Zibeline 50

Page 1

un gratuit qui se lit

N°50 - du 21/03/12 au 18/04/12

De

l’autre côté



Politique culturelle Événements Région PACA, Agglopole Provence Cavaillon, La Cité Draguignan, Latcho Divano, Aubagne Entretien avec Raoul Lay, Grasse, Babel Med Festival d’Avignon, Festo Pitcho

4 5 6 7 8, 9 10

Théâtre La Criée, Les Bernardines Le Gyptis, le Gymnase, le Lenche Le Bois de l’Aune, Simiane, Trets, le Vitez 3bisf, Port-Saint-Louis, Arles, Nîmes Toulon

11 12, 13 14 15 16

Danse Avignon, Aix, Château-Arnoux, Forum de l’eau

18, 19

Arts de la rue/Cirque/Jeune Public Sirène et midi net, Massalia Les Elancées, Arles, Grasse, Draguignan, Châteauvallon La Criée, Apt, Aix

20 21 22

Musique Opéra, chambre Contemporain, actuelle Actuelle, du monde Actuelle, jazz

24, 25 26, 27 28 29

Au programme Théâtre Danse Jeune public, cirque Musique Sciences et techniques Rencontres Cinéma Arts visuels

30 à 37 38, 39 40 à 42 44 à 51 51 52 à 55 56, 57 58, 59

Arts visuels Arles, Saint-Rémy MAC, ESADMM Rencontre avec Jean-Jacques Surian, Agnès Mellon La Seyne, La Valette, Six-Fours

60 61 62 63

Cinéma Manosque Image de ville, Institut de l’image Films Varda à Sète

64 65 66 67

Livres Art, musique Littérature Jeunesse Rencontres

MP2013 Histoire Auschwitz, Les Milles, le musée d’Histoire de Marseille MuCEM

68 à 71 72 à 75 76, 77 78, 79 80 à 85 86, 87 88

Horizons Danse à Dakar

89

Philosophie Ecologie politique Echange et diffusion des savoirs

90 91

Basculement Un basculement politique se profile et les médias guettent, pour alimenter leurs chroniques et booster leurs audiences, les détails croustillants de la campagne. Les commentaires des communicants (a-t-il été bon ?) et des sondeurs (va-t-il remonter ?) tiennent lieu d’analyse. Quant aux journalistes politiques ils dénoncent les propos nauséabonds, mais ne parlent que d’économie. Ou plutôt de prévisions comptables. Il n’est plus question d’étude sociale, de projet écologique, sans parler d’ambition culturelle. Le mot même de culture, perverti par ceux qui en ont fait un outil d’exclusion, est devenu suspect. Tout comme l’identité, transformée en concept mesquin et revanchard, voire franchement raciste. Pour autant, devonsnous occulter ce que nous sommes ? Notre culture commune et mouvante, celle que nous transmettons, inventons, modifions ? Les bouleversements que le monde vient de vivre, révolutions populaires, renversement des dictatures, accident nucléaire qui a ravagé une puissance libérale, crise de la dette qui révèle l’ineptie de la politique monétaire, basculement de la Grèce dans la faillite, tout cela n’amènet-il pas à réfléchir nos modèles et nos choix ? À dépasser l’ambition myope de gérer à court terme, pour construire une société où l’on pourra vivre ensemble, durablement, sans laisser mourir nos voisins, et les hommes des rives lointaines ? Nous avons besoin de pensée complexe, de recul, d’écriture, mais une mélasse épaisse est servie par les médias en guise de nourriture culturelle, biopic d’un chanteur minable, cérémonie de remises de prix, groupes pseudo rock insipides, stars grossières, gadgets numériques. Les slogans et raccourcis tiennent lieu de discours, et les progressistes osent à peine parler d’éducation, de culture, de recherche, de sens. Les ravages opérés dans l’ordre de l’esprit sont conséquents. D’autres basculements seront nécessaires, pour que l’on puisse à nouveau penser l’avenir. AGNÈS FRESCHEL

Sciences et techniques L’espace

92

Adhérents

94

RetrouveZ nos éditions précédentes sur www.journalzibeline.fr


04 POLITIQUE CULTURELLE

La culture ? Visiblement le sujet ne suscite pas l’enthousiasme des médias ni des candidats à la présidentielle, qui se pressaient pourtant à Avignon cet été pour promettre qu’ils empêcheraient la casse… qui est en train d’advenir, dans le plus total silence ! Le 24 février devant les DRAC de France, avaient lieu des manifestations d’artistes et professionnels de la culture qui répondaient à l’appel de tous les syndicats artistiques réunis : arts plastiques, spectacle, producteurs, festivals, ensembles, diffuseurs, indépendants, scènes publiques… Au centre des revendications, les coupes budgétaires prévues en 2012 dans une «mission culture» mise à mal depuis des années. Aujourd’hui le gel des 6% sur les budgets de l’État, le collectif budgétaire, la TVA qui passe à 7% et les mandats de révision conduisent les Directions Régionales, et en particulier la DRAC PACA, à amputer encore les subventions des structures artistiques et culturelles pour 2012. Les membres de la délégation de PACA, reçus par Denis Louche, le directeur régional des affaires culturelles et Marc Ceccaldi, le directeur adjoint, se félicitaient d’avoir fait remonter leurs très vives inquiétudes. Pierre Sauvageot (directeur de Lieux Publics, SYNDEAC), rapporta la rencontre en soulignant l’écoute rencontrée : «Denis Louche a défendu le bilan de l’État en région, et le fait que des nouveaux lieux apparaissaient. Mais il n’avait pas d’informations précises sur le gel budgétaire.». Les artistes

Tout le monde s’en fout ! sont toujours «en attente d’une levée du gel de 6% du budget». Quant au mandat de révision (les 400 000 € que devrait rendre la Drac Paca), M. Louche dit «se battre pour qu’il soit le plus bas possible». Agnès Loudes (Théâtre Vitez, SNSP) rappelait «le rétrécissement des capacités de production et de diffusion, et le fonctionnement moindre pour la création. La Drac devrait être aussi une instance de reconnaissance et de soutien des initiatives. Là on est juste sommés d’obéir, ce qui empêche l’intelligence. La Drac applique une politique nationale très dirigiste.» Renaud Marie Leblanc (Didascalie and co, SYNDEAC) a parlé au DRAC de «l’état des compagnies impactées dans leur propre structure, et pas seulement les compagnies émergentes. Car les lieux qui ont des missions de coproduction subissent des baisses de budget et réduisent donc la voilure : une double peine pour les compagnies, en définitive.» La vigilance est donc de mise pour Sylvie Record (Gymnase et Jeu de Paume, SYNDEAC) : «on sait que cette politique ne dépend pas directement de la Drac, mais il est important qu’elle fasse remonter au niveau national notre grande inquiétude. Il faut maintenant que ça se traduise en actes concrets : le Président de la République, notamment lors du Forum d’Avignon en novembre dernier, avait soutenu que la culture est la réponse française à la crise et ne devait pas être impactée budgétairement ; or pour l’instant il y a le gel, le collectif budgétaire, et les mandats de révision.»

Et demain ? Le paysage culturel est aujourd’hui déconstruit : certes dans la région des bâtiments nouveaux font surface, l’année Capitale se profile, mais ce qui fait la vie même d’une culture inventive, c’est-à-dire les artistes, les compagnies indépendantes, les auteurs et les chercheurs, sont exsangues. Car l’État ne se préoccupe plus que de la loi Hadopi, et de parachuter des directeurs dans des lieux construits à grands frais qui pompent les crédits des Dracs, et des collectivités territoriales. Les lieux intermédiaires se battent au quotidien pour maintenir leur budget

artistique, les médiathèques renoncent à leurs projets, et sur nos scènes les productions sont de plus en plus pauvres, les grands plateaux se peuplent d’artistes solitaires et fatigués, dépressifs parce qu’ils sont mal aimés. Quant aux lieux alternatifs ils ferment un à un, ou peinent à surnager dans des conditions économiques indignes… Cette politique d’État est-elle idéologique, veut-on en finir avec les spécificités de la vie culturelle de notre région, qui s’est toujours distinguée par son indépendance et son aspect fortement participatif et citoyen ? À Marseille et dans la région les spectateurs n’ont jamais sorti les Rolex pour aller au musée ou à l’opéra. On y croise un public nettement plus populaire qu’ailleurs, qui aime les Friches quand on n’y meurt pas de froid, les poulaillers des scènes lyriques, les rencontres à ciel ouvert, l’art contemporain, les débats, l’air du large, la politique. Puisqu’il semble que le Parti Socialiste va prendre les rennes de l’État pour conduire une politique nouvelle, il faudra en matière culturelle, en particulier en région, un changement de cap. Pas seulement une «sanctuarisation» des budgets comme l’a promis François Hollande, mais une véritable remise à flot. Et un changement des comportements, des priorités, pour atteindre enfin la bienveillance nécessaire envers ceux qui font éclore la poésie fragile dont nous avons besoin. Car c’est ici, en région, que peuvent naître des formes nouvelles, loin des rituels culturels et des schémas bourgeois parisiens. Pour l’heure, la Culture et ses 720 000 salariés (mais 0.6% du budget de l’État…) sont absents des discours. Il est temps pour tous, artistes, écrivains, musiciens, mais aussi publics et lecteurs, de faire entendre qu’elle compte autant dans nos vies que la sidérurgie, ou l’agriculture. DOMINIQUE MARÇON ET AGNÈS FRESCHEL


Retour du Printemps mence à peine à s’écrire, et que cette exposition «veut favoriser une prise de conscience collective des enjeux démocratiques». À suivre ! A.F. Printemps arabe jusqu’au 28 juin Hôtel de la Région, Marseille 04 91 57 52 11 http://printempsarabe.regionpaca.fr © Alain Buu - Tahrir Fevrier 2011

L’exposition à l’Hôtel de Région est exceptionnelle : la sélection de reportages photographiques (une trentaine de photographes) et de films documentaires est abondante, pertinente, et le parcours de l’exposition, à la fois chronologique, par pays et par thèmes, permet, véritablement, de faire un (petit) tour de cet immense mouvement. De ses joies et révoltes, de ses abominables répressions, de ses questions et de ses nuances aussi, sur la place des femmes, de la religion, de l’armée. Avec de si radieux visages ! La Région Paca a également ouvert un site où les photographies sont exposées par thèmes, et où l’on peut voir des documentaires, et entendre une bande son entre slogans et chants révolutionnaires. Et si Alain Mingama, commissaire de l’exposition, se félicitait de la «longue conquête du respect premier de la dignité étouffée pendant tant d’années par les dictateurs enfin déchus», Michel Vauzelle soulignait que la nouvelle page com-

© Alain Buu - Tahrir

Ensemble lisons !

7e édition de la manifestation Lire Ensemble, fête intercommunale du livre qui continue à irriguer le territoire Agglopole Provence de ses propositions éclectiques et gratuites. Lectures, spectacles, contes, balades contées, apéritifs littéraires, ateliers d’écriture et de créations… sont au programme durant deux semaines, du 6 au 20 avril, dans les 17 communes. Parmi les temps forts, la soirée inaugurale, le 6 avril, propose une «épopette musicale», Knup récit et concert, sur le destin de deux amoureux par la cie d’A ; la soirée de clôture qui voit les lauréats des concours de nouvelles récompensés, et la présentation des productions issues des différents ateliers et résidences d’auteur ; car des ateliers sont menés par les quatre auteurs et auteurs-illustrateurs parrains de la manifestation (Ghislaine Herbéra, Mathilde Chèvre, Maurice Gouiran et Eric Boisset), véritables moments privilégiés pour les participants, enfants et adultes. DO.M.

Lire Ensemble Du 6 au 20 avril Divers lieux Agglopole Provence, Salon 04 90 44 85 85 www.agglopole-provence.fr


06

ÉVÉNEMENTS

CAVAILLON | LA CITÉ Rim Temimi, vernissage Collectif Degage, Cavaillon © Delphine Michelangeli

Dégage ! L’expression est devenue le symbole des rebelles du monde arabe. La 2e Exclamation du Théâtre de Cavaillon, consacrée «à l’état des démocraties modernes dans les pays de la Méditerranée», s’appelle plus explicitement Places de la démocratie ! La manifestation sensible, cohérente, et accessible (5 € dès le 2e spectacle), autour de la liberté d’expression, à ouvert le 15 mars avec l’exposition itinérante

DELPHINE MICHELANGELI

du Collectif de photographes tunisiens Dégage !, figeant d’émotion le public. Il y a un an, ces photographes, pros ou amateurs, ont spontanément, dans l’urgence et au péril de leur vie, témoigné. «On montre au monde, chacun à notre manière, un moment très précis de cette Révolution. On est fiers d’avoir pris le risque d’aller dans la rue pour dire non et vivre debout. Pour pouvoir dire vive la Tunisie» explique,

Poursuivre le réel

lumières, sculpte l’espace et l’ouvre vers l’ailleurs. Voilà que des enfants sont pris dans cette histoire d’eau et de terre. De travail et de matière, d’oppression. Enfants d’aujourd’hui, Marseillais, populaires, entretenant un rapport conflictuel avec l’écriture, bloqués. Et qui là, aidés par Michel André qui de-

Places de la démocratie ! Culture(s) en Méditerranée Jusqu’au 31 mars Scène nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

aiment cela, semblant éprouver pour la première fois le plaisir que cela procure. Patrick Laupin les avaient rencontrés lors d’une résidence dans leur école primaire : les 8 enfants en seront, certainement, durablement changés. L'Alphabet des oubliés © Martine Derain

La première Biennale des Écritures du réel a commencé à la Minoterie, avec L’Alphabet des oubliés mis en scène et en images par Florence Lloret. Cette création éclaircit d’emblée ce que La CitéMaison de théâtre entend par «écritures du réel» : il ne s’agit pas de théâtre documentaire, ou simplement social, mais de l’écriture, textuelle et scénique, et de l’envie qu’elle soit partagée et pratiquée par tous. Sur scène Michel André, acteur, mais surtout porteur de ce qu’il dit. Le texte de Patrick Laupin est un voyage dans le temps et dans la terre, la mine et les collines des Cévennes, la mémoire des vieux charbonniers qui prend corps, ou plutôt qui prend au corps : les mots font sentir le froid, la boue, l’eau surtout, le noir qui reste, le charbon, et l’odeur de ces chevaux qui ne reverront jamais le jour. Les mots servent ici d’exutoire, remède à l’enfouissement, arme contre la disparition. Michel André joue, trop peu, comme intimidé par cette parole qu’il dispense à peine, dont il éteint les élans à force de vouloir discrètement y glisser. Puis il passe à d’autres oubliés. Plus proches de nous, captés par les images diffusées en triptyque sur un beau et simple dispositif qui laisse passer des rais de

très ému, Chebbi Med Heithem. «Cette aventure nous l’avons d’abord vécue d’un point de vue citoyen, on était prêt à mourir. Les photos ne mentent pas, on ne pourra pas dire qu’il n’y avait pas de femmes ni d’enfants, on était tous ensemble pour se débarrasser de ce dictateur. La marche arrière n’est plus possible» martèle Rim Temimi. La lutte pour la liberté sera longue, mais les poings restent levés. Myriam Marzouki, fille de l’actuel président tunisien, a donné sa conférence performance Invest in democracy, épinglant la corruption et la langue de bois utilisées, en France et en Tunisie, par les médias, les politiques et autres marchands de sommeil. Confondante de réalisme ! Le 16, pleins feux sur Nacera Belaza qui a troublé par son travail sur le lâcher prise et l’intimité dans Le Cri et Le Temps scellé, pièces éprouvantes et hypnotiques. Huit danseurs de la formation Coline ont repris son duo Les Sentinelles, exercice radical sur la résistance et l’immobilité. À suivre : Yval Pick dans Score (23/3), l’intense et prémonitoire Yahia Yaïach Amnesia de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi (27/3), les Chants Juifs de Sonia Wieder-Atherton (29/3 à la Cathédrale Saint Véran) et Il était une fois Germaine Tillion par Xavier Marchand (31/3).

Et puis… La Biennale des Écritures du réel se poursuit, avec en particulier Mireille Perrier qui joue Anna Politkovskaia à la Minoterie (les 20 et 21 mars), Congo My body au Théâtre des Halles et à La Cité (le 22 mars, Avignon les 23 et 24 mars), Les Visages de Franck de Charles Eric Petit suivis par une rencontre avec Bernard Stiegler (le 29 mars, Espace Julien), Jérusalem plomb durci à la Friche, Germaine Tillion à Cavaillon… Un nombre impressionnant de proposition de grande qualité, pour une mise en synergie de la plupart des acteurs culturels qui, ici, savent faire entrer en résonnance le réel et l’écriture. AGNÈS FRESCHEL

vient vraiment acteur d’une relation, vont écrire quelque chose d’eux, simplement. Sans miracle : ces mots-là sont ceux que les enseignants connaissent, des jets inmaîtrisés d’émotion, manquant de matériau pour dire les nuances. Mais ils écrivent, et surtout

Biennale des Écritures du réel Jusqu’au 7 avril 04 91 53 95 61 www.maisondetheatre.com


DRAGUIGNAN | LATCHO DIVANO | AUBAGNE

Un souffle de danse

07

Patrizia Bovi et Gabriele Miracle (3 avril). Rayahzone, qui fait une escale à Istres avant Draguignan (voir p 38), est une création d’Ali et Hedi Thabet qui convient à cette ivresse spirituelle et sonore le danseur Nicolas Vladyslav et cinq musiciens soufis (6 avril). Michel Kelemenis reprend Henriette et Matisse, chorégraphie dans laquelle Matisse et son modèle rencontrent les couleurs et les traits du pinceau (11 avril). En clôture du festival, Icons, de Ziya Azazi, dont le travail est basé sur le tournoiement et la répétition, est constitué de duos dansés par le chorégraphe et la danseuse Su Gunes Mihladiz, sur les sons de la trompette de Serge Adam (13 avril). Voir aussi programme littéraire p 78. DOMINIQUE MARÇON

Les Vents du levant Du 27 mars au 13 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 54 www.theatresendracenie.com

Play © Koen Broos

Le festival de danse Les vents du levant se lèvent sur Draguignan, avec une 6e édition qui partira des rives de la méditerranée, de la Tunisie à la Turquie, pour aller jusque vers les Indes. Le hip hop du chorégraphe Farid Berki fait l’ouverture avec Vaduz 2036, une danse qui procède d’une construction stylistique épurée, avec des mouvements minimalistes qui viennent épouser des accords de musiques électros et des notes de vidéo (27 mars). Akram Khan, dans la foulée, présentera sa dernière création, Vertical Road, inspirée par les histoires d’anges à travers différentes cultures, mythologies et croyances. Sur la musique de Nitin Sawhney, le chorégraphe londonien originaire du Bangladesh crée un tourbillon d’impressions visuelles issues de la danse incantatoire de huit interprètes venus d’Asie, du Proche Orient et d’Europe (30 mars). Puis le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui et la danseuse indienne Shantala Shivalingappa partiront à la recherche de leurs racines respectives avec Play. Explorant chacun l’univers de l’autre, ils sont accompagnés par les spécialistes de musique ancienne

ÉVÉNEMENTS

Questions d’humanité

Un bel échange Deux semaines festives et militantes sont au programme de la 5e édition du Festival Latcho Divano initié par l’association du même nom. Deux semaines durant lesquelles la culture tsigane est à l’honneur, à travers des concerts, des expositions, du cirque, des films… Parmi les temps forts de cette édition, notons la création de danse flamenca produit par l’association Latcho Divano, Sonakay en la mano (De l’or dans les mains), mise en scène par Magali Contreras (les 4 et 5 avril au Dock des Suds) ; le concert du virtuose Antonio Négro, précédé des lecturbulences qui donnent à écouter des textes issus de traditions tsiganes ou roms (le 30 mars à La Machine à Coudre) ; ou encore les conférences données par Philippe Donnier, spécialiste de la musique flamenca (Flamenco : un merveilleux bricolage, le 30 mars à l’Espaceculture, et Les gitans en Andalousie : entre mythe

et réalité, le 29 mars à La Maison de la Région). Mais il y a aussi la fameuse fanfare de Boban i Marko Markovic Orkestar (le 7 avril à l’Espace Julien), deux soirées cinéma aux Variétés (voir p 54), le cirque familial de la cie Augigane (Bonbons Circus et autres numéros le 6 avril à L’Eolienne)… Et les expositions : Dosta du dessinateur Damien Rondeau (vernissage en ouverture du Festival le 24 mars à l’Ostau dau pais Marselhes), celles d’Elena Nazar et de Gitanistan aux Variétés (vernissage le 27 mars), Les Roms de Marseille de Kamar Idir, proposée par l’association Artriballes avec le concours de Rencontres Tsiganes (vernissage le 28 mars à La Maison méditerranéenne des Droits de l’Homme). Enfin la clôture, le 8 avril, coïncidera avec la 41e journée internationale des Roms, Romano Dives, qui réunira le public et de nombreuses associations pour un pique nique festif, des ateliers et animations et qui se terminera par un Boban i Marko Markovic Orkestar © X-D.R. concert du groupe Mascarimiri. Une édition éminemment politique qui permettra la connaissance et la reconnaissance des peuples tsiganes, Roms notamment, victimes encore et toujours d’injustices et de discriminations. DO.M

Latcho Divano Du 23 mars au 8 avril Divers lieux, Marseille 09 52 72 89 28 www.latcho-divano.com

À Aubagne printemps rime avec danse, et c’est le temps de Danse Temps II (le premier temps se déroulant en janvier), au Comoedia et en extérieur en centre-ville. C’est le très beau solo de Hamid Ben Mahi, La géographie du danger, qui débute les festivités. En adaptant le roman de Hamid Skif, le danseur et chorégraphe s’appuie sur le récit émouvant d’un clandestin, immigré sans papier terré dans une chambre de bonne depuis quatre ans, confronté à une lente dégradation de son être. La danse dit l’urgence et la dislocation du corps, le manque d’amour et de contacts, jusqu’à l’ombre qui lentement s’étale, tel un implacable constat (10 avril au comoedia). Les espagnols Marco Vargas et Chloé Brûlé proposent, avec leur flamenco si particulier, une réflexion sur notre époque et ses excès avec Hacìa Donde (13 avril au Comoedia). En centreville, la cie Boutabou dansera sa dernière création, Si j’osais, avec laquelle la chorégraphe Cécile Guye s’interroge sur la possibilité qu’à l’individu de d’échapper à son quotidien (14 avril à 16h30), tandis que la cie Kubilaï Khan Investigations propose Multipli/cité(s), un parcours urbain fait d’un ensemble de projets qui lient le corps social et urbain (14 avril à 18h). DO.M Danse Temps II Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.com La Geographie du danger © X-D.R.


ÉVÉNEMENTS

ENTRETIEN AVEC RAOUL LAY

Ce mois-ci la musique de Raoul Lay, avec ou sans son ensemble Télémaque, est sur sept scènes de la région, qui programment cinq de ses œuvres Zibeline : Comment qualifieriez-vous votre musique ? Pouvez-vous préciser quelles sont vos influences, et ce qu’est selon vous un compositeur contemporain ? Raoul Lay : Il est délicat de se pencher sur ses propres influences ! Les artistes ne sont pas les meilleurs connaisseurs de leurs œuvres. Quant à la figure du compositeur… Les classiques fondateurs, Haydn Mozart et Beethoven, pensaient puiser la musique à une source de vie de laquelle elle coulait à flots. Il s’agissait de parvenir à l’endroit d’où elle jaillissait et d’être relié aux autres par l’expression totale du beau, forme même du cosmos. Les choses ont changé à partir de Beethoven qui se pensa architecte et véritablement «créateur». Jusqu’à la fin du XIXe siècle le compositeur devint un poète marginal, un visionnaire exacerbé, puis un théoricien exalté. Tout cela pour déboucher sur le XXe siècle avec ses chefs de partis, ses grands individualistes, ses écoles en «isme» et ses utopies scientifiques : IRCAM, temps réel, percussion virtuelle, nouvelles technologies du son… L’endroit que j’occupe là-dedans ? Je ne crois pas possible de créer une œuvre en même temps que son analyse, de déterminer un pedigree musicologique… à usage de qui d’ailleurs ? Qui s’intéresse au combat idéologique Schönberg-Stravinsky, à la mort de la musique sérielle ou à la place de Berio dans l’histoire de la musique ? Mais je peux tout de même vous dire que je puise mes mondes sonores hors de mon ego. Que je ne souhaite pas contrôler mon discours musical pour qu’il fasse «musique contemporaine». D’ailleurs si ma musique est souvent jouée, elle n’est pas vraiment reconnue par mes pairs, qui trouvent suspect qu’elle s’agrège à des formes théâtrales innovantes, jeune public, qu’elle se mâtine de cirque et s’ouvre aux amateurs. Souvent votre musique est narrative, s’appuyant sur des contes ou des romans. Pourquoi ? Je compose aussi de la musique non théâtrale comme l’Ode à Victor pour Hautbois, Basson, Cor et Accordéon qui vient d’être créée au Conservatoire de Thionville. Mais il s’agit en fait de mon théâtre personnel, affectif. J’ai effectivement une tentation théâtrale permanente. Autre problème pour mes détracteurs, qui s’horrifient de me voir en scène aux détours des rêves de Catherine Marnas, Olivier Pauls ou Renaud-Marie Leblanc… J’en profite d’ailleurs pour remercier mes camarades du théâtre qui sont si loin des usages sclérosés de ma planète

© Agnès Mellon

08

Compositeur contemporain musicale, loin de la démonstration de supériorité : ils s’attachent à parler au public ! Heureusement il y a des exceptions dans le monde musical, comme Mauricio Kagel, mais aussi comme les interprètes de Télémaque qui sont à la fois doués, travailleurs et imaginatifs… De nombreux jeunes viennent à vos concerts, et participent aussi aux spectacles sous forme de chœurs, pour La Jeune Fille aux mains d’argent ou plus récemment Jekyll. Peut-on parler d’œuvre engagée ? Ce qui est «engagé», au sens strict, c’est cette invitation à partager. Cette demande d’engagement de l’autre a un côté très impudique, elle dit : venez visiter mes mondes personnels, promenez-vous dans ma noirceur sonore et ma tristesse, chantez pour moi… Mais un flot passe entre les sujets : mes rêves musicaux sont partagés sur un plateau par les professionnels mais aussi des personnes jeunes, adultes, âgées, dont l’implication réchauffe le cœur. Un spectacle est toujours un moment suspendu où nous rêvons, impudiquement, devant une assemblée qui se repait de nos songes. Un moment de partage, à l’inverse d’une compétition ou d’une performance… En ce sens je me différencie d’une musique «savante avant tout», raffinement suprême d’une élite intellectuelle qui cherche à distinguer, non à partager. C’est pourquoi je travaille à réduire les abîmes qui existent entre la musique contemporaine et le public. Pour le coup il ne s’agit pas de ma musique mais des compositeurs phares du XXe siècle ou d’aujourd’hui. Télémaque est un acteur culturel qui travaille sans cesse avec les écoles, les biblio-

thèques, les conservatoires… C’est effectivement un engagement. Vous écrivez pour de nombreuses formations. Quel type d’écriture préférez-vous ? Je viens d’être immergé pendant un mois dans l’écriture symphonique, l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine m’ayant commandé une œuvre d’une heure que je dirigerai en mai sur le Fantômas de Feuillade. Un ciné-concert, comme Télémaque en fera en 2013 à l’Alhambra de William Benedetto, notre très sympathique voisin à l’Estaque… Il se trouve que je n’avais plus écrit pour orchestre depuis près de 10 ans. Cette commande est tombée à pic ! Mais au fond je suis un compositeur d’opéras. La voix, le théâtre, le plateau et le pathos ! Télémaque est indissociable de votre parcours. Vous écrivez vos partitions en connaissant les possibilités de vos solistes. Qu’est-ce que cela apporte à votre création ? Télémaque m’a permis de sonder, année après année, l’équilibre sonore d’une formation de chambre pour en acquérir la poétique. Avec les musiciens, en accord profond, dans un long travail de 18 ans, nous avons bâti un espace sonore où chacun trouve son équilibre dans la justesse générale. Nous y tenons beaucoup, nous savons que cet espace sonore, très privilégié, repose sur des milliers d’heures de travail et des centaines d’heures de concert. Tout le contraire d’une idée de performance individuelle dans laquelle un instrumentiste pourrait être remplacé par un autre. Je leur dois beaucoup, comme à la soprano Brigitte Peyré qui atteint actuellement sur scène un niveau de présence et d’incarnation vocale rares. Elle transcende les partitions que


GRASSE | BABEL MED

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

Jekyll Le 23 mars à 19h30 Pôle Jeune Public, Le Revest (83) 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.fr La jeune fille aux mains d’argent Du 3 au 5 avril La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com Le 25 mai à 19h Forum, Berre L’étang 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com La mort marraine Le 13 avril Salle des fêtes, Venelles 04 42 54 93 10 www.venelles.fr Le 17 avril à 19h Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr La toute petite tétralogie Du 3 au 7 avril Le Gymnase, Marseille 0820 000 422 www.lestheatres.net Nokto Le 24 avril à 17h30 Scène Nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com

09

Musiques Sacrées du Monde Du 30 mars au 4 avril, la ville et le Théâtre de Grasse organisent la 2e édition des Rencontres de Musiques Sacrées du Monde pour un dialogue interculturel de l’Iran au Mexique, de la Tunisie à l’Italie, de la Syrie à la France et la Chine. Ouverture vertigineuse et invitation au ravissement avec les chants soufis de la Confrérie Qaderi d’Alep et l’Ensemble Al-Kindi, l’une des meilleures formations de musique classique arabe, accompagné par Sheikh Habboush et trois Derviches Tourneurs. Wang Li, virtuose de la guimbarde et de la flûte à calebasse, ouvrira les portes de son monde intérieur (le 31 mars) au théâtre tandis qu’à la Cathédrale de Grasse sera joué Le Messie d’Haendel par l’Ensemble Orchestral Baroque, l’Ensemble Vocalita et 4 solistes, dirigés par Jacques Maes. Dans Wissal, Dorsaf Hamdani nous invite à découvrir la sagesse universelle contenue dans la littérature mystique soufie (le 1er avril) dans une approche contemporaine de cette musique millénaire. L’Iranien Ali Reza Ghorbani interprétera Les chants brûlés dans un hommage à Rûmi (inspirateur des derviches tourneurs) et une maîtrise vertigineuse du chant classique persan (le 1er avril). Le 3 avril, musique baroque d’Amérique latine avec Une fête en l’honneur de la vierge de Guadalupe par les 27 musiciens de l’ensemble Elyma dirigé par l’Argentin Gabriel Garrido. L’ensemble baroque de Nice clôturera ces Rencontres à la Cathédrale, avec un concert composé d’œuvres de Pergolesi, Bach et Corelli. DELPHINE MICHELANGELI

Ali Reza Ghorbani © X-D.R.

j’écris pour elle, les faisant siennes au-delà de toute espérance. Vous vous installez à l’Estaque. Avec ce Pôle Instrumental Contemporain, nouveau défi, peut-on parler de reconnais-sance des collectivités territoriales? La ville de Marseille en tête, le conseil régional et le conseil général sont d’importants soutiens. Financiers, mais aussi des appuis solides, qui connaissent vraiment notre travail, nos musiciens, mes œuvres et mon parcours. En revanche l’État, après s’être engagé oralement, n’a pas soutenu notre installation à l’Estaque. Il reste notre principal financeur, mais n’imagine pas un lieu pour nous car nous ne ressemblons pas à un ensemble «typique» de musique contemporaine, nous n’entrons pas dans ses cadres. C’est ainsi ! Mais il faudrait changer ce monde pour qu’on cesse de penser les structures avant les œuvres, et la forme avant le vivant…

ÉVÉNEMENTS

Du 30 mars au 4 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Belle Babel

La 8e édition du salon-festival des musiques du monde s’installe au Dock des Suds, à Marseille, du 29 au 31 mars

Babel Med Music s’est imposé, au fil des ans, dans l’agenda international des musiques du monde. Rendez-vous autant culturel qu’économique, le Babel associe un marché professionnel en journée et une succession de mini-concerts pour le public, le soir. Ce forum, qui attire 15 000 spectateurs et 2500 professionnels (artistes, programmateurs, tourneurs, producteurs, institutions, réseaux, médias et diffuseurs) représentant quelque 230 structures, attribue également cinq prix. À Babel Med, on ne court pas seulement après les contrats. On échange et on réfléchit aussi grâce à une vingtaine de conférences balayant les enjeux auxquels est confronté un secteur en mouvement. Ces musiques connaissent une vitalité enviée : leur public s’élargit, de même que leur programmation en salles. Pour contourner la crise de l’industrie du disque, les acteurs de la world music tentent d’innover, de privilégier un fonctionnement plus solidaire par réseaux et, bien entendu, de favoriser la diffusion des œuvres via le spectacle vivant. L’événement correspond bien à la ville-monde Marseille où s’exprime une grande diversité de cultures, particulièrement celles ancrées dans l’espace méditerranéen. À travers sa trentaine de concerts sur trois soirées, en collaborant cette année avec le Jazz des cinq continents, Babel Med Music accueille 22 pays des cinq continents pour dessiner une cartographie musicale de la création mondiale. Donnant tout aussi bien à voir et entendre les traditions séculaires que les approches nouvelles, les artistes

émergeants que des grands noms de la world, la programmation reflète une mondialisation généreuse et émancipatrice qui se moque des identités figées. Et d’accepter, au final, que le terme de musiques du monde n’a de sens que s’il intègre la contemporanéité. THOMAS DALICANTE

Au programme Amira & Bojan Z (Bosnie /France) ; Cobla Catalana dels Sons Essencials (Catalogne/Espagne) ; Mazal (France) ; Dudu Tassa (Israël) ; Flavia Coelho (Brésil) ; Emel Mathlouthi (Tunisie) ; Mi Nor Syndicate (France/Arménie) ; Sibongile Mbambo (Paca/ Afrique du Sud) ; Saboï (Paca) ; Yiddish Twist Orchestra (Royaume-Uni) ; Abduvali Abdura Shidov & Badakhshan (Tadjikistan) ;Boogie Balagan (France/Israël/ Palestine) ; Forabandit (Paca/Turquie /Iran) ; Bo Houss (Mayotte/France) ; Electro Bamako (France/Mali) ; Mory Kanté (Guinée) ; Ba Cissoko (Paca/Guinée) ; Carla Pires (Portugal) ; Rocio Marquez (Andalousie / Espagne) ; Temenik Electric (Paca/ Algérie) ; cheka (Cap-Vert); Chico Correa (Brésil) ; Dj Soumnakaï (France/Balkans/Turquie) ; Badume’s band, Selamnesh Zemene & Zenash Tsegaye (France/Ethiopie) ; Tyeri Abmon (La Réunion/France) ; Bonga (Angola) ; Kayhan Kalhor & Erdal Erzincan (Iran/Turquie) ; King Kapisi (Nouvelle Zélande) ; Imhotep (Paca/France) ; Matilde Politi (Italie)…


10

ÉVÉNEMENTS

AVIGNON LA FABRICA, lieu de repetitions et de residence du Festival d'Avignon, entree © Architecture Maria Godlewska - ASSID

2013, aussi à Avignon Le Festival d’Avignon a dévoilé son projet de salle de répétitions et de résidence, La FabricA, qui sera inaugurée en 2013, avant l’arrivée d’Olivier Py Vilar l’avait rêvé, ils l’ont fait ! Six ans que les directeurs du Festival d’Avignon, Hortense Archambault et Vincent Baudriller, se battaient pour voir émerger cette salle de travail qui manquait à la Grand-Ville du théâtre. Mais les financements sont bouclés (10 Md’€ partagés à parts égales entre l’État, la Ville, la Région et le Département), le terrain déniché à 900m des remparts dans un quartier pas si «populaire» -mis à disposition par la Ville en bail emphytéotique-, et l’architecte sélectionnée (Maria Godlewska, choisie sur 84 propositions) ! Cette implantation dans la partie ouest de la ville, entre deux quartiers défavorisés (Monclar et Champfleury) d’une ville à la vie culturelle maigrichonne, galvanise chacun. «Ce projet veut s’ouvrir à un public très large pour un théâtre qui s’adresse à tout le monde avec deux idées fortes : l’accompagnement des artistes et le renforcement du Festival sur son terri-

toire» explique Vincent Baudriller. L’intérêt porté à cette «fabrique» par une population souvent absente au Festival demandera probablement du temps, mais sur le papier son arrivée fait rêver. Lors de la conférence du 23 février, chaque tutelle y est allée de son discours en faveur de la démocratisation culturelle. Le ministre de la Culture a rappelé que «le Festival, emblème de la politique culturelle française, est un lieu de croisement des publics, de débats et de prises de risques artistiques. Ce lieu physique et pérenne est un enjeu de sens politique profond pour le Festival, qui installe son poumon au cœur d’un quartier en zone urbaine, pour des populations a priori sorties de l’art et de la culture».

4 000 m2 en 3 unités Cet «outil superbe à l’esthétique épurée» dont parle Frédéric Mitterrand, bâti sur le site de l’ancien collège Paul Giéra, comportera un bâtiment massif avec une salle de répétitions modulable de la taille du plateau de la Cour d’honneur (38 x 24 m) pour répéter l’hiver les spectacles de la Cour et accueillir 600 spectateurs l’été. Un espace de vie à l’allure des cloîtres avignonnais comportera 18 studios pour les artistes en résidence, relié à un foyer «pour les moments intimes et conviviaux et pour accompagner le travail de sensibilisation des spectateurs des

quartiers». Un atelier technique et un studio audiovisuel sont également prévus, rejoints lors d’une 2nde tranche de financement, par une salle de construction de décors. Atypique dans le secteur, la maitrise d’ouvrage revient au Festival, soutenu par Citadis. Le chantier commencera en mai 2012 pour une ouverture prévue en juillet 2013. Les Arlésiens du Groupe F seront les premiers locataires en résidence pour inaugurer La FabricA en grande pompe artificiaire, avant le passage de relais des directeurs à Olivier Py. Michèle Addala de la compagnie Mises en Scène, implantée dans le quartier Monclar depuis 25 ans, a également reçu une commande pour l’édition 2013. Des actions culturelles et une collecte documentaire sur la mémoire du quartier seront réalisées. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, la Ville a annoncé la préfiguration d’un nouveau centre social avec moult réaménagement urbains ce qui sans doute concernera plus spontanément les habitants dans un premier temps-, s’accompagnant du transfert de l’École d’art sur la partie sud du terrain, permettant enfin l’extension de la Collection Lambert à l’Hôtel de Montfaucon. DELPHINE MICHELANGELI

Sous le signe de l’enfance La 6e édition de Festo Pitcho se tiendra dans le Vaucluse avec 21 spectacles dédiés aux enfants dans un programme conçu par un collectif de 25 structures. La Festo Pitcho Parade débutera les festivités le 14 dans les rues d’Avignon sur la thématique du monde aquatique. Si les spectacles restent l’intérêt fédérateur de la manifestation, elle prévoit un temps de réflexion centré sur l’éducation artistique et le handicap à la Médiathèque Ceccano (19/4). Les tout-petits (et les femmes enceintes) pourront découvrir Nokto à la Scène nationale de Cavaillon (le 24/4), observer dès 6 mois les

marionnettes de la Cie du Funambule à l’Espace Fenouil de Carpentras (20 et 22/4) ou suivre le voyage initiatique de l’Anima Théâtre dans le Rêve de la Joconde à l’Entrepôt (18/4). À partir de 3 ans, Le voyage d’Hipollène les conduira à l’Ajmi dans le monde de Claude Ponti et la musique de Christofer Bjurström (15 et 16/4), à l’Akwaba pour un concert rock avec les Wackids (20/4), aux Passagers du Zinc avec Merlot au fond de la classe (18/4), ou au théâtre des Halles pour Le Concert de Méli Mômes (18 et 19/4). Aventure interactive pour les 3/7 ans au Château d’Eau de Monteux avec le Carnet de voyage en forêt enchantée (18 et 19/4), théâtre

d’objet avec Un petit soldat de plomb au théâtre des Doms (20 et 21/4) et goût du livre avec Alphabêta d’Eclats de Scènes à la Charité de Carpentras (18/4). Pour les plus grands, parabole Le Concert, cie Meli Momes © X-D.R

sur l’intolérance avec Le Petit Chaperon UF au Chien qui Fume (18 et 19/4), le Carnaval des animaux par le Kronope à la Fabrik’théâtre (18 au 20/4) ou Petit Pierre au théâtre l’Esperluette, l’histoire d’un garçon qui invente un manège digne du Facteur Cheval (15 au 17/4). DE.M.

Du 14 au 22 avril À Avignon et 5 communes du Vaucluse 04 90 85 59 55 www.festopitcho.com


LA CRIÉE | LES BERNARDINES

THÉÂTRE

11

Pour sa première création à La Criée, Macha Makeieff choisit d’évoquer Les Apaches, les neeeervis comme on disait ici : au début du XXe et jusqu’à l’après-guerre, ces désœuvrés de la rue, rablés et taillés en triangle, aimaient la bagarre, les lois de la bande, la gouaille, les putains et la frime. Sur scène ces zazous hétéroclites, fragiles, brutaux et polyglottes, tentent de faire revivre une parade de music-hall. Juste symétrie de la scène et de la rue «ces deux théâtres qui s’observent et s’imitent» luttent mutuellement contre leurs disparitions respectives. Le spectacle invite à entrer dans un petit monde en perpétuel déménagement, portes qui claquent, malles qu’on trimballe, déguisements et masques. Tout gravite autour d’une scène au rideau qui s’écroule et de la transparence grise d’un écran de cinéma muet. De Casque d’or à Chaplin, de Caruso à la Revue nègre, c’est un grand bazar de références qui, plutôt qu’une histoire linéaire, reconstitue un univers sonore et visuel oublié et obscurément enfoui

dans la mémoire collective. Le spectacle joue, et dérape parfois, sur la succession des clichés et des numéros, duos et défis, qui s’enchaînent à toute vitesse, le public glissant progressivement de l’évocation nostalgique distancée à la position, plus ou moins consentante, de spectateur de music hall qui applaudit aux prestidigitations, aux acrobaties, aux chants et aux danses. La grande bringue sensuelle et ingrate, le faux-dur et le vrai dur, le ténor disgracieux et féminin, les jumeaux querelleurs, la grande folle exotique, le monsieur loyal taciturne : même si l’hommage donne l’étrange impression d’une virtuosité sans tendresse, ces apaches-là ont du panache ! AUDE FANLO

Les Apaches avec Robert Horn, Philippe Borecek, Hervé Lassince, Romuald Bruneau, Braulio do Nascimento Bandeira, Canaan Marguerite, Aurélien Mussard, Noëlle Giraud

© Agnès Mellon

Le panache des apaches

Jusqu’au 30 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Combien ça coûte En ces temps d’horreur économique une pièce sur les malades de la finance pouvait sembler bienvenue… Las ! Encore fallait-il qu’elle naisse d’une réflexion politique ou sociale, esthétique et émotionnelle, sur les grands ressorts du capitalisme spéculatif qui opprime les peuples. Dans le Roman d’un trader, «librement» mais pied à pied inspiré de l’histoire de Kerviel, il n’y a pas de victime économique, mais des caricatures de banquier, de trader, de politique, de pouffiasse capricieuse amatrice d’art, et d’avocate perverse (judicieusement joué avec une belle légèreté foldingue par Christiane Cohendy). Le texte de Jean-Louis

Bauer a la langue lourde des sitcoms sans oser la parodie, les situations se succèdent sans surprise, et les apparitions fantomatiques du trader mort ne font pas décoller un réalisme qui n’a rien de social, les pauvres ne faisant pas partie du tableau, même imaginaire, des personnages. La lutte se déroule entre un très riche, et un hurluberlu qui confond la monnaie scripturale avec un jeu vidéo. Dès lors le propos sur le pouvoir de l’argent est déconnecté de toute réalité politique, le ministre et le bras droit du banquier plissent les yeux et les lèvres en nous rejouant les félons dignes d’un film d’espion des années 80 et… l’art est

décrit comme un snobisme dispendieux ! Ce qui prend des tonalités insupportables, surtout lorsque l’on s’amuse à chiffrer combien coûte ce décor somptuaire qui coulisse sans arrêt, et les cachets d’un Tcheky Karyo éteint et d’un Lorant Deutsh essoufflé : pour faire comprendre les rouages et faire ressentir l’horreur économique, choisir le bling bling n’est certes pas le plus efficace… AGNÈS FRESCHEL

Le Roman d’un trader mis en scène par Daniel Benoin a été joué à la Criée du 15 au 18 février

La haute tenue de la débauche sadienne de ses Instituteurs Immoraux sur canapé rouge avait enchanté, il y a quelque temps, les esprits et les corps. Frédéric Poinceau poursuit avec le Banquet de Platon son cheminement érotique, méthodique et néanmoins parfaitement ludique dans des écritures à priori éloignées de la scène. Le dialogue socratique quelque peu «libéré» dans sa dramatisation de la parole se prête naturellement au déploiement théâtral, en tout cas dans le simple appareil mis en œuvre ici. Un hémicycle de salon recouvert de drap blanc, partagé en deux, à la fois scène et salle avec espace de fuite pour le regard (bel olivier en pot) et l’ouïe (Socrate à sa batterie obstinée bourdonne sans relâche en arrière plan) ; un concours rhétorique et poétique bien arrosé où chacun des sept convives, à son tour acteur et spectateur, va dire au mieux les joies et les plaisirs de l’amour, prétexte à numéros tout à fait réussis, huilés, légers et divers, machines à faire reluire le logos et à garder l’esprit en éveil ; Fabrice

Michel, en meneur de revue placide plus que platonique, moulé dans son boxer Dim, micro en main, distribue la parole (quelques longueurs, un brin de lassitude) et c’est de loin Agathon/Maxime Reverchon qui mérite la couronne : le jeune acteur, apollinien et dionysiaque à la fois, déploie sa danse de mots en ondulations élégantes, crépitements de bras et de jambes donnant tout son sens au désir ! Alors pourquoi compromettre l’équilibre du spectacle par un appendice non nécessaire en confiant le rôle de Diotime à une comédienne débutante écrasée, malgré la hauteur de l’échafaudage d’où elle dévide son trop long monologue, par la responsabilité de transmettre le vertige de l’amour ? Cet Eros festif y perd quelques plumes.... MARIE-JO DHÔ

Les Bienfaits de l’amour d’après Platon et Hölderlin a été créé aux Bernardines du 16 au 25 février

© Melissa Conté

Eros convivial

À Venir Du 21 mars au 18 avril Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 theatre-vitez.com


12

THÉÂTRE

GYPTIS | GYMNASE | LENCHE

Virtuoses

© Olivier Thomas

Le point commun entre le foot et le théâtre ? Il est, évidemment, dans le plaisir du jeu et, pour celui qui regarde, dans le spectacle de la virtuosité. Italie-Brésil 3 à 2, un texte délicieux de Davide Enia, ajoute encore une analogie à ces deux mondes : il est question, dans sa pièce comme dans le match qu’il y décrit, du rapport entre le collectif et un des individus qui le compose. Sur scène Solal Bouloudnine offre au spectateur tout le plaisir que l’on peut ressentir lorsqu’un acteur maitrise les rythmes, les nuances, les registres d’un jeu parfois intensément émouvant -lorsqu’il raconte le massacre par les nazis de l’équipe de Kiev- mais fait la plupart du temps d’accumulations comiques, de portraits par petites touches, de tensions fébriles, d’explosions de joie. Jean-Marc Montera accompagne de sa guitare ces différents moments, les couvrant parfois même lorsque les mots n’ont plus de sens et que la joie seule du BUT est là ! Ensemble, avec trois accessoires dont ils se servent à peine, ils brossent le portrait d’une famille palermitaine augmentée des amis venus voir le match : leur caractère populaire sonne juste,

AGNÈS FRESCHEL

Italie Brésil 3 à 2 a été créé au Gyptis du 21 au 25 février

Théâtre et histoire Thorvald (il neigera ; ce sera un bien beau moment pour les spectateurs du Gymnase manifestement en empathie avec la jeune femme qui se met au monde enfin). Marina Foïs, parce qu’elle attrape la lumière et que son visage, mobile, aux aguets, concentre le regard sur ses lèvres barrées par l’index droit ou fébrilement mordillées, est une Nora attachante, avec ses chaussures rouges de poupée, de Marylin embourgeoisée ; Thorvald –Philippe Fromagerest presque sympa avec ses ambitions professionnelles et sa © Pascal Victor fine moustache ; il l’aime bien son alouette, jusqu’à la révélation de la dette contractée en cachette ; cela ne se fait pas ! Mots durs et mépris de la femme hors contrôle, Ibsen écrit à la fin du XIXe siècle un drame social sombre et dérangeant ; Martinelli met en scène un couple actuel que le désir ne protège pas de la catastrophe. Les acteurs qui déjouent avec fluidité un certain «réalisme» et font partager l’émotion : la danse déglinguée de Nora touche au cœur et le «miracle» espéré par la jeune femme advient au moins pour le spectateur. MARIE-JO DHO

© Elisabeth Carecchio

Habitat Grands panneaux de pin clair et canapé contemporain, baies vitrées qui ouvrent sur la lisière d’une forêt aux drôles de sapins blancs, en planches, sémaphores ou crucifix déglingués qui barrent le fond de scène : la scénographie est au plus près d’Une Maison de Poupée dont on aurait déjoué les sortilèges. Monter un classique, au fond, ça peut se faire en toute décontraction ! Place au naturel donc, jusqu’à l’avènement du sujet dans le dernier quart d’heure : Nora va quitter son mari

sans misérabilisme ni condescendance, parce que leurs comportements extrêmes devant la télé, fondés sur la foi pas vraiment sérieuse qu’un maillot sale, une tasse de café et des Nazionali sans filtre peuvent faire gagner leur équipe, relèvent d’une superstition conviviale, d’une foi volontaire en une magie qui sert de lien social. Au milieu d’eux Davide Enia enfant regarde et raconte, un peu distant, décryptant les comportements mais participant avec un intense plaisir au rituel, qui atteindra ici son moment de gloire. Parce que sur la pelouse aussi le groupe italien est transcendé par un héros virtuose, paria qui deviendra le symbole même du groupe en l’intégrant : Paolo Rossi, dieu inattendu. La mise en scène d’Alexandra Tobelaim, qui joue simplement sur les recettes ancestrales du «stand up», retrouve ainsi très simplement les joies du spectacle populaire…

Gérard Noiriel est un historien précieux, courageux, dont les travaux sur l’histoire de l’immigration, loin de toute simplification, démontent avec clarté les mécanismes du rejet et des intégrations, et mettent au jour des pages peu glorieuses de l’histoire de la «Nation». Il a entrepris depuis quelques années de porter le fruit de ses recherches sur la scène, pensant ainsi en démocratiser les conclusions. On l’a vu avec le Massacre des Italiens, mis en lecture par le collectif marseillais Manifeste Rien, dans Sale Août aussi de Valletti directement inspiré par son histoire du massacre d’Aigues Mortes. Mais si son travail d’historien est (très !) précieux, l’écriture de Chocolat clown nègre manque de savoir-faire dramatique. Marcel Bozonnet met en scène l’histoire de ce Cubain qui put en 1890 «bénéficier» du sentiment d’étrangeté qu’il suscitait : danseur et clown, artiste, certes cantonné au rôle du ridicule, de l’idiot, il a subi le racisme mais a aussi fondé une famille avec une Blanche, ce à quoi les Noirs issus de l’esclavage ou de la colonisation françaises plus violemment ostracisés ne purent, ensuite, prétendre. Son destin exemplaire n’apparaît pas, hélas, dans sa complexité, malgré le grand talent du comédien-danseur : les numéros de clowns, repris avec exactitude, ne sont pas drôles, les monologues narratifs sont lourds, l’écriture des dialogues laborieuse. La mise en scène tente de donner un peu de vie à tout cela, qui n’est pourtant pas didactique, mais simplement maladroit. Mais peut-être le théâtre n’est-il pas fait pour donner à comprendre des ressorts historiques complexes ? AGNÈS FRESCHEL

Une Maison de Poupée a été donné au Gymnase du 15 au 18 février

Chocolat clown nègre a été joué au Gymnase du 22 au 24 février


Kaléïdoscope amoureux

© X-D.R

Quand Carole Errante et Magali Contreras, deux jeunes comédiennes, parlent d’amour, ce n’est pas de la guimauve ! Elles proposent une mise à nu du corps désirant, avec ses bouleversements physiologiques, ses errements, ses contraintes. Bang ! C’est le coup de foudre ; on devrait se méfier, mais on plonge ! L’engrenage s’enclenche. On sollicite les réactions du public, on l’interroge en le regardant dans les yeux : qu’est-ce qui fait la réussite d’une histoire d’amour ? Quels sont les rituels de son déroulement ? Pour en montrer les parcours sinueux sont convoqués la danse, les travestissements, la chanson populaire, de Dalida à Gainsbourg,

des images, de «Lola Montes» aux films amateurs. Sur l’air de Bambino ou de Viva Espa a, les aventures s’enchaînent dans un registre de cabaret revendiqué par les deux créatrices. Bang-bang s’est élaboré autour de souvenirs d’héroïnes célèbres, d’images d’Épinal, de petites annonces de rencontres pleines de saveurs, mais on y regrette un montage trop décousu, et une certaine trivialité pas toujours bienvenue. CHRIS BOURGUE

Bang-bang, Cie La Criatura, s’est joué du 15 au 18 février au Mini-théâtre du Panier

De La Dandinière

© Egrégore

La Compagnie l’Egrégore est une «vieille bande d’acteurs, n’existant que par la confraternité» selon Ivan Romeuf son metteur en scène. Pour jouer George Dandin, cette comédie qui finit mal, mettre en bouche la délicieuse langue de Molière, interpréter ses personnages antipathiques parce que piégés dans leurs registres sociaux, il fallait en effet une troupe expérimentée et soudée. «J’ai abordé la pièce par le ridicule, par le constat de fausseté. Aujourd’hui, c’est Nicolas Sarkozy qui se dédit : «Je n’aurais pas dû aller au Fouquet’s.» A l’époque, c’est une jeune femme vendue par ses parents, un homme qui achète un titre de noblesse, et l’hypocrisie qui va avec.» Intérieur jour, extérieur nuit... un décor ingénieux construit à étages, avec portes dérobées et escaliers permet à ce jeu de faux-semblants de se déployer intelligemment. Mais ce qui frappe le plus, c’est vraiment l’insolence d’un texte (présenté pour la 1re fois en 1668 à un roi absolu !) qui démontre à la fois la vanité des apparences, l’impuissance tragique des faibles ... et les ficelles dérisoires des puissants. GAËLLE CLOAREC

À noter George Dandin Jusqu’au 7 avril Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info


14 THÉÂTRE BOIS DE L’AUNE | SIMIANE | TRETS | VITEZ

Cette fois-ci on y est ; avec Onzième le cœur est atteint -pour ne pas dire l’âme- et pas seulement les yeux et les oreilles ; on les entrevoit ces mondes «situés derrière le tombeau» chers au poète, par le saisissement de tous les sens mais aussi grâce à une pause salutaire dans la splendide insignifiance qui a parfois marqué certains spectacles du Théâtre du Radeau. En grand alchimiste, François Tanguy parvient comme jamais à doser, à unir et à transcender les matériaux premiers que l’on sait être l’essence même de ce théâtre de plateau : le bric-àbrac du temps qui passe à travers les héritages, le hangar des rêves à l’infini, les oripeaux de la représentation ou simplement de la condition de nous autres, hommes et femmes, et bien sûr les panneaux coulissants, en fuite, superposés, occultant ou démultipliant les espaces par l’addition des transparences. Éclats, fragments, figures envolées : la cantate de Bach adoucit le quatuor de Lutoslawski, le rouge d’une robe embrase le regard, le tragique absolu d’un

dialogue des Démons de Dostoïevski côtoie le burlesque raffiné... des Bucoliques de Virgile; la carabine posée sur la table au premier plan avec le vase de fleurs séchées rappelle sans cesse qu’on nous parle d’amour et de mort. Dames à chapeaux vues en rêve, silhouette d’homme en tutu, voix à frissonner de Paul Celan tout autant que l’allègre siffleur des montagnes convoquent les fantômes de la culture européenne, celle qui n’a pas empêché la catastrophe ou pire l’a accompagnée. Murmurez trois fois le titre du spectacle à voix très basse et comme par magie vous accéderez à une expérience sensible supérieure ; onzième, c’est le rang du quatuor à cordes op.95 de Beethoven sous-titré Serioso. Tendrement déchirant. MARIE-JO DHO

© Didier Grappe

Opus magnum

Onzième, création du théâtre du Radeau a été présenté au Théâtre du Bois de L’Aune du lundi 20 au jeudi 23 février

Règlements de comptes Les Fidèles d’Anna Nozière, qui est aussi metteur en scène de la pièce, c’est avant tout, dans le bal de l’hypocrisie, un vaste règlement de comptes avec une famille insupportable, la mère hystérique, violente, versatile, avec des airs de fausse innocence, l’oncle libidineux, le curé superstitieux digne de la comédie italienne… Il est question de violence, celle de l’inceste, du silence, celle impuissante du rêve insatisfait de vengeance. Tout cela dans la litanie morbide de la généalogie familiale. Tout commence par un texte, dit en voix off, celle d’Annie Rozier, le personnage principal, proche encore de l’enfance, légèrement acidulée. Pour héritage, des ancêtres sans destin sinon d’être tous morts ou presque de la tuberculose, d’une jambe de bois, d’un bébé momifié, «à moitié mort dans le ventre de sa mère et à moitié mort après sa naissance»… L’humour, le sarcasme, l’hyperbole, la folie servent d’exutoire à ce bal où les fantômes du passé valsent avec les terreurs du présent. Comment se construire si ce n’est en déconstruisant cet équilibre factice ? On rit beaucoup dans cet univers noir tissé de références. Effets de lumière sobres, oscillant entre clair-obscur et mises en abîme, dans le jeu des ouvertures sur le fond rouge du placard… La musique utilisée avec une juste parcimonie apporte souffle lyrique ou démence. Le spectacle s’autorise des longueurs, mais soulève des interrogations et témoigne d’une réelle recherche esthétique.

Princesses en détresse Valérie Hernandez, Michel Ducros et la Cie La Variante proposent des variations sur les princesses des contes, sans magie : des êtres cassés, emprise de la pomme empoisonnée pour Blanche Neige, diffi-

cultés à s’extraire d’un sommeil bien trop long pour la Belle au Bois Dormant… un travail sur le décalage, la déconstruction de l’être. Plus de rêves de petite fille dans ces personnages, mais des tâtonnements, une tendance à se déliter, à s’interroger. Détours par la psychanalyse, l’analyse sociale… Le texte d’Elfreide Jelinek, prix Nobel de littérature, joue sur les épaisseurs. D’où le délicat problème d’en faire percevoir les finesses en échappant à la lourdeur didactique. Le spectacle est en gestation, et une première étape a été présentée avec deux des trois variations prévues. On en est encore à la mise en place, les acteurs se cherchent, essaient de trouver le ton. L’esquisse est intéressante... M.C.

Drames de Princesses a été joué le 14 février au Vitez, Aix © X-D.R.

En route

Grands voyageurs © Laurence Hebrard

Collomb et Americo Vespucci, celui qui explore et celui qui baptise un Nouveau Monde qu’on a mis si longtemps à prendre pour un vrai monde. Un rapide embarquement pour un polar gentiment suranné dans l’orient-express. Puis voici Rustichello, le scribe émerveillé par les fictions vraies de son compagnon de cellule Marco Polo. À l’arrivée, une biographie de Youri Gagarine en forme de compte à rebours et de finale en feu d’artifice. L’ensemble est sans prétention, hétéroclite, mélangeant les blagues potaches et les échappées vers des lointains mystérieux aux noms évocateurs. La formule séduit les petits et les grands, et la citation inaugurale -Lire c’est voyager, voyager c’est lire– ne peut qu’être confirmée en cette soirée passée au milieu des rayonnages de la bibliothèque de Simiane. AUDE FANLO

Grands voyageurs a été joué le 21 février à la Bibliothèque de Simiane et le 7 mars au cinéma Casino à Trets

M.C.

Les Fidèles a été joué le 15 mars au théâtre Antoine Vitez, Aix, dans le cadre de la programmation des ATP. Histoire d’Annie Rozier est édité aux Solitaires intempestifs (11euros) © Jean-Marc Lobbecc

La compagnie la Naïve, basée à Pertuis, revisite les grands récits de voyage en évoquant quelquesuns des grands noms qui leur sont associés. Patrick Henry, Hervé Pezière et Jean-Charles Raymond proposaient ainsi une lecture animée, sur la trame d’une émission radiophonique ponctuée de sketches, de jingles et de florilèges musicaux. La formule est connue, mais les morceaux choisis sont originaux et portés par la sympathique énergie des trois compères. Départ : le débat imaginé entre Christophe


3BISF | PORT-SAINT-LOUIS | ARLES | NÎMES

THÉÂTRE

15

L’intérieur des filles © X-D.R.

Son Projet Cochon, qu’elle a décliné en plusieurs formes depuis le groin exposé en vitrine jusqu’au spectacle surprenant de mise en boudins -scatologie drôle, d’une impudeur féminine tapageuse toute naturellelaissait entrevoir une de ces artistes rares qui savent vous mettre des claques bénéfiques dans des endroits inattendus. Avec Tube, Mathilde Monfreux est plus convaincante encore : la jeune artiste a nettement gagné en présence scénique, en virtuosité physique de danseuse et acrobate, transcendée par le talent de plasticienne d’Elizabeth Saint Jalme qui a su créer un terrain de jeu à son échelle. Le résultat est un petit bijou. Pas très taillé ni raffiné, brut, longuet par endroits, mais regorgeant d’idées scéniques, et de propos. Il est question de digestion, de merde et de sexe, de façon très féminine, de naissance aussi vue de l’intérieur fœtal, de l’extérieur maternel (peu), de lien au sein, au giron, au pet, à l’ingestion, à la

jamais représentant : pas de matière fécale réelle ici, les pets sont des bruits de bouche, le crochet de boucher sert à l’acrobatie et le magnifique cocon de tissu se traverse «comme» en un sublime accouchement. Et la langue aussi poétise, pleine de fracas et de néologismes, évoquant sexualité, onanisme, digestion et enfance avec la même inventivité langagière… qu’on aimerait entendre plus clairement ! AGNÈS FRESCHEL

Tube a été créé à l’issue d’une résidence au 3bisf, Aix, les 24 et 25 février

À noter Le 29 mars à 18h30 Le Citron Jaune, Port-Saint-Louis 04 42 48 40 04 www.ilotopie.com

déjection… Le corps féminin expose sa matière sans honte et sans exhibition non plus, jamais fier de sa merde, mais constatant. Parfois béat, souvent hilare,

L’Argentin Claudio Tolcachir n’en finit plus de décortiquer la famille, de la sonder sous tous les angles, de la malaxer pour mieux la réinventer. Avec sa compagnie Timbre 4 (quels comédiens épatants !), il renouvelle encore une fois les fondements de la structure familiale, avec ce style si reconnaissable mêlé de causticité et d’un brin de folie maitrisé. Deux familles, cousins proches des Coleman découverts l’année dernière sur cette même scène, vont se retrouver liées par une histoire fantasque. Amantes, Léna et Céleste veulent un enfant et se mettent donc en quête d’un géniteur. Le hasard leur fera rencontrer Dario, étudiant attardé, en pleine thérapie loufoque et sous l’influence de sa mère trop aimante et très fortunée. La rencontre tourne au quasi viol du jeune homme, forcé de répondre au désir maternel des jeunes femmes. Le résultat de cet acte aura de part et d’autre une résonnance

particulière, la mère de Dario essayant de se persuader de la normalité de son fils, tout en s’écriant que «la vie n’a aucun sens», la mère de Céleste cachant à sa fille la maladie grave dont elle est atteinte et qui peut l’emporter n’importe quand. On retrouve le canapé, le lit, la table où l’on mange et où l’on s’engueule, unités de temps éclatées en autant d’espaces de jeu qui figurent l’une ou l’autre des familles avant qu’elles ne se réunissent par l’intelligence d’un texte qui nous aura mené jusqu’au bout par le bout du nez. Sous une apparente légèreté de ton, Claudio Tolcachir clame son attachement à une liberté qui s’affranchit des règles, des conventions sociales, et à l’amour, valeur salvatrice face à l’absurdité de la vie.

© X-D.R.

Le sens de la vie

DOMINIQUE MARÇON

El viento en un violin a été joué au Théâtre d’Arles le 14 février

Actes et conséquences © Marc Gaillet

Howard Barker aime semer le trouble parmi les spectateurs. Avec son théâtre de «la catastrophe», comme il le nomme lui-même, le dramaturge anglais place le spectateur face à ses certitudes pour mieux les ébranler, pour lui infliger «ces dégâts subtils causés à une vie bien construite». Les Possibilités, recueil d’une dizaine de courtes pièces, illustre bien cet état de fait ; décrivant un monde résolument en crise, en guerre, en proie à une violence qui n’a d’égal que la volonté de pouvoir. Elles racontent l’empereur Alexandre dérouté face à son champ de bataille, un tortionnaire polonais qui évolue dans un monde où la torture est un mal nécessaire, l’humiliation d’une femme venue témoigner dans un talk-show, un bouquiniste qui ne peut se résoudre à vendre ses livres… La mise en scène très dynamique de Stefan Delon

-cofondateur avec Mathias Beylet de U-StructureNouvelle basée à Montpellier- laisse prendre aux textes toutes les directions possibles, et permet aux cinq comédiens, qui alternent les rôles féminins et masculins avec un plaisir visible, de choisir une option ou l’autre, et laisser de fait le spectateur souvent perdu, ses pensées se télescopant au gré des époques traversées, et de ses idées bousculées entre le rationnel et l’irrationnel, le raisonnable et le pulsionnel. Fraîchement dérangeant. DO.M.

Les Possibilités a été joué au Périscope, à Nîmes, du 6 au 8 mars


16 THÉÂTRE TOULON

Le théâtre e(s)t la vie

© Brigitte Enguerand

Être quelqu’un, quelque part, autrement, est la racine du métier de comédien, et le noyau dur de la pièce de Pirandello aux échos testamentaires : Se trouver. Ou la question brûlante de la frontière entre la vie et le théâtre, la réalité et la fiction posée à travers l’histoire d’une actrice célèbre qui «choisit l’amour pour échapper à son destin». Lorsqu’il écrit cette pièce en 1932, Pirandello a 65 ans et n’a de pensées que pour Marta Abba ; aujourd’hui Stanislas Nordey s’en empare et crée du sur-mesure pour Emmanuelle Béart, époustouflante de chair et de vie, de vérité. Écrasée par un décor art déco austère, entourée de comédiens «passe muraille» dans leurs costumes poudrés bistre, tabac, taupe ultra-chic, elle irradie au centre de la pièce dans ses chatoyants habits verts. Le parti pris scénique est osé, mais fait corps avec cet hymne à l’amour absolu du théâtre :

exceptés les deux amants, les personnages sont relégués au second plan, hiératiques et maniérés, corps face au public même dans les dialogues, usant d’un phrasé distancié. Exercice délicat qui conduit certains à se figer dans une gestuelle répétitive, dans une préciosité vaine… face à une Emmanuelle Béart bouleversante et bouleversée par les doutes qui assaillent son personnage. Le second acte, plus voluptueux et exalté encore, offre aux amoureux -troublant Vincent Dissez qui lui donnait déjà la réplique dans Les Justes- l’occasion d’un jeu plus animal, presque instinctif, avant que le destin ne les sépare à jamais. Pirandello était au sommet de son art, Emmanuelle Béart aussi. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Se trouver a été joué au Théâtre Liberté à Toulon les 16, 17 et 18 février

De la dynamite ! Parenthèse dans la saison du Théâtre Liberté, l’opération On joue collectif a donné carte blanche à des «dynamiteurs de conventions». Effet boomerang assuré… On joue collectif est une partie à trois bandes menée par Le Groupe Incognito, collectif de comédiens, musiciens, scénographe, plasticien, éclairagiste, pour la plupart issus de l’École du Théâtre national de Strasbourg, dont la devise est «Nous ne répétons pas, nous écrivons». Par Les Possédés qui, autour d’un trio d’acteurs (Davic Clavel, Marie Roig, Rodolphe Dana), fait du «théâtre à mains nues» et entraine le reste de la troupe dans une aventure intérieure qui passe «de l’intellect à l’organique». Et par Les Chiens de Navarre, amis et francs-tireurs dans la vie et sur scène qui «font ce qu’on [leur] avait dit de ne jamais faire». Ils partagent le choix d’une écriture textuelle et scénique collective, un mode opératoire original, et, à des degrés variables, un ton résolument libre au risque de faire voler en éclats le genre théâtral ! De processus en perpétuel mouvement aux mises en jeu parfois dangereuses, de détournements de sens et d’images en épure absolue, les résultats sont inégaux : c’est la loi du genre quand l’exercice est périlleux… Le Groupe Incognito joue sur la corde raide du music-hall contemporain qui multiplie les effets de manche et ne marie pas toujours habilement le chant, le théâtre, le cirque avec l’intervention en plateau de comédiens amateurs qui font tout leur possible pour garder le rythme du «ballet musical». En essayant de faire des vanités contemporaines une «nature morte bien vivante», la troupe pétaradante se mélange souvent les pinceaux et perd en route un public essoufflé par tant de soliloques, de joutes ver-

bales, d’acrobaties visuelles au fil décousu. Avec Les Possédés, la petite musique grinçante d’Anton Tchekhov se fait entendre sans fioritures ni apparat : autour de la table éclairée de bougies, les comédiens construisent leurs personnages à vue, dans une belle proximité avec le public. Celui-ci touche du doigt tout l’art du théâtre minimaliste, oscillant entre rire et larmes au plus près des vibrations intimes de la troupe. Même les quelques «faiblesses de jeu» et les rares hésitations font l’unanimité. La palme du collectivement incorrect revient aux Chiens de Navarre dont la réputation sulfureuse n’est plus à faire. En préambule eux-mêmes s’interrogent : «Le théâtre est-il le lieu où l’on vient se détendre intelligem-

ment ?». Ni oui-ni non ! Tirades saillantes, platitudes, considérations vaseuses, blagues potaches, humour décapant, effets dramatiques, scènes trash : Raclette démarre comme un diner de cons pour se terminer en Fluide glacial sans jamais atteindre La Grande bouffe ou Affreux, sales et méchants. C’est irrésistiblement drôle, vif, illuminé, mais au bout d’une heure on risque l’overdose. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

«On joue collectif» : Le cabaret des vanités, Oncle Vania, Une raclette ont été joués respectivement les 21 février, 22 février et 25 février au Théâtre Liberté à Toulon. Oncle Vania © Christophe Paou



18

DANSE

AVIGNON | AIX | CHÂTEAU-ARNOUX | FORUM DE L’EAU

Dans la poésie de l’Asie

Encor © Nicolas Joubard

L’Asie n’existe pas, c’est un concept européen… et les 24 compagnies invitées ont montré leur diversité avec de petits brins d’haïkus, inégaux parfois, souvent inédits, toujours emprunts d’élégance. Même s’ils n’ont pas toujours convaincu, à l’image du butô de Sumako Koseki enfermée dans un solo décousu, ou du peu de caractère des Coréens dans Pause Philo et The Smell of rice cook, tentant pourtant l’humour et repérés pour leur inventivité à Séoul. Tout comme l’écriture trop codifiée des pièces de Kuik Swee Boon, soufflant un état d’urgence et d’émotion indéchiffrables, malgré la sportivité de ses sensuels interprètes. Carlotta Ikeda a par contre offert un solo, Waiting, millimétré à la perfection (voir Zib’ 24). Une photographe de l’âme qui, à 70 ans, ose une mosaïque de postures fantomatiques à partir des mots de Duras autour du deuil et de l’inceste, épousant la matière, dévoilant la souffrance et le plaisir. Un choc esthétique. Catherine Diverrès a proposé trois moments d’apesanteur pour une imprégnation durable. Deux solos, juxtaposés, se répondaient admirablement. La reprise de Stance II par la sublime Carole Gomez, sur un fil d’émotion autour de la féminité puis le troublant Ô Sensei par la chorégraphe, remontée sur scène pour le CDC, à la mémoire de son maître butô Kazuo Ohno. Une maitrise de l’interprétation impressionnante de délicatesse et de transformations infimes. Plus radical, Encor nous a entrainé dans un vertige de la danse, son éternelle répétition, son absolue

besogne, avec 5 danseurs magistraux laissant apparaître, dans un tourbillon de gestes, de costumes et de paysages, l’inéluctable mécanique du temps et de sa renaissance. L’histoire aurait pu se poursuivre avec Volubilis de Lionel Hoche, moins «gadget» que les ninjas déshumanisés de Corrélations. Mais ce salon de danse

mobile et conceptuel, à géométrie variable depuis 1997, recevait ici des interprètes si mal accordés que le ballet a fini par devenir… volubile. William Petit se sera perdu dans Beware, un solo infinissable inspiré du chamanisme, expérimental, confus, énervé par des forces très invisibles. Sur le bouddhisme, Gábor Halász a, dans Burn in flames, révélé une gestuelle épatante de précision et un accord parfait avec sa pensée. On le retrouvait virevoltant pour le BNM, dans La vérité 25X par seconde de Frédéric Flamand. Une démonstration de jeunesse inscrite dans la forêt de métal de l’architecte Ai Weiwei, où les danseurs jouent à chat perché sur une improbable machinerie d’échelles. Aussi virtuoses, les 5 danseurs unis comme les doigts de la main dans la partition très écrite d’Harakiri de Didier Théron, comme une vague de résistance face au danger, totalement hypnotique dans sa répétition. Charmante révélation avec Notebook de Malgven Gerbes & David Brandstätter, un carnet de voyage zen et fantaisiste sur «la linéa» de la pensée asiatique… Autre dépaysement dans les bruits du monde avec la Cie Ex Nihilo qui bâtit des palissades sur les corps et brouille les repères… Performance avec le solo de Jonah Bokaer, On Vanishing : à la Maison Jean Vilar, le new yorkais à la rigueur très Cunningham se fond dans la matière de l’artiste coréen et la musique de John Cage. Quant à Pascal Rambert, il laissait Kate Moran s’emparer de la Collection Lambert pour un passage improvisé d’Eve à Adam, censé faire le lien entre le 11 septembre aux USA et le 11 mars à Fukushima. Tiré par les cheveux mais joliment culotté ! On le retrouvera en 2013 pour les 35 ans des Hivernales consacrées à la Méditerranée. DELPHINE MICHELANGELI

Le festival des Hivernales a eu lieu du 25 février au 3 mars dans divers lieux d’Avignon

Encore ailleurs Depuis qu’il est apparu sur les scènes françaises en 2004, Emanuel Gat fascine. Sa danse est simplement d’une grande beauté. Dans Brilliant Corners il invente une façon de se mouvoir dans l’espace en groupe tout à fait captivante : les chorégraphes orga-

nisent généralement l’espace en lignes, en trajets, en distances, en parallèles et rapports de symétrie entre les corps ou les couples. Ou en amas, informes. Dans ces marges brillantes proposées par Emanuel Gat d’autres rapports s’instaurent, semblables aux © Emanuel Gat

mouvements aléatoires des groupes, aux attirances et répulsions des aimants, rapports individuels brillamment organisés, au millimètre. Les corps s’approchent, s’imbriquent, se déplacent ensemble, entrant dans le mouvement de l’autre sans l’imiter, en le complétant d’une gestuelle fluide, étonnamment souple, jamais systématique, et pourtant d’une extrême ampleur. Tout s’opère par glissement, détente, courbes et torsions, dans une abstraction généralisée qui, a aucun moment pourtant, ne manque de chair. Comme la musique de Thelonious Monk à qui il emprunte le titre de son plus bel album, sans reprendre sa musique : on entend là encore la pensée de Gat, agrémentée de Schubert, qui étire, rapproche et construit les sons comme il élabore les architectures de corps. La pièce, fascinante de bout en bout, passe insensiblement d’un mouvement à l’autre, d’un solo qui se détache à un mouvement d’ensemble, du sombre au clair, du pesant au léger. Et les dix danseurs, dans cette gestuelle sans repères fixes, sont d’une aisance folle… A.F.

Brilliant Corners a été dansé au Pavillon Noir, Aix, du 22 au 25 février


Apologie de l’eau(tre) © Agnès Mellon

Hélas ! La nouvelle création de Jean-Charles Gil est pour l’heure réservée aux congressistes du Forum de l’eau ! Jusqu’en 2013 ! Pourtant, ce projet, il le porte avec lui depuis 5 ans, il en dispense des facettes… mais il lui fallait un financement pour le mener à bout. Belle occasion, mais privée : le public devra attendre encore un peu… Et c’est vraiment dommage, car l’œuvre est tout à fait prête. Très belle apologie de la formation de l’eau, H2O allie 6 athlétiques breakers de Tanger aux danseurs élancés du Ballet d’Europe pour une fusion entre deux rives et deux styles de danse, métaphore, par la formation de la molécule de vie, d’une intégration qui transcende chacun… La danse en est transformée, pour une réelle rencontre des styles, féconde et profonde. Une pièce très réussie, qui explore ensuite la mémoire du Rhône, et nos trésors antiques enfouis, figures d’un temps où la Méditerranée était une mer de partage… Vivement la création publique ! A.F.

H2O a été créé lors de l’ouverture du Forum de l’eau à Marseille

En février le Théâtre Durance accueillait en résidence la cie Fêtes Galantes de Béatrice Massin pour lui laisser passer toutes ses Fantaisies. Comme la chorégraphe le soulignait lors de la rencontre avec le public qui suit traditionnellement, à Durance, le spectacle, ces accueils en résidence sont essentiels pour la liberté de création des petites et moyennes compagnies. Ils permettent la libre expression d’une recherche chorégraphique parfois interstitielle dans des conditions optimales, cela dans un contexte économique difficile dans l’expression du spectacle vivant. Fantaisies composées de trois pièces. Une «recréation» de 2003 entre «loup et agneau» et deux créations : Filia puis Atlas. Béatrice Massin se revendique de la «danse baroque» (de barroco : perle dont les irrégularités font la valeur). Le geste dansant n’ayant pas eu, à cette époque, de transcription exacte, sa chorégraphie «néo-baroque» repose donc sur une évocation de ce qu’elle ressent de son amour pour la musique, la sculpture et l’architecture baroques. Transcription gestuelle actuelle d’un présent regard sur l’histoire de l’art florentin. Danse baroque au sens d’une réinscription de formes maniéristes -irrégularités combien régulières- dans le dépouillement du geste contemporain. Une transcription subjective fusionnelle de la musique de Lully à Marin Marais. Pourquoi pas ? YVES BERCHADSKY

©Veronika Manga

Danse en résidence


20 ARTS DE LA RUE/CIRQUE SIRÈNE | MASSALIA

Menaçant !

Brouillard et fumées… Lorsque les sirènes retentissent le 7 mars, une ambiance de fin du monde envahit la place ! L’Eschatologie de Wilfried Wendling fait frissonner, et rend à leur vocation les sirènes d’alarme. Enserrés par des sons, des banderoles

Le Vaisseau voyageur Ahamada Smis Le 4 avril à midi pile Parvis de l’Opéra, Marseille 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.com

Pôle et Sud

A.F.

Dans les limbes des autres sont intimes, et que nous ne pouvons ni les apaiser, ni les prévenir ? AGNÈS FRESCHEL

À noter La Distance qui nous sépare, créé à la Friche le 6 mars, se joue jusqu’au 24 mars 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com © Christophe Raynaud de Lage

Un non-lieu : celui du théâtre. C’est dans la réalité tangible de la scène que François Cervantes et ses cinq comédiens-auteurs racontent leurs fictions intimes, peuplées de souvenirs réels. Un non-lieu qui évoque n’importe quelle salle d’attente ou point de rencontre puis -parce que les âges s’y croisent et que les souvenirs s’y jouent comme en des anamnèses pas tout à fait réelles, des flash back incomplets où le narrateur n’oublierait pas tout à fait celui qu’il est devenu- ce non-lieu se met à évoquer d’autres huis clos de théâtre, enfer ou hôpital psychiatrique, terrain vague ou friche (tiens ?), tous ces lieux inconstruits où la frontière entre ce que l’on est, ce que l’on rêve et ce que l’on joue se laisse encore un peu malléer sans scinder les strates de la conscience… Et que disent ces fantômes acteurs ? Dans de très beaux élans souvent lyriques, toujours poétiques, ils parlent de leurs traumatismes d’enfants, et de ceux de l’histoire. Un je me souviens très noir où la réminiscence n’apporte aucune joie, grande ou petite, mais le souvenir des morts, de l’inceste, des coups, des meurtres, des ruptures, des déportations, des terreurs, des injustices… Les enfants trop petits fuient (programmation Massalia, conseillée à partir de 12 ans, trop jeunes encore pour entendre cela…), les adultes, même fascinés par le talent toujours époustouflant de Catherine Germain, ou les formidables éclats de vérité de Laurent Ziserman, se demandent pourquoi tant de noirceur. À quelle catharsis nous convoque-t-on, puisque ces plaies

À venir

© David Anemian

© Gilles Clement

blanches et des individus en blouse blanches qui intiment aux mégaphones des ordres incompréhensibles, soutenus par une bande sonore et des percussionnistes dont la batucada n’a rien de rassurant, les spectateurs-passants cherchent où accrocher leurs regards, puis écoutent la masse sonore. Les choristes amateurs se faufilent, armés de leurs mégaphones d’enfant... Le résultat sonore est un peu schématique, l’effet d’ensemble manque de corps et de puissance pour terrifier vraiment, mais l’idée est là, et une fois de plus la sirène musicale de Lieux Publics est très réussie ! La suivante ? Musicale encore, et poétique, avec le slameur Ahamada Smis qui nous emmène dans un voyage dans la tradition orale des Comores. Qu’on se le dise ! les nombreux Comoriens de Marseille entendent rarement parler de leur culture !

Quoi de plus triste qu’un clown ?… deux clowns, surtout s’ils ont la prétention légitime de faire rire et que la situation leur échappe autant qu’aux spectateurs ! Tous égarés dans la fine brume bientôt épais brouillard qui accompagne le passage du Cap Horn. Perdre la boussole, ou plus poétiquement disperser la rose à tous vents, est un joli programme que Wladyslaw Znorko et ses complices du Cosmos Kolej ont déjà honoré avec un certain talent ; pari qu’ils ne tiennent pas ici. La marque de fabrique y est pourtant et c’est le plus heureux de l’affaire : un fond de scène / toile peinte de vaste ciel nébuleux et menaçant façon Grand Siècle, de ceux qui accompagnent les naufrages bien sûr ; la machine à naviguer et à rêver ne déçoit pas tout de suite avec son coffre de pirates, son pont de planches fragiles posé sur deux demitonneaux (on aurait dû se méfier : trop petite jauge pour embarquer !) et surtout sa grand voile hisse et ho... et flop ! La jeune Bricole (Florence Masure) se démène, écartelée entre Arctique et Antarctique, présent et passé, paroles proférées et gestes inconsidérés. Où va-t-elle ? Que veut-elle ? Mystère ! Et surtout que lui veulent ces deux compères omniprésents qui se chamaillent, tiennent de fumeux discours du fond des mers ? Confusion du message (il semble bien qu’il y en ait un au fin fond de la bouteille) et gesticulation convenue d’augustes gris. Pas un enfant ne rit... les parents sont un peu tristes... MARIE-JO DHO

Le Passage du Cap Horn a été créé au Massalia du 14 au 17 février

Encore un sourire La Joconde a disparu pendant deux ans du Louvre, dérobée et recelée par un ouvrier du musée. De ce fait divers véridique, qui à lui seul fait sourire, la compagnie Anima Théâtre tire un voyage dans l’histoire de l’art astucieux et poétique. Car la Joconde subtilisée, et embarquée dans un rêve chaotique, quitte l’énigmatique retenue de son sourire en coin pour se marrer franche-

ment : chahutée, elle traverse les paysages de Van Gogh ou de Chagall, force le cadre du tableau, récupère des jambes, pique à l’homme au chapeau melon sa pomme verte, joue avec les éléphants et les moustaches de Dali, fait du surf sur la coquille de Botticelli. L’habileté des comédiens-marionnettistes, les techniques empruntées au cinéma d’animation, les ponctuations

musicales, servent une inventivité visuelle à la fois douce et ludique. Etrangement, c’est la marionnette de Mona Lisa, au visage chafouin et à la voix fluette, qui convainc le moins. Mais le spectacle est un régal pour les toutpetits, qui rient des claques à la guignol et des enchaînements ingénieux et bluffants comme des tours de prestidigitation, comme pour les plus grands,

qui se prennent au jeu de pistes des références et des détournements. AUDE FANLO

Le rêve de la Joconde, par la cie Anima Théâtre, s’est joué du 24 au 29 février au Massalia


LES ÉLANCÉES | ARLES | DRAGUIGNAN | GRASSE | CHÂTEAUVALLON

ARTS DE LA RUE/CIRQUE 21

Un geste auguste mes qui l’entourent, se transforme en petite forme volante, voltigeuse naïve qui ne se sent bien que dans les airs. Les musiciens suivent le rythme infernal avec des airs jazzy, du hip hop klezmer et des tangos qui nourrissent le propos et perpétuent les défis à couper le souffle que se lancent les uns et les autres. Autre performance originale, celle de David Dimitri, L’Homme Cirque qui a posé son petit chapiteau à Fos. Il fait tout tout seul, avec un immense talent et un grand sourire aux lèvres, bondissant sur le fil qui traverse la piste, de sauts périlleux en pas de danse, ou couché dessus tout en jouant de la trompette ; homme-canon qui s’élance et se rattrape au fil qui pend au-dessus du public ; coureur sur un tapis roulant emballé… jusqu’à l’élégante échappée finale à ciel ouvert, seul sur son fil, jusqu’aux étoiles. Sur la grande scène de La Colonne, l’étrange univers d’Aurélia Thierrée faisait murmurer les murs. Le spectacle, conçu et mis en scène par sa mère, Victoria Thierrée-Chaplin, est un savoureux croisement de théâtre, de cirque et d’illusion, et l’on y entre sur la pointe des pieds comme dans une mystérieuse maison qui recèlerait de nombreux mystères. Dans cet univers hypnotique, la fuite est récurrente ; au sein d’étonnants décors de toile mobiles de murs en murs, d’immeubles en maison, une femme se faufile, disparait, escalades des façades pour ressortir miraculeusement plus loin, transformée, happée par les histoires qu’elle traverse. Un monde irréel et fantasmagorique qui transporte loin l’imagination.

Murmurs des murs © Richard Haughton

Bilan très positif pour la 14e édition des Élancées qui affiche une fréquentation en hausse de 10.5% avec 14365 billets émis (contre 13000 pour l’édition 2010) et un taux de remplissage de 95.66%. Les 19 spectacles programmés lors de ce Festival des arts du geste proposaient un habile mélange des genres, danse et cirque en tête, et des nationalités des compagnies présentes. À Istres, l’Espace 233 accueillait la compagnie marseillaise Piccola Velocità pour sa toute dernière création, Bzz…, pièce pour une apicultrice et une abeille. En évitant l’écueil du didactisme, les comédiennes racontent, et dansent, l’union inévitable des abeilles et de leur amie-ennemie, l’apicultrice à la fois protectrice d’espèce et voleuse de miel. L’une travaille sans relâche, l’autre veille à ce que tout se passe bien, tandis qu’un troisième personnage, lunettes brandies, fait le parallèle entre les deux espèces, insecte et humaine, prouvant les besoins qu’ont l’une et l’autre de vivre ensemble. Changement de décor à l’Olivier avec les danseuses de la compagnie espagnole Aracaladanza et leur Pequeños Paraisos très librement inspiré du Jardin des délices de Jérôme Bosch. Des tableaux délicats et poétiques provoquent l’imaginaire lorsque la danse se fait magique, mêlant aux pas des danseuses gracieuses des marionnettes géantes ou des sacs poubelles facétieux qui se déplacent en silence… Dans ce décor coloré, les costumes chatoyants participent de la bonne humeur et de la fantaisie des espagnoles débridées ! À Miramas place au cirque des acrobates et musiciens de la cie Akoreacro avec Pfffff ! Dans ce singulier spectacle les acrobaties ne sont pas une fin en soi mais servent une drôle d’histoire au cours de laquelle une femme, confrontée à l’attention des sept hom-

DOMINIQUE MARÇON

Le Festival s’est tenu sur le territoire de Ouest Provence du 17 au 26 février

Une danse 2.0 Pas vraiment virtuelle ni totalement abstraite, Les Fuyantes est une proposition hybride où la danse acrobatique et le cirque aérien, les corps en mouvement et les images numériques jouent l’équilibre perpétuel. Comme si Camille Boitel et Boris Gibé, en funambules virtuoses et rêveurs, projetaient le spectateur dans la toile : la tête dans les mathématiques, les lignes de fuite, les formules algébriques, les codes d’accès ; les pieds sur la lune, le corps en apesanteur, sens dessus-dessous. Dans cet écran géant (symbole contemporain de la machine aliénante des Temps modernes ?), le sol, les murs et le plafond sont des peaux mouvantes ultrasensibles, tendues à l’extrême, faites de chausse-trappes invisibles par lesquelles les corps s’enfuient, surgissent, s’empêtrent, parfois s’accrochent et se pendent. Tantôt blanc sur fond blanc, tantôt gris sur fond gris, le ballet des humanoïdes esquisse des échappées, tente des figures impossibles, abolit la pesanteur terrestre : les déplacements sont désordonnés, les gesticulations absurdes et la cohabitation malaisée. On flirte avec l’art cinétique pour le travail sur les effets d’optique et les éclipses lumineuses, on entre de plain-pied dans un tableau de De Chirico pour l’immatérialité des objets et des êtres et les changements d’échelle… Ce qui avait commencé dans une rigueur clinique, un environne-

© Jerome Villa

ment aseptisé, se termine dans un chaos indescriptible ; la structure, éventrée, laisse voir l’envers du décor et ouvre sur «des territoires instables». D’abord scotché par l’univers onirique, on demeure légèrement à la marge faute d’un rythme soutenu et d’une création sonore déphasée. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Les Fuyantes a été donné au Théâtre d’Arles, à Draguignan, à Grasse et à Châteauvallon


22

JEUNE PUBLIC

LA CRIÉE | APT | AIX

Steak haché © Stéphane Tasse

C‘est un sujet casse-gueule : parler d’amour, même à travers les contes de fée façon Bettelheim, ça a un air de déjà-vu, surtout après l’envahissement rose de la Saint-Valentin. Encore des histoires de princesses et d’ogres, de bergères et de princes... Pourtant la mise en scène de Frédéric Bélier Garcia joue de la parodie et bouscule les rôles ; il arrive au paladin d’être moche, le roi ressemble à Mobutu, les jeunes filles revendiquent le droit de changer d’amoureux comme de chemise, les costumes des moutons et des loups sont délicieusement «vintage», les frites ont la patate et le steak expose ses entrailles avec bonne volonté. Mais du coup le public fleur bleue

émerge déçu de la représentation, et le public caustique reste sur sa faim, ayant espéré explorer les affres du monstre solitaire «comme la plupart des monstres» ou la révolte du Prince Désolant, que son père refuse de reconnaître. Reste la voix off, aussi saugrenue que désopilante, cri d’affection sincère sur messagerie téléphonique de Mademoiselle Denise à son neveu. Une femme qui a de la personnalité, elle. GAËLLE CLOAREC

La Princesse transformée en steak-frite a été joué à la Criée du 22 au 25 février

La sonnette du Vélo qu’elle aimerait être indépendante, qu’ainsi sa vie est monotone. LUI, tout noir, est le Loup qui ne mange que de la viande crue... La vie est bien difficile pour les loups, toujours à la recherche d’une petite chèvre ! Un loup, on ne l’aime pas, il rote, il pue, il n’a pas d’amis. Ces deux-là, que tout sépare, vont à l’occasion d’un orage, se rencontrer dans une cabane sombre. Ils se racontent leur enfance, deviennent amis. Aucun des deux ne sait qu’il s’est approché de son «opposé». On l’aura compris : ce spectacle «pour enfants à partir de 5 ans» peut se lire à différents niveaux ; dans la salle, les enfants vibrent, rient, s’effraient aux mimiques du loup ou à ses cris. Les adultes y auront vu une métaphore des relations femmes/hommes, d’autres une parabole de la différence. Le spectacle se clôt sur «Que se passera-t-il demain quand le soleil reviendra ?» On ose espérer que… ANNIE GAVA Le loup et la chevre © Annie Gava

Mensonges vrais

© Mathieu Bonfils

C’est dans le cadre de la 5e édition de Greli grelo, qui s’est déroulée du 4 au 17 mars en pays d’Apt, que plus d’une centaine de spectateurs, dont une grande majorité d’enfants, se sont retrouvés au Vélo Theâtre pour assister à un délicieux spectacle, Le Loup et la Chèvre, par la Compagnie Rodisio, adapté librement d’un livre très populaire au Japon, Une nuit d’orage de Yuichi Kimura. Cette compagnie, fondée en 2005 à Parme, fait des tournées dans le monde entier et c’est une chance pour le public aptésien d’avoir pu voir et écouter cette «histoire de deux rebelles inconscients et donc d’une utopie». Un décor sobre : un canapé rouge, quelques arbres luminaires et deux comédiens très expressifs, Manuela Capece et Davide Doro, qui parlent, chantent, dansent, sautent… ELLE, c’est la Chèvre blanche, qui mange de l’herbe verte avec sa famille, le dimanche, que des filles, toutes ensemble : le Paradis ! Un jour, elle se rend compte

Le bonheur des contes, c’est celui du mensonge permis puisque la fiction se nourrit de cette délicieuse excroissance de l’imagination. Cette saveur Jeanne Béziers la cultive dans le spectacle qu’elle a écrit et mis en scène, Poucet ou le temps du mensonge. Il faut imaginer un Poucet devenu grand qui narre ses aventures, ou plutôt l’aventure fondatrice, l’abandon réitéré par ses parents dans la forêt, la peur des loups, la rencontre avec l’ogre, les bottes de 7 lieues… Dans sa mise en scène ingénieuse et efficace, les échelles doubles deviennent tour à tour bottes, cheval, grotte, arbre, les costumes se transforment, jouent avec les formes du dessin, comme l’époustouflante robe de l’ogresse, les masques projettent sur les murs des ombres fantastiques, le brouillard se peuple de loups, de terreurs cachées… L’écriture se joue des mots, de leurs sens, dans une appréhension gourmande et ludique du langage, aidée en cela par les musiques créées par Martin Béziers. Les trois acteurs se glissent dans la peau de tous les personnages, chantent, miment, dansent, animés d’une belle force comique, dans ce «charivari de doux mensonges». Certes la pièce, toute nouvelle, se rode encore, et mériterait d’être resserrée. Mais les adultes trouvent leur miel dans cette orgie de mots sans que le spectacle, qui ne se laisser aller à aucune dérive bêtifiante, n’oublie de s’adresser aux enfants ! MARYVONNE COLOMBANI

Poucet a été créé au Jeu de Paume, Aix, du 13 au 15 mars



MUSIQUE

CONCERTS

Chambre et Bouffes marseillais Contrairement aux idées reçues Marseille n’est pas en reste dans de nombreux domaines de production musicale. En sus de structures tournées vers la création, le monde baroque ou le répertoire lyricosymphonique, la cité phocéenne possède en ses murs deux structures (si différentes soient-elles par le style musical qu’elles proposent) qui n’ont pas d’équivalent dans l’hexagone. La vénérable Société de Musique de Chambre de Marseille (SMCM), depuis près d’un siècle, propose à ses adhérents une grande saison de concerts et des ensembles prestigieux qui se produisent sur les plus belles scènes du monde. Le couple Isabelle van Keulen (violon) et Ronald Brautigam (piano), rompu à l’exercice du récital depuis 20 ans de collaboration, a montré, le 14 février, une maîtrise impeccable de l’équilibre sonore, du souffle romantique, des nuances et des couleurs, dans la fougue

ou la mezza voce des Sonates «Le printemps» de Beethoven ou des n°1 & 3 de Brahms. Là, le mélomane touche au plus près l’intime processus créatif des grands maîtres du passé. On entend bientôt le violoncelliste Michal Kanka ou la pianiste ClaireMarie Le Guay (les 3 et 17 avril. Auditorium Faculté de médecine). Seul Théâtre en France à proposer une vraie saison d’opérettes, l’Odéon remplit actuellement la salle du Palais des Congrès avec des classiques du genre. Le 26 février, Les mousquetaires au couvent, chefd’œuvre de Louis Varney, a ravi l’auditoire par sa frivolité légère, toute française, une mise en scène enlevée signée Jack Gervais, un plateau de chanteurs, fantaisistes, choristes-danseurs de haut niveau, un orchestre résolument dirigé par JeanPierre Burtin, toute une troupe qui donne des fourmis aux jambes d’un public, certes d’âge mûr, mais assez rock n’roll d’esprit ! À venir, La Belle de Cadix et La vie parisienne (les 14 & 28 avril). Pour que vivent ces belles entreprises, il faut inciter tout-un-chacun à partager ces instants rares, et inviter des jeunes à les découvrir (les quarantenaires y font parfois figures de marmots). Car dans la salle on s’initie patiemment à ce qui constitue le cœur d’une culture qu’on n’aimerait pas voir disparaître… JACQUES FRESCHEL

Isabelle Van Keulen © Marco Borggreve

24

Licencieux Grand-Siècle Jean Tubery © Philippe Matsas

Fabuleux moraliste et fabuliste immoral, Jean de La Fontaine a écrit, au Grand-Siècle, des vers que l’on épargne naturellement aux bambins : ses textes licencieux sont riches en allusions gentiment grivoises ! Pour son premier spectacle du festival Mars en Baroque, dédié justement aux Passions et débordements propres à l’art de ce temps, JeanMarc Aymes a eu l’idée d’inviter l’ensemble La Fenice dirigé par le «souffleur de tuyaux» (flûtes, cornets…) Jean Tubéry. Le 14 mars, dans l’auditorium des ABD Gaston Deferre, un programme bien pensé intitulé La Fontaine de Vénus a mêlé des Airs de cour de Michel Lambert, des musiques de

Marin Marais et consorts, à des textes de La Fontaine entrant en résonance avec le sujet, agrémentés de quelques projections de tableaux libertins. Là, la bergère côtoie le satyre, la religieuse et la fillette connaissent d’étranges émois, les cœurs s’enflamment… aux sons de la viole et du violon, du clavecin et du cornet à bouquin, et des vers goguenards déclamés par Christophe Gravouille ou chantés, malgré une gêne respiratoire, par Caroline Pelon. J.F.

La 10e édition de Mars en Baroque se poursuit jusqu’au 29 mars

Faust pictural

© Cédric Delestrade - ACM-Studio

C’est le 19 mars 1859 qu’est créé, sans grand succès, Faust de Charles Gounod au Théâtre-lyrique : trop wagnérien

pour certains, «désordre pénible» pour Berlioz, l’œuvre n’atteindra la gloire que dix années plus tard, dans une

version révisée. Du drame de Goethe, le compositeur ne conserve que peu de faits et centre son drame sur l’histoire d’amour entre Faust et Marguerite. L’ouvrage est, selon le chef Dominique Trottein, «l’opéra romantique par excellence». Le chef-d’œuvre a été servi par une mise en scène sobre et délicate (Paul-Emile Fourny) : peu de changements de décors, des lumières douces, et, dans l’acte III, un agréable tableau de fond de scène en hommage à Caspar Friedrich (mélange de l’Arbre aux corbeaux et du Cimetière de monastères dans la neige). C’est dans un décor pictural que l’arrivée sur scène d’une montgolfière transportant Faust et Méphisto annonce le drame naissant. Dans un paysage désolé, on envisage les destinées de chacun : du rouge et du noir satani-

ques pour Méphistophélès, et encore du noir rehaussé d’une légère touche blanche dans les cols pour Faust et Marguerite… pour une dernière manifestation de la pureté ? Entre la déclaration d’amour et l’étreinte fatale, c’est le destin du couple Faust/Marguerite qui se joue. Le 11 mars, Nathalie Manfrino (Marguerite) a chanté avec brio et Florian Laconi (Faust) provoqué des rappels enthousiastes : des airs bissés («Salut demeure chaste et pure» et l’«Air des bijoux»). Gardons aussi en mémoire la formidable prestation de Nicolas Cavallier en Méphisto dont le jeu et la voix ont contribué au succès de cette représentation. CHRISTINE REY


À bout de souffles Une soprano se lie d’amitié avec un quintette de cuivres : l’histoire ne manque pas d’air ! Shigeko Hata © X-D.R.

Seuls quelques curieux, épars çà et là, dans un GTP aux travées quasi désertiques, auront eu la joie de goûter à un concert original, audacieux, vivant, d’une superbe qualité. Soucieux de faire découvrir la palette de couleurs chaudes de ses instruments, l’ensemble Magnifica, à travers un programme plus qu’éclectique allant de Haendel à Böhme en passant par Chostakovitch, a illuminé de ses ors le théâtre. Chacune des pièces, précédées d’une petite présentation sympathique, illustra à merveille le potentiel de cette formation. Lovée dans le luxe de cet ensemble pavillonnaire, Shigeko Hata dans des airs de Puccini, Catalani, Gounod… se fondit avec aisance dans les sonorités feutrées du quintette. L’émouvant Ave Maria de Mascagni où les cuivres se mirent en espace, à la lueur d’une bougie, porté

par une voix vacillante d’émotion, fut l’occasion pour cette jeune soprano japonaise de se mettre en lumière. Un beau spectacle qui contredit l’adage : souffler c’est jouer ! CHRISTOPHE FLOQUET

Concert donné au GTP le 16 février

La flûte enchantée

Philippe Bernold © Bernard Richebe

Les amateurs de flûte traversière auront sûrement été conquis par l’élégance de jeu de Philippe Bernold. Très bien secondé par les sept musiciens des Festes Vénitiennes, le concertiste de renom, à travers six concertos de Vivaldi, aura fait admirer sa technique, alternant les passages virtuoses et les pages mélodiques avec une aisance déconcertante. On ne répètera pas que le «prêtre roux» était un compositeur génial, doté d’un sens du rythme inouï et d’une inventivité mélodique et harmonique étonnante ! Non, on soulignera juste la palette de couleurs développées dans les largo du concerto La Notte, les jeux tout en clair-obscur autour du ton principal et du ton homonyme, majeur ou mineur, les somptueuses descentes chromatiques… Bref, de la musique pétillante et savoureuse servie par de grands musiciens, Bernold en tête. Que du bonheur ! C.F.

Concert donné au GTP le 23 février

Mémorable Mutter La salle est pendue à ses cordes ; des yeux humides fixent sa silhouette de sirène. Le chant nostalgique, les cadences cristallines de la célèbre Méditation de Thaïs ponctuent le récital et bouleversent l’auditoire. On l’a entendue mille fois cette mélodie, mais jamais ainsi : vibrante, sensible, chaleureuse… Et Anne-Sophie Mutter et Lambert Orkis © Agnès Mellon

quel son : l’un des plus beaux au monde ! Dans le cadre des récitals dédiés aux «Grands interprètes», le 13 mars, le public du Grand Théâtre de Provence a été richement servi. C’est Menuhin, Heifetz ou Szigeti qu’on a entendu : un son du siècle dernier, plein, puissant, vibrant sur tout le registre, du grave profond au suraigu, sans faille ! Rien n’est laissé au hasard chez Anne-Sophie Mutter : de la robe azur galbée au millimètre au mouvement étudié de la coiffure… et surtout pas la technique ! Accompagnée de Lambert Orkis, pianiste particulièrement joueur, l’égérie de Karajan d’il y a 35 ans s’est jouée avec maestria des méandres atonaux et furieux de Lutoslawski (Partita) comme du romantisme virtuose de Saint-Saëns (Sonate op.75)… Un concert qu’on est pas prêt d’oublier ! JACQUES FRESCHEL


26 MUSIQUE CONTEMPORAIN | ACTUELLE

Une création à Marseille !

Henri Demarquette © Jean-Philippe Raibaud

travail fondé sur des processus d’évolution lente, de gammes en expansion, notes et accords polaires, rebonds et impulsions rythmiques récurrents, autant de procédés mémoriels qui n’ont pas dérouté l’auditoire. La suite du programme a été d’un très haut niveau artistique, grâce au talent halluciné du violoncelliste Henri Demarquette, bête de scène envoûtée par le lyrisme virtuose du Concerto n°1 de Saint-Saëns, et la conduite de Jean-Claude Casadesus dans une partition difficile de Stravinsky. Ce dernier a poussé l’orchestre maison à donner le meilleur de lui-même dans les scènes burlesques du ballet Petrouchka (mais on aurait préféré entendre une version comprenant la fin du programme, soit l’émouvante mort de la marionnette).

C’est plutôt rare ! L’Opéra de Marseille, dans sa saison symphonique, affichait le 22 février une œuvre en création mondiale : une commande de la Ville de Marseille au compositeur Régis Campo. Ce quarantenaire, né à Marseille (où il enseigne au conservatoire), possède à son catalogue près de 200 opus dont certains ont été interprétés par Felicity Lott, Kent Nagano, l’Ensemble Orchestral de Paris, l’Orchestre National de France… De fait, par la volonté de Maurice Xiberras, le musicien est, à l’occasion, prophète en un pays où fourmillent de nombreux talents. Son opus, Color, dont le nom et la structure s’inspirent (à l’image de l’œuvre éponyme de Marc-André Dalbavie) de procédés complexes d’écriture issus de l’Ars Nova (XIVe siècle), a recueilli un franc succès grâce, en particulier, à un final emballé et sauvage du plus bel effet. On a auparavant apprécié une approche enluminée de la pâte orchestrale, un profil harmonique occasionnellement tonal, un

JACQUES FRESCHEL

Le dernier tango à Carry

La note tenue du doudouk éclaire peu à peu la scène, le chant se mêle aux variations… puis la voix profonde, sourde, de Salah al Hamdani se pose sur les notes, musique intime de l’âme avec des mots simples, en français ou en arabe, syllabes lourdes et pleines, voluptueuses, tantôt rocailleuses, tantôt d’une douceur infinie. L’ensemble Bratsch et ses invités parcourent la poésie contemporaine qui fait écho à celle du IXe siècle. L’exil de Ziryab -l’une des principales figures de la musique arabo-andalouse, créateur de la 5e corde du oud qui deviendra le luth de l’Europe- qui fuit Bagdad pour s’installer à Cordoue, répond à celui du poète Salah Hamdani qui a dû quitter l’Irak depuis plus de 30 ans. «Déchire

Quatuor Caliente © X-D.R.

Je me presse de labourer le temps tes papiers en silence» murmure-t-il, évoquant les êtres chers perdus avec le châle de la mère, comme image obsédante. «Le jour de ma naissance est griffé par les années d’exil.» Respiration des accordéons, style fleuri des violons, chants ouvragés et poignants de Sandra Bessis ou de Kamilya Jubran qui a posé sur les mots du poète ses accords originaux. Des polyphonies et monodies superbes pour un spectacle grave, qu’animent parfois les élans endiablés des musiques balkaniques. M.C.

Orient mon amour a été joué aux Salins, à Martigues, le 16 mars dans le cadre de Mare Nostrum © Marion Lefebvre

À la confluence de mondes antagoniques, le tango argentin, entre violence et tendresse, amour et colère, opère dans la magie de ses harmonies charnelles et de ses rythmes envoûtants sa fonction cathartique. Autour d’Astor Piazzola, figure tutélaire du genre, mais également d’autres compositeurs argentins tels que Villodo ou encore Beytelmann, le formidable quatuor Caliente joua à merveille sur ce choc thermique entre l’eau et le feu. Portés par un bandonéoniste –Gilberto Pereyra- au jeu impeccable, tendre, d’une douce violence, les trois autres membres de l’ensemble, Michel Berrier au violon, Nicolas Marty à la contrebasse et Cédric Lorel au piano, dans un même élan empreint d’énergie et de dynamisme, ne formaient plus qu’un. Alternant avec subtilité des pièces lentes, douces arabesques mélodiques pruinées de nostalgie et moments saillants taillés dans l’inox d’agrégats douloureux, l’ensemble subjugua de son élégance le public venu en nombre goûter à ce 4e concert des Moments Musicaux de Carry. Délicieux ! C.F.


MUSIQUE 27

Chansons à sens

Inclassable

Yvette Guilbert (1865-1944) nous a laissé un répertoire immense de chansons sociales ou coquines. La Pocharde, la Pierreuse («à force de faire les 100 pas, elle use les trottoirs qu’elle arpente») s’attachent à l’ironie noire de la vie, et ses éclats de rire : «Si t’as pas pris de bain demain, je t’envoie chez les Impressionnistes» ! Guilbert, en un rythme fondu entre parlé et chanté, a mis au point une «stratégie de coloration» et Freud viendra l’écouter tant elle représentait la vérité populaire de l’artiste! Nathalie Joly, expressive, entre dans chacun de ses personnages comme en de petites scènes de théâtre, puis rend hommage à Marie Dubas (l’étonnant Mon Légionnaire attribué à tort à Piaf !), à Damia et son prémonitoire Tout fout l’camp, ces Pouilleux qui nous écrasent, gestes de corbeaux à l’appui… Puis on passe le Rhin et on retrouve chez Kurt Weil (1900-1950, L’Opéra des Quat’ Sous…) ce ton unique et de sublimes joyaux. Surabaya Johnny. «Retire ta main, je ne t’aime pas !» triste et convaincant. Le tango-Habanera, Youkali, allemand prononcé à la française, a un charme désuet. L’expressionisme atonal, y sert le message de Brecht : «Youkali, c’est le pays de nos désirs… mais c’est un rêve, une folie». Le pianiste Jean-Paul Serra, clavecin et piano-forte de Baroque Graffiti, reste sobre, trop sans doute : un jeu qui manquait de flamme pour cette gouaille parisienne et ce Sprechgesang, les beaux médiums de la chanteuse compensant des aigus un peu tirés. Mais le décor unique, piano, table, lampe, retrouvait l’esprit de cabaret : une vraie tension dramatique,

Michel Portal est un homme de synthèse. Planant avec grâce au-dessus de tous les courants du jazz, du free au cool, en passant par le métissage, son langage esquisse une musique totale, affranchie d’historicité. Et les musiciens qui l’accompagnent sont à cette image : Bojan Z., le pianiste de l’Europe de l’Est, élevé au Bartok, Ambrose Akinmusire, trompettiste génial, d’origine nigériane, et les deux as américains de la rythmique, Scott Colley à la contrebasse dont il arrive à transcender le timbre, et le virtuose aux quatre pieds et douze mains, le batteur Nasheet Waits ! Au milieu de ce groupe «multiculturel», Portal promène sa clarinette basse et son saxophone soprano, improvisant sur des thèmes germés de son dernier album Baïlador. Dans la marmite du hasard les mélodies abruptes, bousculées par des rythmiques tribales se mélangent ; alors la musique déploie ses ailes dans l’indolence de la gaucherie de ses mouvements jusqu’à un état de transe. Singulier et lumineux ! CHRISTOPHE FLOQUET

Concert donné au GTP le 21 février Nathalie Joly © C. Depagne-Palazon

loin des strass et show-light de notre artificielle modernité, qui noie le sens au profit de l’image. YVES BERGÉ

De Guilbert à Kurt Weill a eu lieu le 24 février à la Cité de la Musique, Marseille

Composition acousmatique Agnès Poisson avait carte blanche le 12 mars à la Cité de la Musique. Dans la rencontre préalable à la Médiathèque la compositrice montre timidement ses «partitions» colorées. «Je compose car j’ai un mal fou à parler» ! Mais elle présente L’Usage de l’équilibre, une commande de l’Institut international de musique électroacoustique de Bourges ; Vénus, créé au Festival acousmatique de Bruxelles ; Fantasmagorie, une étude pour un film muet. Elle explique son refus de la réverb’, les échantillons qu’elle enregistre sur son Max XP… À 20h30, devant son acousmonium qui gère 14 haut parleurs (14 pistes), Agnès Poisson est transfigurée. Elle offre ses œuvres stéréophoniques en direct. Ses mixages sont audacieux, sons recherchés, issus de

synthétiseurs analogiques, d’enregistrements in situ, hommage musical aux sculpteurs Nicky de Saint Phalle et Jean Tinguely (L’Usage). Dans Fantasmagorie, cinq images en crescendo issues de diverses sources sonores : bec de clarinette dans la jarre d’un potier enregistrée dans l’atelier du potier, synthétiseur d’enfant… éclairent notre imaginaire, entre noir et lumière. Vénus part du geste du peintre qui frotte, gratte, lisse et les couleurs deviennent sons (rouge/doudouk…). Son univers est riche de sons angoissants, lumineux, stridents, mystérieux où le lieu détermine l’œuvre, où toutes les étapes sont fixées. YVES BERGÉ

Jean-Michel Portal © Jean-Marc Lubrano


28

MUSIQUE

ACTUELLE | DU MONDE La formation marseillaise Lo Còr de la Plana a présenté une partie de son prochain album, Marcha ! avant une tournée nord-américaine qui passe par le prestigieux Carneghie Hall de New York. Aussi étonnant que cela puisse paraître, jouer à domicile est plutôt rare pour la bande à Manu Théron. Et c’est dans le cadre intimiste de la Machine à coudre que le chœur a présenté son dernier spectacle et dévoilé quelques titres de son troisième album (sortie prévue le 30 avril). Un disque très attendu qui met en lumière des chants contestataires. L’un d’entre eux, une farandole d’une dizaine de minutes, a déclenché une de ces rondes qui font communier les générations. Depuis plus de dix ans qu’il exalte le patrimoine occitan en dépoussiérant le genre polyphonique, Lo Còr de la Plana est devenu une référence. Une fois de plus, Manu, Benjamin, Rodin, Denis et Sébastien, en mêlant leur voix, leurs mains et leurs pieds, ont fait résonner la modernité de chants populaires oubliés, souvent irrévérencieux et revendicatifs. Mais pour prolonger la surprise quant à leurs nouveaux morceaux, les cinq chanteurs ont largement revisité leur répertoire plus ancien avec des reprises euphorisantes de La noviòta et Tant deman.

Vers le nouveau Còr

THOMAS DALICANTE © X-D.R.

Lo Cor de la Plana était en concert le 29 février

Un Revivre oriental Pour se souvenir des bons moments et donner envie des prochains, les Suds organisent à Arles un «revivre» hivernal. Transmission, émotion et résistance. Les temps forts du Revivre ont offert un concentré de ce singulier festival de musique du monde. Avec la projection du film El Gusto, on redécouvre la ferveur étouffée des Algériens pour le chaâbi, cette musique populaire des villes qui secoua les codes de l’arabo-andalou. À la manière de Buena Vista Social Club, la réalisatrice Saifnez Bousbia reconstitue un orchestre de vieux artistes arabes, juifs et français qui, il y a plus d’un demi-siècle, faisaient le bonheur de cabarets de la casbah d’Alger. Une œuvre qui rappelle les difficultés de vivre, encore aujourd’hui, de la musique, dans cet État qui gâche sa diversité culturelle. L’aventure d’El Gusto pourrait faire escale, en juillet, dans le théâtre antique arlésien… Le Trio Joubran, lui, est un invité récurrent du festival mais c’est en 2008 que les frères palestiniens ont accompagné aux oud la dernière apparition publique du grand poète Mahmoud Darwich. C’est un extrait de cette prestation qui figure dans l’Anthologie des moments précieux des Suds à Arles, coffret CD et DVD habillé par Christian Lacroix dont

la parution chez Harmonia Mundi est prévue en mai. Cette fois, c’est entre les statues gréco-romaines du musée départemental d’Arles antique que Samir, Wissam et Adnan, avec l’excellent Youssef Hbeisch aux percussions, ont présenté leur bien nommé dernier album As Fâr / Les voyages (voir p 68). T.D. Trio Joubran, Revivre Les Suds © Nicolas Leblanc

Kora débridée

L’un comme l’autre ouvre les fenêtres sur le monde. Chez Naïas, du nom du dernier bateau qui a quitté les chantiers navals de Port-de-Bouc, chaque morceau est un voyage musical, une main tendue aux cultures méditerranéennes, Ba Cissoko © Youri Lenquette

un poing levé avec tous ceux qui luttent pour leur dignité. Formé en 2010, l’équipage du Naïas, avec à sa tête Daniel Gaglione, progresse au fil des concerts. Ba Cissoko, lui, présentait au public de sa ville d’adoption son quatrième album, Nimissa (Les regrets). Si l’artiste a acquis sa réputation grâce à sa pratique de la kora, il met aujourd’hui son instrument au service d’un registre qui va au-delà de la tradition mandingue. Et le groupe qui entoure le griot est bien plus large que le trio fondé en 1999 avec ses cousins Kourou et Sékou Kouyaté, le premier à la basse, le second à la kora électrique. Un percussionniste et batteur, un guitariste et, dernière nouveauté, l’Ava Saty Marching Band, petite section de cuivres, étoffent la formation. Au final, les mélodies africaines se marient de manière assez naturelle aux rythmes funky, reggae, afro-cubains, empruntant au jazz comme à la rumba. Un cocktail qui donne chaud à en juger les irruptions sur la scène de danseuses improvisées, conquises par le cocktail énergisant du maître Cissoko !

Profusion ! Rachid Taha, Manu Théron, Richard Martin étaient parmi les invités de Hakim Hamadouche, ce qui suffit à faire le plein ! À l’occasion de cette carte blanche à la Meson, entouré de ses comparses d’Oriental Fusion, le batteur Ahmad Compaoré et le saxophoniste Edmond Hodsikian, le plus punk des joueurs de mandoluth, ce dérivé du oud, ont débordé de générosité. Du chaâbi rugueux, des détours par le jazz improvisé et des interventions d’invités toutes déjantées. Après s’être garé en double file, Richard Martin, bouillonnant directeur du théâtre Axel Toursky, déboule et déclame Le Chien de Léo Ferré, sublimé par le jeu planant des trois complices. Lui succède Manu Théron, barde occitan, qui a choisi d’interpréter Prison de Verlaine. À l’origine mis en musique par Gabriel Fauré, les vers du poète maudit ont inspiré une improvisation écorchée du trio aux racines orientales. La soirée n’était pas au bout de ses surprises. Venu spécialement pour son ami marseillais avec lequel il partage la scène depuis des années, le bouillant Rachid Taha a même eu du mal à rendre le micro, après avoir rugi avec sa voix pulmonaire trois morceaux. Une carte blanche incandescente, renouvelée le lendemain avec les prestations de Raymond et Bastien Boni et Philippe Forcioli, acteurs des musiques expérimentales et improvisées. T.D.

T.D.

Ce concert a été donné le 1er mars à l’Espace Julien, Marseille

Ces soirées ont eu lieu les 17 et 18 février à la Meson, Marseille


JAZZ | ACTUELLE

Toutes les fées étaient là ! Référencée dans le Nouveau Dictionnaire du Jazz, Anne Paceo, pas encore trentenaire, joue de la batterie. Formée déjà très tôt dans les master-class des Enfants du Jazz de Barcelonnette, elle se nourrit de tout et respire le bonheur de faire de la musique, passionnée par son art et douée d’un toucher rythmique inhabituel et très caractéristique. Aujourd’hui Anne Paceo © Dan Warzy

elle crée un quintet, composé de Stéphane Kerecki, jeune et talentueux contrebassiste, Leonardo Montana au piano, complice de la batteuse depuis l’aventure précédente du trio Triphase, Pierre Perchaud, guitariste inventif jamais à cours d’arguments. Au saxophone, Antonin Tri Hoang, jeune musicien au son timide au début, se révèle dans les séquences d’improvisations. La musique d’Anne Paceo est singulière et envoûtante, à l’image des découvertes et rencontres qu’elle fait durant ses voyages de par le monde. Un CD du quintet est à venir prochainement. DAN WARZY

Ce concert a eu lieu le 20 février à la Cité de la Musique à Marseille

MUSIQUE 29

Chaud l’hiver ! Organisé pour la cinquième année consécutive par l’Ecole Centrale de Marseille, le festival des Massiliades a su réchauffer une soirée très hivernale en programmant quatre groupes sur la scène de l’Espace Julien, le 18 février. Dans une moiteur quasi tropicale, éclectisme, ouverture et folie festive se sont côtoyés au fil des propositions musicales. Aux rythmes reggae des nouvellement révélés Tupaga Vibration, succédaient les enchaînements cuivrés retentissants des Whisky Baba, maîtres à danser d’une salle conquise par leurs sonorités rock teintées de ska. À peine remis de cette frénésie dansante, on basculait dans l’univers jazz-électro du groupe aixois Deluxe, au groove rétro irrésistible. Et en guise d’apothéose les lillois de Skip The Use ont achevé de faire monter la température dans la salle bondée. Rock scénique irréprochable, riffs entêtants et guitares puissantes ont fait basculer le public dans un dernier état de grâce, repoussant définitivement l’hiver par la ferveur du rock. PASCALE FRANCHI

Les notes de l’eau Rythmes latino, rock, tzigane, électro et hip hop pour la soirée finale du Fame, au Dock des Suds, à Marseille, le 17 mars. Comme il n’y a pas de révolution sans chanson, il n’y a pas de forum alternatif sans musique. Après quatre jours de rencontres, de débats et une manifestation réussie dans les rues de Marseille, le Forum alternatif mondial de l’eau s’est offert un concert de clôture éclectique. Originaire de Patagonie, Falsa Cubana a profité de sa première tournée européenne pour partager son cocktail de ska et cumbia militant. Des cuivres à gogo, des musiciens qui alternent au chant, ces Argentins ont l’énergie communicative. Falsa Cubana est un de ces héritiers de la vague rock latino qui ne cesse de faire des émules depuis la séparation de la Mano Negra.

Macadam Bazar partage beaucoup d’ingrédients avec les Sud-américains. Un esprit «jeunes indignés qui s’éclatent», des rythmes festifs et la tendance à exploiter le même filon que beaucoup d’autres groupes de leur génération. Ces Provençaux qui usent de la guitare électrique comme de l’accordéon, mêlent le rock alternatif à la chanson française avec des incursions dans les sonorités tziganes et bretonnantes. D’un univers radicalement différent, le dubstep, Loan sillonne entre les scènes hip hop sénégalaise et électronique française. Une séquence de musique urbaine complémentaire des sets de culture reggae du sound system Massilia Hi-Fi. Une dernière nuit conviviale pour les militants pour l’accès à l’eau, qui n’en sont pas buveurs pour autant. Pas étonnant, au prix de la petite bouteille… THOMAS DALICANTE

Skip The Use © X-D.R

Falsa Cubana © X-D.R.

Dernier souffle On ne peut qu’éprouver un sentiment de grande tristesse après la nouvelle de la disparition bien trop précoce, le 3 mars, de la musicienne et compositrice Dominique Bouzon. Le monde du jazz perd une flûtiste de grand talent, charmante et passionnée, qui avait une réelle empathie avec les autres. Elle a laissé de nombreuses traces sonores, qui permettront d’avoir en mémoire le son de ses flûtes et son souffle, vivants à jamais. LA RÉDACTION DE ZIBELINE

www.citizenjazz.com/Dominique-Bouzon-Jouret-puis-Nuit.html www.soundcloud.com/bouzon-abecassis/sets


THÉÂTRE

Ex vivo in vitro Le succès… …Maître Pathelin C’est la troisième fois que Jean-François Peyret et Mireille Guerre s’attache à rendre l’irréductible mysAlain Prochiantz marient science et du théâtre, pour parler cette fois, après les plongeons historiques dans les révolutions de Galilée et de Darwin, de problématiques plus actuelles : celle de la fécondation, et de la création artificielle de la vie.

tère de l’Agamemnon d’Eschyle, son rapport au destin, l’étrange cérémonie du dialogue et des gestes, la tragédie infanticide, mais aussi l’aspect familier et farceur du chœur. Avec une belle bande de comédiens et chanteurs.

© De.M.

AU PROGRAMME

30

Le succès du malheur Jusqu’au 28 mars Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org

Les 5 et 6 avril La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Un arabe… Philippe Vincent met en scène ce texte de Riad Gahmi qui se demande ce que les révolutions arabes peuvent nous apprendre de notre rapport à l’autre et à la démocratie. En explorant 50 identités et autant d’histoires, depuis la guerre d’Algérie jusqu’à l’Amérique, en passant par la place Tahrir. Un arabe dans mon miroir Du 2 au 6 avril Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org

© Elizabeth Carecchio

© Pauline Beugnies

…commis voyageur C’est l’histoire d’un père de famille américain pas plus

Après son succès à Aix et Avignon, la dernière création d’Agnès Régolo s’installe au Gyptis, le temps que les Marseillais puissent en gouter la saveur populaire et le sens comique…

mauvais qu’un autre, bourreau de travail, aux valeurs et au corps usés. Dominique Pitoiset met en scène la charge de Miller contre le libéralisme naissant en surlignant ses couleurs factices… Mort d’un commis voyageur Du 11 au 14 avril La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

La Farce de Maître Pathelin Du 10 au 14 avril Le Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com

La tentation d’exister Christian Mazzucchini reprend le texte qu’il a créé

Place royale La comédie de Corneille est une pièce à la jeunesse

d’après des poèmes de Christophe Tarkos. Le comédien y est étonnant, loin de l’univers de Valletti où on l’a vu très souvent, mais dans le même amour des mots et de leurs décalages. Il donne chair aux larmes sèches du poète disparu.

éclatante, qui tente à chaque instant de briser et détourner le joug d’un pouvoir absolu qui s’affirme… Éric Vigner la met en scène avec les jeunes comédiens étrangers de son Académie.

Les 13 et 14 avril La Minoterie 04 91 90 07 94 www.minoterie.org

Du 17 au 20 avril La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

© Maryline Le Minoux

© Alain Fonteray

Sur le chemin… Après le Bourgeois gentilhomme et Roméo et Juliette, Philippe Car s’attache à l’histoire tragique d’Antigone et envoie son clown favori, Valérie Bournet, en raconter l’histoire… Détourner sans trahir, raconter en s’appropriant, c’est tout le talent de l’Agence de voyages imaginaires… Sur le chemin d’Antigone Du 10 avril au 5 mai Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org Les 6 et 7 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com


Hôtel Palestine © X-D.R.

En corps urbains La première séquence du projet s’intitule «Quand les arts de la scène croisent l’urbanisme». Le spectacle proposé par la Cie Berlin, Tagfish (au poker, ce terme désigne un joueur qui tout en connaissant les règles ne prend pas de risques, se rendant paradoxalement vulnérable) a pour cadre la Ruhr, une friche industrielle qui suscite nombre de convoitises. Sous forme de video-conférence, 6 personnages réels associés au faramineux projet témoignent. Évocation d’une société qui a peur du risque et de ces zones où tout est à reconstruire.

Un salon de l’hôtel Palestine, peut-être le 8 avril 2003. Des journalistes posent des questions sur les réelles raisons de l’intervention des USA en Irak. Le texte de l’auteur allemand Falk Richter, traduit par Anne Monfort, s’attache à la dénonciation des mensonges officiels qui justifient la violence entre les États, et sur les peuples, la complicité de certains médias aussi. Portrait féroce de l’Amérique mais aussi vision inhabituelle de l’Europe par celle-ci. Une pièce forte, lucide et engagée par la Cie de Jean-Paul Fall.

Du 11 au 13 avril Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org

Un mage en été

Du 17 au 28 avril Théâtre de Lenche, Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

Ildi, Eldi Carte blanche est donnée au collectif Ildi, Eldi sur © Marthe Lemelle

deux jours pour une fête multiple et déjantée du théâtre, du bonheur de vivre. Cela commence un vendredi par une dégustation de vin (à partir de 19h), puis Shakespeare is dead, get over it !, avant un concert jazz, hip hop (NapoleonMaddox& Sophia Domancich). Le samedi attaque à 15h30, vin, théâtre à 16h30 (L’argent ou ce qu’il en reste), concert de viole de gambe, performance-théâtre, courts métrages de 18h à 21h, méchoui à 19h, reprise de Vice et versa à 21h qui pour la première fois lors d’actOral avait fait éclater l’évidence de leur talent. Pour finir par un clubbing à partir de 22h… tout un programme, résolument subversif…

Seul sur scène Laurent Poitrenaux. Robinson poétique qui ne construit plus de cabanes dans les arbres, mais «devient archéologue de sa vie quotidienne» selon Olivier Cadiot. Qui est l’auteur du texte, à la quête d’îles intérieures, explorations réelles et imaginaires qui conduisent à la réalité infrangible de la poésie. La mise en scène est du troisième larron Ludovic Lagarde, complice de longue date des deux premiers. Un spectacle dense, lyrique, superbe.

Du 30 au 31 mars Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org Vice Versa © Julien Oppenheim

Du 29 au 31 mars Le Gymnase, Marseille 0820 000 422 www.lestheatres.net Le 23 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr Le 3 avril La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Cyrano La pièce d’Edmond Rostand est reprise par la compagnie Le Souffle. Quatre interprètes pour tous les personnages, des mannequins, des masques, des costumes, du vin… Vive la Gascogne ! Les 22 et 23 mars Espace Busserine, Marseille 04 91 58 09 27 www.mairie-marseille1314.com


THÉÂTRE

Le Vernissage Le Magicien d’Oz Germaine Tillion Art de la rue flirtant avec le vandalisme, le graffiti a Le film de Flemming, Judy Garland en Dorothée dans pris ses lettres de noblesse artistique, et connaît une évolution permanente qui renouvelle notre regard sur la ville. Deux peintres sur scène, Pitre et Ankhone, se livreront à un exercice de haute voltige, construisant une œuvre au gré des envies des spectateurs.

sa quête merveilleuse du magicien d’Oz, avec l’épouvantail qui cherchait un cerveau, le lion du courage, l’homme en fer blanc, un cœur… La compagnie Ainsi de suite reprend le thème au théâtre, joue sur les différentes techniques, introduit du hip hop, de la commedia dell’arte…

Le 31 mars Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

© Herve Kielwasser

AU PROGRAMME

32

Les 30 et 31 mars Jeu de Paume, Aix 0 820 000 422 www.lestheatres.net © X-D.R.

La grande et fabuleuse… © Elizabeth Carecchio

Chatroom «Une cyber-version de Sa Majesté des Mouches». Le texte d’Enda Walsh dans une traduction de Xavier Mailleux met en scène des adolescents qui se retrouvent sur un site de chat. Les dialogues courts, rapides, plongent cette comédie dans une mécanique impossible. Drôle et effrayant à la fois. Le 17 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

Un art consommé du théâtre que celui des représentants de commerce : convaincre, manipuler, tisser des liens de confiance avec des dupes. Une histoire de manipulation et de mensonge… Cinq représentants de commerce et cinq vendeurs se retrouvent à la fin d’une journée. Le spectacle est composé de témoignages, recueillis principalement dans le Béthunois. Une nouvelle création de Joël Pommerat, qui parle de la réalité sociale comme personne. La grande et fabuleuse histoire du commerce Du 17 au 20 avril Jeu de Paume, Aix 0 820 000 422 www.lestheatres.net

Xavier Marchand, directeur de la cie Lanicolacheur, passionné par l’ethnologue hors du commun, femme libre et engagée que fut Germaine Tillion, met en scène trois de ses livres, trois périodes charnières de sa vie. Il était une fois l’ethnographie, Une opérette à Ravensbrück et Les ennemis complémentaires servent de toile de fond à ce spectacle qui mêle beauté plastique et rigueur documentaire. Il était une fois Germaine Tillion Le 28 mars Théâtre Vitez, Aix Spectacle hors les murs du Bois de l’Aune 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr Le 31 mars Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

Brume de Dieu Tirée d’un extrait du roman de l’auteur norvégien Tarjei Vesaas, Les Oiseaux, la pièce est mise en scène par Claude Régy et interprétée par Laurent Cazenave. À travers le personnage de Mattis, considéré comme un demeuré, le metteur en scène rend compte d’une autre dimension de l’être. Du 12 au 15 avril Pavillon Noir, Aix 04 4226 83 98 www.atpaix.com

Les 12 et 13 avril Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Le facteur de Néruda Jean-Claude Nieto reprend la très belle pièce de © Stephanie Jassogne

Des souris et des hommes Le bouleversant roman de Steinbeck est ici porté au théâtre. Nous retrouvons les inoubliables Georges et Lennie, leur souhait d’une vie simple, l’achat d’une ferme à la campagne… Le rêve a-t-il une place dans le réel ? Lennie si fort avec un esprit d’enfant peut-il survivre dans un monde qui n’accepte guère la différence ? À redécouvrir dans une adaptation de Marcel Duhamel. Le 29 mars Théâtre du Golfe, La Ciotat 04 42 08 92 87

Skarmeta, qu’il avait créée au Gyptis en 2005 et joué, depuis, dans plusieurs éditions du off avignonnais. La relation entre l’immense poète et le jeune facteur qui veut apprendre à écrire à celle qu’il aime est poétique, politique, tragique et drôle comme un sourire offert. Avant la fin : l’action se passe au Chili, en 73… Le 14 avril Jeu de Paume, Aix 04 42 99 12 12 Le 17 avril La Manare, Saint-Mitre 04 42 49 18 93 Le 20 avril Théâtre municipal, Pertuis 04 90 79 56 37 http://nieto.jcl.free.fr

© Brigitte Enguerand

Le Précepteur La compagnie T.O.C. s’attache à la pièce du dramaturge allemand, Jacob Lenz, nourrie des différents genres théâtraux, pour décrire un monde fragmenté incohérent, dans une société répressive et étouffante. Le jeune précepteur embauché par une famille de militaires aisés vit une véritable descente aux enfers jusqu’à la négation de lui-même. Récit d’une folie crée par la société et ses codes… Le 18 avril Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com


Les Rêves Le théâtre Alibi met en scène le texte du dramaturge russe contemporain Ivan Viripaev. Exploration de l’inconscient au travers de six tableaux qui s’organisent chacun autour d’un mot clé, Beauté, Libération, Amour, Dieu, Nirvana, Enfer. Les personnages sont des toxicomanes et se livrent à une quête nouvelle du sens dans cette descente aux enfers poétique et psychanalytique. Une langue dramatique d’une grande force. Le 30 mars Cinéma 3 Casino, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr

Monstres Songes & songs Jubilatoires, déjantés, poétiques, Jeanne Beziers raconte ses rêves et ses peurs à son psychanalyste contrebassiste. Voyage musical où jazz, rock, électro se mêlent au parfum de récits étranges dans lesquels des lapins en costards et des chevaux anthropophages participent à un délire surréaliste de haute volée. À ne pas manquer ! Le 13 avril Cinéma 3 Casino, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr © X-D.R.

La fausse suivante Un Marivaux où le jeu des masques est poussé à l’extrême, démontant les rouages d’une société qui vit dans le paraître, prête à toutes les compromissions. Une pièce de choix pour les amoureux du théâtre avec cette mise en abîme des masques. Un régal mené de main de maître par la metteure en scène Nadia Vonderheyden. Le 3 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Charlie et Marcel Solo délirant d’Emmanuel Vérité qui navigue entre Proust, le Far Ouest, Van Gogh et Kirk Douglas. Une nouvelle «contribution» de Charles Courtois Pasteur, avec sa chemise hawaïenne, qui entretient sans cesse un décalage faussement innocent, ressort de son comique. Le 17 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr © X-D.R.


Louise, elle est folle La Dame de la mer Le Tartuffe 2012 Louise c’est celle qui n’est pas là mais dont parlent Claude Baqué met en scène une des grandes figu- Le chef-d’œuvre de Molière dans une relecture res féminines d’Ibsen, Ellida, avec la chanteuse Camille dans le rôle-titre qui crée pour l’occasion la musique et les chants qui donnent corps au personnage.

les deux femmes qui s’invectivent sur scène, s’acharnant sur, et avec, des mots qui, tels l’incarnation d’un véritable personnage, incarnent toute la folie violente des sociétés urbaines. Frédérique Loliée et Élise Vigier, cofondatrice du Théâtre des Lucioles, mettent en scène et jouent ce trouble identitaire plein de fantaisie.

résolument contemporaine, mais dont les vers classiques sont entièrement respectés, portée par le Luca Théâtre et la mise en scène de Laurent Vercelletto : comédie, pièce politique, morale, elle aborde aussi la question de l’intégrisme religieux qui en sera le moteur principal, avec un regard multi confessionnel au confluent de la religion catholique et musulmane.

Le 24 mars Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

Le 23 mars Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Le 26 mars Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

Le 23 mars Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

Oh les beaux jours Moi et mon cheveu Le chef-d’œuvre de Samuel Beckett est mis en scène par Marc Paquien, avec Catherine Frot dans le rôle de Winnie qui endure stoïquement sa solitude, gardant une indéfectible dignité face aux souffrances du délabrement, pour continuer, malgré tout, à jouir de la vie. Le 17 avril Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

© X-D.R.

L’Entêtement Suite et fin du travail entamé par le Théâtre des

Du 14 au 16 mai Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com

Les 22 et 23 mars Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com

Le suicidé Dans la Russie stalinienne des années 30, la fièvre

Le 30 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr © Christophe Raynaud De Lage

Lors des Jeux Olympiques de 1994, deux patineuses que tout oppose (Tonya Harding et Nancy Kerrigan) vont s’affronter pour remporter la victoire suprême. Harding la hargneuse, qui voulait briser les jambes de son adversaire, chutera lamentablement sur la glace, avant de connaître une déchéance sans fin. Marc Lainé, qui signe le texte, la mise en scène et la scénographie, transforme le fait divers en un portrait double de femmes sublimes et pathétiques. Les 27 et 28 mars Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com

Dans l’esprit du cabaret, le spectacle d’Eva Doumbia pose joyeusement la question du rapport des femmes noires avec leurs cheveux pour atteindre celle, plus universelle, des origines. De l’esclavage et de la soumission imposée, consentie, transmise. Dans une ambiance de salon africain où se mêlent danse, musique, vidéo, les textes de Marie Louise Bibish Mumbu sonnent comme une libération.

Les 20 et 21 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Lucioles autour de l’Hepatalogie de Rafael Spregelburd -7 pièces inspirées par La Table des sept péchés capitaux de Jérôme Bosch-, mis en scène par Martial di Fonzo Bo et Elise Vigier. En trois actes et trois espaces distincts, ce sont trois versions du dernier jour de la guerre civile en Espagne qui la font résonner comme une fin du monde.

Break your leg !

© Miguel Mariotti

AU PROGRAMME

34 THÉÂTRE

s’empare des habitants d’un appartement communautaire : il suffit qu’un saucisson soit pris pour un pistolet, et voilà le déprimé Semione Semionovitch devenu suicidé, état qui pourrait servir les intérêts propres des intellectuels, hommes et femmes, qui l’entourent… La pièce de Nicolaï Erdman a été mise en scène par Patrick Pineau lors du dernier Festival d’Avignon.

Le 24 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr Le 6 avril Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

Bon appétit !

Le 27 mars Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr Les 30 et 31 mars Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com © Pidz © X-D.R.

En partenariat avec les 3 centres sociaux de la ville de Port-de-Bouc, le théâtre se délocalise dans les quartiers avec une petite forme théâtrale née de rencontres entre des habitants d’Avignon et les 2 comédiennes de la cie Mises en scène. Pour un joyeux mélange de chants et de textes, de mets et de mots. Du 11 au 13 avril Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com


L’éloge de l’oisiveté Les Fourberies de Scapin

35

Tout au bord Créé en plusieurs étapes par la Cie on est pas là © Le Kronope

pour se faire engueuler, ce projet fleuve inclut l’écriture d’un texte (signé et joué par Laetitia Mazzoleni), une scène encadrée de gradins, des personnages numériques et une bande son originale. Une expo photo accompagnera également la vision du personnage masculin (Noam Cadestin) de cette histoire autour de la rencontre macabre de 2 êtres que tout oppose, occupant ainsi dans sa totalité le théâtre des Halles. Du 13 au 15 avril Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com

Explication des oiseaux Un voyage pour 5 interprètes conçu par la compagnie des Ouvriers autour des splendides envolées du texte d’Antonio Lobo Antunes. Thierry Alcaraz met en scène un univers poétique où chacun des personnages mène la danse de la désillusion, tous à l’unisson pour partir dans une folie sans borne. Les oiseaux, rêve d’enfance omniprésent, restent les seuls souvenirs heureux qu’ils parviennent à maintenir vivants.

Le théâtre du Kronope reprend la farce de Molière menée, comme à son habitude, tambour battant. Véritable photographie sociologique de son époque, Scapin traite de thèmes éternels : pouvoir des pères, amours contrariées ou arrangées, incommunicabilité familiale, mensonges, trahisons. Une version très Commedia qui restitue toute la vigueur et la truculence de Molière. Du 22 au 25 mars Théâtre du Chêne Noir, Avignon 04 90 86 58 11 www.chenenoir.fr

À l’abordage Cinq jours de navigation théâtrale et poétique

© La cie des Ouvriers

© Anik Rubinfager

Oisiveté ne veut pas dire paresse, et Dominique Rongvaux, seul en scène, fait de l’essai du philosophe mathématicien Bertrand Russel, écrit en 1932, un questionnement riche de réflexions qu’il partage avec le public. Entre une plus juste répartition des richesses ou le temps redécouvert de la contemplation consacré à des activités non lucratives, le comédien convoque l’intelligence des spectateurs.

Du 21 au 24 mars Chapelle des Pénitents Blancs, Avignon 04 90 16 92 49

organisés par le Théâtre du Balcon dans différents lieux d’Avignon, en collaboration avec l’association Beaumarchais-SACD, réunis sous le titre Paroles de femmes. Avec un florilège de textes inédits d’Isabelle de Toledo, Adeline Picault, Sophie Loubière, Emma Georges, Hilaire Dovonon, mis en voix par Serge Barbuscia pour de nombreux comédiens et musiciens.

Les 30 et 31 mars Forum des jeunes et de la culture, Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com

Mordre la poussière Autour du letimotiv décomposé en 3 actes, «Je suis le

Du 21 au 25 mars Théâtre du Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org

personnage principal de mon histoire, mais simple figurant dans celle des autres», Pascale Murtin et François Hiffler du Grand Magasin embarquent une trentaine d’amateurs sur le plateau de la scène nationale pour raconter leurs cauchemars. Le 5 avril Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

Immense et minuscules Crée par l’Atelier du possible et produit par le © Grand Magasin

Comité d’établissement des cheminots PACA, Immense et minuscules est un projet qui célèbre le 20e anniversaire de la signature de la Convention des Droits de l’Enfant. Quatre clochardes célestes parcourent le monde pour dire l’enfance bafouée et exploitée et partager un instant de vie et de réflexion autour du respect des droits de l’enfant avec les spectateurs. Le 20 avril Théâtre du Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org

Le chagrin des ogres Pour son premier opus, Fabrice Murgia nous plonge dans un conte moderniste sur le mal-être des ados et leur peur terrifiante de l’avenir. Inspiré d’un tragique faits-divers dans un lycée, le spectacle raconte cette journée durant laquelle des enfants vont cesser d’être des enfants. L’histoire d’une génération qui s’interroge sur la responsabilité de l’âge adulte. Les 12 et 13 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

AU PROGRAMME

THÉÂTRE


THÉÂTRE

Cet enfant L’éveil du printemps Nunzio Un texte superbe de Joël Pommerat, une pièce forte, composée en écho aux divers témoignages de parents d’une cité sur la demande de la caisse d’allocations familiales du Calvados. Qu’est-ce qu’une mère, qu’un père, qu’un enfant idéal ? Un questionnement qui révèle nos angoisses, dans les lumières et murmures de Pommerat. Théâtre Durance, Château-Arnoux Les 30 et 31 mars 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

© Ciro Santangelo

AU PROGRAMME

36

© Marc Vanappelghem

Voilà le printemps, la sexualité adolescente s’éveille, le puritanisme des adultes évite le sujet… que traite le génial TeatroMalandro dans une mise en scène toujours pétaradante d’Omar Porras. Du 13 au 14 avril Châteauvallon Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Nunzio et Pino partagent un appartement dans un no man’s land d’une friche industrielle du nord de l’Italie. L’un est ouvrier, atteint d’une maladie pulmonaire, l’autre remplit d’étranges et dangereuses missions. Écrit pour le théâtre par SpiroScimone et mis en scène par Francesco Sframeli, puis porté à l’écran, Due Amici avait remporté le prix du meilleur film de la Mostra de Venise 2002. Le 29 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

© Elisabeth Carecchio

Voyage Un embarquement auprès d’Ève Bonfanti et Yves Hunstad, pour un moment de théâtre où l’on côtoie les personnes les plus improbables, généticien végétarien, sexologue, violoniste… Circulation entre scène et salle, présent passé, un moment hors du temps. Le 13 avril Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

Le 6 avril L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcine.fr

Entre deux rives Un festival de l’humour des deux rives de la méditer-

Tartuffe Molière en costumes d’époque, mis en scène par Éric Lacascade, qui aime faire sourdre des lectures nouvelles de la fidélité retrouvée au texte. Une belle occasion de retrouver la condamnation de l’hypocrisie. Farce sociale dont il faut vite rire, même si les bigots reviennent assaillir les théâtres… Le 17 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

ranée, sur quatre soirées, avec des spectacles variés, drôles et graves à la fois. Saga sociale avec Un jour, j’irai à Vancouver de Rachid Bouali (5 avril), stand up scotchant d’une comédienne révoltée, Sacrifices de Nouara Naghouche (6 avril), puis une jeune slameuse de 60 ans, Tata Milouda, dans Et vive la liberté (13 avril). Puis l’évocation du Panier, le plus vieux quartier de France, dans Ali au pays des merveilles de Ali Bougheraba et Didier Landucci (14 avril). Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Pali SpiroScimone, auteur, Francesco Sframeli, metteur en scène, unissent leur talent pour une pièce qui tient de Pinter et de Beckett. Écœurés par la société, quatre marginaux décident de se réfugier sur des poteaux (pali en italien) d’où ils continuent d’observer le monde. Caustique, délirant, avec la mélancolie propre à l’humour désespéré. © Herman Sorgeloos

… pas chier Long monologue écrit et mis en scène par Rodrigo Garcia, interprété par Melchior Derouet, un texte cru dans une lumière constante, pour souligner une infrangible solitude. C’est comme ça et me faites pas chier Les 23 et 24 mars Châteauvallon Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Le 28 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Sacrifices © Kielwasser

© Gianni Fiorito

Roméo et Juliette Traduit, adapté et mis en scène par Olivier Py, le texte shakespearien se débarrasse des clichés romantiques qui essaiment d’une version à l’autre, retrouvant la force du texte originel, férocement baroque, cruel, enflé, sublime. Une adaptation toute d’absolu pour la célébration de l’amour si brûlant des si jeunes Roméo et Juliette. Parce que ce Shakespeare là a quelque chose de mystique ? Du 10 au 13 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr


Je me souviens

37

Le songe d’une nuit d’été Nouvelle adaptation de la pièce de Shakespeare par

Cabaret Brecht © X-D.R.

Jerome Rouger © Thibaut Briere

la Cie l’Unijambiste. Les nouvelles technologies sont ici employées, détournées, pour élargir le champ des possibles : l’imagination et la féérie n’ont aucune limite. Les personnages de chair et d’os côtoient ceux de l’écran. Un spectacle vif et dynamique où le rire et la poésie se conjuguent. Le 13 avril Théâtre de la Licorne Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com

© X-D.R

Le Misanthrope

Le «je me souviens», instauré par Perec, s’avère propice à la collection des instants, des émotions, mais aussi aux rapprochements, aux échos porteurs de sens nouveaux… Jérôme Rouger s’inspire de ce jeu pour une plongée dans sa petite enfance. Malice, fraîcheur, nuances, décalages et humour tendre pour un spectacle où l’intime rejoint l’universel. Le 31 mars Théâtre Marélios La Valette 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr

Les jeunes comédiens de l’Erac s’en donnent à cœur joie dans cette pièce qui met en scène le jeune Brecht qui apprend la guitare, improvise, découvre, chante… Une fête dans la rue et c’est l’occasion d’un cabaret où l’esprit de Brecht se mêle aux compositions des musiciens de son temps, Kurt Weill, Paul Dessau, Hanns Eisler… Les sermons domestiques et des extraits du journal de Brecht se conjuguent aux chants en français et en allemand. Jubilatoire ! Le 20 mars Théâtre de la Licorne Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com

L’avare © Matthieu Wassik

Cyrano Ils sont huit pour 40 personnages, un défi à la hauteur de la verve de Cyrano de Bergerac ! On retrouve avec plaisir les morceaux de bravoure, tirade du nez, scène du balcon, lecture de la lettre, dans l’ombre émouvante… Décors amovibles, rapidité du ton, dans une reprise de la pièce d’Edmond Rostand au goût de la commedia dell’arte par la troupe de Viva la Commedia.

Nicolas Liautard et ses comédiens, dans une mise en scène efficace et enlevée, font résonner l’éternelle actualité du texte de Molière. Dans l’éternelle ronde des amours d’Alceste, tour à tour sympathique, séduisant, excessif, emporté ou franchement pénible, le ridicule ne tarde pas à rattraper ce misanthrope désespérément amoureux. Le 24 mars Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Diplomatie Le huis clos d’une confrontation secrète entre deux

Le 15 avril Théâtre Marélios La Valette 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr

personnages historiques à l’aube d’une apocalypse certaine. Un véritable combat rhétorique dans lequel André Dussollier et Niels Arestrup jouent le sort de Paris, remarquables interprètes de Raoul Nordling, consul général de Suède à Paris et du général allemand Von Choltitz. Un duo de choc tout en nuances et subtilités.

© X-D.R.

La cie Vol Plané joue L’avare dans une perspective nouvelle, en écho au Malade imaginaire précédemment interprété. Même esprit, pas de décor, pas de costumes, un texte partagé avec le public. Mise en scène de la folie, avec une attention particulière accordée au deuxième titre de L’avare, L’école des menteurs… Molière ne cesse de nous surprendre et d’enrichir notre approche du monde… Vol Plané avec lui ! Le 30 mars Théâtre de la Licorne Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com

Le 1er avril Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com © Dunnara-Meas

AU PROGRAMME

THÉÂTRE


DANSE

Sortie de circuits Raptus Danse, musique et chant forment le trio composé de

Davaï Davaï © X-D.R.

la chorégraphe Geneviève Sorin, du musicien Jacques Siron, et de la chanteuse Touria Hadraoui, qui chante la tradition du malhoun et les chants soufis et arabo-andalous. Ensemble ils imaginent autrement la scène, et tentent une traversée reliant les rives de l’Océan Atlantique à celles de la mer Méditerranée et du lac Léman. Le 29 mars Espace culturel Busserine 04 91 58 09 27

© Eric Boudet

La vérité 25x par seconde Le Ballet National de Marseille revient au Silo, qu’il

François Verret réunit dans cette nouvelle création collective des danseurs confrontés au raptus, impulsion soudaine susceptible de pousser quelqu’un à un acte violent. Une façon pour le chorégraphe et metteur en scène de fuir le monde tel qu’il est, de répondre à la brutalité du système, et de rebondir.

avait inauguré à son ouverture, avec une pièce sur les architectures mobiles et les mirages de l’image filmée… Frédéric Flamand l’a conçue avec Ai WeiWei, artiste Chinois actuellement en résidence surveillée pour le regard critique qu’il pose sur la société, et en rêvant autour du Baron perché de Calvino, petit homme qui grimpe aux arbres pour mieux s’abstraire des changements du monde…

Le 3 avril Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Le 23 mars Le Silo, Marseille 04 91 90 00 00 www.silo-marseille.fr www.ballet-de-marseille.com

En aparté Le quotidien est une source d’émerveillement pour qui sait regarder et entendre. Les chorégraphes Frédérike Unger et Jérôme Ferron, de la cie étantdonné, invitent à cette découverte en une chorégraphie de nos rituels routiniers qui transforment, au travers des corps des danseurs, ces actes en autant d’enchantements. Le 18 avril Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

© Agnès Mellon

Ubik Expérience troublante que celle qui offre le don d’ubiquité ! Le collectif Nomade village imagine des avatars créés par le fait de clics, de recherches et d’errements sur le net, et leur vie dans le monde réel… Le dispositif scénique divise la salle en deux, une moitié participe à la capture en temps réel des images, des sons et des mouvements qui alimentent un Web Café où la deuxième moitié prend part à des choix qui seront répercutés en direct dans une boite à image… Le 28 mars Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

© Etienne David

AU PROGRAMME

38

Allez ! Allez ! en est la signification, comme une invitation à une danse énergique, une performance physique et technique menée tambour battant par Les Top 9, breakers russes invités par Brahim Bouchelaghem Huit danseurs et autant de solos qui déroulent des parcours de vie, faisant voler en éclat les clichés du hip hop. Les 5 et 6 avril Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Rayahzone Danse et musique soufie sont à l’origine du spectacle créé par Ali et Hédi Thabet qui ont imaginé, avec le danseur Nicolas Vladyslav et quatre chanteurs et musiciens, un voyage dans l’univers de la sensualité et de la spiritualité, entre le corporel et l’immatériel. Le 3 avril Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr Le 6 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

Une semaine d’art en Avignon Dans la recréation de sa chorégraphie créée en 2010 au Festival d’Avignon, suite à une résidence à l’Olivier, Olivia Grandville convie Catherine Legrand, avec laquelle elle a dansé sur des chorégraphies de Bagouet dans la Cour d’Honneur en 1993, ainsi que sa mère, Léone Nogarède, qui joua en ce même lieu la reine dans La Tragédie du roi Richard II, créée par Jean Vilar en 1947. Ensemble elles racontent leur festival, mais aussi une aventure collective, le parcours de femmes de deux générations sur 64 ans. Le 14 avril Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr


Symfonia…

Boxe boxe

39

© Michel Cavalca

© X-D.R

Danse esprit… Une pièce «faussement simple» signée à 4 mains par le malien Aly Karembé et le malgache Junior Zafialison, qui trouve son combustible dans le contact avec l’autre et toutes les nuances d’une rencontre qui s’invente pied à pied. La tension violente qui s’installe dès les premières minutes entre les deux hommes, signe leur relation. Danse esprit, danse en corps et encore Du 3 au 5 avril Pavillon Noir, Aix-en-Provence 0811 020 111 www.preljocaj.org

Les «chants plaintifs» de Górecki, entre profonde douleur et espoir salvateurs, rejoignent les thèmes chers à Kader Attou, retranscris dans cette pièce pour 10 danseurs. Sa danse hip hop passe de portés aériens en mouvements au sol, d’affrontement des corps en regroupements fraternels. Saisissant.

Na Grani Pour cette création, le chorégraphe hip hop Mickaël

Symfonia Piesni Zalosnych Le 6 avril CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Le Mer a associé à sa compagnie S’poart cinq interprètes russes. Dix danseurs au total sur le plateau échangent leurs savoir-faire pour trouver les mots d’une nouvelle langue et tout simplement vivre ensemble. Un spectacle né dans le cadre de l’Année France-Russie 2010 qui fait exception dans les productions ambiantes.

Rage Autour du «krump», danse de rébellion, née des ghettos

Du 18 au 21 avril Pavillon Noir, Aix-en-Provence 0811 020 111 www.preljocaj.org

américains, Anthony Egea et la Cie Rêvolution invitent des artistes africains à participer à la création. Ils vont dire avec le chorégraphe bordelais cette rage de faire reconnaître leur art, leur besoin de vivre leur danse, urgente et brute. La soirée s’ouvrira avec un film-reportage en Afrique Occidentale et centrale. Le 6 avril Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

Marchant à poings fermés sur les traces du mythique K.O. K de Régine Chopinot, Mourad Merzouki dessine un combat dansé pour huit interprètes accompagnés par le quatuor à cordes Debussy et impose avec des gants de velours l’univers de la boxe. Jouant sur la mythologie du combat, droites et coups de pieds s’enchaînent avec virtuosité, les crochets s’étirent dans les cordes à l’infini.

Effet papillon Une rencontre inspirée de la danse, du jeu vidéo et des nouvelles technologies chorégraphiée par Mylène Benoit. Dans un décor géométrique style Mondrian, trois danseuses déploient leurs ailes de papillon dans un bruissement à fleuret moucheté. Des corpsmachines qui restituent à la perfection la mécanique du geste des créatures virtuelles. Ou réelles. Bluffant.

Du 28 au 29 mars Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Le 17 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com © Michel Cavalca

Moving Target Comme chaque année les Gapençais retrouvent le Ballet National de Marseille, pour la reprise cette fois d’une pièce que Frédéric Flamand avait créé avant de venir à Marseille… Moving Target, spectacle ironique sur le désir d’un corps parfait et d’un bonheur normé, n’a rien perdu de sa beauté glacée, et de ses débordements lyriques. Le 6 avril La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu Du 10 au 12 mai La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

AU PROGRAMME

DANSE


JEUNE PUBLIC/CIRQUE

Massalia Tue-tête Accueilli au Klap, Mais, je suis ! est une adaptation chorégraphique de Valérie Costa du conte Mais je suis un ours de Frank Tashlin. Un travail d’utilisation de matières pour faire corps avec une scénographie changeante, croisant les espaces entre la danse, la voix et l’image (du 20 au 23 mars). En tournée dans les écoles primaires, la cie Notoire présente La Planète ou comment se représenter le monde (du 2 au 6 avril). Construit sur un discours scientifique et un mode ludique, ce spectacle permet aux élèves de s’emparer d’un énorme globe terrestre gonflable et d’observer le monde à l’envers. Pour détourner d’une manière amusée le regard porté sur l’humanité. Filaments est un spectacle à partir de 12 ans construit au long cours, nourri de rencontres et d’entretiens avec des personnes âgées et des adolescents. Une création ancrée dans la réalité et pourtant onirique où vidéo, musique, danse et lumière accompagnent l’écriture théâtrale. Un fil ténu qui éclaire des moments de rencontres rares entre les générations offert par la cie IKB (les 4 et 5 avril). Avec Embrasser la lune, le Fil rouge théâtre s’adresse aux tout-petits pour raconter la nuit et ce moment d’intimité avec soi-même, ses pensées et ses rêves (du 11 au 13 avril, également au Pôle Jeune Public,Le Revest-les-Eaux le 17 avril).

Taboularaza © Philippe Cibille

© Mario Del Curto

Théâtre, objets et marionnettes pour mettre en scène les aventures de la parole. En clown atypique Damien Bouvet, dans un univers onirique et baroque, avec son visage et une kyrielle d’expressions, de sons et de borborygmes, évoque l’invention des mots. Une invitation au voyage dans un monde minimaliste et délicat.

Accompagnée d’un contrebassiste (Bruno Le Bris), Judith Chemla nous embarque dans une traversée onirique, véritable conte fantastique balançant entre douce tendresse et violence combative, autour d’un cabaret dadaïste racontant la construction d’un spectacle. Les éclats du réel traversent le rêve d’une actrice pour constituer ces petits morceaux de théâtre. Du 10 au 12 avril Théâtre du Gymnase, Marseille 0 820 000 422 www.lestheatres.net

Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Le 28 mars Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Ficelles © Ph. Leonard

AU PROGRAMME

40

Mais je suis © Julien Ruols

Bidules trucs Un bric-à-brac d’imaginaire mis en scène par Sylvain

Maurice où les protagonistes s’invitent dans un cabaret qui charme par son insolence et séduit par l’écriture. Les saynètes s’enchaînent dressant un bestiaire humain et féérique. Pour enfants espiègles et grands-parents moqueurs. Le 21 mars Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcine.fr

Avec quelques bouts de ficelles, deux personnages réinventent un petit monde loufoque avec une multitude de scènes drôles et poétiques, débordantes d’imagination et d’inventivité. À partager avec les plus petits.

Du 17 au 19 avril Théâtre du Gymnase, Marseille 0 820 000 422 www.lestheatres.net © X-D.R.

Le 21 mars Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

Vy Molière jeune public 2011, le spectacle de Michèle

Moby Dick Une adaptation haute au couleur du chef-d’œuvre

d’Herman Melville par la Cie Morisse. De grandes marionnettes manipulées avec dextérité par quatre comédiens nous entrainent dans le rêve et l’épopée d’Ismaël et le mystérieux capitaine Achab. Le 14 avril Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Nguyen ouvre le grand livre du passé pour réinterpréter librement son enfance bercée par la féroce présence de sa grand-mère. Accompagnée par une marionnette silencieuse, la conteuse nous parle de sa passion des mots et de son secret amour qui l’emmènera vers ses origines. Les 13 et 14 avril Forum de Berre l’Etang 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com Le 10 avril Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 http://polejeunepublic.com



AU PROGRAMME

42

JEUNE PUBLIC

Chansons YLa Compagnie es-tu ? Wear it like a crown s’appelle reviens nous fait entrer dans pour les petites oreilles Une exceptionnelle performance du Cirkus Cirkör, la forêt de nos inquiétudes, des peurs nommées vers artistes scandinaves à la pointe du renouvellement

les peurs cachées, et derrière ces peurs nos secrets et nos histoires. Un spectacle d’ombres et de lumières, burlesque et fantastique, qui dessine les contours symboliques de la peur. À partir de 6 ans. Le 17 avril Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

Dans un esprit très moderne, Elise Caron combine musique classique, arrangements astucieux et comptines pour petites oreilles. Passant du jazz au lyrique en passant par le chuchotement, ses textes ont l’espièglerie et l’intelligence des inventaires poétiques à la Prévert. Le 27 mars Théâtre de Fos-sur-Mer 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr

J’avais pas vu Mirza Du groove, des ballades et de la poésie autour des

chansons de Nino Ferrer, grand défricheur de son et de mots, servis par Laurent Madiot, Benoît Simon et Tom Poisson. Pour tout public à partir de 6 ans.

© Elisabeth Carecchio

Plic ! Des airs d’Irlande, des Alpes et d’Auvergne circulent

entre deux personnages pour tisser un lien sensible avec le jeune public. Une comptine égrenée par la Cie Pile ou Versa pour découvrir les instruments et l’univers des contes.

Le 17 avril Théâtre de Fos-sur-Mer 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr Le 20 avril Forum de Berre l’Etang 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com

Cendrillon Après un Petit Chaperon Rouge de toute beauté et un

fascinant Pinocchio, Joël Pommerat, sans conteste un des plus grands auteurs-metteurs en scène de notre temps, approche aujourd’hui le destin de Cendrillon. À travers ce conte initiatique, inscrit dans notre mémoire d’enfant, il joue avec nos peurs et nos désirs, nos rêves contradictoires, notre volonté d’être aimé pour ce que l’on est, mais que l’on cache…

35 kg d’espoir La petite Compagnie porte sur scène le superbe

Une chenille dans le cœur Un spectacle qui parle d’amour, de merveilleux, de Le 3 avril Pôle Jeune Public, Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 http://polejeunepublic.com

Le 7 avril Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Les 13 et 14 avril Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Le 11 avril Centre culturel René-Char, Digne-les-Bains 04 92 30 87 10

filiation et d’altérité autour de l’histoire d’une petite fille dépourvue de colonne vertébrale qui a besoin d’un corset de bois pour vivre, et d’un vieil arbre…

des arts du cirque, qui nous propulse dans un temps et un espace d’une surprenante et contemporaine beauté. Une poésie de l’étrange où six personnages, en proie à leur propre solitude, évoluent dans un univers d’illusion, de lancers de couteaux, de jonglage et de tragicomédie. Un spectacle inoubliable pour les esprits curieux de tous âges.

© C. Millerand

Murmures des murs Entre cirque, illusionnisme et acrobatie, Aurélia

Thierrée, telle un passe-muraille, conduit le spectateur sur le chemin de son imaginaire. Une femme pénètre dans des appartements abandonnés, et se trouve plongée dans des tranches de vies qui ne sont pas la sienne, prise au piège des murmures des murs. Un spectacle magique pour faire rêver et rire, par un des plus grands talents de la famille des saltimbanques. Celle de Chaplin !

roman d’Anna Gavalda. Il s’agit de l’histoire du jeune Grégoire, qui déteste l’école au point d’avoir déjà redoublé sa 6e. Son havre, c’est l’atelier de son grandpère Léon. Refus de l’école, mais surtout refus de grandir… Un personnage attachant et drôle que le théâtre met en scène avec justesse et humour. Le 23 mars Théâtre du Golfe, La Ciotat 04 42 08 92 87 www.mairie-laciotat.fr

Du 29 au 31 mars Grand Théâtre de Provence,Aix 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr © X-D.R

Fatigue fatigue Il était une fois un maître-conteur, l’ensorcelant Luigi

Rignanese, et son royaume musical composé par le Quatuoraconte. Ils nous révèlent l’histoire folle d’un prince, d’une serve et de trois vieilles. Ça swingue, ça rock’n’rap et en plus, ça nous interpelle sur le sens du travail, tour à tour aliénant et libérateur. Un grand moment pour petits et grands. Le 4 avril Théâtre Marelios, la Valette-du-Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr

Les 19 et 20 avril Théâtre Liberté,Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr Les 24 et 25 mars Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com Les 19 et 20 avril Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 http://polejeunepublic.com

© X-D.R.

L’évasion de Kamo De la série des Kamo de Daniel Pennac, le dernier

tome publié en 1997 est le plus poignant : le sympathique héros a un accident de vélo, tombe dans un coma profond. Seule la réponse aux questions sur ses origines peut le sauver. Ses amis trouveront-ils les solutions à temps ? Après une première partie drôle et enjouée, le ton se fait plus grave, sans perdre sa délicieuse originalité. La Cie Coup de Poker porte le roman au théâtre. Le 13 avril Théâtre du Golfe, La Ciotat 04 42 08 92 87 www.mairie-laciotat.fr



Alexandre Amedro & Christelle Abinasr, aidés d’un quatuor à cordes jouent un beau programme : la Sonate posthume de Ravel, le 4e Quatuor de Chostakovitch et le Concert de Chausson. MARSEILLE. Le 24 mars à 17h. Opéra 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Véronique L’opérette chef-d’œuvre de Messager par L’Académie Régionale de Chant Lyrique avec Monique Borrelli (Véronique) et Jacques Freschel (Florestan). MARSEILLE. Le 25 mars à 15h. Théâtre de l’œuvre. (1er) 06 70 21 66 46

Ameylia Saad Wu Une chanteuse lyrique et harpiste sino-libanaise à découvrir dans The dreamer’s dances. AIX. Le 25 mars à 16h. Théâtre Il Piccolo 04 42 50 52 08

Soprano & piano Airs d’opéras, d’opérettes et mélodies par Larenka Hoareau (soprano) et Frédéric Isoletta (piano). CHATEAU-GOMBERT. Le 25 mars à 17h30. Musée du Terroir Marseillais 04 91 68 14 38

L’Orgue vivant Une série de concerts au printemps pour mettre en valeur l’un des plus beaux instruments de la région : l’orgue de l’église de Sainte Marguerite, à Marseille, conçu par Pascal Quoirin ! Sa situation dans le chœur privilégie le contact avec l’organiste, ses qualités acoustiques et sa facture s’accordent aux répertoires anciens et modernes. On commence avec Emmanuel Friot aux claviers et Carmina Postiglione à la flûte (Le 25 mars), avant un concert mêlant la guitare (Agnès Condamin) et l’orgue (Frédéric Isoletta - le 1er avril) et un récital d’André Rossi consacré à Jean-Sébastien Bach (le 15 avril). MARSEILLE. Concerts à 17h. Église de Ste-Marguerite (13009) jusqu’au 20 mai. www.aosmarguerite.org

Semaine Sainte Haendel par le contre-ténor Gérard Lesne et Il Seminario Musicale (le 25 mars à 11h), Méditerranée sacrée par le chœur Les Eléments dirigé par Joël Suhubiette (le 1er avril à 11h), Pétrarque et Monteverdi par Guillemette Laurens et l’ensemble Fuoco e cenere (le 4 avril à 20h30). ARLES. Chapelle du Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com

Quatuor Diotima Ces quatre cordes ont enregistré récemment un magnifique disque consacré à la musique moderne américaine de Barber, Carter et Reich (American music CD Naïve V5272). Elles livrent un programme plus traditionnel dans le coquet théâtre aixois : les Quatuors n° 4, 7 et 9 de Schubert. AIX. Le 26 mars à 20h30. Jeu de Paume 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

Télémaque En amont des représentations à La Criée, focus sur La Jeune fille aux mains d’argent, conte musical signé Raoul Lay sur un livret d’Olivier Py inspiré des Grimm (voir p 8). MARSEILLE. Le 27 mars à 18h. L’Alcazar auditorium (Entrée libre)

Violon & alto Agnès Pyka et Blandine Leydier, l’Orchestre du Conservatoire (dir. Laurent Melin) jouent la Symphonie concertante de Mozart. TOULON. Le 27 mars à 20h. CNRR Auditorium R.Casadesus 04 94 93 34 56

Stabat Mater

Carlos Mena © X-D.R.

Carlos Mena (contre-ténor) et Monica Piccinini (soprano), le Ricercar Consort sous la direction de Philippe Pierlot interprètent les fameux Stabat Mater et Salve Regina de Pergolèse. On entend aussi, pour illustrer le thème de l’année « Vivaldi et l’Europe baroque » un Concerto de Durante. AIX. Le 27 mars à 20h30. GTP 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

Franco-Japonais Les jeunes nippons du lycée de Kazukata (région sinistrée) et de la Chorale Anguélos de l’école Chevreul de Marseille unissent leurs voix angéliques pour un programme intercontinental et fraternel. MARSEILLE. Le 28 mars à 20h15. Chapelle de l’Ecole Chevreul (Blancarde)

Mozart - Schoenberg On entend le Quintette à cordes K.516 de Mozart et la Nuit transfigurée de Schoenberg par un sextuor de cordes. TOULON. Le 29 mars à 19h. Opéra. 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

Violon & piano

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

AU PROGRAMME

44 MUSIQUE

Violoncelle & orgue Bernard de Saint-Vaulry et Annick Chevalier dans Widor, Boccherini, Glazounov… MARSEILLE. Le 29 mars à 19h30. Eglise St-Joseph (rue Paradis)

La Passion selon Marie Le festival Mars en Baroque (voir p24) s’achève par la représentation d’un oratorio contemporain de Zad Moultaka avec l’ensemble Concerto Soave, JeanMarc Aymes au clavier, la soprano Maria Cristina Kiehr et le chœur Les Eléments dirigé par Joël Suhubiette. MARSEILLE. Le 29 mars à 20h15. Abbaye de St-Victor Espace Culture 04 96 11 04 6 www.concerto-soave.com

Pelléas et Mélisande Master-class publique de Jean-François Lapointe sur l’opéra de Debussy. MARSEILLE. Les 29, 30 et 31 mars de 10h à 12h et de 14h à 19h. Auditorium de l’hôpital St-Joseph www.operapourtous.com

Aksak Musique créative des Balkans en quintette. MARSEILLE. Le 30 mars à 20h30. Auditorium 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Phi-Phi La compagnie Les Brigands exhume des ouvrages peu joués d’Offenbach (Barbe-Bleue, Geneviève de Brabant, Le Docteur Ox, Les brigands), des opérettes des Années-folles : Ta Bouche de Maurice Yvain, Toi c’est moi de Moïse Simmons. Son Phi-Phi (1918) d’Henri Christiné tourne partout. Une pièce en chansons, bourrée de calembours et double-sens grivois qui narre l’histoire pastichée du sculpteur grec Phidias atteint par le démon de midi au siècle de Périclès. Johanny Bert esquive les fatales poses égrillardes en transposant la mise en scène en théâtre de marionnettes. MARTIGUES. Le 30 mars à 20h30. Théâtre des Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Phi-Phi © Yves Petit

Le barbier de Séville L’opéra le plus célèbre de Rossini est représenté dans une production de l’Opéra Royal de Wallonie avec Sébastien Droy (le comte Almaviva), Anna Kasyan (Rosine), Paolo Bordogna (Figaro), dirigés par Nicolas Krüger (mise en scène Stefano Mazzonis di Pralafera). TOULON. Les 30 mars, 3 et 5 avril à 20h et le 1er avril à 14h30. Opéra. 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr



Le violoniste joue le Concerto n°2 de Mendelssohn en compagnie de l’Orchestre Philharmonique de Marseille (dir. Paolo Arrivabeni) qui interprète également la 1ère Symphonie de Brahms. MARSEILLE. Le 1er avril à 17h. Opéra. 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

David Grimal © Jean-Louis Atlan

Compositeurs marseillais Pour son centenaire, le Comité du Vieux-Marseille organise un concert autour des compositeurs marseillais du XVIIe au XXIe siècle. Avec l’Orchestre Philharmonique de Provence (dir. Michel Camatte), Douchka Esposito et la maîtrise Chœur au diapason, Mickaël Guedj, soliste du CNIPAL. MARSEILLE. Le 2 avril à 20h. Opéra. Espace Culture 04 96 11 04 61 www.comiteduvieuxmarseille.net

Festival Russe Le traditionnel concert de la manifestation chère à Richard Martin accueille, autour du pianiste Michel Bourdoncle, la jeune pianiste Kim Hyejin et la mezzo-soprano Diana Axentii (dans la foulée des représentations du Comte Ory à l’Opéra de Marseille) dans Scriabine, Tchaïkovski et Rachmaninov. MARSEILLE. Le 3 avril à 20h. Théâtre Toursky. 820 300 033 www.toursky.org Diana Axentii © Alix Laveau

Duo Le violoncelliste Michal Kanka et Miguel Borges Coelho au piano dans Bloch, R. Strauss et Rachmaninov. MARSEILLE. Le 3 avril à 20h30. Auditorium Faculté de médecine Espace Culture 04 96 11 04 60 www.musiquedechambremarseille.org

Trio Emmanuelle Bertrand (violoncelle), Pierre-Henri Xuereb (alto) et Pascal Amoyel (piano) jouent Tristia de Liszt ou le Trio op.114 de Brahms. AVIGNON. Le 3 avril à 20h30. Opéra. 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

La Jeune fille aux mains d’argent Le spectacle revient à Marseille après 6 ans de tournée et près de 70 représentations. Dès son arrivée à La Criée, Macha Makeïeff a chaussé de bonnes lunettes pour démentir l’adage : «Nul n’est prophète…». Une féerie sonore et visuelle pour tous publics imaginée par Olivier Py, Raoul Lay et Catherine Marnas : une valeur sûre (voir p 8) ! MARSEILLE. Le 3 avril à 19h, le 4 avril à 15h et 19h, le 5 avril à 20h. La Criée. (Dès 8 ans). 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

La (toute) petite tétralogie Opéra drôle et contemporain, sur un livret burlesque et franchement licencieux de Michel Jamsin et des musiques de Jean-Paul Dessy, Stéphane Collin, Raoul Lay, Pascal Charpentier, mis en scène avec un beau sens féminin de l’observation des couples par Anne-Laure Liégeois (voir p 8). À découvrir ! MARSEILLE. Le 3, 6 et 7 avril à 20h30, le 4 avril à 19h. Théâtre du Gymnase 0 820 000 422 www.lestheatres.net

Zhu-Xiao Mei La pianiste chinoise dans Mozart, Schumann et Schubert. TOULON. Le 4 avril à 20h30. Palais Neptune. 04 94 18 53 21 www.festivalmusiquetoulon.com

Musique sacrée La manifestation annuelle des Festes d’Orphée s’articule autour de la Semaine-sainte : Guy Laurent et son ensemble chantent des Leçons de Ténèbres de Couperin et Charpentier (le 4 avril à 20h30. Temple Rue de la Masse) avant la jubilation pascale de Motets festifs de Carissimi, Charpentier ou Campra (le 10 avril à 21h. Eglise du St-Esprit). AIX. 04 42 99 37 11. www.orphee.org

Europa Galante L’ensemble baroque dirigé par Fabio Biondi revient au Grand Théâtre aixois pour illustrer des musiciens italiens de générations postérieures à Vivaldi (thème de l’année au GTP) : Sammartini, Nardini, Pugnani et Boccherini. AIX. Le 5 avril à 20h30. GTP 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

David Grimal

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

AU PROGRAMME

46 MUSIQUE

Evelino Pidò

Evelino Pido © X-D.R.

Le chef dirige l’Orchestre Philharmonique de Marseille dans l’Inachevée de Schubert et la 7e symphonie de Beethoven. MARSEILLE. Le 6 avril à 20h. Auditorium du Pharo. 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Anne Gastinel La merveilleuse violoncelliste livre un récital en solo avec trois Suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach. MARTIGUES. Le 6 avril à 20h30. Théâtre des Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Mozart & Salieri Opéra comique imaginé à partir du Directeur de Théâtre de Mozart et Prima la Musica de Salieri. Une fantaisie sur un livret traduit de Jean-François Héron avec un duo de divas fantasques (Monique Borelli et Lucile Pessey). SAINT-MAXIMIN. Le 7 avril à 21h. La Croisée des arts. 04 94 59 84 59 www.compagnie-interlude.fr

Sonic protest Série de manifestations dans différents lieux de la ville. Collaboration Grim et Gmem. MARSEILLE. Du 9 au 15 avril. www.sonicprotest.com ou www.grim-marseille.com

Sonya Yoncheva La jeune soprano bulgare, issue de l’Académie européenne de musique du Festival d’Aix et du Jardin des Voix des Arts Florissants, chante des airs parmi les plus célèbres des opéras du XIXe, de Puccini, Donizetti, Gounod, Delibes, Massenet. MARSEILLE. Le 10 avril à 20h30. La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Concerto Soave Dans la foulée de Mars en baroque, l’ensemble dirigé par le claveciniste Jean-Marc Aymes célèbre à son tour Vivaldi et l’Europe baroque avec des Concerti, Ouverture et Sinfonia du «Prêtre roux». AIX. Le 11 avril à 20h30. Jeu de Paume 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

La Mer, l’Arlésienne François-Xavier Roth et l’orchestre Les Siècles jouent les chefs-d’œuvre de Debussy et Bizet, la peu jouée Symphonie française de Théodore Dubois, quand Alain Planès s’agrège pour la Fantaisie pour piano et orchestre de Debussy. AIX. Le 12 avril à 20h30. GTP 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net



Plaisirs d’amour

L’amour chez les auteurs et compositeurs des XVIe et XVIIe siècles par Marie-Christine Barrault et JeanPatrice Brosse (clavecin). GRANS. Le 12 avril à 20h30. Espace Robert Hossein www.scenesetcines.fr

Nemanja Radulovic Le violoniste joue le Concerto de Barber avec l’Orchestre Symphonique de l’Opéra (dir. Roberto Fores-Veses) qui interprète également la Symphonie «Tragique» de Schubert et une œuvre moderne du Letton Peteris Vasks. TOULON. Le 13 avril à 20h30. Opéra. 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Duo de guitares Eric Franceries et Laurent Blanquart dans un programme classique. MARSEILLE. Le 13 avril à 21h. Station Alexandre. 04 91 00 90 00 www.station-alexandre.org

La mort marraine Le conte des frères Grimm, mis en musique par Raoul Lay avec la comédienne Julie Cordier et l’ensemble Télémaque (voir p 8). Un spectacle qui tourne avec succès depuis 4 ans. À voir en famille ! VENELLES. Le 13 avril à 20h30. Centre de Développement Municipal et Culturel. 04 42 54 93 10 Venelles Culture www.venelles.fr CHATEAU-ARNOUX. Le 17 avril à 19h. Théâtre Durance. 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr Livre disque disponible sur le lieu des concerts ou sur www.ensemble-telemaque.com 04 91 39 29 13

Orgue ou clavecin ? La réponse avec Ferruccio Bartoletti (orgue) et JeanPaul Serra (clavecin) dans Bach père & fils.

Fanny Azzuro La jeune pianiste dans Iberia d’Albeniz, Chopin, Rachmaninov et la 6e Sonate de Prokofiev.

Fanny Azzuro © X-D.R.

GAP. Les 13 et 14 avril à 19h. La Passerelle. 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Le festival accueille la «diva arabe» Dorsaf Hamdani et la musique chaouie chantée par Houria Haïchi. MARSEILLE. Les 13 et 14 avril à 21h. Théâtre Toursky 820 300 033 www.toursky.org

Lady Godiva Une comédie musicale pour petits (et grands) sur une musique de Coralie Fayolle par le CREA (Centre d’éveil artistique d’Aulnay-sous-Bois). Entre l’an 1000 et les années flipper ! AIX. Le 14 avril à 15h. GTP. Dès 7 ans. 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

Septuor Impromptu Tout un programme varié où la trompette d’Anthony Abel occupe une place royale comme dans le Septuor op.65 de Saint-Saëns des musiques de film de Nino Rota, des tangos de Piazzolla ou le Vol du bourdon de Korsakov… MARSEILLE. Le 14 avril à 17h. Opéra 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Mantra Opus pour deux pianos et électronique de Stockhausen par Jean-Frédéric Neuburger et Jean-François Heisser. ARLES. Le 15 avril à 11h. Chapelle du Méjan. 04 90 49 56 78 www.lemejan.com

Aquae Musicae L’ensemble dirigé par Cédric Dol accompagne l’alto Janine Gargiulo et Benoit Dumon (orgue) dans des airs du Messie et des Concerti pour orgue. BOUC-BEL-AIR. Le 15 avril à 17h30. Eglise. 06 67 90 02 80

Orgue et trompette Christophe Guida et Philippe Nava dans un programme très varié où les tuyaux entrent en dialogue. MARSEILLE. Le 16 avril à 20h30. Eglise des Chartreux. 04 96 11 04 61 www.marseilleconcerts.com

Quatuor Borodine Après l’annulation à Marseille, Aix accueillerait l’ensemble mythique fondé il y a plus de 60 ans (sans doute le plus ancien quatuor en activité). Entièrement renouvelé depuis la retraite du dernier fondateur, le violoncelliste Valentin Berlinski (en 2007 !), le Quatuor Borodine est composé d’Andrei Abramenkov ET Ruben Aharonian (violon), Igor Naidin (alto) et Vladimir Balshin (violoncelle). La grande tradition russe dans Tchaïkovski, Chostakovitch et Haydn. AIX. Le 17 avril à 20h30. GTP 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net Quatuor Borodine © Keith Saunders

Claire-Marie Le Guay La pianiste dans un beau programme russe avec, en sus, la Sonate en si mineur de Liszt. MARSEILLE. Le 17 avril à 20h30. Auditorium Faculté de médecine. www.musiquedechambremarseille.org Espace Culture 04 96 11 04 60

Deux pianos Anaït Serekian et Armine Sogomonian dans Bach, Schubert, Liszt, Milhaud… CARRY-LE-ROUET. Le 17 avril à 20h30. Espace Fernandel www.moments-musicaux-de-carry.fr

C.N.I.P.A.L Récitals du Centre National d’Insertion des Artistes Lyriques (www.cnipal.fr). TOULON. L’heure exquise. Le 17 avril à 19h. Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr MARSEILLE. L’Heure du Thé, les 19 et 20 avril à 17h 15. Opéra 04 91 18 43 14 http://opera.marseille.fr AVIGNON. Apér’opéra, le 21 avril à 17h. Foyer 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

Capuçon & Braley Renaud le violoniste et Frank au piano forment l’un des plus beaux duos classiques actuels : ils jouent des Sonates de Beethoven (intégrale disponible chez Virgin classics). DRAGUIGNAN. Le 19 avril à 20h30. Théâtre 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

Gloria, Dixit Dominus Café Zimmermann et Accentus dirigés par Laurence Equilbey dans les opus sacrés de Vivaldi et Haendel. AIX. Le 19 avril à 20h30. GTP 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

Kirill Troussov Kirill Troussov © Felix Broede

MARSEILLE. Le 13 avril à 20h30. Eglise Notre-Dame du Mont TARASCON. Le 14 avril à 20h30. Collégiale Sainte-Marthe 09 51 16 69 59 www.baroquesgraffiti.com

Mai-diterrannée

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

MUSIQUE

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

AU PROGRAMME

48

Le violoniste joue les Concertos «Dumbarton Oaks» de Stravinsky et l’Op.77 de Brahms avec l’O.L.R.A.P dirigé par Alexander Vakoulsky. AVIGNON. Le 20 avril à 20h30. Opéra. 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

Nuit de l’Anarchie La dernière création de Richard Martin autour de Léo Ferré. MARSEILLE. Le 20 avril à 21h. Théâtre Toursky 820 300 033 www.toursky.org



04 42 59 69 00 www.casinoaix.com

Théâtre et Chansons : Accordéon, l’accroche au cœur (24 et 25/3), Tremplin jeune talent avec Aurélie Ravera (6/4) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com

Seconde Nature : Frivolous + Elysée (23/3), Nasser Dj set + Le Matt (30/3), Rock and Co avec Mina May + Hifiklub + Madmoiselle Julie (31/3) 04 42 64 61 01 www.secondenature.org

ARLES Cargo de nuit : Les Femmes s’en mêlent avec Still Corners + Ladylike Lily (23/3), Sandra Nkaké (29/3), A State of mind + After Dj (30/3), Blue Coupe (21/4) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com

AUBAGNE Escale : Jim Murple Memorial + Fantasticus (23/3), Gaio + Oh Tiger Mountain + Lisa Portelli (13/4) 04 42 18 17 18 www.mjcaubagne.fr

AUREILLE Arts et musiques : Clair de Lune trio (31/3) 04 90 59 92 01 www.artsetmusiques.com/AUREILLE

AVIGNON Ajmi-La Manutention : Jam Session (5/4), Tricia Evy 4tet (6/4), Jazz Story N°4 (13/4), Le voyage d’Hipollène (15/4), Didier Petit 5tet (20/4) 04 90 86 08 61 www.jazzalajmi.com

Passagers du Zinc : Les 5 ans de Patch Work Production avec Jayadeva + Jah Legacy + Acorps de Rue + David Vincent + Julien m’a dit (23/3), Apéro concert du label Fragments avec Welldone Dumboyz + Le Grand Orchestre (29/3), DJ Krush + Hugo Kant (31/3), Hilight Tribe + Scientyfreaks (6/4), Apéro concert avec Release Party Papaya Cake (12/4), Les Fatals Picards + Une touche d’optimiste (14/4 salle Robert Dion de Morières), Merlot dans le cadre de Festo Pitcho (18/4) 04 90 89 30 77 www.passagersduzinc.com

Bourg-Neuf : Passion d’Avril avec Gom Jabbar (12/4) et Improland spécial musique (13/4) 04 90 85 17 90 www.bourg-neuf.com

Chêne Noir : Les Zalarrach’ (30/3) 04 90 82 40 57 www.chenenoir.fr

BRIANÇON Théâtre du Briançonnais : La Lune jaune (27/3) 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

CAVAILLON Scène nationale : Chants juifs avec Sonia Wieder-Atherton (29/3 à la Cathédrale de Cavaillon), Dominique A (20/4) 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

CHARLEVAL Centre culturel : Le cœur des Bis Canti (24/3) 04 42 28 45 30 www.charleval-en-provence.org

CHÂTEAU-ARNOUX Théâtre Durance : Traverse (21/3), La Mort marraine (17/4) 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Akwaba : Promusic’Live 100 % compos + Electric City ciné concert (22/3), Sporto Kantes + Emilie Chick (24/3), Slam’N’Jam avec Dizzylez et François Heim (27/3), Les Femmes s’en mêlent avec Dat Politics + Hyphen Hyphen + Lissi Dancefloor Disaster (31/3), Rod Taylor + Bob Wasa & Le Positive roots band + Korodjo sound system (8/4), Farouche Devah + One Louder (12/4), Balthazar + Hugo Kant (14/4), Les Wackids (20/4 dans le cadre de Festo Pitcho) 04 90 22 55 54 www.akwaba.coop

CORNILLON-CONFOUX Espace Pièle : Chœur de la Roquette (31/3) 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr

DIGNE Centre culturel René Char : Keith B. Brown (23/3), Malted Milk (24/3), le Trio Joubran (30/3), Plic (11/4), Ensemble Stravaganza (14/4), Le Philarmonique de la Roquette, ciné concert (20/4) 04 92 30 87 10 www.sortiradigne.fr

GRANS Espace Robert Hossein : Plaisirs d’amour avec Marie-Christine Barrault (12/4) 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr

ISTRES L’Usine : Caravan Palace (27/3), Charlie Winston (29/3), Lucky Peterson (30/3), Tony Joe White + Isaya (6/4), High Damage (13/4), Le Pied de la pompe avec Guizmo & Zeitoun (14/4), Groundation (19/4) 04 42 56 02 21 www.scenesetcines.fr

LE THOR Sonograf’ : Hommage à Francis Cabrel et Claude Nougaro (14/4 salle Benoit XII), Angel’O + Chorale One Voice (15/4) 04 90 02 13 30 www.lesonograf.fr

MARSEILLE Cabaret Aléatoire : Autokratz + Peter Hook (23/3), Clinton Fearon (24/3), Mayer Hawthorne + Benny Sings (31/3), Ali Shaheed Muhammad (5/4), Concert Goûter avec Ahamada Smis & Abdoulaye Kouyaté (11/4), Bare Noize + DC Breaks + Tomba + Comic Strip (14/4) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com

Cité de la Musique : Concert lecture autour de la vie de Django Reinhardt (23/3), Aksak (30/3) 04 91 39 28 28 www.labo-mim.org www.citemusique-marseille.com

Dan Racing : Cancels + guest (23/3), Lost Asylum (24/3), Elenyah + guest (30/3), Dad & Co + Insomnie (31/3), Voidbord + Shadow Broker (6/4), Funky Monks + Jbam (7/4), Step Back + Naked Bodies (13/4), Sweet Deep and Nothing (14/4) 06 09 17 04 07 http://guitarjacky.free.fr

El Ache de Cuba : Sylvain Azard 4tet, Jazz’on 4tet (23/3), Clair de Lune trio (24/3), Anaîs Berenguer trio (29/3), La Cumbiamba Parrandera (31/3) Ugo Lemarchand trio (5/4), Nova Zora (6/4), Cesar Swing trio (07/4), Jean Michel Souris 4tet (12/4), Robert Pettineli (19/4) 04 91 42 99 79 www.elachedecuba.com

Espace Julien : Festival avec le Temps (Brigitte 21/3, La Grande Sophie 22/3, Alex Beaupain 23/4, Julien Doré 24/3, Aldebert 25/3), Ela Orleans (26/3), Mina May (30/3), Duval MC & Dj Kafra (30/3), Marseille Comedy club (31/3), Norbert Nono Krief (6/4), Boban y Marko (7/4), The Stranglers (10/4), Mickael Miro (13/4) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com

Grim : Xiu Xiu + Volcano The Bear + Tim Sparks & Dominique Cravic (31/3) 04 91 04 69 59 www.grim-marseille.com

La Caravelle : Travis Bürki (28/3), René Briaval trio (30/3), Nafas trio (20/4) 04 91 90 36 64 www.lacaravelle-marseille.fr

La Friche : Cargo Friche CompaoréBolino (21/3) 04 95 04 96 19 www.lafriche.org

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

Pasino : William Sheller (13/4), Gérard de Palmas (20/4)

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

AIX

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

AU PROGRAMME

50 MUSIQUE

La Machine à Coudre : Elvas (23/3), No Code (24/3), Kitchenmen (29/3), Antonio Negro (30/3), Movie Star Junkies (31/3), Angry Dead Pirates (6/4), Lady Bones + Maryline and the Rockin Bombs (7/4) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com

La Meson : Carte blanche à Benjamin Minimum avec Florin Flora solo + Gasandji duo (23/3), Emma’s workshop 4tet (24/3), Nicolas Cante & Nicolas Dick duo (6/4), Festival Gravitations avec Michel Cloup (13/4) 04 91 50 11 61 www.lameson.com

Le Bicok : Guy Do Cavaco (22/3), Goran Causevic ensemble (23/3), L’Ensemble oriental de Marseille (24/3) 04 91 94 50 48 www.lebicok.com

Le Cri du Port : Pierre de Tregomain 4tet (22/3), Manuel Hermia trio (29/3) 04 91 50 50 41 www.criduport.fr

Le Dôme : Bénabar (28/3) 04 91 12 21 21

Le Rouge : Miollis Place 4tet (23/3), Sound of Marseille 4 groupes (28/3), Hosdikian-Compaoré duo (30/3) 04 91 07 00 87 www.jazzaurouge.musikmars.com

Le Paradox : Sandra Godoy (21/3), Blues Anarseillais (22/3), Maïko & Mr Jo (27/3), Dub addict sound system (30/3), Osaka Monaurail (8/4) 04 91 63 14 65 www.leparadox.fr

Le Poste à Galène : Seth Gueko (24/3), Ceremony (30/3), Herman Dune + Dick Turner (5/4), Le Pied de la pompe avec Guizmo & Zeitoun + Alee (6/4), Mariée Sioux + Flip Grater (7/4), Barrence Whitfield and the Savages (8/4), Balthazar (13/4), Liz Green (18/4) 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com

Le Silo : Christopher Cross (3/4), Swing Libération (6/4) 04 91 90 00 00 www.silo-marseille.fr

Les Dauphins : Maïko&Mister Jo (23/3) 04 91 70 70 10

Les Demoiselles du Cinq : Isotope (22/3), Club des Cinq (28/3), Gustavo y Ceasar (29/3), Gilles Poizat (31/3) 5 rue de l’Arc, 1er

L’Embobineuse : Neptune + Prudeeff + Tonnerre Mécanique (23/3), Nadja + Off


04 91 644 315 www.rollstudio.fr

Toursky : Festival au fil des voix avec Dorsaf Hamdani (13/4), Houria Aïchi (14/4), le Kawa Musical circus & la Fanfare Vagabontu (17/4) et Amour Anarchie (20/4) 0 820 300 033 www.toursky.org

MARTIGUES Théâtre des Salins : Incisif #3 avec Nevchekirlian + Mekanik Kantatik (12/4) 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

MAUBEC La Gare : Kouyaté & Neerman (23/3), Matt Elliott + Dark Dark Dark (25/3), I’m from Barcelona (29/3), Les Femmes s’en mêlent avec Mirel Wagner + Christine + Jesus is my girlfriend (30/3), Mariée Sioux (6/4), Du Bartas (13/4), Le Grand Pétro-Pétrarque Project (17/4) 04 90 76 84 38 www.aveclagare.org

MIRAMAS Théâtre la Colonne : Juliette (24/3) 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr

OLLIOULES Châteauvallon : Ivresses (7/4) 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

SAINT-MAXIMIN La Croisée des arts : Hyphen Hyphen + Twin Apple + Dissonant Nation (23/3) 04 94 98 12 10 www.tandem83.com

SALON-DE-PROVENCE Portail Coucou : Valient Thorr + Jettblack (28/3) 04 90 56 27 99 www.portail-coucou.com

IMFP-Salon de Musique : Kempachy (27/3), PG Project (3/4), Ogham (10/4), Benjamin Faugloire (17/4) 04 90 53 12 52 www.imfp.fr

SÈTE Scène nationale : The Tiger Lillies (27 au 30/3) 04 67 74 66 97 www.theatredesete.com

Fort Napoléon-Art Bop : Jean Dionisi Jazz Band (23/3) Jazz Club (14/4) 04 94 09 47 18 www.ot-la-seyne-sur-mer.fr

SIX-FOURS Espace Malraux : Festival Présences Féminines (23/3), Stacey Kent (29/3), Caravan Palace + Ginkgoa (30/3), KyMani Marley + Jah Legacy (18/4) 04 94 74 77 79 www.espace-malraux.fr

TOULON Oméga Live : Popa Chubby (24/3), Kitchenmen + The Cryptones + Dissonant Nation (31/3), Crucified Barbara + Headcharger (1/4), Nina Attal + Deluxe (7/4) 04 98 070 070 www.tandem83.com

Théâtre Liberté : Beau désir, source de mes tourments (24/3) 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Tandem : Festival Rock & Folk Faveurs de Printemps (19 au 21/4 au théâtre Denis, Hyères) 04 94 98 12 10 www.tandem83.com

VAISON-LA-ROMAINE Espace François Cevert : Vaison World Electronic avec Juno Reactor + Elea + Driss + Spontaki +Placid Color + Moal Project + Dud’s (14/4) 04 90 03 10 45 www.lucie-asso.com

VELAUX Espace NoVa : L’Homme à la voix d’or (30/3) 04 42 87 75 00 www.espacenova.com

VENELLES Salle des fêtes : Comparse & Sons (24/3), Presque Oui en concert (7/4) 04 42 54 71 70

VITROLLES Cinéma Lumières : Projection film Michel Petrucciani puis concert Trio Perfetto (23/3) Moulin à Jazz : Julian Getreau 4tet (31/3) 04 42 79 63 60 www.charliefree.com

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

Roll’ Studio : Nafas trio (24/3), CarnielLeloil duo (31/3), Tzwing 4tet (7/4), Mariannick Saint Cerran trio (14/4)

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

04 91 50 66 09 www.lembobineuse.biz

LA SEYNE-SUR-MER

AIX L’Islande, terre de glace et de feu : Conférence Peiresc, par Daniel Brachet, Professeur honoraire de SVT. L’Islande est, dit-on, le paradis des géologues. Au cours de cette conférence, seront évoquées et explicitées les grandes caractéristiques géologiques d’un territoire qui ne cesse de fasciner, tant le monde scientifique que celui tout aussi passionné des amateurs de grands espaces. Le 12 avril à 19h Planétarium de Peiresc 04 42 20 43 66 www.aix-planetarium.fr

CABRIÈS Retrouvez la nouvelle édition du Souk des sciences. Cette manifestation est un moment convivial durant lequel chercheurs et grand public échangent sur de nombreuses thématiques (chimie, math, physique, biologie, astronomie...) autour d’étals de souk. Démonstrations, jeux et distributions de matière grise pour tous ! Les 27 et 28 mars Centre commercial Avant Cap www.plan-de-campagne.com

MARSEILLE Dans le cadre du cycle de conférences Les Horizons du Savoir sur la thématique Des Chiffres et des Hommes, l’ASTS-PACA propose en collaboration avec l’Institut de Mathématiques de Luminy, l’Institut de Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques et le Centre International de Poésie de Marseille, la conférence Calculer la musique, calculer le son par Jean-Claude Risset compositeur, Directeur de Recherche Emérite au Laboratoire de Mécanique et d’Acoustique (CNRS), Grand Prix National de la Musique (1990), Médaille d’or du CNRS (1999). Le 27 mars à 18h30 Maison de La Région 04 91 57 57 50 www.asts.asso.fr

Conférence grand public du Centre de physique des particules : Il y a cent ans Rutherford découvrait le noyau et la physique nucléaire par Fabrice Feinstein qui décrira quelques expériences clé de Rutherford, qui l’ont mené sur la voie de la structure élémentaire de la matière. Ernest Rutherford est à l’origine de nombreuses découvertes qui ont fondé les bases de la physique nucléaire et des particules élémentaires. Le 14 avril à 10h Centre de Physique des Particules Campus de Luminy http://marwww.in2p3.fr

QUINSON Au Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon jusqu’au 1er nov, nouvelle exposition temporaire en partenariat avec la Wallonie et son musée de la Préhistoire (Préhistoire de Ramioul) : Néandertal l’européen. La première communauté européenne est néandertalienne. Que savonsnous de ces hommes dont l’évolution commence il y a environ 500 000 ans ? 04 92 74 09 59 www.museeprehistoire.com

TOULON Biodiversité...mon trésor : exposition coproduite par le réseau des Muséums d’Histoire Naturelle de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’lRD. Elle répond à un certain nombre de questions concernant un sujet d’actualité en 20 panneaux, 3 vitrines et 1 diorama : Qu’est ce que la biodiversité ? À quoi sert-elle ? Est-elle menacée ? Quelle est la part de l’homme dans ces menaces ? Comment peut-on la protéger ? Jusqu’au 25 mars Muséum d’Histoire Naturelle de Toulon et du Var 04 83 95 44 20 www.museum-toulon.org

AU PROGRAMME

the international Radar + Moondawn + Prudeeff (24/3), Dat Politics + Dj Pola facettes + Ssissi empire (29/3), Child abuse + Staer + Talweg (31/3), IconAclass (3/4), Festival Sonic Protest (9 au 14/4)

SCIENCES ET TECHNIQUES 51


Libraires du sud /Libraires à Marseille 04 96 12 43 42 Rencontres : avec Roger Lenglet autour de son livre Un pouvoir sous influence : éminences grises, think tanks, lobbies (éditions Armand Colin, 2011) le 24 mars à 17h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Pierre Coulange pour son livre L’option préférentielle pour les pauvres, Parcours biblique et théologique (Parole et silence, 2011) le 28 mars à 18h30 à la librairie Saint Paul (Marseille) avec Vladimir Biaggi pour son dernier ouvrage Martigues, chronique d’une ville de la préhistoire aux temps présents (éditions Cres) le 28 mars à 18h à la librairie L’Alinéa (Martigues) avec Brigitte Gyr (Parler nu), Paul de Brancion (Temps mort), Jacques Estager (Deux silhouettes, cité des fleurs) et Fawzi Karim (Non l’exil ne m’embarrasse pas), auteurs des éditions Lanskine, le 31 mars à 18h à la librairie Apostille (Marseille) avec Olivia Douville et Michèle Benhaim autour du livre Clinique psychanalytique de l’exclusion sous la direction d’Olivier Douville (Dunod, 2012) le 31 mars à 19h à la librairie L’Odeur du temps (Marseille) avec Laura Alcoba autour de son dernier roman Les passagers de l’Anna C. (Gallimard, 2012) le 31 mars à 16h30 à la librairie All Books & Co (Aix) avec Catherine Pageard, écrivain, et Virginie Lafontaine, comédienne, pour Rêves de passage, le 14 avril à 18h à la librairie Apostille (Marseille) Itinérances littéraires : avec Kéthévane Davrichewy autour de son dernier ouvrage Les Séparés (Sabine Wespieser éditeur, 2012) le 21 mars à 17h à la librairie Maupetit (Marseille), le 22 mars à 19h à la librairie La Mémoire du monde (Avignon) et le 23 mars à 19h à la librairie Masséna (Nice) avec Clément Oubrerie pour sa bande dessinée Pablo 1. Max Jacob (Dargaud, 2012) le 28 mars à 16h30 à la librairie La réserve à bulles (Marseille) Escales en librairies : rencontre avec Marilyne Desbiolles pour son ouvrage Dans la route (Seuil, 2012) le 22 mars à 18h à la librairie Apostille (Marseille) et le 23 mars à 19h à la librairie Harmonia Mundi (Aix) avec Boualem Sansal autour de son dernier ouvrage Rue Darwin (Gallimard, 2011) le 5 avril à 19h à la librairie Vents du Sud (Aix) et le 6 avril à 19h à la librairie L’Attrape Mots (Marseille) avec Bernard Hoepffner, traducteur, le 6 avril à 19h à la librairie L’Odeur du temps (Marseille), et le 6 avril à 18h30 à la librairie Au Poîvre d’Âne (La Ciotat) AIX Cité du livre – 04 42 91 98 88 Exposition de Eve Morisi, Albert Camus contre la peine de mort, jusqu’au 2 juin. Exposition d’une sélection de travaux de Guy Calamusa, jusqu’au 9 juin à la Fondation Saint John Perse. Rencontre poétique avec Michel Deguy, le 6 avril à la Fondation Saint John Perse. Dans le cadre des mardis de l’Université, conférence sur La guerre d’Espagne en bande dessinée par Eve Giustiniani, maitre de conférences à l’Université d’Aix-Marseille, le 10 avril à 18h30 salle Armand Lunel. Conférence sur Weegee et son livre Naked City, par Cyril Gauthier, professeur à l’Université de Lyon, le 11 avril salle Armand Lunel. Les Écritures Croisées, les éditions La Dogana et Le Bruit du temps invitent à une rencontre autour de la récente publication Mandelstam, mon temps, mon fauve avec les éditeurs Florian Rodari et Antoine Jaccottet, Louis Martinez, spécialiste de la littérature

russe, et Michel Aucouturier, traducteur. Le 19 avril à 18h30 à l’amphithéâtre de la Verrière. Centre des Écrivains du Sud – contact@ecrivains-du-sud Journées des Écrivains du Sud, Les chemins de la création, sous la présidence d’Hélène Carrère d’Encausse : une trentaine d’auteurs invités. Les 30 et 31 mars, avec remise du Prix des Écrivains du Sud, Prix des Lecteurs et Prix littéraire de l’Agence française de développement le 31 mars à 18h. Bois de l’Aune – 04 42 93 85 40 Exposition Masqué : masques de théâtre et de fête d’Europe et d’Asie, du VIIe siècle à nos jours, collection Erhard Stiefel, prolongation jusqu’au 31 mars. Galerie d’art du CG – 04 13 31 50 70 Exposition de photographies Eaux précieuses/Eaux sauvages, jusqu’au 9 avril. IPSAA-ESDAC – 04 42 91 66 90 Printemps de la photo, le 21 avril de 11h30 à 19h. Journée portes ouvertes le 24 mars de 10h à 17h. Galerie du lézard – 06 12 23 35 03 Exposition des dessins originaux (1960-2011) de Joriot, jusqu’au 15 avril ; vernissage en présence de l’artiste le 15 mars dès 18h30. Musée Granet – 04 42 52 88 32 Rétrospective Favier : Corpuscules, jusqu’au 22 avril. Centre Franco-Allemand – 04 42 21 29 12 Atelier pour enfants de 5 à 10 ans autour de Pâques, le 21 mars dès 15h. Conférence-débat sur Magnus Hirschfeld ou la liberté dans la sexualité avec Dr. Jacques Waynberg, Directeur de l’Institut de Sexologie, et Hussein Bourgi, Président du Mémorial de la Déportation Homosexuelle, le 23 mars de 18h à 20h à la Maison de la Région, Marseille Lecture avec le poète Saïd, le 4 avril à 19h à la librairie Vents du Sud, Aix Lecture-débat De la reconstruction du bonheur. Une enfance allemande en France avec Anna Tüne, le 17 avril à 19h à la librairie Vents du Sud, Aix Conférence-débat Les Allemands d’après 1945, les Juifs et Israël avec Beate Klarsfeld, le 18 avril à 20h30 à la Faculté de Sciences Economiques, Aix 3bisf – 04 42 16 17 75 Atelier Objet-action animé par Caroline Le Mehauté, tous les jeudis de 13h30 à 16h30. Atelier Urbanité Idiotopique (construction d’une ville imaginaire où se croiseront tous les fantasmes de chacun) animé par Benjamin Marianne, tous les mardis de 14h à 16h30. APT Vélo Théâtre – 04 90 04 85 25 15e édition des Cris poétiques, des poètes sur la scène avec Caroline Sagot Duvauroux et Emmanuel Laugier, le 30 mars à 20h30. ARLES Muséon Arlaten – 04 13 31 51 90 Ethno’balade Le taureau par les cornes en partenariat avec la société taurine La Muleta et les Arènes d’Arles : intervention du philosophe Francis Wolff, le 9 avril après-midi. 5e étape du Voyage des 10 : La Bague d’aïe par Rita

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

RENCONTRES

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

AU PROGRAMME

52

Macedo, Patrick Vaillant et Guylaine Renaud, le 14 avril à 21h30 au Portail Coucou à Salon-de-Provence. Atelier Archipel – 06 21 29 11 92 Exposition des sculptures de Julien Gudea, jusqu’au 25 mars. Les Rencontres d’Arles – 04 90 96 76 06 Stages de photographies : Vers l’autre : construire une série avec Marion Poussier, du 16 au 21 avril ; Sabotage avec Vincent Fournier, du 16 au 21 avril ; Le carnet photographique, la mise en valeur d’un regard avec Claudine Doury, du 11 au 16 avril. AVIGNON L’Antidote Théâtre – 09 53 54 01 76 Lecture publique de la dernière pièce de Gilles Ascaride, J’ai tué Maurice Thorez !, par Fred Tourvieille et Gilles Ascaride. Le 23 mars à 20h. Festival Off & cies – 04 90 85 13 08 Colloque Le OFF une dynamique d’utilité publique : journée de réflexion et de concertation autour de 5 ateliers : Le OFF premier marché du spectacle vivant en France ; Le OFF et le dialogue des territoires ; le OFF opérateur de démocratisation culturelle ; le OFF incubateur artistique ; le OFF et les initiatives pour une production alternative. Le 12 avril au Centre des Congrès. BRIGNOLES Le Bazar du Lézard – 04 94 86 01 63 Exposition Contes à rebours des Désaccordés, les graphistes Crom, Harold et Nalan, jusqu’au 14 avril. CARNOUX-EN-PROVENCE CAUE 13 – 04 96 11 01 20 Qui a peur du logement collectif ? : dans le cadre du projet Dense Dense Dense, le CAUE fait son cinémadébat en présence de Monique Eleb, sociologue et spécialiste du logement, Bernard Bres, responsable de Pôle Projets à 13 habitat et Jean-Pierre Giorgi, Maire de Carnoux, suivi du vernissage de l’expo itinérante. Le 22 mars à 20h salle Artea. FOS Ville lecture – 04 42 56 21 29 12e édition Lire et Grandir : rencontre avec des auteurs et illustrateurs jeunesse, exposition de la plasticienne Rachel Poignant (12 au 31 mars)… Le 31 mars au Centre Culturel Marcel Pagnol. GARDANNE Tuilerie – 06 61 18 80 27 Journées européennes des métiers d’art : visite des ateliers de 10h à 18h, du 30 mars au 1er avril. LES BAUX-DE-PROVENCE Carrières de lumières – 04 90 54 55 56 Exposition Gauguin – Van Gogh, les peintres de la couleur, du 30 mars au 6 janvier 2013. MARSEILLE BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 Rencontre-conférence avec l’historien Patrick Barbier auteur entre autres de A l’opéra au temps de Balzac et Rossini et de la trilogie sur Les castrats à l’époque Baroque le 21 mars de 17h à 20h. Dans le cadre des Mardis du MuCEM, conférence du philosophe Michel Guérin : Croyons-nous aux images ?, le 10 avril à 18h30.


Échange et diffusion des savoirs – 04 96 11 24 50 Conférences à 18h45 à l’Hôtel du département : La littérature, la vérité et la connaissance par Jacques Bouveresse, philosophe, le 22 mars La vérité des fables : fiction et savoir à l’aube de la modernité, par Frédérique Aït-Touati, historienne des idées, le 12 avril Fabuler, par l’écrivain Nancy Huston, le 19 avril. Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Exposition Italiens 150 ans d’émigration en France et ailleurs, jusqu’au 30 avril. Exposition photo de Vittorugo Contino dédiée à Antonioni, jusqu’au 10 avril. Rencontre avec l’auteur Valerio Magrelli, en présence de la traductrice Marguerite Pozzoli, les 26 et 27 mars. Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59 Festival Le dire des femmes, 1re partie : Alma Mater, performance de la plasticienne vidéaste Marie Passarelli ; Animal perplexe, extrait présenté par Francine Di Mercurio, Stéphanie Gea et Sabine Panzani ; projection du film de Sarah Ouazzani, De l’une à elles. Le 24 mars à 20h30. Les Bancs publics – 04 91 64 60 00 Conférence de Laurent Petit de L’Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine (ANPU) sur la ville d’Alger, le 5 avril à La Compagnie. La Friche – 04 95 04 96 19 Entrez, c’est le chantier : la Friche ouvre ses portes au public tous les 3e mercredi du mois. Cargo accueille Paquito Bolino et Ahmad Compaoré pour une performance à 12h ; visite du chantier à 13h et à 16h30. Le 21 mars. Librairie de l’Arbre – 09 50 14 68 18 Exposition des photographies d’Anne-Sophie Boivin, Exploration de la lenteur, jusqu’au 5 avril. Exposition de photographies d’Alexa, avec les textes poétiques d’Irène Brunet, Habitants atypiques, du 6 avril au 5 mai. La Gad-Galerie Arnaud Deschin – 06 75 67 20 96 La galerie célèbre ses deux ans d’activités en organisant un Group Show avec les démarches artistiques de Fanny Baxter, Sophie Dejode, Bertrand Lacombe, Ellen Cantor, Matthieu Clainchard, Hildegarde Laszak et Catalina Niculescu. Du 30 mars au 28 avril. AtelieRnaTional – 09 52 63 54 58 Exposition d’Arham Lee, Clinamens, du 23 mars au 7 avril, vernissage le 22 mars dès 18h.

Espace Leclere – 04 91 50 00 00 Conférence de Gilles Montègre, historien, sur La Rome des Français au temps des lumières : capitale de l’antique et carrefour de l’Europe, 1769-1791. Le 26 mars à 18h. Conférence d’Haïfa Hassairi, journaliste culturelle, sur Avant et après la révolution : quel art contemporain en Tunisie. Le 2 avril à 18h. MANOSQUE Librairie Le Poivre d’Âne – 04 92 72 45 08 Dédicace signature avec Sylvie Giono pour son livre Jean Giono à Manosque - Le Paraïs, la maison d’un rêveur (éd. Belin, 2012), le 24 mars à 10h. MARTIGUES Musée Ziem – 04 42 41 39 60 Exposition D’une mer à l’autre, Marines du Nord et du Sud entre 1850 et 1908, du 21 mars au 24 juin ; conférence de Pierre Ickowicz, conservateur en chef du Château-Musée de Dieppe, sur Les collections de marines à Dieppe, le 22 mars à 17h30. PORT-DE-BOUC Médiathèque Boris Vian – 04 42 06 65 54 Rencontre-débat avec Jean-Pierre Desbordes pour son livre Atomic park, à la recherche des victimes du nucléaire (Actes Sud) le 29 mars à 18h30. SAINT-CHAMAS Chapelle Saint-Pierre – 04 90 50 90 54 Exposition Visa de Jean-Paul Olive, jusqu’au 29 avril. SAINT-RAPHAËL Médiathèque municipale – 04 98 11 89 00 Rencontre-débat avec Anne Herbauts, auteurillustratrice, autour de son travail. Le 21 mars à 10h. SAINTES-MARIES-DE-LA-MER Château d’Avignon – 04 13 31 94 54 La journée des printemps : visite libre de l’intérieur du château, jeux, fanfare, ateliers… Le 15 avril de 10h à 18h. TOULON Théâtre Liberté – 04 98 00 56 76 Dans le cadre de la manifestation Des mondes virtuels, lecture, par Olivier Cadiot, d’extraits de Retour définitif et durable de l’être aimé (POL, 2002) le 23 mars à 18h30 ; week-end virtuel avec installations interactives et immersives : Viens danser de Catherine Langlade, Eidolon de Balthazar Auxietre, Augmented reality d’Adelin Schweiter… les 31 mars et 1er avril ; rencontre-débat menée par Isabelle Arvers, auteur et critique, sur Les implications du monde virtuel dans la vie quotidienne, le 1er avril à 18h. VITROLLES Espace Prairial – 04 42 77 63 06 Exposition des œuvres d’Emilie Perotto, Comme le chat n’est pas là, proposée par le Frac Paca, jusqu’au 20 avril.

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

Cycle de conférences À l’écoute des sciences sociales, en partenariat avec l’EHESS : Qu’est-ce qu’un philosophe français ? par Jean-Louis Fabiani, sociologue, EHESS, le 17 avril à 18h30.

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

À l’occasion du Forum mondial de l’eau, exposition Les territoires de l’eau, irrigation et partage de l’eau en Méditerranée, par l’IRD en partenariat avec l’INA. Du 17 fév au 13 juillet.

Auditorium de la Caisse d’Epargne – 04 91 57 26 49 Conférences d’initiation L’art en France, par JeanNoël Bret : l’art français VI : Impressionnisme, néo-impressionnisme, postimpressionnisme, le 22 mars à 18h.

CONCOURS Dans le cadre du 4e Festival du livre de la Canebière qui se déroulera du 8 au 10 juin, Couleurs Cactus lance le Concours de la bonne nouvelle : ouvert à tous les écrivants, il devra s’inspirer de la citation tirée de Tombe, tombe au fond de l’eau de Mia Couto (Chandeigne), «Cet après-midi là je divaguais sur la terrasse en regardant l’océan. Non pas que je contemplais tout ce bleu. La mer emportait plutôt mes rêves se promener». Concours d’illustration numérique sur la nouvelle Les Drapeaux de l’auteur catalan Franscesc Serès (contacter Cécile Silvestri par mail couleurscactus@yahoo.fr). Les lauréats du concours d’illustration et du concours de nouvelle seront publiés dans Zibeline http://couleurscactus.blog4ever.com

Proposée par les associations Eclats de lire et Croq’livres, en partenariat avec la DAC, le CG04, la médiathèque départementale et les Communautés de communes Pays de Forcalquier : Résidence de création pour un illustrateur de littérature jeunesse ouverte à tous les illustrateurs ayant déjà publié à compte d’éditeur, sur une durée de trois mois, du 20 sept au 20 déc. Dossier à envoyer au plus tard le 30 mars. Eclat de lire 04 92 71 01 79 eclatdelire@wanadoo.fr

L’association Sur la place lance la 6e édition du concours jeune illustration : ouvert aux dessinateurs de moins de 28 ans ayant un lien avec la région PACA et n’ayant pas été publiés plus de 2 fois. Date limite de participation le 11 avril. 06 69 28 90 87 contact@surlaplace.fr

Tremplin scène découverte 2012 : l’association Horizon Sud lance la 3e édition du Tremplin à destination des groupes de musiques actuelles de la Région PACA. Dix groupes seront présélectionnés par un jury composé de membres de l’association et de professionnels de la musique en région PACA. Deux demi finales au Mundo Kfé et au Café Julien les 27 avril et le 5 mai, finale au Poste Galène le 25 mai. Inscriptions jusqu’au 25 mars. www.orizonsud.fr

Dans le cadre de La Semaine de la presse, Zibeline propose aux élèves des classes de tous niveaux des lycées généraux, technologiques ou professionnels de la région PACA et du département du Gard de participer à son numéro 52 en exerçant leurs talents de journalistes : la classe doit adresser au journal Zibeline l’édito (entre 1500 et 2500 signes espaces compris). et/ou la maquette de couverture (mai 2012). Les lauréats seront publiés dans le numéro 52 de mai 2012, et leur lycée gagnera une adhésion à l’association. Réponses attendues avant le 20 avril à Zibeline, 76 avenue de la Panouse, n°11, 13009 Marseille et par mail (journal.zibeline@gmail.com ) www.journalzibeline.fr www.clemi.ac-aixmarseille.fr/spip/spip.php?article104

AU PROGRAMME

ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00 Dans le cadre des lectures à Haute voix proposées par Basic, W ou le souvenir d’enfance de Georges Perec, lecture de William et Daniel Mesguich le 23 mars à 18h30.

RENCONTRES 53


RENCONTRES

LITTÉRATURE

Rendez-vous pour tous MP2013 est au cœur de nombre de projets en cours. Ainsi la saison culturelle 2012 de la mairie des 1er et 7ème arrondissements s’inscrit-elle «dans la marche en avant de Marseille vers 2013». Le discours fervent de Patrick Mennucci l’a rappelé, suscitant l’enthousiasme de tous ceux, officiels, artistes, membres d’associations ou habitants du quartier, qui étaient venus dans le hall de la Chambre de Commerce et d’Industrie assister, le 23 février, à la présentation de cette nouvelle saison. L’atmosphère était festive : pas question d’annoncer une saison culturelle sans en donner à voir et à entendre quelques prémices. Ce qui fut fait, tandis que Serge Scotto et Philippe Carrese réagissaient en direct aux discours et aux interventions, à coups de dessins humoristiques projetés sur écrans géants. Quelques accords de Fred Nevchehirlian, un duo de danse classique, un clip et un discours chaleureux de la marraine de la saison Christina Rosmini, des danseurs de tango. Une ambiance en accord avec la couleur que le maire du 1er secteur entend donner

mier, Tendance Clown, La rue du Tango, Place au Flamenco… Rendez-vous itinérants pour le Carnaval ou les Balades Culturelles Pédestres. Rendez-vous enfin au Théâtre Silvain, qui a accueilli 20 000 spectateurs en 2011 et compte bien faire encore mieux cet été, avec une programmation éclectique qui va des musiques actuelles à l’art lyrique en passant par le cinéma et la danse. Une saison culturelle placée sous le signe du partage, de la diversité et accessible au plus grand nombre, la plupart des manifestations étant gratuites. FRED ROBERT © Agnès Mellon

à la culture, la couleur vive d’une culture qui rassemble, et propose dès aujourd’hui de multiples rendez-vous, à suivre tout au long du printemps et jusqu’à l’automne. Rendez-vous au Kiosque pour de nombreux festivals : Latcho Divano, Africa Fête, Le Festival du livre de la Canebière… Rendez-vous à la carte avec, entre autres, les animations littéraires du centre Dugom-

www.mairiedupremiersecteur.fr www.capsur2013.fr

Naples à Draguignan

Le temps des bédéphiles Ouverte depuis le 13 mars, la 9e édition des Rencontres du 9e art se déroulera jusqu’au 30 avril dans les lieux culturels et patrimoniaux du Pays d’Aix. Un festival gratuit de Bande Dessinée et autres arts associés, avec un temps fort de 3 jours à la Cité du Livre (13 au 15 avril) où plus de 50 auteurs (Thomas Azuélos, Joan, Eric Lambé, Matthias Lehmann, Dominique Goblet, Aurélie William Levaux…) et 100 professionnels de la BD, partageront des moments privilégiés avec leurs lecteurs, entre ateliers, rencontres, tables rondes et Expo Génération spontanée © Michael Matthys

Aller passer une semaine à Draguignan ? La ville de l’arrière-pays varois n’est guère réputée pour sa villégiature… Et pourtant ! Juste après les Vents du Levant, très beau programme de danse concocté par Théâtres en Dracénie (voir p. 7), Libraires du sud propose la deuxième édition de ses Escapades littéraires… Et après Luis Sepulveda l’an dernier, c’est Erri de Luca lui-même qui sera l’invité d’honneur des rencontres, lectures, tables rondes, projections, ateliers pour enfants autour de Pinocchio, concerts de chant napolitain au théâtre… Avec en outre une journée consacrée à Hugo Pratt avec la médiathèque du Var, la présence des traductrices Dominique Vittoz et Marguerite Pozzoli, de nombreux autres écrivains italiens (entre autres JeanPaul Manganaro, Francesco de Filippo et Marta Morazzoni), des dédicaces dans les librairies partenaires (Papiers collés et Lo Païs à Draguignan, la Librairie Lorguaise, Contrebandes à Toulon), un débat sur la littérature jeunesse italienne avec les éditions Corraini, un autre sur roman et politique, un sur la symbolique du monde romanesque… Autant de questions passionnantes, soulevées par des personnalités qui ne le sont pas moins !

dédicaces. Philippe Druillet, le pape de la BD de sciencefiction, co-fondateur de Métal Hurlant, sera présent le 14 avril pour la sortie de son nouvel album. Pendant un mois, 16 expositions s’installent dans 14 lieux de la ville pour révéler la richesse et la diversité de la création. À noter, les CuBDes de la jeune scène graphique à la Cité du Livre ; la déambulation au fil de l’eau d’Edmond Baudoin aux Archives départementales ; les Pop-Up de Philippe Ug au Musée des Tapisseries ; les derniers dinosaures de Donatien Mary & Didier de Calan au Muséum d’histoire naturelle et 30 Autoportrait par Aragon dessins inédits d’Aragon présentés à l’Atelier de Cézanne. L’Institut de l’Image programme un cycle de films rares sur la thématique des revenants. Cet événement a accueilli l’an passé 52 000 visiteurs, prouvant l’engouement certain du public face au renouvellement de la scène bédéphile.

A.F.

Escapades Littéraires Du 12 au 15 avril Chapelle de L’observance et divers lieux, Var 04 96 12 43 40 www.librairie-paca.com

DE.M.

Les Rencontres du 9e art jusqu’au 30 avril Office de tourisme d’Aix-en-Provence 0 442 161 161 www.bd-aix.com

Erri de Luca © Paola Porrini Bisson

AU PROGRAMME

54


55

Indignation / Révolution à Rousset Tahrir Place de la Libération de Stefano Savona

Pour sa 10ème édition, Provence Terre de Cinéma devient nouv.o.monde et propose quatre jours de films, de rencontres et d’exposition pour mettre en lumière la force du cinéma à s’emparer, capter, témoigner et livrer une Histoire. En ouverture le 29 mars à 20h, Indignados de Tony Gatlif. Les 30 mars et 1er avril, s’ouvrira une fenêtre sur le «printemps arabe» avec Tahrir Place de la Libération de Stefano Savona, Microphone d’Ahmad Abdalla, Laïcité inch’allah de Nadia El Fani et V pour Vendetta de James McTeigue. Le 31, Carte Blanche à Robert Guédiguian avec L’armée du crime, Le Voyage en Arménie et Lady Jane et le 1er avril des films qui résistent aux

ANNIE GAVA

Nouv.o.monde Du 29 mars au 1er avril Salle Emilien Ventre, Rousset 04 42 53 36 39 www.filmsdelta.com

Le monde à voir

Oh my God !

première le 30 à 21h15 et Reza Serkanian, Noces éphémères qui aborde la question du mariage à durée déterminée en Iran, le 31 à 21h 15. Parmi les nombreux films offerts au public de Salon et d’ailleurs, ne ratez pas Attenberg d’Athina Rachel Tsangari, L’étrangère de Feo Aladag, Sur la planche de Leïla Kilani (voir p. 62) ni Le temps dure longtemps d’Ozcan Alper en avant-première le 2 avril à 21h. Pour les amateurs de courts, la séance traditionnelle du 31 mars à 16h30 avec 5 films dont Négligez les sardines en présence de Christophe Pasquet. De belles traversées cinématographiques en perspective…

Jusqu’au 25 mars, Scènes et Cinés Ouest Provence propose la 4ème édition du panorama du cinéma, consacrée au cinéma britannique :une quarantaine de films dont 5 en avant-premières. L’occasion de (re)voir les films de Ken Loach à Grans : le 18 mars, It’s a free world et The Navigators ; le 25, Raining stones, Land and freedom et Looking for Eric. Comme l’an dernier, c’est à une soirée «comédie» que nous invite Le Comoedia à Miramas avec L’Irlandais de Michael Mc Donagh et Oh my god ! de Tanya Wexler le 19 mars. L’espace Gérard Philipe à Port-Saint-Louis propose les films de Stephen Frears et en avant-première, Rock’n’love de David McKenzie, le 20 mars. L’Odyssée de Fos-sur-Mer, le 21 mars, «pour l’amour de la danse» présente Jig de Sue Bourne et Les Chaussons rouges de Michael Powell. Le Coluche à Istres, fera un hommage le 23 mars à Mike Leigh avec All or nothing, Tea time, Vera Drake et Another year. Le Panorama nous permet aussi de découvrir l’actualité de la production britannique et tous les films qui donnent de la place aux gens ordinaires. Ne les ratez pas, en particulier The Magdalene sisters de Peter Mullan, Fish Tank d’Andrea Arnold, et tous les autres… Oranges and sunshine de Jim Loach

Du 27 mars au 3 avril, se tiendront les 22èmes Rencontres Cinématographiques de Salon, Un Monde à voir : projections de films des cinq continents, rencontres avec les réalisateurs, discussions pour partager ses impressions, dans une ambiance festive. Parmi les 40 films programmés, une sélection de 5 films venus du Nord, Happy happy d’Anne Sewisky, Pure de Lisa Langseth, Revenge de Susanne Bier, Curling de Denis Côté et On the Ice, un western inuit d’Andrew Okpeaha MacLean et un hommage à Ingmar Bergman: Dominique Chansel présentera Le septième sceau le 2 avril à 19h. Pour le volet «Musique et cinéma» sera proposé Hommage à Georges Delerue, compositeur des musiques des films de la nouvelle vague, en présence de la réalisatrice, Pascale Cuenot ; seront projetés La Nuit américaine de Truffaut et El Gusto de Safinez Bousbia (voir Zib’48). Philippe Carrese viendra avec son équipe présenter Cassos en avant-

injustices politiques et économiques : Cleveland contre Wall Street de Jean Stéphane Bron, A Casa Nostra de Francesca Comencini et Le Fric de Constantin Bouslov. Sans oublier le 29 mars à 14h, une Carte Blanche à Alterdoc, en partenariat avec l’Université de Provence : quelques films documentaires autour de la révolution en Irak dans les régions kurdes et arabes. Et des rencontres avec réalisateurs, écrivains et photographe… Vers un nouveau monde ?

ANNIE GAVA

Les Rencontres Cinématographiques Du 27 mars au 3 avril Cinéma les Arcades, Salon 04 90 17 44 97 www.rencontres-cinesalon.org Happy happy d’Anne Sewisky

A.G.

Cinéma l’Odyssée, Fos 04 42 11 02 10 Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 Cinéma Coluche, Istres 04 42 56 92 34 Cinéma Le Comoedia, Miramas 04 90 50 14 74 Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 www.ouestprovence.fr www.scenesetcines.fr

AU PROGRAMME

CINÉMA


LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE

CINÉMA

Lynch Cycle de l’eau Jusqu’au 30 mars, au Château de la Buzine, se

Latcho Divano Dans le cadre du Festival Latcho Divano (voir p.

poursuit le cycle de l’eau : le 18 mars à 14h, E la nave va de Fellini ; et de Renoir, le 25 à 20h, Le Fleuve et le 30 à 20h, en Ciné-concert, son premier film, La Fille de l’eau, accompagné par le Tri-eau jazz, composé d’un saxophone, un contrebassiste et un batteur-percussionniste, mêlant musique classique, airs traditionnels des Balkans et compositions originales.

7), au cinéma Variétés à Marseille, le 27 Mars à 20h30, J’ai même rencontré des Tziganes heureux d’Aleksandar Petrovic et le 29 à 20h, soirée documentaire avec Les Romanès en présence du réalisateur, Jacques Deschamps, suivi de Our School de Mona Nicoara, Miruna Coca-Cozma en collaboration avec Les Rencontres Tsiganes. 09 52 72 89 28 www.latcho-divano.com

04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

Écritures du réel Dans le cadre des Écritures du réel, à l’Alhambra

Ciné écocitoyen Du 16 au 31 mars, au cinéma 3 Casino, sont organisées les 3èmes Rencontres de cinéma écocitoyen : des films, des débats animés par des associations. Depuis le 16, avec Même la pluie d’Iciar Bollain, suivi d’un débat avec le Forum Alternatif Mondial de l’Eau (FAME), jusqu’au 31 avec Les nouveaux chiens de garde de Gilles Balbastre et Tahrir, place de la Libération de Stefano Savona, sont proposés des films qui témoignent de la diversité des regards sur la planète, porteurs d’espoir et de combats aux multiples formes. Cinéma 3 Casino, Gardanne 04 42 51 44 93 www.cinema-gardanne.fr http://cinemaecocitoyen.vefblog.net

Dans le cadre du Théma 4 Des Mondes Virtuels, le Théâtre Liberté propose deux films de David Lynch : à 20h le 24 mars Mulholland Drive et le 14 avril, Lost Highway.

Abya Yala

Souria Houria Le 26 mars à 19h30 au Point de Bascule, le collectif marseillais pour la liberté en Syrie propose des courts métrages, témoignages de la lutte d’un peuple contre l’oppression et pour sa liberté ; les bénéfices de la projection seront reversés au collectif Souria Houria.

Alhambra Le 26 mars à 19h30, à l’Alhambra Cinémarseille, Cinépage Le 22 mars à 20h, Cinépage, en partenariat avec le Cinéma Pathé Madeleine, propose Un homme qui crie, le beau film de Mahamat-Saleh Haroun. 04 91 85 07 17 www.cinepage.com

Alain Guiraudie sera présent pour Du Soleil pour les gueux et Ce vieux rêve qui bouge : soirée en partenariat avec La Réplique. Le 30 mars à 20h30, en avant-première, en partenariat avec la Région PACA et 13 productions, projection de Le Voile brûle en présence de la réalisatrice, Viviane Candas et de l’équipe du film. 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com

seille, dans le cadre de la rétrospective Antonioni, projection du Désert rouge avec Monica Vitti et Richard Harris, précédé du documentaire Il deserto e l’oasi. 04 91 48 51 94 www.iicmarsiglia.esteri.it Le Voile brûle de Viviane Candas

Globe-Trotters Cinémathèque Les 23 et 24 mars, 15 Festival des Globe-trotters, Les Mardis de la Cinémathèque proposent à 19h, ème

Théâtre du Bourg-Neuf, Avignon 04 90 85 17 90 www.bourg-neuf.com

à l’Espace Cézanne du CRDP, le 27 mars, Le Dernier des hommes de Murnau. 04 91 50 64 48 www.cinememoire.net

Du 29 mars au 6 avril se déroulent les 3èmes Rencontres du cinéma amérindien, Abya Yala, proposées par l’association APATAPELA : des projections dans plusieurs lieux, le 3 avril, au cinéma Les Variétés, Paroles de sages d’Amado Villafana et The reel Injun de Neil Diamond ; le 4 de 10h à 18h, à la Maison de la Région, une dizaine de films venus des territoires autochtones d’Amérique du Nord, centrale et du sud et, en clôture le 6, Barking Water de Sterlin Harjo et Newen Mapuche d’Elena Varela. 06 62 30 47 72 www.apatapela.org

Rencontres de Digne Du 2 au 6 avril, les Rencontres Cinématographiques

Antonioni Le 22 mars à 18h, à l’Institut Culturel Italien de Mar-

festival de films de voyageurs du sud de la France, organisé par l’Aventure du Bout du Monde : sélection de films et de diaporamas propices à l’évasion le temps d’un week-end. Le 23 à 20h 30, ciné concert.

04 91 53 95 61 www.maisondetheatre.com/biennale-des-ecritures-du-reel

Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

http://souriahouria.com

Même la pluie d'Iciar Bollain

Cinémarseille, le 28 mars à 14h30, Ce n’est qu’un début de Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier et à 20h30, Honk en présence du co-réalisateur Arnaud Gaillard.

Mulholland drive de David Lynch

Barking water de Sterlin Harjo

AU PROGRAMME

56

de Digne-les-Bains fêtent leurs quarante ans. En ouverture, le 2 avril à 21h, Alexandra David-Néel, j’irai au pays des neiges de Joël Farges, avec Dominque Blanc. Marie Vermillard, Mario Brenta, Karine de Villers, Béatrice Pollet parleront de la position du cinéaste face aux mutations esthétiques, technologiques et économiques actuelles du 7ème Art. On pourra découvrir le cinéma amérindien avec Reel injun de Neil Diamonds et Catherine Bainbridge, Barking water de Sterlin Harjo et des courtsmétrages Navajo ainsi que le jeune cinéma italien avec Andrea Segre qui présentera La petite Venise. Sans oublier le concours de courts-métrages ouvert aux premiers films de fiction. 04 92 32 29 33 www.unautrecinema.com


Fantômes Phantom of the Opera de Rupert Julian

Du 4 au 24 avril, à l’occasion des Rencontres du 9e art, l’Institut de l’image approfondit la question du revenant et propose Histoires de fantômes… au cinéma : Fantôme à vendre de René Clair, Au Cœur de la nuit d’Alberto Cavalcanti, L’Aventure de Mme Muir de Mankiewicz, Les Contes de la lune vague après la pluie de Mizoguchi, L’Etrange affaire Angélica de Manoel de Oliveira etc… Le 15 avril à 17h, ciné-concert sur réservation, Le Fantôme de l’opéra de Rupert Julian avec les musiciens Christian et Daniel Paboeuf, Régis Boulard et David Euverte. Institut de l’Image, Aix 04 42 26 81 82 www.institut-image.org

(141) lumen Le 5 avril à 20h30, au Numéro 1 à Mar-seille, l’association (141) lumen présente, dans le cycle «les Temps modernes», un documentaire d’Eric Pittard, Le bruit, l’odeur et quelques étoiles : en décembre 1998 à Toulouse, Habib, dit Pipo, est abattu à bout portant par un policier alors qu’il tentait de voler une voiture. http://141lumen.blogspot.com

Cour(t)s-y-vite ! Le 18 avril à 17h, Tilt et l’école Major Cathédrale présentent à la Minoterie la 9ème édition de Cour(t)s-y-vite !, une programmation de courts métrages réalisée par et pour des enfants. 04 91 91 07 99 www.cinetilt.org

AFLAM Le 19 avril à 14h et 18h30, à la Maison de la Région, Aflam présente Jeunes regards sur l’Algérie : des courts métrages d’Amin Sidi-Boumediène, Nazim Djemaï, Sonia Ahnou et Driffa Me-zenner. 04 91 47 73 94 www.aflam.fr

Ciné, musique et Caraïbes

Samuel de César Lucena

C’est au cinéma des Caraïbes et à la musique que rendent hommage les 14èmes Rencontres du cinéma sud américain, avec plus de 50 films présentés du 3 au 22 avril à Marseille et dans la région ! Dont De navíos, ron y chocolate de Malena Roncayolo, une des invités avec le Haïtien Arnold Antonin -6 mujeres de excepción- ou le Cubain Ian Padrón -Habanastation en première européenne-. Seront présents aussi Ari Maniel Cruz avec Piel, un thriller sur la solitude et le déracinement d’une jeune porto-ricaine à New York et la scénariste Kilsha Tikina Burgos, rassemblés dans une table ronde autour des enjeux et du développement du cinéma des Caraïbes le 13 avril à 17h30. Neuf longs métrages venus du Mexique, Venezuela, Pérou, Argentine, Equateur, Cuba et Puerto Rico seront en compétition pour le Colibri d’Or, dont Industria Argentina de Ricardo Díaz Iacoponi qui traite un phénomène social argentin, la récupération par les salariés d’entreprises abandonnées, et Acorazado. Cette comédie d’Alvaro Curiel de Icaza «qui fera rire le public mais reste aussi une critique sociale dans laquelle chaque mexicain peut se reconnaitre», ouvrira le festival le 10 avril à 20h30 à la Friche. Bien sûr il y aura aussi la compétition de 12 courts, des expositions, des conférences, une Peña avec le groupe Rio Brasil, une carte blanche au FID et, en clôture le 17 avril à 19h30, à la Friche, Samuel du Vénézuélien César Lucena, le voyage intérieur d’un homme qui reçoit un don qui va lui changer la vie. Puis la manifestation se poursuivra hors les murs à Manosque, Forcalquier, La Ciotat et St Bonnet. A.G.

Association Solidarité Provence/Amérique du Sud 04 91 48 78 51 www.aspas-marseille.org


58 ARTS VISUELS AU PROGRAMME Py et Verde Projet double, deux installations concomitantes sous le signe de Samuel Beckett et Michel Leiris. Mondes intérieurs et sons du corps. Perceptions sonores à «oreille nue» et amplifiées d’un tronc d’eucalyptus perforé par des larves xylophages. Il s’agit aussi d’œufs, de discours insensés projetés et d’êtres du monde prénatal thème de leur résidence 2011. Vernissage le 22 mars à 18h30. C.L. Le dépeupleur/Le monde pré-natal du 22 mars au 26 avril 3bisf-lieu d’arts contemporains, Aix 04 42 16 17 75 www.3bisf.com

Arja /Ali Les deux photographes avaient gardé le contact après une première rencontre et leur résidence personnelle à l’Atelier de Visu en 2006 pour Ali Taptik et 2008 pour Arja Hyytiainen. Les travaux présentés ici ne sont pas le résultat d’une œuvre commune mais le cheminement singulier de chacun, l’un porté par la couleur et l’une fidèle aux noirs et blancs. De la Turquie à la Finlande, contrastes et affinités guidés par Marseille. C.L.

© Arja Hyytiainen / Agence VU

Géraldine Py et Roberto Verde, projet d'installation, 3bisF, Aix-en-Provence, 2012

Arja Hyytiainen / Ali Taptik jusqu’au 28 avril Atelier de Visu, Marseille 04 91 47 60 07 www.atelierdevisu.fr

Paysages, urbanité La photographie a déplacé la notion de paysage. Du pictural relevant du naturel ou du romantique, l’image moderne s’est déportée en particulier sur la représentation de la ville et ses alentours. Dans cette sélection -Ariadna Arnés, Jordi Canosa, César Ordóñez, Álvaro Sánchez-Montañéschacun propose une écriture personnelle des territoires de l’urbain au péri-urbain, au Maroc ou en Namibie, de Barcelone à Tokyo ou Los Angeles. C.L. Entre ville et paysage jusqu’au 19 mai Galerie Detaille, Marseille 04 91 53 43 46 www.galeriedetaille.com © Dominique Bosq Salta ! Marruecos, 2008 © Álvaro Sánchez-Montañés

Le Temps de l’eau Après Istanbul en 2009 pour le 5e Forum mondial de l’eau, les 18 artistes de Take Me To The River se retrouvent à Aix à l’occasion de la 6e édition, croisant leurs nouvelles propositions plastiques avec celles de 3 artistes du territoire : Dominique Bosq (photos numériques), Sylvain Ciavaldini (dessins et installation), Alain Brunet (installation). Au-delà de l’exposition, le musée des Tapisseries propose de nombreuses animations en lien avec des structures sociales et organise un parcours thématique sur les fontaines. M.G.-G. Le Temps de l’eau jusqu’au 20 mai Musée des Tapisseries, Aix 04 42 91 88 75 www.mairie-aixenprovence.fr


ARTS VISUELS 59

Jean Leprêtre En 2008 à La Minoterie, son Chant de coquelicots au nez rouge avait provoqué une vague de bonheur. Depuis, Jean Leprêtre poursuit son chemin parsemé de sculptures monumentales, de fontaines en miroir et d’installations, dans l’espace public ou privé : comme à la galerie Martin Dupont dont il a travaillé la scénographie pour exposer, entre autres, ses travaux récents autour de la figure humaine. M.G.-G. Jean Leprêtre jusqu’au 31 mars Galerie Martin Dupont, Marseille 6e 04 91 48 79 13 www.galerie-martin-dupont.fr

Phocal décalé Les habitués du Salon Photographique d’Allauch vont devoir changer leurs repères. Des travaux prolongés obligent à scinder la manifestation en deux temps, et l’invité d’honneur sera au musée. Grégoire Eloy présentera une sélection de la série Les oubliés du pipeline, édité par Images Plurielles. Vernissage le 6 avril à 19h, suivi d’une soirée rencontre projection en présence de l’auteur. Les clichés sélectionnés pour le concours seront exposés en mai. C.L. Les oubliés du pipeline du 6 avril au 2 juin Musée d’Allauch 04 91 10 49 00 www.phocal.org

Femme à la robe fendue (détail) © Jean Lepretre

Les oubliés du pipeline © Grégoire Eloy

Katia Kameli Duty Free rassemble un corpus d’œuvres emblématiques du travail de Katia Kameli qui explore les territoires incertains et interroge la notion de liberté : l’installation Seven Acts of Love in Seven Days of Boredom réalisée au cours de sa résidence à Location One à New York en 2008 ou, plus récente, Untitled, vidéo tournée en Algérie en 2011 comme une réponse spontanée aux événements du monde arabe. M.G.-G. Duty Free jusqu’au 28 avril Vidéochroniques, Marseille 2e 09 60 44 25 58 www.videochroniques.org A Droste Effect, Katia Kammeli, Tirage lambda contrecollé sur aluminium avec chassis. Courtesy de l'artiste et galerie Eponyme © Katia Kameli © Laurence Lagier

Laurence Lagier Dans les dessins, peintures et photographies de Laurence Lagier, la forme, le signe et la couleur se répètent en d’infinies variations, quasi obsessionnelles. Évocations abstraites et géométriques du paysage urbain dans lesquelles le scotch joue un rôle déterminant… Pour Tzintzuntzan, l’artiste mêle une nouvelle série d’œuvres à un immense dessin réalisé in situ, le tout inspiré de sa prochaine résidence au Mexique. M.G.-G. Tzintzuntzan jusqu’au 31 mars Studio Fotokino, Marseille 1er 09 81 65 26 44 www.fotokino.org


60

ARTS VISUELS

ARLES | ESTRINE Gérard Drouillet, Sans titre, 2009, tempera sur toile, 300x200cm, coll. particulière © Fabrice Lepeltier

Mickey mousse selon Gilles Olry avec le Collectif E3

Art confédéré L’art contemporain sort de l’ombre patrimoniale arlésienne. Une vingtaine de lieux se fédèrent en réseau sous le label Arles contemporain et s’inaugurent fin mars… En Arles, hors de l’antique et de l’évènement photographique estival point de salut ? Que les aficionados de l’art contemporain se réjouissent, ce dernier a désormais son réseau, un site Internet et un dépliant trimestriel à l’instar de Marseille Expos à Marseille ou du Gudgi à Aix. Ces dernières années la ville d’Arles s’est enrichie de plusieurs initiatives, éphémères ou pérennes, venant ren-forcer les quelques lieux déjà existants dans le domaine de l’art contemporain.

Les dix huit En attendant la Fondation Van Gogh et La Vitrine, si le musée Réattu reste l’institution historique et majeure de la ville, il faut compter aussi avec Arena (la galerie de l’École nationale supérieure de la photographie), l’association du Méjan (Actes Sud), Voies Off, les plus modestes mais non moins actifs Atelier Archipel ou Atelier du Midi, Atelier Cinq, galerie Huit, Circa, Analogues en complément de son travail d’éditeur, galerie 2 600, collectif E3, Atelier Gaston de Luppé, chez Arthur et Janine, plus récemment Le Magasin de jouets, Espace pour l’art, L’Hoste art contemporain

et les tout nouveaux Comptoirs Arlésiens de la jeune photographie ! Pour Anne-Sophie Doucet, responsable de la communication au musée Réattu et Laetitia Talbot directrice de l’Espace pour l’art, Arles contemporain est autant un outil de visibilité qu’un premier pas vers la mutualisation entre les structures sans hiérarchie malgré les différences de notoriété ou de statut, public, privé, associatif ou d’entreprise, chacun avec ses compétences et ses savoirfaire, ses artistes, son public. «Arles contemporain n’est pas une institution de plus. Nous ne sommes pas rassemblés en association, ce qui imposerait un échelon à gérer de plus. Arles est une petite ville, on se connaît et on peut se voir facilement, on fait tout à pied ici ! Chacun mène ses projets tout en se retrouvant de manière plutôt informelle. Arles contemporain pourra s’agrandir encore» souligne A-S Doucet. Pour fêter l’avènement de l’événement : toutes les structures organisent un weekend festif du 30 mars au 1er avril. C.L.

www.arles-contemporain.com

Nid Drouillet Trop à l’étroit derrière son élégante façade du XVIII provençal, le musée Estrine devait fermer ses portes plus tôt pour travaux. Mais la disparition récente de Gérard Drouillet, un des artistes avec lesquels le musée entretient des relations privilégiées, en a imposé autrement. L’exposition, relativement modeste mais aux choix pertinents, pointe l’œuvre depuis ses débuts jusqu’aux dernières toiles peu montrées, des dessins brossés à l’encre de chine sur papier d’Ahmedabad, quelques céramiques et terres cuites. Au premier étage on s’arrêtera particulièrement devant les grandes boites que l’artiste gardait presque dans le secret. En dressant à la verticale, dans des vitrines anciennes au format imposant laissées de bois brut, des peintures aux tons ocres emblématiques ou, plus rares, des assemblages/collages sur cartes géographiques rehaussées de couleur, le geste de Gérard Drouillet invite à une familiarité toute particulière avec la peinture, espace scénique entre regard rapproché et intimité

distanciée. Pourtant, Elisa Farran, responsable scientifique du musée, avoue quelques regrets de n’avoir pu offrir davantage au visiteur. «En raison de la configuration des lieux nous n’avons pu présenter qu’une seule sculpture en céramique. Les travaux prévus pour 2013 vont nous offrir un outil plus adapté à nos projets et à la nouvelle programmation.» En effet, l’établissement doit restructurer ses espaces, doubler en surface d’exposition notamment, s’adjoindre des ateliers publics, améliorer les conditions de conservation des collections et de présentation modernisées pour répondre aux exigences de son statut de Musée de France. En attendant, les collections seront visibles dans plusieurs lieux de la région. CLAUDE LORIN

Gérard Drouillet Une joie de vivre jusqu’au 29 avril Musée Estrine, Saint-Rémy 04 90 92 34 72 www.mairie-saintremydeprovence.fr


MAC | ESADMM

ARTS VISUELS

61

Traits d’union Marie Bovo, 11 octobre 2009, tirage ilfochrome maroufle sur aluminium et encadré. Courtesy the Artist et Kamel Mennour, MAC Marseille

La nouvelle exposition du MAC de Marseille se réclame de la déclaration des Droits de l’Homme : tout humain a le droit à l’épanouissement culturel. C’est la mission qu’Art of the world, ONG affiliée aux Nations Unies s’est fixée : organiser des événements artistiques autour des valeurs de droit et d’égalité. Adelina von Fürstenberg, présidente, et Thierry Ollat, directeur du MAC, ont assuré l’installation de ce panorama de l’art contemporain du pourtour méditerranéen, carrefour politique et économique entre Orient et Occident. Dès l’abord la diversité des modes d’expression et des préoccupations des artistes est frappante. Le libanais Ziad Antar souligne l’abandon de Beyrouth en montrant les bâtiments saccagés de la ville qui occupent l’espace comme des cicatrices béantes. Dans un esprit plein de sérénité le suisse Jacques Berthet utilise le noir et blanc pour de grands formats carrés qui magnifient la majesté des oliviers, comme des promesses d’apaisement. «Endroits intermédiaires» à mi-chemin entre espace public et privé, les cours intérieures du quartier Belsunce de Marseille interpellent Marie Bovo. Ses photos prises du sol vers le ciel proposent un point de vue inhabituel : le ciel apparaît comme un rectangle vide entouré sur les 4 bords par les immeubles ; du linge étendu barre parfois cet espace, seul signe de présence humaine.

Proposition tout aussi déstabilisante et inhabituelle, la vidéo d’Ange Leccia, La mer, montre ce que nous ne voyons jamais : des vagues sur une plage du Cap corse vues en plongée

et plan fixe nous plongent dans un état hypnotique. Autre film en plan fixe, Le mur, du Marocain Faouzi Bensaïdi, enregistre des scènes saugrenues avec des gens qui escaladent

Exit l’École des Beaux-arts, vive l’ESADMM, École d’Art et de Design Marseille Méditerranée, désormais établissement public (EPCC) sous la tutelle de l’État et de la Ville. Jean Mangion, le nouveau directeur, se félicite de cette nouvelle autonomie qui permet plus de réactivité dans la gestion : «Désormais nous pourrons effectuer commandes et réparations dès que la nécessité s’en fera sentir. Les ressources proviennent de la Ville à concurrence de 5 millions d’euros, 700 000 euros de l’État et une part d’autofinancement, notamment par les droits d’inscription. Nous allons développer l’autofinancement avec une recherche de partenaires et de taxes d’apprentissage.» Jean-Louis Connan, directeur pédagogique et artistique, ne cache pas sa satisfaction : «Avec une nouvelle politique de communication nous espérons avoir plus d’étudiants. Nous ferons désormais deux concours d’entrée : un en mai comme d’habitude et un en septembre, pour permettre les orientations post-Bac. Nous prévoyons aussi une vraie classe préparatoire au concours d’entrée dans les Écoles d’Art.»

Le projet pédagogique insiste sur le renforcement de l’option Design et le développement de la recherche par les échanges avec des partenaires publics et privés, éléments fortement souhaités par l’AERES (Agence d’évaluation). Un pôle numérique réunissant l’ensemble des ressources dans un grand atelier sera sécurisé au milieu du Campus et accueillera des projets de culture numérique. La présidente Anne-Marie d’Estienne d’Orves évoque aussi les projets de mise en conformité des bâtiments qui se feront par tranches pour un montant de 6 millions d’euros. Le 14 mars l’École recevait le public qui a pu se renseigner sur les diplômes d’État, les masters et les programmes Erasmus. Mais aussi visiter les 10 000 m2 de locaux, la pinède et les travaux d’élèves. Une nouvelle dynamique est en marche à Luminy ! CHRIS BOURGUE

1er concours d’entrée : 9, 10 et 11 mai 04 91 82 83 10 www.esadmm.fr

Photo issue de la plaquette d'invitation aux portes ouvertes du 14 mars © X-D-R

L’ESBAM grandit !

et révélent leurs difficultés de vie. Le Turc Huseyin Karabey propose un film d’animation en noir et blanc, fabriqué à partir d’images TV et de dessins, qui montre le cortège funèbre d’un journaliste assassiné et le discours de sa femme intégralement restitué. L’Algérienne Zineb Sedira a tourné un documentaire sur le travail d’un photographe sur la révolution algérienne avec l’interwiev de son épouse, gardienne de son oeuvre. L’Albanais Adrian Paci installe 4 vidéos d’images glanées et retraitées qui passent à vitesse lente les adieux d’une jeune mariée à sa famille créant une tension émouvante. Dans un esprit totalement différent l’italien David Casini présente des maquettes miniatures d’immeubles qui défigurent la côte italienne, il les pose sur des éléments naturels issus de la mer et met le tout sous cloche comme des objets précieux... Et il y a aussi l’installation de Maria Papadimitriou (Grèce), la vidéo du palestinien Khalil Rabah, le matelas brodé de Ghada Amer (Égypte) et le tapis de Gal Weinstein (Israël)... CHRIS BOURGUE

The Mediterranean Approch une exploration de la culture contemporaine en Méditerranée MAC, Marseille jusqu’au 20 mai 04 91 25 01 07 www.mac.marseille.fr


62 ARTS VISUELS ENTRETIEN AVEC JEAN-CLAUDE SURIAN | AGNÈS MELLON

Tout format ! Deux expositions personnelles sous notre soleil et ailleurs, une copieuse monographie aux éditions Autres Temps… Rencontre entre deux projets avec Jean-Jacques Surian Zibeline : Vous m’annonciez une actualité plutôt chargée après une période assez calme… Jean-Jacques Surian : C’est relatif ! J’expose prochainement à Arteum et chez Bercker ; j’ai depuis peu une salle permanente au musée de Céret, une rétrospective au Garage à Béthune, ma galerie à Paris qui me représente depuis deux ans et le livre avec Autres Temps. Que verra-t-on à Arteum ? J’ai fait une sélection de soixante pièces, trente toiles, quelques nouvelles et vingt grands dessins des années 90 à 2000. Pierre Vallauri m’a laissé carte blanche. Il y aura des Autoportraits récents et quelques toiles de la série La Vie en société de 2011. Chez Vincent Bercker des travaux plus petits sur papier. Au même moment sort un ouvrage de presque quatre cent pages avec Autres Temps avec tiré à part en souscription. Comment est venu ce projet ? Cela fait trois ans déjà ! J’avais rencontré Christiane Courbon suite à un de ses articles. Elle est venue à mon atelier et nous fait les démarches habituelles avec plus ou moins de résultats, les recherches de financement. Au final le CG 13 nous a octroyé 1 200 euros et pour le reste on se débrouille. Est-ce suffisant ? Il fallait le triple ! Mais le projet a été bien accueilli, on a bien avancé pour la réalisation graphique, l’impression avec Horizons. Pour la maquette c’est Martin Carrese, un ancien de mes élèves qui s’en occupe. C’est son premier gros projet du genre. Il a été enthousiaste dès le départ. Et puis j’y ai mis beaucoup de moi, la souscription devrait y aider (voir Zib’49). Et quelques signatures… Là aussi chacun a été formidable. On se connais-

Jean-Jacques Surian dans son atelier, 2012 © C.Lorin/Zibeline

sait déjà, même si je n’avais pas revu Yves Michaud depuis un bon moment mais il a été partant tout de suite. Et Jean Arrouye bien sûr. Ce livre comporte près de mille illustrations. C’est un catalogue raisonné ? Non, je n’en suis pas à la fin de ma vie ! On pensait faire deux volumes. De cinq cent reproductions on est passé à mille. Ça commence bien sûr à mes débuts, des œuvres de jeunesse jamais montrées mais j’ai peu de photos correctes de cette époque, pour en arriver à maintenant et mes dernières séries. Où en est la souscription ? Nous en sommes à quarante sur les soixante quinze exemplaires. Donc avis aux amateurs et collectionneurs ? J’ai toujours espoir ! À ce propos, vous êtes aussi dans Marseille 2013 Off.

Oui, la situation de Marseille capitale paraît assez confuse. Je ne comprends plus grand chose dans tout cela ! Alors j’essaie d’apporter ma petite contribution d’artiste. PROPOS RECUEILLIS PAR CLAUDE LORIN

Jean-Claude Surian De l’anecdote à l’universel, 1960-2011 du 4 avril au 2 mai Arteum, ChâteauNeuf-Le-Rouge 04 42 58 61 53 www.mac-arteum.net Œuvres sur papier du 3 mai au 2 juin Galerie Vincent Bercker, Aix 04 42 21 46 84

Bertrand Chamayou © Agnès Mellon

Agnès Mellon Dans Coulisses intimes la photographe captait des portraits backstage. Toujours au théâtre des Salins, elle donne cette fois la priorité au geste. Cette nouvelle série, toujours en coulisses, tirée sur support bâche, tente de saisir les postures, les préparatifs, les instants de concentration. «Pourquoi peu de photos de spectacles ? Parce que les photos en backstage correspondent plus l’authenticité que je veux exprimer. Le masque de l’artiste apparaît doucement mais les traits, l’intimité humaine restent présents.» Forte de son succès, son expo au Klap, Désaxés, est quant à elle prolongée jusqu’à fin avril. C.L. Métamorphose à partir du 6 avril Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr


VAR

ARTS VISUELS

63

Nid d’artistes Créé par l’urbaniste Éric Marro, la comédienne Francine Di Mercurio, le Dojo théâtre se transforme en galerie-atelier sous l’impulsion de Raoul Hebreard et Sophie Menuet, tous deux plasticiens. La cohabitation est habile : «Ce n’est pas une galerie car nous avons une autre façon de montrer les œuvres. Les artistes rentrent dans ce jeu-là, plus souple.» Régulièrement ils font la part belle au dessin contemporain, œuvres sur papier, carnets de croquis, travaux préparatoires… Dernière invitée Yifat Gat qui réalise sur le miroir de la salle de spectacles une œuvre magistrale, trace éphémère de sa performance «chorégraphique» au blanc de Meudon poudré et laiteux. Dessin aux traits infinis, écriture qui

se joue de la transparence et de la matière, du temps et de l’effacement, dont les résidus elliptiques sont visibles aussi en vidéo. D’autres dessins, bien sûr, donnent corps à son puissant travail. Autour d’elle, quatre artistes qu’elle a souhaité réunir : Bryan Cypher qui fait éclater l’espace en morceaux de papier d’emballage, déplie à plat les volumes et construit une architecture en trompe l’œil ; Vincent Hawkins dont on pénètre de manière intuitive le cheminement mental ; comme une récurrence visuelle, les dessins de Ky Anderson sont traversés d’un bleu travaillé en ligne ou en aplat, en rupture, en surface mate ou brillante, en coulure et en hachure. Et René Korten dont l’œuvre «classique» s’inscrit

Galerie 1.52, réalisation in situ de Yifat Gat © Raoul Hebreard

dans l’art abstrait américain : densité des couleurs, cadrage admirable, chaos ordonné des formes et des lignes, équilibre du cacher-révéler. Bref, une bande de Five formidable.

Five, Carte blanche à Yifat Gat jusqu’au 7 avril Galerie 1.52, La Seyne-sur-Mer 06 63 82 22 12

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

À fleur de peau Fleur © Solange Triger

Trois tondi aux arabesques matissiennes rompent la stricte géométrie de l’Espace d’art Le Moulin, derniers travaux de Solange Triger réalisés in situ «pour recréer un nouvel espace». L’effet est saisissant et ne décline pas au fil de l’exposition qui allie séries anciennes (dont des copies de toiles aux couleurs incandescentes et aux lignes jaillissantes) et nouvelles recherches issues de sa résidence en Indonésie. Cinq semaines à Surabaya et à Bali pleines de photos, de dessins, d’odeurs, des couleurs de l’architecture, de visites d’ateliers d’artistes, de découverte d’une culture «très puissante, prolixe» et de la pratique du batik. De retour dans son atelier de Toulon -ancienne boutique L’Horloge des fleurs cela ne s’invente pas !-, Solange Triger réinterprète cette technique sur des panneaux de bois de 3 mètres de circonférence avec, en mémoire, le contact avec la nature et la végétation si particulières : «Le foisonnement était tel qu’il fallait que j’atteigne un trait simple qui court, part et revient.»

lures. Ses toiles touchent alors à l’abstraction, avec une palette chromatique plus douce et une fluidité plus grande encore du mouvement. Après l’Indonésie, l’artiste s’apprête à retourner dans sa ville natale de Safi pour, cette fois, travailler le batik sur de petits formats inspirés par les motifs traditionnels de la poterie marocaine. Retour au carré, au geste ancestral, aux souvenirs mêlés à l’odeur voluptueuse d’une autre nature. M.G.-G.

Surabaya Solange Triger jusqu’au 28 avril Espace d’art Le Moulin, La Valette-du-Var 04 94 23 36 49 www.lavalette83.fr

Ce qu’elle parvient à créer magnifiquement, inscrivant dans la profusion une simplicité de la forme, du délié, une transparence jusque dans les cou© Alain Le Cozannet

Sous le cygne de l’art 35 000 habitants, 4 lieux permanents, 60 expositions annuelles sur l’ensemble des sites, 12 personnes : la Ville de Six-Fours a pris les arts visuels au sérieux en créant un Pôle arts plastiques dirigé par Dominique Baviera, également responsable du Fonds d’acquisition. «Je suis attaché à la politique du 1% pour embellir les espaces publics», explique celui qui défend une programmation éclectique, ouverte à tous les médiums, tous les styles, toutes les générations, volontairement sans ligne artistique. «On passe du coq à l’âne histoire d’être toujours dans l’effet de découverte. On ne veut pas rentrer dans les habitudes», préférant ainsi se détacher des autres scènes varoises : «La Villa Noailles ou l’Hôtel des arts ont une identité. Je trouve que notre spécificité est justement de ne pas en avoir. On n’est pas là pour imposer quelque chose aux gens ni se faire plaisir.» Du coup le Pôle arts plastiques ose le grand écart entre les genres en naviguant entre la Maison du patrimoine, la Batterie du Cap Nègre

(salle muséologique où vient de s’achever une exposition de livres d’artistes), l’Espace Jules de Greling (tremplin pour la pratique amateur), la Maison du Cygne dédiée à l’art moderne et contemporain avec des artistes de renom (Henri Le Chênier cet été) et des découvertes (Agnès Segura et Alain Le Cozannet en avril). Le tout accompagné d’une myriade d’activités et de partenariats complices en valeur ajoutée. Seul bémol cette année, l’absence de la Ville dans le parcours de Photomed qui aurait permis au public d’appréhender la photographie contemporaine internationale… M.G.-G.

Alain Le Cozannet (peinture) et Agnès Segura (sculpture) du 20 avril au 20 mai Maison du Cygne, Six-Fours 04 94 10 49 90 www.poleartsplastiques.sitew.fr


64

CINÉMA

MANOSQUE

Manosque ne ment pas !

Sur la planche (2)

Chine People mountain people sea (traduction extravagante d’un mot désignant la force de la multitude) de Caï Shangjun s’inspire d’un fait divers. Un héros misérable se trouve une raison de vivre en traquant Cette année encore, Les rencontres de Manosque l’assassin de son frère, encore plus misérable que -25ème édition- ont offert à leur public une multiplicité lui. Prétexte narratif pour parcourir l’immensité d’un de regards sur le monde. Documentaires, fictions, pays mutant, du blanc crayeux des carrières du sud films de tous formats et de tous styles posant à la noirceur charbon des mines illégales du nord, chacun à sa manière la lancinante question «Est-ce et découvrir les ravages du libéralisme sauvage ainsi que les hommes vivent ?» Dans le grand souffle sacrifiant des millions de paysans déclassés. de l’histoire sur la place publique avec le Tahrir de Traverser Le Fossé de Wang Bing soumet le corps Savona, dans le combat quotidien pour le travail et la du spectateur à rude épreuve, une immersion sensurvie à Tanger avec Sur la planche de Kilani ou dans sorielle totale. Car dans ce film âpre, on partage durant l’Europe des délocalisations, de la xénophobie, des deux heures et demie la survie -ou non- d’hommes doutes avec Entrée du personnel de Manuela Fresil ravalés au rang de bêtes par le régime de Mao au moou la Désintégration de Philippe Faucon (Zib’46). En ment de la réforme agraire, en 1960. Morts en sursis Italie ou en Finlande… dans des camps de travail, ils doivent défricher sans «Le cinéma peut s’emparer de tout» a affirmé Stan fin 4 000 ha dans le désert de Gobi, affrontant le froid, Neuman en présentant deux de ses défis cinémato- le vent, le sable, attendant, sans espoir, la relève de graphiques. Le premier, de 2004, totalement réussi, 20 000 hommes au printemps. Logés dans des dorLa langue ne ment pas met en scène le journal toirs tombeaux creusés dans les anfractuosités du secret de Victor Klemperer, philologue juif qui, de sol, ils doivent aussi trouver leur nourriture : graines, 33 à 45, a montré comment les discours nazis vident rats bouillis, chair humaine parfois. Ce sont des intelles mots de leur sens et court-circuitent la pensée. lectuels, ingénieurs, cadres du parti, des hommes Documentaire tourné en studio, la chronique histori- qui ont continué à penser, autrement, qui ont été que jouant sur les échelles de plans, s’attache à un dénoncés. Le parti pris de Wang Bing dans cette fiction concret bouleversant et donne à la pensée abstraite inspirée du réel est radical : faire partager au spectade Klemperer une matérialité sensible. Le deuxième, teur impressions et sensations de ces morts vivants de 2011, L’œil del’astronome, retrouve Johannes Kepler, dans la promiscuité : on sent l’odeur des corps en train à Prague, en 1610. L’astronome de Rodolphe II ob- de mourir, attendant qu’on leur vole leur couvertureserve les étoiles grâce au télescope prêté par Galilée. linceul, qu’on les mutile même pour les dévorer Euphorie de l’expérimentation scientifique qui boule- parfois ; l’odeur du vomi réingurgité par l’autre, affaverse la façon de voir, de penser dans une époque mé. La peau ressent les morsures du vent, du sable mystique de chasse aux sorcières et de troubles ou de la neige. Les cris de désespoir de l’unique politiques. Un nocturne historique didactique peu femme du film, venue de Shanghai rendre visite à convaincant. son mari, mort 8 jours avant, qui ne se résigne pas à repartir sans avoir retrouvé le Un monde sans femmes de Guillaume Brach corps du défunt, sans lui avoir rendu un dernier hommage, donnant la force à deux «prisonniers» de tenter de refuser l’inacceptable, résonnent longtemps dans les oreilles… Le Fossé nous donne une vraie claque ! Continuons à penser et à résister !

Sur la planche de Leïla Kilani

Le Fossé de Wang Bing

Nous avons rencontré Leïla Kilani dont le dernier film, Sur la Planche a été présenté aux Rencontres de Manosque (voir Zib’49). Suite !

Loin de la pesanteur théorique, Un monde sans femmes, moyen-métrage de Guillaume Brach, imagine un quadrille rohmérien : le timide, le gendarme, l’allumeuse et la jeune fille. Il y capte l’essentiel, la maladresse des solitudes, les balbutiements des désirs, par l’utilisation de l’arrière-plan, le sens des détails, la simplicité du découpage. Cette comédie du réel douce-amère rappelant Rozier, semble faussement légère au regard de la brutalité des œuvres chinoises de la sélection.

Zibeline : Comment s’est passé le tournage ? Leïla Kilani : Cela a été compliqué : l’industrie de la crevette a craint un Cauchemar de Darwin et a interdit l’accès aux usines. Mais grâce à un fonctionnaire du Ministère de la pêche, on a pu faire des repérages avec les filles ; on a pu avoir un local pour construire notre décor. Dans les rues de Tanger, j’ai tourné comme dans le documentaire, sans crainte. Et la mise en scène ? Le choix des couleurs, le rythme ? C’est un film noir ; j’ai joué avec le noir et le blanc en alternant les scènes très éclairées dans l’usine et les scènes nocturnes dans les rues. Au niveau du rythme, le film est une syncope. La voix off était-elle prévue au départ? Oui, j’adore les voix off ! Mais seul le prologue de Badia «Je ne vole pas : je me rembourse. Je ne cambriole pas : je récupère. Je ne trafique pas : je commerce. Je ne me prostitue pas : je m’invite. Je ne mens pas : je suis déjà ce que je serai. Je suis juste en avance sur la vérité : la mienne» était écrit avant le tournage. 90 % de la voix off a été écrit après. Est-ce que le film a été difficile à monter ? Avec le budget dont on disposait, si on n’inventait pas de nouvelles manières de tourner, on ne pouvait pas faire de film. On a produit en pensant à des plans de travail très graduels. C’est un film avec de nombreux figurants, des décors, la pluie -car je voulais la pluie ! Et je suis allée jusqu’au bout contre vents et marées. Maintenant c’est un état de grâce… Des projets en cours ? Oui, un documentaire sur les procès politiques avec l’INA. Une fiction dans la bourgeoisie de Rabah pendant un mariage et un road movie…

ANNELISE

Le Fossé de Wang Bing a été projeté à L’Alhambra Cinémarseille le 17 mars

Si vous deviez résumer Sur la planche en une phrase? C’est l’histoire de quatre filles en course. PROPOS RECUEILLIS PAR ANNIE GAVA


IMAGE DE VILLE | INSTITUT DE L’IMAGE

CINÉMA

65

Histoires d’eaux Que d’eau ! Que d’eau ! En ce mois de mars où Marseille a accueilli le FAME (6ème Forum Alternatif Mondial de l’Eau) et le PMJE ( Parlement Mondial de la Jeunesse pour l’Eau), de nombreux événements cinématographiques ont été proposés : les 3èmes Rencontres internationales Eau et Cinéma (RIEC), les documentaires scientifiques de Let’s Talk About Water, et les 7èmes Journées du Film sur l’Environnement organisées par Image de Ville, dont le titre Eau claire, Eau trouble mettait en évidence l’ambivalence de l’eau, source de vie et de tensions, de rêves et de cauchemars, filant les métaphores dans toutes les langues, thème poétique et enjeu géopolitique capital pour l’avenir de la planète bleue. En ouverture, Pascal Privet directeur des rencontres de Manosque et le réalisateur allemand Veit Helmer ont présenté à la Cité du livre d’Aix, Absurdistan qui raconte la grève du sexe de vaillantes villageoises pour que leurs fainéants de maris réparent une canalisation rompue et remédient au manque d’eau de la

communauté. Un film burlesque presque muet aux personnages hors normes, proches de ceux de Kusturica et de Fellini, tiré d’un fait divers turc, tourné en Azerbaïdjan, s’achevant en une apothéose sexuelle et cosmique. Conte joyeux sur l’héroïsme et la force de la jeunesse, dont La Source des femmes de Mihaileanu est, selon certains, un pâle plagiat. Même énergie vitale chez les paysans mexicains résistant à la construction du barrage qui les anéantirait dans Et le fleuve coule encore de Perez Roja projeté en clôture, à Marseille. Dispositif original, les trois «fontaines documentaires» en accès libre dans la cité Méjanes ont diffusé en continu 60 films de 1 à 109 minutes : spots à messages citoyens des RIEC, docs didactiques comme le Nom de la rose de Berrod qui nous dit tout sur les fèces, docs historiques comme le Dédié à Craponne de Chartier, enquêtes-reportages sur la pollution des eaux par l’arsenic au Bengladesh ou par fracturation hydraulique aux USA L’eau du diable d‘Amirul Arham, Gasland de Josh Fox, enquête sur le déclin de la mer d’Aral

Absurdistan de Veit Helmer

(Aral, mer de la soif d’Afanassieff), dénonciations de la spoliation de l’eau à Guarani ou en Cisjordanie (Main basse sur l’eau de Lugones, Courants interrompus de Goetschmann et Davidi), films d’animation pour enfants, rêveries poétiques comme celle en noir et blanc d’Un

bateau ivre d’Olivier Grossetête qui nous entraîne avec malice dans un navire de papier à taille humaine de La Nuit du chasseur à Délivrance. Un flot de films pour «éveiller» les consciences et émerveiller les yeux. ÉLISE PADOVANI

Téhéran et les femmes Heureuse initiative de l’Institut de l’Image (Aix) que ce cycle Iran, une révolution cinématographique. Outre les nombreux films projetés, le 10 mars une table ronde animée par Caroline Renard, universitaire, a réuni les cinéastes Sepideh Farsi, Nader Omayoun et le chercheur Bamchade Pourvali pour faire le point sur ce cinéma, ses enjeux, ses caractéristiques, ses modes de production et de diffusion : deux heures passionnantes ! Avant cet échange, Nader Omayoun a présenté son 1er long, Téhéran, tour-né avant les élections, en 18 jours et un petit budget. Un polar à critique sociale, un film qu’il a voulu «haletant pour éviter l’ennui !», portrait de la ville de Téhéran, bonne introduction à l’analyse du tournant de ces dernières années : le passage aux films «urbains». Car avant les années 90, les cinéastes tournaient à l’extérieur, films de désert, de campagne. Le cinéma de Jafar Panahi résume l’évolution de cette tendance : assistant de Kiarostami, figure «tutélaire», il tourne Le Ballon d’or à Téhéran et son personnage principal, une fille, préfigure le rôle des femmes dans les films. Son 2ème film, réalisé en 1997, Léopard d’or au Festival de Locarno, sera le dernier avec un enfant : Mina (excellente Mina Mohamad-Khani) décide de rentrer seule à la maison plutôt que d’attendre sa mère à la sortie

nante du groupe d’amis partis passer 3 jours au bord de mer est une femme, Sepi-deh (Golshifteh Farahani) ; ce qu’on retrouve dans La Séparation qui, com-me les précédents, mettent l’accent sur la middle class de Tehéran, autre tendance du cinéma actuel. Avec l’Oscar du meilleur film étranger pour Une Séparation d’Asghar Farhadi, d’après le gouvernement de Téhéran, le cinéma iranien est entré dans l’histoire ! Mais quels films voit-on en Iran ? L’état choisit et diffuse des films étrangers dans 200 salles environ. Une centaine de films sont tournés par an dont une soixantaine sortent en salle, ceux qui ont franchi les diverses commissions : un vrai parcours du combattant! La censure est féroce : nul n’ignore les déboires de Jafar Panahi qui prenant au pied de la lettre l’interdiction de tourner, la détourne et met en scène l’angoisse, le désœu-vrement et son refus de la résignation en Téhéran de Nader Omayoun filmant malgré tout en compagnie initiés par le Kanun, Institut pour le Dévelopde son ami, Mojtaba Mirtahmasb. Magnifique pement Intellectuel des Enfants et des Jeunes leçon de cinéma et de courage ! Adultes ? ANNIE GAVA Le Cercle, Lion d’or à Venise, est emblématique de ces films qui traitent de la situation des femLe cycle Iran, une révolution cinématographique mes. Dans À propos d’Elly d’Asghar Farhadi, qui s’est tenu du 7 au 20 mars évoque les relations entre hommes et femmes et à l’Institut de l’image, Aix l’omniprésence du mensonge, la figure domide l’école. Tenace et imprévisible, elle tient tête aux adultes qu’elle croise et finit par changer le déroulement du film, en refusant d’obéir aux directives du metteur en scène, Jafar Panahi lui-même. Une critique des films sur l’enfance


66

CINÉMA

FILMS | SÈTE

Central Variétés : Gainsbourg tel quel 1965 Claude Dagnes / Au fil des Rues : Créteil Josée Dayan © INA

Le Temps d’une chanson On croit tout savoir sur Gainsbourg. Il a construit sa légende à travers ses déclarations, ses récits, ses films, son alcoolisme, ses conquêtes, ses provocs et surtout ses chansons. Celles qui disent «je», celles qui disent «tu», celles qui magnifient des doubles électifs : Jekyll, Hyde, Clyde Barrow, et le blasé àquoiboniste. L’homme à tête de chou en a vraiment bavé, il l’avoue. Après le biopic fantasmé très réussi de Sfar sur cette vie «héroïque», PierreHenry Salfati nous offre un superbe «film à voir et à revoir», Je suis venu vous dire… avec la voix de Lucien Ginzburg alias Serge comme guide. Voix

hypnotique, douce, cassée, pâteuse, souvent dissociée des images d’archives ou des illustrations fictives. Voix dont le virtuose montage épouse le phrasé syncopé, respecte les silences. Un film en distorsion comme l’autoportrait de Bacon aimé par le chanteur. Le noir et blanc côtoie la couleur. Le temps ne file pas, linéaire de la naissance à la mort, tout est toujours là, en contact intime comme dans un pliage : Odessa et Paris, l’étoile jaune et Rock around The bunker, les bois où le jeune Lulu se cache des miliciens et les briquets des fans en concert. Le réalisateur nous fait découvrir tout ce

que ce crooner malgré lui n’a pu être, dadaïste, peintre, architecte, cinéaste reconnu. Portrait en creux de ce juif russe français qui se tient devant ou derrière les miroirs brouillant son identité. Le public, venu très nombreux à la projection organisée par Judaïciné et le cinéma Les Variétés le 27 février, a longuement applaudi Salfati présent dans la salle et a entonné en chœur La javanaise, le temps d’une chanson. ÉLISE PADOVANI

Le sexe est un droit ? En lisant ce pitch, on peut s’attendre au pire ! Trois jeunes d’une vingtaine d’années aiment le vin et les femmes, mais ils sont encore vierges. Ils partent en Espagne dans l’espoir d’avoir leur première expérience sexuelle. Rien ne les arrêtera… Pas même leurs handicaps : l’un est aveugle, l’autre est confiné sur une chaise roulante et le troisième est complètement paralysé. Eh bien… le road movie est très réussi, drôle et tendre. Une belle histoire d’amitié, que nous offre le réalisateur flamand, Geoffrey Enthoven, dont c’est le 5ème long métrage. Le 5 mars aux Variétés à Marseille, avec Isabelle de Hertogh, superbe dans le rôle de Claude, il nous a parlé d’Hasta la vista. «Le titre ? Il vient du nom du héros du documentaire anglais For One Night Only, Asta Philpot, un handicapé anglais qui avait effectué, avec deux copains et ses parents, un voyage en Espagne où

Isabelle de Hertogh et Geoffrey Enthoven © A.G

les bordels sont accessibles aux handicapés. Une fiction ? J’ai eu envie d’en faire une comédie : si les gens rient, ils sont plus accessibles au message : le droit à tout pour tous ! Le film a été tourné en octobre et novembre 2011 en 36 jours ; j’avais

d’abord cherché des handicapés pour jouer Philippe, Lars et Jozef, j’y ai renoncé après plus d’un an de rencontres. On a eu l’impression qu’on allait refaire un docu. Robert Vanden Thoren a passé six semaines dans un fauteuil roulant et s’est confronté ainsi au regard des autres pour s’imprégner du personnage de Philip. Le nouveau cinéma belge ? C’est tout neuf ! Les Belges ont plus de facilité à relativiser. On n’est pas fiers, comme les Français, d’être belges, pas fiers de nos politiciens ! On traite de sujets sérieux et on allège. On aime les choses décalées…» Claude Lelouch, qui a eu le coup de foudre au Festival de Montréal, distribue le film, dont les droits ont déjà été achetés pour un remake aux USA... ANNIE GAVA

Indignés n’est que le fil rouge que Tony Gatlif tire pour nous faire découvrir à la fois la misère du monde et les «indignados» de Tunisie, Athènes, Paris

ou Madrid. Bel exercice de style où il n’hésite pas à utiliser métonymies, métaphores, répétitions, symboles dont certains ont une force poétique Indignados de Tony Gatlif

Indignados, de Tony Gatlif, «librement inspiré» du slogan de Hessel démarre comme une fiction. La séquence initiale, pleine d’énergie, montre une jeune Africaine qui sort de l’eau, se lance dans une course éperdue, à travers bois, découvre une voie ferrée où s’alignent vieux matelas et couvertures et dont les wagons abandonnés servent d’habitations de fortune. En voix off, une lettre qu’elle a écrite à sa famille pour dire que tout va bien. On va découvrir qu’elle est en Grèce, première étape de son «voyage» de clandestine. Mais ce personnage

évidente comme les magazines qui tourbillonnent dans le vent ou les oranges qui dévalent les pentes et même les escaliers, rappelant ceux du port d’Odessa chez Eisenstein. Est-ce leur utilisation récurrente, les surimpressions à la Godard en lettres multicolores de citations d’Hessel, ou le surjeu de certains acteurs qui tiennent le spectateur à distance et enlèvent un peu d’émotion ? Dommage ! Car on a senti Tony Gatlif très «indigné» lors de son passage à Marseille au cinéma Variétés le 22 février ! ANNIE GAVA


Varda à Sète À Sète, y’a pas que Paul et Georges, y’a aussi Agnès ! C’est en costume de patate qu’Agnès Varda nous accueille, celui qu’elle portait à la biennale de Venise en 2003. Si l’on s’attarde quelques minutes on entend sa voix, si particulière, qui énumère le nom des variétés de pommes de terre. C’est là que débute le voyage dans le temps et l’espace de la cinéaste-photographe-plasticienne, les territoires et la mémoire d’Agnès. La première installation, Patatutopia, est consacrée au «légume le plus modeste du monde», un triptyque au centre duquel on voit de vieilles patates, cœurs vivants qui palpitent, avec sur les écrans latéraux, radicelles et germes... La patate est aux prises avec le temps, qui est aussi au cœur des deux petits films réalisés à partir de deux photos. «Photographie et cinéma vont de pair dans ma tête, comme un frère et une sœur intimes au temps de leur enfance et devenus antagonistes…» : dans les 3 Portraits à Volets Vidéo, des images filmées proposant un environnement autour d’un portrait fixe. Troublant ! Après une escale très colorée plus légère, Ping pong tong et camping, avec musique de Lubat, on se re-

trouve devant les Veuves de Noirmoutier : 14 chaises pourvues d’écouteurs, proposées au visiteur pour rencontrer Alice, Janine, Hélène, Inès… qui nous parlent de leur vie, de leur solitude, de la perte de l’être aimé, sur 14 écrans encadrant un écran central plus grand où tourne, sur le sable, le manège de 14 femmes en deuil, au son de la mer et du violon. Agnès, assise sur la plage au milieu des algues, à côté d’une chaise vide, est muette : une chanson parle pour elle. Un moment très émouvant. Dans le Dépôt de la cabane de pêcheurs, une baleine échouée est en colère contre le monde qui va mal ! Quand on sort du Musée Paul Valéry on peut s’attarder encore dans les jardins, devant un tumulus : sur le sable, des images de Zgougou, la chatte bien aimée de la tribu VardaDemy, alternent avec des coquillages et des fleurs de crépon. ANNIE GAVA

Y’a pas que la mer Agnès Varda Musée Paul Valéry, Sète jusqu’au 22 avril 04 99 04 76 16 www.museepaulvalery-sete.fr

Affiche A. Varda © A.G

Agnès V. bientôt à Aix ! Depuis 2005, le CG 13 propose à de grands noms de la photographie de réaliser un reportage autour d’une thématique. Après Raymond Depardon autour des «déserts» du département et Bernard Plossu sur le thème de la représentation de la superstition et/ou de la tradition de l’ensemble des ethnies du département, c’est à Agnès Varda qu’une commande a été passée pour une exposition à la Galerie d’art d’Aix en janvier 2013. C’est autour du corps qu’Agnès V. va travailler : notre département est le seul dont le nom comporte une partie du visage ! A.G


68

LIVRES

PATRIMOINE | ARCHITECTURE

Mémoire ouvrière 14 000 m2 de béton : l’une des plus grandes entreprises niçoises du bâtiment est devenue un lieu d’accueil et de résidence pour compagnies de spectacle vivant. Ouvriers, artistes, même combat ? Sur les traces des bâtisseurs a en tout cas été conçu comme un hommage des nouveaux occupants de la Halle Spada à leurs prédécesseurs. Au terme d’une collecte de témoignages et d’archives confiée à Robert Matthey, photographevidéaste, ce sont plus de 30 heures d’entretiens avec les anciens salariés qui ont été utilisées pour restituer la mémoire ouvrière du site. Printemps 2010 : un parcours-spectacle est proposé par Vanessa Clément au public niçois, mettant en scène le travail de 24

artistes, techniciens et plasticiens dans ce gigantesque espace. Le livre-DVD qui vient de paraître est une manière de prolonger cette œuvre collective de valorisation du patrimoine industriel local. Ainsi l’art permet d’entendre la voix du passé, le témoignage de ces vies consacrées au travail, le quotidien de l’Elégant, Pouf Pouf, la Libellule, Pierre l’Arabe, Jeannot le Corse, Testa Blanca et le Ruffian pendant leurs décennies d’activité. Les intermittents d’aujourd’hui se sont emparés de l’esprit des lieux, et mériteraient de faire des émules.

Sur les traces des bâtisseurs Collectif l’EntrePont Serre Editeur, 18 €

GAËLLE CLOAREC

La boîte à idées Il y a un peu plus d’un an, l’exposition Construire Bruxelles recensait au Bozar les futurs grands questionnements du renouveau architectural et urbanistique de la capitale belge. Ces défis urbains majeurs s’exposent aujourd’hui dans un superbe ouvrage publié sous la direction de Joachim Declerck, Construire Bruxelles, architectures et espaces urbains, 44 projets, 5 défis. Les grands axes de ce vaste chantier sont définis à travers 5 grands thèmes : la démographie, les équipements publics, l’économie urbaine, la mobilité et les nouveaux quartiers. Pour ne plus cantonner cette ville en mutation à l’Art Nouveau de Horta et Cie, si élégant

soit-il, 44 projets singuliers et novateurs sont étudiés à travers l’Europe, de Lyon à Amsterdam, de Zurich à Porto, en passant par Londres, Barcelone et Le Havre où se côtoient nouvelle génération et architectes de renoms (Jean Nouvel, Zaha Hadid…). Un grand format aux illustrations de qualité, à la mise en page originale agréable à parcourir, qui a l’intérêt de donner à voir un renouveau européen fourmillant d’idées, véritable laboratoire bruxellois.

Construire Bruxelles Ouvrage collectif Parenthèses

FRED ISOLETTA

Donner du sens à l’argent Ce livre corse commence comme une fable, avec le ton suranné de l’épopée romantique, une mystique de l’île, de sa beauté martyr… leurre de bon aloi ! Car Femuquì, apporte une réflexion et des solutions concrètes aux problèmes économiques de la Corse. Gilles Luneau raconte le cheminement de Femuquì, société qui soutient des projets d’économie solidaire : de la prise de conscience des capacités, avec recours à l’exemple (Basque), analyse rigoureuse des besoins et des possibles… jusqu’à la naissance de cette société financière, émanation des biens des actionnaires. Car Femuquì est née d’une souscription régionale dans un esprit militant respectueux des hommes. Il y a là une démonstration : morale, économie et politique peuvent

exister ensemble. Réaliste, Femuquì soutient des projets viables : chaque dossier passe au crible des critères de faisabilité, de respect de l’environnement, d’apport réel à la Corse. Femuquì prend alors des allures de club de réflexion sur l’entreprise corse… Actions aussi de résistance, de soutien, lorsqu’une entreprise subit un sabotage… Un bilan de réussite, accompagné de la volonté de ne jamais trahir les idéaux de départ, mais aussi une expérience de démocratie vivante : la Corse peut ici être considérée comme un laboratoire progressiste. À méditer autour d’une bière corse, effet direct de Femuquì !

Femuquì l’argent du réel Gilles Lumeau Photographies Anna de Tavera Albiana, 23 €

MARYVONNE COLOMBANI

Éden

Il y a du jardin d’éden dans les paysages de la campagne arlésienne, une nostalgie tempérée par les nécessités de la modernité, une évocation de métiers difficiles et passionnants. L’ouvrage Pastreja, par une lecture attentive et pertinente des paysages, des reliefs et de ce qui les a marqués, plonge aux racines de l’orchestration harmonieuse des terres, célèbre leur union avec les hommes, qui pour une fois ne sont ni nuisibles ni destructeurs, mais les artisans de la durée. Histoire de transhumances, de pâturages, de cultures en accord avec les sols, de destinées humbles et universelles, de décryptement des sens. On apprend ainsi que le mot capitaliste remonte au XIVème siècle, désignant les grands propriétaires de troupeaux (cap signifie tête de bétail). Aux textes de Jean-Claude

Duclos et Patrick Fabre, qui se nourrissent des saveurs de la toponymie, se joignent les superbes photographies de Lionel Roux, prises à la hauteur idéale de 6 à 20 m pour les panoramiques, mais qui savent se faire plus intimes pour saisir les personnages, les expressions… L’ensemble tient à la fois du livre d’art et de la recherche ethnologique, de l’ouvrage historique et de l’appréhension géographique. Manifeste de résistance des métiers face à l’industrialisation sauvage et à un tourisme sans scrupule, ce beau livre mérite pleinement le concours du programme européen LEADER en pays d’Arles (Vers une ruralité durable et moderne). M.C.

Pastreja Paysages et pastoralisme en Pays d’Arles Lionel Roux, Jean-Claude Duclos et Patrick Fabre Images en manœuvre / Maison de la transhumance, 35 €


ARTS

Parade érotique Sur papier blanc, bistre, bleuté ou légèrement rosé, la monographie consacrée à Karine Rougier a l’élégance qui sied à ses dessins. Collages lilliputiens, lacis de crayon gris et d’encre de chine rehaussés d’aquarelle, saynètes à l’huile parsemées de paillettes, décalcomanies recouvertes de vernis, précieux collages sur bois ou papier. La sobriété de la mise en page et les choix typographiques laissent le champ libre à la fantaisie érotique de l’artiste… Une écriture à scruter à la loupe tant l’iconographie est abondante, les combinaisons infinies et les symboles multiples. Les dessins, assemblés par séries, se lisent comme un roman-photo dont les titres gardent tout leur mystère : Plein air, Mentalo de la vega, Les Rétiniens, Ludus et Mentula… Avec, insérés comme par hasard, les textes de Frédéric Clavère, Judicaël Lavrador et Thomas

Clerc tour à tour réactif, critique et poétique ! À la page 62, Clavère se méfie des «bijoux anatomiques» qu’aime représenter Karine Rougier (toutes sortes d’orifices…) et procède à une auscultation anatomique du dessin, trait par trait. Dans Le bon tempo, Lavrador met en perspective son imaginaire «explosif, décadent, élégant, carnassier, poilu, sexuel, et son rythme organique» dans l’histoire du dessin contemporain. En épilogue, La Course à la vie de Thomas Clerc est une ode anglofrancosonique débridée en miroir aux histoires minuscules de Karine Rougier, gaies et macabres : «Aïe have bine tout Euh mare vêle housse partie – Tout m’aide eux poe et tri.» MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Karine Rougier Sextant et plus, 35 € www.sextantetplus.org

Visiteur sentimental Après deux années de rénovation exemplaire, le musée Orsay a livré son apparence définitive fin 2011. Sous le regard d’un visiteur anonyme le film de Bruno Ulmer brosse l’histoire du lieu et se perd parfois dans la lenteur d’amour pour son objet, cherchant par delà l’image informative une narration plus poétique. Il fut tour à tour gare mais aussi siège du Conseil d’État, embrasé par les Communards, cadre de l’exposition universelle de 1900, témoin des deux guerres, occupé par l’Abbé Pierre en 1954, friche théâtrale de la compagnie Renaud-Barrault, convoitise immobilière (projet du Corbusier) et jachère urbaine enfin classée monument historique. La visite décolle lorsqu’on aborde le projet qui sauvera Orsay de la disparition, mis en formes par l’architecte d’intérieur italienne Gae Aulenti. En révolutionnant la muséographie traditionnelle, Orsay, dès son ouverture en 1986, devient désormais avec le Louvre le monument à visiter. Après vingt-cinq ans une modernisation s’imposait.

Malgré les diverses dimensions muséales évoquées (le lieu, les collections, les professionnels, le public), les nouveaux choix déterminés (restructuration spatiale, apports de lumière, rôle de la couleur…), le film manque d’un regard d’ensemble. Mais l’appel à des documents d’époque enrichit la progression. Dès 1981, la question des enjeux sociétaux est déjà pointée par le jeune ministre de la culture, Jack Lang, invité à reprendre le projet plutôt conservateur hérité de Giscard d’Estaing : «Il y a des ateliers pour les enfants, des liens avec les établissements scolaires… les musées d’aujourd’hui sont devenus très souvent une autre école, une autre université, des centres de recherche et pas seulement des lieux que l’on visite pour «consommer». C’est une question essentielle pour que l’école de la république soit un véritable contrepouvoir culturel.» Des propos aux résonances très actuelles ! CLAUDE LORIN

Cartes blanches La collection Varia des éditions Fage propose depuis 2003 divers ouvrages ayant trait à l’art et cultivant sous des formes singulières le rapport texte-image. Restitution, N°0 de Varia Revue, prolonge l’exposition conçue par Dominique Angel avec le Muséum Départemental de Gap, visible jusqu’au 30 avril. Dans la droite ligne aux écarts singuliers si particuliers à l’artiste, cette publication se parcourt pour ellemême. Elle ne constitue pas un catalogue relatif à l’évènement mais une forme de supplément suite à la proposition de Dominique Angel faite à une quarantaine de «personnes qui sont intervenues, d’une manière ou d’une autre, dans sa vie d’artiste». Proposition sans contrainte ni de forme ni de contenu, carte blanche à d’autres artistes, plasticiens, musiciens, écrivains, et

responsables d’institutions, conservateurs… D’où une grande variété de propositions personnelles, œuvres anciennes ou récentes, textes critiques ou récits, fictions, poétiques, inédits ou non. Une invitation à bousculer les conventions d’un genre et à s’interroger sous diverses formes sur ce que l’art contemporain est capable de proposer. L’initiateur du projet en développe les enjeux dans son texte de présentation, Reconstitution de ligue dissoute, titre quelque peu délictueux et provocateur. C.L.

Reconstitution… sous la direction de Dominique Angel Fage, 24 €

Orsay Bruno Ulmer Arte Éditions, 1 DVD, 15 €

LIVRES

69


70

CD

MUSIQUE

Bleu jazz Une association de musiciens que l’on pourrait qualifier d’idéale nous présente sa récente production Far Away : un pur trésor ! Benjamin Rando est au piano, Simon Tailleu à la contrebasse et Cédric Bec à la batterie : trois musiciens talentueux de notre région que l’on a pu applaudir sur nos scènes. Mais la couleur si particulière de ce quintet est donnée par l’association de la trompette d’Olivier Laisney et du saxophone ténor de Yacine Boularès qui ont le pouvoir d’élever nos âmes, très haut ! Ainsi Dress Code décline des compositions d’une grande richesse mélodique avec des harmonies très élaborées, et s’impose dès le pre-

Trio + Trio

Après la prolifique expérience africaine, on retrouve dans une récente production le trio inébranlable Aldo Romano, Henri Texier et Louis Sclavis avec trois autres grandes figures du jazz : Bojan Z au piano, Nguyên Lê à la guitare et Enrico Rava pour la trompette. C’est un disque d’une grande maturité et superbement équilibré qui nous est proposé : chaque détail est soigné sans pour autant réduire spontanéité et engagement. Mohican d’Aldo Romano est un exemple de rythmique, avec laquelle Louis Sclavis fait corps, puis qui s’envole sans limites, pas même celle du souffle !

Rock and rock

Label rock indépendant et hyperactif, At(h)ome régale ses ouailles avec une assiduité précieuse tant sont variés et de qualité les artistes sous son aile (AqME, Lolofora, les Blaireaux, Boogers, Felipecha…). Et justement : pourtant très éloignés, Blankass et Blackbomb.A monopolisent l’actualité avec, respectivement, Les Chevals et Enemies Of The State, sortis en début d’année 2012. Chez les rockers de Blankass, l’album mixé par Max Plati (Bowie, Gaëtan Roussel, Rita Mitsouko…) est une sacrée surprise dans le paysage rock hexagonal. Les ex-nominés aux Victoires de la Musique aux paroles engagées et au verbe haut amorcent un léger virage dans leurs compositions. Ce qui est moins le cas de la bête humaine Blackbomb.A aux contours moins feutrés et poétiques. Puissant c’est le

mier morceau du CD, Bleu. La musique progresse, suit un fil qui ne lasse jamais, son écriture très élaborée ne laissant aucune prise à l’ennui. Madou ou Dear Emma, compositions du 5tet illustrent bien cette complémentarité vitale des musiciens, cette énergie disponible de l’instant durant lequel tout devient possible. DAN WARZY

Far Away Dress Code La Fabrique & Rue Stendhal

La guitare de Nguyên Lê apporte parfois des accents jazz-rock. Et Seeds est une somptueuse composition de Bojan Z, où la clarinette basse est à nouveau à l’honneur avec le piano. DAN WARZY

3+3 Romano-Sclavis-Texier & Enrico Rava, Nguyên Lê, Bojan Zulfikarpasic Label Bleu

mot qui peut définir le nouvel opus de cette créature sonore bercée au punk-hardcore et élevée à la basse sourde et profonde. Le timbre guttural d’Arno sonne à côté comme celui d’une petite fille, mais les adeptes du caverneux trouveront, à l’instar des fans de Blankass, le virage un peu tendre. Bravo à At(h)ome qui continue de nourrir la frange rock and dérivés des jeunes et des moins jeunes. FRÉDÉRIC ISOLETTA

Les Chevals Blankass Enemies of The State Blackbomb.A At(h)ome

Comme un lézard au soleil On le connaissait tchatcheur avec Massilia Sound System ou techno-rocker avec Oai Star. Cette fois, Gari Grèu veut juste être un chanteur. Premier album solo, Camarade Lézard a le mérite de la fraîcheur et de la légèreté. Entre Bourvil et le Brésil. Des historiettes marseillaises comme des instantanés du quotidien. Des bonheurs simples et des coups de gueule. Car Gari n’est pas du genre fleur bleue. Il nous parle de travailleurs, d’engagement, de sieste, de langue, de mélange, de partage. Et parfois d’amour. Morceau le plus abouti, La tasse de thé, écrit par Magyd Cherfi de Zebda ouvre un disque sans prétention dans lequel on

retrouve la douceur, mais parfois aussi la rudesse, de nos contrées méridionales. Très présent, le cavaquinho, guitare à quatre cordes d’origine portugaise, ajoute à la gaité. «Si on était un peu moins con, on serait fier de la planète», affirme la dernière piste. Avec Gari Grèu, en tous les cas, on ne peut qu’être fier d’être Marseillais. THOMAS DALICANTE

Camarade Lézard Gari Grèu Harmonia Mundi


MUSIQUE

LIVRES/CD

71

Voyages sur la planète oud Au fil de ses albums, le Trio Joubran a fait grandir la maîtrise de son instrument, le oud, au centre d’une passion familiale depuis quatre générations. Avec leur cinquième création, AsFar (Les voyages), Samir, Wissam et Adnan, accompagnés du percussionniste Youssef Hbeisch, poussent plus loin l’exploration de leur art. Particulièrement impliqués dans la diffusion de la culture palestinienne, les frères Joubran vont au-delà de leur tradition musicale en se nourrissant d’autres influences méditerranéennes. Conçues comme des dialogues à trois, leurs compositions, telles des joutes

musicales d’une grande pureté, puisent dans les techniques de l’improvisation. Imprégnée des aspirations à la justice et à la liberté du peuple palestinien, la musique des Joubran porte l’espoir plus que l’aigreur. Particulièrement apprécié du public français, le trio échappe à toute sensiblerie et transmet avec délicatesse des valeurs universelles. Pour qu’un jour, comme ils le disent eux-mêmes, ils ne soient plus des musiciens palestiniens mais de Palestine.

AsFar Le Trio Joubran World village/Harmonia Mundi

THOMAS DALICANTE

Tomasi et la trompette On se plaignait, de ne pas trouver de disques du compositeur marseillais d’origine corse Henri Tomasi, et de ne pas entendre ses opus joués en concert. La roue a tourné, même s’il reste encore beaucoup de choses à découvrir chez ce musicien dont l’art respire la Méditerranée nourricière. Après un beau disque consacré aux Mélodies Corses et à Cyrnos (INDE 037), le label

Indésens s’attache les services de son trompettiste «maison» Eric Aubier (et d’acolytes) pour la Suite, le Triptyque et les Études. Pour compléter cette intégrale de l’œuvre pour trompette, on (re)découvre des enregistrements antérieurs comme les Fanfares liturgiques, Semaine Sainte à Cuzco ou le Concerto pour trompette.

CD Indésens INDE 038 www.indesens.fr

JACQUES FRESCHEL

Feel like goin’on En 2001, le guitariste, chef de chœur et arrangeur Grégoire Richard crée, à Marseille, un atelier de pratique du chant autour du gospel. L’aventure du Massilia Sounds Gospel commence ! Elle part de la volonté enthousiaste de choristes de transformer la pratique amateur. En une poignée d’années, le groupe se structure, les voix s’affirment, la polyphonie trouve sa cohésion au rythme balancé du swing. Les premiers concerts remplissent les salles à Aix, Aubagne, Marseille où l’on chante à guichet fermé, comme à St-Victor en 2009 ! Fidèle à sa vocation le MSG fait sonner les traditionnels et spirituals afro-américains. Le premier témoignage d’un travail passionné est gravé

en 2007 : Love’s in need (CD Cigale swing 001/1). Leur deuxième consacre une dizaine d’années de pratique : le souffle est toujours là ; la qualité majorée ! Pour les spirituals, les chœurs rebondissent avec tonus, les solistes vocalisent et chaloupent sans faux pas, accompagnés par des pros (Jonathan Soucasse au piano, Ulrich Edorh à la batterie, Stéphane Galeski à la guitare, Jean-Luc Di Fraia aux percus…) et des ballades modernes sont joliment chantées. Parions qu’ils porteront bientôt le gospel phocéen au delà des Bouches-du-Rhône ! En attendant, on retrouve la trentaine de choristes sur une grande scène, au Gymnase le 24 mars. Jubilation garantie ! J.F

Fondary : l’athlète chanteur Cette biographie ravit ceux qui ont admiré Alain Fondary. Dans les années 80 ce baryton à la voix d’airain et au physique d’athlète, avait peu d’égaux. En sus d’anecdotes sur ses prestations mémorables dans Amonasro, Scarpia, Rigoletto, Ourrias, à Paris, la Scala, au Met ou à Salzbourg, on apprécie la plume de son ami, disciple-chanteur, Patrick Alliotte. Il narre, dans un style romanesque, un destin peu commun : Fondary débute vraiment sa carrière vers quarante ans, au moment où d’autres s’arrêtent. Il recueille ses souve-

nirs, les rend vivants, intimes, de son enfance pendant la guerre à ses amours et amitiés, de son premier métier de souffleur de verre à sa lente ascension, perturbée… jusqu’à l’explosion artistique ! J.F

Alain Fondary, la voix du souffleur Patrick Alliotte Symétrie, 19 € www.symetrie.com

Musique et identités «Pas de peuple sans langue, pas de groupe humain sans chansons, pas de nations sans hymne. L’identité se forge à travers chants.» Philippe Gumplowicz examine, depuis les fondements du romantisme de Herder ou du mythe d’Ossian, le «désir d’origine» qui se cache derrière la moisson des chants populaires, la place identitaire des hymnes. L’auteur analyse les sources musicales développées chez Proust, Kundera, Barrès et accorde une place aux «ombres» xénophobes liées aux notions de

«race et musique» développées par Wagner et Gobineau, jusqu’aux «résonances» françaises de l’entre-deux-guerres chez les d’Indystes, les points de vue sur le jazz… À lire ! J.F Les résonnances de l’ombre Philippe Gumplowicz Fayard, 22€ www.fayard.fr

CD Cigale Swing 002/1 www.facebook.com/massiliasoundsgospel Concert : réservation www.fnac.com 0 892 68 36 22


72

LIVRES

POLAR | JAPON

Été meurtrier Maurice Gouiran n’en finit pas de nous rafraîchir la mémoire. Il ne se lasse pas de rouvrir les dossiers trop vite bouclés, de sonder les bégaiements de l’histoire, afin de nous inciter à plus de vigilance. Après l’Espagne et l’Argentine, leurs dictatures, leurs charniers et leurs disparus, son 20ème roman -déjà !- revient en France. Marseille, été 1973, chronique d’une décade de haine. Et retour en arrière sur la jeunesse de son narrateur récurrent, Clovis Narigou. Lui qui était venu passer quelques jours tranquilles chez son grand-père pour profiter du soleil, de la mer et des filles, ce ne sont pas des vacances qu’il va vivre entre le 26 août et le 7 septembre 1973. Mais au-delà des péripéties subies par Clovis et sa copine Olivia, ce que pointe ce «roman», c’est la façon dont, cet été-là, les crimes racistes se sont enchaînés, dont ils ont été transformés par la

police et une certaine presse en «règlements de comptes entre voyous nord-africains», et, très vite, classés sans suite. L’évocation quasi journalistique de ces meurtres en série ponctue le texte tandis qu’en écho à ces ratonnades, le «carnet d’Angelina» ouvre les yeux de Clovis sur un autre massacre, celui des Italiens à Aigues-Mortes en 1893. Quant aux feuillets d’almanach qui rythment aussi l’histoire, ils s’enrichissent de dictons fantaisistes mais aussi de citations xénophobes authentiques, dont la dernière, attribuée à Claude Guéant, date de 2011. Sous la fiction la rage… FRED ROBERT

Et l’été finira Maurice Gouiran Jigal, 18,50 €

Hé, les chiens, où êtes-vous ?

Drôle d’aventure que la lecture d’Alors Belka, tu n’aboies plus ? Une haletante histoire de guerres et de chiens, une étonnante saga canine menée à fond de train et tous azimuts par un auteur célébré au Japon mais encore très peu connu en France. Paru en 2005, ce roman est la première œuvre d’Hideo Furukawa traduite en français. Excellente occasion pour le public hexagonal de plonger dans un univers et un style très particuliers, entre chronique de l’histoire mondiale récente et roman d’aventures, prose prophétique et argot, lyrisme et humour noir. Une fiction hybride, parfois déroutante mais toujours magistralement orchestrée, qui relate les bruits et la fureur du XXème siècle, de la fin de la 2ème guerre mondiale au démembrement de l’Union soviétique, à travers la généalogie de 4 chiens abandonnés par l’armée japonaise sur une île déserte du Pacifique en 1943. Cette «île sans nom», «comme prise au milieu du temps zéro» «était le lieu

de la fin du monde, mais aussi le lieu d’où pouvait naître un nouveau monde.» C’est dans cette atmosphère d’apocalypse que commence la saga des 4 chiens soldats dont les descendants accompagneront les hommes dans tous leurs conflits de l’après-guerre, dans tous leurs trafics mafieux aussi. Comme les chiens, le récit se déploie dans le temps et dans l’espace (jusque sur la Lune) ; et tout au long de cette fiction animalière qui en dit long sur la brutalité humaine, Furukawa dispense de petits cours d’histoire et de géopolitique avec un sens du raccourci et un cynisme épatants. FRED ROBERT

Alors Belka, tu n’aboies plus ? Hideo Furukawa, traduit du japonais par Patrick Honnoré Philippe Picquier, 19,80 €

Impossible rédemption Doc vit sa déchéance dans la banlieue sud de San Antonio, à South Presa Street, «un monde de l’ombre» où se mélangent drogués, dealers, maquereaux et putes, «des déclassés de diverses obédiences, marginalisés par choix ou par nécessité». Lui c’est l’héroïne qui le tient, et pour pouvoir se payer ses doses cet ancien médecin soigne surtout les prostituées, pratique des avortements clandestins, guérit les coups de couteau et blessures par balles. Perpétuellement flanqué du fantôme encombrant de Hank Williams -c’est lui qui lui a administré sa dose fatale de Morphine-, Doc va devoir soigner Graciela, une jeune mexicaine qui se remettra de cet avortement honteux et terrifiant, et finira par s’installer tout naturellement avec Doc, bouleversant sa vie, et celle du quartier, à jamais. Steve Earle, grande figure de la country rock, ancien

toxicomane, signe-là un roman qui dit crûment le manque, la misère, la violence d’un quotidien qui n’a souvent pas de lendemains, mais aussi la solidarité qui nait de situations épouvantables dans cette société de laissés pour compte qui n’aspirent qu’au bonheur. Un roman aux accents de chant désespéré, à l’image du titre qui n’est autre que celui du dernier single de Hank Williams, I’ll never get out of this world alive, «cette lamentation tord-boyau, crève-cœur [qui] se glissait dans les os comme l’humidité d’un jour d’hiver». DO.M.

Je ne quitterai pas ce monde en vie Steve Earle Traduit par François Thomazeau L’Écailler, 18 €

Furukawa était l’un des auteurs invités au Salon du Livre de Paris


Mon autre lointain

A-t-on pris la mesure de ce qui a eu lieu, il y a un an, au Japon ? L’Archipel des séismes, compilation bouleversante d’écrits très divers recueillis depuis le 11 mars, a la force d’une révélation : si le monde a échappé à sa fin, la fin d’un monde est accomplie, et a commencé au Japon, ce jour-là. Comment ? Le tremblement de terre, le tsunami géant, l’accident nucléaire. Certes. Mais, à la lecture du désordre et de la douleur de ces textes, il est clair que le mal vient de plus loin, et qu’il nous faut en prendre la mesure. Nos médias, ancrés dans leur racisme ordinaire envers les Asiatiques, nous ont présenté les Japonais comme étonnamment résignés, déshumanisant leur immense souffrance, jouant de la distance géographique pour éloigner de nos consciences l’empathie que le monde devrait éprouver pour ce peuple qui sombre. Chacun de ces textes, court article, poème, nouvelle, essai, compte rendu, reportage, chacun de ces textes raconte, souvent pudiquement, la disparition des êtres chers, mais aussi la table rase de tout, l’anéantissement absolu des repères, faune, fleurs, nourritures, objets, souvenirs et savoir-faire, paysage, gestes, tout est irrémédiablement détruit. Tous disent la mort, et le plaisir qu’on ne peut plus prendre à regarder la mer, à voir les cerisiers refleurir. La poésie d’un peuple aussi qui, en parlant d’un ours, d’un poisson à tête d’homme, d’un plat qu’on ne peut plus faire, d’une montre arrêtée, s’adresse très intensément à nos émotions communes. D’autres textes, un peu plus tardifs, disent la révolte. Cela aussi, nos médias nous l’ont caché. Aujourd’hui les Japonais sortent dans la rue, eux qui depuis 20 ans traversaient le réel ancrés dans la virtualité de leurs gadgets électroniques, aliénés par un système économique et politique aux mains des industriels du nucléaire. Ils savent désormais que l’énergie nucléaire n’était pas sûre, non parce qu’elle ne l’est jamais, mais par pur appât du gain immédiat : Tepco est coupable, le gouvernement, la justice, les médias, d’avoir accepté des normes de sécurité très en deçà des risques réels : 6.8 de magnitude, alors que le Japon a connu en 1896 et en 1946 des séismes de 8 et 9, et il y a 1 000 ans un certainement plus grand encore. Les autorités Japonaises, et Tepco, ont géré le tsunami, puis l’accident nucléaire, en amateurs inconscients. Car tous les écrivains le disent, d’une manière ou d’une autre : «Nous ne pouvons plus appliquer le modèle social dont nous dépendions jusquelà. Résoudre une équation unique à laquelle on ajoute, de temps en temps, selon les besoins, quelques variables de substitution, est devenu impossible. C’est l’équation elle-même qu’il faut maintenant corriger» (Ikesawa Natsuki, Vers une pauvreté sereine). Au Japon, réinventer le réel n’est pas seulement possible : c’est indispensable. Notre réel aussi : les radiations n’obéissent pas plus aux frontières géographiques que l’aveuglement du capitalisme. AGNÈS FRESCHEL

L’Archipel des séismes Écrits du Japon après le 11 mars Picquier poche, 9 €

Les contributions des auteurs et traducteurs sont bénévoles, les bénéfices reversés aux sinistrés du tsunami et de la région inhabitable de Fukushima


74

LIVRES

LITTÉRATURE

Afrique très noire Le chasseur de lucioles, voici un titre qui fleure bon les crépuscules grandioses sur la savane. On se voit déjà dans une ferme en Afrique… Stop, arrêtez tout ! Chez Janis Otsiemi, c’est dans la jungle urbaine que le chasseur traque ses proies. Et les lucioles, à la nuit tombée, arpentent les trottoirs de la ville ; on les appelle aussi «katangaises», «bordelles»... Bienvenue à Libreville, sa corruption, son népotisme, son commerce de «la cuisse tarifée», ses trafics en tous genres. Otsiemi dit être «entré dans le polar par effraction». D’abord poète et essayiste, il a opté pour le noir, tendance social et urbain, en 2007. Apparemment, il a eu raison : invité au prestigieux festival Étonnants voyageurs, il a obtenu en 2010 le Prix Gabonais du Roman pour La vie est un sale boulot. Depuis, il persiste et signe des romans où l’intrigue importe moins que le tableau réaliste d’une société gabonaise obsédée par l’argent et le sexe. Dans Le chasseur de lucioles, deux enquêtes sont menées en

parallèle : la première sur un braquage violent et crapuleux, la seconde sur une série de meurtres commis sur des prostituées. Les deux seront élucidées ; mais ce n’est pas tant le suspense qui compte (il n’y en a quasiment pas) que la façon dont Otsiemi immerge le lecteur dans le rythme de la ville. Son écriture vive, très dialoguée, truffée de «gabonismes» et ponctuée de dictons plus ou moins fantaisistes plonge au cœur de la réalité gabonaise contemporaine. Non sans cynisme, mais avec un humour décalé réjouissant. FRED ROBERT

Le chasseur de lucioles Janis Otsiemi Jigal, 16 € L’auteur sera présent au Salon du Livre de Genève du 24 au 29 avril prochain

Le nom de la psychanalyse Roland Gori, animateur en 2009 de «l’appel des appels», reprend et adapte le titre de l’ouvrage du philosophe Alain Badiou qui s’interrogeait en 2007 sur De quoi Sarkozy est le nom. L’ouvrage sous-titré Démocratie et subjectivité constitue l’approche analytique et matérialiste la plus approfondie de la dominance idéologique depuis les travaux d’Althusser sur le sujet. Différentes réponses, pas toutes aussi intelligibles, à la question posée dans le titre, amusant dans les associations qu’il implique, sont données au cours du développement. Cependant ce travail est une analyse fine et très richement référencée, des incidences de la dérive totalitaire de l’ultra libéralisme sur les consciences individuelles et les subjectivités inconscientes. Les mécanismes de pressions et d’inductions idéologiques tels que le «tout évaluation» sont démontés et décrits très rigoureusement. Le fléau libéral et marchand a des conséquences catastrophiques sur la liberté citoyenne et donc sur la culture en tant que médiateur de résolution de la

contradiction intrinsèque entre individu moral et sujet désirant. Jusqu’à la connaissance qui deviendrait un capital à faire fructifier et à léguer sous forme de brevet et -pourquoi pas ?- de patrimoine génétique… gène de la délinquance ou du génie scientifique. Il est montré par le détail à cette occasion combien l’ouvrage caricatural d’Onfray sur l’œuvre de Freud est symptomatique de ce nouvel esprit d’évaluation de l’œuvre humaine : coût liberticide pour un coup médiatique et mercantile. Dans la ligne des travaux de Hannah Arendt, Michel Foucault, Jean-Claude Michéa… le livre de Gori permet de mieux comprendre les aliénations qui tendent à gouverner nos «valeurs» et à inféoder l’œuvre culturelle à la loi des marchands du temple. Quoique dans un style se voulant accessible à tous, ce livre-clé est parfois peu facile à lire par la complexité du propos. YVES BERCHADSKY

Pas sages et clandestins Esprits forts régulièrement taxés de faiblesse dissolue, les libertins auront été les «clandestins du grand siècle». En étudiant les contextes de réception du libertinage, Jean-Pierre Cavaillé conteste quelques idées reçues : loin d’être une excroissance corrosive et marginale du 17e classique, le chercheur souligne la continuité, du 16e au 18e, de cette contre-culture irréligieuse et irrévérencieuse, discrète par choix autant que par contrainte. Il montre aussi que les deux libertinages que l’histoire a si souvent opposés -le libertinage vertueux, érudit, philosophique et athée ; le libertinage tapageur, des poètes à pendre comme Théophile de Viau et autres débauchés- sont en fait indissociables. Et c’est cette articulation essentielle des idées et des comportements qui est passionnante, parce qu’elle montre comment

se rejoue dans l’intime et la sexualité, la sodomie en particulier, une dénonciation radicale des normes et des impostures religieuses, sociales et politiques par une sagesse profane qui se défie tout autant des prêtres, des princes et du peuple. Manière salutaire d’aborder les choses, qui rend à la littérature sa force de trouble et d’équivoque dans la sphère des idées, et interroge à bon escient les questions religieuses et morales de notre époque. AUDE FANLO

Postures libertines Jean-Pierre Cavaillé Anacharsis, 22 €

De quoi la psychanalyse est-elle le nom ? Roland Gori Denoël, 23 €


LIVRES

Sur le bout des lèvres Au Port a jauni, les livres bilingues en français et en arabe sont initiés par Mathilde Chèvre, directrice éditoriale, dont la vie se partage entre Marseille et Damas. L’un des tout derniers-nés, Alifbata, est un parcours phonétique et poétique à partir des trois premières lettres de l’alphabet arabe : Alif, Ba et Ta. Plus qu’un abécédaire classique, il invite à murmurer les langues à voix haute et à plusieurs, à glisser d’une lettre au mot (kalm pour blessure n’est-il pas le meilleur des onguents ?), d’un mot aux poèmes (21 auteurs invités), d’un poème à une image (illustrations de Zeynep Perinçek). Séquencé comme un calendrier, Alifbata laisse une large place aux peintures abstraites qui tantôt mangent la page, idéalement pour Z comme zarf (en-

veloppe), tantôt la cinglent de couleurs et de taches, idéalement là encore pour S comme saraka (crier). Le lecteur librement découvre l’alphabet, de droite à gauche et inversement, de A comme asl (origine) à Y comme yad (main) ou pioche au hasard les lettres qui l’interpellent, recomposant son propre abécédaire… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Alifbata Le Port a jauni, 13 L’ouvrage a été présenté le 27 janvier au Lièvre de Mars en présence du collectif.

Cuisine d’auteur…

On sait que Marek Halter fait des histoires, les fait vivre et d’ailleurs les vit lui-même aussi facilement ; (auto)biographie vertigineuse et contestée (Staline a-t-il vraiment passé la main dans les cheveux du petit pionnier le 8 mai 1945 ?) ; puissance d’écriture incontestable, au-delà des soupçons d’authenticité ; qu’importe, si le plaisir de lecture est bien là ! Le problème ? la recette est plus savoureuse que le plat ! Prenez une actrice soviétique «superbe inconnue», «le bleu des yeux aussi sombre qu’un abysse» (sic) confrontée aux vils soupçons d’espionnage des tribunaux de la Commission des activités anti-américaines ; Mc Carthy et Richard Nixon dans leurs basses œuvres et à travers les récits rétrospectifs de Marina Andreïeva Gousseïv, le diabolique Staline et son enfer planifié ; un gentil journaliste Al (double bourbon, spider Nash et girl-

friend sténodactylographe) qui va transformer ses notes d’audience en roman ; celui-là même que vous êtes en train de lire. Cool non ? Pour pimenter le tout, un cadre parfaitement exotique, plus pittoresque que le Goulag : l’oblast juif du Birobidjan créé en 1928 aux confins de la Sibérie par le petit père des peuples pour y remiser ses encombrants sémites. Yiddishland où se croisent dans l’exaltation créatrice et le dénuement tragique, transfuges du Goset (théâtre national juif) et... espions américains ! Coup de foudre et «amour qui mord comme la famine», le tour est joué ! Alléchant mais indigeste à force de lieux communs et de pesanteur syntaxique, le roman applique à la lettre la devise du camp K428 «D’une poigne de fer, nous conduirons l’humanité vers le bonheur» ! MARIE-JO DHÔ

L’inconnue de Birobidjan Marek Halter Robert Laffont, 21,50 €

Éditions Espaces 34 Cela fait 20 ans que les Éditions Espaces 34 sont installées dans un petit village de l’Hérault. Sabine Chevallier s’y applique à éditer de jeunes auteurs contemporains, et notamment du théâtre. Elle reçoit un manuscrit par jour, les examine tous, puis choisit d’en partager certains. Un réseau s’est peu à peu créé. Ainsi les Lectures-Cabanon du Théâtre du Petit Matin à Marseille permettent de faire découvrir nouveaux textes et nouveaux auteurs. Rémi Chechetto souligne l’intérêt des liens entre un lieu théâtral et un éditeur pour la diffusion des textes ; il précise aussi lors de son passage à Marseille qu’une «maison d’édition s’appelle «maison» car on a envie d’y être ensemble» soulignant l’importance du rôle de son éditrice.

Histoire Naturelle ? C’est précisément une photo flamboyante de Sabine Chevallier qui illumine avec justesse la sobre couverture du dernier paru au titre vertigineux L’HOMME ET CETERA ; il ne perdra ses majuscules qu’en devenant le héros de sa propre épopée, de la nôtre d’ailleurs !

Fruit d’une commande du domaine d’O dans le cadre du projet Sciences-Fictions, cette écriture de théâtre, ainsi répertoriée sur la couverture, a pris forme avec la rencontre de Rémi Chechetto et de deux scientifiques, une psychiatre-biologiste et un chimiste. Le regard alerte du poète n’en est que plus aiguisé et le lexique ainsi glané, tout neuf dans son œuvre, semble lui donner des ailes ! Et ça galope, de la poussière de rien -car comment dire l’origine ?- au «tout est poussière» de l’Ecclésiaste -car comment dire la fin ?-. Tout y est en une longue phrase sans essoufflement, avec virgules, points d’interrogation, ouverte sur l’infini et nourrie de digressions. Virtuose, ivre parfois de son propre emballement, hilarante, se moquant aussi de sa propre facilité à capter les petits airs du temps, cette prose euphorisante fait éclater en mille échos une image de l’Homme parfaitement honnête qui nous amène sans effort à nous réjouir d’être descendus aussi vite du singe ! MARIE-JO DHÔ

Le texte sera interprété le 27 mars au Domaine d’O à Montpellier par la Cie des perles de verre L’Homme et cetera Rémi Chechetto Espaces 34, 10 €

75


76

LIVRES

JEUNESSE

Histoire de mères

Irène Cohen-Janca livre à nouveau une histoire sensible dont elle a le secret. Les parents de Nora déménagent pour avoir une vraie maison avec un jardin. Mais ce déménagement s’accompagne d’un changement de la mère de Nora qui devient exigeante et moins tendre. Bien vite Nora s’imagine que sa maman ne l’aime plus et même qu’elle n’est pas vraiment sa fille. En plus son ours Michka, son confident, a disparu. Nora se referme sur ellemême, travaille moins bien à l’école et ses parents sont convoqués... Ce petit récit convient aux enfants à partir de 9 ans et souligne la difficulté des relations mère-fille et le rôle que tiennent certains jouets dans l’imaginaire et le développement des enfants. C’est aussi l’image de la mère qui s’impose dans une fable africaine de Louis Atangana. Ma élève Félix toute seule dans un village perdu. Heureusement un habitant est revenu d’Europe et impose l’emploi

d’un instituteur et la réouverture de l’école. Ainsi Félix encore adolescent s’ouvre peu à peu aux plaisirs de l’instruction et de la littérature. Un jour, dans la forêt il rencontre Magali. Une fille étrange, secrète et violente. Les jeunes gens vont s’apprivoiser l’un l’autre. Peu à peu Magali livrera son lourd secret : elle a été enlevée à sa mère avec d’autres enfants pour devenir enfant-soldat, dressée à tuer. Ensemble ils vont faire la part des rêves et de la réalité, accepter la vie dans leur village avec leur communauté. Un récit initiatique écrit par un auteur qui sait créer un climat africain attachant, entre réalisme et légendes.

CHRIS BOURGUE

Qui a tué Michka ? Irène Cohen-Janca Dacodac-Le Rouergue, 6,60 €

Chronique de cité

Samira, 10 ans, habite à Marseille la cité Bellevue, qui n’a de belle vue que le nom, sauf à se pencher exagérément à la fenêtre pour apercevoir au loin un bout de mer. Bonne élève, elle est aussi précieuse à sa famille, et sitôt l’école finie doit rentrer chez elle pour aider sa mère à s’occuper de ses frères et sœurs. Peu de temps pour baguenauder dans la cité avec sa copine Nawel, grande gueule attachante et amie indéfectible, sauf bien sûr quand cette dernière s’est mis en tête de les faire participer à un concours de rap. Et là problème, car les caïds de la cité, ne l’entendent pas ainsi, le rap étant une affaire de garçons. Ils menacent de représailles les deux copines si elles s’inscrivent, ce qui n’arrêtera pas Samira, qui se lance dans l’aventure avec détermination. Au

travers des défis que se lance Samira, Jean-Luc Luciani dépeint la vie d’une cité, avec ses combats quotidiens liés aux différences de cultures et d’éducation, la loi du milieu qui n’est pas une fatalité… dans un style réaliste et vivant qui ne prend pas les enfants pour des andouilles. DO.M.

Bellevue-sur-Mer Jean-Luc Luciani Castor Poche, 6,10 €

À grands coups d’ailes...

Lors d’une résidence d’écriture au Québec Claudine Galea a observé d’extraordinaires vols d’oies blanches ; puis une phrase de Carson McCullers qui parle d’une fille qui ne pouvait rester assise sur une chaise lui revient en mémoire... Avec cela elle a écrit un texte théâtral sur la sortie de l’enfance et le désir de liberté. Quatre jeunes adultes se retouvent 20 ans après un été de vacances à la fin desquelles l’une d’entre eux a soudain disparu. Comme une oie blanche dans le ciel. Le texte alterne les moments de l’enfance, moments de souvenirs, et ceux des retrouvailles, qui occupent tour à tour le côté gauche ou le côté droit de la page. Tout est centré sur le personnage de Lalla, fille étrange et solitaire, qui n’aimait ni embrasser

les garçons, ni s’habiller en fille. Ce qu’elle aimait c’est la musique qu’elle faisait dans sa tête et les oies qui partent, loin. Sa présence secrète attise l’intérêt et le désir des autres ; sa disparition concourt à les sortir de l’enfance et à les disperser aux 4 coins du monde. La langue fait entendre la petite musique de Claudine Galea, avec ses mots simples et ses images fulgurantes… C.B

L’été où le ciel s’est renversé Claudine Galea Éditions 34, 12 €

Ma Louis Altangana DoAdo-Le Rouergue, 9 €

Piquant mariage Ralph et la quatrième dimension de Julien Green n’est pas à l’origine un livre destiné aux jeunes lecteurs. Mais grâce aux illustrations de Yan Nascimbene dans l’édition JBz & Cie, celui-ci a l’opportunité de plonger de manière ludique dans les lettres françaises du XXe siècle. Écrit par cet «américain de Paris» en 1991, Ralph et la quatrième dimension projette son jeune héros solitaire dans un ailleurs insaisissable, un monde surnaturel digne d’Allan Poe, habité par un personnage en noir, un Inconnu, des fantômes, des objets inanimés qui se réveillent… Ralph entrera dans la quatrième dimension puis découvrira le bonheur d’écrire. Métamorphosé, il deviendra enfin lui-même… Les encres et les couleurs savamment composées (les aplats de noir amplifient le mystère) rythment le récit sans jamais prendre le dessus et ouvrent des respirations bienvenues, permettant au lecteur de s’identifier un peu au jeune homme à la tignasse rebelle. Une belle histoire de renaissance à la poésie fantastique à laquelle il n’est pas interdit de croire !

M.G.-G.

Ralph et la quatrième dimension Texte de Julien Green, dessins deYan Nascimbene JBz & Cie, 20 €


Lectures vives

Le 2ème Forum pour le Prix littéraire des lycéens et des apprentis de PACA s’est tenu à la salle des fêtes «Le Pré des Arts» de Valbonne, le 8 février. Ces rencontres sont toujours une fête pour les lycéens qui trouvent là l’occasion de se rencontrer, et surtout d’approcher de près des auteurs toujours séduits par ces échanges et surpris par leur qualité. La découverte des lectures est avivée par la possibilité de poser des questions aux auteurs et de recueillir signatures et dessins. De retour dans leurs établissements les élèves rédigent des comptes-rendus qu’ils mettent sur le blog du Prix littéraire, avec leurs impressions et leurs points de vue. Un album coup de poing dû à un duo a retenu toute leur attention. Il relate des événements qui remontent à février 87, quand l’État désigne 4 localités de la France profonde pour enfouir des déchets radio-actifs. Les militants anti-nucléaire avaient entraîné après eux les élus et les populations jusqu’à l’abandon de ce projet, en 1990. Un ouvrage étonnant dans sa facture avec textes et dessins-caricatures alternés, et... dominante verte, of course ! Excellent pour expliquer, avec humour, les choix politiques sur des sujets qui sont de plus en plus d’actualité. Changement d’ambiance avec la BD de l’italien Manuele Fior. On apprécie les dominantes colorées à l’aquarelle des différentes parties de l’album. L’histoire se déroule en effet sur plusieurs années et chaque étape correspond à des moments-clés de la vie de trois adolescents, une fille et deux garçons : leurs rencontres, leurs amours, leurs ruptures. Ils se recroisent vers la trentaine et constatent quelques échecs. Désillusions, blessures amoureuses.... Un récit en demi-teinte qui a obtenu le Prix du meilleur album au Festival d’Angoulême 2011. Intimiste aussi, le 3ème roman de Carla Guelfenbein nous plonge dans la vie aisée d’une famille recomposée. La maman du jeune Tommy, 12 ans, est décédée lorsqu’il avait 3 ans. Juan, le père, s’est ensuite remarié. Opéré du coeur à l’âge de 3 ans,Tommy est un enfant fragile. Rejeté par ses camarades d’école dont il ne peut partager les jeux, il est assez solitaire et s’invente un ami avec lequel il s’évade ; il aime aussi dessiner et enregistrer les conversations des adultes. C’est ainsi qu’au cours d’une fête familiale, caché sous une table, il surprend une conversation et découvre qu’en réalité, sa mère s’est suicidée.Terrible nouvelle pour cet enfant sensible. Désormais il s’emploie à retrouver des traces et des témoignages sur internet. Articulé autour de 3 voix, le roman déconcerte un peu les jeunes lecteurs au début. Mais peu à peu les liens se précisent et ils rentrent totalement dans cette quête de la mère disparue trop tôt et les déchirements des adultes. Souvenirs du passé et difficultés du présent se mêlent, laissant sur la fin le lecteur haletant. CHRIS BOURGUE

Village toxique Grégory Jarry (scénario) & Otto T. (dessin) FLBLB, 13 € Cinq mille Km par seconde (traduit de l’italien) Manuele Fior Atrabile, 19 € Le reste est silence (traduit du chilien) Carla Guelfenbein Actes Sud, 21 € Également présents : Lionel Salaün pour Le retour de Jim Lamar (voir Zib’33) et Audur Ava Ólafdóttir pour Rosa Candida (voir Zib’49) blog.prixpaca.com


78

LIVRES

ÉDITION INDÉPENDANTE | SALON DU LIVRE

Libraires et auteur

Les 4èmes Rencontres départementales de l’Édition indépendante se sont tenues les 20 et 21 fév à la Bibliothèque Départementale, avec le concours de l’Agence Régionale du Livre (ARL). Chacune des 11 maisons d’édition de

la Région y invitait une maison de l’hexagone, remarquée par ses choix éditoriaux. Les intervenants invités se sont interrogés sur la liberté de publication des éditeurs indépendants : quels freins et quelles orientations sont imSylvie Germain © Tadeusz Kluba

posés par les bibliothèques ? Comment s’exerce la censure ? Des questions ont été posées aux représentants de la Région et du MOTif (observatoire de l’écrit en Ile de France) sur les aides publiques à l’édition et la diffusion. Devant l’inquiétude des libraires, la volonté d’aider ce «commerce» si particulier a été réaffirmée. Quant à rassurer… Dans ce cadre Pascal Jourdana a reçu Sylvie Germain à propos de ses deux derniers livres. Texte dense et fort, Le monde sans vous suit une commande de France Culture qui a invité une vingtaine d’écrivains à faire le voyage du Transsibérien de Moscou à Vladivostok et à écrire un texte dans le même temps. Sylvie Germain venait de perdre sa mère : «Je ne pouvais pas tricher avec ce que je portais.» Aussi le texte s’est-il spontanément écrit à deux voix, celle de cette «terre qui dort» au rythme lancinant du train et celle du souvenir de la mère disparue. Sylvie Germain a ajouté un

hommage à son père, disparu 22 ans plus tôt, un «tombeau» au sens mallarméen du mot. La lecture qu’en ont donnée Sofia Teillet et Marie-Noëlle Viviani a été particulièrement appréciée par l’auteur, chacune ayant trouvé une couleur particulière, mêlant lyrisme et retenue. Ses réflexions sur la disparition et la mort l’ont alors amenée à écrire un essai Rendez-vous nomade, qui fait «l’état des lieux» d’où elle parle, notamment la Bible. Elle y interroge des mots comme «réalité», «imagination» et «Dieu», mais se refuse à démontrer... «Je reste taraudée par la question de Dieu mais nage en eau trouble.» Depuis son premier roman en 1984 ses questionnements sur l’humain leur donnent un souffle très particulier, à la fois lyrique et terriblement ancré dans le réel. Ils n’ont pu être malheureusement qu’évoqués, mais ils étaient tous proposés par la librairie Histoire de l’œil. À lire absolument. CHRIS BOURGUE

Japon au salon Paris, 32ème Salon du Livre, jour 1. La foule se presse Porte de Versailles. Malgré le grand soleil et l’atmosphère printanière, ils sont nombreux à préférer s’enfermer pour la journée dans le hall gigantesque réservé à ce qui reste LA grande rencontre annuelle avec les livres et les auteurs. Beaucoup de scolaires en ce vendredi, mais pas seulement. Du monde, beaucoup de monde. Du bruit, beaucoup de bruit. Une gigantesque foire, avec ses bateleurs et ses animations à tous les coins de stands. Un véritable lieu d’échanges et de découvertes pourtant. Le Japon est à l’honneur cette année, avec 20 auteurs invités, et sur le Salon plane l’ombre de Fukushima (voir p. 73). Au pavillon japonais, structure sobre et ondulante de baguettes de bois brut, une exposition de photographies rappelle le 11 mars 2011. Malgré les démonstrations de calligraphie ou d’ikebana (art floral traditionnel), c’est l’image d’un Japon meurtri qui domine. Durant tout le week-end, des tables rondes seront organisées pour tenter de dire le traumatisme. L’une d’elles réunit le journaliste Claude Leblanc

(auteur de Le Japon vu du train, à paraître le 5 avril), le géographe Augustin Berque tout juste de retour d’un colloque au Japon sur la catastrophe, la traductrice Corinne Atlan et Ryoko Sekiguchi, dont la chronique japonaise Ce n’est pas un hasard a été éditée à l’automne dernier (POL). Celle-ci insiste sur la difficulté, aujourd’hui encore, à nommer l’événement (beaucoup, à Tokyo n’y parviennent pas) et sur le fait qu’on ne peut pas parler d’un «après Fukushima», puisque «on est encore dedans». Tous insistent sur la rupture que constitue le 11 mars, sur la perte de confiance des Japonais dans leurs hommes politiques et sur l’émergence de mouvements de contestation, du nucléaire en particulier. Des questions nouvelles, décisives pour la société japonaise et pour le monde entier, que les jeunes auteurs comme Furukawa (voir p. 72) prennent à bras le corps. Philippe Picquier n’a pas attendu le Salon 2012 pour mettre le Japon à l’honneur. Fasciné depuis l’enfance par l’Extrême-Orient, il propose aujourd’hui un imposant catalogue de plus d’un millier de titres et fait

Le Pavillon Japonais © collectif enn2004

paraître une quarantaine de nouveautés par an. La maison arlésienne peut être fière de son succès ; elle édite plusieurs des auteurs invités et l’un d’eux, Isaka Kôtarô, a reçu au Salon le prix Zoom Japon pour son roman La prière d’Audubon. Les éditions Picquier, ainsi que 23 autres maisons, sont accueillies au Salon sur le stand de la Région PACA, dans le cadre de son programme en faveur du livre et de la lecture. Notre région est par ailleurs bien représentée par l’énorme stand d’Actes Sud. Il y aurait encore beaucoup à rapporter. Sur Moscou, la ville invitée, et sur la personnalité contrastée des écrivains moscovites, le radical Zhakar Prilepine en tête. Sur l’Américain Russell Banks, venu présenter son dernier roman, Lointain souvenir de la peau (Actes Sud)… Mais plus de place, pas même pour un haïku ! FRED ROBERT

Le Salon du Livre de Paris s’est tenu du 16 au 19 mars Le Pavillon Japonais © collectif enn2004


LA MARELLE | SAINT-MAXIMIN | MAUPETIT

LIVRES

79

Pour donner un avant-goût de cette écriture croisée La Marelle a organisé, le 27 février, une rencontre aux Grandes Tables de La Friche, en partenariat avec La Cité Maison de théâtre, qui a fait de cette soirée de débat, de lectures et de musique une de ses «mises en bouche» avant l’ouverture de la Biennale des Écritures du Réel (voir p. 6). Joëlle Cattino et Michel Bellier ont détaillé la genèse et les étapes du projet, en insistant sur le défi que représente une telle «réunion d’artistes». D’autant qu’aux voix des 3 auteurs dramatiques viendra s’ajouter celle de Fred Nevchehirlian. Le musicien «touché par le trajet de cette femme» a accepté de participer à l’aventure, en composant la musique du spectacle, lien sonore entre tous les langages de la pièce. Cette rencontre a aussi été l’occasion de découvrir les univers et le style des 3 auteurs engagés dans cette création atypique. Deux jeunes comédiens qui feront partie de la distribution, Blanche Van Hyfte et Fabien-Aïssa Busetta, ont régalé l’assistance de leurs lectures percutantes. Aujourd’hui, le voyage est encore long jusqu’à la création. D’autres résidences d’écriture sont prévues, avant la mise en scène puis les répétitions, auxquelles le public marseillais devrait pouvoir assister dans le cadre d’un

La Marelle, villa des projets d’auteurs, accueille d’ordinaire en ses murs des romanciers : Robert McLiam Wilson récemment, bientôt Arno Bertina puis Xavier Bazot. Mais l’équipe a fait une exception en offrant une résidence de quatre semaines à des écrivains de théâtre : la thématique abordée, la figure des femmes dans l’immigration contemporaine, et l’originalité du projet les a séduits. Va jusqu’où tu pourras est une œuvre singulière et collégiale qui sera créée en 2013 dans 4 pays. Une trilogie dramatique que Joëlle Cattino, directrice artistique de la Cie Dynamo Théâtre, a imaginée et mettra en scène. Trois épisodes du périple d’une femme, de la frontière irakienne à Istanbul, de la Turquie à Marseille, puis de la France à la Belgique ; trois étapes d’une migration, successivement prises en charge par trois auteurs, une Turque Sedef Ecer, un Français Michel Bellier, un Belge Stanislas Cotton. Pour l’heure, la résidence du Français et de la Turque à La Marelle a permis d’élaborer une charte dramaturgique nécessaire à l’harmonie d’ensemble (Michel Bellier fera de même en mai avec Stanislas Cotton) et de rencontrer sociologues, travailleurs sociaux et femmes migrantes, afin de nourrir de réalité la fiction en cours.

La chair des mots

Ritta Baddoura © Claudie Lenzi

«Je suis en guerre avec les mots», flamme vive, tournoyant au milieu du public «voltige de cirque, arène», RittaBaddoura se livre à une vaste improvisation à partir de mots cueillis au détour de ses poèmes, portés par différents spectateurs devenus complices par la matérialité des feuilles de papier qui s’accrochent à eux. «Ma voix, ma voix étrangère» les mots deviennent incantation, s’animent de jeux, laissent des images éclore, charriées par le flux tantôt rapide, chaotique, tantôt large et fluide, apaisé. Exploration subtile des limites du langage, «je cherche pendant que je trouve»… D’origine Libanaise, la jeune poétesse choisit le Français pour une poésie sensuelle et lyrique où parfois affleure la richesse des images de la langue arabe. «Les mots français qui m’attirent ont de

© X-D.R

L’odyssée d’une femme

«plateau ouvert» au théâtre du Gymnase en novembre prochain. FRED ROBERT

À lire Sedef Ecer Sur le seuil et A la périphérie (L’Amandier) Michel Bellier L’étincelle (Lansman) Stanislas Cotton Bureau national des allogènes (Lansman)

la chair, il y a quelque chose dans la volupté de dire, une texture.» Par la pratique de la performance publique, elle sait rendre vie à ce genre trop souvent confidentiel. «Il ne s’agit pas d’agresser les gens, mais de les confronter à eux-mêmes, signifier dans leur expérience à eux.» RittaBaddoura poursuit cette confrontation par des ateliers d’écriture auprès de retraités, d’ados, de femmes, parallèlement à ceux menés par Éric Blanco, Frédérique Guétat-Liviani et Christophe Forgeot. Cette fête, cette explosion de créativité a un cadre, pour la 4ème année consécutive : Un Max’ de Poésies, né de la dynamique de la ville de SaintMaximin et de la ZIP Plaine Page de Barjols. À coté de leurs ateliers et performances, l’exposition Premières Pages au nouveau lieu Pôle Culturel de Saint-

Maximin, doublée par l’édition du catalogue dans Art-Matin : plus de 60 artistes, poètes, plasticiens, se sont livrés au jeu de la première page, avec une mise en scène graphique (collages, déchirures, objets, photographies, dessins, peintures…) et une justification de leur choix, sous une forme académique, poétique, sensitive, ironique. À cela ajoutez la présentation de Claudie Lenzi sous forme de poème à la Queneau… Que du bonheur ! MARYVONNE COLOMBANI

Un Max’ de Poésies s’est tenu du 25 fév au 14 mars à Saint-Maximin Revue Art-Matin n°4 Plaine Page, 7 €

Les masques accrochés aux murs étaient étranges, parfois drôles, souvent inquiétants. Les madeleines offertes à la fin avaient été passées à la cendre et laissaient sur les lèvres un film noirâtre. Figures grimaçantes, collation cendrée, il n’en fallait pas moins pour accompagner l’Avant-goût de Peste proposé par le théâtre de l’Arnaque. Cette jeune compagnie, qui veut offrir la pratique théâtrale à un public précaire peu accoutumé aux plateaux, a créé en septembre un atelier autour du thème de la peste. Voici pourquoi la librairie Maupetit accueillait en février deux «lectures actives», présentations publiques du travail mené d’après les

Théâtre de l'Arnaque © DB - Librairie Maupetit

Masques et madeleines Scènes de la Vie marseillaise pendant la Peste de 1720 de Dominique Cier (Actes Sud, 1979). Comment ne pas se sentir cerné par l’épidémie ? Le dispositif y conviait : le public était assis au centre ; autour de lui, les lecteurs comédiens circulaient, changeant de rôle, de voix, de lieu, avec enthousiasme et conviction. Car la peste, fléau hautement symbolique, n’a pas fini de tuer. FRED ROBERT

À suivre : un Festin de Peste organisé le 1er avril au Point de Bascule, Marseille


Marseille Provence 2013, déploie ses AubAgne et l’en-commun l’an d’exception

Au-delà de ces participations, l’agglomération a élaboré des propositions uniques destinées à marquer durablement son territoire : le Pompidou mobile, durant 3 mois, permettra le contact direct avec des œuvres majeures de l’art moderne et contemporain ; l’exposition Picasso céramiste la précèdera durant six mois, avec 120 pièces jamais rassemblées. Le colossal d’Art brut de Danielle Jacqui, projet sur lequel la céramiste singulière travaille depuis 4 ans, dans un esprit qui l’habite depuis toujours, installera ses 4 000 pièces à l’entrée de la ville… Les arts du spectacle ne seront pas en reste, avec des propositions participatives comme celle de l’orchestre Divertimento qui rassemblera les musiciens du territoire, la Ville invisible qui mobilisera les citoyens autour d’Hervé lelardoux, nous serons tous d’ici qui veut créer un nouveau festival multidisciplinaire autour des douze médiathèques de l’agglomération, des Rencontres d’Averroès et de la culture de paix… Lancement du programme Vers l'An Commun avec le Freaks band © Jean-Pierre Vallorani

L’implication de l’agglomération d’Aubagne et du Pays de l’Étoile est exemplaire, et impressionnante. Dans son ampleur, puisque près de 30 projets sont prévus durant cette année de Capitale Culturelle, mais aussi par ses partis-pris particuliers. «Il faut que cette année nous éblouisse, nous transforme, et conjugue profondément la beauté particulière de notre territoire avec son formidable capital humain», déclarait magali giovannangeli, Présidente de la communauté d’agglomération, le 23 février, lors du lancement de leur programme intitulé si joliment Vers l’An Commun... Et JeanFrançois chougnet d’approuver : «L’engagement de l’ensemble du Pays de l’Étoile est cohérent, participatif, généreux et joyeux : un grand sujet de satisfaction et d’encouragement pour Marseille Provence 2013 !»

l’an courant

Pendant l’année capitale, les événements culturels nombreux qui ont cours régulièrement dans les 12 communes prendront une ampleur inédite : le Festival International du Film qui sait mettre l’accent sur le son du cinéma, grains de sel (Salon du livre d’enfants) et Festimôme (art de rue jeune public) sont labellisés, Argilla (marché de la céramique et des arts de la terre) sera le terrain de création potière mais aussi chorégraphique, et le Festival d’orgue de Roquevaire passera commandes à des compositeurs… Mais l’année déclinera aussi les propositions du programme commun en participant aux grands rendez-vous de la capitale : cuges les Pins sera le départ de la transHumance des chevaux, le Festival des randonnées suivra le nouveau gR2013, un épisode «aux herbes» des Arts et Festins de la méditerranée passera par Aubagne… Et le projet ulysse du FRAc s’installera aux Pénitents noirs avec l’exposition monographique de mona Hatoum…

1

l’an qui dure !

Ici comme ailleurs, Marseille-Provence 2013 n’a pas attendu le top du départ pour commencer… Trois Ateliers de l’euroméditerranée s’y sont installés : Waël Shawky a su y mener un projet particulièrement ambitieux, qui a apporté beaucoup de bonheur à tous ses participants : le tournage de son film Cabaret Crusades (voir supplément Zib’46) se poursuit jusqu’en avril, et a permis de créer plus d’une centaine de marionnettes en céramique avec Pierre Architta, de faire travailler les étudiants de l’École de céramique, ceux du SAtIS (cinéma et son) pour mettre en image le roman d’Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes… Et les résidences ne sont pas finies ! Alexandre Perigot va réinventer la Maison du Fada du Corbusier avec les élèves du lycée professionnel eiffel, mona Hatoum sera en résidence dans l’entreprise de chaudronnerie Arnoux et au cIRVA pour fabriquer les oeuvres qui seront exposées dans le cadre d’Ulysse… En dehors de ces AEM, un auteur jeunesse viendra écrire une nouvelle dans le cadre de Roman-Feuilleton, et une des plus ambitieuses actions des nouveaux commanditaires aménagera la Vallée de l’Huveaune pour en faire, définitivement, le Territoire des fées : car Jorge et lucy orta installeront des œuvres d’art, commandées par les citoyens, sur les berges de ce fleuve modeste, à Saint Zacharie, Auriol et Aubagne ! www.2013-paysdaubagne.com


nouveaux territoires leS nouVeAuX commAnDItAIReS Repères 2010/2011 Jacques Siron / Les Musicollages Marseille, cité de la musique olivier bedu / Le Banc de sable Marseille, Écoles François moisson Krijn de Koning / To make a place Marseille, collège notre-Dame de la major

Le Vaisseau © Mathieu Briand

L’action Nouveaux Commanditaires proposée par la Fondation de France depuis 1990 permet à des citoyens de passer commande d’une œuvre à des artistes contemporains. Écoliers, salariés, habitants, groupements d’associations peuvent ainsi répondre aux enjeux de société ou de développement d’un territoire qui se posent à eux. Sur le territoire Marseille-Provence, le bureau des compétences et désirs est, en sa qualité de producteur exécutif, l’un des trois acteurs de cette construction commune. Dans le cadre de MP2013 le programme a changé de rythme sur le territoire et voit ses moyens amplifiés : «Les projets grandissent généralement de manière organique, souligne Anastasia makridou, co-directrice du Bureau : les fruits sont mûrs au bout de 3 ou 4 ans et tombent de l’arbre naturellement. Avec MP2013, l’impact des projets dans le temps est différent, ils sont structurants et s’intègrent dans un contexte à valeur d’usage indéniable.» Sur neuf projets validés par la Capitale Culturelle, trois ont été réalisés en 2010/2011 tandis que celui de mathieu briand à la crèche de la Friche belle de mai sera inauguré en avril 2012 : clin d’œil au bâtiment qui l’accueille (ancien bassin de rétention d’eau), l’installation baptisée Le Vaisseau invitera les jeunes occupants à un voyage-découverte du monde intérieur et extérieur à travers des dispositifs vidéo et numériques, un aquarium, un mur végétal, des périscopes… Au collège notre-Dame de la major, To make a place de Krijn de Koning «a pris racine dans un manque exprimé par l’équipe enseignante» auquel le cahier des charges a répondu ; le choix de l’artiste et la mise en œuvre du projet ont dû ensuite rencontrer l’adhésion des commanditaires pour être finalisés. Neuf projets et autant de situations et de désirs multiples, même si des réflexions communes les traversent, sur l’espace public, l’environnement, la gestion de l’eau, la question du patrimoine naturel et historique, la création d’un maillage entre usagers… «Chaque projet nous amène ailleurs» remarque Anastasia Makridou qui voudrait établir «une porosité entre eux». Le lien du désir ?

2012 mathieu briand / Le Vaisseau Marseille, crèche belle de mai tadashi Kawamata / Les Sentiers de l’eau Camargue, Six observatoires

© DeKoning

lucy et Jorge orta / Le Chemin des fées Vallée de l’Huveaune, Rives et cultures 2013 Didier Fiuza Faustino / L’Écume des jours Marseille, Hôpital nord le cabanon vertical / Limites floues Salon-de-Provence, espace Francis baron

© BCD Musicollages

berdaguer & Péjus / Place Lulli Marseille, les commerçants du centre Ville © SebastienNormand/Moisson

Partenariats Fondation de France Marseille-Provence 2013 Bureau des Compétences et désirs et autres partenaires selon les projets

2


Trois femmes sont actuellement en résidence dans le cadre des Ateliers de l'EuroMéditerranée : une photographe, une écrivaine, une plasticienne... À l'oeuvre !

© Kathryn Cook

Repères

Kathryn cook est née au Nouveau Mexique et a fini ses études de journalisme en 2001. Depuis, ses photographies documentaires sont régulièrement publiées dans le New York Times, Newsweek, Time, Stern… Elle fait partie de la prestigieuse Agence VU.

Résidence De septembre 2011 à juin 2012 Jeunesse Arménienne de France L’association, née après la seconde guerre mondiale, œuvre en particulier au développement de la culture, de la langue et des arts arméniens. Coproductrice de cet Atelier, elle a également ouvert ses archives et permis à la photographe de rencontrer les Marseillais d’origine arménienne, une des plus anciennes et importantes communauté de France. www.la-jaf.com le bec en l’air Maison d’édition d’ouvrages d’art, de photographie, le bec en l’air met en pages de façon élaborée, et contemporaine, la relation entre texte et image. Basée à La Friche, elle compte aujourd’hui plus d’une soixantaine de publications à son catalogue. www.becair.com

3

KAtHRYn cooK, Memory of trees

© Kathryn Cook

C’est par hasard, au cours d’un voyage en Turquie en 2006, que la photographe américaine a senti une absence. Et a découvert qu’il était interdit de parler du génocide arménien. Alors elle s’est mise à chercher les traces de ce peuple, en Syrie, au Liban, à Jérusalem, en Arménie, pour comprendre l’ampleur du silence et documenter sa vision. Puis elle est parvenue dans un petit village turc peuplé de Kurdes et planté de mûriers, et de vers à soie. La mémoire d’un artisanat arménien, dans les arbres. Depuis elle a séjourné à Marseille, rencontré Ovsana Kaloustian, centenaire qui a vécu l’exil en 1915… Ses photographies, d’un magnifique lyrisme et d’une rare humanité, s’accompagnent de commentaires succincts mais éclairants sur une histoire qui n’est pas la sienne, mais qu’elle rend comme un témoin infiniment sensible, et entêté. Elles feront l’objet, en 2013, d’une exposition monographique au mucem, et d’une publication au bec en l’air.

SonIA cHIAmbRetto, sans titre L’auteure a commencé ses résidences dans les Bureaux de Proximité de la Ville de marseille (voir supplément Zib’46). En haut de la Canebière. Elle y a vécu quelques scènes surprenantes, de misère mais surtout de solidarité. Car cet endroit où l’on fait renouveler ses papiers, où l’on affirme son état civil est, dit-elle, un des points névralgiques de notre société, mais aussi un de nos lieux communs. Elle se souviendra, toujours, de cette belle femme noire que l’appareil ne parvenait pas à photographier selon les normes imposées pour les passeports

numériques… et des fous rires solidaires des employées municipales, qui s’étaient regroupées autour d’elle. Toutes des femmes, en première ligne, confrontées à la difficulté sociale, à des normes qu’elles doivent imposer sans en partager l’esprit, mais en supportant les reproches. Sonia Chiambretto ne sait pas encore ce qu’elle fera de cette matière vivante, comment elle l’écrira. Mais elle poursuit son voyage dans d’autres bureaux, témoin discret, au cœur de la parole sociale.


Karine Rougier, une artiste chez Vacances Bleues © Marie Deruffi

© Marie Deruffi

Repères

KARIne RougIeR Le temps des vacances Elle a pris ses quartiers d’hiver à Vacances bleues pour une résidence de création de près de quatre mois. Là, elle réenchante l’espace nu, accroche aux murs photos et planches de dessins, accumule sur une étagère bouquins et menus objets, range sur le tréteau ses crayons gris à pointe fine. Un univers personnel hétéroclite appréhendé quotidiennement par les salariés qui peuvent suivre son processus de création : un dessin de 190 x 140 cm épinglé au mur, évolutif, qui laisse en évidence les chemins sinueux de sa pensée et de son geste, intitulé, provisoirement, Le temps des vacances. L’œuvre prend ses racines dans un fourbi d’objets récoltés par les employés au gré de leurs pérégrinations; souvenirs de vacances auxquels elle invente un nouveau destin sur le papier : «Cela pouvait être troublant, confie-t-elle. Je n’ai pas dessiné chaque objet exactement, même si c’était l’attente de certains salariés. Je me suis emparée de leurs histoires…» Le projet fait mouche au sein de l’entreprise dont le fer de lance est le voyage. Chacun projette dans l’œuvre en cours un peu de ses parenthèses extraordinaires, de ses rêves… Les 350 œuvres de la collection de Vacances Bleues sont exposées dans les sièges sociaux et les hôtels, mais travailler à la lumière d’œuvres d’art accrochées dans

Diplômée en 2005 du DNSEP à l’École d’art d’Aix-en-Provence, Karine Rougier, née à Malte en 1982, participe à de nombreuses expositions individuelles et collectives en France, et encadre divers workshops et ateliers de dessin/ peinture/ collage/volume. En 2010, elle est Lauréate de Mécènes du Sud et bénéficie d’une aide à l’édition et à la production d’œuvres; en 2011 paraît chez Sextant et Plus une monographie (voir p. 69 ).

Résidence

de décembre 2011 à mars 2012 © Marie Deruffi

les bureaux est une chose, faire l’expérience de la création vivante en est une autre ! Soutenue par Mécènes du Sud, la résidence devrait trouver un prolongement en 2013 dans une forme non encore définie. Pour l’heure, Vacances Bleues annonce une exposition monographique du 17 au 20 mai à l’occasion du Printemps de l’art contemporain ainsi que l’acquisition de l’œuvre.

Partenaires

Depuis sa création il y a 40 ans à Marseille, la chaine hôtelière de loisirs et tour opérateur Vacances bleues s’est investie dans des actions de mécénat artistique, social et humanitaire, regroupées depuis 2006 au sein d’une Fondation d’entreprise. Dans le domaine des arts visuels, celle-ci soutient la création émergente par l’organisation d’expositions, l’achat ou la commande d’œuvres, la production et l’édition. Vacances Bleues fait partie des membres fondateurs de mécènes du Sud, qui soutiennent cet atelier. www.vacances.bleues.com Fondation Vacances Bleues et Marseille-Provence 2013, avec le soutien de Mécènes du Sud.

4


Cultiver en milieu médical Assistance Publique - Hôpitaux de marseille Premier centre hospitalier de la Région PACA (3 514 lits sur 5 sites, 15 000 salariés), l’AP-HM est investie de trois missions : soins, enseignement, et recherche. Elle invite la culture à l’Hôpital à travers le programme Santé e(s)t

culture(s), en accueillant des artistes, en impliquant patients, visiteurs, personnels administratifs et soignants dans un processus d’échange et de réflexion créative. L’AP-HM œuvre avec MP2013 à des Actions

ImAne FAKHIR Faites vos vœux Repères Née en 1969 à Casablanca, Imane Fakhir réside à Marseille. Son œuvre photographique explore la frontière entre l’espace public et l’espace privé, et la question du féminin dans un univers méditerranéen.

Atelier de l’euroméditerranée Résidence d’octobre 2011 à mai 2012

Rencontrer les patients et le personnel, observer le geste technique, le protocole hospitalier et sa lourdeur, ne pas juger, être «l’écouteuse». Imane Fakhir a passé un mois au Pôle neurosciences de l’hôpital de la timone, sans sortir un appareil photo ou une caméra. Sa résidence se poursuit dans le respect de la routine et de la répétition : «Je n’entre pas dans la narration, sauf par le corps. Je ne filme pas un soignant et un soigné, mais deux être humains qui se rencontrent, je cadre leurs mains en gros plan.» Elle prévoit de tourner de petites vidéos de moins de 3 minutes, le récit d’une infirmière, les tâches ménagères, la façon de plier un grand drap pour remplacer les taies d’oreiller coincées depuis plusieurs années dans les rouages administratifs. D’origine marocaine, l’artiste s’interroge sur les rituels sociaux dominants : «Dans ma culture on accompagne les malades jusqu’à leur dernier souffle, la famille est

Ymane Fakhir, La réeducation 2011 © Ymane Fakhir

très présente. Et l’hôpital accepte ça, les sandwichs, les thermos... c’est presque festif. Ici, c’est inconcevable.» Porter un regard sensible sur la détresse, souligner l’humanité là où c’est nécessaire, voilà qui éclairera sans aucun doute le milieu médical.

cAbAnon VeRtIcAl En observation Repères Le cabanon Vertical est un collectif pluridisciplinaire : des architectes y côtoient des spécialistes de l’art visuel, plasticiens et photographes. Leur approche privilégie la place de l’usager dans l’espace urbain, et sa liberté d’action. Action de Participation citoyenne Ateliers février et avril 2011 Réalisation des projets de février à novembre 2012

5

Cabanon Vertical, service medecine interne et medecine geriatrique © Cabanon Vertical

l’Hôpital nord : une barre et une vague de béton dominent froidement les quartiers «redoutables» de Marseille. olivier bedu, architecte et co-fondateur du collectif Le Cabanon Vertical, y a animé pendant 6 semaines une Action de Participation Citoyenne avec les patients et le personnel (voir Zib’46). «Ces bâtiments ont un côté très fonctionnel, mais peu convivial. La place des accompagnants a notamment été négligée.» D’où l’idée de travailler sur le cadre de vie pour en limiter l’inconfort : «On s’est donné la liberté de faire des propositions non réalisables, mais aujourd’hui on va en concrétiser au moins une dans chaque service.» Une signalétique ludique en pédiatrie, un espace bibliothèque et jeux, des tableaux que l’on poserait sur les portes pour que les enfants personnalisent leur chambre avec des craies liquides…


de Participation citoyenne : Un air de famille (voir Zib’46) autour de la pratique chorale. Plusieurs Ateliers de l’euroméditerranée sont prévus jusqu’en 2013, notamment avec le metteur en scène marco baliani… à suivre !

AtelIeR JARDIn Repères L’École nationale Supérieure de Paysage de Versailles-Marseille forme des paysagistes diplômés d’État, à même de concevoir des projets de paysage et leur maîtrise d’œuvre opérationnelle, et d’animer des politiques publiques de paysage et de patrimoine. Chantier : du 20 février au 4 mars 2012 L’AP-HM et l’ENSP collaborent depuis 2010, avec la Ville de marseille et MP2013, à un projet euro-méditerranéen d’ateliers jardins

Jardin de la cour centrale de l'Hôpital Sainte-Marguerite © Service communication, AP-HM

Pierre Rabhi le disait récemment : «Cultiver la terre aujourd’hui est un acte de résistance, un acte politique.» Pour s’en convaincre il suffit de voir l’enthousiasme avec lequel tous les participants de l’atelier jardin à l’Hôpital Saint-marguerite se sont emparés du réaménagement de la cour centrale. Divisé sur le papier en 4 parcelles : culture vivrière avec potager et verger, partie ornementale (pelouse, vivaces et graminées), plantes aromatiques et espace forestier (clairière incluse !), le futur jardin est encore nu, mais bruissant d’activité. S’y croisent les jardiniers de l’APHM, les 3 étudiants de l’enSP chargés de la maîtrise d’œuvre, des élèves infirmiers, des patients... tous armés de pelles et les mains dans la glèbe. mathieu gontier, qui encadre les jeunes paysagistes, est satisfait: «C’est un travail d’équipe, le concepteur n’est pas indispensable à tout moment, et tout le monde se l’approprie.» Les étudiants de 1ère année se réjouissent: «C’est un contexte très professionnalisant, mais sans les impératifs de rendement

qui existent dans le privé.» Même contentement du côté du personnel soignant. Josianne cassin est psychologue, dans le service du Pr Naudin, et elle a accompagné plusieurs de ses malades sur la base du volontariat : «Pour les psychotiques qui souffrent tellement de solitude, le travail en groupe est précieux, et puis si l’on fatigue le corps, les idées tournent moins vite. Il est question de nous attribuer une bande de terrain, nous nous sommes tous projetés dans la perspective de planter des fraises, pour les manger au goûter avec de la chantilly.» Yves Fabre, le jardinier de la Timone, trouve pour sa part «intéressant de travailler avec des jeunes». «On échange, nous on a plus de pratique, eux ont des idées. La cour était triste sans arbres et sans fleurs !» À terme, l’objectif est de transmettre cet espace à ses usagers, tout en créant une ouverture vers les initiatives riveraines, comme les Jardins Familiaux Aiguier ou le Jardin d’hospitalité à l’Hôpital Salvator.

6


86

HISTOIRE

AUSCHWITZ | LES MILLES

Racisme, antisémitisme et discriminations de tous ordres mènent au crime, de petite ou grande envergure, parce qu’ils procèdent de la même négation de l’humain. La riposte réside-t-elle dans le savoir, l’éducation ? C’est le pari que font nombre de collectivités et d’enseignants : la Région PACA sélectionne, sur la pertinence des projets pédagogiques annuels, 20 classes de lycéens de 1ère et de terminale. Travaux en cours, recherches, visites du Mémorial de la Shoah à Paris, du Camp des Milles en Provence, voyage d’étude à Auschwitz, la restitution de l’ensemble étant prévue le 26 mai…

À Auschwitz Le voyage est éprouvant. Le 16 février les lycéens décollent au petit matin accompagnés de leurs professeurs, de journalistes, de représentants du rectorat et d’élus de la Région, ainsi que du conseil régional des jeunes. Ensemble nous sommes guidés par Olivier Lalieu, historien, ainsi que de jeunes spécialistes attachés au Mémorial de la Shoah, et une survivante d’Auschwitz, Ginette Kolinka, qui nous accueille à l’aéroport de Cracovie. «Je n’ai plus de haine, la haine n’apporte que de la souffrance, mais j’aimerais me trouver devant un antisémite, le regarder dans les yeux et lui demander pourquoi…» Un sourire énorme, une énergie incroyable et des yeux qui ne peuvent plus pleurer. «Au printemps, nulle part l’herbe n’est aussi verte…» dit-elle dans le car qui nous emmène aux camps. Mais en février la neige recouvre tout, morne plaine… sauf les cris d’un voisin qui ouvre sa fenêtre, insulte les jeunes gens, refusant la proximité de ce qui jouxte sa maison. Premier arrêt du car, à la «Juden rampe», là où les convois arrivaient. 80 % des personnes en moyenne n’allaient pas plus loin, triées : au-dessous de 15 ans et au-dessus de 45 ans, on était envoyé à la mort. «Comment ai-je pu croire que nous allions partir dans un camp de travail !» s’exclame Ginette Kolinka. Les dates, les chiffres, inexorables, tout est expliqué, montré, sans pathos inutile tant l’émotion naturellement vous étreint… Non, ce n’est pas une sortie anodine : les lycéens remarquablement préparés ne jouent pas

aux boules de neige, ne se font pas photographier avec les doigts de la victoire : un engagement moral a été signé par les élèves, qui se recueillent avec gravité lors de la minute de silence devant le monument international érigé entre les fours crématoires II et III. Dignité, intérêt, étonnement devant l’immensité de Birkenau, toutes ces cheminées qui marquent l’emplacement des baraquements de bois… Ginette insiste : «Vous êtes mes témoins : vous devez devenir les témoins des témoins. La transmission est essentielle :

seule la conscience et le savoir peuvent nous sauver !». Plus d’un million de touristes visitent Auschwitz chaque année, plus ou moins préparés, emmenés par des guides plus ou moins pertinents qui n’ont sans doute pas toujours conscience de ce qu’ils foulent. Mais les conditions d’accueil de nos lycéens n’ont rien à voir avec le tourisme de masse qui choque et interroge parfois, dans un tel lieu. «Revenir ici, c’est aussi égoïste, je rends hommage et mémoire à ceux qui ne sont plus là, peut-être que je

Témoins des témoins Au printemps nulle part l’herbe n’est aussi verte Voyage d’étude à Auschwitz © MC

foule leurs cendres…» Malgré les lieux, les détails, il est impossible d’imaginer. Nous portons des vêtements chauds, le voyage en avion a été bref et sans histoire, nous n’avons pas faim, aucun épuisement… Les arbres ont poussé, le paysage serait beau si l’on pouvait oublier les clôtures de barbelés à perte de vue… En 44 il y avait la boue, (Auschwitz est implanté sur d’anciens marécages), les cris, le froid, la puanteur, la faim, la peur… «Pensez à ce que ces pierres, ces briques savent et que tous ignorent ! Seuls les survivants peuvent le dire. On ne peut pas imaginer, n’essayez pas d’imaginer, on ne peut qu’essayer de savoir.» Il y a les cheveux, fondus dans la même couleur filasse que © MC

© MC


MUSÉE D’HISTOIRE DE MARSEILLE donne l’acide cyanhydrique (base du Zyklon B), les lunettes, les chaussures, d’adultes, d’enfants, des vitrines immenses. On a l’âme au bord des lèvres. Et puis ces photos, ces regards, qui savent, au-delà du désespoir, ces dates qui scandent la mort, ces énumérations de convois, les arrivées, les survivants, les traces des ongles sur les murs de la chambre à gaz d’Auschwitz1… Olivier Lalieu reprend, il faut faire appel à l’histoire, remettre en perspective la Shoah : l’extermination, l’assassinat de masse tenait une place centrale pour les Nazis. Auschwitz, véritable complexe (autour des 3 camps principaux il y avait des dizaines de «souscamps»), endossait plusieurs fonctions, camp de concentration, pour les travaux forcés, destinés à la rééducation et la répression des opposants du IIIème Reich, et principal centre d’extermination des Juifs d’Europe. «Nous étions de la vermine» rappelle Ginette, «et traités comme tels»… En quelques heures, le processus de dépersonnalisation était accompli. Au procès de Nuremberg il n’y a pas eu de regret exprimé, seule la conscience d’un devoir accompli : les juifs n’étaient pas des hommes, mais des chiffres. La taylorisation de la mort, efficace, monstrueuse, ne se comprend vraiment qu’en retournant sur les lieux du plus grand cimetière de l’humanité, inlassablement. Pour renverser la fonction de ces lieux où l’humanité a été niée absolument : ici s’effectue désormais le travail de prise de conscience. Le savoir implique d’envisager le passé avec objectivité, de transmettre, et d’établir une vigilance scrupuleuse face à tous les principes même lointains qui conduisent à l’inexorable enchaînement de l’horreur.

HISTOIRE

87

Métamorphose historique !

Le nouveau musée d'histoire de Marseille depuis le site archéologique de la Bourse © C+Architectures

Et ici Nécessaire aussi la relation avec le Camp des Milles, lieu témoin, mais aussi lieu d’éducation qui propose un wagon souvenir, la visite de la tuilerie, des ateliers pédagogiques, des conférences, des débats, un centre de ressources et de formation, des évènements culturels… L’ancienne Tuilerie, devenue entre 1939-1942 un camp d’internement d’abord, de résistants, d’antifascistes, d’étrangers (27 nationalités) a été institué en juillet 1942 comme antichambre de la mort: 2 500 Juifs de la France Libre furent raflés, parqués puis envoyés à Drancy puis Auschwitz avant même l’occupation allemande de la région. Le projet de réhabilitation totale, qui entre au cœur de Marseille Provence 2013, proposera un parcours documentaire fondé sur le choc des vastes espaces d’internement, ou encore, la surprise esthétique des créations des artistes et intellectuels qui ont transité par ce camp, comme Max Ernst. Saisissants témoignages de la volonté humaine de laisser une empreinte, lorsque ce camp d’internement français n’était pas encore devenu l’antichambre inéluctable de la mort, et restait parfois une porte vers l’exil… Le projet d’éducation du Camp des Milles repose sur trois éléments indissociables : le savoir scientifique, avec le volet historique, la confrontation aux traces, avec le volet mémoriel, et la réflexion sur la responsabilité individuelle, collective, la relation à l’autorité: un espace est dédié aux actes de résistance et de sauvetage. L’éducation citoyenne commence peut-être par là… MARYVONNE COLOMBANI

www.campdesmilles.org www.memorialdelashoah.org UDA, Union des Déportés d’Auschwitz www.cercleshoah.org

Jean-Claude Gaudin semblait particulièrement fier de lancer la rénovation du Musée : on sait qu’il enseigna l’histoire, et qu’elle lui tient à cœur. Mais ce n’est pas la seule raison : le Musée d’Histoire de Marseille, au sous-sol du centre commercial de la Bourse, possède des fonds véritablement extraordinaires, qui n’ont jamais été mis en valeur. Après la restauration du Jardin des Vestiges attenant, c’est donc un ambitieux projet muséal que la Ville concocte pour 2013. Le futur bâtiment se déploiera sur deux étages, et le «chaland, Marseillais ou touriste, pourra y entrer par le jardin ou par le centre commercial, parce que ce musée doit attirer tout le monde.» Soit 15 500 m2 de surface dont les 9 000 m2 du port antique, un centre de documentation, un cabinet d’arts graphiques, un auditorium de 200 places et une salle d’exposition temporaire… Mais l’essentiel de «cet équipement majeur» sera l’exposition permanente «de référence» : soit 13 séquences historiques. L’ensemble se veut vivant, chronologique, multimédia, peuplé d’animations et d’interactivité, organisé autour de personnages emblématiques et d’objets phare : l’ensemble des six navires grecs et Épave du navire romain de la Bourse © C+Architectures

romains est effectivement unique au monde, les épaves étant de très grande taille et très anciens (6ème siècle avant JC) ; la nécropole de Malaval constitue un témoignage précieux de la vie des premiers chrétiens… Plus inattendus, Marseille Renaissante, et les liens avec Louis XIV… Les dernières séquences seront orientées vers la Révolution, le commerce maritime moderne, la porte des suds… Ainsi 3 000 pièces majeures seront exposées en permanence, et d’autres se relaieront : le Musée possédant un fonds de 45 000 pièces, ce parcours permanent sera évolutif. Et, bien sûr, un itinéraire spécifique sera conçu pour les enfants. Ce nouvel espace, dont la rénovation et l’extension coûteront 35 millions d’euros, est financé essentiellement par la Ville (28,6 M d’€, 3 M d’€ de la Société des Eaux de Marseille, 2,34 M d’€ du Conseil régional et 1 M d’€ de l’État). Le projet architectural est mené par Stéphane Beaumeige, et la scénographie d’exposition à Adeline Rispal. AGNÈS FRESCHEL

www.marseille.fr


88 HISTOIRE MUCEM

L’Espagne indignée

La mémoire et la crise

Nous sommes tous d’Athène en ce point, écrivait La Fontaine, déplorant le Pouvoir des fables. Aujourd’hui c’est l’amnésie historique qui fait des ravages en Europe. A-t-on oublié que l’Espagne, le Portugal, la Grèce sortaient à peine de longues dictatures lorsqu’elles sont entrées dans la communauté européenne ? C’est par une archive émouvante, Jorge Semprun commentant la mort de Franco, que la rencontre avec Josep Ramoneda s’est ouverte. Bon moyen de lutter contre l’amnésie qui, en Espagne comme en Algérie, pèse sur la conscience histo-

regarde, stupéfaite, les chantiers arrêtés (depuis 2007 l’Espagne a construit plus de logement que la France, l’Allemagne et l’Angleterre réunis !), et vit en moyenne jusqu’à 30 ans chez ses parents faute de travail… Mais cette indignation générale n’a pas de traduction politique : l’explosion, morale, reste confuse, pose des questions importantes mais non fondatrices (logement, listes électorales ouvertes) et n’empêche pas le populisme de gagner, alimenté par une «culpabilisation des citoyens du type : la fête est

rique après l’amnistie «inéluctable», qui a «épargné les responsables des crimes du Franquisme». 37 ans après, quel est l’état de la démocratie ? De 1982 à 1996 les socialistes au pouvoir «n’ont pas eu le courage de franchir ce tabou». Plus de 100 000 disparus : Isnard a essayé de blanchir le Franquisme, Zapatero a fait voter une loi mais ne l’a jamais appliquée, le juge Baltasar Garzón, qui s’était attaché à poursuivre les criminels, est aujourd’hui suspendu… Est-ce que ces vieilles histoires entravent la démocratie aujourd’hui, demande Thierry Fabre ? Si le lien direct est difficile à établir, «ne pas pouvoir toucher la mémoire n’est pas un signe de bonne santé». Qu’en est-il aujourd’hui ? Les Basques et les Catalans se sont véritablement constitués en Nations, se forgeant une autre mémoire, antérieure à la guerre. Les mouvements d’Indignation ont traversé un pays qui régresse à grands pas, gagné par un chômage record (2 fois plus qu’en France), désespérant toute une génération sacrifiée qui

terminée, on doit payer les excès». «Il y a un risque sérieux de solution technocratique imposée par l’Europe comme en Grèce ou en Italie. Un risque sérieux pour la démocratie en Espagne», conclut Josep Ramoneda le 14 février.

Après l’Algérie, les Mardis du MuCEM ont poursuivi leur interrogation sur Méditerranée, un nouvel ordre du monde en parcourant l’histoire récente de l’Espagne, puis de la Grèce

Manifestacion Puerta del sol, Madrid © Furilo

La Grèce ravagée Takis Théodoropoulos, éditorialiste et éditeur, se penchait un mois après, le 13 mars, sur la situation en Grèce. En hors d’œuvre, les archives de l’INA évoquaient Grégoire Seféris, prix Nobel de littérature en 1963. L’occasion d’évoquer, au sortir de la Grande Guerre, le conflit avec la Turquie ses conséquences : l’incendie de Smyrne puis le traité de Lausanne avec l’exode 1,3 millions de Grecs et de 400 000 Turcs. Selon Théodoropoulos, Séféris entretient un rapport privilégié à la langue, le Démotique. Créé presque artificiellement au XIXe siècle d’un composé de dialectes et de grec ancien, il accompagne la résurgence du Panthéon sur l’horizon européen et la promotion d’Athènes, devenue capitale du pays.

Cette Grèce émancipée en 1830, n’a jamais tout à fait disparu de la pensée européenne : c’est par sensibilité à la plastique grecque que Dumont d’Urville et Boutier achètent, ingénument, à Milo, une Venus promise à la célébrité. Avec la deuxième archive INA, le retour de la Grèce dans l’histoire ouest-européenne s’accentue. Konstantin Karamenlis revient au pouvoir, en 1974, après la dictature des Colonels et la disparition de la monarchie. Le pays sort de l’OTAN, adhère à la CEE. Le PASOK (socialiste) s’empare bientôt du gouvernement mais la corruption fait scandale. L’analyse de Théodoropoulos rend hommage à Karamenlis car il a mené à bien son projet d’adhésion européenne. Pourtant le pays, et les partenaires européens le savaient, n’était pas en mesure d’intégrer la communauté. Les crédits affluèrent en guise de captation d’héritage. Cet argent facile encouragea les dérives : les réformes fiscales furent oubliées, tout comme les privilèges de l’Église. Le troisième extrait vidéo sonna comme une conclusion. En 2008, les manifestations contre la corruption et les scandales politiques, marquées par la mort d’un jeune lycéen, sanctionnaient l’échec de la gestion économique et sociale. Théodoropoulos tint à préciser que la génération des 600 € avait usurpé le malaise social : ces fils et des filles de la bourgeoisie se révoltaient de ne pouvoir poursuivre la vie facile de leurs parents. Ils claironnaient tout de même le drame grec. Dans un pays où la consommation l’avait emporté sur les investissements productifs, notamment dans l’éducation, la crise jetait à bas les dernières illusions sociales : l’heure du sacrifice amenait sur l’autel les classes moyennes et populaires. Pire : les politiques, totalement discrédités, ne portent plus de projet d’avenir. La seule issue, selon Théodoropoulos, consiste à éradiquer la corruption et choisir la frugalité face à la consommation. Les réformes ne peuvent se contenter de diminuer les salaires, les finances doivent être reprises en mains, l’administration désintégrée doit être reconstruite. La purge peut encore sauver le malade. Reste que la violence refoulée risque de déboucher sur un nationalisme dévastateur et sur le rejet d’une Europe vécue, pour l’heure, comme une punition. AGNÈS FRESCHEL ET RENÉ DIAZ

Les Mardis du MuCEM entament un nouveau cycle de trois conférences, consacré à la lecture des images. Le 10 avril à 18h30 à la BMVR Alcazar, conférence du philosophe, esthéticien et historien de l’art Michel Guérin : Croyons-nous aux images ? www.mucem.org


DANSE À DAKAR

HORIZONS 89

À 50 km de Dakar, la chorégraphe sénégalaise Germaine Acogny fait vivre l’École des Sables, Centre international de formation en danses traditionnelles et contemporaines d’Afrique inauguré en 2004. Un havre de paix au bord de la lagune…

L’école de la vie En ce début d’année, l’École est en pleine effervescence. Le Kër Aloopho au sol de sable de 400 m2, la salle Henriette de 280 m2 équipée de gradins ouverts sur la mer, la salle de conférence rouge brique, les bungalows, la cantine collective et les bureaux ne désemplissent pas ! Dans ce vaste domaine en lisière du village de Toubab Dialaw, Germaine Acogny accueille une dizaine de danseurs professionnels pour la troisième phase de son programme de transmission ; des jeunes de toutes nationalités chargés d’essaimer à leur tour sa technique, ses principes et modes de composition chorégraphique. Mais surtout «l’esprit» de l’École des Sables… Quelques dunes plus bas sa compagnie masculine Jant-Bi («le soleil» en wolof) répète sans relâche Waxtaan1 en prévision d’une représentation à Dakar : avec trois nouveaux percussionnistes, ils recomposent une partition dansée de 25 mn qui devra ensuite obtenir le feu vert de Germaine et Patrick Acogny, chorégraphes de la pièce originelle. Patrick Acogny qui s’apprête à recevoir les clefs du «royaume» en devenant co-directeur artistique de l’École, en plus de la direction de la nouvelle compagnie de filles Jigeen... Un nouveau défi qui n’effraie pas celui Classe à Aloopho © X-D.R qui «ne voulait pas être un clone de sa mère» et combine l’art d’être danseur, chorégraphe et docteur en arts chorégraphiques à Paris 8. À l’écart des répétitions deux jeunes chorégraphes De Fanghoumé togolaises, Nadège Amétogbé Kossiwa et Estelle au Pavillon Noir ! Foli, finalisent leur création Allou («femme» en Ko- Car Germaine Acogny ne veut pas «transmettre son tokoli) avant de la présenter à l’équipe en février puis répertoire», et développe une méthode atypique, à l’Institut français et au Goethe Institut de Lomé en mélange de fermeté et de tendresse, d’images et de mars. Une pièce militante «sur ce que subit la femme démonstrations, de stimulations et d’expérimentations africaine» et qu’elles souhaitent jouer dans les villages puisées dans ses expériences d’hier et d’aujourd’hui. du Togo. Du temps où elle dirigeait Mudra Afrique créée par Dans des bungalows en dur le staff permanent s’at- Maurice Béjart et Léopold Senghor à Dakar. De ses telle aux tâches les plus diverses : administration, projets à Bruxelles, à Fanghoumé en Casamance comptabilité, logistique et communication, mais aussi (préfiguration de l’École des Sables) ou à Toulouse où cuisine, entretien et jardinage… Tout ce monde s’agite elle fonda le Studio du 3e Monde. De ses tournées avec une joie collée aux semelles, conscient d’être au internationales avec Ye’Ou (L’Eveil) qui obtient en cœur d’une «enclave» dirigée par une femme d’ex- 1991 le London Dance and Performance Award jusception où rigueur rime avec bonheur, discipline avec qu’au solo Songook Yaaka2 en 2010… dialogue, ponctualité avec convivialité. Où les maîtres Une vie riche de rencontres qu’elle transfère avec mots sont création, formation, et transmission… hors ferveur à ces jeunes danseurs et chorégraphes fiers de toute idée «d’héritage» ! d’être les dépositaires de sa manière de penser son

art, entre métaphores et mouvements. Avec Christine Roquet3 qui l’accompagne depuis trois ans, elle alterne séances vidéo et exercices, décrypte sa technique à grand renfort d’évocations africaines : elle dit «piler» avec le dos droit et les poings fermés, ce qui symbolise la force et allie souplesse et flexibilité, parle de la position du «cerf dansant», évoque le «tir à l’arc» où il faut balayer puis tirer avec le buste en insistant sur le regard. Elle donne les outils pour affiner sa technique, certes, mais aussi les clefs pour nourrir l’imaginaire... Les stagiaires ne s’attendent pas à parcourir la brousse pour comprendre le déplacement des animaux ! Pourtant, grâce à sa pédagogie, à la fois stricte et généreuse, c’est l’art de regarder et de vivre autrement, ensemble, qu’elle leur transmet : une fois les pieds ancrés dans le sable, il leur sera difficile de danser comme avant !

La danse, et au-delà Un nouveau jour se lève sur l’École des Sables. Tous ont fait table commune avant de se retrouver sous le dôme de Kër Aloopho. Un rite qui débute par des embrassades et se poursuit par une série d’échauffements au rythme des djembés. Une petite heure à vivre en harmonie avec la terre, le vent, la mer, les roches et le soleil dans une communion du corps avec les éléments : de quoi puiser l’énergie nécessaire à la danse... Mais pas seulement, car ce rendez-vous quotidien des artistes est ouvert aux hôtes de passage qui ont ensuite bien du mal à redescendre de la dune, vers les révoltes d’un Sénégal en lutte qui cherche aussi sa liberté. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI 1 et 2 3

Pièces accueillies au Pavillon Noir à Aix en 2009 et 2011 Maître de conférences au Département Danse Paris 8 www.jantbi.org


90

PHILOSOPHIE

ÉCOLOGIE POLITIQUE | ÉCHANGE ET DIFFUSION DES SAVOIRS

Marx et la nature

Marx revient, on le sait. C’est la première pensée du capitalisme, de son mode de production et de ses contradictions. La nécessité d’une pensée écologique pourrait faire paniquer le marxisme, qui serait un productivisme peu soucieux de la nature. Ainsi Marx affirme à la fin des Manuscrits de 1844 : «La nature est le néant, un néant qui se vérifie comme néant, elle n’a pas de sens.» Ce qui signifie que la nature n’est qu’un objet, une matière, dont la mise en forme revient à l’humanité ; l’homme est donc un élément de la nature, mais capable de modifier cette nature à l’intérieur des lois de la nature. La mise en forme est dialectique : le déterminisme produit un agent, l’humanité, capable de renverser ses conditions d’existence, et donc la nature qui l’a produit. Pour Marx, il semble bien que le rapport social entre les hommes absorbe le rapport entre les hommes et la nature : il est vrai qu’au 19ème siècle on a autre chose à penser que l’épuisement de la planète, et les crises climatiques et écologiques. Cependant on trouve aussi cette belle phrase contradictoire dans la Critique du programme de Gotha : «Le travail est le père de toute richesse ; la nature en est la mère.» Marx a-t’il donc, vraiment, négligé la surexploitation de la nature au profit de la seule pensée d’émancipation qui n’a que faire de la prise en compte de l’environnement écologique ?

L’humanité est contrenature, premier problème de la pensée écologique. Et si la croissance capitaliste est inconciliable avec l’écologie, la pensée de gauche l’incorpore tardivement. Qu’est-ce donc que l’écologie politique et, pour commencer, que dit Marx de l’écologie ?

Production vs humanité

Deux écueils empêchent aujourd’hui la compréhension de la pensée de Marx sur la liberté humaine hors des rapports de production : la vulgate y compris à gauche (surtout celle de Michel Onfray) martèle que © Tonkin Prod

dans le marxisme il n’y a pas d’issue pour l’homme hors du travail, toute existence étant le fruit de rapports de production (ce qu’on appelle l’économisme de Marx). D’autres affirment aussi que pour Marx l’homme n’est pas libre puisque l’histoire est déterminée : l’homme fait l’histoire mais en étant déterminé par des conditions sociales qui le dépassent. En bref, Marx ne penserait l’homme que comme le fruit des rapports de production. Or Marx n’établit pas de hiérarchie entre les forces productives et les rapports de productions. Pour lui le rapport entre l’humanité et la nature, c’est-à-dire les forces productives qui varient en fonction du développement des sciences et des techniques, ne détermine pas les rapports entre les humains dans la production. Rien n’est plus étranger à Marx que ce schéma. Le fondement de sa réflexion consiste à montrer les mécanismes par lesquels l’homme peut renverser les conditions sociales qui l’empêchent d’être vraiment humain. Changer les rapports de production devrait justement permettre d’entretenir avec la nature une autre pensée que celle de la plus-value : celle de la valeur d’usage. En effet la nature est la mère de toute richesse : mais la richesse n’est pas le profit, la plusvalue ; elle est ce qui permet à l’homme de subvenir à ses besoins sociaux, c’est-à-dire la valeur d’usage. La manière de produire de l’homme, ou plus globalement son rapport à la nature, peut être renversé (cf. L’idéologie allemande), et seul ce renversement permettrait de changer l’exploitation destructive de la nature par l’homme.

Écologie vs capitalisme

Car le capitalisme, qui se fonde sur la valeur d’échange des produits et amène à produire plus pour enrichir plus, ne peut se concilier avec une pensée écologique, qui prend essentiellement en compte la valeur d’usage des produits. Valeur qui ne se détermine pas dans l’instant de leur consommation, mais dans la globalité de leur production : c’est-à-dire à quoi ils servent pour tous les hommes, sur le long terme et sans leur nuire. La pensée écologique n’est donc possible que dans le cadre d’une remise en cause de l’ordre économique existant, ce qu’elle n’ose avouer. Car quelle est la valeur des éoliennes ? Leur valeur d’échange sur un marché, leur rentabilité, qui est faible, ou leur valeur d’usage dans un contexte d’épuisement des énergies géologiques et de crise climatique ? RÉGIS VLACHOS

L’idéologie allemande

«L’histoire n’est rien que la succession des générations qui viennent l’une après l’autre et dont chacune exploite les matériaux, les capitaux, les forces productives léguées par toutes les générations précédentes… grâce à des artifices spéculatifs on peut nous faire croire que l’histoire à venir est le but de l’histoire passé (…) Assurément qu’avec l’extension mondiale des activités, les différents individus ont été de plus en plus asservis à une puissance qui est devenue de plus en plus massive pour apparaître finalement comme marché mondial (…) Il dépend aussi de ces conditions de vie, léguées par les générations successives, que la secousse révolutionnaire soit assez puissante pour renverser les fondements de l’ordre existant.»


Perse un jour, Perse toujours Spyros Théodorou, le directeur du cycle Échange et diffusion des savoirs, s’est montré particulièrement heureux d’accueillir Sophie Klimis, philosophe belge d’origine grecque, parce que dit-il, cette jeune femme «s’emploie à maintenir vivante la pensée de Cornélius Castoriadis, et à démontrer que la philosophie n’est pas réservée à certains, mais l’œuvre de tous, car elle fait se rejoindre la connaissance et le plaisir.» Il est vrai que sa conférence érudite et vivante remportait l’adhésion, tout autant que son enthousiasme pour la tragédie athénienne. En ces temps des origines de la démocratie (soit dit sans idéaliser une période qui entretenait aussi ses démons), le citoyen pouvait faire de la politique en dansant et chantant dans un chœur, y questionner la justice, les autorités, les faits historiques. Imaginez Les Perses, la tragédie d’Eschyle mise en scène quelques années seulement après la bataille de Salamine. On y demande aux combattants de naguère d’incarner leurs anciens ennemis, de se lamenter sur la réversibilité du sort humain. Parfois, les hommes chantent d’une voix suraigüe et pleurent comme des femmes, il leur arrive même de se mettre dans la peau d’un esclave ! Voilà ce que Platon a rejeté violemment : le danger de la simulation, qui peut contaminer une âme en l’éveillant au doute subversif. «La tragédie est un hybride entre réel et imaginaire, cela le dérange. Il voudrait travailler à leur séparation radicale.» Et pourtant, c’est bien en se coupant de la sphère émotionnelle qu’un être humain devient vraiment dangereux pour ses pairs : «C’est ce qui lui permet entre autres de rationaliser le transit des trains vers les chambres à gaz.» Castoriadis pensait que nous sommes des animaux fous, capables de décider d’aller à l’encontre de nos pulsions d’autoconservation, de jeûner, de mourir pour des idées, et en mesure d’investir des significations imaginaires : les Dieux et l’art des Muses autrefois, le Progrès et le Profit de nos jours... ce ne sont que des représentations performatives qui tentent d’apporter du sens à ce qui est absurde dans la condition humaine. Platon demandait l’expulsion par la Cité de toutes les formes poétiques, parce que les poètes ont un discours trompeur sur le monde, mais nos mythes nous aident à supporter notre mortalité. Conclusion ? Nous, citoyens d’aujourd’hui, ferions bien de garder la leçon des tragiques en tête. Et peut-être de danser et chanter un peu plus, en nous essayant à la politique. GAËLLE CLOAREC

La conférence a eu lieu le 23 fév à l’Hôtel du Département, Marseille dans le cadre d’Échange et Diffusion des Savoirs Sophie Klimis © X-D.R


92 SCIENCES ET TECHNOLOGIES ÉCHANGE ET DIFFUSION DES SAVOIRS

Espèces d’espaces Petit… petit

Jean Iliopoulos, éminent physicien des particules, a tenté d’éclairer le concept d’espace en physique microscopique dans une conférence du cycle Miracles et Mirages de la Représentation

La révolution industrielle ébranle les certitudes sur la nature statique immédiate et l’évidence perceptive de l’univers sensible. Il ne fait guère de doute que l’invention du microscope par Galilée ou Janssen au XVIIème siècle, ouvre sur de nouveaux espaces qui en révolutionnent le concept. L’espace absolu de Newton (1642-1727), défini dans le Scholium qui débute les Philosophiae Naturalis Principia Mathematica parus en 1687, constitue en lui-même une substance indépendante de toute matière et possédant une structure euclidienne infinie à trois dimensions. Espace persistant et invariant dans le temps. Il ne peut être perçu directement mais on peut inférer son existence par l’expérience (comme

contradictoire appelée couramment maintenant Lobachevskyenne ou hyperbolique, dans laquelle le 5ème postulat d’Euclide est remplacé par le postulat selon lequel en un point peuvent exister plusieurs parallèles à une droite donnée. Plus tard, le mathématicien Riemann (1826-1866) développe une deuxième géométrie cohérente, dite sphérique, qui ne satisfait pas au cinquième postulat d’Euclide, mais montre que par un point, aucune parallèle à une droite ne contenant pas ce point, ne peut exister.

Bref… espace ! Il reste trop peu d’espace dans cette page pour y parler de son explosion conceptuelle aux XIXème et XXème siècles ! Espace de désormais 10-19 m, en expansion théorique

Jean Iliopoulos © X-D.R

Micro espace, méga questions À quand remonte l’imaginaire humain d’espace ? Le développement des sciences est consubstantiel à celui de la cosmologie. Pendant des siècles l’espace reste une forme d’immuable certitude ; une «scène statique où se jouent les phénomènes physiques». Il est probable qu’aux débuts de l’humanité, ce qui deviendra le concept d’espace n’est alors qu’une pratique gestuelle de localisation géographique. L’Antiquité connaîtra plusieurs «écoles» cosmologiques. Pythagore (580-495 env.), ses émules Philolaos (470-390) et Archytas de Tarente (435-347) prétendent que les nombres sont le principe de toutes choses. L’unité n’est distincte et donc dénombrable que parce qu’elle est séparée des autres par du «vide». La pensée de l’école atomiste représentée par Leucippe de Milet et Démocrite d’Abdère (460-370) est explicitée par Lucrèce (98-54) dans De rerum natura. Il s’agit d’un système où la réalité se résume aux atomes et au vide. Atomes indestructibles, infinis en nombre, en mouvement continuel : un vide infini peuplé de collisions incessantes. Platon (428-348) développe dans le Timée une théorie de l’espace qui identifie le monde des corps physiques avec celui des formes géométriques. L’eau y est icosaèdre, l’air octaèdre, le feu tétraèdre, la terre cubique et l’éther dodécaédrique ! Pour Aristote (384-322) l’espace est consubstantiel au concept de lieu en tant qu’enveloppe immobile d’un corps. Nul vide, mais espace en tant que somme de tous les lieux occupés par les corps. Le mouvement aristotélicien désigne le changement, au sens le plus large ; «local», il recouvre le concept actuel de dynamique du point matériel. Euclide (325-265) inaugure la méthode axiomatique en fondant, en cinq postulats, la géométrie d’un espace homogène, isotrope et infini. Le 5ème axiome des parallèles, remis très tôt en question, énonce que par un point ne passe qu’une seule parallèle à une droite.

!

le champ magnétique dont on ne «voit» que les effets). L’Allemand Leibniz (1646-1716) et le Néerlandais Huygens (1629-1697) opposeront à l’espace absolu de Newton la théorie relationniste. Pas d’espace absolu, car c’est la matière de l’univers qui le définit : il faut au moins deux points matériels pour parler d’espace. L’espace relationniste existe des relations entre objets matériels. La distance est une propriété directe du couple d’objets matériels. Il faut attendre le XIXème siècle pour que presque simultanément l’Allemand Gauss (1777-1855), le Hongrois Bolyai (1802-1860) et le russe Lobachevsky (1792-1856) construisent une géométrie non

que le temps peuple de ses nouvelles dimensions. La suite continue des explorateurs des nouveaux mondes ; les disparus, comme Hamilton, Poincaré, Maxwell, Einstein ou Heisenberg ; les bien vivants, comme Jean Iliopoulos… puis tous ceux à naître ! Nouveaux inventeurs de la matière et leur microscope LHC «de tous les superlatifs» du CERN… pour un espace qui transmute les pratiques de son image à la vitesse de la lumière. YVES BERCHADSKY

La conférence a eu lieu le 15 mars à l’Hôtel du Département, Marseille dans le cadre d’Échange et Diffusion des Savoirs



94

ADHÉRENTS

Nos Partenaires vous offrent invitations, réductions et avantages ! Pour les places gratuites, téléphonez-leur rapidement pour réserver, puis présentez votre carte de membre (1 place par carte nominative). Pour les réductions, présentez simplement votre carte (réduction valable seulement pour l’adhérent) Le Gyptis 2 invitations par soir Pour Les Mots vous regardent mes Julie Timmerman le 21 mars à 19h15 le 22 mars à 19h15 le 23 mars à 20h30 le 24 mars à 20h30 Pour La Farce de Maître Pathelin mes Agnès Régolo le 10 avril à 20h30 le 11 avril à 19h15 le 12 avril à 19h15 le 13 avril à 20h30 le 14 avril à 20h30 Au-delà de ce quota, tarif réduit dans la limite des places disponibles 04 91 11 00 91 Le Lenche Tarif réduit à 8€ Pour George Dandin Jusqu’au 7 avril Tarif réduit à 6€ Pour Hier comme un oiseau Du 10 au 14 avril 04 91 91 52 22 Les Bernardines 4 invitations Pour Un arabe dans mon miroir mes Philippe Vincent le 2 avril à 19h30 04 91 24 30 40 BNM 4 invitations Pour La Vérité 25x par seconde Le 23 juin à 20h30 au Silo 04 91 32 72 72 La Minoterie Tarif réduit pour toutes les représentations 8€ au lieu de 12€ 04 91 90 07 94

Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Edité à 30 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Edité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse | n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Agnès Freschel Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture Les Apaches. Macha Makeieff. La Criée © Agnès Mellon Conception maquette Max Minniti Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@wanadoo.fr 06 09 08 30 34

Les Bancs Publics 1 place offerte pour 1 place achetée pour tous les spectacles 04 91 64 60 00

Librairie Maupetit (Marseille 1er) La Canebière 5% de réduction sur tous les livres

Théâtre Vitez (Aix) 4 invitations par soir Pour Les bienfaits de l’amour mes Frédéric Poinceau du 21 mars au 18 avril Pour Le Précepteur Mes Mirabelle Rousseau Le 18 avril à 20h30 2 invitations Pour Il était une fois Germaine Tillion mes Xavier Marchand le 28 mars à 19h30 au Bois de l’Aune 04 42 59 94 37

Librairie L’écailler (Marseille 1er) 2 rue Barbaroux 5% de réduction sur tous les livres

3bisf (Aix) Entrées et visites gratuites sur réservations 04 42 16 17 75 Le Sémaphore (Port-de-Bouc) 8€ au lieu de 12€ Pour Tartuffe Luca Théâtre Le 23 mars à 20h30 04 42 06 39 09 L’institut culturel italien 3 adhésions annuelles d’une valeur de 32 €, cette «carte adhérent» vous donnera accès à tous les services de l’Institut, médiathèque et programme culturel. Demande par mail : iicmarsiglia@esteri.it ou au 04 91 48 51 94 Librairie Apostille (Marseille 6e) 104 Cours Julien 5% de réduction sur l’ensemble du magasin

L’histoire de l’œil (Marseille 6e) 25 rue Fontange 5% de réduction sur tous les livres Librairie Imbernon (Marseille 8e) spécialisée en architecture La Cité Radieuse 280 bd Michelet, 3e étage 5% de réduction sur tous les livres Librairie Arcadia (Marseille 12e) Centre commercial Saint Barnabé Village 30 rue des électriciens 5% de réduction sur tous les livres Librairie Prado Paradis (Marseille 8e) 19 avenue de mazargues 5% de réduction sur tous les livres 10% de réduction Sur la papeterie Librairie de Provence (Aix) 31 cours Mirabeau 5% de réduction sur tous les livres Librairie Au poivre d’Âne (La Ciotat) 12 rue des frères Blanchard 5% de réduction sur tous les livres

Musique et disques Jacques Freschel jacques.freschel@wanadoo.fr 06 20 42 40 57

Polyvolantes Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr 06 03 58 65 96

Frédéric Isoletta fredisoletta@gmail.com 06 03 99 40 07

Maryvonne Colombani mycolombani@yahoo.fr 06 62 10 15 75

Dan Warzy danwarzy@free.fr

Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr

Arts Visuels Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr 06 25 54 42 22

Cinéma Annie Gava annie.gava@laposte.net 06 86 94 70 44

Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56

Livres Fred Robert fred.robert.zibeline@free.fr 06 82 84 88 94

Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com 06 19 62 03 61

Secrétaire de rédaction Spectacles Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Magazine et livres Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10

Histoire et patrimoine René Diaz renediaz@free.fr

Philosophie Régis Vlachos regis.vlachos@free.fr Sciences et techniques Yves Berchadsky berch@free.fr

Librairie Le Jardin des Lettres (Saint-Maximin) 11 rue Général de Gaulle 5% de réduction sur tous les livres Librairie Le Bateau blanc (Brignoles) 10 rue de la République 5% de réduction sur tous les livres Librairie Au Poîvre d’Âne (Manosque) 9 place de l’Hôtel de Ville 5% de réduction sur tous les livres hors promotion Art-Cade – Les Grands Bains Douche de la Plaine Une adhésion et une consommation au bar de la galerie 04 91 47 87 92 Mina Kouk (restaurant/traiteur/salon de thé) Fabrication de fondants et croustillants Sud Méditerranée Vous offre une citronnade maison 21 rue Fontange, Marseille 6e Du lundi au samedi de 9h à 19h, le soir sur résas. Livraison 04 91 53 54 55 L’imprimeur Magenta 10% de remise sur tous travaux d’impression 04 91 32 64 54 Auto Partage Provence 6 mois d’abonnement gratuit d’essai vous disposez d’une voiture quand vous le souhaitez, à réserver par téléphone ou Internet, 24h/24, 7j/7, selon vos besoins 04 91 00 32 94 www.autopartage-provence.com

Ont également participé à ce numéro : Yves Bergé, Émilien Moreau, Gaëlle Cloarec,Christophe Floquet, Thomas Dalicante, Pierre-Alain Hoyet, Christine Rey, Pascale Franchi

Photographe Agnès Mellon 095 095 61 70 photographeagnesmellon.blogspot.com Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 Chargé de diffusion Jean-Mathieu Colombani 06 03 28 60 47 jmcolombani13@msn.com




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.