Zibeline 51

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un gratuit qui se lit

N째51 - du 18/04/12 au 23/05/12

Reprendre pied



Politique culturelle Le livre Aix et MP013, la numérisation des salles Maisons des illustres, l’orchestre en collèges

5 6 7

Festivals Avignon, Orange

8

Événements Colibris, Printemps de Cassis, Chiambretto Nuit des musées, Rencontres de l’illustration, Émergence Tendance clown, Lieux publics, FNCTA Les Musiques, En corps urbain, les Échappées

10 12 13 14

Théâtre Les Écritures du réel, le Toursky, le Théâtre Nono Le Gymnase, la Criée, les Bernardines Le Gyptis, le Merlan, les Bernardines Le 3bisf, ATP Aix, le Merlan Arles, le Jeu de Paume, Nîmes, Berre Avignon, Istres, Châteauvallon Avignon, Châteauvallon, Cavaillon Toulon

15 16 17 18 19 20 21 22

Danse Le GTP, Saint-Maximin, Cavaillon, Aubagne

23

Jeune public Arles, le Massalia, le Jeu de Paume, Berre, le Revest

24

Musique Le GTP, le Jeu de Paume Lyrique, concerts Mars en baroque, Spectacle, concerts Jazz, actuelle, du monde

25 26, 27 28, 29 29, 30, 31

Au programme Théâtre Danse Cirque Jeune public Musique Sciences et techniques Rencontres Cinéma Arts visuels

MP2013

32 à 35 36, 37 37 38, 39 40 à 45 45 46, 47 48, 49 50, 51 52, 53

Arts visuels Ouest Provence, Arles Marseille expos, Cavaillon Le Château de Servières Toulon, La Seyne

54 55 56 57

Cinéma ASPAS, Salon-de-Provence La Buzine, Rousset, Ouest Provence L’Alhambra, les Variétés, la Compagnie

58 59 60, 61

Livres Jeunesse, BD CD/DVD Arts, architecture, patrimoine Littérature Maryline Desbiolles, Boualem Sansal, Jacques Rebotier Alphabetville

62, 63 64, 65 66, 67 68, 69 70 71

Philosophie Le MuCEM, Échange et diffusion des savoirs Galilée

72 74

Patrimoine Quinson, Archives départementales d’Aix

76

Adhérents

78

La construction et l’attente Quelque chose semble arrêté. En attente. Comme si nous allions reprendre pied. En cette fin de saison le public timide revient vers les salles, et les artistes caressent du bout de doigts craintifs l’espoir d’avoir été compris. Un peu, parfois, partiellement. Mais ils entendent ici et là défendre leurs droits, leurs statuts, ce qu’ils apportent au monde. En termes souvent pragmatiques on parle des bienfaits de la culture, économiques quand ils drainent des touristes, sociaux quand ils font vivre une région, ou canalisent les révoltes. On proclame même ici ou là que l’art nous est nécessaire, qu’il est consubstantiel à notre humanité ! Et voilà que le ministère soutient le monde du livre, demande un rapport sur le financement du spectacle vivant, que tous se préoccupent de droits d’auteur, s’interrogent sur Acta et Hadopi ! Et que certains parlent à nouveau de service public de la culture ! Plus fort encore : les questions sur la démocratisation culturelle se posent en termes plus réfléchis, non plus en ménageant des accès, mais en suscitant des désirs, des pratiques. Ceux qui prônaient l’excellence et l’hermétisme sont renvoyés à leur élitisme, sans que soit remise en cause la nécessité de la recherche, avec ce qu’elle induit d’isolement. Voilà que l’on reparle enfin d’abrutissement médiatique, que l’on veut reconstruire un service public d’information, et investir dans l’éducation. Et que sont dénoncées la surabondance d’images, la dégradation qualitative des informations générées par flots, la course à la nouveauté rebaptisée innovation. L’amour même de la complexité, de la lenteur, trouvent des échos. Participer, construire ensemble, refuser, changer, résister, partager redeviennent des vocables à la mode, tandis que surgissent sur nos horizons de magnifiques bâtiments où l’on va pouvoir réfléchir la culture humaine, et travailler à l’y fabriquer. Voilà qu’un monde nouveau s’annonce… ou seulement les élections ? AGNÈS FRESCHEL

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LE LIVRE

POLITIQUE CULTURELLE 05

L’avenir du livre: «Une responsabilité partagée»

Le 13 mars fut rendu le rapport (Soutenir la librairie pour consolider l’ensemble de la chaine du livre : une exigence et une responsabilité partagées) de la mission confiée par Frédéric Mitterrand à Teresa Cremisi, éditeur, Colette Kleber, libraire, Alexandre Jardin, écrivain, et Matthieu de Montchalin, libraire, sous la coordination de Bruno Parent, inspecteur général des finances, et Marc Sanson, conseiller d’État (voir Zib’ 48). Un rapport qui réaffirme notamment le rôle culturel et économique central de la librairie, pour qui en doutait encore, et qui formule un certain nombre de propositions, une «boîte à outils» mise au service de l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre, de l’auteur eu lecteur, chacun devant «consentir des efforts» pour garantir le succès de l’entreprise. Ce que corrobore le ministre de la Culture lors du discours donné en clôture du Salon du Livre, dans lequel il souligne la responsabilité partagée par tous, celle de l’État et des pouvoirs publics, mais aussi des éditeurs et diffuseurs «qui doivent se mobiliser pour apporter, en concertation avec les pouvoirs publics, les solutions qui permettront de garantir l’avenir de la librairie.» Et notamment par «discussions interprofessionnelles pour renforcer le rôle de la commission de suivi des usages commerciaux, améliorer l’efficacité des circuits de distribution afin de réduire les délais d’approvisionnement des libraires et aboutir à une meilleure gestion des retours.» Cette volonté suffira-t-elle à préserver une chaine du livre au bord de l’asphyxie, ou, parfois, de la facilité ?

Quelques propositions Parmi les nombreuses propositions développées dans le rapport, revenons sur quelques mesures phares : - créer une ressource interprofessionnelle permettant des interventions nouvelles en faveur de la librairie, avec la création d’un fonds qui s’appuierait sur une faible contribution assise sur l’ensemble des commandes de livres, et dont la gestion pourrait être confiée au Centre national du livre (CNL), premier partenaire public financier des librairies avec 5% environ de son budget consacré aux aides directes ; il verrait ainsi ses interventions renforcées, une mobilisation que souhaite également Frédéric Mitterrand - redonner sa pleine portée au prix unique en réfléchissant à l’opportunité de la suppression du rabais de 5% sur le prix, permettant ainsi aux libraires de regagner environ 2% de marge (une mesure qui ne fait pas l’unanimité

au sein de la commission) ; en interdisant la gratuité des frais de port aux vendeurs en ligne, de type Amazone, qui de fait vendent le livre moins cher et détournent la loi du prix unique ; en donnant à la direction générale de la concurrence, au ministère des Finances les pouvoirs de surveillance de la bonne application sur le prix unique du livre - apporter un appui au monde du livre, en répondant à la demande des libraires de la mise en place d’un médiateur du livre pour traiter des différends commerciaux potentiels entre libraires et éditeurs, et la création d’un collège, autorité indépendante et reconnue par l’interprofession comme légitime, au service de toutes les parties prenantes, qui pourrait rendre des expertises et jouer un rôle de facilitateur dans les relations entre libraires et éditeurs - valoriser la librairie en développant des initiatives en direction des jeunes notamment, en lançant une «semaine de l’école en librairie» au moment du Salon du Livre - améliorer la formation initiale et continue des libraires

- réduire et fiabiliser les délais de livraison des livres afin, notamment, d’être plus compétitif par rapport à la vente en ligne - valoriser et tirer un meilleur profit du label LIR, qui a pour objectif de valoriser le travail quantitatif des libraires et de reconnaitre la spécificité de leur investissement, en encourageant les collectivités territoriales à exonérer les librairies labellisées - accompagner la librairie à tous les stades de son développement avec la mise en place d’aides à l’entrée dans le métier de libraire, l’indexation des loyers des librairies sur l’indice des loyers commerciaux et non plus sur l’indice du coût de la construction… DOMINIQUE MARÇON

Le rapport dans son ensemble est à consulter sur www.culturecommunication.gouv.fr

La question de la TVA Le ministre de la Culture est revenu brièvement sur la question du relèvement de la TVA lors de son discours au Salon du Livre, rappelant que son application était entrée en vigueur le 1er avril. Reprenant les conclusions du second volet de la mission conduite par Pierre-François Racine, rendu début mars, il souligna la proposition d’une «mesure transitoire de simplification pour le traitement fiscal des retours de livres, la mise en place d’un message d’information au public sur le prix du livre afin de suivre et d’analyser précisément l’évolution des prix en librairie au cours du premier trimestre 2012.» Rajoutant que «dans le contexte difficile de cette évolution de la fiscalité […] toutes les garanties ont été prises pour que la transition se fasse sans qu’aucun des maillons de la chaîne du livre ne se trouve lésé.» L’avenir proche nous le dira. DO.M.


06

POLITIQUE CULTURELLE

MP2013 | RENCONTRES DU CINÉMA NUMÉRIQUE

Le 27 mars, le Groupe du 27 réunissait des structures culturelles aixoises (pour l’essentiel des lieux et compagnies de théâtre et de danse) et organisait à la Cité du livre une réunion publique à laquelle les élus étaient conviés. Claire Massabo de l’Auguste Théâtre en énonça les enjeux : il s’agissait d’interpeler, courtoisement, Marseille Provence 2013 sur le manque cruel d’informations quant à leur intégration dans le projet, et aux exigences pour y parvenir : «Il faut faire entrer son projet dans une case, certes, mais on ne connaît pas les cases» explique Pierre Béziers, du Théâtre du Maquis. Car il fut question à Aix de ce que l’on entend généralement partout ailleurs dans le tissu si précieux et fragile des compagnies de spectacle vivant de la région : l’impression d’un fonctionnement flou et vertical, d’une rétention des informations, d’un filtrage opéré par des techniciens de la culture sur des critères inconnus, une sensation d’arbitraire dans les choix artistiques, et surtout l’absence de réponses accordées aux projets déposés : sur Aix une seule réponse a été donnée, rappela Sylvie Gerbaud, directrice du 3bisf. D’où la peur de voir les subventions amoindries, et l’angoisse de disparaitre en 2014 si la labellisation 2013 n’est pas accordée… avec, comme menace à venir, la grande métropole loin du terrain, qui selon Michel Ducros (Cie La Variante), trouve sa «préfiguration» dans MP2013. Danielle Bré (Théâtre Vitez) souligne avec force cette cruelle dépossession du sens, que vivent les artistes…

Mal aimée…

Protection…. isme ?

Technocratique

Mais Patricia Larnaudie s’est engagée très volontairement sur l’avenir du financement des associations culturelles aixoises : «Moi vivante, les associations qui dépendent de ma délégation continueront de recevoir leurs financements (…) ; j’en fais un casus belli. Il n’y aura pas un euro de moins !». Jean Bonfillon, vice-président de la Communauté du Pays d’Aix, promet que malgré la réforme des collectivités territoriales qui entrainera des «écrêtements» sur 4 ans, les tournées CPA perdureront, et que les structures aixoises en resteront les principaux bénéficiaires. Ce dont on se réjouit, même si un tel protectionnisme artistique reste, dans le territoire de MP2013, une spécificité aixoise…

Pourtant Jean-François Chougnet reconnaissait des défauts dans la conduite du projet, non pas envers Aix particulièrement, mais plus globalement dans la méthode de labellisation : «On a été débordés par les projets, 2 200 sur le territoire… Cet afflux inopiné a généré une gestion technocratique, j’en assume la responsabilité, c’était une erreur. Il faut avancer désormais dans une logique partagée.» L’inquiétude du Groupe du 27 provient donc clairement de deux sources cumulées : le malaise global des petites structures de théâtre et de danse qui, aixoises ou non, sont peu présentes dans le programme de la capitale, plutôt orienté vers les arts visuels, les projets de territoire et les arts de la rue ; et la concordance de cette orientation avec la politique culturelle aixoise qui, malgré le très fort niveau financier de ses engagements, est peu tournée vers le réseau associatif de terrain.

MARYVONNE COLOMBANI ET AGNÈS FRESCHEL

Adieu bobines ! On le sait, le cinéma vit actuellement une véritable révolution. Le 29 mars à la Maison de la Région, Patrick Mennucci a introduit la Rencontre régionale du cinéma numérique, destinée à faire le point sur la numérisation des salles en PACA, et a insisté sur son importance : «À défi numérique, réponse numérique ! C’est une question d’intérêt général puisque la survie de toutes les petites salles relève de l’aménagement du territoire.» Le bilan, fait par Charlotte Le Bos, chargée de mission cinéma et audiovisuel, fait apparaître que la moitié environ © SXC/ Dan Duggan

Aix serait-elle la grande oubliée ? Patricia Larnaudie, adjointe à la culture de la Ville d’Aix se sent elle-même dépossédée des décisions : «J’ai un vrai souci de responsabilité au sein de Marseille Provence 2013» affirme-t-elle. Thierry Roche, directeur délégué MP2013 en charge des dossiers aixois, et Jean-François Chougnet, directeur de MP2013, rappellent le calendrier : ce n’est qu’en juin 2012 que les projets seront retenus ou pas. Et il n’y a pas de logique de décision par et pour Marseille qui dispose, comme Aix et la CPA, d’une voix, quand l’université en compte trois. Mais si l’on y regarde de plus près, les choix de MP2013 pour Aix ressemblent à ceux que cette Ville fait habituellement pour sa vie culturelle : grand festival, grande expo, et peu d’intérêt pour le théâtre et la danse hors du CCN de Preljocaj. C’est indéniablement la politique d’une ville qui, depuis des années, investit énormément dans la culture mais attend un retour direct sur investissement. Ce qui, rappelons-le, n’est pas le but premier des investissements culturels (le droit à la culture étant un droit fondamental, le «service public» de culture est dû au citoyen). Les difficultés particulières des structures aixoises, et le retard pris dans le traitement de leurs dossiers, est aussi la conséquence des multiples hésitations de la mairie d’Aix à mobiliser ses forces pour le territoire.

Aix et la Capitale

des salles éligibles à l’aide de la région se sont équipées : 23 dossiers sur les 38 demandes ont été validés pour une aide de 435 030 euros. «D’ici fin 2012, toutes les salles en Paca et en France seront passées au numérique» a annoncé Chantal Fischer, chef du service cinéma et audiovisuel. Et Lionel Bertinet, directeur adjoint en charge du cinéma numérique au CNC de préciser : «La France est aujourd’hui au troisième rang mondial, après les Etats-Unis et la Chine pour la numérisation de ses salles.» L’élargissement des critères pour l’aide à la numérisation va permettre à d’autres salles de s’équiper, ainsi qu’aux circuits itinérants. Cela ouvre de nouvelles possibilités pour l’éducation à l’image et pour le public comme en ont témoigné William Benedetto de l’Alhambra et Tom Dercourt qui a présenté le projet «La 7e salle» qui, dans le Pas-de-Calais, vise à faire du spectateur un programmateur. Près de 50 exploitants ont participé à cette rencontre, certains insistant sur les difficultés pour des salles non éligibles à l’aide, d’autres pointant l’urgence de la formation des projectionnistes dont le métier est totalement transformé. Mais l’important reste que tous les films, y compris ceux qu’on dit fragiles, puissent trouver leurs écrans pour le bonheur de tous ceux qui aiment le cinéma. Ou qui viendront à l’aimer. ANNIE GAVA


MAISONS DES ILLUSTRES | ORCHESTRE DE MARSEILLE

Musique à Versailles !

POLITIQUE CULTURELLE

07

De illustribus

L’initiative est impulsée par Jeanine Imbert qui œuvre depuis longtemps pour le rayonnement de l’Opéra et du Conservatoire : l’Orchestre philharmonique de Marseille se déplace pour la première fois dans les collèges à la rencontre des élèves. Le lancement a eu lieu au Collège Versailles en présence des Principaux des 7 établissements concernés par l’opération, de Jeanine Écochard, Conseillère générale, et de Lisette Narducci, maire du secteur. Tous se sont félicités de cette opportunité enrichissante. Le chef, Jean-Claude Latil, par ailleurs hauboïste, était déjà venu rencontrer les élèves pour les préparer à cette heure de musique avec 47 musiciens dans le gymnase du collège. Il présente les instruments au fur et à mesure : les cordes, les bois, la harpe, les percussions... Le programme va de l’ouverture de La Flûte enchantée à celle de La Pie voleuse, du premier mouvement de la 5e symphonie à la Chanson de Solveg de Peer-Gynt de Grieg, et aux extraits de la musique du film Pirates des Caraïbes de Klaus Badelt... L’écoute de ces standards du classique a été assez attentive. Il faut dire que depuis la rentrée 2007 une «classeorchestre» a été créée dans ce collège en «zone sensible» avec un programme d’étude de 3 ans (de la 5e à la 3e) pour des élèves volontaires. Le bilan de cette expérience ? Toujours le même, quand il est question de véritable éducation musicale : elle favorise la concentration, l’esprit d’équipe, l’estime de soi. Cela se sentait dans l’attitude des élèves ! CHRIS BOURGUE

Ce concert qui a eu lieu le 23 mars, sera prochainement aux collèges A. Malraux, A. Dumas, E. Rostand, J.-C. Izzo, J. Ferry et E. Triolet

© Diane Vandermolina

Ferme des Collettes, Cagnes-sur-Mer © Kamlot

musée pétrarque © Musée-bibliothèque Francois Pétrarque

Les trompettes de la renommée sonnent pour les êtres d’exception : bien avant Plutarque, des hommes (et femmes) illustres se sont distingués. On a l’habitude de les exhumer aux moments opportuns de dates commémoratives, puis on les laisse de nouveau glisser dans un halo d’oubli nimbé d’un vague éclat… Lorsqu’en septembre dernier Frédéric Mitterrand instaure le label Maisons des Illustres, il crée un réseau tangible des lieux qui ont abrité les êtres de «notre histoire commune». Un premier inventaire a permis de dénombrer 111 maisons dans lesquelles ont vécu des êtres qui ont influé et illustré l’histoire politique, sociale et culturelle de la France. L’ensemble, multiple, nourrit un plan d’action culturelle aux différentes échelles territoriales (le propriétaire n’est pas forcément l’État). Les enjeux sont définis par un cahier des charges : ouverture au public plus de 40 jours par an, visites et programme culturel. Prioritaire aussi l’accès aux visiteurs en situation de handicap. La région PACA en a compté 4 dès la première campagne de labellisation : à Digne, Samten Dzong maison d’Alexandra David-Néel, orientaliste exploratrice, première femme à entrer à Lhassa en 1924, présente matériel des expéditions, vidéos, et un festival tibétain depuis 1985… Manosque abrite la maison de Jean Giono qui organise des visites guidées, rencontres littéraires, un festival littéraire et artistique annuel… à Cagnes-sur-mer, c’est la maison d’Auguste Renoir, le domaine des Collettes, qui, outre les œuvres, propose un déjeuner annuel sur l’herbe, des concerts lyriques… enfin, à Sérignan du Comtat, la demeure de l’éminent naturaliste du XIXe Henri Fabre offre un accès précieux aux collections, une visite thématique des jardins… La deuxième campagne de labellisation vient d’enrichir ce patrimoine, et sur les 60 nouvelles maisons 6 sont en PACA ! Celle de Michel de Nostradame à Salon, où un parcours évoque les différentes étapes de la vie de Nostradamus aux si célèbres prophéties. La Villa Michel Simon à La Ciotat, berceau du cinéma. L‘atelier Paul Cézanne à Aix où le peintre a définitivement transformé notre manière de voir les paysages. La Villa Noailles à Hyères où Charles et Marie de Noailles, exceptionnels mécènes, ont fait un art

de la résidence d’artistes… Le Musée Pétrarque à Fontaine-de-Vaucluse où le poète rendit Laure immortelle… Et le Cabanon Le Corbusier à Roquebrune-Cap-Martin, qui dans ses 15m2, donna lieu à des expérimentations innovantes sur l’espace et le dénuement… Des Illustres, et des habitats, décidément très variés ! (voir aussi p67) MARYVONNE COLOMBANI

Maison Alexandra David-Néel 04 92 31 32 38 www.alexandra-david-neel.org Maison de Jean Giono 04 92 87 73 03 Musée Renoir 04 93 20 61 07 www.cagnes-tourisme.com Harmas Jean-Henri Fabre 04 90 30 57 62 www.mnhn.fr Maison de Nostradamus 04 90 56 64 31 www.visitsalondeprovence.com Villa Michel Simon 04 42 08 69 60 Atelier Cézanne 04 42 21 06 53 www.atelier-cezanne.com Villa Noailles 04 98 08 01 98 www.villanoailles-hyeres.com Musée Pétrarque 04 90 20 37 20 www.vaucluse.fr Cabanon Le Corbusier 04 93 35 62 87 www.roquebrune-cap-martin.com


08

FESTIVALS

AVIGNON | ORANGE

Retours et continuités

Simon Mc Burney entoure par Hotense Archambault et Vincent Baudriller © De.M.

Lors de la présentation des 36 spectacles (dont 2/3 de créations) à l’affiche du 66e Festival d’Avignon par le duo Hortense Archambault/Vincent Baudriller, on constatait la volonté de rassembler, une avant-dernière fois, les complices des années passées. Des artistes associés font ainsi leur retour : Thomas Ostermeier livrera Un ennemi du peuple d’Henrik Ibsen, Christoph Marthaler donnera trois représentations de My Fair Lady ; Josef Nadj créera le Souffle dans une boite éclairée à la

bougie et Romeo Castellucci présentera The four seasons restaurant, mêlant Le Voile noir du pasteur d’Hawthorne à la peinture de Mark Rothko. Retour également des libanais Lina Saneh & Rabih Mroué, d’Arthur Nauzyciel dans La Mouette de Tchekhov à la Cour d’honneur avec Laurent Poitrenaux, et de Katie Mitchell (l’une des découvertes 2011 avec son étonnant théâtre filmé) dans deux productions. Dans le sillage de l’artiste associé, Simon Mc Burney, la grand’fête ap-

portera aussi son lot de découvertes et, on finit par s’y habituer, de spectacles surtitrés. Le directeur du théâtre de Complicité ouvrira le Festival à la Cour avec Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, liant sciences et art, monde intérieur et monde physique. Un débat que le Britannique tenait à lancer, invitant son complice l’écrivain John Berger, notamment pour une lecture de ses textes De A à X. À noter parmi les anglais, les compagnies Forced Entertainment et 1927 (pour le jeune public à partir de 9 ans). William Kentridge, qui signe l’affiche, présentera La négation du temps à l’Opéra et une installation à la Chapelle du Miracle. Autres expositions, à l’église des Célestins avec Rachel, Monique de Sophie Calle et au Gymnase Giéra, Soyez les bienvenus de Fanny Bouyagui. Performances attendues avec le Sudafricain Steven Cohen qui créera sous le plateau de la Cour, le KompleXKapharnaüm avec Place Public pour le 100e anniversaire de la naissance de Jean Vilar, Markus Öhrn pour un Conte d’amour intrigant. Quelques incursions littéraires avec un Pirandello contemporain, Six personnages en quête d’auteur, imaginé par Stéphane Braunschweig, le Nouveau Roman revisité par Christophe Honoré, David Peace et Büchner réunis dans W/GB84 par Jean-François Matignon et la

Nuit Tombe de Guillaume Vincent avec Nicolas Maury. Des questions sociétales et financières seront posées dans 15% de Bruno Meyssat, dans Une comédie économique de Nicolas Stemann, ou par le spectacle documentaire des Colombiens de la Mapa Teatro, invités pour la 1re fois, comme les Hongrois du Kornél Mundruczó. Le programme danse est esthétiquement marqué par l’instinct, le corps souffrant, et la dérision : Jérome Bel et Sandrine Buring qui associeront chacun à leur pièce des interprètes handicapés, Régine Chopinot et la troupe calédonienne Le Wetr (et des costumes de Gaultier), un triptyque de Nacera Belaza, Olivier Dubois dans Tragédie, un solo de Romeu Runa des Ballets C de la B et Sidi Larbi Cherkaoui à la Carrière Boulbon. La chanteuse Camille y donnera un concert unique ; le binôme Rodolphe Burger et Olivier Cadiot reviendra avec Psychopharmaka. L’avant-programme du Festival a été présenté le 23 mars à la salle Benoit XII DELPHINE MICHELANGELI

Festival d’Avignon Du 7 au 28 juillet, ouverture de la billetterie le 18 juin 04 90 27 66 50 www.festival-avignon.com

Puccini aux Chorégies En déroulant le programme des Chorégies d’Orange, du 7 au 31 juillet, le directeur artistique Raymond Duffaut a souligné «la difficulté de conserver l’éclat particulier du 40e anniversaire en 2011» et la situation si particulière du festival lyrique, autofinancé à 85 %. Ce qui permet aux Chorégies d’être «moins pénalisées par le gel des budgets de la culture, car elles existent grâce à la fidélité du public et non par les subventions publiques !». Cette 41e édition, toujours aussi exigeante, consacrera deux productions à Puccini. Le théâtre Antique accueillera l’Orchestre Philharmonique de Radio France dans La Bohème (7 et 11 juillet), dirigée par Myung Whun Chung, avec Inva Mula et Vittorio Grigolo. Nadine Duffaut situera le drame pendant la Commune de Paris pour relever le côté révolutionnaire. «C’est le passage à la vie d’adulte de quatre étudiants bobos et deux filles confrontées à la dure réalité. Mais ça n’est pas un opéra triste, il y a beaucoup de fantaisie.»

Pour Turandot (28 et 31 juillet, en direct sur France 3), Charles Roubaud a opté pour une mise en scène dépouillée et les paysages numériques de Marie-Jeanne Gauthé : «Cette princesse traumatisée par le meurtre de son aïeule est rendue belle par la force de sa névrose.» Roberto Alagna fera son retour sur la scène romaine dans un répertoire plus dramatique, sous le pupitre de Michel Plasson et

l’Orchestre National de France, avec la belle soprano Lise Lindstrom. Les rôles de Ping, Pang et Pong seront tenus par de jeunes chanteurs français. Deux grands concerts sont programmés : le Requiem de Mozart (13 juillet) avec l’Orchestre de Radio France et la soprano Patrizia Ciofi, l’alto française Nora Gubisch, le ténor à suivre Topi Lehtipuu et l’une des basses préférées de Bayreuth, Gunther Groiss-

Conference Choregies d'Orange avec Raymond Duffaut et son equipe, devant la maquette de La Boheme © De.M.

böck. La Petite Messe Solennelle de Rossini (20 et 21 juillet) sera dirigée par Samuel Coquard. Michel Plasson mènera le Concert lyrique du 30 juillet avec Diana Damrau et Béatrice Uria-Monzon, dans un répertoire d’arias français et italiens. Pour la 6e année, les actions pédagogiques se poursuivent avec le projet Collégiens en Scène, le 19 avril à l’Auditorium de Vaucluse les élèves de Vaison-la-Romaine livreront leur version de La Bohème. Et l’on sait déjà qu’en 2013 le théâtre Antique accueillera le Vaisseau Fantôme de Wagner et le Bal Masqué de Verdi. DELPHINE MICHELANGELI

La conférence de presse des Chorégies a eu lieu le 15 mars au Château de Beauregard à Jonquières Chorégies d’Orange Du 7 au 31 juillet 04 90 34 24 24 www.choregies.com



10 ÉVÉNEMENTS FESTIVAL COLIBRIS | CASSIS | CHÂTEAU-ARNOUX

Les ailes neuves de CoLibris Karla Suarez © Daniel Mordzinski

Pour sa 5e édition, le festival de littérature contemporaine latino-américaine déploie ses ailes. Initié début avril par une journée professionnelle à Martigues, il se posera à Arles le 10 mai pour des rencontres au Collège de Traduction, à Marseille dès le 9 mai et durant tout le weekend suivant, avant de poursuivre son vol dans divers lieux de la

d’autres pays, dont les œuvres se nourrissent de liens avec la littérature et les peuples indiens. C’est le cas de Joseph Boyden (Canada) qu’on reverra avec grand plaisir à Marseille, de la dessinatrice tchèque Lucie Lomovà, de la romancière belge Caroline Lamarche… Au total, plus de 20 auteurs invités, parmi lesquels Karla Suarez, ainsi que des traducteurs, des éditeurs, des lecteurs. Et puis une soirée en collaboration avec le cipM, un concert d’Angel Parra, des séances de dédicaces, des projections, des animations jeunesse… Une programmation riche, placée sous le signe du dialogue entre les cultures d’aujourd’hui.

région jusqu’au 16. À Marseille, c’est dans un nouveau lieu qu’il sera accueilli, en attendant une installation pérenne prévue pour 2014. Rendez-vous donc cette année aux Grands Bains-Douches de La Plaine, un espace lumineux, agrémenté d’un jardin intérieur et de terrasses, où il fera bon flâner entre deux rencontres. La galerie de l’Art-Cade, qui draine un public amateur d’art contemporain, offrira un écrin de choix à une manifestation dédiée elle aussi aux voix d’aujourd’hui. Tout d’abord, les voix indigènes, nombreuses sur le continent sud-américain quoique peu connues car peu traduites et encore moins souvent éditées. Pascal Jourdana tient à ce terme d’«indigène», beaucoup moins péjoratif en espagnol que celui d’«indio». Le revendiquent également certains des invités, comme le Chilien Elicura Chihuailaf qui écrit en mapudungun, Jennie Carrasco Molina qui a dirigé l’édition d’une anthologie consacrée aux poètes femmes indigènes d’Amérique latine, la poétesse maya Briceida Cuevas Cob ou l’anthropologue brésilienne Betty Mindlin. Ces «voix indigènes», on pourra les retrouver dans le recueil que les éditions de la Marelle publieront à cette occasion. Un recueil de textes inédits dont le titre L’avantgarde du monde rappelle judicieusement l’ancrage très contemporain de la littérature amérindienne. À ces voix s’ajouteront celles d’auteurs venus

FRED ROBERT

CoLibris Du 9 au 16 mai 04 91 05 84 72 www.villa-lamarelle.fr

Livres au balcon…

Écrivain en théâtre Le Théâtre Durance a pris le parti hélas singulier d’inviter en résidence un auteur de théâtre. L’écrivain dramatique est aujourd’hui le parent pauvre des théâtres ET de la littérature, mondes tous deux par ailleurs appauvris… Accueillir ainsi tout au long d’une année, pour des ateliers, des lectures et cartes blanches, Sonia Chiambretto, est à la fois courageux et inspiré ! Pour clore la résidence le théâtre programme deux textes mis en scène par Hubert Colas : Mon képi blanc, monologue gueulé de l’intérieur par un légionnaire (impressionnant Manuel Vallade) en tragique manque de mots et d’horizons, et 12 sœurs slovaques, toutes pleurées par la sublime Dominique Frot, petites filles déportées et enfermées dans des couvent français… Les

textes, écrits à partir de témoignages, sont morcelés et scandés comme des voix intérieures, déconstruits dans leurs temporalités, brutalement affectifs. Tout le talent d’Hubert Colas, orfèvre des nuances textuelles, y est aussi à l’œuvre. A.F.

12 soeurs slovaques Le 19 avril Mon Képi blanc Le 21 avril Théâtre Durance, Chateau-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr 12 soeurs slovaques © Herve Bellamy

C’est toujours dans le bel écrin de la Fondation Camargo que se tiendra le 24e Printemps du livre de Cassis, une manifestation placée cette année sous le thème de «L’expérience en héritage». La formule est toujours la même : au sein de l’Amphithéâtre Jérôme Hill se succèdent les auteurs invités pour des rencontres privilégiées animées par Serge Koster et Antoine Spire. Après l’inauguration et la remise du Prix du Printemps du livre dans la cour d’Honneur de la mairie (le 28 avril à 11h30), place aux auteurs ! Morgan Sportès (Tout, tout de suite, Fayard), seul face au public, traitera de «Consumérisme et barbarie» avant de céder sa place à François Bégaudeau (Au début, Alma) et Tonino Benacquista (Homo erectus l’excès, Gallimard) pour «Des femmes et des hommes en quête de parole» ; Delphine de Vigan (Rien ne s’oppose à la nuit, JC Lattès) sur le thème de «La difficile transmission familiale» ; «Le monde en crise» avec Eric Fottorino (Mon tour du monde, Gallimard) ; David Foenkinos (Les Souvenirs, Gallimard) et Alain Mabankou (Demain j’aurai vingt ans, Gallimard) sur le thème «Tendresse et cruauté» ; Marcela Lacub (Une société de violeurs, Fayard) sur «Propos impertinents sur le sexe»… La programmation cinématographique rendra hommage à Pierre Schoendoerffer avec la projection de Diên Biên Phu, L’Honneur d’un capitaine, La 317e section et Le Crabe Tambour, et le traditionnel concert de jazz à l’Oustau Calendal accueillera Stéphane Lafrance et Les Crooners pour The Franck Sinatra show. DO.M.

24e Printemps du livre de Cassis Les 28 et 29 avril et les 5 et 6 mai Centre culturel, Cassis 04 42 01 77 73 www.printempsdulivre-cassis.org



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ÉVÉNEMENTS

RENCONTRES DE L’ILLUSTRATION | AVIGNON | NUIT DES MUSÉES

Magie nocturne La Nuit des musées est devenue un rite annuel et européen Pour la huitième année, la manifestation, qui a remplacé le Printemps des musées (créée en 2005), veut embellir nos mémoires de son atmosphère magique. L’an dernier on a compté plus de 2 millions de visiteurs en France ! Succès dû à la gratuité, la diversité des animations proposées, la beauté des éclairages… Mais en région PACA le bilan est plus mitigé : les musées pourtant n’y ont attiré que 53 000 visiteurs, c’est-à-dire beaucoup (1 habitant sur 90) mais 3 fois moins que la moyenne nationale (1 sur 30). Est-ce dû à une communication moins présente en «province», à un moindre intérêt des manifestations proposées, au manque de moyens mis à disposition par l’État ?

Pourtant, entendre de la musique parmi les toiles et les statues, deviner les acteurs au fond des vitrines d’anthropologie, voir des happenings étranges dans des lieux que le silence hante habituellement, tout cela est enchanteur. Déambulations au hasard, esthétique de la surprise, de la rencontre… cette nuit du 19 mai devrait donner l’occasion d’enfin pénétrer dans ces lieux que certains croient réservés à un happy few. Le détail des festivités devrait être disponible sur le site à partir du 17 avril. À chacun de se concocter un programme… MARYVONNE COLOMBANI

Nuit européenne des musées Le 19 mai www.nuitdesmusees.culture.fr

La place est suisse très vigoureuse et surprenante, et c’est aussi l’occasion de souligner les 25 ans que fête l’éditeur genevois La Joie de lire cette année, et dont les livres sont très lus en France. Beaucoup de ces artistes du livre seront présents lors de tables rondes, ateliers, projections et dédicaces dans de nombreux lieux marseillais. L’Alcazar accueillera notamment une exposition-parcours, De Rodolphe Töpffer aux dessinateurs suisses contemporains (du 4 au 26 mai, vernissage le 12 mai à 11h30), ainsi que les rencontres artistes éditeurs, tables rondes, films… Les librairies de l’Arbre et Le Géraldine Alibeu, Nez rouge. Inédit 2012 ; Antonio Marinoni, Jardin des plantes. Notari 2012 ; Lièvre de Mars mettent Haydé Ardalan, Milton, quand j’étais petit. La joie de lire, 2012 ; Plonk & Replonk, éditeurs reconnus l’accent sur les iconod’inutilité publique depuis 1997 © Rencontres de l’illustration “Edition Suisse”. 2012 clastes Plonk & Replonk éditeurs, reconnus d’inutilité publique depuis 1997 (ce sont eux qui le disent…), avec une expo visible du 8 au 19 mai ; la petite galerie Sur la place expose les dessins originaux du Jardin des plantes de Strindberg de l’illustrateur Antonio Marinoni (du 8 au 19 mai)…

L’association Sur la place s’habille en rouge et blanc cette année, mettant la Suisse à l’honneur pour la 6e édition des Rencontres de l’illustration. L’occasion de (re)découvrir les artistes, illustrateurs, éditeurs invités helvètes, invités à faire partager leur univers créatif. Car si l’on connait plutôt bien la BD, on passe peut-être à côté -sans même savoir qu’ils sont suisses !- d’artistes importants ayant influencé le monde de l’art contemporain : Rodolphe Töpffer, Jörg Müller, Max Miedinger, Le Corbusier… pour ne citer qu’eux. L’édition jeunesse est à l’honneur, toujours

DOMINIQUE MARÇON

6e Rencontres de l’illustration Du 10 au 12 mai Divers lieux, Marseille 04 13 04 02 60 Surlaplace.free.fr

Jeune création

Surikat Production confirme ses ambitions avec la 2nde édition du festival de la jeune création artistique locale, Emergence(s). Des artistes de toutes disciplines, loin d’être débutants, qui se réjouissent de cette visibilité. À découvrir, la marionnettiste Elise Vigneron, à la croisée des arts plastiques et du théâtre dans Traversées/ Fragments à l’Entrepôt ; la Compagnie du I et son spectacle clownesque aux Doms, Voilà ce que je peux dire de moi, là, dans l’instant, monté avec une psychothérapeute ; la Cie Bookobsa et son théâtre d’ombres mécaniques dans un hommage aux ouvriers artistes aux Carmes. Conte musical avec la Cie du Papillon, danse à Golovine avec les Précipité et Oxyput, aux Hivernales avec la Cie Hybride, rock avec une programmation pointue de Redrum Records, théâtre avec Vous avez dit Biz’Art. Et les petits derniers, le collectif d’arts plastiques et visuel ACA, qui expose à l’Espace Vaucluse. DELPHINE MICHELANGELI

Emergence(s) Du 10 au 20 mai à Avignon 09 82 52 43 69 www.emergences-festival.com Traversees-Fragments, theatre de l'Entrouvert © X-D.R


DAKI LING | CITÉ DES ARTS DE LA RUE | FNCTA

ÉVÉNEMENTS 13

Le Clown, c’est Tendance ! Samovar et de la région sud qui occuperont les premières parties de certains spectacles sur les planches du Daki Ling. Une projection/conférence est aussi prévue autour de Michel Dallaire, un clown québécois qui par ses mises en scène a révolutionné le cirque contemporain. Car le clown ces dernières années a renoué avec la tradition caustique et subversive des fous du roi : on peut rire et s’émerveiller avec cette flopée de joyeux drilles, mais la fonction de leur rire est éminemment politique…

Bande artistique © Karl-Philippe Guerard

Depuis 2005, les protagonistes du Daki Ling dédient leur salle de spectacle du Jardin des Muses à la création clownesque du moment. Cette année encore, et pour la 7e édition, le festival Tendance clown ouvre les portes au-delà, sur la ville de Marseille, en proposant des spectacles de rue gratuits et du cirque sur différentes scènes de théâtre en partenariat avec Le Merlan, Le Conservatoire de Région mais aussi avec des institutions comme Karwan – la Cité des Arts de la rue, Le Samovar… Autant dire que c’est un festival qui prend chaque année plus d’ampleur puisqu’il s’agit de rechercher de nouvelles proposi tions impliquant une diversité qui va au-delà de nos frontières : la Belgique, l’Espagne, la Suisse, le Québec. Pas moins de 15 compagnies sont au

CLARISSE GUICHARD

programme cette année, et ce durant un mois : des professionnels de renom et de talent comme Okidok, Area teatro, Wurre-Wurre, Bonobo Twist,

Spectralex, La compagnie de l’Autre, O.P.U.S, Les batteurs de pavés… mais aussi des artistes issues de la jeune création avec des clowns du

Transformer la ville !

mots du slameur, mais aussi par la tradition vivante et vibrante de ces îles d’Afrique, qu’on les connaisse un peu ici, dans les Lieux Publics de l’art. Peut être le Centre National n’at-il jamais mieux porté son nom.

artistique et remise en forme : Métamorphoses veut faire de Marseille la capitale des artistes européens en ouvrant la 3e saison de l‘année Capitale (sept/oct 2013). Mais pas de Small is beautiful en 2012…

C.B. ET A.F.

Comores En attendant, la Sirène du 4 avril a donné à voir sur le parvis de l’Opéra les Comoriens de Marseille. Enfin ! La culture de cette immense communauté est si peu visible ! Pourtant Marseille est largement la plus grande ville des Comores. Les femmes ont chanté des poésies mythiques en arabe –sublimes de grâce vocale et gestuelle-, les hommes en shikomor (incroyable voix de ce contreténor traditionnel !), Ahamada Smis le slameur en français, mais tous se comprennent, Mahorais ou d’ailleurs. Un beau moment, émouvant, qui revendiquait par les

À venir La Mécanique des orgues Pierre Charial et Christian Sébille Le 2 mai à midi pile Parvis de l’Opéra, Marseille 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.com

© Vincent Lucas

Commençant son installation à la Cité des Arts de la rue, Lieux Publics a présenté ses projets pour 2012-2013. Sirènes et midinettes vont poursuivre leurs performances tandis que l’ANPU proposera son analyse des névroses et des pathologies de la ville. Jusqu’en septembre se succèderont les résidences de création du carnaval de Rara Woulib, les chorégraphies de Jany Jérémie et de Marcher commun, les mégaphones de Wilfried Wendling. On nous promet aussi la poursuite de la complicité avec Aubagne et Martigues, les ingénieuses constructions participatives d’Olivier Grossetête sur le Port, les Chants harmoniques de Pierre Sauvageot dans les calanques et le projet de déambulation-découverte dans la ville transformée par des projections sur les murs en immense aire de jeux de la Cie KompleXKapharnanaüM. Au programme, lifting

Tendance Clown Du 27 avril au 27 mai Le Daki Ling 04 91 33 45 14 www.dakiling.com

Amateurs partout ! Comme toutes les années depuis 14 ans, la FNCTA 13 (Fédération du théâtre amateur) organise son festival. Le départ s’est donné le 7 avril à la Minoterie, dans une salle comble, avec la pièce Des Des Tulipes © X-D.R

tulipes, présentée par la Cie Chaos léger de Paris. Spectacle remarquable, très apprécié par l’auteure Noëlle Renaude venue spécialement. Le 20 avril la Criée accueillera Quand Marie est partie, texte tendre et cruel d’Israël Horovitz par Epikos Théâtre de La Crau (83). Le 21 avril, toujours à La Criée, Le Révizor de Gogol plongera le public dans les combines de la Russie du XIXe siècle avec la Cie Boréale’s, venue de Bretagne. Le Gymnase, quant à lui recevra le 27 avril le Théâtre du Torrent d’Annemasse, très actif et très soutenu dans sa région, avec Visites à Mister Green, célèbre pièce de l’américain Jeff Baron qui met face à face un vieillard et un jeune homme qui n’étaient pas destinés à se rencontrer, et le 28, Le mâle et le bien, de Patrick Ortega, auteur et cinéaste, avec sa Cie El Dorado

de Montpellier. Le 14 mai, au Théâtre Toursky se jouera Hôtel des deux mondes d’É. É. Schmitt par la Cie Rouge Garance d’Aix-en-Provence ; le 18, au Parvis des Arts, Une nuit arabe de Roland Schimmelpfennig par L’atelier du Courant d’air du CMA de Beaumont. Le 19 mai, le Gyptis reçoit Le roi nu, farce d’Evgueni Schartz par le Théâtre du Donjon de Cholet. Aux ABD Gaston Defferre, le 23 mai, sera proposée une conférence de Louis Dieuzayde, maître de conférences en esthétique théâtrale, sur les mutations du théâtre contemporain. Autant dire qu’il y en a pour toutes les envies.... Et ça continue jusqu’en juin ! CHRIS BOURGUE

www.fncta.fr


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ÉVÉNEMENTS

GMEM | LE MERLAN | THÉÂTRE DURANCE

Les Musiques continuent ! Giardino della parola © F. Desmesure

Premier Festival pour le nouveau directeur du GMEM, Christian Sébille ! Le Centre National de Création Musicale offre pendant 10 jours, dans 11 lieux marseillais, un vaste voyage à travers les musiques en création et le répertoire de la fin du XXe siècle. Avec quelques propositions qui croisent les arts plastiques et la danse, mais aussi un parcours John Cage, des conversations avec Michael Levinas, quelques textes, des voix, et surtout beaucoup de musique orchestrale et d’ensembles. Et des créations ! Au côté des 40 compositeurs (dont une seule femme), 9 ensembles (dirigés par des hommes), des petites formations et des solistes (6 femmes sur 26 instrumentistes) : cette édition des Musiques, si elle s’agrémente d’images, de vidéos et de dispositifs, se recentre sur le son et la composition. Mais offre toujours un tarif unique défiant toute concurrence (6 €). Cela commencera donc le 2 mai à midi par une Sirène ou Christian Sébille lui-même (électronique en temps réel) accompagnera Pierre Charial (orgue de Barbarie). Puis on se perdra dans un dispositif dramatisé de Benjamin Dupé au Merlan, Jean-Marc Aymes fera entendre des machines musicales, l’en-

Quartiers de ville Depuis 2005, par nécessité tout d’abord puis par choix, la scène nationale du Merlan quitte fréquemment ses amarres pour vagabonder et explorer autrement l’espace urbain. Le nouveau cycle En corps urbain, préfiguration de ce que projette le Merlan pour 2013, concrétise aujourd’hui une série des actions mises en route autour des rencontres artistes/habitants, et d’une mise en jeu sensorielle du corps dans la ville. Après Tagfish du collectif Berlin (voir p 18), il s’agira de «questionner la ville autrement que techniquement, par les usages qu’en ont les habitants», comme le propose Nathalie Marteau. Ici-Même viendra raconter ses expériences et proposer des conversations massives, Clara le Picard proposera des déambulations et une table ronde, Na prod présentera le documentaire de La belle équipe, jeunes adultes du quartier de la Busserine. Puis il sera question de perception dans la troisième séquence : avec des

ateliers de pratique, une conférence cinématographique du philosophe urbaniste Thierry Paquot, le festival aixois Image de Ville qui vient (enfin !) programmer un cycle cinéma et architecture à Marseille, une expérience en aveugle (Ontoerend Goed), une promenade dans le flou avec Mathias Poisson, et Ici Même qui revient pour un concert de sons de ville. Ça va parler, bouger, ressentir, transformer, participer. Démocratiquement ! Mais attention : les jauges de certains de ces événements sont réduites : songez à réserver !

semble C Barré proposera un parcours dans le hall de la Criée où on pourra entendre une création de Georges Bœuf… L’Alcazar, les ABD, le Klap et le Conservatoire recevront des Conversations, des formes dansées (Olivia Granville/Cage) et des concerts courts, tandis que le Gymnase, la Criée et la Friche abriteront les formes plus conséquentes : Pierre Jodlowski mis en image dans le Royaume d’en bas, un très beau programme de l’orchestre d’Avignon qui reprend les pièces contemporaines qu’ils ont jouées récemment (Régis Campo, Philippe Hersant, Toru Takemitsu, et une création d’Henry Fourès), un duo de la chorégraphe Maud le Pladec sur la musique de Fausto Romitelli… Et le 19 mai un concert de l’Ensemble Orchestral Contemporain de Lyon qui jouera d’autres œuvres d’Henry Fourès, également Lyonnais, avant que le festival ne se clôture au Cabaret Aléatoire. AGNÈS FRESCHEL

Les Musiques Du 9 au 19 mai 04 96 20 60 10 www.gmem.org

À l’intérieur des terres

A.F.

Il convivio © Pierre Grosbois

En corps urbains Du 11 avril au 9 juin Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 30 www.merlan.org The smile on your face, Ontoerend Goed © Virginie Schreyen

Depuis le 31 mars le théâtre Durance a lancé ses Échappées. Comme les scènes nationales de Gap (Les Excentrés) ou de Cavaillon (Les Nomades), la scène conventionnée s’exporte dans les communes alentour plus ou moins isolées culturellement, avec de petites formes transportables… Et en l’occurrence adorables ! Les 7 spectacles à voir en famille iront de Lauzier à Forcalquier, d’Entrevaux à Riez et Barcelonnette, trimballant des spectacles comme Il convivio de Catherine Marnas, Parce qu’on va pas lâcher des Onstap, une Veillée singulière (voir p39), le théâtre d’objets de Christian Carrignon… Autant de spectacles fabriqués ici et qui ont fait leurs preuves, et qui grâce à ces tournées prolongent leur diffusion. Ces Échappées seront aussi littéraires, agrémentées de lectures dans les librairies de Manosque (Poivre d’Ane), Lurs (L’Arbousier) et Digne (La ruelle) : les Alpes de Haute-Provence, depuis Giono, aiment vraiment la littérature… A.F.

Les Échappées Alpes de Haute-Provence 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr


TOURSKY | THÉÂTRE NONO | ÉCRITURES DU RÉEL

Contribuons !

Opératorio poétique

société qui a oublié de leur faire une place. Le texte est dit et gueulé par cinq amateurs, frontalement, dans ses nuances, ses tunnels, en fuguant et superposant comme une partition musicale : les cinq acteurs sont épatants, très bien dirigés par Franck Gazal, laissant échapper parfois, rarement, les tracs et les accents que le «métier» sait gommer. Ils n’en sont que plus «vrais» et émouvants. Les représentations étaient accompagnées de débats et rencontres pendant la Biennale. Un sur la liberté de la presse en France, peu passionnant. Une conférence de Bernard Stiegler, un peu décevante, où le philosophe voulut expliquer comment construire une économie de la contribution, mais partit sur des anecdotes difficiles à mettre en perspective. L’essentiel du propos, pourtant, passa : c’est en étant actif dans notre rapport à l’autre, au travail, et à l’art, la pratique, que l’on sortira de la consommation qui consume, et de l’aliénation.

L’alto Brigitte Cirla, fondatrice de l’ensemble Voix Polyphoniques, musicienne, chanteuse et comédienne, songeait depuis longtemps à créer un oratorio contemporain pour trois voix de femmes. C’est désormais chose faite avec Marianne Suner (soprano) et Tania Zolty (mezzo). Marion Coutris et Serge Noyelle du Théâtre Nono en ont assuré la mise en forme. Il s’agissait de trouver un fil conducteur pour des textes et des compositions qui n’avaient aucun lien. Les Nono ont introduit un esprit baroque et trouvé les gestes qui accompagnent ces corps chantants. Les textes appartiennent à une tradition populaire -surtout pour la musique de Bela Bartok qui affectionnait particulièrement ce genre– auxquels s’ajoutent ceux de la hongroise Katalyn Molnar et du roumain Ghérasim Luca. Les trois femmes chantent a cappella pendant une heure, s’accompagnant parfois de cailloux frappés ou d’un bol tibétain ; elles dialoguent, s’amusent, font du vélo ou jettent des pétales rouges autour d’elles. Les scènes se succèdent, les ambiances changent. On reconnaît dans la musique des compositions de Marianne Sunner, qui est aussi auteur, d’Alain Aubin. Mais aussi de Kodaly, Ligeti. Un spectacle qui a séduit les spectateurs venus pour passer une soirée conviviale... car après le spectacle, on mange chez les Nono !

AGNÈS FRESCHEL

CHRIS BOURGUE

Anna Politkovskaia © Julie Durand

La première édition de la Biennale des Écritures du Réel est indéniablement une réussite ! Elle a réussi à drainer un public nombreux autour de propositions exigeantes et ancrées dans la cité. À la Minoterie Anna Politkovskaïa a retrouvé vie et force dans l’incarnation de Mireille Perrier. La comédienne, d’une justesse et d’une précision absolues, sans jouer ni reprendre ses attitudes, sut faire siens ses mots, et ceux de Stefano Massini qui raconte, à partir de ses articles et de sa correspondance, le combat de la journaliste russe, contre le pouvoir et pour les Tchéchènes. La force de résistance, sans témérité mais tenace comme une vérité qu’on ne peut lâcher, est impressionnante. Et réelle, comme le veut la biennale. Diamétralement inverse est la démarche de Charles Éric Petit dans Les Visages de Franck. Ne s’appuyant sur aucune histoire vraie, il retrouve la notion d’authenticité en travaillant avec des amateurs, et en mettant en mots et en scène les oppressions réelles de notre société. Le jeune auteur metteur-en-scène a écrit un texte fort, qui se perd parfois dans ses invectives mais sait aussi jouer de ses méandres, et donner à entendre le bourrage de crâne, l’aliénation au travail, le chômage, les discours formaté déshumanisant que subissent les générations qui se heurtent brutalement à une

THÉÂTRE 15

Ce spectacle s’est donné du 12 au 14 avril au Théâtre Nono

Voir également, dans le cadre des rencontres du réel : Un arabe dans mon miroir p 17. rencontre avec Boualem Sansal p 70, Tagfish p 18.

Russie des privilèges © Frederic Stephan

Un festival russe généreux à l’image du théâtre qui l’accueille chaque année depuis 17 ans. Cinéma, théâtre, musique, expositions, tout y devient fête, avec les soirées qui s’achèvent sur des cabarets désormais rituels, où les acteurs interprètent avec fougue des chansons traditionnelles ou plus contemporaines. On a pu ainsi applaudir un excellent Gloumov, pièce de Ostrovsky (1823-1886), père du théâtre dramatique russe. Cette satire, où les travers d’une société hiérarchisée sont épinglés, a retrouvé une belle actualité. Gloumov, jeune homme cynique et arriviste exploite ses contemporains pour se forger une place plus digne selon lui de ses mérites. Appât du gain, désir de domination régissent cet

univers où la classe des nantis protège farouchement ses privilèges. La mise en scène d’Alexandre Slavontski, dans la tradition du théâtre russe, est réglée comme du papier à musique : inventive, efficace, et la verve des acteurs la sert à merveille. Le rôle-titre, Gloumov (Ilia Slavontski), avec son visage mobile, expressif, trouve un équilibre subtil entre vraisemblance et dérision, et accorde une belle épaisseur au personnage. MARYVONNE COLOMBANI

Gloumov a été joué les 30 et 31 mars au Toursky dans le cadre du Festival Russe


16 THÉÂTRE LE GYMNASE | LA CRIÉE | LES BERNARDINES © Maitetxu Etcheverria

Ce qui nous reste d’Agamemnon Le travail de Mireille Guerre met toujours en scène, de façon démonstrative, non des textes ou des corps, mais son propre rapport à un texte, un corps, un acteur, une histoire. Mise en scène de ses mises en scènes intérieures, qu’elle donne à voir. Le Succès du malheur parle plus de cela que d’Agamemnon. Comment, selon Mireille Guerre, on peut entrer dans la tragédie grecque, et plus précisément dans le rapport sacrificiel à l’engeance, à la vengeance, à la sidération, du cycle des Atrides. Et si les «grands moments» de la tragédie d’Eschyle sont escamotés, ou volontairement placés sous un voile (tirade de Cassandre en grec, monologue de Clytemnestre dans la pénombre) d’autres éclats nous en apparaissent. Qui viennent du corps, souvent, comme les pieds d’Agamemnon qui vont fouler l’étoffe mortelle, du rire aussi, dans ces scènes où le chœur ne comprend rien à ce qui se trame. Ou d’un accent, celui de Cassandre la concubine forcée, vaincue à Troie, porteuse de la mort qu’autour d’elle on a donnée. À ces éclats de sens venus du texte la bande d’acteurs, tous très différents, ajoute une épaisseur nouvelle, comme s’ils commentaient sans cesse ce qu’ils font : en chantant, en se lançant des gestes complices, en introduisant des incongruités, en n’étant jamais tout à fait à ce qu’ils font, comme s’ils se regardaient jouer. En ne laissant jamais oublier qui ils sont derrière des personnages qu’ils n’incarnent pas vraiment, mais avec lesquels ils s’amusent. Rendant presque Agamemnon léger !

À la casse ! Dès sa création en 1949, Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller se taille un succès mérité dans la mise en scène d’Elia Kazan, puis dans de nombreuses adaptations cinématographiques. Le rêve américain était en train de s’écailler… La situation d’échec de la famille «Lowman» est posée par Dominique Pitoiset dès le départ : dans le noir éclate un bruit de freins et de dérapage. Puis la lumière dévoile la carcasse d’une voiture qui fume à l’avant-scène sur le sol en pente, métaphore de la vie râtée de Willy. Voyageur de commerce qui a passé 30 années à parcourir les routes et à rembourser les crédits pour payer sa maison, cet «homme bas» a vécu la tête dans les nuages avec son rêve de réussite sociale. Une vie, finalement faite de compromissions et de quelques mensonges, présentée comme un film discontinu et désordonné. Mais Willy veut mettre sa vie en ordre en

convoquant les êtres qui ont compté pour lui, et qui surgissent et disparaissent par le fond de scène : sa femme, son employeur, ses fils, surtout l’aîné avec lequel il est en conflit. Si Dominique Pitoiset est poignant dans l’interprétation de ce râté, les autres comédiens sont moins convaincants dans ce texte au réalisme psychologique exigeant. Néammoins le spectacle sait communiquer tension et amertume, tant il entre en résonance avec notre époque en évoquant les difficultés croissantes de l’emploi, de l’épanouissement personnel, du dialogue et du commerce. CHRIS BOURGUE

Ce spectacle s’est joué à la Criée du 11 au 14 avril

AGNES FRESCHEL

Insensé Elle ne manque pas de talent, Judith Chemla, et elle sait les montrer ! Formidable dans L’entêtement (voir p19), la comédienne exhibe dans Tue-Tête une panoplie de techniques scéniques rare, et époustouflantes. Dotée d’une vraie voix lyrique souple © Mario Del Curto

et chaude, d’un corps non moins souple et gracile de contorsionniste, sachant jouer vraiment du piano dans les positions les plus inconfortables, pouvant incarner en son corps 4 ou 5 personnages qui dialoguent, se disputent, échangent leurs accents, leurs positions et leurs voix, la comédienne épate. On comprend qu’elle ait quitté au bout de deux ans la comédie française, et metteurs en scène seraient fous de ne pas se l’arracher ! Et le public de ne pas applaudir à tant de virtuosités multiples, et pourtant profondes. Cependant Tue-Tête souffre du mal le plus répandu sur nos scènes publiques : une absence d’écriture, hors celle qui, visiblement fondée sur la mise au point progressive d’une suite d’impros, fait part sans grand recul d’un voyage en folie très convenu, et de ressorts dramatiques qui relèvent souvent du cliché : conversation téléphonique dans le vide, confusion entre l’espace de la scène et un asile d’aliéné, avec infirmiers complices qui sont aussi musiciens… Si le moment passé reste agréable, on ne peut que regretter qu’il ait si peu de sens ! A.F.

Tue-Tête a été joué au Gymnase du 10 au 12 avril

© Clorinde Durand

Le Succès du malheur a été créé aux Bernardines du 20 au 28 mars


LE GYPTIS | LE MERLAN | LES BERNARDINES THÉÂTRE 17

2012 Georges Orwell, vigilant pourfendeur des dérives de la gauche totalitaire, aurait-il été aussi charmé que l’immense majorité du public du Gyptis ? La réactualisation du terrifiant regard de son Big Brother mise en œuvre par Julie Timmermann et ses camarades manque de clarté… Ici le Ministère du Mot (en novlangue «minimot» et c’est pas mal pour le lieu où ça coupe sec !), employés cravatés ou acteurs décontractés, officine encombrée, rencontre du Monde Diplomatique et de la cuvette de WC ; ce n’est qu’un début et grâce au titre explicite «words are watching you» et à la méthodique feuille de salle recensant d’édifiantes citations, on sait pourquoi on est venu. Rien de plus salutaire qu’un bon décrassage des oreilles et des cerveaux par le démontage du langage politique au sens large ! et après tout l’agit-prop est une forme de spectacle qui se nourrit de l’outrance. Madame Loyal,

autour de la «rilance» de Mme Lagarde, vogue la galère... Mais le jeu, ni vif ni franc, sombre dans l’oubli de la représentation, l’adresse se fait directe, l’irrévérence se fige en lourde connivence et l’insolence écrase le public qui hoche la tête, ricane, scande énergiquement «deux et deux font cinq» puis va se coucher béat d’avoir déjoué les plans machiavéliques de ceux qui nous «dirigent». Mais deux et deux ne font pas cinq... Quand le politiquement incorrect se mêle à son tour de prêt-à-penser paresseux, la tristesse s’abat sur le monde ! © A. Trouillat

Big Mother, queue de pie, haut de forme, se plantelà pour incarner le pernicieux discours de la «démocrature» ; la nôtre ; oui, celle de maintenant ; on tique un peu ; on n’aurait pas aimé non plus «dictatocratie» mais bon, tant qu’il s’agit de virevolter

Commençons par la fin ; c’est le meilleur hommage que l’on puisse rendre à ces jeunes gens diablement efficaces en détricotage de tragédies : elle et sa Volkswagen rouillée sont sur le point de foncer / s’enfoncer dans le canal ; lui agonise à l’hôpital, terriblement brûlé (l’ infirmière enters the room est une didascalie audiovisuelle, facétie récurrente qui scande le spectacle). Par quel enchaînement fatal en sont-ils etc. ? C’est de l’amour et de ses surprises que nous cause avec une sidérante légèreté le collectif Ildi!Eldi!. Mais aussi du cinéma (Godard for ever), de la littérature (La Bible, Shakespeare, Das Kapital), et de ce que nous en faisons intimement. Anne interprète et vit intensément les drames royaux du grand William ; le petit, qu’elle aime, travaille chez Gap et pourfend activement le capitalisme mondialisé : comment faire couple ? Grâce à la jalousie : le geste que refuse Piccoli dans Le Mépris, William l’accomplit en mettant le feu au théâtre du Globe à Londres. Et oui tout ce grand récit debout sur une scène, compartimentée comme un studio d’enregistrement ou comme une bande dessinée ou encore un film qui exhiberait les coutures de son montage. Tous les quatre très vifs et formidables comédiens passent d’un rôle à l’autre avec une désinvolture maîtrisée et un plaisir de jouer contagieux ; malins et malicieux, que nous disent-ils ? Qu’ils ont compris le «naufrage du monde occidental». Exercice d’intelligence impeccable auquel il manque peut-être l’étincelle de l’émotion partagée. Théâtre dégagé ?

© P. Grange

M.-J.D.

Un arabe dans mon miroir mis en scène par Philippe Vincent a été présenté aux Bernardines du 2 au 6 avril

M.-J.D.

Shakespeare is dead , get over it ! écrit et monté par le collectif Ildi!Eldi! dans le cadre de la carte blanche donnée par le Théâtre du Merlan les 30 et 31 mars © Giovanni Cittadini Cesi

écrit par Philippe Vincent et Riad Gahmi affadit un spectacle par ailleurs très maîtrisé, réglé au plus près des effets à produire. La culture de scène de Philippe Vincent et de ses acteurs précis, engagés dans leur jeu saute aux yeux : l’arrivée des Boeings du 11 septembre, vécue de l’intérieur, minutée, minutieusement chorégraphiée, jouée en boucle à l’instar des images de la destruction des tours sur les écrans du monde, est très réussie dans sa proximité avec la performance comme l’est aussi la manipulation du totem de cartons hérissé de drapeaux, parapluies et valise, tribune de la puissance des États-Unis... Un travail et une dynamique de plateau impeccables mais qui ne suffisent pas à déclencher chez le spectateur l’envie de se regarder en face.

Les Mots vous regardent écrit et mis en scène par Julie Timmerman a été présenté au Gyptis du 20 au 24 mars

Anne, William et leurs amis

Qui trop embrasse....

Beau titre et prometteur de réflexion que cet Arabe dans mon miroir. Interroger les rapports entre l’homme «arabe» (terme en soi vaste comme la nuit et comme la clarté) des années 60 à nos jours et le monde occidental à travers le reflet, le prisme de témoignages réels ou construits par la fiction, portés par les médias ou les fantasmes des uns et des autres, réclame la mise en œuvre d’un chantier colossal dont le spectacle présenté offre des aperçus éclatés, fragmentés qui ne parviennent pas à toucher, pas même à viser juste. Pluralité des voix, des événements, des dates phares qui scandent l’histoire, 8 mai, 17 octobre ou 11 septembre et après, autant de saynètes plus ou moins efficaces auxquelles il manque un écho ou tout simplement une adresse : à qui ? pour qui ? le pour quoi étant entendu... Les situations jouées et ancrées dans le réel sont toutes connues et les personnages de fiction sont construits comme de vagues facettes d’une identité complexe ; oscillant ainsi entre évidence lourde, pédagogie prémâchée et ambiguïté mal dosée, le texte

MARIE-JO DHÔ


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THÉÂTRE

3BISF | LE MERLAN | ATP AIX | LA CRIÉE

Fêlures Un long titre énigmatique pour un spectacle construit en diptyque, adaptation de deux textes : Le papier peint en jaune de Charlotte Perkins-Gilman et Un homme en suspens de Saul Bellow. La mise en © Alexandra Licha

scène de Christelle Harbonn est travaillée toute en épure, en bels éclairages, dont les choix concourent avec efficacité au sens : surexposition de bloc opératoire pour le premier, clair-obscur ou lumière naturelle pour le second. Premier tableau. Une femme seule (Solenne Keravis), dans la dépression post-partum, «soignée» par un mari psychiatre, se défait lentement sous nos yeux : le langage ressasse, fourche, se mécanise, perd son sens, dans la fixation sur le papier peint jaune dont les motifs semblent contribuer à l’enfermement de la patiente. La voix, toute en chuchotements, dit l’écriture de soi interdite, clandestine, dans une tension contenue qui glisse inexorablement dans la folie, grâce aussi au travail sonore de Sébastien Rouiller qui sous-tend le texte de résonnances fantastiques. Tentation kafkaïenne du deuxième tableau, où le personnage masculin (Olivier Boréel) se voudrait insecte. Prisonnier du no man’s land de l’attente

absurde d’un engagement dans l’armée, il n’arrive plus à construire ses propres repères. À ce vide de structure une voix monocorde tente de donner sens, mais cette régularité mécanique s’emballe, et une violence irrépressible explose. Les mécanismes sont passés au scalpel d’un désespoir qui ne se dit pas, mais envahit tout. Un spectacle magnifiquement interprété qui laisse une forte empreinte. MARYVONNE COLOMBANI

Tentatives de trous pour voir le ciel à travers a été créé au 3bisf, Aix, les 6 et 7 avril

À venir Du 18 au 20 avril Les Argonautes, Marseille 04 91 50 32 08 http://theatrelesargonautes.free.fr

Brumes radicales © Brigitte Enguerand

Claude Régy a toujours créé des mises en scène radicales, qui poussent au bout un principe. Brume de Dieu n’échappe pas à sa règle, et on y retrouve son univers, parfaitement en phase avec celui de Tarjei Vesaas. Et l’on se dit que les lumières de Claude Régy ont toujours été nordiques, ou boréales… Le texte de l’auteur norvégien est extrait de son roman, Les Oiseaux, et s’attache à rapporter en un long monologue intérieur la vie et les pensées de Mattis, un innocent dont la perception et la raison sont comme nimbées de brouillard. C’est à percevoir cette lumière hésitante, lente, amoindrie, d’un esprit embrumé que Claude Régy nous invite, dans une sorte de cérémonial sacré. Silence, murmure, lenteur s’imposent dès l’entrée des spectateurs dans la salle, comme en une église. Puis Laurent Cazanave, jeune comme un innocent, apparait, flottant dans l’obscurité, silhouette tremblante. Lentement, longuement, il s’avance, pied à pied, puis commence lentement, à parler. Étrangement, la diction brouillée, grasseyant

ses bras. Mais on entend peu à peu qu’il comprend le monde, la douleur qu’il suscite parmi les siens, celle qu’il éprouve, et son désir de vivre, sa peur. Les lumières qui passent sur son visage, rouges, jaunes, vertes, discrètement, font entrevoir les nuances de sa pensée, jusqu’au cri, et son désir de vivre. Puis cela s’arrête, et on a l’impression d’avoir entrevu dans la brume tout un monde inconnu. AGNÈS FRESCHEL

Brume de Dieu a été joué au Pavillon Noir du 12 au 15 avril dans le cadre de la programmation des ATP d’Aix

À venir les r, ralentissant à l’extrême, avec la voix qui tombe, s’éraille parfois. S’embrume. Il raconte, comme on se noie. Et se noie, sur le lac où les brumes d’été brouillent les frontières entre la terre, l’eau et l’air. Les lumières changent à peine, son corps bouge à peine,

Brume de dieu Du 22 au 25 mai La Criée, Marseille 04 96 17 80 00 www.theatre-lacriee.com

En attendant le cheik d’une série de six fauteuils/vidéo permettant aux urbanistes de se réunir virtuellement, et d’un système de téléguidage d’objets/marionnettes donnant

une réalité à la scène tout en opérant un décalage, marquant le temps et les évolutions par le changement de costumes de ces professionnels. Cependant,

© Collectif Berlin

En ouverture de sa programmation sur le corps et l’apport des artistes dans l’approche du paysage urbain (voir p14), le théâtre du Merlan proposait le documentaire/spectacle du collectif Berlin, TAGFISH. Autour d’une table de conférence, des urbanistes et politiques projettent de transformer un terrain minier de la Ruhr en déshérence, en une «ville design». L’investisseur de ce projet, particulièrement onéreux, est un cheik saoudien, dont l’ambition est d’acquérir une petite partie de ce patrimoine mondial de l’UNESCO. Cependant celui-ci reste désespérément absent de toutes négociations. L’attente est là, longue, interminable, peut-être même sans issue. Placé frontalement, le public est d’abord impressionné par le dispositif : une table ovale flanquée

le spectateur, très vite happé par la teneur d’un propos complexe et abondant, se retrouve prisonnier d’une traduction souvent trop rapide, et ne peut se saisir des images projetées pourtant très intéressantes. Il n’en reste pas moins que le public jubile lorsque tout à coup, la fin de la discussion tourne à l’absurde et en devient drôle, introduisant des questionnements philosophiques qui laissent les acteurs dans un désarroi émouvant. Un travail saisissant et innovant, à voir dans une ville qui construit à toute allure mais ne sait si elle va parvenir à se gentrifier… en l’absence de cheik ! CLARISSE GUICHARD

TAGFISH a été joué du 11 au 13 avril au Merlan dans le cadre de


ARLES | NÎMES | BERRE | LE JEU DE PAUME

THÉÂTRE

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Histoire de nos liens La dernière pièce de Joël Pommerat est surprenante. S’emparant du thème du commerce au moment où la société prend conscience des ravages de la spéculation capitaliste, l’auteur invente un quintet de vendeurs profondément humains, aliénés à la tâche qu’on leur assigne mais contraints de mener des vies d’un terne absolu, sans «commerce» au sens véritable du mot, c’est-à-dire sans relation humaine. Divorcés, célibataires, «commis voyageurs» éloignés de leur femme (voir p16), de l’amour, ces hommes entre eux ne savent que ressasser leurs résultats, et faire semblant d’établir avec leurs clients des relations amicales, quand ils ne sont là que pour les tromper, se tromper euxmêmes, et vendre. De bons produits disent-ils, dont on apprendra peu à peu –car Pommerat sait aussi gérer une progression dramatique- combien ils sont à la fois dangereux et ridicules,

de décor subreptices, les comédiens qui, cachés dans la pénombre, ne laissent jamais vraiment voir leur visage… Des dialogues elliptiques qui alternent avec de longues tirades aussi, qui révèlent, mais ici ne racontent pas. C’est peut-être pour cela que cette histoire du commerce manque un peu, par rapport aux Marchands qui traitait d’un thème approchant, d’éclats d’émotion. AGNÈS FRESCHEL

La grande et fabuleuse histoire du commerce a été joué au Théâtre d’Arles les 12 et 13 avril

À venir © Elizabeth Carecchio

inutiles et chers, désolants de vacuité. Commençant en 68 et reprenant un nouveau cycle aliénant aujourd’hui, la pièce se conclut quand le personnage central s’effondre, parce que sa fem-

me, le véritable commerce de sa vie, l’a quitté. On y retrouve le style si caractéristique des mises en scène de Pommerat : les coupures au noir, les murmures amplifiés, les changements

Oisiveté n’est pas paresse !

DO.M.

L’éloge de l’oisiveté a été joué les 30 et 31 mars au Forum de Berre

Puzzle En Espagne, en 1939, la guerre civile vit ses dernières heures. Chez le commissaire franquiste Jaume Planc, dans une ville près de Valence, c’est l’effervescence : entre une liste -très convoitéede noms de voisins soupçonnés d’être républicains, et bientôt expropriés, voire fusillés, une fille dérangée et droguée, une autre qui fraie secrètement avec un brigadiste, son actuelle et ex-femme, un curé fasciste et libidineux, et la mise au point, par le commissaire, d’une langue universelle qui, sous couvert d’humanisme, frôle le totalitarisme… tout le monde s’affaire dans une ambiance délétère. Grâce à un ingénieux dispositif scénique rotatif, trois points de vue d’une même histoire sont joués, trois actes dont l’action se déroule de 17h à 18h15, dans le salon, la chambre © Christophe Raynaud De Lage

Qu’il est doux d’entendre parler le comédien Dominique Rongvaux conjointement d’oisiveté et de travail, d’opposer, pour mieux les cuisiner, ces deux termes si porteurs de sens, et si souvent au cœur des débats… Ces mots sont ceux du philosophe et mathématicien Bertrand Russell qui, dans L’Éloge de l’oisiveté (1932), plaide pour une plus juste répartition des richesses, et du travail, obtenues grâce aux progrès techniques de la révolution industrielle. Ce sont aussi ceux de Jean de la Fontaine ou encore de Denis Grozdanovitch et de son délicieux Petit traité de la désinvolture… Naviguant entre un fauteuil et un bureau, le comédien s’en donne à cœur joie, sobre personnagerécitant à l’œil pétillant, mimiques appropriées lorsqu’il assène que «la morale du travail est une morale d’esclave, et le monde moderne n’a nul besoin de l’esclavage», ou que «l’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux et que les gens sensés sont pleins de doutes» (Russell), ou gourmand dans une interprétation survoltée du Savetier et le financier de la Fontaine, amusé lorsqu’il s’appuie sur son propre parcours d’ingénieur commercial confronté aux absurdités du monde. Mais ici point de didactisme, et si la matière même du monologue est dense elle suscite, par le biais de l’humour, d’une apparente nonchalance, et d’un maillage très intelligent de textes différents, une réflexion ouverte et durable.

La grande et fabuleuse histoire du commerce Du 17 au 20 avril Jeu de Paume, Aix 0820 000 422 www.lestheatres.net

de la jeune fille malade, et le jardin. C’est la quatrième fois que Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier, cofondateurs du Théâtre des Lucioles, adaptent une pièce tirée de l’Heptalogie, inspirée des Sept péchés capitaux de Jérôme Bosch, du dramaturge argentin Rafael Spregelburd. Leur mise en scène fait pénétrer les spectateurs dans chaque lieu, démultiplie l’histoire au risque de tant la diluer qu’elle se dilate et perd hélas de sa force. Mais le décor fascinant rajoute à l’ivresse des mots et des situations, et le jeu des comédiens est extraordinaire. DO.M.

L’Entêtement a été joué les 22 et 23 mars au Théâtre de Nîmes


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THÉÂTRE

AVIGNON | ISTRES | CHÂTEAUVALLON

Subliminale éclipse

Tout au bord © De.M

«Il y a là quelque part, ici, par ici, soigneusement caché afin qu’on ne retrouve plus de trace, un corps, un corps allongé au sol. Ou autre chose.» Ritournelle macabre pour conte cruel. Un soir d’éclipse, des enfants d’un village ont mystérieusement disparu. La traque s’installe. Elle (Laetitia Mazzoleni) a vu ce qu’il ne fallait pas voir, irrésistiblement attirée par l’Autre, le coupable idéal. Lui (Noam Cadestin), meurtrier pour combler son vide, témoin passif de son impossible reconstruction et prédateur malgré lui d’une victime consentante qui veut sortir de sa vie trop bien réglée. Entre théâtre, cinéma et thriller, ces deux errants gravitent autour d’un cube de tulle, réceptacle de leurs solitudes et de fantasmes. La Cie on est pas là

pour se faire engueuler signe, plutôt adroitement, une pièce périlleuse, bardée de technique (un dispositif bifrontal où s’entremêlent lumières et projections vidéos subliminales, musiques puissantes et voix sonorisées), sur la rencontre de deux âmes perdues. La forme, qui instaure une tension permanente, réglée comme une horlogerie, n’éclipse heureusement pas l’intensité dramatique de ces deux destins hors de la vie. Ils sont ceux qui s’attendaient. «Vous ne risquez rien avec moi» soufflet-elle à l’oreille du loup. Confiante. DE.M.

Tout au bord a été joué aux Halles, Avignon, du 13 au 15 avril

Scapinades démasquées Le théâtre du Kronope crée à une allure désarmante. Chaque année apporte son lot, ancré dans le répertoire classique passé à la moulinette de la Commedia. Une marque de fabrique qui séduit un auditoire jeune, comblant la compagnie qui défend un accès à la culture pour tous. Après Le Songe de Shakespeare, les Fables de La Fontaine, bientôt le Carnaval des Animaux de Saint-Saëns, c’est aux Fourberies de Scapin que Guy Simon s’est attaché. Et pour revisiter la farce de Molière et ses thèmes -pouvoir des pères, amours contrariées, incommunication familialele metteur en scène-comédien dédouble son génial valet. Anaïs Richetta et Loïc Beauché se partagent le rôle (entre autres) dans une performance de chassé-croisé indéniable, et un essoufflement parfois compréhensible. Un Scapin boitillant, bossu, schizophrène et machiavélique, qui ne cesse d’apparaître et disparaître, sauter, courir, hurler, la tête en bas ou dans les airs. S’il faut tenir le rythme devant ce mouvement continu, le public ressort conquis par la flamboyance des costumes et des masques, les acrobaties démonstratives et les ressorts de la farce qui font mouche. © X-D.R

Hallucination collective

DELPHINE MICHELANGELI

Les Fourberies de Scapin ont été jouées au Chêne Noir du 20 au 28 mars © De.M

L’œuvre écrite en 1891 par le dramaturge Frank Wedekind ne fut montée qu’en 1906 tant le scandale créé fut grand. Dans une société allemande foncièrement puritaine, le sujet de la sexualité naissante des adolescents ne se laissait pas aborder sous le biais de l’avortement, de l’onanisme, de l’homosexualité ou du suicide… Plus de cent ans plus tard, si les occupations et connaissances des ados ont évoluées, il n’en demeure pas moins que la jeunesse se heurte toujours à la difficulté de grandir, de comprendre et de trouver sa place dans la société. C’est de cette fragilité dont s’empare Omar Porras, celle de «l’enfant perdu en nous qui ne cesse d’inquiéter […] les enfants que nous sommes, porteurs de problèmes non réglés». Dès le premier tableau -l’entrée en scène carnavalesque des ces ados lancés dans une danse mécanique- s’installe un conte onirique sombre et inquiétant, dans un terrain de jeu ambigu, mi ouvert mi fermé qui est à la fois l’école, la forêt, une maison, le cimetière… La mise en scène de Porras se joue des époques et des registres, fige les drames comme les jeux enfantins en tableaux magnifiques, convoque Munch et son cri, Les Doors, les masques grossiers, un cheval à bascule fantomatique, les gestes exagérés d’un cinéma muet… et se sert de l’incroyable énergie des comédiens, tous impeccables et justes, dans leur fougue comme dans la retenue dramatique de ce printemps finissant. DOMINIQUE MARÇON

L’éveil du printemps a été joué à l’Olivier, Istres, le 6 avril, et à Châteauvallon les 13 et 14 avril


AVIGNON | CHÂTEAUVALLON | CAVAILLON

THÉÂTRE

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Les oiseaux ne se cachent plus… dans le réel froid d’un simili appartement, pour nous plonger dans la poésie -et le cynisme- de l’auteur portugais. «Il faut percer le ventre de l’oiseau pour trouver cette fameuse explication», se souvient le mal-aimé, dépourvu de sentiments comme d’expressivité. Cette chronique d’une «petite mort» annoncée, malgré des partis pris discutables (le jeu désincarné et déprimant du personnage principal ou les récurrents intermèdes publicitaires dont «les préservatifs des catholiques» balancés sur le public…), confirme l’esthétisme singulier de la cie des Ouvriers. DE.M. © Marie Jumelin

Découpée en flash-back, la vie de Ruis, d’après le texte d’Antonio Lobo Antunes, est une suite de désillusions. Un gosse de riche incapable de grandir, «je ne me suis jamais habitué à être un adulte», coincé entre le chantage affectif d’une mère malade, un père castrateur et des ratés qui s’enchainent : ses deux mariages, sa paternité, ses engagements politiques, son boulot. Seuls d’obsédants souvenirs d’enfance, de mystérieux oiseaux dont lui parlait son père, le maintiennent dans la réalité fuyante. Thierry Alcaraz nous livre une Explication des Oiseaux picturale (grâce aux ombres animées de Marie Jumelin dans l’envoûtante chapelle des Pénitents) et technique (sons et lumières particulièrement étudiés), ancrant son décor

L’Explication des Oiseaux s’est joué à la Chapelle des Pénitents Blancs, Avignon, du 21 au 24 mars

Vedettes d’un soir Du premier rang s’élève une voix : «Voici un rêve que je fais souvent, j’assiste à mon propre spectacle, il est probablement commencé, mais la scène reste vide… Je suis le personnage principal de mon histoire, mais

simple figurant dans celle des autres.» Plongée drolatique, loufoque et jubilatoire dans les rêves et cauchemars du Grand Magasin qui bâtit une cérémonie en 3 actes sur le concept forcément improbable de l’oni© X-D.R

risme. Usant -et abusant- du comique de répétition, Pascale Murtin et François Hiffler sont les personnages principaux, à moins qu’ils ne soient finalement 5, et plus tard 34, «simples silhouettes» de participants Cavaillonnais qui transforment le plateau en cour de récréation géante. Chacun projette et déroule ses fantasmagories, et sa solitude, en défis d’improbabilité -réciter le bottin par cœur, rattraper un train sans pouvoir courir, répondre à une question sans être entendu- ou règle ses comptes sur un ring à partir de griefs saugrenus : je suis la peur du dentiste, bang, je suis le trou dans tes chaussettes, bing... Noyé dans la masse, ou vedette d’un instant, tout dépend du point de vue. Des purs produits de l’imagination qui prennent forme dans une sorte d’hallucination collective pour un défilé final joyeux et chaleureux. DE.M.

Mordre la poussière a eu lieu au théâtre de Cavaillon le 5 avril

© Christian Berthelot

Du théâtre microscopique Rodrigo Garcia aurait-il baissé la garde, lui, l’enfant terrible de la scène théâtrale internationale ? À voir C’est comme ça et me faites pas chier, on est tenté de le croire malgré la brutalité du titre. Ici pas d’urine ou de sang, comme dans Bleue, saignante, à point, carbonisée ni d’esclandre comme pour Golgota Picnic qui mit en émoi les «gardiens» de l’iconographie chrétienne ! Mais une matière vivante conviée sur le plateau envahi de pupitres, et la musique qui tient une place de choix. L’énergie est moins électrisante, plus diffuse, le corps nu de Nuria Lloansi Rotllan a perdu en

provocation et gagné en légitimité, sa parole brute si souvent invective a pris des rondeurs, évitant les turbulences sismiques pour laisser sourdre une pensée où se mêlent réflexions philosophiques et description des fresques de Masaccio. Quitte parfois à laisser le spectateur égaré à la lisière «d’une nouvelle langue à inventer». Car, défroqué de ses habits de metteur en scène corrosif mais l’esprit libre, il n’hésite pas à interpeller notre propension à la cécité à coups d’onomatopées, de borborygmes et autres transes vocales… Heureusement le spectateur n’est plus

voyeur : il prête l’oreille à son ode au langage qui convoque le sexe, la foi, l’identité, magnifiquement portée par Melchior Derouet ; il scrute la pénombre pour retenir les détails d’un geste, d’un déplacement, qu’une vidéo lui renvoie en version extra-large. Du plateau à l’écran, Rodrigo Garcia tord la réalité, et vu sous cet angle, notre monde paraît bien dérisoire. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

C’est comme ça et me faites pas chier a été donné les 23 et 24 mars à Châteauvallon


22 THÉÂTRE TOULON

Plus vrais que vrais

Un Jour j'irai a Vancouver © Simon Wyffels

Saga sociale haute en couleurs d’un côté, témoignage drôle et émouvant de l’autre : une vraie sincérité puisée à la source du vécu habite Et vive la liberté ! et Un jour j’irai à Vancouver ! Deux spectacles de théâtre documentaire dopés à la tendresse, à la tolérance et à l’humanité qui échappent à la caricature et à l’angélisme. Avec une dignité

exemplaire, Milouda Chaqiq raconte, chante, danse et slame sa liberté retrouvée après une vie d’exilée et de sans papiers, après son mariage au bled à 14 ans, un divorce compliqué, une vie marquée par le poids des traditions et l’oppressante soumission aux hommes… Sur les planches depuis 2007 grâce à de belles rencontres, elle

étonne par tant d’aisance : elle fait corps avec la musique et les chants -admirables parenthèses de Samia Diar et Mokrane Adlani- et offre 1h30 de joies partagées, d’anecdotes et de souvenirs mêlés ; il n’est loin le temps où elle était encore femme de ménage, séparée de ses enfants, rêvant simplement d’apprendre à lire et à écrire… Longtemps délaissée comme une rose endormie la voilà éclose à la vie, tournant volontairement le dos à la souffrance du passé, ce mélange de tristesse, de peurs et de colère «comme le couscous marocain !». Mais «l’art étant planté dans ses os et dans ses veines», Milouda préfère aujourd’hui en rire. Autres récits de vies trempés dans la réalité avec le comédien Rachi Bouali qui interprète (presque) tous les habitants de la cité d’Hem à Lille, dont une bande d’enfants d’immigrés à l’accent ch’ti qui vont «entrer en théâtre» par hasard et s’y accrocher avec force. La galerie de personnages est pimentée, entre La Callas «une vraie sirène», l’as-

sistance sociale, la mère et ses copines, l’adjoint au maire en quête de légitimité électorale, et l’animateur socioculturel qui milite pour la culture populaire et entraine les jeunes à imaginer un autre horizon. Bref à ne pas perdre espoir de voir un jour Vancouver ! Seul sous les sunlights Rachid Bouali jongle avec les histoires, les situations, les familles, évoque sans détours la drogue, le sexe, les magouilles et le fric. Et file la métaphore quand il répète Antigone sur la scène du centre social avec des ados qui ont depuis longtemps quitté l’école… Ce soir c’est le grand soir, la salle est pleine à craquer, tout le quartier est là : ils jouent Antigone, c’est une tragédie. C’est surtout l’espoir d’une nouvelle vie. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Un jour j’irai à Vancouver ! et Et vive la liberté ! ont été joués respectivement les 5 et 13 avril au Théâtre Liberté à Toulon dans le cadre du temps fort Entre deux rives

Roméo et Mercutio

Dans Visites Jon Fosse s’attache à décrire les conflits familiaux et la fracture de la jeunesse, que la jeune fille a choisi de vivre dans une absolue passivité. Enfermée dans sa chambre elle ne sort que pour de brèves promenades, ne fait rien, ment. Sa mère tente de la ré-impliquer dans la société, mais lui impose son amant apathique et étrange. Son frère vient la voir, puis repart. Quelque chose nous échappe, dont on ne sait à la fin s’il nous a été révélé, où si la jeune fille invente que l’amant lui a un jour «touché les seins». La mise en scène de Frédéric Garbe est précise. Atone. Hachée. Passive comme la jeune fille. Les silences entre les répliques, systématiques, installent un temps irréel dans un décor d’un réalisme de vaudeville (canapé, table basse, portes, bruits de pas dans le couloir…). Des temps d’attente. Parfois interminables. Et répétés. Qui empêchent qu’on entre dans la fiction, mais disent parfaitement le malaise. Les jeunes comédiens tiennent ce rythme paradoxal avec un front buté, la mère et son amant dans un agacement où des gestes vifs leur échappent. Puis qu’ils rengainent. Parfois passent les douleurs : celle de la mère, désolée de voir sa fille en échec, puis qui renonce à l’en sortir. Celle du frère, qui veut faire parler l’amant. Celle de la fille, dans sa façon de s’asseoir et de lisser ses vêtements. Le malaise est palpable jusque dans le public qui fourmille sur ses sièges. Heureusement à la fin tous quittent le foyer mortifère : un soulagement.

Qualifiées d’infidèles envers Shakespeare, la traduction et mises en scène de Roméo et Juliette par Olivier Py sont en fait tout le contraire… S’il ne coupe pas les premières scènes, où Roméo hurle son amour pour Rosalinde ; s’il met au clair par le geste les jeux de mots sexuels du trio masculin (Roméo et ses deux amis, Mercutio et Benvolio) et de la nourrice ; s’il redouble la violente scène où Capulet oblige sa fille de moins de 14 ans à accepter un mariage arrangé , c’est pour mieux donner à voir ce qu’on escamote, depuis l’âge classique, dans le texte baroque de Shakespeare : la violence, l’inconstance, le sexe. Pour le reste, il en est comme toujours chez Olivier Py: un amour du verbe et un jeu parfois outré, un attrait assumé pour le kitch, planté ici de palmiers en plastoc, de costumes approximatifs et de graffitis sur structures roulantes ; sans oublier la brève déclaration d’intention esthétique où il brocarde la nouveauté obligatoire et déclare aimer s’asseoir sur de vieilles chaises ; et un passage provocateur, qui mime des relations charnelles homosexuelles. Drôle, le passage, et magnifiquement joué par Frédéric Giroutru (Mercutio) et Matthieu Dessertine (Roméo). Mais il fait par ricochet trouver les scènes d’amour entre Roméo et Juliette bien fades. Pourtant Camille Cobbi est épatante : ne minaudant jamais, forte et volontaire comme son personnage est écrit, disant son amour et son désir sans pudeur, comme elle l’éprouve… Mais entre ces deux acteurs rien ne se passe. Or la pièce, pour l’essentiel consiste en leurs scènes d’amour ! Juliette seule danse la transe du désir, Roméo surgit, et la température retombe. Le reste du plateau a beau se démener, Roméo, très beau, n’est pas à la hauteur du rôle : rien n’est plus difficile à jouer qu’un jeune premier. D’autant que celui-là cherche son identité sexuelle, ce que la mise en scène d’Olivier Py révèle à merveille. Ambiguïté sexuelle qui se posait autrement du temps de Shakespeare, où Juliette était jouée par un homme. Le même, peut-être, qui incarnait Mercutio, puisque celuici ne la croise pas au cours de la pièce ?

AGNÈS FRESCHEL

Visites a été créé au Théâtre Liberté, Toulon, par l’Autre compagnie, du 14 au 18 mars © Pascal Fayeton

© Alain Fonteray

Passivité

AGNÈS FRESCHEL

Roméo et Juliette a été joué au Théâtre Liberté, Toulon, du 10 au 13 avril


CAVAILLON | GTP | AUBAGNE | SAINT-MAXIMIN

Sarabande de la suite n° 5 de Johann Sebastian Bach. La démarche du fondateur du Ballet Contemporain d’Alger, qui livrera sa nouvelle création El Djoudour au GTP en ouverture de l’année capitale 2013, est intéressante, parce qu’elle mêle sans complexe musique contemporaine, une belle plasticité chorégraphique et une danse athlétique à l’étonnant métissage de style. Mais la linéarité du propos, et l’absence de véritables mouvements d’ensemble, entraînerait, sans la musique, un peu d’ennui.

Kubilai Khan © Gilles Clément

MARYVONNE COLOMBANI

Un monde en soi a été dansé au GTP les 3 et 4 avril

À venir La Cie La Baraka sera aussi présente à Saint-Maximin lors de La Croisée des danses avec Nya, le 12 mai 04 94 86 18 90 © Agnès Mellon

L’art dans la rue ne s’improvise pas : il faut du talent pour capter le public volatile. Temps 2 Danse a offert l’exemple et le contre-exemple avec Kubilaï Khan Investigations et ses Multipli/cité(s) chaque fois réinventées, et la Cie Boutabou qui s’est «approprié un lieu apparemment hostile, la rue» dans un pâle exercice de style, Si j’osais. Il ne suffit pas d’installer un échafaudage et lancer la sono pour «faire spectacle» ! Jamais la chorégraphe Cécile Guye n’a su tirer profit de la dualité spatiale provoquée par la structure métallique en élévation et le bitume, et les danseurs-comédiens sont restés sur le carreau : déplacements approximatifs, réceptions maladroites, corps mal équarris, gestuelle inachevée. Le spectacle mi forain/mi comédie use des clichés du théâtre de rue que sont la participation du public et les accords d’accordéon. Bref Si j’osais n’ose rien du tout… Au pied de la Tour de l’Horloge, Viktoria Andersson et Idio Chichava ont dû composer avec l’étroitesse du porche, la pente raide, l’escalier monumental. Défi relevé, rien n’était laissé au hasard : les rambardes, une clôture, une fontaine, un arbre solitaire ou un immeuble en friche ont modulé leurs déplacements, servi d’appuis ou de contraintes. Leur danse vibrait dans l’air qui s’engouffrait dans les ruelles. Lancé, enlacé, délacé, le couple s’est affranchi des obstacles, rien n’était impossible. Ni les chutes ni les sauts. Ni les fulgurances ni les pauses éphémères. Franck Micheletti, d’abord à la table de mixage, les a rejoints, appelé par la musique de Takoumi Fukushima et Rémy Aurine-Belloc. Il «improvise» quelques-unes de ses figures stylistiques, ébauches suspendues, ondulations successives, mouvements étirés. Puis KKI se met en route pour une autre pérégrination au son du violon, défiant chaque fois les équilibres, les gravitations humaines, la présence architecturale, la vie urbaine. Le public fait toujours bloc autour de l’insolite procession. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Si j’osais et Multipli/cité(s) ont été donnés le 14 avril à Aubagne

tifs, un duo se forme entre pulsion et répulsion, le trio se retrouve pour s’agripper, s’aimer peut-être au passage, tirant sur les corps comme sur une corde. Un territoire qui se tend et se distend, dans une physicalité nerveuse de corps syncopés soumis à rude épreuve, une danse complexe et fourmillante. Yuval Pick a trouvé les nuances pour danser l’intensité d’une terre multiple. Une pièce qui nous emporte comme une vague, et dont les silences pèsent lourd sur nos sensations. DE.M.

Score a été joué le 23 mars au théâtre de Cavaillon, dans le cadre de l’Exclamation #2

© Laurent Philippe

Particules sonores Avec Score, le chorégraphe Israélien Yuval Pick, successeur de Maguy Marin au CCN de Rillieux-la-Pape, crée une partition mosaïque à haute tension pour évoquer le fractionnement de son pays natal. Sur une bande son signée Bertrand Larrieu, puisée dans les bruits de la rue et les chants traditionnels d’Israël, trois danseurs irréprochables, Lazare Huet, Anna Massoni et Antoine Roux-Briffaud, accordent inlassablement leurs corps, inventent d’extraordinaires portés à partir de leurs dysharmonie et déséquilibre, rentrent dans une danse de l’affrontement, sans relâche, violente, dangereuse, aux limites d’une frontière qu’ils ne cessent de déplacer. L’un s’échappe du ring pour livrer des soubresauts performa-

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Le grand écart

Kant entre danse et musique Si la «chose en soi» désigne pour Kant le réel tel qu’il est en lui-même, indépendamment de toute connaissance qu’on en a, nommer un spectacle de danse Un Monde en soi interroge. Le chorégraphe Abou Lagraa s’est emparé de l’objet dans son spectacle, créé en 2010, et a lancé ses sept danseurs et le quatuor Debussy dans la création d’un monde qui se rêve avant de passer à l’existence. Explosion de violence puis construction de soi, de la relation à l’autre, fusion, heurts, expérience sensible de la découverte… Chacun des danseurs interprète sa propre partition et le quatuor Debussy, toujours inspiré, devient lui aussi élément de la scénographie, enveloppe les danseurs, joue avec eux, tout en interprétant avec un sublime talent Four et String Quartet in Four Parts de John Cage ou Five movements for String Quartet, Langsamer Satz et String Quartet 1905 d’Anton Webern, ou encore la

DANSE


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JEUNE PUBLIC

ARLES | MASSALIA | JEU DE PAUME | BERRE | LE REVEST

Arrête de machouiller ma femme ! ce que l’enfant mangé au petit déjeuner «était tout filandreux (quand ils ont peur, ça gâche leur chair)». Du fameux Maître Fu Yang Hao, point trace, mais manifestement il a suffisamment marqué l’esprit de ses disciples pour que sa présence ne soit pas indispensable. Morale de l’histoire ? Un dicton peutêtre chinois, en tous cas recevable également sous nos climats: «Si tu veux vivre longtemps, attention à ne pas vieillir trop vite...» GAËLLE CLOAREC

Les Histoires fabuleuses de Maître Fu Yang Hao ont été jouées du 30 mars au 3 avril au Massalia

© Yves Fravega

Le Varan Vichy, c’est un fait peu connu, est capable de «machouiller plusieurs dizaines de grands-mères en une soirée». Le très pragmatique Roi Egypchien, quant à lui, trouve que «c’est bien d’avoir des esclaves, et en plus si je n’étais pas là, ils n’auraient pas de travail». On apprendra aussi nombre de détails sur les hippopotames, les fées, les girafes et les cow-boys dans ce spectacle généreux, doté d’une bande-son impayable osant le grand écart entre notes aigrelettes style ukulélé, et B.O. symphonique digne du Seigneur des Anneaux. Joies du playback ! Les trois acteurs rugissent, chantent et râlent à l’occasion, soit qu’ils en aient assez des histoires d’amour, soit de devoir toujours faire le poney, soit par-

Ainsi va la Vy… © X-D.R

Elle s’appelle Vy, ce qui signifie en vietnamien «ce qui est tout petit». Elle a 8 ans, elle habite chez sa grandmère Rachel. Elle a les cheveux noirs coupés très court et le teint jaune. C’est une marionnette pas plus haute que trois pommes ! Michèle Nguyen est conteuse. Elle est née en Algérie d’un père vietnamien et d’une mère belge. Toutes deux sont d’une grande timidité. Par la magie du théâtre, et avec pour seuls accessoires un lutrin, un cahier, un petit sac en cuir, elles racontent d’une même voix leur éveil à la vie, leur détachement douloureux à l’enfance, leur rêve d’être un jour danseuses. Quand elles pourront enfin déployer leurs ailes, libres comme l’air…

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Juste récompense, ce spectacle intimiste sobrement intitulé Vy a reçu le Molière jeune public 2011 : la poésie du texte va droit au cœur, le travail des lu-

Vy a été joué le 10 avril au PôleJeunePublic au Revest et à Berre les 13 et 14 avril

De la pellicule aux planches Certes, il y a un roman en 1900, de L. Frank Baum, mais surtout le film de Victor Fleming en 1939 ! Reprendre

© Raphael Arnaud

(guitare) Jean-Christophe Gairard (violon), s’enchâssent avec humour dans cette histoire rocambolesque. Dorothy est moins naïve que Judy Garland ; le lion a perdu sa crinière, l’homme en fer blanc danse le hip hop, l’épouvantail reste drôle et candide ; et la sorcière méconnaissable lorsqu’elle est la tante Em, le magicien plus subtil que celui de la comédie musicale, s’en donnent à cœur joie dans cette création enlevée.

Le magicien d’Oz, au cœur de la malheureuse manie des comédies musicales, présentait de nombreux écueils, dont la tentation d’imitation servile… Aussi, c’est un véritable plaisir de découvrir cette adaptation par la cie Ainsi de suite qui joue avec le conte, jongle entre les niveaux de lecture, sait user de distanciation ironique. La mise en scène inventive de Claude Pélopidas enchante petits et grands. Un nouveau personnage apparait : une sorcière fée dans son immense robe rouge, raconte, chante, devient une Castafiore que les personnages remettent en place. La narration est commentée et les musiques composées par Martial Paoli (clavier), Stéphane Albertini

MARYVONNE COLOMBANI

Le Magicien d’Oz a été créé au Jeu de Paume les 30 et 31 mars

Tête rase

© Philippe Cibille

Une tête sur un cube, reposant sur des coussins, une tête sans corps apparent, qui parle… Déroutante Tatie Claire, vieille dame qui cherche ses mots, ne sait plus ce qu’elle disait, reprend son récit décousu après un petit somme, comme une ritournelle. Ce qu’elle raconte ? Gondran, l’amour de sa vie, une grotte où tout a commencé et où elle projette de retourner, l’enfance, la fin proche… Autour de sa tête de curieux personnages s’animent, Diego, qui parle en s’appliquant, et Chichi, chiffon qui babille, qui la provoquent, l’écoutent. Tout se mélange alors et

mières cisèle la silhouette magnétique de la comédienne, les gestes sont délicats et la mise en scène d’une grande finesse. De jolies personnes croisent le chemin sinueux de Michèle et Vy : la femme à l’oiseau dont l’accent algérien berce leurs angoisses, le jeune Ismael qui les aide à grandir, le Père dont elles découvriront les lettres après la mort de la «terrible» grand-mère. Empruntant au conte et à la danse le ton de la confidence, Michèle Nguyen déploie un jeu subtil et tendre…

l’irrationnel devient comme un nouveau langage, une langue qui mène directement à l’imaginaire des enfants. Avec son personnage sans corps –le visage à lui-seul dit tout !-, un travail sur la voix impressionnant, Damien Bouvet convoque l’écoute, l’imagination des enfants, en abordant les thèmes sensibles de la maladie (Alzheimer ?) et de la fin de vie, quitte à dérouter les adultes. Et c’est tant mieux. DO.M.

Taboularaza a été joué au Théâtre d’Arles le 28 mars


GTP | JEU DE PAUME

Passions voilées

MUSIQUE

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Double face Les Siècles © Agnès Mellon

Face à un public assoiffé de «retrouver» le Stabat Mater et le Salve Regina de Pergolèse, le Ricercar Consort, petit ensemble baroque dirigé par un chef avare de gestes mais efficace, Philippe Pierlot. Une mezzo-soprano de qualité, Anna Zander, et Monica Piccinini, soprano vêtue de noir dont la voix est à l’image de sa robe, perlée, dentelée, d’un joli ton mais avec peu d’épaisseur. Aux antipodes des interprétations boursoufflées, le chef a mis l’accent sur un travail très minutieux, lumière tamisée entre le violon 1, les retards de la soprano et le timbre mat de l’alto, jeu sur les modifications agogiques, mise en valeur des «anomalies» harmoniques… qui ne flattent pas toujours l’oreille mais enchantent l’intellect des puristes. Musique terne et sans vie pour certains, perle de culture pour d’autres… À redécouvrir dans une salle aux dimensions humaines. CHRISTOPHE FLOQUET

Quand résonnent les premières notes de l’Adagietto, enivrantes de douceur et de plénitude, quand dansent et virevoltent les mélodies pleine de vie de la Farandole de l’Arlésienne de Bizet on a envie de chanter «douce France…». Quand il pleut des arabesques dentelées du clavier d’Alain Planes dans la Fantaisie pour piano et orchestre du divin Debussy, et quand rugit le splendide Orchestre des Siècles, emportant dans la houle mélodico-harmonique de La Mer tout sur son passage, on chavire de bonheur, noyé dans un océan de couleurs et de textures. Mais quand surgit du fond des temps le sombre Théodore Dubois, affichant, ne serait-ce que dans le titre, Symphonie française, un nationalisme ostensible et puant, n’hésitant pas à faire beugler aux cuivres des extraits de la Marseillaise, on a envie de siffler «ne m’appelez plus jamais France» ! François Xavier Roth eut beau se démener comme un diable, cette pièce, remugle d’un mauvais Brahms, nous fit regretter qu’on exhumât en ce moment de l’histoire ce triste personnage.

Concert donné au GTP le 28 mars

C.F.

Concert donné au GTP le 12 avril Philippe Pierlot © X-D.R.

Délicatesse nes, délicieuse narration de Papillons (Schumann), où le marivaudage sur Katia Bronska © X-D.R.

Un jeu tout de délicatesse que celui de Katia Bronska, qui revenait à Aixen-Provence au Jeu de Paume le 17 mars. Un programme virtuose Chopin/ Schumann où la pianiste ne cherche pas à gonfler les effets, mais souligne les nuances avec finesse. Interprète, elle laisse éclore une sensibilité sans larmoiements, semble écouter ce que le piano murmure. Une main s’élève, interrogation émerveillée que vient résoudre un arpège. Portrait d’une âme, dans les Nocturnes, descriptions lyriques des Scènes d’enfants schumannien-

fond de carnaval vénitien tisse des tableaux colorés. La palette de la pianiste se fait mutine, masques et bergamasques s’enflamment, cultivant à propos les fuites et les retournements pour enfin se retrouver en harmonie. L’artiste reprend le chemin de la scène après une perte douloureuse (chacun a été profondément ému par l’hommage qu’elle a rendu à son époux), pour notre plus grand bonheur. M.C.

Les chemins de la gloire Quatuor Diotima © Thibault Stipal

D.32, D.68, D.94, D.173 : quatre jalons posés l’espace d’un concert, balises sonores d’un trajet empruntant diverses routes, celui du grand Schubert, de ses 14 ans à sa presque maturité… 18 ans ! Le très jeune, et néanmoins très talentueux quatuor Diotima s’est attaché à dessiner le parcours du jeune Franz. Pétri de l’influence de Haydn, dans l’ombre de Beethoven, le jeune compositeur affirma très tôt dans l’effloraison mélodique de ses premières pièces son style à venir :

modulations à la tierce, alternance majeur-mineur, subtils décalages rythmiques… Dans l’éclat de la jeunesse, ces pièces, d’une candeur liliale, annoncent les cycles des lieder ou des futurs grands quatuors. Quelle maîtrise d’écriture pour ce gamin à peine sorti de l’adolescence ! C.F.

Concert donné au Jeu de paume le 26 mars


26 MUSIQUE LYRIQUE | CONCERTS

Rossini fait recette © Opera Royal de Wallonie

En collaboration avec l’Opéra Royal de Wallonie, l’Opéra de Toulon a décidé de bousculer son public pour l’avant-dernier spectacle lyrique de la saison avec un Barbier de Séville au comique prononcé qui fut chaleureusement applaudi par des spectateurs habituellement récalcitrants. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le réalisme affiché des décors qui tranchait avec des costumes parfois désopilants à l’image d’un Don Basilio déguisé en Frollo dans le Quasimodo d’El Paris de Timsit, n’a choqué personne. Mieux, la mise en scène survoltée de Stefano Mazzonis di Pralafera a plu, alors que les libertés prises avec la partition auraient pu en faire bondir plus d’un : un thème de la panthère rose,

des voix rodées au bel canto, et la direction vigoureuse de Nicolas Krüger qui laissait la part belle à l’orchestre, qui manquait cependant parfois de fougue et de légèreté. Le plateau était d’une belle homogénéité sur le plan vocal mais scéniquement, certains chanteurs étaient plus à l’aise comme le baryton Paolo Bordogna parfait en Figaro cabotin, statufié en Rossini bénissant la scène finale. Gageons que le compositeur, bon vivant notoire, aurait sûrement apprécié cet ultime pied de nez à son opéra. ÉMILIEN MOREAU

puis de la 5e de Beethoven, et un chœur des marins Toulonnais ont transformé l’ouvrage en farce désopilante au bon

goût… discutable. Pour donner du crédit à cette relecture irrévérencieuse, la production a pu s’appuyer sur

Le Barbier de Séville a été donné à l’Opéra de Toulon du 30 mars au 5 avril

Parapluies de Cherbourg. Raoul Lay, de loin le plus moderne, colore l’assaut érotique de La boucherie blême par une facture atonale, des rappels harmoniques, du piano-préparé, une structure mélodique familière jalonnée de points de respiration, des modèles rythmiques hérités de la danse. Un ballet adultérin dont la chute fait froid dans le dos, car «l’andouillette» finit certes «entre les jambons»… mais au fond du congélo ! Pascal Charpentier, enfin, accompa-

gne le mortifère Ressusciter d’arpèges et accords classiques, fait danser la femme infidèle au rythme tangué du tango et de la valse… L’unité du spectacle n’est pas mise à mal pour autant, grâce à la présence récurrente du double trio vocal (Brigitte Peyré, Alexander Knop et Lorenzo Carola), instrumental (Antoine Maisonhaute, Kim van den Brempt et Louison Renault) et un fil rouge au loufoque assumé par la comédienne Margot Faure.

Revival opérette Les Brigands pour Phi-Phi ou l’opus contemporain La (toute) petite tétralogie renouent à leurs manières avec une tradition légère de l’opérette Phi-Phi a été représenté plus de 40 000 fois entre sa création en 1918 et l’immédiat après-guerre. C’est dire le succès passé du chef-d’œuvre de Christiné et Willemetz ! Ce qui a séduit au sortir de la Grande guerre, son esprit léger, son néoclassique hellène et sa gaudriole, sont difficilement transposables aujourd’hui sans ridicule ou vulgarité. Encore faudrait-il, du reste, trouver des interprètes sachant chanter, jouer, danser, ayant des physiques d’éphèbes et le strip-tease facile… «Les créateurs de Phi-phi étaient des marginaux à leur époque» révèle Loïc Boissier, directeur artistique de la troupe, «c’est par cet angle de l’originalité réactualisée qu’on a tenu a aborder l’opérette.» Du coup, la mise en espace de marionnettes insolites, pour les dialogues parlés en particulier, crée une distance bienvenue avec les traditionnelles poses libertines de l’œuvre, suggère des situations de jeux avec les chanteurs, tout en révélant une dimension poétique du livret. Si elle escamote souvent, la mise en scène de Johanny Bert reste fantaisiste, drôle et sensuelle. «Par le biais du théâtre, on conduit le spectateur à un spectacle où il ne viendrait pas naturellement» confie le fondateur des Brigands. Pari gagné ! Ils remplissent les salles depuis plus de dix ans avec Offenbach ou Maurice Yvain.

Phi-Phi © Elisabeth de Sauverzac

Opéra cochon Conflit amour physique et platonique, adultère et inceste, lutte pour le pouvoir, corruption par l’or sont les grands thèmes du Ring wagnérien. On les retrouve «par le petit trou de la serrure», précise la metteuse en scène Anne-Laure Liégeois, un prisme néo-dada imaginé par Michel Jamsin dans les quatre scènes de La (toute) petite tétralogie. Cet «opéra drôle» renoue non seulement avec la gauloiserie farfelue des années-folles (voir ci-dessus), mais aussi l’esprit de groupe, celui des Six en particulier : la composition musicale est partagée, chacun a traité la cocasserie du sujet avec son style propre. Jean-Paul Dessy pour L’exil à la sauce «poularde», concocte un tutti-frutti aux relents populaires s’appuyant sur des notes polaires, des mélodies récursives, un rythme de rock ou une descente harmonique hispanisante. Stéphane Collin, dans Le petit oiseau, parodie le duo romantique d’opéra, au gré d’un ostinato harmonique, par une pâte tonale oscillant entre des modulations à la Prokofiev et l’ambiance monocorde et misérabiliste des

JACQUES FRESCHEL

Phi-phi a été représenté au Théâtre des Salins à Martigues le 30 mars et La (toute) petite tétralogie au Gymnase à Marseille du 3 au 7 avril L'exil, Jean-Paul Dessy © Isabelle Francaix


MUSIQUE 27

Monter Le Comte Ory n’est pas une sinécure : il ne fait pas partie des «marronniers» de l’opéra et nombre de théâtres ou festivals s’y sont cassé les dents. L’ouvrage présente des embûches. En premier lieu, une intrigue et un style alambiqués, du fait de la reprise, textuelle par moments, d’une musique d’un opéra antérieur, dont le sujet n’a rien à voir, en italien : Le Voyage à Reims (voir p. 65). Le metteur en scène doit appréhender son esprit bouffe, préfigurant Les Mousquetaires au couvent, un climat libertin planté en plein Moyen-Âge ; les chanteurs doivent assumer l’une des partitions les plus difficiles (Rossini n’est pas Louis Varney) riche en acrobaties vocales à perdre haleine, zébrées d’aigus périlleux, maîtriser la langue française et les caractères comiques… Ces derniers, pour un plateau heureusement francophone, sont loin d’avoir démérité. Hors une gêne vocale de Marc Laho dans les contre-ut (le 22 mars, il aurait respiré malencontreusement des produits solvants dans une loge plantée au milieu des travaux de rénovation du théâtre !), aussi bien Annick Massis et ses coloratures, Stéphanie d’Oustrac en travesti, Marie-Ange Todorovitch, Jean-François Lapointe (voir ci-dessous) ou Nicolas Courjal ont tenu leur rang dans leur emploi respectif. Quant au premier, avec un rare talent de metteur en scène lyrique qui connaît et met en valeur le sens des

© Christian Dresse

Un Comte d’experts

ouvrages, Frédéric Bélier-Garcia a dressé à l’équilibre des tableaux mêlant un esprit de «fête galante» à la Watteau à des apparats médiévaux, instillé une direction rabelaisienne aux acteurs tout en laissant la place au nécessaire bel canto.

Le Comte Ory de Rossini a été représenté à l’Opéra de Marseille du 20 au 27 mars

JACQUES FRESCHEL

Mariage improbable ? Entre les cordes pincées de la guitare finement amplifiée d’Agnès Condamin et les tuyaux de l’orgue manœuvrés avec subtilité par Frédéric Isoletta, l’alchimie a eu lieu ! Notre collaborateur musical au magazine (il ne manie pas que la plume !), de la console placée en plein chœur, dans une situation visuellement confortable pour le public, a tiré profit des magnifiques atouts du bel instrument conçu par Pascal Quoirin. On a particulièrement apprécié, en création mondiale, une œuvre tout en couleurs et contrastes, au titre approprié : Sombres, clairs, rouges. Le compositeur Lionel Ginoux y transmute un magma

obscur, pédale grave d’où s’extirpe des éventails d’arpèges, en incandescence harmonique… Lumineux ! Quant au mariage cité en prélude, il a été consacré, avec la bénédiction d’André Rossi, initiateur de la série de concerts L’Orgue vivant (ce dernier a également joué Bach le 15 avril), par des arrangements de concertos de Haendel et célébré par des pièces virtuoses, mitonnées au bouillon populaire, de Rodrigo (Fantasia para un gentilhombre) et Bartok (Danses populaires roumaines). J.F

Concert donné le 1er avril à l’église Sainte-Marguerite à Marseille

L’art de transmettre

© Muriel Despiau

«C’est le dernier soir, le dernier soir…» : c’est par ces mots que débute l’une des plus belles scènes de l’histoire de

l’opéra, ultime apparition de Pelléas avant l’aveu d’un amour interdit, partagé depuis «de longs mois» avec

Mélisande, l’épouse de son frère Golaud… qui le tuera au bout du dialogue. Jean-François Lapointe en connaît les pièges, les détours, lui qui a arpenté tant de fois le rôle difficile du jeune héros de Maeterlinck, sa prosodie particulière, s’est heurté à sa rigueur rythmique, la précision nécessaire des intonations, a exploré la psychologie évolutive du personnage… comme sa tessiture tirant périlleusement vers le ténor dans les dernières scènes. Il guide deux jeunes barytons, Michael Piccone et Emmanuel Gardeil, dans les méandres debussystes, corrige la prononciation des «r», des «é» ou des «è», précise les respirations, met en regard les

L'orgue de Ste-Marguerite © X-D.R.

subtiles nuances rythmiques avec la psychologie shakespearienne du personnage… Autant de pistes dont les «stagiaires» tireront bénéfice, grâce à l’initiative de Cyril Rovery, fondateur de la compagnie Opéra Théâtre pour Tous qui donne rendez-vous cet été aux Marseillais au Théâtre Sylvain pour un récital de Leontina Vaduva (1er août) et Madame Butterfly (11 et 13 août). J.F.

La master class de Jean-François Lapointe (voir p65) sur Pelléas et Mélisande a eu lieu le 31 mars à l’Auditorium de l’Hôpital Saint-Joseph www.operatheatrepourtous.com


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MUSIQUE

MARS EN BAROQUE | CONCERTS

Les aigus des hommes

Bruno Helstroffer © X-D.R.

Quand Patrick Barbier parle des castrats, de Farinelli, il jubile. La conférence à L’Alcazar de ce spécialiste reconnu fut fort appréciée ! Le même soir, la Chapelle Sainte-Catherine accueillait l’Ensemble Filigrane, et le jeune contreténor d’origine soudanaise, Magid El-Bushra, dans un programme d’airs italiens baroques. La voix, d’une grande souplesse, excelle dans les passages lents aux sons filés : dans la Cantate Qual per ignoto calle de Vivaldi le théorbe arpège sans heurts sur le souffle de la voix, figuralisme de la quête amoureuse. La Cantate de Haendel Vedendo amor offre une ligne suspendue sur les accents du théorbe et l’orgue en un sublime tempo louré. La Sonate en sol mineur de Haendel fut l’occasion de découvrir la belle technique d’Etienne Mangot à la basse de viole, et les prestations brillantes de Sébastien Wonner (orgue-clavecin) et de Bruno Helstroffer (théorbe). On attendait les airs de bravoure et de virtuosité de Vivaldi : l’air de Vittelia ou le brillant Qual dopo lampi e turbini. Même si elle manque de mordant dans les mouvements vifs -la voix de Magil El Bashra devenait instrument, se perdant dans les volutes des ornementations baroques. Un contre-ténor au charme exquis ! YVES BERGÉ

Arie per un divo a été joué le 21 mars dans le cadre de Mars en Baroque

Colloque sentimental Francois-René Duchâble © X-D.R.

Délicate pensée que d’unir en un même concert les lectures des voix qui se sont tues avec les musiques qui les ont bercées, charmées, emportées, ravies. Diane de Montlivault mêle avec une sensibilité spirituelle les mots de Chopin, Sand, Liszt, Marie d’Agoult, Schumann, Clara Wieck avec leurs mélodies, interprétées par un François-René Duchâble inspiré. Le pianiste en sourit : le programme reprend des airs plus que célèbres, préludes, études, Campanella (monument de virtuosité joué avec fougue), rêve d’amour… Mais quel bonheur, l’exécution sans faille est si délicate, déliée. Liszt qui se définit comme un lutteur qui conquiert et vainc l’instrument, tandis que Chopin joue en empathie avec

lui ? Duchâble sait user des deux, en interprète exceptionnel qui fait oublier son immense technique pour plonger dans l’émotion. Puis piano et voix, complices, dialoguent, comme Clara et Robert Schumann… on glisse vers l’art poétique de Verlaine, de la musique avant toute chose, et la nuance, la nuance… enfin deux extraits du carnaval de Schumann… La Sainte Victoire se nimbe des rayons du couchant, la magie de l’instant perdure encore… M.C.

Langages croisés a été donné le 24 mars au Tholonet

Joel Suhubiette © X-D.R.

Tout est accompli !

L’abbaye de Saint Victor est pleine ! On s’est donné rendez-vous pour découvrir une œuvre de circonstance en un temps que les Chrétiens disent de pénitence : La Passion selon Marie de Zad Moultaka. Alors que, doucement, par de lents processus d’évolution de la texture sonore, se forge une harmonie, comme exhumée d’une note grave, polaire, tenue en pédale à l’orgue, on pénètre dans un univers funèbre, douloureux. On gémit à la plainte d’une mère assistant à la mort de son fils, aux accents baroquisants de la soprano Maria Cristina Kiehr, accompagnée par les instruments anciens de Concerto Soave, des sacqueboutes, théorbe, cornet, violes de gambe, clavecin… par l’imposant dispositif percussif contemporain de Claudio Bettinelli et les 18 voix du chœur Les éléments (dir. Joël Suhubiette). Si le langage est moderne (glissandos, trames, dissonances, os-

tinatos, parlando, micro-polyphonie), l’esprit est baroque (figuralismes, affects, instrumentarium, double-chœur). Pour cette Passion placée sous le regard maternel, oratorio proche du Stabat mater chanté en langue syriaque, au fil d’un long flash-back initié par Jean, on suit l’histoire du Christ, en raccourci, de l’Annonciation au chemin de Croix, du reniement de Pierre au climax sonore de la Crucifixion, jusqu’au dernier souffle figuré par l’extinction progressive de bruissements de doigts sur les instruments, les pupitres… Marie, seule, conclut alors, a cappella, par une sorte de berceuse, sobre et digne, plongeant le public dans un émouvant silence. JACQUES FRESCHEL

La Passion selon Marie de Zad Moultaka a été représentée le 29 mars à Saint-Victor dans le cadre de Mars en Baroque


SPECTACLE | CONCERTS

MUSIQUE 29

Jouez hautbois....! © Agnès Mellon

Quelle histoire que cette histoire ! Un père, sa fille, le diable, un pacte, les frères Grimm et Olivier Py, un chœur d’amateurs ravivé à chaque étape de la tournée, un acteur, un chef qui est aussi compositeur, cordes et vents, musique, piano et percussions, masque à cornes et marionnettes, un moulin à paroles et Catherine Marnas pour faire tourner tout ça ! C’est un conte musical, peut-être un opéra... c’est surtout autre chose, qui invente sa forme : une pièce de chambre si le terme pouvait rendre le double caractère intimiste et strictement réglé de cette Jeune fille aux mains d’argent que Raoul Lay et l’ensemble Télémaque avaient déjà proposé il y a une douzaine d’années sous une forme plus ample (avec chanteurs et comédiens au pluriel) et peutêtre moins forte, aux couleurs moins concentrées. Dans cette version, le «récitant» (rien ne dit moins la virtuosité, l’intelligence et la mobilité de Franck Manzoni que ce terme convenu) avec ses grandes marionnettes aux yeux tristes semble sortir de la musique, en être l’émanation ; l’ouverture au violoncelle installe immédiatement une atmosphère à la fois poignante et légère que les voix parlées et chantées ne feront que nourrir au même titre que les flûtes ou les clarinettes ; dans la proximité de

la petite scène de la Criée et comme en miroir, tout joue et fait écho dans une émotion dosée et partagée ; la direction de Raoul Lay, la tension du chœur, les regards ou les gestes suspendus des 10 musiciens sont une composante du spectacle ; la salle retient son souffle ou hurle (beaucoup d’enfants en ce mercredi) lorsque le diable inspiré traverse les gradins ; tendresse, cruauté, force de l’amour et du mal, grands et petits bonheurs, tout cela est porté, dans la lumière de cet expressionnisme magique et généreux. MARIE-JO DHÔ

La jeune fille aux mains d’argent a été jouée à La Criée du 3 au 5 avril

À venir La jeune fille aux mains d’argent Le 25 mai à 19h Forum de Berre 04 42 10 23 62 www.forumdeberre.com

Babel et rebelle Avec plus 15 000 spectateurs et 2 500 professionnels, Babel Med Music confirme l’ancrage du salon-festival dans le secteur des musiques du monde Dudu Tassa © Agnes Mellon

Un vent de révolution a soufflé sur le Dock des Suds, me) et le pianiste jazz Bojan Z, originaire de Belcelui du Printemps arabe. Emel Mathlouthi, oscillant grade. Une réunification yougoslave au service d’une entre folk et électro orientale, évoque l’oppression musique traditionnelle peu connue, la sevdha. Autre de l’ancien régime tunisien et célèbre la chute du moment de grâce, la prestation de Rocio Márquez. dictateur Ben Ali. Plus radicaux, les riffs de Dudu Encore rare en France, elle est devenue, à 24 ans, Tassa mêlent un rock très actuel irakien à sa culture l’ambassadrice d’un cante flamenco d’une troublante hébraïque, transpirant la complexité au Proche et pureté. Même l’acoustique parfois pénalisante du Moyen-Orient. Bien que Provençal, Temenik Electric chapiteau n’y a pas résisté. Toute comparaison garnous envoie un rock saharien auquel se sont récem- dée, la nouvelle égérie du fado lisboète, Carla Pires, ment ajoutées des sonorités électroniques qui musclent aura moins touché. Quant à Flavia Coelho, si elle a leur transe, nous transportant même jusqu’à la attiré les foules, c’est par son déhanché de bombe latine plutôt que par la finesse de son cocktail brépiste de danse d’un club de Damas. Encore plus au sud, les musiques africaines ont silien. Une vraie énergie qui se perd dans une fusion également marqué ce Babel. À commencer par le fourre-tout où se côtoient ragga, bossa, samba, grand retour du Guinéen Mory Kanté, un des pères ska, hip-hop. La sensualité ne fait pas tout. de la world music avec son tube Yéké Yéké de 1987. THOMAS DALICANTE La même recette, alliant kora et cuivres, produisant la même énergie. Également grand nom du continent noir, l’Angolais contestataire Bonga dont la La 8e édition de Babel Med Music voix éraillée donne depuis une trentaine d’années s’est déroulée les 29, 30 et 31 mars ses lettres de noblesse à la saudade et au semba. Tous deux ont reçu le prix Babel Med Music/Région Paca. France Musique célébra, pour sa part, La Région avait décidé de reconduire mais surtout d’élargir l’accueil de lyAbduvali Abdurashidov céens issus d’établissements généraux et professionnels. Le moins que l’on & Badakhshan, véritapuisse dire est que l’opération s’est avérée être un succès, et dès les prebles «ressusciteurs» du mières minutes avec le petit déjeuner concocté par les apprentis du lycée shashmaqâm tadjik. hôtelier. Il faut dire que la mise en bouche fut optimale avec la venue dans Les Balkans n’étaient pas les établissements du Trio Fernandez, et le choix d’une conférence par le en reste avec la renconprofesseur référent. Découverte du « marché » de la musique, interventions tre envoûtante entre la sur les risques auditifs, présentation des métiers du son, balance de divers chanteuse bosnienne groupes…. Les jeunes auditeurs avaient de quoi être comblés ! F.I. Amira (enfin une fem-

Au tour des lycées


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MUSIQUE

JAZZ | ACTUELLE | MONDE

Tout s’en va toire d’Yves Jamait a lui aussi quelque chose de classique : une chanson française inspirée du musette, évoquant l’alcool, l’amour, la révolte. Mais c’est avec Frédéric Nevchehirlian que s’exprime une véritable radicalité. S’appropriant des écrits rares de Jacques Prévert, le musicien marseillais se puise dans sa culture slam et son héritage rock pour donner aux textes du poète une contemporanéité déroutante.

Frederic Nevchehirlian © Catherine Deylac

Programmation convenue et affluence médiocre pour le festival de chanson française. Avec une exception, qui est deux mais n’ont qu’un prénom : une blonde aguicheuse, une brune plus effacée, les Brigitte ont fait sensation. Vêtu de strass, le duo joue de sa sensualité décalée et surfe sur sa Victoire de la musique. Spécialisée dans la reprise kitsch, Brigitte n’en a pas été avare : Ma Benz, I Want your sex, The eye of the tiger, The bay. C’est frais, cela plaît et c’était à guichets fermés. On ne peut pas en dire autant pour la Grande Sophie. De la pop rock tendance variétés, parfois insipide. On devine chez Alex Beaupain un jeune homme attachant. On retrouve parfois du Souchon dans sa manière de dépeindre la société post-mitterrandienne et de la chanter. Mais son concert aura bien

THOMAS DALICANTE

du mal à décoller. Paul Personne a offert une prestation dans la pure tradition blues-rock dans laquelle il excelle. Dans un autre registre, le réper-

Les jeunes frères Grasso, Luigi au saxo alto et Pasquale à la guitare sont napolitains, mais le batteur, Keith Balla est américain et le contrebassiste Mathias Allamane, toulonnais : cette section rythmique semble avoir une grande connivence et porte le quartet qui a choisi de jouer presque exclusivement des standards de la période Be-Bop : «Parce que c’est la musique que l’on aime jouer...», diront-ils. Le jeune 4tet, en costard, touche rétro, joue avec les standards dans le style des 50s’ : Embraceable You, Cole Porter, Thelonius Monk… Un répertoire dans lequel on se laisse prendre… sans envoûtement !

Bop italien

D.W.

© Dan Warzy

Ce concert a été donné le 12 avril au Cri du Port à Marseille en partenariat avec l’Institut Culturel Italien

Le festival Avec le temps s’est déroulé du 16 au 24 mars à l’Espace Julien, à Marseille

Le Rouge au dessus des nuages Voici un lieu convivial où l’on peut passer une bonne soirée et écouter du jazz à Marseille ! Corine Barbereau fait vivre ce lieu dans un esprit très éclectique. Sébastien Lalisse, pianiste, est à l’origine du projet qui porte le nom d’une place aixoise : Miollis Place. Le quartet est composé du saxophoniste alto Gérard Murphy, du batteur Fred Pasqua et du contrebassiste Stéphane Lopez. Les compositions de Sébastien Lalisse en sont à leurs premières diffusions publiques ; son univers musical revêt un caractère intime sans démonstrations de virtuosité. Ici, tout est affaire de ressenti, mais parfois se déchaîne, le son explose, la plupart du temps à l’initiative du saxophone. Un quartet proche de la maturité. D.W.

Deux sets pour un duo Ce fut une rencontre grisante. Enzo Carniel, jeune pianiste originaire du Var, exerçant ses talents le plus souvent sous les cieux parisiens, avec Christophe Leloil, que l’on ne présente plus, à la trompette et au bugle. Des standards de Gershwin,

Miollis Place a joué le 23 mars au Rouge Belle de Mai à Marseille

Enzo Carniel et Christophe Leloil © Dan Warzy

Bud Powel, Nelson Cavaquinho, Kenny Dorham, Billy Strayhorn, Tom Harrell ont été repris avec grande conviction dans une adaptation d’une chaleureuse connivence. Deux cerises sur ce gâteau harmonique : d’abord Life, très belle composition d’Enzo Carniel où la trompette s’est immiscée de façon très sensitive et, pour la seconde, Numbers, une musique de Christophe Leloil où le piano a joué d’une complémentarité naturelle. Un concert printanier pour embrasser fleurs et autres bourgeons de lotus, ceux des standards Beijo flora et Lotus blossom. DAN WARZY

Le duo s’est produit le 31 mars au Roll’Studio à Marseille

Miollis Place © Dan Warzy


Cordes et âmes À l’occasion de la sortie de leur second album Choro Vagamundo, la Cité du Livre d’Aix accueillait le duo franco-brésilien Luzi-Nascimento en première partie de Rolando Faria (Les Etoiles), l’un des chamans de la variété brésilienne. Luzi-Nacimento c’est avant tout du Choro, cette musique populaire brésilienne qui s’est imposée à la fin du XIXe siècle. Capables d’improviser et de proposer de remarquables variations à la mélodie de base, ces musiciens distillent une musique agitée et joyeuse empreinte de romantisme : Claire Luzi chantant à merveille les textes qu’elle écrit tout en jouant de la mandoline, soutenue par Cristiano Nascimento, tout sourire et accompagnateur hors pair à la guitare sept cordes de ses propres mélodies. Ils proposent un métissage habile de chansons franco-brésiliennes, de samba, de valse, de merengue ou encore de lundo africain. Ce savant cocktail exotique a fasciné dès les premières notes l’amphithéâtre comble de la Verrière.

Mina May © P. Amoyel

Aixquis

FRÉDÉRIQUE BRUN Duo Luzi-Nascimento © Yves Rousguisto

Le 31 mars Seconde Nature recevait les rockers d’Hifiklub (Toulon) et Mina May (Nice) pour la dernière soirée du Labo Rock & Co. Deux groupes surprenants jouant une musique inclassable : influencé par de nombreux groupes de différentes époques, Hifiklub et Mina May font écho au passé sans nostalgie avec leur rock psyché un brin électro, hypnotique, profond et pêchu. Fans de Radiohead, Can, Pixies ou encore Nirvana, sautez sur la prochaine occasion de les voir sur scène ! Quant au lieu, Seconde nature est décidément la salle de concert qui manquait à Aix. Située au cœur de la ville dans le quartier animé du cours Sextius, ce théâtre au design raffiné et minimaliste organise depuis quatre ans concerts, expositions et rencontres autour de la création contemporaine à l’ère numérique. Une programmation qui met en relation arts, musique, science et nouvelles technologies. FRÉDÉRIQUE BRUN

Zebda retrouve Marseille Après huit ans d’absence, les auteurs de Tombez la chemise sont toujours aussi motivés ! Leur reformation avait été ébauchée en 2010, lors de retrouvailles sur la grande scène de la Fiesta des Suds. C’est forcément au Dock, qui les a si souvent accueillis, que Magyd Cherfi, Mustapha et Hakim Amokrane sont revenus à Marseille. Invités dans le cadre d’Amnésie Internationale, manifestation organisée par la Jeunesse Arménienne de France, le groupe toulousain a présenté plusieurs titres de Second tour, leur dernier album paru en janvier et dont le tube Le dimanche autour de l’église ouvra le bal. Moqueurs de l’identité nationale, sarcastiques sur Nicolas Sarkozy, grinçants avec le voile islamique, intraitables avec les intégrismes, les mots de Zebda, sans grossir le trait, touchent le public marseillais. Après les tueries de Toulouse et Montauban, pas question de baisser la garde pour ces défenseurs d’une République de la diversité assumée. Toujours aussi énergiques, les frères Amokrane ont traversé la Salle des sucres, portés par les bras de la foule pour s’y jeter du haut du

© X-D.R.

balcon. L’ambiance est survoltée lorsque la formation égrène les perles de son répertoire comme Le bruit et l’odeur, Toulouse, Y’a pas d’arrangements, Oualalaradime et les incontournables Tombez la chemise et Motivés ! THOMAS DALICANTE

Le concert de Zebda a eu lieu le 24 mars


THÉÂTRE

Emma Dante Le quadrille amoché Les Rois C’est une des figures les plus intéressantes du du suspense théâtre italien d’aujourd’hui : sa trilogie des lunettes, Marseille Objectif Danse et la Minoterie program-

qui met en scène et en fable divers aveuglements, renouvelle la commedia en retrouvant sarcasme, ton politique et accents populaires…

ment la dernière fantaisie de Grand Magasin (voir p 21), pour la dernière fois ensemble dans ces murs. La première fois, c’était il y a 24 ans, en mai 1988… Le duo est toujours aussi caustique, surréaliste, inattendu, se jouant des règles de la représentation, et du réel, avec fausse naïveté désarmante. Et toujours l’air de rien…

La trilogia degli occhiali Du 8 au 12 mai La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Les 3 et 4 mai La Minoterie 04 91 90 07 94 www.minoterie.org

© Yann Loric

AU PROGRAMME

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Le projet shakespearien de Charles Eric Petit parvient enfin au terme de son processus de création : les quatre amis trentenaires vont tenter de résoudre leurs crises existentielles, amoureuses et sociales, à la montagne… L’auteur metteur en scène, qui ne manque vraiment pas de talent (voir p15) nous promet un «vaudeville psychédélique» ! Du 8 au 12 mai Théâtre Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com

Ce serait trop long… © Grand Magasin

Fuck America… Deux lectures pour débuter le mois de mai : Haïm Me-

Acquasanta © Giuseppe di Stefano

Moutons électriques… Ornic’art reprend et complète sa proposition de Les moutons électriques sont de retour Du 11 au 14 mai Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org © Bernard Sarre

© Philippe Houssin

performances croisées qui invite le spectateur à un voyage sensoriel en quête de leur corps perdu. Un monde où, comme dans Blade Runner, des avatars (ou pas ?) nous regardent…

La cie Théâtre Provisoire reprend sa pièce créée en 2010 : Philippe Séjourné, Christian Mazzuchini et Haim Menahem -qui met en scène-, ne peuvent jouer La Putain de l’Ohio d’Hanokh Levin faute d’accord des droits d’auteurs. Comment représenter un texte interdit ? En proposant une remise en question, très drôle, des us et coutumes du spectacle de théâtre. Puis la cie donnera lecture d’un texte de Matéi Visniec sur l’identité des mots, une commande passée à cet auteur roumain vivant en France depuis longtemps, qui sera créé à Timisoara fin 2012 avant d’être joué, avec une distribution franco-roumaine, en 2013 dans le nouveau théâtre de la Minoterie. Ce serait trop long à t’expliquer, le mieux c’est que tu viennes… Les 10 et 11 mai Si les mots m’étaient contés Le 12 mai La Minoterie 04 91 90 07 94 www.minoterie.org

nahem, cie Théâtre Provisoire, restitue la dimension tragique et burlesque du livre d’Edgar Hilsenrath, Fuck America, dans lequel Jacob Bronski, jeune juif allemand réfugié en Amérique au lendemain de la Seconde guerre mondiale, tente de survivre à travers l’écriture et le sexe. Agnès Régolo, cie Du jour au lendemain, et Christian Mazzuchini donnent vie aux illusions et rêves d’enfants qui se brisent et se nichent au cœur de notre part animale avec Que font les Rennes après Noël ? d’Olivia Rosenthal, sur une musique de Nicolas Chatenoud. Fuck America Le 7 mai Que font les Rennes après Noël ? Le 9 mai La Minoterie 04 91 90 07 94 www.minoterie.org

Les Histrions Le Théâtre de la Minoterie termine sa saison par une présentation des ateliers suivis toute l’année par des «histrions», un travail qui «mêle le récit de leurs expériences histrioniques à l’histoire de la création du monde et de l’humanité telle qu’on la connaît et telle qu’elle est racontée par Marion Aubert dans sa pièce Les Histrions.» Du 10 au 12 mai La Minoterie 04 91 90 07 94 www.minoterie.org


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À bouche Bon voyage… Le Gars Le spectacle a pour origine une drôle d’habitude, celle En résidence de création jusqu’au 2 mai au Lenche, que veux-tu… de lire le verso de cartes postales dénichées chez des la cie La Paloma propose une pièce tirée d’un écrit de Présentation publique de l’Atelier de création d’Aix-

la poétesse russe Marina Tsvetaeva, l’histoire «d’une jeune humaine qui aima mieux perdre ses proches, elle-même et son âme que son amour». Du 3 au 5 mai Le Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

Marseille Université, en collaboration avec le Laboratoire d’études en sciences des arts et le Grim, dans lequel Louis Dieuzayde propose une pièce d’après Mort à crédit de Louis Ferdinand Céline. Le 21 mai Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 www.theatre-vitez.com

Des êtres magnifiques Entre modernité et tradition, la parole est donnée aux 29 degrés à l’ombre… immigrés, aux anciens, aux enfants et petits-enfants née en France, qui disent leurs racines et leur désir de reconnaissance, leur aspiration à trouver leur place dans une société pas toujours prête à les accepter. Zohra Aït-Abbas et Kamel Boudjellal mettent en scène et jouent leur texte. Le 20 avril La Busserine 04 91 58 09 27 www.mairie-marseille1314.com

Le Théâtre d’Arles clôt sa saison avec deux courtes comédies d’Eugène Labiche mises en scène par Pierre Pradinas, 29 degrés à l’ombre et Embrassons-nous, Folleville ! Bourgeois, spéculateurs et financiers sont épinglés dans les règles de l’art, et les décalages opérés par Pierre Pradinas révèlent les mesquineries et le ridicule d’êtres pas si éloignés de nous… 29 degrés à l’ombre et Embrassons-nous, Folleville

Geslin, avec le groupe Coming Soon, s’inspire du texte de l’artiste allemande Unica Zürn, qui fut aussi la compagne d’Hans Bellmer, Sombre printemps. Une plongée fascinante dans le monde de l’adolescence, celui d’une jeune fille en proie à l’intensité de ses désirs, sexuels, obsédants, dérangeants.

J’ai soif En associant l’œuvre bouleversante de Primo Levi, Si c’est un homme, à l’oratorio de Joseph Haydn Les Sept dernières paroles du Christ en croix, Serge Barbuscia questionne les souffrances humaines, les drames et les atrocités commis par l’homme, «pour croire, pour aimer, pour vivre, pour comprendre, pour ne pas oublier, pour avancer…» Le 11 mai Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

L’Hypothèse du chien Dans le cadre des ateliers de création d’Aix-Marseille Université, Marie Vayssière met en scène un texte de Michèle Sigal : la traditionnelle allocution du Président, prononcée lors de la nuit de la Saint-Sylvestre, se conclue sur un malencontreux lapsus, «Que tous mes vieux soient exécutés !» Son calvaire ne fait que commencer… Du 8 au 12 mai Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 www.theatre-vitez.com

Nous avons fait un bon voyage, mais… Le 22 mai Centre social et culturel Les Amandiers, Aix Le 24 mai Salle Emilien Ventre, Rousset Le 25 mai La Boite à musique, Lambesc Le 29 mai Chapelle de la charité, Pertuis Le 30 mai Tri postal, Vitrolles Le 3 juin Bergerie de Trébillane, Cabriès 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr

Les15 et 16 mai Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Dark Spring La nouvelle création théâtrale et musicale, de Bruno

© X-D.R.

bouquinistes. C’est ainsi que Corine Miret et Stéphane Ory remontent le temps, inventent une infinité de vies possibles, les vies d’inconnus qui en deviennent passionnantes, haletantes…

Du 26 au 30 avril Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com © Julian Blight

AU PROGRAMME

THÉÂTRE


AU PROGRAMME

34 THÉÂTRE

Apprivoiser Pollock la panthère La metteure en scène franco-libanaise revient à Fos

Causerie sur le Lemming Le Lemming, plus petit mammifère vivant, sert de

avec sa dernière création collective, basée sur le texte d’Amin Maalouf, Les identités collectives. Avec beaucoup d’humour et de dérision Hala Ghosn aborde le vivre-ensemble en se référant aux conflits actuels ou moins récents, touchant à cette part d’ombre, cette «panthère» qui se loge en chacun de nous.

prétexte à une drôle de causerie menée tambour battant par François Michel Van Der Est, qui laissera place peu à peu à des sujets à priori éloignés, Jules Verne, les Inuits, les yeux des Barbies… Le 11 mai Complexe des Terres Blanches, Bouc-Bel-Air 04 42 60 48 78 www.boucbelair.com

Le 21 avril Théâtre de Fos 04 4211 01 99 www.scenesetcines.fr

© E. Carrechio

Lee Krasner et Jackson Pollock, deux figures phares de la peinture abstraite américaine, sont mis en scène par Paul Desveaux sur un texte commandé par Fabrice Melquiot. Pour tenter de comprendre à quoi tient le génie d’un artiste, et le parcours de la création. Le 15 mai Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr

Sacrifices Nouara Naghouche est AA, comprenez Alsacienne d’origine Algérienne ; elle porte en elle une révolte qui a pour nom injuste, de celle qui touche les femmes et enfants dont elle brosse le portrait dans ce seule-en-scène déroutant. Car son humour est noir, mordant, généreux, un humour de résistance qui donne sa force aux mots. Le 20 avril Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr

La répartition des mouches Michèle Addala met en scène le texte de Jean

© T. Laporte

Cagnard, un mélange de paroles recueillies durant des mois par l’auteur auprès de gens ordinaires et retravaillées pour donner une écriture flirtant avec le surréalisme, sur le thème de la solitude, où l’on croise le Père Noël et sa fille, le Fou intérieur, l’Actrice… Avec l’accompagnement de Guillaume Saurel au violoncelle.

Dom Juan René Loyon met en scène le chef-d’œuvre de Molière dans une belle proximité avec le public, un «théâtre de chambre» qui se rapproche du huis clos «où l’attention du spectateur, débarrassée de la convention déclamatoire qui brouille trop souvent la réception des grands textes est sollicitée de façon neuve». Le 19 avril Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr

Le 20 avril Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com © Kielwasser

© Lot

© Lou Herion

Un privé à Babylone C. Card, le privé héros du roman de Richard Brautigan, a un rapport très particulier à la réalité, rêvant sa vie pour mieux la réussir, prêt à toutes les compromissions pour gagner de quoi aller à Babylone, mener la grande vie… La mise en scène sans artifice de Philippe Rebot repose sur le jeu impeccable de Romane Bohringer. Le 11 mai Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr

© X-D.R


Le Dodo

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Jusqu’à la mer Mademoiselle Julie Soutenu par la Lyonnaise des eaux, le Dynamo Théâtre en résidence pour deux ans au théâtre de Grasse raconte une histoire collective s’il en est, l’histoire de l’eau. Une «mise en bouche» des mots du quotidien, suivant le thème aquatique, sous-titrée : Chronique d’une eau qui ne tient pas en place. Beaucoup d’humour pour remettre en question les évidences. «Avez-vous l’eau chez vous ?»

Jamais je n’eus… Seul sur scène, avec Verdi, Dvorak, Ravel… Il se souvient d’Elle. Il cherche à oublier ce qui est dehors pour se consacrer à cet amour, perdu. Prose, poème, prose poétique, pour retrouver l’intensité des sentiments, mais qu’en est-il de leur existence réelle ? Yann Le Meignen confie ce texte frémissant à Anthony Chabert, qui danse et chante ses mots en acrobate de la poésie ténue… Jamais je n’eus plus belle voix que son visage

Le 22 mai Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

© Christophe Raynaud De Lage

© Herve Jolly

Yannick Jaulin, avec son accent et sa malice bien à lui, ne cesse de renverser le monde et de le repeindre à ses couleurs. Agitateur du renouveau de la tradition orale, tricoteur de mots, en racontant la disparition du Dodo Mauricien il nous parle de lui et de l’humanité, avec la force de la gentillesse et la brutalité de la poésie. Un oiseau étrange, à la fois Dodo, Albatros et poète…

Du 9 au 13 mai Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Juliette Binoche en demoiselle attirée par son valet a rempli durant trois semaines le Festival d’Avignon. Pourtant, malgré l’indéniable grâce de l’actrice et la beauté plastique de la scénographie, la mise en scène de Frédéric Fisbach escamotait la dimension politique de Strinberg, de son érotisme aussi. Les acteurs, mal dirigés, partaient dans tous les sens, jouant chacun pour soi… En sera-t-il de même près d’un an après ?

Le 18 mai Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Bonheur titre provisoire Le public avait déjà suivi de près à le processus de création de ce Bonheur titre provisoire. C’est quoi le bonheur ? Les comédiens Pauline Méreuze et Paul Camus, le metteur en scène Alain Timar, inspirés par l’œuvre de Robert Misrahi, envisagent des réponses, tout en détours et rebondissements stylistiques autant que picturaux. Et nous mènent au nirvana.

Temps © Vincent Champoux

Du 22 au 25 mai Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com

Les 11 et 12 mai Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Oncle Vania à la campagne La représentation a vraiment un cadre bucolique, au Fort des Têtes. Les spectateurs s’installent sur des bottes de foin pour un Tchékhov plus vivant que jamais. Un déjeuner sur l’herbe magique par le Théâtre de l’Unité, dans une mise en scène de Jacques Livchine (traducteur du texte) et Hervée de Lafond.

C’est si bon © X-D.R.

Le 11 mai Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu © X-D.R.

Dans le cadre d’une tournée de la Communauté du Pays d’Aix, un moment de conte où l’on déguste les mots des écrivains, délectation jubilatoire par l’Atelier de la Pierre Blanche de Lambesc et la BIL, Brigade d’Intervention de Lecture. À partir de 9 ans, réservations à la bibliothèque. Le 22 mai Bibliothèque, Simiane 04 42 22 71 19 www.simiane-collongue.fr

Dans la dernière création de Wajdi Mouawad il est question de temps écoulé, d’un frère et une sœur qui se retrouvent face à leur père mourant et luttent contre les températures glaciales de Terre Neuve, et les rats qui grouillent malgré le froid intense. Après Littoral, Incendie et Forêts une nouvelle plongée dans un théâtre qui n’a pas peur d’inventer de belles histoires ! Le 10 mai Théâtre en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

AU PROGRAMME

THÉÂTRE


DANSE

En atendant De Keersmaeker avait ébloui Avignon en dansant à

continue de tourner et s’installe pour trois jours à La Criée. L’occasion de retrouver une des pièces les plus impertinentes de Frédéric Flamand, très bien servie par un Ballet National renouvelé.

l’aube dans la Cour d’Honneur… En Atendant, chanté et dansé par des interprètes aussi subtils que l’Ars Subtilior médiéval qu’ils ont retrouvé, est une pièce précieuse, qui retrouve à l’intérieur des théâtres la fraîcheur des petits matins clairs…

© Belinda Lawley

Moving Target Urban Ballet Après son passage à Gap et au Silo Moving Target Du 9 au 12 mai Ballet National de Marseille 04 91 71 36 32 www.ballet-de-marseille.com

Les 3 et 4 mai Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com © Anne Van Aarschot

La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Humus corpi-i Quatre danseurs pour quatre éléments, terre, air, eau, feu. La chorégraphie de Marie-Hélène Desmaris s’intéresse à la relation entre danse et nature, dans un parcours initiatique à travers les jardins, les forêts, la campagne. À Gardanne, les spectateurs suivent les danseurs au plan d’eau de Fontvenelle : une jolie manière de se réapproprier le paysage. Les dix danseurs de la Compagnie Révolution allient techniques classique et urbaine (ils sont majoritairement issus du hip hop) sous la houlette du danseur et chorégraphe Anthony Egéa. Boléro de Ravel ou musique de Frank II Louise, peu importe, les danseurs semblent échapper à la pesanteur pour affirmer une force de révolte. Bluffant !

Le 20 mai à 18h Plan d’eau de Fonvenelle, Gardanne 04 42 65 77 02 © Pinowww.ville-gardanne.fr Pipitone

Humus corpi-i Quatre danseurs pour quatre éléments, terre, air, eau,

Le 22 mai Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

feu. La chorégraphie de Marie-Hélène Desmaris s’intéresse à la relation entre danse et nature, dans un parcours initiatique à travers les jardins, les forêts, la campagne. À Gardanne, les spectateurs suivent les danseurs au plan d’eau de Fontvenelle : une jolie manière de se réapproprier le paysage. Le 20 avril à 18h Plan d’eau de Fonvenelle, Gardanne 04 42 65 77 02 www.ville-gardanne.fr

Ballet de l’opéra de Lyon Une pièce de Forsythe, Second détail, dansées par

Baron samedi

Rosas danst rosas Tandis qu’à Nîmes la Cie de De Keersmaeker tourne sa dernière pièce, la scène de Cavaillon a choisi de faire revoir une de ses toutes premières, devenue un «classique» de la danse contemporaine. Un quatuor de femmes virevolte dans un ballet au millimètre, fondé sur des décalages, des fugues… une démonstration de composition chorégraphique. Les 10 et 11 mai Scène Nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

Alain Buffard © Stephane Barbier

AU PROGRAMME

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14 danseurs de l’opéra de Lyon. Logique implacable de cette pièce, «machine humaine» d’une complexité qui se raffine à mesure que la danse avance, un détail saura-t-il enrayer ces rouages ? Puis seront dansées Petite mort de Jiří Kylián et Sarabande de Benjamin Millepied. Les 19 et 20 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

© Jean-Luc Tanghe

Dunas Sidi Larbi Cherkaoui et María Pagès se croisent

Second detail de William Forsythe © Gene Schiavone

Alain Buffard, qui est artiste associé au Théâtre de Nîmes depuis deux saisons, y crée une pièce autour de Kurt Weill, sa musique mais aussi son univers de mauvais garçons transgressif. Avec six performeurs Noirs, souvent cantonnés dans la danse à d’autres répertoires. Les 24 et 25 avril Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

sur le sable… Une très belle rencontre entre flamenco et danse contemporaine, arts graphique et chorégraphique, musiques des deux rives de la Méditerranée. Rencontre aussi d’un homme et d’une femme, subtilement suivis par des musiciens chaleureux. Le 21 avril Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com


La Croisée des danses

Murmurant

La Maison © Laurent Abecassis

© Laurent Paillier

© Barbara Boichot, Sylvie Verhée

Dance is a dirty job

Dernier rendez-vous des Excentrés de la saison à la Passerelle avec un spectacle musical, festival et cocasse de la Cie Déviation. Une sculpture verticale composée par un décor mouvant de 19 tambours, deux comédiens, quatre percussionnistes créent un ballet sonore et énergique et entrainent les spectateurs dans une percutante balade sonore et interactive.

Le nouveau Pôle Culturel de Saint Maximin, géré par le Conseil général du Var, accueille un temps fort de danse très varié : du hip hop avec la Cie Raf Crew le 9 mai, la nouvelle création de la Cie d’Abou Lagraa (voir p23) le 12 mai, la danse subtile de la Cie de Nathalie Pernette (La Maison) le 15 mai, et le Sacre du printemps de Gallotta pour conclure, le 19 mai.

Du 24 mai au 1er juin Dans les villes des Excentrés, La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Du 9 au 19 mai Pôle culturel, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.var.fr

Hahaha © X-D.R.

Scali Delpeyrat, metteur en scène, a conçu un drôle de spectacle de théâtre sur la danse, avec une danseuse, un bassiste, et un homme qui parle beaucoup… Un trio qui revisite notre mémoire récente de la danse, celle des scènes mais aussi celle que l’on pratique dans les soirées et sur les pistes, celle qu’on aime à voir dans les films. Avec dérision, et amour…

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Le 11 mai La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Ô Carmen Le célébrissime opéra de Bizet raconté, joué et chanté par un seul comédien, Olivier Martin-Salvan. Une sorte de Frégoli à la voix d’or, à voir en famille, pour (re)découvrir l’œuvre originale avec une jubilation communicative. Du 22 au 26 mai Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence 0 820 000 422 www.lestheatres.net

Monte Carlo dans la Salle des Princes à Monaco : dans Altro Canto 1 Jean-Christophe Maillot fait preuve d’une belle sensualité orientalisante, bODY_rEMIX/ les_vARIATIONS_gOLDBERG est une des pièces maitresses de la canadienne Marie Chouinard, et Kill Bambi, de Jeroen Verbruggen, est en création. L’occasion d’aller admirer un des plus grands ballets du monde dans un programme d’esthétiques très variées ! Du 19 au 22 avril Grimaldi Forum, Monaco 377 99 99 20 00 www.balletsdemontecarlo.com

enfants : Echoa de la cie Arcosm tourne depuis plus de dix ans dans le monde entier, et repose sur une performance de deux percussionnistes et deux acrobates, et sur la proximité de leurs gestes. C’est drôle, et épatant comme du cirque. Une programmation du Massalia, au KLAP.

Le 22 mai Pôle Jeune Public, Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 http://polejeunepublic.com

L’art de la fugue Jongleur, trampoliniste, danseur, Yoann Bourgeois Altro Canto © ML Briane

Echoa C’est devenu un must du spectacle musical pour

Deux drôles de personnages, avec des faux airs des clowns de pays de l’Est, pour un spectacle fantasque à la frontière des dessins animés de Tex Avery et du théâtre d’objets. Sketches désopilants, gags fantaisistes, la compagnie belge Okidok offre un spectacle complet, tout en finesse et simplicité.

nous fait entendre l’Art de la fugue de Bach comme nous ne l’avions jamais entendu. Il explore l’analogie entre le motif musical et la figure du cirque, loin de la surenchère et performance, ressort traditionnel de l’écriture circassienne. Accompagné par la danseuse Marie Fonte et la pianiste Célimène Daudet, ils composent un poème visuel et aérien et décrivent une dimension éternelle de l’éphémère. Le 15 mai Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

Du 14 au 16 mai KLAP, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com © Rob Stack

Monaco Un très beau programme proposé par les Ballets de

AU PROGRAMME

DANSE/CIRQUE


JEUNE PUBLIC

Hachachi le menteur Philippe Altier est un raconteur d’histoires hautes en

Tout contre Léo PinkpunK Cirkus Programmé à l’Espace culturel Busserine, ce

spectacle à partir de 9 ans raconte une histoire de secret de famille et de non-dits. P’tit Marcel, le narrateur de la pièce écrite par Christophe Honoré, grandit avec la perte de son frère ainé, Léo, malade du sida. Il redessine son enfance pour mieux la dire et la comprendre. Un spectacle qui aborde le tabou autour du sida et la force de l’amour fraternel. Du 9 au 12 mai Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

couleur, au cœur du désert du Sahara. Un voyage au pays des mots, légende orientale, conte d’Afrique de l’Ouest, chanson populaire du Maghreb, berceuse celte et même Commedia dell’Arte. Voyage également au pays des sons avec les instruments acoustiques de Philippe Altier.

© Julien Piffaut

Les 24 et 25 avril Le Comoedia,Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

Un joyeux quatuor, composé par Pink et Punk, deux gamins abandonnés, et Ficelle et Manouche, s’embarque dans un étrange voyage pour montrer leurs nouveaux numéros de cirque dans le vaste monde. Une épopée musclée écrite et mise en scène avec toute la poésie de Joël Jouanneau.

Les 19 et 20 avril Théâtre la Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Du 9 au 11 mai Théâtre du Gymnase, Marseille 0 820 000 422 www.lestheatres.net

Le 15 mai Théâtre de Fos-sur-Mer 04 42 11 01 00 www.scenesetcines.fr

Jeune Pousse La compagnie Piccola Velocita propose une version

poétique de vie qui se construit petit à petit. Sur un texte de France Cayet, la question de l’enfance est au centre du spectacle, autour d’un décor qui se dessine comme un puzzle. À l’issue du spectacle, chaque enfant se verra confier une petite graine à planter, promesse d’une future jeune pousse… Le 11 mai Théâtre du Golfe, La Ciotat 04 42 08 92 87 www.mairie-laciotat.fr © Thierry Laporte

48 h chrono Durant 48h non stop, la Friche sera Belle 2 jours, Belle

Embrasser la lune Un spectacle du Fil Rouge théâtre qui s’adresse aux

tout-petits, les transportant dans un rêve éveillé, entre intime et émotion, dans le son cristallin de boîtes à musiques et les chants des deux interprètes, un Lied de Schubert et les Noces de Mozart.

Du 18 au 21 mai Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

C’est bien c’est mal Dans le cadre des actions éducatives du CG 13, la

compagnie Du Zieu dans les bleus imagine un nouveau cycle de travail autour de son prochain spectacle sur la figure «mythique» de l’adolescence. L’étude n°6 sur l’économie, portant sur le thème riche/pauvre, sera accueillie en tournée dans les collèges. Entrée libre sur réservation le 23 mai au Collège Longchamp.

Le conte de Perrault revisité par José Pliya dans une relecture étonnante du mythe, puisant dans sa propre expérience de la paternité. La pièce parle de culpabilité des parents qui n’arrivent pas à se pardonner l’abandon de leurs enfants, de la perte d’autorité paternelle quand ces derniers grandissent et du monde que les adultes laissent en héritage aux jeunes générations. Dès 7 ans. Le 15 mai Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

2 nuits avec l’artiste interdisciplinaire eRIKm aux manettes, à partir de propositions d’artistes et d’opérateurs du lieu. Le Théâtre Massalia accueillera Le Bal des Bébés par le théâtre de la Guimbarde, une rencontre pour les 0/12 mois avec Balabik et une forme hybride de théâtre, objets, forain, concert, performance proposé par le Bazar Palace dans Carrousel.

Du 21 au 25 mai Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Mon petit poucet

© Daniele Pierre

AU PROGRAMME

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Le 9 mai Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.f © Alexandre Grisward © Patrice Leiva

Moby Dick… Théâtre musical de Jonathan Kerr, librement inspiré

du roman d’Herman Melville, et invitation au voyage en compagnie du Capitaine Achab. Une aventure initiatique à voir en famille. Moby Dick ou le chant du monstre Le 15 mai Théâtre du Golfe, La Ciotat 04 42 08 92 87 www.mairie-laciotat.fr


P.P. Les p’tits cailloux

Une veillée singulière Qui dit gris… Sous la houlette de Christian Carrignon, deux Petites fantaisies poétiques, ludiques et énigmatiques

conteurs nous font revivre le temps de l’enfance autour d’un rassemblement à vivre en famille (dès 8 ans) qui joue du vrai et du faux, de l’imaginaire et du réel, du passé et du présent. Au centre, une malle à souvenirs, héritage du temps perdu. Du Théâtre de Cuisine en tournée Nomade(s). Du 9 au 15 mai Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

© Jef Rabillon

La comédienne conteuse Annabelle Sergent revisite les éléments du conte : un Poucet, ses frères, une ogresse, trois cailloux facétieux, une forêt impénétrable. Une interprétation décapante, touchante et joueuse, qui interroge la famille et l’enfance en toute légèreté.

Le 16 mai Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

du peintre à son modèle, au corps et à la couleur. Faite de dispositifs légers et malins, elle parle immédiatement aux yeux des enfants, et permet aux adultes une fraîcheur de regard retrouvée. Le 12 mai PoleJeunePublic, Le Revest 04 94 98 12 10 http://polejeunepublic.com

Tempête en cuisine Sylvie Guillermin se penche vers l’enfance, et se dirige

Jazir Un animal bizarre atterrit dans la cour d’une ferme.

Malgré sa différence, Jazir bouleverse ce petit monde sclérosé et transforme la ferme en petit cirque. Une fable sans parole qui interroge la tolérance et l’acceptation des différences.

© X-D.R.

Un petit soldat de plomb Programmé dans le cadre du Festival Festo Pitcho,

Le 23 mai Théâtre la Colonne, Miramas 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr

Suzanne la cuisinière et Hubert l’homme à tout faire réinventent le conte d’Andersen dans leur drôle de laboratoire culinaire et fantaisiste. Popote et papote au programme pour suivre la destinée émouvante de l’intrépide figurine au garde-à-vous. À partir de 5 ans.

Poucet Jeanne Béziers livre une version musicale du conte

de Charles Perrault en montrant la fabrication du théâtre, les bruitages, et l’utilisation de la musique jouée en direct comme vecteur d’émotions. Un Petit Poucet qui fait appel à l’invention, à l’imagination et rebondit au sens propre du terme en chaussant les bottes de l’ogre.

Les 20 et 21 avril Théâtre des Doms,Avignon 04 90 14 07 99 www.lesdoms.be

La Barbe bleue © Netty Radvanyi

Le 12 mai Salle culturelle, Simiane-Collongue 04 42 22 62 34 www.simiane-collongue.fr

autour de la couleur à partir de 1 an. ThérèseAngebault compose, à l’aide de son théâtre d’objets et d’images, un univers qui fait la part belle aux sens et à l’imaginaire.

Henriette et Matisse La jolie pièce de Michel Kéléménis explore la relation

Le 22 mai Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

Le 26 avril Théâtre le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

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Barbe bleue est entièrement bleu (Klein), et poilu. Il possède des hélicoptères et des Ferrari, vit dans une grande maison dont il ne faut pas ouvrir la porte interdite… L’adaptation du conte de Perrault par Jean-Michel Rabeux prend des détours surprenants pour conter cette histoire d’amour atypique. Car oui, le monstre est amoureux, ce qui change quelque peu le cours de l’histoire… © Mathieu Bonfils

Le 9 mai Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

vers la cuisine, où elle retrouve l’univers de Raphaël Charpentier, compositeur, et de la photographe Stéphanie Nelson. La danseuse circassienne y proposera un spectacle mutin où les ustensiles et les ingrédients vont avoir du mal à filer droit ! Le 16 mai La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

AU PROGRAMME

JEUNE PUBLIC


Une aide en ligne, et dans les locaux de la bibliothèque à vocation régionale (prêts, emprunts dossiers spécifiques), à l’analyse des œuvres au programme de l’option musique au bac 2012. MARSEILLE. Alcazar www.bmvr.marseille.fr

La belle de Cadix

Premier grand succès de Francis Lopez en 1945. Une «espagnolade» immortalisée par Luis Mariano (mise en scène Jack Gervais). MARSEILLE. Le 22 avril à 14h30. Palais des Congrès 04 91 76 90 40 www.marseille.fr

«Du classique au Tsigane»

Récital de Frédéric Isoletta (piano) et Arnaud Tournier (violon). MARSEILLE. Le 22 avril à 17h30. Comptoir de la mode 06 14 31 59 55

Concert Haendel

L’Ensemble Aquae Musicae (dir. Cédric Dol), Janine Gargiulo (alto) et Benoît Dumont (orgue) dans des extraits du Messie et des Concertos pour orgue. CASSIS. Le 22 avril à 18h. Église Saint-Michel 06 67 90 02 80

Il Trovatore

Un Verdi majeur, éminemment vocal, avec Adina Aaron (Leonora), Elena Manistina (Azucena), Giuseppe Gipali (Manrico), Carlos Almaguer (Le Comte de Luna) et Nicolas Testé (Ferrando). Sûr que les Marseillais courront place Reyer pour cette production «maison» signée Charles Roubaud et dirigée par Tamás Pal. MARSEILLE. Les 24, 27 avril, 2, 4 mai à 20h et le 29 avril à 14h30. Opéra 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr Il Trovatore © Christian Dresse 2003

Tracs ou la répétition

Une création de Michel Cukier, commande de la Ville de Nîmes, pour soprano (Aline Marteville) et orchestre, suivie du Requiem de John Rutter avec L’Orchestre du Conservatoire de Nîmes, la Maîtrise de Nîmes, le Chœur d’Opéra junior de Montpellier dirigés par Vincent Recolin. NÎMES. Le 28 avril à 19h. Théâtre 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Les Saltimbanques

L’opérette de Louis Ganne chantée par la troupe lyrique Sull’Aria au nouveau pôle culturel de la Provence verte. Un succès de 1899, mettant en scène une troupe de cirque, ayant inspiré Picasso dans sa période rose. SAINT-MAXIMIN. Le 28 avril à 21h. La Croisée des Arts 04 94 86 18 90 www.var.fr

Pulsez, dansez !

Les enfants ayant participé au projet pédagogique À toi de jouer ! sont sur scène, avec les musiciens de l’ensemble Les Siècles dirigés par FrançoisXavier Roth, pour des musiques qui invitent à la danse. AIX. Le 29 avril à 15h. GTP 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

Duo Antares

Lila Keriou et Marie-Pierre Balakian (piano à quatre mains). MARSEILLE. Le 29 avril à 17h30. Comptoir de la mode 06 14 31 59 55

La vie parisienne

Un classique créé en 1866 où la musique pétillante d’Offenbach rivalise avec le livret cocasse de Meilhac & Halévy (mise en scène Jack Gervais). MARSEILLE. Le 6 mai à 14h30. Palais des Congrès 04 91 76 90 40 www.marseille.fr

Piano & hautbois

Sabine Pisicoli et Nicole Mison, textes Marion Fribourg. MARSEILLE. Le 6 mai à 17h30. Comptoir de la mode 06 14 31 59 55

Lauréats

Un programme de musique française (Ravel, Debussy, Durosoir, Poulenc) par les lauréats du Prix Pro Musicis : Guillaume Latour (violon) et Célimène Daudet (piano). AVIGNON. Le 9 mai à 20h30. Opéra 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

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Bac 2012

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AU PROGRAMME

40 MUSIQUE

Reinhard Goebel

Reinhard Goebel © Christina Bleier

Le violoniste et chef allemand dirige l’Orchestre Français des Jeunes Baroque pour un programme intitulé La France et l’Europe baroques (opus d’Aubert, Telemann, Mascitti, Schmidt). AIX. Le 9 mai à 20h30. GTP 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

Festival indo-persan

Musiques classique d’Inde du Nord, d’Iran, d’Afghanistan. MARSEILLE. Les 9, 12, 25 et 26 mai. Cité de la Musique - Auditorium 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

La Pompadour

Compagnie Les Bijoux Indiscrets (dir. Claire Bodin) dans Royer, Rameau, Rebel, Francoeur, De la Garde, Mouret, Campra, musiques jouées chez la favorite de Louis XV, avec la soprano Juliette Perret et Sarah Berreby (danse). TOULON. Le 10 mai à 19h. Foyer Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Chanson

«De la Romance à Aristide Bruant» par Sophie Boulin (voix) et Jean-Paul Serra (piano). MARSEILLE. Le 10 mai à 20h30. Urban Gallery 09 51 16 69 59 www.baroquesgraffiti.com


Flamenco

8e festival printanier mêlant musique, chant et danse. MARSEILLE. Du 10 au 12 mai à 21h. Théâtre Toursky 820 300 033 www.toursky.org

Stabat mater

La fameuse déploration «opératique» du dernier Rossini par le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra de Marseille et un beau quatuor de solistes: Elena Pankratova (soprano), Giuseppina Piunti (mezzo), Stefan Pop (ténor) et Dmitry Ulyanov (basse). On entend également un opus sacré de Bizet, peu joué : son Te Deum (1858) pour soprano, ténor, chœur et orchestre, dirigé par Nader Abassi ! MARSEILLE. Le 11 mai à 20h30. Eglise Saint-Michel Festival de Musique Sacrée 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Roger Muraro © V. Catala

Roger Muraro

Le pianiste dans le 2e concerto de Liszt et sa Malédiction pour piano et cordes. L’O.L.R.A.P. (dir. Yeruham Scharovski) joue également Schumann, Britten et une œuvre moderne d’Hugues Dufour : Les Chasseurs dans la neige d’après Bruegel (2001). AVIGNON. Le 11 mai à 20h30. Opéra 04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr

Des petits motets du compositeur baroque aixois par l’ensemble soliste des Festes d’Orphée. AIX. Le 11 mai à 20h30. Chapelle des Oblats 04 42 99 37 11 www.orphee.org

Zaragaf Etno Experience Création : fusion de la musique des Balkans avec les styles flamenco, latino, rock, pop, jazz… NÎMES. Les 11 et 12 mai à 20h. Odéon 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Otello

Le drame de Shakespeare, mis en musique par Verdi en 1887, exige de grandes voix : on attend Badri Maisuradze (Otello), Alberto Mastromarino (Iago), Hiromi Omura (Desdemone) sous la direction de Giuliano Carella. TOULON. Les 11, 15 mai à 20h et le 13 mai à 14h30. Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Voix nouvelles

Andreea Soare © X-D.R.

Cartes blanche à de jeunes chanteurs pour la 6e édition de Tous à l’Opéra. On découvre les soprani Andreea Soare, Armelle Khourdoian et Tatiana Probst, la mezzo Catherine Trottmann, le ténor Enguerran de Salles de Hys et le baryton In-Hui Kim, choisis par Raymond Duffaut. ORANGE. Le 12 mai à 20h30. Palais de Princes 04 90 34 24 24 www.choregies.com

Allemagne / Brésil

Le quintette à vent Le Concert Impromptu joue Bach, Villa-Lobos, Carlos Jobim et Hermeto Pascoal. TOULON. Le 14 mai à 20h30. Ecole des Trois Quartiers 04 94 93 55 45 www.festivalmusiquetoulon.com

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MARTIGUES. Le 10 mai à 20h30. Théâtre des Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

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Le Quatuor © D. Pallages

«Danseurs de cordes», nouvelle «dinguerie musicale» mise en scène par Alain Sachs.

Campra

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David Fray

David Fray © Klaus Rudolph

Magnifique pianiste ! Il joue des Sonates et Fantaisie de Mozart et Beethoven. MARSEILLE. Le 14 mai à 20h30. Théâtre du Gymnase 0 820 000 422 www.marseilleconcerts.com

Les quatre saisons

Accademia Bizantina © X-D.R.

L’Accademia Bizantina (dir. Ottaviano Dantone) joue les quatre fameux concertos de Vivaldi. AIX. Le 15 mai à 20h30. GTP 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

De Naples à Séville

Marie-France Arakélian accompagne au piano les sopranos Brigitte Peyré et Murielle Tomao dans une balade en Méditerranée. Italie et Espagne se répondent, fusionnent à travers des zarzuelas, chansons napolitaines, airs et sérénades, aux rythmes de tarentelles, habanera, boléro... signés Rossini, Donizetti, Tosti, Viardot, Penella, Rodrigo, SaintSaëns, Gounod… (mise en scène Bernard Colmet). CARRY. Le 15 mai à 20h30. Espace Fernandel www.moments-musicaux-de-carry.fr

West Texas

Concert du Chœur de l’Université de West Texas A&M. AIX. Le 15 mai à 20h30. Chapelle du Sacré-coeur 04 42 99 37 11 www.orphee.org

AU PROGRAMME

Le Quatuor

MUSIQUE


Un hommage de l’Ensemble Pythéas au compositeur à l’occasion du 100e anniversaire de sa naissance. Causerie musicale animée par Lionel Pons «entre sourire, pudeur et mélancolie» (le 16 mai à 17h. Espace Culture - Entrée libre) et Concert Une harpe française avec ses Trio à cordes, Quintette pour flûte, violon, alto, cello et harpe et des transcriptions de Sonates de Scarlatti et Impromptus de Schubert (le 20 mai à 16h30. Eglise Notre-Dame du Mont). MARSEILLE. Espace Culture 04 96 11 04 60 www.ensemble-pytheas.com

Requiem

L’Orchestre de l’Opéra de Marseille et le Chœur Régional P.A.C.A. dans la Messa da Requiem de Gaetano Donizetti (dir. Fabrizio Maria Carminati). MARSEILLE. Le 18 mai à 20h30. Eglise Saint-Michel Festival de Musique Sacrée 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Inseme

Polyphonies corses, sacrées & profanes. AIX. Le 18 mai à 20h30. Chapelle des Oblats 04 42 99 37 11 www.orphee.org

Mes baroques favoris

Florilège vocal et instrumental par l’ensemble soliste des Festes d’Orphée. AIX. Le 18 mai à 20h30. Temple rue de la Masse 04 42 99 37 11 www.orphee.org

C.N.I.P.A.L

Récitals du Centre National d’Insertion des Artistes Lyriques (www.cnipal.fr). AVIGNON. Apér’opéra, le 19 mai à 17h. Opéra 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr MARSEILLE. L’Heure du Thé, les 24 et 25 mai à 17h 15. Opéra 04 91 18 43 14 http://opera.marseille.fr

Six chanteurs a cappella de l’ensemble Les Voix animées dans des motets, chansons et madrigaux de la Renaissance. TOULON. Le 19 mai à 20h et 21h30. Musée d’Art (Nuit des Musées) LE THORONET. Le 20 mai à 18h45. Abbaye 06 51 63 51 65 www.lesvoixanimées.com

L’ensemble Baroques-Graffiti confronte des mélodies de Mozart à celles d’un compositeur contemporain méconnu, violoniste (autant qu’escrimeur !) fils d’une esclave noire et d’un aristocrate français : le Chevalier de Saint-Georges. Jean-Paul Serra joue sur un piano-forte (copie d’époque) et accompagne le contre-ténor Alain Aubin. MARSEILLE. Le 22 mai à 20h30. Théâtre Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com

Alain Aubin © Max Minniti

Orient mon amour

Mélodies & poèmes des rivages méditerranéens avec le groupe Bratsch & C°. Quand les Balkans mêlent leurs harmonies aux mondes arabo-andalous, judéo-espagnols… DRAGUIGNAN. Le 22 mai à 20h30. Théâtre 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com Bratsch © Eric Vernazobres

Bach selon Galliano

L’accordéoniste de jazz joue Bach en sextet. MARSEILLE. Le 25 mai à 20h30. Eglise Saint-Michel Festival de Musique Sacrée 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Odyssée

Une création d’Oscar Strasnoy sur un livret d’Alberto Manguel. L’ensemble Musicatreize est dirigé par Roland Hayrabedian, pour cette étape de création dans le cadre du projet Odyssée dans l’espace : dans la perspective de l’année 2013, où Marseille sera Capitale européenne de la Culture, cinq opus de compositeurs représentant cinq pays différents voient le jour. MARSEILLE. Le 25 mai à 19h. ABD Gaston Defferre 04 13 31 82 00 www.biblio13.fr www.musicatreize.org

Alexandre Tharaud

Le pianiste interprète le 3e concerto de Beethoven quand l’Orchestre Symphonique de l’Opéra (dir. Wolfgang Doerner) joue la Symphonie «Italienne» de Mendelssohn et une pièce pour cordes de 2004 : L’Eloignement de Chen. TOULON. Le 25 mai à 20h30. Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Gautier Capuçon

Le violoncelle français à nouveau à l’honneur au Grand Théâtre de Provence ! Au programme, le Concerto n°1 de Saint-Saëns. L’Orchestre National de Lyon joue aussi la 1re symphonie de Chostakovitch… AIX. Le 25 mai à 20h30. GTP 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net Orchestre national de Lyon © Niko Rodamel

De Chapelles en Palais

Mozart et le Don Juan noir

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Jean Françaix

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MUSIQUE

Rchard Galliano © Alix Laveau

AU PROGRAMME

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Les Sons du Lub’

Couleurs urbaines

Les 19 et 20 mai, concerts, théâtre de rue et bourse aux instruments investiront le village médiéval de Beaumont de Pertuis dans Les Sons du Lub’, une manifestation créée en 2005 par Arc en Sol. Piers Facini ouvrira le bal de son folk rock psychédélique sur la scène naturelle en plein cœur du village pour le dernier concert de sa tournée française. Le lendemain, de 9 à 23h, 8 spectacles de rue musicaux entraineront le public pour une déambulation dans les ruelles du village. À découvrir, l’opéretto-variéto-pop-punk-yaourtique des Kag, la version rue de Opéra Molotov par le Duo Heiting Soucasse, la chorale participative de Label Z, la Fanfare Auguste Brass Band. Une journée gratuite qui permettra de découvrir également 12 concerts de jeunes talents et artistes confirmés : l’électro pop de Hyphen Hyphen, le cabaret rock des Robertes, l’électro balkans festival de The Fat Bastard Gang Band, le slam de Dizzylez, la musique baroque de Luc Default et Virgine Kaeppelin…

Du 19 mai au 2 juin se tiendra le 4e festival international des Cultures Urbaines et Musiques du monde, engagé pour la diversité et la convivialité. Toulon, Ollioules, La Seyne-sur-Mer seront les terres d’accueil de 6 soirées d’exception en plein air avec plus de 100 artistes d’horizons différents réunis par l’association Culture Plus. Artistes de renom et talents locaux se croiseront sur l’esplanade marine de la Seyne-sur-Mer : Danakil et Johnny Clarke (le 25 mai), Massilia Sound System, Gari Gréu et Jah Legacy (le 26 mai), IAM, Youssoupha et Bigflo & Oli (le 27 mai) ; l’Amphithéâtre de Châteauvallon recevra Amadou et Mariam (le 2 juin). Une politique tarifaire réfléchie (de 20 à 28 euros par soirée) et des évènements gratuits permettent de renforcer l’accès à la culture urbaine : organisé avec les Plages Electroniques, Dj Missil ouvrira le festival au Bar A Thym de Toulon (le 19 mai) et une battle de danse hip hop se tiendra à la Bourse du Travail de la Seyne (le 27 mai).

DE.M.

DE.M.

8e édition des Sons du Lub’ Les 19 et 20 mai Beaumont de Pertuis (Vaucluse) www.arcensolasso.fr

Pasino : Gérard de Palmas (20/4), Voca People (10/5), Nolwenn Leroy (11/5) 04 42 59 69 00 www.casinoaix.com

Théâtre et Chansons : Coromp Fénichel Mennillo (20/4), Manu Galure (12/5), Etienne Luneau (26/5) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com

Seconde Nature : Dubmood (20/4) 04 42 64 61 01 www.secondenature.org

ARLES Festival Jazz in Arles au Méjan Auguste Brass Band (19/5), Vincent Peirani-Youn Sun Nah-Stephan Oliva (22/5), Lay-Tailleu-Duris Trio (23/5), Tarkovsky 4tet (24/5), Trio MelfordDresser-Wilson (25/5), Michel Portal-Bruno Chevillon-Daniel Humair (26/5) Cinémas Actes Sud Film : Michel Petrucciani (21/5) 04 90 49 56 78 www.lemejan.com

Cargo de nuit : Blue Coupe (21/4), Calle Flamenca y Karine Gonzalez (27/4), Poutre + Lötre (28/4), Scratch Bandits Crew (4/5), Giedré (11/5), Viagem Samba (12/5) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com

AUBAGNE Château des Creyssauds : Swinging Papy’s (3/5), VagaBlues (12/5) 04 91 24 84 45 www.creissauds.com

04 42 18 17 18 www.mjcaubagne.fr

Comoedia : Le soleil brille pour tout le monde avec Frédéric Nevchehirlian (20/4) 04 42 18 19 88 www.aubagne.com

AVIGNON AJMI : Didier Petit 5tet (20/4), AddedLê Quang-Ruder Trio (4/5) 04 90 860 861 www.jazzalajmi.com

Passagers du Zinc : Andy Kayes + Dimension K (27/4), Kanka + Mr Joe feat. Ras Mykha (28/4), Soirée Soundpainting avec l’Orchestre des Pas Musiciens (11/5), Soirée avignonnaise avec Full Metal Project + Lob + Manu Shamba + Jerem’ (16/5), Passage publique du diplôme d’études musicales du Conservatoire d’Avignon (23/5) 04 90 89 45 49 www.passagersduzinc.com

BERRE L’ETANG Forum des Jeunes et de la Culture : The Nino’s (20/4) 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com

CAVAILLON Scène Nationale : Dominique A (20/4) 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

CHÂTEAU-ARNOUX Théâtre Durance : Onstap Parce qu’on va pas lâcher (8/5) 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Akwaba : Les Wackids, concert de rock pour les kids (20/4), Mansfield

Tya + Perrine en Morceaux (27/4), Fill’s Monkey + Les Tambour de Pernes + The Freaky Peanuts + The Rythmics Bananas (3/5), La Femme + Hyphen Hyphen (5/5), Inna de Yard all stars + Korodjo Sound System (20/5) 04 90 22 55 54 www.akwaba.coop

DIGNE Centre culturel René Char : CinéConcert Le Philharmonique de la Roquette (20/4), Corou de Berra (12/5), Laids Crétins des Alpes & les finalistes du 15e Tremplin Jeunes Musiciens (16/5) 04 92 30 87 10 www.sortiradigne.fr

DRAGUIGNAN Théâtres en Dracénie : Bratsch (22/5) 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

GAP La Passerelle : Les Yeux Noirs (22/5) 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

HYÈRES Théâtre Denis: Finale du Tremplin Jazz 5e Edition avec Julie Benoliel & Claude Basso + Nicolas Koedinger 5tet + El Quasar (4/5), Looking for Abraxas + Melquiades 4tet + Milevska Trio (5/5) 04 94 00 78 80 www.jazzaporqueroles.org

ISTRES L’Usine : Groundation (19/4), Electric Ducks (27/4), 1995 (30/4), Demi finale tremplin découverte 2012 (4 et 5/5), Boulevard des Airs (10/5), ZEP + Macadam Bazar (11/5), Youssoupha (12/5), Super Kemia + Daipivo (18/5), Les Tambours du Bronx (19/5) 04 42 56 02 21 www.scenesetcines.fr

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04 42 91 69 69 www.grandtheatre.fr

Escale : Emilie Chick + Lenox (21/4), Semaine des cultures urbaines avec KSR + Epsylone (27/4)

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AIX Grand Théâtre de Provence (GTP) : Roberto Fonseca (14/5)

Festival Couleurs Urbaines Du 19 mai au 2 juin www.festival-couleursurbaines.com ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

AU PROGRAMME

44 MUSIQUE

LA CIOTAT Théâtre du Golfe : La Visite (20/4) 04 42 08 92 87 Site ?

LE THOR Auditorium de Vaucluse : La Bohème, Collégiens en scène (19/4), Il était une fois Luis Mariano (22/4), Le Méti’s Gospel + One Voice (16/5) 04 90 33 97 32 www.auditoriumdevaucluse.com

Sonograf’ : Michael Burks (2/5), The Floyd Tribute (5/5), Laurence Shy Gladney (10/5) 04 90 02 13 30 www.lesonograf.fr

MANOSQUE Café Provisoire : Sidilarsen (21/4) 04 92 72 19 70 www.mjc-manosque.com

MARSEILLE Cabaret Aléatoire : Puppetmastaz + Blake Worrell (21/4), Slagsmalsklubben + Jankenpopp + Brokencandys (24/4), Sefuy + Rr (9/5), Gojira (15/5), La Coka Nostra (16/5), Festival les Musiques (19/5) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com

Cité de la Musique : Jazz en Scène (16/4), De Grenade à Tlemcen (20/4), Occitan & Méditerranée (24/4), Les mots en Jazz 6tet (7/5), Festival IndoPersan (9, 12 et 15/5), Piano & Méditerranée (11/5), Cantos Queridos (14/5) 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Cri du Port : Trio Prysm (19/4), Trio Barolo (10/05) Gilad Hekselman 4tet (16/05) Tremplin Jazz (24/05) 04 91 50 51 41 www.criduport.fr


Espace Julien : Cumbia Chicharra + Dj Terror (28/4), Mysterlô (3/5), Stephen Marley + guest Jo Mersa Marley (22/5) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com

Inga des Riaux : Fabienne Zaoui & Beijo Acustico (20/4), Olivier Béranger (26/4), Swinging Papy’s (27/4), Phocea trio (4/5), AlertoJazz (11/5), Underground Project (18/5) 06 07 57 55 58 www.inga-des-riaux.fr

La Caravelle : Nafas (20/4) 04 91 90 36 64 www.lacaravelle-marseille.fr

La Friche : E.L.S.A (19/5) 04 95 04 95 04 www.musiquerebelle.com

La Machine à Coudre : Feeling of Love (19/4), Sonic Assassin (20/4), Dumbell + Asphalt Tuaregs (22/4), Antonio Negro et ses invités (26/4, 10 et 17/5), Bateau Ivre (27/4), Maycad + Fantasticus (28/4), Goran Causevic ensemble (4/5), Bye Bye Laika (5/5), la Fille d’un chien + Aqua Luna (11/5), The Hits + Holy Curse (12/5), Los Tiki Phantoms (18/5), Casino + Os Brongos (19/5), Jeffrey Lewis (22/5) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com

La Meson : Zoo Animal quartet (11/5), Akosh-Etevenard duo (18/5), Yom & Farid D. duo (19/5) 04 91 50 11 61 www.lameson.com

Le Dôme : Sean Paul (22/4), Laura Pausini (27/4), Urban Boxing united (19/5) 04 91 12 21 21

Le Paradox : Hedena (19/4), Funky to Dirty (20/4), Trafiko (21/4), Trio Jazz (24/4), Kidibal Project (26/4), Jah Gaïa (4/5) 04 91 63 14 65 www.leparadox.fr

Le Poste à Galène : Liz Green (18/4), La Femme (19/4), Papier Tigre (20/4),

Le Silo : Collectif Borderline avec Lord Funk + Duff Disco +Dj Suspect (20/4), Camille (4/5) 04 91 90 00 00 www.silo-marseille.fr

L’Embobineuse : Nate Young + Harsh + Barry Wet (19/4), Ghédalia Tazartès (21/4), Ben Sharpa & Pure Solid + Epsylone (5/5) Kouhei Matsunaga + Dj Scotch Bonnet + Sensational (10/5), Hama Yôko + Joachim Montessuis (11/5), Soirée Paku Paku (18/5) 04 91 50 66 09 www.lembobineuse.biz

L’éolienne : Souffles d’Afrique avec Sibongile Mbambo (4/5) 04 91 37 86 89 www.leolienne-marseille.fr

Rouge : Marc Campo 4tet (20/4) 04 91 07 00 87 www.rougebelledemai.com

Roll’ Studio : Off Minor trio (21/4), Faroa 4tet (28/4), Afrika Express (5/5), Eelectric Lady (12/5), SNS trio (19/5) 04 91 64 43 15 www.rollstudio.fr

Toursky : XXIIe Festival Mai-Diterranée : Amour Anarchie (20/4), VIIIe Festival international de Flamenco avec Madre e Hija (10/5) et Encuentro (11 et 12/5), la Révolution des Chibanis (15/5) 0 820 300 033 www.toursky.org

MAUBEC La Gare : The Wing Cries Jimi (20/4) 04 90 76 84 38 www.aveclagare.org

NIMES Théâtre de Nimes : Zaragraf Etno Expérience (11 et 12/5) 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

OLLIOULES Châteauvallon : Dick Annegarn (12/5) 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

SAINTE-MAXIME Le Carré : Manu Katché «Third Round» (28/4) 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

SALON-DE-PROVENCE IMFP Salon de Musique : Trio Barolo (8/5), Charlier-Sourisse (11/5), Théâ-

tre & Musique (14/5), Trio Elbasan (15/5), Trio Enchant(i)er (22/5) 04 90 53 12 52 www.imfp.fr

Portail Coucou : Deluxe (21/4), Gari Grèu (28/4), Big Panda + Hopeful Fail + Waste Land + Dirty Nursey (12/5), Harmonic Generator + Oil Carter + Fame Us (18/5) 04 90 56 27 99 www.portail-coucou.com

LA SEYNE-SUR-MER Fort Napoléon-ArtBop : Rudy Piccinelli Countdown trio (20/4) 04 94 09 47 18 www.ot-la-seyne-sur-mer.fr

SIX-FOURS Espace Malraux : Ky-Mani Marley + Jah Legac (18/4), Cœur de Pirate (24/4), Nneka + Will the blue griot (25/4), Cali en acoustique (26/4), Tambours du Bronx (18/5) 04 94 74 77 79 www.espace-malraux.fr

TOULON Oméga Live : Tarrus Riley + Yannis Odua + Guive (28/4), Conte & Soul «Live jeune public» (15/5) 04 98 070 070 www.tandem83.com

Tandem : Festival Rock & Folk Faveurs de Printemps. Au théâtre Denis, Hyères : Hannah et les Cordes + Arlt (19/4), Julien Ribot + Monogrenade (20/4), Ewert and the two dragons + Erevan Tusk (21/4). Eglise Anglicane, Hyères : El Botcho (19/4), Isaya (20/4), Matt Elliott (21/4) 04 98 070 070 www.tandem83.com

VENELLES Parc des Sports : Bacchanales du Jazz (11/5) 04 42 123 223 www.venelles.fr

VITROLLES Moulin à Jazz : Emilie Lesbros + Benjamin Faugloire Project (21/4), Elèves de la classe jazz (4/5), Bruel-ThuillierGuignon (5/5), Alexandra Grimal 4tet Dragons (19/5) 04 42 79 63 60 www.charliefree.com Emilie Lesbros © Vincent Ducarne

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04 91 42 99 79 www.elachedecuba.com

04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com

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El Ache de Cuba : Robert Pettineli 4tet + Jazz Time Session (19/4), Alexandre Manno & Marc Buccafuri (21/4), Marion Gautier + Jam Session (26/4), João de Athayde & Sergio Bacalhau (27/4), Moutonoir (28/4)

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06 09 17 04 07 http://guitarjacky.free.fr

Ysé (21/4), D + Dark Meetings (27/4), Russian Red (2/5), Kid Bombardos (3/5), The vicious Night (4/5), Batlik (5/5), DJ Food (10/5), Eiffel (11/5), Belleruche (18/5)

RÉGION Le Printemps des Chercheurs. 6e édition organisée par Tous Chercheurs à Marseille et en partenariat avec l’association Persan à Nice. Ce festival scientifique original permet à tous de rencontrer des chercheurs pour expérimenter et débattre de sciences. Des ateliers pratiques, des café-sciences, des conférences, des débats et des projections de films sont prévus. Avignon a ouvert la saison le 11 avril, Marseille suit, du 18 avril au 5 mai à la BMVR Alcazar et à la Maison des Sciences de l’Université. Dans les Alpes-Maritimes, le Printemps des Chercheurs se déroulera à Nice. Jusqu’au 5 mai www.printempsdeschercheurs.fr

AVIGNON Conférence-débat d’Yves Leconte, directeur de l’unité Abeilles et Environnement, de l’INRA, sur le thème Abeilles et environnement : une question de survie !Quelles sont les causes du déclin des pollinisateurs ? Quel peut être l’impact réel sur la société? Quelles sont les solutions possibles et les initiatives utiles pour améliorer la situation ? Les Rencontres d’Epicurium, gratuites, suivies d’une collation conviviale dans les jardins, sont organisées en partenariat avec l’INRA PACA et l’Université d’Avignon, et le soutien de Culture Science. Rencontres d’Epicurium Le 10 mai à 18h 04 90 31 58 91 www.epicurium.fr

MANOSQUE - PIERREVERT Dans le cadre de la fête de la vigne et du vin l’Écomusée de Pierrevert présente une Conférence-dégustation La chimie du vin ? par Stéphanie Marchand, docteur en chimie (œnologie). Procédé agricole, artisanal et industriel depuis près de 3000 ans, la vinification est, avant d’être chimique, un savoir faire expérimental des temps anciens. De la chimie du sol à la maturation de la vigne, de la fermentation du raisin à la mise en bouteille, les réactions chimiques sont nombreuses ! Le 12 mai à 18h 04 92 72 86 87

MARSEILLE Nouvelle conférence dans la thématique Des Chiffres et des Hommes : Faut-il encore enseigner les mathématiques aujourd’hui ? de Martine Bosc,Francis Loret, Hervé Milliard, agrégés de mathématiques. Les mathématiques sont-elles utiles ? Enseignées tout au long du cursus scolaire, elles sont déroutantes ou fascinantes. Comment les enseigner et les apprendre autrement ? Maison de La Région Le 15 mai à 18h30 04 91 57 57 50 www.asts.asso.fr

AU PROGRAMME

Dan Racing : The Page (20/4), Rock Avenue (21/4), Pulsation + Groove Padawans (27/4), The Dreadlocks Setters (28/4), Anonym’ / Middle Think (4/5), Soirée Eurocopter (5/5)

MUSIQUE/SCIENCES ET TECHNIQUES 45


AIX Cité du livre – 04 42 91 98 88 Exposition de Eve Morisi, Albert Camus contre la peine de mort, jusqu’au 2 juin. Exposition d’une sélection de travaux de Guy Calamusa, jusqu’au 9 juin à la Fondation Saint John Perse. Les Écritures Croisées, les éditions La Dogana et Le Bruit du temps invitent à une rencontre autour de la récente publication Mandelstam, mon temps, mon fauve avec les éditeurs Florian Rodari et Antoine Jaccottet, Louis Martinez, spécialiste de la littérature russe, et Michel Aucouturier, traducteur. Le 19 avril à 18h30 à l’amphithéâtre de la Verrière. Théâtre et Chansons – 04 42 27 37 39 Stage enfants (6-8 ans) animé par Karine Boucherie, du 23 au 27 avril de 10h à 12h ; stage jeunes chanteurs (12-17 ans) animé par David Flick, du 23 au 27 avril de 14h à 18h. IPSAA-ESDAC – 04 42 91 66 90 Printemps de la photo, le 21 avril de 11h30 à 19h. Fondation Vasarely – 04 42 20 01 09 Ateliers pendant les vacances : Illusions d’optiques pour les 6 à 12 ans, le 3 mai à 10h30 ; Fille Fleur pour les 6 à 12 ans, le 3 mai à 14h30 ; Couleurs et formes pour les 3 à 6 ans, le 4 mai à 10h30 ; Zèbres pour les 6 à 12 ans, le 4 mai à 14h30.

Musée Granet – 04 42 52 88 32 Rétrospective Favier : Corpuscules, jusqu’au 22 avril. Centre Franco-Allemand – 04 42 21 29 12 Conférence-débat Les Allemands d’après 1945, les Juifs et Israël avec Beate Klarsfeld, le 18 avril à 20h30 à la Faculté de Sciences Economiques, Aix 3bisf – 04 42 16 17 75 Atelier Objet-action animé par Caroline Le Mehau-té, tous les jeudis de 13h30 à 16h30. Atelier Urbanité Idiotopique (construction d’une ville imaginaire où se croiseront tous les fantasmes de chacun) animé par Benjamin Marianne, tous les mardis de 14h à 16h30.

APT Association Le goût de lire en pays d’Apt – 04 90 04 95 97 3e édition du Salon du livre en pays d’Apt sur le thème Bâtir des ponts, pousser les murs. Du 9 au 12 mai.

ARLES Atelier Archipel – 06 21 29 11 92 Exposition des peintures de Mauro Chessa, jusqu’au 28 avril. Galerie Espace pour l’art – 04 90 97 23 95 L’association Asphodèle initie de petites conférences sur l’art pour enfants intitulées Lucioles : avec la styliste-modéliste Catherine Soussouy le 18 avril à 14h30 ; avec le photographe François Deladerrière le 23 mai à 14h30 à la galerie le Magasin de jouets. Collège des traducteurs – 04 90 52 05 50 Conférence L’écriture amoureuse, remède contre l’ennui ? par Dominique Palmé, traductrice et spécialiste de la littérature japonaise : le rôle des femmes dans l’élaboration de la littérature japonaise du XIe siècle. Le 19 avril à 18h30. Les Rencontres d’Arles – 04 90 96 76 06 Stages de photographies : Vers l’autre : construire une série avec Marion Poussier, jusqu’au 21 avril ; Sabotage avec Vincent Fournier, jusqu’au 21 avril. Galerie Joseph Antonin – 04 90 99 53 31 Exposition Ecce Homo, photos d’Anna Chrysridi et peintures de Guillaume Flageul. Du 3 mai au 23 juin, vernissage le 3 mai à 19h.

AUBAGNE Médiathèque Marcel Pagnol – 04 42 18 19 90 Dans le cadre du cycle d’animations Littératures et fourchettes, le club de lecture Tertulia Espanol propose Espagne Portugal Brésil : art, musique, littérature, cuisine. Le 21 avril.

AVIGNON Collection Lambert – 04 90 16 56 20 Double exposition After Crossing the river de Lawrence Weiner et Le Musée imaginaire de Vik Muniz, jusqu’au 13 mai ; stage de création artistique autour de l’œuvre de Lawrence Weiner tous les après-midi de 14h à 17h du 24 au 27 avril.

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Libraires du sud /Libraires à Marseille 04 96 12 43 42 Rencontres : avec Niek Tweehuijsen pour son livre Des pailles dans le sable (Editions Quart Monde) le 18 avril à 18h à la librairie de l’Arbre (Marseille) avec Franck Bertignac pour son roman policier Cortez the killer (éd. Du Moteur) le 18 avril à 18h à la librairie L’Alinéa (Martigues) avec Daniel Villanova, comédien, autour de son dernier spectacle Jean-Charles président, en présence de José Nuyts et Jacky Giornal des éditions Un jour/ Une nuit le 18 avril à 19h à la librairie La Mémoire du monde (Avignon) avec Emmanuelle Pagano autour de ses derniers ouvrages, dont Un renard à mains nues (éditions P.O.L) le 20 avril à 19h à la librairie Mot à mot (Pertuis) avec Michel Samson et Gilles Suzanne à l’occasion de la parution de leur livre À fond de cale : un siècle de jazz à Marseille, 1920-2010 (Wildproject) le 21 avril à 16h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Jérôme Alquier pour le dernier album (tome 3) de sa série BD Surnaturels : Forces élémentaires (éditions Delcourt) le 25 avril à 16h30 à la librairie L’Alinéa (Martigues) avec Dominique Bouchery pour la sortie de son livre Ladumalle 71, crieur pudique le 26 avril à 19h à la librairie La Carline (Forcalquier) avec Pierre Guéry pour son dernier roman La Rhétorique des culs (L’Une et l’autre éditeur) le 26 avril à 19h à la librairie La Mémoire du monde (Avignon) avec Jean-Pierre Barou et Sylvie Crossman qui viennent présenter leur maison d’édition Indigènes avec leurs dernières parutions, ainsi que leur nouvel ouvrage en tant qu’auteurs, Tibet, une autre modernité (éditions Point Seuil) le 27 avril au Forum Harmonia Mundi (Arles) avec Gilles Del pappas qui dédicacera ses derniers romans le 28 avril de 11h à 18h à la librairie Maupetit (Marseille)

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AU PROGRAMME

46 RENCONTRES

CARCÈS Bibliothèque – 04 94 04 59 05 Journée du livre et collections : rencontres littéraires, dédicaces, débats… Le 29 avril de 9h à 18h.

CHÂTEAUROUX-LES-ALPES Association Rions de Soleil – 04 92 49 65 31 L’ivresse des livres : performance, lecture, rencontre, spectacle… Du 11 au 13 mai.

ENSUÈS-LA-REDONNE Médiathèque Elisabeth Badinter – 04 42 45 72 87 Salon du livre et de la bande dessinée : rencontres d’auteurs (Éric Stoffel, Serge Scotto, Richard Di Martino, Laurand, Éric Cartier, Frédéric Allali), dédicaces, ateliers, expos… Le 12 mai sur le parvis de la médiathèque.

JOUQUES Bibliothèque municipale – 04 42 67 60 73 Rencontre-lecture Autour du vin, avec la comédienne Michelle Rochin. Le 20 avril à 20h30.

LES BAUX-DE-PROVENCE Carrières de lumières – 04 90 54 55 56 Installation Gauguin – Van Gogh, les peintres de la couleur, du 30 mars au 6 janvier 2013. Château des Baux – 04 90 54 55 56 Les médiévales des Baux : tous les week-ends, jours fériés et vacances scolaires sont organisés des tirs à la catapulte, au tir à l’arbalète et maniement de l’épée, et un duel médiéval. Jusqu’au 30 sept.

L’ISLE-SUR-LA-SORGUE Association ACTA – tracedepoete@dbmail.com Trace de poète : «Un dialogue entre la poésie et les arts plastiques, la philosophie, le théâtre, la musique» : expos, livres d’artistes, revues de poésie, lectures, concerts… Du 10 au 28 mai.

MANOSQUE Association Eclat de lire – 04 92 71 01 79 22e Fête du livre jeunesse sur le thème Filles et garçons, quelle histoire ! 3 illustrateurs sont invités, Irène Bonacina, Antoine Guilloppe, Carole Chaix, et 4 auteurs, Sylvie Deshors, Gérard Moncomble, Susie Morgenstern, Kochka. Du 21 au 26 mai.

MARSEILLE Région – 04 91 57 52 11 Exposition Printemps arabe, jusqu’au 28 juin. BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 Dans le cadre du 6e Printemps des chercheurs, exposition Lab Pop-up : installation de l’artiste Anne du Boistesselin, jusqu’au 28 avril. Exposition La mystère copte et les chrétiens d’Orient : voyage aux sources égyptiennes du christianisme. Du 27 avril au 23 mai. Conférence musicale Si Marseille m’était contée par André Gabriel, musicien, professeur au Conservatoire de Musique de Marseille, le 27 avril.


Approches cultures et territoires – 04 91 63 59 88 A l’occasion de la parution du livre Pour quoi faire la révolution de J.-L. Chappey, B. Gainot, G. Mazeau, F. Régent et P. Serna (Agone), conférence-débat sur l’actualité de la révolution avec Michel Vovelle, historien, professeur honoraire l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ancien directeur de l’Institut d’Histoire de la Révolution Française et Pierre Serna, historien, professeur à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et directeur de l’Institut d’Histoire de la Révolution Française, le 11 mai à 18h30 à l’auditorium du lycée Saint-Exupéry, Marseille. Échange et diffusion des savoirs – 04 96 11 24 50 Conférences à 18h45 à l’Hôtel du département : Fabuler, par l’écrivain Nancy Huston, le 19 avril. Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Exposition Italiens 150 ans d’émigration en France et ailleurs, jusqu’au 30 avril. Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59 si je veux ! : mise en jeu de textes et autres prétextes au jeu de et par Anne-Laure Sarazin, le 7 mai ; Ouah Ouah Théorie par la cie Peu Importe, le 21 mai ; exposition des peintures d’Alain Aubert, du 12 au 26 mai, vernissage le 12 mai dès 16h. La Friche – 04 95 04 96 19 Entrez, c’est le chantier : la Friche ouvre ses portes au public tous les 3e mercredi du mois. Cargo Friche invite le Cabaret Voizières à midi ; visites de chantier à 13h, 15h, 16h30 ; Causes Toujours : carte blanche à Christophe Modica & Radio Grenouille à 18h30. Le 18 avril. Conférence de Sylvain George, philosophe et réalisateur sur Des vies violentes. Des corps exposés : Figures de l’émancipation de l’individu dans le cinéma contemporain, le 3 mai à 19h, suivie de la projection de son film Les éclats (ma gueule, ma révolte, mon nom). Librairie de l’Arbre – 09 50 14 68 18 Exposition de photographies d’Alexa, avec les textes

Librairie L’Attrape-mots – 04 91 57 08 34 Rencontre-débat avec Carole Martinez pour ses livres Le cœur cousu (éd. Gallimard, 2009) et Le domaine des murmures (éd. Gallimard, 2011), le 11 mai. Librairie L’Odeur du temps – 04 91 54 81 56 Rencontre-débat sur L’inconscient politique, le récit comme acte socialement symbolique du philosophe F. Jameson (Questions théoriques) par Olivier Quintyn, auteur et éditeur. Le 11 mai à 19h. Les Ateliers d’Aline – 06 64 17 96 87 D’un mot, une nouvelle : cycle d’ateliers d’écriture explorant le genre multiple de la nouvelle, accessibles à tous. Les 23 avril, 14, 21 et 28 mai de 17h à 19h30 à la librairie des éditions L’atinoir, Marseille. La Gad-Galerie Arnaud Deschin – 06 75 67 20 96 La galerie célèbre ses deux ans d’activités en organisant un Group Show avec les démarches artistiques de Fanny Baxter, Sophie Dejode, Bertrand Lacombe, Ellen Cantor, Matthieu Clainchard, Hildegarde Laszak et Catalina Niculescu. Jusqu’au 28 avril. AtelieRnaTional – 09 52 63 54 58 Exposition des œuvres de Marta Rueda, Direcciones, jusqu’au 28 avril. Vol de nuit – 04 91 47 94 58 Les Petites Cartes Postales Sonores… en écoute dans la ville #2 : montages sonores de 5 à 15 minutes réalisés par des enfants de 9 à 12 ans de plusieurs villes du monde. En écoute, en présence de l’auteur Sabine de Viviès, du 23 au 27 avril, du lundi au vendredi de 15h à 19h, le mercredi de 15h à 16h. Auditorium de la Caisse d’Épargne - 04 91 57 26 49 Conférences d’initiation L’art en France, par JeanNoël Bret : l’art français VI : Impressionnisme, néo-impressionnisme, postimpressionnisme, le 26 avril à 18h ; l’art français VIII : Les avant-gardes et l’École de Paris, le 24 mais à 18h Espace Leclere – 04 91 50 00 00 Conférence de Frédéric Teinturier, germaniste, sur Le Laocoon de Lessing, le 23 avril à 18h. Conférence de Daniel Marchesseau, directeur du musée, sur Le musée de la Vie romantique, le 23 mai à 18h

MARTIGUES Musée Ziem – 04 42 41 39 60 Exposition D’une mer à l’autre, Marines du Nord et du Sud entre 1850 et 1908, jusqu’au 24 juin. Médiathèque Louis Aragon – 04 42 80 27 97 Conférence sur la musique africaine et la world music par François Gomis, le 11 mai à 18h30.

PLAN-DE-CAMPAGNE Avant Cap Exposition, animations et performances en direct, jusqu’au 6 mai.

SAINT-CHAMAS Chapelle Saint-Pierre – 04 90 50 90 54 Exposition Visa de Jean-Paul Olive, jusqu’au 29 avril.

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CIPM – 04 91 91 26 45 Exposition consacrée à Ralph Rumney, cofondateur de l’Internationale Situationniste, jusqu’au 5 mai. Rencontre-débat sur Critique et Poésie avec P. Beck, F. Cohen, N. Quintane, C. Tarting, E. Laugier, E. Loret, F. de Laroque, F. Thumerel, S. Bouquet, I. Garron, M. Macé, F. Leibovici, A. Bertina, N. Calligaris, X. Person, A. Loiseleur et Benoît Casas. Les 27 et 28 avril.

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À l’occasion du Forum mondial de l’eau, exposition Les territoires de l’eau, irrigation et partage de l’eau en Méditerranée, par l’IRD en partenariat avec l’INA. Jusqu’au 13 juillet.

poétiques d’Irène Brunet, Habitants atypiques, jusqu’au 5 mai.

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Exposition de peinture d’Emmanuelle Gillard et Eric Faggianelli, du 4 au 31 mai.

SALON-DE-PROVENCE Librairie La Portée des mots – 04 90 55 93 20 Thierry Guigues pour le texte et David Pellet pour le dessin dédicaceront leur BD Les révoltés de Gilgamesh (Cleopas BD), le 5 mai dans l’après-midi.

TOULON Espace Castillon – 04 94 93 47 33 Exposition Terres et ocres, avec les œuvres de I. Sicre, C. Posson, H. Maury, F. Barth, F. l’Hostis, Carpena, Legras, G. Villedary et Ulet. Du 2 mai au 4 juin.

VITROLLES Espace Prairial – 04 42 77 63 06 Exposition des œuvres d’Emilie Perotto, Comme le chat n’est pas là, proposée par le Frac Paca, jusqu’au 20 avril.

CONCOURS Dans le cadre du 4e Festival du livre de la Canebière qui se déroulera du 8 au 10 juin, Couleurs Cactus lance le Concours de la bonne nouvelle : ouvert à tous les écrivants, il devra s’inspirer de la citation tirée de Tombe, tombe au fond de l’eau de Mia Couto (Chandeigne), «Cet après-midi là je divaguais sur la terrasse en regardant l’océan. Non pas que je contemplais tout ce bleu. La mer emportait plutôt mes rêves se promener». Concours d’illustration numérique sur la nouvelle Les Drapeaux de l’auteur catalan Franscesc Serès (contacter Cécile Silvestri par mail couleurscactus@yahoo.fr). Les lauréats du concours d’illustration et du concours de nouvelle seront publiés dans Zibeline http://couleurscactus.blog4ever.com

Dans le cadre de La Semaine de la presse, Zibeline propose aux élèves des classes de tous niveaux des lycées généraux, technologiques ou professionnels de la région PACA et du département du Gard de participer à son numéro 52 en exerçant leurs talents de journalistes : la classe doit adresser au journal Zibeline l’édito (entre 1500 et 2500 signes espaces compris). et/ou la maquette de couverture (mai 2012). Les lauréats seront publiés dans le numéro 52 de mai 2012, et leur lycée gagnera une adhésion à l’association. Réponses attendues avant le 20 avril à Zibeline, 76 avenue de la Panouse, n°11, 13009 Marseille et par mail (journal.zibeline@gmail.com ) www.journalzibeline.fr www.clemi.ac-aixmarseille.fr/spip/spip.php?article104

La Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille lance, pour la 5e année, un concours artistique à tous les artistes sur le thème de l’économie. Pour concourir, photographes, plasticiens, sculpteurs, vidéastes… doivent présenter une création qui réponde aux critères d’esthétique, d’originalité, de qualité et d’innovation technique et s’exprimer sur le thème de l’Economie. La CCI Marseille Provence consacrera à l’acquisition d’une, deux ou trois œuvres, une dotation de 30.000 euros. Dépôt des candidatures jusqu’au 4 juin. www.ccimp.com

AU PROGRAMME

ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00 Colloque international d’histoire de l’art et d’esthétique, Beau, sublime, kitsch, sous la direction scientifique de Jean-Noël Bret et Baldine Saint Girons. Au programme, entre autres, Le style sublime et ses formes vicieuses par Giovanni Lombardo, La fragilité du sublime romantique à travers l’exemple de Caspar David Friedrich par Laure Cahen-Maurel, Sublime ou beau ? : la figure du héros entre néo-classicisme et romantisme par Jean-Noël Bret, Le kitsch à l’œuvre par Valérie Arrault… Les 11 et 12 mai.

RENCONTRES


Patrimoine Courts atypiques Détroit Le 20 avril à 20h, à l’Alhambra Cinémarseille, cinématographique nuit du court-métrage atypique, Crossing Borders /

L’Espace Cinéma Prosper Gnidzaz à Martigues pro-pose dans les mardi, mercredi, samedi et dimanche de 10h à 12h et de 14h30 à 16h, des films documentaires : jusqu’au 29 avril, Une séance Mélies de Jacques Mény et du 2 au 20 mai, Les années 20-De l’impressionnisme au cinéma pur de Claude-Jean Philippe.

À la frontière : 25 films européens mêlant différentes techniques de narration. 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com

Jamais deux sans trois Un cycle d’histoires à trois, légères et engagées,

Espace Cinéma Prosper Gnidzaz 04 42 10 91 30 http://espacecinemapg.blogspot.fr

ASPAS horsRencontres les murs Les 14 du cinéma sud américain

Les Variétés 09 75 83 53 19 www.cinemetroart.com

Regards sur l’Algérie Le 19 avril à 14h et 18h30, à la Maison de la Région, Aflam présente «Jeunes regards sur l’Algérie» : quatre courts métrages dont Demain, Alger ? en présence du réalisateur, Amin SidiBoumediène et J’ai habité l’absence deux fois en présence de la réalisatrice, Drifa Mezenner. Aflam 04 91 47 73 94 www.aflam.fr

Mains brunes Le 19 avril à 20h, au cinéma Les Variétés, Mains brunes sur la ville -Quand l’extrême droite est au pouvoir-, un documentaire de Bernard Richard et Jean-Baptiste Malet sur les villes d’Orange et de Bollène qui sont gouvernées par l’extrême droite depuis des années. En présence de J.B. Malet, un débat animé par Clément Chassot, journaliste au Ravi, auteur de l’enquête Bienvenue à Facho-land ! suivra la projection. Le DVD est disponible sur www.lamare.org/mainsbrunes. 04 91 53 27 82 www.cinemetroart.com

Ciné-concert

Le 20 avril à 21h, au Centre Culturel René Char de Digne : trois courts métrages, The immigrant de Chaplin, An eastern westerner avec Lloyd et The boat de Keaton accompagnés par le Philharmonique de la Roquette. Réservation conseillée au 04 92 30 87 10.

Cinémathèque

I Vitelloni de Fellini

Les Variétés, Tue-moi d’Emily Atef en présence de la réalisatrice, suivi d’un débat animé par Wilfried Meynet de Germanofilm.

04 42 64 16 50 www.secondenature.org

Les Mardis de la Cinémathèque proposent à 19h, à l’Espace Cézanne du CRDP, le 24 avril, Lumière d’été de Jean Grémillon ; le 1er mai, Falstaff d’Orson Welles, le 8 mai, I Vitelloni de Fellini et le 15 mai, Monsieur la souris de Georges Lacombe.

Arts et Musiques en Provence 04 42 86 82 27 www.artsetmusiques.com

04 91 50 64 48 www.cinememoire.net

Film Chiant Du 20 au 24 avril, au cinéma Les Variétés, se tient la 1ère édition du Festival International du Film Chiant (FIFIC), organisé en partenariat avec l’Embobineuse, le Grim et Art-Cade, des films «contemplatifs, expérimentaux, muets, artistiques…» : le 21 à 22h, Ce qu’il restera de nous de Vincent Macaigne, primé à Clermont-Ferrand (voir Zib’49)… le 24 à 20h, Fengming, Chronique d’une femme chinoise de Wang Bing.

Cinépage Une affaire de gout de Bernard Rapp

Tue-moi Le 18 avril à 20h, en avant-première, au cinéma

Le 24 avril à 20h, dans le cadre du cycle sur la ville de Detroit et de sa métamorphose, Image de ville et Seconde Nature (Aix) proposent The cycles of the mental machine de Jacqueline Caux, suivi d’un débat.

04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

èmes

se poursuivent hors les murs : à 18h30, le 18 avril au Bourguet à Forcalquier, Tata Cedrón, El regreso de Juancito Caminador de Fernando Pérez ; le 19 au Lido à Manosque, Un Cuento Chino de Sebastián Borensztein ; le 20 au Lumière à La Ciotat, El rumor de las piedras, d’Alejandro Bellame Palacios et le 21 au Central de St Bonnet à 18h, Habanastation de Ian Padrón, suivi à 21h de Samuel de César Lucena. Association Solidarité Provence/Amérique du Sud 04 91 48 78 51 www.aspas-marseille.org

The cycles of the mental machine de Jacqueline Caux

au Château de la Buzine, à 20h le 20 avril, Trois vies et une seule mort de Raoul Ruiz ; le 27 avril, Les disparus de St Agil de Christian-Jaque et le 4 mai, J’aime regarder les filles de Frédéric Louf. À 14h, le 29, Les trois mousquetaires de George Sidney.

The boat de Keaton

AU PROGRAMME

48 CINÉMA LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE

Les Variétés 09 75 83 53 19 www.cinemetroart.com www.fific.fr Ce qu'il restera de nous de Vincent Macaigne

Le 26 avril à 20h, Cinépage, en partenariat avec le Cinéma Pathé Madeleine, propose Une affaire de goût de Bernard Rapp, «l’histoire d’une manipulation qui passe par les sens, le plaisir et le mensonge» (B. Rapp). 04 91 85 07 17 www.cinepage.com


l’Institut de l’image à Aix propose un cycle Ettore Scola : une chance de revoir les films du cinéaste qui a réalisé près de 40 films en 40 années : de Parlons femmes en 1964 à Gente di Roma en 2004 en passant par Nous nous sommes tant aimés, Affreux, sales et méchants, Une Journée particulière… Le 11 mai à 20h15, Andréa Ferréol sera présente à la projection de La Nuit de Varennes avec Jean-Louis Barrault, Marcello Mastroianni, Jean-Claude Brialy, Hanna Schygulla, Harvey Keitel. Et elle-même ! 04 42 26 81 82 www.institut-image.org

Une journée particulière d'Ettore Scola

Chercher le garçon Le 2 mai à 19h et 21h, à L’Alhambra Cinémarseille, avant-première du premier long métrage de Dorothée Sebbagh. Une sympathique comédie «made in Marseille», tournée avec des acteurs de la Région, qui suit le parcours d’Emilie/Kitsuné (Sophie Cattani), une jeune femme qui cherche l’amour via Internet, en présence de la réalisatrice et de l’équipe du film. 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com

Trios italiens Du 11 au 27 mai, au Château de la Buzine, en partenariat avec l’Institut Culturel Italien de Marseille, «Histoire de trios dans le cinéma italien» : à 20h, le 11 mai, L’avventura de Michelangelo Antonioni et le 18, Romanzo criminale de Michele Placido. À 14h, le 13 mai, Nous nous sommes tant aimés d’Ettore Scola et le 20, Le rêve italien de Michele Placido. 04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

Métamorphose Le 15 mai, en partenariat avec l’Institut de l’image et la Maison de l’Architecture et de la Ville, clôture de Métamorphose à Aix : à 18h, chez Seconde Nature, avec la participation de Chris Younès, philosophe, André Jollivet, architecte et Théo Parrish, DJ et producteur. À 20h30 à l’Institut de l’Image, Requiem for Detroit ? en présence du réalisateur Julien Temple et de Théo Parrish.

Requiem for Detroit de Julien Temple

04 42 64 16 50 www.secondenature.org

Sétif Le 15 mai à 18h30, à l’auditorium de l’Alcazar, dans le cycle Mémoires méditerranéennes consacrées à l’Algérie, Cinémémoire propose L’autre 8 mai 1945 de Yasmina Adi. 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr Cinémémoire 04 91 62 46 30 www.cinememoire.net

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Ettore Scola Du 2 au 15 mai, en partenariat avec L’Institut Culturel Italien de Marseille,


50 ARTS VISUELS AU PROGRAMME Futures mémoires n°2 Le premier volet de Futures mémoires vient à peine de s’achever à la Maison de la photographie à Toulon que le second s’expose au centre culturel de Saint-Raphaël. On retrouve les membres du Collectif Perceptions Photographiques, Philippe Domergue, Marie France Lejeune, Catherine Marcogliese, Joyce Penelle et Dominique Roux, qui cette fois revisitent les codes de l’histoire de l’art, bousculent les notions de temps et d’espace, en faisant un usage «métissé» de la photo et des autres médiums : œuvres murales planes ou en relief, objets hybrides, inclusions d’images, installations… M.G.-G. Futures mémoires n°2 jusqu’au 12 mai (dernière visite commentée le 12 mai à 15 h) Centre culturel, Saint-Raphaël 04 98 11 89 00 www.ville-saintraphael.fr © Philippe Domergue, Sculpter le temps, jardiner la mémoire

Sm’Art Cinq jours durant le parc Jourdan est entièrement dédié à la création contemporaine avec plus de 200 artistes et 12 galeries qui font du Sm’Art une vitrine vivante. Pour la première fois le programme est co-signé par la Fondation Vasarely, l’École des beaux-arts d’Aix, Seconde nature et Gamertz-M2F, la Fondation Blachère à Apt ; les galeries aixoises du réseau Gudgi dessinent un parcours croisé ; Lino Tonelotto inscrit dans l’espace public une installation itinérante et participative tandis que l’artiste Yo Bastoni a carte blanche… M.G.-G. 7e Salon méditerranéen d’art contemporain et d’art abstrait du 3 au 7 mai Parc Jourdan, Aix-en-Provence www.salonsmart-aix.com

AMY W, Dominique Capocci, 2012

Cavale(s) Éric Principaud est un photographe du monde et de l’intime. Paradoxal ? Non, car ce qui l’intéresse c’est la traversée des miroirs, sortir de l’antre et aller vers l’autre, se glisser entre-deux. Ses photos ressemblent à des bribes de vie, elles ne trichent jamais : l’homme est en chair, en silhouette, en ombre, en flou, en clair, en transparence, en apparence, en reflet… et le photographe est contre, tout contre, même si l’image est fugace. M.G.-G. Cavale(s) jusqu’au 23 juin Maison de la photographie, Toulon 04 94 93 07 59 www.toulon.com

Moscou juillet 2011 © Eric Principaud Vue d'ensemble de l'exposition Regis Perray, galerie Gourvennec © X-D.R

Régis Perray Inlassablement Régis Perray marche, observe, compile et «vit sur le sol une gravité apaisante» ; des explorations dans tous les bouts du monde qu’il réinterprète comme une mémoire des lieux à travers la photo, la vidéo et la sculpture. Pour sa première exposition personnelle à Marseille, il présente trois pièces fondatrices produites à partir d’une archéologie personnelle des sols (dont Le mur des sols qui atteint plus de 40 mètres), accompagnées de photographies et d’installations plus récentes. M.G.-G. Les bouts du monde jusqu’au 19 mai Galerie Gourvennec Ogor, Marseille 2e 09 81 45 23 80 www.galeriego.com


ARTS VISUELS

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A. Lescay y Pouyu Ils ont été invités en résidence en 2011 au pied du Lubéron. Originaires de Santiago de Cuba Alberto Lescay et Pouyu sont célébrés bien au-delà des Caraïbes et ils sont de retour à la galerie 22 pour une nouvelle présentation de leurs œuvres. Leur compatriote Madelin Martinez exposera ses photos de leur résidence et du festival d’Avignon. C.L. Viva Cuba y el Luberon jusqu’au 20 mai Galerie 22, Le Coustellet 04 90 71 85 06 www.galerie22contemporain.com Pouyu, sans titre, acrylique sur toile © X-D.R

L’Art renouvelle… L’évènement annuel fut tantôt tout bleu, tantôt par des monstres envahi. Cette édition 2012 seraitelle celle de toutes les licences pour cette grand’ messe réunissant élèves du collège à l’université et artistes contemporains pour des projets communs ? L’excès lancera-t-il l’art au-delà des limites comme une incitation à la démesure ? Trop trop bien ! C.L.

ADJ © Richard Aujard

À la mesure de l’Excès Limite ou devenir de l’art contemporain L’Art renouvelle le lycée, le collège, la ville et l’université jusqu’au 14 juin Le Passage de l’art et divers lieux, Marseille 04 91 31 04 08 www.lepassagedelart.fr Déterminée dans un espace à deux dimensions, Alain Pontarelli 2012 © Cécile Collache

Des corps Évènement unique en Europe le festival de la photo de nu s’expose à Arles et aux Baux de Provence dans les Carrières de Lumière. Cette édition explore les langages du corps au-delà du nu traditionnel, se pose sur l’autoportrait et rend hommage à l’œuvre méconnue mais singulière de Lucien Lorelle, surréaliste, publicitaire, auteur et portraitiste de célébrités du spectacle, disparu en 1968. C.L. Regards sur le corps 12e Festival européen de la photo de nu du 12 au 20 mai Arles et Baux de Provence 04 90 96 82 93 www.fepn-arles.com

Caroline Le Mehauté, Géographies des marges, vue partielle, courtesy galerie Martagon, 2012

Accords, Marges Dans la galerie de Michel Barjol, Caroline Le Méhauté s’est approprié l’espace de l’escalier développant les poétiques de la tourbe de coco, son matériau d’élection pour écrire des Accords in fine. Dessins et sculptures en cire colorée complètent la proposition. Investissant le premier étage, Jérémie Setton modifie notre expérience de la profondeur par les effets de couleur, de lumière et d’ombre, expérimentant les Géographies des marges. La visite grimpe jusqu’au 3e étage avec les artistes de la galerie. C.L. jusqu’au 13 mai Galerie Martagon, Malaucène 04 90 65 28 05 www.galeriemartagon.com


52 MARSEILLE PROVENCE 2013

Le 26 mars Marseille Provence 2013 a lancé une vaste collecte photographique, ouverte à tous. Dans quel but ? Rien moins que trouver le midi ! Jean-Pierre Moulères, responsable du projet, nous explique sa démarche.

Le Site des Chercheurs de Midi www.mp2013.fr/ chercheursdemidi

D’où vous vient cette idée de récolter les photos de nos tiroirs ? De l’envie d’amener les gens à avoir une parole, et à la mettre en valeur. Généralement les formes des amateurs ne sont pas mises en scène comme les professionnelles. Or je pense que l’espace qu’on accorde aux choses fait que le regard ne se pose pas avec la même qualité. C’est pourquoi j’ai choisi la photo, parce que c’est sans doute la pratique artistique la plus répandue, quotidienne. Que ce soit la photo de famille, vernaculaire, la photo d’identité, utilitaire, ou celles où le photographe cherche volontairement à capter une beauté, une incongruité… Que voulez-vous apporter, ou faire voir, par cette collecte ? Le projet n’est pas spécialement innovant dans son concept, même s’il l’est exceptionnel à cette échelle. Nous venons à peine de lancer l’appel à participation et nous avons déjà plusieurs centaines de photos, que nous avons commencé à classer. Mais quel midi cherchez-vous ? MP2013 travaille beaucoup sur les identités, sur la Méditerranée, la circulation. Cette action s’attache plutôt

Le chariot magique, 23 juin 2011, Marseille, collection Paysages, série Petits commerces © Pierre P. Heimbay

ACTION DE PARTICIPATION CITOYENNE, Les Chercheurs de Midi

à ce qui nous réunit, la méridionalité. À la notion de recherche, aussi. Ces photos racontent une histoire commune dont nous n’avons pas tout à fait conscience. Certaines sont trouvées, à Emmaüs, d’autres sont des souvenirs de

Ce petit chemin, printemps 1962, Campagne Aixoise, collection Usage, série Pique-nique © X-D.R


MARSEILLE PROVENCE 2013 53

FRANCK POURCEL, Constellations famille. Des paysages que tous les habitants d’ici connaissent. Des visages qui pourraient être ceux de toutes les généalogies. Des usages qui sont ceux que nous partageons. Un en-commun ? Oui, du Sud, de la mer et des terres. Plutôt diurne et ensoleillé, de midi, même si nous avons déjà une magnifique photo de nuit. Un album des possibles joies, construit sur des nostalgies qui sont des nourritures. Le midi veut dire cela, la joie ? Oui tout à fait… Il ne s’agit pas de photodocumentaire mais de ce que l’on se raconte, de ce que l’on veut montrer et garder de soi. Pour tenir droit. Et que ferez-vous de ces photos ? La collecte qui était un moyen est devenue notre objet même ! Je me suis replongé dans la Chambre Claire de Roland Barthes, qui dit si bien comment l’image familière nous touche. Dans Penser/Classer aussi, de Perec, pour affiner la méthode : il s’agit de faire des récits mais sans toucher aux choses, simplement en les posant ensemble. Nous avons au départ trois séries. Les paysages, les usages, les personnages… Oui, et à l’intérieur déjà des collections se dessinent. Qui s’affineront à mesure que nous avancerons, pour se resserrer autour de thèmes précis. De figures récurrentes, qui cerneront l’en-commun. Nous demandons simplement aux gens de donner un titre à leur photo, de mettre un texte avec s’ils le veulent, de les scanner et de nous les envoyer. Nous ne les sélectionnons pas, sauf lorsque plusieurs se ressemblent trop, et nous les publions sur le site dans la série qui leur correspond. Le site reprend donc l’intégralité des images collectées ? Oui. Nous arrêterons la collecte quand nous en aurons recueilli une quantité que nous ne pourrons plus gérer. Ces séries constituées seront-elles exposées ? Oui, bien sûr, en 2013, et dans des conditions professionnelles. Non comme des murs d’images comme on le fait souvent lorsqu’on expose des photos amateurs, mais avec des cadres, des lumières. Par séries thématiques, à Aubagne, Aix, Arles, et à Marseille dans l’Atelier du large. Avez-vous un projet d’édition ? Nous verrons ! C’est une question de droits aussi : il n’est pas question d’utiliser les photos des gens pour un autre usage que celui des Chercheurs de Midi, puisque c’est à ce titre qu’on nous les envoie…

Repères Franck Pourcel vit et travaille à Marseille, et pose depuis toujours sur sa Méditerranée un regard très personnel. Ses photographies, traversées par une sensibilité d’anthropologue, font ressentir l’épaisseur du temps, des paysages… et des gens.

Le FRAC Pour le Fonds Régional d’Art Contemporain PACA, financé conjointement par l’État et la région, l’année 2013 s’annonce capitale : inauguration du nouveau bâtiment sur la Joliette, pilotage du projet Ulysse… c’est dans ce cadre que le FRAC produit cet Atelier de l’EuroMéditerranée, accompagnant également son volet pédagogique.

Collège Cluny Constellations, Alger © Franck Pourcel

Sur la mezzanine de la société nautique, Franck Pourcel trace des lignes entre les étoiles… Pour 2013 il conçoit 13 Constellations, sortes de voyages récits photographiques sur les traces d’Ulysse, de Troie à Ithaque, de Charybde en Scylla, chez les Lotophages de Djerba ou Calypso à Gibraltar... Des séries qui organisent l’espace autour de thèmes, la mythologie, les rivages ou les terres, les corps et les Constellation, Messine © Franck Pourcel conflits… Une façon d’écrire des «récits» avec des images. Le travail réalisé par les élèves de 6ème reprenait ces principes : il s’agissait de photographier vite, en traversant la ville en deux heures du Port à leur Collège, chaque enfant muni d’un appareil jetable. Puis à partir de ces clichés il leur a fallu opérer des choix, fabriquer des séries narratives, thématiques. Et dessiner leurs propres constellations

Établissement privé confessionnel catholique, qui a engagé deux classes de 6ème dans l’atelier photographique de Franck Pourcel, accompagné de Laurie Corso (prof d’histoire) et Audrey Monnier (prof d’arts plastiques).

Société Nautique de Marseille La SNM est une société créée en 1887 qui organise des régates et manifestations nautiques, gère les places de port et l’école de voile. Elle regroupe 22 clubs nautiques, compte 528 sociétaires et 10 salariés, gère 564 bateaux, ouvre ses archives au public, et son restaurant, situé sur le Pavillon flottant du Vieux Port, aux gourmets.


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ARTS VISUELS

OUEST PROVENCE | ARLES

Ouest side Provence Avec cette deuxième édition des Images transversales, l’ouest de la Provence entre dans la légende western. Des visions cinématographiées simili Ouest U.S. et road movie décalées L’espace et l’art contemporain constituent la thématique des Images transversales 2012 et 2013. Pour cette édition, sous l’intitulé Western Road les arts visuels partent à la découverte de la cinégénie de l’ouest américain par rapprochement avec le territoire étendu de l’ouest Provence mâtiné du genre road movie. Les organisateurs ont programmé des œuvres, photographies, films, vidéos, installations reprenant les codes du genre. Même la déco -sable, cactus, planches de bois- fait cliché comme s’il fallait concéder au folklorique pour attirer le public. Mais western et road movie ne sont-ils pas des genres populaires ? Le premier rôle revient à l’artiste invitée Alix Delmas au Centre d’art d’Istres et au Centre culturel de Fos. Elle a adapté plusieurs créations antérieures dont Sauces, vidéo-installation dont le dispositif joue sur les archétypes du cinéma via une parodie de making-off. On se retrouve assis sur des éléments du décor vus dans le film projeté devant soi ; dans la salle un vrai projecteur de cinéma projette son ombre sur l’écran comme s’il faisait partie du film et pouvait éclairer les éléments de décors vus dans le film, réalisé en 2007 dans les désertiques Bardenas Reales (Espagne) où plus d’un western fut tourné. Plus dépouillée et étrange Lala la. Sur les hauteurs d’une verte vallée deux ados discutent sous une table en feu. Le plan fixe se reflète dans des miroirs brisés sur le sol de la salle. Où sont les Indiens de notre enfance ? Dans une autre vidéo, entre cinéma expérimental et nouvelle vague, Alix Delmas caméra au poing filme dans les chaos d’une auto ses cuisses, un bloc de glace posé à côté d’elle et autant que possible le paysage au dehors. Pour évoquer la thématique sous un autre regard, les photos de R. Adams, W. Evans, L. Friedlander, H.

Alix Delmas-Sauces, 2007/2012, Salsas en las Bardenas Reales, vidéo, lettres de polystryrène, projecteurs, installation pour le Centre d'art contemporain, Istres, 2012 © C. Lorin/Zibeline

Fulton et Juha Nenonen ponctuent le parcours jusqu’à Sometimes the dress is worth more money than the money de et avec Tracey Emin. On assiste à la fuite éperdue d’une jeune mariée (il n’y a qu’elle) à travers une campagne, robe épinglée de billets de banque comme le veut une certaine tradition turque. La bande son est celle du Bon, la Brute et le truand, western spaghetti mythique où tous convoitent une malle de dollars enfouie dans un cimetière. Ici, les clichés servent un propos plus politique. La programmation très variée s’articule sur plusieurs moments, évènements en divers lieux. En particulier : les interventions théâtralisées et dansées de la compagnie Artonik, la soirée concert + court-

métrages Night on the Road, Sylvia Hansmann à l’artothèque de Miramas. À l’Ouest tout n’est pas que légende, isn’t it ? CLAUDE LORIN

Ouestern Road Images Transversales jusqu’au 30 juin Centre d’art contemporain, Istres et Fos, Miramas, Rassuen 04 42 55 17 10 www.ouestprovence.fr

Le bon angle Si on excepte les saisonnières Rencontres de la photo, la galerie de l’ENSP et la remarquable collection du musée Réattu, il manquait à Arles une structure dédiée à la photographie : depuis 2011 les Comptoirs

arlésiens de la jeune photographie se sont installés rue Jouvène. À travers le paysage, association qui œuvre depuis de nombreuses années à la promotion de la photographie, a choisi de se doter d’un outil de promotion, © Joane David, Comptoirs arlésiens, Conservatoire du littoral

de diffusion (exposition, vente, édition) et de rencontre dédié à de jeunes auteurs dont certains portent déjà une œuvre et une expérience remarquables. Le projet qui a reçu la bénédiction de parrains renommés1, du soutien de la ville et de la collaboration de Voies Off fonctionne sur le mode coopératif. À ce choix qui rappelle l’agence Magnum sa directrice Lise Lavesque précise «nous n’en avons pas encore ni l’importance ni la réputation mais nous travaillons à une sélection exigeante pour constituer en parallèle à nos manifestations un fonds d’œuvres à des prix accessibles, dans des perspectives internationales.» L’exposition actuelle regroupe cinq jeunes femmes sur la thématique de l’eau, avec autant de variations. Sabine Delcour cherche le point de contact incertain entre terre et mer

quand Kirsten G Jensen en capte les impressions chromatiques brumeuses. Si l’humide et le tellurique imprègnent les clichés de Faustine Ferhmin, Joane David témoigne du poids de son absence. Brenda Hoffman retient finalement les scintillements de sillages évanescents noirs et blancs et en extrait un sentiment aux portes de l’abstraction. C.L.

J.E. Atwood, J. Davies, T. Cuisset, B. Plossu

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Paysages de l’eau jusqu’au 5 mai Comptoirs arlésiens de la jeune photographie 06 07 78 94 71 www.comptoirsarlesiens.com


MARSEILLE EXPOS | CAVAILLON

ARTS VISUELS 55

Coquillages et crustacés… Deux événements fédérateurs rythment la vie des arts visuels à Marseille : Art-O-Rama en septembre, et le Printemps de l’Art contemporain en mai… Marseille, paysage de bord de mer : la Méditerranée, le littoral… Dorothée Dupuis, directrice de Triangle, donne le ton de la programmation dans un édito au titre polysémique, Sous le sable, influencé par le cinéaste François Ozon. «La plage, écrit-elle, lieu du basculement des perceptions, des sentiments et des idées reçues devient pour le Printemps de l’art contemporain un territoire neutre, où le spectateur peut se dépouiller de ses préjugés pour se retrouver dans un état de nature que ses occupations ne lui laissent pas souvent l’occasion d’investir.» Le littoral comme «la métaphore de la création et du spectacle, entre mode tangible et intangible»… à arpenter au propre comme au figuré ! Car le 4e parcours initié par Marseille Expos réunit 22 membres et 14 lieux affiliés. Le but étant de proposer des projets phares en résonance avec les thématiques en jeu : «la déception, l’absence, le non-dit, le mystérieux, la surprise, le volte-face», mais aussi les notions de frontière, de limite et de hors limite… Trois jours de déambulations redessineront la ville les 17, 18 et 19 mai au fil des galeries associatives et privées, des musées (le MAC seulement, pour la projection du premier opus d’Amélie Derlon Cordina) et des lieux alternatifs qui ouvrent pour l’occasion en nocturne. Le programme, éclairant et festif, combinera expositions et conférences (Vanessa Desclaux invitée par Triangle), lectures (Manuel Joseph à La Compagnie) et actions in situ (Régis Perray chez Gourvennec Ogor), rencontres (artistes en résidence à Astérides, Véronique Rieffel à l’Alcazar) et même un bal (dans le cadre

Abymes Jaunes, 2010, print sur aluminium, 90 x 150 cm, Courtesy La GAD, Marseille © Véronique Rizzo

de 48H Chrono à la Friche). Lancée dès le 16 mai à la CCI par un colloque sur la question : «L’art contemporain : une industrie culturelle ?», la manifestation sera marquée notamment par la soirée inaugurale à la Maison de ventes Leclere et l’ouverture exceptionnelle du Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (CIRVA). La clôture sera décalée au 20 mai à l’American Gallery Contemporary Art qui accueillera l’artiste new-yorkais David Scher pour une expo et une performance musicale. Autre temps fort à HLM avec l’exposition Les Possédé(e)s proposée par Dorothée Dupuis. Qui quittera Triangle en septembre pour s’installer au Mexique : fière d’avoir été l’un des membres fondateurs du

Cartel, «d’avoir mené un projet artistique conjoint et lisible en toute transparence», la voici presque dépossédée de son ultime commissariat. Enfin, une fois le rideau tombé sur le PAC, Céline Emas Jarousseau quittera ses fonctions à Marseille Expos pour rejoindre Le Cartel en qualité de chargée de projets arts visuels à la Friche. Nouveaux projets et nouvelles synergies en perspective… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Printemps de l’Art contemporain du 17 au 20 mai Marseille www.marseilleexpos.com

Du profane au sacré Comment photographier ses semblables et donc un peu de soi ? Roms, vies ouvertes à Cavaillon nous met sur la voie En janvier 2012, partageant les mêmes origines, Marian Adréani a rencontré Eléna et sa famille, Roms «installés» au pied de l’église Saint-Martin à Marseille. Il s’en suit une très belle et simple série de grands formats principalement en N&B et quelques ouvertures en couleur aux accents humanistes et complices. On sait l’art du portrait délicat dans sa restitution de l’autre. Marian Adréani avait déjà exploré le genre avec Dans les yeux, expéri-menté la mise en scène du corps avec la complicité d’une amie photographe – une série en argentique non encore publiée mais où l’empathie des deux protagonistes est déjà fort présente. Pour cette exposition l’auteur s’est approchée au plus près de son sujet éliminant la tentation misérabiliste dont il sait les égare-

ments : «…pas de plans larges pour se concen-trer sur la beauté des gens. On nous a habitué à des images trop profanes. Je veux montrer le sacré qui est en eux.» Le format A1 y contribue mais Marian Adréani a choisi autant la retenue avec des tirages numériques sur un support papier rudimentaire, sans cadre, simplement suspendus. La présentation se veut en retrait, sans ostentation, comme la

personne «je n’aurais même pas dû mettre mon nom» en haut de l’affiche. Le jeune photographe se veut sensible à l’œuvre d’Avedon comme JR, dans la lignée aussi des Koudelka, Silvester ou Rondeau attentifs aux peuples qui nous sont si loin et si proches. Le titre de l’exposition en écho au film de Rossellini, désigne une forme de résistance aux comportements indécents de la nature humaine qui passe par les images. «Je ne suis Enfants du camp © Marian Adreani 2012 pas militant. Peut-être que mon travail peut l’être.» En vue des Rencontres de la photographie d’Arles, Marian Adréani projette une intervention, cette fois-ci dans et pour la rue. Ouverte aux autres. CLAUDE LORIN

Roms, vies ouvertes Marian Adréani jusqu’au 14 mai Espace Esperluette, Cavaillon 06 13 90 29 36 www.cavaillonline.com


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ARTS VISUELS

CHÂTEAU DE SERVIÈRES

Les pas de côtés des salariés L’opération 20 ans : 20 artistes - 20 entreprises vit sa troisième et dernière saison et l’heure est venue de tourner la page… les 20 ans de l’Association Château de Servières sont dépassés et les 20 artistes atteints ! À moins que de nouvelles entreprises contactent Martine Robin, toujours âpre à défendre le rapprochement de l’art et de l’entreprise : «On déplace le champ d’action de l’artiste du centre d’art vers l’espace entrepreneurial, sur les sites mêmes de conception ou de production. On donne ainsi une autre image de l’art contemporain, et on change les représentations du monde de l’entreprise.» Une opération qui repose sur 4 projets, 4 artistes, 3 partenaires et 4 lieux.

Équation parfaite Cécile Straumann a posé son appareil photo dans les locaux de Broyage du Midi, une entreprise familiale spécialisée dans l’achat, la vente et le recyclage des matériaux et des ferrailles, immédiatement convaincue par le concept. «J’ai été étonné au début, confie son directeur Philippe Hadmar, car je ne trouvais pas ça beau à photographier. J’ai présenté Cécile Straumann à mes gars, d’habitude méfiants, mais ils ont été partants. J’ai trouvé qu’elle réussissait à faire sortir ce que je n’imaginais pas.» Broyage du Midi avait déjà reçu des artistes occasionnellement pour utiliser sa presse à métaux, mais n’avait jamais exposé dans une cuve de stockage les portraits de ses 19 salariés et des macros du grappin en pleine action ! Comme elle n’avait pas non plus cofinancé la production d’une bâche dressée sur son mur extérieur, des tirages photos

et le vernissage. En écho, Château de Servières présente une deuxième série de Cécile Straumann et des travaux anciens… Autre structure, autre expérience : le contexte particulier de l’hospitalisation néonatale. Le film de commande du vidéaste Jean-Philippe Pelletti sur le travail du réseau est présenté exclusivement dans les locaux du réseau de santé Naître et Devenir. Caroline Le Méhauté, surprise par la force et la vitalité des nouveaux-nés, de leurs familles et des équipes médicales, a traduit leur environnement et leur enfermement dans une installation «coup de poing» visible au Château de Servières. Une cimaise trouée à hauteur d’homme, un tunnel qui ouvre une perspective dans le vide, sauf lorsque le regard dévie sur un tas de poudre et de pollen jaune incandescent. Amas informe en devenir, électrique et énergisant.

Ni chapelle ni concurrence À l’Imprimerie C.C.I., dans la zone d’activités Arnavant, les portraits des employés sont en bonne place dans leur espace de travail : Aurore Valade a choisi de les représenter en situation et, en plein rush estival, leur a demandé de faire une pause et de poser, conservant en l’état les arrière-plans. Habile jeu de miroir car elle s’est attachée à la dimension humaine de l’entreprise. In situ l’imprimerie a opté pour une exposition classique tandis que Martine Robin a préféré au Château de Servières une mise en situation sous forme de lés suspendus déroulant leur trombinoscope. Quitte à regretter ce déplacement de la «galerie» au sein de l’entreprise : «Le monde de l’art et de

Inauguration de l'exposition de Cécile Straumann dans les locaux de Broyage du Midi © Association Château de Servières

l’entreprise ont des points de rencontre mais des finalités différentes. Ce que nous proposons aux salariés, ce sont des pas de côtés. Or les entreprises veulent un retour sur image, de la communication. Moi je veux que le public ait une vision d’ensemble du projet, sans concurrence. Et pour que cela marche il faut que l’entreprise soit désintéressée. Comme l’art !» MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Aurore Valade, Pause / Imprimerie C.C.I. Cécile Straumann / Broyage du midi Caroline Le Méhauté / Réseau Naître et devenir jusqu’au 5 mai (sur RV pour les entreprises partenaires) Château de ServièresEspace d’exposition des ateliers de la ville de Marseille 04 91 85 42 78 www.chateaudeservieres.org

Erratum Dans notre précédent numéro, page 62, une coquille s’est glissée dans notre papier à propos de l’ouvrage de Jean-Jacques Surian. L’aide à l’édition du Conseil général 13 s’élevait en fait à 12 000 euros. Comme quoi un zéro ce n’est pas rien.


TOULON | LA SEYNE

ARTS VISUELS 57

Géants de papier À la Villa Tamaris Pacha, dans les salles voutées, les dessins et les livres de Magali Latil ont trouvé leur chapelle : ils rayonnent en silence Bernard Noël est là, au plus près de l’artiste toulonnaise Magali Latil. Dans la préface du catalogue où il confesse ses «impressions immédiates», où il dialogue à mots feutrés sur le sens, l’enchevêtrement, le format du papier et réfléchit comme à voix haute dans des Exercices libres. Dans son texte Petit traité du tu publié aux Éditions Unes sous la forme d’une boite tirée à 11 exemplaires : le dessin à la pointe d’argent doublé d’une «écriture frappée» se glisse dans les interstices et se délie au fil des pages cousues main et recouvertes d’une couverture en plomb. Le poète n’est pas le seul à la laisser jouer ainsi du blanc entre les mots, de l’air de la matière, de la marge et du vide de la page : ses incursions graphiques ont séduit François Dominique, Anne Cayre, Ludovic Degroote, Régine Detambel, Rodrigue Marques de Souza, Édith Azam, Erwann Rougé. Leurs livres d’artistes sont ici l’antichambre d’une œuvre graphique qui défie la gravité. Austère et précieuse à la fois. Des enchevêtrements de hachures

ténues gagnent la surface en solitaire ou en rhizome, dessinent des archipels imaginaires, des cartographies sans repères. Le geste est nerveux, les bords immaculés, l’ombre grise. Sous les doigts habiles de Magali Latil, le papier devient peau et chair, à peine griffé de petits traits serrés à la mine graphite. Parfois il s’obscurcit sous de légères touches d’enduit, parfois encore se strie et laisse apercevoir un réseau de fines lacérations. Matière vivante qu’elle couche à l’horizontale tels des gisants, suspend à la verticale comme des écorchés, plie et déplie en accordéon : on l’imagine au premier geste effleurant le calque polyester sur papier Arches satiné, la plaque de verre ou le film polyester avant de se laisser submerger… Tout est transparence, suggestion, fluidité ; formes fossilisées (Chronos 1 et 2, Les grands immobiles) vite bousculées par des paysages informels, des silhouettes dansantes, des Corps fondus au noir, immenses gisants de papier. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Dessins, livres Magali Latil jusqu’au 6 mai Villa Tamaris Pacha, La Seyne-sur-Mer 04 94 06 84 00 www.villatamaris.fr

Sans titre (détail) 2011 enduit, mine graphite sur film polyester 166 x 45cm © Magali Latil

Il faut que cela danse… Alain Clément dans son atelier © Pierre Schwartz

Muni d’un dépliant en quadrichromie et d’une «fiche visite», le public est armé pour aborder l’œuvre d’Alain Clément, le danseur immobile, dernière exposition de Gilles Altiéri à la tête de l’Hôtel des arts de Toulon. Il ne manque plus que la vidéo où, habituellement, le directeur s’entretenait avec l’artiste en se promenant dans l’exposition. La nouvelle direction renouera peut-être avec cette tradition qui faisait entendre la parole vivante de l’artiste. De son itinéraire zigzagant entre poésie et édition (il participa à la création de Fata Morgana), il reste dans l’œuvre plastique d’Alain Clément le goût de la chose bien faite. À moins que cette rigueur ne soit imputée à ses nombreuses années comme professeur aux Beaux-arts de Montpellier puis directeur de l’École de Nîmes ? Libéré de l’enseignement depuis 1990, Alain Clément se consacre exclusivement à la peinture et à la sculpture qu’il conçoit comme une seule entité. La querelle entre la planéité du tableau et le relief de la sculpture est abolie «tellement est forte la consanguinité entre les deux médiums» : même structure interne (la bande comme motif récurrent), même travail chromatique (larges aplats monochromes), même organisation spatiale (agencement com-

plexe des formes ou des volumes distordus). Mais, procédant par cycles successifs, son œuvre a opéré de franches variations : aux premières compositions constructivistes ont succédé des lignes malléables, des courbes infinies et des arabesques sensuelles. Comme si Matisse s’était immiscé dans ses peintures-sculptures et invitait Alain Clément à libérer son geste… Les alphabets autrefois rigides de ses «plans-reliefs» -utilisation de bois, de plaques d’acier découpés et soudésépousent le délié de la calligraphie arabe : oubliés les espaces architecturés et structurés par la couleur, les lignes brisées, les fractures ! À Berlin en 2011 comme à Nîmes en 2012, les formes linéaires envahissent la toile, s’affranchissent des bords et expérimentent l’espace sculpté en déroulant leur long ruban aux couleurs égayées. M.G.-G.

Alain Clément, le danseur immobile jusqu’au 9 mai Hôtel des arts, Toulon 04 94 91 69 18 www.hdatoulon.fr


58 CINÉMA ASPAS | SALON

Peliculas Les 14èmes Rencontres du cinéma sud-américain se sont ouvertes à La Friche le 10 avril dans le souffle des giboulées de printemps. Programme foisonnant avec extension à d’autres écrans de la région jusqu’au 21 avril. Musique en lien, violences de l’Histoire en héritage, mutations sociopolitiques et misère en thème récurrent, le cinéma latino célèbre les énergies individuelles transformant personnes ou personnages en figures emblématiques. Ainsi ces six femmes d’exception, cinq artistes et une sage-femme, âgées de 80 à 105 ans que le cinéaste haïtien Arnold Antonin approche jusqu’à l’intime, étonné comme nous de la force de leurs passions, de leur soif de transmission à la jeunesse d’Haïti, de leur attachement à cette île ravagée par le séisme de 2010 et la folie prédatrice des Duvalier. Dans Chronique d’une catastrophe annoncée, ce même réalisateur photographie un christ en croix dressé dans les décombres de Port au Prince où se meuvent des corps noirs poudrés de blanc. Dignité solidaire des survivants dans une capitale surpeuplée dont le documentaire de Lopez et

Acorazado d'Alvaro Curiel

Voltaire, Puerto Principe mio, analyse sans concessions le chaos et la force de régénération. Parmi les fictions, Acorazado, farce grotesque de Curiel de Laza souligne à travers les tribulations d’un mexicain candidat à l’émigration clandestine, la perte des repères idéologiques, le discours syndicaliste devenu folklorique, les rêves américain et cubain chantant faux.

Les douze courts de la sélection ont offert de jolies surprises et le jury a sans doute eu bien du mal à choisir entre les fantaisies poétiques de d (Stanbury) ou de Luminaris (Zaramella) et le glacial Titanes d’Edison Cájas qui montre comment les exactions de la dictature de Pinochet, toujours hors champ, s’insinuent dans la vie et l’esprit d’un simple chauffeur d’agents du pouvoir. Entre

l’humour léger d’une comédie musicale comme Busco empleo (Valle) et la dérision de Guy Dessentdans ¿Come te clasifico? devant le grotesque de grilles administratives normées pour évaluer la vie des habitants d’une décharge. Entre A fabrica (Muritiba) où la mère d’un prisonnier accepte risque et humiliation pour permettre à son fils de téléphoner à sa fille et Coral (Ignacio Chaneton) où une femme se révolte, un serpent au poing. Argentine, Brésil, Chili, Équateur, Mexique, Uruguay, Venezuela, Caraïbes, les petits films humoristiques précédant chaque projection nous ont prévenus, répétant leur slogan déjà valable pour la prochaine édition : si vous avez envie de connaître la VRAIE culture d’Amérique du sud, venez aux Rencontres ! ÉLISE PADOVANI

À suivre Rencontres du cinéma sud-américain jusqu’au 21 avril Forcalquier, Manosque, La Ciotat, Saint Bonnet www.cinesud-aspas.org

Salon : cap au Nord Les 22èmes Rencontres Cinématographiques de Salon se sont tenues du 27 mars au 3 avril, proposant un très bon choix de films nordiques. Famille éclatée, solitude d’un parent protecteur, déchirure d’adolescents ou de jeunes adultes, violence, autant de thèmes abordés dans ces films venus du Danemark, de Suède et du Canada. Dans

Revenge, Suzanne Bier se demande comment répondre à la violence à travers deux fils narratifs : au Danemark, deux adolescents en souffrance vont venger le père de l’un d’eux, victime d’une humiliation ; en Afrique, Anton, médecin, travaille dans un camp de réfugiés où il voit des femmes enceintes éventrées par un seigneur de la guerre Alicia Vikander dans Pure de Lisa Langseth

sadique qui un jour, blessé, vient lui demander de l’aide. Oscar du meilleur film étranger, Revenge aurait gagné en intensité avec un scénario plus sobre et si Suzanne Bier n’avait pas choisi de tout (dé)montrer. Dans Pure, premier long métrage de la Suédoise Lisa Langseth, Katarina (superbe Alicia Vikander) qui habite dans une banlieue pauvre de Göteborg, écoute par hasard sur YouTube un mouvement du Requiem de Mozart ; sa vie en est bouleversée à tout jamais. Elle ne pense plus qu’à s’approcher de cet art étranger à sa classe sociale et va tout faire pour travailler dans la salle de concert de la ville… Filmé avec une grande tension, ce film qui aborde la question du beau et de la fragmentation culturelle de classe possède une puissance émotionnelle véritable. Tout comme Curling ! Un film aux images qui hantent longtemps le spectateur, le laissant à son questionnement. Car Denis Côté se refuse à toute explication cohérente, rationnelle : pourquoi ces corps gelés, entassés dans la forêt ? Pourquoi ces traces de sang dans cet hôtel qu’on ferme ? Quelle est la relation entre ce père terrorisé par la vie et sa fille de 12 ans qu’il refuse d’envoyer à l’école ? Pourquoi s’éloigne-t-il un jour la laissant seule dans cette maison isolée dans une vastitude glacée ? Curling est un film qui fait peur, comme la Nuit du chasseur, un superbe film mystérieux, ouvert, qui a bien mérité ses prix à Locarno et que les Rencontres de Salon ont très bien fait de programmer ! ANNIE GAVA


LA BUZINE | ROUSSET | OUEST PROVENCE

CINÉMA

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Au fil de l’eau Pour clore une programmation consacrée aux quatre éléments, La Buzine a commandé au Trieau Jazz, une B.O originale dédiée au premier film de Jean Renoir La fille de l’eau (1925). Catherine Hessling, épouse de Jean, ancien modèle d’Auguste, y incarne Gudule, une jeune orpheline méritante en butte à l’adversité, qui, après bien des épreuves, se marie à un homme beau, riche, pur. Sur ce mélo éculé, mal ficelé, le réalisateur expérimente de nouvelles techniques, mêlant burlesque, impressionnisme, expressionnisme, surréalisme. Les images muettes défilent, les intertitres expliquent, la musique interprète. Bruno Berbérian au saxo,Philippe Gallet à la contrebasse, Patrice Porcheddu aux percussions accompagnent les travellings inversés, le glissement de la

hallucinations de l’héroïne enfiévrée, les asymétries rythmiques de la musique des Balkans. La célèbre mélodie d’Aldo Romano Il Camino, reprise, abandonnée, retrouvée comme une rengaine accrochée à la mémoire, suit à la trace l’itinéraire semé d’embûches de Gudule : la forme du cinéconcert, associant une création live au film fixé sur pellicule, par son caractère événementiel, semble connaître un succès croissant attesté à la Buzine par l’affluence d’un public de tous âges qui fredonnait encore en sortant de la salle. ÉLISE PADOVANI La Fille de l’eau de Jean Renoir

péniche sur le canal, brodent sur le drame en variations et improvisations, s’adjoignent pour entrer dans la forêt au noir bleuté ou dans les blanches

Ce ciné-concert a été créé le 30 mars

En terrasse Les toits de Barcelone recèlent des espaces hors du temps : les terrasses, lieux qui permettent aux personnages du film de Demian Sabini de vivre dans une bulle où ils échappent aux responsabilités, à l’investissement dans un travail fixe. C’est la crise dans l’Espagne de 2010, mais le chômage n’entame pas leur insouciance. Ils ont trente ans, n’ont pas réfléchi à leurs véritables aspirations, surprotégés par des parents qui étrennaient les effets positifs de la toute jeune démocratie. «Il nous semblait que la vie était facile et drôle» souligne Sabini après

la projection. Le mouvement des Indignés qui éclot un an après la réalisation du film «a prouvé que nous étions juste endormis». Mais l’auteur est diamétralement opposé à cette léthargie, après des études de musique contemporaine, sans travail, il a «décidé de produire quelque chose au lieu de rester là à pleurer». C’est au cours du tournage que Sabini prend conscience qu’il traite de «beaucoup de choses qui appartiennent aux gens de [sa] génération, l’éducation, et les attentes». Petit budget, 12 000 euros, éclairages naturels, poésie des terrasses, comme

suspendues dans un no man’s land où tout devient ludique (très belle scène de Tai chi sur les toits), évasion, mais aussi enfermement, la dernière terrasse est un refuge… grillagé. Une photographie proche Terrados de Demian Sabini

des personnages, des panoramiques cubistes, avec leurs aplats de couleurs, et ce rouge des terrasses qui domine. Un premier long métrage prometteur qui sait avec humour, fraîcheur et une grande simplicité, brosser le portrait d’une génération. MARYVONNE COLOMBANI

Terrados a été présenté en exclusivité au Festival Indignation Révolution de Rousset qui s’est déroulé du 29 mars au 1er avril

Enfants déportés Des oranges et du soleil, un avenir meilleur, voilà ce qu’on avait promis à des centaines de milliers d’enfants britanniques qu’on a déportés en Australie, au Canada et en Nouvelle Zélande entre 1930 et 1970. Margaret Humphreys, une assistante

sociale, a relaté cette histoire terrible dans Empty Cradles, que Jim Loach a adapté. Après avoir songé à un documentaire il a choisi la fiction, suivant pas à pas l’enquête que mène Margaret (Emily Watson) entre Nottingham et Perth. InterOranges and Sunshine de Jim Loach

pellée au départ par une jeune femme qui lui confie ce qu’elle a vécu à l’âge de 4 ans, son embarquement avec une centaine d’enfants et son arrivée en Australie, Margaret découvre que des milliers d’enfants ont été sortis de leurs foyers d’accueil, envoyés au bout du monde pour servir de main d’œuvre bon marché, maltraités, mal nourris, voire violés par des religieux. Le film suit son combat pour la reconnaissance de faits : elle crée le Child Migrant Trust qui va permettre à des milliers d’adultes de retrouver leur famille et leur pays d’origine. S’il a le mérite de faire découvrir cette histoire méconnue et de dénoncer la responsabilité des gouvernements, le film de Jim Loach, un peu lisse, manque de rythme au début. Mais certaines scènes de (non) retrouvailles sont poignantes et le jeu des deux acteurs australiens, Hugo Weaving et David Wenham excellent. ANNIE GAVA

Présenté en avant-première, Oranges and Sunshine était le film d’ouverture du Panorama du cinéma britannique, organisé par Scènes et Ciné Ouest-Provence du 14 au 27 mars


60 CINÉMA ALHAMBRA | VARIÉTÉS | LA COMPAGNIE

Un regard singulier Films d’entreprise Du soleil pour les gueux d'Alain Guiraudie

Ce vieux rêve qui bouge d'Alain Guiraudie

Invité par le collectif La Réplique, Alain Guiraudie était à l’Alhambra le 26 mars et a présenté ses deux films préférés, parmi ceux qu’il a réalisés : Du soleil pour les gueux (1999) et Ce vieux rêve qui bouge, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2001. Il a été choisi pour animer l’Atelier Court 2012 qui va donner l’occasion à une dizaine de comédiens d’élaborer un scénario à partir de canevas, puis de tourner un court-métrage dans des conditions professionnelles. La projection à l’Alhambra a permis de découvrir l’univers artistique singulier de ce cinéaste né dans l’Aveyron. C’est là que se passe Du soleil pour les gueux, l’histoire d’une jeune coiffeuse, Nathalie Sanchez, qui veut rencontrer les bergers d’ounayes. Désir accompli : Djema Gaouda Lon cherche ses bêtes ; tous deux sillonnent le causse, croisent un bandit d’escapade qui a tué le tyran Chaouch Maline et cherche à échapper à un guerrier de

poursuite… Un conte philosophique fait d’anachronismes et de sensualité, plein de lumière, de poésie, de politique aussi, de mouvement et d’humour. Tout autre décor pour Ce vieux rêve qui bouge: une usine sur le point de fermer, dans laquelle il ne reste plus qu’une poignée d’ouvriers. Un jeune technicien vient démonter une dernière machine à l’allure d’alambic. Il travaille, les ouvriers bavardent, se promènent, jouent aux cartes, boivent sous des parasols colorés, avec, tout au long du film, le désir qui a du mal à se concrétiser. Personne en bleus de travail ! «J’en ai assez de ces stéréotypes !» : Guiraudie, on l’aura compris, cherche à montrer autrement les choses et les gens, à casser certaines représentations misérabilistes ou sur l’homosexualité. «Je veux offrir un regard singulier !» C’est chose faite. ANNIE GAVA

Vous avez dit Indiens ? Sacheen Littlefeather © X-D.R

Dans le cadre de la 3ème édition des Rencontres de cinéma amérindien, l’association Apatapela a présenté aux Variétés The Reel injun (Hollywood et les Indiens) de Neil Diamond, un documentaire Cree. Le réalisateur traverse l’Amérique sur les traces des représentations des Premières Nations par Hollywood : extraits de films, des premiers, muets, jusqu’aux post modernes comme Dead

man en passant par les westerns mythiques, interviews de cinéastes, Clint Eastwood (difficile à rencontrer mais amadoué par le sirop d’érable, a précisé Ernest Webb, le producteur présent au Variétés !), Jim Jarmusch, du costumier Richard Lamotte, de scénaristes, acteurs et militants autochtones comme le poète John Trudell, Chris Eyre, ou Sacheen Littlefeather, envoyée par

Marlon Brando pour refuser en son nom l’Oscar du meilleur acteur 1973 pour son rôle dans Le Parrain, qui a bravé le monde du cinéma, lisant un texte dénonçant le traitement que réservait l’industrie du film aux Amérindiens. Neil Diamond est allé rencontrer à Igloolik Zacharias Kunuk, réalisateur d’Atanarjuat, la légende de l’homme rapide, lauréat de la Caméra d’or, après s’être rendu dans les lieux mythiques des westerns tels que la Monument Valley ou les Black Hills du Dakota du Sud, pays natal de Crazy Horse. C’est ainsi que tout au long du film, le spectateur, tout comme les élèves de l’école de Crow Agency auxquels on montre des images de Little Big Man, prend conscience de l’évolution des représentations de ceux que le cinéma appelle les Indiens : successivement héroïques, nobles, sauvages, violents, toujours sauvés par l’humour. Un film très bien construit et passionnant ! ANNIE GAVA

L’esprit du lieu, c’était le thème choisi ce 7 avril par La Compagnie dans son espace de création contemporaine réhabilité par Ricciotti, en plein cœur de Belsunce. Marie Reinert, performeuse, vidéaste, y a présenté deux de ses «films d’entreprise» : Faire (2008) tourné en collaboration avec les archives de Rennes et Roll on Roll off (2010) issu d’une résidence organisée par Mécènes du Sud dans la société Marfret, et réalisé à l’intérieur d’un navire marchand entre Marseille et Alger. Deux univers distincts associés dans une même démarche artistique loin du documentaire : s’immerger dans le quotidien d’un lieu clos, capter des mécanismes, des trajectoires, des mouvements, des rythmes. Soustraire, fragmenter et abstraire pour recomposer. Dans le premier film, les Archives rennaises se géométrisent en noir et blanc. Les objets, dont le cadrage diffère l’identification, débordent les plans. Les lieux d’abord déserts s’effacent soudain dans la séquence finale. Le bourdonnement modulé qui accompagnait les images s’interrompt laissant place au silence et à un étrange ballet où des employés, sans support matériel, miment leur gestuelle coutumière. Dans le deuxième, l’exploration, au sens médical du mot, dans le ventre d’un roulier procède du même intérêt pour la prégnance du lieu et la chorégraphie du travail. Sur les grincements métalliques, le cliquetis des chaînes, les voix grésillantes de l’équipage ukrainien dans les micros, la caméra, corps étranger, sonde les entrailles du bateau, suit à distance les procédures réglementaires incompréhensibles aux non-initiés. Le film d’entreprise devient ici entreprise de l’artiste pour capter, sans pouvoir y participer, «les flux qui circulent entre énergie et code.» ÉLISE PADOVANI Marie Reinert, Roll on Roll off


Bonnes intentions

Le Voile brûlé de Viviane Candas © Ludovic Perez

Le film de Viviane Candas relève d’une démarche courageuse, généreuse, honorable : financé par la Région PACA, tourné en 3 semaines à l’Estaque dans l’unité d’habitation des Cèdres, et au cinéma l’Alhambra, son film, adaptation de son roman Le Voile brûlé, a reçu un accueil chaleureux du public venu assister à sa projection en avant-première, et constitué pour une grande part des acteurs amateurs du film, et de leurs voisins et parents. Aïcha Sif, Conseillère régionale en charge de la culture, le soulignait avec force en présentant le film : c’est en intégrant le cinéma dans le quotidien des habitants, de tous les habitants, qu’il pourra à nouveau leur appartenir. Le film cependant n’est pas un chef-d’œuvre. Non qu’il soit dénué de savoir-faire, d’une poétique certaine : Viviane Candas sait profiter d’une belle lumière, filmer en très gros plans, capter les gestes et les regards, les architectures, écrire aussi, dans les replis de ses dialogues, les sentiments profonds qui habitent ses personnages. Mais les acteurs amateurs sont très inégaux, les plus gênants étant ceux qui, habitués à une pratique théâtrale, parlent trop fort et jouent trop large, surtout en des plans si serrés : savoir diriger des amateurs au cinéma est un art qui consiste essentiellement à gommer… Plus gênant encore, le film n’échappe pas à de nombreux «clichés», relevés par un groupe de jeunes islamistes voilées venues faire du ramdam à la fin du film : si quelques parents musulmans interdisent en France à leurs enfants d’aller au théâtre, aucun n’a pour l’heure reçu de vitriol sur le visage pour avoir fréquenté les planches. Le fait divers dont elle s’inspire, survenu en Algérie pendant les années noires, n’a guère de probabilité de se produire ici, du moins dans le contexte d’un Islam modéré, ou absent, où elle plante le décor de son film. D’autres passages de son film dérangent par leur indécision : le personnage entretient une relation érotique à sa sœur au début du film, puis cela disparaît ; les Islamistes radicaux qui influencent le frère, et que les acteurs appellent les «barbiches», ont des tenues surprenantes (moustache d’Hitler, béret basque incongru…) ; les foulards colorés dont se coiffent les femmes en jupe assez courtes ne correspondent à aucune réalité identifiable. Une stigmatisation de l’Islam ? Certainement pas dans ce film où l’art et la littérature sont décrits comme des moyens d’intégration et d’apaisement. Mais sans doute pas le meilleur moyen de lutter contre des Musulmanes rompues à l’affrontement verbal, venues défendre leur liberté de porter ce signe d’«identité» si paradoxal, décrit dans le Coran et dans la Bible, sans ambiguïté, comme la marque d’une soumission acceptée à l’ordre des hommes, et de Dieu. AGNÈS FRESCHEL

Le voile brûlé a été présenté en avant première, en présence de l’équipe du film, le 30 mars


62 LIVRES JEUNESSE

À nous deux, Paris !

Après les 6 tomes d’Aya de Yopougon, Clément Oubrerie (voir p. 63) se lance dans une nouvelle série, située dans le Paris des années 1900 et centrée sur le personnage de Picasso. Le scénario de Julie Birmant l’a tout de suite séduit : admirateur de l’œuvre du peintre catalan, il est aussi fasciné par sa personnalité «vampirique». L’album retrace les premières années de Pablo à Paris, lorsque le jeune Espagnol mal dégrossi découvre la ville-lumière et tâtonne à la recherche de son style. Mais il les retrace à travers le regard d’une femme qui resta longtemps dans l’oubli (Picasso lui avait ordonné de se taire), «la belle Fernande», un modèle très

apprécié de nombreux peintres de l’époque. Omerta picassienne oblige, on n’a que très peu de photographies de Fernande. Oubrerie a donc pris plaisir à recréer sur le papier la 1ère égérie du peintre. Ce 1er volet relate leurs errances parallèles jusqu’au début de ce qui deviendra une passion. Au fil de ce récit très documenté, le Paris de l’Exposition universelle et du Bateau-lavoir ressuscite, un Paris bohème et crépusculaire où se croisent grisettes, marchands d’art et figures montantes de la littérature. Parmi elles, Max Jacob, dont la rencontre fut décisive pour Pablo.

Pablo.Tome 1 : Max Jacob Julie Birmant et Clément Oubrerie Dargaud, 16,95 € À suivre, le tome 2 intitulé Guillaume Apollinaire

FRED ROBERT

Celle qui parlait aux arbres BD, années 30 Sanctuaires ardents, premier roman de Katherine Mosby (mais le 2ème traduit en France), dessine deux captivants portraits de femmes. Vienna est une New-yorkaise rousse, cultivée et indépendante. Ayant épousé trop vite un homme de Virginie elle se retrouve dans la solitude d’une immense propriété, et la société rétrograde et raciste du Sud des années 30.Très vite elle est jalousée, crainte et rejetée. Son mari étant parti vivre d’autres aventures, elle devra élever seule ses deux enfants... Autre personnage féminin attachant : Willa, sa petite fille, que l’on suit jusqu’à son adolescence et la perte de sa virginité. Épisode superbe, en pleine nature, avec l’évidence des choses qui doivent arriver : Addison était tombé amoureux de Willa dès qu’il l’avait vue, elle avait 8 ans et lui 11 ! D’une facture classique le roman évoque sans stricte chronologie les errements de ces personnages principaux et d’une multitude d’autres, souvent croqués avec humour. Il nous promène dans une forêt complice, nous immerge dans l‘univers d’enfants imaginatifs et libres, nous fait rêver de poésie avec Vienna et désirer à travers le regard

d’Addison. L’amour des arbres, des animaux, une harmonie avec la nature servent d’écrin à cette histoire, qui a des accents de tragédie mais de beaux élans d’espoir, et d’envie de vivre. CHRIS BOURGUE

Sanctuaires ardents est sélectionné pour le Prix littéraire des Lycéens PACA (remise du prix le 24 mai) Sanctuaires ardents Katherine Mosby Traduit de l’anglais (USA) par Cécile Arnaud Quai Voltaire, 23 €

Dans l’ombre du maître

En 300 pages noir et blanc qui se lisent d’un trait, Robin dessine la biographie de Titus, Le fils de Rembrandt. Sous la forme d’un récit à épisodes échelonnés de 1645 à 1669, Cornélia, la demi-sœur de Titus, raconte à Titia sa fille (qu’il n’a pas eu le temps de voir naître) la brève et modeste histoire de celui qui fut surtout le fils du célébrissime peintre hollandais. L’histoire d’une famille à Amsterdam au XVIIème siècle en somme. Marquée par les deuils, les épidémies (de peste entre autres) et les problèmes d’argent d’un père certes génial, et truculent, et plein de vie, mais bien piètre gestionnaire, de surcroît souvent rude avec ses servantes-maîtresses, qui

De briques & de sang plonge le lecteur dans l’histoire d’un lieu extraordinaire. Il s’agit du Familistère, projet de l’ingénieur Godin pour loger ses ouvriers et leur offrir confort et éducation. Achevé vers 1879, à Guise dans l’Aisne, selon les principes des phalanstères de Fournier, le palais social réunissait l’usine, les habitations, l’école. Une vraie petite ville, cadre idéal d’un polar pour le scénariste fasciné qui y a imaginé une intrigue criminelle sur fond d’internationale ouvrière à la veille de la Grande guerre. Le dessinateur a travaillé à la plume pour les plans généraux alors que les scènes et les portraits sont colorés de teintes sombres, ainsi que les nombreux gros plans. Un travail en duo réussi. C’est le parti-pris du noir et blanc tendance sépia qui a été adopté par le dessinateur de Championzé. Eddy Vaccaro confie que le crayon gras lui permet non seulement d’exprimer le dur et le doux, mais d’être plus rapide et, en ce sens, plus proche de

veillent pourtant sur le jeune Titus, et plutôt négligent envers son fils. Le trait jeté, à la limite de l’esquisse parfois, croque la courte existence de ce héros ordinaire et sensible en une série de scènes de la vie quotidienne qui en offrent une vision fraîche et non dénuée d’humour, malgré les vicissitudes. On prend donc plaisir à feuilleter ce roman graphique, à glaner de jolies vues d’Amsterdam et à suivre les aventures sentimentales du jeune homme, même si on ne saisit pas toujours la motivation profonde de cette évocation. F.R.

l’écriture. Le scénario reprend l’histoire de Battling Siki, champion de boxe du monde en 1922. Ou comment un «petit nègre» de St Louis du Sénégal va se retrouver en France, devenir un grand boxeur et épouser une alsacienne. Un parcours fulgurant, achevé dans le sang en 1925. Les auteurs font revivre cette histoire empreinte de racisme quotidien. De quoi faire réfléchir les jeunes lecteurs. C.B.

Le fils de Rembrandt Robin Sarbacane, 19,50 € Cet album est sélectionné pour le Prix littéraire PACA des lycéens et des apprentis

Ces BD font partie de la sélection du Prix des lycéens PACA De briques & de sang Régis Hautière (scénario) & David François (dessin) Casterman-KSTR, 16 € Championzé Aurélien Ducoudray (scénario) & Eddy Vaccaro (dessin) Futuropolis, 20 €


JEUNESSE | BD LIVRES 63

Du dessin avant toute chose Clément Oubrerie © Rita Scaglia

Clément Oubrerie est un dessinateur heureux. Il a exploré, depuis 20 ans déjà (on ne le croirait pas, à le voir si juvénile et malicieux), tous les domaines

graphiques ou presque : illustration de livres jeunesse, infographie de presse, publicité, film d’animation… Aujourd’hui c’est dans la BD qu’il trouve son bonheur. Aya de Yopougon, dont le 1er tome a reçu le Prix du premier album à Angoulême en 2006 et dont le 6ème vient de paraître, les ont rendus célèbres, la scénariste Marguerite Abouet et lui (voir Zib’38) : 500 000 exemplaires vendus en France, traduite en 20 langues, la série des Aya se porte bien ! Il est temps désormais de passer à une nouvelle série ! Voici donc Pablo, ou l’histoire cachée de Picasso. Les 4 tomes sont déjà écrits par Julie Birmant, qui a initié le projet, le premier vient de paraître (voir p. 62). Interrogé par Boris Henry à La Réserve à Bulles, Oubrerie est longuement revenu sur cet album, et son travail en général. Un long temps de documentation. Des inspirations diverses : les croquis que Picasso faisait de ses amis, mais aussi L’Assiette au Beurre, revue mondaine et satirique des années 1900, certains nus de Degas… Une technique privilégiée : ici, le fusain. Il ne s’agit pourtant pas de «faire de l’art à partir de la vie

de Picasso». Oubrerie n’a pas cette prétention. Ce qu’il veut, c’est raconter une histoire ; pour lui, l’essentiel de la BD est là, dans les dialogues et la vie des personnages. Et lorsqu’on lui demande pourquoi il n’écrit pas lui-même ses scénarios, il répond qu’il n’est jamais satisfait de ses dialogues. Il préfère donc s’appuyer sur ceux des autres, afin de raconter l’histoire à sa manière, par le dessin. Pour Pablo, il a même confié la couleur à Sandra Desmazières. Il lui raconte les couleurs (sic), elle se débrouille pour les réaliser. Ainsi, il peut se consacrer à ce qui lui plaît vraiment, le dessin, encore et toujours. Outre le 2ème tome de Pablo, ce dessinateur acharné a plusieurs autres projets en cours, dont un Django Reinhardt avec Joan Sfar. Sans compter la réalisation d’Aya, le film ! FRED ROBERT

Clément Oubrerie était invité fin mars à La Réserve à Bulles, dans le cadre des Itinérances littéraires proposées par l’association Libraires du Sud

Images en éclats © Louise Lefort

La BD, un art ? Le 9ème même ! Aix lui rend un bel hommage avec les 9ème Rencontres du 9ème art, multiplication parfaite ! Manifestation éclatée par la ville avec des pôles spécifiques : histoire et technique aux Archives avec les Chemins de l’eau de Baudoin (voir p. 76) ; archéologie et reconstitution de l’Aix romaine antique à l’Office du Tourisme, avec les prémices des futures aventures d’Alix, le héros de Jacques Martin (disparu en 2009), qui se retrouvera dans une Aquae Sextiae représentée par trois dessinateurs de Casterman ; reconstitution aussi du Cabinet du professeur Lecoq de Donatien Mary et Didier de Calan au Muséum d’histoire naturelle pour apprendre enfin la vérité à propos de la disparition des dinosaures, sans compter ceux qui auraient survécu de nos jours, comme le Cookie-raptor ou le Freudosaurus Sex… Au musée des tapisseries Philippe UG et sa curieuse ingénierie papier, ses Robopop(s), un art du pop-up poussé à l’extrême ; des personnages de cartoon tribal transfigurés sur le mode burlesque par Seb Niark1 à Seconde Nature ; la galerie Susini accueille le monde foisonnant et onirique de Franck Omer ; le noir et blanc qui sait créer la distanciation nécessaire au réalisme des dessins de Frédéric Pajak, dans sa représentation des rues et des bateaux du Port de Marseille ; en partenariat avec la galerie Nomade Arts Factory, la galerie Vincent Bercker ouvre ses portes à une expo-vente des plus belles impressions de Charles Burns, Killofer, Willem et Winshluss ; Thomas Azuelos présente son travail de peinture

pour le film d’animation Chienne d’histoire (palme d’or du court à Cannes) et ses illustrations jeunesse à l’espace Enfance Jeunesse ;

hommage à Aragon à l’atelier Cézanne, à Mitsushige Nishiwaki avec sa série Soho à la galerie Regard contemporain ; et au réalisme subtil (avec des proportions peu orthodoxes mais symboliques de l’intériorité des personnages) de Louise Lefort. La Cité du livre enfin, offre à la fois des espaces de création avec ses CuEBDes qui permettent de révéler de jeunes artistes ; des rétrospectives, comme celle de l’Institut National de Sécurité, affiches de sensibilisation aux dangers présentées sous un angle décalé, par Ferraille et les Requins Marteaux ; un regard sur la BD Belge, le travail de «Génération spontanée», l’étude du réseau éditorial du XXIème siècle. Et puis le collectif Fremoc, la cinémécanique de Vincent Fortps, et son univers étrange et nappé de brumes, la plongée onirique de Michaël Matthys dans le monde

industriel, jusqu’à peindre avec du sang de bœuf, les incroyables paysages au stylo bille de Dominique Goblet, les eaux fortes de Frédéric Coché… Les supports, les thèmes sont aussi variés que riches. À cela se sont ajoutés les 14 et 15 avril courts métrages, signatures, conférences apéro-rencontres. Les expositions se poursuivent jusqu’à des dates diverses : une belle effervescence autour d’un art qui depuis longtemps ne se réserve plus aux enfants ! MARYVONNE COLOMBANI

www.aixenprovencetourism.com

Urruty © Amandine Expo CuBDes


64 CD/DVD MUSIQUE

Wire, au fil du punk Entre déferlante punk brute de décoffrage des origines et rythmiques atmosphériques fouillées des derniers opus, cette Black Session des infatigables britanniques de Wire offre la palette idéale à la redécouverte d’un groupe louvoyant sur la vague post-punk dont il est un des fondateurs. Enregistré en 2011 sur France Inter lors d’une des dernières émissions de Bernard Lenoir, cet album permet de franchir d’un bond l’espacetemps revisité par les membres du groupe, du Pink flag de 1977 au Moreover du dernier album Red Barked Tree de 2011. Univers profond, secoué de spasmes de cold wave, teinté des touches expérimentales qui

ont fait la longévité de ce groupe, la patte des Wire se reconnait, se goûte, se savoure. Ils réapparaissent en pointillés au fil des ans, et cet album prouve à la fois leur maîtrise du live et leur capacité à faire évoluer un genre qu’on aurait pu croire cantonné aux tréfonds des années 70. Punk is not dead, for sure! PASCALE FRANCHI

Black Session Wire Pink Flag, 12 €

Allez Grèce Loin des images d’Epinal sur le Sirtaki hollywoodien, Paka Paka Corporation (PPC) se réapproprie le répertoire traditionnel grec, complété de compositions revisitant notamment le rebetiko, musique populaire apparue dans les années 20. Mais PPC passe aussi les frontières, et puise dans ce que le temps et les échanges avec le Moyen-Orient et les Balkans ont apporté à la musique hellénique. Les cinq musiciens de culture méditerranéenne variée explorent en effet les sonorités de Roumanie, Bulgarie, Turquie, Irak, Liban, Iran sur lesquelles ils laissent aussi place à l’improvisation. Une palette d’instruments (bouzouki, oud, violon, accordéon, clarinette, lavta, derbouka, doholla, davul,

def, riqq, santour, saz, laouto, guitare) accompagne les poèmes chantés par Fanis Karoussos. Paka Paka Corporation ne se contente pas de faire découvrir la diversité de rythmes ancrés dans un patrimoine. Il s’attache à rendre une musique vivante par leur jeunesse et la diversité des origines et des expériences de chaque musicien. THOMAS DALICANTE

Kaki Fimi Paka Paka Corporation L’autre distribution

Morceaux d’outre-tombe Créateur du label Léda Atomica Musique qui organise le festival les Inovendables, Phil Spectrum a l’esprit de famille. Avec Transylvania, le compositeur marseillais revient à ses origines punk rock, dans une ambiance «sarcastanique». Avec La chose, la smala Spectrum prend les traits de la famille Adams pour nous faire déambuler dans leur maison hantée. Beaucoup d’autodérision dans cet album conceptuel qui offre également deux reprises en total décalage avec l’univers spectral du quatuor : Requiem pour un con de l’inclassable Gainsbourg et These boots are made for walkin’ de l’icône du cool Nancy Sinatra. En chef d’orchestre croque-morts, Phil laisse une place de choix à sa descendance : Tom

à la guitare, Lou aux clavier et chants, Val à la basse. Voix enfantines, rires démoniaques, riffs à la sauce orientale, synthés naïfs, Transylvania évoque aussi parfois la noirceur planante d’un Bashung. Les histoires de personnages féminins tels que Lili, Cécile Bon ou Simone côtoient celles de Nosfératu ou d’un drôle de Testament. T.D.

Transylvania The Spectrum Family Album disponible sur commande, 15 €

Bienvenue chez Boni

Figure du jazz et de la musique improvisée, Raymond Boni a deux amis : la guitare et l’harmonica. Dans Welcome, enregistré au Gmem à Marseille, en clin d’œil à Coltrane, il parvient presque à fondre ses instruments fétiches en un seul, à les rendre en tous cas indissociables. Parfois méconnaissables. Ici, des sons de la mer invitent au voyage dans une musique expérimentale toujours accessible. Là, des sonorités flamenca ou tziganes rappellent que l’univers de Boni n’est pas inconnu à nos oreilles latines. L’espace et le temps ne sont pas des données rationnelles, d’Un manouche à New-York et ses quasi quinze minutes à

Black is the colour of my true love’s hair, hommage à Nina Simone (et Berio ?), de 3’24 minutes. Ce qui fait courir Boni ? Pas la recherche d’avant-garde mais plutôt celle d’«une musique directe sans coupure liée aux sons de la vie», comme il l’explique dans le livret. Un musicien qui espère «ne pas être le seul à choisir la fragilité». T.D.

Welcome Raymond Boni Émouvance


Plateau royal au Met En marge des représentations de l’opéra Le Comte Ory à Marseille (voir p. 27), on ne manque pas cette nouveauté enregistrée l’an dernier au Metropolitan Opera. C’est la première fois que cette œuvre écrite en français par Rossini (1828) était représentée sur la scène new-yorkaise : un ouvrage fantaisiste, proche parfois de la farce, finalement assez peu joué en raison, en particulier, de la difficulté vocale des principaux emplois. Là, on est servi par une distribution luxueuse, sans doute la meilleure actuellement. C’est le ténor-star JuanDiego Florez qui incarne le rôle-titre, un gentilhomme séducteur profitant du départ aux croisades des hommes du pays pour tenter d’aborder, par divers stratagèmes, la vertueuse Comtesse Adèle, chantée avec force colorature par Diana Damrau. En ces temps où Tweeter n’existait pas Rossini n’a pas hésité, pour son avantdernier opéra, à reprendre en grande partie, en s’auto-plagiant, des pans entiers du Voyage à Reims. Les paroles changent, comme la langue, d’un ouvrage à l’autre, de l’italien au français,

mais la musique reste. Ajoutons que la grande mezzo Joyce DiDonato interprète le page travesti Isolier et que Stéphane Degout (primé aux dernières «Victoires de la musique») barytonne à souhait dans Raimbaud. Une production classique signée Bartlett Sher, récompensée outre-Atlantique et dirigée par Maurizio Benini ! JACQUES FRESCHEL

Le Comte Ory 2 DVD Virgin classics 0709599 3

De la musique avant toute chose ! Il vient de chanter brillamment, à l’Opéra de Marseille, le personnage de Raimbaud dans Le Comte Ory de Rossini (voir p. 27). Dans la foulée, il a donné une master-class sur Pelléas et Mélisande (voir p.2 7). On l’a entendu dernièrement dans Don Giovanni à Marseille, Roméo et Juliette et Faust aux Chorégies d’Orange… et on l’attend encore Place Reyer pour les saisons à venir ! Jean-François Lapointe est actuellement l’un des barytons les plus en vue : son timbre brillant, puissant et cuivré fait mouche auprès des aficionados de l’art lyrique. Mais il ne faut pas s’y tromper, ce Québécois est un fin musicien. Loin des effets de cirque -il en a les moyens- Jean-François Lapointe n’est pas une machine à sons. Pour preuves : deux enregistrements consacrés à la mélodie française ! Verlaine mis en musique par Reynaldo Hahn, Fauré, Debussy et André Mathieu (un compatriote), Le Poème de l’amour et de la mer de Chausson et des bijoux de Duparc. La douceur, la demi-teinte sont de mise, dardées ci où là de quelques éclats bienvenus. Il y a longtemps qu’on n’avait écouté à la loupe ce répertoire, depuis de grands barytons

passés à l’intime exercice du poème chanté (Maurane, Souzay, Bacquier, Fischer-Dieskau, van Dam…). J.F.

Verlaine Analekta AN 2 9922 & AN 2 9924 www.analekta.com www.jeanfrancoislapointe.com


66 LIVRES/DVD ARTS

Belles bêtes

Ce documentaire destiné à tous propose un prolongement à l’exposition Beauté Animale du Grand Palais à Paris (jusqu’au 16 juillet). L’auteur de la passionnante série Palettes, Alain Jaubert, puise dans les œuvres exposées pour construire un parcours aux multiples entrées. Beauté Animale ne célèbre pas seulement l’esthétique animalière (Pompon, Barye). De Lascaux à Louise Bourgeois, il interroge par allersretours historiques le lien de l’homme à l’animal, et les modalités de représentation selon les époques, les cultures et les lieux. Sont ainsi convoqués les mythes (Rémus et Romulus, Léda et le Cygne...), la science (Buffon et Linné, chronophotographie d’un cheval au galop avec Marey et Muybridge), ses avatars (physiognomonie de Della Porta, Lebrun), certaines

doctrines esthétiques (par la théorie de l’angle facial Petrus Camper démontrait la supériorité de l’art grec), les arts décoratifs (les singeries du Rococo), l’animal dans la société (le portrait de chien s’invente à la Renaissance avec Bassano ou les vues carcérales de zoo par Gilles Aillaud), l’écologie (les images gardent trace d’espèces disparues par intervention humaine tel le dodo mauricien). Dans cet ensemble disparate mais captivant on aurait bien voulu voir les chiens et les rats de Vélickovic ou encore ce que la bande dessinée pourtant si riche sur le sujet animalier nous dit. Ce documentaire est complété sur le même DVD avec Lascaux, préhistoire de l’art réalisé quelques années auparavant par le même auteur.

La beauté animale Alain Jaubert Arte Éditions/RMN, 15 €

CLAUDE LORIN

Les fusillés de Chateaubriant 22 octobre 1941, le front de l’Ouest entre marée haute et marée basse. Dans la carrière de la Sablière près de Chateaubriant, neuf poteaux alignés. 27 prisonniers politiques du camp de Choisel, dont Guy Môquet, un gamin de 17 ans, vont être fusillés en trois passages successifs. Épilogue d’une tragédie initiée avec la mort du colonel Hotz abattu à Nantes par trois communistes, 33 heures auparavant. En représailles, Berlin a ordonné l’exécution de 150 otages, chiffre négocié à la baisse par le général Stûlpnagel. Rien n’arrêtera plus la mécanique fatale de l’obéissance militaire et administrative : chacun va accomplir son «devoir» au mieux : le sous-préfet pour établir les listes, la police française pour livrer les prisonniers, les officiers allemands pour les tuer «proprement». Le film de Volker Schlöndorff, La mer à l’aube, produit et diffusé par Arte, souligne la «logique» collective et individuelle, alibi de toutes les lâchetés. Pour retracer cet épisode tragique de l’histoire franco-allemande, le réalisateur s’appuie sur trois textes : Guy Môquet, une enfance fusillée, biographie

de Pierre-Louis Basse, Le legs, nouvelle de Heinrich Böll enrôlé ce jour-là dans le peloton d’exécution, les notes de Ernst Jünger en poste à Paris. Tout y est de ce que l’on sait : le chant des suppliciés devant les fusils, leur dignité face à une mort qui les révèle héroïques, les tiraillements politiques du moment, l’insupportable beauté du monde qu’on doit quitter, la fameuse lettre de Guy sans rature, ni trem-blement. Desnos, Cadou, Vercors-Melville et Aragon, en écho. Léo Paul Salmain (prix d’interprétation FIPA 2012) incarne avec brio un Guy Môquet rieur, sportif, dragueur, martyre malgré lui, défiant les récupérations posthumes de toutes sortes. ÉLISE PADOVANI

La mer à l’aube Volker Schlöndorff Arte Éditions, 20 € www.arteboutique.com

Des rives et des œuvres Avant leur industrialisation et l’expansion urbaine, la Côte Bleue et l’étang de Berre pouvaient apparaître comme des motifs maritimes idéaux, au même titre que d’autres rivages méditerranéens entre Collioure et Menton. Claude Darras s’en est emparé avec profond intérêt : commençant son parcours dès le XVIIIème siècle avec les dessins de Jean-Antoine Constantin, qualifié de «père des paysagistes provençaux» jusqu’aux artistes actuels, naviguant de l’Estaque à Saint Chamas, l’auteur explore l’histoire et la géographie de chaque site pour convoquer noms emblématiques comme moins renommés. Cézanne, Renoir, Derain, Dufy, Braque firent de l’Estaque un des lieux de naissance de l’art moderne. Monticelli, Marquet, Guigou, Ambrogiani posèrent aussi leur chevalet alentour, Surian, Nasser Al-Aswadi plus récemment. Mais qui aurait pensé à Picabia, futur trublion dadaïste, traitant par le dessin académique puis dans un genre impressionniste la Martigues de Ziem ou La Mède ? Grâce

à une iconographie outrepassant largement ses exposés Claude Darras nous fait découvrir comment la petite Venise provençale et la mer de Berre inspirent aussi nombre d’artistes comme Chabaud, Seyssaud ou plus contemporains tels Constant, Michel Stéfanini, Alfons Alt. Un beau projet, même si le plaisir de la lecture est peu servi par une maquette banale et parfois confuse. La Côte Bleue vue par les peintres peut aussi s’emporter comme un guide invitant à rejoindre les œuvres exposées dans les musées tout proches : Ziem à Martigues, Cantini à Marseille, Granet à Aix et dans le village pittoresque de Saint Chamas. C.L.

La Côte Bleue vue par les peintres De l’Estaque à l’étang de Berre Claude Darras Gaussen, 19,90 €

Le film a été diffusé sur Arte les 21 et 24 mars


PATRIMOINE

Épatantes étapes Le 8ème volume de la collection Demeures de l’esprit est le 4ème consacré à la France. Il s’intéresse au grand sud-est couvrant les régions Rhône-Alpes et Provence-AlpesCôte d’Azur. C’est un pavé bien illustré, heureusement écrit par un homme de plume, qui se présente comme un guide touristique intello pour amoureux des lettres et accrocs au patrimoine… Si c’est un vrai guide, avec ses horaires de visites et détails pratiques, on comprend, dès l’incipit, que l’objectif de Renaud Camus voit plus loin : sa focale fine diffracte les idées, projette des lumières sur les lieux où ont vécu de grands hommes (et quelques femmes), écrivains et poètes, peintres ou musicien, inventeurs, aventurière : Picasso à Vauvenargues, Mme de Sévigné à Grignan, Berlioz à la Côte-Saint-André, Mistral à Maillane, Bosco à Lourmarin, Giono à Manosque ou les frères Montgolfier en Ardèche, Maurras à Martigues,

Cézanne au Jas de Bouffan, Nostradamus à Salon, Renoir à Cagnes, Fragonard à Grasse, Alexandra David-Néel à Digne… 31 demeures, dont la plupart des Maisons des Illustres récemment labellisées (voir p. 7) sont croquées comme autant prétextes au développement de la pensée, autour de l’œuvre et de la vie du proprio (pas toujours célèbre comme ceux cités cidessus), critiques sur l’entretien, le cadre, la restauration des lieux, et moult digressions sur les concepts de «patrimoine» et de «musée»… pour que l’esprit demeure ! JACQUES FRESCHEL

Demeures de l’esprit France IV, Sud Est Renaud Camus Fayard, 34 € www.fayard.fr

Marseille et la terreur Dans Le jour du safran Richard Carta, sous couvert de roman historique, brosse un portrait de la ville de Marseille précis et documenté. En une véritable leçon d’architecture vivante l’on voit les lieux familiers se transformer, reprendre leurs fonctions originelles, retrouver l’essence de leur nom, tandis que tout un monde les anime. Les petits métiers, l’atmosphère des rues à travers les détails précis, les voix, les odeurs, les couleurs, renaissent. On y a la recette du savon de Marseille enseignée avec vigueur, les méthodes de pêche, les lois commerciales, les strates sociales, la vie des quartiers… Tout cela sur fond de Terreur révolutionnaire. L’intérêt réside ici en ce que les faits sont analysés du point de vue de Marseille. Le fonctionnement des clubs, de la justice, les petitesses liées à ces périodes de

crise, les superstitions de cette fin du XVIIIème, l’engouement pour les tarots, la fascination encore puissante pour l’alchimie alors que la science progresse, et pressent même les atomes et la nature de la matière. Les enseignements de la Franc-Maçonnerie sont intimement mêlés à la trame romanesque qui emporte l’un des héros jusqu’en Angleterre. L’art du combat naval occupe aussi une belle place dans l’ouvrage et lui donne son nom. Un livre passionnant, grâce à son travail de documentation. MARYVONNE COLOMBANI

Le jour du safran Richard Carta Jeanne Laffitte, 22 €

La matière et la vie Au moment où Maylis de Kerangal, après son Prix Médicis, vient de sortir un nouveau roman, une Tangente vers l’Est, un petit ouvrage vient ouvrir une autre porte de son univers. Pierre feuille ciseaux est né d’une rencontre avec un territoire particulier : à Stains coexistent, dos à dos, deux ensembles d’habitations : le Clos Saint-Lazare, cité violente cumulant les erreurs architecturales des «mastodontes», et la Cité Jardin, village communautaire du début du XXe siècle, sorte de phalanstère plus humain, mais totalement séparé de sa voisine par un champ en friche, quelques jardins ouvriers résiduels, et le chantier du nouveau bâtiment des Archives Nationales. En passant sur ce territoire rencontré à l’occasion d’un atelier chorégraphique que Thierry Niang menait avec des enfants, Maylis de Kerangal a rencontré les photographies de Benoît Grimbert. Désertes. Sans âme qui y vivent, que deux silhouettes vagues traversent sans les voir. Des bâtiments comme poussés de la terre, photographiés toujours dans la végétation anarchique qui les entoure comme si elle reprenait ses droits, et entourés d’objets impensés. Poteau électrique d’où partent

des myriades de fils, voiture seule. Débris. Grues qui construisent le ciel au-dessus de sillons de terre. Murs qui séparent et que la vigne vierge recouvre. De ces photos désertes qui disent tant de blessures collectives Maylis de Kerangal a fait surgir des personnages. Un garçon du Clos Sant-Lazare, une fille de la cité Jardin, qui n’auraient jamais dû se rencontrer, et n’y parviendront pas ; une petite fille séparée de l’amour de sa mère et qui va commencer à danser. Les phrases, longues, architecturées, sensibles, de Maylis de Kerangal, se déploient pour raconter leur histoire. À partir des objets qu’ils rencontrent et qui, comme les photos, président à chaque phrase. Et un nouveau rapport entre texte et photo naît, comme les éditions Le Bec en l’air savent en faire surgir : qui n’illustre ni ne commente, mais construit de subtiles analogies. AGNÈS FRESCHEL

Pierre feuille ciseaux Maylis de Kerangal, Benoît Grimbert Le Bec en l’air, Collatéral, 15,50 €

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LIVRES

LITTÉRATURE

Elles avaient été deux

Amies depuis l’enfance, elles avaient tout vécu ensemble, les études, les émois adolescents, l’amour pour la poésie et les chansons à la mode. Et plus tard, «le moindre détail du quotidien avait été partagé, le dîner des enfants […], les films qu’elles voyaient, les livres qu’elles lisaient, leurs relations avec leurs maris.» Pourtant, la quarantaine venue, ce fut la séparation : «Peut-être le reflet rassurant mais déformé qu’elles se tendaient l’une à l’autre était-il nuisible ? Qui a besoin de se voir de si près ?» Après une vingtaine de livres pour enfants, Kéthévane Davrichewy écrit, avec Les séparées, son deuxième roman pour adultes, autopsie d’une amitié, plongée douce amère dans la confusion des sentiments. Ce court récit, qui se déroule sur une journée, fait alterner les points de vue d’Alice et de Cécile. L’une traîne dans un café et fait le bilan de sa vie ; l’autre est clouée sur un lit d’hôpital, plongée dans le coma après un «accident». Les courts chapitres s’enchaînent et vont et

viennent dans le temps, en un flux discontinu de souvenirs qui retracent un lien jadis fusionnel et son progressif délitement. Une histoire somme toute banale d’amitié perdue, que la subtilité du ton, tout en touches impressionnistes et en variations sur le motif, rend émouvante. Un retour aussi sur les années Mitterrand, toile de fond de ces «illusions perdues» contemporaines. Un joli roman, qui parlera à tous ceux qui ont souffert de blessures amicales. FRED ROBERT

Kéthévane Davrichewy était invitée en mars à la librairie Maupetit

Les séparées Kéthévane Davrichewy Sabine Wespieser, 18 €

Descente aux enfers Lourd et poignant l’ouvrage de Shimao Toshio, d’autant plus qu’il est autobiographique. L’auteur y narre la descente aux enfers de son couple. Le point de départ est relativement commun : l’épouse s’est rendue compte de l’infidélité de son mari, qui dure depuis 10 ans, et cherche à la lui faire payer. Thème de vaudeville, rien de bien nouveau, mais l’enchaînement des faits, l’exacerbation des sentiments fait plonger inexorablement le récit dans le registre de la tragédie. Interrogeant son époux, inlassablement, dans un ressassement maladif du passé, revenant sur les détails, sur l’infime, elle enferme leur couple dans un système d’aveux, de dévouement, de sacrifices, de suppliques, de menaces, de chantage, de violences dont les accalmies semblent encore plus dangereuses. Chaque vérité se détruit car le mensonge fondateur remet tout en cause, et le questionnement sur tout ce qui parait

vrai mais pourrait ne pas l’être devient une véritable torture pour les deux protagonistes. Le glissement vers la folie s’accélère, connaît des rémissions fragiles, des rechutes, abolissant toute possibilité de retrouver une sérénité. Tout tisse un univers de mots kafkaïen, récit à la première personne, accumulation de verbes, dans une observation de soi distanciée, clinique ; les verbes de pouvoir sont tous à la forme négative, et le personnage perd progressivement tout contrôle. Comme une écriture qui chercherait la vérité à l’envers de chaque mot, et en perdrait la parole. MARYVONNE COLOMBANI

L’aiguillon de la mort Shimao Toshio Philippe Picquier, 23 €

Polars dépolis Le transsexuel, le déficient mental, la voleuse, l’albinos, le milliardaire, le cul de jatte, l’homme laid, le rom, le handicapé, le mendiant, l’enfant grabataire, le sérial killer, le chirurgien esthétique, l’enfant schizophrène, le jeune autiste… Quinze nouvelles de trois à vingtsept pages pour collisionner l’esprit du Polar aux paradigmes des écorchés nos mondes modernes ! Avec de belles réussites (Être une femme de Nicolas Sker, On a déconné de Sébastien Gendron), quelques pages très émouvantes (Asperger, mon amour par Maxime Gillo), d’autres qui font froid dans le dos (La petite mécanique de l’horreur de Valéry Le Bonnec et Ondes de choc de Sophie Loubière). Et de jolies perles paradoxales, avec -comme il se doit- une coda finale en double sens ouvert (Un fauteuil pour deux de Gaëlle

Perrin), voire glissant carrément vers le fantastique (Une simple sortie en famille de Patrick de Friberg). Au bout du compte une très belle idée qui consiste à donner un thème large et puissant tout en laissant chacun libre d’arpenter ses propres territoires. Et puis surtout, en profondeur, une lecture tantôt politique, tantôt poétique, mais toujours arcboutée sur l’humanité inhumaine du monde. À lire en pensant à nos semblables, si différents… ÉDOUARD BARTHÉLÉMY

Les auteurs du noir face à la différence Recueil de 15 nouvelles Jigal, Polar, 15,90 €


LIVRES

Sky my husband Perplexité lourde devant ce dialogue à deux puis à trois autour d’une baise et d’un journal intime qui arbore tous les signes de la «pièce de théâtre»... L’auteur, Eugène S. Robinson, est un «fighter» américain qui se produit à l’Embobineuse et prend facilement Marseille pour San Francisco ; il est sacrément musclé et pose superbe en slip avantageux ; performe tatoué avec le groupe de noise Oxbow et s’est fait traduire par Samuel Rochery dans le cadre d’une résidence au cipM. Le titre sympathique et franc du collier (Les sons inimitables de l’amour) souligné d’un bien franchouillard et à l’ancienne plan à trois en quatre actes, la distribution des rôles entre Esther (femme de… qui couche avec...) Sam (ancien voisin de...) Henry (beau gosse) fleurent bon la série B mais malheureusement,

malgré Bill Evans, on n’est pas chez Tarentino. Labiche post-moderne ? Marivaux rock’n roll ? Non plus, malgré la délicate dissertation-hésitation sur le sens à donner au geste de cacher à son mari la vidéo de ses ébats avec deux autres hommes, ou l’angoissant questionnement sur les éclairages «quand tu éteins la lumière dans une pièce éclairée et que c’est sombre, qu’estce que tu ressens ?» Décalé, parodique, certes, mais si plat ! Satirique pas drôle en tout cas, et essentiellement ennuyeux. MARIE-JO DHÔ

Les sons inimitables de l’amour Eugène S. Robinson cipM / Spectres Familiers, 12 €

Fulgurantes traversées Depuis plus de vingt ans, Jean-Paul Manganaro à qui la littérature «française» doit de s’être enrichie d’immenses auteurs comme Italo Calvino ou Carlo Emilio Gadda, accompagne de son regard acéré et de sa plume vive l’expérience unique du Théâtre du Radeau, fondé par François Tanguy et Laurence Chable. L’ouvrage, déjà ancien puisque paru en juillet 2008, s’il ne traite pas de la dernière création Onzième (voir Zib’50), rassemble articles et études thématiques, propose en son centre une dizaine de pages de dessinsplans pour la scène du dramaturge et constitue déjà une «somme» d’intelligence en mouvement et de rigueur, accessible même à qui n’a jamais vu ceux du Radeau à l’œuvre. Travail de réflexion sur ce que peut ou doit la critique au long cours -donner à voir, apprendre à distinguer les lignes de force ou les signes plus secrets, questionner respectueusement les zones d’ombre- ce recueil témoigne avant tout de

l’expérience d’un homme qui dit «je» et interroge son émotion sans jamais l’isoler de sa source : le spectacle et ses interprètes. Jean-Paul Manganaro écrit toujours juste et serré, concentré sur le «motif» dont il rapproche les bords, conscient que le discontinu et «l’effilochure», le flux et le reflux, marques de fabrique de «ce» théâtre sont un défi à relever pour qui veut en rendre compte. Sans formule ni éclat de voix, sans analogie aveuglante et surtout pour «échapper aux faiseurs d’opinion et aux trafiquants d’influence» l’auteur fait surgir d’un art pauvre (la critique) l’évocation incarnée de l’art le plus riche qui soit. M.-J.D.

Jean-Paul Manganaro a participé aux Escapades Littéraires de Draguignan du 13 au 15 avril

Sous le viaduc En américain, le roman s’intitule Lost Memory of Skin. Le titre français, Lointain souvenir de la peau, choisi pour son euphonie, semble moins sombre. N’empêche, le constat est amer. Que reste-t-il de l’espèce humaine, à notre époque de virtualisation du réel, de déréalisation du monde ? «Le détachement ne nous est plus permis», affirme Russell Banks. Alors, une fois encore, le grand écrivain progressiste américain pose, par le biais de la fiction, les questions qui dérangent. Et, une fois encore, il embarque le lecteur dans un récit au long cours, un superbe roman allégorique qui happe et qui remue, tout résonnant de Twain, de Stevenson ou de Steinbeck. À la suite du Kid, jeune adulte de 21 ans, délinquant sexuel condamné, relégué loin de toute zone où pourraient se trouver des enfants, c’est-à-dire loin de tout, parmi «une petite tribu d’hommes obligés de vivre ensemble dans une caverne en pleine ville», sous le viaduc autoroutier qui relie le centre ville de Calusa, Floride, à son luxueux

front de mer. Ici, sous le viaduc, les hommes rechargent leurs bracelets électroniques à un groupe électrogène et ne sont appelés que par des surnoms. Ici, on survit dans l’indifférence générale. Le roman, né d’une réalité observée par Banks, interroge les formes contemporaines d’exclusion et de surveillance. L’addiction aussi, aux écrans, à la pornographie, à tous ces skin mag et skin flick qui «ne sont pas en peau, ils montrent juste des images de peau. La seule peau qu’ils te font toucher, c’est la tienne.» Une méditation romanesque sur la solitude et le manque d’amour. Dure mais pas désespérée. Magnifique. FRED ROBERT

Lointain souvenir de la peau Russell Banks traduction de Pierre Furlan Actes Sud, 23,80 €

François Tanguy et le Radeau Jean-Paul Manganaro POL, 12 €

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70 LIVRES DESBIOLLES | SANSAL | REBOTIER

L’impermanence des choses revient, en vagues successives, dévoiler les épaisseurs du temps ; les époques se catapultent, devenues voisines au creuset des énumérations qui les égrènent. Sourd ainsi une indéniable poésie. «Je répète le mot comme s’il allait advenir une réalité, comme si quelque chose allait apparaître dans cet appel au même.» Naissent ainsi des «ruines non pas fumantes, mais souvenantes», dans cette épopée qui nait du banal. Art du portrait,

tendrement ironique, de la description du travail, de la beauté des machines. «L’écriture est plus grande que nous» : transparaît la culture classique au détour, avant d’entrer de plain pied dans le mythe à travers une chanson d’enfance. MARYVONNE COLOMBANI

Maryline Desbiolles était présente aux librairies Apostille (Marseille) et Harmonia Mundi (Aix) dans le cadre des Escales en Librairies

Dans la route Maryline Desbiolles Seuil, Fiction & Cie, 16,50 €

Maryline Desbiolles © JZrome

«Il n’est pas de réalité figée, même à la campagne. C’est cette impermanence des choses après laquelle mon écriture ne cesse de courir», explique Maryline Desbiolles qui se plie au jeu des questions habilement mené par André Not, professeur de lettres à l’Université de Provence, à propos de son dernier ouvrage, Dans la route. Ce texte assez court, («guère épais», rit l’auteur qui n’est pas «sûre que la brièveté de ses textes soit un parti pris. L’écriture, affaire physique, est un sprint, avec de l’endurance à l’intérieur», d’où un ensemble «très resserré, pas de temps mort, pas de gras») reprend les personnages et les lieux qui servaient de cadre à Anchise (prix Fémina 1999), mais ici, il n’y a plus de recours à la fiction. Le texte est orchestré par la route, les travaux d’un rond-point, portion de route infime qui permet l’évocation non seulement des quelques habitants qui vivent ici, mais de l’histoire même de la route, depuis l’antiquité. La route «est chargée d’une mémoire que les gens ignorent, les gens autour sont des accidents, la route reste». Elle lie les personnages, ces «vies minuscules». La narratrice n’est pas en surplomb, elle est dans l’histoire comme les autres personnages. La construction du rond-point est due à un accident, de même l’écriture, il n’y a «pas d’enchaînement, ça dérape. Un mot fait déraper la chose, ça fonctionne comme ça par dérapages successifs». Les phrases, «comme des miniatures du livre» s’allongent, suivant le rythme d’un regard qui déchiffre les signes de paysages palimpsestes, d’où cette prose incantatoire qui ressasse,

Sans généalogie

Balade en Rebotier

Interrogé par un public nombreux, assis en rang serrés dans l’arrière salle de L’Attrape Mots, Boulem Sansal, bavard, évita longtemps de parler de son livre. Pour discuter des rapports franco-algériens, de souffrances des enfants des coupables, puis de son pays, éternel colonisé, dont il retraça en quelques anecdotes l’histoire interrompue de la non-existence, depuis l’installation des comptoirs grecs et la longue colonisation romaine, jusqu’à l’occupation Française, en passant par l’Ottomane. «Si vous voulez avoir accès aux archives du pays vous devez écrire à Nantes, à Istanbul ou à Rome. Même notre nom, l’Algérie, nous a été donné par hasard sur le coin d’une table.» C’est ainsi, en parlant de ce peuple qui ne sait pas qui il est, sinon qu’il a conquis son Indépendance par un terrorisme imposé («La France nous a-telle laissé le choix ?»), et qu’elle lui a été «confisquée dès le lendemain de la Libération», qu’il en vint mine de rien au sujet même de son dernier roman, Rue Darwin ou «darvin», comme le prononce Yazid. Un roman à la première personne, autobiographique certainement, mais qui au-delà reconstruit une mémoire effacée, que l’on entrevoit à travers un kaléidoscope étonnant, qui entremêle passé et présent, souvenirs et histoires de nombreux personnages, dont quelques splendides femmes fortes. Yazid, personnage central à la généalogie incertaine, à l’identité instable, porteur de traumatismes dont il ignore même l’existence, serait-il la métaphore de l’Algérie ?

La fin de vie de notre vieille Minoterie, avant sa renaissance, a été dignement fêtée par les ateliers d’élèves et d’amateurs constants qui vivent leur passion dans ces lieux, fidélisés par la chaleur et la qualité d’un enseignement qui se donne le temps d’écouter avant de transmettre. Tous se sont plongés, amateurs et professionnels, ados et adultes, débutants et aguerris, dans la langue de Jacques Rebotier, ses jeux de langage, ses pieds de la lettre, ses délicieuses surprises, ses listes et classements, sa révolte aussi, contre l’arnaque spéculative que nous vivons, et qui nous prive même du sens véritable des mots (il faut relire Les chiens de conserve !). Par petits groupes et par étapes ils nous ont transportés jusqu’au lieu où s’édifie le nouveau théâtre, puis sont revenus vers les vieux murs, et laissés… avec Rebotier lui-même, venu dire quelques-uns de ses jeux sur le jeu, longs aphorismes de théâtre, accompagné d’une altiste percussionniste qui savait se glisser dans sa logorrhée, et faire profit de ses silences. Une performance au micro, sans mise en scène, d’une simplicité qui seyait au lieu, et ne cherchait qu’à nous faire entrer en son monde, comme en ses livres : par de légers décalages, surréalistes pas de côté qui permettent de ré-observer le réel.

AGNES FRESCHEL

Boualem Sansal était présent à la librairie Vents du Sud, Aix, le 5 avril et à l’Attrape-mots, Marseille, le 6 avril, dans le cadre des Escales en Librairie

Boualem Sansal © Helie Gallimard

A.F.

La 19ème Livraison a eu lieu le 4 avril autour de la Minoterie © Philippe Houssin


ALPHABETVILLE

LIVRES

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L’art et le peuple

Jean-Paul Curnier © X-D.R

Le cycle initié par Colette Tron se propose de revisiter les relations entre ces deux insaisissables concepts, et pour explorer les tumultueuses pistes de réflexion qui apparaissent inéluctablement, elle a fait appel à la philosophie, la poésie, la littérature et la politique. Coup d’envoi le 5 avril, avec le philosophe Jean-Paul Curnier, lequel évoque le peuple sous l’angle du fantasme. «Il déplaît toujours, il est sale, mal habillé, c’est une déception permanente. En France en 1793, en 1924 en Russie... le peuple n’est jamais à la hauteur, alors on le purge,

on essaie de le corriger en fonction d’un idéal.» Quant à l’art, notamment le cinéma, il a beau entretenir quelques relations privilégiées avec lui -parce qu’il permet de donner une visibilité à ce qui n’en a pas- «il n’est pas aussi angélique qu’il en a l’air. La fameuse séquence de sortie des usines à Lyon a été tournée en 7 fois, parce qu’elle ne faisait «pas assez vrai». On n’a pas encore inventé le cinéma que déjà les frères Lumière savent ce qu’est un bon plan, comment on présente les ouvriers, à quoi ils doivent ressembler.» Jean-Paul Curnier affirme aussi que le

peuple n’existe plus, remplacé par une «sérialité de masse, noyé dans la solitude de l’individualité, sans consistance sociale». Reste un face à face entre l’État et les individus, ces derniers dépossédés de toute puissance politique, réduits à devenir un ramassis de consommateurs béats et frustrés, frustrés et béats. Les voies de la résistance ? Refuser d’en être réduit à son seul pouvoir d’achat, consommer le moins possible, «faire les choses et ne plus les réclamer», «contourner la bienfaisance», et trouver des réponses collectives aux problèmes qui se posent

à beaucoup. Ce que l’association Alphabetville propose de commencer à faire avec elle, jusqu’au 19 mai…

Des vies violentes. Des corps exposés Figures de l’émancipation de l’individu dans le cinéma contemporain le 3 mai 19h et 20h30 La Friche Conférence de Sylvain George, écrivain et réalisateur

F. Jameson par Olivier Quintyn, auteur et éditeur

GAËLLE CLOREC

Le peuple manque-t-il ? Variations sur l’art et le peuple Lectures, conférences, projections, rencontres jusqu’au 19 mai à la Friche, Les Grands terrains, le cipM et la librairie l’Odeur du temps 04 95 04 96 23 www.alphabetville.org

À venir Toi aussi, tu as des armes Poésie et politique le 20 avril 19h cipM Présentation de l’ouvrage collectif paru aux éditions La Fabrique (2011) avec J-C Bailly, écrivain et philosophe, J-M Gleize, écrivain, N. Quintane, écrivain Autour du Pape le 23 avril 18h30 les Grands terrains Rencontre et débat avec Julien Blaine

L’inconscient politique Le récit comme acte socialement symbolique le 11 mai 19h librairie l’Odeur du temps Présentation de l’ouvrage du philosophe

Ceux qui s’organisent le 19 mai 15h Hall Seita, Friche Belle de Mai Rencontre avec Franck Cormerais, Emmanuel Verges, Mireille Batby, collectif APO33, collectif PING, Jérôme Joy


72 PHILOSOPHIE MUCEM | ÉCHANGE ET DIFFUSION DES SAVOIRS

Le nouveau cycle des Mardis du MuCEM a commencé par une rencontre d’une très belle teneur. Michel Guérin, qui sait regarder les images en philosophe, venait parler de leur pouvoir, et se demander s’il relevait de la croyance, s’attachant à poser quelques concepts de base sans lesquels toute réflexion sur l’image passe à côté de son objet. En rappelant par exemple qu’on ne demande pas à une croyance d’être vraie, mais d’entrainer une adhésion (Bergson) ; que le «Krach philosophique et existentiel de l’idée de Dieu» survenu à la fin du 19ème siècle, le nihilisme, le bouleversement Nietzschéen, a mis fin à la pensée platonicienne et chrétienne, et par là même bouleversé notre rapport aux images. Surtout, fondamentalement, il expliqua que l’image n’est pas un objet, unique, mais un rapport, double, une relation. Le signe d’autre chose : il n’y a d’image que lorsqu’on regarde un objet pour ce qu’il signifie. Et ce sont les images qui donnent à la pensée «leur chair» : sans un «fond d’iconicité», sans retour à l’intuitif, à l’exemple, à ce que l’on peut voir, à l’analogie (les images littéraires), la pensée tourne en rond, et ne produit pas de concepts. Thierry Fabre l’orienta ensuite judicieusement vers la pensée de l’image aujourd’hui, dans la Société du spectacle, en passant une archive de l’INA sur Guy Debord. Michel Guérin expliqua que l’essai de Debord ne parlait pas de l’image mais du spectacle, c’est-à-dire de «l’image outrée», de la marchandisation de l’image qui induit une perte du désir : nous en sommes «littéralement gavés comme des oies», et la déferlante nous prive de l’attente, sans laquelle il n’y a pas de désir, donc pas d’image. Car on ne peut «croire» à celles-ci que si elles sont rares, uniques, si la «reproductibilité technique» ne nous fait pas perdre le rapport à l’objet représenté, à l’authenticité liée à l’unicité, qui est de l’ordre du sacré. La société du spectacle fabrique des «illettrés iconiques», qui sont «les mêmes que les illettrés du verbe» parce qu’ils ne savent pas lire les signes, seulement subir leurs assauts. La solution, demande Thierry Fabre ? Détourner le regard, apprendre à déchiffrer, à lire l’image. Repenser l’opposition religieuse entre iconoclastes et iconophiles (Platon qui a peur de la représentation, de la mimesis, contre Aristote qui pense qu’on apprend en imitant, par la mathesis) qui ressurgit aujourd’hui : «Si on idolâtre les images on en fait des fétiches, on perd le rapport à l’original, le lien, le signe. Les iconophiles adorent Dieu au-delà des images, qu’ils vénèrent modestement, comme signes.» Toute image est image de… AGNÈS FRESCHEL

La réflexion sur le pouvoir des images, dans laquelle le MuCEM veut trouver des appuis pour l’élaboration de ses collections et leur présentation, se poursuivra le 15 mai avec François Cheval, conservateur du musée Niepce, fou de photo

Michel Guérin © X-D.R

Penser les images

Libido Sciendi Frédérique Aït-Touati © X-D.R

Entre Copernic qui remet en question le géocentrisme en 1543, et Newton donnant le coup de grâce au cosmos aristotélicien un siècle et demi plus tard, s’étend une période féconde pour la science (voir p. 74), marquée par de brillants esprits : Kepler, Tycho Brahé, Galilée, Francis Bacon, Descartes... Partout en Europe on bouscule la théologie -qui jusque là imposait sa seule vision du monde- en s’appuyant sur une méthode promise à un bel avenir, l’empirisme scientifique. Selon Frédérique Aït-Touati, «La science n’est pas alors ce domaine stable et puissant que l’on connaît aujourd’hui. Elle est souvent accusée d’être l’occupation frivole de personnalités infantiles, elle est proche de la magie, s’intéresse aux choses invisibles, aux merveilles.» Pour expliquer ces nouveaux savoirs, le XVIIème siècle recourt «aux concepts poétiques hérités de la Renaissance, à la rhétorique, à des techniques d’écriture pour dire l’invisible, imaginer l’inimaginable». Cette culture qui permettait à l’honnête homme d’embrasser ensemble la science et la littérature, la jeune femme la regrette. Elle parle même d’une «vague de fond» autour d’elle (elle enseigne à Oxford et Sciences Po Paris), de penseurs et de chercheurs se remettant à croire à la coopération heuristique entre des disciplines

qui ne communiquent plus entre elles depuis l’ère de la spécialisation. «C’est une question politique. On ne contrôle plus une science que l’on ne comprend pas.» Une science qui admettrait avoir besoin de raconter des histoires pour se faire comprendre, qui reconnaîtrait faire elle-même partie d’une histoire, ce serait utile en ces temps de dérapages incontrôlés des technologies et de la recherche ! Un cheminement à suivre lors des deux prochaines conférences du cycle, qui verront l’écrivaine Nancy Huston défendre notre capacité à fabuler (le 19 avril) puis le philosophe Marcel Gauchet interroger la Crise de la représentation (le 10 mai). GAËLLE CLOAREC

La conférence La vérité des fables : fiction et savoir à l’aube de la modernité de Frédérique Aït-Touati a eu lieu le 12 avril à l’Hôtel du Département, Marseille dans le cadre d’Échange et diffusion des savoirs 04 96 11 24 50 www.cg13.fr



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PHILOSOPHIE

GALILÉE

Métaphore du géocentrisme Combien seront-ils à vouloir changer le monde le 22 avril ? Entre modification d’un système qui ne marche pas et bouleversement total, nombreux sont les tiraillés. Et si la réponse était dans Galilée ?

la seule nécessité celle de travailler jusqu’à en mourir ? (…) Pour-quoi placent-ils la terre au centre de l’univers ? Pour que le Saint Siège puisse être au centre de la terre ! La plus grande partie de la population est maintenue par ses princes, ses propriétaires terriens et ses prêtres dans un brouillard nacré de superstition et de vieilles formules qui masque leur machination » Brecht oppose ainsi, dans les années 40, maintien de l’ordre et révolution, et établit une analogie entre géocentrisme et capitalisme. Qui est toujours pertinente aujourd’hui, puisque le capitalisme est présenté comme indépassable, tout comme l’était le géocentrisme en cette Renaissance. En fait c’est l’artificialisme des systèmes politique et scientifique qui se joue à l’époque de Galilée : les systèmes scientifiques ne sont pas la réalité, ils sont produits par l’homme. De même les sociétés humaines, d’hier et aujourd’hui, ne sont pas naturelles : fabriquées par l’homme, il peut les réformer, ou les bouleverser, sans s’attaquer à un ordre supérieur, que les capitalistes aujourd’hui appellent «marché», et qu’ils comparent à une main invisible.

Oh pas le vrai Galilée, celui un peu trafiqué de Brecht dans sa Vie de Galilée : l’histoire est véridique et Brecht se permet seulement de faire de Galilée un être sensible à la question sociale. Ainsi dans un de ses dialogues, le savant veut convaincre un petit moine que la vérité, c’est-à-dire que la terre tourne autour du soleil, doit être dite. Mais pour le moine, qui vient du peuple et ne conteste pas cette vérité, la misère n’est supportable que sous la condition de l’aliénation : les paysans ne peuvent accepter leurs conditions de vie qu’en restant aveuglés : «Que diraient les miens s’ils apprenaient de moi qu’ils se trouvent sur un petit amas de pierres, passablement insignifiant ?» Galilée répond en refusant la nécessité de l’aliénation, et en la reliant aux intérêts économiques de l’Église : «Pourquoi l’ordre dans ce pays est-il uniquement l’ordre d’un coffre à pain vide et Galilée © Juliette Azzopardi

Expérimentation et vérité de raison

Car ce qui est reproché à Galilée est de ne pas dire que l’héliocentrisme est une hypothèse, comme l’avait prudemment formulé Copernic ; il tient à tout prix à ce que son système soit la réalité. L’Église, alors, a beau jeu de souligner cette distinction pour se disculper du procès Galilée, et dire qu’elle a raison, avec une mauvaise foi de Jésuite : on lui accorde que le système de Copernic se révèle plus exact pour prédire les mouvements des astres ; plus exact que celui de Ptolémée, celui de l’Église qui met la Terre au centre. Mais ce n’est pas parce qu’il est plus exact qu’il est plus vrai que l’autre ! Le système de Galilée permet des calculs plus justes qui facilitent la navigation des marins : très bien, il peut être utile ! Mais il ne doit pas mettre en cause les saintes écritures. Il faut cependant rappeler que jusqu’en 1851 il n’y a aucune preuve expérimentale que la Terre tourne sur elle même :

c’est une vérité de raison seule accessible aux scientifiques. Aux spécialistes. On demande simplement au peuple d’y croire, parce que c’est plus moderne. Il faudra en effet atten-dre l’expérience du pendule de Foucault : on accroche au plafond du Panthéon à Paris un pendule de plus de 50 m. Il est en oscillation permanente : si l’on revient quelques heures après son axe a changé. Et pourquoi ? Et bien parce que le sol, et donc la terre, a tourné ! Ce que découvre Galilée remet en cause l’ancien système du monde, mais à la marge ; ça ne démontre en rien l’héliocentrisme. Il observe les cratères de la Lune, en déduit que la lune n’est pas un astre lisse, une étoile avec sa lumière propre ; il observe les phases de Vénus, qui sont comme celle de la Lune ; et les satellites de Jupiter, qui démontrent qu’il y a d’autres planètes que la Terre autour desquelles tournent des astres. Ceci ne prouve en rien que la Terre bouge : ce sont les calculs de la position des astres qui s’en chargent. Mais accéder à cela est complexe, il faut pouvoir lire les relevés de Galilée et de plus cela va contre le bon sens, contre la sensation d’immobilité que l’on éprouve sur Terre.

Question de révolutions

Pourtant Galilée a gagné ; et c’est plus de politique et de pouvoir dont il était question à l’époque que d’astronomie. En difficulté avec le protestantisme, l’Église ne pouvait admettre une contestation de son fondement géocentriste, il était très grave que Dieu ne nous ait pas mis au centre de l’Univers ! On a bien abattu le géocentrisme, mais ce fut un long combat… L’analogie que Brecht établit avec le capitalisme est-elle légitime ? Dans l’analogie tout est possible ! Galilée en appelle à une double lutte contre les systèmes ; lutte scientifique, qui rejoint la belle formule de Brecht «le vrai n’est pas le plus vraisemblable» ; lutte politique aussi puisqu’il s’agit de ne pas croire que la vérité s’impose d’elle-même, tout comme l’évidence d’un système mieux organisé et juste : «Seule s’impose la part de vérité que nous imposons» (Brecht). L’analogie avec notre époque est frappante, non seulement à travers ce terme de révolution, qui désigne aussi bien le mouvement de la terre sur elle-même qu’un bouleversement politique, mais aussi parce que le mot ressurgit aujourd’hui dans les discours politiques sans connotation négative : pour désigner les mouvements populaires qui ont renversé les gouvernements dans les pays Arabes, mais aussi pour nommer la volonté de véritable changement, de révolution citoyenne, dans les pays européens : le système capitaliste y est remis en question comme unique système possible, ou comme vérité naturelle. Car le capitalisme est une construction humaine, donc il est dépassable, par des systèmes plus opérants, comme le géocentrisme était plus opérant que l’héliocentrisme au temps de Galilée. Même s’il était aussi plus difficile, et plus complexe, à appréhender. RÉGIS VLACHOS



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Homo Novus

Neander, en Grec «homme nouveau», c’est le patro- ments, de teintures, la domestication du feu, les nyme hellénisé du poète Neumann (1650-1680) : rites d’inhumation, demandent des instruments de le XVIIème siècle avait de délicieuses fantaisies ! Ce communication pour être transmis… L’école déjà ? poète adorait la vallée de la Düssel en Allemagne, Il y a peu, en 2010, il est apparu que 4 % de notre et la vallée devint celle de Neander… Il a suffi de patrimoine génétique pouvait être imputé à Néantrouver un fossile humain dans ces lieux si artisti- dertal ! D’où une révision complète des notions, ques (en 1856) pour qu’on le baptise Néandertal, des savoirs, des études à son sujet. Conçue par la Direction de l’archéologie du Service malgré ses caractéristiques bien préhistoriques ! Il fut le premier à enterrer ses morts, et à souffrir Public de Wallonie et le Musée de la préhistoire de de la médisance de savants chenus qui le prirent pour un ancêtre à peine évolué de King Kong : le XIXème siècle acceptait difficilement que l’homme ait pu préexister aux héros tonitruants d’Homère ou aux toges érudites d’orateurs qui ne pouvaient pas encore jouer des manches (on y a remédié depuis). Certes sa comparaison avec l’homme moderne dit sapiens sapiens (le XXIème est prétentieux lorsqu’il évoque sa propre sagesse) ne plaide pas en sa faveur esthétique : pied et rotule larges au lieu des graciles attributs contemporains… Mais l’étude de l’ADN a livré des détails troublants, certains individus étaient dotés d’une peau claire et de cheveux roux : Achille ? Judas ? On pourrait bien le confondre avec un monsieur tout le monde un peu râblé et bodybuildé, avec une préférence pour la viande plutôt que Comparaison de la morphologie d'un Homme de Néandertal (à gauche) les épinards. Grâce à l’os hyoïde et le gène FOXP2, et d'un Homme moderne (à droite), B. Clarys © SPW on sait qu’il avait la capacité de parler, et lorsque Wallonie, la superbe exposition Néandertal l’Eurol’on considère la complexité de ses tâches, les péen pour sa première présentation hors de Belgique, prémices possibles d’un commerce international ou s’adapte à la préhistoire locale et tient compte la gestion d’un territoire avec des habitats variant d’une actualité scientifique brûlante. Depuis 2004, d’emplacement selon les nécessités, le langage des ossements découverts entre 1868 et 1870 sont semble tout à fait indispensable. Les savoirs, que réexaminés, de nouvelles techniques sont appliquées, ce soit la taille des pierres, la fabrication de vête- dont la génétique, les découvertes révolutionnent

notre appréhension de l’homme qui fut le premier européen. Le renouvellement du questionnement (le fameux 4 % précité par ex.) peut avoir autant d’importance que la révolution darwinienne. Sur de grandes bâches, comme de larges peaux les plans, les cartes, les problématiques, des rétroécrans (signature de Quinson) offrent des documents visuels, les vitrines présentent des ossements, des objets, des coupes sédimentaires, un ensemble qui fait prendre conscience de la multitude de spécialistes de différentes disciplines nécessaires pour la compréhension des faits observés. L’exposition couvre une période gigantesque, de 500 000 à 30 000 avant notre ère, comporte un experimentarium où l’on peut manipuler des reproductions d’outils. Le parcours muséographique intelligent et clair permet différents niveaux de lecture, du néophyte au spécialiste. Un département est consacré aux recherches locales à la grotte de la Baume Bonne. À quand l’homme de Quinson ? Ajoutez un catalogue remarquable qui reprend et développe les éléments exposés, et vous aurez toutes les raisons d’aller faire un tour vers le Verdon… MARYVONNE COLOMBANI

Néandertal l’Européen jusqu’au 1er nov Musée de la Préhistoire, Quinson 04 92 74 09 59 www.museeprehistoire.com Catalogue 12 €

Ouvrages d’eaux La charmante exposition Les Chemins de l’eau en BD évoque sur un fond sonore de source frémissante l’exploitation de l’eau dans notre région, et les ouvrages qui l’ont disciplinée pour notre usage. Les savoir-faire des Romains, magiciens de l’eau, qui se sont perdus au Moyen Âge, puis la lente reconquête à la Renaissance -construction de canaux, de voies Edmond Baudoin © AD-BdR

d’irrigation- qui a transformé paysage et habitudes. Documents et œuvres picturales se complètent pour donner à voir cette histoire. Tableaux peuplés d’allégories, comme la poussée des Alpes ou la fine silhouette de la Durance, esquisses historiques, rêves d’architecture devant un large panorama, évocation du fantôme de constructions disparues,

comme celle de l’aqueduc de Saint-Antonin, familiarité de scènes de la vie quotidienne, portraits… planches de BD, fragments détachés de moments essentiels dans la conquête de l’eau. Aux murs, les décrets officiels, les plans des canaux, les projets, les enquêtes prospectives, les articles de journaux, certains signés de Zola, défendant son père, qui a fait construire le barrage qui porte son Edmond Baudoin © AD-BdR nom. L’ensemble est original, le talent d’Edmond Baudoin apportant au visiteur les clés pour apprivoiser l’aridité scientifique… M.C.

Les Chemins de l’eau en BD Le talent d’Edmond Baudoin jusqu’au 23 juin Archives départementales, Aix 04 13 31 57 00 www.archives13.fr



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ADHÉRENTS

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Pour L’Hypothèse du chien Mes Marie Vayssière Le 8 mai à 20h30 Le 9 mai à 19h Le 10 mai à 19h Le 11 mai à 20h30 Le 12 mai à 20h30 Pour À bouche que veux-tu Conception Louis Dieuzayde Le 21 mai à 20h30 04 42 59 94 37 Pavillon Noir (Aix) 4 invitations Pour Na Grani Cie S’Poart/Mickaël Le Mer Le 21 mai à 19h30 0811 020 111 3bisf (Aix) Entrées et visites gratuites sur réservations 04 42 16 17 75 Le Sémaphore (Port-de-Bouc) 8€ au lieu de 12€ Pour La Répartition des mouches Mes Michèle Addala Le 20 avril à 20h30 Pour Poucet ou le temps des mensonges Mes Jeanne Béziers Le 26 avril à 15h Pour La Farce de Maître Pathelin Mes Agnès Régolo Le 11 mai à 20h30 Pour le concert jazz Mario Canonge, Mitan Le 25 mai à 20h30 04 42 06 39 09 L’institut culturel italien 3 adhésions annuelles d’une valeur de 32 €, cette «carte adhérent» vous donnera accès à tous les services de l’Institut, médiathèque et programme culturel. Demande par mail : iicmarsiglia@esteri.it ou au 04 91 48 51 94

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Ont également participé à ce numéro : Yves Bergé, Émilien Moreau, Gaëlle Cloarec,Christophe Floquet, Thomas Dalicante, Pascale Franchi, Frédérique Brun, Clarisse Guichard, Edouard Barthélémy

Photographe Agnès Mellon 095 095 61 70 photographeagnesmellon.blogspot.com Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La Régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56




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