Zibeline n°52

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un gratuit qui se lit

N째52 - du 23/05/12 au 20/06/12




Politique culturelle MP2013, Entretien avec Jacques Pfister Arles Avignon Off, Martigues

6, 7 8 9

Événements La Marelle, CIPM

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Festivals Festival de Marseille, Jazz des 5 continents Festival lyrique d’Aix, Les Musiques Interdites Musiques actuelles Gageron, Folle histoire, Odyssée de Martigues Cannes, Flâneries d’art à Aix Fête du vélo, fête du panier, fête du livre de la Canebière, La Valette

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Théâtre Le Lenche, la Minoterie, le Gyptis, la Friche Sirènes et midi net, la Friche, le Gymnase Le Daki Ling, le 3bisf, Montévidéo Cavaillon, Nîmes, Fos Avignon, Vaucluse

20, 21 22 23 24 25

Danse Cavaillon, Monaco, Trets, Saint-Maximin

26, 27

Musique Opéras, opérettes Chambre GMEM Du monde, jazz, actuelle

28, 29 30, 31 32 34 à 37

Au programme Théâtre Danse Jeune public/Cirque Musique Sciences et techniques Rencontres Cinéma

38, 39 40 42, 43 44 à 49 49 50, 51 52, 53

Arts visuels Au programme Les ABD, l’Alcazar, Sur la place Le MuCEM, la Compagnie La Vieille Charité, la Ruche Gap, Martigues Sanary, Mougins Sm’art

54, 55 56 57 58 59 60 61

Cinéma Films

62, 63

Livres Arts Musique Essais Jeunesse Littérature Rencontres

64, 65 66, 67 68 69 69 à 71 74, 75

Patrimoine Avant Cap, CRT, Pont-du-Gard, Jardins

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Lors de la semaine de la presse, Zibeline a lancé avec l’aide du Clemi un concours d’édito et de couverture. Ce sont deux lycéennes d’Antibes qui l’ont emporté, à l’unanimité de la rédaction ! La couverture de Zibeline, que nous leur devons, est une photographie de l’œuvre réalisée par Jaume Plensa, Le Nomade, exposée au port de la ville d’Antibes (06)

Le don et l’argent Lecteur sachant décrypter, vous en conviendrez, les mots cachent plusieurs sens. N’en trouve-t-on pas qui, porteurs d’équivoques, peuvent changer radicalement l’interprétation contextuelle d’une situation ? Prenez le mot «talent». À première vue, le talent est une aptitude remarquable dans le domaine intellectuel ou artistique. Mais, ne vous en déplaise, sa première définition dans un dictionnaire est : «monnaie de compte équivalant à un talent d’or ou d’argent». Qui aurait pu penser qu’une valeur monétaire pouvait être l’homographe d’un don, d’une aptitude singulière qui devrait échapper, à priori, à toute valeur marchande ? Alors, le talent (d’or) pourrait-il se réduire à de l’argent ? Après tout, il est de notoriété publique que la reconnaissance du talent d’un artiste, d’une œuvre, passe obligatoirement par sa valeur économique. Même Le temps est de l’argent, dans notre société où profit et le bénéfice se déclinent à tous les temps et pour toutes choses ! Cependant chers lecteurs, ne devrions-nous pas ouvrir le débat sur cette simple question : le talent pourrait-il s’extraire de cette connotation monétaire auquel il est étymologiquement attaché ? MATHILDE DALMAS, ROMANE DEROCHE PREMIÈRES L DU LYCÉE MONT SAINT JEAN, ANTIBES

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Fuentes, Camus, nos blessures Le 17 mai Monsieur Mitterrand a qualifié l’arrivée de Madame Filippetti de «chance pour le ministère». Une façon élégante de céder la place, et de souligner que la nouvelle ministre est un écrivain. Qui cite Carlos Fuentes, sait que les lettres et les arts ont le pouvoir de nous blesser, et qu’ils font de nous des hommes. Carlos Fuentes nous avait éblouis cet automne à Aix-enProvence quand, invité des Écritures Croisées, il avait expliqué comment parfois il percevait la grâce des choses, et comment il travaillait à la rendre dans ses récits, en passant par la douleur, et la lutte. C’est cette blessure qui parce sa douleur nous éveille, nous empêche de mourir. Cette blessure qu’il nous faut entretenir, susciter, préserver comme un bien précieux, parce qu’elle est fragile, et s’amenuise. Parce qu’il est tentant de l’éviter, au risque de dépérir. Aix-en-Provence ne connaitra pas la blessure de Camus. L’écrivain qui inventa la pensée de midi, symbole d’une Méditerranée qui cherche au fond de chaque homme ce qui le tient debout, ne sera pas au programme de notre Capitale Culturelle 2013. Qui fera peu de place à la littérature, au théâtre, et semble céder à la défiance des mots. La suppression de cette grande exposition a lieu au lendemain des élections, et des déclarations de Maryse Joissains qui veut faire de sa ville un «village gaulois», lieu de résistance à l’envahisseur socialiste. On savait qu’elle n’aimait pas Camus, il semble que des cafouillages s’y soient rajoutés. Mais quel que soit le responsable de l’annulation, Camus nous manquera. En cette terre d’immigration abritant enfants de Pieds-noirs, de Harkis, d’Algériens, en ce pays si clair votant pour le Front National comme nul autre, l’exposition pilotée par l’historien Benjamin Stora aurait permis de questionner une blessure commune : la guerre d’Algérie, l’exil, le sang versé, les tortures. Elle aurait également mis au jour les obsessions de l’écrivain, la révolte, la conscience, la joie. Autant de notions qui disent notre commune «condition humaine», et auraient pu apprendre au village gaulois, et à tous ceux qui croient que le repli préserve, que c’est en regardant le soleil que l’on vit l’éblouissement. AGNÈS FRESCHEL


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POLITIQUE CULTURELLE

MP2013 | ENTRETIEN AVEC JACQUES PFISTER

MP2013 et les

entreprises

En cette dernière phase de préparation de la Capitale culturelle, l’implication des entreprises, privées et publiques, apparaît comme une caractéristique singulière de notre territoire. En un contexte économique et politique pourtant difficile. Le double président, Jacques Pfister, nous explique les fondements de cet apparent paradoxe… Jacques Pfister © Agnès Mellon

Vous êtes à la fois Président de la Capitale Culturelle et de la Chambre de Commerce, ce qui est une double position peu commune. Unique même. Comment expliquez-vous cette exception ? Quand j’ai pris la présidence de la CCIMP en 2004/2005, il y avait déjà un groupe de chefs d’entreprises qui avait envie de culture. Et qui pensait aussi, pragmatiquement, qu’utiliser le levier culturel pour obtenir des résultats économiques était efficace. Par ailleurs, lorsque Jean-Claude Gaudin a pris la décision de présenter la candidature de Marseille, il a pensé que cela devait être une candidature non de Marseille mais de Marseille-Provence, et il m’a proposé de présider le comité de candidature. Qu’attendait-il de cette présidence inhabituelle ? D’une part elle représentait, je pense, une neutralité politique dans un territoire où la droite et la gauche cohabitent, et d’autre part la CCIMP travaillait déjà sur l’ensemble de ce territoire Marseille-Provence qu’il voulait pour la Capitale. Même si la Chambre de Commerce d’Arles s’ajoutait au territoire. Puis lorsque Bernard Latarjet a été choisi, également par la Ville, pour diriger la candidature, il a été très sensible à la forte implication des acteurs économiques, à ce que nous avions à proposer, en particulier les Ateliers de l’EuroMéditerranée, qui faisaient entrer les artistes dans les entreprises. Avec Bernard Latarjet nous avons introduit des méthodes de collaboration, et de conquête : il fallait montrer une cohésion forte. Nous y sommes parvenus, notre candidature présentait «un équilibre harmonieux entre projet culturel, finances publiques et contribution des entreprises», selon Robert Scott. Et vous avez donc continué. Tout le monde a considéré que le comité de candidature avait été efficace, et qu’il s’agissait de conserver les équipes. Je suis donc devenu président du Conseil d’administration de la Capitale. Votre rôle a-t-il changé ? J’ai dû veiller à ce que la programmation soit en harmonie avec les territoires. Le partage n’a pas été facile, et toutes les attentes n’ont pas été comblées ! Ma présidence s’est focalisée sur la cohésion du CA, et la prise en compte du budget. Je reste bien sûr très en retrait, tout comme les collectivités, sur la programmation. Ce qui n’est pas non plus facile ! Mon rôle, comme président de la CCI, est aussi de soutenir l’organisation économique de l’événement. L’hôtellerie, les

transports, les commerces doivent être à la hauteur de l’enjeu, et nous y travaillons avec les collectivités concernées. Le dernier volet de notre participation c’est les Ateliers. On était parti sur 150 ateliers, mais c’est plus compliqué dans la mise en œuvre que ce qu’on avait imaginé. Dès qu’on rentre dans une négociation contractuelle, il faut penser aux droits, aux problèmes de faisabilité, et trouver des artistes qui veulent entrer dans le projet des entreprises. On en aura sans doute une soixantaine, ce qui est déjà considérable. Est-ce que les entreprises y trouvent leur compte au niveau de leur désir d’art, et de la visibilité de leur participation ? Ce n’est pas le problème. Il y a eu beaucoup de demande au niveau des entreprises, et une certaine pénurie d’offres artistiques, parce que trouver 150 artistes qui puissent avoir des projets contractualisables avec des entreprises est compliqué. Et avez-vous des retours sur expérience, sur les effets produits dans les entreprises par la présence des artistes ? Il faudra faire un bilan, précis. Pour l’heure je ne peux vous dire que des généralités en la matière : ça crée un vrai trouble positif, un effet considérable de communication interne, de communion même parfois autour de l’artiste. Mais il faudra le mesurer exactement. Est-ce que ce mode de création artistique va perdurer au-delà de la Capitale ? C’est difficile à dire. L’organisation de la production pourra-t-elle rester à ce niveau ? Cela dépend aussi de la volonté politique. Pour l’instant il n’y a pas de réflexion sur les structures nécessaires, mais ça peut venir assez vite, et on est plutôt demandeurs! Mais pourquoi, au fond, investir dans la culture ? C’est une respiration, dans les boîtes, de se dire qu’on fait autre chose que du chiffre d’affaires. La candidature est arrivée en même temps que certaines études sur les retombées économiques, qui avaient montré qu’un développement culturel était facile à mettre en œuvre, et générait de fortes retombées économiques, de l’ordre de six euros pour un euro investi. Un autre levier est le rayonnement, sur le long terme, de MarseilleProvence : la qualité d’un territoire perdure après l’événement. Nous allons montrer à l’Europe entière que nous sommes attractifs, et capables d’accompagner des expositions internationales d’envergure, dans le respect des budgets. Et le


MP2013

MuCEM, la façade maritime, tout ce qui se construit actuellement, nous le garderons aussi en héritage. Les entreprises attendent-elles aussi des retombées en termes humains ? Oui, la plupart des visiteurs viendront du territoire même, et les premiers bénéficiaires seront les citoyens. Il faut parvenir à une mobilisation populaire, c’est très important pour le «moral des troupes» et donc, bien sûr, c’est primordial pour nous. Est-ce que vous faites une différence entre une attractivité générée par un événement culturel, et celle d’un événement sportif ? Bien sûr. Un événement sportif est le même partout. Là, il est question de ce qu’on est. Le Sud, avec une tradition d’accueil. «Marseille accueille le monde», le premier temps de la Capitale, n’est pas un message consensuel, mais une signature. La coupe de foot génère aussi du chiffre, mais le rayonnement n’est pas du même ordre. Bien sûr en tant qu’entrepreneurs on veut du spectaculaire, de l’événementiel, faire venir des gens, mais par exemple on comprend qu’il faut aussi des choses plus intimistes, tournées vers les cultures méditerranéennes, ou qui apportent une dimension de solidarité. Tout ce qu’un événement sportif ne génère pas. Pour ce qui est de la participation des entreprises, où en est la collecte des fonds ? On est en phase avec les objectifs. On avait prévu 15 millions, on les aura, on les dépassera même sans doute. Les grands partenaires, les mécènes des grands projets, sont trouvés. Plus difficile, mais plus symbolique aussi, est d’impliquer les PME, pour qu’elles soient fières de participer. Là c’est le nombre qui compte, la mobilisation, plus que l’argent que cela apporte. Le mécénat culturel se porte pourtant mal à l’échelle nationale. Est-ce que la capitale culturelle préserve le territoire de ce désengagement qu’on constate ailleurs ? La qualité du projet, de son organisation, a permis d’atteindre les objectifs. Est-ce que cela restera, je n’en suis pas sûr. Les grandes entreprises se détournent du mécénat culturel, elles pensent, très logiquement, à leurs intérêts : les banquiers visent le haut de gamme, parce que cela correspond à leur clientèle préférée, et que les petites gens sont source d’ennuis pour eux. La Poste, Orange, se portent vers le mécénat social : ils pensent, en contexte de crise, que c’est mieux pour leur communication interne, vis-à-vis de leurs employés, et pour leur image. Pourquoi votre Chambre de Commerce agit-elle autrement, alors ? Pourquoi organiser un concours artistique, constituer un fonds, soutenir Mécènes du Sud, accueillir des colloques sur l’art contemporain ? C’est une tradition de cette maison. Les murs sont couverts de tableaux qui sont la mémoire du port, du commerce maritime. Nous sommes la seule chambre de commerce à avoir une direction du patrimoine. Le monde économique a intégré, ici, dans sa façon de voir la vie, la culture comme un plaisir. Mais aussi comme un intérêt bien compris ! ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL ET GAËLLE CLOAREC

POLITIQUE CULTURELLE

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Les marins-pompiers à l’assaut de 2013 Une Capitale Européenne de la Culture, cela s’organise en amont ! Dans l’ombre, le Bataillon des Marins-Pompiers se prépare à assurer la sécurité du public Patrick Grimaud, Capitaine de Frégate et Chef de la division prévention des Marins-Pompiers de la Ville de Marseille l’admet volontiers : «Des pompiers, on ne voit que les camions rouges, tout notre travail en amont n’est pas perçu.» Pourtant, lui et ses 60 hommes sont chargés de l’une des deux missions régaliennes de son bataillon : la prévention, la seconde étant l’opération sur le terrain. C’est en effet dans son service que sont instruits tous les dossiers relatifs à la sécurité des bâtiments marseillais, destinés ou non à accueillir du public. «Je prends plaisir à dire que tout ce qui se construit ou se transforme dans notre cité passe par chez nous. En 2011, nous avons reçu 15 000 projets.» Avec l’année 2013 approchant, les chantiers se multiplient, mais il y a déjà 3 ou 4 ans que les équipements imposants type MuCEM ou FRAC ont été étudiés, lors du dépôt des permis de construire. Pour la division de Patrick Grimaud, il s’agit d’évaluer les risques en cas d’incendie ou de panique sur tel ou tel site, puis de suggérer des dispositions préventives à la commission chargée des dossiers. In fine, le Maire tranche. Prévenir, c’est aussi envisager tout l’espace public sous l’angle de la sécurité. Lors d’événements gigantesques comme la Capitale Culturelle, il faut prévoir les mouvements de foule, les possibles engorgements, mais également les voies d’accès à préserver pour les secours, et enfin les équipes à mettre en place. S’il est encore trop tôt pour chiffrer les

effectifs requis lors de la cérémonie d’ouverture (qui compteront, outre les éléments du bataillon, les agents de sécurité recrutés par l’organisateur, des membres de la Croix Rouge, et bien sûr les forces de police), il est possible de se baser sur le retour d’expérience des précédentes Capitales. Ainsi Lille, qui attendait 300 000 personnes en 2004, a dû en accueillir le double le jour J, et sur un parcours restreint ! Marseille-Provence 2013 a préféré opter pour un morcellement des événements, de façon à éviter la concentration du public en un seul espace. Ce jour-là, de la Place de la Joliette à la Corniche, on devrait pouvoir circuler en sécurité dans une cité accueillant l’Europe pour fêter la Culture. À charge pour le Capitaine Grimaud et ses hommes d’analyser tous les dispositifs préventifs de secours, en fonction de la disposition des lieux, du type de spectacle et de l’affluence présumée de son public, et tous les équipements (scènes, installations électriques, etc.). Autant dire que les réunions hebdomadaires auxquelles ils participent depuis plusieurs mois pour préparer l’événement sont bien remplies ! «Et cela sans compter notre travail habituel sur le secteur, le «bruit de fond» des manifestations au quotidien dans la ville. Mais c’est une belle aventure à vivre.» Et une année riche de perspectives, grâce notamment au travail fourni par les équipes qui ne sont pas forcément les plus médiatisées. GAËLLE CLOAREC

Futur quartier Euromediterranée © EPEAM Euromediterranée


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POLITIQUE CULTURELLE

ARLES

Label école Les prochaines Rencontres de la photo et plusieurs lieux arlésiens célèbreront les trente ans de L’ENSP. Précisions, petit bilan et l’histoire continue

Si le titre hommage de ces rencontres Une école française est quelque peu provocateur, l’histoire nous a enseigné les égarements des catégories comme du repli identitaire : contemporain/non contemporain, art ou pas d’art, (bon) français ou pas. Toujours est-il qu’il existe une excellente école -pour ne pas dire une école de l’excellence- uniquement consacrée à la photographie reconnue internationalement, à Arles. C’est encore Lucien Clergue qui a initié dans les années soixante dix cette idée folle de conforter les passagères rencontres photographiques par une structure permanente d’enseignement. L’école n’aurait probablement pas vu le jour sans une volonté politique forte sous le gouvernement Mitterrand en 1981 avec le renfort de Gaston Defferre et Michel Vauzelle. L’École Nationale de Photographie faisait partie des grands projets comme le Louvre, la bande dessinée à An-goulême, la danse avec Roland Petit à Marseille. Elle est créée en 1982 et la responsabilité est confiée au directeur de ces mêmes rencontres, Alain Desvergnes, fort de son expérience de création d’un département d’Arts visuels à l’université d’Ottawa. L’orientation et l’identité de l’ENP sont désormais tracées tout en évoluant sous l’impulsion de ses dirigeants ul-

térieurs, Alain Leloup et Patrick Talbot. L’école obtient la compétence d’enseigne-ment supérieur en 2004 et devient ENSP. La pédagogie se fonde sur le modèle anglo-saxon de projet et du photographe-auteur. Un enseignement technique, artistique et culturel accompagne l’étudiant dans sa création personnelle. Aux enseignants (et artistes) permanents, Arnaud Claass et Christian Milovanoff impliqués dès le début, puis Muriel Toulemonde pour la vidéo, s’adjoignent plusieurs intervenants extérieurs de différents domaines de compétences. À ce jour, l’ENSP n’a guère d’équivalent si ce n’est l’International Center of Photography à New-York avec qui elle collabore régulièrement comme avec d’autres institutions internationales et nationales. Des six cent quarante étudiants formés à Arles, bon nombre ont suivi des trajectoires professionnelles variées dans la photographie, l’image, des structures affiliées comme conservateur, commissaire, archiviste... Plusieurs poursuivent une carrière reconnue : François Deladerrière, Mireille Loup, Aurore Valade, Bruno Serralongue, Christophe Laloi (fondateur des Voies Off), Olivier Metzger, Monique Deregibus, Tadashi Ono… Pour cet anniversaire il leur a été demandé Qu’avez-vous fait de la photographie ? Ce dont rend compte un copieux livre éponyme et la majeure partie de ces rencontres : Une attention particulière, la première expo de tous les diplômés 2012, des expositions monographiques, des sélections d’artistes en tant que commissaires que viennent compléter celles des enseignants et les invitations faites à d’autres écoles étrangères, le Prix découverte…

Aurore Valade, Il signore dei sentimenti (Le seigneur des sentiments), série Ritratti, Torino, Turin, Italie, 2010. Avec l’aimable autorisation de Gagliardi Art System, Turin.

2012 se donne une forme de bilan provisoire et restitue le rayonnement d’une école unique en son genre. En attendant de nouveaux lieux enfin plus conformes à ses ambitions ! CLAUDE LORIN

Merci à Rémy Fenzy, actuel directeur et ancien diplômé de l’école, Laurence Martin, directrice des études, Florence Maille, responsable des expositions et publications pour leurs précisions École Nationale Supérieure de la Photographie Arles 04 90 99 33 33 www.ensp-arles.com L’ENSP est rattachée au ministère de la Culture et de la Communication. Elle accueille chaque année 25 élèves de toutes nationalités suite à concours bac+2 ou équivalent. Elle délivre un diplôme universitaire, un master en 3 ans. Un Doctorat de création est en projet Budget initial : 2,3 M d’euros EXPOSITIONS Une école française Les Rencontres Arles Photographie Du 2 juillet à septembre www.rencontres-arles.com Voies Off Soirée d’ouverture le 2 juillet www.voies-off.com Wip association des étudiants de l’Ensp Du 2 au 15 juillet Vues d’Arles, photographies d’anciens étudiants Galerie Espace pour l’art Du 2 au 31 juillet www.espacepourlart.com Cabinet de curiosités Le Magasin de jouets juillet-août www.lemagasindejouets.fr PUBLICATIONS Qu’avez-vous fait de la photographie ? Editions Actes Sud, 49€ L’ouvrage brosse l’histoire de l’école à travers le témoignage de ses acteurs et offre une importante sélection de portfolios d’étudiants infra-mince Cahiers de l’Ecole nationale supérieure de la photographie ENSP/Actes Sud, 19€ The Viewer, site de Yann Linsart consacré à la création photo et vidéo actuelles www.theviewer.fr


AVIGNON OFF | MARTIGUES

POLITIQUE CULTURELLE 09

Un colloque, pour quoi faire ? Le 12 avril, Avignon Festival & Compagnies organisait le colloque Festival Off, une dynamique d’utilité publique, grâce au soutien de 10 000 € du ministère de la Culture. Près de 200 participants devaient dégager, en 5 ateliers de réflexion, des solutions aux domaines d’action du Off : 1er marché du spectacle vivant en France, lieu de dialogue des territoires, opérateur de démocratisation culturelle, incubateur artistique et initiateur de production alternative. Vaste programme, auquel peu d’artistes se sont joints, qui s’est réduit à soulever les problématiques. Le Off est devenu un «phénomène de société», concentré 3 semaines dans ses Remparts, entre création, loisir de masse et éducation populaire. Ses acteurs sont conscients du risque d’implosion et d’inutilité devant la croissance gargantuesque d’un rassemblement de plus en plus sauvage qui, en 2011, recevait 1 143 spectacles et 969 compagnies. Car le Off évolue, à l’infini, dans le désir fondateur d’indépendance face à son «grand-frère» subventionné (AF&C compte 3 salariés et aucune subvention), mais sans cadre précis, laissant parfois à la

marge des créateurs peu préparés à l’imparable concurrence. Sur 5 000 spectacles créés par an en France, 10% jouent dans le Off qui engrange 1 M d’€ d’entrées. 20% des contrats sont négociés pendant le Off, lieu de passage obligé pour accrocher les 7 000 pros venus faire leur marché. Aucun chiffre pourtant n’indique le nombre de compagnies exsangues au terme du festival. Absorbées dans la masse, peu d’entre elles sont mises en valeur par spécificité territoriale. Sur les 26 régions présentes, certaines jouent le jeu, drainent leurs publics dans le sillage de leurs artistes, développent une diffusion inter-régionale. Quant à l’extra-muros, il y a urgence à l’investir, pas juste pour ouvrir l’espace d’accueil mais la démocratisation culturelle dont se réclame le Off. Parmi les idées, ont émergé un «Off à plein temps» avec des rendez-vous entre socio-éducatifs et théâtres permanents ou la création d’un «club de spectateurs éclairés» pour renforcer le dialogue entre artistes et publics. D’autres pistes, plus polémiques : limiter les spectacles aux compagnies professionnelles, ou du moins en

colloque du Off, 12 avril 2012 © De.M.

règle, former les directeurs à l’accueil, créer une taxe locale pour les commerçants qui tirent profit du Off. L’accompagnement devient nécessaire pour aider les compagnies, développer les publics, améliorer la visibilité du Off et sa mise en réseau… Tout comme la régulation de l’offre, malgré le vœu de Greg Germain, président d’AF&C, de ne pas contrôler le remplissage. Pas plus emballé par l’idée d’organiser un «Offthon», il campait sur sa position : «Les tutelles doivent mettre la main à la pâte pour améliorer les services d’AF&C.» Une charte du Off est prévue en 2012, pour afficher les pratiques exemplaires, mais les lieux ne seront pas

obligés d’y adhérer. À quoi bon alors ? Suite des débats cet été, après publication des actes. Aux artistes d’y faire entendre leur voix cette fois. DELPHINE MICHELANGELI

Le colloque Festival Off, une dynamique d’utilité publique a eu lieu au Centre de congrès du Palais des Papes, Avignon Le Festival Off aura lieu du 7 au 28 juillet

Ce que Martigues doit à Prosper Connaissez-vous Prosper Gnidzaz ? Cet ancien pâtissier, arrivé à Martigues en 1937, est un passionné de cinéma depuis son enfance ; c’est aussi un collectionneur, qui aime partager ! C’est ainsi qu’en 2007 il a offert à la municipalité martégale sa collection de 2250 bobines de films français et étrangers, scopitones (clip-vidéo des années 60), actualités, dessins animés, documentaires, reportages, et 83 appareils de projection dont les plus anciens datent de 1880. Elle a décidé de créer l’espace portant son nom. Quatre ans plus tard, le 21 mai 2011, l’Espace Gnidzaz était inauguré. Situé à Ferrières, dans une ancienne boutique, une chapelle du XVIIe siècle rénovée et une maison particulière, l’Espace Gnidzaz offre 300 m2 ouverts au public. C’est une passionnée, Sylvie Morata, chargée du développement qui fait visiter les trois salles : la première retrace l’histoire technique du cinéma, thaumatrope, zootrope, cinématographe ; la deuxième rend hommage au collectionneur et présente une vingtaine d’appareils dont une lanterne magique à bougie Ernst Plank (1885), ou le projecteur Prosper Gnidzaz qu’il a construit luimême en 1948 ; dans la troisième salle, le visiteur

© A.G

© A.G

peut, installé dans un confortable fauteuil, regarder des extraits de films de la collection, permettant de découvrir Martigues, terre de cinéma. L’espace Gnidzaz comporte aussi une salle de projection d’une trentaine de places, lieu destiné à l’éducation à l’image, étroitement lié au cinéma Renoir qui en a la direction. Il s’adresse aux cinéphiles en organisant des conférences et à un public populaire en lui racontant l’histoire du cinéma. Après un premier cycle, De la première avant-garde

à l’arrivée du parlant, ce sont des films de Jean Painlevé que les curieux pourront découvrir les mardi, mercredi, samedi et dimanche de 10h à 12h et de 14h30 à 18h30. ANNIE GAVA

Espace Cinéma Prosper Gnidzaz 4 rue Denfert, Martigues 04 42 10 91 30 http://espacecinemapg.blogspot.fr


10 ÉVÉNEMENTS LA MARELLE | CIPM

Changer la vie ? Poésie et politique De l’injonction poétique radicale au slogan pragmatique du parti socialiste d’il y a trente ans, de Rimbaud à Mitterrand et après, bien des saisons en enfer ont travaillé l’esprit et la langue des poètes. La précieuse et discrète association Alphabetville qui s’est donné pour tâche d’activer la réflexion sur l’art et le peuple (voir Zib 51) a rouvert une piste peu frayée par ces temps qui courent vite : les rapports entre poésie et politique. Organisée au cipM et intitulée «Toi aussi, tu as des armes...» (d’après le sursaut velléitaire de Kafka dans son journal), la rencontre du 20 avril réunissait autour de la parution d’un ouvrage collectif sur ce thème et sous ce titre, deux figures imposantes d’universitaires-écrivains-artistes au passé militant : Jean-Marie Gleize avoue malicieusement Mao, Jean Christophe Bailly Trotski. Ils encadraient le regard clair de celle qui n’a jamais baigné dans les ismes : Nathalie Quintane pour qui le mot «mouvement» n’évoque que le déplacement dans l’espace. Récusant et surtout interrogeant le «nous» dans son ambigüité fondamentale (incluant ? excluant ?), la jeune auteure fait pirouetter le «je» dans un discours-performance à la désinvolture calculée, décalée, pas vraiment dégagée, construisant sur le discours critique une forme poétique «s’agit pas de se perdre dans le sac à tropes comme un vulgaire socialiste». Parole fragile qui respire dans l’air du temps plutôt qu’elle ne revendique un ancrage dans le réel ; pourtant Tomates, paru récemment, nous amène l’air de rien auprès de Julien Coupat, façon de rappeler avec Mandelstam que la poésie est plus une «bouteille à la mer», qu’une bouée de sauvetage ! La fantaisie comme résistance ? Plus proche d’une parole collective et à bonne distance de l’ironie ambiante, Jean-Marie Gleize réaffirme mais «à voix intensément basse» la présence du politique dans le poétique ; fin de l’hymne, c’est entendu, mais nécessité de faire entendre une autre «musique» comme un acte qui tirerait paradoxalement sa force de la quasi-invisibilité du poème ou de son impuissance essentielle, «acteurs incertains» dans l’opacité d’une «insurrection quotidienne» et

touchant à la communauté ; et c’est Tarnac décidément qui est encore à l’œuvre, dans un présent tout occupé à un «à venir» possible. La poésie comme vigilance critique? Moins «pratique» car plus ancré dans la profondeur de la création, Jean Christophe Bailly rappelle après Paul Celan que le poème se constitue avant tout en un «acte solitaire», mais que si l’atelier de la langue est toujours coupé de sa réception publique, il reste ouvert au bruit du temps (Mandelstam encore) et à son chaos tragique. Au poète est dévolue la tâche de construire du «distinct» qui aide à l’intelligibilité du monde, loin des langues de bois et du pathos informe, en s’appuyant sur la double nature du poème : le «Bildende» et le «Tönende» tels que définis par Lenz dans une lettre à Goethe, le «formateur» et le «résonant». Où il est encore question de musique... Jean Christophe Bailly termine son intervention par la lecture bien scandée de Basse Continue qui dit bien

Jean-Claude Bailly © Patricia Boucharlat

l’impossible retrait du monde. Finalement chacun des trois invités décline sa version personnelle de «l’action restreinte» selon Mallarmé. Ni insurrection ni apocalypse donc comme le constate Yves Pagès dans le recueil cité plus haut ! Ringardes les vertus supposées de l’indignation ! Contentons-nous, dans la plus haute exigence, «d’habiter poétiquement» le monde...

La réflexion stimulante de cette rencontre se déploie sous d’autres facettes dans le recueil publié aux éditions La fabrique Toi aussi, tu as des armes / Poésie & politique 12 €

MARIE-JO DHÔ

À terre et sur les flots En créant La Marelle, Pascal Jourdana souhaitait offrir retracer le parcours de cet homme. Un livre (texte et aux auteurs un lieu de résidence fixe à Marseille. Pari gagné. photos) sera édité à l’issue de sa résidence. Xavier Bazot Depuis 2 ans, la Villa des projets d’auteurs ne désemplit s’attachera, lui, à la collecte de témoignages oraux des pas. Soucieuse de renouveler les propositions artistiques, gens qui fréquentent la ligne Marseille-Alger (mais aussi l’équipe lance aujourd’hui La Marelle prend l’eau, une série de ceux qui restent à quai) qu’il restituera sous forme de de 3 «résidences flottantes», organisées durant l’été avec document radiophonique ; ce projet viendra en outre nourrir le travail d’écriture plus large le concours de la SNCM. De quoi L'entrée de la villa des auteurs © Pascal Jourdana qu’il mène actuellement. Quant à s’agit-il ? De renouveler le principe Magali Brénon, son projet littéraire, de la résidence en invitant des double, s’articule autour de la notion auteurs à intégrer le déplacement d’écart. Il s’agira d’une part d’un tramaritime dans leur processus de créavail de correspondance artistique à tion. Chaque résidence, d’une durée distance avec son compagnon, le plasmoyenne d’un mois, se déroulera selon ticien Nicolas Tourre, d’autre part 3 phases : 10 jours à La Marelle, un d’une réflexion sur le thème du périvoyage en ferry, 10 jours à Alger ou à ple en mer, sur les traces d’Ulysse. Tunis. Ce projet transméditerranéen Ces 3 premières résidences flottantes» a déjà séduit Arno Bertina, Xavier devraient ouvrir la voie à d’autres. Au Bazot et Magali Brénon qui se journaliste écrivain algérien Sidsuccèderont de juin à septembreAhmed Semiane et au photographe octobre, avec des propositions très parisien Bruno Boudjelal par exemdifférentes. Arno Bertina projette de ple, qui devraient se croiser en mer s’appuyer sur le travail photographique et à la Villa au printemps 2013… réalisé par Anissa Michalon autour de la figure d’un migrant malien soFRED ROBERT ninké, Drissa Coulibaly, afin de


FESTIVAL DE MARSEILLE | JAZZ DES 5 CONTINENTS

FESTIVALS

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Dans la continuité

Comme chaque année le Festival de Marseille va marquer le début de nos festivités estivales. Avec cette année 17 propositions artistiques, dont 7 créations. Car le Festival dirigé depuis 17 ans par Apolline Quintrand est un des rares où les esthétiques contemporaines de la scène chorégraphique sont soutenues et coproduites avec autant de constance. Cette édition s’étend sur quatre semaines et en des lieux multiples, se concentrant pourtant pour l’essentiel à la Salle Vallier, que le Festival a rendu conviviale en soignant l’accueil du public. Qui se renouvelle d’ailleurs et s’élargit, la Charte Culture passée avec la plupart des mairies d’arrondissements de Marseille permettant d’accueillir 2200 personnes en difficulté économique au tarif très préférentiel de 1€. Quant à la programmation (voir p 40), elle réserve comme chaque année de belles surprises, soigne ses fidélités et fait venir des artistes exceptionnels : Sidi Larbi Cherkaoui dès l’ouverture, la dernière création de Pierre Rigal, Crystal Pite pour une interrogation théâtrale et dansée autour du personnage de Prospero, roi et démiurge ambigu de Shakespeare (The Tempest Repicla). En première française, une toute nouvelle production du génial Ballet Cullberg, théâtrale également, The Strindberg Project, au Silo. Et puis du flamenco en plein

TeZukA, de Sidi Larbi Cherkaoui © Hugo Glendinning

air à Bargemon, des films autour de Pina Bausch à l’Alhambra, autour d’Anne Teresa de Keersmaeker grâce Marseille Objectif danse, une chorale sud africaine à La Sucrière… Un peu plus tard dans le festival on retrouvera Sasha Waltz, Peeping Tom, Robyn Orlin… Autant de noms qui sont devenus familiers aux Marseillais grâce au Festival. Un regret ? L’absence cette année d’artistes de la région, que le Festival a su souvent découvrir

et produire, démarche de soutien essentiel à la création. Mais l’édition 2013 promet de rattraper le retard ! AGNÈS FRESCHEL

Festival de Marseille Du 9 juin au 6 juillet 04 91 99 02 50 www.festivaldemarseille.com

Le temps du Jazz dernier concert… et un nouveau lieu, le Silo, pour accueillir un «concert assis». En dehors de cela, les recettes habituelles, qui ont fait leurs preuve : un concert inaugural gratuit sur le Cours D’Estienne d’Orves, des expositions et conférences à l’Alcazar et à

Maison Blanche, des after chaleureux au Radisson Blu Hôtel… Mais le plus alléchant reste bien sûr la programmation, exceptionnelle : si le Cours d’Estienne d’Orves ouvre avec des artistes du cru, les swingueuses Doolin’ puis le talent de Raphaël Paolo Fresu & Omar Sosa © Roberto Cifarelli

Le Festival Jazz des 5 continents ne cesse de prendre de l’ampleur, tout en gardant son caractère. Un exploit, quand on songe que 30 000 personnes l’ont fréquenté l’an dernier, et qu’il a conservé son esprit à la fois pointu et aventureux… L’édition 2012 se situe à mi-chemin entre deux poussées de croissance : en 2011, pour la première fois, elle proposait 8 soirées (et les soirées, au FJ5C, offrent au minimum 2 concerts) dans une jauge passée à Longchamp de 3000 à 4000 places. L’édition prochaine, qui sera Capitale, sera encore plus populaire, nous promet-on, plus longue, plus épatante, dans un Parc entièrement rénové… Mais l’édition 2012 ne sera pas un temps de latence, et le FJ5C 2012 nous réserve de très belles surprises ! Logistiques tout d’abord, avec à Longchamp deux grands écrans vidéos, des aménagements pour améliorer le confort nocturne d’un public parfois plus tout jeune, un tramway qui fonctionne jusqu’au bout du

Imbert, le Silo accueillera la voix chaude de Robin McKelle accompagnée du crooner Gregory Porter. À Longchamp c’est 11 concerts qui se succèderont, pensés pour que les premières parties s’harmonisent avec les secondes. On y entendra deux très belles voix féminines, Térez Montcalm et Stacey Kent, du jazz qui vient des quatre coins du monde avec Ballaké Sissoko, Ibrahim Maalouf, Avishai Cohen, Paolo Fresu et Omar Sosa. Et puis des stars, aux influences funk comme Al Jarreau ou les Earth, Wind and Fire, pop rock comme Pat Metheny ; et même une légende : c’est Sonny Rollins luimême qui viendra occuper la scène la dernière nuit… A.F.

Festival Jazz des Cinq Continents Marseille Du 17 au 25 juillet 04 95 09 32 57 www.fj5c.com


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FESTIVALS

TOULON | ARLES

Houria Aichi © Gunther Vicente

Depuis 1996, Arles devient, au cœur de juillet, la capitale des musiques du monde avec un festival singulier. Car ce n’est pas si fréquent qu’un festival dit de musiques du monde conjugue avec autant de cohérence et d’équilibre la dimension festive et populaire à l’exigence artistique. C’est l’ambition assumée et généralement atteinte par l’équipe des Suds. Pendant une semaine, les nombreux trésors patrimoniaux de la cité provençale deviennent les écrins des sonorités du monde. Loin des conservatismes, du repli et des cultures figées. C’est, ici, le sens de la démarche artistique qui prime. Cette année encore, les grands noms côtoieront les découvertes, le savant alternera avec le profane, et l’acoustique intimiste avec la ferveur électrique. De 10h à 4h le lendemain, il y a toujours une rencontre à faire. Dans un musée, à la terrasse d’un café, sur le Rhône, dans un théâtre romain ou un ancien atelier ouvrier. La rencontre, c’est aussi une des motivations de cet événement. Des rencontres entre les traditions en mouvement, les répertoires mais aussi entre artistes qui viennent faire converser leurs identités, façonnant une mondialisation émancipatrice. Cette année ne fait pas exception. C’est le cas du projet Traveller d’Anoushka Shankar. La fille et disciple du maître du sitar Ravi Shankar et demi-sœur de Norah Jones célèbre ainsi les noces du raga indien et du flamenco andalou avec Sandra Carrasco au chant et El Piraña aux percussions. D’autres rendez-vous s’annoncent fascinants comme The River, avec le chanteur folk anglais Piers Faccini et le griot malien Badje Tounkara qui proposent un voyage à travers le blues américain et ouest-africain. Ou encore Antonio Placer et Jean-Marie Machado (Espagne-France) qui vont croiser leurs parcours

Anoushka Shankar © Harper Smith

Des Suds rebelles et pluriels

Au-delà de diffuser, le festival propose aussi de transmettre, à travers un large panel de stages pluridisciplinaires (chant, danse, pratique d’un instrument). Et le spectateur, à défaut de devenir artiste, devient acteur. On dirait bien les Suds, où le temps ne dure pas si longtemps.

sur la thématique des migrations. Évoquons enfin Immobile voyage, un dialogue franco-iranien entre Isabelle Courroy et Shadi Fathi. Parmi la soixantaine de concerts, et les grandes soirées programmées au théâtre antique, il ne faudra pas manquer le contrebassiste israélien Avishaï Cohen, le pianiste inclassable Tigran Hamasyan, le Buena Vista du Maghreb El Gusto, la grande chanteuse chaouie Houria Aïchi et les toujours motivés Zebda.

THOMAS DALICANTE

Les Suds Arles Du 9 au 15 juillet www.suds-arles.com

Debussy en ouverture… (1862-1918) est le troisième «grand» compositeur français de l’histoire de la musique. Tous trois ont innové dans la conception de l’art musical, le domaine de l’harmonie en particulier, et les liens entre les arts et la littérature… Debussy était lié au courant symboliste et on a qualifié sa musique d’impressionniste. Sa musique est couleurs, mais il Marielle Nordmann © X-D.R.

Le Festival estival de Musique de Toulon et sa Région est l’un des plus anciens de France. Pour sa 62e édition, «les sons et les parfums tournent dans l’air du soir» à la Collégiale de Six-Fours, la Tour Royale ou au Faron. Huit manifestations sont annoncées du 14 juin au 16 juillet pour des programmes variés qui exaucent les désirs des amateurs de musique de chambre (Marielle Nordmann et le Quatuor Debussy), de lyrisme baroque (The King’s Consort), de violon virtuose (Chloé Hanslip) ou de Tango nuevo (Quatuor Caliente), de piano solo (Philippe Cassard) et polyphonies corses (Jean-Paul Poletti), de «Saisons» relues par Laurent Korcia ou de violoncelle concertant (Gautier Capuçon). En ouverture de ce feu d’artifice de têtes d’affiches, on retrouve une fidèle : la grande harpiste Marielle Nordmann revient pour la neuvième fois dans le Var pour rendre un hommage particulier à Debussy dont on célèbre le 150e anniversaire de la naissance. Avec Rameau au temps baroque, Berlioz chez les romantiques, plus proche de nous, Claude Debussy

réfutait le terme, étant avant-gardiste dans tous les genres. Si Marielle Nordmann joue des Pièces pour harpe, instrument que le musicien a particulièrement soigné, on l’entend aussi dans Danse sacrée et Danse profane en compagnie du bien nommé Quatuor Debussy. Christophe Collette, Dorian Lamotte (violons), Vincent Deprecq (alto) et Fabrice Bihan (violoncelle) interprètent également son magnifique Quatuor en sol mineur, avant que les musiciens réunis nous fassent découvrir une partition étonnante, tout en suspension et tension d’André Caplet (proche de Debussy) inspirée d’une nouvelle d’Edgar Poe : Le masque de la mort rouge. JACQUES FRESCHEL

Festival Estival de Toulon Anniversaire Debussy Le 14 juin à 21h Collégiale Saint-Pierre, Six-Fours 04 94 93 55 45 www.festivalmusiquetoulon.com


MUSIQUES INTERDITES | AIX

FESTIVALS 13

La face cachée d’Aix Si le Festival d’Aix reste attentif à la grande tradition lyrique, il se tourne également vers des actions pédagogiques

création en 2013 inspirée du Roméo et Juliette de Prokofiev. Des écoliers et collégiens s’approprient des pièces vocales sous la direction de Benjamin Lunetta, en association avec des enseignants et élèves du Conservatoire d’Aix. Tout ce petit monde a rejoint le Junior Orchestra pour la «Journée européenne de l’Opéra» au Grand Théâtre de Provence le 13 mai dernier. En vue de cette journée, au fil de quelques sessions, des instrumentistes issus des écoles et conservatoires du territoire ont été encadrés par des musiciens du prestigieux London Symphony Orchestra.

classique. Des tarifs très préférentiels sont ménagés pour les jeunes, le service socio-culturel du festival Passerelles développe des liens entre l’art lyrique et des univers sociaux a priori éloignés. Le Chœur multiculturel Ibn Zaydoun ou Frédéric Nevcherlian jouent le jeu de l’ouverture et du métissage au travers d’ateliers de chant du Moyen-Orient ou du slam. C’est avec l’Enfant et les sortilèges que s’articule particulièrement cette volonté de mixer les générations, les pratiques et les publics, grâce à des résidences créatives autour de Berceuses traditionnelles comoriennes chantées par des mères et leurs enfants vivant à la cité de la Savine à Marseille. La fantaisie lyrique de Ravel sert également de source d’inspiration pour des épisodes radiophoniques qui seront présentés lors d’un «Radio-opéra» mi-juillet.

Nouveaux publics

Jeune public à l'Archevéché © Elisabeth Carecchio

À côté d’opéras et de concerts d’une qualité exceptionnelle, de la fidélité à Mozart, d’un certain souci de promouvoir la création et les jeunes artistes, la politique de Bernard Foccroulle s’engage activement dans la voie éducative. Les chanteurs de l’Académie européenne de musique, par exemple, participent à des ateliers de sensibilisation et de découverte de l’opéra auprès de jeunes scolarisés dans la région. Des centaines d’élèves assistent à des répétitions, découvrent «l’envers du décor» et profitent d’interventions dans les classes. Le festival pousse l’aventure pédago en favorisant la pratique artistique en milieu scolaire grâce à des résidences d’artistes professionnels, soucieux de la transmission, qui débouchent sur une présentation au public. Josette Baïz et les danseurs de sa Compagnie Grenade travaillent en ateliers en vue d’une

Dans le même esprit, le Festival d’Aix, en collaboration avec RESEO (Réseau européen pour la sensibilisation à la danse et à l’opéra) et l’AFO (Association Française des Orchestres) invite des enseignants, étudiants, artistes, intervenants en milieu scolaire et associatif à débattre autour de la dimension intergénérationnelle et de l’opéra pour enfants (les 14 et 15 juillet). On l’aura compris, à Aix comme ailleurs on est soucieux du renouvellement des publics pour la musique

JACQUES FRESCHEL

Festival d’Art Lyrique Aix-en-Provence 0820 922 923 www.festival-aix.com

Jeune public au GTP © Elisabeth Carecchio

Créer… et survivre ! Réhabiliter les compositeurs et les oeuvres interdites par les systèmes totalitaires, rendre leur place à des artistes et restituer ainsi au public un patrimoine essentiel, tout en affirmant les victoires de la création sur les dictatures, initier une programmation de créations contemporaines en synergie avec les recréations d’œuvres interdites du début du XXe siècle, tels sont les objectifs de ce 7e Festival» conçu par Michel Pastore. Deux grands concerts sont à l’affiche. Sébastien Billard dirige l’Orchestre de la Garde Républicaine, la soprano Emilie Pictet, le baryton Mathias Hausmann dans des œuvres lyriques de Franz Schreker, musicien brisé par le nazisme, et des pièces pour orgue (Frédéric Isoletta sur l’instrument restauré) d’Aldo Finzi, poursuivi quant à lui par les fascistes italiens. Le comédien Charles Berling s’emploie à créer un fil sensible entre ces opus puissants et une étonnante installation du plas-

Mathias Hausmann © Wilfried Hosl, 2010

Le Festival Musiques Interdites 2012 à Marseille prend ses quartiers en juin dans la belle acoustique de l’Eglise Saint-Cannat-Les Prêcheurs

ticien Philippe Adrien. On découvre de nombreuses créations autour De la Vie Eternelle de Schreker : ses Cinq chants profonds, L’Infini, Prélude et fugue de Finzi et Nuit obscure de Karol Beffa inspiré de Saint-Jean de la Croix, poète mystique emprisonné et banni au XVIe siècle. Musicien surdoué, pianiste, improvisateur, Beffa est à l’honneur en 2012 : on le retrouve en prélude à la manifestation dans l’accompagnement pianistique du film muet Journal d’une fille perdue de Pabst (un film sulfureux de 1929 avec Louise Brooks), avant la création mondiale de son opéra Le Château d’après Kafka, dont les écrits furent interdits et la famille exterminée. Un évènement attendu ! JACQUES FRESCHEL

MARSEILLE Ciné-concert le 1er juin à 17h. Alcazar Schreker, Finzi… le 16 juin à 21h Le Château le 30 juin à 21h Église Saint-Cannat, Marseille 04 91 90 46 94 www.musiques-interdites.eu


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FESTIVALS

MUSIQUE ACTUELLE

Be there

Manivelles © X-D.R.

Il était un petit village au cœur du Vaucluse peuplé d’êtres curieux... Le festival Sons Dessus de Sault a fait ses preuves pendant quatre années mais reçoit de moins en moins de témoignages d’amour : disparition de soutiens, désengagements, baisse de subventions… Il n’en fallait pas moins pour que nos glorieux défenseurs de la culture (au demeurant en milieu rural) maintiennent la cinquième édition dudit festival, sur une seule journée (26 mai) en conviant les partenaires, artistes et publics à une grande sieste collective dans le village de Sault. En plus de ce repos artistique militant nous retrouverons le projet de création mené au collège de Sault avec le collectif Inouï et le spectacle déjanté Manivelles, sans oublier quelques animations musicales toujours festives et réussies. F.I.

Sons dessus de Sault Le 26 mai à partir de 15h Sault 04 90 64 12 26 www.pharealucioles.org

À ne pas rater ! Un lieu à découvrir, et ouvert pour la première fois au public, le Fort Ganteaume accueillera sur les contreforts du Vieux Port, avec une vue imprenable sur la rade de Marseille, le festival Be.Fort, véritable bulle printanière pour les amateurs de dance floor. Et avant les DJ, le G.U.I.D, à savoir le Groupe Urbain d’Intervention Dansée du Ballet Preljocaj, précédera pour ces deux soirées singulières le hip hop funky du MC Blitz the Ambassador accompagné de son Embassy Ensemble (31 mai) et la machine à faire danser Smoove et Turell, duo britannique soul & groove enchanteur et terriblement efficace (1er juin). Musique live, danse et Dj dans un cadre pareil ? Be happy…

Brazil

Luiza Dionizio © X-D.R.

L’association Sarava promeut depuis une vingtaine d’années la culture brésilienne dans son ensemble dans la région Paca et plus particulièrement dans le Var (Créations culturelles, actions pédagogiques, échange). À l’Espace des Arts du Pradet, le festival Scènes du Monde fêtera naturellement le…. Brésil ! Au programme, des stages de danse brésilienne, capoeira, percussions et une master class du guitariste Cristiano Nascimento. Et bien sûr, des concerts : Femininas, spectacle musical qui invite à découvrir le Brésil féminin (le 25 à 21h), mais surtout et pour la première fois en France la samba de Luiza Dionizio, immense interprète de samba de Rio (le 26 à 21h). FI

Scènes du Monde Les 25 et 26 mai Espace des Arts, Le Pradet 04 94 75 43 92 www.le-pradet.fr

F.I.

Be.Fort Les 31 mai et 1er juin de 19h à 2h Fort Ganteaume, Marseille www.be-fort.com

Wild Side 19h30), détours rock punk aux influences multiples à la Machine à coudre avec Marvin puis Shub (3 juin à 21h) et déballage garage déjanté à l’Embobineuse au contact des californiens Thee of Sees et des franco-italiens JC Satan (10 juin à 21h) avant de conclure au Demoiselles du 5 avec Laetitia Sadier et son «indie» et le trio

Sleepy sun © Brett Wilde

Enfin la 5e édition du B-Side Festival va envahir divers lieux culturels de la sphère marseillaise ! Rock, pop & folk au programme de ce rendez vous décalé à ne pas manquer. Ouverture outre-Atlantique à la Machine à coudre avec Jeffrey Lewis & The Junkyard (22 mai à 21h), plaisir de retrouver au Grim le son des californiens Sleepy Sun (9 juin à

franco-argentin Eastern Committee (14 juin à 19h30). Pass festival 35€ chez Lollipop ! F.I.

B.Side Du 22 mai au 14 juin Divers lieux, Marseille www.inthegarage.org

Le festival Musiques à Gardanne et sa formule bien pensée mêlent sur différentes scènes des genres bien différents. Opérette marseillaise, rock, musiques urbaines, gitanes… il y en aura pour toutes les chapelles ! Avec Le pays des galejeurs, d’après l’opérette de Scotto Au pays du soleil, la troupe des Carboni nous replonge au cœur de la cité phocéenne, après le vrai succès populaire de Un de la Canebière. Mais ce n’est pas fini ! Cette première soirée du 30 juin, pour le moins éclectique, propose également le hip hop de Yuna Project, et le spectacle Ma guitare s’appelle reviens où Yvan le Bolloc’h assouvit sa passion pour

la musique gitane. La chanson «a cappella» sera à l’honneur le 6 juillet pour la dernière soirée de ce rendez-vous festif et coloré avec les Sept garçons aux voix d’or de Tale of voices, ardents défenseurs de la voix nue, à découvrir… FRED ISOLETTA

Musique à Gardanne Les 30 juin et 6 juillet Divers lieux, Gardanne www.ville-gardanne.fr

Yuna project © Saije

Panachage

MC Blitz the Ambassador © X-D.R.

Repos militant!


MUSIQUE ACTUELLE | DU MONDE

FESTIVALS 15

Trente couleurs

Contenu politique

Dix-neuvième édition, ça commence à compter ! Et le cru 2012 des Nuits Métis s’annonce festif et pétillant. Du 21 au 23 juin, le plan d’eau de SaintSuspi à Miramas fera office de théâtre de verdure pour métisser ses nuits… et ses jours avec trente spectacles gratuits dont Massilia Sound System, Kabbalah, Flavia Coelho, ou encore le phénoménal reggae français de Danakil et l’électro-rock saharien des Temenik Electric, croisés sur le plateau du dernier Babel Med Music. Aux couleurs des cinq continents, trois jours et trois nuits pour festoyer dans une ambiance familiale et populaire autour de concerts, spectacles, déambulations, cirque, ateliers pédagogiques, contes musicaux. Rien de tel pour célébrer l’arrivée de l’été…

Lo Còr de la Plana (voir p 67) participe aux Joutes musicales de printemps de Correns. Entretien avec le fondateur du groupe

F.I.

Nuits Métis Du 21 au 23 juin Miramas 04 90 17 48 38 www.nuitsmetis.org Flavia Coelho © Roch Armando

Zibeline : Quelle est la genèse de ce troisième album ? Manu Théron : Cet album est la finalisation de ce qui a motivé la fondation du groupe en 2000, faire de la polyphonie masculine à partir du patrimoine chanté occitan sur trois thématiques : chants religieux, à danser et politiques. Quatre morceaux ont été écrits par des auteurs marseillais issus des mouvements sociaux d’après 1848 et 1870 et pour la plupart compagnons de route de Clovis Hugues, Jules Guesde, Auguste Blanqui, Gaston Crémieux. Ces chansonniers sont appelés troubaïres car ils connaissaient l’apport des troubadours et de la langue d’oc mais ne se situaient pas dans la divagation poétique mistralienne. Ils avaient les pieds dans les préoccupations populaires et faisaient déjà de la protest song. Quel écho ont ces chants dans le monde actuel ? Ils sont directement liés à la Commune. Le travail de collecte a été réalisé par Claude Barsotti, chroniqueur occitan de La Marseillaise, qui a créé un corpus très riche. Ce sont des chants de combat qui avaient pour but d’édifier et d’unifier les masses pour leurs luttes. Ils sont donc importants à notre époque où la chanson populaire porte peu de contenu politique. Ou quand il existe, il est tellement explicite qu’il en devient rébarbatif.

Lo Cor de la Plana © Santi Oliveri

Que défendez-vous à travers l’utilisation de la langue provençale ? C’est une façon de nous réapproprier notre histoire. Une histoire populaire qui n’est malheureusement pas enseignée. Nous voulons donner accès à ce patrimoine, le remettre à ses héritiers, les habitants de cette région, qu’ils parlent occitan ou pas. Il n’y a pas de conservatisme dans notre attachement à la langue provençale, contrairement à ceux qui ont des postures nostalgiques et revanchardes, et pour lesquels la langue n’est pas, au final, le souci. PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS DALICANTE

Les Joutes musicales de printemps Du 25 au 27 mai Correns 04 94 59 56 49 www.le-chantier.com

Au fil des chorales Les Vallonés © LesVallonés

Les 1er et 2 juin, les ruelles escarpées d’Endoume et le Théâtre Silvain, au cœur du 7e arrondissement de Marseille, seront le théâtre des Rencontres Vocales initiées par l’ensemble Les Vallonés. Au programme de ce 8e festival gratuit (anciennement Ok Chorales), une première journée au Théâtre Silvain avec les rencontres chantées Voix de la Mer où plus de 1000 élèves d’écoles primaires, accompagnés par des musiciens professionnels et 45 professeurs des écoles, chanteront (à 11h) 13 chansons du répertoire Au fil de l’eau, puis à 18h30 Aqua Somnia, œuvre pour trois chœurs d’enfants et dispositif électroacoustique d’Olivier Stalla et Dominique Sorrente. Le 2 juin, dès 15h, la Balade musicale guidée nous entrainera à

la suite d’une quinzaine d’ensembles vocaux, du vallon des Auffes au pont de la Fausse-Monnaie, de l’église St Eugène au Parc Valmer. En clôture, joutes vocales, tous styles et époques confondus, de 18h30 à la nuit tombée au Théâtre Silvain avec le Concert des ensembles vocaux adultes (Acanthe, Bel Air, les Notambules…). DE.M.

Rencontres Vocales Les 1er et 2 juin Marseille, 7e 06 20 17 21 78 http://lesvallones.com


16 FESTIVALS GAGERON | KARWAN | MARTIGUES

Au fil de l’eau

Fous de bassin © PinkF

En cette année du Forum mondial de l’eau, Martigues s’empare du thème pour «sensibiliser tout un chacun à [cette] question, comme un bien précieux à préserver» lors de l’édition 2012 de son Odyssée. Une manifestation qui

se place dans la continuité de la précédente, avec toujours cette volonté de mêler les arts et les sciences, les artistes et les chercheurs qui tous questionnent à leur manière le vivant et la création, mais aussi, cette année, pour poser des jalons en prévision de Marseille Provence 2013, «pour travailler ensemble à ce que nous voulons et à ce qui a été depuis le début les valeurs de l’Odyssée, à savoir fraternité, solidarité, émancipation à travers des temps de participation citoyenne». Pour questionner le sens symbolique, onirique et primordial de la représentation de l’eau, deux axes seront moteurs des réflexions : l’eau, source de vie et d’inspiration, et l’eau, milieu de vie et élément majeur du développement durable. Le programme des manifestations artistiques sur l’eau étant le fil rouge de cette Odyssée, Martigues accueille la compagnie Ilotopie, associée à la manifestation, et leur spectaculaire spectacle Fous de bassin (en ouverture le 26 mai à 22h) au cours duquel se mêlent «acteurs-chimères, joutes de feu, envolées musicales et mécaniques incandescentes». Autres temps forts attendus, Mare Sonorum, des concerts subaquatiques par Michel Redolfi, Wabetico (envol d’un peuple), un concert du groupe Kanak Celenod, une conférence du politologue et économiste italien et fondateur du Comité international pour un Contrat mondial de l’eau, Riccardo Pétrella, l’exposition Les Géants de Patagonie de Renaud Perrin, mais aussi des monstrations étalées sur les deux semaines de l’Odyssée qui révéleront les Janus, deux divinités aquatiques installées par la cie Ilotopie, un ballet ininterrompu alimenté par énergie solaire (en préfiguration d’Annapos,

La Rue, en course folle

Organisée par l’association Karwan, et soutenue par le Conseil général des Bouches-du Rhône, la 3e édition de La Folle Histoire des Arts de la Rue sera singulière autant qu’entrainante. Elle marquera une étape importante avant celle de 2013, inscrite au programme des manifestations de Marseille-Provence capitale européenne de la culture. Du 9 au 17 juin, trois compagnies barcelonaises investiront gratuitement les places et les rues de cinq communes du département (Saint-Martin-de-Crau le 9 juin, Eygalières le 10, Mallemort le 15, le Puy-Sainte-Réparade le 16, et Puyloubier le 17, voir p 43). Les habitants seront invités à découvrir l’univers comique de Léandre et ses proches, des artistes disciples du comique de situation, qui joueront dans l’espace public, chacun à leur tour, en journée ou en soirée, entre rires, émotions et danse. En 40 minutes, le clown-mime installera dans la rue sa maison Chez Léandre, irrésistible de poésie et fantaisie, pour partager avec la complicité du public ses gestes du quotidien. Avec Barco de Arena, les spectateurs iront à la rencontre de la danse contemporaine avec Claire Ducreux et son travail chorégraphique évocateur d’images et de situations familières surpre-

nantes. Un hommage à la vie, l’amour et l’inespéré. Léandre Ribera reviendra avec la Cie La Tal dans Démodés, une tragi-comédie sur la fin des comiques avec trois clowns classiques touchés par la crise. À Marseille le 23 juin, la Cie La Française de Comptages clôturera le festival avec un final grandiose, participatif (et gratuit toujours) en transformant le parvis des Archives et Bibliothèque départementale Gaston-Defferre en véritable studio de cinéma hollywoodien pour le tournage d’un polar. Une Cerise Noire est un hommage au 7e art, un making-off cinématographique en rue, offrant au spectateur une expérience inédite, entre fiction cinématographique maîtrisée et magie du théâtre vivant.

Véritable fil rouge des éditions 2012 et 2013, à découvrir en entrée libre et entre chaque représentation, le camion-expo Le Porte-Folie, accessible en français, anglais et arabe, avant son départ sur les routes d’Europe et de Méditerranée. Un semi-remorque doté d’un espace d’exposition de 55m2 qui offre un parcours multimédia et illustré pour voyager à travers films, photos, témoignages et découvrir toute la richesse et la diversité de l’art en espace public d’une rive à l’autre. En 2013, l’édition déploiera une cinquantaine de spectacles du 3 au 23 mai, sur 6 villes des Bouches-du-Rhône, reflétant l’actualité des Arts de la Rue en Europe et Méditerranée. DELPHINE MICHELANGELI

Une cerise noire, La Francaise de Comptages © Vincent Muteau

La Folle Histoire des Arts de la Rue Du 9 au 23 juin Bouches-du-Rhône 04 96 15 76 30 www.follehistoire.fr

cité lacustre, spectacle en préparation pour MP2013)… Sans oublier les zapéros conviviaux au bord de l’eau ! DO.M.

L’Odyssée de Martigues Du 23 mai au 5 juin Divers lieux, Martigues 04 42 44 30 71 www.ville-martigues.fr

Art en situation

Mur de son, d'Armand Olivier

Pour la 7e année, l’association arlésienne Cultures Nomades Production programme les Rencontres de Création In Situ, exposition d’art contemporain organisée au Mas du Grand Arbaud, au cœur de la Camargue, à Gageron. Une dizaine d’artistes, dont la résidence de création s’est terminée le 14 mai, créent et installent leur œuvre en adéquation avec l’environnement proposé, avec toujours pour objectif de «sortir la production artistique du confinement muséal, inviter au métissage des modes d’expression, rapprocher la pratique artistique du champ social». Le thème central cette année est le son, sujet ou médium des œuvres exposées, décliné de façons très différentes. Parmi les artistes présents, citons, entre autres, Les Jujak, Olivier Huet et Margrit Neuendorf, questionnent le silence en tant que «son blanc, blanc comme le sable utilisé pour étouffer le bruit» dans Une plage de silence, Nicole Barondeau et le Son musical de son installation évoquant l’imaginaire de la musique, le Mur de son d’Armand Olivier, sorte de retable silencieux qui révèle et consacre le lieu d’exposition, Guillaume Gras et le Lémurian orchestra qui permet de pénétrer dans l’univers du faux silence créé par le vent ou la pluie… L’exposition est visible jusqu’au 15 juillet. DO.M In Situ 0.7 Jusqu’au 15 juillet Le Mas du Grand Arbaud, Gageron 04 90 49 89 10 www.culturesnomades.org


CANNES | AIX FESTIVALS 17

Cannes et l’Estaque Le 9 mai à la Maison de la Région, Michèle Tregan, Conseillère régionale représentant Patrick Mennucci, convoqué à Paris, a présenté l’action de la Région au 65e Festival de Cannes, après avoir rappelé les axes de sa politique, en particulier le fonds de soutien à la production cinématographique d’un budget annuel de 3 millions d’euros pour des projets tournés pour 50% dans la région. Sur les 8 longs métrages soutenus cette année, 2 sont en compétition à Cannes : De rouille et d’os de Jacques Audiard et Renoir de Gilles Bourdos (Un certain Regard). De nombreux partenaires étaient présents, en particulier l’association Cinémas du Sud, chargée du dispositif «Lycéens au cinéma» qui, pour la 12e année, permet à des classes d’assister au festival de Cannes : 505 lycéens et apprentis issus d’une vingtaine de lycées, cette année. Le stand mis en place par la Région dans l’espace International La Pantiero leur permettra aussi de s’informer sur la politique régionale en matière de cinéma et d’audiovisuel, d’échanger ou de faire simplement une pause… Présent aussi William Benedetto de l’Alhambra Cinémarseille qui, depuis 2005, reprend une partie des films de la Quinzaine des réalisateurs, section sans compétition, organisée par la Société des Réalisateurs de Films, qui permet d’aider les cinéastes et de favoriser la découverte de leurs films. Cette année, le public marseillais pourra ainsi voir 13 films sur les 19 de la 44e édition, que le nouveau Délégué général, Edouard Waintrop, viendra présenter à la soirée d’ouverture, le 29 mai avant la projection de la comédie, nouveau film de Bruno Podalydès, Adieu Berthe, l’enterrement de Mémé. Trois autres films français, Le Repenti de Merzak Allouache qui sera présent le 30 à 20h 30, Camille redouble de Noémie Lvovsky ; Rengaine, le premier film de Rachid Djaïdani autour des tabous sur les mariages entre noirs et arabes. La sélection permet aussi de voyager. En Amérique du sud : en Colombie, avec le premier film de William Vega, La Sirga ; dans l’Argentine des années 80 avec Une Enfance clandestine de Benjamín Ávila et dans le Chili de Pinochet avec No de Pablo

Camille redouble de Noemie Lvovsky © A. Borrel-fcommefilm-cine

Larraín. En Asie aussi, avec une adaptation chinoise par Jin-ho Hur des Liaisons dangereuses de Laclos, avec la superbe Ziyi Zhang. L’écrivain, réalisateur, producteur Anurag Kashyap nous emmènera en Inde, à Wasseypur où s’opposent trois générations de gangsters dans un film de genre de 5 heures, Gangs of Wasseypur. Le premier long de Massoud Bakhshi, Une famille respectable, nous replongera dans la guerre Iran-Irak. Michel Gondry nous fera voyager en bus avec des lycéens du Bronx dans The We and the I et Ben Wheatley en caravane sur les routes anglaises dans Touristes. Les enfants (et les grands, avec nostalgie !) découvriront l’adaptation des albums de Gabrielle Vincent, Ernest et Célestine par Benjamin Renner, Stéphane Aubier et Vincent Patar, d’après un scenario de Daniel Pennac avec les voix de Lambert Wilson et de Pauline Brunner. Le meilleur de Cannes à Marseille ? ANNIE GAVA

La quinzaine des réalisateurs Festival de Cannes Du 16 au 27 mai www.festival-cannes.fr Alhambra cinémarseille Du 29 mai au 10 juin www.alhambracine.com

Adieu Berthe (ou l'enterrement de mémé) de Bruno Podalydes © Anne-Francoise Brillot - Why Not Productions

Métaphore du paradis «Temps paisible et harmonieux des choses» murmure Joëlle Gardes aux détours du texte Couleurs du temps qui sera lu par Marie Christine Barrault le 10 juin. Où ? Dans un jardin bien sûr, à découvrir au détour de ces flâneries qu’Andréa Ferréol nous offre pour la 6e année. Un travail de 8 mois de préparation, des bénévoles attentifs, et 80 000€ à récolter, mécénats, subventions… Manque à l’appel cette année la ville d’Aix, alors que cette manifestation sur deux journées la célèbre, et amène à découvrir des lieux cachés, à porter un regard neuf sur les plus connus, habités par des œuvres sculpturales, picturales, animés par 11 concerts et des spectacles (Ballet National de Marseille, cie Didier Théron). Les Flâneries permettent aussi de rencontrer des artistes, 18 cette année, et de retrouver leurs œuvres hors des galeries, comme une pousse disciplinée ou folle des jardins. On y trouve Le sac d’Andréa Ferréol par Véronique Bigo : les objets représentés racontent le personnage, dévoilent l’intimité, transforment l’objet mort en récit inventé par chacun. Véronique Bigo sourit, citant Duchamp, «c’est le regardeur qui fait l’œuvre». Ici, le voyeur ? Le sculpteur Jean-Pierre Dussaillant «ne veut qu’apporter un moment de bonheur et d’esthétique». Son matériau préféré ? le bronze, pérenne, avec sa patine, permet un art direct, «pas de bavardage, il faut aller à l’essentiel». Le peintre Mohamed Lekleti questionne directement l’humanité, cherche à en définir la nature et l’unité dans une inspiration nourrie de cultures multiples, et de surréalisme. Ses personnages, travaillés d’une mythologie personnelle, empruntent aux chevaux, aux êtres en devenir, se métamorphosent, exposent leurs trajets, superposent, déforment, cherchant «le propre de l’homme». Entré en peinture depuis seulement 10 ans, JeanLouis Foulquier reprend dans ses toiles des «gueules de nuit», qui rappellent l’univers du cinéma dans lesquels il a évolué pendant 40 ans. «Ces tronches, il faut qu’elles apparaissent et me parlent.» Il les jette en grand et contrastes durs sur la toile, comme un fauve pour qui les lumières de la nuit garderaient les couleurs chaudes et la vivacité du sang… Et il y a encore 14 artistes…. Y a-t-il meilleure manière de flâner ? MARYVONNE COLOMBANI

Flâneries d’Art Les 9 et 10 juin Aix-en-Provence 06 09 11 99 61 www.aix-en-oeuvres.com Jean-Louis Foulquier, Bodega. 113x162, 2010


18 FESTIVALS FÊTE DU VÉLO | FÊTE DU PANIER | FÊTE DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE | LA VALETTE

Du vent dans les pages Leonora Miano © T. Orban-Abacapress

Le 4e Festival du Livre la Canebière, de organisé par l’association Couleurs Cactus en partenariat avec la Mairie des 1er et 7e arr., se déroulera du 8 au 10 juin. Où ? Sur la Canebière bien sûr. Mais pas seulement ! La manifestation prend de l’ampleur et investit de nouveaux lieux. L’édition précédente avait déjà offert une belle soirée de clôture au Port, sur le voilier Le Don du Vent. Il en ira de même cette année. Toute la journée du dimanche sera d’ailleurs résolument tournée vers la mer, avec une possibilité d’escapade au Frioul et une proposition de balade à partir du Fort Saint-Jean. Pas de doute, ce festival augmente la voilure. Tout en conservant ce qui fait sa couleur particulière -la diversité des propositions, l’attention portée à tous les publics, les thématiques de la migration, du métissage et des voyages en tous genres- chaque année, il innove, tente de nouvelles incursions géographiques et artistiques. Des passerelles entre les lieux, entre les arts, avec l’ambition généreuse de multiplier les échanges, les lectures, les points de vue. Pour cette 4e édition, 50 auteurs seront présents, venus souvent de loin, de Catalogne comme Francesc Serés (voir p.70), de Norvège comme Monika Kristensen ou d’Afrique, comme Léonora Miano et Maïssa Bey. Autre nouveauté de cette édition : la résidence proposée à deux auteurs de la région, le romancier René Frégni et le bédéiste marseillais Eddy Vaccaro, qui croqueront durant trois jours «le quotidien de la Canebière» puis présenteront leurs «écrits sur le vif» lors de la soirée de clôture. Rappelons que le Festival du Livre, ce sont des rencontres littéraires de qualité, des ateliers d’écriture et de lecture, des séances de dédicaces, bref tout ce qui a trait aux livres et à la littérature. Que ce sont aussi des expositions, des spectacles…

Francesc Serès © X-D.R.

À noter, par exemple, celui que proposera le collectif Manifeste Rien. En 2011, le public avait applaudi Le massacre des Italiens. Jeremy Beschon et Virginie Aimone donneront cette année aux festivaliers la primeur de leur toute nouvelle création Chacal (le 9 à 18h). Que ce sont encore des balades sur la Canebière, à la découverte de lieux et de personnages insolites, que la comédienne Bénédicte Sire concocte avec humour. Un concours d’illustration et de nouvelles, auxquels Zibeline s’associe, et des manifestations au Centre Dugommier (voir p 51). Une croisière originale, gratuite et sans danger, sur les mots et entre les cultures.

Petite reine deviendra grande Fin d’après-midi sur la Corniche, heure où tout au long de l’année les automobilistes mangent leur volant dans les embouteillages, incapables de profiter de la beauté du site, pendant que les joggers encrassent à fortes doses de gaz d’échappement leurs poumons vulnérables. Toute l’année ? Non. Car un collectif d’irréductibles optimistes à vélo, croyant aux vertus de la réappropriation urbaine, s’emparera pour la 7e fois des grandes artères marseillaises par un beau dimanche de juin. L’occasion ou jamais de se pencher sur les innombrables vertus de notre petite reine : air moins pollué, planète préservée, souffle retrouvé, jambes fuselées, plaisir partagé, efficacité... Tout en goûtant le luxe de sillonner la plus belle ville du monde comme dans un rêve sans voitures. D’un côté, la mer, zébrée d’un Frioul calcaire à tomber par terre. De l’autre, une cascade de ruelles blanches dévalant vers de petits ports colorés. Et sous nos (deux) roues, une chaussée pleine de musique et d’enfants qui dansent. Un paradis duquel malheureusement il faudra bien redescendre dès le lundi suivant, pour reprendre sa vieille routine chargée en CO2. Hélas, ça ne peut pas être la Fête du Vélo tous les jours. Quoique ? GAËLLE CLOAREC

Fête du Vélo Le 3 juin à 10h rdv Parc du XXVIe Centenaire http://feteduvelomarseille.com/

FRED ROBERT

Le Festival du Livre de la Canebière Les 8, 9 et 10 juin 09 54 20 15 85 www.festivaldulivredelacanebière.com

La fête du velo, 2011 © Vincent Lucas

Le Panier en fête

Les 15 et 16 juin aura lieu la 19e édition de la Fête du Panier, le rendez-vous annuel en plein air dans le quartier mythique de la cité phocéenne qui signe l’arrivée de l’été. L’an passé 40 000 personnes s’étaient

pressées à cet événement populaire gratuit, incontournable vitrine associative et festive de Marseille. La quintessence de la fête de quartier ! Toutes les générations se rassemblent pour déambuler à travers les ruelles © Mathieu Mangaretto

et les places, partager des instants communs autour de cette flânerie musicale et conviviale. Cette année, en dehors des créneaux horaires habituels de la fête, s’adjoignent des rendez-vous «hors cadre» avec des sets dj dés 14h, un balèti entre 12h et 13h, des contes pour enfants en fin de matinée, des balades en ânes dans la journée, des visites guidées pour redécouvrir le quartier, une chasse au trésor, des ateliers artistiques, des spectacles. Une trentaine de concerts sont programmés, parmi lesquels Gari Gréu, le leader des Massilia Sound

System (le 16 juin à 20h place des Pistoles), suivi (à 23h) par la chanteuse anglo-indienne Susheela Raman ; un voyage du flamenco à la rumba avec Tchanelas (le 16 juin à 22h place de Lenche) ou de la musique tzigane avec Mascarimiri (le 15 juin place des Pistoles). DE.M.

Fête du Panier Marseille Les 15 et 16 juin 04 91 91 09 28 www.fetedupanier.com


Contes enchanteurs

© X-D.R

Depuis 10 ans le Parc des Troènes, à La Valette-du-Var, se transforme en Village des contes pour accueillir la manifestation Contes & Jardins, une rafraichissante, et conviviale, plongée dans un pays des merveilles dont les conteurs hors pair -tous sont déjà venus lors des éditions précédentes et sont les «coups de cœur» des organisateurs de cette «édition concentrée»-, sont les guides. Sous une tente ou une yourte, près de roulottes ou un arbre, les six conteurs se partageront la soixantaine de séances réparties sur les 5 jours du festival : dans l’univers tsigane de la cie Audigane, Les coffrets ont des histoires, Niglo le hérisson voyage, les mioches font la foire et la compagnie fait son cirque avec des puces qui sautent et des Bonbons circus… ; Philippe Sizaire, lui, racontera le monde avec La souris dans un gant de boxe, des Histoires qu’on sème ou C’est mieux ailleurs ; Colette Migné raconte l’amour aux petits et grands, quand Ça crac crac dans le jardin ou qu’existent de Petits arrangements sur l’édredon ! ; Catherine Caillaud raconte pour faire grandir, éveiller ou bousculer l’histoire de Lili la petite souris, Dans les roses ou dans les choux, ou À l’ombre du châtaignier ; Ladji Diallo, qui a grandi en banlieue parisienne, a fait le voyage à l’envers pour retrouver ses racines en pays Dogon, et chante la savane, La palabre des vestibules ou les éléphants à la rivière ; et puis l’Afrique toujours avec Rémy Boussengui et l’univers gabonais qu’il conte, s’accompagnant d’un arc musical et d’un tam tam, avec L’arbre qui parle, Blanche Neige, fille d’Afrique ou Tata Bouka le père… DO.M.

Contes & Jardins Du 24 au 28 mai Parc des Troènes, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr © X-D.R


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THÉÂTRE

LE LENCHE | LA MINOTERIE | LE GYPTIS | LA FRICHE

Complicité des nuisibles Lorsque Jean-Claude Fall a choisi de mettre en scène Hôtel Palestine, cette pièce relative au bombardement par l’armée américaine en avril 2003 d’un établissement abritant des journalistes à Bagdad, on lui a quelques fois demandé ce qui pouvait bien l’intéresser dans «cette guerre déjà passée». À cela il répond qu’il est «d‘autant plus pertinent d’être en confrontation avec cette histoire contemporaine, même si elle n’est plus d’actualité» que l’on est, consentant ou non, enfermé par l’ultra-libéralisme régnant dans un éternel présent. Falk Richter -l’auteur du cycle auquel appartient Hôtel Palestine- a trempé sa plume dans le vitriol. Il espère réveiller le spectateur infantilisé par le ronron-

Jean-Claude Fall, «les forces politiques, économiques, et les médias ont des intérêts qui convergent. Il ne manque que la milice et la religion, pour qu’on soit dans un système fasciste, et cela n’est pas assez dit dans les endroits publics.» Parce que lui n’hésite pas à le faire, il est bon d’aller voir cette pièce, ne serait-ce que pour se poser quelques bonnes questions : à qui profite le crime ? Qui donc gagne à maintenir une citoyenneté faible, une culture avilie, un libre-arbitre factice ? GAËLLE CLOAREC © X-D.R

nement constant de la machine médiatique et les mensonges d’État, en le

mettant face aux procédés mêmes qui ont conduit à son abrutissement. Pour

Au-dessus d’un nid de coucou

© Yann Loric

Ils sont quatre, passablement adulescents et pris par la crise d’une trentaine un peu amochée –hantises d’enfance, chômage, petits boulots, reconversions, infidélités plus ou moins assumées. La belle Hélène, capricieuse et démiurgique, franchement insupportable, orchestre la danse : compagne de Franck, maîtresse de son ami Auguste, meilleure amie de Guillaume, le témoin qui reste sur le bord. Ensemble, les voilà embarqués pour un camping sauvage, censé exorciser leurs démêlés, en les transposant en jeux de rôles. Sur la trame mince d’une comédie de mœurs qui revisite le quadrille du Songe du nuit d’été se construit un objet non identifiable : l’autodérision de ces indécis en mal d’air, avec leur tente Quetchua qui

marche aussi bien que dans la pub, leurs délires hallucinatoires, l’attente d’un deus ex-machina qui pourrait aussi bien être un coucou ou le dahu à trois pattes ; la grande ombre des mythes derrière des jeux régressifs qui ont la puissance des rites ; le plaisir

Hôtel Palestine a été joué du 17 au 28 avril au Théâtre de Lenche

inquiétant et réjouissant qu’il y a à être son propre déguisement. On a parfois du mal à savoir ce qu’ils jouent et ce qu’ils sont mais la scénographie distancée, toute en contrastes et transparences, introduit une distance mélancolique qui fait contrepoint à la mobilité versatile d’un texte qui tient tous les registres, du vaudeville à la pastorale anachronique, porté par les décalages rythmiques constants du jeu généreux, fait d’excès et de nuances, des comédiens : qu’on s’y perde ou pas, voilà une sacrée partie de montagne ! AUDE FANLO

Le quadrille amoché, texte et mise en scène de Charles-Eric Petit, a été joué du 8 au 12 mai au Gyptis

Ô basket, suspends ton vol ! © Grand Magasin

La critique, perplexe, rend compte en 1509 signes d’un spectacle inracontable et réjouissant. Où elle décrit son enthousiasme pour le bazar d’un Grand Magasin -cartons, scotch, baskets, gorilles- dans un spectacle qui s’amuse à se déconstruire en se disant au moyen de 50 scènes… racontées à l’avance. Le point de départ, qui est aussi le point d’arrivée, est simple et judicieux : «pour qu’il y ait du suspense, je dois savoir à l’avance ce qui va avoir lieu». C’est drôle comme une tragédie ! Le tir d’une basket devient une aventure, du moment qu’on se suspend à sa réussite annoncée ; le spectateur, programmé par cette impeccable mécanique, suit avec une application hypnotique les exploits miniatures et rit de sa propre fascination, satisfaction et déception, espère et redoute la part de hasard que lui réserve l’inévitable. Avec une logique aussi loufoque que rigoureuse, le duo pince sans rire que forment François Hiffler et Pascale Murtin taquine les codes théâtraux, raconte les gestes, le décor, les déplacements qu’il exécute, joue des variations infimes de la répétition dans une combinatoire subtile et décalée, crée l’attente de ce qu’on sait et parce qu’on le sait. Avec la complicité amicale et fidèle de cette compagnie, et dans une atmosphère de déménagement festif, la Minoterie poursuit ainsi sa tournée d’au-revoir en forme d’inventaire, avant la fermeture du lieu : on espère aussi, à la façon des Rois du suspense, pouvoir trouver surprise et joie dans cette fin annoncée. AUDE FANLO

Les Rois du Suspense, par Pascale Murtin et François Hiffler de Grand Magasin, a été joué à la Minoterie les 3 et 4 mai. Programmation en collaboration avec Marseille objectif danse.


Journées continues Pari gagné pour les 48h chrono de la Friche ! Dès la première soirée près de 5000 fêtards sont venus au concert de ErikM & FM Eihneit, au bal tango argentin ou aux Oiseaux de nuit du Cabaret aléatoire, mais aussi voir les projections horizontales et les vidéos témoignages proposées par Zinc, les peintres à l’œuvre au Street Park… Dans la journée, les 19 et 20 mai, le public était nettement plus familial… mais les parents affalés dans les transits ressemblaient, pour certains, aux danseurs rencontrés la veille ! La Friche diurne en tous les cas a parfaitement réussi à se révéler, même en chantier, un lieu accueillant pour les enfants : la crèche a été conçue par Mathieu Briant comme un Vaisseau où l’enfant joue avec son image, une aire de jeu provisoire, avec sable, glissades et perchoir, permettait aussi de dessiner et d’écrire, de fabriquer des architectures en duplos, de créer des films d’animation… Les adultes aussi pouvaient participer aux ateliers, ceux de Zinc pour photographier dans le noir, le jardinage urbain avec Jean-Luc Brisson, la cuisine aux Grandes tables… Le jour permettait aussi de se faire masser en écoutant des boucles sonores, et de découvrir les propositions plastiques à la Tour : la Crash Box d’Anne-Valérie Gasc, exposée sans son site, apparaît simplement comme un gros pneu orange, signal d’un univers qu’on ne perçoit pas ; mais the Last Swallow, installation éphémère, donne tout son sens aux 48h : gethan&myles ont suspendu des chrysalides sur le point d’éclore au bout de fil suspendus, délicates, éclairées par un projecteur qui les réchauffe, comme le passage de nos corps. En 48h les papillons ont éclos, et volent dans la salle. Le 19 mai certains s’extirpaient de leur cocon, d’autres déployaient leurs ailes, les derniers attendaient encore ; un mur scintillant comme au coucher du soleil, un tas de canettes froissées rappelaient la dernière gorgée, fin du temps précédant la métamorphose… D’autres propositions nécessitaient d’être à l’heure : la performance ELSA, où le poète Manuel Joseph, accompagné de trois musiciens qui percutent et distordent à fond, s’en prend à la paranoïa sécuritaire qui nous vidéosurveille ; les délicieux aphorismes participatifs de Murphy dispensés par la Cie Parnas le dimanche ; les propositions du GMEM qui finissait son festival le samedi (voir p 32) par un concert de l’EOC (Zib 53 y reviendra) et des Relectures Cage trop monolithiques : le pianiste Wilhem Latchounia a beau avoir un talent exceptionnel, quelques pièces, dont celle de Jodlowski, ont beau déployer un univers personnel marquant, un long concert de piano préparé a quelque chose de lassant lorsque les pièces s’accumulent : celles des huit compositeurs, aux timbres forcément identiques, aux principes architectoniques obligatoirement proches, et aux esthétiques bridées par choix contingent, oublient l’humour, la provocation, la curiosité pour les musiques extra-occidentales dont faisait preuve John Cage, et dont ces Relectures étaient pour la plupart dépourvues. Pas grave : en 48h, on peut un peu s’ennuyer ! AGNÈS FRESCHEL

Les 48h Chrono de la Friche ont eu lieu 48h sur 48, du 18 mai 19h au 20 mai 19h Le temps suspendu, par la cie Parnas © Vincent Lucas


22 THÉÂTRE LA FRICHE | SIRÈNES ET MIDI NET | FNCTA

Dialogue autour d’un oiseau compositeur électroacoustique, directeur du GMEM. Il récupère les notes fixées de l’orgue, les transforme et les mixe en temps réel. Les sons se répondent, se superposent se répandent. Le dernier mot, juste avant la sirène de fin, revient à l’oiseau mécanique, métaphore de cette rencontre inédite. Une inhabituelle conversation, qui amorce le Festival les Musiques (voir p32). CHRIS BOURGUE

La mécanique des orgues, coproduite par Lieux Publics et le GMEM, a résonné le 2 mai à midi pile sur le parvis de l’opéra de Marseille

© Vincent Lucas

Un chant d’oiseau s’élève sur la place de l’opéra. Les têtes se lèvent, les yeux s’interrogent : où est l’oiseau ? Puis comprennent : c‘est un automate dans une cage, à côté de l’instrument de Pierre Charrial. Celui-ci actionne la manivelle de son petit orgue de barbarie, et le papier perforé défile. Des sons étranges répondent à l’oiseau. Puis le «tourneur» actionne un orgue plus grand aux cartons perforés carrés : l‘orgue, récent, d‘aspect et fonctionnement traditionnels, concède à la modernité une pompe à air. Puis d‘autres sons surviennent… un autre musicien est installé sur le côté du parvis derrière ses ordinateurs : Christian Sébille,

M... comme amateur Le Théâtre du Torrent (Annemasse) a présenté la 1re pièce de l’auteur amé-

ricain Jeff Baron, écrite en 1999. Traduite en 22 langues et jouée dans 37 © X-D.R.

pays, c’est une pièce populaire. Mr Green, vieux juif, veuf et reclus, reçoit les visites de Ross, jeune cadre condamné à lui rendre visite pendant 6 mois suite à un accident. Peu à peu le vieillard s’apprivoise et le jeune homme se confie... Le choc des civilisations l’un est traditionaliste, l’autre gayentraîne bon nombre de situations cocasses. Mais sous la légèreté se devinent des blessures et des troubles qu’une mise en scène trop lisse ne laisse pas suffisamment affleurer pour nous toucher. Le Théâtre du Lacydon recevra, le 24 mai, le Théâtre de chambre de Salignac (04) avec Les chaussettes...opus 124 de Daniel Colas, face à face deux acteurs sur le déclin essayant de remonter un spectacle. Le 25, Frédéric Ortiz du Théâtre Off animera un atelier de répétition pour 3 compagnies. Le

26, Le grain de sel de Six-Fours donnera Divinas palabras de Del ValleInclan, auteur espagnol du début du XXe. Au Théâtre de Lenche, le 31 mai, Anny Perrot proposera la lecture inédite en France de Sale dimanche d’un auteur irlandais, Mark Wale, dans une traduction d’Hélène Courault, administratrice de La Criée. Le 1er juin Étéroclit Théâtre d’Albertville (73) jouera Opus Coeur d’Israël Horovitz et enfin le 2, la toute jeune Cie Jardelys de Paris donnera Rame d’Eugène Meiltz. CHRIS BOURGUE

Visites à Mister Green s’est donné au Gymnase le 27 avril

La peau, la terre © Lumi Lausas

Franck Dimech et ses 11 interprètes ont eu 3 semaines pour monter une adaptation du Woyzeck de Büchner, sur une proposition du théâtre Vitez. Onze étudiantes du Département Arts du spectacle de l’Université de Provence se sont engagées à corps perdus à jouer des rôles d’hommes, une aventure dont elles sortent grandies, à la fois enrichies et brisées. Première image : un espace vide traversé en oblique par une longue barre de danse sur laquelle une jeune femme en slip et chaussons, seins nus, fait des exercices en comptant en allemand. Regard fixe, sans expression, seul le corps s’active. Si Franck Dimech souligne le dénuement des âmes et leur

pièce (voir Zib 49), seuls quelques éléments de costume apparaissent parfois : une jaquette, des escarpins... La traduction choisie, celle de Pierre Prentki (1978), met en lumière une langue crue et brutale, au-delà des situations présentées, une langue qui ramène à l’origine de la terre et de la chair, nommée «woyzecke» par Büchner ; elle a donné son nom à la version de Dimech, qui souligne aussi le féminin de la distribution... Un spectacle dont on sort secoués, et admiratifs. CHRIS BOURGUE

solitude, et distille un humour grinçant en mettant dans les culottes des filles

d’ostensibles protubérances. Comme dans sa récente mise en scène de la

Woyzeck(e) s’est donné du 18 au 22 avril à La Friche


DAKI LING | MONTÉVIDEO | 3BISF

Des clowns, oui mais lesquels ? Difficile de tout voir tant le festival Tendance Clown #7 est dense et éclectique. Du spectacle de rue au spectacle en salle, le public assiste à des acrobaties, des shows musicaux et à du clown théâtralisé, pour enfant, mais jamais seulement, et toujours (aussi) pour adulte. Au fil des prestations, le clown change de visage et touche un large panel de disciplines, circassiennes ou non. Avec plus ou moins de réussite : L’Histoire de Petit K est d’abord amusante mais rapidement attendue, les performances vocales, trop contrôlées, ayant été déjà maintes fois visitées. Mais d’autres spectacles sont très drôles, comme Manu Nashville des Bonodo Twist et leur hommage délirant à la bière Frütenland. Sur des allégories tyroliennes conjuguées avec des morceaux de Country, ils créent une écriture délirante et sensée sur la propagande publicitaire. Avec la Cie Mine de rien, la gestuelle et la mimique dominent. Sur le thème d’un Tri o Lavomatic, les clowns jouent sur l’opposition perfection/maladresse, notamment dans un très savoureux pliage du linge. Quand à O.PU.S, il s’agit d’une conférence sérieuse, scientifique et pédagogique démontrant les dangers du fromage. Le propos est tellement décalé, obsolète que c’est à cet endroit que le public rencontre le clown : dans la conviction touchante d’un personnage qui tient son rôle bien au-delà du spectacle et dans cette mise en scène absurde et passionnée qui finit par nous dégoûter réellement du fromage à vie ! Une belle programmation qui continue jusqu’au 27 mai (voir p42) il est encore temps d’en profiter!

À six mois de la création à Fos, juste avant la pause nécessaire au mûrissement, la troupe de l’Auguste théâtre présentait au 3bisf une étape de travail de sa pièce Dis-moi fils. Le propos s’attache à l’exploration des liens multiples qui peuvent relier une mère à son fils. «Au départ confie Claire Massabo, je disposais de fragments, d’extraits, de lambeaux que je voulais mettre en scène, sans leur trouver de cadre qui les rassemble.» D’où ce patchwork qui reprend des extraits d’auteurs que l’on a plaisir à reconnaître, Cohen, Gary, Fregni, Koltès, Mauriac, Cavanna..., des passages écrits par Claire Massabo avec la collaboration de Brigitte Quittet, les mots des comédiens… Tout un travail d’aller et retour entre les paroles des mères reprises par leurs fils établit un ensemble de traces, essaie de dessiner ce qui reste dans l’imaginaire. Ce pourrait être caricatural ou franchement mièvre, mais jamais l’on ne tombe dans ces pièges-là. Les acteurs sont convaincants, leur ton juste, et Sandra Trambouze qui interprète différents personnages de mère se transforme subtilement. On rit beaucoup, même si le fond est touchant. À la création une tour viendra structurer l’espace, donnant un point d’ancrage à ce voyage complexe dans le temps des souvenirs. Une belle esquisse !

Le Festival Tendance Clown est organisé par le Daki Ling à Marseille

Lectures contrastées Sylvain Courtoux © X-D.R.

qu’il disait trop vite… privant l’auditoire du temps nécessaire pour l’appréhension. Pourtant il avait introduit longuement le contexte de ses pages, les trois récits imbriqués, les personnages de chacun… et malgré la rapidité et la maladresse, la force lyrique parfois s’élevait, une langue superbe, des éclats d’Alger, et la sensation intérieure, impérieuse, que l’écriture peut sauver, qu’il faut malaxer la langue et tordre le réel. Après 10 minutes de pause, Sylvain Courtoux lui succédait. Immédiatement dans la dérision, traversant la scène sans s’y arrêter, scandant ses textes sur les sons pouraves d’une boîte à rythme enregistrée sur un antique mais pas glorieux magnéto cassette. La performance, immédiatement drôle, soulève l’adhésion. Mais les vers qu’il slame vaguement sans vraiment y croire, ni prétendre y croire d’ailleurs, témoignent d’une vision agressive des femmes, du sexe, du monde. Il enchaine ses textes sur le même rythme, mi goguenard mi désespéré, n’attendant rien visiblement, et s’inscrivant dans la lignée des poètes sulfureux et maudits, séparés du monde qui ne veut pas d’eux, en proie à des délires et addictions. Nombriliste, cette autobiographie éclatée ? A.F.

Mustapha Benfodil et Sylvain Courtoux ont lu respectivement Archéologie du sentiment amoureux et Still Nox (éd Al Dante) le 26 avril à Montévidéo, Marseille

MARYVONNE COLOMBANI

Dis moi fils a été dévoilé au 3bisf, Aix, le 15 mai © Fabrice Quittet

Quelle idée de faire se succéder sur scène deux lecteurs si différents ! Mustapha Benfodil, timide, tremblant, à la diction difficile, butait sur son texte

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Le livre de ma mère

Opus © Pascal Rome

CLARISSE GUICHARD

THÉÂTRE


24 THÉÂTRE FOS | CAVAILLON | NÎMES

Folle évocation © Kim Akrich

Décidemment très inspiré par les univers hors-normes, Bruno Geslin visite dans sa dernière mise en scène celui d’Unica Zürn, artiste berlinoise proche des surréalistes qui fut aussi la compagne d’Hans Bellmer. Écrit en 1970, un an avant le suicide de l’artiste, Sombre printemps, le texte dont s’inspire Geslin, est le portrait autobiographique bouleversant d’une enfant en proie à ses premiers désirs, à la découverte d’une sexualité violente, et du premier amour, jusqu’à en mourir. La sobriété de la mise en scène laisse place au talent de la comédienne Claude Degliame qui incarne cette petite fille, avec cette voix profonde, grave, à la diction si particulière qui n’est pas sans

La bête identitaire

rappeler celle de Brigitte Fontaine, dans un monologue à la troisième personne qui alterne au récit de pulsions obsessionnelles celui de la vie quotidienne. À ces mots percutants se mêlent les mélodies et chansons pop rock du groupe Coming Soon -parfaitement intégré à la scène- créées pour le spectacle, et qui cheminent telle une écriture parallèle, appuyant d’un solo de batterie ou de longs riffs de guitare l’intensité du texte. Et faire résonner, longtemps après, l’ultime cri. DO.M.

Dark Spring a été joué du 26 au 30 avril au Théâtre de l’Odéon, à Nîmes

Les souvenirs font leur cinéma

© X-D.R

Dans la continuité du travail entamé avec Beyrouth Adrénaline, dans lequel elle évoquait le quotidien de deux familles libanaises pendant la guerre, la metteure en scène franco-libanaise Hala Ghosn élargit son propos en décomposant les identités multiples qui composent l’être humain, notamment lorsqu’elles entrent en contradictions les unes avec les autres pour déboucher sur des actes irréversibles. Il ne s’agit plus forcément de conflits internationaux, mais plus de conflits identitaires, nationalistes, fondamentalistes, furieusement contemporains. S’inspirant de l’essai d’Amin Maalouf, Les identités meurtrières, elle interroge donc la notion d’identité et décortique les mécanismes qui conduisent à la haine, privilégiant les petites histoires par le biais de portraits dont les traits s’affinent au cours du jeu, le quotidien singulier de chacun des personnages aux prises avec sa trajectoire, sans jamais tomber dans un discours didactique, voire idéologiste. Ils vont se croiser, la comédienne libanaise devenue ennemie de la nation après avoir fui son pays en guerre, la présentatrice allemande citoyenne du monde, un émigré croate gay et émancipé, un clown sans frontière breton et fier de l’être… La mise en scène dynamique d’Hala Ghosn fait se succéder les saynètes jusqu’à l’inévitable clash entre comédiens, ficelle rebattue mais qui ici fonctionne parfaitement, amenant les comédiens à s’interroger les uns les autres sur les fondements de leur discours, emportés par leurs encombrants personnages, comme dédoublés, pris en défaut de tolérance et de respect. La paix est fragile, quelle qu’elle soit, mais il est toujours temps d’apprivoiser notre panthère. DO.M.

Apprivoiser la panthère a été joué à Fos le 21 avril © Thierry Laporte

Un gradin trifontal, un chapiteau sans toit cerné de rideaux rouges, deux acteurs qui jouent sans pseudos, des lampes de poche : l’intimité recréée pour cette veillée de retrouvailles est le condiment d’accueil du Théâtre de Cuisine, qui aime perdre son public dans les histoires-puzzle où l’imaginaire résout des mystères. Inventeur du «théâtre d’objets» avec sa complice Katy Deville, Christian Carrignon met en scène une petite épopée à rebrousse poil du temps où les objets du quotidien réveillent en douceur les souvenirs ; incitation cachée à réinventer d’autres veillées singulières plus personnelles ? Claire et Hadi se retrouvent après 25 ans autour d’une malle contenant ce qu’il reste de leurs souvenirs d’enfance, et de leurs vacances passées chez le héros de l’histoire, un résistant au cœur lourd : Tonton Papi, «un savant préhistorique qui ne veut pas qu’on fouille dans sa vie», né comme eux un 14 juillet. Davantage compilation que commémoration, cette veillée autour de 5 dates anniversaire les aidera à comprendre les secrets de leur enfance. On repart en sifflant Ellington, des images de flash back très cinématographiques dans la tête, en laissant malgré tout certains passages de ce conte à tiroirs bien rangés dans leurs «cartons à sagas». DELPHINE MICHELANGELI

Une veillée singulière s’est jouée en tournée Nomade(s) du théâtre de Cavaillon du 9 au 15 mai


AVIGNON | VAUCLUSE

THÉÂTRE

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Émergence d’émotions Dix propositions soignées jalonnaient la seconde édition du festival de la jeune création avignonnaise : un événement pluridisciplinaire monté hardiment par Surikat Productions un curieux voyage. La Cie Oxyput présentait John & John, un ballet encore un peu approximatif sur la survie de deux «jumeaux» interchangeables, noyés dans une jungle de sacs plastiques recouvrant le sol. Barbara Amar prenait le relais avec Occupation précaire, offrant une danse plus intérieure et précise. Une étrangeté qui semblait répondre au chaos précédemment installé pour une recherche sur l’identité et la lumière. Dans Laurel et Hardy vont au Paradis de Paul Auster, Olivier Ranger et David Choquet s’engouffrent à cœur joie dans le duo comique de référence, bâtissant une fable sur l’existence humaine. Clownesque au départ, enfermés dans leurs corps, leurs certitudes et leur mission de «bâtisseurs de murs» (en cartons géants), le duo d’enfer aura à abattre les remparts de sa propre aliénation. Un ballet à sketchs qui réfléchit, en s’amusant des notions d’amitié et de liberté. Aux Hivernales, Lionel Hun et la Cie Hybride ont conquis la salle, comble cette fois, avec la création multimédia Influx, prometteuse. Six danseurs montés sur ressorts (et pointes), très techniciens, réagissent aux effets de la technologie, traversés par les mouvements des scanners lumineux et autres flux neigeux, pour s’adapter les uns aux autres et imaginer des espaces de vie en

Hormis lors du vernissage inaugural du Collectif d’arts visuels ACA, le public s’est globalement fait timide pour cette mise en lumière de compagnies émergentes. À l’Entrepôt, peu de monde pour découvrir l’univers onirique d’Elise Vigneron du théâtre de l’Entrouvert. Dans Traversées/Fragments, l’artiste a développé un extrait du spectacle final pour présenter un poème de 30 minutes. Accompagnée d’un guitariste très aérien, cette fille en forme de fée nous transporte dans une étrange poésie animée d’une délicatesse à fleur de peau, où la marionnette humaine côtoie l’infiniment subtil de petits êtres recréés. La scène nationale de Cavaillon programmera ses intrigantes Traversées en tournée Nomade(s) la saison prochaine. Aux Carmes, la Cie Bookobsa interprétait un Ballet d’ombres mécaniques, revisitant «les priorités de l’Histoire et de ses révolutions industrielles». Si visuellement l’abstraction picturale désirée atteint son but, grâce à l’ingénieuse installation de machines sonores et créatrices d’ombres, l’objet théâtral a fini par dériver, par manque de narration. Au final, point d’histoire à raconter par ces trois marins d’eaux floues dominés par la machine. Hasard heureux de la programmation, chez Golovine, deux courtes pièces dansées offraient par leur succession,

Traversees-Fragments © De.M

commun. Une recherche séduisante et métissée, étonnement romantique musicalement, qui emmène la danse au-delà des cloisons habituelles.

Le festival Emergence(s) s’est tenu du 10 au 20 mai dans divers lieux d’Avignon

DE.M.

Au bonheur des mômes dans le cadre du 20e anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’enfant. Quatre «clochardes célestes» déballent de leur besace des histoires d’enfants soldats, orphelins, rejetés, maltraités, cachés, exploités ; en alternance systématique avec des chansons n’alUn petit soldat de plomb © De.M.

Festo Pitcho, le festival de spectacle pour publics jeunes, a connu une fréquentation record pour sa 6e édition. 6 670 spectateurs sont venus partager ce temps fort en Vaucluse. Parmi les 21 spectacles, des propositions musicales particulières : Nokto de Raoul Lay à la scène Nationale de Cavaillon, enchantement visuel et sonore pour bébés jusqu’à trois ans ; et Le Concert des Méli Mômes qui a transformé le théâtre des Halles en dance floor pour chérubins. 5 musiciens survitaminés ont fait chanter à tue-tête les collégiens et swinguer les tout-petits, surpris de leur propre audace. Grâce à un répertoire musical original et une énergie débordante, le quintet transmet à partir des petits tracas enfantins le goût de la musique et l’incomparable saveur d’un concert en direct. Sur le thème de l’enfance en danger, l’Atelier du Possible jouait au Balcon Immenses et Minuscules, créé en 2009

légeant pas la gravité du sujet. Un spectacle-documentaire qui souligne le pouvoir du langage et la cruauté du monde, à réserver aux «grands» enfants : bien qu’entourée par la chaleur et la sincérité des protagonistes, cette «mise à jour de la vérité» pour com-

prendre le sens des mots «Egalité, Fraternité et Liberté», est forcément attristante. Aux Doms, belle découverte d’Un petit soldat de plomb par la Cie Arts & Couleurs, qui transforme avec des petits riens du quotidien (et une bonne dose d’organisation) le conte d’Andersen en recette gourmande. Dans une cuisine reconstituée, les enfants sont invités à la table d’un théâtre d’objets contrôlé par un couple lui-aussi improbable, dans un aller-retour entre réel et rêvé. Un monde miniature s’anime pour devenir un étonnant théâtre d’ombres et mettre en lumière deux grands cœurs, pas seulement de plomb et paillettes. DE.M.

Festo Pitcho s’est tenu du 14 au 22 avril dans 6 communes du Vaucluse


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DANSE

CAVAILLON | MONACO | TRETS | SAINT-MAXIMIN

La leçon de danse sure par Thierry de Mey ; à couper le souffle. L’espace devient une terre géométrique qu’elles balayent de diagonales en spirales de lumière jusqu’à l’épuisement. Une pièce hypnotique et indémodable qui demande un «effort» de lecture pour que se révèle l’état de grâce, chaque mouvement s’étirant pour «faire la nique» au temps. Au jeu des chaises (musicales) et de la modernité, Beyoncé, qui avait repris à la sauce R&B certains extraits du ballet culte, n’a qu’à bien se tenir !

La pièce culte d’Anne Teresa De Keersmaeker a rassemblé une salle comble de nombreux adolescents, abasourdis par la mécanique de danse qui allait se dérouler sous leurs yeux. La même depuis 25 ans, toujours aussi fascinante. En quatre tableaux, quatre danseuses époustouflantes de virtuosité ont opéré une échappée belle vers l’indéfinissable féminité, une admirable démonstration de précision autour de la répétition. Jeunes filles en jupette et socquettes qui passent de la station allongée à la transe obsessionnelle, entre mouvements nonchalants et syncopés, prises dans l’engrenage sans © Jean-Luc Tanghe fin de la comparaison à l’autre et du temps dissolu. Statues alanguies autant mèche balayée, une épaule dénudée, un croisement que provocantes, répétant inlassablement de «sim- de jambes-, rythmées par l’horlogerie de leur souffle ples» gestes minimalistes diablement millimétrés -une et la musique percussive et mécanique faite sur me-

DELPHINE MICHELANGELI

Rosas danst Rosas a été joué à la Scène nationale de Cavaillon les 10 et 11 mai

Souvent ballet varie De l’origine du cerf-volant

Altro Canto © Marie-Laure Briane

Quel que soit l’univers chorégraphique qu’ils abordent, les Ballets de Monte Carlo savent en rendre la teneur. Le mois d’avril a vu éclore les rhétoriques de trois chorégraphes dont les inspirations s’opposent : Jean-Christophe Maillot dessine une approche mystique des corps avec la reprise de Altro Canto I. Musique de Monteverdi, atmosphère d’un tableau du Caravage, avec une lumière (Dominique Drillot) comme immanente : un ciel de bougies accorde une dimension fantastique à cette chorégraphie poétique. Par un jeu subtil en miroir, chacun devient tour à tour objet de l’autre, les costumes de Karl Lagerfeld soulignant la confusion des genres. Monde baroque épousant l’évidence de la courbe, l’étourdissement, l’abandon, la fluidité première, jusqu’au travail sur les mains qui s’allongent en vagues mouvantes… Avec Marie Chouinard, qui pour la première fois confie son œuvre à une autre compagnie que la sienne, les mêmes corps sont blessés, infirmes, boiteux, liés à des béquilles, des harnais, des cannes, des

pointes… une esthétique de la douleur, où s’affirment de nouveaux codes, le vivant se pliant à des prothèses et à une impitoyable géométrie. Le tout dans une lumière crue d’hôpital, sur la musique originale de Louis Dufort, Variations sur les variations (Goldberg). Enfin, la création du jeune et talentueux soliste des Ballets, Jeroen Verbruggen, Kill Bambi, séduit par sa fantaisie débridée, son inventivité, son rythme, sa verve et son humour. Le spectacle commence par la fin, remonte dans le temps, passe de la charogne baudelairienne aux scènes champêtres, imagerie qui permet d’évoquer à la fois l’iconographie de Walt Disney et le monde du songe d’une nuit d’été shakespearien. Les costumes de On aura tout vu contribuent à cette folie féérique. La fougue de la jeunesse, parfaitement maîtrisée. MARYVONNE COLOMBANI

Ce programme a été présenté au Grimaldi Forum de Monaco du 19 au 22 avril

Au départ, il y a le livre d’Anouchka Gravel Galouchko, Shô et les dragons d’eau, fable à la fois poétique et écolo sur l’origine des cerfs-volants. Puis la fantaisie de la compagnie d’Hélène Desmaris porte sur scène toute la poésie de la charmante histoire : l’exceptionnelle petite fille Shô, interprétée par Alice Galode, aux pouvoirs surnaturels sait ainsi vaincre les démons de la mer, dansée par Marie Hélène Desmaris, et apprendre aux gens de son village à transformer l’ombre en lumière… Si le rythme est volontairement lent il n’est jamais lourd, et jamais l’on ne s’ennuie : la conteuse, Marie-Claude Rey sait ménager de justes espaces entre récit et chorégraphie, la musique de Xavier Proenca, créée pour le spectacle, jouée sur d’étranges instruments, souligne la belle poésie de l’ensemble. Un moment de rêve délicat et tendre pour les petits ! M.C.

Shô et les dragons d’eau a été dansé le 25 avril à Trets © Philippe Nou


Nya © Laurent Ait Benalla

Entre les corps à danser jusqu’à sa mort : toutes les jeunes filles sont élues, et le sacrifice devient universel. Chez Gallotta, le Sacre est une rêverie d’enfant, de petites chaises d’écoliers envahissent la scène dans l’introduction et la conclusion. La pièce mythique prend ainsi des allures ludiques, se met en abîme, et raconte l’histoire comme en un rêve de danse narrative retrouvée. Qui pourtant ne va pas au bout de la nostalgie et des références : les costumes, ratés, n’arrangent pas les corps, et la musique si faussement primitive de Stravinski dessert, par contraste, une danse trop simple, trop terne pour tenir le choc de la fougue et de la complexité d’une partition qui appelle la démesure, et des réglages parfaits. Un rêve de Sacre qui permet pourtant de mettre en scène, par contraste avec l’argument initial, une virilité vaincue, même si la danse n’est pas à la hauteur du propos. MARYVONNE COLOMBANI

La Croisée des danses a eu lieu du 9 au 19 mai La Croisée des Arts, Saint-Maximin

Le sacre © Guy Delahaye

Depuis le 16 février, le nouveau complexe culturel de Saint-Maximin La croisée des arts (médiathèque, salle de cinéma, salle de spectacle) ne désemplit pas, preuve de l’attente culturelle de la région. Le festival La croisée des danses s’y est installé cette année programmant, outre la Cie Raf Crew et La maison de Nathalie Pernette (voir Zib’39) deux spectacles phares : Nya d’Abou Lagraa et le Sacre du printemps de Jean-Claude Gallottapar sa compagnie grenobloise. La démarche d’Abou Lagraa et de Nawal Aït Benalla-Lagraa, fondamentalement généreuse, lance des ponts au dessus de la Méditerranée, et apporte un crédit international à la danse en Algérie. Construit avec le ministère algérien de la Culture, le projet de coopération franco-algérien pour le développement de la danse comprend des échanges artistiques, des programmes de formation, de création. Les deux chorégraphes ont ainsi sélectionné, en Algérie, 9 jeunes danseurs de hip hop. Qui interprètent avec un bel enthousiasme Nya, la première pièce du Ballet contemporain d’Alger. Acte fondateur essentiel dans l’histoire de la danse ! Fougue, adresse, les prouesses acrobatiques et inventives du hip hop viennent s’enrichir d’une construction contemporaine, et de la pratique chorégraphique sensuelle d’Abou Lagraa. Pour cette fusion des genres, deux musiques, le Boléro de Ravel, symbole de l’Europe, Le chant des Aurès d’Houria Aichi, en langue Chaoui, emblématique du Maghreb. Rencontre encore entre le monde urbain et celui des campagnes, union de la tradition et de la modernité, fusion des cultures sans qu’elles ne se perdent jamais… Nya -Faire confiance- séduit davantage qu’Un Monde en soi (voir Zib 51), et entraine le public vers un plaisir non dissimulé ! «Le but, c’est donner une émotion» affirme Abou Lagraa. Le pari est tenu. Jean-Claude Gallotta fait partager sa démarche chorégraphique en proposant en prélude au Sacre une courte pièce, Tumulte, où le silence qui succède à un hurlement de femme, accueille les variations qui seront la base de la chorégraphie du Sacre. Puis un bref solo qui interpelle Igor Stravinski, le tutoyant sur le mode biblique. Le propos du Sacre du Printemps est transformé, il n’y a plus d’Élue unique condamnée


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MUSIQUE

OPÉRAS | OPÉRETTES

Un Verdi à l’épreuve des «références»

À ce jeu, la soprano Adina Aaron (Leonora) a tiré son épingle grâce à un timbre soyeux, mais son articulation cotonneuse comme des aigus à pleine voix ou pianissimo souvent raides ont nui à sa prestation. Carlos Almaguer (le Comte di Luna) possède une voix de stentor parfaite pour Rigoletto ou Paillasse, mais, à vouloir trop donner, le baryton s’est laissé aspirer et, trop «aperto», a blanchi ses aigus au-dessus de la tourne vocale ! Malgré un timbre trop léger, le ténor Giuseppe Gipali s’est plutôt bien sorti des pièges du rôle de Manrico, grâce à une belle musicalité, une technique et des aigus sans faille. La bonne voix de Nicolas Courjal s’est révélée un peu courte à la fin de son long prologue : son timbre doit gagner largeur pour briller dans Ferrando. Enfin, la plus belle performance est à mettre à l’actif de la mezzo Elena Manistina, qui sera sans doute longtemps une formidable et ténébreuse sorcière (Azucena). © Christian Dresse

On se souvient des représentations exceptionnelles du Trouvère à l’Opéra de Marseille il y a 25 ans… des rappels saluant la performance du ténor Lando Bartolini, de la voix d’airain de Leo Nucci, de l’anthologique Azucena de Fiorenza Cossoto… et l’on se demande même si les sons filés dans l’aigu par la soprano Margarita Castro-Alberty ne résonnent pas encore dans les cintres du théâtre ! Lors de la représentation du 4 mai dernier, on n’a certes pas boudé les qualités des artistes de l’Orchestre et des Chœurs de l’Opéra, de son chef invité Tamás Pal, de la mise en scène cohérente de Charles Roubaud, malgré la complexité d’un livret alambiqué, dans des décors et lumières très sombres. Cependant, l’interprétation d’Il Trovatore, ouvrage parmi les plus populaires de Verdi, se mesure à l’aune de la démesure pour les solistes, tant les aptitudes vocales exigées sont exceptionnelles.

JACQUES FRESCHEL

Le Trouvère a été joué à l’Opéra de Marseille du 24 avril au 4 mai

Otello in chiaroscuro Pour son dernier spectacle lyrique de la saison, l’opéra de Toulon s’est offert Otello, chef d’œuvre indiscutable de Verdi composé sur un livret de Boito d’après Shakespeare. Ce drame en 4 actes dans cette reprise toulonnaise de la production du Théâtre

lyrique Giuseppe Verdi de Trieste a été chaleureusement accueilli par le public même si l’on espérait mieux au regard des précédentes livraisons. Les décors extrêmement dépouillés étaient propices à la noirceur de l’ouvrage, mais le ballet n’était pas indispen-

sable au premier acte et le statisme de la mise en scène entraînait certains chanteurs au ridicule, augmenté par certains costumes d’un futurisme désarçonnant. Vocalement, le plateau était homogène en termes de puissance mais pas Otello © Opera de Trieste

en qualité de timbres. En effet, le ténor Marius Vlad scéniquement peu convaincant dans le rôle-titre souffrait d’un italien perfectible et peinait à rendre la langue musicale tout comme Hiromi Omura, qui interprétait une Desdémone au timbre rond et chaleureux mais très couvert. Le baryton Alberto Mastromarino, que l’on avait découvert plus fringant dans Falstaff il y a deux ans, incarnait quant à lui un Iago magistralement démoniaque, avec une présence scénique remarquable malgré quelques moments, heureusement rares, de fatigue vocale. Incontestablement, c’est le ténor Stanislas de Barbeyrac qui tira au mieux son épingle du jeu avec une voix juste et au timbre clair rendant grâce à la langue italienne dans le rôle de Cassio, l’amant prétendu. Musicalement, le chef Giuliano Carella s’étant attaché à rendre audibles toutes les subtilités de l’écriture instrumentale, il a permis à l’orchestre de s’acquitter de la partition avec une extrême finesse. On saluera également l’excellente prestation des chœurs, solides et puissants, verdiens à souhait, qui ont rehaussé l’ensemble. ÉMILIEN MOREAU

Otello a été joué à l’Opéra de Toulon du 11 au 15 mai


La Vie parisienne © X-D.R.

Sans chica chica chi Pour les deux dernières productions de sa saison «hors les murs» et finir en apothéose, le Théâtre de l’Odéon affichait deux classiques du répertoire d’opérette au Palais des Congrès à Marseille les 22 avril et 6 mai : La Belle de Cadix de Francis Lopez et La Vie parisienne de Jacques Offenbach. Résultat : un double succès public pour couronner une saison «de transition» avant la réouverture, à la rentrée, du théâtre du haut de la Canebière. Si les conditions acoustiques de l’immense salle du Parc Chanot n’ont pas été au top (des musiciens, sur scène, contraints de modérer leurs nuances pour ne pas couvrir les voix, une sonorisation inégale et imparfaite), le public s’est cependant déplacé en foule pour occuper les 1200 places de l’auditorium. Grâce au talent de toute la troupe, la mise en scène festive, les décors de Laurent Martinel, les costumes bigarrés tirés des malles de la Maison Grout, l’Orchestre du Théâtre, ses chefs invités Jean-Pierre Burtin et Bruno Membrey, l’excellent Chœur Phocéen, préparé en coulisse par Rémy Littolff, les solistes, danseurs… ces défauts sont passés au second plan. La qualité de La Belle de Cadix était surprenante ! Sans doute le meilleur spectacle de la saison. Foin des cli-

chés bêtas des «chica chica chi…» et autres «yeux de velours» marinés à l’espagnolade ! Le dynamisme de la compagnie, la distribution emmenée par le puissant et somptueux ténor Marc Larcher, la soprano Caroline Géa étaient bluffants, comme les fantaisistes de haut vol tels Agnès Pat’ ou Claude Deschamps. Agrémentées de flamenco (le Ballet Andalucia d’Antonio Triana fut néanmoins trop présent, ce qui a nui à l’élan final), la Fiesta des gitans ou la Nuit à Grenade ont longuement résonné aux oreilles d’un public conquis. La fantaisie de Jacques Gervais a également contribué au succès de La Vie parisienne, sa faculté à diriger les énergies, utiliser les talents des trente-cinq artistes qui se sont partagés le plateau, des chœurs en particulier, au diapason des solistes quant à la danse, le chant ou la comédie. Et chapeau aussi au «Mozart des ChampsÉlysées», à son «Brésilien» haletant à la gare de l’Ouest, à la «veuve» éplorée d’un improbable «colonel», à ses griseries et cancans à frou-frou…! Gageons que, le 4 juin, Jean-Jacques Chazalet annoncera aux aficionados une belle saison 2012-2013 ! JACQUES FRESCHEL

La Belle de Cadix © X-D.R


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MUSIQUE

CHAMBRE

Quatuor… du temps

Quatuor Borodine © Keith Saunders

70 ans d’existence ont élevé le Quatuor Borodine au rang d’institution ! Acteur marquant de l’évolution du quatuor moderne, l’ensemble russe a tenu à débuter le concert par le sixième quatuor de l’Op 33, acte de naissance d’un «genre tout à fait nouveau et particulier» comme le définissait Haydn. Et toute la modernité de la pièce, quant à la conception nouvelle d’une écriture réellement discursive, empreinte d’un humour décapant, fut mise en lumière, par un jeu exempt de tout défaut, et nourri d’une lecture et d’une compréhension de l’œuvre admirables. Et que dire de plus, si ce n’est l’indicible, quand résonnèrent les notes du 2e quatuor de Tchaïkovski et surtout du 8e de Chostakovitch ! Quelle interprétation de cette œuvre désarticulée, d’une noire clarté, où les éclats de l’âme du compositeur s’expriment dans une ataxie mélodique entre souvenirs de mélodies populaires, rythmiques interlopes et harmonies décharnées ! Dimitri était là, avec eux, en eux, avec nous, dans un GTP plus à l’est que jamais. C.F.

Concert donné le 17 avril

Retet patet et praecise… … ou clair net et précis, pour utiliser notre vulgate qui, ici, traduit imparfaitement la direction millimétrique, quasi chirurgicale pour ne pas dire sévère, de Laurence Equilbey. Rien ne dépasse, tout est de «bon goût», au sens classique du terme. Le chœur est bon, les solistes excellents, l’ensemble Zimmermann très à son aise, mais il manque ce «je ne sais quoi» qui apporte de la fantaisie, de la surprise. La mécanique fonctionne à merveille dans le Dixit Dominus de Haendel tant le seul respect du texte suffit à combler de satisfaction nos oreilles. En revanche le Gloria de Vivaldi souffre de ce manque de scories, de petites aspérités qui trahissent le génie du vénitien. Mais le rendu brillant, l’impact sonore éclatant, reste très séduisant : en atteste la salve d’applaudissements réservée à l’ensemble qui nous permit de goûter en bis à l’Alleluia de Buxtehude… C.F.

Concert donné le 19 avril au GTP Cafe Zimmermann © Petr Skalka

Pour l’ouverture du Festival de Musique Sacrée à l’église SaintMichel à Marseille, le 11 mai, la Ville et ses élus étaient au premier rang. Jean-Claude Gaudin a longuement chanté les louanges anticipées de Marseille 2013 Capitale Européenne de la Culture... avant de céder la place aux chanteurs de métier. Dès lors, le public friand de fresques sonores à dimension spirituelle a ingurgité, en hors d’œuvre, un Te Deum plutôt pompier écrit par le jeune Bizet, avant de goûter aux magnificences du Stabat mater de Rossini. Malgré une inéluctable disposition dans la nef résonnante, le Chœur, placé derrière l’Orchestre de l’Opéra, a déclamé au mieux le texte latin évoquant la déploration de la Vierge au pied de la Croix. Nader Abbassi, chef égyptien d’une rare élégance,

Nader Abbassi © X-D.R.

Un quatuor vocal exceptionnel ! très à l’écoute des voix, a dosé à souhait les plans sonores et fourni aux artistes un terrain propice à l’expression lyrique, au développement de couleurs contrastées. On a rarement entendu, sous nos latitudes, un quatuor vocal d’une telle qualité dans une œuvre très prisée dans son genre. Le timbre solide et cuivré de la soprano Elena Pankratova a impressionné, comme l’ampleur déployée par la charmante mezzo Giuseppina Piunti. La puissante basse russe Dmitry Ulianov s’est montré à l’aise sur plus de deux octaves de tessiture, quand le ténor Stephan Pop a mérité les plus beaux éloges, en particulier pour son air très lyrique, chanté avec un goût rare, une belle palette de nuances et des aigus somptueux. JACQUES FRESCHEL


MUSIQUE

À la recherche du son Après ses Victoires de la Musique Classique et le très beau film de Bruno Monsaingeon sur les concertos de Bach avec l’orchestre de Brême, David Fray continue de jouer ses maîtres préférés : Bach, Mozart, Beethoven, Schubert, sans négliger la musique contemporaine (12 Notations pour piano de Boulez). D’une étrange beauté, il s’efface devant la musique. Sa posture est hiératique: les élans sont ailleurs, dans un jeu subtil qui détaille chaque note et respecte la ligne. Dans la Sonate en ré Majeur de Mozart : l’Allegro con spirito est d’un équilibre parfait ; l’Andantino con espressione, sans mièvrerie, avec des piani à arrêter le souffle… Le Rondo est brillant, avec des basses somptueuses. On retrouve cette même beauté du son, mais presque romantique, dans la Fantaisie en ut mineur de Beethoven. Les Sonates N° 15 Pastorale et N°21 Waldstein permettent au pianiste de libérer une frénésie sans emphase, avec un Andante très schumannien dans la Pastorale, comme une marche inexorable. Les changements de sonorité sont spectaculaires dans l’Allegro con brio de la Waldstein. Dans l’Adagio molto : trois notes en mouvement ascendant suivies de deux accords pour résoudre la tension… David

La

puissance zen Les Sociétaires de la Musique de Chambre de Marseille attendaient le concert de clôture de la saison 20112012 : le 17 avril on leur promettait du beau piano romantique. De fait, ils ont été comblés avec Claire-Marie Le Guay ! On ne se doute pas, en voyant cette belle femme approcher paisiblement d’un Steinway, quel feu elle possède dans les doigts. C’est avec un étonnant abandon, du reste, qu’elle attaque deux fameux Préludes de Rachmaninov. D’emblée son piano carillonne : elle le fait résonner à souhait, respirer, chanter… Quelle maîtrise technique elle déploie dans les pétulances du Prélude en sol mineur «Alla marcia» ou l’Étude «Patetico» de Scriabine ! La première partie du programme est russe, avec en son cœur un bloc sonore percussif du plus bel effet : la 3e sonate de Prokofiev. Dans la 2e partie, on change de perspective, bien qu’on demeure dans un plan sonore large et virtuose. Avec l’épique Sonate en si mineur de Liszt, la musicienne nous embarque pour un voyage fulgurant : au détour d’ombres et de lumières, de rondeurs et d’apesanteurs, elle file vers les confins mystiques d’une coda qui touche aux profondeurs de l’être, à sa suprême énigme… À retrouver sur disque (voir p 66)

David Fray © Klaus Rudolph

Fray dégage une sérénité troublante. Mais que dire de la virtuosité du 3e mouvement, Prestissimo, mélodie en octave sur arpèges brisés ! En bis, le Prélude Choral de Bach-Busoni. Le silence est parlant, la salle envoûtée. YVES BERGÉ

David Fray a joué au Gymnase le 14 mai

Histoire de l’ouest choral américain contemporain avec In the beginning Was the Word, très enlevé, avec de belles variations, une écriture en canon festive, ou les compositions d’Eric Whitacre, une écriture originale et riche, comme celle de With a Lily in Your Hand. Humour aussi, souligné par la parabole des Trois Tambours (Twa Tanbou/ The Three Drums) de Sydney Guillaume, qui démontre qu’il est nécessaire de travailler ensemble. L’équilibre des pupitres en était une belle démonstration ! M.C.

Ce concert a eu lieu le 15 mai à Aix, Chapelle du Sacré Cœur

Répertoire délaissé Jean Francaix © X-D.R.

«Tout ce qui n’est pas clair n’est pas Françaix» s’amusait à dire Sacha Guitry à propos de Jean Françaix (1912-1997), compositeur avec lequel l’homme de théâtre et de cinéma collabora pour ses films Si Versailles m’était conté, Napoléon… De fait, la facture sonore de ce surdoué, qui à 12 ans faisait l’admiration de Nadia Boulanger, est toute d’épure et de clarté. L’Ensemble Pythéas, avant son concert prévu à Marseille à l’occasion du centenaire de la naissance du musicien, a tenu à organiser une réflexion autour du compositeur : la conférence extrêmement savante, et néanmoins très claire, donnée par le musicologue Lionel Pons, a fourni aux mélomanes réunis pour l’occasion le 16 mai à l’Espace Culture un

apéritif trois étoiles ! L’élégance du discours, comme le choix des opus analysés, dans un langage accessible, a donné l’envie

de découvrir l’œuvre d’un musicien injustement négligé, comme par exemple son opéra La princesse de Clèves, jamais entré au répertoire de l’Opéra de Paris. Au milieu de commémorations déjà discrètes associées à Debussy (né en 1862) ou Massenet (mort en 1912), Jean Françaix est totalement négligé. Pourtant sa musique «s’impose dans le silence et la discrétion», fruit d’un travail formel d’une immense précision où la plastique mélodique prime, avec sa part de sourire et de lyrisme… Jean Françaix est à redécouvrir, et les initiatives risquées comme celle initiée par le violoniste Yann le Roux à soutenir ! JACQUES FRESCHEL

JACQUES FRESCHEL Claire-Marie Le Guay © X-D.R

Le chœur de West Texas A&M University, invité par Guy Laurent des Festes d’Orphée s’est arrêté à Aix lors de sa mini-tournée européenne en France et en Espagne. Trop peu de spectateurs, pour ce spectacle d’une remarquable qualité ! Voix placées, justes, avec une belle ampleur, irisation des harmoniques, intériorité, joli travail sur les notes tenues jusqu’à la trame infime qui fait parler le silence… Une direction précise (Daniel J.Hall), un choix varié et intéressant, permettant aux auditeurs de voyager le long des étapes de la musique sacrée américaine, des origines à nos jours, avec des excursions dans les motets de la renaissance espagnole, les spirituals et les compositeurs contemporains américains. On découvrait ainsi Rosephanye Powell, l’une des pionnières du chant

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MUSIQUE

GMEM C Barré s’éclate, Le Pladec transcende

Installation sonore de Benjamin Dupé au Merlan © Agnès Mellon

Musiques à voir Le festival Les musiques semble s’inscrire dans la continuité d’une manifestation qui depuis plus de 25 ans diffuse les musiques écrites de son temps. Mais il en a discrètement infléchi le cours. Débutant par une sirène mécanico’electro’acoustique (voir p 22) se concluant, lors des 48h Chrono de la Friche (voir p 21), par un cabaret aléatoire carrément électro, le festival du Centre National de Création aura donné beaucoup de sons à voir. Non pas en y ajoutant du spectacle, mais dans le geste même qui les produit. En commençant par la très belle, très poétique et très intime installation sonore de Benjamin Dupé. Dans la petite salle du Merlan, durant trois jours, des groupes d’une trentaine de spectateurs se sont succédé dans un espace méticuleusement architecturé par Olivier Thomas. Partout, des objets sonores. Doux, roulants, soufflants, tournants, vibrants, que l’on voit vibrer. Les chocs sont des murmures occupant le silence, le spectacle du son est magique, comme si les spectateurs, ensemble, habitaient un instrument nouveau. Des billes roulent, du sable s’écoule dévoilant des sentences, la lumière oriente subtilement le regard. Puis des pas s’inscrivent dans le sable, et une voix s’élève, racontant le voyage d’Eurydice, la curiosité d’Orphée, son démembrement. Cela s’éteint, et l’on quitte à regret cet espace où on a vu naître le son. Puis on réalise, étonné, l’incroyable performance mécanique de ce petit monde où chacun des phénomènes sonores a nécessité un bricolage savant, une invention plastique, un minutieux réglage pour que tout se déclenche à la seconde, et au millimètre…

De Bali à Java «Quand on a pas les moyens de voyager, il faut suppléer par l’imagination.» Cette maxime de Debussy aurait pu coller parfaitement au voyage initiatique offert à un public enchanté le 16 mai aux Archives

départementales. Enchanté et subjugué par Alain Neveux, son piano préparé et la partition des Sonates et Interludes de John Cage, explorateur de nouveaux champs sonores, et de la rupture avec le cercle d’occident initiée par Debussy. Vis, boulons et caoutchoucs minutieusement placés entre les cordes du piano pendant la préparation de l’instrument, étape d’égale importance à l’interprétation des œuvres, permettent alors au pianiste d’avoir sous les doigts un véritable instrument à percussions poétiques. L’évocation du gamelan, de peaux, métaux, et de sonorités plus surprenantes les unes que les autres nous emmènent par les sonorités mais aussi l’esprit, la pensée et les structures, de Bali à Java, en Inde, en Chine, au Moyen-Orient ou encore en Afrique noire au gré des pièces de celui qui voulait «faire du monde entier une musique». Le spécialiste du genre Alain Neveux a de son toucher onctueux fait sonner et résonner à merveille chaque note d’un clavier aux timbres si distincts, et colorés.

De l’extérieur (Port) vers l’intérieur (hall de La Criée), l’Ensemble C Barré invitait à venir partager en déambulant ; à se charger de sons, agir, ne pas s’installer. Leur Concert éclaté réserve des surprises : In Memoriam Escher de Saed Hadadd pour flûte alto, interprété par Julie Brunet-Jailly, avec son prélude mélancolique puis guirlandes de notes sur trois registres. Puis Canto de Pascal Dusapin (soprano, clarinette, violoncelle) aux modes de jeux surprenants. Kiyoto Okada, soprano, se sort habilement de tessitures extrêmes malgré une prononciation aléatoire. Sébastien Boin dirige avec énergie Homenaje a Chillida, création de Miguel Galvez-Taroncher, pièce sulfureuse. Christophe Bertrand, dans Skiaï, rend subtile l’indifférenciation des timbres (violonvioloncelle, clarinette-flûte, piano). Ekaïn du basque Félix Ibarrondo, nous rappelle les accents chers à son maître Ohana, dans l’expression et la violence. Rémi Delange, clarinette basse, sons amples et mouvants, joue Féline de Georges Bœuf, pièce sensuelle où de longues phrases atterrissent sur des trilles ou arpèges : clins d’œil à la panthère noire et aux films éponymes de Jacques Tourneur et Paul Schrader. Une mise en bouche aux goûts variés pour mieux goûter, dans la grande salle, l’extraordinaire palette de Fausto Romitelli dont le triptyque Professor Bad Trip (Lesson I, II, III.1998-2000) était revisité (Professor/Live) par la chorégraphe Maud Le Pladec. Deux danseurs : Julien Gallée-Ferré, Félix Ott et un musicien, Tom Pauwels, guitariste-acteur, entourent l’Ensemble belge Ictus, dirigé par Georges-Elie Octors. Romitelli aime mélanger les genres, de la composition savante acoustique aux sonorités rock acides, sans négliger les aspérités de la musique électronique. Un son en perpétuel mouvement, qui se développe, se «salit» par ajouts d’autres éléments. C’est théâtral, violent parfois (nombreuses saturations). Une chorégraphie étonne : les danseurs miment, jouent, vivent les sons, doubles éphémères de nos propres angoisses et désirs. La musique est image, jeu avec le rideau, les lumières, les mains sont les accords du piano : saisissant ! Membres déglingués sur les sonorités électriques, courses effrénées, longues plages d’immobilité pour mieux entendre. Décidément, la musique se voit plus aisément lorsque les corps sont partitions. YVES BERGÉ, AGNÈS FRESCHEL ET FRÉDÉRIC ISOLETTA

C Barre, Canto de Pascal Dusapin © Yves Bergé

Festival Les Musiques du GMEM, Centre National de Création Musicale, s’est déroulé du 9 au 19 mai à Marseille



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MUSIQUE

DU MONDE | JAZZ

Un Orient nouveau

Rencontres et confrontations

Dorsaf Hamdani © X-D.R.

Le XXIIe Festival Mai-Diterranée a permis de découvrir la belle Dorsaf Hamdani, qui, après des études au Conservatoire de Tunis et à la Sorbonne, parcourt le monde et l’envoûte de ses ornements arabo-andalous, soufis d’inspiration sacrée et noubas où les instruments alternent avec la voix. Son nouveau spectacle est un hommage à trois icônes incontournables de la musique arabe : l’égyptienne Oum Kalthoum, l’astre d’Orient, la libanaise Fayrouz, dont les compositions sont des hymnes à la liberté et Asmahan, princesse druze, à la voix si mélancolique. Un chant classique arabe, entre respect de ces grandes voix et libre interprétation. Accompagnée de quatre musiciens : violon, violoncelle, kanoun et percussions, la chanteuse dévoile les mélopées très chromatiques d’Asmahan, structurés par un mot, une syllabe. Elle colle au texte, en le modelant, le modulant, plus à l’aise dans le grave et médium, que dans les aigus en voix de tête. Les notes longues libèrent de riches ornementations, l’absence de pulsation occidentale rend l’écoute mystérieuse… Le soleil du crépuscule de Kalthoum est une descente en triolets évoquant la lumière qui baisse : le souffle est prodigieux. La berceuse de Fayrouz accompagnée au kanoun, et sa sonorité pincée si caractéristique, est un moment de belle intimité comme ce Langage des fleurs de Kalthoum où les instruments relaient la voix dans un échange permanent, entre ornementation, écriture codifiée et improvisation. Un classicisme artistique mêlé de modernité. Des femmes attachées à leurs racines qui inventent le monde moderne, comme un symbole… YVES BERGÉ

Ce récital s’est donné au Toursky le 13 avril

Le Toursky proposait cette année deux spectacles pour son festival de flamenco. Le premier, contait une histoire de transmission entre une mère et sa fille, Madre e Hija, avec Ana et Maria Perez accompagnées par les musiciens et chanteurs de la compagnie Solea. Le modèle restant dans l’exécution froide des pas, dans un académisme parfait, la fille ajoutant une belle fougue, inspirée, à l’enthousiasme de la transmission revisitée. Et puis il y eut la révélation de cette première mondiale, la rencontre, Encuentro, de cinq danseurs solistes (directeurs de compagnie, moult fois primés), dans un spectacle créé spécialement pour le Toursky. Une entrée en matière puissante, un traitement de la lumière tout en finesse, ombrant ou redessinant l’espace, composant de véritables tableaux où les danseurs se livrent en toute liberté à leur art, dans un subtil équilibre entre les pas imposés par les différents genres, et l’improvisation. Sur les accords des très bons guitaristes Daniel Manzanas et Victor Marquez, les percussions décapantes d’Isaac Vigueras, les chants magnifiquement portés d’Antonio Campos et Delia Mambrive, Mara Martinez, toute de passion, interprète une solea ; Daniel Navarro, avec une superbe élégance, une alegrias ; puis Pedro Cordoba, avec beaucoup d’expressivité, Rafaël Martos, le tiento, avec un grand sens de la théâtralité, Manuel Guiterrez enfin, une solea enlevée. Sublime saeta, (chant religieux destiné aux processions) pour la danseuse seule face au groupe des danseurs… La mise en scène intelligente de José Luis Gomez et Rafaël Martos a su laisser à ces grands artistes

Encuentro © Frederic Stephan

un champ d’expression leur permettant d’exprimer une âme flamenca vibrante ! MARYVONNE COLOMBANI

Les soirées flamenca ont eu lieu les 10 et 11 mai au Toursky

Du Be-Bop pour la danse Quatre grands amoureux du jazz, Pierre Levan au piano, Joël Gregoriades à la contrebasse, André Taddei au saxophone et à la clarinette et Gilles Alamel à la batterie forment le 4tet des Swinging Papy’s. Quatre musiciens à la longue complicité qui écument tous les endroits où l’on écoute du swing Swinging Papy's © Dan Warzy

et du be-bop. Le Club du Château des Creissauds, situé dans un parc magnifique cerné de platanes centenaires à Aubagne, propose de nombreuses animations souvent tournées vers la danse. C’est donc naturellement que le répertoire des Swinging Papy’s s’est orienté vers les musiques à danser et les standards du jazz des années 30 à 60. Ici, les couples de danseurs viennent pour satisfaire leur passion et dépenser beaucoup d’énergie. Et les musiciens de ce quartet n’ont pas manqué de les satisfaire ! DAN WARZY

Cette soirée a eu lieu au Château des Creissauds, le 3 mai


MUSIQUE 35

Léo et Richard :

un amour d’anarchie En longeant le théâtre Toursky, l’âme de Léo Ferré résonne : «Ce théâtre Toursky, c’est ma raison d’être marseillais… Le désordre, c’est l’ordre sans le pouvoir… L’Anarchie, c’est d’abord le respect de l’autre… je revendique : Ni Dieu, ni maître» ! Sur scène, les musiciens entourent Richard Martin : violons, clarinette, clavier, sons planants et bourdons essentiels, Yerso, voix sombre et envoûtante, qu’on entend trop peu, Levon Minassian, prince du doudouk, aux envolées lumineuses, Anouchka Minassian, kanoun, aux belles improvisations, Jean-Pierre Nergararian, kamancha, aux sonorités intemporelles. Le piano de José Pendje est malheureusement inaudible ! La musique (Ferré et compositeurs arméniens), accompagne un Richard Martin crispé, qui a du mal à changer de registres : L’Affiche Rouge de Louis Aragon manque de corps, le débit est

trop rapide, malgré l’habillage instrumental subtil. Mais peu à peu Martin entre dans la chair des mots, se transcende, puis explose : «Madame la Misère : écoutez les tumultes qui montent des bas-fonds !» Chaque phrase est ponctuée par des accords percussifs au clavier. «Il m’importe que le mot Amour soit chargé de mystère et non de vertu.» Un immense crescendo dramatique s’installe : «Nous sommes des chiens !» Les textes de Ferré sont d’une force incroyable. Martin, de plus en plus virulent, les porte à bout de bras : «les voyous ne sont pas tous en prison : c’est une idée reçue !» De belles lumières, tons sable et noir, enveloppent ce partage d’espoir. «Y’en a pas un sur cent et pourtant ils existent, la plupart espagnols, allez savoir pourquoi. Faut croire qu’en Espagne, on ne les comprend pas : les Anarchistes !» Poings levés vers la salle :

© Frederic Stephan

l’effet est garanti. Martin garde l’âme intacte d’un combattant, avec la poésie comme arme essentielle !

Amour Anarchie a été donné au Toursky le 20 avril

YVES BERGÉ

Tour de chauffe

Un langage de paix © Dan Warzy

Le pianiste cubain Roberto Fonseca, découvert dans le band du Buena Vista Social Club révélé par Ry Cooder et Wim Wenders, a présenté son dernier enregistrement : Yo Le batteur Ramsès Manuel Rodriguez Baralt et Joel Hierrezuelo Balart aux congas sont les piliers rythmiques de la soirée. Avec eux, Yandy Martinez Gonzales à la basse et Jorge Luis Valdes Chicoy à la guitare. Roberto Fonseca est allé puiser dans l’héritage des griots africains en

DAN WARZY

Cette soirée s’est déroulée au Cri du Port le 16 mai

Roberto Fonseca © Dan Warzy

Le Cri du Port a accueilli l’Institut Musical de Formation Professionnelle (IMFPSalon de Provence) pour une journée d’information sur ses activités. Un groupe de musiciens pratiquant la «Djangologie» a animé l’espace bar pour ajouter plus de convivialité à la première partie de la soirée. Gilad Hekselman arrive directement des USA pour commencer une tournée européenne en 4tet et doit affronter le décalage horaire, fatal dans ce sens du parcours. C’est un guitariste pas encore trentenaire, d’origine israëlienne qui vit aujourd’hui à New-York. Joe Martin, le contrebassiste, et Marcus Gilmore, le batteur, sont ses partenaires réguliers. Mark Turner, que l’on a déjà pu entendre en duo avec Baptiste Trotignon, ajoute son saxophone ténor à cette formation. Une grande puissance se dégage dès le début du set dans une composition emplie de lyrisme et de cohésion. La guitare s’introduit souvent par succession de notes douces et élaborées avec de nombreuses utilisations d’harmoniques. Peu d’accords ponctuent les séquences d’improvisation et les lignes mélodiques sont déroutantes. Saxophone et guitare se retrouvent dans la construction des thèmes qui permettent les digressions de chaque membre du 4tet qui n’ont à prouver leur talent… si ce n’est que Marcus Gilmore s’y est employé, montrant vrai dialogue est possible entre baguettes, cymbales, peaux... et âme !

la personne et la voix de Baba Sissoko, musicien malien qui l’accompagne avec un petit guembri et plusieurs percussions. Les compositions suivent une trame simple et répétitive très rythmée, les motifs mélodiques, parfois déroutants, sonnent au clavier qui prend parfois un accent de mélodéon oriental. Les différentes colorations de musiques traditionnelles conduisent à une sorte de rituel, qui n’exclut pas une improvisation débordante ; la main droite du pianiste s’envole alors à une vitesse extravagante ! Et juste lorsqu’on espère plus de variété, un changement de couleurs, un rythme de salsa s’élève, dans un hommage aux musiciens de La Havane aujourd’hui décédés. Un clavier couplé à la voix fusionne avec les timbales de la tradition gnawa, les qraqeb qui sont si sonores. Docteur Griot et Professeur Fonseca réussissent à embraser la scène, propulsant les spectateurs hors de leurs sièges... juste avant la transe. DAN WARZY

Ce concert a eu lieu au GTP à Aix le 14 mai


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MUSIQUE

JAZZ | ACTUELLE | DU MONDE

Tempo d’ici Nicolas Koedinger 5tet, laureat du Tremplin © Marie. Bergère

Rossitza Milevska, prix du soliste © Marie. Bergère

deuxième soirée et le jury celui du Soliste. Enfin, le quintet de Nicolas Koedinger, interprétant uniquement des compositions du musicien (superbe contrebasse) a remporté le Prix du Jury (et le Prix public du premier soir) par son invention, sa cohérence, la construction au cordeau des morceaux, ses dialogues en écho ou contrepoint entre le saxo et le trombone. Les organisateurs du festival peuvent se réjouir cette année encore de la qualité des artistes. La relève jazzique est bien assurée ! MARYVONNE COLOMBANI

La finale du tremplin Jazz a eu lieu les 4 et 5 mai théâtre Denis à Hyères www.jazzaporquerolles.org

À venir

Ils étaient nombreux à répondre à l’appel du Tremplin Jazz, 30 à 35 CD envoyés de toute la région ! Six, choisis par l’équipe de Jazz à Porquerolles pour une finale sur deux jours, ont présenté chacun une demi-heure de concert. À l’issue de chaque soirée, dans le cadre du Théâtre Denis, charmant petit théâtre à l’italienne, le public élit son groupe préféré, puis le jury détermine le vainqueur des deux soirs, se réservant le droit d’un coup de cœur. Un tremplin dédié aux jeunes jazzmen/women, exemple unque dans le sud-est de la France. Cette année de jeunes groupes de Montpellier, Marseille, Nice, Toulon présentaient des univers très différents, de l’interprétation de standards à la création personnelle en passant par des musiques

métissées, avec des formations avec voix ou instrumentales, restreintes ou nombreuses des instruments variés… Un ensemble d’une belle qualité, ménageant des surprises, voire des éblouissements, rendant le travail jury délicat ! L’enjeu ? avant tout une reconnaissance, la première partie du concert d’ouverture du festival de Porquerolles cet été, deux jours d’enregistrement au studio 26 d’Antibes… On remarquait ainsi la jolie voix bien placée de Julie Benoliel, accompagnée de Claude Basso à la guitare, le beau Titanic de Guilhem Verger ; mais surtout la remarquable prestation à la harpe, instrument inattendu en jazz de Milevska, ses élans lyriques, son swing, ses nuances : le public lui accordera le Prix de la

À l’occasion du mois du jazz, la médiathèque d’Hyères et le festival Jazz à Porquerolles présentent, à la médiathèque, Billie Holiday et ses héritières :Exposition des clichés de Jean-Pierre Leloir pris lors du concert de Billie Holiday en 1958 ; exposition des planches de la maison d’édition BD Musique sur la thématique Billie Holiday et ses héritières de Claire Braud, Marcelino Truong et Louis Joos. Du 16 juin au 13 juillet, vernissage le 15 juin à 18h. Projection de Ladies sing the blues, film de Franck Cassenti, en sa présence, les 16, 30 juin et 13 juillet à 17h. Rencontre musicale avec la chanteuse La Velle le 13 juillet à 17h. 04 94 00 11 30 www.jazzaporquerolles.org

Saveurs de Printemps Dans un paysage presque entièrement dévoué aux têtes d’affiche, louable est la volonté de l’association Tandem de continuer à promouvoir des musiques hors d’un format commercial. Pour la huitième édition du désormais fameux festival Faveurs de Printemps, la S.M.A.C. toulonnaise avait donc, comme à l’accoutumée, élu domicile à Hyères dans des lieux aussi atypiques et improbables que chaleureux : l’église anglicane en première partie de soirée et le Théâtre Denis pour clôturer chaque journée d’une édition à la programmation toujours aussi pointue, conçue pour les aficionados du genre, avec des pointures nationales et internationales, du rock, de la pop et du folk. Tout un programme consacré à des artistes que l’on n’entend pas assez sur les ondes, à commencer par le groupe El Botcho qui ouvrait les hostilités par une pop sucrée, savoureusement vintage et à la bonne humeur communicative, avec des harmonies riches en chœurs et des ballades joliment troussées. Tout respirait la joie d’un combo local et prometteur, une belle mise en bouche en quelque sorte dans l’acoustique étonnante d’un édifice religieux. Le lendemain, c’était au tour du français Julien Ribot d’ouvrir le bal dans l’écrin

Monogrenade © X-D.R.

Julien Ribot © X-D.R.

magique du fameux petit théâtre à l’italienne hyérois : une pop classieuse et précise campée sur une solide rythmique avec un soupçon de mélancolie dans l’écriture vocale portée par une voix chaleureuse. La surprise est venue ce jour-là du dessert des québécois Monogrenade aux ingrédients pour le moins surprenants : pop,

électro, Krautrock et autres s’entrechoquent dans un déluge de sons soutenu par un trio à cordes et une rythmique frénétique proche du rock. Ne ressemblant esthétiquement à rien de connu dans l’univers formaté de la pop, ce curieux mélange avait un goût résolument nouveau. ÉMILIEN MOREAU

Faveurs de Printemps s’est déroulé à Hyères du 19 au 21 avril


Une Alliance Provençale revisitée Actuellement en rénovation avec une ouverture prévue en 2014, le Museon Arlaten se donne à voir hors-les-murs. C’est l’occasion pour ce musée départemental d’ethnographie initié par Frédéric Mistral de présenter des manifestations décentralisées qui dénotent un souci d’analyse et d’extrapolation qui vont bien au-delà de visions folkloristes. Ce fut le cas au Portail Coucou de Salon-de-Provence lors de la cinquième étape du Voyage des 10 élaboré par la chanteuse-ethnologue Guylaine Renaud en collaboration avec des artistes d’obédiences multiples et originales. La musicienne Brésilienne Rita Macedo (Femmouzes T équivalent féminin des Fabulous Troubadours) et le mandoliniste Patrick Vaillant étaient donc présents pour une évocation Arlésienne de La Bague d’aïe, ce fragile («aïe …») anneau de fiançailles à la tradition originaire de la foire de Beaucaire.

L’occasion d’évoquer et de développer d’après des textes, témoignages et compositions Provençaux passés ou contemporains (P. Vaillant), rites amoureux et domestiques, diverses ambiances populaires. Pour ce faire, nos musiciens se permettent des développements plein de fraîcheur où abondent les procédés de la musique de tradition orale : bourdons, unissons répétitifs, joutes polyphoniques agrémentées des motifs inventifs et novateurs de la mandoline de Vaillant à (re)découvrir impérativement. Notons les accents exotiques de Rita Macedo et la théâtralisation jubilatoire de Guylaine Renaud, pour une tradition revisitée avec onirisme et originalité. PIERRE-ALAIN HOYET

La Bague d’aïe a été crée le 14 avril au Portail Coucou Salon-de-Provence

Fiesta arabo-andalouse Le 19 avril, Fouad Didi et son Orchestre Tarab ont fait la nouba à la Cité de la musique de Marseille Il est un peu chez lui à la Cité, où il enseigne la musique arabo-andalouse. Quand il se produit dans ces murs avec son Orchestre Tarab, cela prend des airs de fête de famille. Amis, élèves, artistes sont venus écouter, danser, fusionner avec ces musiciens qui reprennent des airs qu’ils connaissent. Intitulé De Grenade à Tlemcen, le spectacle est rythmé à la manière un voyage dans l’espace comme dans le temps. Car après la chute de Grenade, le répertoire classique andalou continue à vivre et donne naissance à un nouveau genre, à Tlemcen justement, le hawzi. C’est tout ce répertoire auquel rend hommage l’Orchestre Tarab, dans le respect de la tradition ancestrale transmise oralement. Violon, alto, oud, kouitra, mandoline, mandole, derbouka et tar, les instruments sont ceux de l’orchestre traditionnel andalou, auquel s’ajoute un banjo. Très vite, le sens de «tarab» fait jour : une

transe extatique de celui qui sait s’abandonner. La nouba prend corps, la piste ondule et les youyous crépitent. Le répertoire fait une incursion dans le chaâbi et offre un attendu Ya Rayah, morceau populaire de Dahman El Harrachi, transformé en tube par Rachid Taha. Et quand un élève est invité à prendre le piano en même temps que Bruno Allary, compagnon de route et fondateur de la Compagnie Rassegna, se met à la guitare, c’est toute la générosité de Fouad Didi qui s’exprime. THOMAS DALICANTE Fouad Didi et l'orchestre Tarab © X-D.R.

Vers l’Iran Les musiques classique et traditionnelle d’Afghanistan, d’Iran, d’Inde, d’Ouzbékistan, du Tadjikistan, ou encore du Pakistan sont à l’honneur à Marseille, grâce à l’association Ushpizin qui organise la deuxième édition de son festival indo-persan. Pendant longtemps, ces répertoires et les artistes de renommée internationale qui les diffusent sont restés à l’écart de notre région, qui peut toutefois être fière de compter parmi ses concitoyens la famille Chemirani, d’origine iranienne, dont le père Djamshid est une référence du zarb. Il était d’ailleurs programmé au début du festival au côté d’une virtuose du setâr, Shadi Fathi. Parmi les autres pointures qui défilent depuis le 9 mai à Marseille, mentionnons Wajahat Khan, héritier de maîtres du sarod en Inde et la chanteuse Janet Rothstein-Yehudayan, interprète toute en nuances du répertoire classique et traditionnelle persan. Place est faite aussi au 7e art et particulièrement à la production pakistanaise avec, les 23 et 24 mai à

la Maison de la Région, 8 films réalisés en 2011 par de jeunes cinéastes. À venir, le 26 mai, un concert de musique traditionnelle afghane donné par l’Ensemble Samangan, du nom de leur province d’origine. Les frères Nassir et Munir (tabla) Aziz et leur père Mohammad Rassoul relient l’ancienne et la nouvelle génération de joueurs de luth, dans la diversité de l’instrument. Ils sont accompagnés par un jeune talent du rebab, Wahid Dil Ahang. La musique afghane et les frères Aziz sont à nouveau à l’honneur, mardi 29 mai, prouvant que la culture peut redonner espoir et dignité à un pays ravagé depuis des décennies par les guerres. THOMAS DALICANTE

Ushpizin, Festival indo-persan Jusqu’au 31 mai Cité de la Musique, Marseille www.ushpizin.org


Le Dindon La mer parle Magic Dust Philippe Adrien met en scène Le Dindon de Feydeau, Comme chaque été depuis 26 ans, le poète Christian se servant des clichés du vaudeville pour huiler la mécanique d’un théâtre flirtant entre absurde et fantastique. Qui sera le dindon de la farce, de la femme vertueuse au mari volage, des anciens amants aux nouveaux soupirants ? Les portes claquent, les sonneries se déclenchent dans la course haletante de personnages qui pour la plupart ne doivent pas se rencontrer…

Gorelli installe ses parolades sur l’île du Frioul durant l’été. La première de ces promenades poétique aura pour thème Mes poètes maritimes, de Lucrèce à Louis Brauquier. Rendez-vous sur le Vieux-Port pour la navette de 9h. Le 17 juin Les îles du Frioul 06 07 36 91 98

Du 5 au 9 juin La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Opéra Buffa La cie Laika et Muziektheater Transparant s’emparent de l’opéra buffa de Mozart, Don Giovanni, qu’ils présentent dans une transcription contemporaine, pour orgue Hammond, contrebasse et violon, dans un somptueux mélange de musique, de chants, d’interprétation et de chocolat… Un spectacle-dîner plein de tentations ! Du 14 au 16 juin La Friche 04 95 04 95 02 www.lafriche.org

© Chantal Depagne-Palazon 2010

Une divine comédie Le chef-d’œuvre de Dante est ici transformé en

Le repas des fauves

poème lyrique pour contre-ténor (Alain Aubin), récitant (Fosco Perinti), quatuor à cordes (Pro Musica) et dispositif électroacoustique par Christophe Mauro, et Mehdi Belhaj Kacem pour le texte. La partition joue sur les contrastes «en créant un Enfer en paix, un Purgatoire ironique, un Paradis fougueux et tonique, pour finir par une vision décalée de la mort dans Vita Nova.»

© X-D.R © Max Minniti

Durant la période trouble de la France occupée, et alors que sept amis fêtent l’anniversaire de leur hôte, deux officiers allemands sont abattus au pied de l’immeuble. La Gestapo investit alors les lieux et décide de prendre deux otages par appartement, les laissant sadiquement choisir eux-mêmes, parmi eux, ceux qui seront emmenés. Julien Sibre adapte et met en scène l’œuvre de Vahé Katcha, élargissant le huis clos et explicitant le hors champ par des films d’archives et des animations originales de Cyril Drouin. Le 29 mai Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.com

Henri IV le bien aimé 3 jours et plus… Daniel Colas met en scène les dix-huit derniers jours Le Vitez clôture sa saison avec la 17 édition du e

Du 29 mai au 9 juin Le Gymnase 0 820 000 422 www.lestheatres.net

Zéphir est balayeur, Olga est une diva, et tout semble les séparer… Mais dans le secret d’un chapiteau, entre balais et baguettes magiques, poussières et paillettes, le rêve de chacun rejoint le quotidien de l’autre. La cie Alzhar crée du rêve, équilibrant subtilement marionnettes et images numériques. Le 7 juin Centre culturel René Char, Digne 04 92 30 87 10 www.sortiradigne.fr

Cabaret New burlesque Les pulpeuses effeuilleuses découvertes à la faveur

Le 25 mai Théâtre Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com

de la vie du monarque, accentuant le côté très humain de ce roi amoureux comme un adolescent d’une très jeune femme pour laquelle il est prêt à sacrifier son royaume. Jean-François Balmer et Béatrice Agenin tiennent les rôles-titres de cette restitution historique exacte et précise.

© Nicolas Rivoire

AU PROGRAMME

38 THÉÂTRE

Festival de jeune théâtre amateur, programmant des spectacles réalisés dans le cadre des ateliers de théâtre amateur organisés par le Vitez, l’association Pratik Teatr et Aix-Marseille Université. Du 12 au 17 juin Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 www.theatre-vitez.com

du film Tournée de Mathieu Amalric sont bien en chair sur scène dans un cabaret qui revisite le genre du striptease. Mimi Le Meaux, Dirty Martini, Kitten on the keys, Evie Lovelle et Julie Atlas Muz, et leur partenaire masculin tout aussi haut en couleur Rocky Roulette, assument tout, avec humour et générosité. Les 8 et 9 juin L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr © Agnes Mellon


Éclats de vie Les chambres Seul en scène, Jacques Weber laisse d’amour éclater sa passion du théâtre en Grasse clôture sa saison, à l’Hôtel du

promenant sa verve dans les textes d’auteurs qui l’ont marqué. Ceux de Musset, Flaubert, Molière, Corneille, La Fontaine ou encore Duras, pour ne citer qu’eux, qu’il s’approprie avec gourmandise et partage avec le public.

Patti transformé en «maison close poétique», avec le Théâtre de l’Unité pour une parenthèse poéticoamoureuse… Dans l’intimité de chambres d’amour, rimes et mots d’amour vous seront tendrement susurrés à l’oreille, le temps de vous soustraire, avec béatitude, à un quotidien bien moins insolite !

Le 24 mai Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr

Du 1er au 3 juin Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Je me souviens À la façon de Georges Perec, Jérôme Rouger fait collecte de ses souvenirs et se souvient de son enfance à Terves, dans les Deux Sèvres, mêlant paroles, musique et soirée diapos… Avec malice, fraîcheur et décalage surgissent l’humour et les émotions, et, loin de toute nostalgie, il convoque le passé pour nourrir le présent.

Beaucoup de bruit pour rien

© X-D.R.

Le 25 mai Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr

Histoires cachées Promenade sonore avec casque audio sur la tête… Isolé mais en petit groupe, chacun expérimente un nouvel espace public, suivant la règle d’un drôle de jeu : suivre un objet banal (d’une orange à une boite d’allumettes) qui passe de main en main au travers de quatre personnages solitaires, quatre tranches de vie à découvrir. Le lieu du rendez-vous est tenu secret jusqu’au dernier moment… Le 16 juin à 11h, 16h et 19h Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

La conférence des oiseaux… … ou le dialogue mystique d’après Farid Al Din Attar tiré du récit théâtral de Jean-Claude Carrière. Serge Barbuscia, metteur en scène et récitant, réunit, en paroles et musique, l’esprit de deux grands mystiques, Farid Al Din Attar et Olivier Messiaen, «prenant la complicité des oiseaux comme un symbole des relations entre le ciel et la terre». Le 25 mai Théâtre du Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 http://Theatredubalcon.org

Premier spectacle en salle pour la cie de théâtre de rue 26 000 Couverts, qui offre une lecture innovante de l’œuvre de Shakespeare. Digression et art du détournement sont bien sûr au programme, Philippe Péhenn brouille les conventions théâtrales, convoquant la capacité d’improvisation des comédiens et des spectateurs. Les 19 et 20 juin Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Bizarre Première confrontation avec le public pour les élèves de première année de l’École régionale d’acteurs de Cannes ! Sous la direction de Frédéric Grosche, ils s’emparent de l’univers du trublion de la scène argentine, Rafael Spregelburd : quatre chapitres, s’inspirant des télénovelas latinoaméricaine, distillent tous les ingrédients du genre, amour, trahisons, folie, intrigue policière, dans un pastiche qui dissimule une charge sociopolitique féroce de la société actuelle. Le 8 juin Théâtre de La Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com


AU PROGRAMME

40 DANSE

À nos morts… Post disaster dance Festival de Marseille Yann Gilg, directeur artistique de la cie Mémoires Le chorégraphe Matthieu Hocquemiller invente un Le Festival de danse et des arts multiples s’installe à Vives, et Reda Bouchenack, «légende» du raï marocain, font se rencontrer l’Histoire et le hip hop, dans un récit chorégraphié qui rend hommage à la mémoire des soldats indigènes, tirailleurs morts pour la France entre 1857 et 1945, qui furent garant de la liberté de la France durant tous les conflits. Les tableaux se succèdent en danse, lumières et sons pour rendre vivant ce fragment d’histoire. Le 24 mai Cinéma 3 Casino, Gardanne Association Contacts 09 50 69 93 05 www.cie-memoires-vives.org

projet hybride autour de la post disaster dance, un travail sur «l’utopie dansée» qui ne craint ni l’absurde ni la fragilité. Une nouvelle forme de performance dansée pour une aventure collective qui entre «gesticulations insensées et brouillonnes pour ses détracteurs, rejette toute codification physique au profit d’une créativité spontanée et volontiers exubérante». Présentation d’un travail en cours. Le 15 juin 3 bisf, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 www.3bisf.com

© X-D.R

Doux © Julie Borde

Marseille pendant un mois (voir p11). Au Silo, Sidi Larbi Cherkaoui présente TeZukA (9 et 10/6), une fresque épique et multimédia autour de l’univers du maître du manga japonais Osamu Tezuka. Dans Standards, Pierre Rigal joue avec les couleurs du drapeau tricolore en observant les effets de la standardisation sur un groupe de danseurs hip-hop (12 et 13/6 salle Vallier). La Cie Sharon Fridman joue le duo Al Menos dos Caras (15/6 salle Vallier), un opus nocturne sur la perte de repères. La canadienne Crystal Pite, dans The Tempest replica (19/6 salle Vallier) donne vie à la tragédie de Shakespeare pour entremêler le merveilleux et la science. Puis dans The Strindberg Project, le ballet Cullberg présente le fleuron de la danse scandinave dans un double programme, en exclusivité pour le Festival (20/6 au Silo). Du 9 juin au 6 juillet 04 91 99 00 20 www.festivaldemarseille.com

Au Klap Les découvertes sont toujours au rendez-vous à la Maison pour la danse : le 24 mai à 19h, Florent Nikiema et Faho Biemoubon, artistes issus de l’école de danse d’Irène Tassembédo de Ouagadougou, au Burkina, présentent Quand la lune est pleine ; le même jour à 20h30, les danseurs de la formation Coline donnent la dernière représentation de la promotion 2010-2012 sur une chorégraphie de Mathilde Monnier et Bernard Glandier. Le 29 mai à 20h30 Michel Kelemenis échangera quelques gestes de son solo Faune Fomitch avec Thomas Birzan de la cie Grenade/Josette Baïz.

Dépigmentation Pour cette création, la sénégalaise Gnagna Gueye, en résidence au Pavillon Noir d’avril à juin 2012, lance un cri d’espoir pour détruire le cliché tenace de la suprématie «blanche». Sur le thème des traitements pour rendre la peau de la femme africaine plus claire, la danseuse veut sensibiliser populations et dirigeants sur les conséquences tragiques de cette nouvelle pratique. Le 19 juin Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org © Antoine Tempé

Klap Maison pour la danse 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr

Anton Zvir et Béatrice Mille, un duo du Ballet National de Marseille, revisitent le sentiment de douceur et sa persistance nostalgique dans le corps. Une gestuelle coulée et souple, de la proximité et du contact, pour une chorégraphie de couple pas si fréquente en danse contemporaine… Le 24 mai Festival des Arts Ephémères, Parc Maison Blanche, Marseille Le 9 juin Flâneries d’Art, Aix-en-Provence 04 91 32 72 72 www.ballet-de-marseile.com

Aaléef Un solo du performer Taoufiq Izeddiou, qui mêle sa stature de boxeur à une réflexion sur l’identité. Son corps massif et puissant heurte le sol et modernise la danse transcendantale des gnawas, ethnie de l’Atlas dont il fait partie. Une pièce écartelée entre tradition et contemporanéité. Le 9 juin Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Métamorphoses Energy Pour le Ballet National de Marseille, Frédéric À la manière des savants des débuts de la révolution

Flamand s’appuie sur l’œuvre magistrale d’Ovide, un poème mythologique qui transgresse et fait éclater l’ordre classique. Les designers brésiliens Humberto et Fernando Campana ont conçu les décors de ce spectacle, dans lequel l’approche des mythes est l’occasion d’une réflexion sur les forces constitutives de la nature humaine. Le 29 juin Place Bargemon, Marseille 04 91 32 72 72 www.ballet-de-marseile.com

électrique, deux danseurs derviche, Ziya Azazi et Loreta Juodkaité, et un musicien de thérémine, Claudio Bettinelli, s’attaquent à l’alchimie qui transforme le mouvement en lumière, et la chaleur en musique. Les acteurs deviennent «générateurs» pour un spectacle plein d’énergie. Le 9 juin Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr



AU PROGRAMME

42 JEUNE PUBLIC/CIRQUE

Tendance Clown

Pierre et le loup les deux hommes (en slip) se lancent dans une démonstration de leurs talents, entre acrobatie et poésie brute des grandes années du music-hall.

Wurre-Wurre © Bart Van Leuven

Depuis le 27 avril, la 7e édition de la manifestation dédiée à l’art clownesque déambule de spectacles de rue gratuits en propositions singulières dans les théâtres (voir p23). En partenariat avec Karwan, la Cité des Arts de la Rue, le duo belge surréaliste Wurre-Wurre présente Broekvent (le 23 mai) dans la cour du Conservatoire National de Marseille (avant une tournée dans la région du 23 mai au 2 juin) dans lequel le duo de clown surréaliste offre un spectacle proche d’un cadavre exquis gestuel et absurde, très écrit et maîtrisé. Au Daki Ling (les 24 et 25 mai), la Bande Artistique présentera Parfois dans la vie les choses changent (à partir de 7 ans). Entre jonglerie, opéra et clown, deux personnages haut en couleurs tâcheront de se rendre dignement jusqu’à la fin de leur spectacle, malgré les embûches. Le festival de «clowns d’aujourd’hui» s’achève sur un final de prestige à savourer au théâtre du Merlan. Le 26 mai, Ha Ha Ha ! promet une heure de joyeux fous rires. Dès l’arrivée sur scène du duo de clowns des Okidok, petits et grands sont plongés dans un univers baroque et poétique, proche des dessins animés de Tex Avery et du théâtre d’objets. Un tandem belge qui concilie à merveille émotion, malice et poésie. Le 27 mai, dans Slips Inside, les Okidok, tels des cascadeurs farfelus, improvisent des petites scènes acrobatiques et clownesques. À pied, à quatre pattes, à plat ventre,

Tournée dans la région Paca Broekvent Le 23 mai Cour du Conservatoire National de Région, Marseille Le 25 mai Château de l’Empéri, Salon-de-Provence Le 27 mai Ecole Paul Arène, Antibes Le 28 mai Place Mariéjol, Antibes Le 2 juin Cour de l’école Antide Boyer, Aubagne 04 96 15 76 30 www.karwan.info

Pierre et le loup de Suzie Templeton

Le célèbre conte musical de Prokofiev est interprété par l’Orchestre symphonique de l’Opéra de Toulon pour un ciné concert jeune public. Les images du film d’animation, superbe et terrifiant de Suzie Templeton remplacent le récitant, et exigent une parfaite synchronie avec la partition ! Sur le même concept, en première partie, l’orchestre présentera le dadaïste et loufoque Entracte de René Clair sur une partition d’Erik Satie.

Ha Ha Ha ! Le 26 mai Théâtre du Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org Le 22 mai Pôle Jeune Public, Le Revest 04 94 98 12 10 http://polejeunepublic.com Le 25 mai La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.var.fr

Le 1er juin Théâtre du Golfe, La Ciotat 04 42 08 92 87 www.mairie-laciotat.fr Le 15 juin Pôle culturel, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.polejeunepublic.com

Slips Inside Le 27 mai Théâtre du Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org

Si la terre Débarquer sur la planète de Geneviève Laloy, c’est un peu faire le tour du monde. Dans ce monde-là, on a envie de flâner, de franchir des petits ponts d’enfance, d’ouvrir les yeux sur d’autres terres possibles. Tissées de folk et de jazz, ses histoires chantées ancrées dans la vie quotidienne s’élancent vers les étoiles.

Mondes animés Le ballet Le Théâtre du Mantois offre l’occasion de découvrir du montreur par le spectacle vivant une autre façon de regarder l’image. Un ciné-théâtre jeune public dans lequel deux comédiens-musiciens composent en direct une bande son mêlant voix, bruitages et musique devant quelques perles du cinéma d’animation venue d’Estonie, de Kirghizie ou d’ailleurs.

Du 31 mai au 1er juin Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr

Le 24 mai Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

© X-D.R.

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Le marionnettiste Louis-Do Bazin, accompagné par Jean-Pierre Caporossi (ou Florian Doidy) au piano, invite le public à participer à un ballet de danse classique. Spectacle inclassable et plein de surprises, qui initie à l’art de la danse et son univers de grâce et de légèreté. Inoubliable. Le 2 juin Théâtre de Fos-sur-Mer 04 42 11 01 00 www.scenesetcines.fr


Folle histoire Dans le cadre de La Folle histoire des Arts de la Rue, trois spectacles gratuits sont proposés chaque jour dans cinq villages du département associés à Saison 13, autour de l’univers de Léandre et ses complices, des compagnies barcelonaises. Dans Chez Léandre, le clown installe son univers sommaire dans la rue, une table, une chaise, une porte. Emmené à vivre la vie d’un clown au grand jour, le public découvrira ses gestes du quotidien, partageant son humour et sa poésie. Dans Barco de Arena, l’artiste de rue Claire Ducreux relève le défi de rendre accessible à tous la danse contemporaine. Autour d’une installation minimaliste, un pont se transformant en bateau, des images et des situations familières tout en finesse et en élégance permettent au public d’entrer dans la danse. Créés pour faire rire, que deviennent les clowns en temps de crise ? Trois clowns perdus dans un monde qui leur est inconnu, maîtres de la farce et de l’humour, dans Démodés, une tragicomédie contée non sans humour et relevé d’une pointe de nostalgie. Avec la Compagnie La Tal et Léandre Ribera. Chez Léandre Le 9 juin à 19h Place Mitterrand, Saint Martin de Crau Le 10 juin à 11h30 Rue de la République, Eygalières Le 15 juin à 19h Place Raoul Coustet, Mallemort Le 16 juin à 19h Parking salle des fêtes, Le PuySainte-Réparade Le 17 juin à 11h30 Autour de la Mairie, Puyloubier

Barco de Arena © Luc Viatour

Barco de Arna Le 9 juin à 18h Place Mitterrand, Saint Martin de Crau Le 10 juin à 10h30 Rue de la République, Eygalières Le 15 juin à 18h Place Raoul Coustet, Mallemort Le 16 juin à 18h Parking salle des fêtes, Le PuySainte-Réparade Le 17 juin à 10h30 Autour de la Mairie, Puyloubier Démodés Le 9 juin à 21h Place Mitterrand, Saint Martin de Crau Le 10 juin à 17h Devant la salle des fêtes, Eygalières Le 15 juin à 21h Place Raoul Coustet, Mallemort Le 16 juin à 21h Parking salle des fêtes, Le PuySainte-Réparade Le 17 juin à 16h30 Autour de la Mairie, Puyloubier 04 96 15 76 30 www.follehistoire.fr

La Mort Sirènes Marraine et midi net Le virtuose de la cornemuse Erwan Le conte musical, composé par Raoul Keravec dans un trio atypique (Guénolé Keravec à la bombarde et Alain Mahé à l’électronique) mêlant instrumentation traditionnelle et électronique. Il avait accompagné avec grâce les Enfants de Boris Charmatz au Festival d’Avignon 2011 et reprend sa recherche sur le souffle continu et le son obsédant. Une sirène en alerte à Sirènes et midi net. Urban Pipes Le 6 juin Sirènes et midi net, Parvis de l’Opéra de Marseille 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.fr

Lay pour l’Ensemble Télémaque, donne vie aux personnages des frères Grimm à travers des thèmes musicaux, attribués à chacun des instruments. La comédienne Julie Cordier trouve le juste équilibre entre corps et mots grâce à ses accessoires de papier, simples objets incarnant les sons. Un univers magique autour de l’histoire d’un jeune homme rattrapé par son destin. Le 31 mai Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr


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AU PROGRAMME

44 MUSIQUE

Jeune fille Gautier Capuçon Piano & violoncelle 1 La Jeune fille aux mains d’argent, féerie sonore et Le violoncelle français à nouveau à l’honneur pour Yuki Ogata & Livia Selmi dans Beethoven, Fauré, visuelle imaginée pour tous publics par Olivier Py, Raoul Lay et Catherine Marnas est une valeur sûre : elle tourne partout depuis 2006. À voir si ce n’est déjà fait ! BERRE-L’ETANG. Le 25 mai à 19h. Forum des Jeunes et de la Culture www.forumdeberre.com 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com

Odyssée Une création d’Oscar Strasnoy sur un livret d’Alberto Manguel. L’ensemble Musicatreize est dirigé par Roland Hayrabedian, pour cette étape de création dans le cadre du projet Odyssée dans l’espace : dans la perspective de l’année MP2013, cinq opus de compositeurs représentant cinq pays différents voient le jour. MARSEILLE. Le 25 mai à 19h. ABD Gaston Deferre 04 13 31 82 00 www.biblio13.fr www.musicatreize.org

Richard Galliano L’accordéoniste de jazz joue Bach en sextet. MARSEILLE. Le 25 mai. Eglise Saint-Michel Festival de Musique Sacrée 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Richard Galliano © Alix Laveau

Alexandre Tharaud Le pianiste interprète le 3 concerto de Beethoven e

quand l’Orchestre Symphonique de l’Opéra (dir. Wolfgang Doerner) joue la Symphonie «Italienne» de Mendelssohn et une pièce pour cordes de 2004 : L’Eloignement de Chen. TOULON. Le 25 mai. Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

le dernier concert de la saison au Grand Théâtre de Provence ! Au programme, le Concerto n°1 de SaintSaëns. L’Orchestre National de Lyon joue aussi la 1re symphonie de Chostakovitch… AIX. Le 25 mai. GTP 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

Divine comédie Dante revu par Mehdi Belhaj Kacem sur une musique de Christophe Mauro, avec Alain Aubin (contre-ténor), Fosca Perinti (récitant) et le Quatuor «Pro Musica». MARSEILLE. Le 25 mai. Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com

Edouard Exerjean

Edouard Exerjean © X-D.R.

À la suite des représentations du Courrier de Monsieur Pic avec Maurice Vinçon (jusqu’au 25 mai), le pianiste clôture sa «carte blanche» par du piano à 4 mains avec Sofja Guelbadamova dans Fauré, Ravel, Satie, Milhaud, Poulenc… MARSEILLE. Le 26 mai. Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

musiques et mélodies du Japon. MARSEILLE. Le 27 mai à 17h30. Comptoir de la Mode 06 14 31 59 55

Tosca Le fameux opéra de Puccini chanté par Béatrice Uria-Monzon dans le rôle titre, Riccardo Massi (Mario), Seng Youn Ko (Scarpia). L’OLRAP et les Chœurs de l’Opéra sont dirigés par Alain Guingal pour une mise en scène de Nadine Duffaut. AVIGNON. Du 27 mai au 31 mai. Opéra 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

Traces de sons Dans les pas de jeunes compositeurs japonais…, musique de chambre électroacoustique présentée par Les Acousmonautes. MARSEILLE. Le 31 mai à 19h. Urban Gallery 04 91 37 52 93

Rossini La Petite messe solennelle est chantée par la classe de chant de Tibère Raffalli (Conservatoire de Marseille). MARSEILLE. Le 31 mai. Eglise St-Antoine de Padoue et le 5 Eglise de St-Barnabé Festival de Musique Sacrée

Labo MIM Jacques Raynaut (piano), Angelica Cathariou (mezzo-soprano) et Eric Charrey (clarinette) jouent des pièces contemporaines de Jacques Lenot, Marcel Frémiot, Lucie Prod’homme, Henry Fourès, Regis Campo, Maïté Erra, Jean-Claude Wolf, JeanPierre Moreau…! MARSEILLE. Le 31 mai. Cité de la Musique – Auditorium www.citemusique-marseille.com 04 91 39 28 28 www.labo-mim.org

La mort marraine Chambre Le conte des frères Grimm, mis en musique par Le dernier concert de musique de chambre à l’Opéra de Marseille met en valeur trois artistes maison : la pianiste Brigitte Grosse, l’altiste Cécile Florentin et la soprano Marianne Pobbig interprètent des Lieder de Brahms et Wagner et des duos instrumentaux de Schumann. MARSEILLE. Le 26 mai à 17h. Foyer de l’Opéra 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Sud américaines Du Mexique à la Patagonie : guitare et chants latino-américains par César Desantiago. CHATEAU-GOMBERT. Le 27 mai à 17h30. Musée du Terroir Marseillais 04 91 68 14 38

Raoul Lay avec la comédienne Julie Cordier et l’ensemble Télémaque. Un spectacle qui tourne avec succès depuis 4 ans. A voir en famille ! CHATEAU-ARNOUX. Le 31 mai à 19h Théâtre Durance 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr © Agnès Mellon


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America Savary Saint-Pétersbourg Boris Vian, cap au sud, spectacle musical mis en Le Quatuor vocal Konevets et la basse Oleg Kovalev Mois des compositeurs américains à la biblioscène par Jérôme Savary (direction musicale Philippe Rosengoltz). TOULON. Du 31 mai au 3 juin. Théâtre Liberté www.theatre-liberte.fr 04 98 00 56 76

dans des liturgies et chœurs des monastère orthodoxes de Russie. MARSEILLE. Le 2 juin à 20h30. Eglise St-Michel Festival de Musique Sacrée 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Ciné-Concert Poésie en musique Karol Beffa «improvise» au piano sur les images du L’ensemble vocal féminin Hymnis (dir. Bénédicte film muet Journal d’une fille perdue (1929, avec Louise Brooks) de Pabst. MARSEILLE. Le 1er juin à 17h. Alcazar en partenariat avec le festival Musiques Interdites (voir page 13) www.musiques-interdites.eu 04 91 90 46 94

Karol Beffa © Alix Laveau

Pereira) : Ronsard, Apollinaire, La Fontaine, Verlaine en musique. MARSEILLE. Le 2 juin à 20h30. Eglise de La Trinité (1er) 06 31 85 22 42

Robert Schumann Lucile Pessey (soprano) et Amandine Habib (piano) dans des opus du compositeur romantique allemand. MARSEILLE. Le 2 juin à 21h. Station Alexandre 04 91 00 90 00 www.station-alexandre.org

Stabat mater Rossini chanté avec piano (Marcus Maitrot) par l’Ensemble Sull’Aria (dir. Pierre-Emmanuel Clair) avec Catherine Bocci-Dragon (soprano), Cécile Meltzer (mezzo), Christopher Roche (ténor), Yves Bergé & Guillaume Barralis (basses). POURRIÈRES. Le 2 juin à 21h. Couvent des Minimes CORRENS. Le 9 juin à 18h. Eglise Notre-Dame MARSEILLE. Le 15 juin à 21h. Temple Grignan AIX. Le 16 juin à 21h. Eglise du St-Esprit

Bach & C° Brésil Par Etienne Mangot (violoncelle et baryton) et Teca Calazans et le duo Luzi Nascimento (le 2 juin ), Jean-Paul Serra (pianoforte). MARSEILLE. Le 1er juin à 20h30. Urban Gallery www.baroquesgraffiti.com 09 51 16 69 59

L’écho du Cours Haut les sax avec l’E.C.O. (European Contemporary Orchestra) ! Mais qui se cache donc derrière ce Gandolfi de Belsunce, compositeur marseillais qu’on dit prof au Conservatoire, et qui «nous a concocté une courte pièce pour saxophones que joueront (sous la houlette de Joël Versavaud) tous ceux qui, dans le public, auront amené le leur. Les passants saisis par le rythme pourront diriger les musiciens en suivant une chorégraphie créée par la danseuse Emma Gustafson» ? Avis aux volontaires, la partition, espèce de valse bancale à 7/8 (3+2+2) pour 4 parties de saxophones, sous-titrée Le swing marseillais de la flashmob’ilette, et la chorégraphie inspirée des mouvements d’un chef d’orchestre sont à apprendre sur le site www.ecosound.eu. MARSEILLE. Le 1er juin à 18h30. Cours Julien 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com Répétitions les 29, 30 et 31 mai à 20h au Waaw (17 rue Pastoret 6e)

Roda de Choro (le 3 juin à 17h30) et Aurélie & Verioca (le 3 juin), concerts autour de la musique populaire brésilienne. MARSEILLE. Auditorium Cité de la Musique 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com Teca Calazans © Pedro Guimaraes

thèque : causerie musicale par Lionel Pons (voir p 31 le 2 juin à 16h), projections d’opéras et comédies musicales West side story (8 juin 17h), Anna Nicole, opéra de M. A. Turnage (13 juin 17h), Porgy & Bess (20 juin 17h), Un tramway nommé désir, opéra d’A. Prévin d’après Tenessee Williams (27 juin 17h), rencontre autour de In C de Terry Riley avec Raoul Lay et l’ensemble Télémaque (le 21 juin à 17h45, concert à 18h15. Hall). MARSEILLE. Alcazar www.bmvr.marseille.fr

Thierry Caens Le trompettiste accompagné du Quatuor Girard du contrebassiste Benjamin Thabuy et de la pianiste Nathalia Romanenko jouent de la musique française pour la clôture de la saison au Méjan. ARLES. Le 3 juin à 11h. Méjan 04 90 49 09 12 www.lemejan.com

Concert romantique Monique Borrelli (soprano), Pierre Villa-Loumagne (baryton), Vanessa Crousier (violoncelle) et Pierre Laïk (piano) dans Mendelssohn, Schubert, Schumann, Brahms, Liszt. MARSEILLE. Le 3 juin à 16h30. Notre-Dame du Mont 04 91 48 36 96

Piano & violoncelle 2 Ludovic & Livia Selmi dans Liszt, Beethoven et Offenbach. CHATEAU-GOMBERT. Le 3 juin à 17h30. Musée du Terroir Marseillais 04 91 68 14 38

Airs d’opéras 1 Bizet, Donizetti, Gounod… par Anca Violeta. MARSEILLE. Le 3 juin à 17h30. Comptoir de la Mode 06 14 31 59 55

Un grand Requiem Une magnifique fresque sonore, interprétée par les belles voix et les cuivres brillants du Conservatoire, dirigée et re-composée par Isabelle Vernet à partir des Requiems de Verdi, Fauré, Mozart et SaintSaëns. MARSEILLE. Le 4 juin à 19h30. Eglise de St-Just et le 6 juin. Sacré Cœur Festival de Musique Sacrée

Foliephonie Lucie Prod’homme et ses Acousmonautes donnent carte blanche à Patrick Roudier qui présentera un échantillon historique de ses créations. MARSEILLE. Le 4 juin. Cité de la Musique. Rencontre à 18h15 www.citemusique-marseille.com 04 91 39 28 28

AU PROGRAMME

MUSIQUE 45


Patrimoine baroque Nathalie Manfrino Les musiciens «locaux» Vallière, Archimbaud, Estienne et Blanchard dévoilés par Guy Laurent (voir p 62). AIX. Le 5 juin à 18h30. Espace Forbin 04 42 99 37 11 www.orphee.org

La fille à marins Spectacle en chansons mis en scène par Jérôme Savary (direction musicale Roland Romanelli). TOULON. Les 5 et 6 juin. Théâtre Liberté 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

La Flûte enchantée Un conte initiatique qu’on peut appréhender avec la naïveté d’un regard enfantin, comme on peut y lire des enjeux sur les rapports des sexes, familiaux, thématiques freudiennes avant l’heure, voire sociaux, des références ostensibles à la franc-maçonnerie… Et la merveilleuse musique de Mozart fait le reste : du pur chant de Pamina (Sandrine Piau) à l’hystérie vocale de la Reine de la nuit (Burcu Uyar), de l’héroïque Tamino (Sébastien Droy) au profond Sarastro (Wotjek Smilek), jusqu’au bonhomme Papageno (Henk Neven)… Kenneth Montgomery dirige ce beau plateau mis en scène par Jean-Paul Scarpita. MARSEILLE. Les 6, 8, 12, 14 et 16 juin à 20h et le 12 juin à 14h30. Opéra 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr Conférence le 2 juin à 15 h. Foyer Rencontre L’Opéra en scène le 5 juin à 17h. Alcazar

La flûte enchantée © Marc Ginot - Montpellier

Derniers feux sacrés Arvo Pärt (Silouan’s song), Britten (Lachrimae Arno Thorette à l’alto) et Haydn (7 dernières Paroles du Christ) avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille et Robin Renucci (récitant) pour le dernier concert du festival. MARSEILLE. . Le 7 juin. Eglise St-Michel Festival de Musique Sacrée 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Compositeurs aixois Les Festes d’Orphée (voir p 61) pour quatre siècles de musiques d’Aix, les baroques Campra et Gilles, le romantique Félicien David et Emmanuel de Fonscolombe, le néoclassique Darius Milhaud et Jean-Michel Hey pour une création contemporaine. AIX. Le 7 juin à 20h30. Chapelle de La Baume 04 42 99 37 11 www.orphee.org

Nathalie Manfrino © Fabien Bardelli

La soprano chante des airs tirés d’opéras de Massenet (CD «Méditations» Decca 476 4823), à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur, avec l’OLRAP (dir. Fabien Gabel). AVIGNON. Le 8 juin à 20h30. Opéra 04 90 82 81 40 www.orchestre-avignon.com 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

Chine Création de fin de résidence autour d’instruments traditionnels. MARSEILLE. Le 9 juin. Cité de la Musique www.citemusique-marseille.com 04 91 39 28 28 Conférence le 7 juin à 18h30

Pour la Paix Le Chœur régional à Cœur Joie Provence donne la Messe pour la Paix «l’homme armé» composée par Karl Jenkins : 170 choristes et 27 musiciens dirigés par Michel Camatte. MARSEILLE. Le 9 juin. Eglise St-Cannat – Les Prêcheurs 06 82 19 67 67 AIX. Le 13 juin. Cathédrale St-Sauveur 06 81 75 60 33

Elias Le Chœur Cantabile et l’Orchestre de Chambre de Marseille (dir. Carlos Gómez Orellana) donnent l’oratorio de Mendelssohn. AIX. Le 9 juin à 20h30 et le 16 juin à 17h. Cathédrale St-Sauveur 04 42 21 65 18

Piano & hautbois Sabine Pisicoli & Nicole Mison, textes de Marion Fribourg. CHATEAU-GOMBERT. Le 10 juin à 17h30. Musée du Terroir Marseillais 04 91 68 14 38

Airs d’opéras 2 Larenka Hoareau (soprano) et Frédéric Isoletta (piano). MARSEILLE. Le 10 juin à 17h30. Comptoir de la Mode 06 14 31 59 55

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AU PROGRAMME

46 RENCONTRES

C.N.I.P.A.L Récital des solistes du Centre National d’Insertion des Artistes Lyriques dirigé par Samuel Jean (www.cnipal.fr). AVIGNON. Le 14 juin à 20h30. Opéra 04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

Debussy Marielle Nordmann (harpe) et le Quatuor Debussy en ouverture du Festival estival de Toulon et sa région dans un hommage au compositeur pour le 150ème anniversaire de sa naissance (voir p 12). SIX-FOURS. Le 14 juin à 21h. Collégiale St-Pierre 04 94 93 55 45 www.festivalmusiquetoulon.com

PHOTO Quatuor Debussy

In furore Vie musicale d’une bastide baroque : l’Ensemble Dulcinosa embrase la Magalone avec des pièces de Vivaldi et des cantates de Haendel. MARSEILLE. Le 15 juin. La Magalone 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com Première partie à 19h45 : Pièces chorales de Lassus, Josquin…

ECO on the beach L’E.C.O. (European Contemporary Orchestra) rassemble ses 33 musiciens issus de trois ensembles contemporains atypiques : Télémaque (France), Orkest de Ereprijs (Pays-Bas) et Musiques Nouvelles (Belgique). Ils créent une Symphonie métissée à partir de pièces de quatre compositeurs européens : le Maltais Karl Fiorini, le Roumain Alin Gherman, la Polonaise Kasia Glowicka et le Français Pierre-Adrien Charpy. Les musiciens, Brigitte Peyré et Raphaële Kennedy (sopranos), Els Janssens-Vanmunster (Mezzo), Philippe Petit (électronique) sont dirigés par Jean-Paul Dessy et Raoul Lay. MARSEILLE. Le 15 juin. Ballet National de Marseille Pré-concert à 18h : Treize couleurs du soleil couchant de Tristan Murail par l’Ensemble Contemporain du Conservatoire de Marseille. Rencontre professionnelle à 14h30 et poursuite de la soirée à 21h45 avec Philippe Petit et DJ Markus Detmer (Berlin). 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com www.ecosound.eu

Un requiem allemand Opus 13 et l’Ensemble Vocal d’Aix en Provence (dir. Marie-Hélène Coulomb). Philippe-Nicolas Martin (baryton) et Nathalie André (soprano) dans Brahms (version pour 2 pianos et timbales). AIX. Le 15 juin à 21h et le 17 juin à 17h30. Chapelle du Sacré-Cœur 04 42 28 62 95


MARSEILLE. Le 16 juin. Gymnase 0 820 000 422 www.lestheatres.net

Inde «Conversation inspirée du râga» entre le sarod (luth) de Sougata Ray Chowhury et les tabla et tampura. MARSEILLE. Le 16 juin. Cité de la Musique 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

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© X-D.R.

Une symphonie pour 2012 par l’Orchestre symphonique Divertimento (dir. Zahia Ziouani) dans Camille Saint-Saëns et de la musique classique algérienne.

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Algérie-France

Artistes persécutés Les Eclaireurs Des créations de Franz Schreker, musicien brisé par Les musiciens de l’ensemble Télémaque jouent et le nazisme, d’Aldo Finzi (Frédéric Isoletta, orgue), poursuivi quant à lui par les fascistes italiens, et Nuit obscure de Karol Beffa inspiré de Saint-Jean de la Croix, emprisonné et banni au XVIe siècle. avec Charles Berling (récitant), Sébastien Billard qui dirige l’Orchestre de la Garde Républicaine, la soprano Emilie Pictet et le baryton Mathias Hausmann. MARSEILLE. Le 16 juin à 21h. Eglise Saint-Cannat Festival Musiques Interdites (voir page 13) www.musiques-interdites.eu 04 91 90 46 94

expliquent des programmes élaborés autour de leur propre instrument… et voyagent dans le département 13. BOUCHES-DU-RHÔNE. A partir du 19 juin : La Clarinette et La Flûte 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com

Fête de la musique Traditionnel concert à la carte des Festes d’Orphée. AIX. Le 21 juin à partir de 18h. Chapelle du Sacré-Cœur - Entrée libre 04 42 99 37 11 www.orphee.org

Renouveau du tambourin Symphonie Composition des XX & XXI siècles par Sylvain Brétéché (galoubet-tambourin) et Maurice Guis fantastique (piano). La tournée d’été de l’Orchestre Philharmonique e

AIX. Le 19 juin à 19h. Temple rue de la Masse 04 42 99 37 11 www.orphee.org

e

du Pays d’Aix (dir. Jacques Chalmeau) commence le jour de la fête de la Musique à Aix et se poursuit aux alentours. Au programme le chef d’œuvre de Berlioz. PAYS d’AIX. Concerts gratuits. http://orchestre-philharmonique-aix.com


04 42 59 69 00 www.casinoaix.com

Théâtre et Chansons : Etienne Luneau dans Juste des Chansons (26/5), Et toi, tu marcheras dans le soleil… (1er et 3/6), soirées Cabaret avec l’atelier Chansons sur scène (22 au 24/6) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com

ARLES Cargo de nuit : Natalia M King & Smokin Naked (25/5), La Cargo à quai by Eco Fabrik (1/6), Bernhoft (9/6) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com

Festival Jazz in Arles au Méjan : Vincent PeiraniYoun Sun Nah-Stephan Oliva (22/5), Lay-Tailleu-Duris Trio (23/5), Tarkovsky 4tet (24/5), Trio Melford-Dresser-Wilson (25/5), Michel Portal-Bruno Chevillon-Daniel Humair (26/5) Cinémas Actes Sud : Film : Michel Petrucciani (21/5) 04 90 49 56 78 www.lemejan.com

AUBAGNE Escale : ToM’s (25/5), Biga Ranx + Flox + Putus Roots + Jahnett Tafari + Kabba Massagana (2/6) 04 42 18 17 18 www.mjcaubagne.fr

Comoedia : Concert du Cefedem (30/5), Carte blanche au conservatoire avec La Musique de Jean Françaix (8/6) 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

AVIGNON Passagers du Zinc : Epreuves publiques, passage du diplôme d’études musicales du CRR (23 et 24/5), Smac : soirée musiques actuelles du Conservatoire (8/6) 04 90 89 45 49 www.passagersduzinc.com

AJMI : Présentation des Ateliers (7/6), Fête de la Musique-Kermesz à l’Est et Open Bal (21/6) 04 90 860 861 www.jazzalajmi.com

CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Akwaba : Betraying The Martyrs + All Dogmas We Hate + Hypnoe5e (25/5), Gari Greu + Emma Double Té Hache (1/6), Rock en Stock avec Purple Sky et Alain Crazy + Little Big Bang + Quinte Flush + Magic Mushroom + Décadence + The Last chance (2/6), «O» de Dominique Lièvre (7/6), Bob Log III + Piano Chat (9/6), Tambour Battant (16/6) 04 90 22 55 54 www.akwaba.coop

CORRENS Le Chantier : 15e Joutes Musicales, festival des Musiques du monde (25 au 27/5) 04 94 59 56 49 www.le-chantier.com

DIGNE Centre culturel René Char : Bastien Lanza (26/5), Clair de lune Trio (31/5) 04 92 30 87 10 www.sortiradigne.fr

DRAGUIGNAN Théâtres en Dracénie : Bratsch & invités (22/5) 04 94 505 959 www.theatresendracenie.com

GAP La Passerelle : Murmurant dans les villes des Excentrés (24/5 au 1/6) 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

GARDANNE La Halle : Ensemble de saxophones de Provence (29/5), rencontre des Orchestres à l’école (7/6), les Bestioles de la garrigue, en déambulation dans le cadre de la fête votive (11/6), Concert de l’école primaire Lucie Aubrac et de l’école de musique sur le thème de Paris (11/6), le Chœur lyrique des Enfants de l’Estaque (12/6), Fête de l’école de musique (20/6), La Maison part en live (23/6) 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr

HYÈRES Théâtre Denis : Laurent de Wilde & Otisto 23 (16/6) 04 94 007 880 et 06 31 798 190 www.jazzaporqueroles.org

ISTRES L’Usine : Grace + Alain Corbel (25/5), Finale du Tremplin découverte (26/5), Charlie Winston (3/6) 04 42 56 02 21 www.scenesetcines.fr

Ville : Fête de la Musique avec Manu Lanvin, Deluxe, Timek (21/6) www.istres.fr

LE THOR Auditorium de Vaucluse : Enrique Canta a Antonio Machin (2/6) 04 90 33 97 32 www.auditoriumdevaucluse.com

MARSEILLE Atelier des Arts : Swing Cockt’Elles (26/5) 04 91 26 09 06 www.marseille9-10.fr

Cri du Port : Tremplin Jazz (24/5) Lionel Belmondo (31/5) Omri Mor trio (7/6) 04 91 505 141 www.criduport.fr er

Creuset des Arts : Alertojazz (1 /6) 04 91 06 57 02 www.creusetdesarts.com

La Friche Belle de Mai -Cabaret Aléatoire : Musique Rebelle Round#12 (16/6) 04 95 04 95 04 www.musiquerebelle.com

Inga des Riaux : Peggy Quetglass trio (25/5), Arobaze (31/5), Rémy Abram 4tet (1/6), Anna Farrow band (8/6), Bossazina (15/6), Nougarotrement (22/6), John Massa 4tet (29/6) 06 07 575 558 www.inga-des-riaux.fr/music.html

La Machine à coudre : Oriental Fusion (25/5) www.lamachineacoudre.com

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AIX Pasino : Gérard Lenorman (31/5), Yannick Noah (1er/6)

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AU PROGRAMME

48 MUSIQUE

Le Paradox : Adrian Byron Burns & Jake La Botz (24/5), Les Poulettes (25/5), Luiza Dionizio (27/5), Africa Express (29/5), Méandres (7/6) www.leparadox.fr

La Passerelle : Oriental Fusion (9/6) 04 91 48 77 24

Plage du Prophète-Abribus : Ahmad CompaoréMusique Rebelle Junior (3/6) 09 54 58 88 77

La Meson : Naïas-Fantazio (1er/6) Fantazio-TheronRossi (2/6) 0491 501 161 www.lameson.com

Le Point de Bascule : Sam Karpienia (9/6) Adila Carles (16/6) 06 14 31 69 66

Rouge : Castellani-Souris-Versini-Surménian-Taouacht (25/5) 04 91 070 087 www.rougebelledemai.com

Roll’ Studio : Karine Bonnafous 4tet (26/5), Trio Majica (2/6), Thierry Maucci trio (9/6), Hip Jazz Trio (16/6), Trio Trinidad (23/6) 04 91 644 315 ou 06 86 728 396 www.rollstudio.fr

Cabaret Aléatoire : Kap Bambino (24/5), Find out Festival avec Alex Gopher + Jupiter + le Marchand de sable + The Name + 123MRK (26/5), The Black Lips + Dumbo gets mad + Bleached (28/5), Mudhoney (1er/6), Saschienne + Jori Julkkonen + Nicolas Cuer + Mula + Dawad & Zen + Lanny May + Ina Becker (2/6), Day Bonus (4/6), Musique rebelle round 12 avec Ahmad Compaoré (16/6), August Burns Red + Adept (20/6) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com

Centre culturel Mirabeau : Festival Tamazgha, musiques berbères et populaires d’Afrique du Nord avec Ideflawen, Hacène Laïche (2/6), Cafés Nords Africains (9/6), Farid Ferragui et Zohra Aït Abbas (au théâtre de la Sucrière 23/6) 04 91 03 08 86 www.festivaltamazgha.org

Cité de la Musique : Pluriels, concert du MIM (31/5) 04 91 39 28 60 www.labo-mim.org www.citemusique-marseille.com

Dan Racing : Sigma (25/5), Mytology + Atinomy (26/5), Plastic Bag + Zebra Skies (1er/6), Flou Fighters (2/6), Folk’n’raoul (8/6), Dad & Co + Insomnie (9/6), Grand Balcony twang machine + Malhabile (16/6), Fête de la musique Elegia (21/6) 06 09 17 04 07 http://guitarjacky.free.fr

Espace Julien : At dawn we are kings + Blofeld (24/5), Conger + Nitwits + Human toys (31/5), Fantasticus (1er/6), No Trigger + Heartsounds + Wake the dead (6/6), Messengers + Koulirou (14/6), Breakin’bass (15/6) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com


Gyptis : Une divine comédie (25/5) 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com

La Machine à Coudre : Oriental Fusion (25/5), Redmo + Aubin (26/5), In Pulso + B Dettori solo (31/5), The Atom Brain (1er/6), Danger + W’s Captain Kirk (2/6), Three Some + Accelerator (6/6), Antonio Negro et ses invités (7/6), Marvin + Shub (9/6) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com

La Meson : Tablao Flamenco la Fabia (26/5), Concert de soutien à CQFD avec Naïas + Fatazio (1/6), Rencontre Fantazio + Manu Theron + François Rossi (2/6) 04 91 50 11 61 www.lameson.com

Le Dôme : Thriller live (26/5) 04 91 12 21 21

Le Paradox : Les Poulettes (25/5), Super Kemia Bongoa (26/5), Luiza Dionizio (27/5), Africa express (29/5), Big butt foundation (31/5) 04 91 63 14 65 www.leparadox.fr

Le Poste à Galène : Deen Burbigo + Gaïden & Yoshi + Dj Old day (25/5), Gravenhurst (26/5), Rover (31/5), Finale Tremplin scène découverte 2012 (1er/6), Siskiyou (6/6), Hugo Kant + Stereobox + Renegades of jazz (8/6), Robert (9/6), Les rois de la Suède (14/6), Bongoaï + Super Kemia (15/6), Fête de la musique avec The Magnets + The Last + Bird in shell (21/6) 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com

Le Silo : Yannick Noah acoustique (30/5) 04 91 90 00 00 www.silo-marseille.fr

Les Demoiselles du Cinq : Isotope (24/5), Les filles de Montmartre (30/5), Codop Fleurs de Bouches (31/5) 06 23 21 26 05

L’Embobineuse : Les 10 ans de Radio Discorde (25/5), Les Robertes + Brice et sa pute + Aimbass + Blockman & Ron-c (26/5), Total Chaos + Filthy Charity + Hobo Erectus (28/5), Harvey Milk + Motto (31/5), Blackie + Radikal Edwards (1er/6), Secret Mommy + Caving + 69db au Casse tête (2/6), Jean- Louis Costes + La prière du poulet (9/6), Festival B.Side avec Thee oh sees + J.C. Satan (10/6), Soirée KGB (16/6) 04 91 50 66 09 www.lembobineuse.biz

NÎMES Théâtre de Nimes : Staff Benda Bilili (31/5), Musique sur cour (8 et 9/6) 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

OLLIOULES Châteauvallon : Amadou et Mariam (2/6) 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

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04 91 04 69 59 www.grim-marseille.com

PORT-DE-BOUC Le Sémaphore : Mario Canonge (25/5) 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

SALON-DE-PROVENCE Portail Coucou : Kill the Young + Soma (1er/6) 04 90 56 27 99 www.portail-coucou.com

IMFP – Salon de Musique : Martine Kamoun 4tet invite Mario Stantchev (29/5), Fête de l’IMFP Ensemble vocal-Made in Fumée Bleue-Deluxe (19/6) 04 90 531 252 www.imfp.fr

LA SEYNE-SUR-MER Fort Napoléon – ArtBop : Lois Coeurdeuil trio (25/5), Les années Blue Note 5tet (15/6), 0494 094 718 www.ot-la-seyne-sur-mer.fr www.laseynejazzworkshop.com

Café 7e Vague : Alf&Half (15/6) 04 94 06 02 52

SIX-FOURS Rest. La Vague : Jam-session jazz (7/6) 04 94 07 01 73 www.lavaguesensualsound.com

Espace Malraux : Biohazard + Brujeria (13/6) 04 94 74 77 79 www.espace-malraux.fr

TOULON Tandem : Charles Pasi + Voodoo au Centre culturel Maurin des Maures, Cogolin (26/5) 04 98 070 070 www.tandem83.com

Théâtre Liberté : Boris Vian, cap au sud (31/5 au 3/6), la Fille à marins (5 et 6/6) 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Tour Royale : Festival Rockorama avec We Have Band, Novella, Duchess Says, Summer Heart, Casiokids, Crapft Spells, All Cannibals et Kelly und Lelly (14 au 17/6) 06 11 33 24 43 www.rockorama.fr

VELAUX Espace NoVa : Richard Gotainer (8/6) 04 42 87 75 00 www.espacenova.com

VITROLLES Moulin à Jazz : Alexandra Grimal 4tet Dragons (19/5), Fête de la Musique -Atelier Jazz CharlieFree-Didier Labbé 4tet (21/6) 04 42 796 360 www.charliefree.com

GARDANNE Manifestation proposée par la commission Chimie et Société de la Fondation de la Maison de la Chimie : Chimie & Terroir, ou un autre regard sur la chimie. Vivre, respirer, boire, manger... Tout cela serait impossible sans la chimie. Elle intervient dans nos vies sans que l’on s’en aperçoive. Le festival est destiné à faire découvrir la chimie, assister à des expériences scientifiques et démonstrations par des chercheurs qui attiseront la curiosité des petits et des grands. Trois jours ponctués en après-midi par des séances «Cinésciences» proposées par l’association Polly Maggoo ainsi qu’une représentation de la compagnie de théâtre Mots à mâcher et sa célèbre légende de «Kiabu boara» ! Couleurs, ocres, cosmétique, huile d’olive et savon de Marseille : voici quelques-uns des sujets qui seront abordés lors des conférences-démonstrations tout public. Soirée de vendredi où le journaliste et médiateur scientifique Damien Jayat réunira Einstein, l’amour et la pizza dans un spectacle humoristique. Des parcours ont été conçus spécialement pour le public scolaire (à partir du CM1). Maison du peuple Du 24 au 26 mai http://maisondessciences.univ-provence.fr

MARSEILLE Dans le cadre du cycle de conférences Les Jeudis du CNRS, Patrick Cozzone du Centre de Résonance Magnétique Biologique et Médicale présentera L’exploitation du corps humain par IRM : l’homme devenu transparent. Entrée libre. CNRS, Marseille 9e Le 7 juin à 18h 04 91 16 40 44 www.culture-science-paca.org

L’association Andromède propose une conférence : «Les phénomènes célestes et les mythologies de l’ancienne Égypte» par Jean Maucherat, chargé de

Recherche au CNRS au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille. Il tracera à l’aide d’une théorie logique et globale, les démarches observationnelles et intellectuelles des créateurs de l’art intemporel de l’Égypte ancienne et donnera par l’utilisation de tous les phénomènes célestes universels, l’interprétation de ses mythologies, ses dessins et monuments funéraires. Conférence suivie d’une observation du ciel si la météo le permet. Observatoire de Marseille Le 15 juin 04 13 55 21 55 www.andromede13.info

ALPES Version alpine du Souk des Sciences, marché à la matière grise et la découverte, ouvert librement aux curieux de tous âges. La Caravane des sciences, aujourd’hui reconnue et attendue par le grand public revient avec de nouvelles découvertes à partager avec tous et toutes. Les passants expérimentent, jouent, observent, discutent à l’étalage avec les intervenants, dans une ambiance conviviale et décontractée, de 10 à 19h. à Gap et à Digne. DIGNE Place du Gal De Gaule le 15 juin GAP Esplanade de la paix le 16 juin 04 92 53 92 70 www.culture-science-paca.org

CHATEAUNEUF-LES-MARTIGUES Dans le cadre des journées nationales du Patrimoine de Pays, l’association des Amis de Castrum Vetus propose la visite commentée de l’abri préhistorique de la Font-aux-Pigeons. Départ groupé, à pieds, pour se rendre sur le site situé à environ 300m du musée. le 17 juin à 15h 04 42 79 81 56 www.castrum-vetus.fr

AU PROGRAMME

Grim : Festival B-Side avec Sleepy Sun + Sessions Fantôme dj set (3/6), Sons de plateaux (21 au 23/6)

MUSIQUE/SCIENCES ET TECHNIQUES 49


RENCONTRES

Voyage immobile Entièrement dédié au conte, le théâtre marseillais La Baleine qui dit «Vagues» programme la 4e édition des Oralies, festival des contes voyageurs, initié par Bruno de La Salle dans les Alpes de Haute-Provence, conteur à l’origine du renouveau du conte en France, mais également directeur du Conservatoire de Littérature Orale à Vendôme et parrain de la manifestation marseillaise. Pour la deuxième année consécutive les Oralies invitent à découvrir un grand récit, cette année c’est dans les racines celtes de la Bretagne que les conteurs guideront les auditeurs,

vers les exploits de Gauvain, Perceval ou Lancelot, avec le Roi Arthur et le cycle de La Table Ronde. La première parole sera celle de Claudine Glot, présidente du Centre de l’imaginaire Arthurien pour une conférence donnée le 25 mai à 20h30 au Théâtre du Conte. Puis, dès le lendemain, place aux contes sur la place du Cours Julien, avec Nicolas Mezzalira, spécialisé dans le répertoire arthurien, Mimi Barthelemy, Sylvie Delom, Abdoulaye Diop Dany et Pascal Fauliot, avec, le soir au Théâtre, le spectacle Perceval de ce dernier ; le dimanche matin, les «toutes petites oreilles» s’ouvriront pour écouter Claire Pantel, puis à 10h un brunch littéraire réunira les conteurs. En parallèle, la grande librairie du conte s’installera sous les arbres… DO.M.

Les Oralies Du 25 au 26 mai Cours Julien, Marseille 04 91 48 95 60 Labaleinequiditvagues.org Les Oralies © Dominique Clément

Mouchoir de poche Le Théâtre du Petit Matin (de Proximité Maximale ?) est épatant dans son genre : camisole de force ou bouillabaisse, que propose-t-il donc à ses auteurs invités au Cabanon ? Nommant ainsi l’un des dispositifs mis en place autour de la lecture de textes contemporains, Nicole Yanni suggère plutôt la réunion de plaisir, dans sa forme la plus simple, d’auteurs, comédiens/lecteurs et spectateurs/auditeurs. Une pause dans un travail de création qui permette une transmission directe et une écoute active, «face à face tranquille» en effet. Un vendredi soir du mois d’avril, la jeune auteure dramatique Magali Mougel a assisté avec le public à la lecture d’extraits de ses œuvres récentes Ce que Suzy mesure et Léda, le sourire en bannière. Écriture mate, dialogues où s’épanouit la cruauté des rapports familiaux en particulier dans le couple, souf-

frances intimes nettement au féminin. À l’interpellation «brute et directe» (on est au Cabanon !) sur l’évacuation du social, l’auteure répond par la lecture d‘ERWIN MOTOR/Dévotion paru aux éd. Espaces 34. Efficace plongée du corps sensible dans l’industrie automobile ! Avec l’arrivée de l’été ? excursions poétiques et apéritives loin du cabanon avec les Mots à l’Air, les lundi à 19h30 au Vallon des Auffes et à Malmousque, avec Florence Pazzottu (le 25 juin), Philippe Jaccottet (les 4 et 18 juin) et Patrick Dubost (le 11 juin)… M.-J.D. Théâtre du Petit Matin, Marseille 5e 04 91 48 98 59 http://theatredupetitmatin.free.fr

Fontaine je boirai de ton eau

Compagnie Ca fait des bulles, Les Eauditives 2009, Cascade du Fauvery © C. Lenzi

textes, créations, interviews, conférences, images des actes poétiques et artistiques ainsi que des contributions inédites pour l’édition de 2012. Les Chiara Mulas, Les Eauditives 2011, Cascade du Fauvery, Barjols © Micheline Simon

Reniant l’adage, la Zone d’Intérêt poétique invite à déguster les eaux de la Provence verte. Pour leur 4e festival les Eauditives conjugueront poésie et conférences, arts plastiques et ateliers d’écriture poétique, résidence d’écriture (celle de la poétesse belge Gwenaëlle Stubble) et publication par les éditions Plaine Page d’un numéro spécial de la revue Art Matin dans lequel on retrouvera les archives des trois précédentes Eauditives (2008, 2009, 2011), des

manifestations essaimeront à travers les lieux d’eau des deux villes, fontaines, lavoirs, mais aussi tanneries à Barjols ou laverie automatique à Brignoles où même la librairie détient un nom prédestiné aux épanchements aquatiques, la librairie du Bateau Blanc… Ces manifestations savent non seulement proposer des parcours, présenter des poètes, des plasticiens, des philosophes, des architectes au public, mais elles s’attachent à lui faire ressentir la création même en l’associant par le biais d’ateliers d’écriture menés auprès des écoles qui restitueront leurs travaux les vendredis. Une belle démarche sensible, ludique et partageuse. M.C. Les eauditives Brignoles les 15 et 16 juin Barjols les 22 et 23 juin 04 94 72 54 81 www.plainepage.com

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AU PROGRAMME

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Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42 Rencontres : avec Chritophe Estrada pour son roman Hilarion (Actes Sud) le 23 mai à la librairie Maupetit (Marseille) avec Christine Brunet autour de son ouvrage Dis bonjour à la dame (éditions Albin Michel) et des questions qu’il aborde sur l’éducation des enfants le 24 mai dès 18h à la librairie Goulard (Aix) avec Valérie Mrejen pour Forêt noire (P.O.L.) et Orrion Scohy pour En Tarzizanie (P.O.L.) le 24 mai à Montévidéo avec la librairie Histoire de l’œil (Marseille) avec Florence Quentin pour son livre Isis L’eternelle (Albin Michel) le 24 mai à 18h30 à la librairie Saint Paul (Marseille) avec André Bucher pour son livre Fée d’hiver (Le Mot et le Reste) le 25 mai à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille) avec Marie d’Hombres, Blandine Scherer et la photographe Anna PuigRosado pour le livre Le Ventre de Marseille, commerçants de Noailles (Gaussen) le 31 mai à 18h à la librairie Apostille (Marseille) avec Victor Del Arbol pour son roman policier La tristesse du samouraï (Actes Noirs) le 31 mai à 17h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Nick Barlay pour son livre La femme d’un homme qui (Quidam, 2011) et présentation de la maison d’édition le 31 mai à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille) Escales en librairies : rencontre avec Hervé Tanquerelle le 24 mai dès 16h à la librairie Voyages au bout de la nuit (Saint-Rémy) et le 25 mai à la librairie La Réserve à bulle (Marseille) Avec Douglas Kennedy le 8 juin à 12h à la librairie Book in Bar (Aix) et à 18h à la librairie L’Attrape Mots (Marseille) AIX Cité du livre – 04 42 91 98 88 Exposition de Eve Morisi, Albert Camus contre la peine de mort, jusqu’au 2 juin. Exposition d’une sélection de travaux de Guy Calamusa, jusqu’au 9 juin à la Fondation Saint John Perse. Dans le cadre du colloque organisé par le CIELAM, Université d’Aix-Marseille I, site d’Aix, les Écritures Croisées oranisent une rencontre-lecture autour des écrivains des éditions de Minuit Yves Ravey et Laurent Mauvignier, animée par P. Schoentjes et D. Viart, le 24 mai à 18h salle Armand Lunel. Rencontre-débat avec Michel Onfray pour son livre L’ordre libertaire. La vie philosophique d’Albert Camus (éd. Flammarion, 2011), le 29 mai à 18h30 à l’amphithéâtre de la Verrière.


Atelier Galerie – 09 51 16 98 00 Exposition Art, design et artisanat, qui se conjugue avec la nouvelle collection Miscéo, du 8 au 16 juin de 9h à 20h. ARLES Galerie Espace pour l’art – 04 90 97 23 95 L’association Asphodèle initie de petites conférences sur l’art pour enfants intitulées Lucioles : avec le photographe François Deladerrière le 23 mai à 14h30 à la galerie le Magasin de jouets. Galerie Joseph Antonin – 04 90 99 53 31 Exposition Ecce Homo, photos d’Anna Chrysridi et peintures de Guillaume Flageul. Jusqu’au 23 juin, vernissage le 3 mai à 19h. FORCALQUIER Association Croq’Livres – 04 92 75 46 59 14é édition des Journées du livre jeunesse sur le thème Filles et garçons : auteurs pressentis, Adela Turin, Susie Morgenstern, Irène Bonacina, Clotilde Perrin, Nelly Chabrol Gagne, et Patrick Banon, du 29 mai au 2 juin. Association Apérilivres – 04 92 74 53 52 Festival Impressions d’arts sur le thème Du livre à l’écran : l’adaptation littéraire au cinéma, du 8 au 10 juin. LA SEYNE-SUR-MER Les Chantiers de la lune – 04 94 06 49 26 Exposition collective Trace #3, avec les artistes Krista Smith, Hans Silvester, Gilles Breil, Fodé Camara et Wei Fei & Wang Qin, du 2 juin au 28 juillet. LES BAUX-DE-PROVENCE Château des Baux – 04 90 54 55 56 Les médiévales des Baux : tous les week-ends, jours fériés et vacances scolaires sont organisés des tirs à la catapulte, au tir à l’arbalète et maniement de l’épée, et un duel médiéval. Jusqu’au 30 sept. L’ISLE-SUR-LA-SORGUE Association ACTA – tracedepoete@dbmail.com Trace de poète : «Un dialogue entre la poésie et les arts plastiques, la philosophie, le théâtre, la musique» : expos, livres d’artistes, revues de poésie, lectures, concerts… Jusqu’au 28 mai. MARSEILLE Région – 04 91 57 52 11 Exposition Printemps arabe, jusqu’au 28 juin. BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 Exposition Press Play Pixellissime 2012 qui expose les relations complexes et passionnées entre le jeu vidéo et le cinéma, du 30 mai au 30 juin ; rencontre projec-

tions et jeux vidéos à disposition le 30 mai à partir de 14h, défilé de Cosplay avec aoi sora Cosplay dès 17h. Conférence de Jean Chelini sur les Aspects de la vie religieuse marseillaise au XIXe, le 23 mai à 17h30. Conférence La conscience vue par un neurobiologiste par François Clarac, le 29 mai à 17h. ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00 À l’occasion du Forum mondial de l’eau, exposition Les territoires de l’eau, irrigation et partage de l’eau en Méditerranée, par l’IRD en partenariat avec l’INA. Jusqu’au 13 juillet. Exposition de l’artiste Emilie N’Guyen Van, L’Art s’archive, qui questionne la véracité des documents que l’on nous donne à voir, en mêlant habilement le vrai et le faux dans l’objectif de pousser le public à une réflexion sur le pouvoir des images. Jusqu’au 21 juin. Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Exposition de photographies Italiens 150 ans d’émigration en France et ailleurs, jusqu’au 15 juin. Association Sud culture – 04 91 03 08 86 Festival Tamazgha #7, dédié au patrimoine musical d’Afrique du nord : conférence sur 1912-2012, un siècle d’immigration Kabyle, le 9 juin à 21h au centre culturel Mirabeau. Les 2, 9 et 23 juin. Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59 Cercle de conversations animée par N. Yanni en présence de J ; C. Agnel sur Comment peut-on construire sa pensée pour réfléchir un monde durable ou soutenable ?, le 26 mai à 18h. Lectures de et par Patrick Dubost, poète performeur lyonnais, le 11 juin à 19h30 ; lecture des textes de Philippe Jaccottet, le 4 juin à 19h30 ; lecture de et par Florence Pazzottu, le 25 juin à 19h30. Les Ateliers d’Aline – 06 64 17 96 87 D’un mot, une nouvelle : cycle d’ateliers d’écriture explorant le genre multiple de la nouvelle, accessibles à tous. Le 28 mai de 17h à 19h30 à la librairie des éditions L’atinoir, Marseille. Galerie Anna-Tschopp – 04 91 37 70 67 Exposition des peintures de Benjamin Carbonne, Conversation avec la toile, jusqu’au 9 juin ; décrochage en présence de l’artiste le 7 juin dès 18h30. Galerie Montgrand – 04 91 33 11 99 Exposition Voyante du passé. Cryptage, œuvres d’Ilana Salama Ortar, artiste en résidence à l’ESADMM, du 22 mai au 30 juin. Amont Patrimoine – 04 91 62 65 49 Exposition Rivages de Michel Escallier-Lachaup, jusqu’au 4 juin.

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3bisf – 04 42 16 17 75 Atelier Objet-action animé par Caroline Le Mehau-té, tous les jeudis de 13h30 à 16h30. Atelier Urbanité Idiotopique (construction d’une ville imaginaire où se croiseront tous les fantasmes de chacun) animé par Benjamin Marianne, tous les mardis de 14h à 16h30.

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Centre aixois des Archives départementales -04 42 52 81 90 Exposition Les chemins de l’eau en BD – Le regard d’Edmond Baudoin, jusqu’au 23 juin.

RENCONTRES

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Auditorium de la Caisse d’Epargne – 04 91 57 26 49 Conférences d’initiation L’art en France par Jean-Noël Bret : l’art français VIII : les avant-gardes et l’École de Paris, le 24 mai à 18h ; L’art français IX : depuis 1945, le 21 juin à 18h. Mairie des 11e et 12e arr. – 04 91 14 62 40 Exposition des Artistes peintres du secteur : Marc Tranchino, Jean-Marc Hernandez, M. Armand, Roméas, Henri Saplana, Betty Bonifacio, Liliane Costa-Kara, Sylvie Bourély, Yolande Giana, Michelle Ravel, Olga Sabarthès, Nathalie Chappat et Jean Patrick Delépine. Jusqu’au 31 mai. MARTIGUES Musée Ziem – 04 42 41 39 60 Exposition D’une mer à l’autre, Marines du Nord et du Sud entre 1850 et 1908, jusqu’au 24 juin. PELISSANNE Médiathèque Robert et Pierre Brun – 04 90 55 30 74 8e édition de Dévore-livres sur le thème Tous en scène : rencontres d’auteurs (Vincent Bourgeaud, Hubert Ben Kemoun, Roland Fuentes, Éric Sanvoisin), dédicaces, ateliers d’écriture… Du 29 mai au 1er juin. SAINT-CHAMAS Chapelle Saint-Pierre – 04 90 50 90 54 Exposition de peinture d’Emmanuelle Gillard et Eric Faggianelli, jusqu’au 31 mai. SAINTE-CÉCILE-LES-VIGNES Association Lire entre les vignes – 04 90 60 67 95 5e édition du salon du livre Lire entre les vignes : avec Alain Guyard, invité d’honneur, lecrures, dédicaces d’auteurs et d’illustrateurs, conférence… Le 17 juin. SORGUES Editions du Toulourenc – 06 15 52 51 77 10e édition du Jardin du livre remarquable : conférence, spectacle, exposition… Les 2 et 3 juin au Domaine de Brantes. TOULON Espace Castillon – 04 94 93 47 33 Exposition Cyril Besson et ses amis…, F. Caillol, M. Calistri, K. Dennis, C. Donjerkovic, K. Grisanzio, L. Follot et D. Powell. Du 5 au 30 juin. VEYNES Mairie – 04 92 57 24 23 17e édition du printemps du livre de jeunesse sur le thème du sport : les auteurs invités sont Zaü, Bernard Chambaz, Jean-Luc Luciani, Jean-Philippe Chabot et Marion Devaux. Du 24 au 26 mai.

CONCOURS Espace Leclere – 04 91 50 00 00 Conférences : de Daniel Marchesseau, directeur du musée, sur Le musée de la Vie romantique, le 23 mai à 18h ; Daniel Drocourt, dir. de l’Atelier du Patrimoine de Marseille sur Mémoire de maisons historiques à Marseille, le 4 juin à 18h ; Jérémie Benpît, conservateur en chef des châteaux de Trianon, sur La conservation des domaine et châteaux de Trianon, le 11 juin à 18h ; Jean-Pierre Cometti, philosophe, et Bernard Lafargue, historien de l’art et philosophe, université de Bordeaux, sur Le syndrome de Venise, la biennalisation de l’art contemporain, le 18 juin à 18h.

La Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille lance, pour la 5e année, un concours artistique à tous les artistes sur le thème de l’économie. Pour concourir, photographes, plasticiens, sculpteurs, vidéastes… doivent présenter une création qui réponde aux critères d’esthétique, d’originalité, de qualité et d’innovation technique et s’exprimer sur le thème de l’Economie. La CCI Marseille Provence consacrera à l’acquisition d’une, deux ou trois œuvres, une dotation de 30.000 euros. Dépôt des candidatures jusqu’au 4 juin. www.ccimp.com


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CINÉMA

LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE

Cinémathèque Trios dans Les Mardis de la Cinémathèque proposent à 19h, le cinéma italien à l’Espace Cézanne du CRDP, le 22 mai, La

Arrête de pleurer Pénélope Pathé Plan de Campa-

Le 4 juin à 20h au cinéma gne, avant-première du film Arrête de pleurer Pénélope, en présence des réalisatrices-comédiennes, Corinne Puget et Juliette Arnaud et de la comédienne Christine Anglio ; une suite des aventures des 3 amies de la pièce homonyme.

grande vie d’Henri Schneider, Prix Jean Vigo 1952 ; le 29 mai, Le Regard d’Ulysse d’Angelopoulos ; le 5 juin, L’Aventure de Mme Muir de Mankiewicz et le 12 juin, La glorieuse parade de Michael Curtiz. 04 91 50 64 48 www.cinememoire.net

Cinéma Pathé, Plan de Campagne 04 42 02 01 00 www.cinemasgaumontpathe.com

Carte Blanche à Image de Ville Du 6 au 9 juin à 19h30 au cinéma du Merlan à Marseille, projections, rencontres, échanges autour de Marseille et d’Alger : le 6, 3 films de la jeune cinématographie algérienne en présence de Mohamed Lakhdar Tati, réalisateur de Joue à l’ombre, qui, le 9 juin, dialoguera avec l’écrivain et éditeur Sofiane Hadjadj, sous le regard de Pascal Jourdana de La Marelle-Villa des auteurs. Le 7, Omégaville, film en chantier sur le quartier du Grand Saint Barthélemy d’Anne Alix. Le 8, Bar centre des autocars en présence du réalisateurphotographe Patrick Zachmann dontune exposition se tiendra, dans le cadre de MP13 au MuCEM sur le thème des migrations méditerranéennes.

Les innocents de Bertolucci

Le regard d'Ulysse d'Angelopoulos

Jusqu’au 27 mai, le cycle Histoire de trios dans le cinéma italien continue au Château de la Buzine, en partenariat avec l’Institut Culturel Italien de Marseille : le 25 mai à 20h, Les Innocents de Bertolucci et le 27 mai à 14h, Trois frères de Francesco Rosi.

Le Territoire en liberté Au Théâtre Liberté, à Toulon, le Théma #5 Jamais deux continue d’explorer la ville et de débattre sur les enjeux liés au territoire. Après la projection de sans trois Le cycle d’histoires à trois, légères ou engagées, 04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Mon village en 2020 Le 29 mai à 19h, à l’espace Agora Alpilles à Maussane, dans le cadre de Dense, dense, dense, le CAUE 13 fait son cinéma : Mon village en 2020, projection de courts-métrages et débat. Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement 13 04 96 11 01 20 www.caue13.com

Cinépage Le 31 mai à 20h, Cinépage, en partenariat avec le Cinéma Pathé Madeleine, propose Le Chant des mariées de Karin Albou. 04 91 85 07 17 www.cinepage.com

se poursuit au Château de la Buzine : à 20h, le 1er juin, Trois places pour le 26 de Jacques Demy ; le 8 juin, César et Rosalie de Claude Sautet et le 15 juin, Talons aiguilles d’Almodóvar. À 14h, le 3 juin, Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen ; le 10 juin, Le Bonheur d’Agnès Varda et à 16h, le 13 juin, Les triplettes de Belleville de Sylvain Chomet.

Les Classiques de l’été Du 6 juin au 27 juillet, l’Institut de l’image à Aix propose, dans une cohabitation harmonieuse de la pellicule et du numérique, l’occasion de se faire une opinion sur les deux supports à travers la projection de grands classiques : Lame de fond de Vincente Minnelli ; Si Paris l’avait su, un des premiers films de Terence Fisher ; French Cancan de Renoir ; Attaque ! de Robert Aldrich ; L’Assassin et Les Jours comptés d’Elio Petri ; Sandra de Visconti ; Trois femmes d’Altman ; Comédie Érotique d’une nuit d’été de Woody Allen ; Go Go Tales d’Abel Ferrara. Rendez-vous avec Marilyn dans Troublez-moi ce soir de Roy Ward Baker et Bus Stop de Joshua Logan. L’été sous la toile ?

04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

Patrimoine cinématographique L’Espace Cinéma Prosper Gnidzaz à Martigues propose un cycle les mardi, mercredi, samedi et dimanche de 10h à 12h et de 14h30 à 16h, des films documentaires jusqu’au 20 mai, Les années 20-De l’impressionnisme au cinéma pur de Claude-Jean Philippe, suivi du cycle Jean Painlevé au fil de ses films. Espace Cinéma Prosper Gnidzaz, Martigues 04 42 10 91 30 http://espacecinemapg.blogspot.fr/

David Lynch Le 1er juin à 18h, dans le cadre de Cinéastes de notre temps, Agnès b. et D.Films proposent : David Lynch, don’t look at me de Guy Girard. Agnès b., Marseille 04 96 11 04 50

Institut de l’Image, Aix 04 42 26 81 82 www.institut-image.org Troublez-moi ce soir de Roy Ward Baker

films d’archives le 11 mai et les expositions dans le hall du théâtre, les Regards sur la ville se poursuivent avec une conférence-débat le 25 mai à 18h, Les Urbanistes, la ville et le territoire : un désir de reconquête, et le 8 juin avec une carte blanche à Franck Michelletti. Le 15 juin, témoignage-documentaire de Natacha Cyrulnik sur la rénovation urbaine de la cité Berthe à la Seyne-sur-Mer avec la projection, à 18h, de Ceux qui pensent le projet urbain et ceux qui le vivent.

Séances gratuites sur réservation. 04 91 11 19 20 www.merlan.org 04 42 63 45 09 www.imagedeville.org


04 13 31 82 00 www.biblio13.fr

Une vie de chat d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli

Cinéma allemand des années 70 Les 15, 16 et 17 juin, Art et essai Lumière, propose au cinéma Lumière à la Ciotat 3 jours avec... la nouvelle vague du cinéma allemand des années 70 : L’ami américain de Wim Wenders, Je veux seulement que vous m’aimiez de R.W. Fassbinder, Le tambour de Volker Schlöndorff et Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog. Après les projections, débats animés par Martin Lampprecht et Christine Fillette. Art et Essai Lumière 06 64 85 96 40 www.mairie-laciotat.fr

L'ami américain de Wim Wenders

Ce qui nous arrive Le 20 juin, dans le cadre du colloque national sur la création artistique pour les publics sous main de justice, à la Friche, projection du film Ce qui nous arrive de Caroline Caccavale, réalisé avec des personnes détenues de la prison des Baumettes. Lieux Fictifs, Laboratoire de Recherche Cinématographique et Social 04 95 04 96 37 www.lieuxfictifs.org

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Cinésinophiles the mood for love) et des films d’animation proLa seconde édition du Festival du Cinéma Chinois en France (FCCF) qui a pour objectif de faire duits par les studios de Shanghai dont Tapage au découvrir la diversité du cinéma chinois au public palais céleste de Chen Zhihong, adapté à partir français se tiendra du 14 mai au 12 juin, à Paris, de la version originale de 1965 de Wan Laiming ou Lyon, Marseille, Cannes, Strasbourg, Biarritz et Une jeune fille juive à Shanghai, de Wang Genfa, un hommage à cette ville qui accueillit plus de trenLa Réunion. À Marseille c’est le cinéma Le Prado qui accueille te mille juifs fuyant les persécutions en Europe. plus d’une douzaine de films inédits. Le public Cinéphiles et sinophiles se retrouveront avec aura donc le choix ! Comédies romantiques, Ce bonheur au Prado ! que pensent les femmes de Chen Daming, avec ANNIE GAVA Gong Li, invitée d’honneur du FCCF, remake de FCCF What women want de Nancy Meyers ; Cher ennedu 7 au 12 juin mi de Xu Jinglei ; L’amour n’est pas aveugle que Le Prado, Marseille Teng Huatao a réalisé avec un très petit budget et www.cinema-leprado.fr qui a eu un énorme succès en Chine ou un mélowww.festivaldufilmchinois.com drame : Sous l’aubépine de Zhang Yimou, une histoire d’amour avec pour toile de fond la révolution culturelle. Ce que pensent les femmes de Chen Daming Ceux qui aiment les films d’auteur iront voir L’amour éternel de Gu Changwei avec Zhang Ziyi qui a remporté le prix de la meilleure actrice au China Film Directors Guild Awards 2012 pour ce rôle ; Kora, un road movie qui a valu à Du Jiayi le prix du meilleur jeune réalisateur ou Hello ! Monsieur de Han Jie, une fable noire sur un ouvrier maladroit passant son temps juché sur un arbre de son village, primé au Festival International du Film de Shanghai. Et bien sûr aussi des films d’action dont Le Grand Magicien de Derek Yee avec Tony Leung (In

Autour des naissances Du 5 au 9 juin se tiendra le 31ème Festival du premier film francophone, organisé par l’association «La Ciotat Berceau du Cinéma», au Théâtre du Golfe, En attendant l’Eden. Au programme, projections, rencontres et une exposition à la Chapelle des Pénitents Bleus : une sélection des affiches du collectionneur Guy Anfossi sur le thème «Train et Cinéma». Le 5 juin pour l’ouverture, en hommage au président du jury Pascal Thomas, une comédie qu’il a réalisée en 2006, Le grand appartement. Puis 18 films en compétition, 9 longs et 9 courts. Le public pourra s’entretenir le 6 juin avec les 7 membres du jury : acteur, compositeur, scénariste, chef opérateur, costumière, producteur, pour un moment certainement passionnant. Car les réalisateurs et acteurs seront à la Ciotat pour présenter leurs films et échanger avec les spectateurs : Cédric Jimenez, pour Aux yeux de tous le 7 juin à 20h ; Frédéric Beigbeder pour L’amour dure trois ans, le 8 juin à 17h30 ; JeanJacques Jauffret et l’actrice Sylvie Lachat, pour Après le sud; Estelle Larrivaz pour Le Paradis des Bêtes ; Emmanuelle Millet pour La Brindille. L’acteur Frédéric Gorny (le manager de l’hôtel dans Louise Wimmer) parlera du film de Cyril Mennegun ; l’actrice Marie Denarnaud (la sœur

de Lisa qu’interprète la réalisatrice Mélanie Laurent) pour Les adoptés. Et la plus jeune, Anamaria Vartolomei, 13 ans (la Violetta de My Little princess d’Eva Ionesco), assistera à la projection le 6 juin à 14h30. Jacques Malaterre animera une Master-class en présence de l’acteur Helmi Dridi autour de AO, le dernier Néandertal. Un programme bien alléchant, d’autant que toutes les séances sont gratuites ! ANNIE GAVA

Berceau du Cinéma, La Ciotat 06 23 92 59 52 www.berceau-cinema.com

My Little Princess d’Eva Ionesco

la Bibliothèque départementale GastonDefferre propose en partenariat avec Tilt, dans le jardin de lecture, un film d’animation de Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli, Une vie de chat, celle de Dino qui partage sa vie entre deux maisons…

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Juin au jardin Le 15 juin à 21h30 dans le cadre de Juin au jardin,

CINÉMA


54 ARTS VISUELS AU PROGRAMME Véronique Rizzo versus Francisco Da Mata La Gad nous aura prévenus : «Rizzo et Da Matta confrontent leurs deux approches dans un accrochage à la courtoisie explosive» ! Est-ce à dire que leur flirt, ou leur battle comme le suggère la galerie, laissera des traces dans nos mémoires. Leurs compositions abstraites affichent une radicalité visuelle exemplaire, qui devrait s’accommoder parfaitement des contraintes de l’environnement… M.G.-G. Véronique Rizzo dans son atelier © Santi Oliveri

du 17 mai au 7 juillet La Gad, Marseille 1er 06 75 67 20 96 www.lagad.eu

© Der Tod ist ein Dandy, Francisco Da Matta, c-print, collage et cadre cassé et recollé, 40 x 37 cm, 2012

Art au paradis Dans le triangle d’or de la rue Paradis, artistes, designers, architectes font les beaux jours des agences d’urbanismes, des boutiques de déco et des show-rooms le temps d’un libre parcours. On y croisera Véronique Bigo chez Mobile de Curiosités pour un travail sur-mesure (son exposition monographique à la Villa Tamaris Pacha nous avait emballés, voir Zib’41), Cédric Teisseire chez Sinibaldi (qui fréquente habituellement l’Espace d’art concret, la Villa Arson ou le MAMAC de Nice) ou encore la jeune aixoise Pauline Angotti pour une performance à la Maison de ventes Leclère. M.G.-G. vernissage le 31 mai, expositions du 2 au 9 juin visites guidées deux fois par jour Marseille 6e www.paradis-design.fr

© P. Fancony, Échelle

Spécial Joel Meyerowitz C’est une exclusivité Photomed : l’exposition des premiers travaux en noir et blanc de l’américain Joel Meyerowitz aux côtés de son travail couleur, au moment où il fête ses 50 ans de photographie et publie une monographie chez Phaidon. Un événement signé Jean-Luc Monterosso, directeur artistique de la manifestation varoise (voir p. 60). M.G.-G. du 25 mai au 17 juin Hôtel des arts, Toulon 04 94 91 69 18 www.hdatoulon.fr

Joel Meyerowitz, Longnook Beach, Truro, Massachusetts, 1983, Photographie 60 x 25.2 cm © Joel Meyerowitz

© Gisele Buthod-Garcon, Vague

Peinture, sculpture et poésie La Maison de Brian ouvre sa saison estivale avec trois univers plastiques très poétiques : les œuvres sur papier «végétales, minérales» de Stéphanie Ferrat qui cite Philippe Jaccottet comme compagnon de mots ; les peintures-papiers de Christian Perrier et les vers d’Yves Bonnefoy en échos lumineux ; les sculptures de Gisèle Buthod-Garçon qui fait rimer son exploration du raku avec la voix de Danièle Faugeras. M.G.-G. jusqu’au 31 mai La Maison de Brian, Simiane-la-Rotonde 04 92 75 91 49 www.lamaisondebrian.fr


ARTS VISUELS

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Ecce Homo Voici l’homme : mais que tentent d’incarner la photographie ou la peinture de la condition humaine ? Que l’Homme se présente dans sa plus simple figuration, nu et peint en ange presque blême selon Guillaume Flageul ou tel quel via le réalisme photographique d’Anna Chrysidi, les images fouillent continûment son identité profonde. C.L. jusqu’au 23 juin Galerie Joseph Antonin, Arles 04 90 99 53 31 www.french-lizard-attitude.fr

Le programme est exceptionnel ! Alfons Alt, Katia Bourdarel, Dominique Cerf, Colin Champsaur, Matthieu Clainchard, Thomas Couderc & Teoman Gurgan, Jean Daviot, Eric Gossec, Lina Jabbour, Victoria Klotz, Jérémy Laffon, Lionel Loetscher, François Mezzapelle, Thierry Mouillé, Rémy Rivoire, Philippe Turc et Jérémie Vernet, les étudiants et les élèves amateurs des Ateliers publics de l’ESADMM, le Ballet National de Marseille, les professeurs & élèves de la Cité de la Musique. Vernissage le 24 mai à 18h30. Tous à la Bastide ! Saint Alexandre © Guillaume Flageu

C.L.

4e Festival des arts éphémères du 24 mai au 3 juin Maison Blanche Mairie des 9ème et 10ème, Marseille 04 91 14 63 26 www.marseille9-10.fr

Le Matin, quand je me suis reveille, je monde avait pousse, ZOO ©Thierry Mouille

Arts éphémères 4e

Anders Petersen Dans le cadre du Printemps de l’Art Contemporain, Vol de Nuits reçoit Anders Petersen. La programmation 2012 est construite autour d’un cycle d’expositions questionnant les états limites du corps et de la psyché humaine. Anders Petersen expose sa série Mental Hospital, portraits de personnes rencontrées dans des situations hors norme, photographiées le plus souvent dans des endroits clos, un bar, une prison, un hôpital psychiatrique, une maison de retraite. C.L. Anders Petersen Mental Hospital jusqu’au 15 juin Vol de Nuits, Marseille 04 91 47 94 58 www.voldenuits.com Anders Petersen, from the Mental Hospital series, 1992-95 © Anders Petersen

Julien Blaine, 3 mains, déclaration © musée d'art contemporain de Stockholm, 2010

Julien Blaine Le dérêveur, poète des coups de gueule pour remue-ménage mental, inventeur des déclara©tions et démonstra©tions exposera/s’exposera en Autoportraits en 2 & 3D devant quelques iHALi (installation humaine anonyme laissée là par inadvertance) afin de sauter dans l’espace-temps entre préhistorique et art contemporain. Le vernissage fut vocifératoire et jouissif le 19 mai ! C.L. jusqu’au 19 juin Galerie Jean-François Meyer, Marseille 04 91 33 91 01 www.marseilleexpo.com


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ARTS VISUELS

ABD | ALCAZAR

Du beau ? L’AEPHAE organisait les 11 et 12 mai dernier aux ABD un colloque sur le sujet Beau, sublime, kitsch, huitième volet du cycle L’histoire de l’art en question(s) Les rencontres précédentes nous avaient déjà habitués à de très belles et éclairantes interventions (Autour de Daniel Arasse ; L’art, l’argent et la mondialisation ; De Cézanne et Picasso à Mondrian et Vasarely…). En proposant ce triptyque Jean-Noël Bret imaginait-il provoquer un tel feu nourri d’érudition et de questionnements ? Ces deux journées ont offert à l’assistance nombreuse de revisiter l’histoire de l’art occidental depuis ses fondements ancrés dans l’antiquité romaine jusqu’aux formes contemporaines du kitsch impliquées dans la mondialisation de l’art.

libéralisme de (mauvais) genre (Las Vegas, Disney), une esthétique du narcissisme, du consommable immédiat où tout se vaut pourvu que ce soit vendable !

L’exercice du jugement En majorité abondé par des approches esthétiques ce colloque était rendu ardu par le maniement des concepts et connaissances nécessairement mis en jeu. Pourtant ce travail d’exégèse difficile mais passionnant plongeait dans les structures de la pensée à travers la question de l’art. En revisitant des concepts fondateurs repris depuis l’antiquité jusqu’à aujourd’hui il nous

a été offert si ce n’est d’arrêter une opinion au moins de situer ces enjeux. Baldine de Saint Girons rappelait ce qui en fait finalement le cœur : la capacité de chacun à l’exercice du jugement. En réponse à une question du public sur le kitsch Jackie Pigeaud rétorquait : «Est-ce qu’on juge une maladie ? Non, on la soigne !» Du beau, du sublime et le kitsch comme art… dégénéré ? CLAUDE LORIN

AEPHAE, Association euroméditerranéenne pour l’histoire de l’art et l’esthétique ABD Gaston Defferre www.biblio13.fr

Bandes décidées

Ironie et élévation Les problématiques et les échanges appuyés avec le public ont remisé la question du beau au profit du sublime et du kitsch, manifestement plus intrigants ! Les présentations ont su donner le ton : Baldine Saint Girons (le kitsch antonyme du sublime ?), Giovanni Lombardo (le style sublime et ses formes «vicieuses»), Jackie Pigeaud (un kitsch antique ?), Philippe Heuzé (du kitsch à Pompéi ?), Pierre-Henry Frangne (opéra et sublime), Maddalena Mazzocut (kitsch et mélodrame). Laure Cahen-Maurel a ouvert les espaces avec le sublime romantique porté par l’exemple de Caspar David Friedrich. Jean-Noël Bret reprenait avec nombre d’exemples le fil du beau et du sublime (la figure du héros entre néo-classicisme et romantisme). Trois communications concernaient la période plus récente. Le rapprochement du sublime avec l’architecture contemporaine offrait une ouverture de taille mais Didier Laroque la restreignait à la Chapelle Saint-Nicolas-de-Flüe conçue par Peter Zumtor. Jiang Dandan relevait les subtilités liant culture traditionnelle, modèles politiques et art contemporain chinois maniant l’ironie et kitsch. Valérie Arrault appuyait sur un registre plus politique et critique. Le kitsch analysé en tant que valeur entre postmodernité et

Dedicaces expo BD,12 mai © surlaplace.fr

Les Rencontres de l’illustration, organisées par l’association Sur la Place en collaboration avec la Ville de Marseille, et les libraires marseillais à qui l’image parle (Le lièvre de Mars, Imbernon, Chez Arno, L’arbre) sont d’une grande qualité artistique et intellectuelle. Aux antipodes des manifestations sur le 9ème art qui font souvent dans le mainstream et la BD qui se vend, aux enfants ou aux adulescents, Sur la Place interroge, sans grands moyens ni expos spectaculaires, le rapport du texte à l’image, et l’histoire d’un art récent déjà en difficulté, parce qu’il est lié intrinsèquement au livre. Les rencontres autour de la BD Suisse, par exemple, résument les préoccupations : les éditions Atrabile, nées à Genève à la fin des années 90, défendent des auteurs comme Peggy Adam, suivent une ligne éditoriale, défendent une identité graphique. Leurs auteurs ont un regard sur le monde, souvent noir, et font de la recherche narrative à travers leurs planches et leurs scénarios. Mais Atrabile a pratiquement renoncé à sa revue, lieu de recherche, parce que personne ne l’achète. Et Daniel Pellegrino, fondateur de la maison, ne se salarie que depuis 2 ans…

Dans le hall de l’Alcazar l’exposition sur la BD Suisse donne aussi le ton : les planches sont suspendues sur des fils, dispositif sommaire qui oblige un peu les adultes à tordre le cou (tant mieux pour les enfants). Dans un coin Titeuf vite mentionné comme un phénomène ; dans un autre quelques clichés hilarants sur la Suisse dans la BD ; et dans des vitrines des documents originaux du fonds patrimonial de l’Alcazar : les premières BD, de Rodolphe Töpfler (1827), qui concevait des estampes narratives, caricatures à personnages récurrents qui intégraient le texte dans l’image et progressaient successivement… Le reste de l’exposition, prêtée par le consulat Suisse, offre un panorama très exhaustif des différents styles de BD qui ont occupé successivement ou simultanément la presse et les livres, et dont beaucoup sont Suisses, à notre étonnement ! Pas de planches originales mais l’exposition, commentée intelligemment, est accompagnée d’ouvrages à consulter. A.F.

Les rencontres de l’illustration ont eu lieu du 10 au 12 mai La Suisse Pays BD Jusqu’au 26 mai L’Alcazar, Marseille www.bmvr.marseille.fr www.surlaplace.fr Rencontre BD, Daniel Pellegrino des Editions Atrabile et Boris Henry © surlaplace.fr


MUCEM | LA COMPAGNIE

ARTS VISUELS 57

Photographes pirates © MuCEM

La conférence de François Cheval, mal intitulée La construction des images, fut diablement stimulante ! Se fondant sur le paradoxe des paparazzis, elle déboucha sur l’énoncé d’un point de vue clair, et peu commun chez les conservateurs de musée, sur la photographie : «L’histoire de la photographie n’est pas l’histoire de l’art. Elle permet d’écrire sa vie, de stocker des images, c’est-à-dire des fictions, comme on stockait du grain au néolithique, du savoir pendant l’ère du livre. La photographie est au centre de la transformation actuelle du monde.» Comment l’analyse historique du phénomène paparazzi l’a-t-il amené jusque-là ? Le paparazzo, photographe pirate qui volait les images à Rome dans les années 50 et les revendait à la presse la plus offrante, n’était pas un observateur, mais un agresseur : il traquait les bourgeois et la starlette, les agressaient de son flash, fixait leurs réactions de colère, dévoilait leurs frasques ; communiste, il détestait cette classe italienne qui s’était compromise avec les fascistes et demeurait impunie. Mais cette dimension politique a rapidement disparu. D’une part parce que «la divulgation des frasques des bourgeois n’a jamais remis en cause l’ordre social», et d’autre part parce que Cinecitta, et Fellini, ont transformé ces pirates en Paparazzi de la Dolce Vita, qu’ils ont récupérés ensuite comme photographes de plateau. Leurs images éditées dans les livres ont été recadrées, sorties de leur contexte et publiées sans légende explicites, comme celle de Franco Pina en 1952 qui est devenue l’icône des Paparazzi : deux photographes en Lambretta balançant un énorme flash. Mais le manifestant de 1952 a disparu du cadre, tout comme les images de la répression qui étaient parues dans le journal Paese Sera et

années 80 le phénomène paparazzi prend de l’importance aux États Unis, avec l’idée du postmodernisme. Le «mauvais goût photographique» devient «vintage» et le photographe de plateau, ou le journaliste, deviennent des auteurs, et entrent au musée. Et l’auteur photographe se différencie du photographe tout venant parce qu’il a une intention. «Comme si le photographe amateur n’en avait pas». Selon François Cheval, c’est la notion de marché qui fait qu’un photographe entre au musée, produit des tirages uniques qui deviennent objet d’art, se trouve des prédécesseurs et des cautions dans l’histoire de la peinture, ou théorise sur «l’instant décisif» comme Cartier Bresson. Car la nature de la photo diffère profondément du cinéma, de la peinture, et n’a pas à se chercher des lettres de noblesse. Qu’elle soit volée ou posée, elle entretient un rapport particulier au réel, appartient à tous, est reproductible à l’infini. C’est un art, ou une pratique, intrinsèquement populaire. Et le regard de François Cheval, qui sera le commissaire des expositions photographiques du MuCEM en 2013, sera férocement précieux… AGNÈS FRESCHEL

La conférence de François Cheval a eu lieu dans le cadre des Mardis du MuCEM à l’Alcazar le 15 mai

À venir dont ce cliché n’était qu’un accompagnement anecdotique. Nouvelle étape dans la récupération : dans les

Les cartes, images ou outil, par Jean-Christophe Victor, géographe, auteur en particulier des émissions Le dessous des cartes diffusées sur Arte le 12 juin à 18h30 à L’Alcazar www.mucem.org

À coups de hache ses bonnes intentions implique une certaine hauteur, mais une forme de reconnaissance. Une façon d’admet-

tre, dans un rapport d’homme à homme, que l’autre est ce qu’il est. Dérisoire autant que démesuré, avec Paris-Nord, Laurent et Patrick 2004

Où s’est-il enfui, le bourreau fou qui a planté sa hache dans une épave de voiture, préférant faire grincer la carrosserie plutôt que de frapper à mort un passant ? Que pense-t-il de son travail, cet homme qui vient d’éventrer le toit bourré d’amiante d’un appartement, et fixe l’objectif par dessus son masque de papier ? Quelle gorge vise donc ce chien, figé dans un rictus diabolique ? Et ces deux hommes au visage empâté par l’alcool, dont l’un observe l’autre comme s’il allait le clouer au mur, que ne se disent-ils pas ? Sortir les photographies de Myr Muratet de leur contexte pour les détailler une par une : il y a là de quoi frémir. Les observer comme un ensemble, une continuité de son œuvre sur les friches et les marges : le frisson est le même. Il n’y a pas de «bienveillance» dans le regard de l’artiste, de celle qui malgré toutes

sa violence, ses voies de traverse, ses blocages et sa perdition. En contrepoint, l’attention d’une femme, Marie Pellaton, portée sur les mêmes terrains vagues mais au ras du sol. Son installation évoque le chemin d’un archéologue attiré par la verdure et l’étrange destin des déchets... après l’exécution ? GAËLLE CLOAREC

L’exécution et autres sentences Myr Muratet jusqu’au 14 juillet La Compagnie, Marseille 04 91 90 04 26 www.la-compagnie.org


58 ARTS VISUELS VIEILLE CHARITÉ | LA RUCHE

La Couleur et la Courbe Dans le cadre d’un projet de redynamisation de quartier, la Vieille Charité présente une exposition rassérénante des œuvres du peintre et architecte hors norme Hundertwasser En 1975 le musée Cantini avait accueilli une exposition internationale itinérante consacrée à Friedensreich Hundertwasser. Cette fois ce sont près de cent vingt œuvres, peintures, gravures et tapisseries du peintre/architecte qui sont rassemblées au centre de la Vieille Charité, ainsi qu’un ensemble de timbres dans un ancien magasin rue Fiocca. Dès la première salle, commençant par des œuvres de jeunesse de facture encore traditionnelle, la couleur mêlée de courbes et spirales, jubilatoire, réactive avec bonheur les voûtes baroques bien sages de Puget et pénètre jusqu’aux ramifications les plus profondes du cerveau limbique/reptilien du visiteur. Bien que la peinture d’Hundertwasser soit le versant le plus connu du public puisque de nombreux produits dérivés s’en sont emparés, le visiteur sait s’arrêter aussi devant les tapisseries de haut format, plusieurs sérigraphies et les élégantes gravures sur bois japonaises moins médiatisées mais tout autant attrayantes. Hors les murs, les bibliothèques de l’Alcazar, du

Panier et du Merlan présentent une sélection de livres illustrés. Mais la part la plus importante de son œuvre concernant l’architecture n’est pas exposée ! On peut la retrouver dans la seconde partie du catalogue en forme de gros carnet noir abondamment illustré. Car au-delà du temporaire, l’exposition s’inscrit dans un projet plus

de Friedensreich Hundertwasser sur l’habitat et l’urbanisme vont à contre-courant du modernisme triomphant : dans ses manifestes, déclarations et performances, Hundertwasser met en garde contre la ligne droite, propose une certaine conception écologique et participative des lieux de vie collectifs et urbanistiques. Ces concepts ont inspiré une proposition en plusieurs volets qui doit se pour-suivre jusqu’à 2013, et au delà. Pour le moment sont ouverts des ateliers scolaires ou de participation citoyenne, à Belsunce les fenêtres se couvriront de fleurs grâce à leurs habitantes, plusieurs échoppes dans le quartier du Panier proposent des services et produits dérivés dont le bénéfice servira au financement d’autres actions notamment avec le Centre social Baussenque, bien après la période estivale. CLAUDE LORIN

Friedensreich Hundertwasser, Coral FlowersFleurs de Corail Kyoto, 1987, gravure sur bois japonaise, 42,5x57cm, Fondation Hundertwasser, Vienne

global de redynamisation participative sociale et économique du quartier Belsunce et ses alentours proposé par Charlotte Bensoussan et l’association Viens à Marseille ! Les propositions alternatives

Hundertwasser, le rêve de la couleur jusqu’au 9 septembre La Vieille Charité, Marseille 04 91 14 58 80 www.marseille.fr www.viensamarseille.fr

À poursuivre par le musée des arts africains océaniens et amérindiens récemment rénové

L’art butine la Belle en Mai C’est sous le signe de la «cité d’artistes au regard tendre» du Montparnasse des années 1900 que Saffir, galerie nomade et la galerie Paradis inaugurent un lieu d’exposition à quelques pas d’une autre

cité d’artistes, la Friche Belle de Mai. La (nouvelle) Ruche est née de la volonté de nouer des liens de proximité avec les habitants du quartier. C’est aussi le fruit de la rencontre entre Lydie Marchi et Jean-Fran-

Vue de la Galerie La Ruche et de son exposition inaugurale Plutot comme un soupcon que comme une certitude © X-D.R

çois Pascal qui partagent «les mêmes problématiques sur ce que peutêtre le métier de galeriste ouvert sur l’extérieur et sur différentes sensibilités artistiques». Leurs identités respectives ne disparaissent pas Saffir poursuit son itinérance- ni leurs programmations. Des échanges entre les lieux, des expositions communes diffractées selon les projets sont en jachère à l’heure où La Ruche donne son dernier coup de pinceau ! Le duo signe son premier commissariat avec une carte blanche à João Vilhena et ses invités Dorota Buczkowska et Fabien Granet, et après un joli clin d’œil à Brancusi, Modigliani et Soutine, fait les yeux doux aux surréalistes et ses Cadavres exquis… Car Vilhena conte une histoire à trois, écrite d’un dessin à l’autre sur des cartes postales anciennes que l’on découvre presque en même temps que le trio. Des

cartes «où tout fonctionne avec des clins d’œil à Marseille», discrètement accrochées à côté des dessins de Vilhena d’une absolue beauté. M.G.-G.

Plutôt comme un soupçon que comme une certitude João Vilhena, Dorota Buczkowska et Fabien Granet jusqu’au 16 juin La Ruche, Marseille 3e 06 03 40 76 92 www.marseilleexpos.com

À voir Textures du jour Gilles Benistri jusqu’au 4 juin Galerie Paradis, Marseille 6e 04 91 02 10 04


GAP | MARTIGUES

ARTS VISUELS

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LA collection de Gap Cela fait déjà longtemps que la photographie a fait son entrée en scène au Théâtre de la Passerelle à Gap. C’était en 1988, sous l’impulsion de PierreAndré Reiso qui vouait une passion égale à l’image fixe et au spectacle vivant. Son projet a évolué en 1994 avec la nomination du photographe-voyageur Bernard Descamps (voir Zib’48) à la direction artistique de la galerie : répertoire au spectre plus ample (de Cartier-Bresson aux contemporains internationaux), réalisation de quatre à cinq exhibitions annuelles avec l’acquisition d’une ou deux œuvres par exposition, accueil tous les ans d’un artiste en résidence dans les Hautes-Alpes suivie d’une exposition monographique à la rentrée suivante. Mais la précarité financière de la galerie menace cette expérience de premier plan qui, après Sabine Delcour en 2011, se met entre parenthèses. En attendant une éclaircie, le nouveau directeur du théâtre Philippe Ariagno reprend le flambeau et la Scène nationale poursuit son projet singulier -4 sur 70 ont choisi la photographie plutôt que le cinéma d’art et d’essai- en organisant une rétrospective du fonds photographique. Une collection est l’occasion en quelques clics d’embrasser les différents choix de commissariats ainsi que l’évolution des styles formels photographiques en France et à l’étranger. Comme un miroir fragmenté du temps qui passe… Une centaine d’œuvres composent ce kaléidoscope selon deux axes. Le premier correspond aux 17 résidents dont les approches du territoire forment «un ensemble curieux de regards croisés» selon Bernard Descamps : des portraits sur le vif des habitants de Hugues de Wurstemberger aux

Inde © Bernard Descamps

paysages lunaires et glacials de Bertrand Desprez… Le second s’apparente plus à un puzzle de parties indissociables et dissociables du fait de la porosité de certains travaux, ou au contraire, de leurs dissemblances. On compte entre autres Edouard Boubat, William Klein ou Raymond Depardon pour les incontournables ; Alioune Bâ, Koo Bohnchang, Lee Gapchul, Pierrot Men ou Yashuro Ishimoto pour les extra-européens ; André Mérian et Béatrix Von Conta pour leur ancrage régional. Et tant d’autres encore qui ont façonné le regard des publics au point «d’être marqués par des photos qui ne sont pas toujours les plus célèbres»…

© Mi Hyun Kim

Une collection jusqu’au 30 juin Galerie du théâtre La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

M.G.-G.

Entre aperçus est aperçu dans certains clichés relève plutôt de l’entre-vu, de ce qui est possible d’advenir entre, les choses et le photographe, la photo et le regardeur, la photo et le non photographique. Cette attraction partagée nous mène au-delà de l’image, dans une dynamique du regard particulière, chère à Daniel Arasse lorsqu’il se penchait sur la peinture. Et la matérialité du support y contribue discrètement. L’impression sur bâche, à l’inverse des habitudes du lisse et du brillant sur papier, confère une épaisseur, un grain qui prend tout son sens dans les grands formats : à vouloir y regarder de plus près on n’y voit pas mieux mais au-delà. Un des enjeux des recherches à venir pour l’artiste photographe. C.L.

© Agnès Mellon

La commande photographique laisse peu de marge au travail personnel si on désire qu’il touche à l’artistique. Spécialisée dans la photo de reportage culturel et de spectacle, collaboratrice de la première heure à Zibeline, Agnès Mellon, dont on a pu apprécier la précédente expo au KLAP, pose quelques jalons personnels au Théâtre des Salins dont elle a souvent arpenté les coulisses. La sélection proposée (on en attendrait un peu plus) se concentre sur les moments de préparation des artistes à l’affiche lors cette saison martégale. Fidèle à sa posture de proximité la photographe capte en plans très rapprochés la présence et le geste hors scène grâce à sa part de détail. «Pour cette expo j’étais vraiment dans le portrait, pour entrer dans l’intimité, dans le geste qui prépare…» Car elle ne conçoit pas le détail comme une métonymie visuelle, un simple prélèvement d’un ensemble (un corps, un groupe, un instrument, une scène…). Elle le capte selon ce qui serait à voir et éprouver au-delà de l’information photographique. «Au moment où il va entrer en scène le masque de l’artiste apparaît doucement mais les traits, l’intimité restent présents.» Ainsi l’essentiel a lieu moins dans le hors-champ que dans le hors-cadre : l’au-delà de l’image. Ce qui

Métamorphose Agnès Mellon jusqu’au 30 juin Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr


60 ARTS VISUELS SANARY | MOUGINS

Espaces rêvés, espaces réels Photo’Med est de retour sur le littoral varois avec, en guest star, l’Italien Massimo Vitali. L’an dernier, avec l’Anglais Martin Parr comme parrain et Jean-Luc Monterosso comme directeur artistique, la ville de Sanary avait frappé un grand coup. C’est dire si la deuxième édition est attendue ! Le directeur de la Maison européenne de la photographie a concocté un programme riche en grandes signatures, en découvertes et en révélations (Cristina Thoux et Jean-Baptiste Senegas l’an passé) comme un miroir de la photographie des deux rives : La photographie Marocaine, Les espaces du mythe, Mission du Musée de la photographie de Thessalonique… Le parcours s’étoffe de nouvelles haltes dans la cité balnéaire (Notre-Dame de la Pitié, lieu magique surplombant la mer, et la médiathèque) et même au-delà. Si la Maison du Cygne à Six-Fours s’est retirée, Bandol s’invite à la fête avec les «photos volées des stars» de Walter Carone, Un littoral en mutation vu par 6 photographes de Provence et Noir et blanc, À propos de Rudy Ricciotti de Bernard Plossu. Peut-être une

de son récent reportage en Provence (tirages inédits en couleurs) ainsi qu’un ensemble d’œuvres anciennes en noir et blanc. Pour des raisons de logistique, l’île des Embiez cède sa place à l’île de Bendor, propriétés de la famille Paul Ricard, qui accueille Les espaces de rêve de Bernard Faucon. «Impossible d’évoquer la photographie méditerranéenne sans île, véritable symbole» explique Monique Sérénon, directrice de la production qui, à quelques jours de l’événement, peaufine les derniers détails, valide la présence des artistes aux vernissages publics et les nombreuses animations. Comme cet original Divan Photo avec Henry Chapier. «On fait de petites choses pour enclencher de grandes choses. On est un tout jeune festival !». Qui ne demande qu’à grandir… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

© Khalil Nemmaoui, Exposition La photographie Marocaine, PhotoMed 2012

manière pour Bandol de poursuivre sa première expérience de festival de photographies contemporaines «Horizon vertical» de 2010… Toulon

est à l’affiche à la demande de l’Hôtel des arts qui accueille une rétrospective de Joel Meyerowitz : l’Américain lui réserve l’exclusivité

Photo’Med du 24 mai au 17 juin Sanary-sur-Mer, Bandol, Ile de Bendor, Toulon 04 94 74 10 80 www.festivalphotomed.com

«J’ai fait un rêve…» Inauguré en juin 2011, le Musée d’art classique de Mougins est la concrétisation du rêve d’un collectionneur d’art ancien, néo-classique, moderne et contemporain, M. Levett, amoureux de la Côte d’Azur. Son musée, conçu par David Price Design d’après le concept original de son directeur Mark Merrony, réussit le pari du dialogue entre les œuvres, au-delà des siècles, des techniques et des styles. L’interaction joue à merveille, et fait se côtoyer Happy Head en laque polychrome sur résine de la star planétaire

Damien Hirst, avec une tête romaine en bronze de l’Empereur Auguste et le Profil de Jacqueline en céramique de Picasso. Autre pari audacieux, la scénographie de Chameleon3 en forme de clin d’œil au cabinet de curiosités - versus XXIe siècle avec écrans tactiles bilingues pour raconter aujourd’hui ce que fut l’Antiquité et panneaux pédagogiques pour donner des clefs de lecture accessibles à tous. Par petites touches impressionnistes quelque 800 œuvres se confrontent, s’interrogent, se juxtaposent, pour

People and Personalities and Social Customs Gallery on the First Floor, Musée d'art classique de Mougins © A.Einsiedel

peu qu’elles puisent leurs sources d’inspirations dans la mythologie ou l’histoire de l’Antiquité. Au cœur du village donc, le musée offre une vitrine de luxe à la collection selon un parcours thématique décliné sur 400 m2 et 4 étages : Le culte impérial, L’art du portrait, Les religions grecques et romaines, L’héritage de l’Égypte antique… On croise sculptures et dessins d’Henry Moore et Toulouse-Lautrec célébrant l’éternel féminin ; on découvre l’étrange face à face du visage transfiguré de Mariani fixant de ses yeux vides un laraire romain ; on apprécie le coude à coude entre la Vénus d’Yves Klein, habillée de son bleu éclatant, et le Marbre romain de Vénus daté vers 50-227 ap. J.C. Là une citation de Platon se rappelle à notre mémoire philosophique, ici deux pièces de Chagall et Calder s’intercalent entre une statuette et un masque funéraire. Même à l’étage de l’armurerie, quelques gouaches et collages de Dali parviennent à s’infiltrer entre les cimiers et les casques. Vases, bijoux et pièces de monnaie parachèvent plusieurs siècles d’histoire de l’art télescopés par la passion d’un homme. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

En résonance, exposition Mythes et héros jusqu’au 28 mai à l’Espace culturel Musée d’art classique, Mougins 04 93 75 18 65 www.mouginsmusee.com


SM’ART

ARTS VISUELS

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Indépendant deviendra grand… géantes multicolores en fonte d’aluminium peinte sur les escaliers du parc. C’est le Sm’Art, à ses débuts, qui l’a lancée… Certains artistes sont venus de loin : le belge Gordon Hopkins aux grands formats colorés et joyeux, la coréenne Woo-Bock Lee qui transforme les livres scolaires anciens de son pays en objets Projet Vas-y, Toma-L, © Olivier Brestin

Le Sm’Art, salon d’Art contemporain initié par Christiane Michel, a présenté sa 7ème édition sous les ombrages du Parc Jourdan à Aix-enProvence. Les précédents s’étaient tenus d’abord à Martigues puis au Domaine de la Baume. Cette année 192 plasticiens ont déployé tous les aspects actuels de l’Art sous la présidence de Pierre Vasarely qui a mis un accent sur l’enseignement des pratiques artistiques avec la présence de l’École d’Art. En augmentation constante, l’affluence des visiteurs a dépassé les 18 000 entrées cette année, et le Sm’Art s’enorgueillit d’être le 3ème Salon indépendant en France. Comment visiter un Salon aux si nombreux exposants ? Il faut se laisser happer par une couleur, une forme, et aller vers les artistes, qui parlent volontiers de leurs œuvres. En peinture les propositions sont nombreuses : supports variés et techniques mixtes, du figuratif à l’hyper-réalisme ou l’abstrait... On remarque les formes répétitives de Soumisha, les grands formats bois et métal de Charles-Henri Ravanne, les immenses portraits de peintres illustres sur carton de l’aixois Lilly. On retrouve la précision de Myriam Paoli avec ses délicates sculptures en fils de fer, puis on découvre le raffinement de Ron Maraval, récemment installée à Aix, qui effectue des maquettes de gaze, puis utilise de la paper clay-porcelaine, créant des formes étranges d’une grande légèreté. Plus spectaculaire, la désormais célèbre Yo Bastoni de Port-de-Bouc installe 25 fourmis

à suspendre ou à poser, le sénégalais Ndary Lo et ses immenses femmes de métal présentés par la fondation Blachère. Les galeries aussi s’exposent. L’association Gudgi qui regroupe 30 galeries aixoises indépendantes consacre un espace à Max Sauze, le fermeur de livres, connu pour son jardin remarquable à Éguilles, ses travaux à base de papiers roulés, déchirés, enterrés puis exhumés, avec ses dernières pièces nommées Feuilletés d’écriture. La galerie Saltiel, quant à elle, met en lumière Toma-L qui présente aussi le livre Vas-y, une œuvre à 6 mains : auteur, peintre et graphiste proposent 168 pages d’un superbe papier accompagnées d’un élément original de 10x10 cm et d’une bande-son téléchargeable sur le site, résultat de 3 mois de travail acharné des 3 compères. Un concept franchement original ! Le Sm’Art continue dons à réserver de très bonnes surprises, même si, et c’est le concept même qui le veut, toutes les propositions ne sont pas du même niveau. Un seul regret ? Que le prix plancher d’un stand soit de 2 000 ¤, ce qui opère une sélection par l’argent, non par la qualité des propositions. Mais on raconte dans les allées qu’un Salon des Galeries aurait lieu à l’automne dès 2013 ? CHRIS BOURGUE

Le Sm’Art s’est déroulé du 3 au 6 mai www.salonsmart-aix.com


62 CINÉMA FILMS

Des hommes, des hommes… Marseille, un 31 décembre : une belle jeune femme se maquille, s’habille, se verse une coupe de champagne, s’assoit devant son ordinateur et… se connecte à «Meet me». Elle veut rencontrer l’amour. Dans le monde virtuel, c’est Kitsune, dans la vie, c’est Emilie, 35 ans, une illustratrice qui a le blues d’être célibataire. Le premier long métrage de Dorothée Sebbagh suit pas à pas Emilie (Sophie Cattani) dans ses rendez-vous. Le premier, «Yeux bleus», veut jouer ; le suivant, Julien, récite à longueur de temps des poèmes de Nerval ou Rimbaud et l’appelle sa petite Fée : elle ne tombe pas amoureuse du grand romantique. Elle va rencontrer ainsi plus d’une douzaine d’hommes, dont un boxeur, un «bonobo», un «Renard du désert», dans des lieux très cinégéniques de Marseille, Callelongue, la jetée du grand large, la buvette du Pharo… «Marseille qu’on voit sous toutes ses coutures, comme souvent New York dans les comédies américaines.» Ces rendez-vous donnent lieu à des scènes parfois étonnantes, comme celle avec Monsieur X, au Cercle des nageurs, qui la transforme en structure recevant des Playmobil. Une seule escapade, à Nîmes, pour une rencontre-ballet avec un danseur. On ne vous dévoilera pas le dénouement, on vous dira juste que la scène finale est au Frioul, «l’île de l’amour» pour Emilie. Pour ce tournage, particulier, Sophie Cattani découvrait devant la caméra, souvent dans un

Chercher le garçon de Dorothée Sebbagh

plan séquence, les acteurs successifs ; ensemble ils improvisaient, et la scène était filmée comme un documentaire, une rencontre réelle ! «J’avais 2 ou 3 heures pour séduire à partir d’un petit canevas, explique Sophie Cattani, et cela demandait une grande énergie !» Elle en a mis beaucoup, en effet. Elle porte superbement le film et il est certain que beaucoup d’hommes auraient aimé faire partie du casting ! Certains l’ont confié

à la fin de la projection… Une agréable promenade en cinéma avec cette comédie légère made in Marseille. ANNIE GAVA

Chercher le garçon est à l’Alhambra Cinémarseille depuis le 9 mai

Le court confidentiel Le 9 mai, une trentaine de spectateurs a assisté à la séance de La région suit son court !, une sélection de 5 courts métrages qu’elle a soutenus. Parmi les films, le plus intéressant est Brûleurs de Farid Bentoumi. Brûleurs est le terme par lequel, en Algérie, on désigne ceux qui quittent le pays par la mer. Amine, un jeune Algérois, achète un caméscope dans une

boutique d’Oran. Il filme des souvenirs de sa ville, de son appartement et des images de ceux qu’il aime. Farid Bentoumi a fait un choix original : un film caméra au poing, faussement amateur, comme si les images étaient filmées par son héros, pleines d’énergie, d’euphorie à l’idée de quitter ce pays sans avenir, dans l’inconscience du danger et de la mort. Brûleurs de Farid Bentoumi

Dans Sybille, qui cherche une voie nouvelle pour sa vie, de Naël Marandin, on apprécie le jeu de l’actrice Magali Woch. Tout comme celui d’Eyé Haidara dans le rôle d’une jeune routarde invitée par Emmanuelle pour son fils Mathias, qui abuse de la jeune femme : Mar Vivo de Cyril Brody, est tourné à la Seyne. Et ils gravirent la montagne de Jean-Sébastien Chauvin démarre sur une fausse piste, celle de jeunes criminels, poursuivis par leur employeur ; un téléphone organique, menaçant, trouvé en pleine nature, fait dériver vers la piste fantastique puis vers le récit initiatique ; des acteurs qui surjouent, un scenario un peu infantile, heureusement, il y a les décors naturels de ce court, trop long !, tourné dans les Clues de Barles, près de Digne. Le film d’animation de Gérard Ollivier, Un Ogre, est une fable écologique qui, en dessins simples à l’encre de chine, interroge notre société de consommation et l’enfant/ogre qui est en nous. Une sélection variée donc, mais on ne peut que regretter l’organisation de cette soirée : les horaires sont imprécis, les films ne sont pas présentés et aucun réalisateur n’est là, à la Maison de la Région. Si on veut que les courts métrages soient vus par un public plus nombreux, et que le travail de ces réalisateurs soutenus par la Région puisse être reconnu, il faudrait que ces soirées soient mieux relayées ! ANNIE GAVA


Présents, les ouvriers ! On parle aujourd’hui de la lutte des FRALIB. Mais qui se souvient du combat qu’ont mené, en 2009, durant 5 mois les ouvriers de l’usine LEGRE-MANTE, spécialisée dans la fabrication d’acide tartrique et située dans à la Madrague, quartier de Marseille, face à la mer ? Le patron se déclare en faillite et fait interdire, un matin, l’accès des locaux aux ouvriers par deux vigiles. C’est ce que nous apprenons par le témoignage d’un des délégués du personnel à qui Christine Thépénier et Jean-François Priester donnent la parole dans le film grave, triste et beau, Disparaissez les ouvriers ! Durant ces 5 mois, les cinéastes ont suivi ces hommes qui ont accepté de guider leurs pas dans cette usine qui a arrêté une production pourtant florissante sur le marché mondial, leur montrant ses failles, les outils rongés par la rouille, les murs lépreux, la cantine vétuste, les locaux signalés non conformes par le comité hygiène et sécurité. Ils parlent librement de leurs conditions de travail très difficiles, acceptées de peur d’une perte d’emploi, des tâches dangereuses imposées aux intérimaires, de longue durée, jusqu’à 19 ans pour certains ! Avec beaucoup d’humour, l’un évoque la «victoire» de l’augmentation de la prime de salissure, 3 euros mensuels de plus, payée avec 5 mois de retard ! L’autre, la réponse du patron devant un local menaçant de s’écrouler : «Mettez un casque !» Ce patron, M. Margnat, ami de M. Gaudin, plein de morgue et de mépris, leur jette un jour : «Votre condition m’importe peu !» ; et n’hésitera pas à saboter l’outil pour faire fuir un repreneur potentiel ! Christine Thépénier et Jean-François Priester permettent, en les filmant superbement, qu’on se souvienne de ces hommes dignes et courageux qui attendaient que la justice répare cette opération frauduleuse. Mais le terrain intéressait des promoteurs immobiliers ! «L’injustice, ça provoque la haine» dit une femme à la fin du film. Hélas, ils ont été déboutés et ont perdu le procès en appel de la décision du tribunal de commerce qui avait prononcé la liquidation judiciaire. Leurs paroles, fortes, restent longtemps dans la tête des spectateurs. Pour qu’ils ne disparaissent pas, les ouvriers ! ANNIE GAVA

Le film a été présenté en présence des réalisateurs le 16 mai au cinéma Les Variétés à Marseille Les Variétés 08 92 68 05 97 www.cinemetroart.com

Disparaissez les ouvriers de Christine Thepenier et Jean-Francois Priester


64 LIVRES/DVD ART

À la plage En parallèle à leurs activités professionnelles respectives, Alessandro Albert et Paolo Verzone forment un duo menant des projets à visée sociétale, de nature documentaire. Au tournant historique de l’ex URSS, leur première collaboration, Moscow Project, proposait aux moscovites de se présenter librement face à l’objectif. La série recevra le prix Kodak en 1992 et sera exposée aux Rencontres de la photographie d’Arles. Réalisé de 1994 à 2002, Seeuropeans reprend une démarche similaire mais à la rencontre des usagers des plages européennes et uniquement en noir et blanc. De la Finlande à l’Espagne, point de merveilleux estival et de bonheur surfait. Les clichés d’Albert et Verzone sont à double détente. Des gens apparaissent bien ordinaires pourtant comme le note Christian Caujolle dans la préface, leur singularité dans leur diversité apparaît progressivement dans l’homogénéité

de la série, celle-ci obtenue selon une sorte de rituel immuable : chambre argentique 10x12, posée sur pied, noir et blanc, frontalité, champ souvent restreint. Les badauds balnéaires invités à se faire portraiturer devant l’objectif, se présentent dans leurs tenues du moment et postures de leur gré plus ou moins spontanées. Dans cet ensemble d’apparences attendues ou surprenantes tout juste se rend-on compte de cette dame en élégante tenue de ville au bord de l’eau… Seeuropeans tente la simple gageure de construire une Europe à partir du sable. Les deux séries sont visibles actuellement au CRAC de Sète. CLAUDE LORIN.

Seeuropeans Alessandro Albert, Paolo Verzone Images Plurielles éditions, 25 €

Des hommes véritables

Janvier 2007, 11 heures. Miquel Dewever-Plana quitte Ocosingo en bus, la route goudronnée pour un chemin de terre, et s’apprête à traverser ce qui «fut pendant des siècles une forêt luxuriante, poumon vert du Mexique». Il abandonne le vacarme des chansons rancheras1 au profit d’un «silence libérateur». Le voilà seul, sac au dos, en marche pour le village de Naha’. Ce n’est pas son premier voyage ! Depuis 10 ans le photojournaliste réalise son rêve en partageant régulièrement la vie des Indiens Lacandons, les Hach Winik, ces «véritables hommes» comme ils se nomment, pas toujours fidèles aux clichés de son imaginaire… Car ce qu’il a découvert est tout autre chose : la jungle a laissé place «à de gigantesques étendues de pâturages», le Coca a remplacé le balché2, les soap-operas mexicains les fêtes familiales, les pasteurs évangéliques le culte des ancêtres. Ces villages d’à peine mille âmes souffrent chaque jour un peu plus de voir changer leur monde, celui de leur enfance et de leurs prières. Barcelone 2009, New York 1949. Miquel Dewever-

Plana se souvient et écrit ; Paul Bowles publie la nouvelle Le pasteur Dowe à Tacaté. Entre les deux, 60 ans d’une fin annoncée et des photos embrumées, au plus près des Indiens en tunique blanche et aux cheveux longs. Comme un écho troublant, les deux textes se répondent dans l’ouvrage édité par Le Bec en l’air, amplifiant notre trouble devant ces silhouettes souvent floutées, ces instants «volés» et cette impression bizarre d’éternité. L’issue sera pourtant fatale, et les Hach Winik verront leur forêt sacrifiée. Et eux avec. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI 1

rancheras : genre musical populaire d’origine mexicaine balché : boisson rituelle légèrement alcoolisée

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Hach Winik Miquel Dewever-Plana avec une nouvelle de Paul Bowles Le Bec en l’air, 30 €

Post minimaliste Les premières recherches de Claudine Humblet ont amené l’auteur à s’intéresser à l’art construit européen puis plus tard à l’art d’Amérique du nord. Elle publiera chez Skira deux importants ouvrages, La Nouvelle Abstraction Américaine 1950-1970 et l’Art Minimal. Dans cette continuité, une trilogie est à paraître chez le même éditeur sur les sujets Post Minimalisme et Anti Form puis L’Art Conceptuel. Cette monographie sur Bruce Nauman en constitue le premier volume. Avec le même souci d’exigence et d’exhaustivité, Claudine Humbert présente et analyse l’œuvre de cet artiste protéiforme, acteur majeur de l’art américain depuis les années soixante. Si son travail a été parfois réduit à la catégorie de l’art conceptuel, Claudine Humblet apporte suffisamment d’éléments historiques et critiques (voir l’iconographie et la bibliographie généreuses) pour dépasser largement cette classification. En témoigne le sommaire annonçant la diversité des champs

explorés que sont entre autres les emprunts à Wittgenstein ou Duchamp, les relations à la pensée particulière de Beckett, le Funk Art, les œuvres en latex, fibre de verre, néon, ou encore, la vidéo, les installations, la performance, les Tunnels, les fameux Corridor, sans compter sur les cycles des têtes, des mains ou les animaux… Cet essai aux allures de beau livre qui se clôt sur l’étude des versions de l’installation Mapping the studio évoquant la solitude de l’artiste dans son atelier, nous permet de saisir une œuvre tout autant existentielle que conceptuelle. C.L

Bruce Nauman ou la relation de l’Art à la Condition humaine : Un autre aspect de l’art post-moderniste Claudine Humblet Skira Editore, 59 €

Miquel Dewever-Plana était l’invité du festival CoLibriS


LIVRES/DVD

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La tête et les jambes L’architecture s’enseigne t’elle sur le terrain, le chantier ou à travers les livres et la parole des maitres ? De quelles manières se sont renouvelées les diffusions des savoirs selon les ouvrages, les contextes ? Très heureuse initiative des éditions belges Mardaga, L’atelier et l’amphithéâtre, les écoles de l’architecture, entre théorie et pratique se révèle un ouvrage précieux sur l’enseignement de l’architecture. Regards croisés sur l’art de transmettre à Paris dès le début du XIXème siècle tant aux Beaux-Arts (esthétique) que dans les pépinières d’ingénieurs (rationalité fonctionnelle, constructive,

économique), de la préparation aux Prix de Rome à la prise en compte de nouvelles aspirations climatiques, l’ouvrage couvre de manière détaillée et richement documentée un aspect essentiel, peu souvent abordé, de cet art qui, comme nul autre, ancre notre réel dans ses pratiques. FRÉDÉRIC ISOLETTA

L’atelier et l’amphithéâtre Guy Lambert et Estelle Thibault Mardaga, 29 €

Unesco ou pas Entre sites classés et sites candidats, la Provence, et la Corse associée ici, regorgent de beautés tant naturelles qu’architecturales. L’ouvrage de Marie Tranchant et Alexandre Lenoir s’attache à leur recensement illustré. Depuis 1972, l’Unesco a établi une liste de chefsd’œuvre dont la valeur patrimoniale exceptionnelle mérite protection et attention mondiale. 936 merveilles du monde ont été recensées. Le rôle de l’Unesco consiste en leur préservation et leur transmission aux générations futures, comme en un livre doré des beautés du monde et des civilisations qui l’occupent. Cinq lieux se trouvent en région PACA (et Corse) : Arles (antique et romane), le centre historique d’Avignon (centre du monde occidental pendant cent ans avec les papes), le théâtre antique d’Orange

(superbe héritage de la Rome impériale), le golfe de Porto (patrimoine naturel inestimable), la citadelle de Mont-Dauphin (avec son plan en étoile dressé sur le plateau des «Mille vents»). S’ajoutent deux éléments classés au titre de patrimoine immatériel, la Tarasque de Tarascon (sa légende, les rites qui lui sont attachés) et le cantu in paghjella, avec ses règles spécifiques, où trois voix se tissent, complices et émouvantes. Et il y a les sites qui attendent leur classement, label de prestige universel, mais surtout gage de pérennité, de préservation. Ainsi, la Camargue, la Montagne SainteVictoire, la rade de Marseille, le parc national de Port-Cros, l’œuvre architecturale et urbaine de Le Corbusier, les bouches de Bonifacio, Glanum, le parc du Mercantour, méritent largement la consécration de l’Unesco !

Un très bel ouvrage, simple, concis et riche à la fois. Les photographies des lieux, superbes, constituent à elles seules un éloquent plaidoyer ! MARYVONNE COLOMBANI

Le Patrimoine Mondial de la Provence Marie Tranchant et Alexandre Lenoir Ouest-France, 23,90 €

Éric Rohmer, pédagogue En 1963 la Radio Télévision Scolaire recrute un jeune professeur de français en disponibilité, Maurice Schérer alias Éric Rohmer, fraîchement évincé des Cahiers du cinéma par une «conspiration» qu’il qualifiera d’«amusante». Il réalisera jusqu’en 1970 pour la RTS une trentaine de programmes touchant à l’architecture, aux sciences, au cinéma, à la littérature. Le CNDP vient d’éditer une sélection de ces petits films accompagnés de leurs fiches pédagogiques rédigées par le réalisateur lui-même, un documentaire de JeanLouis Cros sur le travail de Rohmer à la télé, une interview de René Clair, Jean Rouch et Jean-Luc Godard sur L’homme et les images et un long entretien d’Hélène Waysbord avec le cinéaste peu avant sa mort. Ce coffret de quatre dvd s’éclairant mutuellement, intitulé très justement Le laboratoire d’Éric

Rohmer, montre l’importance de cette décennie pour la genèse et la maturation des projets du cinéaste. On y retrouve son goût pour la conversation qu’il affirme cinématographique et l’annonce de Ma nuit chez Maud dans Entretien sur Pascal, son amour du littéral et l’embryon de Perceval dans l’émission consacrée à ce Conte du Graal. De Métamorphose d’un paysage, leçon de géographie et d’esthétique à Entretien sur le béton où Claude Parent et Paul Virilio donnent quelques clés essentielles de l’architecture du XXème siècle, des Cabinets de physique au XVIIIème siècle au Mallarmé en majesté, interrogé par un journaliste fictif hors champ, Rohmer donne à voir, à entendre, à lire parfois, ouvre sans cesse des perspectives. Si ces films peuvent paraître datés dans leur noir et blanc cathodique, avec leurs intervenants fumeurs de pipe ou de cigare au vocabu-

Pratique des balades Le soleil revient après un long hiver, les abeilles retrouvent le chemin des fleurs et l’on guette déjà les premières cigales. Le petit livre Provence et Côte d’Azur, 50 sites incontournables apparaît comme le compagnon des beaux jours, 8 circuits (de 160 à 320 km chacun), plus de 30 balades pedibus, des cartes, des explications précises, accompagnées de points sur l’histoire, la toponymie, les cultures… et de très belles photographies qui donnent envie de partir. Le tout est assorti de conseils pratiques : la beauté du petit jour aux monts du Ventoux ne doit pas faire oublier une petite

laine, la promenade dans le Colorado de Rustrel (pas la peine de prendre un avion !) peut durer une heure quinze ou trois heures selon votre rythme… n’oubliez pas votre carte au débarcadère de l’île Saint Marguerite !... Bref, un ouvrage facile à manipuler, qui donne de belles idées de découverte. M.C.

Provence et Côte d’Azur 50 sites incontournables Christine Dufly et Hervé Le Gac Ouest-France, 12,50 €

laire foisonnant et à la syntaxe professorale exemplaire, ils demeurent d’une grande pertinence et leur intelligence rend heureux. ELISE PADOVANI

Le laboratoire d’Éric Rohmer, un cinéaste à la télévision scolaire, 2012 Scérén CNDP-CRDP Collection Présence de la littérature


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LIVRES/CD

MUSIQUE

Une expérience commune «Le 1er Prix du Concours Pierre Barbizet, que j’ai remporté en 1994, a été suivi de nombreux concerts à Marseille et alentour. Du coup, moi la Parisienne, je me suis sentie comme adoptée par la région !» Pour le dernier concert de la saison de la S.M.C.M (voir p. 31), Claire-Marie Le Guay a repris des opus enregistrés dans Voyage en Russie, paru au moment de la «Folle Journée» de Nantes, et Vertiges, synchrone à l’année Liszt (2011). Sa «Mosaïque de la Russie» proposait «de grandes pages d’expression pianistique pure, romantiques et poétiques, de Rachmaninov, Scriabine et un roc planté au milieu : la 3ème Sonate de Prokofiev, frontale, à la matière ferme», quand son étourdissant hommage à Liszt incluait la

Sonate en si mineur. La pianiste décrit cette dernière comme «un voyage à la dimension spirituelle. Une œuvre qui offre matière à réflexion, un bloc sonore qui semble être une allégorie de la vie. Une expérience à vivre, à traverser en commun : celui qui l’écoute et celui qui la joue. On se lance là-dedans avec le public» ajoute-t-elle, «c’est un vrai rendez-vous qui s’achève dans un climat énigmatique posant des questions fondamentales à l’être humain.» Suivons-là donc dans la vigueur et la fluidité qu’elle imprime à l’héroïque mouvement ! PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES FRESCHEL

Vertiges CD Accord / Universal 476 4244

Piano-impro-électro-live… Le premier album électro-acoustique de Nicolas Canté a été présenté en janvier à la Cité de la Musique à Marseille. Improvisium est un solo improvisé donc, performance sur piano préparé électroniquement gravée sur le vif dans la salle du Cri du Port, point de départ annoncé d’une suite de productions du même type. Jazzman issu du conservatoire d’Aix-en-Provence, l’artiste travaille sur les claviers (acoustiques et électroniques) aux frontières du jazz, de l’improvisation et de l’électronique. Révélation du Printemps

de Bourges il y a deux ans, il s’est fait connaître avec son projet Mekanik Kantatrik. Cet opus révèle une démarche originale qui nous entraîne dans un trip sonore autour du clavier et son potentiel électroacoustique. J.F.

Improvisium Nicolas Canté CD Kantatik Musik KMNC1

Nocturne Onzième album des infatigables And Also The Trees, Hunter Not the Hunted constitue dans la carrière, commencée il y a plus de trente ans, de ce groupe si british, une parenthèse particulière : mélancoliques et presque romantiques, si différents mais au demeurant d’une telle unité, les titres étonnent, élégamment. Produit également en disque vinyl, une certaine authenticité teintée d’un retour aux sources acoustiques rappelle aux adeptes de la première heure de très bons

souvenirs, même si cet opus conserve batterie et un brin d’électricité. Née sur les cendres du punk, l’élégante noirceur britannique si poétique est donc toujours vivante ! FRÉDÉRIC ISOLETTA

Hunter Not the Hunted And Also the Trees AATT Differt-ant’

Figues moisies contre Raisins aigres Il y a quelques temps, Raphaël Imbert, lors d’une conférence à la Cité de la Musique, mentionnait un travail de recherche et de collectage auprès des témoins de la scène jazz marseillaise du siècle dernier, avant que ceux-ci ne viennent à tous disparaître. L’ouvrage est prêt aujourd’hui : près de 300 pages qui traitent d’une histoire du jazz à Marseille, des années 1917 à nos jours. Un travail d’enquêtes, en trio, qu’ont entrepris Gilles Suzanne, maître de conférence en esthétique à l’Université d’Aix-Marseille, Michel Samson, ancien correspondant du journal Le Monde et Elisabeth Cestor, sociologue. On y évoque des tranches de vie de nombreux temples de cette musique, le Longchamp, le Saint-James, la Chistera ou encore les bars à entraîneuses plus ou moins bien famés, le Pelle Mêle,

le Cri du Port... Des anecdotes plus ou moins sulfureuses, des querelles de chapelle... Dans quel terreau les jazz se sont nourris à Marseille, comment se sont opérés ses modes de transmission. Un jazz qui réveille les âmes et les préserve de la soupe médiatique d’aujourd’hui, temps de cerveau disponible oblige ! Où l’on voit que Marseille a contribué, et contribue, à sa vitalité. DAN WARZY

À fond de cale 1917-2011 Un siècle de jazz à Marseille Gilles Suzanne, Michel Samson et Elisabeth Cestor Wildproject, 22 € coll. À partir de Marseille, dirigée par Baptiste Lanaspeze

Voyage en Russie CD Mirare MIR169


LIVRES/CD

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Occitan de combat Lo Còr de la Plana a placé la présentation de son nouvel album entre les 2 tours des élections. Coïncidence cocasse ! Chez ces troubadours des temps modernes, la lutte continue ! Depuis le Grand Prix de l’Académie Charles Cros (2003 disque Es lo titre), Lo Còr n’a cessé d’explorer textes, musiques, s’appropriant un répertoire, le revisitant sans cesse. Dans le hall de la Cité de la Musique, Manu Théron, Sébastien Spessa, Rodin Kaufmann, Benjamin Novarino-Giana, Denis Sampieri, chantent des extraits de Marcha dans un échange festif et porteur de messages. Les textes et chansons appartiennent au répertoire marseillais, traditionnels, Trobaïres Marselhés du XIXème, Clozel, Michel Capoduro…, agrémentés de créations de Manu Théron. Des polyphonies innovantes et riches. La Libertat de Clozel, qui n’était autre que l’ami de Cézanne, le poète Joachim Gasquet, sonne, vingt ans après la Commune, comme un hommage et un appel

à la révolution… Siás la musa dei paurei gus, ta cara es negra de fumada. Teis uelhs senton la fusilhada. Siás una flor de barricada. Siás la Venús. Libertat ! (Tu es la muse des pauvres gueux. Ta face est noire de fumée. Tes yeux sentent la fusillade. Tu es une fleur de barricade. Tu es la Vénus. Liberté !). Chansons politiques, anticléricales, sociales, clin d’œil à nos éternels combats contre l’autorité, et l’insolence des censeurs de tous ordres. Comme il est écrit sur un mur, à l’entrée : L’ora es venguda ! L’heure est venue ! Le quintette vocal et percussif (mains, pieds, bendir) est d’une énergie incroyable et d’une précision diabolique : bourdons, ostinato, départs martelés, sons filés, polyrythmies, contretemps en percussions corporelles ; un festival polyphonique pour mieux dériver, lutter et continuer de rêver en créant, debout! À consommer… tous les jours !

Marcha Lo Còr de la Plana, 18€ Lo Còr de la Plana a présenté son nouvel album le 24 avril à la Cité de la musique, Marseille (voir également p. 15)

YVES BERGÉ

Vestiges exhumés… Nombre de ces musiques nées de la plume de compositeurs de Provence ont été ensevelies sous des couches d’oubli. Si les plus célèbres sont signées des baroques Campra ou Jean Gilles, connaîtrait-on aujourd’hui Poitevin, Villeneuve, Belissen, Desmazures ou Pierre Gautier, sans la persévérance de musiciens à tête chercheuse tels que Guy Laurent ? À Aix («Marseille ne s’intéresse pas, hélas, à son patrimoine» précise le chef, flûtiste et chanteur), après 25 ans à la tête des Festes d’Orphée, son entreprise est considérable en matière de re-créations, de «diffusion des richesses musicales méconnues de notre région» et d’édition discographique d’opus inédits, tels qu’on en trouve dans la série Les Maîtres Baroques de Provence. «C’est l’une de nos missions» déclare Guy Laurent à propos de cette

anthologie des musiques historiques provençales. Dans le 4ème volume de la collection, on découvre un magnifique Requiem, «lié à la figure héroïque de la Grande-Peste, considéré presque comme un saint : Monseigneur Belsunce. Le testament musical d’Audiffren est introduit par l’émouvante oraison funèbre de l’évêque avec une déclamation baroque recréée.» De Vallière, musicien oublié de la vie musicale arlésienne au 18ème siècle, «seul ce Magnificat nous est parvenu». Le disque comprend également des «Suites instrumentales inédites de Gautier» : La Ciotat rendra hommage en 2013 à cet enfant du pays. «On découvre enfin trois Motets de jeunesse écrits à Aix par Félicien David, compositeur romantique qui trouve actuellement un regain d’intérêt».

Maîtres baroques de Provence CD Parnassie édition PAR1201 www.orphee.org

PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES FRESCHEL

Musiciens d’aujourd’hui Sans la conviction de jeunes artistes et la persévérance de labels indépendants, nous aurions peu accès aujourd’hui à nos musiques. De fait notre patrimoine, loué par tous pour sa capacité à générer des valeurs communes, s’appauvrirait, pour ne constituer bientôt qu’un musée du passé. Le tout jeune Quatuor Sendrez a créé en 2009 le Quatuor de Michel Sendrez et porte désormais son nom. Si cette œuvre est inspirée par un voyage dans la forêt amazonienne, le Quatuor Yuan Fen (2010) de Thierry Huillet est, quant à lui, écrit à partir d’un voyage en Chine. Ces deux opus, composés dans des langages différents, témoignent de la diversité des sources d’inspiration des musiciens d’aujourd’hui. On découvre aussi une belle Partita concertante pour flûte (Sandrine Tilly flûte solo au Capitole de Toulouse)

de Nicolas Bacri, comme une pièce haletante du Marseillais d’adoption Florent Gauthier. Ce dernier, après sa rencontre avec Pierre Boulez et ses classes au CNSM de Paris, est venu s’installer en 1995 sous nos tropiques. Son 2ème Quatuor Loops (2010) dure une dizaine de minutes. Au gré d’un «matériau clairement identifiable, un accord, un rythme en double croches et un motif mélodique très court», le compositeur nous entraîne dans une cavalcade, voyage sonore captivant qui revient invariablement à son «point de départ»… Un opus à découvrir au catalogue d’un musicien qui a le vent en poupe : créations prochaines d’un Livre pour piano, d’un Opéra à Paris et de son Concerto pour flûte par l’orchestre de l’Opéra de Marseille ! J.F.

Quatuor Sendrez CD Triton TRI331171 www.disques-triton.com


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LIVRES

ESSAI

La salive des étoiles

Une anthropologue quitte régulièrement São Paulo, de 1978 à 1983, pour une immersion radicale chez les indiens Suruí. Tout au long de ses différents séjours, elle prend des notes destinées à sa thèse de doctorat, et c’est ce matériel qu’elle restitue ici sous une forme bien différente. Les Carnets sauvages de Betty Mindlin ont été rédigés à partir des griffonnages originaux, laissant la place aux ressentis de l’auteur, à ses fantasmes, et faisant même appel à la fiction... Le tout demeure d’une grande rigueur ethnographique, ce qui peut sembler paradoxal, mais n’en est que plus fascinant. On se retrouve témoin des tensions qui occupent un anthropologue sur le terrain : comment participer sans influencer, comment défendre sans aliéner ? Betty Mindlin est navrée de voir que les indiens entrés récemment en contact avec l’homme blanc ne pensent plus qu’à consommer... pourtant, elle les aborde elle-même avec les petites culottes et miroirs dont ils sont friands. Elle est frappée par leur économie très différente de ce qu’elle imaginait : «La production est communautaire, et non collective, faite d’échanges et de coopération, et non de propriété et de travail commun à tous.» Si elle prend grand plaisir au mode caressant sur lesquels les Suruí communiquent, elle n’idéalise pas cette société de nudité idyllique, constate avec un choc que les femmes sont considérées comme des objets d’échange, et que l’on tue les jumeaux à la naissance, si certaines mères courageuses ne parviennent pas à s’opposer à la volonté générale. De son militantisme, de ses efforts constants pour défen-

dre les indiens face aux colons ruinant leur environnement et leur mode de vie, elle parle peu, mais on perçoit tout au long de l’ouvrage son amour profond pour ce monde sauvage -encore un temps- où la magie est partout perceptible, où l’on se baigne au matin dans la rosée tombée du ciel, Xiotikapssii, la salive des étoiles. GAËLLE CLOAREC

Carnets sauvages Betty Mindlin Métailié, 21 €

Betty Mindlin était présente à Marseille durant le festival CoLibriS (voir p. 72)

De la pensée, sans soumission Agone consacre le n°48 de sa Revue à un philosophe exceptionnel : Jacques Bouveresse. Pourquoi exceptionnel ? Par sa rigueur philosophique et politique, deux qualités rarement conjuguées. Sa critique des médias, pour le dire simplement, et de tout l’appareil intellectuel de domination ne cesse d’être un des enjeux de sa pensée, en alternance avec sa «philosophie du langage et de la connaissance» dont il avait la chaire de 1995 à 2010 au collège de France. Travaillant avec Bourdieu et Chomsky entre autres pour les plus connus, il n’a jamais choisi d’être parmi les «chiens de garde» de l’idéologie. Première expression d’une cohérence politique sans compromission, corroborée par son refus de toute distinction honorifique. Comme le rappelle Thierry Discepolo dans un des treize articles qui organisent cette revue, l’intérêt de Bouveresse pour le satiriste Karl Kraus du début du 20è siècle participe à cette analyse du discours dominant, et à la dénonciation de l’ordre capitaliste mondial. Les parallèles de Discepolo entre l’analyse de Kraus par Bouveresse et sa lecture du Monde sont saisissants. Le plus grave dit-il, rappelant les mots du philosophe, n’est pas tant la complicité des médias et des intellectuels avec la domination, ses schémas et sa novlangue, mais la discréditation violente de ceux qui combattent cette soumission de la pensée. Bouveresse est d’abord le philosophe de la raison, comme le développent plusieurs articles. Mais quel philosophe ne s’en revendique pas ?! Dans le premier article de la revue, Claudine Tiercelin souligne et ironise la délégitimation de l’idée de rationalité par la philosophie post-moderne française. Il conviendrait pourtant que Tiercelin, en philosophe analytique,

rappelle les arguments de Foucault contre les excès de rationalité : une sournoise opposition persiste dans la philosophie entre la pensée analytique de tradition anglo-saxonne et celle, continentale et historique, aux influences allemandes et françaises. Et Bouveresse est justement ce lien qui permet à la tradition analytique de s’occuper sérieusement de politique. Car la philosophie n’est-elle pas une politique de la vérité ? RÉGIS VLACHOS

La Philosophie malgré eux Jacques Bouveresse, Jean Jacques Rosat, Bruno Ambroise, Jean-Matthias Fleury, Christian Bonnet, Sophie Djigo Revue Agone 48, 20 € Avec un dossier Cinéma, propagande et stalinisme présenté par Charles Jacquier

Le fil d’Orphée Et si la musique aidait à mieux vieillir ? Les musiques de la vie de l’éthologue Virginie Pape souligne l’importance de la musique dans l’amélioration des conditions de vie, particulièrement en gérontologie et soins palliatifs. Pourquoi écrire un livre sur un tel sujet ? L’écriture de cet ouvrage est la résultante de ces années passées à observer, partager, vivre la musique à chaque rencontre au cours de mon quotidien d’éthologue spécialisée en neuro-acoustique. Les questions sont venues simplement : d’où vient cette influence de la musique sur l’Homme ? Pourquoi redonne-t-elle vie et force à des personnes âgées ou malades ? Dans ces pages j’explique les différents impacts des musiques sur les comportements humains, mais aussi sur tous les organismes vivants, qu’ils soient végétaux ou animaux. La musique, placée ici au carrefour de plusieurs disciplines scientifiques, se révèle avoir des effets uniques. Elle constitue un excellent moyen de soutien pour le patient et son entourage, et limite également le glissement des personnes âgées vers une situation négative. Comment se sont déroulés vos travaux ? De nombreux travaux démontrent l’impact de la musique sur l’enfant et ont fait conclure que le cerveau est doté de régions consacrées à la perception musicale. D’où la question des impacts de la musique sur les personnes âgées ou atteintes de dégénérescence nerveuse, neurologique. Après plusieurs années d’observations nous avons mis au point des protocoles d’application, à travers des ateliers de musique et de chant en petite enfance, en intergénérationnel, gérontologie, soins palliatifs, qui sont suivis d’actions qui permettent aux participants et patients d’entretenir relations sociales, forme physique, mémoire, etc... Vous êtes donc également musicienne ? J’ai suivi un cursus musical : piano, violon, harpe, danse, mise en scène, art dramatique. Le chant est venu s’entremêler à tout ceci. Pensez-vous que votre livre puisse faire avancer le rôle thérapeutique de la musique ? C’est son but ! La musique est capitale au quotidien et dans le soin. Suite aux observations et analyses, j’ai pu développer des protocoles d’application et le concept de «musique comme lien et tuteur d’acceptance». Elle peut nous permettre de mieux vivre, mieux grandir, et mieux vieillir. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR FRÉDÉRIC ISOLETTA

Les musiques de la vie Virginie Pape Odile Jacob


JEUNESSE | LITTÉRATURE

LIVRES

69

Heurs et malheurs d’un gang Les truands ont toujours attiré les artistes. Leurs conduites transgressives, leur goût du risque, leur façon de faire la nique à l’ordre établi et à la mort qu’ils trouvent immanquablement au bout du chemin, voilà de quoi alimenter littérature, cinéma, chanson… et BD. Dans cette lignée vient de paraître l’album Les faux visages, «une vie imaginaire du Gang des Postiches». Pour retracer la geste de ce gang atypique, qui a défrayé la chronique dans les années 80 et a mis longtemps la police sur les dents, un duo de choc était nécessaire. Au scénario donc, David B., membre fondateur de L’Association, auteur, entre (nombreux) autres, de L’Ascension du Haut-Mal. Au dessin, Hervé Tanquerelle, créateur, entre (nombreux) autres aussi, de La communauté. En 151 pages et 9 chapitres, tous deux retracent, sur un rythme nerveux et dans un style à la fois réaliste et stylisé, l’histoire de ces 8 truands de Belleville, des origines en 1975 à la dernière arrestation

en 2004. Le 1er casse fait l’objet d’un chapitre entier ; ce n’est pourtant pas cet aspect des choses qui semble intéresser les 2 auteurs. Ils mettent plutôt l’accent sur les raisons qui ont poussé ces 8 petits malfrats à s’associer pour passer à la vitesse supérieure, sur les fêlures intimes de chacun, sur la naissance de l’idée géniale du déguisement et sur la fin nécessairement tragique de la plupart d’entre eux. Une vision très romanesque donc de ces bandits mythiques, auquel le noir et blanc bleuté de Tanquerelle confère la puissance nostalgique des images d’archives ou d’anciennes séries TV. FRED ROBERT

Les faux visages David B, Hervé Tanquerelle Futuropolis, 21 €

Hervé Tanquerelle sera présent jeudi 24 mai à Saint Rémy de Provence et vendredi 25 à Marseille, dans le cadre des Escales en librairies www.librairie-paca.com

Histoires La collection Mon histoire chez Gallimard jeunesse offre à ses lecteurs le double plaisir de la découverte d’une époque et d’une intrigue. Le ton, d’emblée attachant, laisse éclore une voix : la forme de journal intime, loi de la série, y contribue ! On peut découvrir en cette première partie de l’année deux nouveaux romans, l’un, de Jean-Côme Noguès, Au temps des crinolines, fait revivre l’exposition universelle de juillet 1855 à Paris, sous la plume fraîche et spirituelle de Charlotte ; l’autre, La chanteuse de Vivaldi, évoque un XVIIIème siècle trouble et brillant à travers les confidences de Lucrezia, jeune orpheline élevée au Pio Ospedale della Pietà de Venise, ville de la musique et des masques. Le roman de Christine Féret-Fleury, remarquablement documenté, peint une Venise

vivante où se nouent d’étonnantes intrigues autour du chant et des opéras de Vivaldi. Concurrence entre les castras et les sopranos, eaux troubles des canaux, magie des costumes et de la scène, vie étrange des jeunes orphelines, entre l’appel de la foi et la pratique de la musique… Un roman délicieux, et instructif. De quoi former le goût des jeunes lecteurs ! MARYVONNE COLOMBANI

Au temps des crinolines Jean-Côme Noguès, 10,50 € La chanteuse de Vivaldi Christine Féret-Fleury, 9,50 € Gallimard Jeunesse, Collection Mon histoire

À l’ombre du figuier Deux parcours parallèles qui ne se croisent qu’une fois constituent le long récit de François Devenne. Les chapitres se succèdent alternativement pour suivre le périple d’un jeune Massaï, Olélaïga, parti sur les traces d’un vieil éléphant apparu dans ses rêves, et les déambulations d’un délinquant kenyan, Joshua, enrôlé par des braconniers à la recherche de l’ivoire. Ce montage alterné permet à son auteur de tracer un portrait complexe de la région du Kilimandjaro. En effet ce géographe de formation connaît parfaitement ces contrées, où il vécut une dizaine d’années -il a d’ailleurs épousé une kenyane. Sa volonté de témoignage alourdit parfois le récit d’explications didactiques sur les traditions Massaï, l’élevage des troupeaux, le rôle des femmes. Sur le rôle des blancs surtout, responsables du développement du tourisme qui

trouble la vie sauvage et introduit la corruption ; quelques pages évoquent, par exemple, le commerce sexuel auquel se livrent de jeunes moranes pour assouvir les désirs de femmes blanches vieillissantes. Par contraste, la poésie des pages où la nature est magnifiée, où l’on découvre les mœurs des éléphants ou le rôle des indicateurs, ces oiseaux qui guident l’homme sur l’emplacement des ruches sauvages… Et c’est à l’ombre d’un figuier que la parole d’un vieux devin Massaï permettra à Joshua de trouver la voie d’une nouvelle vie. CHRIS BOURGUE

La nuit d’ivoire François Devenne Actes Sud, 21 €

François Devenne viendra présenter son roman lors du Festival du Livre de la Canebière (voir p. 18)


70 LIVRES LITTÉRATURE

Des racines et des ailes… Dans le mouvement inverse des héritiers de La Fontaine impatients de labourer le champ paternel («un trésor est caché dedans») le narrateur de Je la voulais lointaine s’empresse d’enterrer, pour s’en débarrasser, le sac trop lourd confié à sa mort par le grand-père féticheur. Le narrateur se nomme Obama «un nom d’oiseau» et c’est la première phrase de ce petit «roman» au titre sagement programmatique, seul à prendre un peu de distance justement : «la» c’est l’Afrique. Depuis Tout ce Bleu (1996) Gaston-Paul Effa n’a de cesse d’interroger son propre parcours, peu banal : offert à l’âge de 5 ans à une congrégation religieuse, éduqué en français et à l’issue de brillantes études auprès de JeanLuc Nancy et de Philippe Lacoue-Labarthe, l’auteur enseigne la philosophie dans la région de Strasbourg. Tout cela est extraordinaire mais ne va pas sans les tourments attachés au conte de fées qui va trop vite. Envoyé en France par son école, le jeune Obama, habité par l’esprit de son grand-père («aigle à deux têtes» ainsi se qualifie-t-il) fait l’exaltante et rude

expérience de l’élu coupable et déraciné. Le récit de cet écartèlement, constitué de fragments et de retours en arrière souvent au plus que parfait, n’échappe pas à une certaine naïveté : interprétant les signes de dérèglement dans sa vie personnelle et professionnelle (l’inspecteur n’augmente pas sa note pédagogique ; sa petite amie le quitte...) comme une malédiction, le narrateur n’a qu’une issue «le retour à une origine ellemême ruinée et engloutie». Entre lyrisme de bon aloi et emphase compassée, on en vient à déterrer le sac... vide bien-sûr; mais le geste apaise et donne l’espoir de «nouer les fils: le noir de mes origines au blanc de ma destinée». Il en reste encore à écrire !... avec moins d’innocence et davantage de désordre dans la langue ? MARIE-JO DHO

Je la voulais lointaine Gaston-Paul Effa Actes Sud, 16 €

L’auteur sera présent au 3è Festival du livre de la Canebière du 8 au 10 juin

Rauque et Baroque Si l’herbe ne repousse pas où passe Attila, les éditions varoises du même nom, elles, donnent de jeunes pousses pleines de fraîcheur : une maquette impeccable, des illustrations qui tiennent du livre d’enfant et des danses macabres, des choix éditoriaux originaux, comme la réédition des romans de l’espagnol Ramon Sander. L’empire d’un homme est la réécriture d’un fait divers. Dans une province reculée, où la vie paysanne est rythmée par la chasse et l’allégeance à l’aristocratie de l’argent de quelques riches propriétaires, le loqueteux du village, Sabino, disparaît. Deux ouvriers paysans, coupables commodes dans le climat politique local, sont torturés et condamnés. Pourtant, le disparu revient : résurrection du mort en christ inquiétant, impossible retour à la vie des condamnés. En miroir, le Roi et la Reine trace le récit plus singulier encore d’un étrange couple. Dans son palais madrilène, une belle duchesse, telle Diane au bain, se

laisse voir nue par son jardinier, parce qu’elle ne le considère pas comme un homme. Mais la guerre civile qui éclate (on est en 36) renverse les rôles, trouble les identités, mêle rapports de castes et fantasmes amoureux dans le désir d’(être) un homme. Il y a entre ces deux œuvres un fil : la dénonciation militante des dominations sociales, par un auteur, journaliste anarchiste, qui doit au franquisme la mort de sa femme et de son frère, et son exil. Mais cette dénonciation prend des formes oniriques, mythologiques, de contes cruels et de cauchemars gris, à l’éclat unique et baroque. À découvrir absolument. AUDE FANLO

L’empire d’un homme Le roi et la reine Ramon Sander Attila, 18 € chacun

Sur la plage abandonnée Cyrille Derouineau aime les plages désertées, larges étendues battues par le vent et la pluie, parasols oubliés, cabines fermées. Marcus Malte aime les histoires de famille et d’attente, blessures d’enfance et nostalgie. Le photographe et l’écrivain se sont déjà rencontrés dans le recueil de nouvelles Ostende au bout de l’est (Le Bec en l’air, coll. Collatéral, 2009). Aujourd’hui, ce sont les plages de la Côte d’Azur que Derouineau a capturées dans l’objectif, avec toujours cette volonté de montrer l’envers du décor touristique. Palmiers en camisoles, transats repliés, cabanons défraîchis, statues solitaires semblant scruter les flots… Le photographe traque avec sensibilité les détails émouvants de ce «monde à l’abandon». «Nul ne se dore au soleil froid de février sinon peut-être les fantômes. Place aux absents. Place aux morts.» C’est de cet endroit, vidé de toute présence humaine, qu’Alice parle à Pierre, son frère disparu à la fin de la guerre d’Algérie. Seule et sans illusions, elle est comme les plages en hiver, jonchée

des débris de l’été : morceaux d’enfance, éclats surtout de la passion amoureuse qu’elle avait pour ce frère chéri… Qu’elle a toujours, qu’elle lui redit, entre adoration et ressentiment. Car les carnets de guerre de Pierre, que Malte intercale entre les évocations d’Alice, révèlent la face sombre du personnage et les exactions commises là-bas, de l’autre côté de la mer. Mortes saisons, par-delà les thèmes lyriques du temps qui passe et de la déréliction des êtres et des choses, apparaît donc aussi comme une réflexion engagée sur la guerre d’Algérie. 50 ans après les accords d’Evian, ce n’est sans doute pas un hasard. F.R. Mortes saisons Marcus Malte (texte), Cyrille Derouineau (photographies) Le Bec en l’air, collection Collatéral, 15,50 euros.

Marcus Malte sera présent au Festival du Livre de La Canebière les 9 et 10 juin prochains


LIVRES

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Famille au bord de la crise de nerfs

Cela commence par la mort de Mamie. Veillée funèbre à la morgue de l’hôpital : «La grand-mère de Sergio […] n’avait pas son dentier, mais on lui avait rempli la bouche de coton. Quelques petits filaments blancs sortaient d’entre ses lèvres. […] Les hommes entassés dans les coins de la pièce se racontaient des blagues salées ; les femmes pleuraient de part et d’autre du cercueil, avec un chagrin las, comme si elles se défaisaient des dernières larmes gardées pour la circonstance, mais sans les gaspiller, pour ne pas rester privées de ressources à la prochaine occasion. En regardant le corps rigide de la morte, Sergio comprit que plus personne ne s’interposait, à présent, entre Disneyland et lui.» Ces quelques phrases donnent le ton de cette chronique familiale contemporaine, menée tambour battant par Santiago Roncagliolo, scénariste, critique et romancier péruvien. Réalisme cru, cynisme et humour décalé émaillent un récit

rythmé par des chapitres brefs, succession des petites histoires, souvent secrètes, de tous les membres de la famille, chat compris. Drôle de sarabande, où Eros et Thanatos mènent la danse (macabre) version sitcom. La mort rôde autour de cette famille bourgeoise de Lima (le père n’a que quelques mois à vivre, le grand-père sucre les fraises, le fils s’entretient avec des fantômes, la fille flirte avec le suicide…). Du coup, les désirs s’exacerbent (même ceux de Papi, même ceux du chat !), créant des situations parfois scabreuses, souvent cocasses. Un roman aux allures de vaudeville, moins léger qu’il y paraît. FRED ROBERT

Histoires indiscrètes d’une famille sans histoire Santiago Roncagliolo Seuil, 18 €

S.Roncagliolo était présent au festival CoLibriS

Vivre de rêve et de pois cassés Comment subsister à Cuba en 1993, quand «vivre à La Havane était comme se trouver dans une série mathématique qui ne mène à rien» ? Coupures d’électricité à répétition, transports aléatoires, alimentation réduite au minimum… Pour ne pas sombrer, «les seuls trucs qui n’exigeaient pas des efforts démesurés, c’était de sourire, de faire l’amour et de rêver.» Ce à quoi s’emploie Julia, une jeune chercheuse en mathématiques, la narratrice du 3ème roman de Karla Suarez traduit en français. Dans un récit rétrospectif relaté à un interlocuteur qui pourrait être un journaliste, ou le lecteur, Julia raconte son «année zéro» à La Havane. Elle a alors trente ans, des problèmes de logement et un travail ingrat. Lorsque son ami Euclides lui parle d’Antonio Meucci, un Italien venu à La Havane en 1835, qui y aurait inventé le téléphone avant Graham Bell, bien que l’histoire lui paraisse d’une ironie incroyable («Le téléphone aurait été inventé dans cette ville où il ne

fonctionnait presque jamais !»), elle se lance passionnément à la recherche du document prouvant que l’Italien est bien le père du téléphone. Qui le possède ? Les 3 hommes qui gravitent autour de Julia, Euclides (son ex-amant), Angel (son amoureux) et l’écrivain Leonardo (son amant occasionnel) auraient tous des raisons de le dissimuler. Et de lui mentir. De fait, dans cette équation au nombre croissant d’inconnues, Julia perd parfois sa rigueur scientifique. Mais elle y gagne une raison de vivre et d’espérer. Une jolie métaphore sur la force des rêves (et de la fiction) et un bel hommage à la joie de vivre et au courage inamovibles des Cubains. FRED ROBERT

La Havane année zéro Karla Suarez, trad. François Gaudry Métailié, 19,50 €

Karla Suarez était invitée au festival CoLibriS

Nouvelles des écrasements

Arrivent en France, à peu près en même temps, deux recueils incroyablement divers de Francesc Serés. L’auteur Catalan, qui a reçu dès la parution de son premier roman nombre de prix, d’hommages, de compliments, fut traduit immédiatement en espagnol, rapidement en anglais… mais les francophones l’attendaient encore. Fin 2011 est parue La Force de gravité, magnifique recueil qui nous plonge, et particulièrement les Méditerranéens des ports, dans l’histoire de nos familles. Pour peu qu’elles soient populaires, laborieuses, touchées par les crises économiques, politiques, mais aussi par la force du soleil et de la mer, de la pêche et des cargos, des arrière-pays secs et des fonds antiques. Avec, comme décor supplémentaire, le poids d’une histoire plus tragique -le franquisme affleure dès que le passé est évoqué- et d’un présent qui s’exhibe comme des chaussures trop neuves qui blessent les pieds. Les personnages vivent tous comme à côté d’une réussite économique factice, à vendre des artefacts aux touristes, à soigner leurs blessures par des naissances, à renverser sur le bord de la route un SDF devenu le témoin gênant d’un passé révolu, à lutter contre la gravité. Mais plus encore que les 17 portraits

que ces nouvelles brossent, que les 17 paysages vivants dans lesquels ils évoluent, c’est la manière très directe, brutale, de plonger en leurs pensées et émotions qui étonne, retient, transporte. Chacune de ces nouvelles est une plongée en aveugle vers un monde et un mode de narration inconnu. Les Contes russes, qui viennent de paraître, sont plus étonnants encore : l’écrivain Catalan y invente cinq auteurs et, dans la belle tradition des impostures littéraires, abandonne Barcelone pour les moujiks, Poutine, la conquête spatiale, et le merveilleux des contes… Mais il retrouve dans la toundra la même humanité abîmée par la tragédie des peuples. Celle de ces deux vieux qui retournent à Tchernobyl parce que là est leur maison, leur vie, leur sens. L’histoire, au fond commune. AGNÈS FRESCHEL

Francesc Serès La Force de Gravité Fédérop 18 € Contes russes Jacqueline Chambon, 22 €

Francesc Serès était présent lors du Festival CoLibris (voir p. 72)


72 RENCONTRES HOMMAGE | COLIBRIS

Séparés

Désormais, au Día de los Muertos, le Mexique cueillera pour lui la fleur de zempaxuchitl, fleur orange des morts, comme pour Moctezuma, le dernier empereur aztèque. Ce géant de la littérature fut oublié du Nobel. Qu’importe, les jeunes écrivains de langue espagnole se considèrent comme ses héritiers. Les Écritures Croisées organisées par Annie Terrier ont su, avant sa disparition, lui offrir l’hommage de ses lecteurs et des écrivains contemporains les plus brillants. Quant à ses œuvres, elles sont présentes, garanties d’éternité. Plus encore que sa colossale œuvre romanesque, j’aimerais évoquer un petit ouvrage critique, Cervantès ou la critique de la littérature. Carlos Fuentes y définit, par le détour du Don Quichotte qu’il confiait relire chaque année, sa conception de la littérature : «Quand la science, la morale, la politique et la philosophie découvrent leurs limites, elles font appel à la grâce et à la disgrâce de la littérature pour qu’elle résolve leurs insuffisances. Et avec la littérature ils ne découvrent que le divorce permanent entre les mots et les choses, la séparation entre l’usage représentatif du langage et l’expérience de l’être du langage. La littérature est l’utopie qui voudrait réduire cette séparation. Quand elle la cache, elle s’appelle épopée. Quand elle la révèle, elle s’appelle roman et poème : le roman et le poème du Chevalier à la Triste Figure dans son combat pour que coïncident les mots et les choses ; le roman et le poème de l’artiste adolescent assassiné par les choses et ressuscité par les mots.» Puis, encore : «Les choses n’appartiennent pas à tout le monde, les mots si. Le poète naît après son acte : le poème. Le Poème crée ses auteurs, comme il crée ses lecteurs.» Beaucoup ont été créés lecteurs par la grâce de Fuentes. Merci. MARYVONNE COLOMBANI

Plus de 200 peuples recensés en Amérique centrale et en Amérique du Sud, presque autant de langues et une littérature qui se développe doucement, grâce à des initiatives gouvernementales et à des associations, en Équateur, au Mexique, au Chili… Ce sont ces nouvelles «voix indigènes» que la 5ème édition du festival CoLibriS a permis d’entendre, dans le cadre inédit de la galerie des grands bains douches de La Plaine, dont le patio feuillu avait (presque) des allures de forêt tropicale. La littérature amérindienne s’écrit depuis peu, on l’édite encore trop rarement. Pourtant, la jeune génération s’est emparée des langues anciennes, dans un mouvement militant et créateur qui s’amplifie actuellement et dont on a pu savourer de larges échos. C’est un des mérites de CoLibriS que d’accorder une place importante à la lecture orale, pendant et autour des rencontres, par les auteurs eux-mêmes et par les lecteurs. Entendre Briceida Cuevas Cob en maya ou Elicura Chihuailaf en langue mapuche, voir Wingston Gonzalez danser ses poèmes en garifuna, écouter les versions espagnole puis française de ces textes, quelle meilleure entrée sur ces sentiers peu connus de la littérature contemporaine ? Quant au final du festival, polyphonie quasi improvisée (mais très réussie) de toutes ces voix poétiques, il en a ému plus d’un, tant était forte la charge symbolique de cette rencontre des langues. En Amérique, nettement plus au nord, on assiste aussi au renouveau de la culture indienne et de la fierté d’appartenir au «peuple premier». La politique canadienne d’autrefois, selon laquelle «il faut tuer l’Indien pour sauver la personne», n’a apparemment pas réussi,

Festival CoLibriS 2012, illustrations d'Anne Gély © Juliette Lück

La voix des autres

américain, et bien au-delà, dans le monde entier» répond Pascal Jourdana dans sa préface à l’anthologie publiée à l’occasion du festival. À cette «avant-garde du monde», le roman (Caroline Lamarche), la BD (Lucie Lomovà), le livre jeunesse (Anne Gély et Guy Lillo), la photographie (Miquel Dewever-Plana, voir p. 64) ont également rendu un bel hommage. Des ouvrages à découvrir dans les librairies, en particulier L’Atinoir et Prado-Paradis, qui étaient là, fidèles auxiliaires d’un festival de grande qualité, généreux et convivial. Au programme de l’édition 2013 : toujours l’Amérique latine, en dialogue cette fois avec les littératures du monde arabe. Un sacré grand écart, qui promet d’être passionnant. FRED ROBERT

Le festival CoLibriS a eu lieu du 9 au 16 mai à Marseille.

À lire quoiqu’elle soit responsable de la plupart des problèmes actuels. C’est ce qu’a rappelé Joseph Boyden. Sa mère, une Indienne Cree, a grandi sans pouvoir parler sa langue. Aujourd’hui, il porte la parole de cette communauté trop longtemps muselée, à travers des fictions prenantes qui mettent en scène les paradoxes des Indiens canadiens d’aujourd’hui (voir Zib’30 et 31). Car qui sont ces autres, qu’on a si long-temps soumis et méprisés ? «Ils sont les représentants de peuples très anciens, mais leurs poèmes, leurs récits, sont une marque de leur présence absolument contemporaine, sur le continent

L’avant-garde du monde, anthologie publiée par La Marelle, 7 € Joseph Boyden, Le chemin des âmes, Les saisons de la solitude et Là-haut vers le nord (disponibles en poche) Caroline Lamarche, La chienne de Naha (Gallimard) ; Lucie Lomovà, Les Sauvages (Actes Sud-L’An 2) Voir aussi les chroniques des romans de Karla Suarez et de Santiago Roncagliolo (p. 70), dont on peut lire le thriller politique Avril rouge (Points roman), cette année au programme de l’agrégation d’espagnol !


RENCONTRES 73

Maçon des mots Chapelle de l’Observance, Draguignan, pluie continue dehors, effervescence livresque sous les hautes voûtes : les Escapades littéraires organisées par l’Association des Libraires du Sud, ont pour thème l’Italie. On se gorge de livres, de rencontres, de discussions, de tables rondes passionnantes au public nombreux… En invité majeur, Erri de Luca se plie au jeu des questions mené par Pascal Jourdana, tissées des lectures en Italien et en Français. L’écrivain évoque son parcours, l’enfance dans un quartier populaire de Naples, la vie familiale oppressante, l’adolescence, le militantisme, les luttes sociales, le métier de maçon, les actions politiques fortes puis humanitaires, l’approche enfin de la Bible dans le texte Hébreu. Revenant à la ville de Naples, il en brosse l’histoire dans ses grandes lignes, sourit en affirmant qu’elle dépend davantage de la géologie que de l’histoire : «Avec le volcan, on a développé un système nerveux plus proche de celui des Japonais ou des Chiliens que des autres européens : nous avons un regard constant vers la lampe, et si elle bouge, nous restons calmes, nous avons toujours un paquet prêt pour fuir. Nous appartenons à la catégorie des secoués.» Naples, c’est aussi une «éducation sentimentale». «Ma mère était américaine, et je ressemblais à ceux de la 6ème flotte américaine basée à Naples (le plus grand bordel pour les États Unis). Naples appartenait à l’Italie par convention, et aux USA par les faits.» Le départ de Naples, un exil ? «Certainement pas, l’exil est un mot tragique, je ne peux pas l’attribuer à mon départ à 18 ans même s’il fut définitif. Le lieu que j’ai quitté n’existe plus, avec sa mortalité infantile énorme, ces êtres attachés comme un crachat à la vie. La seule chose qui ne bouge pas, c’est le Vésuve, le seul vrai propriétaire du lieu. Je n’écris pas en Napolitain, j’ai choisi l’Italien, ma seconde langue, celle de mon père, tranquille, longue, lente, plein de syllabes. À Naples, vite se dit «i», rien de plus rapide !» Pourquoi l’Hébreu ? «J’aime lire les écrivains dans le texte, ce qui m’a poussé à apprendre plusieurs langues le latin et le grec pendant mes études classiques, puis les autres pour savourer les poètes espagnols, portugais, allemands… L’Hébreu est coincé entre le premier mot de l’Écriture sainte et son dernier. Il y a une grande distance entre le format d’origine et les traductions. Il est essentiel de revenir à l’originel. Je ne suis pas un homme qui croit, mais l’écriture sainte est pleine de maçons… Le petit ouvrage La première heure, paru en 2012 pour la traduction française, s’attache à une relecture de certains passages bibliques en restant au plus près de la signification des mots hébreux, ainsi, Samson, Shimshón en Hébreu vient de shémesh, le soleil...» Quel lecteur êtes-vous ? «Je suis passionné par la poésie du XXème, c’est un siècle qui n’a pas le temps, pas d’espace non plus pour écrire long, il convient à la

Erri de Luca © Marie Leclerc

forme poétique, au message télégraphique qu’est la poésie.» Quelle est l’importance de la musique ? Vous-même, chantez… «Un apprentissage forcé ! Quand j’étais petit, je chantais faux, la pire des abominations à Naples ! Ma mère a pratiqué la «circoncision de l’ouïe», j’ai appris à chanter juste et napolitain. Cela m’a aidé à écrire… il est indispensable de savoir chanter pour écrire. La précision de la musique correspond à la précision de la phrase et des mots.» Qu’apporte la lecture ? «Le texte n’est pas un produit fini, c’est au lecteur de le parfaire. Les pages le transportent dans son intimité, dans sa vie, c’est lui qui termine définitivement un livre. J’apprends comment un lecteur a pris possession de mes pages en entendant sa lecture. Le livre pour moi est un hôte du temps du lecteur. Il faut aussi laisser le désir de pages supplémentaires, c’est pourquoi j’écris des livres petits. Il faut savoir ne pas être pesant quand on est l’hôte de quelqu’un, et s’en aller avant la lassitude !»

Quel est votre regard ? «Toujours le même, au rez-dechaussée : je me trouve parmi et pas en vue panoramique. Le XXème a porté des révolutions, des renversements, des tyrannies, des déracinements de milliers d’êtres humains, des prisons… Je suis un lecteur passionné de Don Quichotte, et je m’identifie à Rossinante. Dans mon siècle, nous avons été chevauchés par des Don Quichotte. Mes choix sont venus par la nécessité du moment. Je me suis impliqué dans des mouvements révolutionnaires ou des guerres parce que je ne pouvais pas rester à la fenêtre. Les jardins fermés, images du paradis, sont beaux, mais doivent être quittés». MARYVONNE COLOMBANI

Les Escapades littéraires, programmées par Libraires du Sud, ont eu lieu du 12 au 15 avril à Draguignan


74 LIVRES RENCONTRES

Un pont entre la lecture et l’écriture Restitution de l'atelier de poesie illustree © Do.M.

Le 20 avril, au Portail Coucou à Salon, se clôturait la 7e édition de Lire Ensemble, une manifestation qui irrigue, durant quinze jours, les 17 communes du territoire d’Agglopole Provence de propositions gratuites autour de la lecture et qui, selon Georges Virlogeux, maire de Lançon et vice-président, en charge de la Culture, d’Agglopole Provence, remplit les objectifs de Lire Ensemble. À savoir «permettre au plus grand nombre d’accéder gratuitement à la vie littéraire et à la culture, donner à tous le goût de la lecture et de l’écriture, et animer les bibliothèques du territoire.» Avec des spectacles, bien sûr, mais aussi, et surtout, des résidences d’auteurs, avec productions d’écrits en tous genres sur le thème a.I.M.e comme Méditerranée, M un pont entre 2 rives. Un thème peu évident à traiter, que les auteurs «parrains» de l’édition ont aidé à faire émerger dans les différents ateliers menés : Mathilde Chèvre, qui animait un atelier d’écriture et d’illustration autour de son album La Lettre d’amour (Le Port a jauni, 2009), et Ghislaine Herbéra (Monsieur cent têtes, éd. MeMo), ont salué l’investissement extraordinaire des enfants -et des instits les encadrant-, et leur grande capacité d’invention et de liberté de création. Maurice Gouiran, qui était par ailleurs le président du jury de nouvelles adultes, animait plusieurs ateliers d’écriture sur le thème de la vengeance et du crime passionnel, et soulignait, lui

aussi, la qualité des travaux. Des surprises, et de l’émotion, il y en eut, notamment lors de la remise des prix des nouvelles adultes. Car ce qu’ignorait le jury, c’est que la nouvelle qui obtint la majorité des votes pour le Prix spécial Agglopole Provence, a.i.M.e comme Malika, était une œuvre collective coécrite par les résidents de la maison de retraite des Sinoplies et les élèves d’une classe de CP, à Sénas. Un travail alliant le thème à une dimension intergénérationnelle, dans le texte et la réalité, plus généreuse et très aboutie. Rien n’est encore écrit, mais l’année prochaine pourrait voir une édition enrichie de «la nécessité de s’articuler avec MP2013» selon M. Virlogeux. «Il est évident que Agglopole Provence, tout en n’étant pas partenaire de MP2013 s’y intéressera quand même, sera soucieuse de voir quels seront les points d’articulation.» Car en matière de résidence d’auteurs et de production littéraire Agglopole Provence peut faire montre de résultats probants. Ne vous privez d’ailleurs pas d’aller lire les nouvelles primées sur le site www.agglopoleprovence.fr… DO.M.

Lire Ensemble s’est déroulé du 6 au 20 avril

La liberté guide nos pas Très attendue, la dernière conférence du cycle Échange et diffusion des savoirs s’est soldée par un exposé fort plat sur la représentation politique. Marcel Gauchet n’aime ni les théories de Jacques Rancière sur la démocratie grecque, ni celles des situationnistes. Sans doute parce que ces derniers ont dénoncé la société du spectacle, le jeu d’estrade des élections, alors que lui-même n’est pas prêt à remettre en question fondamentalement le système de la représentativité en politique. Il évoque plutôt une forme «cognitive» -et nébuleuse ?- de relation entre gouvernants et gouvernés : «Nos sociétés ne peuvent être que représentatives : les représentants ne se substituent pas à nous, mais fournissent aux citoyens les moyens de se représenter au sens cognitif le monde en train de se faire.» Certes, il reconnaît que cela ne fonctionne pas très bien, que le «personnel politique est suspecté, accusé de s’occuper de ses petits pouvoirs et médiocres intérêts au lieu de se saisir des enjeux politiques cruciaux.» Il incrimine la faillite universitaire, la stérilisation de

l’invention intellectuelle (lui excepté, apparemment), et dit attendre des idées neuves (avec un clin d’œil appuyé en direction des francs-maçons). Or, chez un historien et philosophe de cette envergure, on aurait aimé trouver l’ombre d’un questionnement sur ce qui fait qu’un citoyen aliène volontairement sa souveraineté politique en la déléguant, ou se met en tête de la reprendre. Il n’aurait pas été nécessaire de remonter à l’Antiquité, ni à notre Révolution Nationale, même si un petit détour par Benjamin Constant ou Alexis de Tocqueville n’aurait pas été inutile. Marcel Gauchet aurait simplement pu s’appuyer sur ce que nous vivons, à l’heure où un avis de tempête économique n’en finit pas d’être lancé, et où le discrédit

de la classe politique est tel que l’on assiste à une montée constante de l’extrême-droite. La quête du sauveur suprême qui promettra aux citoyens l’ordre et la sécurité au prix de leurs libertés est-elle à craindre ? Ne pourraiton, pour optimisme garder, voir dans ce grand chambardement une possibilité de reprise en main de leur destin politique, comme ont pu le faire

Marcel Gauchet © J. Sassier Gallimard

les Argentins au pire moment de la crise des années 2000, établissant de manière autonome des relations sociales basées sur la solidarité ? Cela se pratique tous les jours en Islande, ou en Grèce, où les citoyens face au chaos s’organisent et s’entraident, construisent, se parlent ? Loin des spécialistes des retournements d’opinion… GAËLLE CLOAREC

La Conférence Quelle crise de la représentation ? a eu lieu le 10 mai dans le cadre d’Échange et diffusion des savoirs


LIVRES

Homo narrans

Nancy Huston © Melania Avantazo, Opale, Actes Sud

«L’homme est un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant.» À la débilité de l’espèce humaine, Blaise Pascal opposait la force et la dignité de la pensée. «Nous sommes fragiles, nettement plus fragiles que les autres primates», renchérit Nancy Huston dans son essai L’espèce fabulatrice (Actes Sud, 2008). Or, selon elle, ce qui supplée à cette fragilité intrinsèque, c’est la capacité fabulatrice. Loin de voir, à l’instar du philosophe chrétien, l’imagination comme une «puissance trompeuse», une «maîtresse d’erreur et de fausseté», elle la considère comme un élément déterminant de la survie de l’humanité : «Sans elle, sans l’imagination qui confère au réel un Sens qu’il ne possède pas en lui-même, nous aurions déjà disparu, comme ont disparu les dinosaures.» C’est de cette faculté typiquement humaine d’interprétation du réel, de fictionnalisation constante, que l’écrivaine est venue parler lors de la pénultième conférence du cycle Miracles & Mirages de la représentation. Elle sait de quoi il retourne quand il s’agit de Fabuler : 12 romans à ce jour, des pièces de théâtre et plusieurs essais, dont L’espèce fabulatrice. Alors, en une heure, à voix comptée, avec un sens aigu de la formule, pas mal d’humour et un certain nombre d’anecdotes et références judicieusement choisies, l’écrivaine est revenue sur la genèse de ce texte. À partir des faux souvenirs de son père gravement malade, de

Commémoration

C’est avec le poète, romancier et essayiste guadeloupéen Lémy Lémane Coco que l’association Couleurs Cactus a commémoré ce 10 mai l’abolition des esclavages. Au cours d’une soirée à La Compagnie, ouverte par les danseuses et les percussions afro-antillaises des groupes Massilia Ka et Kaye bakh, l’auteur a déclamé son recueil Griots à perte d’oubli au rythme du gwoka, dans une ambiance entremêlée de conviction et de liesse. En 2009, de manière totalement inopinée, il séjourne au Sénégal, visite Gorée, où la maison des esclaves et les traces de ses ancêtres deviennent source d’inspiration. De cette réalité brute, douloureuse et chargée d’histoire, il résulte, de manière féconde et comme une évidence, des poèmes troublants de force, de vérité et de fluidité où l’imaginaire ancestral du conte croise les thèmes des origines, du déplacement forcé et de la servitude. Il y est aussi question de musique, gwoka et bèlè aux

Antilles, maloya à la Réunion, héritage des chants des esclaves, vecteur de résistance, de cohésion et de fuite. De ce

Rhapsodie pour un griot © X-D.R

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son expérience personnelle aussi, elle a d’abord pris conscience que tous les cerveaux «racontent des bobards» : en même temps qu’ils enregistrent la réalité, ils l’interprètent, ce que confirment les théories du neurologue Lionel Naccache, et d’Antonio Damasio, qu’elle est en train de lire et dont elle conseille à plusieurs reprises la lecture. L’espèce fabulatrice répond ensuite à la question posée par une détenue lors d’une rencontre à Fleury Mérogis : «À quoi ça sert de raconter des histoires ? La réalité est tellement incroyable.» Justement, inventer des «fictions volontaires et riches» est une façon de lutter contre une «réalité gorgée de fictions involontaires et pauvres». Le roman, comme toute fiction artistique, est une «fabulation consciente» ; il offre une possibilité de recul ainsi qu’une «vérité impure, tissée de paradoxes», autrement moins néfaste que tous les arché-textes, «récits bricolés du passé» qui tricotent un «nous» en excluant le «eux». Une fervente profession de foi… en la littérature ! FRED ROBERT

Cette conférence a eu lieu le 19 avril à l’Hôtel du Département, Marseille dans le cadre d’Echange et diffusion des savoirs

recueil, coulent les larmes et jaillit l’espoir. La soirée s’est poursuivie en concert, autour d’un buffet afro-caribéen, et s’est

achevée par la projection de trois courts métrages guadeloupéens (série Ame, autre miroir) réalisés sous la direction de Tony Coco-Viloin, évoquant la mythologie de l’île, les instruments musicaux traditionnels, l’univers du conte et le fromager, arbre sacré. MARION CORDIER

Griots à perte d’oubli Lémy Lémane Coco Vents d’ailleurs, 10 €


76 PATRIMOINE AVANT CAP | CRT | PONT-DU-GARD | JARDINS

Si tu ne vas pas à l’art… Emmanuel Sellier © X-D.R

Surprenante exposition dans un temple de la consommation comme Avant Cap… et pourtant… «Certains n’osent pas pousser la porte des musées ou des galeries, ici, ils sont en terrain de connaissance», explique Christine Gini, artiste

peintre qui présente des toiles aux beaux empâtements rouges, «les gens sont confiants, certaines barrières tombent, ils posent énormément de questions, souvent très intéressantes, il y a des rencontres uniques !» En fil conducteur, les structures métalliques tendues de noir : les gens passent, ne voient rien ou s’arrêtent, esthétique de la surprise appliquée ! Certes, la présence est fatigante : 10 heures sur place tous les jours, dans la lumière des néons et la musique d’ambiance des grands magasins… mais les artistes sont ravis. Jimmy Lorenzi, plasticien, grand prix international des arts, de la culture et de la communication apprécie lui aussi cette manière de se faire connaître, d’aller au-devant d’un public, de montrer un aperçu de son travail (l’une de ses toiles est à gagner par tirage au sort). Reine Chantal Clapiz, sourit en évoquant les enfants qui tirent la main de leurs parents, réclament une toile… Enfin, il y a le plaisir d’observer un artiste en action, Emmanuel Sellier dans ses Pierre-formances : le sculpteur extrait de la pierre calcaire tendre de l’Oise une statue. «Les lieux publics, commerciaux me paraissent bien représenter notre époque, je continue à croire que l’on peut réconcilier à l’art contemporain un public en marge des circuits artistiques officiels.» L’accueil par la structure Avant Cap est irréprochable, les stands sont gratuits, et les commerçants apprécient cette dimension nouvelle : la vie entrerait-elle sous les néons ?

Cela s’appelle GalleryPACA, il s’agit d’une application pour smart-phone android… Mais point de science-fiction, le virtuel ici permet de redécouvrir des chefs d’œuvre de la peinture réalisés en PACA. On télécharge l’application, on laisse son portable allumé et par un système de localisation, l’alerte Companion©, on saura que l’on est proche d’un lieu représenté dans un tableau de Cézanne par exemple. On peut ainsi confronter la représentation et le lieu actuel, visualiser en HD, zoomer, écouter les explications de l’audio-guide… les banques de données permettent un choix par œuvre, peintre ou lieu. C’est le même principe que CinéPACA (voir Zib’50), la même équipe a

MARYVONNE COLOMBANI

Le Salon des artistes d’Avant Cap, Plan de Campagne, s’est tenu du 21 avril au 6 mai

D’humeur olympique ! Par la magie du Groupe F, le Pont du Gard cette année encore va connaître une vie lumineuse emportée. Spectacle son, lumière, pyrotechnie, pour un thème d’actualité, les Jeux Olympiques. Certes, ils ne se déroulent pas en France, mais les Dieux de l’Olympe du stade et du cirque se donnent rendez-vous sur les rives du Gardon… avec la touche ironique des jeux

I-Robot

vidéo et des jeux interdits. Quatre soirées grandioses (prévoir une petite laine, afin d’en profiter pleinement !). Plus sage, mais passionnante aussi, l’exposition Ma terre première pour construire demain présente depuis le 3 mai cette matière sous 4 angles : géologique, physique, architectural et artistique. Deux ateliers la complètent : La terre tendance déco (le 27 mai), © GroupeF 2011

gallery Paca © X-D.R

animé par la SCOP Ecoterre, pour un apprentissage à la fois théorique et pratique des enduits naturels à base de terre crue que l’on utilise pour l’habitat ; un atelier chantier de construction romaine en terre crue, pour construire en 10 séances indépendantes (à partir du 23 juin, deux séances par mois jusqu’en oct) un bâtiment grandeur nature, comme on pouvait en trouver à l’époque romaine. On sera initié (à partir de 12 ans) à la fabrication des adobes, briques de terre crue séchées au soleil, à la confection de fondations de pierres, jusqu’à la toiture… Enfin, un atelier (le 12 juillet) vous fera découvrir les plantes méditerranéennes, en extraire encres et teintures à partir desquelles vous pourrez composer un nuancier. Une archéologie pratique vraiment passionnante !

travaillé sur cet outil, qui ne manque pas d’intérêt et peut apporter beaucoup aux visiteurs… si cela ne les empêche pas d’aller voir les toiles dans les musées et les expositions, de discuter avec des amis, de se confronter avec la matière des œuvres, leur taille, leurs vraies couleurs. Et de regarder, sentir, visiter les paysages. Les touristes souvent parcourent le réel guidés par le cadre de leur appareil photo, aujourd’hui téléphonique, délaissant l’ampleur et la violence des choses. Et c’est parce qu’elles transcendent le réel que les œuvres ne sont pas des produits. S’en servir comme signal anecdotique réduit à la fois leur valeur, et celle du paysage traversé. Dans la fiche explicative, une formule est particulièrement angoissante : «réalité augmentée» : ne perdons pas notre capacité d’émerveillement devant ce qui est !

M.C.

M.C.

Les Fééries du Pont du 8 au 16 juin Pont du Gard 04 66 37 50 99 www.pontdugard.fr

Application GalleryPACA 04 91 56 47 00 www.tourismepaca.fr


Découvrir, cultiver, préserver… Depuis 10 ans maintenant, la Direction du patrimoine du ministère de la Culture, en collaboration avec le Comité des parcs et jardins de France, donne Rendez-vous aux jardins, où durant trois jours, du 1er au 3 juin, quelques 2 000 jardins en France ouvrent leurs portes, dont certains exceptionnellement à cette occasion. Le thème de cette année, Le jardin et ses images, sera l’occasion de réfléchir aux différentes représentations du jardin, «qu’elles soient figurées, littéraires, poétiques, musicales ou mentales». Vaste programme qui permet de saisir «l’importance de la connaissance, de la protection, de la conservation, de la restauration, de la création de jardins, éléments essentiels de notre patrimoine, ainsi que de la transmission des savoir-faire de ce métier de jardinier élevé au rang de métier d’art». Dans la région PACA, quelques 130 lieux offrent ainsi leur espace préservé aux amateurs de tous horizons, offrant des particularités qui se laisseront découvrir au fil des promenades et animations proposées. À Mane, dans les Alpes de Haute-Provence, le Prieuré de Salagon est un lieu exceptionnel, et reconnu comme tel : site classé «Musée de France» et «Jardin remarquable», Salagon est un lieu d’inventaire, de recherches, de publications et de réflexion autour de l’ethnologie ; il abrite, sur 6 ha de verdure, 5 jardins thématiques (dont le fameux jardin des senteurs, unique en France), 1 700 espèces végétales et 10 000 objets agricoles. Au cours du week-end sont organisés des ateliers, qui vous apprendront notamment à jardiner, une exposition sur la biodiversité au jardin et les insectes pollinisateurs, des conférences (Le jardin contre nature par l’ethnobotaniste Pierre Lieutaghi, qui n’est autre que le responsable des jardins de Salagon et leur créateur, et Histoire de l’art des jardins par Isabelle Rive), des spectacles… À Bouc-Bel-Air, comme chaque année, les Jardins d’Albertas organisent leurs Journées des Plantes, du 25 au 27 mai, consacrées aux plantes rares et méditerranéennes au cœur d’un jardin classé monument historique. Au programme, expositions-ventes, conférences animées par l’association des Jardiniers de France et la Société Française d’arboriculture, ateliers en tous genres, spectacle… DO.M.

Rendez-vous aux jardins Du 1er au 3 juin www.rendezvousauxjardins.culture.fr Musée et jardins de Salagon Mane 04 92 75 70 50 www.musee-de-salagon.com Les Jardins d’Albertas Bouc-Bel-Air 04 91 59 84 94 www.jardinsalbertas.com Musée et jardins de Salagon © Francois Xavier Emery


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www.journalzibeline.fr ...éclosion le 23 mai... Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Edité à 30 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Edité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse | n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Agnès Freschel Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture Le Nomade de Jaume Plensa © X-D.R Conception maquette Max Minniti Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@wanadoo.fr 06 09 08 30 34

Musique et disques Jacques Freschel jacques.freschel@wanadoo.fr 06 20 42 40 57

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Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com 06 19 62 03 61

Secrétaire de rédaction Spectacles Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Magazine et livres Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10

Histoire et patrimoine René Diaz renediaz@free.fr

Philosophie Régis Vlachos regis.vlachos@free.fr Sciences et techniques Yves Berchadsky berch@free.fr

Ont également participé à ce numéro : Yves Bergé, Émilien Moreau, Gaëlle Cloarec,Christophe Floquet, Thomas Dalicante, Clarisse Guichard, Marion Cordier

Photographe Agnès Mellon 095 095 61 70 photographeagnesmellon.blogspot.com Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La Régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56




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