Zibeline n°53

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un gratuit qui se lit

N째53 - du 20/06/12 au 18/07/12


Pu bl ici té




Politique culturelle La production régionale, Internet et la gratuité Le MuCEM

6, 7 8, 9

Festivals Les Rencontres Arles Photographie, les Sentiers numériques Le FIDMarseille Festival d’Avignon Avignon Off Villeneuve-lez-Avignon Vaucluse, Salon-de-Provence Auriol, Aubagne, Avignon, Parc de la Mirabelle Théâtre Silvain, Espace Bargemon Vaison, Ollioules, Port-Saint-Louis Rue du Tango, Hivernales Musique actuelle, musique du monde Jazz, musique du monde Lyrique, symphonique, chambre Chambre, récital

10 11 12 14 16 17 18 19 20 21 22 à 25 26 28 à 32 34

Théâtre Grasse, Daki Ling, Avignon, La Friche, le Toursky La Minoterie, le Merlan, Cavaillon Le Jeu de Paume, l’Espace Julien, Toulon

36, 37 38 39

Arts de la rue Cité des arts de la rue, Istres Aubagne, Trets, Martigues

40 41

Danse Festival de Marseille, le Klap MOD, BNM

42 43

Musique Contemporaine Lyrique, chambre Jazz, actuelle

44, 45 46, 47 48, 49

Au programme Spectacles Musique Rencontres Arts visuels Cinéma

50 51 à 52 54, 55 56 à 59 60, 61

Cinéma Cannes, Cinécole Quinzaine des réalisateurs, cinéma chinois Grands reporters, film Cassos Image de ville, La Ciotat

62 63 64 65

Arts visuels Flâneries d’Aix, les Arts Éphémères Granet, Vasarely Arles Arteum, La Chartreuse Le Printemps de l’art contemporain Photomed, Toulon

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Livres Douglas Kennedy, Maylis de Kérangal Librairie Apostille, les ABD, le Prix lycéen

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Festival du livre La Canebière Les lauréats

En quelques mois la France a changé de mains : Sénat, Gouvernement, Assemblée sont désormais socialistes. Cela va-t-il ranimer la vie culturelle ? Beaucoup l’espèrent mais peu semblent y croire, tant le sujet a été absent des campagnes, ou mal abordé. Pour les Socialistes, la question culturelle paraît centrée autour de lois à changer. Hadopi, qui veut protéger les droits des artistes mais sert essentiellement les intérêts des majors ; la TVA sur le livre ; l’éternel «problème» des intermittents ; la décentralisation à repenser. Excepté ces points, il est question d’éducation artistique, un peu de spectacle vivant, et jamais de moyens de production. On ne sait trop ce que les socialistes veulent faire du réseau d’État, s’ils souhaitent changer les orientations des DRAC, des équipements nationaux, inventer de nouvelles règles de coopération avec les Régions et les Villes, accorder plus de place et de considération à ce qui s’y crée… Peut-on envisager que, comme au gouvernement, la parité puisse faire son chemin dans les instances d’administration de la culture, et dans les programmations ? Peut-on espérer que la culture s’aborde enfin pour ce qu’elle est, c’est-à-dire non comme un joujou luxueux, mais comme un enjeu essentiel de civilisation, un moyen de lutte contre l’asservissement mercantile des esprits ? Dans notre région les chiffres font mal. La présence du Front National, son emprise sur les consciences va au-delà du vote exprimé, et des élus locaux de tout bord vivent la politique de manière indigne. La question culturelle est là : dans le modelage insidieux des mentalités, l’installation des habitudes, dans la peur instillée qui empêche de regarder l’autre, de sortir des schémas établis, des dominations. Des formatages du goût, aussi. Comment refuser les replis identitaires, les rivalités mesquines, comment réinventer nos vies, en retrouver la flamme ? Les créateurs sont là pour nous emmener vers leurs utopies. S’il est vrai que François Hollande a fait un rêve, si les socialistes veulent encore changer la vie, si tous ces mots ne sont pas que des slogans de campagne, il faudra vraiment redonner aux artistes les moyens de penser le monde. Et la liberté de le subvertir. AGNÈS FRESCHEL

Patrimoine Salagon, La Valette, Arles, Pont du Gard

Le temps du changement ?

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POLITIQUE CULTURELLE

LA PRODUCTION RÉGIONALE

Chers

programmateurs de nos grandes

scènes…

Vous venez de dévoiler au public vos programmes, et ils confirment tous les inquiétudes des artistes… Les compagnies de la région ont disparu des programmations de l’Année Capitale. Comme des grands festivals, et des saisons qui s’affichent plus loin dans la région. Au mieux, comme au Gymnase/Jeu de Paume, on trouve quelques vraies coproductions de compagnies régionales, cantonnées la plupart du temps à du jeune public. La Criée, Centre dramatique national ne coproduit même pas les 5 représentations, dans la petite salle, de l’Entreprise, seule cie régionale indépendante accueillie pour l’heure. Certes on nous promet quelques surprises au cours de la saison, mais iront-elles dans le sens d’un soutien aux compagnies régionales ? Plus inquiétant encore, toutes les scènes nationales et les grandes scènes conventionnées emboitent le pas, programmant sans risque, pour l’immense majorité de leurs propositions, des spectacles téléportés qu’elles n’ont ni à soutenir ni à coproduire. Et celles qui continuent à coproduire des créations, ou les grands festivals comme Marseille, Aix ou Avignon, s’abstiennent de programmer les compagnies de la région qui les fait vivre. Prétextant, la plupart du temps, que celles-ci n’ont pas le talent et l’envergure de leurs manifestations d’excellence… Il faut dire que sans argent, exsangues, sans coproduction, s’épuisant à chercher des financements et remplir des dossiers plutôt qu’à inventer des formes, s’échinant pour monter des projets que plus personne ne défend ou ne programme dans la région, les artistes d’ici s’épuisent. Leurs œuvres y

perdent parfois en grâce ou en perfection. Comment rivaliseraient-ils avec les grosses productions alors qu’ils ne peuvent se payer ni décors, ni grands interprètes, ni communication, ni même rémunérer les heures de travail nécessaires aux répétitions ?

Respect des lois L’État a édicté des cahiers des charges, mais les scènes nationales, centres nationaux dramatiques, chorégraphiques, musicaux ou d’art de la rue y dérogent régulièrement en matière de coproduction et de soutien aux compagnies régionales (voir encadré). On comprend pourquoi, et il ne s’agit pas de mettre ces établissements en accusation. La plupart du temps ils sont piégés par des volontés publiques divergentes et inconciliables, qu’ils appellent volontiers le «millefeuille» : les collectivités locales réclament souvent du divertissement et du remplissage, les régions pensent avant tout politique territoriale, et l’État a campé ces dernières années sur des verrous d’excellence assez snobs, et nécessitant un argent qu’il ne donne plus. Prendre le risque de coproduire une création régionale d’envergure n’est plus, dans les faits, à la portée de leurs bourses, ni des attentes des collectivités locales qui les subventionnent aujourd’hui majoritairement… Mais à ce jeu-là les artistes d’ici sont voués à la disparition. Les diminutions de leurs moyens de production sont effectivement conjointes et massives : mandats de révision successifs de l’État, gel puis dégel partiel

des crédits, baisse ciblée des collectivités locales et des villes envers les compagnies, baisse et recentrage du mécénat culturel sur les grands équipements… et aujourd’hui abandon généralisé de la mission de coproduction des établissements nationaux. Les artistes se regroupent donc dans un Off, un Off du off, l’Alter off et aujourd’hui un Out comme autrefois une Friche. Pourquoi pas un terrain vague, un bidonville, une arrièrecour ? Sont-ils voués à occuper les poubelles de la république culturelle ?

Pourquoi il faut créer ici Il ne s’agit pas seulement de défendre une profession ou un territoire, mais de comprendre ce que la disparition des artistes locaux implique en matière d’aseptisation culturelle. Faut-il admettre que notre territoire est incapable de produire des œuvres de qualité ? Qu’il faut parachuter ici des gens venus d’ailleurs ? À quel titre ? Les arts de la représentation, les créations artistiques et intellectuelles ne seraient-elles pas à la portée des méridionaux ? Faut-il, pour produire une œuvre, ne pas avoir grandi et étudié ici, ne pas y vivre ? On pourrait répondre, cyniquement, que si la région ne produit pas d’artistes mais en programme, la population n’y perd rien… Ce serait oublier ce que cela signifie en terme d’image de soi. Les arts de la représentation, de la parole, du spectacle, nous donnent à voir ce que nous sommes. Les seules représentations de nous-mêmes seraient donc l’OM, Plus belle la vie et les Marseillais ridicules des émissions culinaires ? Ne valons-nous pas mieux que cela ? Quelle image donnons-nous à voir au monde, à nos enfants ? Comment voulons-nous qu’ils se construisent ?

Éloge de la périphérie C’est tout l’enjeu des arts de la représentation depuis que le théâtre s’est affranchi des dieux : montrer en un miroir la vie réelle des hommes, la mettre en scène pour la transcender, la subvertir, l’enrichir de rêves profonds. Les tours de chant des stars, le divertissement, les rituels snobs autour de spectacles paillettes ont d’autres fonctions, nettement plus proches de visées aliénantes. Détruire le tissu artistique et culturel en l’étouffant un peu chaque jour revient à habituer le public à une absence de «représentation» possible de lui-même. Aux sens philosophique et politique du mot. S’il ne peut se voir sur les scènes, c’est à la télé qu’il se cherchera. Il risque d’y trouver une image si amoindrie de lui-même qu’il plongera dans la vénération imbécile des idoles. Alors vous ne pourrez plus, chers directeurs de scènes, remplir vos salles qu’en programmant des reflets dégradés de nos écrans cathodiques. Ce cauchemar est déjà à l’œuvre bien souvent. Il ne pourra être endigué que par votre décision, et une politique volontariste de l’État : une décentralisation qui n’imposera plus en «Province» une culture hors-sol, mais regardera et préservera enfin ce qu’on y sème. AGNÈS FRESCHEL


INTERNET ET LA GRATUITÉ

Extraits des cahiers des charges du ministère (2010) Centres Dramatiques Nationaux Un CDN accompagne et soutient des artistes et des équipes indépendantes, notamment des équipes implantées sur son territoire, en leur permettant entre autres de bénéficier de conditions de travail optimales […] et par des apports financiers en coproduction et préachats. Principaux acteurs de la création dramatique […] ils doivent réaliser un minimum de deux coproductions majoritaires par an. Une coproduction majoritaire signifie que le CDN apporte une part significative représentant la majorité du budget de la production par rapport aux autres partenaires et sans que cet apport soit inférieur à 1/3. Dans un souci d’ouverture, le (la) directeur(trice) est fortement incité(e) à privilégier les coproductions aux productions propres. Scènes Nationales Leur responsabilité artistique s’exerce à l’égard des artistes eux-mêmes, en facilitant leur travail de recherche et de création. […] Cet engagement […] se traduit par des préachats, par la participation à des productions ou encore par des commandes. Centres Chorégraphiques Nationaux Les CCN promeuvent la diffusion d’autres œuvres chorégraphiques que celles qu’ils produisent. Opéras en région Ils doivent contribuer à l’élargissement et au développement du répertoire lyrique, notamment par une politique de commandes […] et de programmation de théâtre musical ; […] établir une politique d’artistes associés (compositeurs, chefs, compagnies lyriques, compagnies chorégraphiques, ensembles musicaux spécialisés…).

Centre de création musicale Les CNCM doivent développer des partenariats de coproduction et de coréalisation et favoriser les partenariats avec les équipes indépendantes (ensembles, compagnies...) Centre national des Arts de la rue Ils soutiennent la création par des coproductions, des productions déléguées, des engagements d’achats, des résidences de compagnies ou d’artistes […]. Les apports financiers versés aux compagnies coproduites doivent être d’un montant numéraire significatif au regard du budget global de la création ou de l’action réalisée.

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Internet gratuit ? C’est louche L’Association des Professionnels de l’Information et de la Documentation proposait le 7 juin à l‘Alcazar une conférence du marseillais Félix Weygand, sur le thème : Internet, le prix de la gratuité. Si l’orateur admettait volontiers user de quelques tics professoraux (il enseigne à l’IRSIC) pour un préambule didactique à forte teneur en économie, ses intentions restaient louables : interroger quelques idées reçues sur l’univers numérique. Le premier leurre à ses yeux étant la dématérialisation : «l’immatériel est en fait industriel et énergivore, basé sur une électronique extrêmement polluante.» Pour éclairer le coût environnemental de nos recherches sur Google, ou de nos partages de vidéos sur Facebook, il cite le récent rapport de Greenpeace intitulé How clean is your cloud ?... Affolant. Tout comme la réalité de cette «économie basée sur la gratuité, mais où l’on parle de sommes colossales, et où l’enjeu est la privatisation de notre attention». Ce qui se vend sur Internet, ce serait donc du temps de cerveau disponible, pour reprendre l’inénarrable expression de Patrick Le Lay ? Selon toute apparence ! et la monnaie en cours, ce sont nos données, ce que l’on considérait comme notre vie privée jusqu’à récemment. «Tout est fait pour nous maintenir dans un écosystème parfait, souvent ludique, qui devance nos désirs, qui est mobile et illimité»... et dont on ne peut plus s’extraire sous peine de perdre ses propres données. Deux versants donc pour l’Internet ? Un côté ombre et un côté lumière, une face payante et une face gratuite, sans que l’on sache vraiment laquelle finance l’autre ? Pour Félix Weygand, «La gratuité est le carburant de l’économie numérique, qui est un très gros véhicule.» Et quand un membre de l’assistance lui demande à quoi ressemblerait cette économie si la collectivité était aux manettes, et non les géants privés du web, il répond : «Lorsque le service public est rendu gratuitement, c’est la fiscalité qui le finance, au nom de la répartition. Si l’on opte pour un financement privé de la gratuité, on en paye les conséquences d’une manière ou d’une autre. C’est une question que chaque citoyen doit se poser.» Des pistes à explorer plus avant lors de la prochaine conférence du cycle L’information, une nouvelle culture ? le 25 octobre, qui traitera du retour de l’utopie sur Internet, de l’open source et des modèles collaboratifs. GAËLLE CLOAREC Felix Weygand le 7 juin a l'Alcazar © Gaëlle Cloarec

Orchestres en région Ils doivent contribuer à l’élargissement et au développement du répertoire orchestral, notamment par une politique de commandes musicales ; établir une politique d’artistes résidents ou associés : compositeurs, chefs, interprètes, ensembles.

POLITIQUE CULTURELLE


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POLITIQUE CULTURELLE

LE MUCEM Le chantier du MuCEM © Olivier Amsellem

En attendant 2013, le MuCEM a décidé d’ouvrir ses portes pour présenter ses ossatures…

Le MuCEM se visite !

Depuis le temps qu’on l’attend, cet établissement public exporté chez nous, ce musée des civilisations affranchi d’une vision européenne centralisatrice et dominatrice, ce monument sur la mer qui relie la ville à ses espaces maritimes, ce lieu où l’on va pouvoir inventer une vision française non concentrique, parce que décentrée en «province», derrière des Forts construits en leur temps non pour protéger mais pour surveiller la ville rebelle… Il est là. Pas tout à fait prêt encore mais le gros œuvre est accompli, et il trône, superbe, dans un espace jusqu’alors inhabité, et qui offre un point de vue inédit et époustouflant sur la rade et les bateaux qui s’éloignent. Il est là. Le bâtiment de Rudy Ricciotti est sorti de terre, la passerelle la reliant le Fort Saint Jean a été lancée et peut d’ores et déjà se traverser, avec la sensation vertigineuse et rassurante qu’aurait un funambule protégé par des murs… Au Fort la Tour du Roy René et le Fanal s’aménagent, on y prévoit un magnifique Jardin méditerranéen, un village avec des ateliers pédagogiques, un théâtre de verdure, des lieux pour les expositions photographiques. Le chantier de restauration, délicat, est confié à François Botton, et le monument historique des XIIIe et XVIe siècles sera relié à la ville par une autre passerelle jetée jusqu’au Panier… Le troisième bâtiment, celui du centre de ressources, est également à l’heure pour 2013 : conçu par Corinne Vezzoni, il est destiné au travail des conservateurs et à accueillir collections et réserves, tout près des Archives municipales et du Centre InterRégional de restauration, cube secret traversé d’un puits de lumière dans un quartier dédié aujourd’hui à l’entretien du patrimoine…

Dès à présent Les 30 juin et 1er juillet seul le bâtiment de Rudy Ricciotti pourra se visiter… en l’état ! Mais ce qu’on peut y voir est déjà extraordinaire. Le béton spécial, fibré, a permis d’imaginer une dentelle ajou-

rée qui préserve le bâtiment du vent mais laisse passer le regard, la lumière et l’odeur marine. Les colonnes sont des arbres élancés, et les espaces intérieurs sont si vastes qu’ils paraissent à peine vous enclore. Que pourra-t-on voir ces deux jours ? Uniquement les salles du bas, accessibles depuis l’esplanade… qui n’est pas encore tout à fait plane. Mais dans ces salles le MuCEM exposera ses ambitions et ses intentions. D’abord un espace enfants, où il faudra aller en famille pour trouver avec eux des clefs de lecture ; puis dans le premier espace face au Fort, l’histoire du J4, des darses, de la passerelle, avec des explications et des projections, des jeux de questions réponse, complétés dans la deuxième salle par l’architecture des deux autres bâtiments. Enfin, face à la mer, c’est le contenu et l’esprit des collections qui sera dévoilé, tandis qu’une scène sera le siège de débats avec des membres de la direction. On découvrira donc… ce que nous réservent les expositions de Marseille Provence 2013, le Bazar du genre et Noir et Bleu ; les expositions photographiques, le programme de l’auditorium de 325 places. Et, bien sûr, en quoi consisteront les collections permanentes…

trouver 20% de ressources propres. Puisque la plupart des espaces, hors les lieux d’exposition, seront ouverts gratuitement à la circulation, la billetterie sera un apport insuffisant ; mais la terrasse accueillera deux restaurants privés, à l’entrée une librairie boutique accueillera les touristes et visiteurs, des espaces seront loués pour des événements d’entreprises… Reste à espérer que cet impératif budgétaire ne se transforme pas en pesanteur commerciale et que les fac-similés marchands et la restauration de chaîne ne détournent pas l’esprit du lieu. Imposer des impératifs de rentabilité à des lieux construits avec tant d’argent public, et qui profiteront au privé, semble tout de même une aberration. Une vraie librairie, et un restaurant aux saveurs méditerranéennes, sont ils impossibles ? On espère encore que le MuCEM, attentif aux horizons maritimes et au Bazar du genre, saura aussi prendre le pouls du territoire qui l’héberge, en accueillant des programmations artistiques des méditerranéens d’ici… et quelques femmes conférencières qui ont bien manqué aux Mardis du MuCEM ! AGNÈS FRESCHEL

Et demain… Pour la suite rendez-vous est pris pour 2013, avec la cérémonie d’ouverture le 12 janvier, puis l’ouverture officielle en mai, une fois que les collections seront en place. Le MuCEM, qui est jusqu’ici une association, deviendra Établissement Public en octobre. C’est-à-dire que les collectivités locales ont participé au financement de sa construction (58 millions sur les 200 millions d’euros d’investissement), mais n’auront pas à subventionner son fonctionnement, comme pour tous les établissements culturels d’État, pour l’heure pratiquement tous à Paris. Pourtant l’État ne fournira que 80% du budget nécessaire au fonctionnement du MuCEM, qui devra

MuCEM Première Visites de deux heures par groupes de 300 Ateliers enfants pour les 6/10 ans Les 30 juin et 1er juillet de 13h à 21h Uniquement sur inscription http://premiere.mucem.org/fr/inscriptions www.mucem.org


Le MuCEM se paye votre tête ! ... mais à l’ancienne, avec une classe quasi victorienne : un photographe itinérant, comme aux beaux jours des appareils à soufflet, une proposition simple (venir poser avec l’objet qui vous évoque la Méditerranée), un objectif collectif (une galerie de portraits qui seront accessibles sur le compte Flickr du musée, et sans doute une exposition sous forme de diaporama). Produit des ateliers Sud Side, la Photomobile est comme son nom l’indique amenée à se déplacer, de préférence dans des endroits de passage, sans public spécifique. On la trouvera ici ou là tout au long de l’année, une ou deux fois par mois : au départ de la Marche pour l’Egalité (le 7 juillet), dans les Jardins du Pharo (le 25 août), et plus tard à la gare Saint-Charles. Bien-sûr, elle sera présente lors de l’exposition Au bazar du genre, masculin/féminin proposée dans le cadre de Marseille Provence 2013. L’équipe à l’origine du projet est enthousiaste : «C’est pour nous une manière d’exister : nous disons aux gens qu’ils sont le visage de la Méditerranée, mais ils seront aussi le visage du MuCEM !» Aux couleurs du musée, le studio est sobre, lumineux, accueillant, avec son annexe -clin d’œil aux appareils à soufflets susmentionnés. Le photographe qui œuvre, Paul Ladouce, vous accueille et vous met à l’aise avant de vous tirer le portrait. Il sera systématiquement accompagné d’un médiateur venu expliquer l’opération et les enjeux du MuCEM aux participants. GAËLLE CLOAREC

www.flickr.com /photos/ mucem

La Photomobile © Gaëlle Cloarec

Encartez-moi

C’était le dernier mardi du MuCEM ! La saison prochaine le musée ne sera plus un rêve, mais fermera le mardi… Les conférences, accueillies tout d’abord à la Criée puis dans l’auditorium dès l’ouverture, auront lieu le jeudi. Pour ce dernier Mardi l’auditorium de l’Alcazar était plein comme un œuf, refusant du monde pour une conférence menée par Jean-Christophe Victor, auteur du Dessous des cartes d’Arte. Pourtant sa conférence, troisième du cycle sur Le Pouvoir des Images, fut nettement la moins passionnante. Le géographe rappela sa formation d’ethnologue pour en louer les vertus, c’est-à-dire l’apprentissage de la lenteur, et d’un regard décentré, puis parla sans véritable idée directrice. Un peu des Printemps arabes, un peu de la Turquie, un peu du Pôle Nord et d’écologie, de zones de conflits géopolitiques, de sa confiance en l’avenir malgré tous les dangers… mais justement sans s’appuyer sur les nombreuses

cartes qu’il avait préparées, et qui ne servirent pas son propos éclaté. À peine expliqua-t-il que toutes les civilisations se placent au centre de leurs représentations géographiques. Interrogé par Thierry Fabre sur le statut des cartes, outil ou image, questionnement initial de la conférence, il répondit très rapidement que pour lui les cartes étaient des outils, et glosa sur leurs vertus pédagogiques, outils pour comprendre ou modifier, le réel politique ; il évoqua en un mot la nécessité de lutter contre les médias «co-fabricateurs d’opinion publique» en répliquant par des «outils intelligents». Idées intéressantes, mais perdues dans un propos décousu. À moins que la mosaïque de remarques ne soit un autre moyen, moins centralisateur justement, de faire sens ? A.F.

Le dernier Mardi du MuCEM a eu lieu le 12 juin à l’Alcazar, Marseille


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FESTIVALS

LES RENCONTRES ARLES PHOTOGRAPHIE | SENTIERS NUMÉRIQUES | FID

Ces rencontres 2012 soufflent les trente bougies de l’École Nationale Supérieure de la Photographie. Mais la fête est aussi ailleurs ! Pour attaquer bon pied bon œil, quelques préalables pour festivalier : vêtements légers, walking city shoes, chapeau, lunettes de soleil, petit sac à dos + bouteille d’eau + appareil photo + Smartphone (cf. Les Sentiers Numériques), pastilles de menthe. Maintenant ça peut le faire.

Rencontres Arles Photographie et Voies Off Vous saurez tout (et les stages, prix, portfolios…) sur www.rencontresarles.com (et bientôt en mains l’infernal plan-qui-se-déplie-et-quirésume-tout) et www.voies-off.com. Alors faisons court. Cette édition étant sous le sceau de l’ENSP (voir Zib 52), on visitera les œuvres de ses chers rejetons et enseignants : Mireille Loup, Brigitte Bauer, Arnaud Claass, Muriel Toulemonde… Dans la Cour de l’Archevêché le 2 juillet pour la soirée d’inauguration Voies Off + ENSP, projection des travaux des diplômés 2012. On s’attardera aussi sur la sélection Emergences des pays du nord avec le Finnish Museum For Photography.

Pour tous les autres, en Arles c’est ici… Elina Brotherus, Artist and her model, du 3 juillet au 28 sept, galerie Voies Off 04 90 96 93 82, www.voiesoff.com Emmanuel Madec, Un ciel plus loin, du 1er au 14 juillet et du 8 au 16 sept, L’atelier du midi 04 90 49 89 40, www.atelierdumidi.com Christian Milovanoff, Attraction, du 3 juillet au 14 oct, Musée Réattu 04 90 49 81 05, www.museereattu.arles.fr Michèle Sylvander, Mélanie Bellue-Schumacher, jusqu’au 28 juillet, L’Hoste Art Contemporain 06 49 19 07 85, ww.lhosteart.blogspot.com BÄZÄR, Un cabinet de curiosités photographique, du 4 juillet au 15 sept, Le magasin de jouets 06 60 74 19 45, www.lemagasindejouets.fr Frank Gonzales, Sinawi Medine, du 1er au 15 juillet, Atelier Gaston de Luppé 04 88 65 50 80,

Allons en Arles !

Anna Orlowska, de la série Leakage, sélectionnée pour les Voies Off 2012. © Anna Orlowska

www.atelier-gastondeluppe.com Antonella Monzoni, Rituels, du 3 juillet au 15 sept, CirCa 04 90 93 26 15, www.circa-arles.com François Puyplat, un petit monde de siècle, du 1er au 22 juillet, Atelier Archipel 06 21 29 11 92, www.atelierarchipelenarles.com Jean-Christophe Ballot, Dieu et Dyonisos, du 2 juillet au 4 août Vanja Karas, Pina Bausch, Posthumous, du 2 juillet au 23 sept Galerie Huit 06 82 04 39 60, www.galeriehuit.com Regards sur Arles, du 2 au 27 juillet, Espa ce pour l’art R. Baujard, D. Challe, L. Chombart De Lauwe, C. Clier, Y. Coqueugniot, A. Da Cunha, L. Dall’Ava, A. Eglinton, A. Favret & P. Manez, I. Giovacchini, N. Leblanc, L. Ledoux, A. Maubert, O. Metzger, E. Morere, J. Nefzger, M. Pernot, P. Thomsen 04 90 97 23 95, www.espacepourlart.com Serge Assier/ Fernando Arrabal, Travaux communs, du 1 au 24 juillet, Maison de la Vie Associative 04 90 93 53 75, www.arlesasso.fr Miracle-Oracle, du 2 juillet au 18 sept, Comptoirs Arlésiens de la jeune photographie E. Duron-Moreels, A. Arnaud, M. Maurel de Maillé, M. Sommer, M. Royer, J.M Fauquet 06 07 78 94 71, www.atraverslepaysage.com

Résistances, du 4 juillet au 1er sept, Galerie Joseph Antonin Sarah Carp, Anna Chrysidi, Philippe Dollo 06 76 99 69 44, www.french-lizard-attitude.fr et en liaison avec l’exposition, Alain Bergala donnera une conférence sur la question de la résistance en art, le 7 juillet à 10h, ENSP, 04 90 99 33 33, www.ensp-arles.com Sophie Calle, Pour la dernière et la première fois, Chapelle du Méjan, (et Chapelle des Célestins, Avignon) / D. Monteleone, M. Berruti, D. Darzcq, G.Lay, du 2 juillet au 2 sept, Le Capitole 04 90 49 56 78, www.lemejan.com

…et au delà, c’est là ! GORDES Hans Silvester, des peuples de l’Omo à la Provence d’hier, jusqu’au 30 oct, Le Château 04 90 72 02 75 BRIGNOLES Arnaud Forestier & Guy Thouvignon, «Ô», jusqu’au 14 juillet, galerie Bazar du lézard 04 94 86 01 63, www.lebazardulezard.com PIERREVERT Bernard Descamps, Patrick Ibanez, Alain Cornu, Pierre Liebaert, invités d’honneur, carte blanche à Bernard Plossu, Hans Feuer parrain des Nuits photographiques de

Arena et circences Entre les mains de Philippe Parreno et Liam Gillick, le projet de Maja Hoffman/Fondation Luma, Vers la lune, en passant par la plage devrait faire son effet aux Arènes transformées en gigantesque bac à sable, avec 20 artistes invités pour ce work in progress in situ dont Daniel Buren, Pierre Huyghe, Laurence Weiner, Rirkrit Tiravanija... du 5 au 8 juillet. www.verslaluneenpassantparlaplage.com

Pierrevert 27, 28, 29 juillet, www.lesnuitsdepierrevert.com AIX Les Ateliers s’exposent, du 4 au 27 juillet, La Fontaine Obscure 04 42 27 82 41, www.fontaine-obscure.com MARSEILLE John Mack, Mexique : la révélation d’une terre, jusqu’au 28 juillet, galerie Hélène Detaille 04 91 53 43 56, www.galeriedetaille.com Mathilde Magnée, La fête est terminée, du 29 juin au 27 juillet, Vol de Nuits 04 91 47 94 58, www.voldenuits.free.fr Mathieu Pernot, Les migrants, jusqu’au 13 juillet, AtelierDe visu 04 91 47 60 07, www.atelierdevisu.fr Stéphanos Mangriotis, Europa inch’allah, du 4 juillet au 2 sept, Cinéma Les Variétés 08 92 68 05 97 Josée Sicard, Les années mauves, du 23 juin au 13 juillet, galerie Jean-François Meyer 04 91 33 95 01, www.marseilleexpos.com Myr Muratet, L’exécution et autres sentences, jusqu’au 14 juillet, La Compagnie 04 91 90 04 26, www.lacompagnie.org

Smarty Arles Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO Arles se branche cet été au numérique. En quelques clics et QR codes via smartphone ou tablette numérique, Arlésiens, visiteurs et festivaliers pourront se connecter sur un réseau d’informations numériques selon un parcours balisé de Ribandelles, Tabaluz et Totems communicants. Outre les informations utiles actualisées par l’usager lui-même si nécessaire, le téléchargement d’applications, plusieurs services seront dédiés à la culture : programmes des activités en cours et à venir, expositions temporaires, podcast d’évènements, jeux, visualisation du patrimoine antique en réalité augmentée… Après cette période de test estival, le déploiement définitif doit se réaliser pour 2013 dans le cadre de Marseille Provence Capitale européenne de la culture avec une dizaine de parcours thématiques. www.lessentiersnumeriques.com


À l’ombre, dans les salles

obscures… Quand l’été arrive et que le soleil tape dur, s’ouvre à Marseille le Festival International de Cinéma-Marseille. Pour cette 23e édition, Jean-Pierre Rehm et son équipe ont retenu 32 films parmi les 2500 reçus de 95 pays, dont 9 premiers films. 19 seront en compétition internationale et le 9 juillet le Jury présidé par Corneliu Porumboiu, primé à Cannes en 2006 pour 12 h 08 à l’est de Bucarest et en 2009 pour Policier, Adjectif, rendra son verdict. On retrouve dans la sélection des habitués comme Dana Ranga qui présente le 3e volet de sa trilogie de l’espace, I am in space ; Philippe Grandrieux avec White Epilepsy ou Manon de Boer avec One, two, many. À noter, pour la 1re fois au FID, un film du Guatemala, Hasta El sol tiene manchas de Julio Hernández Cordón. Luce Vigo présidera le Jury de la compétition française qui devra choisir entre 13 films, parmi lesquels le nouveau film de Régis Sauder, Être là, tourné dans la prison des Baumettes, une fiction avec Nathalie Richard, À bas bruit de Judith Abitbol, ou Logoden réalisé par un homme de 86 ans, Jean Fraysse, et une femme de 30 ans, Aurélie Bonamy.

Écrans parallèles, séances spéciales Mais le FID présente également sept sélections parallèles : une rétrospective Glauber Rocha, le père du Cinéma novo, mise en correspondance avec des œuvres de la cinématographie brésilienne actuelle ; un hommage à Raoul Ruiz, récemment disparu, avec son dernier film tourné au Chili, en 1973 avant son exil, Palomita Blanca ; le film de son retour en 1983, Lettre d’un cinéaste ; et son dernier film souhaité posthume, La Noche Palomita blanca de Raoul Ruiz

Enfrente ; la Viennale, Festival International du Film de Vienne qui fête ses 50 ans, et exporte son anniversaire dans 5 festivals internationaux. Elle présente au FID un programme en cinq parties avec des films de Straub et Huillet, Peter Nestler, Duras, Godard, Manuel Mozos, Miguel Gomes et Jerry Lewis. Ces quatre sélections sont complétées par trois autres écrans, Les fils du pouvoir, Portraits et Les Fils du son, et Sentiers, en partenariat avec Fotokino, particulièrement destiné aux plus jeunes. À cette riche programmation s’ajoutent des séances spéciales : une avec l’ACID, pour ses 20 ans ; une avec Alphabetville et Videochroniques ; une avec la région PACA : Vivante à ce jour de Rachel Bénitah ; Tropicalia de Marcelo Machado avec l’ASPAS… Le FID propose aussi des rencontres avec les cinéastes après les projections, des expositions dans différents lieux. Au FID LAB seront présentés 12 projets de films sur les 350 reçus et au Centre Pénitentiaire de Marseille, des cinéastes échangeront avec les détenus, dans le cadre d’ateliers animés par Lieux Fictifs. À la Criée, au cinéma Les Variétés, à l’Alcazar, à la Maison de la Région, au Théâtre des Bernardines et au Théâtre Silvain, Marseille vivra à l’heure du cinéma ! ANNIE GAVA

FID Marseille Du 4 au 9 juillet Marseille 1er et 7e 04 95 04 44 90 www.fidmarseille.org

Issue d’un Atelier de l’EuroMéditerranée mené à Aubagne par l’artiste Wael Shawky, son œuvre, le film Cabaret Crusades : the path to Cairo, fait partie de la sélection officielle du FID ! Elle sera par ailleurs présente dans l’exposition inaugurale de la programmation de Marseille Provence 2013 Ici, ailleurs à la Tour-Panorama de la Friche la Belle de Mai, et une exposition lui sera entièrement consacrée à la Chapelle des Pénitents Noirs à Aubagne fin 2013.


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FESTIVALS

AVIGNON

Auf der brücke,

we dance all in circles L’artiste associé britannique Simon McBurney ouvre l’édition en adaptant pour la Cour d’honneur Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, avec le Théâtre Complicité (exposition sur la compagnie à découvrir à l’École d’Art). Le chef-d’œuvre de la littérature russe créé en anglais pour la Cour ? «Sensible, poétique, impressionnant», promettait Vincent Baudriller en présentant le programme à l’Université d’Avignon, à l’invitation du président Emmanuel Ethis qui confirmait la fréquentation rajeunie du Festival. Le romancier anglais John Berger offre une lecture unique De A à X, un échange épistolaire entre un condamné (McBurney) et une jeune femme amoureuse (Juliette Binoche) ; et avec sa fille Katia la lecture/ performance Est-ce que tu dors ? autour de l’œuvre d’Andrea Mantegna. Formés comme McBurney à l’École Jacques Lecoq, Christoph Marthaler revient avec My fair Lady. Un laboratoire de langues pour une rêverie en allemand sur le langage du dandy Pygmalion; mais c’est en anglais que le sud-africain William Kentridge confronte dans La Négation du temps abstractions scientifiques, phénomènes spectaculaires. En français Arthur Nauzyciel revisite La Mouette de Tchekhov pour un bal funèbre métaphysique autour de l’art, l’amour et la condition humaine, avec l’incontournable, et incroyable, Laurent Poitrenaux. Stéphane Braunschweig investit le Cloitre des Carmes pour remettre en question le théâtre dans Six personnages en quête d’auteur de Pirandello tandis que dans L’Orage à venir, Tim Etchells et Forced Entertainment s’interrogent sur la narration (en anglais). Traversée autour de l’œuvre de Christophe Honoré avec sa mise en scène de Nouveau Roman, celles d’Eric Vigner dans La Faculté et de Robert Cantarella dans Un Jeune se Tue. Dans Faire le Gilles, ce dernier redonne voix aux séminaires de Deleuze.

Jeunes générations L’édition met en avant la génération montante, qui n’est guère plus féminine que la précédente : Guillaume Vincent dans La Nuit Tombe, Severine Chavrier inspirée par l’auteur de science fiction J.G. Ballard dans Plage Ultime, l’avignonnais Jean-François Matignon dans W/GB84, un croisement entre les romans de David Peace et Woyzeck. Le hongrois Kornél Mundruczó présente Disgrâce, un reality show théâtral et musical d’après J.M Coetzee. Quant au jeune public, il découvrira l’excentricité britannique avec Les animaux et les enfants envahirent la rue de la Cie 1927. Expérience visuelle et acoustique avec la chanteuse Camille à Boulbon et concert Psychopharmaka d’Olivier Cadiot et Rodolphe Burger. Écologie et économie sont des questions cruciales de l’édition, en langue originale allemande. Katie Mitchell continue de dévoiler son langage avec Les Anneaux

de Saturne, une promenade dans les côtes anglaises adaptée de W.G Sebald, et Dix Milliards, une conférence scientifique sur les risques écologiques. On retrouve ce questionnement, toujours en allemand, chez Thomas Ostermeier dans Un Ennemi du peuple d’Henrik Ibsen. Documentaire économique avec 15% de Bruno Meyssat, réflexion sur la crise financière de Nicolas Stemann dans Les contrats du commerçant. Une comédie économique. Les artistes s’emparent des névroses contemporaines : théâtre documentaire avec Les Saints Innocents du Mapa Teatro, suicide et machines dans 33 tours et quelques secondes par Lina Saneh et Rabih Mroué, faits divers (sordide) dans Conte d’amour de Markus Öhrn. Performances attendues du sud-africain Steven Cohen avec Title Withheld

ble dans Puz/zle une communauté d’artistes à la Carrière Boulbon et Olivier Dubois nous propulse dans une «sensation du monde» avec 18 danseurs nus dans Tragédie. Josef Nadj dessine Atem le Souffle dans une boite de 4m2 avec Anne-Sophie Lancelin, Nacera Belaza présente Le Trait, Régine Chopinot raconte sa rencontre avec les danseurs calédoniens du Wetr et Romeu Runa des Ballets C de la B joue The Old King.

(sous le plateau de la Cour) et Le berceau de l’humanité, et d’un fidèle du Festival, Roméo Castellucci, dans The Four Seasons restaurant.

la scène, les questionnements universels qui traversent la planète, le festival de théâtre continue d’offrir peu de propositions dramatiques, assez peu d’artistes français, et désespérément peu de femmes. Reflet d’un paysage théâtral qui, négligé par le politique, a dû subir un repli idéologique ? À ne pas négliger, parce qu’elles offrent au spectateur des parcours secondaires parfois plus passionnants que la programmation des vastes jauges : les découvertes de la Vingt-cinquième heure, les Sujets à vif (Jonah Boaker, Olivia Rosenthal, Michaël Allibert…), le Théâtre des Idées, le cycle des musiques sacrées et les lectures au Musée Calvet (Anouk Grinberg, Jean Rochefort, Denis Podalydès…).

Poursuivre le théâtre populaire Les directeurs disent poursuivre l’idéal du théâtre populaire de création voulu par Vilar. Ouvert à l’international comme jamais, regardant vers les musiques et les voix amplifiées, les technologies nouvelles de

Le Maitre et Marguerite © Robbie Jack

La 66e édition Festival d’Avignon délivre un dosage très international de littérature, et d’expériences radicales

Chorégraphies et expositions Les arts visuels et la danse rétablissent un semblant de parité en offrant aux femmes quelques lieux d’expression secondaires. Du côté des expositions, la filiation continue à inspirer : Sophie Calle reprend l’hommage poétique à sa mère, Rachel, Monique, et à partir de l’histoire de son père sénégalais débarqué à Marseille Fanny Bouyagui avec Art Point M présente l’installation Soyez les bienvenus ; le 14 juillet dans Place Public le KompleXKapharnaüm célèbre le 100e anniversaire de la naissance de Jean Vilar. L’altérité et l’empêchement relient les pièces de danse : Jérome Bel présente Disabled Theater avec la cie d’acteur handicapés Theater Hora, Sandrine Buring relate son expérience avec des enfants polyhandicapés dans Ch(ose), Christian Rizzo met en scène un solo autour de l’exil, Sidi Larbi Cherkaoui rassem-

DELPHINE MICHELANGELI ET AGNÈS FRESCHEL

Le Festival d’Avignon Du 7 au 28 juillet Avignon et le Grand Avignon 04 90 27 66 50 www.festival-avignon.com



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FESTIVALS

OFF

Pister le Off Riviera avec Myriam Boyer au Chêne Noir © Manuel Pascual

Avec «seulement» 1161 spectacles à l’affiche de la 47e édition (18 de plus qu’en 2011), le Off semble se stabiliser… Indicateur des difficultés grandissantes des compagnies qui se ruinent souvent pour participer au «plus grand marché du théâtre», aurait-il trouvé ses propres limites ? Le spectateur a encore de quoi se perdre dans un programme de près d’un kilo, rassemblant 975 compagnies et 104 lieux. Pour opérer un choix, le hasard fait (parfois) bien les choses… le bouche à oreilles aussi. Le Village du Off reprend du service à l’École Thiers, occasion de prendre le pouls du festival et de consulter les critiques. Sachant que l’une des cinq raisons qui font venir les compagnies au Off est la présence des journalistes. Même si Greg Germain, en conférence, qualifiait cette presse «de 4e pouvoir qui en a souvent trop».

Les historiques Au Chêne Noir, Gérard Gelas reprend son impertinent Bibi, ou les mémoires d’un singe savant de Henri Frédéric Blanc (voir Zib’49) habité par Damien Remy ; et il crée Riviera avec Myriam Boyer dans le rôle de la chanteuse Fréhel, «l’inoubliable oubliée». Les Carboni nous plongent au cœur de Marseille avec l’opérette Le Pays des galéjeurs, Nasser Djemaï, dans Invisibles, nous conte l’émouvante tragédie des Chibanis (voir Zib 48) et Diastème présente des personnages rongés par le désespoir dans Fille/mère avec Evelyne Bouix. Le Théâtre des Doms continue de nous réjouir avec «9 spectacles en liberté» issus de la création belge francophone avec un nombre conséquent de femmes artistes : cinq metteurs en scène, une chorégraphe, onze comédiennes et danseuses. À découvrir, une version puissante de La Mouette dans La nostalgie de l’avenir par la Cie Défilé, du cirque avec Wasteland, les coulisses d’un centre d’appels avec Une Société de services, une conférence décalée et polyglotte avec It’s so nice de la Cie Oh my god. Darina Al Joundi, mise en scène par Alain Timar, ouvrira les journées du Théâtre des Halles dans Ma Marseillaise. La bouleversante auteur-interprète de Le jour où Nina Simone a cessé de chanter raconte un nouveau pan de son histoire libanaise. Le metteur en scène sera également sur le plateau dans Bonheur titre provisoire (voir p. 35). Puis, parmi les huit autres spectacles, Occident par la Cie In Situ (Zib’35), Comédie Tragiques de la Cie À brûle pourpoint et Dies Irae du Cabinet de Curiosités. Au Balcon des reprises avec J’ai soif de Serge Barbuscia (Zib’24), Pazzi par Interface (Zib’49), Tango mon amour par la Cie Octavio de la Roza. Uppercuthéâtre joue Mickey-la-Torche, Dominique Pinon sera Le Revizor de Gogol. Aux Carmes, Philippe Caubère programme : on retrouve Philippe Genty dans La Pelle du Large d’après Homère suivi d’Une Odyssée par Irina Brook, Jean-Claude Drouot, Clémence Massart et Marsiho d’André Suarès… par Caubère. Gérard Vantaggioli, au Chien qui Fume, reprend Ana non d’Agustin Gomez-Arcos avec Stéphanie Lanier et la magistrale Ana Abril, et accueille Clémentine Célarié, Christophe Alévêque dans Ciao Amore (zib’45), Sapho (au Petit Chien).

Les défricheurs À la Fabrik théâtre, la Cie des Ouvriers reprend Explication des Oiseaux (Zib’51) et Isabelle Provendier Quoi dire de plus du coq ? (Zib’47). Le Kronope présente le Carnaval des Animaux et les Fourberies de Scapin (Zib’51) et le Théâtre du Maquis Le Cabaret des hérétiques et Les Bougres. À la Manutention, Les Hauts Plateaux accueillent Christian Mazzuchini dans une très belle interprétation des textes de Christophe Tarkos La Tentation d’exister (voir Zib 41), Les Phasmes du Collectif Inouï, deux spectacles jeune public de Grégoire Callies. Antoine Hervé donnera La leçon de jazz d’un pianiste débridé à l’Ajmi. À l’Université Sainte-Marthe, la Cie Art.27 livre le troisième opus des Olympides, une comédie citoyenne où l’humour est au service d’un enjeu majeur de notre société : l’eau. It's so nice au theatre des Doms © Charlotte Sampermans

Au Théâtre Golovine, on découvrira trois productions du Beijing Fringe festival, une comédie-hommage aux Secrétaires de la Cie Maritime, Roméo et Juliette par la Cie Dell’improvviso et de la danse avec Liebe Liberté par la Cie Gilschamber. La Naïve présente Monsieur Agop à l’Espace Alya, un message de tolérance et de paix par Jean-Charles Raymond, à partir de 8 ans. La Cie azHar y joue Magic Dust combinant image numérique et marionnette. À l’Entrepôt, Marie Provence présente au jeune public Pacamambo de Wajdi Mouawad (voir Zib 35) et au théâtre Alizé, Jeanne Béziers remanie le conte de Perrault dans Poucet le temps des mensonges. (voir Zib 50) Au théâtre de l’Oulle, la Cie Vous Avez Dit Biz’Art reprend Laurel et Hardy vont au paradis (Zib’52) et Luis de la Carrasca rend hommage aux plus grandes figures de Grenade dans Flamenco pa mi Graná. La Cie lyonnaise Al Andalus présentera Nuevo Flamenco au Collège de la Salle. Créé à Festo Pitcho 2011, la Cie Faut Changer l’Eau du Bocal joue OpéraZibus, une fantaisie lyrique pour jeune public à l’Esperluette et Un peu de Poésie présente Le petit chaperon Uf et Ferré, Perret, Trenet et moi et moi et moi… au Théâtre des Vents. À La Luna, la Cie du Grand soir reprend La vie de Galilée, remaniée par Christophe Luthringer. Les théâtres d’Outre-Mer se retrouvent à la Chapelle du Verbe Incarnée, dirigée l’été par Greg Germain ; le Cabaret de l’Impossible y joue Premiers voyages. Au Paris, le théâtre estampillé humour, Océanerosemarie joue La Lesbienne Invisible (voir p. 39) et à l’Etincelle, Nicolas Maury adapte ses Chroniques du Off (Ed. Alna) dans Fuck Off, un condensé franchement drôle des travers du festival. Il faudra être également attentif aux programmations du Théâtre du Girasole, la Manufacture, le Grenier à Sel, l’Ecole des Spectateurs, la Caserne des Pompiers, Présence Pasteur… DELPHINE MICHELANGELI

Festival Off d’Avignon Du 7 au 28 juillet www.avignonleoff.com



16 FESTIVALS VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON

Sur la rive de l’itinérance : théâtre et mémoire Villa Olga © G. Voinot

Depuis 9 ans, sur la rive languedocienne du Rhône, en face d’Avignon, Villeneuve en Scène déroule son tapis de verdure aux théâtres itinérants. «Il est loin le temps où on était deux à bricoler ce petit festival» s’émeut son directeur Frédéric Poty, riche désormais d’une «petite entreprise de 25 personnes à gérer en été». Cette 9e édition, dédiée à la mémoire d’un prestigieux parrain, Václav Havel, consacrera au président-philosophe tchèque une journée d’hommage (15 juillet) : traversée inédite de son œuvre dans Cirkus Havel avec 40 comédiens du théâtre Husa na provázku, concert du groupe mythique de la musique underground tchèque, The Plastic People of The Universe, à partir de qui naquit la mobilisation des intellectuels tchécoslovaques et la rédaction de la Charte 77 il y a 35 ans, débat «Le théâtre comme acte politique : le pouvoir des sans-pouvoir» avec Ariane Mnouchkine et Jack Lang (sous réserve), conférence sur le contexte historique de la Charte. Parmi les 17 spectacles proposés, auteurs classiques et contemporains seront joués dans des formes artistiques variables. La Manufacture, haute école de théâtre de suisse romande, revisitera l’œuvre de Büchner, sous la houlette de Jean-Louis Hourdin, et de John Cassavetes dans Entre, dirigé par Oscar Gomez Mata. La Cie du Veilleur offrira une expérience originale, avec un parcours immersif pour un spectateur dans Un doux reniement, proposé par Matthieu Roy. Avec le Septième Kafana, Conduite intérieure explorera la thématique du trafic des femmes en Europe de l’Est, pour une réflexion universelle sur la condition des femmes. Même questionnement avec Conseils pour une jeune épouse de la Cie Intime Camarade, qui mixera conseils pour une épouse des années 50 et extraits du Kama Sutra. Le

Footsbarn Travelling Theatre présentera Indian Tempest, du Shakespeare à la sauce indienne. La Cie Lackaal Duckric, dans Le Caniche de Porcelaine racontera l’histoire improbable de gens transformés en caniches royaux… Après avoir joué tout seul toute l’œuvre de Shakespeare en un seul spectacle mémorable, Gilles Cailleau revient à Villeneuve dans Gilles et Bérénice. Sous son chapiteau en forme de parapluie, l’extraordinaire comédien donnera vie aux vers de Racine. Retour également de la Compagnie Tandaim, l’un des succès de l’édition 2011 avec la Seconde surprise de Marivaux, dans Villa Olga. Une «pièce de plage» de Catherine Zambon, transformée par Alexandra Tobelaim en vaudeville policier surréaliste et jubilatoire, bourré de talent. Polar également aux relents d’opéra bouffe avec le Siphon par le Petit Théâtre de Pain. En réunissant Lala de Gabily et Communiqué n°10 de Samuel Gallet, le Comité 8.1 réinterroge l’engagement politique dans Time for outrage ? C’est avec les mots de Garcia Lorca que le Ton und Kirschen dans La luna, luna explore l’histoire de l’humanité, des pays et des époques. Trois spectacles seront consacrés au jeune public, Petit comme un Caillou par le théâtre Mu Panique au Cirque et Tsagaan Morin, le petit cheval blanc par le théâtre du Risorius. Parallèlement et en partenariat, Pujaut sous Chapiteau (du 6 au 18 juillet) présentera une programmation jeune public. DE.M

Festival Villeneuve en Scène, Villeneuve-lez-Avignon Du 6 au 25 juillet 04 32 75 15 95 www.villeneuve-en-scene.com

La Chartreuse en échos La 39e édition des Rencontres d’été de la Chartreuse rassemble trois spectacles programmés avec le Festival d’Avignon : W/GB84, par la Cie Fraction, inspiré des romans de David Peace

et du Woyzeck de Georg Büchner. En confrontant le récit de guerre entre le syndicat des mineurs et le gouvernement Thatcher en 1984 et l’histoire d’un homme «qui court à travers le W-GB84 © Guy Delahaye

monde comme un rasoir ouvert» en 1837, Jean-François Matignon interroge, à sa manière, la place du plateau face au monde. Inspirés par leur travail avec des enfants polyhandicapés, Sandrine Buring et Stéphane Olry de la Revue Eclair, présentent le solo dansé Ch(ose) suivi du récit Hic Sunt Leones, écrit en résidence à la Chartreuse. Et Katie Mitchell, avec le scientifique Stephen Emmott, donnera la «conférence» Ten Billion, pour interroger l’avenir de la vie sur terre et dresser le portrait «d’une humanité qui se cache la tête dans le sable». Sont programmés également des mises en voix des artistes en résidence de création à l’année. L’installation des Sœurs h, No windows fenêtres il y avait in our bedrooms, mettra en lumière leur intérêt pour le détail, le banal, l’intime et le décalé. Puis du 11 au 28 juillet, des rendez-vous en

entrée libre, passionnants, permettront au public de rencontrer et échanger avec les artistes de Villeneuve en Scène (Cie du Veilleur, Catherine Zambon et Alexandra Tobelaim), de suivre les lectures des auteurs en résidence et les cartes blanches du Centre national du théâtre. À voir également, l’exposition de Guy de Malherbe (p. 67) Obscurité/Eblouissement, le nouvel espace muséographique en 3D et les Récits d’encres combinant montages photographiques et textes d’auteurs. DE.M

Rencontres d’été de la Chartreuse Du 10 au 27 juillet Villeneuve-lez-Avignon 04 90 15 24 24 www.chartreuse.org http://lescrisducloitre.org


VAUCLUSE | SALON-DE-PROVENCE

Le territoire en scène

Flamenco Vivo © Christian Rombi

Avant de reprendre à la rentrée les rênes de l’Auditorium du Thor, Arts Vivants en Vaucluse réunit pour la 5e année, dans le Festival Vaucluse en Scène, public et professionnels autour de la diversité des expressions du territoire. Un rendez-vous gratuit en partenariat avec le Conseil général, renforcé sur la durée et sur la visibilité avec des lieux d’accueil multipliés. La cour d’Arts Vivants accueillera les rendez vous jeune public : Le Carnaval des Z’animaux par le TRAC (2 juillet), musique africaine avec La Parlote (3 juillet), contes arabes avec Layla Darwiche (4 et 5 juillet), danse et percussions avec La Boîte du Ballet des Zigues. Dans l’écrin de la Cour Saint Charles, Flamenco Vivo ouvrira le festival pour un hommage aux plus célèbres artistes flamenco de la terre natale de Luis De la Carrasca (29

juin). Soirée clown avec la Cie Cirkmosphère et le trio acrobatique Triphasé (30 juin). Le collectif chorégraphique 2 Temps 3 Mouvements donnera un extrait de sa création Prêt-à-penser, dans laquelle trois personnages tentent de maîtriser leur destinée (1er juillet). Avec Les Justes, joués par la troupe de théâtre amateur du TRAC, le Pôle de développement culturel de Beaumes-de-Venise donnera une représentation tirée de son projet autour de 5 pièces de Camus (2 juillet). La Cie Simples Manœuvres livrera La Passion Selon Juette (voir Zib’48), d’après le roman de Clara Dupont-Monod, sensible adaptation de l’histoire d’une jeune fille de 13 ans révoltée contre l’ordre établi, devenue personnage historique (3 juillet), et la Cie Eugénie Andrin livrera deux pièces dansées (4 juillet). À Cucuron, improvisation avec les musiciens du Phare à Lucioles et l’Ensemble Garguegasthan (7 juillet). DE.M

Vaucluse en Scène Du 29 juin au 7 juillet 06 07 50 94 84 www.artsvivants84.fr

FESTIVALS 17

Dans les Cours, le théâtre C’est dans le cadre majestueux des Cours du château de l’Emperi que s’installe chaque été, depuis 23 ans, le Festival Théâtre Côté Cour, avec une programmation qui allie découvertes et têtes d’affiche, dans un bel esprit éclectique. En ouverture de festival, le 3 juillet, un Mariage de Figaro musical et théâ- Le Repas des fauves © X-D.R. tral, emmené par Comédiens et C’est la pièce moliérisée de Julien Compagnie et mis en scène par Jean Sibre qui clôturera cette programHervé Appéré, qui mêle les chœurs et mation le 11 : dans Le Repas des musiques des Noces de Figaro de Fauves, adapté de l’œuvre de Vahé Mozart au texte de l’œuvre de Beau- Katcha, il met en scène un huis clos marchais. Le 7, Francis Huster et la durant la période de la Seconde Troupe de France reviennent dans la guerre mondiale qui réunit sept amis Cour d’Honneur (ils étaient venus pour un anniversaire, la Gestapo, jouer Dom Juan l’été dernier) avec Le pour un choix impossible à faire… Misanthrope de Molière, pièce que le DO.M. comédien met en scène et dans laquelle il tient le rôle-titre. Un autre Festival Côté Cour grand comédien lui succèdera le 9 : Les 3, 7, 9 et 11 juillet Jacques Weber joue ses Éclats de vie, Château de l’Emperi, Salon-despectacle dans lequel il s’approprie Provence avec gourmandise les textes d’auteurs 04 90 56 00 82 qui l’ont marqué, qu’il agrémente www.theatre-cote-cour.fr d’anecdotes et apartés truculents.


18 FESTIVALS AURIOL | AUBAGNE | AVIGNON | PARC DE LA MIRABELLE

Moments précieux La 11e édition de l’éco-citoyen Festival Festimôme se tiendra comme chaque année sur la place centrale du village d’Auriol et dans les jardins de Palissy à Aubagne, liant les deux villes par sa programmation éclectique réunissant arts du cirque, du théâtre et des arts. Pour «cultiver un autre regard sur la création artistique», les liens entre les compagnies invitées et le public sont renforcés par des rencontres nourries d’échanges autour des démarches artistiques. En outre, l’association Art’Euro, à l’origine du Festival, anime tout au long de l’année des temps de rencontres sur les deux villes, amenant les enfants à s’emparer de Festimôme en amont, au travers d’ateliers de création artistiques qui donnent lieu à des œuvres collectives qui se retrouvent au cœur du Festival. C’est à Auriol que débutent les festivités, du 16 au 18 juillet, avec une programmation cirque et

prétexte à de sournoises mesquineries, et la cie Vaïven assemble une drôle de machine dans Ne Pas déranger… À Aubagne, du 25 au 27 juillet, outre les spectacles précédents, la programmation s’enrichit de la Petite forme aérienne de la cie Alto avec trapèze et cercle aérien, de la danse de la cie aubagnaise Boutabou avec leur dernière création Si j’osais, et avec la cie Barbara Mavro Thalassitis et son Pik Nik à l’ironie douce amère, et du théâtre de la cie l’Arbre Avache qui mêle, avec Bob Transport en tout genre la folie du clown à une magie très poétique… DO.M. Pik Nik © Roberta Dance cie

marionnettes qui se jouera aussi à Aubagne (excepté Les Moldaves) : la cie Alto mêle les acrobaties aériennes à la danse hip hop dans Allure Verticale, Les Moldaves de la cie PasVuPasPris délivrent leurs

30 ans d’enfance Avec plus de 10 000 spectateurs chaque année, le Festival Théâtr’enfants et tout public est devenu incontournable. Situé à la Maison du théâtre pour enfants à Monclar, ce lieu dédié à la jeunesse est dirigé par l’Éveil Artistique qui améliore constamment l’accueil et le niveau d’exigence de la

L'oiseau bleu © Collectif Quatre Ailes

programmation. La 30e édition commence pas une fête d’ouverture (le 9 juillet) avec les centres sociaux de la ville, et l’exposition Publics en scène-30ans/30portraits, rassemblant trois générations de spectateurs du festival, de la photographe Ilka Kramer. Treize propositions égrènent l’été des enfants, dès 18 mois. Du côté des cies régionales, Anima Théâtre joue Le rêve de la Joconde, un voyage onirique et initiatique vers l’art ; le Théâtre de Cuisine crée La femme aux allumettes, dans laquelle Christian Carrignon et Katy Deville

se font les archéologues du conte d’Andersen avec leur théâtre d’objets; la Cie Clandestine mêle théâtre et images en papier (kamishibaï) dans Quoi ? C’est quoi ? Dans l’Espace conte, on retrouvera À quoi rêvent les fées de Nathalie Thomas, Féline de la Farouche Compagnie et le conteur du Burkina Faso François Moïse Bamba. Théâtre pluridisciplinaire avec L’oiseau bleu revisité du collectif Quatre Ailes, gestuel avec Le Ventre en l’air du Teatro del Piccione ; propositions pour les tout-petits avec Lapin et Un Papillon dans la neige, chansons contées avec Plume par la Cie Méli Mélodie (qui anime des ateliers d’éveil musical), portrait d’une «enfant bigleuse» par la Cie la Rousse dans À vue de nez. Un Manipuloparc sera animé par Le Montreur, Claire Massabo mènera un stage théâtre du 16 au 20 et un espace ressource relayera les infos des compagnies Jeune Public du Off. DE.M

Festival Théâtr’enfants, Avignon Du 10 au 28 juillet (relâches les dimanches 15 et 22) 04 90 85 59 55 www.festivaltheatrenfants.com

spécialités circassiennes, les marionnettes de la cie Golondrino racontent, sans mot, Le Sôt de la mort, la cie brésilienne Anonymous Circus, avec New Good Old Times, prouve que le jonglage peut être

Festimôme Du 16 au 18 juillet Auriol Du 25 au 27 juillet Aubagne Art’Euro www.arteuro.fr

Chantons sur l’herbe Aux Caillols, le Parc de la Mirabelle est à quelques mètres du terminus du tram. Pour caresser le potager on arrive directement sous les arbres, dans l’herbe. Cette année ateliers et installations sont animés par la plasticienne Tooza, la photographe-cinéaste Sylvie Frémiot projette des courts métrages d’animation. Et des spectacles déclinent vos envies : le 5 juillet Anne-Laure Sarazin, poète performeuse, parle du quotidien et des trottoirs... ; les 6 et 7 Denis Barré et sa Cie Kartoffeln initient au monde caché des moustiques. Stéphane Cochini et Nathanaël Pinna chantent français, de Brel à Zebda (le 5), tandis que le groupe Enco de Botte enchante de voix polyphoniques méditerranéennes (le 7) et que Goran Cosevic Ensemble ravit par son répertoire tsigane et serbo-croate (le 6). Le même jour c’est le quartet de Didier Labbé qui met à l’honneur l’accordéon jazz de Grégory Daltin ; tous deux accompagneront la chorégraphie Bal(l)ade de Yann Lheureux et Sonia Rodriguez. Enfin alliant danse et chant lyrique Marco Becherini, chorégraphe, Brice Gaubert, danseur et Muriel Tomao, soprano, emmènent au pays de Shéhérazade avec la création Pleine lune, lune pleine (7 juillet). Les pots de petits légumes cultivés durant deux mois par les habitants de la vallée de l’Huveaune seront vendus aux enchères au bénéfice de Pikine au Sénégal. CHRIS BOURGUE

Caressez le potager Du 5 au 7 juillet Parc de la Mirabelle, Marseille 11e 04 91 42 20 50 www.caressezlepotager.net Bal(l)ade © Jean-Yves Colomb


THÉÂTRE SILVAIN | ESPACE BARGEMON FESTIVALS 19

Silvain pour tous La mairie du Premier secteur de Marseille avait offert l’an dernier une série d’événements gratuits, d’intérêt artistique inégal, mais ayant tous l’ambition de proposer à chacun un moment de musique, de cinéma, de cirque, populaire et partagé. Certains y ont «pour la première fois regardé un opéra en entier», expliquait Patrick Mennucci, maire du secteur, en racontant la retransmission en direct d’une représentation au Festival d’Aix sur le grand écran déployé… Sans grands moyens, la programmation du théâtre Silvain a rassemblé en 2011 plus de 30 000 spectateurs autour d’une quinzaine d’événements. Qui ont vocation à être gratuits comme ceux programmés par la Région en tournée, ou ne sont pas très onéreux comme le cinéma en plein air, des retransmissions, des petites formations amplifiées… Cette année Silvain poursuit dans le même esprit mais double pratiquement le nombre d’événements ! Ainsi 30 représentations sont ouvertes au public, pour une jauge de 2800

places. Les transports sont facilités (bus, navette maritime), l’accueil est agréable, on peut y pique-niquer en famille, sous les pins et les étoiles, avant d’aller admirer la mer en contrebas. Quant à la programmation, elle reste éclectique, puisqu’elle se fonde pour partie sur des opportunités, pour partie sur des bonnes volontés : à côté de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (voir p 28), du FID (p 11), du Festival d’Art Lyrique et d’Aflam (p 61), on trouve Accordémonde un festival d’accordéon qui invite un soir marcel Azzolla, l’autre Juliette Gréco (du 9 au 11 juillet). Le trio Michel Legrand passe aussi par là. Et l’Opéra Pour Tous vient chanter de l’opérette (le 7 juillet) avant de revenir avec Léontina Vaduva puis Madame Butterfly. On croise aussi Cesar Swing... et ça dure tout l’été !! Les premières dates ? L’Olrap qui vient ouvrir le 21 juin avec un programme festif (Bizet, Grieg, Offenbach), swing manouche en quartet le 22 juin, puis l’Orchestre

Christina Rosmini © X-D.R.

Philharmonique de Provence le 29 juin, Fred Nevchehirlian le 3 juillet, Christina Rosmini le 5 juillet… et du cinéma presque tous les autres soirs (voir p 61) juste après la plage, sans cérémonie…

Théâtre silvain jusqu’au 14 août Marseille 1e 04 96 206 204 www.capsur2013.fr

AGNÈS FRESCHEL

En place publique ! puis enchaine le 19 avec un concert mainstream de Radio Star avec, entre autres, les lauréats de The Voice… Place ensuite à la musique ! Avec l’orchestre philharmonique de l’Opéra qui se produira deux fois gratuitement : pour un programme Tchaïkovski Ponchielli le soir de la fête de la musique (le 21 juin), et pour accompagner un récital de Roberto Alagna venu chanter les standards du classique et de la musique symphonique de film (le 7 juillet). Enfin, preuve que la musique classique c’est aussi l’affaire des jeunes, l’orchestre des élèves accompagnera les premiers Prix du Conservatoire, qui comme chaque année viennent montrer leurs talents de jeunes solistes (le 27 juin)… On pourra aussi écouter d’autres

musiques avec un avant goût cubain du Festival de Jazz des 5 continents concocté par Richard Bona (le 26 juin). En dehors de la musique ? De la Constance © Lucien Sanchez

Comme le disait Jean-Claude Gaudin lors de la présentation du programme estival de la Place Villeneuve Bargemon, «la cité phocéenne confirme qu’elle est une terre de festivals». C’est sur l’esplanade municipale, devant le Vieux-Port, que la Mairie concocte un concentré des programmations qu’elle soutient. Programmation exigeante par endroits, éclectique, populaire : l’an dernier la projection du Cid de Massenet, et la venue en chair de Roberto Alagna sur la place, avait rassemblé, et ravi, près de 7000 personnes. Cela commence le 17 juin avec Constance de Julien Lestel, octuor onctueux, rêverie néoclassique autour de Lady Chatterley et des segments répétitifs de Phil Glass ;

musique encore avec un film de Buter Keaton durant le FID, accompagné par les modules électroniques de Davis Oppetit. Et de la danse, avec Enclave Español, seul spectacle payant, programmé par le festival de Marseille les 23 et 24 juin (voir p 50). Enfin, le Ballet National produira ses Métamorphoses inspirées des fables transformistes d’Ovide, avec des sculptures aériennes et polymorphes, et un ballet en très grande forme (voir p 43). Une belle programmation, qui prouve les capacités créatives des artistes et structures marseillais ! AGNÈS FRESCHEL

Scènes à Villeneuve Bargemon Du 17 juin au 7 juillet www.marseille.fr


20 FESTIVALS PORT-SAINT-LOUIS | VAISON | OLLIOULES

Des cothurnes aux pointes Le théâtre antique de Vaison-la-Romaine lorsqu’il s’anime de nouveau de musiques et de danses, remplit nos nuits d’été de délices. Au programme cette année ? Les Ballets de Monte Carlo les 9 et 10 juillet (22h) interpréteront le sublime Roméo et Juliette chorégraphié par Jean-Christophe Maillot sur la partition de Prokofiev. Décors en épure d’Ernest Pignon Ernest, un propos focalisé sur les contradictions de la jeunesse, ses excès, ses intransigeances, ses déchirements entre pulsions contradictoires, principes mêmes de la tragédie. Un renouvellement du texte shakespearien tout en finesse. Le 12 juillet, en contrepoint, les Ballets Trockadéro de Monte Carlo, en rien monégasques. Les sylphides, les cygnes, tous les rôles du répertoire romantique sont dansés par des garçons. De New York. Technique parfaite, danse sur pointes, avec juste ce qu’il faut de dérision pour une salvatrice distanciation. Au programme, l’acte II du Lac des cygnes, un pas de deux surprise, Go For Barocco dans la lignée de Balanchine, puis Paquita, chorégraphie de Marius Petipa. Tutus, plumes, un ensemble délirant, rude épreuve pour les zygomatiques !

Inspiration junguienne pour Synchronicity de Carolyn Carlson le 16 juillet, qui brosse une fresque poétique dans laquelle s’interrogent les évènements qui transforment la destinée, la conscience et l’inconscient, les passions, dans une lumière en clair-obscur, propice aux jaillissements. Les 20 et 21 juillet, une autre compagnie mythique, Momix, venue des États-Unis, dirigée par Moses Pendelton, dans Bothanica, un spectacle fantasmagorique qui esquisse une histoire du monde. Illusions d’optique, métamorphoses, jeu sur les reflets, tout concourt à une atmosphère onirique et envoûtante. Les 26 et 27 juillet, la compagnie DCA, présente une œuvre destinée à 7 danseurs, Panorama, aux confluents de la danse, du cirque et des arts visuels, un ensemble comme sait les apprivoiser Philippe Decouflé. Une fantaisie joyeuse pleine d’énergie. Au Théâtre du Nymphée, un joli programme complémentaire le 18 juillet, à 19h, les élèves du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon. Le 22 juillet, la compagnie Orientations présentera Nostalgia, inspirée de la phrase

Bothanica, cie Momix © Max Pucciariello

de Milan Kundera. Enfin, le 24 juillet, la compagnie Par’Allèles : deux danseurs de hip hop qui avec humour et sensibilité rendront hommage au cinéma muet avec Face à Face. MARYVONNE COLOMBANI

Vaison Danses Du 9 au 27 juillet 04 90 28 84 49 www.vaison-danses.com

Deux temps mille mouvements

Réfraction, Alonzo King Lines Ballet © Franck Thibault

L’amphithéâtre de Châteauvallon construit sur le modèle des théâtres grecs par Henri Komatis, à 22h, et le théâtre couvert, à 19h30, continuent de recevoir l’été une programmation éclectique d’une grande qualité, pour des soirées en deux parties. Le 22 juin (19h30), Tiger, Tiger Turning Bright par Kubilai Khan Investigations, réflexion sur un monde où la modernité devient synonyme de rapidité, accélération des

rythmes, mais que se passe-t-il si les limites s’atteignent ? Les 22 et 23 juin (22h), les Nerderlands Dans Theater 2 proposent les pièces Sleepless, esthétique de la surprise, humour, énergie. Sapho chante la grande Oum Kalsoum le 23 juin (19h30). Les 29 et 30 juin (22h), le Béjart Ballet Lausanne interprète Dionysos où la folie et la poésie se rencontrent sur les chemins du mythe, puis le Boléro dont chacun garde en mémoire l’interprétation de Jorge Donn, et enfin Là où sont les oiseaux de Gil Roman, inspiré par un voyage en Chine. Le 6 juillet (19h30), Grand-père n’aime pas le swing, duo entre une danseuse et un musicien, Julie Dossavi évoque un univers de femmes militantes, d’origines, d’Amour, de musique, bref, la vie… Alonzo King Lines Ballet, les 6 et 7 juillet (22h) interprète deux partitions virtuoses, Réfraction et The Moroccan project. Écriture rapide, incroyable virtuosité des danseurs

pour des pièces qui tracent d’autres voies entre danse classique et culture afro américaine. Le 7 juillet (19h30), China Moses chante blues et soul avec passion, accompagnée par Raphaël Lemonnier, piano, basse, batterie, saxophone… de Besie Smith à Nina Simone. Le 13 juillet (21h30), Bach to Piazzola par le Richard Galliano Sextet donne à l’accordéon ses lettres de noblesse, entouré par les violons, violoncelle et contrebasse. Puis deux soirées flamencas sous la direction artistique de Juan Carmona les 27 et 28 juillet, Alfonso Losa, Pastora Galvan, Duquende, Rocio Molina… Magique dans le cadre sublime de Châteauvallon ! M.C.

Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Mercredi c’est Port-Saint-Louis Pour la 3e année consécutive, la ville de Port-SaintLouis-du-Rhône, en collaboration avec le Centre National des Arts de la Rue le Citron Jaune, transforme ses quais en scène en scène ouverte, pour accueillir les Mercredis du Port. Ce sera aussi l’occasion, cette année, de fêter un double anniversaire : les 20 ans d’existence du Citron Jaune, initiateur de la manifestation, et ceux du Port de Plaisance. Dès 19h, chaque mercredi, la programmation alternera des petites formes gratuites. Du théâtre de rue avec Adrian Schvarzstein et son Lit déambulant, la cie du Petit Monsieur avec deux spectacles, 2 secondes et En dérangement ; de la danse avec La Cavale de Yoann Bourgeois et sa quête du «point de suspension», Bilbobasso et le spectaculaire Tango de feu qu’ils dansent dans A Fuego Lento, la cie

la Mancha du Cirque Hirsute ; de la musique enfin avec les trois voix de la cie Une petite voix m’a dit qui font se côtoyer les airs d’opéra et les chansons populaires dans Barock, les chansons d’humour de Johanna Piraino, le rock alternatif de Macadam Bazar et la musique entre rythmes tziganes et flamenco de Zaragraf. DO.M.

Cie du petit monsieur, deux secondes © C@ctus

Antipodes avec Escale et Les Ponctuels ; du cirque avec les bizarreries contorsionnées de Bertha et Miranda de la cie Presque Siamoises, et Le Blues de

Les Mercredis du Port Les 4, 11, 18 et 25 juillet Port-Saint-Louis-du-Rhône 04 42 48 40 04 www.lecitronjaune.com


RUE DU TANGO | AVIGNON FESTIVALS 21

Transition estivale Un Été au cdc particulièrement danse marque une transition pour Les Hivernales qui abandonnent l’ancien plateau inter-régional de diffusion «Quand les régions s’en mêlent» -dont «le dispositif n’était plus satisfaisant économiquement» selon son directeur Emmanuel Serafini- et initient un rassemblement de 9 centres chorégraphiques français en 2013. Cette édition 2012 reste une plateforme de repérages des artistes, avec une ligne internationale : les allemands Malgven Gerbes & David Brandstätter qui nous avaient Collectif 2Temps3Mouvements © Anne Breduillieard

séduits lors du rendez-vous d’hiver avec le très zen Notebook, (voir Zib’50), «le poil à gratter de la danse irlandaise» John Scott qui ouvrira les journées du CDC avec trois petites formes, le catalan Pere Faura qui nous piégera dans un Striptease performatif, l’incontournable chorégraphe belge Karine Ponties qui présentera ses merveilles de délicatesse et de virtuosité dans deux spectacles. Plus proches de nous, Thierry Baë reprend Je cherchai dans mes poches, quête très juste d’une belle inspiration autocentrée, créé au théâtre Durance (voir Zib 47), et les avignonnais du Collectif 2 temps 3 mouvements, après Montpellier Danse et avant le théâtre Sylvia Montfort, présentent Et des poussières… À découvrir encore, Tam Tam du chorégraphe afro jazz James Carlès et le hip hop contemporain de la jeune compagnie Melting Force. Et dans RESO@DANSE, au Village du Off (les 14, 16, 18 et 20 juillet), Emmanuel Serafini animera des rencontres avec une trentaine de chorégraphes présents sur le festival. Prochain rendez-vous en février pour les 35 ans des Hivernales avec en prévision un marathon Bagouet au Palais des Papes, et une diffusion hors les murs, au Pavillon Noir et au Klap. DE.M

L’été au cdc particulièrement danse Avignon Du 11 au 21 juillet (relâche le 15) 04 90 82 33 12 www.hivernales-avignon.com

Tango Tous les vendredis soir, et ce jusqu’au 20 juillet, La Rue du Tango prend ses quartiers à Marseille. Au programme, démonstration et initiation, et un bal gratuit avec Dj ou orchestre, le tout organisé par une ou plusieurs associations de tango de la région : le 22 juin à la gare St-Charles avec Tango bal, le 29 à l’Escale Borély avec Tango por vos, le 6 juillet sur le Cours Joseph Thierry avec Carrément tango, le 13 rue du théâtre français avec Aix en tango, et le 20 sur le parvis de la gare St-Charles pour une clôture animée par l’orchestre Tango roulotte et le Dj de tang’aero. Parallèlement ont lieu un concert (avec le Spiritango Quartet, le 27 juin à la Cité de la Musique), une soirée cinéma et tango en partenariat avec l’ASPAS (projection de La chanteuse de Tango de Diego Vignatti, le 28 juin à la Cité de la Musique), une marche urbaine dansée, un concours photo et vidéo… 8e édition de La Rue du Tango Jusqu’au 20 juillet Marseille 06 69 63 22 44 www.laruedutango.fr


22 FESTIVALS MUSIQUE ACTUELLE | DU MONDE

Mimi

Orchestra of Spheres © X-D.R.

Marseille est une magnifique terre de festivals, offrant de merveilleux lieux atypiques. L’édition 2012 (la 27e !) sur les îles du Frioul (du 6 au 8 juillet) s’annonce brûlante et prometteuse. Pas de souterrains pour se rendre sur place depuis le vieux port mais déjà une Nuit du Grand Tunnel (6 juillet) pour débuter ce marathon expérimental avec Atonor (présents en ouverture de chaque nuit), Das Simple et Blurt. Suivra la Nuit des Kansomnou avec le très «baroque» Orchestra of spheres venu tout droit de Nouvelle-Zélande (7 juillet). Puis la très attendue Nuit du Béton qui Chante : le dimanche 8 juillet on entendra le Peirua String Band, ensemble de Vanuatu en résidence de création (première mondiale hors Vanuatu). Ensuite, le Glenn Branca Ensemble, bien ancré dans New York, fera figure d’ovni sonore expérimental. On n’insistera pas sur les efforts label développement durable (tous sont éco responsables, c’est bien, mais après tout normal…) et sur le Mimi bonus (ateliers de cuisine, ballades, pré-concerts…) : le Mimi se vit… Traversée aller retour (il vaut mieux !) et concert : 20€ en prévente. À l’abordage !

Rock Island Marseille

F.I.

Festival Mimi Du 6 au 8 juillet Îles du Frioul, Marseille 04 95 04 95 50 www.mimifestival2012.amicentre.biz

Nuits de prestige à Istres Le Pavillon de Grignan déroule le tapis rouge à des légendes black, pour un moment musical dans un cadre bucolique du XVIe siècle Après avoir incarné les grands rôles féminins de l’opéra, puis marqué de sa voix imposante quelques célébrations historiques -on se souvient d’elle, place de la Concorde, enveloppée dans un drapeau tricolore et interprétant La Marseillaise lors du bicentenaire de la Révolution française-, la soprano Jessye Norman (le 2 juillet) continue de se produire dans des récitals en solo. La reconversion de Yannick Noah (le 4 juillet, 1re partie : Suarez) est plus radicale encore. Longtemps personnalité George Benson © Lotfi Rachidi

préférée des Français, le tennisman a depuis conquis les cœurs d’un large public avec ses chansons prônant la tolérance et la fraternité. Mais ce sont deux monstres sacrés du funk et du jazz qui illumineront ces Nuits d’Istres. George Benson et Ahmad Jamal (le 9 juillet) ont pour point commun leur ville de naissance, Pittsburgh (Pensylvannie, États-Unis). Le premier, formé au jazz, le délaissa dans sa forme académique au milieu des années 60, pour lui donner une touche plus groove. En 1980, il signe le tube Give me the night, produit par Quincy Jones, samplé par I AM dans Je danse le Mia. Ahmad Jamal, lui, est tout simplement l’un des derniers grands génies du jazz des années 50 et 60, vénéré par Miles Davis. Puisant dans le blues et la culture afro-américaine, il a créé son style, celui d’une musique qu’il élabore en la confrontant au silence. Bien que figure du tropicalisme et maître de la bossa nova, les prestations du brésilien Gilberto Gil qui clôturera le festival (le 14 juillet, première partie: Inna Modja) laissent aujourd’hui souvent sur la faim. Mais il compte parmi les légendes ! T.D.

Nuits d’Istres Du 2 au 14 juillet 04 42 81 76 00 www.istres.fr

Voici un nouveau venu qui devrait faire parler de lui. Le festival prend naissance derrière les remparts du Fort d’Entrecasteaux, qui n’est autre que la partie supérieure du fort SaintNicolas. Du 28 juin au 1er juillet, ce site exceptionnel sera foulé par les festivaliers amoureux du son mais aussi de lieux à ciel ouvert et idéalement placés ! La première édition de cet arsenal sonore s’annonce électro, pop, DJ et musiques mixées. La métissée Mneka et les extra-terrestres norvégiens Kakkmaddafakka annonceront la couleur (le 28 juin), Laurent Garnier, Dj Paul et leurs platines (le 29 juin), les superbes aixoises d’Andromakers et les hambourgeois explosifs Digitalism (le 30 juin) et les confirmés Pony Pony Run Run (le 1er juillet) feront vibrer les épais murs imaginés par Vauban pour surveiller Marseille. F.I.

Rock Island Du 28 au 1er juillet Fort d’Entrecasteaux, Marseille www.marseille-rockisland.fr Andromakers © X-D.R.


Le 20 juillet l’Orient Express Orchestra sera à l’heure pour un concert gratuit à ne pas rater à partir de 21h30. Pour précéder ce moment festif, la fanfare Wonderbrass (et sa mosaïque d’influences de l’Est et du Sud) mettra le feu dans une déambulation au cœur de la ville à partir de 19h. Et avant ? Autant se mettre en appétit lors de Musiques

à Gardanne avec Le pays des galéjeurs adapté par les Carboni, fidèles au poste, et le spectacle Ma guitare s’appelle reviens d’Yvan le Bolloc’h, le 30 juin. F.I.

Les Estivales Le 20 juillet 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr

Mus’iterranée Les jardins du Pavillon Vendôme accueilleront du 29 juin au 8 juillet un festival aux couleurs méditerranéennes qui a choisi ce site merveilleux pour sa troisième édition. Trois concerts et non des moindres : Saiko Nata entre classique et Afrique (28 juin), le très festif Por primera vez du Trio Fernandez (7 juillet) et la dualité classique/flamenco, création de Tchoune par Frasco Santiago (8 juillet). F.I. Mus’iterranée Les 29 juin, 7 et 8 juillet Pavillon Vendôme, Aix 08 92 692 694 www.laboiteamus.com Saiko Nata © Delphine Bertrand

Orient express orchestra © X-D.R

Estivales de Gardanne


24 FESTIVALS MUSIQUE ACTUELLE

Musiks à Manosque

Les Escapades de Font Robert Bat Point G © Matthieu Wassik

Le Parc de Drouille à Manosque accueille un festival haut en couleurs du 19 au 24 juillet. Le revenant Jimmy Cliff ouvrira les hostilités (19 juillet), suivi du pop rock de Puggy (20 juillet), du groove inédit de Caravan Palace (21 juillet), des indémodables toulousains de Zebda (22 juillet), du romantique Corneille (23 juillet) et de la révoltée néo-punk Izia (24 juillet). La gratuité des concerts est de mise pour cette 27e édition plus éclectique que jamais, pariant sur des valeurs sûres, et qui promet une semaine endiablée.

Les festivités de Font Robert des sont muées en Escapades… Les communes de Château-Arnoux/ Saint-Auban et Peyruis présentent à la Ferme deux jours de festival gratuit, différent, misant sur des couleurs sonores éloignées du mainstream. La compagnie Nine Spirit de Raphaël Imbert et son jazz festif (6 juillet) et la Guinée de Ba Cissoko, sans compter le hip-hop musette de Bat Point G (7 juillet) animeront le théâtre de verdure de la magnifique ferme de Font Robert, superbe édifice du XVIème siècle. F.I.

Les Escapades de Font Robert Du 5 au 7 juillet Château-Arnoux/Saint-Auban et Peyruis 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

FRÉDÉRIC ISOLETTA

Izia © Paul Schmidt

Lives au Pont Festival de musiques actuelles, Lives au Pont ne s’installe pas n’importe où. Le Pont du Gard accueille sous ses arches monumentales deux nuits exceptionnelles les 12 et 13 juillet. La seconde édition accueille entre autres Metronomy, Pony Pony Run Run, The Kills, Sébastien Tellier et Citizens pour une première soirée placée sous le signe du rock et de l’électro. Emilie Chick, De la Soul, Selah Sue, Breakbot et Birdy Nam Nam donneront le change le lendemain avec des couleurs soul et hip hop. La classe ! F.I.

Lives au Pont Les 12 et 13 juillet Plage rive droite, Pont du Gard 04 66 37 50 99 www.pontdugard.fr

Pony Pony Run Run © Victor Picon

Musiks à Manosque Du 19 au 24 juillet 04 92 70 34 19 www.adcalaffiche.fr

Avis de tempête d’étoiles La presqu’île paradisiaque du Gaou propose un festival digne des plus grands avec une programmation de stars Déjà quinze ans que la petite île reliée à Six-Fours par une passerelle accueille Les Voix du Gaou. Un festival de musiques actuelles majeur en terre varoise qui connaît, grâce à une programmation de poids lourds, un succès exponentiel. Dix soirées éclectiques

mêlent stars internationales, pointures de la scène française et artistes en devenir. C’était le cas de ShakaPonk, programmé en première partie de Motörhead, il y a quatre ans, et qui revient cet été en tête d’affiche, au côté de Sting, Gossip © Rankin

Gossip, Ben Harper, LMFAO, Arthur H, Lee Perry, The Rapture, Beat Assaillant, Anaïs, Brigitte et bien d’autres. Au total, une trentaine de concerts répartis sur deux scènes, juste audessous des étoiles. Petite sélection ? Gossip, c’est avant tout l’audace et le charisme de Beth Ditto, chanteuse hors-norme dont la gamme va de la soul au punk en passant par le gospel et le disco. À défaut de se renouveler, Sting réorchestre ses tubes -et surtout ceux de Police- sur les scènes du monde entier. Après une tournée avec un orchestre symphonique, il revient en formation plus adaptée et ce n’est jamais mauvais. Si vous ne connaissez pas encore Asaf Avidan, courez le découvrir. Avec une voix située quelque part entre Janis Joplin et Jeff Buckley, ce jeune représentant de la scène folk/rock israélienne peut provoquer quelques frissons. Avec Ben Harper, les frissons, on est habitué. Les amateurs de reggae sont bien servis avec une palette assez nuancée entre Alborosie,

Lee Perry ou encore Macka B. Ceux qui préfèrent les jeunes filles en auront aussi pour leur argent avec Anaïs, Irma et les duos féminins (féministes ?) Andromakers, Brigitte et Isaya. THOMAS DALICANTE

Les Voix du Gaou Du 16 au 28 juillet Île du Gaou, Six-Fours 04 91 80 10 89 www.voixdugaou.fr

Africa Fête

Les 29 et 30 juin, rendez vous au square Léon Blum sur la Canebière pour fêter l’Afrique. Cette huitième édition, gratuite de surcroit, vibrera aux rythmes de Kora Jazz Band, La Y Ka, Keloumake, Seydou Dramé, Sia Tolno et Demba Tandia. On n’oublie pas les afters au Mundo K’Fe et les masterclass d’Abdoulaye Kouyaté. F.I. www.africafete.com


FESTIVALS 25

Chromatiques Michel Jonasz © X-D.R.

Le festival de la couleur, ou les Chromatiques de Fos-sur-Mer vous donnent rendez-vous du 5 au 8 juillet. Comme tous les ans depuis 2005, la ville se pare d’une couleur particulière, le turquoise cet été, pour une Fos histoire à suivre et à vivre pendant 4 jours sous la houlette de Sydney Production. Dès 18h01 le 5 juillet, en voiture avec la Parade Turquoise, ou encore la Fos-histoire d’Ulysse (22h31). Démonstration et activité de cerfs-volants à 13h02 pétante, et concert de Michel Jonasz à la Villa des Pins à…. 22h02 le 6 juillet. Apéro jazz manouche, zumba et soirée Ibiza le 7 juillet en attendant, le lendemain (8 juillet), le village des chromatiques à 17h04, l’Harmonie Turquoise (18h34) et le spectacle pyrotechnique sonorisé sur les rives de l’étang de l’Estomac dès 22h34 ! Si vous voulez croiser la Compagnie Soukha, la Compagnie Calorifère, Fan de Boucan, le Claude Saragossa Orchestra, les Flangers, les Vaguabondes, la Compagnie CME ou encore la Compagnie Ek Lek Tik, rendez vous à Fos ! F.I.

Les Chromatiques de Fos du 5 au 8 juillet 04 42 47 71 96 www.leschromatiques.fr

Salon de musique Carmina Burana, Laurent Voulzy, Les Têtes raides, Nolwenn Leroy… Le château de l’Empéri ressemblerait presque à l’Olympia ! Salon-de-Provence et sa forteresse du XIe siècle accueillent l’œuvre monumentale de Carl Off le 15 juillet, interprétée par cent choristes, accompagnés de deux pianos et six percussions. La chanson française reprendra ses droits avec l’éternel compagnon de route d’Alain Souchon qui vient présenter les titres de son dernier album Lys and Love (le 17 juillet). Avec ce disque, Laurent Voulzy sort enfin de ses compilations de reprises et prend le risque d’expérimenter. Les inconditionnels de Rockollection, Belle-Île-en mer et autre Le soleil donne n’ont pas de souci à se faire, les tubes de l’auteur à succès ne manquent pas à l’appel. Changement de registre avec les Têtes raides (le

20 juillet), figure de proue de la chanson à textes issue du rock alternatif. Eux aussi dotés d’un nouvel opus, L’an demain, un album «plus personnel dans l’écriture, moins frontal politiquement, plus poétique», selon les mots du chanteur Christian Olivier. À noter ou pas, la venue de Nolwenn Leroy (le 27 juillet), ex star-académicienne, qui a trouvé un bon filon commercial en se réappropriant le répertoire traditionnel de sa région d’origine, la Bretagne. THOMAS DALICANTE

Scènes à l’Emperi Les 15, 17, 20 et 27 juillet Salon-de-Provence 04 90 56 00 82 www.salondeprovence.fr

Musique en plein air «Partager le plaisir de la musique, créer des moments de rencontres et d’échanges entre les habitants des différentes communes et mettre en scène des artistes du territoire», tel était le souhait des élus d’Agglopole Provence lorsqu’ils créèrent Les Musicales en 2005. Et force est de constater que la manifestation est appréciée des habitants des 17 communes concernées, avec plus de 2900 spectateurs ayant assisté aux concerts gratuits l’été dernier. Jusqu’au 12 juillet, jazz, musiques du monde et musiques actuelles transforment les places, parvis et théâtres de verdure en scènes de plein air : le jazz manouche de Made In se posera à Alleins et Saint-Chamas, celui de Cesar Swing à Aurons ; la rumba congolaise de Papa Dickinson à Pelissanne; du jazz vocal avec Doodlin’ à La Fare et Velaux, et avec Jazzmin 4tet à Vernègues ; du reggae avec Jo Corbeau à Eyguières et avec Amandla à Charleval ; les airs latino de Caminos enchanteront Lançon, et clôtureront le festival à Salon, avec des invités ! DO.M.

Les Musicales Jusqu’au 12 juillet Agglopole Provence 04 90 44 85 85 www.agglopole-provence.fr Doodlin' © X-D.R.


26 FESTIVALS JAZZ | DU MONDE

Sous les platanes Dave Holland © Drew Goren

Un des premiers rendez-vous jazz de l’été prend ses aises à Vitrolles, pour un festival à taille humaine, au caractère vraiment singulier, garantissant un accueil détendu du public et une programmation musicale de grande qualité. Accès aux personnes à mobilité réduite, parking, restauration, le Parc du Domaine de Fontblanche est un lieu chargé de bonnes ondes ! Par la présence des gardiens géants que sont les platanes pluricentenaires, ce havre propice offre une excellente écoute et une liberté de circulation autour des événements qui se succèdent durant les soirées. Trois jours d’une programmation musicale d’excep tion durant lesquels on aura l’occasion de faire le plein de découvertes. De plus l’association Charlie Free et le collectif d’artistes Candela présentent des installations d’art contemporain qui augmentent d’autant la dimension poétique du lieu, pour une plus grande ouverture culturelle et dans le but de mettre en évidence des passerelles entre musique jazz et expression plastique. Au programme : Le 6 juillet dès 19h : un 4tet en fanfare, La Nouvelle collection déambule dans le parc. À 21h la pianiste Perrine Mansuy en 4tet avec la chanteuse

Marion Rampal pour Vertigo Songs. À 22h15 la formation Electric «Prism» avec le contrebassiste Dave Holland, le personnage emblématique de la soirée avec Craig Taborn au piano et Fender Rhodes, Kevin Eubanks à la guitare et Eric Harland à la batterie. Le 7 juillet dès 18h les 4 musiciens explosifs d’Actuum, puis à 19h30 Sardar Orkestra, un sextet avec Christophe Leloil, Fabien Genais, Fred Pichot..., à 21h un jazz des Balkans en compagnie de la chanteuse Elina Duni 4tet et à 22h15 la tradition soufi revisitée avec le oud et la voix de Dhafer Youssef en 4tet. Le 8 juillet dès 18h les 110 éléments en musique par le 4tet La Table de Mendeleïev, à 19h30 7 musiciens-comédiens décalés de la Rhinofanpharyngite, à 21h la jeune et talentueuse violoniste Fiona Monbet 5tet…. une grande surprise ! Et à 22h30 le jazz gitan d’aujourd’hui avec le 5tet d’Angelo Debarre clôturera ce Festival. DAN WARZY

Charlie Jazz Festival Du 6 au 8 juillet Vitrolles 04 42 79 63 60 www.charliejazzfestival.com

Jazz îlien

Saint Raph’ 31

King Pleasure © Merlin Daleman

Sarah Quintana © Bob Coscarelli

De belles surprises et des moments de grâce sont attendus lors du 11e Festival de Jazz de Porquerolles. Dès le 10 juillet, dans le Fort St Agathe, Benjamin Sanz, un batteur impétueux et son 4tet donnera le départ du festival suivi par un géant, Gregory Porter en quartet avec Stéphane Belmondo. Le 11 juillet, Sarah Quintana évoquera par sa voix la Louisiane d’aujourd’hui. Fusion de jazz et de percussions latines ensuite avec le 5tet de Marc Ribot y Los Cubanos Postizos. Le 12 juillet, 30 minutes pour convaincre public et jury, pour le vainqueur du Tremplin Jazz à venir (voir Zib 52). Seconde partie de la soirée avec Anthony Joseph & the Spasm Band auquels se joindra Archie Shepp dans un funk libertaire aux inspirations multiples. Le 13 juillet, le 4tet Palatino piloté par Aldo Romano suivi de Francesco Bearzatti dans un hommage, sauce rock-décalée, à Thelonius Monk. Le 14 juillet, de la flûte de Michel Edelin avec le trio Kuntu, sortiront encore des solos uniques. Et

Marc Ribot © Barbara Rigon

apparaîtra ensuite la chanteuse de blues et de gospel La Velle et ses musiciens qui accueilleront à nouveau Archie Shepp vers un feu d’artifice rivalisant avec les étoiles. De nombreuses animations sont également prévues durant la journée ainsi que des événements autour de Lady Day à la Médiathèque de Hyères. DAN WARZY

Le prix de la place comprend la traversée en bateau au départ de la Tour Fondue Jazz à Porquerolles Du 10 au 14 juillet 06 31 79 81 90 www.jazzaporquerolles.org

Quatre jours durant, pas un quartier de la ville de Saint-Raphaël ne sera oublié et se verra dynamisé par les déambulations de fanfares ou de concerts de jazz, en soirée et même après, l’after, à la salle Félix Martin pour les amoureux de la nuit. C’est la 31e édition du Festival des Jazz. Le 5 juillet, projection du film Swing Ciné au cinéma Le Lido. Série de concerts «Jazz sous l’Olivier» à 19h sur le parvis des Templiers avec The Jazz Spirituals (6 juillet) et GoualchTrio (7 juillet), suivi à 21h30 du concert au Jardin Bonaparte des King pleasure & the Biscuits Boys (6 juillet) et Craig Adams (7 juillet). Dernier jour (8 juillet), animation par le Brass Band sur le port Santa Lucia à 19h30. Le concert de clôture sur l’agora du Palais des Congrès sera assuré par le Big Band Nice Jazz Orchestra. D.W.

Festival des Jazz Du 5 au 8 juillet Saint-Raphaël 04 94 82 15 00 www.ville-saintraphael.fr


Chouette ! une heure de cours ! Antoine Hervé © Philippe Levy

style d’un musicien au travers de récits de vie, d’analyse de technique et de langage, avec une grande efficacité démonstrative, toujours agrémentée d’une pointe d’humour. Pour les amateurs curieux et les mélomanes avertis ! D.W.

La Leçon de jazz Du 8 au 28 juillet à 18h30 Le Blues et le Boogie les dimanches Oscar Peterson les lundis Bill Evans les mardis Thelonius Monk les mercredis Duke Ellington les jeudis Dave Brubeck les vendredis Keith Jarrett les samedis La Manutention, Avignon 04 90 860 861 www.jazzalajmi.com www.antoineherve.com

Durant le Off d’Avignon, La Manutention propose dans les locaux de l’AJMI une série de concerts-performance réalisé par le pianiste Antoine Hervé. Ceux-ci consistent à faire appréhender l’art de grands jazzmen tels Bill Evans, McCoy Tyner, Duke Ellington, Keith Jarrett, Oscar Peterson ou encore le blues ou le boogie. Les leçons de jazz d’Antoine Hervé, qui ont fait l’objet d’enregistrements, de plusieurs DVD, abordent le

La Seyne-sur-Caraïbes Le Fort Napoléon transformé en Casa de la musica, ces lieux emblématiques de la culture cubaine ? C’est en tous cas l’esprit de la treizième édition du festival cubain organisé par l’association Bayamo, du 16 au 22 juillet, à La Seyne-sur-Mer. Bayamo, c’est aussi le nom d’une ville de la partie orientale de l’île qui a donné son nom à l’hymne national, La Bayamesa. La scène centrale accueillera les concerts de Habana D’Primera, Alain Daniel, Gente de Zona, Pupy y los que Son Son ou encore Caña Santa et son invité Eriberto Cruz. Une multitude d’autres animations sont proposées comme des expositions de peinture et de photographies avec des artistes contemporains cubains ainsi que des conférences sur l’histoire de la musique ou la religion. Sans oublier les stages de pratique artistique qui font partie de l’art de vivre de l’île : percussions cubaines, son, salsa, yoruba (danse afro-cubaine). Fidèle au sens illimité des Cubains pour la fête,

Gente De Zona © Mario Leclere

chaque concert se poursuit par un after au Capitole, avec DJ et mojitos. Mais attention, les fumeurs de Havane devront rester en terrasse ! THOMAS DALICANTE

Festival cubain 06 28 90 24 76 www.bayamo.fr

Maussane cubain Les rythmes latinos vont retentir le 29 juin à Maussane le temps d’une Fiesta de Cuba. La musique cubaine est l’invitée d’honneur avec le groupe Son Trinidad, du nom d’une célèbre ville au centre de l’île de la révolution. Musiciens et chanteurs, Sista Monica © X-D.R.

les membres de cette formation offrent une interprétation assez personnelle du son cubain, notamment dans l’utilisation des percussions. Sous la direction d’Adiel Castillo Aguilera, le septet propose des compositions originales qui nous plongent dans les ambiances uniques de ce coin des Caraïbes. Invitation à la danse et au partage, «Fiesta de Cuba» est la première des cinq soirées du Festival des Alpilles, qui se poursuivra le 12 juillet par une soirée blues avec Sista Monica et Godfathers, à Lamanon. T.D.

Festival des Alpilles Du 29 juin au 23 août 04 90 54 85 65 www.festival.alpilles.fr


28

FESTIVALS

LYRIQUE | SYMPHONIQUE

Les Illustres, les exhumés et les polymorphes Le Festival d’Aix est attendu par les curieux d’opéras appréciant les belles voix, mais aimant aussi découvrir des lectures originales du répertoire par de grands metteurs en scène À Aix, Mozart est toujours à l’honneur ! On affiche deux opus du Salzbourgeois. D’abord un monument : Les Noces de Figaro enluminées par les touches baroquisantes du Cercle de l’Harmonie (orchestre) et des Arts Florissants (chœur) dirigés par Jérémie Rohrer. Les décors sont signés Chantal Thomas pour une mise en scène de Richard Brunel. On y entend, entre autres, le baryton Paolo Szot (Le Comte), la soprano Patricia Petibon (Suzanne) ou la basse Mario Luperi (Bartolo)… La Finta Giardiniera (La Fausse Jardinière) est bien moins courue. L’opéra buffa fut composé alors que Wolfgang n’avait que 18 ans. On découvre cet ouvrage rare dirigé par Andreas Spering et mis en scène par Vincent Boussard. La sphère baroque croule en l’ère Bernard Foccroulle ! David et Jonathas de Marc-Antoine Charpentier est dirigé par l’inusable William Christie, quand Andreas Homoki propose une version scénique exceptionnelle de la tragédie biblique exhumée en 1981 après trois siècles d’oubli. On attend ce que donneront les chanteurs et musiciens de l’Académie baroque européenne d’Ambronay (dir. Leonardo Garcia Alarcon) dans la farce en un acte La cambiale di matrimonio de Rossini, mise en espace par Stephan Grögler, comme ceux de l’Aca-

Le London Symphony Orchestra en concert au GTP © JC Carbonne

démie européenne de Musique dans la fantaisie lyrique de Ravel/Colette : L’Enfant et les Sortilèges (direction musicale Didier Puntos et mise en scène Arnaud Meunier). Fidèle à sa mission de création d’un répertoire contemporain, la manifestation propose deux productions : George Benjamin dirige le Mahler Chamber Orchestra et son propre opéra Written on Skin, inspiré d’une légende occitane du XIIe siècle, alors qu’on découvre un opus tiré de l’histoire des Black Panthers, né de la rencontre d’artistes, collectif polymorphe réuni autour du plasticien Jean-Michel Bruyère : Une Situation Huey P.Newton.

Les concerts À côté des opéras, le festival propose de magnifiques concerts, souvent plus abordables. On se bousculera à nouveau pour écouter le London Symphony Orchestra dirigé par Valery Gergiev : deux soirées où l’on entend le violon de Nicolaj Znaider (Concerto de Tchaïkovski) et la soprano Renée Fleming ! Les Arts Florissants sous les baguettes de William Christie et Paul Agnew font chanter le baroque français de Charpentier, Lully, Rameau… Le Mahler

Chamber Orchestra avec Pierre-Laurent Aimard, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (dir. François Xavier Roth) et le baryton Thomas Dolié complètent le versant symphonique du programme. Les récitals ou la musique chambre parachèvent l’affiche avec Michel Bouvard (orgue), Marc Coppey (violoncelle), Béatrice Martin (clavecin), Mari Eriksmoen (soprano), Eric Le Sage et Frank Braley (pianos), Alexandre Tharaud dans une Nuit Ravel avec le Trio Dali, une Soirée Satie (mise en scène Jean Bellorini), et des musiques du monde andalouses ou d’Azerbaïdjan… Le festival accompagne enfin des jeunes talents, comme les Lauréats HSBC de l’Académie Européenne de Musique, véritable foyer d’artistes lyriques qu’on découvre en juillet. JACQUES FRESCHEL

Festival International d’Art Lyrique Du 5 au 27 juillet Aix-en-Provence 08 20 922 923 www.festival-aix.com

Tournée fantastique Pour son périple estival au pays de Cézanne, l’Orchestre Philharmonique du Pays d’Aix (dir. Jacques

Chalmeau) présente un fleuron du romantisme musical. En 1830, Hector Berlioz, amoureux d’une actrice © Agnès Mellon

irlandaise, imagine une œuvre en partie autobiographique. Il décrit, en musique, les affres et délires d’un artiste obnubilé par la passion amoureuse. C’est une sorte de poème symphonique, épousant le cadre d’une structure sonate en cinq mouvements, où l’irrationnel prend le pas sur le réel. Dans sa Symphonie fantastique résonnent les rêveries du héros romantique, sa fatale solitude, les arpèges de harpes d’un bal fantasmé et le cauchemar psychédélique d’un crime passionnel conduisant au «supplice», vers les coups funèbres et diaboliques d’un Dies Irae délirant… L’entrée est libre, et le plaisir sonore garanti ! J.F.

Place de l’Archevêché. Aix. Le 21 juin Château-Bas. Mimet. Le 22 juin Jardins d’Albertas. Bouc-Bel-Air. Le 26 juin Ecole maternelle. Jouques. Le 27 juin Parc du Château. Le Tholonet. Le 29 juin Théâtre de Verdure. Peynier. Le 30 juin Cour du Château. Trets. Le 4 juillet Théâtre de Verdure. Vauvenargues. Le 7 juillet Château de Garidel. Coudoux Le 8 juillet Concerts à 21h www.legrandtheatre.net www.orchestre-philharmoniqueaix.com



30 FESTIVALS LYRIQUE | SYMPHONIQUE | CHAMBRE

Harmonies varoises Tour Royale à Toulon). Retour sur les fortifications de Six-Fours pour les polyphonies sacrées et profanes du Chœur d’hommes de Sartène dirigé par Jean-Paul Poletti (le 7 juillet à 21h. Collégiale St-Pierre à Six-Fours). On fait enfin un dernier aller-retour pour deux grands interprètes français : Laurent Korcia au violon (Les Quatre Saisons le 10 juillet à 21h30. Tour Royale à Toulon) et Gautier Capuçon au violoncelle pour un programme concertant (le 16 juillet à 21h. Collégiale St-Pierre à Six-Fours).

Le King’s Consort, la soprano Sophie Junker interprètent des extraits d’opéras de Haendel en compagnie de Crispian Steele-Perkins, spécialiste de la trompette baroque (Les grandes héroïnes de Haendel le 26 juin à 21h. Collégiale St-Pierre à Six-Fours). On part du côté de l’Argentine, par le périphérique sur les hauteurs de Toulon, pour un voyage au son du bandonéon du Quatuor Caliente, de la voix de Sandra Rumolino, du «Tango nuevo» de Piazzolla et consort (le 30 juin à 21h30. Théâtre de Verdure au Faron). On descend vers la Tour Royale pour entendre Philippe Cassard : au piano il joue, analyse et commente les quatre Impromptus D.935 de Schubert et autant de pièces de Debussy liées au thème de l’eau (le 4 juillet à 21h30.

JACQUES FRESCHEL

62e Festival estival de Toulon Jusqu’au 16 juillet 04 94 93 55 45 www.festivalmusiquetoulon.com

Dans un lieu exceptionnel, le Couvent des Minimes à Pourrières, au pied de la Sainte Baume, des bénévoles ont su convaincre de jeunes artistes professionnels de donner un second souffle à des ouvrages oubliés. Depuis 2005, le miracle a lieu. Des repas à thèmes sous les marronniers complices, impliquant les habitants du village et de la région, précèderont cette année deux ouvrages lyriques qui illustreront l’historique Guerre des Bouffons, qui orienta le genre : l’opera buffa italien, mélodique et léger défendu par Rousseau, s’y opposait à la tragédie lyrique française, élégante et plus sérieuse, défendue par Rameau. La Servante Maîtresse de Pergolèse et Le Tableau parlant de Grétry sont

Monique Borelli © X-D.R.

Réinventer l’opéra champêtre

Philippe Cassard © Vincent Catala

Le Festival estival 2012 se poursuit à Toulon et Six-Fours pour une belle série de concerts

deux ouvrages assez courts, qui seront présentés successivement chaque soir. Luc Coadou, à la direction et Bernard Grimonet, à la mise en scène, donneront l’élan nécessaire aux instruments et aux jeunes chanteurs pour sortir de cette querelle et apprécier l’univers musical de ces deux œuvres, miroirs de clichés qui souvent perdurent... YVES BERGÉ

L’Opéra au Village Pourrières, Var Les 16, 18, 20, 22, 24 juillet à 20 h 04 94 78 50 35 www.loperaauvillage.fr

Solenne Paidassi © Alexandre Moulard

Accords en pastorale Le festival Musique à la Ferme s’étale désormais sur une dizaine de jours, et investit divers lieux du Lançonnais. L’ancienne bergerie du domaine de Château-Virant accueille trois concerts (11, 13 et 15 juillet). Au programme : les Variations Goldberg de Bach dans une transcription pour trio à cordes, un récital du contre-ténor Théophile Alexandre et des Sonates de Mozart lues à la lumière baroque par Alice Pierrot (violon baroque) et Jean-Marc Aymes (clavecin).

On fait quelques kilomètres pour entendre un répertoire hispanique dans lequel la chanteuse Françoise Atlan s’associe au guitariste flamenco Juan Carmona pour mêler Falla et Lorca (Le 12 juillet, Maison de retraite StJean, La Fare-les-Oliviers). Un spectacle jeune public (Flûte, petit piano et grands enfants. Les 19 et 20 juillet à 11h, Médiathèque du Roulage) et les traditionnels concerts de musique de chambre (17, 19 et 21 juillet, Grange de la Chèvrerie) avec

Solenne Paidassi, Laurent Wagschal ou Amanda Favier, complètent une affiche à vivre dans une ambiance bucolique ! J.F.

5e festival Musique à la Ferme Pays Lançonnais Du 11 au 21 juillet 04 90 45 71 32 www.musiquealaferme.com



32 FESTIVALS LYRIQUE | SYMPHONIQUE | CHAMBRE

Le millésime et les années 21h30. Enfin un Concert lyrique : Diana Damrau, soprano, Béatrice Uria-Monzon, mezzo-soprano, l’orchestre National de France, direction Michel Plasson, le 30 juillet 21h30. On ne peut que regretter le peu de subventions accordées par la Ville d’Orange depuis leur retrait total en 2004 après l’élection du FN : la ville vit très largement de l’argent des festivaliers et devrait, selon toute bonne logique, permettre au Festival de sortir (aussi) de cet éternel répertoire, pour proposer des aventures lyriques créatives qui emmènerait son public loin du ressassement, et de ses délices surannés. YVES BERGÉ ET AGNÈS FRESCHEL Inva Mula © Berisha

Les Chorégies d’Orange, condamnées à un autofinancement massif (80%), et donc au succès populaire dans un amphithéâtre sublime et immense, continuent de jouer le rôle de diffuseur constant d’un répertoire inamovible… qu’on goûte chaque année avec autant de plaisir comme une madeleine qui n’est jamais rance, et ne perd pas sa saveur. Les plateaux sont si beaux ! Au programme donc deux opéras de Puccini : Bohême (Inva Mulla, Vittorio Grigolo, Ludovic Tézier…), avec l’orchestre Philarmonique de Radio-France, direction Myung Whun Chung, les 7 et 10 juillet 21h45, Turandot (Lise Lindstrom, Roberto Alagna, Maria Luigi Borsi…), où l’ONF est dirigé par Michel Plasson, les 28 et 31 juillet 21h30. Pour compléter, le Requiem de Mozart, direction Myung Whun Chung, le 13 juillet 21h45, et la Petite Messe Solennelle de Rossini, direction Samuel Coquard avec son chœur Asmara, les 20 et 21 juillet

Les Chorégies d’Orange 04 90 34 24 24 www.choregies.asso.fr

Deux rendez-vous musicaux magnifient les jardins d’Albertas à Bouc-Bel-Air Classés Monument Historique, les jardins de BoucBel-Air associent «à la grande tradition des jardins italiens de la renaissance, l’esprit du jardin à la française et une adaptation aux contraintes du climat provençal». Naturellement organisé comme un théâtre, avec ses promenades encadrant une succession de terrasses, le jardin constitue un écrin idéal pour des concerts de plein air. En 2012, les bosquets, son parterre et son potager, résonnent aux sons percutés du duo de piano Zarifian & Bukudjian (le 27

Orchestre philharmonique du Pays d'Aix dans les jardins d'Albertas © X-D.R.

Jardins enchantés

juin à 21h30) dans Ravel (La Valse, Rapsodie Espagnole), Falla (Danse rituelle du feu) Tchaïkovski (Casse-noisette) et Rachmaninov (Suite n°2). La veille, c’est l’Orchestre Philharmonique du Pays d’Aix (voir p.28) qui enchante, aux accords de Berlioz et Beethoven, les allées de marronniers conduisant au grand canal, à la grotte ou «au bassin des dixsept jets, chef-d’œuvre de l’art des fontaines en France» (le 26 juin à 21h). JACQUES FRESCHEL

Rendez-vous d’Albertas Du 26 juin au 1er juillet Bouc-Bel-Air 04 42 22 94 71 www.jardinsalbertas.com

Cimes traversières Dans les Hautes-Alpes, sur le territoire de la Vallée du Champsaur et du massif des Écrins, le festival de Chaillol donne à entendre toutes les musiques, du classique au jazz, en passant par le tango et les musiques du monde… Du jazz lyrique en ouverture, pour un Round about Bill, des standards de Bill Evans arrangés par Manuel Rocheman, qui est aussi au piano, et le baryton Laurent Naouri. Du romantique qui traverse les siècles avec une carte blanche à Ivan Solano, compositeur et clarinettiste espagnol qui propose un récital composé autour de la Sonate de Johannes Brahms et des pièces pour clarinette et piano de François Meïmoun (compositeur en résidence à Chaillol en 2012, que l’on retrouve au fil des jours dans la programmation) ; et en clôture avec le Quatuor Ardeo, Ingrid Schoenlaub au violoncelle et Manuel Hoffer à

tandis que le quatuor Ardeo joue Mozart, Dutilleux et Meïmoun. Avec Signes & Songs, l’Ensemble C Barré va chercher les échos de l’ouest américain, du folk, du blues et du cante jondo en jouant Maurice Ohana, Georges Crumb et François Meïmoun. Mais on entendra aussi de la musique traditionnelle avec le projet des Boutières Argentines sur des compositions originales d’Alfonso Pacin, de la musique orientale avec Ahmad Al Khatib et Youssef Hbeisch, du tango argentin avec Como un tren, quinteto el despues, du bandoneon avec Victor Villena… DO.M. quatuor Ardeo © Maia Brami

l’alto dans un répertoire qui mêle Brahms, Meïmoun et Mahler. Autre voyage par-dessus les siècles avec le saxophoniste Joël Versavaud

qui propose de subtiles correspondances entre les répertoires contemporain de François Narboni, Georges Bœuf et Philippe Hersant et baroque de Bach,

Festival de Chaillol Du 19 juillet au 12 août 04 92 50 13 90 www.festivaldechaillol.com



34 FESTIVALS CHAMBRE | RÉCITALS

Orchestre, piano, littérature… Au Tholonet, l’été 2012 double son affiche en associant le traditionnel festival Autour des claviers au Festival de Chorales du Pays d’Aix Francois-Rene Duchable et Alain Carre © X-D.R.

Si le parc du château accueille, en ouverture exceptionnelle et gratuite, l’Orchestre Philharmonique du Pays d’Aix (le 29 juin à 21h) pour un beau programme romantique (voir p.29), on retrouve le couple François-René Duchâble (piano) & Alain Carré (comédien) pour un spectacle mêlant musique et littérature à l’occasion du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau (Rousseau et le Romantisme le 30 juin à 17h. Église St-Joseph). Dans le même esprit, mais davantage conçu pour un jeune public, et à nouveau en entrée libre, la pianiste Sarah Lavaud et Bertrand Périer (récitant) sont mis en scène par Marie Tikova pour un spectacle ou texte et musique se croisent autour de la fameuse parabole de Saint-Exupéry (Le Petit Prince le 1er juillet à 21h. Parc du Château). Des chorales d’Apt, du Tholonet, de Marseille, Aubais, du Lubéron, La Ciotat et Fréjus rivalisent et vocalisent en alternance (le 30 juin à 20h45, le 1er juillet à 20h30 et 22h30. Parc du château). JACQUES FRESCHEL

Autour des Claviers Du 29 juin au 1er juillet Le Tholonet 04 42 96 96 96 www.autourdesclaviers.com

Musique patrimoniale

Mi, la, ré, sol, si…

J.F.

12e Festival international de guitare Lambesc Du 1er au 7 juillet 04 42 92 44 51 www.festivalguitare-lambesc.com

Quatre concerts au programme du festival baroque des Festes d’Orphée dirigé par Guy Laurent ! Les solistes et le Chœur, l’ensemble instrumental du groupe aixois interprètent dans d’agréables concerts à 18h des œuvres de Campra, Vallière et Félicien David (« Grands Chœur » le 7 juillet), des pièces françaises de Dufay à Milhaud (le 8 juillet), des « Petits motets » de Campra (le 10 juillet) et des Divertissement issus du patrimoine provençal de Gautier ou Villeneuve (le 12 juillet). En complément, une «conférence illustrée» s’articule autour d’une recréation aixoise : Les Muses de Campra (le 7 juillet à 16h). J.F.

Jorge Cardoso © Elodie Bidault

À Lambesc, durant la première semaine de juillet, les cordes des guitares résonnent au Château Pontet Bagatelle. Une pléiade d’artistes se produit autour du directeur artistique du festival, le compositeur et virtuose Jorge Cardoso. Autour de partitions classiques d’Albéniz, Sor, Falla, Tarrega ou Dowland, de pages plus rares, voire du chôro brésilien, on entend des hommages particuliers à Federico Garcia Lorca (le 3 juillet), à Louis Davalle, considéré comme le «fondateur de l’école marseillaise de guitare» (le 4 juillet), avant le traditionnel concert de clôture réunissant tous les artistes (le 7 juillet).

16e festival Aix-en Baroque Chapelle du Sacré-Cœur 04 42 99 37 11 www.orphee.org

L’abbaye enchantée Silvacane est l’une des trois abbayes cisterciennes de Provence. Située sur la commune de La Roque d’Anthéron, son architecture résonne moins souvent que sa sœur varoise, au Thoronet, des harmonies vocales, musiques anciennes qui font chanter la pierre blanche des voûtes en berceau. Le programme des Voix de Silvacane, ambitieux, rétablit un juste équilibre : il fait appel à des artistes renommés, en phase avec le style architectural, comme Dominique Vellard ou Marcel Pérès, avec le monde

Dominique Vellard et Ken Zuckerman © X-D.R.

Un nouveau festival, Les Voix de Silvacane valorise l’édifice patrimonial autour de la fête de la Saint-Jean

sacré libanais de Sœur Marie Keyrouz, l’Inde de Sudha Ragunathan, l’Italie traditionnelle de Lucilla Galeazzi, jusqu’au soprano de Monique Zanetti nimbée de violes baroques, au claveciniste Nicolau de Figueiredo, à l’Académie européenne de musique du Festival d’Aix, aux chanteurs du Conservatoire Darius Milhaud… Trois journées conviviales de concerts et master-classes ! J.F.

Les Voix de Silvacane Du 22 au 24 juin 04 42 50 41 69 www.abbaye-sylvacane.com



36 THÉÂTRE/CIRQUE GRASSE | DAKI LING | AVIGNON | LA FRICHE | LE TOURSKY

Craquant !

N’arrêtez pas vos clowneries © X-D.R.

CLARISSE GUICHARD

© Phile Deprez

Cerise sur le gâteau, le voilà tout chocolat : busteréplique de Don Giovanni et vengeance ultime des trois «donne», le plat se mangera... fondu aux cris du libertin subissant les flammes de l‘enfer. Les tablées ogresses se lèchent les babines voluptueusement ravies de cette bonne idée ! MARIE JO DHO

Opera Buffa, création de la Cie Laïka et Muziektheater Transparant (Belgique) a été dégusté du 14 au 16 juin à la Friche dans la salle de la Cartonnerie.

À retrouver en sept 2013 pour Cuisines en Friche, festival pluridisciplinaire dédié à la gastronomie.

Fellag royal L’humoriste d’origine algérienne dresse un tableau revigorant de la diversité à la française Plus piquant qu’un Popeck et à l’opposé d’un Dieudonné porteur de haines, Fellag n’a pas l’humour communautaire. L’Algérien installé à Paris depuis 1995 observe à la loupe les travers et © Denis Rouvre

En clôture de son festival Tendance Clown, le Daki Ling a investi la Scène nationale de son partenaire, la Scène nationale du Merlan. Et pour l’occasion la compagnie belge Okidok a présenté sur deux jours deux spectacles de son répertoire. Le 26 mai la salle pleine d’un public averti accueille les deux clowns d’une présence incroyable. Leurs larges chemises blanches et leurs chaussures démesurées à la Tex Avery les situe d’emblée dans la tradition burlesque. Ha Ha Ha, leur spectacle, s’articule sous la forme d’une série de sketches où les deux compères particulièrement espiègles vont blaguer, gaffer, détourner, performer avec un ballon, des cartons, une porte, une carotte, un chapiteau et une barrière. De vrais instants magiques : le rythme est juste, la mécanique bien huilée… les gestes, les mimiques, les acrobaties sont précis et laissent deviner une complicité exemplaire. La parole est rare mais on y entend du coup chacune des répliques, drôles souvent, parfois touchantes, comme les clowns savent être tendres. Improvisateurs aussi, lorsque qu’un spectateur en retard vient se placer au premier rang. Attrapé en flagrant délit, il est interpellé sans être importuné par une participation active imposée. L’intervention, menée avec délicatesse et empathie, laisse le public sous le charme de ce délire fortuit. Puis un salut «hip hop», vrai spectacle en soi, sans fin, car ni les clowns ni les spectateurs n’ont envie de quitter la salle. Ils ont adoptés l’endroit, et sont chez eux.

Un peu foutraque et tiré par les cheveux ce Don Giovanni comestible venu d’Anvers proposé par les Grandes Tables et la Friche... mais effectivement savoureux dans ses tentatives d’approcher de manière tangible les plaisirs des sens. Dans cette adaptation libre et culinaire de son opéra par Jo Roets et Peter de Bie, Wolfang Amadeus aurait reconnu les siens : son héros éponyme est maîtrequeux (un coq quoi) dans un grand restaurant et aile ou cuisse, tout lui est bon ! C’est dans la cuisine qu’il œuvre, dont les passe-plats bien échancrés laissent entrevoir des mains qui cisèlent du persil tandis que d’autres délacent des corsages ! Sur le toit un trio musicien joue légèrement une composition pour violon, orgue Hammond et guitare basse concoctée à base d’airs connus. Bonne surprise, les voix des jeunes chanteurs sont fraîches et le flamand sied à la galanterie autant qu’à l’invective ; les spectateursconvives ouvrent aussi en cadence la bouche pour jouer des papilles au rythme des péripéties et croquent la «lista» du «Velouté de châtaignes amandes émincées» aux «chouquettes chantilly» : Elvira, Anna et Zerline, servantes de charme, tour à tour succombent ou manient le couteau de cuisine ; le sang du séducteur impénitent blessé au bras coule, incursion malicieuse de l’Opéra de quat’sous ! Et le commandeur dans tout ça ?

petites manies de ses contemporains, au croisement d’une double culture. Du pays où il est né et de celui où il vit, Fellag ne tire que le meilleur : cette capacité à vivre ensemble, non sans accroc mais souvent avec une profonde humanité. Dans son dernier spectacle, Petits chocs des civilisations, le conteur porte la tenue d’un chef cuisinier. Au menu, couscous. Le plat préféré des Français, selon un sondage que l’on aimerait croire. Au fil des anecdotes, Fellag fait mijoter la recette de la réconciliation entre les peuples, persuadé que derrière les résultats des urnes, les clichés, les peurs fabriquées, se cache une affection réciproque entre les deux rives de la Méditerranée. Du récit de son arrivée en France en pleine vague d’attentats à la pluie de semoule qui s’abat sur scène pour clore son spectacle, l’acteur provoque le rire autant que l’émotion. Derrière ses fourneaux, il nous fait savourer, avec une autodérision assumée, ses espoirs de fraternité et son amour de la langue française qui nous unit, de Tizi-Ouzou à la Belle de Mai. Une antithèse efficace à la théorie réactionnaire du choc des civilisations. THOMAS DALICANTE

Fellag a joué du 22 au 26 mai au Toursky


À la bonne heure ! «Le bonheur n’est pas un état passif, c’est un acte» selon le philosophe de la joie Robert Misrahi, inspirateur d’un délicieux objet théâtral, mené par Alain Timar, Pauline Méreuze et Paul Camus. Bonheur titre provisoire est une enquête ouverte sur un sujet par nature indéfinissable, une petite bouffée anti-anxiogène qui nous remplit de sens et de matières à réflexions. Ni donneurs de leçon, ni imposteurs, les investigateurs jouent sous leur propre identité, nous incluent dans le mouvement d’une forme savoureusement libre, dressent la table de leurs interrogations, creusent de façon détournée dans la pensée philosophique, et

s’emploient à définir les contours, parfois extrêmes, de cette quête universelle. Si l’ardente Pauline, la figure dépressive, dévoile un jeu/je d’une intensité souvent débordante, Paul, le poète, écoute, tempère, entre doucement dans la danse du langage et libère la tension dramatique. Alain, passant de l’ombre à la lumière avec un plaisir manifeste, redéfinit sur une toile géante, à coups de rouleaux colorés et de coulures vivantes, les paysages de réflexions, crée des fenêtres de possibles que l’on aimerait encore plus imprévisibles. Un acte de poésie méthodiquement désorganisé, où se mêlent aux mots de Claudel, Koltès et Montaigne, des témoignages de zinc délectables : «Le bonheur, c’est quand tu te sens vivant et que tu prends conscience des petits plaisirs de la vie.» Ce spectacle en est un.

Le bonheur, titre provisoire © De.M.

DELPHINE MICHELANGELI

Bonheur titre provisoire a été joué du 22 au 25 mai au théâtre des Halles, Avignon Il sera repris pendant le festival Off d’Avignon, du 7 au 28 juillet (relâche le 17)

Le temps de dire Wajdi Mouawad a la sensation que chacun de ses spectacles est un animal : Littoral un chien, Incendies un cheval, Forêt une hyène, Ciel un boa. Et Temps ? Peut-être une chauve-souris, dit-il. Animal crépusculaire, mystique et mystérieux, bénéfique ou maléfique selon les croyances. Objet de peur, parfois. D’ailleurs Temps sème l’effroi sur son passage, détruit le cœur des hommes, ravage © Vincent Champoux

les âmes, provoque le meurtre et sème le chaos. Le texte dit crûment l’indicible : deux frères se rendent dans un village du nord du Québec pour régler la succession du père qu’ils ne connaissent pas ; là, ils découvrent leur sœur, sourde et muette depuis les viols répétés du père. Temps a le goût de la douleur et l’odeur de la vengeance. Saga familiale violente et meurtrière dont la tension jamais ne s’éteint, tendue comme l’arc de l’archer qui rythme les scènes et déroule le fil cassé d’une histoire trop longtemps refoulée. Sauf qu’une fois les frères réunis, Noëlla pourra tuer le Père… Imprégné de ses lectures des tragédies grecques, Mouawad construit la pièce sur les rapports de force, les non-dits, le silence, l’amnésie, la cécité, l’aveu. Et la parole, à travers un jeu subtil de «messagers» : l’interprète de la langue des signes pour Noëlla, l’interprète russe pour Arkady le fils prodigue élevé en Russie. Sans cette parole courtcircuitée, le texte serait inaudible, d’une violence insupportable. Alors, pour dire ce temps de souffrances, Mouawad plonge ses acteurs magistraux- dans un noir glacial, des vents hurlants, du rock, des voilages pudiques, des hordes de rats… Paralysés, autrefois sans vie sans voix, à la dérive, ils font corps autour du père assassiné, espérant un temps de paix possible. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Temps a été donné le 30 mai au Théâtre de Grasse


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THÉÂTRE

LA MINOTERIE | LE MERLAN | CAVAILLON

Sous les pavés...

Suivre les pensées de quatre inconnus perdus dans leur anonymat, intégrer fortuitement un groupe de spectateurs, flâner dans la fin de journée d’une ville aux stores baissés, trouver son angle de vue et choisir sa juste distance… c’est à cette balade sonore et intime que le Begat Theater nous conviait le 16 juin

à Cavaillon. Faire de la rue, à partir de la solitude des autres, son propre théâtre en suivant des objets repères (un stylo, une orange, une boite d’allumettes où s’inscrit «vous n’êtes pas seuls») que s’échangent les acteurs inspirés des personnages de romans contemporains, impeccables de vérité. Une expérience sensorielle originale et profonde qui trace sous son allure ludique un chemin mental passionnant. Aux pensées des acteurs qui nous sont diffusées par un casque audio, se superposent les nôtres, aux musiques enregistrées s’imbriquent les bruits de la ville, aux chemins qu’ils entreprennent se frotte notre libre arbitre. Quatre solitudes qu’on observe en les frôlant, qui s’inventent d’impossibles rencontres et collent des post-it d’espoir, auxquelles se mêle la nôtre. Et lorsque tous les groupes de spectateurs se retrouvent aux quatre angles d’une place publique, face à face, surgit une saisissante foule sentimentale. DELPHINE MICHELANGELI

Histoires cachées s’est joué le 16 juin dans les rues de Cavaillon, avec la Scène nationale © De.M / Zibeline

L’exemple et la pensée Dans le cadre de la manifestation En corps urbains, les artistes et la ville, la Scène nationale du Merlan a offert du 11 avril au 9 juin «des expériences artistiques de territoire». Tables rondes où géographes, chercheurs, sociologues croisent leurs regards sur l’urbanisme. Spectacles autour de projets à forte dimension participative où les artistes inscrivent leur travail dans les quartiers. En ouverture du troisième volet «Quand la ville se perçoit par le corps», Thierry Paquot «philosophe de l’urbain» proposait le 24 mai une ciné-conférence intitulée : les corps dans la ville, un cinéma continu. La prestation a commencé par la lecture d’un joli texte flâneur, égrené de citations brillantes, de formules chic et choc, de remarques étymologiques. Convoquant La passante de Baudelaire, Balzac, Bachelard, Giacometti, il a poétisé sur la sensorialité de la ville, sur ses stimulations quotidiennes qui nous rendent vivants et présents aux autres. Puis, treize extraits de films ont été projetés. Les perspectives s’annonçaient passionnantes. Le duel du western relié au mythe des fondations de villes, le corps désœuvré des jeunes en zones périurbaines chez René Dumont, entre apathie et tension, la bande-annonce de West Side Story écraJean-Pierre Melville sur le tournage du Cercle Rouge à Marseille, TCD - Prod DB © Corona

sant NY dans une vue aérienne avant de la transformer en un territoire dont la chorégraphie des bandes prend possession, le corps burlesque de Charlot policeman se jouant de l’ordre urbain, les corps en déambulations parisiennes des héros de la Nouvelle Vague... Le catalogue aurait pu s’étendre à des milliers d’autres films tant ville et septième art sont liés. Brièvement commenté ou paraphrasé, chaque exemple n’a hélas fait que s’ajouter au précédent sans fil conducteur autre que thématique pour aboutir en conclusion à un discours général sur la ville qui nous a éloignés du cinéma. On le sait Thierry Paquot n’aime pas Le Corbusier et son modulor considéré comme normatif voire stalinien, se dispute avec Jean Nouvel sur les tours et les ascenseurs, déteste Frank Gehry, son Guggenheim de Bilbao et ses bancs anti-clochards, fustige la mercantilisation et l’uniformisation des centres-villes, désire une architecture sensible, soucieuse de l’environnement, du partage, de la mixité sociale et du rythme des piétons. On ne peut qu’être d’accord sur la finalité d’une cité «en attente de l’homme», «en amitié avec lui», mais outre que ce discours a déjà été ressassé à propos d’autres thèmes choisis par le festival Images de ville où Thierry Paquot intervient souvent, les grandes réflexions architecturales du XXème et XXIème siècles ne peuvent se réduire à des complots de malfaisants, hostiles aux citadins. L’idée que les villes ont perdu leur âme et que c’était mieux «avant», le travers moralisant, la facilité de la métaphore sont décevants chez un penseur de ce niveau. ÉLISE PADOVANI

En corps urbains, les artistes et la ville se poursuit jusqu’au 9 juin au Merlan www.merlan.org

Choeur populaire © Stef Duref

Leur solitude et nous et nous et nous

C’en est fait, une page se tourne ! La Minoterie, devant plier bagages, a organisé une soirée d’adieu chargée d’émotion. Au cours de la soirée, 80 artistes de la région ont défilé pour offrir à 300 spectateurs un spectacle informel fait de clins d’oeil et de bonne humeur autour de Pierrette Monticelli et Haïm Menahem, les créateurs du lieu. Des textes avaient été spécialement rédigés pour l’occasion, rappelant l’histoire de la troupe créée en 1985 en ce lieu improbable, dans un quartier perdu et peu à peu conquis. Avec l’ambition tenue de partager des textes contemporains avec les gens du quartier, les écoles et les lycées, et de faire se rencontrer auteurs et public. Ambition aussi d’offrir la culture à tous ; Philippe Séjourné a d’ailleurs rappelé les célèbres paroles de Malraux : «La culture ne s‘hérite pas, elle se conquiert.» Ne doutons pas que cet esprit de conquête se perpétuera dans le nouveau lieu en construction. En attendant l’équipe va déménager dans des locaux à Bougainville qui ne sont pas encore en état de l’accueillir... Néammoins en cette soirée c’est l’optimisme qui a régné. Il faut saluer la prestation de Frédéric Poinceau qui a déliré un long moment sur ses envies d’un vrai texte, avec un vrai costume (pas acheté dans une friperie) cousu par une vraie costumière, agrémenté d’un vrai salaire. Et aussi la participation des enfants Menahem qui, tombés dans le théâtre quand ils étaient petits, n’en sont jamais sortis ! Le tout agrémenté d’un buffet convivial et d’échanges cordiaux. CHRIS BOURGUE

Cette soirée d’adieu s’est déroulée le 19 mai Rappelons que 1040 pavés seront bientôt en vente au prix de 5 euros chacun (réservation sur le site www.minoterie.org) Les Mouchoirs © Stef Duref


JEU DE PAUME | L’ESPACE JULIEN | TOULON

THÉÂTRE

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C’est l’opéra le plus joué au monde, les moindres airs sont entrés dans le domaine populaire, la publicité s’en est emparée, les parodies aussi. Mais l’œuvre semble inépuisable et un nouveau registre lui est apporté par la joyeuse équipe de l’Incroyable Compagnie. D’opéra-comique l’œuvre de Bizet devient un opéra clownesque sous la houlette hilarante de Nicolas Vial. Le monde de la musique est passé à la moulinette, auditions, professeurs de chant avec leurs différentes exigences, le metteur en scène qui cherche à innover coûte que coûte et tient un discours fumeux, le chef d’orchestre qui se heurte aux caprices du metteur en scène, des musiciens, des chanteurs... Ces derniers, de la diva aux doublures, sont croqués avec une jolie verve parodique. Tout est épinglé, du costumier aux figures locales, dans l’esprit d’une commedia dell’arte sans les masques, avec la petite pique au directeur de l’opéra, un certain Bluzon, qui gère un nombre invraisemblable de salles... La voix de haute-contre d’Olivier MartinSalvan qui tient avec brio tous les rôles sert avec justesse les différents airs, passant d’une Carmen sur dimensionnée à une Michaëla jeune fille innocente plus vraie que nature, sans compter Escamillo contraint à lancer son grand air à la suite d’une descente digne d’un parcours d’accro-branches… et les cigarières deviennent des «barbapapières» à cause de la campagne anti-tabac! Le piano de Lucie Deroïan suit avec efficacité ce festival parodique. On rit beaucoup à ce divertissement, qui a la grâce de ne jamais se prendre au sérieux... MARYVONNE COLOMBANI

du 22 au 26 mai Jeu de Paume Aix-en-Provence

Ô Carmen © Sebastien Marchal

O ma Carmen !

Bison pas ravi Boris Vian © X-D.R.

Vouloir rendre hommage à Boris Vian dans un spectacle musical est louable à condition de ne pas transformer l’exercice en caricature. En effet, l’aspect subversif et provocateur des textes originaux supporte mal la transcription scénique. Convoquer pour l’occasion des personnages diversement célèbres voire populaires (Ernesto Che Guevara, Henri Salvador, Patrick Sébastien) ne rend pas l’entreprise plus facile et Jérôme Savary en a fait la démonstration. Cherchant à convaincre son auditoire et prenant à parti le public, l’acteur évoluait dans une mise en scène appuyée, et cette relecture un brin

outrancière ressemblait plutôt à un grossier exercice d’autopromotion familiale aux relents populistes de prime time télévisuel. In fine, ni Vian ni ses textes et encore moins sa musique, malgré la présence sympathique d’un big band au swing calibré, ne sont sortis auréolés de cette production pourtant au goût du public. ÉMILIEN MOREAU

Boris Vian Cap au sud a été joué au Théâtre Liberté, Toulon

Lesbienne ?

Oceanerosemarie © Valerie Archeno

Seule en scène, flanquée d’un mannequin en osier pour seul accessoire, Océanerosemarie nous conte son parcours chaotique : se révéler lesbienne reste un combat contre l’invisibilité. À travers le récit de ses rencontres et déboires sexuels, elle lève le voile sur un monde dont la plupart n’ont pas idée. Avec un humour très sarcastique, elle décode les comportements spécifiques de chacune des catégories LGBT devant un public déjà conquis qui, par effet miroir, explose irrésistiblement de rire. Et pour les autres, les hétéros, elle revisite quelques clichés pesant sur l’homosexualité féminine… depuis sa rencontre avec des footballeuses jusqu’à la série télévisée L Word, tout en passant par les soirées «genrées», les hétérophiles anonymes. Accéder à la visibilité semble le chemin le plus sûr pour changer les mentalités envers une homosexualité qui génère moins de violence que les GBT, mais peine à accéder à la représentation… ou à échapper à la condescendance. Ainsi elle évoque «Tintin», l’ami des lesbiennes qui, complaisant, se croit seul capable de l’acte de pénétration. À glousser de rire !

Structuré sous la forme d’une série de sketches, le spectacle perd parfois de son dynamisme par de trop grandes variations de rythmes, mais souffre aussi d’un manque d’intimité avec la comédienne tant la salle est grande et peu adaptée à une représentation théâtrale. Normal, la prestation relève bien du onewoman-show comique, version intelligente, et acerbe. Le final, clin d’œil à la population marseillaise réputée macho, est très drôle mais surtout d’une vraie finesse : après une belle apologie de la lesbienne secrète, elle s’avoue hétérosexuelle et de ce fait disparaît… nous laissant alors avec la question toujours posée de l’invisibilité nécessaire. Impérative même, lorsque l’on veut garder son intégrité et sauver sa peau dans certaines parties du globe, et certains milieux, ou métiers. CLARISSE GUICHARD

La Lesbienne Invisible a été vu à L’Espace Julien, Marseille, le 1er juin


Chez Leandre © Carles Trevino

40 ARTS DE LA RUE CITÉ DES ARTS DE LA RUE | ISTRES | FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE

Anne Guiot, directrice de Karwan, et Michel Pezet, vice-president délégue à la culture du CG13 dans le Porte-Folie © Gaëlle Cloarec

Éloge de la folie Encore plus gros, encore plus fort... Du bus-expo de l’édition 2008, La Folle Histoire des Arts de la Rue passe cette année au format semi-remorque, avec un nom qui fleure bon la démesure, le Porte-Folie, et pour adage une citation d’Amin Maalouf : «Le rôle de la culture [...], c’est de fournir à nos contemporains les outils intellectuels et moraux qui leur permettront de survivre, rien de moins.» Cet automne, le camion rouge partira pour le Maroc, avant de revenir à Marseille en 2013. Tout commence donc par l’arrivée du camion sur les places, appel festif, mais aussi espace d’exposition. Le Porte-Folie, s’ouvre comme ces cartes de vœux magiques d’où sortaient des mondes de papier en relief, bien avant leur appellation de pop-up. À l’intérieur, une histoire de l’art de la rue depuis la fête des fous, le carnaval, les prises de possession de l’espace public par les gens, l’art, expression première et dernière de la liberté. Entre art officiel et subversif, le Porte-Folie établit une géométrie de l’occupation de l’espace urbain, de la ligna au polyèdre, présente des extraits de spectacles, offre en consultation une bibliothèque pertinente élaborée par HorsLesMurs. La 3e édition cette année a également présenté des

spectacles de rue (du 9 au 17 juin) d’une subtile poésie. Chez Léandre installe un univers où les codes sont délicieusement détournés, une porte, une table bancale, deux chaises, la silhouette d’un miroir, un porte manteau à la Mary Poppins… Les spectateurs sont intégrés au spectacle, jouent avec Léandre, le clown au chapeau bleu. Un mariage passe, Léandre fait la route… avec toute la tendresse burlesque de ceux qui s’attachent à donner une âme aux détails de la vie. Barco De Arena commence sur l’air de la Wally pour s’achever avec Sole Mio. Le personnage de Claire Ducreux danse des images d’une intense poésie. Le pont devient barque. Gestes sobres, d’une délicate élégance, sourire lumineux, magique ! Les trois clowns de Démodés, semblent quant à eux sortis tout droit d’un film de Fellini, tristes, fragiles, émouvants, humains. On rit, on sourit. Un humour nostalgique pour un spectacle d’une belle tenue où le rire et les jongleries se mêlent alors que les tilleuls de la place de Puy Sainte Réparade embaument le soir. Folle histoire…

La Folle Histoire, événement organisé par le CG13, a tourné dans 5 villes et villages du département

À venir Une cerise noire (tournage en direct !) Le 23 juin à 22h12 sur le parvis des ABD Gaston Defferre

MARYVONNE COLOMBANI ET GAËLLE CLOAREC

Vers une aube nouvelle paroles, d’une chorégraphie basée sur l’énergie. À la nuit tombée un grand espace est éclairé par les phares de

quatre voitures partenaires occupées par leur propriétaire ; un dispositif permet des projections colorées sur © Lady Taktak

C’est Alain Bashung qui a inspiré la nouvelle création d’Artonik. Ses insatisfactions, ses désirs servent de fond à une randonnée nocturne à la recherche d’une aube nouvelle. Sur un parking improbable, no man‘s land de tous les possibles, un homme arrive au volant de sa voiture américaine, une Oldsmobile longue comme on n’en fait plus, et rencontre deux femmes. Observation, tentatives de séduction des unes et de l’autre, intimidation. Un univers sans tendresse, parfois violent, ou qui fait semblant. Cette fois Caroline Selig a choisi le parti d’un spectacle sans

l’américaine et les trois personnages, créant de beaux moments à l’univers étrange et psychédélique, entre réalité et rêve éveillé. Le propos reste plutôt vague mais on se laisse porter par les images comme on regarde défiler le paysage dans un train. CHRIS BOURGUE

Les chevaux du plaisir ont été présentés à la Cité des Arts de la rue le 23 mai et à Istres le 31 mai


AUBAGNE | TRETS | MARTIGUES

ARTS DE LA RUE

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Jamais sans ma valise Et jamais sans mon manteau tant ces deux accessoires sont prisés des compagnies de théâtre de rue invitées à Chaud Dehors… Au point d’en revêtir les participants de la pérégrination expérimentale Habitaculum annoncée comme «un moment de grâce». Las ! Au-delà du transport collectif en navette, de la découverte du domaine La Morochita, du mutisme souriant des comédiens espagnols de Kamchàtka, de quelques installations sensibles, la promenade interactive laisse un goût étrange. À l’arrivée on est badgés d’un sinistre numéro d’immatriculation, et au retour on porte un manteau élimé sur les épaules et une vieille valise à la main. Des lambeaux d’exode trottent dans la tête sans que l’on ressente une quelconque béatitude. Mais peut-être n’a-t-on pas su voir le propos de la compagnie sur l’hospitalité, clin d’œil à l’accueil chaleureux que lui ont réservé les aubagnais ? Des manteaux et des valises encore avec les italiens de Zerogrammi qui ont investi sur le cours Foch

vulgaires joueurs de tennis. Quitte à se faire la cour -et plus si affinités- sur le court ! La partie de jeu a atteint son objectif : les acteurs sont hilarants et justes, malgré quelques débordements de lignes… Mais la palme de l’absurde et du sans queue ni tête revient au talentueux duo belge Wurre Wurre qui parvient à faire oublier la laideur d’une cour d’école à travers ses personnages bizarres, ses situations inextricables, et ses arroseurs arrosés qui arrosent le public ! Du pur délire rafraîchissant. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Les Liaisons Dangereuses, En Rang d'oignons cie © Marc Munari

l’espace déserté par un arbre mort : autour et sur la souche, les trois danseurs évoquent l’arbre-voyageur de leurs corps frémissants. Mêmes vêtements et artifices usés dans Salir réinterprétés par la troupe Colifor qui excelle dans l’art du comique de l’inattendu. En poètes de l’acrobatie et joyeux

musiciens, ils servent avec finesse un spectacle inventif et cocasse. En plein air sans manteau ni valise, En Rang d’oignons compagnie a labouré le sol du terrain de sport des Passons. Là, ils ont revisité avec un esprit frondeur Les Liaisons dangereuses de Laclos, transformant Merteuil et Valmont en

Chaud Dehors, les rendez-vous des arts de la rue ont envahi Aubagne du 31 mai au 2 juin. Le duo Wurre Wurre s’est produit en tournée régionale organisée par Karwan à Marseille, Antibes, Salon, Aubagne du 23 mai au 2 juin

L’eau de Martigues

L’approche de l’été se marque par la réappropriation des lieux extérieurs. Ainsi, la cour du Château de Trets s’est délicieusement animée le 2 juin. Poésie des agrès avec la compagnie Chamboultout : une musicienne, Solenne Risset, crée un univers sonore original, usant d’instruments variés, harpe, harmonium, thérémine, ou plus simplement de sa voix ; deux personnages, monsieur et madame (Margot Schlienitz et Julien Dégremont), s’attendent, se retrouvent chez eux. Pour vaincre la morosité possible d’un couple vieillissant, ils évoquent le passé, petite madeleine des souvenirs, des rires, des émotions, dans un récit sans paroles où les corps racontent, esquissent des gestes de danse, s’envolent puis s’assagissent. Un humour tendre et complice… Claude Aymon et Éric Dedebant instituent ensuite un duo atypique unissant danse et toile. Le premier improvise une chorégraphie, utilisant les spectateurs, leurs accessoires, un chapeau change de tête, un enfant se berce avec tendresse, le second sur un long papier déroulé à même le sol peint, esquisses du mouvement, variations rapides comme une ébauche d’un tableau de Matisse. Sur la feuille se déroule le temps du geste, traces légères ponctuées d’ombres. Le spectacle achevé se prolonge, les spectateurs vont regarder le travail du peintre. La danse devient déjà souvenir sur lequel on se penche. Puis les six saxophones du Préau des Accoules entraînent les auditeurs dans un répertoire varié, de l’inspiration New Orléans à un zeste de slam jusqu’au cri des gabians… Avec Marseille la belle endormie… la plage n’est pas loin du Pays d’Aix !

L’Odyssée de Martigues version 2012 a déroulé sa programmation sur le thème de l’eau, transformant la place des Aires, quartier de Ferrières, en site des Zapéros, terrain de jeux et d’expérimentations, de rencontres et d’échanges scénographié par la cie Ilotopie : parcours de machines à eau ludiques, Souk des sciences avec ateliers de pratique scientifique pour les enfants, tapis de lecture magique… À la piscine municipale, c’est une expérience sensorielle hors du commun qui attendait les plus curieux : les musiques subaquatiques du compositeur Michel Redolfi, diffusées dans l’eau, permettent «d’entendre» par résonnance dans la boite crânienne, les sons devenant une substance dans laquelle chacun flotte, isolé dans ses sensations… Mais c’est sans conteste le spectacle inaugural, Fous de Bassin de la cie Ilotopie, qui a rallié le plus grand nombre sur les berges de l’étang de Berre. Magie visuelle, auditive, prouesse technique qui s’efface derrière la poésie que créent les tableaux successifs… Car ces fous-là marchent sur l’eau, font du vélo sur l’eau, roulent sur l’eau, dorment sur l’eau, s’affranchissent de la masse liquide pour la transformer en scène de jeu. Et peu importe si le fil de l’histoire se dilue dans les joutes de feu et les effets d’artifice, chacun se fabrique alors le monde insensé, éphémère, dans lequel il se verrait bien vivre. Pourquoi pas celui d’Ilotopie ?

© Service communication - Mairie de Trets

Dehors !

M.C.

DOMINIQUE MARÇON

L’Odyssée de Martigues a eu lieu du 23 mai au 5 juin Fous de bassin, cie Ilotopie © Claude Lorin


42 DANSE FESTIVAL DE MARSEILLE | LE KLAP

Premiers émois à Marseille Le Festival de Marseille est un drôle d’événement ! Tout le milieu culturel marseillais, artistes, politiques, administrateurs, communicants, journalistes… s’y presse à chaque spectacle comme à un rendez-vous attendu et exceptionnel. Les attentes expliquant l’ampleur des déceptions et des ravissements somme toute souvent, les uns comme les autres, disproportionnés. Tezuka de Sidi Larbi Cherkaoui est un spectacle réussi ! Le chorégraphe a enfin disposé de moyens vraiment importants, et a su s’en servir intelligemment pour construire son propos rêvé : des danseurs parfois émouvants, toujours excellents ; des musiciens japonais aux sons et voix qui dépaysent, plongent immédiatement dans le propos ; de belles animations vidéos qui établissent un décor dessiné où les corps jouent comme des enfants sur un manège… sans effet high tech, avec un côté artisanal délicieux, cinématographique, calligraphique parfois, qui touche à l’âme ancienne et éternelle du Japon. Les superpositions récurrentes de danse, musique, mots et images cachent parfois le simplisme de chacun des langages, mais le propos même bouleverse : les mangas historiques d’Osamu Tezuka, son astroboy postnucléaire hante la mémoire japonaise, aujourd’hui redevenue tragique, que l’on sent parfois affleurer dans le verbe de Sidi Larbi Cherkaoui, et dans les images qui fondent et s’effacent comme soumises à une chaleur surnaturelle. Une belle œuvre malgré ses longueurs, dans un Silo décidément peu adapté à la danse dès lors qu’on s’éloigne des tout premiers rangs… À Vallier le rapport salle/plateau est nettement meilleur, et Standards de Pierre Rigal y est apparu dans toute sa force. Ses huit danseurs ont des corps pour dire, révoltés et noueux, athlétiques et souples. Des longueurs là encore ? sans doute. Un manque de clarté du propos ? parfois. Mais des corps de femmes et d’hommes, de noirs et de blancs, qui dansent

Tezuka © Agnès Mellon

à égalité les mêmes phrases, fustigeant les clichés sur les corps normés, leur mode et leur commerce, regardant frontalement le public en refusant de minauder, d’esthétiser, et dansant comme on combat, poings serrés, démontant le décor comme on détruit des chaînes. Bref Pierre Rigal, en gagnant du galon, n’a pas perdu sa force ! Aussi, deux installations très rafraichissantes, à vous coller pour un moment un grand sourire : à Vallier Autogene ouvre en rond des parapluies qui dansent sans Gene Kelly, mais sur la musique de Chantons sous la pluie ; à L’Alcazar Solenoid fait danser des

chaussures, toujours en rond, autour de bras mécaniques. Deux œuvres drôles et légères de Peter William Holden. Moins léger, Tôt ou tard de Richard Bacquier, Jean Marc Montera et Emmanuel Loi reprend et commente la performance de trois comédiens enfermés qui s’invectivent. Mémoires, reflets et cages empilés en échos, gloses et extraits, présences et absences, l’installation peuplée de fantômes est à voir à la CCIMP. Jusqu’à la fin du Festival le 6 juillet (voir p 50). AGNÈS FRESCHEL

Thomas, s’il te plaît... C’est à une petite fête de famille, à la fois baptême et anniversaire, que nous étions conviés par Michel Kelemenis et son équipe en ce 28 mai : l’emblématique Après-midi d’un faune créé par Vaslav Fomitch Nijinski avait 100 ans et la Maison pour la Danse inaugurait un grand studio au nom du mythique danseur-chorégraphe. Occasion rêvée pour proposer un programme autour de la transmission et une méditation stimulante sur le temps qui passe... L’accueil se fait tendrement rétro («I love you so») au milieu de la «leçon» du maître à l’élève, Thomas Birzan, jeune danseur de la Cie Grenade qui répète dans la grande salle quelques pass ages de Faune Fomitch, solo écrit et interprété par Michel Kelemenis en 1989 ; travail et sévérité pour de rire «attention! plus net plus net pas de sala de frisée !». Puis l’adolescent interprète

seul et pour de vrai une Variation de la même chorégraphie avec un engage ment intelligent, à bonne distance du modèle, énergique, trapu faune musclé et malicieux qui tire la musique de De

bussy vers des émois bien terrestres. Enfin pour brouiller les temporalités et éclaircir les filiations le film de Charles Picq, captation d’une représentation intégrale du Faune de 1989, offre l’ocThomas Birzan © Agnès Mellon

casion au Kelemenis de 2012 d’abord de se retrouver face à lui-même, souriant de son incapacité à rentrer dans son justaucorps de l’époque, et aussi d’accompagner pendant quelques minutes, en léger décalé, son image dansante : gestes plus amples et plus arrondis, mains et pouces moins incisifs, sobriété des affects, et cette fluidité qui reste la marque de fabrique du danseur ; lorsque le faune assis jambes croisées se pince les pouces des pieds pour se hisser en position debout, la jeunesse éternelle a le dernier mot. Expérience émouvante, n‘est-ce pas Thomas ? MARIE JO DHO

Faune Fomitch / Variation a été donné au KLAP Maison pour la Danse le 28 mai


MOD | BNM

DANSE

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En pleine face Lorsque vous allez voir Maguy Marin et/ou Denis Mariotte, vous vous attendez à recevoir un de ces chocs salutaires qui vous sortent des ornières et vous laissent entrevoir d’autres voies. Rien de fabriqué ou de factice là-dedans : ils font partie de ces artistes que le monde révolte, qui ne se soumettent pas à ses petites aliénations, et qui croient encore qu’ils peuvent nous le dire, nous le montrer, en décalant les règles du spectacle. On voit nombre de succédanés de ces expériences-là, d’artistes qui cherchent à retrouver cette force en imitant leurs postures, sans trop savoir ce qu’ils dénoncent. Là ça vous parle tout de suite… Que disent-ils dans Ça quand même ? Qu’ils sont devant nous sans trop savoir quoi y faire, mais que cette présence seule nous tient ensemble, eux et nous, artistes et publics, humains de tous ordres. Le message est simple, mais subtil à faire ressentir. Il faut faire entendre l’épuisement d’une certaine relation spectaculaire, du non-spectacle aussi, car il faut continuer à créer, à multiplier sans fard et sans costume, si l’on ne veut pas rentrer dans le rang.

frottements sans pulsation, qui surgissent comme de l’intérieur de ces deux êtres qui nous regardent en face, montrent leurs efforts exécutés pour nous sans raison et sans y croire, sinon pour être là, vivants. Leurs corps sont sans apprêts, nus sans provocation, poilus sous les aisselles, sans fard, sans humiliation non plus, vivants. Le texte dit à deux voix est beau comme du Beckett romanesque. Celui de Soubresauts, qui dit l’homme qui meurt ; et qui pourtant au moment où il meurt est encore vivant. C’est à ce paradoxe-là que Marin et Mariotte touchent, comme en un duo de clowns métaphysiques. Car que fait-on lorsque l’art de la représentation est mort, mais qu’il reste toujours aussi nécessaire ? AGNÈS FRESCHEL Ça quand meme © Laurence Daniere

Il faut dire aussi, discrètement mais assez fort pourtant, au bon moment, l’amour que l’on porte au public, le besoin d’être compris et vu, véritablement vu, par quelques-uns au moins. Le rêve toujours vivant de changer quelque chose à la vie, à nos regards.

Comment font-ils cela tous les deux ? Peu importe. On retrouve dans Ça quand même les apparitions/disparitions chères à Maguy Marin, la subtilité et l’équilibre sonore du travail de Mariotte : le texte et la musique sont les flots continus, à deux voix synchrones,

Ça quand même a été donné les 13 et 14 juin à La Friche dans le cadre de la programmation de Marseille Objectif Danse

Opéra des corps Le Ballet National de Marseille a créé à SaintEtienne un véritable opéra : conçu comme un art total, l’opéra n’est pas de la musique ou de l’art lyrique mais, dans son essence même il est «l’œuvre», tous les arts à la fois. En mettant en scène Orphée et Eurydice de Glück, Frédéric Flamand a su retrouver cet esprit baroque des origines non en cherchant son authenticité, mais en rejoignant son esprit. Le résultat est magistral, peut-être la plus belle œuvre de Flamand à ce jour. Il faut dire que l’intrigue tombe à pic : le chorégraphe est familier des métamorphoses, des traversées et des mythes, de la figure de l’artiste aussi, et de la transcendance ; l’histoire de ce musicien qui va chercher sa femme aux enfers semble faite pour lui… d’autant que l’œuvre de Glück, revisitée par Berlioz, laisse beaucoup de place à une narration entre les airs. Ceux-ci disent l’amour, le bien-être ou la douleur, mais ils sont encore statiques, et l’action progresse avec d’autres moyens : la danse y a toute sa place ! Elle occupe donc le plateau, et le chœur est placé dans la fosse avec les musiciens ; les trois voix solistes sont doublées, presque systématiquement, par des danseurs, tandis que le corps de ballet incarne les foules du cimetière, de l’achéron, des dieux et des hommes. Cela donne des tableaux d’une grande beauté, portés par l’orchestre et les voix comme venus des enfers, mais aussi par la très belle création plastique de Hans Op de Beeck, qui fabrique littéralement des décors de sucre, d’eau et de miniatures de ses mains gigantesques, projetées en fond de scène, donnant l’impression de manipuler doucement ce petit monde… Devant l’écran les corps s’agitent, faisant masse ou douleur,

© Pino Pipitone

déplaçant les éléments de décor chaque fois qu’Orphée change de monde, jouant des transparences, des reflets et des doubles. La danse pourtant sait ne pas être envahissante, s’éteindre pendant les vocalises, le célèbre «J’ai perdu mon Eurydice», et ne pas toujours représenter les hésitations et émotions. Construire même des contrepoints, à la fin heureuse chantée par les voix, à la félicité d’Eurydice aux enfers… Le plateau vocal est magnifique, Varduhi Abrahamian et Ingrid Perruche font éclater leur talent,

leurs émotions, soutenues par un chœur excellent, et par un orchestre… sans doute plus habitué à suivre les voix que la danse, et ne mesurant pas ce que la moindre accélération impose aux corps ! Les trois représentations ont reçu à l’Opéra de SaintEtienne un accueil triomphal, avant de partir à Versailles les 24 et 25 juin. Ils seront à l’Opéra de Marseille en mai 2013, mais d’ici là Place Bargemon le 29 juin avec Métamorphoses. AGNÈS FRESCHEL


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MUSIQUE

CONTEMPORAINE

E.C.O. logique !

© Agnès Mellon

Au sortir du premier concert à Marseille de l’European Contemporary Orchestra (E.C.O.), on se dit, sans conteste, qu’un tel ensemble instrumental manquait à la création musicale contemporaine ! L’idée est judicieuse : faire appel à trois ensembles instrumentaux européens, rompus à ce répertoire, pour unir les talents et fonder une formation symphonique adaptée au besoin des compositeurs d’aujourd’hui. Car l’orchestre n’a pas évolué depuis le XIXe siècle, ne contient pas d’instruments amplifiés, n’est pas rompu aux techniques de jeu contemporaines. Il fallait un E.C.O. ! De fait cet orchestre d’un nouveau genre rassemble 33 musiciens issus de Télémaque (France), Orkest de Ereprijs (Pays-Bas) et Musiques Nouvelles (Belgique), en un grand projet européen labellisé par deux Capitales de la Culture : MP2013 et Mons 2015.

Le 15 juin au Ballet National de Marseille, il a fallu réaliser une balance sonore pointue pour faire cohabiter trois dispositifs de percussions, les claviers (synthé, piano, accordéon),

guitare et basse électriques, mêler les textures sonores des cordes et vents de l’orchestre classique à celle du DJ Philippe Petit… pour une somptueuse réussite acoustique ! Leur Symphonie

métissée bâtie à partir de quatre pièces du Maltais Karl Fiorini, du Roumain Alin Gherman, de la Polonaise Kasia Glowicka et du Français Pierre-Adrien Charpy, a mis en exergue des esthétiques diverses, généré de superbes effets sonores, des instants puissants ou de subtiles suspensions pointillistes. Sous la direction alternée, sûre et expressive, de Jean-Paul Dessy et Raoul Lay, l’E.C.O. a redoublé d’élans mécaniques furieux, accumulations en crescendos, scansions, impulsions, rebonds et résonances, chocs de matières acoustiques. Ça sonne, ça crisse et ça crie, explose et crachote, souffle et halète, jusqu’aux frontières du silence… C’est superbe, cet instrument nouveau ! JACQUES FRESCHEL

Sax & flash’ 18h30 tapantes, le 1er juin ! Alors qu’on parvient sur le plateau du Cours Julien, on se presse déjà autour des

saxophonistes et des danseurs réunis pour la Flashmob’ilette, Echos du cours conçue par l’ensemble Téléma© Agnès Mellon

que autour du projet E.C.O. (European Contemporary Orchestra). C’est Joël Versavaud, professeur de saxophone au Conservatoire de Marseille, qui tient la baguette. Jeunes, bambins et amateurs ont leur instrument en bandoulière. Au programme, une partition écrite par un certain Gandolfi de Belsunce (alias le compositeur Pierre-Adrien Charpy, également prof au susdit conservatoire). Pas facile cette musique syncopée en pulsations irrégulières, à quatre parties différentes ! On estime à sa juste valeur la mise en place, la qualité du travail réalisé, l’investissement de toute cette société, cool mais très pro ! Ça sonne comme un tango mécanique, rythmé de percussions, et dont les sonneries rappellent la locomotive d’Honegger (Pacific

231) lancée à pleine vapeur sur les terres symphoniques. Dans le dos du chef, on danse : public volontaire, de tous âges, ayant appris la chorégraphie d’Emma Gustafsson inspirée de mouvements stéréotypés d’un maestro. Une fleur à la main, de noir vêtus, les danseurs renvoient une image kaléidoscopique de ses gestes, au fil d’une musique qu’on trouve trop courte : pas le temps d’entrer dans la danse ! Du coup, on reprend : trois fois. Et la troisième file à folle allure… Wouaouh !! Un peu essoufflé, content de la performance, on remballe, tandis que le Cours Ju retrouve son manège quotidien. J.F.

Centenaire Françaix Jean-Françaix (1912-1997) est un héritier d’une tradition de musique française mariant la clarté, l’équilibre, la légèreté, à une élégance fuyant la facilité, une profondeur dépouillée de pathos, un sourire retenu, à un langage tonal redessiné. Sa génération a subi de plein fouet la mise au banc des «classiques» par l’avant-garde des années 50. Cependant, à la différence de ses contemporains, l’œuvre de Jean-Françaix est encore assez fréquemment jouée dans le monde (proportionnellement peu en France !). Les manifestations accompagnant la commémoration du centenaire de sa naissance serviront-elles, dans l’hexagone en particulier, de révélateur à son génie rejeté ? Ce musicien, au sujet duquel Nadia Boulanger prétendait qu’à

seulement douze ans elle n’avait rien à apprendre en matière d’harmonie, était bourré de talent. Le concert donné par l’Ensemble Pythéas, le 20 mai à Notre-Dame du Mont, en est la démonstration. Dans des transcriptions de Sonates de Scarlatti ou d’Impromptus de Schubert, pour flûte (Charlotte Campana), violon (Yann Le Roux-Sédes), alto (Pascale Guérin), violoncelle (Guillaume Rabier) et harpe (Nora Lamoureux), Jean Françaix fait oublier les claviers d’origine : il les relit, mais «avec le cœur» comme l’a précisé le musicologue Lionel Pons ayant, avec une belle érudition, présenté l’affiche. Les instrumentistes, à la faveur d’une fine connivence et d’un goût assuré, ont placé en exergue, dans son Trio à cordes et un Quintette composés

Ensemble Pytheas © X-D.R.

dans les années 30, les dons d’un musicien sachant tout à la fois fondre une mélodie savamment tracée à une harmonie délicate et un équilibre subtil des voix. J.F.


MUSIQUE

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Un EOC AOC Programme alléchant que celui proposé par le GMEM en clôture du festival les musiques. L’Ensemble Orchestral Contemporain, dirigé d’une main sûre par Daniel Kawka, su tirer le meilleur de ses musiciens dans des œuvres de Philippe Leroux, Henry Fourès et Youri Kasparov. À la noirceur de l’œuvre du compositeur russe, L’ange des catastrophes, regard noir sur les conséquences de la révolution russe, œuvre organique de chair et de sang sur des textes superbement chantés par Vincent Le Texier, fit écho la musique de Leroux AAA transposition d’une composition issue de sons électroniques, pétrie dans la musique répétitive

pièce singulière mêlant l’accordéon et les autres instruments de l’ensemble dans une musique continue, tapissée d’éléments éparpillés dans l’espace où le violoniste se meut tel un danseur. Et, dans le bruissement d’un bâton de pluie et le feulement d’une contrebasse, les notes laissèrent place au silence, en attendant la prochaine édition ! CHRISTOPHE FLOQUET

© X-D.R.

américaine, aux sonorités cristallines qui ne sont pas sans rappeler Morton Feldman. Puis, la création de la soirée,

Concert donné à la Cartonnerie à Marseille le 19 mai

Il faut d’abord que je le danse… de Fourès avec le violoniste Bohuslav Matousek, dédicataire de l’œuvre,

Une Odyssée… CAPITALE ! de l’œuvre, ses partis pris musicaux, commente le texte d’Alberto Manguel. Oratorio contemporain évoquant le retour d’Ulysse dans sa patrie Ithaque: «On vous racontera l’histoire d’un homme que les dieux empêcheront d’arriver chez lui ; le début de cette histoire est la guerre, la fin aussi...» Musicalement, l’œuvre est basée sur de petites sections très expressives comme des Leitmotive (départ, impatience, angoisse, possession, mort..). Clusters aigus/graves, cascades en arpèges à l’orgue, battements des percussions. L’apparition d’Ulysse, Télémaque, Pénélope, Tirésias, Cyclope… permet une écriture vocale variée (solistes, ensembles), des jeux polyphoniques aux difficultés techniques extrêmes que les chanteurs

maîtrisent bien : souffle à peine audible, cris amples, bruitages, roulements des lèvres, clusters vocaux, glissandi pour des évocations aquatiques. Latin, allemand, français, italien, espagnol, anglais alternent. Le tableau de la possession est impressionnant, la direction d’Hayrabedian scrupuleuse, minimale : ses deux mains comme un balancier imperturbable, de simples regards pour les attaques… Bon vent à cette Odyssée ! YVES BERGÉ

L’Odyssée de Strasnoy a été chantée par Musicatreize le 25 mai aux ABD Gaston Defferre

© Yves Bergé

Les Archives départementales invitaient à écouter la lecture d’une œuvre importante, dont la création est prévue dans le cadre de MP2013 : Odyssée d’Oscar Strasnoy, en présence du compositeur. Aux 12 chanteurs de Musicatreize, deux percussionnistes, un clavier, dirigés par Roland Hayrabédian se mêleront 250 choristes ! Pour compléter ce programme, 3 pièces du compositeur transylvanien Peter Eötvös, Drei Madrigalkomödie autour de l’amour : Insetti Galanti, (texte de Gesualdo), Hochzeitsmadrigal, Moro lasso (Gesualdo). Toute la théâtralité de Musicatreize pour un festival de sons, d’attaques-résonances, de modes de jeux, d’attitudes burlesques, la puissance vocale aboutissant subitement sur des sons filés, sur le souffle (mo-ro-la-sso) évoquant notre modernité parfois pathétique : on tousse, on râle, on se racle la gorge, au théâtre musical… comme en une mort annoncée. L’Odyssée est présentée en concertlecture, work in progress. Strasnoy raconte la genèse

L’esprit des voix Fidèle à sa philosophie d’explorer un champ musical large, ouvert sur le monde, Roland Hayrabédian, à la tête de Musicatreize, a su concocter un programme intelligent faisant alterner création, découverte de jeunes compositeurs et hommage aux maîtres Scelsi et Nono. L’inédite berceuse d’un Ohana de jeunesse, pleine de nostalgie, pénétrée du langage harmonique de Poulenc, contrasta avec les pièces des deux italiens, ancrées dans l’esthétique des années soixante. Les Tre Canti Sacri et Sarà dolce tacere invitèrent les auditeurs à un voyage au centre de la matière où les bruits exogènes tels que les craquements de chaises, tintements de cloche, vinrent s’unir aux voix des chanteurs pour envahir le cloître de Saint Victor. Pas très loin de cet univers

interlope, dans un temps ductile, Lolèin, du compositeur lyonnais Gouttenoire, est une pièce d’une sombre clarté où les mots dépouillés de leur signifié vibrent dans l’attente d’un futur qui ne vient pas. Et, résonna la musique charnelle, superbement construite, de Zad Moultaka : Maadann. Une pièce minérale, erratique et hiératique, lumineuse et inspirée, à la palette de timbres variés. Avec cette œuvre, alchimie du temps et de la matière, ce compositeur libanais confirme qu’il est un des plus doué de sa génération. CHRISTOPHE FLOQUET

Ce concert a eu lieu le 15 mai à l’Abbaye Saint Victor


46 MUSIQUE LYRIQUE | CHAMBRE

Alain Aubin et JP.Serra © Maxminniti

1778 : Paris, le Siècle des Lumières, l’esprit critique, la tolérance, prévalent sur les dogmes religieux. Mozart est avec sa mère, pour un long voyage chez ces français qu’il déteste. Une table, côté cour pour les correspondances de Wolfgang avec son père Léopold. Côté jardin, la table des correspondances de Joseph Bologne de Saint George à son père. Destins croisés : le divin Mozart et le mulâtre, fils d’esclave sénégalaise et d’aristocrate français. Alain Aubin nous conte voyages et rencontres. Joseph est le Maître de Musique de Marie-Antoinette, violoniste virtuose, escrimeur réputé, d’une grande beauté : il brigue le poste de surintendant de la musique. Deux cantatrices ne veulent pas chanter devant un nègre. Une violente polémique raciste se développe. «Mon cher père, tous les espoirs de mariage se sont évanouis. Aucune femme de la noblesse ne semble accepter d’épouser l’enfant d’une esclave !» Des romances entourent ces lectures, dont la sublime Dors mon enfant : graves veloutés d’Alain Aubin et des aigus pianissimi suspendus, d’une étrange beauté. Mozart est furieux : «Mon cher père : vous ne pouvez imaginer comment ces ânes de français ont bâclé ma symphonie !» Warnung chanté en voix de baryton, voix naturelle d’Alain Aubin, résonne, tandis que Jean-Paul Serra (Baroque Graffiti) distille avec intelligen-

ce les belles sonorités d’un pianoforte très élégant. Quatre sonates de Haydn jalonnent ces moments : magnifique Adagio de la Sonate en si mineur, superbement interprétée. «Mon très cher père : ma mère s’est endormie saintement en Dieu…» Abendempfindung, (c’est le soir, le soleil a disparu…) si proche de Schubert, est un moment magique dans ce récital touchant. Qui malgré son érudition n’est pas un spectacle pour érudits, où un narrateur pompeux serait doublé d’un chanteur précieux, mais un moment à la fois tendre et pesant, d’un éclectisme vocal assumé : voix de poitrine, de tête, changements d’octaves subits (le merveilleux : Amant discret), piani aériens, graves charnus… Alain Aubin poursuit sa quête du sens plutôt que du style : Joseph rejoint le mouvement des Lumières puis crée un mouvement de noirs et métis pour défendre la patrie en danger. Alain Aubin lit : «4000 noirs évadés des camps de concentration nazis, ont rejoint la Résistance.» Un Mozart révolté, et ce Nègre des Lumières nous rappellent que la musique peut s’engager puissamment dans les combats de son temps. YVES BERGÉ

Mozart et le Don Juan noir a été créé au Théâtre Gyptis du 22 au 24 mai

Fin de partie Avec les derniers accords cuivrés de la 1ere symphonie de Chostakovitch et dans le souvenir encore proche de son somptueux mouvement lent, Hugh Wolff à la tête du brillant Orchestre National de Lyon mit un terme à la saison du GTP. Entamé avec ivresse avec les pages éthérées des Valses nobles et sentimentales où Ravel inventa des timbres démiurgiques, la scène du grand théâtre aixois accueillit dans le bruissement d’une harpe ravélienne Gautier Capuçon, pour une interprétation de premier choix du concerto n° 1 pour violoncelle de Saint-Saëns. Sur un superbe instrument de 1701, le violoncelliste, fort d’une technique et d’une musicalité exceptionnelles transfigura l’œuvre et métamorphosa les mélodies décolorées en passages divins. Porté par une salve d’applaudissements le concertiste distilla de la pointe de son archet le superbe chant du Cygne : magique ! En contrepoint à ce tube, le public put découvrir l’orchestration fournie et généreuse d’un jeune compositeur anglais d’une quarantaine d’années : Thomas Adès. Sa suite d’orchestre de

Gautier Capucon © X-D.R.

Lumière Noire

Powder her face, œuvre hybride, nourrie par toute la musique du premier quart du vingtième siècle, mâtinée d’humour et d’ironie, fit souffler sur le théâtre un vent de jeunesse rafraîchissant. À renouveler ! CHRISTOPHE FLOQUET

Concert donné le 25 mai au GTP

Un muet si parlant ! Au commencement était la page : blanche ! Si, au générique, le carnet intime de Thymiane (Louise Brooks), novice pure et insouciante, attend d’être rempli, dans la salle obscure de l’Alcazar, le 1er juin, la partition est vierge : pareillement ! Pour l’écrire, au piano, Karol Beffa se laisse porter par le flux des émotions générées par les images muettes du film Journal d’une jeune fille perdue (1929). Pabst était un immense cinéaste : le rythme du montage, les plans en clairs-obscurs inspirent le musicien. Aux croisements des regards mélodramatiques, les doigts répondent par une romance tendre, tonale, des modulations pastel, doucement plaintives. Mais dès la chute initiale, à l’instant où l’héroïne prend conscience du Mal, la facture sonore s’assombrit. Peu de figuralisme cependant ; pas plus de leitmotiv ! Le rythme cadencé des

cuillères à soupe à la cantine de l’ins-titut où est internée la fille-mère, la mécanique des corps essoufflés à la gymnastique, la révolte des filles du dortoir sont traités en crescendo, accélérations martelées au tempo d’un montage expressionniste. Le piano sourit aux scènes burlesques, gémit à la mort du nourrisson, swingue finement dans le cabaret-bordel ou Thymiane atterrit… et découvre le plaisir ! On comprend pourquoi, du fait de son aspect sulfureux, bouleversant les conventions, le chef-d’œuvre de Pabst a été censuré, mis à l’index. Pour cette avant-première en forme de ciné-concert renouvelé, le Festival Musiques Interdites lui a rendu hommage de la plus belle manière. JACQUES FRESCHEL


MUSIQUE

Merveilleuse Tosca… Le 27 mai, on attendait la prise de rôle de Béatrice Uria-Monzon dans Tosca. Connue de la scène avignonnaise pour avoir interprété une authentique Carmen en 2011, la (mezzo ?) soprano débutait ce dimanche dans le personnage de Floria : après un 1er air non décisif (timbre de mezzo trop marqué), la diva se fondit dans le rôle avec tant de talent que le public la rappela à chacun des airs clés et lui fit une véritable ovation pour «Je vécus d’art et d’amour» ! Le succès du spectacle n’aurait pu être complet sans les voix extraordinaires de Riccardo Massi (Mario) et Seng Hyoun Ko, époustouflant Scarpia, de retour en Avignon dans ce rôle, déjà interprété il y a cinq ans. Sur la scène, un immense portait : la Madone, parfois vue directement ou masquée derrière un voile. Cette figure omniprésente et omnipotente se métamorphose

Lyrisme du bonheur L’ensemble Sull’Aria a livré une interprétation sensible et juste du Stabat Mater de Rossini après le détour par un prélude de Bach (Laetitia Alliez) en clin d’œil annonciateur. Le chœur, mené avec enthousiasme par le jeune chef Pierre-Emmanuel Clair, sait, après les premiers émois de trac, rendre à l’œuvre sa fraîcheur, son lyrisme intime ; sous la poignante déploration qu’installe l’entrée dramatique du Stabat Mater Dolorosa, avec une basse sombre que vient moduler le chœur, se dessine la conviction d’une espérance joyeuse. Le Quartetto interprété par les quatre solistes est un petit bijou, fin, spirituel, enlevé avec une jubilation sensible. Le bonheur du chant anime l’ensemble, beauté des voix, ampleur, irisation des harmoniques, jeux d’échos entre chœur et solistes, belle circulation des thèmes, équilibre des pupitres… Les élans rossiniens, qui jouent avec le dialogue d’opéra et l’art délicat de la fugue, sont emportés par l’enthousiasme des chanteurs. Le public conquis obtient deux rappels fougueux…

© Cedric Delestrade - AC-Studio

en ange à la dernière scène, lorsque Tosca, réalisant la mort de son amant, se jette dans le vide. Ici l’ange ou la femme sont guidés par l’amour. Nadine Duffaut a réussi, dans sa mise en scène, à faire de la femme amoureuse une véritable héroïne. Dommage qu’un second entracte, avant le dernier acte, ait coupé l’action à l’un des

moments les plus intenses de l’ouvrage. Applaudissons enfin la superbe direction d’Alain Guingal et la participation très professionnelle des enfants de la Maîtrise de l’opéra ! CHRISTINE REY

Tosca a été joué à l’Opéra d’Avignon du 27 au 31 mai

Musique au sommet Convoqués à l’occasion d’un concert «anniversaire», les membres du Quatuor Debussy ont rendu un vibrant hommage au compositeur du même nom dans la Collégiale Saint-Pierre sur les hauteurs de Six-Fours pour inaugurer la programmation estivale du Festival de Musique de Toulon (voir p30). Doués d’une parfaite maîtrise de leurs instruments, les musiciens ont excellé dans un répertoire constitué majoritairement d’œuvres du dit

Monsieur Croche. Alternant les effets de contraste dynamique avec une finesse inouïe en opposant des pianissimi à la limite de l’audible à des fortissimi monumentaux mais jamais agressifs, ils ont su se jouer des difficultés de son unique et fameux quatuor avec une aisance déconcertante, rehaussant l’écriture harmonique si singulière avec une sonorité feutrée du plus bel effet. En guise de cerise sur le gâteau, Marielle Nordmann est venue s’ad-

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joindre au groupe à deux reprises après avoir interprété seule quelques pièces : la précision de son jeu de harpe y mettait en valeur la richesse des différents timbres apportant aux œuvres une dimension plus aérienne, à l’image du très narratif Conte Fantastique d’André Caplet. On ne pouvait rêver plus agréable ouverture !

M.C.

Ce concert a été donné le 2 juin à Pourrières, Couvent des Minimes, le 9 juin à l’église notre Dame à Correns, le 15 juin au temple Grignan Marseille, le 16 juin à l’église du saint esprit Aix-en-Provence

ÉMILIEN MOREAU

Mozart féerique Sandrine Piau (Pamina) font merveille, comme les éclairs vocaux de Burca Uyar (La Reine de la Nuit). Les chanteurs, libérés des dialogues parlés originels, se concentrent sur la

musicalité : à ce jeu, Henk Neven (Papageno), les Trois Dames ou le trio d’enfants de la Chorale Anguelos se distinguent. Pourtant, le parti pris a son revers. Le © Christian Dresse

Sous des dehors naïfs, La Flûte enchantée de Mozart est l’un des opéras les plus riches de l’histoire de la musique. Embrasser son impénétrable unicité demeure une gageure. Depuis 2007, la mise en scène de Jean-Paul Scarpitta a ses défenseurs et détracteurs. Elle fait le choix de l’onirisme et a pour mérite principal d’en mettre plein les yeux. Sa féerie aérienne, ses jeux de lumières, transparences, ses animaux-marionnettes à l’esthétique sophistiquée font briller les mirettes à la sortie du spectacle. La légèreté prime et le livret condensé rend l’ouvrage très accessible. Dans la fosse, en juin 2012 à Marseille, la direction va dans le même sens : Kenneth Montgomery allège les tempos, gomme les lourdeurs. Sur le plateau, les aigus suspendus de

discours indirect qui remplace les dialogues du Singspiel allemand, déclamé par deux comédiens, adapte le propos avec poésie, mais le dépouille en partie de son aspect didactique, lié en particulier aux symboles maçonniques. La Lumière et la Nuit se disputent certes l’accès au temple, mais les personnages perdent en épaisseur, et Papageno sa puissance comique. L’opus ainsi édulcoré peut sembler trop sucré. Par analogie, imagine-t-on représenter L’Opéra de Quat’sous amputé des dialogues de Brecht ? JACQUES FRESCHEL

La Flûte enchantée est jouée jusqu’au 16 juin à l’Opéra de Marseille


48 MUSIQUE JAZZ | ACTUELLE

Du vent dans les cannes

MARYVONNE COLOMBANI

Ce concert a eu lieu à Hyères le 27 mai

Du chaos naissent les étoiles

Avant son cousin RockIsland qui fera vibrer les remparts du fort voisin, celui d’Entrecasteaux, c’est le non moins superbe Fort Ganteaume qui a accueilli bon nombre de festivaliers tout heureux de découvrir cet incroyable belvédère sur la rade de Marseille faisant face au fort Saint-Jean. Le Festival Be.fort a offert les 31 mai et 1er juin deux soirées à la palette riche et variée dans cet écrin singulier. Blitz the Ambassador et sa fanfare cuivrée et groovy ont donné le ton dans une belle ambiance. Le natif de New York, MC énergique en mouvement n’a pas eu de mal à prendre la suite du G.U.I.D, le groupe urbain d’intervention du ballet Preljocaj. Performance, échange, chorégraphie où tout est mouvement sur fond de coucher de soleil… un délice. Il n’en fallait pas moins pour apprivoiser ce nouveau lieu, plateau de rêve pour un croisement des arts, chapeau !

Joli titre, emprunté à Chaplin, pour le deuxième album de Carmen Maria Véga qui donnait, le 26 mai au Café Julien, un avant goût alléchant de la tournée que le groupe entame cet été. Trois ans après la sortie de leur premier album La Menteuse, Du chaos naissent les étoiles, sorti en avril, arrive au bon moment et CMV nous emmène vers une chanson française toute pimpante, aux textes marquants. Dans une ambiance de cabaret, de showamusé, sexy et dansant, Carmen séduit par son énergie, sa franchise et son humour. Le public réagit instantanément dès le premier refrain, à sa voix, à l’histoire qu’elle raconte. Pour ceux qui aiment Philippe Katherine, Piaf, le bon rock français, CMV déclare «Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter… Du chaos naissent les étoiles !»

FRÉDÉRIC ISOLETTA

FRÉDÉRIQUE BRUN

Carmen Maria Vega © Yannick Ribeaut

Pierre Bertrand & Stephane Chausse 5tet c X-D.R

Fortiche

mage à la ville de Menton dans la composition de Stéphane Chausse La rue longue… le piano de Frédéric d’Oelsnitz sait alors faire parler les silences et retrouve la note bleue du Köln concert de Keith Jarrett, des duos subtils de la clarinette et du saxo. On sourit aussi au récit d’anecdotes : Running man, inspiré par la petite mélodie pour les non-voyants aux feux rouges du Japon, d’abord petit exercice pour le saxo, et enfin véritable pièce au tempo rapide et acrobatique. Alain Asplanato à la batterie et Christian Pachiaudi à la guitare basse accompagnent l’ensemble avec une belle efficacité. Le groupe ouvrira à nouveau le Festival des Cannes l’an prochain… Une bonne occasion de les retrouver !

Le treizième Festival de l’Anche à Hyères, fondé par Michel Pellegrino, et présidé par Jean Girault trouvait une belle conclusion avec Jazz dans les Canniers chez Roso France. Les champs de roseaux, les cannes, entourent l’entreprise, les longues tiges sèchent sous de vastes abris… Sur scène, les instruments qui leur doivent tant s’évertuent à vaincre une pluie qui cherche à troubler la fête. «Welcome, donc, to the canne festival» clame avec humour une large banderole ! Sur scène, un quintette inédit qui rassemble pour la première fois aux côtés d’un excellent trio rythmique (de la formation azuréenne NJO) deux solistes remarquables, Stéphane Chausse (clarinette et saxophone alto) et Pierre Bertrand (flûte et saxophone ténor). Ils interprètent des standards, comme Caravan de Duke Ellington avec des renouvellements virtuoses du thème, un hom-

Blitz the ambassador © X-D.R.

B-side Alors que la ville en chantier tente tant bien que mal d’accueillir les touristes de la saison et de motiver les troupes pour Marseille Provence 2013, le festival B-side mobilise les esprits festifs autour de lieux fédérateurs et indépendants ! Juste là, à côté, entre la Machine à coudre, les Demoiselles du 5 (Noailles) et l’Embobineuse (Belle de mai) du 22 mai au 14 juin. Car le collectif organisateur In the garage propose une programmation subtile avec du rock sous toute ses formes, du plus poétique au plus kraut, du plus électro au plus épileptique. Cinq soir, 10 live dont Jeffrey Lewis & the Junkyards (le tube Roll bus roll s’écoute en boucle !), Laetitia Sadier, Sleepy Sun, Marvin, Shub, JC Satan... Originalité et authenticité rassemblent tous les artistes invités sous le même signe. Ainsi, pour sa 5e édition, le festival B-side a atteint son objectif de partage, de découverte dans un état d’esprit underground et décalé qui donne envie d’être

là pour la prochaine édition. En 2013, donc… Cerise sur le gâteau, la soirée de clôture était confiée aux jeux de mains d’un des DJ chouchou à Marseille Why i am Mr Pink? C‘est son nom et ça met le feu ! F.B. Thee Oh Sees © kristin Klien


MUSIQUE

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Nébuleuses lumineuses

Alexandra Grimal & Nelson Veras © Dan Warzy

Un souffle très sensitif, d’une précision aérée, nous emmène, de la plainte aux emportements, sans jamais aucun étalage de puissance agressive. Ce sont les compositions d’Alexandra Grimal au saxophone ténor, qui forcent une écoute attentive. Dans cette création, d’une grande délicatesse, d’une écriture ciselée, rien n’est laissé au hasard. Le choix des musiciens qui l’accompagnent est, pour elle, d’une importance capitale : ses compositions sont pensées dès le départ pour chacun des partenaires qui l’entourent, dans le partage et le respect de leur singularité. Le 4tet Dragons est composé du guitariste Nelson Veras, qui déambule avec une grande liberté et se nourrit de la profondeur du piano de Jozef Dumoulin et du rythme

assuré par Dré Pallemaerts. Des Dragons qui semble-t-il recèlent une richesse qui ne demande qu’à se révéler… C’est cette perle cachée qui a été offerte au public du Moulin à Jazz de Vitrolles le 19 mai. Alexandra Grimal, tel un guide ou la gardienne d’un trésor, nous montre son cheminement harmonique complexe, parfois énigmatique, cérébral, la force et l’abondance d’une inspiration que l’on voit se déployer comme un secret gardé. DAN WARZY

CD : Andromeda, Ayler Records 2012 Un enregistrement live de Dragons a été réalisé le 20 mai et sera prochainement dans les bacs des bons disquaires

Jazz au Rouge Pascal Versini est un personnage très actif sur la scène musicale marseillaise, qui aime déplacer les arts. Avec le saxophoniste Gérard Murphy, il s’implique dans le projet de Corine Barbereau au Rouge Belle de Mai. Un endroit parfaitement adapté pour le jazz qui, grâce à eux, abrite une réunion régulière de musiciens sous la forme de concert ou de jam-session. Pascal Versini y a donné un concert en 5tet le 25 mai en compagnie du flûtiste Jean-Michel Souris, d’Eric Surménian à la contrebasse, de Djamel Taouacht à la batterie et de Francesco Castellani au trombone, instrument que l’on a peu souvent l’occasion d’entendre dans ce répertoire ou hors du big band. Un programme très agréable de standards, ainsi que quelques compositions où chaque musiciens a su briller et où tous ont assuré leur chorus. À peine le set terminé, une jam-session se poursuit avec Christophe Leloil à la trompette. Une belle fin de saison pour le Rouge. DAN WARZY

Pascal Versini quintet © Dan Warzy


Festival de Marseille juin salle Vallier). Autre nom familier des marseillais, celui de Robyn Orlin : dans Walking Next to Our Shoes…, entourée d’une chanteuse lyrique et du groupe Phuphuma Love Minus (chorale sud-africaine qui se produit le 5 juillet au Théâtre de la Sucrière), la chorégraphe raconte le destin des travailleurs ruraux expatriés en ville à qui on enlève leurs chaussures pour les réduire au silence (4 juillet salle Vallier). En clôture du Festival, la cie Sasha Waltz & Guests dédie ses Impromptus à l’éternel voyageur qui se cache dans la musique de Franz Schubert, jouée en direct par la pianiste Cristina Marton et chantée par Ruth Sandhoff (6 juillet au Silo).

Le Festival de danse et des arts multiples prendra fin le 6 juillet (voir p42). Très attendue, la dernière création, en première française, du Ballet Cullberg, The Strindberg Project, aborde différentes facettes de la personnalité complexe de l’auteur suédois (le 20 juin au Silo). Première française aussi pour la cie Enclave Espa ol et leur fresque colorée En Plata qui embrasse l’Espagne à travers toutes les danses (23 et 24 juin esplanade Bargemon) ; Espagne toujours avec la Galicienne Janet Novás qui a composé son solo Cara Pintada comme un conte pictural et chorégraphique (27 et 28 juin au Klap). C’est dans l’antichambre d’un hôtel très particulier, que les Belges Peeping Tom plante le décor de À louer, thriller chorégraphique comme eux seuls savent en faire… (29 et 30

Festival de Marseille Jusqu’au 6 juillet 04 91 99 00 20 www.festivaldemarseille.com

Walking next to our shoes... © Vuyani Feni

Off in Noves

Vagabondage La Rue est dans le pre © Cie Artonik

À Noves, depuis 6 ans, la ville et les Tréteaux du Panier de la troupe des Carboni concoctent un festival où se mélangent théâtre et musique dans une programmation haute en couleur. Le 20 juin, le plateau musical mêle les sons latinos de Cumbia Chicharra, la fanfare Samenakoa et le métissage

Le Pays des galejeurs © J. Hierholzer - S. Durel

Le Bois de l’Aune et la Direction de la Culture d’Aix-en-Provence co-organisent une soirée le 23 juin hors les murs dans le nouveau parc du Château de l’Horloge. Dès 19h30 la cie Artonik propose La Rue est dans le pré, un joyeux pique-nique (pensez à apporter le vôtre !) sur fond d’archives radiophoniques des années 50 à 70, prétexte à revisiter une période d’évolution et de révolution à travers 5 grands sujets (émancipation sexuelle, mouvement hippie, mode du disco…). Puis, avec De l’autre côté, la cie Cirquons Flex risquera l’envol, et la chute, du haut d’un portique de 8 mètres pour bousculer et explorer les limites qu’impose l’environnement quotidien, tandis que Fred Nevchehirlian, témoin du duo, construira une trame sonore tour à tour caressante et brutale. Le 23 juin 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr

jazz et klezmer de Kabbalah. Le lendemain, fête de la musique explosive avec Les Dassins d’Odessa et la fanfare Wonderbrass, avant la partie de pétanque théâtrale de la cie Artscénicum, Les Pieds tanqués, qui dévoile une crise identitaire... Le 23 juin les Carboni clôtureront leur dernière création, Le Pays des Galéjeurs mise en scène par Fred Muhl, d’après l’opérette marseilaise de Vincent Scotto, Marc Cab, Alibert et René Sarvil Au pays du soleil. Un théâtre musical qui explose les cloisonnements du genre, et finira par vous faire entonner joyeusement La Valse à petits pas, Zou un peu d’aioli et Miette… (aussi programmé au Chêne Noir durant le Off du 7 au 28 juillet). Off in Noves Du 20 au 23 juin 04 91 90 33 52 www.lescarboni.com

Autoportrait de Cavaillon À partir de «la théorie des 6 degrés de séparation» (qui indique que jamais plus de six personnes ne nous séparent les un(e)s des autres), le photographe Christophe Loiseau, membre du collectif Skappa ! & associés, a réalisé

une série de portraits d’habitants de Cavaillon, 4 séries qui créent une chaine de 28 portraits exposés dans les rues de la ville. Le vernissage commence place Philippe de Cabassole le 20 juin, pour une déambulation à travers la ville

Festival des Nuits de l’Enclave Pour la 47e année consécutive, Valréas, Grillon, Richerenches et Visan accueillent ce festival de théâtre, d’art, de musique, de littérature… Serge Pauthe y reprend La Bataille de Chaillot, spectacle dans lequel il raconte l’histoire de Jean Vilar, Les Tréteaux de France jouent Ruy Blas dans une mise en

de 18h30 à 19h30 (suivie de la présentation de l’avant-programme de la Scène nationale à 20h30 place du Clos).

scène de Christian Schiaretti, lequel met aussi en scène La Jeanne de Delteil avec Juliette Pizoud dans le rôle-titre, Patrick Pineau et la cie Pipo jouent Trois pièces de Tchekhov (L’Ours, La demande en mariage et Tragédien malgré lui), Roland Peyron est le M. Armand dit Garrincha de Serge Valetti dans une mise en scène d’Eric Louviot… Du 11 au 29 juillet 04 90 28 12 51 www.nuits-enclave.com

Ruy Blas © Christian Ganet

AU PROGRAMME

50 SPECTACLES

Autoportrait de Cavaillon Du 20 juin au 2 sept 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com


Festival des vents

Une série de concerts autour de cette famille d’instruments : Quintette Cassiopée (22 juin), Les Murmures d’Eole et Quatuor Segovia (le 23 juin), Bristol University Jazz Orchestra et Hornstars (28 juin à 20h30), Michel Tirabosco Trio (29 juin), Quintette de cuivres Magnifica (30 juin). MORIERES-LES-AVIGNON. Concerts à 21h 06 51 79 07 56 www.festivaldesvents.com

La sonate à travers le temps

César Franck (Sonate en la majeur) et Bartok (2e sonate) au programme de l’ensemble Des Equilibres dans sa formation duo : violon (Agnès Pyka) et piano (Bruno Robilliard). SAINT-MAXIMIN. Le 22 juin. Auditorium Collège Leï Garrus 07 63 01 45 92 www.desequilibres.fr

Concert Symphonique

Finlandia de Sibelius, la Suite du ballet Cassenoisette de Tchaïkovski et Schéhérazade de Rimski Korsakov par l’Orchestre des Alpes du Sud. SISTERON. Le 22 juin à 21h. Cathédrale

Lacrimae

Un nouveau concerts des Voix animées du cycle Entre pierres et mer : musique anglaise au XVIe siècle «sous le règne des Tudor au rythme du schisme anglican», autour des Lamentations de Jérémie, chantées à l’Office des Ténèbres (Byrd, White, Tallis…). Les cinq voix résonnent, a cappella, dans de belles acoustiques. TOULON. Le 24 juin. Eglise de l’Immaculée Conception LE THORONET. Le 24 juin à 18h45. Abbaye 06 51 63 51 65 www.lesvoixanimees.com

Spiritango Quartet

Astor Piazolla et le Tango nuevo par Fanny Azzuro (piano), Fanny Gallois (violon), Thomas Chedal (accordéon) et Benoît Levesque (contrebasse). MARSEILLE. Le 27 juin à 20h30. Auditorium Cité de la Musique 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Fanny Azzuro © X-D.R.

Vivaldi et Pergolèse

Sept musiciens autour du contre-ténor Pascal Bertin dans le Stabat Mater de Vivaldi et le Salve Regina de Pergolèse. MARSEILLE. Le 29 juin. Temple Grignan Résas Espaceculture 04 96 11 04 60 06 09 13 03 36 http://unastella.org

Baroque français en trio

Symphonies pour violon (Roberto Crisafulli), viole de gambe (Etienne Mangot) et clavecin (Christine Lecoin) de Marin Marais, Rameau… MARSEILLE. Le 29 juin. La Magalone – Cité de la Musique 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Le Château

Le dernier événement du Festival Musiques Interdites affiche une création exceptionnelle : Le Château d’après Kafka, dont les écrits furent interdits et la famille exterminée par les nazis, est un opéra de chambre pour chanteurs, acteurs et danseurs, composé par Karol Beffa, musicien à l’honneur en 2012 à Marseille. Pour cette première mondiale, la mise en scène, autour de l’installation plastique originale Les Procédants de Philippe Adrien, est signée Laurent Festas. MARSEILLE. Le 30 juin à 21h. Eglise Saint-CannatLes Prêcheurs 04 91 90 46 94 www.musiques-interdites.eu

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BOUCHES-DU-RHÔNE. La Clarinette : le 22 juin à Noves, 27 juin à La Bouilladisse et Cassis. La Flûte : le 26 juin Aceleme E. Vaillant à Marseille, 29 juin à La Destrousse. 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com

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Les musiciens de l’ensemble Télémaque jouent et expliquent des programmes élaborés autour de leur propre instrument… et poursuivent leur voyage dans le 13. La Clarinette : un programme partant de transcriptions de Bach et Wagner jusqu’à des opus modernes de Denisov, Carter et Philippe Hersant. La Flûte : autour de Syrinx de Debussy, Density 21,5 et Incantation de Jolivet, opus majeurs pour flûte seule du XXe siècle.

51

Liszt en Provence

Premier concert du festival de piano : Sofja Gulbadamova joue Liszt et Chopin, Debussy, Brahms, Fauré. UCHAUX. Le 1er juillet à 19h. Château Saint-Estève 04 90 40 60 94 www.liszt-en-provence.com

Requiem

150 jeunes chanteurs et instrumentistes américains issus du Blue Lake Fine Arts Camp (Michigan) se joignent à l’Atelier choral Paca-Med (dir. JeanFrançois Héron) pour le tonitruant Requiem de Verdi. AIX. Le 3 juillet à 21h. Cathédrale St-Sauveur 06 59 42 08 40 Festival Durance Lubéron 06 42 46 02 50 www.festival-durance-luberon.com

Musicales du Lubéron La soprano Mireille Delunsch en récital.

MENERBES. Le 12 juillet à 21h30. Terrasses de Gordes 04 90 72 68 53 www.musicalesluberon.com

Abbaye de la Celle

Olivier Charlier joue les Sonates et Partitas pour violon seul de Bach (le 12 juillet), «De Vivaldi à Mozart et Rossini» avec le flûtiste Philippe Depetris (le 17 juillet). LA CELLE. Concerts à 21h15 04 94 69 10 86 www.soireesmusicales-lacelle.com/

Au siècle de Debussy

Concert lecture autour d’opus de Debussy (Images, Isle joyeuse, Suite Pour le piano, Clair de Lune) et de texte du compositeur féru de littérature : un portrait dans le cadre du 150e anniversaire de sa naissance. Le piano expert de Dona Sévène dialogue avec le comédien Mathieu Buscatto. MALLEMORT. Le 13 juillet à 21h. Salle Dany 04 90 59 12 43 – www.netvibes.com/bibmallemort

La Folia

Des œuvres de Corelli, Marin Marais, Ortiz… par le jeune Valentin Tournet (15 ans !) prodige à la viole de gambe. MARSEILLE. Le 15 juillet à 17h. Abbaye de St-Victor 06 72 83 25 46 – www.lachapelleharmonique.fr

Musique ancienne

L’ensemble Doulce Memoire (le 16 juillet), Fabio Biondi & Europa Galante (18 juillet) en Dracénie. CALLAS. Concerts à 21h. 04 94 39 06 77 www.callas-festival.com

AU PROGRAMME

Les Éclaireurs

MUSIQUE


Théâtre et Chansons : Soirées Cabaret avec Chanson Indigo et l’Atelier Chansons sur Scène (22 au 24/6) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com

Seconde Nature : I:Cube + Amine Edge + Torre Bros. Aka The Soulshapes + 123MRK + Poborsk (21/6) 04 42 64 61 01 www.secondenature.org ARLES Cargo de nuit : Escales du Cargo au théâtre Antique avec Garbage + Rodrigo y Gabriela & Cuba + Shaka Ponk + Chinese Man + Simple Minds + (17 au 21/7) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com

Le Méjan Fête de la Musique Trafic 0–Rimshot-The Kafkas-Stop breaking down + Cinéma plein air Ladies&Gentlemen Rolling Stones (21/6) 04 90 49 56 78 www.lemejan.com

Festival Les Suds : Vincent Segal (9/7) Kimura&Ono-Avishaï Cohen-Tigran Hamasyan (10/7) Antonio Placer Jean Marie MachadoYom&Wonder Rabbis (11/7) Anoushka Shankar-Bomba Estero (12/7) Houria Aïchi-El Gusto-Aziz Sahmaoui&University of Gnawa (13/7) 04 90 96 06 27 www.suds-arles.com

AVIGNON AJMI / La MANUTENTION Présentation des Ateliers (7/6) Fête de la Musique-Kermesz à l’Est et Open Bal (21/6) 06 06 74 34 20 www.jazzalajmi.com

L’Entrepôt : Fête de la Musique quartier MonclarLa Violette avec Haut les Mains + Margaret Mixer Crew + Fanfarhumaine + Bocalup (21/6) 06 28 21 69 64

Le Délirium : Juan Carmona (17 et 18/7) 04 90 85 44 56 www.ledelirium.net

Passagers du Zinc : Camille au Festival d’Avignon (15/7), Zebda + Zoufris Maracas à l’Hôtel Dieu de Carpentras (23/7) 04 90 89 45 49 www.passagersduzinc.com

Places de la ville : Jesus is my girlfriend + Stan et Ael3x + Pepper Grind + Death of au punkette (Place des Corps Saints 23/6), Duck Explosion + Franglers + classe de musique actuelle du Conservatoire (Place Pie 30/6) www.placeauliveavignon.fr

04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com

DIGNE Centre culturel René Char : Festival Ejamslive avec Mörglbl + Freak Kitchen (4/7), Nina Attal (5/7), Renaud Louis-Servais (6/7) et Azulejos (7/7) 04 92 30 87 10 www.sortiradigne.fr

GÉMENOS Théâtre de Verdure : Cock Robin (20/7) 04 91 80 10 89 www.sudconcerts.net

LAMBESC Centre ancien : Fête de la Musique avec Fantasticus + Ataya + Samenako + Petit Jazzm’ard + Zick Assault + The Cadd’s + Rosevinyl (21/6) 04 42 17 00 62 www.lambesc.fr

LA CIOTAT Théâtre du Golfe : Festival Musique en Vacances (13 au 28/7) avec duo de guitare d’Amérique du Sud (28), Bizet était une femme de Cathy Heiting et Jonathan Soucasse (19), à l’Eglise Notre Dame : Stabat Mater par l’Ensemble Vocal d’Arles et l’Orchestre Mare Nostrum (13), New Gospel Family (17) 04 42 08 92 87 04 42 08 19 04

LAURIS Château : Accordéon, l’accroche au cœur par l’Atelier du Possible (24/6) 04 42 50 27 99

LA VALETTE-DU-VAR Place Jean Jaurès : Fête de la musique avec Charivari (21/6) 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr

LE THOR Sonograf’ : Festival de la Quinzaine Africaine avec Hope Masike (22/6) 04 90 02 13 30 www.lesonograf.fr

MARSEILLE Festival Jazz des 5 Continents Cours d’Estienne d’Orves : Doodlin’, Raphaël Imbert Omax at Lomax 7tet (17/7) Jardin du Palais Longchamp : Ballaké Sissoko&Vincent Segal Chamber Music, Pat Metheny Unity Band 4tet (18/7), Ibrahim Maalouf 6tet Diagnostic, Avishaï Cohen trio Seven Seas (19/7), Térez Montcalm 5tet, Stacey Kent 5tet (20/7), Al Jarreau 6tet, Earth Wind & Fire invite Al McKay (21/7) 04 95 09 32 57 www.fj5c.com

Inga des Riaux Nougarotrement (22/6), Bobzigua (28/6), John Massa 4tet (29/6) 06 07 575 558 www.inga-des-riaux.fr/music.html

Cabaret Aléatoire : August Burns Red + Adept (20/6) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com

Dan Racing : Fête de la musique avec Sigma (21/6), Schengen Ult R&R Band (22/6), Bonus Track + Power in Skin (23/6), Jbam + Funky Monks (29/6), Tribute Téléphone (30/6), Lemon Rose (6/7), Bitcho Rock (7/7), Defaced + Skhizein + Sleeping Forest (13/7), Da Bf (14/7), Ls n’ Bb (20/7) 06 09 17 04 07 http://guitarjacky.free.fr

Dock des Suds : Marée Haute Electric Euphoria (22/6), Festival de Vives Voix avec les Indéchiffrables + Sudden Jazz quartet au (29/6), Vendredi du Cabaret Dock des Suds (30/6), Pride Factory (7/7), Marée Haute Electric Euphoria (14/7) 04 91 99 00 00 www.dock-des-suds.org

Espace Julien : Fête de la musique avec Heidi Von Heidi (21/6) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com

Grim : Sons de Plateaux #6 avec Sugarcraft + Rémi B. (21/6), Sobraslasolas ! (22/6), Installation par la Générale d’Expérimentation/ Christian Zanesi, La voie Z + Feedback Ensemble (23/6) 04 91 04 69 59 www.grim-marseille.com

Kiosque des Réformés : Andromakers + The FKclub (24/6), Stéréobox + Kantate (12/7) 06 84 52 99 15 www.rendezvousdukiosque.fr

La Machine à Coudre : Antonio Negro et ses invités (22/6), Derek Poteat + Philippe Petit + Ahmad Compaore (28/6), Ensemble Oriental de Marseille (29/6) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com

Mundo Kfé : Soirée Off Sud Tremplin Découverte avec Gust + Duck explosion + Moyens du bord + Casa Grinta (22/6) 04 91 92 45 72 www.mundokfe.fr

Roll’ Studio Trio Trinidad (23/6) Duo Basse Sax (30/6) Monique Zuppardi trio (7/7) 04 91 644 315 ou 06 86 728 396 www.rollstudio.fr

Théâtre Sylvain Ahmad Compaoré trio avec Christophe Leloil (13/7) 04 91 47 73 94 La Maison du Chant Festival De Vives Voix (29/6 au 6/7) avec Les Indéchiffrables + Sudden Jazz quartet au Cabaret du Dock des Suds (29/6), Les Chanteurs des jardins (1er/7), Enco de Botte + Sanacore à la chapelle Sainte Catherine (2), Enco de Bott + La Ultima + Lo Cor de la Plana aux Jardins Velten (5), Enco de botte + Chants Soufis de Haute Egypte + Chants Soufis des Comores aux Jardins Velten (6) 04 91 62 78 57 www.lesvoiesduchant.org

La Meson «Flamenco Meson» sur la place Stalingrad avec Sandie Santiago + Bal Sevillan (30/6) 04 91 50 11 61 www.lameson.com

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04 42 27 08 75 www.aixqui.fr

BERRE L’ETANG Forum de Berre : La Banda Mundo Latino + Deluxe (23/6)

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AIX AixQui ? : Class’Eurock 2012 en haut du cours Mirabeau avec General Electriks + Boukanbucal + Kreatones + Nostalgia et les lauréats Junky Monkeys + Last Keeway + Little d Big G + Munky Fonk Soul + Skhizein + Sleeping Forest + The Living Dead (21/6)

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AU PROGRAMME

52 MUSIQUE

La Sucrière : Festival Tamazgha, musiques berbères et populaires d’Afrique du Nord avec Farid Ferragui et Zohra Aït-Abbas (23/6) 04 91 03 08 86 www.festivaltamazgha.org

Le Paradox : Mamienco (20/6), Mani Carneiro & François Múleka (26/6) 04 91 63 14 65 www.leparadox.fr

Le Poste à Galène : Soirée Colorful Wacky Sound (22/6), Iraka + Solat + Dilaime + guest (29/6), Fête de la musique avec The Magnets + The Last + Bird in Shell (21/6) 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com

L’éolienne : Arianna & Ferran Savall (29/6) 04 91 37 86 89 www.myspace.com/leolienne

MAUBEC La Gare : Les Zapéros-concerts du marché avec concert « surprise » (4/7), Hugo Kant (11/7), Merci Marlène (18/7), Forabandit (25/7) 04 90 76 84 38 www.aveclagare.org

OLLIOULES Châteauvallon : Sapho chante Oum Kalsoum (23/6) China Moses&Raphaël Lemonnier (7/7) Richard Galliano&sextet Piazolla Forever (13/7) 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

PEYROLLES Cour du Château : Curiosités Maritimes avec À la légère, chansons fines (24/6 et le 22/6 dans le cadre d’Un théâtre dans mon Salon à Marseille) 06 40 11 47 16 06 27 38 30 06

SAINT-RAPHAËL Square Delayen : «Fuzzfest» Rencontres musicales régionales de Saint-Raphaël avec Fukushiman + Tapenga + Sundayfools + Kelly und Kelly + OL’Dirty et DJ Duff (Maniacx) (29/6 au 1/7) 04 94 82 64 04

SAINT CANNAT Festival Jazz à Beaupré : Ben Aronov-Georges Mraz, Jacky Terrasson trio (29/6) Cecile MCLorin-Salvant, Mulgrew Miller (30/6) 04 42 57 21 56

LA SEYNE-SUR-MER Théâtre de Verdure La Nuit des Sablettes (7 au 22/7) 04 94 06 90 34 www.ot-la-seyne-sur-mer.fr

TOULON Place d’Armes : Iraka dans le cadre du festival Vide-Méninges (26/6) www.regionpaca.fr

Tandem : Fête de la musique avec NO/ID* sur la place du Pavé d’Amour : Weather Kings + El Botcho + Paradisco + Twin Apple (21/6) 04 98 070 070 www.tandem83.com



AIX Cité du livre – 04 42 91 98 88 Exposition Fleurs en scène : huit tableaux invitent à découvrir les différentes techniques de création et de réalisation du décor végétal mises du costume de scène. Jusqu’au 22 sept. Exposition des sculptures de Julie Bessard, inspirée par le texte Oiseaux de Saint-John Perse. Du 23 juin au 24 nov à la Fondation Saint-John Perse. Rencontre avec Michel Chiappero, architecte : Densité urbaine et plaisir de ville, décider autrement ? Le 22 juin à 18h30. De l’écriture du réel au réel de l’écriture : rencontre croisée entre Yvon Le Men, André Ughetto et Dominique Sorrente, écrivains, qui évoqueront leurs parcours en écriture. Le 26 juin à 18h30. Université populaire – 06 37 26 91 62 Sociologie du travail avec Paul Bouffartigue et JeanRené Pendaries, directeurs de recherche au Lest – CNRS à l’Université de Provence, le 25 juin à 19h. Centre aixois des Archives départementales -04 42 52 81 90 Exposition Les chemins de l’eau en BD – Le regard d’Edmond Baudoin, jusqu’au 23 juin. Librairie All Books & Co – 04 42 12 44 43 À l’occasion de la sortie de la dernière BD de Clément Baloup, La Concubine rouge (Gallimard), la librairie organise un concours ouvert à tous : pour participer il suffit de télécharger des planches de cette BD

(http://allbooks.canalblog.com) ou de venir les retirer à la librairie, et de les renvoyer par mail ou les rapporter directement. Les résultats du concours et le nom du gagnant seront révélés le 30 juin à 17h30 à l’occasion de la rencontre-dédicace avec Clément Baloup. 3bisf – 04 42 16 17 75 Atelier Objet-action animé par Caroline Le Mehauté, tous les jeudis de 13h30 à 16h30. Atelier Urbanité Idiotopique (construction d’une ville imaginaire où se croiseront tous les fantasmes de chacun) animé par Benjamin Marianne, tous les mardis de 14h à 16h30. École supérieure d’art – 04 42 91 88 70 Entre deux : exposition des œuvres de Samar Elbarawy, du 26 juin au 8 juillet à la Fondation Vasarely. ALPES DE HAUTE-PROVENCE Conseil général – 04 92 30 04 00 Au Col de Larche, dans le cadre du projet culturel et transfrontalier VIAPAC, la route de l’art (qui initie une route pour l’art contemporain reliant Digne-les-Bains à Caraglio en Italie), inauguration de l’œuvre TableRelief en présence de l’artiste David Renaud, le 5 juillet dès 15h. ARLES Collège international des traducteurs littéraires – 04 90 52 05 50 Journées franco-russes de la traduction : table ronde sur le thème France-Russie que reste-t-il à traduire ? avec M. Zonina, M. Parfenov, N. Avtonoma, H. Henry, A. Coldefy ; lecture-rencontre avec Maylis de Kerangal ; rencontre sur les écrivains et traducteurs en dialogue avec L. Rubinstein, H. Henry-Safier, B. Akounine et P. Lequesne… Les 29 et 30 juin. Galerie Joseph Antonin – 06 76 99 69 44 Résistances : exposition des œuvres de Dollo, Carp, Flageul et Chrysidi, du 4 juillet au 1er sept ; conférence d’Alain Bergala le 7 juillet à 10h à l’ENSP. AVIGNON Festival d’Avignon – 04 90 27 66 50 Théâtre des idées, conçu et modéré par Nicolas Truong, au gymnase du lycée Saint-Joseph à 15h : -Éloge du théâtre avec le philosophe Alain Badiou qui revient sur l’art et la question centrale de la représentation, le 15 juillet -Penser la différence avec Françoise et Héritier, anthropologue, et Éric Fassin, sociologue : comment penser les différences des cultures, des individus, des genres, des sexualités ?, le 18 juillet -Une nouvelle ère écologique ? avec Alain Gras, socioanthropologue des techniques, et Stéphane Lavignotte, pasteur et dir. de la Maison verte qui s’interrogeront sur le mirage d’une certaine idée de la croissance technoscientifique, le 20 juillet -Comment penser et représenter la crise ? avec Frédéric Lordon, économiste et philosophe, et André Orléan, économiste, deux économistes hétérodoxes sensibles à la question de la représentation théâtrale, le 21 juillet -Le temps passe-t-il trop vite ? avec Elie During, philosophe, et Etienne Klein, physicien : une rencontre pour donner du temps au temps entre science et philosophie, le 22 juillet Région PACA – 04 90 14 40 73 Rencontres professionnelles du spectacle vivant à l’antenne régionale de Vaucluse (Hôtel Armand, place

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Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42 Rencontres : avec Jean-Paul Demoule autour de son livre On a retrouvé l’histoire de France, Comment l’archéologie raconte notre passé (Laffont) le 22 juin à 19h à la librairie Harmonia Mundi (Arles) avec François Mouteyres pour son ouvrage Dédée. Un secret de famille, un destin français le 23 juin dès 17h à la librairie Parado Paradis (Marseille) avec Frédéric Forte pour l’ensemble de son œuvre le 21 juin à la librairie La Carline (Forcalquier) avec Annie Malochet pour ses ouvrages parus chez Edilivres le 22 juin dès 17h30 à la librairie Parado Paradis (Marseille) avec Anthony Pastor pour son nouveau roman graphique Castilla Drive (Actes Sud) le 23 juin à 16h à la librairie La Réserve à bulles (Marseille) avec Richard Carta pour son livre Le jour du safran (Jeanne Laffitte) le 23 juin à la librairie Maupetit (Marseille) avec Arno Bertina (écrivain en résidence à La Marelle) et Sébastien Sindeu (photographe) pour leur ouvrage Detroits (Le Bec en l’air). Les photographies présentes dans le livre seront exposées à la Librairie Apostille le 28 juin à 18h à la librairie Apostille (Marseille) avec Jean-Marie Blas de Roblès autour de son œuvre, accompagné de Laure Leroy, directrice des éditions Zulma le 28 juin dès 19h à la librairie Charlemagne (Hyères) avec Michel Szans pour son dernier ouvrage Pauvre Richard (L’Ecailler) et Jean-Luc Luciani pour son polar Un léger bruit dans le moteur (L’Ecailler) le 30 juin dès 17h à la librairie Apostille (Marseille) avec Raphaële Frier qui propose une lecture d’extraits de ses deux nouveaux romans Je veux un python pour mon anniversaire (Rue du monde) et Vol plané (Thierry Magnier) le 30 juin à 11h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Nicolas Céleguègue pour son livre Je prépare le BAFA : brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Dunod) le 30 juin dès 16h à la librairie Maupetit (Marseille)

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AU PROGRAMME

54 RENCONTRES

Maurice Bonnard ; les rencontres sont ouvertes à tous les professionnels, inscription sur avignon2012.regionpaca.fr). -Table ronde sur l’Économie sociale et solidaire : expériences et repères, le 10 juillet de 14h à 17h. -Table ronde sur la Création en milieu pénitentiaire : un engagement pour l’artiste, une prise d’indépendance pour le détenu ?, le 11 juillet de 10h à 13h. -Table ronde sur les Démarches artistiques et aménagement du territoire : quelles géographies partagées ?, le 12 juillet de 10h à 13h ; Table ronde sur Comment refonder la formation artistique et technique à l’heure du numérique ?, le 12 juillet de 14h30 à 17h. -Marathon lecture en partenariat avec le théâtre des Doms, le 13 juillet de 10h30 à 19h aux Doms. -Rencontre artistique autour de Rroms-rromani, mis en scène par Xavier Marchand, le 14 juillet de 10h à 12h. BARGÈME/TRIGANCE Le Souffle des arts – 06 50 18 51 55 Arts en Artuby : sur le territoire de l’Artuby, les villages Bargème et Trigance proposent festivals de musique baroque et de théâtre. À Bargème : exposition des peintures d’André Chevalard et pièces uniques de créateurs, Les Couleurs du vent, jusqu’au 30 septembre à La Maison de Gaston ; marché potier, exposition dans les rues du village, le 24 juin ; Peintres et sculpteurs dans le village, exposition dans les rues, le 29 juillet de 10h à 20h ; XXVIIIe festival de Musique ancienne et baroque, du 28 juillet au 25 août à l’église de Bargème. À Trigance : exposition des peinture de Robert Biagoli, du 20 juillet au 10 août à la salle culturelle ; conférence de Michel Frelat, Des primitifs africains au primitivisme dans l’art, le 4 août à 11h ; Ça va, pièce de JC Grumberg, le 5 août à 20h ; récital de piano Joël Holoubeck, le 9 août à 20h, à l’Espace culturel Artuby Verdon ; exposition des peintures de Robert Patier, du 20 juillet au 20 août à la Commanderie de Saint-Maynes ; exposition des peinture de Juliette Meize, Couples, jusqu’au 17 septembre à la galerie Mélusine ; été théâtral de Trigance, du 13 juillet au 10 août. BARJOLS Editions Plaine Page – 04 94 72 54 81 4e édition des Eauditives, festival Eau & Poésie : résidence d’écriture, installations éphémères, performances, conférences, édition, ateliers… Jusqu’au 24 juin. BRIGNOLES Le Bazar du Lézard – 06 71 58 73 76 Exposition des photos d’Arnaud Forestier et Guy Thouvignon, jusqu’au 14 juillet. CANNES Palais des festivals et des congrès – 04 93 39 01 01 Festival d’art pyrotechnique : concours qui voit s’opposer des artificiers italiens, chinois, espagnols, français et allemands, les 14, 21 et 29 juillet, et 7, 15 et 24 août, à 22h dans la Baie de Cannes, le dernier jour étant celui où sera rendu le palmarès avec un feu hors compétition des artificiers argentins. CHÂTEAUNEUF-LES-MARTIGUES Médiathèque municipale- 04 42 09 22 83 Le laboratoire de bande dessinée : exposition interactive pour apprendre les différentes étapes de la création d’une BD autour de l’album La Carotte aux étoiles de Régis Lejonc, Thierry Murat et Riff Reb’s (La Gouttière). Du 4 juillet au 25 août.


MANOSQUE Centre Jean Giono – 04 92 70 54 54 Exposition Giono et le cinéma, jusqu’au 30 sept à l’Eglise Notre Dame de Romigier. MARSEILLE Région – 04 91 57 52 11 Exposition Printemps arabe, jusqu’au 28 juin. BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 Exposition Press Play Pixellissime 2012 qui expose les relations complexes et passionnées entre le jeu vidéo et le cinéma, du 30 mai au 30 juin Conférence sur ITER : enjeux et perspectives par M. Arnoux, le 26 juin à 17h. ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00 À l’occasion du Forum mondial de l’eau, exposition

Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59 Les Mots à l’air : lecture (en partenariat avec Les Bernardines) de et par Florence Pazzottu, poète et vidéaste, le 25 juin à 19h30 plage des Légionnaires. Une rencontre dédicace avec l’auteur aura lieu le même jour à la librairie Le Lièvre de Mars à 16h30. Tous&Go – www.tousego.fr 3e Marche pour l’égalité le 7 juillet, départ à 15h30 du Parc du 26e centenaire. Au programme du Festival de la Marche pour l’égalité : -en partenariat avec le Festival de Marseille, ouverture les 9, 10 et 11 juin avec les interventions urbaines chorégraphiques de Sidi Larbi Cherkaoui, Tezuka, le 15 juin avec Al Menos dos Caras de la cie Sharon Fridman, et le 4 juillet avec Walking next to our shoes de Robyn Orlin - projection du film de Doran Eran, Melting away, au cinéma Les Variétés en présence du réalisateur et du scénariste, le 19 juin à 20h30 -soirée Saint Tropez aux 3G, à partir de 19h le 23 juin -rencontre Transidentité : enjeux sociaux, politiques et médiatiques animée par Agnès Freschel : états des lieux proposé par Delphine Philbert, auteur de Devenir celle que je suis-Témoignage sur la transidentité (Max Milo), et Carine Espineira, de l’Observatoire des transidentités, auteur de La transidentité de l’espace médiatique à l’espace public (éd L’Harmattan 2008), le 29 juin à 18h30 au CRDP -avant-première du film de Xavier Dolan, Laurence Anyways, le 29 juin à 21h au cinéma Les Variétés -rencontre Islam, homophobie et laïcité avec LudovicMohamed Zaned autour de son ouvrage Le Coran et la chair (Max Milo), le 5 juillet à 18h30 au CRDP -Le 6 juillet rencontre-diner enChanté : à 18h30 rencontre avec Caroline Fourest, L’égalité est-elle communautariste ?, suivie, à 21h, d’un diner mené par les Brigades Amateurs ponctué d’intermèdes musicaux du Trio Intermezzo. -Océanerosemarie joue son spectacle La Lesbienne invisible au théâtre Le Paris à Avignon, un bus est affrété, départ de Marseille à 19h le 20 juillet. -en partenariat avec le Festival Jazz des 5 continents, concert Robin Mckelle & The Flytones, guest Gregory Porter, le 23 juillet à 21h45 au Silo. Association P’Silo – 04 91 50 18 90 12e édition du Festival international de vidéo expérimentale Images contre nature, du 10 au 14 juillet au Théâtre des Chartreux ; exposition d’Alexis Yebra, du 21 juin au 21 juillet à la Galerie Paradis ; installation vidéo de Inès Wickmann, Temps bleu, du 27 juin au 13 juillet à Art\Positions ; installation vidéo de Samuel Bester & Sophie-Charlotte Gautier, La Machine, du 7 juillet au 25 août à l’espaceculture.

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LES BAUX-DE-PROVENCE Carrières de lumières – 04 90 54 55 56 Dans le cadre du Festival A-Part les Carrières de lumière programment 7 soirées qui marient musiques électroniques, images numériques, lumières virtuelles, vidéos… Soirée d’ouverture le 5 juillet, soirée Light & Soul le 12, Nuits Pixels Power les 19, 20 et 21, carte blanche à Michèle et Jimmy Roze le 26 et soirée de clôture en forme de bouquet final avec une compilation en images le 31.

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LAURIS Bibliothèque municipale – 06 71 40 10 89 Les nocturnes de Lauris sur le thème Jazz, polar et cinéma avec C. Mesplède, S. Deshors, M. Villard, P. Dessaint, Mako… Rencontres, ateliers d’écriture… Du 18 au 21 juillet.

Les territoires de l’eau, irrigation et partage de l’eau en Méditerranée, par l’IRD en partenariat avec l’INA. Jusqu’au 13 juillet.

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Association Marseille Autrement – 04 91 71 17 78 Balade historique commentée De la Canebière au bd National, par François Hervé, le 23 juin de 10h à 12h (rendez-vous devant le monument des Mobiles). Fotokino – 09 81 65 26 44 Tout et Rien : exposition des œuvres du dessinateur Benoît Bonnemaison-Fitte, jusqu’au 21 juillet. Galerie Montgrand – 04 91 33 11 99 Voyante du passé. Cryptage : exposition d’Ilana Salama Ortar, artiste en résidence à l’ESADMM, jusqu’au 30 juin. Auditorium de la Caisse d’Epargne – 04 91 57 26 49 Conférences d’initiation L’art en France par Jean-Noël Bret : L’art français IX : depuis 1945, le 21 juin à 18h. MARTIGUES Musée Ziem – 04 42 41 39 60 Exposition De Ziem à Dufy, acquisitions et restaurations récentes, du 4 juillet au 23 sept ; Déjeuner au musée : repas convivial après la découverte le commentaire détaillé d’une œuvre, le 6 juillet à 12h15 ; Stages d’été pour les enfants, du 9 au 13 juillet de 10h à 12h et du 6 au 10 août de 10h à 12h. SAINT-CHAMAS Chapelle Saint-Pierre – 04 90 50 90 54 Exposition de peintures d’Yvette Poussel-Celse et de dessins de Georges Rinaudo, jusqu’au 31 juillet. VISAN Médiathèque municipale – 04 90 41 96 31 Ateliers de création littéraire animés par Ricardo Montserrat, écrivain, scénariste et dramaturge, les 22 et le 29 juin de 20h à 23h.

CONCOURS Trois gares pour une utopie de proximité : dans le cadre du programme Quartiers créatifs porté par Marseille Provence 2013, l’Institut de design Civic City et la FAI AR proposent ce workshop pluridisciplinaire de 3 semaines en design et mise en scène de l’espace public coordonné par Ruedi Baur : le projet doit parvenir à se placer dans une utopie élargie autour de ce que pourrait être une gare au XXIe siècle. Le chantier se déroulera du 27 août au 16 septembre, ouvert à tous les professionnels issus du monde du design et du spectacle vivant. Dossier de candidature à renvoyer avant le 29 juin par mail (tania.lehberger@faiar.org) ET voie postale (FAI AR, Chantier Européen des Arts de la Rue, 225 avenue des Aygalades, 13015 Marseille). 04 91 69 74 67 www.faiar.org

AU PROGRAMME

FORCALQUIER Artgo et Cie – 04 92 73 06 75 Les Rencontres littéraires en Haute-Provence sont consacrées cette année à Michel Butor. L’auteur sera présent pour deux expositions et une rencontre public : -Exposition avec des œuvres de Christian Dotremont, Pierre Alechinsky, Jean-Luc Parent, Anne-Marie Pécheur, Jean-Michel Alberola et des livres d’artistes de Michel Butor, en collaboration avec le Centre du livre d’artiste de Lucinges (Savoie), du 6 juillet au 26 août au Centre d’art contemporain Boris Bojnev -Exposition Au coin de la rue de l’Enfer avec les 2ditions de la Différence et Michel Butor, éditions originales par Alechinsky, Charewicz, Dufour, Jiri Kolar, Parant, Barcelo… à Saint-Etienne-les-Orgues, du 7 au 29 juillet -Rencontre publique autour de Michel Butor avec des écrivains venus de France, d’Allemagne, de Suisse, de Belgique et du Portugal, dans les Jardins du Couvent des Cordeliers, le 8 juillet de 10h à 19h ; journée clôturée par un concert de Raphaël Imbert et ses musiciens.

RENCONTRES


56 ARTS VISUELS AU PROGRAMME Voyons voir Depuis 2007 Voyons Voir conçoit des manifestations d’art contemporain sur le territoire provençal et d’Aix en particulier avec des créations spécifiques pour chaque édition. Clément Bagot, Guillaume Gattier, Pierre Labat sont au Domaine de Saint Ser ; Jérémie Delhome, Iveta Duskova, Sandra Lorenzi, Emilie Perotto au Château Grand Boise ; Denis Brun au Jardin des Cinq Sens. Itinéraires de visite sur le site de l’association. C.L. Rien comme quelque chose se produit quelque part jusqu’au 31 octobre Puyloubier, Trets, St Marc Jaumegarde www.voyonsvoir.org

Au Jardin des 5 Sens, St Marc Jaumegarde-Denis Brun, The happy house and the lightning tree, 2012 © X-D.R

Sculpture en balade Dans le Lubéron Sculpture en balade organise depuis plusieurs années des parcours de découverte de sculpture contemporaine. Déployées dans les espaces ouverts et patrimoniaux les œuvres souvent monumentales favorisent la rencontre du grand public avec les artistes, leurs techniques et leurs démarches singulières. Attention les vernissages ont lieu en décalé. C.L. Barbentane du 29 juin au 1er juillet Grambois du 20 au 22 juillet Lauris du 17 au 19 août www.sculpture-balade.com

Pascal Valence, Loft, sculpture inox, 2.50x2x1m, 2011 © Christian Aujard

Peintres arméniens La maison/musée Edgar Mélik accueille ses compatriotes, d’Edgar Chahine à Arshile Gorky, pour composer un panorama de la peinture arménienne du XIX au XXe siècle. De la tradition du paysage à l’abstraction, une part belle est donnée particulièrement aux artistes qui comme Carzou ou Mélik ont trouvé en France un accueil et parfois le succès pour leur art. C.L. Les Peintres arméniens des XIX et XX siècles jusqu’au 30 sept Musée Edgar Mélik, Cabriès 04 42 22 42 81 www.musee-melik.fr Sarkis Hamalbachian, Carrefour caucasien, Huile sur toile 80x120cm-2005 © X-D.R Punta Lobos, Baha Sur, Mexico 2008 © John Mack

John Mack Pour sa première exposition en France, John Mack donne à voir son Mexique où il vit depuis dix ans. Muni d’un Leica et travaillant principalement en noir et blanc, il a exploré ce pays en tous sens portant un regard à la fois documentaire et poétique. Ses clichés traduisent une esthétique du dépouillement et du silence, s’imprègnent d’une rêverie particulière qui se superpose à l’âpreté de la vie et des territoires pour renvoyer aux origines du continent américain. C.L. Mexique : la révélation d’une terre jusqu’au 28 juillet Galerie Hélène Detaille, Marseille 04 91 53 43 46 www.galeriedetaille.com



58 ARTS VISUELS AU PROGRAMME A-Part Plus de 50 propositions d’artistes émaillent les Alpilles à l’occasion du festival nomade. Installations, commandes, expositions, résidences forment ce parcours en 10 communes et 9 sections (céramique contemporaine, Street Artist, Mexico 2012…), chacune dédiée à un champ artistique précis. Parmi les escales, ne pas rater les «discussions animées» qui grattent là où ça démange et, dans un tout autre genre, la création Incontr con de Claudio Parmiggiani à l’abbaye de Pierredon, entre terre et ciel. M.G.-G. 3e Festival international d’art contemporain Alpilles Provence du 5 au 31 juillet www.festival-apart.com

Miguel Chevalie, Power Pixels 2012 Festival a-part, Carrières de Lumières , Les Baux-de-Provence Musiques : Jacopo Baboni Schilingi / Michel Redolfi Logiciels : Cyrille Henry / Claude Micheli © Miguel Chevalier

S.P.H. En Avignon, durant dix ans, le dessin d’humour s’est exposé lors du Festival. À partir du fonds constitué de nombreux dessins et archives conservés au musée Calvet, l’exposition du musée Vouland retrace cette chronique particulière des années 1967 à 1976 et la fondation par Desclozeaux de la Société Protectrice de l’Humour. Une œuvre salutaire représentée par les créations originales du fondateur et bien des complices : Chaval, Bosc, Folon, Gourmelin, Reiser, Savignac, Sempé ou encore Topor… C.L. Société Protectrice de l’Humour-S.P.H. du 23 juin au 28 oct Musée Louis Vouland, Avignon 04 90 86 03 79 www.vouland.com

Mother and child, Sigalit Landau, 2010, Bicyclettes et sel de la mer morte, courtesy the artist and Kamel Mennour, Paris © Sigalit Landau-Charles Duprat

Desclozeaux, Le porte-plume carotte © F. Lepeltier

Se souvenir de la mer Entre mémoire et imaginaire, onirisme et réalité, les artistes invités au Château s’en donnent à cœur joie pour évoquer la mer dans tous ses états : créatures sous-marines, animaux vivants ou fantasmés, coutumes et usages, risques écologiques… Tout est passé à la loupe des créateurs tels Sigalit Landau, Olivier Millagou, Bartolani & Caillol, Sarkis, Boris Chouvellon… 30 artistes confrontent leurs œuvres (photographie et vidéo plus particulièrement) à l’environnement naturel et patrimonial du magnifique Domaine départemental. M.G.-G. du 23 juin au 31 octobre Château d’Avignon, Les Saintes-Maries-de-la-Mer 04 13 31 94 54 www.culture-13.fr

© Hans Silvester

Enfances Les enfants du monde sont l’objet de toutes les attentions photographiques à travers les regards de Sabine Weiss, Hans Silvester, Jean-François Mutzig et Jean Barak. Initiative conjointe de Clichés de l’aventure et Photographes d’Ailleurs et d’ici avec la Médiathèque Louis Aragon où l’on pourra rencontrer les photographes le 23 juin à 15h, puis vernissage-concert salle de l’Aigalier à 19h. C.L. du 20 juin au 1er septembre Salle de l’Aigalier, Martigues 04 42 07 35 10


ARTS VISUELS 59

Traces # 3 La trace, sous toutes ses formes et sous tous les continents, rassemble 6 artistes aux Chantiers de la Lune. Chiffres ou caractères chinois comme des indices chez Wei Fei ; habiles coulures noires dans le travail de Wang Qin ; traces coulantes et bilieuses des personnages de Gilles Breil ; éphémères sur les corps des habitants de l’Omo photographiés par Hans Silvester ; miroir du corps féminin et de l’impact de sa présence pour la canadienne Krista Smith ou encore empreintes-symboles de Fodé Camara, reflets d’une société asservie. M.G.-G. du 2 juin au 28 juillet Les Chantiers de la Lune, La Seyne-sur-Mer 04 94 06 49 26 www.leschantiersdelalune.com Rose © Krista Smith

Nils Udo

La nature est le thème de vie du plasticien allemand, qui la célèbre dans les photographies d’installations réalisées à partir de matériaux collectés in situ. Une manière d’évoquer pour l’éternité ses «nids», ses «autels», ses «maisons d’eau» avant de les laisser subir l’érosion du temps. Éphémères, mais pas vraiment, ses œuvres viennent nourrir ses peintures (jeux de silhouettes et d’ombres, de reflets et de lignes) et ses encres de chine (il ressuscite «le génie des lieux» dans la calligraphie). Campredon complète ce tour d’horizon de films sur ses projets monumentaux. M.G.-G. Nature (élément) du 30 juin au 7 octobre Centre d’art Campredon, Isle-sur-la-Sorgue 04 30 38 17 41 www.islesurlasorgue.fr/campredon.html © Nils Udo, Sans titre – Tournesols, baies d’obier…, Donauried, Baviere, Allemagne, 1993 – 124 x 124 cm

Sébastien Cordoléani Cuirs, Rubis, Strates, Pattern… invité par Le Moulin, le designer français, installé à Barcelone, présente trois projets autour du travail innovant du cuir : 3 assises autour de 3 matières et 3 degrés d’innovation. À l’occasion de cette carte blanche, le lauréat de la Design Parade 2007 lève le voile sur son processus de création incluant des projets aboutis ou non, des impasses, des projets en suspens… M.G.-G. Assises, Exercices de style du 26 juin au 16 sept Espace d’art Le Moulin, La Valette-du-Var 04 94 23 36 49 www.lavalette83.fr

Morgane Le Gall, commande de Maison Française, stylisme photo Anne Prud'Homme 2011 © Morgane Le Gall

Sébastien Cordoléani, Strates, fauteuil © Sébastien Cordoléani

Design Parade 7 Ils sont 10 jeunes designers internationaux à concourir pour le prix Design Parade. L’événement aurait pu rester confidentiel, sauf que la Villa Noailles organise à cette occasion des expositions conçues comme une vitrine de la création contemporaine dans le domaine du design (projets produits lors de workshops d’étudiants au Cirva, sélection d’objets édités par Lidewije Edelkoort, photographies de Morgane Le Gall…), des conférences, des rencontres et un marché d’antiquités du 20e siècle. M.G.-G. festival les 29 juin et 1er juillet expositions du 30 juin au 30 sept Centre d’art Villa Noailles, Hyères 04 98 08 01 98 www.villanoailles-hyeres.com


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CINÉMA

LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE

Ciné Tilt

La Buzine Soirée surprise Le 17 juin à partir de 14h, Marius d’Alexander O'Brother des freres Coen

Dans le cadre de sa 17ème édition Ciné Tilt propose 26 soirées de projections dans 8 lieux de Marseille ! Toutes les projections ont lieu à la tombée de la nuit. Animaux et Cie de Reinhard Klooss et Holger Tappe ; Le discours d’un roi de Tom Hooper ; Billy Elliot de Stephen Daldry ; L’apprenti-sorcier de John Turteltaub ; O’Brother des frères Coen ; Moi moche et méchant de Pierre Coffin et Chris Renaud.

Korda ; Fanny de Marc Allégret et César de Marcel Pagnol. Le 24 juin à 14h, La Maman et la putain de Jean Eustache, Prix Spécial du Jury Cannes 1973 ; avec Bernadette Lafont, Jean-Pierre Léaud, Françoise Lebrun. Puis, le 30 juin à partir de 20h, première projection plein air dans le Parc du Château : Ciné Piquenique. Six courts-métrages sur le thème de l’été: La Carte de Stéfan Le Lay ; Miramare de Michaela Müller ; Nouvelle Vague de Simon Dronet ; Bottle de Kirsten Lepore ; Time to relax de Bard Ivar Engelsas et l’excellent Le Marin masqué de Sophie Letourneur. La Buzine, Marseille 12ème 04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

Prix du Jury du Festival de Cannes 2012

Le 22 juin à 20h30, le cinéma 3 Casino à Gardanne propose une soirée «surprise» : projection du prix du Jury du festival de Cannes 2012, suivie d’un verre de l’amitié. 04 42 51 44 93 www.cinema-gardanne.fr

Jusqu’au 18 août 04 91 91 07 99 www.cinetilt.org

Couleur de peau : miel

Les Classiques de l’été Jusqu’au 27 juillet, l’Institut de l’Image à Aix propose Les Classiques de l’été. Lame de fond de Vincente Minnelli ; Si Paris l’avait su, un des premiers films de Terence Fisher ; French Cancan de Renoir ; Attaque ! de Robert Aldrich ; L’Assassin et Les Jours comptés d’Elio Petri ; Sandra de Visconti ; Trois femmes d’Altman ; Comédie Érotique d’une nuit d’été de Woody Allen ; Go Go Tales d’Abel Ferrara. Rendez-vous avec Marilyn dans Troublez-moi ce soir de Roy Ward Baker et Bus Stop de Joshua Logan. Institut de l’Image 04 42 26 81 82 www.institut-image.org Sandra de Viscontia

La Maman et la putain de Jean Eustache

Ce qui nous arrive Le 20 juin à 18h45 à la Friche, dans le cadre du

Le 22 juin à 20h, au cinéma Les Variétés, en partenariat avec la Région Paca et la librairie La réserve à Bulles, projection de Couleur de peau : miel, récit autobiographique d’animation, en présence du réalisateur Laurent Boileau, de Michel Cortey et Christophe Devaux de la station animation d’Arles. www.cinemetroart.com/cinema_marseille

Colloque national sur la création artistique pour les publics sous main de justice, Lieux Fictifs propose la projection de Ce qui nous arrive de Caroline Caccavale, réalisé avec des personnes détenues de la prison des Baumettes ; mise en jeu et en écriture de Jeanne Poitevin et Maxime Carasso de la Cie Alzhar. Lieux Fictifs 04 95 04 96 37 www.lieuxfictifs.org

Benda Bilili ! Le 21 juin à partir de 19h, au Jardin des Aurès dans le 15ème, en partenariat avec Accueil & Rencontres, Peuple et Culture propose Benda Bilili ! de Renaud Barret et Florent de La Tullaye, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs 2010. Peuple et Culture, Marseille 04 91 24 89 71 www.peuple-culture-marseille.org Benda Bilili ! de Renaud Barret et Florent de La Tullaye

Couleur de peau miel de Laurent Boileau

Écrans sous les étoiles À partir du 26 juin, l’Alhambra Cinémarseille, en partenariat avec la Mairie de secteur, propose à la tombée de la nuit dans différents lieux des 15ème et 16ème arrondissements, des séances de cinéma en plein air : Une Vie de chat d’Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli : Kung Fu Panda 2 de Jennifer Yuh ; Astérix et Obélix : mission Cléopâtre d’Alain Chabat ; La première étoile de Lucien Jean-Baptiste ; The green Hornet de Michel Gondry ; Horton de Jimmy Hayward. 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com


Juin au jardin Festival d’Espigoule Le 27 juin à 21h30, la Bibliothèque départementale Gaston-Defferre propose en partenariat avec Tilt, dans le jardin de lecture, Poussière d’Ange d’Edouard Niermans, avec Bernard Giraudeau, Fanny Cottençon, Fanny Bastien. Le 6 juillet ce sera L’Ultime razzia de Stanley Kubrick, avec Sterling Hayden et Coleen Gray. ABD Gaston Defferre 04 13 31 82 00 http://www.biblio13.fr

Faîtes le mur de Banksy

Les 6 et 7 juillet, à Ginasservis, le Festival d’Espigoule, organisé par Sans Tambours Ni Trompettes déploie pour la dernière fois sa convivialité estivale et populaire : concerts, exposition, projection de courts-métrages et le 7 juillet à 22h30, Faites le Mur de Banksy, un documentaire sur le street art. http://festival-espigoule.over-blog.com

Les Toiles de mer

Cinépage Le 28 juin à 20h, Cinépage, en partenariat avec le Cinéma Pathé Madeleine, propose She Hate me de Spike Lee avec Anthony Mackie, Kerry Washington, Ellen Barkin, John Turturro, Monica Bellucci, Jim Brown. 04 91 85 07 17 www.cinepage.com

Les femmes du 6eme étage de Philippe Le Guay

Poussiere d’Ange d’Edouard Niermans

Le 11 juillet vers 22h à l’espace Mistral, l’Alhambra Cinémarseille en partenariat avec le Comité des Fêtes et le Centre social de l’Estaque, présente Les femmes du 6ème étage de Philippe Le Guay avec Fabrice Luchini et Sandrine Kiberlain. Alhambra Cinémarseille 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com

She Hate me de Spike Lee

Court», ArtCourtVideo propose une soirée de projection consacrée aux court-métrages d’animation au cinéma Actes Sud à Arles. 04 90 93 33 29 www.artcourtvideo.com

Ciné Silvain Le 2 juillet, à la tombée de la nuit, Ciné Silvain (voir p. 17) propose Le Voyage en Arménie de Robert Guédiguian avec Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Simon Abkarian ; le 16 juillet, ce sera Indigènes de Rachid Bouchareb avec Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem. Théâtre Silvain, Marseille www.capsur2013.fr

La momie de Shadi Abdel Salam

Aflam Un Jeudi Tout Court Le 28 juin à 20h, dans le cadre de «Un Jeudi Tout

Le 13 juillet à la tombée de la nuit, au Théâtre Silvain, Aflam, en partenariat avec l’Egyptian Film Center et le Bureau Culturel de l’Ambassade propose La momie de Shadi Abdel Salam. 04 91 47 73 94 www.aflam.fr


62 CINÉMA CANNES

Marathon à CANNES Alors que s’achève le Festival de Cannes et que tout le monde attend le palmarès, une longue file d’attente s’étale, tôt le matin, devant la salle du Miramar. 360 enseignants et étudiants qui s’apprêtent pour un marathon cinéphilique : 30 heures de films non stop, 12 longs métrages et 3 courts, issus de toutes les sections du festival, choisis minutieusement par la commission Cinécole, six enseignants de l’Académie de Nice, coorganisatrice avec Cannes-Cinéma de cette manifestation qui rencontre chaque année le même succès. Ces programmateurs étaient particulièrement en phase avec les jurys officiels puisque 8 des films qu’ils avaient sélectionnés ont été primés ! La Palme d’Or pour le film de Haneke, le Prix du Jury pour La Part des Anges de Ken Loach ; le Prix d’Interprétation Masculine pour Mads Mikkelsen, dans La Chasse de Thomas Vinterberg ; La Caméra d’Or et le prix Un Certain Regard pour le premier long métrage de Benh Zeitlin, une sorte de conte philosophique en Louisiane, Les Bêtes du Sud sauvage, dans lequel Quvenzhané Wallis, une fillette, crève l’écran ; le Prix Fipresci des sections parallèles pour le premier long de Rachid Djaïdani, Rengaine, sur les relations inter communautaires ; le prix de la SACD pour Les Voisins de Dieu, premier film de Meni Yaesh qui plonge dans l’intégrisme religieux en Israël ; l’Art Cinema Award pour No ! de Pablo Larraín ; la Queer Palm du court métrage pour Ce n’est pas un film de cow-boys de Benjamin Parent.

L’autre palmarès

ment en fût. On suit Robbie (Paul Brannigan) un jeune futur père, quelque peu délinquant, de la banlieue de Glasgow, condamné à 300 heures de travaux d’intérêt collectif : une chance pour lui qui n’en a pas eu beaucoup dans la vie car un éducateur au grand cœur spécialiste de whisky va l’initier à la dégustation et Robbie a un excellent nez ! Il est bientôt capable d’identifier les cuvées les plus exceptionnelles et les plus chères. Avec trois autres malchanceux de la société, ils vont ainsi visiter une distillerie, participer à une dégustation, assister à une vente aux enchères en kilt ! au milieu des riches habitués et… allez voir la suite ! Ken Loach et son fidèle scénariste Paul Laverty nous font vibrer devant les aventures de ces pieds nickelés ; on rit aux gags et aux bons mots de cette tendre comédie sociale à la morale de Robin La part des anges de Ken Loach des bois. C’est ensuite le dernier Ken Loach, la Part des Juste avant, c’est le Prix Écrans Junior qui a été anges, qui a séduit le public. «La part des anges» proposé : Ombline qu’a réalisé Stéphane Cazes, est une expression qui désigne les 2 % d’alcool à partir d’histoires entendues en prison. Ombline qui s’évaporent dans l’air pendant le vieillisse- est une jeune fem-me qui donne naissance à Lucas qu’elle apprend à élever en prison. Séparée de son fils, placé en famille d’accueil à 18 mois selon la loi, elle se (dé)bat, femme abîmée par la vie parmi les autres dans l’espoir d’en récupérer la garde à sa sortie de prison… Malgré une fin trop appuyée, le film offre de beaux portraits de femmes, surtout grâce au jeu intense de Mélanie Thierry (César du Meilleur Espoir Féminin 2010). Cette trentième édition de Cinécole s’est achevée avec Amour, mais dans la douleur, avec le superbe et éprouvant film de Haneke, palme d’or d’un autre palmarès au tapis rouge. Broken de Rufus Norris

Après une nuit blanche et pleine, les cinécoliens ont attribué leur coup de cœur à Broken, premier film de Rufus Norris, metteur en scène de théâtre britannique, adapté d’un roman de Daniel Clay, qui avait fait l’ouverture de la 51ème Semaine de la Critique. Dans un quartier populaire, une jeune adolescente, diabétique, Skunk Cunningham (magistralement interprétée parEloïse Laurence), élevée par son père (Tim Roth) est confrontée à la dureté de la vie, étant témoin d’un acte de violence injuste qui va entraîner les voisins du quartier dans un terrible engrenage de malen-tendus et de mensonges. Tous les personnages de Rufus Norris ont des fêlures dont certains ne se remettront pas. Alternant scènes de tendresse et de violence, Broken est un film au noir sur les illusions perdues. Autre film fort apprécié et grave, La Chasse de Thomas Vinterberg, réalisateur de Festen, qui suit le parcours de Lucas (le Danois Mads Mikkelsen qui a bien mérité son prix !) travaillant dans un jardin d’enfants, accusé à tort de pédophilie. Immédiatement mis au ban de la communauté, il lutte pour faire reconnaître la vérité mais aussi pour montrer qu’il reste digne face au groupe et à ses attaques. Une mise en scène tendue, sans

La chasse de Thomas Vinterberg

faille, pour ce film qui parle de la fin de l’innocence et fait mentir l’adage : «La vérité sort de la bouche des enfants.»

ANNIE GAVA


QUINZAINE | CINÉMA CHINOIS

CINÉMA

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Top treize à l’Alhambra

No de Pablo Larrain

Si tu ne vas pas à Cannes, Cannes vient à toi ! À l’Alhambra bien sûr, où, depuis 2005, treize des films de la Quinzaine des Réalisateurs, vivier du cinéma d’auteurs, sont projetés, trois jours à peine après la clôture du festival cannois. Le 29 mai, Edouard Waintrop, nouveau délégué général de la Quinzaine et William Benedetto, directeur du cinéma de St Henri, ont ouvert le programme par un Adieu, celui des frères Podalydès à Berthe, la mémé de leur comédie aux jeux de mots pataphysiques, aux tours de passe-passe tirés d’une malle de magicien, variations métaphoriques de la disparition qui s’essoufflent quelque peu en se déclinant. La suite a réservé d’excellentes surprises. Camille redouble (prix SACD 2012) l’émouvante fable de et avec Noémie Llovsky, version française du Peggy Sue got married de Coppola, en moins «rose» et beaucoup plus drôle, qui pose avec sensibilité et justesse la vaine mais inévitable question de la maturité : et si c’était à refaire ? Subversion des codes, décalages, dérapages très contrôlés, la comédie triomphe aussi dans le cynique et «so british» Sightseers de Ben Wheatley où on suit, ravis, l’itinéraire meurtrier de Chris et

Tina durant leurs premières vacances en amoureux. Une Bonnie et un Clyde en K-way et jogging mou, qui traversent dans leur caravane une nature idyllique tout en massacrant au passage, sans état d’âme, entre musées et campings, les gêneurs qu’ils croisent. Belle découverte encore que No de Pablo Larraìn, ultime volet iconoclaste d’une trilogie sur la dictature chilienne, récompensé par le Art Cinema Award, qui reconstitue la campagne électorale des partisans du non au référendum de 1988

imposé par les autorités internationales pour la réélection de Pinochet. Tourné avec une caméra de 1983 dans un format 4/3, le film retrouve le style visuel de l’époque intégrant les archives à la fiction. Gael Garcia Bernal y incarne un jeune publicitaire de talent revenu d’exil, peu politisé, qui va «vendre» le choix démocratique comme une lessive ! La communication prévalant sur le contenu, l’efficacité sur l’éthique : «Après tout, le Chili pense à son avenir» affirme le héros avant chacune de ses présentations. Pinochet perd parce que le pays a évolué et que la campagne du vieux dictateur est «ringarde» ! Films légers, grinçants, dérangeants, poignants, romanesques, la variété de la sélection a même permis aux grands et petits cinéphiles de fondre de plaisir en partageant les chamallows, roudoudous, berlingots et guimauves d’Ernest et Célestine, le conte politico-poétique de Renner, Aubier et Patar à s’éveiller assis. ÉLISE PADOVANI

Les films de la Quinzaine des Réalisateurs ont été présentés à l’Alhambra Cinémarseille du 29 mai au 5 juin

Vive Mr Shu ! Le Festival du Cinéma Chinois en France, qui se déroule cette année dans six villes, s’est ouvert à Marseille au cinéma le Prado avec l’ensemble musical Xin Yi de musique traditionnelle dirigé par Wang Guozhen : neuf jeunes femmes ont joué, à la cithare Guqin, à la flûte de bambou ou au hautbois, des morceaux aux titres évocateurs de Cueillir les herbes, Parfums de jasmin, ou Fleurs épanouies, pleine lune… Après différentes allocutions qui ont précisé l’objectif de la manifestation, «faire découvrir des films inédits en France et promouvoir les échanges entre les deux pays» a été projeté le premier des 14 films choisis, Ce que pensent les femmes, une comédie romantique de Chen Daming, remake mou de What women want avec Mel Gibson, qui n’a d’autre intérêt que d’y pouvoir admirer la superbe Gong Li, invitée d’honneur du festival. Le mélodrame de Zhang Yimou, Sous l’aubépine, permet de découvrir une jeune actrice Zhou Dongyu incarnant une jeune fille qui, pendant la révolution culturelle, vit une histoire d’amour troublée par cette période répressive… une mise en scène traditionnelle, sinon simpliste. Plus intéressant le film d’animation, Une fille juive à Shanghai de Wang Genfa, construit en flash back successifs, raconte l’histoire d’une petite fille qui a été emmenée à Shanghai pour échapper aux nazis. Petite rousse aux superbes yeux bleus, elle rencontre un jeune Chinois, A-Gen, qui l’aide à survivre. Leur amitié prend fin quand la guerre est finie mais lorsqu’elle revient à Shanghai, soixante ans plus tard elle y retrouve, comme dans les contes, son ami.

Hello Mr. Shu de Han Jie

Le plus réussi est le film de Han Jie, Hello Mr. Shu. Dès le premier plan, le ton est donné : un homme étrange est perché sur un arbre ; Shu en chinois signifie «arbre». On le reverra ainsi dans des scènes toutes oniriques. Car, comme le disent les habitants du village minier qui se vide peu à peu Shu n’est pas «stable» : il a des visions, récurrentes, de son père mort, puis de son frère ; il est un peu devin, il tombe amoureux d’une jeune muette qu’il épouse, un vrai fiasco ! Il boit, il se bat. Il recompose le monde à sa guise. Il est perché sur son arbre… Alternent de superbes plans

des paysages enneigés de la Chine rurale du Nord Est, de fêtes éclatantes de couleurs jusqu’à ce plan, rouge, hallucinatoire, des mineurs quittant le village. Tout n’est-il que rêve ? Il n’est pas étonnant que ce film ait obtenu le Grand Prix du jury au festival de Shanghai… ANNIE GAVA

Le Festival a eu lieu du 7 au 12 juin au cinéma le Prado, Marseille


64 CINÉMA GRAND REPORTER | CASSOS

Francoise Joly, Alexandra Deniaux, Guilaine Chenu © A.G.

Rendre compte Gilles Jacquier, Rémi Ochlik, Marie Calvin : envers ces journalistes occidentaux tombés en couvrant des conflits, trop d’européens, protégés par la relative prospérité de leurs démocraties, éprouvent émotions factices ou méfiance. Cette volonté de s’exposer n’est-elle pas suspecte ? Le prix de leurs témoignages n’est-

il pas exorbitant ? La question de la limite de l’engagement de la presse était au cœur de la soirée d’hommage aux Grands reportages organisée à l’Hôtel de Région, le 22 mai, dans le cadre de l’exposition Printemps arabe. Michel Vauzelle rappelant le destin partagé des peuples méditerranéens, a fustigé la tentation du

repli, celle de la désillusion de «l’après» en Égypte ou en Tunisie, celle de l’indifférence. Françoise Joly et Guilaine Chenu, les deux rédactrices en chef du magazine Envoyé Spécial sur France 2, ont expliqué comment les risques s’évaluaient en accord avec les équipes souvent privées de recul ou d’information cruciales, comment on renonçait parfois à aller sur le terrain parce que la chaîne ou les intervenants y voyaient un danger trop grand mais jamais sous la pression d’autorités gouvernementales. Elles ont affirmé l’importance de la présence des reporters pour recueillir sans les juger, les paroles d’hommes et de femmes dans leur complexité et leurs contradictions, pour capter le dit et le non-dit, pour considérer tous les points de vue parce qu’informer ce n’est pas seulement transmettre des dépêches. Quatre extraits de reportages «à hauteur humaine» ont été présentés par des journalistes travaillant pour l’émission, passionnés par leur métier et en aucun cas suicidaires. Lucas Menget a raconté son entrée clandestine en Lybie, la prise de Nalout par les insurgés, l’attaque des forces armées de Kadhafi contre ce lieu stratégique à la frontière tunisienne et l’aide déterminante des responsables de la ville pour

Coup d’essai À Marseille, on connait tous Philippe Carrese, écrivain et réalisateur de télévision, personnage sympathique et fédérateur. Il a décidé de venir au cinéma et son premier film, présenté en avant-première le 6 juin au cinéma Le Prado, sort en salle le 13 juin. Devant une salle pleine le producteur, Thierry Aflalou de Comic Strip production a présenté le film en présence de Philippe Carrese et de «toute l’équipe» et a demandé en plaisantant qu’on parle de Cassos s’il nous plaisait et qu’on ne dise rien dans le cas contraire ! On serait tenté de se taire tant on admire la ténacité de Carrese à réaliser un film avec un petit budget : tournage en 11 nuits, entre 6h du soir et 8h du matin pour simplifier les raccords lumière, trois appareils photo-caméras numériques pour les scènes à l’intérieur d’une voiture, techniciens et acteurs de sa tribu… Mais cela suffit-il ? Le scénario, construit en boucle, manque d’originalité : un assureur (Didier Benureau), hu-

milié et cocufié par sa femme (Agnès Soral), décide de la faire supprimer, rencontre un professionnel du crime (Simon Astier) et devient lui-même un tueur. Le découpage en saynètes ralentit le rythme, le personnage de la femme, tyrannique et hystérique, est caricatural et les dialogues, parfois drôles, entre le tueur et l’assureur sont aussi très lourds par moments. Heureusement, il a de très belles

images de Berre l’Etang, de ses usines et le 2ème personnage féminin (Marie Kremer) est touchant. On espère que le prochain film, Démons de Dante, sera un coup de maître ! ANNIE GAVA

Cassos de Philippe Carrese, sortie le 13 juin

Cassos de Philippe Carrese

sauver son équipe. Alexandra Deniaux nous a embarqués dans un cercueil flottant avec des harragas tunisiens. Jeunes garçons qui ne croient pas à la révolution à laquelle ils ont participé et veulent profiter du chaos actuel pour fuir vers les rêves consuméristes italien ou français. Vincent Barral quant à lui, a choisi de parler du harcèlement sexuel en Égypte où les femmes, qui ont pourtant joué un rôle primordial dans la chute du régime, n’en finissent pas de subir les discriminations que des générations d’hommes frustrés leur imposent : dialogue de sourds entre Mohamed Diab, réalisateur du film Les femmes du bus 678, et un jeune égyptien justifiant les viols, propos ahurissants de l’unique femme sexologue médiatisée qui incrimine les femmes violées à 50 % ! Discours résigné d’une journaliste en butte au harcèlement malgré son voile et sa pudeur. Les dernières images projetées furent celles deGilles Jacquier tué à Homs en Syrie le 11 janvier 2012, celles de la révolution tunisienne en marche à Kasserine, juste avant la chute de Ben Ali. Images d’un monde mu par un espoir toujours renouvelé, justifiant l’engagement d’une vie. Edith Bouvier, frêle trentenaire, rescapée du bombardement du centre de presse de Homs, très émue, a évoqué le professionnalisme, la gaieté, la gentillesse de Gilles. Elle a tenu à rappeler que sans les syriens anonymes qui ont risqué leur vie pour elle, elle n’aurait pu être sauvée, que sans les journalistes-amateurs du pays, dotés de quelques portables et d’une immense bravoure, la presse étrangère ne pourrait pas travailler. Un poignant hommage au courage des grands reporters et à leur désir obstiné de rendre compte. ELISE PADOVANI

L’exposition Printemps Arabe est visible jusqu’au 28 juin à l’Hôtel de Région, Marseille 04 91 57 52 11 www.regionpaca.fr


IMAGE DE VILLE | LA CIOTAT

CINÉMA 65

Vivre la Ville Pour clore ses traversées urbaines et comme une évidence, Le Merlan a laissé carte blanche à Image de ville, du 3 au 9 juin. Le festival aixois qui vise à mettre en lumière l’approche sensible de l’architecture par le cinéma, s’est donc aventuré dans la cité phocéenne pour proposer des «histoires d’hier et d’aujourd’hui», trajectoires individuelles et collectives inscrites dans des lieux réinventés par la mémoire ou la perception intime de chacun. Au programme, trois films sur Alger et une rétrospective commentée par Sofiane Hadjadj, écrivain et éditeur. Occasion de mieux connaître le cinéma algérien et d’en découvrir les nouveaux talents. Khaled Benaïssa (diplômé d’architecture par ailleurs) orchestrant avec humour dans son court métrage Sektou le vacarme d’une capitale exubérante, attachante, tolérante, ébranlée par les attentats terroristes de 90. Amin Sidi Boumédienne dramatisant dans Demain, Alger, le temps des choix pour quatre jeunes banlieusards juste avant les émeutes de 88. Invité par Luc Joulé, Mohamed Lakhdar Tati est venu présenter son documentaire de 2008 Joue à l’ombre dont le titre reprend l’injonction faite aux enfants menacés d’insolation. Vérifier ses souvenirs. Laisser venir le récit urbain entre torpeur et effervescence, entre ombres et lumière, d’un quartier à l’autre, sans fil narratif : portes entrouvertes sur la fraîcheur des maisons obscures de la casbah, façades XIXème aux balcons bâchés de draps, cités dégradées des années 50, surpeuplées, saturées des cris de gamins investissant l’espace public, vieilles cartes postales de touristes plaquées sur l’écran dont

Bar centre des autocars de Patrick Zachmann

les textes se substituent en voix off à la rumeur d’une ville construite par d’autres pour d’autres, et que les algérois se réapproprient à leur manière. Deux documentaires enfin sur les quartiers Nord de Marseille. Le très prometteur Omégaville d’Anne Alix, en cours de tournage dans le microcosme du Grand Saint-Barthélémy, où s’affirme, à travers le portrait de quelques personnalités-phares, la volonté de considérer les communautés ici et maintenant. Le poignant Bar centre des autocars de Patrick Zachmann qui

retrouve, 20 ans après, les adolescents «en difficultés» dont il fut le professeur de photo en 1984, dans la cité Bassens. Certains sont sortis de ce ghetto, d’autres y sont restés, certains gardent espoir, d’autres ont renoncé. Sans doute n’aura-t-il rien changé à leur destin mais peutêtre aura-t-il modifié, ne serait-ce qu’un peu, leur façon de cadrer le monde et de se cadrer euxmêmes. ELISE PADOVANI

Premiers films Le 8 juin, au Théâtre du Golfe, dans le cadre du 31ème Festival du premier film, organisé par La Ciotat Berceau du Cinéma, Frédéric Beigbeder est venu présenter, avec son producteur, L’amour dure trois ans, qu’il a réalisé à partir de son roman écrit quinze ans plus tôt. «Pour dissiper l’angoisse du premier film, il suffit de prendre un sujet banal : l’amour est-il possible ? Cela me rassurait de m’inspirer d’un roman autobiographique. Mon film est un pamphlet contre les aspects ridicules de la passion mais il donne aussi envie d’aimer.» L’histoire, romanesque, est simple : Marc Marronnier (Gaspard Proust), mondain cynique et dépressif, qui pleure chaque fois qu’il revoit Peau d’âne, vient de divorcer d’Anne (Elisa Sednaoui). Il est sûr que l’amour ne dure que trois ans. Il a même écrit un livre pour le démontrer, mais sa rencontre avec l’explosive Alice (Louise Bourgoin), à un enterrement, va renverser ses certitudes.

«Bien sûr, il y a un décalage entre le roman et le film. Par exemple, la publication du roman est une mise en abyme, forme qui est une sorte d’obsession chez moi. À la voix off

léger. «La légèreté c’est beaucoup de boulot !» Les dialogues sont enlevés et des trouvailles visuelles et de mise en scène émaillent le film : des lapins blancs sur la pelouse

souvent choisie pour les adaptations, que je n’aime pas, j’ai préféré la voix in et l’adresse au spectateur.» Le film ? Il est drôle, pétillant et

porte Maillot alors que les amoureux se déclarent leur amour par des antiphrases, incrustations de SMS sur les images, les plans «vu/pas

L’amour dure trois ans de Frederic Beigbeder

vu» du pays basque… Les acteurs sont excellents, Valérie Lemercier en éditrice, JoeyStarr en «macho» qui tombe amoureux d’un surfeur, Annie Duperey en mère autoritaire, Frédéric Bel, Nicolas Bedos, Bernard Menez ou Jonathan Lambert. Et à la fin du film, le plan de Michel Legrand, le compositeur adoré par le cinéaste, jouant du piano sur la plage, est superbe. Après cette comédie, cynique et romantique, celui qu’on a souvent trouvé arrogant, dit avoir appris l’humilité en faisant ce premier film. «J’aimerais bien faire un deuxième film ; j’y ai pris goût.» Le jury du festival, présidé par Pascal Thomas à qui l’association La Ciotat Berceau du Cinéma a décerné un Louis Lumière d’honneur pour l’ensemble de sa carrière a fort apprécié ce film puisqu’il lui a attribué le Louis Lumière d’Or du meilleur premier film. ANNIE GAVA


66 ARTS VISUELS FLÂNERIES D’AIX | ARTS ÉPHÉMÈRES

Hasard objectif Quel délice que d’errer, d’entrer dans des jardins découverts au fil des rues… derrière un entrelacs de branches une sculpture, un tableau, un piano, une harpe, parfois une eau murmure, un brin de vent, le paysage s’ébroue, un rai de lumière joue sur une toile… C’est ainsi que le promeneur quadrille les lieux connus de géométries nouvelles, établissant une carte secrète de la ville. Flâner, quelle belle invention ! Andréa Ferréol offre à Aix-en-Provence deux jours délicieux de rencontres et de découvertes. Parcours éclectique et délicieux : lourds bijoux conçus pour des Salammbô contemporaines de Dominique Aurientis au Jardin de Belcodène, à côté d’extraordinaires animaux de verre soufflé (Fernando Agostinho) : autruche aux plumes excentriques, pomme acide sur laquelle un serpent se love ; au Pavillon de Vendôme, le mobilier contemporain (ligne Komodo) des trois sœurs Moretti unit utile et raffinement esthétique et Kimiko Yoshida se démultiplie en autoportraits à travers une histoire choisie de la peinture ; cultivant le paradoxe sous les calmes ombrages des grands platanes du Jardin de l’Aigle d’Or, les gueules arrachées à la nuit, par le pinceau fauve et poignant de Jean-Louis Foulquier, pendant que les sculptures de Jordi déclinent la même forme répétée en compositions géométri-

© Mohamed Lekleti

ques qui apprivoisent la lumière ; les lignes abstraites de Loïc Madec proposent leurs énigmes sous une tonnelle ; les céramiques de Franck Brunet semblent explorer les remuements de la matière ; les photographies de Claudie Rocard-Laperrousaz s’attachent à l’intuition du détail révélateur. Des yeux de métal s’étonnent vaguement sur les ovales de bronze

de Jean-Pierre Dussaillant, avec des cheveux emportés par d’invisibles tempêtes, sur les sages pelouses du Jardin Mérindol ; une gamelle au pied d’un arbre du Jardin du Cancel, à son aplomb, un chien, banal ? sauf s’il s’agit d’une construction de Robert Bradford composée d’éléments de jeux ou de figurines, tandis que les toiles de Paul Maisonneuve aux

grands traits rapides se prélassent dans leurs énigmatiques instantanés ; à la Galerie Lisse des Cordeliers les meubles peints de Chantal Saccomanno aiguisent leurs pieds de danseuse tandis que les sculptures d’Olivier Dayot les nourrissent de légendes et d’ironie ; les œuvres de Martin Lartigue foisonnent de personnages, couleurs chaudes d’où sourd une inquiétante étrangeté ; au Cloître d’Entrecasteaux les toiles de Mohamed Lekleti s’imposent par la puissance du trait, l’équilibre des compositions ; au premier étage de l’Hôtel de France, les toiles écrues de Véronique Bigo, sacs, fragments et objets empruntent à l’art du conteur, comme ces tableaux qui évoquent la destinée tragique de Marie Bashkirtseff, russe du XIXème morte trop jeune qui, possédée sans cesse par le désir d’être peintre, laissa dans son abondant journal les traits d’une âme insatisfaite. Aux œuvres exposées ajoutez les guitares, le chant, la danse, la délicieuse lecture du beau texte de Joëlle Gardes sur le temps par MarieChristine Barrault… Le temps de flâner ? MARYVONNE COLOMBANI

Les flâneries d’Aix ont eu lieu les 9 et 10 juin

Vertus éphémères Au Parc de la Maison Blanche (Mairie des 9ème et 10ème arr de Marseille), le Festival des Arts Éphémères prend chaque année plus d’ampleur, et de teneur. Cette édition, concoctée par Thierry Ollat, conservateur du MAC, et Jean-Louis Connan, directeur de l’École d’art et design (ESADMM), fut d’une qualité exceptionnelle. Parce que l’événement sait créer dans un lieu public une atmosphère où la curiosité du passant (et des mariés !) s’émerveille. Parce que les œuvres présentées par les Ateliers publics de l’ESDAAM sont d’une qualité imagiArts Éphémères, Thierry Mouille © Chris Bourgue

native qui les tient éloignées du concept pour faire vibrer visiblement la joie de la sensation et de la pratique. Parce qu’une des plus belles œuvres, toute simple, est celle d’une jeune étudiante de l’École, Morgane Aziza, qui avec Ondée sait mettre en suspens la chute des feuilles, et fixer l’éphémère… Parmi les artistes «pro», des pièces formidables. Dans la mairie les clichés d’Alfons Alt, que l’on a vu souvent mais qui frappent toujours autant par leurs vieillissements fabriqués ; une magnifique installation de Katia Bourdarel, qui comme toujours joue sur notre peur des contes, les transformations nocturnes, les têtes de cerf et les biches

sacrifiées en robe de noce, juste à côté de la salle des mariages. Dehors, un rhinocéros dort fermement (Victoria Klotz), et des lits poussent dans les arbres (Thierry Mouillé), un arc en ciel se dessine sur le lac lorsque d’autres arbres pleurent (Lionel Loestcher), un opossum se repose sur un banc (Lina Jabbour). Partout les artistes décalent le réel et l’apaisent, signe du printemps. Pourvu que cet éphémère persiste ! AGNÈS FRESCHEL

Le Festival des Arts Éphémères a eu lieu du 24 mai au 3 juin

Entre ciel et terre Le BNM a apporté sa contribution aux Flâneries et aux Arts éphémères avec une performance dansée et chorégraphiée par Anton Zvir, jeune biélorusse plein de talent et Béatrice Mille, entrés respectivement au Ballet en 2006 et 2009. Ce pas de deux porte le nom évocateur de Doux ?, avec une interrogation qui souligne tout ce que peut cacher la douceur d’une relation amoureuse. À Maison Blanche, dansé devant le plan d’eau, à côté du lit accueillant de Thierry Mouillé, ce duo

apportait un moment de tendresse suspendu, un peu d’éternité. Et comme en écho l’artiste russe Roman Korzhov offrait aux spectateurs la possibilité de participer à l’expérience de la liberté en libérant des ballons blancs gonflés à l’hélium, retenus au sol par un verre en plastique blanc rempli d’eau. Il s’agissait de vider peu à peu l’eau pour permettre aux ballons de rester en suspension, puis de s’envoler... Deux expériences entre ciel et terre ! CHRIS BOURGUE


GRANET | VASARELY

ARTS VISUELS 67

Pour l’amour de la peinture Le musée Granet présente pour la première fois une sélection d’œuvres de la collection Frieder Burda. Un bel aperçu, de l’Expressionnisme à la jeune peinture allemande actuelle Le Musée Aixois exposait il y a peu la collection Planque reçue en donation pour quinze ans. L’exposition actuelle courant sur toute la saison estivale se présente comme un best of issu d’une autre collection privée appartenant à Frieder Burda, héritier de l’empire de presse du même nom. L’intégralité est installée à Baden-Baden dans un bâtiment commandé à Richard Meier (siège de Canal+, MacBa de Barcelone…). Que dire, sinon que ces cinquante trois peintures et quelques sculptures sont des chefs- d’œuvre (dont un petit Pollock) ? Dans ce parcours respectant la chronologie, il n’échappera pas au visiteur qu’il fait face à de très belles pièces, dont nombre de taille imposante ! La part majeure est représentée par les artistes outre rhénans : les expressionnistes du début du siècle dernier Kirchner, Beckmann, Macke, les représentants du renouveau de la peinture allemande de l’après seconde guerre mondiale, Richter, Polke, Baselitz (Anselm Kiefer n’a pu être retenu pour cause de trop grande fragilité), et plus près de nous la jeune école de Leipzig à la renommée grandis-

sante : Neo Rauch, Tim Eitel, Heribert C.Ottersbach, Eberhart Havekost, Anton Henning. La peinture américaine est rappelée avec l’expressionisme abstrait (Pollock, De Kooning, Rothko), la figuration du Pop art (Rauschenberg, Katz) et de l’hyperréalisme (Morley, Estes). Sept Picasso, dernière époque de Mougins où vécut aussi le collectionneur, traduisent son inclination pour des œuvres à forte expressivité. On constatera en revanche l’absence d’artistes français hormis, dès l’entrée, l’imposant dessin de Jean Olivier Hucleux, représentant le collectionneur francophile mis en abyme devant une de ses œuvres peinte par Richter. Il faudra aller jusque Baden-Baden pour voir Othoniel, Desgrandchamps, Frize ou Venet car «pour dire la vérité, c’est difficile de trouver des jeunes artistes en France». Faire une collection implique un acte intime, un choix émotionnel : «Écoutez, on ne peut pas tout expliquer. Parce que c’est comme une olive : vous aimez ou vous n’aimez pas ! Comment voulez-vous expliquer cela ?» Comme la première acquisition effectuée en 1968 par rébellion face

Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938), Zwei Akte mit Badetub und Ofen (Deux Nues avec Baquet et Poele) (recto), 1911 (Huile sur toile, 89 x 80 cm) - Musee Frieder Burda, Baden-Baden ©musee Frieder Burda

à son père, lequel collectionnait les expressionnistes : Concetto spaziale, une peinture toute rouge lacérée par Lucio Fontana : «…parce que c’était quelque chose d’une radicalité jamais vue ! [..] Et quand on n’a jamais vu que de l’expressionnisme allemand et qu’on voit un Fontana…»1 Une certaine idée du chef d’œuvre !

1 Citations extraites de l’entretien entre Bruno Ely, conservateur du Musée Granet et Frieder Burda, in le catalogue, complément indispensable de l’exposition

Les chefs d’œuvre du musée Frieder Burda jusqu’au 30 septembre Musée Granet, Aix 04 42 52 88 32 www.museegranet-aixenprovence.fr

CLAUDE LORIN

L’art se réclame Témoignages d’une époque où la pub se disait réclame, les travaux publicitaires de Victor Vasarely rarement montrés. Avant l’Op’art et le Cinétisme maceutiques, affiches, couvertures de livres complétés par des publications d’époque. L’évolution des conceptions et des styles de communication visuelle transparaît concomitamment à ses investigations plus personnelles, dans la veine constructive d’un Fernand Léger (Plastocoat), ou vers des recherches plus plasticiennes intégrant différentes techniques modernes : aérographe, montage et collage photographique (Asthme ou l’oiseau rouge), inclusion de matières tel ce voile de tulle noir collé sur gouache (Tuberculose). L’exposition est prolongée par un catalogue plus largement illustré et documenté. Des écrits de l’artiste,

Victor Vasarely, Plastocoat, huile sur carton,26.5x21cm, 1934

Mais qui se souvient avec exactitude du logo créé en 1972 pour revigorer l’image de la marque d’automobiles Renault ? L’exposition de ses dessins publicitaires ne nous en dévoile malheureusement pas les recherches. Mais on découvre en une centaine de documents cette activité professionnelle alimentaire méconnue, et néanmoins significative, dans la carrière d’un des plus influents plasticiens de la modernité. De son installation à Paris dans les années 30 jusqu’à 1957 où il se consacre entièrement à ses ambitions artistiques, la présentation suit, linéaire et monotone, un ensemble éclectique de travaux publicitaires originaux, esquisses, encarts phar-

témoignages, de sa galeriste Denise René notamment, rappellent ce travail théorique permanent de l’artiste en prise avec le monde présent, son regard sur la pratique artistique dans un souci constant d’intégration

sociale. Dans son article Optique, graphisme et publicité, paru dans le numéro spécial d’Art Présent en 1947, Vasarely expose déjà certaines orientations qui nourriront ses conceptions sur la forme et la fonction de l’art dans la société. En 1955, dans son Manifeste jaune il déclare : «Nous ne pouvons laisser indéfiniment la jouissance de l’œuvre d’art à la seule élite des connaisseurs. L’art présent s’achemine vers des formes généreuses, à souhait recréables : l’art de demain sera trésor commun.» CLAUDE LORIN

Vasarely et la publicité jusqu’au 30 sept Fondation Vasarely, Aix 04 42 20 01 09 www.fondationvasarely.org


68 ARTS VISUELS ARLES

Paradigmes signifiants Après les mémorables fulgurances de 2008, Christian Lacroix retrouve les lieux de ses premiers émois esthétiques, la figure tutélaire de Picasso mise en scène avec panache Une des caractéristiques du musée Réattu est la recherche permanente de mise en réseau de signification des œuvres. Brisant la linéarité traditionnelle de l’accrochage son conservateur Michèle Moutashar s’ingénie à souffler au visiteur des connexions insoupçonnées, lors de ses visites commentées particulièrement. L’accrochage est conçu comme une médiation particulière avec parfois ses parts de mystère. L’Acte V dévoilé en début d’année sollicitait la part théâtrale des collections du musée à travers les projets de décor de Jacques Réattu, et des œuvres contemporaines, les installations de Jocelyne Alloucherie, Javier Perez, Nancy WilsonPajic… Pour cet Acte V scène 2, l’éclairage se resserre sur la série offerte au musée par Picasso en 1971 auprès de laquelle s’invitent les créations scéniques de Christian Lacroix. Malgré la réduction des budgets (jusqu’où ira-t-on ?) les commissaires du projet ont su tirer leur épingle de ces enjeux délicats : faire s’imbriquer deux figures exceptionnelles dans un bel échange selon un parcours allant crescendo jusqu’à la dernière salle entièrement habitée/habillée par le couturier, devenu costumier depuis la fermeture de son entreprise de mode. Ce sont Fellini et Almodovar réunis. Il faut au visiteur prendre son temps en profondeur, en observant un à un les portraits réalisés par

Christian Lacroix, quatre costumes pour Cyrano de Bergerac, 2006. coll. Comedie Francaise_Pablo Picasso, huit dessins de Mousquetaires, 1971. coll. musee Reattu, don de l'artiste © Succession Picasso 2012, photo Olivier Amsellem

Picasso vers ses quatre-vingt-dix ans, datés jour après jour, autant de formes d’autoportraits, autant de tentatives d’interroger les tenants de sa propre existence, comment le geste instaurateur expérimenté vient occuper l’espace de ces petits formats, entre dessin et peinture, prend l’apparence de la gravure (autoportrait de Dürer !), là où s’insinuent les bribes des portraits des chevaliers de Malte vus plusieurs décennies en arrière. Il faut fouiller du regard les moindres replis de matière, modes d’assemblage des pièces de tissus, anoraks et couverture de survie assemblés en un sculptural manteau bouffant (on

Achromies Après Anne-Marie Pêcheur puis Adalberto Mecarelli, Pierre Malphettes investit les cryptoportiques arlésiens. Énigmatiques lumières de néon laiteux, pour certaines créées à l’occasion. Qui a peur du blanc, de l’obscur ? Dans les antiques entrailles d’Arles des linéaments de lumière blanc pur semblent lutter dans les ténèbres. Tout autant contre le jus blafard des blocs de sortie de sécurité. L’ennemi c’est aussi l’humidité omniprésente dans l’air, au sol, sur les parois. L’inquiétude suinte de ces lourdes galeries bordées d’arcades à l’utilité d’un autre âge, périmée. Et de l’absence d’issue apparente. Le salut vient peut-être de ces totems lumineux (La Fumée blanche, 2010), ex-voto, ou objets de culte incertain. Que désigne cette longue ligne (Une ligne, 2012) irrégulière (de crête ?) suspendue, si fragile. Que trace-t-elle ? Délimitet-elle quelque espace, frontière ou contour ? Un lien à suivre dans la pénombre ? Tentons de nous rassurer. Au plafond d’une des voûtes, le rail de tubes fluorescents (Le doute, 2012) dans le plus pur style cuisine ou hangar n’est pas en dysfonctionnement. Des deux tubes, celui clignotant reprend en fait, nous dit-on, en code morse, les mots de Bruce Nauman bien connu

pour ses œuvres de néon : «The true artist is an amazing luminous fountain». Qui peut saisir le message? A contrario, deux bucranes aux mâchoires rapprochées (Deux crânes ou le baiser, 2012) imposent par trop de littéralité l’idée

pense au feutre salvateur pour Beuys), dans les lambeaux chamarrés des costumes élaborés pour les Caprices de Marianne chargés de puissance quasi chamanique. Une partie de la complexité du monde est ici, vraisemblablement. CLAUDE LORIN

Les Picasso d’Arles, invitation à Christian Lacroix jusqu’au 30 décembre Musée Réattu, Arles 04 90 49 37 58 www.museereattu-arles.fr

de vanité. Combien de scénarios ont rebattu ce duo cynisme/humour du cadavre souriant ? À moins que l’artiste ne le joue sur le registre de l’oxymore visuel. «Je t’aime/moi non plus, pour la vie/voyez où ça nous mène». Juste au-dessus, place du Forum, sous le bon soleil de Provence, on s’bécote pour de vrai indifférent à ce qui se trame au-dessous. On renoue avec la vie, la couleur. C.L.

Blanc Néon Pierre Malphettes jusqu’au 8 juillet Cryptoportiques Entrée par l’Hôtel de ville Galerie Espace pour l’Art, Arles 04 90 97 23 95 www.espacepourlart.com

© Pierre Malphettes, Deux cranes ou le Baiser, 2012 © Laura-Maria QUINONEZ


ARTEUM | LA CHARTREUSE

ARTS VISUELS

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La poésie est dans le pré Dans le parc de Châteauneuf le Rouge, six installations évoquent différemment le voyage sous le regard d’Ulysse En investissant à plusieurs occasions le parc et son labyrinthe (un peu à l’abandon, ce qui n’est pas complètement pour déplaire) les responsables d’Arteum ont eu cette double bonne idée de réactiver ces lieux ouverts au public par des propositions d’artistes contemporains. Le thème est suggéré par le projet Ulysses emmené par le Frac Paca dans la perspective de Marseille 2013. Les œuvres devraient se maintenir jusqu’à cette échéance. Dans le cadre de cette préfiguration, six artistes ont conçu chacun un projet spécifique réparti dans les salles du musée et le parc. Le lit de Benoît Rassouw offre un p’tit chez soi qui s’est endormi dans les feuilles au fond du jardin. Au pied des arbres, Olivier Nattes a aménagé avec des bouchons de liège un espace confortable très prisé des visiteurs mais la construction de Sandro Della Noce se perd à jouer la maison dans les branches.

Pascale Mijares, À la semelle du soulier, la terre s'emporte, container en bois de coffrage, terre végétale et végétation, projet pour Arteum, 2012 © C. Lorin/Zibeline

Deux projets mettent en œuvre des nouvelles technologies. Un portrait sur deux appliqués sur parpaing par Alain Brunet a été capté sur le net pour des rencontres fortuites venant du bout du monde. Joël Belouet a planté des fleurs en bois commu-

nicantes : leur couronnement floral en QR code renvoient vers d’autres lieux et applications via le numérique. Et sous la présence bienveillante de la Sainte-Victoire, Pascale Mijarès fait accoucher une montagne miniature d’un container. Le dispositif est

Entre lumière et ombre À la Chartreuse, peintures, photographies et installations de Guy de Malherbe restituent l’esprit des lieux Alors que d’un côté du Rhône, la ville du théâtre a pris l’effervescente habitude de toutes les attentions, le visiteur se donnera la peine de prendre de la hauteur vers la Chartreuse. Il suffit de passer le pont… C’est ce que le peintre Guy de Malherbe a vécu le temps d’une résidence, comme un écho au retrait du monde souhaité par les religieux en des temps plus anciens. Après une première restitution dans la Tour Philippe Le Bel, son travail se déploie actuellement dans la Chartreuse à travers peintures, photographies et installations réalisés in situ. Ici ce fut pour l’artiste l’expérience particulière de la puissance de l’écrasement solaire où tout se joue sans nuance parfois dans une certaine brutalité : «En déambulant dans la Chartreuse, j’ai été saisi par le jeu constant de l’ombre et la lumière dans l’architecture…/…Dans ce lieu où

l’harmonie semble liée à la règle, l’ombre est ténèbres et la lumière aveuglement. La paix n’est qu’apparente, la violence sous-jacente». Tout ici vit la dialectique du clair et de l’obscur. Les photographies retiennent la scansion répétitive des ombres portées sur le sol, les peintures de grand format renvoient par les jaunes d’or et de Naples à la minéralité d’un environnement surexposé suggérant des paysages de lumière suspendus. Dans les angles assombris des livres amassés nécessitent un éclairage artificiel.

Ailleurs, dans les cellules monacales, des écritures chiffonnées, un crâne orné d’or, protégés derrière une vitre, s’exposent dans les passe-plats étroits et sombres, devenus pour un temps reliquaires. C.L.

Obscuritééblouissement Guy de Malherbe jusqu’au 5 août La Chartreuse, Villeneuve-lez-Avignon 04 90 15 24 24 www.chartreuse.org

Triptyque realisé in-situ, huile sur papier marouflé, Guy de Malherbe à la bugade de la Chartreuse de Villeneuve © Delphine Michelangeli/Zibeline

bien moins sophistiqué mais tout aussi signifiant. Posé en haut du pré, un fac-similé de conteneur maritime à l’échelle réelle mais réalisé en planches de coffrage déverse son volume de terre toutes portes ouvertes. Chargé de promesses fertiles, il suggère des questionnements relatifs à l’exogène (importation, immigration) et son pendant l’intégration, à l’espace et à l’économie comme à l’environnement (mondialisation, glocal), entre durable et éphémère et suivant le regard de chacun titille bien d’autres responsabilités citoyennes comme, durant l’exposition de l’œuvre, de ne pas marcher sur la pelouse. On lui entrevoit un autre coin de paradis au pied de la tour d’un grand armateur marseillais, non loin de cet autre conteneur porté par deux sumos, si jeffkoonsien et rigolo mais plutôt décoratif ? C.L.

Le chez soi et l’ailleurs jusqu’au 28 juillet installations évolutives jusqu’en 2013 Arteum, Châteauneuf le Rouge 04 42 58 61 53 www.mac-arteum.net


70 ARTS VISUELS PRINTEMPS DE L’ART CONTEMPORAIN La Statue qui pleure, exposition au Passage de l'art © Laurent Perbos

Om, Le maregraphe-Exposition a la galerie Porte-Avion © Paul-Armand Gette.

L’affaire est dans le PAC ! Plus qu’un parcours de 3 jours dans la ville, le Printemps de l’art contemporain est l’occasion de découvrir les galeries du réseau Marseille Expos, rencontrer les artistes et pénétrer des lieux trop discrets. La fête est finie mais les expositions se poursuivent jusqu’à l’été ! Les 17, 18 et 19 mai, les 3 Jours du PAC ressemblaient à un marathon avec chaque soir son lot de vernissages, de rencontres, de performances ou de lectures. Quand ce n’était pas les trois à la fois ! La Compagnie accueillait l’expo photo de Myr Muratet, L’exécution et autres sentences, la lecture de La sécurité des personnes et des biens-drame social par Manuel Joseph et l’installation de Marie Pellaton. Heureusement, le parcours libre s’opérait de quartier en quartier et le temps suspendait son vol grâce aux galeries qui sortaient tables, pliants et boissons pour rendre l’aventure plus festive encore. Le public ne s’y est pas trompé qui s’est mêlé aux professionnels avec curiosité, notamment au Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques qui, à 21h, avait bien du mal à pousser vers la sortie des familles venues en nombre. Conçu comme une vitrine de l’art contemporain à Marseille, le PAC va plus loin encore : il booste par ricochet l’ensemble des acteurs qui en profitent pour imaginer «des plus», là une exposition monographique, une rétrospective, ici une invitation en duo. Vidéochroniques offre ses espaces à Jérémy Laffon qui se lance un défi en mettant en scène son œuvre protéiforme : Jusqu’à épuisement rassemble ses médiums préférés de manière cohérente et récréative, et les habitants du Panier furent nombreux à y déambuler. De l’autre côté de la ville, le Passage de l’art fait les yeux doux au jeune Laurent Perbos qui réalise des pièces in situ : La statue qui pleure, La chute de l’arc-en-ciel convoquent les matériaux jusqu’à les faire parler, matérialisent des notions poétiques ou font appel à la culture populaire, à la

mythologie ou aux récits fantastiques. François Daireaux, habitué aux expositions muséales et aux centres d’art, s’était fait tout petit pour rentrer dans la galerie Où-lieu d’art contemporain avec une vidéo de 110’ sur la gestuelle répétitive des artisans et des populations marocaines dans leur quotidien. Une mise en bouche talentueuse avant de produire un plus vaste projet à Marseille… Déjà exposé en 2008 à la Galerieofmarseille, Harald Fernagu est de retour avec ce même esprit de bricoleur de génie : dans une installation quasi théâtrale, ses nouvelles productions (vanités sculptées comme des masques, bâtiments de l’armée modélisés) à partir de matériaux recyclés offrent une relecture mi-glaciale mi-amusée de l’enfance, du jeu, de la guerre. Complices, la galerie Porte-Avion embrasse l’en-

L’exécution et autres sentences, Myr Muratet jusqu’au 17/7, La Compagnie

semble de la carrière «sulfureuse» de Paul-Armand Gette à travers une bibliothèque fournie, des pièces anciennes incontournables (ah, les loukoums roses en verre… leur effet ne s’est pas terni !) et des pièces réalisées spécialement à Marseille Autour du point O. Il fallait voir l’artiste répondre avec délectation aux questions des plus intrépides sur son œuvre toujours espiègle, extra sensuelle… Dans son minuscule espace, La Gad-galerie Arnaud Deschin parvient à faire cohabiter du sol au plafond les deux univers formels de Véronique Rizzo et Francisco Da Mata pour un Battle à armes égales : dans ce savant mélange, difficile de s’y retrouver, sauf pour un œil expert. Mais le principe de l’interaction est la règle du jeu !

jusqu’au 30/6, Galerie Territoires Partagés

Véronique Rizzo versus Francisco Da Mata, Battle jusqu’au 7/7, La GAD-Galerie Arnaud Deschin

Plutôt comme un soupçon que comme une certitude, Joäo Vilhena jusqu’au 31/8, Galerie Nomade

Aparté jusqu’au 23/6, La Traverse

Jusqu’à épuisement, Jérémy Laffon jusqu’au 13/7, Vidéochroniques

À force de regarder au lieu de voir jusqu’au 30/6, Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine

Autour du point O, Paul Armand Gette jusqu’au 13/7, Galerie Porte Avion Prix de l’ESADMM jusqu’au 23/6, Galerie Gourvennec Ogor

WIAOBA ? de Noël Ravaud et Charlotte Serrus jusqu’au 27/7, association Château de Servières

Exodus, Giancarlo Caporicci jusqu’au 23/6, Galerie Gourvennec Ogor

Les Migrants, Mathieu Pernot jusqu’au 13/7, Atelier de visu

Anouk Berenguer jusqu’au 26/6, OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel

Harald Fernagu jusqu’au 13/7, galerieofmarseille

L’Enclave jusqu’au 30/6, Galerie Territoires Partagés

Heigh-ho, heigh-ho (on rentre du boulot), Thierry Lagalla

Les Années mauves, Josée Sicard du 23/6 au 13/7, Galerie Meyer


MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Les ouvrages de Véronique Rieffel et Laurent Perbos, présentés pendant le PAC, feront l’objet de chroniques en pages Livres Art dans nos prochains numéros

La fête est terminée, Mathilde Magnée du 29/6 au 26/7, Vol de Nuits Des Architectures du 30/6 au 4/8, Galerie Gourvennec Ogor Amélie Derlon Cordina du 2/7 au 13/7, OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel

Contacte, Emilie Perotto et Maxime Thieffine du 31/8 au 30/9, La GAD-Galerie Arnaud Deschin D… vs R…/B…2 du 31/8 au 12/10, La GAD-Galerie Arnaud Deschin www.marseilleexpos.com

ARTS VISUELS 71

Focus méditerranéen À Sanary, Bendor et Bandol, Photomed disposait de 13 lieux d’exposition pour mettre en perspective la photographie méditerranéenne d’hier et d’aujourd’hui, sur chaque rive. Entre fiction et réalité, patrimoine et découvertes. Rendre compte de l’avalanche de photographies est impossible, mais de ce vaste parcours quelques haltes imprègnent notre mémoire. D’abord à Sanary, au musée Frédéric Dumas, dont le fonds dédié à la plongée sousmarine offre un environnement pertinent au reportage aquatique de Joan Fontcuberta sur le fossile d’une sirène. L’an dernier déjà avec Philippe Ramette le propos était savoureux et mouillé, cette fois «les photos documentaires ouvrent un dialogue avec la fiction» de manière savante, scientifique et poétique. Reportage toujours, en changeant de lieu et d’époque : l’hommage à Walter Carone à la Maison Flotte fait revivre quelques moments clefs de la vie de celui qui signa de nombreux scoops pour Paris-Match, portraitura Cocteau, Prévert ou Hassan II, témoigna tout autant de la vie sur le front de la guerre que des paillettes sur la Croisette. Réminiscences d’un monde révolu à l’instar des photos de Jacques-Henri Lartigue qui ressuscitent la dolce vita version Côte d’Azur avec Guitry, Picasso et Kennedy en lieu et place de Mastroianni, Anita Ekberg et Anouk Aimée… Grâce à cette relecture du patrimoine, la photographie de création impose sa différence en des temps de profusion confuse d’images i-phone. Pour preuve, à l’espace SaintNazaire, Massimo Vitali qui compose en coloriste subtil de banales scènes de baignade comme un tableau, inventant une lumière laiteuse toute particulière. Ou encore l’admirable sélection de photographes marocains qui révèle une acuité aiguisée des profonds bouleversements de la société, des paysages, de la famille, des histoires singulières ou collectives. Brouiller les époques, mélanger les styles, confronter le noir et blanc et la couleur, c’est cela Photomed ! C’est donc révéler en France l’une des figures emblématiques de la photographie marocaine, Daoud Aoulad Syad, dont l’écriture s’impose à l’Atelier des artistes à travers différents formats et types de vue. Portraits de villes qui jouent de la présence et de l’absence ; portraits révélant la noblesse et l’élégance de ses modèles vivants. Face à ses

© Daoud Aoulad Syad

photos de 1995 dont la moitié n’avaient jamais été tirées, celui qui a arrêté l’argentique pour devenir réalisateur a tout d’un coup «envie de ressortir ses vieux Leica». On l’attend avec impatience… À Bandol, parmi les multiples propositions, l’espace Paul Ricard a fait la part belle au littoral en mutation vu par 6 artistes de la région. Notamment Michel Eisenlhor parti Sur les traces de Malpasset marqué à jamais par la rupture du barrage en 1959 : sans pathos, tout en entretenant des relations fortes avec les survivants, son regard poétique s’ancre dans le réel et les vestiges d’un passé douloureux. «Un travail porteur d’espoir» pour Yvon Allamand, bouleversé par la parole qui s’est rouverte… grâce la photographie. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Photomed s’est déroulé du 24 mai au 17 juin www.festivalphotomed.com

Un Américain à Toulon Joël Meyerowitz est comme «la cerise sur le gâteau» de Photomed : une gourmandise supplémentaire dans une affiche déjà alléchante. À l’Hôtel des arts de Toulon, l’exposition retrace 50 ans de photographie, dont une série sur l’après 11 septembre 2001 à New York. Les ruines du World Trade Center comme on ne les a jamais vues car le photographe américain fut le seul habilité à accéder à ground zero de manière illimitée durant 9 mois. Sur plus de 8000 clichés qui composeront bientôt la collection du Mémorial et du Musée du 11 septembre, les tirages sélectionnés sont troublants, mélange de précision, de distanciation et d’humanisme. Une marque de fabrique que l’on retrouve dans ses voyages à travers l’Amérique des années 60, Paris vers 1965, la Turquie ou l’Espagne dont il saisit la vie quotidienne, la rue, les gens avec un

sens aigu de l’instantané, et toujours beaucoup de tendresse. Ce ne sont pas les monuments qu’il regarde dans l’objectif, mais la vie, tout simplement. Excepté dans sa dernière série sur la Provence, sans surprise, avec champs de lavande, restanques et vignes ! Smoke in rising sunlight, New York City, 2001 © Joel Meyerowitz

Dae Jin Choi du 30/8 au 15/9, OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel

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Autres temps forts En marge des vernissages noctambules et de quelques visites impromptues, le PAC proposait la visite du chantier de la Friche Belle de Mai commentée par son directeur Alain Arnaudet et la rencontre des artistes en résidence chez Astérides. Marc Étienne, Harold Guérin, Hélène Moreau et Lucy Watts ont ouvert exceptionnellement leurs ateliers pour se prêter au jeu du dialogue et du commentaire d’œuvres. Une intrusion rare que les «pèlerins» ont appréciée à sa juste valeur. Venu en voisin Documents d’artistes en profitait pour expliquer son fonds documentaire en ligne sur une sélection d’artistes visuels de la région. Initiative qui s’est essaimée depuis dans d’autres régions… Autre chemin de traverse à l’Alcazar avec la rencontre-signature de Véronique Rieffel, directrice de l’Institut des cultures de l’Islam à Paris, pour son livre Islamania, De l’Alhambra à la burqa, histoire d’une fascination artistique. Immersion dans l’histoire de l’art d’orient et d’occident («une histoire partagée»), explications de l’Islamania «comme le miroir des obsessions politiques et sociales de l’occident» et analyse d’œuvres d’hier et d’aujourd’hui ont donné envie au public de se plonger dans la lecture, entre deux expositions.

PHOTOMED | TOULON

Bref, revenons à l’essentiel… c’est à dire à son talent : «Faire 50 ans de photographie cela demande une certaine endurance. Quand j’ai commencé (Meyerowitz est né dans le Bronx avant la seconde Guerre Mondiale, ndlr), la photographie n’était pas prise au sérieux. Je regardais le monde, je le voyais avec mon appareil et je le regardais en couleurs car c’est ainsi que je voulais le voir. Je me considérais comme un missionnaire de la couleur (…) Mais ce n’est qu’en 1970 que j’ai réussi à faire passer le message de la couleur». Qu’il regarde le monde en couleur ou en noir et blanc, sa vision est toujours celle d’un esprit libre et curieux. M.G.-G.

L’exposition a été présentée jusqu’au 17 juin www.hdatoulon.fr


72 LIVRES DOUGLAS KENNEDY | MAYLIS DE KÉRANGAL

Comment peut-on être écrivain ? Deux rencontres récentes, deux jours de suite, ont permis de mesurer, s’il en était besoin, le fossé qui sépare un auteur de bestsellers d’une romancière résolument engagée dans l’aventure langagière. Retour sur deux conceptions radicalement opposées du métier d’écrivain Vendredi soir, la mécanique du succès

Ses lecteurs, surtout des lectrices, l’attendaient. Il les a gratifié(e)s d’une rapide escale dans deux librairies des BdR, à la fin d’une tournée française chargée et sur le chemin de Nice, où il était espéré dès le lendemain. Avec un emploi du temps plus que serré, Douglas Kennedy a écourté de moitié la rencontre avec la libraire. Car ce qui compte visiblement pour lui, ce n’est pas de parler de son travail ; en bon professionnel de la communication, il s’en tient sur ce point à des formules rodées. Non, ce qui compte, c’est le moment des signatures, lorsque ses nombreuses admiratrices piétinent, attendant leur tour pour échanger quelques mots «en français s’il vous plaît» avec le maître, se faire prendre en photo avec lui et le voir dédicacer les nombreux exemplaires des romans qu’elles ont achetés. De cette rencontre avec l’écrivain vedette, on retiendra surtout cet engouement des groupies qui disent toutes se retrouver dans ses textes. C’est qu’il est habile, Mr Kennedy, à assurer l’identification des lecteurs en ficelant des intrigues croisées, dont les narrateurs sont souvent des femmes et le thème récurrent la passion amoureuse contrariée. Ce sera encore le cas dans son prochain roman, tout juste terminé, et dont il a révélé le titre, Cinq jours. Des livres dont les sujets sont inspirés de la vie quotidienne et qui abordent des «questions philosophiques» (sic), voici ce qu’il cherche à écrire, au rythme de 1000 mots par jour, 6 jours sur 7. Un travail efficace, régulier… et lucratif ! Il a d’ailleurs été assez longuement question d’argent lors de cette rencontre à l’Attrape-mots, l’un des deux livres dont DK était venu faire la promotion étant Combien ?, récit de son «voyage au pays de l’argent», un périple plaisamment conté dans un certain nombre de places financières de la planète. Cet ouvrage, le dernier de ses trois récits de voyages, écrit au début des années 90 juste avant que l’auteur ne se lance dans la fiction, paraît aujourd’hui en France, agrémenté d’un prologue qui en retrace la genèse et en justifie la présente édition française : «L’argent est tout» ; «il est

© X-D.R

son travail à partir de mots ou d’expressions: «lisière», «couture», «rideau de fer», «pas après pas»… Ce que l’écrivaine a fait volontiers, jouant le jeu avec beaucoup d’acuité et régalant le public d’une jolie leçon de littérature, sans prétention et bien au frais sous les arbres. Elle a rappelé que ses deux dernier livres, Tangente vers l’est (voir Zib’49) et celui-ci, bien que nés de sollicitations extérieures, sont, comme les précédents, des «gestes littéraires» à part entière, où le concret, l’espace, le territoire, proposent «un décollage vers la fiction». Car il s’agit toujours pour elle d’affirmer le roman comme «lecture du monde contemporain», comme «saisie et enchantement du réel». Alors, «pas après pas», fiction après fiction, elle élabore son épopée langagière. Pour faire du langage sa propre langue et parvenir à ce qu’elle nomme «l’effacement autobiographique». Une écriture en devenir, en modulation constante selon le sujet, dont la langue est la «traduction organique». Rien de moins figé que ce travail qui procède du tâtonnement, de la couture pièce à pièce. Et rien de moins établi que le statut d’écrivain pour cette artisane des mots à laquelle le terme d’ «auteur» fait penser à quelque meuble lourd, dans le genre «buffet normand» ! Loin de se draper dans une quelconque posture de «jeune romancière à succès» (ce qu’elle est de fait), Maylis de Kérangal émeut par la sincérité de sa recherche, par la façon qu’elle a de la formuler, pour mieux la partager avec ses lecteurs. Avec une belle ambition littéraire et une véritable générosité. À quelques rues, à quelques heures d’écart, deux façons d’être au monde et à l’écriture… FRED ROBERT

Pascal Jourdana et Maylis de Kerangal © Nadia Champesme

partout dans notre vie», «en tant que métaphore de tout ce qui nous dérange et nous déstabilise». Vaste sujet… qui devrait enrichir encore «le plus français des auteurs américains».

Samedi matin, la littérature au jardin

C’est dans une tout autre atmosphère que s’est déroulé le brunch littéraire organisé par Libraires du Sud dans l’arrière-jardin de la librairie Histoire de l’œil autour de Maylis de Kérangal. Puisque son dernier texte Pierre, feuille, ciseaux laisse éclore la fiction sur le rythme en trois temps de ce jeu enfantin -3 mots, 3 histoires, 3 générations sur un même territoire (voir Zib’51)-, Pascal Jourdana lui a proposé d’évoquer

Douglas Kennedy était invité dans le cadre des Escales en Librairies ; Maylis de Kérangal dans celui des Itinérances littéraires

On peut lire à la rigueur : Cet instant-là et Combien ? (Belfond) ; mais mieux vaut découvrir le 1er roman de Douglas Kennedy, Cul-de sac, réédité sous le titre Piège nuptial, un polar percutant situé dans l’outback australien, disponible chez Pocket De Maylis de Kérangal, on peut tout lire sans modération



74 LIVRES APOSTILLE | ABD | PRIX LYCÉENS

Noailles sur le Cours Ju’ Vernissage Apostille le ventre de Marseille © X-D.R

Depuis qu’elle a repris la bouquinerie Book In et l’a transformée en Apostille, Muriel Parrouffe n’a pas ménagé ses efforts. Mais le jeu en valait la chandelle : lorsqu’on entre dans la librairie, on dirait presque que sa propriétaire en a poussé les murs. C’est clair, aéré, engageant. Le fatras ancien a peu à peu été dégagé, la mezzanine transformée en un agréable espace d’exposition, et si les livres d’occasion sont toujours nombreux (telle est la vocation première du lieu), ils sont désormais rigoureusement sélectionnés et répertoriés ; comme le sont les DVD, qui font aujourd’hui la part belle aux classiques du 7ème art. Cette exigence de qualité a d’ailleurs incité plusieurs éditeurs de Marseille et de la région à y exposer une sélection d’ouvrages neufs. Tout cela ne suffisant pas à l’énergique Muriel, elle s’est engagée au sein de l’association Libraires à Marseille et organise dans sa librairie de nombreux événements : ateliers d’écriture, cercles de lecture, expositions, et bien entendu, rencontres littéraires. C’est ainsi qu’elle recevait dernièrement l’éditeur David Gaussen venu présenter Le ventre de Marseille, en compagnie d’une de ses deux rédactrices Blandine Scherer et de la photographe Anna Puig Rosado. Afin de permettre au public nombreux de pénétrer dans ce qu’on a longtemps appelé «le ventre du monde» (d’où le titre du livre), à savoir le quartier Noailles, D. Gaussen et B. Scherer ont offert une lecture apéritive, alerte et expressive, d’extraits choisis. Ont suivi un temps de questions-réponses puis la visite de l’exposition de quelques unes des photographies réalisées par A. Puig Rosado. Une façon vivante et très pertinente d’inviter à la découverte de cet ouvrage original. Ni guide touristique, ni simple reportage, ce livre se veut «un instantané de la rue d’Aubagne en 2012». Rien d’improvisé pourtant : tous les témoignages sont réécrits. Quant à la poésie de

E-lévation, bon Bon

ces lieux quelque peu désenchantés, grâce au talent de la photographe, elle saute aux yeux. FRED ROBERT

La rencontre a eu lieu le 31 mai à la librairie Apostille à Marseille http://apostille.web.free.fr

À lire Le ventre de Marseille, commerçants de Noailles Marie d’Hombres et Blandine Scherer, Anna Puig Rosado Gaussen, 19,50 €

La lecture, c’est pas toxique ! Cette maxime du Lycée du Coudon de La Garde s’accorde parfaitement à la nouvelle aventure de lectures et de rencontres vécue par les 30 classes des lycées qui ont, cette année encore, participé au choix du Prix littéraire des lycéens et des apprentis de la Région Paca. Leur exposition d’affiches sur le thème «Littérature et société : images et langage» témoigne de leur plaisir de lire, et de la reconnaissance de ce qu’elle leur apporte. Le 25 mai la fête a battu son plein avec les réalisations © Chris Bourgue

artistiques, préparées autour des livres de la sélection par les élèves avec leurs enseignants et des artistes associés. Ainsi le lycée Mistral de Marseille a choisi de faire part de son initiation à l’art de la BD au cours d’ateliers avec Thomas Azuélos, tandis que le lycée Victor Hugo, de Marseille également, présentait un sténopé (ancêtre de l’appareil photo) et ses réalisations avec Gisèle Laforgue. Particulièrement remarquables cette année, des vidéos. Celle, par exemple, de l’École libre des Métiers de Marseille dont le film, tourné avec le réalisateur Mathieu Petit, retrace les hésitations d’élèves peu passionnés par l’acte de lecture mais qui, se mettant en scène avec humour, finissent par se prendre au jeu ! La Région représentée par son vice-président Patrick Mennucci, et l’ARL (Agence Régionale du Livre) ont remis le Prix de notre région à Vélibor Čolić pour son roman Jésus et Tito (Gaïa) (voir Zib’35). Pour la BD les lycéens ont choisi l’album Championzé (Futuropolis) (voir Zib’51) d’Aurélien Decoudray pour le scénario et Eddy Vaccaro pour le dessin. CHRIS BOURGUE

C’est beau le monde vu d’en haut... Baudelaire en rêvait, Google Earth l’a fait et François Bon a, un jour, traversé Buffalo en auto. Moteur et embarquement immédiat pour l’urbaine fiction : la ville, les photos aériennes, l’histoire industrielle et sociale des Grands Lacs en fond d’écran mental, et les micro-récits à toute allure inventent une nouvelle aventure de l’écriture non imprimée. C’est ce drôle d’objet (lecture-performance mais aussi création mobile depuis deux années sur le Web) que le spectateur est invité à découvrir en «lecture dense», saisi d’entrée par le violon de Dominique Pifarély qui mêle ses improvisations proches de la saturation à la voix de l’auteur et accompagne les images sur grand écran ; entouré des attributs numériques visibles de l’E-crivain, Mac, téléphone portable et tablette, François Bon, désuet en regard de l’environnement technologique, dramatise sa lecture, monte et descend la voix, se balance sur un pied puis l’autre dans une scansion aléatoire. Ce que l’on voit est plus intéressant : les grands à-plats géométriques constitués à partir des clichés de Google, nœuds routiers filant vers l’abstraction ou cuves de pétrole en constellation constituent des motifs propices à l’envol ; le texte, à la prose précise et mate, distille sagement sa dose de fantastique en fictions contraintes qui feront dire à une dame intervenant dans la rencontre «mais votre ville, c’est un cauchemar !». Pascal Jourdana ouvre évidemment le dialogue sur la forme non du territoire mais du texte ainsi tramé et des nouveaux outils d’auteur : écriture en évolution flottant dans l’espace du Net contre clôture relative du livre… Numérique ou papier ? François Bon réaffirme l’intérêt de l’écriture «rhizomatique» qui met fin à la solitude de l’écrivain, et distille sa vision stimulante des mutations de l’écrit, reprenant les remarques de son essai Après le livre (Seuil) : l’outil de travail a toujours été au cœur de la création et Flaubert, avant de partir pour son périple en Orient, s’était mis en quête des meilleures plumes d’oie normandes, taillées pour l’ouvrage à venir. Pragmatique parfaitement rassurante pour le lecteur dans la mesure où elle n’oppose pas l’Ancien et le Nouveau : Julien Gracq sur liseuse WiFi ne change pas La Forme d’une ville… mais il est plus difficile d’attaquer La Traversée de Buffalo au coupepapier spécial José Corti ! MARIE-JO DHO

Une Traversée de Buffalo est disponible en téléchargement sur publie.net Fiction Ville est à retrouver sur tierslivre.net Écrivains en dialogue (coproduction La Marelle et Libraires à Marseille) a eu lieu aux ABD le 31 mai Francois Bon et Dominique Pifarely © X-D.R



76 PATRIMOINE SALAGON | LA VALETTE | ARLES | PONT DU GARD

Jardins des Fées gé noblesse tiers état, (espace de méditation pour les uns, reconstitution du jardin d’Éden, jardin

d’agrément destiné aux plaisirs pour les autres, propice à l’amour courtois, jardin vivrier, nourricier enfin pour le © Maryvonne Colombani

Depuis 10 ans, le ministère de la Culture en collaboration avec le Comité des Parcs et des Jardins de France organise les Rendez-vous aux jardins : 2 000 jardins publics et privés ouvrent leurs portes, le visiteur renoue avec ses racines, se rappelant un passé proche où la majorité de la population était à la terre… Les cinq jardins à thème de Salagon, labellisés «Jardin remarquable» constituent un écrin particulièrement intéressant. Bien sûr, comme partout, une foire accueille des exposants de produits locaux et bios, de ventes de végétaux, de miel et autres douceurs, de médecine par les plantes, d’ateliers de vannerie, de cosmétique, jardins miniatures, cerf-volant, bouturage, bijoux écologiques (la coquetterie sait emprunter les voies du développement durable !), initiation à l’art de la ruche, spectacles nichés aux détours des massifs, marionnettes qui se hâtent avant la pluie… Il y a aussi des conférences, passionnantes et documentées. Pierre Lieutaghi, ethnobotaniste, auteur de nombreux ouvrages de référence sur les jardins, leur histoire et les plantes que l’on y trouve, créateur du jardin ethnobotanique du prieuré de Salagon, cultive avec érudition le paradoxe du «Jardin contre nature». Isabelle Rive, guide conférencière s’attache quant à elle à présenter une histoire de l’art des jardins. Du «paradeïsos» persan, jardin clos entouré de murs, aux jardins utilitaires contemporains, passant par le jardin médiéval qui suit la tripartition cler-

MARYVONNE COLOMBANI

Les Rendez-vous aux jardins ont eu lieu les 2 et 3 juin Musée et jardins de Salagon, Mane (04) www.musee-de-salagon.com

1, 2, 3… chut !

Ainsi commencent les spectacles de Contes et jardins à La Valette-du-Var. Silence, le conteur conte, les enfants tendent l’oreille aux histoires chuchotées, mimées, parfois chantées, par les comédiens à l’imaginaire rebelle ! Catherine Caillaud revisite l’éternelle histoire des roses et des choux d’un jeu de mots sur «ils sèment dans le jardin des tomates et des choux, ils s’aiment à la folie dans la chambre !» Les parents esquissent un sourire tandis que leurs rejetons gloussent de plaisir… Un peu brouillonne, l’histoire se perd en route et l’interprétation, un brin classique, ne décolle pas. Heureusement Philippe Sizaire et sa complice Dalèle Muller à l’accordéon nous entrainent en deux pirouettes et une chanson vers des histoires d’amour impossible entre un roi et son peuple, un homme entre deux âges et deux femmes, «un petit homme plus petit qu’un acarien». Drôle, savoureux, parfois même muet, le tandem se partage les rôles, grimace et ponctue son spectacle

troisième ordre), le jardin suit dans ses constructions la pensée humaine, reflet de sa philosophie et de sa métaphysique : la division en 4 carrés par exemple (le carré étant le symbole de la terre) renvoie aux 4 évangélistes ou aux 4 vertus cardinales ; le point d’eau n’est rien d’autre que la représentation de la source d’Éden, et des 4 fleuves qui en sortent. La Renaissance ouvre sur le paysage, trace les premières perspectives dans un harmonieux dialogue avec la maison. Le jardin du grand siècle baroque se plie à la volonté royale, la nature domptée file la métaphore du pouvoir solaire. Les Anglais en réaction instaurent le principe d’irrégularité, le sensible se substitue à l’intelligible. La sinuosité à la rectitude. Le XIXème enfin permet à des artistes comme Monet d’affirmer «je dois peut-être aux fleurs d’avoir été peintre»… On achève par une visite guidée érudite et passionnante des jardins de Salagon, la mandragore y pousse encore auprès d’autres herbes magiques, s’en faire conter l’histoire appartient encore à cet art délicat du jardin. À se sentir pousser une âme de Candide au terme du voyage…

de chansons pour adultes… Ah les amoureux des bancs publics chers à Brassens repris en chœur par les parents ! Avec Rémy Boussengui qui fait parler les baobabs accompagné de son djembé et de son arc musical, le dépaysement est assuré. Ses histoires s’étirent comme des flèches, parlent de transmission et de sagesse, glissées comme le serpent de la forêt gabonaise entre proverbes, devinettes et percussions corporelles.

Philippe Sizaire, Laurent Peuze et Dalele Muller © X-D.R

Ainsi va la vie des familles dans le parc des Troènes transformé en village d’enfants avec manèges à pédales pour percussionnistes d’un tour, attractions burlesques, coins détente, librairie, buvette, jukebox, mur de dessins pour apprentis graffeurs… Pour sa 10e édition, le festival a rajouté une journée à son programme afin d’inviter tous ses coups de cœur, comme la Cie Audigane et son ambiance foraine avec orgue de barbarie et roulotte en arrière-scène. Au détour d’une yourte ou d’une roulotte, on croise le Bonbon Circus, le toujours farceur M. Atchoum, Jimmy V et la guitoune ambulante des Petites Poucettes. Là, à seulement quelques centimètres, les artistes sont «pour de vrai» ! M.G.-G.

Contes et jardins a eu lieu du 24 au 28 mai à La Valette-du-Var www.lavalette83.fr


Effervescences muséales Le musée archéologique d’Arles avec la réalisation de l’ajout d’une aile de 800 m² connaîtra cet été quelques perturbations : la maquette du cirque romain ne sera plus visible, l’Hortus sera amputé d’une partie de son labyrinthe, les horaires seront modifiés (sauf les week-ends). Mais le 23 juin, une conférence menée par Claude

tuites des Euménides d’Eschyle (24 juin à 17h et 26 juin à 20h). Tous les premiers dimanches du mois à 11h, des conférences festives ayant pour thème De l’enthousiasme Dionysiaque à l’ivresse du pouvoir, par Pierrette Nouet. À noter aussi le 1er juillet Au bonheur d’Alice, Modes et luxe à Rome et le 5 août, Marc Antoine au mois d’Août, belle revanche pour l’anti Auguste par Alice Vallat. Une série de concerts du festival les Suds

MDAA © Remi Benali, CG13

Sintès, directeur du MDAA, Sabrina Marlier, archéologue responsable des fouilles et du relevage de l’épave du chaland qui suscite tant de travaux et d’effervescences, et des représentants du CG, rendra compte des travaux et des perspectives liées à cette fabuleuse opération ainsi que des conséquences positives de l’accord scellé entre l’INRA et le CG. L’auditorium accueillera cette année les élèves de l’école de théâtre Actéon pour deux représentations gra-

animera l’auditorium (voir Zib’52). En travaux donc le beau musée bleu, mais toujours une ruche de fêtes et de savoirs ! M.C.

Musée Départemental Arles Antique Arles 04 13 31 51 03 www.arles-antique.cg13.fr www.suds-arles.com

Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Edité à 32 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Edité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse | n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008

L’art du photon Clin d’œil aux JO de cette année, le spectacle du Groupe F, désormais incontournable en début d’été, endosse le nom aux somptueuses consonances antiques, Ludolux, Les Dieux du Jeu. Sous la houlette d’un meneur de jeu, cinq «Photons» lumineux abordent les rives du Gardon à bord d’une barque aux allures de Nautilus qui s’empanache de flammes à l’instar du Pont qui s’embrase. Apolo, Ardent, Roméo, Lilight, Aquaria, (équipés de 1 200 LED !) dont les noms s’affichent à la fin des épreuves, arpentent le pont, qui se transforme en fleuve sur lequel évolue la barque du pêcheur de sirènes, en maisons à balcons qui repoussent à l’infini la quête éperdue de Roméo pour une insaisissable Juliette, en onFééries du Pont © Thierry Nava Groupe F

des mouvantes où palpite un monde délicat de mosaïques, en architectures humaines qui deviennent atlantes et cariatides… Flammes, feux d’artifices, tout se conjugue pour un spectacle acrobatique et inventif. Une imagination féérique, une belle unité, un spectacle fluide, sans aucune des longueurs que l’on ressentait parfois dans de précédentes prestations. L’architecture immense de l’aqueduc, purement utilitaire dans sa conception, nous séduit aujourd’hui par sa beauté, l’équilibre de ses formes, et sa capacité à devenir le creuset des imaginaires les plus débridés. Les Gymnopédies de Satie accompagnent le départ d’un public émerveillé alors que le pont garde dans ses illuminations plus sages, les reflets de la tempête de feu qui l’a animé. M.C.

Ce spectacle pyrotechnique a été donné les 8, 9 juin au Pont du Gard 04 66 37 50 99 www.pontdugard.fr

Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@wanadoo.fr 06 09 08 30 34 Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture Agnès Mellon 095 095 61 70 photographeagnesmellon.blogspot.com Secrétaires de rédaction Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10 Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com 06 19 62 03 61 Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18

Retrouvez tous nos contacts et vos avantages sur notre site tout neuf ! www.journalzibeline.fr


FESTIVAL DU LIVRE

LA CANEBIÈRE

Une fois encore, le Festival du Livre de la Canebière a tenu ses promesses et a emporté le public dans de multiples balades, au fil des mots, au fil de l’eau ; de rencontres en promenades urbaines, de lectures en musiques, de la Canebière au Frioul. Voici quelques échos de ce cabotage festivalier Rappelons d’abord qu’il n’est pas aisé d’ancrer le festival en haut de la Canebière. Le collectif Manifeste Rien se souviendra sans doute longtemps des conditions dans lesquelles la comédienne Virginie Aimone a joué Chacal : chants révolutionnaires kurdes, manifestation des mêmes, départ en fanfare des voitures de l’Agence de Voyages Imaginaires, cloches des Réformés, sans compter le micro qui faisait des siennes… pas facile de rester concentré dans un tel charivari. Mais bon, elle l’a fait. C’est ainsi sur ce festival, on joue le jeu quoiqu’il arrive. Parfois, c’est un peu rude ; la plupart du temps, tout se passe bien. Il en a été ainsi de la majorité des rencontres littéraires, qui ont attiré beaucoup de monde et ont permis d’aborder des genres et des thèmes variés, des monologues théâtraux de Léonora Miano consacrés aux Afropéens, à la BD avec Eddy Vaccaro et Clément Baloup (un jeune auteur très prometteur dont nous reparlerons bientôt), en passant par un passionnant retour sur 50 ans d’indépendance algérienne en compagnie de Maïssa Bey… On s’est aussi beaucoup promené durant ce festival.

Balades en ville

En 1909, l’éthologue Jakob von Uexküll introduisit le terme Umwelt pour désigner la bulle de perception dans laquelle chaque être vivant se déplace, filtre exclusif ne nous permettant pas d’accéder à l’univers d’autrui, sauf à déployer une certaine imagination. Ce concept trouve une illustration frappante lorsque deux mondes coexistant habituellement en parfaite ignorance l’un de l’autre se croisent soudainement. Ce fut le cas samedi 9 juin, lorsqu’un troupeau constitué en grande majorité de femmes attirées par le Festival du Livre, et mené par la comédienne Bénédicte Sire, fut conduit aux abords de la Canebière pour une balade littéraire. La découverte d‘espaces urbains insoupçonnés -d’un vaste hôtel délabré aux dorures

© Juliette Lück

© G.C

© Juliette Lück

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Festival vagabond baroques, à celui où Louise Michel rendit son dernier soupir, en passant par le royaume du poulet, et jusqu’à un tripot peuplé exclusivement d’hommes- fut des plus réjouissantes. Les populations autochtones, écoutant les extraits d’ouvrages (Blaise Cendrars, Albert Cohen, Stendhal...) dont il était fait lecture, semblaient apprécier la visite. Et les interprètes de l‘ASIP -qui traduisaient comme on danse le propos en langue des signes pour celles dont l’Umwelt est dénué de sons- ont ajouté un troisième univers à cette belle occasion de vérifier qu’on n’explore jamais mieux sa ville qu’en sortant des sentiers battus. Autre parcours, autres découvertes insolites sur les pas d’Hendrik Sturm. À partir du mur du Mémorial des camps de la mort, dont certaines fentes sont incrustées (décorées ?) de chewing-gums -déposés là par qui ? pourquoi ? depuis quand ?- le cheminement de l’artiste-promeneur nous a offert, entre autres, une étrange plongée, via le parking souterrain, dans le monde clos d’un Centre Bourse fermé le dimanche : des grilles partout, et pourtant la clim’, la lumière et surtout cette soupe musicale omniprésente ; glaçant… À la sortie, direction la rue Thubaneau, dont il connaît très bien l’histoire et qui fournit, vers la Mission de France, un assez joli exemple de coexistence religieuse. De retour sur la Canebière, c’est une autre balade dans Marseille que le CipM a proposée, un quadrillage loufoque de la ville par l’Inspecteur Ruiz(z), lu par son pince-sans-rire d’auteur Denis de Lapparent, à l’occasion de la sortie du n°4 de Fondcommun, entre revue d’artistes et gratuit urbain.

Virée en mer

Après ces heures passées à arpenter le bitume, quel délice de prendre le bateau pour une escapade au Frioul ! Joie de la musique et des contes, calme et volupté lors des ateliers d’écriture où tous se concentrent et s’écoutent, piochant dans les réserves

d’imagination des uns et des autres. Luxe de s’adosser aux confortables coussins d’un canapé sous les pins, pour écouter deux auteurs de polar débattre de techniques à glacer le sang des lecteurs. Pour Monika Kristensen, le plus grand moteur de l’écriture est de ne pas «surtravailler», de garder le plaisir, s’asseoir dans un café, observer autour d’elle, et penser à ce qui pourrait bien arriver. Ce qui intéresse Marie Neuser, c’est «le passage à l’acte, la perte des pédales». Toutes deux ont su donner généreusement de leur temps pour contenter les insulaires d’un jour. De retour au port, il était temps de clôturer ces trois jours de fête, en poésie et en musique. La très belle lecture de Gabriel Mwènè Okundji a fait planer tous ceux qui avaient embarqué sur Le Don du Vent, avant que les rythmes et la guitare de Didi Pausé et de son groupe Salaz ne les entraînent vers les rivages de l’Océan Indien. Ultime et joyeux vagabondage d’un festival qui bouscule les frontières. GAËLLE CLOAREC ET FRED ROBERT

Le Festival du Livre de la Canebière, organisé par l’association Couleurs Cactus, a eu lieu à Marseille les 8, 9 et 10 juin Zibeline, partenaire du Festival de la Canebière, publie la nouvelle et l’illustration lauréates des deux concours organisés par Couleur Cactus pour le Festival du Livre : Anita Lindskog a remporté le concours de nouvelles, et Darren Johnson le concours de l’illustration numérique, inspirée du recueil de nouvelle de Francesc Seres (voir p. 79).


FESTIVAL DU LIVRE 79

La caresse du monstre Le soleil au zénith, j’ai dévalé la pente pour gagner le rivage. Sur la plage matelassée de cailloux, de bois et de varech enchevêtrés, j’ai posé mon sac et, en un rien de temps, me suis dévêtue. En entrant lentement dans le bleu intense, contraste de la blancheur de ma peau, j’ai éprouvé la sensation fugace du déjà vécu. J’ai ajusté mon masque, contracté le bassin et envoyé la tête première sous l’eau. Dans cet élan j’ai nagé instantanément pour conjurer le froid picotant du contact avec les eaux. Alors que je plongeais en apnée, un banc lumineux de poissons aux ailerons striés m’a effleuré le dos et je l’ai suivi plus loin au hasard. Je jouais, testant des cabrioles sous l’eau, fixant, tête en bas, le soleil à travers la surface. Combien de hors-temps, cette sirénade avait-elle duré ? Un corps plongé délicieusement dans du liquide n’est pas capable de mesurer… Puis, un bruit étrange, comme une basse de fosse émise du fond marin, a peu à peu dérangé l’équilibre. J’ai songé au moteur d’un petit bateau mais non… ce n’était pas la musique crachotante du kérosène soulevant des remous. D’ailleurs, la surface de la mer restait lisse, et pourtant, par l’en dessous, une vibration dans les graves n’en finissait pas de monter, en puissance. J’ai réalisé à quel point je m’étais éloignée du rivage. Une vague angoisse s’est installée et j’ai entrepris de regagner la plage. J’ai choisi de crawler, m’appliquant avec une régularité de métronome. Alors une onde violente m’a fait dériver vers le large. Ayant repris vaillamment la nage en direction opposée je me suis contrainte à respirer, le plus calmement possible, sur chaque battement de bras. C’est alors que je l’ai entendu. Sur le moment, j’ai cru défaillir tant le son et la tonalité me paraissaient proches et familières. C’était une voix qui m’appelait, une voix d’homme, une voix ancienne et vieille, presque chevrotante. Cette voix résonnait partout dans l’air, les flots et au fond de ma tête. Je me suis mise à haleter, je m’épuisais en mouvements désordonnés et plus je fermais les yeux, plus la voix m’appelait. Car c’était bien mon prénom prononcé à l’infini qui avait envahi jusqu’à la mer et l’air. Je suffoquais, je résistais à l’appel. Il y en allait de ma vie peut être. Je

ne savais plus. En tentant d’avancer au plus vite, je me suis débattue contre mon corps qui s’épuisait, contre ma tête qui ne commandait plus ; dans cette lutte insensée je me paralysais de fatigue et de peur. La voix, cette voix, sa voix qui résonnait à me rompre les tympans, c’était bien lui. C’était toi. Tu m’avais cherchée disais-tu et voulais m’étreindre une dernière fois. Des cris jaillissaient depuis le rivage. Les oiseaux tournoyaient en rondes anarchiques au-dessus des flots. Le ciel s’était assombri. Un vertige me happait, je sentis la caresse glacée sur mes cuisses, mon ventre et au fond de mon sexe. Mon corps lesté de plomb se mit à couler. Je me sentais vide, absente et m’abandonnais à l’aspiration. Ce n’est que lorsque mon masque s’est soulevé que j’ai vu le regard, ce regard… ton regard dément ; la panique m’a transpercée. Je t’avais reconnu, tu as saisi ma main et l’a caressée doucement… L’air s’est mis à manquer, mes tempes se congestionnaient du sang comprimé, mes poumons explosaient et dans un coup de rein inespéré je me suis propulsée vers le haut. La première fois j’ai troué la surface en cherchant douloureusement l’air qui s’offrait. La main s’était agrippée à la mienne et me tirait à nouveau vers le fond, je replongeais… Dans un effort désespéré j’ai violemment rué et le contact avec l’abîme s’est rompu dans un craquement sourd. La seconde fois, la tête hors de l’eau, j’ai inspiré à en mourir… Sur la plage, ils m’ont étendue. Les sirènes des ambulances retentissaient. Des badauds s’étaient regroupés et certains d’entre eux laissaient échapper des phrases étranges. Je ne comprenais plus le sens des mots, une épaisse couche de brume m’enveloppait. Un visage inconnu s’est penché sur le mien et m’a parlé dans ma propre langue. Ne craignez rien madame, je suis secouriste, vous avez été prise dans un séisme de petite magnitude, c’est fréquent sur cette côte, le saviezvous ? Non, je n’avais pas idée, ai-je murmuré. Les gens d’ici l’appellent «la caresse du monstre»… Tout ira bien, vous êtes sauve. ANITA LINDSKOG

La sardine gitane de Darr en Johnson



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