45 du 12/10/11 au 17/11/11
Ouvertures et
DĂŠbats un gratuit qui se lit
Politique culturelle Le Silo Ouverture du théâtre Liberté Ouverture du KLAP, de l’Espace NoVa Les Rencontres d’Averroès, La Réplique, Cavaillon
5 6, 7 8 9
Saisons Le Chêne Noir, les Halles, le Balcon, les Doms, les Carmes
10, 11
Théâtre Le Gymnase, Toulon, les Bernardines, Aix, Port-de-Bouc Le Jeu de Paume, Avignon, Gap Au programme Jeune public
12 13 14 à 18 19
Danse Merlan, GTP, Pavillon Noir Dansem, Drôle de hip hop Au programme
20 22 24
Cirque/Arts de la rue Small is beautiful, Salon Public Grasse, Briançon, le Merlan, Sainte-Maxime, Martigues
26 28
Musique Marseille, Toulon GTP, Festes d’Orphée Au programme Jazz Aix, Marsatac
30, 31 32 33 à 37 38 39
Cinéma FFM, Cinépage Les rendez-vous d’Annie, De bon matin AFLAM, Horizontes del Sur, Apt Image de ville, Instants vidéo, Gardanne, FIMÉ
42, 43 44 45 46, 47
Arts visuels Au programme Nouvelles galeries Concours CCIMP, Prix Mourlot Saint-Rémy-de-Provence, Arles Istres, La Seyne-sur-Mer Vol de nuits, Alcazar
48, 49 50 51 52 53 54
Livres/Arts
55
Livres/disques
56
Livres Littérature
58, 59
Rencontres Actoral Les Littorales, Ouest Provence Les Correspondances de Manosque Au programme Le Mexique
60 61 62, 63 64, 65 66, 67
Histoire Echange et diffusion des savoirs, Archives départementales ABD Gaston Defferre, MuCEM
68 69
Philosophie La parole politique La Pop philosophie, les Rencontres capitales, Alcazar Les Ateliers de l’Euroméditerranée Les Actions de participation
70 71 1, 2 3, 4
Horizons La biennale d’art contemporain de Lyon
76
Débats et arrière-gardes Les temps électoraux approchent et partout la parole se prend, les débats s’organisent. Sur nos petits écrans, mais aussi dans nos salles, bibliothèques, sur nos scènes, dans les rues, même dans les Fiesta ! Le besoin de parole est palpable, de changement, d’air nouveau dans une atmosphère devenue étouffante, où chacun sent que les repères communs vacillent. Pourtant la forme des débats pourrait bien, insidieusement, confisquer la parole. La télé a modelé les attentes et les interventions sont minutées, entrecoupées de projections et de saynètes. Comme si on avait peur que le Verbe ennuie sans recours au Dieu Technologie. Trop long, entend-on dès lors qu’un conférencier s’attarde en une démonstration dialectique, ou qu’un spectacle emmène un peu plus loin qu’on attendait. Trop compliqué, dès qu’une musique s’appuie sur une écriture harmonique, un spectacle sur une exégèse dramatique, un article sur une analyse qui dépasse l’émotion. Et inacceptable, ennuyeux et élitiste dès lors qu’un chiffre est cité, un mot technique, un concept. L’esthétique du slogan a gagné, et la Communication tient lieu de relation, l’affirmation de vérité, la vitesse de rythme, l’indignation d’action politique. Comment en serait-il autrement quand un patron despote qui faisait fabriquer ses joujoux à bas prix est 10 mille fois plus célèbre que Camus ou Max Planck ? Résister passe aujourd’hui par le refus de ce formatage de la parole, de la pensée, de la création artistique. Et par la réappropriation de la science, la lutte contre la confiscation, à des fins productivistes, des technologies humaines. Croire à l’artisanat et l’écriture, à la lenteur et à l’éveil, à la complexité, l’élaboration, n’est pas un combat d’arrièregarde, et la plus grande arnaque de notre siècle est d’avoir imposé à nos corps des appendices technologiques qui a priori nous rebutaient. Steve Jobs les a rendus beaux, la frénésie capitaliste indispensables. Rien ne nous oblige à les laisser s’imposer sur nos cimaises, dans nos spectacles, nos livres, notre parole, nos débats. Et par là même à contaminer nos affects et nos cerveaux «disponibles», soumis à des stress inédits, férocement destructeurs. AGNÈS FRESCHEL
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LE SILO
POLITIQUE CULTURELLE
05
C’est parti ! La nouvelle salle de spectacle de l’ancien Silo à grain d’Arenc a ouvert ses portes
Le grain est livré L’inauguration du Silo n’est pas passée inaperçue : ouverture officielle avec Monsieur le Maire et Monsieur Ollier, ministre chargé des relations avec le parlement, puis mini spectacle pendant les journées du patrimoine (insipide, voire affligeant, mais qui a permis de tester les belles capacités acoustiques du lieu), puis concert de l’Opéra (vois ci-dessous), et reprise de La Cité radieuse de Frédéric Flamand par le Ballet national. À chaque occasion la salle de près de 2000 places était pleine, preuve que l’équipement est bienvenu ! Le bâtiment est magnifique, idéalement situé, et la reconversion de ce patrimoine industriel en salle de spectacles est indéniablement une des meilleures idées qu’ait eue la Ville. Pourtant, si l’acoustique et l’esthétique ont été particulièrement soignées conservation de la «salle des mamelles», béton brut, bois et métal- la visibilité des spectacles n’est pas idéale : la scène est restreinte pour une salle de cette dimension (18m d’ouverture), les 20 danseurs du Ballet y étaient à l’étroit, le décor écrasé. De plus le peu de déclivité de la salle éloigne très vite les spectateurs de la scène, et les oblige à regarder entre les têtes des spectateurs placés devant. L’ancien silo est étroit, peu haut et très long, donnée architecturale qui n’a pas pu être contournée…
Quant à la programmation à venir, elle est d’un hétéroclite inquiétant : stand up comiques, spectacles de tourneurs, Noelle Perna y côtoie Bernard Tapie, on y évoque Piaf et Joe Dassin dans des shows de pur divertissement… S’il est évident qu’une salle de 2000 places ne peut pas faire de l’avant-garde et doit penser à des «produits d’appel», ceux-là sont d’un goût culturel douteux, et peu aptes à élever l’âme. Ceci dit il y aura aussi le trio Capuçon (Violon Violoncelle Piano), Patti Smith et Barbara Hendricks, dont on espère que l’une et l’autre auront conservé la voix de leur jeunesse… De fait, la programmation du lieu est confiée par une Délégation de service public à la Fnac et à Véga, gestionnaire d’équipements sportifs et culturel dont le but est de rentabiliser les places (il leur en manque d’ailleurs au compteur, la salle n’atteignant pas les 2050 places assises prévues au départ…) et qui, par vocation, n’a pas pour habitude de retenir des critères de qualité artistique. Reste qu’il s’agit d’un équipement culturel public, et qu’on est en droit d’en attendre un minimum d’exigence : la présence du BNM et de l’Opéra Municipal semblent, pour l’heure, garantir que la Ville saura préserver des espaces pour la diffusion des compagnies qu’elle subventionne. AGNÈS FRESCHEL
Si la sol au Silo !
Cependant, celui qui a manifestement marqué les esprits reste le ténor marseillais Luca Lombardo. Sa ligne de chant, parfaite dans Verdi et surtout son art achevé de l’émission dans l’Air de Jean d’Hérodiade de Massenet, font de lui l’un des rares chanteurs au monde à pouvoir interpréter ce répertoire en français avec une telle maestria. Le Chœur, somptueux, pourtant placé loin en fond de scène, n’a pas manqué de sonner avec netteté (hors un pianissimo un peu faux dans Mascagni), quand le précieux orchestre municipal, nonobstant quelque tuilage harmonique excentrique (La Wally), attaque toussotante (Bacchanale de Samson et Dalila) ou un 1er violon dégoulinant sur l’«âme innocente» de Faust (compensé par une vibrante Méditation de Thaïs) a été, dans l’ensemble, à la hauteur de l’événement, grâce à son talent, et malgré un manque flagrant de répétitions. JACQUES FRESCHEL
À venir : Concert inaugural au Silo © Christian Dresse
Le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra au complet, sous la baguette de Luciano Acocella, ont quitté leur théâtre coutumier pour un concert inaugural offert aux Marseillais dans cette salle qu’ils occuperont dès 2014 pour toute la durée des travaux place Reyer. Ils secondaient donc le 21 septembre d’éminents chanteurs dans un récital périlleux ! Il est spectaculaire de voir des artistes prendre de grands risques dans d’acrobatiques arias, au pied d’un orchestre volontiers cannibale, tels des funambules pendus à leur corde (vocale) sous les hauteurs d’un chapiteau ! Si dans la première partie, les chanteurs ont pris la
mesure de l’acoustique du lieu -fort bonne côté spectateurs, permettant une analyse fine du grain des voix, mais un peu sèche pour les artistes n’ayant pas droit à l’erreur-, la seconde a généré des vivats admiratifs. Marc Barrard campa un Escamillo tout en legato, Beatrice Uria-Monzon superbe dans Cavalleri Rusticana, Jean-Philippe Lafont comédien accompli, Teodore llincai jeune ténor «spinto» aux aigus décoiffants, ont ravi. À ce jeu, le beau timbre d’Adina Aaron dans l’air de Leonora et la diva Patrizia Ciofi impressionnante de courage dans Violetta, ont recueilli les plus intenses bravos.
Barbara Hendricks, récital, le 15/10 Christelle Chollet dans l’Empiafée, le 21/10 Agnès Obel, le 28/10 Mado fait son show de Noëlle Perna, le 5/11 Patti Smith group, le 7/11 Les Montagnes russes pièce de Eric Assous, le 8/11 M. Pokora, le 11/11 Second Souffle du groupe Pokemon Crew, le 13/11 L’Ensemble Capuçon avec Renaud (violon) et Gautier (violoncelle) Capuçon et Frank Braley (piano), le 16 nov Le Silo 04 91 90 00 00 www.silo-marseille.fr
06
POLITIQUE CULTURELLE
OUVERTURE DU THÉÂTRE LIBERTÉ
Autobiographie d’un acteur ?
Stars et gerbes de feux L'inauguration du Théâtre Liberté © Agnès Mellon
Pour frapper les premiers trois coups du Théâtre Liberté à Toulon le 17 sept, Charles et Philippe Berling avaient souhaité «réunir tous ceux qui aiment le théâtre». Leurs amis Fanny Ardant (avec laquelle l’acteur joua un extrait de La Musica de Duras), Nathalie Baye, Michel Boujenah, Tonie Marshall, Emmanuelle Béart et des directeurs de théâtre venus en voisin : Christian Tamet, Macha Makeïeff, Dominique Bluzet qui, heureux de se pencher sur le berceau, leur offrit un buste de Molière… Ensemble ils baptisèrent successivement les trois salles en présence de Frédéric Mitterrand qui annonça «qu’il y aura à Toulon une scène nationale avec le CNCDC Châteauvallon et le Théâtre Liberté», d’Hubert Falco qui rappela brièvement son ambition de rénover l’ancien cinéma Gaumont pour créer un théâtre… Trois salles donc, dédiées à des personnalités du monde des arts : la salle Fanny Ardant, la salle Albert Camus considérée par les frères Ber-
ling comme «l’un de leurs maîtres», la salle Daniel Toscan du Plantier dont Nathalie Baye raviva le souvenir : «Il était sans doute l’ambassadeur le plus éblouissant du cinéma français. C’était aussi un rassembleur qui faisait tomber les barrières». A l’image d’un théâtre qui se veut éblouissant et rassembleur ? Après quelques images du film Madame Butterfly produit par Toscan du Plantier et trois notes de piano de Ivan Cassar, les 7000 personnes furent invitées à se joindre à la fête sur la place de la Liberté sous les tirs des artificiers du Groupe F. Plus de 4000 personnes visitèrent le bâtiment le lendemain : espérons que cet appétit de théâtre ne s’amenuise pas ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Théâtre Liberté 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
Du grand presque rien Comment dire des choses graves avec légèreté, en riant, tout en faisant mouche et sans grincer des dents ? Emma Dante a sa recette : la metteure en scène sicilienne taille à mains nues dans la chair des comédiens qui jouent les équilibristes, écrit La Trilogie des lunettes en dialecte napolitain, salmigondis de © CarmineMaringola
chuchotements, de râles et de chansons, et combine l’art de la pantomime à la tradition des Pupi, célèbres marionnettes siciliennes. Comme Guignol, elle prête à ses acteurs des propos mielleux et de cruelles paroles, alterne farce tragique et parodie paroxystique pour évoquer la marginalité de l’homme : pauvre et esseulé comme le navigateur imaginaire Spicchiato (ah ce fou de mer qui chante, la bave coulant des commissures des lèvres, seul dans la tempête !) ; Nicola, seigneur déchu de son château, emmuré dans sa torpeur et accompagné de deux bonnes sœurs à lui seul dévouées (pièce blasphématoire aux accents felliniens) ; vieux couple pathétique encore fré-
missant d’amour (un peu moins convaincante ?). Emma Dante voit le monde comme une farce grotesque ou une tragédie dans lesquelles ses antihéros se débattent avec leurs rêves pour seules armes : celui d’embrasser la mer, de tenir debout coûte que coûte, de danser enlacés. Eux seuls portent des lunettes, dernier rempart contre un monde qui les terrifie ? Même dans la démesure, l’esprit de ce théâtre du «presque rien» ne verse jamais dans l’hystérie, et si la vie ressemble à un vaste manège de foire, le regard d’Emma Dante est plein de tendresse. Mais mieux vaut ne pas être borgne ou aveugle ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
La Trilogie des lunettes a été joué au Théâtre Liberté de Toulon du 4 au 6 oct
Le genre est indéniablement fécond, et férocement casse-gueule. L’industrie du livre a pris la sale habitude de produire des autobiographies, plus ou moins écrites à quatre mains, des stars politiques ou médiatiques arrivées ou vieillissantes. En découvrant ce «récit» on se dit que Charles Berling, au sommet d’une célébrité d’acteur qu’il mérite, ne sait décidément résister à aucun miroir aux alouettes… On a tort ! Dès les premières pages ouvertes on sent que le projet est fort, et singulier. Dès le titre même, emprunté à L’Etranger, qui dit ses racines et laisse présumer de brûlures secrètes. Le récit est construit par une succession de voix narratives qui s’épanchent en monologues mais se répondent, s’éclairent mutuellement, à travers le temps, depuis le Maroc jusqu’à la France. Car c’est davantage à un portrait de sa mère qu’à un tableau de lui-même que Charles Berling se livre. Et si ce n’est pas une révélation littéraire (il n’est ni Cohen ni Sarraute), si l’on regrette quelques étalages inutiles, quelques approximations, de belles coquilles et fautes d’orthographe (n’ont-ils plus de relecteurs chez Flammarion ?), le récit vous happe indéniablement dans son rythme rapide, d’émotions en révélation et, sans coup de théâtre maladroit, ménage pourtant ses effets jusqu’à la fin. Et ce n’est qu’en creux, avec discrétion malgré d’étonnantes ruades d’impudeur, que se lit le roman de l’acteur. Sa force et sa violence, sa peur de la folie, son irrépressible besoin de se livrer et jouer, son appétit féroce de sensations, d’évasion, de rencontres, de famille. AGNÈS FRESCHEL
Aujourd’hui, maman est morte Charles Berling Flammarion, 17 euros
Apologie du théâtre
Le choix de Philippe Berling était aux antipodes de l’anodin : il fallait oser ouvrir son théâtre avec L’Art de la Comédie d’Eduardo De Filippo, devant un parterre de politiques et de professionnels, après les remous (justifiés) provoqués par l’obtention du label de scène nationale ! Car la pièce pose très clairement les problèmes entre les artistes et les politiques : après une longue scène où un préfet, qui se targue d’originalité pour cacher son paternalisme, discute avec une comédienne qui voudrait exercer son art et en vivre, le torchon brûle entre eux, violemment, la comédienne refusant l’aumône de l’homme d’état, le menaçant du pouvoir de son art… jusqu’à ce que le théâtre et le réel s’emmêlent. Ce que De Filippo refuse ainsi, c’est que l’Art soit traité comme un luxe ou un divertissement, et non comme une nécessité. À l’époque où en Italie le théâtre de Dario Fo et Franca Rame affirme sa dimension politique, De Filippo le met en abime comme une force agissante, subversive, qui peut troubler et bouleverser le réel. La mise en scène de Philippe Berling donne une grande lisibilité à ce propos, qui résonne ainsi comme une déclaration d’indépendance. Rien de clinquant dans la mise en œuvre, scénographie et costumes sont même un peu ternes, sans tape-à-l’œil ; mais les comédiens, Clotilde Mollet en femme de tête acharnée, et lente, Alain Fromager en préfet survolté, tous sont parfaitement dans leur rôle, bons musiciens, chantant juste, osant la démesure exactement quand il le faut. Mais le plus réussi demeure la maîtrise de la progression dramatique : la cohérence de cette pièce, très didactique dans sa première moitié, puis construite comme un drame bourgeois qui aurait goûté aux accélérations du vaudeville, n’est pas évidente. Philippe Berling donne le temps de comprendre le propos, laisse un rire de complicité s’installer peu à peu, puis détraque la machine avec un grand plaisir. Une ouverture vraiment réussie pour le co-directeur du théâtre, d’autant que la Trilogie des Lunettes dans l’autre salle (voir ci-contre) puis Alexis, une tragédie grecque (voir p 12) confirment aussi ses talents de programmateur. AGNÈS FRESCHEL
L’Art de la Comédie a été créé au Théâtre Liberté, Toulon, du 29 sept au 2 oct
L'Art de la comedie © Agnès Mellon
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POLITIQUE CULTURELLE
LE KLAP | VELAUX
KLAP, ça ouvre ! Super Nova
Zibeline : Comment se présente ce nouveau bâtiment ? Michel Kelemenis : C’est à l’origine un ensemble de 5 hangars à camions et une teinturerie. La Ville de Marseille, qui est maître d’ouvrage, l’a rénové entièrement en conservant les façades anciennes, et leur cachet industriel. On a donc trois espaces dédiés à la danse, indépendants, plus les bureaux, les espaces techniques, et un foyer pour les danseurs. Le studio de 270m2, qui est équivalent à notre équipement précédent (l’ancien Studio Kelemenis, ndlr) et peut accueillir 100 spectateurs, le petit Studio de 130m2 plutôt destiné aux actions culturelles et, pour 240 spectateurs, la Salle de création. Qui a un magnifique plateau de 15m sur 15, un
partenariat avec la Maison de la Danse de Lyon et le Centre National de la Danse. Quelle sera la teneur de la programmation ? L’axe reste celui que nous avons mis en œuvre depuis des années. Nous accueillerons toutes les compagnies marseillaises qui souhaitent bénéficier gratuitement du studio, et trouver une visibilité soit en donnant des cours, soit en ouvrant les répétitions. Nous allons continuer d’éplucher les actions culturelles envers les voisins, les scolaires, les classes de danse, les gens de tous les âges… Mais notre cœur d’attente reste l’élaboration des œuvres : le KLAP n’est pas une école, mais une maison de création. Avez-vous les moyens de faire vérita-
qui s’autofinance à plus de 50%1, qui a entièrement la charge financière de la programmation du KLAP. Est-ce que le KLAP défendra une certaine esthétique de la danse ? La diversité culturelle est essentielle à Marseille. Il m’a été reproché de ne pas définir de ligne esthétique claire, mais c’est là justement mon propos. Je veux défendre le hip hop, la danse conceptuelle, théâtrale, voire néoclassique, et aussi les paroles balbutiantes ou incomplètes, avec la même énergie, au même niveau. Quant à ma compagnie, et à mon travail d’artiste, ils ont bien entendu une identité esthétique forte (et reconnue ! ndlr), mais celle-ci n’a d’intérêt que dans un champ varié, dans le creux de ce terrain garant d’une lecture complète du corps. Et par où allez vous commencer ? Nous avons pré-ouvert avec la reprise d’Henriette et Matisse, ma dernière pièce jeune public programmée en collaboration avec le Massalia. Les 21, 22 et 23 oct c’est notre grande ouverture : deux jours de cours, deux soirées de spectacles amis qui s’invitent (Ex Nihilo, Ballet d’Europe, Grenade, Sekwati Mantsoe, BNM, Ballet du grand théâtre de Genève, ndlr). Et puis juste après les questions de danse débutent. Aux Bernardines pour les petites formes (voir p22), et dans les deux espaces publics chez nous… ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
KLAP, le hall © Agnès Mellon 1
équipement technique à la hauteur, et une grande qualité acoustique et visuelle… Vous voulez dire que l’on verra enfin les pieds des danseurs ? Oui ! Et on sera assez près, sans avoir le nez dessus. En fait une salle conçue pour la danse ! On aura aussi un réseau câblé, la possibilité de projeter, d’avoir des cours de danse téléportés depuis l’Afrique en direct, et une médiathèque dématérialisée. Et on va lancer la Channel KLAP, en
blement de la programmation dans votre salle ? Pas vraiment ! En tous les cas certainement pas de produire ou coproduire des créations, en dehors d’apports en industrie (prêt du studio, communication… ndlr). Nous n’avons pratiquement pas de moyens financiers supplémentaires et si les collectivités nous ont aidés à construire ce lieu, seule la Ville a pour l’instant véritablement augmenté notre budget de fonctionnement. C’est donc la Cie Kelemenis,
50% de subventions publiques, 35% de recettes propres, 15% de mécénat privé (BNP Paribas), proportions très rares dans la création contemporaine, ndlr
Ulysse, Groupe Grenade © Leo Ballani
Les chorégraphes sont souvent taciturnes : ils aiment les corps, et peu les mots. Mais parler avec Michel Kelemenis vous fait immédiatement entrer dans son univers de partage. Prolixe, enthousiaste, pertinent, il a conçu sa Maison pour la danse comme un foyer qui lui ressemble : ouvert, pétillant et généreux
Né de la volonté du maire de Velaux, résultat d’une étude serrée des besoins, le complexe de l’Espace NoVa avec une salle modulable d’une capacité de 500 places, séduit par la beauté et la qualité de ses équipements. La programmation, ambitieuse pour une première année, est conçue pour séduire différents publics. Personne ne doit être oublié ! Les succès des deux premiers spectacles confirment la nécessité d’une telle structure. Ainsi, 15 jours après la cie des Farfadais, Ulysse, du Groupe Grenade, enchantait une salle bien remplie. Les 14 jeunes danseurs de Josette Baïz laissent pantois par leur rigueur. Un ensemble parfait jusque dans les saluts, une grâce jusqu’au bout des doigts, un sourire radieux, un bonheur de danser communicatif, et par-dessus tout cela une fraîcheur délicieuse. On étrenne le tapis de danse de la salle, les sons connaissent de nouveaux réglages. Naissance d’un monde fêtée par l’enthousiasme de l’enfance. Du nouveau, déjà indispensable ! M.C.
KLAP, Maison pour la danse 5 avenue Rostand, Marseille 3e 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr
L’Espace NoVa a ouvert sa saison avec Mana de la Compagnie des Farfadais le 24 sept, puis a présenté Ulysse le 8 oct
RENCONTRES D’AVERROÈS | LA RÉPLIQUE | CAVAILLON POLITIQUE CULTURELLE 09
La liberté ou la peur ? La 18e édition des Rencontres d’Averroès, ayant pour thème L’Europe et l’Islam, la liberté ou la peur, se propose pour «penser la Méditerranée des deux rives», de «penser le côte à côte et les interactions entre cultures qui font le monde méditerranéen.» Avant le grand temps fort que sont les tables rondes les 18 et 19 nov, le programme artistique Sous le signe d’Averroès propose une approche sensible de la problématique abordée. L’ouverture se fait désormais avec une exposition emblématique : cette année La Méditerranée des sept dormants, coproduite par Espaceculture et l’association Ermes, revient sur le mythe de ces saints communs au Christianisme et à l’Islam, qui auraient dormi plusieurs siècles avant de se réveiller miraculeusement. C’est l’auteur et anthropologue Manoël Pénicaud qui a progressivement forgé ce projet (du 20 oct au 24 nov au Centre d’art Les Pénitents Noirs à Aubagne, vernissage le 20 oct à 19h). Parmi les autres rendez-vous à ne pas manquer (il y a une trentaine de manifestations artistiques et culturelles !) : deux rencontres avec le romancier d’origine pakistanaise, figure de l’extrême gauche anglaise, Tariq Ali à l’occasion de la parution de son roman La Nuit du papillon d’or (Sabine Wespieser ed), le 6 nov à 18h à l’IEP d’Aix et le 7 nov au cinéma Utopia à Avignon ; à la chapelle du Méjan, à Arles le 15 nov à 18h30, la rencontre Les Peuples et leurs révolutions réunira l’historienne et journaliste franco-tunisienne Sophie Bessis et un auteur proposé par Actes Sud autour des interrogations que suscitent les récentes révolutions au sein des pays arabes ; à la Maison des Astronomes, à Marseille le 10 nov de 17h à 19h, les historiens R. Ilbert, R. Bader, M. Ben Miled, le sociologue N. Beyhum et les politologues K. Mohsen et F. Siino
Anniversaire
Tariq Ali © Steve Forrest
s’interrogeront sur le positionnement des chercheurs face à des comportements dictés depuis des décennies par des régimes autoritaires (Les Chercheurs entre liberté et peur). Le 19 nov à 21h au Parc Chanot, un concert exceptionnel clôturera les tables rondes, mettant sous le signe de la concorde et du partage les musiques du monde avec Titi Robin et son triptyque Les Rives pour lequel il sera entouré de Murad Ali (vielle indienne), Sinan Celik (flûte populaire turque), Francis Varis (accordéon) et Ze Luis Nascimento (percussions). Enfin les Rencontres croisent sur leur route Les Instants vidéos (voir p 46), le festival Dansem et ses Miniatures Officinae (voir p 22), les conférences du MuCEM (voir p 69)… DO.M.
DO.M.
18e édition des Rencontres d’Averroès Du 20 oct au 3 déc Divers lieux, région PACA 04 96 11 04 61 www.rencontresaverroes.net
Les fous et l’art
Un Truc de fou !, première édition des Exclamations initiées par la scène nationale de Cavaillon est une incursion osée sur les chemins ardents de la folie. Sujet tabou, abordé par une immersion progressive dans la profusion de la création artistique que le thème a induit, accompagné de colloques, films et débats pour percevoir la déraison autrement. Des expositions gratuites (du 10/11 au 10/12) avec Les Choeurs multiformes de Mâkhi Xenakis (chapelle du Grand couvent et au théâtre de 11h à 18h du mercredi au samedi) ou les Mystiques de l’immanence du photographe marseillais Matthias Olmeta à la Cathédrale (aux heures ouvrables, sauf dimanche) : son prodigieux travail à l’Ambrotype, vieux procédé qu’il modernise de façon troublante, l’a conduit des hôpitaux psychiatriques aux bordels d’Amérique du Sud. Les œuvres des artistes de l’atelier Marie Laurencin et de l’atelier Peau d’âme du centre Hospitalier de Montfavet seront visibles au théâtre et dans des vitrines de magasins de Cavaillon. Le 10/11, le théâtre des Lucioles et Leslie Kaplan présenteront Louise, elle est folle, une exploration de la folie dans une langue proche de l’obsession. Les 11 et 12/11, le colloque Entre rêve
La Réplique, Centre des ressources des métiers de l’acteur installé à la Friche (formation continue des comédiens professionnels, promotion du professionnalisme du réseau régional auprès des employeurs potentiels), fête son trentième anniversaire le 4 nov. L’occasion «d’interpeller, se surprendre, d’amuser et de questionner autour du travail d’acteur qui, au-delà de sa dimension artistique et culturelle, est aussi une entreprise de citoyenneté.». Des temps forts annonceront l’événement en octobre : lecture d’un texte de Dieudonné Niangouna par Eva Doumbia (le 14 au Merlan) ; lecture du texte Product de Mark Ravenhill par Julie Zenker (le 24 au Merlan) ; projection d’un film de Mati Diop issu des Ateliers Courts de la Réplique (le 28 à la Maison de la Région) ; une rencontre débat avec Jean-Pierre Vincent, metteur en scène et président d’honneur de la Réplique, sur l’utilité du théâtre dans la société (le 2 nov à La Criée). Le 4 nov, tout au long de la journée, le public aura accès à une expo interactive, des projections, des performances artistiques, avant de participer à un débat autour des enjeux citoyens de la pratique de l’acteur, en présence, entre autres, de Jean-Pierre Vincent ; puis aura lieu le lancement de l’opération de parrainage d’acteurs «50 chefs d’entreprise pour 50 acteurs».
et création, le fil rouge de l’infantile ? par le Point de Capiton sera clôturé par une Conférence déjantée et délirante d’Emma la Clown et Catherine Dolto. Aux mêmes dates, dans le centreville, le Begat Theater présentera Les Demeurées, Estelle, 2010, 33x31 cm, Ambrotype, collodion humide sur altuglass, piece unique de Matthias Olmeta
La Réplique, La Friche la Belle de Mai 04 91 50 56 84 www.lareplique.org
une expérience intime et poétique de 21 mn à la rencontre des femmes du roman de Jeanne Benameur. Le 13/11, deux regards sur Camille Claudel : le duo dansé Boléro 2 d’Odile Duboc suivi d’une lecture des Correspondances de la sculptrice par Françoise Sliwka. Le 17, rendez-vous avec le Libertin d’Eric Emmanuel Schmitt et le 18, au Grenier, Jean-Marc Bourg nous délivrera Une phrase pour ma mère de Christian Prigent. Le 19, toujours au Grenier, un spectacle en forme de documentaire musical à partir d’entretiens en hôpital psy recueillis par Julie Rey et Arnaud Cathrine. Autre film documentaire programmé au théâtre à 16 h, Un monde sans fous de Philippe Borrel sur la place que notre société réserve à la folie, en ouverture du Forum l’Appel des 39 contre la Nuit Sécuritaire sur le nouveau projet de loi sur la psychiatrie (gratuit sur réservation). DELPHINE MICHELANGELI
Un truc de fou ! Exclamation°1 Du 10 nov au 10 déc Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
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SAISONS
AVIGNON
Hétéroclite fidélité
Un de la Canebiere © X-D.R
«Nous revendiquons l’hétéroclisme du cœur» clame Gérard Gelas pour définir la 44e saison d’hiver au Chêne Noir. Les 18 rendez-vous déplaceront en effet des vedettes souvent fidèles, gage d’une fréquentation assurée, et de jeunes compagnies ou penseurs, certains aussi d’un auditoire attentif et acquis à la programmation de Lys Aimée Cabagni. Christophe Alévêque, qui a ouvert la saison avec Ciao Amore (voir p 15) la clôturera le 15 mars avec son nouveau spectacle Candidat libre et toujours super rebelle. À quelques semaines des élections, le comique politique fera son show destroy et insoumis. Dans sa «maison d’artistes», qui accueille un concert de Paco Ibanez (le 13 janv), Gérard Gelas présentera sa 68e création (du 20 au 29 janv) : Les Emigrés de Slawomir Mrozec avec Pierre Santini (son spectacle d’adieu au théâtre Mouffetard) et Joël Cantona (dans son premier rôle au théâtre). Une mise en lumière de
deux déracinés, un intellectuel et un ouvrier, en quête d’identité. Les 18 et 19 fév, Olivier Marchal et Bruno Wolkowitch présenteront Pluie d’enfer, un polar diabolique
signé Keith Huff. Du côté des régionaux, la cie L’Eternel été présentera Onysos le furieux avec Jacques Frantz et François Santucci dans le cadre de la reprise du
Fest’Hiver des Scènes d’Avignon (2 et 3 fév). Le Kronope revient avec les Fourberies de Scapin (22 au 25 mars) et les Carboni dans l’opérette marseillaise de Vincent Scotto et René Sarvil au succès désormais éprouvé : Un de la Canebière par Frédéric Muhl. Les Conférences sous le Chêne font coup double : Paul Payan revient sur Le passé pontifical d’Avignon (le 20 oct et le 29 mars) et Alain Guyard s’interroge sur Que fait un intellectuel avec des mouches (le 1er déc) et Travailler plus pour penser moins (le 23 fév). À découvrir très vite, le conteur microcosmique québécois Fred Pellerin dans l’Arracheuse de temps (les 5 et 6 nov). DELPHINE MICHELANGELI
Théâtre du Chêne Noir, Avignon Saison 2001 2012 04 90 86 58 11 www.chenenoir.fr
Une saison partageuse Le théâtre des Carmes continue de créer du lien avec les compagnies vauclusiennes et d’accueillir par ailleurs des artistes créatifs. La compagnie Eclats de Scène monte, les 29 et 30 oct, Moi je
crois pas ! de Jean-Claude Grumberg. L’équipe itinérante revient à l’auteur dramatique dans une critique sociétale, basée sur l’omniprésence de la télé, de l’inculture, des croyances populaires, du Une Odyssee © X-D.R.
racisme bête et latent. Mais c’est aussi l’histoire d’amour d’un couple entre déchirure et mauvaise foi, qui finit par oublier ce à quoi il croit (spectacle joué également à l’Auditorium de Vaucluse le 24 janv). Puis, Irina Brook et sa troupe investiront le lieu pour deux jours. La représentation d’Une Odyssée d’après Homère, le 18 nov, promet une «version jeune» dans une nouvelle traduction très moderne, où les sirènes chantent le blues, Hermès roule en trottinette et Circé est danseuse du ventre. Quant à La Tempête, le 19 nov, c’est en revisitant Shakespeare, avec un jeu très physique et une vraie direction d’acteurs, que la «fille de» posera sa signature toute personnelle. Pour finir l’année, la cie On est pas là pour se faire engueuler investit à son tour les Carmes. Une carte blanche entre résidence de création du spectacle Tout au Bord, et stage de théâtre et d’écriture offert aux étudiants théâtre de l’université d’Avignon (les 26 et 27 nov et les 3 et 4 déc). Le 10 déc, la compagnie consacrera 4 heures de lectures aux duos de Serge Valletti (en présence de l’auteur). DE.M.
Théâtre des Carmes, Avignon Saison 2011 2012 04 90 82 20 47 www.theatredescarmes.com
SAISONS
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Que du bonheur ! Le théâtre des Halles livre une saison aux multiples expressions et collaborations. Alain Timar affirme son intérêt pour l’art visuel avec une conférence, le 21 oct, de Marcelin Pleynet sur le peintre Robert Motherwell, signant la première participation des Halles au Parcours de l’Art. Les photographies d’Edmond Volponi, mémoire argentique du Festival entre 1950 et 1953, seront également exposées les jours de spectacle. Poursuivant les liens avec le pôle théâtre du Conservatoire, les étudiants du La Farce de Maitre Pathelin © D.M
Toujours dans le don
cycle spécialisés, guidés par Jean-Yves Picq, remettent leur pas dans l’Iliade d’Homère et créeront (du 18 au 20 nov) la Chute de Troie, enrichie du génie d’Euripide, Sénèque et Levin. Les 8 et 9 déc, séance de rattrapage avec le burlesque et musical C’est la faute à Rabelais, programmé au Off 2011 avec Eugène Durif et Pierre-Jules Billon. Du 31 janv au 2 fév, Agnès Régolo présentera sa nouvelle création La Farce de Maître Pathelin dans le cadre du Fest’Hiver. Avec sa troupe de comédiens, elle rapprochera de l’actualité cette farce anonyme du XVe siècle, «une œuvre saillante d’un âge de fripons», entre la soif du gain, le manque et les stratégies de survie. En partenariat avec le théâtre de Cavaillon, Nicolas Bouchaud sera seul en scène (3 et 4 fév) dans La Loi du marcheur, conçu à partir d’entretien avec le critique de cinéma Serge Daney d’après la transcription d’extraits du film Itinéraire d’un cinéfils de Régis Debray. Après une incursion vers la danse avec Congo my Body (23 et 24 mars) par la cie Kazya Dance, sur le destin de trois ex-enfants soldats du Congo, place à la la cie On est pas là pour se faire engueuler qui présentera l’aboutissement de son spectacle hybride Tout au bord (du 13 au 15 avril), suivie par les Méli Mômes qui promettent de déménager avec Le Concert, programmé dans le cadre de Festo Pitcho (les 18 et 19 avril). Pour finir, du 22 au 25 mai, l’œuvre de Robert Misrahi sera à nouveau mise en chantier par Alain Timar et ses comédiens. Un Penser bonheur qui nous conduira au nirvana ?
On retrouve dans la saison d’automne de la scène belge les «fondamentaux» impulsés depuis 10 ans. Les 3 et 4 nov, retour aux sources de la danse urbaine dans Drôle(s) d’Hip Hop, avec Zachée Ntamwbé et DJ Odilon et leur Back to the roots. Théâtre-concert le 17 nov avec la Cie des Ouvriers et le groupe pop électro Mina May dans Quoi dire de plus du coq ? de Durringer. Le Contre Forum de la culture (les 18 et 19 nov) donnera un nouveau coup de projecteur sur les initiatives de résistances culturelles. Puis le 26 nov, double plateau jazz avec Aka Moon et Ingrid Laubrock Trio. Le 15 déc, on découvrira La passion selon Juette de Clara DupontMonod monté par la jeune cie Simples Manœuvres, composée par de talents avignonnais aguerris. Dès 2012, les temps forts seront réitérés par la nouvelle direction (Isabelle Jans et Hervé d’Ottrepe) avec l’accueil de la japonaise Hako Onna au Festival des Hivernales (les 26 et 27 fév), la présentation de Celui qui se moque du crocodile n’a pas traversé la rivière de la Maison Ephémère dans le cadre de la Biennale des écritures du réel (les 22 et 23 mars), et du théâtre d’objet bien cuisiné pendant Festo Pitcho avec Un petit soldat de plomb (les 20 et 21 avril).
DE.M.
DE.M.
Théâtre des Doms, Avignon Saison 2011 2012 04 90 14 07 99 www.lesdoms.eu
Théâtre des Halles, Avignon Saison 2011 2012 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com
Du chœur à l’ouvrage Le théâtre du Balcon, l’une des 5 scènes conventionnées d’Avignon, 30 ans d’existence au compteur, 25 000 spectateurs lors du Off, boucle cette saison avec quelques incertitudes. «On est dans un état de fragilité financière… qui devient un peu indécent» reconnaît son directeur Serge Barbuscia, pourtant éternel optimiste. La saison débute ainsi deux mois après d’autres scènes mais, contre vents et marées, le lieu demeure un espace de travail et de rencontres et non «un lieu de diffusion ordinaire». Quelques rendez-vous sont fixés, résultats de liens tissés au fil des années. Son Tango Neruda ouvrira les festivités les 18 et 19 nov, une variation autour de la corrida qui se joue depuis 2004. Plébiscitée par le public en juillet avec Kaos, la cie suisse Interface visitera également le thème avec Teruel les 25 et 26 nov. Puis elle reprendra Pazzi les 10 et 11 fév, sur la vie monastique, un thème proche du J’ai Soif créé par le Balcon et sera de retour le 12 mai au bénéfice d’une association de soins palliatifs. Antigone orchestrée par Marie Vauzelle est programmée les
31 jan et 2 fév, signant ainsi le retour du Fest’Hiver (le Festival des 5 scènes d’Avignon aux objectifs cohérents, qui ne reçoit pourtant aucune aide particulière). L’ouverture du Festival Andalou l’Alhambra aura lieu le 16 mars avec une Carte Blanche au Flamenco. L’Atelier du possible, inscrit Tango Neruda © X-D.R.
au Festival Festo Pitcho, jouera Immense et Minuscule les 17 et 20 avril. Et bien entendu, les lectures A l’abordage, en collaboration avec Beaumarchais SACD, laisseront du 21 au 24 mars les «Paroles de femmes» s’exprimer, dont celle d’Adeline Picot, auteur de Bats l’enfance, dernière création du Balcon. Pour finir, une soirée hommage sera rendue à Messiaen le 25 mai, avec Roland Conil et Serge Barbuscia. Et même si pour ce dernier le «théâtre est l’école du doute», c’est avec certitude que l’on distingue l’éthique de ce mélomane qui «cherche plus à accompagner les artistes qu’à empocher de l’argent.» DE.M.
Théâtre du Balcon, Avignon Saison 2011 2012 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org
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THÉÂTRE
GYMNASE | TOULON | BERNARDINES | AIX | PORT-DE-BOUC
Pyromanes dans les travées, les appels aux jeunes spectateurs…), toujours respectable en tout cas dans l’engagement physique des acteurs qui pose en direct un «que peut l’art ?» salutaire.
Rouge c’est rouge et ça bouge tout le temps ! Il y a la fumée et il y a le feu, d’abord pour de faux et puis pour de vrai avec de hautes flammes. Drapeau déployé en ouverture, grand souffle de forge actionné par le corps-machine de l’effervescente Silvia Calderoni, énergie débridée et lumière dans les yeux, pavé à l’ancienne qui traine sur la scène ring : la compagnie Motus ne cache pas son jeu et tout est dit dans la première demi-heure. Athènes, décembre 2008 : Alexis, 15 ans, est tué d’une balle en pleine poitrine par un policier lors d’une manifestation qui se transformera en émeute / Thèbes, temps mythologiques : le corps de Polynice, mort en tentant de regagner un pouvoir légitime, reste sans sépulture sur ordre du tyran ; sa sœur Antigone est seule à résister et à dénoncer. Croisant les époques, les paroles (Sophocle ou Brecht
MARIE-JO DHÔ
Alexis, une tragédie a été présenté dans le cadre d’Actoral.11 au Gymnase du 4 au 6 oct, puis au théâtre Liberté à Toulon le 11 oct
Alexis © Agnès Mellon
Daniela Nicolo créent un spectacle foisonnant, percutant, parfois brouillon dans son désir de clarté parfois naïf (les sorties de scène, les poursuites
avec de jeunes artistes grecs filmés il y a peu) et les supports (projection vidéo, chorégraphie…), les deux metteurs en scène Enrico Casagrande et
Démoutonnez-vous ! © Kamran Kavoussi
manipuler et désorienter le spectateur, à le plonger en lui même pour qu’il se «reprogramme» selon son désir… Intéressante tentative de désaliénation du spectateur -on vous bande les yeux, on vous fait un peu peur, on vous emmène dans des trajets insoupçonnés, on vous enfonce les pieds dans la terre et on vous confronte à une belle fille nue qui s’ensevelit, un jeune corps plongé dans un liquide pseudo amniotique, des piscines de fumée… Mais ces bribes d’expérience n’aboutissent hélas à aucune apothéose mnémonique, comportent un temps faible de remémoration commune, et se terminent en queue de poisson. Ou de mouton. A.F.
Vaguement inspirée par Blade Runner de Philip K. Dick, la performance de la cie Ornicart aux Bernardines vise à
Les Moutons électriques sont de retour ont été présentés aux Bernardines les 15 et 16 sept en préambule à Préavis de désordre urbain
On oublie parfois la dimension comique des comédies de Molière qui abordent des thèmes sérieux. C’est donc un véritable bonheur que d’assister à ce Tartuffe d’après Tartuffe de Molière par le Théâtre Permanent. Décor minimaliste, costumes de ville, «les acteurs de Molière ne se déguisaient pas non plus» rappelle Gwenaël Morin, le metteur en scène, qui, grâce à sa direction sobre et efficace, donne un rythme sans faille à la pièce. Tour de force de cette diction naturelle des alexandrins dans le scrupuleux respect des diérèses ! La mise en scène colle au texte par une étude précise, pertinente. Les artifices de scène sont insérés avec humour aux dialogues, «noir !/lumière !». Les acteurs incar-
nent plusieurs personnages avec fougue et justesse. Le public même difficile est conquis dès les premiers instants. Tous les registres du rire se retrouvent, de l’ironie cinglante -ah! l’art de l’antiphrase!- à la farce. La cruauté sans concessions -c’est la première version de Tartuffe qui a été choisie, celle qui finit mal pour la famille d’Orgon- est pailletée de rires, pirouettes du désespoir, réflexion sur la vérité, le jeu des apparences, dans une vertigineuse mise en abîme. MARYVONNE COLOMBANI
Tartuffe d’après Tartuffe de Molière a été joué du 5 au 10 oct en tournée dans le Pays d’Aix
Tartuffe... © Julie Pagnier
Enfin drôle !
«Dieu peut-il être athée ?» «Est-ce qu’on peut rire avec Dieu ? Oui, à condition qu’il trouve ça drôle.» Et de l’humour, il a intérêt à en avoir… Car Sophia Aram n’y va pas sur la pointe des pieds pour bousculer les trois religions monothéistes et leurs adeptes. Cette athée d’origine musulmane, qui est «à l’islam ce que Ferrero Rocher est à la diplomatie», cherche les différences, pointe les ressemblances, fait d’un de ses personnages, sa savoureuse tante, un parfait cobaye qui, pour assurer son salut, va pratiquer les trois religions en simultané, «c’est plus dur mais c’est plus sûr», invente Les croyants dans l’espace, un jeu de téléréalité hilarant qui est censé lancer un message de paix dans l’univers… C’est très drôle, caustique et jamais méchant. Au-delà de ces traits à peine exagérés (elle prend un malin plaisir à lire les textes pour démonter les extrapolations, pardon, les métaphores, de chacun), Sophia Aram pointe plus finement qu’il n’y paraît une incapacité à vivre ensemble et à se tolérer. Et plus spécifiquement les femmes avec les hommes, qui ne bénéficient pas des mêmes traitements dans les faits. Et lorsque cette féministe convaincue se lance dans une ode désopilante au clitoris créé par Dieu dans un surprenant «souci du détail face à l’immensité de la création» la messe est dite ! DO.M.
Crise de foi a été joué au Sémaphore à Port-de-Bouc le 7 oct
JEU DE PAUME | AVIGNON | GAP
THÉÂTRE
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Prompt rétablissement ! passés, une vraie réussite : les comédiens sont tous excellents, drôles, pétillants, légers et justes, la scénographie saturée de rouge et de portes d’ascenseurs donne l’impression baroque que la vie se déroule à la va-vite dans un couloir très temporaire, et R.M. Leblanc en Purgon est inénarrable ! Quant aux partis pris sur les personnages –Louison petite fille irréelle, Béline tendre, Argan encore jeune et séduisant- ils sont cohérents, inattendus et parfaitement rendus. On jubile à les voir, ce qui rend d’autant plus longs les intermèdes… Mais dès la seconde re-présentation, paraît-il, l’équilibre était trouvé et le théâtre regagnait ses droits : gageons qu’à Gap ce Malade sera rétabli ! AGNÈS FRESCHEL
Le Malade Imaginaire a été créé au Jeu de Paume, Aix, du 30 sept au 8 oct
À venir Le Malade Imaginaire Du 8 au 10 nov La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu Le 21 oct Le Sémaphore, Port-de-bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphoreportdebouc.com
On connaissait Christophe Alévêque en super rebelle, le voilà super romantique dans Ciao Amore, une comédie de Jérôme L’Hotsky sympathique mais pétrie de clichés. Aux côtés de sa compagne Serena Reinaldi, échappée de la télé réalité qu’il semble adouber ici pour son 1er rôle théâtral, le comédien plus connu pour son humour corrosif, démêle les fils rebattus d’un couple au bord de la crise de nerfs. L’action se concentre dans la chambre, autour d’un lit bateau, qui se transforme en galère des sentiments. Un beau jour Pascale veut quitter son mari parce qu’elle ne l’aime plus, parce qu’elle a abandonné pour lui son travail humanitaire et «se sent depuis dans une petite vie». José, technocrate surbooké, plutôt macho, l’écoute en chaussant ses charentaises et tente maladroitement de la reconquérir en proférant que «les bons sentiments ça n’a jamais changé le monde» et en passant l’aspirateur pour la 1ère fois de sa vie, évidemment. S’ensuit une cascade de noms d’oiseaux, batailles d’oreillers et sacs à dos, aveux et regrets qui se ramassent à la pelle pour un happy end forcément prévisible. DELPHINE MICHELANGELI
Ciao Amore a été joué au théâtre du Chêne Noir, Avignon, du 30 sept au 2 oct
Ciao Amore © X-D.R.
Couple en galère
Le Malade imaginaire © Agnes Mellon
Tout metteur en scène de talent -et il est indéniable que Renaud-Marie Leblanc en a- monte Molière pour en donner une lecture personnelle, et offrir au spectateur une vision nouvelle. Aller au Malade Imaginaire comme on va au musée, pour y retrouver ce qu’on en connaît déjà, n’a pas de sens. Ou peu. Renaud-Marie Leblanc a donc rason d’en proposer une version inattendue fondée sur une analyse pertinente de l’œuvre, de ses conditions de représentation, des querelles médicales et politiques du temps, du rapport personnel de Molière à Louis XIV, et à la musique. Le problème est que, malgré les résidences et la coproduction croisée du Jeu de Paume et de la scène nationale de Gap, il n’a pas les moyens financiers de son ambition musicale : l’Eglogue et les Intermèdes de Charpentier sont pas des chefs-d’œuvre lyriques ni des sommets dramatiques, et il faudrait des vrais chanteurs baroques, et surtout de vrais instruments et non ces sons échantillonnés, pour retrouver, s’il y en a, l’intérêt de les donner à entendre. Intérêt qui, peut-être, ne réside que dans l’exégèse nécessaire à l’élaboration de la mise en scène, et non dans sa représentation. À la première donc, la représentation manquait de rythme. Du moins au début. Car ce Malade imaginaire est, théâtralement, une fois l’Avertissement et l’Eglogue précédant le premier acte
Sur la route du bonheur La deuxième étape de la création Penser Bonheur (titre provisoire) confirme la singularité et la vitalité du projet d’Alain Timar. Inspiré par Robert Misrahi, le spectacle confronte l’histoire de trois êtres à la pensée du philosophe en invitant le public à réfléchir activement à la question. Une recherche commune qui le balade entre philo pure et moments de vie, légèreté et gravité, utopie et réalité, et pour laquelle le metteur en scène rejoint ses comédiens (formidables Paul Camus et Pauline Méreuze) sur le plateau (ou à la table pour cette lecture du scénario réécrit à 6 mains). «Pour être heureux, il faut réinventer notre façon de vivre la démocratie»… Le metteur en scène/ scénographe ouvre ainsi la question du bonheur sur celle, primordiale, du politique. Quant au leitmotiv formulé : «On ne peut pas aller trop vite», loin d’être anodin quand on cherche le nirvana, il nous rappelle qu’il faut attendre le mois de mai pour découvrir la création finale et partager avec joie la table de ces hôtes bienheureux. DE.M.
Penser bonheur a été lu le 29 sept au théâtre des Halles Avignon
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Comptoir des créations
Création Tandem Sélim Alik crée à la Criée, qui coproduit le spectacle, un sextuor masculin d’Edward Bond, un texte récent sur le capitalisme industriel, l’entreprise et ses lois de succession, l’argent, l’armement, et l’horreur de la concurrence familiale, paternelle. Un des grands textes de l’auteur britannique, avec Jacques Germain, Frédéric Poinceau, Gilles Le Moher… Dans la compagnie des hommes Du 3 au 9 nov La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Mehdi Meddaci © Murs
Depuis 2006 les Bancs publics concoctent un temps fort méditerranéen qui se déploie sur 4 semaines, croise les arts de la représentation et les arts plastiques et sonores, et offre aux créateurs des deux rives de la Méditerranée un espace où dire leur désir, et leur difficulté, de dialogue. Ces rencontres débuteront hors les murs habituels avec une installation photo et vidéo à la Galerie HLM de Mehdi Meddaci, (du 4 nov au 5 déc) puis la projection à la Cité, maison de théâtre de son film Tenir les murs, qui questionne les limites du cinéma (le 5 nov). Cinéma encore avec Mafrouza d’Emmanuelle Demoris au Gyptis le 6 nov. En 2e semaine, place aux textes aux Bancs publics, avec deux lectures de et par la subtile Sabine Tamisier, mais aussi une scénographie vidéo de Florence Pazzottu sur son récit La tête de l’homme (ed seuil), Sicilia de Clyde Chabot, Ma Marseillaise de Darina Al Joundi. Des jeunes femmes qui écrivent, se mettent en scène et en jeu avec force, courage et talent.
Le 22 nov Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Torgnoles © La Liseuse
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Sans chercher à savoir si ça lui plaira, on a mis l’ami Appaix dans la rubrique théâtre. Même si chez lui le corps a toujours parlé, sa prochaine création met en scène les relations de deux personnages qui parlent, jouent, bougent. Comme un duo, sans doute, de clowns aussi, qui digressent, boudent et s’affrontent… mise en abime du travail de deux artistes : lui-même et Jean-Paul Bourel, vieux complice en création. Chorégraphique ? Torgnoles Du 15 au 17 nov Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org
Cirque Parce que le cirque de la troupe québécoise transcende, sans l’éviter, l’exploit physique, pour fabriquer des images inédites ; parce que la notion circassienne de déséquilibre cherche ici à rejoindre et comprendre les déséquilibres mentaux, à atteindre et donner à voir notre psyché… il ne faut pas rater la Cie des 7 doigts de la main, dignes et infidèles descendants du Cirque du Soleil, et de la beauté d’Eloize…
Les Rencontres à l’échelle Du 3 nov au 3 déc Les Bancs publics, divers lieux 04 91 60 60 00 www.Lesrencontresalechelle.com
Psy Du 19 au 23 oct Le Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org
Absolu
Manipulation Le Merlan continue de se passionner pour la magie, en invitant cette fois un magicien hautement politique, qui démonte les gestes de la manipulation et du pouvoir, pour montrer comment ils influencent… nos votes. Thierry Collet opère un décryptage salutaire, pour les plus jeunes (Vrai/Faux à partir de douze ans) puis pour ceux qui sont en âge d’élire… en toute connaissance de cause ?
Hamlet © BM Palazon
C’est le chef d’œuvre absolu, celui où on ne peut que revenir et replonger quand on y a goûté une fois : Daniel Mesguish n’en est pas à son premier Hamlet… cette fois c’est son fils, prénommé William, qui jouera le Prince de Danemark. Le père planera-til comme un spectre abusif au dessus de son destin ? Remember your father… dit-il en le poussant au meurtre… Hamlet Du 19 au 22 oct La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Dans la compagnie des hommes © X-D.R.
Absences Didier Bezace met à nouveau en scène l’écriture subtile du dramaturge anglais Daniel Keeene. Trois courtes pièces sur la solitude des habitants des villes, et la rencontre, le geste qui rapproche et touche, les maux et les mots des gens qui s’accostent pour ne plus être seuls… Un soir, une ville Du 15 au 19 nov La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Vrai/Faux Les 7 et 8 nov Influences Les 9 et 10 nov Le Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org Influences © Le Phalene - Nathaniel Baruch
THÉÂTRE 15
Sexiste Du dedans L’auteur le plus sexiste de notre répertoire, Guitry,
Refus Le Fou de Gogol est un homme qui refuse la
monté par Michel Fau acteur génial, roi du travestissement tapageur ? Avec Julie Depardieu saura-t-il donner un peu de relief aux fadaises parfois révoltantes de cet auteur, qu’on pourrait allègrement mettre à l’index ? (faut-il rappeler que l’incitation au sexisme, c’est-à-dire au fait de penser que les femmes sont inférieures aux hommes, est interdit par la loi ? qu’il a écrit, sérieusement, que les femmes ne font que des bêtises lorsqu’elles réfléchissent ? Monterait-on un auteur qui écrirait cela des Noirs ? des homosexuels ? des musulmans ?)
médiocrité de sa vie, se met à la fantasmer pour pouvoir la supporter, puis succombe à sa fantaisie en la confondant avec le réel… Andonis Vouyoucas met en scène ce récit en faisant résonner la voix intérieure de ce fonctionnaire, incarné par Hervé coincé dans une société Lavigne, insupportablement mesquine et cloisonnée. Et si le Fou avait raison ? Question on ne peut plus actuelle, dans une société qui nous fait croire que l’ordre raisonnable réside dans des lois économiques littéralement inhumaines…
Nono Du 14 au 22 oct Le Gymnase 0820 000 422 www.lestheatres.net le 13 oct Théâtre la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr
Va-t-on parler d’amour ? Michel Froehly met en scène un texte de Serge Valletti, où il sera question de Roméo et Juliette, mais pas trop. Surtout de théâtre, en fait, du jeu, du plaisir et de la folie de jouer. Une vue de l’intérieur, avec des comédiens qui osent déborder franchement des frontières réalistes. Avec Christian Mazzuchini, et quelques autres arpenteurs foutraques des scènes… Roméa et Joliette Du 19 au 23 oct La Minoterie 04 91 90 07 94 www.minoterie.org
Compagnons Artaud et Barrault se sont rencontrés dans les années 30. L’un a mis en scène les textes de l’autre, puis ils se sont écrit, quand le poète sombrait dans la folie, et que l’acteur essayait d’approcher sans trop se brûler de ses visions qu’on a dit cruelles… Denis Guenoun met en scène Stanislas Roquette, qui rend compte, en les incarnant tour à tour, de leur relation complexe, faite d’admiration réciproque.
Maniaque L’Avare est une des pièces les plus noires de Molière, et Harpagon n’a vraiment rien de sympathique… Argan sait au moins être aimant s’il est ridicule ! Après avoir inventé une sorte d’épure du Malade imaginaire, Alexis Moati et Pierre Laneyrie poursuivent leur travail sur la comédie de Molière, en la dépouillant jusqu’à l’abstrait, pour que ses ressorts apparaissent… Et c’est l’argent, la passion pour la possession, qui apparaissent comme la manie la plus détestable des hommes. Actuel, non ? L’avare Du 8 au 11 nov Le Gymnase 0820 000 422 www.lestheatres.net
Artaud-Barrault Les 4 et 5 nov La Minoterie 04 91 90 07 94 www.minoterie.org
Le Journal d’un fou Du 15 au 26 nov Théâtre Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com
Sœurs Deux jeunes comédiennes issues de l’Erac, Manon Allouche et Claire Calvi, jouent les deux Bonnes de Genet, admiratrices haineuses de Madame, incarnée par Maurice Vinçon. Ce texte flamboyant, qui pousse au bout la relation dramatique maitre-valet, a été inspiré à Genet par le meurtre, sans mobile apparent, de leur patronne par les sœurs Papin. Même si ses bonnes ne passeront pas à l’acte, à celui-là du moins. Ivan Romeuf veut mettre le spectateur dans la position du voyeur, qui regarde la cérémonie par la fenêtre, sans intervenir sur ce désir de meurtre qui, selon lui, «nous habite tous». Les Bonnes Jusqu’au 28 oct Le Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
Devoir Bérénice est une tragédie particulière qui ne se conclut pas par la mort des protagonistes, mais par leur séparation. Dans une langue qui transcende le vocabulaire amoureux, sa douleur et son feu, Racine fait l’apologie du devoir politique, et du sacrifice raisonnable et infiniment douloureux des passions. Jean-Claude Nieto confie la lourde charge d’incarner Titus et Bérénice à Floriane Jourdain et Fabio Ezechiele Sforzini, pour une tragédie du renoncement qui a quelque chose d’unique, et d’universel… Bérénice Du 18 au 22 oct Théâtre Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com Le 3 nov Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Accueil Le Lenche accueille le Théâtre de la Semeuse (Nice) dans ses deux petites salles du Panier, pour un monologue sur la peintre Marie Bashkirtseff, composé d’extraits de son journal, et une création autour de la poésie de Jim Morrison. Deux spectacles mis en scène par Frédéric Rey. Marie Bashkirtseff Les 4 et 5 nov La célébration du lézard Du 9 au 12 nov Le Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
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THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Beautés
Labyrinthe Passionnel Bonheur de se perdre dans la forêt des symboles !
© Max Minniti
La nouvelle création d’Edmonde Franchi reprend les thèmes chers à la comédienne dont on a déjà apprécié Cœur@prendre ou Carmenseitas. Des femmes vivent dans un vieil immeuble menacé de destruction ; une journaliste propose au public de regarder ces héroïnes qui suivent elles-mêmes à la télé leur feuilleton culte, Dans le tourbillon de l’amour (sic). Un condensé d’humour et d’amour pour le genre humain !
Les Sonnets de Shakespeare se croisent avec des extraits de La nuit des rois ou de Comme il vous plaira et les œuvres musicales de John Dowland. Univers poétique multiple où les mots de l’amour et du désir, de la beauté et de la mélancolie tissent une atmosphère délicieusement irréelle. Chants, musiques, textes inventent un parcours d’une intense poésie où l’on aime se laisser conduire… Fous dans la forêt Du 15 au 17 nov Jeu de Paume, Aix 0 820 000 422 www.lestheatres.net
© X-D.R.
Au cœur d’un été caniculaire, l’oncle Vania et sa nièce Sonia reçoivent dans la propriété familiale : son frère aîné, Sérébriakov, arrive accompagnée de sa femme, la belle et très jeune Eléna, dont oncle Vania va tomber éperdument amoureux… Dans une mise en scène épurée au décor sobre, Serge Lipszyc révèle la complexité des chassés-croisés amoureux et des personnages, grâce à «une équipe d’acteurs, comme un orchestre, avec un soliste virtuose, Robin Renucci.»
De toutes beautés Les 14, 15 et 16 oct Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org
Oncle Vania Le 5 nov Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Le 21 oct Salle des fêtes, Venelles 04 42 54 93 10 www.venelles.fr/culture le 10 déc Salle culturelle, Simiane-Collongue 04 42 22 62 34 www.culture.simiane-collongue.fr
Amour Il l’aime, elle l’aime, mais d’autres aussi… Rendu fou de jalousie, il la tue. Fait divers banal, Woyzeck, par la grâce de Büchner devient un chef-d’œuvre, où l’étrangeté onirique prend le pas sur le réel. «Description objective et rationnelle d’une évolution» vers l’irréparable. La Cie Interstices et le Théâtre de la Valse ont uni leurs réflexions sur les fragments de l’œuvre inachevée de Büchner, multipliant les variations sur le thème central de la pièce : «qu’estce que l’homme ?» Woyzeck Le 9 nov Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com
© Dunnara Meas
Conflit Quelque part à la frontière d’Israël et de la Palestine, l’israélienne Lirane, 8 ans, et le palestinien Ferhat, 11 ans, vont apprendre à se connaître et se respecter, malgré le passé sociopolitique qui les différencie. Wilma Lévy, de la cie des Passages, a adapté et mis en scène le texte de Daniel Danis, privilégiant sa vision poétique et engagée du conflit, renforcée par le personnage de l’«oiseau vertical» joué par le comédien musicien Abdel Waneb Sefsaf -qui signe aussi la partition musicale-, commentateur distancié de l’histoire.
Sécurité ? Vous pensiez pouvoir tout prévenir et contrôler ? Sauf l’imprévu bien sûr… même au théâtre où tout est pourtant préparé, répété. Les collectifs bruxellois Tristero et Transquanquennal se penchent sur l’accidentel, l’imprévisible, du banal accident de la circulation à la catastrophe aux milliers de morts, ne laissant rien au hasard pour placer les spectateurs dans un délicieux inconfort. Coalition Les 18 et 19 oct Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
Sous un ciel de chamaille Le 18 oct Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.com
Alchimie Masqués La voix envoûtante de Jean-Louis Trintignant au Le Théâtre du Kronope adapte Le Songe d’une nuit service de trois poètes, Desnos, Prévert, Vian… S’unissant à la force évocatoire des mots, les notes pleines d’âme du violoncelle et de l’accordéon. Un récital flamboyant de fantaisie, d’humour, de grâce, avec cette profondeur subtile inhérente à la légèreté des mots, pirouettes où l’esprit des poètes danse. Trois poètes libertaires Du 8 au 12 nov Jeu de Paume, Aix 0 820 000 422 www.lestheatres.net
d’été de Shakespeare à la sauce commedia dell’arte, dans une mise en scène enlevée de Guy Simon pour deux comédiens –Anaïs Richetta et Loïc Beauchéqui jouent une multitude de personnages, masqués, passant du cirque à la danse, au mime et au chant. Le Songe d’une nuit d’été Le 10 nov Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova.com
© Herman Sorgeloos
Réveil
© Sebastien Armengol
Énergique
© X-D.R.
Que reste-t-il de 1968 en 2011 ? Le collectif L’Avantage du doute s’empare de son héritage intime et politique, prenant comme emblème Simon Bakhouche, soixante ans, qui pourrait être leur père. Écrit notamment à partir de témoignages, Tout ce qui nous reste de la révolution, c’est Simon se penche sur la fin d’un mythe, loin de tout règlement de compte ou de sentimentalisme, mais avec beaucoup d’imagination de verve. Tout ce qui nous reste de la révolution, c’est Simon Les 15 et 16 nov Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
Imposteur Tartuffe, hypocrite dévot, manipulateur sans scrupule et révélateur de passions humaines est mis en scène par Éric Lacascade, qui joue aussi le rôle-titre. Le metteur en scène, qui travaille Molière pour la 1re fois, s’est entouré d’une bande de fidèles comédiens pour relever cette « évidence » et ce « défi ». Tartuffe Le 15 nov Théâtre de l’Olivier, Istres 04 4256 48 48 www.scenesetcines.fr
Debout Jean-Louis Hourdin, chef de troupe du Grat Théâtre, remonte un texte de Michel Deutsch vieux de 20 ans, un «monologue contre le monde occidental et l’idéologie capitaliste» qui n’a pas pris une ride. Avec ses compagnons acteurs et musiciens, il se propose de «partager la recherche d’une pensée nouvelle sur le monde pour un vivre ensemble différent de celui qu’on nous présente comme une fatalité […]». Coups de foudre Les 4 et 5 nov Théâtre du Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Le théâtre itinérant de Gilles Cailleau se pose à Berre avec une relecture très libre de Bérénice de Racine. Sous un chapiteau-parapluie, il joue tous les rôles, incarnant quatre hommes et deux femmes, joue du bandonéon et de la viole, marche sur un fil, dit des alexandrins en pique niquant… Une invitation à goûter la tragédie de Racine comme si elle était très contemporaine ! Gilles et Bérénice Du 3 au 5 nov dans le jardin du Forum Forum de Berre 04 42 85 03 75 www.forumdeberre.com
Enfances L’Opéra Pagaï visite nos contrées, avec deux spectacles forts différents : Les excuses de Victor à Cavaillon et 80% de réussite à Fos. Le premier mêle le théâtre de marionnettes et la vidéo pour plonger dans l’imagination fertile de Victor, petit garçon affabulateur pour qui les situations quotidiennes les plus simples deviennent superproductions cinématographiques. Plus intriguant, le second, qui se déroule dans une école, transforme le spectateur en un élève qui ferait à nouveau sa rentrée des classes. L’occasion, entre autres, de pointer les non-sens du système éducatif… Les excuses de Victor Le 21 oct Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com 80% de réussite Le 11 nov Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr Les Excuses de Victor © Opera Pagai
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THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Amour toujours
Inclassable Épure Certains se souviennent de Ziggy Stardust, l’avatar On ne sait comment, avant dernière pièce de de David Bowie devenu aussi célèbre que lui : c’était en 1972. Aujourd’hui le théâtre-performance de Renaud Cojo explore «le geste artistique lié au dédoublement de la personnalité». Il y a du glamour dans ce spectacle délirant et truculent qui fait de l’étoile anglaise schizophrénique un personnage hors normes. Tout comme la pièce. Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust Le 29 oct Le Carré Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
©Cosimo Mirco Magliocca - ATA
Les cimetières réservent parfois des rencontres improbables… Comme celle entre cette jeune femme bibliothécaire et cet agriculteur, devenus veufs trop tôt. Rien, a priori, ne pouvait les rapprocher ! Pourtant, sous la plume de Katarina Mazetti, la comédie est tendre, légère, cocasse et le duo Sophie BroustalDidier Brice fait entendre la petite musique des cœurs.
Gageons qu’Alfred Jarry aurait adoré Eric Cantona en monarque indigne et grotesque, symbole de la tyrannie du pouvoir ! Le metteur en scène britannique Dan Jemmett l’entraîne au royaume du non-sens et du rire grinçant, à l’heure où le roi tyrannique est devenu Ubu enchaîné, où le monarque découronné se croit encore despote… Bien sûr, tout cela n’est que fiction ! Ubu enchaîné Les 14, 15 et 16 oct Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr Du 18 au 26 nov Le Gymnase, Marseille 08 2000 04 22 www.lestheatres.net
Le 1er déc La Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr
Le 29 nov L’Olivier, Istres 04 42 55 24 77 www.scenesetcines.fr
l’adaptation scénique par Dorian Rossel du manga de Jiro Taniguchi, Quartier lointain, dont les mille trouvailles ludiques traduisent les dessins et les codes de la BD. L’histoire est simple mais riche de rebondissements : une odyssée fantastique propulse dans sa ville natale un père de famille, qui va revivre l’année de ses 14 ans… Quartier lointain Le 4 nov Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com © Carole Parodi - Comedie de Geneve
On ne sait comment Le 5 nov Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr
Grinçant
Le mec de la tombe d’à côté Le 21 oct Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com
Fantastique La Cie STT, c’est Super Trop Top ! La preuve avec
Pirandello, est mise en scène par Marie-José Malis sans artifice, de façon à révéler «un théâtre de pur dialogue, de pur semblant de réalisme.» En pleine lumière, les cinq comédiens de la cie la Llevantina jouent au plus près des sentiments cette remise en question d’un quartet bourgeois aux prises avec la vérité suite à un adultère.
Les 2 et 3 décembre Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
©-Denise Oliver-Fierro
Différence Tous les mardis Marie-Pierre passe la journée avec son père, s’occupe de son linge, son ménage, avant d’aller avec lui à Monoprix. Une journée ordinaire dans la vie d’une femme extraordinaire. Car MariePierre est née Jean-Pierre, et se bat depuis pour faire accepter sa différence, et se faire accepter de son père. Jean-Claude Dreyfus incarne avec beaucoup de sobriété et de tendresse ce personnage fort et bouleversant né sous la plume d’Emmanuel Darley mis en scène par Michel Didym. Le mardi à Monoprix Le 18 oct Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com Les 10 et 11 nov Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Entretiens Se basant sur des entretiens radiophoniques que Duo Céline enregistra dans les années 50, Ludovic Ultime roman, inachevé, de Gustave Flaubert, Longevin a construit sa pièce comme une rencontre avec l’un des auteurs les plus marquants du XXe siècle. En répondant aux questions d’intellectuels de l’époque Céline, qu’incarne Marc-Henri Lamande, parle avec éloquence de sa vie, son enfance, ses prises de position politiques, de son écriture… Dieu, qu’ils étaient lourds… ! Le 15 oct Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr
Bouvard et Pécuchet est un pamphlet contre la bêtise humaine, une belle réflexion sur la vanité humaine toujours aussi actuelle. Deux copistes font connaissance, décident se s’installer ensemble à la campagne et d’acquérir le savoir à travers l’étude des sciences. Leur incapacité à comprendre les choses va engendrer des catastrophes… Bouvard et Pécuchet Du 2 au 4 nov Théâtre la Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
AU PROGRAMME
29 dates, 37 représentations, 8 lieux composent la nouvelle saison de Mômaix. Au Pavillon Noir, les duos d’Angelin Preljocaj (Annonciation, Centaures et Blanche-Neige), Madhavi Mudgal qui réunit douze danseurs et musiciens (Vistaar), le pétillant poème
visuel Lalala Gershwin de Montalvo et Hervieu. De la danse encore au Bois de l’Aune, avec Les Sisyphe créée par Julie Nioche et une trentaine d’adolescents des centres sociaux, et au 3bisf avec D’une page Blanche d’Ana Eulate inspiré du conte de Yourcenar Comment Wang-Fô fut sauvé. L’affiche musicale permet de savourer quelques Mignardises et autres petites pièces à usage gourmand proposées par l’Orchestre symphonique lyonnais au Jeu de Paume, de goûter au Roi danse par l’Orchestre français des jeunes baroque, à Bastien et Bastienne de Mozart par l’Orchestre de l’opéra de TPM et à Don Quichotte par l’Orchestre français des jeunes au Grand Théâtre de Provence. D’autres préfèreront Le petit chaperon rouge revisité par Aperghis et interprété par l’Ensemble Reflex au Jeu de Paume. Ultimes gourmandises à Théâtre et
L’Autre
Oriental
Tabataba au Bois de l'Aune dans le cadre de Momaix © X-D.R
«Quoi ? C’est quoi ?» s’interrogent les deux comédiennes qui tentent de se rencontrer, par delà leur propre maison, leur territoire, au-delà de leurs goûts respectifs et de leurs différences. Sauf que pour échanger vraiment, il leur faudra tomber les masques, se laisser approcher… La Cie Clandestine et son théâtre d’images en papier abordent ici le thème de la confrontation à l’autre avec le ton juste et la sensibilité qui les caractérisent. Quoi ? C’est quoi ? Du 20 au 22 oct Massalia hors les murs L’Astronef, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com Le 9 nov Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr
Réquisitoire
Sous couvert d’une fable futuriste, utopie renversée d’un avenir à craindre, l’auteur Philippe Dorin prononce un réquisitoire contre la standardisation des esprits. Et pour mieux frapper les esprits, justement, il convoque de drôles de marionnettes à lutter contre l’uniformisation en usant des armes du rire et du décalage. Drôle et réjouissant ! 2084 Un futur plein d’avenir Du 3 au 4 nov Massalia hors les murs L’Astronef, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com Le 9 nov Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com Le 22 nov Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com
Les fascinants voyages de Sindbad dans les mers de l’est de l’Afrique et du sud de l’Asie ont déjà conquis les lecteurs des Mille et une Nuits comme les amoureux du cinéma. Laurent Pelly entreprend lui aussi le voyage en compagnie d’Agathe Mélinand, pour l’adaptation théâtrale, retrouvant un peu de son âme d’enfant : il restitue à cette fable perse sa féerie sans jamais quitter le style épique propre au roman d’aventures. Les aventures de Sindbad le marin Les 15 et 16 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
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chansons avec Praliné, safrané de Pierre Gueyrard et le conte musical de Corinne Pons Madame saison fait son automne… Le menu ne serait pas complet sans théâtre : En attendant le Petit poucet de la Cie l’Arpenteur, Histoire d’une famille de la Cie Rodisio et Petit Pierre de Suzanne Lebeau au Théâtre Vitez, Tabataba de Koltès mis en scène par Moïse Touré au Bois de l’Aune, Le fabuleux voyage de Nils Holgersson aux Ateliers… Sans non plus le Cirque Azeïn et l’énergie de Stomp ! M.G.-G.
Mômaix Du 13 oct au 17 déc 04 42 91 99 19 www.aixenprovence.fr
Lunaire © Claude Dolbec
Sucré-Salé
JEUNE PUBLIC
Débarqué de son Québec natal, où il est considéré comme une véritable star, le conteur Fred Pellerin, lunaire autant que drôle, dépeint avec malice la vie des habitants de son village. Dans l’Arracheuse de temps, cet improvisateur hors pair à l’accent chantant de nos cousins d’Outre Atlantique, nous fait passer du rire aux larmes avec une facilité rare pour «l’art de la parlure». Une découverte que l’on ne va plus vouloir laisser repartir.
Du 7 au 10 déc Le Gymnase, Marseille 0 820 000 422 http://lestheatres.net
Terriens
Une fable philosophique douce et amère pour minots, dans un décor (sublime) de bac à sable transformé par des lumières étonnantes, pour réfléchir, en famille, à l’existence. Deux personnages, Kétal et Aride, prennent possession d’un petit coin de paradis qu’ils vont bien devoir partager. Sur un texte signé Lise Martin, un petit bijou d’humour taillé dans l’absurde et le comique de situation, Nino D’Introna (nominé aux Molières 2011 pour la seconde fois) offre une réflexion saisissante sur la propriété et notre incapacité à vivre ensemble. Terres ! Le 18 oct Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr © Emile Zeizig
L’Arracheuse de temps Le 8 nov Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr Les 5 et 6 nov Le Chêne Noir,Avignon Tél. 04 90 86 58 11 www.chenenoir.fr
Étrange
Une pièce de Joël Jouanneau, mise en scène par Dominique Lardenois, construite autour de quatre personnages et du rapport à l’autre et particulièrement à l’étranger. Qu’adviendra-t-il de la rencontre avec cet enfant étrange et étranger qui arrive dans la cour de la ferme de la mère Procolp ? Acteurs et spectateurs, à partir de 10 ans, seront réunis autour d’un cercle au centre duquel une tournette représentera ce monde miniature en mouvement. L’adoptée Le 26 oct Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com
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DANSE
GYMNASE | GTP | PAVILLON NOIR
Là-haut le vide
Supplémentaires Les duos de Preljocaj affichent deux dates supplé-
Dans le cadre d’actoral et littéralement sur le plateau du Gymnase, le Merlan nous a proposé une courte pièce de François Chaignaud et Cécilia Bengolea. Les deux chorégraphes s’étaient fait connaître avec le scandaleux mais peu érotique Pâquerette, duo sur le plaisir et la pénétration -en actes, avec accessoires. Depuis ils ont présenté, durant le Festival d’Avignon 2011, en hommage à Isadora Duncan, des Danses libres remarquées. Leur duo Castor en Pollux, conçu entre ces deux pièces, décale heureusement le point de vue en allongeant les spectateurs sur la scène, mais surtout en leur donnant à voir les techniciens qui manipulent comme des marionnettes à fil les danseurs suspendus dans les cintres. À part cela, beaucoup de vide, les mouvements étant forcément contraints : les deux corps jumeaux s’enlacent, s’enserrent, se décollent. Puis évoluent chacun de leur côté, nageant dans l’air au gré des poulies que les techniciens actionnent. Ça dure une trentaine de minutes, et c’est suffisant. Comme Pâquerette le duo repose sur une idée : même belle, même forte et mise en œuvre avec talent, cela ne suffit pas à faire une œuvre. Il semble que, pour Avignon, ils s’en soient rendu compte !
mentaires. Le public a bien raison de s’y précipiter : la quintessence de Preljocaj est dans ces danses à deux, amoureuses ou affrontées, communiantes, qui transcendent le contact, les portés, la synchronie. Et l’émotion.
Castor et Pollux a été dansé du 28 au 30 sept au Gymnase dans le cadre des vagabondages du Merlan
Centaures © JC Carbonne
Hottentote Nelisiwe Xaba est une danseuse subversive, fille noire et libre de Robyn Orlin, au corps filiforme magnifique dont elle se sert comme une arme de combat. Pièce sur le refus de l’immigration en référence à la Vénus Hottentote qui fut exhibée comme un animal de foire, Sakhozi says no to the Vénus va sonner comme un cri, et un éclat de rire. Car la Sud Africaine déborde d’humour…
© Agnès Mellon
A.F.
Centaures, Annonciation, duos de Blanche Neige Du 13 au 18 oct Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org
Je préfère les supions à l’ail Philippe Découflé, après son Sombrero aux couleurs du Mexique, une variation vaine sur le striptease, puis un solo très réussi, s’est penché vers les profondeurs sombres de la mer pour y chercher les bras amoureux des pieuvres… Octopus renoue avec ses monstres polymorphes, ses hybrides d’animaux humains qui ont fait son succès et sont désormais sa marque de fabrique, avec les mots qu’il concomite quelquefois avec bonheur. Et ça marche : le public, debout, ovationne les belles images, les idées saugrenues, la musique live parfois très inventive © Xavier Lambours
même si souvent son volume casse les oreilles et abrutit. Et la décontraction familière de tout cela, le mouvement permanent qui fuit l’arrêt et le silence. Rien de mortifère donc, malgré la dominance du noir, des monstres, des multiplications prolifératives : le mouvement occupe les yeux et l’esprit, toujours… Reste pourtant l’impression d’avoir goûté un met vaguement insipide. D’être rassasié par l’abondance caoutchouteuse des images à la mode, des scènes inégales qui se succèdent en un zapping très contrôlé plus ou moins érotique et sans nécessité. Car les corps bougent, contorsionnent, gymnastent, mais ne dansent pas. Ne savent pas, d’ailleurs, danser -lorsqu’ils s’y risquent ils décalent, ratent leurs appuis. Bref une pieuvre peu subtile, une méduse qui séduit mal, et jamais ne terrifie, à vous donner envie d’une assiette bien relevée de petits supions à la provençale. AGNÈS FRESCHEL
Octopus a été joué au Grand Théâtre de Provence, Aix, du 4 au 8 oct
Sakhozi says no to the Vénus Du 25 au 27 oct Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org
Nouveaux La nouvelle génération des danseurs africains est stupéfiante, déclarait Preljocaj qui revenait du concours Danse l’afrique danse ! Ils ont assimilé et dépassé selon lui à la fois le folklore africain et la danse contemporaine européenne, pour inventer une danse qui concerne l’Afrique d’aujourd’hui. Un solo malgache, un trio du Mozambique et un quatuor Congolais, permettront de découvrir un nouveau continent. Ail ? Aïe ! Aïe ! Junior Zafialison Orobroy, stop ! Horácio Macuácua On the steps Florent Mahoukou Du 3 au 5 nov Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org Orobroy, stop © Antoine Tempé
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DANSE
DANSEM | VAUCLUSE
Entrez dans Dansem ! venir y découvrir leur travail, avant que Jean Jacques Sanchez n’expose ses photographies à la Minoterie à partir du 9 déc.
… questions… Dans le même temps les précieuses Questions de danse posées par Michel Kelemenis proposeront de jeter un œil sur 12 pièces en cours de création, plus ou moins élaborées. Il y aura de petites formes aux Bernardines de Fabrice Ramalingom (Montpellier) puis Daniel Abreu (Portugal) les 27 et 28 oct, et celles de Danya Hammoud, puis Shlomi Tuizer et Edmond Russo (France) les 2 et 3 nov. Mais Michel Kelemenis pourra enfin accueillir des formes plus conséquentes dans ses nouveaux murs : Christophe Garcia, Davy Brun, Franck Micheletti le 25 oct, puis Fana Tshabalala (Afrique du sud) qui se joindra aux deux derniers le 26 oct, Mathieu Hocquemiller, Vaclav Kunes et Abou Lagraa le 4 nov, avec Michaël Allibert qui se joindra au deux derniers le lendemain. Unconfessed au festival Dansem © Andrea Abbatangelo
Histoire de l’œil, à l’occasion de la sortie de l’ouvrage de Toni Cots dédié au projet sur «le corps affecté» et «l’affect». Car il est question d’amour dans ces miniatures -qui font aussi partie du programme Sous le signe d’Averroès (voir p 9) : un sujet brûlant en Méditerranée, du moins dès qu’il est question du corps. Ainsi au KLAP (voir p 8) Shayma Aziz (Égypte), Leo Castro (Espagne), Andrea Abbatangelo (Italie) et Christophe Haleb (France) présenteront leurs travaux photographiques et vidéos lors des journées portes ouvertes du 21 au 23 oct. Puis aux Pénitents Noirs d’Aubagne, au cœur de l’exposition La Méditerranée des 7 dormants (voir p 9), Montaine Chevalier (France) et Danya Hammoud (Liban) proposeront chacune une performance (le 23 oct à 17h). Enfin, les trois chorégraphes libanais en résidence actuellement au Studiofficina proposeront de
Si l’essentiel de la programmation de Dansem commence le 10 nov, elle est précédée de deux cycles où la danse s’interroge Miniatures… L’Officina, qui organise le festival Dansem et l’inscrit depuis 15 ans dans un réseau structurant méditerranéen, propose cette année au public des rendez-vous avec les créateurs qui résident en ses murs, y passent, y répètent, y réfléchissent. De petites formes de natures diverses -dansées, performées, exposéespour un projet intitulé tout naturellement Miniatures Officinae, qui sera présenté le 20 oct à 10h à la Maison de la région par Cristiano Carpanini, directeur de l’Officina, puis le 21 oct à 16h30 à la librairie
et début… Puis le cœur de Dansem commencera à battre sur un rythme de croisière plus régulier, jusqu’au 10 déc. Avec l’aboutissement du projet au long cours entre Bamako et Marseille de Barbara Sarreau (Tchakéla, du 10 au 17 nov à la Poissonnerie), puis le solo de Sabine de Viviès (Cie Motus) au Lenche les 15 et 16 nov, et quelques torgnoles d’Appaix (voir p 15). Puis… nous y reviendrons ! AGNÈS FRESCHEL
Dansem Du 20 oct au 10 déc Marseille, Aubagne 04 91 55 68 06 www.officina.fr
Back to the Roots au Theatre des Doms © X-D.R
Le Hip Hop en transe Danse urbaine, hip hop, human beatbox, rap, breakdance, DJing, mix-scratch, light graf’… autant de dénominations que de disciplines pour cette culture urbaine en perpétuel mouvement qui voit revenir la 8e édition de son temps fort dans le Vaucluse, Drôle(s) d’Hip Hop. Cette Biennale des arts urbains réunit un collectif de 13 partenaires qui proposent, outre des spectacles de choix, des formations (dont l’étonnant atelier des graffeurs de lumière The Lighterz le 25 oct à l’Eveil Artistique et les stages de Djing de DJ Odilon les 4 et 5 nov aux Doms), des documentaires et films (l’excellent Faites le mur de Bansky le 26 oct à la MJC de Monteux et un programme vidéo fourni sur les origines du hip hop du 27 oct au 5 nov à la Maison Jean Vilar), et des conférences (ludique et interactive avec le slameur Dizzylez le 6 nov au théâtre de Cavaillon). Quand aux propositions spectaculaires, en milieu scolaire et sur les plateaux du département, elles devraient toucher tous les publics par leurs diversités. À noter, le solo hip hop/classique de
Storm (le 25 oct, salle des fêtes d’Apt) et les concerts de Dels et Fowatile (le 29 oct, Akwaba de Châteauneuf-de-Gadagne). Mélange de danse et arts numériques avec Kaiju par la cie Shonen (le 2 nov, théâtre de Cavaillon), retour aux sources avec Zach Swagga dans Back to the Roots (les 3 et 4 nov aux Doms) et Vis-à-vis, le nouvel opus de la cie Stylistik (3 et 4 nov au CDC les Hivernales). Puis, 10 danseurs virtuoses dans Urban Ballet (le 5 nov, Auditorium de Vaucluse, le Thor), un mélange tango/hip hop avec De la Boca au Bronx (le 6 nov, Pôle culturel de Sorgues) et en clôture Né pour l’autre par la cie Alexandra N’Possee (le 8 nov, théâtre Golovine). DELPHINE MICHELANGELI
Du 18 oct au 8 nov Drôle(s) d’Hip Hop, Vaucluse Arts Vivants en Vaucluse 04 90 86 11 62 www.artsvivants84.fr
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DANSE
AU PROGRAMME
Pina
Masculin bis
Tendu Les danseurs du Ballet Biarritz parviennent à des
Nelken © Ulli Weiss
exploits techniques dans cette pièce réglée au cordeau : Thierry Malandain sait exiger de ses interprètes des performances physiques, dans la souplesse et l’ampleur, que peu d’autres ballets atteignent. Mais son Roméo et Juliette, étrangement composé sur la musique de Berlioz, manque parfois de cette sensualité que l’on attend dans les tableaux amoureux… De la belle danse, cependant ! Roméo et Juliette Le 6 nov Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr
Elle est déjà une légende, et pourtant peu de gens dans la région ont eu la chance de voir son ballet danser. Le Tanztheater de Wuppertal est à Nîmes pour trois représentations de Nelken -Les œillets- une pièce de 1982 parmi les plus belles du répertoire de Pina Bausch. Drôle, émouvante, théâtrale bien sûr, fluide, et très dansée. Dans un immense champ d’œillets qui suivent et adoucissent encore le mouvement…
Masculin Avec Mourad Merzouki le hip hop s’est enfin institutionnalisé en France : il dirige le CCN de Créteil, et sa Cie Käfig danse même avec le quatuor Debussy jouant du Schubert (entre autres). Mais son art reste toujours aussi masculin : c’est que les huit danseurs inventent un ballet de boxeurs, forcément punchy, et drôle. Boxe boxe Le 15 oct L’Olivier, Istres 04 42 55 24 77 www.scenesetcines.fr Boxe boxe © M. Cavalca
El Din © X-D.R.
Nelken Du 20 au 22 oct Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
Confrontations Après avoir dansé Métamorphoses de Frédéric
Hervé Koubi présente trois pièces, un solo, un duo et une pièce pour douze danseurs hommes, qu’il a conçues et créées pour de jeunes danseurs Algériens. Des pièces très physiques, mêlant, sur des musiques diverses, les cultures chorégraphiques, l’art de la Capoiera, des figures acrobatiques. Barra, Tabaa, El Din Le 29 oct L’Olivier, Istres 04 42 55 24 77 www.scenesetcines.fr
Transmission Les lieux de là est une de ses plus belles chorégraphies, et Mathilde Monnier fait un beau cadeau aux jeunes danseurs de la formation Coline, en leur transmettant cette pièce de 1999 qui explore très délicatement les mouvements de groupe, et le surgissement de l’individu et des couples dans les agrégats. Deux duos Pudique Acide et Extasis, complèteront le programme. Les lieux de là Le 5 nov L’Olivier, Istres 04 42 55 24 77 www.scenesetcines.fr
Étreinte Une très belle rencontre entre Maria Pagès, reine de la sévillane, et Sidi Larbi Cherkaoui, le grand chorégraphe contemporain Belge qui a su explorer ses racines marocaines sans folklore. Dans l’amphithéâtre de Vaison-la-Romaine, sous le vent léger, la création était magique. Musicale, les musiciens flamenco, arabo-andalou et contemporains s’appuyant sur des modes communs ; et graphique, le corps de la danseuse étant l’objet d’un superbe travail sur la ligne et l’effacement. Dunas Le 21 oct Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
Flamand à Château-Arnoux, le Ballet National de Marseille revient dans ses murs pour proposer un programme plus néo-classique : les Nuits d’été que Thierry Malandain a créées pour le Ballet l’an dernier sur les 6 mélodies si romantiques de Berlioz, et Inverses, la pièce d’Annabelle Lopez Ochoa qui oppose l’énergie contemporaine d’une soliste au mouvement réglé d’un groupe au mouvement continu… Les Nuits d’été, Inverses Du 9 au 12 nov Ballet National de Marseille 04 91 71 36 32 www.ballet-de-marseille.com Métamorphoses Le 21 oct Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr
Chinois Art total, l’opéra chinois relève de la danse, du cirque, du théâtre de l’opéra. Avec des chants et une musique très aigüe, une danse qui ne se distingue pas de l’acrobatie et cherche l’exploit, un théâtre qui avance masqué et chatoyant, truffé de mythes opaques. Spectaculaire, l’Opéra de Pékin, must du genre, l’est sans conteste ! Opéra de Pékin Les 8 et 9 nov Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org Le 5 nov Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com Opera de Pekin © X-D.R.
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ARTS DE LA RUE
SMALL IS BEAUTIFUL | SALON
C’est bien parti !
Sirène avec les Cies Na Perone et Là Hors de © Vincent Lucas
Puis la Cie Yoann Bourgeois propose un duo acrobatique de haut vol, deux acrobates sur trampoline et escalier menant vers le vide, superbe variation sur l’envol qui ose même prendre la voix de Bergson comme fond sonore de ses rebonds, de ses bras qui s’élèvent pour embrasser l’air retrouver l’équilibre, étreindre, et chuter tranquillement comme si l’air pouvait porter… 25 mns de bonheur ! Puis un autre plaisir, celui de l’ANPU, désormais célèbre Agence de Psychanalyse urbaine, qui se penche sur la psychologie des cités avec un humour qui n’a d’égal que… sa pertinence. Car comparer Martigues à Istanbul et l’Étang de Berre à la Mer noire, les cheminées des raffineries ressemblant en effet comme des sœurs à la silhouette des minarets stambouliotes, relève évidem-
Le Phare d'eau d'Olivier Grossetete © Vincent Lucas
Small is beautiful a commencé en beauté. La Sirène a sonné l’ouverture à Marseille, à midi net sur le Parvis de l’Opéra, avec les deux Cies Na Perone et Là hors de, que l’on retrouvera à Aubagne dans un spectacle plus long : une danse en cages sur la rétention et l’expulsion à nos frontières, traversée de regards forts, de mains tendues impossibles à prendre, de tragiques empêchements. À l’envers du Small revendiqué par le festival, Tartar is beautiful, et démesuré : sa performance de 6h30 en solo, qui rend compte d’un tour du monde, a-t-elle place dans cette esthétique du petit format ? Certainement, par son côté artisanal, qui laisse voir les coutures. Tartar n’est pas un comédien génial, pas tout à fait un poète, ni un vrai orateur. Mais un «Fictionnaire» qui, à travers une subjectivité enivrée dit le réel de l’Afrique, de l’aliénation, des magouilles, de la petitesse des politiques, avec une grande acuité poétique. Le 8 à Martigues Small is beautiful s’installe ! Le vent souffle à s’en fendre l’âme mais Lieux Publics trouve des places abritées, fait voguer des Fiat dans le port et propose des spectacles épatants. Le Phare d’eau d’Olivier Grossetête s’érige, magnifique construction collective faite de cartons de récup scotchés, et puis arrivé en haut, superbe, prend des airs de Tour de Pise sous l’assaut du vent et s’écroule en une inattendue apologie de l’éphémère et du hasard.
ment de la pochade. Mais les faux lapsus et les rapprochements de mauvaise foi sont truffés de remarques justes, et permettent au passage de rire de Paul Lombard en proposant de lui édifier une statue en or, de souligner les plaies martégales dues aux choix de l’État parâtre (centrale de SaintChamas, qui a tué la pêche et les salins), de se moquer de Marseille la grande sœur hégémonique, et de faire rire à gorge déployée une salle pleine à craquer d’habitants épatés par ce vrai/faux de leur histoire… Le soir, dans la fontaine de ferrières, 4 compagnies jouaient avec l’eau. Inégales, avec un joli duo de De Fakto sur la voix de Bourvil, et une plongée de la Cie Daniele Ninarello dans l’eau glacée et l’air humide du soir… On les retrouvait le lendemain à Marseille, avec Artonik. Toute la semaine, et jusqu’au 16, on pourra voir encore un mix up cinématographique, un concert de public, des marionnettes, écouter des haut parleurs et des parapluies. À Aubagne passer deux jours à retrouver Grossetête, Tony Clifton, Na Perone, et un duo délicieux avec un engin de chantier, devenu must du genre. Small is still going ! AGNÈS FRESCHEL
Small is Beautiful Jusqu’au 16 oct 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.fr
La rue fait Salon Hula Hoopla !!! de et avec Julot © Claude Lorin - Zibeline
Quand Salon offre ses trottoirs aux artistes, elle se transforme en chasse aux trésors géante, les trésors étant des spectacles dénichés à la faveur, notamment, d’une déambulation avec une fanfare pétillante, Taraf Goulamas, qui entraîne les spectateurs dans son sillage. Sur la grande place Morgan, deux formes très différentes se préparent. Au cœur d’une structure tubulaire préalablement recouverte de plastique, les anglais de la cie Motionhouse se lancent dans une chorégraphie ébouriffante qui les heurte à ces murs translucides et étouffants, tandis que quelques graffs, qu’on aurait souhaités plus nombreux et colorés, viennent les couvrir. Métro/bousculades, métro/rencontres, un dedans/dehors répétitif qui aurait gagné en épure et en temps lents, dans les élans aériens notamment… Peu après Julot, de l’excellente cie Les Cousins, fait tourner des hula-hoops sur la terre ferme avant de grimper sur son mat de 9 m. Là, sur une
mini-plateforme, l’artiste lunaire balance son corps et ses cerceaux dans un bel ensemble, insensible au vertige visuel qui saisit l’assemblée. En suspension entre ciel et terre, Julot offre une pause poétique surprenante. Puis le public rejoint la petite place Catherine de Médicis pour s’installer face aux comédiens de la cie de l’autre. Là, lors d’une parodie de psychothérapie de groupe, deux hommes vont tenter de comprendre pourquoi leurs femmes les ont quittés. Avant d’arriver à la conclusion qu’il est souvent plus important, et facile, de passer le sel que de dire «je t’aime», ils auront fait partager au public leurs états d’âme souvent vertigineux, mais délicieux, au gré de non-sens savoureux noyant l’émotion sous un humour subtil et lourd de sens. DO.M.
Salon Public s’est déroulé du 30 sept au 2 oct
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CIRQUE/ARTS DE LA RUE
AU PROGRAMME
Beauté du geste Éblouissant Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée ont l’art de transformer le banal en extraordinaire, le réel en irréel, entremêlant l’acrobatie et l’illusion, le mime et la danse… Dans ce cosmos féerique la robe devient cheval, les ombrelles ont des airs de paon, la voile se transforme en dragon… au point de se demander si l’on ne rêve pas tout éveillé ! Elle en femme-camélon et lui en clown-prestidigateur sont tout simplement irrésistibles. Le cirque invisible Les 14, 15 et 16 oct Le Carré Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
© J-C. Sounalet
cache particulièrement bien chorégraphié. Une miniaturisation qui force le respect ! DO.M.
Da/Fort a été joué à Marseille les 14 et 15 sept, à Istres les 20 et 21 sept Ils sont à Grasse jusqu’au 22 oct, puis à Briançon du 9 au 16 nov. Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com Théâtre du Briançonnais 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu
© Brigitte Enguerand
Maîtrise © Valerie Remise
Invitée par l’association Karwan et le réseau R.I.R dans le cadre de la saison régionale rue et cirque, la cie belge Circ’ombelico a sillonné les routes de la région (et ce n’est pas fini) et posé son vieux camion à Marseille et à Istres. C’est dans ce camion que Jef Naets et Iris Carta évoluent, face au public, dans un espace confiné au cœur duquel les acrobaties prennent une signification particulière. De portés osés en sauts millimétrés, ils évoquent, sans paroles aucune, à une échelle réduite, le manque d’espace qui peut étouffer souvent. Mais dans Da/Fort, ce qui signifie Là/Absent, il y a aussi des apparitions et disparitions fréquentes, trappes ou plafond mouvant qui permettent à ce drôle de couple un jeu de cache-
Autrement
© Safi
Aller vers la culture du goût, celle qui se mange, voilà qui est nouveau dans Zibeline ! Ne vous inquiétez pas nous n’allons pas ouvrir des pages cuisine ou restau : les goûts proposés par Safi n’ont rien de commercial, et interrogent profondément notre culture… Lors des Journées du Patrimoine le collectif a proposé des échappées à la ferme de la Tour du Pin, apprenant aux visiteurs à reconnaître ces plantes sauvages qui s’immiscent dans nos villes, entre les pierres, la terre et le béton. Les repérer, les nommer, les goûter, les cueillir et puis… les cuisiner ! Autour d’un butagaz, avec juste un peu de sucre, du vinaigre, un œuf de la ferme à côté, de l’huile d’olives pressée au CAT voisin,
on a dégusté du plantain, de l’amarante, du pourpier (délicieux en salade !), de la mauve caramélisée… Puis on nous a offert des ravioles des champs, d’autres salades, des chèvres de la ferme… Et les convives ont échangé longuement, au cœur de sculptures végétales éphémères, sur cette ville que l’on pourrait vivre autrement… A.F
Par ici les échappées, vagabondage du Merlan, a eu lieu au quartier saint Barthélémy (Marseille 14e) les 16 et 17 sept, à l’occasion des Journées du Patrimoine
Dans la grande tradition du duo de clowns, nez rouge, grandes chaussures et maquillage outrancier, Xavier Bouvier et Benoît Devos offrent un numéro qui mêle le rire, l’exploit physique et l’émotion. Un grand éclat de rire, Ha ha ha, et les postures insensées se succèdent dans des empilements de cartons autonomes et autres trouvailles insolites, une succession de saynètes plus inventives les unes que les autres. Ha ha ha Les 27 et 28 oct Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
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MUSIQUE
MARSEILLE | TOULON
Saint-Victor délocalisé
J.F.
Contrebasses au foyer Le Foyer de l’Opéra de Marseille accueille de nombreuses manifestations, dont l’un des avantages est leur moindre coût ! La douzaine de concerts de musique de chambre (5€, les samedis à 17h), la quinzaine de récitals du Centre National d’Insertion Professionnelle d’Artistes Lyriques (entrée libre les vendredis et jeudis à 17h15 ), les conférences sur les opéras ou les hommages à des artistes du passé (3€, les samedi à 15h), la demi-douzaine de «cartes blanches» aux élèves du Conservatoire National à Rayonnement Régional de Marseille (entrée libre, les samedis à 11h) ne manquent pas d’intéresser les amateurs, d’autant que le cadre art-déco luxueux du Foyer majore le plaisir de l’oreille. Le premier concert de la saison, proposait un programme original d’opus et transcriptions mettant en valeur la contrebasse. Hormis les Passacaille et Sarabande de Haendel, arrangées par Johann Havorsen (à l’origine pour alto), les grands duos romantiques de Giovanni Bottesini ou celui plus moderne de Virgilio Mortari nous étaient inconnus. Ces pages brillantes ont
permis au nouveau 1er soliste de l’Orchestre Philharmonique de Marseille Jean-René Da Conceiçao d’exprimer un talent rare. Doué d’une sonorité claire et puissante, il joue de la contrebasse comme un violoncelliste, avec le relâchement de ceux qui ont dépassé les soucis techniques de leur instrument. En contrepoint, Fabrice Di Benedetto, co-soliste à l’Opéra, possède un tempérament plus réservé, mais on perçoit à l’aune d’une sonorité moirée et de phrasés chantants, la présence d’un fin musicien. À leur côté Augustin Bourdon, 1er chef d’attaque des seconds violons et remarquable virtuose, a fait plus que de la figuration, quand Nina Uhari a sereinement assumé les «ploumploums» pianistiques des pièces du programme… mais aurait aimé, comme ses partenaires, que le piano fut mieux accordé ! JACQUES FRESCHEL
www.opera.marseille.fr
Cyprien Katsaris © Carole Bellaiche
Edna Stern © X-D.R.
L’église est comble et le public, dans son ensemble, semble gagner en confort visuel et acoustique au changement de lieu (provisoire ?) du Festival de St Victor. À St-Cannat les Prêcheurs, on jouxte les artistes installés sur une estrade en pleine nef : on voit bien, on entend bien, même si la résonance d’une église n’est jamais idéale pour une formation symphonique avec piano. Le piano justement, planté devant les cordes sonne comme un orchestre : le timbre est plein, un peu réverbérant, mais assez net. Au clavier Edna Stern fait respirer les phrasés lyriques du 2e Concerto de Chopin. Elle dégage un grand calme, une sérénité patente dans les tempi, fait vrombir les accords puissants ou distille quelque chapelet de notes perlées avec beaucoup d’élégance. La musicienne jubile et donne du plaisir aux spectateurs qui l’acclament au final. À ses côtés, et pour l’ensemble du programme, André Bernard, à la tête de l’excellent Orchestre Régional Cannes PACA, présente un beau travail de direction, précis et sans faille dans les départs, une gestique tonique, des dynamiques maîtrisées et un souffle de bon ton pour les romantiques Ouverture «Les Hébrides» de Mendelssohn et Symphonie n°2 en si bémol de Schubert.
Piano libre
On a eu un peu peur, lorsque Cyprien Katsaris a entamé la Wanderer-Fantasie de Schubert… Dans la transcription de Liszt pour piano et orchestre, le virtuose, poussé par son enthousiasme naturel, a eu tendance à tomber, en fin de phrase, quelque quart de soupir en avance sur la battue de Gabriel Chmura. Toutefois, le chef, avec métier, rattrapa le coup et l’Orchestre Philharmonique de Marseille, à sa mesure, montra, tout au long du programme, de belles qualités de cohésion et de phrasé : des cordes suaves et tendres du Siegfried-Idyll de Wagner, au souffle de variations cycliques nées de l’imagination débordante de Johannes Brahms (4e symphonie). Quant à Cyprien Katsaris (voir p52), musicien épris de liberté, son art s’exprime plus sereinement aujourd’hui en récital solo qu’en dispositif concertant. De fait, le public respira lorsqu’à découvert il put adopter souplesse rythmique et respirations propres. En bis, une pièce surprenante de modernité (et de virtuosité) signée Louis Moreau Gottschalk (1829-1869) remporta l’adhésion, confirmant, si besoin est, la détermination du natif de Marseille à faire connaître des répertoires peu communs. De fait, les quelques 300 opus du pianiste américain, admiré par Chopin, mériteraient qu’on s’y intéresse davantage ! J.F.
Ce concert a eu lieu le 14 sept à l’Opéra de Marseille Cyprien Katsaris se produira en récital (Liszt) au Comoedia d’Aubagne le 6 nov 04 42 18 19 88
MUSIQUE 31
Chanter protester
(Fils de, un peu fourre-tout), mais les phrases giclent : «Président, petit voyou, cassez vous !» On apprécie la voix de chanteuse réaliste de Corinne Van Gysel, la précision rythmique de Philippe Rousselet et les belles basses d’Etienne Jesel et Jean-Philippe Trotobas assurent tierces et intervalles planants. Des rythmes plus ensoleillés, une bossa endiablée, un sextuor au swing incisif et désenchanté permettent de maintenir une part de rêves malgré le sombre constat : un cri vivifiant qui aurait mérité une mise en espace plus audacieuse et un travail plus affiné sur les costumes. Protest Songe © Jose Assa
En un clin d’œil aux seventies, six artistes engagés dénoncent l’injustice sociale : ça démarre fort avec les dérapages de nos ministres : «quand il y en a un ça va, c‘est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes…», «Il y a une immigration comorienne importante qui est la cause de beaucoup de violences.» Puis ça continue sans concession, ça décape, ça découpe ! Anne Gastine déroule, gouaille ironique et féroce, de belles mélodies aux arrangements percutants. Philippe Gastine est en costume cravate, s’en prend aux chefs marchands, suppliant : «Boss, gardez moi encore un jour» ! Il se moque d’un système qui considère les hommes comme «des variables d’ajustement.» Tous les textes ne sont pas de la même veine
YVES BERGÉ
Le collectif musical Gastine s’est produit au Théâtre de Lenche du 27 sept au 1er oct
Grand Œuvre La première de Faust à Toulon augure une belle saison à l’Opéra La magie du vieux Faust a encore opéré à l’opéra et la musique de Gounod exhumé le drame de Goethe. Le mythe repensé par Paul-Emile Fourny est exposé en trichromie : noir, blanc et rouge, peut-être en référence aux trois étapes de l’Œuvre chère à l’Alchimiste pour transmuter la Matière en Esprit. Les personnages cadavériques semblent sortis de l’imagination du savant nécromant, clochardisant et impotent, au seuil de sa mort symbolique. Des images/décor projetées sur de grands tissus diaphanes ménagent de belles perspectives, comme lors de la scène à l’église. L’ensemble procure à l’ouvrage, qui a souvent été remanié et agencé de façon disparate, une belle unité. Quelques adjonctions fumeuses alourdissent cependant le propos : Marguerite est enceinte après le départ de Faust, ne succombe plus au final et son enfant assassiné/res-
suscité figurerait l’avènement salvateur du Christ… Mais le Ballet complet de la nuit de Walpurgis, souvent biffé, est opportun. Conduits par l’excellent chef Anthony Hermus, l’Orchestre remarquable, le bon Chœur d’hommes (les filles traînent un peu) et le plateau de solistes méritent l’ovation reçue au tomber du rideau. Sébastien Guèze fait plaisir à voir et entendre : son Faust est beau, juvénile, sa voix légère est saillante, son jeu convaincant, sa ligne de chant sensible. Le Méphisto d’Askar Abdrazakov est vocalement solide, un peu raide en scène, et son français reste perfectible. Dans le rôle difficile et ingrat de Valentin, Franco Pomponi rayonne : son baryton est altier, sa présence forte. Nathalie Manfrino enfin, brille dans son combat contre les forces du mal et de la folie, moins lorsque la jeune fille, naïve, découvre les émois de l’amour. JACQUES FRESCHEL
Faust © Frederic Stephan
Trésor englouti
Avec Il Diluvio Universale (Le déluge Universel), donné à la Cathédrale de Toulon ce 3 oct, saluons une fois de plus l’esprit audacieux de la direction artistique de l’opéra pour avoir osé programmer en ce début d’année une œuvre que personne ne connaissait puisque recréée en 2010 après une création en… 1682 ! On ne saura rien des raisons de cette mise à l’index, tout au plus se hasarderat-on à penser que son malheureux auteur, Michelangelo Falvetti (1642-1692) fut sans doute éclipsé par d’autres compositeurs plus «médiatiques» en leur temps, et plus prolifiques. À l’écoute cet ouvrage comptant l’épisode biblique de l’arche de Noé ressemble à s’y méprendre à un oratorio mais sans récitant, toutes les parties étant chantées. La richesse de l’écriture contrapunctique toute en madrigalismes, et la fluidité de l’écriture pour les ensembles vocaux, laissent à penser qu’il maîtrisait bien la composition et pourrait donc figurer dans le patrimoine musical baroque comme le chaînon manquant entre Monteverdi et Vivaldi. C’est donc avec un légitime intérêt que le chef Argentin Leonardo Garcia Alarcòn s’est emparé de ce répertoire aux commandes des deux excellents ensembles que sont La cappella mediterranea et le chœur de chambre de Namur accompagnés du remarquable percussionniste Keyvan Chemirani. Leur interprétation était à l’image de l’œuvre : jubilatoire ! ÉMILIEN MOREAU
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MUSIQUE
GTP | FESTES D’ORPHÉE
Opération séduction Résurrection pianistique Et les Marseillais débarquèrent en terre aixoise ! Orchestre Philharmonique de Marseille © Marc Dresse
L’imposant Philharmonique, fort de ses 88 éléments, avec en particulier un pupitre de cuivres heureusement renouvelé, ne comptait pas rater sa première au GTP. À sa tête, un jeune chef explosif, Adrian Prabava, tint du bout de sa baguette, puis de ses mains quand l’objet décontenancé par la fougue du petit homme virevolta dans les airs, cette monumentale formation dans un programme non moins colossal : Verdi, Barber et… Tchaïkovski. Cerné par le maître italien et russe, le concerto pour violoncelle du compositeur américain interprété avec justesse par Marc Coppey fit pâle figure : œuvre sans identité, éclatée, où l’orchestre, réduit
à une fonction ancillaire, supporte l’image du héros romantique incarné par l’instrument soliste… Heureusement, l’éclatante ouverture des Vêpres siciliennes fut suivie d’une non moins brillante 4e symphonie ! Andantino délicieux, Scherzo Pizzicato ostinato, ciselé, vif, et un Finale «monumentale» comblèrent le public venu en nombre. Un coup de maître, qui devrait enfin convaincre les Aixois qu’il y a des musiciens à Marseille… CHRISTOPHE FLOQUET
Concert symphonique donné le 27 sept au GTP
25 ans pour les siècles Voilà un quart de siècle que la musique ancienne connaît un soutien sans faille des Festes d’Orphée. Du Moyen Âge à la période romantique, l’ensemble s’attache à la reconstitution des œuvres avec des instruments d’époque, en assumant une prédilection certaine pour la période baroque, et une volonté de mettre en valeur le patrimoine musical de la région, malmené les politiques culturelles centralisées successives depuis… Louis XIV ! Les Grand choeur des Festes d'Orphee © X-D.R
Festes d’Orphée ressuscitent les grands maîtres marseillais Audiffren et Belissen (XVIIe) ou l’aixois Claude Mathieu Pelegrin, ou encore l’incontournable Campra dont l’œuvre dédiée à son Aix natale, Les Muses rassemblées par l’amour, sera gravée en un huitième CD cette année… Le 21e festival de musique sacrée, et surtout les fameux mardis musicaux invitent à de charmantes escapades dans le temps. Un cycle de conférences illustrées sera donné à l’espace Forbin, par le directeur de troupe, Guy Laurent, qui par le thème choisi insiste sur la dimension patrimoniale de ses ambitions, «Un patrimoine d’exception/ compositeurs aixois et provençaux». Un ensemble riche pour un bel anniversaire ! M.C.
Œuvres religieuses pour chœur a cappella Le 14 oct Chapelle des Oblats, Aix 04 42 99 37 11 www.orphee.org
Lorsque Jorge Luis Prats attaque en bis un délicieux mouvement de Mozart, on comprend que le pianiste cubain avait jusque-là caché son jeu Jorge Luis Prats, si austère depuis l’entame du concert, traversait la scène du GTP avec la démarche bonhomme d’un commissaire de police à la Bernard Blier. Il avait inlassablement poli les contours rythmiques d’un Tango de Farninas, les couleurs harmoniques des Goyescas de Granados, la texture haletante de Bacchiana Basilieira n°4 de Villa-Lobos ou les obstinations vibrantes de Gaspard de la nuit de Ravel… avec des doigts à revendre, une cylindrée impressionnante et une faculté à faire ressortir le chant, sans dureté. Car il possède la raideur profonde et virtuose des grands Russes (Richter, Sokolov…), avec l’humour en plus ! Dans Mozart, paradoxalement, malgré le carcan de la forme sonate, il se libère des danses latines. Et exulte ! À chaque reprise du thème mozartien, délicieusement chantant, Prats jette des oeillades au public qui s’en amuse et rit de bon cœur. C’est alors un feu d’artifice de bis, à ne plus vouloir laisser filer les spectateurs… que l’artiste rencontre enfin et ne veut plus lâcher. Musicien libre, il obtient un succès enfin mérité, muselé qu’il était depuis trente ans par la dictature castriste qui le retenait confiné dans son île, depuis son triomphe en 1977 au Concours Long-Thibaud. JACQUES FRESCHEL Jorge Luis Prats © Jan Willem Kaldenbach
AU PROGRAMME
MUSIQUE 33
Une expérience unique ! Bertrand Chamayou, c’est du lourd ! Malgré sa jeunesse (30 ans !), depuis ses Victoire de la Musique obtenue en 2006 («Révélation») et cette année 2011 («Soliste instrumental»), le Français, Lauréat du Concours LongThibaud à 17 ans, est l’un des pianistes plus sollicités par les salles de concert. Dans la région, on l’a entendu avec bonheur à l’Opéra de Marseille, au Grand Théâtre de Provence, au Festival de la Roque d’Anthéron… Entre Chamayou et Liszt, une histoire d’amour épique s’est nouée au fil des Douze Etudes d’Exécution Transcendante sur lesquelles le virtuose à la technique exceptionnelle a dressé ses poignets de fer (un disque Sony plébiscité il y a cinq ans). Avec les Années de pèlerinage, monument de la littérature romantique pour piano, Chamayou pénètre la complexité du compositeur, explore son incroyable vie, de l’enfance prodige à la brillance nomade, aux années de l’abbé vieillissant. Le jeune Franz Liszt (1811-1886) entreprend de composer son Album d’un voyageur à l’occasion de sa fuite amoureuse avec Marie d’Agoult. De cette
met un point final à cette architecture unique dans l’histoire de la musique avec son troisième volet : Rome. Le compositeur ayant connu une autre femme fascinante, la princesse Carolyne Wittgenstein, ajoute Venezie e Napolià sa fresque, avant que l’exaltation mystique ne prenne définitivement le pas sur la vie amoureuse. Entendre l’intégrale des Années de pèlerinage en concert est une expérience unique : c’est pénétrer, hors du temps, sur un chemin initiatique paré de mystères et de beautés. Suivons le guide Chamayou dans ce parcours romantique de près de trois heures de musique ! JACQUES FRESCHEL
Chamayou Bertrand © Thibault Stipal
cavale de cinq ans naissent trois enfants et l’ossature de l’opus, en particulier les deux premières «années», Suisse
Mare nostrum
et Italie, dont La vallée d’Oberman ou Après une lecture de Dante demeurent des musts de récitals. À l’âge mûr, Liszt
Italie
L’Orchestre Les Siècles, la Maîtrise des Bouchesdu-Rhône dirigés par François-Xavier Roth et Antoine Tamestit à l’alto agrègent leur talent pour interpréter la Dante Symphonie de Liszt et Harold en Italie de Berlioz, l’un des premiers grands opus qui permet au violon alto de s’émanciper de la masse orchestrale au XIXe siècle. AIX. Le 13 oct à 20h30 au GTP 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Baroque
Lo Cor de la Plana © X-D.R.
Huit ensembles tournent en Provence pour la 20e édition des Chants Sacrés en Méditerranée autour de la thématique Comme l’eau qui coule.... Des artistes français, syriens, bulgares, palestiniens, italiens et égyptiens jouent, chantent de leur terre d’origine, et trouvent un écho sur les rives d’en face, à l’image des marseillais occitans de Lo Cor de la Plana vantant «la bona mar» (le 23 oct. à 18h à l’église d’Ansouis, Festival Durance-Lubéron). Jusqu’au 23 oct. 04 91 91 41 41 www.ecume.org
Croisées
Carlos Fuentes est l’invité d’honneur des Écritures Croisées (voir p.66). À cette occasion l’Ensemble Télémaque interprète des extraits de l’opéra Aura du compositeur José Maria Sanchez Verdu d’après un livret de Fuentes. AIX. Le 13 oct. à 21h Cité du livre 04 42 26 16 85 Entrée libre
Marie-Christina Kiehr, voix baroque au style d’une grande pureté, se produit en compagnie de Concerto Soave, ensemble dirigé par le claveciniste Jean-Marc Aymes, dans un programme dédié à la musique sacrée à Marseille au XVIIIe siècle (Campra, Villeneuve, Buffardin, Louët, Vachon, Chalabreuil) et des re-créations de notre patrimoine à découvrir. MARSEILLE. Le 13 oct. à 20h. Festival de SaintVictor délocalisé à l’Eglise St-Cannat. 04 91 05 84 48 www.chez.com/saintvictor Concerto Soave Concerto Soave © X-D.R.
MARTIGUES. Le 10 nov. à 20h au Théâtre des Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr La sortie d’un enregistrement des Années de Pèlerinage par Bertrand Chamayou est prévue le 27 oct chez Naïve.
Russe
En compagnie du pianiste Dmitri Yefimov, Olga Borodina donne un récital de mélodies russes de Moussorgski, Rimsky Korsakov, Borodine, Chostakovitch… Autant dire que la mezzo-soprano, star du Mariinsky ou du Met, magnifique Dalila dernièrement à Marseille, est dans son jardin. Elle ravira les amateurs d’un répertoire où exulte l’âme slave. MARSEILLE. Le 13 oct. à 20h à l’Opéra 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Choral
Concert du chœur Cantus firmus Wettereau : Pater Noster, œuvres vocales religieuses de Monteverdi au XXe siècle. MARSEILLE. Le 13 oct. à 20h30 Eglise St-Laurent AIX. Le 14 oct. à 20h30 Chapelle des Oblats www.orphee.org 04 42 87 99 12
Cité
Lauranne Pestre (piano) et Willy Quiko (contrebasse), Voyage à travers la musique du XXème siècle (le 14 oct La Magalone), Raretés Liszt 2e épisode par Philippe Gueit au piano (4 nov la Magalone), Ubris Studio Musiques d’aujourd’hui : instrumental, numérique et 3D (le 10 nov Auditorium). MARSEILLE. 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
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MUSIQUE
AU PROGRAMME
Roquevaire
Fin du festival présentant des trompes de chasse (Les Echos de la Ste Baume) associés à l’orgue manipulé par Olivier Périn (le 14 oct. à 21h), avant un récital violoncelle (Nicolas Munoz) et clavier (Frédéric Munoz – le 16 oct. à 16h). ROQUEVAIRE. 15e Festival d’Orgue. 04 42 04 05 33 www.orgue-roquevaire.fr
Vérone
Roméo et Juliette de Gounod comporte des duos d’amour parmi les plus beaux de l’histoire de l’Opéra, de la rencontre au bal des Capulet à l’ultime et tragique étreinte du tombeau. On devrait vibrer avec Patrizia Ciofi et le jeune ténor roumain Teodor Ilincai. MARSEILLE. Les 14 et 19 oct. à 20h et le 16 oct. à 14h30. 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr
Améthyste
Guillaume Latour et Anne Fabre (violon), Antonia Coste (alto) et Natacha Sedkaoui (violoncelle) forment le Quatuor Améthyste qui joue les Quatuors n°2 de Borodine et n°15 de Mozart. TOULON. Le 14 oct. à 19h. 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Dulcinosa
Alegria, Alegria spectacle de l’ensemble vocal et instrumental Dulcinosa : musique espagnole et théâtre d’ombre. LANÇON-DE PROVENCE. Le 15 oct. à 21h Auditorium du Classec 04 90 42 85 99 http;//cantatrix.free.fr
Initiatique
Pierre Fournier et des musiciens de l’Orchestre Symphonique Lyonnais donnent un concert pédagogique pour petits (et grands) avec des Mignardises : œuvres courtes de Mozart, Schubert… AIX. Le 15 oct. à 14h30 au Jeu de Paume, à partir de 6 ans. 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
Diva
Artiste jusqu’au bout des ongles, depuis ses débuts en 1974, Barbara Hendricks a chanté et enregistré auprès des plus grands musiciens. Elle a toujours tenu à mener, en complément du théâtre, une carrière de récitaliste. C’est aujourd’hui l’essentiel de son activité. Interprète populaire, qui rend d’infatigables services aux causes humanitaires, elle n’a pas froid aux cordes vocales et n’hésite pas, en fin de carrière, à lancer de nouveaux défis, comme celui de séduire le grand public avec des œuvres, peu faciles d’accès Pour l’un des premiers grands concerts au silo, la soprano nous embarque dans un programme de Lieder, chansons et mélodies de Schubert, Liszt, Barber et Falla. MARSEILLE. Le 15 oct. à 20h30 au Silo 04 91 90 00 00 www.silo-marseille.fr
Ravel
L’Heure Espagnole (version concertante). ARLES. Le 16 oct. à 11h. Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com
Orgue
Nicolas Loth donne un récital au profit de l’entretien de l’orgue de Montolivet. MARSEILLE. Le 16 oct. à 17h. Eglise Montolivet (collecte)
Mémoire
Dans la foulée de l’indispensable Festival des Musiques Interdites, qui s’est déroulé à la campagne Pastré début juillet, ses Amis et ardents défenseurs se retrouvent pour un beau concert en mémoire de Lily Pastré. La comtesse et mécène marseillaise, instigatrice du festival d’Aix en 1948, protectrice des arts et des artistes, cacha en son château des artistes juifs durant l’Occupation. Au programme : le Quatuor pour le fin du temps d’Olivier Messiaen, composé lorsque le musicien était prisonnier au Stalag de Görliz en 1940, joué par des Solistes de l’Orchestre de Marseille et la création en France de La Vie Eternelle (1917) de Franz Schreker dont l’œuvre fut interdite par les nazis dès 1933. Avec la soprano Emilie Pictet, Vladik Polionov au piano et Alain Verne à l’orgue et la récitante Cathy Debauvais. La version pour grand orchestre de La Vie Eternelle (1927) sera créée lors du Festival 2012 à la campagne Pastré. MARSEILLE. Le 18 oct. à 20h30 à l’Eglise St-Cannat Les Prêcheurs 09 62 61 79 19 www.musiques-interdites.eu
Ancien
Violons
Concours International de Violon d’Avignon : Epreuve finale (le 21 oct. à 14h30) et Concert des lauréats (le 22 oct. à 20h30). AVIGNON. Opéra - 04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
«Amnesty 50»
Patrizia Ciofi, dans la foulée de sa prise de rôle dans Juliette à l’Opéra de Marseille, poursuit son périple méridional dans la cité papale en compagnie du maestro Luciano Accocella et de l’O.L.R.A.P. Un florilège de grands airs de Verdi, Donizetti, Massenet, Gounod au profit d’Amnesty International qui fête ses 50 ans. AVIGNON. Le 28 oct. à 20h30. Opéra 04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
Dansant
L’Orchestre Français des Jeunes Baroque joue des pièces de Campra, Haendel, Bach, Rebel, liées à la danse royale en vogue, en France depuis Louis XIV (dir. Reinhard Goebel). AIX. Le 5 nov. à 20h30. GTP. Concert pédago à 11h présenté par Anne-Charlotte Rémond. Dès 7 ans. 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
Espagnole
La soprano Maria Bayo chante un programme ibérique accompagnée par l’Orchestre Philharmonique de Marseille (dir. Ernest Marinez Izquierdo). MARSEILLE. Le 6 nov. à 17h. Opéra 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr Maria Bayo © X-D.R.
Sacré monument de l’histoire musicale, la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach est interprétée par l’Orchestre et les solistes de la 18e Académie Baroque Européenne d’Ambronay sous la direction de Sigiswald Kuijken (le 16 oct. à 17h. Opéra). La soprano Magali Léger et l’Ensemble Rosasolis interprètent des Cantates de Pergolèse et des Symphonies de Porpora (le 18 oct. à 20h30. Eglise St-Pierre). AVIGNON. Musique Sacrée en Avignon 04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
Korcia
Le violoniste français joue le Concerto de Brahms avec l’Orchestre Symphonique de l’Opéra et le chef Giuliano Carella qui dirige également la 2e symphonie de Beethoven. TOULON. Le 20 oct. à 20h30. 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Violoncelle
Jean-Guihen Queyras joue, en compagnie de l’Akademie für alte Musik Berlin, des concertos pour violoncelle de Vivaldi que les virtuoses ont enregistré dernièrement chez Harmonia mundi. AIX. Le 20 oct. à 20h30 au GTP 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
Comique
Mireille Larroche met en espace le contre-ténor Dominique Visse et Café Zimmermann dans des Cantates françaises et Concertos comiques baroques signés Michel Corette, Philipe Courbois, Marin Marais. AIX. Le 7 nov. à 20h30 au Jeu de paume. 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
MUSIQUE 35
Kadouch
Primé aux Victoires de la musique 2010 et «Young Artist of the Year» aux Classical Music Awards 2011, le pianiste David Kadouch joue la Sonate en fa mineur op.14 de Schumann et les Tableaux d’une exposition de Moussorgski. AVIGNON. Le 8 nov. à 20h30. Opéra 04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
C.N.I.P.A.L
Récitals du Centre National d’Insertion des Artistes Lyriques. AVIGNON. Le 12 nov. à 17h. 04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr TOULON. Le 16 nov. à 19h. 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Symphonique
Alexander Vakoulski dirige Pelléas et Mélisande de Sibelius et une création mondiale de Bernard-Olivier Faguet, quand le pianiste François-Frédéric Guy l’accompagne dans le 5e concerto «l’Empereur» de Beethoven (le 14 oct. à 20h30). Le violoncelliste Henri Demarquette joue le Concerto de Barber, l’Elégie de Fauré en compagnie d’Yeruham Scharovsky qui dirige également Takemitsu et la 103e symphonie «Roulement de timbales» de Haydn (le 4 nov. à 20h30). Jean-François Heisser dirige du piano le 4e concerto de Bach et interprète Piazzolla, Arriaga et Ginastera (le 11 nov. à 20h30 au Palais des papes). AVIGNON. Opéra - 04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
Chambre
Vladik Polionov (piano), Hélène Deleuze et Louis-Alexandre Nicolini (violons), Frédérique Dannière (alto) et François Torresani (violoncelle) jouent les Quatuor et Quintette avec piano de Mahler et Taneiev (le 15 oct.). Un éminent octuor de solistes de l’Opéra de Marseille, avec Christelle Abinasr au piano jouent un programme varié de Schumann, Martinu, Copland, Poulenc ou Piazzolla. (le 12 nov.). MARSEILLE. Concerts à 17h. Opéra (5€ !) 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Spiritual
Grande soirée gospel avec Marcel Boungou et Les Palata Singers. MARSEILLE. Le 21 oct Eglise St Cannat.les Prêcheurs Festival de st Victor 04 91 05 84 48 www.chez.com/saintvictor
Pianistiques
Ouverture du festival Les Nuits pianistiques : piano et orchestre Concertos de Liszt, Mozart… par Nicolas Bourdoncle, Evelina Pitti, Boris Mersson et l’Orchestre Mittel Europa. LES PENNES-MIRABEAU. Le 19 oct Salle Tino Rossi AIX. Le 22 oct Jeu de Paume 06 16 77 60 89 www.lesnuitspianistiques.com
Barroco-classic
Fabrizio Maria Carminati dirige l’Orchestre Philharmonique de Marseille dans la 45e symphonie de Haydn et Mozart : Concertos pour cor (Julien Desplanque) et flûte (Jean-Marc Boissière – le 21 oct. à 20h30)… puis Haendel (Musique pour les feux d’artifices royaux), Mozart (18e symphonie) et Haydn (Symphonie n°101 L’Horloge – le 28 oct. à 20h30). Les six Sonates op.13 d’Il pastor fido de Nicholas Chédeville, attribuées à tort à Vivaldi, sont jouées par Jean-Louis Beaumadier (piccolo) et le Concert Buffardin (le 8 nov. à 20h30). Hommage à Mozart par Yves Desmons (violon), Magali Demesse (alto), Odile Gabrielli (violoncelle), Frédéric Baron (basson – le 13 nov. à 16h). MARSEILLE. 7e Festival de musiques baroques & classiques jusqu’au 30 nov. Concerts à l’église St-Michel Entrée libre 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Rétrospective
Les grands moments de 35 années d’activité de Lyrinx : photographies et articles de presse, disques les plus marquants. Jacques Bonnadier, Jean Contrucci et Bernard Camau évoquent anecdotes et souvenirs avant que Marie-Josèphe Jude ne consacre un récital à Beethoven (dédicace de son dernier CD à l’issue du concert). MARSEILLE. Le 4 nov à 18h. Musée du terroir marseillais (Château-Gombert) Jusqu’au 30 nov.
S.M.C.M
. Rentrée de la Société de musique de Chambre de Marseille avec le Quatuor Rosamonde et Haydn, Ravel et Schubert. MARSEILLE. Le 8 nov Auditorium de la Faculté de Médecine www.musiquedechambremarseille.org
Double-Mozart
La pastorale Bastien et Bastienne du très jeune Mozart mis en abime dans la comédie facétieuse Le Directeur de Théâtre, sont mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia dans le Var, avant son passage au GTP fin nov. Une nouvelle co-production dirigée par Pascal Verrot. TOULON. Le 13 nov à 14h30 et les 15 et 18 nov à 20h. Opéra 04 94 92 70 78 - www.operadetoulon.fr
Quatuor
Le Quatuor Alfama dans Mendelssohn, Webern, Britten, Ravel. SALON. Le 13 nov à 15h. Abbaye de Ste Croix. 04 90 56 24 55 - www.musiquealabbaye.com
Campra
Les Figures de l’Amour dans l’œuvre d’André Campra par la soprano Monique Zanetti accompagnée de Sabine Weill (flûte à bec), Sylvie Moquet (viole de gambe) et Brigitte Tramier (clavecin). CASSIS. Le 15 nov à l’Oustau Calendal 06 67 90 02 82 - www.musicalescassis.com
Angelich
Le pianiste Nicholas Angelich joue deux Sonates de Beethoven (dont l’op.111) et les Etudes – Tableaux de Rachmaninov. TOULON. Le 16 nov. Palais Neptune. 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com
Événement
Voilà que Nîmes se prend pour Bayreuth et programme le Ring ! Oui oui, l’intégrale de L’anneau du Nibelung ! Bien sûr l’orchestre wagnérien est sacrément allégé, puisqu’il passe à 18 instruments. Mais cette transcription de Jonathan Dove (Graham Vick pour la dramaturgie) n’est pas un arrangement, et conserve toute la démesure de celui qu’on l’on prit pour un révolutionnaire de l’art lyrique, et qui en fait signa sans doute un certain achèvement de l’opéra romantique. La mise en scène d’Antoine Gindt plonge le cycle dans un univers épuré, dominé par les voix qui conservent leur toute puissance, sous la baguette de Peter Rundel. Pour neuf heures de spectacle, en trois jours ! L’Or du Rhin Le 4 nov à 20h La Walkyrie Le 5 nov à 14h30 Siegfried Le 5 nov à 20h30 Le Crépuscule des dieux Le 6 nov à 15h Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
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MUSIQUE
Un air frais Après Récréation l’année dernière, Vis à Vies revient au Théâtre des Chartreux avec Au coin de la rue, dernier spectacle en date du groupe formé par Myriam Daups, chanteuse, danseuse et poly-instrumentiste, et de Gérard Dahan, compositeur qui l’accompagne à la guitare. Le sapato, instrument original créé par Gérard et dont Myriam joue du bout des pieds, trouvera sa place au coin de cette rue de textes subtils et de rythmes rafraichissants, qui permettent de garder les yeux (et les oreilles !) grands ouverts sur le «monde comme il va» Au coin de la rue Du 4 au 27 nov Théâtre des Chartreux, Marseille 4e 04 91 50 18 90 www.visavies.com
AIX Pasino : Axelle Red (14/10), Jenifer (21/10) 04 42 59 69 00 www.casinoaix.com
Théâtre et Chansons : Madame saison fait son automne, cie l’épice rit (16/10), Bizet était une femme, Heiting/Soucasse (5 et 6/11) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com
Seconde Nature : Concert Irmin Schmidt & Kumo (21/10 au Pavillon Noir) 04 42 64 61 01 www.secondenature.org
ARLES Cargo de nuit : Rococo (14/10), Poum Tchack, Dj Stanbul (15/10), Ceux qui Marchent Debout, Dj Boris Viande (21/10), Charles Bradley, Dj Ketchow (28/10), Housse de Racket (29/10), Starliners, The H.O.S.T, Dj Mat. G (4/11), Kings of Forth, Dj Uzun (11/11) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com
AUBAGNE Escale : Mc Challenge end of the weak (21/10), Buzz Booster, demi-finale (22/10), Isaya, Ralph Adamson (28/10), la pépinière d’artistes fête ses 10 ans avec Leute, Fabien Sacco et Fred Cousin (10/11) 04 42 18 17 18 www.mjcaubagne.fr
AVIGNON Les Passagers du Zinc : Apéro concert Worcester (20/10), Raggasonic, Young MC et Dj Ulser (21/10),Zaza Fournier, Thomas Marfisi (29/10), Groundation, Sebastian Sturm (5/11 à Montfavet) 04 90 89 30 77 www.passagersduzinc.com
BOUCHES-DU-RHÔNE Nomades Kultur : appel à candidature pour la 11e édition de la Pépinière d’Artistes, dispositif gratuit d’encadrement pour la professionnalisation musicale, pour tous les musiciens préprofessionnels ayant un projet musical clairement identifié résidant dans les Bouches-du-Rhône. Dossier de candidature à télécharger sur le site et à déposer avant le 20 oct. 04 42 03 72 75 www.nomadeskultur.com
BRIANÇON Théâtre du Briançonnais : Lokua Kanza (14/10) 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu
CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Akwaba : Marvin, Africantape, Picore, Jarring Effects (15/10), Dels, Ninja Tunes, Fowatile (29/10), Triple Whoper 2 (11/11) 04 90 22 55 54 www.akwaba.coop
GAP La Passerelle : Extrano Norte Quintet (15 au 27/11, dans les villes des excentrés) 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
HYÈRES Théâtre Denis : Floration Toy Warning, Benjamin Fincher (28/10) 04 94 35 38 64
ISTRES L’Usine : Jean-Louis Murat (14/10), Peter Doherty, The H.O.S.T. (20/10), Luce, Charles Baptiste (22/10), The Do, Jeanne added (4/11), Madjo & Ours (10/11) 04 42 56 02 21 www.scenesetcines.fr
LA CIOTAT Passion’Arts : Ensemble vocal l’Oiseau Luth et Ensemble vocal La Cantilène de Fribourg (16/10 à l’Eglise Notre-Dame) 04 42 83 08 08
MARSEILLE Cabaret Aléatoire : Chris Bailey & Hburns (13/10), Applause, Rubin Steiner & Ira Lee (27/10), Caravan Palace (28/10), Raekwon (29/10), Qbert meets Dj Muggs (31/10), Timber Timbre, Concrete Knives, Mona, Other Lives (6/11), Norma Jay, Very special guest, Mars Blackmon (10/11), 10 years anniversary DFA records (11/11), Discodeine, Chloé, Ivan Smagghe, L’amateur (12/11) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com
Espace Julien : Aaron unplugged & Waves (14/10), Bernardo Sandoval, Sandra Rivas ensemble (22/10), Shaka Ponk (11/11), Ahmad Compaoré quintet (17/11) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
La Machine à Coudre : Chuckamuck, Bare Hands (14/10), Antonio Negro et ses invités (15/10), Los Vigilantes (20/10), King Automatic (22/10), Shiva and the deadmen (28/10) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com
La Meson : stage de danse flamenco dirigé par Manuel Gutierrez (15/10), atelier d’interprétation de chansons françaises avec Tamara Nicot et Mathieu Ravera (29 et 30/10), Tablao flamenco (5/11), Booster Echoplex Project (11/11), Gerald Toto et David Walters (12/11) 04 91 50 11 61 www.lameson.com
L’éolienne : Mohammed Abozekry et Heejaz (13/10), Marie Ricard et Sharon Aviv, Ce que dissent les femmes autour de la Méditerranée (1/11) 04 91 37 86 89 www.myspace.com/leolienne
Le Paradox : El Tumbao Mapanare (13/10), Nicola Son (15/10), Beaches in space & Les Barjes (19/10), Dubamix (23/10), Les Frères Parish (26/10), Ivory Sol (27/10), Back for Beer Tour, tribute Beatles (29/10), Casa Grinta & Dj Finca (1/11) 04 91 63 14 65 www.leparadox.fr
Le Poste à Galène : Archimede (13/10), Oldelaf (14/10), Connan Mockasin (15/10), Nuit années 80 (15/10), Dj Zebra (21/10), Nuit années 90 (22/10), Bad Manners (23/10), Chokebore, David Merlo (25/10), Cheveu, Motto (28/10), Nuit années 80 (29/10), Beans (2/11), Uplift Spice (3/11), Starliners (5/11), Bonaparte (10/11), The Tour to or Shalem (11/11), The Lost Fingers (12/11) 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com
L’Embobineuse : Picore, Rature aka Bronzymcdada, Radical Edwards (14/10), Mike Watt et The Missingmen, Papier Tigre, Seb et The Radix (27/10) 04 91 50 66 09 www.lembobineuse.biz
MAUBEC La Gare : Imidiwen (14/10), Armelle Ita, Emilie Chick (21/10), Lisa Portelli, Piers Faccini (27/10), Trempoly (4/11) 04 90 76 84 38 www.aveclagare.org
OLLIOULES Châteauvallon : Ballake Sissoko et Vincent Segal (21/10) 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
SAINTE-MAXIME Le Carré : Louis Chédid (12/11) 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
SALON-DE-PROVENCE Portail Coucou : Buzz Booster, demifinale tremplin hip hop (15/10), King Automatic (21/10), Sinner Sinners (12/11) 04 90 56 27 99 www.portail-coucou.com
SIX-FOURS Espace Malraux : Zaza Fournier, Luce (28/10), The Do, Jeanne Added (5/11), General Elektrics, Saul Williams, Anotonionian (10/11) 04 94 74 77 79 www.espace-malraux.fr
TOULON Oméga Live : Panorama day 1 : Appletop, Tapenga, Andromakers (14/10), Panorama day 2 : Paingels, Hyphen Hyphen, OK Bonnie (15/10), soirée Zoo Electro : Logo, Digital Fighter, Satellit, Easterpop vs Stuckje (22/10), Local Heroes #20 : Will the blue griot, Amorangi, Isaya (12/11) 04 98 070 070 www.tandem83.com
VAR Tandem83 : 15e édition du Forum des musiques actuelles : Kabbalah, Poum Tchack, Mo (14/10 Espace Fontvieille à La Martre), Kabbalah, Poum Tchack, BATpointG (21/10 salle polyvalente des Lonnes à Vins-sur-Caramy) 04 98 070 070
VAR, MARSEILLE Festival des Musiques insolentes : Mazen Kerbaj (16/10 au Dojo Théâtre à La Seyne), Le Nom Commun, G., cie Montanaro (18/10 à Théâtre en Dracénie, Draguignan), Liu Fang, Mazen Kerbaj (19/10 à Théâtre en Dracénie, Draguignan), Liu Fang, Eric Norman, Isaiah Ceccarelli (21/10 à l’Eglise anglicane, Hyères), Emmanuel Loi et Fabrice Loi (23/10 à Barjols), Marco Fusinato, Pivixki (24/10 à L’Embobineuse, Marseille) 06 82 92 34 61 www.mdlc-lef.com
VENELLES Salle des fêtes : La bibliothèque de Clarika, concert littéraire avec Yann Lambotte à la guitare (5/11) 04 42 54 71 70
37 AGEND’JAZZ AIX Grand Théâtre de Provence Avishai Cohen Seven Seas (18/10) 04 42 916 969 www.grandtheatre.fr
AVIGNON AJMI Jam Session (13/10) Master-Class avec Sylvain Cathala (15/10) Jazz Story n°1 Quelques Nuits au Village Vanguard (27/10) Sylvain Cathala trio (15/11) Jam Session (10/11) Sabbagh-Monder-Humair trio (13/11) MeTaL O PHoNe (18/11) 04 90 860 861 www.jazzalajmi.com
04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
BRIANÇON Théâtre Le Cadran Louis Sclavis & l’Orchestre Phare Ponleu Selpak (22/10) 04 92 25 52 52 www.theatre-le-cadran.eu
MARSEILLE CHHHHHUT!! Une culture noise à Marseille ? Un programme promu par le GRIM de concerts, performances, projections, ateliers, rencontres... jusqu’au 29/10 aux Grands Bains Douches, Atelier Improbable, L’Embobineuse, Enthröpy, la Halle Puget, Les grands terrains, La Machine à Coudre, Le Poste à Galène, Lollipop, Les Variétés Concert de clôture du festival Actoral avec Beko La Femme (13/10) à la Friche 04 91 04 69 59 www.grim-marseille.com
Bibliothèque du Merlan Jazz sur la Ville : Muddy’s Street trio (15/10 à 16h) Cité de la Musique - Auditorium Jazz sur la Ville : Decib’Elles (14/10) La Cie Jhangkar (21/10) Manuchello Septet (28/10) Cheik Sein Mahmoud (4/11) Cité de la Musique - La Cave Jazz en Scène (17/10) La Voie Nomade (21/10) Djangology (7/11) Paris Cuban Project (8/11) 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Espace Julien Daara J Family (20/10) Bernardo Sandoval (27/10) One night in Marseille#2 (25/10) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
Cabaret Aléatoire Jazz sur la Ville : US3 - Mike Ladd (16/10)
04 95 049 509 www.cabaret-aleatoire.com
Cri du Port Jazz sur la Ville :Shaï Maestro trio (13/10) 04 91 504 151 www.criduport.fr
Inga des Riaux New Benja’zz (14/10) Yaron 4tet (21/10) Eclipse Jazz Band (28/10) John Massa 4tet (4/11) Simple Piéton (15/11) 06 07 575 558 www.inga-des-riaux.fr
Institut Culturel Italien Orchestra Popolare Italiana (21/10) 04 91 485 194 www.iicmarsiglia.esteri.it
La Maison du Chant Jazz sur la Ville : Caroline Tolla (15/10) 04 91 62 78 57 www.lesvoiesduchant.org
Roll’ Studio Jazz sur la Ville : Dominique Bouzon & Nadine Estève Flute Cake (15/10) LanetRa-mousse-Napolitano Hommage à Brassens (22/10) Rémy Abram 4tet (29/10) Duo Intermezzo (5/11) Robert Pettinnelli trio (12/11) The Sonny Clark Project (19/11) 04 91 644 315 www.rollstudio.fr
La Mesòn Jazz sur la Ville : Méandres (16/10) Gérald Toto&David Walters (12/11) 04 91 50 11 61 www.lameson.com
MIRAMAS Le Comoedia Joe Magnarelli 4tet (17/11) 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr
PORT-SAINT-LOUIS Festival Carrément à l’Ouest Choumissa (15/10) 04 42 48 40 04 www.scenesetcines.fr
SALON Espace Charles Trenet Nikki Yanofsky (24/10) 04 90 56 00 82 www.salondeprovence.fr
LA SEYNE Fort Napoléon Tonton Salut Trio (14/10) 04 94 094 718
VITROLLES Moulin à Jazz Sylvain Cathala Trio (15/10) SabbaghMonder-Humair Trio (12/11) 04 42 796 360 www.charliefree.com
Que la fête re-commence ! Du 14 au 30 oct, le Dock des Suds s’enflamme aux rythmes de musiques venues des quatre coins du monde. Le CG 13 accorde un soutien substantiel à cette fête énorme, tant par la quantité que la qualité des concerts, leur variété, les expositions parallèles, la dimension humanitaire, le souci des publics. La reprise attendue de la Fiesta des minots, après l’incendie de 2005 qui avait marqué son coup d’arrêt, s’appuie sur des ateliers animés en amont dans des écoles et des collèges, travaux menés sous la houlette de figures emblématiques de la ville, comme Gilles del Pappas ou Paco de Lucia © X-D.R.
BERRE Forum des Jeunes et de la Culture Youn Sun Nah (14/10) Choro : Trio Cavaco-Krakowski-Segal (17/11)
Applause-Rubin Steiner&Ira Lee (27/10) Caravan Palace (28/10)
les slameurs Rit, Sol et Obscur Jaffar ; l’orchestre des élèves de la Cité de la Musique, la chorale les Voix de la Mer, Salim, les petits danseurs du Roundelet Felibren, du ballet Arménien Aragatz, les percussions de la Batucassa, la compagnie Zut, la Cymbalomobylette… tout concourt à une joyeuse et riche dynamique ! On regrette bien sûr la défection de Cesaria Evora qui met fin à sa carrière pour raisons de santé. Elle devait être la reine de la fête. Mais un concert évènement est organisé à la place avec Paco de Lucia, le dieu de la guitare, et de superbes musiciens. Tous les genres sont représentés, de l’afro-blues au reggae, du rock au funk, du rap à la soul, de la technohouse à la salsa… et après les concerts, la fête continue pour les oiseaux de nuit avec le Fiesta Club à partir de minuit ! MARYVONNE COLOMBANI
www.dock-dessuds.org/fiesta2011/index.html
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MUSIQUE
JAZZ
Fusion Qui parierait sur l’union de la chanson occitane et du jazz, deux univers a priori si lointains ? Et pourtant cette fusion réussit étonnamment, entre la verve de Manu Théron et la puissance improvisatrice de Raphaël Imbert et de sa compagnie, Nine Spirit. Humour, amour des phrases, des rythmes qui se mêlent se fondent, construisent d’inattendues passerelles. Les mots coulent, glissent, se modulent, trouvent leur respiration, se choquent, s’entrechoquent entre chant et contrechant. L’occitan improvise en mode jazz, le sax s’accorde parfois des couleurs orientalisantes. Fulgurance des ruptures de rythme, duos, duels entre la voix et l’instrument, polyphonies de l’ensemble à capella, surprenante recréation du double aulos antique avec deux saxophones. Les musiciens jubilent, la voix de Léa Bechet passe avec aisance de l’occitan à l’anglais, les percussions de Laurent Rigaud, la batterie de Stéphane Dunan, la basse de Sabrina Benabdelmalek, l’accordéon d’Anaïs Bousquet, la guitare de Cyril Despontin s’emparent avec un talent fou des différents univers. Une complicité entre les musiciens qui enthousiasme le public, pourtant trop peu nombreux.
© Dan Warzy
Entre Jazz et Tradition
M.C.
Paratge a été donné au Comoedia d’Aubagne le 7 oct Raphael Imbert © Solene Person
Dérapages contrôlés ! Hammond B3 avec cabine Leslie, instrument assez rare et fort volumineux. Mélodies françaises revisitées, ballades ou be-bop au grand swing, les musiciens ont montré leur capacité à réinventer les standards du jazz ; particulièrement, Géraldine Laurent dont la sensibilité et la maîtrise du dérapage dans l’improvisation ont séduit ! DAN WARZY
Ce concert a eu lieu à Saint-Rémy le 16 sept Christian Escoudé © Dan Warzy
Apéros-swing, trois soirées de concerts, un lieu pour les afters et une équipe de bénévoles passionnés... Voilà réunis les ingrédients pour que la recette d’un festival réussisse. Christian Escoudé et son quartet ont fait l’affiche de la seconde journée de Jazz à Saint Rémy. Le grand guitariste manouche doit avoir enregistré ou participé à plus de 50 albums avec des musiciens de grand renom. Géraldine Laurent, saxophoniste talentueuse, se trouve en compétition aux Victoires du Jazz 2011 et fait partie des musiciens qui vont compter dans les temps à venir. La batterie était tenue par Bruno Ziarelli et Florent Gac jouait sur un orgue
Etsaut, un quartet baptisé du nom d’un village du Béarn, dans la vallée d’Aspe. Laurent Cabané, le contrebassiste à l’origine du projet, compose pour l’ensemble des musiques aux couleurs jazz bariolées de modes traditionnels typiquement induits par les cornemuses du Limousin, et les flûtes d’Eric Montbel, musicien invité. La ligne mélodique est primordiale dans ce jeu de dialogues et d’improvisations entre les musiciens. Le piano jazz de Perrine Mansuy répond tantôt aux saxophones de François Cordas, tantôt à la cornemuse. Djamel Taouacht à la batterie, et aux percussions, apporte un soutien rythmique très complémentaire du jeu prégnant de la contrebasse. Une souscription est lancée pour le soutien d’un enregistrement La fontaine de l’Ours (sortie du CD en fév). Pour les amateurs de musiques vraiment atypiques. DAN WARZY
Ce concert a eu lieu le 30 sept à l’Auditorium de la Cité de la Musique à Marseille
AIX | MARSATAC
MUSIQUE 39
Les mots des notes Le cocktail qu’offre le Festival de la chanson française est toujours savoureux. Comme chaque année depuis 9 ans, il garde en point d’attache la salle du Bois de l’Aune et essaime autour d’Aix : Eguilles, Puyloubier, Venelles, Trets qui, c’est une tradition désormais, héberge le concert d’ouverture de Sac à Boulons. Le groupe marseillais s’en donne à cœur joie, la salle scande les refrains, «Marseille on t’aime !», accents pop et jazzy, échos de Massilia sound system dans les références, gentiment subversif, cultivant la parabole. Il y a aussi des retours attendus, comme celui de Monsieur Lune, cette année dans un délicieux spectacle pour enfants, L’incroyable histoire de Gaston et Lucie. L’œuvre échappe à toute niaiserie, cultive le double sens, l’humour. La musique est inventive, le décor d’une efficace simplicité avec
Monsieur Lune © Georges Seguin
un écran sur lequel les séquences de ce petit conte sont projetés, dessins stylisés, aplats de couleurs, noms des personnages en enseignes lumineuses. Un plaisir pour tous les âges ! La voix de Lucie, Carmen Maria Vega, coup de cœur du festival,
Marsatac fait carton plein
Aujourd’hui ouvert à l’ensemble des musiques nouvelles à dominante électronique, Marsatac a pour qualité de ne pas être monomaniaque. Inattendu, le concert aérien du duo franco-finlandais The Dø s’est fait voler la vedette par l’électro pop revigorante des Champenois de The Shoes, voire par les fantaisies pop, fraiches mais nerveuses des NewYorkais de Concrete Knives. Dans une Cartonnerie bondée, Chinese Man ont sorti le grand jeu, à domicile, avec un show très visuel, entre vidéos non dénuées humour et hip hop orientaliste. Beaucoup plus modeste mais tout aussi détonnant, le dancehall futuriste d’Africa Hitech. Prestation en demi-teinte en revanche pour les monstres sacrés de Death in Vegas : très attendus après sept années de séparation, leur son hybride, épais et hypnotique aura été mal servi par l’acoustique du lieu. Ces détails techniques n’ont aucun effet sur l’anarco-rap à sketch de Stupeflip mais l’effet planant de Cascadeur, au déguisement de série de sciencefiction japonaise des années 80, tombe à plat. À
À ses aises à la Belle de Mai, le festival de musiques actuelles marseillais a affiché ses trois soirées à guichets fermés
Une rue sombre de laquelle retentit une sirène de couvre-feu. Des consignes laconiques laissant deviner un régime autoritaire. Des projecteurs qui traquent le passant. L’installation Innerspace du collectif H5 donne à la 13e édition de Marsatac une ambiance d’état d’urgence. Pourtant le festival ne s’est jamais aussi bien porté. Après un parcours marqué par l’itinérance, Marsactac a trouvé son écrin, depuis l’année dernière, dans les murs branchés mais populaires de la Friche. Avec une jauge certes inférieure aux années J4, la cuvée 2011 a fait le plein, affichant, pour la première fois de son histoire, ses trois soirées à guichets fermés. Un long chemin parcouru depuis 1999, lorsque dans l’intimité de l’Espace Julien, la première édition se concentrait sur la scène hip hop et marseillaise.
conquiert le public dans un répertoire variété/rock. Textes originaux bourrés d’humour, présence attachante sur scène, et une voix exceptionnelle qui se glisse dans tous les registres dans la lignée des chanteuses réalistes. Le temple de la chanson française à l’année, Théâtre et chansons, abrite quant à lui un superbe spectacle-conférence sur le thème du Moulin rouge, avec des chansons de Mistinguett, Joséphine Baker, Yvette Guilbert, Piaf… Aurélie Billetdoux présente, met en scène, chante avec un talent très sûr, accompagnée par son accordéoniste Sébastien Lamarre. Finesse et humour… COLOMBANIs
Le Festival de la chanson française a eu lieu en pays d’Aix du 1er au 8 oct
saluer également le folk local de Oh Tiger Mountain, les platines enflammées de Yuksek, l’alliage rock-électro de Rafale, le groove élégant et communicatif de Pigeon Jonh. Avec une mention spéciale pour Anthony Joseph, poète inspiré qui livre un cocktail impeccable de funk, afrobeat, freejazz et rythmes caribéens. THOMAS DALICANTE Stupeflip © Agnes Mellon
Sous l’pont de l’arc… La Cafetera Roja banda © Johnny Gordolon
Pour sa 14e édition, le Festival Zik Zac offrait un programme riche où se croisent des groupes confirmés et des découvertes, le tout sur fond de création, d’économie solidaire, d’éco-citoyenneté qui apportent un cadre militant et hautement sympathique à cette manifestation. On y retrouvait ainsi le 16 le désormais incontournable sextet Poum Tchack avec sa verve, son inventivité, dans un programme qui rendait hommage à Billie Holiday. Le jazz se mêle alors aux accents balkaniques, violon solo et guitares oscillent entre rythmes tsiganes et swing, virtuosité et humour… Autre ton, mais qui galvanise la foule, Massilia Sound System met le oaï avec une verve salutaire et toujours la même force d’indignation. Le public scande, chante, danse, se donne la main en une farandole finale, réconcilié avec son temps, sa
musique, loin des soupes médiatisées. Puis il y a des pépites comme la Cafetera Roja, composée de musiciens venus de France, d’Autriche, d’Espagne… Se mélangent dans un univers éclectique, rock, reggae, hip hop, rap, pop… Les phrasés se mêlent, confrontent leurs univers au creux de mêmes chansons, mêlant les rythmes marqués à la voix du violoncelle, lyrique, profonde… un ensemble original et envoûtant, à retrouver en concert ! MARYVONNE COLOMBANI
Le Festival Zik Zac a eu lieu les 16 et 17 sept à Aix La Cafetera Roja les 18 oct et 2 nov Le Paradoxe, Marseille 04 91 63 14 65 www.leparadox.fr
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CINÉMA
FFM | CINÉPAGE
Invitation au voyage Les 6e rencontres Films Femmes Méditerranée se sont ouvertes et achevées dans le velours rouge de la toute nouvelle salle 7 du Prado. Des organisatrices passionnées, 13 pays représentés, 13 longs métrages (auquel s’ajoute Attenberg d’Athina Tsangari projeté à Hyères et à La Ciotat), un mini-festival de courts, des buffets, de la musique, des invitées… Cette année encore le public, hommes et femmes mêlés, a plébiscité l’événement, séduit par ce voyage cinématographique qui, lié à l’espace géopolitique de la Méditerranée et aux thématiques sociales et féminines, les transcende. On vogue en mer Tyrrhénienne sur une tartane à voile écarlate avec Fughe e approdi de Giovanna Taviani pour y croiser témoignages de l’exil et mémoire du cinéma. La Calabre d’Alice Rottenberg dans Corpo Celeste, perçue par une jeune fille qui doit s’intégrer à la communauté catholique, tourmentée par le sentiment insupportable d’être comme le Christ abandonnée de tous, se révèle un pays de singeries hypocrites, de frustrations douloureuses où grandir est difficile. L’Italie du documentaire-choc Draquila se découvre vampirisée par l’ubuesque Berlus-
coni, Dracula des Abruzzes, docteur es-vulgarité, détournant cyniquement à son profit le drame humain de l’Aquila, gérant la démocratie italienne comme une entreprise privée et mafieuse. Et si manquent nuances, voire rigueur à ce brûlot de Sabina Guzzanti, il n’en demeure pas moins sidérant. Sidérant comme le Tanger insomniaque de Leïla Kilani dans Sur la planche où une petite voleuse, fillecrevette écorchée vive, ouvrière au décorticage desdits crustacés, rage au ventre, crache ses mots, boxe la vie en un combat rapproché perdu d’avance. Au Caire les nuits sont mille et une mais les danseuses de baladi, que La nuit elles dansent d‘Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault approche dans leur intimité, sont des princesses déchues soumises à l’autorité de leur mère et aux conflits quotidiens des matins. Tension prérévolutionnaire perceptible dans le film de Kamla Abu Zekri Un-Zéro orchestré autour du match de football Egypte-Cameroun 2008, prétexte à une radiographie de la société égyptienne. Tension permanente dans le Beyrouth paranoïaque de Danielle Arbid qui rend impossible une banale romance.
Fughe e approdi de Giovanna Taviani
Istanbul avec Les collections de Mithat Bey de Pelin Esmer semble danser sur ses failles : le sol y tremble, le temps aussi. Un film à petits pas et au long cours : espace clos de l’appartement de Mithat qui n’en finit pas de se remplir d’un présent réifié, d’une somme de documents et d’objets que le collectionneur solitaire et obstiné ne transmettra pas. Espace ouvert, arpenté par Ali devenu coursier de l’octogénaire, s’émancipant en le dépouillant. Immersion brutale dans le Paris de l’hyper réaliste Polisse de Maïwen, zone d’intervention d’une brigade
chargée au quotidien de protéger les mineurs maltraités. Le prix du public pour 13 en courts est revenu aux Mémoires d’une jeune fille dérangée de Keren Marciano ou de la difficulté de perdre sa virginité dans une société libérée quand on est jeune, jolie, consentante. Film espiègle dans une sélection plus grave, miroir sensible du réel. ÉLISE PADOVANI
Avec leurs mots
Helene Milano © A.G
Hélène Milano, comédienne et réalisatrice invitée par Films Femmes Méditerranée, est arrivée de Paris, où elle jouait, pour présenter son film, Les Roses noires, à La Maison de la Région, puis à l’Alcazar. Un film choral (voir Zib’ 44) où elle donne la parole à des jeunes filles des quartiers Nord de Marseille et de la banlieue parisienne pour parler, justement, de leur rapport complexe et difficile au langage, aux mots des garçons, de l’école, de la famille. Zibeline : Comment ce film est-il né ? Hélène Milano : Alors que j’accompagnais ma fille à la crèche, j’ai assisté à une altercation verbale, phallique, violente, à la sortie d’un collège ; intervenant dans des ateliers, j’étais déjà sensibilisée à la question du langage, bien avant l’Esquive d Abdellatif Kechiche. J’ai eu envie d’approfondir… Comment ? J’ai beaucoup lu : des ouvrages de sociologues, de linguistes. Par exemple, Cœur de banlieue de David Lepoutre, des livres de Jean-Pierre Goudaillier et de Bourdieu. J’ai parlé avec des chercheurs et j’ai commencé à rencontrer des jeunes filles en m’appuyant sur des gens qui travaillent dans certaines structures, comme l’ADDAP, à Marseille, où j’ai vécu longtemps. Comment avez-vous travaillé avec les jeunes filles ?
On a commencé par des entretiens puis on est passé à l’écriture. Elles ont fait le film avec nous sur la base d’une confiance née d’un contrat : elles pouvaient revenir sur des formulations quand cela pouvait être dangereux pour elles. Elles pouvaient renoncer. Comment avez-vous sélectionné les jeunes filles ? Il y en a 14 en tout. À Marseille, j’ai rencontré 10 filles, 5 sont dans le film. Le tournage à la Busserine a eu lieu en 2009. En tout, cela m’a pris deux ans et demi. Les filles sont ravies qu’on les écoute et abordent tous les sujets qui leur tiennent à cœur, la langue bien sûr mais aussi l’amour, les rapports garçons /filles, leur souffrance parfois, l’avenir. Elles sont d’une grande maturité. Avez- vous pensé dès le début aux petites scènes intercalées entre les gros plans des filles qui parlent ? Le rythme va tambour battant. Ces scènes, où on les voit dans leurs activités, permettent la respiration du film. Un projet de film avec des garçons, qui ont sans doute aussi des choses à dire ? C’est en cours ! PROPOS RECUEILLIS PAR ANNIE GAVA
Cinéma du temps C’est à un voyage onirique dans le temps et l’espace que nous convie Teresa Garcia dans les trois films qu’elle a présentés en ouverture du Festival de cinéma portugais, organisé à Marseille par Cinépage. Trois films inspirés de contes, réalisés en 2002, 2005 et 2006, formant triptyque, perdant le spectateur autour des frontières poreuses entre réel et imaginaire. Dans Le Chemin perdu, au cœur d’une forêt épaisse et sombre, lieu du rêve par excellence, errent, perdus, un jeune garçon et un vieillard, qui sont peut-être la même personne, le reflet de ce qu’il a été ou de ce qu’il sera. Dans Le double voyage, un amoureux part travailler au Maroc, sans sa belle qui décide de se laisser mourir de faim. On la retrouve à Essaouira que dore la lumière, ou peut-être n’est-ce qu’un songe… Dans la maison oubliée ce sont les espaces désertiques, brûlés par le soleil, de l’Alentejo, que parcourent deux jeunes hommes, libres, qui se cherchent, le long de chemins sans fin. C’est aussi en suivant une route de l’Alentejo, qui semble ne jamais arriver quelque part, que Pierre-Marie Goulet nous emmène dans un voyage en poésie et nous permet de jolies Encontros : poètes populaires de l’Alentejo, habitants du village de Furadouro où Paulo Rocha, l’un des réalisateurs du cinema novo, a tourné Mudar de Vida qui revoient et font revivre ce temps révolu… Peroguarda, le village où Michel Giacometti, le Corse, a commencé à recueillir la musique traditionnelle et la mémoire de la culture populaire. Construit comme un poème, le film de P.-M. Goulet nous entraîne sur un territoire imaginaire entre montagnes, champs d’oliviers et mer éblouissante, au son de chants traditionnels corses et portugais qui s’entremêlent, échos du passé et présent bien vivant. ANNIE GAVA Teresa Garcia © A.G.
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CINÉMA
RENDEZ-VOUS D’ANNIE | FILM
Du 12 oct au 1er nov, l’Institut de l’Image à Aix, en partenariat avec dfilms à Marseille et avec la délégation régionale Ina-Méditerranée, propose une invitation à André S. Labarthe, en forme de voyage à travers l’histoire du cinéma, avec une sélection d’épisodes de Cinéastes, de notre temps, qui seront systématiquement associés à un film du cinéaste «raconté». Institut de l’Image 04 42 26 81 82 www.institut-image.org
Du 18 au 22 oct, dans le cadre d’Octobre Numérique organisé par la ville d’Arles, se tiendra la 7e édition d’ArtCourtVidéO : des courts métrages de l’actualité nationale et internationale, neuf courts métrages mexicains, une soirée spéciale animation, deux séances consacrées l’une au documentaire, l’autre aux films de vampire. En clôture, le 22 oct à 20h45, au cinéma Actes Sud, Basquiat, une vie de Jean-Michel Vecchiet. 09 77 91 72 96 www.artcourtvideo.com
Les Mardis de la Cinémathèque proposent à 19h, à l’Espace Cézanne du Centre régional de Documentation pédagogique, le 18 oct, Citizen Kane d’Orson Welles et le 25 oct, Black Beauty de James Hill. CRDP, Marseille 04 91 50 64 48
Le 18 oct à 18h, à l’Institut culturel italien, dans le cadre d’un cycle de films sur l’émigration, projection de Gli Indesiderabili de Pasquale Scimeca inspiré du livre de Gian Carlo Fusco, auteur de Duri a Marsiglia. Le film sera précédé par la projection du documentaire, Testimonianze di emigrazione : il cinema italiano de Rocco Giurato. Le 25 oct ce sera Un tassinaro a New York d’Alberto Sordi, les aventures et mésaventures d’un chauffeur de taxi romain, et le 8 nov Il mio paese, le documentaire de Daniele Vicari, qui reprend le parcours du long métrage produit par Joris Ivens en 1959. Institut Culturel Italien, Marseille 04 91 48 51 94 www.iicmarsiglia.esteri.it
Le 23 oct à 15h, Carte Blanche à Cinehorizontes au Château de la Buzine : projection de Morente en présence d’Antonio Barrachina, suivie par celles du Grand prix Cinehorizontes puis du Prix du public. Du 28 au 30 oct, hommage au cinéma ukrainien en présence de Lubomir Hosejko, historien et critique de cinéma : L’homme à la caméra de Dziga Vertov, Brèves rencontres de Kira Mouratova, La Terre d’Alexandre Dovjenko, Le lac des cygnes-La zone de Yuri Illienko, Rez-de-chaussée d’Igor Minaiev, La croix de pierre de Léonide Ossyka et, en clôture, le 30 à 16h, le superbe Les chevaux de feu de Sergueï Paradjanov. Dans le cadre du mois du documentaire, le 11 nov à 18h, projection de Le mystère Giono en présence de Jacques Mény, suivie de Le Hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau. Et le 15, ce sera Jacques Deray : le cinéma... Ma vie de Marie Halopeau suivi de La Piscine de Jacques Deray. Focus sur JeanClaude Carrière, scénariste de ces deux fictions. La Buzine, Marseille 11e 04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com
Le 26 oct de 16h à 17h, à l’Auditorium des ABD Gaston Defferre, Dia de los muertos -le Jour des morts au Mexique- projection de 6 courts métrages dont le premier, Day of the dead de Charles and Ray Eames, nous plonge en plein cœur de cette fête, à Mexico en 1957 (voir p 68). ABD Gaston Defferre, Marseille 04 13 31 82 00 www.biblio13.fr
Le 2 nov à 19h45, à la Maison de la Région, La Région suit son court : projection de 3 courts métrages qu’elle a soutenus : Une Île d’Anne Alix, Blue line d’Alain Sauma et Étreinte de Sébastien Jaudeau. Maison de la Région, Marseille 1er Entrée gratuite dans la limite des places disponibles
Du 2 nov au 31 janv, de Grasse à Fos-sur-Mer, de Laragne à Martigues en passant par Berre L’Étang, les 23 salles du réseau Cinémas du Sud programment l’intégrale des films de Stanley Kubrick : Le Baiser du Tueur, L’Ultime Razzia, Les Sentiers de la gloire, Spartacus, Lolita, Docteur Folamour, 2001: L’odyssée de l’espace, Orange mécanique, Barry Lyndon, The Shining, Full Metal Jacket, Eyes Wide Shut Cinémas du Sud Grand Sud Est 04 91 62 79 05 www.cinemasdusud.com
Le 5 nov à 19h, à Châteauvallon dans le cadre du 10e Festival Portraits de femmes organisé par Les Chantiers du Cinéma, hommage à Pina Bausch : projection de, de Lilo Mangelsdorff, et de Les rêves dansants d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann. Le 9 nov à 20h30, au Théâtre Liberté de Toulon, projection de Les mariées de Pantelis Voulgaris. 04 94 09 05 31 www.festivalportraitsdefemmes.fr
Dans le cadre du mois du documentaire, le 8 nov à 20h30 au centre culturel de Charleval, projection de Julien, grand prix de la compétition française FID 2010, en présence du réalisateur Gaël Lépingle. Entrée libre 04 42 28 56 46
Le 9 novembre, à 19h30, l’Alhambra Cinémarseille rouvre ses portes et propose en avant-première Les neiges du Kilimandjaro, l’histoire d’un couple face aux injustices, sélectionné à Un certain regard à Cannes, en présence du réalisateur Robert Guédiguian. Par ailleurs se dérouleront le même soir 4 autres avant-premières, présentées à 19h45 au 3 Palmes par Jean-Pierre Darroussin, à 20h au Pathé-Madeleine par Ariane Ascaride et au Variétés par Gérard Meylan. Au Prado, projection à 20h30, suivie d’un débat avec l’équipe. Alhambra Cinémarseille 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com
Éclairer des choses sombres De bon matin. Un homme, torse nu devant un lavabo, se lave les dents. Ses gencives saignent un peu. Il enfile un costume, boit un café, embrasse sa femme endormie, se dirige vers son garage dans une banlieue cossue mais ne prend pas sa voiture. Jean-Pierre Darroussin et Jean-Marc Moutout © A.G.
L’homme, Paul Wertret, la cinquantaine, se rend en bus vers la banque où il travaille. Tel un automate, il abat deux hommes, dont on va apprendre qu’ils l’ont humilié, harcelé, blessé au plus profond. Il s’enferme ensuite dans son bureau vitré… Pourtant, de ce système qui l’a broyé, ce cadre a été un acteur, un rouage. Comment en est-il arrivé à ce geste ? C’est ce que va nous montrer le nouveau film de Jean-Marc Moutout, qui a réalisé en 2004 Violence des échanges en milieu tempéré. C’est à la sortie de ce film sur le monde du travail que le réalisateur a eu connaissance d’un fait divers, en Suisse, qui l’a hanté pendant 6 mois. Il en a tiré une fiction implacable, d’une grande tension dramatique, superbement portée par Jean-Pierre Darroussin. «Je n’ai jamais envisagé quelqu’un d’autre que lui, a précisé J.M. Moutout,
le soir de l’avant-première au Variétés. J’avais besoin de l’humanité de Jean-Pierre pour jouer ce personnage complexe, assez vulnérable pour laisser s’immiscer en lui cette amertume, ce ressentiment qui vont l’amener à tuer puis à se détruire.» Ce film sombre est d’une justesse et d’une épaisseur humaine remarquables. Filmé à fleur de peau, Darroussin nous fait ressentir la profonde solitude et le désespoir d’un homme brisé et le travelling final sur ses collaborateurs après le drame interpelle les spectateurs : comment réagit-on face à ce genre de situation ? Un film à voir, au moment où la souffrance au travail devient un vrai problème de société. ANNIE GAVA
AFLAM | HORIZONTES DEL SUR | APT
CINÉMA
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La Flam égyptienne 60 films durant plus d’un mois dans une multitude de lieux ! Entre l’Égypte et le cinéma la flamme fait bon feu et perdure, se ravivant encore de l’éclat de Tahrir… Du 2 nov au 10 déc, AFLAM propose Cinéma(s) d’Egypte, l’occasion exceptionnelle de revoir des films du patrimoine comme Gare centrale ou Les eaux noires de Youssef Chahine, Le péché ou Hassan et Naima, avec Soad Hosni, d’Henri Barakat. On pourra découvrir les cinéastes qui mettent en scène les interrogations d’un peuple qui, après avoir cru en la révolution nassérienne, est déçu : Yousri Nasrallah, Atef El-Tayeb et Mohamed Khan qui sera présent au Cinéma Les Variétés, le 10 nov à 14h, avec Les rêves de Hind et Camelia. Les chefs de file d’un cinéma indépendant qui s’est fait l’écho des
aspirations de la jeunesse seront sur place avec leurs films : Ahmed Abdallah avec Microphone au Variétés le 2 nov à 19h, Mohamed Diab avec Les femmes du bus 678 le 8 à 19h30, et Ibrahim El Batout, le 11 à 20h avec Hawi, un film mosaïque qui se déroule à Alexandrie. Le 12 à 16h, Dina Hamza nous entrainera dans la maison d’un bourreau égyptien dans In out of the room, et le 13 à 20h, Marianne Khoury dans des hôpitaux psychiatriques du Caire avec Zelal. Comédies, comédies musicales, mélodrames, films historiques, policiers, drames sociaux, politiques, sans oublier concerts, expositions et tables
Hawi de Ibrahim El Batout © Courtesy of Hossam Elouan
rondes tourneront ensuite dans la région. Un programme d’autant plus intéressant qu’il met en lumière les événements de la place Tahrir, qu’on pourra revivre à travers dix regards dans le film collectif 18 jours : 10 courts métrages réalisés dans
l’urgence et l’enthousiasme, autour de la révolution en Égypte. ANNIE GAVA
AFLAM 04 91 47 73 94 www.aflam.fr
¡Que viva la fiesta del cine! Pour les dix ans de Cinehorizontes, l’équipe d’Horizontes del Sur a concocté un programme plus qu’alléchant : 31 films dont 19 longs métrages parmi lesquels 7 seront en compétition pour le Grand Prix attribué par un jury de professionnels, présidé par Diego Galán ; 4 films en avant-première, Las acacias de Pablo Giorgelli (voir Zib’ 42), La mosquitera d’Agustí Vila, Amador de Leon de Aranoa et Flamenco, flamenco, en ouverture du festival le 14 oct à 19h30 au cinéma Variétés à Marseille en présence du réalisateur, Carlos Saura. Deux hommages, l’un à Jorge Semprún récemment disparu, l’autre au grand chef opérateur José Luis Alcaine. Les jeunes cinéastes espagnols de l’ECAM et de la Filmoteca Vasca ne seront pas oubliés avec un après-midi courts métrages le 22 oct à l’Alcazar avant la soirée de clôture à l’Espace Julien qui propose le documentaire musical d’Emilio Barrachina, Mo-
Rabadán), Alex de la Iglesia (Balada triste de trompeta). Sans oublier, musique, conférences, expositions, buffets et… des voyages inédits à travers Marseille, pleins de surprises, avec la complicité de «Bus transit». Les projections marseillaise auront lieu aux cinémas Le Prado, Les Variétés, à la Buzine, à l’Espace Julien et à l’Alcazar ; mais aussi aux cinémas Le Pagnol à Aubagne, Les Lumières à Vitrolles et Utopia à Avignon. Du plaisir en perspective pour les cinéphages hispanophiles ! La mosquitera d’Agusti Vila
A.G.
rente, en sa présence, suivi d’un concert de Bernardo Sandoval. Les spectateurs pourront aussi dialoguer avec les autres invités, Manuel Martin Cuenca, (La mitad de Oscar), Agustí Vila, Enrique Otero, (Crebinsky), Ventura Durall, (Las dos vidas de Andrés
Horizontes del Sur Du 14 au 22 oct 04 91 08 53 78 www.horizontesdelsur.fr
AFRICAPT ! La 9e édition du Festival des Cinémas d’Afrique du Pays d’Apt, c’est plus de 30 films et près de 20 réalisateurs présents originaires de 10 pays. En échos aux révolutions arabes, le film collectif Hommes Libres d'Ismael Ferroukhi
de dix réalisateurs égyptiens, Dix huit jours ; puis Laïcité inch Allah de Nadia El Fani, et un Focus sur le cinéma égyptien avec Le Chaos de Youssef Chahine, Femmes du Caire de Yousry Nasrallah, Microphone d’Ahmed Abdalla et Hawi d’Ibrahim El Batout. Leila Kilani, déjà venue à Apt pour Nos lieux interdits, présentera Sur la planche et Amor Hakkar Quelques jours de répit. Le jeune réalisateur sudafricain Oliver Hermanus reviendra avec Skoonheid. À l’occasion de la sortie des Hommes libres, Ismaël Ferroukhi donnera une leçon de cinéma en compagnie d’Olivier Barlet. Il y aura aussi des documentaires : Guerres secrètes du FLN en France de Malek Bensmaïl, Le cri de la tourterelle du Nigérien Sani El Hadj Magori et Koundi et le jeudi national, premier film
de la réalisatrice camerounaise Ariane Astrid Atodji. Et bien sûr des courts métrages, des rencontres, des débats, avec cette année deux nouveautés : une ouverture en musique, le 3 nov à 20h30 à la Salle des fêtes avec le pianiste Ray Lema et le projet Portraits Décalés : dans une petite cabane en toile, les Aptésiens sont invités à un voyage imaginaire dans les décors des films programmés, où ils pourront se faire photographier ! A.G.
Festival des Cinémas d’Afrique Du 3 au 9 nov Apt 09 52 57 49 35 www.africapt-festival.fr
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CINÉMA
IMAGE DE VILLE | INSTANTS VIDÉO | GARDANNE | FIMÉ
Viva la via La rue, c’est le thème choisi par Image de ville pour la 9e édition de son festival. Rue-artère où pulse la
vie de la cité organique, lieu de rencontres, de conflits, de misère, de révolte. L’urbaniste la pense, l’artis-
M le maudit de Fritz Lang
te et le révolutionnaire l’investissent, les cinéastes la captent pour la réinventer comme ceux de la Nouvelle Vague, objet d’une leçon de Marcos Uzal et Philippe Fauvel. Les films sélectionnés pour «leur regard sensible sur l’espace urbain» seront l’occasion d’échanges interdisciplinaires. En ouverture, le dialogue entre le célèbre architecte Christian de Portzamparc, sujet du courtmétrage de Daniel Abin, et Francis Rambert, directeur de l’Institut Français d’Architecture. Le philosophe Thierry Paquot réfléchira sur les enjeux de la rue à travers le cinéma d’anticipation. On pourra revoir des chefs-d’œuvre du répertoire comme M. le Maudit ou l’incontournable West Side Story, mais aussi des films rares entre documentaires et fictions comme ceux de Vincent Dieutre qui présentera par ailleurs une instal-
lation inédite sur Mexico. On pourra s’abandonner à la proustienne rêverie de Jean Luis Guerin ou même découvrir des films en chantier. À ne rater ni la plongée en cinq étapes dans le bidonville d’Alexandrie Mafrouza, proposée par Emmanuelle Demoris, ni le nouveau bijou d’Aki Kaurismäki, Le Havre, prix de la critique à Cannes, hommage au cinéma et aux petites gens qui donnent à la rue une âme. ÉLISE PADOVANI
Image de Ville du 11 au 15 nov Divers lieux, Aix 04 42 63 45 09 www.imagedeville.org
Rencontrer le monde L’Internationale vidéo
MARYVONNE COLOMBANI
Festival d’automne Du 21 oct au 1er nov Cinéma 3 Casino, Gardanne 04 42 51 44 93 www.cinema-gardanne.fr
En cette époque de «libre circulation des biens et des personnes», l’aficionado électronico-vidéophile devrait bénéficier gracieusement d’un passeport international en cours de validité ou d’une immunité culturelle permanente pour suivre chaque édition des Instants Vidéo. Bien qu’ancré en Provence, le festival a toujours désiré développer ses projets à l’international : Europe, Asie, Moyen-Orient, Amériques du sud et du nord seront présents. Cette édition 2011 pousse toujours à ouvrir et croiser d’autres univers où s’insurge l’actualité la plus urgente, avec un temps fort à la Friche : retours de Palestine (festival / :si:n/2) et du Kirghizstan (1er festival vidéo), aperçus de la création cubaine, hommage au poète futuriste russe Vélimir Khlebnikov. Michel Jaffrennou, maître grand joueur d’images électroniques en invité d’honneur, racontera l’histoire de l’art vidéo et des (nouvelles) technologies à travers une performance/spectacle et Men on fire de Dominik Barbier (France, 2011)
Le 23e Festival d’automne de Gardanne, fidèle à sa tradition d’éclectisme et d’ouverture sur le monde, offre une programmation extrêmement riche qui invite à découvrir les films de trente pays. 12 jours de «cinéphilie intense» avec des gros plans sur les cinémas iranien et d’Amérique du Sud, et de très nombreuses avant-premières : attention, ces dernières ne passent qu’une seule fois ! Films, documentaires, rencontres, débats, un ensemble festif et passionnant qui se poursuivra dans les salles des cinémas d’Istres, Briançon, Carpentras, Château-Arnoux, Forcalquier et Cucuron, grâce à l’association Sud par Sud-Est. De nombreux réalisateurs seront présents avec des œuvres fortes : le film d’ouverture, le 21 oct, Tous au Larzac de Christian Rouaud, évoque la lutte des paysans contre l’État, dix années (à partir de 1971) de résistance de solidarité, naissance de comités, réflexion sur les valeurs que tout être humain se doit de défendre… La rencontre avec le réalisateur est fortement attendue, de même que celle de Nadia el-Fani avec son courageux documentaire Laïcité, Inch’Allah qui a suscité des réactions très controversées en Tunisie. Condition de la femme évoquée par Emmanuelle Millet qui dans La brindille brosse le portrait d’une jeune femme déchirée entre sa volonté d’indépendance et l’annonce de sa future maternité. Blessures du quotidien pour Après le Sud où Jean-Jacques Jauffret met en scène quatre vies écorchées. Musiques des instants avec L’art d’aimer où Emmanuel Mouret remanie un thème cher à Ovide… Très belle histoire, vraie, contée par le film de Roland Cottet, de Gayané Hovhannisyan, sociétaire de l’Opéra d’Erevan qui s’arrêtera à Marseille et fondera le Chœur Lyrique des Enfants de l’Estaque… (De Erevan à l’Estaque). La brindille d'Emmanuelle Millet Une belle fin d’octobre en perspective !
une exposition multimédia. Rencontres/débats avec André S. Labarthe entre cinéma et vidéo, Alain Declercq et Pascal Lièvre avec Michaël La Chance suite à son essai sur les œuvres-bombes. Projections, expositions, conférences, rencontres/débats se déroulent aussi à Vitrolles, Martigues, Portde-Bouc. Une chance. CLAUDE LORIN
24e Instants Vidéo Rencontres Internationales Du 4 au 13 nov La Friche et divers lieux www.instantsvideo.com
Divas en musique Du 4 au 11 nov, se tiendra à Toulon et ses environs, la 7e édition du Festival International des Musiques d’Ecran (FIME), créé par Filmharmonia, qui rend cette année hommage aux actrices qui ont marqué le cinéma muet, neuf «divines» dont Renée Falconetti, Greta Garbo, Louise Brooks, Paulette Goddard… 11 ciné concerts dont 4 créations, au programme : des œuvres du patrimoine cinématographique associées à des musiques d’aujourd’hui. En ouverture, au Théâtre Liberté à Toulon, le 4 nov à 20h30, Carmen de Cecil B. De Mille, accompagné par L’Orchestre National de Jazz. Le lendemain à 20h, et le 6 à 14h30, Les Temps modernes de Charlie Chaplin, accompagné par L’Orchestre
de l’Opéra de Toulon, sous la direction de Timothy Brock. Avant la clôture du festival qui aura lieu le 13 nov à 15h, dans la salle Jean Moulin d’Ollioules, avec la sublime Garbo dans La Belle Ténébreuse de Fred Niblo, accompagné au piano par Franck Pantin, des chefs-d’œuvre du cinéma dit muet, accompagnés par des musiciens et des compositeurs de talent. Un programme de mémoire et de création, qui a de quoi réjouir cinéphiles et mélomanes ! ANNIE GAVA
Filmharmonia 04 94 21 60 18 www.fimefestival.fr The Mysterious Lady de Fred Niblo
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ARTS VISUELS
AU PROGRAMME Transatlantique Christiane Ainsley, John Francis, Sylvie Guimont, Ross Heward, Jean-Noël ont en commun leurs origines québécoises et leur goût de vivre en France, entre Paris, Barjols et Marseille. Leurs parcours se croisent sous l’impulsion de la galerie Le Passage de l’Art qui met Montréal à l’honneur à travers une sélection de peintures et de sculptures récentes ou inédites. M.G.-G. Montréal Connection du 18 oct au 15 nov Le Passage de l’Art, Marseille 7e 04 91 31 04 08
© Jean Noel, sculpture Barbys 1 et 2 , respectivement 37 x 27 x 21 plastiques et 20 x 30 x 14 plastiques
Premier clic Après le succès du Festival des arts éphémères, la mairie du 9e et 10e à Marseille lance son premier festival consacré à la photographie contemporaine. Maxime Brygo est le lauréat 2011 sur six retenus après appel à candidature et Martin Parr en guest star à l’occasion de la réédition de son livre The Last Resort chez Images en Manœuvres. Des visites pédagogiques précèderont cette année des ateliers dirigés par des photographes prévus en 2012. C.L. La photographie Maison Blanche #1 du 20 oct au 7 nov Maison Blanche, Marseille 9e 04 91 14 63 50 www.laphotographie-maisonblanche.org
Gérard Eppelé, Figure de jugement III, dessin 80 x 120 cm, 1990 © Pierre Vallauri
© Marie-Amelie Tondu / Lucie Cubin, serie St Pie X
3/4 Délaissant momentanément leur atelier arlésien, Gabriel Delprat, Gérard Eppelé, Michel Houssin et le sculpteur Heribert Maria Staub sont invités côté Sainte Victoire. Arteum, les galeries du Lézard et Alain Paire s’associent à l’initiative de Pierre Vallauri. Vernissages successifs dans chaque lieu à partir du 12 oct, catalogue sous les plumes éclairantes de Florence Laude et Alain Paire. C.L. Suite Arlésienne du 12 oct au 26 nov Arteum, Châteauneuf-le-Rouge www.mac-arteum.net Galerie Alain Paire, Aix www.galerie-alain-paire.com Galerie du Lézard, Aix www.galeriedulezard.blogspot.com
Polémique Après Amazonia voici Antarctica, la nouvelle installation de Lucy + Jorge Orta : Dome Deweling, Drop parachute, Window on the World et dessins préparatoires accompagnés d’un passeport mondial qui donne à «tout être humain le droit de se déplacer librement et de circuler au-delà des frontières vers le territoire de son choix». Une œuvre complexe qui rappelle l’urgence «à gérer la survie écologique, culturelle et humaine» de l’Antarctique, mais pas seulement. M.G.-G. Antartica Lucy + Jorge Orta jusqu’au 29 oct Galerieofmarseille, Marseille 2e 09 53 10 15 26 www.galerieofmarseille.com
© Lucy + Jorge Orta, Antarctica
ARTS VISUELS
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Poétique Empruntant son titre au poème Bois vert de Cesare Pavese, Clément Montolio invente un dialogue entre ses dessins de bêtes, de têtes, de femmes et de faces cadavériques, de fleurs et de frêles oiseaux et les vers de l’auteur italien écrits en 1934. Des vers qui font vivre au jeune artiste «des sensations, des correspondances, des sentiments et des interrogations poignantes et joyeuses». M.G.-G. L’avenir attendait Clément Montolio jusqu’au 19 nov Galerie Territoires partagés, Marseille 6e 09 51 21 61 85 http://artcessible-territoires-partages.blogspot.com
Marcello Maloberti, Marcello che arriva in treno, 2001, photographie couleur, 120 x 100 cm. Collection Enea Righi, dépôt au Museion di Bolzano, Italie
Oriental
Clément Montolio © X-D.R
De Pierre Loti déguisé en Ramsès II ou en cheik aux vidéos de Douglas Gordon et Nan Goldin, en passant par les études et dessins de Delacroix et Matisse, l’Orient a toujours exercé une fascination formidable sur les artistes. Au point de provoquer chez eux une fièvre créatrice, mélange étrange de visions réelles et fantasmées… À Aix, l’exposition proposée par Eric Mézil, directeur de la collection Lambert, met un point final à un cycle consacré aux voyages. M.G.-G. Voyage en Orient, de Pierre Loti à Nan Goldin jusqu’au 29 janv Galerie d’art du CG 13, Aix 04 13 31 50 70 www.culture-13.fr
Bestiaire Derrière la peinture, aujourd’hui la vidéo et l’infographie, l’animal toujours habite l’espace de représentation de l’artiste marseillais Jean Arnaud (Atelier de l’Escalier, 6e), professeur d’arts plastiques à l’Université de Provence. Figure (pré)historique du poulpe ou du rhinocéros née de l’évanouissement de la ligne, de la forme, de la matière, à l’image des Paysages défaillants et des Interstices qui laissent entrevoir leurs entrelacs intimes. M.G.-G. Pas vu Jean Arnaud jusqu’au 30 oct Villa Tamaris Pacha, La Seyne sur Mer 04 94 06 84 00 www.loeil-en-seyne.fr © Luca Zanier, Security Concuncil, NYC, série Lieux de pouvoir © Jean Arnaud, Pas vu, impression numérique sur papier aquarelle, 110 x 90 cm, 2010
Suissaix Fidèle à ses présentations en duos, la Fontaine Obscure croise les regards de Suisse et de Provence. Inauguration le 20 oct avec visite commentée par Jean Arrouye à 17h, projection nocturne, conférences, signatures du livre de Stephanos Mangriotis (voir p. 51). Comme tout festival mérite son 0FF, en parallèle avec la Fontaine Obscure et le Musée des Tapisseries, 27 photographes exposent dans 18 lieux publics et privés de la ville. C.L. Phot’Aix 2011 du 19 oct au 30 nov La Fontaine Obscure, Aix 04 42 27 82 41 www.fontaine-obscure.com
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ARTS VISUELS
NOUVELLES GALERIES
Flambant neuves L’ouverture d’une galerie est plus que jamais un acte courageux à l’heure où le marché s’amenuise et se concentre dans les mégapoles ! C’est dans le triangle d’or de la Joliette, près du Cirva, du MuCem, du Frac Paca et du musée Regards de Provence, que Didier Gourvennec Ogor a transformé un garage de 210 m2 en galerie. Un pari sur l’avenir («c’est le quartier où il faut être») auquel il croit dur comme fer, s’appuyant sur un réseau tissé au fil de ses collaborations (galeries Roger Pailhas et Yvon Lambert) et des salons internationaux. Du coup 15 artistes ont accepté de participer à son Inauguration : «dès le départ j’ai voulu être éclectique et éviter de cloisonnement ; je reste humble car je vais apprendre à être galeriste. Je laisse les choses venir et s’affiner»… Pour l’heure, il est intarissable sur Timothée Talard (le plus jeune, marseillais de surcroît), Emmanuelle Antille à laquelle il consacre son premier project-room («artiste vidéaste suisse dont je rêvais»), Gina Pane dont il présente deux œuvres inédites de 1969 ou Rémy Marlot qui lui prête 2 des 11 photographies des Black Church prochainement réunies au musée des Beaux-arts du Havre.
catalogue de la Fondation l’œuvre qui l’accompagne au quotidien, et découvrira en décembre Karine Rougier accueillie en résidence dans le cadre des AEM Marseille 2013. Mais cette proximité complice avec l’artiste n’est pas une première ! Pour la fête inaugurale, la sculpture de Etienne Rey, Vertige, a illuminé le grand escalier tandis que les projections en façade de Rémy Bragard invitaient au voyage immobile. L’événement laisse aussi des traces pérennes avec deux sérigraphies composées par Anne-Valérie Vue de l'exposition Inauguration à la galerie Gourvennec Ogor © Didier Gourvennec Ogor
povera car ils sont plus accessibles visuellement et financièrement», mais également aux comédiens, musiciens, chorégraphes et vidéastes invités à des temps forts. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Inauguration jusqu’au 22 oct Galerie Didier Gourvennec Ogor, Marseille 2e 09 81 45 23 80 www.galeriego.com
Associatif
Entrepreneurial À l’occasion de son 40e anniversaire, Vacances Bleues profite de ses nouveaux locaux 32 rue Edmond Rostand (6e) pour valoriser sa collection et aménager un Show Room permanent. Chaque salarié a choisi dans le
Hors-Les-Murs/HLM, Marseille 2e 09 50 71 13 54 www.marseilleexpos.com Ouverture du chantier Le Bazar du Lézard, Brignoles © X-D.R
Gascq et Laurent Forbin qui accueillent le visiteur dès le hall d’entrée.
Varois À Brignoles, à côté du Palais des Comtes de Provence, le Bazar du Lézard a «chassé» du garage voitures et tracteurs pour laisser place à un lieu de rencontres artistiques. À l’image du Miam de Sète qui a fait de l’art modeste un art pour tous, le Bazar du Lézard présentera de l’art primitif, naïf, du street art, et organisera des rencontres autour d’étapes de travail ou de chantiers de création. Un projet initié par Fabienne Lacroix qui ouvre sa galerie d’art modeste («le mot galerie peut faire peur à un certain public») aux objets uniques créés par des artistes : «je veux présenter des objets du quotidien, des accessoires, des bijoux… des objets qui relèvent pour la plupart de l’arte
Etienne Rey, Vertige, sculpture éphémère à Vacances Bleues © J.L. Aubert
Autre place forte, Le Panier, où se côtoient Vidéochroniques, les Ateliers Lorette, les Rencontres Place publique et l’ex-galerie Red District laissée vacante… jusqu’à ce que le réseau des galeries et lieux d’art contemporain Marseille expos investisse les 140 m2 de surface d’exposition et l’espace de documentation. Baptisé Hors-Les-Murs / HLM, le bureau-galerie est mutualisé, mis à disposition des 23 membres pour qu’ils développent des projets complémentaires à leurs activités. Pour Art-O-Rama, Astérides a réuni ses résidents ; le 5 nov l’Atelier de Visu, Où et la galerie Porte-Avion présenteront le film Abel Ferrara : not Guilty de Rafi Pitts produit par André S. Labarthe. Puis prendront place les Ateliers de l’Image…
Massimo Vitali, Zhang Huan, Marc Desgrandchamps, Gilles Barbier Show Room Vacances Bleues, Marseille 6e 04 91 00 96 00 www.vacancesbleues.fr Le Bazar du Lézard, Brignoles 04 94 59 62 63 www.lebazardulezard.com
CONCOURS CCIMP | PRIX MOURLOT
ARTS VISUELS 51
L’année Lorenzi
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Ho ! haaa 4e Concours artistique de la CCI Marseille-Provence jusqu’en janv Palais de la Bourse, Marseille 1er 08 10 11 31 13 www.ccimp.com
À voir également Running on empty Boris Chouvellon du 13 oct au 8 janv [MAC] de Marseille 04 91 25 01 07 www.marseille.fr
You can only see the shape on the (back)ground, see the shape Emilie Perotto jusqu’au 31 déc Galerie Arnaud Deschin (GAD), Marseille 1er 06 75 67 20 96 www.lagad.eu Les laurèates entourant le Président du jury Gérard Traquandi et le Président de la CCIMP Jacques Pfister© CCIMP/ F. Jonniaux
Heureux finalistes Le 11e Prix Mourlot a désigné son lauréat lors du vernissage de l’exposition à la galerie de l’ESBAM. Honneurs rendus à Jérémie Delhome Créé voici dix ans par le peintre et mécène Jean-Michel Mourlot, le Prix constitue un moment important de la rentrée de l’art contemporain à Marseille. La sélection des quatre lauréats 2011 en confirme la très bonne tenue. Les modalités restent inchangées (gratuit, sans Jeremie Delhome devant une de ses peintures recentes, galerie de l'Esbam © C.Lorin-Zibeline
Décidément, 2011 est bénie pour Sandra Lorenzi ! Sélectionnée à la Biennale des jeunes créateurs d’Europe et de la Méditerranée, à Art-O-Rama (Show Room de la Fondation Vacances Bleues) et à la plateforme de l’IAC de Villeurbanne (Biennale de Lyon, voir p 76), elle est l’une des lauréates du 4e Concours artistique de la CCIMP. Des lauriers qui lui donnent des ailes, elle qui veut «donner un sens contemporain aux figures mythologiques à travers des objets (surtout ne dîtes pas sculptures !) à l’étrange et inquiétante beauté». Une de ses pièces trônera dans la Salle d’honneur du Palais de la Bourse avant d’être exposée avec l’ensemble de la collection en 2013 : en effet depuis le lancement du concours, la CCI acquiert une ou plusieurs œuvres à hauteur de 30 000 euros par an. Sur 97 dossiers examinés contre 78 en 2010, 3 ont été retenus… enfin 4 car, comme le souligne avec humour le président du jury Gérard Traquandi, «comme à Cannes, nous avons aussi un Prix spécial» ! Quatre lauréates donc, toutes des femmes… Laurence Aëgerter, qui vit à Amsterdam, «met notre acuité en alerte et réveille nos sens» par la réappropriation d’œuvres existantes, en l’occurrence des toiles du Louvre, et propose une vision reconfigurée du réel. Javiera Tejerina Risso, avec une économie de moyens, fait de la vidéo et de la photographie un art du détail, de l’attente, du silence : son film Va-et-vient est une auto-fiction nostalgique et sereine à la fois, un aller-et-retour entre le présent et le souvenir. Il revient à Mary Pupet de monter les marches du palais avec un Monopoly mondial pour joueurs spoliés d’avance, Monnaies de singe, regard critique et diablement efficace sur le langage de l’économie. On peut déplorer que ni Boris Chouvellon ni Emilie Perotto ne figurent dans la short list, et soient installés dans les travées : l’ampleur de leurs œuvres aurait mérité le vaste atrium.
contrepartie, ouvert au moins de quarante ans, 3000 euros de dotation), la composition du jury s’est renouvelée avec le départ du président historique Gérard Traquandi et de Frédéric Vallabrègue vers d’autres projets. Les renforts sont venus avec Luc Jeand’heur (critique d’art) et Françoise Aubert de la Fondation Vacances Bleues, entreprise impliquée dans plusieurs actions de mécénat culturel.
Détrompe l’œil Dans l’espace de la galerie le travail énigmatique, tout en retenue, de Jérémie Delhome contraste avec celui des trois autres lauréats. Il s’éloigne d’un côté de la figuration, enjouée, de David Lihard ou inquiétante de Claire Tabouret, et de l’autre de la monumentalité un peu clinquante (orangés fluo !) de Julie Dawid. «Les règles que je me donne sont là pour réduire les choses jusqu’à ce que ça ne marche plus.» Tons rabattus pour limiter les vibrations chromatiques, grain des aplats par passages à la limite du séchage, géométries innommables suspendues dans un espace indéterminé. Jérémie Delhome peint sur le fil ténu des rapports entre fond/forme, figuration/abstraction, entre Morandi et Sol Lewitt pour références ou même un peu de Zurbaràn peut-être. Ses peintures se défient de ce qui ferait d’elles des images, du sujet qui en monopolise le sens. Ce n’est pas par coquetterie qu’il intitule ses tableaux Sans titre. Delhome avance vers nous des objets picturaux réellement sans sujet. «J’essaie d’être à la limite de la reconnaissance» se plait-il à rappeler. Avec cette récompense le pas a été franchi sans ambiguïté. CLAUDE LORIN
Le Prix Mourlot a été accueilli du 23 sept au 8 oct à la galerie de l’Esbam, Marseille. 04 91 90 68 90 http://galeriemourlot.free.fr
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ARTS VISUELS
ST-RÉMY-DE-PROVENCE | ARLES
L’Humair vagabonde Dans un bel élan impulsé par les expositions Lucio Fanti et Gérard Fromanger, le musée Estrine conclut sa saison avec les œuvres de Daniel Humair Manipulant avec virtuosité les balais pour sa musique, l’artiste d’origine suisse ne peint cependant ni au couteau ni sous couvert de neutralité. Plus connu comme musicien, Daniel Humair s’est pourtant forgé une longue carrière ininterrompue de peintre. «Trente cinq ans de peinture quotidienne derrière ça» déclare-t-il déjà en 1993 devant la caméra de Michel Dieuzaide dans Humair Solitaire, Solidaire. Présenté au troisième étage du musée durant toute la durée de l’exposition, ce documentaire constitue une excellente introduction aux deux arts (hors cueillette des champignons) pratiqués à l’origine par un autodidacte passionné. La rétrospective -des années soixante jusqu’à des œuvres très récentes- nous permet de parcourir un ensemble essentiellement constitué de peintures sur papier, son médium d’élection, complété de quelques pièces moins connues comme deux tapisseries réalisées à Aubusson ou les premiers dessins au stylo bille. On y décèle les éléments qui deviendront caractéristiques -présents pour partie en équivalence dans son travail sonore : simplicité/complexité, structures, traces, strates, graphismes perturbant la
moindre surface, implication du corps et des gestes, variations rythmiques, matériologie tempérée ou plus expressive, qui se constituent en un vocabulaire en constante évolution et contribuent à construire une singularité reconnaissable, un style. Néanmoins, Daniel Humair insiste sur le fait que dans son atelier le peintre est seul face à son travail plastique : «dans la musique on ne peut pas mettre à la poubelle parce qu’il y a des témoins.» Finalement «peintre est un beau métier de vieux» avance-t-il. De quoi rester de bonne Humair ! C.L. Daniel Humair Une abstraction narrative jusqu’au 27 nov Visite guidée par la commissaire de l’exposition le 25 nov à 18h Musée Estrine, Saint Rémy-de-Provence 04 90 92 34 72 www.musees-mediterranee.org Daniel Humair, Roue to Switz, technique mixte sur papier, diametre 38,5 cm, 2011. Collection particuliere © D. Humair
Planètes non affolées Jana Sterbak succède à Vladimir Skoda pour clore le programme Sur Mesures du musée Réattu. Son Planétarium tente de réactiver certains mythes Le cycle intitulé Sur Mesures, Le Passager de l’Atelier a proposé cette année 2011 au visiteur une rencontre entre œuvre ancienne et art contemporain. Au XVIIe siècle, au premier étage du Grand Prieuré de Malte, Jacques Réattu avait
installé son atelier. Son imposante toile inspirée de l’Antique, La mort d’Alcibiade (1796), restée inachevée, joue en contrepoint dans un face à face avec une installation contemporaine. Aux deux cent mille billes de métal déposées par Vladimir Skoda (voir Zib’38) succèdent aujourd’hui douze sphères de verre conçues par sa compatriote tchèque Jana Sterbak. Réalisé au CIRVA entre 2000 et 2002, Planétarium se compose à l’origine d’une quarantaine d’éléments d’environ 70 cm de diamètre, présentant diverses variations de
Jana Sterbak, Planetarium, 12 éléments de verre Cirva, installation, musée Réattu, 2011, arrière-plan La mort d'Alcibiade © C. Lorin/Zibeline
matière entre transparence et opacité, craquelures, minéralité, mat ou brillant, lisse et rugueux, de couleurs jouant du brun au noir. La présentation sur tréteaux et nappe de papier blanc (ce serait un choix de l’artiste) ne valorise pas une mise en espace voulue minimale mais ouverte ; le résultat est étroit et linéaire, fuyant en diagonale vers le tableau inachevé. L’œuvre pressentie à l’origine pour cette exposition (Sisyphe, [Mac] de Marseille) n’a pu être retenue pour des raisons techniques. Mais malgré sa restriction en nombre, Planétarium, grâce aux imperfections de la rondeur travaillée par l’ambiguïté des matériaux, s’avère un échantillon lyrique et invite à réinventer la forme finie de l’Alcibiade sous d’autres configurations - pour peu qu’on injecte une dose d’espace dans cette rêverie céleste. Car un des enjeux des propositions Sur Mesures est l’incitation à fabuler. On retrouve donc dans l’atelier une photographie, Atlas (une des sphères/ Lune portée en guise de tête réactive le mythe antique) et dans la suite du parcours un Prométhée (par Réattu), des Container for Olfactive Portraits (Sterbak/CIRVA), les Visages d’Emmanuel Saulnier ou Tu reflètes de Françoise Vergier réalisé lui aussi dans les ateliers du CIRVA, une des dernières acquisitions du musée. C.L.
Planétarium Jana Sterbak jusqu’au 31 déc Musée Réattu, Arles 04 90 49 37 58 www.museereattu.arles.fr
ISTRES | LA SEYNE-SUR-MER
ARTS VISUELS 53
Ceci n’est pas un paysage Les peintures de Nicolas Pincemin évoquent le processus du rêve. Le Cac d’Istres nous offre l’occasion d’en faire l’expérience composant ce panorama semi circulaire placent le spectateur au centre de l’installation, comme sur un chemin au milieu d’un sous-bois. On pourrait (s’)y croire si d’imperceptibles décalages entre chaque partie n’émanait une discrète étrangeté, l’enchantement du rêve semi éveillé. L’illusion était presque parfaite.
Selon la thèse psychanalytique, une des caractéristiques du rêve est de se présenter dans une imprécision apparente. À l’instar de celui-ci, les peintures de Nicolas Pincemin ménagent une part de flou et condensent différentes natures de représentation. Comme dans le rêve, le tableau, écran de projection, unifie cette hétérogénéité en la rendant étrange : combinaisons d’images figuratives, insertion de trames chromatiques sans objet, déplacements d’objets et changements d’échelle, décontextualisation d’éléments iconiques, profondeurs et perspectives contradictoires, superposition de couches narratives. Une peinture de Pincemin ne recompose pas une scène comme dans un classique tableau d’histoire ou de paysage mais agrège des bribes visuelles pouvant être liées à des souvenirs (d’enfance : Nous n’irons plus au bois), des expériences ou des sensations personnelles, suggérant des déjà-vu dans des dépaysements tragiques comme dans la série des Bunkers. Quand bien même se réclamerait-il de l’œuvre de Peter Doig, ses peintures ne sont
CLAUDE LORIN
À lire : Deux catalogues Nicolas Pincemin parus concomitamment : l’un par le Centre intercommunal d’art contemporain, collection In situ, et le second en coédition avec Sextant et plus à l’occasion d’Artorama
Nicolas Pincemin devant Sans titre, 2009 © D.Lorin-Zibeline
pas sans évoquer les recherches sur l’image de Gerhard Richter ou Sigmar Polke, et plus en arrière l’insensé Magritte. Forêt, une de ses dernières créations conçue spécialement
pour cette exposition et présentée au dernier étage, se joue davantage encore de l’ambiguïté des images en atténuant fortement l’aspect démonstratif. Les huit panneaux
Nous n’irons plus au bois Nicolas Pincemin jusqu’au 23 oct Centre intercommunal d’art contemporain, Istres 04 42 55 17 10 www.ouestprovence.fr
Chroniques africaines L’œil en Seyne donne la parole à 7 photographes dont les «travaux de prise de conscience, de beauté et de pédagogie» font le sel du 8e festival
© Baudoin Maounda, Sapeurs de Brazzaville
À chacun son Afrique. Christine et Michel Denis-Huot revendiquent leur amour du continent «pour ses immenses paysages et ses animaux» et endossent sans complexe leur «rôle d’ambassadeurs de la défense du monde animal». Clichés magnifiquement consensuels, entre Out of Africa et le National Geographic, qui introduisent l’exposition sans heurter le spectateur. Car à l’étage de la Villa Tamaris Pacha, l’Afrique change de visage ; les photos aussi, moins lisses. Pascal Maître engagé en Somalie depuis 2002, rend hommage à «ce pays qui souffre et où la vie est plus forte que tout» : il ne peut se résoudre à l’abandonner malgré toutes les difficultés de son travail. Le même Pascal Maître fête «la beauté et la puissance physique» de Madagascar mais dénonce l’exploitation illégale de bois dans le parc de Massoala et les mines à ciel ouvert où
les saphirs sont arrachés à mains nues… Daniel Lainé est lui aussi pris entre les feux de la beauté et de l’enfer : «j’ai été attiré par les gens accueillants, il fait beau, puis j’ai été repoussé par l’Afrique car elle est extrêmement violente». Il expose ici son implacable documentaire Le rafiot de l’enfer (2009) et une série de portraits des rois d’Afrique à l’instant T. de leur intronisation. En introduction à ses reportages en Tanzanie, Pierre de Vallombreuse prend des précautions oratoires «je prône la diversité des modes de vie et de pensée du monde» - car ses travaux surprennent : loin d’exalter la magnificence d’une nature sauvage, ils lancent un cri d’alarme sur Le crépuscule du peuple Hadza ravagé par le «touristic business». En noir et blanc, les formats à l’italienne confrontent sur un même plan les Hadza et les touristes qui ne voient pas que
leur présence falsifie les traditions. Seul regard africain, le congolais Baudoin Maounda saisit l’insolence des sapeurs de Brazzaville, prend au vol la vie des rues et le quotidien, rend hommage aux leaders du hip hop. Parole fraîche, libre, d’un jeune homme qui a décidé d’exercer ce «sot métier» de photographe, exempte d’émerveillement, de commisération ou d’accusation, et construite au fil de l’histoire terrible de Brazzaville. Heureuse décision qui lui a valu le Prix du jeune talent de la Biennale de Bamako 2010. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Voyageurs d’Afrique, 8e festival international de la photographie jusqu’au 30 oct Villa Tamaris Pacha, La Seyne-sur-Mer 04 94 06 84 00 www.loeil-en-seyne.fr
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ARTS VISUELS
VOL DE NUITS | ALCAZAR
Border Line, saison 2 © Terrain vague, Simon Duclut-Rasse
Durant cinq ans Vol de Nuits fédère ses actions autour d’un titre générique, Border Line, qui éprouve les limites du médium photographique. Cette vaste réflexion «à géométrie variable» embrasse aujourd’hui les travaux de Pauliina Salminen et Simon Duclut-Rasse habités par la question du paysage. Et les images limites… Visions intimes d’un espace fluctuant pour l’une, pérégrinations sur les éléments terre, bois, eau et homme pour l’autre. Ensemble, artistes-intervenants dans les ateliers de l’association, ils ont affiné leur projet pour trouver le ton juste, le bel équilibre et susciter un cheminement implicite. Presque malgré nous la série de Pauliina Salminen nous attire : ses paysages familiers (dans ce qu’ils ont d’humain), notamment sa Finlande natale, qui évoquent les liens interpersonnels ; puis quatre photos de contrées inconnues reliées par la ligne d’horizon («seul lien plastique») ; enfin une fenêtre, au fond de la pièce, qui nous intrigue. Recréation composite d’une photographie d’un personnage pris dans son intérieur, les yeux fixés vers nous, encadrée par une vraie embrasure
de bois ; une composition artificielle née de la juxtaposition de la photo, de la vidéo (reflets d’un paysage mouvant en arrière-plan) et de l’objet qui modifie l’image et sa perception, et crée ainsi une nouvelle image. Comme un troisième paysage… Une fois la halte consommée, les 20 polaroids de Simon Duclut-Rasse nous intriguent par la cyclicité de leur disposition, chaque élément ayant une chromatique particulière, et par le format intime. Dimension
réduite la mieux adaptée pour évoquer «l’essence du paysage» : «j’essaye de montrer sans montrer, à travers des caches… j’aime l’idée du voile, du masque, le flou par lequel on entre oit la monochromie». Simon DuclutRasse aime les paysages silencieux, «les chemins perdus, le fané et l’éphémère». Tous deux composent des paysages habités, à taille humaine, à imaginer plus qu’à voir, à ressentir plus qu’à identifier. M.G.-G.
© Fenetre reflet, Pauliina Salminen
Pauliina Salminen & Simon Duclut-Rasse jusqu’au 22 oct Vol de Nuits, Marseille 5e 04 91 47 94 58 www.voldenuits.com
À venir Stage thématique sur le portrait les 12 et 13 nov ouvert à tous
Dialogue ininterrompu Dernier acte d’une trilogie ou troisième volet d’une longue série ? Après Chine, le corps partout ? au [Mac] en 2004 et les échanges entre l’Institut de peinture et de sculpture de Shanghai et l’ESBAM qui aboutirent en 2010 à Rendez-vous à
Marseille, L’Alcazar accueille Artistes chinois/Artistes marseillais/ Correspondances ?. Une exposition en forme d’interrogation posée par Henry Périer, et un faisceau de réponses à travers le feu croisé de 12 artistes marseillais et 13 artistes
© Laurent Perbos, Calydon, 2010, Structure metallique, sandows, javelots, dimensions variables
chinois. Henry Périer suggère, lance des pistes et invite le spectateur à nouer les fils invisibles d’un dialogue plastique : comment se manifestent les ancrages identitaires à l’heure des «mimétismes de la vague internationaliste», dans quelle mesure les artistes orientaux résistent-ils à «l’hégémonie des modèles visuels venus d’Outre-Atlantique»… À voir le face à face aléatoire des œuvres, «une figure libre» nous prévient Henry Périer, on pressent que le dialogue sera malaisé. Laurent Perbos lance la conversation avec son célèbre Calydon sauvage, animal en sandows multicolores bardé de banderilles ; dans leur vitrine, le Pied de cochon de Megalo Raepsaet a le tibia ailé, la vanité d’Hervé Paraponaris se pare d’un couvre-chef perlé et, sans que l’on y prête attention, Huang Yulong installe 6 joueurs en céramique argent et or, encagoulés, mains et pieds diamantés, embarqués dans une drôle de Party. L’Ouest et l’Est n’ont jamais paru
aussi proches ! Autre rapprochement sensible, entre l’huile sur papier de Florence Louise-Peletin, ses personnages écrasés par le soleil méditerranéen, et l’œuvre sur papier Hometown 1 de Xiao Xiong qui ré-écrit le monde tel qu’il le perçoit. Deux exemples extrêmes de la porosité entre l’Ouest et l’Est car, si les problématiques sont internationales, chaque scène artistique a ses signes et ses codes, ses formes et ses concepts issus de leur territorialité. Correspondances oui, mais confusion non. M.G.-G.
Artistes chinois/Artistes marseillais/Correspondances ? a eu lieu du 2 au 30 sept à L’Alcazar. Catalogue de l’exposition co-édité par L’Alcazar et la Ville de Marseille.
LIVRES/ARTS
Révolutions du patrimoine Vous pensiez connaître l’architecture gothique ? Pour vous l’arc boutant est consubstantiel aux cathédrales ? Les Cathédrales dévoilées réactualise le sujet à l’aune de récentes investigations historiques et scientifiques internationales, pour ébranler quelques unes de nos certitudes. Depuis une dizaine d’années, l’approfondissement des recherches en histoire de l’art et le recours aux moyens des nouvelles technologies (scanner, images de synthèses, programmes numériques) ont permis de nourrir de nouvelles pistes de réflexion pour produire de surprenantes découvertes. À partir de l’exemple de Noyon, l’historien Arnaud Timbert démontre que le principe des arcs boutant ne s’appliquait pas systématiquement à chaque construction gothique. Venu de l’université de Columbia, Andrew Tallon anticipe les mouvements architectoniques via la modélisation laser et on découvre avec le géologue Marc Viré que le changement stylistique sculpté de la
cathédrale de Paris est dû en grande partie à la qualité de la pierre. D’autres matériaux et techniques sont examinés : vitrail, structures de bois ou fer, peinture comme le rôle des différents corps de métiers, les corporations, l’organisation des chantiers inaugurant des méthodes modernes par la préfabrication et la standardisation, l’invention de nouveaux outils tel le marteau hydraulique. Même si le chapitre sur les dimensions sacrées apparaît moins pertinent, cette plongée dans les arcanes de l’art gothique se révèle passionnante de bout en bout et renouvellera notre approche du patrimoine plus généralement. C.L.
Les Cathédrales dévoilées Christine Le Goff, Gary Glassman DVD Arte Editions, 20 €
L’âme de Lam La collection Phares dirigée par Aube Breton-Elléouët (fille d’André Breton) est consacrée aux figures célèbres et moins connues liées au Surréalisme (Marcel Duchamp, voir Zib’44). Chaque édition, extrêmement documentée (témoignages, archives, iconographie) se compose d’un ou plusieurs DVD et d’un livret biographique illustré rassemblés en coffret pour un prix plutôt démocratique. Ce Wifredo Lam n’échappe pas à la règle. Nous découvrons au-delà de sa toile emblématique La Jungle (1943), un artiste trop peu connu dont le parcours exceptionnel imbrique recherche artistique, liberté de pensée, conscience sociale et politique (esclavagisme, identités du métissage, révolution cubaine, guerre civile espagnole dans laquelle il s’engagera) et une approche particulière de la poésie au sens puissamment magique, celle du «merveilleux primitif». En quatre films parfois redondants (d’une durée de 268 mn au total, l’ensemble manque de rythme) on explore en zigzags cet univers plus complexe qu’il y parait, redevable au
Attentes
La collection Librement propose des focus sur des questions humaines et de société (Larmes Salées, voir Zib’ 43). Travaillant toujours en noir et blanc, chaque photographe s’inscrit dans une démarche personnelle, artistique et documentaire contextualisée par le renfort de rédactionnels en fin d’ouvrage. Durant deux années, 2009 à 2010, Stephanos Mangriotis a rencontré les migrants installés dans la précarité du port grec de Patras. Demandeurs d’asile, simples migrants en attente d’une opportunité vers l’Italie et l’Europe, non reconnus par l’Etat grec, ils sont devenus des clan destins indésirables, dans un équivalent de l’ex «jungle» de Calais. Au-delà des textes de Laurence Pillant et d’Amnesty International qui ramènent au contexte grec et autres incohérences européennes, bien des photographies de Mangriotis prennent une portée plus universelle, au-delà des frontières de Schengen, dès lors qu’elles se rapprochent ou se distancient de leur sujet : quelques détails, des objets délaissés, une
Cubisme comme au Surréalisme (Picasso et Breton), aux cultures de la négritude et à des nombreuses collaborations avec les écrivains et poètes (Césaire, Leiris, Char, Alejo Carpentier, Jouffroy…). Son œuvre gravé et céramique y est particulièrement dévoilé. Des proches, des intimes, des spécialistes de l’art témoignent de leur compagnonnage qui courut presque un siècle, mais l’on regrette dans ce foisonnement la part réduite donnée à la parole de l’artiste lui-même. À regarder avant de se rendre au musée Cantini à Marseille qui conserve plusieurs dessins et Le Bruit appartenant comme La Jungle à une série qui témoigne du basculement esthétique de l’artiste suite à son retour à Cuba. CLAUDE LORIN
Wifredo Lam Fabrice Maze, Barbro Schultz Lundestam DVD, Edition Seven Doc, 23 €
simple posture, un coin de friche, évoquent, sans désigner, un lieu, des personnes dont l’identité semble s’étioler d’autant que le temps passe. «L’action et la situation tragique des individus ne sont pas mises au centre du propos, ces images privilégient davantage le témoignage, l’état psychologique et les traces laissées par ces passages clandestins» précise l’auteur. Une empathie si discrète, aux portes d’une Europe obstinément sourde. C.L.
Europa inch’Allah Stephanos Mangriotis Images Plurielles éditions, 25 € Mangriotis expose ses photographies à Aix, dans le cadre du festival Phot’Aix/Regards Croisés (voir p.45) et signera son livre à la Fnac le 19 oct à 17h30 et le 20 à 18h à la Fontaine Obscure.
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LIVRES/DISQUES
Talent révélé
La dernière coqueluche de Lyrinx, le pianiste italien Vittorio Forte, avait livré un disque de pièces de Muzio Clementi, compositeur injustement négligé, et révélé un jeu assuré, alerte et sensible. Lors du 35ème anniversaire de la maison discographique marseillaise au mois de juin dernier, sa présence scénique, son jeu d’esthète confirmait le goût des Gambini pour les pianistes de tempérament. Avec les grandes pièces du répertoire pianistique que sont les Fantasiestücke op.12,
l’Arabesque op.18 et Kreisleriana op.16 de Schumann, Vittorio Forte marque les esprits. Son disque est magnifique ! L’imagination, la liberté, le sens du chant, la splendeur sonore nous prennent par l’oreille, et ne nous quittent plus ! J.F.
CD Lyrinx LYR 275
Cyprien l’affranchi Les Marseillais qui ont entendu le pianiste Cyprien Katsaris lors de son récital dans sa ville natale le 14 sept (voir p. 28), peuvent prolonger le plaisir avec quelques enregistrements du virtuose. Vainqueur des prestigieux Concours Reine Elisabeth et Concours Cziffra, il mène depuis une carrière internationale très chargée sur tous les continents et a créé, depuis 2001, son propre label de disques. PIANO 21 est consacré à des enregistrements nouveaux ou des rééditions, dont la raison d’être «relève avant tout d’une double passion, pour le grand répertoire bien sûr, mais également la découverte d’œuvres rares et méconnues». Le catalogue, très étoffé (intégrale des concertos de Mozart avec la Salzburger Kammerphilharmonie
Le Souffle
Bach a ceci d’universel que même joué par une sonnerie de portable, il reste lui même ! Le Kantor de Leipzig ne se souciait guère de l’instrument pour lequel il composait. Pour lui, la ligne mélodique est une abstraction qui ne tient pas compte de la nature physique de l’interprète, si bien que les chanteurs sont souvent déconcertés face à d’interminables vocalises à effectuer sans (théoriquement) reprendre sa respiration. C’est que pour lui l’essence divine du souffle le place du côté de l’esprit et non du corps. Dans les Suites pour violoncelle ou les Partitas pour violon seuls, Bach expose des harmonies sur un instrument essentiellement mélodique. Les accords sont égrenés comme ils auraient pu l’être au clavier, mais par le biais de la mélodie. Il nous semble entendre tout
dirigé par Yoon Kuk Lee) s’augmente de nouveautés. Un beau récital Schubert donné au Festival «Schubertiade» en 1993 propose les deux premiers Klavierstücke D. 946, son ultime Sonate n° 23 D. 960 ou des transcriptions de Lieder par Liszt (P21 042A), compositeur particulièrement choyé par Katsaris. On retrouve le compositeur hongrois dans un portrait en cinq visages («tsigane, romantique, avant-gardiste, wagnérien et philosophe») comprenant entre autre la magistrale Sonate en si mineur (Liszt Vol.1 - P21 041N) et un DVD enregistré à Shanghai de musique latino-américaine illustrant «l’universalité du langage musical» (P21 035-N). J.F.
Cyprien Katsaris joue Liszt le 6 nov à 17h au théâtre Comoedia d’Aubagne www.cyprienkatsaris.net
à la fois la basse, l’harmonie et le chant… et les respirations sont simulées par les coups d’archet. Les transcriptions de ces opus interprétés par le saxophoniste Joël Versavaud séduisent, en particulier, grâce à la respiration continue. Celle-ci «permet de restituer l’ampleur des phrases sans être limité par la question du volume» : un résidu d’air est stocké dans la cavité buccale et cette réserve est expulsée (glotte bloquée) alors que l’instrumentiste remplit à nouveau ses poumons… Le son peut ainsi ne jamais être interrompu. Le sens esthétique, l’habileté technique et la somptuosité sonore développés aux différents saxophones par le néo-Marseillais font le reste !
CD Skarbo DSK 1104 skarbo.fr
J.F.
Graphie chorégraphique Mémoriser la suite labile de la dynamique gestuelle. Encrer sur le papier, tout à la fois, les portées du geste et le mouvement discipliné, ordonné en temps et espace, voilà la tâche du «choréologue». Un métier, une passion que nous fait découvrir Dany Lévêque, scribe et analyste avertie de l’œuvre d’Angelin Preljocaj. Elle nous montre cette étonnante correspondance, cette homothétie entre l’écriture corporelle de Preljocaj et la notation de Benesh (1916-1975). Méthode de transcription qu’elle a choisi de mettre en œuvre et qu’elle améliore et développe pour que la projection imaginaire scripturale transcrive au mieux l’âme de la création. Car au-delà de la simple transcription technique et spatio-temporelle, le travail de choréologue implique la traduction de ce qui ne se dit pas, de ce qui se voit, ce qui se sent… et là commence le
talent ; osmose, alchimie véritable entre celui qui crée la dynamique du geste et celle qui la transcrit dans son intention même. Un jeu d’absolue homogénéité entre ce geste lu-écrit et sa répétition, remémoration en reémergence d’un autre geste, re-floraison infiniment identique et pourtant à jamais distincte. Angelin Preljocaj, de la création à la mémoire de la danse est un ouvrage complexe et approfondi sur le paradoxe entre le caractère statique de l’écrit et la dynamique perpétuelle de l’évolution chorégraphique. Ce travail d’un grand intérêt aurait toutefois mérité une exposition plus didactique en son début, et un format plus grand, qui permette de mieux lire ces magnifiques partitions du geste. YVES BERCHADSKY
Angelin Preljocaj, de la création à la mémoire de la danse Dany Lévêque Les Belles Lettres/Archambaud, 21 €
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LIVRES
LITTÉRATURE
Animaux urbains
Toronto, de nos jours. Dans la capitale canadienne traversée de rocades et de ponts autoroutiers, la nature sauvage a encore sa place, surtout dans les ravins, les terrains vagues et sur les berges de la Don Valley. C’est là, aux confins de la ville et du wild, qu’Alissa York a choisi de faire évoluer les personnages de son original et très attachant troisième roman. Des humains d’abord, Edal, Guy, Lily, Kate et les autres, qui tous d’une façon ou d’une autre, reviennent de loin, d’une enfance malheureuse, d’un deuil récent, d’une guerre… Et puis des animaux, car tous les hommes de ce livre ont à voir avec eux : Guy récupère et soigne (ou enterre dignement) tous les animaux blessés qu’il croise, il élève aussi une buse ; Edal est agente fédérale chargée de traquer les trafiquants d’animaux exotiques, Kate technicienne vétérinaire ; Lily ne se sépare pas de son impressionnant terre-neuve Billy ; quant à Stephen, il héberge sous son lit une nichée de
ratons laveurs orphelins. Bien d’autres espèces traversent cette histoire peuplée d’animaux (coyotes, renards, et même une tortue alligator !), comme le sont celles dont raffolent les personnages et que Guy lit le soir après le dîner… Alissa York s’est souvenue de son enfance en pleine nature dans l’Alberta et de tous les récits animaliers qui l’ont accompagnée, Kipling en tête. Porté par une langue nerveuse et poétique, son récit parle avec justesse des liens, d’amour, de solidarité, et n’a rien (mais rien) à voir avec une quelconque niaiserie animalosentimentale. Un univers et un style à découvrir absolument. FRED ROBERT
Fauna Alissa York Traduit de l’anglais (Canada) par Florence Lévy-Paoloni Éd. Joëlle Losfeld, 22,50 €
Alissa York était invitée aux Correspondances de Manosque, en compagnie de sa traductrice et de son éditrice.
Rolin sans roller !
Le dernier livre de Jean Rolin surprend et amuse : ni reportage engagé, ni grand récit de voyage, Le ravissement de Britney Spears serait plutôt une approche topographique de la star people. En poste au Tadjikistan, pour une mission aberrante à la frontière chinoise, le narrateur raconte à son compagnon Shotemur ses mésaventures américaines : improbable espion flegmatique et quelque peu velléitaire, il a été envoyé à Los Angeles pour déjouer une tentative d’enlèvement peu crédible de la star. L’essentiel de sa mission consistera à arpenter la ville tentaculaire en empruntant tous les moyens de locomotion imaginables pour qui ne conduit pas, à l’exception notable du roller, pour approcher la tragique blonde, avec la complicité d’un paparazzi très fin de siècle et d’une prostituée dégourdie. Voici un étonnant roman de la circulation : les bus, la marche à pieds et les échangeurs permettent de rallier
des lieux vides (des clubs chics, des parcs déserts, des hôtels désaffectés) pour traquer des personnages fantômes et fantoches qui ne viendront pas, où qui viendront mais qu’on n’abordera pas, ou qui ne seront qu’une mise en scène d’eux-mêmes. Nothing is happening : pas d’événement, mais ce qui en tient lieu, et qui, dans la logique médiatique du simulacre, suffit à en être un. Pas d’histoire, pour tirer le fil tendu entre les choses, mais la multiplication de scénarios improbables et d’attentes déjouées. On suivra avec plaisir ce récit de voyage inusité, mélancolique et burlesque, à l’humour exact, sur des chemins qui ne mènent nulle part. AUDE FANLO
Le ravissement de Britney Spears Jean Rolin POL, 17 €
Nouveaux romans Proposer aux enfants et aux adolescents des fictions d’un genre nouveau, à la frontière du roman jeunesse illustré et de la bande dessinée, tel est l’objectif de la jeune collection Empreintes (4 titres à ce jour), sous la direction de l’illustrateur Régis Lejonc. Des livrets élégants, à la couverture souple, au format très tendance - entre album et livre de poche -, à l’épaisseur non rebutante pour de jeunes lecteurs. Des textes fragmentés, découpés comme des scénarios ou des scènes de théâtre, fluides pourtant. Et surtout le dessin qui éclate dès la première de couverture et s’invite partout : sur de pleines pages, en série de planches façon BD, en illustrations plus traditionnelles au fil des mots. Les Indiens offre ainsi le graphisme brut et percutant de Régis Lejonc, dans une ligne en noir, blanc et jaune soleil, qui vient scander le récit de Franck Prévot et donner vigueur à sa chronique de la haine et de la violence ordinaires vues par un enfant. De même, le trait noir et blanc coloré de noisette d’Alfred accompagne avec bonheur la triste histoire
d’Angie M. racontée par Rascal, comme le font aussi les paroles de la célèbre chanson des Stones. Une ambiance de pluie, de nostalgie et de cafard, proche de celles de Tardi, qui colle parfaitement à cette histoire de déni de grossesse. Empreintes, qui aborde des thèmes délicats, des questions angoissantes, n’est pas à mettre entre les mains de lecteurs trop jeunes. FRED ROBERT
Les Indiens Franck Prévot, Régis Lejonc L’Edune, 12,50 € Angie M. Rascal, Alfred L’Edune, 9,50 € Régis Lejonc et Alfred seront à Marseille pour les prochaines Littorales, et également dans le cadre du festival BaDaM
Jean Rolin était invité aux Correspondances de Manosque
LIVRES
Face à face
Robert Bober a écrit, à une voix, un roman multiple : histoire intime de sa famille, histoire sociale et douloureuse des polonais juifs déportés, chronique du vieux quartier de Belleville et évocation des tournages de Truffaut dans ce même quartier. Les fils s’entrecroisent au rythme des rencontres et des découvertes du jeune narrateur, Bernard Appelbaum, 20 ans. Mai 1961 : suite à ses retrouvailles avec un moniteur de colo de 10 ans son aîné, il est figurant dans «Jules et Jim», au café Victor, pénètre dans le quotidien d’une clientèle ouvrière et sympathise avec un admirateur de Bruand et de la Commune, dévoilant des pans de l’histoire de la classe ouvrière. La projection du film de Truffaut libère la parole de sa mère qui lui raconte pour la première fois l’histoire de ses deux amours : deux jeunes hommes amis rencontrés en même temps en Pologne et tombés amoureux d’elle, qu’elle a épousés l’un après l’autre. Seule à nouveau il ne lui reste qu’un carton de photos jaunies et ses deux fils. Ses confidences poussent Bernard à mettre ses pas dans ceux de ces hommes à travers ses déambulations dans le quartier et sa visite au Cirque d’Hiver que fréquentait son père... par les toits. Robert Bober distille ces souvenirs par doses subtiles ; il n’est pas Bernard, plutôt l’ex-moniteur l’assistant de Truffaut. Le récit de cette réappropriation est borné par deux photographies : celle du père dans son petit cadre posée sur le buffet et la même, en grand, sur un mur du bloc des déportés français à Auschwitz. CHRIS BOURGUE
T d’encens
A l’encens, s’oppose l’azurite… Un point de départ en énigme policière, deux villes sublimes pour cadre, Constantinople et Venise, un personnage tiraillé entre ses aspirations artistiques profondes et l’endroit d’où il vient… Metin Arditi nous conte avec l’élégance de la calligraphie ottomane à laquelle s’exerce son héros dans le bazar de Constantinople, la vie tourmentée du Turquetto. La peinture, de même que toute tentative de représentation est interdite à ce jeune garçon par sa religion hébraïque. Et pourtant son regard aigu ne cesse de composer des tableaux, des portraits qu’il empile dans sa mémoire. On suit les étapes clé de la vie du jeune peintre dans un récit qui adopte une construction rigoureuse et symétrique en quatre parties, quadryptique dont émergent des pans cruciaux, qui éclairent les longues ellipses narratives. Aux trajets physiques correspondent les étapes de la maturation, de la réflexion. Avec un sens calculé de la suggestion, Metin Arditi fait renaître la foule multiple de Constantinople, les intrigues vénitiennes… Les dialogues sont ciselés, les personnages prennent vie et vous emmènent sur des chemins qui semblent familiers, tant est réaliste le contexte historique, vraisemblable l’intrigue… Réflexion sur la rigide ineptie des orthodoxies et sur l’art, ce roman, véritable parabole, est un hymne à la liberté. Superbe. MARYVONE COLOMBANI
On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux Robert Bober P.O.L, 17 € Robert Bober sera présent pour les Littorales, du 12 au 16 oct à Marseille
Le Turquetto Metin Arditi Actes Sud, 19,50 €
L’ombre qui cause Oyez, bonnes gens, la voix de «celle qui s’est volontairement clôturée pour tenter d’exister». Oyez la merveilleuse histoire d’Esclarmonde, damoiselle du domaine des Murmures, qui, en 1187, préféra la réclusion à un mariage forcé… En se laissant emmurer dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour unique ouverture sur le monde une petite fenêtre à barreaux, c’est une libération que la jeune fille espère. Pourtant, loin de s’envoler par la prière et l’extase mystique au-delà de sa prison étroite et du monde des hommes, la recluse est rattrapée par les réalités et les fracas du siècle. Mais ne dévoilons pas les péripéties du deuxième roman de Carole Martinez. On se souvient de son magnifique Cœur cousu. Parue en 2007, couronnée par pas moins de 9 prix, l’épopée de la magicienne brodeuse Frasquita Carasco et de ses enfants mettait déjà en scène une femme en butte à la brutalité des hommes, mais forte, déterminée. Le cadre a changé ; pourtant l’ombre de Frasquita plane sur le Domaine des Murmures (qui lui est d’ailleurs dédié), sur cette belle histoires de femmes un peu fées, un peu sorcières. Par la grâce d’un récit ondoyant comme la Loue qui coule en contrebas du château et d’une langue imagée que tournures et termes anciens enluminent, l’univers médiéval, seigneurs et gueux, pèlerins et croisés, religieux et paysans crédules, vient peupler le reclusoir d’Esclarmonde, en une foule de paroles et de visions dont elle est la dépositaire et qu’elle murmure à qui veut bien tendre l’oreille. FRED ROBERT
Du domaine des murmures Carole Martinez Gallimard, 16,90 €
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Les voix d’Alger Auteure de nouvelles remarquées, Kaouther Adimi a publié l’an dernier son premier roman aux éditions algéroises Barzakh, qui veillent à promouvoir la jeune littérature algérienne. L’envers des autres est aujourd’hui édité en France. Ce bref texte polyphonique (une centaine de pages) met les maux en voix. Maux d’une Alger contemporaine plus si blanche : «…de cette ville, je ne vois plus la blancheur, la beauté ou la joie de vivre, mais uniquement les trous qui me font bondir de ma place, les pigeons qui lâchent leur fiente sur ma tête et les jeunes désœuvrés qui essaient de me tripoter au passage.[…]Saleté de ville !», maugrée Yasmine dans le bus bondé qui la conduit à l’université, tandis que son frère Adel murmure : «Je me sens attiré par cette mer visqueuse, pleine de cadavres et de jeunesse affamée». Voix des gens d’un quartier, et des membres d’une famille particulière, sur laquelle tout le voisinage se répand en commérages. Au fil de courts chapitres soliloqués, c’est une société rongée par la mesquinerie et l’envie qui se profile ; une société sans perspectives pour ceux qui veulent vivre librement. Le propos est intéressant, la vision noire et juste sans doute. Pourtant, malgré quelques beaux passages (le monologue du jeune Tarek entre autres) et quelques personnages attachants (la fratrie Sarah, Adel, Yasmine), ces paroles successives sonnent parfois un peu faux. Ce qui laisse le lecteur mal à l’aise et frustré… FRED ROBERT
L’envers des autres Kaouther Adimi Actes Sud, 13,80 € Kaouther Adimi sera présente pour les Littorales, du 12 au 16 oct à Marseille
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RENCONTRES
ACTORAL
«Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution...» Sans doute plus rassurant, le lien entre Nicolas Maury et le texte passionnant de Noëlle Renaude, De tant en temps, fait de liens ténus entre les idées, de personnages dont la fiction ne tient qu’à un nom, de paroles prêtées, reprises. Fragile, vacillant, sceptique, voix haut perchée, regard sombre, étonné par sa propre audace, l’acteur dessine sur la scène une sorte de géographie comptable (La Somme et la somme) jubilatoire. Deuxième semaine à la Minoterie, cinq soirées, genre montagnes russes. Toboggan de Gildas Milin : saga de vieux goûtant une dernière fois à l’énergie du désespoir ; comment finir en prison pour fuir une société qui ne nourrit ni ne loge ? Tragédie nipponne logorrhéique qui ne propose au spectateur qu’un rôle : otage ligoté sur son siège (version longue) ; il y a un mort (sur scène) et Gildas Milin est un acteur excellent. Plus bas encore, flanqué d’une allégorie (?) en rollers, Arthur-Gonzales Ojjeh alias Antoine Dufeu file l’abstraction même pas lyrique ; Sofia -ville pas fille- invite à la méditation sur le... capitalisme... ça glisse. Le quatre mains des sœurs Martin (têtes coupées, elles sont les mêmes !) en faisant chauffer le rétroprojecteur et les faux semblants -Jed Martin chez Houellebecq, le vrai personnage du roman, leur frère ?- ramène la joie mais pas le Patrick ( «reviens !») du titre ; burlesque léger, sentimental et décapant qui mêle l’art, la mort et Charles Aznavour. Autre duo avec figure absente : celui de Claudine Galéa et de Jean Marc Montera autour de Patti Smith ; élégant et raisonnable, sage et de bon goût, très fréquentable (voir p.63). Plus dérangeant, le Retour au noir de Suzanne Joubert, lu par Xavier Marchand et Rachel Ceysson, superpose et enfante des voix, brouille le regard et suspend le temps ;
Patrick reviens, les soeurs Martin © M. Nouel
De tant en temps © Jean-Julien Kraemer La Loi du marcheur, Nicolas Bouchaud © Giovanni Cittadini Cesi
Comment, après trois semaines de déambulations subjectives dans les écritures contemporaines, résister au plaisir de détourner une partie du titre infiniment subtil du film de Philippe Grandrieux, montré dans le cadre de la 11e édition d’Actoral, pour simplement rendre compte ? Pourquoi ne pas souligner que la beauté, déclinée du paisible au bizarre voire au convulsif, a été l’avant-première invitée de la manifestation au travers de l’affiche/logo conçue par le graphiste Laurent Garbit ? Ce O échevelé plongé dans un liquide homophone, perdant son encre en volutes élégantes, impossible de ne pas y voir un hommage aux sorcières-marraines Chloé Delaumeet BrigitteFontaine, ou une invitation à boire un philtre de liberté. Dispersion et géométrie variable, des lieux, des formes, des propos, des formats, des durées... mais un centre à peu près constant : corps et voix présents, convoqués pour dire une singularité y compris collective. Lancer de la parole à la Maison des Avocats, souriant symbole ouvert à la voix amplifiée, mise en scène, bruitée, branchée et caverneuse d’Anne-James Chaton (voir p 72) traversé par ses Hommes Illustres : Tibère et sa cruauté, dont on se demande quelle part est celle de Suétone ; Christophe Colomb découvert par Jules Verne en même temps que par l’Amérique. Le poète s’amuse à croiser les portraits et s’en tire un de rigolo-intello pas désagréable. Tautologie brillante à la Criée, qui accueillera l’essentiel des propositions de la première semaine, avec un collectif qui collecte des formes orales (l’Encyclopédie de la Parole) et une performeuse qui se prête à toutes les voix ; phénoménale Emmanuelle Lafon (encore une sorcière) qui porte en elle rythme, grain de voix et rhétorique des discoureurs que l’on se plaît à reconnaître, loin pourtant de toute imitation. Du côté des habitées («Je suis la Sybille, le medium...») Chloé Delaume en impératrice gothique, bacchante réinventée, construit dans son corps un Tombeau pour Messaline, sourd, obsédant, chamanique («La parole, n’est-ce pas, la parole...»). Et un peu désuet tout de même.
la petite mécanique des mots laisse toujours un peu de place à l’invisible... Après un bref passage au Gymnase (voir p.20), retour à la Criée avec la reprise de Kolik de Rainald Goetz, que Thierry Raynaud, sous la direction d’Hubert Colas éructe avec une maîtrise consommée, crachant les mots méthodiquement, aidé par la scansion du petit verre ingurgité ; performance d’acteur qui laisse au second plan un texte que l’on finit par ne plus écouter. Autre solitude, lumineuse car portée par l’anamnèse collective, l’écran blanc et la communauté des cinéphiles, celle de Serge Daney, incarné dans la Loi du marcheur, sans la moindre tension vers la ressemblance, par un Nicolas Bouchaud souverain, au-delà du naturel, s’adressant au public dans une constante fluidité, jouant comme un enfant avec les images projetées de Rio Bravo, passeur, marcheur, penseur ; la force du théâtre, celui qui regarde les spectateurs dans les yeux, comme peut le faire le cinéma quand il n’est pas à bout de souffle. Un grand moment... qui nous permet de lui pardonner Mademoiselle Julie, et éclipse un peu sans doute le travail intéressant des plus jeunes comme la compagnie italienne Motus dans son émouvante tentative de résurrection / insurrection d’Alexis (voir p. 12) ou celui plus fragile et tâtonnant de la Compagnie l’Employeur présenté au théâtre des Bernardines. Le festival poursuit sa route jusqu’au 13 oct, en partie à La Friche avec la carte blanche à Catherine Marnas et à La Criée avec Dieudonné Niangouna. MARIE JO DHÔ
Le festival Actoral a lieu du 13 sept au 13 oct
LES LITTORALES | OUEST PROVENCE
RENCONTRES 61
Les Littorales :
Festival littéraire sur le thème Frontières en mouvements Frédéric Valabregue © John Foley
Journée de réflexion, le 14 oct à la BDP Gaston Defferre, en présence de Frédéric Valabrègue pour Le Candidat (P.O.L) de 10h à 11h ; de Dominique Sigaud pour Franz Stangl et moi (Stock) et Laurent Binet pour HHhH (Grasset) de 11h à 12h ; de Robert Bober pour On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux (P.O.L) de 14h à 15h ; de Robert Bober pour la projection du documentaire qu’il a réalisé, (Re)lectures pour tous de 15h à 16h. Le comptoir littéraire, à La Bo[a]te Frontières en mouvements, échanges entre les auteurs invités et Pascal Jourdana, La Marelle, Yann Nicol, Fête du livre de Bron, Thierry Guichard, Le Matricule des anges et Boris Henry, journaliste spécialisé BD, les 15 et 16 oct de 11h à 18h Rencontre sur l’Outre-mer avec Daniel Maximin pour Les Fruits du cyclone : une géopolitique de la Caraïbe (Seuil), Eugène Nicole pour L’œuvre des mers (L’Olivier) et Roland Brival pour L’ensauvagé (Ramsay), le 15 oct à 14h -sur les Formes hybrides avec Alfred et Régis Lejonc, à 15h -sur la Polyphonie, d’une langue à l’autre avec Simonetta Greggio pour Dolce vita 1959-1979 (Stock), Luisa Valenzuela pour Passe d’armes (l’Harmattan) et Metin Arditi pour Le Turquetto (Actes Sud), à 16h -sur Fragments de vie avec Camille de Toledo pour Vies potentielles (Seuil), Lydie Salvayre pour Hymne
(Seuil) et Marie Cosnay pour Entre chagrin et néant (Cadex), à 17h -sur Musique et littérature en compagnie de Valérie Marin La Mesclée, Sami Tchack et Chérif Soumano, à 18h30 atelier avec l’auteur-illustrateur Régis Lejonc, le 16 oct à 10h30 rencontre avec les auteurs de BaDaM !, festival BD créé par Massilia BD, à 12h30 rencontre sur les frontières imaginaires, traditions et urbanités avec Fatéma Hal pour Fille des frontières, (Rey), Merete Pryds Helle pour Oh, Roméo (Gaïa) et Wilfrid N’Sondé pour Le cœur des enfants léopards (Actes Sud, Babel), à 13h30 Sur le fil ! Entre vérité et mensonge avec Christian Garcin pour Des femmes disparaissent (Verdier) et Pauline Klein pour Alice Khan (Allia), à 15h45 ; Jetés dehors à nouveau, création du chorégraphe Sylvain Prunenec et de l’écrivain Mathieu Riboulet, à 17h Les 15 et 16 oct, sous chapiteaux : un forum radiophonique pour se rencontrer autour du livre, un espace librairies, la présentation des réalisations d’Approches culture(s) et territoires sur la question de la place des immigrations dans la culture ; Les commandos poétiques des Souffleurs sur le cours Estienne d’Orves, le 16 oct de 11h à 18h ; le Book Project International, 14e Rencontres internationales de l’édition de création, les 15 et 16 oct… Association Libraires à Marseille – 04 96 12 43 42
La culture en perspectives Organisé par le Syndicat d’Agglomération Nouvelle (SAN) Ouest Provence, l’Assemblée des Communautés de France (ACF), le Fédération Nationale des Collectivités territoriales pour la Culture (FNCC), en partenariat avec l’Observatoire des politiques culturelles (OPC), le colloque intitulé «Intercommunalité culturelle : quels projets pour quelle gouvernance à l’heure de la réforme territoriale ?» se propose de porter un éclairage sur l’inscription de la culture dans la politique d’aménagement du territoire. La construction d’une identité culturelle à travers l’identité territoriale, qui est au cœur des préoccupations du SAN (depuis 1995, renforcée par la création de la Régie culturelle Scènes et Cinés en 2006), est amenée à évoluer au cœur des réformes territoriales. Durant deux jours, au Centreculturel Marcel Pagnol à Fos-sur-Mer, de nombreux acteurs politiques et culturels croiseront leurs expériences, partageront leur savoir-faire et leurs analyses. Le 20 oct, des ateliers traiteront des enjeux juridiques, administratifs et managériaux des équipements et services culturels intercommunaux (animé par J.-L. Bouillère,
dir. des affaires culturelle de Strasbourg, avec E. Baron, avocat au Barreau de Paris, D. Salzgeber, coopérateur culturel, fondateur d’Arteca, M. Blain, responsable de l’observatoire de l’ARCADE et P.-H. Chapt, DGA chargé de l’action culturelle à Annecy) ; de la culture numérique et de la participation des habitants à la vie artistique et culturelle dans le projet intercommunal (animé par S. Pryen, sociologue et maître de conf. à Lille III, avec C. Besson, dir. de la médiathèque intercommunale Ouest Pce, N. Bigas, vice-pdte de l’Agglo. de Montpellier et F. Jumel, dir. de Paloma Scène de musiques actuelles de Nîmes Métropole) ; de la construction de l’espace territorial citoyen (animé par A. Lefèbvre, professeur émérite à l’Univ. de Toulouse Le Mirail, avec B. Schnebelin et F. Léger, codirecteurs d’Ilotopie-Citron Jaune, H. Sobota, dir. de la DAC de Rennes et P.-A. Landel, maître de conf. à l’Univ. Joseph Fourier de Grenoble) ; J.-P. Saez, dir. de l’OPC, conclura. Le 21 oct, une table ronde animée par L. Lemouzy, rédactrice en chef de la revue Pouvoirs locaux, abordera la problématique de la rénovation de la gouvernance
culturelle communautaire avec P. Lungheretti, conseiller en charge du spectacle vivant, de l’action territoriale et de l’Outre-mer au Ministère de la Culture et de la Communication, J.-L. Biard, ancien dir. des affaires culturelle de Rennes, C. Morin-Desailly, Sénatrice de la Seine-Maritime et conseillère régionale de HteNormandie, O. Bianchi, maire adjoint à la culture de Clermont-Ferrand, vice-président chargé de la culture de Clermont Communauté, pdt de la commission culture de l’ACF et F. Salazar-Martin, vice-pdt de la FNCC, adjoint au maire de Martigues chargé de la culture de Martigues. DO.M.
Colloque sur la gouvernance culturelle Les 20 et 21 oct Observatoire des politiques culturelles 04 76 44 33 26 www.observatoire-culture.net SAN Ouest Pce www.ouestprovence.com
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RENCONTRES
LES CORRESPONDANCES DE MANOSQUE
Les belles rencontres Il flottait un air d’été sur la 13ème édition des Correspondances de Manosque. Un parfum de vacances au soleil et de lectures en liberté, depuis les transats disposés çà et là. Une atmosphère détendue malgré la foule et les multiples rendez-vous. La recette du festival est décidément la bonne : un savant dosage d’exigence et de simplicité, d’auteurs reconnus et de découvertes, d’entretiens, de lectures et de spectacles ; sans oublier les écritoires, et les citations que l’on glane sur les vitrines du centre ville. Rançon du succès : il faut désormais réserver son siège très à l’avance, si l’on veut assister à certains événements. Car le public se presse, remplit les places et les salles, avec une ferveur littéraire qui ne se dément pas…
Alissa York © Francois Xavier Emery
De l’art romanesque…
Fabio Viscogliosi © Francois Xavier Emery Vitrine d'une boulangerie, Les Correspondances, Manosque 2011 © Ch. Bourgue/Zibeline
Sur les places on a écouté des romanciers venus parler de leur travail. Instants délicieux et souvent drôles. Car à Manosque, la plupart semblent ravis d’être là. On a revu avec plaisir la pétillante Véronique Ovaldé (voir Zib’44) qui a comparé ses romans à d’énormes gigots qu’on laisserait cuire des heures et dont on ne garderait en fin de compte que «le caramel», puis à des puzzles dont les pièces ne cessent de bouger jusqu’à la version finale. On a assisté au dialogue entre la volubile Carole Martinez (voir p. 58) et la discrète Diane Meur, deux brodeuses de mots et d’histoires qui font voyager loin. On a suivi les déambulations drolatiques du sans doute unique «piéton de L.A.», Jean Rolin, dont l’élégance lasse offre un écho parfait à son observation lucide et amusée de la vacuité du monde (voir p. 58) On a fait la connaissance de la jeune romancière de Toronto Alissa York et goûté au charme de sa lecture, en français, d’extraits de Fauna (voir p. 58). On a aussi écouté avec émoi la lecture de pages de Clèves, roman écrit par Marie Darrieussecq après qu’elle a retrouvé des cassettes enregistrées lorsqu’elle avait entre 14 et 16 ans. Trop pudique pour écrire son histoire, dit-elle, elle évoque avec des mots crus le désordre provoqué par l’éveil de la sexualité chez une adolescente. Quant à Christian Oster, il offre avec Rouler un «roman de route» : Jean, son personnage, quitte Paris pour Marseille et fait quelques rencontres. Fuit-il quelque chose ou quelqu’un ? Il ne se passe presque rien, mais on sent une crainte, celle de la fin du voyage selon l’auteur lui-même qui avoue avoir cherché une métaphore de notre existence.
… au récit de soi…
Il fut question, aussi, d’autobiographies. Des souvenirs pas toujours passionnants de René Fregni, émaillés des portraits de personnes qui ont traversé sa vie com-
me Tony, rencontré en taule et à qui il a offert un stylo pour écrire sa vie sous sa correction. De Mont blanc, qui rend compte d’une cassure qui a «plié en deux» la vie de Fabio Viscogliosi, au moment de la mort de ses parents dans le tunnel du Mont Blanc. De Journal en ruine, qui rapporte des fragments de vie de Noël Herpe, éclats qui prennent sens dans la confrontation de notes, lettres, anamnèses cinématographiques. Ces deux auteurs, en un dialogue, ont souligné l’importance du cinéma dans leur écriture, Noël Herpe allant même jusqu’à déclarer qu’il y trouve «une dimension érotique absente de la littérature», et que «le livre mobilise moins notre capacité de fabulation». Étonnant, pour un écrivain, souligne une spectatrice pertinente… Antonio Altarriba, dans la petite salle du théâtre Jean le Bleu, a parlé quant à lui de son métier de scénariste de roman graphique. Non seulement il conçoit en détail la narration mais décrit aussi précisément les vignettes, leurs plans, leurs angles, l’éclairage, la composition des dessins de Kim. Ainsi L’art de voler raconte le suicide de son père à 90 ans, et revient sur l’histoire de l’Espagne. Pour lui la BD renoue avec la préoccupation documentaire du roman réaliste, tout en combinant l’objectivité du dessin, qui rapporte l’événementiel, et l’introspection, la subjectivité, qu’il a choisi de rendre aussi par des incursions fantastiques : ainsi une taupe ronge la poitrine de son père, marque de la dictature franquiste qu’il a dû accepter…
…de l’autre…
Les Correspondances 2011 ont innové en invitant, aux côtés des écrivains de fiction, des universitaires rompus à l’analyse, littéraire ou sociologique. Henri Godard, lumineux exégète de Céline - et de Giono -, parvint, devant un auditoire suspendu, à rendre compte des contradictions de l’homme sans évitements, soulignant son abominable antisémitisme, mais aussi la force exceptionnelle, inentamée, de son style. Ses «incroyables trouvailles», qui culminent selon lui dans Mort à crédit. Son dernier ouvrage, longue et passionnante biographie (éd. Seuil), dévoile encore des aspects inattendus de cet écrivain de génie, autodidacte pour l’essentiel, médecin obsédé par la matérialité du corps, cherchant parfois désespérément une mystique à laquelle il ne peut croire, trouvant l’élévation dans l’art et la danse, vivant toutes les sales aventures du siècle, de l’Afrique colonisée à l’Amérique taylorisée, des tranchées à la collaboration, de l’exil à la prison, la réclusion volontaire, jusqu’à ce qu’il adopte finalement un attirail de clochard déchu, de paria folklorique qui fut son dernier personnage. Henri Godard a conclu en disant qu’il allait laisser là
RENCONTRES
Céline, parce que tout avait été publié, et qu’être présenté parfois comme «Monsieur Céline» a quelque chose de lourd à assumer… Mais la question si dérangeante, qu’il pose en fait depuis qu’il travaille sur cette œuvre, reste ouverte, comme une plaie : le style incomparable de Céline, sa force si bouleversante, si exceptionnelle, a-t-elle à voir avec sa violence et sa haine ? Si elle y prend racine, et toute l’exégèse de Godard semble le dire, qu’attend-on de la littérature, dans le rapport intime qu’elle nous donne à un auteur, et dans ce quelle nous dit du monde ?
…des autres …
…vers le spectacle
Le soir, après les écrivains, ce sont des artistes, chanteurs et comédiens, qui donnent à entendre «leur» littérature au théâtre Jean le Bleu.
Instantane pris aux Correspondances, Manosque 2011 © Mad Imbert
On retiendra également la passionnante intervention de Gisèle Sapiro sur la responsabilité de l’écrivain. Cette sociologue, directrice de recherches au CNRS spécialisée dans l’histoire de la littérature, s’est d’abord intéressée à La guerre des écrivains (c’est le titre de sa thèse), c’est-à-dire aux écrivains pendant l’Occupation. Invitée à Manosque pour parler de son nouvel essai La responsabilité de l’écrivain. Littérature, droit et morale du XIXe au XXIe siècle (Seuil), elle a proposé une sorte d’ «apéritif théorique» avant le débat conduit par Michel Abescat sur la liberté de l’écrivain. Évoquer en moins d’une heure, et clairement, les thèses de cet ouvrage volumineux (plus de 700 pages !), donner des exemples parlants, resituer nettement les notions d’auteur, de responsabilité pénale, ainsi que l’évolution de la figure de l’écrivain et de son rapport à l’éthique, du siècle des Lumières à nos jours, c’est ce qu’elle a fait brillamment. Tentons une sommaire synthèse ! Afin de montrer comment, née de Voltaire et des philosophes du XVIIIe, l’image de l’écrivain comme intellectuel critique s’est construite et imposée au XIXe siècle, Gisèle Sapiro s’est appuyée sur l’analyse de procès d’auteurs célèbres. Selon elle, le procès est en effet le «lieu stratégique de confrontation de valeurs» : là où les juges se référent à la morale et à la politique, accusant les écrivains d’attenter aux bonnes mœurs ou à l’intérêt national, les accusés défendent, eux, les notions de vérité et de beauté. Les procès de Flaubert et de Baudelaire, tous deux menés par le célèbre procureur Pinard, sont ainsi typiques de cette confrontation publique (et très populaire à l’époque) de la morale et de la littérature. Plus qu’au procès de Flaubert, c’est à celui du réalisme qu’on assiste. La sociologue a d’ailleurs rappelé que Pinard avait très bien perçu le caractère subversif de Madame Bovary, mieux que l’avocat du romancier ! Après les poursuites pour immoralité viennent celles pour «trahison» et «intelligence avec l’ennemi», suite à l’Affaire Dreyfus et à la Première Guerre Mondiale. De tels procès seront de nouveau instruits à la Libération ; en témoigne celui de Brasillach. C’est dans ce contexte que s’inscrira Sartre, figure emblématique de l’intellectuel engagé du XXe siècle et théoricien de la notion de responsabilité (et par là de liberté) de l’écrivain. Gisèle Sapiro a conclu son tour d’horizon en rappelant que depuis les années 1970, l’étoile de l’écrivain comme intellectuel de référence, compétent dans tous les domaines de la vie publique, a bien pâli, par faute sans doute des «erreurs» d’engagement de certains. À sa place brille désormais celle de l’expert, dans une société de l’image où la parole écrite a perdu de son poids. Une table ronde a suivi la conférence et permis de faire le point sur certaines formes actuelles d’entraves à la liberté d’expression des écrivains : judiciarisation de la société, durcissement et augmentation des attaques en diffamation, tendance à l’autocensure ; utilisation excessive de la notion de protection des mineurs... Paul Otchakovsky-Laurens (éditeur POL) a
constaté que les choses n’avaient pas beaucoup changé depuis Pinard et que «les juges ne savent pas lire», puisqu’ils s’obstinent à confondre narrateur et auteur. Quant à Shumona Sinha, présente dans le public, elle a rappelé que son roman Assommons les pauvres (voir Zib’44) lui avait coûté son emploi, preuve s’il en fallait que la liberté littéraire se paie cher, même en France, même au XXIe siècle.
Anouk Aimée a lu Moravia, Olivia Ruiz a chanté ses poètes, et Bertrand Belin a commencé très fort (une irrésistible mise en dialogue de ses interrogations sur le concept de concert littéraire) et terminé rapidement, en laissant place à une performance désespérément phallocrate de Damien Schultz (gueuler des propos agressifs contre les femmes ne rend pas la misogynie poétique). Au centre de cette prestation des chansons, aux textes audibles, mais pas transcendants, sans ligne mélodique ni tempo, fondés sur des bribes, des délitements jolis, des ellipses, des presque rien, qui finissent hélas par l’atteindre souvent… On attendait beaucoup de la lecture de Laurent Poitrenaux et Marcial Di Fonzo Bo. Si l’on a retrouvé le premier toujours aussi subtil et habité dans le rôle du traducteur et poète Armel Guerne, on a été déçu par la présence monolithique du second en Cioran. De plus cet échange épistolaire autour des tracasseries du quotidien, des problèmes de traduction et de considérations amères sur la révolte des étudiants en 68 laisse transparaître une certaine misanthropie, un sectarisme réac-
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tionnaire du philosophe, auquel le public n’a pas adhéré. En revanche Claudine Galea et Jean-Marc Montera (également à Actoral, voir p. 60) a mis en lumière un sens aiguisé de la lecture juste, et du dialogue de la musique et des mots, en un rappel de son premier contact avec la voix androgyne de Patti Smith à La Redonne en 1976, puis au concert à Paris le 26 mars 1978 (voir Zib’44). La guitare de Montera fait ressurgir des mélodies de la rockeuse, improvise, sample, bruite. La voix et l’instrument se fondent et se répondent avec les mots de Gloria ou de Horses en une belle évocation. Enfin le public fut enthousiasmé par la lecture de Dominique Reymond des lettres de Grisélidis Real, courtisane moderne engagée dans la lutte des prostituées dans les années 70 pour la reconnaissance du rôle social de leur activité. Dans un fourreau de soie rouge, auréolée de longs cheveux aux mêmes reflets, cette artiste discrète a su faire résonner des mots de vie et de passion. C’est la voix d’une mère soucieuse de l’éducation et du bien-être de ses enfants, d’une artiste - elle peignait -, d’une amoureuse qui a passionnément aimé un tunisien ivrogne et taulard. Panorama autobiographique de 1955 à 1993, avec ses réussites, ses moments de calme, ses enthousiasmes et ses abattements quand elle doit retourner à la prostitution pour payer son loyer et nourrir ses enfants. Des mots forts, des sentiments vrais, une réelle émotion. Un grand moment de ces Correspondances ! FRED ROBERT, AGNÈS FRESCHEL, CHRIS BOURGUE
Les Correspondances de Manosque ont eu lieu du 21 au 25 septembre
À lire également Diane Meur, Les villes de la plaine (Sabine Wespieser) Alexis Jenni, L’art français de la guerre (Gallimard) Dalibor Frioux, Brut (Seuil) Marie Darrieussecq, Clèves (P.O.L) Grisélidis Réal, Mémoires de l’inachevé (Verticales) Patrick Deville, Kampuchéa (Seuil, coll. Fictions & Cie) René Fregni, La fiancée des corbeaux (Gallimard) Emil Cioran & Armel Guerne, Lettres (1961-1978) (Gallimard) Christian Oster, Rouler (L’Olivier)
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RENCONTRES
AU PROGRAMME
Approches Culture(s) et Territoires – 04 91 63 59 88 Mémoire en chantier : 1re biennale du Réseau pour l’Histoire et la Mémoire des Immigrations et des Territoires. Exposition visuelle et sonore Nous venus d’ailleurs, immigrer, vivre et travailler à la Seyne-sur-Mer jusqu’au 15 déc à la Maison du patrimoine à La Seyne ; expo Du bateau à la cité, l’enfermement à Marseille XVIIIe-XX e siècles, jusqu’au 21 jan aux Archives départementales des B-d-R Marseille ; expo Des travailleurs indochinois dans les Bouches-du-Rhône, jusqu’au 30 octà la Poudrerie à Saint-Chamas ; expo photos Portraits d’anciens combattants de l’armée d’Afrique, du 25 oct au 19 nov à la médiathèque intercommunale de Miramas ; expo des élèves de l’école maternelle Edouard Vaillant sur : Hors champ, regards attentifs et éclairés, du 7 au 12 nov au Toursky, Marseille ; conférence des historiens Abderahmane Mounen et Jean-Jacques Jordi sur les Harkis, au camp des invisibles, le 12 oct à 18h30 aux Archives Départementales des B-d-R, Centre d’Aix ; conférence de Lorenzo Prencipe Itialiani nel mondo Museo Nazionale Emigrazione Italiana, le 13 oct à 18h à l’Institut Culturel Italien, Marseille ; conférence d’Anouche Kunth, Le refuge des Arméniens en Provence, le 18 oct à 18h30 aux ABD Gaston Defferre Marseille ; conférence des historiens Anouche Kunth et Claire Moudarian sur Les Arméniens en France, du chaos à la reconnaissance, le 21 oct à 19h à l’ARAM (Association pour la recherche et l’archivage de la Mémoire arménienne, 8 bis place Pelabon, Marseille). Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42 Rencontres : avec Metin Arditi pour son livre Le Turquetto (Actes Sud) le 12 oct à 17h à la librairie Maupetit (Marseille) et le 13 oct à 17h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Clara Dupont-Monod pour son livre Nestor rend les armes (Sabine Wespieser) le 14 oct à 19h à la librairie de l’Horloge (Carpentras) et le 28 oct à 18h30 à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Dominique Resch pour son roman Mots de tête (Autrement) le 14 oct à 17h à la librairie Aux Vents des mots (Gardanne) ; avec Pavel Hak pour son roman Vomito Negro (Verdier) le 18 oct à 19h à la librairie La Mémoire du monde (Avignon) ; avec Claude Mineraud pour son livre Un terrorisme planétaire, le capitalisme financier (La Différence) le 19 oct à 17h à la librairie Maupetit (Marseille) ; avec François Léotard pour son ouvrage Habitare Secum (Sudarènes Éditions) le 20 oct à 16h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Thierry Discepolo pour son livre La trahison des éditeurs (Agone) le 20 oct à 19h à la librairie L’Odeur du temps (Marseille) ; avec Yann Kassile pour son livre Penseurs japonais, dialogues du commencement (L’Eclat) le 20 oct à 19h à la librairie La Mémoire du monde (Avignon) ; avec Jérôme Bru qui lira des extraits des romans pronostiqués gagnants pour les prix littéraires d’automne par les lecteurs et les libraires de l’Orange bleue le 21 oct à 19h à la librairie L’Orange bleue (Orange) ; avec Géronimo Stilton le 22 oct à 15h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Eric Wenzel pour son livre La torture judiciaire dans la France de l’Ancien Régime : lumière sur la question (éd. Universitaires de Dijon) le 27 oct à 19h à la librairie La Mémoire du monde (Avignon). Itinérances littéraires : rencontre avec Vilma Fuentes pour son livre Les Greffiers du diable (Actes Sud) en partenariat avec les Belles Latinas, le 3 nov à la librairie Aux vents des mots (Gardanne), le 4 nov à la librairie L’Alinéa (Martigues), le 5 nov à la librairie Quartier latin (Nice). AIX Cité du livre – 04 42 91 98 88 Exposition L’Imprimerie nationale, histoire de caractères : découverte d’une cinquantaine de livres anciens imprimés par l’Imprimerie nationale (XVIe-XIXe) et du matériel ty-
pographique ayant permis leur réalisation. Jusqu’au 12 nov. Fondation Vasarely – 04 42 20 01 09 40e anniversaire de la Fondation. Durant les vacances de la Toussaint, visites guidées et ateliers en arts plastiques pour les enfants de 3 à 12 ans : Paysages le 25 oct de 14h à 16h ; Couleurs le 26 oct de 14h à 16h ; illusions d’optique le 27 oct de 10h à 12h ; Noir et blanc le 28 oct de 14h à 16h. Galerie IPSAA ESDAC- 04 42 91 66 90 Vernissage des œuvres d’artistes de Sao Tomé, le 12 oct à partir de 18h30, et de celles du photographe Serge Faudin, le 19 oct à partir de 18h30. Galerie La Non-Maison – 06 29 46 33 98 Exposition Contrevoies [1], du 15 oct au 31 déc, vernissage le 15 oct à 18h. ALLAUCH Musée – 04 91 10 49 00 Exposition Petits miracles à Mexico, ex-voto mexicains et contemporains, jusqu’au 30 octobre. APT Le Vélo Théâtre – 04 90 04 85 25 Cris poétiques, des poètes sur la scène en présences des poètes Hervé Bauer et Lucien Suel, le 28 oct à 20h30. ARLES Atelier Archipel – 06 21 29 11 92 Exposition Perlinpinpin de Caroline Robe, jusqu’au 23 oct. Collège international des traducteurs littéraires – 04 90 52 05 50 Journées Arno Schmidt, écrivain et photographe, du 9 au 11 nov. AVIGNON Collection Lambert – 04 90 16 56 20 Prolongation de l’exposition Le Temps retrouvé, Cy Twombly photographe et artistes invités, jusqu’au 20 nov. CDC–Les Hivernales – 04 90 82 33 12 Dans le cadre des Lundis au soleil, rencontre avec Josette Baïz, chorégraphe fondatrice du Groupe Grenade, le 7 nov à 19h. BARJOLS Plaine Page – 04 94 72 54 81 2e rencontre du réseau européen du réemploi, le RER 2 : expositions-installations de plasticiens poètes, conférences, performance et récital… Les 21 et 22 oct. CHARLEVAL Bibliothèque municipale – 04 42 28 56 46 Dans le cadre du Mois du film documentaire, deux auteurs sont en résidence d’écriture à Charleval, Insa Sané et Samira El Ayachi ; ils proposeront des ateliers d’écriture «littérature urbaine» pour les adolescents de 11 à 17 ans, les 9 et 23 nov à 14h à la bibliothèque de Charleval, et les 9 et 16 nov à 14h à l’espace jeunes de Mallemort. CORNILLON-CONFOUX Espace Pièle – 04 42 05 47 03 Conférence de Patrick Varrot, historien de l’art, sur Une dynastie de peintres autour de l’Etang de Berre (17041835), le 13 oct à 18h30. FORCALQUIER Forcalquier des livres – 04 92 75 09 59 Fête du livre sur le thème de l’image imprimée, gravure sur bois, taille-douce, lithographie, sérigraphie… : conférences, expositions, ateliers, marché du livre ancien et de la petite édition. Du 21 au 23 oct. GAP Théâtre La Passerelle – 04 92 52 52 52 Une question d’épreuves : exposition photographique de
Sabine Delcour, photographe en résidence en 2011. Du 22 oct au 14 janvier. Vernissage et rencontre avec l’artiste le 21 oct à 18h. GARDANNE Médiathèque Nelson Mandela – 04 42 51 15 16 Dans le cadre des samedis de la médiathèque, causerie avec présentation par diaporama de pièces d’archives, par Huguette Garrido, de Topographie, démographie, urbanisme à Gardanne au XIXe siècle. Le 22 oct à 15h. LA SEYNE-SUR-MER Les Chantiers de la lune – 04 94 06 49 26 Exposition de peintures de Colette Chauvin, jusqu’au 29 oct. Association Orphéon – 04 94 28 50 30 12e édition de la fête du livre et des auteurs de théâtre. Le 15 oct au Théâtre Guillaume Apollinaire. LA TOUR D’AIGUES Nouvelles Hybrides – 04 90 08 05 52 Atelier d’écriture à la manière oulipienne animé par Frédéric Forte, le 15 oct de 10h à 17h. LE PUY-SAINTE-REPARADE Association de la Trevaresse – 04 42 61 90 41 Rêves pensées, festival du livre et de la poésie sur le thème Villes et paysages, les 12 et 13 nov. MARSEILLE BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 Dans le cadre du cycle Forêts d’ici, forêts d’ailleurs : conférence d’Olivier Dangles, écologue à l’IRD, À l’épicentre de la biodiversité, le 22 oct à 17h ; conférence de Hubert de Foresta, écologue à l’IRD, sur Cultiver la forêt tropicale, le 5 nov à 17h. Conférence/débat sur La mer par Jacqueline Ghio-Gervais dans le cadre du cycle Les rencontres littéraires de l’Apostrophe. Le 22 oct à 16h30. Rencontre/débat avec Nina Kehayan, romancière et traductrice sur Le journal d’un fou de Gogol, le 28 oct à 17h. ABD Gaston Defferre - 04 91 08 61 00 Questions ouvertes : rencontres sous forme de tables rondes qui permettent de présenter l’état des travaux d’universitaires. La bioéthique au cœur de la société, animée par Pedro Lima, journaliste scientifique, avec John de Vos, responsable de l’Unité Thérapie cellulaire de l’hôpital Saint-Eloi de Montpellier, Perrine Malzac généticienne à l’hôpital de la Timone à Marseille, responsable de l’Espace Ethique méditerranéen, Nicole Philip, professeur des universités, département de Génétique médicale à l’hôpital de la Timone Enfants, Véronique Fournier, médecin et directrice du Centre d’éthique clinique à l’hôpital Cochin à Paris, Anne Noizet, médecin gynécologue au Centre de procréation médicalement assistée de l’hôpital de la Conception à Marseille et Catherine Guillemain, directrice du Cecos à Marseille. Le 15 oct de 14h à 18h. Nouvelles du Mexique, lectures : Les Mots croisés de Fabio Morabito par Noémie Rosenblatt et Maxime Le Gall, le 17 oct à 18h30 ; Amours d’occasion d’Enrique Serna par Jérémie Bédrune, le 22 oct à 15h. Colloque sur Antonin Artaud avec Wael Ali, doctorant à l’Université Lyon 2, Sijia Guo, traductrice et maître de conférences à l’Université de Fudan (Shanghaï), Serge Malausséna, neveu d’Antonin Artaud, Serge Margel, enseignant et chercheur à l’Université de Lausanne et à la Haute école d’art et de design de Genève, Valère Novarina, écrivain et metteur en scène, Renaud de Portzamparc, psychiatre et psychanalyste, Jacob Rogozinski, professeur à l’Université de Strasbourg et Olivier Saccomano, metteur en scène et enseignant à l’Université de Provence, les 4 et 5 nov.
RENCONTRES Théâtre Massalia – 04 95 04 95 70 Rencontre/débat avec Aldo Naouri sur le thème Qui sont les enfants et les parents d’aujourd’hui, le 22 oct. Centre Fleg – 04 91 37 42 01 Café littéraire en présence d’Eric Fottorino, auteur du livre Questions à mon père (Gallimard), animé par Dina Dian, sur le thème du Maroc, le 15 nov à 18h30. Vusucom – 04 91 47 95 05 Salon du livre Culture sourde et littérature : dédicaces, lectures bilingue, rencontres… en présence d’une vingtaine d’auteurs, dessinateurs et éditeurs. Le 22 oct de 10h à 18h au restaurant Les grandes tables de la Friche. Théâtre Off – 04 91 31 13 33 Le Bout du vide, textes de femmes sous écrous : ateliers d’écritures dirigés par Anne-Marie Ortiz au centre pénitentiaire Les Baumettes, textes dits par Frédéric Ortiz. Jusqu’au 22 oct. Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Cycle de conférences sur les Origines entre mythes et réalités, par Laure Humel. Le 1re aura pour thème Les Grecs en Italie du sud et en Sicile : histoire, légendes et vestiges, le 10 nov à 18h. À l’occasion des célébrations du 150e anniversaire de l’Unité de l’Italie, exposition de photos UN.it – Unesco Italia. Du 10 nov au 2 déc. La Zin Compagnie – 06 15 76 03 73 Stage de clown pour enfants de 7 à 12 ans, de 10h à 16h, les 15 et 16 oct. Marseille Web Fest – contact@marseillewebfest.com 1er festival international de la web-série de fiction, les 14 et 15 oct. Librairie Maupetit – 04 91 36 50 58 Exposition d’illustrations de Mario Ramos, du 19 oct au 26 nov. La Citerne du Panier – 04 88 44 31 72 Exposition Du Noir dans l’œil, du 15 au 31 oct. Maison de l’Architecture et de la Ville – 04 96 12 24 10 Habiter, réflexions et expériences sur le logement collectif : Conférence Requalification des grands ensembles : impasse ou réussite ?, le 18 oct à 19h à la Maison de la Région. Exposition des photos de Philippe Piron des ensembles et résidences de Marseille construites en 1955 et 1975. Jusqu’au 29 oct au SA13. AtelieRnational – 09 52 63 54 58 Exposition de Patricia Boucharlat, du 13 oct au 5 nov. Espace Leclere – 04 91 50 00 00 Rencontres et conférences présentées par Jean-Noël Bret : Indiennes sublimes, rencontre et signature avec Serge Liagre, collectionneur, historien des textiles et du costumes, le 17 oct ; conférence de Véronique Serrano, conservateur du patrimoine, directrice du muée, sur Le musée Bonnard au Cannet, le 24 oct ; conférence de Monique Pomey, restauratrice de peintures, et Frédéric Médail, professeur d’écologie végétale, sur Les richesses cachées d’un chefd’œuvre : la flore dans le rétable du Buisson
Ardent, le 31 oct. Galerie Paradis – 06 75 52 07 39 Exposition des toiles de Françoise Semiramoth, du 13 oct au 13 nov. La compagnie – 04 91 90 04 26 Exposition Quasi una fantasia (Anaïs Belmont, Joël Belouet, Charlotte Benedittini, Kathialyn Borissoff, Mathias Isouard et Guillaume Loiseau) / opus 1 : performance sonore de Charlotte Benedittini le 4 nov à 19h, vernissage le 4 nov à 18h. Parvis des arts – 04 91 64 06 37 Chrysalides et autres petits monstres, exposition des peintures et sculptures de Danielle Lorin, du 9 nov au 19 déc. Espace Ecureuil – 04 91 57 26 49 Conférence d’initiation L’art en France, l’art français I : De l’art rupestre à l’art courtois, par Jean-Noël Bret. Le 13 oct à 18h. MARTIGUES Musée Ziem – 04 42 41 39 60 Exposition Chefs-d’œuvre du musée des beaux-arts de Carcassonne, du 16 nov au 26 fév. NÎMES Carré d’Art – 04 42 99 22 37 Présentation interrégionale du Livre blanc des Musées de France en présence de Christophe Vital, Président de l’AGCCPF, Conservateur en chef du Patrimoine, le 14 oct de 10h30 à 11h30, suivie d’un débat avec la salle. PAYS D’AIX Autres Mondes – 04 42 93 85 85 3e édition du Festival de l’imaginaire, Autres mondes : rencontres, lectures, débats, dédicaces… à Lambesc, Rognes et Les Pennes-Mirabeau. Du 19 au 23 oct. SANARY-SUR-MER Espace Saint Nazaire – 04 94 32 97 00 Exposition Eclats d’Art, jusqu’au 20 nov.
Faites de la science
C’était pour fêter le 10e anniversaire de la création du ministère de la Recherche et de l’Espace que M. Hubert Curien, qui en avait alors le portefeuille, décida, il y a tout juste 20 ans, d’ouvrir les jardins de son ministère au public : «Voilà un événement sympathique», soulignait-il…, «Je vous suggère d’y voir le symbole que la recherche et la technologie sont l’affaire de tous.» Il souhaitait rapprocher les Parisiens de la science et de ses acteurs. C’est de cette idée modeste et géniale qu’est née «la Fête de la Science». La petite réjouissance agreste est devenue un événement énorme coordonnant plus de 3000 initiatives pour plus d’un million de visiteur sur tout le territoire national. Cette année en PACA plus de 150 manifestations dans une trentaine de communes accueilleront les curieux de 2 à 200 ans pour fêter 20 ans de fêtes. De Forcalquier à Quinson, d’Avignon à La Cadière et à Grasse, avec plus de 80 manifestations dans les Bouches-du-Rhône… En cette année Internationale de la Chimie (voir Zib’ 44), l’accent est évidemment mis sur cette discipline. Chers Zibelsavants de Marseille, vous pouvez aller faire votre «Marché de la Chimie» ! Du 13 au 15 oct au Campus Saint-Charles, où, dans des halles pas comme les autres, des chercheurs tiennent les éventaires des fruits bigarrés de la connaissance. Marché des quatre saisons alchimiques : épicerie, pharmacie, quincaillerie et énergies. Des savants de Marseille et d’ailleurs vous concocteront un panier garni faisant, à tous les sens du terme, la synthèse en une étape du dentifrice, du filtre d’aquarium et de la semelle de godillot. Vous y découvrirez la formulation secrète et chimique de la menthe à l’eau et du pastaga. Du 12 au 16 oct, de Salon-de-Provence à Vitrolles en passant par le village des sciences de Marseille, les Petits Débrouillards sillonneront, dans leur camion de la chimie, le département pour une «Caravane des explorateurs». Et d’aventure en aventure, de train en train, de port en port… la chimie amusante (pléonasme) promènera ses expériences et ses jeux autour des questions de santé, d’environnement, d’agroalimentaire ou tout simplement de la chimie du quotidien. YVES BERCHADSKY
SIX-FOURS Association Destination Planète Livre – 04 94 74 75 61 8e édition du salon du livre jeunesse : dédicaces, ateliers, sculptures de livre… Du 14 au 16 oct. TRETS Maison de la culture et du tourisme – 04 42 61 23 75 5e édition du festival Des remparts et des bulles consacré au 9e art : projections cinéma, rencontres/dédicaces, conférences, ateliers, convention BD (marché d’occasion de la bande dessinée), exposition d’œuvres de dessinateurs. Les 29 et 30 oct. VERS-PONT-DU-GARD Pont du Gard – 0 820 903 330 Exposition des œuvres de Daniel Deleuze, Patrick Saytour et Claude Viallat, jusqu’au 13 mars.
Fête de la science Du 12 au 16 oct En tous lieux ! www.culture-science-paca.org/node/1340
Papauté avignonnaise Le Théâtre du Chêne Noir débute un cycle de six conférences, dont deux sont données cette saison, autour du passé pontifical d’Avignon, le premier volet ayant trait aux enjeux de la grande histoire des papes avignonnais. Paul Payan, Maître de conférence en histoire médiévale à l’Université d’Avignon, abordera l’impact de la présence des papes pendant près d’un siècle sur la ville, sa région, mais aussi sur l’ensemble de l’Europe pour permettre de comprendre la singulière identité avignonnaise. Avignon, cité des papes ? Le poids d’un passé Le 20 oct à 19h Théâtre du Chêne Noir, Avignon 04 90 86 58 11 www.chenenoir.fr
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RENCONTRES
LE MEXIQUE
Ce qui nous reste du Mexique L’Année du Mexique en France s’annonçait splendide… avant que le gouvernement français, traitant l’État mexicain comme une république sous développée confondant les pouvoirs, n’exige du gouvernement Mexicain qu’il transfère Florence Cassez en France, ce qui n’appartient qu’au pouvoir judiciaire, puis que l’année lui soit dédiée. Résultat ? Un beau gâchis, et quelques bribes des projets prévus en guise d’échange culturel...
Dans la région, après quelques lectures aux archives (voir ci-contre) et la belle soirée concoctée par Catherine Marnas lors d’actoral (elle devait créer Pancho Villa, de Bárbara Colio à Mexico puis en France, projet interrompu de fait…), il reste donc une Fête des morts à la marelle, une expo aux ABD, un peu partout des projections, et la venue exceptionnelle de Carlos Fuentes aux Écritures croisées. C’est pas le Pérou, mais ça y ressemble…
Pan de muertos et mariachis La fête des Morts reste aujourd’hui très populaire au Mexique (même si Halloween lui fait concurrence, comme partout). Quoique les hommages rituels rendus aux défunts remontent bien loin avant la conquête espagnole, El dia de Los Muertos se confond désormais avec la tradition chrétienne de la Toussaint et se célèbre aux mêmes dates. Voilà pourquoi le jeune auteur mexicain Juan Manuel Villalobos don-
ne rendez-vous, le 31 oct, à ceux qui souhaitent en savoir plus sur ces célébrations particulières. Rencontre, lecture, présentation d’objets rituels, tout cela en musique grâce au groupe CoraSon de Mexico. Villalobos évoquera aussi sa résidence à La Marelle et ses projets d’écriture. Un apéro culturel et festif, à partir de 18h aux Grandes Tables de la Friche. F.R
Actuellement en résidence à La Marelle, l’écrivain Juan Manuel Villalobos animera une masterclass (destinée aux personnes ayant de bonnes connaissances en espagnol lu) au cours de laquelle il analysera deux de ses nouvelles et parlera de son expérience du processus de création. Il expliquera aussi son approche personnelle de l’écriture et ses motivations en tant qu’écrivain, et évoquera son travail en cours. Masterclass avec Juan Manuel Villalobos Le 9 nov de 14h30 à 18h30 La Marelle, la Friche la Belle de Mai 04 91 05 48 72 (réservation obligatoire)
Le Mexique autrement Si Carlos Fuentes est l’invité phare de la fête du livre concoctée par les Ecritures Croisées, il n’en est pas le seul ! De nombreux auteurs et artistes feront écho à son œuvre lors de rencontres durant ces quatre jours à la Cité du Livre. Le 13 oct, dès 18h, lancement des festivités en présence de Carlos Fuentes, Carmen Iglesias, Juan Goytisolo, Jean Daniel (sous réserve), Ignacio Padilla et Valerio Adami ; Anne Alvaro et Carlos Fuentes liront des extraits de l’Oranger, puis l’Ensemble Télémaque interprétera des extraits de l’opéra de José Maria Sanchez Verdu, Aura, sous la direction de Raoul Lay. Le lendemain, la majeure partie de l’après-midi sera consacrée aux entretiens et dialogues qui auront lieu entre Carlos Fuentes et ses invités, puis, à 18h, La plus limpide région réunira Jorge Volpi, Juan Gabriel Vásquez, Julian Rios, Santiago Gomboa, Céline Zins, Pedro Ángel Palou García, Ignacio Padilla et Steven Boldy.
Le 15, Carlos Fuentes parlera, à 15h30, de ses rapports avec l’édition avec Jean Mattern, Luca Formenton, Julián Ríos, Pedro Ángel Palou García, puis, à 17h30, avec l’Histoire en présence de Carmen Iglesias, Juan Goytisolo, Aline Schulman, Hugh Thomas, Arturo Fontaine, Julio Ortega, Guy Scarpetta ; à 19h, le Théâtre des Ateliers l’accueillera pour la lecture intégrale de L’Instinct d’Inès. Le 16 oct et dernier jour, la rencontre de 10h aura trait au journalisme avec Fuentes, Alan Riding (journaliste), Marlise Simons (journaliste), Basilio Baltasar (rédacteur en chef à El Pais - Madrid), Jorge Volpi et Carlos Franz, tandis que celle de 16h se fera autour de la littérature latino américaine avec Carlos Franz, Santiago Gamboa, Julio Ortega, Guy Scarpetta, Juan Gabriel Vásquez, Jorge Volpi, Ignacio Padilla et Arturo Fontaine. Sans oublier l’exposition de Camilla Adami et Juan Soriano à la Cité du livre du 14 oct au 3 déc, les projections en partenariat avec l’Institut de l’image…
Fête du livre Du 13 au 16 oct La Cité du livre, Aix 04 42 26 16 85 www.citedulivre-aix.com
Les éditions Rouge profond viennent d’éditer un ouvrage qui regroupe les textes d’écrivains qui ont répondu à l’invitation des Ecritures Croisées ces vingtcinq dernières années. Rassemblés par Annie Terrier, Guy Astic et Liliane Dutrait, ces textes sont ceux de Prix Nobel de littérature, de romanciers, de poètes hors du commun. Un film complète ce Parcours raisonné dans les littératures du monde en proposant durant près de deux heures des prises de parole entrecoupées de lectures et de performances musicales. Écritures Croisées. Parcours raisonné dans les littératures du monde Annie Terrier, Guy Astic, Liliane Dutrait Editions Rouge profond, coll. Débords, 25 €
Camilla Adami expose avec Juan Soriano à la Cité du Livre à l'occasion de la Fête du livre © X-D.R
RENCONTRES 67
Des nouvelles en bibliothèque Autour de l’exposition Mexique, carnets de route, la Bibliothèque départementale propose jusqu’en janvier prochain une série de manifestations. Des projections de documentaires et de films d’animation, une conférence sur La pensée ininterrompue du Mexique dans l’œuvre de Le Clezio (le 19 oct à 18h30), un colloque consacré aux routes d’Artaud (les 4 et 5 nov) ainsi qu’un cycle de lectures de nouvelles mexicaines contemporaines destinées à faire connaître plus largement une littérature féconde et variée. C’est dans ce cadre qu’on a pu découvrir Juan Rulfo (1917-1986). En un court roman et un recueil de nouvelles, celui-ci a posé les bases d’une écriture éclatée, polyphonique, résolument novatrice, qui a inspiré la plupart des écrivains latino
des déshérités, que Rulfo rend dans un style dépouillé, non dénué d’humour noir et de feinte candeur. La mise en scène sobrissime (un escabeau, deux lutrins, quelques déplacements et effets choraux), était parfaitement accordée à l’univers de l’écrivain. Une lecture sensible, qui donne envie. Ce qui est le but, non ?
américains plus connus des lecteurs français (Fuentes, Sabato, Carpentier, Vargas Llosa…). En une heure, les comédiennes Agnès Pétreau et Sabine Tamisier ont donné voix -et quelle voix !- à quatre des nouvelles extraites de son Llano en flammes. Le llano, c’est la plaine, un milieu rural hostile infesté d’animaux venimeux et de bandits, écrasé de misère, imprégné de croyances et de peurs. Violence du climat et des éléments, violence des relations humaines même (surtout ?) au cœur des familles. Et la mort, partout, tout le temps. Les deux lectrices ont fait entendre la parole
FRED ROBERT
Du côté des fils
Si cette année donne l’occasion de retrouver les pères de la littérature mexicaine, comme Rulfo et Fuentes, elle offre aussi l’opportunité de découvrir quelques-uns de ses fils. Le 3 oct, la bibliothèque départementale proposait ainsi de mettre en regard deux recueils de nouvelles remarquables, au même éclat dur et sensible. Le style classique des nouvelles nocturnes d’Eduardo Parra, ou l’art du montage et l’écriture précise de Guillermo Arriaga (plus connu pour sa carrière cinématographique) déclinent avec force les vengeances terribles ou dérisoires, la cruauté ordinaire des rapports humains, dans des histoires qui semblent comme enfantées par le Mexique d’aujourd’hui.
À lire : Les limites de la nuit, Eduardo Parra, Ed. Zulma Mexico, quartier sud, Guillermo Arriaga, Ed. Phébus
Les lectures de nouvelles mexicaines se poursuivront à la BDP et dans les bibliothèques du département jusqu’au 22 oct. Noémie Rosenblatt et Maxime Le Gall proposeront des extraits de Les mots croisés de Fabio Morabito, le 17 à 18h30. Jérémie Bédrune lira Amours d’occasion d’Enrique Serna le 22 à 15h. www.biblio13.fr
AU.F.
Retour au pays natal Affiche, Mexique, carnets de route
Portant son regard comme un nouvel arrivant, Pedro Tzontémoc avait déjà présenté dans la cité phocéenne sa série Marseille, ville mer en 2001. Cette foisci ce photographe voyageur impénitent nous livre en cinq grandes étapes son regard sur son pays natal, à travers l’histoire, les paysages, les habitants et leurs coutumes. À la fois documentaires et poétiques, les images de Tzontémoc s’approchent au plus près des êtres et des évènements comme s’il enregistrait l’histoire et non simplement l’actualité. Ses clichés argentiques en noir et blanc sont le résultat d’un travail sur le long terme, plusieurs mois ou parfois des années déclinés en séries thématiques que l’on retrouve dans cette exposition :
le Mexique et la ville de Mexico bien sûr, le carnaval de Tlaxaca, les rites de passage des Quince años. Renouant les liens anciens avec Marseille, il reprend les chemins empruntés dit-on par Antonin Artaud à la recherche d’une certaine pureté primitive. «Conscient du fait que chaque expérience modifie notre vie, il m’a paru fascinant de vivre cellelà, qui avait été capable de transformer la vie d’un homme… Guidé par Artaud, j’ai effectué quatre voyages à la Sierra Tarahumara entre 1988 et 1993. Lors de mon deuxième séjour, j’ai parcouru à pied les quelque 150 kilomètres de ce chemin presque toujours invisible tracé par lui il y a plus de cinquante ans.» C.L.
Mexique, carnets de route photographies de Pedro Tzontémoc jusqu’au 7 janv ABD Gaston Defferre, Marseille 04 13 31 82 00 www.bibio13.fr
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HISTOIRE
ÉCH. ET DIFF. DES SAVOIRS | ARCHIVES DEPARTEMENTALES
Chronique des oubliés Des longs silences aux reconnaissances tardives, il est des faits objectifs qui s’inscrivent en mémoires honteuses. Est-ce ainsi que l’on a traité ceux qui, parfois enrôlés de force, eurent tort de croire en l’amère patrie que leur fut la France, pour laquelle ils se sont battus jusqu’au bout ? Guerre d’Algérie, guerre civile, une histoire dont personne n’est sorti indemne… Les quelques soldats musulmans qui n’ont pas été abandonnés par l’armée française, qui ont échappé avec leurs familles aux mains vengeresses des combattants Algériens et ont réussi à franchir la Méditerranée, qui n’ont pas été ensuite renvoyés en Algérie vers une mort probable ou un ostracisme certain, ont vécu en France la relégation dans des cités urbaines Sonacotra, ou des hameaux forestiers isolés… L’exposition Harkis, au camp des invisibles, au Centre aixois des Archives Départementales rend compte au travers des photographies d’Elisa Cornu et de documents d’archives d’une période sombre. Travail d’une année, patient, qui recueille l’âme même des lieux et des êtres, et les condense en une approche sensible et pudique. Portraits d’hommes sur trois générations, plans rapprochés, caractère intemporel du noir et blanc. Les plus âgés portent leurs médailles, gagnées pour la France. Les regards sont dignes, les poses simples et raides, leur gravité dégage une insondable mélancolie. À l’arrière plan de ces beaux visages marqués par le temps, du grillage poule, des tôles de baraquements, ces constructions si provisoires qu’elles durent… encore aujourd’hui : les photos sont prises au camp du Brogylum qui est toujours habité par des Harkis. Sans doute n’en connaissez-vous pas le nom, c’est après Fuveau, dans la pinède, quasi invisible… Autre camp, abandonné celui-ci, vers Jouques… Photographies terribles de ces ruines du Logis d’Anne : séquence 7 (il y a quelque chose de cinématographique dans le déroulement spatial de l’exposition), structure bouleversée, violence géométrique des blocs de béton sur lesquels subsistent dérisoires des fragments de carrelage, courbures suppliciées du métal des arma-
tures en écho à celles des plantes qui reprennent leurs droits… ; séquence 8, porte brisée qui s’ouvre sur du néant… Abandon encore et toujours, effacement supplémentaire : l’exposition reconstitue dans son parcours l’architecture d’une maison berbère. Au fond, tranchant sur le caractère austère des photographies en noir et blanc, des portraits de femmes, en couleur. Chaleur, chatoiement, regards tristes, moqueurs aussi, refuge vivant de la mémoire, de transmission. Aux traces poétiques des photographies, se joignent celles, officielles, des archives, compte rendus de police, rapports d’activité de la préfecture, demandes de classes mobiles au ministère, avec des chiffres hallucinants, de 2 classes pour 114 enfants ! La mise en perspective des coupures de presse est troublante, qui mentionnent à peine les échauffourées devant
Cadarache des Harkis en colère, mais s’étalent sur le plus grand caddie du monde. Décidément, le sort des «ex-supplétifs», réduit à des formules administratives, embarrasse ! Il aura d’ailleurs fallu attendre 2001 pour un hommage officiel, et la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans l’abandon des Harkis en 1962… MARYVONNE COLOMBANI
Harkis, au camp des invisibles Jusqu’au 28 janv Archives Départementales, Aix 04 13 31 57 00 www.archives13.fr
Camp du logis d'Anne - Monsieur Ghomiriani © Clichés Elisa Cornu
Fabulons ensemble La 12e saison d’Échange et diffusion des savoirs continue d’interroger Vérité, fiction et connaissance, thème abordé l’année dernière, en questionnant la représentation du monde au travers de ses miracles et mirages. Seront abordés «les divers usages de la fiction et leur nécessité méthodologique dans l’ordre de la recherche de la vérité et de la connaissance» au travers de langages, «ce référent ultime qui oblige le recours à la fiction pour rendre compte et manipuler tout ce qui est susceptible de représentation […]» écrit Spyros Théodorou en préambule. Fictions et langages de toute nature,
donc : les conférenciers invités s’orientent cette année vers des objets plus philosophiques, historiques, et même littéraires. Pour débuter ce cycle, Jean-Claude Monod, philosophe, traitera de la nature des relations entre fiction, histoire et identité collective (le 10 nov). Le philosophe Dany-Robert Dufour abordera lui le discours libéral, interrogeant ce qu’il en est de la vérité et de la fiction, en expliquant notamment ses «fondements théologiques» (le 17 nov). En décembre le neurologue Lionel Naccache traitera de ce qu’il appelle le
malaise contemporain de la connaissance, se positionnant à contre-courant de l’idée d’une connaissance en voie de partage universel (le 1er), tandis que l’historien Nicolas Offenstadt fera le point sur les rapports entre histoire et vérité (le 15). Puis EDS donnera rendez-vous avec Marylène Patou-Mathis pour un débat sur le Préhistorique et le Sauvage, Jacques Rancière sur la politique de la fiction, Sophie Klimis qui remontera aux origines antiques de la fiction en analysant la définition qu’en proposa Platon, Jean Iliopoulos sur le concept
de l’espace en physique microscopique. Et ce n’est pas tout ! Jacques Bouveresse abordera la vérité et la connaissance en littérature, Nancy Huston parlera de la fabulation et de la spécificité des fictions littéraires, Marcel Gauchet analysera la crise de la représentation… DO.M.
Miracles & mirages de la représentation Échange et diffusion des savoirs Saison 2011 2012 Hôtel du département, Marseille 04 96 11 24 50 www.cg13.fr
ABD GASTON DEFFERRE | MUCEM
Le Mucem annonce ses Mardis
Histoire de nos prisons Marseille, ville portuaire ouverte sur le monde ? Les Archives Départementales prennent à rebours le cliché
apparence, la guerre d’Algérie reviendra sur le devant de la scène «entre littérature et histoire». La catharsis est-elle enfin possible ? Sofiane Hadjadj, usant du biais littéraire, s’interrogera sur une possible écriture à deux voies d’un passé traumatique brûlant encore dans les mémoires méditerranéennes. Souhaitons que nos guides rendent plus dicible la communauté méditerranéenne qui nous est si chère, et que leur parole agisse sur le réel… RENÉ DIAZ
C. Parizot, invité des Mardis du MuCEM, Israël - Palestine © X-D.R
La saison dernière, le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, nous a gratifié d’une série de conférences-débats tous les premiers mardis de chaque mois, à la BMVR l’Alcazar. Débats animés, sérieux, toujours estimables au fond comme sur la forme. Aucune raison, donc, pour que l’expérience ne se prolonge point. Petite différence cette année, l’accompagnement, heureux, de Thierry Fabre, par l’INA, les Libraires à Marseille et France-Culture. Autre différence, peut être moins heureuse, la multiplication des intervenants, qui selon le tour que prennent les débats peut nuire à la profondeur réelle de la parole, telle qu’elle fut à l’œuvre souvent lors des conférences de l’an dernier. Pour cette saison, trois cycles. Le premier cycle, d’octobre à décembre, traite de «questions de mémoires et de frontières». Viennent ensuite «la Méditerranée, un nouvel ordre du monde ?», puis les «grandes questions de civilisations». Un plan en trois parties qui voudra sûrement nous emmener à la découverte d’une Méditerranée recomposée par les derniers (mais pas ultimes) feux politiques. Le premier temps s’ouvre le 11 oct, toujours à 18h30, avec une épine tenace : Arménie/Turquie, les chemins de la reconnaissance. Les invités, Michel Marian et Cengiz Aktar se pencheront sur les frémissements d’une reconnaissance du génocide arménien. Bien sûr les derniers échos de la passe d’armes politique entre États ne sont guère encourageants, mais ils sont loin de résumer la question. D’un sujet brûlant l’autre ! Le 22 nov se sera le tour d’Israël/Palestine, récits de frontières. Riccardo Bocco, Stéphanie Latte Abdallah et Cédric Parizot s’attacheront à revisiter la réalité du mur, de l’occupation et de la séparation entre ces «deux peuples condamnés à vivre ensemble». Là encore les initiatives palestiniennes de Mahmoud Abbas pourront être contextualisées et éclairées, non comme un épieu planté dans la chair d’Israël, mais comme un pas sur le chemin du partage et du respect. Enfin, moins duel, mais seulement en
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R. Bocco, invité des Mardis du MuCEM Israël - Palestine © X-D.R
© Photographie anonyme des entrepots, coll. Archives departementales 13
La problématique de l’enfermement n’est sans doute pas suffisamment balisée pour le visiteur, mais peu importe : on peut voir cette exposition sans être familier de Michel Foucault, chacun y trouve du grain à moudre. Dans une salle, on a croisé un charpentier de marine qui appréciait l’approche de sa cité via sa part d’ombre administrative. Dans une autre, face aux archives de l’INA, un groupe s’offusquait des camps provisoires devenus bidonvilles dans les années 60. Plus loin, d’autres s’émouvaient de la chronique d’une déchéance en trois rapports de police, celle d’une jeune prostituée, mère à 15 ans, et qui se fit tirer dessus à 18 par un jaloux éconduit. Sur plusieurs tables de grandes affiches recto-verso apportent les explications requises, avec les reproductions des documents les plus éloquents. Entre autres fleurons, on repère le registre des déclarations faites en mai 1720 par les capitaines de navires à leur arrivée dans le port, y compris celle de Jean-Baptiste Chataud, qui commandait le Grand Saint-Antoine, celui-là même qui fût soupçonné d’avoir introduit la peste à Marseille. Aussi incongru qu’emblématique, le dessin d’une grosse clef, portant la mention suivante : «...provenant de la prison du château d’If. Vers l’année 1860 un prisonnier politique trompant la vigilance de son gardien réussit à ouvrir sa geôle et à gagner la côte. (...) Détail curieux : cette même clef tint enfermé l’Abbé Fariat (sic) dont l’évasion fit grand bruit». Ainsi se juxtaposent les éléments les plus crus de la bureaucratie portuaire : listes de réfugiés, condamnations aux galères, inventaires et mains-courantes, le destin aussi romanesque que fictif de notre Edmond Dantès municipal, et une vision surréaliste du «quartier réservé», lieu de tourisme sexuel illustré par une série de cartes postales imprimées au début du XXe siècle. Un parcours de la mer au rivage, jusqu’à atteindre les grandes cités construites sur les collines et qui lentement se délabrent : trois siècles d’une histoire marseillaise pleine de bruit et de fureur, de marchandises, de marchandages, de réclusions, d’échappatoires. Parmi ces tumultueux épisodes, celui de la prison d’Arenc, qui détint longtemps les «étrangers en situation d’irrégularité», pour n’être fermée qu’en 2006. En 1975, le Syndicat de la Magistrature l’avait pourtant déjà déclarée illégale… et le grand mérite de cette exposition est de prouver, par la trace écrite, la contingence du pouvoir et la sècheresse de ses règlementations, quand des conséquences terribles découlent parfois d’un seul coup de tampon. GAËLLE CLOAREC
Du bateau à la cité L’enfermement à Marseille, XVIIIe-XXe siècles Jusqu’au 21 janv ABD Gaston Defferre 04 13 31 82 00 www.archives13.fr
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PHILOSOPHIE
LA PAROLE POLITIQUE
La parole politique
Nous terminions notre dernier article sur le fait que parler c’est inévitablement mentir. Le langage est une représentation de la réalité, il ne la dit pas ; il y a un gouffre entre l’ordre des mots et celui des choses. Comment se comprend-on alors ? Parce que quand on parle on cherche à être cohérent avec un ensemble de codes, et non à être adéquat à la réalité. Quand je parle j’exprime plus mes valeurs, ma situation sociale et ma vision du monde que le monde lui même. Le mot n’est en fait qu’un concept, donc très général, et comme le dit Nietzsche dans Le Livre du philosophe : «Le mot doit servir pour des expériences innombrables et pas seulement pour servir l’expérience originale à laquelle il doit sa naissance» ; ce que poursuivra Foucault plus tard dans Les mots et les choses : «Puis-je dire que je suis ce langage que je parle et où ma pensée se glisse au point de trouver en lui le système de toutes ses possibilités propres, mais qui n’existe pourtant que dans la lourdeur de sédimentations qu’elle ne sera jamais capable d’actualiser entièrement ?». En fait il dit plus, il critique un peu le «je pense donc je suis» ; le problème est qu’on pense avec des mots, et ces mots nous ignorons tout de l’épaisseur dont ils sont chargés.
Fils de sophistes
Alors la politique là-dedans ? Eh bien les premiers à se rendre compte de l’ambigüité du langage et des mots sont les sophistes, ces professeurs de paroles qui déployèrent le langage en vue de la démocratie dans l’Athènes du VIe siècle av JC. Qu’est-ce à dire ? Avant l’avènement de la démocratie athénienne la parole se dit muthos, on a compris : ce qui est vrai dans le discours c’est le mythe ; la vérité et les valeurs sont le privilège des anciens et des poètes, ceux qui connaissent les mythes. Conception archaïque et autoritaire de la vérité. D’ailleurs vérité en grec se dit alétheia. Un mot composé de Léthé qui renvoie au fleuve de l’oubli dans la mythologie et du a privatif ; ainsi la vérité pour les Grecs c’est littéralement ce qu’il ne faut pas oublier. C’est dans ce contexte que débarquent les sophistes : ils ont compris le pouvoir des mots. La vérité ne va plus être le discours d’autorité mais le discours le plus séduisant. L’ancien est dépossédé de son pouvoir ; même le spécialiste se voit spolié par les sophistes de la maitrise de sa pratique : «et toi le médecin, dira un sophiste, à quoi bon ton savoir si tu n’arrives pas à persuader le malade de prendre ses médicaments ?». Désormais la vérité est retirée du champ du mythe, ce qui est une bonne chose, mais aussi du champ du savoir et de la compétence. La démocratie est née sur ce terreau sophistique : la politique sera le fruit du débat et non l’apanage des anciens ; et celui qui aura le pouvoir sera celui qui parle le mieux. Auguste, Obama, Royal © Tonkin Prod
Parler pour cacher
Nous y voilà donc. La parole politique est le paroxysme du langage, elle est étrangère à ce qu’elle dit, elle ne dit pas le réel elle vise à lui substituer une réalité. Ces dernières années deux modalités sont apparues. D’abord le story telling qui est justement la construction d’une réalité fictive qui se fait passer pour le réel : il y a des bons et des méchants, la guerre doit se faire contre les terroristes, on a découvert des armes de destruction massive, il n’y a pas de spéculation à taxer mais du capital respectable qui dynamise l’économie… Si on peut être choqué de ces histoires et non plus de ces mensonges, c’est justement qu’on est passé du mensonge à la fiction, de la démonstration à la persuasion ; qu’on ne peut plus combattre avec les mêmes armes dialectiques. Ensuite vient la parole qui n’engage plus, qui ne se veut plus promesse ; puisque le politique est désormais le vassal d’un ordre financier, il sait qu’il ne pourra rien changer. On parle alors pour communiquer, c’est-à-dire pour faire un IBM, un indice de bruit médiatique, et pour s’inscrire dans un cadre de consentement du CQCD, Ce Qu’il Convient de Dire. La seule place aujourd’hui pour une parole politique sera celle qui cassera ce CQCD, affirmant qu’il faut changer le monde en brisant les reins du capitalisme financier pour commencer.
Parole qui renouerait avec la fonction première du langage, qui représente la réalité, et permet ainsi d’agir sur elle… RÉGIS VLACHOS
Ne pas oublier les précieuses conférences de l’Université Populaire et Républicaine ; on y parle vraiment pour changer le monde… Le 18 oct à 19h François Chesnais : Dette publique : est-ce aux peuples de payer ? (économiste auteur de La dette illégitime. Quand les banques font main basse sur les politiques publiques, Raisons d’Agir, 2011). Espace Dugommier, Marseille
Le 4 nov à 19h Présentation du livre Paroles de syndicalistes en lutte à Marseille. Le mouvement social contre la réforme des retraites, Arbre Bleu Edition. Ouvrage coordonné par Christine Excoffier, Rémy Jean, Gérard Perrier, Emre Ongun et Christian Palen. Espace Dugommier, Marseille
Le 15 nov à 18h Yves Clot : travail à cœur, la qualité empêchée (directeur du centre de recherche sur le travail et le développement). Espace Jean Ferrat, Septèmes les Vallons Entrée libre http://upr-marseille.com
POP PHILOSOPHIE | RENCONTRES CAPITALE | ALCAZAR
PHILOSOPHIE
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Pop comme populaire ? Pour la troisième année la Semaine de la Pop philosophie installe ses questionnements dans la cité que l’on dit phocéenne. Qu’es acò, demanderont donc nos amis autochtones ? Au départ un concept, vague et personnel, de Deleuze, pour désigner les pensées qui font philosophie de tout bois, en prenant pour référence ou sujet d’études des objets populaires, contemporains comme anciens et savants. Les Rencontres Place publique ont repris le concept pour le mettre en œuvre lors d’un ensemble de colloques aussi hétéroclite, et passionnant, que leur inspirateur initial. Ainsi durant une semaine une poignée de philosophes très sérieux mais finalement assez allumés (Jacques Rancière, Marcel Hénaff, Christian Boissinot, Quentin Meillassoux, Mathieu Triclot, Mathias Youshonko, Françoise Gaillard, Bruno Queysanne…) parleront de Batman et Superman, des vertus des psychotropes, de l’ontologie des jeux vidéo, de musique et de rock, du concept du canard en architecture, de la vision kantienne des extraterrestres, de numérologie chez Mallarmé… Et il ne s’agit pas de boutades potaches ou de pseudo pensée : il s’agit bien de confronter la philosophie aux concepts marchands qui gouvernent notre société, et à la communication qui les accompagne. D’ailleurs il sera aussi question du prix du savoir, et de capitalisme immatériel : la philosophie s’achète-t-elle ? En tous les cas la Semaine de la Pop philosophie la vend bien, et devrait la rendre populaire…
Caput, capital ! Jacques Ranciere © X-D.R
Semaine de la Pop philosophie Du 17 au 22 oct 04 91 90 08 55 Alcazar, Euromed… Marseille www.lesrencontresplacepublique.fr
A.F.
La genèse selon Bourdieu Peut-être qu’il se retourne inconfortablement dans sa tombe, Pierre Bourdieu, de voir son œuvre adaptée au théâtre par la cie Manifeste rien, lui qui fut dit-on volontairement ésotérique pour ne pas être mal compris du vulgaire... Enfin, si c’est le cas tant pis pour lui, le vulgaire est venu en nombre à l’Alcazar le 8 oct pour la représentation de son ouvrage le plus © Manifeste rien
emblématique : la Domination Masculine. Sur scène, une comédienne de caractère est prête à en découdre ; Virginie Aimone déballonne avec humour les termes ampoulés du sociologue et met en relief la violence symbolique infligée aux femmes jour après jour. La mise en scène de Jérémy Beschon fait appel aux travaux de l’anthropologue Tassadit Yacine-Titouh sur les mythes et la poésie kabyles, et c’est peut-être ce qui donne au spectacle ses plus belles envolées. Tout y passe, le phallus, les rapports entre la virilité et le féminin, la répartition politique des tâches, l’enfantement... et l’amour. Comble de la subversion, exception à la loi tacite de domination masculine, ou au contraire sa manifestation ultime ? Le débat qui fait suite prouve que certains points sensibles ont été atteints. Certains pensent avec Bourdieu que ce sont les femmes qui contribuent à conserver et transmettre leur soumission, d’autres citent les travaux de féministes (notamment ceux d’Emma Goldman, anarchiste américaine les encourageant à se jeter dans la vie, à prendre des risques pour se libérer). Le tout pour conclure qu’il faudrait envisager la libération des hommes et des femmes ensemble... et qu’il y a du boulot ! GAELLE CLOAREC
La Domination Masculine sera également représentée le 5 mars au Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
Les Rencontres capitales organisées au Palais du Pharo ont de l’ambition : 24 débats en deux jours dans les trois salles, plus de 10 000 spectateurs attendus, de débatteurs nombreux et prestigieux, avec une belle brochette de politiques du rose au bleu foncé (Vauzelle, Peillon, Lang, Kouchner, Aillagon, Toubon, Ferry, Guaino), mais aussi des scientifiques, artistes, urbanistes, philosophes et intellectuels de gauche et de droite… Pourquoi ce rassemblement ? Il s’agit tout simplement de trouver des solutions visant à changer le monde ! On sait que dans ce format de rencontres la parole est contrainte par la durée des interventions et l’orientation des questions : d’une durée d’1h30, chaque débat regroupe chacun 4 ou 5 débatteurs, un journaliste (du Figaro, de France Télévisions ou de Challenges, souvent) et comporte plusieurs temps de projections. Dans ces conditions, les intitulés des débats revêtent une importance… capitale ! Certains thèmes spécialisés annoncés promettent des paroles passionnantes, lorsque Pierre Rhabi se demandera comment nourrir la planète, ou Jacques Testard jusqu’où peut aller la médecine. Mais d’autres interrogations semblent moins pertinentes : ainsi l’art n’y est interrogé que dans sa nécessité sociale, la culture étant vue comme vecteur éducatif. Plus grave, les modèles économiques et politiques semblent s’arrêter à des remises en cause très partielles, sinon partiales : ainsi «penser la ville» est associé à «l’accès à la propriété», on se demande comment «réformer la France» malgré les «blocages», ou «comment moraliser la finance» et non comment refuser ses lois. On pense qu’il faut passer dans les pays arabes «de la révolution à la réforme», on se demande s’il faut souhaiter «un nouveau modèle d’intégration», et «comment imaginer un nouveau capitalisme». Bref, alors même que l’on veut changer le monde, on entérine l’idée que le seul modèle possible, et réformable, est l’idéologie capitaliste. Présupposé qui orientera forcément les débats, à moins que l’indéniable qualité des orateurs ne les engage au-delà de ces questions ! AGNÈS FRESCHEL
Rencontres Capitales Le 14 oct de 9h30 à 17h30 et le 15 oct de 11h à 19h Palais du Pharo Récital Barbara Hendricks Le 15 oct à 20h30 Le Silo www.rencontrescapitales.com
Les Ateliers de l’EuroMéditerranée Troisième volet de notre panorama consacré aux Ateliers de l’Euroméditerranée de Marseille Provence 2013 (voir Zib’42 et ’43), et trois nouveaux exemples de soutien à la création contemporaine : Anne-James Chaton à la Maison de l’Avocat, Katia Kameli à Futur Telecom, Alice Berni et l’Ensemble Télémaque à la Caserne Saumaty. Des expériences qui placent le geste créatif au cœur du monde du travail
Anne-James Chaton. Portraits Repères Anne-James Chaton est un poète sonore né à Besançon en 1971. Il crée des œuvres de nature diverse en partant de matières textuelles courantes : celles qui figurent sur les panneaux signalétiques, les papiers d’identité… Il déplace leurs mots, en fait des tableaux-textes, des récits biographiques, des performances poétiques ou musicales, travaillant ces phrases quotidiennes et formatées comme un matériau libre, dans des cadres artistiques où ils sont inhabituels. Anne-James Chaton se produit en performances sur de nombreuses scènes internationales. Il a reçu le soutien du ministère des Affaires étrangères, a été lauréat de la Villa Kujoyama à Kyoto, et siège actuellement à la commission poésie du Centre National du Livre Résidence de mai 2011 à mai 2013
Pour ouvrir le Festival Actoral 2011 et en guise d’introduction au travail qu’il va mener pendant deux ans à la Maison de l’Avocat, Anne-James Chaton s’est livré à une performance singulière, et très réussie ! Drôles, inattendues et tout à la fois pertinentes, ses deux « Vies d’hommes illustres par des écrivains illustres » (à paraître aux éditions Al Dante), celle de Tibère par Suétone puis de Christophe Colomb par Jules Verne, gauchissent l’art de la biographie, réduisant la vie de l’Empereur romain à une suite de faits biographiques bruts ponctuée de discours en latin comme pris sur le vif au dictaphone, et celle du navigateur à une série de directions maritimes. Son Atelier de l’Euroméditerranée, qui durera deux années, a pour objet de «brosser un portrait général, transversal, de la Maison de l’Avocat». De la vie quotidienne, de la profession aussi, mais pas uniquement… puisque 15 personnes, avocats, bâtonnier, secrétaire ou clients, seront portraiturés grâce à des matériaux textuels personnels, familiaux, officiels, sur un modèle qui reste secret… mais dont la restitution aura plusieurs formes : une exposition, qui en 2013 voyagera de la Maison de l’Avocat à la galerie Porte-avion, affichant dans la ville 15 sérigraphies format Decaux (176 x120 cm), soit un format de portrait proche des dimensions humaines… des performances poétiques durant les festivals Actoral 2012 et 2013 l’édition d’un catalogue hybride chez Al Dante (œuvres plastiques, performances sonores, index rerum et nominum…). Un atelier au long cours, qui infléchit et poétise la facture même du portrait, par son sujet, ses matériaux et ses tonalités mutines. A.F Anne-James Chaton, Tapis © X-D.R
Anne-James Chaton avec le Batonnier de la Maison de l'Avocat © Jacques Couzinet
La Maison de l’Avocat Cet atelier est produit avec le mécénat de l’Ordre des Avocats au Barreau de Marseille. Le conseil de l’ordre, composé de 24 avocats et d’un bâtonnier, administre ce barreau dynamique, où 1700 avocats sont inscrits ( 40 % de femmes, moyenne d’âge 40 ans). La Maison de l’Avocat, située à proximité du Palais de Justice, est le siège du conseil de l’ordre, un lieu de réunions professionnelles, mais aussi de consultations gratuites. Partenariats Montévidéo, les Éditions Al Dante, la Galerie Porte-Avion, le festival Actoral
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Alice Berni, Sans titre (provisoire) Proche de la mer et du Pôle Instrumental Contemporain qui verra le jour dans l’ancien cinéma Le Rio, la Caserne Saumaty est «un endroit propice à l’écriture malgré les moments d’ébullition et les alertes». C’est là que Raoul Lay a choisi d’inviter la pianiste et compositrice italienne Alice Berni pour concevoir in situ une pièce pour accordéon et percussions : «Les femmes qui écrivent sont rarement jouées, et placer une compositrice dans cet univers masculin me semblait approprié pour qu’il soit écouté autrement…». La 1ère semaine de résidence permettra à Alice Berni de s’immerger dans la vie de la caserne, de partager le quotidien des équipes, d’échanger de manière informelle autour de leurs métiers respectifs, et de composer bien sûr. Les deux autres semaines seront ponctuées d’une journée de répétition avec les musiciens de Télémaque (Jean-Marc Fabiano,
accordéon et Christian Bini, percussions) et d’un temps d’ouverture exceptionnelle à l’école Estaque Gare et au collège Barnier avec lesquels Télémaque travaille tout au long de l’année. Car Alice Berni composera une déclinaison de la pièce pour deux chorales d’enfants, et deux temps forts sont prévus au collège Barnier en 2012… Le 10 novembre, la création musicale sera donnée en avant-première à la Caserne Saumaty à l’attention des marins pompiers, des équipes techniques et administratives, et de leurs familles. Le 9 décembre, le cinéma L’Alhambra accueillera l’orchestre européen ECO fondé par Télémaque pour un concert Mix Up où la pièce d’Alice Berni connaitra sa première diffusion publique, aux côtés de deux autres créations, et de Black page de Frank Zappa.
Atelier Résidence du 24 octobre au 10 novembre 2011
M.G.-G.
Christian Bini © Agnes Mellon
Marins pompiers de Marseille Créé le 29 juillet 1939, le Bataillon des Marins Pompiers, formation militaire, a pour mission la protection des personnes, des biens et de l’environnement sur le territoire de Marseille, dans les installations du port autonome, de l’aéroport de Marseille-Provence et d’Eurocopter. Le bataillon travaille également à la prévention des risques, soit près de 120 000 interventions annuelles, incluant des missions de renfort sur le territoire national et l’envoi de détachements à l’étranger.
Katia Kameli Sans titre (provisoire) En juin 2011 Katia Kameli installe un bureau-atelier au sein de Futur Telecom ; là, elle recueille la parole d’une vingtaine de salariés sur leurs trajets quotidiens entre leur lieu de vie et de travail. Au fur et à mesure des entretiens quelques dessins s’ébauchent, de mini synopsis se profilent qui bientôt génèreront «une œuvre fondée sur le principe des poupées gigognes.» La jeune artiste franco-algérienne pose progressivement les bases de sa propre cartographie de MarseilleProvence : «je ne connais pas Marseille ni sa région, je m’invente les lieux et j’imagine des scènes à travers leurs paroles. Cela me détourne moi-même». Le protocole qu’elle adopte procède en étoile : «j’essaye peu à peu de les amener vers un ailleurs» en élargissant doucement leurs témoignages et leurs regards vers des lieux qui leur tiennent à cœur, dont certains se croisent de manière récurrente comme la Plage du prophète et le Vélodrome… Puis vient la phase des repérages sur le terrain, et la découverte de ces «ailleurs» nés des «mythologies intimes et relationnelles des salariés». Tel Gardanne qu’elle imaginait comme une ville du nord avec ses mines, sa centrale et ses rails peu utilisés, matière idéale à des travellings très cinématographiques : «j’étais intriguée, je suis allée sur
Repères Alice Berni, née en 1981, vit à Milan. Après des études de piano et de composition au Conservatoire de Cesena (Italie), à la Hochschule de Mannheim (Allemagne) et au conservatoire supérieur de Milan, elle s’est attachée particulièrement à l’écriture musicale pour la scène.
place, j’ai rencontré les habitants et commencé à tourner». On n’en saura pas plus, son projet se construit en permanence sur un socle hybride, fait de fiction («j’imagine des choses») et de réalité («je mets en place des tournages») ; un projet Sans titre (provisoire) donc, avec comme fil conducteur les salariés de Futur Telecom et comme point d’arrivée un film ou une vidéo ou une installation…
Repères Katia Kameli, née en 1973 à Clermont-Ferrand, vit à Paris. Elle obtient son DNSEP à l’Ecole Nationale des BeauxArts de Bourges puis devient membre du Collège-Invisible, post-diplôme des Beaux-Arts de Marseille, dirigé par Paul Devautour.
M.G.-G. Repérages à Gardanne © Katia Kameli
Atelier Résidence de juin à décembre 2011 Futur Telecom Filiale de SFR depuis 2005, emploie 110 collaborateurs et fournit plus de 15 000 clients TPE et PME en offres fixes, mobiles, Internet et applications. En 2010, son chiffre d’affaires atteignait près de 40,7 M€, en croissance continue depuis sa création en 1997.
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Les Actions de Participation Comment les habitants peuvent-ils devenir acteurs de la capitale européenne ? La question, essentielle, est au cœur de Marseille Provence 2013 qui met en œuvre des programmes spécifiques afin que tous les habitants puissent valoriser leurs pratiques artistiques. «La plupart des capitales européennes fonctionnent quand la population y prend part, se sent concernée, et pas seulement les visiteurs, explique Nathalie Cabrera, chargée de mission pour la coordination des APC. Ce qui signifie que les citoyens doivent en être acteurs et non consommateurs.» La mise en place des APC repose sur la transformation actuelle, sensible, du rapport entre artistes et publics : «On constate dans de nombreux festivals internationaux la présence de plus en plus prégnante des propositions participatives ou interactives. Dans la rue et dans les salles de spectacles également, l’intervention de l’artiste change, les formes aussi : la question sociale se pose à nouveau au cœur même des théâtres et, donnée nouvelle, elle passe souvent par la pratique artistique citoyenne.» Dès le départ Bernard Latarjet a souligné l’importance de l’action citoyenne : les formes participatives ne concernent pas seulement les APC, et s’inscrivent transversalement dans l’ensemble de la programmation. Un enjeu majeur auquel 30% du budget artistique devrait être consacré, et certaines actions ont déjà commencé, comme les Nouveaux Collectionneurs, Un air de famille avec l’AP-HM, DedansDehors avec Lieux fictifs dans les prisons (travail en collaboration avec l’INA et production de films de montages d’archives)… Plus spécifiquement, Marseille Provence 2013 prépare dès aujourd’hui trois programmes qui se développeront jusqu’en 2013, et au-delà…
Quartiers créatifs : le monde bouge, la ville change…
Comment imaginer la ville de demain ? La réalité sociale du territoire est très particulière, puisque les zones urbaines sensibles représentent 30% du territoire de MP13 et 50% de Marseille. Quelle place donner dans les projets de ville aux actions artistiques et culturelles ? Marseille Provence 2013 veut associer à la transformation de la ville, dans ce contexte social particulier, des équipes composées d’architectes, d’urbanistes, de paysagistes, de sociologues et d’artistes auxquelles les habitants pourront communiquer leurs visions, et leurs besoins. En effet le territoire de la capitale européenne est au cœur d’un vaste programme de transformations urbaines qui vise à repenser son développement économique, social et culturel. Avec une donne singulière pour MP2013 : il ne s’agit pas de concentrer les regards sur la ville-centre mais de penser un projet articulé aux autres communes du territoire. Les APC permettent, justement, d’inscrire l’art dans les processus de rénovation urbaine, de susciter des démarches participatives, de mobiliser les centres sociaux, les
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établissements scolaires, les opérateurs culturels… Et pour pérenniser les actions au-delà de 2013, les APC se construisent en partenariat étroit avec l’ensemble des acteurs sociaux, des aménageurs et des collectivités conjuguant travail en profondeur, lien social et événementiel durant des résidences au long cours. Utopique ? Non, 12 à 14 Quartiers Créatifs se mettent en place. Mais pas question de prévoir un festival des quartiers : leurs productions artistiques seront présentées dans la programmation générale de la capitale et inscrites, selon les disciplines des artistes associés, dans des manifestations «Espaces publics», «Parcours lumières» ou Spectacle vivant…
Les Cherche-midis : autoportrait d’un territoire
Comment valoriser la culture de chacun sans segmenter les populations en communautés, mais en soulignant au contraire ce qui les relie ? Comment dresser le portrait d’un territoire dans lequel chaque habitant se reconnaîtrait ? En l’associant directement, par un procédé de collecte d’images, la photographie étant la pratique artistique la plus répandue en France : «faire appel à la photographie, c’est faire appel à tous» souligne Nathalie Cabrera. C’est un acte fédérateur, un projet sans limites qui peut être partagé par les 2 millions d’habitants du territoire ! Une manière vivante de parler de soi, de sa famille et de ses lieux de vie, tout en esquissant le portrait collectif du midi… Après l’appel à contributions lancé début 2012, MP13 réalisera le collectage, établira une sélection et composera trois séries thématiques, «Les paysages», «Le vivre ensemble» et «Le portrait», afin d’alimenter un site dédié à cette cartographie subjective. Ces séries seront également présentées aux habitants et aux visiteurs sous la forme d’expositions, de rencontres et d’éditions.
Atelier du large : une agora pour rêver
C’est au J1, entre la ville et la mer, dans l’un des lieux emblématiques de la Capitale européenne, dernier vestige de la grande gare maritime de la Joliette que sera aménagé l’Atelier du large. «Un espace ayant un réel attrait, un lieu valorisant qui présentera les œuvres des citoyens dans des conditions d’exposition professionnelles, sans les séparer des propositions des artistes» selon Nathalie Cabrera. «Un lieu idéal pour faire rejaillir l’effervescence artistique sur la population participative.» Concrètement l’Atelier du large sera à la fois une vitrine pour les différentes formes de restitutions des appels à participation et des APC, un lieu de pratiques («une fabrique permanente») et un foyer de rencontres ouvert à tous. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Citoyenne Nouveaux Collectionneurs : Art, pédagogie et citoyenneté… Depuis 3 ans, des élèves de 4e et 3e des Bouches-du-Rhône constituent une collection publique d’art contemporain… Un pari ambitieux mis en œuvre par le Bureau des compétences et désirs et développé par Sextant et Plus et Art-O-Rama en liaison avec des professeurs d’arts plastiques et de français. 12 séances annuelles sont organisées, en classe et sur le terrain (galeries, ateliers, musées…) pour immerger les élèves dans le milieu de l’art contemporain. Des débats sont proposés sur les thèmes «Apparence et réalité», «Contraintes et libertés», «Jeux de détournements» et plus largement autour de questions sociétales. Initiés aux circuits professionnels de l’art, sensibilisés aux différents médiums, les élèves sont à même de composer leur propre collection. Le fonds compte déjà une trentaine de pièces acquises par les classes qui gèrent chacune un budget annuel de 10 000 € alloué par le Conseil général 13. Accrochées chaque fin d’année dans les collèges concernés par l’opération, les œuvres feront l’objet d’une exposition collective en 2013.
Visite d'une exposition dans le cadre de l'Action Nouveaux Collectionneurs, 2010 © X-D.R
AP-HM : l’artiste au cœur de l’hôpital MP13 œuvre avec l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille au projet culturel Santé e(s)t culture(s), et en particulier à la réalisation de plusieurs APC. Parmi lesquels Un Air de famille initié en octobre 2010 à La Conception, en partenariat avec le Centre de Formation des Musiciens Intervenants de l’université de Provence. Durant leur résidence, 10 étudiants et 3 formateurs du CFMI ont collecté des chansons auprès de patients et de membres du personnel, leur ont offert leurs chansons personnelles, retravaillé partitions et retranscriptions, créé de nouveaux arrangements… une proposition simple, mais qui engage à une réflexion sur les échanges intergénérationnels et interculturels, et implique un travail de médiation, de transmission, de création. Afin que ce répertoire puisse circuler (40 chansons dans 17 langues), les étudiants ont fait des versions pour chœurs à 3 voix et, pendant plusieurs mois, sont venus à tour de rôle les enseigner aux chanteurs de la Chorale de l’AP-HM. Le 22 juin 2011, celle-ci a donné un concert au pôle Urologie-néphrologie ; d’autres seront organisés en 2012 suite à la seconde phase de collecte. Au vu du «retour extrêmement positif des malades, du service et des étudiants, annonce Carine Delanoë, chef de projets des affaires culturelles de l’AP-HM, 2013 valorisera l’ensemble du matériau.» Un air de famille n’est pas prêt de s’arrêter… Sur le site de l’Hôpital Nord, un APC s’est ouvert avec le collectif Le Cabanon Vertical sur la question esthétique des espaces hospitaliers, trop souvent limités à une stricte fonctionnalité. Projet décliné en deux fois trois semaines, en février et mars 2011 : un temps d’échanges qui a abouti à l’élaboration de carnets rassemblant dessins, écrits et collages des patients, familles et personnels sur les lieux tels qu’ils sont et tels
Un air de famille © APHM, 2010
Ateliers participatifs © Cabanon Vertical APHM, 2011
qu’ils les souhaitent… Ces carnets ont circulé dans tous les pôles de l’Hôpital Nord, puis le collectif a sélectionné les propositions les plus pertinentes, et enfin chacun des pôles a choisi un ou deux projets à mettre en œuvre tels la création d’une signalétique, l’aménagement des loggias extérieures… Il ne manque plus que les financements ! M.G.-G.
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HORIZONS
BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN DE LYON
78 artistes, 25 pays, plus de 200 œuvres sur 13 000 m2 dans 4 lieux, sans compter les plateformes en Rhône-Alpes… La Biennale de Lyon, incontournable rendez-vous de l’art contemporain en France, se visite jusqu’au 31 décembre…
L’heure est grave Commissaire invitée de la 11e Biennale Une terrible beauté est née, l’Argentine Victoria Noorthoorn cite Oscar Wilde pour motiver ses choix : «la fonction de l’artiste est d’inventer et non d’enregistrer», «je plaide pour le mensonge de l’art». Déclarations qui nourrissent ses questionnements : Comment l’art parle-t-il de la condition humaine et de celle de l’artiste ? Quel pouvoir de transformation a-t-il ? L’utopie y est-elle encore possible ?… Les productions hétérogènes sont ainsi parcourues de réflexions communes, à la gravité assumée. Le ton est rarement ludique, quelquefois distancié. Confrontés à la complexité du réel et à l’état d’urgence du monde, les artistes - en majorité des révélations - font face aux plus sombres alternatives. La 11e Biennale en est le miroir kaléidoscopique et grossissant.
cueils de bois dressé par l’iconoclaste Barthélémy Toguo (55 au total comme le nombre de pays d’Afrique), les vidéos déjantées de Tracey Rose, le film d’animation à l’oppression grandissante de Gabriel Acevedo Velarde. À lui d’enjamber les alvéoles béantes des parois de Pierre Bismuth qui percent l’espace d’une longue diagonale afin d’atteindre les maquettes de Benjamin Seror conçues comme un
te en marche. Impression d’ébullition dès La Machine de Rééducation d’Eva Kotatkova, cabinet de curiosités contemporain qui tient de la chambre d’enfant, du laboratoire et de la mécanique, et qui atteint son paroxysme dans l’antre de Diego Bianchi où tout n’est que chaos, désordre, corps démembrés, cloisons fracassées… La noirceur, la peur, l’emprisonnement traversent les œuvres sur papier de
Avant-scène et court-circuit On entre à La Sucrière comme à l’opéra, à travers le rideau de toiles colorées de Ulla Von Brandeburg (noir, bleu ardoise, vieux rose et beurre frais), sauf que le visiteur devient acteur et monte sur scène… pour tomber nez à nez sur le monument funeste de Robert Kusmirowski, hanté par le poids de la mémoire : une œuvre au noir dont on entraperçoit l’antre mystérieuse par l’interstice de vitraux percés haut, et dont on découvrira la mise en scène intime depuis le deuxième étage. Autre démesure et autre vision de l’apocalypse avec Le Silence des sirènes de Eduardo Basualdo qui, sous les voûtes froides de l’ancienne usine, répand au sol une mare sanglante ; installation lunaire, désertique : seuls le jaillissement et le reflux de l’eau noirâtre, puis rouge sang, viennent interrompre un silence effroyable. L’éclat de l’eau irise les parois, les piliers, laissant le visiteur hagard et frémissant. Puis la circulation se fait plus confuse, les frontières entre les œuvres deviennent indistinctes : au spectateur de se frayer un chemin entre l’autel en cer-
© Le Silence des sirènes, Eduardo Basualdo, Creation Biennale d'art contemporain Lyon 2011
roman à partir de la Recherche sur l’origine de Robert Filliou. À lui encore de patienter 20 mn avant de découvrir le spectacle-performance de Daniela Thomas qui a choisi de suivre à la lettre les instructions de Beckett pour mettre en scène Breath, pièce éphémère d’à peine quelques secondes… Dans ce labyrinthe physique et mental où tout se court-circuite, sa vigilance est en alerte, sa réactivité et sa mobilité aussi. D’un étage à l’autre, comme un leitmotiv, un repère dans l’espace, les poèmes visuels d’Augusto de Campos et les sculptures fantasmatiques d’Erika Verzutti ponctuent son cheminement. La narration se poursuit au Musée d’art contemporain dans un ordonnancement plus aéré, avec la sensation de saisir la pensée de l’artis-
Kemang Wa Lehulere tout autant que les poupées de Virginia Chihota incapables de parler et de réagir ; quand ce n’est pas l’intégrité du spectateur qui est mise à mal : La bruja 1 (La Sorcière) de Cildo Meireles déploie 3000 km de fil noir au dernier étage, entravant sa marche jusqu’à la sortie…
10 directeurs de biennale/triennale et 20 artistes de 5 continents ! Un arrêt sur les inédits d’une génération d’artistes qui débute ou se construit. La Forêt de Juma de Julia Cottin frappe les esprits par l’agencement solennel de colonnes en bois, et la tension provoquée par leur robustesse et leur équilibre précaire ; Viriya Chotpanyavisut sculpte l’espace par l’acte photographique jusqu’à créer l’illusion, magicien de l’invisible et de l’éphémère ; Mohamed Konaté allume autant de bougies qu’il y a de nations africaines pour mieux revendiquer son unité et poser la question, brûlante, de la frontière ; Sandra Lorenzi1 interpelle Narcisse dans son dispositif Antichambre, quitte à nous jeter à terre… Le commissariat du second Focus au Fort du Bruissin à Francheville, Coup d’éclat, a été confié trois élèves issus de l’École du Magasin de Grenoble. Dans le dédale du fort, de la lumière à l’ombre souterraine, surgissent Les Joyaux de la couronne de Carlos Garaicoa qui transforme les lieux de pouvoir et de contrôle en bijoux, les vidéo-animations de Monica Heller à l’esthétique kitsch et au discours corrosif, l’installation incandescente deMarcela Armas qui appelle à notre résistance… Coup d’éclat, coup d’état ? c’est en tout cas un coup de maître car la sélection d’artistes de la scène sud-américaine (encore une révélation), le choix des pièces et la scénographie sont d’égale qualité. Artistes et commissaires, la relève semble assurée ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Focus sur l’émergence Conçue comme l’addition de satellites aux quatre lieux du In, la plateforme Résonance regroupe sur 100 lieux des projets validés par Thierry Raspail, directeur artistique de la Biennale. Plus de 180 événements se télescopent parmi lesquels deux Focus de premier plan. Le premier à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne, Rendez-vous, associe 3 structures, 4 commissaires,
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Sandra Lorenzi vit à Nice, elle participe à la Biennale des jeunes créateurs d’Europe et de la Méditerranée à Thessalonique suite au Show-Room à Art-O-Rama
Biennale de Lyon jusqu’au 31 déc www.biennaledelyon.com
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Ont également participé à ce numéro : Yves Bergé, Émilien Moreau, Gaëlle Cloarec,Christophe Floquet, Thomas Dalicante, Aude Fanlo
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