Zibeline 49-

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un gratuit qui se lit

N째49 - du 15/02/12 au 21/03/12

La culture, masque politique



Politique culturelle Entretien avec Frédéric Mitterrand François Hollande aux BIS de Nantes Entretien avec Jean-François Chougnet

4, 5 6, 7 8, 9

Evénements Les Hivernales, le Vélo Théâtre Les Élancées, Cavaillon Le Gyptis, La Cité, Cinepaca La Criée, La Friche

10 11 12 13

Théâtre Le Lenche, les Bancs publics, La Criée La Busserine, le Lenche Les Bernardines, la Minoterie, le Vitez, le Gyptis La Criée Le Jeu de Paume, le Bois de l’Aune, Nîmes, les ATP Aix Arles, Nîmes, Martigues Avignon

14 15 16 17 18 19 20, 21

Danse Le Merlan, le Pavillon Noir, Berre L’Etang

22

Jeune public/Arts de la rue La Sirène, Istres, Arles

23

Musique Jazz, musiques du monde Opéra Contemporaine Récitals Symphonique

24, 25 26 27 28, 29 30

Au programme Théâtre Danse/ Cirque/arts de la rue Jeune public Musique Sciences et techniques Rencontres Cinéma Arts Visuels

31 à 36 38 à 41 42, 43 44 à 49 49 50, 51 52, 53, 54 55, 56

Arts visuels Miramas, Musée Granet, MAV Paca La Vieille Charité, Maison de l’Artisanat Bois de l’Aune, Reg’arts

57 58 59

Cinéma Films Leïla Kilani, Clermont-Ferrand

59, 60 61

Livres/CD/DVD Musique, art

62, 63

Livres Art Littérature Jeunesse Rencontres

64, 65 66 à 68 69 70, 71

Philosophie Déterminisme social

72, 73

Histoire et patrimoine La Ciotat, Echange et diffusion des savoirs MuCEM

74 75

Adhérents

La culture serait-elle accessoire ? Nos candidats à l’élection présidentielle n’en font pas un sujet de campagne ! Les débats télévisuels n’y font aucune allusion, pas plus que la presse dite nationale, et si parisienne. Et si certains partis travaillent à l’élaboration d’un programme culturel, ils ne le médiatisent pas, et réservent leurs professions de foi aux manifestations professionnelles. Car la culture n’est plus à la mode : comme l’Éducation Nationale, après des campagnes systématiques de dénigrement, le secteur dans son ensemble est perçu comme inutilement coûteux, et ses salariés comme des intermittents profiteurs et fainéants dont il faut réduire les avantages. Pourtant les travailleurs de la culture ont des revenus particulièrement bas et représentent en France, d’après les classifications de la sécurité sociale, 720 000 emplois salariés, dont moins de 100 000 intermittents : si leur régime de chômage est déficitaire, celui du secteur culturel dans son ensemble est largement bénéficiaire. Pourquoi cet énorme secteur économique, nettement plus important que l’automobile ou la construction navale, n’intéresse-t-il personne ? Est-ce parce qu’il ne fabrique aucune richesse monnayable ? Les marchands qui gouvernent ce monde savent qu’il n’en est rien. Que la culture, en particulier les industries culturelles que sont le cinéma, l’édition et les médias, peuvent générer des plus-values mirobolantes, et à fort potentiel de développement. À l’échelle des territoires, et dans le nôtre qui est si friand de festivals, le tourisme, les commerçants et la restauration savent ce qu’ils doivent aux manifestations culturelles. Constatations qui permettent aujourd’hui au secteur de survivre, mais signent du même coup la perte de sa substance artistique. Car ce n’est pas parce qu’il est générateur de profit que le secteur culturel doit être soutenu. Pas parce qu’il permet d’aménager le territoire, de calmer les banlieues, d’embellir les centres-villes, de démocratiser la société, de redorer l’image d’une entreprise ou faire marcher les commerces. Mais parce que la culture, comme l’éducation, est un droit fondamental de l’être humain. Parce que la littérature et les arts, mots que plus personne n’ose employer, sont nécessaires à notre humanité. Et avec eux les artistes, les intellectuels, les chercheurs, les écrivains. Un bien public, que tout homme politique devrait fréquenter et défendre avec fougue, comme des richesses essentielles, et non comme de rentables accessoires. AGNÈS FRESCHEL

Sciences et techniques L’eau

Accessoire

76, 77 78

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POLITIQUE CULTURELLE

ENTRETIEN AVEC FRÉDÉRIC MITTERRAND

L’État et n

À l’heure où Marseille Provence 2013 annonce son programme, où les murs du MuCEM sortent de terre, où Nicolas Sarkozy choisit Marseille pour adresser ses vœux au monde culturel, mais où celui-ci souffre visiblement de la crise et des restrictions budgétaires, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, nous explique les choix culturels de l’État en PACA

partenariats avec des régions, des départements ou des villes. Je pourrai citer le Pompidou Mobile, mais également le travail réalisé par des structures nationales telles que le Centre National de la Danse ou le Centre National des Variétés qui mettent en œuvre des démarches partenariales avec les collectivités territoriales. D’autre part, j’ai lancé des plans d’action au bénéfice des territoires, comme le plan musées en région, qui permet la rénovation de 79 musées hors de Paris, des mesures en faveur des territoires ruraux, ou encore les 14 propositions pour le développement de la lecture qui s’adressent aux collectivités territoriales afin de refonder la politique de lecture publique.

© Didier Plowy - Ministere de la Culture et de la Communication

Zibeline : Vous avez exprimé à plusieurs reprises votre attachement à la vie culturelle en régions. Un rééquilibrage des dépenses culturelles Paris-Régions est-il à votre sens souhaitable ? Frédéric Mitterrand : Non seulement il est souhaitable mais c’est une orientation que j’ai engagée. J’ai souhaité dès mon arrivée rue de Valois que ce sujet soit concrètement traité. D’une part j’ai demandé aux établissements nationaux localisés à Paris de développer leurs missions territoriales, de manière à ce qu’ils puissent par exemple conclure des

À l’occasion de Marseille Provence 2013, l’État investit dans des équipements lourds sur ce territoire : le MuCEM bien sûr, premier musée d’État décentralisé en région, mais aussi le FRAC, le Silo, la Friche, et bien d’autres à Arles ou Aix-en-Provence. Cet effort d’investissement de l’État n’affecte-t-il pas les subventions de fonctionnement courantes ? Il y avait un retard important d’équipement à combler. D’autre part, le MuCEM est un signe très important que nous envoyons à tout le monde méditerranéen. Je suis convaincu que les contributions aux productions du MuCEM seront très nombreuses, car il y a partout une immense attente de reconnaissance des cultures de la Méditerranée. Les budgets de fonctionnement, qui sont par ailleurs très variables d’un établissement à l’autre, ont tous été prévus. L’État et les collectivités territoriales ont parfaitement anticipé les coûts de fonctionnement induits ; il s’agira d’un effort conjoint, malgré les tensions budgétaires que nous connaissons tous. Ces établissements constituent des investissements d’avenir, générateurs de croissance et d’emploi, via le développement touristique, la création d’emploi directs et induits, et une attractivité renouvelée pour nos territoires. Les structures culturelles du territoire déplorent une baisse de leurs moyens de production. Est-elle réelle ? Le budget du ministère de la Culture et de la Communication a été sanctuarisé, il a même augmenté significativement depuis 2007. Néanmoins, nous sommes confrontés à la fois à un contexte économique difficile qui affecte les budgets des collectivités territoriales qui parfois se désengagent des projets culturels, mais également au développement de la demande culturelle : le nombre d’initiatives croît de manière continue dans notre pays depuis plus de trente ans et les moyens n’évoluent pas de la même façon -d’où la nécessité de faire des choix et l’impossibilité de répondre à toutes les demandes. Par ailleurs, la pression des coûts dans certains secteurs est forte, notamment dans le spectacle vivant, ce qui nécessite la recherche de moyens nouveaux, comme j’ai souhaité le faire en lançant une mission pour bâtir un

nouveau système de financement pour le spectacle vivant, en faisant contribuer de nouveaux acteurs économiques. Nous vivons dans une région particulièrement riche de culture, par son patrimoine architectural bien sûr, et les festivals exceptionnels qui s’y déroulent, mais aussi par la vitalité et la spécificité de la création régionale, et de ses modèles de production. Est-ce que le budget de la DRAC PACA, 3e région de France, est à la mesure de ces exceptions ? L’effort du ministère de la Culture et de la Communication en faveur de la région est considérable, que ce soit dans l’aide qu’il apporte à des festivals de premier plan, comme Avignon ou Aix-en-Provence, ou dans des établissements tels que les centres dramatiques nationaux, comme le théâtre de la Criée à Marseille ou le théâtre de Nice où il est le premier financeur. J’ai tenu compte de cette richesse et du dynamisme des acteurs culturels dans les arbitrages que j’ai effectué pour le budget de la DRAC PACA, en intégrant également la capacité contributive des collectivités territoriales. Il est question d’un mandat de révision demandé à la DRAC PACA de 400.000 €. Par ailleurs le ministère des finances a fixé pour 2012 un gel général de 6% des crédits pour la réserve budgétaire. Ces mesures d’économie, peu importantes en volume mais conséquentes pour certains acteurs fragiles du territoire, sont-elles confirmées ? Comme je l’ai dit, le budget du ministère a été sanctuarisé, mais il était nécessaire d’opérer des rééquilibrages entre les régions, ce qui est une responsabilité essentielle de l’État. Ainsi, j’ai souhaité lancer une démarche de mandats de révision pour l’ensemble des DRAC, de manière à ce que les plus fortement dotées puissent contribuer à renforcer celles qui l’étaient moins. Cette démarche se déroule sur trois ans, entre 2011 et 2013. La moitié des DRAC contribueront au renforcement des moyens des autres. Mes services se sont appuyés sur des données objectives telles que le niveau moyen de financement culturel par habitant. Et en effet, la DRAC PACA fait partie des DRAC contributrices, mais j’ai tenu à ce que cela se fasse sans déstabiliser les projets culturels, en réalisant des économies notamment en rapprochant les établissements sur leurs fonctions support, pour ne pas entamer les budgets artistiques. Votre ministère s’est particulièrement illustré dans le domaine de l’archéologie et de la sauvegarde du patrimoine, avec un équipement comme l’AndréMalraux par exemple, qui répond à un double objectif de découverte et de préservation. La culture est-elle selon vous, essentiellement ou en partie, une affaire de mémoire ? L’inauguration du bateau de recherches archéologiques et sous-marines à La Ciotat a été un moment très important pour la ville, pour les ouvriers du chantier naval, pour les archéologues et les plon-


ous geurs du DRASSM et pour l’ensemble du ministère. L’intuition d’André Malraux reste toujours d’actualité : les fonds sous-marins sont des témoignages du passé maritime et des traces de civilisation. L’action du ministère de la Culture et de la Communication est inséparable de l’action de conservation des patrimoines dans leur diversité, qui doivent être légués intacts aux générations futures. Ce sont aussi des patrimoines vivants : il n’est de mémoire sans futur, il n’est de patrimoine sans éducation au patrimoine. C’est le sens du label des Maisons des illustres qui a été créé à mon initiative : les lieux qui ont été habités par des artistes, des scientifiques, des personnalités politiques, des écrivains interrogent

Le budget global consacré à la culture est effectivement en hausse depuis 2007 : en quatre années il est passé de 6 milliards (2007) à 7.5 milliards en 2011. Mais ce budget comprend en fait plus de 3 milliards de dépenses culturelles des autres ministères (Éducation, Justice) et de taxes reversées (sur les jeux, le cinéma, l’édition…). De plus il a nettement changé de périmètre, puisqu’il comprend des charges qui n’existaient pas en 2007 : 550 millions de contribution à l’audiovisuel public et à la diversité radiophonique par exemple (0€ en 2007), 700 millions d’aide à la presse (287 millions en 2007), des aides aux industries culturelles du cinéma ou de la musique enregistrée, un plan global de numérisation des archives. Ainsi, avec des missions nouvelles et un budget de la mission culture en stagnation (de 2.9 milliards en 2007 à 3 milliards en 2011, soit moins de 0.6% du budget de l’État), certains secteurs comme le patrimoine, la création, la recherche artistique et la culture scientifique ont connu en quatre ans des baisses conséquentes. Quant à l’équilibre Paris-Régions, le ministère de Monsieur Mitterrand a indéniablement opéré un rééquilibrage : les crédits centralisés ne sont plus affectés au seul Paris (d’où le

le présent. La culture se nourrit aussi, bien entendu, de la vitalité de la création et de la scène contemporaine, aussi bien dans le domaine du spectacle vivant que de la mode, du design ou des arts numériques. Comment ne pas voir d’ailleurs que les créateurs se nourrissent des questions liées à la mémoire, qu’ils la mettent en jeu dans leur processus de création ? Je pense à Cyprien Gaillard et à son travail de vidéaste sur les paysages ; à Arthur Nauzyciel avec la figure de Jan Karski. La mémoire, si elle peut emprisonner, peut aussi être l’outil d’une liberté nouvelle, d’une liberté retrouvée. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÊS FRESCHEL

(voir aussi p 74)

MuCEM, le Pompidou Mobile…). Mais l’ensemble des crédits se concentre sur de grandes institutions, celles que cite le Ministre, où l’État nomme les directeurs, et qui font très peu de place à la création régionale. De plus en PACA de nouveaux équipements importants ont été construits (le Théâtre Liberté, le MuCEM, le FRAC…), les nouvelles missions ont comme ailleurs été prises en charge, les budgets alloués à certains départements sous dotés (04, 83, 06…) ont été augmentés (principalement aux dépens des budgets des Bouches-du-Rhône, bascule opérée en 2009), le tout à budget constant ou en augmentation très légère des crédits décentralisés (DRAC). La région PACA, 3e région de France par ses habitants, avec un fort taux de chômage (4e région de France), doit aujourd’hui être «contributive», c’est-à-dire voir son budget global diminuer au profit d’autres régions. Or la seule variable d’ajustement dans un budget en baisse mais aux investissements en hausse sont les subventions aux associations, c’est-à-dire aux lieux, festivals et compagnies indépendants. D’où leur souffrance actuelle, et leur massive disparition. A.F.


06 POLITIQUE CULTURELLE BIS DE NANTES Grand rendez-vous des professionnels du spectacle et des acteurs culturels, les Biennales internationales du spectacle (BIS) de Nantes ont connu un beau succès de fréquentation avec 10 630 professionnels présents sur les deux jours (ils étaient 9 800 en 2010). La mission fondatrice de ce salon, rappelée par son directeur, Nicolas Marc, qui est de «révéler et mettre en valeur les arts de la scène pour servir les évolutions de la filière, favoriser le développement du

secteur et porter plus haut la parole singulière et essentielle des artistes et de tous ceux qui les accompagnent», est plus que jamais d’importance. Dans le contexte actuel de crise que connait la culture, les BIS se positionnent comme un lieu, de confrontations d’expériences, de constructions de projets, d’élaboration d’idées nouvelles. Avec, telle une sirène d’alarme en permanence déclenchée, l’urgence d’agir qui revenait sans cesse au cours des débats et ateliers…

La culture pour tous et partout Attendu le 19 janvier dans le grand auditorium de la Cité des congrès de Nantes, François Hollande y a délivré un discours très attendu sur la culture. «La culture est au cœur d’un projet politique. Ce n’est pas simplement un élément d’un programme.» Sans faire de propositions chiffrées et finalisées, il aborda certains sujets. Il évoqua d’abord, sans surprise et rapidement, le bilan culturel de l’actuel président : «L’État assure aujourd’hui moins du quart du financement public de la culture. Le soutien aux équipements de proximité a été négligé. L’enseignement artistique délaissé, les pratiques artistiques négligées. Les entretiens de Valois sur le spectacle vivant sont sans lendemains. Le conseil pour la création artistique a été un fiasco, Hadopi un sujet d’affrontement, et les subventions de l’État sont partout en recul qu’il s’agisse du soutien aux lieux ou aux équipes». Puis le candidat socialiste

rappela ses priorités. Faire de la culture «une grande ambition nationale» et plutôt que de fixer des taux de progression, sanctuariser entièrement le budget de la culture ; restaurer la légitimité de ce ministère avec deux missions essentielles : «la proximité avec les artistes, le soutien à la création et la défense du service public de la culture, et l’accès du plus grand nombre à la culture». Préoccupé par l’aménagement culturel de la France il annonce une «nouvelle étape de la décentralisation culturelle» pour «irriguer tous les territoires oubliés», non sans avoir souligné auparavant que «les collectivités ne peuvent se substituer à une politique nationale». Autre grande préoccupation du candidat, l’éducation artistique et populaire, avec l’annonce d’un «plan national d’éducation artistique piloté par une instance interministérielle, dotée d’un budget propre rattaché au Premier ministre». Ce qui suppose un Francois Hollande lors de son discours aux BIS de Nantes © David Ademas

rétablissement de «la formation initiale des enseignants», davantage de place faite aux artistes dans les établissements scolaires, et l’histoire de l’art en tant que «discipline à part entière, avec ses concours de recrutement». Présent aux BIS, il se devait de mentionner le spectacle vivant. La chose fut rapidement faite avec l’annonce de l’élaboration d’une loi d’orientation qui «fixera les objectifs, sécurisera les financements» après la tenue d’un grand débat avec l’ensemble de la profession, et la reprise du chantier du Centre national de la musique, voulue par le gouvernement actuel pour fédérer une filière «morcelée», «pour en faire un outil au service de l’ensemble du spectacle vivant et pas seulement de la musique enregistrée». Puis François Hollande aborda la «question lancinante de la révolution numérique». Et notamment sa position sur la loi Hadopi qui «a voulu pénaliser les pratiques. Pour quels résultats ? Les artistes ont-ils gagné quoi que ce soit en termes de reconnaissance et de rémunération ? Cette loi a-t-elle rapporté un sou à la création ?» Une loi qui continue à faire débat, parce que, en voulant préserver le droit d’auteur, elle protège essentiellement les industries culturelles. Si le terme d’abrogation n’a pas été prononcé lors du discours, lors de la conférence de presse qui suivit les termes furent sans appel : «La loi sera supprimée et remplacée». Avec «une loi qui signera l’acte II de l’exception culturelle française. Elle sera élaborée en lien étroit avec tous les professionnels du monde de la culture.» Une proposition qui repose sur deux principes : «développer l’offre culturelle légale sur Internet en simplifiant la gestion des droits et imposer à tous les acteurs de l’économie numérique une contribution au financement de la création artistique ; rémunérer les artistes pour leur œuvre.» Enfin il fut question du rayonnement de la culture dans le monde avec la priorité donnée au redressement de la diplomatie culturelle d’une France qui «ne s’exporte pas seulement pour ses biens ou ses capitaux, mais par la qualité de son message, la force de sa création, la promotion de ses idées». DOMINIQUE MARÇON


© Do.M.

Les Compagnies contre la casse Parmi les ateliers, nombreux et ciblés, proposés lors des deux jours du BIS à Nantes, le SYndicat National Des Entreprises Artistiques et Culturelles (SYNDEAC) -composé de 365 structures, dont 160 compagniesproposait de se pencher sur La charte pour les compagnies au sein d’un service public de l’art et de la culture, avec Judith Depaule, sa vice-présidente, Renaud Marie Leblanc et Fabien André, membres du conseil national, tous trois metteurs en scène. Une charte née «de la crise du secteur des compagnies. Il ne s’agissait pas de refaire un énième texte politique, mais poser la confrontation de choses concrètes», parmi lesquelles la difficulté à monter des productions, la baisse des subventions pour les compagnies ou les structures qui les accueillent… et réaffirmer que «les artistes sont force de proposition […] et ont une vraie place dans le service public de l’art et de la culture». 6 mois de débats contradictoires furent nécessaires pour énoncer ce qui heurtait, et poser clairement les problèmes rencontrés par les compagnies victimes des restrictions budgétaires, devenues, dit le préambule de la charte, «la variable d’ajustement du spectacle vivant, victime d’une volonté politique de casse délibérée». Plusieurs types d’aides sont inscrites dans la charte : une aide au projet qui «doit permettre aux artistes structurés en compagnie d’amorcer le montage financier de leur création», accordée par l’État d’un minimum de 20 000 € ; une aide au développement, étape intermédiaire et provisoire avant un conventionnement pluriannuel, qui doit être tripartite (État et collectivités territoriales) et «ne peut être inférieure à 150 000 € par an» ; un dispositif de conventionnement pluriannuel sur 4 ans qui nécessite au moins 200 000 € annuels, tous financements croisés cumulés. À cela se rajoute un dispositif d’accompagnement des compagnies conventionnées envers des artistes émergents, bénéficiant pour cela d’une subvention supplémentaire. Enfin la charte rappelle qu’«un préachat ne peut être considéré comme une part de production» et que celle-ci «implique un engagement fort donc un montant qui pas être inférieur à 30 000 € ou 25% du budget de production du projet». Un texte qui clarifie les responsabilités de chacun et pose les conditions économiques et statutaires au bon ordre de marche des compagnies. DO.M.


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POLITIQUE CULTURELLE

ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANÇOIS CHOUGNET

Le point sur Marseil Après un lancement du préprogramme le 19 janvier en une grande cérémonie, longue et laborieuse, qui n’a pas appris grand-chose mais montré une certaine cohésion, le Directeur général nous explique l’état d’avancement de cette année culturelle qui, pour tout le territoire, sera Capitale Le budget Zibeline : Quel est exactement votre budget ? On sait que Toulon s’est retiré du projet, entraînant une baisse par rapport au prévisionnel de 98 millions, mais que d’autres villes ont adhéré depuis… Jean-François Chougnet : Les communes qui sont en train d’adhérer sont petites : Miramas, PortSaint-Louis, les Baux, Rhône Alpilles Durance apportent 650 000 €, ce qui est loin de compenser

La construction d’un territoire

les plus de 7 millions que Toulon devait apporter. Aujourd’hui le budget global est de 90 millions. Dont 60 millions apportés par les collectivités territoriales, 15 millions par le mécénat, le reste par l’État et l’Europe. Pour le mécénat les 15 millions sont trouvés ? Pas tout à fait. Nous avons nos 5 grands partenaires, et des mécènes sur la plupart des projets mais il nous manque actuellement le dernier million, qui n’est pas le plus facile à trouver. Mais on y parviendra ! Il est difficile de comprendre dans votre préprogramme de quelle nature sera votre implication dans chacun des projets, ce que vous allez produire, coproduire, labelliser avec participation financière, ou sans participation. Qu’en est-il ? Il y a des projets que nous inventons, finançons et mettons en place, d’autres qui existent et auxquels nous apportons simplement notre soutien complémentaire. Dans ce document il s’agissait de donner une idée de ce qui allait se dérouler dans le temps, et non du financement. Il y a aussi, sur plus de 300 opérations, une dizaine de projets culturels privés, la fondation Van Gogh, les propositions du Méjan, Château Lacoste, qui sont labellisés sans financement. Sur les 90 millions, quel est le budget consacré aux productions ? Deux tiers, soit 60 millions. Le tiers restant est consacré à la communication pour 11 millions, et à l’organisation pour 19 millions. On vous reproche souvent ce budget consacré à l’organisation, jugé trop important. Ce budget concerne plus de 6 années d’organisation, de 2007 à 2014, puisque nous devons faire un bilan d’évaluation pour l’Europe. Cela a forcément un coût. Annonce du préprogramme © Akram Belaid

Est-ce que l’aménagement du territoire n’est pas, finalement, le but premier de cette capitale culturelle ? Le choix initial de la Ville de Marseille de déposer un dossier de candidature à l’échelle d’un territoire large est fondamental, et induit une dimension d’aménagement. La capitale a permis de décider ou de concrétiser un nombre important d’équipements à Marseille, à Arles, Aix, Salon ou Istres… On parle beaucoup du MuCEM et du J4, parce que l’équipement est important et visible, mais la Friche ou Longchamp, l’équipement des autres villes est impressionnant également, et porteur d’avenir. Le travail effectué par chaque ville est énorme. Est-ce qu’il y a, au-delà de ces équipements l’idée de fabriquer une métropole ? La coopération par projets à l’échelle du territoire est plutôt une alternative à la grande métropole. Un autre moyen de coopérer au-delà de l’échelle communale. MP2013 est souvent cité comme un laboratoire de ce mode de coopération par projets. Cette échelle a posé des problèmes politiques. Estce que cela continue ? Le projet est ainsi conçu. Vous dire que c’est tous les jours facile serait absurde mais non, les affrontements ne sont pas quotidiens ! La machine est lourde, à déminer en permanence, mais il n’y a pas d’autre projet en France qui réunit autour de la table13 collectivités pour travailler ensemble. Le fait qu’elles soient de couleur politique opposées, PC, PS, Modem, UMP, est plutôt un atout finalement, parce qu’on ne peut nous reprocher de conduire une politique culturelle partisane. Ce sont en fait les villes qui s’opposent, des rivalités territoriales ? Oui. Le territoire a finalement peu d’unité géographique, il est morcelé, enclavé par endroits, avec des rivalités historiques anciennes. Le programme du week-end d’ouverture ne réduitil pas les villes à leur caricature ? À Marseille la fête, à Aix l’art contemporain, à Istres la famille… On peut dire ça, et le contraire. La vie des gens est métropolitaine, les habitants circulent déjà. Définir des pôles qui correspondent à des spécificités constatées devrait leur permettre de circuler au-delà de leurs activités professionnelles, dans leur pratique de loisir, en dépassant le pivot communal. Mais les services culturels travaillent-ils ensemble ? Oui, c’est une des grandes espérances que porte le projet, la question matérielle de la coopération des équipes… il semble que de nouveaux modes de travail se mettent en place !

Art et culture On vous a reproché de ne pas accorder assez de place aux artistes, en particulier lors de l’annonce du préprogramme, mais aussi de ne pas assez soutenir les artistes du territoire… Pour ce qui est des effets de tribune, c’est un reproche que l’on fait à toutes les présentations de saison et de festival. Il faut se méfier de l’artiste de


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le Provence 2013 service qui vient là en représentant… le vrai sujet n’est pas là. Où, alors ? Dans une programmation comme celle-là il y a une hésitation entre le culturel et l’artistique. À l’origine les capitales européennes sont des manifestations essentiellement culturelles : on focalise sur une ville, et on monte de l’évènementiel culturel. Or depuis quelques années il y a une tendance à profiter de l’occasion pour susciter une effervescence artistique. C’est ce débat-là qui m’intéresse. Il n’est pas simple, l’évènementiel culturel peut être sympa, et l’artistique pur et dur peut refroidir l’envie d’être ensemble. Mais il est évident que MP2013 défend très volontairement une forte dimension artistique. Les Ateliers de l’EuroMéditerranée, les Nouveaux Commanditaires, les Quartiers Créatifs, tous ces dispositifs vont dans le sens de la production artistique, constituent un axe fort de la programmation et de la structuration du territoire, avant et après l’année capitale. C’est quelque chose qu’il a fallu tenir, une dimension défendue farouchement par Latarjet depuis le départ. Dans les arbitrages budgétaires c’est la partie que l’on aurait pu facilement sacrifier pour faire de l’événementiel. Or le départ de Toulon n’a en rien affecté ce budget. La question artistique relève pour nous d’une philosophie de travail. Pourquoi alors les artistes du territoire ont-ils des frustrations ? Nous ne pouvons pas tout retenir, produire et programmer. Nous faisons venir des artistes, nous faisons travailler ceux qui y résident. Mais il faut se méfier de cette appellation «artiste du territoire», elle a quelque chose de poujadiste, d’extrêmement méprisant. Pour ce qui est des commandes d’œuvres, celles qui passent par les Ateliers de l’EuroMéditerranée sont essentiellement plastiques… Oui, mais pas uniquement. Il y a des écrivains, des musiciens, des vidéastes. L’artiste plasticien il est vrai se prête mieux à la notion de résidence.

Les choix artistiques Vos choix semblent privilégier les arts visuels, mais aussi les arts de la rue, et puis des disciplines surprenantes comme la gastronomie, la randonnée, la transhumance… Ce sont des genres que vous avez souligné parce qu’ils sont fédérateurs ? C’est aussi l’intérêt d’une Capitale de monter des projets inhabituels. Il faut à mon sens donner une

couleur, un caractère à une Capitale. Je pense aussi qu’une année culturelle doit avoir une dimension plus visuelle que spectaculaire : la forme spectacle ne permet pas d’accueillir 365 jours de l’année un nombre important de visiteurs. Marseille est par ailleurs un pôle historique des arts de la Rue. Et les axes nature/culture que l’on met en œuvre sont spécifiques au territoire. Il s’agit de dessiner un profil. Vous voulez-dire qu’il faut faire des choix ? Oui, l’idée n’est pas de faire plaisir à tout le monde, de faire un peu de tout, mais de construire des thématiques, une chronologie, de donner une couleur à chaque ville. Il n’y a pas un danger de durcir les identités ? L’art pauvre à Marseille et l’art riche à Aix ? Non, il y a aussi des arts numériques à Aix, des arts populaires, des quartiers comme le Bois de l’Aune… Êtes-vous satisfait à ce propos du travail dans les quartiers dits défavorisés, qui sont nombreux sur le territoire ? Satisfait du résultat on ne l’est jamais dans ce domaine, mais je suis satisfait qu’on le fasse en tous les cas. Il faut rendre ces actions visibles lors de l’année capitale, et surtout pas en faisant un festival des Quartiers, ce qui serait du même genre méprisant qu’un festival des compagnies régionales, mais en les intégrant intelligemment à la programmation. Dans le détail du programme, certains choix paraissent étonnants. Pourquoi produire un spectacle de Jean-Baptiste Sastre, dont la dernière mise en scène, Richard II dans la Cour d’Honneur à Avignon a été unanimement descendue par le public et la critique ? Il nous a proposé de mettre en scène Phèdre de Jean Baptiste Boyer, pour une expérience hors les murs de traduction dans toutes les langues des marseillais, en comorien par exemple, projet qui nous semble intéressant, et tourne actuellement dans plusieurs pays méditerranéens. Vous dessinez également des complémentarités : le Grand Atelier du Midi devrait être une exposition très populaire, fondée sur les must de l’impressionnisme jusqu’à Bonnard, et à côté de cela l’art contemporain est plutôt traité par des expositions monographiques… Oui, il y en a beaucoup. Il y a aussi Ici et ailleurs à La Friche, et au FRAC des expositions par étapes. En fait un très grand choix sur le territoire, à la fois varié, large et approfondi.

Au niveau de la musique on constate la même dichotomie : une création d’opéra durant le Festival d’Aix mais d’un contemporain de Monteverdi … Oui, Cavalli Berlioz à Marseille, Verdi par Radio France à Aix, la Folle journée du piano à la Criée. C’est une programmation très consensuelle, qui s’oppose donc à This is (not) music ? Oui. Il y a aussi les festivals, troisième axe de la programmation musicale : Marsatac, la Fiesta, Babel Med… mais This is (not) music concrétise, durablement nous l’espérons, l’idée d’un festival de culture urbaine qui réunit graffeurs, danseurs et musiciens dans leur cohérence.

Le MuCEM Pour conclure sur vos rapports avec l’État, l’absence de Monsieur Mitterrand à la présentation de votre préprogramme, puis sa présence au MuCEM une semaine après pour les vœux de Nicolas Sarkozy au monde de la culture, a suscité des étonnements. Est-ce la marque d’une distance prise par l’État ? Non, clairement le ministère, que ce soit celui de Mme Albanel ou de M. Mitterrand, a toujours été très présent. Peut-être la volonté de mettre davantage l’accent sur le MuCEM ? Certainement, c’est le fleuron de la politique de l’État. Mais nos rapports ne sont pas du tout de concurrence ! Le projet du MuCEM a été déterminant dans l’élection de Marseille comme capitale, et inversement la Capitale a accéléré la décision de construire enfin ce musée National décentralisé qui était bloquée depuis 20 ans. Nous proposons d’ailleurs avec le MuCEM deux expositions majeures, des expositions photos aussi, et un festival sur le genre dans l’auditorium. Nous travaillons ensemble tout le temps. Mais ils ont, eux, vocation à rester, et à modifier définitivement notre paysage culturel… ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL ET GAËLLE CLOAREC


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ÉVÉNEMENTS

LES HIVERNALES | VÉLO THÉÂTRE

Le Triple A des Hivernales !

Revue de détail Belle découverte 2011, l’Américain Jonah Bokaer revient dans le cadre de l’exposition consacrée à

La Verite 25x par seconde, BNM © Pino Pipitone

Un vent d’Asie souffle sur les 34e Hivernales et les classe, alliées aux précédentes éditions sur l’Afrique et les Amériques, au rang du Triple A ! Slogan repris avec malice par Emmanuel Serafini, directeur du Centre de Développement Chorégraphique (CDC), qui maintient, malgré des budgets réduits, un programme sérieux et alléchant. Au cœur de la danse des 24 cies invitées, la question de l’identité résonnera à nouveau avec 7000 spectateurs attendus aux 31 représentations, 650 stagiaires aux 10 stages et 3 prix remis aux jeunes talents des HiverÔclites.

Lee Ufan à la Maison Jean Vilar avec le solo On Vanishing inspiré de l’œuvre du plasticien coréen. Le programme Danse nouvelle génération accueille le groupe Coline avec la pièce Encircling et Gábor Halász (danseur au BNM et prix du public HiverÔclites 2011) dans un solo aux influences bouddhistes, commandé par le CDC. Autre commande d’envergure avec Ô Sensei de Catherine Diverrès qui remonte sur scène avec un hommage à Kazuo Ohno, son maître butô. Créée pour la biennale de la danse de Lyon, sa pièce Encor sera également reprise. Invité pour la 1re fois à Avignon, le Ballet National de Marseille présente La Vérité 25X par seconde à l’Opéra. Frédéric Flamand a confié la scénographie au plasticien chinois Ai Weiwei pour un dialogue radical entre les corps et

l’architecture métallique. Temps fort attendu avec Waiting de Carlotta Ikeda, la danseuse japonaise de 70 ans s’échappe du butô sous la voix de Marguerite Duras. Sumako Koseki présente E PUITS… et puis ?, chronique de l’histoire de son pays marqué par l’occupation américaine. William Petit, créera pour le CDC un chamanique Bewareprends garde aux fantômes à la Chartreuse et la cie Ex Nihilo occupera la Maison pour Tous Monclar dans Apparemment, ce qui ne se voit pas. Onstap fêtera la 200e représentation de sa succès story Parce qu’on va pas lâcher et le jeune public vivra une expérience interactive avec Jardin Japonais. Conçue par Pascal Rambert pour Kate Moran, la performance 50 minutes sera créée à la Collection Lambert. Autres artistes à (re)découvrir : Lionel Hoche, Lee Hyun-Bum & Choi Jin-Ju, Malgven Gerbes & David Brandstätter, Jeon-ho Nam et JeanLaurent Sasportes, interprète de Pina Baush ; Didier Théron dans l’hypnotique Harakiri et au théâtre des Doms Hako Onna dans La Femme boîte. Le spectacle de clôture de Kuik Swee Boon, chorégraphe majeur à Singapour, devrait marquer les esprits avec 2 pièces courtes empreintes de prouesse interprétées par T.H.E. Dance Company. Outre le programme vidéo à la Maison Jean Vilar, il y aura du cinéma à la Scène nationale de Cavaillon qui maintient des rendez-vous prévus vec Saburo Teshigawara dans une soirée consacrée au chorégraphe japonais avec son court métrage A Boy inside the boy et un documentaire d’Arte. DELPHINE MICHELANGELI

Festival les Hivernales, Avignon Du 25 fév au 3 mars 04 90 32 92 28 www.hivernales-avignon.com

Un Vélo dans les étoiles Le Vélo Théâtre est un lieu atypique autant que chaleureux dans le paysage vauclusien qui accueille en résidence depuis 1992, en plus des créations de la cie Vélo Théâtre, des projets pluridisciplinaires, des chantiers de création, des spectacles, des expositions. Forte de ses rencontres en tournée, la compagnie organise en Pays d’Apt le festival Greli-Grelo, y’a des spectacles dans mon Vélo et ailleurs avec des cies venues des quatre coins de l’Europe et de la France. L’enfance sera au centre de toutes les interrogations de cette 5e édition, convoquant dans un programme varié toutes les émotions, marionnette, cirque, musique, théâtre d’objets. Après un bal d’ouverture pour fêter les mamies et entrer dans la danse, Guigou Chenevier du Collectif Inouï présentera Musiques Minuscules, un ovni musical niché au milieu de votre

salon pour une balade minuscule inoubliable. Tu m’écoutes ? de la Cie Débrid’art saura rendre attentives les petites oreilles et les marionnettes de

la compagnie belge Sixfauxnez s’attarderont sur les places et jardins publics pour un voyage en terre inconnue. Les crèches et maison de

Musiques Minuscules - Collectif Inouie-Avignon © Cecile Domengie

retraite verront débouler la Cie Skappa ! dans In 1 et 2, une exposition installation entre partage, jardinage et spectacle. Pour les plus grands, du théâtre de marionnette avec L’Enfant Orphelin du Kranewit Theater et Le Loup et la chèvre de la Cie Italienne Rosidio. Les Attractions extraordinaires de la femme chapiteau séduiront avec leur cirque miniature de jouets et marionnettes tout en jonglerie et la Cie Tourneboulé reconstituera l’Histoire, avec humour et un brin de philosophie, dans Ooorigines (voir p 43). DE.M.

Greli-Grelo Du 4 au 17 mars Pays d’Apt 04 90 04 85 25 www.velotheatre.com


LES ÉLANCÉES | CAVAILLON

ÉVÉNEMENTS

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Un pas de côté pour regarder le monde Annulé l’année dernière faute de financement, le festival des arts du geste Les Elancées reprend ses marques sur le territoire de Ouest Provence, fort d’une dotation revalorisée de 300 000 €. «Des subsides, négociées par le président du SAN, Bernard Granié, suite à la réforme de la taxe professionnelle, qui manquaient à l’édition précédente» a rappelé Yves

Vidal, président de Scènes et Cinés. 200 000 € iront au budget artistique des Élancées, 100 000 € seront répartis sur la programmation culturelle de Scènes et Cinés qui avait dû être resserrée. Retour donc de ce festival singulier, dont c’est la 14e édition, qui «n’a pas d’équivalent sur un territoire aussi vaste» se plaît à rappeler le directeur de Scènes et Cinés MokhMelande 2 temps, BP Zoom © Boris Heiland

tar Benaouda. Et qui conserve «son exemplarité en terme d’éducation artistique», les artistes animant des ateliers en milieu scolaire, pour plus de 2000 enfants scolarisés, en amont de la manifestation. 19 spectacles répartis sur 9 lieux dans les cinq villes du territoire (avec deux nouveaux venus, la place du marché à Fos et le Magic Mirror à Istres), et toujours la même volonté d’allier les arts du geste, la danse et le cirque, avec cette année une petite incursion dans la magie nouvelle. Beaucoup de petites formes au programme : du théâtre dansé pour les plus petits à partir de 3 ans de la cie marseillaise Piccola velocità avec Jeune pousse, et surtout sa dernière création Bzz, un hip hop grand frèrepetit frère de la cie du Sillage avec la re-création de Ces deux-là !, le duo intemporel des clowns de BP Zoum dans un Mélange 2 temps, le Pogo des montpelliérains du Groupe Noces, la nouvelle création du cirque Aïtal Pour le meilleur et pour le pire, la virtuosité des Colporteurs avec Sur la route, ou encore le solo impression-

nant de L’Homme cirqueDavid Dimitri… Mais de grandes formes sont aussi au programme avec les acrobates du Cirque Mandingue et leur version du Foté Foré, ceux de la cie Akoreacro qui enchainent les prouesses dans Pfffff !, les Murmures des murs de Victoria Thierrée-Chaplin et les deux spectacles de danse de la cie espagnole Aracaladanza, Pequeños Paraisos et Nubes. DOMINIQUE MARÇON

14e festival Les Élancées Du 17 au 26 février Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 Théâtre de La Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 Espace Gérard Philippe, Port-SaintLouis 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr

Regards sur la Méditerranée La Scène nationale de Cavaillon installe son deu- au 24 mars avec Talitha Koumi : Françoise Sliwka xième rendez-vous exclamatif avec Places de la interprète 5 personnages d’un conte contemporain démocratie ! Culture(s) en Méditerranée. Après le sur le deuil, l’absence et la solitude. Réflexion sur thème de la folie, la manifestation artistique relie les rapports entre l’Algérie et la France avec Les les fils politiques des mouvements de l’ensemble Borgnes de Mustapha Benfodil sous la houlette de des pays de la Méditerranée depuis l’indépendance Kheireddine Lardjam. Un spectacle qui démultide l’Algérie. Pour son directeur Jean-Michel Gre- plie les points de vue en ce cinquantième anniversaire millet, l’idée maîtresse de cette Exclamation n° 2 de l’indépendance de l’Algérie. Score, une pièce est «de poser la question de l’état de nos démo- mosaïque pour 3 danseurs de Yuval Pick, témoicraties modernes, ici ou ailleurs, dans quelque pays, a fortiori lorsqu’il borde Score © Laurent Philippe la Méditerranée, et «a++fortiori» lorsque les rendez-vous électoraux, bases de l’exercice de la démocratie, sont parfois maltraités de ce côté-ci de la Méditerranée». Visible au théâtre pendant tout l’événement, l’exposition du collectif de photographes tunisiens Dégage ! rassemble une sélection d’images témoignant des moments les plus intenses de la révolution tunisienne. Vernissage le 15 mars suivi de la lecture performance Invest in democracy de Myriam Marzouki, qui nous fera traverser la «langue de la dictature» tunisienne. La danseuse Nacera Belaza présentera Le temps scellé et Le cri, une œuvre dans laquelle elle tisse des correspondances entre la religion et le quotidien (le 16 mars). Théâtre et musique en version Nomade(s) du 19

gnera de l’énergie vitale d’Israël selon le chorégraphe. Créé en pleine dictature du président Ben Ali, le sublime et troublant Amnesia de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi, unanimement salué au festival d’Avignon 2011, présentera une radiographie au scalpel de mécanismes du pouvoir (voir zib’44). Chants juifs à la Cathédrale Saint-Véran avec la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton et le pianiste Bruno Fontaine. Et pour finir, dans le cadre de la première biennale Les Écritures du Réel (voir Zib 48), le spectacle de Xavier Marchand Il était une fois Germaine Tillion parcourt trois livres de l’écrivain, trois périodes qui charpentent sa vie extraordinaire entre ses missions d’ethnologue, son entrée en résistance et sa déportation, et son implication active durant la guerre d’Algérie. DELPHINE MICHELANGELI

Exclamation n° 2 Places de la démocratie Du 15 au 31 mars Scène Nationale, Cavaillon En Nomade(s) à Gordes, Châteauneufde-Gadagne, Le Thor, Oppède, Lacoste, Joucas 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com


12 ÉVÉNEMENTS GYPTIS | LA CITÉ | CINÉPACA

Regarder le spectacle © Olivier Thomas

Alexandra Tobelaim se met au foot ? Qu’est donc allée faire notre metteure en scène subtile, qui excelle dans Marivaux et les écritures contemporaines souvent féminines, dans cet univers masculin de l’affrontement bravache? Ne vous y trompez pas, son regard sur le foot, entrevu lors d’actOral 2010, est à la fois réjouissant, populaire, raffiné et musical…

Zibeline : Pourquoi ce choix de ce texte de ItalieBrésil 3 à 2 ? Êtes-vous une passionnée de foot ? Alexandra Tobelaim : Pas au départ ! Ce texte de Davide Enia a été choisi par actOral et Face à Face, qui s’occupe d’échanges franco-italiens. Avant cela je n’avais jamais mis les pieds dans un stade, ni même regardé un match en entier. Mais en lisant ce texte, j’ai compris que cette forme de spectacle avait à voir avec le théâtre, entraînait les mêmes émotions intenses. Les pleurs, les cris, la tension des tirs au but, l’inattendu aussi, l’admiration extrême, l’engouement. Ce rapprochement m’a permis de rentrer dans le texte. Qui ne raconte pas le match… Non, pas exactement : il raconte comment une famille palermitaine regarde cette finale de la Coupe du monde de 1982, et les matchs précédents. C’est un texte qui prend toute sa dimension sur le plateau, dans l’oralité, écrit par un acteur auteur comme il y en a beaucoup en Italie depuis les années 90. Une langue, faite pour être dite, qui m’a décidée à me jeter dans une mise en scène archaïque, réduite à son essence : un

acteur qui parle à un public. Le travail de comédien y est bien sûr essentiel, et Solal Bouloudnine est formidable… Il raconte et incarne toute la famille… La mise en scène a-t-elle changé depuis actOral ? Le dispositif est le même, je voulais qu’il soit simple, comme cette famille, comme ce théâtre qui partage l’histoire de tous. Car ce théâtre joyeux ne repose sur rien qu’on doive élucider mais sur une histoire commune, contemporaine, proche. Donc… il y a toujours un acteur et un musicien (Jean-Marc Montera ndlr) un écran et deux fauteuils, et puis Solal. Qui raconte. Est-ce que vous assistez aux matchs de foot désormais ? Un peu plus, mais surtout pour regarder les gens… ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

Italie-Brésil 3 à 2 Du 21 au 25 fév Le Gyptis, Marseille 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com

Le réel en question «Faire naître avec l’autre, face à l’autre, un espace de récit commun», tel est le projet de la Biennale des écritures du réel. Du théâtre, de la littérature, du cinéma et de la philosophie figurent au programme de cette première édition. À Marseille La Minoterie accueille le 1er spectacle, L’Alphabet des oubliés de la cie de la Cité, une création depuis l’œuvre du poète Patrick Laupin qui fait suite à une résidence du poète à l’école primaire Major-Cathédrale (14 au 16 mars), puis la cie L’Abeille et l’orchidée pour Anna Politkovskaia d’après un texte de Stefano Massini avec Mireille Perrier dans le rôle titre (20 et 21 mars) ; le Merlan accueille quant à lui le GdRA dans sa

cain hors normes (18 mars à l’Equitable Café), C. Rulhes, du GdRA, J.-M. Van den Eeyden, de la cie L’Ancre, M. Perrier, pour la cie L’Abeille et l’orchidée, et M. André et F. Lloret, cie de la Cité, échangeront sur Les écritures du réel (18 mars à l’Equitable Café). Sans oublier une exposition de peintures de l’atelier de la Pommeraie, Trouble pictural, qui sera visible à La Minoterie du 14 au 21 mars. DO.M. Un homme debout © X-D.R.

poursuite d’un théâtre anthropologique et pluridisciplinaire avec Nour (15 au 17 mars) ; à La Cité c’est le Théâtre de l’Ancre qui proposera Un homme debout, témoignage d’un ex-prisonnier

Smartphone et Cinétourisme Le Comité Régional de Tourisme (CRT) a lancé -et c’est une première en France !- une application iPhone et Androïd qui fait découvrir 54 lieux de la région, accessibles au public, où ont été tournés des films populaires. Cet outil qui a coûté 50 000 euros, et 25 000 euros pour la promotion, permet de faire des recherches par extrait de film ou par territoire (Provence, Côte d’Azur, Alpes) ; d’activer une alerte qui signale qu’on passe près d’une zone de tournage ; de voir ou revoir des extraits de films, des commentaires de M. Cinéma et des archives

sur ses 19 années d’emprisonnement (16 et 17 mars)… Côté rencontres et tables rondes, l’écrivain Robert Mac Liam Wilson racontera James Agee, écrivain améri-

fournies par l’INA, partenaire du développement de l’application. De La Ciotat avec l’Entrée en gare des Frères Lumière à Forcalquier avec Crésus, l’unique film de Giono, en passant par St Tropez et Dieu créa la femme de Vadim, c’est un itinéraire en cinéma qui est proposé aux touristes et aux amateurs de films. Des mises à jour annuelles permettront de compléter la liste des extraits proposés, au fil des tournages. «Le cinéma, explique Pierre Meffre, président du CRT, est une très grande motivation pour les

1re Biennale des écritures du réel Du 14 mars au 7 avril La Cité, Marseille 04 91 53 95 61 www.maisondetheatre.com

touristes qui passent en moyenne 2h27 par jour sur un outil technologique, plus de temps qu’à la plage ou à table.» Et Patrick Mennucci de rappeler que la région est la 2e en France en nombre de tournages et que cela a des retombées sur l’économie locale. D’autres applications sont en préparation pour la peinture et pour Provence, Terre de festivals. L’application CinéPaca est gratuite et, à ce jour, 6500 personnes l’ont déjà téléchargée… Et vous le pouvez aussi avec les codes que Zibeline vous fournit. ANNIE GAVA pour Androïd

pour iPhone


LA CRIÉE | LA FRICHE

ÉVÉNEMENTS 13

Pour sa première création à La Criée, Macha Makeieff a choisi d’écrire, avec sa troupe, un spectacle sur Les Apaches, ces jeunes gens révoltés des années 20, rebelles et voyous, qui ont fasciné les artistes. L’action se passe dans un music-hall délabré… et la troupe est en train de construire le spectacle au Conservatoire de Marseille

Les Apaches © Simon Wallon

Création transgenre

Zibeline : Comment se passent les répétitions ? Macha Makeieff : Assez joyeusement ! Quelque chose se passe, véritablement, dans ce plaisir d’être à Marseille. J’ai rassemblé une troupe hétéroclite de comédiens, musiciens, danseurs et acrobates, à l’image d’une humanité disparate qui s’étonne d’être ensemble et produit de l’harmonie et du contraste. Ce qui se passe entre eux, à ce stade des répétitions, nourrit et construit une structure qui va s’autonomiser, et prend sa propre grammaire. On est 8 sur le plateau, chacun avec sa discipline, sa virtuosité, mais les acrobates deviennent des acteurs, il y a une contamination… Vous dites «on» est sur le plateau, mais vous n’y êtes pas ! Exact ! Mais sans doute qu’il y a une rêverie par procuration, quelque chose qui est vécu de l’intérieur et me préoccupe autant que ce qu’on voit. Quelque chose que dessine leur histoire. Ces Apaches dont il est question, qui sont-ils ? Ils sont pour moi une obsession, qui prend sa source dans la littérature, le cinéma, les objets, et ce qui s’est passé entre les deux guerres, et que racontent

La distance qui nous unit

les artistes de music-hall, de théâtre fragile. Il y a eu une sorte de rapprochement entre le voyou dandy, ses postures, et l’artiste, qui partait parfois sur les routes, vivait un déplacement social, un déclassement… Colette par exemple l’a payé très cher. Ceci dit Les Apaches dépasse cette époque là, s’attache aux jeunes gens révoltés de toutes les époques, et s’intéresse au genre, aux femmes, à leur déclassement qui va avec leur liberté. De quels textes vous inspirez-vous ? De Colette, des Mémoires de Kiki de Montparnasse, et puis de Casque d’Or, des Mamelles de Tiresias que j’ai mis en scène (Opéra bouffe de Poulenc d’après le drame surréaliste d’Apollinaire ndlr), de la

littérature Dada. De Claude Cahun aussi. Il y a eu dans les années 20 un véritable basculement du personnage féminin, un transfert des genres très élégant et très surprenant, dû au changement du statut de l’homme, à leur pénurie après la guerre. Combien y a-t-il de femmes parmi vos comédiens ? Une seule ! mais justement… Vous verrez !

Un nouveau spectacle de François Cervantes et son Entreprise au Massalia, c’est devenu pour certains comme un rendez-vous familial annuel, un rituel agréable… L’auteur metteur en scène nous dessine le profil de sa prochaine création

tion : il ne faut pas faire taire le présent, et ces histoires vraies d’un passé révolu seront interrompues par des discours politiques purement fictifs, mais qui ont un rapport au réel immédiat. Le passé aide le présent, nous avons besoin de redécouvrir l’Histoire et de la définir comme une histoire justement, variable et multiple. Sur scène il y aura… …les cinq acteurs avec lesquels je travaille régulièrement. D’ailleurs ce travail fondé sur leurs vies raconte aussi l’histoire de la compagnie… Qui se porte comment ? Plutôt bien. Nous tournons beaucoup, nous avons beaucoup de projets, et nous aimons être ancrés ici, à Marseille, dans une ville où l’on invente des relations moins hiérarchiques. La création d’un pôle théâtre à La Friche est entérinée, la question de la permanence qui nous habite depuis longtemps pourra y trouver un écho, même s’il faut encore définir ce qu’est un «pôle théâtre». Les perspectives sont, pour nous, plutôt bonnes !

© Xavier Brousse

Zibeline : De quoi sera-t-il question cette fois ? François Cervantes : C’est une création très autobiographique(s), mais au pluriel. On est parti des arbres généalogiques des acteurs, de l’identité réelle de leurs parents, de leur travail, de leurs origines géographiques et sociales. Pour faire surgir ce qui est présent dans la mémoire, et donc dans le corps, des acteurs, et comment cela apparaît sur scène. Vous abolissez donc La distance qui nous sépare… Oui et non. Il y a des rencontres anachroniques entre une jeune femme des années 40 et un homme d’aujourd’hui, mais c’est la distance entre eux, la distance entre personnage et acteur aussi, que l’on interroge. Les moments de carrefour montrent justement que les chemins divergent. Comment écrivez-vous le spectacle ? À partir de leur matériau autobiographique, de leurs improvisations, j’écris des textes qui gardent trace de l’oralité telle qu’elle surgit, mais retravaillée dans la forme et le contenu. Ce qui m’intéresse ici, c’est d’interroger les rapports entre réalité et fic-

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

Les Apaches Du 13 au 30 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

La distance qui nous sépare Du 6 au 24 mars La Friche, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com


14 THÉÂTRE LENCHE | BANCS PUBLICS | LA CRIÉE

D’ Dépressive, Antigone ? Que nenni ! Fille et mythe pètent la forme et se prêtent à l’éternel retour adolescent... alors crachons le morceau : halte à la prolifération du tout venant poétique ! Premier responsable : le réécrivain Antoine Wellens, plein de fougue, non sans talent pour relancer petits airs du temps et grandes clameurs de fond ; la petite troupe de jeunes comédiens issus du Conservatoire ou de l’Université de Montpellier l’a suivi (certains avec vivacité, d’autres, dont le rôle-titre, à ras de terre) dans ses circonvolutions stratifiées mais on s’interroge sur le désir de réécrire un mythe sur la scène. Pourquoi, sinon pour le relire et le mettre à nu ? pas de ça ici : chacun cherche sa place ou veut celle de l’autre (Ismène aimerait bien voler la vedette à sa sœur mais son plaisant numéro de music hall n’est qu’un intermède), mais si prendre position est bien une problématique commune à l’acteur et au citoyen, on peut l’avoir perçu dès la première demiheure... Et si «les mots tout chauds» sortent du four médiatique, platement publicitaires, vils à souhait (Antegone «le» fera-t-elle? tiendra-t-elle jusqu’au bout ?) on peut aussi l’admettre au premier contact avec cette exaspérante speakerineattachée de presse; la faire revenir si souvent relève du cabaret-potache. © Mathieu Catonne

MARIE JO DHÔ

L’Antegone D’ ou que dit le cochon quand le fermier l’égorge ? mis en scène par Camille Daloz et joué par la cie du Cri dévot a été présenté aux Bancs Publics le 2 et 3 février

Fantasmes racistes

© Nathalie Pierre

La pièce de Jonas Hassen Khemiri est construite sans véritable cohérence, sinon celle très forte de son thème : la perception de l’immigré musulman en Suède, qui ressemble désespérément à celle qui s’exerce sur nos rivages. Un fil conducteur symbolisé par Abulkasem, personnage fantasmé à l’identité instable, aussi variable que les à priori européens sur les musulmans : tour à tour pirate une pièce d’Almqvist, oncle Libanais chanteur de cabaret, mot fétiche d’une bande d’ados immigrés, patronyme gratifiant d’un jeune dragueur des banlieues, d’une metteure en scène à la mode, d’un terroriste invraisemblablement voyageur… La pièce, construite sur des monologues séparés par des interludes chemine de la farce au drame, et dessine la mosaïque étrange d’un visage insaisissable et d’une société visiblement prête à basculer dans la violence raciste -la pièce a été écrite et montée avant la tuerie d’Utøya-, parce que les

jeunes n’y sont pas intégrés, que les fantasmes déversés à la télé sont repris jusqu’aux bobos bienveillants… La mise en scène de Michel Didym donne beaucoup de volume, de sons, de couleurs et de rythme à l’univers de l’auteur suédois. Les comédiens aux talents multiples sont animés d’une vitalité exceptionnelle, y compris Léna Bréban qui a repris au pied levé les rôles de Julie Pilod, blessée). Ils virevoltent, chantent, dansent, accompagnés de rock qui parodie ABBA, renchérissant dans une gesticulation grinçante qui fait parfois perdre le fil d’un texte morcelé. Il faut dire que la salle au trois quart vide de la Criée, pour un spectacle qui a fait grand bruit à sa création, n’aide pas à imprimer un rythme… Et si vous retourniez à la Criée ? AGNÈS FRESCHEL

Invasions ! a été joué à la Criée du 8 au 11 février

© Eric Didym

Quick Change Saviez-vous que Richard Coeur de Lion, roi d’Angleterre, ne parlait pas anglais ? Ce ressort burlesque du Coeur du Sage, 3e volet de La Divine Humanité, dit bien avec quelle simplicité de ton la Cie Les Oiseaux aborde le spectateur et le thème proposé : la recherche universelle de la sagesse et de la vérité à travers différentes spiritualités et malgré guerres et affrontements. La troisième croisade ou le parcours de Jésus de Nazareth, après celui de Confucius (voir Zib 48) miniaturisés en fragments d’épopées minuscules sont incarnés de bout en bout par le seul Lionel Briand, comédien transformiste virtuose à l’énergie insolente et au verbe véloce, accompagné par son touche-à-tout musicien-chanteur Patrick Ayala. Spectacle étonnant et décevant en ce qu’il explore méthodiquement ce que l’on pourrait nom-

mer «l’enfance de l’art» avec dispositif malin pour saltimbanques talentueux (tréteaux et costumes polysémiques, à l’endroit, à l’envers ; rythme tenu et adresse directe ; ombres chinoises et cabaret biblique) sans jamais demander au public autre chose qu’une adhésion bon enfant «Ouh !! les méchants pharisiens !...» à de petites histoires gentiment racontées... ombre portée du théâtre du Soleil sans Ariane Mnouchkine ! M.J DHÔ

Le Fils de l’Homme / Le Cœur du Sage (La Divine Humanité) au Théâtre de Lenche du 21 au 28 janvier


LA BUSSERINE | LE LENCHE

Témoins de misère Pari tenu pour cette jeune metteure en scène, Elsa Granat et sa troupe L’envers des corps qui revisitent le monument littéraire des Misérables sous un éclairage contemporain. Cette oeuvre si souvent transposée au cinéma avec force moyens est mise en scène ici avec sobriété. À la Busserine, des élèves du primaires préparés par leurs professeurs connaissaient bien l’histoire et la racontaient en attendant que le spectacle commence. Très vite ils reconnaissaient les personnages, les nommant dès leur apparition, mais plongeant dans le monde actuel: le bureau de Pôle-Emploi ! Fantine est reçu par un conseiller peu compréhensif ; c’est alors que l’enfant pleure dans ses langes. Très beau travail vocal, puis gestuel, de Marie Combeau qui reproduit les attitudes du bébé de façon saisissante ! Cosette est ensuite confiée aux Thénardier, sauvée par Jean Valjean, aimée par Marius... L’ensemble est bien mené, dans des décors et des costumes astucieux de la marseillaise Clémentine Carsberg. Le spectacle s’accompagne d’ateliers avec les classes, l’occasion de retraverser le roman et de parler de la pauvreté.

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Slam méthodique Alain Simon ne manque pas d’audace. Après avoir longtemps joué Le discours de la méthode à la traditionnelle, assis dans un fauteuil près d’un poêle, voici qu’il reprend l’adaptation qu’il a faite du célèbre texte de Descartes en slam et en version accélérée. Résultat : 35 minutes d’une performance originale rondement menée. Le philosophe voulait, paraît-il, que son discours s’adresse à tout le monde et pas seulement aux «doctes», d’où le choix du slam pour le dire aujourd’hui. Quant au parti pris de rapidité, il vise à restituer le flux de la pensée qui semble se construire là sur la scène. Au début, le style déroute, avec ses phrases qui n’en finissent pas, ses imparfaits du subjonctif et son lot de termes tombés en désuétude. Et puis c’est dit si vite ; et le clavier va si fort. Pourtant, il suffit de se laisser porter par la langue, d’entrer dans le débit du comédien et tout fait sens. Modulée par la voix et les variations pertinentes de tempo, ponctuée par les accents contemporains ou jazzy de Christophe Paturet (qu’on peut aussi choisir d’écouter, abandonnant pour un temps les mots), la pensée cartésienne éclate alors en énergie et en images, étonnamment proche. Descartes pense (tout haut) et on suit (très bien). FRED ROBERT

CHRIS BOURGUE © X-D.R.

Misérables, libre cours s’est donné du 17 au 20 janvier à l’Espace Busserine, Marseille

THÉÂTRE

Je pense donc je suis, a été joué au Théâtre de Lenche du 31 janvier au 4 fevrier


16 THÉÂTRE LES BERNARDINES | LA MINOTERIE | LE VITEZ | LE GYPTIS

Égarement Connaissez-vous Até fille de la Discorde et mère de l’aveuglement humain ? C’est son élégante silhouette en 3D qui d’entrée apostrophe la salle «Tout est faux». On n’en attend pas moins du théâtre et Alain Béhar, inlassable guetteur / créateur de formes exactes, fait encore une fois du plateau une surface de déploiement de sciences dures. Avec Mô, spectacle précédent, c’est l’intérieur du cerveau du personnage qui se (dé)construisait dans de complexes circonvolutions ; dans Até c’est la perception du spectateur qui est mise à mal, parfois pour son plus grand plaisir ; le dispositif est impeccable. Que voit-on ? Des acteurs en chair et en os dont un pianiste et un «abbé» (sic) ; un mur en triptyque qui présente un suractif jeune homme capté en direct par une webcam, un écran dominant de jeu vidéo prêt à être activé, des images qui jaillissent en écho à un mot -genre alphabet visuel- ou à une idée subliminale (on a la faiblesse de reconnaître Mowgli ou peut-être la jupe virevoltante de Keersmaker, chacun les siens) ; ce langage scénique fait du plateau une pleine page en mouvement permanent avec onglets multiples, apparitions, disparitions.

© Mathieu Lorry-Dupuy

© Mathieu Lorry-Dupuy

Qu’entend-on ? Des fragments de conversation qui construisent le degré zéro de la fable : le 31 décembre, Guéret, Creuse, dentiste et aussi Lagos, Acapulco ou les rives du Colorado ; des aphorismes, sentences ou lieux communs très actuels (rires dans le public) ; les mots du philosophe côtoient les nôtres et surtout ne s’attardent pas comme autant de sms qui se croisent. Virtuosité étourdissante (encore que la pesanteur consubstantielle à l’acteur vivant soit presque un frein) et perfection pour quoi faire ? Si c’est pour dire

ce que l’on croit comprendre de nos sociétés et de nos pratiques, Alain Béhar réinvente simplement la mimésis ; si c’est pour réactiver le vertige pascalien (la cène de la fin ?), il faut alors lui donner plus de sens sur lequel parier ! MARIE-JO DHÔ

Até texte et mise en scène d’Alain Béhar a été donné au théâtre des Bernardines du 26 au 31 janvier

Un tambour, un couteau Le Woyzeck mis en scène par Frank Dimech est un spectacle exigeant, joué par des acteurs taïwanais et chinois très engagés physiquement, tous magnifiques. La pièce, œuvre phare de l’expressionnisme, est composée de fragments que Buchner n’a pas reliés, de scènes que Frank Dimech a travaillées séparément, réservant leur montage pour la fin. Le plateau est nu, éclairé de lumières tour à tour violentes et feutrées. Seuls objets : deux chaises et un urinoir dans lequel les soldats vont se soulager avec intense satisfaction après leurs beuveries. Le personnage tragique, Woyzeck, sombre dans la folie meurtrière, victime de la cruauté des autres, et de la passion qui l’anime pour Marie, jeune femme fragile. Son désir soudain pour un tambour-major brutal précipite Woyzeck dans le drame, qui est de fait inévitable dans ce monde habité de soldats corrompus et de prostituées lascives qui aiguisent des couteaux. Des battements de tambour assourdissants retentissent comme le poids de la trahison, du désir et de la jalousie. Certaines scènes sont fulgurantes, d’une beauté et d’une force à couper le souffle. Celle où s’affrontent Woyzek et le tambour-major, poitrail contre poitrail, ou celle où Woyzek s’ensevelit peu à peu sous l’eau et la terre qui tombe du ciel. CHRIS BOURGUE

Woyzek a été joué du 24 au 28 janvier à la Minoterie, Marseille et le 1er février au théâtre Vitez, Aix © Hsu & Yawen

La dérive des bons sentiments © J. Dieudonné

L’Ivanov de Tchekhov par Extime compagnie transforme le désenchantement en quête d’une nouvelle vie Ivanov pourrait être heureux, épanoui mais n’a plus de envie de faire semblant. En vérité, il s’ennuie. Trentenaire mélancolique, oisif presque dépressif, il nous renvoie à des questionnements existentiels : qu’est-ce que réussir sa vie et comment sortir de sa condition pour y parvenir ? Sous titrée [Ce qui reste dans vie…], la pièce est, selon les mots de son metteur en scène Jean-Pierre Baro, une «composition théâtrale». Un puzzle inspiré par différentes traductions du chef-d’œuvre d’Anton Tchekhov, divers textes de littérature poétique mais aussi par des œuvres cinématographiques. Le personnage central opère sa mutation, prenant à témoin le public qui, souvent, en rit. Les rapports à l’amour, à la mort, à l’argent, à la liberté, à la vérité sont décortiqués avec violence ou légèreté. Les corps comme les voix, la danse et la musique (Schubert et Souchon) ou encore le mobilier occupent une place centrale dans la scénographie de Baro qui offre une libre adaptation résolument contemporaine, portée par huit acteurs remarquables, Simon Bellouard en tête. La critique d’une société russe égocentrée du XIXe siècle devient une ode à l’existence qui confirme l’intemporalité et l’universalité du théâtre de Tchekhov. THOMAS DALICANTE

Ivanov [Ce qui reste dans vie] a été joué du 31 janvier au 4 février, au Gyptis, Marseille


ARLES | LE MERLAN

THÉÂTRE

Même pas peur Dans sa dernière création, Hubert Colas fait preuve de son talent habituel de metteur en scène, mais hélas pas de l’habituelle pertinence de son écriture. Spectacle sur la peur, joué au Merlan sans certains effets scénographiques en raison d’un problème technique, Stop, Tout est bruit est joué par une bande de comédiens d’une fraîcheur et d’une malléabilité rares, dirigés de main de maître dans des élans subtils et nuancés… Les filles, en particulier, sont épatantes, porteuses de voix très singulières. La scénographie, même partiellement amputée, révèle des univers noirs, des lignes subtiles, des univers où l’on s’enfonce comme dans son Hamlet. Ou un espace qui se strie comme un écran de télé déréglé, que les comédiens parcourent avec une rapidité étonnante comme un espace qu’il faut fuir, allumé et éteint en un montage cut cinématographique qui n’est pas sans faire penser aux contrastes des mises en scène de Pommerat. Mais mettre autant de talent au service d’un texte et d’un propos aussi pauvres est d’autant plus décevant ! Avec un vocabulaire volontairement restreint, une langue neutre, sans progression dramatique ni même thématique sinon la succession de séquences enchaînées sans motif, des répétitions/variations dont on ne sait où elles mènent, Hubert Colas parle de la peur sans la susciter, sans même la donner à voir, ou expliciter un

© Hervé Bellamy

peu pourquoi il en parle. Sans non plus nous faire rire, ce qu’il sait pourtant si bien faire, parfois. L’auteur produit comme toujours un texte ego centré, mais sans parvenir cette fois à l’ouvrir vers des horizons moins bornés, à ce qu’il nous concerne. AGNÈS FRESCHEL

Stop, tout est bruit a été joué à Arles le 3 février et au Merlan du 11 au 16 février

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18 THÉÂTRE JEU DE PAUME | BOIS DE L’AUNE | NÎMES | ATP AIX | PAVILLON NOIR

Schnitzler tout neuf

en la sortant définitivement du théâtre psychologique qui l’a vue naître. Le décor multiplie les objets du quotidien disséminés sur le sol nu de la scène, machine à café, toaster (on respire d’ailleurs l’odeur du pain grillé), robot mixer… Toujours en décalage, les comédiens instaurent une circulation dynamique du texte, les rôles passent de l’un à l’autre avec une virtuosité jubilatoire. Le lyrisme du texte original est visité avec une bienfaisante dérision, un second sens qui réactive la pièce, instaure une vraie complicité avec le public, grâce à une escalade vertigineuse du jeu. Un régal, dans lequel la finesse du propos de Schnitzler est parfaitement rendue.

© Tim Wouters

Solitaires, les personnages de la pièce chorale d’Arthur Schnitzler le sont tous, avec leurs secrets, leurs passions inavouées, leurs mensonges, leurs lâchetés, leurs peurs, leurs échecs, leurs déceptions, leurs désillusions. Le peintre Julian Fichtner revient dans sa ville. Il y avait aimé son modèle, Gabriele, et l’avait abandonnée. Le professeur Wegrat a épousé la jeune femme et élevé son enfant comme son propre fils. À la mort de Gabriele, les secrets se révèlent, ceux de la douce Irène, ancienne maîtresse du peintre, de Von Sala, l’écrivain… Plongée dans le passé doublée par le projet d’un voyage archéologique, plongée en soi, douloureuse introspection où le tragique se teinte d’humour… la quête incessante d’un sens à leur destinée enferme les personnages dans un maillage où ils s’engluent. Le collectif tg STAN (ah ! quel superbe accent néerlandais !) s’empare de la pièce avec une inventivité réjouissante,

M.C.

Le Chemin solitaire s’est joué les 24 et 25 janvier au Théâtre de Nîmes, et les 2 et 3 février au Bois de l’Aune, Aix

L’écriture d’Arne Lygre est singulière. L’univers de l’auteur norvégien, dont les œuvres traduites circulent sur les scènes françaises depuis quatre ans, désarçonne par sa langue simple et sa dramaturgie complexe : Jours souterrains progresse en décalant les attentes, et se conclue sans résoudre, tranchant les nœuds de l’intrigue, jouant d’ellipses, de retournements escamotés, de répétitions qui bifurquent, d’asymétries. La situation de départ elle-même, ressemblant à un fait divers cruel, mais aussi à un huis clos classique, s’appuie sur une réalité sociale familière, réaliste, pour installer des relations et des péripéties presque oniriques. Car ce «propriétaire» qui enlève et séquestre trois paumés pour les sauver a tout d’un père abusif, d’un maniaque sadique, mais aussi d’un dieu rédempteur. Les séquestrés euxmêmes se soumettent, puis torturent, sans pour cela devenir des symboles, métaphores qui effleurent des mythes vagues sans les toucher. Et parlent de séquestration et d’emprise sans dissimuler ce qu’elles

peuvent avoir de volontaire, et rassurant. La mise en scène de Jacques Vincey, d’une épure reposante, s’attache elle aussi à ne rien nommer, à laisser les spectateurs inventer et rêver leurs espaces. Dessous, le bunker, en face, le vide, derrière, le mur, et puis les portes closes, le monte-plat où on s’immisce, une piscine tracée sur le sol : un huis clos où la sensation d’enfermement vient non du resserrement, mais du vide. Sensation spatiale qu’il communique aussi aux acteurs, qui jouent peu, évacuent tous les gestes de violence extrême que le texte évoque pourtant, incarnent des vivants à peine animés de vie, comme éteints. Procédés un peu systématique qui lasse l’attention par endroits, mais dont Anne Sée et Frédéric Girotrou s’éloignent parfois avec de beaux fracas. Trop peu nombreux, sans doute.

© Pierre Grosbois

Séquestration

AGNÈS FRESCHEL

Jours souterrains a été joué au Pavillon Noir dans le cadre de la programmation des ATP d’Aix

Pas si banal © Eric Didym

Si la haine renvoie à un sentiment extrême de détestation de l’autre au point de se réjouir de ses malheurs (difficile à vivre tous les jours !), l’ordinaire lui instaure la banalité. Rien de banal cependant dans le spectacle Chroniques d’une haine ordinaire. Christine Murillo et Dominique Valadié s’emparent avec une belle verve des textes de Pierre Desproges, dans une mise en scène judicieuse de Michel Didym. On retrouve la causticité subtile des textes d’un auteur qui n’était pas qu’un humoriste. Les deux actrices savent jongler avec les mots, les situations, la cruauté, le désespoir. Ou plutôt son absence, ce sentiment-là manquant

d’élégance pour celui qui n’épargne rien ni personne, ni son cancer, ni la mort. Il n’y a plus de limites dans ce passage au crible, cette esthétique du défi. Rire ainsi de tout, même si certains éclats prêtent à des interprétations de mauvais goût… La haine ordinaire est un art difficile, mais sa surenchère outrée se dresse en repart ultime contre le malheur, et le «bonheur est fait des malheurs que l’on n’a pas». Profondément humain, et étonnant non ? M.C.

Chronique d’une haine ordinaire s’est joué du 24 au 28 janvier au Jeu de Paume, Aix


ARLES | NÎMES | MARTIGUES

THÉÂTRE

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Regards croisés

© Jean-Louis Fernadez

Madeleine est une révoltée, c’est ainsi depuis qu’elle est toute petite. Aussi lorsque son attention est attirée par un entrefilet aperçu sur Internet, l’envie d’en savoir plus va rythmer sa vie sans la quitter un instant. L’info relate la libération de trois jeunes Chinois après 17 ans d’incarcération pour avoir lancé de la peinture rouge sur le portrait de Mao durant les événements de Tian’anmen. Et parmi eux Yu Dongyue, le Yu du titre, rendu fou par l’enfermement et les tortures. Dans sa quête quasi policière de la vérité, pour laquelle elle se replonge dans les 17 dernières années de sa vie, Madeleine (sublime et émouvante Marianne Basler) sera rejointe par Jérémie (Pascal Bongard), un voisin dont la vie a basculé lorsque sa femme l’a quitté, et Lin (Yilin Yang), jeune immigrée chinoise à qui elle donne des leçons de français. Rencontre improbable et fragile que celle de ces trois personnages qui vont développer une relation d’affection et d’antagonisme, chacun se confrontant à ses propres démons, aux possibilités de ses révoltes. Écrite en 2006, la pièce

de Carole Frechette précède les révoltes et indignations de tous bords vécus dans le monde ces derniers mois. Mais les questions qu’elle soulève sont intemporelles, et renvoient chacun, sans didactisme aucun, à cette prise de conscience lancinante, cœur de la pièce : la révolte est-elle nécessaire, légitime, salutaire ? La mise en scène très dynamique de Jean-Claude Berutti, artiste associé aux Salins pour deux saisons, fait de l’appartement de Madeleine un espace-temps mouvant qui parcourt les pays et les époques et préserve les moments d’introspection et d’explosion des trois personnages, au fil des pensées de Madeleine. Pour aller à l’essentiel d’un théâtre qui interroge le réel et l’intelligence. DOMINIQUE MARÇON

Je pense à Yu a été créé aux Théâtre des Salins, Martigues, les 3 et 4 février

Printemps ou hiver ? Deuxième volet du dyptique créé par Antoine Lemaire, Vivre est devenu difficile mais souhaitable est un hymne à la vie délivré par cinq danseurs et comédiens, deux femmes et trois hommes âgés de plus de 70 ans. S’ils comptent leurs printemps (ou hivers, ils ne sont pas tous d’accord) c’est pour mieux clamer leur amour de la vie, de l’art, leur volonté de mourir d’épuisement plutôt que de mourir d’ennui. Ils se dévoilent tour à tour, par vidéo ou sur scène directement, croisent leurs paroles lors d’anecdotes crues, drôles, sensées et toujours percutantes. De dégénérescence il est question, celle du corps et celle de l’esprit, mais mise à distance par un discours énergique et enthousiaste sur la nécessité de créer toujours, de le dire et de le danser. Car tous sont là pour célébrer une jeunesse passée, pas forcément perdue pour autant, le temps d’une danse qui débute sur les notes du Sacre du printemps de Stravinski. Une danse lente qui dit les souffrances d’un corps vieilli, instinctive, sincère, bouleversante. Mais qui dit aussi cette insatiable envie de continuer à faire partie de cette société, malgré elle. © X-D.R.

DO.M.

Vivre est devenu difficile mais souhaitable a été donné le 24 janvier au Théâtre d’Arles

Névroses en huis clos Bullet Park, banlieue pavillonnaire américaine verdoyante où vivent tranquillement les Nailles, Elliot, Nelly et leur fils adolescent Tony, ainsi que leurs © Pierre Grosbois

voisins, les Hammer, Paul et Marietta. Mais la tranquillité ne va pas durer. Car Tony, un matin, ne se lève pas pour aller à l’école. La dégringolade est rude pour ces représentants archétypiques de la middleclass américaine de la fin des années 60 qui avaient tout pour être heureux, du gazon sur la pelouse aux appareils électroménagers que la société de consommation balbutiante leur intimait l’ordre de détenir. Mais voilà, ce conformisme rassurant Tony le rejette et sombre dans une profonde dépression. Les voisins, pas mieux lotis, sont animés par la haine. Jusqu’au projet fou fomenté par Paul de «crucifier le rêve américain» sur l’autel du seigneur… De l’univers du roman de John Cheever dont la pièce est

adaptée, le collectif Les Possédés retient l’humanité et la fragilité de ces humains traversés par une crise matérialo-existentielle, situations très universelles et intemporelles. La mise en scène de Rodolphe Dana, très rythmée, avec des enchaînements fluides qui font alterner les scènes, laisse libre cours au jeu des comédiens, avec une mention spéciale pour MarieHélène Roig, épouse Nailles déjantée et hystérique, et Katja Hunsinger, épouse Hammer désespérée puis enragée. DO.M.

Bullet Park a été joué les 8 et 9 février à l’Odéon, Nîmes


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THÉÂTRE

AVIGNON

Un concentré de saison Mission réussie pour la quatrième édition du Fest’hiver. Les quatre compagnies invitées ont révélé ou confirmé leurs talents dans les quatre théâtres avignonnais. (voir La Farce de maitre Pathelin aux Halles, Zib’48)

Radio chabadabada

Le mythe ressuscité © Frederic Borensztein

Antigone, l’indignée

© X-D.R

© De.M

Belle surprise que cette Antigone inspirée qui parle d’aujourd’hui avec les mots d’hier. Nourri par les images actuelles du pouvoir et de la mondialisation, par des discours politiques et textes contemporains, le mythe de Sophocle se recentre sur la quête d’absolu de l’adolescence. Confrontés aux emblèmes du monde moderne, les spectres de la tragédie s’entremêlent pour réinterroger la capacité de résistance. Une Antigone obsédée par son frère, révoltée contre le système, qui s’achète un sac à main avec le portrait du Che quand elle est en colère et préfère la mort à l’obéissance. Une ado perdue dans les bruits du monde qui se filme pour crier : «Je veux bien mourir pour une idée mais laquelle ?» Accompagnée par Jonathan Moussalli et Julien Anselmino, Marie Vauzelle parcourt -du récit de Tiresias au discours d’investiture de Créon jusqu’au suicide des deux adolescents- cette soif de liberté et d’indignation pour nous questionner directement. Derrière la loi d’un Créon en jean arborant orgueilleusement son écharpe d’élu, s’élève un retentissant: Indignez-vous !

À peine quinze jours pour monter cette nouvelle pièce sur l’enregistrement d’un feuilleton radiophonique, cocasse d’absurdité, par quatre comédiens à tout faire. Le pari est tenu, tant l’idée de base est désopilante et la similitude frappante avec la réalité de cette joyeuse troupe du Cocktail théâtre, avec à son bord Edmonde Franchi dont le naturel gracieux est un art en soi. Il faut dire qu’elle connaît bien son affaire -elle a réalisé pendant deux ans une série sur Radio France- et nous plonge de sa fantaisie habituelle dans cet univers en perdition avec toutes ses astuces (les bruitages en direct, un régal !) et galères de production désargentée. Le scénario volontairement rocambolesque gagnerait juste à être resserré, dans sa démonstration un peu répétitive entrecoupée de chansonnettes (plutôt bien poussées). Malgré cela, les révélations, trahisons, aveux, résurrections des épisodes 3549, 4590, 2427 et 7428 se confondent avec la réalité (l’intermittence, le manque de moyens, la solitude, le théâtre contemporain…) et nous rendent, l’espace d’une petite heure, la vie plus belle…

C’est presque un baptême de théâtre : premier spectacle de la Cie L’Éternel Été, première mise en scène d’Emmanuel Besnault de la (première) pièce de Laurent Gaudé. L’ambition (un peu crâne, pourraiton croire) du très jeune metteur en scène (20 ans) qui choisit de retracer cette épopée antique de Gaudé à travers le mythe Dionysiaque, se double d’un talent certain de conviction : c’est en effet un sacré monstre, Jacques Frantz, qui a accepté d’incarner cet Onysos immortel, mi-homme mi-dieu échoué sur un quai de métro à New York, et d’en assumer le monologue outragé. Il prête son corps massif, sa voix puissante et son magnétisme inébranlable à ce colosse claudiquant qui raconte sa vie, traversant les millénaires à rebours, de la cité démesurée de Babylone aux bords du Nil, de la chute de Troie au New York d’aujourd’hui. Une vie de souffrance qu’il relate à un jeune contemporain rendu palpable (François Santucci) ; fauve errant dans la violence de la civilisation, qui rajeunit en se délestant de ses siècles de fuite et de poussière. On ressort de la pièce comme d’un temps suspendu dans la fureur de l’humanité -un peu abattu par la densité du monologue et le rythme parfois soporifique-, touchés d’être les témoins de ce passage de relais, du colossal acteur au jeune metteur en scène, d’Onysos à l’inconnu silencieux, du théâtre inventé hier à celui d’aujourd’hui.

DE.M.

DE.M.

DE.M.

Antigone s’est jouée dans le cadre du Fest’hiver les 31 janvier et 1er février au théâtre du Balcon, Avignon

Dans le tourbillon de l’amour s’est joué les 1er et 3 février dans le cadre du Fest’hiver au théâtre du Chien qui Fume, Avignon

Onysos le Furieux a été joué dans le cadre de Fest’hiver les 2 et 3 février au Chêne Noir, Avignon

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Accorder les douleurs

Pas de fumée sans feux !

Dehors c’est la guerre civile, le chaos, la peur. Une «putain de rue envahie par les barbes» où seuls trainent quelques fantômes et le P’tit maquisard qui, entre deux couvre-feux, nourrit trois femmes enfermées. Une tante cloitrée dans ses interdits et ses désirs, une mère paralytique coincée dans son mutisme, une fille absorbée dans sa musique. Prisonnières de leurs non-dits, elles survivent dans une Algérie détruite. L’appartement reconstitué, lieu central de la pièce de l’auteure algérienne Gehanne Khalfallah, devient par ricochet le théâtre où se joue pour ces trois solitudes la réponse à la violence des Hommes et à la barbarie de l’Histoire. Le violoncelle, objet supposé du désordre, est réduit à l’accessoire -difficile de s’improviser instrumentiste- malgré une ultime scène où la tante délaissée, rôle le plus abouti, s’embrase fougueusement à son contact. Frédéric Richaud installe sobrement cet affrontement intime et historique, sans (oser ?) rajouter de coups d’éclats à la violence souterraine et quotidienne. Si «la musique est juste un cri» il est un peu timide, mais la tournée apportera sans doute la puissance nécessaire à l’histoire.

Présenter une création en début de résidence ne manque ni de panache ni de risque. Après une petite semaine consacrée à la mise en scène du concert-spectacle Nés Poumons Noirs, le collectif belge éponyme a présenté publiquement l’ébauche de théâtralité tentée par Jean-Michel Van den Eedey, qui a eu pour le trio un coup de cœur. On le comprend. Il y a dans les mots du slameur Mochélan des revendications légitimes, de la rage adolescente et du cœur tourmenté. Le trio hip hop porte un attachement attendrissant à sa ville de Charleroi, «le point noir de la Belgique». Le texte d’ouverture, qui a raflé quelques prix, bouleverse par la défense à feu et à bout de souffle de cette «ville d’ouvriers et d’écorchés qui encaisse les coups et qui les rend». Mais le jeune auteur, très en verve, n’en finit plus de régler en vrac ses comptes avec la société, les médias qui désinforment, les insuffisances scolaires, sa vie sentimentale, ses utopies. On glisse dans l’impression de thérapie statique en direct, soutenue par des vidéos irrégulières et par la guitare folk blues d’un musicien inhibé coincé dans de curieux déplacements qui interrogent sur la perspicacité de la mise en scène. Un objet scénique inabouti et qui part un peu en fumée, à revoir en fin de résidence… une fois le fil tiré. DE.M.

DE.M.

Les Désordres du violoncelle a été joué par Éclats de Scènes au Théâtre des Carmes, à Avignon, les 13 et 15 janvier

Nés Poumons Noirs a été présenté les 20 et 21 janvier au Théâtre des Doms, Avignon


THÉÂTRE

Bibi, bête de jungle © Manuel Pascual

Velu de la tête aux pieds, Bibi a débarqué au Chêne Noir pour nous balancer nos quatre vérités. Damien Remy endosse le costume du singe savant avec gloutonnerie et signe son retour gagnant sur les planches qui l’ont vu naître. Un seul-en-scène à multiples personnages, très démonstratif, adapté du roman de Henri Frédéric Blanc par Cyril Lecomte, qui narre les tribulations d’un orang-outan loquace dans le monde asservi et branquignole des humains. Capturé par des pirates, revendu aux puces de Cauchemarseille, «la ville où passer pour un couillon pour couillonner autrui est la spécialité locale», il devient le singe de confiance du Président de la Franculie, «le P de la Ré». Les frasques de l’insoumis deviennent un dithyrambe de bons mots, de proverbes clairvoyants et de simagrées exclusivement réservées à contrefaire le genre humain. Un festival de cabrioles et de french cancan,

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de pauses à la chippendale et à la Bébél, maitrisé par un Gérard Gelas inspiré qui évite, de justesse, les galéjades du one-man-show. Derrière la franche pantalonnade, une attaque acide de la société et du politique. Bibi c’est la rencontre de «trois grandes gueules» à qui on n’apprend pas à faire la grimace et qui s’en prennent frontalement aux bonimenteurs de tous poils ! Un «j’accuse» efficace et impertinent. DE.M.

Bibi ou les mémoires d’un singe savant s’est joué du 26 au 29 janvier au théâtre du Chêne Noir, Avignon

Sainte extase Elles rentrent sur scène comme trois apparitions fantomatiques, se fondant lentement dans le chemin de ronde dessiné à la poudre de craie, découvrant leurs costumes de carmélites et leur calme intérieur. Une trinité de femmes pour incarner l’expérience mystique de l’intransigeante Marie Madeleine de Pazzi, cloitrée à 16 ans, qui consacra sa vie à la recherche physique de la spiritualité. La bande son d’André Pignat, très prégnante, massive, borde la quête d’amour absolu de cette sainte qui refusa la soumission pour plonger dans «l’amour qui vous malmène et sanctifie». La cie suisse Interface s’est enfermée une semaine dans un couvent pour goûter

et retranscrire le détachement de ces femmes cloîtrées qui consacrent leur vie, et leur corps humilié, à la foi. Les deux danseuses, dans un travail duel, retracent avec fougue cette aliénation au nom de la passion, rejointes par les mots d’une comédienne, dans une forme proche du spectacle Teruel (voir zib’47), consacré à la tauromachie. Entre répétition de moments dansés qui s’élèvent et retombent, exaltation, déclamation puissante, les ruptures en ombres et lumières révèlent cette mystique du XVIIe qui «aime envers et contre tout, à en crever, en jouir et se soumettre». DE.M.

© X-D.R

Pazzi s’est joué les 10 et 11 février au théâtre du Balcon, Avignon


22 DANSE LE MERLAN | PAVILLON NOIR | BERRE

Quête équestre Révolte et imageries L’éducation spartiate, éducation d’état, repliée sur les valeurs viriles et militaires a pris des allures totalitaires qui ont enchanté les dictatures du siècle dernier. Mais établir aujourd’hui un parallèle entre éducation et discipline militaire ressemble à un ressassement obsolète. Porte-jarretelles et lambeaux de collants roses peuvent être un signe de contestation, mais que le mime phallique du fusil soit considéré comme un sommet de bravoure est assez éculé (sans jeu de mot). Dans Tout va bien Alain Buffard s’inspire de Full Metal Jacket de Kubrick, sans sa verve ni sa pertinence. Il s’y réfère explicitement par les chants interprétés aux côtés d’extraits de l’Opéra de quat’sous (l’accordéon apporte une belle touche de poésie) et d’un passage de Dardanus de Rameau (la référence au baroque aurait mérité un développement). Le dépouillement progressif des sons, des rythmes, souligne les procédés de dépersonnalisation, certes. Mais réduire la transgression ou la résistance à une sorte d’érotisme sadomaso étrique (toujours sans jeu de mot) le propos. Est-ce que l’humiliation peut être considérée comme un enjeu esthétique ?

© Antoine Tempé

vocabulaire gestuel est volontairement restreint, mais aussi à cause de l’absence de forme globale d’un spectacle fondé sur la répétition et la superposition de trajectoires individuelles sans véritable écriture de groupe, sans rencontres des corps, sans lisibilité d’un propos. Beau, comme un cheval. Mais est-ce suffisant ? Car comme dirait Lucky Luke remettant à sa place de canasson sa monture («un cheval c’est fait pour galoper tacatac tacatac un point c’est tout», in La Guérison des Dalton), les surgissements de Centaures, Transhumances et autres passions équestres ont à la longue de quoi étonner… A.F.

Le Tango du Cheval a été dansé les 2 et 3 février au Merlan après un Surgissement de Centaures

Parcours de vie

Azdine Bouncer porte son projet depuis longtemps. Un projet ambitieux qui l’a fait se replonger dans divers stades de sa vie, pour raconter le parcours chaotique d’un jeune homme que la musique et la danse ont révélé, porté haut, loin du tumulte de sa vie. Aidé par le Forum des jeunes et de la culture de Berre, il y a donné la première de Meleyket le 2 février, malgré quelques problèmes techniques handicapants.

Peu d’éléments sur scène, un salon reconstitué par un fauteuil et une table basse, un miroir en pied, des vêtements sur un portemanteau. Et un écran, au centre, qui égrènera des images rappelant à chacun le temps passé par des événements précis : débats politiques, extraits de JT, révolutions arabes, témoignages… Sur ces images-là Azdine danse, un hip hop technique, mais gracieux, qui déplace le propos et le rend personnel, implacable. Et puis il y a les mots aussi, qu’il délivre en parlant ou chantant, et qui font mouche… Pour être plus percutante, la mise en scène gagnerait à être resserrée, plus dyna© Laurent Ferrigno mique, pour renforcer le propos et rendre la danse unique et lumineuse, sans le recours systématique aux images qui souvent brouillent le message. DO.M.

Meyleket a été dansé le 2 février au Forum de Berre

M.C.

Tout va bien a été présenté les 3 et 4 février au Pavillon Noir, Aix © Marc Domage

Après un Surgissement des chevaux blanc et noir de Manolo et Camille, Seydou Boro, chorégraphe Burkinabé, proposait un Tango du Cheval, présenté comme un appel à l’intégrité dans un monde corrompu où «le mariage du mensonge et de l’intérêt personnel tord le cou aux chevaux dignes». Sur scène sept danseurs accompagnés de trois musiciens évoquent des chevaux. Piaffent, secouent des crinières imaginaires, adoptent les saccades caractéristiques de ces animaux lorsqu’ils sont sous le harnais, mors aux dents. Les corps sont très franchement beaux par moments, quand les mouvements individuels anarchiques trouvent des unissons, dans certains soli aussi, insoumis. Et la musique, qui mêle avec une grande réussite instruments traditionnels et guitares électriques, défait et refait des univers inouïs. Pourtant le plaisir contemplatif s’épuise un peu, puis franchement, tant le


ARLES | SIRÈNE | ISTRES

JEUNE PUBLIC/ARTS DE LA RUE

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Corps pour corps Une rue. Pas n’importe laquelle. Rue Beauvau, face à l’Opéra. Un homme (Raphaël Thiers) marche dans la lumière, jeans et torse nu. Une voiture blanche surgit, conduite par un autre homme (Guillaume Suares-Pazos). La voiture fonce, le premier homme court. Tout s’immobilise, puis commence une danse étrange, entre affrontement et séduction. Les corps se rencontrent, glissent sur le capot de la voiture, s’opposent, thorax contre thorax. Le désir circule, ambigu. Qui désire qui ou quoi ? Qu’est-ce qui est le plus désiré, le plus défendu, l’homme ou la voiture ? Le premier homme repart au volant du véhicule avec le second sur le capot... Comme un enlèvement moderne, sur fond de bande sonore de Mathieu Geghre et une voix de soprano. La chorégraphie de Lisie Philip souligne les corps, les met en lumière, en avant-goût de sa création 2012 intitulée Des Corps provisoires. CHRIS BOURGUE

La Sirène et midi net de la Cie Antipodes a eu lieu le 1er février rue Beauvau

Eschatologie de Wilfred Wending Le 7 mars 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.com

© Vincent Lucas

À venir

Minuit au pays des merveilles

Humaine vieillesse

DO.M.

Camélia a été manipulée le 10 février au Théâtre d’Arles

Dans sa commode magique, grande comme un palais, le prince Minuit se cache. Et rumine. Car la sorcière, folle de rage d’avoir été repoussée par ce prince blafard mais charmant, lui a lancé une malédiction terrible : le jour où le prince tombera amoureux il se transformera en un être monstrueux… Mais choisit-on de tomber amoureux ? Non bien sûr ! Or Minuit, retranché et malheureux, va rencontrer l’amour, affronter la malédiction, et l’effrayante sorcière… Au cœur du dispositif, c’est-à-dire au cœur de la commode magique !, le public, complice, suit au plus près ce conte délicat et poétique concocté par cie italienne Teatropersona. La mise en © X-D.R.

Du fond de sa chaise roulante Camélia écoute, observe, hoche la tête, mais ne parle pas. Elle ne parle plus, ce qui laisse la place à toutes les supputations quant à la vie qu’elle a menée, de la part des autres pensionnaires de cette maison de retraite imaginaire. Si Camélia est une marionnette, les «vieux» qui l’entourent sont eux de chair, une dizaine de comédiens d’un soir, non professionnels, invités par © Jean-Francois le Glaunec les comédiens-circassiensmusiciens-marionnettistes du Boustrophédon à participer à cette aventure collective dirigée et mise en scène par Christian Coumin, après seulement 10 jours de résidence. Ce qui rend bien sûr le spectacle fragile, mais ô combien touchant tant l’alchimie opère entre les différents acteurs ! Et lorsqu’en parallèle de la vie ralentie mais truculente des vieux dans leur maison Camélia -rêve-t-elle, a-t-elle vécu tout ça ?- se met à jouer du piano, danser comme une jeune ballerine ou chanter avec entrain le boa sur un bout de doigt (incroyable virtuosité des comédiennes manipulatrices), chacun retient son souffle. Et son émotion lorsque se dédouble l’image finale, jeune/âgée, d’une Camélia qui est à la fois éternelle et mortelle.

scène, qui s’inspire visiblement de l’univers de Tim Burton, mais aussi de celui de Lewis Carroll, installe une atmosphère dans laquelle le noir et le rouge prédominent, où les clairs-obscurs accompagnent les personnages (exubérants à souhait !) qui se laissent parfois deviner dans un fascinant ballet qui mêle aussi un théâtre d’ombre gracieux et quelques cris d’effroi vite balayés par des scènes d’une grande poésie. Une traversée du miroir réjouissante… DO.M.

Le Prince minuit a été joué le 31 janvier au Théâtre de l’Olivier, Istres, et le 4 février au Théâtre de Fos


Flamenquissimo Le 21 janvier s’achevait la 22e édition de Flamenco 2012 initiée par le Théâtre de Nîmes (voir Zib 48). Ateliers, stages, expositions et projections au sein des multiples concerts, renouvelaient l’esprit d’une culture parfois injustement considérée en dehors des aficionados inconditionnels. La manifestation annuelle fréquentée avec une affluence remarquable et bigarrée fait revivre un genre aux multiples facettes, depuis l’originel cante grande jusqu’aux extrapolations les plus actuelles en passant par le flamenco nuevo. C’était le cas pour le guitariste Niño Josele qui revisitait la tradition en adjoignant une basse électrique (Alain Pérez) sur les coplas de David Maldonado alternant avec les zapateados de l’insatiable bailaor Juan de Juan et la rythmique complice d’Israël Suarez «Piraña». La chanteuse-pianiste Maria Toledo, originaire de la

ville éponyme, apportait sa touche personnelle en adjoignant une contrebasse et un violon à la traditionnelle combinaison guitare-cajón. Sa Bohême revisitée dans cette configuration insufflait une touche atypique au genre originel. La Kaita nous rappelait sa prestation dans Vengo de Gatlif en faisant revivre la tradition d’Estrémadure avec ses complices au nombre desquels évoluait le toujours vert «Peregrino». C’est Rocio Molina qui mettait le feu aux poudres pour conclure une édition 2012 riche en diversité, à l’exemple des Raperos Canasteros concluant la soirée à l’Odéon. Accompagnée par ses trois partenaires musiciens la bomba incendiaire nous offrait la perfection d’une dramaturgie d’avant-garde, Vinática, alternant les prouesses rythmiques et chorégraphiques, somptueux et à retenir. PIERRE-ALAIN HOYET

Ensemble Certainement pas une joute ! mais un magnifique dialogue entre clarinettes. Le quartet a sonné dans une écoute exceptionnelle, pour un moment de pure grâce. Thomas Savy et Louis Sclavis aux clarinettes, Stéphane Kerecki à la contrebasse inspirée et, tout en finesse, Fabrice Moreau à la batterie. À garder au fond du cœur ! DAN WARZY

Thomas Savy trio & Louis Sclavis ont joué au Moulin à Jazz de Vitrolles le 21 janvier

© Dan Warzy

Rocio Molina © Felix Vazquez


DU MONDE | JAZZ

MUSIQUE 25

De l’expérimentation

Nouba d’Oc

En ces périodes troubles où certains jouent avec le feu de la hiérarchisation des civilisations, d’autres s’attachent à rappeler que les cultures ont toujours coexisté, échangé, se sont nourris entre elles. Ou du moins, qu’elles ont vocation à le faire ! Musiques arabo-andalouse, provençale et byzantine se rencontrent sous la baguette de la Compagnie Montanaro. Leur dernière création fait dialoguer trois

© D. Warzy

© Cite de la Musique-McYavell

traditions musicales, transmises par trois artistes emblématiques : Fouad Didipour le Maghreb, Frédéric Tavernier-Vellas pour l’Asie mineure et Miquèu Montanaro pour l’Occitanie. Troubadours sans frontières, ils alternent compositions et réarrangements de morceaux traditionnels. Les langues arabe, grecque et provençale font écho aux sons du violon, des flûtes, de la clarinette et des percussions. L’ensemble fait fi du protocole. Les youyous répondent au tambourinaire qui les a subtilement provoqués. Un spectacle bâti en forme de pont, entre le sacré et le profane, l’Orient et l’Occident, les conventions et l’improvisation. Du concentré de Méditerranée qui colle si bien à l’art de vivre dans la cité phocéenne. THOMAS DALICANTE

Aux portes de la Méditerranée a été joué le 27 janvier à la Cité de la Musique, Marseille

Dan Roth, artiste plasticien, est à l’origine du projet Zaj et joue du saxophone dans ce quartet. Il est accompagné de Christian Brazier à la contrebasse, René Perez Zapata au piano et Fabien Leroy à la batterie. Ensemble ils proposent de multiples pistes musicales qui se relaient, chaque partenaire poussant l’un ou l’autre à exploiter sa créativité dans un instantané très libre. Tandis que de belles envolées du piano rassuraient du point de vue harmonique, la contrebasse affirmait une originalité parfois… déroutante. L’ensemble avaitil une trop grande latitude ? La question se posait tant l’univers ainsi créé semblait frêle. D’autres pistes à exploiter ?

Le laboratoire de Jazz © Dan Warzy

Geraldine est une composition de Gigi Gryce, un grand musicien et arrangeur disparu en 1983. Est-ce pour cette raison que la saxophoniste alto Géraldine Laurent a cherché à rendre hommage à cet homme au parcours atypique dans son dernier CD ? Au Cri du port le 4tet de Géraldine Laurent, composé de Pierre de Bethmann au piano, Yoni Zelnik à la contrebasse et Luc Isenmann à la batterie, se nourrit d’Ellington, Monk et bien sûr Gigi Gryce. Son jeu virevolte entre émotion et invention sur le vif. Dans Mau Mau d’Art Farmer, par exemple,

le thème répétitif se décale pour former une nuée sonore, fait entrer le piano avec un son ouvert et cristallin, la batterie progressivement se déchaîne laissant la contrebasse sur une note insistante et libère alors le talent d’improvisatrice de Géraldine Laurent. Époustouflant. D.W.

CD : Around Gigi Géraldine Laurent 4tet / Dreyfus Jazz www.disquesdreyfus.com

DAN WARZY

Ce concert a eu lieu au Roll’Studio, Marseille, le 21 janvier

De l’art de Bill

Deux américains à Marseille

plus qu’une leçon, ce spectacle invite à une écoute différente, plus analytique, et l’auditoire a chaleureusement applaudi le maître de la soirée.

Un lieu d’art s’ouvre au jazz : la galerie Art-Positions ! Une visite à Marseille de deux musiciens américains, la pianiste Katy Roberts et le trompettiste Rasul Siddik, a permis une rencontre exceptionnelle, pour un concert fait de standards essentiellement, revisités dans une grande intimité et avec grand talent, avec la participation de notre contrebassiste Christian Brazier : tous trois ont quelques collaborations passées à leur actif ! Et Rasul Siddik a montré qu’il avait plusieurs cordes à son arc, dont celle de batteur. Une belle cohésion, pour un public sous le charme.

DAN WARZY

D.W.

Antoine Herve © Philippe Levy

Les auditeurs des Leçons de piano d’Antoine Hervé ont été plongés dans une ambiance à la fois studieuse et décontractée. Le 30 janv au Jeu de Paume, par quelques exemples bien étayés et le choix judicieux des pièces, comme la construction des accords dans les gammes jazz, la dimension des intervalles dans les systèmes harmoniques produisant un «voicing» caractéristique, lunaire et romantique inspiré, Antoine Hervé a réussi à faire intimement comprendre la musique du grand pianiste Bill Evans. Au-dessus de la scène sont projetées les touches blanches et noires d’un Steinway, pour donner à voir les mains du pianiste se déplacer sur le clavier pendant les illustrations sonores. Une partie de l’univers musical de Bill Evans est ainsi dévoilé : procédés de fabrication, dimensions théoriques de la couleur sonore, sa rythmique, son toucher. Parfait conférencier plein

d’humour, Antoine Hervé évoque aussi la vie du compositeur à travers ses rencontres musicales. Le trio des années 1960 avec Paul Motian et Scott La Faro où il est question «d’interplay», Miles Davis et l’enregistrement de Kind of Blue et la découverte de la modalité avec John Coltrane… Bien

2 coffrets CD/DVD disponibles

Ce concert a eu lieu à la galerie Art-Positions, Marseille, le 19 janvier


26 MUSIQUE OPÉRA

De Stendhal à Sauguet

© Christian Dresse

teur du ballet Les Forains à la fin des années 30 ! Tout converge dans cette ultime scène : les lumières sont gagnées par l’ombre et les espoirs entrevus se referment définitivement. L’écriture scénique de Renée Auphan, tout en jeux de lumières, de hauteurs et perspectives, champs-contrechamps, souligne la mutation progressive d’une musique claire, festive où la mélodie domine, cristalline, vers des pâtes plus noires, des dissonances blessantes, des récurrences obsédantes, au gré de glissements finement articulés. On a cru un moment qu’au bout de trois heures de musique, de l’œuvre de sa vie, Sauguet finirait par une suspension, sans tambours ni trompette. Il n’en fut rien ! La Chartreuse de Parme s’achève dans un pathos céleste, les chœurs à pleins poumons, lors d’un crescendo qui se mue, à l’ultime accord, en un bloc majeur. Ça décoiffe, comme dans les opéras romantiques dont le compositeur reconquiert l’effluve. Quelle bonne idée a eu la direction artistique de l’Opéra de Marseille de donner un nouveau souffle à cette fresque quasiment perdue depuis sept décennies ! Elle manquait à l’histoire du genre au XXe siècle. De lui donner aussi une distribution vocale à la hauteur de l’enjeu : Nathalie Manfrino et Sébastien Guèze, utopiques amants, Marie-Ange Todorovitch, Nicolas Cavalier, Sophie Pondjiclis, Jean-Philippe Lafont, Eric Huchet. Et une baguette magique : Lawrence Foster, futur Directeur artistique de l’Orchestre de l’Opéra !

Success story

© Cedric Delestrade ACM-Studio

Le dixième et dernier tableau débute à l’orchestre par un ostinato énigmatique alors que se développe, en contrepoint mélodique, une espèce de déphasage rythmique. La polyphonie est sombre, comme la scénographie funèbre traitée en final d’oratorio sacré. Une grande croix domine la foule en noir. Sauguet enterre définitivement les espoirs de Fabrice et Clélia, fidèles à leurs vœux et devoirs. Le héros de Stendhal rejoindra la Chartreuse de Parme au désespoir de son amante, la Conti devenue Marquise, et de la Sanseverina, mariée et Duchesse par dépit. Quelle science du dialogue choral développait l’au-

JACQUES FRESCHEL

La Chartreuse de Parme a été recréée à l’Opéra de Marseille du 8 au 14 février

Consécration Absent depuis plusieurs saisons de la programmation lyrique, le répertoire wagnérien a opéré en ce début d’année un retour en force sur la scène de l’Opéra de Toulon avec Lohengrin. Cette œuvre, symptomatique de l’univers musical et littéraire du compositeur, est d’une écriture vocale exigeante et, avec un orchestre puissant, affirme d’une identité germanique triomphante. Cette nouvelle production a bénéficié d’un plateau vocal digne d’éloges : le ténor Stefan Vinke au timbre tranchant (Lohengrin) incarnait avec force les certitudes de son personnage donnant la réplique à Ricarda Merbeth, parfaite en Elsa fragilisée. Saluons également l’immense prestation de Janice Baird à la puissance vocale tout aussi diabolique que son personnage (Ortrud). Le reste de la distribution était

à l’avenant, porté par un orchestre impeccable et des chœurs puissants, qu’on aurait préféré ne pas voir partitions à la main : un choix sans doute à l’origine de quelques départs hasardeux dans le deuxième acte. S’invitant dans un répertoire qu’il n’a pas coutume de diriger, le chef Giuliano Carella a offert aux mélomanes une lecture lumineuse, fidèle et efficace de l’œuvre, confirmant au passage la bonne santé de l’ensemble toulonnais. Minimaliste et de bon aloi, une sobre mise en espace de Frédéric Andrau, rehaussée de lumières idoines et d’une scénographie épurée de Luc Londiveau ont célébré le mythe de la musique de Wagner de fort belle manière. ÉMILIEN MOREAU © Elian Cachini

Créé en janvier 1853 à Rome, Il Trovatore fait partie, avec La Traviata et Rigoletto de la Trilogie populaire, et témoigne de la période heureuse que traverse le compositeur : à Paris, partageant sa vie avec Guiseppina Strepponi, ses œuvres ont un succès incomparable. C’est en 1857 dans la capitale française qu’est donné Il Trovatore, cependant transformé : Verdi ajoute un ballet (de rigueur à cette époque en France) et réintroduit le Miserere qu’il avait supprimé. Sur fond de toile politique, la Guerre pour le trône d’Aragon en 1410, et dépeint par des chœurs populaires -celui du second tableau avec les enclumeset des airs célèbres, se dessine une histoire effroyable, celle d’une bohémienne ayant jeté au bucher un nourrisson qu’elle pense être l’enfant de son ennemi, le sien en réalité. L’histoire de cet infanticide et des histoires d’amour s’entremêlant trouve son origine dans le drame littéraire espagnol de Guitierrez. Pour cette mise en scène, Charles Roubaud a déplacé l’histoire dans le cadre de la Guerre de Sécession, qui présente des analogies intéressantes. Pas moins de huit panneaux de décors différents ont été créés par Jean-Noël Lavesque : la scène du camp de bohémiens, illuminée par un brasier immense, ou celle du duo entre Azucena (merveilleuse Mzia Nioradze) et Manrico, dans laquelle un long rideau en demi-teinte rouge et ocre semble venir du ciel pour draper une partie du sol… Ferrando, superbe baryton (Ugo Guagliardo), narre au début du spectacle l’histoire tragique du frère du Comte Di Luna, joué par le ténor Guiseppe Gipali : les faiblesses vocales de ce dernier ont permis de mettre doublement en valeur la voix magnifique d’Adina Aaron, extraordinaire Leonora, dont la tenue, longue robe noire rehaussée uniquement par une coiffure sertie de fines perles blanches, annonce le destin funeste du personnage. Applaudissons également la direction musicale de Roberto RizziBrinoli, qui a fait sonner l’orchestre ! CHRISTINE REY

Il Trovatore a été créé à l’Opéra-théâtre d’Avignon du 5 au 7 février


CONTEMPORAINE

MUSIQUE 27

© Agnès Mellon

Purcell contempo ? Après Le Retour créé au Festival d’Aix (voir’ Zib 43), Oscar Strasnoy a réorchestré Didon et Enée, gardé les parties vocales et ajouté sa plume contemporaine avec le même dispositif instrumental : deux pianos, les très présents Victoria Harmandjeiva et Antoine Alerini, un ensemble de percussions tenus remarquablement par Christian Hamouy et Jonathan Faralli ; la trompette discrète de Matthias Champon et le trombone aux belles couleurs de Thierry Comte. Roland Hayrabédian imprime une pâte baroque en maîtrisant les plus beaux effets de Strasnoy. Au début, l’ensemble semble manquer de cohésion compositionnelle : on écoute, désorienté, tentant d’occulter Strasnoy pour entrer dans l’univers sublime de Purcell, puis on oublie ses entrées fuguées céder à la riche palette du compositeur argentin. Croisements et surprises abondent alors. L’Ensemble est vocalement captivant : Marianna Rewerski, mezzo-soprano, est une Didon puissante, aimante, résignée. Job Tomé, campe un Enée valeureux, au timbre chaud, délaissant sa Reine aimée. Retenons aussi le timbre velouté de la magicienne Mareike Schellenberger, les sombres interventions de l’Esprit Jean-Manuel Candenot et le grain caustique du ténor Xavier de Lignerolles en sorcière ! L’air final de Didon (When I am laid…) avec basse obstinée, est assez magique avec la descente sol, fa#, fa… qui passe du piano, à la trompette, au trombone, soutenus par des accents discrets des percussions. Un Rembrandt sur une toile de De Kooning, ou l’adaptation d’un expressionniste abstrait qui veut affirmer la modernité fantasmée du baroque ? YVES BERGÉ

Ce concert a eu lieu le 10 février aux ABD Gaston Defferre, Marseille

Kill l’obscur

MARYVONNE COLOMBANI ET JACQUES FRESCHEL

Jekyll a été créé les 20 et 21 janvier aux Salins, Martigues et le 31 janvier à la Passerelle, Gap

Le 31 janvier, au Théâtre de Nîmes, l’Orchestre Les Siècles de FrançoisXavier Roth rendait un hommage appuyé à la modernité de Claude Debussy, selon leur principe qui consiste à jouer sur les instruments contemporains d’une œuvre. C’était donc sur un Pleyel de la fin du XIXe siècle qu’Alain Planès interprétait la Fantaisie pour piano (et orchestre) de 1890 qui comble partiellement l’absence (malheureuse) de Concerto pour piano chez Debussy. François-Xavier Roth soulignait d’ailleurs l’uniformisation de la facture instrumentale depuis plus d’un siècle (400 facteurs d’instruments à vent dans la seule ville de Paris au début du XXe siècle !) pour arriver à la production actuelle et mondiale de quelques marques… De quoi souligner la standardisation de l’acoustique musicale et une richesse moindre dans la diversité des timbres orchestraux, Les Siècles © Ansgar Klostermann

Unir la scène et les replis de la réflexion… Il est des éclosions discrètes où de nouveaux genres apparaissent. Jekyll opéra philosophique et terrifiant tient de l’opéra et de la musique de chambre, du théâtre et de la danse, de la causerie philosophique et du conte pour enfants. Un quatrième mur de tulle installe des halos particuliers, jouant de clairs-obscurs et de brouillards londoniens (éclairage exquis de Mathieu Pons), et permet la projection des apartés du philosophe François Flahault, qui se livre à une interprétation analytique de l’histoire en des termes clairs, sur le mode de la conversation. Ainsi se dessine, dans une intimité complice, un propos sur le Mal intérieur accessible à tous. La mise en scène de Catherine Marnas, très épurée, installe dès le départ dans l’espace tous les éléments constitutifs de l’œuvre, musiciens et choristes noyés dans la pénombre, chef (Raoul Lay) alchimiste des méandres de l’âme torturée du protagoniste, dont la dualité se matérialise par son dédoublement entre l’acteur, Franck Manzoni, face obscure qui progressivement prend le pas sur Jekyll, exceptionnel Yannis François. Le danseur baryton basse, raffiné dans ses moindres gestes, incarne avec une élégance pure le dandy terrifié par ses propres élans. La sublime soprano Brigitte Peyré représente tous les autres personnages, les femmes assassinées, la mère, l’épouse, le diable lors d’un intermède baroque masqué… Les chœurs qui unissent adultes et enfants font masse et foule, contrepoint polyphonique de l’homme dédoublé. Car chaque scène a son écho, dans lequel je-kill devient l’autre terrifiant, le hyde caché, sur une partition tout en chromatismes descendants. Mais qu’a donc voulu enfouir Raoul Lay avec cette image sonore, cette chute obstinée vers le grave qui parcourt Jekyll, comme l’histoire musicale, de la Déploration sur la Mort d’Ockeghem (Josquin Desprez) à la sarabande funèbre rythmant les ultimes soupirs de Didon (Purcell), jusqu’au Cantus in memory of Benjamin Britten (Arvo Pärt), avec ce chœur à l’antique qui enfante l’Opéra, ce «Magnum Opus» que le musicien initie dans son œuvre au noir flirtant avec un Requiem ? Peut-être notre archaïque «moi», assourdissant, témoin oculaire qui interroge Caïn…

Faune Home… dans un monde de technologie accélérée. C’est d’ailleurs en hommage à ce sens de la couleur initiée par notre Claude de France qu’était donné Phonus ou La voix du faune composé par Philippe Hurel en 2004. En référence récurrente à la célèbre phrase introductive du Prélude éponyme joué ce même soir, Marion Ralincourt nous offrait un festival de solos virtuoses et contemporains au sein du langage spectral de Hurel. En avant-première, l’orchestre créait alors la Première suite récemment retrouvée dans son orchestration originale et complétée par Philippe Manoury. Une soirée qui remontait à l’origine Wagnérienne et nous rappelait les sonorités uniques d’un inspirateur de génie. PIERRE-ALAIN HOYET


28

MUSIQUE

RÉCITALS

Vlach’ment bien ! prétation de Rosamunde fut splendide, celle de La jeune fille et la mort mérite tous les laudatifs imaginables ! Lecture intelligente de l’œuvre, finesse et justesse de l’interprétation, équilibre de l’ensemble, son patiné, équilibre des voix, contrastes fulgurants… élevèrent ce monument du genre à des hauteurs insoupçonnées… CHRISTOPHE FLOQUET

Concert donné au théâtre du Jeu de Paume le 23 janvier © X-D.R.

Si Vlach, apocope du nom de la violoniste Vlachovà, sonne comme une interjection sèche, le jeu distillé par ce quatuor tchèque est un modèle de douceur et de suavité. Dotés d’une profondeur sans doute slave, les quatre instrumentistes respirent la musique. Figure emblématique de leur patrimoine national, Dvoràk a envahi de ses grandes mélodies diatoniques aux inflexions populaires franches, l’espace du Jeu de Paume ; la légèreté, pétrie d’une certaine nostalgie, de son Quatuor américain, mit parfaitement en valeur les deux grands quatuors (13e et 14e) de Schubert. Si l’inter-

Quatre nouveaux

Made in France

© Agnès Mellon

Mois de février exceptionnel pour la musique française ! Après Sauguet à Marseille, le Jeu de Paume mit à l’honneur dans la même semaine Louise Farrenc, puis une farandole d’autres compositeurs portés par un interprète de choix : Jaroussky. Exceptés des mélomanes avertis, Louise Farrenc

Sans codes !

reste, peut être parce qu’elle est une femme, une compositrice inconnue ! Son œuvre, pourtant prolixe, fortement marquée par Beethoven et Schubert, est d’une rare qualité. Son nonette, formation étonnante qui évoque de vieux souvenirs de dessert, fut l’occasion d’apprécier la maîtrise de son écriture, son inventivité et la fraîcheur de son langage rythmique. Porté par une pléiade de musiciens brillants, Charlier en tête, ce petit bijou de musique de chambre fit honneur au genre, en toute féminité. Deux jours plus tard le sublime Jaroussky à travers des pages de Chausson, Hahn, Fauré… accompagné par le remarquable Jérôme Ducros, montra, dans un répertoire pourtant délicat pour ce type de voix, une technique vocale irréprochable et une musicalité rare. Les mélodies françaises dans le creux de sa bouche ont une saveur autre, douce monochromie ombrée de lumière… C.F.

Concerts donnés les 7 et 9 février

Chanter a cappella est difficile. Mais y mêler, dans tous les sty-

Dans le Quatuor n°12 «Quartettsatz» de Schubert, chef-d’œuvre perdu dans son inachèvement tragique, les cordes réalisent, le 31 janvier devant les Sociétaires de la Musique de Chambre de Marseille, une harmonie expressive. Elle se mue en un pathos puissant dans le douloureux Quatuor n°13 «Rosamunde». Le son est beau, le geste libre, lyrique. Ils sont jeunes : quatre personnalités musicales qui se subliment au contact des autres. Dire que le Quatuor Raphaël ne se s’est formé qu’en 2010 ! Quelques mois après, l’ensemble remporte le second prix du prestigieux Concours de Bordeaux. Du jamais vu ! Chacun poursuit néanmoins sa propre carrière de concertiste, ou tente de le faire, maintenant qu’ils sont sollicités régulièrement, à quatre... Et ça marche ! Dans Beethoven et son 8e Quatuor Pierre Fouchenneret et Pablo Schatzmann (violons), Arnaud Thorette (alto) et Maja Bogdanovic (violoncelle) se renvoient l’archet, sourient aux questionnements musicaux qu’offre ce dialogue vibrant. L’écoute est émouvante, tout en fraîcheur spontanée, virtuose. J.F.

© Benoite Fanton

les vocaux, danse et théâtre, est une performance incroyable. Métronome est un spectacle d’une grande qualité, réalisé par les Cinq de Cœur, cinq voix magnifiques au service d’une histoire originale : la colère gronde dans la rue, le gouvernement voulant affubler chaque citoyen de codebarre au poignet ! Sous la terre, cinq compagnons attendent un métro qui ne viendra jamais… dans un feu d’artifice de beautés harmoniques, qui passe du Boléro de Ravel à la Chanson de Maxence (M. Legrand), de Sometimes (traditionnel), aux polyphonies bulgares, de l’opéra baroque à Lakmé et la Danse du sabre ! Magnifique Pascale Costes, soprano, névrosée, suicidaire ; sublime Karine Sérafin,

soprano esclave de son iPhone, terrorisée dans cette prison souterraine. Étonnante Sandrine Montcoudiol, alto, en Mme Colombo ; remarquable Xavier Magueritat, baryton, beau gosse rêvant de succès populaire ; chaleureux et sensible, le ténor Patrick Laviosa. La mise en scène de Pascal Légitimus est un tourbillon et le chœur final, écho des cris de la rue : «Ne pas céder, résister, dire non aux codes-barres ! Indignation, on nous prend pour des moutons… !» est une polyphonie endiablée sur le «O Fortuna» de Carmina Burana ! YVES BERGÉ

Métronome a été joué au Toursky le 17 janvier


MUSIQUE 29

Un seul être vous manque… …et toute la musique italienne du baroque finissant est dépeuplée ! Orpheline du grand Vivaldi, la squadra azzura des Ristori, Tartini, Locatelli et tutti quanti, fit bien pâle figure ! Habitués aux mélodies saillantes et éclatantes et à la rythmique endiablée du maître vénitien, les tifosi du GTP eurent droit à une musique terne, dépourvue d’inventivité, d’une criante impersonnalité. Seul le Concerto a quattro du compositeur de la botte, Francesco Durante, sortit un peu du lot, son ricercar del quatro tono, maitrisant superbement l’écriture contrapuntique. Mais que dire de l’ensemble Café Zimmermann sinon qu’il fût également peu inspiré : interprétation médiocre, problèmes de justesse… Seul Petr Skalka, violoncelliste solo, fit preuve d’une réelle implication se débattant pour insuffler un peu de vie au concerto de Tartini. Heureusement deux petits bis pétillants vinrent clore la soirée. Devinez de qui… © Petr Skalka

CHRISTOPHE FLOQUET

Tout sauf Vivaldi a été donné au GTP le 19 janvier

Dans la série Grand piano à Neptune, c’est cette fois le pianiste russe Nikolaï Lugansky qui a fait escale en ce début février à Toulon pour un récital magistral. Bâtie autour d’un programme aux accents romantiques la soirée fut un réel succès. La technique infaillible de l’interprète est venue à bout d’un répertoire convenu mais réputé difficile (Chopin, Brahms, Liszt) sollicitant une vigilance de tous les instants, et mettait en valeur un jeu très musical, à la poésie savamment distillée. Incontestablement à l’aise, c’est surtout dans la monumentale

sonate n°1 op.28 de son compatriote Rachmaninov que son toucher, tantôt félin dans sa délicatesse, tantôt rutilant dans sa virtuosité, confinait au sublime, enfermant l’auditoire dans un déluge de notes agrémenté d’une palette de dynamiques impressionnante où alternaient pianissimi à la limite de l’audible et fortissimi nerveux et explosifs. Quel dommage qu’une telle démonstration de talent ait du se terminer après seulement trois rappels !

Nikolai Lugansky © X-D.R.

Gold fingers

ÉMILIEN MOREAU

En octobre, des partitions ont envahi les boîtes mail, les maisons ont résonné d’une voix électronique qui donne les rythmes, les hauteurs… puis les coulisses du GTP se sont animées d’une studieuse effervescence… les adultes se perfectionnent, les enfants préparent des surprises musicales… Tous (150) ont été sélectionnés sur dossiers, la motivation comptant encore plus que les parcours. «Il y a un engagement moral dans cet espace de liberté et de plaisir !» confie Julien Joubert, dont les compositions sont interprétées le 3 février : Un enfant qui chante, poème de Maurice Carême, clôt la première partie où Bach et Mozart connaissaient la

© Agnès Mellon

Chantez !

Les enfants de la Maîtrise de Radio France livrent ensuite son Atelier du nouveau monde, enjoué, inspiré d’images d’Épinal du XVe siècle, avec un «matériau de départ simple mais enrichi par le tissu polyphonique», et des textes intelligents. Les trois chœurs se réunissent pour Ne compte pas. On a tous envie de «laisser couler le sable entre nos doigts», de suspendre ce temps d’exception, avec cette belle découverte : la musique de Julien Joubert, inventive et équilibrée. MARYVONNE COLOMBANI

fougue des Grands Chœurs Amateurs sous la houlette précise de MarieNoëlle Maerten. «Il ne s’agit pas ici

Sous influence

Retrouver une influence française dans la musique baroque européenne, c’est ce à quoi l’ensemble instrumental des Festes d’Orphée s’est attaché lors d’un concert éclectique qui unissait quatre musiciens, Jean-Michel Hey et Guy Laurent aux flûtes, qui surent se faire légères et enjouées, Annick Lassalle à la viole de gambe, avec ses beaux graves, Corinne Bétirac et son jeu délié au clavecin. «Louis XIV s’était emparé de la musique comme outil de pou-

d’enseigner, mais de faire vivre quelque chose» expliquait Joubert lors des répétitions !

voir, capable de faire rayonner l’esprit français dans les monarchies de l’Europe baroque» explique Guy Laurent. Rythmes aux pointes «lulliesques» (J. Fischer, le copiste de Lully), ouvertures (Graupner), suites de danses françaises (J. Schenck, dans la lignée de Marin Marais), portraits à la mode française (Telemann et ses héroïnes antiques), phrases en longues volutes (Corelli)… et l’Orphée britannique, Purcell, fluidité des lignes mélodiques qui s’enlacent, un

Les chœurs amateurs d’adultes et d’enfants, et la maitrise de radio France, ont chanté le 3 février au GTP, Aix

calme intérieur reconquis dans une réconciliation avec le monde… Un idéal de sérénité dont la musique française aimerait être l’initiatrice ! M.C.

Ce concert a eu lieu le 17 janvier au Temple de la rue de la Masse, Aix


30 MUSIQUE SYMPHONIQUE

Élégance française Jean-Francois Heisser © T. Chapuzot

La Procession nocturne s’inscrit dans la lignée des grands poèmes symphoniques du XIXe siècle. Henry Rabaud y retrace le mythe de Faust d’après la version de Lenau. Du désespoir de Faust, insensible à la beauté de la nature jusqu’au rachat du pêcheur, le chef Claude Schnitzler a imprimé les couleurs nécessaires aux divers climats : mélancolique, avec cor, clarinette, solo de hautbois, nappes de cordes, suivi d’un thème villageois, choral religieux en canon sur crescendo des cuivres et cordes en pizzicato et un final sombre, enivrant. Le concerto n° 5 de Saint Saëns dit l’Egyptien, est composé à Louxor. Le pianiste Jean-François Heisser, malgré une posture froide, donne une clarté très mozartienne au 1er mouvement, une interprétation rhapsodique dans le 2e avant d’enchaîner les terribles gammes, arpèges, accords du 3e : pyramides de sons sur ce final dantesque ! La symphonie en ut majeur de Bizet (Ah, Carmen !) est le prolongement parfait d’un concert où tous étaient au diapason pour un bel hommage à la musique française, élégante, surprenante aussi dans un onirisme non figé, et son exotisme raffiné. YVES BERGÉ

Ce concert symphonique a eu lieu le 15 janvier à l’Opéra de Marseille

Portée par un vent glacial venu de Sibérie, la musique russe de Rachmaninov et de Chostakovitch a enrobé de délicieux frimas un GTP baigné de givre. Les tumultueuses Danses symphoniques de Sergueï avec ses ruptures de tempo et ses mélodies aux cordes d’un sentimentalisme débordant rugirent de l’énorme Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé avec beaucoup de maîtrise par Kirill

Kabarits. Cette énorme machine sut se faire toute discrète quand Alina Ibragimova fit entendre les premières notes du divin concerto pour violon en la m du grand Dimitri. Cinquante minutes de bonheur absolu suspendu au jeu démoniaque et suave de cette jeune artiste russe perlant l’espace de stalactites de notes, déchirant de son archet des mélodies décharnées d’une effroyable beauté. Dans la pénombre du théâtre, des yeux embués, glacés d’émotion par la beauté céleste du Nocturne du premier mouvement, brillaient comme des réverbères. Et l’hiver reprit ses droits, les âmes réchauffées par cette bise du nord.

Phénoménal Viktoria Mullova © Max Pucciariello

Bons baisers de Russie

CHRISTOPHE FLOQUET

Concert donné au GTP, Aix, le 4 février Alina Ibragimova © X-D.R.

Avec à sa tête le génial chef d’orchestre estonien Paavo Järvi, l’Orchestre de Paris et son effectif considérable ont ravivé avec goût la mémoire de l’immense symphoniste romantique qu’est Johannes Brahms. Une soirée où la star du programme était le compositeur ! Mais indubitablement, tous les interprètes présents sur la scène aixoise en sont aussi, tant leurs arts et talents sont mis au service de la pâte orchestrale subtile mais sans fard de Brahms, héritier en ce sens de Beethoven. Une profondeur massive qui s’érige en architecture solide dans la seconde symphonie. L’écoute de la violoniste Viktoria Mullova, soliste superbe au jeu généreux, le dialogue avec le hautbois dans l’Adagio du Grand Concerto laissent toujours la place à la musique. À Brahms, véritable guest de la soirée ! FRÉDÉRIC ISOLETTA

Ce concert a eu lieu au GTP, Aix, le 27 janvier


Le cas Jekyll © Elisabeth Carecchio

Les 17 et 18 fév Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com Du 21 au 25 fév La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Les mots vous regardent En écho à 1984 de Georges Orwell, où il est simple de désigner Big brother comme élément de «décervelage», le spectacle écrit et mis en scène par Julie Timmerman décrypte ce qui dans un monde de libertés nous dépersonnalise dans un travail remarquable sur les manipulations du langage. Une œuvre drôle, pleine d’humour et de réflexion. Chocolat dansant au bar d'Achille (1896) - Toulouse Lautrec

Le roman de Stevenson adapté par Christine Montalbetti, joué par Denis Podalydes, dansé par Kaori Ito, une rareté, si l’on exclut la version opéra de Télémaque. Entre l’acteur et la danseuse se dessine la dualité trouble du personnage, sa métamorphose parlée et dansée. Une exploration des méandres obscurs de l’âme et les bas-fonds de Londres… Le cas Jekyll (2e version)

Chocolat, clown nègre

Il s’agit de la véritable histoire de Rafael de Leïos, esclave acheté à Cuba par un riche Portugais qui le ramène en Europe où on le nomme Chocolat. Il deviendra célèbre par le numéro de cirque qu’il met au point avec le clown anglais Foottit. Marcel Bozonnet met en scène sa lutte contre les préjugés de son époque, avec quatre interprètes venus du cirque, du théâtre et de la danse. Un spectacle fort.

© Fabienne Rappeneau

qui peuvent être moches, des princes pas si charmants, des ogres timides, des fées en panne de magie… anachronismes, parodies sont au rendezvous. Des contes de fées dans la meilleure tradition qui sait conjurer nos peurs par la poésie et le rire. Un spectacle fin et réjouissant.

© A. Trouillat

auteur, messager. Les mots de son écriture racontent l’enfance, les lieux, les travailleurs des usines. Ils permettent l’établissement d’une relation nouvelle, sont des passeurs autant que des liens. Dans le cadre des Écritures du réel (voir p 12), trois rencontres à l’occasion des spectacles, avec l’équipe artistique (14 mars), l’auteur, Patrick Laupin (15 mars), concert du collectif d’artistes Poumons noirs (16 mars).

La folie Sganarelle

La princesse… Quatre contes de Christian Oster avec des princesses

Du 20 au 24 mars Théâtre Gyptis, Marseille 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com

L’alphabet des oubliés Un acteur décide de porter sur scène le voyage d’un

Du 22 au 24 fév Le Gymnase, Marseille 0820 000 422 www.lestheatres.net

Le 10 mars Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

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Du 14 au 16 mars La Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.minoterie.org

Anna Politkovskaia La journaliste Anna Politkovskaia fut assassinée à Moscou en 2006. Mireille Perrier reprend les mots, les notes de la journaliste, les porte sur scène, non pour héroïser son personnage mais pour lutter contre l’oubli, poser les questions essentielles de la liberté de la presse, si intimement liée à la liberté tout court. Un spectacle courageux et bouleversant de belle humanité.

La Princesse transformée en steak-frites Du 22 au 25 fév La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com © Stephane Tasse

L’Amour Médecin, Le Mariage forcé, La Jalousie du Barbouillé, ces trois farces de Molière sont reprises en un triptyque déjanté, qui sait garder un parfum de commedia dell’arte, l’ivresse des mots, la magie d’une langue fluide et élégante. Une manière d’aborder les passions humaines à travers les archétypes dans une mise en scène de Claude Buchvald. Du 13 au 17 mars Le Gymnase Marseille 0820 000 422 www.lestheatres.net

Les 20 et 21 mars La Minoterie Marseille 04 91 90 07 94 www.minoterie.org © Julie Durand

AU PROGRAMME

THÉÂTRE


THÉÂTRE

e Festi’Femmes que l’arbre… XVII Festival Russe Ce Deux soirées au Toursky : Bizet était une femme par Une clarinette klezmer et un conte hassidique, pour l’inénarrable duo Jonathan Soucasse au piano et Cathy Heiting, diva. Les airs d’opéra côtoient le jazz, Duke Ellington et Verdi se trouvent unis par la vertu de la musique et du verbe. Un régal. Gigi, sosie de Noëlle Perna manie la truculence de Mado la Niçoise en une savoureuse caricature.

une histoire issue de la tradition juive mais universelle : c’est l’arbre d’une place populaire qui raconte chaque soir ce qu’il a vu, l’agitation d’un monde qui ne sait pas planter ses pieds dans la terre et sa tête dans le ciel. Avec Aristide Demonico, etYannick Thépault aux clarinettes.

Bizet était une femme Le 13 mars Gigi, sosie de Noëlle Perna Le 14 mars Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org

Ce que l’arbre m’a raconté Du 21fév au 3 mars Le Lenche, Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

À Jamais Le Théâtre de Lenche accueille en résidence une jeune compagnie de la région centre, L’arc électrique, qui présentera des extraits de la dernière création de Charlotte Gosselin, Ben, et une lecture de sa prochaine création sur le monde du travail, fondée sur la collecte de témoignages de travailleurs d’hier et d’aujourd’hui.

Glumov © X-D.R. © JM Pehate

Agatha Texte sombre et terrible de Duras. Amours incandescentes entre une sœur (Agatha) et son frère, innommé. La musique Duras mise en scène par Daniel Mesguich, un parfum de Brahms pardessus, un univers où rêve et réalité s’enchevêtrent, où le non-dit s’immisce sous l’écorce des mots. Une histoire d’inceste portée par William et Sarah Mesguich.

Incontournable le festival russe qui anime chaque printemps le Toursky jusqu’aux heures les plus tardives. Chaque spectacle est suivi d’un cabaret festif et gourmand où l’on se régale de spécialités, et où l’on écoute les acteurs devenus chanteurs, musiciens dans un répertoire de chansons traditionnelles ou modernes. Une semaine cinéma du 20 au 24 mars, du théâtre en VO surtitrée, Gloumov de Ostrovsky par la troupe du théâtre académique russe de Katchalov-Kazan, La nuit de la veille de Noël de Gogol par le théâtre Dramatique de Gogol de Moscou. Piano et chant, avec au programme Scriabine, Rachmaninov (Kim Hyejin piano), et des mélodies de Tchaïkovsky et Rachmaninov (Michel Bourdoncle piano et Diana Axentii Mezzo-soprano). Un festival dont la convivialité est exceptionnelle.

Du 7 au 9 mars Le Lenche, Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

George Dandin © Zen

AU PROGRAMME

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Du 20 mars au 8 avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org

Le 16 mars Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org © BM Palazon

Nour Le trio masculin du GdRA revient au Merlan en s’adjoignant deux femmes pour raconter, dans la même démarche de théâtre documentaire et indisciplinaire, l’histoire de Nour, fille d’immigrés qui voudraient la voir réussir par l’école, alors qu’elle ne pense qu’à danser… Du 15 au 17 mars Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org © Nathalie Sternalky

Ivan Romeuf met en scène Molière pour la première fois, et choisit pour cela une pièce particulière, où la noblesse se montre extrêmement cruelle, où le mariage est bafoué, et qui se conclut par la défaite et l’annonce du suicide du bourgeois provincial qui voulait s’élever…La création maison de l’Egrégore entremêlera des extraits de la Jalousie du barbouillé, farce qui traite sur un tout autre mode des tourments ridicules de la jalousie… Du 13 mars au 7 avril Le Lenche, Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info


Les bienfaits Le Ring de l’amour Les Bernardines et la Minoterie programment conjoin-

Onzième Théâtre d’ombres et de fantômes, jeu de panneaux mouvants… Dostoïevski, Strindberg, Shakespeare, Hölderlin se mêlent en une partition complexe et poétique, un spectacle étrange et merveilleux. Une pièce dont la tonalité est donnée par le sous-titre du onzième quatuor à cordes de Beethoven, Serioso. Gravité et burlesque se rencontrent dans cet exercice délicat où la beauté sort première. Un monde lyrique et subtil de François Tanguy.

tement la dernière création de Frédéric Poinceau, qui propose depuis plusieurs années un travail personnel et passionnant, sans voyeurisme ni complaisance, sur la littérature et l’érotisme, depuis Sade jusqu’à Quignard en passant par le mythe d’Actéon. Il s’attache ici au banquet de Platon, et à sa description de la dépendance amoureuse. Avec sept acteurs dont on connaît le talent : Cécile Le Meignen, Fabrice Michel, Laurent De Richemont… Du 16 au 25 fév Les Bernardines, Marseille 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org

Du 20 au 23 février ATP/Bois de l’Aune, Aix 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr www.atpaix.com

© Roxane Samperiz

Quatre livrets d’opéra de Richard Wagner réunis en un spectacle, 19 étudiants en art du spectacle de l’Université de Provence s’attelant fougueusement au mythe «greco-germano-nordique», sous la houlette avertie et déjantée et de Jérôme Rigaut, ça vaut le détour ! Les pégases des Walkyries vont raisonner de fraicheur pour notre plus grand bonheur.

Le 21 mars Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com

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Der Ring des Nibelungen Du 6 au 10 mars Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com © Didier Grappe

Les Fidèles La courtisane Comment survivre si ce n’est en rompant le pacte de fidélité aux croyances multiples, aux injonctions de amoureuse La Fontaine ne s’est pas contenté de composer des la lignée ? Anna Nozière, auteur et metteur en © Melissa Conté

Le succès du malheur Cela fait plusieurs années qu’ils tournent autour de

Du 20 au 28 mars Les Bernardines, Marseille 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org

Les Fidèles, Histoire d’Annie Rozier Le 15 mars ATP/Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com www.atpaix.com

Du 21 au 23 février Jeu de Paume, Aix 0 820 000 422 www.lestheatres.net © Cie Emilie Valantin

l’Agamemnon d’Eschyle, et de la traduction de l’Orestie par Pierre Judet de la Combe. Alain Fourneau l’a adaptée, découpée, les comédiens l’ont apprise, et Mireille Guerre va mettre en scène sans le connaître ce découpage en le capturant directement dans la bouche des comédiens, comme une matière orale et non écrite, sans idées préconçues… mais avec, depuis des années, l’obsession de cette série de crimes familiaux au retour des guerres.

scène, fait sortir les démons des placards et, maniant avec verve l’ironie la plus féroce, construit un spectacle composé de multiples saynètes aux références éclectiques, Munch, Barbara… Une comédie noire portée par le talent d’une troupe complice et dynamique.

fables, il a aussi écrit des contes grivois qui lui valurent à la fois succès et inimitiés. Émilie Valantin met en scène cinq de ces contes qui nous initient à la galanterie du grand siècle. Harmonium et marionnettes dont la chair de porcelaine sait acquérir une poésie sensuelle, quelquefois triviale, toujours malicieuse. Attention cependant, ce La Fontaine-là est interdit au moins de 16 ans.

Dans la solitude… La Cie Alzhar reprend la pièce de Koltès dans la mise en scène qu’elle en avait faite il y a deux ans, avec Maxime Carasso et Heykel Mani, comédien tunisien. Une version inattendue et très sensible de la rencontre entre le dealer et le client, qui bouleverse cette étrange relation qui ne dit pas ce qui s’échange, mais semble ici s’opérer entre Nord et Sud de la Méditerranée. La mise en scène de Jeanne Poitevin est tout à fait convaincante ! Dans la solitude des champs de coton Les 16 et 17 mars La Capelane, Les Pennes-Mirabeau 04 42 09 37 80 www.pennes-mirabeau.org

© JM Lobbe

L’école des femmes «Le petit chat est mort». Comment une jeune fille élevée dans l’ignorance la plus totale du monde se transforme en une journée en femme aux mille ruses… La pièce de Molière est reprise pour le plus grand plaisir des grands et des petits par la Cie Nieto. Une bonne occasion de réviser ses classiques… Le 17 février Cinéma 3 Casino, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr

AU PROGRAMME

THÉÂTRE


Être ou ne pas être

Yvonne, princesse de Bourgogne Yvonne est mollichonne, sans charme et quasi

Mare Nostrum Cahier d’histoire © Juan Robert

© X-D.R

muette. Mais par provocation le prince du Royaume de Bourgogne décide de l’épouser, ce qui met la cour en vrac. Une seule issue pour restaurer la paix dans les esprits : la tuer… La mise en scène de Guillaume Bailliart, et le jeu des comédiens de l’association nÖjd, jeune compagnie lyonnaise, portent à son paroxysme l’absurdité de la pièce de Gombrowicz. Les 21 et 22 fév Théâtre d’Arles 0490 52 51 51 www.theatre-arles.com

Seul sur scène, Luca Franceschi interprète le rôle d’un comédien qui a décidé de rassembler en une seule tirade une quinzaine de monologues shakespeariens, ceux d’Hamlet, du Roi Lear, d’Othello, de Macbeth, de Richard III… un cheval pour ma pièce ! Exploration des relations entre comédien et personnage, ironie, magie théâtrale… une performance !

Faisant la part belle à des propositions théâtrales et musicales des pays du pourtour de la Méditerranée, Mare Nostrum programme cette année Fellag dans son dernier spectacle Petits chocs des civilisations (le 13 mars) ; Jean-Claude Berutti, artiste en résidence aux Salins, lit le texte d’Etel Adnan, Jénine (le 15 mars); le projet de Philippe Delaigue (emmener le théâtre au lycée) entame son 2e volet avec les auteurs marocains Fouad Laroui et Youssef Fadel, et les auteurs algériens Mustapha Bendofil et Hajer Bali, toujours sur les thèmes de l’amour, la mort, la politique et le désir d’ailleurs (le 16 mars au Sémaphore à Port-de-Bouc).

Le 17 février Salle des fêtes, Venelles 04 42 54 93 10 www.venelles.fr

Grands voyageurs Trois comédiens sur scène pour évoquer les récits des grands voyageurs, de Marco Polo à Youri Gagarine. Aventures fabuleuses, pour des amateurs de légendes et d’épopée. Un grand bol d’évasion par la compagnie La Naïve (Pertuis). Un spectacle gratuit ouvert à tous, mais réservation indispensable.

© Emile Zeizig Agence Mascarille

Nothing to do Après s’être glissée dans l’univers de Gertrude Stein l’année dernière avec Listen to me, Emma Morin revient cette fois avec les mots de Pascalle Monnier. Au fil d’un monologue qui raconte le temps qui passe, le désir, l’absence, la comédienne se déplace dans des clairs-obscurs subtils, accompagnée par la musique du guitariste Ryan Kernoa et la voix du chanteur Frédéric Jouanlong.

Du 13 au 16 mars Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Le 21 février Bibliothèque de Simiane 04 42 22 71 19 www.simiane-collongue.fr

Les 29 fév et 1er mars Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Les Femmes savantes © X-D.R

Tartuffe Eric Lacascade revisite le Tartuffe de Molière dans

Radio clandestine A Rome, en 1944, 335 otages italiens sont exécutés

une mise en scène sobre et épurée. Au cœur de la pièce la famille, «un champ de bataille, un champ de guerre, où stratégie, ruses, attaques soudaines et coup d’éclats se succèdent» souligne le metteur en scène. Soit «l’expression de passions humaines puissantes» que Lacascade aborde avec une belle troupe de comédiens.

par les nazis en représailles à un attentat de la résistance perpétré la veille en plein cœur de la ville. Dag Jeanneret met en scène un texte d’Ascanio Celestini avec un comédien, Richard Mitou, et un musicien, Gérald Chevillon à la clarinette, qui donnent voix et corps au peuple romain bousculé par le vent de l’histoire.

Le 21 fév Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr © X-D.R

Marc Paquien met en scène la pièce de Molière en l’actualisant, faisant de ces femmes des combattantes de l’obscurantisme prônant la liberté morale et intellectuelle. «Jamais ces questions ne furent plus brûlantes qu’aujourd’hui : l’accès au savoir et à la liberté -liberté de dire, de choisir, de s’inventer en tant qu’être pensant. Aujourd’hui encore, il nous faut défendre la figure de l’intellectuelle, croire en cette «substance réactive» qu’est l’esprit.» Le 20 mars Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Les 6 et 7 mars Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com © Marie Clauzade

AU PROGRAMME

34 THÉÂTRE


Les Possibilités © Axelle Carruzzo

Du «théâtre de la catastrophe» d’Howard Barker, Stefan Delon met en scène Les Possibilités pour interroger le public sur ce qui préside aux décisions d’un être humain acculé dans une situation extrême. Au cours de dix saynètes qui se déroulent dans des époques différentes, et qui illustrent un monde cataclysmique en crise, en guerre.

Une Antigone Les Bonnes de papier Dans sa relecture d’Antigone, La cie Les Anges au plafond veut «défroisser» le mythe. Dans un dispositif bi-frontal, la scène peu à peu divisée par un mur, les superbes marionnettes de Camille Trouvé vont raconter l’histoire, singulièrement revisitée et très actuelle, de la jeune femme qui osa s’opposer à Créon, roi de Thèbes. Tout ici, du décor aux personnages, est en bois et en papier, travaillé, froissé, coloré… Une merveille ! Les 13 et 14 mars Théâtre de La Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr

Du 6 au 8 mars Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

© Anne Gayan

Le Café du bonheur Avec Le Gourbi ya mon ami et L’Agence pour là-bas, le Gosto Théâtre plonge dans la société algérienne d’aujourd’hui par le biais des histoires de quatre personnages emblématiques qui racontent leurs désenchantements et aspirations profondes. ZianiChérif Ayad met en scène ces rêves et contradictions. Les 17 et 18 fév Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 32 01 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

Trois actrices hors du commun, Hélène Alexandridis, Marilú Marini, Myrto Procopiou, porteuses de la démesure jubilatoire de Jean Genet. Jacques Vincey met en scène toute l’ambigüité du désir de domination, ce fait divers hissé jusqu’à la tragédie par l’écriture théâtrale, où les bonnes sont des monstres... à l’instar de Madame.

© Vincent Muteau

Yahia Yaïch Amnesia La pièce prémonitoire de Jalila Baccar et Fadhel

Les 13 et 14 mars Théâtre de Grasse 04 93 40 53 03 www.theatredegrasse.com

Jaïbi, créée en avril 2010 à Tunis, a anticipé l’Histoire en libérant les mots dans un pays où «les langues avaient été coupées». Un texte puissant sur le pouvoir et la chute d’un dictateur, 11 comédiens totalement investis, une mise en scène très chorégraphique font d’Amnesia un spectacle inoubliable. Spectacle en arabe et français, surtitré en français.

Le 20 mars Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

Le 17 fév Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com © Marc Ginot

Tokyo Bar

Le 23 fév La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

© X-D.R.

La Comédie des erreurs Le metteur en scène britannique Dan Jemmett adapte la pièce de Shakespeare avec une mise en scène enlevée et modernisée, transposée dans les années 70-80, et un humour très british qui révèle parfaitement les jeux de mots et calembours shakespeariens. Avec cinq comédiens, dont David Ayala, «hilarant jumeau». Le 20 mars Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

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Le 27 mars (voir p 11) Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com © Mohamed Frini

Un inédit en France de Tennessee Williams mis en scène par Gilbert Desveaux. L’histoire d’un couple en exil et au bout du rouleau, Miriam et Mark, qui échoue dans un bar à Tokyo, où ils vérifieront qu’ils ne peuvent vivre ensemble ni vivre séparés. Une métaphore de l’existence de l’auteur… Le 25 fév Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleoncaumont.com

AU PROGRAMME

THÉÂTRE


AU PROGRAMME

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THÉÂTRE

Se trouver Le Cabaret Après Les Justes créé la saison dernière, Stanislas des vanités Nordey reprend le même couple d’acteurs (EmmaLe groupe Incognito propose

nuelle Béart et Vincent Dissez) et offre un magnifique portrait de femme et d’actrice à la comédienne, sur un texte magistral et méconnu de Luigi Pirandello. L’auteur italien aborde la place de l’acteur dans sa dimension la plus intime, dévoilant son état émotionnel d’être-caméléon au bord de la rupture qui vit un dilemme dramatique entre son art et sa vie. Du 16 au 18 fév Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 75 www.theatre-liberte.fr

Visites Le texte de Jon Fosse, entre drame intimiste et

un «cabaret d’émotions brutes» pour provoquer étonnement, prise de conscience ou rire franc. Une revue horsnorme en forme de «vanité» contemporaine mené par 12 artistes comédiens, musiciens, scénographes et plasticiens qui interrogent notre place dans le monde et enrayent l’amnésie. Le 21 fév Dans le cadre du cycle Les collectifs Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 75 www.theatre-liberte.fr

comédie, scrute le grand vide contemporain. Revisité par Frédéric Garbe et créé au théâtre Liberté dans le cadre de son soutien aux compagnies régionales, il y est question de déchirures enfouies, de dissimulations récurrentes et de mensonges probables. Avec, au centre, une jeune fille qui catalyse le malaise d’une famille, engagée dans une lutte passive contre le monde. Du 14 au 18 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 75 www.theatre-liberte.fr

Un nid pour quoi faire ? Créée au festival d’Avignon en 2010, la pièce d’Olivier Cadiot mise en scène par Ludovic Lagarde tient en partie grâce au talentueux Laurent Poitrenaux (et la musique entêtante de Rodolphe Burger). Une farce (de sports) d’hiver, où le roi gère la destinée et les bouffonneries d’une cour sans sujets. La confusion des genres règne en maître, mais derrière l’outrance kitsch et loufoque, se cache un regard sur un monde devenu le nôtre. Les 16 au 17 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 75 www.theatre-liberte.fr Un mage en été du même trio Poitrenaux/Lagarde/Cadiot sera joué Le 23 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 75 www.theatre-liberte.fr

Dames de Busby Berkeley et Ray Enright, 1934 © Warner Bros - D.R.

Oncle Vania Le collectif les Possédés réinvente le classique de Tchékhov dans une version captivante au plus près du public. Pièce fondatrice de la trajectoire du collectif qui réussit grâce à une scénographie épurée et l’interprétation toute en tension à trouver un écho inédit à l’apathie des anti-héros du dramaturge russe. Un «vaudeville tragique» dans lequel les amours latentes et les remises en question s’écrasent sur la triste réalité. Les 21 et 22 fév Dans le cadre du cycle Les collectifs Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 75 www.theatre-liberte.fr © Christophe Paou

© Elisabeth Carecchio

Une raclette Comment refaire le monde, et remettre tout à plat, autour d’un repas. Sans filet, la Cie Les chiens de Navarre a choisi de régler ses comptes autour d’un appareil à raclette, une grande bouffe aussi grinçante que jubilatoire qui met délibérément les pieds dans le plat. Huit personnages, affreux sales et méchants, miettes et éclaboussures invitées également à la table, pour un festin nu et provocateur. Le 25 fév Dans le cadre du cycle Les collectifs Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 75 www.theatre-liberte.fr © Balthazar Maisch

Le temps nous manquera Une création collective de la compagnie L’Employeur, constituée par trois anciens élèves de l’Erac. Stéphane Gasc, Alexandre le Nours et Edith Mérieau vont raconter le deuil. Ou plutôt, à partir de l’histoire d’un homme qui quitte sa femme et se suicide un mois plus tard, la mise en parallèle de deux formes de deuils, celui d’un amour et celui d’un être humain. Le 24 fév Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com

Les bougres La troupe du Théâtre du Maquis transforme le plateau en studio de cinéma pour un faux-tournage des Bougres, un film sur les croisades, les Cathares et les troubadours. Un drôle de spectacle qui mêle théâtre, musique et vidéo pour raconter le siège de Carcassonne par les Croisés en 1209. Créativité débridée avec manipulation des images à l’appui ! Le 16 mars Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com



DANSE

Trockadero Primo Toccare Les danseurs des Trocks interprètent le répertoire classique et moderne à leur façon. À la fois respectueux et iconoclastes, virtuoses et excentriques, cette troupe exclusivement masculine sait danser comme des ballerines. Ils dévoilent les coulisses de la danse en transmuant les genres des grands ballets romantiques, tout en dansant jusqu’au bout des pointes. Les Ballets Trockadero de Monte-Carlo Les 20 et 21 mars Grand Théâtre de Provence, Marseille 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr © Sascha Vaughn

À partir de l’impact des trois couleurs spécifiques à trois iconographies, vanités au XVIIe siècle (white), autels d’église (black) et sculpture gréco-romaine (red). Matteo Levaggi a écrit une pièce en trois temps pour sept interprètes du Balletto Teatro di Torino.

Interprète d’Anne Teresa de Keersmaeker, Marion Lévy œuvre depuis 1997 avec sa compagnie Didascalie au carrefour du mouvement, du texte, de la musique et de la vidéo. En repartant du conte originel de Grimm, elle conçoit un spectacle dansé, chanté et raconté, ouvert à tous les vents du moment. Une fable contemporaine proche du quotidien.

© Emanuel Gat

Brilliant Corners Inspiré par l’album de jazz de Thelonious Monk,

© Joachim Olaya

Primo Toccare, White, Black, Red Du 7 au 10 mars Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org

Emmanuel Gat, chorégraphe israélien prodige, enclenche une réflexion autour des forces humaines et mécaniques qui composent le processus chorégraphique. Une page d’écriture limpide et savante, précise et chahutée, personnelle et universelle, interprétée par des danseurs… brilliants !

Dans le ventre du loup, une histoire dansée des 3 petits cochons Du 21 au 24 mars Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org

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Du 22 au 25 fév Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org

Dans le ventre du loup

© Corpicrudi

Cultures urbaines Gare centrale Une entrée en matière graphique avec le collectif

Soirée hip hop Breakdance popping et locking sont les trois

ArtMada avec la conception et la réalisation d’une fresque participative sur le parvis de l’Hôtel de Ville, puis la jeune compagnie Nous v’ailes ère présente Cordes à la vie, spectacle hip hop soul, qui expérimente les situations du quotidien. Puis, sans effets électroniques, (seules les cordes vocales sont sollicitées !) une performance musicale de beat boxing par Under Kontrol, les champions du monde du genre.

fondamentaux de la danse hip hop, à laquelle les jeunes Martégaux seront initiés durant une semaine au conservatoire. Amateurs et professionnels seront réunis sur un même plateau pour une soirée unique, qui clôturera le stage. Après une mini-création des jeunes hip hopeurs de Anthony Duplissy, se produiront les compagnies Pas à Pas et Évasion. Enfin trois soli par Bintou Dembélé, Mon appart en dit long, Iffra Dia, Hors-Jeu, Hakim Maiche, Habité, évoqueront le corps, le rêve, l’envie d’ailleurs.

© Léo Ballani

Le 25 février Espace Nova, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova.com Under Kontrol © X-D.R

La Cie Grenade de Josette Baïz se livre à un exercice de style fougueux : 12 danseurs dans l’atmosphère d’un hall de gare. Une exploration des états d’âmes parfois jusqu’à la folie dans cet entre deux impersonnel. Un spectacle où la qualité des danseurs se conjugue à merveille à ce retour sur soi. Un ensemble d’une grande poésie où marient avec bonheur modernité de la danse et musique baroque. Le 16 mars Espace Nova, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova.com

Le 7 mars à 19h Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr Mon appart en dit long © Enrico Bartolucci

AU PROGRAMME

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Exécutions My way Julie Guibert interprète le solo conçu par Herman Diephuis glissant du mythe d’Icare à la réalité. Cédant au déséquilibre, la danseuse passe de la verticalité à l’horizontalité en un instant, dessine un lieu paradoxal qui parle de nos failles, un territoire émotionnel qui rejoue le jeu de la vie et de la mort. Une exploration riche et complexe de la chute.

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Stand alone zone Entre danse hip hop et contemporaine, le Système Castafiore raconte l’histoire d’un enfant atteint d’un mal étrange qui doit parcourir différentes chambres pour atteindre la Zone interdite, lieu de sa guérison et du secret du monde. Un conte initiatique, peuplé d’étranges créatures, qui explore la 3D et les nouvelles technologies.

Le 16 mars Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com © Marc Domage

Les 12 et 13 mars Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

© Agnes Mellon

Une pièce pour trois danseurs, conçue par Michel Kelemenis, à partir de plusieurs versions de la chanson My Way. Premier module du dispositif Pschit, la pièce explore les turpitudes du vaudeville et les différentes facettes des personnages entre séduction, intrigues et quiproquo. Le 15 mars Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr

© Karl Biscuit

AU PROGRAMME

DANSE


Les Fuyantes Traverse Dans l’univers de Camille Boitel et Boris Gibé, la

Rage Dans cette création 2012, Antony Egéa (formé à

© Thibaut Ras

perception du réel prend une autre signification. Avec leur nouvelle création, toujours basée sur la danse acrobatique, le cirque aérien, le théâtre, la manipulation d’objets et la vidéo, les repères se déconstruisent pour recréer de nouvelles perceptions visuelles et sensitives, grâce à un habile jeu d’éclairage et un décor mouvant.

l’école supérieure Rosella Hightower de Cannes) se propose de revenir aux sources du hip hop, à son esprit de rébellion, en le confrontant aux langages classique, traditionnel et contemporain de la danse. Une chorégraphie superbe pour 7 interprètes. Le 17 mars Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Le 17 fév Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

© Passerini

Le 21 fév Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com Les 23 et 24 fév Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com Du 15 au 17 mars Châteauvallon, Ollioules 04 94 98 12 10 polejeunepublic.com © Jerome Villa Contextes

Comment le quotidien dérape dans le monde du rêve… Ce spectacle de la cie Arcosm où mime, danse et percussions se mêlent dans des élans burlesque rejoignant le cinéma muet, surprend par son mélange virtuose d’humour et d’énergie… tout un art de bonheur, pour tous les publics !

Tube Mathilde Monfreux est une artiste singulière, comédienne de l’étrange, de la matière. Après un Projet cochon à la fois désorientant et désopilant, elle plonge cette fois dans la digestion, avec la plasticienne Elizabeth Saint Jalmes. Entre liquidation, intestin, siège et premier cri, une exploration de nos tubes…

Le 21 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

Les 24 et 25 fév 3bisF, Aix 04 42 16 17 75 www.3bisf.com

Fantaisies Tres Trois pièces où chant et danse se mêlent, formes simples, légères sur le mode baroque avec la musique de Monteverdi ou de Marin Marais… Béatrice Massin, qui sait retrouver la belle simplicité de la danse baroque et lui donner des formes toutes contemporaines, entraîne ses artistes dans l’épure des variations de Filia fantaisie, Atlas fantaisie, Le Loup et l’agneau. Un spectacle poétique et drôle animé d’une belle énergie.

© X-D.R.

AU PROGRAMME

40 DANSE

Le 25 fév Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr © Veronika Manga

Belen Maya © Jean-Louis Duzert

Ce spectacle où se conjuguent l’excellence du cantaor Jesus Mendez, celle du guitariste Rafael Rodriguez, des palmas de Felipe Mateo et la danse exceptionnelle de Belen Maya constitue un moment de flamenco unique, où le contemporain influence la tradition flamenca pour construire un art nouveau qui ravit même les aficionados. Les 16 et 17 mars Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com


Rue de Guingois © E. Buttner

Au centre de la scénographie une façade d’immeuble aux fenêtres éclairées. Ombres ou personnages s’y profilent, s’affairent tranquillement. Jusqu’à ce qu’un couple farfelu, Saïlen Rose et Benoît Héliot de la cie Prise de Pied, ne décide d’aller y faire un tour, défiant les lois de la gravité, et les contraintes du mur avec des portés acrobatiques exécutés sur plusieurs étages. Du 12 au 14 mars Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

Les 20 et 21 avril Salle culturelle, Simiane-Collongue 04 42 22 62 34 www.culture.simiane-collongue.fr

Biütz Poursuivant son

compagnonnage avec la cie Rouge Eléa, la ville de Simiane programme sa nouvelle création, où cirque, musique et vidéo se rencontrent et s’entremêlent. Une acrobate aérienne, un musicien et deux vidéastes se rencontrent et font surgir une réflexion sur l’absurdité de l’enfermement et notre capacité à la révolte poétique. Le 18 fév Salle culturelle, Simiane-Collongue 04 42 22 62 34 www.culture.simianecollongue.fr

© X-D.R

Le Grand C C’est un ballet aérien vertigineux où les corps s’envolent dans les airs avant de retomber gracieusement, où les portés audacieux créent des édifices humains qui défient les lois de la pesanteur, où les acrobates-voltigeurs de la cie XY se transforment au gré des figures en catapultes, pyramides, totems… Le 13 mars Théâtre La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu Le 16 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr


JEUNE PUBLIC

Pacamambo Poucet… Parler de la mort aux enfants en créant un hymne à Une création jeune public de plus au Jeu de Paume,

Debout © X-D.R

AU PROGRAMME

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la vie, c’est le parti pris sensible et réussi de cette pièce lumineuse de Wajdi Mouawad magnifiée par la mise en scène de Marie Provence. Un spectacle animé d’une petite flamme intérieure qui voit Julie, révoltée contre la mort de sa grand-mère, affronter l’absence et la séparation. À partir de 9 ans.

qui soigne les générations futures et les compagnies régionales : Jeanne Béziers revisite le conte de Charles Perrault pour construire, à partir d’une scénographie faite d’échelles, un spectacle musical chargé d’exaltation. Poucet, petit garçon ingénieux et courageux, gravira chaque échelon de chaque épreuve pour gagner son autonomie. Lorsque les difficultés de la vie ouvrent à une seconde naissance…

Le 21 fév Théâtre Comoedia,Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

Poucet ou le temps du mensonge Du 13 au 15 mars Jeu de Paume,Aix 0 820 000 422 www.lestheatres.net

Le cinquième rêve Invitation au voyage, à l’expérimentation visuelle et

La quête de la mère idéale revue par la Cie Arketal et Nathalie Papin. Debout, un jeune enfant battu, rencontre Victor, fossoyeur amoureux de la vie pour une épopée pleine de tendresse et de poésie. Les marionnettes plus vraies que nature de Mâkhi Xenakis et la mise en scène d’Alexandra Tobelaim donnent à cette histoire un peu triste toute sa luminosité. À partir de 8 ans.

sonore avec le collectif le Cinquième rêve. Une vision poétique de la création de l’univers qui revisite la place de l’être humain comme une suite sensible de toutes les étapes nécessaires à sa création.

Le 26 avril Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

Le 24 fév Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

Maintenant Augenblick La compagnie Skappa ! & Associés installe un nouveau

© X-D.R

Le 14 mars Cinéma 3 Casino, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr Le 20 mars Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

chantier où tout est possible, bâche plastique, instruments et objets non-identifiables, pots et peintures et pinceaux, escabeaux et néons… pour les enfants à partir de 9 mois. Nouvelle rencontre et performance assurément espiègle entre la peinture, la musique, l’espace et le public. Du 20 au 22 fév Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Ikare Une pièce d’AnimaThéatre pour les tout-petits autour

Le rêve de la Joconde Sur la base narrative de l’enlèvement de Mona Lisa

de la gravité. Dans un décor en noir et blanc, un couple de comédiens défie les lois de la pesanteur et fait tomber une à une ses appréhensions. Ikare, silhouette de papier blanc, sera le fil conducteur de cette variation sur le thème de la chute pour guider les enfants vers leur «petite adolescence».

le 22 août 1911 au Louvre, les marionnettes d’Anima Théâtre la conduisent dans un voyage initiatique à travers des paysages et à la rencontre de personnages naissants de «grands tableaux d’art». Elle emprunte les jambes de ballerines de Degas, essaye les moustaches de Dali et revient deux ans plus tard, à sa place, plus tout à fait la même. À partir de 3 ans.

Le 22 fév Forum de Berre l’Etang 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com

Du 24 au 29 fév Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Cahier d’histoires # 2 Imaginé par Philippe Delaigue, le projet Cahier

d’histoires, toujours axé sur la venue du théâtre au lycée, propose un deuxième volet maghrébin (proposé lors de la 4e édition de Mare Nostrum aux Salins à Martigues), des textes ayant été demandés aux auteurs marocains Youssef Fadel et Fouad Laroui, et aux auteurs algériens Hajar Bali et Mustapha Benfodil. Les thématiques sont les mêmes que pour le premier volet, l’amour, la mort, la politique et le désir d’ailleurs. Pour le troisième volet les auteurs sollicités seront israéliens et palestiniens. © X-D.R

Le 16 mars Théâtre du Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

Chien Bleu Le théâtre d’ombres de la Cie Teatro Gioco Vita

s’empare de l’œuvre de Nadja. À travers l’amitié d’une petite fille, Charlotte, avec un chien Bleu aussi docile qu’inoffensif, l’histoire raconte l’univers le plus intime et le plus varié de l’enfance et du «fantastique» qui s’insinuent et accompagnent les moments forts de l’existence. Du 21 fév au 2 mars Pole Jeune Public, le Revest 04 94 98 12 10 http://polejeunepublic.com


Manoviva Le Bourgeois Un spectacle étonnant et poétique de la troupe gentilhomme familiale italienne Girovago e Rondella, où les mains © Elian Bachini

se transforment en d’incroyables marionnettes aux infinies possibilités d’expression pour recréer tout l’univers du cirque en miniature. Le 21 fév Théâtre du Rocher, la Garde 04 94 98 12 10 http://polejeunepublic.com

© X-D.R

Avec l’Agence de Voyage imaginaire de Philippe Car, le salon de musique de Monsieur Jourdain se transforme en feu d’artifice de comique et d’esprit agrémenté de culture japonaise. Inspirée par le Bunraku, art de scène traditionnel japonais, la troupe effectue le grand écart entre le théâtre ancestral et la culture robotique pour servir, avec un réel à-propos, la pièce de Molière. Le 24 fév Pôle Jeune Public, Le Revest 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com

Echoa Un concert de danse inattendu de la compagnie Ar-

cosm pour voir la danse d’une oreille neuve. Quatre danseurs et percussionnistes évoluent et se confrontent dans un parcours insolite pour trouver leurs propres transpositions poétiques. Fougue et fantaisie au rendez-vous d’une forme originale, extrêmement virtuose, qui tourne partout dans le monde depuis des années, aiguisant la musicalité contemporaine de la danse, et l’acrobatie visuelle de la percussion. Le 17 fév PôleJeunePublic, Le Revest 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com

Oorigines Une fable poétique et philosophique du big bang à

nos jours pour deux comédiennes, objets et marionnette qui parle de la grande Histoire et fait résonner nos petites histoires. 11 milliards d’années retracées en 55 minutes qui racontent aussi l’urgence de vivre !

Les Histoires fabuleuses…

Un spectacle pour frissonner de plaisir, servi par l’Art de vivre et mis en scène par Yves Fravega. À partir de collectes de paroles brutes, les artistes ont inventé une histoire sonore nourrie de légendes, recettes et chansons bien connues des Hauts-Alpins. Une sorte de fable d’un pays devenu (presque) imaginaire transformée en spectacle «dramaphonique» où Maître Fu Yan Hao, un vieux sage chinois qui a découvert le secret de l’immortalité, sera accompagné d’êtres fantastiques issus de farces cauchemardesques.

Le 20 mars Théâtre du Rocher, la Garde 04 94 98 12 10 http://polejeunepublic.com Le 14 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

© Sébastien Pouilly

Les Histoires fabuleuses de Maître fu Yang Hao Les 15 et 16 mars La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passrelle.eu Du 30 mars au 3 avril Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com


AU PROGRAMME

44 MUSIQUE

Marseille à l’Opéra Un Rossini en français créé en 1828 ! Dans Le Comte Ory, la fantaisie côtoie l’élégance et le beau chant. Le plateau vocal est de haut-vol : entourée de Stéphanie d’Oustrac, Marie-Ange Todorovitch, Marc Laho, Jean-François Lapointe ou Nicolas Courjal, Annick Massis fait virevolter ses aigus. La baguette est tenue par Roberto Rizzi Brignoli (les 20, 22, 27 mars à 20h et le 25 mars à 14h30). Deux concerts symphoniques précèdent l’opéra mis en scène par Frédéric Bélier Garcia. Le violon-

GTP/ Jeu de Paume

Annick Massis © Gianni Ugolini

celliste Henri Demarquette joue le Concerto n°1 de Saint-Saëns en compagnie de l’Orchestre Philharmonique dirigé par Jean-Claude Casadesus qui joue également la musique du ballet Petrouchka de Stravinsky et une création, commande de la Ville de Marseille : Color de Régis Campo (le 22 fév à 20h. Opéra). Le pianiste Andrew von Oeyen joue le 5e concerto l’«Empereur» de Beethoven. On entend également la Symphonie «Italienne» de Mendelssohn, sous la direction du premier chef invité Fabrizio Maria Carminati (le 2 mars à 20h. Pharo). On n’oublie pas les beaux concerts de musique de chambre qui ont lieu les samedis à 17h dans la luxueuse salle du Grand Foyer : Le Trio Ela , Aurore Couteau-Cénédèse (piano, Laurent Cabaret (trombone) et Eric Laparra de Salgues (trompette) dans un pot-pourri allant de Piazzolla à Gershwin ou Bizet (le 10 mars) ou Alexandre Amedro (violon), Christelle Abinasr (piano) et un quatuor à cordes «maison» dans un superbe programme de pièces du genre : la Sonate posthume de Ravel, le 4e Quatuor de Chostakovitch et le Concert de Chausson (le 24 mars).

Dans le cadre de son fil rouge consacré à Vivaldi, le Grand Théâtre aixois invite Philippe Bernold et l’ensemble Les Festes Vénitiennes jouant sur instruments anciens dans des Concertos pour flûte (le 23 fév à 20h30. GTP). Entrée à l’adolescence dans les petits papiers de Karajan, Anne-Sophie Mutter est une immense violoniste. On l’entend dans Mozart, Schubert, Saint-Saëns et Lutoslawski en compagnie du pianiste Lambert Orkis (le 13 mars à 20h30. GTP). Moins connue, mais non moins talentueuse, la pianiste polonaise Katia Bronska se produit dans des opus-phares de Schumann et Chopin (le 17 mars à 20h30. Jeu de Paume) AIX. 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

JACQUES FRESCHEL

MARSEILLE. 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Cycle Brahms

À NOTER Lawrence Foster a été nommé au poste de Directeur musical de l’Orchestre philharmonique. Sa prise de fonction se fera le 1er septembre 2012 pour une durée de quatre ans.

Compositrices ! La Garde, que Clara Schumann ou Barbara Strozzi sont loin d’être isolées. VAR. A travers l’Europe Festival du 20 au 24 mars. 06 86 23 46 71 Programme complet sur www.lesbijouxindiscrets.org Pauline Haas © X-D.R.

La seconde édition du festival Présences Féminines (la première s’est intéressée aux Françaises : Louise Farrenc, Mel Bonis, Marie Jaël, Cécile Chaminade, Hélène de Montgeroult, Lili Boulanger…) s’ouvre à l’Europe. La Cie Les Bijoux Indiscrets explore le monde musical féminin, si souvent oublié, voire méprisé par le panthéon masculin, avec quatre concerts, trois conférences qui mettent à l’honneur la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Italie. C’est que non seulement elles existent, ces compositrices oubliées de l’histoire, mais leurs opus témoignent du même «génie créateur» que leur alter ego hominien. On découvre autour de la harpe (Pauline Haas, nommée aux Victoires de la musique 2012), du piano (Sarah Lavaud), du duo Elsa Grether (violon) et Eliane Reyes (piano) et de la voix (Ruby Hugues), entre Six-Fours, Toulon et

TOULON. Concerts à l’église St-Jean Bosco www.desequilibres.fr 0 892 68 36 22 www.fnac.com

Mars en Baroque Le festival annonçant le printemps marseillais est un événement attendu des amateurs de musique baroque. Jean-Marc Aymes exhorte les Passion(s) et débordements caractéristiques de cet art de la représentation qui, dès le XVIIe siècle, convoque souvent l’excès. Des concerts, film et conférences traitent du sujet, aux accents italiens de Corelli, Gesualdo ou Scarlatti, au libertinage de Jean de La Fontaine, au gré d’une «Passion» moderne de Zad Moultaka écrite pour la voix suave de Maria Cris-

L’ensemble toulonnais Des Equilibres acquiert peu à peu ses lettres de noblesse. La qualité des interprètes régionaux qui composent cette formation «à géométrie variable» y est pour beaucoup. Pour le festival de musique de chambre Musique en Cité(s), Des Equilibres consacre quelques soirées à la musique de chambre de Brahms. On débute par ses trois Sonates pour violon (Agnès Pyka) et piano (Bruno Robillard) (le 18 fév à 21h), programme repris en partie au Collège Leï Garrus à St-Maximin où l’ensemble est en résidence (le 21 fév. à 20h). On entend ensuite ses deux Quatuors pour piano et cordes (le 25 fév à 21h. St-Jean Bosco) avant ses somptueux Sextuors (le 4 mars à 18h).

Concerto Soave © X-D.R.

tina Kiehr. L’ensemble La Fenice (Jean Tubéry), l’étonnant contre-ténor Magid El Bushra, le chœur Les Eléments (Joël Suhubiette) et bien sûr l’ensemble Concerto Soave sont parmi les têtes d’affiche. À ne pas manquer dans divers lieux de la ville ! MARSEILLE. Du 14 au 29 mars. Espace Culture 04 96 11 04 61 www.concerto-soave.com


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Hymnis

Le lavoir

Sine Nomine

L’ensemble vocal féminin (dir. Bénédicte Peireira) dans Duruflé, Busser, Bardòs, Kocsar, Guerrero et Verdi.

Spectacle choral par la Cie Théâtre & Toiles, écrit par Dominique Durvin et Hélène Prévost, mis en scène par Brigitte Damiens.

L’un de plus beau quatuor à cordes nous vient de Suisse. Le Quatuor Sine Nomine joue Mozart, Schubert et Ligeti.

MARSEILLE. Le 17 fév à 20h30. Eglise St-Mitre (Entrée libre)

Les animaux Emmanuel Krivine et La Chambre Philharmonique jouent les deux Symphonies de Haydn «La Poule» et «l’Ours». En complément StéphanieMarie Degand se joint à eux pour le Concerto pour violon n°5 de Mozart. TOULON. Le 23 fév à 20h30. Palais Neptune 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com

La Passion de Jeanne d’Arc Les images en noir et blanc du chef-d’œuvre muet de Dreyer (1927) accompagnées par l’O.L.R.A.P. (dir. Sébastien Billard) et une musique signée Tonù Korvits. AVIGNON. Le 24 fév à 20h30. Cinéma le Capitole 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

Soirée Cabaret De Guilbert à Kurt Weill, chansons françaises par Nathalie Joly (soprano) avec Jean-Christophe Deleforge (contrebasse) et Jean-Paul Serra (piano). MARSEILLE. Le 24 fév à 20h30. Cité de la Musique 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Show de divas Brigitte Lafon (soprano) et ses acolytes, pianiste (Yoan Hereau) et régisseur-violoncelliste (Francis K.Larrière), donnent un récital humoristique, lyrico-décalé. AUBAGNE. Le 24 fév à 21h. Théâtre Comoedia 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

Les mousquetaires au couvent Sans doute l’opérette la plus populaire de l’ère postOffenbach signée Louis Varney, créée en 1880 ! Un plateau de chanteurs-acteurs est dirigé par JeanPierre Burtin dans une mise en scène de Jack Gervais. Sous Louis XIII, deux mousquetaires du roi s’introduisent dans un couvent où deux nièces du Cardinal sont recluses… Un vaudeville plein de rebondissements ! MARSEILLE. Le 26 fév. à 14h30. Palais des Congrès 04 91 76 90 40 www.marseille.fr

MARSEILLE. Le 9 mars à 20h. ABD Gaston Deferre. Entrée libre sur inscription. 04 13 31 82 00 www.archives13.fr

MARSEILLE. Le 13 mars à 20h30. Faculté de médecine 04 96 11 04 60 www.musiquedechambremarseille.org

C.N.I.P.A.L Récitals du Centre National d’Insertion des Artistes Lyriques (www.cnipal.fr). TOULON. L’heure exquise, le 13 mars à 19h. Foyer 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr AVIGNON. Apér’opéra, le 17 mars à 17h. Foyer 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr MARSEILLE. L’Heure du Thé, l es 15 et 16 mars à 17h15. Foyer 04 91 18 43 14 http://opera.marseille.fr

Faust On retrouve le duo de La Chartreuse de Parme (voir p.26) dans l’opéra de Gounod et la même production qu’à Toulon (voir Zib’45), «l’air des bijoux», «Salut demeure chaste et pure», les couplets du «Veau d’or», le chœur militaire «Gloire immortelle de nos aïeux»… Nathalie Manfrino incarne Marguerite quand Sébastien Guèze chante le rôle-titre arpenté par les plus grandes voix du chant français, du surpuissant César Vezzani à l’impeccable Nicolai Gedda. La direction musicale est assurée par Dominique Trottein pour une mise en scène de Paul Emile Fourny. AVIGNON. Le 11 mars à 14h30 et le 13 mars à 20h30. Opéra 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

Electroacoustique Rencontre avec Agnès Poisson (le 12 mars à 18h15), compositrice invitée par Les Acousmonautes, suivie d’un concert (à 20h30) autour de ses œuvres acousmatiques. Place, le lendemain, aux étudiants de la classe de composition de Lucie Prod’homme (le 13 mars à 19h). MARSEILLE. Cité de la Musique. Auditorium 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Quatuor Caliente Au son du bandonéon (Gilberto Pereyra) accompagné de Michel Berrier (violon), Nicolas Marty (contrebasse) et Cédric Morel (piano), on «Voyage au cœur de Tango Nuevo». CARRY. Le 13 mars à 20h45. Espace Fernandel 04 42 44 64 01 www.moments-musicaux-de-carry.fr

© Pierre-Antoine Grisoni

Bizet était une femme Dans le cadre de Festi’Femmes, la fantasque diva Katia von Bretzel (Cathy Heiting) et son pianiste accompagnateur Ingmar Bruteson (Jonathan Soucasse), livrent leur version de l’histoire du compositeur de Carmen : un concert «classico-délirant», mis en scène par André Lévêque. MARSEILLE. Le 13 mars à 21h. Théâtre Toursky 820 300 033 www.toursky.org

De l’intime Le MIM croise la route d’Isabelle Courroy «poursuivant sa recherche personnelle sur les flûtes Kavals» pour De bouche à oreille : «un programme autour de l’intime». MARSEILLE. Le 15 mars à 20h30. Cité de la Musique. Auditorium 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Siganos ! Sueno Flamenco & Acento Flamenco, Emilie Da Mota y La Fabia (danse), Anton Fernandez (guitare) et Blas Deleria (chant) avec, comme invité à la guitare, le grand Antonio Negro. MARSEILLE. Le 16 mars à 21h. Le Paradoxe 04.91.63.14.65 http://www.leparadox.fr

AU PROGRAMME

MUSIQUE


Orient mon amour Mélodies et poèmes des rivages méditerranéens avec le groupe Bratsch & C°. Quand les Balkans mêlent leurs harmonies aux mondes arabo-andalous, judéo-espagnols… MARTIGUES. Le 16 mars à 20h30. Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Sacrée

Quatuor Annesci

La 14e édition du Festival de Musique Sacrée débute durant la période du Carême, par une Soirée baroque auprès d’Antonio Caldara avec le GrandChœur, les solistes et l’ensemble instrumental Lucien Bass.

Mozart, Schubert, Mendelssohn et Britten mâtinés de textes de Rimbaud, Berlioz et Lamartine (récitant : Alain Carré). CASSIS. Le 23 mars à 20h. Oustau Calendal 04 42 01 77 73 www.musicalescassis.com

AIX. Le 18 mars à 17h. Chapelle des Oblats 04 42 99 37 11 www.orphee.org

Bruno Rigutto

Quatuor Borodine Ensemble mythique fondé il y a plus de 60 ans, il est sans doute le plus ancien quatuor en activité. Entièrement renouvelé depuis la retraite du dernier fondateur, le violoncelliste Valentin Berlinski (en 2007 !), le Quatuor Borodine est composé d’Andrei Abramenkov & Ruben Aharonian (violon), Igor Naidin (alto) et Vladimir Balshin (violoncelle). La grande tradition russe dans Tchaïkovski, Chostakovitch et Beethoven. MARSEILLE. Le 19 mars à 20h30. Théâtre du Gymnase 0 820 000 422 www.marseilleconcerts.com © Marion Lefebvre

Baroques-Graffiti 3 Le 3e et dernier concert du cycle Vous avez dit concerto ? est consacré à l’Autriche et Mozart. Par Sharman Plesner et Miriam Camberlin (violons), Jean-Christophe Deleforge (violone) et Jean-Paul Serra (pianoforte). ARLES. Le 15 mars à 20h. Temple réformé 09 51 16 69 59 www.baroquesgraffiti.com MARSEILLE. Le 16 mars à 20h30. La Magalone 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com Ah ! vous dirai-je maman pour les petits le 14 mars à 15h30 et Conférence musicale à 17h. Bibliothèque de l’Alcazar

Création-sortie de CD Concert autour du Stabat mater de Ludovic Selmi. TOULON. Le 18 mars à 16h. Eglise Saint-François de Paule (billetterie sur place)

Violoncelle & piano Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel rendent un Hommage à la Russie avec Chostakovitch, Borodine, et Rachmaninov. SALON. Le 18 mars à 15h. Abbaye de Ste-Croix 04 90 56 24 55 www.musiquealabbaye.com

Ciné-concert La compagnie La Cordonnerie réalise un film muet L’éternelle fiancée du docteur Frankenstein, librement adapté de Mary Shelley. Elle joue et bruite, un accompagnement en direct. Dans le cadre de Les excentrés du théâtre de Gap, dans les communes avoisinantes. (voir tournée p 53) GAP. Du 18 au 30 mars. 04 92 52 50 20 www.theatre-la-passerelle.eu

Sporcl & Jirikovsky Le violoniste Pavel Sporcl et le pianiste Petr Jirikovsky dans des opus de Dvorak, Novak, Gershwin, Korngold et Martinu. AVIGNON. Le 20 mars à 20h30. Opéra-Théâtre 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

Jekyll Raoul Lay et l’ensemble Télémaque en tournée avec L’Etrange Cas du Docteur Jekyll et de M. Hyde (voir p.27) Catherine Marnas met en scène le comédien Franck Manzoni, la soprano Brigitte Peyré, le baryton/danseur Yannis François. Un spectacle tout public (à partir de 10 ans), purement «terrifiant», mais également «philosophique» grâce aux «intermèdes métaphysiques à la portée de tous» conçus par François Flahault. REVEST-LES-EAUX. Le 23 mars à 19h30. Maison des Comoni 04 94 98 12 00 www.polejeunepublic.fr www.ensemble-telemaque.com

© X-D.R.

AU PROGRAMME

46 MUSIQUE

Avec l’Orchestre Cannes PACA (dir. Antonello Allemandi) le pianiste joue le Concerto de Schumann en première partie de la Symphonie «Réformation» de Mendelssohn. TOULON. Le 23 mars à 20h30. Palais Neptune 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com

Massilia Sound Gospel On retrouve la trentaine de choristes, pour la première fois sur une «vraie» grande scène, dans des traditionnels rebondissants, où les solistes qui vocalisent et chaloupent, accompagnés par Jonathan Soucasse au piano, Ulrich Edorh à la batterie, Stéphane Galeski à la guitare… le tout mâtiné de ballades modernes. MARSEILLE. Le 24 mars à 20h30. Théâtre du Gymnase 0 892 68 36 22 www.fnac.com



Théâtre et Chansons : Chanson brute d’Olivier Foucher (24/2), Pascal Mary (16/3) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com

Seconde Nature : Carte Blanche absolutive avec Luke Abbott + Micromattic + VJ Zero (17/2) 04 42 64 61 01 www.secondenature.org

ARLES Cargo de nuit : Skip The Use + After DJ (17/2), Carl Craig (9/3), Piers Faccini + Isaya (17/3) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com

AUBAGNE Escale : Les femmes s’en rockent avec Hyphen Hyphen + Jesus is my girlfriend + The Magnets (24/2), Belly Button + Aline (2/3) 04 42 18 17 18 www.mjcaubagne.fr

Comoedia : Under African Skies (17/2), Show de divas (24/2) 04 42 18 19 88 www.aubagne.com

AVIGNON Passagers du Zinc : Zoufris Maracas + R. Wan (17/2), Atypik Festival #4 avec Statue + Kussay & the Smokes (18/2), Mina Tindle + Mina May (25/2), Boulevard des Airs à la salle multiculturelle de Bagnols sur Cèze (2/3), Soirée route 66 de Redrum Records avec Pugilat + Pay me Robber + Mumblin’ Caveman + scène ouverte (9/3), Orelsan (16/3), Cœur de Pirate (17/3) 04 90 89 30 77 www.passagersduzinc.com

Théâtre du Balcon : Festival Andalou avec Mariana Pineda (16/3) 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org

BEAUMONT DE PERTUIS Salle Codonel : V.I.eilles P.Ies (18/2) www.arcensolasso.fr

CAVAILLON Scène Nationale : HK et les Saltimbanks au Grenier (17/2) 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Akwaba : Tremplin Class’Eurock (18/2), Jesus is my girlfriend + Anything Maria + Fiodor Dream Dog (23/2), Week-end musical Premi’aire avec PMPDJ feat. Grems, Mim, Entek + Son of a Kick + Pabli-

to Zago + Little big man (25/2), Arnaud Rebotini + Stereoheroes + Anlyz (10/3), Adama Cissoko et les Blakoros (15/3), Lux Interior + Pasteur Guy dj set (17/3) 04 90 22 55 54 www.akwaba.coop

CORRENS Chantier : Beatiho, poésie mystique (24/2), Équinòxis, rencontres autour de la voix (17 et 18/3) 04 94 59 56 49 www.le-chantier.com

DIGNE Centre culturel René Char : Bertrand Belin (24/2), Keith B. Brown (23/3) 04 92 30 87 10 www.sortiradigne.fr

DRAGUIGNAN Théâtres en Dracénie : Médéric Collignon & Jus de Bocse (16/3) 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

HYÈRES Théâtre Denis : Piers Faccini (16/3) 04 94 35 38 64

Halle polyvalente : Fête de la Saint Patrick avec Celtic Mirrors (16/3) et Red Hot Chili Pipers + North Cregg (17/3) 04 42 81 76 00

ISTRES L’Usine : Tremplin découverte Pop Rock avec Bird in Shell + Grand Balcony Twang machine + Beaches in space (24/2), Hurlevent + Antoine Lentini + Miss univers + Zzitoun (25/2), Danakil (2/3), Pigeon John (9/3), Eths (10/3), Cœur de Pirate (16/3) 04 42 56 02 21 www.scenesetcines.fr

LA CIOTAT Théâtre du Golfe : Duo CarringtonBrown (23/2) 04 42 08 92 87

LA VALETTE-DU-VAR Marélios : Le soleil brille pour tout le monde ? de Jacques Prévert par Frédéric Nevchehirlian (18/2) 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr

Fred Nevchehirlian © Patrick Gerdhoussi

LE THOR Auditorium de Vaucluse : Charles Pasi (18/2), Eclipsss Et si on chantait (25/2), Festival sur la route de Django en Vaucluse avec Les Doigts de l’homme (14/3) 04 90 33 97 32 www.auditoriumdevaucluse.com

Sonograf’ : Gaby Moreno (15/2) 04 90 02 13 30 www.lesonograf.fr

MARSEILLE AtelieRnaTional : Performance Charles Fichaux (23/2) 09 52 63 54 58 www.ateliernational.com

Cabaret Aléatoire : Raashan Ahmad + Underkontrol + Mr President + Grenouille All Stars (17/2), R. Wan + Bat pointG (2/3), Carl Craig + Dj’s Trax (3/3), Orelsan (15/3), Original Sin + Funtcase + Eptic + BRK, Badjokes, AB20, Mc Gossip + Street art by Brah Collectiv (16/3), General Elektriks (17/3), Le Peuple de l’Herbe + La Canaille (20/3) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com

Cité de la Musique : Foliephonies #26 (12/3), De bouche à oreille avec Isabelle Courroy (15/3), Autour de la vie de Django Reinhardt (23/3) 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Dock des Suds : Marseille Dub Station #8 avec Channel One + Disciples (18/2) 04 91 99 00 00 04 42 21 05 47 www.dock-des-suds.org

Espace Julien : Thin Lizzy + Electric Ducks (15/2), Les Bodin’s (16/2), Les Massiliades Skip the Use (18/2), Emergenza (22 et 23/2), Boombass Party #8 (24/2), Baam (25/2) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com

Grim : W.W. Lowman + Eastern Committee (16/3) 04 91 04 69 59 www.grim-marseille.com

Nomad Café : Le Prince Miiaou + Aimbass (17/2), Breakestra (9/3) 04 91 62 49 77

La Machine à Coudre : Spygmare (25/02), Paingels (16/3) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com

Le Bicok : Gaïo (16/2), Alexandre Mano Groupe (17/2), le Bal Moderne + Twinscolor (18/2), Bab + Elko (23/2), Salaze + Sista Créoles + Guest star Jagdish (24/2),

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AIX Pasino : Julian Perretta (28/2), Enrico Macias (15/3) 04 42 59 69 00 www.casinoaix.com

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MUSIQUE

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AU PROGRAMME

48

Soirée Brésil avec Wallace Negao (25/2) 04 91 94 50 48 www.lebicok.com

Le Dôme : Patrick Fiori (17/2), Sting (25/2), Âge tendre et têtes de bois (9/3), Veronic Dicaire (15/3), Bénébar (28/3) 04 91 12 21 21

Le Poste à Galène : Vandaveer + St Augustine (16/2), Story Seller + Choi Soo Min (17/2), Nadeah (18/2), The Sub-ways (20/2), Bass Fadas party (24/2), Satsuki + Kaya (26/2), Mustard Pimp +Modek (29/2), Biga Ranx + Atili Bandalero (2/3), François & The Atlas mountains (8/3), Piers Faccini (10/3), Messes synthétiques – Psaume XVI (16/3), Mustang (17/3), Aurélie Cabrel (20/3) 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com

Le Silo : Voca People (24/2), Shake (25/2), Shy’m (16 et 17/3) 04 91 90 00 00 www.silo-marseille.fr

Toursky : Jacques Mandréa dans Les Gens de Chioggia (24/2) 0 820 300 033 www.toursky.org

MAUBEC La Gare : Ottilie B + François Breut (17/2), Billie + Ok Bonnie (24/2), Battle Graphik 5 (1/3), Jull + Anna Aaron (9/3), Inishowen (16/3) 04 90 76 84 38 www.aveclagare.org

NIMES Théâtre de Nimes : Bêtes en stock avec Pascal Parisot (14/3) 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

SALON-DE-PROVENCE Portail Coucou : Bal du tout-Monde (17/2), Class’Eurock 2012 (25/2), Lady like a dragon + Kursed (10/3), Drunksouls +Solsista (17/3) 04 90 56 27 99 www.portail-coucou.com

TOULON Oméga Live : Mina May + Clara Clara + Le Prince Miiaou (18/2), Noob + Christine + In Hoa (25/2), Tremplin Régional Class’Eurock (28/2), 04 98 070 070 www.tandem83.com

VENELLES MJC : Nicolas Jules (17/3) 04 42 54 71 70


06 48 607 792 www.jazzaporquerolles.org

AIX Grand Théâtre de Provence Michel Portal (21/2) 04 42 916 969 www.grandtheatre.fr

Jeu de Paume Leçon de Jazz par Antoine Hervé «Thelonius Monk» (19/3) 04 42 991 200 www.lestheatres.net

ANTIBES Fondation Hans Hartung & AnaEva Bergman Boyan Z & Zlato B (16/3) 04 93 334 592 www.fondationhartungbergman.fr

AUBAGNE MJC l’Escale Trio Tuomas (16/2) 04 42 181 717 www.mjcaubagne.fr

Espace Culturel de l’Huveaune Jeanne Garraud (15/2) 08 99 023 688

Château des Creyssauds Jean Dionisi Jazz Band (18/2) 04 91 248 445 www.creissauds.com

AVIGNON AJMI Anne Pacéo 5tet (23/2) Lou Grassi (2/3) Claude Tchamitchian 4tet (9/3) François Corneloup Trio (16/3) 04 90 860 861 www.jazzalajmi.com

BERRE L’ETANG Forum des Jeunes et de la Culture Dawn Tyler Watson & Paul Deslauriers (16/3) 0442 102 360 www.forumdeberre.com

BRIANÇON Théâtre du Briançonnais Ballaké Sissoko & Vincent Segal (24/2) 04 92 255 242 www.theatre-du-brianconnais.eu

MARSEILLE

Vivaldi, musique russe et tzigane… En tournée en région PACA. Le 10 mars Salle Yves Montant, Saint-Cannat 04 42 50 27 99 www.atelierdupossible.fr

DRAGUIGNAN Théâtres en Dracénie Mederic Collignon & Jus de Bocse (16/3) 04 94 505 959 www.theatresendracenie.com

HYÈRES Théâtre Denis Joachim Kuhn (17/2) Stephan Oliva (17/3) 04 94 007 880 www.jazzaporqueroles.org

MARSEILLE La Caravelle Pacific jazz (17/2) Pierre Oliviero Solar trio (24/2) Olaf Olsen trio (29/2) Concerts les mercredis et vendredis 0491 903 664 www.lacaravelle-marseille.fr

Cité de la Musique - Auditorium Anne Pacéo 5tet (20/2) Elsie Fleriag 4tet (16/3) 04 91 392 828 www.citemusique-marseille.com

Cri du Port François Corneloup /Hélène Labarrière/Simon Goubert Trio (15/3) Quartier Nord (16, 17/3 à 20h30 et 18/3 à 17h00) 15e Festival Avec le Temps Pierre de Tregomain 4tet (22/3) 04 91 505 141 www.criduport.fr

El Ache de Cuba Jazz Time Session (16/2) Body & Soul (18/2) Foire aux disques vinyles (18/2) 0491 429 979 www.elachedecuba.com

Espace Julien / Café Julien Tremplin Emergenza (22 et 23/2) Ba Cissoko (1/03) Emergenza (3 et 4/3) Mars au balcon (10/3) Festival Avec le temps (16 au 25/3) Paul Personne (16/3) 0491 243 410 www.espace-julien.com

Inga des Riaux Sandra Godoy trio (17/2) Godfathers (23/2) Set de Karo (24/2) Eric Turpin (2/3) Nadine Cohen trio (9/3) Thierry Maucci trio (16/3) 06 07 575 558 www.inga-des-riaux.fr

La Meson Carte blanche à Hakim Hamadouche avec Ahmad Compaoré + Edmond Hodsikian + invités surprises (17 et

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Avis aux musiciens ! 5eTremplin Jeunes Talents du Midi Méditerranéen Concours Jazz à venir 2012 Date limite pour l’inscription le 31 mars Finale les 4 et 5 mai 2012 au Théâtre Denis à Hyères

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L’accordéoniste Jean-Marc Marroni et la chanteuse comédienne Cécile Becquerelle dans un spectacle virtuose, musical et vibrant. Un duo complice issu de l’Atelier du Possible qui fait jeu de toutes les musiques et voyage à travers le monde et la chanson populaire. Au programme : Solotarjow, Galliano, Piazzola, Nougaro,

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Accordéon, l’Accroche au cœur

18/2), atelier d’interprétation de chansons françaises (25 et 26/2), Tablao flamenco Vanessa Paez (17/3) 0491 501 161 www.lameson.com

Le Paradox St Valentin avec Briclot-Vidal NaquetDuparc trio (14/2) El Tumbao Mapanare Salsa (16/2) Diabloson salsa (17/2) Selecter the punisher (18/2) JAM SESSION 1re (22/2) Mannish Boys Blues (26/2) 04 91 631 465 www.leparadox.fr

Planet Mundo K’fé Les Jeudis : Concert Jazz & Jam Session Les Vendredis : Scène Latine Les Samedis : Scène World Music 04 91 92 45 72 www.mundokfe.fr

Rouge Perrine Mansuy (17/2) 04 91 070 087 www.rougebelledemai.com

Roll’ Studio Jean Michel Souris 4tet (18/2) Namaste (25/2) Lá Y Ká 4te (3/3) Kristin Marion 4tet (10/3) Karin Magnetto &Pierre Contat duo lyrique (17/3) 04 91 644 315 www.rollstudio.fr

SALON IMFP – Salon de Musique Anne Pacéo quintet (21/2) 04 90 531 252 www.imfp.fr

LA SEYNE-SUR-MER Fort Napoléon - ArtBop Mario Stantchev trio (17/2) 0494 094 718 www.ot-la-seyne-sur-mer.fr

VITROLLES Moulin à Jazz Anne Paceo 5tet (18/2) Nu Band 4tet (3/3) Duo Handprint (12/3) François Corneloup (17/3) 04 42 796 360 www.charliefree.com

Cycle Les Horizons du Savoir sur la thématique Des Chiffres et des Hommes, proposé par l’ASTS-PACA en collaboration avec l’Institut de Mathématiques de Luminy, l’Institut de Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques et le Centre International de Poésie de Marseille : Le 21 fév à 18h30 à la Maison de la Région Jean-Pierre Kahane, mathématicien, membre de l’académie des sciences, professeur émérite à l‘université Paris Sud Orsay, présente Vérité mathématique : vérité scientifique ? Ou pourquoi il est vrai que la terre tourne. Une façon de s’interroger sur la notion de vérité. Le 2 mars à 18h30 au CipM à la Vieille Charité Marcel Bénabou, universitaire et écrivain, présente Des mathématiques pour écrire de la poésie ? Et en lire. De la métrique classique… à toutes les possibilités de contraintes formelles. 04 91 57 57 50 www.asts.asso.fr

Cycle Échange et Diffusion des Savoirs sur la thématique Miracles et Mirages de la Représentation -Vérité, Fiction, Connaissance les jeudis à 18h45 à l’Hôtel du Département : Le 15 mars Jean Iliopoulos, physicien, présente Le concept de l’espace en physique microscopique : notion mathématique ou réalité physique ? Dans quelle mesure les expériences peuvent-elles nous guider dans notre compréhension des propriétés de l’espace ? 04 96 11 24 50 www.cg13.fr

QUINSON

Au Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon jusqu’au 1er nov Nouvelle exposition temporaire en partenariat avec la Wallonie et son musée de la Préhistoire (Préhistoire de Ramioul) : Néandertal l’européen. La première communauté européenne est néandertalienne. Que savons-nous de ces hommes dont l’évolution commence il y a environ 500 000 ans ? (voir p 74) 04 92 74 09 59 www.museeprehistoire.com

SERIGNAN-DU-COMTAT

Anne Paceo © X-D.R.

Médiathèque Georges Sand Conférence de Jean Paul Levet «Blues, jazz, les mots pour le dire» (17/2) 06 85 754 323

Atelier Géologie au Naturoptère du 22 fév au 6 mars. Comprendre les phénomènes géologiques à l’aide d’expériences simples et amusantes. Une animation qui permet de décoder les paysages de notre planète et la façon dont ils se sont progressivement formés. Les 22 fév, 1er et 6 mars à 14h30. 04 90 30 33 20 www.naturoptere.fr

AU PROGRAMME

MUSIQUE/SCIENCES ET TECHNIQUES 49


Libraires du sud /Libraires à Marseille 04 96 12 43 42 Rencontres : avec Frédéric Valabrègue et 13 artistes pour leur livre La Planque, treize ateliers d’artistes à Marseille (Parenthèse, 2011) le 15 fév à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille) avec Alain Boulaire pour son livre La Marine française, de la Royale de Richelieu aux missions d’aujourd’hui (Palentines) le 16 fév dès 17h30 à la librairie Charlemagne (Toulon) avec Ramon Basagana pour son livre Le roman de l’an mil (Les Nouveaux auteurs, 2012) le 17 fév à 18h à la librairie L’Alinéa (Martigues) avec Roger Widenlocher autour de sa série de BD Nabuchodinosaure-NAB le 17 fév à 19h à la librairie Aux Vents des mots (Gardanne) avec Solange Heisdorf-Strimon pour son ouvrage Avant de devenir… Léa (J. S L’Anneau Desanges, 2011) le 18 fév dès 16h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Rocco Seina autour de l’ouvrage 150 ans d’immigration italienne (Editalie) le 18 fév à 15h à la librairie Les Genêts d’or (Avignon) avec Eric Deschamps pour son livre Les épiciers de l’aventure (Ragage, 2011) le 23 fév à 19h à la librairie La Carline (Forcalquier) Itinérances littéraires : rencontre avec Maylis de Kerangal autour de ses derniers livres, Tangente vers l’est (Verticales, 2012) et Pierre feuille ciseaux (Le Bec en l’air, 2012), le 15 fév à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille) et le 16 fév à 18h30 à la librairie L’Alinéa (Martigues) avec Kéthévane Davrichewy autour de son dernier ouvrage Les Séparés (Sabine Wespieser éditeur, 2012) le 21 mars à 17h à la librairie Maupetit (Marseille), le 22 mars à 19h à la librairie La Mémoire du monde (Avignon) et le 23 mars à 19h à la librairie Masséna (Nice) Escales en librairies : rencontre avec Marilyne Desbiolles pour son ouvrage Dans la route (Seuil, 2012) le 22 mars à 18h à la librairie Apostille (Marseille) et le 23 mars à 19h à la librairie Harmonia Mundi (Aix)

AIX Cité du livre – 04 42 91 98 88 Dans le cadre de la manifestation Princes comme ci, princesses comme ça ! : Exposition Secrets de princesses, gouaches sur papier aquarelle de Rebecca Dautremer et textes de Philippe Lechermeier, jusqu’au 10 mars à la bibliothèque Méjanes. Exposition Pierre Guerre, 1910-1978 : je demande aux hommes d’être des promeneurs jusqu’au 7 mars, à la fondation Saint-John Perse Exposition De l’autre côté. Le mur de Berlin vu de l’est dans les années 60, photos d’Arwed Messmer, textes d’Annett Gröschner, jusqu’au 3 mars à la Galerie Zola. Fondation Vasarely – 04 42 20 01 09 Ateliers vacances jeune public : Logique et couleurs, 6/12 ans, le 6 mars à 14h30 ; Réseaux linéaires, 8/12 ans, le 8 mars à 14h30 ; Maison Vasarely, 3/6 ans, le 9 mars à 10h. Centre Franco-Allemand – 04 42 21 29 12 Atelier pour enfants de 5 à 10 ans Helau und Alaaf ! C’est carnaval, le 15 fév dès 15h ; regards croisés

Franco-Allemands sur la culture pour les enfants avec Patricia Arnaudie, adjoint à la Culture et à l’Education de la Ville d’Aix, Wolfgang Schneider, professeur à l’Institut de politique culturelle à l’Université de Hildesheim et Aron Weigl, doctorant, le 17 fév dès 16h à la mairie ; conférence par Nicole Bary, directrice de l’assoc Les Amis du Roi des Aulnes sur Le mur et les écrivains allemands, le 21 fév à 18h30 à La Cité du livre ; atelier pour enfants de 5 à 10 ans autour de Pâques, le 21 mars dès 15h. 3bisf – 04 42 16 17 75 Mouvement authentique & écriture spontanée dans l’espace scénique : atelier animé par Mathilde Monfreux, les 7, 14 et 21 fév de 10h à 11h30. Atelier Le Monde prénatal – 2 : expérimentation de sons, exploration des registres de la voix, les 13, 14 et 15 mars de 10h à 12h. Atelier Objet-action animé par Caroline Le Mehauté, tous les jeudis de 13h30 à 16h30. Atelier Urbanité Idiotopique (construction d’une ville imaginaire où se croiseront tous les fantasmes de chacun) animé par Benjamin Marianne, tous les mardis de 14h à 16h30.

ARLES Abbaye de Montmajour – 04 91 92 15 30 Exposition organisée par Images en Manœuvres éditions : Pastreja. Paysages et pastoralisme en pays d’Arles. Jusqu’au 18 mars. Muséon Arlaten – 04 13 31 51 90 Dans le cadre de Femmes en mouvement, retour d’enquête sur Le costume d’Arles, un idéal de féminité ?: découverte et partage des matériaux rassemblés grâce au travail des chercheuses et à la collaboration des nombreuses personnes ayant participé. Le 17 mars à 14h30 à l’Archevêché. Atelier Archipel – 06 21 29 11 92 Exposition des dessins d’Emeline Girault, jusqu’au 26 fév.

BRIGNOLES Le Bazar du Lézard – 04 94 86 01 63 Exposition des dessins de Christophe Pelardy et des sculptures de Strappaz Zon, Petits monstres entre ami(e)s, jusqu’au 3 mars.

CARPENTRAS Librairie de l’Horloge – 04 90 63 18 32 Rencontre avec Brigitte Calame pour son livre Comment aider mon ado à trouver sa voie (Ed. de L’Etudiant) le 17 fév à 19h.

CAVAILLON Scène nationale – 04 90 78 64 64 Dans le cadre des Exclamations n°2, Places de la démocratie : le 17 mars, projection du film d’Alexandrine Brisson, C’était pas la guerre (à 16h), suivie d’une table ronde (à 17h) avec Alexandrine Brisson, cinéaste, Nacera Belaza, chorégraphe, Christian Bromberger, anthropologue et Nassim Amrouche et Romain Mathieu, chercheurs et coauteurs de Censures, les violences du sens (Université de Provence, 2011).

CHARLEVAL Bibliothèque – 04 42 28 45 30

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RENCONTRES

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AU PROGRAMME

50

Lecture d’extraits d’œuvres de Pablo Neruda par Marie-Christine Frézal accompagnée de Jean-Claude Soletti. Le 16 mars à 20h30.

CHÂTEAUNEUF-LES-MARTIGUES Pôle culturel Jean-Claude Izzo – 04 42 09 22 83 3e édition du Polar dans tous ses états : rencontreconférence autour de l’œuvre de Jean Contrucci, écrivain de polars, notamment pour son roman La somnambule de la villa aux loups (éd. Lattès) et sa série Les nouveaux mystères de Marseille. Le 18 fév à 15h.

GARDANNE Médiathèque Nelson Mandela – 04 42 51 15 57 Projection du film-hommage de Rina Sherman, en sa présence : Jean Tabet, une lueur d’espoir. Le 23 fév à 19h.

LA VALETTE-DU-VAR Médiathèque Albert Camus – 04 94 23 74 09 Dans le cadre de la manifestation Jacques Prévert, jongleur de mots, colleur d’images, exposition L’Abécédaire de Jacques Prévert, vernissage le 18 fév. Du 18 fév au 17 mars.

LA SEYNE Les chantiers de la lune – 04 94 06 49 26 Exposition des œuvres de Nicole Benkemoun, Patrick Sirot et Serge Plagnol, jusqu’au 30 mars.

MANOSQUE Médiathèque intercommunale d’Herbès – 04 92 74 10 54 Conférence par Jacques Mény, Président des Amis de Jean Giono sur Méliès et Giono : la tête dans les étoiles, le 22 fév.

MARSEILLE BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 Exposition AlcaZarmatelier (collectif d’auteurs de BD), jusqu’au 17 mars. Villes du Sud, cycle de conférence organisé par l’IRD et l’Alcazar : conférence introductive d’Emile le Bris, géographe, directeur de recherche IRD honoraire au Pôle de recherche pour l’organisation et la diffusion de l’information géographique (Prodig), sur Les Métropoles en mouvement. Le 25 fév à 17h. Dans le cadre des Mardis du MuCEM, conférence de l’écrivain et éditorialiste Takis Théodoropoulos : Grèce, le complexe du Parthénon, le 13 mars à 18h30. ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00 4e édition des Rencontres départementales de l’édition indépendante organisées par l’ARL : stands d’éditeurs, conférences et tables rondes. Le 20 fév : Définition et enjeux de l’édition indépendante par Michel Valensi, Éditions de l’Éclat Comment définir la liberté d’édition ?, dialogue entre Thierry Discepolo (Éditions Agone) et Michel Valensi Quelles sont les limites juridiques à la liberté de publier dans l’édition ? Vincent Schneegans, avocat à Marseille Peut-on ou doit-on tout publier ? table ronde animée par Fabienne Pavia, Éditions Le Bec en l’air, avec Charles Kermarec, Éditions-dialogues.fr,


Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Présentation du livre d’Eric Valmir, correspondant permanent de Radio France en Italie, Italie belle et impossible (éd. Editalie), en sa présence ainsi que de celle de l’éditeur Rocco Femia. Le 23 fév à 18h. Exposition Italiens 150 ans d’émigration en France et ailleurs, du 15 mars au 30 avril. Rencontre signature autour de l’ouvrage Italiens 150 ans d’émigration, en présence de Rocco Femia, journaliste et fondateur de la revue Radici. Le 18 fév à 15h à la librairie Les Genêts d’or, Avignon. Exposition photo de Vittorugo Contino dédiée à Michelangelo Antonioni, du 21 fév au 10 avril. Librairie de l’Arbre – 09 50 14 68 18 Exposition Résister ici/Exister de Tomagnetik, du 17 fév au 12 mars. Bal poussière – Exploration photographique de la lenteur d’Anne Sophie Boivin, exposition du 15 mars au 5 avril. Théâtre La Minoterie – 04 91 90 07 94 Exposition Carnet éthiopien, photos de JeanJacques Moles, jusqu’au 24 fév. Couleurs Cactus – 06 98 72 29 07 Aile comme lettre : exposition de Bernard Vanmalle au croisement de la calligraphie, de la littérature et des arts visuels, jusqu’au 18 fév.

AtelieRnaTional – 09 52 63 54 58 Exposition de Jean-François Roux, Dernière démarque, vernissage le 16 fév, exposition du 16 fév au 3 mars. Atelier Juxtapoz – 06 63 82 00 76 Exposition Écorchés de AMO, alias Virginie Biondi, jusqu’au 19 fév. Auditorium de la Caisse d’Epargne – 04 91 57 26 49 Conférences d’initiation L’art en France, par JeanNoël Bret : l’art français V : Du romantisme à l’impressionnisme, le 23 fév à 18h ; l’art français VI : Impressionnisme, néo-impressionnisme, postimpressionnisme, le 22 mars à 18h. Espace Leclere – 04 91 50 00 00 Conférence de Monique Pomey, restauratrice du patrimoine, sur Le retable du Buisson Ardent, restauration et découvertes, le 19 mars à 18h.

SAINT MAXIMIN Zone d’Intérêt poétique – 04 94 72 54 81 Max de poésie, sur le thème Livres-Objet, La page : exposition, lectures et ateliers d’écriture. Du 24 fév au 16 mars.

PORT-DE-BOUC Médiathèque Boris Vian – 04 42 06 65 54 Rencontre-débat autour du livre d’Hélène Pinet Camille Claudel : le génie est comme un miroir (Gallimard) le 16 fév à 14h.

SAINT-CHAMAS Office de tourisme – 04 90 50 90 54 Dans le cadre du 6e Forum de l’eau, EDF ouvre les portes de la Centrale Hydroélectrique pour une visite-spectacle mise en scène par Oliver Schober, régisseur général pour l’Opéra Royal du Château de Versailles) et animée par la cie Ilotopie. Du 11 au 14 mars.

SALON Musée Grévin de la Provence – 04 90 56 36 30 Exposition de photos de Bernard Plossu, L’Univers des croyances, jusqu’au 1er mars. Mairie – 04 90 44 89 00 Cycle de conférences intitulé Allez savoirs : conférence de Jean-François Kahn sur Faut-il sortir du système actuel ? Une autre société est-elle possible ? Le 17 fév à 19h à l’auditorium.

TOULON Espace Castillon – 04 94 93 47 33 Exposition collective Exploration urbaine, jusqu’au 3 mars.

TRETS Maison de la Culture et du Tourisme – 04 42 61 23 75 18e Journée des écrivains de Provence : rencontres et dédicaces. Le 11 mars.

VERS-PONT-DU-GARD Pont du Gard – 0 820 903 330

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Échange et diffusion des savoirs – 04 96 11 24 50 Conférences à 18h45 à l’Hôtel du département : La Fabrique platonicienne du «mythe» par Sophie Klimis, philosophe, le 23 fév Le concept de l’espace en physique microscopique par le physicien Jean Iliopoulos, le 15 mars.

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À l’occasion du Forum mondial de l’eau, exposition Les territoires de l’eau, irrigation et partage de l’eau en Méditerranée, par l’IRD en partenariat avec l’INA. Du 17 fév au 13 juillet.

Où – 06 98 89 03 26 Exposition d’Emma Perrochon, Emma, en partenariat avec l’artiste Frédéric Sanchez. Du 15 au 25 fév.

Exposition des œuvres de Daniel Deleuze, Patrick Saytour et Claude Viallat, jusqu’au 13 mars.

VITROLLES Espace Prairial – 04 42 77 63 06 Exposition des œuvres d’Emilie Perotto, Comme le chat n’est pas là, proposée par le Frac Paca, jusqu’au 20 avril.

CONCOURS 7e édition de la manifestation Lire Ensemble, initiée par Agglopole Provence, qui se tiendra du 6 au 8 avril, et 3e édition des concours littéraires : - concours de nouvelles adultes, ouvert à toute personne de plus de 18 ans n’ayant jamais publié, sur le thème «a.i.M.e comme Méditerranée. M, un pont entre 2 rives» - concours de nouvelles jeunes ouvert à tous les collégiens et lycéens habitant ou scolarisés sur la Communauté d’Agglomération sur le même thème - concours création de marque-page pour les enfants de la maternelle au CP et de création de poésie libre illustrée pour les enfants du CP au CM2 sur le thème «autour du M». La date limite des envois est fixée au 1er mars. 04 90 44 77 41 www.agglopole-provence.fr

Dans le cadre du 4e Festival du livre de la Canebière qui se déroulera du 8 au 10 juin, Couleurs Cactus lance le Concours de la bonne nouvelle : ouvert à tous les écrivants, il devra s’inspirer de la citation tirée de Tombe, tombe au fond de l’eau de Mia Couto (Chandeigne), «Cet après-midi là je divaguais sur la terrasse en regardant l’océan. Non pas que je contemplais tout ce bleu. La mer emportait plutôt mes rêves se promener». La nouvelle sera publiée dans Zibeline http://couleurscactus.blog4ever.com/

Proposée par les associations Eclats de lire et Croq’livres, en partenariat avec la DAC, le CG04, la médiathèque départementale et les Communautés de communes Pays de Forcalquier : Résidence de création pour un illustrateur de littérature jeunesse ouverte à tous les illustrateurs ayant déjà publié à compte d’éditeur, sur une durée de trois mois, du 20 sept au 20 déc. Dossier à envoyer au plus tard le 30 mars. Eclat de lire 04 92 71 01 79 eclatdelire@wanadoo.fr Appel à projet pour une résidence d’auteur proposé par Les Nouvelles Hybrides, à La Tour d’Aigues : résidence ouverte à tous les genres littéraires aux auteurs ayant déjà publié un ouvrage à compte d’éditeur, sur une durée de 3 mois courant du 2e semestre 2012. Date limite de dépôt des candidatures le 20 fév. 04 90 08 05 52 www.lesnouvelleshybrides.com Appel à candidature pour le Tremplin Scène Découverte qui s’adresse à tous les groupes de musique de la région Paca. La date de clôture est fixée au 25 mars. 06 66 38 21 23 www.orizonsud.fr ou candidature.tremplin@gmail.com

AU PROGRAMME

Dominique Bellec, Éditions Le Passager clandestin Quelle légitimité pour un fond polémique en bibliothèque et en librairie ? table ronde animée par Jean-Luc Albert, Médiathèque de Port-de-Bouc, avec Catherine Perrin, Médiathèque de Martigues, Jean-Roch Siebauer, librairie Le Lièvre de mars à Marseille, Sylvie Tomolillo, Médiathèque de Lyon, responsable du fonds Le point G Le 21 fév : Comment outrepasser les obstacles à la liberté de publier : les prémices du printemps arabe dans la littérature ?, par Richard Jacquemond, professeur de littérature arabe moderne à l’Université de Provence Le numérique, nouvel espace de liberté pour l’édition ? table ronde animée par Catherine Andreucci, journaliste à Livres Hebdo, avec Xavier Cazin, Immatériel.fr, Florent Latrive, Du bon usage de la piraterie, creative commons Efix, 8comix.fr Édition indépendante et financements publics : paradoxe ou nécessité ? table ronde animée par Vincent Monadé, directeur du MOTif (sous réserve), Dominique Cartelier, maître de conférence à l’IUT2, Université de Grenoble, responsable option métier du livre et du patrimoine, Patrick Bardou, Éditions Parenthèses, Gilles Bégusseau, Conseil régional Paca.

RENCONTRES 51


… en révolte

L’eau

Le 18 fév à 14h30, à l’Alhambra Cinémarseille, Qu’ils reposent en révolte, documentaire présenté au FID 2011, montre, sur trois ans, les conditions de vie des personnes migrantes à Calais, en présence de Sylvain Georges.

Du 26 fév au 30 mars, au Château de la Buzine, après la terre, le feu et l’air, se déroulera le cycle de l’eau, en écho au Forum Mondial de l’eau (voir p. 76) ; à 14h le dimanche : le 4 mars, Le grand bleu de Besson ; le 11, La Fille du puisatier de Pagnol. À 20h en semaine : le 2 mars, Respiro de Crialese ; le 9, La Naissance des pieuvres de Céline Sciamma ; le 15 L’Eau de Chez Nous, L’Eau de chez de Félix Vigné ; le 16, Plein soleil de René Clément.

L’Illuminé L'Illuminé, de Marc Hollogne

Le 21 fév à 21h, 44ème Cinéma-Théâtre de Marc Hollogne au Théâtre Toursky. Sur scène, des personnages de chair, sur l’écran personnages de pellicule grandeur nature, avec lesquels ils dialoguent, dans un rapport au corps à corps réglé au millimètre : en 1788, le Chevalier de Casignac débarque chez une Comtesse en vue de lui faire signer un manifeste contre la prolifération des machines à vapeur. Elle le traite d’illuminé et le retient dans son cachot... 04 91 02 58 35 www.toursky.org

Dans le cadre du cycle Au nom des femmes : Des femmes d’exception, l’Alcazar propose en partenariat avec Films Femmes Méditerranée deux films : le 7 mars à 17h30 Pink saris de Kim Longinotto : le combat de Sampat Pal l’insoumise, qui a osé se rebeller contre sa belle-famille, et qui se bat sans relâche pour faire entendre la voix des femmes enchaînées au poids des traditions dans le nord de l’Inde et le 9 mars à 17h30 L’Étrangère de Feo Aladag qui évoque les conflits qui déchirent les familles de certaines communautés turques en Allemagne à travers l’histoire d’Umay.

La Buzine, Marseille 12ème 04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr www.films-femmes-med.org

Eau claire, eau trouble Du 6 au 17 mars, Image de Ville propose la 7ème édition des Journées du film sur l’environnement. Une soixantaine de films, fictions et documentaires sur les enjeux et la relation de l’homme à l’eau (voir p 54), Absurdistan de Veit Helmet, La Digue de Fréderic Touchard, Et le fleuve coule encore de Carlos Perez Roja, Gasland de Josh Fox, La Rizière de Xiaoling Zhu, Zan Boko de Gaston Kaboré... seront projetés en présence de réalisateurs et de spécialistes des questions environnementales. Le jeune public ne sera pas oublié : Fugue de Vincent Bierrewaerts, La Goutte d’Osamu Tezuka, Le Voyage d’une goutte d’eau de Jacques-Rémy Girerd... Et, pendant toute la durée du festival, diffusion de documentaires en accès libre, à la Cité du livre, Aix.

Laïcité Inch’Allah Laïcité Inch’Allah de Nadia El Fani

04 91 03 84 66 www.alhambracine.com

FFM

Le 8 mars à 18h30, Art et essai Lumière, pour la Journée Internationale des Femmes, propose au cinéma Lumière à La Ciotat le documentaire Laïcité Inch’Allah de Nadia El Fani, en présence de la réalisatrice qui répondra aux questions des spectateurs.

04 42 63 45 09 www.imagedeville.org

04 42 83 20 57 www.artetessailumiere.fr

Détroit…

Number one

Le 21 février à 20h à Aix, dans le cadre du cycle sur la ville de Détroit et de sa métamorphose, à travers cinéma et musique, Image de ville et Seconde Nature proposent Détroit, un rêve en ruine d’Alexandre Touchette, suivi d’un débat.

Le 10 mars à 15h, dans le cadre de Festi Femmes, Number one de Zakia Tahiri à l’Alhambra Cinémarseille : Aziz dirige une usine de confection qui emploie une cinquantaine d’ouvrières qu’il terrorise, tout comme sa femme, sa fille... Un jour, sa femme découvre que son mari peut être aussi un gentleman… La projection sera précédée d’un spectacle d’humour.

04 42 64 16 50 www.secondenature.org Absurdistan de Veit Helmet

04 91 03 84 66 www.alhambracine.com

Iran

Détroit, un rêve en ruines de Alexandre Touchette

Enter the void Le 23 février à 20h Cinépage, en partenariat avec le Cinéma Pathé Madeleine, propose Enter the void de Gaspard Noé : «Dans Enter the Void, j’ai essayé de mettre le spectateur dans un état hypnotique, voire de transe chamanique, comme si c’était un trip.» 04 91 85 07 17 www.cinepage.com

Du 7 au 20 mars, l’Institut de l’image à Aix propose de découvrir le cinéma iranien qui, après avoir acquis dans les années 90 une reconnais-sance internationale connait actuellement de graves problèmes, censure, arrestations… «Il y a urgence à prendre la parole avec ou «sans autorisation» comme le dit le titre d’un film de Sepideh Farsi» (C. Renard). Au programme, Le Passager de Kiarostami, les films de Jafar Panahi, La Fête du feu, À propos d’Elly et Une Séparation d’Asghar Farhadi, Téhéran sans autorisation de Sepideh Farsi, Iran, une révolution cinématographique de Nader Homayoun… Le 10 mars à 16h30 une table ronde sera consacrée à la situation du cinéma iranien contemporain, avec Sepideh Farsi, Massoumeh Lahidji, Nader Homayoun, Bamchade Pourvali. 04 42 26 81 82 www.institut-image.org

Le Miroir de Jafar Panahi

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AU PROGRAMME

52 CINÉMA


Visiteurs du soir

Wang Bing

Le 16 mars à 21h, au cinéma Henri Verneuil de La Valette du Var, dans le cadre de Jacques Prévert, jongleur de mots, colleur d’images, Polymages propose Les visiteurs du soir de Marcel Carné.

Le 17 mars à 14h30 et 19h à l’Alhambra Ciné-marseille deux films de Wang Bing, He Fengming, les souvenirs d’une femme chinoise et Le Fossé qui relate la mise aux travaux forcés de milliers d’hommes, à la fin des années 50.

04 94 20 59 49 www.lavalette83.fr

04 91 03 84 66 www.alhambracine.com

… Frankenstein Du 18 au 30 mars, dans le cadre des excentrés du théâtre La Passerelle de Gap, la cie La Cordonnerie propose un nouveau ciné-concert, L’Éternelle Fiancée du Docteur Frankenstein, librement adapté de l’œuvre de Mary Shelley : un film muet, réalisé en amont par les artistes présents sur scène, est accompagné en direct par deux comédiens et deux musiciens qui interprètent la musique, créent les bruitages et donnent voix aux personnages.

Les visiteurs du soir de Marcel Carné

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le 18 mars Tallard le 20 mars Chabottes le 22 mars Veynes le 24 mars Serres le 26 mars L’Argentière le 28 mars Guillestre le 30 mars Embrun 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Ciné-concert L’Éternelle Fiancée du Docteur Frankenstein

AU PROGRAMME

CINÉMA 53


CINÉMA

ANTONIONI | FIFA | FAME

Cinéaste de la modernité Né en 1912 à Ferrare, d’abord journaliste et critique, Michelangelo Antonioni travaille comme scénariste avec Rossellini, De Santis et Fellini. En 1943, il réalise son premier court-métrage, Gente del Po, un documentaire qui ne sort en salle qu’en 1947. Après une dizaine d’autres courtsmétrages, il réalise à 38 ans son premier long, Cronaca di un amore, histoire d’amants criminels dans la haute société milanaise. En 1953, il tourne La Dame sans camélias puis en 1955, adapte un roman de Cesare Pavese, Femmes entre elles qui expose la difficulté des rapports humains, un des thèmes majeurs de son œuvre. Avec sa muse et compagne, l’actrice Monica Vitti, Antonioni affirme son style dans sa trilogie, L’Avventura en 1960, La Notte en 1961 et L’Eclisse en 1962. En 1964, il tourne son premier film en couleurs, Le Désert rouge et en 1967, à Londres, Blow Up, l’aventure étrange d’un photographe de mode, dont le succès -Palme d’Or- lui vaut un contrat avec la Metro Goldwyn Mayer aux États-Unis où il tourne Zabriskie Point en 1969, puis Profession : reporter en 1975. «Quand tout a été dit, quand la scène majeure semble terminée, il y a ce qui vient après.» Après plusieurs années de silence, il revient en 1981 avec Identification d’une femme. Grâce à Wim Wenders, qui accepte d’être son assistant -suite à une attaque, Antonioni est atteint d’une quasi impossibilité de parler-, il peut encore tourner, en

L'Avventura de Michelangelo Antonioni

AU PROGRAMME

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1995, Par-delà les nuages, une réflexion sur le cinéma et sur la vie. Michelangelo Antonioni disparaît le 30 juillet 2007, le même jour qu’Ingmar Bergman. À l’occasion du centenaire de sa naissance, l’Institut Culturel Italien de Marseille invite à redécouvrir son œuvre en présentant au public un panorama des réalisations de ce cinéaste pour qui «il suffit de garder les yeux ouverts : tout se charge de signification» ou pour qui «dans les silences, on peut dire tant de choses.» Le 21 fév à 18h, un documentaire de Sandro Lai sur la carrière du réalisateur Michelangelo Antonioni, le regard qui a changé le cinéma et à 19 h, Crona-

Au son des films

Abgebrannt de Verena Freytag

Du 19 au 24 mars, cinéphiles et mélomanes ont rendez-vous à Aubagne pour la 13èmeédition du Festival international du film (FIFA). Invité d’honneur le compositeur Stephen Warbeck qui a signé la musique de Polisse de Maïwen, Zaak Alzeimer d’Erik van Looy et Un balcon sur la mer de Nicole Garcia, programmés les 23 et 24 mars. Des cartes blanches à trois festivals européens : le Festival NexT de Bucarest, le LUFF (Lausanne underground Film & Music festival) et le BUFF Film Festival de Suède ainsi qu’à Philippe Braunstein, producteur des Films d’Avalon : Les courts qui rendent heureux Part VI et à Rufus qui fera (re)découvrir au public Train de

vie de Radu Mihaileanu. Des compétitions bien sûr : 70 courts métrages choisis pour la qualité du travail sonore et musical de leurs auteurs, sur les 1 101 reçus en provenance de 62 pays. Et 10 longs parmi lesquels Abgebrannt de Verena Freytag, en ouverture le 19 mars : l’histoire d’une jeune mère d’origine turque, à bout de forces qui s’endette et n’arrive plus à s’occuper de ses trois enfants… L’amante du Rif de Narjiss Nejjar raconte l’histoire d’Aya, une jeune et belle fille qui n’a de rêve que l’amour, mais dont la vie bascule du jour au lendemain… Cassos de Philippe Carrese raconte l’histoire d’un petit assureur de province qui va se transformer en truand… Comme chaque année une Nuit du court métrage le 23 mars : une trentaine de films présentant le monde avec humour et sous un angle décalé. En clôture le 24 mars, un ciné-concert de la master class dirigée par Pierre Adenot. ANNIE GAVA

Festival International du Film d’Aubagne 04 42 18 92 10 www.cineaubagne.fr

ca di un amore avec Lucia Bosé et Massimo Girotti. Le 28 fév à 18h, Il Grido avec Steve Cochran et Alida Valli, un classique tardif du néo-réalisme italien qui évoque les effets du divorce sur un ouvrier. Le 6 mars, ce sera L’Avventura avec Monica Vitti, Gabriele Ferzetti et Lea Massari et le 13 mars, L’Eclisse, une sorte d’errance sentimentale dans une Rome aux constructions modernes et géométriques, qui paraît déshumanisée. ANNIE GAVA

Institut Culturel Italien, Marseille 04 91 48 51 94 www.iicmarsiglia.esteri.it

Films au fil de l’EAU Dans le cadre du FAME (voir p. 76) est organisé à Marseille un Festival international de films documentaires qui explorent la thématique transversale de l’eau, réalisés en Chine, Uruguay, Mozambique, France, au Guatemala et au Pérou. Ils seront projetés dans divers lieux : à la Maison de la Région, les 14 et 15 mars, Small is beautiful d’Agnès Fouilleux et Tambogrande : Mangues, meurtre, mines d’Ernesto Cabellos et Stephanie Boyd. Au Polygone Étoilé, les 12 et 16, Sur le Yang-Tsé de Yung Chang et La Guerre de l’eau de Licinio Azevedo. Au Point de Bascule, les 13 et 15, L’Or ou la vie d’Alvaro Revenga ainsi que Agua Dulce de Luba Vink et Vie à vendre de Yorgos Avgeropoulos. Au Daki Ling, Opération du diable de Stephanie Boyd, le 13 et à L’Équitable café, Histoire de deux rives d’Emilio Cartoy Diaz, le 14 mars. A.G.

Forum Alternatif Mondial de l’Eau Du 12 au 16 mars www.fame2012.org Up the Yangtze de Yung Chang (2008)


AU PROGRAMME ARTS VISUELS 55 Marie-Paule Nègre Qu’est-ce qu’une piscine parisienne, des rivages de Floride, une centrale électrique ou un café baroque embué peuvent avoir en commun ? L’eau ! Dans ce travail qui lui a valu nombreuses reconnaissances journalistiques et artistiques, Marie-Paule Nègre explore depuis près de vingt ans nos rapports complexes avec cet élément, mêlant les formes du reportage social avec celles plus plastiques du regard artistique. C.L. À fleur d’eau jusqu’au 30 juin Bibliothèque Départementale, Marseille 04 13 31 82 00 www.biblio13.fr Palme Guadeloupe © Marie-Paule Negre

Méditerranée sans frontière Ghada Amer, Ziad Antar, Faouzi Bensaïdi, Jacques Berthet, Marie Bovo, David Casini, Hüseyin Karabey, Ange Leccia, Adrian Paci, Maria Papadimitriou, Khalil Rabah, Zineb Sedira, Gal Weinstein, Peter Wüthrich ont la belle responsabilité de représenter (pour partie !) la culture méditerranéenne contemporaine. Présentée à la Biennale de Venise en 2011 cette exposition itinérante conçue par l’ONG Art of the World voguera outre atlantique vers la Biennale de Sao Paulo fin 2012. C.L. The Mediterranean Approach du 17 février au 20 mai [mac] musée d’art contemporain, Marseille 04 91 25 01 07 www.marseille.fr

Le Salon Courbé, Ghada Amer © X-D.R Carine Mina, huile sur papier 50x65 © X-D.R

Carine Mina Posant de côté certains thèmes habituels de son travail, fleurs, oiseaux, corps humain, Carine Mina a choisi de ne montrer ici que des pièces réalisées autour du paysage. «J’avais envie, pour l’exposition de l’Artothèque, de variations sur ce thème. Je voulais recouper des dessins, des peintures, des photos sur quelques années pour voir tout cela prendre forme dans un ensemble». Une opportunité pour découvrir en particulier ses récents Fuzzy Drawings. C.L. jusqu’au 24 fév et du 12 au 22 mars Artothèque Antonin Artaud, Marseille 04 91 06 38 05 www.lyc-artaud.ac-aix-marseille.fr/artotheque

© Olivier Modr

Là où l’herbe pousse Olivier Modr vit en Chine depuis deux ans. Il a photographié l’urbanisation rapide d’une zone agricole, les travaux de maçonnerie exécutés par d’anciens paysans, les bâtiments-champignons, les rues inachevées, les entassements de matériaux, les chantiers nocturnes... Une activité inlassable et pourtant absurde, puisque Caochangdi étant aux abords de Pékin, tout risque d’être avalé par les puissantes tours de la prochaine vague de béton… G.C. jusqu’au 17 mars La Compagnie, Marseille 04 91 90 04 26 www.la-compagnie.org


56 ARTS VISUELS AU PROGRAMME Ludovic Bastide et Corinne Lacueille Nouvelle venue dans les Bouches-du-Rhône, la Galerie du Platane met à disposition des artistes contemporains émergents de la région un lieu parallèle à l’espace purement muséal. Dans l’atelier indépendant d’un mas provençal à Boulbon, la deuxième exposition collective nous entraine dans les volumes de Ludovic Bastide et les diptyques issus du photo-blog de Corinne Lacueille. Les peintures de Frédéric Di Martino prendront la relève en mars. D.M. Collectif l’AuTRe jusqu’au 20 février Visites le week-end et sur rendez-vous la semaine Galerie du Platane, Boulbon 06 12 04 78 79 http://galerieduplatane.blogspot.com/

Peinture murale «God saves the Brink's», installation «Ça sent le souffre» de Ludovic Bastide et «Les 1001 lumières» de Corinne Lacueille © D.M

Eaux C’est la thématique centrale en 2012 pour le Conseil Général 13 (voir p. 76) qui monopolise ses institutions sur ce «bien fondamental et inaliénable» dont une sélection de 19 artistes du siècle passé et d’aujourd’hui rend compte, de Brassaï à Lucia Gianeva, via Lucien Clergue, Patrick Tosani ou Véronique Ellena. Les eaux de pluie, en cascade, lac, marine, brume, de glace, en flaque ou dans le caniveau de Doisneau. C.L. © Vincent Mauger

Eaux précieuses/Eaux sauvages jusqu’au 9 avril Galerie du CG 13, Aix-en-Provence 04 13 31 50 70 www.culture-13.fr Lucia Gianeva, Dreaming Walls, Aout 2010, digital inkjet print, 120 x 90. Collection de l’artiste

Vincent Mauger Une des formes spécifiques de l’art contemporain, l’installation, explore le champ des possibles entre l’œuvre et le lieu. Les pièces tridimensionnelles de Vincent Mauger inaugurent la thématique de l’espace et de sa représentation, fil rouge de la Popart’s 2012. Les domaines de la sculpture, du volume, de l’architecture se télescopent dans des formes liées à l’expérience sensible et rêvée, espaces habitables extraordinaires ou topographies imaginaires. C.L. L’absence de règles est-elle une règle en soi ? jusqu’au 27 mars Centre d’art contemporain intercommunal, Istres 04 42 55 17 10 www.ouestprovence.fr

Picasso fond noir et blanc © Vincent Lucas

LAME Une nouvelle galerie à Marseille, consacrée à la photographie contemporaine des pays méditerranéens ! En février, 6 artistes (Hélène David, Dima Hajjar, Geoffroy Mathieu, Sandrine Roudeix, Axelle de Russé et Jérôme Soret) proposent leurs regards sur les hommes et les paysages. En mars, la galerie dévoile les portraits que Vincent Lucas a faits, en collaboration avec le grand reporter François Missen, de Juan Antonio Picasso, ce cousin noir de Pablo Picasso qui vit encore à Cuba. Nommé dans l’intimité «El Negativo», celui-ci présente une ressemblance frappante avec le peintre. C.B Vernissage le 15 mars à 18h Galerie LAME, Marseille 06 66 99 74 75 www.galerielame.com


MIRAMAS | GRANET | MAV

ARTS VISUELS 57

Chez moi, une oeuvre Gravures, estampes, dessins, peintures, photographies, multiples et œuvres uniques à emporter le temps d’un prêt ?

lement les dernières acquisitions parmi lesquelles on remarquera les travaux en cristal fumé mercurisé de Kiko Lopez, une belle série de dessins de Yifat Gat, de Didier Petit ou de Philippe Mayaux. «Nous travaillons au sein de la Poparts, et avec d’autres lieux comme le Centre Culturel Marcel Pagnol en liaison avec leur programmation, sur des projets thématiques avec des artistes comme Sylvia Hansmann, Rachel Poignant dans l’opération Lire et grandir…» expose sa directrice Béatrice Béhat. Fragments (jusqu’au 25 fév) fait découvrir trente œuvres… à la lampe de poche !

En intégrant le nouveau pôle d’art contemporain d’Ouest Provence, l’Artothèque de Miramas prend un nouvel élan attendu. Peu d’usagers de la Médiathèque connaissent l’importance de cette structure particulière créée en 1983 : l’Artothèque offre un accès direct à des œuvres contemporaines sur le principe du prêt (ouvert aux particuliers et entreprises) au même titre que le livre, la musique, le cinéma ! C’est une des seules, au niveau national, qui possède un fonds exceptionnel d’œuvres, près de 1 800 inventoriées à ce jour dont 1 500 sont empruntables dans les établissements d’Ouest Provence (*). À Miramas, elle bénéficie désormais d’un lieu de présentation régulier (500 œuvres en accès direct), où sont exposées actuel-

CLAUDE LORIN

La lumière revient du 27 fév au 3 mars Artothèque intercommunale Médiathèque intercommunale, Miramas 04 90 58 53 53

Fauteur de troubles Trente années de création en vingt séries pour une troublante exposition Philippe Favier au Musée Granet

CLAUDE LORIN

(*) in Florence de Mèredieu, Histoire matérielle et immatérielle de l’art moderne, Bordas, 1994

Corpuscules Philippe Favier jusqu’au 22 avril Musée Granet, Aix 04 42 52 88 32 www.museegranet-aixenprovence.fr

(*) catalogue consultable sur le site www.mediathequeouestprovence.fr

Célébrons Fernand Pouillon Cité Diar el Mahçoul, F. Pouillon © X-D.R

Philippe Favier, Collage © X-D.R

L’artiste affectionne à jouer ténu. Dès la première salle, tel un white cube, le blanc remplit les espaces, murs et oeuvres avec une certaine élégance comme un all over total. Mais qui aura prêté attention à ce minuscule collage, mouche sur fond immaculé, déposé discrètement sur le pan de mur ? Que rendre visible, entre l’infiniment petit et l’espace s’épanchant autour, du lointain à l’hyper près ? Le minuscule ne peut apparaître ici que relativement à la distance du regard qui implique le corps. Le spectateur est entraîné dans un double mouvement, entre révélation et perte : de loin je perçois l’ensemble mais je perds en précision ; si je m’approche je gagne dans le détail,

les textures, en lisibilité, en densité pour renoncer cependant à la totalité. En me rapprochant physiquement je gagne en informations sur des formes, des couleurs, des matières, des textures, acquérant une sorte de perception tactile bien qu’interdisant le toucher (nous sommes dans un musée, ce sont des œuvres d’art, on ne touche pas !). Du microscopique au macroscopique, où serait donc la bonne distance ? Le travail de Philippe Favier trouve un écho particulier chez Riegl qui note la dialectique d’un double mouvement de la vision : un effet haptique, l’aspect tactile lié à la vision rapprochée, conjoint à un effet optique, regard global et éloigné (*), double vision qui rappelle le trouble de Diderot observant La Raie de Chardin. Maniant l’écart entre vision fine et vue d’ensemble l’artiste tricote des dispositifs où pour voir au-delà il faut y regarder de près et inversement. Le spectateur, lui, par parties, se fait son œuvre, une affabulation conduite sur un mode de double vue tant pour y gagner que pour s’y perdre. Dans cette perspective on regrettera une mise en espace linéaire un peu sage, alors que certaines mises en scène plus complexes se laissent entrevoir dans le très fourni catalogue. Dans ce dernier on appréciera les analyses affinées de Jean-Clet Martin suivant diverses thématiques parfois aussi poétiques que les titres des œuvres.

Une partie de l'accrochage des nouvelles acquisitions accessibles au public. Artothèque, Miramas, 2012 © Zibeline/C.Lorin

Il réalise son premier immeuble à l’âge de vingt deux ans, le palais Albert 1er, en 1934 à Aix-en-Provence. Il se fera aussi connaître pour la reconstruction du quartier du Vieux-Port de Marseille, et non loin dans cette même ville sa station sanitaire vient d’être sauvée de la destruction. Comptant parmi les commémorations nationales, le centenaire de la naissance de Fernand Pouillon (1912-1986) sera célébré dans la région PACA par de nombreuses structures qui présenteront leurs projets le 16 février à 18h, à la Maison de l’architecture et de la ville PACA. C.L.

Fernand Pouillon et la bataille du logement, Alger 1953-1957 du 17 fév au 16 mars MAV PACA, Marseille 04 96 12 24 10 www.ma-lereseau.org/paca


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ARTS VISUELS

VIEILLE CHARITÉ | MAISON DE L’ARTISANAT

La géographie en tableaux Étrange exposition qui vous laisse entre deux mondes… Marseille en peinture, qui occupe deux grandes salles de la Vieille Charité, est réalisée par les Musées de Marseille en collaboration avec le Comité du Vieux Marseille, dans le cadre de la célébration de son centenaire. Et si on y découvre quelques œuvres provençales importantes -une Tartane de Dellapiane, des marines de Suchet, un Ziem, un Roubaud, plusieurs figures de Valère Bernardl’exposition se présente avant tout comme un témoignage de ce que fut Marseille : on y retrace l’évolution de ses paysages et quartiers, quelques épisodes et personnages marquants (la peste de 1720, Amable Chanot…), des scènes de genre qui racontent une ville commerçante, populaire et industrieuse. À ce visage de vieille bourgeoise marseillaise répond une petite italienne souriant dans la neige devant Notre Dame de

phase romantique ou souci réaliste du détail et de la pose, travail plus ou moins académique du trait, de la touche, des perspectives pour la plupart des œuvres présentées… On regrette donc souvent l’absence de datation précise des œuvres et d’indications biographiques sur les peintres, qui auraient judicieusement complété les éclaircissements historiques concernant la ville : le parcours gagnerait à concilier plus nettement les deux intérêts de cette histoire peinte… AGNÈS FRESCHEL

David Dellepiane "Chez Brégaillon", huile sur toile, 145x224cm,1890. Collection du musée du Vieux-Marseille © Jean Bernard

la Garde, et toute une société se dessine, pêcheurs, poissonniers, imprimeurs, et deux pauvres sous un soleil qui découpe des regards francs et des noirs contrastés (Au

Deux et plus dans la boîte Au rez-de-chaussée de la Maison de l’artisanat une exposition de 55 boîtes cylindriques de carton… d’où s’épanchent tissus, affiches, objets, bijoux, bouteilles et étiquettes. C’est Designxport, Hamburg on tour, un concept étonnant, où le contenant influence la forme et s’expose aussi, comme un piédestal de série, un carton d’emballage promu discrètement au rang de colonne de marbre. Les œuvres de tous ordres -design industriel, d’espace, de mode, graphique…- y gagnent un côté ludique et interactif : vous pouvez tamponner des

Cagnard, Valère Bernard)… Ces représentations du réel, pour la plupart exécutées vers la fin du 19ème siècle, en disent autant par leurs choix stylistiques que par leur sujet : em-

logos, déboucher des bières, écouter des gémissements, admirer des couverts et un service à thé remarquables. Et si le carton appelle beaucoup de propositions en matières recyclées, on y trouve aussi de l’or rose, en bijou… À l’étage les jeunes designers issus de l’École supérieure d’Art de Marseille profitent de cette exposition qui célèbre 55 ans de jumelage pour faire une éclatante démonstration de leur talent. «Le standard médiocre doit faire place aux particularismes enchantés d’une poésie renaissante», clame leur dossier de presse. Ils y parviennent ! Avec quelques lattes de bois pour unique matériau Yuan Yuan invente un canapé, puis sculpte une superbe balancelle à trois côtés. Andréa Blanco s’affranchit totalement de l’utilitaire en créant une chaise dont les barreaux de métal blanc se transforment en vagues, qui semble échappée

Emilie Fargeot, design © Christian Cres

Marseille en peinture Jusqu’au 25 mars La Vieille Charité, Marseille 04 91 14 59 18 www.marseille.fr Catalogue 9 euros

d’un tableau de Magritte. Arnold Degiovanni conçoit de petits et de grands instruments érotiques, et Émilie Fargeot construit une sphère démontable de bois rouge, souple, panachée de voiles, abri de jardin idéal qui tient dans un carton et se module avec quelques rivets… Bientôt dans le commerce ? Elle y ferait un malheur ! A.F.

Designxport, Hamburg on tour Exposition de l’ESADMM Jusqu’au 29 fév Maison de l’artisanat et des métiers d’art, Marseille 04 91 54 80 54 www.maisondelartisanat.org

Yuan Yuan, design © Christian Cres


BOIS DE L’AUNE | REG’ART | FILM

Les tribulations du masque

Masque expo Japon © M.Delahaye

MARYVONNE COLOMBANI

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Un regard inattendu

Masqué Exposition jusqu’au 23 fév Bois de l’Aune, Aix 04 42 93 85 40 www.agglopaysdaix.fr

Au moment de la Journée de la femme Reg’Art réunit des femmes artistes de la région pour une exposition annuelle autour d’un thème chaque année différent. L’initiatrice en est Martine Huet, animatrice plasticienne à la MJC d’Aubagne. Depuis la 1ère expo en 1999 avec 250 visiteurs, Reg’Art est devenu un rendez-vous très attendu. À l’étroit entre les murs de la MJC, l’expo s’est installée aux Pénitents noirs en 2006, puis inaugure cette chapelle du 18ème siècle superbement restaurée en 2008. Depuis le nombre de visiteurs est allé croissant (presque 3 000 visiteurs en 13 jours en 2011)... Or cette année la chapelle, devant subir des travaux pour abriter l’exposition Picasso et la céramique en 2013, n’est pas disponible, et la salle du Bras d’or, proposée en remplacement, ne l’était que 3 jours. Insuffisant pour installer les créations de près de 70 artistes, et permettre au public de les voir ! La déception était grande, mais les artistEs ont accepté la proposition de la Médiathèque : puisqu’il est impossible d’exposer les oeuvres, c’est leurs photos qui seront montrées à côté des textes à partir desquels les artistes ont travaillé. Car le thème de cette année est la littérature ! Ainsi Reg’Art sera vivant en préfiguration de l’expo 2013, attisant le désir du visiteur. CHRIS BOURGUE

Masque expo Bali © M.Delahaye

Persona en latin, «prosopon» en grec, le masque, mais aussi le visage, l’acteur… C’est sans doute pour cela que Erhard Stiefel insiste : «Il ne faut pas penser masque, il faut penser visage humain.» Superbe exposition de sa collection au Bois de l’Aune, où les masques surgissent de l’obscurité en une scénographie qui leur accorde le mystère d’une existence. La mise en lumière est d’une élégante justesse, tandis que passent en boucle les univers musicaux qui correspondent à ces masques venus du monde entier, Java, Bali, Italie, Sri Lanka, Japon. Des explications riches permettent de mieux comprendre, de suivre le parcours qui est celui aussi de l’artiste, avec en acmé la délicate subtilité des masques japonais. Quelques masques sont l’œuvre de Stiefel… impossibles à différencier des autres. Le cheminement essentiel réside dans la quête du sens : pourquoi l’être humain a-t-il éprouvé la nécessité de porter un masque ? Quelles que soient les réponses multiples de l’exposition, Stiefel explique : «Un masque doit être dansé, joué pour se montrer et aucun subterfuge ne peut remplacer son interprète. Pour moi qui fabrique des masques (Ariane Mnouchkine, Maurice Béjart, Antoine Vitez, Philippe Avron…), il ne s’agit pas de faire quelque chose de joli, mais quelque chose de vivant. Sur scène, le masque dégage autant d’émotion qu’un vrai visage.»

ARTS VISUELS/CINÉMA

Reg’Art sur la littérature du 8 au 24 mars Médiathèque d’Aubagne du mardi au samedi (fermé le jeudi) 04 42 18 19 90 Vernissage le 9 mars à 18h

Hymne à la joie colonialiste Simon Kimbangu. Si la situation économique chaotique du pays se lit explicitement dans ces

images, c’est surtout la dignité, la beauté, l’énergie de ces musiciens autodidactes que les documentaKinshasa Symphony de Martin Baer

Peuple et Culture Marseille proposait à l’Alhambra ce 28 janvier la projection de Kinshasa Symphony, documentaire de Claus Wischman et de Martin Baer en présence de ce dernier. Des rues jonchées de détritus, des véhicules rouillés, rapiécés, surchargés, bringuebalants, des eaux usées à ciel ouvert, Kinshasa, capitale surpeuplée, en couleur et en misère. Une femme en boubou clair traverse le bourbier sur le bout de ses escarpins beiges sans s’y enliser, flanquée d’un gamin astiqué comme un sou neuf : elle se rend comme 200 autres kinois à une répétition de l’orchestre symphonique Kimbanguiste initié en pleine guerre civile, il y a quinze ans, par le petit-fils d’un héros national anti-

ristes allemands mettent en avant : Nathalie, la chômeuse-flûtiste, Joséphine la violoncelliste-vendeuse d’omelettes, Joseph altiste-coiffeur-électricien, Albert le guitariste, Armand l’ex-pilote-chef d’orchestre. Chacun parle de son rapport à cette musique «blanche». L’une trouve que l’Hymne à la joie est une belle chanson, l’autre qu’il existe des rythmes africains chez Beethoven. Tous parlent de l’exaltation et de la force de dépassement de soi qu’elle leur apporte. La réussite du concert final est un hymne au courage et à la vie. Chapeau bas ! ÉLISE PADOVANI


60 CINÉMA FILMS

Une bouteille… sur le fil Une bouteille dans la mer de Gaza est un roman épistolaire de Valérie Zenatti, une rencontre, en 2003, entre une jeune Israélienne de Jérusalem et un Palestinien de Gaza, que Thierry Binisti a eu envie d’adapter. Pourquoi ? «On est nourri depuis toujours du conflit israélo-palestinien. J’avais envie de donner au spectateur cette position unique d’être à la fois d’un côté ET de l’autre. Tal et Naïm ont 17 ans, l’âge où l’on ne veut pas que le monde soit celui qui est donné comme immuable, l’âge où on a la force de l’interroger.» Dans Une bouteille à la mer, Tal, une jeune française de 17 ans dont la famille s’est installée à Jérusalem, révoltée par l’explosion d’un kamikaze dans un café de son quartier, en 2007, veut comprendre et envoie une lettre dans une bouteille qu’elle confie à son frère, militaire près de

adolescents ; c’est de montrer comment deux individus vont s’approcher malgré leurs a priori.» C’est en étroite collaboration que Valérie Zenatti et Thierry Bénisti ont écrit scénario et dialogues dont certains sont savoureux. Naïm lisant un poème : «Une pierre deux maisons/trois ruines/quatre fossoyeurs… Il était Palestinien, Jacques Prévert ?». Des scènes émouvantes entre Tal et son père (J. P. Ecoffey) et Naïm et sa mère (Hiam Abbass), un beau jeu d’acteurs, un film sur le fil qui fait parler, sans manichéisme, et penche d’un côté ou de l’autre selon qui le voit ! ANNIE GAVA Une bouteille à la mer de Thierry Benisti

voir comment on vit des deux côtés. «Le film est construit autour d’images qu’on connaît ; ce qui me plait c’est d’avoir donné un visage à ces

Gaza. Commence un échange régulier de mails entre «Miss Peace» (Agathe Bonitzer) et «Gazamen» (Mahmud Shalaby) qui permet de

Thierry Benisti est venu présenter son film, le 26 janvier au cinéma Les Variétés, Marseille. Il est en salle depuis le 8 février

Éclipse de femme Librement adapté du roman de Frédérique Deguelt, La Vie d’une autre, le premier film de Sylvie

Testud en reprend le titre et l’argument : à quarante ans Marie se réveille ayant oublié quinze ans de La vie d'une autre de Sylvie Testud

sa vie. Le roman explorait l’usure de l’amour conjugal, le traumatisme des trahisons, l’oubli comme source de pardon et de guérison. La réalisatrice noircit la fable et la dépasse. L’amnésie devient métaphore de la perte de soi à travers le travail et la réussite sociale. Sa Marie (Juliette Binoche), impératrice de la finance, déambule dans un luxueux appartement. Son petit garçon, qu’elle ne reconnaît plus, bénéficie d’une nounou à plein temps. Elle domine socialement le riche héritier (un Mathieu Kassovitz au jeu sobre voire plat) dont elle est tombée amoureuse à 25 ans et dont elle découvre tout à la fois qu’il est devenu son mari et qu’elle en divorce. Juliette Binoche, qui a longtemps hésité à accepter le rôle, surjoue la panique de cette femme qui ne maîtrise plus rien et

se découvre étrangère à elle-même, outrant son ahurissement quand l’ignorance la fait passer pour folle. L’actrice est plus convaincante dans les jolis moments de comédie sentimentale sur les quais de la Seine quand son personnage essaie de reconquérir son amour. Le spectateur soumis au point de vue de l’héroïne s’ennuie un peu et se perd en vain dans la reconstruction d’une vérité fragmentaire qui se dérobera jusqu’à la fin. Il n’est pas certain que la promesse d’un temps retrouvé, suggérée au début du film par la lecture d’Albertine disparue, soit tenue… ANNELISE

Le film sort en salles le 15 février

Frères humains Les 8, 9 et 11 fév Rabah Ameur-Zaïmeche est venu présenter Les chants de Mandrin, prix Jean Vigo 2011, dans les cinémas de la région : Jean Renoir à Martigues, Les Variétés à Marseille, Les Lumières à Vitrolles (dans le cadre de Polar en Lumières). Quatrième opus du cinéaste francoalgérien, ce film en costume s’assume comme une reconstitution plus poétique qu’historique de l’épopée des fameux hors-la-loi. À la suite de son chef Louis, exécuté à Valence en 1755, Bélissard, interprété par le réalisateur, mène une nouvelle campagne de contrebande à la barbe des fermiers généraux. Aidé de ses compagnons de fortune, déserteurs, colporteurs, paysans, brigands et poètes, il se charge de faire imprimer

clandestinement des chants en vers burlesques pour perpétuer la légende : fil narratif ténu d’une œuvre libre, en variations et ruptures. Une chevauchée de western côtoie une séquence quasi documentaire sur la fabrication du papier, la fluidité cinématographique du film d’aventures voisine la théâtralisation d’escarmouches minimalistes entre mandrins et dragons du roi. Les acteurs parlent faux une langue forcément anachronique, mettant à distance l’artifice pour en extraire la vérité. Ni traîtrises, ni défaites. Le film s’arrête avant tout revers, dans une utopie fraternelle consentie. La vielle à roue acoustique accompagne la célèbre complainte. Slamée dans la scène finale par un marquis gagné aux

Lumières, incarné par Jacques Nolot, elle résonne dans les esprits comme un appel joyeux à la résistance de tous les temps et à la poésie, intemporelle, qui «fait entrevoir l’impossible». E.P. les chants de mandrin de Rabah Ameur-Zaïmeche


L. KILANI | CLERMONT

CINÉMA

61

Le dernier film de Leïla Kilani, Sur la Planche «l’histoire de 4 filles en course» a été présenté le 8 fév aux Rencontres de Manosque et le 10 au cinéma Les Variétés à Marseille Zibeline : Vous aviez déjà tourné à Tanger en 2001, Le rêve des brûleurs, un documentaire sur les immigrés clandestins. Pourquoi avez-vous choisi cette ville pour votre 1er long métrage de fiction ? Leïla Kilani : Tanger est ma ville, j’y suis viscéralement attachée. Le réceptacle de mon imaginaire. C’est là, pendant le tournage du Rêve des brûleurs que l’histoire est née, à partir d’une émotion. Cela ne pouvait pas se passer ailleurs. D’où vient cette histoire de crevettes et de textiles ? Une terrasse sur le port, où je passais mes nuits avec des «candidats» à l’immigration. J’ai entendu la prière de l’aube et un son étrange, les ouvrières qui descendaient ; elles sont apparues et c’est devenu une empreinte rétine : c’étaient les filles «crevettes». Une image grise. Une heure et demie plus tard, dans la lumière rose, les «textiles».

Avez-vous pensé tout de suite à ce quatuor de filles et à ce personnage de Badia qui n’évolue pas au cours du film ? Au départ, c’était un duo… masculin, devenu féminin. Le personnage qui n’évolue pas, je l’ai voulu, je n’y ai pas renoncé. Je ne voulais pas suivre le côté linéaire. C’est son amie qui évolue. Dans la tragédie aussi, il y a des personnages comme cela et j’adore la tragédie grecque. Le casting ? La préparation des filles? Vous leur avez montré des films ? Pendant 4 mois, elles ont fait des stages dans des pêcheries ; je leur ai montré des films de Mike Leight, de Ken Loach, des films japonais. Elles avaient leurs goûts en cinéma ; par exemple, Mouna (Imane) qui est folle de cinéma indien a eu la sensation d’une ouverture sur le monde. Et Wanda de Barbara Loden, mon film fétiche qui résume la liberté, l’inventivité, la subversion, un film qui m’a empêchée de dormir pendant 3 jours…

À suivre… dans le prochain numéro PROPOS RECUEILLIS PAR ANNIE GAVA

Leïla Kilani © Annie Gava

Sur la planche avec Leïla

Courts sous la neige Malgré la neige et le froid, le public se pressait très nombreux au Festival International du Court métrage de Clermont Ferrand, le plus grand du monde avec ses 534 séances, ses panoramas, ses cartes blanches, ses «expresso» -débats du matin avec les réalisateurs- et bien sûr ses compétitions, internationale, nationale et labo comprenant 170 films (sur les 7 132 reçus). Comme bon nombre, la manifestation a dû se serrer la ceinture : «100 000 euros de moins pour faire le festival, c’est le défi de 2012 », précisent le président, Jean-Claude Saurel et l’équipe de Sauve qui peut le court métrage. Il n’est pas étonnant que la crise, la violence du travail ou du chômage, soient présentes dans les films. La Dérive de Mathieu Salmon montre le Ce qu'il restera de nous de Vincent Macaigne

désarroi profond de Virginie, licenciée, qui revient sans cesse devant l’imprimerie où elle travaillait ; dans Shoot the Moon d’Alexander Gaeta, Marcy, sans travail, perd tout contact avec sa réalité, ne songeant plus qu’à être sélectionnée à un jeu télévisé. Dans Tethered, Craig Irving montre la violence du travail dans un abattoir, qui va déteindre sur la vie d’un tout jeune homme. Quant à Hugo Chesnard, dans une superbe comédie musicale inspirée d’une histoire vraie, La France qui se lève tôt, il met le spectateur face au drame des sans-papiers ; tout comme Uda Benyamina dans l’émouvant Sur la route du paradis. Ernesto Solo traite de la violence faite aux femmes dans Mujeres del Tirano et Vincent Macaigne raconte

PALMARÈS International Grand Prix : Guest de Ga Eun Yoon Prix Spécial du Jury : Einspruch VI (Protestation VI) de Rolando Colla Prix du Public : Curfew (Couvre-feu) de Shawn Christensen

Labo Grand Prix : Il Capo de Yuri Ancarani

la confrontation explosive de deux frères suite à la mort de leur père dans Ce qu’il restera de nous. Daniele Atzeni aborde l’industrialisation non maitrisée de la Sardaigne en faisant témoigner l’unique survivant d’une terrible catastrophe qui a frappé un village dans les années 60 : I Morti di Alos, une fiction à l’allure de documentaire. Il y en avait pour tous les goûts, tous les combats : le public, fidèle, du Cannes du court métrage le sait bien : plus de 143 000 spectateurs ont fréquenté cette 34ème édition… ANNIE GAVA

www.clermont-filmfest.com

Prix Spécial du Jury : Bobby yeah de Robert Morgan Prix du Public : Wind over lake (Contre vents et marées) de Jeorge Elkin

National Grand Prix : Ce qu’il restera de nous de Vincent Macaigne Prix Spécial du Jury : La sole, entre l’eau et le sable d’Angèle Chiodo Prix du Public : La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard


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LIVRES/CD/DVD

MUSIQUE | ART

Du feu maîtrisé !

On ne cesse de louer, dans ces colonnes, la fougue que déploie Katia Skanavi au concert comme au disque. La douzaine de bijoux qu’elle a gravé chez Lyrinx sont des modèles (mais peut-on parler de «modèle» pour cette artiste hors-normes ?) de liberté, générosité, de poésie, souplesse, respiration… dans Chopin, Schumann, Liszt, Tchaïkovski ou Rachmaninov. On suit depuis des lustres cette virtuose issue de la pléiade de pianistes formés au Conservatoire Tchaïkovski. Si, loin des plateaux, son allure peut sembler «fragile», son vrai tempérament se révèle à l’approche d’un clavier : explosif !

À l’aube de la quarantaine, la pianiste est en pleine possession de ses moyens technique et artistique. Le 1er concerto et la Rapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov «déménagent» ! On retrouve l’instinct «animal» qui caractérise son jeu, cette force qui va, lancée comme une balle ; le contrôle en plus. C’est du feu maîtrisé, une incandescence magnifiée par la direction de Michel Tabachnik à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Bruxelles. Volcanique ! JACQUES FRESCHEL

SACD Lyrinx LYR 2277

Round around Steve Reich Philosophe, musicien, critique musical, Jérôme Orsoni a grandi entre le Faron et la Bonne-Mère. Il a publié en 2008 un ouvrage original consacré à l’album Standards (2001) du groupe Tortoise resté dans la mémoire de fans d’une plastique «post-rock» tendant à la disparition de la voix (Éd. Le mot et le reste). Aujourd’hui, il s’intéresse à l’une des figures majeures de la musique dite «savante», de l’esthétique américaine qu’on qualifie volontiers de «répétitive» ou/et de «minimaliste» : Steve Reich. Son livre est un essai qui ne paye pas de mine : une soixantaine de pages frappées de petits caractères. Il circonscrit son sujet autour de quelques-uns des premiers opus du New-yorkais, regroupés dans le disque «Early works», manifestement écouté «en boucle». Outre que l’auteur donne envie au profane d’aller butiner du côté des claviers de Piano phase, de la déclamation itérative de Come out ou du percussif Clapping

music, de ses répétitions obsédantes et déphasages subtils, il invente, à l’image de ce qu’établissent les ballets d’Anne-Teresa De Keersmaeker avec l’art de Reich, une ekphrasis appropriée. Ses variations du verbe, ses répétitions et digressions du «je», dédoublé, remis en question, stimulent l’intelligence du lecteur et invitent à partager son admiration sensible pour une facture épurée, «radicale», si séduisante… Elles permettent à l’initié, de mieux saisir en quoi ces premiers pas «didactiques» éclairent une œuvre qui, aujourd’hui toujours, marque la création musicale mondiale. J.F.

Au début et autour de Steve Reich Jérôme Orsoni Chemin de ronde www.cheminderonde.net

Massenet oblige ! Nathalie Manfrino a pris ses quartiers dans la région en 2011-2012 ! Après La Bohème à Marseille au Nouvel-An (voir Zib’48) et la re-création de la Chartreuse de Parme de Sauguet (voir p. 26), on l’entend derechef dans Marguerite du Faust de Gounod en Avignon (voir p. 44), reprise de la production donnée à Toulon au mois d’octobre (voir Zib’45). Au disque, la soprano livre son deuxième opus, après le succès de «French Héroïnes». Elle reste dans le répertoire français en se consacrant, année Massenet oblige, au compositeur de Manon et Thaïs. Si l’on entend des extraits du premier, un Ave maria inédit composé sur

la célèbre Méditation du second, ainsi que sa déchirante Elégie, Manfrino arpente des pages moins courues. Elle adapte avec soin sa pâte vocale et sa déclamation, aux airs tirés de Grisélidis, Hérodiade, du Cid et son air magnifique «Pleurez mes yeux !». On entend avec bonheur de très rares partitions issues d’Ariane, Esclarmonde, Sapho, des oratorios La Vierge et Marie-Madeleine et d’un de ses opéras posthumes Cléopâtre créé à Monte Carlo. C’est du reste l’Orchestre Philharmonique de la cité monégasque que dirige Michel Plasson en maître du style romantique français !

Méditations Nathalie Manfrino Decca 476 4823

J.F.

Pessimiste joyeux Ce 11ème coffret de la collection Phares, dédiée au surréalisme, nous transporte durant trois heures dans l’univers d’un des acteurs majeurs du mouvement surréaliste. Moins connu que Dali ou Magritte, plus proche de Max Ernst (soldat «saccagé» par la guerre de 1914-18, exil, conception singulière et parfois rebelle au surréalisme de Breton), André Masson est révélé dans ses moindres retranchements par le réalisateur en osmose avec son sujet. Suivant trois principaux chapitres, Fabrice Maze retrace une biographie chronologique en multipliant les points de vue historique, artistique, social et politique. Comme bien souvent dans cette collection, l’auteur s’appuie sur la richesse de nombreux documents, interventions de personnalités dont ses enfants Lili et Diego, Bernard Noël, Didier Ottinger, Jean Ristat. Aucun domaine où l’artiste s’est exercé n’est oublié : peinture gestuelle, dessin automatique, décor de théâ-

tre (Tête d’or, Wozzeck, Ballets russes…), illustration (son œuvre érotique), écrits ou conférences sur l’art (la peinture chinoise) ; comme certaines créations : le plafond du théâtre de l’Odéon, un cache pour L’Origine du monde acquise par son beau-frère Jacques Lacan. La caméra sait se poser sur les œuvres et en révéler les méandres, montrer que Masson était l’inspirateur du dripping pour Pollock… un point de vue que ne semble pas partager D. Ottinger (Centre Georges Pompidou) qui souligne figuration et mythologie. Commencé avec «ce moi [qui] avait été saccagé pour toujours» lors de la première guerre mondiale le film se clôt au pied de la Sainte-Victoire, au Tholonet où Masson s’installa dès 1947, et repose désormais. CLAUDE LORIN

André Masson Fabrice Maze Seven Doc, DVD + livret, 23 €


La tête et les jambes Même si un siècle sépare Hector Berlioz et Jean Guillou, ils auraient certainement eu des choses à partager. Ces deux fortes personnalités atypiques du monde de la musique n’ont pas hésité à coucher sur papier leurs impressions, leurs projets, leurs visions des siècles passés et leurs coups de gueule. Publié chez Symétrie avec un soin habituel, Les Grotesques de la musique est un vrai régal et foisonne d’anecdotes, d’aphorismes croustillants et de piques acérées à ceux qui discourent sur la musique sans en connaitre la moindre note… L’essai fleuve de l’organiste compositeur improvisateur et «concepteur» Jean Guillou s’accompagne de deux CD illustrant les bienfaits de la regis-tration du maître à travers des pièces du répertoire et des compositions personnelles. La pensée novatrice de ce musicien singulier est ici au service de l’instrument, son histoire, son répertoire, son toucher, sa registration, son interprétation ainsi que de nombreuses et utiles annexes… pour une bible

fort intéressante et particulièrement soignée (4ème édition). FRÉDÉRIC ISOLETTA

Les Grotesques de la musique Hector Berlioz Symétrie, 9,80 € L’Orgue, souvenir et avenir Jean Guillou Symétrie, 45 €

Un retour très «motivé» Le grand public découvre Zebda en 1999 avec Tombez la chemise. Morceau qui doit son statut de tube à une interprétation erronée de son message : véritable hymne à l’engagement, la bande FM n’y voit qu’une ritournelle festive. Telle est la griffe Zebda : des thématiques fortes, portées par une plume subtile, sur des refrains efficaces. C’est toujours le cas avec Second tour, cinquième album studio après huit ans d’absence. Une reformation provoquée, entre autres, par l’aggravation de tout ce qui soulève le cœur des Toulousains : le racisme institutionnalisé, la stigmatisation des quartiers populaires, les discriminations sociales et culturelles. Des maux auxquels Zebda ne se contente pas de répondre avec des slogans mais à travers des petites histoires du quotidien, empreintes de poésie urbaine, qui dépeignent un pays dont ils aimeraient être fiers. Mais il serait injuste de limiter l’intérêt du groupe aux textes de Magyd Cherfi. Zebda, collectif par excellence, relève le défi d’une musique empruntant à la tradition rock où s’entremêlent des sonorités aussi bien orientales que musette. La France comme on l’aime ! THOMAS DALICANTE

Second tour Zebda Barclay - Universal En concert le 24 mars au Dock des Suds, Marseille


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LIVRES

ART

Tendance Sète

D’abord c’est flou. Couverture rouge et vert zébrée d’une bande jaune. Couleurs surexposées. Au dos l’elliptique «Le temps s’écoule goutte que goutte» de Joaquim Caroça puis l’édito de Rémy Fière évoquant «le catalogue raisonné des impossibles». Mad in Sète, donc, est la vitrine papier inclassable du festival Images Singulières, réalisé par deux «gangs photographiques» : CéTàVoir et Tendance Floue, baptisé «bande de joyeux trublions» venu fêter ses 20 ans à Sète. Rémy Fière interpelle le lecteur d’un piquant «Où est la vérité finalement ? Ici ? Ou là ? Devant l’objectif ? Ou derrière ?»… Et si c’était simplement «dans» ces portraits aux yeux clos de Alain Willaume, ces plans serrés de Mat Jacob sur les peaux ridées d’André, charpentier de marine et de Jean-Pierre le scaphandrier, ces photomontages lunaires de Meyer, ces chantiers déserts de Pierre Tourneboeuf, ces visages quasi surréalistes de Bieke Depoorter… Et encore «dans» ces textes parsemés, à première vue

incongrus, finalement indispensables, possible thermomètre d’un festival vraiment singulier : aphorismes ou formules déroutantes (Je jette l’ancre au fond du corps), tracts syndicaux de l’Urdacet1, texte accusateur de Willy le Devin contre la chasse aux trolls (ceux que le Fichier Oscar écarte de l’aide au retour), citation de Christian Caujolle empruntée à Gary Winnogrand pour dire tout le bien qu’il pense des 14 membres de Tendance Floue qui ont rapporté de leur villégiature sètoise ce catalogue en forme de signature collective. Mad in Sète refermé, on attend avec impatience les gangs de 2012 ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Mad in Sète Co-édition Tendance Floue et CéTàVoir, 19 € 1 Union régionale pour la défense des animaux à coquille de l’étang de Thau

Lucian Freud en privé C’est la face cachée du peintre, celle que Lucian Freud «connu pour être avare de son temps» a rarement exposée en pleine lumière. Exception faite pour Bruce Bernard et David Dawson qui ont longuement pénétré son intimité. L’un comme directeur artistique du Sunday Times Magazine et photographe durant 20 ans ; l’autre en sa qualité d’assistant jusqu’à sa mort. De cette vraie proximité -que souligne Mark Holborn dans sa préface- sont nées des photographies «plus vraies que vraies», qui, malgré l’exercice convenu du photographe et son modèle, ont été un espace de liberté pour Lucian Freud. À tel point qu’il n’hésita pas «à subvertir le genre, faisant le poirier ou adoptant quelque pose sculpturale» ! Réunis pour la première fois dans l’édition anglaise de 2006, les clichés sont l’exact reflet de son travail, de sa capacité de concentration, de son énergie, de son exigence, de ses relations avec les modèles, de son environnement

intime. Images fugaces, parfois, quand David Dawson capte l’élan créatif, le geste ultime dans un flou magnifique. Fait encore plus rare, il «participa avec joie et en toute confiance» au jeu de l’entretien avec l’écrivain australien Sebastian Smee intitulé Conversation nocturne avec Lucian Freud. Soucieux de ne pas apparaître dans les photographies comme «une sorte d’artiste silencieux au travail», il devient même loquace ! Sur son histoire familiale (il est le petit-fils de Sigmund), son admiration pour Cézanne et Constable, son amitié avec Francis Bacon, ses liens avec Picasso ou sa célébrité. Moments intenses que l’on imagine volontiers à la faveur de l’ombre… M.G.-G.

Lucian Freud, Scènes d’atelier Bruce Bernard et David Dawson Thames & Hudson, 50 €

Le modèle et son maître Avant, pendant ou après la lecture de Lucian Freud, Scènes d’atelier, celle de L’Homme à l’écharpe bleue est lumineuse. Car non seulement elle éclaire sa vie intime, domestique et créative, mais aussi l’art du portrait et de l’autoportrait depuis l’Antiquité égyptienne, la question de la gestation d’un projet comme du processus créatif. L’Homme à l’écharpe bleue, Poser pour Lucian Freud est le journal de bord du critique d’art anglais Martin Gayford, devenu modèle durant 18 mois : érudit sans affectation, il se lit comme un roman grâce à son style direct et son ton vif alternant commentaires, descriptions, réflexions, anecdotes, souvenirs et digressions philosophiques. Lors de ces longues séances de pose, on s’interpose discrètement entre l’artiste et le modèle, tantôt dans l’imaginaire de l’un tantôt dans le cerveau de l’autre. Et cette plongée est jouissive ! Car Lucian Freud peut se montrer affable et prévenant comme cinglant dans ses jugements tandis que Martin Gayford est enjoué

ou dubitatif, impatient, parfois nerveux. L’expérience est rare de pouvoir simultanément s’immiscer dans «l’intérieur maculé de peinture», dîner à leur table, croiser l’intelligentsia internationale, entendre l’artiste évoquer ses tableaux favoris et le modèle dévoiler son introspection. Car ce journal est une interrogation permanente sur «l’énigme centrale du portrait» : une affirmation de sa propre existence ? La vanité d’être le point de départ d’un tableau ? La représentation de son alter ego ? Dans tous les cas un mélange de vertige et de sentiments ambigus, de peau, de chair et de muscles. M.G.-G.

L’homme à l’écharpe bleue, Poser pour Lucian Freud Martin Gayford Traduit de l’anglais par Gilles Berton Thames & Hudson, 25 €


ART

LIVRES

Fotos latinos L’intérêt pour les livres de photographie est relativement récent. Dans la lignée de The Photobook : A history, de Martin Parr et Jerry Badger, paru chez Phaïdon en 2004, les éditions Images en Manœuvres commettent un ouvrage remarquable et unique tant par son contenu que par sa richesse iconographique. Initié lors du Premier Forum latino-américain sur la photographie à Sao Paulo en 2007, Les livres de photographie d’Amérique latine concrétise le résultat de quatre années d’investigation entre Amérique et Europe pour retenir 155 ouvrages parus entre 1920 et aujourd’hui, couvrant onze pays du continent latino américain : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Cuba, Équateur, Mexique, Nicaragua, Pérou, Vénézuéla. Travail colossal de recension tant les ressources étaient maigres ou dispersées, quasi absentes des fonds publics, non recensées, la plupart provenant de bibliothèques privées, devait constater l’auteur, Horacio Fernández épaulé par un comité consultatif. La sélection imposait que les «auteurs devaient être nés

ou avoir vécu en Amérique latine. Ils devaient aussi avoir pris part de manière décisive à l’édition et à la réalisation de leurs ouvrages. […] Nous avons attaché de la valeur à la richesse du discours photographique, à la qualité du design graphique, aux rapports des ouvrages avec la littérature, l’art, la propagande et la politique.» Chaque ouvrage fait l’objet de sa mise en contexte, d’une analyse critique et comparative des plus éclairantes pour couvrir un vaste champ du documentaire, Artesanos de Venezuela (Petre Maxim) ; au regard plus esthétique, Amazônia (Claudia Andujar, George Leary Love), Sin saber que existias y sin poderte explicar (Eduardo Terrazas) ; d’espérance et de propagande, A la plaza con Fidel (Mayito)… Plus près de nous, plusieurs auteurs contemporains, Graciela Iturbide, Marcos López, Daniela Rossell ont été exposés lors des Rencontres de la photographie d’Arles. CLAUDE LORIN

Photographe humaniste Depuis 1992 Reporters sans frontières publie des albums de photographie à raison de trois numéros par an, afin de sensibiliser le grand public au besoin fondamental d’information libre dans le monde. La vente de ces ouvrages est intégralement reversée à l’association pour financer ses actions et constitue 50 % de ses ressources. «Chaque fois que la liberté d’informer et d’être informé est menacée, chaque fois qu’un journaliste, qu’un photographe, qu’un professionnel de l’information est emprisonné pour avoir exercé son métier, l’organisation se bat pour rappeler que sans presse libre, aucun combat ne peut être entendu.» Il était donc tout naturel que ce numéro soit consacré à un jeune exilé lithuanien arrivé à Paris en 1930 dans le plus grand dénuement mais avec les plus grands rêves. Né en 1911, Izraël Biderman fuit à dix-neuf ans la pauvreté de son pays pour trouver refuge en France et son «Paris des rêves». Engagé dans les Forces françaises de l’intérieur pendant la seconde guerre mondiale, il intègre ensuite Paris-Match pendant vingt ans tout en développant

en parallèle son travail artistique. Paris sera son port d’attache dont il rend compte dans la tradition humaniste des Doisneau, Ronis, Brassaï ou CartierBresson. Moins connu que ses alter ego, il est pourtant l’auteur d’une dizaine de livres de photographie réputés où il concilie image et écriture. Dix ans après sa disparition, Paris lui offre en 2010 une grande rétrospective et en 2011 la ville d’Ambazac -où il trouva refuge pendant la guerre- inaugure un «Espace Izis». Aujourd’hui, dans une période de révolutions arabes, les grands bouleversements sociaux et politiques rappellent la nécessité permanente d’une information libre et indépendante, pour nourrir aussi les rêves. En achetant cet album vous y participez. C.L.

Izis 100 photos pour la liberté de la presse français/anglais Reporters sans frontières, 9,90 €

Souscrire à Surian Une bonne année pour Jean-Jacques Surian : une conjonction bénéfique des projets 2012 mènera à la rétrospective des cinquante ans de son œuvre à Arteum et à la galerie Vincent Bercker en avril/mai, coïncidant avec la parution d’une imposante monographie aux Éd. Autre Temps doublée d’un tiré à part en souscription dès aujourd’hui auprès de l’auteur. Cette édition numérotée est limitée à 75 exemplaires accompagnée d’un retirage d’une estampe de 1967, signée et numérotée, ainsi que d’une œuvre originale sur papier, signée, l’ensemble accessible pour 250 € auprès de : Jean-Jacques Surian, 54 rue Roger Mathurin, Marseille 10e. Le livre, format 22x27cm, à la française, couverture rigide, dos toilé, devrait comporter près de quatre cent

pages dont onze triples dépliables, accueillir mille (!) reproductions de ses peintures, dessins, céramiques, sculptures-assemblages, avec les contributions rédactionnelles de Jean Arrouye, Christiane Courbon, Michel Guérin et Yves Michaud. Sortie prévue fin mars. C.L

Peindre à Marseille, de l’anecdote à l’universel Jean-Jacques Surian, 1960-2011 Autre Temps, 40 € environ en souscription, 250 €

Les livres de photographie d’Amérique latine Sous la direction d’Horacio Fernández Images en Manœuvres Éditions, 59 €

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LIVRES

LITTÉRATURE

Le monde en revue

256 pages de grands reportages et de nouvelles littéraires, un numéro par saison, Feuilleton, dont le 2ème numéro est paru en janvier, se situe entre le livre et le magazine. Son fondateur, Adrien Bosc, l’a appelé ainsi en référence au titre que donnent les journaux allemands à leur rubrique culturelle. Il souligne par là sa volonté d’inscrire cet objet éditorial dans une optique singulière, hybride, où les grandes plumes du «journalisme narratif», anglo-saxonnes le plus souvent, côtoieront des nouvelles inédites, au sein d’un ouvrage volontairement décloisonné et très richement illustré. Feuilleton participe de fait à une tendance éditoriale: depuis quelques saisons, plusieurs revues trimestrielles classieuses abordent ainsi le monde contemporain selon des biais insolites, hors des sentiers battus de l’info tout venant. Mais gageons que ce jeune magazine saura trouver son lectorat car la qualité est au rendez-vous. L’originalité aussi. En témoigne un éditorial d’outre-

tombe de Balzac, remarquable de coïncidence avec la réalité financière actuelle. Dans ce numéro d’hiver, on peut aussi plonger dans la violence et la corruption guatémaltèques en suivant la Chronique d’un meurtre annoncé de David Grann, lire l’hommage ironique de Julian Barnes à Hemingway, se régaler de l’excellent dossier sur l’Afrique, en particulier du reportage sur Les grimpeurs du Rwanda (ou du cyclisme comme voie d’expiation) et du superbe portfolio de Jean Depara consacré aux ancêtres des «sapeurs», savourer les Croque-Fruits dans le Marseille des années 40… Chaque «article» est agrémenté de biblio, filmo, discographies, de précisions sur les auteurs, les régions ou les périodes évoqués. Du sérieux donc, et des pistes pour approfondir. Tout cela fait de Feuilleton une revue à suivre ! FRED ROBERT

Dans les steppes de l’Asie centrale… De Cécile Ladjali, on connaît la voix et l’intelligent minois en fée-filleule de Laure Adler ; Arte, la Sorbonne Nouvelle et aussi les lycéens sourds et le Collège de Philosophie ; un œil dans l’édition et tout le reste en revues ou sur scène… La personne foisonne, croît, se multiplie mais pratique une écriture étrangement rangée sinon étriquée, d’une maîtrise qui évoque étrangement le roman-jeunesse où l’articulation appliquée vaut autant que le sens du mot lui-même ; mais au fait, c’est que le narrateur, Alexeï, est sourd et génial violoncelliste (oui il pratique la masturbation) en quête de la 8ème note, la muette qui fait silence (malin n’estce pas ?) ; orphelin aussi pas tout à fait à son insu et follement amoureux de son épouse Zena depuis toujours ; elle le quitte ; il sauve et protège la jeune prostituée Léluphar, victime d’une étrange maladie qui la fait retomber en enfance dans une superbe villa etc… Pas d’inquiétude : tout cela se passe au Kaza-

khstan encore soviétique, aux bords toujours recommencés de la mer d’Aral. Catastrophe écologique et désolation politique ; le désert gagne et la métaphore pèse ! Les serpents et les rats s’échappent de l’île de Vozrozhdeniya, petit paradis des expérimentations bactériologiques de l’Armée Rouge ; peste et conceptualisation ; de ces deux maux, le moins meurtrier pour le roman est bien sûr le premier ! L’ennui et l’agacement du lecteur accompagnent la quête d’absolu du musicien dont on craint sans oser se l’avouer qu’il ne soit en plus de tout... le double de l’auteur... ! MARIE-JO DHÔ

Aral Cécile Ladjali Actes Sud, 19,80 €

La neige et le bois Comment survit-on à l’histoire ? Aux guerres, aux morts terribles de l’enfance, à ce qui vous a coupé la voix, à la méchanceté des proches, à la violence et aux silences qui les suivent ? André Bucher répond par une foi entêtée dans la vie. Dans la nature, rude et belle, qui ne trahit pas. Et l’amour, comme un cadeau, qui s’allume au cœur même des corps estropiés. Car la musique, la nourriture, la chaleur, le travail et la force sont ici simplement offerts et partagés, tandis que l’on y cache les larmes. Il y a du Giono dans Fée d’hiver. Parce que la Provence y est montagnarde et rude, rurale comme seuls les pays isolés le sont encore, loin des plaines agricoles rangées. Parce que les personnages y sont taiseux et blessés. Que les phrases y sont brèves, rugueuses, puis soudain enflammées d’images, de comparaisons lyriques, d’amour de ce qui pousse et germe et habite les forêts, les rivières. Et que les changements de narrateurs, la construction en parties aux temporalités et aux voix distinctes rappellent les inventions narratives des Âmes

fortes, même si la cohérence réaliste y est nettement moins mise à mal. Car Fée d’hiver est un roman optimiste. Qui ne détruit rien. Où le mal si présent, les menaces qui pèsent, seront balayés par la force et la bonté de Vladimir le bûcheron croate, Daniel le poète muet, Richard le frère protecteur, et surtout Alice, la fée. Les changements de narrateurs permettent de connaître chacun de l’intérieur, dans ses blessures et ses arrangements avec la vie, avant que l’histoire vraiment ne commence, par un bel hiver, au cœur d’une clairière glacée… Comme dans les contes nordiques, jusqu’à la rédemption de chacun. Qui n’a rien de mystique, et relève d’une belle confiance dans l’humanité. AGNÈS FRESCHEL

Fée d’hiver André Bucher Le mot et le reste, 16 €

Le n°2 de Feuilleton est disponible en librairie (15 €) À paraître le 15 mars : un dossier «détective», une nouvelle inédite de Murakami Haruki et des dessins de Robert Crumb



68 LIVRES LITTÉRATURE

Fuites à l’est

À l’origine, il y a eu, au printemps 2010, la route vers Vladivostok, à bord du mythique Transsibérien. 16 écrivains français étaient du voyage, invités dans le cadre de l’année France-Russie. Certains, Dominique Fernandez, Danielle Sallenave, en ont rapporté un journal de bord. Maylis de Kerangal a choisi la fiction. Radiophonique d’abord, et aujourd’hui reprise sous la forme d’un bref mais intense roman, sa Prose du Transsibérien à elle. Une façon détournée de donner corps à son expérience intime du long périple ferroviaire ; une manière personnelle d’aborder la littérature de voyage et de renouveler le thème classique de la rencontre dans le train. Avec toujours cette captivante langue frontale, en prise avec le mouvement et l’espace,

les bruits et la fureur de la réalité la plus contemporaine. Une langue sensible, qui appréhende le monde et sonde les esprits. Sur «les rails irréversibles qui déplient le pays», Aliocha a peur. Coincé dans un compartiment de 3ème classe, il est en route avec d’autres appelés sous la férule hargneuse du sergent Letchov. Prendre la tangente, voilà ce qu’il veut. Montée à Krasnoïarsk, Hélène, une Française, fuit aussi. Entre ces deux êtres que tout sépare, l’âge, la langue, le milieu, se tisse un lien étrange, mi tendre mi agressif. Et la longue traversée du territoire immense, «livré au noir amniotique des origines» la nuit, toujours soumis au «même déploiement lent et massif du paysage» le jour, cristallise leur soif d’ailleurs.

Tangente vers l’est Maylis de Kerangal Verticales, 11,50 €

À lire Naissance d’un pont (prix Médicis 2010), récemment paru en poche

FRED ROBERT

Des lendemains qui déchantent Née à Dacca en 1975, Tahmima Anam vit aujourd’hui à Londres mais son pays natal constitue la toile de fond de ses romans. Le 1er, Une vie de choix (paru en 2009 aux Éditions des Deux Terres pour l’édition française), mettait en scène une mère de famille, Rehana Haque, et ses 2 enfants, Sohail et Maya, dans une chronique à la fois familiale et historique de la guerre d’indépendance du Bangladesh, en 1971. Le 2ème, Un bon musulman, a été récompensé par le Commonwealth Writer’s Prize en 2008 et traduit en une vingtaine de langues ; Actes Sud vient tout juste d’en éditer la version française. On y retrouve la famille Haque dont on suit l’évolution dans un aller retour constant entre la fin de la guerre (1971-1977) et les années 80. La guerre a radicalement changé Sohail le fils aîné. Sa sœur

Maya peine à reconnaître le charismatique leader étudiant dans ce «bon musulman» qu’il est devenu. Elle-même, médecin de campagne, s’est engagée dans un combat difficile pour les femmes. Deux conceptions de la vie diamétralement opposées et une incompréhension grandissante. Au-delà de la fiction romanesque, des lieux et des personnages attachants, cette histoire d’une famille dans le tout jeune Bangladesh indépendant intéresse par l’approche intime qu’elle propose de la montée et des répercussions du fondamentalisme. À travers les épisodes les plus quotidiens, elle en montre sans complaisance le prosélytisme, les dérives sectaires, et surtout l’inhumanité. Elle en révèle aussi, et c’est le plus touchant, les tentations.

Un bon musulman Tahmima Anam traduit de l’anglais (Bangladesh) par Sophie Bastide-Foltz Actes Sud, 22,50 €

F.R

Chute de l’ange Décharges, le dernier roman de Virginie Lou-Nony, s’empare du quotidien dans un récit poignant et désespéré. Il s’agit de l’histoire d’un lent et inexorable naufrage, vécu à la première personne. Ce «je» semble s’anesthésier progressivement, devenir autre sans retour possible, s’aliène, épuisé par les pertes successives d’emploi, les renoncements, les déménagements, le travail épuisant d’aide-soignante. Cette dépersonnalisation s’accentue tragiquement avec la rencontre d’un être au nom faussement salvateur, Gabriel, tétraplégique à la beauté d’archange. L’amour qu’Eva éprouve alors, parenthèse lumineuse, l’éjecte hors de la réalité, de la vie même. Ce livre sur l’échec, les échecs

Livraisons

La galerie L‘Ollave, dirigée par Jean de Breyne et sise à Rustrel rue du Moulin à Vent (beau comme du moderne non ?) édite Préoccupations, une revue d’art au titre bien campé et, sous le même label soucieux, une série d‘essais dont les titres où se côtoient ombre, lumière offusquée et reflet sont autant d’invitations à converser avec le fragile et l’essentiel ; les auteurs sont poètes, peintres, plasticiens : des artistes. Au gré des parutions, deux ouvrages choisis pour la belle modestie de leur couverture qui justement n’arrête pas l’œil. Deux titres qui s’abordent dans une disparité absolue : brouillage sémantique chez Joël Frémiot avec Aura : sa peau peinture face à la grâce suspendue de Martina Kramer pour Un morceau d’air, trois dialogues sur l’invisible. Lui, brosse dans une cavalcade de syntagmes juxtaposés, des tableaux successifs du bouillonnement créatif et jette, dans la variété de la

de la société contemporaine, l’incurie des dirigeants aussi bien que des syndicats, ne laisse aucune place à l’espoir. Subsistent les égoïsmes, la loi des incapables auxquels la moindre parcelle de pouvoir accorde une mentalité de kapo. Au passé des espoirs, répond le présent, phrases souvent courtes, mécaniques, privilégiant la juxtaposition. Le bonheur se limite aux interstices où l’on échappe à la vue, aux autres. Il n’y a de salut nulle part, ni collectif, ni individuel. En cela, et pour cette voix narrative particulière qui peu à peu se distant de son propre émetteur, ce roman est d’une inquiétante modernité.

Décharges Virginie Lou-Nony Actes Sud, 18 €

MARYVONNE COLOMBANI

typographie ou l’infranchissable du sens, une réflexion sur l’origine et la propriété du geste pictural conférant à la surface du texte la densité de l’œuvre peinte. Des premières pages tramées serré aux portées de blanc de la fin, l’artiste griffe un art poétique stimulant pour l’œil comme pour la pensée. Martina Kramer, elle, manie subtilement la transparence avec constance dans ses rapports avec ses interlocuteurs (le physicien Jean-Marc Lévy-Leblond et deux plasticiens de l’invisible : Iva Patarcec et Ludovic Lignon) ou sur les pages qui reproduisent ses lavis de «lumière en soi». S’élabore au fil du dialogue à voix mesurées un drôle «d’objet» immatériel, mouvant, fait d’éclats d’expériences sensibles. En lisière de la science, de la philosophie, de la cosmogonie, et au cœur même de la poésie. MARIE JO DHÔ

Ouvrages disponibles aux Éditions de l’Ollave, Rustrel http://artistes.rustrel.net


JEUNESSE

Par une nuit d’hiver…

Une nuit de décembre, le 22 plus exactement, un TGV, le 175, bondé, la neige, la panne, les passagers à gérer, banalité d’hiver… et puis il y a ces six jeunes gens qui ne se connaissaient pas et qui se retrouvent face à leurs démons, en danger de mort… Vampire, ancien SS… un enfant a dessiné ce personnage inquiétant. Quel est le lien ? Le roman de Jo Witek, Peur Express, s’articule en deux parties, l’une consacrée au récit de la nuit d’épouvante, la seconde à l’enquête menée par un policier et un professeur spécialisé dans l’étude de la psychologie et des phénomènes paranormaux. Un thriller remarquablement construit et mené avec vivacité. Un bon polar ado, aux limites du fantastique.

Attention cependant, le chapitre 12 s’emballe dans une scène de rituel satanique avec cérémonie anthropophagique assez limite pour des enfants.

MARYVONNE COLOMBANI

Peur express Jo Witek Actes Sud Ado, 14,50 €

Un regard plus clair

Quelques mois de la vie d’un ado pas très bien dans sa peau. Marius, 15 ans, en 3ème au collège, se retrouve seul avec ses parents après le départ de son frère aîné. Daphné, son amoureuse, est dingue de lui, mais il n’est pas très sûr d’en être vraiment amoureux ! Son rêve c’est d’aller au pôle Sud, sur la mer de Weddel, parmi les empereurs et les baleines ; alors il s’invente un igloo dans le garage et rêve de départ et d’étendues glacées. Il ne supporte ni les soirées devant la télé avec ses parents, ni les dimanches avec le grand-père. Un court séjour chez son frère et un deuil marqueront

le début d’une prise de conscience et d’une réconciliation familiale. Écrit à la première personne et plein d’humour, le texte d’Arnaud Tiercelin permet de se mettre totalement dans la peau de Marius, de vibrer à ses révoltes. Et l’émotion surgit aussi quand la vie toute simple s’impose et permet de regarder plus sereinement le présent et l’avenir. CHRIS BOURGUE

Moi et la mer de Weddel Arnaud Tiercelin Le Rouergue, 12,20 €

De feu ou de glace

Plongée dans l’univers des Petites Antilles qui ne sont pas un paradis pour tous ! Un 1er roman d’Amanda Smyth y met en scène Célia, dans un récit à la 1ère personne, aux dialogues incisifs, qui accroche son lecteur dès les premières pages. Ellemême fille d’un père irlandais et d’une mère originaire de Trinitad, l’auteure raconte la vie d’une jeune métisse de 1955 à 1958.Trois ans qui la font passer d’une adolescence pauvre et tranquille, dans le foyer de la tante qui l’a élevée, à une vie de domestique au service des blancs dans la grande ville. À 16 ans le viol qu’elle subit la contraint à fuir. Elle se retrouve au service d’un médecin et de sa famille, et ce dernier ne tarde pas à la rejoindre le soir dans sa chambre... Rien d’inattendu dans tout cela. Mais la narration est attachante, de même que les personnages, leur passé chargé de non-dits et d’inavouable, l’environnement à la fois exotique et rude pour ceux qui doivent y gagner leur vie et changer leur destin. Le roman de Audur Ava Ólafstóttir se déroule au début dans des régions gelées et volcaniques, puis sur le continent, sans aucune précision

géographique. La mère du narrateur lui a légué sa passion des roses ; aussi Arnljótur, jeune rouquin immature, quitte-t-il son île pour aller restaurer la roseraie d’un monastère improbable auprès de moines dont il ignore la langue, et de leur abbé, cinéphile, qui lui montre un film par soirée, comme une initiation aux mystères de la vie, de la mort et des corps. Peu à peu il se révèle à lui-même, se construit et s’ouvre sur les autres. Roman étrange, au rythme lent de 77 petits chapitres qui s’épanouissent comme les huit pétales de la Rosa candida, et les sourires d’une petite Flóra Sól de 9 mois… C.B

Black Rock, traduit de l’anglais Amanda Smyth Phébus, 22 € Rosa candida, traduit de l’islandais Audur Ava Ólafstóttir Zulma, 20 €

Sélection du Prix littéraire des lycéens et des apprentis de la Région PACA

LIVRES

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70 LIVRES

RENCONTRES

Jubiler !

Spéciale dédicace

Alain Simon, Agnès Régolo, Annie Terrier, Gérard Meudal © Nicole Esquieu

«Folle abeille sur folle avoine, je butine les mots captifs dans les calices de l’été, mes mots-soucis, mes mots-pensées, mes mots d’amant des libellules et de jardinier des nuages.» Sous la plume poétique et délicieusement chargée de références de Jacques Lacarrière, les vents tiennent des conciliabules et l’écriture, amoureuse du monde, l’enlace dans l’orbe subtil de ses mots. C’est grâce à la connaissance approfondie, à l’amour des textes que la manifestation littéraire la plus atypique et enthousiasmante a vu le jour : les rencontres des Écritures croisées qui ramènent à Aix les échos des plus grandes voix littéraires vivantes de notre temps. Car Annie Terrier, éprise d’utopie, avide de cette «épreuve de l’étranger», sait convaincre les auteurs les plus réticents… Tâche presque impossible que celle à laquelle Guy Astic, Liliane Dutrait, Annie Terrier se sont attelés en composant un livre qui rend compte de l’histoire si riche de ces Écritures Croisées ! Le sous-titre Parcours raisonné dans les littératures du monde souligne la terrible nécessité du choix, dans cette masse documentaire de 25 années d’archives. On y voit les écrivains se définir, se poser la question de leur appartenance, évoquer les problèmes liés à la langue choisie pour écrire, aux difficultés de traduction, rappeler leur

vocation d’écrivain, leur engagement, plonger enfin dans les sources de leurs imaginaires particuliers. Accompagnant le livre, un DVD de 1h53, composé de «regrets des 300 heures de rushes» ! Les deux supports se complètent, le premier livre une totalité fragmentée, le second des extraits. Il est aussi des déceptions, les bandes s’usent, les vidéos de la fête de 1992 sont illisibles… à la présentation de cet ouvrage qui devrait connaître une destinée aussi universitaire que grand public, se mêlent des lectures émouvantes d’Alain Simon et d’Agnès Régolo. Les mots des écrivains portés par d’autres voix entrent dans l’univers inépuisable et intemporel de la littérature. Salman Rushdie affirmait «la vérité est extrême, il faut toujours prendre parti». Le parti des utopies qu’empruntent ces fous de littérature semble bien le plus raisonné. MARYVONNE COLOMBANI

La présentation du DVD a eu lieu le 26 janv à la Cité du livre, Aix Écritures croisées Parcours raisonné dans les littératures du monde Rouge Profond, livre + DVD 25 €

Il aurait sans doute mille autres choses à faire. Philippe Carrese est multitâche ; il mène de front de nombreux projets dans des domaines variés : cinéma, télévision, musique, littérature… Il s’est pourtant posé, le temps de quelques rencontres-signatures à l’occasion de la réédition à L’Écailler de son fameux Bal des Cagoles (prix SNCF du polar 2001). Dans sa vie de cinéaste écrivain survolté, cette courte pause ne semble pas lui déplaire. Alors, tout en signant peu de mots et beaucoup de dessins qu’il dissémine malicieusement au fil des pages- il blague, avec les copains venus lui dire bonjour, avec les clients de la librairie, avec les chroniqueurs présents. À une dame ignorante du mot, il donne sa définition de «cagole» : «fille ou femme un peu exubérante», signe de sa grande tendresse pour la Félix qu’il met en scène dans le roman et pour toutes les autres filles comme elle, qui se rêvent

chanteuses et que la vie tabasse. Il rappelle aussi que ce «premier polar intra-utérin» lui a pris 9 mois (sans rire !) et que son titre initial était Bis repetita placenta. Il est content. De la nouvelle couverture rouge et or bien flashy qui rappelle les romans de gare et sied parfaitement à la collection Pulp de L’Écailler. Des «chan-sons de cagoles» qu’il a fait rajouter en fin d’ouvrage, et qu’il faut lire absolument tant pour les paroles, d’une niaiserie hilarante, que pour les clins d’œil de l’auteur. Une nouvelle édition en phase avec l’énergie, l’humour et la gentillesse de son auteur. FRED ROBERT

Philippe Carrese était en signature à la librairie Maupetit le 28 janvier

À (re) lire Le bal des cagoles L’Écailler, Pulp, 17 €

Philippe Carrese © Bruno Carrese

Pour une littérature corse ! Vivante, multiple, la littérature corse, en langue corse ou française, ne cesse de s’enrichir de nouveaux ouvrages, soutenus par des maisons d’édition aux choix intelligents. Les salons consacrés au livre corse en sont un reflet, à Marseille, à la Maison de la Corse, fin janvier, à Aix, début février… L’anecdotique devient porteur de sens, comme dans le court ouvrage de Sixte Ugoliniqui traite avec humour de L’image dela femme corse à travers les proverbes(éd. Alain Piazzola, 15 €). Les principes de véritables révolutions économiques sont posés et analysés avec lucidité, ainsi, le remarquable Femu quìl’argent du réelde Gilles Luneau(éd. Albiana, 23 €). L’histoire emprunte les formes les plus diverses, La vie dePascal Paolien BD (3 tomes, éd. DCL, 40 €) ou la superbe collection La Corse au siècle des Lumières dirigée par Dominique Taddei (Albiana). Les romanciers se nourrissent de la complexité liée à l’insularité et à l’histoire. On se contentera de citer cette fois le magnifique roman de Pierre-Joseph Ferrali, Davanti à u focu chì more, une langue riche, subtile et une intrigue qui s’ancre dans le monde contemporain (éd. Colonna,15 €). Un ouvrage de référence enfin, le très bel Éloge de la littérature corsede François-Xavier qui transcrit les échanges du blog Pourunelittératurecorse (Albiana, 18€). C’est érudit, jamais pédant… qu’elle est vivante cette littérature méconnue ! M.C

Le Salon du Livre corse s’est tenu les 28 et 29 janv à la Maison de la Corse, Marseille


RENCONTRES

De cruche et d’eau de Vian

Chaque vendredi ou presque, la librairie Le Lièvre de Mars invite le public à partager ses coups de cœur. Pour des graphistes, des plasticiens, des ouvrages singuliers, de petits éditeurs. Avec toujours le goût de la fantaisie. En ce début d’année 2012 les maîtres du lieu ont décidé d’y faire resplendir, le temps d’une conférence très particulière, «les lueurs de la chandelle verte de pataphysique». Et pour rendre hommage à Boris Vian, alias Bison Ravi, Transcendant Satrape du Collège de Pataphysique, dont deux des lettres à cette fameuse société de recherches savantes et inutiles ont servi de socle au spectacle, quoi de plus adapté que le pastiche de conférence concocté, avec un sens aigu du décalage, par le collectif Agonie du Palmier ? Après le discours et le poème d’introduction de Duc Glandieu, Régent de Bathybiologie spéculative, place donc à L’eau n’y est pour rien, réjouissante démonstration de pataphysique, cette «science des solutions imaginaires à des problèmes

LIVRES 71

Conférence pataphysique © Jeremy Paulin

qui n’en sont pas». Entre deux gorgées de vin, craies en main et schémas ou formules au tableau noir, deux pataphysiciens de choc, Marie-France Duchamp (Eveline Wojak) et Jean-Yves Caillou (Pierrick Bonjean), s’attaquent à l’analyse du proverbe «Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse». Fidèles aux mots de Vian, à son ton de doctorale suffisance, les deux prétendus conférenciers étudient les termes du dicton, formulent les hypothèses et échafaudent les théories les plus farfelues avec un sérieux confondant, en un duo rythmé d’une grande efficacité comique. Elle triture son caraco étriqué, il accumule sur son front les paires de lunettes, il la reprend, elle le contre ; au final, dans cette histoire de cruche, «l’eau n’y est pour rien», CQFD. Ce qu’ils ont démontré surtout, c’est l’extraordinaire vitalité de Vian et de sa mise en question ludique du langage. FRED ROBERT

Le collectif Agonie du Palmier était invité le 20 janv à la librairie Le Lièvre de Mars, Marseille

Les lettres de Boris Vian au Collège de Pataphysique sont à retrouver dans l’édition au Livre de Poche de Je voudrais pas crever

Fragiles et endurants survie. Elle et lui s’attachent à suivre le fil, fragmenté, hésitant, de vies héroïquement ordinaires. L’autobiographie hante l’œuvre de Fabre, celle de Giraud résonne de questionnements sociaux et politiques. Ainsi, Pas Brigitte Giraud © Francesca Mantovani

Elle est menue et vive. Il est grand et tranquille. Éloquente et précise, elle semble toujours chercher le mot approprié. Il perd le fil de ses phrases, oublie les questions, s’en excuse d’un sourire désarmant. Elle insiste, gratte. Il élude, esquive. Ces deux êtres si dissemblables ont pourtant bien des points communs, ne serait-ce que leur attention au quotidien et au «monde qui nous entoure». Tel était d’ailleurs le titre de la rencontre entre elle, Brigitte Giraud et lui, Dominique Fabre, dont nous avons beaucoup aimé les derniers romans (lire Zib’48 p. 71). Dans la salle d’actualité de la BDP, plus intime que l’auditorium, le dialogue de ces deux écrivains pleins d’humanité a touché juste. Parce que chacun à sa façon -les lectures sensibles de Michel Bellier et Corinne Esparon ont permis de l’appréciercreuse la matière même de nos existences fragiles : le temps qui passe, la perte et la disparition, le regret, l’impossibilité du retour en arrière ; mais aussi la nécessité de continuer, même «dans l’attente du pire», comme l’a dit Dominique Fabre. En s’accrochant à des objets, un pack d’eau, une vespa ; en organisant la

d’inquiétude explore de l’intérieur la question du masculin. Existe-t-on encore lorsqu’on se retrouve «homme au foyer» ? Le narrateur arrête de travailler pour s’occuper de son fils de 12 ans atteint d’une grave maladie ; il prolonge son congé grâce aux collègues qui lui offrent des jours de RTT mais vit mal le poids de cette dette. L’actualité vient de rattraper la fiction : une loi concernant le don de RTT est sur le point d’être adoptée. Curieuse façon de penser la solidarité, que de la mesurer à l’aune de la loi ! C’est en tout cas ce qu’ils pensent, elle et lui. FRED ROBERT

Brigitte Giraud et Dominique Fabre étaient invités à la BDP dans le cadre d’Écrivains en dialogue, cycle de rencontres organisé par l’ADAAL et Libraires à Marseille Prochain rendez-vous le 21 fév autour de Sylvie Germain et de son dernier livre, Le monde sans vous www.biblio13.fr


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PHILOSOPHIE

DÉTERMINISME SOCIAL

Rester dans sa classe Les schémas classiques

Pour le premier titre de leur nouvelle collection «l’ordre des choses», les éditions Agone proposent un classique de plus de trente ans de Paul Willis, L’école des ouvriers, ou «comment les enfants d’ouvriers obtiennent des boulots d’ouvriers». On y découvre que l’inertie et la reproduction sociales sont plus complexes que ce que l’on croit

L’idéalisme républicain considère que l’éducation donne ses chances à tous du fait de la massification ; tous les enfants ayant aujourd’hui accès aux mêmes enseignements et enseignants, l’échec scolaire actuel ne reposerait que sur la perte de l’autorité. La faute à 68 en bref. À un second niveau d’explication, un bourdieusisme rapide répond que l’École transmet des valeurs bourgeoises, sans transmettre les codes implicites de la réussite. Sanctionnant ce qu’elle n’apprend pas, mais se transmet dans les familles où l’on a fait des études, elle favorise ceux qui sont favorisés. Le livre de Willis vient ici décortiquer, avec science méthodologique, le mécanisme de reproduction sociale. En se penchant en particulier sur la culture ouvrière. Celle-ci s’entretient sur des valeurs qui ne sont pas celles de l’École : camaraderie, rejet des «fayots», de tout ce qui est perçu comme provenant de la culture bourgeoise, sont des habitus peu propices à l’étude. Sans parler de la valorisation du travail manuel, soutenue par un sexiste éloge de la force physique.

Domination, entre lutte et servitude On aura alors vite fait de dire que la domination en général ne peut se faire qu’avec la complicité des dominés. Certes. Mais comment se déroule ce jeu dominant-dominé, comment se développe le choix rationnel et conscient des sujets exploités ? «Il n’y a là aucune volonté machiavélique ; les éléments de l’idéologie dominante ne sont repris qu’à travers une articulation précise avec les processus culturels de la classe ouvrière». Il y a donc un jeu, au sens d’une articulation sans cesse en mouvement et qui ne supporte pas les réponses idéologiques simples et figées. La prise de décision par le sujet-enfant-ouvrier du choix d’un métier manuel qui lui paraît rationnel et accepté volontairement est un problème qu’interroge Willis. C’est un problème parce que ce choix surgit d’une lutte. Aucun agent social n’est le porteur passif d’une idéologie nous rappelle-t-il, mais «un appropriateur actif qui ne reproduit les structures existantes qu’après une lutte, une contestation». Par ailleurs, même s’il semble il y avoir une inertie dans la reproduction sociale, c’est-à-dire si chacun a tendance à rester dans la classe sociale de ses parents, cette inertie

est si complexe et tellement liée à l’extérieur historique qu’on ne peut «construire des lois d’airain des dynamiques de socialisation». Les exceptions, existent, nombreuses, qui cachent aussi l’inertie d’ensemble. Car le capitalisme offre des libertés, il repose et subsiste sur une stabilité dynamique. Des réussites sociales, et des déclassements. Une lutte permanente dans ses formes modernes et libérales. Une lutte des classes à l’intérieur d’elles-mêmes contre ce qui les constitue. Ainsi pour Willis le capitalisme n’est pas une dynastie, car il n’a pas à obéir à une stricte transmission des hiérarchies sociales : il fonctionne sur le mode du pari que ces libertés ne seront pas utilisées contre lui.

L’échec scolaire Les enfants d’ouvriers peuvent donc réussir leurs études, sortir de leur classe, mais la plupart ne le font pas, malgré les places réservées en classes préparatoires. L’échec scolaire reste massif, et c’est bien cet échec qui nous intéresse ; il n’y pas de réponse globale car les mécanismes sont très complexes et ne supportent pas de solutions simples. Risquons en deux : que les enseignants soient davantage recrutés dans les milieux populaires, ce que la mastérisation exclut, et que l’on pourrait aisément retrouver en rémunérant comme il y a 25 ans les étudiants qui se destinent à l’enseignement. Ou en augmentant les bourses étudiantes qui se réduisent aujourd’hui à peau de chagrin. Que l’on n’envoie plus dans les établissements difficiles des jeunes professeur(e)s sans aucune expérience pédagogique, ou tout simplement humaine, de jeunes de classes sociales qu’ils n’ont vues que dans leurs caricatures télévisuelles. Réponses simples on vous disait. Politiquement possibles. Syndicalement ? RÉGIS VLACHOS

L’École des ouvriers Comment les enfants d’ouvriers obtiennent des boulots d’ouvriers Paul Willis Préface de Sylvain Laurens et Julian Mischi Agone, 25 €


PHILOSOPHIE

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Destinée et reproduction En association avec les éditions Agone, Approches, Culture et Territoires organisait le 17 janv à la Cité des Associations une rencontre-débat intitulée Apprendre le travail. Les deux jeunes sociologues présents, Sylvain Laurens (Université de Limoges) et Ugo Palheta (Poitiers) ont contribué au n° 46 de la Revue Agone parue au dernier trimestre 2011, dont c’était le thème. Ils ont aussi préfacé l’ouvrage de Paul Willis publié en parallèle, L’école des ouvriers, un classique dans l’univers de la sociologie, mais qui jamais auparavant n’avait été traduit en français. Selon les intervenants, «la collection L’ordre des choses a pour vocation de remettre dans le débat actuel des oeuvres méconnues» ; cependant en quoi cette recherche vieille de 35 ans (Willis s’est immergé dans une ville ouvrière des Midlands dans les années 1970) est-elle toujours pertinente aujourd’hui ? Et bien parce que dans la veine des écrits de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, elle établit que le savoir transmis par l’école n’est pas neutre, et il semble qu’il en aille encore ainsi, en tous cas en France en 2012. N’en déplaise aux «naturalistes de droite, qui pensent que les enfants des classes défavorisées échouent parce qu’ils sont bêtes, ou aux crypto-naturalistes, pour qui l’échec est dû à la pauvreté, c’est le caractère de classe de la culture transmise qui est

prédominant.» En d’autres termes, certains jeunes transforment en choix ce qui est préparé en amont comme un travail de sape et de sélection, par intériorisation de l’échec. S’investiraient-ils plus, qu’ils ne seraient de toute façon pas facilement convaincus d’avoir la légitimité d’aboutir à un autre type d’emplois que ceux de leurs aînés. Statistiques de l’INSEE à l’appui, les deux sociologues démontent au passage quelques idées reçues : non, il n’est pas vrai que les diplô-mes ne comptent plus, ne serait-ce qu’en terme de dynamique de car-rière, car plus jeune on quitte l’école, moins on évoluera. «Le collège reste la gare de triage de l’orientation, d’une violence sociale terrible, avec dualisation très forte des perspectives.» Si l’on observe de près un marqueur comme celui du redoublement à l’orée du XXIème siècle, seulement 14,7 % des élèves de classes populaires en 1ère générale n’avaient jamais redoublé, contre 69 % dans les classes favorisées.

Quant à l’objectif Chevènement d’emmener 80 % d’une génération au bac, il n’a jamais été atteint, et non, le diplôme n’est pas «bradé». Mais les politiques de massification scolaire, le chômage, la désindustrialisation n’ont-ils en rien changé la donne ? «La massification a été en majorité ségrégative, d’où la persistance et l’étanchéité des hiérarchies professionnelles qui en découlent. Ce qui a le plus démocratisé l’institution scolaire, c’est l’arrivée des instituteurs issus des classes moyennes à l’École Normale.» Comment alors aborder cette question cruciale de la démocratisation du savoir ? Nos sociologues contemporains n’ont hélas pas de solution miracle, pas plus que Paul Willis en son temps. GAËLLE CLOAREC

Apprendre le travail Revue Agone n°46, 20 €


74 HISTOIRE LA CIOTAT | ÉCHANGE ET DIFFUSION

Le passé sous les flots En 1966, André Malraux créait un département dédié à la recherche archéologique sous-marine, le DRASSM, conscient de l’extraordinaire importance du patrimoine qui dormait sous les eaux, et des dangers qu’il encourrait… «Rêves d’enfants et instincts lucratifs continuent de lorgner le fond de nos mémoires englouties, et l’État doit pouvoir continuer à exercer sa vigilance» souligne le ministre de la Culture qui baptise le successeur de l’Archéonaute (1967-2007), navire dédié à la recherche sous-marine pour le DRASSM*, nommé André Malraux. Pour marraine, la fille de l’écrivain ministre, Florence Malraux. Frédéric Mitterrand évoque les multiples missions de son ministère (voir p. 4) et explique : «La construction d’un bateau est sans doute l’une des réalisations les plus inattendues et originales qu’il m’ait été donné de conduire.» La technologie de pointe mise en œuvre dans le projet est au service du «temps long de la tradition». Motif de satisfaction, l’activité générée par la construction aux chantiers de La Ciotat : le ministre salue les ouvriers qui ont participé à la construction du navire et exprime sa fierté de constater que si la construction

Partager le savoir

Le maire de la Ciotat et F. Mitterrand © MCC/DRASS

Baptème de l'André Malraux © MCC/DRASS

navale «fait partie des plus anciennes réalisations de l’homme, elle lui permet aussi de se réapproprier son histoire». Dans le domaine de l’archéologie sous-marine, la France est pionnière, grâce aux travaux de Cousteau, d’André Malraux, des directeurs successifs du DRASSM dont l’actuel directeur Michel L’Hour. Et si le Préfet souhaite utiliser le bateau pour des missions de surveillance, le ministre lui rappelle fort à propos les missions premières de recherche et préservation du patrimoine archéologique sous-marin, pour lesquelles il a été conçu. Car en Méditerranée, la mer aussi recèle des trésors de vie et de mémoire insoupçonnés… MARYVONNE COLOMBANI

*DRASSM : Département des Recherches Subaquatiques et Sous-Marines

La réputation de Jacques Rancière n’est plus à faire. Co-auteur avec Louis Althusser et Etienne Balibar d’un ouvrage majeur, Lire le Capital, il rompt par la suite avec le marxisme pour dénoncer la condescendance de certains intellectuels envers les «pauvres». Ayant pu lire récemment son essai intitulé La haine de la démocratie, le public marseillais était légitimement intéressé par son regard sur la politique de la fiction. Malheureusement, lors d’une conférence absconse, il n’a pas véritablement éclairé sur ce qui fait «la différence entre démocratie littéraire et démocratie politique». Si l’on a pu comprendre ce qui séparait Platon, «pour qui la fiction est mensongère», d’Aristote, «qui estimait la poésie plus véridique que l’histoire», si l’on a apprécié les éclairages du conférencier sur la subversion de Madame Bovary ou de Julien Sorel, une approche plus claire aurait été bienvenue. De la part d’un homme qui défend l’idée d’une sortie du règne de l’expertise pour permettre une réelle démocratisation du savoir et de la vie politique, on peut même penser que c’était le minimum requis... G.C.

Cette conférence a eu lieu le 9 fév dans le cadre d’Échange et Diffusion des Savoirs

Ce baptême a eu lieu le 24 janv à La Ciotat

Marylène Patou-Mathis © DRFP Odile Jacob

La malédiction de Cham Elle donne un peu le vertige, cette conférencière, qui remonte et dévale quelques siècles en une heure, pour nous rappeler le regard porté par l’Occident sur «l’autre lointain» à travers le prisme scientifique et l’imaginaire collectif. Si son discours impressionne, ce n’est pas parce qu’il y a beaucoup à dire en peu de temps, mais parce que l’histoire superposée des «sauvages» et des «primitifs» vue par la «civilisation» est empreinte des pires horreurs qui soient : racialisme, esclavage, eugénisme, exploitation et traitements inhumains jusqu’à la nausée. On pourrait espérer que ce cauchemar soit derrière nous, mais la théorie unilinéaire et progressive des cultures qui a longtemps prévalu continue insidieusement à répandre son poison hiérarchisant: «Pour certains de mes collègues anglo-saxons, même s’ils ne sont pas créationnistes, hors du Sapiens, il n’y a pas d’humanité. Depuis la parution de mon livre1 sur l’homme de Néanderthal, au contraire, d’autres s’en emparent comme d’un modèle écolo et non

violent ! Or, il est juste différent, il est aussi absurde de le porter aux nues que de le descendre.» Marylène Pathou-Mathis est préhistorienne, mais c’est aussi quelqu’un qui a vécu avec les Bushmen du Kalahari, d’où peut-être son indignation lorsqu’elle évoque le Musée du Quai Branly, conçu de telle manière qu’il suggère une Europe sans primitifs. Manière de signifier que l’Autre, c’est toujours celui qui doit être maintenu Ailleurs, aussi bien géographiquement qu’historiquement. GAËLLE CLOAREC

Cette conférence a eu lieu le 2 fév à l’Hôtel du département, Marseille dans le cadre d’Échange et Diffusion des Savoirs 1

Néanderthal, une autre humanité Marylène Pathou-Mathis Perrin, 2006


MUCEM

HISTOIRE 75

Les révolutions arabes,

Les Mardis du Mucem invitaient Jean-Pierre Filiu, historien arabisant, et l’INA, toujours bienvenu pour revigorer les mémoires par l’image, pour présenter une rétrospective et faire un bilan de la révolution tunisienne

un an après

Jean-Pierre Filiu © X-D.R

Jean-Pierre Filiu rappela d’abord que les événements ne doivent pas être confondus avec la Révolution du Jasmin, ces jours de novembre où Ben Ali supplanta Bourghuiba. Là, ce n’est pas un leader qui en remplace un autre, c’est une lutte de tous, une lutte contre le chef qui a trahi, qui s’est servi, qui a pillé les richesses communes. C’est un temps où, face aux dictateurs, mourir pour la liberté a retrouvé un sens : mieux vaut «une fin effroyable qu’un effroi sans fin» disait Marx. Le mouvement révolutionnaire touche ensuite l’ensemble du monde arabe. La jeunesse descend dans les rues et lance son «dégage». Expression en arabe tantôt traduite en français ou en anglais, elle illustre une nouvelle génération qui a appris la langue à l’école, dans un cadre laïc. Elle révèle la volonté de tous d’abattre le système. Les révoltés en finissent avec des régimes prétendant stabiliser et ordonner les sociétés, alors qu’ils organisaient l’insécurité de tous par la violence et le meurtre. En Syrie, vestige tenace, Bachar el-Assad campe sur cette fiction et se proclame «chef pour l’éternité». La violence de la répression conduit à une double conclusion : la révolution sera longue mais, par sa profondeur d’engagement, elle dessinera un nouveau modèle pour l’ensemble des pays arabes. L’INA proposa un deuxième extrait vidéo à propos des jeunes Égyptiens. Laïcs, modernes, liés à la classe moyenne, ils évitent la violence mais affirment leur détermination :

seul le départ de Moubarrak mettra un terme à leur action. Jean-Pierre Filiu confirme le rôle déterminant de la jeunesse. Il note aussi combien la musique est présente dans ces moments d’effervescence, notamment rap et slam : «À réunir tous ces groupes, on aurait la bande son des révolutions arabes.» Mais alors, pourquoi les mouvements islamistes ont triomphé partout interroge Thierry Fabre ? Pour Filiu, il faut relativiser. Les victoires électorales ne sont pas définitives : en Jordanie, les islamistes ne se sont pas maintenus. Ailleurs le processus électoral n’en est qu’à son ébauche. La Tunisie entre dans une série de consultations à la proportionnelle et le droit comme la construction d’un État deviennent le fondement de la société : c’est tout ce processus qui est une garantie pour l’avenir, pas le score d’une consultation ! Quant à la relation d’avec les pays de la rive nord de la méditerranée, l’heure est à la redécouverte et à l’apprentissage du pluriel. Le grand danger réside dans les habitudes du Nord : les mêmes responsables seront tentés de perpétuer de mauvaises habitudes. L’Europe a une vraie responsabilité, elle doit voir ces pays autrement ! RENÉ DIAZ

Les révolutions arabes, un an après a eu lieu le 17 janv à l’Alcazar, Marseille dans le cadre des Mardis du MuCEM


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SCIENCES ET TECHNIQUES

L’EAU

Forum Mondial :

l’eau monte… j’achète !

© X-D.R

Le 6ème Forum Mondial de l’eau se tient du 12 au 17 mars au Parc Chanot. La Foire de Marseille attire les gros de l’eau. Présenté comme un rendez-vous essentiellement «politique», ne s’agirait-il pas plutôt de l’immense braderie des marchés publics de l’eau potable, denrée essentielle pour le vivant, donc l’humanité ? Petit détour du côté du Forum Alternatif Mondial de l’Eau (FAME), ou réponse d’une source claire ! Eau de vie H2O, pour l’appeler par son nom chimique. Deux petits hydrogènes et un gros atome d’oxygène, bras dessus-bras dessous forment un ménage à trois très fortement lié, molécule essentielle à la vie. L’hydrogène -le plus petit des atomes- peuple à 73 % l’univers; l’oxygène arrive en troisième position à 1 % derrière l’Hélium à 24 %. Ces fortes abondances naturelles expliquent la présence de la molécule d’eau qui les combine aux confins des galaxies. La structure

particulière de cette molécule triatomique et les caractéristiques spécifiques des atomes qui la composent [O et H], lui confèrent des propriétés uniques de solvatation : elle solubilise quantité de substances, en particulier les «sels minéraux» et autres espèces ioniques qui présentent une charge électrique positive ou négative en solution. Appelée un peu abusivement «solvant universel», l’eau est surtout nécessaire au développement de la vie car elle forme un «bain originel» (un milieu réactionnel) favorable à la réactivité moléculaire complexe et ce faisant au développement de macromolécules (très grosses molécules comportant un grand nombre d’atomes) que sont «les molécules de la vie». L’eau est aussi le véhicule principal des circulations physiologiques, 92 % du sang humain. C’est son caractère amphotère -basique ou acide suivant le produit qu’elle solvate- qui lui permet de dissoudre des composés aussi différents que sucre, sel, alcool, gaz… etc, et par là même de véhiculer les substances nutritives intra-cellulaires. C’est aussi, très souvent l’eau qui sert de support à l’échange des gamètes dans la reproduction du vivant. Mais elle est aussi capable de dissoudre et de véhiculer des substances ou des organismes toxiques. L’eau dite «sale» ou contaminée devient alors «impropre à la consommation» et cet ennemi de la «santé publique» qu’il convient de «purifier». Là commence la spéculation scientifique d’abord, politique ensuite, financière enfin.

À vau-l’eau On pourrait croire que l’eau est la chose du monde la mieux partagée, compte tenu de son abondance et de son ubiquité -être partout en même tempssur le globe. Malheureusement, son extraordinaire pouvoir de solvatation joue contre sa saine réputation. En effet 97,2 % constitue les océans dont on sait qu’ils sont aussi insondables qu’imbuvables ; 1,8 % sous forme de glace difficilement exploitable ; 0,9 % sous terre par voies d’outre-tombe, et seulement 0,02 % d’eau douce de lac, fleuves et autres sources bienfaisantes. Enfin, l’eau ne donne des vapeurs qu’à 1 pour mille de ses réserves. Conséquence de quoi, trop peu d’eau consommable sans danger pour une population mondiale qui vient de dépasser à toute vitesse les 7 milliards d’âmes. D’autre part 5 % des états soit 9 pays se partagent 60 % des réserves mondiales d’eau douce : le Brésil, la Russie, les États-Unis, le Canada, la Chine, l’Indonésie, l’Inde, la Colombie et le Pérou. La répartition très hétérogène des populations augmente encore ces disparités.

L’Asie qui rassemble près de 60 % de la population du globe ne dispose que de 30 % des ressources mondiales d’eau douce. Le bassin de l’Amazonie avec 0,3 % de la population du globe concentre 15 % de ces réserves. Un Palestinien de la bande de Gaza se dépatouille avec 59 m3 d’eau potable par an alors qu’un Islandais se noie dans ses 630 km3. Le pourtour méditerranéen présente des disparités notoires, avec des conséquences, économiques, sanitaires et politiques désastreuses, sur les populations les plus pauvres. C’est parce qu’elle est essentielle et se raréfie, que le marché mondial a commencé à s’approprier l’eau, bien intrinsèquement collectif.

Suez sang et eau En 2011 a été lancé l’appel d’offre géant pour la gestion de l’eau à Marseille qui concerne la Sem (Société des Eaux de Marseille), actuelle détentrice du contrat contrôlée à 100 % par Veolia depuis 2009. La Sem (1 500 salariés, 365 millions d’€ de chiffre d’affaires) était jusqu’alors détenue à 50/50 par Veolia et Suez. L’Europe ayant interdit ce genre d’entente et d’abus de position dominante entre les deux grandes multinationales du secteur Veolia a été conduit à racheter, après bien des atermoiements, les parts de Suez dans la SEM en lui laissant au passage 100 % dans la Seram (la gestion des égouts de la ville). Dès lors redevenus concurrents Suez et la SEM/Veolia ont commencé à croiser le fer en 2011 pour obtenir le marché des eaux de Marseille en 2012. On commence à comprendre pourquoi Veolia, devenue pour la circonstance chevalier vert de la mare au canard, sponsorise largement un «Forum Mondial de l’Eau». Rien d’étonnant non plus qu’un Forum Alternatif Mondial de l’Eau (FAME) tente de s’imposer à Marseille. Une riposte à celui du Conseil Mondial de l’Eau, organe des sociétés transnationales et de la Banque Mondiale qui prétend s’arroger la gouvernance mondiale de l’eau. «Depuis des années l’ensemble des mouvements de la société civile qui militent pour la préservation des ressources en eau et leur gestion citoyenne ont élaboré des plates-formes, des propositions et des actions, […] pour l’émergence d’un mouvement pour la rappropriations de l’eau, bien commun de l’humanité.» À quand la libéralisation du marché de l’air ? Liquide ou pas certains consortiums doivent l’avoir dans leur réservoir. Quand l’eau tend à nous être retirée, il faut collectivement en refuser le déboire ! YVES BERCHADSKY


Culture au Forum En marge du 6ème Forum Mondial de l’eau, plusieurs manifestations culturelles sont ouvertes aux congressistes (les organisateurs attendent 25 000 participants) et aux intervenants (800 intervenants, 140 délégations ministérielles, 180 pays eprésentés). Parmi ceux-ci une création de JeanCharles Gil H2O, Mémoire du Rhône, par le Ballet d’Europe, un film de Yann Arthus Bertrand, une chanson de Erick Benzi, interprétée par des chorales de Marseille… La chanson (Porte-l’eau, à écouter sur www.marseillereve.com) est emblématique de nombre de ces manifestations culturelles, impliquant généreusement la population dans une apologie de l’eau qui reste très vague, et artistiquement pauvre. Ainsi les propositions ouvertes à la population dans la ville sont de l’ordre du pavoisement des moyens de transports, du Carnaval (le 17 mars), d’un concert au Dôme (le 16 mars), d’un partenariat avec l’OM, de travaux pratiques de lycéens, de décoration de fontaines par les écoles… Une célébration collective certes réjouissante mais dont on a du mal à cerner

l’objet, hors le rassemblement autour d’un thème. Mais certaines propositions sortent manifestement de cet esprit : l’exposition photographique de Michel Eisenlohr au Palais Longchamp (voir Zib’48) les deux expositions de l’IRD, à la Gare Saint Charles sur la désertification (à partir du 20 fév), à la Bibliothèque départementale sur l’irrigation (à partir du 17 fév), les Rencontres Internationales Eau et Cinéma (le 11 mars au musée de Château Gombert), des projections prévues à La Buzine tiendront lieu, au-delà de la mobilisation, de manifestations culturelles. C’està-dire d’endroits où s’élaborent une transmission, une réflexion, le partage d’un regard artistique. Mais l’occasion semble pour l’heure ratée de partager l’abondante littérature, et musique, que l’élément premier a suscitées… A.F.

Forum Mondial de l’eau Du 12 au 17 mars Parc Chanot, Marseille www.worldwaterforum6.org

Culture au FAME Programme artistique du Forum alternatif Voir également cinéma page 54

La Lipho (Ligue d’Improvisation PHOcéenne) Le 21 fév à 20h Point de Bascule Alcaz Le 23 fév à 20h L’Ecomotive A cinq sous Le 3 mars à 21h El ache de cuba Aquarelle intime Le 6 mars à 21h Paradox Concert de clôture Le 17 mars à partir de 18h Dock des Suds Forum Alternatif Mondial de l’Eau Du 14 au 17 mars Dock des Suds, Marseille www.fame2012.org/fr


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ADHÉRENTS

Nos Partenaires vous offrent invitations, réductions et avantages ! Pour les places gratuites, téléphonez-leur rapidement pour réserver, puis présentez votre carte de membre (1 place par carte nominative). Pour les réductions, présentez simplement votre carte (réduction valable seulement pour l’adhérent) Le Gyptis 2 invitations par soir Pour Italie-Brésil 3 à 2 Le 21 fév à 20h30 Le 22 fév à 19h15 Le 23 fév à 19h15 Le 24 fév à 20h30 Le 25 fév à 20h30 Pour Les mots vous regardent Le 20 mars à 20h30 Le 21 mars à 19h15 Le 22 mars à 19h15 Le 23 mars à 20h30 Le 24 mars à 20h30 Au-delà de ce quota, tarif réduit dans la limite des places disponibles 04 91 11 00 91 Le Lenche Tarif réduit à 8€ Pour Ce que l’arbre m’a raconté Du 21 fév au 3 mars Pour George Dandin Du 13 mars au 7 avril Tarif réduit à 6€ Pour Bang Bang Du 15 au 18 fév Pour À jamais suivi de Ben Du 7 au 9 mars 04 91 91 52 22 La Minoterie Tarif réduit pour toutes les représentations 8€ au lieu de 12€ 04 91 90 07 94 Les Bancs Publics 1 place offerte pour 1 place achetée pour tous les spectacles 04 91 64 60 00 Théâtre Vitez (Aix) 4 invitations Pour Drames de princesses mes Valérie Hernandez et Michel Ducros Le 15 fév à 19h Pour Le Ring mes Jérôme Rigaut Du 6 au 10 mars Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Edité à 30 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Edité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse | n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Agnès Freschel Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture Il était une fois Germaine Tillon Cie Lanicolacheur © Hervé Kielwasser Conception maquette Max Minniti Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@wanadoo.fr 06 09 08 30 34

Pour Les Bienfaits de l’amour mes Frédéric Poinceau le 21 mars à 20h30 04 42 59 94 37 3bisf (Aix) Entrées et visites gratuites sur réservations 04 42 16 17 75 Le Sémaphore (Port-de-Bouc) 8€ au lieu de 12€ Pour Cahier d’histoires #2 Le 16 mars à 20h30 04 42 06 39 09 Festival Les Elancées 2 invitations par spectacles Pour Urban Cie Circolombia Le 17 fév à 20h30 à l’Olivier/Istres Pour Nubes Cie Aracaladanza Le 18 fév à 17h à La Colonne/Miramas Pour Pequeños Paraisos Cie Aracaladanza Le 21 fév à 18h30 à l’Olivier/Istres Pour Ces deux-là Cie du Sillage Le 22 fév à 18h30 à Grans Pour Pour le meilleur et pour le pire Cirque Aïtal Le 24 fév à 18h30 et le 25 fév à 20h30 au Palio/Istres Pour Synapses Le 25 fév à 17h à l’ Espace 233/Istres 4 invitations Pour Sur la route Cie Les Colporteurs Le 26 fév à 16h à Istres/L’Olivier Résas au 04 42 55 24 77 48h avant la date de la représentation Vélo Théâtre (Apt) 2 invitations Pour L’Insomnante Cie L’Insomnante Le 18 fév à 20h30 4 invitations Pour le festival Greli Grelo Du 4 au 17 mars

04 90 04 85 25 L’institut culturel italien 3 adhésions annuelles d’une valeur de 32 €, cette «carte adhérent» vous donnera accès à tous les services de l’Institut, médiathèque et programme culturel. Demande par mail : iicmarsiglia@esteri.it ou au 04 91 48 51 94

Librairie Le Jardin des Lettres (Saint-Maximin) 11 rue Général de Gaulle 5% de réduction sur tous les livres

Librairie Maupetit (Marseille 1er) La Canebière 5% de réduction sur tous les livres

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Librairie Au Poîvre d’Âne (Manosque) 9 place de l’Hôtel de Ville 5% de réduction sur tous les livres hors promotion

L’histoire de l’œil (Marseille 6e) 25 rue Fontange 5% de réduction sur tous les livres

Art-Cade – Les Grands Bains Douche de la Plaine Une adhésion et une consommation au bar de la galerie 04 91 47 87 92

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Arts Visuels Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr 06 25 54 42 22

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Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com 06 19 62 03 61

Secrétaire de rédaction Magazine et livres Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10

Histoire et patrimoine René Diaz renediaz@free.fr

Philosophie Régis Vlachos regis.vlachos@free.fr Sciences et techniques Yves Berchadsky berch@free.fr

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Musique et disques Jacques Freschel jacques.freschel@wanadoo.fr 06 20 42 40 57

Secrétaire de rédaction Spectacles Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42

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Mina Kouk (restaurant/traiteur/salon de thé) Fabrication de fondants et croustillants Sud Méditerranée Vous offre une citronnade maison 21 rue Fontange, Marseille 6e Du lundi au samedi de 9h à 19h, le soir sur résas. Livraison 04 91 53 54 55 L’imprimeur Magenta 10% de remise sur tous travaux d’impression 04 91 32 64 54

Ont également participé à ce numéro : Yves Bergé, Émilien Moreau, Gaëlle Cloarec,Christophe Floquet, Thomas Dalicante, Pierre-Alain Hoyet, Christine Rey

Photographe Agnès Mellon 095 095 61 70 photographeagnesmellon.blogspot.com Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 Chargé de diffusion Jean-Mathieu Colombani 06 03 28 60 47 jmcolombani13@msn.com




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