnants talents. Clowns musicaux aux personnalités trempées et bien assorties, les quatre chanteurs du Cri du Chœur s’en donnent à cœur joie, à quatre voix s’il vous plaît, toujours juste, sur des arrangements aux timbres inventifs. Leurs compositions, jouées en direct et sans bande, sont drôles, dans la tradition de la chanson comique, pétulante, politique parfois mine de rien, enlevées, parfois émouvantes. Mais ce sont aussi des personnalités comiques de grand talent, tapageuses et violentes, hirsutes, délicieuses, surprenantes. Une très jolie façon de conclure Région en Scène qui aura permis aux programmateurs, on l’espère, de repérer quelques vrais talents d’ici… M.G.-G. ET A.F.
Région en Scène, festival de cies régionales, s’est déroulé du 14 au 16 février à Aubagne, La Penne-sur-Huveaune, Roquevaire et Saint Zacharie
THÉÂTRE LIBERTÉ TOULON
Chronique d’une inauguration annoncée C’est sur l’une des trois scènes du Théâtre Liberté à Toulon que Charles et Philippe Berling, entourés de leurs partenaires, ont choisi de convier la presse le 14 février. Une mise au point bienvenue : le Théâtre Liberté sera officiellement inauguré en juin et ouvrira sa saison en septembre prochain. Les institutions semblent toutes se réjouir de l’émergence d’un nouvel équipement culturel sur le territoire toulonnais, à commencer par Hubert Falco, maire de Toulon et président de Toulon Provence Méditerranée, qui promet : «Ce sera un des plus beaux théâtres nationaux. On a envie de faire avancer les choses ici à Toulon. C’est un investissement lourd : 12,7 M€ ce n’est pas rien. Il va y avoir un accompagnement dans son fonctionnement grâce au soutien de nos partenaires. C’est un honneur pour nous d’avoir deux scènes nationales sur notre territoire. Je fais confiance à Frédéric Mitterrand qui est venu sur place s’engager». Il n’en fallait pas plus pour faire resurgir les tensions, car la labellisation de scène nationale n’est pas encore actée par le ministère de la Culture… Pourtant l’idée d’une scène nationale à deux têtes ne fait plus de doute aujourd’hui pour Hubert Falco : «Il y a le CNCDC Châteauvallon et le Théâtre Liberté, deux scènes nationales ce n’est pas de trop», pas plus que pour le Préfet Paul Mourier: «Le Théâtre Liberté est un grand projet métropolitain à forte ambition qui justifie que l’État soit à vos côtés depuis le début. Je confirme l’engagement de l’État sur l’investissement et sur le fonctionnement futur (…) Il est primordial que le label de scène nationale vienne sur Toulon, et également dans le Var».
Construire dans le brouillard Si tous sont unanimes pour débloquer les fonds d’investissement, certains restent réservés quant au financement de son fonctionnement : environ 3,5 M€ annuels seront nécessaires -les 5,3 M€ annoncés en juillet lors de la visite de chantier de Frédéric Mitterrand ont été revus à la baisse. Ces subventions seront assurées à 80% par TPM rappelle Hubert Falco, au même titre que «TPM assume déjà le fonctionnement du PôleJeunePublic au Revest, de la Villa Tamaris à La Seyne ou de la Villa Noailles à Hyères». Plus prudent, le conseiller régional Robert Alphonsi affirme «qu’il ne manquera pas un centime de la Région en terme d’investissement1» mais que «des discussions sur le budget de fonctionnement sont ouvertes avec les partenaires et les codirecteurs, car les arbitrages sont en cours qui tiennent compte d’autres équipements culturels varois comme Théâtres en Dracénie». Robert Alphonsi n’évoque aucun chiffre, bien qu’il soit «un ardent défenseur du Théâtre Liberté au sein du Conseil régional pour évaluer ensemble le juste financement». Difficile dans ces conditions de dévoiler le projet
Lors du point presse du 14 février © Ville de Toulon
artistique ! Cet exercice fut confié à Philippe Berling qui, malgré les incertitudes, en dressa l’axe fondamental avec tact déterminé et une belle prudence : «la Méditerranée, terre de métissages… un état d’esprit, une façon d’être et de vivre ensemble». Une vaste thématique déclinée dans tous les domaines du spectacle vivant avec une incursion du côté des arts numériques souhaitée par Charles Berling, visiblement fatigué par ses représentations d’Ithaque aux Amandiers de Nanterre… Pour l’instant, aucun nom d’artiste n’est annoncé faute de financements fermes. On apprend seulement que la première saison s’ouvrira sous les auspices de l’Italie avec une création de Philippe Berling (L’art de la comédie, la pièce la plus pirandellienne d’Eduardo de Filippo), et de la Grèce avec la reprise d’Ithaque ; que de nombreuses collaborations sont envisagées avec Châteauvallon, l’Opéra, le festival Fimé, le PôleJeunePublic ou le Conservatoire. Et que l’on croise fréquemment Philippe Berling dans les salles de spectacles régionales, à la recherche de son miel sur son territoire.
Désenclaver le Var En attendant l’ouverture, Charles Berling précise, prudent et offensif à la fois : «Nous sommes en voie d’être une scène nationale et rien n’est acquis. Nous ne sommes pas assis sur un tas d’or ! J’entends certains impatients ici et là sur notre travail et c’est justifié,
POLITIQUE CULTURELLE
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mais nous respectons les moyens que l’on nous donne. C’est très tendu. Il faut que la Région et l’État soient aux côtés de la Ville pour continuer son désenclavement». Effectivement, la dépense moyenne de l’État par habitant en PACA pour la culture (fonctionnement) est d’environ 13€, et s’étage de 11€ à 21€ selon les départements, en dehors du Var où elle n’est que de 5.60 € ! La Région PACA n’est guère plus équitable, qui dépense 10€ en moyenne par habitant (deux fois plus que les autres régions de France), mais 5€ seulement dans le Var. Le déséquilibre est donc patent, difficilement compensable par le Conseil général 83 et l’agglomération TPM. Créer un label national et régional pose aujourd’hui un réel problème à une DRAC et une Région étranglées financièrement, qui ne savent concrètement où trouver de quoi créer une scène nationale-pôle régional sans toucher aux budgets des autres ; le mode de financement et la nomination des frères Berling ne sont d’ailleurs pas conformes aux procédures des scènes nationales, et relèvent de la politique volontariste de TPM. Mais il est certain qu’il est plus que temps que ce département de plus de 900 000 habitants soit traité à l’égal de ses voisins. Est-ce pour ces raisons que Toulon s’est désengagée de Marseille Provence 2013 ? Membre fondateur de l’association depuis la candidature, Hubert Falco commente son repli en expliquant que Toulon ne peut participer à une aventure qui n’est pas la sienne, et dont il n’a aucune garantie qu’elle retentira sur son territoire. Toulon, décidément, est une métropole à part entière. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI ET AGNÈS FRESCHEL 1
1,100 M€ dans le cadre du Contrat de plan État-Région
Rectificatif Dans Zib’36 un tableau des financements du théâtre Liberté additionnait pour les subventions de fonctionnement du CG 83, celles de Châteauvallon (550 000€) et celles du Théâtre Liberté (550 000€). Nous expliquions ces chiffres en note, mais la présentation aux côtés de ceux de la Région et de l’État, qui excluaient Châteauvallon, prêtait à confusion. Nous le rectifions donc à la demande du CG83, même si s’impliquer dans le financement d’un théâtre nous semble tout à l’honneur d’un département…
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POLITIQUE CULTURELLE
MARSEILLE-PROVENCE 2013
Marseille-Provence 2013 : cet obscur objet de tous les désirs
Excepté les grands chantiers de réhabilitation ou de construction qui modifieront les visages de Marseille, Aix ou Arles, rien de concret n’a été annoncé. À mi-chemin de l’échéance, seules se dessinent les grandes priorités : un Temps du cirque, la Folle histoire des arts de la rue, un festival de spectacles pour enfants, un projet d’installations artistiques dans l’espace public… Et des expositions d’envergure internationale visant au même succès que Cézanne en Provence en 2006 : Le noir et le bleu, un rêve méditerranéen au MuCEM, Le grand atelier du Midi à Granet à Aix et au Palais Longchamp à Marseille… Bref, des événements structurants portés par des équipes et des lieux qui, pour certains, ont découvert ce jour-là les thématiques qu’ils devront décliner ! Mais le calendrier prévisionnel est respecté, l’élaboration du programme est en cours et sera définitivement dévoilé fin 2011. Le territoire et les financements sont quant à eux définitifs, et expliquent le satisfecit et l’optimisme affichés par les institutions partenaires. De JeanClaude Gaudin qui déclara «qu’il n’y avait pas de rivalité politique mais une adhésion commune de tous les partenaires» avant d’annoncer que la Ville était «en ordre de marche» et que «la cohésion demeurait essentielle pour la réussite du projet»… à Maryse Joissains, maire d’Aix, qui se félicita non sans humour d’avoir trouvé un terrain d’entente avec le maire de Marseille : «aujourd’hui Aix et le pays d’Aix sont heureux de s’engager dans cette aventure collective et commune, après réflexion mais avec conviction, car toutes les conditions sont réunies (…) Et nous souhaitons jouer le rôle capital qui nous revient». De Jacques Pfister, Président de la CCI et de l’association MP13, qui s’enflamma «ce ne sera pas un succès, ce sera un triomphe !» tout en reconnaissant «la difficulté conjoncturelle pour tenir le cap»… à Michel Pezet, vice-président du Conseil général, qui évoqua «l’immense mouvement qui a été lancé et qu’il convient de saluer» tout en avertissant sur des lendemains qui pourraient déchanter : «il faut que l’élan de Marseille Provence 2013 se poursuive : nous serons comptables de ces échanges, de ce qui va se passer».
Le brouillard peine à se lever sur Marseille-Provence 2013, et la grand-messe institutionnelle du 24 février à la Cité des arts de la rue n’y aura rien changé : acteurs culturels, artistes et compagnies demeurent dans leur majorité perplexes
l’éducation ; affirmer la cohésion régionale en dépit de la disparité du territoire, des situations financières difficiles, du tissu populaire important; et souligner la dimension méditerranéenne : «Toute une image du monde arabe, du monde de l’islam, de la Méditerranée est en train de changer» rappela Michel Vauzelle qui n’hésita pas à parler de «capitale euroméditerranéenne de la culture»…
Un territoire de lumières Face aux «impatiences propres à chaque candidature, aux inquiétudes face aux engagements pris en termes de grands chantiers et aux critiques sur un projet qui se préparerait dans l’opacité, indifférent aux artistes de la région», Bernard Latarjet dévoila non pas un pré-programme mais un état d’avancement des projets. Sur 2200 reçus, 200 environ sont en cours d’élaboration et 500 seront retenus au total, répondant tous à l’objectif que s’est fixé l’association : réussir l’alliance délicate entre qualité artistique et mobilisation populaire, entre dimensions locale et internationale, entre le caractère évènementiel et la volonté de marquer durablement le territoire. Mariages qui, s’ils réussissent, plongeront Marseille-Provence 2013 dans un halo de lumière… Pour l’heure la recette de la réussite tient dans le bon dosage des ingrédients : des événements spectaculaires, populaires et festifs de types parades, concerts et bals ; des expositions qui irrigueront les musées du territoire et les lieux émergents (gare maritime du J1 notamment) ; des projets exceptionnels voués à être pérennisés (salon de lectures, cultures urbaines à la Friche, nouveau festival du cinéma arabe et méditerranéen…) ; des manifestations incontournables initiées par les opérateurs permanents (Festival d’art lyrique d’Aix, Rencontres de la photographie d’Arles, actOral, Festival de Marseille…) ; la poursuite des Ateliers de la Méditerranée, la mise en place d’Actions de participation citoyenne. Prochaine étape avec l’annonce des projets dont la «faisabilité» financière aura été assurée et, à l’automne 2012, le calendrier définitif des réjouissances. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Capitale euro-méditerranéenne de la culture On retiendra plus particulièrement l’intervention de Michel Vauzelle, Président du Conseil régional, qui souligna, avec un humour dont il a le secret, le
© MP2013
véritable défi : profiter des projecteurs braqués sur Marseille et la Provence pour propager un message éthique. Car MP13 devra relever trois enjeux : œuvrer à éviter la fracture sociale par la culture et
Projets et chantiers sur le site www.marseille-provence2013.fr
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2013, une esthétique ? Même s’il est difficile aujourd’hui de savoir ce que sera le programme de 2013, les temps forts prévus et les établissements culturels retenus aujourd’hui témoignent de quelques lignes de force La première est l’intégration à l’idée de culture de notions qui relèvent de l’art de vivre : gastronomie, randonnée et mode sont prévus au programme, comme des objets culturels qui vont de soi. Or, si le mot culture désigne «l’ensemble des traits distinctifs d’un corps social» et «englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances» (définition de l’Unesco), le ministère de la Culture par exemple n’a pas intégré ces disciplines comme des arts à subventionner, et établit une distinction entre arts et pratiques culturelles. Distinction qui est à la base de la notion française d’«exception culturelle», qui seule préserve encore les artistes et les écrivains de la nécessité de produire des œuvres rentables. Si tout devient culturel, pourquoi ne pas subventionner les restaus et les marques de fringues ?
Dramatique Cette tentation du tout culturel se double par ailleurs d’un accent très net mis sur les arts de la rue : toutes les structures du territoire sont retenues, le Centaure va mener une transhumance, Génerik vapeur va pousser une clameur, le Groupe F incendier les imaginaires... Quelques compagnies musicales, chorégraphiques, circassiennes figurent également dans le pré-projet mais aucune compagnie dramatique ! Seuls les lieux, qui sont pluridisciplinaires, et aucun
Prémonitions
La Folle Histoire des Arts de la Rue 2008 - Generik Vapeur a Salon © Algo
projet d’artiste. Ce qui confirme la défiance actuelle envers le théâtre. Vouloir chercher le public dans la rue, avec des déploiements de lumière, de la fête et de la convivialité, c’est renoncer réellement à l’idéal du théâtre populaire. Pourtant art démocratique, qui remplit les salles marseillaises presque aussi sûrement que le foot remplit les stades. Mais est moins télégénique que les phares qui balayent le ciel, les grues que l’on orne, les incandescences éphémères, les chevaux. Rousseau (oui oui l’affreux Jean-Jacques) dans sa Lettre contre les spectacles distinguait le théâtre, qu’il réprouvait, de la fête populaire, pour laquelle
Sur quoi économise-t-on quand les poches sont vides ? Les investissements liés à MP2013, et la baisse globale des dépenses publiques, amènent par exemple la Ville à couper dans les subventions du CiMP, la Région à réduire celles de la Pensée de Midi, du Ballet National de Marseille, du Festival de Marseille… Par ailleurs l’État, qui investit dans les grands chantiers de MP2013, refuse de financer les chantiers de réhabilitation du centre de la Danse de Kéléménis, de Montévidéo, de la Victorine… chantiers qui auraient sans doute, dans un autre contexte, trouvé outre son aide celle de mécènes, aujourd’hui tous concentrés sur MP2013. Car ces structures qui voient leurs subventions baisser font partie du projet de MP2013, et la diminution des subventions est d’autant plus dramatique pour
«un piquet couronné de fleurs» suffit, et qui a le grand avantage de ne pas bâtir d’illusions, nuisibles au peuple, mais du réel participatif. Marivaux dans Les acteurs de bonne foi le contredit (voir p 16), affinant la pensée de Diderot et D’Alembert sur les vertus cathartiques et émancipatrices du théâtre. Y a-t-on renoncé aujourd’hui ? Plus grave : ce mouvement relève-t-il d’une volonté politique plus ou moins consciente de canaliser les principes subversifs du théâtre ? Ou le déploiement de lumière et d’images prévu dans le programme n’est-il qu’un hasard transitoire ? AGNÈS FRESCHEL
celles qui ne seront pas retenues, et souffrent de la double peine. De même que celles qui, en PACA, ne sont pas dans le territoire de MP2013… Les collectivités s’étaient engagées, en 2009, à ne pas diminuer le volume de leurs subventions courantes au fonctionnement, et à l’investissement. Si pour l’instant la Ville et l’État ont considérablement augmenté leurs dépenses, leur bénéfice échappe aux acteurs culturels du territoire. Seul le Conseil général tient pour l’heure sa promesse, et Michel Pezet peut en conscience jouer les Cassandre et prévenir de la catastrophe à venir, si le feu de paille détruit dans ses flammes éphémères les folles herbes qui, jusqu’à présent, ont fait la richesse culturelle de notre territoire. A.F.
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LIVRE ET CINÉMA EN RÉGION
La Région
aux côtés de
l’exploitation ! Le 16 février s’est tenue à la Maison de la Région la conférence territoriale sur le soutien régional à l’exploitation cinématographique en PACA, qui a réuni la plupart des exploitants des salles de cinéma de la région, tous très concernés. En effet, on assiste aujourd’hui à une révolution technologique : la projection numérique dématérialise la distribution des films, les films compressés et numérisés par les distributeurs sont envoyés aux salles sur disque dur et, à terme, ils seront acheminés par satellite ou fibre optique. Le serveur de la salle décode le fichier numérique transmis, après activation par l’opérateur d’une clef de sécurité, et communique au projecteur les données à lire. Bientôt, plus de bobines, plus de copies 35mm ! Mais l’équipement est coûteux, plus de 70 000 euros par écran, ce qui est impossible à assumer pour l’exploitation indépendante. Les dis-
positifs existants1 ne permettront pas à tous les cinémas de s’équiper, ce qui risque de fragiliser les petites salles. Actuellement, un tiers seulement des salles françaises sont numérisées. La région Paca est en dessous de la moyenne : sur les 189 cinémas comptant 418 écrans sur 125 communes, 39 cinémas sont équipés d’au moins un projecteur numérique ; il s’agit en fait de 120 écrans numériques, qui sont concentrés dans les multiplexes… Face à cette situation qui à terme risquerait de voir la disparition d’un nombre important de salles, la Région a affirmé «sa volonté qu’aucune salle ne soit laissée dans l’incapacité d’être numérisée» et met en place, en concertation avec le CNC, un dispositif d’accompagnement des salles de cinéma vers le numérique, qui peut prendre en charge jusqu’à 90% de l’équipement dans certains cas. Sont concernées les salles de 1 à 3 écrans,
…et de l’édition
La Région Paca intervient sur la chaîne du livre à plusieurs niveaux : le Conseil Artistique à la Création aide les projets éditoriaux, en particulier les auteurs, mais diverses manifestations artistiques telles que les Correspondances de Manosque et le Salon du Livre de Toulon, ou les centres tels que le CiPM ou le Centre International de la Traduction Littéraire (Arles) reçoivent également son soutien financier. 4.5 M€ sont ainsi alloués au fonctionnement de la filière du livre et de la lecture, mais aussi aux
investissements des bibliothèques et médiathèques, en particulier pour la numérisation de leurs fonds. Ces dispositifs sont complétés par des aides à l’emploi et à la professionnalisation (postes ADAC), mais surtout par des actions très volontaristes envers les lycéens et apprentis, à travers le Prix du Livre, les chèques lecture (1.5 M€) et le fonds régional pour l’achat des manuels scolaires (9 M€). Comme dans le domaine du cinéma, la Région aide également des sociétés privées, en particulier des librairies,
© Etienne de Malglaive - AFP - Salon du livre de Paris 2010
Photo du tournage de La fille du puidatier de Daniel Auteuil © Region Paca
n’appartenant pas à un circuit de plus de 50 écrans, soit une soixantaine de salles. Un investissement coûteux, mais indispensable au maintien de la diversité culturelle et artistique. Un certain nombre de questions subsiste : quid des établissements qui ont plus de 3 écrans et dont la TSA (Taxe Spéciale Additionnelle) ne suffirait pas à financer l’équipement ? Quid de la pérennité de ces équipements numériques ? Quid du métier de projectionniste ? L’avenir est incertain, mais il n’est plus impossible…
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Le VPF, pour «Virtuel Print Fee» ou «frais de copie virtuelle» permet d’assurer la prise en charge d’une part conséquente de l’investissement des cinémas par les distributeurs de films. Le système des tiers-investisseurs propose des solutions fondées sur la collecte de ces VPF à travers des sociétés qui font le lien entre les droits de copie et les salles.
ANNIE GAVA
dans le cadre de sa politique de développement territoriale : «le fait qu’il y ait à Gap des librairies et des cinémas indépendants relève de nos missions», affirme Laurent Sterna, directeur de la Culture et du Patrimoine.
Faire salon La Région est également attachée, depuis 31 ans, c’est-à-dire sa création, à participer au Salon du Livre de Paris (du 18 au 21 mars). Elle y tient un stand important en surface et en nombre d’exposants : cette année 28 éditeurs1, qui s’acquitteront pour la première fois d’un modique droit de participation (de 100 à 600€), seront présents dans un stand de 375m2, pour présenter leurs fonds et leurs auteurs, participer à des rencontres, des échanges et des temps de réflexion, se faire connaître nationalement. Si le budget alloué cette année à cette présence régionale est diminué de 30%, la réduction, d’après Patrick Mennucci, ne devrait «priver personne de visibilité». Car «développer et soutenir l’édition régionale» représente pour le vice-
président en charge de la Culture une réelle priorité. Si cela vous dit d’aller faire un tour au Salon, sachez que la SNCF a mis en place des tarifs spéciaux… et que cette année 5 axes sont à l’honneur : les écritures nordiques, les auteurs ultra marins, Buenos Aires, ainsi que les serial-lecteurs dévoreurs de millenium, et le suspense (thriller et polar). Des thèmes rassembleurs, pour un salon visité chaque année par plus de 200 000 personnes… A.F. 1 Picquier, Le mot et le reste, Agone, le Bec en l‘air, Analogues, Vis-à-vis, le CiPM, l’Ecailler du Sud, Rouge Safran… Seront également présents, hors du grand stand de la Région, d’autres éditeurs comme Actes Sud ou Vents d’ailleurs
www.livre-paca.org www.regionpaca.fr www.salondulivreparis.com
ENTRETIEN AVEC PATRICK MENNUCCI
Lors de la conférence de presse de Marseille Provence 2013 (voir p10) nombre de responsables de manifestations culturelles semblaient inquiets. Certains parce que la Ville de Marseille diminue ses subventions. D’autres parce que l’État ne s’engage plus sur leurs projets. Et d’autres enfin parce que le montant 2011 de leur subvention régionale venait de tomber… À l’heure où Bernard Latarjet parle de la «faisabilité» financière comme d’un critère pour retenir in fine les projets pressentis, qu’en sera-t-il si les subventions courantes diminuent ? Patrick Mennucci répond à ces inquiétudes en assumant ses choix Zibeline : Le budget global que la Région alloue à la culture est-il en baisse ? Patrick Mennucci : Le budget prévisionnel de fonctionnement, oui. La Région consacrait l’an dernier 45M d’€ à ce poste. Cette année, dans le budget prévisionnel nous sommes à 43M, soit une baisse d’un peu plus de 4%. Cela ne veut pas dire que cette baisse sera effective au bout de l’année, et cela ne concerne que le fonctionnement. Les investissements, en particulier dans le cinéma et le livre, sont considérables. Sans parler de la préparation de 2013, où nous sommes de tous les chantiers. Pourquoi cette baisse, même si elle est relative, alors que la Région avait promis lors de son engagement pour Marseille-Provence 2013 qu’elle ne toucherait pas aux subventions courantes des associations ? Parce que le gouvernement nous y oblige ! Il prive la région PACA de 176 millions de recettes sur 4 ans, soit 40 millions par an ! La culture est très peu touchée par les baisses de budget, qui sont bien plus importantes ailleurs. On vient toujours nous voir, parce que nous sommes là et que nos portes sont ouvertes, pour se plaindre de la baisse des subven-
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Un budget qui prend l’eau… tions. Mais qu’en est-il du Ministère ? Et de la suppression des CAE qui va mettre en grande difficulté un nombre considérable de petites associations culturelles ? Nous sommes comme elles victimes de la politique actuelle de l’État. Certains choix budgétaires sont faits pourtant, comme de donner 10 millions pour couvrir le stade vélodrome, plus 10 millions encore pour le stade de rugby et les piscines municipales. Monsieur Gaudin, lors de ses vœux annuels, a déclaré qu’il n’en espérait pas tant de Monsieur Vauzelle… La majorité a voté à l’assemblée régionale, je ne suis pas responsable de ces choix-là. Mais solidaire ? De la majorité régionale ? Bien sûr ! Comment avez-vous ordonné ces baisses de budget ? Uniformément ou en ciblant certains postes, en infléchissant des choix précédents… Nous avons essayé, avec la Direction de la culture, de faire des choix intelligents. De supprimer notre aide à des associations obsolètes, comme le Chœur Régional, qui est un regroupement d’amateurs, et qui ne correspond plus aux orientations de la Région. Nous avons aussi remis en cause la conven-tion de partenariat avec France 3 de 300 000 euros, et baissé notre participation au Festival de Cannes, qui n’a pas besoin de nous. Mais qui a mis en place des actions envers les lycéens… Nous ne touchons pas à ces budgets, qui sont spécifiques, mais à la subvention générale. Les 40 000 € pour les actions envers les lycéens sont intégralement maintenus. Vous diminuez aussi les subventions du Festival de Marseille, du Ballet National de Marseille Oui, mais légèrement. Ce sont de gros budgets, pilotés l’un par la volonté de la Ville l’autre par la volonté de l’État. Ils n’ont pas autant besoin de nous que d’autres… Si nous voulons aider à la création de manifestations nouvelles, et nous croyons que le territoire en a besoin, il faut bien que nous touchions au budget des autres. Du moins dans le contexte actuel de forte diminution de nos ressources ! Les
Bonnes pratiques Depuis 2007 la région PACA a soutenu par le dispositif AGIR plus de 800 projets qui s’engageaient à maîtriser la consommation énergétique. Un fonds d’innovation de 70 M€ pour aides sur 4 années communes, entreprises, professionnels du tourisme, associations… à s’engager pour un développement «durable» en consommant mieux et en s’équipant sans couter à l’environnement. Ce dispositif est prolongé durant 4 ans (pour 60 Md’€) pour des actions
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concernant plus particulièrement l’équipement culturel des lieux, financés en partie au niveau du chauffage et des moyens de transports, et les éco-festivals qui s’engagent à ne pas abimer le cadre de leurs événements. C’est le cinéma qui préoccupe particulièrement la région : l’équipement des salles, mais surtout les tournages. Deuxième région de France en terme de lieux de tournage (après Paris), PACA s’engage sur une activité culturelle particu-
lièrement énergivore : les éclairages de plateaux sont donc repensés, les transports des productions, le recyclage des batteries, les groupes électrogènes… La notion de tournage et de festival éco-responsables fait son chemin ! A.F
Charte d’engagement et dossiers de demande (jusqu’au 31 mars). www.regionpaca.fr/notreregion/energie-agir/ agir-plus.html
subventions allouées ne peuvent pas être automatiquement reconduites, ou augmentées, d’une année sur l’autre. Tout simplement parce que le budget n’est pas en croissance. Et la Pensée de midi ? Oui. Là la baisse est importante, puisque la Région se désengage complètement. Mais c’est une revue éditée par Actes Sud, que la Région a soutenue pendant dix ans, dont la réputation n’est plus à faire -on l’a vu d’ailleurs au nombre de ses soutiens dans la presse nationale !- et qui doit pouvoir aujourd’hui survivre sans nous. Mais pourquoi une coupe aussi brutale, alors que Thierry Fabre semblait avoir anticipé la baisse, et tablé sur un désengagement progressif ? Parce que la Région n’a pas vocation à être le principal financeur d’une revue, qui doit au bout de dix ans parvenir à un équilibre budgétaire d’un autre ordre. Nombre de publications indépendantes aimeraient pouvoir bénéficier d’un tel soutien durant dix ans ! ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
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JOURNÉE DE LA FEMME
Les femmes et leurs représentations Journées des femmes, mois de la femme… ces célébrations ont quelque chose d’insupportable en ce qu’elles présupposent que le reste du temps est détenu par les hommes… mais elles sont nécessaires. La sous-représentation des femmes dans les sphères de direction, aux postes de décision, dans les conseils d’administration, est flagrante. Et ne progresse pas depuis 30 ans. En revanche la sur-représentation des femmes dans les petits boulots, les temps partiels contraints, et au chômage, l’est tout autant. Sans parler des inégalités de salaires (27% !) qui ne se résorbent pas plus que l’inégalité de la répartition des tâches ménagères et familiales… Pourtant les femmes sont aujourd’hui plus diplômées, et meilleures à tous les niveaux scolaires et universitaires. Elles sont aussi beaucoup moins nombreuses à commettre des délits, et moins encore des crimes… Pourquoi ces inégalités criantes dans les faits, qui persistent malgré l’égalité de droit, restent-elles peu visibles dans les discours ? C’est que dans les médias, la presse, dans le monde scolaire et universitaire, dans les syndicats les femmes sont nombreuses… mais dirigées par des hommes. De même dans la culture :
les femmes lisent, vont au spectacle, au cinéma bien plus que les hommes… mais pour y contempler, très majoritairement, des discours masculins. Et l’image des femmes trimballées par le monde de la communication est de plus en plus contraignante : jeune, mince, belle, soignée, performante, active, mère, ménagère, la femme doit tout réussir, et toujours plaire… Il semble donc urgent de travailler à changer la représentation de la femme ! Car Zibeline, mensuel féministe mais pas féminin, culturel sans rubrique cuisine, beauté ou jardin, constate chaque mois que malgré l’attention particulière que nous portons aux créations et discours des femmes, elles restent minoritaires même dans nos pages ! Si dans notre région plusieurs lieux culturels importants sont dirigés par des femmes, elles restent très minoritaires dans les programmations. Qu’en est-il des femmes artistes, des intellectuelles, et plus particulièrement, à l’heure de son bouleversement, où en sont-elles sur l’autre rive de la Méditerranée ? A.F.
Pour un féminisme relationnel Le 8 mars, malice du calendrier, dans le cadre des Mardis du MuCEM Thierry Fabre recevait la sociologue Irène Théry, directrice d’études à l’EHESS sur le thème de Genre et sexualité à l’heure de la mondialisation : un «choc des cultures» ?
Devant une salle comble et comme toujours très attentive, Irène Théry a d’abord souligné qu’elle tenait à distance l’idée de cultures antagonistes et voulait proposer de renouveler le regard sur l’Autre, en passant par une conception un peu différente de l’égalité des sexes. En effet un consensus existe au niveau des démocraties sur la nécessité d’agir dans le sens des droits des femmes. Mais la controverse surgit quant au contenu à lui donner : la sociologue rappelle pour exemple ses doutes sur la parité qui, tout en mettant fin aux «plaintes» ne s’attaque pas aux causes de la disparité. L’égalité ne saurait être simplement mesurable aux droits acquis qui font de la femme un homme comme un autre mais doit constituer une nouvelle façon de «poser les questions» selon la formule de Castoriadis. Elle doit engager une conception générale de la société et donc interroger le lien entre les sexes, la répartition des valeurs attachées au féminin et au masculin : il s’agit d’inventer une nouvelle façon de les faire tenir ensemble. La complémentarité est encore à penser sans
renier une identité sexuée et sans rupture aveugle avec les sociétés du passé, sans mépris donc pour des systèmes plus traditionnels. C’est à cet endroit que s’inscrit la notion de genre, qui récuse l’essentialisme, le déterminisme biologique ou culturel et prend en compte les rôles à jouer dans une société par une personne. Cette notion, fondée sur la trajectoire, l’articulation, «l’interlocution» et non le clivage peut être un outil pour avancer vers l’utopie encore, sans le modèle de l’égalité de sexe. Démontrant combien il y a d’hypocrisie et d’irresponsabilité à désigner l’Autre (en l’occurrence le musulman) comme barbare car ne respectant pas l’égalité comptable, Irène Théry fait un bref historique de la civilité sexuelle dans nos sociétés : de la morale double du XIXe siècle ancrée dans l’ordre sexuel matrimonial (aux filles la névrose, aux hommes le bordel) et tout en maintenant l’interdit de l’inceste, on est passé à la toute puissance «législative» du consentement censé garantir la liberté…
Et puis ? Et la réflexion malheureusement s’arrête-là ! Alors que la vraie question est consentir à quoi ? pour quoi ?, question posée par exemple par une association comme «Ni Putes, ni Soumises» à l’ensemble d’une société, ou les manifestations de femmes en Italie «Sexe oui... bunga-bunga non !». S’il est absolument nécessaire d’éviter l’angélisme social, qui fait croire qu’il suffit de décréter l’égalité ou de faire table rase, ou l’autosatisfaction (on est en train d’y arriver, nombre de gens pensent l’égalité acquise), si on ne peut ignorer le désarroi ou les souffrances liées à la destruction d’un ordre traditionnel, la question de ce qui induit les femmes et les hommes à consentir à la domination réelle doit être clairement posée. Et combattue. MARIE-JO DHO
Le dernier ouvrage d’Irène Théry paru sur le sujet est La distinction de sexe, une nouvelle approche de l’égalité (Odile Jacob 2007). Dans le cadre des conférences initiées par Échange et diffusion des savoirs, Irène Théry traitera de la question des Métamorphoses du corps humain : le « biologique » et ses malentendus, le 24 mars à 18h30 à l’Hôtel du département (04 96 11 24 51). Dans le cadre de Perspectives Plurielles (groupe de rechercheaction sur les croisements Genre / classe / race), conférence de Souleymane Hassane, historien et philosophe : Genres, classes,cultures et domination, le 22 mars au Polygone étoilé (Marseille) ; présentation des derniers travaux de Jules Falquet, sociologue, féministe, enseignantechercheure à l’UFR de Sciences Sociales à Paris à la librairie Regards, centre de la Vieille Charité, le 1er avril à 18h30 ; exposé-débat sur le féminisme «radical» aujourd’hui avec Jules Falquet et le groupe Perspectives Plurielles, le 2 avril à 14h Au Seul problème (Marseille).
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Femmes et ouvrières «Qui est plus oublié que l’ouvrier ? L’ouvrière !» aime à rappeler Edmonde Franchi, directrice du Cocktail théâtre et auteur de Carmenseitas. Son spectacle, plein de verve et d’humanité ne cesse de susciter débats et conférences. Certes, il n’y a plus de cigarières aux entrepôts de la Seita, mais leur histoire avec ses luttes se mêle à l’histoire tout court, et nous entraîne à des questionnements qui restent d’une actualité toujours vive et parfois douloureuse. Les deux grands centres des archives de la région, les ABD de Marseille et le centre aixois des Archives départementales se sont attachés avec une belle justesse au sujet, unissant le rappel de la pièce, par la lecture d’extraits, l’exposition de huit panneaux qui reprennent les dates et les témoignages (sur environ un siècle), et des débats rassemblant des historiens spécialistes de cette période.
Une expo de fureur et d’humour Les panneaux constituent un fond de scène où les notations précisent les dates marquantes : 1890, et Marie Deleuil, première représentante du syndicat des ouvrières fédérées aux tabacs de Marseille et qui partit à Riom, Orléans… pour aider à la création de syndicats tous majoritairement féminins. La loi de 1940 d’épuration de l’administration, où 7300 fonctionnaires sont licenciés, rétrogradés, mis à la retraite d’office, avec la double peine pour les femmes épouses de juifs ou de communistes… Les slogans sont pleins d’une ironie grinçante : «Dans la femme tout est bon !», de la «femme-femme» parangon de la mode jusqu’à la ménagère ou/et l’ouvrière !, «Les mains de la femme sont des bijoux dont je suis fou» ! et 1200 femmes roulent les cigares à la main 11 heures par jour et six jours par semaine… payant le prix du «progrès» de la mécanisation qui engendre l’augmentation des cadences et des accidents du travail, les doigts coupés…
Un texte fort Des extraits de Carmenseitas sont lus par l’actrice Catherine Sparta et le metteur en scène de la pièce, Agnès Regolo. Portraits de Lucia, de Martine, de Rose, de Fernande, veuve de guerre, évocation de la grande
© Agnès Mellon
grève du 30 novembre 1938 (la semaine de 40 heures s’assortissait d’heures supplémentaires, on pouvait ainsi travailler 48 heures !) : l’enquête menée par Edmonde Franchi pour construire son spectacle rassemble des témoignages précieux… Les textes sont dits avec une belle et sensible émotion : dépouillés du contexte scénique, ils acquièrent une force d’un autre ordre. Les deux lectrices rappellent l’enjeu principal, la lutte contre l’oubli, la résistance à l’effacement. Elles évoquent la capacité du théâtre à parler du passé au présent, et ainsi à induire un questionnement sur nos représentations de nousmêmes, qui seules peuvent changer les rapports réels entre les sexes…
de la manufacture de la Belle de Mai. Cette dernière insiste sur le caractère essentiel du témoignage oral, «on y entend vibrer quelque chose». Robert Mencherini développe, généralise à partir des témoignages, compare les différents secteurs d’activité. Discrimination, aliénation, assujettissement aussi aux maris auxquels les femmes, par la loi étaient contraintes de remettre leur salaire jusqu’en 1965 ! Le débat qui suit est passionné, passionnant aussi. «La lutte contre le pouvoir, c’est la lutte de la mémoire contre l’oubli» a dit Kundera. Se pencher sur le travail de nos mères n’est pas superflu, pour comprendre la condition féminine actuelle, en particulier celle des femmes au travail, moins payées, victimes de chômage, de temps partiel imposé et de discriminations à l’embauche comme à l’avancement…
De l’anecdotique à l’histoire Trois historiens débattent ensuite sur le thème plus général de la femme et le monde du travail. Caroline Mackenzie, présidente de l’association Les Femmes et la Ville, lit les recherches d’Yvonne Knibiehler, fondé sur les témoignages de quatre femmes de la manufacture des tabacs. Philippe Mioche rend compte de son travail pour rassembler les documents et remet à Jacqueline Ursch, directrice des Archives Départementales, les 20 enregistrements des femmes
MARYVONNE COLOMBANI
Carmenseitas sera joué le 25 mars à l’Espace Gérard Philippe à Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Être et devenir pièce de théâtre. Ainsi partage-t-on les indignations de la jeune actrice Shadi, figure centrale du film documentaire de Maryam Khakipour, tout au long du voyage qui la conduit Women without men de Shirin Neshat
Dédié aux femmes d’exception, le cycle Au nom des femmes initié par l’Alcazar en collaboration avec le Festival Films Femmes Méditerranée et le CMCA, a proposé cette année trois films dont les réalisatrices, chacune à leur façon, mettent en scène des prises de conscience et des combats féminins contre l’injustice ou la résignation. Ainsi suit-on, fascinés par la force poétique des images de Shirin Neshat, l’itinéraire symbolique des quatre iraniennes de Women without men vers un verger métaphorique. Ainsi regarde-t-on, émus et amusés, les neuf paysannes turques du documentaire Oyun de Pelin Esmer, formidables d’énergie et de détermination, reconquérant l’estime d’elles-mêmes et celle des autres, se réappropriant un destin pas toujours drôle, distançant leurs malheurs par la création d’une
avec ses collègues de Téhéran à Paris. L’histoire de ces comédiens de la joie expulsés de leur théâtre, invités par Ariane Mouchkine pour monter un spectacle à Vincennes, révélant en contrepoint toute la perversité d’un système politico-religieux hostile non seulement aux femmes mais aussi au rire et à l’improvisation incarnés par la troupe du Siâ Bâzi proche de notre commedia dell’arte, menée par le Noir, Arlequin-Scapin, fourbe et joyeux. Comme Shadi, ces acteurs, prisonniers de l’auto-censure sournoise que toute dictature instille en chacun, directement menacés par un metteur en scène choisi par le pouvoir pour les surveiller et qu’Ariane remet vertement en place dans une scène d’anthologie, retrouvent sous nos yeux ravis une confiance perdue. ÉLISE PADOVANI
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JOURNÉE DE LA FEMME
Femmes artistes en Méditerranée Le 10 mars se tenait à la Cité du livre d’Aix une table ronde de haute volée, rassemblant cinq artistes exceptionnelles qui ont conjugué leurs voix sur le thème épineux «être femme, être artiste en Méditerranée» Résistant aux obscurantismes qui cherchent à les réduire au silence, dans une politique générale de sclérose de la culture, les femmes des pays du sud de la Méditerranée parlent à rebours des stéréotypes. Premier acte insurrectionnel ! Car si seule la violence est médiatisée, il est des forces de progrès artistiques pacifiques qui répondent aux questionnements existentiels.
Laïcisation Wassyla Tamzali, écrivaine, militante, Directrice du Programme de l’Unesco pour la Promotion de la condition des femmes en Méditerranée, insiste sur la laïcisation, absolue nécessité des pays arabes, rappelle que le féminisme repose sur une recherche d’égalité, de liberté ontologique, et se réjouit de voir des danseuses à ses côtés : le corps est le lieu de la domination dans des pays où on le cache de manière caricaturale, sacralisant une morale sexuelle par ces interdits. La mise en scène du corps est donc essentielle dans les pays du sud méditerranéen, où l’on a remplacé «une grande religion monothéiste qui parle de transcendance par des règles comportementalistes dans lesquelles on réduit l’intelligence» ! Elle évoque ensuite l’Algérie, «qui a 20 ans» et est un «nous magnifique». Mais quel travail austère doit être accompli pour devenir «je» dans le «nous» ! Le féminisme, qui peut toujours attendre, sera-t-il sacrifié à l’autel de la révolution ? «La liberté passe par la destruction des mythes. Aujourd’hui les jeunes filles en Algérie affirment qu’elles ne veulent pas le respect, mais l’égalité. Les jeunes, femmes et hommes, refusent que la libération de leur pays passe par le sacrifice de la liberté individuelle et disent de façon très forte qu’ils veulent être des sujets libres.» Sonia Chamkhi, écrivaine et universitaire, insiste sur le fait que les femmes Tunisiennes veulent un état laïc : la séparation entre la religion et l’état protège les femmes. Pour les Tunisiennes, il s’agit autant de préserver les acquis que de fournir un effort pédagogique en direction des classes les plus déshéritées, proies faciles pour les islamistes qui créent un lien social sécurisant. Cinéaste aussi, elle présentait à Aix et Marseille L’art du Mezoued, (voir ci-contre).
Créer ! Mona Saudi raconte sa vie, extraordinaire, sa relation à la sculpture depuis son enfance, la transgression que cet art représentait alors : sa mère lui disait que les statues étaient des
Le Cri © Laurent Philippe
personnes qui avaient désobéi à Dieu et avaient été transformées en pierres ! Ce qui lui a appris, à rebours, que sans liberté, il est impossible de créer… Libre, elle l’a été, partant pour le Liban à 17 ans, liant des amitiés avec les intellectuels, vivant de ses dessins et surtout, de ses sculptures. Visiter l’exposition de ses œuvres en hommage à Saint-John Perse est un bonheur : les illustrations de Chant pour un équinoxe, traduit en 10 langues, jouent avec l’esthétique minérale. «Je dessine comme je sculpte, je suis restée liée à la terre.» La pierre se décline, remodelée en une géométrie intérieure mouvante. Au sein d’un même espace, les variations se révèlent infinies. Danse cosmique aussi des dessins inspirés du poème Tablettes de Petra d’Andonis, les écritures et les formes s’enlacent en échos majeurs. Les chorégraphes des deux spectacles présentés au Pavillon Noir, plus jeunes que les autres intervenantes, n’éprouvent pas le besoin d’affirmer leur féminisme avec la même force. «Nous sommes femmes, tout simplement» s’exclame Bouchra Ouizguen dont le spectacle Madame Plaza montre bien qu’elle «n’aime pas les cases» (voir zib’25). Nacera Belaza quant à elle évoque le voyage intérieur qui lui a permis d’aller à la rencontre d’elle-même. «Soi est un univers», l’art est une conséquence de l’introspection. Sa révolte, est «sourde, sculptée, canalisée pour sortir au fil du temps.» Elle cherche ainsi le point de jonction entre
vie intérieure et chorégraphie. Son spectacle, Le cri, est une danse de l’immobilité. Les seuls mouvements des bras rythment l’espace en de lancinants émois, un Boléro de Ravel soufi. Ce mouvement immobile comme immuable nous fait pénétrer dans une intériorité exaltée. Nous sommes en face d’un tableau où les lignes inlassables exacerbent l’espace. Sur le support vidéo, l’accélération des gestes se résout en monolithes épurés. Visiblement la femme est née. MARYVONNE COLOMBANI
Le Cri a été dansé les 11 et 12 mars, Madame Plaza le 9 mars au Pavillon Noir. Exposition de Mona Saudi Hommage à Saint-John Perse jusqu’au 11 juin à la Cité du livre, Aix.
POLITIQUE CULTURELLE 17
La femme mémoire du peuple ? Rencontre avec une tunisienne, universitaire, écrivaine et cinéaste Sonia Chamkhi, qui a participé à la révolution tunisienne, «venue des couches populaires d’abord et pas des classes moyennes comme on a pu l’entendre», était invitée par la Cité du Livre à Aix pour la table ronde Être femme, être artiste en Méditerranée. Sonia Chamkhi a présenté deux de ses films à l’Institut de l’Image, et un documentaire au CRDP L’Art du Mezoued. Zibeline : D’où vous est venue l’idée de réaliser un documentaire sur le Mezoued ? Sonia Chamkhi : Le mezoued est d’abord un instrument de musique, une cornemuse traditionnelle fabriquée avec une peau de chèvre, qui a donné son nom à un genre de musique populaire, un art interdit pendant les années Bourguiba, aseptisé sous Ben Ali. C’est un art issu de l’exode rural ; au départ, ce sont des ouvriers, célibataires, qui chantent et dansent leur exode, leur
Sonia Chamkhi © A.G
rejet parfois. Ils l’ont transmis à leurs enfants et avec le développement des cassettes, ils ont fait concurrence à la musique arabo-andalouse : cela a indisposé l’élite tunisienne. Paradoxalement, c’est une musique que tout le monde connaît et apprécie, qui a un succès populaire incroyable. Une musique d’hommes, essentiellement ? Oui ! Un univers, masculin, viril ! Un
Quand une femme dit non, c’est NON ! Le 8 mars pour la Journée Internationale des Femmes, l’association des Femmes Chefs d’Entreprise de Marseille et d’Aix-en-Provence et les Rencontres Films Femmes Méditerranée ont décidé de présenter à l’Alhambra le film d’UN réalisateur iranien, Kambozia Partovi. Parmi le public qui a fort apprécié la projection, une trentaine de femmes chefs d’entreprise de la région.
art privé de mémoire, de traces. J’ai décidé de faire un film sur cet art «underground», contestataire, qui risque de se perdre, qui est méprisé par l’élite responsable de son exclusion de l’enseignement musical en Tunisie, même au Conservatoire des Arts populaires. C’est une musique basée sur l’improvisation qui raconte les gens, leur quotidien. Le projet n’a pas dû être facile à monter… Non ! C’est une auto production ! J’ai entamé des démarches pour le financement, sans succès, alors je l’ai réalisé avec mes économies. J’ai fait des recherches pendant deux ans et des repérages durant six mois : aucun document écrit, aucune étude musicale, aucun répertoire des musiciens. J’ai travaillé avec un musicologue et un spécialiste des expressions populaires qui m’ont beaucoup aidée. Je suis allée dans les quartiers populaires rencontrer des musiciens qui m’ont impressionnée.
Le film Café transit retrace la résistance d’une femme iranienne, à la frontière irano-turque. Après le décès de son époux, Reyhan (interprétée avec beaucoup de sensibilité par la femme du réalisateur, Fereshteh Sadre Orafaiy) devrait, selon la coutume du lévirat, épouser son beau-frère, Nasser, qui s’occuperait d’elle et de ses deux enfants. Elle refuse et choisit de rouvrir le restaurant routier que tenait son mari. Et ça marche ! Les routiers s’arrêtent et apprécient les plats alléchants qu’elle leur concocte cachée dans sa cuisine, en particulier, Zacharias (superbe Nikolas Padapopoulos qui en a fait «craquer» plus d’une dans la salle !), un Grec à qui elle fait oublier son chagrin d’amour. Elle prend sous son aile Svieta, une jeune Russe qui a fui la guerre. Et c’est avec beaucoup de Cafe Transit de Kambozia Partovi nostalgie que tous deux se souviendront de ces moments passés dans le «nid» bleu, de Reyhan, que Nasser réussira à faire fermer, sans parvenir à la soumettre. Ce film, réalisé par celui qui a été le scénariste des films de son ami Jafar Panahi -Le cercle et Le Ballon blanc-, a le mérite de montrer que la ténacité des femmes paie. Jusqu’en Iran ! ANNIE GAVA
J’ai pu mettre un visage sur des musiciens dont les gens autour de moi adoraient la musique comme Salah Farzit. Comment le film a-t-il été accueilli ? Il est sorti le 14 août 2010 au cinéma l’Afric’Art à Tunis et a reçu un accueil enthousiaste. Salah Farzit y était présent. «A chacun de mes succès, je suis arrêté par la police. Pourquoi ? Pas la moindre réponse. Au commissariat, ne sachant que faire de moi, on finit par me relâcher. Mais c’est comme ça…», dit- il dans le film. Ce soir-là un tabou a été dépassé. Comment conciliez-vous votre travail en cinéma et votre activité d’écrivaine ? J’écris entre deux films, période qui dure environ 4 ans. Ce n’est pas évident de faire des films en Tunisie ! PROPOS RECUEILLIS PAR ANNIE GAVA
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THÉÂTRE
LE GYMNASE | LA CRIÉE
Le théâtre et la fête Jean-Pierre Vincent et Bernard Chartreux ont déniché un formidable défenseur du théâtre populaire : Marivaux ! Contempteur de Rousseau et de ses terribles positions pour la fête de village contre le spectacle, le plus subtil de nos dramaturges campe le plus épais de nos philosophes en une bourgeoise de campagne à l’horizon intellectuel limité, l’opposant d’un côté à la solide sagesse populaire de ses gens, et de l’autre aux subtils jeux intellectuels, un peu pervers, de la noblesse parisienne. La provinciale s’en sort fort mal, et le théâtre triomphe ! Jean-Pierre Vincent met en scène cette pièce composite, étonnante, didactique par endroits puis subtilement sadienne, en la confiant
en bois, de foin, d’un réalisme sans distance et sans ironie ; mais le théâtre populaire triomphe, et en sortant on s’étonne des projecteurs inutiles braqués sur le ciel marseillais pour signaler que «Marseille accélère». Depuis 1760, on n’a guère avancé dans la réflexion sur la culture, et les «piquets couronnés de fleurs» (voir p 11) que Marivaux raille philosophiquement continuent de tenir lieu d’appel à la fête, et de camoufler notre commune aspiration à l’art… AGNÈS FRESCHEL © Pascal Victor
pour l’essentiel à de formidables jeunes acteurs formés dans nos écoles d’État, et sans recourir à des têtes d’affiche.
Le public est là, comprend, s’amuse. On peut s’étonner du choix scénographique d’une arrière-cour, de pommes
Les Acteurs de bonne foi ont été joués au Gymnase du 15 au 19 février
Un pied dans la farce… Femme debout
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
À venir Un Pied dans le crime se joue jusqu’au 27 mars à La Criée © Brigitte Enguerand
Vienne, début du XXe siècle ; on en reconnaît la vague rumeur «moderne» du tram dans la rue et la rousseur fauve des cheveux -coupe Egon Schielede Zerline/ Marilù Marini ; une chambre en ville, gris impeccable et lit défait au pli près. Un jeune locataire va servir d’oreille inattentive puis franchement lassée au récit de la servante vieillissante mais fougueuse ; un non-personnage qui en fait sans doute trop avec ses mines effarouchées, sa robe de chambre à carreaux et son air niais. Du récit au quasi monologue, la parole de Zerline convoque tout une époque, une société de frus-trations, d’hypocrisie instituée au cœur de l’ordre bourgeois supposé immuable : l’épouse adultère enfante en silence la bâtarde, la servante se fait prendre fur-tivement les seins et tout s’achève au pavillon de chasse. Confort pourrissant d’un siècle qui va imploser: le plafond de la chambre a craqué le premier, béance voilée, poche de lumière et de mémoire qui va faiblement éclairer la bouffée verbale crue, féroce et cynique de la femme qui a osé ! De Maeterlinck à Claudel, Yves Beaunesne aime les beaux textes qui font vivre des personnages singuliers à l’aigu des sentiments et à l’abri des jugements ; Marilù Marini, égérie d’Alfredo Arias, «femme assise» de Copi, endosse un rôle marqué par l’interprétation © Guy Delahaye
…et un pied seulement dans le crime, chez Labiche on n’est jamais totalement un assassin ! Peu importe l’intrigue d’ailleurs, une histoire de relations de voisinages empoisonnées, l’essentiel est ailleurs : dans le portrait féroce des petits-bourgeois du Second Empire, dans la caricature d’une vie morne et plate, dans la peinture au vitriol de caractères plus ou moins pitoyables. La galerie est artificielle mais drôlement efficace : un polisson (inénarrable Dominique Pinon), une vieille rosse (Philippe Torreton plus vrai que nature), un fourbe (admirable Jean-Pol Dubois), une dame du monde (la piquante Valérie Keruzoré)… Rien ni personne n’est épargné, pas plus les mœurs que la politique, ou les petites mesquineries qui rendent ces philistins finalement très humains. Entre deux rebondissements, trois quiproquos, pléthore de sous-entendus et d’inventions cocasses entrecoupées de rares silences dramatiques et de parties chantées reprises en chœur par le public, la pièce file à vive allure. C’est que Jean-Louis Benoît fonce bille en tête dans le burlesque, la parodie et rebondit avec allégresse sur la partition de Labiche, sa démesure, son outrance et son réalisme ! Les dialogues pétaradent, les chaises tombent, les voix s’échauffent, les visages grimacent, les perruques s’ébouriffent, les faux nez rougissent, c’est l’apocalypse sur le plateau… Emportés dans ce tourbillon pendant plus de deux heures, les acteurs excellent, virevoltent, transpirent, offrent leur talent généreux à un public chauffé à bloc par la joie de se retrouver au Grand théâtre de La Criée fermé depuis trois ans. On ne pouvait espérer meilleur divertissement -dont Labiche s’est fait le chantre- pour faire la fête au Théâtre !
de Jeanne Moreau ; le monde que cette dernière, impavide, convoquait de loin et de haut, elle le broie, vibrante, de ses mots carnassiers, avec sa voix un peu cassée et son accent qui redouble les grincements de cette parole libre ; la sécheresse cassante de son anathème «bastringue des sentiments!» ravale tout le reste du décor et de la mise en scène au rang d’accessoires ! MARIE JO DHÔ
À venir Le Récit de la Servante Zerline, tiré des Irresponsables d’Hermann Broch, mise en scène de Yves Beaunesne est donné à La Criée jusqu’au 19 mars 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
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THÉÂTRE
LA FRICHE | LENCHE
Chiant comme la mort ! grité de ses acteurs, faisant art de la décrépitude des corps et des sentiments dans ce qu’elle a d’inéluctable : sa réduction au néant. Avec le talent d’un chef d’orchestre despotique et paradoxalement tendre, un sens aigu des déplacements, des diagonales des corps dans l’espace. Attitude perverse ou posture subversive, la question demeure tant il façonne ses acteurs à la manière du peintre son modèle, décidant leur mise en lumière comme leur mise à mort. Notre silence signifie-t-il notre acceptation ? notre caution ? En guise d’absolution on feint d’être au théâtre et que cela n’affecte en rien leur vie, la nôtre, car cette partie d’échec humaine interroge la nécessité d’une distanciation entre le théâtre et la vie…
© Francis Blaise
Ceci n’est pas un spectacle. Ceci est une pièce de théâtre sur la dilatation de l’espace entre un texte «intimement lié aux corps» et l’histoire des acteurs, sur l’ambiguïté relationnelle entre un metteur en scène et ses acteurs. À sec de François-Michel Pesenti revêt les habits de la peinture expressionniste allemande dans l’âpreté de sa représentation, glaçante comme la lame d’un couteau, sans décor ni musique, où seuls les acteurs comptent. Et les mots, d’une crudité parfois blessante qu’il lance depuis son pupitre aux visages d’Henriette Palazzi, comédienne âgée totalement nue («le sein néanmoins amaigri et la fesse tombante»), de Marcelle Basso, Eric Feldman, Marianne Houspie, Emmanuèle Stochl et Pierre Palmi, fidèle parmi les fidèles qui signe l’un des moments forts de la pièce. Dernières minutes durant lesquelles il tranche dans le vif, sanguin
et charnel, éructe, aboie, miaule à l’aube de sa mort et nous jette à la figure «je ne veux pas être enterré !». Car tout ici questionne notre finitude, nos der-
niers désirs et nos derniers rêves. Tous lancent un ultime cri de guerre contre la débâcle annoncée. Une fois encore François-Michel Pesenti éprouve l’inté-
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
À sec a été joué du 17 au 24 février à la Friche Belle de mai
Foire d’empoigne
M.G.-G.
Baraque de foire a été joué du 1er au 5 mars au Mini-Théâtre du panier/Théâtre de Lenche © X-D.R
Jumeaux inversés Abel et Bela a 30 ans, et est toujours aussi savoureux. Le prétexte du texte de Robert Pinget est simple ; deux comédiens au chômage, un pessimiste et un optimiste, tentent de s’écrire une pièce et élaborent des synopsis et des répliques qui les mèneront du boulevard au dialogue philosophique, en passant par le trash, l’introspectif et l’absurde. Un panorama gentiment caustique des écritures dramatiques se dresse ainsi, tout en abyme, permettant au passage d’évoquer la mort, de réfléchir à l’essence de l’écriture dramatique, et de laisser la place à quelques numéros d’acteurs au cœur d’un système de reprises et variations bien huilé par l’auteur dans ses romans. La mise en scène d’Eric Louviot confie d’ailleurs totalement la barre aux comédiens : deux chaises, deux mannequins et des ronds de lumière suffisent à évoquer les espaces imaginaires que seuls leurs mots mettent en place. Roland Peyron et Maurice Vinçon interprètent les deux anagrammes en leur donnant de la chair : un peu trop visible et énergique pour l’optimiste, plus retenue et secondaire pour Maurice Vinçon. Une petite heure de théâtre nu qui fait agréablement confiance au texte… A.F.
© Christiane Robin
Manifestement Baraque de foire est politiquement incorrect ! Jérémie Beschon «brûle de concert les manèges de l’éducation, de l’entreprise, de l’industrie du spectacle» dans un texte aux méandres incertains… Difficile de suivre le cheminement tortueux de sa pensée, parfois opaque, qui joue à saute-moutons : d’une parodie de cérémonie de jeu télévisuel à une séance de management entrepreneuriale, de l’apprentissage scolaire qui stigmatise les tentatives désespérées des élèves à mémoriser un texte inepte à la justification cynique d’un mercenaire de la Françafrique… jusqu’au bouquet final : un coup de griffe désopilant sur les politiques culturelles plus préoccupées de rentabilité et de chiffres que de sens et de signes. Dans cette partie d’échec où l’on ne sait plus très bien qui est le roi adverse (sur un plateau parsemé de cubes noir et blanc), Virginie Aimone tire son épingle du jeu avec talent. En un clin d’œil et une variation de lumière, un effet de smoking et un sourire carnassier (troublante ressemblance avec Joker dans Batman), elle endosse tous les rôles avec aisance, plus Madame Loyale que jamais !
À venir Abel et Bela, créé le 8 mars au Théâtre de Lenche, y est joué jusqu’au 26 mars. 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
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THÉÂTRE
LA MINOTERIE | LES BERNARDINES | LE MERLAN
Parabole pacifiste
© Linda Lemaire
Dans une scénographie de la plasticienne Linda Lemaire dont La Minoterie présente l’exposition de maquettes de cabanes fort intéressantes, deux jeunes enfants d’une dizaine d’années, un garçon et une fille, se rencontrent de chaque côté d’une frontière de pierres. C’est comme un jeu, on peut sauter d’un côté à l’autre. Lui, c’est Ferhat (Brahim Tekfa), le Palestinien, qui vit dans un village de tentes ; elle, c’est Lirane (Wilma Lévy), l’Israélienne, elle habite une maison avec de l’eau courante. Ferhat attend qu’il pleuve pour pouvoir boire et se laver tandis que Lirane joue avec l’eau pour laver sa poupée. Au fur et à mesure de leurs rencontres se dessine l’histoire de leurs familles mais aussi celle de deux peuples, avec les attentats, les morts des deux côtés. Un
déluge de plusieurs jours, évoqué par un court métrage projeté sur un drap, précipite les enfants dans le drame. Ils
se construisent alors un habitat de fortune pour survivre ensemble. Un oiseau protecteur (Abdel Waheb Sefsaf,
compositeur) donne la note musicale du spectacle, à la fois jazzy et orientale. La mise en scène est assurée par Wilma Lévy, sous le regard complice de Znorko du Cosmos Kolej avec lequel elle travaille, tout en accomplissant un travail de création au sein de la Compagnie des Passages, créée en 1998. Elle s’y attache aux textes contemporains comme ici celui de Daniel Danis, qui propose une parabole : une réconciliation et une fin des conflits sont-ils envisageables à travers l’amitié des deux enfants ? CHRIS BOURGUE
Sous un ciel de chamaille s’est créé à La Minoterie en février
Ynaudible
Cette année-là…
... et s’il me plaît à moi de mettre un i à deux bras pour éprouver mon lecteur... caprice... blague de potache... c’est à peu près ce que donne à entendre le projet complexe, et donc «inutilisable» selon les concepteurs et la feuille de salle, de Mélanie Stravato et Erwin Voisin invités par le théâtre des Bernardines à occuper la scène (pour ça , rien à dire : entre les plantes vertes, les écrans, les fauteuils, canapés , table à repasser et autre renard empaillé, le cahier des charges est honoré et c’est plutôt rigolo !). Le titre déjà intriguait avec sa césure illégitime Vers / Thésée et sa parenthèse académique (Épopée)... Bon on se savait embarqué pour un moment disons... de poésie et peut-être de mythologie. Le labyrinthe oui («dédale» est un mot qui surnage dans le texte qui court ses deux heures tout en ruptures de rythme et fatras foutraque), mais manque Ariane, bien qu’elle soit prévue dans la distribution mais profil NASA et déjà explosée... C’est un feuilleton ; il y a Blaise et il y a Fritz (ou frites peut-être, on entend mal vous dis-je), une violoncelliste croate (ça donne de l’âme parce que Dubrovnik, Sarajevo... vous vous souvenez ?) et un batteur qui meurt, pour la rime sans doute... Cadavres exquis, collages et fantaisie mais n’est pas Daniil Harms qui veut ! Et contre quoi et contre qui revendiquer et diriger cette liberté qui tourne à vide ou à trop plein (ici c’est pareil) ? Faites-en quelque chose, jeunes gens, de ce plateau et de cette parole offerte, de cette latitude !
… c’était l’année 73. Le jeune Massimo Furlan, exceptionnellement autorisé à regarder la télévision, suivait en famille la 18e édition du Concours Eurovision de la Chanson. À son habitude, l’artiste performeur italo-suisse part d’une anecdote autobiographique pour explorer la mémoire collective. En 2007, au Vélodrome, il a rejoué (seul !) la demifinale du mondial de football de 1982. En 2010, c’est au divertissement télévisuel qu’il adresse un © Pierre Nydegger clin d’œil amusé avec 1973, qui fait revivre le kitschissime concours de chansons européennes (dont, bizarrement, Israël faisait partie !).Voici donc que retentit l’hymne célèbre de Charpentier, que résonne la voix de Pierre Tchernia et que, sur grand écran, est projetée l’émission originelle, grain et sauts d’images compris. À l’avant-scène, Pino Tozzi, double fictif de Furlan, interprète, perruques et costumes à l’identique, 4 chansons successivement. On rit franchement des tenues, des coupes de cheveux et surtout des postures et des chorégraphies, plus ringardes les unes que les autres, mais sur le coup on prend peur. On ne va pas avoir droit aux 17 quand même ? Heureusement Furlan fait de la suite de son évocation une variation scénographique subtile, à coup de juxtapositions souvent hilarantes, entre pseudo candidats (aux excellentes parodies) et gloses savantes (sérieuses et décalées à souhait), d’effets sonores et visuels très malins. La chanson populaire, qui fait mesurer le passage du temps mais aussi resurgir intacts les instants d’un passé révolu, devient alors la nouvelle madeleine de Furlan. Et la nôtre !
MARIE-JO DHO
Vers / Thésée (Epopée) de Mélanie Stravato a été créé par Mélanie Stravato et Erwin Voisin aux Bernardines du 8 au 13 mars © Isabelle Schneider
FRED ROBERT
La reprise de 1973 a ouvert la manifestation organisée par le théâtre du Merlan sous le titre de Courage…Rions ! Premier des 6 spectacles proposés jusqu’au 30 avril, il témoigne de la tonalité générale du projet, qui vise à «élargir l’éventail du rire et [à] lui rendre sa liberté» (voir page 35 et 92). 04 91 11 19 20 www.merlan.org
GAP | MARTIGUES | DRAGUIGNAN
THÉÂTRE
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Croire au théâtre On vit une époque de méfiance généralisée envers le théâtre. Entre ceux qui lui préfèrent des arts prétendument populaires, les stars et le divertissement, et ceux qui ne jurent que par les croisements, se méfient du texte et abhorrent les personnages, les metteurs en scène qui croient encore au théâtre sont rares… et les directeurs de scènes ne sont pas ses meilleurs défenseurs ! Chez les Parnas on y croit. Dur comme fer, avec un talent fou, et sans une once de passéisme : en inventant des formes qui ne renoncent pas au jeu, à l’émotion, au texte ni aux images, mais cherchent de nouvelles voies pratiques et efficientes à l’intérieur de cet art-là, non aux frontières. Lignes de faille est un grand moment de vrai théâtre. Pourtant Catherine Marnas s’est attaquée à un roman, une épopée qui remonte le temps jusqu’à l’origine du mal : la forme n’en est pas naturellement dramatique, et un jeu délicieux s’instaure entre le narratif et la représentation. Des glissements s’opèrent, plus ou moins soulignés, entre le récit des enfants-narrateurs et la représentation des scènes qu’ils évoquent. Ils y emmènent les spectateurs qui les suivent, plus de quatre heures durant, sans une seconde de décrochage, de plus en plus enfoncés dans l’histoire, comme en une psychanalyse collective de nos traumatismes communs. Car ce sont nos guerres intimes qui sont évoquées, celles qui construisent notre présent historique entre USA
Pietri déchirants en enfants mal aimés, Olivier Pauls si touchant en père juif, Bénédicte Simon terrifiante en mère californienne castratrice, et si bienveillante en nazie. Car il est question des racines historiques du mal, des combats qui divisent notre psyché contemporaine : croire au théâtre induit aussi que l’on connaisse ses vertus cathartiques, son essence politique, son commerce avec l’histoire et les mythes. Les Parnas ne les oublient jamais… AGNÈS FRESCHEL © Pierre Grosbois
et Islam, Sionistes et Palestiniens, beatniks et bourgeois, Nazis et… Le roman de Nancy Huston se déploie sous les yeux comme un espace imaginaire derrière une porte intérieure. Tout est subtil, la vidéo et la musique enregistrée qui s’effacent quand le temps recule, pour laisser place au piano et aux voix. Les couleurs franches des costumes et des éclairages qui campent avec rien les changements de décor et d’époque. Mais surtout, les comédiens sont prodigieux ; de précision, de mémoire, de métier, dirigés dans chacune de leurs intentions, drôles avec légèreté et distance, puis régurgitant des éclats de désespoir ou d’angoisse qui vous coupent le souffle… Tous bouleversent, Franck Manzoni et Catherine
Lignes de Faille a été créé à la Passerelle, scène nationale de gap, les 12 et 13 mars
À venir Théâtre de Draguignan Le 18 mars à 19h 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com Les Salins, Martigues Les 24 (1re partie) et 25 mars (2e partie) à 20h30 Le 26 mars (intégrale) à 19h 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr www.parnas.fr
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THÉÂTRE
MARTIGUES | LES ATELIERS | LE VITEZ
Mère tragique Le texte que Mustafa Benfodil a écrit pour la Cie L’orpheline est une épine dans le pied est par moments d’une grande beauté. Choisissant de faire
dialoguer une mère alternativement avec son fils à plusieurs âges, il raconte comme on assemble une mosaïque le destin tragique d’un enfant d’Algérie, Audrey Ruzafa
et d’une femme qui n’a que sa maternité comme raison de vivre. Trois comédiens et un danseur incarnent Tarik in utero, Tarik noyé en Méditerranée lors de sa traversée clandestine vers l’Europe refuge, Tarik jeune adulte qui se perd dans le marais économique, sexuel et politique que l’Algérie réserve à ses fils. Tous trois répondent à la mère qui raconte sa grossesse, les coups de son mari, son échappée, ses espoirs de mère qu’elle symbolise en narrant à son enfant les aventures d’Ulysse et l’épopée de Télémaque, tandis qu’au lointain un danseur dessine les élans retenus d’un corps plein d’énergie vaine. Dans la petite salle du Bout de la nuit, aux Salins, la mise en scène de Julie Kretzschmar souffrait d’un manque de profondeur : la proximité écrasait
les acteurs, qui projetaient leur douleur quand on attendait qu’ils murmurent leur peine. Ces dialogues faits de monologues croisés, difficiles à mettre en scène, ne se résolvaient que dans un jeu face public trop systématique, et inégal. Si Thomas Gonzales parvenait avec talent à jouer les nuances d’un texte tout en finesse, les autres se laissaient piéger dans des attitudes tragiques monolithiques parfois plombantes. De très belles images persistent cependant, visuelles et poétiques, qui mériteraient de se déployer dans de plus vastes espaces. AGNES FRESCHEL
De mon hublot utérin je te salue… a été créé à Martigues les 8 et 9 mars dans le cadre de Mare Nostrum
Du temps vert printemps Il s’en est passé des choses avant l’invention de la pédagogie, de Dolto, du portable et de la PSP ! Le Voyage sur place s’attache à évoquer cette époque antédiluvienne où la télévision n’occupait pas le cœur de la maison, où l’on tombait amoureux de la capitaine des majorettes, où l’on entrait à l’Harmonie de la basse Ardèche, où l’on était tambour, avec délectation, où l’on participait à la retraite aux flambeaux, enfin sans les parents, où la 403 était le comble du nouveau luxe, où l’on jouait avec les allumettes, où l’on partait au camping de l’Espiguette et c’était déjà le bout du monde… Le texte autobiographique d’Alain Reynaud, d’une fraîcheur irrésistible, nous embarque dans le récit à la fois sensible et ironique de la vie d’un petit garçon qui décrit avec ses mots le monde des adultes, les commerçants, l’école (la promenade des instituteurs pendant la récréation est magnifique !), les grands… une délicieuse galerie de portraits, le père, menuisier, la tante Simone, le grand-père, les voisins… théâtre du
quotidien commun à tous, dans lequel nous retrouvons des souvenirs, où émerge la saveur tendre du passé, une vraie petite madeleine ! La mise en scène est d’une exquise efficacité, le duo Alain Reynaud/Alain Simon fonctionne avec une rigueur de métronome, les passages de parole, de bruitages, (le karting ? on s’y croirait ! et la sonnerie aux morts est plus vraie que nature !), les gestes sont réglés à la perfection. Ah ! le jeu du tambour qui glisse ! une mécanique absurde, une chorégraphie clownesque impayable ! On rit beaucoup dans ce spectacle au rythme endiablé, duquel sourd cependant une indicible émotion. M.C.
À noter Voyage sur place est joué au Théâtre des Ateliers, Aix, jusqu’au 20 mars Théâtre des Ateliers 04 42 38 10 45 www.theatre-des-ateliersaix.com/blog © X-D.R
Probablement Du cinéma, passer au théâtre, la démarche est originale, l’inverse se pratiquant davantage ! Pari difficile que d’égaler la force réaliste de l’image projetée sur un écran, par les artifices de la scène. Difficulté encore de se mesurer au cinéma de Robert Bresson, à ce style austère, si puissant et © Jules Bezza distancié à la fois. Provocateur aussi de porter au théâtre une œuvre du cinéaste qui voulait justement expurger du cinéma l’esthétique d’un «théâtre filmé» ou d’une «littérature filmée», la fausseté même du jeu dramatique. Le projet d’adaptation du film Le diable probablement de Bresson relève donc de la parfaite gageure ! L’atelier de création de l’université s’est attelé à une lourde tâche. Travail collectif, des acteurs à la médiation culturelle en passant par les postes de régie. En ce sens, c’est une réussite, la salle est comble. La mise en espace, le découpage scénique, le jeu des transparences est tout à fait bien venu, et la mise en scène de Frédéric Poinceau soutient efficacement l’ensemble : les étudiants s’efforcent de retrouver la «diction blanche» que le cinéaste exigeait de ses modèles… Mais, si les premières scènes sont assez vives et donnent un certain élan, on a du mal à passer l’anecdote : la relation au public, composé essentiellement de familiers, nuit à l’établissement d’une réelle tension. Il rit, non des répliques ou des jeux de scène comiques, mais par complicité avec les étudiants. Le rôle joué n’est pas perçu, et cela fausse toute la réception. Une mise en scène qui mériterait de se confronter à un vrai public, et à des acteurs plus formés et moins lisses ! M.C.
Le diable probablement mis en scène dans le cadre d’un atelier universitaire a été donné au théâtre Vitez du 8 au 12 mars
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THÉÂTRE
OUEST PROVENCE | PORT-DE-BOUC | AVIGNON
L’homme et la machine
Sortie d'Usine © X-D.R.
Dans la plaine de la Crau, à Fos-sur-Mer, l’usine d’ArcelorMittal s’étale sur 1650 hectares. Spécialisée dans la fabrication de bobines d’acier (4 500 000 tonnes d’acier par an) pour l’automobile, le bâtiment, l’emballage l’électroménager…, elle emploie quelque 2700 salariés, sans compter 1500 cotraitants. C’est immense, impressionnant, et les yeux seuls ne permettent pas d’en faire le tour. Le Théâtre de Fos accueillait le comédien Nicolas Bonneau pour deux de ses pièces, dont une sur la mémoire ouvrière ; une visite s’imposait, pour se plonger dans cet univers opaque, lointain, peu connu du public qui n’en a souvent que des échos de luttes, sans parler de la connotation péjorative du terme «ouvrier»… Zone sous haute surveillance -la route dessert aussi le dépôt pétrolier de Fos-, mais dont Serge Geairain, responsable des activités sociales et culturelles du CE, nous ouvrit les portes. Ce dernier n’a de cesse de vouloir faire se côtoyer ouvriers et artistes par le biais d’échanges, de propositions de spectacles (le travail très étroit mené avec Françoise Marion à Fos et sur Ouest Provence le prouve), donnant à la culture, aux arts une place indispensable au sein de l’entreprise. De la visite en voiture des images, fortes ; des fours de la cokerie dans lesquels le charbon est distillé avant de partir dans les hauts-fourneaux où se fabrique la fonte, puis l’aciérie où se feront les mélanges jusqu’à la coulée continue, solidification de l’acier transformé en brames (bloc d’acier qui pèse une vingtaine de tonnes) passés dans le laminoir pour former les bobines…
Sortie d’usine Le lendemain soir, au théâtre, l’attention était palpable. Car le spectacle, écrit et joué par Nicolas Bonneau parle d’eux. Et d’autres aussi, des ouvriers dont il a recueilli la parole lors d’un collectage de plusieurs mois en Poitou Charente. Sur scène il est à la fois l’auteur et les personnages, donnant du recul à son récit lors de «pauses syndicales» où il se met en scène aussi. Pour faire vivre ces hommes et ces femmes qui d’emblée pensaient ne rien avoir à dire, un bleu de travail, une lampe, une chaise. Rien de plus, et cette voix nue qui occupe l’espace jusqu’à donner corps aux personnages. Sans misérabilisme ni jugement, avec beaucoup de pudeur et de tendresse il incarne le taiseux Gilbert Simoneau, soudeur à la retraite, et sa femme Catherine, ouvrière dans la confection, Philippe, délégué syndical survolté, les filles de l’atelier de couture (moment particulièrement savoureux !), l’ancien, tuilier qui ne vendra pas son usine ; il incarne aussi les machines, bruyantes, fatigantes, usantes… Tous lui ont demandé pourquoi il faisait ça, qui ça peut bien intéresser l’usine ? La fin du spectacle apporte une réponse, explique l’urgence et la nécessité de raconter. Car Nicolas Bonneau est le fils d’un ouvrier soudeur qui un jour a quitté «son» usine, fatigué «d’être pris pour un con». Et l’hommage de prendre toute sa dimension. DOMINIQUE MARÇON
Sortie d’usine a été joué le 12 mars au Théâtre de Fos
«Je n’écrirai plus» C’est paradoxalement un hymne à la vie que propose Joëlle Cattino dans Hey mambo ! ou le métier de vivre, alors même que le personnage principal de sa pièce est Cesare Pavese. Car s’il s’agit bien des dernières heures de vie du poète, philosophe, romancier qui se donna la mort dans une chambre d’hôtel en 1950, la metteuse en scène prend le parti de la légèreté en invitant sur scène deux personnages étranges, clowns-philosophes qui s’insinuent dans l’ultime introspection de l’homme échoué sur son canapé rouge, et en ponctuant certaines scènes de joyeuses chansons italiennes. La confidence se fait alors cruelle, le texte de la pièce alterne des passages du journal intime de l’auteur, Le Métier de vivre, des poèmes, et l’évocation de l’enfance, de l’exil, de ses amours
déçus. «Aujourd’hui rien», écrit à la craie sur la scène accompagne cette lente et inexorable fin, tandis que les clowns moqueurs, mais pudiques, en pleine élaboration de leur repas, tentent d’alléger ce désespoir. Et quand tout semble terminé, le retour des deux clowns ponctue l’hommage à Pavese, et comme dans un éternel recommencement ils reprennent la pièce, tandis que résonnent encore les notes joyeuses du mambo… DO.M.
Hey mambo ! ou le métier de vivre a été joué au théâtre Sémaphore à Port-de-Bouc le 11 mars
Déglingue du monde moderne Jean-Yves Picq, comédien, metteur en scène, directeur du département théâtre du Grand Avignon, auteur d’une trentaine de pièces, se fait aussi lecteur. Passeur d’une armada de personnages qui se croisent dans un monde en déglingue, souvent accompagné musicalement, ici par le trublion sonore Fred Giuliani. Avec Franz, 3e lecture présentée aux Halles, la pièce est longue (près de 2 heures) et, malgré un vrai sens du rythme et un don pour titiller l’imagination, impose une volonté d’acier aux spectateurs. Picq raconte le parcours d’un
violoncelliste en rupture dans un orchestre d’une province de l’Est. Le héros (malgré lui) aboie en plein concert parce qu’il trouve «la musique mortelle» et se retrouve prisonnier dans les rouages d’une défaite annoncée. Se croisent une momie qui en a ras le bol de l’humanité, une fillette qui vend son enfance au marché noir, une petite mère du peuple déçue par son fils… Témoin de la rapidité de la marginalisation du monde moderne, le lecteur jongle et slame allègrement parmi les personnages plus philosophes qu’ils en ont l’air. «Le mieux n’est jamais sûr mais le
pire est certain.» Un cauchemar burlesque dans laquelle Fred Giuliani sort son sampler du jeu, s’engouffrant dans les (fines) interstices de l’histoire et créant des ponctuations sonores al dente et pleines d’humour. DE.M.
Franz s’est joué aux Halles, Avignon, le 10 mars
CAVAILLON | FNCTA | ERAC | LA CITÉ
Noces barbares
Ce soir, on est invité clandestin à la table d’une noce étrange. Une table centrale autour de laquelle on s’installe de part et d’autre, en même temps que les comédiens du collectif D’ores et déjà, dans un cadre de lumière partagé qui se resserrera au fil de l’intrigue. Positionné en voyeur d’une comédie familiale qui va tourner au vinaigre -c’est prévisible vu la mine de la mariée et l’omnipotence du père-, on s’attable à la conversation efficacement enchevêtrée, comme un vague et silencieux ami de la famille qui se demande quand même s’il a bien fait de venir. Il y a les jeunes mariés qui n’arrivent pas à en placer une. Le père, organisateur de la soirée qui mène la cène à la baguette, le frère passager discret et poète refoulé,
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le voisin trop dévoué pour être honnête, le collègue lèche-botte, le couple d’amis enfanteurs et le présentateur dégoulinant de fond de teint et de savoir mondain. Sur la forme ce Père Tralalère, organisé par Sylvain Creuzevault et les acteurs créateurs à part entière du spectacle, est un festin qui casse magistralement les codes du théâtre, sur le principe de l’improvisation réfléchie, garantissant la maîtrise © X-D.R. du réel et du fantasme. Mais à force d’effets, d’hémoglobine et de ruptures sauvages, de poncifs en révélations brutales, d’enchaînement de réceptions imposées, la comédie humaine bascule dans le drama gore, nous rendant du coup étranger à l’enjeu du spectacle. Comme cet étranger, le mari de la fille intestine, coupable du grain de sable (ou de sang) qui entraînera la mort du père fouettard, final grandiose où la scénographie devient jeu de massacre lyrique. Un théâtre de la cruauté aux contours improvisés.
Les Funerailles d'hiver © X-D.R.
Ils aiment
Le Festival de Théâtre amateur 13 propose pour sa 13e édition un programme varié dans des lieux toujours plus nombreux qui s’engagent volontiers dans l’aventure pour tous les publics. Cette année 11 troupes amateurs seront accueillies du 9 avril au 4 juin après avoir été sélectionnées par un jury de professionnels et de militants du théâtre populaire. Notons une nouveauté intéressante : un atelier destiné aux jeunes incarcérés à l’EPM (établissement pénitentiaire pour mineurs) ; la proposition est de Anne-Marie Ortiz et sera ouverte au public, en juin, sur réservation.
Pour commencer Les Funérailles d’hiver de Hanokh Levin par Troupe à trac, La Minoterie le 9 avril La mastication des morts de Patrick Kermann par la Cordée, Le Toursky le 12 avril Les minutes de Mlle A. de Lothar Trolle par Les Caquetants, La Criée le 15 avril Les Muses orphelines de Michel-Marc Bouchard par La mise en bouteille, La Criée le 16 avril 04 91 61 15 37 www.fnctasudest.fr
DELPHINE MICHELANGELI
Le Père Tralalère s’est joué au théâtre de Cavaillon les 11 et 12 mars
Perso !
L’école au théâtre S’il est fréquent que les gens de théâtre aillent à l’école, que les scolaires occupent les salles, que les professeurs se servent du théâtre pour alimenter leur enseignement, il est rare que l’éducation soit en question sur scène… Le Théâtre de la Cité à Marseille a depuis ses débuts un credo simple, affirmé dans son nom : le théâtre n’est pas coupé du monde, et doit être le lieu d’expériences citoyennes partagées. Par la pratique de la scène et de l’écriture par tous, seniors, amateurs et jeunes, par l’enquête sur des
terrains étrangers au théâtre, par la réflexion et le débat. Un atelier de «création partagée» est donc mené par Gilles le Moher avec des élèves depuis le début de l’année, et leur spectacle Je ne veux plus aller à l’école sera donné les 7 et 8 avril. Le lendemain Maude Buinoud proposera une performance conçue avec Michel André après une enquête dans deux collèges des quartiers nord marseillais : elle interroge son passé d’élève, la relation profs/élèves et son expérience d’animatrice d’atelier théâtre. Puis, le 15 Atelier professionnel 2008 © X-D.R. avril à la Friche, une «conférence gesticulée» de Franck Lepage mettra en scène les principes mêmes de notre système éducatif fondé, depuis Condorcet, sur la notion de mérite, inconciliable avec celle d’égalité des chances, et pourtant toutes deux énoncées comme des principes fondamentaux… Questions sur l’école Du 7 au 15 avril Théâtre de la Cité 04 91 53 95 61 www.maisondetheatre.com
Photo de repetition du projet de Mikaelle Fratissier © Erac
Au bout de leurs 3 années de formation les élèvescomédiens de l’École Régionale d’Acteurs de Cannes présentent un projet qu’ils ont longuement poli dans le cadre de leurs recherches personnelles. Il s’agit souvent de textes qu’ils écrivent, mais aussi de mises en scène qu’ils proposent, mettant au travail leurs camarades sous leur regard attentif. C’est leur dernière présentation en tant qu’élève, avant le monde du travail. Ainsi Romain Pellet mettra en scène Les Censi d’Artaud, rarement monté, Mikaëlle Fratissier monte Le jour J de son collègue Amine Adjina. C.B
Projets de l’ERAC Le 19 mars à 19h et 20h30 les 3 et 16 avril à 19h et 20h30 La Friche 04 95 04 95 78 www.erac-cannes.fr
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THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Salomé
Passions Conjugal Le Festival russe se poursuit au Toursky avec les Feydeau, Labiche et Offenbach sont décidément les soirées suivies d’un cabaret russe. Dans un premier temps, le Théâtre central académique de l’Armée Russe propose une soirée en deux parties, deux mises en scène de Boris Morozov : Le Manteau de Nicolas Gogol pour commencer, suivi d’une création, Le Mariage d’Anton Tchekhov (25 au 27 mars). Puis le Théâtre de la Jeunesse de Saint Pétersbourg jouera une piève romantique, Mignonne d’Alexeï Tolstoï mise en scène par Semion Spivak (1er au 3 avril). Dans tous les cas les pièces sont sur-titrées en français. XVIe Festival russe Le Toursky 0 820 300 033 www.tousky.org
Urgence Françoise Chatôt dit y avoir mis beaucoup d’ellemême : elle a, pour cette création, choisi des comédiens fidèles et de très beaux jeunes acteurs, fait construire une scénographie machinée ambitieuse, fait écrire une musique originale et des combats chorégraphiés… Réfléchissant à l’urgence charnelle à laquelle les jeunes gens obéissent, à leur liberté intérieure, elle a situé l’intrigue durant une période de guerre, celle de 39/45. Parce qu’elle fait encore partie de notre mémoire collective, et que le spectateur pourra comprendre l’appétit de vivre qui anime Roméo et Juliette, leur fait braver l’imbécile loi des pères : lorsque la mort est omniprésente, il faut vivre vite…
© Brigitte Enguerand
C’est Jean-François Sivadier qui va, après Labiche, occuper le Grand Théâtre enfin rouvert. Avec une pièce de son cru, sorte de réécriture loufoque et grandiose de la danse de Salomé devant Hérodote, affrontement historique et religieux entre sauveurs et tyrans… Le metteur en scène vient avec sa troupe de comédiens surdoués et délicieusement cabots, et son sens très juste de la démesure et de la révolte… Noli me tangere Du 6 au 9 avril La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Roméo et Juliette Jusqu’au 2 avril Théâtre Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com
Burlesque Le Macumba est une improbable salle des fêtes, un
© Max Minniti
dancing désaffecté dans lequel règne la patronne, madame Gravotta. Soirée prestige oblige, les préparatifs secouent les locataires du lieu, paumés magnifiques qui rêvent d’en découdre avec la scène, chanteurs, musiciens, danseurs, tous héros d’un soir. Ils sont bien là les fragiles personnages que Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff nous invitent à côtoyer depuis les Deschiens, nimbés de nostalgie et des folie incongrue, voire de cruauté. Un retour aux sources en quelque sorte, et l’occasion de (re)découvrir l’univers loufoque de ces doux dingues.
héros de l’année ! Il semble que le public ait besoin de rire, et que leurs écritures efficaces remportent la faveur des programmateurs… Les farces conjugales de Feydeau reposent sur les recettes comiques traditionnelles accumulées, une incroyable vitesse des enchaînements… et une bonne dose de préjugés machistes. C’est drôle, mais on rit jaune à voir ces bourgeoises insidieuses et frivoles dominées par des maris imbéciles. Pourquoi ces scènes de ménage nous parlent-elles si fort aujourd’hui ? Les trois couples de la Comédie de Valence, dirigés par Richard Brunel, ont peut être la réponse ? J’ai la femme dans le sang Du 29 mars au 2 avril Le Gymnase 0820 000 422 www.lestheatres.net
© Jean-Louis Fernandez
Divine Notre Dame-des fleurs est la première œuvre de Genêt, et c’est un roman. Fulgurant, fait de réminiscences, il raconte, au milieu d’autres destins croisés à Montmartre, la transformation d’un jeune paysan en divine travestie. Les thèmes de Genêt sont tous là, dans cette œuvre écrite en prison, durant la guerre, et qui n’a aucun des défauts d’une œuvre de jeunesse, juste la force : le fétichisme phallique, le plaisir masochiste et son pendant sadique, l’amour du peuple, le sublime sens de la révolte. Antoine Bourseiller a adapté et resserré le roman autour de Montmartre, et le met en scène en tentant de conserver la magnificence de la langue. Notre-Dame des fleurs Du 7 au 9 avril Le Gymnase 0820 000 422 www.lestheatres.net
Salle des fêtes Du 12 au 16 avril La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Destinée La cie l’Egrégore, mise en scène d’Ivan Romeuf, © Agathe Poupeney
revisite Phèdre en y intégrant un élément particulier : une chanson, et mieux encore, son interprète. D’une chanson qui hante toute la journée l’esprit de l’actrice qui répète, et joue, Phèdre, on glisse insensiblement vers l’interprète de cette chanson qui n’est autre que Dalida. Ainsi la vie de la chanteuse va se superposer au rôle qu’elle joue, «la vie de Dalida nourrissant la tragédie qui va se dérouler. Phèdre – Dalida, quel étrange destin.» Une si longue nuit Du 12 au 30 avril Le Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
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Duelles
Monstres sacrés Doutes Michel Galabru et Philippe Caubère incarnent Dans On ne sait comment Pirandello part d’une Raimu et Pagnol… deux acteurs mythiques pour incarner et faire revivre deux immenses figures du passé marseillais. À travers leur correspondance véritable, des dialogues recomposés, et ce que l’on peut supposer de leur relation véritable, agrémentée de textes de Pagnol pris ailleurs. La pièce qu’ils tournent depuis quelques temps sera pour quatre soirs sur la Canebière… Quoi de plus naturel ? Jules et Marcel Du 7 au 10 avril L’Odéon 04 96 12 52 70 www.marseille.fr
© Huma Rosentalski
Courage Rions se poursuit au Merlan avec deux femmes de caractère : Christine Corday, chorégraphe drôle, et Viviane De Mynck, formidable comédienne monstre de la Need company. Ensemble elles racontent une histoire décalée de l’humanité, entre tendresse et cruauté, ange et bête, ciel, réalité et digressions… Également à Sète ! La mouche, l’archange… Du 22 au 24 mars Le Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org
situation on ne peut plus commune au théâtre : un mari, son épouse et son amant. Sauf que l’adultère est ici presque accidentel, et que c’est l’amant qu’il remet en cause, dans son rapport au réel. MarieJosé Malis met en scène cette pièce en interrogeant les constructions sociales, individuelles, et théâtrales auxquelles nous nous soumettons. On ne sait comment Du 5 au 9 avril Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org
Alliance ? La Belgique existe-t-elle toujours ? Le collectif francophone Transquinquennal se pose des questions… avec la cie néanderlandophone Tristero, Bruxelloise comme elle, elle tente de bâtir une Coalition… Mot piégé en Belgique, qui désigne tout à la fois un accord et l’impossibilité qu’il soit satisfaisant. Sa fin… Car enfin seuls des étrangers s’allient, non ? D’autres questions, plus masculines et café du commerce, ou plus philosophiques, seront posées dans Convives, un texte d‘Eugène Savitzkaya pour trois hommes. Coalition Du 24 au 26 mars Convives Les 28 et 29 mars Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org © Denise Olivier Fierro
Les 19 et 20 avril Scène Nationale de Sète 04 67 74 66 97 www.theatredesete.com
Initiatique La mer source de vie… quand Katia Ponomareva a écrit ce troisième spectacle, elle était enceinte, et a conçu ce volet comme un voyage accompagné vers la vie. L’ensemble à nouveau, Cie du var, propose de les suivre dans ce voyage à trois où les mots, les images et la musique tissent un univers abstrait commun. On ira voir la mer, fragment 3 Du 30 mars au 2 avril La Minoterie 04 91 90 07 94 www.minoterie.org
© Herman Sorgeloos
© Virginie Besancon
Humour Pour la quatrième année le joli théâtre de Sainte Marguerite (200 places) propose un temps fort autour du théâtre d’humour, en donnant leur chance à des compagnies de la région qui travaillent entre théâtre et cabaret, monde professionnel et amateur. Avec 8 spectacles, dont 3 créations, des propositions jeune public, des cabarets, dans le but d’animer un quartier culturellement bien morne ! Théâtrales de Sainte Marguerite Du 19 au 26 mars Atelier des Arts 04 91 26 09 06
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THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Humains
Témoignage
Eternelle
Au bout de la nuit… Les 12 et 13 avril Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Première de ses mises en scène, il y a vingt ans, Max Gericke ou Pareille au même de Manfred Karge est en quelque sorte le spectacle fétiche de Michel Raskine. Avec Marief Guittier, l’actrice des débuts, il a décidé de la remonter tous les dix ans, pour l’interroger, l’approfondir. Et rejouer ce rôle d’une femme qui, pendant la crise économique de l’entre-deux-guerres décide de prendre l’identité de son mari qui vient de mourir, vivant alors les situations les plus insolites.
© Sylvain Couzinet-Jacques
Quelques jours après la création à Paris, la cie Diphtong présente Kolik à Martigues. Troisième volet de la trilogie Guerre, après le versant concernant la société contemporaine et celui évoquant le conflit dans la sphère familiale, Kolik «met en scène l’individu face à lui-même au moment de sa mort», en dix-sept chapitres qui sont autant de thèmes abordés dans les textes de Rainald Goetz (traduits de l’allemand par Olivier Cadiot et Christine Seghezzi) mis en scène par Hubert Colas. Kolik Le 8 avril à 19h Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Max Gericke ou Pareille au même Les 24 et 25 mars Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
Fantômes Luc Bondy met en scène une des pièces les plus © Marc Helleboid
Réalité
Décodage Après Nathan le Sage reçue l’année dernière dans cette même salle, Laurent Hatat, avec sa cie Anima Motrix, poursuit son exploration de textes du répertoire du XVIIIe siècle, et propose sa version du Barbier de Séville, avec une mise en scène résolument moderne –sans costumes d’époque, décor noir et sobre, deux fenêtres qui servent aussi aux projections vidéos, un piano à queue blanc, une vespa rouge…- mais sans jamais remplacer les mots de Beaumarchais. La précaution inutile ou Le Barbier de Séville Le 29 mars Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr © Pierre Grosbois
L’économie mondiale vous malmène, vous pensez subir sans être suffisamment armés, il vous manque quelques connaissances de base ? Pascal Rambert et le philosophe Éric Méchoulan proposent Une (Micro) histoire économique du monde, dansée, donnant corps à la parole issue des ateliers d’écriture menés à Genevilliers. Quatre performeurs, accompagnés d’un groupe de personnes nonprofessionnelles, jouent des saynètes qui racontent l’histoire de l’économie, commentées par Éric Méchoulan qui réinvente là son discours en direct. Une (Micro) histoire économique du monde, dansée Le 8 avril à 21h Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
© Michel Cavalca
Basée sur le livre éponyme et autobiographique de Nicole Castioni, Au bout de la nuit… est devenue une pièce dont Jérôme Bigo signe la mise en scène. Seule sur scène, Annette Lowcay est Nicole, une femme qui, avec courage et ténacité, a su se relever d’une jeunesse bousillée. Prostituée par amour pour un homme, droguée, elle se livre sans effet littéraire, avec des mots crus mais justes, raconte sa reconstruction, jusqu’au Parlement de Genève où elle est aujourd’hui juge et députée.
© Eric Legrand
connues de Ionesco, Les Chaises, farce tragique absurde sur la fin de vie et la mort. Deux vieux, dans une maison isolée, égayent habituellement leur solitude en ressassant inlassablement de vieilles histoires ; le vieil homme, auteur et penseur, détient un message universel qu’il va révéler à l’humanité et réunit, pour l’occasion, d’invisibles et éminents invités qui prennent place petit à petit sur les chaises mises à leur disposition jusqu’à envahir l’espace… Les Chaises Le 2 avril Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scnesetcines.fr
Préclassique Créée l’été dernier à Avignon dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, le Richard II de Shakespeare mis en scène par Jean-Baptiste Sastre tourne depuis quelques temps dans les salles de théâtre, des espaces plus à même de mettre en évidence le jeu subtil de Denis Podalydès, et de rendre plus audible la langue baroque et directe de Shakespeare. La Tragédie de Richard II Les 7 et 8 avril Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com © Christophe Raynaud de Lage - Festival d'Avignon
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3 fois fou
Démultiplié
© Pacôme Poirier
Mère souffrance Christophe Chave crée également un spectacle autour de la mère de Cosette, Fantine, l’ouvrière victime qui se prostitue et se mutile pour nourrir sa fille aux mains des Thénardier… Une misérable qui, contrairement aux autres figures hugoliennes, ne se révolte pas, et ne sort de sa condition que par la mort. Fantine(s) Les 29 et 30 mars Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com
Alfredo Arias rend hommage à une star des cabarets madrilènes et argentins : Miguel de Molina, ami d’Eva Peron, sublime figure baroque de crudité gay et de détournement de l’imagerie maso catholique… Triplant son image et la désaxant en lignes épurées en noir, blanc et rouge, Arias pousse son extravagance dans les mots, l’hystérie des personnages et des situations, que les acteurs subliment en se gardant paradoxalement de l’excès… La musique est nettement moins réussie : les revues de l’époque se payaient de vrais musiciens et de vrais chanteurs…
© Cosimo
Francis Huster est seul en scène pour reprendre la pièce de Marcel Aymé, La Traversée de Paris. Non seulement les rôles tenus par Gabin et Bourvil mais la totalité des personnages. Une performance physique dans laquelle Huster fait entendre d’une manière beaucoup plus sombre les questions de collaboration, de délation, d’étoiles jaunes, d’extermination, de haine au quotidien. La guerre d’une France contre une autre, la trouille dans tous les ventres, la rage dans quelques cœurs.
Tatouage Le 10 mars Salle Emilien Ventre, Rousset 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com
Traversée de Paris Le 31 mars Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr
les 18 et 19 mars Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Interdits
Deux fois deux C’est une des premières pièces de Shakespeare, inspirée des jumeaux de Plaute, et très peu montée parce qu’elle pose un problème de mise en scène délicat : il s’agit de représenter deux couples de jumeaux… Dan Jemmet en bousculateur iconoclaste du grand Will confie chaque couple gémellaire à un seul acteur, situe l’intrigue dans un décor eighties très disco… et s’amuse à ce jeu trouble d’identité et de désir ! La comédie des erreurs Les 29 et 30 mars Scène Nationale de Sète 04 67 74 66 97 www.theatredesete.com Du 14 au 16 avril Jeu de Paume, Aix 0 820 000 422 www.lestheatres.net
© Marc Ginot
le 22 mars Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr le 25 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.com
Cavaler Les 4 jumelles est un texte outrageusement absurde Revisité par la compagnie Didascalie dans un décor contemporain et un cadre blanc, ce Phèdre de Racine retrouve la froide hystérie de la langue racinienne. Voix chuchotées, balancées, ou soudainement amplifiées donnent le tempo d’une mise en scène, signée Renaud Marie Leblanc, qui tient en haleine. Roxanne Borgnas interprète une Phèdre incandescente dans cette excavation des désirs proprement inavouables. Car avec Racine, les personnages ne sont pas coupables d’aimer mais de l’aveu qui les détruit. Phèdre Le 5 avril Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr
de Copi, où deux fois deux sœurs se coursent, se tuent, se droguent, se tuent, ressuscitent, se tuent, tremblent de froid, de désir, de haine, se tuent, et ne se taisent jamais. Christophe Chave en avait proposé une étape de travail très hystérique, ratant en partie l’ironie massacrante du dialogue pour s’attacher sans distance à sa morbidité. Il a repris sa mise en scène, cela le méritait. À revoir ! Les 4 jumelles Le 6 avril Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com Du 12 au 16 avril Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org
© Mario del Curto
Femmes Daniel Veronese adapte et met en scène deux pièces d’Ibsen : Nora et Hedda sont deux épouses traversées par le sentiment de l’échec, victimes de la condition féminine infantilisante des bourgeoises de l’époque, mais coupables aussi, de leur propre soumission et compromissions. Daniel Veronese projette leurs conditions et leur prise de conscience dans un univers d’aujourd’hui, qui déplace les enjeux, et les éclaire. Hedda gabler et Maison de poupée Le 22 mars Théâtre du Bois de l’Aune, Aix 04 42 26 83 98 www.atpaix.com
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THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Panache Étrangers Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand : une pièce
Grotesque La très productive Compagnie UPPERCUThéâtre
si populaire, et relativement peu jouée. Un mythe et un texte brillant, virtuose, énergique, foutraque, électrique, un défi à relever pour le centre dramatique régional de Tours et son directeur/metteur en scène Gilles Bouillon. 18 comédiens (Christophe Brault est Cyrano) pour cet «opéra parlé, ses excès, son intensité, son baroquisme, ses arias, son côté mélo.»
reprend la dernière œuvre inachevée de Gustave Flaubert, certainement la plus théâtrale, du moins la plus dialoguée. Bouvard et Pécuchet met en scène deux employés de bureau qui décident de s’établir à la campagne et se livrer à quelques expérimentations agronomiques et scientifiques. Flaubert nous livre une «encyclopédie critique en farce» qui tourne en dérision la vanité des petits bourgeois avec un esprit caustique et corrosif. Un «roman de la médiocrité» pour un «dictionnaire des idées reçues».
Cyrano de Bergerac Le 8 avril Théâtre le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com Les 12 et 13 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
© Marc Ginot
Construit à partir d’images filmées à Hiroshima et des projections «live» qui démultiplient l’éclatement du décor, et interprété par Vanessa Liautey et Ramzi Choukair (un acteur Syrien magnétique qui incarne «le Japonais» de Duras), le spectacle Hiroshima, mon amour pose avec fougue la question de la nécessité de la mémoire. Une exploration passionnante de la rencontre avec «l’autre» réalisé par la Cie Adesso e Sempre de Julien Bouffier, dans cette revisitation audacieuse du texte de Duras, sur les traces du film de Resnais. Quoi de plus symbolique qu’Hiroshima, terre d’inhumanité, pour questionner la naissance d’un amour ?
Tarasque © X-D.R.
Hiroshima mon amour Les 17 et 18 mars Scène Nationale, Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
Bouvard et Pécuchet Les 25 et 26 mars Théâtre du Balcon, Avignon Tél. 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org
es cèn s t Effe
Disparaître Dans un théâtre d’images et de vidéos indissociables, chevillées au texte, Reset est un poème visuel qui rend compte de l’errance intime, de la perte d’identité, de l’absence, de la disparition. Tout commence lorsqu’un homme dans un hôpital réalise qu’il ne se souvient ni de son nom, ni de sa propre histoire. Avec cette création, le collectif MxM et Cyril Teste poursuivent leur travail d’approche sensible entre écriture contemporaine et vidéo. © Francois Berthon
Recette Sexe, cuisine et tradition du bled à Paris. Fatou
Le Frichti de Fatou Du 13 au 15 avril Théâtre le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Reset Le 1er avril Scène Nationale, Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com © P.-J. Adjedj
raconte sa vie autour de la question qui l’intrique : «comment on fait les bébés ?». Entre la tradition et les combats du planning familial, insoumise, naïve et têtue, Fatou cherche sa réponse sous forme d’une recette dont les ingrédients se trouvent être toutes les situations de sa vie. De quoi permettre de déguster un véritable frichti. Un hymne à la tolérance et à la connaissance, pétillant d’humour et de saveurs, interprété par Faïza Kaddour et Agnès Doherty aux cordes.
Dans Tartarin, d’après Alphonse Daudet, Henry Moati nous transporte de Tarascon à Alger la Blanche. On chasse la casquette avec Bezuquet et autre Costecalde, on se régale avec le récit de l’histoire du lion. Toutes les senteurs de la Provence et de l’Orient sont réunies, mêlées à nos souvenirs d’enfance. Un travail tout en finesse et un vrai moment de plaisir. Tartarin Le 9 avril Théâtre du Balcon, Avignon Tél. 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org
ANNULÉ La création 2011 du Chêne Noir, Bibi ou les mémoires d’un singe savant d’après le roman d’Henri Frédéric Blanc Les mémoires d’un singe savant est annulée. La pièce devait avoir lieu du 8 au 10 avril. Théâtre du Chêne Noir, Avignon 04 90 82 40 57 www.chenenoir.fr
THÉÂTRE 33
Multicolore
Volcanique © Christophe Raynaud de Lage
© La Bouée
L’écume des jours Les 22 et 23 mars Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
associé au TNB de Rennes, connaît sur le bout des doigts les mille et une facettes d’Arlequin, ce personnage emblématique de la commedia dell’arte, mystérieux et passionnant. Sous son masque de cuir noir, il prend les traits du malicieux et glouton Arlequin dans un sabir tricoté d’italien et de français… Une création à suivre par monts et vallées dans le cadre des Excentrés. Trickster dell’arlecchino Le 21 mars, Veynes Le 23 mars, Tallard Le 25 mars, Serres Le 27 mars, Chabottes Le 29 mars, Embrun Le 31 mars, L’Argentière Le 2 avril, Guillestre Théâtre de La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
Fantasque La pièce de Brecht, Un homme est un homme, se trouve transformée par la cie Cartoun Sardines en une cruelle fantaisie anticonformiste. Très proche de l’esthétique BD, le parti pris de la troupe est l’humour décalé, s’appuyant sur une mécanique comique implacable et des constructions hilarantes et improbables. Galy Gay, pêcheur embarqué dans une vie qui n’est pas la sienne, deviendra un soldat naïf et manipulé. Mais en gardant toujours à l’esprit la démonstration que faisait Brecht de la puissance du groupe face à l’individu.
Le dernier quatuor d’un homme sourd Le 29 mars Théâtre Le Cadran, Briançon 04 92 25 52 52 www.theatre-le-cadran.eu
Un homme est un homme Le 2 avril Espace Comédia, Toulon 04 94 42 71 01 www.espacecomedia.com
Initiatique Dans l’immensité de la terre québécoise, Antoine débarque chez Dave, l’oncle bûcheron, avec son jeune fils adoptif Gabriel qui souffre d’une maladie incurable ; trois hommes aux trois âges de la vie… Quand Véronique Bellegarde s’empare de la pièce de l’auteur canadien Daniel Danis, Terre océane s’illumine : à la «langue nourrie de la sève des arbres» qui entremêle récits et dialogues, réalisme et fantastique, sa mise en scène répond par des images fortes et un souffle poétique. Terre océane Le 12 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com © Philippe Delcroix
Masqué-démasqué L’acteur et metteur en scène Didier Galas, artiste
question «Que fait le corps des gens quand ils pensent, rêvent ou réfléchissent ?» par le biais d’un spectacle en forme de conférence. Loin d’être didactiques, trois orateurs-mimes-danseurscomédiens montrent les gestes, regards, postures qui accompagnent et imagent nos pensées. Ponctuée par des projections vidéos, la mise en scène de Yves Marc nous fait pénétrer avec d’humour au cœur du cerveau… Je pense donc ça se voit Le 19 mars Espace Comédia, Toulon 04 94 42 71 01 www.espacecomedia.com
Quatre grands musiciens forment depuis cinq ans un quatuor à cordes. Ils répètent dans un lieu clos les derniers quatuors de Beethoven, au milieu des tensions engendrées par l’imminence de la première. Juste avant le jour J, un bouleversement vient troubler le bel ensemble… Écrit par François Cervantes et Francine Ruel il y a 20 ans, Le dernier quatuor d’un homme sourd est plus que jamais étincelant, servi par des acteurs remarquables : Nicole Choukroun, Catherine Germain, Stephan Pastor, Laurent Ziserman.
Béatrice de La Boulaye réussit l’impossible : adapter l’indomptable roman-jazz de Boris Vian L’écume des jours, l’histoire de Chick, Colin et Nicolas amoureux de l’amour. Colin rencontre Chloé, ils se marient, mais Chloé tombe malade : un nénuphar pousse dans son poumon. Et l’écume des jours n’y pourra rien changer… La partition théâtrale joue un «swing» à trois temps pour mieux coller au rythme du roman, roman noir et pourtant si coloré sur scène !
Introspection Le Théâtre du Mouvement tente de répondre à la
© Dominique Sicilia
Décapant Si vous avez raté Rouge décanté quand il est passé en PACA, n’hésitez pas à vous déplacer jusqu’à la région prochaine. Le spectacle est bouleversant, par son traitement intime de la violence, par la beauté douloureuse du roman autofictionnel de Jeroen Brouwers, qui passa son enfance dans un camp japonais de prisonnières. Et grâce à l’immense talent de Dirk Roofthooft, qui a fait le cadeau au public francophone de traduire et jouer ce spectacle murmuré dans sa langue. Et à l’inventivité technologique de la mise en scène de Guy Cassiers, qui se joue des échelles de la représentation théâtrale pour nous poser, sensuellement, au cœur des événements. Rouge décanté Le 8 avril SortieOuest, Béziers www.theatredesete.com
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CIRQUE/ARTS DE LA RUE
MARTIGUES | SIRÈNES | FAI AR | OUEST PCE
Voluptés
Risque de vertige
Lorsque surgit le Centaure à quelques mètres de vous, l’archaïque est là. Soudain. L’hybride des rêves enfouis, des mythes, pas tout à fait humain, encore un peu dans la glaise noire, informé. Et puis le sentiment s’estompe, dans le trajet autour du théâtre qui oublie de mettre en scène l’inquiétante étrangeté, dans les mots maladroits qui énoncent platement ce que les corps ont dit assez. As-tu déjà fait l’amour avec un Centaure ? Bof bof, et l’idée que le Turc invité à la fête, après avoir caressé la croupe du cheval, trouvera sa femme bien fade, est infantile, et un brin offensante. Reste : l’élégance absolue des deux Centaures, noir et blanc, corps uniques et doubles, Camille et Manolo comme ancrés dans leurs étalons ; quelques très beaux gros plans, et le temps de l’eau sur les rives filmées ; et l’impression bizarre que ces hybrides nous transportent vers les portes mythiques du Levant, où se niche notre inconscient. Pourtant on se demande pourquoi le Théâtre du Centaure a accompli un tel périple méditerranéen -les docks ici sont aussi beaux qu’à Istanbul- et comment on pourrait échapper, pour évoquer la volupté au cinéma, aux clichés de la pub pour le chocolat. Mais peut-être que la sensualité se joue forcément dans la lenteur, la fusion, les contrastes estompés et les gestes courbes ?
L’édifice, qui n’est pas sans rappeler certains univers de BD, est impressionnant, beau, effrayant parfois : il faut dire que les lumières et la musique électro jouée en direct par Nicolas Forge dans une drôle de cage métallique mettent dans l’ambiance. Le public est installé devant sur des transats, sous des couvertures : deux grands cercles métalliques de 13,50 m de diamètre dominent et partagent le chapiteau, tel un navire fantôme. Dessus, huit acrobates s’affairent, montent, descendent, actionnent des poulies, installent des cordes et s’invectivent. Se préparent. Car le clou du spectacle ce sont les voltiges aériennes, époustouflantes, fascinantes, maîtrisées et pourtant surprenantes ; les voltigeurs s’élancent, se font rattraper et renvoyer aussi sec vers d’autres bras, croisent leur vol… Tous ménagent leurs effets, leur style, certains facétieux s’élancent et atterrissent sur le filet, rattrapent une corde et tels Tarzan passent d’un côté à l’autre. Finalement, de toute cette technique émerge une certaine poésie, la fluidité des prouesses et les petits numéros intermédiaires adoucissent les performances. On en arriverait presque à trouver tout cela normal !
AGNÈS FRESCHEL
Flux a été joué aux Salins, Martigues, les 18 et 19 février © Christophe Raynaud de Lage
© Philippe Cibille
Epicycle a été donné à Istres du 17 au 20 février
DO.M.
Reflet, mon beau reflet... Grand rendez-vous à la Cité des Arts de la Rue ! Au bout de 18 mois de formation intense, les 15 apprentis de la 3e promotion de la FAI AR (Formation Avancée itinérante des Arts de la Rue), composée d’artistes-concepteurs-réalisateurs en espace public, présenteront leurs travaux personnels, appelés Reflets. 5 jours de formes artistiques déjantées qui tombent à pic : tous les aspects des Arts de la Rue (arts plastiques et visuels, théâtre, danse, prouesses, musique, performances...) seront présentés chacun dans un cadre choisi. Des rencontres destinées aux professionnels, mais ouvertes gratuitement aux curieux. 3e Panorama des Chantiers du 15 au 19 mars Cité des arts de la rue 04 91 69 74 67 www.faiar.org 3e promotion de la FAI AR - Installation plastique dans les quartiers Nord de Marseille © FAI AR
Participatif Les Piétons ont sans enfourcher d’autres montures poussé des vocalises inégales et rigolotes, plutôt impressionnantes au niveau masculin, moins convaincantes pour les deux voix féminines. Une sirène un peu amateur, qui eut pourtant l’excellente idée, après que l’alerte eut retenti, de tenter une imitation très construite, avec le public –toujours aussi nombreux et impliqué. La foule hurla, glissa ses glissendi ascendants, et rit. La prochaine ? Les apprentis de la FAI AR y présente-
ront la quintessence ralentie de leurs travaux, que vous aurez pu voir en détails à la Cité nouvelle (voir au dessus).
À venir L’équipée sauvage de six reines et dix minettes Les apprentis de la FAI AR Le 6 avril à midi Parvis de l’Opéra 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.fr
Gémellité tique, la création de Philippe Eustachon et Jambenoix Mollet nous conte la destinée de jumeaux séparés dès leur naissance, Valentin et Orson. Chaque interprète compose à la fois un faune et un personnage de la ville dans un monde hanté par la dualité. Inquiétant et magique. Mister Monster Le 6 avril Théâtre la Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
© J.-P. Estournet
Mister Monster de la compagnie Anomalie &… est un face-à-face entre deux mondes, qui emprunte au cirque, au théâtre et à la danse leur vocabulaire pour inventer un spectacle expressément physique et visuel. Sous des allures de fable théâtrale, onirique et fantas-
Les 8 et 9 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Mots d’amour Le théâtre de l’Unité propose, dans le © Sabine Delcour
cadre du Printemps des poètes, 3 sessions pour une version mystérieuse et sensuelle des Chambres d’amour. 4 minutes de «passe poétique», dans un hôtel de Cavaillon, où des mots (d’amour bien sûr) vous seront susurrés doucement à l’oreille. Juste pour vous, dans l’isolement d’une alcôve. Mais accueillis par la tenancière de la maison close poétique, les pensionnaires ne pratiquent que le commerce des mots d’amour. Une «passe poétique» vivement conseillée aux mineurs ! Les chambres d’amour Le 19 mars Scène Nationale, Cavaillon 04 90 78 64 64
nes scè t e f Ef
Intrigant Spectacle hors norme que celui de la metteuse en scène Inne Goris à partir d’un texte de l’auteur Pieter de Buysser, avec la musique omniprésente de Dominique Pauwels. Au sein d’un dispositif inédit et déambulatoire (en extérieur mais le lieu na pas encore été communiqué), Muur commence en 2064, date à laquelle quatre personnages, qui ont passé un demi-siècle à l’ombre d’un mur circulaire, se voient délivrer par quatre enfants qui vont prendre la relève. De cet espa-
ce «parallèle», gigantesque et absurde zéro qui exerce une force d’attraction étrange, les spectateurs, casque sur les oreilles, suivront les dialogues des comédiens, traquant leur humanité et leurs utopies. Muur Les 14 et 15 avril Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatrearles.comwww.theatredecavaillon.com
Beau oui Dans le cadre de son cycle Courage Rions le Merlan vagabonde jusqu’au chaleureux Daki Ling et, en préfiguration de son Tendance clown accueille Renaud Cojo qui se prend pour Bowie à l’époque où il se prenait pour Ziggy… Un jeu de schizophrènes encastrés, miroir de mémoire en forme d’autodérision musicale, et d’admiration sans borne. …et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust du 14 au 16 avril Daki Ling 04 91 11 19 20 www.merlan.org
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DANSE
LES HIVERNALES | NÎMES
Mission accomplie pour la 33e édition des Hivernales ! Près de 7300 spectateurs assidus se sont partagés 23 spectacles. Malgré la faible participation aux 11 stages proposés, la hausse de fréquentation (+ 22 %) prouve l’intérêt porté aux propositions. Cette manifestation, précieuse dans le paysage avignonnais plutôt morne à cette période, arrive avec 30% d’autofinancement à remonter doucement la pente, après une crise sérieuse ces 3 dernières années. La danse des Amériques, une ample thématique nourrie judicieusement par Emmanuel Serafini, élargit les partenariats (bonne idée que ce plateau danse avec le Conservatoire à l’Opéra) et combine transmission du patrimoine dansé et découverte des talents actuels. Le Centre de Développement Chorégraphique retrouve sa dimension internationale !
Un souffle hivernal venu des Amériques
Engagement La compagnie Trisha Brown a rencontré le succès escompté. Le mythique Set & Reset, scénographié par Robert Rauschenberg (plasticien que l’on recroisera dans la captivante projection de 2 performances extraites de 9 evenings proposée par la Collection Lambert, projet historique des années 60 alliant théâtre et ingénierie) ; l’ondulant solo de dos, If you couldn’t see me, et le très balancé l’Amour au théâtre. Danseurs gaillards, rigoureux, en mouvement perpétuel. La postmodern dance, tout en résonnant très eighties reste un modèle de fluidité, de technicité et de performance mnémonique. Une jubilation à danser que ne reniera pas Jorge Arturo Vargas, l’un des principaux directeurs de théâtre au Mexique. Lâché par son gouvernement à cause du gâchis de l’année du Mexique en France, il a pris en charge in extremis, avec les Hivernales, les frais d’avion pour venir jouer sa pièce-témoignage Amarillo, surprise de cette édition. Une pièce hybride qui exprime intensément un état de corps et d’être, une recherche d’identité et d’engagement vital, et pose un regard acéré sur la condition des migrants et les relations frontalières entre Mexique et Etats-Unis. Inévitablement soumis à la comparaison, puisqu’il traite du même sujet, Line Of Oblivion de Johanne Saunier à La Chartreuse a déçu. Débauche de moyens (panneaux articulés, capteurs sophistiqués, écrans vidéo perturbants), musique live difficilement lisible, texte de Carlos Fuentes dans une traduction dénuée de poésie, danse nerveuse sans subtilité : beaucoup de choses veulent se dire, sans y parvenir.
Masters… L’ombre de Merce Cunningham a traversé les plateaux. 1er rendez-vous Salle Benoit XII avec le concept imaginé par Jérome Bel pour Cédric Andrieux, danseur sublime qui dévoile avec humour et sincérité son intimité d’interprète. D’une voix récitative il retrace son parcours, sa souffrance, son insatisfaction, ses envies, désacralisant le mythe tout en lui rendant un hommage vibrant, offrant des extraits de partitions jouées ici et là. «Chez Merce, c’est souvent méditatif… souvent déprimant pour moi. Un travail à la limite du possible.» Hommage également à l’éternelle jeunesse de l’Américain avec la proposition amusante de Mathilde Monnier, Un américain à Paris. «Je pense la danse comme une constante transformation de la
Photo de repetition de Filter de Jonah Bokaer © Delphine Michelangeli
vie», une parole du maître de danse livrée par le très jeune danseur-passeur Marcus Vigneron, invité aux côtés du trublion Genevois Foofwa d’Immobilité. Sur le même plateau, c’est Olivia Grandville qui aura ému, accompagnée de sa mère, la comédienne Léone Nogarède et de Catherine Legrand. Une semaine d’art en Avignon, commande du Festival l’an passé est un tricotage tendre de 64 années passées sur les planches d’Avignon.
…et forces vives Jolie découverte avec le new-yorkais Jonah Bokaer, ex danseur de Cunningham itou, qui a créé au Théâtre des Hivernales la pièce Filter, commande du CDC, pour donner sa vision des Demoiselles d’Avignon. Une inspiration articulée autour de 4 corps masculins, alanguis, plus horizontaux que leurs modèles. Agrémentée par l’univers très mélancolique du musicien Chris Garneau et la scénographie éclairée d’Anthony Goicolea, la pièce, malgré quelques longueurs, dégage un onirisme saisissant. Le chorégraphe a également joué Trois cas d’amnésie, ses premiers solos, à la croisée de la danse et des arts numériques. Magnifique danseur, abstrait, multiple, hypnotique, dont on se délecte de l’art du geste. À Cavaillon, la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues a déstabilisé avec Pororoca, un radeau de la méduse haut en couleurs. Jaillissement
d’images troublantes où 11 danseurs évoluent dans une chaîne humaine mouvante (voir Zib 38). Et puis au Thor Gare Centrale de Josette Baïz, aux faux airs de comédie musicale (sur du Bach), partition chorégraphique parfaitement composée (voir Zib 36). D’autres révélations avec le triptyque en cage de Yourik Golovine, le canadien jusqu’au-boutiste Jean-Sébastien Lourdais, la poésie de l’italienne Rita Quaglia. Envoûtement en clôture de festival avec le très aérien MalSon : la dernière pièce de la cubaine Susana Pous met à l’honneur la virtuosité de ses jeunes danseurs, dans un savant mélange de physicalité et d’images filmées, empreint de douceur et flottement. Sans oublier les HiverÔclites, le «off» des Hivernales en entrée libre. 3 jours pour découvrir 11 artistes en émergence dont les danseurs du Ballet National de Marseille, bien au-dessus de la mêlée (prix du Public pour Gabor Halasz, une semaine de résidence aux Hivernales). Le prix de la Recherche (résidence au théâtre de L’L à Bruxelles) revient au talentueux Mickaël Allibert (Trucmuche cie) et le prix du Jury (résidence au BNM) à la Cie Adéquate de Lucie Augeai. DELPHINE MICHELANGELI
Le Festival des Hivernales s’est tenu du 24 février au 5 mars à Avignon et en Vaucluse
Lutte de femmes Après Duel, pièce créée pour cinq danseurs en 2009, place aux femmes avec Feu à volonté, dernière création de la chorégraphe Anne Lopez et sa compagnie Les Gens du quai. Cinq femmes donc, qui ne vont pas se défier lors de duels mais se mesurer à des situations connues de toutes les femmes. Corps soumis au travail contraignant dans une usine, corps extatique qui disent l’amour ou tordus de douleur dans l’accouchement, corps vengeurs et par moment vaincus lors d’affrontement musclés, ces corps de femmes, très différent les uns des autres, disent, dansent, jouent les clichés féminins, les parodiant, et s’en affranchissent lors de scènes très drôles et libératrices (le solo de la catcheuse mexicaine rugissante, s’il est surprenant de premier abord finit par déclencher l’hilarité). Mais au-delà des clichés, l’humour fait naître une légèreté, une désinvolture et une impertinence qui permettent d’approfondir ces situations, réunir ces individualités, ces femmes en lutte permanente qui pourraient un jour en finir avec le conflit ; et chacune de se révolter individuellement, affirmant sa force, sa rage, corps libéré et insoumis. Puis le groupe lentement se reforme, prêt à affronter, tête haute, la suite. DOMINIQUE MARÇON
Feu à volonté a été dansé les 17 et 18 février à l’Odéon, Nîmes © Les gens du quai
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DANSE
AU PROGRAMME
3 jours à 2
Humains Temporalité Laissons-nous gagner par l’idiotie avec le choré-
Idiotas le 9 avril Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.com
Grâce Chorégraphe britannique d’origine bengladaise, © Jean-Charles Verchere
Le Ballet d’Europe propose à la Friche de se pencher en actes et en mots sur la forme du duo. La compagnie, qui continue à travailler, à partir des solides bases classiques de ses danseurs, sur des formes en créations, propose tout d’abord le 6 avril 5 workshops autour de thèmes divers : des moments de création et d’interprétation de leurs camarades dont les danseurs ont l’habitude, et qu’ils offrent avec une joie visible. Les 7 et 8 avril, 4 créations ou recréation du Ballet : un duo de Jean-Charles Gil autour de la question de la rencontre de l’altérité, un adage sensuel de Lazzini (qui dirigea le Ballet de Marseille dans les années 60) sur les accents passionnés de Malher, pas-de-deux qui fut créé par Claude Bessy et Georges Piletta en 1972 à l’Opéra de Paris. Mais il y aura aussi un duo masculin de Christophe Garcia, autour de la notion de jeunesse et de fougue, et une création de Francesco Nappa à partir de deux corps recouverts de latex… Dans l’après-midi du 8, Christine Rodès viendra parler de l’histoire du duo, du pas-de-deux ritualisé jusqu’à ses formes les plus théâtrales, duelles, duplices. À 18h.
Akram Khan mêle dans ses créations la danse indienne traditionnelle, la Kathak, et la danse contemporaine occidentale. Avec Gnosis il opère un retour aux sources, grâce à la Kathak, sur les thèmes de l’aveuglement, de l’obscurité, entre mythologie indienne et comics américains. Accompagné par cinq musiciens et chanteurs traditionnels. Gnosis le 12 avril Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
Kawa © Jeff Rabillon
graphe Toméo Vergès et sa compagnie Man Drake X, mais pas n’importe laquelle : «l’idiotie comme légitime défense, comme tentative de compréhension de soi et du monde qui nous entoure.» Tout un programme qui promet une douche fraîche et crue de la part des interprètes qui campent des personnages hauts en couleur qui manient le geste et la parole avec brio.
Dans le cadre de la proposition dansée Pour un soir, le théâtre d’Arles programme deux soli qui interrogent mémoire et identité. Temps d’arrêt, interprété par Miguel Nosibor qui en est aussi le chorégraphe, défie le temps en déliant ses mouvements, attentif aux pauses, aux tremblements même, précis (voir p8) ; Hafiz Dhaou réinvente quant à lui un moment particulier, celui du café du matin, le Kawa, durant lequel on savoure le silence. Et dans un corps-à-corps avec le temps, la danse devient singulière. Temps d’arrêt et Kawa le 5 avril Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
le 14 avril Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr © Richard Haughton
Répertoire Le Ballet de Lorraine s’installe à l’Olivier et offre deux occasions de découvrir la richesse de son répertoire. Dans The Vile parody of address, 3 danseurs vont se rencontrer, et se déséquilibrer, sur une chorégraphie de William Forsythe et la musique de J.-S. Bach. Après l’entracte, le Ballet se lance dans Etcetera, sa dernière création dans laquelle Andrea Sitter éclaire quelques chefs-d’œuvre du XXe siècle grâce à différents soli. 14 danseurs rendent ainsi hommage à Meredith Monk, Martha Graham, Russell Maliphant, Andrea Sitter…
Trois jours pour le duo-danse Le Ballet d’Europe Du 6 au 8 avril La Friche, la Cartonnerie 04 96 13 01 12 www.balletdeurope.org
The Vile parody of address et Etcetera Le 18 mars Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
Apesanteur Matière Akys Projecte-#0.0 est un solo de Xavier Kim, au croi- Troublant MOD programme deux événements à la Minoterie : Pu sement des arts vivants et des arts électroniques, Alain Buffard, artiste associé au Théâtre de Nîmes est un solo dansé par Laurent Pichaud, adapté de Room, une petite fable kaléidoscopique urbaine. Le spectacle «cherche à traduire des réalités économiques, politiques et sociales de manière décalée, par l’image et le geste.» Xavier Kim joue avec et se joue de la gravité et pratique l’art du Body-Jockey qui consiste «à échantillonner avec son corps des émotions, mouvements, gestes, attitudes et autres postures corporelles pré-existantes […]» Akys Projecte-#0.0 le 7 avril Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.com
cette année, y donne une chorégraphie bouleversante créée en 2005, Les Inconsolés. Visages masqués, les trois danseurs réalisent un ballet de corps en théâtre d’ombre, racontant leurs jeux cruels lors d’accouplements sadiques. Entre tortures mutuelles et tentative de communication, les blessures intimes se devinent, devenant «jeux d’alliance et de désalliance». Les Inconsolés le 1er avril Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
pièce chorégraphiée par l’américaine Deborah Hay pour 7 performers français dont il faisait partie. Il est suivi de la projection d’un film de Barbara Sarreau, Joris Lachaise et Anne-Sophie Popon, Ici, «qui questionne la marche, le corps-danseur et le corpsvidéaste à travers une matière visuelle ramenée du Mali». Barbara Sarreau sera par ailleurs accueillie en résidence de création par MOD du 18 au 30 avril. Pu et Ici Les 15 et 16 avril Au Théâtre de La Minoterie 04 95 04 96 42 www.marseille-objectif-danse.org
DANSE
AU PROGRAMME
Flux et reflux
Chanté dansé Passo double Ambra Senatore et cinq danseurs, tous juchés sur de hauts talons, tous habillés en vert, entrent l’un après l’autre sur scène, poussant l’illusion à son paroxysme dans ce jeu de clones troublant : qui est qui ? impossible à dire ! Danse dynamique scandée de cassures et de chutes, gestuelle inattendue, désynchronisation : on rit à cette partie de cachecache faussement désinvolte, aux histoires teintées d’humour et aux effets de surprise qui enrayent la belle mécanique.
© Giorgio Sottile
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Passo Le 9 avril Théâtre de La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu © Laurent Thurin Nal
Franck Micheletti et le Collectif Kubilaï Khan Investigations ont jeté l’ancre à Accra, capitale du Ghana, à la rencontre d’artistes ghanéens. De ce territoire vivant (la ville, le port, l’Afrique) et de cette matière vivante (danseurs ou musiciens…) est née leur nouvelle partition chorégraphique, musicale et vidéo : Archipelago. Une invitation au voyage dans des paysages visuels, sonores et chorégraphiques à l’énergie contagieuse. Archipelago Le 25 mars, festival Les Vents du levant Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com
Une nouvelle collaboration transfrontalière au théâtre Durance : ce sont des chansons populaires, interprétées en live par la cie Italienne Tecnologia Filosofica, qui seront prétexte à danser comme au quotidien du second étage d’un immeuble.
Le 1er avril CNCDC Châteauvallon, Olllioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
Le 8 avril Canzoni del secondo piano Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr © Oreste Testa
Fleuri
Seule National Le BNM reprend au Pavillon noir et à château Arnoux Ballet National de Marseille Du 19 au 22 avril Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org © Luk Monsaert
Espoir et illusions perdues palpitent dans Gardenia, fruit de l’union sacrée de trois personnalités de la scène belge : Alain Platel, directeur des Ballets C de la B, Frank Van Laecke, magicien d’opéra, de théâtre et de music-hall et Vanessa Van Durme, artiste de cabaret et comédienne transsexuelle. Gardenia n’est pas une œuvre de fiction, c’est un récit intime qui sonde l’existence de neuf personnalités singulières, un spectacle-témoignage qui a marqué le dernier Festival d’Avignon. Gardenia Les 25 et 26 mars CNCDC Châteauvallon, Olllioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
Le 1er avril Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr Inverses © Agnès Mellon
© Sylvie Veyrune
son programme «néoclassique» que vous pourrez aller voir pour mieux admirer la création contemporaine de technique classique. Très conseillé pour les apprentis danseurs (voir p 59).
C’est un projet d’Hélène Cathala qui s’élabore depuis plusieurs années, et est passé par des étapes de travail plus ou moins intéressantes. Une très belle danseuse y déclenche avec son corps des dispositifs sonores qui alimentent et justifient ses mouvements. D’une belle présence, on ne sait pourtant pas trop qui elle est, cette ondine ondoyante solitaire… La Jeune fille que la rivière n’a pas gardée Le 25 mars à Morières-les-Avignon Le 29 mars à Châteauneuf-de-Gadagne Le 30 mars à Joucas Le 31 mars à Maubec 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
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MUSIQUE
GTP | SYMPHONIQUE
Top chef ! Dans le dernier souffle de l’allegro de la septième symphonie de Beethoven, le public se leva comme un seul homme clamant des bravos à ne plus en finir : Tugan Sokhiev venait d’accomplir son œuvre ! Dès le début du concert, les premières notes de l’ouverture de Coriolan, lancées d’un geste magistral par le chef russe, saisirent l’auditoire : le Mahler Chamber Orchestra, composé d’une quarantaine d’instrumentistes, enroba la salle d’une sonorité chaude et éclatante. Dirigés de main de maître par l’homme à la baguette, les musiciens, envoutés par la grâce et l’efficacité de sa gestique, dans une osmose parfaite, firent rugir de plaisir leur instrument ; l’ombre de Beethoven planait ! Puis Angelich entra en scène. Le pianiste, à la démarche hésitante, posa ses mains sur son instrument et le son fut : finesse, force, douceur… les mots manquent pour qualifier cet inventeur de timbre :
Il était une fois dans l’Est
Tugan Sokhiev © Mat Hennek
un véritable Empereur ! Ce cinquième concerto, maintes et maintes fois joué, dans une chorégraphie de mains et de baguette dévoila alors de nouvelles facettes. L’orchestre du Capitole peut se réjouir d’avoir un directeur musical de l’envergure de Sokhiev : déjà un trois étoiles ! CHRISTOPHE FLOQUET
Concert donné au GTP le 15 février
Difficile d’imaginer, quand ces deux compositeurs sont réunis dans un même concert, qu’un siècle sépare Chopin, mort en 1849, de Rachmaninov, décédé en 1943 ! Deux artistes, issus d’un même pédoncule, fruit de l’exaltation de l’âme slave et d’une sensibilité exacerbée, étaient réunis par la magie du clavier. Seul un pianiste d’exception pouvait réussir à faire vibrer le plus profond de ces musiciens sans rentrer dans un pathos dégoulinant et une surenchère technique. Et ce fut le cas avec Philippe Giusiano ! Son jeu cristallin, aérien, tout en retenue subjugua le public du théâtre du Jeu de paume : les Mazurkas, opus 6 et 7, aux harmonies délicieuses, petite mise en bouche avant les 24 préludes de l’opus 28, défilèrent sous ses doigts alertes. Avec quelle élégance il trouva à chaque fois le ton juste pour passer d’une pièce à l’autre, tirant de chacun de ces écrins la quintessence ! Les six moments musicaux opus 16 du grand Sergueï, un peu plus «solides», semblèrent moins convenir à son tempérament. Par contre, Les jeux d’eaux à la villa d’este de Liszt, proposés en bis, nous laissèrent dans un état… liquide. Sans nul doute, un pianiste d’avenir. C.F.
Philippe Giusiano s’est produit le 14 février au Jeu de Paume
Horlogerie Suisse violon que d’aucuns qualifieraient de maniérée témoignait elle aussi d’une parfaite maîtrise de l’instrument, tant sur le plan du touché étonnamment percussif mais à la justesse infaillible que sur le plan du phrasé très aérien. En effet sa manière d’effleurer les cordes, sans doute due à sa tenue d’archet brillait dans le Concerto n°4 K.218 de Mozart. Pour finir les musiciens interprétèrent avec un plaisir non dissimulé la Symphonie n°45 de Haydn qui malgré son effritement sonore progressif n’entachait en rien l’étonnante cohésion du groupe, signe d’une mécanique fluide et fonctionnant à la perfection. ÉMILIEN MOREAU
Philippe Giusiano © Mirare
Giuliano Carmignola © Tonkunstler
Invité à se produire au Festival de Toulon accompagné du dandy vénitien Giuliano Carmignola au violon, l’Orchestre de chambre de Bâle dirigé par Umberto Benedetto Michelangeli est venu offrir aux mélomanes le 17 février dernier une leçon de musique dans un répertoire au classicisme prononcé. Cet ensemble, fort d’une parfaite homogénéité des pupitres, affirmait dans la Suite n°3 de Respighi une remarquable maîtrise des dynamiques sachant distiller des pianissimi au bord de la rupture mais également des fortissimi incisifs propres à faire douter du nombre d’instruments présents. Aidés par une direction remarquable de souplesse et de décontraction dans la gestuelle qui devenait toutefois très précise sur les tempi rapides, les musiciens offraient à voir un sublime ballet de coups d’archet millimétrés illustrant à la perfection la notion de geste musical. Toute en finesse, la technique de Carmignola au
Une dame de cœur La littérature pianistique du XIXe siècle est une bénédiction pour les sentimentalistes et les artistes en quête d’une vérité musicale. Et Brigitte Engerer fait partie de cette catégorie. Dire qu’elle est une grande pianiste relève du pléonasme ! Mais c’est surtout une grande musicienne, une très grande ?, capable d’alterner des passages d’une douceur angélique, aériens, comme dans les Nocturnes de Chopin, avec des moments d’une brutale tendresse comme dans les Funérailles de Liszt. Sa maîtrise de l’instrument, parfaite, lui permet de se libérer des contraintes techniques pour atteindre des sommets d’expressivité. Son interprétation de Bénédiction de dieu dans la solitude, du virtuose hongrois, em-
preinte de mysticisme et de quiétude fut un modèle du genre : les grappes mélodiques cristallines s’épanchèrent de son instrument en réponse aux harmonies mordorées violentées par ses coups de butoir. Une main de velours dans un gant de fer ! Les petites pièces de Clara Schumann distillées en fin de concert avant le Carnaval opus 9 de son compositeur de mari, hissèrent définitivement cette grande dame au panthéon des pianistes. Une vraie leçon de musique. C.F.
Concert donné au GTP le 17 février
MUSIQUE
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Dans la cour des grands Johann et Joseph Strauss. Sans oublier les Danses Hongroises de Brahms. L’orchestre, comme libéré par les pizzicati précédents, gagnait une belle intensité. Et le final, hommage à la Provence avec la Farandole de l’Arlésienne de Bizet, fut enlevé avec une fougue et un enthousiasme auquel répondit avec chaleur le public transporté. Aux acclamations répétées, le morceau fut repris en bis, en ter. La musique est la première des pratiques amateurs des Français. Leur donner l’occasion de jouer en orchestre avec cette exigence et cette qualité est une merveilleuse idée.
Quel rêve extraordinaire pour un amateur éclairé que de se glisser aux côtés des plus grands interprètes, non seulement les approcher mais partager la même émotion sur scène ! C’est le bonheur que quatrevingt-dix musiciens amateurs, de sept à soixante-seize ans ont connu, grâce à la résidence de l’Orchestre National de France au Grand Théâtre de Provence. Sélectionnés sur 500 candidats par les musiciens de l’ONF, ils ont suivi d’assidues répétitions de novembre dernier au mois de mars 2011. Ce travail trouvait son aboutissement lors du concert donné au GTP sous la direction bienveillante et subtile de Takuo Yuasa. Le programme classique et varié permettait de mettre en valeur les différents pupitres de l’orchestre. On retiendra plus particulièrement les solistes des danses populaires de Béla Bartok, la belle partition des vents de la
© Agnès Mellon
Danse Arabe de Grieg et les superbes pianissimi pailletés des cordes de la Mort d’Aase (Grieg), le charme léger de La danse des Mirlitons de CasseNoisette, le travail de nuances sur la Valse triste de Sibelius, l’humour brillant de la Pizzicato Polka de
Romantique et suranné Programme délicat et subtil que celui proposé le 11 mars dernier au GTP, avec son titre générique L’amour. Amour en effet, puisqu’il unissait en un même spectacle des œuvres de Clara et Robert Schumann, par le Chœur de Radio France, sous la direction tout en finesse de Matthias Brauer avec un accompagnement au piano irréprochable. Les voix s’irisent, l’ensemble s’anime d’un souffle Choeur de Radio France © Radio France-Abramowitz
délicat dans l’interprétation des trois chœurs pour voix mixtes a capella de Clara Schumann, Abend feifer in Venedig, Vorwärts, Gondoliera, qui se modulent en différents registres, du mystique à l’amoureux. Chaque pupitre sonne avec justesse et les couleurs se marient en une vivante et riche palette que l’on retrouvera dans Le Pèlerinage de la Rose (Der Rose Pilgerfahrt sur un poème de Moritz Horn) de Robert Schumann. Pour cette œuvre, un seul regret, qu’il n’y ait pas de sur-titrage afin de suivre les étapes de la désuète histoire de cette Rose, qui rêve de devenir humaine, de connaître les joies de l’amour et de la maternité, et qui, après une année de bonheur humain donne la rose magique de la reine des Elfes à son enfant et meurt, accueillie par les anges du ciel ! Le chœur de Radio France est bien entendu remarquable, avec un travail d’échos et d’équilibre exceptionnel, qui papillonne avec légèreté et phrase avec netteté. Les voix des solistes sont splendides, fraîcheur innocente et pure de la Rose (la soprano Alexandra Couton), tessiture large des altos (Elodie Simon et Carole Marais), profondeur inquiétante de la basse, le Fossoyeur (Robert Jezierski), simplicité efficace du baryton (Mark Pancek) ou du ténor (Pascal Bourgeois) qui retrouve le ton du lied avec souplesse. Pour débuter le concert, la soprano Claudine Margely chantait Er ist’s ! aux accents chaleureux et délicats, unissant en une même œuvre Clara et Robert Schumann. L’amour ? Une fleur délicate et subtile que l’on a eu plaisir à respirer. M.C.
Clara et Robert Schumann : L’Amour donné au GTP le 11 mars par le chœur de Radio France sous la direction de Matthias Brauer
M.C.
Le concert du Grand Orchestre des Musiciens Amateurs de Provence a été donné le 7 mars
Une perle du Japon Grâce à la venue de l’Orchestre National de France, le GTP a pu découvrir un immense chef en la personne de Takuo Yuasa. Avec élégance et souplesse, à la manière d’un chef de chœur, il tira de l’ONF une des meilleures formation orchestrale du monde, sa quintessence pure. Notamment dans la quatrième symphonie de Brahms ! L’adagio final, tout en explosivité et tendresse, résonne encore dans l’enceinte du théâtre. Aux antipodes de ces sonorités charnelles, la première partie, après l’insipide ouverture d’Obéron de Weber, fut plus terne. Il faut dire que le concerto pour trois pianos et orchestre n°7 en fa majeur de Mozart, ici dans sa version pour deux pianos, avec les sœurs Bizjak, n’est pas une œuvre transcendante. L’orchestre, en retrait, s’effaça derrière le jeu agréable et le toucher perlé des deux pianistes. Le bis qu’elles proposèrent, plein de verve et de rudesse -paraphrases sur une étude de Paganinipermit de mettre en avant leurs qualités de virtuoses et d’interprètes. Puis Brahms arriva, et avec lui le sublime… CHRISTOPHE FLOQUET Orchestre National de France © Radio France-Abramowitz
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MUSIQUE
OPÉRA
La force du destin Il aura fallu quelques mots pour que Tatiana, Nataliya Kovalova, superbe soprano à la voix puissante et profonde, tombe éperdument amoureuse d’Eugène Onéguine, Armando Noguera, baryton argentin, au timbre chaud, doublé d’un formidable talent d’acteur. Il aura fallu quelques danses pour que Vladimir Lenski, Florian Laconi, ténor brillant et émouvant, fasse une crise de jalousie à Olga, Marie Lenormand, et provoque son ami Eugène en duel. La mort de Lenski sur la conscience, Onéguine erre avant de recroiser Tatiana. Renversement des rôles, il lui déclare sa flamme, mais, elle, mariée au prince Grémine, Nicolas Courjal, basse énorme, sonore, restera fidèle à son mari, malgré son amour pour Eugène. Au terme d’un dialogue saisissant d’émotion, l’opéra s’achève sur un air magnifique plein de désespoir et de
douleur, à la hauteur du désarroi des protagonistes : c’est le destin ! Eugène Onéguine, d’après Pouchkine, est un monument. L’œuvre, d’une parfaite unité, dévoile le formidable talent de mélodiste de Tchaïkovski. Les chœurs, soutenus par de belles harmonies et des couleurs d’orchestre exquises, ici superbement portés par les musiciens et chanteurs de l’opéra d’Avignon dirigés efficacement par Rani Calderon, alternèrent avec des airs plus beaux les uns que les autres. Le reste de la distribution vocale, également impeccable, participa au succès de cette représentation, tout come la mise en scène de Claire Servais: sobre, inventive, efficace, superbe. Une grande œuvre, servie par un grand spectacle.
Eugene Oneguine © Cedric Delestrade - ACM-Studio - Avignon
Eugène Onéguine a été joué au Théâtre Opéra d’Avignon les 20 et 22 février
CHRISTOPHE FLOQUET
Amours amères Fidèle à son engagement artistique, l’Opéra de Toulon programmait en cette fin février une œuvre injustement méconnue de Giaccomo Puccini, dernier grand compositeur lyrique italien. La Rondine, ou L’hirondelle en français, est une comédie lyrique traitant des affres de deux amants rarement jouée sans doute à cause du contexte historique sombre dans lequel elle vit le jour. Créée en 1917, elle fut remaniée deux fois par le compositeur indécis quant à son issue puis perdue et ne sortit de l’oubli que dans les années 90. Giuliano Carella et l’orchestre de l’opéra en ont livré une version splendide mettant en valeur l’excellence du métier de Puccini en tant qu’orchestrateur et portant au sommet une distribution vocale homogène, talentueuse et très émouvante. En effet, Maria Luigia Borsi soprano au timbre rond et
puissant incarnait avec grâce l’héroïne touchante d’indécision (Magda) et le ténor Marc Laho à la voix sûre brillait en amant éploré (Ruggero). De mêmes tessitures mais à l’opposé sur l’échelle du drame et donc plus légers aussi vocalement, Francesco Marsiglia (Prunier) et Rosanna Savoia (Lisette) s’emparaient de leurs rôles plus frivoles avec talent et conviction. Cette production digne d’éloges, aidée par une mise en scène limpide et efficace de Gino Zampieri épousant au plus près le livret, placée dans un contexte années folles avec des décors au style art déco épuré du plus bel effet et des costumes superbement mis en lumière avait tout pour combler les amateurs : un sans faute chaleureusement applaudi où audace rimait avec qualité.
La Rondine © Filippo Brancoli Pantera
ÉMILIEN MOREAU
Un baiser ? Pas sur la bouche © Christian Dresse
On se demande ce qui a pu pousser Alain Resnais à tourner en 2003 une adaptation de l’opérette Pas sur la bouche de Maurice Yvain. De prime abord c’est un pur divertissement Années folles, une sorte de comédie musicale boulevardière au style balancé du music-hall. L’octogénaire y avait pourtant déniché quelque miroir de notre temps, singeant une bourgeoisie snob et réac à la botte affairiste des States, encline à railler les avant-gardes et la femme en quête de liberté… On loue le dessein de l’Odéon de faire revivre pareil succès ! Pas sur la bouche, joué les 19 et 20 février, mis en scène par Pierre Sybil, adhère à l’esprit des années 1920 : silhouettes longilignes, robes tubulaires découvertes au genou, coupes au carré, décor art déco accroché de pastiches de Lempicka et Matisse… Le piano et la batterie font swinguer la fosse dirigée par Jean-Pierre Burtin. Les six filles du Chœur Phocéen dansent aussi bien qu’elles chantent et donnent de l’opulence à un plateau de solistes, excellent dans la comédie comme les roucoulades. On alterne, sur un tempo endiablé, quelque parodie sur l’Art (Dadas et cubistes s’y muent en «cucu-istes»), air avec hoquet, duos bariolés, ballet mexicain, une leçon de baiser… et de fatales grivoiseries ! JACQUES FRESCHEL
MUSIQUE
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Wozzeck… le choc ! fantasmes : ceux du héros sans doute, psychologiquement instable et en proie à des hallucinations. Mais tous ceux qui en surgissent, du capitaine clownesque (Gilles Ragon), du médecin démiurge (Frode Olsen) au tambour-major punk et bestial (Hugh Smith) et toute une ménagerie délirante (les hommes du Chœur de l’Opéra totalement déjantés !), symbolisent de fait un monde plus fou encore que celui qu’on attend. Au final, Wozzeck se trouve seul, au centre des regards et de cette «tente» dont les parois fragiles sont tombées. Du haut d’une imposante passerelle, à la lumière lunaire de réverbères, on observe l’œuvre accomplie. Ceux qui l’ont humilié le raillent encore, jusque dans sa mort même, pitoyable, avant que s’élève, dans l’excellente fosse d’orchestre (sous la baguette millimétrée de Lawrence Foster), une page tonale (enfin… libératrice ?) d’un lyrisme à tirer les larmes. Inoubliable !
Du chaos orchestral, issu d’un grondement tellurique, émerge peu à peu un «si» qui déjà persiste et vole vers l’aigu. Au climax de la scène du crime, une pulsation obsédante, doublée d’une irrésistible montée par degré à l’orchestre, ne laisse plus planer de doute : Wozzeck (Andreas Scheibner) va passer à l’acte ! Animé d’une pulsion impérieuse, il égorge Marie (Noëmie Nadelmann). Soudain cette fameuse note (le «si») gagne toute la place, envahit l’espace sonore au gré d’un crescendo ahurissant… Rarement musique, dans l’histoire de l’opéra, a fait à ce point corps avec son sujet comme celle composée par Alban Berg en 1925. Avec Wozzeck, on se situe à la lisière de la folie. Dans le climat social tendu de l’après-guerre et en plein expressionnisme germanique, l’atonalité qui s’y développe trouve sa pleine justification. Mais ne nous y trompons pas : la turbulence chaotique exposée est jumelée d’une organisation métronomique ! Wozzeck est sans conteste un chef-d’œuvre auquel on ne reste pas indifférent. C’est un choc quand on le découvre : on y reste planté comme devant Le Cri de Munch ! La lecture qu’en fait Guy Joosten est saillante, puissante. S’il égratigne quelques conventions liées au livret (un «Ange de mort» se substitue à l’Idiot et s’approprie le dialogue final des gosses, Wozzeck remplace l’enfant lors du monologue miséricordieux de Marie…), ce dernier renforce sa violence cynique. L’auberge, figurée par une «tente» militaire mouvante, est le lieu de tous les vices (fornication, prostitution, beuveries, travestissements…) et des
JACQUES FRESCHEL
Wozzeck est à découvrir jusqu’au 20 mars à l’Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 www.marseille.fr
Noemi Nadelmann © SF - Oscar Alessio
Les conservatoires sont des garderies ! Alors qu’elle vient d’animer une master classe autour des Noces de Figaro, Mireille Delunsch dresse un bilan sombre de l’enseignement du chant en France mireille delunsch © Studio cui cui Aude Boissaye
Zibeline : Que pensez-vous du projet de Cyril Rovery de constituer un pôle de spectacle et de promotion lyrique dans la région ? Mireille Delunsch : Je suis très attentive à cela : les chanteurs sont mal formés à la scène en France. Il y avait auparavant des classes d’art lyrique dans les Conservatoires, mais elles ont souvent disparu. Et puis les conservatoires en province sélectionnaient pour Paris… Ils ne font plus ce travail : ce sont des garderies ! Il y a trop peu d’heures d’enseignement et, de plus, les professeurs ont une attitude exclusive débile et empêchent leurs élèves d’aller voir ailleurs. Or lors des auditions les diplômes ne servent à rien : seuls le style et la voix comptent. Il y a un fossé entre l’enseignement et la réalité professionnelle. Quelle a été votre formation ? Je suis passée par le théâtre, la danse, la pratique instrumentale, le chant en chœur et j’ai grandi dans une famille où j’ai été accoutumée à la musique… par imprégnation ! Aujourd’hui les jeunes gens n’ont aucune idée de ce qu’est l’art lyrique. J’ai débuté à 21 ans dans le cadre d’une petite association qui montait des œuvres peu jouées comme L’Étoile de Chabrier… Vous savez, même lorsque les moyens sont limités, il faut que les acteurs soient bien dirigés. Ce travail avec des gens de théâtre m’a servi, plus tard, avec les grands metteurs en scène. Même si ces derniers, souvent, ne savent
pas quoi faire avec la musique ! Quels conseils avez-vous donnés aux jeunes chanteurs ? J’ai animé récemment une master classe à Séoul… le niveau n’est pas le même ! Mais j’ai travaillé ici dans un esprit professionnel, en montrant aux chanteurs comment travailler sur la conception des rôles. Cela passe par le mental et le sentiment, et renforce la technique et le style. J’adore enseigner ! Ça permet de trouver des solutions pour soi-même. Je devrais bientôt diriger une classe de chant à Berne. On vous a entendue il y a peu à l’Opéra de Marseille dans La Belle Hélène : c’était une prise de rôle ? Oui ! Je suis plutôt soprano alors que le rôle est celui d’une mezzo… mais bon ! L’équipe a résolument défendu la mise en scène de Savary et on a eu du plaisir à travailler ensemble. Ce qui est dommage c’est qu’il ne reste aujourd’hui que peu d’opérettes au répertoire, alors que c’est un bon moyen, pour les jeunes en particulier, d’accéder à l’opéra. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR JACQUES FRESCHEL
La prochaine master classe de l’O.P.T. sera dirigée par Marie-Ange Todorovitch sur Carmen, les 14 et 15 avril à l’amphithéâtre de La Timone (entrée libre). www.operatheatrepourtous.com
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MUSIQUE
ENSEMBLES
Suave Baroque…renaissant l’orgue de façon mystérieuse puis laisse la place aux violons en tuilage et au continuo de belles résonances. Les danseurs soulignent textes et tempi, mais nous restons perplexes sur ces danses très renaissance, cet univers à deux linéaire, alors que le baroque est bien plus théâtral, plus spatialisé. Certes, l’Académie de Danse n’est créée qu’en 1661 par Louis XIV, Beauchamp et Feuillet en étant les maîtres absolus. Mais la musique de Monteverdi, si variée et théâtrale, baroque, avait du mal à lutter contre ce duo assez corseté.
Aux Salins le 11 mars la conférence de Denis Morrier, Danse et musique dans l’Italie de Monteverdi nous fit voyager à la Cour des Gonzague où Monteverdi fut Maître de Chapelle du Duc de Mantoue. On découvre deux ouvrages majeurs sur la théorie et la pratique de la danse : Il Ballarino de Fabrizio Caroso (1581), contenant de nombreuses illustrations et Le Grazzie d’amore de Cesare Negri (1602), notant figures nouvelles et variétés de pirouettes. L’Ensemble Concerto Soave, avec Jean-Marc Aymes au clavecin, à l’orgue et à la direction (Odile Edouard, Flavio Losco, violons, Mara Galassi, harpe, Gaetano Nasillo, violoncelle, Maria Cristina Kiehr, soprano, Valerio Contado, ténor, Stéphan Mac Leod, basse), allait mêler son art à celui de Bruna Gondoni et Marco Bendoni, danseurs de la compagnie Il Ballarino, dans un programme autour de Monteverdi. Un programme fait d’amours, rires, pleurs, de contrastes permanents, et
YVES BERGÉ Concerto Soave © Marie-Eve Brouet
témoignant de la progression stylistique de Monteverdi porté vers la modernité de l’harmonie et du contrepoint (seconda prattica). De la Canzonetta a tre, composée à 17 ans -alternance entre deux violons sautillants et un trio de belle homogénéitéet le sublime Lamento de la Ninfa -
Le 9e festival Mars en Baroque se poursuit jusqu’au 23 mars (à la chapelle Sainte-Catherine, l’Alcazar et l’église Saint-Cannat, Marseille) Espaceculture 04 96 11 04 61 www.espaceculture.net Concerto Soave 04 91 90 93 75 www.concerto-soave.com
madrigal de 1648-, le voyage proposé est d’une subtile variété. Les violons expressifs et un continuo présent et dynamique, permettant aux voix aérienne de M. C. Kiehr, chaude de S. Mac Leod et piquante de V. Contado de poser d’audacieuses harmonies. J.-M. Aymes attaque la Sonate de Merula à
Vivent les femmes ! Singulière idée que d’avoir baptisé un festival Présences féminines pour sa première année d’existence dans l’agglomération Toulonnaise. On peut à l’évidence en remercier sa directrice artistique Claire Bodin qui n’a pas hésité à mettre en œuvre ses talents en tant que claveciniste et chef de la compagnie Les Bijoux indiscrets dans un concert de clôture brillant et baroque à souhait puisque dédié à des œuvres qu’interprétait en son temps la Marquise de Pompadour. L’ensemble du concert de clôture ne proposait que des œuvres de compositeurs masculins de la première moitié du XVIIIe siècle (d’autres concerts furent plus spécifiquement dédiés aux femmes compositrices), mais on y percevait toutefois la féminité au travers du chant fluide aux aigus ciselés de Juliette Perret et des
danses nobles aux pas délicieusement chaloupés de Sarah Berreby. Dans une atmosphère résolument anachronique, puisque des œuvres contemporaines sont accrochées aux murs du Musée d’Art de Toulon, le simple fait de fermer les yeux transportait les sons dans une autre époque. Bien que peu favorable à la voix et à son articulation, l’acoustique du lieu nimbait la musique d’une sonorité envoutante proche du souvenir, comme un écho nous rappelant avec quelle ferveur Madame la Marquise avait défendu musicalement et financièrement la musique et la danse de son temps. Qu’il s’agisse de la fougue d’un Pancrace Royer ou de l’étonnante sobriété de Campra la richesse du style français était subtilement mise à l’honneur dans cette soirée au programme généreux.
Ensemble Les Bijoux indiscrets © X-D.R.
Souhaitons donc longue vie à ce Festival prometteur et avouons-le : vivement 2012 ! ÉMILIEN MOREAU
Dans le cadre de sa trilogie Telemann, Balbastre, Bach fils au charmant petit Temple protestant d’Arles, l’ensemble Baroques-Graffiti est border line avec le style classique : Les œuvres interprétées des fils Bach, Carl Philipp Emanuel et Johann Christoph Friedrich (Larghetto pour pianoforte et traverso) ont déjà un pied si ce ne sont les deux dans le nouveau style Viennois fin XVIIIe. Voilà une programmation qui met les pieds dans le plat et concrétise le meurtre du père ! Formation inhabituelle en quatuor : Le traverso prend la place du violon rappelant sa popularité en Prusse et les liens d’amitiés unissant Carl Philipp Emanuel et le compositeur,
sharman Plesner © X-D.R.
Vous avez dit baroque ? flûtiste et théoricien J.J Quantz. Le pianoforte quant à lui prend acte du deuil de la basse continue baroque en cette année 1788. Après de ponctuelles dérobades que nous attribuerons à la fraîcheur du lieu, bien vite maîtrisées par le polyinstrumentiste et conducteur Jean-Paul Serra dans le premier Quartett en la mineur Wq93, Baroques-Graffiti rentre dans le vif d’une musique fraîche et vivante qui relativise la prééminence de Mozart et Beethoven : l’interprétation des Quartett Wq 94 et Wq 95 révèle une musique concertante et virtuose derrière laquelle on entend les futures résonnances des arabesques mozartiennes et des so-
nates de Beethoven. La violoniste Sharman Plesner assure à l’alto pour les besoins de la formation, JeanChristophe Frisch nous rappelle sa maîtrise passée dans Vivaldi au vent et Etienne Mangot dialogue avec bonheur et en duo (sonate Wq 62/21 de J.C.F) avec un pianoforte au timbre souvent mésestimé. Bon pour le moral, à vous faire oublier la fraîcheur du lieu ! P-A HOYET
Ce concert a eu lieu le 10 mars à Arles et le 11 mars à la Bastide de la Magalone, Marseille
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La face cachée de la lune Le 8 mars, sur la scène nationale de Cavaillon, l’Ensemble Télémaque dirigé par Raoul Lay nous offrait un challenge séduisant à partir d’un Ovni venu de nulle part, le Pierrot Lunaire d’Arnold Schönberg. Ce mélodrame pour petit ensemble de chambre, chanté, récité, à partir de vingt et un poèmes d’Albert Giraud, a été encensé ou décrié avec la même énergie, implantant cette œuvre déroutante aux accents expressionnistes comme une borne qui scelle l’avènement de la musique contemporaine en 1912, et interroge toujours. C’est là où réside le mérite de Télémaque qui a su prendre le risque d’immerger la composition dans une mise en abyme théâtralisée écrite avec jubilation par Suzanne Joubert. Son texte explicite mine de rien, sans pédagogie, une œuvre musicale déconcertante : sans une lettre d’excuse, un metteur en scène joué par Renaud Marie Leblanc avoue son
impuissance à mettre en scène la création de cette œuvre étrange prévue à l’origine pour la chanteuse
le ton est donné : allongé sur une longue table encadrée par le public, Raoul Lay dirige alors nonchalam-
morbide et berlinoise début de siècle. La soprano Brigitte Peyré pulpeuse à souhait (sic) théâtralise à merveille les évocations tour à tour glauques, fantasques, chimériques, sanglantes ou douloureuses du Pierrot astral. La mise en scène transforme les musiciens et le chef en comédiens, leur offrant des interventions orales et des placements variés qui dynamisent leur interprétation musicale, précise et vivante. Le public conquis, rit (si, si, sur Schönberg…) aux saillies de l’auteur qui prennent vie sous le jeu du metteur en scène comédien. Le challenge est relevé ! Une réussite dans la compréhension d’une œuvre fondatrice, hermétique et magistrale. PIERRE-ALAIN HOYET
© Agnès Mellon
de cabaret Albertine Zehme sur le mode déclamé du sprechgesang (chant parlé) initié par Schönberg. D’office
ment son ensemble sur les délicates arabesques du piano, révélant immédiatement l’atmosphère clair de lune,
La voix est libre Un concert au musée ! Le 5 mars Musicatreize et le Chœur Contemporain œuvraient au cœur des toiles du musée Cantini
24 ans d’âge ! La création d’Ayx de François Rossé autour des Essenomes, 24 tableaux du peintre plasticien Tigrane, donnait l’occasion à l’auditoire nombreux de participer à la détermination des parties exécutées en choisissant lui-même les toiles correspondant au tissu compositionnel à la manière d’une œuvre ouverte. Donnée de deux façons différentes en début et en clôture de concert, cette pièce offre ainsi 4096 possibilités d’exécution ! Devant l’ensemble vocal groupé ou au cœur d’une spatialisation enveloppant une assistance contemplative des tableaux en question accrochés aux murs, le maitre de cérémonie Roland Hayrabedian a su donner un concept-concert attractif de grande qualité.
De la couleur ! Ce titre équivoque donné au programme du concert vocal s’explique par la dualité des œuvres proposées, entre peinture et musique. L’Art Brut de la Vénus du trottoir de Dubuffet inspirait Kamenaia de Christophe Bertrand, jeune compositeur disparu l’an dernier, et les toiles Terre Brûlée II d’Ubac et Voiliers à Cannes de De Staël insufflaient Ikhtifa à Zad Moultaka, une superbe décomposition des mots, alors que les Trois poèmes élastiques dictés par Cendrars et avec orgue de barbarie faisaient presque figure d’ancêtre avec leurs
FRÉDÉRIC ISOLETTA Roland Hayrabedian © Guy Vivien
Tous ensemble !
La convivialité et l’amour de la musique partagée président aux Musicales de février de La Ciotat. Troisième édition, et le succès public ne se dément pas. Pour le concert de clôture, la salle de la Cha-
Ensemble instrumental du Pays d'Aix © x-D.R
pelle des Pénitents Bleus (autrefois abandonnée aux cars !) est comble. Le sympathique ensemble instrumental du Pays d’Aix sous la direction de Pierre Taudou se laisse aller à de charmantes interprétations de Haendel, Mozart, Bach, Grieg. Malgré quelques attaques un peu flottantes, et quelques accords approximatifs, la musique retentit comme une fête. La voix bien placée de Monique Borrelli, soprano colorature, s’élance avec justesse et de beaux phrasés, et l’on remarque son articulation particulièrement claire et sa jolie sensibilité dans l’interprétation, que ce soit du Vorrei spiegarvi, o Dio, dont les deux mouvements demandent une belle variété d’intentions, ou l’Exultate Jubilate dont les passages a capella mettaient en valeur la voix nue et bien timbrée. On avait aussi le plaisir d’entendre, lorsque l’orchestre des cordes ne la couvrait pas, la flûte traversière sensible et aérienne d’Emilie Iannello
dans la suite n° 2 de J.-S. Bach. L’ensemble se pliait ensuite avec gentillesse au rite du bis, avec une surprise qui accordait un point d’orgue particulièrement festif à ce concert : encadrant les spectateurs, les chanteurs de l’ensemble vocal et instrumental Gaudete (dirigé depuis 10 ans par Pierre Taudou) entonnèrent avec enthousiasme l’Alléluia de Haendel. Un plaisir supplémentaire, dans l’esprit jubilatoire de cette manifestation. MARYVONNE COLOMBANI
Ce concert de l’ensemble instrumental du pays d’Aix a été donné le 27 février à la Chapelle des Pénitents Bleus
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MUSIQUE
AU PROGRAMME
OPERA Terreur Né des plumes de Bernanos et Poulenc, Dialogues des Carmélites est un ouvrage lyrique bouleversant qui retrace un épisode tragique. Salve Regina… chantent les carmélites en montant à l’échafaud… Une à une, leur voix s’éteint au choc du billot, et Blanche, enfin, sort de la foule et rejoint ses sœurs dans la mort. On résiste difficilement à l’émotion lors de la dernière scène de ce chef d’œuvre du XXe siècle. L’opéra de Poulenc évoque un épisode réel de la Révolution. En 1792, les carmélites de Compiègne sont expulsées de leur monastère, mais choisissent de continuer de vivre leur foi «hors les murs». Seize d’entre elles sont arrêtées, condamnées à mort et guillotinées en 1794. La musique y est somptueuse et le chant s’y déploie à l’instar des doutes existentiels des personnages. Car avant d’être des héroïnes, les sœurs sont humaines, mues par la peur de l’au-delà autant que l’idéal de Salut. On retrouve la belle mise en scène de Jean-Claude Auvray avec Anne Catherine Gillet (Blanche), Stéphanie d’Oustrac (Mère Marie), Sébastien Droy (Le Chevalier de la Force), Manon feubel (Madame Lidoine) dirigés par JeanYves Ossonce.
L’Italienne à Alger
Du rire aux larmes
Une fabulation buffa dans un orient d’opérette ! Rossini y livre en 1813 sa première grande folie musicale. Isabella échoue en Algérie et tente de libérer son amant Lindoro, devenu esclave de Mustafà… La mise en scène de Sandrine Anglade souligne la bizarrerie du livret quand la partie musicale est dirigée par Pascal Verrot avec Allyson MacHardy (Isabella), Jonathan Veira (Mustafà), Blagoj Nacoski (Lindoro)…
Après Les Puritains ou La Somnambule (de Bellini), Linda de Chamonix (1842) de Donizetti est l’un des derniers exemples d’opéra semi-seria, comme l’un de ses ultimes chefs-d’œuvre. On y larmoie comme on y rit, de cabalette en tyrolienne, de prière en pages pathétiques, du buffo authentique au duo affectueux pur crû… et son inévitable «scène de folie» ! Le livret n’est pas l’atout de l’ouvrage, mais sa musique est au service du beau chant. Le couple amoureux est chanté par Majella Cullagh (Linda) et Alexey Kudrya (Carlo) sous la baguette de Steuart Bedford. Une création mise en espace par Jean-Philippe Delavault.
AIX. Le 18 mars à 20h30 et le 20 mars à 15h. GTP 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
TOULON. Le 25 mars à 20h et le 27 mars à 14h30 Opéra 04 94 93 03 76 www.operadetoulon.fr
LYRIQUE Trinité Bach
AVIGNON. Le 27 mars à 14h30 et le 29 mars à 20h30 Opéra 04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
New age
L'Italienne à Alger © Frederic Iovino
La compagnie Les Brigands (Barbe-Bleue, Le Docteur Ox, Ta Bouche …) a décidément trouvé la recette pour faire du neuf avec du vieux. Elle recrée (en collaboration avec la Cie les 26000 couverts), un Moyen Âge débridé, hilarant, en exhumant l’opéra bouffe de Claude Terrasse et Franc-Nohain, créé en 1901 : Au temps des croisades. C’est que Dame Bertrade se languit depuis que son seigneur de mari est parti pour trois ans chasser le sarrasin… et sa ceinture de chasteté commence à la démanger ! MARTIGUES. Le 2 avril Les Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr Au temps des croisades © Y. Petit
Andalousie Dernière opérette de la saison (avant travaux) sur la Canebière : elle est signée Francis Lopez et fait revivre les «espagnolades» du grand Luis Mariano ! MARSEILLE. Les 19 et 20 mars à 14h30 Odéon 04 96 12 52 70 www.marseille.fr
Séducteur L’Opéra de Marseille retrouve Don Giovanni de Mozart dans la mise en scène de Frédéric BélierGarcia, production qui, en 2005, avait recueilli de nombreux lauriers. Cet opéra a connu de nombreuses (re)lectures, du film de Losey qui a largement contribué à son succès populaire… à la vision controversée de Dmitri Tcherniakov en juillet 2010 à Aix. Bélier-Garcia, pour sa part, articule avec intelligence les critères classiques : il sert l’œuvre, équilibre les styles seria et buffa dans un décor élégant, finement découpé, où les personnages se meuvent dans des costumes fleurant le XVIIIe siècle. On attend le baryton Jean-François Lapointe dans le rôle-titre, entouré de son valet Leporello (Joseph Wagner), la paysanne Zerline (Emilie Pictet), du fiancé languissant Don Ottavio (Alexey Kudrya), la vengeresse Donna Anna (Burcu Uyar), l’épouse abandonnée (Marianne Fiset), du sombre Commandeur (Nicolas Courjal)… sous la direction musicale de Theodor Guschlbauer. MARSEILLE. Les 12, 14, 19, 22 avril à 20h et les 17 et 14 avril à 14h30. Opéra 04 91 55 11 10 www.marseille.fr
Le nombre Trois possède une grande valeur symbolique dans l’œuvre de Bach. Mais c’est sûrement un hasard si trois spectacles sont prochainement donnés, dans l’architecture moderne du Grand Théâtre aixois, autour d’opus phares du Kantor de Leipzig ! Accentus accompagné du Concerto Köln (dir. Laurence Equilbey) chante un florilège de ses plus beaux Motets (le 22 mars), l’immense Messe en si mineur est interprétée par la Cappella Amsterdam et Il Gardellino (dir. Daniel Reuss – le 1er avril) et la grandiose et dramatique Passion selon St Matthieu par l’Amsterdam Baroque Orchestra & Choir (dir. Ton Koopman – le 15 avril). AIX. GTP 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Sud Europe Marie-France Arakélian accompagne au piano les sopranos Brigitte Peyré et Murielle Tomao dans une balade De Naples à Séville. Italie et Espagne se répondent, fusionnent à travers des zarzuelas, chansons napolitaines, airs et sérénades, aux rythmes de tarentelles, habanera, boléro... signés Rossini, Donizetti, Tosti, Viardot, Penella, Rodrigo, Saint-Saëns, Gounod… (mise en scène Bernard Colmet). MARSEILLE. Le 12 avril Théâtre Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com
Mozart à la rescousse ! Si l’on regrette les annulations de La Voix Humaine de Poulenc et de L’Éducation manquée de Chabrier, le programme de substitution proposé par l’équipe gardoise se présente sous des auspices favorables. Deux super solistes de l’Orchestre National de Montpellier, Dorota Anderszewska (violon) et Cyrille Tricoire (violoncelle), la soprano Sabine Devieilhe, accompagnés par la pianiste Galina Soumm, présentent un récital conçu autour d’airs de Mozart. NÎMES. Le 23 mars à 19h Théâtre 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
MUSIQUE
Voix sacrées L’Ensemble Vocal Méditerranéen et l’Ensemble Vocal Féminin Hymnis (dir. Bénédicte Pereira) accompagnés par André Rossi à l’orgue, présentent un beau programme de musique sacrée : la Messe en sol D.167 de Schubert, de somptueux Motets de Mendelssohn et le Salve Regina de Poulenc. MARSEILLE. Le 31 mars Eglise de Montolivet (12e) ROQUEVAIRE. Le 2 avril Eglise St-Vincent
Lieder Dans le cadre de la saison de musique de chambre au Grand-Foyer de l’Opéra de Marseille, Sophie Oinville (soprano), Ariane Stamboulidès (alto), Alain Geng (clarinette) et Brigitte Grosse (piano) interprètent le célèbre Pâtre sur le rocher de Schubert et de séduisantes Valses chantées de Brahms. MARSEILLE. Le 16 avril à 17h Opéra 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr
Chéri-Chéri Le Lulu Berlue Trio, Lucie Prod’homme (voix), José Assa (piano) et Richard Arapian (batterie) partent à la Chasse au Chéri-Chéri, théâtre musical loufoque et poétique mis en jeu par Anne et Philippe Gastine. MARSEILLE. Le 17 mars Cité de la musique 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Niche classique !
Dans le cadre de sa 9e édition, le Festival Voix de femmes fait une petite place à la musique classique, au demeurant peu… vocale ! Le trio F composé de Marika Lombardi (hautbois), Valérie Granier (basson) et Nathalie Dang (piano) propose un programme varié de musiques du XXe siècle. TARASCON. Le 25 mars à 21h Château 04 90 47 06 80 http://cdc-stmartindecrau.fr
Pré-pascal
La 26e Semaine Sainte en Arles, si elle possède une semaine d’avance sur le calendrier grégorien, débute par des pages sombres (Stabat mater, Requiem, De profundis…) de Charpentier, de Brossard, Bouteiller interprétées par le Concert spirituel dirigé par Hervé Niquet (le 10 avril à 11h). On entend ensuite les vocalises du contre-ténor Max Emanuel Cencic accompagné par l’Ensemble Moderntimes 1800 dans Durante, Leo, Porpora, Caldara… (le 13 avril). Le vendredi s’articule logiquement autour de Leçons de ténèbres de Couperin, de Brossard, Michel, Bernier par Les Paladins dirigés par Jérôme Correas (le 15 avril) avant un dimanche bien sombre : Le Requiem allemand de Brahms est chanté par Coral Càrmina (Bilbao) dir. Gorka Sierra (le 17 avril à 11h). ARLES. Du 10 au 17 avril Le Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com
Le Festival de Musique Sacrée des Festes d’Orphée fête sa 20e édition. Guy Laurent présente Jean-Gilles, compositeur baroque aixois au centre de l’anniversaire (Concert/lecture le 5 avril à 19h - Chapelle des Oblats et Conférence illustrée le 7 avril à 18h30 à la Cité du livre). Le grand hommage est rendu par les Solistes, le Grand-chœur et l’Orchestre baroque des Festes d’Orphée qui interprètent ses Trois Lamantations (Mercredy, Jeudy & Vendredy Saints) et sa Messe des Morts. MARSEILLE. Le 12 avril Notre-Dame du Mont AIX. Le 13 avril Cathédrale St-Sauveur 04 42 99 37 11 www.orphee.org
CHAMBRE Quatuor Syrah Louis-Alexandre Nicolini et Marie Hafiz (violons), Benjamin Clasen (alto) et François Torresani (violoncelle) jouent le Quatuor n°2 en mi bémol majeur op. 1 du jeune Haydn, avant l’une des pièces les plus prisées du répertoire : le Quatuor en ré mineur La Jeune Fille et la Mort de Schubert. MARSEILLE. Le 19 mars à 17h Opéra 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr
L’ensemble Des Equilibres (Agnès Pyka, violon) revient dans le Var le temps de deux concerts. Il joue Mozart et Schumann, le Quintette méconnu de Dohnanyi (composé à l’âge de 15 ans !) et l’inégalable Sonate de Poulenc.
À l’occasion de la Journée mondiale de la voix, Lucile Pessey (soprano), Cyril Rovery (baryton), Catherine Galland et Ludovic Selmi au piano, jonglent de mélodies en airs et duos d’opéras de Mozart, Fauré, Liszt, Duparc ou Verdi…
TOULON. Les 20 et 27 mars à 19h Eglise St Paul 06 64 11 00 62 http://accordsenscene.free.fr
MARSEILLE. Le 16 avril Hôpital St-Joseph 06 79 34 81 66 www.operatheatrepourtous.com
Pas du pipeau ! L’Ensemble Pythéas en trio, à la flûte Charlotte Campana, au piano Marie-France Arakélian et au violon Yann Le Roux-Sèdes, présente La flûte dans tous ses états : Un programme attrayant et divers de pièces de Mozart (Andante en ut K.315), César Cui et Bartok (Danses populaires roumaines), Jolivet et Bach (Sonates).
Baroque La soprano Monique Zanetti et Christine Lecoin au clavecin en récital baroque. MARSEILLE. Le 8 avril La Magalone 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
AIX. Le 1er avril Temple rue de la Masse MARSEILLE. Le 2 avril à 16h Eglise St-Ferréol 06 21 50 52 90 - www.ensemble-pytheas.com
FESTIVAL Suite
MARSEILLE www.concerto-soave.com
Le Grand Gilles
En Cité(s)
Mélodies
Mars en baroque se poursuit à l’église Ste-Catherine avec des artistes rompus au style baroque : le violoncelliste Roel Dieltiens (le 16 mars à 20h), Luca Guglielmi au clavecin & pianoforte (le 17 mars à 20h) et la soprano Stéphanie Révidat avec La Symphonie du Marais, Hugo Reyne et ses flûtes & hautbois (Cantates & Sonates - le 19 mars à 20h). Le concert de clôture à l’église St Cannat annonce des lamenti baroques et une création contemporaine de Philippe Gouttenoire avec María Cristina Kiehr (soprano), Concerto Soave et Jean-Marc Aymes aux claviers, et Musicatreize dirigé par Roland Hayrabédian (le 23 mars à 20h).
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Ensemble Moderntimes © X-D.R.
Ténèbres La Semaine Sainte tombant cette année pendant les vacances scolaires, l’ensemble BaroquesGraffiti fait coïncider (à peu près) le moment de Pâques avec le rythme de sa saison musicale. Les Leçons de Ténèbres signées de Lalande sont jouées avec un peu d’avance. Avec Kaoli Isshiki (soprano), Agustina Merono (viole de gambe), et Jean-Paul Serra (orgue). AIX. Le 15 avril Chapelle des Oblats MARSEILLE. Le 16 avril Eglise St-Théodore 09 51 16 69 59 www.baroquesgraffiti.com
Pincées Orchestre à plectre, avec Alexandre Boulanger et Vincent Beer-Demander respectivement professeurs de guitare et mandoline au Conservatoire de Marseille, au chant Rémi Beer-Demander (ténor) dans Vivaldi, Piazzolla, Ferré… AUBAGNE. Le 20 mars à 16h Eglise St-Sauveur – Entrée libre
Quatuor Le Quatuor Manfred joue Haydn, Chausson et Beethoven. BERRE. Le 15 avril à 19h Eglise St Césaire 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
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MUSIQUE
AU PROGRAMME
Duo
Sonates
Russe !
Eric Charray (clarinette) et Jacques Raynaut (piano) jouent Mozart, Schumann, Debussy Lutoslawski, Hindemith, Poulenc.
Olivier Charlier (violon) et Anne Queffélec (piano) jouent des sonates de Mozart et Beethoven (Le printemps).
Le concert du Festival russe est une «Carte blanche» laissée au pianiste Michel Bourdoncle qui, en compagnie d’Alexandra Lescure et Vladik Polionov, joue Tchaïkovski, Rachmaninov, Chostakovitch, Prokofiev et (bicentenaire oblige !) Liszt.
CARRY. Le 12 avril Espace Fernandel 04 42 44 64 01 www.moments-musicaux-de-carry.fr
MARSEILLE. Le 11 avril Gymnase 0 820 000 422 www.marseilleconcerts.com
Sensibles
Quatre mains
Un récital attrayant de duos romantiques de Chopin et Brahms par deux artistes à la musicalité fine : Ophélie Gaillard (violoncelle) et Edna Stern (piano).
Léa Roussel et Jean-Marc Bouché jouent à quatre mains des pièces «carnavalesques» signées SaintSaëns ou Darius Milhaud.
AIX. Le 4 avril Jeu de paume 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Les Violoncelles Français, en octuor, jouent Bach, Rachmaninov, Dvorak et Verdi (voir p 85)
RÉCITAL
AIX. Le 29 mars GTP 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Double Angelich Deux occasions de retrouver le grand Nicholas dans la région ! En duo à quatre mains avec Hélène Desmoulins dans la Venise provençale, puis en solo, en Dracénie, dans un programme Bach, Chopin, Schumann. MARTIGUES. Le 19 mars Les Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr DRAGUIGNAN. Théâtres en Dracénie Le 14 avril 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com
Octuor Les Violoncelles Francais © Francois Sechet
Patrimoine
Tharaud
Guy Laurent propose d’illustrer le patrimoine musical de la ville d’Aix, du XVIIe au XXe siècle, avec Campra, Pelegrin, Gilles, David (Félicien), Milhaud, Villette…
Le Quatuor Le Sage, Daishin Kashimoto (violon), Lise Berthaud (alto), François Salque (violoncelle) et Eric Le Sage (piano) interprètent Märchenbilder, la Sonate pour violon et piano de Schumann et les Quatuors pour piano de Schumann et Fauré. AUBAGNE. Le 1er avril Comoedia 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Trois & Quatre Sylvie Bonet & Corinne Moirano-Cartigny (violon), Elise Derobet (alto), Manuel Cartigny (violoncelle) et Elisabeth Monterrain-Gouget (flûte) jouent des Trios et Quatuors de Mozart, Haydn et Brahms. TOULON. Le 30 mars à 19h Opéra, Foyer Campra 04 94 93 03 76 www.operadetoulon.fr
Le grand Alexandre joue l’Opus 109 de Beethoven, mâtiné de Sonates de Scarlatti au piano. ARLES. Le 27 mars à 11h Le Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com Alexandre Tharaud © Marco Borggreve
Schumann/Fauré
Attention talent !
MARSEILLE. Le 5 avril Hôpital St-Joseph 04 91 54 76 45 www.musiqueandco.com
Cello
AIX. Le 22 mars à 18h30 Salle Mazenod (Oblats) www.orphee.org
MARSEILLE. Le 29 mars Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org
Andrei Korobeinikov © Julianna Voloz
Andreï Korobeinikov est sans doute le jeune pianiste russe le plus marquant de sa génération. Il a 24 ans, et explose en France depuis ses débuts à La Roque d’Anthéron en 2006. On l’entend dans trois grands opus joués généralement par des musiciens plus mûrs : l’Opus 109 de Beethoven, la Chaconne en ré mineur de Bach/Busoni et la grande Sonate op. 960 de Schubert. A ne pas manquer ! MARSEILLE. Le 25 mars Gymnase 0820 000 422 www.marseilleconcerts.com
SYMPHONIQUE Pastorale L’excellent chef italien Luciano Acocella dirige l’Orchestre philharmonique de Marseille dans la Sérénade n°2 en la majeur op.16 de Brahms et la 6e symphonie dite Pastorale de Beethoven. MARSEILLE. Le 25 mars Pharo 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr
Ampleurs Gautier Capuçon (violoncelle) joue le Concerto n°1 de Chostakovitch avec l’Orchestre régional de Cannes (dir. Philippe Bender). Au programme également : la Symphonie Jupiter de Mozart et Créatures de Prométhée de Beethoven. TOULON. Le 22 mars Palais Neptune 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com
Bons vents !
Du Nord
Bernard Soustrot (trompette) et Jean Dekyndt (orgue) font sonner leurs tuyaux dans Liszt, Franck, Haendel, Boyce et Walther.
Brigitte Engerer dans le Concerto pour piano de Grieg en compagnie de l’Orchestre de l’Opéra (dir. Giuliano Carella) qui joue également la Symphonie n°8 de Dvorak.
MARSEILLE. Le 1er avril Eglise des Chartreux 04 96 11 04 61 www.marseilleconcerts.com
TOULON. Le 8 avril Palais Neptune 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com
MUSIQUE
Rare Hélène ! On n’avait plus entendu Hélène Grimaud par chez nous depuis quelques temps. On retrouve la pianiste avec plaisir dans le 23e concerto de Mozart en compagnie du Royal Liverpool Philharmonic Orchestra (dir. Vasily Petrenko) qui joue également la Symphonie Manfred de Tchaïkovski et l’Ouverture The Wasps de Vaughan Williams. AIX. Le 25 mars GTP 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
CONTEMPORAINE ECO-logique L’Ensemble Télémaque prend ses quartiers aux ABD pour rendre accessibles aux profanes des répertoires de musique contemporaine. De surcroît, il collabore avec les ensembles Musiques Nouvelles Bruxelles/Mons et De Ereprijs/Amsterdam pour inaugurer une collaboration européenne (ECO - European Contemporary Orchestra) de musiciens dans l’objectif de contribuer positivement à la Capitale européenne de la culture en 2013. Sûr que, dans l’auditorium, les pièces pour percussions Rebonds b de Xenakis, In four parts de Peter Kotil (première française), une nouvelle création de Jean Luc Fafchamps et l’hilarant Musiques de tables de Thierry de Mey feront leur effet ! (Eclats de peaux le 25 mars). Ce sont ensuite des violoncellistes de ces prestigieuses formations musicales qui fusionnent leur talent dans des pièces de Jean-Louis Florentz, Jean-Paul Dessy, Giacinto Scelsi et une création pour quatuor de violoncelles de Lionel Ginoux… (Le chant des violoncelles le 15 avril). MARSEILLE. Concerts à 19h Archives départementales 04 91 08 61 00 www.ensemble-telemaque.com
In progress Rencontre avec le compositeur Stefano Bassanese et le tromboniste Michele Lomuto à propos de leur projet en cours de création pour le Festival Les Musiques : A bout de souffle. MARSEILLE. Le 22 mars à 19h Gmem 04 96 20 60 10www.gmem.org
Voix sacrées Musicatreize propose un programme d’opus sacrés chantés à 16 voix, mariant le Via Crucis romantique de Franz Liszt et deux pièces contemporaines : Tre canti sacri de Giacinto Scelsi et le stellaire Lux aeterna de Gyorgy Ligeti. MARSEILLE. Le 14 avril à 19h30 Eglise St-Laurent 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org JACQUES FRESCHEL
AGEND’JAZZ AIX Grand Théâtre de Provence Nine Spirit & Quatuor Manfred-Mozart Ellington (5/4 à 20h30) 04 42 916 969 www.grandtheatre.fr
Jazz Club de Provence Spécial Smooth Jazz (9/4 à 21h15) 04 42 261 295 www.jazzclubprovence.com
ARLES Le Boatel (péniche) Jeanne Plante (18/3) 06 08 605 324 www.leboatel.com
AUBAGNE MJC L’Escale Poum Tchak & We used to have a band (2/4 à 21h) Les Jeudis de L’Escale : Café-Jazz avec le trio LaDiMa tous les 3e jeudis du mois et Soirée-Bœuf tous les 2e jeudis du mois 04 42 181 717 www.mjcaubagne.fr
Château des Creyssauds Vagablues (9/4 à 21h) 04 91 248 445 www.creissauds.com
AVIGNON AJMI Francesco Bearzatti 4tet (1/4) Présentation de l’atelier Big Band de Réné Bottlang (5/4) Pierre Durand 4tet (8/4) Marion Rampal-Perrine Mansuy-François Cordas «Ce monde autour de moi» (10/4 à 17h00) MELC 4tet (22/4) Jazz Story N°5 Sonny Rollins (28/4) Marjolaine Reymond 4tet (29/4) 04 90 860 861 www.jazzalajmi.com
BRIANÇON Le Cadran Atelier Jazz et concert avec Passport Quartet en divers lieux de la communauté des communes du Briançonnais (20/4) Slonovski Bal à Monetier les Bains Salle du Dôme(15/4) 04 92 255 252 www.theatre-le-cadran.eu
CHATEAU-ARNOUX Théâtre Durance Cabaret Brecht Tango Broadway (26/3) 04 92 642 734 ww.theatredurance.fr
HYÈRES Théâtre Denis Leçon de jazz «Chick Corea» par Antoine Hervé (9/4 à 21h) 0494 007 880 www.jazzaporqueroles.org
ISTRES L’Usine Maceo Parker (24/3 à 21h) 0442 560 221 www.scenesetcines.fr
LAMANON Salle des Fêtes Laure Donnat & Lilian Bencini (13/4 à 18h)
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Roll’ Studio Africa Express (2/4 à 19h30) Standard de nuit (9/4 à 19h30) Duo Thierry Maucci/Christian Brazier (16/4 à 19h30) Hommage à Brassens avec Christian Lanet trio (30/4 à 19h30) Divina 4tet (19/3 à 18h30) 04 91 644 315 www.rollstudio.fr
Station Alexandre Les Douze Pianos d’Hercule par JeanPaul Farré (19/3 à 21h) 04 91 009 000 www.station-alexandre.org
04 90 595 462
MARSEILLE Abbaye de Saint Victor Tigran Hamasyan (8/4 à 20h15) http://www.fj5c.com
Auditorium des ABD 2,3,4 Musiques - Duo de piano Oliva et Raulin (18/3 à 19h) 0491 086 100 www.biblio13.fr
Cité de la Musique Gospel & Gospel Time (18/3 à 21h) Julian Getreau 4tet Paper Plane (21/3 à 21h) Quand le jazz et les Musiques Actuelles... (28 et 29/03) PianoFonies (31/3) Perrine Mansuy Mandragore et Noyau de Pêche (4/4) 04 91 392 828 www.citemusique-marseille.com
Cri du Port Monique Hutter-Daniel Huck 4tet (17/3) L’exceptionnel Wallace Roney 5tet (23/3) Cecile McLorin Salvant trio (31/03) 04 91 504 151 www.criduport.fr
MIRAMAS La Colonne Anne Paceo Trio (7/4 à 21h) Cotton Candies (15/4 à 19h30) 04 90 500 526 www.scenesetcines.fr
OLLIOULLES Royal Jazz Club Roland Kersanti-Louis Petrucciani Gérard Pinson Hommage à Bill Evans (2/4 à 21h) Carniel Trio (9/4 à 21h) Melenchon-Agullo-Cortes-Sempere Guitar Addiction (16/4 à 21h) www.myspace.com/royaljazzclub
SALON Salon de Musique / IMFP Christian Brazier 5tet (15/3) VillegerPerez-Maurin (17/3) JazzKa (29/3) La Gua-Gua (31/3) All Stars (7/4) Mario Stantchev Sangoma Everett & Didier Del Aguila (13/4) et aussi Jam sessions les lundis et mercredis de 19h à 23h 04 90 531 252
Médiathèque Laure Donnat & Lilian Bencini (8/4 à 19h) 04 90 567 416
Inga des Riaux Phil Good (25/3) Folkies (31/3) Thierry Maucci 4tet (1/4) Peggy Quetglass Trio (8/4) Jazz à Cinq (15/4) Juste un Swing (22/4) 06 07 575 558 www.inga-des-riaux.fr/music.html
Le Paradox AfroTropical#3(19/3) Hofmann Family Blues Expérience (23/3) Ablaye the Links (24/3) Taro&Jiro (25/3) Jesers (27/3)
SAINT-CHAMAS Médiathèque Laure Donnat & Lilian Bencini (12/4 à 18h) 04 90 44 52 44
VITROLLES Moulin à Jazz Big Four 4tet (26/3) 04 42 796 360 www.charliefree.com Big Four 4tet © X-D.R.
04 91 631 465 www.leparadox.fr
La Criée Claude Basso, G Murphy, H.Rousselet, F.Menillo - Autour de Django (15/4 à 21h30) 04 96 178 031 www.theatre-lacriee.com DAN WARZY
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MUSIQUE
AIX Théâtre et Chansons : Mathieu Pirro (26 et 27/3), J’me régale de Jean-Michel Piton (9/4) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com
Pasino : Calogero (31/3, 1er, 2/4), The australian Pink Floyd show (6/4) 04 42 59 69 00 www.casinoaix.com
ARLES Cargo de nuit: Rootz Underground (16/3), Taste (18/3), Mardi Gras Brass Band (26/3), Les femmes s’en mêlent (2/4), Hangar (8/4), Chocolate genius (9/4) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com
AUBAGNE MJC L’Escale: Women 68 même pas mort (19/3), Poum Tchack, We used to have a band (2/4), Skip the use, Soma (8/4) 04 42 18 17 17 http://mjcaubagne.free.fr
Comœdia : Natacha Ezdra chante Ferrat (18/3), Quatuor Le Sage (1er/4) 04 42 18 19 88 www.aubagne.com
AVIGNON Les Passagers du Zinc : Bernard Lavilliers (17/3), Zaz, Saint André (19/3), Les hurlements d’léo, Bab (1er/4), Vivement dimanche avec True live (3/4), Cali (7/4), Yann Tiersen, Nestor is Bianca (8/4), Cocoon (14/4) 04 90 89 45 49 www.passagersduzinc.com
BERRE L’ETANG Forum des jeunes : Vacarme de Manu Galure (1er/4) 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
AU PROGRAMME | ACTUELLE HYÈRES Théâtre Denis : Fredrika Stahl, Red Rails (18/3) 04 98 07 00 70
ISTRES L’Usine : Tremplin découverte rock français (18/3), Macéo Parker (24/3), Yodelice (25/3), Florent Marchet (2/4), Thomas Fersen (7/4), Sexion d’assaut (8/4) 04 42 56 02 21 www.scenesetcines.fr
LA BARBEN Salle de la Carraire : Festival Nostra Rock : Agathe, Beaches In Space, Tilt, Jostle, Synopsis, Undercover Live Music (2/4) 06 85 95 23 15 http://nostrarock.free.fr
MARSEILLE Espace Mélodie (saison culturelle des Lices) : Soirée Jacques Brel (26/3)
Espace Julien : Art Mengo, CharlesBaptiste (16/3), Souad Massi, L (17/3), Zaz, Chloe Lacan (18/3), CharlElie, Usthiax (19/3), Abd Al Malik, Imany (23/3), Lilly Wood and the Prick (24/3), la nuit zébrée de Radio Nova (25/3), Les Massiliades : Pep’s, Crumb, A state of mind, les mOnstroplantes (26/3), The Dø (27/3), Laurent de Wilde & Ottisto 23 (30/3), Taraf de Haidouks Quintet (31/3), Guillaume Grand (1er/4), Raggasonic (6/4), Joyce Jonathan, Thomas Pradeau (9/4) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
La Machine à Coudre : Martingale, Poutre, Vialka (19/3) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com
La Mesón : Tablao flamenco (19/3), Festival Latcho Divano (2 et 3/4) 04 91 50 11 61 www.lameson.com
MAUBEC La Gare : Festival MicroMusic, soirée de clôture (19/3), Nolween solo, Eric Lareine (25/3), Ilanga (1er/4) 04 90 76 84 38 www.aveclagare.org
MEYRARGUES Salle des fêtes : Grand bal des Balkans avec le groupe Aksak, précédé d’un stage d’initiation aux danses des balkans le même jour (2/4) 06 76 47 24 43
OLLIOULES Châteauvallon : Seun Kuti et Egypt 80 (2/4) 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
SAINTE-MAXIME Le Carré : Stephan Eicher (19/3), Avishaï Cohen (9/4) 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
06 09 54 34 82
Cabaret Aléatoire : Pony Hoax (16 et 26/3), The Subs, Toxic Avenger, Missil (18/3), Panico, Cheveu (19/3), Andy Mc Kee (23/3), Asian dub foundation, Fowatile (4/4), Shout out Louds, Dondolo (5/4), Hangar (9/4), Blitz the ambassador (10/4), Troy von Balthazar, The Amplifetes (11/4), The Original Wailers (12/4) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com
Dock des Suds : Bernard Lavilliers (22/3), Cali (4/4), Chinese Man (14/4) 04 91 99 00 00 www.dock-des-suds.org
Dôme : Status quo (5/4), une soirée avec Joan Baez (6/4) 04 91 12 21 21
Le Paradox : Hofmann Family Blues experience (23/3), Hortensia du Samba (6/4), Arat Kilo (7/4) 04 91 63 14 65 www.leparadox.fr
SALON-DE-PROVENCE Portail Coucou : The Batmen, Clan D (26/3), Pat Mc Manus (8/4), Loudblast (9/4) 04 90 56 27 99 www.portail-coucou.com
L’Embobineuse : Otomo Yoshihide & Hiromishi Sakamoto (21/3), Otto Von Schirach, Mr Marcaille, Batalj, Baby Kruger, Marseille-Manhatan Dj Crew (26/3), Gablé (1er/4), Rature, Pan Pan Pan (2/4), Kid Congo & The Pink Monkey Birds (4/4), Eugene Robinson & Niko Wenner (9/4) 04 91 50 66 09 www.lembobineuse.biz
TOULON Oméga Live : Soirée Local heroes (19/3), Lilly Wood & The Prick, Gaïo (25/3), Madjo, June & Lula (26/3), Human player (29/3), Brico Jardin (5/4) 04 98 070 070 www.tandem83.com
VAL THORENS Eglise : Barbara Hendricks (14/3)
Toursky: Entre 2 caisses et Monique Brun, Ariette et chahut pour quatre chantistes et une comédienne (8/4)
04 79 00 01 06 www.valthorens.com
0 820 300 033 www.toursky.org
CAVAILLON Grenier à sons : Dimoné (19/3) 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
CHÂTEAU-ARNOUX Théâtre Durance : Cabaret Brecht Tango Broadway (26/3) 04 92 64 27 34 www.theatredurance.com
CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Akwaba : Mathew Mac Anuff, Jacin (26/3), Trolley Snatcha, Dj Netik, Brk, Badjokes, Mc Gossip (2/4) 04 90 22 55 54 www.akwaba.coop
GAP Théâtre la Passerelle : Tigran Hamasyan, piano solo (12/4) 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
Invention et poésie «Donner à la culture rom la visibilité qu’elle mérite, en offrant à un large public une multiplicité de points de vue concernant les Roms, leur culture et leur vision du monde ». Le projet du festival Latcho Divano est plus que jamais pertinent. Rendez-vous militant et engagé, le festival, dont c’est la 4e édition, veut «croiser les origines et les formes de cette culture tzigane» en mêlant musique, expositions, lecture de contes, conférences et projection de films et de documentaires (voir p 64) et en incluant bien sûr la 40e Journée internationale des Roms qui a lieu le 8 avril avec des performances des comédiens du Latcho Divano, des tables rondes (avec notamment Alexandre Romanes, directeur du cirque Romanes et poète tsigane, parrain de cette édition), et des concerts. Cette année les amateurs de musique devraient être comblés avec la venue exceptionnelle, le 31 mars, de l’ensemble Taraf de Haïdouks avec une formation originelle
de cinq musiciens plus le leader de la fanfare Vagabontu (qui elle se produira le 8 avril), le groupe russe Davaï (le 1er avril), le Traio Romano (le 8 avril), du flamenco avec la cie nîmoise Luisa (le 9 avril) et Dj Vino Dilo, un des premiers Dj à avoir exporté le style Balkan Beats en France (le 9 avril). Et côté conférences et tables rondes, à noter celle qui concerne tout particulièrement l’actualité rom avec les propositions des instances européennes, avec Martin Olivera, anthropologue et membre du réseau UrbaRom, Marie-Christine Vergiat, députée européenne et Vasile Ionescu, directeur de Roma organisation on migrants (le 30 mars). On invite vivement à jeter un œil sur le sommaire de ce festival ! Latcho Divano Du 24 mars au 9 avril 09 52 72 89 28 www.latcho-divano.com
MUSIQUE
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La vibration du monde Le Dock des Suds, lieu approprié pour sa facilité à brasser les populations et les musiques, accueillera la manifestation du 24 au 26 mars. Rendez-vous musical festif, mais aussi économique, ce véritable souk de la musique du monde, désormais bien connu des professionnels, représente avec ses Watcha Clan © X-D.R.
Piqure de rappel !
170 stands un lieu incontournable pour la diffusion des musiques actuelles du monde. Venus des cinq continents, programmateurs, tourneurs, artistes, médias, diffuseurs, institutions… au nombre de 2500 profitent de ce moment unique pour se rencontrer, échanger, mettre au point tournées et enregistrements. Une manifestation largement soutenue, à ce titre, par la Région PACA. La face visible pour le public, c’est trente concerts sur trois jours, ou plutôt trois nuits, avec un plateau éclectique comme jamais, sélectionné en amont par un jury indépendant (au milieu de 850 candidatures). Résultat ? 21 pays sont représentés pour l’édition 2011 : de la Somalie au Maroc, de la France à l’Italie, de la Corée du Sud à l’Australie, du Congo au Chili, de la Turquie à l’Angleterre, d’Haïti au Liban, du Portugal au Cameroun…. Ne comptez justement pas trouver uniquement de la pure
musique traditionnelle : il est fini le temps des expositions universelles, et la tradition aussi évolue et se métisse de modernité. Aux côtés d’une part de cultures du monde, l’avant-gardisme sera bien présent sans que les origines perdent leur âme en chemin. Pourquoi une musique du monde ne toucherait-elle pas aux évolutions technologiques et esthétiques de nos jours ? Parmi les groupes rompus aux scènes locales, citons les Watcha Clan à la pulse méditerranéenne (dont le dernier album Radio Babel a été chroniqué dans le dernier numéro) et les Kabbalah et leur klezmer endiablé (26/3). FRÉDÉRIC ISOLETTA
www.dock-des-suds.org
Résonances cosmogoniques
Le festival de chansons Avec le temps bat son plein autour de l’Espace Julien. Jusqu’au 23 mars, des pointures comme CharlElie (19/3), Bernard Lavilliers (22/3), les nouveaux talents déjà confirmés Souad Massi (17/3), Abd Al Malik (23/3), ceux en passe de la devenir comme Zaz (18/3), ceux qui fêtent leur anniversaire scénique (20 ans pour Art Mengo le 16/3) et la nouvelle tête couronnée Ben l’Oncle Soul (17/3 au Dock des Suds) viendront pimenter votre mois de mars. Sans oublier dans de petits lieux alternatifs (Nomad café, les 3 act, Machine à coudre, parvis des arts…) des concerts plus confidentiels, et souvent tout aussi intéressants ! F.I.
www.festival-avecletemps.com
Sacrées du Monde, le Théâtre de Grasse tisse un fil salvateur entre le chant judéo-espagnol orné de Françoise Atlan, la Passion du Christ relue par les polyphonies corses d’A Filetta, les cantiques évangéliques à la pulsation balancée des Gitans de Tekamali, les harmonies poétiques des mystiques Sainte Thérèse d’Avila et Malek Jân Ne’mati, mises en musique par Renaud Garcia Fons, les danses codifiées des femmes de Mayotte (Deba), ou la figure d’Alexandre le Grand revendiquée par les cultures, grecque, égyptienne, juive, indienne, afghane… Le sacré est partout !
Ben l'Oncle soul © X-D.R.
Il y a dans le sens du Sacré quelque chose d’imperceptible que chacun peut saisir, relevant de l’intime comme du communautaire, mais qui dépasse le cadre strict du sentiment religieux. De par le monde, si les musiques sacrées puisent à la source de diverses croyances, elles possèdent des qualités conjointes, souvent indicibles, sans doute parce que les mythes fondateurs des religions, notamment de la formation de l’Univers, concordent étrangement. Si l’on s’intéresse aujourd’hui aux musiques sacrées, c’est parce que, dans une large mesure, quelles que soient les civilisations où elles ont terré, l’homme profane ne sait plus en déchiffrer les signes : comme les pierres taillées des cathédrales sont devenues muettes, les modes mélodiques ou rythmiques des musiques du monde échappent à notre connaissance. En programmant les 1res Rencontres des Musiques
JACQUES FRESCHEL
Du 15 au 19 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Jeune chanteuse et musicienne dont l’univers marie les rythmes blues et folk et l’univers de Lewis Carroll, Madjo, à la voix suave et puissante, se fait de plus en plus présente sur les scènes françaises. Ne ratez pas l’occasion de venir l’écouter à l’Omega live. Le 26 mars Oméga Live, Toulon 04 98 070 070 www.tandem83.com
Madjo © X-D.R
Sept ans déjà que le Babel Med Music investit Marseille, carrefour des cultures méditerranéennes et le temps d’un week-end épicentre des vibrations du monde entier !
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MUSIQUE
ACTUELLE
En cette période de congés d’hiver, la salle du Cadran est comble à Briançon : entre deux journées de ski, après une tartiflette, les vacanciers rejoignent les habitués des lieux, et nombreux sont les gens venus applaudir le Quartet du guitariste Angelo Debarre associé à son compère accordéoniste Ludovic Beier dans du Jazz manouche. Comme quoi, culture jazz et neige de culture peuvent faire bon ménage ! Légèrement saturée, la guitare d’Angelo, l’homme aux vernis blancs malicieusement mis en évidence, slalome sur les contretemps de Tchavolo Hassan à la guitare rythmique. La contrebasse d’Antonio Licusati jalonne le parcours et Ludovic Beier assure une base ouatée aux anches battantes qui rappelle le tapis blanc et molletonné des cimes. Rien de tel que les fondamentaux : c’est parti pour un «ride» avec Air 26 de Django Reinhardt, et ces quatre là ne joue pas avec des moufles ! Au fil du concert, Debarre s’affirme tout en finesse et
en nuances et offre des avalanches de notes auxquelles répond un Beier volubile sur son clavier droit : imitations, réponses en écho et thèmes à l’unisson aux accents Be-bop. Rien de révolutionnaire, mais du traditionnel revisité et dont on ne se lasse pas : Nuage était incontournable. Un Caravan musclé et exotique ravit les connaisseurs avec une rythmique qui assure et des séquences en «Free ride». En fin de concert, Ludovic, bavard impénitent entre deux standards, calme le jeu au melodica avant de conclure en toute plénitude sur I love me avec ses compagnons de Ballade. On comprend la collaboration passée avec Sanseverino. Ce soir, le spot était au Cadran. PIERRE-ALAIN HOYET
Ce concert a eu lieu au Cadran, à Briançon, le 3 mars
Obscure clarté et tradition en mouvement 15 mars 2002, premier concert de la Compagnie Rassegna à la Cité de la musique… Les revoici 15 ans après, qui métissent toujours les musiques méditerranéennes sans en abolir les particularismes et les distinctions. Ce groupe adopte une géométrie variable selon les créations, avec quelques piliers, Bruno Allary, direction artistique et guitare(s), Fouad Didi, chant arabo-andalou, violon, oud, Philippe Guiraud, basse. La nouvelle création, Buena Sombra, titre d’une chanson espagnole emblématique des années 50/60, joue sur le paradoxe de l’ombre bénéfique dans une Méditerranée où le soleil porte les valeurs positives. Pourquoi puiser un répertoire dans les années 50/60 ? Les chansons de ces années-là ont été rejetées par les années 70, les mouvements sociaux intellectuels. À présent que le temps a effacé la charge idéologique attachée à ces chants, cette
Angelo Debarre quartet © Julien Magre
Debarre tutoie les cimes
matière présente des richesses certaines, des mélodies, une charge d’émotion, un potentiel de croisement avec d’autres. Le tri est complexe, les morceaux retenus le sont pour leur caractère sombre et lumineux à la fois, que ce soit Limosna de amores (madrilène) et sa dramaturgie poussée à l’extrême, o Saracino, et son swing, le chagrin d’amour sicilien, In casa a me (Corse) grave et d’une intense énergie, ou les chants chaâbi algérois et leur éloquence quotidienne. Les voix particulièrement expressives et passionnées de Carine Lotta, Sylvie Paz, Carmin Belgodère, Marco Filograsso apportent un supplément de sens à ces musiques remarquablement orchestrées avec les instruments traditionnels mêlés aux contemporains. Un spectacle d’une belle qualité, soutenu par un propos riche. Un nouveau CD sort bientôt… MARYVONNE COLOMBANI
Cette avant première a eu lieu le 4 mars à la Cité de la musique. Concerts le 15 mars à la Cité de la musique, du 24 au 26 mars à Babel Med, Marseille (ensemble Multitudes), le 2 avril au théâtre Denis, Hyères (83) (Cie Rassegna Chants populaires de Méditerranée).
De l’incertain vers l’inconnu…
Annoncé en ces termes, le concert des Redrails sonnait comme une véritable invitation au voyage. Périple au cœur de sonorités variées, insolites et pourtant issues d’un instrument qu’on pourrait qualifier de classique : le violon. Baltazar Montanaro-Nagy joue non sans malice de son instrument, explorant toutes les possibilités que ce dernier lui offre, sous les coups d’archet, les caresses ou les percussions, curiosités sonores auxquelles son complice sur scène, Tadahiko Yokogawa, donne à la fois plus d’épaisseur et de modernité à travers un traitement informatique en temps réel : violon et ordinateur sur une même scène pour une aventure musicale pour le moins étonnante. Face à eux, Serge Ortega ne démérite pas, ajoutant un niveau de complexité par ses samples et effets. Dans ce train qui serpente puis s’emballe au travers d’expérimentations sonores colorées, les images sont légion : le montage vidéo offert en toile de fond se déroule au gré des folies des musiciens et engage à la réflexion. Comme en écho au lieu, espace de culture aux accents de cave artistico-underground à la volonté affichée de mêler les genres, les images résonnent, se mélangent aux sons. On aurait tendance à s’y perdre… mais n’est-ce pas le but de ce voyage ? PASCALE FRANCHI
Ce concert a été donné au Daki Ling, Marseille, le 10 mars, à Correns le 11 mars.
À noter Rassegna © Fred Gromier
Redrails est en concert le 18 mars au théâtre Denis, Hyères : voir chronique disque p 84. Théâtre Denis, Hyères 04 98 07 00 70
MUSIQUE
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Joan Baez, un souffle de liberté Évoquer Joan Baez, c’est ouvrir un livre de musique, de poésie et d’Histoire. Avec sa voix et son charme uniques, sa guitare complice, elle parcourt le monde, toujours engagée, depuis plus de 50 ans. Dès 16 ans elle se rebelle contre la répression, les guerres et s’engage auprès des plus démunis, débats et discours enflammés. Premier disque à 19 ans, un recueil de ballades traditionnelles folks et blues au timbre chaud, jamais forcé, de belles harmonies vibrant sur des textes si poétiques. Ses albums sont salués à chaque sortie et ses concerts triomphants. Toujours ce même sourire, comme un combat évident, pacifiste, universel et naturellement généreux.
dans les années 1920 aux USA, est reprise par des millions de gens.
… et artiste
Militante… © X-D.R
qui dénonce les violations des droits de l’Homme. En 1981 ses concerts sont interdits dans les régimes totalitaires (Brésil, Argentine, Chili). Après les manifestations de la place Tian’anmen en 1989, Joan écrit China qui condamne le Parti communiste chinois. La chanson Here’s to you, hommage à Sacco et Vanzetti, anarchistes italiens, victimes d’un scandale judiciaire
Comme à New York...
DAN WARZY
Ce concert s’est joué le 11 mars 2011 au Théâtre de La Criée
En concert au Dôme, à Marseille, le 6 avril www.sudconcerts.net
Tempus fugit
Bernard Jean © Dan Warzy
Quelle excellente idée que d’avoir la possibilité, pour un spectateur du Théâtre de La Criée, de prolonger la soirée dans un moment de convivialité autour d’une table, d’un verre, dans un cadre ouvert et agréable, et d’écouter du jazz. Pari réussi par La Criée et le Cri du Port. Paul Pioli, guitariste de jazz chargé de la programmation pour ce cabaret mensuel, a invité pour cette soirée le vibraphoniste Bernard Jean. La formation en quartet est complétée par Thierry Larosa à la batterie et Lionel Dandine à l’orgue. Le vibraphone est un instrument que l’on n’a pas souvent l’occasion de voir jouer dans la région. Une percussion au caractère mélodique, un son à la douceur feutrée jamais agressif, comme un piano que l’on joue debout, apportant un côté visuel spectaculaire. Bernard Jean fait partager son plaisir de jouer avec le public. Son répertoire est issu pour l’essentiel de standards du jazz et le quartet cohérent a trouvé un bon rythme de croisière. Il faut dire que chacun des musiciens participant à cette scène est nourri d’expériences multiples et que tous maîtrisent parfaitement leur art. Le concert se termine avec l’arrivée du saxophoniste Gérard Murphy pour terminer le set. Il sera l’invité du prochain cabaret jazz le 15 avril prochain.
YVES BERGÉ
Pour sa 14e édition, Avec le temps gâte son public et offre, en guise d’inauguration le 12 mars, un Arno tonitruant sur la scène éclectique de l’Espace Julien. En réponse, une foule nombreuse brave la pluie (prélude belge ?) et accourt à l’appel du rock-blues sensible et fou de l’artiste flamand, ouvrant le bal des nostalgiques, des torturés, des amoureux de la musique des mots, ceux qui raclent les tripes. Mais c’est le cri du rock, rare, puissant, empreint de violence et d’amour qui a retenti sur scène ce soir là. De cette voix qui ne vieillit pas, Arno a emporté son public vers des contrées intemporelles mixant les langues, les instruments, les rythmes et les genres durant deux heures à couper le souffle. Le rock n’est pas mort, il exulte même et se partage dans la joie, la douleur parfois, la profondeur. Une guitare, une basse, un clavier, une chanteuse l’accompagnent. Des sons énormes, des caissons de basse impressionnants, un batteur qui marque les accents comme on appuie sur un marteau-piqueur. Un clavier omniprésent, mélange de sons planants, répétitifs sur les chansons… puis soudain debout le son se déchaîne, grands claps binaires, insistance des temps forts, crescendo de masse : la guitare installe un motif, un riff de basse suit, le batteur amplifie et le clavier envoie des nappes de sons tenus surpuissants ! Arno est aux anges. Il force le trait,
star de la scène, chien fou, toujours les yeux fermés ! Cheveux moites en bataille il lance un magnifique thème arabobelge (sic !) pour son pote Nabil, qui lui permet ce mélange rock, raï avec sa chanteuse qui se lance dans des improvisations très orientales. La salle, debout, envoie l’énergie qu’elle peut, en retour. Si le temps nous fuit, il ne semble pas laisser d’empreintes sur cet artiste unique et atypique ni, c’est heureux, sur sa musique et sa présence sur scène. Peut-être, après tout, qu’Avec le temps rien ne s’évanouit. PASCALE FRANCHI ET YVES BERGÉ
© Agnès Mellon
En 1963, Joan invite Bob Dylan à chanter avec elle au Newport Folk Festival, le début d’une collaboration qui durera des années. Elle reprend Blowin’ in the wind de Dylan comme un hymne non-violent. Le 28 août 1963 elle est présente à la Marche vers Washington où Martin Luther King fera son discours historique I Have a Dream. Le Festival de Woodstock confirme sa notoriété internationale. En 1972, elle rejoint Amnesty International et fonde Humanitas International,
Que dire de sa voix chaude, au léger vibrato, d’une grande aisance dans tous les registres ? de ce timbre velouté si caractéristique dans le magnifique Diamonds and Rust, ou Gracias a la vida, dans un espagnol parfait, Farewell Angelina du compagnon de route, Dylan, et un français très sensuel Pauvre Rutebeuf (Léo Ferré), autre militant. Que de surnoms donnés ! La Pasionaria du droit à la différence, la conscience d’une génération, artiste «folk revival», la Reine du folk, la Madone des pauvres gens, la Légende des années Woodstock, cette icône de millions de fans réunira pour notre plus grand plaisir ses ballades, chants traditionnels, son souffle éternel d’énergie gospel, folk, rock, country : un beau cadeau que nous avons hâte de partager !
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CAHIER JEUNESSE
RENCONTRES DU 9ÈME ART | FESTO PITCHO
En territoire BD
Bien ancrées dans le paysage aixois, et un petit peu marseillais, les Rencontres du 9e art affichent leur 8e édition, toujours aussi foisonnante et prometteuse. La pertinence de cette manifestation repose toujours sur ces expositions, nombreuses (quinze !), qui se laissent découvrir dans les galeries, les musées et dans plusieurs lieux de la Cité du livre. Cette dernière accueille notamment une forme pour le moins intrigante initiée l’année dernière, CuBDes, soit cinq grandes boîtes de 9m2 sur 2m50 de hauteur habitées par l’œuvre de cinq auteurs : la jeune libanaise Zeina Abirached (à qui l’on doit l’affiche cette année) dont le trait fin n’est pas sans rappeler celui de Marjane Satrapi, la japonaise Takayo Akiyama, le mystérieux Martes Bathori, l’artiste polymorphe Moolinex, Alban Guillemois et son éléphant mécanique. À noter, entre autres : au musée des Tapisseries, à l’occasion des 20 ans de l’Association, proposition a été faite à quelques uns des auteurs mythiques des éditions précédentes de réinterpréter, donner suite ou détourner une de leurs anciennes pages… ; au Muséum d’histoire naturelle Jens Harder présentera son projet fou, Alpha, ou comment raconter l’Évolution en
© Scarpa
bande dessinée depuis le Big Bang jusqu’à l’apparition du premier homme ; les 10 ans du Zarmatelier seront célébrés avec une expo chorale à l’Espace Bellegarde ; à l’Espace Écureuil, à Marseille, Caroline Sury présentera un choix représentatif de son œuvre… Bien sûr, tous ces artistes, et bien ri © Martes Batho
d’autres - la liste est longue - seront présents lors du week-end rencontres et dédicaces à la Cité du livre du 8 au 10 avril, ainsi qu’aux rendez-vous Café BD ou Canapé les 9 et 10 avril… Et tout est gratuit, même les dédicaces sublimes des dessinateurs…DO.M.
Le Vaucluse en fête Du 9 au 17 avril aura lieu la 5e édition du festival de spectacles vivants pour publics jeunes. Festo Pitcho, c’est une ribambelle de propositions qui s’étend dans 8 communes. Une douce jungle spectaculaire pour les enfants de 6 mois à 18 ans. La Jungle est justement le thème de la Festo Pitcho Parade qui commence les festivités le 9 avril à partir de 14h au centre d’Avignon. Une après-midi de fête aux allures de Carnaval qui manquait à la ville. Pas de ligne artistique commune pour les 24 spectacles : chaque lieu d’accueil gère sa programmation en autonomie, avec une charte de fonctionnement prévoyant une politique tarifaire raisonnable. Une pratique qui pourrait rappeler le Off, mais Festo Pitcho «n’est pas un salon professionnel et s’adresse au public local. Le but est de sensibiliser les enseignants et leurs classes, et cela se déroule toujours la semaine précédant les va-
cances. Ça n’est pas un festival de parisiens, c’est vraiment pour les enfants et familles du Vaucluse» souligne Claire Wilmart, qui coordonne cette manifestation. Pour se repérer le spectateur fait confiance aux lieux incontournables et essaye de dénicher les pépites originales qui correspondent aux âges de sa progéniture. À l’Ajmi, le collectif Ça conte pour l’ouïe présentera Ce monde autour de moi, une rencontre sur les différentes cultures par la musique. Au théâtre des Doms, Le bureau des histoires rendra hommage au livre pour enfants. La Cie des 3 hangars sera au Balcon, avec le conte Même pas peur de Gilles Cailleau (voir p 61). Hachachi le menteur revient au Chien qui Fume, dans une invitation au cœur du Sahara. Fantaisie lyrique avec OpéraZibus par la Cie Faut changer l’eau du bocal qui nous emportera dans un voyage insolite à la découverte ludique de l’art lyrique. Le Bureau des Histoires © Daniele Pierre
Rencontres du 9e Art du 22 mars au 23 avril Week-end BD du 8 au 10 avril Office de Tourisme d’Aix-en-Provence 04 42 16 11 61
Antigone © Sac à dos
À l’Albatros, la Cie Balabik, spécialisée dans le spectacle jeunesse, jouera Cocoune, petites histoires à grandir. Chanson au théâtre Isle 80 avec À cloche-pied hop hop hop et danse au théâtre Golovine avec Origines. Le Kronope reprend Le Songe d’une nuit d’été pour sa nouvelle création, du Shakespeare à partir de 7 ans. Aux Halles, la Cie Méninas jouera Pacamambo de Wajdi Mouawad, une pièce qui présente la mort telle qu’elle est (voir Zib 36). Au théâtre de la Charité de Carpentras, un concert lecture d’Ô vous frères humains par Bonheurs de Lecture. Un événement enfin : Les Perses d’Eschyle, montés par Olivier Py, seront présentées en Nomades par la scène nationale de Cavaillon. Car les plus grands auront aussi des temps de réflexions et d’échanges, dont la conférence débat de JeanGabriel Carasso sur Les enjeux de l’éducation artistique et culturelle organisée par Arts Vivants en Vaucluse le 2 avril à l’Utopia et le colloque Art, Culture et Petite enfance du 8 avril à Cavaillon. Un pique-nique de clôture est prévu le 17 avril à L’espace culturel Folard à Morières-les-Avignon. DELPHINE MICHELANGELI
Festo Pitcho du 9 au 17 avril Avignon etVaucluse www.festopitcho.com
AU PROGRAMME
Heureusement
Elle s’appelle Euphrasie, c’est déjà pas facile à porter ; et comme, en plus, personne ne s’en souvient, on l’appelle Cosette… Et comme dans Les Misérables, Cosette atterrit chez les Thénardier, tortionnaires eux aussi. Alors Cosette va attendre la vie heureuse que lui promet la poupée de la vitrine, la vie qu’elle s’invente avec des beaux amoureux, des livres passionnants, des enfants heureux. Christelle Harbonn met en scène cette douce rêverie pour les enfants à partir de 4 ans.
Exclus
Deux fois qu’une Dans la série «Lives jeune public» concoctée par
© Laurence Fragnol
Aquatique Tout commence par une berceuse, «Ninna nanna,
Ninna Ô dès 2 ans 28 mars au 2 avril Massalia, Marseille 3e 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
L’apprentissage de la maladie, de la mort, de l’amitié, c’est de tout cela que parle Mathieu trop long, François trop court, un texte de Jean-Rock Gaudreault (éd. Lansman) mis en scène par la Cie La Naïve, sans pathos ni clichés.
jeunes ados : le hip hop, avec ses figures acrobatiques, sa musique pulsée et son côté m’as-tu-vu qui dénude les corps masculins leur plaît naturellement. Aux jeunes filles qui regardent, aux garçons, qui s’y projettent. Mais Tricôté en profite pour leur montrer au passage comment on fabrique un spectacle, le travail, la sueur, les doutes que cela implique, et le plaisir aussi, de la composition. Avec une vraie invention gestuelle, une écriture des ensembles, de la poésie et de l’humour ! La Cie Kafig sera également présente à Sainte Maxime, avec deux pièces conçues avec des danseurs Brésiliens. Deux pièces urgentes, d’une virtuosité à couper le souffle.
Jubilatoire Compte C’est une barbe bleue, d’un magnifique «bleu Klein»,
La Barbe bleue © X D.-R.
Tricôté, 8 et 9 avril Grand Théâtre de Provence,Aix 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
La La La Gershwin © Theatre National de Chaillot
Mélangeant les genres et les techniques, les musiques et les danses, José Montalvo et Dominique Hervieu font revivre le Broadway des années 30 par le biais de quelques-unes des œuvres emblématiques de George Gershwin, l’opéra Porgy and Bess en tête. Grâce à un montage subtil d’images d’archives, les deux chorégraphes illustrent les moments forts de l’histoire de la ségrégation raciale aux États-Unis, et font dialoguer hip hop et claquettes, danse classique et africaine, créant d’improbables et magnifiques rencontres avec le jazz, le charleston et le ragtime. Lalala Gershwin dès 6 ans 31 mars et 1er avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com 4 au 6 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Agwa/Correria 2 avril Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
© Michel Cavalca
La Barbe bleue dès 8 ans 1er avril Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
Human Player 29 mars Petit Robert et le mystère du frigidaire 5 avril Zénith Oméga Live, Toulon 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com Tandem, Toulon 04 98 07 00 70 www.tandem83.com
Fabrique Mourad Merzouki sait écrire des spectacles pour
Mathieu trop long, François trop court dès 8 ans 30 mars Salle polyvalente, Berre L’Étang 04 42 10 23 60
et c’est bien sûr celle du personnage principal du conte de Charles Perrault. Mais dans la pièce de JeanMichel Rabeux, il a en plus trois Ferrari, un carrosse en or et deux hélicos. Et il est amoureux de sa jeune épouse (oui, la curieuse…) qui bizarrement l’aime aussi. Une lourde porte en chêne, une petite clé en or, du suspens et une drôle de fin heureuse avec un monstre qui ne l’est plus vraiment et une candide jeune femme promise au pire. À moins que…
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Tandem et le PôleJeunePublic, deux rendez-vous en fanfare et trompettes ! D’abord avec le duo toulousain Human Player qui brave les frontières entre corps et instruments en bouclant en direct des rythmiques à base de percussions vocales (le fameux human beatbox). Alchimie assurée pour ce tandem inventif ! Puis avec Petit Robert, un petit garçon qui vit une vie ordinaire dans un immeuble ordinaire, jusqu’à ce que… par une nuit de Noël… Le voilà embarqué par Brico Jardin dans un voyage peuplé d’effets visuels, où les berceuses font rêver et le rock réveille.
Cosette : ça finit bien 13 avril au 7 mai Badaboum théâtre, Marseille 1er 04 91 54 40 71 www.badaboum-theatre.com
ninna ô», le bien connu «fais dodo». Mais que les enfants (et pas seulement !) ne s’endorment pas tout de suite, la Cie LunaSol leur propose un voyage entre danse et théâtre d’ombres, dans un univers aquatique qui n’est pas sans rappeler l’existence prénatale… Pour retrouver cette mémoire, et ces sensations, il faut transcender la réalité, et replonger…
SPECTACLES
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SPECTACLES
AU PROGRAMME
Humain Carrollien Comment parler de la mort aux enfants ? En créant
Théâtral
un hymne à la vie ! C’est le parti pris de Wajdi Mouawad, l’auteur de Pacamambo, magnifié par la mise en scène de Marie Provence qui balaye tout effet démonstratif pour se concentrer sur le jeu des acteurs. La petite Julie qui restera plusieurs jours aux côtés du cadavre de sa grand-mère Marie-Marie à la douceur enveloppante ; la Mort, pas féroce pour un sou ; et la psy, déclencheur de ce récit jamais morbide et toujours juste.
© cie-zabraka
Pacamambo dès 9 ans 12 et 13 avril Les Halles, Avignon 04 90 85 52 57 www.theatredeshalles.com
Vital Le Théâtre Molière accueille la trilogie d’Olivier Py ! © Agnès Mellon
Peter Pan, le Capitaine Crochet, la fée Clochette… ceux qui refusent de grandir s’en souviennent ! Le metteur en scène Alexis Moati, baigné de ses propres rêves, ressuscite les aventures extraordinaires de Peter Pan, loin «des couleurs pastel de Walt Disney ». Sur scène, six acteurs interprètent plus de 25 personnages : la famille Darling, Nana, le brave chien Terre-Neuve, Wendy… Un spectacleévènement qui nous entraîne dans le pays imaginaire du Jamais-Jamais, merveilleux, mais un peu dangereux aussi.
Alice, c’est le monde de l’enfance qui bascule vers l’adolescence, c’est un renversement des sens et des images. Ici une grande partie d’échec initiatique jouée en français et en anglais par la Cie Zabraka qui laisse de côté le Pays des merveilles pour regarder derrière le miroir… Images fortes, création sonore interactive et acteurs embarquent le jeune public dans une étrange traversée.
La jeune fille et le moulin, La vraie fiancée et L’eau de vie sont trois petits bijoux d’écriture, des textes qui puisent leurs structures et motifs dans les plus populaires et mystiques des contes, ceux des frères Grimm. Les trois pièces parlent de dépassements et d’épreuves, de confiance et d’amour, de faux semblants, de mauvais pères et de bon théâtre. Mis en scène avec un sens sacré du tapage par l’auteur lui même, ça tempête, ça jubile, ça chante et joue, ça bouge et émeut. Les trois pièces sont jouées d’abord séparément, puis le 9 dans la continuité. Avec entractes et goûters !
A.L.i.C.E. dès 10 ans 8 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com
Contes des Grimm Olivier Py du 7 au 9 avril Scène Nationale de Sète 04 67 74 66 97 www.theatredesete.com
Péripéties Teddy est un ours en peluche tout doux, tout vieux
et tout gentil, assis là dans le coin du canapé. Un jour une mouche se pose sur son nez et le taquine et lui demande pourquoi il existe… vaste question… Voilà que Teddy, parti résoudre cette énigme, rencontre sur sa route autant d’animaux que de réponses ! L’Ensemble Bachianas met en musique son épopée avec l’acteur Jean-Luc Lejeune, heureux de faire goûter la beauté des œuvres animalières de SaintSaëns ou Schubert, Fauré ou Rameau.
Peter Pan ou le petit garçon qui haïssait les mères dès 8 ans 15 et 16 mars Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Le voyage de Teddy dès 7 ans 23 mars Le Cadran, Briançon 04 92 25 52 52 www.theatre-le-cadran.eu
Parcours Les revoilà nos deux compères de Onstap au style
© X-D.R
Parce qu’on va pas lâcher 18 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr
© Agnès Mellon
inimitable. Danse, musique, théâtre, percussions corporelles, slam… c’est un peu de tout ça qu’ils mettent dans leur duo Parce qu’on va pas lâcher, qui tourne partout en France depuis 2008. Loin de s’arrêter au step, discipline qui concilie esthétisme du geste et précision du rythme, Hassan Rakaz et Mourad Bouhlali nous racontent leur singulier parcours d’enfants des cités d’Avignon qui ont envers et contre tout réussi à faire du théâtre leur vie. Un petit bijou.
SPECTACLES
Impétueux
Fraternité Chute Librement adapté du roman de Melville, Benito
Il s’en passe des choses sur le quai d’une gare ! Des personnages attendent sagement leur train, tout est normal, soudain le système se dérègle et les trains n’arrivent pas. Une voix appelle au calme et le temps défile : on se rencontre, on se touche, on ébauche des amourettes… Après la noirceur d’Oliver Twist, Josette Baïz signe une chorégraphie légère, virevoltante, qui sied à la jeunesse de ses interprètes.
Cereno est inspiré d’un fait historique : la mutinerie d’esclaves sénégalais en 1805 sur les côtes chiliennes, à l’encontre du capitaine du bateau qui les conduisait au Pérou. Jaime Lorca met en scène trois jeunes comédiens marionnettistes français et explore un théâtre du merveilleux en revisitant l’histoire des hommes, blancs et noirs, toujours en quête d’identité et d’indépendance. Une ode à la fraternité des peuples dans cette collaboration franco-chilienne très attendue.
Gare centrale 5 avril Espace de l’Huveaune, La Penne-sur-Huveaune 04 91 24 70 42
Benito Cereno 13 avril La Passerelle, Sète 04 67 74 66 97 www.theatredesete.com
Fantaisiste © X-D.R
Fulgurances
Dix artistes acrobates-danseurs-musiciens de la Cie Hors Pistes, issue du Centre national des arts du cirque, s’inspirent du Sacre du Printemps de Stravinski et Nijinski. Un sacre libre et spectaculaire, avec des corps de cirque qui se tendent vers la musique et le mouvement dansé. L’Orage et le cerf-volant est un spectacle étonnant qui offre un incroyable sens du rythme et une énergie contagieuse.
© J. Henry
L’Orage et le cerf-volant 18 mars Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 www.theatredesete.com
Innocence Claude Brumachon met en danse un roman
d’apprentissage sur la différence, Le prince de verre de Benjamin Lamarche, écrit sous une forme hybride, entre conte et récit légendaire. En 16 tableaux pour 8 danseurs, la chorégraphie se déroule comme on lit un livre, et l’histoire du prince qui découvre qu’il est en verre s’anime «pour de vrai». Cette révélation l’amène à découvrir le monde sous un nouveau jour, avec l’innocence de sa jeunesse et son ignorance. Commence alors pour lui une exploration de la matière, la sienne et celle du monde…
Mon pantalon est décousu dès 8 ans 12 avril Le Cadran, Briançon 04 92 25 52 52 www.theatre-le-cadran.eu 14 avril La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
Avec Ikare, les deux marionnettistes, Claire Latarget et Luc-Vincent Perche, invitent à tomber des nues. Tomber, les enfants connaissent bien ! C’est parfois douloureux, ils découvrent aussi en se relevant, l’audace, la prise de risque et apprennent à voler de leurs propres ailes. Du théâtre d’objet, drôle et renversant, à partir de 18 mois. Ikare 23 mars Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr
Le prince de verre dès 6 ans 7, 8 et 9 avril Pavillon Noir, Aix-en-Provence 0811 020 111 www.preljocaj.org
Poétique de l’espace © Laurent Philippe
Qui était mon grand-père quand il était petit ? Réponse sous forme de périple musical et historique en compagnie de Prévert et Vian, Mireille et Boby Lapointe revisités par la Cie Palétuviers avec guitare électrique et arrangements modernes ! De la malice, de la fantaisie dans ce spectacle au titre joliment emprunté au film La Guerre des boutons, qui offre aux plus jeunes l’occasion de découvrir en musique ce que fut l’enfance de leurs grands-parents.
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La Maison, chorégraphiée par Nathalie Pernette, questionne le rapport à l’espace et au quotidien. Des thèmes chers à la chorégraphe qui aime s’inspirer du quotidien pour créer le mouvement, avec un goût certain pour les miniatures et la mécanique de précision. Elle convoque ici l’univers familier de la cuisine et des techniques de danse contemporaine, du mime et du cirque. Les enfants se délectent des aventures ludiques et étranges de deux zébulons danseurs. La Maison 23 mars Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 www.theatredesete.com
SPECTACLES
PÔLEJEUNEPUBLIC | VÉLO THÉÂTRE
Chef d’œuvre
Démonstration
Pinocchio 15 et 16 avril Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
Joyeux Anniversaire © X-D.R
Tempo Vicino © Pascal Delcey
© Elisabeth Carecchio
Joël Pommerat a bouleversé l’art du théâtre jeune public. En faisant entrer les enfants comme en une chambre sombre, en leur montrant leurs peurs et l’art de les dépasser, il fait du théâtre une expérience forte, bouleversante au sens propre. Son Pinocchio est une merveille poétique, scénographique, et une vraie leçon de vie. Il est fait de l’étoffe des rêves, ceux qui vous font trembler, et rire, et grandir, et devenir de vrais petits garçons, de vrais pères, de vrais êtres humains.
Turbulence
C’est un programme pédagogique parfait pour tous les apprentis danseurs ! Il démontre en trois pièces à la virtuosité diverse que la danse contemporaine à technique classique a de grands jours créatifs devant elle. Anna Lopez Ochoa oppose clairement les esthétiques, Lucinda Childs donne une leçon de géométrie du plateau et le Pas de deux de Forsythe expose toute la grammaire et le vocabulaire néoclassiques.Trois très belles pièces, interprétées par des danseurs exceptionnels. Pas de deux, Inverse,Tempo Vicino 1er avril Théâtre Durance 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr du 19 au 22 avril Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org
© Sylvain Martin
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Delphine Noly nous embarque avec jubilation au cœur de la transgression, à la rencontre de héros singuliers et troublants. Accompagnée d’une kora, la conteuse porte son regard d’adulte sur la turbulence des enfants, mettant joyeusement en avant la sienne. Une enfant sage comme un orage qui nous conte un hymne pétillant à l’enfant curieux et trublion. Sage comme un orage 16 mars Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr
Poum-poum tralala ! Joyeux anniversaire est un aimable divertissement pour tous ceux qui ont du mal à sortir de leur torpeur même le jour J ! Devant l’énorme gâteau préparé par sa maman, le jeune Paolo allume une bougie et réveille son amie la fée Kiféegrandir et exercera ses vœux. Paolo sur son gâteau-bateau battu par le vent, Paolo en DJ, Paolo à la pêche aux bonbons, Paolo et les jolies sirènes Barbie, Paolo face au monstre dragon… La farandole de ses rêves se déroule sans queue ni tête et, si louable soit l’intention d’Antonella Amirante, le spectacle a la saveur d’une boum ! Brouillonne et simpliste. Dieu sait pourtant si la Cie AnteprimA multiplie les effets illusoires, déballe tout à trac des déguisements que les acteurs enfilent et jettent immédiatement, des accessoires qui apparaissent et disparaissent aussitôt sans que l’on sache à quoi rime ce grand déballage… Le spectacle était pourtant pavé de bonnes intentions : mesurer le temps, celui de la vie et du rêve, le temps de grandir et le temps d’aimer quand le gâteau magique se change en île et en manège avec la fée Kiféegrandir à sa proue… M.G.-G.
Joyeux anniversaire s’est joué du 14 au 24 février au PôleJeunePublic au Revest et les 7 et 8 mars au Vélo Théâtre à Apt
MASSALIA | JEU DE PAUME | THÉÂTRE DU BALCON
Deux mémoires deux jeunesses
Faire spectacle de la pratique amateur est un exercice délicat. Certains y excellent d’autres s’y cognent avec moins de réussite. Au Théâtre Massalia la Cie 2b2b de Marseille et la TanzZeit-Jugendcompany de Berlin se retrouvent autour de deux propositions nées de leurs échanges sur le thème «Murs, chutes, révoltes»: S.I.C, ce sont deux histoires, deux mémoires et deux jeunesses qui s’émancipent. Depuis 4 ans la TanzZeit-Jugendcompany porte la danse dans les écoles, accompagne jusqu’à l’acte de création des jeunes formés au hip hop ou au cirque, à la musique ou au chant. Brief an LF, chorégraphiée par Florian Bilbao et Livia Patrizi, réunit neuf d’entre eux dans une proposition formelle parfaitement aboutie qui interroge la notion de rébellion. Chacun apporte sa pierre à l’édifice créatif, dépose ses bagages (expériences vécues) et ses effets personnels (ballots de jute et de plastique) qui viennent enrichir la réflexion et grossir le campement : sous le contrôle d’une jeune cerbère, le groupe résiste aux ordres, renie les codes, se rebiffe la rage aux corps. L’harmonie dézinguée
sous les assauts de la désobéissance laisse alors le champ libre à la cacophonie, et à l’amour : les mouvements s’affolent, les trajectoires se télescopent,
Brief an LF © Marion Boriss
Dans Ce que j’attends, Valérie Costa danse aux côtés de cinq adolescents de Marseille troublés par leur «états d’attente d’une jeunesse et d’un âge adulte». Dans une régularité métronomique, les corps tournent en boucle, scandent à l’unisson des motifs répétitifs dont ils s’échappent parfois ou écrivent une partition singulière sous l’impulsion de la chorégraphe. Volontaristes, enthousiastes, frénétiques, langoureux, les caractères s’affichent plus clairement, le groupe se morcelle et chacun s’émancipe. Bientôt viendra le temps de dire à voix haute ce que grandir signifie : être libre…, responsable…, s’échapper de l’enfance… Mais il faut avouer que leurs réflexions ont pris un temps d’avance sur la maturité de leur corps en état de danse. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
S.I.C a été présenté du 24 au 26 février au Théâtre Massalia
Sauvé par les contes Les contes se régénèrent à l’infini, il suffit de les croiser pour que des échos résonnent, que de nouveaux sens émergent. Quelques réminiscences et ils sont prêts par un subtil détour de l’imaginaire à s’unir à nouveau pour vaincre nos peurs, et nous permettre d’affronter les problèmes les plus difficiles de la vie. Le délicieux spectacle Même pas peur se nourrit ainsi de leur humus pour évoquer l’insupportable douleur de la perte, deuil d’une fille, d’une sœur. Comment vivre après l’insoutenable ? Comment voir les autres, accepter de vivre sans la culpabilité du survivant ? La pièce évoque un père (Jean-Louis Kamoun), qui s’est enfermé dans le déni de la mort de sa fille et s’attache à l’idée que, victime d’un enchantement, elle a été transformée en grenouille. L’animal en question bondit sur scène, pour la plus grande joie des jeunes spectateurs, avant de réintégrer son aquarium. Pour sauver leur père de la folie dans laquelle il s’abîme depuis quatorze ans, ses trois enfants (Julien Asselin, Magali Jacquot, Cathy Ruiz) décident alors de l’entraîner dans une histoire rocambolesque à la recherche de l’enchanteur qui retient la disparue prisonnière. Prétexte à un voyage d’une drôlerie, d’une fraîcheur et d’une sensibilité désarmantes, tout s’y enchaîne avec un bel élan : jeux de mots, situations cocasses, théâtre dans le théâtre, mises en abyme et digressions, dans une invention permanente, et une belle ingéniosité des décors, l’abattage des acteurs dirigés de main de maître par Caroline Ruiz… Blanche Neige à Bagdad accompagnée de deux nains «survivors» est tordante ! Et les adultes rient sans doute plus que les enfants, tant l’ensemble est traversé de références… Meme pas peur © Jean-Louis Alessandra
les couples s’enlacent… Là où la TanzZeit-Jugendcompany atteint un niveau professionnel, l’expérience de la Cie 2b2b reste plus «expérimentale».
SPECTACLES 61
MARYVONNE COLOMBANI
Même pas peur a été créé au Jeu de Paume du 8 au 11 mars et sera repris les 13 et 15 avril au Théâtre du Balcon, Avignon
La magie Penazar Instaurer un lien régulier avec le public, ouvrir la porte du théâtre à des gens qui ne l’auraient jamais poussée, tels sont les objectifs principaux de la compagnie L’Entreprise. C’est pourquoi, installée depuis 2004 à La Friche, l’équipe de François Cervantes a pris le parti de rejouer régulièrement certains de ses spectacles. En ce mois de mars, c’est Le voyage de Penazar qui est à nouveau à l’affiche. Une des plus belles fictions théâtrales imaginées par l’auteur, superbement portée par sa complice, la comédienne Catherine Germain. Dans ce monologue d’une heure et demie, qui relate les tribulations du serviteur Penazar, du 13e siècle à aujourd’hui, de la principauté de Gelgel à l’Europe contemporaine, on retrouve avec délectation le style particulier de Cervantes : entre poésie et trivialité, plein d’images insolites et percutantes, touchant et drôle, le récit nous embarque à la suite de cette «âme errante». Et puis, il y a l’incarnation. Derrière le masque, dans son costume chamarré, Catherine Germain EST Penazar.
Le Voyage de Penazar © A. Libbra
Métamorphose, toujours stupéfiante de justesse et de précision, de l’actrice en homme, en personnage de théâtre d’ombres, en danseur, en clown. Le décor, les jeux de lumière, simples et d’une grande beauté, suggèrent des lointains ; les vapeurs d’encens et la musique enveloppent le spectacle d’une aura merveilleuse. Grâce à Penazar, on entre de plain pied dans l’éternelle magie du conte. FRED ROBERT
À noter Le voyage de Penazar est repris à La Friche jusqu’au 26 mars. 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
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LIVRES
RENCONTRES AVEC R. BÀDESCU, B. CHAUD, C. DARIETTO
Pomelo superstar à La Boîte à Histoires
Véronique Benay et Gilliane Santarelli ont frappé fort pour la 1ère invitation qu’elles ont lancée dans leur librairie. Cela fait un an que ces deux libraires expérimentées et pleines d’envies ont repris la célèbre librairie jeunesse du cours Julien à Marseille. Elles l’ont transformée, joliment relookée. Deux samedi par mois, elles y animent des ateliers-lecture. Aujourd’hui, elles se lancent dans des rencontres mensuelles avec des auteurs et illustrateurs jeunesse. C’est ainsi qu’à l’occasion de la sortie du dernier-né de la série des Pomelo, le 8ème, dans un nouveau format et à destination des plus jeunes, elles ont invité les heureux créateurs du petit éléphant rose, poétique et décalé pour une rencontredédicace-goûter-apéro qui a rempli la boutique. Benjamin Chaud, l’illustrateur, et Ramona Bàdescu, l’auteure, ont trouvé son nom alors qu’ils sirotaient un jus de pamplemousse, et les deux compères étaient loin de se douter du succès qu’allait connaître leur héros. Après 8 livres et 2 changements de format, celui-ci ne faiblit pas. Beaucoup d’enfants, des mamans, plus quelques papas et grands-mères étaient donc présents pour entendre la lecture à 2 voix de Pomelo et les contraires. Ce fut d’ailleurs le seul moment d’écoute quasi religieuse, car du reste - les origines de la série, les relations avec la maison d’édition et tutti quanti - les enfants n’avaient visiblement pas grandchose à faire. Le goûter, fraises tagada, quatre-quarts et jus divers, les intéressaient davantage. Une fois rassasiés, ils allaient à l’essentiel : apporter leur(s) livre(s) à Benjamin et Ramona… qui n’ont pas chômé. Dessins polychromes et dédicaces personnalisées se sont succédé dans une ambiance de goûter d’anniversaire. Un bien joli mercredi de rentrée pour les petits !
Une belle histoire
L’artiste Cathy Darietto, comédienne et metteur en scène, a conduit une aventure artistique et humaine pas comme les autres, qui a abouti à l’édition d’un livre de contes bouleversant, Princes’ses
FRED ROBERT
Ramona Bàdescu et Benjamin Chaud étaient invités à La Boîte à Histoires le 9 mars à l’occasion de la parution de Pomelo et les contraires À lire toute la série des Pomelo, Albin Michel Jeunesse À venir : le 9 avril, à partir de 16h30, Ghislaine Herbera dédicacera son dernier ouvrage, La poupée cacahuète, à paraître ces prochains jours aux éditions Mémo.
© X-D.R
Rencontre a la librairie jeunesse La Boite a histoires © X-D.R
Cathy Darietto a créé, à 26 ans à peine, la Cie du Soleil à Marseille, qu’elle dirige toujours en même temps qu’une autre compagnie, Après la pluie. Depuis, elle est sur tous les fronts : comédienne reconnue au théâtre comme au cinéma, elle poursuit une activité d’enseignement, avec une école qui réunit aujourd’hui quelque 140 élèves, et un travail de création qui, depuis les premiers spectacles jusqu’à la Vie à tout cœur, mêle intimement le théâtre à la musique. Ce spectacle, elle l’a voulu pour et par son fils Robin, atteint d’un cancer. Et c’est aussi de cette expérience douloureuse qu’est née l’initiative d’un travail avec les enfants hospitalisés au service oncologie de La Timone à Marseille. Sous sa coordination, trois comédiennes, Agnès Audiffren, Christine Gaya et Céline Giusiano ont rencontré régulièrement les enfants, âgés de 3 à 18 ans, pour des visites et des lectures qui les conduisent, petit à petit, à inventer leurs propres contes, attendrissants et inventifs, réunis dans un livre-CD magnifiquement illustré. Les interviewes des enfants, l’imagination colorée et le passage à l’écriture, rythmés par des lectures collectives et un spectacle joué à l’hôpital, offrent aux enfants «des moments de bonheur et d’évasion qui valent de l’or», et permettent aussi de conserver, par le livre et les enregistrements réalisés, une trace auditive et un objet concret qui portent en eux la présence de ces enfants, leurs voix et leur imaginaire. Si les quatre comédiennes sont parvenues à cette petite merveille, c’est par une approche sensible et un investissement humain remarquables : il faut se tenir à l’écoute des envies ou des refus des enfants, ne rien forcer, s’adap-
ter aux rythmes de santé de l’enfant, aux contraintes des soins, et trouver la distance juste pour éviter d’être intrusif, écouter aussi son propre besoin de respiration pour surmonter soi-même les phases de découragement. «Le jour où je ne pourrai plus, je m’arrêterai» dit Cathy. Mais pour l’heure, l’aventure se pérennise, avec un nouveau projet consacré aux personnages magiques et fantastiques ! AUDE FANLO
Princes’ses Livre-CD, Le Sablier éditions A découvrir aussi, la mise en scène de la pièce radiophonique du CD, Prince y es-tu ?, les 24, 25 et 26 mars au théâtre Henri Martinet aux Pennes Mirabeau
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LIVRES
Éclats de vie
4 nouvelles, 4 éclats de verre, brillants et tranchants. De grands ados saisis à la période critique qui les oppose à la fois aux règles de la société et à l’autorité familiale. La première se déroule dans une zone agricole, chez des fermiers laborieux. Le narrateur prépare sans conviction un BEP mécanique. Arrive un «rebeu» exclu de son lycée précédent. Une complicité s’établit, qui les conduira à l’irréparable. La 2e nouvelle met en scène Naïma et Tony, copains depuis la maternelle, qui fêtent un anniversaire sous les étoiles, début tendre et émouvant d’une histoire d’amour. Amour encore dans la 3e nouvelle, entre deux garçons paumés de 20 ans, à Londres, dans un quartier lépreux, une chambre sordide. Et puis une révélation, grâce à la lumière de Turner les arrache à leur détresse. Enfin révolte de deux cousins en vacances dans la maison familiale, étouffés par l’autorité abusive de leur oncle et père, chasseur, dragueur, bâfreur. Un monstre. Mais trop, c’est trop et ce sera la fugue vers Paris et un printemps libérateur...
Anne Parcin se glisse avec facilité dans la peau et l’esprit de ses jeunes personnages, et malgré la noirceur de certains moments elle les happe par la force vitale de son écriture, qui donne espoir en l’avenir. CHRIS BOURGUE
Comme des trains dans la nuit Anne Percin Le Rouergue, Coll. DoAdo, 9,50 €
Le mirage des stades
Les dessous du foot ne sont pas très affriolants. L’appat de gains énormes attire des véreux qui profitent de la crédulité des jeunes rêvant de s’illustrer sur les stades, en particulier les Africains qui y voient la possibilité de se sortir, ainsi que leur famille, de la pauvreté. Le récit touchant et implacable d’Ahmed Kelouaz retrace à la 1ère
personne le parcours de Kourandi, Malien de 13 ans. Avec ses amis il joue d’un ballon de tissu dans la poussière. Un Italien aux chaussures bien cirées s’intéresse à leur jeu et va rendre visite à leurs familles ; il veut emmener les jeunes en France, bientôt ce seront de grands joueurs ! Les familles s’endettent et les enfants s’envolent vers Paris. Là ils déchantent, vaguement nourris de
sandwiches, oubliés dans des Formule 1 sans un sou en poche : un esclavage. Les agents se les refilent, les oublient. Les jeunes, abattus, culpabilisent. Pas question d’avouer leur situation à leur famille ! Kourandi essaie de jouer dans des petits clubs anonymes, voyage en fraude dans les trains. Un avenir bien noir, plein de désillusions, un livre qui laisse un goût amer. CHRIS BOURGUE
Je préfère qu’ils me croient mort Ahmed Kelouaz Le Rouergue, Coll. DoAdo, 9,50 €
À l’échelle des grenouilles
À l’instar des Chapardeurs, ouvrage anglais des années 50 récemment adapté par le studio Ghibli au Japon, ce manga met en scène de minuscules personnages mêlés incognito à la société des hommes. Déguisés en grenouilles, ils sont mystérieusement liés à un arbre gigantesque : Nanja Monja. Un ouvrage de fantasy, donc, qui ne dévoile dans ce premier tome que le début d’une intrigue censée courir sur cinq prochains épisodes. C’est peu pour un manga, et le mélange d’aventures, de réalisme et de fantastique particulièrement équilibré est prometteur. Une mention spéciale aux personnages, tous attachants, qu’ils
soient principaux ou secondaires, et à l’atmosphère campagnarde qui permet de découvrir un Japon éloigné des clichés citadins. Les seuls yakusas du livre ne sont pas hérissés de revolvers, et encore assez superstitieux pour craindre les esprits du lieu. La lecture de droite à gauche demande un petit temps d’adaptation pour les nonadeptes du genre, mais ce manga trouvera sans difficulté un large public, tant il est frais et plaisant. GAËLLE CLOAREC
Nanja Monja,Tome 1 Shizuka Ito Glénat Manga, 7,50 €
À cœur perdu
Chez P’tit Glénat la collection Vitamine booste ses auteurs et ses héroïnes ! La preuve avec Philomène qui enflamme le cœur de tous les garçons à des kilomètres alentour. Même l’auteur-illustrateur JeanChristophe Mazurie en pince pour elle et l’imagine, nez en l’air et cheveux au vent, filant sur son vélo à travers champs… intrépide et libre. À cent à l’heure elle vit, à cent à l’heure il saisit ses péripéties amoureuses. Affublés de patronymes pas piqués des vers (Jules Biclou, Guigui Ladi, Barnabé Lafé, Prosper Laguigne, Raoul Poirier, les terribles frères Lasserre), les garçons sont tous raides dingues d’elle : leurs mains tremblent, leur cœur fait boumboum, leurs joues sont en feu, ils volent d’aise et de bonheur. Quant aux bagarreurs ils font une trêve éclair à chacun de ses passages… C’est un sacré phénomène cette Philomène ! Comme dans toute histoire il y a une morale que JeanChristophe Mazurie distille au fil de dessins joyeux, de saynètes dynamiques, de phrases sibyllines qui, pour peu qu’on soit attentif, mettent la puce à l’oreille, car si son cœur est déjà pris c’est qu’il bat… mais pour qui ? Philomène a le droit d’aimer qui elle veut ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Philomène m’aime Jean-Christophe Mazurie P’tit Glénat, 10 €
LIVRES 65
Bouzoukis rebelles
On connaît le Fado et le Blues, mais moins le Rébétiko. C’est un style de musique grecque chantée, qui exprime le désenchantement et les difficultés de vivre. Ce sont les Grecs déracinés de Turquie après 1922 qui l’ont inventée dans les grands ports où ils échouaient en confrontant leur musique avec cellede l’état athénien. En 1936 le général Métaxas a instauré un régime dictatorial en Grèce, imitant ses voisins fascistes. Au programme, l’élimination de la part orientale de la culture grecque, au prétexte qu’elle ramollit les esprits ! Ainsi la répression se met en place, les musiciens sont traqués dans les bouges où ils jouent et
Un peu d’encre...
L’encre du passé plonge dans le Japon ancien, l’époque Edo, 1er nom de Tokyo, ville en plein essor économique au 18e siècle. La jeune Atsuko, âgée d’une douzaine d’années, travaille dans la teinturerie d’une petite ville et peint sur les paravents à ses moments perdus. Môhitsu, voyageur de passage, remarque son travail et l’emmène à Edo chez son ami peintre pour qu’elle apprenne le métier. Atsuko se perfectionne auprès de l’artiste et Môhitsu reprend goût à la calligraphie alors qu’il vivait dans la douleur de la
CHRIS BOURGUE
Rébétiko David Prudhomme Futuropolis, 20 € BD sélectionnée pour le Prix 2011 des lycéens et apprentis de Paca
grande qualité graphique, adoptent un trait fin et précis, des teintes feutrées et douces dans un camaïeu de sépia, de gris, et quelques éclats discrets de rouges sombres et de jaunes assourdis. Le scénario est d’Antoine Bauza, amoureux du Japon et de sa culture dont il fait sa source
perte de sa femme et sa fille décédées. 17 ans plus tard Atsuko, devenue peintre reconnue, est traversée par une crise de doute. La visite de Môshitsu la ramènera à son art au cours d’une très belle scène d’échanges calligraphiques sur fond de haïkus porteurs d’espoir. Les images de Maël, d’une
Les fils de Prométhée
La collection Atelier Cinéma, en collaboration avec la Cinémathèque française se propose d’initier le jeune public «au cinéma sous toutes ses coutures», de favoriser l’élaboration «d’une pensée vive». Pierre Gabaston relève en 70 pages abondamment illustrées cet ambitieux défi, sur un thème bien séduisant : les rebelles sur grand écran. Typologie didactique oblige, cinq chapitres distinguent cinq catégories d’insoumis : les désespérés d’abord, rebelles sans cause, incarnant comme James Dean, dans la beauté de sa jeunesse éternelle, le mal être d’une génération ; les enfants terribles ensuite, qui transgressent la loi des pères et récoltent tels les écoliers de Jean Vigo, un zéro de conduite ; puis les révolutionnaires christiques, Spartacus ou Zapatta, et les hors-la-loi charismatiques revendi-quant une liberté sans limites, Clyde, Bonnie ou Jesse James. Enfin les réfractaires à toute guerre, aux tabous liberticides, ceux qui, comme les héros de Hair,
beaux portraits aux traits appuyés. Les planches alternent une belle lumière grecque et les reflets nocturnes.
fument le narguilé, le soir ? Régulièrement emprisonnés, ils vivent de petits trafics, boivent beaucoup et affectionnent la bagarre. David Prudhomme, hypnotisé par le rébétiko, s’est intéressé à la vie de ces hommes, mais aussi au devenir de cette musique rebelle qui est aujourd’hui réduite au pittoresque et anime les soirées des touristes. Il en a tiré un récit animé, souvent violent, avec des dessins précis, réussissant de très
cherchent tout simplement le bonheur et l’amour. Les cinéastes de la Nouvelle Vague dynamiteurs des règles anciennes rejoignent cette théorie des figures de la rébellion. Arrêts sur images, éclairage par le contexte, la technique ou la filiation, prolongent chaque chapitre. Y sont évoqués tour à tour le rock, le jazz, les bikers, Duchamp et Dada. On entrevoit la richesse d’une mythologie qui n’en finit pas de se renouveler et où les fils de Prométhée brûlent du feu qu’ils nous offrent. ÉLISE PADOVANI
Rebelles sur grand écran Pierre Gabaston Acte sud junior, 16 € Cycle Rebelles au cinéma à l’Institut de l’image d’Aix-en-Provence et au cinéma Le Renoir à Martigues jusqu’au 22 mars
d’inspiration constante ; quant aux très belles calligraphies, elles sont dues à Pascal Krieger, maître reconnu par l’Ordre du Soleil Levant. Un album dans lequel le regard se promène des paysages et des jardins aux intérieurs de bois, et qui questionne sur les voies de la création. CHRIS BOURGUE
L’encre du passé Maël et Bauda Dupuis, 30 € BD sélectionnée pour le Prix 2011 des lycéens et apprentis de Paca
L’art en jeu
Qui n’a jamais rêvé d’être conservateur de musée, plongé dans la beauté du monde ? On peut dorénavant y croire avec le jeu de société D’Art d’Art ! paru aux éditions du Chêne. Déclinaison de l’émission culturelle de France Télévision et du livre éponyme, ce jeu de plateau amusant et instructif met le monde de l’art à la portée de tous. Dès 8 ans, à 2 et jusqu’à 6 joueurs, il vous met en situation d’aventure : à vous de protéger et d’enrichir votre collection d’œuvres prestigieuses, à vous de répondre avec succès aux cartes quizz, d’éviter les vernissages ratés, les faussaires, les cambriolages… afin de réaliser l’exposition de vos rêves. Quoi de mieux que de se divertir en famille tout en se cultivant au contact d’artistes et d’œuvres remarquables. Sans se focaliser, d’ailleurs, sur les quelques chefs-d’œuvre mondialement connus mais en découvrant des anecdotes passionnantes… FRÉDÉRIC ISOLETTA
D’Art d’Art / Le Jeu Éd. du Chêne, 25 €
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CINÉMA
LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE
Du 15 au 19 mars à 20h30, semaine de projections suivies de cabarets dans le cadre du 16e Festival russe au Toursky. Des films de Mikhaïl Kalatozichvili, Vadim Abdrachitov, Leonid Gaïdaï, Gueorgui Danelia. Le 18 mars, projection du dernier film de Garri Bardine, une adaptation du conte d’Andersen Le Vilain petit canard sur le mode de la comédie musicale, portée par des airs de Tchaïkovski. Fruit de six ans de travail, ce film d’animation ne compte pas moins de 107 000 images enregistrées et plus de 400 personnages. Théâtre Toursky 04 91 02 58 35 www.toursky.org
Du 16 au 22 mars au cinéma le Sémaphore de Nîmes aura lieu la 4e édition de MARS ATTAC, organisée par le comité local de Nîmes de l’association ATTAC : 5 soirées films-débats ainsi qu’une expo de photos de Moussa Djouder. Le 16 à 18h et à 20h30 en avantpremière le documentaire de Jérémy Forni, Après la gauche, avec Susan George, E. Plenel, J. Ziegler, A. Negri… suivi d’un débat avec Thomas Coutrot, co-président d’ATTAC France et auteur du livre Jalons vers un monde possible. Cinéma le Sémaphore 04 66 67 88 04
Le 17 mars à 14h à la Maison de la Région, Couleurs Cactus, en partenariat avec Cultures du Cœur, présente Water de Deepa Mehta : l’histoire dans l’Inde coloniale de 1938 d’une très jeune Indienne, veuve, qui est envoyée dans une maison où les veuves hindous vivent en pénitence. La projection sera suivie d’un débat en présence de l’historienne Arundhati Virmani.
Les Mardis de la Cinémathèque proposent, le 22 mars à 19h, au CRDP, Femmes, femmes, le troisième long métrage de Paul Vecchiali, et le 29 mars L’empreinte du dieu de Léonide Moguy d’après le roman de Maxence Van der Meersch, avec Pierre Blanchar, Annie Ducaux, Blanchette Brunoy, Ginette Leclerc, Jacques Dumesnil, Pierre Larquey. La Cinémathèque de Marseille 04 91 50 64 48
Le 22 mars à 18h, à l’Institut Culturel Italien, Il Papà di Giovanna de Pupi Avati : à Bologne en 1938, une jeune adolescente Giovanna vit avec ses parents et nourrit un rapport fusionnel avec son père très protecteur, qui va devoir accepter que sa fille soit jugée instable afin d’échapper à la prison pour le meurtre de sa copine de classe. Institut Culturel Italien 04 91 48 51 94 / www.iicmarsiglia.esteri.it
04 91 64 75 85 www.festival-reflets.org Plan B de Marco Berger
Utopia 04 90 82 65 36 www.cinemas-utopia.org
93, la belle rebelle de Jean-Pierre Thorn
Les amants du pont neuf de Leos Carax
Le 22 mars, au cinéma Les Variétés dans le cadre de Abya Yala, 2e Rencontres du cinéma amérindien, l’association APATAPELA propose une soirée documentaire : à 19h30, No more smoke signals de Fanny Braüning, et à 22h, El velo de Berta d’Esteban Larrain. À l’issue de la séance, rencontre avec Tiokasin Ghosthorse, sioux lakota, fondateur du programme de radio Fisrt Voices Indigenous, défenseur des droits des Premières Nations. Les Variétés 04 96 11 61 61
Le 20 mars à 19h, au cinéma le Bourguet à Forcalquier, l’association APATAPELA propose deux documentaires, Flores en el desierto de Jose Alvarez et Por qué murió Bosco Wisum de Julian Larrea et Tania Laurini. Cinéma le Bourguet 08 92 68 01 28 www.apatapela.org
Cinéma Renoir 04 42 44 32 21 http://cinemajeanrenoir.blogspot.com
Le 22 mars à 18h à l’Utopia Manutention d’Avignon, rencontre avec Léos Carax et Jean-Michel Frodon, critique de cinéma, autour de son livre Le Cinéma français, de la Nouvelle Vague à nos jours et projection de Les Amants du Pont Neuf.
Couleurs Cactus 06 98 72 29 07 http://couleurscactus.blog4ever.com
Le 18 mars à 20h au cinéma Variétés, le Festival Reflets présente le premier film du jeune réalisateur argentin Marco Berger, Plan B : Bruno vient de se faire plaquer par sa copine qui partage désormais sa vie avec Pablo et élabore un plan pour la reconquérir… Il se rapproche de Pablo, devient son ami et cherche à fragiliser le couple. Mais rapidement il se rend compte que pour arriver à ses fins il n’a pas d’autre solution que de passer au plan B, l’amenant à remettre sa propre sexualité en question…
Le 26 mars à 18h30, au cinéma Renoir à Martigues, en partenariat avec le Collectif 13 «Un bateau français pour Gaza», projection de Au Caire de la révolution, des images tournées en février dernier par Samir Abdallah, un des réalisateurs de GazaStrophe, Palestine (voir p67) en sa présence. Le 8 avril à 18h30, lecture, concert et film, en partenariat avec la librairie L’Alinéa, Pianomania de Robert Cibis et Lilian Franck, un voyage à travers le monde secret du son, en présence de l’écrivain Bernard Fauconnier et du pianiste Emmanuel Culcasi. Le 14 avril à 18h30, Carte Blanche à Jean-Pierre Thorn dont sera projeté le dernier film, 93, La belle Rebelle, l’histoire d’une banlieue minée par une politique urbaine anarchique, des mutations industrielles successives, la désillusion politique…
Du 23 au 29 mars au cinéma Mazarin à Aix, 10e édition de La Confusion des Genres, une semaine de cinéma gay et lesbien. Au programme, Jamais sans toi d’Aluisio Abranches ; Scott Pilgrim d’‘Edgar Wright ; Tout va bien ! The kids are all right de Lisa Cholodenko ; Edward II de Derek Jarman ; Le baiser de la femme araignée d’Hector Babenco ; Prick Up Your Ears de Stephen Frears ; 108 Cuchillo de Palo Paragua de Renate Costa. Pour s’amuser, vendredi 25, Mamma Mia ! de Phyllida Lloyd en version karaoké. La soirée de clôture se déroulera à l’Institut de l’Image avec le célèbre et sublime All about Eve de Mankiewicz avec Bette Davis, Anne Baxter, George Sanders et la toute jeune Marilyn Monroe. Le Mazarin 04 42 26 85 12
Dans le cadre du festival Latcho divano, projection au cinéma Variétés le 29 mars à 20h30 de Dallas pashamende de Robert Adrian Pejo : Radu Dima, un gitan devenu érudit, retourne dans son village natal, Dallas, qui est dans un état catastrophique. Après l’enterrement de son père, Radu veut repartir aussi vite que possible mais… Le 5 avril, à partir de 19h, soirée documentaire : Pavee Lackeen, la fille du voyage de Perry Ogden, suivi de Autrefois nous étions des oiseaux, film d’animation musical de Gari Bardine et du voyage autobiographique de Laura Halilovic Moi, ma famille rom et Woody Allen. 09 75 83 53 19 www.latcho-divano.com
Le 31 mars à 20h, en partenariat avec le cinéma Prado, l’association Cinépage propose Buffalo 66 de Vincent Gallo avec Vincent Gallo, Christina Ricci, Ben Gazzara. Après cinq années passées à la prison de Buffalo, Billy Brown, libéré, va rendre visite à ses parents qui ignorent tout. Il kidnappe sur sa route une jeune étudiante, Layla., à qui il demande de jouer le rôle de l’épouse fictive qui lui a jusqu’à présent servi d’alibi dans ses lettres… Cinépage 04 91 85 07 17 www.cinepage.com
Le 1er avril à 20h30 à l’Utopia Manutention d’Avignon, en collaboration avec Contraluz, projection unique de Los Herederos en présence du réalisateur, Eugenio Polgovsky, un documentaire sur le travail des enfants dans les campagnes mexicaines. Utopia 04 90 82 65 36 www.cinemas-utopia.org
SALON-DE-PROVENCE | AUBAGNE Le 2 avril à 14h, Camera Lucida propose à l’Espace Sylla d’Apt un film d’Eugenio Polgovsky, Los Herederos, en présence du réalisateur. Dès leur plus jeune âge, les enfants des campagnes mexicaines commencent à travailler. Le documentaire montre leurs luttes pour la survie. 04 90 74 05 39 www.sylla.fr
Jusqu’au 12 avril, Cinémas du Sud, en partenariat avec la Cinémathèque Française propose, dans les salles de leur réseau, Rebelles en cinéma, un cycle de films, conférences et ateliers à partir du livre de Pierre Gabaston (voir p 62), Rebelles sur grand écran. Cinémas du Sud 04 91 62 47 61 www.cinemasdusud.com
Du 1er au 3 avril, ATTAC pays d’Arles propose au Méjean son 5e Festival de cinéma, projections de films et débats : Le temps des grâces de Dominique Marchais, une enquête documentaire sur le monde agricole français aujourd’hui ; Nos enfants nous accuseront de Jean-Paul Jaud ; Small is beautiful d’Agnès Fouilleux. La séance du 2 Avril à 18h sera suivie d’un débat animé par Aurélie Trouvé, co-présidente d’Attac France.
Voir le monde Du 29 mars au 5 avril, au Cinéma les Arcades, se tiennent les 21e Rencontres Cinématographiques de Salon : 33 films venus de 25 pays Cette année ? un coup de cœur pour le cinéma belge avec Illegal d’Olivier Masset-Depasse (Zib 31), L’Iceberg, la comédie de Fiona Gordon et Dominique Abel, et Lost persons area de Caroline Strubbe en sa présence, le 1er avril ; un zoom sur le cinéma argentin avec Puzzle de Natalie Smirnoff et Le dernier été de la boyita de Julia Solomonoff, l’histoire d’une enfance qui se termine ; de la musique avec Benda Bilili en présence d’un des réalisateurs, Florent de la Tullaye, et le thriller symphonique des Suédois Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson, Sound of Noise (Zib 31).
Nathan Miller sera présent le 30 mars pour parler du film coréalisé avec son père, Je suis heureux que ma mère soit vivante, ainsi que Mariana Otero, le 31, qui présentera ses deux deniers films, Histoire d’un secret et Entre nos mains. Le 4 avril, Dominique Chansel présentera le célèbre Safety Last de Fred Newmeyer avec Harold Lloyd qui aura fait l’ouverture le 29 mars, accompagné par 3 musiciens du Philarmonique de la Roquette. L’après-midi du samedi est consacrée aux courts métrages avec, entre autres, le superbe Garagouz du jeune réalisateur algérien Abdenour Zahzah. Et bien sûr aussi des photos, des vitrines décorées, des cinégoûters, des séances scolaires… pour animer la vie salonnaise ! ANNIE GAVA
ATTAC Pays d’Arles www.local.attac.org/13/arles
Du4 au 11 avrilaura lieu la 39 Rencontre Cinématographique de Digne, fondée sur des projections et des échanges avec les réalisateurs : F. J. Ossang autour de son dernier film Dharma guns, Raphaël Jacoulot pour Avant l’aube. Laurent Chevallier parlera de son approche du réel à partir d’Expérience africaine et de Djembefola. La réalisatrice Xiaoling Zhu présentera La rizière, film qu’elle a tourné chez les Dong, minorité du Guangxi, région de son enfance , et l’ethnologue cinéaste Sophie Gergaud Lakota Land, Terre de Survie, son premier long métrage, sur une réserve amérindienne. Sans oublier bien sûr la compétition de courts métrages. e
Du 6 au 12 avril, à l’occasion de la sortie de son dernier film Dharma Guns, l’Institut de l’Image à Aix, en partenariat avec les Rencontres du 9e Art, propose une rétrospective des films de F. J. Ossang : L’Affaire des divisions Morituri, Le Trésor des îles Chiennes, Dr Chance. Le 8 avril à 20h30, la projection de Dharma Guns aura lieu en présence du réalisateur et de l’actrice, Elvire : une fille pilote un hors-bord et tracte un jeune skieur. Ils bravent l’un comme l’autre leurs limites quand un choc survient… Du 13 au 19 avril, l’Institut de l’Image propose une rétrospective des films de Souleymane Cissé : Baara, Le Vent, Yeelen, Waati. Souleymane Cissé, venu rencontrer les classes cinéma qui travaillent sur Yeelen, sera présent à certaines séances. Institut de l’Image 04 42 26 81 82 www.institut-image.org
Dharma Guns de F. J. Ossang
Le roi danse de Gerard Corbiau
Rencontre Cinématographique, Digne-les-Bains 04 92 32 29 33 www.unautrecinema.com
CINÉMA 67
Rencontres Cinématographiques de Salon 04 90 56 35 74 www.rencontrescinesalon.org
Écouter les films Du 21 au 26 mars, musique et cinéma sont de retour à Aubagne pour la 12e édition du Festival international du film (FIFA). Invité d’honneur, Gérard Corbiau, à qui le festival offre une carte blanche : l’occasion de revoir son film, Le Roi danse, mais aussi Fitzcarraldo de Werner Herzog, et Reviens-moi de Joe Wright. Cartes blanches aussi à trois festivals européens, le Festival Internacional de Cinéma de Tarragona qui présente son Grand Prix 2010, le documentaire Maria y Io de Félix Fernández de Castro, adaptation d’une bande dessinée sur la relation entre un père et sa fille autiste ; le Festival IndieLisboa qui propose une sélection de 8 courts métrages représentatifs de sa vision du cinéma et le Festival international du film francophone de Namur qui offre la Nuit du court le 25 à partir de 21h30 au cinéma le Pagnol. Dix longs métrages seront en compétition parmi lesquels Sound of Noise d’Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson, Robert Mitchum est mort d’Olivier Babinet ou Rare Exports : A Christmas Tale de Jalmari Helander qui nous emmènera en Finlande et Balle Perdue de George Hachem au Liban. En compétition aussi, 66 courts répartis en 10 programmes, venus de 24 pays parmi les 1100
reçus de plus de 70 pays choisis pour la qualité du travail sonore et musical de leurs auteurs. Aubagne, c’est aussi un «passeur d’expérience», le compositeur Eric Demarsan, le ciné concert de la Master class dirigée par Charles Papasoff, des rencontres professionnelles Image et Musique dédiées aux compositeurs, concepteurs sonores, réalisateurs et producteurs. Un grand festival, qui sait depuis des années faire écouter cet art qu’on dit visuel… ANNIE GAVA
Festival International du Film d’Aubagne 04 42 18 92 10 www.cineaubagne.fr L'iceberg de Fiona Gordon et Dominique Abel
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CINÉMA
ALHAMBRA | OUEST PROVENCE | INSTITUT DE L’IMAGE
Cinés en Espagne Du 1er au 10 avril, les cinémas de Scènes et Cinés Ouest Provence organisent la 3e édition du Panorama du cinéma consacré à la cinématographie espagnole. Une vingtaine de longs métrages seront présentés, ainsi que deux documentaires et des courts métrages. Des soirées variées sont organisées dans chaque lieu successivement. Le 1er avril à L’Odyssée de Fos-surMer, soirée «Musiques et danses» avec, à 18h30, Fados de Carlos Saura, et à 21h Vengo de Tony Gatlif. Le 2 à l’Espace Gérard Philipe de Port-StLouis-du-Rhône, une «soirée pimentée» avec, à 18h30, Amours salées et plaisirs sucrés de Joaquin Oristrell, et, à 21h, À la carte de Nacho G. Velilla. Le 3 à l’Espace Robert Hossein de Grans, soirée «Noir Polar» avec, à 18h, Carte des sons de Tokyo d’Isabel Coixet et, à 21h30, Cellule 211 de Daniel Monzon. Le 5 au Comoedia de Miramas, soirée «Comédies» avec, à 18h, Yo
Tambien d’Alvaro Pastor et Antonio Naharro et, à 21h, A la carte. Le 6 au Coluche d’Istres, soirée «Ciné et débat» avec, à 18h30, Yo Tambien et à 21h Poniente de Chus Gutierrez. Un débat sera animé par JeanPierre Berlan. Une deuxième tournée débutera ce même jour à l’Espace Gérard Philipe avec, dans le cadre de la «Semaine du Printemps des Enfants», à 16h30, La langue des papillons de José Luis Cuerda. Le 7 à L’Odyssée soirée «Mémoire historique» avec On verra demain de Francisco Avizanda en présence du réalisateur et du producteur. Le 8 au Coluche, soirée Marc Recha avec, à 18h30, Pau et son frère et, à 21h, C’est ici que je vis. Enfin, le 9 au Comoedia, nuit «fantastique et horreur» avec, à 21h, L’Orphelinat de Juan Antonio Bayona et, à 23h, Buried de Rodrigo Cortés. De l’Espagne pour tous les goûts et, pour les plus fanatiques, de quoi
Buried de Rodrigo Cortes
sillonner le territoire d’Ouest Provence tous les soirs ! A.G.
Cinéma L’Odyssée Fos-sur-Mer 04 42 11 02 10 Espace Robert Hossein Grans 04 90 55 71 53
Cinéma Le Coluche Istres 04 42 56 92 34 Cinéma Le Comoedia Miramas 04 90 50 14 74 Espace Gérard Philipe Port-StLouis-du-Rhône 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr
Alhambra stambouliote Du 6 au 10 avril, l’Alhambra et Radio Grenouille présentent Istanbul à facettes : cinéma, sons, radio, carnets de voyage, correspondances, expositions photographiques. Marseille et Istanbul, deux villes ports qui se rencontrent et se regardent.
Un focus sur Reha Erdem permettra de découvrir trois films de ce cinéaste primé aux Festivals du Film de Berlin et d’Antalya, My only sunshine, A Run for money, Des temps et des vents. Le 9 à 19h, soirée cinéma et musiDes temps et des vents de Reha Erdem
que avec la projection du documentaire de Fatih Akin, Crossing the Bridge, The sound of Istanbul, suivie d’un concert. Plusieurs documentaires se succèderont tout au long de ces quatre jours : Istanbul Fantômes d’Orient de Christine Tomas, en ouverture, le 6 avril à 20h ; Istanbul de Patrice Chagnard ; La Corne d’Or - HaliçAltin Boynuz d’Erden Kiral ainsi que des courts métrages inédits. Le 8 à 20h30, soirée spéciale, Marseille/ Istanbul : Capitales en regard avec un documentaire sonore collectif et un débat autour des capitales européennes de la culture dans une approche comparative entre Marseille et Istanbul, en présence de
Yesim Yalman, directrice artistique des cultures urbaines - Istanbul 2010 ; Thierry Roche, directeur adjoint MP2013 ; Boris Grésillon, géographe ; Yohanne Lamoulère et Jérémy Garniaux, auteurs de l’exposition photographique et cartographique, Belle, peut-être pas, mais ô combien charmante. Quatre jours de découverte de la mégapole turque, à travers créations et œuvres diverses. ANNIE GAVA
04 91 03 84 66 www.alhambracine.com
Les rebelles de Lumet En écho au livre Rebelles sur grand écran de Pierre Gabaston (éd. Actes Sud junior-La Cinémathèque française, 2008), l’institut de l’image à Aix-en-Provence propose jusqu’au 22 mars une programmation éclectique : des parcours de héros en marge illustrés au travers d’une rétrospective de Larry Clark, de films d’Elia Kazan, Louis Malle, John Cassavetes, ou encore Sidney Lumet. Ce dernier, connu dès son adaptation de Douze Hommes en colère, son premier film sorti en 1957 et auréolé d’un ours d’or à Berlin, est devenu au fil des années un fer de lance de la critique du capitalisme américain, qu’il aborde par le prisme des instances étatiques, médiatiques, des hom-
mes et femmes qui les soutiennent, s’y soumettent ou les combattent. Avec un style formel classique, Lumet a posé, tout au long d’une carrière de plus de cinquante films, un regard très incisif sur son pays et sur New York, sa ville de cœur, en croquant de ses concitoyens des portraits justes, en grand directeur d’acteurs qu’il est. Cela a valu d’ailleurs à bon nombre de ses interprètes reconnaissance et récompenses, depuis Marlon Brando dans l’Homme à la peau de serpent, Sean Connery dans The Hill ou Faye Dunaway dans Network. On se souvient également des deux offrandes qu’il fait à Al Pacino, la première en 1973 avec le rôle de Serpico, flic
décalé luttant contre la corruption policière, la seconde deux ans plus tard dans Un Après-midi de chien où l’acteur campe un homme aux abois, improvisé braqueur de banque. Dans À Bout de course, film de 1988 et projeté à l’institut de l’Image, Lumet démystifie avec précision et mélancolie la figure des amants traqués, rattrapés ici non pas par les institutions mais par leurs devoirs parentaux. Il offre au passage à River Phoenix, acteur à la trop courte filmographie, un de ces rôles dont il a le secret. RÉMY GALVAIN
ASPAS | ALCAZAR | LES VARIÉTÉS
CINÉMA CINÉMA 69
Le Mexique envers et contre tout ! C’est du 23 mars au 10 avril que se tiendront les 13e Rencontres du cinéma sud-américain, organisées par l’ASPAS à Marseille, intitulées cette année Peuple et cultures du Mexique, sous la présidence de Maria Novaro qui, hélas, ne sera pas présente, étant donnée la discorde politique entre les deux pays -le Mexique a annulé toutes les manifestations prévues de l’année du Mexique- mais dont on verra le road movie féminin, Sin dejar Huella. En «lancement» des Rencontres, au CRDP, les 25 et 26 mars, un hommage aux documentaires argentins de Cine Ojo dont le directeur, Marcelo Cespedes, donnera la traditionnelle «leçon de cinéma» le 26 à 14h. Malgré les problèmes, c’est avec un film mexicain que se fera l’ouverture le 29 à la Friche. Il y en
aura quatre en tout, dont Lake Tahoe de Fernando Eimbcke… En compétition pour le Colibri d’or, 9 longs métrages représentant 8 pays d’Amérique latine et 9 courts métrages. Ainsi, vous pourrez voir Eva y Lola de l’Argentine Sabrina Farji ; un conte sur la jeunesse et le courage, A Alegria de Felipe Braganca et Marina Meliande, Los colores de la Montaña du Brésilien Carlos César Arbeláez… Un hommage sera rendu à l’École internationale de cinéma San Antonio de los Baños de Cuba. Le 1er avril à 20h, en avant-première européenne, Visa al paraíso, le documentaire de Lillian Liberman sur la vie de Gilberto Bosques Saldivar, consul général en France de 1939 à 1944, qui ayant installé le consulat à Marseille a sauvé des milliers de personnes persécutées par les nazis.
Des images inédites de notre ville pendant la 2e guerre mondiale et un portrait d’un «Varian Fry» mexicain. Et, bien entendu, des expositions, des concerts, en particulier La Cumbia Chicharrà, une formation d’une dizaine de musiciens Colombo-Marseillais, le 2 avril à 22h 30. Et ceux qui auraient raté ces alléchantes soirées à Marseille, pourront se rattraper du 5 au 10 avril à La Ciotat, Manosque, Forcalquier et SaintBonnet ! ANNIE GAVA
Association Solidarité Provence – Amérique du Sud 04 91 48 78 51 www.aspas-marseille.org
Au nom des pères s’achève sur le cercle des jeunes gens accroupis dans une défécation collective. Gracieux et «cru», le premier long métrage de Lussi-Modeste suit au plus près Jimmy Rivière, jeune gitan charismatique, inter© A.G
Elle n’est point, Gaza, la plus belle des cités…
…écrivait Mahmoud Darwich. Mais le cinéma rend compte du réel. Le 17 février, aux Variétés, le collectif 13 «Un bateau français pour Gaza» qui a pour objectifs de dénoncer le siège israélien contre Gaza et de répondre à la crise humanitaire que subissent un million et demi de Palestiniens, a présenté le film de Samir Abdallah et de Kheiredine Mabrouk, Gaza-strophe, le jour d’après devant un public nombreux et motivé. Les deux réalisateurs sont entrés dans Gaza le 20 janvier 2009, en passant par Le Caire et par le poste-frontière de Rafah, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël, au surlendemain du cessez le feu après la guerre de 22 jours, l’opération «Plomb durci» de Tsahal. Leur but : «documenter la tragédie palestinienne du point de vue de l’intérieur (…) et avec des souvenirs de poèmes lus et entendus en d’autres temps, déjà sous les bombes, avec Mahmoud Darwich et ses compagnons.» Ils ont suivi les pas d’Abu Samer du P.C.H.R., le Centre Palestinien des Droits de l’Homme, pendant près d’un mois et ont enregistré les témoignages de ceux qui, dans les ruines encore fumantes, errent au milieu des restes de leurs maisons, de leurs champs, ou de leurs usines, l’air perdu, les yeux
prété avec conviction par Guillaume Gouix aux yeux éperdument bleus, partagé entre une foi toute neuve et les deux passions auxquelles le baptême l’oblige à renoncer. La boxe thaï où il excelle sous la férule de Gina (Béatrice Dalle) et Sonia, une gadji volcanique bien peu «catholique» interprétée avec force par Hafsia Herzi plus sensuelle que jamais. Le réalisateur originaire de la communauté des Voyageurs installée à Grenoble, convertie pour moitié au pentecôtisme, dit avoir voulu «regarder le monde à partir d’elle». Loin du folklore, il raconte l’émancipation de Jimmy qui l’oppose à la loi des pères, celle de la tradition qui replie le groupe sur luimême, celle du pasteur-prédicateur
encore pleins des horreurs de la guerre. «Nous avons tout de suite pensé aux scènes du film Le Jour d’Après»… Ils ont écouté ceux qui, malgré tout, essayaient de survivre, déblayant, tentant de sourire encore. «Nous avons cherché à filmer des tableaux de la vie qui reprend malgré tout ses droits dans le paysage de ruines laissé par la guerre et le blocus sur Gaza.» Tous racontent leurs blessures, parlent de ceux qu’ils aimaient et qu’ils ont perdus. On ne sort pas indemnes de ce film -qui a obtenu le grand prix France TV-Enjeux méditerranéens du CMCA 2010- mais choqués, au sens fort du terme. ANNIE GAVA
(Serge Riaboukine) qui s’impose par substitution au vrai père chassé du camp. Émancipation d’autant plus difficile que Jimmy n’est pas un révolté et ne rêve que de fusion. Ce sont les femmes -sa mère, et surtout sa sœur sacrifiant son amour exogame- qui montrent à ce garçon trop aimé le prix du renoncement et l’aident à assumer ses choix. Par la stylisation et le particulier LussiModeste rejoint l’universel dans un film aux accents intimes très émouvants. ÉLISE PADOVANI
Jimmy Rivière a été projeté en avant première aux Variétés le 3 mars
Gaza-strophe, le jour d'apres de Samir Abdallah et Kheiredine Mabrouk
La caméra suit le dos d’un jeune homme, colle à son tee-shirt blanc. Dans les sous-bois pénétrés par la lumière estivale, il semble danser, voler, bientôt rejoint par un, deux puis quatre autres. La chorégraphie
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ARTS VISUELS
AU PROGRAMME Atmosphères Succa opère par fragments et par traces : fragments de natures urbaines liés en un tout indissociable, recomposés dans des tableaux et des photos-peintures ; traces rouillées et traces du temps réinventées comme de «nouvelles peintures rupestres». Artiste de la nature jusque dans ses installations-jardins habitées de mille et une histoires d’eaux-histoires d’art. M.G.-G.
Impressions Succa du 26 mars au 16 avril Château musée Edgar Melik, Cabriès 04 42 22 42 81 www.musee-melik.fr Impressions, Familles, sachets tisanes © Succa
C’est Sà Maison d’édition consacrée exclusivement à l’art contemporain (voir catalogue p 78), Analogues conforte son accompagnement aux artistes par des expositions dans ses locaux arlésiens. La programmation se veut plus régulière en 2011. Gwenola Menou a sélectionné cinq ou six pièces très complémentaires et emblématiques d’Alexandra Sà, dont En suspension où l’on voit la célèbre photo du saut d’Yves Klein maintenu en l’air par le seul flux d’un ventilateur. C.L.
Parallaxe Alexandra Sà jusqu’au 25 avril Analogues, Arles 09 54 88 85 67 www.analogues.fr Sa © Vincent Bossard Serge Picard, Aux bords du monde © Serge Picard
Flou de bougé Serge Picard expose deux séries de photos en noir et blanc diamétralement opposées à Gap : Aux Bords du monde présente des paysages déserts atteints par l’usure du temps, des rails abandonnés, des voies coupées, des squelettes d’arbres. Les tirages eux-mêmes sont comme abimés, piqués, sauvés des eaux. Sur l’autre mur des portraits flous leur répondent, fantômes de vie, souvenirs… un beau travail sur le travail du temps. A.F.
Aux Bords du monde et Sponte Sua Serge Picard jusqu’au 30 avril Galerie du théâtre, Gap 04 92 52 52 52 http://theatre-la-passerelle.eu/galerie
Indignez-vous ! Dans l’impressionnante architecture des Templiers, la colère gronde : «Aujourd’hui nous avons des tas de raisons d’être révoltés. L’artiste ne doit pas être seulement dans l’esthétisme mais doit avoir une opinion. On ne doit pas baisser les bras». Michel Berberian traduit son indignation à travers une esthétique puissamment expressionniste, des peintures de grand format, acrylique griffée au crayon gras, depuis les séries datant de 1999 jusqu’au plus récentes dont plusieurs réalisées pour l’évènement. C.L.
Michel Berberian jusqu’au 24 avril Tour Philippe Le Bel, Villeneuve lez Avignon 04 32 74 08 57
Michel Berberian, peinture, 2011 © X-D.R
ARTS VISUELS 71 Tout en rondeurs Blas jongle avec les mots charnels, les historiettes de rien du tout, les images qu’il capture, l’imaginaire qu’il laisse vagabonder ; il sort de l’espace de la page pour se frotter à la rondeur de l’objet : ce qu’il écrit devient palpable. À la galerie du Tableau, ses Fantaisies «à 10 ou 13 balles, mises en tube, en boîte nous invitent à tâter, effleurer, faire rouler, recomposer ou tout simplement observer la multiplicité de ce qui s’y trame». À nous de jouer ! M.G.-G. © Blas
Fantaisie Blas du 21 mars au 2 avril Galerie du Tableau, Marseille 6e 04 91 57 05 34 http://galeriedutableau.free.fr
Vues d’ensembles Explorer l’espace urbain pour appréhender l’architecture par la photographie ? Philippe Piron a photographié les grands ensembles de logement construits à Marseille entre 1955 et 1975, à voir et comprendre d’un autre œil. Rencontre-débat en présence de l’artiste le 19 mars, le 20 visite guidée des lieux photographiés avec Nicolas Mémain. Il faudra se lever tôt.
Philippe Piron, La Brunette, Marseille © Philippe Piron
C.L.
Conversation (3) Philippe Piron, photographie et architecture du 19 mars au 9 avril Les Ateliers de l’Image/La Traverse, Marseille 04 91 90 46 76 www.ateliers-image.fr
Radieuse De quartier en quartier le photographe Matthieu Parent écrit le journal de Marseille, portant son regard sur l’architecture, là le village vertical de Le Corbusier aux lignes vertigineuses, et ses habitants. Saisissants portraits captés grâce à une proximité chaleureuse, jamais curieuse. Son exposition Le Retour de l’ambrotype (procédé photographique avec plaque de Plexiglass au collodion) est le 4e volet d’une série qui ne demande qu’à s’enrichir encore… M.G.-G.
Le Retour de l’ambrotype Matthieu Parent du 17 mars au 9 avril Hall de la Cité radieuse Le Corbusier, Marseille 8e www.matthieuparent.fr
Leroy, serie Le Retour de l'ambrotype © Matthieu Parent Verrines © Pierre-Gilles Chaussonnet
Mise en boîte De son parcours scientifique interrompu pour cause de passion artistique, Pierre-Gilles Chaussonnet a conservé un goût immodéré pour les engins, les modèles réduits, les maquettes officielles d’avions ou de fusées, les mécaniques dont il se plaît à détourner la fonction, à réinventer la poésie… voire même à sonder leur utilité. Une mise en boîte où la délicatesse le dispute à l’humour, l’histoire à la nostalgie. M.G.-G.
Verrines Pierre-Gilles Chaussonnet jusqu’au 3 avril La Tangente, Marseille 15e 04 91 58 30 95 la.tangente.free.fr
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ARTS VISUELS
ISTRES | ARLES | AUBAGNE
Idioties Pour sa première exposition monographique, POPARTs, ex Pôle arts visuels d’OuestProvence, propose une sélection d’œuvres récentes d’un trublion de l’art contemporain. Le très néo Pop’ Bruno Peinado Bruno Peinado, Sans titre, Smiley RVB, 2011, aludibon, neon, courtesy ADN Galeria © CarolineChevalier
Depuis quelque temps, délaissant un peu la notion de créolisation, Bruno Peinado nourrit son travail d’un conte persan, Les Trois Princes de Serendip, parabole à propos de la recherche vaine du beau absolu. Il adopte un aspect décoratif, presque design : chacune des trois couleurs primaires du spectre lumineux rouge, vert, bleu distingue au sol chaque étage pour se rassembler en un jovial smiley tricéphale dans la dernière salle à la suite d’autres en apparence rigolards ; la lame de scie sauteuse en contreplaqué brut à l’échelle sculpturale transperce faussement sol et plafond… Mais Peinado exhibe le superficiel comme substitut à des effets de sens plus profond, attendus d’un lieu de culture. Avec une déconcertante simplicité : certaines de ses pièces lumineuses s’éclairent, s’éteignent puis se rallument modifiant leur apparence, leur identité propre comme l’environnement qu’elles éclairent ou pas. Que voit-on effectivement ? Si les objets de Peinado sont à la fois déceptifs (ils ne disent presque rien) et
jouissifs (apparence plaisante), pour autant, présenter à l’envers ce qui se lit à l’endroit suffit-il à une œuvre d’art pour amener au symbolique, au retournement du sens, à lui attribuer un sens critique ? Le médium c’est le message selon Mac Luhan. Peinado le répète volontiers : «maintenant, à vous de faire votre idée là-dessus». Là où le détricotage derridien aurait toute sa pertinence, l’artiste substitue une imagerie à une autre au risque de la superficialité. Voilà donc une expo très pop’: populaire c’est-à-dire accessible à un large public dont la reconquête est un des objectifs déclarés de la nouvelle équipe de POPARTs. Le livret-catalogue, premier d’une collection, permet de garder le souvenir d’un moment plaisant comme la nature affable de l’artiste. CLAUDE LORIN
Les trois Princes de Serendip, près de la fontaine moussue Bruno Peinado jusqu’au 3 avril Centre d’art contemporain intercommunal, Istres 04 42 55 17 10 www.ouestprovence.fr
Voûtes étoilées Sous la ville, les cryptoportiques romains renaissent à la lumière éphémère d’une installation d’art contemporain conçue par Anne-Marie Pêcheur Il faut s’enfoncer dans les sous-sols de la ville, sous les habitations entre l’Hôtel de Ville et la place du Forum. Dans l’obscur et l’humide, la vastitude et le monumental pesant, voûtes massives et piliers mastocs. Tout au fond, des alvéoles bordant une longue galerie s’échappent des mouvements lumineux furtifs. Anne-Marie Pêcheur a conçu Helichrysum pour ces lieux antiques ouverts habituellement à la visite patrimoniale, premier projet à voir le jour à l’initiative d’Asphodèle/Espace pour l’art (voir Zib 37). Dans ces souterrains puissants et clos, imposant l’indestructible, Helichrysum suggère tout au contraire le léger, le fluide, le passager. Tout ce qui peut être de l’ineffable, impalpable, insaisissable, évanescent. Malgré des contraintes techniques qui ont obligé des réajustements successifs et la réduction d’une partie du projet artistique, la magie opère. Le dispositif élémentaire (projecteurs, boules à facettes, gobos et programmation numérique invisibles du visiteur) laisse place sans artifices à des éclats de lumière blanche (pour écarter l’anecdote colorée) qui effleurent le support lithique mat et humide. Les formes végétales s’esquissent, les efflorescences floconneuses se mêlent dans de profonds noirs veloutés inattendus. Autant de légèreté organique temporairement rendue à la masse de pierre, du temps rythmique et périodique à la suspension archéo-
logique. Lanterna magica et mythe platonicien réunis avant que tout se rendorme sous la ville. À deux pas du Musée Réattu Anne-Marie Pêcheur présente une petite sélection de travaux sur papier dans les bureaux/mini galerie de l’association Asphodèle fraîchement repeints tout de blanc.
Helichrysum, Nature morte-Corps lumineux jusqu’au 31 mars Cryptoportiques d’Arles de 14h à 17h30 Peintures Asphodèle/Espace pour l’art 06 74 69 21 92 www.espacepourlart.com
CLAUDE LORIN Anne-Marie Pecheur, Helichrysum, nature morte-corps lumineux, installation pour les cryptoportiques, Arles, 2001 © Cindy Lelu
Vraies faussaires Près de 800 personnes affluèrent ce soir-là à la Chapelle des PÊnitents noirs à Aubagne pour le vernissage de Reg’Art sur l’Autre‌ toute une Histoire Martine Huet s’Êtonne encore aujourd’hui de ce succès croissant, depuis qu’un jour de 1999 elle rassembla des artistes femmes à l’occasion de la JournÊe de la femme : une idÊe sans lendemain qui a germÊ durant mon congÊ parental, une exposition devenue un ÊvÊnement grâce au public, même si elle n’a pas les qualitÊs prestigieuses d’autres manifestations‌. Car la chef d’orchestre, diplômÊe des Beaux-arts, n’est pas dupe et rappelle avec simplicitÊ son objectif : rassembler artistes confirmÊs et amateurs autour de thèmes fÊdÊrateurs‌ je laisse aux galeries et aux ÊvÊnements prestigieux le soin de faire une sÊlection. Une clairvoyance qui fait de Reg’Art sur l’autre un rassemblement et non un salon ouvert à tous les vents, et attÊnue l’inÊgalitÊ des propositions artistiques par sa dÊmarche gÊnÊreuse et son aventure partagÊe‌ avec 84 artistes dont il faut rÊceptionner les œuvres - au dernier moment car elle refuse de voir le travail avant l’accrochage - et trouver un agencement cohÊrent pour rÊÊquilibrer la disparitÊ de l’ensemble. L’enjeu est de taille pour la commissaire d’exposition comme pour les artistes invitÊes à crÊer à partir d’une œuvre emblÊmatique, sans contrainte d’Êpoques ou de styles. Juste une histoire d’amour !
Toutes n’empruntent pas les mêmes chemins pour illustrer cette filiation, certaines gardent le nez collÊ à l’original (des plagiats souvent malheureux car n’est pas MaÎtre qui veut), d’autres Êvitent la pâle copie par le dÊtournement, la distanciation, l’Êvocation. Dans ces chemins de traverse, elles se mettent en danger et osent une rÊappropriation de l’œuvre : Chris Bourgue tente une nouvelle aventure plastique pour travailler autour de Viallat et dÊlaisse la peinture pour une sculpture-installation (une gageure : se l’approprier sans le trahir et sans le copier. Tenter de restituer l’Êmotion du geste et des couleurs dans l’espace) ; Lucile DarrozeDomange magnifie les grottes de Lascaux à travers un travail prÊcieux de marqueterie quand Danielle Lorin jette le trouble dans Las PÊpÊtas d’après le Portrait de Gabrielle d’EstrÊes et de sa sœur la duchesse de Villars, en dÊtourne son ambiguïtÊ secrète par l’usage de techniques mixtes et fait voler en Êclats sa dualitÊ par une composition au miroir brisÊ‌ Ou encore Catherine Posson qui s’abstrait du cÊlèbre Viejos comiendo Sopa de Goya, retenant le souffle des vieux à fleur de toile dans une Êvocation puissante. M.G.-G.
Reg’Art sur l’Autre‌ toute une Histoire jusqu’au 20 mars Chapelle des PÊnitents noirs, Aubagne 04 42 18 17 26 www.aubagne.fr
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8 8 8 $ * / & " 6 # " ( / & ' 3 * / ' 0 ! $ * / & " 6 # " ( / & ' 3 D. Lorin (a gauche) et C. Bourgue à l'inauguration de Reg'Art sur l'Autre... Š X-D.R
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ARTS VISUELS
LA GAD | GALERIE DE LA FRICHE
Quel cadre ? À la GAD, galerie Arnaud Deschin, les peintures de Nicolas Desplats se jouent avec et dans l’espace. Troublante expérience La démarche de Nicolas Desplats est un curieux mélange entre pratique traditionnelle de la peinture et réflexion sur la question représentation/présentation, espace/lieu. Ses tableaux suggèrent des imbrications d’espaces plutôt indéterminés, perspectives subtiles brossées de gris, reprises parfois de photographies de ses propres peintures dans leur environnement d’accrochage. Dans l’étroite galerie, un large panneau de bois se dresse du sol au plafond à quelques dizaines de centimètres d’un petit tableau placé au mur. L’accès très restreint réfrène l’intention d’approche du visiteur ou bien, si l’audace lui prend, l’oblige à se glisser entre ces deux plans, le nez sur la peinture et dos au panneau. À côté, une toile de belle taille est posée simplement au sol sur deux tasseaux comme en attente d’accrochage ; en face une autre fixée sur deux tas-
dans et dehors, du cadre et du hors cadre comme une invitation à habiter totalement la peinture ? Nous sommes ici avec Vélasquez, SupportSurface et consorts, entre Espèces d’espaces chers à Perec et principe de mise en abyme. Les œuvres de Desplats par leurs intrications, un peu étriquées dans l’espace de la galerie, restent suffisamment intrigantes lorsque le tableau n’est plus au mur comme à l’ordinaire. À deux doigts de la méta-peinture. C. L.
Ses Murs Nicolas Desplats jusqu’au 9 avril La GAD, Marseille 06 75 67 20 96 www.lagad.eu Nicolas Desplats, sans titre, acrylique sur toile, installation galerie Arnaud Deschin, Marseille, 2011 © C. Lorin/Zibeline
seaux cette fois-ci verticaux. Quel type d’espace suggère le tableau et comment montrer ce dernier ? On hésite. Les quelques pièces complémentaires (dessins et photos) apportent peu d’éléments. Pourquoi
ne pas avoir alors poussé les choses un peu plus loin - dans un dispositif ne comprenant que des tableaux afin de jouer à plein la complexité de la problématique, entre représenté et réel, dans la dialectique du de-
Paranoramixte Le Dernier cri, membre du Cartel des six structures d’arts visuels de la Friche Belle de mai, investit la salle des colonnes sous la bannière Paranorama Praxi © Remi
La goûteuse potion de Rémi, Michel Goyon, Moolinex et Julien Rictus mélange carnets animés, dessins, vidéos, planches originales et machines à illusion. Tous passés à la moulinette de l’éditeur qui les accueille en résidence, et du producteur indépendant qui les accompagne dans le processus de production d’objets pluridisciplinaires : multiple, livre, vidéo, expo… Paranorama est ainsi un joyeux bordel dans lequel cohabitent des formes d’expression «à l’interface de l’art contemporain et de la bande dessinée hors cadre». Joyeux certes, mais en apparence seulement, car l’exploration tous azimuts des multiples champs du dessin n’est pas exempte de discours : les traits ciselés, les figures colorées et les titres à l’emporte-pièce agissent comme une loupe grossissante sur la réalité froide et cruelle. Les illustrations de Rémi sont des cris d’alarme contre un monde en guerre, une société muselée, un machisme rampant : les titres arrogants (Sortez la chienne ! L’art de la guerre, le film The End) jouent à armes égales avec les dessins cursifs pointés comme un doigt accusateur sur les vilenies humaines. Le même Rémi déploie dans un espace drapé de rideaux noirs son Paranorama, ensemble poétique de machines cinématographiques à effets d’optique à mettre entre toutes les mains, contrairement aux des-
sins… Avec son complice Michel Goyon, «sorte de chaman nourri à l’art brut et aux séries Z», il cède aux Cadavres exquis par le jeu d’une année de correspondances sur internet. On découvre aussi une série d’affiches et de carnets originaux de Moolinex, et Julien Rictus, nourri à l’imagerie heavy métal, à la mythologie japonaise et indienne, aux influences populaires et psychédéliques, punaise à même le mur de petits formats carrés à l’encre de chine, enchevêtrement de dessins aux lignes filandreuses à décrypter pas à pas. Dans cette jungle graphique masculine, Bénédicte Hélary fait irruption avec La cage aux fols, une sculpture en tilleul comme une nouvelle interprétation du masque : que cache-t-il… la folie, peut-être ? MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Paranorama jusqu’au 9 avril Ateliers tout public les 16 et 23 mars : fabrication de zootropes avec Rémi Galerie de la Friche Belle de mai, Marseille 3e www.lederniercri.org
AIX | VAUVENARGUES | CHATEAUNEUF-LE-ROUGEARTS VISUELS 75
Les tentations du paysage Je me demande où se trouve la mer se disait-il. Pourtant Don Jacques Ciccolini ne peint que des paysages. À découvrir entre Aix et Vauvenargues, ses Paysages Fantômes et autres œuvres sorties récemment de l’atelier On s’est inquiété de la place de la peinture et de son éviction au profit d’autres formes. Pour se convaincre qu’elle est toujours là, il suffit de parcourir les rayons des libraires, les agendas des galeries et musées. Certains de ses acteurs continuent à œuvrer sous les lauriers de la renommée, d’autres plus humblement. Don Jacques Ciccolini représente ceux-là. Une triple exposition que l’on doit à Alain Paire et Michel Fraisset lui rend la lumière et hommage. Au moment des remue-ménage post 68 de Support-Surface - il reçut l’enseignement de Vincent Bioulès à l’École des Beaux-arts d’Aix, où il enseigne lui-même aujourd’hui - il se consacre définitivement à la peinture. Quitte à passer pour réactionnaire tant est évident dans son œuvre l’héritage classique du paysage. Pourtant ses espaces immobiles, comme suspendus dans la matière picturale et les couleurs assourdies (de très beaux bleus aussi) restituent une métaphysique romantique du lieu (Sainte Victoire, Plaine de la Durance, Falaise de Saint Eucher). Dans le catalogue un long échange avec Alain Paire éclaire son parcours et ses choix tandis que
Don Jacques Ciccolini, Sainte Victoire, huile sur panneau de bois
Pierre Paliard, enseignant à l’École d’art examine la série des Falaises de Saint Eucher pour y déceler méditation et transcendance de la nature. Les plus surprenantes sont ces vues aériennes qui bouleversent la tradition picturale du point de vue comme du sujet (parfois le peintre utilise les images d’une webcam à partir d’une maquette de paysage fabriquée par ses soins ou encore captées sur Google Earth) où la perspective bascule, le lointain s’amenuise, l’horizon disparaît, la frontalité s’affirme alors que le sujet/motif frise l’iconoclasme comme avec Topographies du lac (2006) et tout particulièrement avec Aéroport Marseille Provence, le bout de la piste (2010).
Suivre à l’École d’art le dialogue de l’artiste avec Raymond Galle le 31 mars à 18h. CLAUDE LORIN
Don Jacques Ciccolini / l’atelier du paysage jusqu’au 30 avril Atelier Cézanne, Aix www.atelier-cezanne.com jusqu’au 24 avril Galerie Alain Paire, Vauvenargues 04 42 24 93 63 www.galerie-alain-paire.com
Boîte à malice L’ombre de Joseph Cornell, Louise Nevelson, Yolande Fièvre et Max Ernst plane sur les huit artistes Mis en boîtes par Pierre Vallauri, sculpteur et président d’Arteum-musée d’art contemporain. Créateurs inclassables qui ne se revendiquent d’aucune tradition d’aucun mouvement «mais participent du collage et de la peinture… en volume», dont la liberté de ton va de pair avec notre incapacité à les ranger dans une boîte ! Spécialistes du «fabricollage» selon Pierre Vallauri citant Max Sauze dans sa préface ; artisans bricoleurs qui manient la pince et le symbole, le ciseau et la métaphore. Toutes ces boîtes noires plus ou moins profondes et qui révèlent plus qu’elles ne cachent, sont les cadres de mises en scène savantes écrites à partir d’un alphabet disparate : bois, pierre, sable, tissus, objets de récupération, du quotidien, images, coquillages… Où les titres ne jouent pas les figurants. La mémoire douloureuse de Marc GiaiMiniet, peintre et «boîtiste», fin lettré qui recouvre ses bibliothèques imaginaires d’une fine poussière grise. Boîtier pour mesure variable de Ronan-Jim Sevellec, capable de fabriquer un imposant Atelier d’artiste dans ses moindres détails, théâtre poétique d’un quotidien encombré de mille et un objets d’inspiration. Habituellement
je suis logé à mon château de Cathy Mouis, seule artiste femme à bord qui donne vie à de petits personnages loufoques, fragiles, à mi-chemin entre l’homme et l’insecte, marionnettes tout juste échappées d’un conte et prêtes à s’envoler pour peu que la boîte craque… Plus mystiques, les autels en bois de Pascal Verbena cachent des tabernacles dont il donne la clef, superbement ouvragés de frises animalières, de bas-reliefs sculptés. Assis sous leur globe de verre, Le Rat et le Crapaud de Lucas Weinachter ne craignent plus l’éternité, le squelette mis à nu pour l’un le corps pudiquement bandé pour l’autre : une mise en scène de la figure animale à regarder comme un miroir de la condition humaine. Et ceux encore qui leur emboîtent le pas avec humour, vanité, spiritualité - Jean-Michel Jaudel, Paul Duchein, Omar Youssoufi - tous choisis par Pierre Vallauri fasciné par Max Ernst. Tiens, tiens encore lui… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Mises en boîtes jusqu’au 16 avril Arteum-musée d’art contemporain, Châteauneuf-le-Rouge 04 42 58 61 53 www.mac-arteum.net
L'Atelier © Ronan-Jim Sevellec
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ARTS VISUELS
HYÈRES | LE LAVANDOU
Points de vue du monde Iwan Baan à la villa Noailles à Hyères, Éric Bourret et Gautier Deblonde au Centre culturel du Lavandou réinterprètent le paysage photographique À 35 ans, le Néerlandais Iwan Baan a déjà passé plusieurs années à parcourir le monde, depuis que sa rencontre avec l’architecte Rem Koolhaas lui donna envie de rendre compte de la «planètearchitecture». De là à choisir des projets emblématiques contemporains et des habitats traditionnels, de là à sillonner seul 365 jours par an les cinq continents armé de son appareil numérique, et le voilà globe-trotter et photographe d’architecture ! Ce qui lui a valu de recevoir le 1er Prix Julius Shulman créé à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance du photographe d’architecture américain. À la villa Noailles la scénographie de Florence Sarano retrace ses pérégrinations semaine après semaine, chaque photo accompagnée d’haïkus personnels, comme on lirait le «journal d’une année d’architecture». Bâtiments collectifs ou habitat privé, œuvres monumentales futuristes ou détails d’une topographie urbaine, le résultat est un kaléidoscope du monde tel qu’il est, une «juxtaposition de toutes les manières de vivre» à Tombouctou ou à Caracas. Car Iwan Baan transgresse l’image du réel pour faire entendre la pulsation du monde : ses architectures ne sont jamais des coquilles vides, des œuvres «exemplaires» déconnectées de l’humain. L’homme est partout, dans une apparition fugace, les lumières de la ville, un opéra bondé, une ville transfigurée par des ouvrages d’art… La vie palpite dans chaque édifice, sous nos yeux ou hors champ, et la magnificence des prouesses technologiques des architectes passerait presque au second plan. C’est là toute la force de ces photos, et leur singularité, Iwan Baan bouscule notre vision du monde à partir d’un témoignage vivant du paysage en mutation, il interroge le rôle du photographe dans la transmission et la mémoire, il questionne la place de l’habitant au cœur ou à la marge de l’espace bâti. Ni documentariste ni
Col Bonette Mercantour Alpes-Maritimes, Mars 2007 © Eric Bourret
couleurs, d’étendues glaciaires d’où l’homme semble absent. Une prédilection commune pour le tirage argentique mais deux approches aux antipodes l’une de l’autre - à la marge d’Iwan Baan là aussi - avec le paysage au cœur de la photographie, son noyau dur. Étrangement le dialogue s’instaure. Entre Éric Bourret qui «marche au paysage» au risque de s’y perdre, laisse le champ Miami USA, Projet 1111 Lincoln road, complexe commercial, bureaux, parking et residentiel, architectes Jacques Herzog et Philippe De Meuron © Iwan Baan ouvert à l’aléatoire et entretient un rapport cinétique au mouvement ; abstraction totale du paysage qui peut perdre le spectateur habitué à la photographie réaliste. Et Gautier Deblonde qui, au contact de scientifiques travaillant sur le réchauffement climatique, «capte les paysages et les gens qui lui sont offerts» ; portraits muets de territoires inhospitaliers dont il fouille les âmes. C’est dire si le paysage dans la photographie - comme dans la peinture - ne cesse de se réinventer. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Ny.Alesund-Svalbard © Gautier Deblonde
reporter, il est comme ses images-paysages, hors cadre.
Question de paysages Autres déambulations, autres photographies. Mais des lieux extrêmes : cimes enneigées pour Éric Bourret, archipel oublié à 800 km du Pôle nord pour Gautier Deblonde ; l’un marche, l’autre pas ; l’un éprouve le paysage dans son corps et témoigne en noir et blanc «de ses tensions dans une vision plasticienne de l’espace», le second échappe à la monstration de la photographie documentaire dans une version idéalisée, et en
2010 autour du monde Iwan Baan jusqu’au 27 mars Villa Noailles, Hyères 04 98 08 01 98 www.villanoailles-hyeres.com Déambulations photographiques 3 Éric Bourret, Gautier Deblonde jusqu’au 27 mars Centre culturel, Le Lavandou 06 09 58 45 02
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LIVRES/ARTS
L’amour du risque À la fois clown, auteur, professeur-chercheur et médecin, Philippe Goudard est connu pour être un circassien très particulier. Et c’est justement au croisement de ces particularités qu’il a conçu ce livre : à partir d’une mise à plat à la fois historique et par agrès des pratiques des Arts du cirque, il en décode scientifiquement les enjeux tant sur le plan du corps qu’au niveau artistique : il dessine ainsi une esthétique de l’exploit fondée sur la notion de virtuosité, de risque et d’échange avec le public. En effet, à travers cette analyse, l’auteur décortique chaque geste de l’artiste pour en expliquer les sensations, mais aussi les régions qu’il active dans le cerveau du spectateur et du circassien. Goudard démontre ainsi comment la construction d’un numéro de vélos, de cycles par exemple, peut générer le plaisir comme l’étonnement et même la peur.
L’ouvrage en trois parties, très complet, peut-être abordé de multiples façons, selon que l’on s’interroge sur la définition de certaines termes techniques et philosophiques, sur l’histoire et l’origine de numéros comme celui du trapèze volant mis au point en 1859 par Léotard ou encore sur l’évolution et l’émergence de nouveaux cirques. Mais on y trouvera aussi des renseignements sur les mécanismes qui conduisent à la prouesse, sur les différents métiers du cirque et les cursus pour y parvenir, et enfin sur les pathologies liés à certaines pratiques comme l’acrobatie ! Et ce livre s’adresse aussi bien à un public averti qu’à des néophytes soucieux d’y trouver des informations ou une pensée esthétique : le propos riche, technique et précis, reste néanmoins d’une grande clarté.
Le cirque Entre l’élan et la chute. Une esthétique du risque Philippe Goudard Espaces 34, 19 €
CLARISSE GUICHARD
Le siècle de l’urbanisme
Même si la notion d’urbanisme ne date pas d’hier, le recherche croissante et sans fin de vitesse est une donnée qui modifie considérablement les dynamiques urbaines, surtout elles qui s’instaurent entre local et global. Dans ce cadre, les trains à grande vitesse et la construction de gares (ou agrandissement) bouleversent les échelles temporelles et géographiques des territoires urbains. L’ouvrage bilingue Gares et dynamiques urbaines les enjeux de la grande vitesse paru aux éditions Parenthèses sous la direction de Jean-Jacques Terrin donne la parole à des experts, chercheurs et responsables locaux à travers des exemples comme Marseille, Barcelone, Rotterdam, Lyon et Turin. Est également publié, dans la même maison d’édition, le Grand Prix de l’urbanisme 2010 Laurent Théry La ville est une figure libre. À Saint-Nazaire, sur l’île de Nantes ou dans l’estuaire de la Loire, le rôle de maître d’œuvre urbain prend toute son importance au contact d’artistes, écrivains, urbanistes, entrepreneurs… Deux ouvrages pointus, mais utiles à tous pour comprendre l’urbanisme de demain.
Gares et dynamiques urbaines Jean-Jacques Terrin Parenthèses, 22 €
La ville est une figure libre Laurent Théry / Ariella Masboungi Parenthèses, 14 €
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Précarités Analogues occupe une place particulière dans l’édition d’art car dévolue exclusivement aux artistes contemporains (voir Zib 26). Chacun de ses ouvrages est le fruit d’un travail spécifique réalisé par co-production avec une structure ou une institution. Cet accompagnement des artistes se complète de vidéos Le mur dans le miroir consultables depuis leur site et d’une exposition dans leurs locaux arlésiens. Ainsi nous retrouvons dix années de productions d’Alexandra Sà, performances, installations et sculptures principalement, dont les travaux de restitution d’une résidence au Forum du Blanc-Mesnil en 2010. Dès ses premières recherches Alexandra Sà explore, avec le corps et les matériaux du quotidien, les formes paradigmatiques de cet instant particulier où tout peut basculer : un point d’appui, l’élasticité d’une corde,
une coupure de courant, un empilement. Les auteurs, Maëlle Dault, Daniel Dobbels, Nathalie Viot, François Michaud interrogent sous différents regards et problématiques : la dimension critique, l’œuvre et son inscription dans l’espace public, la charge des objets familiers. Le mouvement, composante de plusieurs de ses propositions, ne peut se traduire complètement dans les images fixes. Il sera donc nécessaire de poursuivre la lecture de ce catalogue par une visite rue du Quatre-Septembre à Arles (voir p 72). CLAUDE LORIN
Sà Alexandra Sà_Catalogue Analogues, 21 €
LIVRES/ARTS 79
Mythique Corne d’Or En 1988 la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris débutait son tour du monde en 80 villes. 80 peut-être pas, mais depuis Sao Paulo et jusqu’à Istanbul aujourd’hui, elle a déjà radioscopé 23 métropoles et prépare Le Caire. Écrit par deux architectes, Alain Borie et Pierre Pinon, également auteurs de nombreux articles et ouvrages sur l’architecture, l’urbanisme et l’archéologie ottomans, le portrait de cette ex-ville du tiers-monde - considérée comme telle avant les années 80 - s’esquisse à travers son histoire, son architecture et son développement économique. Depuis l’antique et médiévale Byzance-Constantinople jusqu’à la mégapole contemporaine à la modernisation effrénée. Le tout structuré en quatre chapitres argumentés de plans, de photographies, cartes, documents historiques, glossaire s’attachant à la topographie de la ville, à ses bâtiments et ses architectures les plus significatifs. Moins ardu qu’il n’y paraît grâce à son
abondante iconographie, l’ouvrage épilogue ce portrait d’une proposition de 12 promenades sur les rives européenne et asiatique du Bosphore pour découvrir les multiples visages de la ville (selon une logique géographique et architecturale s’entend) et partir à la rencontre des Stambouliotes. Car l’autre richesse de Byzance-Constantinople-Istanbul est un certain cosmopolitisme qu’elle a su conserver parmi ses 13 millions d’habitants : Russes, Bulgares, Iraniens, Ukrainiens, Géorgiens, Syriens, Maghrébins, Afghans, Irakiens, Pakistanais et Africains. Les titres de la collection Portrait de ville sont édités en numéro spécial annuel de la revue Archiscopie qui recense les manifestations professionnelles en France et à l’international, le programme de la Cité de l’architecture et du patrimoine, et traite de dossiers d’actualité et des dernières parutions documentaires. M.G.-G.
Istanbul Alain Borie et Pierre Pinon Cité de l’architecture et du patrimoine, coll. Portrait de ville, 20 €
Précieuse correspondance Moins célèbres que les lettres de Vincent Van Gogh à son frère Théo, celles d’Otto Dix dessinent le portrait humain d’un artiste qualifié par le régime nazi de «dégénéré». Qui connut trois ans de réclusion sur les rives du lac de Constance («exil de l’intérieur» et «exil dans le paysage»), fut de nouveau éclipsé de la scène artistique et intellectuelle allemande à l’époque de la construction du mur de Berlin en 1961, avant un «retour en grâce» posthume à l’occasion d’expositions à Stuttgart et Paris en 1971… tant il fut difficile pour «le grand peintre de l’art réaliste» de trouver sa place dans l’Allemagne divisée… Traduites par Catherine Teissier, accompagnées de dessins et croquis, ses lettres enrichissent notre connaissance de l’homme, de l’œuvre et l’éclairent d’un halo bienveillant car l’introduction en souligne les mouvements profonds, familiaux, picturaux et historiques intimement mêlés. Dans cette abondante correspondance Catherine Teissier met à jour les élans
fougueux du jeune Otto Dix, les raisons de son engagement volontaire dans la guerre de 14-18, l’alternance de périodes d’incertitudes («ce que je peins, c’est une merde sans nom») et d’exaltation fiévreuse, ses relations avec ses commanditaires et ses galeristes, ses préoccupations pécuniaires, ses incessants déménagements de Dresde à Stuttgart ou Berlin au gré des aléas politiques… Toute une vie profondément marquée par son amour pour sa femme Martha, ses enfants et petits-enfants et tout aussi profondément meurtrie par la guerre dont il voulut absolument témoigner. Introduction passionnante donc, doublée de notes de lectures indispensables pour pénétrer l’âme de cet artiste révolté et engagé. M.G.-G.
Otto Dix, Lettres et dessins Traduction et présentation Catherine Teissier Sulliver, coll. Arts et lettres en perspective, 22 €
Catherine Teissier, enseignante au Département d’études germaniques de l’Université de Provence, était à la librairie Les Arcenaulx à Marseille le 7 décembre
Éloge d’une autre Corse Sous un ciel dévoreur d’horizon, des paysages silencieux : sommets arides, pâturages verdoyants, vignes accidentées, vestiges d’un habitat vernaculaire, sentiers ne menant nulle part… Attention, Corse, Éloge de la ruralité n’est pas une compilation de clichés à l’usage des touristes, mais une procession photographique dans l’espace, le temps, la mémoire d’une île vidée de ses paysans, loin du mitage du littoral par une urbanisation vorace. Un témoignage alarmant de Maddalena Rodriguez-Antoniotti, plasticienne et essayiste, sur les risques de mutation de la terre nourricière à la terre souricière. Historienne de formation, l’auteure-photographe cite Italo Calvino qui, depuis l’Italie, voit la Corse comme une montagne dans la mer (Les terres en friche), étaye son avertissement poétique des conclusions d’historiens (F. Braudel, G. Roupnel), d’ethnologue (Isac Chiva), d’agronome (F.
de Ravignan) et de géologue (A. Becque). Des variations photographiques composées au cours de deux années de déambulations sur les routes secondaires, hors saison estivale, à la redécouverte «du territoire dans l’ordinaire du paysage» quand, aux prises avec les caprices d’un Voigtländer des années 30 (modèle Brillant précise-t-elle) elle n’a pas d’autre choix que de cadrer à hauteur d’homme, sans filtre, sans grand angle et sans téléobjectif. Le résultat ? «Un arte povera de la photographie pour saluer l’art modeste de la ruralité» qu’elle affectionne au quotidien dans son village du Nebbio, à Oletta, où elle vit à temps plein. Il ne faut voir ni nostalgie ni passéisme dans ce retour aux sources du paysage mais une «affection paysagère» qui l’enjoint de témoigner du vivant à travers une enquête photographique d’aujourd’hui. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Corse, Éloge de la ruralité Maddalena Rodriguez-Antoniotti Images en Manœuvres éditions, 30 €
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LIVRES
LITTÉRATURE
Une place dans leur vie «Je cherche un bon endroit pour pleurer. Ce n’est pas si facile à trouver. Mon voyage en bus a duré des heures, et à présent je suis assise sur un vieux banc tout près de la côte». Bente, la narratrice, écrivaine en panne d’inspiration, en panne de couple aussi, et de désir de vivre, a tout laissé pour traîner sa valise jusqu’ici, au bout du monde ou presque. Le prochain bus ne passera que le lendemain, la tempête menace. Un couple vient la chercher sur son banc et l’emmène. Cocotte et Johnny sont des êtres simples, d’ «aimables étrangers», qui l’accueillent chez eux sans lui poser de questions. Avec un naturel confondant. Comme s’ils l’attendaient. Dans cette maison toute simple, grâce à ces gens tout simples, Bente va peu à peu renouer avec la vie… Helle Helle est célèbre au Danemark pour ses récits intimistes, sans prétention, beaucoup plus profonds qu’il n’y paraît. Chienne de vie, son premier roman
Sur la route
Été 1984. Ulli et Edi, deux punkettes autrichiennes de 17 ans, décident de tailler la route vers l’Italie. Sans papiers, sans argent, avec pour seul bagage un sac de couchage, les vêtements qu’elles portent et un immense désir de s’affranchir. Envie de Sud, envie de mer, leur aventure de deux mois les conduira jusqu’en Sicile. Et leur fera découvrir l’envers de la carte postale… Ulli Lust, artiste autrichienne résidant à Berlin, s’est d’abord fait connaître par ses BD reportages. Dans cet épais roman graphique, on retrouve la trace de son goût pour le documentaire : attention aux détails, ancrage réaliste, annexes en fin d’ouvrage. Ce n’est pourtant pas la seule raison de son succès. Très bien accueillie dès sa parution en Allemagne en 2009, récemment distinguée à Angoulême (voir Zib’ 38), cette «punk story» touche et intéresse par le mélange subtil qui s’opère entre l’intime et l’universel, le sordide et le lyrique. Trop n’est pas assez relate un épisode fondateur et traumatisant de l’adolescence d’Ulli Lust. Celle-ci
traduit en français, permet de découvrir la subtilité d’une écriture toute en retenue, énigmatique en dépit de sa simplicité presque triviale. Ce roman est le journal de bord d’une renaissance. Celle d’une femme qui retrouve une place, modeste, temporaire, mais une vraie place dans cet endroit paumé. Le récit baigne dans la rigueur du climat, le vent, l’humidité. Pourtant, il en sourd une authentique flamme, semblable à celle du poêle que Bente apprend peu à peu à maîtriser. Un peu de chaleur dans une «chienne de vie». FRED ROBERT
Chienne de vie Helle Helle Le Serpent à plumes, 19 € Helle Helle sera présente au Salon du Livre de Paris du 18 au 21 mars
porte un regard tout à la fois narquois et attendri sur la jeune rebelle qu’elle fut. Ce décalage confère aux moments les plus glauques, et il y en a, des éclats de pureté qui rafraîchissent ce road novel plutôt trash. Le dessin noir et blanc se colore de vert kaki, par référence à la couleur des vêtements de surplus militaires dont raffolaient les punks ; par volonté aussi de ne pas donner à ce récit de rude apprentissage les couleurs azurées d’un pittoresque de façade. Cela donne un beau roman graphique, à l’éclat sombre, au tempo maîtrisé. Et, au passage, une pertinente réflexion sur la condition féminine. F.R.
Trop n’est pas assez Ulli Lust Çà et là, 26 € Ulli Lust a été invitée le mois dernier dans le cadre d’Escales en librairies
Sex, drugs and curry «Quel genre de travail tu fais, maman ?» Theodora, la benjamine surdouée d’Elinborg, pose souvent cette question à sa mère. Et celle-ci est souvent bien en peine pour lui répondre. Surtout au cours de la nouvelle affaire criminelle dont elle est chargée, en l’absence du commissaire Erlendur parti en vacances. Un crime étrange, perpétré en plein centre de Reykjavik sur un jeune homme apparemment irréprochable… mais qui avait dans sa poche des comprimés de Rohypnol, médicament bien connu sous le nom de «drogue du viol». L’enquête va évidemment débusquer les mensonges et autres zones d’ombre, traquer les indices, innocenter les faux coupables, jusqu’à ce que lumière soit faite. Comme souvent dans ce genre d’histoire, le meurtre initial vient conclure une série d’actes antérieurs noyés dans le flot de «la rivière noire». Un fleuve sombre et tourmenté, dont la violence ne peut que bouleverser l’inspectrice Elinborg, qui est aussi mère de trois enfants.
Dans ce nouvel opus de l’Islandais Indridason, les amateurs retrouveront avec plaisir le Nord et ses paysages crispés de neige, l’animation des quartiers branchés de la capitale, certains seconds rôles originaux et le ton désabusé de l’auteur. On pourra apprécier aussi le personnage d’Elinborg, mis en lumière dans cette enquête. Un personnage de femme d’aujourd’hui, prise entre son travail et sa vie de famille qu’elle sacrifie trop souvent, une femme flic amatrice de cuisine exotique (une de plus !). N’empêche, depuis Hiver arctique, les romans d’Indridason ont perdu un peu de leur chair et de leur piquant. Malgré les curry et autres tandoori qui pimentent celui-ci, le lecteur reste quelque peu sur sa faim… FRED ROBERT
La rivière noire Arnaldur Indridason Traduit de l’islandais par Éric Boury Métailié, 19 €
LIVRES 81
Passé retrouvé
Avocat d’affaires, 30 ans, Mathurin est un homme qui «étoile vivante», une petite bourgeoise convertie aux a réussi. Sans passé, sans amour, un bel avenir devant idées d’extrême gauche. Lyonel Trouillot nous plonge lui. À 15 ans, il a laissé son village, sa famille, son dans le monde des laissés-pour-compte qui vivent amour de jeunesse, sans regarder en arrière. Seul dans la boue et la merde des bidonvilles à quelques souvenir, une guitare pourrie offerte par le vieux coudées des pavillons fleuris des blancs. Les moments Gédéon. Et voilà que tout ce qu’il s’était appliqué à les plus poignants sont écrits dans une langue d’une oublier lui revient comme un cyclone en pleine figure! rigueur journalistique : phrases courtes, nerveuses, Le cyclone s’appelle Charlie et appartient à la famille parfois sans sujets. Pas d’émotion mais un constat. éloignée de Gédéon ; échappé de l’orphelinat de Port- Celui d’un écrivain engagé au service de la au-Prince, il vient chercher protection auprès de reconstruction de son pays. Dieutor. Dieutor, c’est le prénom caché de Mathurin, CHRIS BOURGUE celui des origines. Et Charlie déballe tout en vrac : l’abandon par ses parents, l’orphelinat, les copains, les Yanvalou pour Charlie petits vols organisés pour tenter de fuir la misère. Son Lyonel Trouillot récit qui constitue la seconde partie du livre s’échappe Actes Sud, 18 € comme un flux ininterrompu. Mathurin se surprend à l’écouter, puis le suit à son rendez-vous avec ses amis dont Nathanaël, celui qui est tombé amoureux d’une
Sélection du Prix littéraire des lycéens et des apprentis Paca. L’auteur sera à la Librairie Prado - Paradis le 14 mars à 18h.
Mémoires des pères Sorj Chalandon livre un récit émouvant qui plonge dans le monde de la mémoire collective et des souvenirs personnels. Construction en plusieurs épaisseurs qui mélange son propre vécu de journaliste à Libération et au Canard enchaîné et celui de son personnage, Marcel Frémaud, lui-même ancien journaliste converti en biographe professionnel et fils de résistant en mal de confidences jamais consenties. Il accepte de recueillir les souvenirs glorieux de Tescelin Beuzaboc sur la demande de sa fille qui veut voir couchés sur le papier les actes de bravoure de ce père toujours admiré. Mais peu à peu au cours des entretiens, des questions sans réponses, des propos évasifs sèment des doutes dans l’esprit du narrateur qui se met à fouiller dans les archives à la recherche d’informations précises, de dates, de témoignages... Ainsi en recoupant informations et récit du vieillard, il acquiert la conviction que Beuzaboc n’a été le résistant qu’il prétend que dans les récits qu’il faisait à sa fille, le
soir, avant son sommeil, les actes de résistances remplaçant les contes de fées... Les dernières séances se tranforment en confrontations car Marcel finit par se livrer à une enquête à travers les anciennes coupures de journaux et évoque le parcours militant de son propre père. Comment un vieil homme regarde-t-il son passé? La rencontre entre ces deux hommes déclenche une prise de conscience libératrice. Le lecteur est étrangement interpelé par les allers-retours entre passé et présent, mensonge et vérité : Sorj Chalandon a écrit un livre très fort. CHRIS BOURGUE
La légende de nos pères Sorj Chalandon Grasset, 17 €
Sélection du Prix littéraire des lycéens et des apprentis Paca. L’auteur sera à la Librairie Prado - Paradis le 17 mars à 18h.
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LIVRES
LITTÉRATURE
Encre lourde
Un «beau livre». Format carré, illustrations, calligraphies et sceaux chinois. Quelques photographies, de vieux visages exotiques et dûment ridés. La grande muraille, des pins dans la brume sur les montagnes et la Cité Interdite. La formule étonne : cet ouvrage est un roman, mais il s’empoigne et se feuillette comme un livre d’art. À l’heure des tablettes numériques, ça pourrait être l’idée de l’année, un contre-pied en forme de retour aux éditions limitées. Le projet est assez ambitieux pour cela : retracer dans ce premier tome l’effondrement du Céleste Empire au début du XXe siècle, et la lutte pour le pouvoir de l’impératrice Ts’eu-hi, à travers le récit d’une jeune femme emportée par le vent de l’histoire. Malheureusement, le souffle attendu n’est pas assez puissant pour embarquer réellement le lecteur. Chris-
tian Lejalé n’est pas Duras, tout comme son fils Vincent n’est pas Marc Riboud. Si les promesses exotiques sont tenues, événements, anecdotes et récits mythiques minutieusement rapportés, le style alourdit considérablement le propos. «Quand bien même on m’aurait raconté tout ce qu’il me restait à endurer, je n’y aurais rien changé, car je savais que tout au bout il y aurait la plus belle des choses dont un être humain peut rêver». Ainsi s’achève la première partie du roman de «Celle qui danse avec le vent». C’est dommage, on résiste très bien à un tel suspens. GAËLLE CLOAREC
À l’encre de Chine Christian et Vincent Lejalé Imagine & Co, 35 €
De très mauvaise humeur
Quelle mouche a piqué les éditions Au Diable Vauvert de publier Un coup à prendre ? La 4ème de couverture indique qu’il s’agit du «premier roman» d’un journaliste d’M6 : vous avez dit roman ? mais c’est du vent ! Xavier de Moulins raconte la vie d’un jeune père tiraillé par le quotidien avec sa femme et ses deux petites filles, qui divorce à l’emporte-pièce pour le regretter quelques mois plus tard, le temps de découvrir l’horreur de la solitude et la difficulté d’être responsable, même à temps partiel ! Ce serait donc du solide, une histoire ancrée dans le réel, habitée de mille et une observations fines sur l’évolution des mœurs… Malheureusement sa vie lui pèse terriblement, et aussi au lecteur lessivé par ce long déballage d’inepties, de sentences ridicules, de banalités, de poncifs, de remarques vulgaires et de considérations usées, le tout écrit à la va-vite (179 pages tout de même) dont voici
quelques morceaux choisis. «Ne pas oublier que, dans la grossesse, il y a grosse. Je n’avais pas signé pour finir avec un éléphant de mer militant à Greenpeace»… «mon banquier a l’aura d’une capote en tire-bouchon qu’on a laissé traîner au fond d’une poubelle de salle de bain» ou encore, pour le plaisir, «papa et maman vous aiment toujours. Ce n’est pas de votre faute si votre père est un porc et se barre avec une sacrée pute» dit la gentille maman à ses adorables fillettes…. Il paraît que ça fait rire sur les plateaux télé ! Inutile donc de lire Un coup à prendre, mieux vaut le jeter à la poubelle ou l’incinérer. Plus radical et moins polluant. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Un coup à prendre Xavier de Moulins Au Diable Vauvert, 17 €
Roman photo pour ménagère L’été s’est enterré sous une couche d’automne dégarnie et d’un hiver où les jours de pluie s’acharnent à abolir toute tentative de promenade dominicale ou autre. La littérature de plage geint au fond des armoires, ou s’empoussière au dernier rang des étagères. Ce qui permet un renouveau dans la vente du plumeau antistatique et un net retour en arrière pour la condition féminine avec des publicités qui voient fleurir ses vertus domestiques chaperonnées, il est vrai, par un expert masculin dont la voix mâle et grave déclenche une frénésie érotique et ménagère. Bref, on n’en est plus au délicat remuement sur serviette de plage, où le livre apporte une caution de bon goût et de sérieuse frivolité. On ne lit d’ailleurs pas, et peu importe l’enchâssement des mots, le soleil noie les pages et apporte une luminosité superbe aux moindres pattes de mouche… Il est donc des livres d’été et des
livres d’hiver, les uns conduisant à de charmants badinages, les autres justifiant le refuge sous la couette ou se savourant à petites gorgées au coin d’un bon feu. Les éditeurs devraient donc parfois apporter plus d’attention aux dates de parution ! Dérives est incontestablement un livre d’été, construit certes avec rigueur, et c’est sa qualité, mais écrit avec un style de roman photo, accumulant les situations convenues, la riche héritière, l’amie envieuse, le bel Italien, les enfants qui dérapent, le commissaire perspicace… On aurait aimé plus de chair, plus de surprises dans ce polar estival. Une matière à remodeler ! MARYVONNE COLOMBANI
Dérives Nathalie Chacornac Demeter Noir, 19 € Ce livre était en signature chez Gibert fin janvier
Xavier de Moulins était en tournée promotionnelle le 19 février à la Fnac Marseille
LIVRES
Maud 3D
Un roman qui a pour titre Michael Jackson, pour dédicataires Amandine et Louisa, s’ouvre sur un prologue au présent de l’indicatif, à Palavas-les-Flots avec père, mer, casquette oubliée sur un canapé (accessoire obligé de l’auteur, que le narrateur en effet ne mentionnera plus) et se décline en Parties (3), Saisons et Mois, en Mutations et Variations sur l’amour - Sweet, Tender, True - peut dérouter ! Ajoutez à cela une tendre méditation sur Richard Virenque, athlète de variété, un épilogue qui affirme à la fois que le temps passe et que cela ne fait que commencer et vous aurez la surprise de voir comment un blanc-bec du Jura réinvente Proust et Flaubert, l’air de rien... De Michael Jackson peu de nouvelles : un clin d’œil générationnel, une balise légère dans un récit mouvant, un signe des temps ou un marqueur anthropologique : «ça y est, enfin, les hommes bougent leur cul». Pas un personnage donc, mais pas plus les autres qui défilent tous au même niveau d’esquisse, tendance floue... Sauf Maud et Luc, elle et je. Ces
deux-là trament le roman : Luc (18 ans puis 22 puis 26) passe le temps au peigne fin, étudiant en arts du spectacle à l’université Paul Valéry de Montpellier et cela suffit à lancer métamorphoses, changements de points de vue et trompe l’œil sur la / les Maud aimée(s) étudiante aux Beaux-arts de 21 ans ou psychologue de 23, mince ou potelée, toujours désirable. Piégé par l’écriture attrape-tout, séduit par cette permanente vacation - sinon vacuité - du récit virtuose, le lecteur se laisse flotter au gré des variations et des changements de registre : poignant et poilant (ah ! le couple pépère de stars du porno !) sans que jamais ces deux adjectifs n’atteignent leur intensité maximale comme suspendus à la nécessité de l’écriture en mineur d’une éducation sentimentale du 21e siècle. Plaisant et sans doute davantage… MARIE JO DHÔ
Michael Jackson Pierrick Bailly P.O.L, 19,90 €
Faux roman, vrai récit
Faire de la vraie vie de Rodrigo Lara Bonillo, ministre Colombien qui combattit Pablo Escobar dans les années 80, un roman policier, est une drôle d’entreprise. Les derniers mois de sa vie ressemblent effectivement, par le nombre et la nature des péripéties qui la traversent - calomnies, révélations, combats, entrevues tendues, menaces et exécution - au schéma narratif d’un thriller. Mais la lutte qui opposa le ministre intègre au trafiquant de drogue est du domaine de l’histoire, et son récit en appelle aux ressorts du documentaire, du fait divers aussi. Si on a l’impression que les transcriptions des conversations, des faits et des pensées sont tout à fait vraisemblables, les cahots de l’action, ses rebondissements, ses digressions mêmes sortent de la ligne qu’on attendrait
d’un roman, regardent vers l’hagiographie, le discours politique parfois, le reportage. Les nécessaires rappels au réel, en notes ou dans le cours de la narration, empêtrent un peu la lecture, surtout s’il n’est pas au fait de l’histoire colombienne contemporaine… Mais Le Ministre doit être exécuté est un récit qu’on ne lâche pas pourtant, malgré ses imperfections, tant cette histoire est haletante, et ce personnage vraiment impressionnant !
AGNÈS FRESCHEL
Le Ministre doit être exécuté Nahum Montt, traduction Jacques Aubergy L’atinoir, 14 €
Jeune père en pleurs Quatrième de couverture rassurante : un enfant y rapporte des paroles universellement paternelles «plus tard… pour ton bien... tu verras...» sauf qu’il n’a pas pris le temps pour lui, le gamin ; chuté, écrasé par le métro, no future, mort avant la première ligne Clément ; circulez y’ a rien à voir et pour le père tout à recommencer ; mais comment ? À la dernière page l’écran du portable du narrateur est devenu «une page blanche mais rétive à toute inscription». Pas un tombeau, non, un roman même pas autobiographique tant mieux... propitiatoire peut-être, genre on-croiseles-doigts-et-on-fait-l’endeuillé pour voir justement ! Très efficace, frisson garanti loin de tout effet calculé : Nicolas Fargues déroule (le narrateur aime bien ce verbe qui dénote «un esprit précis et noble sans affectation») une prose sobre, mate, pudique, simplement réaliste. Et de cette trivialité du quotidien d’un père divorcé qui élève (élevait) seul son fils de 12 ans, élève de 5ème, Nicolas Fargues tire finement, avec une
sensibilité mesurée, la matière d’un récit qui ne parle que de l’essentiel à travers justement tout ce qui en paraît dépourvu avant la disparition de celui qui en faisait usage : une clé cruciforme, un iPod , la RATP, Facebook ou un morceau niais de R’n’B. Questionnement sur la paternité (sur la maternité tout aussi bien) et émerveillement devant le «miracle banal de la vie» : fondamental… mais que diable va-t-il faire ce père éploré au Burkina Faso ? Respirer une bouffée d’altérité ? Vérifier la solidité / solidarité des familles ancestrales ? Dormir tout simplement ? Les quarante dernières pages laissent perplexe : pourquoi cette rupture ? métaphore lourde d’un autre monde ? M-J. D.
Tu Verras Nicolas Fargues P.O.L , 15,50 euros
L’auteur participera dans le cadre d’Escales en Librairies à une rencontre-débat le 25 mars à 19 h à la librairie L’Attrape-Mots
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LIVRES/DISQUES
Après le clash…. Habitué de la dynamique maison d’édition Le mot et le reste, l’ancien collaborateur des Inrockuptibles Philippe Robert signe une publication qui réjouira ceux qui soufflent ardemment sur les braises du punk éclaté en déclinaisons multiples et qui continuent de les faire vivre. Post-punk, no wave, indus &noise chronologie et chassés-croisés présente un parcours limpide et presque exhaustif du genre : 130 albums sortis entre 1978 et 2010 y sont présentés et analysés après un tour de piste introductif en guise de mise en bouche. Des groupes aussi divers que variés sont réunis comme Siouxies & the Banshees, Lydia Lunch, Joy
Division, Gang of four, Einstürzende Neubauten et même Killing Joke, Virgin Prunes, Kas Product Sonic Youth, Cabaret Voltaire, Tuxedomoon... Leur point commun ? Ils surfent, chacun à sa manière sur les cendres du mouvement punk. Instructif et richement documenté, pour les amateurs et les passionnés. F.I.
Post-punk, no wave indus & noise Philippe Robert Le mot et le reste, 20 €
Dis-moi d’où tu viens…
Un espace se remplit, ou plutôt un vide se comble. L’ouvrage György Ligeti et la musique populaire publié aux éditions Symétrie s’attache à explorer avec sérieux ce pan encore confus de la recherche musicologique. La musique contemporaine a-t-elle parfois des racines populaires ? Les analystes ont plutôt tendance à décrire la musique de Ligeti comme des constructions que comme des partitions sous influences… Richement documenté et écrit de manière intelligible par le spécialiste du compositeur hongrois Simon Gallot, cet ouvrage est en outre préfacé par le compositeur Kurtag, aux prises aux mêmes racines. Résultats de recherches rigoureuses sur l’utilisation du tissu
populaire chez l’auteur, qui composa on le sait peu la bande son de 2001 l’odyssée de l’espace, ce travail de fourmi prend notamment en compte les années hongroises du musicien, les traductions de poésies et d’articles hongrois essentiels, l’analyse de partitions oubliées… le tout pour dessiner l’importance fondamentale de l’argument populaire, parfois visible, parfois invisible, dans son œuvre. Un superbe travail ! FRÉDÉRIC ISOLETTA
György Ligeti et la musique populaire Simon Gallot Symétrie, 44 €
La machine organique Tellement atypique et sorti pourtant de chez nous, plus précisément du label DFragment Music chez Full Rhizome, l’album des Redrails mérite bien plus qu’un simple détour. Fruits de la rencontre entre un violoniste inspiré par l’Europe de l’est et le sud méditerranéen, et soucieux de faire sonner son instrument d’une manière pas toujours académique (Baltazar Montanaro-Nagy) et un spécialiste de musique acousmatique et MAO rompu aux transformations électroniques (Tadahiko Yokogawa), les dix titres qui composent l’album sont surprenants, travaillés et recherchés. La machine joue avec les sons
du violon pour les réorganiser en temps réel. À ce duo sculpteur d’une architecture sonore s’ajoute les effets de sample de Serge Ortega et la réalisation de Dominique Poutet «Otisto 23» concepteur d’albums électroacoustiques. Vient alors la touche finale scénique avec la création multimédia de l’artiste Renaud Vercey autour de la BD Caresses déraillées du violoniste. Mélopées hypnotiques aux contours populaires tissées dans un univers électroacoustique, l’expérimentation de Redrails réalise un savant mélange entre tradition et modernité. FRÉDÉRIC ISOLETTA
Rock & pop story L’acronyme MLCD n’aura bientôt plus de secret pour vous. Le groupe belge My Little Cheap Dictaphone élu artiste et album de l’année aux Octaves de la Musique -équivalent de nos Victoires- entraine tout ce qu’il touche dans son sillage. The tragic tale of a genius n’est pas un album comme les autres : il mêle musique, cinéma, vidéo et théâtre à la manière d’un opéra pop moderne. Parfois proche de la musique de film, parfois pop dynamique ou planante allant jusqu’à la ballade hantée, ce conte des temps modernes s’apprête à conquérir la France après avoir cartonné dans sa contrée d’origine. Derrière le single What are
you waiting se cache un projet ambitieux et abouti, véritable spectacle d’art total à découvrir sur scène sous forme de concept-album. Avec une personnalité comme le charismatique Redboy, MLCD ne devrait pas tarder à faire parler de lui sur les ondes et scènes françaises. F.I.
The tragic tale of a genius My Little Cheap Dictaphone At(h)ome
Redrails DFragment Music-Full Rhizome Redrails était en concert le 10 mars au Daki Ling (voir p 52)
Jeunesse brillante Voilà un CD qui fait parler de lui ! D’abord parce qu’à la dernière Folle Journée de Nantes le Quatuor Modigliani, le pianiste Jean-Frédéric Neuburger et la mezzo Andréa Hill ont brillé dans le programme de ce disque. Ensuite parce que ces jeunes artistes sont tout simplement formidables… surtout si l’on songe à leur moyenne d’âge. Leur maturité, au delà de leur pure aisance technique, est époustouflante. Ils gravent l’un des must du répertoire pour quintette avec piano : le Quintette pour piano et quatuor à cordes en fa mineur op.34, quasi-concerto de chambre au geste si théâtral ! Et quelle bonne idée d’avoir placé en contrepoint les assez rares, singuliers et superbes Deux Chants op.91 pour mezzo-soprano, alto et piano ! J.F.
CD Mirare MIR 130 Le Quatuor Modigliani s’est produit dans la région, à Aix au GTP en octobre, Marseille à la Société de Musique de Chambre en janvier et en Avignon le 8 mars dernier dans un programme Beethoven (Quatuor n°1), Debussy (Quatuor en sol mineur) et Mendelssohn (Quatuor en fa mineur op. 80 - MIR 120).
Cordes vibrantes
Depuis Jean-Louis Duport, il y a plus de deux cent ans (voire Jean Barrière au temps où, sous Louis XV, le violoncelle éclipse la viole de gambe), AugusteJoseph Franchomme au 19e siècle, Louis Feuillard et Maurice Maréchal, avant Pierre Fournier, André Navarra, Paul Tortelier ou Maurice Gendron… l’école française de violoncelle bénéficie d’une exceptionnelle paternité. Parmi ses multiples héritiers, huit d’entre eux (Emmanuelle Bertrand, Eric-Maria Couturier, Emmanuel Gaugue, Xavier Phillips, Nadine Pierre, Raphaël Pidoux, Roland Pidoux et François Salque) s’unissent pour former un octuor royal. C’est qu’aujourd’hui, en France, les disciples sont légion : songeons seulement à Sonia Wieder Atherton, Anne Gastinel, Ophélie Gaillard, Jean-Guihen Queyras, Christophe Coin, Dominique de Williencourt, Gautier Capuçon… «Il en existe tant, observe Roland Pidoux, qu’il est impossible d’en isoler un parmi les autres et de dire : c’est le meilleur». D’où son concept habile : réunir huit virtuoses (et parmi eux, son fils Raphaël). Tout a débuté en janvier 2006 lors de la Folle Journée de Nantes avec à l’époque, Marc Coppey, Henri Demarquette et Antoine Pierlot : «Les Violoncelles Français» se produisirent dans un programme baroque alliant des transcriptions de Monteverdi et Bach dont une Toccata et Fugue en ré mineur follement déstructurée ! Depuis, l’octuor joue en «consort» selon le modèle polyphonique des violistes baroques. Le programme de leur premier disque
est constitué de transcriptions signées Roland Pidoux : des pièces «planantes» comme Vocalise de Rachmaninov, le Largo de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, «Ella giammai m’amo» du Don Carlo de Verdi… Proche de la voix humaine, mais dont la tessiture avoisine quatre octaves, le violoncelle possède, en solo, un potentiel émotionnel puissant, alors que ses facultés coloristes, en ensemble, s’avèrent exponentielles. C’est ce lien subtil, entre la mélodie souveraine et le tissu sonore homogène sur tout le registre des cordes vibrantes, qui est admirablement rendu dans l’album Méditations, en particulier dans le fleuron Après un rêve de Fauré, les méconnues Larmes de Jacqueline d’Offenbach (lui même l’un des plus grands violoncellistes du Second Empire), quelques Lierderkreis de Schumann ou la Romance à l’Etoile du Tannhäuser de Wagner… JACQUES FRESCHEL
CD Mirare MIR 112 Les Violoncelles Français jouent le 29 mars au Grand Théâtre de Provence, Aix (voir p 46)
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LIVRES
RENCONTRES
Montagne magique Le CipM a organisé deux rencontres sur le Black Mountain College, dans le cadre d’un projet plus vaste proposé pour Marseille 2013 En Caroline du Nord, près de Asheville, le Black Mountain College fondé par John Rice fut, de 1933 à 1957, une université expérimentale sans équivalent, qui s’épanouit à l’ombre de montagnes noires qui lui donnèrent son nom. Dirigée par Josef Albers, qui venait du Bauhaus, puis par le poète Charles Olson, elle abrita des pensionnaires qui allaient devenir illustres – parmi lesquels Rauschenberg, de Kooning, Merce Cunningham, John Cage…, enseignants ou étudiants, les uns et les autres échangeant parfois leurs rôles. Portée par un projet atypique qui plaçait l’art, dans la diversité de ses formes, au cœur d’un enseignement pluridisciplinaire, l’expérience communautaire qui y fut essayée traversa la grande dépression et le maccarthysme, résista à ses détracteurs qui l’accusaient d’être un repaire de communistes, d’homosexuels et de «niggers lovers», avant de
succomber aux difficultés financières. C’est sur cette expérience unique que le CipM revient, avec un projet stimulant sur le Black Mountain College proposé dans le cadre de Marseille 2013, qu’il espère voir retenu même si l’heure n’est par ailleurs guère à l’optimisme, avec une nouvelle diminution de 30 000 € des subventions de la Ville pour l’année 2011. En attendant, deux soirées ont évoqué l’aventure du Black Mountain College, par une présentation générale d’abord, puis par un focus sur la poésie de Charles Olson et de Robert Creeley, en présence de leurs traducteurs. L’occasion de revenir sur les œuvres singulières d’artistes, tout en éclairant les enjeux pédagogiques, artistiques et politiques de ce qui fut à la fois un lieu de fermentation et d’échanges pour quelques-uns des talents majeurs de l’art américain dans tous les domaines, mais aussi une utopie démocratique vivante, indissociable d’un projet éducatif antiacadémique : refusant les cloisonnements, et les acquisitions par imitation de modèles au profit de l’improvisation et d’une liberté d’invention née de l’émulation entre les participants et de la perméabilité des disciplines, l’enseignement faisait de l’art, comme
Charles Olson © GF
processus et comme expérience, le moyen humaniste de réunir en chacun «la tête, les mains et le cœur» pour créer, c’est-à-dire aussi, apprendre à vivre. À méditer. AUDE FANLO
Ces rencontres ont eu lieu au CipM les 18 et 19 février, avec Christian Tarting, Jean-Pierre Cometti, Auxemery, Stéphane Bouquet, Jean Daive et Martin Richet
Vive la non année du Mexique ! L’annulation en dernière minute de l’année du Mexique aura compliqué la tâche de l’association Des auteurs aux lecteurs, qui organise le festival CoLibriS pour sa 4e édition. Rien pourtant qui puisse hypothéquer le succès de l’événement qu’elle organise, Rencontres CoLibriS 2010 (de gauche a droite Nestor Ponce, Oscar Zarate, Carlos Sampayo) © X-D.R
dans le prolongement des rencontres du cinéma sudaméricain de l’ASPAS, avec une vingtaine d’auteurs, reconnus ou à découvrir, venus pour l’essentiel du Mexique mais aussi du Brésil, d’Argentine, du Pérou et de la Colombie, et réunis sous le thème de la frontière : qu’il s’agisse des frontières géopolitiques inspirant le polar du narcotrafic (Elmer Mendoza) ou les récits familiaux d’expatriation (Jordi Soler), des frontières sociales entre des classes ghettoïsées (Patricia Mello, invitée par François Beaune dans le cadre des Ecrivains en dialogue) ou encore des frontières entre sa propre intimité et le monde extérieur (Grecia Caceres), le thème fédère la diversité passionnante des motifs, et emblématise l’esprit cosmopolite de la manifestation où la traversée des formes littéraires et de leurs traductions invite à rentrer par la langue dans les pays de la zone latino-américaine. Comme les années précédentes, le festival poursuit une politique de promotion des auteurs peu diffusés,
non traduits, ou dont c’est le premier roman (François Arango), et de jeunes éditeurs (Passage du Nord Ouest) grâce à des rencontres professionnelles réunissant auteurs, traducteurs, directeurs de revue, éditeurs et libraires. Rencontres, débats, expositions, lectures, s’adressent aussi à tous les publics, depuis les passants qui se rendront au kiosque installé aux Réformés à Marseille jusqu’aux milieux scolaire et pénitentiaire, avec cette année une extension régionale qui ira même jusqu’à Grenoble ! AUDE FANLO
Bleu Provence-Méditerranée
La 6e édition de Lire Ensemble, manifestation littéraire intercommunale initiée par Agglopole Provence, sera consacrée au Bleu. Bleu comme couleur de la Méditerranée, «mais aussi parce que ce thème permet d’aborder une large palette de domaines artistiques au-delà de la littérature : la peinture, la musique…» Mais la littérature est bien l’élément essentiel de ce rendez-vous, les auteurs invités sont là pour le prouver, de même que le travail effectué en collaboration avec les bibliothécaires en direction des publics adultes et enfants : Mireille Disdero, bibliothécaire à Lançon et auteure (son dernier roman, 16 ans et des poussières, au Seuil, s’adresse à la jeunesse) conduit des ateliers destinés aux adolescents, JeanLuc Luciani propose de travailler à partir d’œuvres existantes mais hors du champ littéraire, Marcus Malte autour du bleu de la fameuse note de jazz, et Nico, dessinateur et coloriste anime un atelier pour les scolaires. À la suite de ces échanges, les auteurs écriront un texte qui sera publié sur le site d’Agglopole Provence. Mais Lire Ensemble anime aussi les 17 communes du territoire, avec du théâtre
CoLibris Du 1er au 12 avril Soirée d’ouverture le 8 avril à l’Alcazar Marseille, Martigues, Aix, Luynes, Aubagne, Arles, Manosque, Gap, Antibes, La Ciotat, Gardanne et Grenoble www.villa-lamarelle.fr
(ouverture le 1er avril à Salon avec du théâtre d’improvisation par la cie Des sourires et des hommes, lecture de BlueTous par la cie Jubilo Label Bleu le 8 avril à Pelissanne), des contes dans chaque ville, des ateliers d’art plastique, de la musique (concert La Note bleue par Olivier Roussel duo le 9 avril à Berre, Billie’s Blues par Laure Donnat et Lilian Bencini le 13 avril à Lamanon), et une soirée de clôture, le 15 avril au Portail Coucou à Salon, où seront dévoilés les noms des lauréats des 3 concours Lire Ensemble. DO.M.
Lire Ensemble Du 1er au 16 avril Agglopole Provence 04 90 44 85 85 www.agglopole-provence.fr
LIVRES 87
Les cercles de l’intime
Comment apparaître sans s’exhiber ? Comment se rencontrer en allant vers l’autre ? Comment déplacer l’intime, le masquer parfois, pour mieux le dire ? Ces questions ont ouvert la nouvelle saison d’Écrivains en dialogue. Il y avait peu de monde ce soir-là, on a donc avancé les sièges et formé cercle autour d’Arnaud Cathrine et Olivia Rosenthal. Pour parler d’intimité, c’était plutôt approprié, et la rencontre, intense, y a gagné. Ces jeunes gens de lettres ont écrit leur premier roman à la fin des années 90, publient tous deux chez Verticales, montent à l’occasion sur scène pour des lectures, des spectacles musicaux ou des performances. Invités à parler de leurs derniers ouvrages, ils ont montré que les points de rencontre ne s’arrêtaient pas là. Leurs œuvres sont très différentes, différentes les voix qu’ils font entendre. Pourtant, dans Le journal intime de Benjamin Lorca de Cathrine (voir Zib’33) comme dans le très spécial
et très remarqué Que font les rennes après Noël ? de Rosenthal (voir Zib’38), les dispositifs fictionnels visent à atteindre un «je» qui ne s’affiche pas. Ces deux grands pudiques essaient de «trouver le moyen d’exhumer ce qu’exige la littérature», comme l’a déclaré Cathrine. Ainsi Le journal… dessine-t-il, au travers de 4 récits, la figure d’un Benjamin Lorca disparu, et, au creux de ce double fictif, un autoportrait. Ainsi les rennes permettent-ils à Rosenthal de régler, par le biais d’une écriture à la croisée du document et de la fiction, quelques comptes avec son histoire familiale. Sans avoir l’air d’y toucher, tous deux se collettent avec l’autobiographie, selon un pacte nouveau, loin des clichés du genre. Leur captivant dialogue a été ponctué de lectures : Michel Bellier a choisi de remonter le cours du Journal, tandis que Ramona Badescu, d’une voix parfaitement tenue, a magistralement fait résonner le décalage absurde et d’une
Olivia Rosenthal-Arnaud Cathrine © P.Box/Hop
drôlerie communicative du texte d’Olivia Rosenthal. FRED ROBERT
Prochain rendez-vous Le 24 mars à 18h30, autour de Prose et poésie, avec Philippe Forest et Jean-Claude Pinson.
Olivia Rosenthal était l’invitée d’Arnaud Cathrine pour Écrivains en dialogue, cycle de rencontres littéraires proposées chaque mois à la BDP de Marseille et organisées par La Marelle et l’ADAAL, en collaboration avec Libraires à Marseille.
Des bleus à l’âme
Claudine Galea © Louise Leblanc 2010
21 mai 2004, Washington Post, une jeune réserviste américaine Lynndie Rana England tient à bout de laisse un prisonnier irakien dans la prison d’Abou Ghraib ; photographiée par son compagnon le caporal Charles Graner, le cliché fait le tour du monde. Saisie par l’insoutenable Claudine Galea «décide de détruire l’image, mais, gravée en elle, celle-ci enfante d’autres images qui l’entraînent dans une introspection sur ses rapports avec sa mère, aux femmes, à l’homme»… D’elle jaillit un texte singulier et sans complaisance, Au bord, en rupture avec ses romans, ses pièces de théâtre et ses livres pour enfants. Aux Chantiers de la Lune, invitée par la Bibliothèque de théâtre Armand Gatti, l’auteure retrouvait le plaisir d’éprouver en lecture publique son texte écrit en 2005 mais publié cinq ans plus tard grâce à l’opiniâtreté de l’éditrice Sabine Chevallier. Cinq ans durant lesquels elle le laisse reposer, l’extrait de l’actualité, avant de décider «qu’il tenait seul». La lecture peut alors rependre : regard bleu océan qui s’échappe du livre, visage grave, fléchissements de la voix douce (on entend les parenthèses) ou tranchante (pour évoquer
l’innommable). On sent qu’elle a son texte en bouche, elle glisse, détache les mots, se fiche des liaisons ; de toute façon la ponctuation est a minima ; Au bord n’est pas lu, non plus joué, il respire. La violence de l’image est à ce point médusante - elle nous pétrifie - que l’écriture est volontairement transgressive et le texte hypnotique - il nous enferme. «Il serait indécent pour moi, dit-elle après avoir refermé l’opus, de parler de cette image de l’extérieur. Donc il faut rentrer dedans ou la laisser entrer en vous». C’est chose faite : mis à mal par l’image, Au bord nous pousse dans nos retranchements, les oreilles à vif, bousculés par cette «cette laisse en vérité» «cette laisse à ronger» «[son] plaisir au bout des lignes de [sa] laisse»… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Claudine Galea a lu sa pièce Au bord (Éd. Espaces 34) le 12 février aux Chantiers de la Lune à La Seyne-surMer ; elle sera en mai au Théâtre de Lenche pour une Carte blanche avec Lionel Damei autour de la création Ce qui allait arriver tout de suite, c’est que j’allais l’embrasser.
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RENCONTRES
ARTS ET LITTÉRATURE
Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42 Rencontres avec Henry Quinson pour son livre Secrets des hommes, secrets des dieux (Presses de la renaissance, 2011), le 16 mars à 18h30 à la librairie Saint Paul (Marseille) ; avec Sorj Chalandon pour La légende de nos pères (Grasset), dans le cadre du prix littéraire des lycéens et apprentis de la région PACA, organisé par l’Agence Régionale du Livre, le 17 mars à la librairie Prado Paradis (Marseille) et 18 mars à 18h à la librairie Au Poivre d’Âne (Manosque) ; avec Aurélien Maury pour Le dernier cosmonaute (Tanibis), le 19 mars à 16h à la librairie La Réserve à bulles (Marseille) ; avec René Frégni pour La fiancée des corbeaux (Gallimard), le 19 mars à 11h à la librairie Mot à mot (Pertuis) et le 31 mars à 18h à la librairie L’Alinéa (Martigues) ; avec Gérard Estragon pour Sous la sombre clarté du soleil offusqué (Editions Terriciaë), le 19 mars de 15h à 18h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Abdellatif Laabi pour une rencontre exceptionnelle le 22 mars à 18h30 à la médiathèque Boris Vian (Port-de-Bouc) et le 24 mars à 18h30 à la librairie Regards (Marseille) ; avec Olivier Emran, Jean-Luc Abraini, Karine Aprile-Morisse et Vincent Bourgeau pour Jardins ouvriers, jardins enchantés (Label Livre Editions), le 24 mars de 18h30 à 20h à la librairie Saint-Paul (Marseille) ; avec Catherine Pageard pour Rêves de passage (Mots pour mot éditions), le 25 mars à 18h à la librairie Le Lézard amoureux (Cavaillon) ; avec Gisèle Sans qui dédicacera ses derniers recueils, Ciel Profond (Encres vives) et Personne ne dira le dernier mot (éditions de l’Atlantique), le 26 mars de 10h à 12h et de 15h à 18h à la librairie L’Alinéa (Martigues) ; avec Sabine Cassel Recettes d’une grand-mère à sa petite fille (Hachette), le 29 mars à 18h à la librairie Goulard (Aix) ; avec Jean-Pierre Marielle pour Le grand n’importe quoi ! le 31 mars de 17h à 19h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Jules Falquet autour de la question de la mondialisation et des femmes en lutte, le 1er avril à 18h30 à la librairie Regards (Marseille) ; avec Alice Dona pour Quelques cerises sur mon gâteau (Flammarion]), le 2 avril de 17h à 19h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Jean-Claude Mourlevat pour Terrienne (Gallimard jeunesse), le 9 avril de 15h à 18h à la librairie Charlemagne (Toulon) Escales en librairies : rencontre avec Nicolas Fargues le 24 mars à 19h à la librairie Aux Vents des mots (Gardanne) et le 25 mars à 19h à la librairie L’Attrape Mots (Marseille) ; avec Denis Grozdanovitch pour La secrète mélancolie des marionnettes (éditions de l’Olivier, 2011), le 13 avril à 18h30 au Forum Harmonia Mundi (Aix) et le 14 avril à 17h30 à la librairie Prado Paradis (Marseille) AIX Cité du Livre – 04 42 91 98 88 Conférence organisée par la Direction des Musées et du Patrimoine culturel de la Ville d’Aix : Aix-en-Provence : fabrication d’une ville par Patricia Da Silva (agence d’Urbanisme du Pays d’Aix – Durance), le 17 mars à 18h30. Fondation Saint-John Perse – 04 42 91 98 85 Pour fêter la poésie : rencontre, modérée par Antoine Spire, avec Patrick Chamoiseau, Ernest Pépin et Abdelwahab Meddeb, précédée d’un film et suivie d’un concert de jazz, le 26 mars à la Cité du livre. Centre des écrivains du sud – 04 42 21 70 95 Journées des écrivains du sud sur le thème L’art d’écrire, les 1er et 2 avril. Corsica Calling – 06 88 80 62 83 L’association vise à promouvoir les œuvres artistiques et littéraires corses, hors de l’île. Le 19 mars de 18h à 20h, à l’amicale corse, rencontre avec Angèle Paoli, Yves Thomas et Guidu Antonietti, créateurs de la revue littéraire et artistique Terres de femmes ; signature/vente de Carnets de marche (éditions du Petit Pois) d’Angèle Paoli ; le 25 mars de 18h à 20h, visionnage du documentaire d’André Mariaggi Poussière d’août. Ecole supérieure d’art – 04 42 91 88 70 Don Jacques Ciccolini s’entretient avec Raymond Galle à propos de l’exposition Peintures et paysages, dans l’amphithéâtre, le 31
mars à 18h. L’exposition est par ailleurs visible jusqu’au 30 avril à l’Atelier Cézanne, la Galerie Alain Paire et chez Raymond Galle. Dans le cadre de l’exposition photo Le Petit Vietnam de Charlotte Nguyen à la Fontaine Obscure du 6 au 27 avril (vernissage le 6 avril à 19h30), conférence Traces métisses – Lectures dessinées par Dominique Rolland, Maître de conférence à l’Institut des langues et Civilisations Orientales de Paris, et Clément Baloup, diplômé de l’Ecole supérieure de l’image d’Angoulême, le 6 avril à 18h. Centre aixois des Archives départementales – 04 42 52 81 90 Exposition Le curé du diable, l’affaire Gaufridy en BD, dessins d’Hugo Bogo, lauréat du concours Affaires criminelles en Provence. Du 17 mars au 11 juin (inauguration le 17 mars à 18h30). APT Le Vélo Théâtre – 04 90 04 85 25 13e édition des Cris poétiques avec les poètes Jacqueline Merville et Roger Dextre qui lisent leurs textes sur scène, le 1er avril à 20h30. ARLES Les Rencontres d’Arles – 04 90 96 76 06 Cycle de formation : stages de photographies avec Claudine Doury (Le carnet photographique : la mise en valeur d’un regard), Eric Bouvet (Le reportage, aptitudes techniques et engagement personnel) ou Serge Picard (Portrait : du sens à la technique), du 11 au 16 avril. CHÂTEAUNEUF-LES-MARTIGUES Médiathèque Jean-Claude Izzo – 04 42 09 22 83 Rencontre-débat autour de l’œuvre noire de Dominique Manotti avec la projection du film Une affaire d’état de Eric Valette, le 19 mars à 15h. Dédicace-signature de Raphaëlle Albert illustratrice, pour son premier album La poulette et le chat (éd. Volpilière), avec des textes de France Quatromme. FOS Centre culturel Marcel Pagnol – 04 42 11 01 99 11e édition de Lire et Grandir : rencontres et dédicaces avec Cécile Hudrisier, Michel Gay, Chiaki Miyamoto et Eric Rolland le 26 mars de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30 ; exposition La lumière des images (jusqu’au 26 mars à la médiathèque de Miramas), Les couleurs des mots (jusqu’au 26 mars à la médiathèque d’Istres) et Le voyage et les livres (jusqu’au 26 mars à la médiathèque de Fos) ; contes ; projection de deux films d’animation, Le Criquet et Les contes de la ferme (au cinéma l’Odyssée à Fos les 26 et 27 mars). GAP Litera 05 – 04 92 51 13 96 Rencontre avec Gilles Leroy pour ses livres Zola Jackson et Alabama Song (prix Goncourt 2007), le 13 avril. Mairie – 04 92 53 22 70 Histoire de lire sur le thème de l’Inde avec les auteurs Françoise Malaval, Patrice Favaro, Patrick Joquel, Dominique Rousseau, du 6 au 9 avril. ISTRES Centre d’art contemporain intercommunal – 04 42 55 17 10 Exposition de Bruno Peinado, Les trois princes de Sérendip, près de la fontaine moussue. Jusqu’au 3 avril. LA CIOTAT Association Zygo – 04 42 08 53 31 9e festival de poésie partagée avec le poète Michel Capmal : lectures déambulatoires de poèmes dans la ville, rencontres avec des poètes, concours de ciotadines en français et langue d’Oc par correspondance, café-poésie, atelier de création poétique interactive, soirée de la poésie et des langues, repas des poètes et amateurs de poésie... du 1er au 3 avril.
LA TOUR D’AIGUES Château – 04 90 07 50 33 Exposition photo de David Simon, Un territoire et des hommes, du 9 avril au 18 sept. LE REVEST-LES-EAUX PôleJeunePublic – 04 94 98 12 10 Conférence de la cie Arketal sur l’Histoire des arts de la marionnette, des origines à nos jours, le 12 avril à 19h30. L’ISLE-SUR-LA-SORGUE Association Dire et Lire – 06 16 72 22 58 11e salon du livre jeunesse : dédicaces, lectures de contes, ateliers… les 1er et 2 avril à l’école élémentaire Lucie Aubrac. MARSEILLE La Marelle/Des auteurs aux lecteurs – 04 91 05 84 72 Ecrivains en dialogue : rencontre, animée par Pascal Jourdana, avec Philippe Forest et Jean-Claude Pinson autour du thème Prose et poésie, le 24 mars à 18h30, et avec François Beaune et Patricia Melo autour du thème Regards obliques, le 7 avril. Aux ABD Gaston Defferre. Rencontre avec l’auteur américain David Homel, dont tous les ouvrages sont publiés en France par Actes Sud, à l’occasion de la parution de son dernier roman Le Droit chemin (mars 2011). Il donnera par ailleurs une masterclass le 30 mars et participera le même jour à l’émission À l’air livre dans laquelle il s’entretiendra avec Pascal Jourdana. Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Exposition Il Risorgimento histoire de l’unità, personnages, batailles et allégories de l’Italie unie organisée en collaboration avec Le Museo Centrale del Risorgimento de Rome, jusqu’au 31 mars. Exposition des photos prises sur les plateaux des films de Pupi Avati, jusqu’au 19 avril. Rencontre-débat avec Giorgio Vasta, auteur, éditeur et conseiller éditorial, pour son 1er roman Le Temps matériel, le 17 mars à 18h. Association Lumin’Arts Euromed Management – 04 91 82 77 39 13e festival Des calanques et des bulles : dédicaces, animations, jeux concours… Les 2 et 3 avril. Échange et diffusion des savoirs – 04 96 11 24 50 Conférences à l’Hôtel de région à 18h45 : André Orlean, économiste, avec L’économie est-elle une science ?, le 17 mars ; Irène Théry, sociologue du droit, avec Métamorphoses du corps humain: le biologique et ses malentendus, le 24 mars ; Bernard Edelman, juriste, avec La fiction au secours du droit, le 7 avril ; Gabriele Veneziano, physicien, pour La théorie des cordes estelle une vraie science ?, le 14 avril. Espace Leclere – 04 91 50 00 00 Rencontre avec Guillaume Cassegrain, professeur d’histoire de l’art moderne à l’université Lyon 2, autour de son ouvrage Tintoret, le 11 avril à 18h. Espace Ecureuil – 04 91 54 01 01 Conférence L’Ecureuil remonte le temps : Gilles de Rais, le Barbe Bleu Français, le 23 mars à 12h30 ; présentation de l’ouvrage Atlas photographique en couleur du système nerveux central (Springer) et signature des auteurs Vincent Di Marino, Yves Etienne et Maurice Niddam, le 24 mars à 17h30 ; conférence sur les Nanotechnologies, innovation et logique économique organisée par l’ASTS, le 29 mars à 18h30 ; conférence de R. Delas, historienne d’art, sur Les voyages archéologiques de Edmond Duthoit en Méditerranée orientale au milieu du XIXe siècle, le 7 avril à 18h ; colloque organisé par le Passage de l’Art dans le cadre de L’Art renouvelle le lycée, le collège, la ville et l’université avec M. Maffesoli, F. Bazzoli, E. Molinet, M. Prugniau, L. Damei et G. Saurel sur Le monstre dans l’imaginaire contemporain ou la beauté fascinante du difforme, le 14 avril à 12h. BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 En partenariat avec le CipM, rencontre avec Suzanne Doppelt, suivie d’une séance de dédicace, le 19 mars à 15h.
SCIENCES ET TECHNIQUES Conférence de Stefania Maccari, professeur en neuroscience, sur Le stress prénatal a-t-il des consequences sur le comportement de l’adulte ?, le 17 mars à 17h30 ; conférence d’Olivier Kah, directeur de recherche au CNRS, sur Pesticides, plastiques… quels dangers pour la vie ?, le 18 mars à 17h30. Dans le cadre du cycle L’information : une nouvelle culture ?, conférence de Louise Merzeau, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication à Paris sur Oublier l’oubli : mémoire et traçabilité numérique, le 31 mars à 18h30. MuCEM – 04 96 13 80 90 Les mardis du muCEM : Une politique de l’esprit, entre Europe et Méditerranée, par Wolf Lepenies, historien et sociologue. Le 12 avril à 18h30 à l’Alcazar. ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00 Exposition Un lieu des liens, jusqu’au 16 avril. Rencontre avec Samuel Keller et Michaël Zeidler, commissaires de l’exposition, le 26 mars à 15h ; table ronde sur la langue de la géographie affective, Comment dire d’où l’on vient ?, avec Jean-Luis Calvet, linguiste, Ahmed Kalouaz, écrivain, et Elsa Zotian, sociologue, le 29 mars à 18h30 dans l’auditorium. Exposition de photos de Driss Aroussi, En chantier, jusqu’au 21 mai. Dans le cadre de Ces étonnants archivores : balade-atelier avec Marc Quer et Hendrik Sturm, plasticiens et promeneurs urbains autour de La saga de la veuve Z – Episode 0 : «au Welcome Bar», le 19 mars de 14h30 à 17h30 ; projection de Mon papa en guerre, suivie d’un débat entre le réalisateur Axel Clévenot, MarieFrançoise Attard, professeur à l’université de Provence (Jean Norton Cru : lettres du front et d’Amérique, 1914-1919) et Rémy Cazals, professeur à l’université de Toulouse (Les Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 19141918), le 21 mars à 18h30 ; Marseille au Moyen Âge, atelier avec Thierry Pécout, professeur à l’Université de Provence et Marc Bouiron, directeur du service Archéologie de la ville de Nice, auteurs de Marseille au Moyen Age, entre Provence et Méditerranée, le 4 avril à 18h30 Association pour l’Intégration des personnes en situation de Handicap – 04 91 13 41 30 Exposition réalisée en collaboration de JeanJacques Surian : Regards, gestes et signes, jusqu’en mai. Art-Cade – 04 91 47 87 92 Être & transmettre // Hommage à Michel W. Kagan, jusqu’au 25 mars à la galerie des Grands Bains Douches.
Alphabetville – 04 95 04 96 22 Bidhan Jacobs et Jacques Perconte présentent Le cinéma critique, de l’argentique au numérique, voies et formes de l’objection visuelle, le 7 avril à 18h30 à la Friche. MARTIGUES Musée Ziem – 04 42 41 39 60 Exposition De la réalité au rêve, l’objet ethnographique et sa représentation, du jusqu’au 12 juin Dans le cadre de cette exposition, bistrot-philo avec les philosophes Vladimir Biaggi et Gabrielle Colace-Scarabino : Pourquoi Roue de bicyclette est une œuvre d’art ? (Roue de bicyclette, posée à l’envers sur un tabouret, œuvre de Marcel Duchamp, 1913), le 24 mars à 18h. ORANGE Librairie l’Orange bleue – 04 90 51 78 59 Lecture de poèmes de Fernando Pessoa avec Jérôme Bru, directeur de la compagnie Labo T, qui met en scène la comédienne Charlotte Assema, le 1er avril à 19h. TOULON Espace Castillon – 04 94 93 47 33 Exposition Giujuzza et ses amis avec les artistes Nicole Agoutin, Jackie Planche, Marc Polidori, Sylvie Serre, Cyril Besson, Hélène Bondurand. Du 5 au 30 avril. TRETS Château des Remparts – 04 42 61 23 75 Exposition de gravures de Martin Ware, jusqu’au 9 avril. VERDON Parc naturel régional – 04 92 74 68 00 Rencontres «Paroles d’ici» : pour sensibiliser les habitants aux questions liées aux enjeux de leur territoire et de favoriser le débat. Le 26 mars, à Quinson, en partenariat avec l’association Les Boukans, sur le thème de l’eau. SAINT-MARTIN-DE-CRAU Médiathèque municipale – 04 90 47 27 49 10e salon du livre jeunesse : rencontre avec une dizaine d’auteurs-illustrateurs, ateliers de pratique artistique, spectacle, stands d’éditeurs régionaux indépendants, le 2 avril. SAINT-VINCENT-SUR-JABRON Association Terre d’encre – 04 92 62 08 07 Veillées d’écriture : deux ateliers d’écriture séparés et reliés par un repas, de 19h à minuit le 18 mars à la salle Gonsaud
CONCOURS MARSEILLE Couleurs Cactus – 06 98 72 29 07 Dans le cadre du 3e Festival du livre de la Canebière qui aura lieu en juin : concours de nouvelle sur le thème Vers d’autres rivages ouvert à tous les auteurs n’ayant jamais publié. Date limite d’envoi, par courrier et mail le 2 mai. FAIAR Cité des Arts de la rue – 04 91 69 74 67 Appel à candidature pour la 4e promotion, date limite de remise des dossiers fixée au 31 mars. RÉGION Sur la place – 06 69 28 90 87 Concours jeune illustration en Région Paca qui s’adresse aux dessinateurs, illustrateurs… âgés de moins de 28 ans résidant ou étant scolarisés dans la région Paca. Pour participer, envoyer 3 dessins (thèmes et techniques libres) avant le 15 avril à l’association par courrier ou Internet.
RENCONTRES 89
Poisson d’avril
Le 3e Café des sciences d’Arles aura lieu au Café Malarte le 14 avril à 20h30, Bd des Lices. Il y a à boire et à manger au Café mais pas dans le propos des chercheurs invités : Charles F. Boudouresque, professeur au Centre d’Océanologie de Marseille, et le Dr. Jean-Marc Fromentin, Chercheur à l’Ifremer au Centre de Recherche Halieutique. Ils répondront à vos préoccupations sur la prolifération de nouvelles espèces vivantes en Méditerranée. Quelles conséquences écologiques ? économiques ? sur les autres espèces ? Victime de ses qualités gustatives et de son succès sur le marché du sushi-sashimi japonais, le thon rouge est devenu ces dernières années l’espèce emblématique de la surpêche. Il s’est trouvé au cœur d’une inextricable polémique. Où en est-on ? Le thon rouge a-t-il un avenir ? Et plus généralement, que va devenir notre Méditerranée ? Autant de questions qui ne doivent pas finir en queue de poisson… 04 90 96 03 99 www.culture-science-paca.org
Son des Mines
Le 31 mars de 14h à 18h au site Georges-Charpak de l’École des Mines à Gardanne, à l’occasion de la rencontre des Orchestres à l’Ecole des Bouches-du-Rhône, la Médiathèque Nelson Mandela vous invite au concert qui aura lieu à 16h30. Au-delà de l’accueil par l’École des Mines de cette journée, l’association d’élèves ingénieurs Illu’Mines proposera aux enfants engagés dans l’orchestre des ateliers scientifiques sur le son et sa propagation. Une belle manière de sensibiliser aux sciences, via la musique ! www.culture-science-paca.org
Particule grand public
Les conférences grand public du Centre de Physique des Particules de Marseille ont repris leur cours en mars. La prochaine aura lieu le 9 avril de 10h à 12h, au grand amphithéâtre à Luminy. «Vous levez les yeux vers le ciel par une nuit bien noire… Que voyez-vous ? Avouez-le ! Ce minuscule morceau de l’Univers que vous découvrez avec vos misérables yeux humains est le plus souvent bien décevant… Même avec un télescope, ce n’est pas vraiment comme au cinéma ! Pourquoi ? L’Univers est grand, bien sûr, et nous ne voyons que dans les longueurs d’onde du visible. Ah ! Si nous pouvions voir l’infrarouge, l’ultraviolet, les rayons X, les ondes radio ou les rayons gamma ? À quoi ressemblerait l’Univers ?...» http://marwww.in2p3.fr
Corps social
La prochaine conférence du cycle Échange et Diffusion des Savoirs portera sur les métamorphoses du corps humain. La sociologue Irène Théry qui préconise des réformes du droit de la famille, parlera des métamorphoses profondes de l’institution familiale liées à la valeur d’égalité de sexe (en remplacement de la conférence que devait tenir S. Agacinski). Le 24 mars à 18h45 à l’Hôtel du Département www.cg13.fr/cadre-de-vie/culture/conferences.html
Mystérieux univers
L’espace culturel «Art et Astronomie» de Saint-Michel l’Observatoire, au château d’Agoult, propose une exposition multimédia tout public scientifique et artistique sur les mystères de l’univers : bornes interactives, simulations, expériences scientifiques pour explorer le monde des galaxies, les mystères des trous noirs et du Big bang et les représentations de l’univers dans les différentes cultures. Jusqu’au 31 mai. 04 92 76 69 69 www.centre-astro.fr
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HISTOIRE
ÉCHANGE ET DIFFUSION DES SAVOIRS | GRÉASQUE | TOULON
Légendes indiennes Est-il possible ou nécessaire de passer par la fiction pour connaître la vérité ?
Charles Malamoud © X-D.R.
Invité du cycle d’Échange et diffusion des savoirs pour une conférence intitulée Vérité, fiction, connaissance : que nous dit L’Inde ?, Charles Malamoud répond à la question du rapport entre vérité et fiction en sondant les mythes de l’Inde ancienne. Selon lui, le récit de fiction ne s’oppose pas au réel, mais au récit du réel. Dans cette acception, l’histoire objective n’existe pas, et le roman historique «prend en compte le plus possible d’éléments concrets en y ajoutant des détails imaginaires, lesquels produisent un effet de réalisme puissant.» Le système de pensée indien est bâti sur une étymologie révélatrice : la mâyâ, du sanskrit «illusion» est ainsi une liberté, une énergie. «L’aptitude à créer le monde traversé de passion, couleur, mouvement qui est le nôtre dépend de la mâyâ.» La satya, vérité, s’oppose non pas au mensonge, mais plutôt au mot rita, qui signifie «ordre du monde». Pour un
Racines de lignite et de terre Alors que le chômage ne cesse de dépasser des seuils successifs que l’on s’applique à qualifier d’historiques, le monde du travail devient, par un étrange retour, objet d’émoi. Comme tout élément détourné de sa fonction, l’histoire ouvrière s’autorise l’esthétique, les études sociologiques, les discours érudits, et établit avec elle-même un système de distanciation artistique et scientifique qui la place sur un étrange piédestal de souffrance, un brin christique. Ce qui aurait surpris ses pratiquants, qui considéraient leur travail sans doute davantage comme un facteur d’aliénation ! Ainsi, le dur labeur des mines s’expose, se virtualise, donne lieu à des ouvrages, des études,
des sorties en plein air, des reconstitutions… Des moments de convivialité et d’entrain où l’on se distrait de façon militante, et pas sotte ! Le 19 mars à 15h30, la cité minière de Biver se visitera, généalogie cosmopolite, terrils cachés… Des stagiaires de l’Institut Supérieur de la Cadenelle (Frédéric Goyet et Cécile Ribaud) feront parler les bâtiments-clés de la vie sociale des mineurs de Biver. À 17 h, la compagnie des Karnavires accueillera le public dans les anciennes douches des mineurs du puits Gérard (vidéo, extraits du spectacle Carnet de Migration, installation photos…). Le 20 mars, troisième édition de la marche populaire sur un parcours de 12 km agréé
indien, la non-vérité relève donc plutôt de la désorganisation. Lorsqu’un homme s’apprête à accomplir un rite, il doit prononcer la formule : «Je quitte le monde du faux pour entrer dans celui du vrai.» À la fin du sacrifice, la formule n’est pas symétrique ; il doit alors dire : «Je quitte le monde du vrai pour redevenir ce que je suis.» Ce qui sous entend, d’après Charles Malamoud, «Ce que je suis réellement, un homme différent de la réalité.» Il souligne que la devise adoptée par l’Inde lors de son accession à l’indépendance fût : «Satyameva jayate» (Seule la vérité triomphe). «Ce n’est pas la proclamation d’un but à atteindre, de valeurs que l’on s’efforce de faire vivre comme notre Liberté Egalité Fraternité. Non, c’est une constatation.» GAËLLE CLOAREC
Conférence du 3 mars à l’Hôtel Départemental des Bouches-du-Rhône
par la FFSP (Fédération Française des Sports Populaires), dans la forêt de Gréasque à la découverte des vestiges miniers. Des animations ponctueront le parcours. (Inscriptions au musée, départs de la Marche entre 8h et 14h). Enfin l’après-midi verra des visites commentées du Puits Hély d’Oissel (à 14h30 et 15h30 visites guidées du Musée par les mineurs). Un temps fort à noter dans vos tablettes. MARYVONNE COLOMBANI
Musée de la mine de Gréasque 04 42 69 77 00 www.poleminier.com Le Puits Hély d’Oissel © X-D.R.
La Marine en 20 escales
Porte de l'arsenal royal, entrée du musée de Toulon © Musée national de la Marine - T.Honnorat
Deux mois de travaux auront suffi à donner un coup de jeune au musée de Toulon qui s’est offert «un rafraîchissement plutôt qu’une réhabilitation» Pas de longue ni de coûteuse rénovation mais un léger lifting de printemps permet au Musée national de la Marine de Toulon d’espérer accroître sa fréquentation de 20%, déjà supérieure à 50 000 visiteurs par an depuis 2009. Des chiffres que Cristina Baron, conservateur-adjoint et administrateur, attribue aux actions de médiation, aux expositions temporaires et à la mise en place d’audio-guides. De quoi lui faire regretter l’étroitesse du lieu (1000 m2) et espérer un prompt déménagement dans l’ancienne Corderie attenante, longue de 402 m, lieu potentiel de valorisation de la collection (200 objets). En attendant l’aboutissement de son projet, elle dévoile les récentes transformations : exit la circulation illisible, le parcours se décline désormais en 20 espaces distincts accompagnés d’une signalétique chromatique, de bâches informatives qui occultent les baies vitrées et de textes pédagogiques à l’entrée des salles. Dès l’entrée, l’immersion est immédiate avec le parc d’Artillerie, les panneaux pédagogiques sur l’histoire de l’Arsenal depuis l’Antiquité à nos jours et les peintures de Joseph Vernet1, commandes de Louis XV qui témoignent de l’apogée des activités portuaires à cette époque. Se déclinent ensuite les thématiques, autour du patio central dédié aux animations et flanqué du vaisseau Le Duquesne et de la frégate La Sultane : entre autres «L’Arsenal de Vauban» en service en 1692 et pouvant accueillir une quarantaine de vaisseaux ; «L’atelier de sculptures», qui comptait dans ses rangs les meilleurs décorateurs de tableaux de poupe et de figures de proue ; «Galères et bagne», quand la suppression de l’une donna naissance à l’autre… jusqu’à Toulon à l’ère de la révolution industrielle. À l’étage, un siècle d’histoire du porte-avion nous conduit… jusqu’à la base navale aujourd’hui. La navigation entre les espaces est aisée, tous conçus sur le même principe : quelques maquettes et modèles prestigieux, des bas-reliefs, des photographies et peintures d’époque, un choix d’objets significatifs qui viennent documenter le propos. Un ensemble d’une grande clarté et attractif même pour les néophytes ! Bref, un «avant/après» peu dispendieux (50 000 € financés par l’Établissement public du musée) qui illumine le musée autrefois poussiéreux et invite à la déambulation. En attendant des jours meilleurs à quelques mètres de là… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI 1
les peintures originales sont au Palais de Chaillot à Paris Musée national de la Marine, Toulon 04 94 02 02 01 www.musee-marine.fr
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PHILOSOPHIE
LE RIRE
À l’heure où le Merlan programme un cycle intitulé Courage… rions !, où la critique politique médiatique s’exerce essentiellement par l’humour corrosif, où nombre de théâtres réhabilitent le vaudeville, provoquer le rire des citoyens spectateurs semble une des voies choisies pour réveiller le désir de résistance… Mais comment les philosophes perçoivent-ils le rire ?
Rire est-il philosophique ? Si l’on en croit Montesquieu, pour qui «la gravité est le bonheur des imbéciles», et Nietzsche qui pense que la philosophie est ce qui nuit à la bêtise, le rire et la philosophie semblent aller naturellement de pair. Allons plus loin : nombreux sont les esprits qui à leur époque ont usé de ce stratagème pour critiquer le clergé, le pouvoir, les mœurs. C’est le fameux castigat ridendo mores (elle corrige les mœurs par le rire) qui justifie l’existence de la Comédie depuis Plaute jusqu’à Molière. Ainsi l’humour est banni de toutes les dictatures : l’interdiction de dérision, de caricatures, ou Guillon et Porte virés du service public, sont des indices du degré de liberté d’une société: s’intéresser au rire est politique.
de Freud et Bergson, on y trouverait toujours quelque chose à redire : aucune ne convient intégralement à tous les rires. Commençons d’abord par savoir comment l’on rit, en s’attachant d’abord au mode le plus abstrait : le mot d’esprit. Manifestant surtout la prétention de
sur le sujet du rire, depuis Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient de Freud… Donc j’en dis deux mots.
Humour et comique Pour Freud «le processus comique ne supporte pas le surinvestissement opéré par l’attention», et tout ce qui resserre la
Des différents rires Plus profondément, comme le dit Bergson, le rire nous renseigne sur les capacités de travail de l’imagination humaine, collective, sociale et populaire ; sur l’art et sur la vie. Donc la philosophie doit s’emparer du rire; saisie très théorique cependant car les diverses catégories de rires et de rieurs ne se laissent pas circonvenir aisément par des concepts ! Comme dirait le grand Kant, ça donne à penser ! Mais penser quoi ? Ce qu’il dit plus sérieusement ailleurs (et sur autre chose) est que le rire est essentiellement un concept empirique qui ne se laisse pas facilement déterminer : il n’est fait que d’exemples contradictoires. On pourrait reprendre les plus belles définitions
désinvestie est libérée. Le plaisir du mot d’esprit semble provenir de l’économie d’une dépense d’inhibition. Certes. Mais le mot d’esprit ne soulève en général qu’un sourire de convenance. Plus drôle que le mot d’esprit est la blague fondée sur un principe comique, comme la naïveté dont on ne sait si elle est feinte. Ainsi une bourgeoise arrivant en retard à l’invitation de l’astronome Cassini pour voir une éclipse de lune et s’écriant : «Mais monsieur Cassini pourra recommencer pour moi !» ; ou celle d’une bourgeoise du XIXe siècle contemplant un portrait de Descartes et s’exclamant : «Dieu que c’est ressemblant !». On peut aussi évoquer ces idiots d’Auvergnats qui avaient de si beaux volcans et qui les ont laissé s’éteindre… Ces blagues, qui ne sont pas fondées sur l’esprit à la française, ni sur l’humour à l’anglaise, reposent sur des situations comiques dérisoires. Différence que Pierre Desproges résuma parfaitement : «Comment reconnaître l’humour anglais de l’humour français ? L’humour anglais souligne avec amertume et désespoir l’absurdité du monde. L’humour français se rit de ma belle-mère.»
© Nicole Claveloux - Okapi
Burlesque et grotesque celui qui le fait, et la volonté de montrer son intelligence et son détachement, il était très pratiqué par les Aristocrates et les Précieuses comme on peut le voir dans le film Ridicule de Leconte, ou chez les imbéciles de Molière. Mais, pas toujours drôle, le mot d’esprit fait partie des références philosophiques obligées
distance entre le sujet et le réel est un obstacle au comique. Il est d’accord en cela avec Bergson qui précise que le rire surgit dans une situation de détachement des évènements. La thèse principale du Mot d’esprit est celle du rire de décharge : une dépense d’énergie psychique est épargnée, et l’énergie ainsi
Mais la thèse de Bergson qui dit que le comique est «du mécanique plaqué sur du vivant» n’opère pas avec évidence lorsqu’il s’agit de comique verbal, de blagues : est-ce le fait que le sujet dit une chose énorme sans réagir comme un vivant qui nous fait rire ? Selon Bergson il énonce mécaniquement,
sans s’adapter. Sa définition est plus claire quand elle concerne l’homme qui marche et se vautre par terre, situation comique ancestrale ; il poursuit mécaniquement sa marche sans s’adapter à l’incident de parcours qui le fera tomber. Cette mécanique est bien évidemment la logique de la comédie/farce où les comédiens adoptent la «raideur mécanique de l’habitude» dans des situations où l’esprit s’attendrait à un comportement plus adapté. Cette mécanique comique si bien comprise par Bergson, se prolonge d’une indifférence et d’un détachement à ce qu’on fait ou dit : «Et bien si la bourse est risquée parce qu’un jour on gagne et l’autre on perd, je ne jouerais qu’un jour sur deux» ; logique non ! Ce détachement et cette indifférence transparaissent bien évidemment dans les jeux de Chaplin ou de Buster Keaton que Bergson semble avoir théorisé juste avant qu’ils naissent. En bref, le comique au sens propre du terme s’ignore lui-même, ou plus exactement joue à s’ignorer. Ceci est vrai pour Chaplin, Guillon, les Arlequins ou autres mécaniques, qui sont des personnages indifférents et détachés. Mais De Funès, Coluche, ou Scapin et Figaro ne sont pas indifférents à ce qu’ils disent ou font ; le propre des comiques d’aujourd’hui est souvent de savoir qu’ils font rire, de se regarder «jouer». Où est le processus comique dans ce cas ? C’est, dit Bergson, ne lâchant rien à sa définition du mécanique plaqué sur du vivant, le propre du grotesque : «Le comique est ce côté de la personne par lequel elle ressemble à une chose, cet aspect des événements humains qui imite, par sa raideur d’un genre tout particulier, le mécanisme pur et simple, l’automatisme, enfin le mouvement sans la vie. Il exprime donc une imperfection individuelle ou collective qui appelle la correction immédiate. Le rire est cette correction même. Le rire est un certain geste social, qui souligne et réprime une certaine distraction spéciale des hommes et des événements.» Voilà pourquoi on rit : quand du mécanique s’introduit sur du vivant et que nous économisons une dépense d’énergie psychique pour adapter l’énoncé au réel (comique verbal), les faits à leur représentation (comique de situation), l’espace à sa perception (comique de gestes) ; les notions de mécanique et d’économie d’énergie permettent de faire une grossière synthèse de Freud et Bergson !
Rire de tout ? Il n’empêche qu’il y a des rires bêtes : les rires brutaux, rires des bourreaux qui se moquent de leurs victimes en laisse ; ou les rires d’inhibition ou sociaux, rires de pudibonderie infantile, ou de supériorité sociale : dans les deux cas ces moqueries ou désinhibitions idiotes seraient plutôt le fait de ceux qui ne savent pas régler leur propre subjectivité par une juste distance dans leur rapport à autrui. Évidemment rire n’est pas libérateur si c’est pour faire part de sa névrose communicationnelle, ou de préjugés sociaux fatigants, ou de sa propre imbécillité. Mais la vraie question est «doit-on rire de tout ?». Puisque le rire est liberté du surgissement de l’imprévu dans le cours des choses, le rire de provocation est bien évidemment bénéfique. Si le rire casse les conventions sociales ou les abus des grands, il prend aussi le risque du mauvais goût dans le bain de la grossièreté (scatologie, sexualité, insulte…). Le sens de l’humour témoigne donc de notre sens de la limite, entre une désinhibition bénéfique et irrévérencieuse, et les frontières que l’on trace entre soi et le sexisme, le racisme, la moquerie de classe. Rire des puissants ou de soi-même est toujours plus sain que rire des blondes, des belges et des concierges. À moins qu’on en soit un ? RÉGIS VLACHOS
Au fait pour finir : vous connaissez la différence entre Tintin et Milou ? C’est que Milou n’a pas de chien !
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SCIENCES ET TECHNIQUES
BIENS DE CONSOMMATION
Il fut un temps où l’orgueil de l’artisanat était d’inventer «utile, beau et solide». Désormais le libéralisme demande à ses ingénieurs d’innover «bling-bling, futile et fragile»… C’est l’avènement de l’obsolescence programmée du bien de consommation
La casse programmée
Arroseur et arrose de Louis Lumiere
Voici quelques extraits d’une correspondance entre un ingénieur de recherche, (votre serviteur zibelinesque) et une société dont la réputation fut assise par le Président de la République dans le domaine du nettoyage haute pression appliqué aux banlieues S’il se nettoie c’est donc ton frère
Responsable d’un service d’instrumentation scientifique au CNRS, mon travail est de concevoir, fabriquer, mettre au point et programmer des prototypes d‘appareils de mesures et d’expérimentations pour la recherche. À ce titre j’ai une certaine idée de ce que doit être un travail bien fait en termes de durabilité et de qualité de service. J’ai acheté il y a quelques temps, à titre purement privé, un nettoyeur haute pression «grand public» de votre marque. Je savais, vu son prix d’environ 70€ et son niveau de performance, que je ne devais pas attendre beaucoup de cet appareil. Mais j’espérais qu’il corresponde a minima à son cahier des charges :
«Un nettoyeur haute pression performant pour des utilisations occasionnelles. Facile et souple à utiliser. Convient parfaitement comme appareil d’appoint pour le nettoyage des vélos, balcons, voitures et meubles de jardin.» Je n’ai utilisé cet appareil que deux ou trois fois durant les deux ans de sa possession qui le mettaient hors du champ de garantie. Dès ses premières utilisations est apparu un suintement anormal au niveau du corps de pompe, qui s’est accentué pour devenir une fuite rédhibitoire dès la 6e utilisation (nettoyage de volets en bois). Cette fuite très abondante aspergeait le contacteur électrique et occasionnait le déclenchement erratique de la pompe.
Casse-toi pauvre pompe !
Du fait du dépassement de garantie, j’ai procédé au démontage de l’appareil défectueux pour en diagnostiquer la panne. L’expertise montre que, par conception et construction, et compte tenu des pressions mises en jeu, la fiabilité de ce type d’appareil correspond à la durée minimale de garantie d’un an. Ceci en calculant la probabilité que la majorité de la clientèle d’un tel engin ne s’en serve que réellement épisodiquement (3 ou 4 fois la première année), et encore à raison de 5 à 10 minutes pour chaque utilisation. Ce qui devrait porter sa durée probable de survie à environ 1 ou 2 heures d’utilisation pour les clients les plus chanceux. En effet le corps de pompe en «matériau composite» ne peut en
aucun cas résister aux pressions mises en jeu. Celui-ci présente un raccord plat «riveté plastique» à chaud totalement incompatible avec la durabilité qu’un usage, aussi court et ténu soit-il, requiert.
Fi, habileté
Il est patent que votre bureau d’étude s’est ingénié à fragiliser le bloc de pompe afin de lui garantir une fiabilité minimale couvrant à peine la garantie légale d’un an : rivetage plastique à chaud, minimisation excessive des parois du corps de pompe, ailetage sous-dimensionné ne garantissant pas la rigidité aux pressions différentielles imposées, d’où l’ajout d’un arceau en fer pour éviter l’éjection pure et simple du corps de pompe. Il est vrai que la fabrication simplement «normale» de vos modèles à bas coût les rendrait par trop inusables. Ainsi vous jouez sur la lassitude : le client moyen néglige de ramener un appareil défectueux dans sa première année s’il n’excède pas une centaine d’euros et, souvent, les usagers n’utilisent que très faiblement durant la première année les appareils qu’ils achètent. La pièce détachée (ici le corps de pompe) n’est trouvable que sur Internet au prix de 150€ alors que l’appareil complet y coûte 67€. De plus, aucun réparateur n’acceptera de réaliser cette réparation coûteuse et délicate compte tenu des arcanes déployées par votre bureau d’étude
pour rendre l’engin inopérable (nécessité de plusieurs tournevis panes longues en torx et securitorx…). Vous demandez sur votre site :
«Nous aimerions connaître votre opinion afin de constamment améliorer nos produits et services. N’hésitez pas à nous laisser vos commentaires, suggestions et opinions. Nous vous remercions par avance.» Mon opinion d’ingénieur instrumentaliste est que vous devriez cesser «d’améliorer» la fragilité de vos produits selon des critères de «qualité minimale» car bientôt il vous faudra limiter leur garantie à leur sortie d’usine.
Casse-tout pauvre con…sommateur A quoi il me fut répondu, en substance, de ne pas acheter le bas de gamme, et que la marque ne fabriquait pas que des pompes à… Le fait que les industriels s’ingénient à fabriquer des véhicules, de l’électroménager, de la téléphonie, du matériel électronique destiné à casser juste après la date de garantie est aisément vérifiable techniquement. C’est une pratique générale, qui fait marcher le commerce et l’industrie au détriment très net du consommateur. Sans compter le dommage écologique, et le coût public du recyclage. Nous payons donc deux fois, en tant que consommateur et citoyen, une obsolescence programmée qui n’est pas illégale, mais nettement immorale. YVES BERCHADSKY
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Ont également participé à ce numéro : Yves Bergé, Aude Fanlo, Émilien Moreau, Pascale Franchi, Pierre-Alain Hoyet, Gaëlle Cloarec, Christophe Floquet, Rémy Galvain,
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