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Du 18/05/11 au 15/06/11 | un gratuit qui se lit
2013 en
chantiers
La Roquebrussanne. Le jardin d’Elie Alexis «les rocailles» Lieu «de survie» pour plantes adaptées à la sécheresse. Jardin de rocailles, paysager, botanique et pédagogique. Confection d’herbiers, photographie de plantes et d’insectes, exposition « compost et cultures intercalaires ».
Rendez-vous aux jardins, les 3, 4 et 5 juin 2011 La 9ème édition des « Rendez-vous aux jardins » est programmée du 3 au 5 juin 2011. Le thème de cette année « Le jardin nourricier » propose au public de réfléchir au jardin qui nourrit le corps et l’esprit, par des approches historique, philosophique, sociale, culturelle et esthétique. Plus de 2000 parcs et jardins répartis sur le territoire national participeront à cette manifestation et accueilleront le public. La région qui possède le plus grand nombre de jardins labellisés « jardins remarquables » (38 sur 332), propose la visite de 130 lieux, dont 22 ouvriront pour la première fois. Ils sont répartis dans les Alpes-de-Haute-Provence (9), les Hautes-Alpes (6), les Alpes-Maritimes (33), les Bouches-du-Rhône (27), le Var (21) et le Vaucluse (23). Tous les types de jardins sont représentés, publics ou privés, historiques, contemporains, urbains, botaniques ou de collections. Durant ces trois journées, près de 80 activités ludiques et culturelles seront proposées : visites commentées, expositions, conférences, ateliers, parcours découvertes, animations pour le jeune public, spectacles, rencontres avec les jardiniers et les propriétaires de jardins. Autant de rencontres et de rendez-vous offrant à tous les publics la possibilité de découvrir les richesses et la diversité des jardins de la région. Les « Rendez-vous aux jardins » sont organisés depuis 2003 par le ministère de la Culture et de la Communication et coordonnés en Région par la Direction régionale des affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur, en collaboration avec l’association des Parcs et jardins en PACA www.parcsetjardinspaca.com et le concours de l’Union nationale des entrepreneurs de paysage (UNEP). Le programme des journées et le guide des jardins de la région sont consultables en ligne sur : http://www.paca.culture.gouv.fr. La brochure du guide des jardins est disponible dans les offices du tourisme de la région.
Notre sélection : Digne-les-Bains. Jardin des cerises (association « à fleur de pierre ») Parcelles familiales de maraîchage biologique avec station de compostage pour les habitants du quartier. Action d’information et de sensibilisation à la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires auprès des publics non agricoles (projections, conférences débats, démonstration de matériels alternatifs).
Photo ©Arboretum Marcel Kroenlein,
Cagnes-sur-Mer. Domaine des Collettes Jardin public de la villa d’artiste Pierre Auguste Renoir. Parc floral, plan d’eau, sculptures, arboretum, roseraie, verger et potager. Découverte du jardin « nourricier » au sein du bourg médiéval (potager, production annuelle, savoir-faire, qualité des terres Photo © Le jardin d’Elie
Puget-Ville. Jardin à lire « bleu Méditerranée » Jardin champêtre, collections botaniques, objets anciens et contemporains. Visite interactive « fruits et légumes », les mots et les formes, concours « fruits et légumes » à écrire ou à dessiner, ateliers cuisine « fleurs à manger », visites jardinières, lectures, dégustations.
Photo © Ville de Cagnes-sur-Mer
Marseille. Jardins ouvriers et familiaux de Provence Petit écosystème de 14 ha avec 240 jardins potagers entretenus par des jardiniers des cités voisines. Mini ferme.
Photo © R. Spehner
Marseille. Jardinage à la Gare Franche. Du jardin à l’assiette L’opération s’intègre dans le projet plus global du Cosmos Kolej de faire de la Gare Franche un trait d’union entre les quartiers du Plan d’Aou et de Saint-Antoine, et de s’inscrire dans ce territoire en tant qu’acteur culturel structurant. Les jeunes botanistes du Club environnement du collège Elsa Triolet et les élèves des différentes sections de l’école maternelle du Plan d’Aou pratiquent le jardinage sur leur parcelle et explorent la flore et la faune sauvages de leur quartier. Ils plantent, jardinent et récoltent leurs fruits et légumes de saison, puis les cuisinent et les dégustent à la Gare Franche.
Photo © Jardin à lire
Gordes. Jardin du palais Saint-Firmin Jardin avec terrasses bordées d’oliviers en topiaire, de lavandes et de végétaux méditerranéens, jouant sur des camaïeux de verts et de fleurs blanches. Réseau de caves et souterrains semi troglodytes. Atelier de dégustation de confitures, jeux sur les plantes et les fruits dans la cuisine, découverte tactile et sensorielle. Cairanne. Les jardins de Cairanne Espaces publics modernes et contemporains répartis dans le village. Collection et conservatoire botanique. Ferme et vigne pédagogiques, jardin des aromatiques, jeu des 7 jardins, recherche et identification des plantes comestibles cultivées ou sauvages.
Photo © Cosmos
Roure. Arboretum Marcel Kroenlein Verger et du potager d’altitude avec ses légumes et fruits oubliés, initiation découverte et dégustation de salades sauvages, de plantes médicinales et aromatiques.
Kolej
Contacts : Hélène Barge, coordinatrice de « Rendez-vous aux jardins » helene.barge@culture.gouv.fr. - Tél. : 04 42 16 19 62. Anne Dufourg, chargée de communication. anne.dufourg@culture.gouv.fr - Tél. : 04 42 16 19 16.
Politique culturelle Entreprise et culture Chantiers du MuCEM, du CeReM, du Frac, de la Friche Polémiques Festivals Cinéma Théâtre/Danse Cirque/Arts de la rue Musique Livres Théâtre Le Lenche, la Minoterie La Minoterie, la FNCTA, la Criée Le Merlan, le Jeu de Paume, le 3bisf Le Jeu de Paume, Aubagne, Ollioules Ollioules, Martigues, Cavaillon Martigues, Avignon Arles, Port-de-Bouc Au programme Danse Au programme Le BNM, le GTP Le 3bisf, MOD, Collection Lambert Cirque/Arts de la rue Au programme Cabaret NoNo, Pont du Gard, Port-Saint-Louis Musique Baroque Lyrique Chambre Contemporaine GMEM Le GTP, le Jeu de Paume Au programme Actuelle, au programme Actuelle, jazz Jeunesse Averroès junior, Rencontres de l’illustration Théâtre d’intervention, Métiers du spectacle Massalia, La Cité, La Friche Le Revest Au programme Livres Cinéma Image de Ville, AFLAM, Reflets Les Rendez-vous d’Annie Les Variétés, Rousset L’Alcazar, l’Institut de l’Image, Film Arts visuels Photomed, Toulon La Seyne-sur-Mer, Istres Marseille Au programme Livres Arts Livres/disques Littérature Rencontres Rencontres Au programme Patrimoine Les jardins Histoire Le MuCEM ABD Gaston Defferre, Echange et diffusion des savoirs Philosophie Le nucléaire, suite Sciences et techniques La théorie des cordes, au programme Adhérents
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Penser le monde Qu’en est-il du bien commun ? Certains hommes politiques ou personnages publics sont animés par sa défense. Par la volonté, morale, d’oublier leur intérêt propre pour songer au sort de l’humanité. Ou de la planète, de la nation, d’une ville… Préoccupation qui n’est pas suffisante, la notion de bien commun pouvant conduire à de redoutables fanatismes, haines racistes ou autres «préférences nationales». Mais cette propension à s’oublier soi-même pour se consacrer aux affaires communes est évidemment nécessaire, lorsqu’on aspire à la responsabilité politique. Qui peut croire aujourd’hui que nos élus sont tous préoccupés du bien public ? Qu’ils défendent une vision du monde, et non leurs intérêts propres ou ceux de leur parti, leur volonté de puissance et de domination, leur narcissisme ? Nous votons, consciemment, pour des hommes sans idéal qui favorisent des réseaux, des proches, et profitent personnellement des avantages de leur fonction, travaillant avant tout à leur propre légende. Cela n’étonne plus, et n’émeut que lorsque les actes contreviennent gravement à la loi. Les plus vertueux d’entre les politiques sont animés du désir d’être de bons gestionnaires, de promouvoir un territoire, d’atténuer les effets dévastateurs d’un système qui creuse dangereusement les inégalités sociales et culturelles. Ceux-là, qui agissent en ambulanciers, n’ont pas le loisir de construire une vision du monde… Les artistes, les poètes, les intellectuels peuvent le faire. Le font, chaque jour, sans effet, sans atteindre les «décideurs» qui les regardent comme d’inutiles ratés, des rats d’archives anachroniques. Ou des amuseurs dispendieux qu’ils nomment artistes et philosophes, et qu’ils aiment à fréquenter comme l’on porte un soir un bijou luxueux. Il faut refuser la marginalisation de la culture. Elle seule fabrique et détient la pensée du monde : c’est en la plaçant au centre de nos sociétés désorientées que nous pourrons retrouver le sens vital du bien commun. AGNÈS FRESCHEL
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POLITIQUE CULTURELLE
ENTREPRISE ET CULTURE
Le mécénat culturel est-il possible ?
Assises 2011 - Conf perspectives mecenat culturel © Francois Moura - Admical
Les chiffres sont très clairs : le mécénat d’entreprise a reculé de 20% en France entre 2008 et 2010, ce qui est inquiétant, mais conjoncturel : ce système de don, qui bénéficie des avantages fiscaux accordés aux grandes et moyennes entreprises, est fortement dépendant de l’Impôt sur les Sociétés, puisqu’il permet de soustraire à cet IS dû sur les bénéfices 60% de la somme affectée. Ainsi la Société Marseillaise de Crédit par exemple, lorsqu’elle donne 1.5 M€ à Marseille Provence 2013, économise 900 000 € d’impôts, mécénat qui ne lui coûte dans les faits «que» 600 000 €… pour peu qu’elle ait 900 000 € d’impôts sur les bénéfices à payer. C‘est-à-dire qu’elle ait fait au moins 3 millions d’€ de bénéfices (l’IS est à un taux de 33.3%). La crise, en diminuant les bénéfices des entreprises, a entraîné un recul mécanique du
mécénat. Qui devrait retrouver un meilleur niveau, puisque selon une enquête d’Admical1, 83% des entreprises veulent «accroitre ou stabiliser leurs actions de mécénat». Il n’en est pas de même pour le mécénat culturel : de 2008 à 2010 il a subi une chute vertigineuse, passant en France d’un volume global de 975 M€ en 2008 à 380 M€ en 2010. Soit une baisse de 62 % des aides privées pour le secteur culturel… Lors des 20e Assises nationales pour le Mécénat d’entreprise, organisées les 9 et 10 mai par Admical à Marseille, Olivier Tcherniak, président d’Admical, fit une analyse convaincante des raisons de ce «déclin», et de ses conséquences.
Déficit d’image Les entreprises veulent mener des actions perçues comme utiles, préoccupation qui les pousse vers un mécénat de solidarité, ou vers des mécénats dits croisés, qui soutiennent des actions culturelles à dimension sociale ou éducative. Attitude qui lèse la création, et favorise les actions de diffusion. Elles ont aussi tendance à soutenir les événements prestigieux pour leur image : c’est-à-dire les grands festivals et le patrimoine, ce qui déstabilise les équilibres internes de la culture, et lèse les compagnies ou les lieux modestes, provinciaux, peu ou pas médiatisés. Olivier Tcherniak souligne par ailleurs qu’il y a un effet d’entrainement des politiques culturelles publiques, et de l’image négative
que leur désengagement sous-tend : lorsque les subventions baissent, elles ne sont pas compensées par les entreprises, qui suivent le mouvement et se désengagent à leur tour. Selon le président d’Admical, il faudrait, pour relancer le mécénat culturel, favoriser un mécénat de proximité, en adaptant le dispositif fiscal aux TPE/PME, retenues aujourd’hui par l’impossibilité de défiscaliser au-delà du seuil de 0.5% du chiffre d’affaires. Fixer un forfait de 10 000 € défiscalisables permettrait aux entreprises locales de faire des dons défiscalisés à des associations culturelles de leur territoire. Mais pour lui le plus important est de rétablir le dialogue. De faire comprendre aux entreprises que le mécénat n’est pas une action de communication, qu’elles ne peuvent en attendre des retombées en termes d’image, mais doivent y chercher du sens. Travailler avec les artistes dans l’entreprise, c’est ce que soutient aussi Raymond Vidil, président de Marfert et membre de Mécènes du Sud : «La présence de l’artiste dans l’entreprise, avec les Ateliers de l’Euroméditerranée mis en place par Marseille Provence 2013 par exemple, interpelle le conservatisme naturel des entreprises, renforcé par la crise.»
Quel modèle économique ? Laurent Bayle, directeur de la Cité de la Musique de Paris, nettement plus pessimiste, soulignait «le désintérêt grandissant des grands médias pour la
L’ESS, modèle économique du secteur Voilà que des formations s’organisent, que la Région PACA tient des Assises et des États généraux, que des publications et des colloques fleurissent : l’Économie Sociale et Solidaire est sur toutes les lèvres. Mais que désignent au juste ces termes ? Il s’agit d’entreprises privées qui n’ont pas vocation à redistribuer des dividendes, soit qu’elles réinvestissent les bénéfices, soit qu’elles les répartissent entre ceux qui y ont contribué. Ce qui exclut les Sociétés commerciales et désigne, précisément, des entreprises à statut particulier : les Associations, les Mutuelles, les Coopératives et les Fondations. L’Économie Sociale et Solidaire domine dans le secteur culturel1, souvent associatif, mais surtout dans le sport et les loisirs, et bien sûr le social, où elles sont majoritaires (mais toute entreprise sociale n’est pas forcément solidaire…). Ces entreprises représentent en
France 9,2% des employeurs et 10% de l’emploi, et progressent rapidement : plus de 2,4% par an. Puisqu’elles n’ont pas vocation à faire de l’argent, elles bâtissent généralement des projets autour de valeurs non monnayables. Valeurs humaines donc, sociales, durables et solidaires…
Solidaires ? Mais, comme le précisait l’économiste Nadine Richez-Battesti lors d’un forum organisé par le Crédit Coopératif2, «il ne suffit pas d’avoir des statuts pour avoir des valeurs»… Elle notait, chiffres à l’appui3, qu’au niveau de l’éthique et des discriminations à l’emploi l’ESS «fait mieux que les entreprises privées, mais pas suffisamment bien». Par exemple, les femmes représentent 68% de l’ef-fectif salarial de l’ESS en PACA, alors qu’elles ne sont que 41% des effectifs du privé (hors ESS). Ce qui est bien, puisqu’elles sont bien plus touchées que les hommes par le chômage et la pauvreté. Mais si plus d’un cadre sur deux est une femme (55% contre 24 % dans le privé), dans l’ESS comme ail-leurs les dirigeants sont des hommes (70% des présidents des associations). Ceci étant, l’ESS avance dans une échelle temporelle non capitaliste, que le privé n’envisage pas : l’écono-
culture, dans une société qui refuse de lui donner une place hors de la marge. La part dévolue à l’émergence est très fragilisée, ce qui diminue la solidarité entre les artistes, et entraîne une interpénétration de l’argent et de la culture : tandis que le marché privé des arts plastiques et les industries culturelles demande des financements publics, on se demande si la loi Hadopi défend le droit des créateurs ou les bénéfices des industries musicales. La situation impose une recherche de sens…» La veille, lors d’un autre forum, Dominique Bluzet, directeur du Gymnase/Jeu de Paume et du GTP, regrettait au contraire la difficulté du secteur culturel à agir comme de véritables entreprises. D’autres intervenants ont prôné pour une mutualisation des personnels et des moyens, comme si les entreprises culturelles devaient leurs difficultés à une inefficacité interne, et non au retrait des financements publics et privés… Plus globalement, on peut s’interroger sur l’efficacité d’un système de mécénat qui prive l’Etat d’une part de ses recettes fiscales, pour que les entreprises l’attribuent sans pertinence, avec des fluctuations dommageables et en privilégiant la culture médiatisée et de prestige. Car, au fond, n’est-il pas utopique d’attendre qu’une entreprise donne, comme il l’est dit dans la Charte d’Admical « sans recherche d’impact sur ses activités marchandes » ? La culture ne relève-t-elle pas naturellement du financement public, pour peu qu’il tienne son rôle ? AGNÈS FRESCHEL
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Association fondée en 1979 pour promouvoir le mécénat d’entreprise, regroupant un réseau de 170 entreprises et fondations
culturel ? mie capitaliste travaille sur le court terme, pour faire du bénéfice immédiat, ou sur le long terme, dans l’idée de transmission du patrimoine. Puisque son capital n’est ni partageable ni transmissible, l’ESS invente des solu-tions à moyen terme, et de ce fait se révèle particulièrement dynamique dans les domaines de l’insertion et de la formation. Et de la culture non patrimoniale qui, cofinancée par les subventions publiques et ses ressources propres, vend effectivement des produits (des œuvres ?) sans faire de profit, son but étant de transmettre au plus grand nombre de l’immatériel non marchand ! AGNÈS FRESCHEL
Synthèse des Etats généraux de l’ESS en PACA Le 19 mai de 13h45 à 17h30 Hôtel de région, Marseille www.etatsgenerauxesspaca.org
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L’INSEE dispose d’une catégorie «Arts et spectacles» qui ne permet pas de distinguer l’audiovisuel, ou les grandes salles privées de tournée, des entreprises proprement culturelles. Dans cette catégorie, l’ESS représente en PACA 34.6% de l’emploi en 2011, pour 9.6% de l’emploi salarial global. 2 Mixité et diversité en Économie sociale, Forum annuel du Crédit Coopératif Marseille. 3 La Chambre Régionale de l’Économie sociale et Solidaire PACA a publié un panorama précis et clair, L’économie sociale et solidaire, Panorama et enjeux en PACA, 2011 Disponible sur le site www.cresspaca.org
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POLITIQUE CULTURELLE
CHANTIERS
Passerelle reliant le batiment de Rudy Ricciotti au Fort Sant Jean © Agence Rudy Ricciotti
Le MuCEM prend sa place dans l’univers marseillais. Tout d’abord contesté, décrié même, il s’impose dorénavant comme un incontournable dans le paysage de la vieille cité. Reste à se demander comment l’institution fonctionnera et comment elle organisera la rencontre entre ses composantes européenne et méditerranéenne. Bruno Suzzarelli, directeur du MuCEM, esquisse quelques réponses Zibeline : Après avoir connu du retard à l’allumage, il semblerait que l’on soit sur la bonne voie. Quelles sont les dates prévues d’ouverture au public ? Bruno Suzzarelli : L’accès au public devrait se faire au printemps 2013. La période d’hésitation est loin derrière nous. Il s’agit maintenant d’achever les opérations de transfert et notamment d’inventaire, ce qui est très lourd au vu de la masse des objets conservés (un million et demi de pièces).
Un projet pour Marseille, une vision pour l’Europe et la
Méditerranée ! tivités locales de participer ponctuellement. Quand aux ressources générées par le MuCEM, elles proviendront des droits d’entrée, du mécénat avec les particuliers ou les entreprises et enfin de la location d’espace (soirées privées...). On évoque souvent le MuCEM pour son œuvre architectural ou pour la richesse de ses collections. Pourtant c’est un projet plus global qui sort de terre… Effectivement il y a une volonté de s’inscrire dans le
L’investissement pour la construction provient majoritairement de l’État, mais aussi des collectivités et de la ville. Pour le fonctionnement, quelles seront les parts respectives des bailleurs initiaux, et des ressources générées par les activités et les partenariats avec le privé ? Le MuCEM est un Musée National qui fonctionne comme tel : l’État en a totalement la charge. Nous ne désespérons cependant pas de convaincre les collecLe Jardin mediterraneen du Fort Saint Jean © Agence Aps - Golem
POLITIQUE CULTURELLE développement culturel, économique et urbanistique de la région. Nous ne pouvions pas envisager d’installer le musée comme un objet étranger dans le paysage. Vieux musée avec une longue histoire (il prend la suite du Musée des Arts et Traditions Populaire), nous voulons l’inscrire et l’enraciner au plan régional et local. Outre qu’il est la pointe avancée d’Euroméditerranée, il est un lien entre Arenc et le Vieux Port, une articulation de la ville et contribue aux opérations de requalification du quartier. Cela se double d’une préoccupation majeure pour nous : l’action culturelle et sociale. Nous voulons attirer vers le Musée des populations d’un quartier peu favorisé et leur faire prendre conscience que la culture est un plaisir, pas un ennemi ! Le MuCEM s’ancre en réalité sur trois sites distincts. Trois sites avec des vocations assez particulières mais qui veulent constituer à une unité. Le bâtiment du J4 est notre vaisseau amiral. Il manifestera le regard sur la Méditerranée comme bassin de civilisation, espace multiculturel en prise avec trois continents (Europe, Afrique, Asie). Ce regard est comparatif. Tourné vers l’Europe selon la vocation du Musée, il n’exprime pas une domination mais une volonté de compréhension. Il met en valeur le lien de parole à l’autre. La Méditerranée est-elle une entité qui se distinguerait de l’Europe ? La Méditerranée est un ensemble qui n’a eu de véritable unité que sous l’Empire romain. Si elle s’est fractionnée, elle garde constamment des traits communs. Elle est unité et diversité. C’est un bel objet d’étude qui structure le questionnement du Musée et son action : apporter un éclairage sur cet ensemble, en faciliter la compréhension sera notre ligne directrice. D’où l’organisation de forums, de débats. L’histoire, les événements en train de se produire seront notre matière de travail et d’exposition. Au fond, ce que l’on cherche c’est définir ce qu’est la Méditerranée. Cet espace en mouvement, parcouru par des flux incessants s’offre à de multiples perceptions. Il produit une multitude de points de vue. L’intervention du public, mêlé aux activités produites dans notre champ de présentation, permettra de faire du MuCEM un lieu de définition. Des synthèses ou des actes de colloques, des expositions bilan permettront de faire le point au
travers de toutes les expressions artistiques et culturelles sur la Méditerranée. Qui seront comme des arrêts sur image. Le Fort Saint-Jean a une ambition plus mnésique ? C’est le bâtiment de l’expression de l’histoire du lieu et de la ville. Les Grecs se sont installés sur place. Au Moyen-Âge une commanderie des chevaliers de SaintJean de Jérusalem s’y trouvait. Le roi René y a édifié une tour et Louis XIV le fort actuel. La Révolution Française a aussi laissé ses traces. Cet héritage sera présenté dans une salle dédiée à l’intérieur du bâtiment. L’ensemble du Fort sera rendu aux Marseillais, qui jusque là ne pouvaient y accéder. Un parcours sera dessiné dans l’ouvrage restauré. On pourra se reposer dans un café, déambuler dans un jardin méditerranéen ou admirer, grâce à des points de vue, différents aspects de la ville. Un jardin sec sera conçu dans l’esprit du développement durable -comme le bâtiment du J4 rafraichi ou chauffé par l’eau de mer. Le centre de conservation et de ressources (CCR) de la Belle-de-Mai est conçu dans une logique un peu différente. Vous parlez de coulisses, mais on pourrait aussi évoquer un véritable centre d’expertise à vocation méditerranéenne La collection du MuCEM de par son origine et ses orientations actuelles est d’une grande diversité : costumes régionaux, robes de fêtes, fourrures, fonds documentaires et audiovisuels. La vocation première du CCR est de protéger les objets, les restaurer mais aussi de dégager un espace pour les chercheurs. Cet édifice voisine avec le Centre interrégional de conservation et de restauration du Patrimoine, avec les archives et les réserves des Musées de Marseille, ce qui l’inscrit dans un périmètre dédié au patrimoine et contribue à la rénovation de la ville. Quant à l’importance du fonds, elle permet une politique d’exposition très large comme de nombreux échanges avec d’autres institutions. Les partenariats avec les autres pays du pourtour méditerranéen sont aussi un axe d’action fort. Échanger avec d’autres institutions culturelles, faire circuler les expositions, ouvrir les portes aux différents chercheurs est essentiel. Il existe déjà des conventions avec la Turquie, la Tunisie ou l’Espagne. L’Algérie, elle, s’est montrée très intéressée par notre projet de formation aux métiers du patrimoine.
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Le MuCEM en chiffres Coût d’investissement : 200 M€ Construction du bâtiment principal: 120 M€ Réhabilitation Fort Saint Jean : 41 M€ Acquisition et construction du CCR : 31 M€ (études préalables 8 M€) Non compris le chantier des collections (restauration et déménagement des collections) Financement État 141 M€ Conseil Régional 19 M€ Conseil Général BdR 19M€ Ville de Marseille 19 M€ Après l’ouverture Budget prévisionnel annuel de fonctionnement : 12 M€ Personnels : 120 salariés 200 événements annuels (conférences, colloques, expositions, spectacles, concerts, projections…) Surfaces 40 000 m2 Bâtiment principal, architecte Rudy Ricciotti : 15 000 m2 Fort Saint Jean, rénovation Rudy Ricciotti : 15 000 m2 CCR, architecte Corinne Evzone : 10 000 m2 À noter Lors du prochain Mardi du MuCEM, le 14 juin à l’Alcazar, Rudy Ricciotti décrira et explicitera les enjeux architecturaux du Fort et du bâtiment principal
PROPOS RECUEILLIS PAR RENÉ DIAZ
L’Audiovisuel vivra !
L’accord cadre signé le 5 avril entre Bruno Suzzarelli et Mathieu Gallet, nouveau directeur de l’Institut National de l’Audiovisuel, est emblématique de leur volonté commune de diffuser des fonds jusque là réservés aux chercheurs. En effet les accords signés avec la Bibliothèque Nationale de France (L’INAthèque), ou avec l’Opéra de Paris par exemple, travaillent sur des fonds restreints, ou dans des lieux sans accès public : le MuCEM veut les mettre à la disposition de tous les visiteurs, par un système de bornes actives en accès libre, mais aussi à travers des ateliers pédagogiques de lecture de l’image documentaire, des projections publiques dans l’auditorium de 400 places… L’esprit qui préside à cette mise à disposition publique est le même que celui qui animera la vie des collections : il s’agit d’éditorialiser les fonds, c’est-à-dire de procéder à des choix, des mises en perspectives thématiques, et de les accompagner de présentations. Avec comme «vocation de fond» précise Mathieu Gallet, de «faciliter le dialogue entre les cultures de la Méditerranée. De la diffuser, mais aussi de la produire, en élaborant des initiatives communes en matière de production et d’éditions audiovisuelles.» Pourquoi cet intérêt du MuCEM pour l’INA ? «Les deux institutions se rencontrent
autour d’une réinterrogation des images d’archives. Les images de télé sont-elles de la culture ? L’actualité ?» interroge Mireille Maurice, directrice d’INA Méditerranée (600 000 documents télévision et radio !). Thierry Fabre, responsable de la programmation du MuCEM, explique que le très grand public peut se reconnaître dans ces images d’archives qui racontent leur histoire familiale, et qu’on peut y trouver «des lectures diversifiées : confronter le 8 mai 45 à Sétif et à Marseille peut vraiment apprendre à regarder autrement, dans un monde où l’information par l’image domine.» Par ailleurs le projet Medmem, qui réunit 18 participants des deux rives (dont 10 télévisions méditerranéennes) et est piloté par l’INA Méditerranée, intéresse particulièrement le MuCEM. Il s’agit d’un site internet à destination des publics jeunes qui met en perspective selon des axes thématiques, géographiques ou chronologiques près de 4000 documents d’archives. Tous traduits en français, en anglais et en arabe… Un site qui sera mis en ligne très prochainement, pour que vivent les archives audiovisuelles ! A.F.
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POLITIQUE CULTURELLE
Construire face à la mer Les chantiers culturels sont en passe de changer le visage de Marseille, et lui font enfin admirer ses horizons maritimes. Le MuCEM (voir p8) mais aussi le théâtre de la Joliette, la fondation Regards de Provence, vont s’inscrire entre le Silo, les Docks et le Fort Saint Jean. Deux autres projets à l’ambition architecturale surprenante vont également voir le jour en 2012 : le FRAC, sublime bâtiment fait de circulation et de transparences, conçu par Kengo Kuma (voir Zib’32), sur la Place de Dunkerque, exposera en plein cœur de Marseille un fonds considérable par sa quantité (900 œuvres) et sa pertinence (400 artistes contemporains), mais donnera également à Pascal Neveux, son directeur, l’espace nécessaire (5400 m2) à des actions de médiation, de consultation, de recherche, et à des résidences d’artistes. Un investissement de 22 millions, pris en charge conjointement par la Région PACA et l’État, et largement ouvert sur la ville, avec une terrasse, un café restaurant, un centre de documentation pour accueillir le public, mais aussi un plateau expérimental et un project room dédiés à la création. Le CeReM est en revanche un investissement de la seule Région : 70 millions pour un bâtiment exceptionnel, que Michel Vauzelle lors de la visite de chantier du 15 avril dénomma souvent «monument». Car le bâtiment a vocation à être avant tout un signal : Stefano Boeri a imaginé un ouvrage vraiment exceptionnel avec un porte-à-faux de 40 m de longueur, surplombant à 19 m de hauteur l’esplanade, la darse et la mer. Immergée, une agora
CHANTIERS
souterraine de 1550 m2, comprenant un auditorium et un vaste espace modulable. Promenoir, restaurant, atrium, espaces d’expositions et de réunions, le CeReM se veut «ouvert largement au public», est conçu comme un pont lancé vers le sud, entre ciel, terre et mer. Quant à ses futures missions, elles sont plus floues : il est question d’accueillir des concerts, des réunions, de ménager des espaces de recherche, et de concevoir des expositions sociétales, puisque les
sommes. Les coopérations interrégionales, décentralisées, que nous avons établies depuis des années avec nos voisins ont besoin d’un espace politique, une sorte de centre de soft power qui nous sortirait de l’échec de l’Union Pour la Méditerranée.» Un lieu de concertation et de débat, en somme, attentif à l’innovation, et au développement social, économique, culturel et scientifique. Une exposition à la Maison de la Région, sur la Canebière, expose ces projets architecturaux et leurs
arts seront au FRAC. Et lorsqu’on lui demande quelles seront les spécificités du CeReM face au MuCEM son voisin, Michel Vauzelle répond en politique : «Le MuCEM est un établissement qui expose le passé de la Méditerranée. Nous voulons parler du présent, et de l’avenir. Construire ici une vision politique de notre espace commun. Nos vocations sont clairement complémentaires : réfléchir sur le passé et l’état des choses est indispensable. Se projeter dans l’avenir, comme le fait ce monument tendu au-dessus de la mer, est vital pour les Méditerranéens que nous
enjeux, et le chantier du CeReM se visite… sur réservations !
CeReM photo de l'architecte Stefano Boeri
AGNÈS FRESCHEL
Exposition CeReM/FRAC Maison de la Région, Marseille Visite du chantier du CeReM Les mardis de 14h à 15h30 Les jeudis de 10h à 11h30 04 91 57 57 50
Vertus récupératives Panorama © ARM - Architecture
Alors que La Friche attend, d’ici quelques jours, la nomination de son nouveau directeur qui remplacera Philippe Foulquié parti à la retraite -la commission s’est réunie mais n’a pas encore fait son choix parmi les 5 candidats-, la mise en chantier va commencer. 18 mois de travail de fond, non pour édifier un bâtiment neuf et spectaculaire, mais pour construire enfin un pôle réellement habitable dans des conditions acceptables de vie pour les associations et compagnies qui y travaillent, et le public qui y passe. Avec des équipements dignes de ce nom, mais qui revendiquent leur identité et récupèrent l’existant. Ce que l’architecte Patrick Bouchain explique ainsi : «Ce que la Friche a montré […] c’est que des gens qui n’étaient pas impliqués dans la fabrication de la ville, des artistes, des intellectuels, des habitants, proposaient de nouveaux modes de fabrication de l’urbain. C’est une reconquête politique, qui a ainsi évité la démolition du site, et permis son acquisition par la puissance publique. Le vide s’est rempli, les acteurs se sont emparés des lieux et on produit des lieux libres, c’est ce qu’il faut retrouver, ce qu’il faudra conserver.» Pendant ces 18 mois, la friche reste ouverte, et commence par faire la fête (voir p 14) ! A.F.
POLÉMIQUES
Du fait du Prince…
Consternation ! Dans les couloirs du théâtre, de l’ouvreuse au choriste, du guichet à la fosse d’orchestre et dans les cintres même des machinistes, on se répète en boucle, sans y croire, ce mot qui résonne comme un glas : «honorable !». Au delà de la Place Reyer, le public le plus enthousiaste de France se sent humilié. Car chaque Marseillais flaire aisément, dans ce qualificatif, le mépris séculaire que la Capitale élitaire porte au Midi populaire ! Quelle méconnaissance flagrante le jugement ministériel dénote-t-il du travail accompli par Maurice
Maurice Xiberras © Christian Dresse
Au jeu des chaises musicales Frédéric Mitterrand a tenté d’user du fait du Prince. Le Ministre voulait imposer Macha Makeïeff à la tête de l’Opéra de Marseille, alors qu’il y avait déjà un directeur en place. Makeïeff préférait La Criée… et finit par l’obtenir grâce à un coup de pouce Elyséen, ce qui laissa la prétendante quasi-adoubée Catherine Marnas dans une situation pitoyable ! La Municipalité a rappelé ses prérogatives : le Ministre avait simplement oublié que l’État subventionne peu l’Opéra de Marseille* quand le contribuable local le finance à hauteur de 16 millions d’€ par an. De fait, Jean-Claude Gaudin, ayant confirmé la confiance qu’il plaçait en l’actuelle direction de Maurice Xiberras, rappela que l’État n’avait pas grand-chose à dire quant à la nomination du Directeur de l’Opéra à Marseille. Est-ce cela qui a provoqué le fiel de Frédéric Mitterrand instillé sur France Inter ? À propos de l’Opéra municipal, il a lancé : «c’est un opéra tout à fait honorable, mais dont on pourrait peut-être renouveler la programmation et le fonctionnement».
Xiberras ! Dans la lignée de Renée Auphan, le Directeur artistique travaille à rendre à l’Opéra phocéen les ors qu’il mérite ! Homme du crû, Maurice Xiberras connaît les voix, son métier. Il œuvre dans la discrétion. Au final, il offre des programmes et des distributions de premier plan… en remplissant la plus grande jauge de la région jusqu’aux balcons !
Une grande maison populaire Où entend-on Roberto Alagna, Juan Diego Flórez, Patrizia Ciofi, Marie-Ange Todorovitch, Nathalie Manfrino, Béatrice Uria-Monzon, Olga Borodina,
POLITIQUE CULTURELLE
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Vladimir Galouzine… ? Sur les plus grandes scènes du monde… et à Marseille ! Que dire aussi des productions ? Pourquoi «renouveler la programmation» de saisons suscitant la ferveur populaire, comme la dernière et ses formidables Andrea Chenier, Samson et Dalila, Cavalleria Rusticana / I Pagliacci, La Belle Hélène, Wozzeck ou Don Giovanni faisant salle comble… ? En attendant la prise de rôle d’Alagna dans Le Cid ! Où découvre-t-on des chefs-d’œuvre oubliés du XXe siècle, comme L’Aiglon d’Ibert/Honegger, L’Héritière et Colombe de Damase, Maria Golovin et The Saint of Bleecker Street de Menotti, sans parler de l’exhumation annoncée de La Chartreuse de Parme d’Henri Sauguet, opus n’ayant plus été entendu depuis sa création en 1939 et dont la partition même était perdue… ? L’Orchestre municipal vient d’ailleurs de se doter d’un 1er Chef invité, Fabrizio Maria Carminati, afin de magnifier la douzaine de concerts symphoniques qu’il donne chaque saison, auxquels se joignent d’éminents solistes. Bref, si l’Opéra de Marseille ne répond pas tout à fait aux missions d’un Opéra National, il s’en approche notablement… sans en avoir les financements ! Le Ministre aurait gagné, avant d’ouvrir un procès sur la qualité d’un Opéra où il n’a jamais mis les pieds, à consulter son public, assidu et averti, ou les journalistes de métier ! JACQUES FRESCHEL
(*) L’Etat donne à l’Opéra de Marseille 425 000 €, à Lyon 5 694 000 €, à Avignon 1 494 000 € (opéra et orchestre), à Rouen 1 100 000 €... (Source ROF - Réunion des Opéras de France).
La polémique des fluides Retour au calme et à la contemplation à la Collection Lambert. Après la rétrospective des 10 ans du musée privé, Je crois aux Miracles, médiatisée suite à «l’affaire Piss Christ», la Collection s’attache au Temps retrouvé, une expo photo autour de Proust regroupant un travail inédit de Cy Twombly, friends and others (dès le 12 juin). En attendant, la polémique du Piss Christ laisse des traces dans la Cité des Papes ! L’œuvre d’Andres Serrano, qui utilise les fluides corporels depuis les années sida, qualifiée «d’offense à la foi chrétienne» par des groupements catholiques choqués par l’utilisation blasphématoire de la figure christique, interroge sur la montée de cet extrémisme religieux qui n’hésite pas à prier dans la rue… et à détruire des œuvres. Seul point positif de l’affaire ? La municipalité affirme son «soutien sans faille» au musée. «Marie Josée Roig s’est conduite en vraie républicaine» selon Éric Mezil. Le directeur n’a pas cédé aux invectives des groupes religieux et a montré en l’état l’acte de vandalisme
commis sur deux photographies de l’artiste, Piss Christ et Church : «cette affaire est un prétexte pour des groupes catholiques extrémistes, qui font de ces œuvres un symbole de lutte politique. Une histoire terrible qui perpétue les cinq siècles de violence entre la chrétienté et les artistes.» Si le symbole utilisé par l’artiste américain, un crucifix plongé dans l’urine (le titre est beaucoup plus parlant que le résultat), a déchainé les passions, le plus étonnant reste le décalage entre le début de l’expo en décembre et la contestation fin avril. Dès lors, tout s’est emballé très vite. Manifestations, menaces de morts (jusqu’à 10 000 messages «racistes et virulents» par jour relayant la pétition de l’institut Civitas), coups de fil anonymes, puis la fameuse attaque au marteau ont plongé la cité papale dans des affres finalement récurrentes : après la Pisseuse de Picasso, la Fontaine de Duchamp, le Pipi du matin de Gauguin, la Femme urinant de Rembrandt ou les Oxidation Paintings de Warhol, le photographe utilise un
sujet courant... «Serrano se revendique chrétien. Piss Christ est une crucifixion dans la droite lignée de Caravage, il utilise les humeurs du corps mais pas pour provoquer. Ici, il sublime le christ en utilisant un objet iconique en plastique, hyper banal aux États-Unis. Il le plonge dans ce bain d’urine et de sang comme un révélateur photographi-
que.» Le corps humain du Christ continuerait-il de déranger certains chrétiens ? DELPHINE MICHELANGELI
L’exposition Je crois aux Miracles a eu lieu à la collection Lambert du 12 décembre au 8 mai © Delphine Michelangeli
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FESTIVALS
CANNES | LA QUINZAINE
Tout près des
© X-D.R
Cannes ! Chaque année pendant deux semaines la petite ville de la Côte devient Capitale Mondiale et retrouve son parfum d’aristocratie d’antan, version people. Les télés s’y pressent, les magazines en papier glacé, et les politiques s’y exhibent aux côtés des stars, enfin… Cérémonial qui n’infléchit en rien la qualité de films pertinemment choisis, mais pour lesquels Zibeline vous renvoie à des médias plus dispendieux. Car une des particularités de Cannes, qui fut le lieu de combats politiques, est d’avoir su ménager des cycles parallèles à la compétition officielle : Un Certain regard, la Quinzaine des réalisateurs, la Semaine de la critique, la programmation de l’Association pour le cinéma Indépendant et sa diffusion (ACID)… permettent, non loin des ors mais loin des Palmes, de croiser des regards différents. La Région PACA, présente au pied des marches, y trouve également l’occasion de souligner sa politique en matière de soutien au cinéma. Qui se concrétise directement par des subventions aux programmations Cannoises (292 000 € pour le Festival International, 35 000 € pour la Semaine de la critique et sa reprise à Valbonne du 13 au 19 mai, 5000 € pour l’ACID et 62 000 € pour la quinzaine, et sa reprise (9000 € à Marseille), mais aussi par des soutiens aux films : 5 films présentés à Cannes (de Robert Guédiguian au court métrage de Clément Cogitore) ont reçu des aides qui s’étagent de 7000 € (écriture) à 200 000 € pour la production des longs métrages de fiction. Une politique tout à fait pragmatique : si la Région consacre 6,5 M€ pour ses divers dispositifs d’aide
Les Lycéens sur la Croisette Depuis 2001, chaque année, des lycéens vont à Cannes pendant le Festival. Proposé par Cinémas du Sud, ce dispositif, soutenu par la Région, fait
partie de Lycéens et Apprentis au Cinéma dans lequel sont impliqués 143 établissements, soit 19 000 Lycéens et apprentis, et 54 salles de cinéma. Polisse de Maïwenn
Ils voient ainsi trois films chaque année sur lesquels ils travaillent avec leurs enseignants (en dépit de la suppression des stages pédagogiques par le Rectorat d’Aix-Marseille !) et des intervenants professionnels. Cette année, ce sont 20 lycées, dont 1 CFA et 1 lycée agricole, soit 22 classes, 651 élèves qui vont voir des films de la Compétition, d’Un Certain Regard, de Cannes Classics, de la Quinzaine des réalisateurs, de la Semaine de la critique, de l’ACID. Ils peuvent aussi rencontrer des réalisateurs, des professionnels du Marché du film, des organisateurs du Festival. Ainsi les élèves des lycées Colbert de Marseille et Latécoère d’Istres ont-ils plongé dans le quotidien de la Brigade de protection des mineurs dans Polisse de Maïwenn, au Palais des Festivals, en compagnie de Patrick Mennucci ! Ils prendront aussi l’auto-
route qui relie Assomption à Buenos Aires en compagnie du camionneur qui doit conduire une femme avec un bébé dans Les Acacias de Pablo Giorgelli -Semaine de la critique- et partageront les émotions de José dans Rue Cases nègres -sélection Cannes Classics- en présence d’Euzhan Palcy. Des souvenirs en perspective et peutêtre des vocations ! Un apprentissage du regard en tous cas, nécessaire en cette société de l’image. A.G.
Lycéens et apprentis au cinéma en région PACA Cinémas du Sud 04 95 04 96 41 www.cinemasdusud.com
FESTIVALS
marches au cinéma (numérisation des salles, soutien aux films et aux festivals, soutien des 13 bureaux d’études en PACA qui facilitent et organisent les tournages…), elle a pu mesurer ses retombées économiques directes pour le territoire. Une récente étude menée par Atout France montre que l’argent investi dans le cinéma a des retombées immédiates (de l’ordre de 1 pour 8.5) en termes de salaires, d’hôtellerie etc… mais aussi en termes d’image, pour les touristes et les investisseurs. Ainsi PACA est la deuxième région de tournage de France, après Paris… Une activité économique rentable donc, qui ne saurait faire oublier la vocation première des subventions culturelles, qui se doivent d’être de l’ordre du service public de la culture, et non du pragmatisme économique. Ce que Patrick Mennucci n’oublie pas : «Lancer des études sur les retombées économiques me donne des outils concrets pour défendre les investissements culturels. Mais cela ne nous empêchera pas d’aider les courts métrages, qui dégagent moins de retombées, mais sont indispensables à la création…» Car depuis sa naissance même, le cinéma est le rejeton heureux de l’art, et de l’industrie… AGNES FRESCHEL
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Douze à la Quinzaine L’Alhambra Ciné Marseille accueille du 24 au 29 mai douze longs métrages issus de la Quinzaine des Réalisateurs, manifestation née après Mai 68 au Festival de Cannes, pour protester contre l’éviction d’Henri Langlois de la direction de la Cinémathèque Française. Quatre films français, En ville de Valérie Mrejen et Bertrand Schefer ; La nuit elles dansent d’Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault ; Impardonnables, le dernier film d’André Téchiné et Après le Sud de Jean-Jacques Jauffret, le 24 à 20h30 en présence du réalisateur. Trois films d’Amérique latine : en ouverture, le 24 à 19h, El Velador de Natalia Almada, filmé dans le labyrinthe du narco-cimetière de Culiacan au Mexique ; Porfirio d’Alejandro Landes et Le Gouffre argenté de Karim Aïnouz.
Les geants de Bouli Lanners
La Belgique est présente avec les derniers films d’Abel, Gordon et Romy, La fée et de Bouli Lanners, Les Géants. Et trois films venus des Pays Bas, d’Italie et de Bulgarie, Code Blue d’Urszula Antoniak, Corpo Celeste d’Alice Rohrwacher et The Island de Kamen Kalev. Une aubaine pour tous ceux qui ne vont pas à Cannes ! ANNIE GAVA
Alhambra Cinémarseille 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com
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FESTIVALS
THÉÂTRE/DANSE
En MOD majeur rieure de Danse qui se donne en spectacles sur des chorégraphies d’Agnès Noltenius, Frédéric Flamand, Hervé Robbe et Hayo David (le 9 juin à 20h)… Autant de petites et grandes formes inattendues, variés, d’esthétiques et de longueur très diverses qui ponctueront un grand temps de fête. Apéritive, avant la Carte Blanche à suivre lors du Festival de Marseille… A.F.
La Friche dedans/dehors Du 21 mai au 9 juin 04 95 04 96 42 www.marseille-objectifdanse.org
ENSDM © Agnès Mellon
Marseille Objectif Danse se met en quatre pour fêter la mise en chantier de la Friche (voir p 10 et 17). Investissant jusqu’aux toits des bâtiments (par le Groupe Dune, voir ci-dessous), MOD nous invite à croiser, excusez du peu, une performance de Mark Tompkins sur le yéti des parkings (le 21 mai à 11h et 17h), une installation vidéo de Daniel Larrieu (le 25 mai à 18h et jusqu’au 28 mai de 14h30 à 19h30), la dernière création de Martine Pisani (le 25 mai à 19h), une ouverture publique de la pièce que Deborah Hayes et Laurent Pichaud vont créer à Montpellier danse (le 7 juin à 19h), et l’École Nationale Supé-
Crépusculaire Comme un au revoir à La Friche Belle de Mai avant sa réhabilitation, le Groupe Dunes s’installe une dernière fois sur son toit-terrasse
Groupe Dunes © Camille Crespo del Amo
Sur le toit à l’heure creuse… penser un espace où le temps miroiterait est une invitation à déambuler dans un espace totalement ouvert, comme hors du temps, et à découvrir une scénographie qui multiplie les points de vue et décuple les sensations. Avec leurs outils traditionnels -les images vidéo, la création sonore, le végétal- Madeleine Chiche et Bernard Misrahi, avec leur complice Rémi Duthoit, réinventent notre façon de nous approprier l’espace et la ville, le temps de la nuit… Dès 20 h, sur réservation et curiosité, «Les Impromptus» mêleront performance, lecture et conversation sur le toit (26, 27 et 28 mai) ; à la nuit tombée, place à une promenade acoustique et plastique en toute liberté (du 21 au 28 mai). Le 22 mai sera une journée exceptionnelle pour les lève-tôt conviés de 5h30 à 8 heures à goûter au plaisir du lever du soleil sur la Belle de Mai… Un dimanche pas comme les autres avec La Belle Fête de Mai et l’inauguration du chantier qui marqueront un moment fort de la vie du quartier (voir p 17). M.G.-G.
La Friche Du 21 au 28 mai 04 91 50 00 19 www.groupedunes.net
Sacrée décennie ! © Pixel 13
C’est non sans humour que le quartier de la Belle de Mai annonce la 10e édition de sa Belle fête de mai en s’autoproclamant «Capitale européenne de la culture locale». Il faut dire que le quartier compte nombre de lieux actifs, culturels mais pas seulement, à l’image de toutes les associations, commerçants et habitants qui participent aussi. 10 jours de fête pour 10 ans d’existence, et une profusion de propositions de toutes sortes : projections de films, de vidéos, théâtre, musique, danse, balades de quartier en proxi-pousse, expositions… Au cœur de cette fête, La Friche, en chantier jusqu’en 2013, programme une vingtaine de propositions d’artistes et de producteurs avec comme
mot d’ordre Entrez c’est le chantier ! : visites de chantier lors d’un parcours dansé avec Mark Tompkins, dans le chantier de la future crèche avec le collectif Pixel 13, pause musicale avec Radio Grenouille, lectures, ateliers BD et dessins, 1re des escales imaginées par le Théâtre de Cuisine à travers les espaces cachés où se transforme La Friche… DO.M.
Belle Fête de Mai Du 20 au 29 mai 04 91 50 77 61 La Friche la Belle de Mai 04 95 04 95 04 www.lafriche.org
FESTIVALS 15
Un Festival coup de poing
Amour, acide et noix © John Morstad
Ancré depuis 16 ans dans la ville, le Festival de Marseille lance des signaux d’alarme tous azimuts. Sur la nécessité des équipements culturels à mutualiser leurs moyens et à coordonner leurs projets. Sur l’accessibilité et l’élargissement des publics du festival : d’où la création de la Charte culture 2011 qui regroupe médias, structures et communes, et permet la vente de 2000 billets à 1 euro. Enfin, et cela sonne comme un avertissement, sur l’avenir du festival à l’horizon 2013. Les inquiétudes d’Apolline Quintrand ne portent pas sur d’éventuelles baisses de subventions, mais sur la place que Marseille Provence 2013 lui réserve : «Pour financer un festival élargi en 2013, va-t-il falloir basculer des financements de 2012, et proposer l’an prochain une édition au rabais ?» Certes l’édition 2011 bénéficiera d’un budget global de près de 2 millions : sans subvention du Département, mais avec 170 000 € du conseil régional (la subvention, qui a triplé depuis 1998, est amputée de 30 000 € cette année, compensés en partie par la prise en charge d’un poste d’administration (ADAC), un soutien à la création régionale (Théâtre du Centaure, Eva Doumbia, Les Corsino), et surtout une aide de la Ville en hausse de 200 000 €. Malgré le gel annoncé de 5% de l’État et surtout le désengagement très net des partenaires privés (moins 150 000 € !), le budget restera stable, pour peu que les recettes des entrées se maintiennent. Le mécontentement et la fébrilité sont à chercher du côté de l’absence de reconnaissance : «Le festival a déposé en juin 2010 le projet Mémoire et Territoires qui est au cœur de l’action que nous menons depuis 16 ans, et qui aborde les grands enjeux de la Méditerranée, pourtant nous ne sommes pas cités dans les projets innovants.» Les investissements sont en cours et les processus de création lancés, ce qui fait monter l’angoisse d’un cran…
L’identité en question Dans leur majorité, les artistes invités interrogent les notions de respect, d’altruisme et les questions liées à l’identité et l’asservissement. Le spectacle d’Aurélien Desclozeaux (Trick Baby) aborde le problème du métissage de manière joyeuse (11 juin) tandis que les jeunes «successeurs» d’Alvin Ailey, grand défenseur des minorités américaines, font de la danse un acte artistique et politique (16, 17, 18 juin). Un acte de résistance, comme Raven Ruëll dans Mission qui pénètre les contrées intimes d’un prêtre belge en mission au Congo. Un acte de révolte et d’espoir aussi, comme le solo de la guadeloupéenne Chantal Loïal, On t’appelle Vénus, qui pose évoque les corps des femmes que l’on touche et abîme (1, 2 juillet). D’autres réfléchissent sur l’attachement, ce qui se fait et se défait entre les hommes : Southern Bound Comfort du sud-africain Gregory Maqoma et du belgo-marocain Sidi Larbi Cherkaoui (2, 3 juillet) ; sur la façon dont les gens tissent leurs différences : complicité espiègle et chaleureuse des femmes dans Moi et mon cheveu d’Eva Doumbia (7, 8, 9 juillet). D’autres encore mettent en jeu «une certaine dureté de la vie» dans des histoires de corps, nus : Amour, acide et noix de Daniel Léveillé (8, 9 juillet), ou comme un écho, l’installation Mues des Corsino. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Festival de Marseille Du 10 juin au 9 juillet 04 91 99 02 50 www.festivaldemarseille.com
Faut qu’ça émerge ! Tous les artistes ne sont-ils pas en devenir ? Dans l’idéal oui, mais la situation faite à la culture exclut trop souvent les jeunes artistes des lieux de productions, dont les tenanciers s’installent, et vieillissent… L’association Komm n’ act tente de remédier à cela en offrant une plateforme, à michemin entre rencontres professionnelles et rendez-vous publics, aux artistes «émergents» euroméditerranéens. Les Rencontres//03 auront lieu du 19 au 28 mai dans différents lieux marseillais : la Friche, les Grands Bains Douches, la galerie HO, les Variétés et le cipM. Cette édition réunit 31 artistes, originaires du Liban, d’Israël, du Portugal,
d’Italie, de Norvège, d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas et de France : vidéo, arts visuels, performances, théâtre, poésie, son et danse, avec pour point commun le désir d’ouvrir d’autres voies, et de trouver une place ! A.F.
Rencontres parallèles Du 19 au 28 mai Marseille 04 91 91 50 26 www.komm-n-act.com
Submerso © Cyril Meroni
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FESTIVALS
CIRQUE/ARTS DE LA RUE leur mât chinois ou leur trapèze ballant, endossant tour à tour les habits de clowns, d’équilibristes, d’acrobates, de musiciennes ou de chanteuses… Des habits de lumière pour un spectacle en forme de Happy End pour les jeunes artistes de la formation professionnelle de Piste d’Azur. Les 9 et 10 juin, place à la présentation des travaux des élèves scolaires du Val de Siagne qui ont travaillé sur le thème de la métamorphose dans le cadre des projets de classes à PAC ; suivie les 10, 11 et 12 juin par les élèves de l’école de loisirs Hé, changeons ! initiés eux aussi aux arts du cirque. Enfin, la soirée du 14 juin sera entièrement consacrée aux groupes de création de Piste d’Azur.
Sur le fil
M.G.-G.
Demoiselles en piste croisées 7 et 8 juin Théâtre de Grasse à La Roquette/Siagne 04 93 40 53 15 www.theatredegrasse.com
Demoiselles en piste croisees © X-D.R
D’abord consacré essentiellement aux jeunes jongleurs, le festival La Piste au soleil a évolué pour devenir les Rencontres méditerranéennes des arts du cirque. L’occasion pour le centre régional des arts du cirque Piste d’Azur, basé à La Roquette-sur-Siagne, de faire valoir le travail accompli dans les écoles de la Fédération Régionale des Écoles de cirque. En ouverture du festival, les Rencontres se dérouleront les 4 et 5 juin combinant ateliers et spectacles en soirée. Puis les 7 et 8 juin, sous le chapiteau toujours, le Théâtre de Grasse clôturera sa saison avec la création originale de fin d’étude de la promotion 2009-2011 de Piste d’Azur, Demoiselles en piste croisées, qui entremêle les parcours ordinaires et les confessions intimes de huit demoiselles. De la plus burlesque à la plus féroce, de l’affligeante à l’émouvante, toutes cherchent le bonheur, s’interrogent sur leurs désirs et le sens à donner à leur vie. Des bribes de vies et des bonheurs frivoles que les élèves évoqueront sur leur fil d’équilibre,
La Piste au soleil Du 4 au 14 juin www.pistedazur.org
Karwan aux quatre coins Trois spectacles tous publics sont offerts, comme impromptus, aux habitants et aux touristes : Le bonheur est dans le chant, de la compagnie musicale des Grooms (voir p 38), le Grand C, grand spectacle acrobatique et humain de la compagnie XY (voir p 63) et LLenties i Marabú un spectacle déjanté jonglage et de cirque forain, histoire d’un couple à la gouaille farfelue, proposé par Escarlata circus et Sergi Lopez ! Dans le Var la saison RIR croise le festival Reg’Arts (voir p 38) mais de nombreuses dates sont prévues dans les autres départements, en particulier au Kiosque Léon Blum (Marseille 1er), dans le grand Théâtre Silvain sous les arbres (Marseille 7e), sur le Cours d’Estienne D’Orves (Marseille 1er) à Martigues, Pernes les Fontaines (84), Salon (13), Antibes (06), Valbonne (06), Carros (06)…Tous les spectacles sont gratuits : si le RIR s’oriente cette année nettement vers les arts du cirque, il n’oublie pas l’esprit de rue ! Il faut dire que les tournées du RIR, organisées par Karwan avec le soutien logistique de la Régie
Llenties i Marabu © Carles Castro
Le RIR (Réseau Interrégional en Rue) présente une saison d’été qui envahit le territoire de PACA
Culturelle PACA, et le soutien financier de la région (110 000 €) permet aux 41 opérateurs du réseau, scènes et villes, de bénéficier non seulement d’une prise en charge logistique et technique totale mais aussi d’une part du coût d’achat des spectacles : 25 à 50% selon a taille des opérateurs. Sans compter le triporteur APE, qui vrombit dans la ville et distribue tracts et informations… du 20 mai au 25 juin, guettez son arrivée, il précèdera de peu des pyramides humaines, ou des surgissements inopinés de musiques et d’objets en équilibre… A.F.
LLenties i Marabú Du 20 au 29 mai Le bonheur est dans le chant Du 31 mai au 7 juin Le grand C Du 18 au 25 juin 04 96 15 76 30 www.karwan.info
FESTIVALS 17
Jardins en fête Quand Andréa Ferréol crée en 2007 les Flâneries d’art contemporain dans les jardins aixois, il est question de conjuguer la promenade avec l’art de la peinture ou de la sculpture. Très vite, sa curiosité aidant, sont apparus des photographes, des céramistes, des créateurs de bijoux et même de parfums. Puis le nombre de jardins privés et publics s’est étoffé, des musiciens ont été conviés à la fête ainsi que ses amis comédiens. Aujourd’hui, non seulement André Ferréol «reçoit» 23 artistes de renommée internationale, mais elle ne boude pas son plaisir d’entendre Didier Sandre lire des textes d’Aragon et d’Antonin Artaud ni de partager avec la comédienne Frédérique Tirmont le plaisir de lire ceux de Joëlle Gardes. Elle ne résiste pas non plus à la tentation d’inviter la chanteuse lyrique Anna Stephany, à l’affiche du Festival d’art lyrique d’Aix 2011, la chanteuse de jazz Cécile Salvant accompagnée à la contrebasse par Vincent Lajus, ou encore le Ballet National de Marseille et la compagnie Murray Brosch Productions. En arts visuels et arts déco, la programmation résulte là encore de ses coups de cœur et de ses rencontres. Notamment avec le sculpteur Vincent Beaurin -qui a marqué les esprits l’été dernier à l’Atelier Cézanne-, le céramiste Jean-Paul Van
Les presences de Joel Bast © Sylvie Veyrunes
Lith, les peintres Belkacem Boudjellouli ou Antonio Segui… Et Joël Bast, auteur d’une cohorte de personnages en papier grillage, Les Présences, qui baliseront le parcours. M.G.-G.
Comme si…
À ciel ouvert
© X-D.R
… De Presque Rien, la compagnie varoise L’Imparfait trace son sillon dans la nature, entre Le Thoronet et Cabasse, à la faveur d’une promenade bucolique, patrimoniale (découverte de l’abbaye du Thoronet, d’un site préhistorique et d’anciens sites miniers), festive (les familles sont les bienvenues) et artistique. Plus d’une dizaine d’interventions ponctueront l’itinéraire de 9 kms agrémenté d’un apéritif dînatoire le samedi et d’un pique-nique à mi-parcours le dimanche. Le festival rassemble autour du danseur Julyen Hamilton (artiste associé de cette 3e édition), Jean-Jacques Sanchez pour la vidéo Une part d’ange réalisée dans l’abbaye du Thoronet, les danseurs Frank Micheletti et Emmanuelle Pépin, le groupe EMIR composé notamment de Barre Philips, et tant d’autres encore : Philippe Haudricourt (conte), Mélanie Abraham (échasses), Paola Corti (théâtre), Phil Spectrum (musicien), Marie Démon (chant) et Aurélie Lombard (accordéon)… M.G.-G.
De Presque Rien Les 21 et 22 mai Le Thoronet, Cabasse www.limparfait.org
Flâneries d’art contemporain dans les jardins aixois Aix Les 18 et 19 juin www.aix-en-œuvres.com
Pour sa 18e édition, la Fête du Panier joue de clins d’œil le temps d’un week-end. Clin d’œil à la diversité des cultures, toujours, par le biais d’une sardinade ou du défilé de la Saint-Jean, en faisant le détour par des airs familiers repris, détournés mais toujours fidèles aux grands noms de la chanson que sont Serge Gainsbourg, Joe Dassin ou Jacques Brel… Avec Jean-Louis Cassarino et le groupe Mamienco qui reprend Joe Dassin version musique klezmer, Brad Scott qui propose The Serge Gainsbourg experience, Jean Corti, fidèle accordéoniste et compositeur de Jacques Brel, et son fameux bal guinguette, Toko Blaze et son «urban Tzigan»… Sur les places de Lenche, de Lorette, des Moulins, du Refuge, des 13 coins, des Pistoles, dans les rues, tout s’anime et s’enchaîne dès le matin, dans la bonne humeur et le mélange (heureux) des genres. La Fête du Panier Les 10 et 11 juin Le Panier www.fetedupanier.comdassin Jean Corti © RF-Laine 2007
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FESTIVALS
MUSIQUE
Chorales et littoral
Du côté du 7e arrondissement de Marseille, le festival Ok Chorales investit les côtes à travers trois manifestations de qualité les 17, 27 et 28 mai. Une sélection d’ensembles vocaux de qualité (Acanthe, le Chœur de la Magalone…) animera notamment le quartier d’Endoume (28 mai à 15h) d’un vallon à l’autre en passant par Malmousque avant d’investir le magnifique théâtre Silvain (18h30). Mais avant cet impresLes Vallones a OKC 2010 © Gilles Bierry sionnant rendez-vous chantant sur la corniche, ce sont les enfants qui seront à l’honneur. Tout d’abord sur l’archipel du Frioul au centre Léo Lagrange où 180 jeunes chanteurs entonneront Les voix de la mer au Frioul (17 mai à 14h). Dix jours plus tard, ce sont Les voix de la mer au théâtre Silvain qu’entonneront pas moins de 1500 élèves choristes et leurs 46 professeurs des écoles (27 mai à 11h), avant de passer la main au chœur du conservatoire de La Ciotat et la chorale d’enfants d’Auriol qui se mêleront à 500 nouveaux jeunes écoliers choristes de 22 classes de Marseille pour le programme Les enfants artistes en scène (18h30).
Dix de der
Pour sa 10e et dernière édition, le Festival des Agglos dévoile un programme fidèle à son image et à ses valeurs : généreux, populaire et festif ! La commune de Port-de-Bouc s’ouvre encore et toujours sur le monde les 10 et 11 juin prochains avec pointures en guise de nuits blanches annoncées. Akhenaton & Faf Larage en piliers du hip hop français, l’âme reggae-ragga Toko Blaze mais également l’électro-hip-hop des Flox enchanteront la nuit fiévreuse Port-de-boucaine (le 11). La veille, une mise en jambe tonique des locaux
Naïas, de Gari Greu de Massilia sound system et du dub-ragga-hip-hop à la sauce occitane de Mauresca Fracas Dub sera servie sur un plateau (10 juin). Une édition à ne rater sous aucun prétexte, la dernière, faute de financements publics, malgré le succès populaire... F.I.
Le Festival des Agglos, Port-de-Bouc 04 42 06 27 28 www.festivaldesagglos.com
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Ok Chorales 06 20 17 21 28 http://lesvallones.com/festival.html
Ça va jouter ! Akhenaton et Faf Larage © X-D.R.
Sur un plateau
Eric Montbel © X-D.R.
Situé en Provence verte dans le département du Var, le village de Correns accueille la 14e édition du festival des Joutes Musicales de Printemps du 10 au 12 juin. Seront mises à l’honneur les relations séculaires ou actuelles des musiques de la méditerranée, de l’Occitanie au Moyen-Orient en passant par l’Espagne, l’Italie et le Maghreb. Concerts, palabres, jeune public, bals et créations jalonneront ces joutes musicales trois jours durant. Paratge
de Manu Théron et Raphaël Imbert, Eric Montbel, Evelyne Girardon, le Bus Rouge, Françoise Atlan, Hassan Tabar… de quoi prolonger, le temps d’un long week-end, le travail d’un centre national qui interroge les vertus créatives de la tradition. Paradoxal ? F.I.
Les Joutes musicales de printemps, Correns 04 94 59 56 49 www.le-chantier.com
La plus que dynamique association le Phare à Lucioles organise la 4e édition du festival Sons dessus de Sault au cœur du village éponyme du Vaucluse les 28 et 29 mai. Loin du géocentrisme parisien, ou marseillais, la culture en milieu rural existe et résiste, et elle possède même de réels atouts ! Une quarantaine d’artistes professionnels et une centaine de musiciens amateurs vont dynamiser durant deux jours le bourg vauclusien. Que ce soit l’harmonie plus que spéciale de l’Espérance de Saint Coin ou les hurluberlus de La Compagnie Sans Paradis Fixe en passant par Le crieur public, l’opérette revisitée du collectif Mamaille et la Grande
Déjambulation, l’éclectisme et les surprises seront au rendez-vous pour un week-end de folie à ne pas rater. F.I.
Sons dessus de Sault 04 90 64 12 26 www.pharealucioles.org Collectif Mamaille, Mets moi au trou petit gendarme © Franck Gruselle
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FESTIVALS
MUSIQUE
Round around Liszt Pour sa 5e édition, le festival Autour des claviers retrouve le village du Tholonet au pied de la Sainte-Victoire… C’est un fameux duo, formé du pianiste François-René Duchâble (parrain de la manifestation) et son compère le comédien Alain Carré, qui ouvre les festivités par des réjouissances pianistico-littéraires. Après Berlioz et Chopin, année Liszt oblige, c’est aux opus du Hongrois virtuose, aventurier et mystique, que le pianiste prête ses doigts, au fil épistolaire d’une vie romanesque. Lettres et musique se joue dans l’église St-Joseph, lieu de travail et de recueillement du peintre François Aubrun (dont on pourra découvrir la collection privée), dans les collines avoisinantes près du bastidon Cézanne (le 5 juin – Eglise St-Joseph). Le jeune et talentueux pianiste Julien Brocal donne ensuite un programme d’opus de compositeurs, qui, comme Liszt, sont de la génération
«1810». Un tempérament à découvrir pour une Soirée romantique consacrée à Chopin et Schumann (le 12 juin – Eglise du Tholonet) ! On retrouve également la cheville ouvrière aixoise du festival dans Original deux pianos. Le duo de pianistes Clara Kastler et Hubert Woringer commente et interprète la grande Sonate en si mineur de Liszt transcrite pour deux pianos par SaintSaëns ou le Concerto Pathétique œuvre originale de Liszt pour deux pianos (le 19 juin - Salle Pezet). JACQUES FRESCHEL
Julien Brocal © Patrice Moracchini
Autour des claviers Du 5 au 19 juin Le Tholonet 04 42 96 96 96 www.autourdesclaviers.com
Un week-end de Rock Progressif
Guillermo Cides © X-D.R.
Amateurs de Rock Progressif, ne manquez pas le rendez-vous devenu incontournable d’un style musical à part entière. Le Festival International de Rock Progressif est unique dans le Sud de la France et dans le circuit mondial. Chaque année, pendant le week-end de l’ascension, un public varié et enthousiaste se presse à cet événement fédérateur à la salle de concerts des Pennes-Mirabeau, le Jas’Rod, Depuis 12 ans, le Festival Prog’Sud propose quatre soirées éclectiques rassemblant diverses tendances du Rock progressif et de nombreuses découvertes. Pour cette 12e édition, 12 formations talentueuses de 7 nationalités différentes, artistes de légende et talents à découvrir, seront au
Lubérons le son !
C’est sous la bannière d’Arc en Sol que la 7e édition des Sons du Lub’ se déroulera à Beaumont de Pertuis le 22 mai de 10h à minuit ! Professionnels et particuliers attendent la traditionnelle et courue bourse aux instruments mais également une vingtaine de concerts et spectacles de rue, des ateliers musicaux, des jeux pour enfants et des expositions qui animeront les places et ruelles de ce charmant village médiéval situé dans le Parc Naturel du Luberon. La révélation du dernier Babel
Med Music Kabbalah, mais aussi Mekanik Kantatik, Pense Bête, Les Gens d’en Face, Deluxe ou encore Fritz Kartofel seront sur scène ! Notons que toutes ces prestations sont gratuites, ce qui n’est pas du luxe en ces temps de crise. F.I.
06 17 18 79 63 www.arcensolasso.fr
programme. La France avec Tokamak, Eclat, Lazuli, The Black Noodle Project, Pat O’May et Minimum Vital. L’Argentine avec Guillermo Cides Project, la Belgique avec Quantum Fantay, la Hongrie avec Special Providence, Cuba avec Anima Mundi et les Pays-Bas avec Knight Area. Ambiance festive et rock assurée. De quoi nous réveiller les esgourdes ! DE.M.
12e édition de Prog’Sud Du 1er au 4 juin Le Jas’Rod, Les Pennes-Mirabeau 04 91 63 16 43 www.progsudfestival.fr
kabbalah © Emmanuel Schmitt
FESTIVALS
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La belle quarantaine Lors de la conférence de presse de présentation, en mars, le ministre Thierry Mariani, président des Chorégies, soulignait la renommée internationale des Chorégies, festival lyrique majeur depuis 40 ans, et saluait la pérennité de l’équipe artistique.
Indra Thomas © X-D.R
Raymond Duffaut, directeur général, fête ses 30 ans de direction, redit ses bonheurs, (public fidèle, présence régulière de France Télévision, retransmission en prime time, 1 800 000 téléspectateurs pour la Traviata en 2008, partenariat avec l’Éducation Nationale), et ses angoisses : avec un autofinancement à 85%, le répertoire doit être populaire, les distributions superbes, car il faut reconquérir chaque année un public exigeant… Pour cette édition 2011 les seconds rôles, si importants, sont donnés à de jeunes chanteurs français : Aïda, 9 et 12 juillet avec Indra Thomas dans le rôletitre, Carlo Ventre (Radamès), Ekaterina Gubanova (Amneris), voix à la couleur exceptionnelle et la très belle basse Giacomo Prestia. L’orchestre National du Capitole de Toulouse sera dirigé par le talentueux Tugan Sokhiev (co-production avec le Festival de Massada, Israël). Charles Roubaud appuiera ce conflit Egypte-Ethiopie dans une mise en scène dynamique et puissante, et la chorégraphie de Jean-Charles Gil. Rigoletto, 30 juillet et 2 août, avec un trio vocal majeur, Patricia Ciofi (Gilda), Vittorio Grigolo (Le Duc), et le très attendu Léo Nucci (Rigoletto), chanteur apprécié pour son investissement énorme. Paul-Emile Fourny dévoile la maquette d’un carrosse évoquant le pouvoir écrasant du duc, carrosse qui se disloquera pour laisser la place à un lieu plus étroit, prison symbolique de Rigoletto et Gilda. Le
Un été à la Tour La première partie du Festival estival de musique de Toulon et sa Région se déroule traditionnellement à la Tour royale, berceau à l’acoustique Khatia Buniatishvili © Julia Wesely
généreuse d’une manifestation aujourd’hui soixantenaire. Elle accueille les trois premières soirées (voir p 50) dont un récital princier du violoniste Renaud Capuçon et de la pianiste Khatia Buniatishvili. Ils jouent une Sonate majeure (en la du reste) du répertoire de musique de chambre signée César Franck. Certains voient dans cette œuvre (peut-être à tort!) la fameuse «Sonate de Vinteuil» dont il est question dans La Recherche du temps perdu… (le 23 juin). Changement d’air, le Théâtre de verdure du Faron swingue avec l’indémodable West Side Story dont la musique de Leonard Bernstein est transcrite pour les Percussions Claviers de Lyon (le 25 juin) ! J.F.
61e Festival Estival de musique de Toulon et sa Région Du 15 juin au 25 juin Toulon 04 94 18 53 07 http://www.festivalmusiquetoulon.com Comme à l’accoutumée, en juillet, les voix prennent de la hauteur à la Collégiale de Six-Four … à suivre du 5 au 11 juillet
dynamique chef Roberto Rizzi-Brignoli dirigera l’Orchestre National de France. Deux beaux récitals concluront ces 40e Chorégies : le 11 juillet le concerto n°3 de Rachmaninov avec le brillant pianiste Denis Matsuev, directeur artistique de la Fondation Rachmaninov, et la 5e symphonie de Tchaïkovski, direction T. Sokhiev. Enfin, le 16 juillet, la 9e symphonie de Beethoven, précédée de la Symphonie n°8 du même Beethoven avec des solistes prestigieux : Ricarda Merbeth, soprano, Nathalie Stutzmann, alto, Endrick Wottrich, ténor, Albert Domen, basse. Pour ces deux concerts, l’orchestre National du Capitole, avec le Chœur de l’Orfeon Donostiaria de San Sebastian pour la 9e. YVES BERGÉ
Les Chorégies Du 9 juillet au 2 août Orange 04 90 11 04 04 www.choregies.asso.fr
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FESTIVALS
LIVRES
Vers les lecteurs L’an dernier, Frédéric Mitterrand a lancé À vous de lire, une nouvelle manifestation littéraire nationale Elle est destinée à faire connaître le plaisir de la lecture par la diffusion publique de textes, correspondances, de jeux aussi et d’expositions dans le but de redynamiser et démocratiser «les plus belles pages de la littérature». Des actions proposées à tous, diffusées à travers la France grâce au train Littératour, qui présentent la littérature comme une accessible fête. Si l’on peut ça et là regretter le peu d’ambition littéraire (Gonzague Saint Bris qui, dans son café littéraire itinérant, invite Werber, Chattam ou Van Cauwelaert…), la région PACA se distingue par la qualité et la diversité de ses propositions.
rendez-vous à 10h à l’Alcazar pour faire la fête jusqu’au bal littéraire du soir, avec des lectures de textes de Zweig, Brauquier et Pamuk. Démbulation jusqu’au bas des marches où les canons à mots de Générik Vapeur et la Fanfare Vagabontu vous accueilleront, puis une conférence historique sur Marseille la Turque, et lecture dans les voitures, sur les quais, sur le parvis, avec Agnès Regolo, Anne Alvaro… et les élèves du Conservatoire. Ceux-ci auront été dignement préparés par Michaël Lonsdale, venu le 26 mai faire une master class (17h) et lire, au Conservatoire à 20h, des extraits de la correspondance de Stefan Zweig à Romain Rolland. Des tablettes d'argile aux tablettes numeriques © Skertzo
Marseille l’Orientale Le train national fait escale à la Gare Saint Charles (Marseille) le 28 mai, proposant une exposition Des tablettes d’argile aux tablettes numériques qui retrace l’histoire physique des supports d’écriture et présente des pièces d’exception. En plus de ces 3 voitures d’exposition, deux voitures de l’Orient express et une voiture conférence seront envahies par des animations littéraires autour de Marseille l’orientale, organisées par les Écritures croisées :
Et ailleurs À vous de lire se déploie également, le 28 mai, dans le Sud Luberon avec les Nouvelles Hybrides. À La Bastidonne, La Tour d’Aigues et Mirabeau Nathalie Quintane et Marie-Noelle Viviani liront des correspondances de «résistance poétique ou politique» (de 12h à 22h), tandis qu’à la mairie de la Tour d’Aigues Denis Lavant incarnera Boulgakov écrivant à Staline, des lettres où éclate la position forcément schizophrène d’un écrivain dans une dictature… Quant aux Correspondances de Manosque c’est à la Criée, à Marseille, qu’elles proposent le 28 à 20h un concert de Dick Annegarn autour de 15 «lettres chantées», de Rimbaud au père Ubu en passant par Gilgamesh. Des ateliers et des rallyes d’écriture seront également proposés aux enfants, ainsi que les Oralies de la Baleine qui dit «Vagues» (Marseille), festival de contes voyageurs qui en est quant à lui à sa 5e édition (du 26 au 29 mai). A.F.
La Baleine qui dit «Vagues». 04 91 48 95 60 Les Nouvelles Hybrides. 04 90 08 05 52 Les Correspondances de Manosque. 04 92 75 67 83 Les Écritures Croisées. 04 42 26 16 85 www.avousdelire.fr www.centrenationaldulivre.fr
Pour s’approprier la culture À Salon, lors d’une cérémonie de clôture au Portail Coucou, a pris fin la manifestation phare d’Agglopole Provence, Lire Ensemble en Méditerranée. Une 6e édition placée sous le signe de la couleur bleue Et de fait le ciel est bleu au-dessus des têtes des organisateurs et de Georges Virlogeux, vice-président d’Agglopole Provence délégué à la culture et maire de Lançon, à l’initiative de cette manifestation et ardent défenseur de l’écriture et de la lecture. Il voit là une «composition de l’identité intercommunale» (les 17 communes sont partie prenante de la manifestation) et «un enjeu d’importance.» Avec un budget global de 40 000€, hors budget communication (Agglopole Provence alloue 1500€ de subventions à chacune des 17 communes pour les diverses animations et un budget spécifique pour les résidences d’auteurs), Lire Ensemble mise beaucoup sur le côté humain et chaleureux de la manifestation. Sur ce vaste territoire les bibliothécaires ont plus que leur mot à dire, ils sont partenaires et co-organisateurs ; premiers concernés par les habitudes
service culture d’Agglopole. Dès le mois de février ils s’installent dans les communes, parcourent le territoire et animent des ateliers (gratuits) qui «drainent de plus en plus de monde» et aboutissent à l’écriture de textes. Cette année, les auteurs Mireille Disdero, Jean-Luc Luciani, Marcus Malte et l’illustrateur Nico ont distillé leurs précieux conseils, mais aussi leur «humanité» à des apprentis auteurs ravis ! Car Lire Ensemble c’est aussi deux concours de nouvelles ouverts aux jeunes et aux adultes, dont le jury (bibliothéRemise du Grand Prix Agglopole a Francois Aubert © Do.M. caires, lecteurs, libraires…) décerne les Prix lors de la soirée de clôture (cette année François Aubert, chez les adultes, a remporté le Grand Prix pour sa nouvelle Le Vieux). Une façon supplémentaire de réaffirmer ce parti-pris politique, qui met la culture au cœur du territoire et entre les mains de chacun.
de lecture de leurs usagers, ils font donc partie du comité de pilotage qui se réunit tous les mois pour travailler sur le contenu de la manifestation, sélectionner les compagnies et les auteurs qui viendront animer les fameux ateliers de lecture qui ont la part belle depuis 3 ans. Car Lire Ensemble a bien évolué au fil des ans, abandonnant les conférences ou débats au profit des résidences d’auteurs «plus en accord avec la problématique du territoire» explique Stéphanie Hamel-Demuyter, responsable du
DOMINIQUE MARÇON
Lire Ensemble s’est déroulé sur le territoire d’Agglopole Provence du 1er au 16 avril Les nouvelles primées sont à lire sur www.agglopole-provence.fr
Les voix croisées du monde Le jeune Festival du Livre de la Canebière compte bien faire entendre ces voix lors de sa 3e édition qui se tiendra les 10, 11 et 12 juin sur le Square Léon Blum et dans les environs. L’équipe de Couleurs Cactus a opté cette année pour une programmation riche, ambitieuse, autour des thèmes de la mer, du rivage, des migrations et de l’exil. Par temps de repli sécuritaire, de remontées amères de peur et de xénophobie, il n’est sans doute pas inutile de réaffirmer les vertus du voyage, fût-il livresque, les saveurs du métissage et l’importance cruciale des échanges. C’est à ces croisements féconds que s’amarre ce festival aux échappées nomades. Éclats de voix, de musiques, d’images ; mots lus, écrits, chantés, parlés, déclamés. Mots d’ici, mots d’ailleurs, qui nous embarqueront dans une pérégrination tous azimuts, avec l’amour des livres et de la découverte pour boussole. Tous azimuts sur la planète d’abord, puisque l’on naviguera de Catalogne en Tunisie, d’Italie aux
Comores, de Nouvelle-Guinée en Patagonie, de Guadeloupe en Haïti, et pas seulement… Tous azimuts dans les genres ensuite : le festival fera la part belle aux romans et aux contes, mais également à la poésie ainsi qu’aux essais historiques, sociologiques… Tous azimuts enfin quant aux modes d’expression choisis : parcours photographique, spectacles de musique, de contes, de théâtre, il y en aura pour tous les goûts, et même pour les papilles ! Ces 3 jours de fête seront donc un hymne à la diversité. Des cultures, et de leurs approches littéraires et artistiques. Le public sera d’ailleurs convié à participer activement aux ateliers, proposés aux petits comme aux grands. Calligraphie, illustration, écriture, promenades littéraires ou débats, pas question de rester spectateur ! Le Festival du Livre de la Canebière se vit, se sent, se bouge ! Afin que les voix du monde résonnent pour tout le monde…
FRED ROBERT Le festival du livre de la Canebiere 2010 © Julien Paris-Cap sur 2013
3e Festival du Livre de la Canebière Du 10 au 12 juin Deux concours de nouvelles et d’illustrations sont lancés dans le cadre du Festival : date limite des envois le 22 mai http://couleurscactus.blog4ever.com
CONCOURS Couleurs Cactus – 06 98 72 29 07 Dans le cadre du 3e Festival du livre de la Canebière qui aura lieu du 10 au 12 juin, l’association organise 2 concours : Concours de nouvelle sur le thème Vers d’autres rivages ouvert à tous les auteurs n’ayant jamais publié. Publication dans Zibeline de la nouvelle lauréate (sous réserve d’approbation par la rédaction) Prix régional de l’illustration sur la base de la nouvelle Yanvalou de l’auteur haïtien Lyonel Trouillot (voir p 70). Prix de 300€ et 400€. Publication dans Zibeline des illustrations lauréates (sous réserve d’approbation par la rédaction) Date limite de réception, par courrier et mail le 22 mai
Chili si proche… Les Libraires du Sud lancent la première édition d’une manifestation littéraire à Draguignan, qui invitera chaque année à la découverte d’un pays et de sa littérature contemporaine. Des Escapades qui commencent par un coup de maître, avec la venue de Luis Sepulveda, passionnante star de la littérature chilienne, et merveilleux raconteur d’histoire. Autour de lui Pablo Berchenko, Hernán Rivera Letelier, Luis Mizón, Anne Proenza et Teo Saavedra, Bernardo Toro, Alejandro Zambra, plus Claude Bleton, traducteur qui a dirigé le CNITL et Anne-Marie Métailié, éditrice de nombreux auteurs Chiliens, parleront d’une littérature très ancrée dans l’histoire, populaire, encore marquée par la dicta-
ture de Pinochet et les figures révoltées de l’exil. Trois jours de rencontres littéraires, de tables rondes et de lectures, agrémentées d’un concert gratuit (La Cumbia Chicharra), de projections (Le Facteur de Neruda de Michael Radford, Nowhere de Luis Sepúlveda), et d’ateliers pour enfants avec l’illustratrice Clémentine Sourdais. A.F.
Escapades littéraires Du 19 au 22 mai Chapelle de l’Observance, Draguignan 04 96 12 43 40 www.librairie-paca.com
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THÉÂTRE
LENCHE | MINOTERIE
Passion et solitude personnelle. Parfois, seules ses mains parlent, se tordent, alors que le corps reste immobile et le regard lointain. Ivan Romeuf a assuré l’écriture à partir de souvenirs et d’éclats de textes, et sa mise en scène ne craint pas d’aller jusqu’au bout, au suicide. Dernier moment où la comédienne revêt le costume et la perruque de Phèdre avant d’entrer en scène, dernière évocation du destin tragique de la chanteuse, de son mal-être et sa souffrance. Des moments d’émotion si l’on accepte d’entrer dans ce jeu étrange. CHRIS BOURGUE
Une si longue nuit, création de la Cie L’Égrégore, s’est donné du 12 au 30 avril au Théâtre de Lenche
© Catherine Rocchi
Dans sa loge une comédienne se prépare à jouer Phèdre, répétant quelques tirades. Mais les mots s’emmêlent et surgissent des chansons de Dalida. Et voilà que les vers de Racine s’y substituent et que les images se superposent. Peu à peu les deux destins se mélangent au point qu’une communauté de destin apparaît. L’histoire de deux reines, délaissées, consumées de passion et de désirs, celle de Trézène, épouse de Thésée, et celle du Music-hall, idole des années 60 et 70. Tout au long du spectacle les similitudes tragiques de ces deux amantes abandonnées nous surprend. Vivant dans la peur et la nuit, toutes deux cherchent et redoutent la lumière. Anne Lévy, toute en retenue, ne cherche jamais à imiter la chanteuse et donne une interprétation à la fois fidèle et
Confessions d’amours Ils ont débuté sur la scène du Lenche, et sont amis depuis trente ans. Elle écrit et il chante. Écrit aussi, ses chan-
sons. Ensemble Claudine Galéa et Lionel Dameï ont commis un joli spectacle, intime, personnel, qui parle © Agnès Mellon
de leurs amours, qui ne sont pas communes. Lui chante sa passion pour ce jeune homme frisé qui vient de l’autre côté de la mer, et y retournera, le laissant contempler l’horizon maritime comme une étendue douloureuse. Elle, plus visiblement distancée, fait dire à une comédienne blonde une confession ancienne, celle d’une grand-mère à sa petite-fille : Mani fut comme sa Philippine une jeune fille de 16 ans amoureuse d’une femme, une prof qui l’accueillit dans ses bras, plus la rendit à sa jeunesse. Suivi de près par un violoncelle électrique qui diffuse quelques effets sonores, Lionel Damei impose en contrepoint sa voix naturellement chaude qu’il pousse dans l’aigu comme Barbara. Les deux histoires, chanson et récits, se mêlent, se coupent, l’un joue dans la scène de l’autre,
et puis ils s’assoient ensemble au bord de scène comme au bord de l’eau. Parlent un peu, hors de ces histoires, de leur amitié réelle, de leur passé dans la ville. Entremêlant encore visiblement la fiction et le vrai, le roman (Un amour prodigue, ed. Thierry Magnier) et les éclats d’histoire en chansons. Dans une réalité unifiée de théâtre. A.F.
À noter Ce qui allait arriver tout de suite, c’est que j’allais l’embrasser Jusqu’au 21 mai Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
Est-ce lui ou sa démesure ? Me, myself and I © Guillaume Amen - Ateliers Sparrow
Quel projet étrange que celui d’Olivier Maltinti ! Campant JR, celui de Dallas, dans l’intention affichée d’«exorciser les battages médiatiques des politiciens et transformer les capitalistes en futurs doux agneaux», il en endosse pourtant l’identité, présentant le spectacle à la fois comme la descente aux enfers d’un «pur capitaliste» et comme une sorte d’autoportrait dont il serait l’unique personnage, l’unique acteur parlant (les autres passent, servent et se taisent), l’auteur, le metteur en scène et le compositeur : JR, me myself and I affiche de surcroît des intentions un brin prétentieuses («Mon théâtre n’a pas peur de la radicalité et d’un engagement politique citoyen»…). Autant de maladresses intentionnelles qui ne seraient rien si le spectacle était à la hauteur des prétentions. Mais celui-ci consiste en une succession de monologues paranoïaques et complaisants dont on ne sait ce qu’ils dénoncent, décrivent ou défendent à travers ce personnage macho, dominateur, raciste, impérieux et faible comme un enfant. Mais reflet de de l’auteur
visiblement tout autant que souvenir et reconstruction du fictionnel roi du pétrole ! Quel est donc le sens du spectacle ? De plus, si les passages chantés ne manquent pas d’intérêt (mais ce rock se révoltet-il vraiment ?), si le décor fait d’objets récupérés structure intelligemment l’espace (mais ressemble peu à un intérieur Texan), et si l’écriture ne manque pas de souffle par endroits (mais de savoir faire dramatique !), Olivier Maltinti est loin d’être un comédien hors pair. Le rocker tremble, trébuche dans l’espace et sur les mots, décroche souvent de son rôle… Lorsqu’il reprend sa guitare (Olivier Maltinti a pour nom de scène musical Olivier Night), droit sur ses jambes, il trouve une assurance dont il semblait manquer à chaque pas. Ce qui, pour incarner JR, n’est pas l’idéal. AGNÈS FRESCHEL
JR, me, myself and I a été créé à la Minoterie du 5 au 7 mai
MINOTERIE | FNCTA | CRIÉE
Buvez les mots, claquez la langue C’est en ces termes que le public était convié le 21 avril dans la salle du bar de La Minoterie, «à l’heure où le gosier a soif de vin et de mots», pour un apérolecture proposé par les élèves comédiens d’Actor’s
Sud, sous la direction du poète performeur Pierre Guéry et dans une mise en scène de Stéphanie Lemonnier. Ce n’était pas une mince affaire que de concocter cette lecture-action de Zig-Bang du poète, et compositeur, Georges Aperghis. Un stage plutôt court, une seule journée dans les lieux, un texte ambitieux qui décale la langue et remodèle les mots dans une sorte de langage babélien, pas facile ! La jeune troupe a pourtant tenu le pari avec brio. Après avoir installé les gens à des tables, leur avoir servi amuse-gueules et boissons, les jeunes gens -en tenues blanches et noires de ser-
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veurs et les pieds nus- ont donné la pleine mesure de leur talent et de leur énergie en leur offrant de larges extraits de ce petit bijou de poésie sonore que constitue Zig-Bang. Intelligemment mis en espace, habité par de jeunes acteurs prometteurs, le texte a claqué de toute sa charge musicale et parodique. Une réjouissante lecture. FRED ROBERT
Le texte de Georges Aperghis est disponible chez POL, 16 euros
Actuels À venir :
J'esperons que je m'en sortira - Troupe du Songe © X-D.R
Le Festival de Théâtre amateur des Bouches-du-Rhône continue. Le dernier spectacle de la compagnie Tiramis de Gardanne est une création collective pleine d’allant et de fantaisie, sur des thèmes courants de la Commedia dell’Arte: avarice du père, filles à marier, Arlequin pas toujours malin. L’action se passe à Venise, au bord du Canal, sur une petite place où tout le monde se retrouve. On retient l’originalité des dialogues qui mélangent une actualité et des préoccupations contemporaines à la tradition, ainsi qu’une certaine trivialité bien dans l’esprit de ce divertissement populaire. L’ensemble est bien monté, bien joué. Dans un autre style mais tout aussi remarquable la Troupe du songe d’Aubagne a joué des textes recueillis par un instituteur de la banlieue de Naples en 1987. Là aussi l’actualité des propos du vécu de ces enfants est surprenante : pauvreté, drogue, mafia. Beau travail de mise en scène de Cécile Russo et Nicolas Suzanne pour
relier tous ces «morceaux». On se doit de féliciter et soutenir l’équipe organisatrice qui milite depuis plus de 20 ans pour le développement du théâtre amateur et voit pourtant sa subvention amputée…. CHRIS BOURGUE
Lectures mises en voix par Annie Perrot, Auditorium de la Caisse d’Épargne, 23 mai (19h) Répétitions publiques avec Frédéric Ortiz au Théâtre du Lacydon, 27 mai (19h) Le parfum du silence par la Cie Samouraille de La Destrousse Théâtre du Lacydon, 28 mai Conférence de Bernadette Rey Flaud : De Molière à Mouchkine, le Lenche, 3 juin La vie rêvée de nous-création des Nez Nets et Cie, Lenche, 4 juin www.fncta.fr/festivals
Plus belle Venise, mes Guy Vasallucci, s’est joué au Gymnase le 19 avril et participera à la sélection régionale les 4 et 5 juin à Gap pour le concours du Masque d’Or. J’espérons que je m’en sortira s’est joué au Collège Izzo le 6 mai.
Familles, je vous… Né dans une chambre d’hôtel de Broadway, mort dans une chambre d’hôtel de Boston, marin dépressif, alcoolique et tuberculeux, Prix Nobel de littérature aux deux fils suicidés, Eugène O’Neill © Elisabeth Carecchio
puise son théâtre aux sources les plus pures du malheur sans concession. Écrit au début des années quarante et destiné à n’être joué que 25 ans après la disparition de l’auteur, ce Long voyage du jour à la nuit déverse à flots continus (3h40) la logorrhée tragique et empoisonnée par le whisky d’un quatuor familial qui, dans une belle unité de temps (voir le titre) et de lieu (une chambre d’hôtel comme asile à revenants), se brûle les ailes à la lucidité implacable et à la vérité assénée à soi et aux autres non sans amour ; mère morphinomane, père acteur d’un seul rôle, aîné alcolojeté, cadet tuberculo-sensible, incarnés dans cette mise en scène de Célie Pauthe par des acteurs d’excellence qui maîtrisent tous la pointe d’incandescence indispensable pour dégager le dialogue d’un réalisme psychologique un peu... daté ; Valérie Dréville, pour ne citer qu’elle, joue de plusieurs voix, de l’éclat à la brisure, effleure son bras ou relève ses cheveux d’une
main qui en dit long sur les espoirs inassouvis et sur l’instant qui contient tous les autres, sans renoncement et sans esquive ; si le rythme est étouffant de tâtonnements et de reprises dans la première partie, l’envol de l’acte poignant, terrifiant, laisse place à une possible transfiguration du sang et des larmes : «l’espace d’une seconde, les choses ont un sens... puis la main laisse retomber le voile et on se retrouve dans le brouillard à se demander : pourquoi suis-je né homme… étranger sur terre ?». Au fait, se passe-t-il autre chose ? MARIEJ-JO DHÔ
Long voyage du jour à la nuit d’Eugène O’Neill (traduction de Françoise Morvan) dans la mise en scène de Célie Pauthe a été donné au théâtre de la Criée du 5 au 12 mai
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THÉÂTRE
MERLAN | JEU DE PAUME | 3BISF
Plus drôle sera la chute
© Mario del Curto
Avec L’Art du rire le Belge Jos Houben clôturait idéalement le cycle du Théâtre du Merlan Courage Rions, et débutait le festival Tendance clown, organisé par le Daki Ling : intersection parfaite pour ce spectacle conférence, un seul-en-scène irrésistible qui parle du comique autrement. Jos Houben démontre subtilement comment le corps fait rire… en actes ! Le plus surprenant est que chaque fois il nous dit ce qu’il va faire, comment et pourquoi nous allons rire… et que chaque fois nous rions. De ses chutes, de ses mines, de ses surprises qui n’en sont pas, des accumulations de maladresses attendues. De tout, en fait, même du fromage, qu’il mime ! Si si, le gouda, le chèvre, le camembert, qui coule… et on le voit ! Ses théories du rire ne sont pas philosophiques, mais réfutent de fait aussi bien la «mécanique plaquée
sur du vivant» de Bergson que le «rire de décharge» de Freud… Partant de l’idée loufoque que la station debout est à la fois notre condition et notre idéal, difficile à tenir mais représentant notre dignité, Jos Houben s’amuse à se mettre des bâtons dans les pattes, à se faire tomber, démontrant du même coup que l’on ne rit pas de la surprise puisqu’il nous prévient, ni de la douleur puisqu’il n’en éprouve pas, ni de son ridicule puisqu’il fait semblant… mais de ces démarches qui nous caractérisent, de ce regard que l’on jette alentour après être tombé, de ces miroirs qu’il nous tend. Une petite heure jubilatoire, qui affirme que le théâtre est aussi (d’abord ?) une histoire de corps. A.F.
L’art du rire a été joué le 30 mars au Merlan
Le plaisir du jeu C’est un Shakespeare étrange, inspiré de Plaute, une comédie enlevée et courte qui repose sur la mécanique du rire, ressemble peu au reste de l’œuvre de son auteur, sinon à quelques scènes de comédie du Songe ou de la Tempête. Une pièce peu souvent montée pour ces raisons, mais aussi parce que les quiproquos reposent sur la ressemblance entre deux couples de jumeaux… Dan Jemmet a tranché brillamment en faisant jouer chaque couple par un seul comédien, ce qui oblige à des astuces et un rythme insensé, mais ajoute au plaisir de la virtuosité. Car les comédiens, qui ne font pas dans la dentelle et cabotinent à souhait, sont épatants, pétillants jusque dans leurs aveuglements grotesques, légers jusque dans leurs clins d’œil au public. D’un geste, d’un ton, d’un accessoire ils changent d’identité à vue, comme un clown révèle incidemment au public ce qu’il cache à son partenaire… Car le seul enjeu du spectacle est de communiquer le plaisir du jeu, et tout est léger dans cette comédie sans ambiguïté, que Dan Jemmet déplace pertinemment dans un décor connoté années 80, coloré et kitsch, pour un jeu de miroir qui ne s’attache jamais à dévoiler le trouble de l’identité, mais juste la jubilation invraisemblable des quiproquos entassés… A.F.
La comédie des erreurs s’est jouée au Jeu de Paume, Aix, du 14 au 16 avril
© Annika Johansson
L’art de la «pâte-mot» «Oh ! Une onde !»… Christian Mazzuchini dans les belles lumières de Jean Pierre Chupin réussit une performance enlevée, variant les rythmes, abordant les textes de Christophe Tarkos avec une émouvante empathie, trouvant dans cette langue poétique d’inattendues correspondances avec son monde de hâbleur. Car acteur et spectateurs sont plongés en complicité dans les jeux débridés du langage auxquels les textes les convient… Au bonheur des mots, qui «se collent, mais à quoi ?», de la danse des Bororos du Niger, de la langue Romani Cib, langue Rom Tzigane… Musique ! Langage du cœur où flotte l’esprit d’Artaud, l’être partagé, peinture blanche divisant le visage, désespoir de Cioran, hommage à Tarkovski, exploration des limites, des frontières ténues entre le réel et l’imaginaire, «poésie faciale», «pâtemot» qui tente de parler avec tous les mots à la fois… On a envie d’envoyer tout ceci en bouquet, sans distinction, tant les mots se dessinent, explosent, se catapultent, découvrent de noveaux sens, se substituent, «tambour mou» ou «tombola» ?, et la théorie des esembles poussée jusqu’à l’absurde, (l’ensemble des gens qui ont vu mon sexe… en fait plus compliqué que ce que vous pourriez imaginer !!!)… Que dire lorsque l’on tombe nez à nez avec un parpaing ? Clowneries délicieuses, poésie du quotidien incantatoire… «Ma langue est
Christian Mazzuchini © X-D.R
poétique et musicale»… Quête existentielle derrière la simplicité des mots, «je suis mon seul alter ego»… «Nous sommes magiques»… C’est magique… MARYVONNE COLOMBANI
La tentation d’exister a été créé par la Compagnie Pile Poil au terme d’une résidence de création au 3bisf les 13 et 14 mai
À venir du 26 au 28 mai Théâtre des Bernardines (Marseille) dans le cadre des Informelles (voir p 32)
JEU DE PAUME | AUBAGNE | OLLIOULES
THÉÂTRE
seconde, la mise en scène (Jean-Pierre Rumeau) sobre et prenante joue sur la taille des fauteuils, la couleur pourpre, la présence massive du clavecin, les lumières remarquablement orchestrées d’Eric Blévin. Le texte est mis en relief avec intelligence et justesse : diction claire, sans emphase, variation de rythmes, humour… Nicolas Vaude campe un neveu de Rameau d’une humanité extrême, dans ses pirouettes, ses retours, sa fragilité, son attachement entêté à une liberté débridée, tandis que Gabriel Le Doze se coule avec une extraordinaire justesse dans le rôle du philosophe, qui tente de définir l’humain dans la «pantomime universelle». Quelle clarté, quel bonheur, quelle intelligence !
Le goût éblouissant du paradoxe
M.C.
© Cosimo Mirco Magliocca
Quelle délicate gageure que celle de porter sur scène un texte philosophique ! Et quelle réussite que celle du Neveu de Rameau de Diderot ! Le fameux dialogue entre Lui et Moi, Lui, le neveu de Rameau, Moi, le philosophe, s’anime, vif, léger, spirituel, enlevé. Nous nous trouvons au Café de la Ré-
gence, non loin du Palais Royal, on y pousse du bois, et le flux animé de la conversation fait écho au jeu subtil des échecs. La partition ici se joue à trois, le philosophe qui chérit «s’entretenir avec lui-même» et cultive une adroite maïeutique pour déceler et comprendre les «mécanismes humains», le
neveu de Rameau, fantasque, provocateur, paradoxal, cynique, enfin Rameau au clavecin en contre-point, avec des airs de Pergolèse, de Balbastre de Corette, de Duni de Mozart, de Rousseau, de lui-même et du contemporain Olivier Baumont, superbe sur scène et à l’instrument. On ne s’ennuie pas une
Vivre ou mourir un jour Les textes du poète palestinien Mahmoud Darwich trouvent dans la voix et le jeu de Mohamed Rouabhi une caisse de résonance bouleversante. Jusque dans ses vibrations souterraines. Pas besoin de décorum pour faire entendre la puissance ravageuse du Discours de l’Indien rouge et d’Une mémoire pour l’oubli. Une chaise, un vieux tourne-disque, un costume trois pièces blanc cassé avec un Bolo tie autour du cou, nous voilà transportés sur les terres d’un chef Indien vaincu par les blancs ; un petit lit, une chaise en guise de table de nuit, un ventilateur fébrile qui subit les affres des coupures d’électricité, la bougie à portée de mains, nous mesurons l’impact des tirs d’obus sur Beyrouth. Assis face au public dans une © Beatrice Logeais
proximité calculée, Mohamed Rouabhi module sa voix éraillée, gutturale, énonce les mots avec application, laisse échapper entre les silences du texte des grognements, des raclements de gorge, ébauche le langage des signes. Sa présence est d’une extrême puissance, en tension permanente, comme les paroles de l’Indien qui disent la douleur et la rage d’être «l’étranger» : «Ne dégainez pas vos armes, nous pourrions encore échanger quelques chants»… Autre peuple, autres douleurs : 1982, Beyrouth, pilonnée par l’armée israélienne. Il est 3 heures, «l’aube que porte le feu» se lève : un homme rêve de boire son café en paix, véritable obsession et rempart contre la violence, dehors. Sa seule façon d’être au monde, de se sentir encore vivant. Le désarroi, l’angoisse, l’incertitude, la terreur de la mort tour à tour glissent sur le visage de Mohamed Rouabhi, froissent son corps. Il erre, transpire, s’approche de la fenêtre, sa voix est au bord du cri. Et glace le sang. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Darwich, deux textes a été joué les 11 et 13 mai à La Distillerie à Aubagne
À venir Du 17 au 19 mai Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
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Le neveu de Rameau a été joué du 10 au 14 mai au Jeu de Paume, Aix
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THÉÂTRE
CHÂTEAUVALLON | MARTIGUES | CAVAILLON
matiser et à tenir à distance le réel par le mélange piquant de saynètes télévisuelles, de chansons et de parodies, sans pour autant nier la souffrance vécue, l’ignorance, l’incompréhension entre les deux sexes, la fracture d’une jeunesse écartelée entre la société d’ici et d’ailleurs. Celle des contrées orientales où l’amour et le sexe sont paradoxalement omniprésents et mystérieux, avec l’islam comme maître du jeu. Il offre un spectacle cru, vivifiant, spontané sur la quête du «plaisir perpétuel» tout en interrogeant l’unicité de la structure théâtrale par la multiplication des espaces de jeu et des points de vue : anachronique dans sa forme, Hobb story sex in the (arab) city reflète avec justesse la disparité de ce nouveau discours amoureux.
Comment parler de «la sensualité toute orientale» du monde arabe fantasmé par l’imaginaire colonial français ? et tout aussi vivace aujourd’hui… Le propos est épineux mais l’auteur-metteur en scène Lofti Achour, qui œuvre à Paris et Tunis, relève le défi avec finesse. Prenant prétexte d’un talk-show à la française, brassant matériaux textuels (les acteurs Jawhar Basti, Thierry Blanc, Anissa Daoud et Lina Murad, tous excellents), visuels (témoignages réels filmés qui disent l’amour au XXIe siècle) et sonores (chansons d’amour réinventées), Hobb story sex in the (arab) city trace avec humour, et sans jamais falsifier la réalité, ce qu’est le «nouveau discours amoureux» dans la société arabe contemporaine. Discours d’une complexité infinie, hommes et femmes pris conjointement dans les mailles du filet des traditions familiales, de l’islam, de l’organisation tribale, mais également évoqué sans détours dans les récits mythologiques, les contes et le Coran. Lofti Achour réussit à le dédra-
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Hobb story sex in the (arab) city a été joué le 6 mai au CNCDC Châteauvallon à Ollioules
Hobb Story... © Eric Legrand
À mots voilés
Manipulateur manipulé nazi vêtu, et manipule à vue dans le même temps l’un ou l’autre des personnages. Les pantins aux yeux hallucinés, à la bouche vorace, expriment l’extrême noirceur de leurs âmes torturées, déchues, qui ne sauraient se relever, dans une mise en scène en clair-obscur qui oscille entre tension dramatique et humoristique. «La bêtise est émouvante» entend-on de la bouche du fils Goebbels ; elle est même absurde dans ce bunker aux allures de fin du monde que visite la mort, marionnette effrayante aux dents d’or qui échouera à faire un tour de magie mais gagnera finalement la partie. © Georg Pöhlein
Berlin, avril 1945, Hitler est retranché dans son bunker avec Eva Braun, Heinrich Goebbels et ses six enfants, son chien Blondie et son serviteur Herr Linge. Bruit de sirènes, bombardements, la fin approche et pourtant… Pourtant on veut fêter l’anniversaire du Führer, ou plutôt de Schicklgruber, alias Adolf Hitler, et croire que rien ne s’achève et que la victoire est proche. Encore un discours à la nation et tout sera joué. Mais en ce jour la mort rode, et chacun, retranché dans un épouvantable déni, fuit ses pensées dans le tabac ou l’alcool, voire l’attente d’un chocolat chaud qui résoudrait l’impossible angoisse. Neville Tranter, fondateur du Stuffed Puppet Theatre et marionnettiste virtuose, campe un Linge tout d’uniforme
DO.M.
Schicklgruber, alias Adolf Hitler a été joué au Théâtre des Salins le 10 mai
Sauvez la Turakie ! © Turak theatre
«Ici pas de sens interdit, ni de voie à sens unique. Entrer dans l’univers du Turak, c’est se raconter sa propre histoire avec ce qu’on a attrapé dans son entonnoir à imagination.» Les Fenêtres éclairées de Michel Laubu sont une sorte de monde parallèle dans lequel notre imaginaire et nos sens peuvent s’évader, un peu comme quand on était gosse et qu’on gloussait délicieusement devant un cartoon auquel on ne comprenait pas grand-chose mais qui nous réjouissait. Ici, le Turak Théâtre nous invite devant les fenêtres de l’appartement d’un habitant en collerette, un vieux célibataire en bord de mer (on imagine) qui gravite dans un monde abracadabrant. Personnage principal (Michel Laubu et sa marionnette au rictus figé, en totale symbiose), empêtré dans sa solitude, entre son chat farceur et des objets du quotidien qui déraillent.
Une histoire d’insularité comme les aime le poète bricoleur qui s’est entouré de musiciens live pour conter la dérive de cette île flottant en Turakie, sur une musique de Rodolphe Burger, planante à souhait. On nage en plein surréalisme, devant ce génial théâtre d’objets, de bric et de broc, un monde qui s’éclaire comme des petits riens, entre vol de chaises groupées, assiettes qui parlent, mouches rockeuses, guitares en goguette... On ressort de ce rêve dansant sous le charme. Sans avoir vraiment tout compris, mais avec délectation ! DE.M.
Les fenêtres éclairées s’est joué au théâtre de Cavaillon le 3 mai
AVIGNON | MARTIGUES
THÉÂTRE
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Elle n’a rien vu à Hiroshima La mise en scène de Christine Letailleur est superbe : les corps nus, les lumières qui les sculptent pudiquement, les images et les écrans qui allument des espaces dans le noir épais de la nuit amoureuse, tout cela parle aux sens, et le travail des deux comédiens, qui va subtilement du chuchotement à la logorrhée soudaine de la parole libératoire, de la confession extirpée de soi, est splendide. Mais elle dit dans le même temps l’incroyable faille de l’écriture de Duras. Le film d’Alain Resnais, bouleversant, est dans toutes les mémoires des spectateurs, et la mise en scène de ce scénario ne peut qu’écrire par-dessus une autre histoire, qui la laisse transparaître derrière. Le chefd’œuvre de Resnais complétait l’écriture romanesque : en travaillant en contrepoint avec les images d’archives après la bombe, il en disait toute l’horreur. La mise en scène de Christine Letailleur, en inscrivant les dialogues dans l’intimité d’une chambre, révèle l’in-
congruité de cette histoire de passion adultère entre une Française qui a aimé un soldat Allemand, et un Japonais qui vit dans Hiroshima dévasté. On peut vénérer ou détester le style Durassien, ses répétitions et ses jeux syntaxiques, son vocabulaire restreint et déliquescent, sensuel, langoureux et brutal. 50 ans après il garde toute sa singularité, et sa force taillée dans la chair. Mais après 50 ans ce scénario qui prend Hiroshima comme décor, comme prétexte, a quelque chose de gênant. Comme si la romancière, si friande de faits divers extrapolés, était passée juste à côté du précipice absolu du siècle. Resnais, après Nuit et Brouillard, ne pouvait qu’y plonger : le scénario, sans ses images, pérégrine juste au bord sans le voir.
© X-D.R.
AGNÈS FRESCHEL
Hiroshima mon amour a été joué aux Salins les 3 et 4 mai
Les jeunes talents L’amitié en chantier d’Avignon Derviche © Delphine Michelangeli
à suivre de près. Yourik Golovine des Eponymes, révélé déjà aux Hivernales, continue sa belle recherche dans les espaces contraints. Avec Derviche, accompagné par le mouvement centrifuge de la sculpture d’eau de Pepjin Lambermont, il offre une courte performance tourbillonnante et hypnotique inspirée de la voie des derviches, expérimentant le mouvement giratoire. Puis la cie 2 temps 3 mouvements, avec le poétique Sous nos yeux, a réveillé le public dans un trio énergétique et engagé sur les effets des écrans sur le corps. Pour finir, la Cie On est pas là pour se faire engueuler continue sa recherche pluridisciplinaire. Et dévoile dans ce 3e opus de Tout au bord l’engagement de l’auteur-comédienne Laetitia Mazzoleni qui s’accorde le (bon) temps de construire en plusieurs étapes sa création. DE.M.
Le Festival Emergence(s) s’est tenu du 5 au 14 mai dans divers lieux d’Avignon
Parce que c'etait lui... © X-D.R
Le Festival Emergence(s) a réussi son galop d’essai. 10 jours de découvertes de jeunes talents, rassemblant plus de 1000 spectateurs dans 4 lieux fédérateurs d’une ville qui peine, malgré une pléiade de théâtres, a offrir une place aux compagnies émergentes. Concerts, film et spectacles auront rythmé la cité grâce à la conviction de Damien Baillet de Surikat Productions, un organisateur né. Dans l’Animal du Temps, 1re partie du Discours aux animaux de Valère Novarina, on est resté en marge de la promenade promise par les Ephémères Réunis dans l’intériorité d’un homme pétri d’humanité. S’attaquer à la langue de Novarina est d’une témérité certaine ! Pour s’y frotter véritablement dans un seul-en-scène, il ne suffit pas de mémoriser la partition orale : il faut plonger à nu dans ce langage fleuve, labyrinthique, monstrueux. Et devenir ce fleuve, ce labyrinthe et ce monstre, ce à quoi Charly Caraballo ne parvient pas. Par pudeur peut-être. Plus accessible, au théâtre Golovine, la soirée danse a révélé deux compagnies
Après les Langues paternelles, l’un des spectacles-bijoux du dernier Off, le collectif De Facto s’est enfermé 15 jours en résidence au théâtre des Doms pour amorcer et présenter à un petit comité de spectateurs son nouveau projet. Rendez-vous singulier donc avec cette structure bruxelloise qui aime les formes particulières et les dispositifs surprenants. Découverte engageante dans l’intimité d’un spectacle en devenir, où les idées sont jetées en friche pour se resserrer vers une vraie trouvaille spectaculaire. Un projet de théâtre sur l’amitié, comme son titre à la Montaigne l’indique. «On pensait que ça serait simple et joyeux de faire de notre vie une fiction.» Pas si facile puisque l’une des comédiennes/amies a abandonné le projet en route… On suit les pistes sur le plateau en chantier, les espaces d’idées délimités au scotch ou par de simples éclairages. Ici, une TV qui diffuse Chronique d’un scandale, un film sur l’amitié (destructrice) de 2 femmes. Là, un écran avec une vidéo souvenir de la résidence aux Doms. Les trois comédiens, T-shirts Fuck the clock et clopes au bec, se cherchent entre solitudes et déclarations d’amour. Ils écoutent l’Overseas Telegram de Gainsbourg ou l’Amitié de Françoise Hardy, «une chanson un peu cucul la praline mais quand tu es seul c’est beau et émouvant.» C’est le temps des copains, en effet, entre les rêves d’artistes, les dédicaces à la radio, les serments à respecter, les engueulades… et bientôt les déceptions ? «Parce que l’amitié est multiple, parce qu’elle est résistance et utopie, parce qu’elle porte une promesse.» Sensible. DE.M.
L’étape de travail de Parce que c’était lui-s, parce que c’était moi(s) a été présentée aux Doms, Avignon, le 4 mai
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THÉÂTRE
ARLES | PORT-DE-BOUC
Au plus près de la liberté À Arles, de l’autre côté du Rhône, dans un terrain vague du quartier de Trinquetaille trône un mur circulaire impressionnant, complètement hermétique. Autour de ce mur, acteurs et spectateurs circulent, ces derniers avec un casque sur les oreilles dans lequel la (très planante) musique de Dominique Pauwels et les dialogues se répondent, comme une conversation saisie à l’improviste, une intimité procurée par les écouteurs qui permet la pénétration de la langue, des mots, de leur intonation. Libre à chacun de regarder ou pas, de rester distant ou de coller les comédiens. Entre œuvre plastique et forme théâtrale, le spectacle de Pieter de Buysser et Inne Goris, Muur, désarçonne par sa forme, et l’histoire elle-même s’amuse à perdre quelque peu les promeneurs-spectateurs. Nous sommes en 2064, quelques personnes vivent là, celles-là même qui ont érigé le mur en 2010 ; venus perturber cette vie, des enfants sont là qui savent tout sur ce mur et comptent bien prendre la relève. De joueurs ils vont devenir menaçants, faisant naître un conflit
© Sofie Dewulf
© Sofie Dewulf
entre les générations, les anciens ne voulant en aucun cas que le mur devienne un monument. Entre mur de Berlin et mur des lamentations, l’installation questionne, et l’histoire n’est en quelque sorte qu’une des pistes à suivre, une des histoires que les spectateurs peuvent s’inventer à l’ombre de ce mur dont
la présence semble avoir de multiples significations. Et l’on repart méditatifs et enchantés… DOMINIQUE MARÇON
Muur a été joué les 14 et 15 avril
Ne baissons pas la garde ! Dans une salle d’attente qui prend vite des allures de cabaret, l’ambiance est au questionnement. À quoi on joue ?, entendez par là dans la vie, à l’usine, au bureau, si tant est que le jeu ait une place à prendre là-dedans… Paul Fructus pose son regard sur la souffrance au travail, la matière principale de la pièce étant ces témoignages recueillis auprès de ceux que la peur du lendemain a rendu malade, ceux qui font contre mauvaise fortune bon cœur et s’échinent à trouver, sinon un sens, une illusion d’avenir. La parole dont s’emparent Paul Fructus et Florence Pasquet est aussi musicale, l’accordéon de © X-D.R
La boucle est bouclée Mi-spectacle mi-performance, fausse conférence et vrais questionnements, & un spectacle de câble et d’épée promène sa dinguerie entre science-fiction et pures inventions géniales. D’une guerre entre les hommes et les robots façon Matrix à l’entretien vérité (hilarant) avec un androïde qui a décidé de se convertir en humain, en passant par une scène de doublage d’un film SF catastrophe traduit simultanément par écran interposé et l’hallucinante biographie de Bill Gates au travers des progrès délirants de Windows jusqu’en 2080, Halory Goerger et Antoine Defoort questionnent le futur de notre humanité en un long et pertinent va-et-vient de questions-réponses moins farfelues qu’il y paraît, à coups d’inventions décalées comme les plantes musicales (si si, deux ficus pour un concert électro !) ou le clavier d’ordinateur transformé en guitare électrique. Intelligences artificielle et humaine se télescopent constamment, sans que l’on puisse se résoudre au final à choisir l’une ou l’autre…
& un spectacle de câble et d’épée a été joué au Théâtre d’Arles le 6 mai
© X-D.R
DO.M.
Patrick Fournier et le piano de JeanLouis Morel accompagnent sur scène les chansons et paroles. Entre vérités et illusions, les lendemains qu’on nous impose trouvent échos dans les mots poétiques et survoltés de Paul Fructus qui aident à maintenir hauts les poings au bout des bras levés. La pièce est d’ailleurs reprise du 8 au 28 juillet, au Off à Avignon, à la Bourse du Travail CGT… DO.M.
À quoi on joue ? a été donné les 3 et 6 mai au Théâtre le Sémaphore de Port-de-Bouc
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THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Laid
Vagabonds Comme en chaque fin de saison le Merlan retrouve
Retrouvailles
son esprit vagabond et envahit Marseille de ses événements surprenants… Ainsi en juin quelques Centaures vont apparaître, inattendus, pour amener le passant surpris transformé en spectateur involontaire au pays des mythes, et des corps hybrides, mi humains mo chevaux… Puis ce sera au tour de la fantaisie colorée de Delgado Fuchs de nous surprendre pour remettre en cause nos espaces communs : un choré-karaoké qui vous fera entrer dans sa danse… Un programme fondé sur la surprise de rendez-vous presque impromptus… à guetter dans la ville !
lé u n n A
© Pascal Victor - ArtComArt
© Stephane Tasse
Comment trouver l’amour quand on est laid et pauvre, et affublé d’une famille pesante ? Frédéric Bélier-Garcia revient à La Criée avec un autre texte d’Hanokh Levin, qui ressemble à une quête amoureuse classique dont on aurait rouillé tous les rouages… Grinçant ! Pour 11 comédiens, musique et toute la drôlerie désespérante de Levin.
ducci et Jean-Marc Michelangeli, Les Bonimenteurs, est bluffant de trouvailles verbales et gestuelles. Ces deux-là ont l’humour chevillé au corps et ne manquent pas de renverser les situations les plus attendues… Et ne pensez pas que la fantaisie s’affadisse après 10 ans et un millier de représentations ! Les Bonimenteurs mettront un terme à ce spectacle à la fin de l’année, ne les ratez pas… Les Bonimenteurs Du 9 au 18 juin Le Gymnase 0 820 000 422 http://lestheatres.net
© Regis Nardoux
plateau partagé : les Informelles se poursuivent en deuxième semaine, aux Bernardines, leur exploration gauchie des formes théâtrales marginales. Avec deux beaux documentaires (voir p 67) et un plateau partagé (les 26, 27 et 28 mai) entre Pascale Bongiovanni, éclairagiste qui met en scène ses lumières, Christian Mazzuchini qui étonne en choisissant la parole du poète Christophe Tarkos, Jacques Rebotier qui joue/chante avec Elise Caron, et ZUT, qui se demande : Qu’est-ce qu’on sème ? Les Informelles jusqu’au 28 mai Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org
> Burn out, projet de Pascale Bongiovanni © Erik Damiano - Le petit cowboy
© Jean Reverdito
>
Ensemble Rencontres, documentaires, débat, pique-nique et
Âpre
Le Bout de la route Du 25 au 28 mai La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Rythmé Basé sur l’improvisation, le spectacle de Didier Lan-
Rêve d’automne Du 6 au 11 juin La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Yakich et Poupatchée Du 19 au 21 mai La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Jean arrive un soir, épuisé, sans bagage ni argent, dans une maison en deuil dont il franchit le seuil presque par effraction, en proie lui-même à une immense douleur. Accepté par ses habitants, il leur insufflera progressivement l’envie de renaître, de respirer à nouveau. Entre les tremblements d’une lumière tamisée qui éclaire tel un feu de cheminée les tourments des protagonistes, la langue magnifique de Giono, lyrique et sensuelle, illumine le jeu sobre des comédiens portés par la mise en scène dépouillée de François Rancillac.
Une mise en scène de Patrice Chéreau est forcément un événement. D’autant qu’avec Rêve d’automne de John Fosse il se plonge à nouveau dans une belle écriture dramatique contemporaine, ambiguë et poétique, reposant sur des dialogues et des relations étranges, des fantômes et des souvenirs… L’histoire d’un couple qui se retrouve dans un cimetière, y croise des vivants et des morts, et la survivance de ses désirs, dans un décor glacé et rougeoyant, pourtant, transformé en musée. Avec Valeria Bruni, et Pascal Gréggory.
Vagabondages Juin ! Le Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org
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Joutes
Reconversion Suave Ancien fiscaliste international, François-Xavier Demaison est aujourd’hui comédien, et humoriste. Après un premier one man show qui racontait sa reconversion professionnelle, il plonge cette fois dans ses souvenirs de jeunesse, avec une nouvelle galerie de personnages toujours désopilants. François-Xavier Demaison s’évade Le 1er juin Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
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Merlin ou la Terre dévastée Les 26 et 27 mai Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10
Fin de saison en extérieur à Cornillon-Confoux avec le Bushman Eric Bouvron mis en scène par Sophie Forte. L’acteur, danseur, bruiteur réinvente le désert du Kalahari, le plus aride du monde. Là vit Ngubi, être doux et curieux qui, pour survivre, doit savoir chasser, piquer des œufs d’autruche et même… séduire ! Une performance physique qui s’appuie sur l’humour et la poésie.
Instants critiques Les 20 et 21 mai Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10
Poursuite Après Ce qui allait arriver… (voir p24) la carte blanche
Bushman Le 11 juin Cornillon-Confoux, en extérieur 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr © Jean-Louis Fernandez
musico-théâtrale se poursuit par la présentation du travail d’atelier autour des textes de Claudine Galea mis en scène par Lionel Damei, puis par un concert où les deux amis de trente ans seront accompagnés par trois musiciens. Mai en musique Carte blanche à Claudine Galea et Lionel Damei Jusqu’au 28 mai Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
accueilli à plusieurs reprises, s’attaque à la légende des chevaliers de la Table Ronde en adaptant la pièce de l’écrivain allemand Tankred Dorst Merlin ou la Terre dévastée, épopée foisonnante qui revisite la légende arthurienne en l’ancrant au XXe siècle, dans une Europe menacée d’anéantissement. Entre Shakespeare et les Monty Python, la troupe passe de l’absurde à la gravité avec une belle énergie.
© Yannick Blaser
Olivier Broche © Alain Plantey
Dans les années 70, à la grande époque du Masque et la plume, émission mythique de France Inter, quelques critiques, dont Jean-Louis Bory et Georges Charensol, s’affrontaient lors d’échanges nourris, virulents, usant de joutes verbales brillantes. François Morel adapte ces échanges pour le théâtre avec Olivier Saladin, Olivier Broche et Lucrèce Sassella.
Graal Le collectif Les Possédés, que les Nîmois ont déjà
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Détective
Nirvana ? Basculement Alain Timar propose un premier chantier public de Penser bonheur, sa création en cours. Cette proposition théâtrale, d’après les écrits et paroles du philosophe Robert Misrahi, sera jouée par Paul Camus et Pauline Méreuze, sur une musique de Jean-Jacques Lemêtre. À travers l’histoire de la relation d’un père à sa fille, l’équipe interroge la question du bonheur. Penser bonheur Du 26 au 29 mai Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com
© Jean-Louis Fernandez
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Avec Rhinocéros, Ionesco dénonce l’idéologie de masse engendrée par les totalitarismes et la barbarie, racontant, cauchemar obsédant, la métamorphose progressive de toute une population en rhinocéros, «bêtes immondes». Seul Bérenger, sans trop savoir pourquoi, échappe à cette mutation, et résiste. Emmanuel Demarcy-Mota, qui dit avoir relu Ionesco en se débarrassant du contexte historique, met en scène la pièce en l’orientant sur l’insidieux formatage qui menace notre société, la menace de l’uniformisation, sans trahir la virtuosité de l’écriture du dramaturge.
© Laurence Denis
Méfiez-vous ; une comédie policière pas tout à fait anglaise se déplace sur les places de Cavaillon. Attrapez-la, elle vaut le coup, mais elle court vite ! Le texte de Catherine Zambon, la mise en scène survoltée d’Alexandra Tobelaim et le talent de comédiens qui s’amusent comme des fous à louvoyer, loufoques, en voiles et combinaison de plongée sous un groin trop curieux dominant un décor vert printemps méritent qu’on s’y accroche…
Rhinocéros Les 19 et 20 mai Scène nationale de Sète 04 67 74 66 97 www.theatredesete.com
Robert Misrahi © X-D.R.
Villa Olga Du 19 au 25 mai Cabrières le 19 Mérindol le 20 Morières le 21 Le Thor le 23 Joucas le 24 Lacoste le 25 Scène Nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
Fin de résidence Épyque C’est sur le plateau des Halles que les élèves de Après sa Trilogie Eschyle (voir p 59), le Théâtre de première année du département théâtre du Conservatoire à Rayonnement Régional du Grand Avignon donneront deux représentations exceptionnelles du travail mené avec François Cervantes, en résidence au CRR cette saison. Une création aux multiples enjeux artistiques et pédagogiques.
Epître aux jeunes acteurs Le 31 mai et le 1er juin Théâtre de Grasse
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François Cervantes Les 17 et 18 juin Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com
Grasse programme un très beau texte d’Olivier Py : son Épître aux jeunes acteurs est habitée d’un souffle peu commun, d’images fulgurantes. Destinée au départ à bouleverser des étudiants du Conservatoire de Paris trop conformistes, l’épitre défend un théâtre de texte, qui brûle et émeut… Mise en scène, elle emporte aussi, grâce au talent et aux travestissements de John Arnold et Samuel Churin, dans un immense éclat de rire !
© X-D.R
© Alain Fonteray
Sirene de mai © Agnes Mellon
Politique
La sirène de mai fut volontairement statique, et théâtrale. Les quatre comédiens de L’Autre compagnie, assis et cravatés-troispiécisés, singeaient avec pertinence le discours de bois des hommes politiques en campagne télévisuelle. 12 minutes de gestes étudiés, de formules toutes faites et creuses, empruntés sans même les caricaturer à ce langage de com inventé justement pour, surtout, ne rien communiquer… Démonstration politique efficace, mais théâtrale un peu monotone, sans crescendo ni réelle variation rythmique. Deux hommes et deux femmes qui auraient gagné à plus franchement se différencier, même si la duplication pouvait provoquer un vertige... La prochaine sirène sera sous l’entière responsabilité de T-Public, pour un défilé d’humains et de marques, un détournement des codes de la mode comme ils savent si bien en concocter… Le Défilé de Marques Sirène et midi net Le 1er juin à midi Parvis de l’Opéra www.lieuxpublics.fr
AU PROGRAMME
DANSE 35
Élégant Indémodable Fresque, Femmes regardant à gauche est une
Urbaines Le printemps de la danse, organisé par la mairie des
peinture vivante inspirée des fresques de la Rome antique, intemporelle et mélancolique : sept danseurs l’habitent, libérés de la danse comme en apesanteur. Sur la toile et sur la scène, le chorégraphe Paco Dècina scelle le mouvement des corps, les gestes des danseurs, leurs traces, dans une vaste interrogation sur le corps, l’espace et l’art pictural… Tandis que les dispositifs vidéo de Serge Meyer, les lumières de Laurent Schneegans et l’accompagnement sonore de Frédéric Malle ajoutent une pointe de mystère supplémentaire.
13e et 14 arr., se poursuit à la Busserine avec, lors d’une même soirée, une carte blanche au chorégraphe Faouzi Djaouel avec trois pièces : Addiction de la cie Yudat, Freedom of the original styles de la cie MRbenoitD et Récit de la cie All Marseille (le 20 mai) ; pour clore la manifestation, Yan Gilg, de la cie Mémoires Vives, et Hamid Ben Mahi, chorégraphe de la cie Hors Série, mettent en scène Beautiful Djazaïr, dernier volet du triptyque sur l’histoire coloniale française entrepris par la cie Mémoires Vives (le 27 mai).
Fresque, Femmes regardant à gauche Le 27 mai CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
Pas de 3 Jean-Claude Gallotta redonne vie à son Daphnis é Chloé, créée en 1982, en dirigeant trois nouveaux interprètes : sa danse, au-delà de la narration, est une évocation poétique et sensuelle des sentiments amoureux qui unissent les jeunes bergers Daphnis et Chloé, séparés puis réunis grâce à l’intervention du dieu Pan… Le chorégraphe a su insuffler à cette étonnante pastorale une liberté et une sensualité toutes particulières, une sauvagerie et une espièglerie jusque dans son titre…
Création Dans le cadre d’un projet d’échange entre la formation Coline et l’école de formation de Tel Aviv Maslool, 13 danseurs istréens et 3 danseurs israéliens ont travaillé ensemble un mois sous la direction du chorégraphe Georges Appaix pour créer DDDrinking the rain. C’est la 1re partie de Correspondance avec Israël, projet qui se poursuivra lors d’une résidence en juin et juillet prochains sous la direction d’Edmond Russo et de Shlomi Tuizer. La représentation sera suivie d’extraits de celle de Faits et Gestes… Voir ciaprès de Bernard Glandier créé en février.
La dernière création d’Angelin Preljocaj dans le cadre magique de l’amphithéâtre de Châteauvallon… Suivront mille ans de calme décline les étapes de l’Apocalypse, renvoie à notre monde, révèle et pardonne les péchés d’une société déréglée, en tableaux successifs connotés mais mystérieux, qui semblent parler d’autre chose, comme un esprit qui plane audessus des corps. Avec, en prime, une musique très inventive de Laurent Garnier. Suivront 1000 ans de calme Les 10 et 11 juin Châteauvallon 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
© Agnès Mellon
Daphnis é Chloé Le 28 mai Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Varié
Apocalypse
© JC Carbonne
The Alwin Nikolais Centennial Show Le 25 mai Scène nationale de Sète 04 67 74 66 97 www.theatredesete.com Les 17 et 18 juin CNCDC Châteauvallon, Ollioules Sur proposition du PôleJeunePublic, Le Revest 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com
© L. Paillier
DDDrinking the rain Le 24 mai Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 55 70 31 www.coline-istres.org
Printemps de la danse Espace culturel Busserine 04 91 58 09 27 www.mairie-marseille1314.com www.balletdeurope.org
© X-D.R.
Alwin Nikolais conjuguait tous les talents : peintre, sculpteur, poète, marionnettiste, pianiste, scénographe, costumier et chorégraphe ! La Ririe Woodbury Dance Company, dépositaire de son répertoire, lui rend hommage en reprenant cinq de ses pièces où la gestuelle se marie aux jeux de lumières et de couleurs, aux jeux de miroirs, et aux accessoires délirants. Cinq pièces qui offrent un bel aperçu de l’univers de ce créateur visionnaire né en 1910 et toujours si moderne.
Hors mode Une soirée et trois soli pour dire que le hip hop n’est Le Ballet d’Europe danse à Châteauneuf-le-rouge de larges extraits de Folavi, une pièce de Jean-Charles Gil qui s’alimente de la vitalité et des émotions de Vivaldi, et un beau duo récent, masculin, de Christophe Garcia (voir Zib’ 40). D‘autres surprises sont en cours d’élaboration, créations des danseurs pour l’occasion… Ballet d’Europe Le 28 mai Châteauneuf-le-Rouge 04 42 58 62 01
pas une affaire de mode ! Dans Mon appartement en dit long, le rituel intime de Bintou Dembele (interprète de Mourad Merzouki et Heddy Maalem) ressemble à un autoportrait… Hiffra Dia (figure de la Cie Black Blanc Beur) ne cesse de décloisonner les styles pour créer son propre vocabulaire : la preuve avec son solo Hors jeux ! Fin de partie avec un «danseur de la première génération», Hakim Maïche, et son inimitable gestuelle qui mixte break (sol), smurf (danse debout), capoeira et danse verticale. Hakim Maïche est vraiment Habité… Mon appartement en dit long, Hors jeux ! et Habité Le 10 juin CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
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DANSE
BNM | GTP
C’est dans l’adversité…
May Day, May Day, May Day © Agnès Mellon
Il ne leur manquait plus que ça ! Un incendie semblet-il volontaire a dévasté un entrepôt de Saint Menet, détruisant au passage plusieurs décors des dernières créations du Gymnase/Jeu de Paume, et tous ceux du Ballet National de Marseille. Oui, tous, sauf celui qui était au Ballet en répétition (création de Michèle Noiret) et celui qui rentrait de Houston (Métamorphoses). Des œuvres d’architectes de grand renom, Zaha Hadid, Diller et Scofidio, Ai Weiwei (dont on est toujours sans nouvelle depuis son arrestation en Chine), Jean Nouvel et Dominique Perrault, proprement inestimables, sont parties en fumée… Et le ballet a dû changer ses programmes en toute urgence. Le décor de Moving Target sera reconstruit -les vidéos, les costumes et les archives ont été épargnés- mais pas le mur monumental de Titanic.
Pourtant ces modifications de programme n’ont pas empêché le triomphe public d’un ballet en grande forme. Au Pavillon Noir d’abord, puis à l’Opéra où ils ont repris l’ironique ballet de Lucinda Childs dans une perfection technique et un esprit mutin formidables. La création de Michèle Noiret, Hôtel Folia, emmenait le ballet dans des contrées antinomiques de la pièce américaine : alors que Childs fait danser les corps jusqu’à saturation et sans décor, Noiret les place dans un univers de miroirs et de murs qui restreint leurs mouvements et cloisonne l’espace mental, qu’elle sature encore de projections qui répondent, suivent ou décalent ce que les corps réels vivent sur scène. Seule la musique baroque leur donne par instants l’allant nécessaire pour sortir de la course sporadique, ne plus heurter les murs et
danser. Un univers sombre, peuplé d’apparitions, de Japon et de terreur… À la Criée, à la place de Moving Target, un programme très contrasté encore. Yasuki Endo, assistant de Frédéric Flamand, séjournait au Japon lors du tremblement de terre. Mais sa pièce Mayday Mayday Mayday, contrairement à Hôtel Folia, ne semble contenir aucune terreur. Juste une formidable urence, un appétit de vivre qui retrouve une force tribale percussive. La danse emprunte à la capoeira et aux arts martiaux, au hip hop aussi, tout en ayant une construction dramatique et spatiale tout à fait contemporaine, et reposant sur les incroyables qualités physiques de danseurs qui savent tout faire, et haut, et ample, et précis… Pour le Trouble de Narcisse Frédéric Flamand a dû se passer, dans l’adversité, de certains éléments de décor roulants, et dédoubler les corps uniquement dans des projections. La pièce y gagne sans doute en fluidité. Réflexion sur l’amour de soi, sur la contamination du réel par le virtuel, sur la surabondance d’images et les clichés dont elles perturbent et modèlent les corps vivants, la pièce se conclut pas un tableau, nouveau, d’une sidérante beauté. Où un jeune corps tourne en rond pour tenter vainement de rejoindre le monde des images où il ne peut se fondre… Est-ce ainsi, séparé brutalement de lui-même et de son passé, que le BNM construira son plus bel avenir ? AGNÈS FRESCHEL
À venir Carte Blanche aux danseurs Festival des arts éphémères Le 19 mai Parc Maison Blanche www.marseile9-10.fr
Pour deux absents des autres. Les ensembles sont bien sûr parfaitement réglés, l’interprétation énergique. Mais le propos de Jean-
Claude Gallotta s’étire, s’alourdit, comme si le récit dansé collait les pieds au sol : le recours aux stéréotypes par© Guy Delahaye
Un fauteuil vide à l’avant scène, désespérément. Superbes jeux de lumière, belle occupation du plateau, une bande son impeccable portée par la voix inimitable d’Alain Bashung sur les mots de Gainsbourg et les orchestrations de Denis Clavaizolle… Du noir, celui des films, des polars, les thèmes de la chanson réaliste, avec la femme fatale et volage, l’amour trahi, la jalousie, le meurtre passionnel… Une troupe de magnifiques danseurs, celle du Centre Chorégraphique National de Grenoble… L’histoire de la shampouineuse Marilou s’orchestre en douze tableaux au cours desquels les quatorze danseurs évoquent les personnages, dans un univers trouble où l’identité est instable, un jeu de miroir où les scènes se démultiplient, se nourrissant les unes
court sciemment l’œuvre chanté, et la danse y adhère sans chercher à les transcender. On aurait pu attendre une distanciation, un brin d’humour, de folie, une échappée aux redondances. Le titre, L’homme à tête de chou, paraissait le promettre… Le succès du spectacle tient sans doute beaucoup à la qualité des exécutants, mais aussi à la force du souvenir, au regret de ces absents dont le trou dans l’eau ne se referme jamais chantait Brassens… MARYVONNE COLOMBANI
L’homme à tête de chou, chorégraphie de Jean-Claude Gallotta a été donné au GTP les 5,6 et 7 mai
3BISF | MOD | COLLECTION LAMBERT par l’alternance formelle de deux typographies… que l’on déchiffre en temps réel sur un écran de fond de scène. La fable est simple : c’est une histoire de l’amour au XXIe siècle. Elle et Lui se sont séparés. À travers Elle nous voyageons et recomposons le puzzle de leur amour ; à travers les poèmes qu’il lui avait écrits nous comprenons le sens de la perte de l’autre. C’est une pièce sur le désir et le mal à se faire mal : «non je ne couche pas je sème» dit-Elle ! À son tour Christian Ubl peut se laisser aller à semer les mots de Melquiot au gré de sa fantaisie (grotesque assumé de la parodie de Ti amo exagérément seventies), de son goût de la dérision (caricature du machisme sous les traits de Pablo en combinaison moulante rouge et déhanchements
33 fois Ti amo
© M. Barret
Christian Ubl crée un objet scénique hybride à partir du texte de Fabrice Melquiot, La Semeuse, qu’il adapte avec une bonne dose d’humour et un
vrai sens de la légèreté. Une combinaison judicieuse de théâtre et de danse comme un écho aux dimensions expressives présentes dans la nouvelle
DANSE
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lascifs) et de son écoute du langage des corps qui jamais n’illustre le mot. À Elle, parfaitement incarnée par la comédienne Céline Romand, l’expression théâtrale ; à Lui, auquel Christian Ubl prête tous les visages, la danse. La chanson et la création vidéo venant s’y mêler aussi, le spectacle réserve de jolis moments de grâce et d’équilibre fragile malgré quelques longueurs : la nouvelle devient scénario et Christian Ubl en offre une vision en cinémascope. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
La Semeuse a été créée les 15 et 16 avril au 3bisf à Aix
Pu dure sera la chute À la Minoterie, MOD présentait dans la même soirée deux pièces difficiles, parfois hermétiques, au risque de provoquer l’ennui du public. D’abord Pu, adaptation par Laurent Pichaud selon un protocole dûment établi de 3 mois minimum du solo Room de l’Américaine Deborah Hay. Son énergie ainsi canalisée et sa pratique quotidienne ont abouti à un «lâcher-prise visé» et à «une bande son impossible, superposée, aléatoire pour rendre ce travaillé-là malaisé à faire et peut-être à regarder». D’où le malaise du public formant cercle autour de lui qui assiste, entre hébétude et détestation, à cette fausse désinvolture formelle qui résulte pourtant d’un travail acharné. Chantonnant, le mouvement entravé par ses vêtements noués, Laurent Pichaud malmène son corps, feint d’hasardeux déplace-
ments, déambule et ébauche, claudique, traverse l’arène à toute vitesse. Sacrée performance ! Changement de plateau pour Ici, objet cinéplastique de Barbara Sarreau et 3e étape de son projet Tchakèla mené depuis 2009 entre Bamako et Marseille. Proposition complexe, comme à la marge, qui convoque la danse (dans ce qu’elle a d’illusoire tant Barbara Sarreau est «absente»), le cinéma (matière visuelle qui intègre le mouvement de la chorégraphe et des corps africains) et la musique comme une respiration (performances sonores de Jean-François Pauvros). Durant une heure le public retient son souffle, s’accroche à la virtualité des images, se réveille sous les assauts de guitare tandis que la danse, en filigrane, se dilue et s’étire dans la pénombre. Ici prend possession du
Ici, film de B. Sarreau, J. Lachaise, A.-S. Popon © Barbara Sarreau
temps et du silence dans une espèce de cérémonial dont on peut se sentir totalement exclu. M.G.-G.
Pu et Ici ont été donnés à La Minoterie les 14 et 15 avril sur proposition de Marseille Objectif Danse
Salive de l’art A peine sortie de la polémique Serrano (voir p11), la Collection Lambert a remis une «couche de fluide» en invitant Les Gens d’Uterpan et leur perfor-
mance X-Event 2.7 d’après le protocole Salives. Dans la poursuite du travail chorégraphique d’Annie Vigier et Franck Apertet, cette performance © Delphine Michelangeli
dansée entend faire état du partage d’interrogation entre la danse et les arts plastiques, en suivant un protocole gestuel précis. Cinq (jeunes et beaux) danseurs en sous-vêtements évoluent lentement dans l’espace du musée pendant deux heures, au milieu des spectateurs/visiteurs dubitatifs, en produisant en continu un filet de salive qui s’écoule sur une partie du corps d’un partenaire. Assez hypnotique, la performance lasse quelque peu pourtant… peut-être parce que le cogito est ainsi fait que parfois l’on se pose des questions qui ne devraient pas être. Si on éprouve au préalable la stimulante impression d’être au milieu d’un cabinet de curiosités (l’espace muséal sert parfaitement la représentation) en observant ces cinq corps alanguis, radeau
de la méduse mouvant, sculptures vivantes étrangement lentes, on finit aussi par s’imaginer assister à la procession d’étranges escargots baveux. Les performers jouent le jeu façon tragédie, totalement impliqués, attentifs les uns aux autres, hermétiquement enfermés dans leur bulle, sans regard au public, buvant parfois une petite rasade d’eau. On les comprend. Une véritable performance, originale certes, et après ? DELPHINE MICHELANGELI
X-Event 2.7 d’après le protocole Salives s’est joué à la Collection Lambert, Avignon, le 3 mai
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CIRQUE/ARTS DE LA RUE
AU PROGRAMME
Ça déménage ! Le cirque et les arts de la rue débarquent sur les places varoises, dans 5 communes de Toulon Provence Méditerranée ! La Garde (7 juin devant la Mairie), Le Pradet (10 juin parc Cravero), Six-Fours-les-Plages (14 juin place des Poilus), Le Revest-les-Eaux (22 juin place du village) et La Valette-du-Var (23 juin place du Général de Gaulle) composent ce premier Reg’Arts sur rue conçu par le PôleJeunePublic comme un parcours à ciel ouvert, gratuit et familial. Cinq haltes festives et cinq visages de la création de rue avec, plus particulièrement, l’opérette pour 1 fanfare tout terrain et 4 chanteurs Le bonheur est dans le chant de la Cie Les Grooms qui «sévit» depuis 20 ans avec humour. Ce bonheur étant sa première œuvre théâtrale chantée, pensée et créée pour la rue dans laquelle le public est tout autant spectateur que figurant d’une histoire et de situations qu’il découvre en chansons… Autre temps fort, à couper le souffle celui-là après avoir perdu sa voix à force de pousser la chansonnette, Le grand C de la Compagnie XY ou l’art de la haute voltige et des performances acrobatiques ; ici tout est impromptu et tout peut arriver avec ces 18 acrobates qui
Le grand C © Christophe Raynaud de Lage
n’hésitent pas à se fondre dans la foule, à investir de drôles d’espaces urbains, même les plus incongrus. Entre les deux, on aura peut-être envie de réécouter le Bamboo Orchestra, de voyager avec le Phare Ponleu Selpak Cirk du Cambodge et de suivre mot à mot la leçon de manipulation de marionnettes de la Cie Le Montreur. (voir page 63). M.G.-G.
Spectacles en tournée avec le réseau R.I.R. dans le cadre de la Saison Régionale Rue & Cirque, voir p 16 Reg’Art sur rue 2011 Du 7 au 23 juin PôleJeunePublic, Le Revest 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com
Chaises musicales Expérimental Drôles de dames Trio composé d’une fille et deux garçons, entre danse Sur la place du Château, 5 danseurs évoluent au A l’occasion du 20 anniversaire de la médiathèque e
et cirque, le Cubitus du Manchot nous plonge dans le vertige d’un jeu de chaises musicales particulier qui défie les lois de la pesanteur. Un univers tendrement loufoque où le mouvement et l’équilibre ne cessent d’être réinventés.
cœur d’un dispositif d’écrans vidéo : par leurs déplacements et leurs mouvements, ils redessinent l’espace, se frottent à l’architecture et à la matière végétale. Fruit de multiples déambulations du collectif Le Nomade Village et de ses frictions avec divers territoires (France, Italie et Japon), Des Corps de Ville invite le public à participer à la scénographie. Plus largement à s’interroger sur son rapport à l’espace public et à se mesurer à la ville dont il a fait sa maison : «cet immense appartement collectif»…
Le Cubitus du manchot Le 20 mai Centre culturel Marcel Pagnol, Fos-sur-Mer 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr Le Cubitus du manchot © Do.M
Des corps de ville Le 20 mai Place du château, Château-Arnoux Théâtre Durance 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr
Boris Vian, le théâtre le Sémaphore accueille la compagnie la Passante et leur drôle de Rue des Dames. Au milieu de l’espace public, le spectateur chemine jusqu’à ces 5 dames, cachées sous un parapluie. Une rencontre yeux dans les yeux, sous l’espace clos du parapluie, pour entendre les textes de Jean-Pierre Dopagne. Insolite et touchant. Rue des Dames Le 17 juin Théâtre le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 Gratuit www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Pièce murale Poésie de rue Nal Boa (regarde-moi) est une création 21 minutes pour écouter l’histoire de la Varienne chorégraphique de la compagnie Ex Nihilo, conçue (d’après le roman de Jeanne Benameur les Demeurées), l’idiote du village, et de sa fille Luce, placées sous la tutelle de Melle Solange, l’institutrice. Le spectateur, équipé d’écouteurs et guidé par une bande son, pénètre dans une boite étrange posée sur une place publique, pour un parcours poétique. Une expérience sensorielle unique. Les Demeurées Du 20 au 22 mai Théâtre de l’Olivier, en extérieur, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
par des résidences et des échanges artistiques et culturels entre deux villes-ports, Marseille et Séoul. Se déroulant le long d’un mur, dans l’espace public, le spectacle met en scène des regards posés, croisés, des prises de positions face à l’autre, l’étranger, l’ailleurs. Nal Boa (regarde-moi) Le 17 juin Théâtre de Cavaillon, parking Verdun Entrée libre 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
NONO | PONT DU GARD | PORT-SAINT-LOUIS
CIRQUE/ARTS DE RUE
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À table ! Pour les NoNo reprendre à Marseille leur Cabaret a une saveur particulière : c’est avec ce spectacle que, pour la première fois en 2005, ils se sont installés longuement dans la cité, y ont reçu un accueil si Cabaret NoNo © Emmanuel Valette
chaleureux qu’il a renforcé leur désir d’y rester. Ils y ont aussi trouvé leur nom, abandonnant le Styx théâtre, puisque depuis on ne les a plus appelés que les NoNo… Ancrés à la Campagne Pastré depuis 2008, ils y jouent leurs spectacles dans un quartier dont la vie culturelle ressemble à un désert, à quelques oasis près. Leur Cabaret NoNo est une forme évolutive, avec de nouveaux comédiens, de nouveaux numéros qui prennent la place des anciens au gré des versions. Mais le principe reste le même : quelque deux cents spectateurs sont les convives privilégiés d’un soir, servis par une vingtaine de comédiens/chanteurs/acrobates qui évoluent autour d’eux sur une piste circulaire, et sur deux scènes latérales. Le spectacle est grisant, fait de décalages surréalistes, d’images décadentes, de saouleries de mots et de musique. De temps aussi,
qui passe et fond, comme le lustre de 3666 glaçons à reconstruire avant chaque spectacle, sablier d’eau au-dessus du carrousel où tout semble tournoyer. Car le champagne coule et la chère est bonne : chez les NoNo, le luxe est luxuriance et les sens vont ensemble, de pair avec l’esprit… A.F.
Cabaret NoNo Du 26 mai au 25 juin Théâtre NoNo 04 91 75 64 59 www.theatre-nono.com
Un Pont de rêve Au Pont du Gard, l’été, les événements se succèdent, entre mise en lumière du Pont (tous les soirs, de la nuit tombée à minuit), concerts, habillage de la rive droite du Gardon, bals au Pont… Et pour ouvrir ces soirées prometteuses, un événement de poids avec Impressions, la nouvelle création du Groupe F, grand habitué du lieu. Une heure pour enflammer l’édifice antique et en révéler les plus secrets détails, avec une innovation de taille cette année : le site dans son entier servira d’écrin au Pont, Christophe Berthonneau, directeur artistique du
Groupe F voulant faire «du décor naturel le premier acteur de [sa] mise en scène.» (les 3, 4, 10, 11 et 18 juin à 22h30). Puis, dès le 24 juin, la musique prend le relais des festivités avec une soirée conviviale autour des cultures catalanes et occitanes avant que le festival Lives au Pont ne s’installe pour 2 soirées, les 8 et 9 juillet, avec de la soul, de l’électro, du rap, du rock… L’été au Pont du Gard Juin, juillet, août 0 820 903 330 www.pontdugard.fr © Thierry Nava-Groupe F
Opéradeaux Sur un méandre du Rhône, un drôle d’opéra aquatique, surréaliste, nocturne et éphémère, concocté par les allumés d’Ilotopie
Opera d'O © Claude Lorin
Voici près de trente années que la compagnie Ilotopie est installée à Port-SaintLouis, et paradoxalement rares sont les opportunités de voir ici leurs spectacles-évènements festifs et décalés. La première d’Opéra d’O en fut l’occasion d’un soir en attendant la suite. Sur le plan d’eau de Bois François, patinoire liquide et obscure, glissent au ralenti des sculptures habitées, mécaniques délirantes mais silencieuses (moteurs électriques à énergie solaire) en forme d’araignées d’eau gigantesques (les gerris des entomologistes plus prosaïquement appelés patineurs), des autostamponneuses flottantes, une voie ferrée pour train sans grande vitesse, une grande roue ou cage à souris gigantesque évoquant les Temps Modernes de Chaplin. Tout ce manège glissant aqueux ni tête, compose des saynètes plus ou moins autonomes et incongrues ponctuées d’effets lumineux et pyrotechniques tout en faisant son cirque : situations grotesques, comique de répétition (canonnier niais qui retombe cent fois à l’eau) et clown. Ces images rêvées, entre Little Nemo, Alice aux Pays des Merveilles et la poésie insensée de Philémon et son A, pourraient être celles «…d’un adulte qui n’a pas su grandir» pointe malicieusement Bruno Schnebelin, directeur d’Ilotopie, constatant les aberrations du monde actuel comme il ne va pas très bien. Opéra d’O prendra la flotte sur le lac du Centre d’Art Contemporain de Vassivière en août. À quand en Provence ? CLAUDE LORIN
Opéra d’O a été présenté le 30 avril à Port-Saint-Louis
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MUSIQUE
BAROQUE
Le Méjan éclaire les ténèbres…
Ensemble Moderntimes © X-D.R.
L’association du Méjan d’Arles commémorait pour la 26e fois dans sa Chapelle la Semaine Sainte dont l’origine religieuse symbolise l’équilibre subtil entre le temporel et l’intemporel, institué par notre système politique en 1905. Il est important de souligner cet état fait à une période où certains remettent en cause, pour des raisons fallacieuses, des institutions garantes de tolérance. Dans ce contexte, la création artistique et la musique permettent une évocation qui nourrit chaque auditeur en fonction de sa spiritualité propre, indépendamment de sa foi éventuelle. Générés par le contexte ostentatoire et baroque de la contreréforme, les cantates, motets et leçons de ténèbres interprétées durant cette semaine sainte illustraient les constantes sociales et artistiques baroques pouvant produire une esthétique détachée de son inspiration au gré de l’auditeur et du
talent des compositeurs et de leurs interprètes. Dans cet esprit, Le Concert Spirituel d’Hervé Niquet qui ouvrait cette Semaine sainte a enthousiasmé l’auditoire dans son répertoire Grand Siècle (Charpentier, Fremart, Hugard,
Le Prince, de Brossard, Bouteiller). L’Ensemble autrichien Moderntimes 1800, sous l’archet dynamique d’IIia Korol, soulignait le caractère napolitain et viennois des Cantatas espirituales de Caldara, Porpora, Durante et Leo : le contre-ténor Max
Emanuel Cencic y évoquait une contrition théâtrale (…où fuir… quand… le ciel me réprouve…) accentuée par la retenue de la projection vocale. Le vendredi saint, Les Paladins de Jérome Correas confirmaient l’influence Italienne et concertante dans les Leçons de ténèbres de Bernier, Du Mont, De Brossard ou F. Ccouperin : Isabelle Poulenard (soprano) et Jean-François Lombard (haute-contre) rivalisaient dans les mélismes illuminant du goût immodéré de la mise en scène ces sombres journées de pénitences. Le dimanche de Pâques, CORAL Carmina de Gorka Sierra concluait dans le Requiem allemand de Brahms : après le clair-obscur baroque, l’embrasement romantique… luthérien ! PIERRE-ALAIN HOYET
La 26e Semaine Sainte en Arles a eu lieu du 10 au 17 avril
Beaucoup pour un seul homme ! Le programme intelligemment conçu permettait de suivre les textes et d’apprécier la belle adéquation de la composition aux déplorations, aux récits et aux prières. Bel exemple de baroque avec les voix en écho, canons, reprises, volutes des chants, ornementés… Le Requiem de Jean Gilles, entre l’horreur de la mort et l’enthousiasme de l’espérance offrait une palette étonnante de registres, depuis l’ouverture aux percussions, jusqu’à la puissance enivrée de la post communion, portée par un chœur aux voix bien placées. Un concert d’une belle qualité, comme le travail de cet ensemble nous y a habitués.
Pour sacrifier au rituel pascal l’ensemble des Festes d’Orphée s’est attaché le 13 avril à l’œuvre de Jean Gilles, le compositeur baroque aixois et à ses trois Lamantations, leçons de ténèbres au rituel immuable des quinze bougies. Un travail à partir des manuscrits du fonds de la cathédrale Saint Sauveur ou de la BNF, mais corrigé avec le manuscrit d’Aix. Ces recherches ont trouvé leur aboutissement lors du concert donné en la cathédrale d’Aix, sous la direction de Guy Laurent, qui dû se confronter aux difficultés acoustiques du lieu… mais l’orchestre rattrapait avec justesse les petits décalages, les départs parfois flottants. Des difficultés liées sans doute également au fait que le chef dirige et l’orchestre et le chœur, et qu’il chante aussi…
MARYVONNE COLOMBANI
Choeur des Festes d'Orphee © Les Festes d'Orphee - 2009
Ténébreuses lamentations
Alphabet des ténèbres
Jean paul Serra © X-D.R.
Concert lumineux que celui donné le 15 avril en la chapelle des Oblats par l’ensemble Baroque Graffiti. Les leçons de ténèbres composées à partir des Lamentations de Jérémie sont destinées à l’office religieux des matines lors le la semaine sainte. Chaque air débute par des vocalises sur la lettre de l’alphabet hébreu qui précède la strophe interprétée. À la fin, une chandelle est éteinte. À la lumière des flammes, succède lentement celle du jour vainqueur. La déploration du peuple juif, déporté à Babylone à la suite de la destruction du temple de Jérusalem, se colore ainsi d’espérance. La belle voix de soprano de Bénédicte Pereira, avec de superbes graves, se modulait avec souplesse, toute de spiritualité retenue. Les Leçons de Michel Lambert, avec ses mélismes, de Richard De Lalande, plus théâtrales, dont le brillant laisse entrevoir
de poignantes interrogations existentielles, de François Couperin, enfin, aux extensions plus larges, dans un phrasé tragique sur le mode mineur, étaient entrecoupées de pauses instrumentales : Fantaisie de Louis Couperin à l’orgue, par Freddy Eichelberger, avec ses voix flûtées qui s’élancent en mélodies aériennes s’appuyant sur la base puissante du continuum ; extrait de la Suite en sol majeur du Sieur de Machy, variations subtiles des rythmes, sons approfondis par les notes doubles de la viole de gambe de Augustina Meroño… Un concert où la complicité des musiciens, palpable, apportait une dimension intime et sensible. M.C.
LYRIQUE
MUSIQUE
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Luther dans la nef
© Christian DRESSE 2011
En ces temps difficiles pour un opéra fort discourtoisement attaqué par Frédéric Mitterrand (voir p 11), Monsieur le Maire était venu soutenir «son» orchestre malmené. Il ouvrit ainsi, le 29 avril, le 16e Festival de musique sacrée, en une Eglise Saint Michel toujours comble, par un discours à la fois ferme et amusé : «Qui finance décide !» déclara-til, remerciant au passage madame Jeanine Imbert l’adjointe à l’Opéra, Monsieur Xiberras son directeur, sans oublier Monseigneur l’archevêque qui accueille le festival en son église. C‘est le Requiem Allemand de Brahms qui ouvrit les festivités… fort sombres ! Les sept mouvements de l’œuvre la plus monumentale de Brahms, d’inspiration luthérienne, sont traversés jusqu’au bout, en dehors du mouvement central, par un sentiment de mort inapaisé, sans sublime terreur ni béate consolation : Brahms le protestant parle la langue des hommes. L’écriture romantique aux élans emportés, et l’écriture chorale inspirée de Bach, se succèdent et se mêlent, inscrivant l’œuvre dans un univers très éloigné des requiem catholiques. La soprano console, le baryton gémit, et les chœurs
tiennent très nettement le rôle principal. Le Chœur de l’opéra s’y montra particulièrement musical, acceptant la nuance, sculptant de très beaux espaces sonores, même si quelques attaques des ténors furent hasardeuses… Mais l’acoustique de Saint Michel dessert très nettement une œuvre aussi subtile : les deux solistes, de grand talent pourtant (Marc Barrard et Nathalie Manfrino !), durent s’époumoner pour qu’on les entende… tandis que les fugues aboutissaient à un magma sonore à cause de la réverbération du son. Les beaux passages de harpe se perdaient dans les hauteurs de la nef tandis que les cuivres, judicieusement poussés par le chef à tempérer leur volume, laissaient échapper quelques couacs dans leur pianissimi contraints… Bref les passages forte furent nettement plus réussis, emballant par leurs élans angoissants un auditoire impressionné, mais faussant un peu l’esprit d’une œuvre qui n’est pas destinée à noyer dans le son des fidèles, mais à parler à l’homme, subtilement, de la douleur. AGNÈS FRESCHEL
Douleur ardente Les cent choristes du Chœur Régional PACA et l’orchestre philarmonique de Marseille, dirigés par Claire Gibault, ont donné un concert de très belle facture : le Stabat Mater de Dvořák. Dans un contexte de réductions budgétaires, 45% de subventions en moins prévues pour le chœur (!), on saluera la passion des choristes, l’homogénéité des pupitres. Le désengagement de l’État et des collectivités territoriales, qui se généralise envers les structures artistiques et culturelles, inquiète décidément. Le Stabat Mater est la première œuvre sacrée de Dvořák, intimement liée au deuil de ses trois enfants. Le compositeur suit fidèlement la séquence du XIIIe siècle de Jacopo da Todi, mais il dépasse sa propre souffrance pour donner une œuvre empreinte d’émotion et d’espoir. Dix parties où alternent solistes, chœur et orchestre. Le quatuor vocal est superbe : Dimitry Ulianov, une basse
russe au timbre d’airain, est impressionnant dans Fac ut ardeat cor meum (fais que mon âme soit de feu) où il domine l’orchestre ! Le jeune ténor roumain, Calin Bratescu, à la voix de soleil au superbe legato, émeut. La mezzo Elodie Méchain, au timbre velouté, entonne, avec un orchestre toujours très présent, Inflammatus et accensus l’un des sommets de l’œuvre, aux accents mahlériens. La soprano Marie-Paule Dotti plane dans des aigus clairs et solides, avec beaucoup d’aisance. L’amen final est un feu d’artifice, thème fugué puissant où alternent les nuances piano et forte, dernier hommage du compositeur à ses enfants à travers cette mère, pleine de douleur qui se tient debout, près de la croix. Claire Gibault, une chef à la carrière internationale brillante, dirige sans emphase, avec dynamisme et sensibilité force un orchestre de qualité. YVES BERGÉ
Allons enfants… !
Former aujourd’hui de jeunes voix à l’art maîtrisien n’est pas chose aisée. Le réussite de tels projets tient à la volonté de chefs de chœur d’aller chercher les jeunes pousses là où elles se trouvent, dans des écoles, de leur transmettre leur flamme, certes, mais aussi une technique de chant qui ne court plus les rues, ni les bancs des églises… C’est ce que réalise à Marseille le jeune chef Rémy Littolff avec sa soixantaine de pimpants Petits Chanteurs de la Major. Dans la salle surchauffée et bondée de l’Ecole Jeanne D’Arc à Marseille, leur potpourri d’airs, ponctué par un énergique Chœur des Gamins extrait de Carmen, a placé l’avenir de cette chorale sous les meilleurs auspices. Le 5 mai, en seconde partie du concert, l’assistance a également apprécié la prestation des Petits chanteurs de Rennes, formation à voix mixte, mûre et aguerrie, dans un programme de chants sacrés et profane finement dirigé par Robert Hillebrand. J.F.
Petits chanteurs de la Major © X-D.R.
Claire Gibault © Philippe Matsas - Opale
Le Stabat Mater de Dvořák a été joué au Festival de Musique Sacrée de Marseille le 6 mai
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MUSIQUE
OPÉRA
Le Singspiel La flûte enchantée de Mozart est une œuvre qui repose sur une série d’oppositions : le bien et le mal, le feu et l’eau… Sous le voile de l’allégorie se dessine le parcours initiatique de Pamina -Amel Brahim-Djelloul, jeune soprano à la voix chaude mais manquant un peu de puissance- et Tamino, ténor chaleureux interprété par Frédéric Antoun. Autour de ce couple gravitent deux entités antagoniques, Sarastro, symbole de la Lumière et de la sagesse -Burak Bilgili, énorme basse tout en rondeur- et la figure emblématique des ténèbres, la Reine de la nuit, avec ces deux grands airs malheureusement escamotés par Isabelle Philippe : vocalises mal assurées, mise en place approximative, aigus serrés… L’éclair de génie de cette production, tant au niveau vocal que
scénique, fut incontestablement Armando Noguera que l’on avait déjà pu admirer dans le rôle d’Onéguine, ici en Papageno, admirable, virevoltant, assurant son rôle sans ciller, sauf, bien sûr, dans le bégaiement de l’air final avec Papagena, Katia Bentz ! À la tête pour l’occasion de l’orchestre et du chœur de l’opéra d’Avignon, Laurence Equilbey, peu secondée par la mise en scène minimale de Robert Fortune, notamment dans le premier acte, eut du mal à trouver un équilibre d’ensemble. La deuxième partie de l’œuvre, pour le coup habilement éclairée par le metteur en scène, fut de bien meilleure facture. Une flûte agréable mais pas tout à fait… enchantée ! CHRISTOPHE FLOQUET
© Cedric Delestrade - ACM-Studio - Avignon
Les chemins de la connaissance
La Flûte enchantée s’est jouée à l’Opéra d’Avignon les 17 et 19 avril
Des Brigands millésimés ! Didon et Cécile Situations loufoques, personnages croustillants, décors aux couleurs de Watteau, Fragonard, Goya, déguisements permanents, vingt solistes, un chœur plein de verve, des brigands malins poursuivis sans cesse par des carabiniers raides et stupides. Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff donnent un supplément de vie à l’œuvre d’Offenbach. L’orchestre, direction Nicolas Krüger, précis et enthousiaste,
© F. Desmesure
semble se régaler de ces rebondissements. Falsacappa, Eric Huchet, chef des bri-gands à la voix solide, campe un escroc attachant, un personnage Commedia dell’Arte accompagné de ses excellents compères : Franck Le Guerinel, Léonard Pezzino, Antoine Garcin, Thomas Morris. Daphné Touchais, soprano au joli timbre est Fiorella (je suis la fille du bandit), amoureuse de Fragoletto, craquante Julie Boulianne.
Le décor en trois dimensions du premier acte dans les montagnes permet des arrivées insolites : le chœur des carabiniers, descendant des montagnes, est du plus bel effet. Au deuxième acte, la Princesse de Grenade, truculente Michèle Lagrange, et sa suite, tombent nez à nez avec les brigands. On assiste à un numéro grandiose sur les clichés de la fierté espagnole : Philippe Talbot en Comte de GloriaCassis, et Frank Dudziak, Baron de Campo-Tasso, sont excellents, costumes noirs, castagnettes, tambourins, sur les trois niveaux de scène : magique ! Au troisième acte à la Cour du Duc de Mantoue, les brigands, ayant volé les habits des espagnols, débarquent à la Cour pour récupérer une dot de trois millions (jeu élégant du ténor Martial Delafontaine). Loïc Félix est un caissier sautillant, au timbre agréable. Mais espagnols dépouillés et carabiniers arrivent aussi… Tout se finit bien : c’est un opéra bouffe ! Avec pour une fois tout l’attirail rêvé, cartons pâte, toiles peintes, et animaux vivants comme dans les cirques de l’enfance… YVES BERGÉ
Les Brigands de Jacques Offenbach ont été joués à l’Opéra de Toulon du 13 au 15 mai
© Frederic Stephan
En avril, l’Opéra de Toulon présentait une bien curieuse création du chefd’œuvre absolu d’Henry Purcell qu’est Didon et Enée ; l’opéra, ramassé en 3 actes très brefs mais se suffisant à eux-mêmes, était inséré entre deux tranches de l’Ode à Sainte Cécile, ce qui obligeait le metteur en scène à intégrer dans le même spectacle deux œuvres stylistiquement différentes. Le choix de terminer la soirée par le final tonitruant de l’Ode plutôt que par le sublime Remember me de Didon pouvait en effet paraître incongru… de même que les décors et costumes qui plongeaient l’action dans un début de XIXe siècle bien improbable, même s’ils ne gênaient en rien la lisibilité d’une mise en scène qui suivait pas à pas les déboires de la reine de Carthage. Sur le plan musical, Giuliano Carella avait eu la judicieuse idée de renforcer l’orchestre d’un continuo d’instruments baroques tenu par la remarquable compagnie Les Bijoux indiscrets. Si quelques décalages se percevaient entre les chœurs et l’orchestre, notamment dans l’Ode à Sainte Cécile, la distribution vocale, jeune, était dans l’ensemble bien chantante. Le seul bémol était une Cecilia/Belinda au timbre peu homogène, car Marcus Werba défendait avec vaillance le rôle ingrat d’Enée dans son ridicule costume de 1er Lord de l’Amirauté et Anna Caterina Antonacci, enfin, a su utiliser ses immenses dons de tragédienne pour nous faire partager les différentes émotions de Didon, de l’espoir à la colère, de la passion au renoncement total. Un plateau et un orchestre qui firent oublier quelques maladresses, et l’utilisation contestable de Hail ! Bright Cecilia. ÉMILIEN MOREAU
MUSIQUE
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Mozart a fait le plein L’Opéra a affiché complet pour le retour du Don Giovanni de Mozart, mis en scène par Frédéric Bélier Garcia, spectacle qui fut joué avec succès à Marseille en 2005. Une scénographie d’esthète, s’articulant au gré de panneaux coulissants, suggère des profondeurs et découpe des ombres sur de vastes fonds enluminés. Des contrastes de lumières et de couleurs de costumes (fin XVIIIe) développent une dualité photographique positifnégatif où le blanc incarne la comédie quand le noir habille les moments «seria» du «dramma giocoso» («drame joyeux»). Des éléments stylisés de décors figurent habilement des espaces scéniques : un plateau théâtral champêtre pour la noce, des bosquets verdoyants en guise de labyrinthe du cœur, une simple pierre tombale metaphorise le cimetière, alors qu’un immense lustre symbolise la fête. Ce dernier tombe, avant de se coucher, quand le libertin pousse son ultime cri d’effroi et sombre dans la terre !
pour générer une riche palette d’émotions. Sur le plateau, le parti pris vocal du couple Don Giovanni/Leporello les dissocie ostensiblement. Fuyant l’effet miroir, Jean-François Lapointe barytonne avec lyrisme au dessus de l’excellente basse «buffa» Joseph Wagner. Ces deux-là mènent bon train aux côtés de Burcu Uyar, superbe Donna Anna rappelant la grande soprano Leontina Vaduva, du très fin ténor Alexey Kudrya (Don Ottavio) et de l’impressionnante et sombre basse française Nicolas Courjal (le Commandeur). Dirigé par Theodor Guschlbauer, l’orchestre s’allège et vibre à souhait au rythme des dynamiques mozartiennes. JACQUES FRESCHEL
Don Giovanni © Christian DRESSE 2011
Comme ce n’est pas si fréquent, soulignons que la direction d’acteur marche en bonne intelligence avec le sens du
livret de Lorenzo Da Ponte : elle ne cherche pas à l’éloigner de son essence première, suffisamment subtile
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MUSIQUE
LYRIQUE
Tremplin lyrique
Filles du Midi Elles sont deux ! Deux drôles de divas, altières et belles en scène : l’une de rouge vêtue, fière évocation de l’Espagne tragique (Brigitte Peyré), l’autre en robe noire, figure de l’Italienne au tempérament vif et au verbe abondant (Murielle Tomao). Au piano, une accompagnatrice un peu vamp, aguicheuse (Marie-France Arakelian), leur dispute la vedette et les suit en divaguant au fil d’un voyage récréatif. Car De Naples à Séville voyage de romances en chansons, de Donizetti ou Tosti à quelques zarzuela, habanera et boléro de Rodrigo, Penella, Gimenez… Ce divertissement lyrique, véritable marathon vocal mis en scène par Bernard Comet, a connu un vif succès au Gyptis. Le public est venu nombreux applaudir les séduisants duos avec pantomimes, tendres ou malicieux, les voix vibrantes, a ri de ce couple de cantatrices se disputant la scène, confondant leur registre de soprano, troquant leurs traits virtuoses… Sans se prendre au sérieux, elles ont exploité les textes des chansons pour bâtir des saynètes burlesques, parfois émouvantes, au gré d’amours brûlantes, de douleurs passionnelles, de scènes pastorales, le tout à la faveur d’une formidable écoute mutuelle.
Les master classes de la compagnie L’Opérathéâtre Pour Tous (O.P.T.) se sont poursuivies sous la direction de Marie-Ange Todorovitch. C’est aux difficultés de Carmen que les stagiaires se sont frottés : un opéra populaire, mais qui exige un grand soin accordé au style, à la diction, la conduite du chant… L’O.P.T. a pour vocation d’être un centre actif d’insertion professionnelle sur la région. Aussi les chanteurs, triés sur le volet, ont profité des conseils éclairés de la mezzo-soprano familière de la scène de l’Opéra de Marseille. Après qu’elle a guidé judicieusement la soprano Murielle Tomao dans l’air du 2e acte de la Bohémienne, a surgi d’on ne sait où (si ce n’est de Pologne !) un baryton exceptionnel qui a fait montre, dans l’Air du Toréador d’une maestria confondante : Wassyl Slipak… à suivre !
JACQUES FRESCHEL Murielle Tomao © X-D.R.
Brigitte Peyre © X-D.R.
Concert lyrique Le premier spectacle proposé par l’O.T.P. a eu lieu à l’auditorium de l’Hôpital St Joseph : un récital, accompagné par le pianiste lisztien Ludovic Selmi et la fine Catherine Galland, dans le cadre de la Journée mondiale de la voix. On y a entendu une soprano talentueuse : Lucille Pessey possède une voix chaleureuse, un timbre égal sur tout le registre, des aigus clairs, une ligne de chant souveraine… elle a conquis le public dans Fauré ou Mozart. Bâti en en deux volets (Mélodies et Airs d’opéras), le programme a également mis en lumière les facettes artistiques de Cyril Rovery, baryton à l’initiative du projet lyrique. Tout en nuances, il passe de la demi-teinte aux larges accents vocaux, au gré d’un jeu expressif en harmonie avec le texte. J.F.
L’O.P.T. se mobilise en soutien aux victimes de Fukushima lors d’un récital Verdi avec Maryline Clément, Cyril Rovery, Renaud Talaïa, Norbert Xerri et au piano Ludovic Selmi. Le 20 mai. Eglise Saint Cannat
.
J.F.
g © X-D.R Alain Gen
Ce fut une bonne surprise, un samedi en matinée, de trouver le grand Foyer de l’Opéra aussi rempli pour une affiche de Lieder. Le programme, placé sous la lumière de la poésie allemande, construit autour de fameux opus de Schubert, offrait également des pièces moins courues de Meyerbeer ou Spohr. Des solistes «maison», artistes qui d’ordinaire mettent leur talent au service du Chœur et de l’Orchestre, ont réservé de vrais moments d’émotion au fil d’un beau récital. De sa voix sombre, Florence Laurent (alto) a chanté Ständchen (Sérénade) avec une majesté rare, une profondeur somptueuse, quand la soprano Sophie Oinville a provoqué un trouble sensible avec son interprétation passionnée du Marguerite au Rouet schubertien. Entorse virtuose à la germanité, le clarinettiste Alain Geng a ébloui l’auditoire avec des Variations pyrotechniques de Rossini, pour finir par un dialogue aérien avec la soprano dans le célèbre Le Pâtre sur le Rocher… le tout soutenu par une formidable accompagnatrice du théâtre lyrique : Brigitte Grosse !
Marie-Todorovitch © X-D.R
Artistes maison
CHAMBRE
MUSIQUE
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C’est un abrégé de l’histoire du genre qu’a pu découvrir le public venu en nombre à l’Église Saint Césaire de Berre l’Étang. De la figure tutélaire, Haydn, au grand Schubert, en passant par le trop méconnu Chausson, le Quatuor Manfred, célèbre ensemble français, a pris le temps de contextualiser chacune des œuvres présentées avant d’en faire savourer toute la substance ; petit concert lecture en quelque sorte, pratique trop rare, du moins dans ce répertoire. Belle idée également que d’enlacer le magnifique, mais difficile d’accès, quatuor en dom du compositeur Français entre ses pairs Germaniques. La texture épaisse et dense, à l’image des pièces de César Franck, est venue contrepointer l’ironie et la légèreté du quatuor l’Empereur d’Haydn, et le savoureux 13e quatuor du père Franz, Rosamunde. Les instrumentistes, dans un même élan d’archets, ont délivré une interprétation subtile et éclairée dans le premier mouvement du Schubert, un peu en dedans dans les mouvements vifs de Haydn, mais ô combien large et généreuse dans la pièce de Chausson. De la belle musique dans un écrin de velours. CHRISTOPHE FLOQUET
Quatuor Manfred © X-D.R.
À tous crins !
La Voix du violoncelle Sonia Wieder-Atherton © Jean-Baptiste Mondino
Le concerto pour violoncelle et orchestre Celo de Pascal Dusapin possède un titre mystérieusement évocateur : «je tiens caché». Sonia Wieder–Atherton en a dévoilé son aspect élégiaque et paradoxal : entre lyrisme et virtuosité, chuchotements et tensions, douceur et douleur… Cette partition, composée en 1996, et son compositeur, présent à l’Opéra-Théâtre le 29 avril, ont reçu de vifs applaudissements. La violoncelliste française a ensuite enchaîné avec les célèbres Variations sur un thème rococo de Tchaïkovski. De style galant, l’œuvre, basée sur un certain étalage virtuose, aurait pu lasser sans l’interprétation passionnée qu’en a donnée la soliste. Ces Variations ne comptèrent guère pour le compositeur russe qui laissa son élève-interprète Wilhelm Fitzenhagen effectuer des modifications importantes donnant lieu à une version fréquemment jouée. Notons également les belles interprétations de la
Petite suite de Claude Debussy (orchestrée par Henri Büsser) et de la populaire Symphonie n°1 de Brahms, dont le succès ne s‘est pas démenti. Dès les dernières mesures, un tonnerre d’applaudissements a obligé le chef à revenir plusieurs fois… et diriger en bis la Danse hongroise n°5 du même compositeur : un grand succès ! CHRISTINE REY
Ce concert a eu lieu le 29 avril à l’Opéra d’Avignon
Diverses voluptés Construit autour de la «vocalité», le concert a débuté par Radiant Mind du compositeur grec Christopher Theofanidis. L’œuvre écrite en 2008 est une symphonie de couleurs chatoyantes, jouant sur les timbres des percussions et les soli de bois. L’ensemble baigne dans une atmosphère mystérieuse empruntée à la philosophie bouddhiste : «un état d’esprit soucieux est quelquefois comparé au ciel lorsque, par temps clair, nos pensées comme des nuages surgissent et dérivent…» précise le compositeur. Malgré la direction brillante du coréen Shinik Hahm, spécialiste des musiques nouvelles, les applaudissements ont été tièdes. L’œuvre suivante a rasséréné le public. Le concerto pour piano n°1 de Frédéric Chopin a reçu l’accueil attendu : en virtuose, Alain Planès l’a magnifique-
ment interprété. Quelle sensibilité dans le toucher, quelle musicalité à l’orchestre, quelle connivence entre le pianiste et le chef ! Malgré une mémoire un peu défaillante, le pianiste a su hypnotiser son auditoire, et, après de nombreux applaudissements et des rappels, est revenu donner, en bis, son fameux Nocturne en do dièse mineur. La Symphonie de Mozart donnée en seconde partie, après la magie du lyrisme de Chopin, n’a pu faire le poids… C.R.
Ce concert a eu lieu le 5 mai à l’Opéra d’Avignon
Alain Planes © Gerard Blaser
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MUSIQUE
CONTEMPORAINE
Tout un monde lointain À l’initiative de l’Ensemble Télémaque et sous la direction et les commentaires avisés de Raoul Lay, le concert du cycle «Deux, trois, quatre, musique» poursuivait les préfigurations de l’ECO (European Contempory Orchestral) réunissant trois ensembles spécialistes de musique contemporaine (avec Les Musiques Nouvelles – Belgique et De Ereprijs – Hollande) pour une prestation haute en couleurs comprenant un quatuor de violoncelles et une contrebasse. Comme un mois auparavant, les musiciens des différentes formations y occupant les mêmes pupitres s’associaient dans une unité de timbres : après les percussions (voir Zib’40), les basses, version cordes. Issus de Télémaque, Adeline Lecce, Guillaume Rabier et Jean-Bernard Rière étaient ici associés à Jean-Paul Dessy et Jean-Paul Zanutel des Musiques Nouvelles. La création de Litanies, couleurs de sable pour quatuor du jeune compositeur marseillais Lionel Ginoux nous enseignait combien ce chant des
basses peut être surprenant d’imaginaire et de potentialité à travers l’écriture d’une œuvre pour quatre instruments identiques, de surcroit cantonnés régulièrement au registre grave dans la majeure partie du répertoire. Se nourrissant également de champs lointains jusqu’à l’extra européen, Le Chant de Nuyandarua pour quatuor et L’Ange du Tamaris pour violoncelle solo de Jean-Louis Florentz nous contaient mille et une façons d’écouter et de respirer ces violoncelles réunis. Scelsi et sa quête du timbre ont alors offert une formidable dualité entre contrebasse et violoncelle, de même que Subsonic, incroyable duo pour violoncelles du belge Dessy, interprète à l’occasion, dépoussiérant les harmoniques dans une virtuosité transcendante entre citation tronquées de Vivaldi et impression de musique électronique. Le public ne s’y est pas trompé, superbe ! FRÉDÉRIC ISOLETTA
Un sacré chœur !
Belle idée que celle de Roland Hayrabédian de mêler dans un même concert le Magnificat de Bach et la Symphonie de psaumes de Stravinsky, œuvres soigneusement articulées autour de la transcription de Bério pour orchestre du Contrapunctus XIX de l’Art de la fugue. Tout un symbole que cette filiation entre le Kantor de Leipzig et ces compositeurs. Intéressant d’écouter comment le maître italien s’est approprié cet «exercice» de musique pure, fractionnant le tissu contrapuntique en mélodie de timbres pour créer une mosaïque sonore en aplats
© Agnès Mellon
Quatre violoncelles et une contrebasse ont fait vibrer le Chant des basses aux ABD le 15 avril dans un répertoire surprenant et captivant
de couleurs. Quant au choix d’interprétation du chef il est singulier ! À la tête de l’ensemble il a choisi de se mettre en retrait, révélant par là même l’essence du matériau mélodique du vieux Bach. Posture identique dans le Magnificat : il laisse l’œuvre se dérouler mécaniquement dans un tempo endiablé qui a mis les chanteurs de Musicatreize à rude épreuve ! On aurait aimé rentrer davantage dans les arcanes de cette œuvre tout en ombres et lumières, musique sacrée sucrée d’une densité incroyable. Musique sacrée salée pour finir le concert ! Les
termes fusent pour qualifier l’œuvre du compositeur russe : primitivisme, hiératisme, brutalité mordorée, inventivité… Les souvenirs de Noces et Symphonie en trois mouvements se meuvent dans une musique d’une énergie folle. La salve d’applaudissements à la fin de la pièce récompense la qualité de l’interprétation, brillante. CHRIS FLOQUET
Ce concert a été donné au GTP le 13 mai
En quelques mots sophant sur l’inaudible que la musique sacrée rend audible, sur le silence et sur l’écoute, don fait au temps, il a
merveilleusement préparé son concert du soir et a laissé le public s’interroger : «être à l’écoute, n’est-ce pas Jean-Paul Dessy © Isabelle Françaix
Violoncelliste virtuose, chef d’orchestre et compositeur singulier, nourri d’influences autant baroques que contemporaines, le Belge Jean-Paul Dessy a décidément des affinités électives avec la Région : il se produit aux côtés du Ballet National de Marseille dans Moving Target, concocte un orchestre européen avec Télémaque (voir ci-dessus) et vient jouer en Avignon. Au théâtre des Doms bien sûr, voué (avec bonheur) à la Belgitude… Le musicien a su, en introduction au concert, parler avec passion durant plus d’une heure et retenir l’attention de son auditoire en discourant sur deux mots: Musique et Sacré. Philo-
simplement écouter l’être ?» Musicien avant tout, il nous a permis de «brancher un stéthoscope de l’attention pour découvrir un monde, pas forcément audible auparavant»… Et c’est par l’interprétation d’une de ses œuvres qui travaille l’intérieur du son, Barouk, du nom d’un prophète, qu’il a laissé le public déguster, en apéritif, le concert prévu le soir… CHRISTINE REY
Conférence d’avant concert au théâtre des Doms, Avignon, le 7 mai
GMEM
MUSIQUE
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Depuis le 14 mai, le festival Les Musiques organisé par le GMEM nourrit la cité phocéenne de sonorités contemporaines
Communion du peuple En guise de premier plat de résistance, la création d’Alexandros Markeas a su réunir amateurs et professionnels sur la scène de la Cartonnerie de la Friche, et seconde bonne nouvelle, les Bacchanales du compositeur grec ont fédéré autour de la musique contemporaine un enthousiasme partagé par le public. Sous la direction de Roland Hayrabedian, les Bordelais de Proxima Centauri, l’ensemble L’Itinéraire, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée et l’orchestre de la Timone ont soutenu près de 300 choristes composant Musicatreize, le Chœur Contemporain, le Chœur Philharmonique de Marseille, de la Magalone, de l’APHM, des Docks de Marseille, ProMusica, l’Atelier Polyphonique 83 et la chorale de l’Université de la Méditerranée ! Ajoutons à cet effectif pléthorique le récitant Jean-Baptiste Dumora, les solistes Anne Périssé dit Préchacq et Kaoli Isshiki, la mise en espace de Jeanne Roth et la direction «adjointe» des chœurs spatialisés par Sébastien Boin, Lionel Ponchaux et Jean-Emmanuel Jacquet, cela fait du beau monde pour servir les textes de Verlaine, Baudelaire, Euripide, Molière, Ronsard ou encore
Apollinaire. Sorte de grandiose messe profane qui oscille entre tragédie et comédie entrecoupée d’interventions d’un Bacchus joyeux ou déchainé, ce pied à l’étrier du «projet Odyssée dans l’espace» dans l’optique de Marseille 2013 a le mérite de mener une politique de création ambitieuse débutée en 2010 (avec le compositeur François Rossé) qui réunira chaque année amateurs et professionnels autour d’œuvres de compositeurs comme Nordin, Moultaka et Stranoy. Cette grande soirée du XXIe siècle éloigne les préjugés destructeurs trop présents autour de musique d’aujourd’hui. On ne va pas s’en plaindre, nonobstant une écriture polyphonie relativement minimale.
Bacchanales © David Benchetrit
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Contresens
Cribles © Marc Domage
La musique pour percussions de Xenakis est sauvage. Elle n’a rien de primitif. Ni d’ancien, comme le suggère le programme qui cite ces rondes qu’Apollinaire qualifie de «plus anciens monuments poétiques de l’humanité». Emmanuelle Huynh fait bouger mollement ses jeunes danseurs atones, gambadant en farandoles clopin-clopant, en décalage complet avec la force tellurique de la musique, ce qui n’est pas inintéressant, mais aussi avec sa complexité d’écriture, ce qui relève davantage d’une paresse d’esprit. On a envie qu’ils quittent le plateau, ces corps infantiles, pour pouvoir enfin entendre sans parasite l’incroyable déploiement spatial de ces instruments qui vibrent : Persephassa est une pièce qui encercle le public dans un ballet de peaux, à l’intérieur des chocs de
timbales, de toms, de caisses. Le son tourne autour des spectateurs, les six percussionnistes le reprenant ensemble ou en relais, en fugue, comme une matière vivante, un flux. Qui évolue et s’élabore, enfle et s’apaise, fait varier ses formules et les hauteurs, peuple ses phrases de sifflets, de tintements. Le ballet des baguettes est fascinant, sauvage et savamment élaboré. Ce que la danse, s’arrêtant au concept et négligeant l’écriture, n’est jamais. A.F.
Cribles/Live, chorégraphie pour 11 danseurs sur Persephassa de Xenakis, a été joué par les percussions Rhizome le 9 mai à la Friche
Machine et Amérique Récitals remarqués pour artistes remarquables en tout point, Toros Can au piano et Geneviève Strosser à l’alto ont nourri de virtuosité et de sensibilité des pièces majeures de Ligeti, Manoury, Murail ou Grisey. Entre-temps ? La technologie, ou plutôt la machine affirme son autorité sur l’homme et sur l’art. Machinations de Georges Aperghis est un ouvrage singulier qui marque l’adhésion du compositeur grec à la science de l’Ircam. Sur des textes du philosophe François Regnault, ce théâtre musical pour quatre voix de femmes, électronique et vidéo joue des phonèmes et décompose le sens. Sur la scène du
Gymnase, à côté d’un homme face à son ordinateur (Olivier Pasquet) les quatre femmes ont fait preuve d’une virtuosité redoutable… Face à cette œuvre crée en 2000, La nuit américaine programmée en clôture du festival à la Friche peut paraitre ancestrale. Au demeurant, Olson III de Riley et the unaswered question d’Ives restent dans leurs styles respectifs (musique répétitive et métaphysique) des pièces novatrices qui ont marqué leur temps. L’Orchestre Régional de Cannes sous la direction de Philippe Nahon a également interprété le célébrissime Adagio pour cordes de Barber
dans un programme qui, malgré les clichés, s’est attaché à dresser un panorama compositionnel américain peu représenté dans ces contrées musicales. La création française du concerto pour deux harpes d’Anne Lebaron fait appel à une virtuosité transcendantale rythmée par l’unique interprète Hélène Breschand, debout entre ses deux instruments et qui mène la danse. Malgré une technique impressionnante, cette voltige chromatique talentueuse semble parfois, musicalement, gratuite. Le cycle The perfect stranger de la rock star Frank Zappa pratique le décloisonnement des genres dont l’emblématique mousta-
chu s’est fait le chantre, dans une musique orchestrale trahissant quelques sonorités typiques d’un Hollywood merveilleux et féérique. F.I.
Le Festival Les Musiques, qui s’ouvrait par des pratiques chorales collectives et s’est terminé outre-Atlantique, a vogué vers des territoires que la musique contemporaine a longtemps méprisé… Signe des temps ?
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MUSIQUE
GTP | JEU DE PAUME
Lyrique toute ! Pour le week-end européen de l’opéra, le Grand Théâtre de Provence n’a pas fait dans la demi-mesure ! Afin de sensibiliser le grand public à l’art lyrique, de nombreux ateliers et concerts gratuits étaient ouverts gratuitement à tous dans le GTP, scène bien connue des mélomanes. En ce dimanche 8 mai férié et fortement ensoleillé, beaucoup ont opté pour le récital de la jeune et talentueuse soprano Julie Fuchs, révélation de l’Adami 2009 et soliste annoncée dans l’édition 2011 du festival. Cette ouverture au public se doublait d’une très judicieuse porte ouverte aux pratiques amateurs (la musique est la première pratique artistique des Français…) : avant de boire cette sublime logorrhée de vocalises de Mozart, Haendel et Rossini, le Junior Orchestra du Festival, encadré par des membres du London Symphony Orchestra et de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, avait pu tester les planches de la grande salle sur des images de la célèbre série Laurel et Hardy. L’Orchestre Symphonique du Conservatoire
Concert de l'Orchestre Symphonique du Conservatoire © Sylvain Sauvage - Tous a l'Opera 2011
d’Aix, aux ambitions plus professionnelles, s’est attaché ensuite à la mu-sique américaine, et a fait montre d’un niveau très honorable en jouant une création de Paul Elwood, et Un Américain à Paris très enlevé dirigé
par Robin Fountain, chef américain invité pour l’occasion. Entre les concerts, plusieurs conférences permettaient d’aborder concrètement la facture d’une production lyrique : approche ludique d’un opéra de
Tomasi par Rossfelder Un chant d’amour s’élève au cor anglais… et l’esprit de fête gagne les pupitres de l’Orchestre Philharmonique de Marseille ! Avec l’Ouverture du Carnaval
Emmanuel Rossfelder © X-D.R
Romain de Berlioz, le chef Mark Shanahan nous offre un accès chatoyant vers une Méditerranée colorée… Cependant, on change illico de rivage ! Pour évoquer l’Espagne Henri Tomasi (musicien dont on commémore le 40e anniversaire de la disparition) a convoqué… la guitare ! Emmanuel Rossfelder dit son émotion de recréer son Concerto, en présence de Claude Tomasi (il travaille tant à la reconnaissance de l’œuvre de son père !), quarante-deux ans après sa première exécution par Alexandre Lagoya. L’opus est magnifique ! D’un lyrisme puissant, il possède les accents rudes d’un flamenco fantasmé, d’une danse tragique, de lumineux effets de percussions et de sombres appels de cuivres… Autant d’images sonores qui se heurtent tels les traits tranchants d’un tableau cubiste. Rossfelder fait des prouesses, virevolte sur la touche. Les cordes vibrent à l’image d’un chanteur de rue, la nuit dans les jardins de Grenade… quelques heures avant que le poète Federico Garcia Lorca ne soit fusillé, par les franquistes, le 19 juillet 1936. Une sombre marche au supplice érigée en hymne à la liberté ! Deux «douceurs» suivent, interprétées avec goût, générosité et fantaisie : le néo-classique Concerto d’Aranjuez, fleuron des guitaristes, et la Suite romantique du Lac des Cygnes, opus aux aspérités harmoniques certes peu mordantes, mais dont la verve mélodique éminemment populaire a permis, le 14 mai, de faire salle comble ! JACQUES FRESCHEL
Haendel, découverte des futures productions, présentation très amusée par Frédéric Bélier-Garcia de sa future mise en scène de Bastien et Bastienne, et du rôle spécifique du metteur en scène d’opéra. Qui n’a pas la place centrale, dévolue au chef, doit travailler très vite par rapport au théâtre (3 semaines au lieu de 6 ou 8), doit adopter le rythme de la musique et non son propre tempo, et se heurte souvent à des purismes historiques, même lorsqu’il s’applique modestement à trouver la lettre d’une œuvre… Le volet pédagogique était également plus que présent avec de nombreux ateliers : possibilité de chanter en chœur un air d’opéra pour les néophytes et les chanteurs en herbe, libre création de décors et personnages par des enfants ou encore initiation au slam, parfois si proche de la déclamation lyrique avec Frédéric Nevchéhirlian. Une folle journée, active et ouverte à tous ! F.I. ET A.F.
En clair obscur
Soirée exclusivement consacrée à Mozart que celle donnée par le talentueux et jeune quatuor Chiaroscuro. Le choix d’un seul compositeur opère et donne un ton, quand la plupart des ensembles de chambre jouent sur des programmes contrastés ou évolutifs. Il faut dire que les musiciens, issus de contrées différentes, mêlent les traditions d’interprétation avec bonheur, la Russie d’Alina Ibragimova, violon, l’Espagne de Pablo Hernàn Benedi, violon, la Suède d’Emilie Hörnlund, alto, la France (Marseille) enfin, de Claire Thirion au violoncelle. Ensemble ils ont un son, travaillé et fin, précis, mais qui sait enfler, aussi, avec ce qu’il faut de démesure : pour preuve l’exécution soignée de l’adagio et fugue pour cordes en ut mineur K546, avec ses canons baroques, ses échos, puis du quatuor en mi bémol majeur K 428, et une certaine emphase dans les mouvements lents. La deuxième partie et son quatuor en do majeur, «Les dissonances», semblait plus libérée, les artistes y gagnaient en présence, en assurance sans doute. On perçoit une belle complicité chez ces jeunes artistes : il leur reste à affirmer plus nettement la volonté de partager avec le public leurs indéniables qualités musicales. M.C.
Le Quatuor Chiaroscuro s’est produit le 2 mai lors des Lundis du Jeu de Paume.
AU PROGRAMME OPÉRA
LYRIQUE
Carmen libre
Sacrées
Lyrique
L’Orchestre Philharmonique de Marseille, le Chœur Régional PACA, Hye Myung Kang (soprano), Juliette Galstian (mezzo), Alexander Swan (ténor), Jacques Calatayud (basse) interprètent la Messe Nelson de Haydn et des pièces sacrées de Mozart Exultate, Jubilate et Mercadante Sinfonia su motivi del Stabat Mater del celebre Rossini (dir. Theodor Guschlbauer). MARSEILLE. Le 20 mai à 20h30 Eglise St Michel 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Flûte universelle Une relecture libre de La Flûte enchantée par Orchestra di Piazza Vittorio ! Mario Tronco a imaginé l’opus de Mozart comme un «opéramonde» avec des «sonorités orientales, africaines, européennes, sud et nord-américaines.» Un concert mis en espace où les musiciens jouent les personnages du conte, où les rapports entre la fosse et la scène, la scène et le public sont revisités… Àdécouvrir !
Beatrice Uria-Monzon © X-D.R.
Carmen est l’un des opéras plus représentés de par le monde depuis sa création en 1875. L’œuvre a connu de multiples visions scénographiques, mais le plus fréquemment on assiste à des mises en scène classiques où l’Espagne de carte postale imaginée par Mérimée, fleure l’orientalisme du XIXe siècle. La nouvelle production de Carmen de l’Opéra-Théâtre d’Avignon coproduite par les Opéras de Debrecen en Hongrie, de Massy et de Reims, affirme la liberté du personnage de la Bohémienne qui nait «de la Mort, offre la Mort et choisit la Mort comme seule preuve irréfutable de la Vie.» Nadine Duffaut «cherche à retrouver la spontanéité, l’insouciance et l’instinct de l’enfance, piétiner les idées reçues et pourtant rester fidèle à la chose écrite.» La distribution remarquable, autour d’un grande interprète du rôle-titre Béatrice UriaMonzon, devrait attirer les foules. Elle est entourée de Sophie Marin-Degor (Micaëla), Jean-Pierre Furlan (Don José), Pierre Doyen (Escamillo)… L’Orchestre Lyrique de Région Avignon-Provence et les Chœurs de l’Opéra-Théâtre sont dirigés par Alain Guingal. La Chorégraphie est assurée par le danseur de flamenco José-Manuel Huertas. AVIGNON. Le 22 mai à 14h30, les 24 et 26 mai à 20h 04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
Bijou d’opéra Les Pêcheurs de perles de Bizet par l’Académie Régionale de Chant Lyrique avec Fabienne Hua (Leila), Guilhem Bernard (Nadir), notre collaborateur Jacques Freschel (Zurga), Michel Icard (Nourabad), Christiane Caligari (piano) et Elie Pellegrino (flûte). MARSEILLE. Le 22 mai à 15h au Théâtre de l’œuvre (1 rue Mission de France - 1er) 06 70 21 66 46
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AIX. Les 24 et 25 mai à 20h30 au GTP 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net © Piero Tauro
Wen Wei Zhang (ténor), Perrine Cabassud et Alice Gulipian (sopranos) et Damien Surian (basse) proposent un programme lyrique avec accompagnement à l’orgue ou au piano par (notre collaborateur) Frédéric Isoletta dans Pergolèse, Mozart ou Bellini. MARSEILLE. Le 25 mai à 19h30 et le 28 mai à 20h30. Eglise de Ste-Marguerite 06 32 94 65 40
Monteverdi Le Chœur des Festes d’Orphée chante Monteverdi / Œuvres à grand-chœur & pour solistes : Motet Lauda Jerusalem de Monteverdi, Extraits du premier acte de l’Orfeo (1607) de Monteverdi, Final du Jephte de Carissimi (1605-1674), Œuvres pour solistes de Monteverdi : Pianto della Madonna, Venite e videte, Lamento della Ninfa, Si dolce è il tormento, Ego flos campi... AIX. Le 31 mai à 20h30. Eglise du St-Esprit 04 42 99 37 11 www.orphee.org
Oratorio rare La Resurrezione est un oratorio sacré flamboyant composé par le jeune Haendel en 1708, lors de son séjour en Italie. Le livret situe l’action dans la continuité de la Passion : après la mise au tombeau du Christ, on assiste à une lutte entre un Ange et Lucifer, pendant que Marie-Madeleine et MarieCléophas pleurent la disparition de Jésus, avec les réconforts de Saint Jean. Les trois personnages attendant la Bonne Nouvelle, alors que Lucifer se consume… The King’s Consort est dirigé par Robert King, avec Julia Doyle, Lorna Anderson (sopranos), Diana Moore (mezzo), Charles Daniel (ténor), Andrew Foster-Williams (baryton). MARSEILLE. Le 1er juin à 20h30 Eglise St Michel 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Tour de chant Récital de l’ensemble vocal OpéraBulles, pour voix et piano avec des œuvres lyriques d’opéra ou sacrées de Mozart, Verdi, Puccini, Rossini… AIX. Le 9 juin à 21h. Eglise St Esprit SALON. Le 10 juin à 21h. Place St-Michel ARLES. Le 11 juin à 20h30. Eglise St-Julien http://www.operabulles.fr
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MUSIQUE
AU PROGRAMME
SYMPHONIQUE Avec ciné Le Philharmonique de la Roquette propose un nouveau ciné-concert en créant des musiques originales sur les images muettes de trois courts métrages : Malec, capitaine au long court - Buster Keaton, The Immigrant - Charlie Chaplin, An Eastern westerner - Harold Lloyd. PORT-ST-LOUIS. Le 27 mai à 19h Espace Gérard Philipe 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr
Avec violon
Quatuor
Le 5e week-end musical du Festival de Chaillol présente une formation de musique de chambre de haut-vol, constituée autour de la violoniste Olivia Hugues, au sein du Conservatoire Supérieur de Musique de Paris. Le Quatuor Ardeo joue un programme de Quatuors de Beethoven (op.59 n°1), Bartok (2e Quatuor) et Reicha (op.90 n°2). TALLARD. Le 27 mai à 20h30 au Château. OZE. Le 28 mai à 20h30 à l’Eglise. BARRET SUR MEOUGE. Le 29 mai à 18h30 à l’Eglise www.lebocage.org
L’Orchestre Lyrique de Région Avignon-Provence dirigé par Roberto Rizzi-Brignoli dialogue avec le violoniste Dmitri Makhtin dans le Concerto pour violon op 64 de Felix Mendelssohn, avant d’interpréter la Symphonie n°36 KV 425 «Linz» de Mozart.
Signe En raison de travaux réalisés dans l’Auditorium de la Faculté de Médecine, le dernier concert de la saison de la Société de Musique de Chambre de Marseille a été décalé en juin. On attend donc, pour la clôture, le Quatuor Signum dans un programme alliant Webern (Langsamer Satz), Mozart (Quatuor K. 590 en fa majeur) et Dvorak (Quatuor n°13 op. 106 en sol majeur). MARSEILLE. Le 14 juin à 20h30. Faculté de Médecine La Timone Adhésion pour la saison 2011-2012 http://www.musiquedechambremarseille.org Espace Culture 04 96 11 04 60
Été toulonnais Le Festival Estival 2011 à Toulon débute à la Tour Royale avec un concert du violoncelliste Pieter Wispelwey accompagné au piano par Paolo Giacometti. Le programme comprend la Sonate «L’Arpeggione» de Schubert, la Sonate n°2 en ré majeur, opus 58 de Mendelssohn et la Sonate en sol mineur, opus 65 de Chopin.
AVIGNON. Le 3 juin à 20h30. Opéra 04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.com
TOULON. Le 15 juin à 21h30 04 94 93 55 45 www.festivalmusiquetoulon.com Office du Tourisme 04 94 18 53 07
CHAMBRE Concert de l’ensemble de clarinettes L’Arbre d’Ebène dirigé par C. Icard. MARSEILLE. Le 21 mai à 20h30. Eglise St-Maurice (St-Tronc) Entrée libre
Anniversaire !
Quatre mains Miren Extaniz et Jean-Paul Serra jouent au pianoforte des Sonates à quatre mains de Mozart et Ignace Joseph Pleyel. MARSEILLE. Le 26 mai à 20h30 à Urban Gallery ST-PIERRE-DE-MEZOARGUES. Le 27 mai à 20h30 à l’Eglise. 09 51 16 69 59 www.baroquesgraffiti.com
Musique française Concert de clôture de la saison au Méjan : Isabelle Cals (mezzo-soprano), Philippe Graffin (violon), Jean-François Heisser (piano), Gary Hoffman (violoncelle), Marie-Josèphe Jude (piano) interprètent des musiques françaises de Debussy, Ravel, Fauré, Chabrier et Saint-Saëns. ARLES. Le 29 mai à 11h. Chapelle du Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com
Sonates en trio Cécile Jeanneney au violon, Georges Minassian à la flûte traversière et Thomas Girard à l’orgue jouent des Sonates en trio de Telemann et Jean-Sébastien Bach. Un concert à entrée libre mais dont la collecte sert à entretenir l’orgue rénové de l’église de Montolivet. MARSEILLE. Le 29 mai à 17h. Eglise de Montolivet (12e)
Quatuor Ardeo © X-D.R.
Œcuménique Marie-Christine Barrault (récitante), Hélène Delavault (chant) et Susan Manoff (piano) présentent un concert spirituel intitulé Liturgie pour un monde de paix, où se croisent des textes sacrés issus de différentes religions du Livre, des poésies qui sondent les interrogations humaines sur la vie, sur la mort, et des musiques de Bach, Bernstein, Ravel, Schumann, Lennon, Brassens… MARSEILLE. Le 8 juin à 20h30. Eglise St-Laurent www.marseilleconcerts.com Espace Culture 04 96 11 04 61
Profs Concert annuel de professeurs de la Cité de la Musique avec Jean-Marc Pongy (saxophone), Jérôme Lelong, Franck Bovet, Lauranne Pestre, Sabine Pizzicoli (piano) et Nicole Mison (hautbois). MARSEILLE. Le 10 juin à 19h30 à La Magalone Entrée libre 04 91 39 28 28
La maison d’édition discographique marseillaise est régie avec foi et professionnalisme par Suzanne et René Gambini depuis qu’ils ont placé leurs micros au pied du piano de Pierre Barbizet, fixant peut-être là ses plus belles gravures, avant que le musicien nous quitte prématurément… Rapidement, Lyrinx s’est forgé une image de découvreur de talents, d’artistes à «tempérament» (Korcia, Thiberghien...), réhabilitant aussi des musiciens laissés injustement sur la touche des affiches hexagonales comme Catherine Collard, trop tôt disparue, Jean-Claude Pennetier… Reconnu pour les qualités technique et artistique de ses captations, précurseur avec le SACD, Lyrinx a reçu de multiples distinctions et fondé une véritable écurie d’artistes, essentiellement pianistes, animés par un sentiment de fidélité à l’égard de leur soutien de toujours. Sept parmi eux viennent fêter, pour deux soirées exceptionnelles, les 35 ans de la maison discographique : ils ont pour nom Muzâ Rubackyte, Marie-Josèphe Jude, Caroline Sageman, Katia Skanavi, Philippe Bianconi et deux derniers venus Vittorio Forte et Paloma Kouider. Un feu d’artifice mêlant Chopin à Debussy, Liszt à Scarlatti, virtuose et sensible présenté par Alain Duault ! À ne pas manquer… car il n’est pas assuré qu’il y ait de tels anniversaires à l’avenir ! MARSEILLE. Les 15 et 16 juin à 20h au Théâtre de la Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
MUSIQUE
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Flûte et harpe
Campra
Pareil au M.I.M.
Philippe Bernold (direction musicale & flûte), Emmanuel Ceysson (harpe) et l’Orchestre de l’Opéra de Toulon jouent Debussy (Deux danses pour harpe et orchestre), Fauré (Fantaisie pour flûte et orchestre Op. 79), Mozart (Concerto pour flûte et harpe et Symphonie n°36 «Linz»).
L’Ensemble Soliste des Festes d’Orphée chante Campra & la Provence Baroque. Odile Boyer & Nathalie Di Fusco (dessus), Jean-Michel Hey (flûtes), Annick Lassalle (viole de gambe), Corinne Bétirac (clavecin & orgue) et Guy Laurent (chant, flûtes, direction) interprètent des petits motets d’André Campra, pour un ou deux «dessus»: Salve Regina, O Sacrum convivium, Cum invocarem, Laudate Dominum, Ecce quam bonum.
Le groupe de Musiques expérimentales mêlant Informatique et sons à Marseille (M.I.M.), propose deux concerts avec des œuvres de Pascale Weber, Luciano Berio, Nicolas Bauffe, Claude Moreau, Jean-Pierre Moreau, Lysey, Solange Baron et Marcel Frémiot avec Solange Baron à l’accordéon et Jacques Raynaut au piano.
TOULON. Le 17 juin à 21h30. Tour Royale 04 94 93 03 76 www.operadetoulon.fr
ANCIENNES Ténèbres L’Ensemble Dulcisona livre un programme de Leçons de ténèbres baroques françaises de Marc Antoine Charpentier, François Couperin et de compositeurs moins célèbres : Joseph Michel et Etienne Pierre Meunier d’Haudimont. Par Anne Périssé dit Préchacq et Hélène Richer (sopranos), Anne Garance Fabre dit Garrus (violoncelle baroque) et Isabelle Chevalier (orgue). MARSEILLE. Le 20 mai à 20h30 Eglise des Dominicains (6e E. Rostand) Entrée libre http://cantatrix.free.fr
Quatre Bénédicte Pereira (soprano), Patrice Barsey (hautbois), François Olivier de Sardan (violoncelle) et André Rossi (orgue) interprètent Corelli, Vivaldi, Bach, Pergolèse… MARSEILLE. Le 20 mai à 20h30 à l’église de St-Giniez (Entrée libre)
Royal L’Ensemble Instrumental Soliste des Festes d’Orphée présente Une Soirée à Versailles / La Chambre du Ro. Jean-Michel Hey et Guy Laurent (flûtes), Corinne Bétirac (clavecin), Annick Lassalle (viole de gambe) jouent le Première Suite pour clavecin de Jean-Henri d’Anglebert, la Suite en sol mineur en trio de Marin Marais, la Sonate «L’Impériale» des Nations de François Couperin, la IIe Suite en trio (Premier Œuvre ) de Pierre DanicanPhilidor et la Première Suite de Pièces en duo de Jacques Hotteterre. AIX. Le 24 mai à 20h30. Chapelle des Oblats 04 42 99 37 11 www.orphee.org
Bach L’Ensemble de la Société de Musique Ancienne de Nice présente des Arias & Concertos» de JeanSébastien Bach. Avec pour solistes Claire Gouton (soprano), Flavio Losco (violon solo), Marie-Claire Bert & Gianni Rivolta (flûte à bec) et Michaëla Chétrite (clavecin), l’orchestre interprète le 4e Concerto Brandebourgeois, le Concerto pour violon en ré mineur (BWV 1052) des Airs de cantates : So schau ich dies Holden Tages Licht (BWV 173a) / Ich habe genug (BWV 82a) / Jesu, deine Gnadenblicke (BWV 11) / Schafe Können sicher weiden (BWV 208) / Qui tollis (Messe en la majeur). AIX. Le 4 juin à 18h. Chapelle du Sacré-Cœur 04 42 99 37 11 www.orphee.org
AIX. Le 9 juin à 20h30. Chapelle de La Baume-les-Aix 04 42 99 37 11 www.orphee.org
Médiéval L’Ensemble Médieval des Festes d’Orphée présente Chants & Danses du Moyen-Age. Un programme rare de l’Ecole Notre-Dame (1200-1250): Motets polyphoniques, des Cantigas d’Alphonse X El sabio, Laudario di Cortona (XIIIe, extraits), Llibre Vermeil de Montserrat (XIVe, extraits), Gloria de la Messe de Notre-Dame (XIVe) de Guillaume de Machaut et des pièces de Binchois, Dufay (XVe). AIX. Le 14 juin à 20h30. Chapelle des Oblats 04 42 99 37 11 www.orphee.org
CONTEMPORAINE Sacrées L’ensemble vocal Musicatreize dirigé par Roland Hayrabedian chante des œuvres pour douze voix a capella de Johann Hermann Schein / 3 Motets (Fontaine d’Israël), Giacinto Scelsi Tre canti sacri, Franz Liszt Trois Motets, Olivier Messiaen Cinq Rechants, Zad Moultaka Ikhtifa. AVIGNON. Le 20 mai à 20h30. Notre Dame des Doms Musique Sacrée en Avignon 04 90 82 21 75
Percussions Bernard Pereira, Mathieu Schaeffer, Romain Maisonnasse et Bernard Boellinger jouent des œuvres percussives de Ohana (Etudes Chorégraphiques), des arrangement de Ragtimes de Scott Joplin et de nombreuses découvertes qui devrait faire sonner le Grand Foyer de l’Opéra. MARSEILLE. Le 21 mai à 17h Opéra 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Le M.IM dispose Un «dispositif multimédia» est installé par Pascale Weber, artiste en résidence au M.I.M. Au programme : happenings, expérimentations… avec Jean Delsaux comme invité intervenant dans l’espace, sur les thèmes de «l’autobiographie imaginaire, la gestion interactive de séquences vidéo, la vision distribuée entre le dispositif et le public, les ambiances audiovisuelles mémorielles». MARSEILLE. «Immémorial» Les 25, 26 et 27 mai de 18h30 à 20h. Cité de la Musique – La Cave
MARSEILLE. Le 26 mai à 20h30 Cité de la Musique – Auditorium 04 91 39 28 28 AIX. Le 30 mai à 20h30. Théâtre et Chansons www.labo-mim.org
Foliephonie Le compositeur Denis Dufour est invité par Les Acousmonautes de Lucie Prod’homme pour une rencontre/débat sur la musique acousmatique, avant un concert où se mêlent également des opus électroacoustiques de jeunes musiciens. MARSEILLE. Le 31 mai à 18h15 (rencontre) et à 20h30 (concert). Cité de la musique – Auditorium 04 91 39 28 28 Entrée libre
L’oud nomade À partir des compositions de Lionel Romieu à l’oud (luth), Dominique Bouzon aux flûtes, Jean-Yves Abecassis à la contrebasse et Jean-Philippe Barrios aux percussions, mixent les musiques de Méditerranée et des Balkans, écrites et improvisées, en gommant les frontières historiques et géographiques : «L.ROM» musique non-sédentarisées. MARSEILLE. Le 31 mai à 20h30 à l’Auditorium du collège Jean-Claude Izzo. http://www.myspace.com/l.rom
Inclassables Benjamin Clasen (alto), Jean-Marc Fabiano (accordéon) et Frédéric Baron (basson) de l’Ensemble Télémaque allient «des instruments que rien ne prédispose à jouer ensemble». Le trio présente des opus d’Alain Mabit, Surexposition, pastiche comique et virtuose pour basson solo, György Ligeti et sa Sonate expressive pour alto solo, Philippe Hersant et ses Duos avant-gardistes pour basson et alto. Astor Piazzolla est plus familier avec son Trio pour accordéon, basson et alto comme l’étonnante transcription de la sonate en sol mineur de Haendel. Deux créations récentes de Pierre Adrien Charpy, Pièce pour accordéon et un Trio spécifiquement conçue pour accordéon, basson et alto, complètent la performance de ces trois instrumentistes de haut-vol ! TRETS. Le 17 juin à 21h30 Cour du Château 04 42 61 23 75 http://www.acomz.net/ensemble-telemaque
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MUSIQUE
AIX Pasino : Al Di Meola (1er/6) 04 42 59 69 00 www.casinoaix.com
Théâtre et Chansons : Récital dansé autour de Barbara par Marie-Hélène Desmaris (28 et 29/5), Crise Carmen (11 et 12/6) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com
ARLES Cargo de nuit : Blind test (19/5), Viagem Samba avec La Quadra et Sambon (21/5), Thomas Dybdahl, Susan Sundfor (26/5), Erik Truffaz (27/5), Ben Howard (10/6), Richard Manetti trio (23/6) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com
AUBAGNE MJC L’Escale : Le Rama est dans la place (21/5), Under Kontrol, Iraka (27/5), Kabba Massa Gana, Ricky Benz (28/5) 04 42 18 17 17 http://mjcaubagne.free.fr
Comœdia : Eric Legnini quartet (20/5) 04 42 18 19 88 www.aubagne.com
CAVAILLON Grenier à sons : Alex Beaupain (27/5) 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
AU PROGRAMME LUYNES Le Korigan : Trio jazz manouche (27/5), Korigan reggae session (28/5), second tremplin New Wave of French Heavy Metal (4/6), 06 50 77 51 77 www.lekorigan.fr
La Cité de la musique : Pytheas 2011, le voyage musical (19 et 20/5), Farenji (24/5), Immemorial, vidéo sonore et photographies (du 25 au 27/5), Chœur Ibn Zaydoun (1er/6), Manât (10/6), les Belsunciades (du 14 au 17/6) 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
MARSEILLE Cabaret Aléatoire : Brooklyn Funk Essentials, Deluxe (21/5), Elysian Fields, The Tellers (23/5), Thomas Dybdahl (27/5), The Jon Spencer blues explosion (30/5), Tante Hortense & Mjo (1er/6), Marky Ramones’s Blitzkrieg (12/6) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com
Centre d’Animation des Lices : Spectacle musical Francis Cabrel avec Yannick Guérin (21/5), Arshad Ali Khan, musique classique de l’Inde du nord (29/5) 04 91 31 21 56
Dan Racing : Almereyda (20/5), MaDaal DocH, Odd Shaped Balls (21/5), Lost Asytum (27/5), Ghost Not (28/5), Bim Shebang, The Butcher Project, Cerevisia, Zone 51 (3/6), Who’s Mike (4/6) 06 09 17 04 07 http://guitarjacky.free.fr
La Machine à Coudre: Motto, Schnaak, Naanta Hozindar (19/5), Berg Sans Nipple, Oh! Tiger Mountain & Kid Francescoli (23/5), Cowboys from outerspace, Holy Curse (26/5), Reverend Beat Man (3/6) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com
04 91 50 11 61 www.lameson.com
Le MIM : Attentes, concert et caetera avec Solange Baron à l’accordéon et Jacques Raynaut au piano (26/5 à la Cité de la Musique, le 30/5 à Théâtre et Chansons à Aix)
04 91 63 14 65 www.leparadox.fr
04 91 99 00 00 www.dock-des-suds.org
Dôme : Patrick Fiori (20/5), Frédéric François (28/5), Mozart l’opéra rock (11/6), Calogero (15/6) 04 91 12 21 21
Enthropy : Bendir A Votz (18/5), Devilish Piranhas, Nitwits, Utrateckel (19/5), Descarga Gustosa (20/5), Abraxxxas (21/5), Brian Wolff, Bonne Humeur Provisoire, dj Bonjour l’angoisse (26/5), La Chilombiana (27/5), Guns of Brixton, Moravagine (31/5), Tol Eressëa, Maiden Hair-Tree (2/6) http://enthropy.fr
CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Akwaba : Fishbone (18/5), Quartet Désirs Chroniques (10/6) 04 90 22 55 54 www.akwaba.coop
ISTRES L’Usine : Abdelkader Secteur (19/5), Shaka Ponk (27/5) 04 42 56 02 21 www.scenesetcines.fr
Espace Julien : Capoeira jazz (19/5), RPZ, Popo Chanel (20/5), Ensemble Mezdj (22/5), Shellac, Helen Money (24/5), Leute, Bab (26/5), Dj Shadow (27/5), Noche de arte flamenco (28/5), Battles (31/5), Alatoul (3/6), Julian Marley & Uprising (8/6), Ben Howard (9/6), Markovo (17/6) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
04 91 47 01 25 www.myspace.com/intermediaire
Lollipop Music Store : Bye Bye Blondie (20/5), Thee Hamstrz (27/5), Dj Maki (3/6), The Keith Richards Overdose (4/6) 04 91 81 23 39 http://lollipopstore.free.fr
Planet Mundo Kfé : Red Corner (21/5), Diabloson (27/5), La Chilombiana (28/5) 04 91 92 45 72
La Meson : Carte blanche à Anthony Suarez : Spots, Dj Tony S., Mr Isselee, Dj Luc Sky et Dj Oncle Bo (19/5), éveil musical pour enfants de 5 à 9 ans, jazz boum part (21/5), Zigaboo et guests, Yvan le bleu (22/5), Daniel Kahn et Geoff Berner (28/5)
Le Paradox : Hofmann Family blues experience (19/5), Elvas (20/5) Dock des Suds : Ayo (20/5), Sexion d’Assaut (11/6)
L’Intermédiaire : Take easy sound (18 et 25/5), Glasgow (19/5), Z’s Dead Baby (20/5), Iraka (21/5), Odd Shapped Balls (26/5), Clémentine Clementz Coppolani (27/5), Groovin Mood (28/5)
Le Poste à Galène : Francis Lalanne (19/5), Joseph Arthur (20/5), James Vincent Mc Morrow (21/5), nuit années 90 (21/5), Papas Fritas (26/5), Le Prince Miaou (27/5), Melissmell (28/5), nuit années 80 (28/5), The Jon Spencer Blues Explosion (30/5), Action Beat (31/5), The Black Heart Procession (4/6) 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com
L’Embobineuse : Soirée Hak Lofi records (23/5 à Data), Capillary Action (26/5 à Data), Unlogistic, Louise Mitchels, Grand Prédateur, Semi-Playback (28/5), Ascia55, Théa&Théo (30/5 à Data), concert improbable (2/6), Les Chevaux de Dusseldorf, La Race, Nhkyx aka Kouhei Matsunaga (9/6), Concert improbable, Petit fantôme, Four Naked Sons, Crane Angels, Père Dodubaboum (11/6) 04 91 50 66 09 www.lembobineuse.biz
Ushpizin : 1er Festival de musique et contes Indo-persan : Arshad Ali Khan (29/5 à la Salle des Lices) 04 96 11 04 61 www.ushpizin.org
OLLIOULES Châteauvallon : Le Trio Joubran (21/5), Houria Aïchi (28/5), Salif Keita (1er/6) 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
PORT-SAINT-LOUIS Théâtre le Sémaphore : Glenn Miller Ambassador (20/5) 04 42 06 39 09 www.theatre-demaphoreportdebouc.com
SALON-DE-PROVENCE Portail Coucou : M.A.G, Section AK 13, Wahed Tleta, Scotcho (21/5), Papa Dixon, concert de fin de saison (28/5) 04 90 56 27 99 www.portail-coucou.com
SIX-FOURS Espace Malraux : The subs, The toxic avenger, Arnaud Rebotini (21/5), Kyle Eastwood, Erik Truffaz (28/5) 04 94 74 77 79 www.espace-malraux.fr
TOULON Oméga Live : Joseph Arthur, Lail Arad (21/5) 04 98 070 070 www.tandem83.com
VENELLES Salle des fêtes : Kabbalah, Djazia Satour (21/5), Philippe Forcioli (11/6) 04 42 54 71 70
ACTUELLE | JAZZ
AIX Grand Théâtre de Provence Présentation du programme de saison et apéro-jazz avec Marion Rampal Own Virago (21/5 à 19h) 04 42 916 969 www.grandtheatre.fr
Jazz Club de Provence Third Streamers et Roger Soirat (21/5 à 21h15) 04 42 261 295 www.jazzclubprovence.com
ARLES Méjan / Festival Jazz in Arles 16ème Edition Tout-Ut (18/5 à 12h00) Oliva-Raulin-FolzMonniot-Boisseau 5tet Little Nemo (18/5) Mansuy-Rampal-Di Fraya-Decrouy 4tet Vertigo Songs (19/5) Favre-Boclé-Jannuska trio et Eric Watson (20/5) «Django et rien d’autre« Apéro-concert (21/5 à 12h00) Loeffler-LaffontRabuffetti-Oustia-kine 4tet manouche «Django et rien d’autre» (21/5) 0490 495 678 www.lemejean.com
Le Boatel (péniche à quai, au pont Van Gogh) Trio Bel Horizonte Brésil(3/6) 06 08 605 324 www.leboatel.com
COGOLIN Jazz-Club Joseph Maria Farràs & Ignasi Terraza trio (28/5) 04 94 791 029 www.cogolin-provence.com/fr/
LA GARDE Night Paradise Claude Bolling Big Band (27/5) 0615 727 912 www.middlejazzorchestra.com
HYÈRES Théâtre Denis Bex-Bearzatti-Goubert trio Open Gate (18/6) 0494 007 880 www.jazzaporqueroles.org
MARSEILLE Cité de la Musique - Auditorium Pythéas 2011 Le voyage musical (19 et 20/5) Farenji/Nuestra Cosa&Ulrich Wolters (24/5) Manât (10/6) 04 91 392 828
Cité de la Musique - La Cave Scène Jazz – Jam session (23/5) 04 91 392 828 www.citemusique-marseille.com
Espace Julien Capoeira Jazz (19/5) Ensemble MEZDJ (22/5 à 18h) Bernard Pretty Purdie show (7/6) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
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Toujours là !
Cabaret Aléatoire Brooklynn Funk Essential (21/5) 04 95 049 509 www.cabaret-aleatoire.com
Le Grim n’est pas mort ! Même fermé provisoirement, il nous oriente vers des programmations innovantes et piquantes. Le 22 mai c’est au Poste à Galène, bien connu des noctambules marseillais, qu’il se délocalise avec les concerts de Skeletons et Johnny Hawaii. Leur bonne dose de surf pop psychédélique en fera transpirer plus d’un ! Marqués et installés sur la scène underground new-yorkaise, les skeletons et leur dernier album People sont quant à eux clairement à découvrir après leur passage remarqué au Midi Festival en 2009.
Cri du Port Claudia Solal SPOONBOX (19/5) Emilie Lesbros solo (24/5) 1er Tremplin jazz avec 3 formations sélectionnées (26/5)
F.I.
04 91 505 141 www.criduport.fr
04 91 04 69 59 www.grim-marseille.com
Inga des Riaux Romantic Chet (20/5) Sing song Swing (27/5) Noto Swing (3/6) Softly Jazz 4tet (10/6) 06 07 575 558 www.inga-des-riaux.fr/music.html
Le Paradox Hofmann Family Blues Expérience (19/5) Helvas (20/5) AfroTropical Party5 (21/5) Soirée Réunionnaise (25/5) Fanfare Touzdec (28/5) La Cumbia Chicharra (29/5) La Taïfa (5/6) Fabien Sacco / Dick et les Chaudasses (7/6) Oncle Strongle Jazz New Orleans (11/6) 04 91 631 465 www.leparadox.fr
Théâtre de la Criée Marion Rampal-Paul Pioli-Pierre Fenichel (20/5 à 21h30)
Skeletons © X-D.R
04 96 178 031
Multi couleurs
Roll’ Studio Sonny Simmons Triangular Force (19/5 à 19h30) Tzwing 4tet (21/5 à 19h30) Concert de fin d’année de l’école de musique avec C. Abram et M. David (26/5 à 19h30) Duo guitare Achard-Sumian (27/5 à 19h30) Ahmad Compaoré trio (11/06)
Salif Keita, figure mondiale de la musique malienne, ouvrira le 1er juin le festival Couleurs Urbaines. Une première magistrale pour ce festival itinérant qui boucle sa 3e édition dédiée aux cultures urbaines et aux musiques du monde, et cherche à présenter «quelque chose de nouveau sur l’agglomération». À la Bourse du travail, en plein air sur l’Esplanade marine, à l’Espace Tisot ou au Crep des Lices, à chaque lieu son esthétique : battle hip hop entre 32 équipes nationales et européennes entourées de Kenyon et Ken Swift (2 juin) ; plateau reggae avec Patrice, Gentleman et Taïro (3 juin) ; scène dub-electro avec High Tone et ses créations vidéo, le russe DJ Vadim & The Electric, les pionniers de la scène dub britannique Zion Train et les marseillais Watcha Clan (4 juin) ; et le premier Tremplin Musik Act ouvert aux jeunes talents de la région (10 et 11 juin). Couleurs Urbaines intègre également à ses rendez-vous la Semaine du Slam concoctée par l’Espace Tisot avec conférence, concert et session «slam, set & tchatche» (6, 10 et 11 juin).
04 91 644 315 www.rollstudio.fr
Nomad’ Café Naias (24/05) Artefada Festival (2/6) 04 91 624 977 www.lenomad.com
Station Alexandre Carrese & Friends (28/5 à 19h30) 04 91 009 000 www.station-alexandre.org
OLLIOULES Damero Bar Scène ouverte acoustique tous les mercredis / Soirée Salsa les mardis 06 28 475 294 www.myspace.com/damerobar
SAINTE ANASTASIE Jazz’Tasia Scott Hamilton-Martel-Potter-Alamel (10/6 à 21h)
M. G.-G.
04 94 722 058
VITROLLES Moulin à Jazz Claudia Solal 4tet Spoonbox (21/5) Bertrand Ravalard-Emile Parisien 4tet Polish Jazz (4/6) 04 42 796 360 www.charliefree.com
Salif Keita © X-D.R
AGEND’JAZZ
MUSIQUE
Du 1er au 11 juin Toulon, Ollioules, La Seyne-Sur-Mer www.festivalcouleursurbaines.com
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MUSIQUE
ACTUELLE
Massilia boulègue !
PASCALE FRANCHI
Guerre froide pour chaude soirée L’appel du Marsatac Calling, version printanière du célèbre festival, aura cette année largement dépassé nos frontières et tout particulièrement résonné chez les californiens des Cold War Kids qui ont avec grand bonheur répondu présent sur la scène de l’Espace Julien ce 9 mai. Dans leur sillage, le public des amateurs, branchés ou curieux, des connaisseurs comme des néophytes s’est massivement placé aux avant-postes de cette attaque rock aux accents de sable et de road-movie. Les quatre membres du groupe, aguerris à la scène tant ils tournent sans faillir depuis des mois, prennent un plaisir non feint à jouer et mêler les morceaux de leurs différents albums, offrant un mélange disparate de leurs créations, glissant du rock binaire teinté de cold wave à la pop sophistiquée, propre et presque trop lisse du dernier album. À l’image de leurs productions, ils jouent la carte assumée de l’inconstance musicale. Portés par la voix impeccable de Nathan Willett, la plupart des morceaux retentissent efficacement et on frôle à plusieurs reprises un état de grâce rare et fugace, notamment lors de l’acclamé et attendu Hang me up to dry. Fidèle à leur réputation, ces prétendus enfants de la guerre froide ne laissent pas de glace et savent faire remuer les troupes rassemblées devant eux, malgré le surprenant éclectisme de la foule, écho prévisible au style décousu qui caractérise le groupe. Une guerre froide réchauffant une soirée de printemps en réponse à l’appel d’un Marsatac du mois de mai…
© Agnès Mellon
Avant-goût de l’été, on entendait presque les cigales au concert des Massilia Sound System ce 15 avril au Dock des Suds. Et les adeptes du pastaga siroté au soleil s’y sont rués nombreux, bravant la malencontreuse pluie, envahissant dans un déluge de boisson anisée les abords puis l’intérieur de la salle des sucres, bondée et terriblement joyeuse. Que cette bonne humeur est communicative ! Le concert se dégustait comme un apéritif bien frais, fleurant bon l’occitan à chaque refrain, caressé par des rythmes ragga gouleyants et emportant l’auditoire conquis dans un sillage de grandes lampées de plaisir. Unanimement, le public répond présent et très vite en commande «une autre !». On en a pour son argent : d’un Ne me dis pas non à Toute petite danse en passant par Bouteille sur bouteille, les standards du groupe sont acclamés, scandés, bus d’une traite et... dansés sans retenue! Plus de 2000 personnes qui vibrent au rythme des fifres samplés et qui, soudain, s’embrasent au son plus lourd de platines technoïdes, voilà qui en impose. Massilia Sound System a mis le Òaï, en payant sa tournée comme à l’accoutumée (le pastis, servi frais aux heureux élus des premiers rangs), prouvant que l’occitan se vit, s’apprécie et se digère bien. Ne manquait que l’aïoli à partager !
Dream-team latino Associé au Chœur de l’opéra de Marseille, le quintette, en avant scène, donne une Misa Criolla des plus colorées. Œuvre majeure d’Ariel Ramirez, cette messe, composée sur des thèmes populaires d’Amérique du Sud, fut créée en 1964 ; les 5 parties de la liturgie catholique (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei), ici en espagnol, invitent à une ferveur différente sur des mélodies, rythmes et instruments issus du folklore. Quarante choristes, chemises bariolées, enthousiastes, chaleureux, et un chef, Pierre Iodice, survolté, impriment un dynamisme communicatif. Certes, les audaces harmoniques sont faibles et les répétitions nombreuses, mais le chant responsorial Gloria a dios, en fusées syncopées, et la Milonga de l’Agnus Dei sont des moments forts. Mario Contreras (Los Calchakis) illumine l’ensemble par sa voix claire. Belle ovation !
PASCALE FRANCHI
YVES BERGÉ
Los Calchakis © X-D.R.
Los Calchakis et le chœur de l’opéra se sont produits dans le cadre du Festival de Musique sacrée de Marseille
Cold War Kids © X-D.R.
Quintette en poncho rouge et noir dirigé par le papy fondateur Hector Miranda, 85 ans, verve et humour décapants : flûte de pan (siku), kena, charango, guitare sur carapace de tatou, bombo, les musiciens passent d’un instrument à l’autre, jouent et chantent avec aisance. La première partie est basée sur des mélodies populaires d’Amérique du sud, la plupart d’Ariel Ramirez : le son des flûtes vient des Andes sur des rythmes réguliers et répétitifs du bombo. Hommage à la terre dans la vasija de barro (Equateur) ou charme d’une croyance paysanne dans Nacimiento (Argentine) : Miranda se plaît à traduire chaque poème dans un français craquant.
JAZZ
MUSIQUE 55
De l’Art d’être deux Nous avions déjà eu l’occasion, ces deux dernières années, d’entendre Baptiste Trotignon à l’orgue Hammond à Aix ou au piano à Vitrolles. Il a donné une fois encore un beau concert en compagnie du saxophoniste Mark Turner. Tous deux sont partenaires de scène de longue date et ont interprété une série de compositions récentes. Les constructions mélodiques sont la plupart du temps très sophistiquées et une seule écoute, même attentive, ne suffit pas à mémoriser ces développements de thèmes foisonnants et parfois très complexes. Un choral de Bach est aussi passé par là, preuve du caractère intemporel de cette musique, mais aussi terreau fertile aux digressions. À l’évidence, l’entente est parfaite dans ce
lorsqu’il souffle de longues notes en appui. Un duo exemplaire d’autonomie et de solidarité, qui n’a nul besoin d’autre partenaire. La visible dépendance à la partition prouvait la fraîcheur de ce nouveau programme, mais les séquences improvisées ont été étonnantes par leur richesse et leur originalité. Et leur émotion. DAN WARZY
Ce concert a été donné au Cri du Port, Marseille le 14 avril
Baptiste Trotignon et Mark Turner © Dan Warzy
duo «hors paires», les interactions entre les deux esprits sont immédiates. Les fléchissements rapides des
genoux, attitude caractéristique de Mark Turner lorsqu’il improvise, répondent aussi aux envolées du piano
Splendeur Terrestre Émilie Lesbros, musicienne issue d’horizons contemporains, choisit un chemin difficile en utilisant sa seule voix, accompagnée d’effets sonores essentiels, produits par un piano, des cordes frottées à l’archet sur un violon ou des battements entêtants sur une guitare basse. Elle fait preuve d’une audace certaine dans son premier album solo ! Une gageure, une immersion dans l’inconnu intemporel, avec des marques d’un engagement certain, et une féerie démesurée. La voix est pure, vraie, avec ses respirations et son humanité ; gazouillis et borborygmes sont émis comme lors d’un dialogue ludique entre une souris et un ogre ! On se laisse prendre finalement à cette sorte de musicalité de bouche, à dimension onirique. À l’écoute du premier titre du CD, Dla Ciebie, on se demande quelles sont ses accointances avec la Pologne. Peut-être encore pour elle un pari à remporter, et avec brio, que celui de prononcer ces difficiles phonèmes slaves ? Artiste accomplie, Emilie Lesbros est nourrie également de l’expérience du théâtre
grâce à laquelle elle alimente son réel besoin de liberté dans l’expression. La meilleure façon de le vérifier sera de venir l’entendre en solo à l’occasion de la sortie de son CD… Je vous donne donc rendez-vous le mardi 24 mai à 20h30 au Cri du Port pour retrouver Emilie Lesbros. DAN WARZY
Émilie Lesbros Le 24 mai Cri du Port 04 91 50 51 41 www.criduport.fr Attraction Terrestre CDLabel Dfragment Music / Full Rhizome www.fullrhizome.coop
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MUSIQUE
ACTUELLE
Jeunes pousses Et si l’on remontait le temps ? Juste pour le plaisir de revivre le boeuf de tous les artistes du label Kütu Folk Records invité par Tandem à fêter ses 5 ans aux Faveurs de Printemps…
«La jeune garde» du folk & rock révélée par ce label installé à Clermont-Ferrand insufflait au Théâtre Denis une ambiance bon enfant communicative, et les artistes, visiblement
The Delano Orchestra © Anne Fermi
heureux de découvrir «le village» de Hyères (sic !), se sont montrés généreux. Avant ce grand rassemblement, tous ont eu leur heure de gloire en solo, et le public qui n’a pas assisté au concert en plein air de St Augustine l’après-midi pu découvrir l’ample tessiture de sa voix et sa faculté à se glisser dans les compositions de ses acolytes. Comme celles du benjamin de l’équipe Zak Laughed, qui fit grande sensation à l’église anglicane avec ses ballades mélancoliques, d’ores et déjà présenté comme le «jeune prodige de la folk pop française» ; de Leopold Skin dont les ruptures de tonalités et de rythmes font entendre le grondement des volcans d’Auvergne ; celles encore du duo acoustique Hospital Ships, aussi épurées musicalement qu’élégantes, qui réinvente une véritable symphonie pop.
Tous se sont retrouvés aux côtés de The Delano Orchestra, figure de proue et fondateur de Kütu Folk Records, qui emporta la totale adhésion du public par son énergie rock électrique : avec ses guitares puissantes, son violoncelle échevelé et la voix de son leader Alexandre Rochon, le groupe a quitté les rivages du folk minimaliste pour atteindre la pop mélodique, toute de furie contenue. Bref, jusque tard dans la nuit, Faveurs de Printemps a soufflé sur Hyères un vent de fraîcheur fort sympathique. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Le festival Faveurs de Printemps s’est déroulé à Hyères les 5, 6 et 7 mai à l’initiative de Tandem
Au sud d’Arles Dans la continuité de leur festival estival annuel, les Suds tenaient le 30 avril une animation Aux couleurs de l’orient dans le hameau arlésien sud de Mas Thibert. Un hameau où vit une importante communauté de Harkis cohabitant avec une population aux origines diverses et métissées. Il était très intéressant d’y concevoir une action culturelle fédérant des pratiques culturelles et musicales issues d’Afrique du Nord. L’atelier de calligraphie arabe avec Abdou Amri Zahri intitulé Mots d’elle présentait des travaux réalisés par quatorze femmes de toutes les générations, parfois illettrées : des transcriptions calligraphiées de proverbes et réflexions
reflétant leur histoire et leurs aspirations: Donne-moi le nay et chante le chant secret de l’éternité, Fais de ton cœur le pays où l’on n’a pas peur… Après l’exécution de deux danses égyptiennes dans le cadre d’un atelier chorégraphique, un concert de musiques chaâbi et arabo-andalouses interprétées par les musiciens de l’Orchestre Tarab et Fouad Didi (mandole) répondait aux entrelacs colorés de ces dames, traduisant le doute mais aussi la foi en des valeurs de fraternité. Héritier d’une tradition orale et plus que millénaire dont l’une des grandes formes originale et savante était la Nouba, les instrumentistes (chant, dara-
Si le deuxième CD de Zaza Fournier s’intitule Regarde-moi, la jeune chanteuseaccordéoniste de 25 ans mérite aussi d’être écoutée. C’était tout l’enjeu du concert donné le 13 mai au Cargo de Nuit à Arles. Après un premier opus à dominante acoustique sorti en 2008, qui résumait ses premières tournées avec «son groupe» réduit à un iPod pour compléter l’accompagnement de son Cavagnolo, la chanteuse revient avec «son groupe» en chair et en watts. Et c’est même du lourd qui charme nos oreilles avides de distorsion sur fond d’orgue, bass reflex et batterie appuyée : c’est tout l’enjeu et le paradoxe du rock dans lequel Zaza est entrée sans complexe ! Complicité et dynamique suppléent aux paroles noyées dans un mixage dont le clavier fait parfois les frais. Dans ce contexte, la voix de Zaza Fournier devient instrument : sur ses hauts talons, elle cherche la quintessence acoustique d’un micro bien géré en jouant sur une palette vocale très complète. À ceux qui ne connaîtraient pas ses textes, elle transmet leur énergie. Ses doublures de la guitare en solo (Vodka Fraise) concluent en beauté des riffs appuyés et jouissifs alternativement à l’unisson ou à contretemps. Après un somptueux Maman, la chanteuse gratifie le public de quelques solos en acoustique repris par un public connaisseur avant de conclure sur des thèmes revisités avec son groupe (Mademoiselle…). À regarder et à écouter. P.-A. H.
Zaza Fournier © X-D.R.
Écoutez-la !
bukke, tambourin, deux violons et banjo témoin des métissages) développaient des séquences modales tour à tour responsoriales, en ritournelle, aux multiples tournures rythmiques, vocale et mélismatiques rappelant les subtils entrelacs calligraphiques de l’art mozarabe influençant pour partie la musique médiévale occidentale. Générant de l’enthousiasme dans le public, la musique palliait l’impuissance des mots à combattre certains antagonismes pseudoidentitaires. PIERRE-ALAIN HOYET
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CAHIER JEUNESSE
AVERROÈS JUNIOR | RENCONTRES DE L’ILLUSTRATION
Une journée pas comme les autres
Depuis 3 ans, grâce aux Rencontres d’Averroès près de 2000 élèves de 25 établissements pensent Ma Méditerranée autrement
Ce 6 mai ensoleillé, deux classes de 6e et 5e du Collège Jacques Prévert de Marseille embarquaient à bord d’un bus direction Arles. Destination lointaine : une majorité ignorait tout de l’ancien port romain, jusqu’à ce que la visite du Musée départemental Arles antique et du quartier de La Roquette dissipe leur ignorance. Programme prometteur si l’on en croit les retours en fin de journée, quand les groupes échangèrent impressions et informations, restituant avec beaucoup d’aisance leur savoir fraîchement acquis : un bel encouragement à poursuivre l’opération pour les équipes qui œuvraient cette année au programme Junior sur le thème de «La mer à boire». À l’heure où les 5e s’engouffraient dans les salles du MDAA pour découvrir les messages des marins et des pêcheurs laissés sur terre et au fond de l’eau, les 6e option environnement apprenaient à regarder la ville, l’architecture, les traces du temps et ce qu’elles nous enseignent sur l’histoire des peuples. De chaque côté de la Méditerranée bien sûr, grâce aux incessants allers-retours linguistiques et historiques de Caroline Grellier qui, photos et documents à l’appui, avait conçu un parcours ludique et pédagogique totale-
Les Rencontres d'Averroès junior dans le parc du MDAA à Arles © Espace Culture Marseille
ment interactif. Yeux rivés sur les façades ou les berges du fleuve, les enfants n’avaient pas les mains dans les poches ! Répartis en deux groupes - Oran et Marseille -, ils écoutèrent studieusement les indications afin de pouvoir résoudre les énigmes : du coup le jeu de dés eut un franc succès, entrecoupé de haltes gustatives salutaires. C’est donc dans la bonne humeur qu’ils enrichirent leur vocabulaire et leurs connaissances, avides de compléter sur le terrain l’enseignement de leur professeur de SVT Rahmona Dérouiche. Après une pause déjeuner, les
deux classes découvrirent le film d’animation d’Alexander Petrov, Le vieil homme et la mer, inspiré du roman d’Hemingway : l’occasion après coup de décrypter les images et la musique, de livrer leurs émotions, de réfléchir une fois encore sur cette mer qui nourrit, unit et sépare les hommes. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Carnet de bord d’Averroès Junior (comptes rendus, travaux d’élèves, photos…) www.rencontresaverroes.net/wordpress
Couleurs en bataille
Les Rencontres de l’illustration ont fédéré petits et grands autour de la manipulation gourmande de l’image et du mot À l’Alcazar, si le «i» était le fil rouge rimbaldien des rencontres, d’autres voyelles et d’autres couleurs se sont livré bataille. Dans les ateliers, le bleu Klein et le rouge Le Corbusier de kt.COLOR ont pris le dessus pour la création de masques alors que le «i» s’est dressé fièrement dans les ex-libris réalisés avec l’atelier de sérigraphie d’art Tchikébé, appelés ensuite à se glisser dans les livres en consultation à la bibliothèque. Le public, en majorité
des étudiants en arts visuels, a offert la vision d’une ruche bourdonnante ! À la table ronde inaugurale, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ont été passées au filtre de la linguiste Annie Mollard-Desfour qui décrypta les mots des couleurs, les relations entre le nom de la couleur et sa représentation visuelle, leurs connotations, leurs origines mythologique, historique et religieuse. Et leur évolution : du rouge carmin au rose Barbie, du bleu azur à
Rencontres de l'illustration © Gabriel Beaudoin
l’outre noir de Soulages. Cette conversation savante avec Boris Henri, docteur en Lettres et passionné d’images, a lancé une manifestation par ailleurs plus festive. Comme lors des projections de courts films d’animation submergés par les couleurs primaires (subtile série Blop ! de l’auteur Hervé Tullet et du réalisateur Pierre Pelli), pervertis par la fausse absence de couleur (inénarrable Rouge de l’incorrigible Pierre-Alex VuillaumePrézeau) ou décalés pour cause d’un cruel jeu de mot Rimbaud-Rambo sur matelesurlenet.com. La palme de l’émotion revient à Ghislaine Herbéra qui a reçu ses jeunes lecteurs entourés des planches originales et des croquis de son désormais célèbre Monsieur cent têtes. Connaissant l’album sur le bout des doigts grâce à leur professeur Madame Allard, les CM2 de l’école Azoulay (Marseille 8e) lui ont réservé un feu d’artifice de questions sur son parcours, ses motivations, ses inspirations, les secrets de fabrication, son prochain livre… justement, il vient de sortir chez Didier jeunesse : Le livre rouge.Tout un programme ! M.G-G.
Les Rencontres de l’illustration ont eu lieu les 5, 6 et 7 mai à l’Alcazar et dans les librairies partenaires (Imbernon, La Réserve à bulles, Le lièvre de Mars). www.surlaplace.fr
Ça fait tilt !
Les cinéphiles en herbe du Club Cinétilt chantonneront à tue-tête Cour(t)s-y vite ! Cour(t)s-y vite ! aux oreilles de leurs petits copains et de leurs familles… les 8, 10 et 11 juin à La Minoterie, dans la cour de l’école Major Cathédrale pendant la Fête du Panier et à L’Alhambra. Projections de courts-métrages, ciné-concert et rétrospective composent ce festival dont ils sont les heureux programmateurs. www.cinetilt.org (voir Les Rendez-vous d’Annie page 67)
THÉÂTRE D’INTERVENTION | MÉTIERS DU SPECTACLE
Fondations
ÉDUCATION
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démesure, des blocs bruts d’émotion qui vibrent et tempêtent à deux pas de vous… Un écran, un long manteau noir, quelques couleurs parfois sur le visage, suffisent à évoquer la douleur du deuil, la terreur du viol, l’eau qui se teinte du sang des orgueilleux. Les Suppliantes et son évocation du devoir d’asile sont particulièrement bouleversantes. Une réserve ? on peut s’interroger sur l’opportunité de présenter en trois heures une trilogie sans unité dramatique, qui nécessite un véritable effort de concentration pour un public peu habitué au théâtre : chaque tragédie perd sans doute un peu d’éclat à se confronter aux deux autres… AGNÈS FRESCHEL
Mireille Herbstmeier et Philippe Girard au Lycee Mistral d'Avignon, Les Perses © DM/Zibeline
L’éviction d’Olivier Py de la direction du Théâtre de l’Odéon, puis sa nomination tout aussi arbitraire et régalienne à la tête du Festival d’Avignon, témoignent de la désagrégation du Ministère de la Culture qui, tel un despote en perdition mime les gestes du pouvoir, marionnette sans maître manipulée aux quatre vents. L’essentiel n’est pas là, pour la région du moins, mais dans le talent de l’homme de théâtre. La trilogie d’Eschyle, présentée en création dans un lycée polyvalent de Cavaillon, est une entreprise étonnante, et exemplaire. Pour atteindre son objet, c’est-à-dire étendre le public et démocratiser le théâtre, elle parie non sur une vulgarisation mais sur un appel à la grandeur commune. Celle des premières tragédies qui, semble-til, parlaient à tous, jeunes et vieux,
femmes et hommes, esclaves, étrangers et citoyens. Olivier Py en garde l’essence et l’amène, sans descendre, à portée d’appréhension des lycéens d’aujourd’hui. Ses moyens ? Une «tradaptation» qui possède toute la force poétique de sa propre écriture, joue avec les vers blancs, les analogies, les consonances, les antinomies. Discrètement, en respectant Eschyle, il redécouvre au cœur des premiers poèmes dramatiques l’actualité hélas sempiternelle des conflits méditerranéens : exil, asile, conflits fratricides, cité, démocratie assiégée, plainte éternelle des vaincus, orgueil des jeunes chefs, douleur des mères, et désarroi de ceux qui savent vers quelle tragédie leur devoir les emmène… Si tout cela est en jeu dans les trois tragédies d’Eschyle, Py sait les concentrer, cha-
Sur un plateau ! L’ISTS (Institut Supérieur des Techniques du Spectacle) d’Avignon et le CFA des Compagnons du Devoir à Marseille ouvrent en septembre une section de formation aux métiers de plateau, qui dispensera un Diplôme de Technicien des Métiers du Spectacle, option machiniste-constructeur (DTMS). Il s’agira d’installer et entretenir les décors pour le spectacle vivant.
L’ouverture de cette section a été impulsée par la profession et la Région a proposé à l’ISTS la mise en place de cette formation. La collaboration avec les Compagnons s’est imposée : même exigences de professionalisme et de qualité. Cette formation unique de 2 ans en alternance devrait attirer des jeunes de 16 à 25 ans de toutes les régions et sera rémunérée à raison de
cune en trois quart d’heure, dans une épure toute classique. Et cela marche : il faut voir les visages des lycéens fascinés. Pas tout le temps, mais presque tous. Et ce ne sont pas des élèves choisis, des classes spécialisées d’aspirants artistes : certains ont 15 ans, sont en seconde technologique, dans une ville plutôt sinistrée qui vote Front National à plus de 30%... Précautionneusement, le metteur en scène concentre non seulement le texte, mais l’espace : quelques tables bout à bout servent de tréteaux, les élèves, disposés autour, en bi-frontal, sont en pleine lumière, à quelques centimètres du visage des tragédiens qui leur jettent les mots directement au corps. Et quels acteurs ! Philippe Girard, Mireille Herbstmeyer et Frédéric Giroutru sont stupéfiants de
40 à 60% du SMIC en fonction de l’âge. Pour y accéder il faut soit posséder une expérience professionnelle de 2 ans, soit un CAP/BEP filière artisanat, soit sortir d’une classe de 2nde. Les cours théoriques seront dispensés au CFA des Compagnons, mais chaque apprenti devra trouver un maître de stage pour sa formation pratique auprès de la structure de son choix :
Les Perses ont été créés au lycée Mistral, Avignon, le 12 avril, puis joués en Nomades (scolaires et tout public) jusqu’au 22 avril. La trilogie a été créée au lycée Ismaël Dauphin de Cavaillon le 15 avril
À venir Trilogie Eschyle 25 et 27 mai Les Perses (scolaires) du 24 au 27 mai Grasse, Mouans Sartoux… 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com Les Perses du 6 au 10 juin Aix et CPA 04 42 26 83 98 www.atpaix.com lundi 6 juin, 18h30 Rencontre avec Olivier Py «Pourquoi la tragédie grecque aujourd’hui?» , Hôtel de Ville, salle des mariages, Aix
elles ne manquent pas dans notre région ! CHRIS BOURGUE
04 90 14 14 17 www.ists-avignon.com
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SPECTACLES
MASSALIA | LA CITÉ | LA FRICHE
Méli mélo d’histoires, recette
Pour concocter cette veillée singulière, il faut : un gradin tri frontal entouré de rideaux rouges, une grande malle en bois, deux comédiens-conteursmanipulateurs d’objets, Claire Latarget et Hadi Boudechiche, des pièces de Duplo, des petites voitures et des figurines de cerfs, du papier kraft et des boîtes de pâtes Lustucru, des lampes de poche, des sons et autres objets ou bricolages divers. Et surtout, surtout, beaucoup d’ingéniosité, d’imagination et d’appétit pour les contes. Faites entrer le public ; enfants, adultes, il y en a pour tous les âges dans cette histoire. Laissez-le s’installer sur les gradins de bois, ou devant sur des coussins. Lorsque c’est fait, tirez sur lui les grands rideaux de théâtre ; dans ce lieu clos, dans cette intimité créée, le spectacle peut commencer.Trois bricoles, quelques dates-clés, un personnage haut en couleur et une malle de souvenirs, laissez Claire et Hadi mélanger avec énergie les ingrédients d’une histoire passée. Laissez-les mixer saynètes et théâtre d’ombres, humour loufoque et nostalgie, souvenirs dramatiques et saga préhistorique. Ajoutez un zeste de clowneries, une pointe de lyrisme, une bonne
Vol libre
© Brice Gaubert
Prenez un récit de vie, des illusions perdues, une pincée de culpabilité, un cours élémentaire de parapente, une docte histoire de l’éducation convoquant Condorcet, Lepeletier de St Fargeau, Bourdieu, citations et schémas à l’appui. Ajoutez l’efficacité d’un dispositif scénique a minima, une bonne dose d’autodérision caustique, la conscience politique aiguisée et le talent oratoire de Franck Lepage. Vous voilà embarqués dans une conférence gesticulée aussi instructive que jubilatoire, petits
Funny Games ?
© Paolo Cafiero
mesure de poésie. Laissez mijoter une heure et quelques. Vous obtenez un délicieux voyage dans le temps. Le temps de la jeunesse de Claire, d’Hadi, de leur Papy Tonton, de l’humanité tout entière. Le temps savoureux des histoires. Un cocktail d’émotions, à consommer sans modération. FRED ROBERT
Une veillée singulière, spectacle créé par le Théâtre de cuisine-Christian Carrignon, Massalia du 19 au 22 avril, et présenté hors les murs jusqu’au 28 avril
zygomatiques et grands droits contractés pendant plus de trois heures ! Chemise hawaïenne délavée, short beige, solides godillots, queue de cheval chétive, style animateur MJC 70, le transfuge du ministère de la culture, casqué, lunetté, étale sur scène, l’aile bouffante qu’il porte en sac à dos, la posant d’emblée comme référence de son discours. Car le parapente explique tout ! Comment il a raté son ascension sociale, n’a pas acheté un chalet savoyard à ses parents modestes, comment la culture, telle une bulle d’air chaud, élève les riches plus haut que les pauvres, comment on décroche en entrant dans un cumulonimbus et à Sciences-Po si on ne connaît pas les codes, comment on peut en vol-bivouac se poser par miracle dans l’Université de Vincennes, pourquoi l’égalité des chances prônée par un système pervers conçu par et pour les élites est une imposture. Inscrite dans le cycle Inculture(s) proposé par Le Pavé, coopérative d’éducation populaire, cette conférence brocarde la méritocratie, annonce la fin des éducations nationales en Europe et par ses vertus désintoxiquantes, stimule, pousse à l’action, incite la pensée à un vol libre et ascensionnel. ÉLISE PADOVANI
La Conférence gesticulée (ou Petits contes politiques et autres récits non autorisés) de Franck Lepage a été programmée par La Cité le 15 avril à la Friche
Alice fois trois et un miroir à traverser, un échiquier géant en guise de Pays des Merveilles, des lettres à chevaucher, échelles ou balançoires, un titre finement codé en guise de viatique (A & Lewis In Carroll Experience) et vogue la petite barque… plateau tournant aux vagues argentées, trapèze et actrice habile qui sait jouer la tête en bas, un écran qui diffracte, répercute, ouvre et ferme l’horizon : l’univers du mathématicien bègue, photographe de petites filles, logicien autant que magicien est implacablement évoqué par le dispositif visuel et sonore qui clame le nonsense de manière un peu raide, un brin didactique. Comme chez Houellebecq les notices wikipedia sont mises à contribution ... pourquoi pas? Les rôles circulent entre les actrices, Alice, reine blanche ou cavalier rouge, toutes trois vives à souhait ; quelques belles images laissent espérer un passage «de l’autre côté» et une rencontre avec Humpty Dumpty mais le rythme est à la peine, les scènes et les silences trop longs et la salle ne bronche ni ne rit (bon on accorde un gloussement face au duo des petits punks aviateurs) sans doute paralysée par l’utilisation quasi systématique de la langue anglaise ou les interventions de la note tenue sur la guitare préparée : spectacle fort aride pour un public d’enfants petits et grands qui n’a que faire ici du regard lacanien ; bien trop cérébral et volontairement si loin de Disney que l’on regrette vraiment que la distance de «malin» à «petit malin» ait été mal évaluée ! MARIE-JO DHO
A-L-I-C-E écrit et mis en scène par Benoît Bradel et la Compagnie Zabraka a été joué au Massalia du 11 au 13 avril
© Cie Zabraka
LE REVEST | AVIGNON | BERRE
SPECTACLES
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Le goût des histoires Parce que «chaque histoire est une couleur, une émotion, un Monde», la compagnie Éclats de Scènes a composé pour le très jeune public (dès 3 ans) un spectacle en forme de voyage universel au pays des livres. BlancheVan Hyfte (Alpha) et Frédéric Richaud (Bêta) débarquent de leur planète Lambda pour raconter des histoires aux petits terriens. Les enfants suivent, captivés, les récits tirés d’une bibliothèque appétissante. S’anime en toute délicatesse un délicieux théâtre d’objets dans lequel Frédéric le poète mulot fait provision de soleil, de couleur et de mots pour l’hiver. «La vie est un livre, chaque jour est une page et chaque page est une histoire». Puis arrive la rencontre d’Igloo le grand chasseur, qui transporte les enfants dans une tempête de neige, à l’école du courage et de la débrouillardise, grâce à d’ingénieuses petites machines. Pour finir, une version grandeur nature et absolument craquante du Petit Chaperon Rouge, l’éternelle, tordant de rire les têtes blondes. Un petit chaperon qui montre sa culotte et danse comme Mickaël Jackson. Un spectacle accessible et plein de douce imagination, jamais bêtifiant, à la hauteur des enfants. Une excellente façon de donner le goût de la lecture.
Alpha beta © MD
Prochain rendez-vous au Festival Off d’Avignon, du 8 au 28 juillet, à l’École du Spectateur. Ça leur va bien.
Alpha Bêta s’est joué au Théâtre des Carmes le 3 mai
DE.M.
Astaire & Co
Surdimensionné
Selon par où l’on regarde le monde, il paraît plus ou moins grand ou petit, et si c’est par le trou de la serrure l’échelle est encore plus variable ! C’est en substance la démonstration poétique de la Cie s’appelle reviens dans 86 cm qui a obtenu le Molière du meilleur spectacle jeune public en 2009. Prix hautement mérité par cette forme miniature (30 minutes montre en main) qui relativise l’histoire de l’oeuf transformé en chenille transformé en papillon qui pond un œuf et va à son tour… Dans un décor qui rappelle l’atelier d’un touche-à-tout imaginatif, le musicien-chanteur joue à parts égales avec un comédien rêveur, incorrigible gaffeur, et un manipulateur-promeneur facétieux : les maisons tombent du ciel, les arrosoirs volent, disparaissent, 86 cm © X-D.R les cordes glissent des mains, s’ensablent même à la grande joie des toutpetits happés par la magie de la pièce, aussi absurde qu’inattendue. Rien ne leur échappe ! Pas même les trois hurluberlus embarqués dans des situations burlesques ou les parties de dominos géantes qui déclenchent l’hilarité et leur arrachent des oh et des ah admiratifs. Ironie de l’histoire, le comédien a le crâne chauve comme un œuf ! M.G.-G.
86 cm a été joué les 3 et 4 mai au PôleJeunePublic au Revest
Granada Mix © Leo Ballani
En mêlant le flamenco et les claquettes, Josette Baïz et les danseurs de la compagnie Grenade rapprochent deux façons d’aborder les frappes au sol, quitte à faire le grand écart entre les airs espagnols et ceux des grandes comédies musicales dansées par Fred Astaire. Car dans Granada Mix, trois pièces se succèdent, fort différentes les unes des autres, un «mix» qui entremêle adroitement les particularités de ces danses avec la danse contemporaine. Dans le premier tableau les 10 danseurs, dans une belle énergie qui ne les quittera jamais, dansent l’Andalousie en des mouvements ralentis ou accélérés qui donnent un éclairage nouveau sur la danse très codifiée qu’est le flamenco. Les tableaux suivants, plus inégaux, rendent hommage au «maître incontesté de l’élégance et du raffinement chorégraphique» qu’est Fred Astaire. Sur la trame musicale de Jean-Jacques Palix viennent se greffer les airs de Cole Porter, Léonard Bernstein… vaste bande originale sur laquelle les 10 danseurs vont faire montre d’une rythmique soutenue, et réactualisée, claquettes en tête, rajoutant à la danse l’humour lors de saynètes jouées et parlées. DO.M.
Granada Mix a été dansé à Berre le 13 mai
SPECTACLES
AU PROGRAMME
Délivrance Feu sacré Sylviane Fortuny met en scène le texte de Philippe
Même pas peur !
Histoires etranges, Isabelle Lobet-Piron © X-D.R
Des étoiles plein la malle est le moment-phare de l’association Patati Patata qui œuvre toute l’année à Fuveau en direction des enfants. Conçu autour d’un thème fédérateur et rigolo, «Petits monstres, moyens loups, grandes peurs», il associe le temps d’une journée (28 mai) tous les habitants de la commune, quels que soient leur âge ou leur culture. Tous se retrouvent dans les rues, à la ludothèque, à la bibliothèque pour écouter les conteurs, participer aux ateliers, pénétrer dans l’antre d’une caravane inondée de noir ou découvrir des spectacles : La tempête, parcours-lecture pour les 2-5 ans, L’Ogre de Barbocco, spectacle-conte pour les moins de 4 ans, L’oeil du loup, spectacle de marionnettes de la Cie Arketal, Drôle de frousse, spectacle tout public à partir de 6 ans. Les ados sont aussi à la fête avec des ateliers séances de ciné (projection de courts-métrages sur le thème de la peur suivis d’une rencontre), un coin café-philo, une «chasse au trésor»… M.G.-G.
5e festival Des étoiles plein la malle Le 28 mai Fuveau 06 29 59 63 39 www.patati.fr
À l’école du théâtre L’Office Central de la Coopération à l’École organise
THÉA du 30 mai au 1er juin Théâtre Massalia 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
Abeilles habillez-moi de vous dès 7 ans du 17 au 21 mai Théâtre Massalia 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
Lointain À partir d’un fait divers réel, et relativement sombre, le Bouffou Théâtre aborde finement le problème des sans-papiers en racontant le voyage entrepris par un homme habitant un pays de l’est qui, n’ayant jamais vu la mer, prend son vélo, traverse plusieurs pays et, alors qu’il a presque atteint son but, est arrêté sans papiers et reconduit chez lui en avion. Serge Boulier oppose rêve et réalité dans un univers fait de petits objets en fil de fer ingénieux et poétiques. La Mer en pointillé dès 3 ans Le 24 mai Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr
Inspiré (le plus librement du monde) de la légendaire histoire de la sorcière issue de la mythologie slave Baba Yaga, Yaga’s Fire est un conte de fées peuplé de sons évocateurs et de mécanismes ingénieux. Un théâtre d’objets sauvages de la compagnie Buchinger’s Boot qui élabore, dans l’antre de son atelier marseillais, un monde de marionnettes aux résonances envoûtantes.
Réapprendre Il y a mille façons de se tenir debout… C’est ce que
souligne le spectacle Debout de bois, qui, comme l’indique son titre, mêle le bois aux mouvements. Acrobaties, pirouettes, équilibre, c’est en manipulant des bouts de bois, dont il se sert comme des agrès ou d’instruments de musique, que le personnage aborde la station verticale qui s’avère être aventureuse…
Yaga’s fire dès 8 ans du 7 au 11 juin Théâtre Massalia 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
Debout de bois dès 5 ans du 23 au 25 mai Théâtre Massalia 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
Théâtral Au 3 Festival des Bahuts, les apprentis comédiens des e
Debout de bois © Mickael Troivaux
depuis plusieurs années l’action Théâtre coopération école (THÉA) qui favorise la rencontre des élèves avec les écritures théâtrales contemporaines pour la jeunesse. Cette année 14 classes des Bouches-duRhône, de la GS à la 3e, se sont lancées dans des projets de pratique artistique autour de 3 auteurs : Philippe Dorin, Nathalie Papin et Jean-Claude Grumberg. Toutes se retrouveront aux Rencontres départementales pour croiser leurs expériences, en présence des comédiens qui les ont accompagnées dans l’aventure.
Dorin, Abeilles habillez-moi de vous, un conte aux codes détournés, qui aborde de façon détournée et très poétique le thème de la pudeur et de la représentation de soi devant les autres. C’est l’histoire de deux personnes seules et qui ne veulent plus le rester, d’une princesse retenue prisonnière par son père qui a fait coudre entre elles ses robes (celles du précédent spectacle, L’Hiver quatre chiens mordent mes pieds) pour qu’elle ne puisse s’en vêtir et donc l’empêcher de s’enfuir… loin des convenances, et près du bonheur !
Yaga's Fire © Mafalda Camara
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ateliers théâtre des collèges et lycées du Pays d’Aix affrontent le public sur les planches du théâtre Vitez. De quoi toucher du doigt le trac, le trou de mémoire et le plaisir aussi ! Au programme tous les styles, toutes les époques et toutes les écritures dramaturgiques, de Musset à Pirandello en passant par Fabrice Melquiot et Shakespeare, avec Les Caprices de Marianne, Wanted Petula, Contes du Moyen-Orient, Le songe d’une nuit d’été et Six personnages en quête d’auteur. 3e Festival des bahuts Les 26 et 27 mai Théâtre Antoine Vitez, Aix 04 42 59 94 37 www.theatre-vitez.com
SPECTACLES
Délicat
Habité Joyeux ! Robinson, le «chanteur pour petites oreilles» comme
© Rebecca Dautremer
Princesses oubliées ou inconnues dès 5 ans Le 28 mai PôleJeunePublic, Le Revest 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com
Démonstrations dès 5 ans Le 27 mai Forum de Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
Robinson © Marc Ginot
Apprentissage Tiré du roman éponyme de Marie-Aude Murail, Oh
Mort en direct Tete de mort © Anne Marie Sagaire Durst
Tête de mort dès 10 ans du 14 au 18 juin Théâtre Massalia 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
il se nomme lui-même, crée à Berre un conte philosophique chorégraphié et chanté, Démonstrations. Pour ce projet sur le thème des monstres, les élèves de cinq classes élémentaires de la ville l’accompagnent sur scène, certains jouant, d’autres chantant, ainsi que Philippe Charleux, comédien et chorégraphe, et Adaëlle qui collabore depuis 10 ans à l’écriture de ses chansons.
Le grand C, Compagnie XY © Cie XY
Au départ il y avait un livre, Princesses oubliées ou inconnues, de Rebecca Dautremer et Philippe Lechermeier et des histoires de drôles de princesses ; à l’arrivée il y a le spectacle tout en chansons de Catherine Vaniscotte. Son timbre cristallin épouse toutes les sonorités et les harmonies des instruments de ses acolytes Frédéric Sahadoroff et Laurent Rochelle : piano, batterie, saxo, accordéon, harpe… Ses portraits, tantôt poétiques tantôt acidulés, sont comme des miniatures musicales.
Composé sur le motif des danses macabres, Tête de mort, un spectacle pour marionnettes à gaines et autres formes animées, aborde un thème plutôt original, surtout pour le jeune public (à partir de 10 ans). Un spectacle des Ateliers du spectacle qui met en jeu les petites morts, suicides et assassinats (de marionnettes), qui sont toujours des occasions de se moquer du monde et de s’amuser des vivants. À voir pour y croire.
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Boy ! dresse le portrait d’une fratrie qui se trouve, formée de Barthélemy et de ses trois demi-frères et sœurs, orphelins depuis peu et qui débarquent chez lui lorsqu’il devient leur tuteur. Bart, qui était insouciant et irresponsable va peu à peu mûrir et s’ouvrir au contact de sa famille, et s’occuper de son frère malade. Seul sur scène, Lionel Erdogan est Bart, qui se raconte, à la fois conteur et acteur. Oh Boy ! dès 9 ans Le 28 mai Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
Oh Boy © Thibaut Briere
Avec Reg’Arts sur rue, le PôleJeunePublic clôture sa saison en disséminant le «spectaculaire» sur l’ère toulonnaise via à un circuit dédié aux arts de la rue. Un rendez-vous familial pour écouter la fanfare pétillante des Grooms (La Garde le 7 juin), le Bamboo Orchestra (Le Pradet le 10 juin), s’émerveiller des prouesses du Cirque du Cambodge (Six Fours le 14 juin), participer à la leçon ludique et décalée du Montreur de marionnettes (Le Revest le 22 juin et suivre les performances XL de la Cie XY (La Valette le 23 juin). Spectacles en plein air et gratuits. (voir p 38). Reg’Art sur rue 2011 du 7 au 23 juin PôleJeunePublic, Le Revest 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com
Grandir Après le succès de sa mise en scène Alexis Moati, accompagné de la réalisatrice sonore Aline Soler, a fait appel à l’imaginaire des élèves d’une classe de CM2 pour écrire une version radiophonique de Peter Pan de James Matthew Barrie. Une pièce imaginée par 28 enfants où il est question de l’enfance, ses fantasmes, ses peurs, ses rêves, ses promesses et ses deuils. Parce qu’il paraitrait que tous les enfants grandissent, forcément, un jour… Tous les enfants grandissent dès 10 ans Le 31 mai Théâtre Massalia 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
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LIVRES
Sans dents, sans sport
Les enfants qui n’aiment pas lire sont «comme des crocodiles sans dents» : on s’inquiète pour leur survie, et leur avenir. Samuel et ses copains sont dans ce cas, même si leurs parents pensent qu’ils doivent lire de «bons» livres. Alors ils entrent en résistance et prennent d’assaut la bibliothèque qu’ils mettent à sac ! Il leur faudra réparer, ranger les livres qu’ils ont détériorés. La dernière page suggère qu’un jour, peut-être, l’envie de lire viendra. Mais en attendant ce récit de Rachel Corenblit ne risquet-il pas d’être pris au premier degré ? Les jeunes lecteurs seront-ils convaincus de l’intérêt de la lecture ? L’enquête vaudrait d’être menée... Quant aux dessins à l’encre et au crayon de Julie Colombet, ils occupent généreusement les pages et stimulent l’imaginaire. Autre préoccupation des parents : le sport du
mercredi ! La maman de Zouz lui fait essayer plusieurs sports, mais il s’essouffle et rien ne lui plaît ; la mère se désespère, le fils sombre dans la déprime... Jusqu’au jour où Zouz se retrouve dans un cours avec un ballon qui n’est pas fait pour marquer des buts mais pour communiquer avec les autres. Alors Zouz s’épanouit et trouve du plaisir à s’exprimer : il a découvert le théâtre. Réjouissant, le récit de Thomas Gornet provoquera, on l’espère,
Apprendre à voler
«Mon truc, c’est voler dans les airs. Beaucoup aimeraient voler mais n’y arrivent pas. Il faut avoir des ailes. Moi, j’en ai. J’ai mon skate. Si tu veux voler, il ne faut pas avoir peur. Moi, je n’ai pas peur». C’est Viima, 13 ans, qui s’exprime ainsi, avant de raconter son histoire. Une histoire dramatique, qui lui a coûté son skate chéri, a bien failli lui couper les ailes à jamais, mais dont il est sorti vainqueur. Grâce à son courage, à sa ténacité, grâce aussi à son sens de la juste révolte. En donnant la parole à son jeune héros fugueur et a-scolaire, la Finlandaise Seita Parkkola s’inscrit dans la
tradition du récit d’apprentissage. Mais le ton, loin de l’enjouement picaresque, est souvent glaçant, à l’instar de l’univers dans lequel évoluent les personnages. Le monde des adultes et de l’École de la Dernière Chance, où vient d’être inscrit Viima, pétrifié dans des règles absurdes ou cruelles, multiplie brimades et humiliations à l’égard de quiconque n’entre pas exactement dans le moule (c’est le cas de Viima évidemment, de
Enfin des filles !
l’empathie des jeunes lecteurs. CHRIS BOURGUE
Ceux qui n’aiment pas lire Rachel Corenblit, Julie Colombet Le Rouergue, coll. ZigZag, 6 € Mercredi, c’est sport Thomas Gornet, Clothilde Delacroix Le Rouergue, coll. ZigZag, 6,50 €
sa mère également, trop excentrique pour être honnête), casse et exclut les insoumis, tandis qu’on force les autres à espionner et à trahir. Aux confins de cet univers orwellien, la jungle d’une usine désaffectée où les enfants perdus (Peter Pan n’est pas loin) trouvent refuge entre deux raids sur les centres commerciaux voisins. Entre SF, chronique sociale et conte de fées (avec méchante marâtre et êtres
quasi surnaturels), la fable trace les contours d’une époque où il ne fait pas bon vivre lorsqu’on est différent. Elle pointe aussi avec justesse le désarroi des adolescents face à des parents qui ne jouent plus leur rôle. FRED ROBERT
Une dernière chance Seita Parkkola Actes-Sud junior, 14,80 € Seita Parkkola était présente au Salon du Livre de Paris, parmi les auteurs des Lettres Nordiques, à l’honneur cette année
L’éléphante de Dresde
Elles savent manier l’épée, et ne sont plus les potiches d’histoires où les garçons connaissent de palpitantes aventures ! Elles sont quatre, ces Demoiselles de la vengeance, et n’ont pas froid aux yeux. Dans la France du 17e siècle, elles se libèrent des tabous avec une belle énergie. On les voit combattre de terribles pirates, mais apprendre aussi à ne pas s’enfermer dans les préjugés inhérents à leur condition… Mesdemoiselles de la vengeance emporte le lecteur dans un tourbillon d’aventures. Le cadre historique est brossé avec justesse, les personnages bien campés. Le rocambolesque des romans de cape et d’épée se développe dans une construction parfaite, scandée par le rythme des marées (l’action se déroule sur les côtes de Charente) et les mouvements de la grande histoire. La plume de Florence Thinard, agile comme les fines lames de ses héroïnes sait moduler au gré des personnages, leur accordant à chacun une identité, un vocabulaire, un ton particulier : la rudesse vulgaire du Commodore, le redoutable pirate, la délicatesse un peu surannée de la douce Olympe, baronne de Haussy, le franc parler d’Agathe, experte au jeu de l’épée, les mots sans détours et pourtant tout de retenue de Nagîna, princesse du désert, le parler paysan et imagé de la vigoureuse Sylvine… Une réussite !
Une fois de plus Michael Morpurgo offre à ses lecteurs - à partir de 10 ans, ad libitum ! - une très belle histoire. Le cadre ? la fin de la deuxième guerre mondiale, la ville de Dresde, les bombardements alliés, l’arrivée des troupes russes et la progression des troupes américaines ; les derniers points de résistance nazis, l’hiver, rude et enneigé. Là-dessus, une famille, le père mobilisé, la mère seule avec ses deux enfants… banal, certes, mais Mutti, la mère, travaille au zoo de la ville et s’est attachée à la jeune éléphante, Marlène, qu’elle a élevée au biberon. Lorsque les animaux seront tués le 13 février 1945, lors du premier lâcher de bombes, la famille de Mutti gardera Marlène et l’entraînera dans sa fuite. Un récit d’humanité, de solidarité, malgré les circonstances tragiques, les trahisons. De superbes personnages apparaissent, comme cette comtesse qui offre abri et protection à une foule de réfugiés dans son château. Un récit de l’hiver des hommes qui fait chaud au cœur, ponctué par les superbes illustrations de Michael Foreman.
M.C.
M.C.
Mesdemoiselles de la vengeance Florence Thinard Folio Junior, 6,70 €
Loin de la ville en flammes Michael Morpurgo, Michael Foreman Gallimard Jeunesse, 13,50 €
LIVRES 65
Philo pour tous
La philo comme la chouette se lève à la tombée du jour soufflait Nietzsche, mais il n’est pas d’heure pour commencer à réfléchir laisse entendre la collection Chouette penser ! Ses volumes courts, joliment illustrés, savent allier une belle densité des références et du propos à une grande simplicité dans la formulation et la présentation. Les deux derniers volumes, Vivre avec l’étranger par Marie Gaille et Un lieu à soi par Anissa Castel constituent chacun une somme de réflexions passionnante. Le premier ouvrage offre un panorama large, allant de la découverte de l’autre à des notions d’anthropologie, de politique. Kant, Sophocle, Camus, Schütz, Montesquieu, une kyrielle d’auteurs, de penseurs, se répondent en échos… Si la formule rimbaldienne «je est un autre» creuse des abîmes, la réflexion renvoie aussi à cet inconnu familier auquel nous ne cessons de nous confronter… Vivre avec l’étranger, n’est-ce pas déjà s’accepter soi-même ? En des temps où l’on ne cesse de nous parler d’identité, il est des réflexions nécessaires ! Dans la même veine, Un lieu à soi interroge notre
mode d’habitation, sédentaire, nomade. Que signifie habiter quelque part? Développer sa culture, n’estce pas multiplier nos racines ? Suivant Diogène, le philosophe cynique qui méprisait les richesses matérielles, n’est-ce pas essentiel de se sentir citoyen du monde ? Ou bien, à la mode de Pérec, peut-on affirmer que vivre, c’est «passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner» ? Les pistes se multiplient, accompagnées de dessins épurés, de pages consacrées à une citation marquante, de notes biographiques sommaires mais très claires à propos des auteurs cités. Le tout contenu dans un format de poche au papier épais, qui invite aux poses, à la réflexion. Dernière pensée, à savourer : «être un livre, ne serait-ce pas enfin avoir le don d’ubiquité ?». MARYVONNE COLOMBANI
Un lieu à soi Anissa Castel, dessins Emmanuel Polanco
Se jeter à l’eau !
Un album jubilatoire pour petits et grands ! En ces périodes bientôt estivales Claire Franek (scénario) et Marc Daniau (illustrations) proposent un effeuillage collectif... Attirés par les vagues et les senteurs d’iode petits et grands, gras et maigres, jeunes et moins jeunes se dépoilent avec désinvolture et naturel, seuls ou en groupes pour le plaisir de se jeter à l’eau, ignorant complexes ou inhibition. Couches du bébé, képi du gendarme, baguette du magicien, chaussures et lingerie sont jetés au 4 coins avec une sorte de frénésie.... Chaque double page présente à gauche une
plage colorée avec l’injonction «À poil !» suivie de la désignation du personnage qui se déshabille sur la page de droite. Le dessin est à la fois réaliste et flouté par un contour imprécis, et l’on devine la matière de la gouache et de la craie grasse. Rien de mieux pour apprendre aux enfants les différences et les ressemblances des corps et leur faire pressentir le plaisir de l’eau sur un corps nu. CHRIS BOURGUE
Tous à poil ! Claire Franek et Marc Daniau Le Rouergue, 14,80 €
Ella est là
Le nouvel opus de la collection Jeunesse Musique de Gallimard (pour les 6-10 ans) est consacré au jazz et à la figure mythique d’Ella Fitzgerald. Les bambins entendent la voix sombre et chaloupée, virevoltante et swinguée de la diva dans des standards incontournables : Lullaby of Birdland, Mack the Knife en compagnie de Duke ou d’autres ensembles : des extraits qui s’étalent sur trente ans de carrière. Avant une partie documentaire classique, les enfants suivent l’ascension de la vedette (texte de Stéphane Ollivier) racontée par Elise Caron, au fil d’illustrations stylisées de Rémi Courgeon et s’identifient peutêtre à la jeune fille jouant au base-ball et rêvant de devenir… danseuse ! J.F.
Livre + CD Gallimard jeunesse
Histoire des arts et tourisme
Une nouvelle matière scolaire a vu le jour, l’histoire des arts, avec son lot d’hésitations … Pour aider parents ou professeurs, un charmant ouvrage vient de naître Escapades en famille qui axe ses visites autour des programmes scolaires, du CP à la 3ème ! Plus de 200 lieux sont ainsi répertoriés selon un découpage de la France en six grandes zones, chacune représentée par une carte. Fiches simples et claires, détermination de l’intérêt pédagogique, informations
pratiques, coups de cœur… tout est mis en œuvre pour rendre la tâche aisée.Vacances et intérêt studieux se conjuguent avec bonheur, dans les lieux les plus connus comme le musée d’Orsay ou le château de Fontainebleau, mais aussi par des découvertes pour les
Vivre avec l’étranger Marie Gaille, dessins Alexis Beauclair Gallimard Jeunesse, Coll. Chouette penser !, 10 € le volume
visiteurs de telle ou telle région, comme la Galerie européenne de la forêt et du bois à Dompierre-les-Ormes en Bourgogne, l’abbaye de Noirlac à BruèreAllichamps dans le Cher… Curiosités, sites d’exception, démarches originales, sont présentées avec discernement. Chacun
offre au public des parcours spécifiques, des dossiers, des jeux de piste, des charades, des animations, (costumes, dégustations, créations…) qui amènent à s’instruire en s’amusant… M.C.
Escapades en famille (du CP à la 3ème) Karine Filhoulaud Magnard, 13,90 €
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CINÉMA
IMAGE DE VILLE | AFLAM | REFLETS
Urgence ! Circulez ! Après l’automne vertigineux des skyscrapers, Image de ville propose de réfléchir aux transports de demain Face aux crises énergétiques et écologiques, les «ingénieux ingénieurs» et les «urbains urbanistes» vont devoir réinventer de toute urgence la mobilité urbaine. The Oil Crash, documentaire de Basil Gelpke et Ray McCormack promet la fin du pétrole dans un choc abrupt et révolutionnaire. Et si nos villes avaient des ailes ? de Jean-Baptiste Mathieu, Se déplacer en 2040 de Philippe Baron, imaginent déjà des solutions. Les huileux de Mathurin Peschet prônent une sympathique désobéissance civile, nous enjoignant de mettre de l’huile... dans nos diesels. Mythe de la vitesse, utopie des lenteurs, la programmation offre le plaisir de voir ou revoir Trafic de Jacques Tati, Central do Brazil de Walter Salles, de traverser
les USA avec Dennis Hopper sur les choppers d’Easy rider, ou sur une tondeuse à gazon à 5 kms/h dans Une histoire vraie de David Lynch. L’Institut de l’Image présentera un cycle road movie au jeune public. Expos et débats permettront de s’attarder à penser la vitesse guidé par un invité de marque: l’urbaniste philosophe Paul Virilio qui recommande, face aux catastrophes imminentes, l’indispensable lucidité et une façon autre de gérer une planète désormais trop petite pour le progrès afin qu’elle ne le devienne pas pour tout projet humain.
Trafic de Jacques Tati
Journées du film sur l’environnement Du 19 mai au 1er juin Aix et Pays d’Aix 04 42 63 45 09 www.imagedeville.org
ÉLISE PADOVANI
Printemps arabes La 4e édition des Écrans des Nouveaux Cinémas Arabes, À la lumière des printemps arabes, que propose AFLAM au cinéma Variétés du 23 au 31 mai, est marquée par une grande diversité ; géographique avec près d’une dizaine de pays représentés dont la Syrie et l’Irak ; diversité des genres avec des fictions, des documentaires, des longs et courts ; diversité des thématiques avec des œuvres directement politiques et d’autres qui mettent l’histoire en perspective, comme les films syriens La longue nuit d’Hatem Ali et Encore une fois de Joud Saïd qui sera présent le 30 mai. La première soirée, le 23 mai, est consacrée aux courts avec 8 films de jeunes cinéastes et le lendemain à 20h, en ouverture, un court sur la révolution tunisienne, Dégage sera présenté par son auteur Mohamed Zran, suivi par le documentaire, Vivre ici. Seront présents aussi, le 25, Mohamed Mouftakir
Microphone d'Ahmad Abdalla
avec Pégase, abordant un sujet longtemps tabou, celui de l’inceste, problème que traite aussi le court Tabou de Miriem Riveill ; le 26, Hakim Bellabes avec un portrait de famille marocaine, Fragments ; Ahmad Abdalla avec son deuxième long métrage, Microphone, qui pointe la soif de nouveauté de la jeunesse égyptienne. Un hommage sera rendu au documentariste
syrien récemment disparu Omar Amiralay, qui a beaucoup œuvré à la formation des jeunes cinéastes, et dont le film réalisé avec les habitants de Sadad, Les poules, sera projeté le 24 à 18h. Ceux qui ont raté le dernier film du Buster Keaton de Nazareth ou de Daoud Aoulad- Syad, pourront voir le Temps qu’il reste à 18h le 26 mai et La Mosquée le 30 à 14h. Et c’est avec Coup d’envoi, dans le stade de Kirkouk, du kurde Shawkat Amin Korki que se clôtureront ces écrans au cinéma Variétés, le 31 mai à 18h. Avant de partir en Caravane cet été dans la région… ANNIE GAVA
AFLAM 04 91 47 73 94 www.aflam.fr
Amours, délice et sexe Le festival Reflets s’est tenu du 4 au 8 mai, au cinéma Les Variétés Le plus poétique fut, sans doute, La Bocca del lupo, un documentaire de Pietro Marcello qui raconte l’histoire d’Enzo et Marie qui se sont rencontrés en prison. Enzo y a passé 27 ans de sa vie, et Marie, est une trans toxicomane dont il est Contracorriente de Javier Fuentes-Leon
tombé amoureux quand elle a cousu l’ourlet de son pantalon, en échange de cigarettes, et qu’il a protégée dès lors. Cette histoire d’amour, narrée comme un puzzle nous fait aussi visiter Gênes le long des quais, dans des ruelles sombres, dans des bars où l’on croise ceux que la «gueule du loup» avale. On n’oubliera pas de sitôt les protagonistes de ce film poème qui rêvaient en prison d’«une maison à la campagne avec un jardin potager et peut-être une véranda, avec un banc où on pourrait se serrer pour regarder l’horizon, avec nos chiens autour.» Très émouvants aussi les héros du film de Javier Fuentes-León, Contracorriente, Miguel et Santiago. Miguel, pêcheur dans un petit village très marqué par la religion, marié avec Mariéla, attend son premier enfant mais aime toujours Santiago, le beau photographe qui disparaît en mer. Quand Santiago «revient», le seul à le voir est son amant avec qui il peut désormais être partout tant que son corps n’est pas retrouvé. Pour Miguel il est tentant des faire perdurer la situation ! Parabole sur le «coming out», le film est servi par deux
superbes acteurs et une photographie lumineuse. La fin, qu’on ne dévoilera pas, tire les larmes. Étonnant, le film d’Emilie Jouve, Too Much Pussy Feminist Sluts in The Queer X Show : construit comme Tournée d’Amalric, il suit la tournée de sept performeuses qui font du «porno lesbien», à travers cinq pays d’Europe, alternant extraits du Queer show et les coulisses. On ne peut que comprendre la démarche de faire du porno différent, mais on peut aussi s’ennuyer ferme au bout d’une demi- heure ! Reflets a permis de découvrir 17 films, la plupart inédits à Marseille, montrant des parcours de vie d’hommes, de femmes, d’adolescents qui essaient d’affirmer leur identité et luttent pour leur reconnaissance. A.G.
www.festival-reflets.org
LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE
Institut de l’Image 04 42 26 81 82 www.institut-image.org
L’Institut Culturel Italien de Marseille continue sa rétrospective sur les divas italiennes des années 50 et 60 avec Silvana Pampanini dans La Bella di Roma de Luigi Comencini, le 19 mai à 18h : Mario, boxeur, finit en prison pour un coup de poing donné par erreur à un agent de police. Sa fiancée est serveuse dans le bar d’Oreste qui, amoureux d’elle, décide de l’aider pour ouvrir un restaurant : «La belle de Rome». Mario sort de prison et donne son premier combat important sur le ring… Institut Culturel Italien 04 91 48 51 94 www.iicmarsiglia.esteri.it
Dans le cadre des Rencontres Parallèles 03 (voir p15) qui auront lieu à Marseille du 19 au 28 mai, Komm’N’Act et Films de Force Majeure proposent une carte blanche à l’artiste allemand Alexander Schellow : de courts films réalisés à partir de dessins émergeant de la reconstruction méthodique par l’artiste de ses souvenirs ; Marseille #0 - #18 fait partie de ces «spots». Deux seront diffusés dans le bar du Cinéma les Variétés sous forme d’installation vidéo, et l’ensemble des «spots» sont projetés en salle avant les films, véritables bandes-annonces des Rencontres. www.films-de-force-majeure.com www.komm-n-act.com
Le 20 mai à 20h au cinéma Variétés à Marseille, en avant première, Ivory Tower d’Adam Traynor, une comédie mettant en scène deux frères ennemis, Hershell (Chilly Gonzales) et Thadeus (Tiga), joueurs d’échec chevronnés dont la rivalité ne s’arrête pas à l’échiquier mais se poursuit sur le terrain amoureux… La projection sera précédée d’un piano solo de Chilly Gonzales. Cinéma Variétés 09 75 83 53 19 www.chillygonzales.com
Le 22 mai à 11h et 17h, au Théâtre des Bernardines, dans le cadre des Informelles, deux rencontres conduites par le philosophe Heinz Wismann autour de documentaires dont les héros sont des enfants et des adolescents, en présence de leurs auteurs : Les roses noires d’Hélène Milano et Fleur de sureau de Volker Koepp. Les Informelles 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org
Dans le cadre de Juin au jardin, les ABD GastonDefferre et l’association TILT proposent le 10 juin à 22h, un film d’animation d’Eric Darnell, Tom McGrath et Pierre Dominique, Madagascar, et le 17 juin Neg Marron de Jean-Claude Flamand Barny. ABD Gaston Defferre 04 91 08 61 00 www.biblio13.fr
New-York-Miami de Frank Capra
Du 18 au 31 mai, à l’occasion des Journées du film sur l’environnement, «Transports et mobilité», prenez la route vers l’Institut de l’image à Aix qui propose une programmation consacrée au road-movie et vous (re)verrez New York-Miami de Frank Capra ; Easy Rider de Dennis Hopper ; Le Canardeur de Michael Cimino ; Starman de John Carpenter ; Une Histoire vraie de David Lynch ; Macadam à 2 voies de Monte Hellman, ainsi qu’Au Fil du temps de Wim Wenders et Le Goût de la cerise d’Abbas Kiarostami. Le 31 mai, soirée consacrée à John Cohen en présence de ce réalisateur et photographe ainsi que de Bernard Plossu.
CINÉMA 67
À partir du 8 juin, l’Institut de l’Image à Aix propose comme chaque année une programmation de rééditions, Bloody Mama et L’Affaire Al Capone de Roger Corman ; Je veux seulement que vous m’aimiez de Fassbinder ; Le Guépard de Visconti et une soirée spéciale le 15 juin, à 20h30, Paroles sur images de Joseph Césarini et Alain Dufau, produit par Lieux Fictifs, en présence de Joseph Césarini.
Madagascar d’Eric Darnell, Tom McGrath et Pierre Dominique
Le 11 juin à partir de 9h, en partenariat avec le cinéma Prado à Marseille, l’association Cinépage propose une journée animée par Michel Ciment autour d’Elia Kazan, Un rêve Américain. Cinépage 04 91 85 07 17 www.cinepage.com
La fièvre dans le sang d'Elia Kazan
Institut de l’Image 04 42 26 81 82 www.institut-image.org
Bloody Mama de Roger Corman
Le 9 juin à 19h30 au Centre Hospitalier Valvert à Marseille, l’association Ose l’Art propose Folle embellie avec Miou-Miou, Jean-Pierre Léaud, Maryline Canto, Yolande Moreau, Olivier Gourmet… en présence de la réalisatrice, Dominique Cabrera : en Juin 40, au bord de la Loire, les grilles d’un asile sont restées entrouvertes. Quelques pensionnaires vont les franchir : un été inoubliable pour quelques-uns qui vont vivre la plus belle des embellies : la liberté. Ose l’art 04 91 87 68 03 www.ch-valvert-marseille.fr Fleur de sureau de Volker Koepp © Vineta Film
Le 11 juin, à la tombée de la nuit, dans le cadre de ses séances de Ciné Plein Air à l’occasion du Festival du Livre de la Canebière (voir p.23), TILT propose au Square Léon Blum, Golden door d’Emanuele Crialese : dans la campagne sicilienne du début du XXe siècle vit une famille de paysans. Attirée par les photos envoyées par ceux qui sont partis dans le «nouveau monde» elle abandonne son pays natal et embarque pour un voyage vers une terre rêvée. Tilt 04 91 91 07 99 www.cinetilt.org Golden door d’Emanuele Crialese
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CINÉMA
LES VARIÉTÉS | ROUSSET
Un, deux, trois, souleù ! Les films du Delta ont offert du 28 avril au 1er mai à Rousset un festival en trois actes Ouverture au son des mariachi, contre orages et polémiques, sur les deux âges d’or cinématographiques au Mexique, en cette année qui ne fut pas la sienne en France ! Du mélodrame Maria Candelaria d’Emilio Fernandez magnifié par la photo de Gabriel Figueroa (chef opérateur de Buñuel), palme d’or en 1946, au virtuose Amores perros d’Alejandro Iñàrritu distingué par la critique en 2000, l’aperçu d’un cinéma foisonnant internationalement reconnu. Provence terre de cinéma a également fourni l’occasion de découvrir des films plus rares : Espiral de Jorge Perez Solano (Zib 28) ou encore Los que se quedan, documentaire de Juan Carlos Rulfo et Carlos Hagerman, dans lequel résonne la douleur de ceux qui restent au pays après l’émigration des hommes aux USA : un téléphone qu’on n’arrive pas à raccrocher, l’écho d’une voix amplifié par le vide de la maison trop grande construite grâce aux mandats des absents et qui ne coïncide pourtant pas avec l’idée du bonheur qu’on s’était faite. Harold Torres a présenté Norteado (2009) de Rigoberto Perezcano où il incarne un jeune migrant refoulé par la police des frontières, gardé au poste
à chacune de ses tentatives, entre les portraits tutélaires de Schwarzy et de Bush, puis recueilli et aimé par deux femmes oubliées de leurs compagnons, depuis longtemps passés «de l’autre côté». Tout y est montré : le mur de fer de Tijuana qui file de l’océan aux zones désertiques, le foyer des clandestins, la jeep yankie aux aguets, la faim, la soif mais aussi le geste tendre, désintéressé, solidaire. Deuxième volet de la manifestation roussetaine, la compétition entre huit courts métrages tournés dans la région. Le jury professionnel présidé par Philippe Faucon a décerné le Souleù d’or à Grégoire Colin, comédien passé à la réalisation pour La baie du renard, un court sensible à la dramaturgie ténue. Enfin, dernier acte de cette 9e édition du festival, un week-end consacré à la thématique cinéastes et chorégraphes, réflexion ébauchée sur la danse au cinéma, mode de narration, exaltation des corps et du désir, métaphore ou allégorie, mise en abyme du spectacle. Réflexion nourrie par la projection de classiques (Scola, Fosse...), par l’entretien filmé avec Angelin Preljocaj, par le doc d’Assayas sur Eldorado du même
Femmes d’ici et de là-bas Correspondances de Laurence Petit-Jouvet
Norteado de Rigoberto Perezcano
Preljocaj, ou par celui de l’ibérique chorégraphe-danseuseréalisatrice-actrice Blanca Li où le processus de création devient Pas à pas une aventure à partager et un objet cinématographique à part entière. Le bouquet final est revenu à Wise et Robbins pour un certain West side story, une histoire d’amour, de haine et de mort à la jeunesse universelle. ÉLISE PADOVANI
De Montreuil à Bamako ou à Kayes, ce sont de beaux portraits de femmes maliennes que propose Laurence Petit-Jouvet dans Correspondances. Le dispositif est simple : dans le cadre d’ateliers, des Maliennes ont écrit à un destinataire de leur choix, réel ou imaginaire, une lettre filmée pour parler de leur rapport au travail. Certaines n’ont pas choisi de venir en France dans les années 70, et d’autres au contraire ont décidé de venir vivre «ici». Les lettres filmées, à Montreuil d’abord, ont ensuite été présentées à des femmes de Bamako et de Kayes, qui à leur tour se sont exprimées. Que ce soit Sorifin, femme de ménage à Montreuil, mère de sept enfants, qui travaille dur de 4h du matin à 20h «Les pauvres ne peuvent pas être fatigués !», et aurait voulu vivre «là-bas», Djangou, cette jeune infirmière, fière de son métier, qui écrit une lettre, très émouvante à sa mère -qu’elle n’enverra pas- pour lui parler de leurs divergences sur la vie «J’ai choisi de faire passer ma vision du bonheur avant la tienne. (…) Ce qui m’est intolérable, c’est d’affronter ta tristesse et ta déception»
ou Oumy, cadre supérieure, qui se heurte à la discrimination de grandes entreprises françaises -la seule qui ne se montre pas à l’écran, de peur de perdre son travail-, toutes nous donnent des leçons de courage par leurs mots simples et profonds. On rencontre dans ce documentaire généreux des personnages attachants, comme Aïssata Djénépo, qui évoque la légende d’une jeune vierge, Tapama Djénépo, enterrée vivante pour que Djenné soit délivrée des djinns, qui enseigne la technologie et le dessin industriel et souhaite créer sa propre entreprise. Ou Dialo, la jeune professeur des écoles, de CP, heureuse d’apprendre à lire à une classe d’élèves socialement défavorisés. Un film qui nous permet de voyager de Montreuil à Bamako, en laissant sur place toutes les idées reçues. ANNIE GAVA
Le film a été présenté en avant-première au cinéma Variétés le 14 avril
ALCAZAR | INSTITUT DE L’IMAGE | FILM CINÉMA 69
The Big Coen Pour accompagner la sortie et le succès, autant critique que public, de leur dernier opus True Grit, l’Institut de l’Image à Aix a eu la bonne idée de proposer un morceau de choix avec la rétrospective du 27 avril au 10 mai des films des frères Coen. Les deux enfants prodiges du Minnesota étaient apparus avec férocité et virtuosité dans les années 80 avec Blood Simple, à une période où le cinéma hollywoodien s’essoufflait sous des atours esthétiques souvent creux. D’une noirceur implacable, leur premier film laisse déjà entrevoir ce que sera la pâte des frangins : un fatalisme ironique porté par une mise en scène d’une incroyable maîtrise et aux clins d’œil cinéphiliques. Suivra une période faste de presque vingt ans où ils explorent en même temps l’Amérique profonde et l’âge d’or hollywoodien.
exhaustive ! Mais au début des années 2000 et avec la sortie en 2001 de The Barber, leur univers semble avoir fait le tour de luimême. Le sous-titre du film, L’homme qui n’était pas là semble en attester ! Les frères Coen enchaînent en 2003 et 2004 deux films moins inspirés, Intolérable Cruauté et Ladykillers, dont ils ne sont pas les auteurs (c’est une première) et qui ne faisaient justement pas partie de la rétrospective. Il faudra attendre 2008 et la course-poursuite sanguinaire de No Country for Old Men, proche de l’esprit de Fargo (1996), pour les retrouver au sommet de leur art : cinglant, épuré, précis. True Grit d'Ethan et Joel Cohen
Leurs références sont nombreuses : le film noir des années 40-50 et des auteurs de roman noir comme Chandler (Blood Simple, Miller’s Crossing,
Honneur ou liberté ? Dès la première séquence de l’Etrangère, on entre dans une tragédie : en pleine ville, un homme braque un revolver sur une femme. La ville, c’est Berlin, elle, c’est Umay, une mère de 25 ans
RÉMY GALVAIN
The Big Lebowski, The Barber), Sergio Leone, Tex Avery (Arizona Junior), Polanski, Kafka (Barton Fink, palme d’or 91)… liste non
d’origine turque. Lui est son jeune frère. Comment en est-on arrivé là ? C’est ce que raconte le premier film de Féo Aladag, une comédienne autrichienne, qui avait déjà réalisé plusieurs clips pour Amnistie International dans le cadre d’une campagne «Halte à la violence contre les femmes» et qui a produit et réalisé cette fiction très ancrée dans le réel. Umay, battue par son mari, le quitte, emmenant leur fils, et rejoint, en Allemagne, sa famille qui n’accepte pas ce «déshonneur». Que ce soit sa jeune sœur à qui elle a beaucoup manqué, son frère aîné, plus dur encore que son père, pour qui elle est «l’échec de sa vie et à qui elle brisé le cœur», sa mère, apparemment insensible, ou son plus jeune frère, dont elle a changé les couches jadis, tous font passer l’honneur de la famille
avant la compréhension de ce que vit Umay. Le talent de Féo Aladag est de ne pas condamner ses personnages mais plutôt de faire réfléchir le spectateur à leurs positions et à leurs préjugés. Nous suivons la fuite d’Umay, sans cesse obligée de déménager, à travers de longs travellings, Umay qui n’hésite pas à affronter toute la communauté turque lors du mariage «obligé» de sa sœur, une des séquences les plus fortes du film. Umay qui conquiert sa liberté, travaillant dans un restaurant où elle rencontre l’amour, mais ne peut vivre sans l’affection de sa famille… Un premier film documenté, qui permet aussi de revoir la formidable actrice, Sibel Kekilli. ANNIE GAVA
L'Etrangere de Feo Aladag
Brassens par lui-même La salle de l’Alcazar était comble le 15 avril pour voir le nouveau documentaire de Sandrine Dumarais, Le Regard de Brassens, et c’est à un voyage intime que le public a été convié durant une heure. En effet, la réalisatrice a véritablement reçu en cadeau du neveu de Georges Brassens, Serge Cazzani, des images inédites que l’auteur compositeur avait lui-même tournées entre 1953 et 1957 en compagnie de ses proches. Ces petits films en 16 mm, ainsi que les images d’archives que l’I.N.A, coproducteur, lui a confiées, Sandrine Dumarais les a organisées chronologiquement dans de courts chapitres dont les titres reprennent les chansons que tout le monde connaît, Maman Papa, Chez
Jeanne, La non-demande en mariage, Les copains d’abord, Trompettes de la renommée. Commentées par les amis de toujours, Victor Laville, Juliette Greco, Agathe Fallet, par des personnalités qui le connaissent bien comme Bernard Lonjon, son biographe, Clémentine Deroudille, commissaire de l’exposition à la Cité de la musique ou par Brassens lui-même qui en précisait le contexte dans des émissions de télé en 1966 ou 1978, elles sont projetées à la tombée de la nuit dans les lieux du chanteur, et glissent poétiquement sur les murs des maisons qui bordent le canal de Sète… nous montrant Brassens dans sa vie quotidienne, Brassens qui se baigne, Brassens avec son
chien, ses parents, ses amis. De longues séquences sont consacrées aux Auvergnats, Jeanne -La Jeanne- et Marcel son mari, Pupchen, la femme de sa vie qu’il a rencontrée en 1947 et à qui il a fait la nondemande en mariage. Ceux qui connaissent le chanteur y découvrent l’homme, simple, ses habitudes, ses préférences à travers des images singulières, intimes qui
témoignent de son passage de l’ombre à la lumière et de la liberté qu’il y perd. Un vrai moment de plaisir. ANNIE GAVA
Co-produit entre autres par l’INA et Comic Strip Production, le film a été diffusé le 28 avril sur France 5 et un DVD sera disponible dès juin 2011
Le Regard de Georges Brassens de Sandrine Dumarais © Comic Strip Productions
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ARTS VISUELS
PHOTOMED | TOULON
Mostra méditerranéenne À Sanary et alentours, la Méditerranée possède dorénavant son festival photographique. La Turquie et l’Anglais Martin Parr en ont la primeur en invités d’honneur La photographie serait-elle une passion française ? Dans chaque région on ne compte plus les festivals, rencontres et autres évènements réjouissants qui l’honorent sur des thématiques variées. Désormais la Méditerranée possède elle aussi son festival. Créé il y a peu par Philippe Heullant et Philippe Sérénon, Photomed tentera de «…faire émerger à travers la photographie la complexité des cultures et des civilisations méditerranéennes et faire découvrir des créateurs qui par leur hypersensibilité trouvent dans la réalité des signaux que nous ne voyons pas». Même si l’invité d’honneur, Martin Parr croque en Espagne les travers des estivants de Benidorm et si Philippe Ramette s’immerge en apnée dans la grande bleue, le festival ne se restreint pas à une vision maritime. Le programme de cette première édition conçu par JeanLuc Monterosso, (directeur de la réputée Maison européenne de la photographie à Paris) multiplie les points de vue, les questionnements en faisant appel à des artistes
reconnus comme aux talents émergents (certains exposent pour la première fois) avec la Turquie en première ligne, et pose des regards extérieurs notamment avec deux sélections des figures historiques de l’agence Magnum et de la MEP (H.C. Bresson, William Klein, Leonard Freed…). C’est l’occasion de découvrir des travaux inédits de Stratos Kalafatis sur le Mont Athos, Marseille via l’iPhone de Cristiana Thoux, ou des confrontations historiques et esthétiques : l’Istanbul selon Ara Güler ou Bruno Barbey, les photos d’Ali Taptik en regard de la collection de Pierre de Gigord, les Marubi dynastie de photographes albanais équivalent des Ely ou Detaille en Provence. Il faudra aussi être attentif aux propositions de plusieurs femmes photographes en lien avec la question d’identité, le travail de mémoire et pointes autobiographiques Melisa Önel (Turquie) Carolle Benitah (Maroc), Ornela Vorpsi (Albanie), Pinar Yolacan qui voyage en Turquie et New York. Sans oublier
© Carolle Benitah representee par la Galerie 127 de Marrakech, Le Deguisement
les lectures de portfolio, workshops dans un contexte pré estival sans ses inconvénients car celui-ci se déroule en plusieurs lieux de villégiature varoise Sanary, Six Fours, La Cadière, les iles des Embiez et Bendor. S’il ne peut exister de photographie méditerranéenne, Photomed tisse cependant une méditerranée des photographes. Une lingua franca des images ?
Photomed du 27 mai au 19 juin Sanary-sur-Mer 04 94 74 10 80 www.festivalphotomed.com
CLAUDE LORIN
Hitchcockien
© Katia Bourdarel
La sensualité féminine, la bestialité fantastique, le merveilleux et les sortilèges, l’imagerie enfantine s’immiscent dans la pénombre de la galerie des Musées, à l’abri d’une lourde tenture noire protectrice. En prologue à son récit en 3D, Katia Bourdarel s’empare librement du conte des frères Grimm Frérot et soeurette avec cette vraie fausse innocence qui nous ferait prendre une sculpture à tête de cerf pour une jeune princesse… Comme en rêvent les petites filles déguisées en Blanche-Neige minaudant dans leurs habits de velours rouge devant leur miroir. Mais notre trouble n’est qu’à ses premiers balbutiements ! Avec La Ronde, l’artiste pousse sa scénographie cinématographique jusqu’à provoquer une réelle sensation d’effroi grâce à un savant jeu de théâtre d’ombres et d’objets, une création vidéo et sonore. L’œil attiré par les images de silhouettes d’oiseaux, l’oreille attentive aux bruissements de battements d’ailes et aux cris perçants des volatiles, la main tendue vers la maquette du château de la Belle au bois dormant inondé de lumière, on se heurte soudain à la horde volante d’énormes corbeaux suspendue
dans le noir au-dessus de nos têtes. L’effet est des plus efficace et la magie opère instantanément : Katia Bourdarel maîtrise l’art de la mise en scène tout autant que celui de nous faire basculer dans le monde des songes éveillés. Où la métamorphose des choses n’est pas illusoire, où le travestissement masque une ingénuité troublante. Toujours à la lisière du conscient et de l’inconscient : aurions-nous donc rêvé ? MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Le son du silence Katia Bourdarel jusqu’au 25 juin Galerie des Musées (Remparts), Toulon 04 94 91 45 60 www.toulon.com
LA SEYNE-SUR-MER | ISTRES
ARTS VISUELS 71
La partie n’est pas jouée Décomposer, recomposer, construire, déconstruire, diffracter : Véronique Bigo encadre le monde dans un imagier éclaté. Où qu’elle se trouve, Véronique Bigo veut raconter autrement ce que tout le monde sait et voit pour inventer des «histoires de mémoire, des histoires vraies mais aussi possiblement vraies». À Marseille, dans son jardin, c’est la force de la nature et de la reproduction qu’elle veut peindre ; au Domaine de Pont-Royal chargé d’Histoire, la présence de Pascal lui donne envie de parler éducation, religion, nature ; à Rome ce sont les traces et les émotions d’une ville vécue qui dominent son imaginaire. À La Seyne-sur-Mer, elle remonte le temps jusqu’aux années 70 au gré des trois étages de la Villa Tamaris Pacha : libre à nous de suivre ses pérégrinations physiques et mentales à travers des sites, des musées, des jardins, des objets, des personnages fictifs ou réels qu’elle réanime de manière oblique sur des toiles de lin ou des bâches. Toute sa vie se concentre dans l’écriture de cet «abécédaire» gigantesque, singulier puzzle dans lequel nous circulons aisément sans toutefois en percer toutes les facettes. Mystère, mystère… Ces représentations suggestives, réalistes ou elliptiques introduisent des histoires fleuves, romanesques, déroulées parcimonieu-
sement. Au chapitre des «objets manufacturés» figurent en bonne place le design et la Tarasque, des pots de pharmacie et les sacs à mains d’épouses d’artistes célèbres, objets soudain érigés en icônes modernes. Au chapitre «organique», les fleurs et les légumes nous disent comme Magritte «Ceci n’est pas une pipe…» tant leur charge érotique est prégnante. Et ainsi de suite : l’homme, l’Antiquité, mais aussi les corps, les artistes. Et les taches noires, le lien invisible entre eux. Que l’artiste choisisse d’isoler un objet de son contexte, de se focaliser sur un détail ou d’en révéler l’ensemble, elle glisse des indices et sur le mode du jeu, toujours, nous invite à déchiffrer son incroyable rébus. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Peinture méta-physique : histoire de taches Véronique Bigo jusqu’au 19 juin Villa Tamaris Pacha, La Seyne-sur-Mer 04 94 06 84 00
© Veronique Bigo, La Chaussure N°2, 2007
Iconoclasties À travers une sélection remarquable, la semaine cinématographique inaugurait Images Transversales, l’évènement de la plateforme Popart’s que poursuit Je me fais mon cinéma au Cac et divers lieux d’Ouest Provence Le pari de Catherine Soria et de sa nouvelle équipe est en passe d’être gagné (Voir Zib 34 et 39). Encadrée par des expositions monographiques (Bruno Peinado et plus tard Nicolas Pincemin, Lilian Bourgeat) sur le fil d’une programmation centrée sur le thème de la fiction, l’exposition thématique Je me fais mon cinéma offre une passionnante sélection d’œuvres explorant les rapports entre art contemporain et cinéma, et diversifie les lieux d’accès à un public élargi et au monde enseignant. Dans ce domaine, deux beaux projets, au lycée Latécoère, les réalisations des élèves de l’atelier cinéma avec Thierry Froger et au théâtre de l’Olivier les vidéos et ins-
tallations conçues par les étudiants des Beaux-arts d’Aix-en-Provence (The speak actor, pièce collective et parodique, films d’animation en boucle aphones de Maxime Parodi). Dans les sous-sols du musée archéologique, la projection directe sur la pierre confère une inquiétante matérialité au film de Flavie Pignatel, Esprit es-tu là ? Mais c’est au Centre d’art contemporain que se concentrent la majorité des œuvres, dont nombre d’installations comme La mangeuse d’images de Sylvia Bossu : lorsque le spectateur appuie sur le bouton, le film projeté est aussitôt détruit par une broyeuse ! Nous sommes au croisement de multiples références et expérimentations combinant histoire du genre, ses constituants comme ses stéréotypes. Jeux sur la narration, montage, temps/temporalités, son/image, remake ou found footage… le cinéma se fait manipuler en tous sens à travers les œuvres entre autres de Douglas Gordon,Virginie Barré, J.P. Pelletier, Thierry Mouillé, de Thierry Froger artiste invité et fil conducteur d’Images Transversales. CLAUDE LORIN
© Thierry Froger, Les disparus du super 8, serie photographique, 2007
Images Transversales/ Je me fais mon cinéma jusqu’au 13 juillet Ouest Provence 04 42 55 17 10 www.ouestprovence.fr
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ARTS VISUELS
MARSEILLE
Le jour se lève Des paysages et cités d’Italie, Caroline Duchatelet a conçu trois petites vidéos contemplatives et très bachelardiennes, pour laisser du temps à la rêverie Où commence et finit l’aube ? Comment filmer la nature d’un phénomène qui s’impose à notre perception en catimini, dans l’entre-deux, révélant ce qui devant nos yeux ne peut apparaître que dans la progression de la lumière ? Car l’expérience de l’aube naissante est subtilement totale. Nous en prenons conscience par le truchement de chaque sens : visibilité grandissante certes, apparition des couleurs aussi, que confortent d’autres émergences, la sensation de brise glissant sur le visage, l’humidité de l’air enveloppant corps
© Caroline Duchatelet, photogramme noir et blanc, extrait de Eoliennes le 4 novembre 2009, video, couleur
et objets, les bruits naissants, les odeurs qui s’imposent et se modifient peu à peu. Le paradoxe de ces vidéos est de réactiver cette expérience totale dans un dispositif épuré ultra minimal : plan fixe, lenteur, silence. Dans ce jeu entre chien et loup, les images prennent fin à l’ins-
tant décisif où elles basculeraient dans une forme descriptive, juste avant l’accumulation des détails qui imposeraient inéluctablement le pittoresque. Comme cédant au besoin de documenter ses œuvres par trop furtives, Caroline Duchatelet attribue des titres précisément
situés et datés : Rome, le 9 août 2009 ; Eth, 2009 ; Eoliennes, le 4 novembre 2009. Dans cette dernière œuvre nous sommes en altitude, comme à distance et proche à la fois d’un sommet envahi régulièrement de gauche à droite par des masses fluctuantes de nuages. Par ces flux hypnotiques nous sommes amenés à une contemplation particulière, une «rêverie œuvrante» dans l’esprit de Bachelard qui affirme que nous portons en nous aussi la faculté de fabriquer un univers de «sublimations des archétypes plutôt que des reproductions de la réalité». Loin du tumulte. C.L.
Trois films Caroline Duchatelet jusqu’au 11 juin La Compagnie, Marseille 04 91 90 04 26 www.la-compagnie.org
Not funky, feminism okay À la Friche, Triangle convoque artistes et intellectuels autour de la figure emblématique et puissamment borderline de l’écrivaine et performeuse américaine Katy Acker Cette manifestation n’est pas un coup d’essai sur la question du féminisme de la part de la directrice de Triangle, Dorothée Dupuis. Une première
exposition Les Formes féminines en 2009 et la création du magazine Pétunia (dont le troisième numéro vient de sortir) ont mis sur le devant de l’art contemporain, à Marseille en particulier, ces questions toujours brûlantes du statut de la femme et de nos représentations. Pour ne pas être confondu avec une conception féminine dont certains magazines et rubriques se font l’écho régulièrement, le projet conçu avec la philosophe Géraldine Courbe se nourrit de l’oeuvre littéraire © Gloria Friedman, Blaue Wolke, 1979, autoportrait photographie couleur, collection de l'artiste
de Katy Acker, décédée en 1997. Enthousiasmante dans l’intention, cette proposition rassemble plusieurs médiums : dessin, photographie, sculpture (Gloria Friedmann, Ellen Cantor, Monica Majoli, Karine Rougier, Caroline Sury, Jean-Luc Verna) qui restent discrets en comparaison avec la sélection de films et vidéos. On retrouve là des sujets et procédés évoquant ceux pratiqués par l’écrivaine (principe affirmé du hacking ou emprunt par piratage) en usage dans les arts visuels tout particulièrement (citation, emprunt, détournement...). Ainsi l’Olympia dédoublée de Gabriel Abrantes, Body Trouble de Brice Dellsperger, Weit Weit Weg de Bjorn Melhus. Plus loin sont mises en jeu les questions sociétales, d’identité, du genre, avec Charming the Revolution de Pauline Boudry et Renate Lorenz, de la violence entre soumission et torture consentie dans la terrible Confesiõn de la Guatémaltèque Regina José Galindo… Prolonger l’expérience avec les soirées-rencontres jusqu’au jeudi 9 juin ! Sinon faire un tour chez le collectif Pink Pönk. C.L.
K. Acker : the office/Ruling ‘n’ freaking jusqu’au 11 juin Galerie de la Friche de la Belle de Mai Triangle 04 95 04 96 11 www.trianglefrance.org
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En tous sens Il flotte, frotte, fend, creuse ! Le Cocotrope de Caroline Le Méhauté n’en finit pas de tourner Voilà un solo show qui laisse bouche bée. Pas un millimètre d’espace qui n’ait été agencé à la mesure des pièces de Caroline Le Méhauté qui fait de la synecdoque un principe : les perspectives de la galerie du Château de Servières s’en trouvent chamboulées, et sa circulation détournée. Paysage suspendu au plafond (Porter Surface), vigies hissées à la verticale (Latitude 43°17’51N, Longitude 5e22’3E), saillie jaillie du mur (Fendre un peu sur le côté), visages noircis en équilibre sur un fil (Prendre l’air), baudriers au repos sur le sol comme après un terrible effort (Timon et Timon) ou brisures tombées du ciel (De la coulée, l’angle) : les sculptures-installations défient la cohésion de la matière et provoquent le vertige. Sans compter que les formes intriguent. Compactes, mystérieuses, denses, laissant entrapercevoir un peu de leur ventre intérieur sans jamais permettre d’en toucher le fond. L’effet des 16 alvéoles de Je levais les yeux est particulièrement saisissant et inquiète :
Caroline Le Mehaute, Negociation 34 - Porter Surface, 2011, bois, metal, tourbe de coco © Caroline Le Mehaute Caroline Le Mehaute, Negociation 16 Fendre un peu sur le cote © Caroline Le Mehaute
ces creux de 2,30 mètres sont-ils la matrice de Timon et Timon ? Et la rondeur imparfaite du Cocotrope coincé dans la béance d’une porte est-elle l’addition des résidus de tourbe de coco tombés de Porter Surface ?… Un lien charnel relie ces œuvres faites de cire, de tourbe, de paraffine, de pigment bleu, de plumes ; elles interrogent l’espace et jouent en permanence
de l’ambiguïté : fragiles et agressives, étranges et élégantes, évanescentes et énigmatiques, contemporaines et archaïques. En contrepoint à la série Négociations - comme si les objets attendaient notre accord - les dessins semblent se mettre en retrait, sentinelles silencieuses et témoins des acrobaties des sculptures ; morcellement de lignes semblables, formes jumelles qui entraînent les suivantes, silhouet-
tes en creux évoquées par le blanc et l’absence de matière, dont la bouche proéminente reste désespérément mutique. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Cocotrope Caroline Le Méhauté jusqu’au 23 juillet Galerie du Château de Servières, Marseille 04 91 85 42 78 www.chateaudeservieres.org
L’horrifique beauté souligner le noyau : l’hybridation, la greffe, l’hétérogénéité, la prothèse ; rappelant que «c’est entre Dieu et l’homme que se situe la forme difforme» présente chez les Grecs et les Égyptiens ; s’interrogeant sur les avancées scientifiques qui permettent d’oblitérer la monstruosité humaine Sans titre, Francois Mezzapelle © Jessica Passage de l'art
21 artistes, 18 établissements scolaires à Marseille, Cassis, Gréasque et La Ciotat, 1 colloque et 1 exposition collective : L’Art renouvelle le Lycée, la Ville, l’Université espère une extension Euroméditerranéenne en 2013. Pour l’heure la manifestation s’est ouverte par un colloque au thème porteur de questionnements et de croisements entre l’art, la société et les outils numériques : Le Monstre dans l’imaginaire contemporain ou la Beauté fascinante du Difforme. Aujourd’hui, les représentations du monstrueux et du difforme occupent-elles les mêmes fonctions dans notre imaginaire ? qu’est-ce qui nous dérange, nous effraie ou nous fascine ? En l’absence de récit mythologique et de conte contemporains pour les légitimer, quel sens leur donner ? quelles représentations plastiques inventer ? S’appuyant sur une iconographie abondante, François Bazzoli, professeur à l’École des Beauxarts de Marseille, s’attacha à révéler ce que la pratique du collage au 20e siècle a engendré : des monstres, mais au-delà de nouvelles formes et une nouvelle typologie. Fouillant ainsi l’œuvre de Natacha Lesueur, Magritte, Combas pour en
avant même sa naissance. Le discours, accessible au public en majorité scolaire, prit une tournure plus vertigineuse avec Michel Maffesoli, membre de l’Institut universitaire de France et directeur d’un centre de recherches sur l’imaginaire. Dans son allocution «Un oxymore postmoderne : le monstre délicat», il évoqua notamment «l’aseptie de la vie sociale» qui a écarté toutes les figures du monstre, alors même que le monstre aujourd’hui est un mixte de cruauté et de tendresse… La preuve avec l’exposition à la galerie du Passage de l’art des pièces inédites de François Mezzapelle, suggestions d’attitudes mises en scènes et caricaturées avec drôlerie par l’artiste qui glisse d’un sourire malicieux : «le monstre, c’est l’autre» ! M.G.-G.
Le colloque s’est déroulé le 14 avril à l’Espace Écureuil. Les expositions dans les établissements sont proposées jusqu’au 14 juin. www.lepassagedelart.fr
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ARTS VISUELS
AU PROGRAMME Emblématiques Exposition Geants a la galerie Urban Gallery © X-D.R
Pas d’icônes médiatiques : les 15 portraits géants de 2m x 2m sont ceux de sidérurgistes, salariés du groupe Arcelor Mittal de Fos-sur-Mer. Ces portraits, nés de la rencontre avec la céramiste Odile Morin et les muralistes Claude Morin Saint-Georges, Mario Colantini, deviennent des figures emblématiques de la relation art-travail, réel-image, spectaculaire-banal. L’exposition est l’aboutissement d’un projet conduit par la Plateforme Art Solidaire en collaboration avec le CE de l’entreprise. M.G.-G.
Géants, Portraits du quotidien Claude Morin Saint-Georges, Mario Colantini, Odile Morin jusqu’au 28 mai Urban Gallery, Marseille 04 91 37 52 93 www.urbangallery.org
Dérives urbaines
À l’occasion du 9e festival Image de Ville, la Fontaine obscure accroche au cloître du lycée Vauvenargues les travaux d’Éric Principaud qui nous font croire qu’une ville la nuit c’est beau…, d’Anne Karthaus qui capte la vitesse et le flou dans Transporter, de Karine Maussière qui mène des enquêtes topographiques armée de son simple photophone et Alain Marsaud qui éprouve paradoxalement la vitesse et la lenteur du temps et rend compte de l’entre-deux. M.G.-G.
Transports du 20 mai au 20 juin Cloître du lycée Vauvenargues, Aix À voir jusqu’au 27 mai à la Fontaine obscure À deux pas le silence Anna Epp 04 42 17 40 23 www.fontaine-obscure.com Metro batistini femme Rome aout 2005 © Eric Principaud
Bucolique 170 artistes donnent des couleurs au Domaine de la Baume à l’occasion du Sm’art organisé par Art-Tension, toutes tendances confondues. L’édition 2011 est marquée par la présence des œuvres de l’invitée d’honneur Catherine Nyeki qui met en scène ses Laborantines en plastique recyclé, des artistes du Pays d’Aix sélectionnés par la galerie Alain Paire, des artistes de l’Académie des beaux-arts de Pékin représentés par la galerie Liom’s, et par l’installation de 30 sculptures monumentales en bordure de l’allée de platanes centenaires… M.G.-G.
sm'art-deev-vanorbeek
Sm’art, salon méditerranéen d’art contemporain du 3 au 6 juin Domaine de la Baume, Aix www.salonsmart-aix.com
Reflexion, Sylvie Reno, 2008, carton ondule, mobilier Ikea, livres, photographies © Jean-Christophe Lett, Courtesy galerie Sollertis
Paradisiaque 6 enseignes de design + 1 agence d’architecture + 1 maison de ventes aux enchères = une manifestation où l’art, le design et le monde marchand font bon ménage. Tant mieux pour les artistes qui investissent les lieux. Quant au passant, modifie-t-il sa vision des corners et de la création contemporaine comme le laisse entendre le concepteur de L’Art au paradis ? Reste à coller son nez aux vitrines pour découvrir les pièces monumentales ou intimistes de Virginie Barré, Sandro Della Noce, Pierre Malphettes, Emmanuel Régent et Sylvie Reno. M.G.-G.
L’art au paradis du 20 au 28 mai Rue Paradis, Marseille www.paradis-design.fr
Tawfig © Jessica Hilltout
Mondial À force de parcourir l’Afrique avec son appareil photo et son carnet Logbook, Jessica Hilltout a amassé des centaines de documents sur… le football ! Car c’est en montrant l’envers du mondial en Afrique du Sud, et à force d’échanger quelques balles avec les amoureux du foot qu’elle a «écrit» son carnet de voyage, entre témoignage et documentaire. Portrait étonnant du continent noir qui passe par le jeu et la passion du ballon rond. M.G.-G.
Amen, les racines africaines du football Jessica Hilltout Galerie du théâtre La Passerelle, Gap jusqu’au 2 juillet 04 92 52 52 58 www.theatre-la-passerelle.eu
Victoria Klotz, Chevalier sur blason (vague à l'âme ), 2011; sculpture, mousse polyéthylène, planche de surf, peinture © Victoria Klotz
Génies des lieux Le mobilier urbain peut-il être poétique ? Comment les couples de mariés sont-ils les sujets de dispositifs interactifs et artistiques ? À qui est destinée une veste géante en pelouse ? Que voit-on d’un poste d’observation fait d’une carcasse automobile ? Quels réseaux tracent des structures linéaires et fils tendus ? Quelles musiques naturelles sortent de ces flûtes enchantées ? Et quid du zèbre endormi ? En convoquant la multiplicité des regards singuliers Thierry Ollat conforte avec cette troisième édition le projet d’origine : le caractère éphémère des œuvres et la rencontre des disciplines artistiques. Et du public. C.L.
Festival des Arts Ephémères jusqu’au 29 mai Maison Blanche, Marseille 04 91 14 63 50 www.marseille9-10.fr
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ARTS VISUELS
AU PROGRAMME Oriental
Dans le cadre de la coopération des Musées de Marseille avec la RNM Paris, l’exposition L’Orientalisme en Europe : de Delacroix à Matisse vient à Marseille après Bruxelles et Munich, et retrouve la sérénité du Centre de la Vieille Charité. Exposition annonciatrice des projets muséaux pour Marseille 2013. 120 peintures et sculptures racontent la fascination des artistes pour l’Orient… M.G.-G.
L’Orientalisme en Europe : de Delacroix à Matisse du 28 mai au 28 août Centre de la Vieille Charité, Marseille 04 91 14 58 80 www.vieille-charite-marseille.org
Reve d'Eunuque, Jean Lecomte de Nouy Cleveland, Museum of Art, T he Cleveland Musuem of Art,Seventy-fifth anniversary gift of Mrs Noah Butkin
Le bon pli
L’art contemporain emprunte souvent des voies non muséales pour aller à la rencontre de publics spécifiques. C’est que propose Voyons Voir pour la seconde année aux stagiaires du centre de rééducation professionnelle Richebois à Marseille. Le plasticien Arnaud Vasseux y conduit un atelier à partir de la pratique du pliage aboutissant à des réalisations en grand volume. À l’automne, l’artiste présentera une œuvre conçue lors de cette résidence. C. L.
Des pliages du 23 mai au 30 juillet Centre Richebois, Marseille 04 91 09 48 00 www.centre-richebois.com www.voyonsvoir.org
Utopies
Maquette sculpture Richebois © Arnaud Vasseux
Alors que les deux sessions publiques du Parlement Culturel de la Méditerranée mené par Michelangelo Pistoletto viennent de se clore, le projet collaboratif d’Hervé Paraponaris se poursuit pour rêver les connexions entre les rives du mare nostrum. M.U. (pour Mediterranean Undersea) a été initié dans le cadre de l’Ecole d’Architecture de Marseille et les Ateliers de l’EuroMéditerranée, pour prendre la forme d’un métro subaquatique, réel et symbolique dans la visée de construire un autre monde ! C.L.
Continent méditerranée jusqu’au 5 juin [mac] musée d’art contemporain, Marseille 04 91 25 01 07 www.facebook.com/continentmediterranee © Christine Boillt, etude pour l'installation Les Petits Guerriers, 2011
M.U., l’espace optimiste, Hervé Paraponaris et les étudiants de l École Nationale Supérieure d Architecture de Marseille, exposition au [mac] dans le cadre des Ateliers de l’EuroMéditerranée - Marseille Provence 2013, en partenariat avec le Bureau des compétences et désirs
Mobile: énergies Le thème générique de cette sixième édition proposé par Cultures Nomades Production aux dix plasticiens internationaux invités en résidence se concentre sur les questions de la mobilité des œuvres et de bioénergie, enjeu planétaire. Conçues pour l’évènement, ces œuvres vouées à l’éphémère s’emparent particulièrement de la question de l’environnement, de la Camargue et son identité : vastitude, flore, faune, vent, salinité ou encore certaines bestioles indésirables ! C.L.
In Situ 06 jusqu’au 15 juillet Mas du Grand Arbaud, Gageron 04 90 49 89 10 www.culturesnomades.org
Erratum Inversion intempestive des images dans notre numéro 40 : page 56 La muerte de Ignacio Sanchez Mejias d’Isabel Echarri devait accompagner l’article Prends garde ! et a contrario, la Déesse d’If de Sophie Testa Syncrétisme page 57. Que les artistes et nos lecteurs nous en excusent…
LIVRES/ARTS
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Le chant du monde
Si l’on suit les indications de Maya Mihindou, le voyage de Sabine «se raconte à haute voix en prenant l’accent d’un ailleurs inconnu». Quelque part à Moabi, près du fleuve Ogoué, où habitent Anys «à la lange fatiguée», Sasha «la bouche pleine de mensonges» et Blanca qui rêve de devenir sirène… Nous voilà bel et bien embarqués dans ce pays chimérique avec pour compagnons de voyage trois enfants dont le chemin croise des personnages comme des traits d’union avec le réel : Anitcha Ba et son bout de miroir brisé tombé du ciel, le singe pouilleux Essi qui connaît «la folie des hommes au cœur sourd» et vit sur la tête du jeune Timothë. Plus tard un camion d’enfants soldats avec lesquels ils atteindront la ville de Sabine : destination finale de leur longue quête du lieu de naissance de la Grand-Mère l’Autre, gardienne de leur histoire. Écrit et dessiné presque «en roue libre» sur 150 pages, Sabine est à la fois un conte philosophique sur l’impermanence des choses qui trouve ses points d’appui
dans des citations de Césaire, Darwich, Wilde, Artaud, Hesse, et un conte initiatique, comme lorsque Sasha accompagne son père à la pêche et découvre le revers du mensonge. L’album, conçu comme un labyrinthe visuel et formel, interpénètre écriture, bulles et récit, et enchâsse planches en noir et blanc et en couleurs, croquis inachevés, vignettes BD et peintures pleine page. La jeune artiste, née à Libreville et installée à Paris, invente ici sa propre mythologie faite d’enfants incrédules et de personnages psychédéliques, de créatures mi-hommes mi-fleurs, de paysages imaginaires, d’animaux improbables et saisit le lecteur par son sens du rythme et sa poésie graphique foisonnante. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Maya Mihindou était l’invitée de la galerie Susini dans le cadre des Rencontres du 9e Art à Aix
Sabine Maya Mihindou Soleil Production, 22 €
Extension du domaine de la lettre
Pris en sandwich entre les avant-gardes historiques et modernes du XXe siècle, le Lettrisme fondé par Isidore Isou en 1940 reste connu des spécialistes et plutôt lettre morte auprès du public. Peu nombreux sont les ouvrages et les études sur le sujet. Cet essai vient donc utilement apporter un éclairage passionné. Spécialiste des avant-gardes artistiques et fondateur de la revue TI, Guillaume Robin développe une double perspective. Il situe d’une part le mouvement dans l’histoire des arts et particulièrement des avant-gardes - ce en quoi celui-ci leur est redevable, comment il s’en distingue, préciser son influence - et d’autre part il en restitue les spécificités, les intentions et les extensions nettement émancipatrices. Malheureusement peu soutenues par une iconographie restreinte, les analyses de Guillaume Robin secouent vigoureusement les Dada, Futurisme, Surréalisme, Happening, Nouveau Réalisme, Fluxus, Art Conceptuel, le cinéma aussi et
Série limitée
Format carré 16 x 15 et acronyme mystérieux (Ground Power Unit), la «petite» revue GPU est «un livre unique qui s’est perpétué» selon son fondateur Brian Mura, ex-étudiant aux Beaux-arts de Dunkerque installé à Marseille, sculpteur, qui aime à mélanger œuvres inédites et originales d’artistes et d’auteurs. À la galerie La Tangente, il vient de présenter le 6e numéro d’une série qui en comptera 12, pas un de plus ! Une tranche de vie à ses yeux… Cette dernière livraison ne déroge pas à la règle du «ni livre d’art ni livre d’artiste» optée par le jeune artiste qui croise dans une alternance toute subjective les écritures de Jean-Luc Steinmetz, Arno Calleja, Louis Scutenaire ou Paul-Armand Guette avec les dessins de Stephen Hitchins, Aurélie Nemours ou Richard Skryzak. Ce
d’autres fauteurs de troubles comme le Situationnisme. Les rapprochements et les écarts entre Isou et André Breton sont tout particulièrement exposés. Le sous-titre, Le bouleversement des arts, reste cependant restrictif : cet essai milite pour la compréhension de la dimension universelle du Lettrisme. Partant des origines de la pensée isidorienne avec comme visée la régénération radicale de la poésie, cette posture s’est étendue aux différents domaines artistiques puis à tous les champs de la société et des activités humaines (Traité d’économie nucléaire. Soulèvement de la jeunesse, de 1949). En commençant par l’esthétique Isou développa un système de pensée intégral nécessitant des concepts inédits comme le montage discrépant pour un nouveau cinéma (influença la Nouvelle Vague), la kladologie ou encore la polythanasie esthétique. Un livre militant et nécessaire. CLAUDE LORIN
qui confère à GPU un caractère décousu cher à l’esprit saute-mouton de Brian Mura dont le travail éditorial est le reflet intime de ses rencontres littéraires et intellectuelles, de ses complicités avec les galeristes et commissaires d’expositions. Folio expérimental donc, sans dossier thématique ni repère, sans mise en page codifiée : GPU est un objet troublant à durée de vie limitée ! M.G-G
GPU Brian Mura et Jean-Luc Poivret Éd. Courtesy, diffusion en librairies et galeries, 8 € chaque numéro
Lettrisme Le bouleversement des arts Guillaume Robin Hermann Editeurs, 24 €
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LIVRES/DISQUES
Passion selon Marie
Rachmaninov réhabilité
Si Marie d’Agoult est passée à la postérité, c’est grâce à Franz Liszt, à l’aventure amoureuse qu’elle a vécu avec son cadet de six ans. C’est que cette aristocrate a laissé mari et enfants pour fuir avec le jeune musicien à travers l’Europe ! De cette liaison scandaleuse naquirent trois enfants dont la future Cosima Wagner. Cependant, cette femme éprise de liberté, écrivain à ses heures (un unique roman Nelida, en partie biographique) est, à l’instar de George Sand, une figure du «féminisme» au 19e siècle, revendiquant des droits à l’éducation, à la création, à la participation au progrès de l’humanité… À travers la correspondance des amants, Ariane Charton dresse un portrait sensible, fouillé et narre une passionnante vie romanesque.
Si l’on connaît les principales œuvres du compositeur et pianiste russe Sergueï Rachmaninov, ses quatre Concertos régulièrement joués en concert, ses Préludes et Etudes-tableaux, son lyrisme généreux et son écriture néo-romantique, on s’intéresse d’ordinaire assez peu à sa biographie. Ce musicien, né à Novgorod en 1873 et mort à Beverly Hills en 1943, était paradoxalement d’un caractère plutôt discret alors que sa musique est débordante de pathos. De fait, si le public aime ses œuvres au lyrisme puissant, très accessibles, la critique a souvent dénigré un «sentimentalisme» aux antipodes de l’avantgarde. Jean-Jacques Groleau tente, une fois n’est pas coutume, de réhabiliter une œuvre non-monolithique et d’en révéler la singularité. JACQUES FRESCHEL
J.F.
Rachmaninov Jean-Jacques Groleau Actes sud / Classica, 18 €
Marie d’Agoult, une sublime amoureuse Ariane Charton Kirographaires, 18 €
Debussy solaire
Cordes tressées
Flûte sacrée
Philippe Bianconi est l’un de nos grands pianistes français. Soutenu depuis longtemps par le label Lyrinx, véritable écurie de talents, il est l’un de ses artistes phares. En 2010, il cale ses mains au clavier, sous les micros chevronnés de René Gambini, pour graver des opus majeurs de Claude Debussy composés entre 1903 et 1907 : Estampes, …d’un cahier d’esquisses, Masques et L’Isle joyeuse ainsi que les deux séries des Images. Sous les doigts experts du pianiste ces pièces sont magnifiées. Il développe des palettes «orchestrales» colorées, des plans sonores d’où la mélodie émerge naturellement. Et notre imagination divague au gré de mystérieuses harmonies, de rythmes andalous, de rêves enfantins autant que du «tragique de l’existence»...
Guillaume Roy (alto), Vincent Courtois (violoncelle) et Claude Tchamitchian (contrebasse) forment le trio de cordes Amarco (un ensemble qui s’est produit le 13 mai lors du Festival les Musiques). Dans leur disque publié par le label marseillais «Émouvance», on découvre certaines de leurs compositions / improvisations : des pièces aux titres énigmatiques qui tracent un chemin pour l’oreille et l’imaginaire, au travers des tissus de cordes quasisymphoniques, de mouvements ondulatoires obstinés, de percussions de cordes pincées, au fil de textures continues à la dissonance tantôt édulcorée, parfois plus agressive, de trajets pointillistes dessinant des espaces sonores chorégraphiques d’une remarquable unité !
Le flûtiste Mario Caroli rapporte cet enregistrement du Japon. Il y établit un lien entre des univers éloignés culturellement et géographiquement. Ainsi, entend-on des opus d’une compositrice roumaine Doina Rotaru (1959) et du Japonais Joji Yuasa (1929). C’est sans doute par des références à la spiritualité contemplative que les ponts s’établissent, que les pièces s’enchaînent «comme une lente procession» rituelle vers «le divin intérieur». Tempio di fumo (Temple de fumée) semble renvoyer à des incantations et au rôle de la flûte sacrée servant à purifier l’air dans le temple avant la cérémonie, à initier un lien entre la terre et le ciel… Deux compositeurs à découvrir, tout comme un monde sonore épuré, singulier et saisissant !
J.F.
J.F.
J.F.
Debussy Philippe Bianconi CD Lyrinx LYR 2274, 20 €
Amarco CD Émouvance, distr. Absilone/Socadisc, 14 €
Tempio di fumo CD L’empreinte digitale, 17 €
LIVRES/DISQUES LIVRES 79 79
Gros sel C’est un ouvrage singulier concernant l’édification de Salin-de-Giraud qui parait aux éditions Parenthèses. Une cité industrielle en Camargue, Salin-de-Giraud est une mine (de sel) richement documentée et détaillée par Thierry Durousseau. Soulignons que cette cité-jardin (parmi les premières du genre et quasi contemporaine des ouvrages de Godin et Fourrier) relève d’une architecture remarquable en tout point : la saline imaginée par Merle se développe avec Solvay en cité en damier, véritable arche industrielle en pleine Camargue. Aux antipodes de l’architecture locale, les maisons ouvrières, de direction, du docteur, d’ingénieurs, les bains-douches, l’école
ménagère, l’administration ou l’hôtel-restaurant relèvent d’un processus incroyablement utopique, d’une idée globale de la cité et du monde, dont ils restent les témoins actuels. L’évolution de cette cité-ouvrière est particulièrement détaillée dans l’ouvrage, et circonstanciée de manière claire et précise : une publication agrémentée d’un plan détachable, d’illustrations et plans des édifices majeurs. FRÉDÉRIC ISOLETTA
Une cité industrielle en Camargue, Salin-de-Giraud Thierry Durousseau Parenthèses/CAUE, 19 €
Prêt au décollage ? Tout juste disponible chez vos disquaires préférés, le troisième opus Home des Dictafone réserve de bien belles surprises. Mélodiques tout d’abord, avec de belles envolées issues de la tradition pop londonienne mixées aux racines nordiques mancuniennes de Duncan Roberts. Mais l’âme et la voix du leader, installé en bonne et due forme sur les bords de Seine, épousent parfaitement la tradition textuelle made in France pour des song-writing très mordants. Les quatorze titres ne tissent pas des banalités soporifiques, composant un menu où vous trouverez un guide pour tromper votre amant,
un kit pour monter vous-même un chien en carton (modèle très fidèle) ou des recommandations fort utiles si vous vous réveillez un beau matin dans la peau d’Isaac Newton ! Il faut dire que quand on s’encanaille avec le producteur du mythique Ziggy Stardust de Bowie pour mixer son album on ne peut s’attendre qu’à surprendre agréablement l’auditeur. F.I
Home Dictafone Anticraft
Comportemental La musique peut avoir une réelle influence sur le comportement car, comme le dit Wagner elle «commence là où s’arrête le pouvoir des mots». Aristote enseignait qu’elle pouvait «changer l’état intérieur», et les publicitaires l’ont bien compris, qui lui attribuent 50% voire 80% du succès d’une campagne commerciale ! Très instructif, l’ouvrage de l’enseignant chercheur en marketing Samuel Mayol décrypte ce rapport du consommateur à la musique classique. L’approche affective, symbolique, cognitive de la musique et l’influence qu’elle peut avoir sur l’adhésion à un produit par un bien-être ressenti, toutes les ficelles marketing de ces études comportementales sont largement explicitées. Ainsi associer une mélodie à
une marque est monnaie courante, et Vivaldi, Mozart ou Ravel jouent bien malgré eux un rôle déterminant… Comme le soulignait Heine en plein romantisme, ces thèmes qui durent quelques dizaines de secondes deviennent alors «une étrange chose, un miracle, une médiatrice crépusculaire, une matière qui peut se passer de l’espace». Il ne nous manque plus qu’à les détacher des produits, pour nous réapproprier nos affects… F.I
La musique classique publicitaire Samuel Mayol Éditions Universitaires Européennes, 43,58 €
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LIVRES
LITTÉRATURE
In memoriam
Les éditions Nil ont lancé depuis peu une nouvelle collection, sous la direction de Claire Debru. Petite si l’on considère son format, elle a tout pour devenir une grande. Les Affranchis, c’est son nom, propose à des écrivains d’aujourd’hui de rédiger en quelques dizaines de pages LA lettre qu’ils n’ont jamais écrite. Annie Ernaux vient ainsi d’inaugurer la collection avec L’autre fille, adressée à sa sœur aînée, morte plus de deux ans avant sa naissance. Comme souvent chez Ernaux, cela commence par une photo. Portrait, et surtout trace infaillible de l’existence concrète de celle qu’elle peine à considérer comme sa sœur car, écritelle, «Je ne t’ai jamais touchée, embrassée. Je ne connais pas la couleur de tes yeux. Je ne t’ai jamais vue. Tu es sans corps, sans voix, juste une image plate sur quelques photos en noir et blanc. […] Tu es l’enfant du ciel, la petite fille invisible dont on ne
parlait jamais, l’absente de toutes les conversations. Le secret.». La lettre qu’elle lui écrit ici vise donc, par l’écriture, à donner corps à cette absence, à comprendre le silence de ses parents. Et le sien aussi, long de soixante ans. Car petite, elle a surpris une conversation, elle a entendu le «récit» proféré par sa mère, «un récit clos, définitif, inaltérable, qui te fait vivre et mourir comme une sainte», «qui m’exclut». De ce sentiment de relégation, voire de malédiction, l’auteure tirera (à quel prix !) la fierté de l’élue, «choisie pour vivre»… et pour écrire. S’adresser enfin à l’autre fille, c’est peut-être pour Annie Ernaux mettre un point final à l’histoire de ses parents commencée avec La place. Pour le lecteur, ce sont de belles retrouvailles avec un ton à la fois si intime et tellement universel.
L’autre fille Annie Ernaux Nil éditions, Coll. Les Affranchis, 7 €
FRED ROBERT
Mexico à cœur ouvert
Parmi les invités latino américains du dernier festival CoLibris, François Arango. Que venait donc faire ce Français, chef du service de réanimation d’un grand hôpital parisien, dans une rencontre dédiée aux écritures contemporaines d’Amérique du Sud ? La promotion de son premier roman certes ; plus sûrement encore, la rencontre d’écrivains mexicains et de passionnés du Mexique comme lui. Arango a travaillé plusieurs années dans ce pays ; il y a côtoyé la misère dans les services d’urgences ; il en est revenu habité d’une culture millénaire et plus que concerné par l’agonie des minorités indiennes, la guérilla du Chiapas et la corruption des élites locales. Tout cela constitue la toile de fond de son thriller Le jaguar sur les toits. Avec les dérives de certains laboratoires pharmaceutiques. Avec aussi la tentaculaire et fascinante Mexico, ses averses tropicales, sa pollution et ses
embouteillages. Un climat et une société violents dans lesquels s’épanouissent à l’aise, en cette année 1996, politicards et hommes d’affaires véreux, sans compter les psychopathes comme Le Jaguar. Non content d’enlever et de sacrifier des hommes politiques selon les rituels aztèques, celui-ci prend un malin plaisir à servir de fausses pistes au trio lancé à sa poursuite, offrant au lecteur une formidable balade au cœur de la ville (métro et parcs compris) et même quelques excursions dans les montagnes. Le récit n’échappe pas aux poncifs du genre. Mais il semble qu’Arango ne s’en soucie guère. Sa plume alerte mêle finement l’érudition historique et scientifique et la gouaille des polars d’antan ; il parsème son histoire de clins d’œil à la littérature, au cinéma. Bref, comme son Jaguar, il s’amuse… F.R.
6 dessinateurs en quête d’ancêtres Où se trouve l’origine de la bande dessinée ? Dans les bas-reliefs de l’Egypte ancienne, sur la tapisserie de Bayeux ou les vitraux des églises médiévales ? Six dessinateurs contemporains ont creusé plus profond dans les entrailles de la terre, en quête du dessin premier ! Emmanuel Guibert, Pascal Rabaté, Troubs, Marc-Antoine Mathieu et Etienne Davodeau, autrement dit le réseau Clastres, sont partis à la rencontre de leurs confrères du paléolithique. Pendant deux ans, ils ont visité les grottes ornées du Sud-ouest de la France et en ont rapporté Rupestres ! Un album magnifique, protéiforme, où, sur quelque 200 pages de textes, de planches dessinées, d’esquisses, de tableaux, de photos, ils déroulent leur expérience inédite et visiblement marquante. Obscurité de la caverne, jeu des ombres sur les parois, énigme des dessins, beauté pérenne d’un cheval qui bondit des flancs de la pierre, le livre offre les émotions vives et confuses de la petite troupe, comme le carnet de bord
collectif d’un voyage au centre de la Terre. Il n’y a pas vraiment d’histoire, plutôt une succession d’impres-sions, de réflexions, sur la force de l’image, sur sa fragilité aussi. Sur le nécessaire retour au silence, à la contemplation, à la lenteur : «Cet art, celui sur la paroi, a 30000 ans de patience. Notre époque n’y résiste pas». Au-delà de ces méditations, l’ouvrage vaut surtout pour sa grande qualité graphique. Styles et techniques s’y mêlent dans un savant chaos de bruns, d’ocres, de noirs, de rouges, et certaines doubles pages sont une splendeur. Un beau livre à lire et feuilleter, pour s’enchanter d’un art rupestre superbement revisité. F.R.
Rupestres ! ouvrage collectif Futuropolis, 25 €
Le jaguar sur les toits François Arango Métailié noir, 19 €
LIVRES 81
Sur les chemins d’encre
Les lecteurs de René Frégni retrouveront avec émotion un ami dans ce journal qu’il écrit d’octobre «qui a été rouge et or» à juin, sans plan, pour le plaisir d’«attraper un souvenir, une lumière, un peu de vie», un geste qu’il a fait toute sa vie, depuis ses 19 ans «dans une prison militaire glacée par les brouillards de la Meuse». Les autres découvriront un homme sensible et généreux. On croise les personnages de son présent, de son passé. Sa fille Marilou qui est partie vivre sa vie, dans une autre ville, avec un «étudiant délicat», son enfant, devenue une femme. Sa mère, maigre et sauvage, tant aimée, morte un 4 décembre, qui «comme toutes les mères ne nous abandonnent pas, qui nous confient en partant à un monde de douceur, un petit coin qui ressemble à l’enfance, à un jardin, aux jours d’été, à la lumière». Isabelle, «la fiancée des corbeaux», «qui restent là des jours à observer ses gestes, ses pas, la douceur de sa vie», la fille de Lili, à qui René Frégni dédie son livre, qui perd peu à peu la mémoire et meurt le 24 janvier.
Son ami Tony, qui a passé 27 ans de sa vie en prison, dont 10 à Atlanta, qui lui offre un 38 spécial ! «Ton stylo a changé ma vie, ce petit bijou changera ta façon de décrire les tueurs». Ses jeunes voisins d’en face au 3e étage, dont il observe avec volupté les corps nus, sans voir les têtes. Une petite fille de 85 ans, dans sa robe coquelicot qui fait du stop tous les dimanches pour aller danser à la Belle Epoque… On relit avec lui les livres qui l’accompagnent, ceux de Giono et surtout le Journal d’un voleur de Genêt qui «parle à l’oreille de sa jeunesse». Ceux qu’il achète au Poivre d’âne à Manosque. Tous les sens en éveil éprouvent avec lui le temps qui a passé, depuis les chemins noirs, sur les chemins d’encre, dans cette Provence qu’il décrit à petites touches impressionnistes, sensuelles, avec la tendresse des loups. L’écriture a mûri, gagnant en simplicité et violente douceur, «érotique écriture»… ANNIE GALVA
La fiancée des corbeaux René Frégni Gallimard, Coll. Blanche, 15 €
À petits pas «Faire et défaire, c’est toujours du travail» aurait pu dire avec une grâce industrieuse une petite main d’antan devant le 52e livre de la collection Le Refuge qui a pour titre Un Plan Lecture, pour auteur Hélène Gerster, mais dont la jaquette ne fait mention que de... 49 titres par ordre alphabétique d’Audinet à Zrika, Gerster comprise. Première station poétique, curiosité piquée ; on fonce à la dernière page, histoire de constater que la liste des 62 auteurs lus pendant la résidence au cipM, classés par l’initiale du prénom, est qualifiée de non exhaustive (les auteurs entendus eux semblent contenus dans un 22 définitif) ; encore un pas en arrière, livraison du protocole et invitation à (re)lire : la démarche ici n’est pas la négation de la marche mais son équivalent. Comment alors rendre compte d’une promenade-lecture avec une résidente qui ne tient pas en (à sa) place?
Mao et moi
Avoir été marxiste-léniniste aurait pu garantir chez l’auteur une écriture mort-née, mais par la grâce ou plutôt l’intelligence du participe passé, la phrase de Jean Claude Pinson rescapée de toutes les hécatombes idéo/phraséologiques vivifie toute expérience présente de la langue et engage de fait le lecteur à lui emboîter le pas ! Combinant tout en les démontant lyrisme et Grand Récit ironique, cette autobio bigarrée, un peu bancale parfois, construit loin de l’aigreur tourmenteuse une espèce de prose du transécarlate, une petite marche avec le rubicond emblème de toutes les révolutions. Drapeau Rouge (alias DR) est un personnage à part entière, comme Beaudelaire qui peut plaire, Pssoa qui a cédé son e ou Lukacs Georg en pleine orthographe qui n’a rien perdu de sa raideur dogmatique. Aïe, sujet souffrant et rigolo, double bien sûr et dont le pluriel est «nous» (potaches saillies et métaphores zinguées comme erreurs de jeunesse émaillent le texte constamment drôle néan-
Hélène Gerster est une P-A-P-E (plasticienne avec pratique d’écriture) qui aime les villes, cartes et territoires, et les porte parfois en sautoir ; formidable de voir se dessiner les rues de New-York en fil d’argent ou le cours de la Seine en perles d’eau douce ; ici, c’est un moment de Marseille qui se brode ligne à ligne et le passage fait la page, le monde se renouvelle de blanc noirci et de vide rempli ; la route se trace légèrement, d’instants en mémoire d’autres instants ; le texte rend à la vie et fait remonter à la surface les auteurs «absorbés» par l’artiste ; le lecteur se repère facilement; le terrain cède vite ; c’est joli, élégant et «les bribes d’intimité éventrée» que laissent voir les ordures sur les trottoirs de la ville sont minutieusement recyclées. Se lit sans peine et sans affect. MARIE-JO DHÔ
Un Plan Lecture Hélène Gerster cipM / Spectres Familiers, 10 €
moins) anime les 13 tableaux ou chapitres, s’amuse, souvent en vers, de l’épopée pipeau du Maoïsme pour en exhiber les leurres et en réactiver la puissance poétarienne. On aura compris qu’il n’y a rien d’innocent ni de naïf dans cette sottie qui rêve d’aujourd’hui chantant (enfin? de nouveau?) loin des cimes et aussi de poésie chamane à la Mandelstam ; à bonds et à gambades comme l’écureuil bleu de Chalamov. «La page, comment s’en contenter, quand on a dès le départ cherché une beauté immense où se perdre, s’anéantir et cru trouver l’extase au beau milieu d’une mer de drapeaux rouges». Sous les pavés de la dérision, l’hymne est toujours prêt à renaître... MARIE-JO DHÔ
Drapeau Rouge Jean-Claude Pinson Champ Vallon, 15 €
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LIVRES
LITTÉRATURE
Pour se construire
Le roman se présente comme cinq récits croisés de vies très différentes, qui ne se rencontrent jamais mais présentent des ressemblances dans leur recherche d’authenticité. Caroline Le Gall propose ici son premier livre, à mi-chemin entre la confidence et le journal intime : cinq paroles morcelées se partagent les pages et évoquent leurs expériences, leurs souvenirs ou leurs attentes. Certains des récits intriguent comme celui de Luc dont les cauchemars suivent une chanteuse de cabaret, qu’il finira par rencontrer et aimer. Celui d’Hugo, le SDF qui aime lire et retrouve des émotions d’enfance grâce à La vie devant soi de Romain Gary ou celui de Maya qui émeut quand on comprend qu’elle s’adresse à son époux décédé, lui faisant partager son amour toujours vif et sa vie
Sombre héros
Balles d’argent est le premier des romans du mexicain Élmer Mendoza traduit en France, un roman saisissant, simple et percutant qui aurait pourtant de quoi déstabiliser le lecteur. De par son style, aux antipodes de ce qu’on a l’habitude de lire dans un roman noir, avec des phrases courtes qui se succèdent sans temps mort hormis la distinction des chapitres, sans tirets ni guillemets, un style sec et nerveux qui mêle conversations et descriptions et qu’il faut apprivoiser, mais qui permet paradoxalement une grande liberté de lecture. De par le lieu de l’action aussi, un Mexique qui n’a rien d’attirant tant la violence y est omniprésente, où vivre et mourir ne se distinguent plus vraiment. Élmer Mendoza écrit sur le Sinaloa, une région montagneuse à l’ouest du Mexique, berceau du narcotrafic, et sur la ville de Culiacán dans laquelle le flic Edgar Mendieta, alias
désormais solitaire. Cette femme de 80 ans a un tel besoin de partage qu’elle se met à écrire des lettres qu’elle dépose chez sa boulangère ou sur les bancs du parc. Cependant ces pages qui devraient donner à entendre des voix différentes se ressemblent beaucoup, comme si l’auteure n’avait pas encore trouvé la musique juste de chacune, ni su résister à certaines facilités dans les images, telle celle de la nuit qui «se déroule comme une bobine de fil»... CHRIS BOURGUE
Le grain de sable Caroline Le Gall Velours, 14,50 €
Zurdo, le gaucher, enquête sur le meurtre d’un avocat prometteur, par ailleurs fils d’un éminent homme politique, retrouvé la tête perforée d’une balle d’argent. Dans une ambiance délétère, mais dont s’accommode le jusqu’au-boutiste Mendieta, défilent politiciens véreux, trafiquants, femmes sublimes souvent vénéneuses et fantômes d’un passé qui pourrit sa vie. «Un bon flic est un flic mort, déclara-t-il avant de reprendre sa marche. Si la police mexicaine était intègre, je n’y aurais pas ma place», «quelle vie de merde !». Autant dire qu’à ne rien avoir à perdre, on risque tout. DOMINIQUE MARÇON
Balles d’argent Élmer Mendoza Gallimard, coll. Série noire, 17 €
Le cercle des initiés Et si la figure du dandy que l’on croyait désuète s’invitait à nouveau à la table ? Denis Grozdanovitch est un lecteur érudit, cinéphile et photographe passionné ; c’est aussi un sportif émérite et un joueur d’échecs aguerri. Dans le roman La Secrète mélancolie des marionnettes, Denis le narrateur pratique l’allusion littéraire, cinématographique et sportive avec l’aisance d’un fin tacticien. C’est un jeune écrivain à l’avenir prometteur qui, après son Petit traité de désinvolture couronné de succès (toute ressemblance…) étire le temps chez une contessa à Florence. Cadre idyllique pour s’imprégner des splendeurs picturales et architecturales de la Toscane, goûter aux bons vins et aux mets délicieux tout autant qu’au plaisir de conversations savantes avec les autres maîtres du jeu. La Secrète mélancolie des marionnettes est un roman sur l’art de philosopher sans s’appesantir tout en argumentant âprement : qu’importe si les rencontres sont factices et les dialogues sonnent faux pour peu que les personnages, pittoresques, connaissent l’ivresse du discours brillant et savoureux. Brèves apparitions qui renforcent la fiction romanesque ! Entre deux
conversations piquées de belles tirades, d’ironie et de digressions poétiques, Denis (lequel des deux ?) griffonne un carnet de notes dont jaillira peut-être un troisième livre… Ces conciliabules faussement improvisés sont le prétexte à discourir sur «la tactique proustienne de la remémoration», le rapport entre le ralentissement du temps et la pratique littéraire, le pouvoir des éidola, la nécessaire distanciation ironique pour replacer la littérature à sa vraie place : «une éclosion d’insectes éphémères un soir d’été, au bord d’une rivière, aussi vite réengloutis dans l’indifférencié qu’ils en avaient mystérieusement surgi ?» MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Denis Grozdanovitch a rencontré ses lecteurs à la librairie Harmonia Mundi à Aix et Prado Paradis à Marseille dans le cadre des Escales en librairies La Secrète mélancolie des marionnettes Denis Grozdanovitch L’Olivier, 20 €
RENCONTRES
LIVRES
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Un balcon sur la mer Comment échapper au titre du film de Nicole Garcia, cinéaste associée au 23e Printemps du Livre de Cassis ? La magie du lieu - l’amphithéâtre marin de la Fondation Camargo dévoile l’horizon que l’on sait - et le soleil inondant les deux week-end de la manifestation ont eu raison de toutes les crispations esquissées à la lecture du programme, de son thème Féminin Pluriel et de quelques-uns de ses invités dont on peut penser que les écrits vains n’en font pas des auteurs ! Car on y a rencontré des romancières, des vraies, de celles qui traitent la langue comme une expérience unique à chaque roman et savent en parler : pour raconter finement, sans effet, toujours à la hauteur des questions posées comme Maylis de Kérangal (prix Médicis 2010 pour Naissance d’un pont), pour convoquer des personnages drapés dans leur pan d’Histoire comme Francine de Martinoir ou Claude Pujade-Renaud qui ressuscite la passion polyphonique de Sylvia Plath et Ted Hugues ; pour se taire élégamment aussi et cela Hélène
Lenoir, dont les deux derniers romans résistent à la sous-narration, sait bien le faire ! Le talentueux cabotinage d’Antoine Spire et la haute malice de Serge Koster n’en sont pas venus à bout … On y a soigneusement écouté des femmes de tête : Christine Brard à travers l’histoire du pantalon rappelle salutairement que le genre se déplace mais ne détruit pas la norme tandis que Myriam Revault d’Allonnes, en un discours d’une densité bienvenue, interroge la désaffection de nos sociétés pour la démocratie et alerte sur sa fragilité. Mais il n’y aura aucune question du public, remobilisé très vite autour de la lionne Carrère d’Encausse qui de pichenettes intellectuelles en scintillantes assertions redore le blason de la Russie de Poutine et embarque manu militari tout son monde pour l’aujourd’hui qui chante là-bas... ovation ! On a fermé les yeux sur le bronzage de Jean-Paul Enthoven pour savourer ses portraits de femmes «appels de fiction» ; on les a rouverts (la rumeur : «comme il est beau, comme il est beau!») bien
Le 23e Printemps du Livre de Cassis s’est tenu du 30 avril au 8 mai à la Fondation Camargo.
Printemps du livre de Cassis © X-D.R.
grand devant le bildungsroman que constitue le parcours hors-norme de Luc Ferry. Quant à Patrick Poivre D’Arvor, il a tenu à faire savoir qu’il n’est pas un plagiaire et qu’il est construit par le Romantisme allemand; on attend des preuves.... MARIE-JO DHÔ
La religion relie ? Entendre et lire un philosophe, non pas un de ces jouets médiatiques dont la pensée se résume à trois concepts passant bien à la télé, mais un homme qui a passé sa vie à lire et éclaircir la pensée des autres, afin d’édifier et de transmettre la sienne, est un moment de bonheur. Ardu, mais partagé : la librairie L’Odeur du Temps débordait de monde, debout, pour écouter Jacques Bouveresse parler de Wittgenstein et de Bertrand Russell. À propos de religion il parle peu de lui-même : il fut chrétien mais considère qu’il a «cessé de croire» au moment où il n’a plus pu admettre que le Christ était littéralement le fils de Dieu («si on ne croit pas à ça, comment peut-on se sentir chrétien ?») et avoue en souriant, en réponse à une question presque ultime qu’il «adorerait croire» en la religion naturelle de Rousseau. En revanche il éclaire précisément la Jacques Bouveresse © X-D.R
compréhension actuelle des enjeux religieux. Sur les bienfaits de la religion tout d’abord : on sait que Russell, comme Freud, est plus que sceptique sur son effet civilisateur. Selon lui les abus de la religion sont intrinsèquement en elle, indissociables, et il faudrait, pour en garder les éléments positifs, se séparer des dogmes, ce qui n’a jamais été possible. Mais Russell, philosophe «violemment anti-chrétien» concède que la religion permet de s’élever au-dessus de la vie des sens dans un mouvement de prise en compte de l’autre. Wittgenstein «méprisait» Russell, du moins la partie de son œuvre qui touchait à la religion, et laissait voir de la sympathie pour les Chrétiens. Perçu comme un rationaliste il avait pourtant une méfiance réelle envers les scientifiques, et s’il rejetait le dogme religieux il défendait sa possibilité de bouleversement passionnel, qui permet de provoquer des changements dans l’individu pour atteindre un moi impartial : celui de la vérité dans la pensée, de la justice dans l’action, de l’amour universel dans le sentiment. Mais pour Russell une religion ne peut valoir que par ses raisons, ses preuves, et non par son utilité : on ne peut croire parce que la religion est un ciment social, ou parce qu’elle rend heureux. Pour Wittgenstein on ne peut vivre dans cette rationalité sans être éclairés par une lumière idéale. Mais croire parce que c’est utile est une imposture «comme celle que pratique Nicolas Sarkozy lorsqu’il dit que l’instituteur ne peut remplacer le curé. Non seulement il sort de la loi de la laïcité, puisqu’il devrait citer tous les ministères, mais il justifie la religion par son utilité éducative». Jacques Bouveresse parla encore de croyance réaliste
(littérale) au dogme qui est invalidée aujourd’hui, mais est la seule possible pourtant… puisque croire à une interprétation antiréaliste (symbolique ?) de la création ou de l’humanité du Christ relève à peine du religieux… Il parla encore de la solidarité qui disparaît et que les religions et les athéismes, dans leurs antagonismes et leurs degrés différents de croyance, doivent ensemble parvenir à refonder. AGNÈS FRESCHEL
Jacques Bouveresse a rencontré ses lecteurs dans le cadre des Escales littéraires à l’Odeur du Temps, Marseille, et aux Vents du Sud, Aix Que peut-on faire de la religion ? Jacques Bouveresse Agone, 19 €
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RENCONTRES
Libraires du sud /Libraires à Marseille 04 96 12 43 42 Rencontres : avec Liliane Rada Nasse, chercheur associé Telemme-MMSH, auteur de Ces Marseillais venus d’orient (Karthala), le 19 mai à 18h à la librairie Jeanne Laffitte (Marseille) ; avec Alexandre Jardin pour Des Gens très bien (Grasset), le 20 mai à 17h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Jeanne Benameur pour son dernier roman Les insurrections singulières (Actes Sud), le 20 mai à 19h à la librairie de l’Horloge (Carpentras), le 21 mai à 15h à la médiathèque Camille Claudel (Sorgues) ; avec Jean-François Noël pour son livre L’écharde dans la chair. Eloge de la sainteté ordinaire (DDB), le 20 mai à 18h30 à la librairie Saint-Paul (Marseille) ; avec HenriFrédéric Blanc, Gilles Ascaride et Anne-Marie Ponsot, le 21 mai à 17h à la librairie Le Greffier de Saint-Yves (Marseille) ; avec Pierre Lemarquis, neurologue et musicologue, le 24 mai à 19h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; conférence de Gilles Van Grasdorff sur Alexandra David-Neel, le 25 mai à la Chapelle des Pénitents Blancs (Carpentras) ; avec Marie Cayol pour Les roses de Taos et Louis Reymond pour Leçons de ténèbres (Ed du Grand Tetras), le 26 mai à 15h45 à la librairie Les Genêts d’Or (Avignon) ; avec Henri Eskenazi pour Immersion à Sormiou (VTopo), le 27 mai à 17h à la librairie Prado Paradis (Marseille) ; avec Sylvie Mazzela, dans le cadre des Rencontres parallèles, le 27 mai à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille) ; avec Charles Bilas, historien de l’architecture, pour les Extravagantes de la Baie des Anges (Les Beaux Jours), le 28 mai de 16h à 19h à la librairie Masséna (Nice) ; avec Xavier-Marie Bonnot pour son nouveau roman Le pays oublié du temps (Actes Sud), le 28 mai à 11h et 16h à la librairie Maupetit (Marseille) ; avec Raphaële Frier et Audrey Pannuti pour La recette de moi (Naïve), le 28 mai à 11h à la librairie Maupetit (Marseille) ; avec Lorenzo Franchini pour Hasta la fin del mundo… in Vespa !, le 1er juin à 18h30 à la librairie Au Poivre d’Âne (La Ciotat) ; Escales en librairies : rencontre avec Delphine Chedru, auteure illustratrice, le 15 juin à 10h à la librairie L’Etoile Bleue (Aubagne) et à 16h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille).
AU PROGRAMME
Cézanne : de Nuremberg à Aix-en-Provence avec Anthony Marchutz, son fils, et Denis Coutagne, Conservateur honoraire des Musées de France, le 10 juin à la librairie Imbernon (Marseille). Exposition de l’artiste allemande Lotte Reiniger, du 11 juin au 3 octobre au musée des Tapisseries. Galerie du Lézard – 06 12 23 35 03 Exposition des peintures d’Alain Crocq et de Roger Abate, jusqu’au 4 juin. Voyons Voir – info@voyonsvoir.org Des pliages : Présentation des travaux d’ateliers réalisés par les stagiaires en formation au Centre de rééducation professionnelle Richebois sous la conduite de l’artiste Arnaud Vasseux, du 23 mai au 30 juillet au Centre Richebois (Marseille). Cité du livre – 04 42 91 98 88 Exposition de photos Minorités en clichés d’Elodie Fache et Mélissa Nayral, qui remet en question les clichés exotisants en repensant le regard porté sur les peuples d’Océanie, jusqu’au 4 juin. Rencontre-débat avec Hervé Jubert, auteur de livres fantastico-policiers, le 27 mai à 15h30. Galerie La Non-Maison – 06 29 46 33 98 Exposition SOLD de Harel Luz, jusqu’à 11 juin. Musée Granet – 04 42 52 88 32 Exposition Collection Planque, l’exemple de Cézanne, du 11 juin au 2 octobre. Corsica Calling – 06 88 80 62 83 L’association vise à promouvoir les œuvres artistiques et littéraires corses, hors de l’île. Le 15 juin à 20h30, à l’Institut de l’image, projection du documentaire de José Cesarini et M. Duffau, Paroles sur images. ALLAUCH Musée – 04 91 10 49 00 Exposition Petits miracles à Mexico, ex-voto mexicains et contemporains, jusqu’au 30 octobre ; dans le cadre de l’expo, rencontre avec Pierre Schwartz, photographe et auteur du livre La rue des miracles sur les ex-voto d’Alfredo Vilchis, le 28 mai à 17h. ARLES Museon Arlaten – 04 90 92 58 11 Ethno’ balade au Château d’Avignon, le 29 mai à 14h.
Escapades littéraires : voir p 23 AIX Galerie IPSAA-ESDAC – 06 48 65 38 00 Exposition de photos et peintures de Claire Cohen Lachiver, du 16 au 29 mai ; exposition de peintures d’Armand Feldmann et Françoise Ramond, du 1er au 6 juin ; exposition de photos de Bernard Salmon, du 6 au 13 juin ; exposition de Marion Parisot, plasticienne, du 14 au 20 juin. Présentation et vernissage en avant première de l’exposition nationale de la Licra contre l’antisémitisme, L’Antisémitisme du Moyen-Âge à nos jours, le 19 mai à partir de 18h30. Exposition ouverte au public le 20 mai, et du 23 au 25 mai. Centre Franco-Allemand de Provence – 04 42 21 29 12 Conférence : Léo Marchutz, sur les traces de
AVIGNON Centre européen de poésie - 04 90 82 90 66 Concert-lecture de Jean de Breyne et Martine France, compositrice et instrumentiste, suivi d’une lecture de Poème commun par Jean de Breyne et Samantha Barendson, écrit à deux, le 21 mai. Lecture par Jean de Breyne d’extraits de ses derniers livres parus, le 9 juin. Librairie L’Eau vive – 04 90 82 58 10 Rencontre-débat avec Maud Lethielleux et Sébastien Joanniez, auteurs de livre pour la jeunesse, le 24 mai à 19h. BARJOLS Plaine Page – 04 94 72 54 81 Les Eauditives les 10 et 11 juin : festival intercommunal (communauté de communes Provence d’Argens en Verdon) sur le thème de
l’eau par le biais des poésies et des arts contemporains : installations éphémères de Günther et Eva Vossiek, Patrick Aubert, Frédérique Guétat Liviani, Jean-Pierre Cousin, et des enfants de CM2 de Gabriel Schneider (à la fontaine de Burlière, au lavoir de Burlière, à la Zip 22, à la fontaine du Pont d’Or) ; le 10 juin, au Centre Elias, conférence d’Anny Pelouze (La symbolique de l’eau), de Michel Partage (Inf’eau) ; le 11 juin : lecture, par Frédérique Guétat Liviani, du recueil Les Petites sirènes (Plaine Page), performances de Philippe Castellin, puis de Serge Pey, Chiara Mulas et Sébastien Lespinasse. BAUDUEN Editions Parole – 04 94 80 76 58 Soupe aux livres : lors d’une veillée, avant et après la dégustation d’un bol de soupe, auteurs, chanteurs, comédiens chantent, disent, content des textes. Le 21 mai à 18h30 à Aiguines (83), le 26 mai à 18h30 Reillanne (04), le 11 juin à 18h30 à Gémenos (13). BEAULIEU-SUR-MER Villa grecque Kérylos – 04 93 01 01 44 La fête de Poséidon : pour faire découvrir la vie quotidienne d’un port grec sous l’Antiquité, des artisans présenteront différentes teintures végétales ainsi que des techniques artisanales de fabrication (filage et tissage) ; présentation de costumes grecs, coiffures, parures, défilé de mode de tenues antiques ; exposition d’instruments ; marché aux épices ; pour les enfants atelier d’orfèvrerie, atlier-jeu sur les racines grecques et latines des mots… Les 12 et 13 juin. CARPENTRAS Librairie de l’Horloge – 04 90 63 18 32 La nuit des nouvelles : de 19h à minuit, lecture à voix haute, dans leur intégralité, d’une sélection de nouvelles d’auteurs contemporains français et étrangers, le 4 juin dès 19h. EYGUIÈRES Les Ateliers Agora – 04 90 57 81 46 Conférence du thérapeute et sophrologue André Dalpalud sur La pensée créative, le 27 mai à 19h. FORCALQUIER Forcalquier des livres – 04 92 75 09 59 Atelier de lithographie animé par Philippe Moreau, du 23 au 27 mai. Atelier sur la reliure médiévale animé par Vanessa Krolikowski, du 23 au 27 mai. Atelier de linogravure animé par Romuald Sourisse, les 2 et 3 juin. HYÈRES Bibliothèque de théâtre Armand Gatti – 04 94 28 50 30 Rencontre-débat avec Christophe Pellet pour sa pièce Qui a peur du loup ? (L’Arche) et Juan Mayorga pour sa pièce La Paix perpétuelle (Les Solitaires intempestifs), le 18 mai à 19h. LA CIOTAT Parc du Mugel – 06 07 36 91 98 Bal(l)ade poétique au-dessus de l’eau avec le poète Gorelli, les 21 mai et 22 mai, rendez-
vous à l’entrée du jardin à 15h. LA GARDE Association Elstir – 06 76 29 81 65 28e rendez-vous des jeunes plasticiens : exposition des travaux d’enfants réalisés dans le cadre d’Artimômes, jusqu’au 24 mai salle Gérard Philippe ; exposition de Benjamin Marianne à la Galerie G, jusqu’au 21 mai. LA SEYNE-SUR-MER Librairie Bulle – 04 94 94 52 08 3e édition de Bulles en Neyne : dédicaces, expos, rencontres avec les auteurs présents (Frezzato, Jusseaume, De Vita, Nell, Falba, Bono, Chevais-Deighton...). Les 11 et 12 juin. LA TOUR D’AIGUES Château – 04 90 07 50 33 Exposition Un territoire et des hommes, photographies de Davis Simon, jusqu’au 18 septembre. Association Tour’Arts – 04 90 08 98 59 2e printemps des éditeurs placé sous le signe de l’art et dédiée à la promotion du livre d’art, en partenariat avec la Fabrique sensible (Arles) : dédicaces d’auteurs et d’illustrateurs, ateliers, expo, lectures… du 27 au 29 mai. LA VALETTE Direction des affaires culturelles – 04 94 23 62 06 9e (éco) festival contes & jardins : exposition de Johan Troïanowski du jusqu’au 28 mai ; manèges à pédales, espaces ludiques… ; avec les conteurs Sylvie Vieville, Fiona Macleod, Serge Valentin accompagné de Murielle Holtz et de Pierre Labrèche, Jean-Claude Botton, Anne Deval accompagnée de Frédéric Blancot et de Cyril Fayard, Catherine Caillaud. Du 19 au 22 mai au parc des troènes. LURS Chapelle des Pénitents – 04 92 79 95 24 Exposition hors les murs du Frac : Variable cataclysmique de Lina Jabbour, jusqu’au 12 juin. Les Correspondances de Manosque – 04 92 75 67 83 Pique-nique littéraire avec François Beaune, François Longchamp… Le 22 mai dès 10h30. MARSEILLE La Criée – 04 91 54 70 54 Lecture mise en espace par Ninon Brétecher du Journal intime de Benjamin Lorca d’Arnaud Cathrine avec Nathalie Richard et Arnaud Cathrine, le 26 mai au Petit Théâtre. La Friche – 04 95 04 95 04 Exposition K. Acker : the office, sur une proposition de Dorothée Dupuis et Géraldine Gourbe : l’expo explore les affinités opérantes entre art contemporain et féminisme à travers le prisme de l’œuvre de l’écrivaine new yorkaise. Jusqu’au 11 juin. BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 Dans le cadre du cycle Une livre de musique : Musiques de la peur : rencontre autour de la collaboration entre le réalisateur Alfred Hitchcock et le compositeur Bernard Herrmann avec le musicologue Lionel Pons. Le 21 mai à 16h. ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00 Exposition de photos de Driss Aroussi, En
RENCONTRES 85 chantier, jusqu’au 21 mai. Exposition de Thérèse Le Prat, photographe exploratrice des années 30 : Visages Outre Mer, jusqu’au 13 juillet. Exposition Immigrés de force, travailleurs indochinois en France, du jusqu’au 31 mai. Colloque national d’histoire de l’art : De l’art et de la nature du paysage, sous la direction scientifique de Jean-Noël Bret avec E. Beck Saeillo, Y. Escande, C. Flécheux, L. Gallo, C. Garraud, M. Hilaire, S. Loire, J. de Los Llanos, M. Nys et B. Saint Girons. Le 20 mai de 14h à 18h et le 21 mai de 9h30 à 12h20 et de 14h30 à 17h. La femme aux semelles de vent : Alexandra David-Néel : rencontre avec Marie-Madeleine Peyronnet, secrétaire personnelle d’Alexandra David-Néel, Joëlle Désiré-Marchand, géographe et Catherine Bost-Broé, comédienne, le 19 mai à 18h30. La photographie documentaire dans la construction de l’histoire : débat-projection autour de la présentation du livre Un même monde. Parcours documentaire 1956-2008 de Jean-Marie Guillon (texte) et Jacques Windenberger (photos). Débat avec Jacqueline Ursch, directrice des Archives départementales, Arnaud Bizalion, éditeur, Jean-Marie Guillon, historien, Jacques Windenberger, photojournaliste, Robert Terzian, Pierre Ciot et Claude Almodovar, responsables de l’Union des photographes professionnelsMéditerranée, Hélène David, photographe et Donatien Garnier, rédacteur du collectif Argos. Le 23 mai à 18h. La Baleine qui dit «Vagues» - 04 91 48 95 60 3e édition des Oralies, festival des contes voyageurs : spectacles, projections, rencontres, ateliers… du 26 au 29 mai. Restaurant Don Corleone – 04 91 33 85 24 Rencontre avec Edwy Plenel pour son livre Le Président de trop (Ed. Don Quichotte), le 24 mai à 20h. La Marelle/Des auteurs aux lecteurs – 04 91 05 84 72 Ecrivains en dialogue : rencontre, animée par Pascal Jourdana, avec Pierre Senges (Claro, initialement prévu ne peut être présent) autour du thème Réalités et fictions, le 17 mai aux ABD Gaston Defferre. Librairie Apostille – 09 51 83 15 27 Rencontre-lecture avec Marco Ercolani et Lucetta Frisa, poètes italiens, et Sylvie Durbec, poète et traductrice, à l’occasion de la sortie de leurs ouvrages respectifs : J’entends des voix et À mes inquiètes (Ed. Etats Civils). Le 9 juin à 19h. La Mer parle – 06 07 36 91 98 Voyage à Epicure en compagnie du poète Gorelli, le 19 juin (embarquement navette Vieux-Port à 9h).
Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Dans le cadre du 150e anniversaire de l’unité de l’Italie : exposition Case museo : il gusto dell’abitare in Italia, du 19 mai au 6 juin ; exposition Il Risorgimento Histoire de l’Unità – Personnages, batailles et allégories de l’Italie unie, organisée en collaboration avec le Museo Centrale del Risorgimento de Rome ; conférence de Rocco Femia, journaliste, éditeur et directeur de la revue RADICI e de Laure Teulieres, coordinatrice du livre Italiens, 150 ans d’émigration en France et ailleurs (Editalie ed.) à l’occasion de sa parution, le 26 mai à 18h. Échange et diffusion des savoirs – 04 96 11 24 50 Conférences à l’Hôtel de région à 18h45 : Pierre de Roo, philosophe, pour Le pouvoir des métaphores, le 19 mai. Maison de l’Architecture et de la Ville – 04 96 12 24 10 Exposition Habitants Atypiques, jusqu’au 10 juin. Galerie La Poissonnerie – 04 91 52 96 07 Exposition La Mer des masques de Sophie Testa, jusqu’au 31 mai. Galerie Françoise Estran – 04 88 04 59 37 Exposition d’Olivier Charlot, Japanese conjecture, du 25 mai au 25 juin. Galerie Où ESBAM – 04 91 82 83 10 Exposition Studio Vortex 2, jusqu’au 4 juin à la galerie Montgrand. CCI Marseille Provence – 0810 113 113 Exposition Sur tous les océans… Pour tous les continents. Publicités des Messageries Maritimes, jusqu’au 31 août au Palais de la Bourse. MuCEM – 04 96 13 80 90 Les mardis du muCEM : Construire un musée, l’architecture d’un projet par Rudy Ricciotti, Bruno Suzzarelli et Corinne Vezzoni, le 14 juin. Altermundi – 04 91 08 53 99 La quinzaine du commerce équitable : atelier couture avec Mathilde Richard, création d’accessoires de mode, détournement de vêtements… Jusqu’au 29 mai. MARTIGUES Musée Ziem – 04 42 41 39 60 Exposition De la réalité au rêve, l’objet ethnographique et sa représentation, du jusqu’au 12 juin. Médiathèque Louis Aragon – 04 42 80 27 97 Les croqueurs d’albums : rencontres autour de la littérature jeunesse avec Gérard Stehr, auteur, Frédéric Stehr, illustrateur, Amélie Jackowski, illustratrice et Aurélien Débat, illustrateur, le 9 juin à 18h.
MIRAMAS Médiathèque intercommunale – 04 90 58 53 53 Exposition d’Anne Loubet, Se tenir droit, jusqu’au 21 mai.
organise des manifestations : exposition et conférence de Frédéric Négrel, projection du documentaire de Christian Philibert Ils se levèrent pour la république suivie d’un débat avec le réalisateur, le 28 mai à Ginasservis.
PERTUIS Bibliothèque municipale – 04 90 79 40 45 Univers manga : exposition, atelier, conférence. Du 17 au 28 mai.
VEYNES Mairie – 04 92 57 24 23 16e printemps du livre jeunesse sur le thème Les oiseaux avec les auteurs Judith Gueyfier, Christian Heinrich, René Mettler, Jean-Côme Noguès et Alexis Nouailhat, du 19 au 21 mai.
PORT-DE-BOUC Médiathèque Boris Vian – 04 42 06 65 54 Rencontre-débat avec Gilles Ortlieb, auteur de Sous le crible (éd. Finitude) et Noël à Ithaque (éd. Le temps qu’il fait) et Eric Pistouley, auteur de Une poétique du livre (éd. Le temps qu’il fait) et Lettres de Ré (éd. Le temps qu’il fait), le 31 mai à 18h30. SAINT-REMY-DE-PROVENCE Musée Estrine – 04 90 92 34 72 Exposition rétrospective Lucio Fanti Peinture et Théâtre, jusqu’au 19 juin. SEPTÈMES-LES-VALLONS Jardin des arts – 04 91 96 31 83 Exposition d’instruments de musique d’Asie, collection André Gabriel, jusqu’au 12 juillet. Conférences d’André Gabriel : Architecture chinoise symbolique et religieuse, architecture cosmographique, le 17 mai ; Présence de l’Asie dans la musique occidentale, le 7 juin. TOULON Librairie Le Carré des mots – 04 94 41 46 16 Rencontre avec Marcus Malte autour de son dernier roman Les Harmoniques (Gallimard), le 22 mai, pour un café-signature de 11h à 13h. Espace Castillon – 04 94 93 47 33 Exposition D’Amarante à Zinzolin des artistes M. Limborg, A. Loknar, F. Bellemain, M. D’Olivo, U. Mainka, I. Sicre et D. Powell, jusqu’au 4 juin. Exposition Autour du végétal avec les œuvres de P. Dourry, C. Donjerkovic, Bernard, S. Ginoux, N. Rodriguez, A. Foret, A. Sernis et C. Colombo. Du 7 au 30 juin. VERDON Parc naturel régional – 04 92 74 68 00 Stage de formation aux techniques de restauration en pierre sèche, avec le concours de René Sette de l’école d’Avignon : pierre sèche, calade et maçonnerie à la chaux sur le chantier de la chapelle Notre-Dame de Châteauneuf-lesMoustiers, du 27 au 29 mai et du 17 au 19 juin. 1851 un soulèvement pour la République : pour commémorer le soulèvement républicain qui a marqué le territoire il y a 160 ans, le Parc
CONCOURS MARSEILLE CCI Marseille Provence – 04 91 39 34 66 Ho ! haaa, 4e concours artistique de la CCI ouvert à tout artiste confirmé (peintres, plasticiens, sculpteurs, photographes et vidéastes) sur le thème de l’économie du territoire Marseille Provence. Les dossiers doivent parvenir au secrétariat du Patrimoine culturel de la CCIMP avant le 6 juin. Ensemble Télémaque – 04 91 39 29 13 L’European contemporary orchestra (ECO), issu des trois ensembles européens Télémaque, Musiques Nouvelles et De Ereprijs, lance un appel à candidatures aux compositeurs européens ou résidant en Europe pour des petites formes et/ou des pièces pour 33 musiciens en vue du programme de concerts de 2011 et 2012. Lettre de candidature, CV et liens vers documents sonores à envoyer avant le 15 juin à eco@ensemble-telemaque.com. BJCEM – 04 96 11 04 76 Appel à candidature pour la 15e édition de la Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée qui aura lieu sur deux territoires, Thessalonique en Grèce pour les arts visuels et les arts appliqués et Rome en Italie pour la musique, la littérature, le cinéma. Peuvent déposer un dossier tous les artistes nés à partir du 1er janv 1981 résidant dans l’un des territoires membres de l’association Biennale (agglomération Toulon Provence Méditerranée, Marseille, Pays d’Aix, Région PACA, Montpellier). Les dossiers sont à déposer en main propre ou par courrier au plus tard le 31 mai à 18h. Liste des adresses et renseignements complémentaires sur www.bjcem.net LAVANDOU Service culturel de la Ville – 04 94 00 41 72 Prix de la création, peinture contemporaine, ouvert aux artistes peintres travaillant l’acrylique, l’huile et les techniques mixtes. Les artistes primés et nominés seront exposés dans la salle d’honneur de l’hôtel de ville du 9 juillet au 31 août. Le dossier de candidature est à envoyer avant le 27 mai.
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PATRIMOINE
LES JARDINS
Cultivons-nous au jardin… Depuis 9 ans près d’un million et demi de Français fêtent l’arrivée des beaux jours en se rendant aux Rendez vous aux jardins, manifestation nationale organisée par la direction du patrimoine du ministère de la culture. Trois jours qui mettent à l’honneur quelques 2000 jardins en France dont certains, privés, ne sont ouverts qu’à cette occasion. En effet, qu’il soit d’Eden, des Hespérides avec ses pommes d’or, des délices ou des supplices, le jardin travaille nos imaginaires autant que nos pratiques, depuis les âges antiques... Signe des civilisations il varie selon les cultures par ses usages et ses destinations. Longtemps inconnu des Amérindiens ou des Africains, il dépend évidemment des climats et des terres, mais aussi des esthétiques et des idéaux des peuples. Ainsi le jardin, endroit clos, meublé et précieux, est doublement un passeur de culture ; témoin d’un art de vie et lieu de germination, de maturation, il est aux antipodes à la fois de la nature sauvage et de nos civilisations artificielles : un refuge humain. Le thème de cette année Les Jardins nourriciers les situe au cœur de certains enjeux politiques. Du Jardin à la française hiérarchisé et improductif au
Jerome Bosh, Triptyque du jardin des delices, Musee du Prado, Madrid
Jardin ouvrier ou au lopin soviétique, mais aussi du verger au potager en passant par le jardin apicole, choisir d’y travailler la terre ou de tailler les haies, de s’y nourrir ou de s’y divertir, n’est pas anodin. Car les jardins nourriciers contemporains
Préservons nos curiosités
Le temps d’un week-end, les jardins offrent leur espace bigarré aux regards des amateurs de tous horizons, l’occasion pour tout un chacun de se familiariser avec des espèces rares ou anciennes, de découvrir des lieux remarquables particulièrement bien préservés. Créés au XVIIe siècle, les Jardins d’Albertas, à Bouc-Bel-Air (13), programment chaque année les Journées des plantes (du 27 au 29 mai), occasion unique de partager diversité et richesse botanique avec des pépiniéristes passionnés de plantes rares et méditerranéennes, mais aussi d’arpenter les allées de ce lieu unique qui mêle les influences françaises et italiennes où abondent bassins, canaux, statues… Plus au nord, à Mane (04), le Prieuré de Salagon abrite des jardins conçus par l’ethnobotaniste Pierre Lieutaghi : le jardin médiéval avec un potager, des carrés médicinaux et un jardin floral, le jardin de simples qui rassemble des plantes de la pharmacopée populaire, salades des champs et autres légumes de ramassage, le jardin de senteurs qui permet de découvrir les aromatiques et plantes à parfum cultivées en Haute Provence, et le jardin des temps modernes qui expose la flore des cinq continents. Durant le week-end des Rendez-vous aux jardins (du 3 au 5 juin), Salagon propose ateliers, démonstrations, spectacles, conférences et visites bien sûr ! Plus à l’est, à La Valette-du-Var (83), le 9e (Eco)Festival Contes & Jardins (du 19 au 22 mai) fait se
côtoyer les arts de la parole par le biais de contes et l’espace accueillant du Parc des Troènes en valorisant la nature et son respect : soyez donc éco-responsables tout en écoutant les artistesconteurs Sylvie Vieville, Jean-Claude Botton, Fiona Macleod, Anne Deval, Serge Valentin et Catherine Caillaud… DO.M.
Les jardins d’Albertas Bouc-Bel-Air 04 91 59 84 94 www.jardinsalbertas.com Musée et jardins de Salagon Mane 04 92 75 70 50 www.musee-de-salagon.com © Les Jardins d'Albertas
témoignent de certains choix écologiques, en termes de compost et d’engrais, mais aussi de variétés des espèces et de choix alimentaires, qui les inscrivent hors du productivisme comme une voie de recours. Une résistance ? A.F.
9e (Eco)Festival Contes & Jardins La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr © Les Jardins d'Albertas
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Gilles Clément, jardinier-écrivain-paysagiste, connu notamment pour la création du Parc André Citroën en 1999, est venu à Marseille parler de sa conception d’un paysage contemporain, respectueux des espèces sauvages et des équilibres biotiques
Notre terre, ce jardin planétaire... Invité par l’École d’Architecture de Marseille (ENSAM), ce paysagiste-écrivain-jardinier a arpenté le monde et illustre sa conception du respect de la biodiversité et sa réflexion sur les rapports entre paysage et économie par les photos qu’il y a glanées. Thème de sa conférence : le Paysage du désendettement, inscrit dans un programme pédagogique de l’ENSA-M appelé «H21», comme «Habiter le XXe siècle», visant à construire mieux, avec moins, et dans le respect du vivant. Gilles Clément constate que notre planète est
entièrement anthropisée : l’agriculture conventionnelle rend les terres stériles et les paysages uniformes, notamment avec les abus de monocultures. Il affirme donc la nécessité d’un nouveau projet politique accompagné de modèles économiques nouveaux. Pour cela il préconise l’abolition des grandes exploitations agricoles, et le retour à une pratique paysanne à échelle humaine, qui diversifie les cultures et ne contraint pas à des endettements douloureux ! Il rappelle son concept de Tiers-Paysage, en référence au Tiers-État, constitué des espaces délaissés ou non exploités dans lesquels la nature reprend ses droits et accueille les plantes vagabondes. Il s’agit de retrouver une diversité détruite, entre autres, par l’abus des pesticides. Gilles Clément donne l’exemple du campus de l’ENS de Lyon où ce sont des moutons qui entretiennent la prairie ! Il évoque aussi, entres autres exemples passionnants, la création du Belvédère des Lichens dans la vallée de la Drobie, en Ardèche, qui met en valeur le paysage de l’écosystème du Sentier des lauzes, avec yeuses et lichens. Ainsi peu à peu se développent des espaces de résistance !
La conférence de Gilles Clément avait lieu le 30 mars à La Friche
Belvedere des lichens, Plateforme (flaque de bois), ` vue sur le Tiers paysage de l'Ardeche et sur 14 especes de lichens © Gilles Clement
CHRIS BOURGUE
Deux livres différents et complémentaires permettent d’envisager l’avenir de nos horizons Poétique des jardins ! Un titre qui sonne comme un chant. Jean-Pierre Le Dantec y présente le fruit de son expérience de 20 ans, à la fois ouvrage historique, scientifique, essai philosophique et manuel de savoir vivre... dans un jardin. Historien, enseignant à l’École d’Architecture de Paris, il saute avec légèreté de la botanique à la littérature érotique, des calculs hydrauliques aux chants des fontaines ! Dans un livre qui adopte un cheminement thématique et volontairement non chronologique, il constate avec satisfaction que la notion de «jardin» n’est plus considérée comme désuète et réservée aux
retraités. Au contraire, depuis les années 80 des mesures de restauration et de protection d’espaces endommagés par le développement de l’individualisme et l’urbanisation ont accompagné la création de l’École du Paysage (1979). Après le rappel historique de la notion de «paysage», né de l’ouverture des enclos, ménageant des vues sur la campagne environnante, Le Dantec s’attarde sur sa différence avec le «pays». Le paysage change sous le regard de celui qui l’observe, il est «objet culturel», vu à travers une émotion, il ne porte l’empreinte d’aucun propriétaire, comme c’est le cas du jardin -de là des pas-
sages passionnants sur le travail de Le Nôtre à Versailles ou sur les jardins anglais... Les habitants qui y travaillent façonnent leur pays, les esthètes, les touristes, les artistes y voient un paysage. Toutes ces notions intimement liées amènent l’auteur à conclure que l’art des jardins et des paysages est un «art de survie». C.B
Poétique des jardins Jean-Pierre Le Dantec Actes Sud, 22 euros
Matériaux modestes Un jardin est un espace de vie aménagé. Réceptacle de végétaux, il se compose également de matériaux divers qui les mettent en valeur. Pour cela il est déconseillé d’utiliser des produits manufacturés dans des matières peu nobles, pour leur préférer celles du terroir environnant. Fi du made in China et cie ! Le livre de Patrick Genty et Alain Renouf, collaborateurs du Festival de Chaumont, offre des exemples d’aménagement et
de fabrication en variant des matériaux modestes : essences de bois, terre cuite, sables, paillages, pierres et métaux, verre... Le tout valorisant les savoir-faire de différents corps de métier, parfois oubliés. Les photos d’Olivier Placet complètent avec intérêt ces informations qui proposent un panorama simple et écologique des matériaux pour s’approprier le jardin. C.B.
Materia, d’autres matériaux pour le jardin Patrick Genty et Alain Renouf éd. le bec en l’air, 35 euros
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HISTOIRE
MUCEM
Une langue commune Les Mardis du MuCEM invitaient le 10 mai Jocelyne Dakhlia, directrice d’études à l’EHESS, pour nous parler de la «lingua franca», une «langue métisse en Méditerranée»
Pour Dakhlia ce qu’on appelle Langue Franque illustre un continuum historique à travers la méditerranée, une communauté en partage sur les deux rives. Une «lingua franca» qui était considérée comme un mythe, car il ne pouvait y avoir pour les sceptiques de langue commune aux sociétés européennes et aux sociétés islamiques… La réalité est toute autre. Faite d’un mixte de langues, parlée également sur toutes les rives, elle se compose essentiellement d’italien à l’Est du bassin méditerranéen et d’espagnol à l’Ouest d’Alger. Si le provençal et le portugais y laissent leurs empreintes, le grec ou l’arabe en sont quasiment absents. Elle est bien connue de Molière qui l’use au travers de son bourgeois gentilhomme, Monsieur Jourdain devenu mamamouchi. Ce registre du comique est d’ailleurs un emploi privilégié que l’on retrouve à l’opéra. Mais des auteurs comme Diderot, Leibnitz la connaissent et Rousseau la cite comme langue universelle. Au sud de l’Europe et de la Méditerranée, on la parle largement. Elle ne se cantonne pas aux zones d’échanges : par l’intermédiaire des captifs, elle est employée dans les maisons urbaines et dans les campagnes, loin à l’intérieur des terres. Les rapts, reflets de la violence guerrière, font transiter des milliers d’hommes dans l’autre camp : Cervantès, captif à Alger, en est le saisissant exemple. L’espace diplomatique use aussi de la «lingua franca». C’est avec elle que le Bey de Tunis accueillait les ambassades françaises. Cependant les traités étaient rédigés, eux, dans une langue nationale (le turc, l’italien ou le français). Au moment où, progressivement, se fixe l’adéquation entre le territoire et la langue, la «lingua franca», véritable véhicule linguistique, demeure neutre. Elle permet d’échanger avec l’autre sans se soumettre à sa domination symbolique. Son aire de diffusion, vaste, s’étend de l’Europe du Nord au sud du Sahara. Lamartine, lors de son voyage en orient, fait traduire des textes arabes en langue franque et, à partir de là, les traduit lui-même en français. Répandue, usuelle, la
«lingua franca» fait lien entre les cités du continent méditerranéen et révèle la familiarité des sociétés islamiques avec les langues latines. On ne peut donc soutenir, à la suite de Bernard Lewis, conseiller de G. Bush, que le déclin du monde oriental résulte d’un refus d’apprendre, par mépris, les langues latines.
Du nationalisme au renouveau Avec la colonisation européenne, la «lingua franca» disparaît. Le colonisé se voit obliger de parler une langue qu’il ne maîtrise pas, qu’il écorche, un «petit nègre», le sabir. Finie la langue de convention entre les parties, place à la soumission et au nationalisme linguistique. Les phénomènes de décolonisation, dès le début, renforcent l’épuration nationaliste. Au XIXe siècle, la Grèce, libérée des ottomans, expurge de son langage les apports turcs ou italiens. Les processus d’unification linguistique se généralisent et fragmentent la Méditerranée. Mais aujourd’hui une nouvelle tendance, liée à la jeunesse et aux flux migratoires, se dessine. La mixité linguistique (mots français ou anglais) se retrouve sur les radios de langue arabe. «Dégage» crièrent les tunisiens au potentat Ben Ali ! Un rapport libéré à la langue française s’établit. Cette évolution traduit un rapport décomplexé à langue de l’ancien maître. La fréquentation des média occidentaux a permis une familiarité avec la vie démocratique. La nature universaliste des mots d’ordre des manifestants a montré combien les peuples se distanciaient de l’image colportée à leur propos. Finie la représentation de l’altérité radicale où le despotisme oriental et la revendication religieuse régnaient au Sud et la démocratie au Nord. Dans ce contexte, la réaction des Européens est paradoxale : les réjouissances face aux succès démocratiques ont correspondu avec la volonté de fermer les frontières aux migrants du Sud ! Peut-on espérer que les évolutions linguistiques contribueront désormais à la réduction des distances ? RENÉ DIAZ
Jocelyne Dakhlia © X-D.R.
Mare nostrum ?
Wolf Lepenies était accueilli le 12 avril à l’Alcazar pour une lecture au public des Mardis du MuCEM. Ce «sociologue de formation, historien d’inclinaison» est venu d’Allemagne parler de la Méditerranée aux marseillais. D’ailleurs, pour commencer il cite Fernand Braudel avec une émotion sincère : «J’ai passionnément aimé la Méditerranée, sans doute parce que venu du Nord, comme tant d’autres, après tant d’autres.» Et en effet, il l’air de l’aimer cette région du monde où sont nées les trois religions monothéistes, le droit romain, la médecine arabe et la philosophie. Il parle du choix des mots, et soutient que lorsqu’on passe d’un projet d’Union de la Méditerranée à une Union pour la Méditerranée on fait celui de la condescendance au lieu d’opter pour un équilibre entre pairs. À vrai dire, selon lui, «Les noms sont toujours un problème. Le MuCEM, c’est bien, mais il faudrait l’appeler
musée de la Méditerranée et de l’Europe, et non l’inverse, pour opérer un renversement de perspective.». Et c’est seulement au prix d’un effort intellectuel de ce type que l’on arrivera à dépasser l’opposition européenne historique entre latinité et germanisme, qui a pour descendant l’eurocentrisme maladif qui tient nos dirigeants. «Les révolutions arabes, par exemple. Ne faisons pas l’erreur de croire qu’elles vont conduire leurs pays jusqu’à nous, laissons-leur la chance de trouver leur propre voie vers une forme de démocratie aux contours différents des nôtres. Le capitalisme nordique a fait que la Méditerranée n’est plus le centre du monde, mais l‘Europe ne l’est pas non plus !» Pas plus que la latinité : la Méditerranée a deux rives, sinon trois, et le Mare Nostrum de l’Empire Romain reste… un impérialisme colonisateur dont nous sommes issus ! GAELLE CLOAREC
Wolf Lepenies © MuCEM
ABD GASTON DEFFERRE | ÉCHANGE ET DIFF DES SAVOIRS
HISTOIRE 89
L’indochinois inconnu M. Nguyen avait 18 ans lorsqu’il est arrivé à Marseille en 1939. Il est actuellement l’un des seuls survivants des 20 000 indochinois que l’administration coloniale a fait venir en France aux abords de la deuxième guerre mondiale, pour les mettre au travail dans les rizières camarguaises, la poudrerie de Saint-Chamas, les zones forestières ou les salins. Sur les grands panneaux de l’exposition qui nous révèlent le destin des ces «travailleurs inconnus», on peut lire qu’ils ont été parqués dans le bâtiment des Baumettes, avant d’être répartis dans divers camps insalubres où sévissaient la tuberculose, la malnutrition et les parasites. Il pleure presque, ce monsieur de 90 ans, en prononçant son discours. On l’imagine jeune homme vif et plein d’énergie, débarquant en Provence à l’orée de la guerre, peinant sur notre sol pendant des années. Nous sommes le 9 mai 2011, et il vient enfin d’être reconnu par la France. En guise de Marianne, c’est Aïcha Sif, présidente de la commission culture au Conseil Régional PACA, qui est venue honorer M. Nguyen et son compatriote M. Tran. L’élue lui succède au micro ; elle aussi a la gorge serrée, et lorsqu’elle dit : «Ce n’est pas tous les jours que l’on a le privilège de vivre des instants chargés d’une telle émotion.» On la croit sans difficulté. Si cette reconnaissance est aujourd’hui possible, c’est grâce à la persévérance de Pierre Daum, journaliste et auteur de l’ouvrage Immigrés de force, travailleurs indochinois en France, 1939-1952 (Actes Sud, 2009). Une entreprise fondamentale de recherche est à l’origine de l’exposition, car Pierre Daum a dû parcourir le Vietnam en long et en large pour retrouver la trace des derniers travailleurs
© Vu Quoc Phan
indochinois encore en vie. «Cela n’a pas été simple, car ils ne s’étaient jamais constitués en association, et la plupart avaient disparu dans la nature.» Robert Mencherini, historien, a quant à lui mené l’enquête dans les documents d’archives pour retracer les étapes poignantes du parcours de ces hommes. On citera notamment les rapports de gendarmerie révélant des mutineries contre leurs conditions de travail, aux Salins de Giraud et à Aubagne en juillet 44, et ce cartel qui relate les suites de la Libération : «À Marseille, les travailleurs indochinois prennent le contrôle de leurs camps, mettent en place leur propre administration et se syndiquent massivement à la CGT. Au niveau national, à la suite d’un congrès tenu à Avignon en décembre 1944, est mise en place une délégation générale représentative des travailleurs indochinois.
Cette délégation, sous l’influence de militants trotskistes, prend position pour l’indépendance de l’Indochine et dénonce l’envoi de troupes françaises au Vietnam.» Un grand merci aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône, pour offrir la possibilité d’assumer cette histoire qui est la nôtre, et que nous connaissons si mal. GAELLE CLOAREC
Des travailleurs indochinois dans les Bouches-duRhône Jusqu’au 31 mai Archives départementales, Marseille 04 91 08 61 00 www.culture-13.fr
Leurs histoires nous mentent Christian Salmon est venu faire partager lors d’une conférence d’Échange et diffusion des savoirs les grandes lignes de son Storytelling, publié en 2007. En l’agrémentant d’exemples empruntés à l’actualité nouvelle. Le livre démontre par l’exemple l’utilisation volontaire dans le management, puis dans marketing, et donc dans le marketing politique, d’une histoire individuelle refabriquée. Des récits qui guident les choix des consommateurs mais aussi des électeurs, qui votent par sympathie ou antipathie, et non pour des idées ou des programmes. Ainsi «De Gaulle racontait des histoires, mais des histoires nationales. VGE parlait le langage de l’expertise. Aujourd’hui en France il est question de savoir si on va élire un expatrié qui a grossi ou un ancien Secrétaire qui a divorcé et perdu du poids.» Barack Obama a été élu parce qu’il a su créer un roman personnel, comme l’avait fait Bush avec sa rédemption d’ancien alcoolique. Ou Bill Gates, Steve Jobs, la mythologie des start-up.
Le but ? «Produire un individu néolibéral». Car cette façon d’entremêler le vrai et le faux interdit de connaître le réel, que la confusion avec le fictionnel empêche d’expérimenter. D’où les avatars qui formatent un peu plus des individus séparés d’euxmêmes : «On n’est plus dans la mimesis, mais dans le simulacre. Plus dans la société du spectacle selon Debord, qui servait à conjurer les révoltes, mais dans la société du simulacre qui conjure la passivité, néfaste à la consommation. Le Storytelling permet de stimuler l’excitation.» Il concluait que les hommes avaient «inventé des histoires pour transmettre l’expérience, non pour prescrire des conduites.» La technique du storytelling attaque le noyau symbolique des individus, leur puissance d’imagination en la niant, leur capacité de conceptualisation en l’endormant. La solution ? Reconstituer des espaces réels, à quelques-uns, en sortant de l’audience… AGNÈS FRESCHEL
Christian Salmon © Anabell Guerrero
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PHILOSOPHIE
LE NUCLÉAIRE, SUITE
Notre petit article sur le nucléaire a suscité plusieurs réactions, légitimes, de lecteurs, scientifiques pour la plupart, spécialistes ou non du nucléaire. Nous tentons ici de répondre à leurs arguments le plus honnêtement possible… Le débat reste ouvert !
Nucléaire et capitalisme c’est un combat d’obtenir une petite transparence. Il faudrait également passer sous silence les conditions d’exploitation de l’uranium au Niger… Le site de la Criirad est clair quant à la provenance des informations ! Mais le spécialiste ne peut admettre que ce qu’il connaît est sous condition politique ; l’histoire, le nucléaire, l’économie sont sous cette condition. Il ne peut y avoir de transparence dès qu’il est question de la politique énergétique : elle relève du secret et de la diplomatie. Les retombés de Tchernobyl sous toujours sous secret défense. Les menteurs de l’époque ont eu droit à un non-lieu malgré le fait avéré du mensonge. Les pratiques de Tepco pendant des dizaines d’années au Japon montrent bien que l’exploitation nucléaire génère le mensonge dans les faits.
La critique faite généralement aux anti-nucléaires est de ne pas écouter les spécialistes. Mais sont-ils à mêmes d’apprécier les risques liés à ce qu’ils défendent ? On pourrait faire l’analogie avec les spécialistes de la finance : sont-ils aptes à évaluer les risques liés à la financiarisation croissante de l’économie ? Ces risques ont été pointés par des critiques citoyennes. Ce sont aussi des citoyens qui ont par exemple divulgué les pages sombres de l’histoire de France : la vérité émerge, dans certaines disciplines, de la confrontation d’avec ce qui n’est pas elle, en sortant d’un monde de spécialistes où on retire aux citoyens le droit d’avoir peur : fiez-vous à nous (et consommez), ne pensez pas ! Quels sont les arguments des pro-nucléaires ? La transparence : Les normes de transparence sont très importantes en France ; EDFest sous contrôle d’autorités indépendantes ; tous les accidents sont répertoriés. Passons sur le fait qu’EDF est en fait juge et partie, et que
Les morts : L’accidentologie due au nucléaire est très faible si on la compare au reste ; les cancers dus au tabac dépassent largement ceux dus aux radiations naturelles ou du fait de l’homme : il y a plus de danger de contamination dans la nature que du fait des centrales ; les problèmes posés par un accident sur une centrale nucléaire restent limités. Accordons que jusque là tout va bien, que rien de bien grave ne s’est produit, et l’humanité a vécu de bien pires atrocités ; mais n’est-ce pas le rôle des Cassandre que d’empêcher la réalisation de ce qu’ils craignent ? Ne leur doit-on pas les normes dont ils exigent que le nucléaire soit entouré ? Les prophètes du présent ne prennent aucun risque en disant que jusqu’ici tout va bien…
Irremplaçable : Les énergies alternatives, que les pro-
© Steffen Kuntoff
nucléaires soutiennent aussi, ne sont pas à même de subvenir aux besoins de la planète ; et les autres polluent ; le nucléaire est la seule solution. Certes le lobby nucléaire allié à l’économie productiviste a drogué l’humanité à une consommation d’énergie folle (même si deux milliards d’humains n’ont pas accès à l’électricité) ; on nous a empêché de penser un autre monde moins kilowattvore. Les solutions écologiques en général ne sont pas dérisoires, mais elles ne sont porteuses d’aucune croissance… et sont donc moins investies. Par exemple, on interdit des solutions d’herbes naturelles qui éloignent les insectes mais ruineraient le marché des pesticides…
PHILOSOPHIE 91
On néglige la géothermie qui ruinerait le défilement des kw/h. Le marché n’est pas vertueux, par nature, et il ne pense pas à long terme…
Déchets : On peut enfouir les déchets sans aucun risque pour l’humanité même dans 100 000 ans ; les solutions techniques existent ; et puis dans 100 000 ans l’humanité aura d’autres problèmes plus graves que les déchets nucléaires. Pourquoi ces solutions ne sont-elles pas mises en œuvre ? Parce que tout ce qui n’est pas production est négligé, et falsifié… En bref, à supposer même que l’énergie nucléaire ne soit pas un danger en soi, elle ne se prête pas à une pensée émancipatrice, ni les physiciens qui la soutiennent : il faut s’en passer pour penser un monde débarrassé des rapports de productivité et d’exploitation par l’argent…
La connaissance : L’expérience atomiste est sans doute la plus belle aventure scientifique humaine et il serait aberrant de renoncer à ce voyage au bout de la matière et de sa connaissance. Les anti-nucléaires ne veulent pas arrêter la recherche médicale liée à l’atome et profaner la tombe de Pierre et Marie Curie ! On peut très bien suspendre la recherche liée au clonage sans mettre en péril la génétique. Il est tout à fait possible d’isoler les problèmes. Cet argument de la généralisation fait passer toute alternative et critique comme un retour en arrière au nom de la recherche. C’est de l’usage du nucléaire dont il est question, pas de la recherche atomique.
Le matérialisme : C’est la première fois que l’humain réalise pratiquement la «création matérielle» : certains atomes lourds ont été créés ab initio par l’expérience humaine. Or toute connaissance matérielle que l’humain pratique le sort de son aliénation. Il est tout à fait possible d’user de l’atome de manière sûre et intelligente. Ce n’est pas l’énergie nucléaire qui est aliénante mais le cadre productiviste qui préside à son exploitation. C’est la pratique du profit sur l’atome qui est incompatible avec la pratique scientifique de l’atome. Certes. Mais nous vivons dans une société capitaliste. Tant qu’il en sera ainsi, l’énergie nucléaire constitue une menace. En l’état actuel des choses ce qui pose problème c’est : -l’exploitation de l’uranium -la production gérée à la légère avec la privatisation de l’électricité et des entreprises de sous-traitance, et des ouvriers sous payés qui s’occupent de l’entretien des centrales -l’impossible résolution actuelle des choses de la gestion des déchets. Il ne s’agit effectivement pas de science mais de politique, d’exploitation et d’inconscience productiviste, que le nucléaire plus que toute autre activité humaine porte à son paroxysme. RÉGIS VLACHOS
Merci à ceux qui ont pris la peine de répondre à notre article et de fournir ces arguments à notre contradiction !
Coupable à Hiroshima Entre 1959 et 1961, le philosophe autrichien Günther Anders a entretenu une correspondance avec Claude Eatherly, le pilote de l’avion météo de l’escadrille américaine qui largua la bombe sur Hiroshima. Le pilote dit juste à l’Enola Gay : go ahead, allez-y, et ne s’en remit jamais Anders, qui fut le mari d’Hannah Arendt, est attiré en tant que philosophe par ce cas unique dans l’histoire de l’humanité de conscience morale : un homme coupable mais pas responsable d’un meurtre de masse qui veut faire admettre sa responsabilité. En 1959 le philosophe tombe sur un article du Times au sujet de ce pilote de l’escadrille d’Hiroshima interné puisqu’accusé de trouble mentaux. Phénomène extraordinaire : cet homme n’était pas accusé de folie pour avoir exterminé des gens mais pour vouloir faire reconnaître ses crimes : de fait il commettait des braquages de banques, sans prendre l’argent, puisque l’injonction de larguer la bombe n’était pas considérée comme un crime. Anders lui dit dans sa première lettre : «Puisque la culpabilité monstrueuse n’est pas entendue, vous avez essayé de parler le seul langage qu’on entend, celui de la petite délinquance.» Eatherly est l’anti Eichmann : il ne peut continuer une vie normale après sa démobilisation. Dans les années 50 il décide de tuer le héros célébré qu’il est dans son pays. Les troubles de la conscience après un meurtre dans le cadre militaire ou politique n’ont que peu d’exemples et le cas Eatherly est remarquable ; Anders : «Vous l’avez fait, vous êtes un frère à qui la malchance a dévolu de faire ce que chacun de nous aurait fait. Vous l’avez fait, mais depuis que vous l’avez fait on peut apprendre par vous, uniquement par vous, ce qui serait advenu si nous avions été à votre place.» Comment continuer une vie normale après sa participation à des massacres ? S’il est difficile de porter la culpabilité d’un ou plusieurs morts, comment porter celle de 200 000 ? Joe Stiborick, membre de l’équipage de l’Enola Gay, continua une existence de héros aux États-Unis et déclarera à la fin de sa vie que son plus grand regret était de ne pas s’être marié plus tôt ! Pour Eatherly il faut racheter sa dette, purger sa conscience des remords qui le troublent même lorsqu’il est interné ; la seule solution : envoyer de l’argent à Hiroshima et empêcher la guerre à jamais. La rencontre épistolaire avec Anders fera germer ces idées...
Pas de morale sans anticipation possible Anders de son coté a suspendu ses recherches philosophiques en cours dès 1945. Selon lui après cette date on ne plus penser la technique comme avant. Désormais nos capacités d’action dépassent le champ de notre imagination : alors la morale devient impossible. Nos capacités d’anticipation sont invalidées par l’imprévisibilité induite par la technique moderne. Imprévisibilité qui s’accroit également par la division du travail moderne qui spécialise la tâche de chacun, le mettant dans l’impossibilité de concevoir l’ensemble du processus technique auquel il participe. Impossible aussi de confier le monde tel qu’il est à des spécialistes, pour des actions qui pourraient entraîner la fin du monde. Avec la Bombe et la guerre froide, la fin du monde est comme un pion parmi les autres dans le jeu d’échec politique. Pour Anders, Eatherly personnifie les problématiques contemporaines : le danger de la fin du monde et la conscience morale au paroxysme de ses troubles faits chair. Pas simple de penser tout cela pour un militaire de 25 ans. Mais le fait qu’il pense, qu’il veuille qu’on reconnaisse sa culpabilité et par là-même celle des USA est inconcevable pour les autorités. Ainsi on a réussi à lui faire admettre qu’il souffrait antérieurement d’un complexe de culpabilité refoulé du fait des ses rapports à son père : Hiroshima ne pouvait justifier qu’il se sente coupable ! Les tourments de la conscience sont balayés dans le domaine pathologique. Si un homme regrette les massacres de la guerre et a peur de guerres à venir, c’est qu’il est malade. Anders le rassure, d’une formule qui pourrait résumer notre responsabilité face au nucléaire, même civil : «Aie le courage d’avoir peur, élargis ta perception du temps. Ne sois pas lâche. À chaque champ de compétence se construit une division du travail ; chaque problème appartient à un champ de compétence dans lequel nous n’avons pas le droit d’intervenir. On nous dit vous n’avez pas le droit d’avoir peur, vous n’avez pas le droit d’avoir une conscience. La responsabilité est leur affaire. Aie le courage d’avoir peur.» R.V.
«Hors limite pour la conscience» dans Hiroshima est partout Günther Anders Seuil, 26 euros
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SCIENCES ET TECHNIQUES
LA THÉORIE DES CORDES
Cordes raides
dans lequel se déplace la particule en mouvement. Cela signifie que le photon, qui «est» la particule de lumière, est sans masse. Les physiciens théoriciens ont une fâcheuse tendance à «avoir foi» en leur modèle au point qu’ils espèrent toujours que la matière s’y conformera. Cette distorsion entre réel théorique (représentation) et réalité pratique (expérimentale) tient sans doute à la complexification énorme des modèles mathématiques utilisés dans ces descriptions. De ce décalage théorique et des progrès de la physique des particules servie par la construction d’accélérateurs colossaux émerge, à la fin du XXe siècle, le mythe de la réconciliation théorique des «deux natures» de la matière. La quête du Graal des théoriciens : trouver la «particule gravitationnelle» [Boson de Higgs], et par là même réconcilier la mécanique quantique et la relativité générale dans une «théorie du tout».
Pas dans mes cordes
La pratique noue la corde © Tonkin Prod
Le 14 avril, Échange et Diffusion des Savoirs programmait une conférence intitulée La Théorie des cordes est-elle une vraie science ? présentée par le pape papa de la susdite Théorie : Gabriele Veneziano. Ce très original cycle de conférences «grand public» du CG13, nous a habitué à l’éclectisme de sujets d’actualité scientifique souvent passionnants bien que parfois ardus. Les conférenciers invités mettent un point d’honneur à adapter leur exposé au large et nombreux auditoire que l’intérêt de cette initiative culturelle attire. Complexité exceptionnelle du sujet ou difficulté pour l’orateur d’adapter son discours ? Sur le ring de la critique, cette conférence, poussée dans les cordes, est à compter «out». Propos abscons pour un auditeur normal moyen, l’orateur lui-même convenait que sa théorie était trop complexe pour trouver une explication voire une illustration hors du champ de modèles mathématiques extrêmement complexes (théorie des champs, fonction eulerienne… pfut !). On peut se demander ce qui avait motivé la programmation d’un objet aussi spécialisé et controversé dans le petit milieu des cosmologistes à particule. Doit-on y voir une volonté d’exhiber dans la programmation «une sommité internationale» de la physique, membre de multiples académies de science, Professeur au Collège de France, multi-lauréat et médaillé de très nobles et respectables institutions ? C’est ainsi en tout cas qu’il fut présenté au public nombreux qui comptait (ce qui nous fut précisé) un nombre respectable de «pointures locales» de la discipline dont, par exemple, Carlo Rovelli, auteur du livre que nous recommandions au Zibelecteur : Anaximandre de Milet ou la naissance de la pensée scientifique (Dunod, 2009). En conséquence de quoi les questions qui suivirent tournèrent plus au débat d’école et de spécialiste laissant ainsi le vulgum pecus sur les rivages déserts de la vulgarisation. Une seule question dans mes cordes émergea du public : «La Théorie des cordes est-elle volonté de représentation de la matière ou simplement un développement sur les représentations mathématiques com-
plexes elles-mêmes» ; hélas, aucune réponse ne lui fut… accordée.
Accorder la théorie à la pratique Comme le montrent un certain nombre d’ouvrages (M. B. Crawford, R. Halleux) dont nous avons déjà parlé dans Zibeline, la théorie évolue souvent à partir des aléas de la pratique humaine. Henri Becquerel découvre en 1896 «par accident» son «hyperphosphorescence». Ce n’est pas «par hasard» qu’il étudie la fluorescence de sels d’uranium. Il est fils et petit-fils d’éminents physiciens du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris et «baigne» dans l’expérimentation scientifique depuis son plus jeune âge. C’est cette situation particulière qui le met en présence du phénomène qui sera appelé par Marie Curie «radioactivité». Cette découverte révolutionne totalement le domaine de la physique théorique. Les «modèles classiques»
ne peuvent expliquer ce nouveau phénomène concret matériel. C’est partiellement de cette contradiction que naîtra la «mécanique quantique» [MQ]. Cette théorie émerge au début du XXe siècle en parcellisant la matière sous forme de particule ou grain. Ainsi chaque forme matérielle correspond (dans la représentation physique) à une particule spécifique. L’énergie lumineuse est imaginée comme un «train de grains lumineux» ou «photons» ayant par définition la vitesse de la lumière. La MQ se donne pour objet de décrire ces particules dans leur mouvement et leurs interactions. Mais cela ouvre encore à une contradiction puisque les phénomènes lumineux et radiatifs répondent aussi à un modèle ondulatoire électromagnétique. Émerge la théorie de la relativité qui tente de résoudre le paradoxe selon lequel la vitesse de la lumière a une valeur limite constante quel que soit le référentiel inertiel
La théorie des cordes avance l’hypothèse selon laquelle une particule aurait la double nature vibratoire et corpusculaire qui s’apparenterait à une corde vibrante (un peu comme une corde de guitare). La mathématique extrêmement complexe qui permet de décrire un tel modèle emprunte à l’ensemble des différents domaines théoriques de la physique. Et si Gabriele Veneziano «a foi en les lendemains» de sa théorie, il n’en reste pas moins vrai qu’elle est souvent dénoncée comme non prédictive (non susceptible de modifier la pratique expérimentale) et non falsifiable (n’ouvre à aucune observation ou expérience susceptible de la vérifier ni de l’invalider). Mais si l’on admet que la matière n’est pas intrinsèquement contradictoire et que la pratique humaine nécessite l’outil opératoire logique (le réel) de la contradiction expérimentale pour investiguer la réalité, alors l’équation pratique théorie-expérience est sans résolution définitive. La pratique de connaissance devient alors un éternel recommencement et… le boson de Higgs en est le moteur, la quête. YVES BERCHADSKY
SCIENCES ET TECHNIQUES 93
Au Programme Micro cosmos
Macro cosmos
Cosmos Sulfureus
À deux pas de l’Harmas Jean-Henri Fabre, le Naturoptère à Sérignan-du-Comtat accueille des expositions consacrées à Jean-Henri Fabre, à la Nature, aux insectes et à la biodiversité. Toute l’année, il propose des animations pour le public scolaire (sur réservation) et, pendant les vacances scolaires, pour tous les publics. Il est possible d’acheter un billet groupé avec l’Harmas. Dans lieu de 1000 m2 vaste et accueillant, il vous propose des espaces d’expositions ludiques et de bonne qualité scientifique. Jusqu’au 25 mai, ce naturel zélé revient à tire d’aile et s’attelle aux plantes mellifères. Comment inviter les pollinisateurs ? Quelles sont les plantes qui les attirent ? À travers cet atelier, vous pourrez découvrir les plantes à fleurs et comment favoriser la biodiversité grâce à elles.
Pesco Luno , association d’astronomie de l’Isle sur la Sorgue (84), propose le 10 juin à 18h30 au Centre de loisirs St Jean une conférence d’Alessandro Boselli intitulée À la découverte des galaxies. Ce Chargé de Recherche au CNRS ose le galactique: «Malgré leur complexité, nous avons aujourd’hui une assez bonne compréhension de la nature des galaxies, de leur évolution et des phénomènes physiques qui les affectent.» La conférence emportera le public curieux, même non averti, dans la galaxie du savoir d’Alessandro. Cette association luno-pêchue emmènera aussi le public le 15 juin à partir de 21h à une pêche à l’éclipse totale de Lune, observation cash d’un cache-cache lunaire et poétique au Naturoptère «jusqu’à 14° audessus de l’horizon... et jusqu’à sa sortie de l’ombre, qui dévoilera son limbe ouest et l’océan des tempêtes.»
2011 a été proclamée Année Internationale de la Forêt par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Son but est de sensibiliser à la gestion, la conservation et le développement de tous les types de forêts. À cette occasion, le Muséum d’Histoire Naturelle d’Aix-en-Provence organise une Fête de la Nature au Parc Saint-Mitre, manifestation organisée également dans la commune de Trets le 22 mai. Cette manifestation, permettra de rassembler tous les partenaires associatifs, institutionnels, universitaires sur le thème de la forêt. Cet événement sera marqué d’animations, conférences/débats, projections de films. Ouvert à tous, il comportera notamment un programme d’ateliers pédagogiques les 19 et 20 mai, accessibles sur inscription par téléphone.
Ateliers 18 et 25 mai à 14h30 04 90 30 33 20 www.naturoptere.fr
http://astrosurf.com/pesco-luno
04 42 27 91 27
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ADHÉRENTS
Nos Partenaires vous offrent invitations, réductions et avantages ! Pour les places gratuites, téléphonez-leur rapidement pour réserver, puis présentez votre carte de membre (1 place par carte nominative). Pour les réductions, présentez simplement votre carte (réduction valable seulement pour l’adhérent) Carte Flux 5 cartes offertes sur la base de 1 carte achetée = 1 carte offerte (1 carte = 7 manifestations du 4 mai au 11 juillet) Auprès de Marseille objectif danse, le Festival de Marseille, Le GMEM, l’AMI, les Bernardines, le FID et le BNM. Résas : billetterie@gmem.org Le Gyptis 2 invitations par soir pour Gare Centrale Cie Grenade/Josette Baïz Le 19 mai à 19h15 Le 20 mai à 20h30 tarif réduit B (15€ au lieu de 24) à toutes les représentations 04 91 11 00 91 Cinéma Alhambra (Marseille) Dans le cadre de la reprise à Marseille de la Quinzaine des réalisateurs 5 invitations pour 2 personnes Pour la soirée d’ouverture Le 24 mai dès 19h 10 invitations pour 2 personnes Pour une séance au choix Du 25 au 29 mai 04 91 03 84 66 Association Ushpizin Dans le cadre du 1er festival de musique et contes Indo-Persan 2 invitations Pour le concert de Arshad Ali Khan Le 29 mai à la Salle des Lices 06 73 61 21 48 Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Edité à 30 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Edité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse | n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Agnès Freschel Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture Chantiers du J4 © Agnès Mellon Conception maquette Max Minniti Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@wanadoo.fr 06 09 08 30 34
Librairie Maupetit (Marseille 1er) La Canebière 5% de réduction sur tous les livres
La Minoterie Tarif réduit pour toutes les représentations 8€ au lieu de 12€ 04 91 90 07 94 Les Bancs Publics 1 place offerte pour 1 place achetée pour tous les spectacles 04 91 64 60 00
Librairie L’écailler (Marseille 1er) 2 rue Barbaroux 5% de réduction sur tous les livres Le Greffier de Saint-Yves (Marseille 1er) librairie générale et juridique 10 rue Venture 5% de réduction sur tous les livres
3bisf (Aix) Entrées et visites gratuites sur réservations 04 42 16 17 75 L’institut culturel italien 3 adhésions annuelles d’une valeur de 32 €, cette «carte adhérent» vous donnera accès à tous les services de l’Institut, médiathèque et programme culturel. Demande par mail : iicmarsiglia@esteri.it ou au 04 91 48 51 94 La Pensée de Midi vous offre 3 exemplaires de Histoires d’un 20 janvier, n° des 10 ans de la revue par mail : chris.bourgue@wanadoo.fr e
Librairie Apostille (Marseille 6 ) 104 Cours Julien 5% de réduction sur l’ensemble du magasin
Librairie Regards (Marseille 2e) Centre de la Vieille Charité 5% de réduction sur tous les livres L’histoire de l’œil (Marseille 6e) 25 rue Fontange 5% de réduction sur tous les livres Librairie Imbernon (Marseille 8e) spécialisée en architecture La Cité Radieuse 280 bd Michelet, 3e étage 5% de réduction sur tous les livres Librairie Arcadia (Marseille 12e) Centre commercial Saint Barnabé Village 30 rue des électriciens 5% de réduction sur tous les livres
Musique et disques Jacques Freschel jacques.freschel@wanadoo.fr 06 20 42 40 57
Polyvolantes Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr 06 03 58 65 96
Frédéric Isoletta fredisoletta@gmail.com 06 03 99 40 07
Maryvonne Colombani mycolombani@yahoo.fr 06 62 10 15 75
Dan Warzy danwarzy@free.fr
Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10
Arts Visuels Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr 06 25 54 42 22
Cinéma Annie Gava annie.gava@laposte.net 06 86 94 70 44
Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr
Livres Fred Robert fred.robert.zibeline@free.fr 06 82 84 88 94
Élise Padovani elise.padovani@orange.fr
Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com 06 19 62 03 61
Secrétaire de rédaction spectacles et magazine Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Jeunesse, livres et arts visuels Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56
Histoire et patrimoine René Diaz renediaz@free.fr
Philosophie Régis Vlachos regis.vlachos@free.fr Sciences et techniques Yves Berchadsky berch@free.fr
Librairie Prado Paradis (Marseille 8e) 19 avenue de mazargues 5% de réduction sur tous les livres 10% de réduction Sur la papeterie Librairie de Provence (Aix) 31 cours Mirabeau 5% de réduction sur tous les livres Librairie Au poivre d’Âne (La Ciotat) 12 rue des frères Blanchard 5% de réduction sur tous les livres Art-Cade – Les Grands Bains Douche de la Plaine Une adhésion et une consommation au bar de la galerie 04 91 47 87 92 L’imprimeur Magenta 10% de remise sur tous travaux d’impression 04 91 32 64 54 Auto Partage Provence 6 mois d’abonnement gratuit d’essai vous disposez d’une voiture quand vous le souhaitez, à réserver par téléphone ou Internet, 24h/24, 7j/7, selon vos besoins 04 91 00 32 94 www.autopartage-provence.com
Ont également participé à ce numéro : Yves Bergé, Émilien Moreau, Pascale Franchi, Pierre-Alain Hoyet, Gaëlle Cloarec,Christophe Floquet, Rémy Galvain, Christine Rey
Photographe Agnès Mellon 095 095 61 70 photographeagnesmellon.blogspot.com Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 Chargée de développement Nathalie Simon nathalie.zibeline@free.fr 06 08 95 25 47