Zibeline n°56

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un gratuit qui se lit

N째56 - du 17/10/12 au 14/11/12



Politique culturelle Le budget 2013 du MCC Les Journées Européennes du Patrimoine, le numérique Le Camp des Milles, questions à Aurélie Filippetti Presse et religion

4, 5 6 7 8, 9

Événements Les Rencontres d’Averroès, la Pop philosophie Aubagne, les Bancs Publics, la Criée, le MuCEM, Toulon

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Saisons Aggloscènes, Avignon Venelles, Gap

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Critiques Théâtre Arts de la rue Jeune public Danse Cirque Spectacles musicaux Concerts Musique Actuelle Jazz, du monde

14 à 17 18 19 20, 21 21 22, 23 24, 25 26, 27 28, 29

Au programme Théâtre Jeune public Danse Musique

30 à 35 36, 37 38 à 43 44 à 49

Livres Littérature Livres/CD Actoral Les Littorales, librairies Les Correspondances, Maryse Condé

Rencontres

50 à 53 54 56 57 58, 59 60, 61

Conférences

62

Cinéma

64 à 69

Arts visuels

70 à 77

Horizons Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Edité à 30 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Edité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse | n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@wanadoo.fr 06 09 08 30 34 Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture Tendresse Molotov Maryse Aubert et Roland Peyron Agnès Mellon 095 095 61 70 photographeagnesmellon.blogspot.com

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L’avenir se réduit

Pour la première fois un gouvernement socialiste opère une baisse sur le budget de la culture. Intelligemment, en arrêtant les chantiers coûteux et en préservant le tissu territorial. Mais tout de même : il fait timidement le pari de l’éducation, pas de la culture. Acculé par la crise économique dit-il. Voire. Le choix de la rigueur n’est pas si nécessaire dans ce secteur si minuscule pour le budget de l’État français. Plus gros qu’ailleurs ? Souvent. Mais en Allemagne, parangon de la rationalité économique, les régions sont en capacité de financer leurs institutions culturelles, qui du coup n’abandonnent pas les créateurs. Notre histoire centralisée n’est pas la même… Ici, en ce début de saison, les propositions artistiques se sont raréfiées effroyablement. Partout des lectures faute de spectacles, des «chantiers» où l’on ne croise que des professionnels, des salles fermées qui économisent pour prévoir 2013, et ne pas mourir après. Les musées et bibliothèques qui se rénovent n’ouvrent pas d’accès temporaires, les Journées du Patrimoine n’accueillent plus de concerts, les manifestations pluridisciplinaires projettent des documentaires plutôt que de faire le pari onéreux de la création vivante. Au mieux, on nous propose des «petites formes», des spectacles importés que l’on ne produit plus, des reprises ou «re-créations», des installations temporaires, préfigurations d’un avenir qui n’est pas financé. La France, aveuglée par le profit à court terme, a tué son tissu industriel, pourtant productif, en refusant d’investir. C’est aujourd’hui la production artistique qui va disparaître. Il restera des chômeurs, des dettes sociales, et une culture morte vide d’artistes. Sans création, mais rationalisée, à l’équilibre financier. Sauf que la disparition des arts vivants est le plus sûr moyen de nous précipiter dans la récession intellectuelle, le marasme moral, et la paralysie économique. AGNÈS FRESCHEL

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Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La Régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56

Collaborateurs réguliers : Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Thomas Dalicante, Pierre-Alain Hoyet, Clarisse Guichard, Chritine Montixi, Julie Surugue


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POLITIQUE CULTURELLE

LE BUDGET DE LA CULTURE

Ce que nous dit le bu Le budget du ministère de la Culture et de la Communication ne recèle aucune surprise, et reflète exactement ce qu’avait annoncé Aurélie Filippetti. C’est un budget rigoureux, en forte baisse sur certains secteurs : - 9.8% pour le patrimoine, - 7% pour le fonctionnement du ministère, une diminution des crédits concentrés (gérés par le ministère et très majoritairement parisiens) et des aides aux industries culturelles (numérisation, création enregistrée). Quelques postes sont à peu près préservés : le livre (aides à l’édition, lecture et bibliothèques), la création (spectacle vivant et arts plastiques), les monuments historiques, tandis que les crédits déconcentrés (gérés par les DRAC sur leur territoire) sont maintenus voire augmentés et que la «transmission des savoirs» continue sa lancée. Bref, si l’on compare ce budget à celui de 2012, il coupe là où c’était possible sans drame, dans les budgets de fonctionnement des Établissements Publics parfois dispendieux, et dans les chantiers de prestige lancés sous le ministère de Frédéric Mitterrand, parfois d’ailleurs contre son avis… Des économies sont opérées automatiquement, parce que des investissements lourds arrivent à terme (Cité des Sciences…) et que d’autres, nombreux, comme la maison de l’Histoire de France ou le Centre National de la Musique sont abandonnés. Par ailleurs Aurélie Filippetti a veillé, hors du budget de son ministère, à sauver les secteurs les plus menacés grâce à des mesures fiscales pérennes ou des interventions exceptionnelles : la TVA sur le livre et le spectacle vivant est redescendue à 5.5%, les intermittents ne sont plus attaqués dans l’existence de leur statut, les pertes de l’audiovisuel public, ou de l’agence de distribution de presse Presstalis, sont compensées. De même un plan un peu sérieux pour la création dématérialisée (numérique et enregistrée) semble envisagé, ce qui devrait permettre à la fois la libre circulation des œuvres, et le juste financement de leur production. Les dangers les plus immédiats semblent donc écartés. Mais le constat reste amer : le budget de la «mission culture» est au plus bas. On sait que par un tour de passe-passe, en élargissant le périmètre de la Culture par l’adjonction de toutes sortes de missions relevant de la Communication, les gouvernements précédents avaient voulu faire croire à une augmentation globale du budget. Il n’y a pas de tours de passe-passe de cet ordre dans le plan de financement 2013, même si la lecture en est mal aisée, la comparaison des budgets 2012/2013 se faisant parfois entre «autorisations d’engagement» (ce qui est attribué en début d’exercice) et parfois au niveau des «crédits de paiements» (ce qui est effectivement payé à la fin de l’exercice) selon que l’une ou l’autre échelle avantage le nouveau ministère. Mais de toute façon, en incluant ou en excluant les pensions, et quel que soit l’outil de comparaison, la baisse effective se poursuit. Sans abonder vers

les intérêts d’opérateurs privés et en tenant mieux compte du territoire, mais sans opérer les changements qui seuls pourraient recentrer le ministère sur ses missions essentielles. Qui devraient être culturelles. Car l’Éducation Artistique et Culturelle, ou l’augmentation des bourses des étudiants, devraient relever de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement supérieur. Quant au financement de l’audiovisuel public, ou de la presse, est-il normal qu’il échappe à un contrôle qualitatif ? Si les programmations des lieux culturels sont regardés à la loupe, les aides à la presse soutiennent, au nom

de la pluralité, des titres au contenu discutable ; et l’audiovisuel public, qui représente plus de la moitié des dépenses du ministère, diffuse actuellement un magma informe parfois franchement aliénant. C’est-à-dire anti-culturel, si la culture doit avoir des visées émancipatrices. Estil normal que l’argent de la Culture soutienne Paris Match et Patrick Sébastien, ou, pour rester dans notre région, Plus belle la Vie ? Les aides à l’édition, au cinéma, à l’audiovisuel, à la presse, peuventelles continuer sans poser de façon plus aigüe la question de la qualité et de l’intérêt général que devraient susciter toute entreprise, publique ou mixte, qui reçoit des financements de l’État ?


udget 2013

En observant les équilibres financiers, il est donc évident que le monde de la culture a tout intérêt à résister à la tentation des oppositions internes. Celles qui poussent les indépendants à vouloir sabrer les maisons nationales, ou les artistes à mépriser le patrimoine, ou les auteurs et plasticiens à envier le spectacle vivant : en faisant basculer de quelques % l’équilibre entre communication et culture ces antagonismes disparaitraient. Sans compter, par exemple, qu’on pourrait à peu de frais augmenter le budget global… l’abandon du programme nucléaire militaire permettrait à lui seul de doubler le financement de la Culture. Utopie ? Peut-être ; mais quoi, vous préférez la bombe ? La Culture n’est-elle pas la seule véritable «force de dissuasion» ? AGNÈS FRESCHEL

www.culturecommunication.gouv.fr

Et dans notre région ? Plusieurs établissements figurent dans le budget 2013 du MCC. Le MuCEM tout d’abord, un des grands chantiers des ministères précédents, est aussi un des rares à être clairement conforté, alors que presque tous les équipements d’État sont ailleurs arrêtés. De même le plan de rénovation des musées marseillais (Musée d’Histoire, Musée Longchamp, Musée Borely) est abondé par le ministère. Quant aux crédits des DRAC, on sait qu’ils seront globalement maintenus voire augmentés, mais on ne sait ce qu’il en sera dans notre région. Le problème posé par le coût supplémentaire des festivals, qui ampute d’autant le fonctionnement courant de nos équipements ouverts à l’année, n’est pas posé. Les crédits de fonctionnement des nouveaux bâtiments, en particulier de la Friche, ne semblent pas devoir augmenter, ce qui va rendre tous ces nouveaux murs inutiles. Car on ne sait pas si les mandats de révision (la Drac PACA est depuis deux ans «contributrice», c’est-à-dire qu’elle rend de l’argent à l’État) seront maintenus, ni comment le «gel» 2012 (pourcentage de subventions non payées en fin d’exercice) sera levé. À la veille de la capitale culturelle 2013, les artistes sont épuisés, découragés, usés pour la plupart par l’incertitude et les revirements souvent scandaleux des années précédentes. Il n’est plus question pour eux d’attendre une meilleure conjoncture, et le remède de cheval est aujourd’hui, chez nous, nécessaire… A.F.


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POLITIQUE CULTURELLE

JEP | LE NUMÉRIQUE

De belles journées Les Journées Européennes du Patrimoine (JEP) sont devenues un tel rituel que l’on a perdu de vue leur origine, et leur intérêt. Créées en 1991 par l’Europe, elles sont en fait nées de la journée «Portes ouvertes dans les monuments historiques» inventée par Jack Lang en 1984, dans le but très affirmé de «rendre le patrimoine vivant et accessible à tous». Dès 1985 de nombreux pays ont emboité le pas, la recette s’est exportée jusqu’à Taïwan, élargie à plus de 50 pays, étendue sur tout un week-end, et a provoqué une réelle réflexion sur la notion même de patrimoine culturel, qui dépasse aujourd’hui de loin l’idée de monument historique. Les JEP n’ont cessé de grandir depuis leur création et jusqu’en 2009 : en terme de fréquentation (plus de 11 millions de visiteurs chaque année en France), d’accès généralement gratuit dans les musées et monuments, mais surtout d’ouvertures exceptionnelles de lieux privés, jardins remarquables, bâtiments publics, et aussi de fabriques artisanales ou bâtiments industriels… L’idée de patrimoine s’est réinventée à travers le thème annuel décliné chaque année : si la célébration des Grands Hommes a suscité des polémiques en 2010, en 1997 le Patrimoine industriel était fêté, en 2004 les Sciences et techniques, en 2007 les Métiers du patrimoine… Quant à Patrimoine et Création en 2008, le thème a véritablement permis de «rendre vivant» le patrimoine, et aux JEP de connaître leur acmé, en faisant entrer dans les lieux patrimoniaux musique et spectacle vivant. Mais depuis 2010, les JEP traînent un peu la patte en France. Les monu-

ments historiques, surtout dans notre région, ont tendance à ne plus ouvrir leurs portes, ou à proposer nettement moins d’événements, se contentant de garantir l’accès. Il faut dire que le budget consacré par l’État au patrimoine ne cesse, depuis 2010, de chuter, passant de 1.2 milliard à 775 millions aujourd’hui. Les musées et monuments n’ont généralement plus les moyens

tement, promenades commentées..). Marseille a également su concrétiser son approche particulière, populaire, du patrimoine, en plusieurs lieux. À l’Estaque, avec une magnifique promenade chantée ; au Merlan, où Safi et Coloco réinventent un «jardin possible» au cœur de la cité de la Busserine…. Les quartiers créatifs de Marseille Provence 2013 ont investi

d’inviter des artistes dans leurs murs… et se contentent de proposer, au mieux, des animations, visites guidées et ateliers pédagogiques. Une autre manière de rendre le patrimoine accessible. Mais vivant ?

les gares des quartiers nord en transformant ces lieux de passage désagréables en lieux de vie paradoxaux. Ruedi Bauer a transformé l’avenir de la Cité de la Viste en installant simplement un Belvédère provisoire qui révèle la splendeur passée et possible du lieu… L’idée de tout cela ? Le patrimoine est à tous, partout : il faut faire confiance aux passeurs pour nous le faire comprendre, mais aux artistes pour le dévoiler !

Ici et maintenant L’édition 2012, même si les chiffres de fréquentation ne sont pas encore publiés, semble avoir inversé la courbe en termes de fréquentation : de Briançon à Arles, quelques records de fréquentation ont à nouveau été battus. Il faut dire que les ouvertures furent plus nombreuses cette année : à Marseille en particulier l’office de tourisme a enregistré des affluences importantes dans les lieux habituels (Préfecture, musées, hôtel du dépar-

AGNÈS FRESCHEL

Les Journées Européennes du patrimoine ont eu lieu les 15 et 16 septembre

En chantier, Caroline ! En ce dimanche ensoleillé, les navettes déversent au Frioul des centaines de passagers qui se dirigent vers les calanques et les plages… Quelques petits groupes prennent le chemin qui mène à l’Hôpital Caroline, au nord de l’île Ratonneau, un chantier exceptionnellement ouvert pour les Journées du Patrimoine. Une cinquantaine de personnes vont suivre le trajet des «quarantenaires» guidés par l’historienne d’art Hélène Daret, ses explications érudites, claires, précises sur l’histoire de la médecine et de ce lieu. Construit en 1828 par Michel Robert Penchaud, en remplacement du Lazaret d’Arenc, ce premier hôpital pavillonnaire en France était destiné aux marins en quarantaine, les ports de Marseille faisant face à une épidémie de fièvre jaune. Le lieu est idéal : éloigné de la population saine, exposé au vent, bénéficiant de la proximité de l’eau salée, facile à surveiller et à garder. Il a peu servi pour la fièvre jaune

(l’épidémie a cessé) et a été récupéré par l’armée qui l’a utilisé pour isoler les militaires au moment des guerres coloniales. Bombardé en 1944 par les Alliés, il est totalement en ruines. Il a été racheté par la Ville en 1976 et depuis 2007, en partenariat avec l’association Acta Vista, spécialisée dans les chantiers d’insertion professionnelle pour les métiers du patrimoine, d’importants travaux ont été entrepris. Malgré le travail, dans des conditions spartiates, des 58 salariés en insertion, des 9 salariés permanents, et le budget de réhabilitation pour MP2013, la perspective culturelle du lieu semble assez floue… Espérons que ce lieu magique ait un budget de fonctionnement permettant d’accueillir des artistes en résidence et manifestations de qualité ! ANNIE GAVA

Pixels

au Pharo Lift with Fing, c’est quoi ? Une conférence internationale organisée à Marseille pour la 4e année consécutive, et qui rassemble, à l’appel du think tank Fing, une ribambelle d’acteurs de la mutation numérique. Le 27 septembre, ce sont des intervenants internationaux (dont Gudrún Pétursdóttir, Présidente du Conseil Constitutionnel ayant conçu le processus ouvert et collaboratif de révision de la constitution islandaise après la crise de 2008), et la ministre française de l’Économie Numérique, Fleur Pellerin, qui ont abordé le thème 2012 : Promesses, prouesses et compromis numériques. L’occasion pour cette dernière de rappeler ses engagements en faveur de la filière, l’objectif d’une couverture Internet totale du territoire d’ici 10 ans en très haut débit, son ambition d’une fiscalité adaptée permettant de lutter contre les géants américains, et son vœu d’une formation initiale comportant «plus d’humanités numériques». Le lendemain, des ateliers archi-combles cherchaient à mettre en application toute cette impulsion... qui ferait bien de savoir vers quel «nouvel» avenir va tout cette «innovation», vu les enjeux économiques, sociaux et environnementaux qu’implique le monde numérique. GAËLLE CLOAREC Fleur Pellerin © Gaëlle Cloarec


LE CAMP DES MILLES

POLITIQUE CULTURELLE 07

Le 10 septembre 1942 partait pour Drancy le dernier train du centre d’internement et de déportation qu’était devenue l’ancienne briqueterie des Milles, au camp d’extermination d’Auschwitz. 70 ans plus tard, jour pour jour, le 10 septembre 2012, après trente ans de démarches, le Site Mémorial des Milles, devenu Monument historique, reconnu par le ministère de la Culture et le ministère de la Défense comme l’un des neuf hauts lieux de mémoire en France, est inauguré. L’importance symbolique du lieu est soulignée d’emblée par la présence nombreuse de personnalités officielles : Premier Ministre, ministres, ambassadeurs, parlementaires, hauts représentants des autorités civiles, militaires et religieuses, anciens internés du camp, leurs familles, les familles des Justes des Nations, institutions éducatives, universitaires, culturelles, humanitaires, associations juives, arméniennes, tsiganes et musulmanes… Au fronton, l’horloge aux aiguilles arrêtées s’accorde à l’éternité. Au chant des déportés répond le silence recueilli de la foule muette, debout. Puis, une voix fraîche de jeune fille déroule la liste des enfants morts… «Ignominie» rappelle Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles, qui veut «parler pour les personnes suppliciées, parler au nom de la société civile, des présents et des disparus». Loin de cantonner le Mémorial des Milles au rôle du témoignage, il a souhaité l’explication, l’analyse, l’approche du mécanisme qui entraîne à la haine, à la destruction de l’autre ; sur un même écran géant, «l’horreur génocidaire» de la Shoah, du Rwanda, de l’Arménie. Les salles immenses sont laissées en l’état ou aménagées avec le couperet des dates, des panneaux explicatifs. Des ateliers pédagogiques, conférences, débats, films, et une exposition

permanente (1942/1944 : 11 000 enfants juifs déportés de France à Auschwitz) attestent de l’histoire, et en particulier du rôle de la France durant la déportation. Mais aussi, espoir en l’humanité, le mur des actes justes… «La Shoah tend un miroir à toute l’humanité pour mieux se comprendre elle-même.» Pour se défendre du conformisme de groupe, de la passivité, et témoigner de ces êtres humains qui «restent debout, face à la volonté de déshumaniser». Car le Camp des Milles est conçu aujourd’hui pour apporter une «dimension éthique», projet citoyen qui défend les valeurs du dépassement, de la lutte, de la dignité, de la résistance. Hymne à la France des droits humains ? Le Premier Ministre souligne que l’histoire de ce camp est «une histoire française», que l’internement et la déportation pratiqués-là ne doivent leur existence qu’à la IIIe république finissante et à la complicité honteuse du gouvernement de Vichy. «Histoire européenne» aussi, avec ses quelques 30 nationalités représentées parmi les milliers d’internés. Jean-Marc Ayrault insiste : «Aux ambassadeurs présents aujourd’hui, ainsi qu’à leurs représentants, je veux dire que nous conservons le souvenir de chacun de ces réfugiés, dont la confiance en la France a été trahie.» En effet, la plupart fuyaient déjà les persécutions de leurs pays d’origine, et pensaient trouver un asile et non la délation et la déportation organisée. Jean-Marc Ayrault l’affirma avec force, «l’histoire des Milles est aussi une histoire européenne et nous devons faire vivre aujourd’hui les valeurs fondamentales que nous avons voulu promouvoir après 1945. Pour une Europe de la paix et de la démocratie, où le rejet de l’autre n’a pas sa place.» Plus tard il reprendra ce thème en assurant que face à la xénophobie, il ne

Le Camp des Milles © Maryvonne Colombani

Un mémorial pour apprendre à résister faut «jamais céder un seul pouce», «rappeler sans cesse nos valeurs, au cœur même de la vie collective», il s’agit d’un «devoir national».

www.campdesmilles.org

MARYVONNE COLOMBANI

Marseille, la culture et l’État Lors de l’inauguration du Camp des Milles, Madame Filippetti, ministre de la Culture, naturellement présente sur ce lieu significatif, s’est prêtée à un jeu bref de questions. À propos de ce lieu de mémoire, et du plan d’urgence pour Marseille, auquel son ministère s’est rattaché sans qu’aucune mesure culturelle n’ait été annoncée Zibeline : Est-ce que les associations culturelles, sportives, sociales seront soutenues dans le cadre du plan d’urgence ministériel pour Marseille, laminées comme elles l’ont été ces dernières années, en particulier celles qui travaillaient en direction des publics défavorisés ? Aurélie Filippetti : Le paysage actuel de Marseille est sombre. La culture est une chance pour ces publics, et la vitalité du réseau culturel est essentielle. L’État s’est engagé, il reste partie prenante du MuCEM quand d’autres chantiers entrepris ailleurs sont remis en cause. Nous nous engageons aussi pour Marseille Provence 2013, et je vais veiller en particulier à ce que ce qui est institué au cours de l’année 2013 se pérennise. Mais dans tous les quartiers, le réseau associatif doit être présent, il est indispensable à la structuration de la ville. Les associations culturelles seront particulièrement préservées. C’est la volonté de mon ministère. Financièrement, seront-elles concrètement encouragées ? Cette année, il est impossible d’augmenter quelque poste que ce soit, ce budget n’est pas le nôtre, mais celui de nos prédécesseurs. Mais toutes les subventions et aides existantes seront maintenues, celles qui ont été supprimées brutalement seront réétudiées. Ce sont les équilibres qu’il faut revoir, ce qui est possible sans augmenter le budget global. Votre présence aux côtés du Premier Ministre, à Marseille puis dans ce lieu a-telle un sens particulier ? Certainement. Il s’agit d’un lieu essentiel de culture, d’éducation, de transmission pour la jeunesse. On peut toujours s’opposer, on peut toujours résister. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

L’art, lieu de l’humanité Le camp des Milles a interné un nombre considérable d’intellectuels, d’artistes, qui fuyaient les persécutions nazies : dramaturges, comédiens, musiciens, peintres, poètes, écrivains ont été emprisonnés dans ce camp de rétention où l’on parquait les étrangers

indésirables, avant de le transformer en antichambre de la déportation. Ce qui fait des Milles un camp particulier : les traces sur les murs, les poutres qui s’ornent de maximes, jeux d’écriture, compositions, une salle même, le réfectoire des gardiens qui s’agré-

mente de fresques sur commande… Des centaines de représentations témoignent de l’humour, et de la force créative des détenus, et affirment l’art comme premier et dernier lieu de résistance à la folie et à l’horreur. M.C.


08 POLITIQUE CULTURELLE PRESSE ET RELIGION

Liberté, Islam et maïeutique Après la publication des caricatures du prophète par Charlie Hebdo, les réactions, contradictoires mais pas trop, de la rédaction

Charlie et la déontologie Liberté de la presse ? Évidemment. Ce n’est pas un droit, mais un devoir, pour un journaliste, de chercher et rendre publiques les vérités, celles qui dérangent ou posent question. L’article 1er du code de déontologie international des journalistes le dit très clairement : «Respecter la vérité et le droit que le public a de la connaître constitue le devoir primordial du journaliste.» Cet article et ses corollaires, adoptés en 1956 par la Fédération Internationale des Journalistes, sont ceux qui règlent tous les codes professionnels nationaux. Déontologie amendée en 1976, reconnue par les Nations Unies, complétée par un code professionnel (Munich 1971) précisant les limites de ce droit (respecter la vie privée) et donnant quelques garde-fous précieux pour garantir la liberté dans les faits : «La responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics ; ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs ; refuser toute pression et n’accepter de directive rédactionnelle que des responsables de la rédaction…» Régulièrement Charlie Hebdo, en publiant des dessins satiriques à rebroussepoil, défend ce droit à commenter librement la vérité sans céder aux pressions. Les caricatures incriminées sont défendues par tous ceux qui veulent une presse libre d’aborder sans entrave les sujets qu’elle veut traiter, de la manière dont elle entend les traiter. On ne saurait la remettre en cause sans atteinte grave à la démocratie. Pourtant… Ce vieux code de déontologie, dans sa sagesse, ajoute un certain nombre d’articles à son énoncé primordial. En particulier ce 7e commandement. Qui n’est pas une règle, mais une mise en garde, un signal d’alarme qui, dix ans après la guerre, rappelle à tout journaliste les dangers de la profession qu’il exerce : «Le journaliste prendra garde aux risques d’une discrimination propagée par les médias et fera son possible pour éviter de faciliter une telle discrimination, fondée notamment sur la race, le sexe, les mœurs sexuelles, la langue, la religion, les opinions politiques et autres, l’origine nationale ou sociale.» Le journaliste a une influence, un pouvoir. Bénéfique et indispensable, mais avec son revers : il lui faut mesurer sans cesse l’impact possible de ce qu’il publie. Même lorsqu’il est un caricaturiste. Puis décider ensuite, en connaissance de cause, de publier ou non. Ces caricatures ne tombent donc aucunement sous le coup de la loi : elles ne contiennent aucune incitation à la violence ou à la haine raciale, et contreviennent seulement à une «loi» religieuse, à laquelle la presse n’a pas à obéir. Mais pourquoi aujourd’hui, alors que le FN a une influence grandissante dans les esprits et que la haine du musulman s’affiche, décomplexée, dans bien des discours, pourquoi choisir d’enfoncer ce clou-là dans les chairs ? Pourquoi sortir ces caricatures alors même que le monde musulman est violemment secoué par un film infâmant ? Et pourquoi confondre le rire qui cible les puissants avec celui qui se moque des misérables ? Se moquer des chrétiens, dominants, des riches, dominants, des politiques, des stars, des banquiers, des industriels… participe de la révélation d’une vérité bénéfique. Se moquer des petits, des opprimés, des pourchassés est beaucoup moins glorieux. Même quand leurs travers sont réels. Caricaturer les musulmans aujourd’hui n’est simplement pas très malin. En France ils sont en danger, et ailleurs, en dehors de quelques émirs et dictateurs, ils restent les opprimés de ce monde. AGNÈS FRESCHEL

L’Islam un problème ? Non, la religion ! Toute pratique religieuse sincère, avec adhésion à ses principes fondateurs, empêche la l’exercice de la pensée rationnelle, l’accès à la connaissance et plus largement l’émancipation, théorique ou pratique. Hier, et aujourd’hui encore, nos catéchismes insufflant la création du monde par Dieu au mépris de la science ; Galilée, puis la Déclaration des droits de l’homme condamnés par l’Eglise jusqu’au XXe siècle ; nos mères ne pouvant vivre leur vie, un droit de vote il y a à peine 70 ans, les menaces sur la femme qui veut divorcer… Aujourd’hui ce sont de jeunes Français, musulmans, pratiquants parce que relégués par une société qui crée des ghettos, qui se bouchent les oreilles en cours de philosophie ou se mettent à porter le voile alors que leurs parents marchent cheveux au vent. Jamais la question sociale n’a eu autant d’acuité pour comprendre le phénomène religieux, mais commençons par la question pédagogique et la laïcité. L’Islam n’est pas un problème, il n’est qu’un exemple : nous sommes dans un pays judéo-chrétien où la tradition impose de ne pas blesser l’idée de Dieu. La laïcité y est la couverture d’une tolérance envers la religion, hypothèse ridicule qui contredit l’intelligence moderne. L’Islam s’engouffre dans cette brèche offerte par la laïcité sur le plan pratique de l’enseignement : il ne faut pas critiquer l’idée de Dieu, même scientifiquement, philosophiquement ou historiquement ; combien sont-ils les profs à rappeler l’invention –pardon la révélation- du monothéisme par les Juifs alors que tout le monde était content avec son histoire fondatrice et ses dieux ? Puis sa réinterprétation par un homme qui s’est dit le fils de Dieu ? Et enfin une troisième reformulation par la bouche d’un ange qui souffla à un autre prophète une bible nouvelle qu’on appellerait le Coran ? La

violence meurtrière qu’entraina ensuite l’imposition à d’autres peuples de cette idée ? Cette historicisation suffit à semer le trouble chez les élèves, mais personne ne prend le risque. Or il faut affronter Dieu à l’école. Un peu de philosophie et de science y suffisent, merci Spinoza, merci Darwin : si Dieu a créé le monde il était donc sans le monde avant de le créer ; alors quoi, il s’est senti seul ? Il l’a voulu ? N’est-ce point le propre du caprice humain ce vouloir et cette création ? L’idée de Dieu ne peut survivre si la théorie de l’évolution est correctement enseignée. Mais quand va-t-on arrêter de dire que l’homme descend du singe ? L’homme a un ancêtre commun avec le singe : je descends de mon arrière-grand-père qui est mort. Le singe existe encore ! Quand va-t-on en finir avec cette idée que les espèces s’adaptent à l’environnement ? Il y a en permanence des mutations génétiques et seules celles bénéfiques sont conservées ; pas de projet pour la girafe d’allonger son cou : une bizarrerie génétique provoqua un long cou à une espèce, cela s’est avéré être un avantage et fut conservé ; la nature est un immense gaspillage et une immense loterie. Il n’y a pas de Dieu. En France ? Ce sont les multiples politiques libérales mises en œuvre ces trente dernières années qui ont conduit à la ghettoïsation de la France. L’écart entre les riches et les pauvres n’a jamais été aussi fort, le communautarisme en est la conséquence et l’Islam n’est pas un problème, mais son regain est un opium aussi dangereux et savamment distillé que le fut le christianisme. La religion est la conséquence de la misère, sa consolation, le fruit de politiques économiques criminelles pour l’unité et l’indivisibilité de cette chimère qu’est devenue la République. RÉGIS VLACHOS


POLITIQUE CULTURELLE 09

Liberté, liberté chérie Le 6 octobre, le Ravi fêtait son 100e numéro à la bibliothèque de l’Alcazar, numéro dont La grosse enquête porte sur «les médias, pressés comme des citrons». Une table ronde était organisée sur le thème de la liberté de la presse, rassemblant une journaliste du collectif Presse-papiers, une kiosquière, le rédacteur en chef du Ravi et celui de Charlie Hebdo. Michel Gairaud a commencé par déplorer le «déficit de cette profession en région. Il y a de bons professionnels partout, y compris en PQR (presse quotidienne régionale ndlr), mais la tendance est au conformisme, avec des structures qui communiquent plus qu’elles n’informent. Il devient rare et difficile de pratiquer le journalisme comme il devrait l’être, avec des reportages et des enquêtes de fond.» Le poids de la publicité institutionnelle, les difficultés économiques du secteur, la précarisation exponentielle des pigistes renforcent ce phénomène et font le lit de toutes les dérives imaginables lorsqu’on dépend pour sa survie de ceux que l’on est censé juger objectivement. En matière de liberté de la presse, les pressions économiques et/ou politiques ne s’arrêtent pas aux rédactions, comme c’était le grand mérite du Ravi de le souligner en invitant Catherine Pietralunga, kiosquière de la Préfecture. Les membres de cette profession n’ont même pas la possibilité de choisir leur affichage (aux mains de la société JC Decaux à Marseille), et étant sous contrat d’exclusivité avec les diffuseurs, ils ne pourraient pas s’ils le souhaitaient opter pour un système alternatif moins contraignant. Des choix difficiles à assumer donc, pour toute une filière qui demeure un élément essentiel de la démocratie, et qui est douloureusement consciente de ses responsabilités.

Un des membres de l’assistance l’a formulé en mots très simples : «J’aime regarder les Une des journaux satiriques, elles font souvent état de ce qui n’est pas traité ailleurs dans les médias.» C’est la raison pour laquelle on peut ne pas être fan de satire, ne pas forcément rire aux blagues scatologiques, trouver que Charlie Hebdo est une publication parfois vaseuse, et pourtant apprécier qu’il ait une place. Charb, son rédacteur en chef, a évidemment été interpellé au sujet des caricatures de Mahomet publiées dans le numéro 1057. Il a simplement rappelé que depuis 20 ans, son journal s’attaque à l’intégrisme, qu’il soit catholique, juif ou musulman, et que ce n’est pas prêt de changer, «Ayrault peut nous gronder tant qu’il veut». Le problème avec la religion est qu’elle a servi de prétexte infini à la libération de pulsions agressives, qu’elle s’est trop souvent acoquinée avec l’argent et le désir de pouvoir, en un cocktail dévastateur. Laissons les amalgames bas-du-front à Marine Le Pen : pour nombre de croyants de toutes obédiences, la religion n’a pas à quitter la sphère de l’intime ; il est donc absurde de coller des étiquettes généralisantes sur tel ou tel groupe, ennemi de la laïcité. Il semble d’ailleurs que pour les plus dangereux, l’ennemi n’est pas le croyant d’une religion adverse, c’est celui qui ne croit pas… GAËLLE CLOAREC

Le Ravi expose ses dessins de presse à l’Alcazar jusqu’au 13 octobre

Othello et Desdemone, 1829, Alexandre-Marie Colin (1798-1873)

Le «Mahométan», Sarrasin, Ottoman ou Maure, a toujours représenté, pour le Chrétien, l’autre en tant que voisin. Pas un «cannibale» comme dans les Amériques ou l’Afrique lointaine, mais un être proche dont il faut se méfier à cause de son rapport aux femmes, et parce qu’il convoite vos biens.

Laïcité, discrimination et impérialisme La Région PACA a accueilli les 17 et 18 septembre les 1res Rencontres du Cercle franco-brésilien LéviStrauss, sur le thème : «La religion dans tous ses États : problématisations de la laïcité en France, au Brésil et dans les pays arabes en transition». L’objectif était de sonder les rapports entre politique et religion, en permettant à des universitaires, juristes et diplomates de dialoguer, sous l’égide de celui qui écrivait en 1955 dans ses Tristes Tropiques : «Ce malaise ressenti au voisinage de l’Islam, je n’en connais que trop les raisons : je retrouve en lui l’univers d’où je viens ; l’Islam, c’est l’Occident de l’Orient.» Et le dialogue fut fécond, tentant de mettre de côté préjugés, vieilles rancunes et culpabilités, sans évacuer le poids de l’histoire coloniale. Michel Vauzelle convaincu que «les révolutions arabes ne sont pas finies, pourvu que les Européens sachent tendre la main», recevait des intervenants qui ont attaqué de front la question de la laïcité. Comment mettre en perspective la notion universaliste à la française et les approches propres à chaque culture ? Pour Henry Laurens1 «La France a l’impression d’avoir domestiqué le monde religieux, le christianisme et le judaïsme aux XIXe et XXe siècles. Or l’Islam n’est pas domestiqué. Le problème qui se pose au premier chef est celui du corps de la femme, voilé ou dévoilé. La laïcité est un problème sexuel. Et puis les Musulmans sont sensibles à la question du blasphème. Ce sont les deux points à travers lesquels on va juger le processus de démocratisation.» Voilà ce qui inquiète officiellement le monde occi-

dental : la religion prendra-t-elle le pouvoir au détriment des droits de l’homme ? La diplomatie française, après avoir défendu les dictatures qui se présentaient comme un rempart contre la montée de l’intégrisme, a changé son fusil d’épaule. Selon Roland Dubertrand2 «La France apporte son soutien aux transitions démocratiques, et dit oui au dialogue avec les islamistes, si ils se montrent non-violents. Par ailleurs, la France a historiquement un rôle de protection vis à vis des minorités, or la manière dont les minorités sont traitées est un révélateur.» (On imagine qu’il faisait là allusion aux citoyens de confession catholique en pays musulman, et non aux Roms sur notre propre territoire ?). D’autres intervenants, tels Bernard Botiveau3, ont relativisé ces inquiétudes : «Un constat : les mots d’ordre de manifestations ne font référence que de manière très lointaine à la religion, beaucoup plus à un espoir de liberté. Les 2/3 de la population ont moins de 30 ans : on ne sait pas ce que ces jeunes vont faire, mais un faisceau d’indices montre que nombre de gens sont attachés à la sécularisation.» Sur cette période aux enjeux cruciaux qui va formaliser les rapports entre le religieux et le politique dans le monde arabe, le point de vue des sud-américains était particulièrement intéressant. Pour Pedro Dallari4, «La laïcité brésilienne n’exclut pas la religion de la Constitution, mais la non-discrimination y est inscrite de manière très forte.» Autre exemple cité, la nouvelle constitution bolivienne qui s’est

faite avec la participation des indiens, et inclut le langage natif dans le système judiciaire tout en faisant référence aux droits de l’homme, combinant ainsi approche traditionnelle et libertés fondamentales. Ainsi par analogie peut-on imaginer que les citoyens et citoyennes arabes sont eux aussi en mesure de se doter d’un dispositif protégeant leurs droits, sans céder à la manipulation politique, économique ou religieuse. Laissons le mot de la fin -cynique autant que drôleà Henry Laurens : «La loi islamiste s’est construite en réaction à l’impérialisme occidental. Elle promet de donner aux gens le vrai bonheur, et non le bonheur factice, consumériste des occidentaux... Le printemps arabe peut remettre en question cette utopie, et prouver que le système islamiste ne répond pas mieux que les autres aux problématiques concrètes des populations.» GAËLLE CLOAREC

1 Historien, titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France. 2 Conseiller pour les affaires religieuses du ministère français des Affaires Étrangères 3 Anthropologue, politologue et directeur de recherche émérite au CNRS 4 Professeur de droit constitutionnel, expert auprès de l’assemblée constituante tunisienne


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ÉVÉNEMENTS

LES RENCONTRES D’AVERROÈS | POP PHILOSOPHIE

La démocratie en danger aux ABD Gaston Defferre (les 26 et 27 oct) avec des lectures à haute voix (de textes de Naguib Mahfouz et Khaled Al Khamissi par Louiza Bentoumi et Yacine Aït Benhassi), suivies de concerts et d’ateliers découverte avec oud et flûte, sans oublier l’exposition photographique de Denis Dailleux, Égypte claire et obscure qui est visible jusqu’au 22 déc. Pour clôturer les rencontres des tables rondes, un concert organisé et produit par l’Espaceculture, en partenariat avec l’Espace Julien et le Cri du Port sera placé sous le signe de la femme avec les voix

C’est en constatant avec désarroi les reculs démocratiques, les massacres en Syrie, que Thierry Fabre a intitulé ces 19e Rencontres d’Averroès La Cité en danger. «Depuis 1994 on a changé d’époque, il n’est plus question d’ordre démocratique mondial. Mais je refuse d’être aquaboniste, le désir de liberté et de citoyenneté n’a pas disparu des pays arabes, la philosophie des ténèbres ne prendra pas le dessus sur la pensée de midi.» Le succès toujours grandissant des Tables Rondes, leur expansion à Rabat, Cordoue et demain au Liban, font de ces rencontres un moment exceptionnel de dialogue et de confrontation explicite d’idées. De résistance ?

de Emel Mathlouthi, véritable égérie de la révolution tunisienne, et de la chanteuse algérienne Djazia Satour en première partie (le 24 nov à l’Espace Julien). A.F. ET DO.M.

Espaceculture 04 96 11 04 60 www.espaceculture.net www.rencontresaverroes.net

Programme culturel Prenant le parti de souligner de façon sensible la problématique abordée durant les tables rondes des 22 et 23 novembre, Sous le signe d’Averroès déploie en éclaireurs, dans toute la région, ses propositions artistiques, expositions, concerts, littérature, théâtre, danse, débats et projections de films et documentaires. La Cité en danger ? Dictature, transparence et démocratie se décline au travers d’une vingtaine de rendez-vous, dont l’ouverture se fait avec les Écrans d’Averroès (voir p 69) ; À l’Espace Pouillon (Marseille), l’exposition emblématique, Pour Mémoire[s]. Photographies de studio Marseille – Les Aurès, proposée par l’Espaculture, les Rencontres à l’échelle, les Bancs Publics et les ateliers de l’image, réunit pour la première fois 150 photographies : la première série est issue de l’activité du studio Rex de la Porte d’Aix, la seconde est l’œuvre du photographe Lazhar Mansouri (du 26 oct au 8 déc). Autre temps fort, celui qui sera consacré à l’Égypte

Pop-rock, populaire ou pop-litique ? © Studio Mansouri-Alger

La pop philosophie s’origine avec Gilles Deleuze qui disait que la philosophie devait créer des concepts ; et non plus tourner autour des notions millénaires, en s’intéressant uniquement à des objets qui appartiennent au champ de la philosophie. Dans son Abécédaire télévisé, Deleuze donne un exemple : le concept de «société disciplinaire» créée par Foucault, notamment dans Surveiller et Punir où l’auteur s’intéresse à la prison ; ce livre s’ouvre à des non spécialistes, il est très vite lu par «tout» le milieu judicaire ; et crée la polémique : la prison reproduit la délinquance. Quel rapport avec la pop philosophie ? Eh bien cette dernière vise à s’intéresser aux produits issus de la culture de masse ; un de ses grands moments fut l’intérêt des philosophes pour le Film Matrix, avec une interrogation sur ce qu’est le réel par exemple. La pop philosophie part d’un objet banal, bâtiment, lieu, chanson pour ensuite penser le sens de l’existence dans lequel s’insère cet objet ; ou mieux encore trouver les rapports de force politique que masque l’appréhension commune de cet objet. La semaine de la pop philosophie à Marseille ? on y trouve le politiquement Schtroumpf, le football le plus pop de tous les sports ?, Pop Fiction, le polar auxiliaire d’État, la chose porno ou le corps impropre, la philosophie dans Harry Potter... Les limites de la pop philosophie étaient déjà devinées par Deleuze et même Foucault : bien que «populaires», certains de leurs ouvrages que «tout le monde» avait achetés supposaient une solide formation universitaire. Par exemple Les mots et les choses de Foucault fut édité à plus de 300 000 exemplaires, c’est un des ouvrages les plus difficiles de l’histoire de la philosophie ; mais l’éditeur avait demandé à Foucault de commencer par l’analyse d’une œuvre : les vingt premières pages, sublimes, sur les Ménines de Velasquez furent une bombe promotionnelle… La pop philosophie renouvelle l’intérêt des intellectuels pour les produits culturels populaires : mais le discours est souvent sophistiqué, nourri de clins d’œil pour initiés. Un auditoire populaire en est-il la cible ? Le politiquement Schtroumpf invitera-t-il des jeunes qui ne lisent pas à penser politiquement le social ? À voir, le 22 octobre à la Criée à 20h. RÉGIS VLACHOS

Semaine de la Pop philosophie du 22 au 27 octobre Marseille www.lesrencontresplacepublique.fr


AUBAGNE | BANCS PUBLICS | LA CRIÉE | LE MUCEM | TOULON © Marc Munari

La jeunesse fait salon Du 15 au 18 nov, la ville natale de Marcel Pagnol se laisse envahir par un événement littéraire original mettant au cœur de sa programmation les droits de l’enfant La dernière édition rencontra un succès inédit ! Aubagne fait partie du réseau «Ville amie des enfants» initié par l’UNICEF et met en place toute l’année des ateliers d’écriture animés par des auteurs pour favoriser l’accès à la lecture. Sur le thème de l’art, préfigurant le projet de Marseille Provence 2013, cette seconde édition du Festival du livre et de la parole d’enfant Grains de sel, qui a succédé aux Journées du livre de jeunesse, va reprendre ses quartiers d’automne sous trois chapiteaux et huit pagodes, réunis sur les cours Voltaire et Foch. Soixante éditeurs y seront installés, auxquels se rajouteront un Kiosque Art, des animations, des débats, des ateliers artistiques et des interventions d’une quarantaine d’auteurs et illustrateurs et des séances de lecture. Ce salon des éditeurs est coordonné par l’Alinéa et la librairie du Lycée. La

ÉVÉNEMENTS 11

Si loin si près Pour la 7e édition des Rencontres à l’Échelle concoctées par les Bancs Publics, lieu d’expérimentations culturelles à Marseille, la programmation confronte les projets (initiés, produits et accompagnés) d’artistes travaillant à Marseille et en Europe, mais aussi à Alger, au Caire, à Alexandrie ou à Beyrouth. Parmi les créateurs, Thomas Gonzales et Julie Kretzschmar (fondatrice de la cie l’Orpheline est une épine dans le pied, associée aux Bancs Publics) mettent en espace La préface du nègre de l’algérien Kamel Daoud, et Cicatrices d’Aurélien Arnoux (de Mayotte) ; Thierry Bédard met en scène Sous la peau, une création du musicien Camel Zekri à partir de textes de Frantz Fanon ; une performance de l’égyptien Omar Ghayat, If I weren’t Egyptian…, d’après la nouvelle de Alaa Al Aswany Celui qui s’est approché ; Sabine Tamisier lit un extrait de sa pièce Galino, puis jouera L’histoire d’Anna ; Anne Savelli lit son texte Décor Lafayette accompagné des improvisations de Jean-Marc Montera… DO.M.

Les Rencontres à l’Échelle du 26 oct au 8 déc Marseille 04 91 64 60 00 www.lesrencontresalechelle.com

culture est donc mise sur l’espace public avec des propositions ludiques s’adressant de la petite enfance (Véranda Bébé pour lire et jouer, le Sirop littéraire pour inciter les petits à la critique, Bar à peinture pour artistes en herbe) à l’adolescence (la Bulle Ados avec bd, mangas, fantasy…). Le théâtre Comoedia accueillera des propositions théâtrales, dont le Philharmonique de la Roquette pour un P’tit Ciné-Concert et le Théâtre du Fauteuil avec la Culotte du loup d’après l’album de Stéphane Servant. Au cinéma le Pagnol, outre des conférences et lectures, auront lieu les journées professionnelles autour du propos «Parlez moi d’art», pour une réflexion autour du livre d’art pour la jeunesse, un tour d’horizon de l’édition d’art et une table ronde des éditeurs. Roulez jeunesse !

If I Weren't Egyptian © Olivier Christe

DE.M.

Grains de sel du 15 au 18 nov Aubagne 04 42 18 17 77 www.aubagne//grainsdesel.fr

Le MuCEM à la Criée

L’Algérie à Toulon

Après les deux saisons passionnantes des Mardis du Mucem, conférences autour des thèmes et enjeux qui ont présidé à l’élaboration des collections et de la programmation de ce grand musée d’État d’un nouveau genre, le MuCEM entre dans une autre phase, prélude direct à son ouverture au printemps… Zéev Gourarier, directeur scientifique et culturel, présentera concrètement le principe des grandes expositions semi-permanentes. Tout d’abord, c’est en se demandant quels sont les traits spécifiques de civilisation du monde méditerranéen, et en proposant quatre distinctions d’avec les autres grands bassins de civilisation, que le conservateur général expliquera ses choix de commissaire dans la galerie principale du musée. Entrée libre sur réservation, durée 1h30.

Le Théâtre Liberté propose une programmation thématique pour fêter dignement, et contradictoirement, les 50 ans d’Indépendance de l’Algérie. Avec une exposition, de nombreuses projections (voir p 69), des conférences, entre autres avec Benjamin Stora le 22 nov, indésirable à Aix pour célébrer Camus. Décidément, avec le Théâtre Liberté, Toulon n’est plus ce qu’elle était… Entrée libre pour tous les événements !

A.F.

A.F.

Des Dieux, des hommes et des voyages Le 25 oct à 18h30 La Criée 04 91 54 70 54 www.mucem.org

La guerre d’Algérie, 50 ans après Du 24 oct au 28 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr


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SAISONS

AGGLOSCÈNES | AVIGNON

Avignon sur le pont ! de son espace aux compagnies locales et programme : Inculture(s) offrira 3h30 de désintoxication de la langue de bois, Paradoxe(s) une conférence gesticulée (17 et 18 nov), Art 27 présentera le 1er déc Le dit de l’impétrance d’après Enzo Cormann et Eclats de Scène abordera les thèmes de la domination dans Liberté (19 déc). A ma Zone en Trio et Horse Raddish seront les hôtes du traditionnel réveillon festif. Alors que le théâtre du Bourg-Neuf, dirigé depuis 30 ans par Dominique

pour 2013 : la danseuse Sylvia Cimino chez Golovine pour un solo Dans le doute… j’enlève le costume, On est pas là pour se faire engueuler (qui s’adjoint le sous-titre Agence de Fabrication Perpétuelle) aux Doms pour s’attaquer de plein fouet à 4 pièces courtes de Beckett -Pas, Cascando, Pas moi et Souffle-, Onstap finalise sa seconde création, My God, mise en scène par Agnès Régolo au CDC des Hivernales (qui poursuit ses Lundis au soleil mensuels avant sa 35e édition du 23

cirque avec Camélia par le Boustrophédon (30 mars), un festival dédié aux cinés-concerts (15 au 17 mai) avec L’homme à la Caméra du duo Archipass et fin mai Debout qui signe la rencontre entre les cies Arketal et Tandaim. DE.M.

À venir Kassandra Fukushima les 26 et 27 oct Théâtre du Balcon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org Trio Thema le 20 oct Conférence Itinéraire d’un fils de jardinier Les 8 et 9 nov Théâtre du Chien qui Fume 04 90 85 25 87 www.chienquifume.com

Kassandra Fukushima © Jean-Julien Kraemer

Les scènes «historiques» avignonnaises ont fini de dévoiler leurs saisons (théâtres des Halles et Chêne Noir, voir Zib’55), avant de se réunir pour le 5e Fest’hiver (29 janv au 2 fév) rallié cette année par le théâtre Golovine. Le théâtre du Balcon a fixé ses premiers rendez-vous : Jacques Kraemer mettra en garde contre la folie capitaliste dans Kassandra Fukushima, «une fusion-déflagration entre le théâtre le plus ancien et les préoccupations de nos contemporains». Les 16 et 17 nov, la Cie Interface poursuit son cycle fondé sur la pénombre et la lumière avec Shabbath, un spectacle dansé au cœur du pouvoir et la Cie Serge Barbuscia réunit un quintette hybride et métissé dans La Conférence des oiseaux (24 et 25 nov). Elle poursuit en décembre avec sa pièce jeune public Tableaux d’une exposition et conclut l’année avec Tango mon amour de la Cie Octavio de la Roza (14 et 15 déc). Au Chien qui Fume, la fidélité est également de mise. Soirées caritatives (vente aux enchères de l’association Enfance de l’Art le 23 nov, le Club de la presse en spectacle le 7 déc), création maison de Gérard Vantaggioli, Ana Non, portée par deux comédiennes touchantes dont Ana Abril (17 au 19 jan). Et puis retour du rebelle scénique Manuel Pratt (8 mars), du festival de courts métrages Fenêtres sur courts (15 au 17 mars), du rendezvous jeunesse Festo Pitcho avec Neiges (les 9 et 10 avril) et du concert dans le noir du pianiste Gilles de la Buharaye (19 avril). Comme le théâtre des Doms qui concentre son année sur l’accueil de 12 compagnies en résidence, le théâtre des Carmes alterne mise à disposition

Fataccioli, est menacé par une tentative de captation d’activité par le nouveau propriétaire (pétition en ligne sur www.bourg-neuf.com), à l’Entrepôt la Cie Mises en Scène a démarré ses ateliers de parole dans les quartiers, menés par les auteurs Jean Cagnard, Valérie Rouzeau, Noëlle Audejean, pour recueillir la matière textuelle de sa création commandée par le Festival d’Avignon 2013. Michèle Addala croisera les matériaux récoltés pour un spectacle pluridisciplinaire et sensible. Quant aux compagnies sans lieux fixes, elles enchainent les résidences

fév au 2 mars). Reste à connaître la diffusion de toutes ces créations sur nos scènes. En dehors de ces résidences de création qui va les produire et les acheter ? Et enfin, à côté d’Avignon, l’Auditorium Jean Moulin du Thor, après quatre mois de travaux et une direction reprise par Arts Vivants en Vaucluse, ouvrira ses portes le 11 janvier. Du côté du jeune public, on peut noter le passage des compagnies 2 Temps 3 Mouvements avec Prêt-à-penser (18 jan) et Europa Danse qui déroulera ses Chemins de la danse (25 jan), du

Inculture(s) le 21 oct Théâtre des Carmes 04 90 82 20 47 www.theatredescarmes.com Cataclop en Zo voort (sortie de résidence) le 25 oct Théâtre des Doms 04 90 14 07 99 www.lesdoms.be Lundi au soleil avec Onstap le 22 oct CDC les Hivernales 04 90 82 33 12 www.hivernales-avignon.com

Un territoire multiforme qualité : le BNM dansera Orphée et Eurydice, Hervé Koubi et ses 12 danseurs algériens et burkinabés Ce que le jour doit à la nuit, Jean-Christophe Maillot réunit les Ballets de Monte Carlo dans Lac, et Marcia Barcellos, de la cie Système Castafiore convoque les Psy © David Poulain

Fréjus et Saint-Raphaël font cause culturelle commune depuis 4 ans par le biais de la programmation d’Aggloscènes, label réunissant le Théâtre du Forum de la Communauté d’agglomération, à Fréjus, et les salles de Saint-Raphaël. «Conçue dans un esprit d’élargissement des publics», selon les mots de Michel Perrault, Directeur du Forum et Directeur général adjoint de la Ville de Fréjus, et Anne-Marie Franon, directrice adjointe et Directrice des affaires culturelles de la Ville de Saint-Raphaël, elle fait la part belle à la danse, à la musique et au cirque, «disciplines qui favorisent le nécessaire rassemblement des publics», sans toutefois oublier le théâtre. De grandes formes circassiennes prendront place sur les plateaux varois, comme le cirque Psy de la cie Les 7 doigts de la main qui défie inlassablement les lois de la pesanteur, celui de la famille frappadingue Semianyki, ou le Foté/Foré énergique du Cirque Mandingue… En danse aussi les spectacles seront de

figures féminines de la mythologie dans Les Chants de l’Umaï. En musique les genres se complètent, Carmen et Nabucco pour l’Opéra, l’Orchestre de Chambre de Saint-Raphaël pour 2 représentations, Luz Casal ou encore Alain Souchon pour les variétés… Les enfants seront gâtés, avec du théâtre, de la danse, du cirque et de la musique. En théâtre enfin les cies régionales (Tandaim, L’Écho…) croiseront les nombreuses têtes d’affiches (Dominique Blanc, Francis Huster, Michel Aumont, Didier Sandre, John Malkovich…). DO.M.

Saison 2012-2013 Théâtre Le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 Centre culturel, Saint-Raphaël 04 98 11 89 00 www.aggloscenes.com


VENELLES | GAP

SAISONS

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Le culot de Venelles Saison nouvelle, dédiée au maire de Venelles trop tôt disparu, Jean-Pierre Saez, qui depuis 7 ans avait réussi à construire une vie culturelle autonome à deux pas de la ville d’Aix. L’équipe municipale nouvelle conserve son dynamisme et le public est là, dans une ville grosse comme le poing qui ose une programmation régulière d’une grande qualité reposant essentiellement sur des compagnies régionales. Le programme permet à chacun, chaque mois, de diversifier ses intérêts. Théâtre avec la Compagnie Demain il fera jour, le 19 oct ou le 16 nov ; spectacles jeune public avec le théâtre musical des Patoupareils les 25 et 26 oct et Le journal d’un chat par la Compagnie Senna’ga les 22 et 23 nov ; les apéros-lecture à la médiathèque, le 23 nov sur le mythe du super héros avec, pour l’occasion une table ronde animée par la librairie La Bédérie d’Aixen-Provence; chanson française avec un concert par mois à la MJC ; musiques du monde, musiques actuelles, Doudouk et Quintette à vent de Marseille le 18 nov ; cirque, danse, visites insolites, jazz, expositions, histoire géologique, marionnettes, humour, et conférences enfin, tenues par des spécialistes. Ainsi, le 15 nov, Jean-Christophe Sourisseau, maître de conférence en histoire de l’art et archéologie de l’antiquité classique, évoquera Arles préromaine et romaine, ou comment un rocher affleurant des marais et devenu «la petite Rome des Gaules»… Et puis il y a un nouveau concept, celui des Échappées Belles, qui irriguent le territoire d’une culture à saisir, à Venelles, bien sûr, Simiane-Collongue,

Demain il fera jour © Xavier Ruinart

Bouc-Bel-Air, Lambesc. Ateliers artistiques, apprentissages des gestes, de la fresque, de la photographie, de la peinture, rencontres avec les artistes, spectacles gratuits… jusqu’à la fête du livre qui tiendra sa neuvième édition du 14 au 17 mai 2013.

Saison 2012 2013 Venelles Culture 04 42 54 93 10 www.venelles.fr/culture

MARYVONNE COLOMBANI

D’un ton Badin La scène nationale de Gap, avec son grand plateau, sa grande salle, et son éloignement géographique, avait besoin depuis longtemps d’un lieu de résidence d’artistes, de répétitions, qui puisse aussi diffuser de petites formes. Le projet de l’Usine Badin est sur le métier depuis longtemps : Pierre André Reiso, fondateur de la scène nationale, rêvait d’acquérir ce bâtiment industriel fermé, en plein cœur d’un quartier central mais sans voisinage immédiat gênant. C’est Philippe Ariagno, le nouveau directeur, qui a hérité du projet presque à terme. Il a intelligemment placé la journée d’inauguration sous le double signe de la mémoire, et de la fête nouvelle. En confiant à Catherine Marnas et sa cie le soin de faire visiter la maison, trois étages qui pourront accueillir les artistes en résidences dans des chambres et espaces partagés. Les comédiens, habités des fantômes des personnages qui les ont traversés sur la scène de Gap depuis 15 ans, dans cette proximité des chambres, don-

naient le frisson de la réminiscence. Puis convoquaient le public dans la cour, vaste espace ouvert, pour une séance de Taï Chi paradoxal, très drôle, où le public exhorté doucement à se détendre écoutait en même temps les lois profondément pessimistes de

Murphy, qui prédisent que le pire forcément adviendra… Les autres moments de cette journée confirment l’inflexion vers le cirque contemporain et les musiques actuelles de la scène de Gap. Dans la salle le public s’est pressé, enfants et Inauguration de l'Usine Badin le 6 oct © Zibeline

parents, autour des Friandises vélicyclopédiques de Vincent Warin et son acolyte violoncelliste. Démonstration d’une rare virtuosité ! La prestation timide d’Ottilie B, au chant et à l’accordéon, pendant le buffet, attira moins de monde, tandis que le concert de Kabbalah fut servi par un réglage acoustique qui permettait d’apprécier chacun des solos, et les équilibres. Leurs influences, de tous les horizons des cultures juives, ne les enferment dans aucune révérence, et booste une créativité qui ressuscite du même geste le Yiddish, la clarinette Klezmer et le violon tzigane, conforte l’Hébreu en l’irrigant d’autres accents sémites, de français et de souvenirs rock américain… Une belle ouverture, même si, victime d’un succès dépassant ses espérances, la Passerelle n’a pu offrir à tous l’occasion d’entrer dans les lieux. AGNÈS FRESCHEL

L’inauguration de l’Usine Badin a eu lieu le 6 octobre de midi à minuit


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THÉÂTRE

PORT-DE-BOUC | ATP AIX | MARTIGUES

Transgression jubilatoire Ils n’aiment personne les personnages qu’incarne Manuel Pratt. Alors ça balance à tout va, ni douceurs ni pincettes, le grincement est un son qu’il affectionne... Grincement du public, qui de «ho !« indignés en rires sonores le fait persévérer dans cette dénonciation jubilatoire du politiquement correct, de la susceptibilité mal placée, des sujets qui fâchent. Peut-on rire de tout ? Assurément ! Avec lui le noir devient couleur, le racisme et l’intolérance sont taclés directement, les religions analysées pour en extraire tabous et caricatures, les vieux, les handicapés, les homos, les enfants, les profs, nous, lui... sont autant de cibles de sa saine révolte. Si le but est atteint c‘est que l’écriture de Manuel Pratt est d’une construction subtile, attentive aux soubresauts, collant l’actualité au plus près de ses contradictions, et qui s’adresse avant tout à l’intelligence de

Le meilleur du pire a été joué au Sémaphore, Port-de-Bouc, le 12 octobre

À venir le 20 oct Salon du Polar Cinéma L’Eden, Noves 04 90 24 43 00 Love me tender 2 Couloir de la Mort les 17 et 18 nov MJC Briançonnais, Briançon 04 92 21 25 76

Manuel Pratt © Emmanuel Gerard

ceux qui l’écoutent. Car la provocation et le rire ne sont pas du divertissement ; ils font réfléchir, secouent les consciences, et mettent en garde avec ce

simple et terrifiant constat, entre autres : «le silence des pantoufles est aussi terrible que le bruit des bottes».

Le cadeau du 27 nov au 8 déc L’Antidote, Marseille 04 91 34 20 08 www.theatreantidote.fr

DOMINIQUE MARÇON

Sous le signe de Vilar Patrimoine ouvrier La réflexion sur l’œuvre de Vilar ne relève pas que du souci mémoriel. Il semble que quelque chose a été raté dans l’héritage de son œuvre, et qu’il faille revenir à sa source, aujourd’hui, pour repenser le théâtre. C’est l’idée qui se dégageait de la soirée organisée par les Amis du Théâtre Populaire à Aix dans le petit et pertinent Théâtre des Ateliers. Jacques-Olivier Durand venait y parler de son dernier livre sur l’expérience des ATP (voir Zib 54), et de l’importance de ce théâtre programmé par les spectateurs, initiée à Avignon lorsque le souffle de Vilar animait les esprits et leur donnait l’ambition de s’adresser au peuple, pour l’émanciper. Puis Jacques Téphany, directeur de la Maison Vilar, lut sa correspondance avec sa femme, qui affirme entre les lignes la force et la difficulté de son combat de théâtre. Car cet homme était surtout animé par le désir de libérer les esprits, et aima le théâtre après la littérature. Comment faire revenir le public vers un théâtre plus ouvert qu’avant, mais aussi moins estimé et médiatisé, et aussi peu fréquenté par le peuple ? Toute la discussion après la lecture tourna autour de cela, et des aliénations d’aujourd’hui, auxquelles les spectacles, à la télé mais aussi sur nos scènes, participent… AGNÈS FRESCHEL

La soirée Vilar s’est tenue le 1er octobre

Jacques Tephnany, directeur de la maison Jean Vilar, à Avignon, lisant les lettres de Vilar à sa femme Andrée © Jacques Gabet-Clemant

À venir Colloque international dont la 1re partie, La gloire de Jean Vilar, est organisée à Avignon : Vilar vu de l’étranger, sous la présidence d’Hélène Laplace-Claverie, le 26 oct salle des thèses à l’Université d’Avignon ; Réception, polémiques, influences, sous la direction de Laurent Fleury, le 27 oct à la Maison Jean Vilar. Maison Jean Vilar, Avignon 04 90 86 59 64

Metallos & degraisseurs © Yves Nivot

Dans le cadre des Journées du patrimoine (voir p 6) la ville de Port-de-Bouc, dévastée par la désindustrialisation mais poche de résistance dans un territoire où le vote FN a connu une flambée sidérante, programmait du 15 au 13 octobre une manifestation sur L’Art et la culture au travail. Avec des conférences, expositions, rencontres, un concert de L’Académie de chant populaire, la projection du documentaire passionnant Disparaissez les ouvriers tourné à Marseille (voir Zib 52), des lectures et spectacles. À Martigues tout proche, municipalité amie, les Salins programmaient au Cinéma Renoir une Veillée de Jean-Claude Berutti, artiste associé. Salomé Broussky a écrit Occupations à partir des écrits et de la vie de Simone Weil. Le texte est d’une actualité peu rassurante : à la veille de la guerre, la crise du travail, et de civilisation, le racisme et le sentiment de régression ressemblaient fort à ce que vivent aujourd’hui les ouvriers, employés et chômeurs… Portrait d’une

femme étonnante, relayé par un personnage de fiction assez juste mais pas très utile, pour une représentation hésitant entre le jeu et la nécessaire distance de la lecture. Au Sémaphore le théâtre était là. Pour une pièce qui reçoit un accueil triomphal au off d’Avignon, mais peine à rentrer dans le réseau national… Il faut dire que cette histoire du monde ouvrier, complexe et pourtant comme inéluctablement décroissante, démonte avec pertinence et joie les mécanismes de la lutte des classes, ne ménageant ni les forces de droite, les patrons et actionnaires, ni les socialistes, ni le monde ouvrier qui génère ses propres aliénations et mythes. Métallos et dégraisseurs est drôle, intelligent, remarquablement écrit (à partir d’entretiens) et joué, empruntant à Brecht par les effets de distanciation et la force politique, au conte et au théâtre d’objets pour les couleurs et la clarté du propos, au théâtre documentaire pour les allusions précises à l’histoire et à l’actualité. Du bel ouvrage, pour parler d’une société qu’on a découragé de produire, et à qui on reproche son oisiveté ! AGNÈS FRESCHEL


CAVAILLON

THÉÂTRE

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Poétique de l’errance Parrainée par Marie-Christine Barrault, la première édition du festival C’est pas du luxe ! (voir Zib’55 ou site Disparaissez les pauvres) a offert une déambulation culturelle et poétique dans la ville écolo du Thor, entre lumière d’été indien et mélange de genres bienvenu. Le public était invité par la Fondation Abbé Pierre, la Scène nationale de Cavaillon et l’association Le Village, sous chapiteaux et en plein air, à découvrir les productions artistiques réalisées par 300 résidents des Pensions de famille et Boutiques solidarité. En laissant la parole aux personnes en grande précarité, les organisateurs entendaient susciter la rencontre et rompre l’isolement, pour «ouvrir une brèche dans les tentations de stigmatisation». Plus de 1500 personnes ont suivi le rendez-vous, près de la moitié assistant au concert de HK & les Saltimbanks et la Chanson du Dimanche, des artistes engagés avec la Fondation. Pour le directeur du Village (gestionnaire d’une Pension de famille et d’un chantier d’insertion) Vincent Delahaye, «l’art et la culture ne doivent pas être la cerise sur le gâteau. C’est aussi essentiel que le logement et l’alimentation». La veille du festival, le Forum Sortir de l’expérimentation rassemblait 300 travailleurs sociaux et étudiants pour interroger la place des pratiques artistiques dans les lieux d’accueil : «On en est aux prémices de la réflexion. Avec l’éclairage de sociologues, de chargés de recherche qui ont posé la problématique et les enjeux, on a surtout re-questionné la manière de représenter la culture et sa nécessité

pour chacun de nous. Il fallait ce pendant de réflexion au festival» précisait Vincent Delahaye. Une réflexion qui dépasse, bien sûr, le public «précaire». Arts plastiques, théâtre et musique ont ainsi occupé l’espace dans une cohérence artistique étonnante. Humour, dignité et émotion jalonnaient les propositions, dévoilant des parcours de vie accidentés mais remplis d’espoir, abritant dans cette bulle culturelle les participants venus de toute la France et le public, côte à côte. Les photographes du collectif Skappa, Christophe Loiseau et Paolo Cardona, installés 3 ans en résidence au Village, ont présenté leurs travaux effectués avec les habitants. Des autoportraits captivants, des promenades photographiques nocturnes croisant visages et nature, une exploration du land art renouvelée. Plus loin, le film-poésie-document de Caroline Beuret avec les bénéficiaires de la Boutique solidarité de Marseille racontait ces chroniques de funambules partis un jour pour «la rue qui imite les barreaux d’une prison». Images et paroles d’hommes solitaires devant la mer ou face caméra qui partagent leur quotidien cabossé, «celui-là ne s’est pas réveillé un matin», «il était plus puissant qu’un guerrier», «la liberté c’est quand je serai mort», et se réchauffent en partageant un café dans ces lieux de vie. Sur scène, des comédiens amateurs d’une Pension à Saint Géréon présentaient Les mots du chemin, charriant des «sacs de mots qui pèsent lourd» pour nouer des rencontres et trouver un chemin. Autre temps fort avec l’œuvre collective M2,

Detail du M2, festival C'est pas du luxe © De.M.

cet «instrument de mesure qui fait la qualité du logement», qui dévoilait des petits carrés de poésie éphémères. Messages en bouteille, mots coups de poing tracés sur le bitume ou fleurs surgies du béton… un festival de courage et d’espoir pérenne. DELPHINE MICHELANGELI

Le festival C’est pas du luxe ! s’est tenu au Thor les 21 et 22 septembre


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THÉÂTRE

AVIGNON | OLLIOULES | TOULON

La tragédie, c’est la vie ! Après son tour complet de Shakespeare en trois heures et des broutilles, Gilles Cailleau ausculte les méandres amoureux raciniens dans Gilles et Bérénice. Deux heures et des poussières durant lesquelles le comédienacrobate-musicien court en tous sens, déploie les bras tel un aigle royal, monte à la corde, gratte le bandonéon, mixe récit autobiographique et alexandrins avec panache. Pas l’ombre du plagiat ou Gilles et Berenice © Sebastien Armengol de la parodie dans ce © Sebastien Armengol spectacle où théâtre classique rime avec poésie, les intrépides. Ceux-là même qui apprécient son récit épique avec absurde, raison avec folie. Car Gilles de la guerre mimé à grand renfort de sable et de Cailleau injecte dans le texte «sacré» des morceaux seaux en plastique… Gilles et Bérénice, c’est l’histoire choisis de sa vie, fait des pas de côté (pique-nique à d’un jeune homme qui a découvert «la poésie Central Park, lampées de vodka à satiété, jeté de crépusculaire» de Racine à 20 ans et qui tient sa procoquelicots en plastique, sandales pailletées…) pour messe : «aujourd’hui je joue Bérénice, je raconte à ma mieux revenir au cœur de la tragédie. Il saisit le manière l’histoire du trio, juste avant que les ennuis comspectateur par surprise, là, à portée de ses mains mencent, que le grain de sable enraye la mécanique». sous le chapiteau-parapluie jaune. Racine au cirque ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Il fallait oser… Heureusement l’acteur le fait avec Gilles et Bérénice a été donné du 2 au 6 octobre justesse, générosité, en amoureux de la langue et du au CNCDC Châteauvallon, Ollioules théâtre : tour à tour Bérénice, Titus et Antiochus, il se lance dans un marathon tendre et débridé qui ravit

Le cabaret de l’espoir Créée en 2001, jouée à guichets fermés au Off pendant 5 ans, 1er prix au festival d’humour des Devos en 2004, La Luna Negra a de nouveau conquis le public en ouverture de saison du Chêne Noir (les recettes ont été reversées à l’association Un pont pour la Paix pour des actions avec les enfants de Gaza). Derrière l’humour affiché -parfois facile et redondant-, l’écriture maîtrisée et le jeu polymorphe de Rémy Boiron ont rondement traversé la question de la transmission et du sens de l’existence. L’histoire, terriblement humaine, de ce laissé pour compte qui se reconstruit après une dégringolade sociale grâce à la rencontre d’improbables personnages «bons pour la maison de retraite» (une ancienne prostituée au grand cœur, un vieux fils de boche), dans le cabaret défraichi la Luna Negra, pourrait être la nôtre. Mime bavard, profond et optimiste, Rémy Boiron incarne avec enthousiasme ce Valentin Saitou qui ne sait pas tout et ne demande qu’à «être adulte en retrouvant le sérieux que l’on mettait dans ses jeux d’enfants». Mi conte philosophique mi comédie, ce récit initiatique, malgré une dispersion de sujets (la société de consommation, le virtuel, le vagabondage, la vieillesse, le couple…) fait lien entre passé et présent et rétablit la place de l’humain et de son incandescent destin. DE.M.

La Luna Negra s’est joué au théâtre du Chêne Noir le 28 septembre

La parole est d’argent

© X-D.R. L'argent © Anna Goldanowska & Christian Van der Borght

sont plus virtuels ! Pris au piège de la «corbeille», dépassé par les écrans monumentaux qui projettent à la vitesse du son cartographies, tableaux, sigles, schémas, on subit (volontaire et transi) les assauts de l’intensité verbale et visuelle de cette performance magistrale. Parcourant un podium de défilé de mode recouvert de gazon synthétique, Nordey-Tarkos nous assomme de paroles brutales : «l’argent est la valeur sublime (…) la référence des bonnes et des mauvaises pensées (…) l’argent est omni relationnel (…) la loi est l’unique brutalité». On est KO debout, pris dans le ressac entre la beauté tranchante du texte qui ne ménage aucun repos, les accélérations et décélérations du jeu des interprètes, l’esthétique numérique inventive. Pas de répit sur le ring ! Si «la fabrication de l’argent passe dans toutes les fibres du corps du monde», L’Argent ne nous épargne ni l’esprit (étourdi) ni le corps (engourdi).

Sur un mode très Clash, l’acteur Stanislas Nordey décharge en flux maitrisé le flot poétique de Christophe Tarkos face à Akiko Hasegawa, imposante de grâce et de sérénité. À lui l’électrochoc permanent, le speed des valeurs boursières, des transactions financières mondiales, le débit saccadé d’un harangueur de foule médusée ; à elle le mouvement dansé suspendu, la diction japonaise linéaire, la cérémonie du thé et l’origami. C’est dans ce choc -violent, intense, impeccablement agencé et séquencé par Anne Théron- que les propos de Tarkos impactent notre cerveau. Dans L’Argent, l’or, les matières premières, les indices, le Pib, les avoirs bancaires, les profits, les cotations, les fonds propres et autres plus-values ne

M-G-G.

L’Argent a été joué du 4 au 6 octobre au Théâtre Liberté, Toulon


TOULON | ST-MAXIMIN | LA GARDE | NICE

THÉÂTRE

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Interprètes et avant-garde Le désir qu’avait Charles Berling d’incarner Glenn Gould pouvait paraître étrange. Quel rapport entre cet acteur si acteur, et le pianiste, génie introverti fuyant la scène, cherchant entre ses doigts une vérité plus importante à faire surgir qu’à faire connaître ? Le mérite le plus grand de ce Gould Menuhin est de mettre au jour, justement, tout ce que la mise en public de l’art recèle de paradoxes. D’un côté Yehudi Menuhin, violoniste insolemment prodigieux, attrapant avec une grâce et une pertinence infinie, et romantisante, toute l’émotion de la musique, et la déversant avec une générosité sans pareille à des publics toujours plus nombreux. De l’autre Glenn Gould, souffrant, solitaire, paranoïaque, mais jouant aussi de cette image, persuadé que l’avenir de la musique, de l’art en général, est dans la technologie et l’enregistrement (voir p54). Et, surtout, réinventant (retrouvant ?) l’interprétation de Bach et en faisant vivre Schönberg. Pour les représenter deux interprètes dissymétriques. Ami Flamer, violoniste hyper virtuose, surtout dans Schönberg,

Gould-Menuhin © Olivier Pastor

mais pas vraiment comédien, commence par une démonstration pédagogico lourdingue sur l’histoire de la musique, puis prend son violon… et, accompagné par Pennetier sur une bande immuable, nous fait en un instant oublier cette disgrâce et croire que toute la musique est là. Autre Albatros empêtré, Charles Berling mime, plutôt pas mal (sauf Schönberg), Glenn Gould à son piano, mais ne peut jouer… en revanche il parvient à trainer son malaise hypocon-

driaque, ses dissimulations et la fulgurance de ses réflexions, avec le génie propre des grands acteurs… Entre deux balanciers le spectacle, mis en scène par Christiane Cohendy, trouve peu à peu son équilibre, et livre un montage passionnant, fait à partir d’écrits et d’interviews des musiciens, sur les enjeux actuels de la représentation de l’art. Entre l’interprète qui cherche à inventer l’œuvre et celui qui veut surtout la donner. Entre la techno-

logie et la présence humaine du concert. Entre une compréhension émotionnelle de la partition et son appréhension scientifique. Oppositions fondamentales qui redoublent d’actualité : si Gould, visionnaire en son temps, défend l’avant-garde, aujourd’hui le crédo émotionnel de Menuhin ne parait plus dépassé. L’enregistrement et le concert, comme dans le spectacle proposé, cohabitent, fabriquent ensemble un post-modernisme à plusieurs niveaux de lecture, dans le dialogue. Et l’image vidéo de Gould, projeté dans le piano à la fin, est d’une poésie toute technologique… AGNÈS FRESCHEL

Ce spectacle a été créé au théâtre Liberté, Toulon, du 20 au 23 septembre, et à la Croisée des Arts, Saint-Maximin, le 25 septembre

À venir Théâtre National de Nice du 18 au 20 oct 04 93 13 90 90 www.tnn.fr

Le cabinet du divertissement L’ennui, avec le projet du Cabinet de Curiosités, c’est qu’il nous balade en terrain miné sans baliser le chemin. D’autant que l’entreprise est ardue : parler de l’ennui sans y tomber ! Cela aurait pu épouser la forme d’une fable, ou d’un conte philosophique… mais le spectacle emprunte au show, à l’émission de téléréalité et au théâtre de boulevard sans crier gare : faute d’une syntaxe solidement verrouillée, le trio d’acteurs saute de sketches en sket-

ches sans parvenir à rendre l’ensemble cohérent. Ni convaincant. Il y a des moments sympathiques, quelques réparties piquantes (on rit volontiers), de belles performances d’acteur (l’évocation de la guerre), mais cela ne suffit pas à faire spectacle. Juste un divertissement léger comme les chapitres qui le composent : De l’origine, Faire la fête, Vivre intensément, Tu es l’ennui… Tout est à trac, les textes écrits par le collectif, le prologue destiné au «cher

potentiel futur spectateur du projet Ennui» qui anticipe sur ses éventuels signes extérieurs de lassitude, le discours introductif qui réunit l’équipe sur le plateau pour détailler le budget de production et tirer sur les institutions… Malgré leur plaisir à être sur scène, Guillaume Cantillon et Franck Magis restent en deçà du cher potentiel futur spectacle. À l’image de leur opuscule Le Grand Livre de l’Ennui, cocktail de speechs creux, de jeux idiots, de re-

cettes médicales, de blagues potaches, d’idées week-end : n’est pas l’Almanach Vermot qui veut ! M.G.-G.

Le Projet Ennui a été créé du 9 au 14 octobre au Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34

Mouloud Feraoun était instituteur dans un petit village de Kabylie, et romancier. Il fut abattu par l’OAS le 15 mars 1962 à Alger, quatre jours avant la signature des accords d’Evian, avec cinq autres de ses collègues, lui qui craignait les balles du FLN... Dès 1955 il rédigea son Journal. Mais aujourd´hui, comment le faire entendre sur une scène de théâtre sans le «défigurer», en conservant ses aspérités, son impulsivité, sa chronologie inéluctable ? Samuel Churin et le metteur en scène Dominique Lurcel ont choisi une forme théâtralisée qui enferme le texte comme le comédien dans un jeu emphatique, empêchant que la fluidité émotionnelle coule à la manière de l’écriture elle-même, par soubresauts. Car le Journal de Mouloud Feraoun est un matériau composite fait d’impres-

sions («carnets où je n’ai pas tout noté»), de réflexions, de commentaires, de témoignages, de réactions à chaud à une actualité noire. Tellement noire. On entend l’explosion des bombes, la voix des suppliciés, «la ville silencieuse qui se terre... où il n’y a rien à se dire», et au-delà toute l’histoire d’un peuple colonisé durant plus d’un siècle, sa lente et douloureuse décolonisation avec son lot de questionnements et d’incompréhensions, de tensions et de haines. Chrétiens et musulmans, français et arabes. Jusqu’au dernier moment, Mouloud Feraoun ne sut pas s’il continuerait son Journal, ou s’il valait mieux le détruire... Samuel Churin et le violoncelliste Marc Lauras en offrent une partition équilibrée, avec la musique en contrepoint ou en respiration, virgule parfois exacerbée en écho à l’ignomi-

© Guillaume Ledun-L'oeil a memoires

L’histoire d’un désenchantement

nie. Mais une lecture à la table, à l’ombre du violoncelle, aurait sans doute suffit à «ressusciter» cette voix plus que jamais indispensable. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Le contraire de l’amour s’est joué les 11 et 12 octobre au Théâtre Liberté, Toulon


18 ARTS DE LA RUE SALON-DE-PCE | BERRE | LIEUX PUBLICS | OUEST PROVENCE

Lieux publics dans l’intime ensuite des failles sur une trame électro-acoustique évoquant l’abandon de Didon, est un peu léger… La prochaine sirène, concoctée par Alexandra Tobelaim avec les élèves comédiens de l’ERAC, inspirée par Sophie Calle dont elle sait rendre la morbidité mais aussi l’humour, promet d’être plus profonde. Intime comme l’espace public ? AGNÈS FRESCHEL

ANPU Youpi Yeah! exposition visites commentées (45 min) en continu jusqu’au 26 oct Cité des arts de la Rue

© Charles Altorffer

Conforté par le soutien affirmé d’Aurélie Filippetti au Centre National de Création des Arts de la Rue, Lieux Publics continue d’habiter les territoires de ses expériences qui décalent ce que l’on prend pour le réel, et qui en est en fait la construction. C’est l’Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine, géniaux lurons, corsaires lacaniens, qui décrypte à grands coups de raccourcis, de jeux de mots, de rapprochements incongrus et de mauvaise foi analogique, l’inconscient de nos cités et quartiers. Faisant surgir, de ce micmac drolatique, bien des vérités de l’inconscient collectif. Démarche particulière, en accord parfait avec Lieux Publics, qui veut redonner la rue à la poésie et la politique, reléguées sur des écrans qui nous coupent de l’espace public traversé comme par des fantômes soliloquants… Un grand (pas) Marseille ira donc d’Aubagne à Martigues pour révéler une grande métropole en devenir… Quant à la dernière Sirène et midi net de Skappa, elle fut décevante : peindre une surface plastique de couleurs saturées, même si c’est pour y laisser apparaitre

Chez moi, c’est où? Atelier de transformation urbaine le 20 oct Cité des arts de la Rue Le Grand (pas) Marseille, conférence le 24 oct à 19h30 à Aubagne, Place saint sauveur le 25 oct à 19h30 à Martigues, salle du grès le 26 à 19h30 et le 27 oct à 17h30 à la Cité des arts de la Rue Le mois du Chrysanthème le 7 nov à midi pile Parvis de l’Opéra de Marseille www.lieuxpublics.com

Métaphores concertantes Une fois n’est pas coutume, ni le vent ni la pluie n’ont perturbé les spectacles à Port-Saint-Louis le 13 oct pour la journée finale de la 4e édition de Carrément à l’Ouest. Tandis qu’une faible brise caresse les mâts des bateaux tout proches dans le port, Mathilde Monfreux part à l’assaut d’une construction impressionnante, un Tube blanc tarabiscoté avec lequel elle joue, danse, sur et dans lequel elle se meut. Métaphore de digestions de toutes sortes, physiques ou évocatrices d’une mémoire intime et universelle, support imaginaire qui permet aux mouvements de lentement dévoiler les émotions. Peu près, en déambulation dans les ruelles du faubourg Hardon, Claude va dévoiler sa part féminine Be Claude © Do.M.

(«PF»). Autant dire que l’affaire n’est évidente que pour lui, qui depuis longtemps cherche cette enrichissement de son être («si tu trouves ta part féminine tu gagneras en philosophie»). Pierre Pilatte, le clown de la cie 1 Watt, promenait déjà ses bizarreries dans les espaces urbains avec ses compères ; seul, dans Be Claude, il laisse le burlesque prendre le dessus. Le grand homme maigre qu’il est, sorte de Buster Keaton parlant, part en quête de cette part qu’il devine avoir au moins un peu, et sans laquelle il est incomplet, une «PF» aussi grande qu’une portion de Vache qui rit dans son fromage personnel, c’est dire. Gestuelle soignée, mimiques étudiées, la rue est son domaine et tout devient instrument de jeu, de la poubelle à la vitrine, du spectateur à la circulation routière. C’est absurde et infiniment poétique. En fin d’après-midi c’est Le Silence encombrant de la cie Kumulus qui plane sur le port. Le silence produit par ceux qu’on ne voit pas, ou qu’on ne veut pas voir, des femmes et des hommes sortant d’une benne – une entrée en matière saisissante !- d’où se déversent des objets bons pour la casse. Une même couleur blanchâtre recouvre le tout, rendant fantomatiques ces «indésirables» qui vont pourtant s’installer là. Longuement les allers et venues pour vider la benne vont rythmer le temps, les bruits couvrir la scène, les déchets s’accumulant vainement en une décharge réjouissante. D’autant plus étrange que derrière eux le soleil se couche paisiblement sur la mer… DOMINIQUE MARÇON

Carrément à l’Ouest s’est tenu à Port-Saint-Louis du 6 au 13 octobre

Paysages intérieurs Malgré la pluie qui a quelque peu perturbé les représentations, le public était au rendez-vous de la 4e édition de Salon Public. Et notamment le matin du 28 octobre, pour découvrir la création, par la cie de l’Ambre, du premier épisode du Grand ordinaire, La vieille, après une résidence au Citron Jaune en juin et septembre. Elle est là la vieille, elle émerge, sa poule sous le bras, le réveil est difficile. Coup d’œil sur la rue, coup d’œil sur la peinture à peine terminée dont elle semble sortir, et une première parole, forte, qui dit l’urgence de raconter où elle a mal. Rien d’extraordinaire, si ce n’est l’histoire personnelle, toujours unique, du «grand ordinaire» dirait-on : le dernier fils en prison, que la vieille visite tous les dimanches, prenant le train de la campagne à la ville, sa poule toujours sous le bras… Défilent alors les souvenirs : le train pour aller au bal, la rencontre avec le René, la «robe rouge avec les rubans sur le côté» qui la faisait être belle, l’amour, les petits qui arrivent et le train qui s’éloigne, et «le René qui est tombé un soir de printemps», la laissant seule à en crever... Ils sont trois rue Four trez castel, une rue discrète, et tellement appropriée, sous les contreforts du château : la comédienne, (sublime) Mireille Mossé, le peintre, Chris Voisard, et le trompettiste Olivier Migniot, trois respirations qui ne font qu’une, trois états de cette même histoire poignante, poétique, suspendue-là dans l’air ambiant et dont on s’imprègne au fil de la déambulation. L’écriture de Claudine Pellé (qui signe aussi la mise en scène) mêle l’onirisme à la mémoire, la sienne, s’inspire d’histoires entendues, et des créations de Chris Voisard dont les peintures abstraites sur papier jalonnent le parcours, des «toiles-murs» qui créent une scénographie picturale mouvante, donnant de la matière aux mots. D’autres textes sont en «état d’écriture, l’idée étant de les présenter les uns après les autres», pour former «un tout inachevé». DOMINIQUE MARÇON

Salon Public s’est déroulé du 28 au 30 septembre à Salon-de-Provence Mireille Mossé © Do.M.


MASSALIA | LA BUSSERINE | BERRE | VELAUX

JEUNE PUBLIC

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Plouf jazzique L’Espace NoVa est comble, même si certains sièges semblent vides : un coup d’œil, et l’on devine les silhouettes d’enfants ! Qui piaillent, se haussent, usent de stratégies afin de se placer le mieux possible. Les voix des Simpsons annoncent le spectacle. Voiles tendues, stylisant des formes de bateau, énormes ballons bleus qui font le bruit de la mer… spectateurs captivés ! L’histoire de Nino et de Nina commence, avec les jeux de doigts, marionnettes, le visage décomposé de Miro, le roi du pédalo (pas forcément léger…), et surtout, des chansons drôles qui renvoient à l’imaginaire et aux soucis de l’enfance (jolie performance en ombres chinoises pour évoquer les relations pas toujours simples

entre parents et enfants). Le jazz domine avec le pianobateau d’Olivier Caillard, fondateur des petits loups du jazz, et la contrebasse magique de Zacharie Abraham, superbe d’inventivité, autour d’Hélène Bohy et son infatigable dynamisme. Tango, salsa, jazz, tous les rythmes sont convoqués : le public participe activement, chante, marque les temps. Un régal et pas seulement pour les petits. Le CD du spectacle a été primé, avec raison, par l’Académie Charles Cros.

Bonne nuit les petits

MARYVONNE COLOMBANI

Le bateau de Nino d’Hélène Bohy a été joué le 12 octobre à Velaux © Leo Camillard

Il est paraît-il déconseillé de s’endormir sous un noyer, mais sous un tilleul ? La compagnie qui a choisi ce nom invite en tous cas à la rêverie éveillée dans son spectacle, porté par les notes sensibles du pianiste et comédien Alain Gilbert. Le décor victorien, la scénographie précise, les jeux d’ombres et de lumière créent une atmosphère très particulière, de même que le jeu des acteurs, scrupuleux dans leur mission consistant à raconter soir après soir des «histoires pour trouver le sommeil». Petits et grands prennent plaisir à entendre ces récits oniriques, chaque détail trouvant sa place dans le rituel apaisant qui permet d’affronter la nuit. On est heureux aussi en sortant de se voir remettre un charmant roman-photo, portant au dos l’adresse du Théâtre du Tilleul, en Belgique : les comédiens aiment recevoir des lettres ou des dessins, et s’engagent à répondre à ceux qui voudraient renouer avec l’art désuet de la correspondance. GAËLLE CLOAREC

L’autre goût des mots simples 15 personnages pour 3 jeunes acteurs, cela peut être cassegueule ! Hé bien non ! Frédérique Fuzibet présente un spectacle charmant, préparé avec Akel Akian (voir Zib’ 55). Fabrice Melquiot y parle simplement de choses sérieuses comme la séparation des parents et un premier amour. Détournant des expressions courantes pour leur donner un autre goût, Melquiot crée un univers très particulier, entre humour et poésie, que les enfants saisissent avec facilité. Adaptation de 3 textes, Bouli puissance 3 met en scène les aventures de Bouli, sa cousine Pétula, et leurs parents

respectifs. La scénographie est sobre, utilisant avec bonheur quelques accessoires simples comme cubes et tuyaux, un rideau de fond qui évoque la Voie lactée à la fin. Un spectacle bien rythmé, à la direction d’acteurs précise. CHRIS BOURGUE

Bouli puissance 3 s’est joué à l’Espace culturel Busserine le 2 octobre, au Théâtre Comoedia le 4, et sera présenté à l’R de la mer en novembre www.letheatredelamer.fr

Mise en bouche La fête fut belle ! Le Forum de Berre a fêté le lancement de sa saison en spectacle et fanfare, dans le hall et le jardin du Forum, et non à la salle polyvalente -différence notable par rapport aux années précédentes. Rajoutons des bancs, et place au spectacle ! Dans la douceur du soir, l’artiste argentin Diego Stirman, marionnettiste hors pair, séducteur irrésistible autant que manipulateur virtuose, brandit ses

absurdités hilarantes et poétiques sous les rires nourris des spectateurs. Il paye de sa personne Diego, ne s’épargne pas, ni rien ni personne d’ailleurs, et passe du mythe «du panier de Pandora» aux rizières du Vietnam avec marionnettes sur l’eau, sans oublier le tour de magie de l’apprenti Toto… Des Entremets qui mettent en appétit, juste avant, et ça tombe bien, la fanfare Place Klezmer –ils sont deux, Yves

Beraud et Jean Lucas, accordéon et trombone- qui accompagne l’apéro partagé qui augure d’une saison bien vivante. Il fait chaud à Berre, de cette chaleur-bonne humeur qui attire et préserve. DO.M.

La fête d’ouverture de saison a eu lieu le 5 octobre au Forum de Berre

Le Bureau des histoires, par le Théâtre du Tilleul, s’est joué du 4 au 6 octobre au Théâtre Massalia © Danielle Pierre


DANSE

PAVILLON NOIR | CHÂTEAU-ARNOUX | BNM

Ce que les corps peuvent dire Ce que j'appelle oubli © JC Carbonne

Ce que j’appelle oubli, créé à la Biennale de Lyon par le Ballet Preljocaj, affirme en les confrontant aux mots la limite et l’au-delà des corps. Le beau et violent récit de Laurent Mauvignier s’inspire d’un fait divers horrible -un jeune marginal tabassé à mort par des vigiles après qu’il a bu une canette de bière- et en fait une longue litanie intérieure, celle qu’un frère imaginaire, fils d’un boucher, adresse à ce marginal

perdu dans la violence marchande du monde. Angelin Preljocaj s’empare de ce long cri de souffrance et le pare, dans la pénombre de l’arrière scène, du discours de corps masculins. Collant au texte et l’illustrant parfois, y ajoutant d’autres violences, celle d’un viol, d’une fouille au corps, d’asservissements inexpliqués, de fracas lugubres des os, de déchirures, il ne cache pas cependant la tendresse qui y affleure,

Raconter le Sénégal

et le plaisir pris à humilier la chair de l’autre. Ce que les mots ne peuvent dire sans complaisance, cette confusion ahurissante qui se produit quand un corps touche un corps, pour le battre ou pour l’aimer, la danse sait en accrocher la stupeur insondable, et donner à voir cette écœurante proximité entre la douleur et le plaisir. Le spectacle donne au récit une humanité dérangeante, parce que les bourreaux y sont représentés, et que la douleur de la victime, physiquement sensible, projette le fait divers dans une dimension mythique rappelant la figure christique : dans MC14/22, seul autre ballet masculin du chorégraphe, le corps de l’homme était explicitement rapproché du corps divin. Le récit pourtant n’y perd pas en force politique : la misère est là, aussi sociale qu’ontologique. Dans les propos du juge, disant on ne tue pas pour une canette de bière, comme si un autre vol, plus grand, pouvait donner le droit de tuer. Laurent Cazanave, qui porte le texte avec force même s’il grasseye inutilement les «r» comme lorsqu’il incarnait un simple d’esprit, finit par se fondre dans le décor des corps dansants qui le portent, écorché, vers un supplice qui est celui de tous. Parce que chaque homme violenté est une atteinte à la chair commune. AGNÈS FRESCHEL

Ce que j’appelle oubli a été créé du 15 au 22 septembre à La Biennale de Lyon Il a été dansé au Théâtre Durance, à Château-Arnoux, le 12 octobre

Trois créations

La danse d’Alioune Diagne conjugue des éléments traditionnels de la danse africaine aux techniques de la danse contemporaine. Le tout se fond dans le creuset d’une inspiration personnelle, avec un goût vif pour raconter des histoires, mettre en scène les vécus, qui transparaît dans sa dernière composition issue d’une résidence au Pavillon Noir. La pièce se nomme Banlieue et par tableaux successifs, véritables scènes de genre, le chorégraphe brosse l’image complexe et mouvante des banlieues sénégalaises dans lesquelles il a grandi. Les aspirations des gens, leurs rêves sont ainsi mis en scène, ceux qui se lancent dans le sport, se plient à l’esthétique du jogging, ou des boites de nuit, avec leur violence, leurs apparences troubles, l’espoir de fuite sur un bateau (superbe image poétique et tendre des boat people), et la course encore, comme une essence première de la danse. Les trois danseurs (Alioune Diagne, Madiba Badio, Seydou Camara) interprètent Banlieue avec fougue et beaucoup d’humour sur des textes de Roland Fichet (entrée inénarrable sur l’air de Frère Jacques, «je suis sage, à ma place, les mains sur la table, je ne bouge pas» !). L’ensemble, parfois décousu, manque d’une direction claire. Mais quel bel enthousiasme ! D’ailleurs ils seront au grand festival L’Afrique Danse ! MARYVONNE COLOMBANI

Banlieue a été créé au Pavillon Noir, Aix, le 20 septembre Alioune Diagne © Jean Barak

Fidèle à ses missions de diffusion d’œuvres nouvelles, le Ballet National de Marseille a dansé en ses murs un programme tout neuf, fait de trois pièces remarquables, durant trois soirées qui ont réuni un public nombreux et divers. Le Trio en passacaille confirme le talent de Yasuyuki Endo, par une écriture plus rigoureuse, précise, qui garde néanmoins l’énergie de son précédent Mayday, tout en inventant des portés, des contacts, des placements plus classiques, et subtils. Dans Burn in flames, Gábor Halász poursuit sa quête d’influences nouvelles, se tournant vers le Tibet et son bouddhisme. La musique est fascinante, l’interprète exceptionnel, mais le propos un peu confus. La pièce d’Emanuel Gat, Organizing demons, est magnifiquement servie par le BNM, qui comprend sa recherche si particulière, son écriture des ensembles où chaque individu participe au déplacement commun tout en gardant un mouvement, des positions propres. Car Gat retrouve dans sa danse les déplacements de masse des troupeaux, des meutes, des foules, des particules avec leurs attractions/ répulsions, leur imprévisibilité. Sombre, profonde, près du sol, tendue et soudaine, cette pièce évoque effectivement des démons.

Burning Flames © Ophelie Brisset

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Mais plus envolée et éclairée elle convoquerait l’extase, et plus neutre révèlerait son abstraction… AGNÈS FRESCHEL

Ces pièces ont été dansées au BNM du 20 au 22 septembre


KLAP | OLLIOULES | GRASSE

DANSE/CIRQUE

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Christian Ubl annonçait «une pièce en deux mouvements sur le rapport de l’Homme à l’Éternité et à la transmission» dont «l’objectif est de faire sentir l’éternelle énergie de la posture humaine à travers un univers perceptif et performatif». Mais la traversée, loin d’être planante, fut chaotique ! Car si le duo blackSoul convainc par son évocation de la métamorphose, whiteSpace (faux solo puisque la danseuse Marianne Descamps est accompagnée de 5 amateurs) reste abscons. blackSoul ouvre de manière cinématographique sur un espace physique désincarné et un espace mental infini, brillamment mis en lumière. Sur la musique «rauque» de Audrey Aubert, Émilie Camacho et Christian Ubl tombent les artifices pour laisser leur âme à nu, le spectateur soudain pris d’une inquiétude diffuse. «Apparition et disparition, introspection et délivrance» nous

dit-on encore, et c’est juste : sur un parterre jonché de formes hybrides bardées d’une résille noire, le tandem joue une danse silencieuse, captive, entre envolées légères et gestes suspendus, balancements continus et déplacements animales. Tantôt femme éthérée désarticulée, traversée de secousses, tantôt femme fatale, c’est bien une créature imaginaire qui danse entre ciel et terre. Mais le voyage intersidéral s’arrête net quand whiteSpace, grandiloquent, surjoue les effets maniéristes… Là où le blanc de la métamorphose nous avait fait décoller, le noir de la transfiguration laisse au plancher !

whiteSpace de Christian Ubl © M.Barret-Pigache

Extra terrestre

M.G.-G.

blackSoul et whiteSpace ont été présentés les 18 et 19 septembre au Klap, Marseille

Maîtriser la trace © Michael Meske

En guise d’introduction, dans un décor constitué de tentures et de mobiliers désuets, abîmés, usés, les artistes de la compagnie des 7 doigts de la a main se présentent, en pleine force de l’âge, décidés à marquer leur temps. Mais que ce soient par des interventions de vidéos décalées, par le rebond d’un ballon dont on ne peut saisir le rythme de la course ou encore par des marquages au sol des contours des corps, c’est une sorte de vanité qui peu à peu s’impose. Et c’est dans cette complexité que le spectacle prend corps. Avec poésie et plasticité. Des applaudissements fréquents saluent l’ingéniosité et les prouesses techniques de ces acrobates. Des chorégraphies dansées avec des chaises, des skateboards entrecoupés par des

numéros de roue allemande, d’équilibre, de sauts ou encore de corde aérienne donnent le frisson tant le risque est palpable mais restent parfaitement maitrisés. Peut-être est-ce la seule chose que l’homme peut finalement contrôler ? Il n’en reste pas moins que ces acrobates ont un talent technique qu’ils imposent jusqu’au final particulièrement réussi, qui vient clore avec justesse ces pistes de réflexions sur la notion délicate d’empreinte et de trace. CLARISSE GUICHARD

Traces a été joué à Châteauvallon du 20 au 22 septembre et au Merlan du 26 au 30 septembre

Trous de mémoire spectacle disparate ! Car si Marcia Barcellos et Karl Biscuit multiplient les sens, explorent plusieurs pistes et «basculent dans plusieurs niveaux d’exis-

tence», l’alternance de tableaux flirtant avec la science-fiction, les comics et les contes, peine à rendre le propos cohérent. Les collages sonores bruyants, les © Karl Biscuit

Cela commence comme dans un rêve, et se finit dans la mort. Avec la même lumière blanche. Entre les deux, ce n’est pas la vie qui défile, mais la mémoire de la vie avec ses réminiscences, ses flash-back, ses souvenirs désordonnés. Cette mémoire fragmentaire, trame de Renée en botaniste dans les plans hyperboles est la force et la faiblesse de la nouvelle création de Système Castafiore. La force de son évocation tour à tour poétique, onirique, drôle, transmise par des danseurs facétieux ou évanescents, parés d’accessoires surréalistes (appendices animaliers, perruques, masques), mimant en off des dialogues cinématographiques (on reconnait la voix de Louis de Funès, Signoret, Gabin), s’appropriant phonétiquement des langues étrangères... Mais à mémoire fragmentaire,

projections d’images vidéo sur des architectures mouvantes (rien de bien neuf), la gestuelle qui swingue au rythme des discours brouillent l’histoire de cette «Renée morte emmenée dans l’hyperbole». Pas d’éclaircie à l’horizon quand, pour conclure cette odyssée hyperbolique, Système Castafiore convoque en vidéo la figure du physicien américain Oppenheimer, célèbre inventeur de la bombe atomique... Heureusement Karl Biscuit a la réponse : «il n’y a pas de sens, il y a des contrastes, des ombres, des rythmes, des dynamiques». M.G.-G.

Renée en botaniste dans les plans hyperboles a été créé les 11, 12 et 13 octobre au Théâtre de Grasse


22 MUSIQUE SPECTACLES

L’orchestre boutonneux La saison de Rousset a ouvert avec un spectacle jubilatoire d’une très jolie tenue. Le duo Jean-Marc Marroni (à l’accordéon) et Cécile Becquerelle (chant, danse, interprétation des textes) raconte l’histoire de l’accordéon depuis sa création par Cyrill Demian jusqu’à nos jours ; ses évolutions dans les diverses classes sociales, sa période chic, celle plus populaire, sa «redécouverte» par les compositeurs contemporains… Pour évoquer ces tribulations, les textes succulents de Dominique Duby et Bernard Colmet, dont la mise en scène efficace apporte de l’allant à l’ensemble. Écriture contemporaine de Solotarjow ou de Jean-Marc Marroni, extrait d’un opéra napolitain, d’une partita d’Albéniz, un tango de Galliano, une pièce de Piazzolla, un air de Nougaro… tout y passe, jusqu’au musette si décrié et à un medley endiablé de chansons. Tableaux de la vie courante, pointe de nostalgie doucement railleuse, airs des années 60… l’accordéon et tous ses noms devient un personnage, «vaga-

À venir Le 5 oct Salle des Fêtes, St Estève Janson (13) Le 6 oct Théâtre Fontblanche, Vitrolles (13) Le 12 oct Espace Frédéric Mistral, Peyrolles (13) Le 19 oct La Galerie, Fuveau (13) Le 9 nov Salle Bruno Pezet, Le Tholonet (13) Le 10 nov Salle des Fêtes, Lardiers (04) Le 11 nov à 17h Salle des Fêtes, St Julien D’Asse (04) Le 17 nov Salle des Vertus, Puyloubier (13) Le 18 nov à 17h Salle des Fêtes, Mimet (13) 04 42 50 27 99 www.atelierdupossible.fr

Accordeon, l'Accroche au Coeur © flag'

bond, amuseur magnifique», même si Chopin le désignait comme «un horrible instrument». Mais le «boutonneux» a su conquérir le cœur des compositeurs, grâce à une palette d’une extraordinaire richesse. «Pas cher, pas lourd et toujours juste !», il sait jouer du Vivaldi comme du Émile Vacher ! Imperturbable, l’accordéoniste décline les fabuleuses possibilités de son instrument tandis que la chanteuse

La belle équipe

danse, virevolte, swingue dans un esprit pataphysicien. L’accordéon ? un véritable accroche-cœur ! MARYVONNE COLOMBANI

L’accordéon, L’accroche au cœur a été joué à Rousset, salle Emilien Ventre le 20 septembre, dans le cadre d’une Tournée en Pays d’Aix, et du dispositif Saison 13

Alternative culturelle Pavol Breslik © X-D.R.

Sur scène, les airs s’enchaînent au rythme de scènes parlées, rouages drôlement huilés, si bien qu’on court en rafale de La vie parisienne à Faust, Lakmé ou Les Mousquetaires au couvent… Pas un récital classique donc où l’on enfile tubes et raretés ! Mais un vrai spectacle avec une intrigue claire, élémentaire, dont les fils rouges entrelacent des vols de bijoux et des coups de foudre amoureux. Avec L’Heure exquise (spectacle créé dans le Gard cet été), la Troupe Lyrique Méditerranéenne livre son premier opus : une réussite ! À Saint-Chamas, le 23 septembre, c’est la jeunesse lyrique de la région, fleuron du chant local (issu pour beaucoup du conservatoire de Marseille) qu’on entend. Les voix sont chatoyantes, s’échelonnent sur tous les registres, du baryton-basse au soprano léger ; l’art du chant, le jeu d’acteurs affichent une belle maturité. On ne lésine pas : une quinzaine d’artistes occupent le plateau ! Tous sont mus «par l’envie de faire quelque chose ensemble, sans que personne ne tire la couverture à lui» affirme Mikhael Piccone, baryton qui s’est également chargé de mettre en scène la belle équipe. C’est enlevé, fantaisiste, décalé, comme lorsque deux divas hystériques livrent un combat de boxe arbitré par un curé en soutane, ou qu’une flûte/beatbox détourne la «Fée dragée» de Tchaïkovski en danse de boite de nuit… Au clavier Valérie Florac, imperturbable, joue la femmeorchestre et surveille des doigts son petit monde. On attend les prochains spectacles d’une saison ambitieuse, puisque la troupe jouera La Périchole (décembre 2012), Manon (avril 2013) et Orphée aux enfers (juin 2013). C’est que la T.L.M. ne s’en tient pas là : elle «prend le pari de renouer avec la tradition des troupes lyriques françaises, quasiment disparues de nos jours, dans le but de produire des spectacles lyriques (en français), variés et de qualité». On aime ça ! JACQUES FRESCHEL L'Heure exquise © T.L.M.

Le Théâtre est archi-plein pour la soirée d’ouverture du Toursky. Sur le papier ce Concert lyrique avec les solistes de l’Opéra de Bratislava ne paye pas de mine. Mais à y regarder de près on se ravise ! On n’oublie pas que la Slovaquie a fourni à l’art lyrique deux immenses sopranos : Lucia Popp et la Gruberova ! Quant à l’Opéra en question, il produit, en pleine saison, une quinzaine d’ouvrages par

mois, de quoi faire blêmir les théâtres français qui n’ont plus de troupe lyrique depuis belle lurette ! Sans compter que le Théâtre National Slovaque donne tout autant de représentations théâtrales et de ballets. Pas de quoi faire la fine bouche donc ! Les trois chanteurs (et le pianiste Robert Pechanec) qui ont débarqué, le 11 octobre, sont des «pointures». Pavol Breslik a fait un séjour au CNIPAL il y a une dizaine d’années. C’est aujourd’hui, l’un des plus grands ténors mozartiens au monde. Sa prestation a été éblouissante : un formidable musicien autant que chanteur ! Deux belles voix l’accompagnaient, autant inconnues chez nous qu’elles possèdent de talent : la mezzo-soprano Terézia Kurlialova a donné la pleine mesure d’un chant généreux dans La Favorite de Donizetti, quand la soprano Martina Masakyrova a fait tinter ses coloratures pimpantes dans Linda de Chamonix. Leur programme, majoritairement italien, a ravi les fidèles du théâtre des quartiers nord. Un public qu’on retrouvera, au mois de mai, lors de la Semaine Slovaque. C’est que Košice, 2e grande ville du pays, est aussi nommée Capitale Européenne de la Culture pour 2013. Du coup, Richard Martin, amusé, a affirmé qu’il était plus facile de collaborer avec cette municipalité reculée qu’avec la sienne… J.F.



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MUSIQUE

CONCERTS

Bizet au musée Alors que l’Opéra de Paris prépare sa Carmen pour le mois de décembre, celui de Marseille accueille, pour débuter sa saison 2012-2013, une mise en scène de l’actuel directeur de la maison «Capitale» : Nicolas Joël. Créée il y a une quinzaine d’année, la production toulousaine porte une griffe classique, gouvernée par la fidélité au livret, la volonté présumée de ses auteurs. Pas de transposition spatio-temporelle, de comportements alambiqués de personnages englués dans des relectures souvent peu convaincantes (à l’exception de rares réussites…) de l’œuvre ! Dans ce contexte, Nicolas Joël nous emmène au musée. C’est Carmen dans le texte : une Joconde sans moustaches, Ingres débarrassé de Man Ray… En outre, la direction des acteurs s’avère d’une grande lisibilité pour le spectateur satisfait d’assister à une œuvre qui lui paraît familière, dont il reconnaît les principaux airs, saisit illico l’intrigue et les rebondissements… Si les décors, tout en verticalité minérale, sont étouffants pour l’œil, issues murées sans dégagement, le dernier acte s’éclaire dans une perspective ambrée, picturale, diagonale lumineuse conduisant de la ville aux arènes et ses ors de tréteaux. Le crime-délivrance a lieu dans ce passage : c’est Nadia chez Visconti qui s’offre, bras en croix, à la lame du frère de Rocco. Dans ces conditions, les voix restent souveraines ; l’acteur/chanteur a les cartes en main. Confortablement assis dans son fauteuil d’orchestre, on peut

voyelles en français exceptionnels. Anne-Catherine Gillet recueille la faveur du public qu’elle captive de sa voix étincelante aux aigus cristallins. Son chant vibrant émeut réellement. Les rôles secondaires sont bien distribués comme Christophe Gay (Moralès), baryton clair, dans le rôle ingrat de Moralès ou la jeune Marseillaise Jennifer Michel pour sa fraîche et aérienne incarnation de Frasquita. Dans la fosse, Nader Abassi a bien préparé l’Orchestre de l’Opéra qui nous réserve de beaux moments symphoniques, quand les Chœurs de l’Opéra et la Maîtrise des Bouches-du-Rhône assument une présence forte et irréprochable. JACQUES FRESCHEL

Carmen a été joué à l’Opéra de Marseille du 4 au 14 octobre © Christian Dresse

faire la fine bouche… Cependant, on a trop de respect pour les artistes, leur talent, leur métier de funambule indexé à la forme d’un soir, pour en pointer les fragilités. On ne cesserait de les énumérer, même au Met ou à la Scala, tant les références historiques abondent dans l’ouvrage français le plus joué au monde. À Marseille ? Les productions de Carmen des trente dernières années n’ont guère laissé de souvenirs, hormis Uria-Monzon en 2004 qui demeure l’une des meilleures «zingarella» contemporaine. Giuseppina Piunti possède de beaux atouts, un physique superbe et un timbre sombre, puissant. Le soir de la première (le 4 octobre), elle sortait

d’embarras vocaux (peu audibles) qui devraient disparaître lors des prochaines représentations. Sa bohémienne s’éloigne (mise en scène invite !) des avatars érotico-vulgaires, clichés des dernières décennies. Luca Lombardo apporte à Don José une incomparable expérience du rôle : ses engagements dans le chef-d’œuvre de Bizet se comptent par dizaines. Il en connaît tous les angles psychologiques et les fait partager dans un jeu fin, nuancé et intelligible, d’une force dramatique rare… de surcroît dans un français qu’on sait chez lui supérieur. Jean-François Lapointe (Escamillo) possède des aigus de stentor, un art du chant et de la place exacte des

arpèges. Après un bis solitaire (divine Sarabande de Bach !), Knyazev rejoint la coulisse et laisse le chef s’engager sur de fameuses terres, «tube» du Tchèque, également composé lors du séjour américain. Son «Nouveau monde» sonne, puissant et cuivré, quand des plaintes nostalgiques nous ramènent toujours vers la Bohème : son nid. Une vraie direction ! On a senti du cœur dans les rangs de l’Orchestre Philharmonique, du talent aussi, malgré un manque de cohésion dans certaines attaques, un cor mal embouché… Des imperfections minimes et bien pardonnables après la trêve estivale qui a rouillé les pistons ! JACQUES FRESCHEL

ÉMILIEN MOREAU

Dvořák en ouverture Claude Casadesus tisse à l’orchestre une toile sur mesure. Suspendu, sans réserve, l’archet lance ses croches et Alexandre Knyazev © Andrei Mustafayev

Dieu sait que nous avons d’immenses violoncellistes en France, des talents multiples, singuliers ! Mais ce que l’on a entendu le 7 septembre, lors du concert d’ouverture de la saison symphonique à l’Opéra de Marseille, est hors normes ! Il est russe : un son quasi-barbare, parfois à la limite de la justesse, presque «sale» et pourtant d’une beauté brute, de grandes phrases musicales attaquées à plein archet ! On sent le grain de la corde, comme si on la touchait. La puissance, l’envergure sonore d’Alexandre Knyazev sont phénoménales et ses moments de grâce, en sourdine, nous emportent d’autant plus qu’ils se font désirer. Au bout du morceau de bravoure, le Concerto pour violoncelle en si mineur de Dvo ák, après que l’on s’est longtemps retenu d’applaudir, l’artiste essoufflé recueille un vrai triomphe. Car aussi, Jean-

150 ans ! Pour son 150e anniversaire, l’Opéra de Toulon s’est offert les services de la soprano Nathalie Manfrino dans un programme éclectique et généreux. À défaut d’être totalement convaincante, la soirée où alternaient chœurs, airs et ouvertures sortis du répertoire lyrique du XIXe siècle fut au goût des spectateurs. Mais, plus à son aise dans le répertoire français et dans Massenet en particulier, la chanteuse frôlait le grand frisson du bel canto dans l’air de Norma malgré un italien peu roucoulant juste avant de tomber dans les abîmes du difficile air de Thaïs aux aigus diaboliques qui eurent raison de sa voix. Son timbre parût alors étonnamment fragile, manquant de fluidité sur toute l’étendue de la tessiture ; le médium était chatoyant et lumineux mais le grave manquait de rondeur alors que l’extrême aigu se noyait dans les distorsions d’un vibrato trop ample. Pourtant, sous la baguette de Giuliano Carella, actuel directeur musical de l’opéra, l’orchestre a livré une prestation remarquable avec en guise de clin d’œil deux des ouvrages qui furent joués en 1862. Malheureusement sa belle opulence sonore occulta parfois la présence pourtant opportune des chœurs qui parsemaient le récital mais se trouvaient trop au fond de la scène. Bref la soirée, malgré des moments splendides, manquait d’homogénéité !

Concert d’ouverture de la saison symphonique de l’Opéra de Marseille le 7 septembre

Concert du 150e anniversaire de l’Opéra de Toulon le 15 septembre


MUSIQUE

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N’est pas tuyaux que d’orgues ! Les sons s’élèvent… avant de se diluer insensiblement dans l’acoustique réverbérante de l’église St-Vincent. Enjolivés par le souffle pastel d’un saxophone, tantôt tendre ou dur, feutré ou éclatant, ils chantent le «manque», pivotant autour d’une note polaire abandonnée-là, sur la partition, près du sol, juste après la clef, d’où la plainte en guirlande d’un oiseau exotique peut s’extraire… «Es-tu là ?» questionne-t-il… attendant une réponse qui ne viendra pas ! Au podium, planté dans le chœur, Joël Versavaud incarne cette solitude que le compositeur Georges Boeuf traçait à coup de soupirs dans les Six monodies de l’absence qu’il lui dédicaçait en 2003. Au 16e Festival International d’Orgue de Roquevaire, le saxophoniste donne la réplique à un jeune surdoué des claviers. De fait, le 7 octobre, Mathias Lecomte transmute les tuyaux en ors symphoniques, imagine de nouvelles couleurs à l’orchestre de Debussy, fonde une alchimie de timbres avec l’alto et le soprano, le baryton ou le ténor, tout une famille au cône ambré que manipule un maître de l’anche. Dans Fauré (poignante Elégie !), Florent Schmidt, Ravel et sa statuaire Infante défunte esquissant une foulée de Pavane, c’est la musique française qui triomphe, avec finesse et osmose, sans qu’aucun des artistes ne tire à lui la couverture des vivats. Bach au début ! Aux cinq claviers et pédalier, l’organiste nous révèle un prodigieux travail contrapunctique que le Kantor de Leipzig réalisait autour du divin nombre Trois ! Puis, au fil d’un Prélude transfiguré au sax par la technique haletante et funambulesque du « souffle continu », on jouit de l’ampleur contrôlée d’un phrasé sobre, égal, alors que chaque double-croche

Georges Boeuf, Mathias Leconte, Joel Versavaud, Jean-Noel Cain, le 7 oct 2012 © Festival Orgue Roquevaire

s’emboîte au poil dans résonance de la précédente. Au final, une Valse de kiosque à musique (Chostakovitch) éperonne le public qui, depuis deux heures, sature la nef et claque des mains. JACQUES FRESCHEL

Joël Versavaud Transcriptions pour saxophones des Suites pour violoncelle & Partitas pour violon seuls de Bach : CD Skarbo DSK 1104 http://www.skarbo.fr

Regina coeli Abbaye du Thoronet, les derniers visiteurs s’éclipsent, prennent une dernière carte postale. Dans la douceur du soir, une longue file attend. Les lieux déjà nous situent hors du monde. 3e programme du cycle «entre pierres et mer», un concert dédié au personnage de Marie, figure complexe de douceur, d’acceptation, abondamment traité par les artistes de la Renaissance. On craint l’ennui par la répétition de formes semblables d’un même hymne ressassé… Il n’en est rien, les Voix animées nous emportent dans un panorama de la musique de la renaissance de la fin du XIVe au XVIIe avec une subtile virtuosité. Voix placées, harmoniques claires, travail précis… de la délicatesse d’enluminures dans l’approche des pièces ! Épure éthérée du O Virgo Splendens du Livre Vermeil de Montserrat, mise en place très carrée du A solis cardine de Binchois, architecture toute en Les Voix animees et Karol Beffa © Bernard Vansteenberghe

élévation du Nuper rosarum flores de Dufay pour l’inauguration du Dôme de Florence, Ave Maria envoûtant de Josquin, ampleur de son Praeter rerum seriem, finales brillantes du Kyrie, Missa praeter rerum seriem de Cyprien de Rore, superbe exploitation des basses éclairées par les éclats de la soprano de Vox in rama de Wert, équilibre retrouvé du Ego flos Campi de Clemens non Papa… On avait aussi le privilège d’entendre en présence du compositeur de trois motets commandés par les Voix animées (avec le soutien de la SACEM) à Karol Beffa. Un Ave Maria superbe qui offre aux voix de nouvelles directions et de sublimes épanouissements, l’Ave Maria Caelorum connaît la souplesse des vagues, incantatoire, le troisième motet, Regina Coeli, dessine ses harmoniques sur la corde, fragilité du verre, finale en suspend, éther approché… le silence laisse vibrer les derniers échos… magique ! Les Mille regrets de Nicolas Gombert nous laissent dans l’attente de prochains concerts, pourquoi pas totalement consacrés à la création ? Ce jeune groupe de musiciens défend avec talent la musique de ses aspects les plus anciens aux plus contemporains, avec un beau discernement. MARYVONNE COLOMBANI

Ce concert a eu lieu le 23 septembre à l’Abbaye du Thoronet

Charpentier théâtral Pour la première soirée du Festival de Musique Ancienne à l’Opéra-Théâtre d’Avignon, sont jouées trois des Histoires Sacrées de Marc-Antoine Charpentier. Banni du théâtre lyrique en raison des «Privilèges» de Lully (jusqu’à la mort de ce dernier en 1687), Charpentier n’eut d’autre alternative que de s’affirmer dans la musique religieuse. Toutefois, ses motets dramatiques, joués par les Pages & Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles, demeurent, selon le chef Olivier Schneebeli, très scéniques : «J’admire énormément l’aspect théâtral de Charpentier ; c’est pourquoi j’ai choisi trois oratorios très théâtraux...» Le 3 octobre, prés de soixante-dix musiciens sont assis en demi cercle, vêtus de rouge, noir et blanc, sur la scène de l’opéra. Vingt Pages nous émerveillent par leur technique extraordinaire, une assurance experte, des voix féeriques... Quant aux Chantres et instrumentistes, leur jeu clair, infaillible, nous remémore la magnifique représentation d’Amadis donnée en 2010. Entre Le Jugement Dernier et Le Massacre des Innocents, théâtraux et contrastés, Judith règne en «Dame de cœur» : une longue partition pleine de douceur, de lyrisme, illustrée à merveille par l’extraordinaire soprano («dessus») Dagmar Saskova. CH. REY

Le festival investit la Chapelle de l’Oratoire où sont jouées les Variations Goldberg de Bach au clavecin par Kenneth Weiss (le 16 oct). Il se clôture avec l’Orfeo de Monteverdi, chef-d’œuvre inaugurant l’ère baroque et considéré comme le premier véritable opéra de l’histoire de la musique (le 31 oct - Opéra Théâtre). 04 90 82 81 40 www.festivalmusiqueancienneavignonvaucluse.com


26 MUSIQUE ACTUELLE

Mars copieux ! Heymoonshaker © Agnès Mellon

Chaque année Marsatac irrite, pour diverses raisons : les tarifs qui croissent, les lieux plus ou moins adaptés, l’attitude souvent parano d’une équipe, soutenue par tous, s’affichant comme incomprise voire persécutée… Mais une fois devant les scènes, on ne peut qu’être enchanté du menu haut de gamme qui associe têtes d’affiche explosives et découvertes renversantes. Avec un menu copieux à double entrée, l’édition 2012 s’avère une réussite : 35 000 personnes et 70 concerts répartis sur 6 soirées pour cette première bicéphale qui ne demande qu’à être pérenne : Nîmes et bien sûr Marseille seront au rendez-vous pour les 15 ans en 2013 qui suivront la migration du Mix Up marocain pour l’Afrique du Sud. Jeudi, l’ouverture du festival au Dock des Suds est nettement dominée par le nouveau projet des deux MCs du trio De La Soul : First Serve. Le groupe envoie sans conteste le hip hop le plus funky de la soirée ! La prestation est bouillante et «groovy» à souhait, avec un final en apothéose : le tube Me Myself & I chanté en chœur par le public. Mais la vraie découverte se dévoile quelques minutes plus tôt sur la scène du Cabaret : le duo Heymoonshaker. Andrew Balcon (guitariste et chanteur de blues) et Dave Crowe (beatboxer de haut vol) surprennent avec un cocktail détonnant et inattendu. Une soirée qui affirme que le hip hop n’est pas simplement un genre, mais une influence majeure dont s’imprègnent quasiment toutes les

musiques actuelles. Le vendredi, guichets fermés ! Pas moins de 15 concerts soit près du double de la veille, avec l’ouverture d’une troisième scène, la plus grande et en plein air. Un Dock des Suds très tôt pris d’assaut par un public particulièrement jeune et excité pour accueillir les rappeurs parisiens de 1995 suivi du provocateur Oreslan, masqué d’un loup. Tout aussi attendu, le son électro-soul du quatuor C2C. Efficace mais quelque peu convenu. Ambiance plus world dans la salle des Sucres où le Sud-Africain Spoek Mathambo, au look fleuri, se déhanche sur son cocktail hip hop, électro-rock et rythmes plus traditionnels. Une fusion qui redouble d’intensité avec la création Mix Up Maroc. La performance la plus inspirée de la soirée, rassemblant le

Mekanik Kantatik © Agnès Mellon

trio marseillais Nasser, le MC de Marrakech Komy et trois musiciens gnawa. Une transe vibrante, à la croisée des cultures, dans une harmonie si évidente. Sur la scène du Cabaret, où l’on fait souvent les plus belles découvertes, soulignons les prestations d’Aucan

et Murkage. Les premiers faisant exploser les cloisons musicales ; les seconds mariant rap et électro dans un esprit punk. Quant à la soirée de clôture, elle fut festive et bruyante. À commencer par le revival cold wave de Kas Product, duo indissociable sur scène depuis…. 1980. Les nappes new-wave s’évaporent lentement d’un clavier sorti tout droit du décor du Cabinet du docteur Caligari porté par une boite à rythme mutant lentement vers sa petite fille électro. L’enveloppe est prête pour Mona Soyoc, maîtresse de cérémonie tendance cabaret expressionniste, hypnotique pour les jeunes et les moins jeunes, adeptes de la première heure. Ce superbe retour vers le futur ne doit en rien éclipser les prestations époustouflantes de l’étincelant Baxter Dury, les attendus MC 2manydjs, tenant le pavé jusqu’au bout de la nuit et le show man du claviériste déjanté Mekanik Kantatik, pianiste «robotik» déhanché tenant en haleine une scène sur-chauffée et bondée au continuum de refrains litaniques à l’obsolescence non programmée. KEVIN DERVEAUX, THOMAS DALICANTE ET FRED ISOLETTA

Marsatac a eu lieu du 27 au 29 septembre

Quand la bonne Zik se passe de Zac © Christophe Gay

Têtes d’affiche et valeurs montantes régionales au festival militant organisé par la Fonderie-Aix On ne peut qu’aimer et soutenir la démarche de Zik Zac : un festival qui, dans une ville laissant peu de place la culture alternative, propose contre vents et marées une programmation de «musiques actuelles du monde», avec une sensibilité militante revendiquée. Difficile, pour cette 15e édition, d’atteindre le record d’affluence connu l’an dernier grâce à Massilia Sound System. Et ce malgré la présence de Zebda, dont la tournée de la reformation écume les scènes de France depuis près d’un an. Pourtant l’affiche de la première soirée mérite le détour. À commencer par le rock oriental et humaniste du duo autoproclamé «palestisraélien» Boogie Balagan, compositeurs de la bande originale d’Un cochon pour Gaza. Le groove branché des moustachus aixois de Deluxe n’est pas en reste. Le coup de cœur revient au crooner indien de 68 ans, Slow Joe and the Ginger

accident, au timbre révélateur d’une vie loin des feux de la rampe. Le lendemain, BATpointG lance les festivités sous le chapiteau, suivi d’Isaya et des Zoufris Maracas. Puis la grande scène s’illumine pour Sebastian Sturm et les Exile Airline faisant planer leurs vibrations roots rock reggae sous le viaduc de l’Arc de

Meyran. Un décor dans lequel Le peuple de l’herbe propose un live plutôt décousu. La bonne surprise de la soirée se nomme Daby Touré. Avec son trio afro folk, il offre une très belle prestation, généreuse et sans prétention. Mais la grosse sensation surgit du bouquet final. Les Hyphen Hyphen débarquent et envoient l’énergie et les watts suffisant à enflammer le Zik Zac. Peut-être parce que c’est le moment que tout le monde attendait. À moins que ce ne soit leur jeu de scène survolté, la voix et le charisme électrique de Santa... Toujours est-il que le quatuor a magnétisé le public jusqu’à l’attirer au plus près de la scène. Le son de ces niçois est difficile à étiqueter (rock, electro, punk, disco, new wave...). Peu importe, il dégage une identité très forte. L’intensité de ce moment de partage se suffit à elle même : une charmante gifle sonore et visuelle. KEVIN DERVEAUX ET THOMAS DALICANTE

Le festival Zik Zac a eu lieu à Aix-en-Provence les 21 et 22 septembre


MUSIQUE

27

La Belle Paloma,

Enfin une scène de musiques actuelles à Nîmes ! Inaugurée le 7 septembre, La Paloma est LA salle de spectacle que les Nîmois attendaient. Avec son look futuriste, ses 6000 m2, son équipement à la pointe de la technologie et ses 6 studios de répétition à disposition des artistes ; cette nouvelle SMAC fait des envieux… Le bâtiment conçu par le cabinet d’architecture TETRARC est d’une capacité totale de 1728 personnes, divisé en deux espaces : la grande salle (1356

© Agnès Mellon

une nouvelle pépinière

pers.) et le club concert (372 pers). La Paloma possède également des logements pour accueillir les artistes en résidence, un studio radio, un studio professionnel audio et vidéo mais aussi un joli patio. Le projet culturel de l’équipe est en parfait accord avec son label SMAC. La Paloma tend à devenir une passerelle entre les différents univers culturels contemporains. Tout en gardant une ouverture et une souplesse sur la programmation, la nouvelle salle nîmoise

conserve une place privilégiée à tous les acteurs culturels locaux (associations, groupes amateurs, bénévoles…). Elle ne veut pas uniquement réunir des spectateurs, mais plutôt inviter les collectifs et les individus a participer et à s’investir dans la vie culturelle. La Paloma souhaite, avant tout, être accessible sur tous les plans (accès handicapés, tarifs, horaires d’ouverture) et rendre accessible tous les artistes des musiques actuelles. C’est pourquoi, au delà de programmer des concerts, elle propose un accompagnement et des formations pour atteindre un des ses objectifs : développer et professionnaliser les groupes locaux. 4 membres de l’équipe sont disponibles pour orienter et conseiller les musiciens amateurs, sur le plan technique ou artistique. Elle organise aussi des réunions d’information autour d’un thème musical (Paloma papote) et un rendez vous mensuel de formation (wiki Paloma) pour aborder la pratique musicale, l’organisation de concert ou encore la législation et la communication. Du côté de l’affiche, la Paloma a pour exigence de «proposer une programmation pointue sans être élitiste». Les événements qu’elle propose vont de la

soirée thématique au gros festival, de la résidence artistique à la belle tête d’affiche. KEVIN DERVEAUX

À venir Frustration + Cheveu le 20 oct El Gusto le 21 oct Shaka Ponk le 23 oct Wax Taylor & The Rainbow Dusty Experience le 26 oct Pan-Tone : Agoria & Worakls le 27 oct Camille le 28 oct Boys Noize + Spank Rock le 4 nov Archive le 6 nov Tinariwen le 10 nov Paloma, Nîmes 04 11 94 00 10 www.paloma-nimes.fr

Renaissance IAM © X-D.R

Après 4 ans de chantier, les ailes du Moulin tournent à nouveau ! La mythique salle de concerts a rouvert ses portes le 28 septembre. 1400 jours de travaux furent nécessaires pour transformer un cinéma des années 50 en une SMAC dernière génération. Depuis la fin des années 80, ce vivier avait accueilli plus de 800 concerts, et pas des moindres (Noir Désir, Georges Clinton, The Roots…). Mais en 2008, des rénovations s’imposent pour insonoriser la salle et en augmenter la jauge. Après deux sinistres en 2010 qui ont repoussé la fin du chantier, Marseille dispose aujourd’hui d’un outil culturel de grande qualité. La création d’une nouvelle cage scénique a permis d’augmenter la capacité d’accueil à 1500 personnes et de faire émerger un nouvel espace de 350 places : Le Club. Le Moulin compte organiser 50 à 80 concerts par saison, mais aussi accueillir des résidences artistiques et former des opérateurs du spectacle via son espace scénique ultra moderne. L’équipe souhaite créer du lien social en pratiquant des tarifs accessibles ou en organisant des rencontres pour sensibiliser différents public à la vie d’une salle de concert (scolaire, habitant du quartier, personnes en difficulté). Le Moulin s’ouvre aussi aux plus jeunes par le biais de concert didactique (histoire et démonstration d’instrument), de goûter/concert, ou d’atelier (pratique musicale, écriture rythmique). Pour démarrer en beauté, Le Moulin réunissait une

belle brochette d’artistes locaux lors des 6 soirées Marseille au Moulin (du 3 au 13 oct). Les Massilia ont présenté leurs balèti au Club où chacun jouait son projet solo avant de se réunir sur scène pour un

medley des classiques. À noter la prestation du trio de Moussu T dans une ambiance chaleureuse et décontractée, un moment blues/folk aux accents méditerranéens. Retour en force et en forme pour I AM qui ne s’était pas produit dans sa ville depuis cinq ans. Les gentils «Bad Boys de Marseille» reviennent sur près d’un quart de siècle d’une présence quasi ininterrompue sur la scène rap française. De De la planète Mars à Saison 5, la bande à Shurik’n et Akhenaton enchaînent les titres devenus des classiques, dévoilant même un morceau de leur prochain disque attendu pour 2013, I AM Morricone. Pendant près de trois heures, les Marseillais alternent les sets de la formation au complet avec ceux du duo Akhenaton et Faf Larage autour de l’album We luv NY, sorti l’année dernière. Un marathon hip hop. Le trio electro-rock Nasser (guitare, clavier, batterie/chant) clôturait cette série phocéenne dans la grande salle le 13 oct. Une prestation énergique et sans fioriture où les riffs bien gras de guitare rock se mêlent aux rythmes lourds et entraînants de la batterie. Puis les invités se sont succédé sur scène (Kid Francescoli, Isaya) et ont fait monter crescendo la température devant un public enthousiaste déjà bien motivé par le trio Anorak. Marseille à retrouvé son Moulin et le Moulin a retrouvé son public. KEVIN DERVEAUX ET THOMAS DALICANTE


28 MUSIQUE JAZZ | DU MONDE

Jazz sur la ville

fait vibrer Marseille !

La faute à Boulette ! du Ragtime, des standards revivifiés et des compositions où les entités du nonette s’affirment à tour de rôle dans de belles impros portant la marque de chacun. De cette écriture d’une belle cohésion naissent des démonstrations en puissants et pêchus coups de voix façon Big Band. Un excellent concert pour l’ouverture!

Issus de l’IMFP de Salon-de-Provence, ayant constaté qu’il est inutile de se faire «Hara-Kiri avec une Banane Molle», les huit musiciens se sont réunis autour de Marie Gottrand, pianiste, et talentueuse compositrice et arrangeuse du programme musical de l’ensemble HKBM. Le jazz n’est pas très en féminitude ? Eh bien pas là ! Un chat nommé Boulette est le prétexte du concert, puis un Songe, belle composition de Wim Welker avec ses 2 puis 3 notes en motif récurent. Du swing, du New Orleans,

DAN WARZY

http://hkbm.free.fr Ce concert a eu lieu au Cri du Port le 4 octobre © Dan Warzy

Du génie Flirt avec le funk et l’afrobeat à la Mesòn

DAN WARZY

Ce concert a été donné le 7 octobre à la Mesòn

triptyque de cuivre (sax alto, ténor et baryton), d’un clavier hallucinant (qui chante et joue la ligne de basse sur des pédales en même temps !), d’un batteur possédé, de congas endiablées et d’une touche féminine au chant et à la percussion. Le Soul Jazz Orchestra a, une fois

encore, offert une prestation généreuse (deux rappels) et anti-dépressive de plus de 2h sans temps mort… Un très grand moment de musique !

KEVIN DERVEAUX

Tighten up ! se clôture le 29 oct avec DJ Shadow

The Souljazz Orchestra © Alexandre Mattar

Far Away du Dress Code 5tet… être en face des musiciens que l’on a tant écoutés, c’est comme se trouver à côté de la lampe à huile habitée du génie. Tous les vœux sont exaucés ! Le concert devient une succession de surprises heureuses. Une improvisation ne se reproduit jamais à l’identique, et l’on est irrigué de dialogues sonores nouveaux. Olivier Laisney (tp) est remplacé par Christophe Leloil, Yacine Boularès (ts), Simon Tailleu (ctb), Cédrick Bec (bat) et Benjamin Rando (p) se sont donnés, complètement, pour un public et un lieu-ami. Soirée inoubliable !

Dress Code-Yacine Boulares © danwarzy

Pour sa 10e édition, le festival funk Tighten up !, organisé par le dj marseillais Selecter The Punisher, partageait deux dates au cabaret aléatoire avec Jazz sur la ville. Le 11 oct, le légendaire Charles Walker envoûte la Friche de sa voix rocailleuse et puissante. Accompagné par The Dynamites (tout est dans le nom), ce vétéran de la soul et du funk des années 60 et 70 est totalement habité par ses chansons. Il dégage sur scène une énergie animale qui propulse ses musiciens et embarque le public, déjà bien chauffé par les nantais de Malted Milk. Le lendemain, les canadiens du Soul Jazz Orchestra retournent le Cabaret et effacent les frontières entres les genres, de leur set métissé où se croisent afrobeat, funk, hip hop, salsa ou encore calypso. Les morceaux sont construits dans un esprit très jazz : exposition du thème et talentueux chorus improvisés. Chacun se donne à fond et on sent une réelle fusion sur scène entre les membres du sextet. Le groupe se compose d’un

À venir Encore plusieurs concerts jusqu’au 26 octobre dans le cadre de Jazz sur la Ville. La Friche Salle SEITA : L’Imprévu : Vincent Courtois solo suivi de Lumières d’Etchmiadzine avec Laurent Dehors, Edward Perraud, Claude Tchamitchian, Christine Roillet et Marie Vincent (18 oct) L’Eolienne : Riccardo Del Fra solo (19 oct) Cinéma Alhambra : le film Michel Petrucciani (19 oct) La Mesòn : Etenesh Wassie & Mathieu Sourisseau (20 oct)

Le Cri du Port : Carlos Bica Azul (21 oct) et l’incontournable, Espace Julien : Didier Lockwood Band avec Mike Stern (26 oct) Sans oublier : L’Expo Binho au Parvis des Arts/Cri du Port jusqu’au 4 nov ainsi que l’expo photos Objectifs Jazz par Mcyavell & Pirlouiiiit en divers lieux tels La Cité de la Musique, La Mesòn, Le Rouge, le Roll’Studio, La Maison du Chant... DW


Les riches heures de la méditerranée Françoise Atlan, talentueuse chanteuse de pièces souvent méconnues, valeur sûre dans la catégorie musique du monde, était invitée en ce début d’automne à célébrer les beautés des répertoires arabo-andalous et judéoespagnols pour l’ouverture du Festival de musique de Toulon, le 5 oct, au Théâtre liberté. Qui fit comme toujours salle comble. S’emparant de ces musiques d’une autre époque, de celle où les religions savaient cohabiter, Françoise Atlan donne depuis plusieurs années aux chants qu’elle interprète toutes leurs lettres de noblesse. Avec une aisance confondante. Il est difficile de ne pas succomber aux charmes d’arabesques vocales à l’infime précision et autrement plus naturelles que les micro-intervalles dont sont souvent truffées les productions vocales contemporaines.

C’est là toute la subtilité de cet art si délicat de l’ornementation, qui n’a rien à voir avec certaines affèteries de la musique savante, ni avec les caricatures world ou variété égosillée. Soutenue par le célèbre orchestre arabo-andalous de Fès, la communion était parfaite et le spectacle fut à l’image des interprètes, généreux tant dans les parties chantées que dans les passages instrumentaux où l’on sentait une belle complicité entre les musiciens. Un peu altérée, toutefois, par le recours à l’amplification : la voix elle aussi sonorisée souffrait dans le bas du spectre d’effets de boîte. Une acoustique naturelle ou une sonorisation mieux maitrisée auraient été préférables, mais la prestation resta réjouissante de bout en bout. ÉMILIEN MOREAU

Punk is not dead Guillaume Ollendorff © Pierre Gondard

Dans l’arrière-cour bondée de la librairie L’Histoire de l’œil, véritable caverne littéraire, le Grim a eu l’idée d’inviter Guillaume Ollendorff, éditeur et auteur du très complet Berlin sampler il y a trois ans, panorama musical de 1904 (définition pour la première fois du mot Cabaret en Allemagne) à 2009, et traducteur du licencieux Dilapide ta jeunesse, bible d’aphorismes du ressenti punk allemand. C’est autour d’extraits croustillants de ce dernier ouvrage que se déroulera l’intervention «Dilettants (sic) géniaux», ponctuée d’extraits musicaux corrosifs et variés de groupes répondant aux doux noms de KFC, Der Plan, D.A.F, ZK, Hans-a-Plast, Coroners…. jusqu’aux «performers» Einstürzende Neubauten, faisant découvrir à une assemblée loin d’être néophyte des petites merveilles explosives qui n’ont pas toujours passé les frontières. D’un format agréable, les 90 minutes ont campé le punk berlinois dans ses haines des hippies, des verts, de la technologie ou de l’avant-garde, comme ses fantasmes, ses récits de scènes enflammées (au propre et au figuré) à travers une musique brutale et inventive, se refusant à copier le modèle anglais, le krautrock qui le précède ou les trop propres Kraftwerk. Avec des titres comme Scheisse Penne (de Coroners), on n’en doute pas une seconde… cette musique replacée dans son contexte est pleine d’enseignement. FRÉDÉRIC ISOLETTA


THÉÂTRE

Les Apaches

Velvet underground, on ferme les yeux et il y a Andy Warhol, le rock des années 60… Rodolphe Burger en reprend les musiques, les réinterprète. Hommage à la force créatrice d’un groupe mythique, vivacité d’un style musical qui continue de nourrir les musiques d’aujourd’hui. N’oubliez pas la banane ! (c’était la pochette dessinée par Andy Warhol). Le lendemain, the TigerLillies, groupe anglais aux frontières du punk, jazz manouche et de l’opéra italien s’en donnent à cœur joie dans une ambiance cabaret des années 30. Brechtien en diable et totalement déjanté !

L’hypothèse Fontenelle/Guardiola Esthétique de l’étonnement revendiqué pour cette proposition théâtrale qui se définit comme «pas pareille». Un travail en train de se faire, puisque les artistes invitent les spectateurs à venir tous les jours de 12h15 à 13h jeter un coup d’œil avant une pause déjeuner sur le parvis du théâtre. Sous la conduite du metteur en scène de Xavier Marchand, les acteurs se confrontent à des textes aussi divers que ceux de Bertrand Bonello, Éric Chevillard, Fontenelle, Jean Giono, Leslie Caplan, Stéphane Mallarmé, Giorgio Manganelli, Roberty Walser, la revue Le Tigre et quelques autres tout aussi imprévisibles et passionnants….

© Christine Sibran

Mise à feu

Ils sont huit, acteurs, danseurs, musiciens, acrobates et se retrouvent dans les ruines d’un ancien musichall. Le spectacle multiforme de Macha Makeïeff met en scène ces virtuoses, voyous, dandys, joueurs, excentriques, dans une formule un peu plus ramassée qu’à la création en mars 2012. Avec encore plus de folie et de rythme. Histoire de passions, de rivalités, d’orgueil… Les Apaches, surnom donné à la jeunesse criminelle de la fin du XIXe et début XXe, continuent, depuis Casque d’Or, à nourrir l’imaginaire.

le 20 oct à 20h et le 21oct à 19h La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

du 23 au 30 oct Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org

Tendresse Molotov

du 15 au 17 nov La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Maurice Vinçon met en scène une pièce de l’auteur vénézuélien Gustavo Ott, qui, avec une entrée en matière de vaudeville sait, usant de décalages, détourner les archétypes. Le drame bourgeois se transforme tourbillon drolatique, mettant rire et suspens au rendez-vous : un couple très bobo cherche à procréer dans les meilleures conditions, pour obtenir un garçon, mais le FBI et le passé viennent perturber leur volonté, instillent le doute, dérangeant un univers ordonné… les personnages y survivront-ils ? leur conception du monde aussi ?

L’Odyssée Burlesque The Tiger Lillies © Regis Hertrich

La flûte enchantée

du 23 oct au 10 nov Le Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

Salzbourg, pas seulement temple de l’opéra, mais aussi des marionnettes. Reprise du spectacle de 1952, l’adaptation de la Flûte enchantée avec des marionnettes constitue un moment de pure féerie : les personnages de bois, somptueux, accordent toute leur distance d’objets à l’opéra magique. La comédie de Broadway, La Mélodie du bonheur de Rodgers et Hammerstein présente une autre facette des fantasques capacités de ces marionnettes. L’illusion est parfaite, on se laisse prendre au jeu avec délices.

La Melodie du Bonheur © X-D.R.

La compagnie Miranda reprend la légende d’Ulysse dans un contexte anti-héroïque au possible. Ulysse aurait trop bu et tout n’aurait été qu’un rêve ? Dans un spectacle cabaret, danses, chants, marionnettes géantes, jeux d’ombres se mêlent sur des musiques qui s’inspirent des mélodies orientales d’Istanbul, de Smyrne, des îles grecques, des polyphonies méditerranéennes. Comment se créent les mythes ? L’imagination reine domine cet ensemble burlesque, poétique et déjanté. les 19 et 20 oct Théâtre Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org

© Agnès Mellon

les 25 et 27 oct à 20h (F. E.) les 26 oct à 20h et 27 oct à 15h (M. B) La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

© CieMiranda

AU PROGRAMME

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Le tourbillon de l’amour À quoi ça sert ?

les 19 et 20 oct Espace Busserine 04 91 58 09 27 www.mairie-marseille1314.com

© X-D.R.

Dans la dernière pièce d’Edmonde Franchi, De toutes beautés, un feuilleton scandait les différentes scènes, Le Tourbillon de l’amour… elle nous dévoile à présent les dessous de cette soap production en nous emmenant dans les coulisses auprès des quatre comédiens qui y jouent : Le tourbillon de l’amour saison 2 ou radioscopie de vies d’artistes nous offre un tableau hilarant de cette production de seconde zone dénonçant avec la verve coutumière d’Edmonde Franchi l’exploitation au travail, la bêtise, la mondialisation…

Le cœur du sage © X-D.R.

Dans le cadre de la saison russe en Pays d’Aix, la compagnie Le Singe roux, composée d’étudiants francophones de l’Université de l’Amitié des peuples de Moscou, présente une œuvre écrite et mise en scène par Arsène Yeguyants, dans l’esprit de Jean Tardieu dont la drôlerie et l’esprit caustique ont séduit le jeune auteur. La pièce est composée d’une série de scènes qui empruntent au théâtre de l’absurde, à l’homo ludens. Quelques passages seront en russe, juste pour la musicalité de la langue. le 23 oct Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com

La guerre, notre poésie En 1191, la troisième croisade oppose Richard Cœur de Lion et Saladin. François de Sablé, grand maître des templiers souhaite la gloire du martyr, mais sa rencontre avec l’hospitalité des Syriens, la bonté des sages de Jérusalem lui montrent que les religions bâties sur les mêmes fondements d’amour, de respect, de volonté de paix ne doivent pas s’opposer mais s’entendre. Lionel Briand signe là une pièce forte, mise en scène par Hamid Reza Djavdan, qui aujourd’hui reste d’une brûlante actualité. le 10 nov Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

Un homme est un homme Comment garder son intégrité, qu’est-ce qui fait que l’on est un homme ? La manipulation peut elle nous faire perdre cette humanité ? Comment l’amour de l’argent agit-il sur les êtres ? Galy Gay, le «dernier homme de caractère» va-t-il survivre dans cette Inde fantaisiste où la guerre et les bandes rivales pullulent… L’œuvre de Brecht séduit toujours par son caractère intemporel, donc son actualité, mise en scène ici par Mathilde Soulheban. le 18 oct Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com

Le texte et la mise en scène ont été élaborés à partir d’une interrogation sur certains écrits de Hegel à propos de la guerre, qu’il considérait comme nécessaire. Jean-Michel Potiron convoque les textes des philosophes, Hegel, Kant, Hannah Arendt entre autres, ainsi que des extraits d’entretiens réalisés pendant deux ans auprès de chercheurs spécialistes de la question à l’Université de Lausanne. Des comédiens s’interrogent, ajoutant leur vécu, leurs pensées au texte d’origine. Un spectacle qui se veut aussi jubilatoire ! le 13 nov Théâtre Vitez, Aix 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com

L’enfant, drame rural C’est grâce à une résidence d’écriture de 3 mois lors du 6ème festival Textes en l’air à Saint-Antoine l’Abbaye en Isère que Carole Thibaut écrit ce texte, L’enfant, drame rural. Collecte de paroles de femmes, de témoignages… histoires interdites, abandons, ruptures de ban, drames cachés, autant de fissures humaines et sociales qui entourent la naissance, la croissance de l’enfant. Carole Thibaut se glisse avec aisance dans ce mal être, cette fresque sociale où s’entrelacent les vies des treize personnages. Un ensemble fort qui ne laisse personne indemne, encore moins indifférent. Au Bois de l’Aune, dans le cadre de la programmation des ATP. le 13 nov Bois de l’Aune, Aix 04 42 93 85 40 www.atpaix.com


THÉÂTRE

Prévert, Vian, Nouveau Roman Desnos… Amoureux fou de poésie, Jean-Louis Trintignant a

Fauves Michel Schweizer, artiste inclassable qui revendique la transversalité artistique dans ses spectacles, signe là une œuvre hybride. Les fauves en question sont une dizaine de jeunes de 17 à 19 ans, ni danseurs ni comédiens, bourrés d’énergie et de spontanéité , prêts à réinventer leur vie en testant leurs limites.

toujours aimé s’entourer des auteurs les plus talentueux ; Prévert, Vian et Desnos sont les trois poètes libertaires dont Trintignant, de sa voix si particulière, fait entendre les voix, accompagné par Daniel Mille à l’accordéon et Grégoire Korniluk au violoncelle. Trois poètes libertaires : Prévert, Vian, Desnos le 26 oct Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr les 29 et 30 nov Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

le 19 oct Théâtre de l’Olivier, Istres 0810 006 826 www.scenesetcines.fr

Les Bonnes

© Jean-Louis Fernandez

Dans une mise en scène brillante et nonchalante, un peu resserrée depuis la création à Avignon cet été, Christophe Honoré nous livre sa vision des nouveaux romanciers. Très subjective, jusqu’à frôler l’inexactitude, comme si Sarraute et Claude Simon étaient des adulescents d’aujourd’hui. Étrange vision des avant-gardes. Stimulante ? les 17 et 18 oct Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Propaganda

© Joelle Brover

AU PROGRAMME

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Ivan Romeuf a mis en scène deux jeunes comédiennes talentueuses pour incarner les deux sœurs servantes qui veulent tuer Madame. Qui ici est un homme. Mais la cruauté, la révolte et l’ardeur de la langue dessinent les contours fidèles de l’œuvre la plus limpide de Jean Genêt.

© Ponch Hawkes

Avec son cirque familial et bricolé, la compagnie australienne Acrobat combine la virtuosité athlétique avec une éthique écolo qui leur sert de fil vert pour ce spectacle engagé participatif, original et créatif.

le 15 nov Salle Émilien Ventre, Rousset 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com

Marius

les 24 et 25 oct Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Jean-Louis Trintignant © Mark Laapage

L’Entêtement Entre règlements de comptes politiques et conjugaux, sur un plateau rotatif qui tient du dispositif cinématographique, la pièce de l’auteur argentin Rafael Spregelburd, mise en scène par Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier, questionne la guerre d’Espagne, la démocratie et le totalitarisme au fil d’une intrigue hilarante menée tambour battant par des comédiens exceptionnels. les 15 et 16 nov Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr le 27 nov Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

Le Bourgeois gentilhomme Catherine Hiegel met en scène la comédie-ballet de Molière avec des comédiens, des chanteurs, des danseurs, et des musiciens qui jouent en direct la musique de Lully. Dans le rôle-titre, François Morel joue à merveille «ce balourd enfantin qui se voulait un autre». les 30 et 31 oct Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com le 28 nov Théâtre de Fos 0810 006 826 www.scenesetcines.fr du 29 nov au 1er déc Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

© X-D.R.

De l’éternel Pagnol on garde ici la saveur de réparties qui sont autant de références dans nos bavardages. Pourquoi donc reprendre Marius ? Parce que ce n’est pas seulement une mémoire régionale, mais une grande tragédie, aux nombreuses approches. La Cie Il était une fois retrouve le texte dans sa version première, le dépouillant des excès aguicheurs des capteurs d’héritage. La mise en scène de Catherine Sparta respecte la poésie particulière de Pagnol. Le 25 oct Salle Émilien Ventre, Rousset 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com


Ruy Blas © Christian Ganet

Portée avec conviction par la troupe du TNP de Villeurbanne, la pièce de Victor Hugo se trouve rajeunie, et dynamisée par la mise en scène de Christian Schiaretti qui alterne savamment des saynètes de pure comédie et des moments plus tragiques. Avec Robin Renucci dans le rôle-titre. le 13 nov Théâtre de l’Olivier, Istres 0810 006 826 www.scenesetcines.fr

Lily et Lily Joué en son temps par Jacqueline Maillan, ce qui lui valut un éclatant succès, la pièce de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy est revisitée avec délectation par Elisabeth Macocco et Bernard Rozet, du Théâtre des deux rives. Dans les coulisses du cinéma américain, autour de Lily, la star, le mensonge est brandi comme une arme redoutable… le 26 oct Théâtre Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

Parce qu’on va pas lâcher Transformant leur corps en instrument de percussion, Mourad Bouhlali et Hassan Razak, cie Onstap, pratiquent le step comme ils respirent. Leur spectacle mêle théâtre, danse et slam pour raconter leurs trajets respectifs et communs qui se rencontrèrent à Avignon. le 2 nov Forum de Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com © X-D.R.


Riviera

Italie – Brésil 3 à 2 Un rêve d’océan Alexandra Tobelaim met magistralement en scène Treize jeunes comédiens amateurs et le théâtre du Solal Bouloudnine pour le récit hilarant d’une épopée du sport : une famille napolitaine vit, minute par minute, le match de football du 5 juillet 1982 qui vit Paolo Rossi devenir un dieu. Jean-Marc Montera signe la musique. Un tirage au sort permettra de gagner deux places pour un match de l’OM au stade Vélodrome. Sera-t-il à la hauteur du mythe de théâtre ?

Hasard, à partir du texte de Jean-Claude Lallaizon, reprennent la chanson de l’adolescence. Quand la force du groupe rejoint la difficulté de grandir. Dès 12 ans. le 14 nov Théâtre de Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

le 15 nov Centre culturel René Char, Digne-les-Bains 04 92 30 87 10

Villégiature Thomas Quillardet et Jeanne Candel adaptent avec brio et gaieté les deux premiers volets de la Trilogie de la Villégiature de Goldoni. Le portrait d’une société aristocratique décadente, et d’une bourgeoisie grossière, dans l’Italie du XVIIIe siècle, qui n’est pas sans rappeler celle de Berlusconi. Où les courants d’air font claquer les portes et tomber les masques avec cynisme. Drôle et décapant.

© Cie Tandaim

Myriam Boyer © Manuel Pascual

La lumineuse Myriam Boyer est Fréhel, la chanteuse de l’entre-deux-guerres qui attend jusqu’à son dernier souffle son amour perdu, Maurice Chevalier. Une java bleue des sentiments mise en scène par Gérard Gelas d’après le texte d’Emmanuel Robert-Espalieu. À fleur de larmes.

le 13 nov Théâtre la Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

du 9 au 11 nov Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr

le 9 nov Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

Francois Begaudeau © Patricia Marais

La nuit de la drague L’augmentation Sur fond de décor des années 70, le théâtre de la Broderie livre une comédie féroce et grinçante, adaptée du facétieux Georges Perec, sur la meilleure façon de demander une augmentation à son patron. Où la rougeole fait une apparition inattendue ! Drôle et cruel, tant le problème aujourd’hui n’est plus d’être augmenté… le 20 oct Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

2-3… grammes Dans le cadre de la première tournée des Traversées,

© Kim lan Nguyen Thi

Dis leur que la vérité est belle Accompagné par la troupe des Camerluches,

six villages accueilleront ce solo de Line Wiblé. Tour à tour mère alcoolique, père dépassé et leurs trois filles, la comédienne fait surgir images et émotion à l’occasion d’un drame familial le soir du réveillon. Entre catastrophe et banalité, l’auteur Bernard Falconnet saisit l’humour et la tendresse du quotidien.

Jacques Hadjaje retrace avec humanité une galerie de portraits de déracinés juifs pieds-noirs. Présent et passé s’entremêlent avec humour et gravité, pour traduire le déchirement d’un peuple écartelé dans sa triple culture, entre France, diaspora juive et Algérie.

du 22 au 27 oct Théâtre de Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu 2-3 grammes

le 27 oct Scène nationale de Cavaillon 04 90 78 74 74 www.theatredecavaillon.com

les 18 et 19 oct Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr Dis-leur que la vérité… © Pierre Dolzani

De 20h à 3h du matin (moins le passage à l’heure d’hiver), le théâtre de Cavaillon se travestit en Bataclan et devient le terrain d’exploration des «techniques de drague». Une nuit magique que le public est invité à vivre en compagnie de Mélanie Mary et François Bégaudeau qui liront la pièce Un deux un deux. Les films de la réalisatrice seront également projetés, entrecoupés de repas (aphrodisiaques !). Un Dance floor par la DJ Liza Bantegnie achèvera la soirée.

© Claude Muller

AU PROGRAMME

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Alexis. Une tragédie grecque

L’œuf, la poule ou Nicole Nicole Ferroni, habituée des plateaux de © Valentina Bianchi

Laurent Ruquier, présente un premier spectacle récompensé au festival d’humour de Tournon. Une histoire d’œuf qui se développe en même temps qu’un rire tenace… et que la poule va bien devoir pondre. le 23 oct Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr

Cocorico Le duo révélé dans les spectacles de Deschamps et Makeïeff, Patrice Thibaud et Philippe Leygnac, nous entraine dans un feu d’artifice de situations cocasses et émouvantes. Une observation minutieuse et concrète des comportements humains (et autres mammifères) par deux virtuoses. Un grand moment de rire et de poésie. le 27 oct Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com Cocorico

De la tragédie d’Alexis, jeune homme tué par la police à Athènes en 2008 qui déclencha une série d’émeutes, à Antigone, autre figure de la révolte, la compagnie Motus bouscule nos consciences. Un spectacle politique et poétique sur le passage de l’indignation à l’action. le 18 oct Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com Alexis

Les conjoints

© Christophe Manquillet

Rose Judith Magre est Rose, femme battante, juive rescapée du ghetto de Varsovie. Mise en scène par Thierry Harcourt, la comédienne brille par la finesse et l’intelligence de son interprétation. le 21 oct La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr

© Claire Besse

Deux hommes (Jean-Luc Moreau et José Paul) et deux femmes (Anne Loiret et Anne-Sohie Germanaz) ballotés entre leur éthique, leurs intérêts et leurs émotions. Une comédie d’Eric Assous entre gravité, légèreté et vivacité, qui rappelle que le bonheur est un équilibre précaire. le 27 oct Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com les conjoints

L’Ouest Solitaire Bruno Solo et Dominique Pinon, réunis pour la première fois au théâtre, incarnent deux écorchés vifs à l’existence misérable qui se vouent une haine tenace. Un western rural irlandais tragi-comique signé Martin Mc Donagh. les 26 et 27 oct Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com L’ouest solitaire


JEUNE PUBLIC

Mômaix La 7e édition de festival pour enfants Mômaix prend ses quartiers à Aix-en-Provence, sans le GTP ni le Jeu de Paume qui ouvrent leur scènes à la préparation de la Capitale Européenne de la Culture, mais avec 4 nouveaux lieux : la Cité du livre, la maison de quartier la Mareschale, le Théâtre Ainsi de suite et l’Espace Enfance Jeunesse. Le Théâtre des Ateliers accueille neuf séances de L’Odyssée, le périple d’Ulysse commence (17, 30, 31 oct et 7, 8, 9, 14, 21, 28 nov). À partir de la lecture de l’Odyssée d’après Homère, les comédiens créent un théâtre d’urgence et provisoire, fait de carton, de lumière et d’obscurité. À l’issue du spectacle, les enfants (à partir de 4 ans) échangent leurs impressions et s’emparent du plateau. Avec Les souffleurs de rêve, les deux incurables rêveurs de la Compagnie Minuscule entrainent les enfants, dès 4

ans, à Théâtre et chansons dans un périple de sons et d’images (le 21 oct) et au Théâtre Antoine Vitez, le 30 oct, les plus grands, en famille, pourront découvrir Histoire d’une famille (et des choses de tous les jours), résultat d’un travail mené avec plusieurs classes autour de la table et de la nourriture.

Festival de Marionnettes

C’est dans la poche Une belle, une bête Pour les tout-petits, un spectacle inspiré de la forme Inspirée librement par La belle et la bête de Mme

Le Periple d'Ulysse commence © X-D.R.

du 5 au 23 déc Bureau Information Culture, Aix-en-Provence 04 42 91 99 19 www.aixenprovence.frle périple d’ulysse Théâtre et chansons 04 42 27 37 39 Théâtre des Ateliers 04 42 38 10 45 Théâtre Antoine Vitez 04 42 59 94 37

Papiers timbres, cie du Funambule © Arno Lafage

Leprince de Beaumont, Florence Lavaud nous projette dans un théâtre d’ombres et de lumières, où les projections vidéos et les sons racontent le chemin de deux êtres que tout oppose. Un voyage au-delà de l’apparence et des differences, à partir de 9 ans.

du Kamishibaï, léger et grand comme un mouchoir de poche où l’on parle de secrets, d’ennui, de poésie, de théâtre… et de poche. du 27 oct au 3 nov Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

le 9 nov Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr une belle une bête

Voyages en ville invisible En référence à Italo Calvino dans Les Villes invisibles, le théâtre de l’Arpenteur tisse une approche de l’espace urbain dans un spectacle déambulatoire. Hervé Lelardoux entremêle les espaces publics et privés et s’ouvre aux visions sensibles et intimes des jeunes habitants. Les enfants sont invités à participer en apportant une enveloppe timbrée libellée à leur nom. du 14 au 16 nov Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Une Belle, une Bete © Christian Loubradou

AU PROGRAMME

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Traversée Un récit en deux langues (langue des signes et

du 11 au 18 nov Graveson et Châteaurenard 07 87 62 24 42 http://cie.coatimundi.perso.neuf.fr/Festival-achato.htm

L’enfant roi Un opéra d’objets de la Cie Balle Rouge qui laisse

le 24 oct Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com Traversee © Danica Bijeljac

Du 11 au 18 nov, enfants et adultes ont huit jours pour découvrir les multiples univers du Festival de Marionnettes organisé depuis 6 ans par la Cie Coatimundi. Le monde de papiers de la Cie du Funambule dans Papiers timbrés, les haïkus d’images de Pupella-Nogués, du cirque miniature avec Les attractions extraordinaires de la femme chapiteau, les facéties d’un Pulcinella dans Citizen P, les Contes créoles de la France profonde. Spectacles de rue les dimanches et soirée Impromptus avec les élèves du Conservatoire d’Avignon (le 17 nov à 20 h 30).

français) autour de l’histoire de Nour et Youmna pour évoquer la situation des migrants, les héritages inconscients, la filiation. Jessica Buresi et Noémie Churlet dialoguent dans leur langue et laissent place, aussi, au langage du corps.

toute liberté au jeune spectateur (à partir de 5 ans) d’interpréter le parcours libérateur de l’enfant. Un enfant roi, seul dans sa tour d’ivoire, qui grandira en retrouvant le chemin de l’Autre. le 24 oct Théâtre Marcel Pagnol, Fos-sur-Mer 04 42 11 01 99 le 26 oct Théâtre La Colonne, Miramas 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr


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Sœur, je ne sais pas Quand Le conte d’hiver La compagnie Arketal s’empare de la tragi-comédie quoi frère m’embrasseras-tu ? de William Shakespare, traduite par Bernard-Marie © Catherine Pavet

Koltès. Un questionnement du vivant et de l’inerte, de l’illusion et de la réalité, de la croyance en l’humain magnifié par le travail des six comédiensmanipulateurs de marionnettes plus vivantes que jamais. le 19 oct Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com le 16 nov Made in Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com

Sur un texte signé Philippe Dorin, Sylviane Fortuny dresse un portrait de famille autour d’une histoire policière mettant en jeu cinq sœurs de 10 à 75 ans. À partir de 8 ans.

Magic Dust Un univers magique à la croisée du 7 art et du spece

tacle vivant emmené par la Cie Azhar qui associe 3D et marionnettes pour un moment à partager en famille. le 26 oct Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr

La compagnie Brozzoni met en musique les poèmes de Mahmoud Darwich. Un chant qui dit l’espoir, un «concert parlé» et dessiné en direct par Xavier Thierry, autour des thèmes chers au poète exilé, comme un hymne à la beauté du monde.

Quoi c'est quoi © Mathieu Bonfils

Quoi c’est quoi ?

Quand m'embrasseras-tu © Marc Limousin

le 10 nov Théâtre Marcel Pagnol, Fos-sur-Mer 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr

Malgré leur différence et leurs petites manies, Esther et Marie vont devoir apprendre à partager leur territoire. Elles feront tomber les masques grâce à un délicieux petit théâtre kamishibaï. Une jolie leçon sur la différence signée par la compagnie Clandestine.

le 19 oct Théâtre de Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

le 13 nov Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com quoi c’est quoi

Magic dust © Nicolas Rivoire

compagnie Les Passeurs utilise les échanges aussi féroces que poétiques entre Rosemarie, une fillette solitaire, et son ami imaginaire atteint de dyslexie poétique pour évoquer le passage difficile de l’enfance à l’adolescence. À partir de 7 ans. le 13 nov Théâtre de Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

Hubert au miroir Mini-Mino Un spectacle visuel, musical et chorégraphié au cœur Le portrait d’Hubert, jeune homme en devenir, qui d’un univers ensablé pour faire appel aux sensations des plus jeunes (de 3 à 6 ans). Trois femmes suivent le temps et le vent pour une invitation au voyage. le 31 oct Théâtre du Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

M'envoler © Jean-Luc Bosc

Les saisons M’envoler de Rosemarie Adapté du roman de Dominique Richard, la

apprend à lire derrière les surfaces de sa vie les sens plus profonds et plus libres. Par le Collectif RÂ, mis en scène par Dominique Richard. le 3 nov Espace Miramar, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.comhubert

La compagnie lyonnaise Le Voyageur Debout revient sur le passage de l’enfance à l’âge adulte, avec poésie et grâce. Un spectacle qui fait grandir, en douceur. À partir de 7 ans. le 13 nov Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr m’envoler

AU PROGRAMME

JEUNE PUBLIC


AU PROGRAMME

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DANSE

Ballet National de Marseille En attendant 2013, c’est une version sans orchestre

Dansem Le festival de danse en Méditerranée, associe à sa démarche de nombreux lieux (Lenche, Bernardines, Minoterie, Friche, Théâtre d’Arles) et partenaires actifs (Rencontres d’Averroès, Marseille Objectif Danse) qui interrogent comme lui la singularité du corps dansant, non dans sa virtuosité mais dans sa présence à l’espace et au politique. Se déroulant cette année du 13 nov au 8 déc, on y rencontrera beaucoup de femmes des trois rives et de tous les âges, des couples insolites et quelques hommes solitaires. Quant aux propositions qui ouvrent la fête, elles sont singulières : Khouloud Yassine danse l’espace et le lien à la musique de Khaled Yassine, à la percussion. Mathilde Monnier et JeanFrançois Duroure transmettent leur diptyque mythique à deux jeunes danseurs : Pudique acide/Extasis, deux pièces amusées, rebelles et virtuoses créées dans les années 80, aux belles heures de la nouvelles danse française, continuent d’affirmer que les corps féminins et masculins naissent libres et égaux en beauté, et plaisir… Également au Théâtre Durance. Entre temps 2 les 14 et 15 nov Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

ni chœur du magnifique Orphée et Eurydice (voir Zib54) de Frédéric Flamand que le BNM va tourner à Marseille et à Fréjus. Dommage, mais allez quand même découvrir ce superbe travail, subtil, discret et prégnant, qui donne corps au baroque désincarné de Gluck grâce à l’inventivité du plasticien Hans Op de Beeck. À Marseille, le programme sera complété par une création d’Emio Greco et Pieter C. Scholten. les 23 et 24 oct Opéra de Marseille le 10 nov Théâtre de Fréjus 04 91 71 36 32 www.ballet-de-marseille.com

© X-D.R.

Pudique acide/Extasis le 13 nov Théâtre d’Arles 04 90 52 51 55 www.theatre-arles.com www.officina.fr

© Pino Pipitone

Pudique acide/Extasis le 9 nov Théâtre Durance Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

Munoz et Giordano Stockhausen + Maria Munoz et Raffaella Giordano sont, depuis Preljocal plusieurs années, chacune à leur manière, des Par deux fois le chorégraphe a dansé la musique du habituées des Bernardines. Leur corps et leur danse diffèrent, mais elles touchent au même endroit sensible. Ensemble, pour la première fois, elles ont créé un duo, qu’elles danseront et dont elles nous parleront le 10 nov. Avant cela, l’Italienne reprendra un solo ancien, Fiordalisi, le 8 nov. Et la Portugaise entrera dans le vif du Clavier bien tempéré de Bach, le 9 nov. du 8 au 10 nov Les Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org

d’abord à l’ombre du Festival de Marseille, puis en prélude à Dansem, aborde aujourd’hui son troisième âge en gardant le même principe, mais abritée en son lieu, confortée par un savoir faire qui décuple son intérêt. Chaque soir deux extraits ou petites formes en cours de création sont présentés au public, qui questionne ensuite les créateurs, guidé par Michel Kéléménis en maître d’œuvre. Cette année la programmation est particulièrement intéressante, centrée sur les chorégraphes français ce qui fait du bien en ces temps d’horizons exclusivement méditerranéens. Avec, entre autres, une avant-première d’Hervé Robbe, une recréation de Sylvain Groud, Eric Oberdorff, Balkis Moultashar, et d’autres jeunes femmes chorégraphes… du 24 oct au 10 nov Klap, Maison pour la danse 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr

Complicités Le Ballet d’Europe de Jean-Charles Gil a atteint une

Helikopter, Eldorado du 8 au 10 nov La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com Helikopter © Jean-Claude Carbonne

Question de danse La manifestation inventée par Michel Kéléménis,

compositeur iconoclaste. En 2001 il soumettait les corps aux pales d’hélicoptères en vol transportant un quatuor en jeu. En 2007, plus d’instruments mais leur trace électronique, et les corps là-dedans cherchant toujours leur chair. Deux pièces, antagonistes pourtant, magistrales, pour la première fois rapprochées. Le 8 nov à 19h Agnès Freschel introduira le spectacle.

maturité qui s’orne d’un enthousiasme juvénile… En attendant la création publique de H2O Mémoire du Rhône, grande pièce prévue pour l’année Capitale, le chorégraphe nous livre des pièces de son laboratoire intime, celui où il cherche, inlassablement, à donner naturel et musicalité au mouvement classique. Avec Schubert in love, Folavi (Vivaldi) et la création de Complicités dans un décor d’André Stern, il continue sa quête, entamée quand il en a eu assez d’être Étoile… le 9 nov Opéra de Marseille Ballet d’Europe Folavi © Agnès Mellon





DANSE

Echoa Corps de Walk Un «concert de danse» de la compagnie Arcosm, joué

© Erik Berg

AU PROGRAMME

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depuis sa création en 2001 près de 800 fois à travers le monde, pour voir la danse d’une oreille neuve. Virtuose, acrobatique et percussif ! le 26 oct La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.frEchoa

Yo Gee Ti Le jeune prodige de la danse hip hop, Mourad Merzouki, associe sa compagnie à des danseurs taïwanais du National Chiang Kai-Shek Cultural Center. Des cultures qui s’entremêlent pour une pièce somptueuse et magique où les costumes sculptés dans la laine apportent une nouvelle dimension au mouvement.

© Rob Stack

le 27 oct Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr yo gee

Dans le cadre d’une Carte Blanche à la Compagnie nationale norvégienne de danse contemporaine, le théâtre de Nîmes reçoit la danse très physique de la chorégraphe israélienne Sharon Eyal. Quatorze danseurs, à partir de la marche, deviennent des créatures androïdes et androgynes.

le 25 oct Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

les 13 et 14 nov Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.comcorps de walk

Sauce/Révolution Une soirée hip hop, fraternelle et sans compétition, De Casta en deux parties : la compagnie Mimh (Hamid El Kabouss) ouvre la danse et Wanted Posse (Ousmane Sy et Hagbe Njagui) prend le relais avec sa nouvelle création. Ardeur et créativité sont réunies pour une soirée au cœur de la culture hip hop.

© Michel Cavalca

Nya Abou Lagraa a conçu un ballet métissé et puissant

le 27 oct Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com Sauce Sauce © X-D.R.

dans l’élan du «nya» (confiance en la vie). Calquant leurs mouvements sur le Boléro de Ravel, neuf jeunes danseurs conjuguent hip hop, danses classique et contemporaine, pour une transe poétique. le 10 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr nya © Dan Aucante © X-D.R.

Issu de la célèbre famille Maya, le danseur de flamenco Iván Vargas présente De Casta, en hommage à sa filiation et surtout sa passion à laquelle il mêle fougue et sensibilité. Juan Andrés Maya et l’époustouflante Alba Heredia l’accompagnent. le 20 oct Théâtre de Fos-sur-Mer 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr de casta


© X-D.R

Ce que le jour Let’s get physical doit à la nuit Empruntant son titre à l’œuvre de Yasmina Khadra, la nouvelle création de la compagnie Hervé Koubi se situe à un carrefour d’influences : l’écriture, le mouvement dansé, la création contemporaine et le hip hop.

© Delgado Fuchs

Une nuit balinaise

le 20 nov Made in Cannes, Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com ce que le jour

En hommage à Antonin Artaud qui écrivit sur ces danses mythiques, 50 artistes de Sebatu (Bali) partagent l’histoire de leurs arts, entre musique, danse, théâtre et costumes. Une alchimie reconstituée en trois actes pour un dépaysement garanti. le 3 nov Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com une nuit balinaise © Ahmad Daghlas

R.A.F. City’z Le collectif R.A.F. Crew, champion du monde à l’International Championship de Las Vegas en 2009, débarque avec son énergie régénératrice et ses figures acrobatiques. De la science-fiction du quotidien à l’œuvre et de la bonne humeur en perspective. le 10 nov Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com raf cityz © Little Shao

Les 20 ans de Grenade Les danseurs de la compagnie de Josette Baïz reviennent jubiler avec des extraits de pièces des plus grands chorégraphes d’aujourd’hui, depuis Kéléménis à Decouflé en passant par Preljocaj… Ils s’en emparent sans se départir de leurs personnalités marquantes… les 19 et 20 oct Théâtre Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com © Jean Barak

Le duo Delgado et Fuchs revient au Merlan avec sa dernière création, coproduite par la scène nationale. Une pièce qui travestit la culture physique en exercices préparatoire au coït, s’amuse à vêtir et dévêtir, toujours pince sans rire… du 18 au 20 oct Le Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org

Pour tout l’or du monde Olivier Dubois, qui fut interprète chez Jan Fabre et chez Preljocaj, crée depuis une dizaine d’années des pièces interrogeant le spectacle de danse, tous les spectacles de danse, avec un regard décalé toujours inattendu. Son solo Pour tout l’or du monde, créé en 2003, explore le rapport du corps dansant à l’argent… du 14 au 16 nov à 19h30 Ballet Preljocaj, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org

AU PROGRAMME

DANSE 43


L’Alcazar en musique «Aller au cabanon ; pas forcer le jeudi Et pour se reposer, l’Alcazar le lundi» Ainsi déclamait, de son accent chantant, Fortuné Cadet dans Être Marseillais, un valeureux monologue au parfum d’aïoli. Autour de 1920, la salle de l’Alcazar résonnait aux sons des revues de musichall, vibrait à la voix d’Andrée Turcy et sa Chanson du cabanon… Aujourd’hui, les Marseillais ont retrouvé le chemin du 58 Cours Belsunce : ils flânent dans l’architecture high-tech de la B.M.V.R. au hasard des découvertes, parmi près de 450 000 documents… Et la musique ? Elle occupe une belle place, filant du Moyen-Âge à nos jours, dans un département actif dévoué à Euterpe et Erato. On y emprunte quelques 90 000 CD (dont 20 000 classiques), DVD Telemaque a l'Alcazar - In C, juin 2012 © Marie-Anne Baillon

et partitions et, depuis quelques années, sous la houlette de Marie-Anne Baillon, on y entend de la musique «vivante», ses croisements avec les autres arts ! Le 29 septembre, lors de la présentation de la saison 2012-2013, la «Bibliothécaire chargée de la programmation culturelle», entourée de ses partenaires, a défendu une devise ternaire : «Éduquer, Informer, Divertir». Au rythme des conférences du musicologue Lionel Pons, des rencontres avec les artistes de l’Opéra de Marseille ou du Théâtre d’opérettes de l’Odéon, de projections de films et documentaires musicaux (en particulier de la Vidéothèque d’Art Lyrique de la Cité du LivreBibliothèque Méjanes), des coopérations avec le festival Mars en baroque et l’ensemble Concerto Soave (Jean-Marc Aymes), aux touches du clavecin et des violes de Baroques-graffiti (Jean-Paul Serra), jusqu’à la création contemporaine du GMEM (après aussi de fructueuses collaborations avec l’ensemble Télémaque), les curieux et passionnés, grands et pitchouns, apparieront les sens à la raison : du piano au piccolo, du quatuor à cordes au soprano, des voix d’anges à la mandoline, au tuba… des «Musiques de Proust» au mariage des peintres et musiciens baroques…

Retour aux créneaux Romain Leleu © Caroline Doutre

AU PROGRAMME

44 MUSIQUE

En 2012, le 46e Festival de Saint-Victor remonte aux créneaux : les concerts, après une saison d’exil du côté de la rue de la République (église St-Cannat les Prêcheurs) pour cause de travaux dans la basilique fortifiée, regagnent leur berceau d’origine. Cinq manifestations à l’affiche ! On débute avec une formidable violoncelliste : Emmanuelle Bertrand joue le Concerto en do majeur de Haydn avec l’Orchestre d’Auvergne (dir. Roberto Forès Veses – le 4 oct à 20h). La trompette brillante de Romain Leleu dialogue avec les tuyaux de l’orgue manipulé par un maître ès claviers et jeux : Olivier Vernet (le 25 oct à 20h). L’ensemble Café Zimmermann joue L’Estro Armonico de Vivaldi et sa guirlande enrubannée de concertos pour cordes (le 15 nov à 20h), avant un programme de musique de chambre donné par Philip Bride (violon), Daniel Catalanotti (cor) et Bruno Rigutto (piano – le 29 nov à 20h). Le festival s’achève par un concert offert par les artistes (libre participation) : Le Chœur Aurélia, dirigé par Isabelle Andréa, accompagné à l’orgue par JeanPierre Lecaudey, chante de la musique sacrée de Vivaldi (Credo, Gloria, Magnificat… le 9 déc à 18h).

JACQUES FRESCHEL

Alcazar, Bibliothèque de Marseille à Vocation Régionale Département Musique 04 91 55 90 00 http://www.bmvr.marseille.fr Pour recevoir la programmation : dgac-actualites-bmvr@mairie-marseille.fr L’entrée est libre dans la salle de conférence (dans la limite des places disponibles) qui demeurera opérationnelle quand, à l’automne, des travaux de rénovations barreront l’accès à l’espace intérieur.

J.F.

Octobre 2012 46eFestival de Saint-Victor Marseille Jusqu’au 9 déc 04 91 05 84 48 http://www.chez.com/saintvictor

À venir Carmen : Rencontre autour d’une œuvre le 5 oct à 17h

Fin de l’errance… Pour l’heure, on (re)découvre trois opus, modernes, explorant des mondes sonores étonnants, inouïs : ils sont signés Guy Reibel (Les papimanes), François Rossé (Ayx) et Peter Eötvös (Drei Madrigalkomödien – le 8 nov à 20h). Le lendemain le guitariste Pablo Marquez accole des musiques de la Renaissance et des opus de Roland Hayrabedian © Jean-Baptiste Millot

Musicatreize avait installé ses bureaux et sa très belle salle de répétition au 53 rue Grignan mais l’église (froide !) d’en face lui avait fermé ses portes… l’ensemble de musique contemporaine se trouvait face à un paradoxe. Partout où il se produisait, Roland Hayrabedian était accueilli dans des salles à la mesure de son groupe vocal. Tandis qu’à Marseille, ses chanteurs devaient jouer les gens du voyage, errant de temple en auditorium, saltimbanques mendiant le droit de faire crisser leurs dissonances. Dès le 8 novembre, l’ensemble se sédentarise sur place ! Leur salle de répétition s’ouvre au public et retrouve une vocation antique, vouée à l’art, l’éloquence et à la voix. C’est là que Musicatreize se produira désormais, et accueillera des musiciens venus de divers horizons : Concerto Soave et JeanMarc Aymes, le pianiste Jay Gottlieb, le GMEM ou l’ensemble Cbarré.

Maurice Ohana (1913-1992), dont Musicatreize commémore, dès cet automne, les 20 ans de la disparition, avant qu’en 2013 il célèbre le centenaire de la naissance (le 9 nov à 20h). Pour clore ces trois journées d’ouverture officielle de la Salle Musicatreize, Roland Hayrabedian poursuit l’hommage à ce compositeur indépendant, grande figure longtemps ignorée par l’intelligentsia sérialiste, que l’ensemble vocal aixois puis marseillais a défendu dès ses débuts. Avec Swan song c’est une pièce maîtresse que l’on joue ! En regard seront interprétés Urrundik de Félix Ibarrondo et une création à découvrir : La couleur de la vacuité de Ton That Tiêt (le 10 nov à 20h). JACQUES FRESCHEL

Salle Musicatreize 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org


#2

Le Festival des Musique Insolentes revient entre Barjols, Toulon, Hyères et Draguignan du 19 au 27 oct. Confronter dans une même soirée musiques anciennes, traditionnelles et radicales, cinéma expérimental et installations d’artistes… tel est le vœu de cette 10e édition très cosmopolite. Le dessinateur Mazen Kerbaj, l’un des précurseurs de la bande dessinée alternative au Liban, expose à la Libraire Contrebandes à Toulon, le guitariste improvisateur Sharif

Du 17 au 31 oct, le CHHHHHUT #2 déploie sa toile indépendante sur le Marseille alternatif : l’Embobineuse, la Compagnie, La Machine à Coudre, Montévidéo, Data, Les Galeries Nomades et la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine. Concerts, performances, projections, rencontres… Du beau monde s’annonce : Radian, Hervé Boghossian, Zeni Geva, Death in death valley, Torticoli, Tonnerre mécanique, Je suis le petit chevalier, Das Simple, Fillette… Sans compter des interventions à ne pas rater comme «L’éloge du bruit dans les musiques des XXème et XXIème siècles» par Pierre-Albert Castanet (20 oct à 18h à La Compagnie) ou encore le mix de Yan Jun, artiste clé de l’art sonore chinois, qui nous fera l’honneur de nous…. embobiner (au Bd Bouès le 25 oct à 21h) pour un Boom Noïse qui pour ceux qui ne le connaissent pas encore se frotteront au poète et curateur de l’underground. À noter que le live sera suivi du DJ set des Chhhhhhuters…. F.I.

Jean-Paul Serra et la comédienne Anne Lévy associent des poèmes américains de la Beat Generation (Brautigan, Bukowski, Patti Smith…) à la musique pour clavecin du XVIIe siècle (Froberger, Kuhnau), mystique et danse, idée de la mort et humour. Un voyage sans retour ? AIX. Le 19 oct à 12h30 et 18h30. Musée des Tapisseries 06 79 71 56 50 http://www.baroquesgraffiti.com

Musiques de films

Des B.O. célèbres pour salles obscures par un quintette à cordes, trompette & piano. TOULON. Le 19 oct à 19h. Opéra - Foyer Campra 04 94 92 70 78 http://www.operadetoulon.fr

Adam Laloum

Le Français joue le 1er concerto pour piano de Brahms en compagnie de l’OLRAP (dir. Yeruham Sharovsky) qui interprète de son côté la Symphonie «Du Nouveau Monde» de Dvorak. AVIGNON. Le 19 oct à 20h30. Opéra-Théâtre 04 90 82 42 42 http://www.opera-avignon.fr Adam Laloum, photo Carole Bellaiche © Mirare

Sehnaoui y donnera un concert à 17 h 30 (le 20 oct). Au théâtre Denis de Hyères, Sibongile Mbambo fera crépiter son chant sud-africain intense, rythmique et envoûtant (le 20), le lendemain ce sera au tour de l’étonnant duo combinant impro musique et dessin : les Wormholes. Au théâtre de Draguignan, à 18h15, conférence de Giovanna Marini (le 23) et à 20h30 la compositrice chanteuse sera en concert avec son quatuor autour des musiques traditionnelles italiennes. Les Chords du canadien Michael Snow et les installations du marseillais Ahram Lee seront exposés jusqu’au 27 oct à l’ArtMandat de Barjols. La projection de Free Radicals de Pip Chodorov, à 19 h, suivie à 21h par Holy Motors de Léos Carax clôtureront l’édition à l’Odéon (le 27). DE.M.

Festival des Musiques Insolentes du 19 au 27 oct 06 82 92 34 61 www.mdlc-lef.com

En cours de musique

Projection musicale avec le pianiste/pédagogue Edouard Exerjean. Présentation Jacques Bonnadier. (voir p 44). MARSEILLE. Le 20 oct à 16h. Alcazar 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr

Nuit des concertos

Les Archets du Roy René jouent Haendel, Telemann, Cimarosa, Respighi, à l’orgue (Chantal de Zeeuw), hautbois (Mireille Lombard) et alto (Mahyar Mivetchian). AIX. Le 20 oct à 19h. Cathédrale St-Sauveur 04 42 21 01 97 06 63 30 94 95

Igor Tchetuev

Le pianiste joue le 3e concerto de Rachmaninov quand l’Orchestre Philharmonique de Marseille (dir. Daniel Raiskin) interprète la Symphonie n°1 «Titan» de Mahler. MARSEILLE. Le 20 oct à 20h. Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr

Argentina Alain Aubin (contre-ténor) et Nicolas Mazmanian (piano) dans Guastavino, Cordero, Piazzolla, Ginestera… L’ESTAQUE GARE. Le 20 oct à 20h30 et le 21 oct à 18h. Réservation impérative 06 60 94 31 07

Orchestre de Cannes

L’ensemble régional (dir. Sergio Monterisi) joue les Symphonies n°83 «La poule» et n°101 «L’horloge» de Haydn et accompagne Edgar Moreau dans son 2e concerto pour violoncelle. ARLES. Le 21 oct à 11h. Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com

www.grim-marseille.com

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Aller simple

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Sibongile Mbambo © Jean-Louis Girard

«Une insolente facilité»

L’Heure exquise

© Troupe Lyrique Mediterraneenne

Dans la foulée d’une représentation à Saint-Chamas (voir p 22) la jeune Troupe Lyrique Méditerranéenne redonne son florilège «déjanté» d’airs d’opéras et d’opérettes. MARSEILLE. Le 21 octobre à 15h au Théâtre du Lacydon 06 60 36 99 09 www.troupe-lyrique.com

Le souffle de vie

Chants sacrés en Méditerranée au Festival Durance Lubéron. Françoise Atlan (voir p 28) et l’ensemble Jubal livrent des chants de femmes issus des trois traditions monothéistes. LA ROQUE D’ANTHÉRON. Le 21 oct à 18h30. Abbaye de Sylvacane 06 42 46 02 50 www.festival-durance-luberon.com/

La botte secrète

Un titre bienvenu que cet opéra bouffe de 1903 signé Claude Terrasse ! C’est que la compagnie Les Brigands a pour spécialité, depuis dix ans, de ressusciter des pépites oubliées de l’opérette française. Parions qu’elle fera mouche derechef avec une mise en scène inattendue… dont elle a le secret ! MARTIGUES. Le 21 oct à 16h. Théâtre des Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr TOULON. Le 24 oct à 20h. Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

AU PROGRAMME

MUSIQUE 45


La pianiste joue Chaminade, Debussy, Ravel, Séverac et Chopin (en partenariat avec le Palazzetto Bru-Zane - Centre de musique romantique française) dans un lieu singulier. Un accueil à découvrir ! ENTRAIGUES-SUR-LA-SORGUE. Le 23 oct à 20h15. La Courroie 04 90 32 11 41 www.lacourroie.org

Gamelan «atomique»

Ne pas reveiller... © X-D.R.

Fruit de la collaboration des Marseillais de Leda Atomica et Gayam 16 (Yogjakarta), Ne pas réveiller avant la fin d’un rêve mixe les musiques indonésiennes (gamelan) et electro-rock, concrète, improvisées, la danse et la vidéo au théâtre d’ombre et de marionnettes. MARSEILLE. Le 23 oct à 21h. Théâtre Toursky 0820 300 033 - www.toursky.org

Rose des vents

Venus de leur point cardinal respectif, le classique Quintette à vent de Marseille mixe ses cor, flûte, clarinette, basson et hautbois aux sax, trombone et trompette de l’Aubagne Jazz Band pour un Concerto et des adaptations d’airs célèbres tirés de dessins animés de Walt Disney. AUBAGNE. Le 23 oct. à 21h. Théâtre Comoedia 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

Enregistrement Lyrinx

Le pianiste italien Vittorio Forte grave son 3e disque (Couperin / Chopin) pour la maison Gambini. Les micros captent sur le vif les arabesques pianistiques comme l’atmosphère particulière du concert. On est prié de faire silence, sans se retenir d’applaudir, naturellement ! CHATEAU-GOMBERT. Le 24 oct à 19h30. Musée du terroir marseillais. 04 91 68 14 38 http://www.musee-provencal.fr/

La Mort Marraine

Une production créée en 2008 dont le succès ne se dément pas. Dès 8 ans, on découvre le conte des Frères Grimm mis en musique par Raoul Lay. Poétique et puissante, la texture sonore aux harmonies inquiétantes, tendrement dissonantes, accompagne la comédienne Julie Cordier dans un étrange récit aux nombreux degrés de lecture. STE-MAXIME. Le 25 oct à 9h30 et 14h30. Le Carré 04 42 99 12 11 www.ensemble-telemaque.com La Mort Marraine. Livre/CD aux éditions Billaudot www.billaudot.com

Fabrizio Maria Carminati

Le «Premier chef invité» de l’Orchestre Philharmonique de Marseille dirige La 38e symphonie «Prague» de Mozart, le Concerto pour violon (Krsti Gjezi) BWV 1042 et le Concerto pour trompette (Anthony Abel) de Haydn. MARSEILLE. Le 26 oct à 20h30. Eglise St-Michel Festival de Musiques Baroques et Classiques 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr

Ciné-Concert

Les aventures du prince Ahmed, film réalisé par Lotte Reiniger est accompagnée par l’OLRAP (dir. Sébastien Billard) sur une musique de Wolfgang Zeller. AVIGNON. Le 26 oct à 20h30. Cinéma Le Capitole 04 90 82 42 42 http://www.opera-avignon.fr

Duo double piano Anne-Céline Barrère et Nicolaï Maslenko se partagent, à quatre mains, des partitions fabuleuses et féeriques signées Ravel (Ma mère l’Oye) ou Stravinsky (Petrouchka)… BRIANÇON. Le 26 oct à 20h30. Théâtre du Briançonnais 04 42 25 52 42 http://www.theatre-du-brianconnais.eu © Katerine Kikoine

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Vanessa Wagner

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AU PROGRAMME

46 MUSIQUE

Cordes en Fayence

Les amateurs de quatuors à cordes prennent la route de l’arrière pays de St-Raphaël et ses villages perchés pour entendre, à l’automne, des ensembles parmi les meilleurs du genre : en 2012, les Quatuors Ysaÿe (qui joue l’intégrale des Quatuors de Beethoven) et Rosamonde parfois augmentés de prestigieux «guest friends». PAYS DE FAYENCE. 27e Festival de Quatuors à cordes. Du 27 oct au 3 nov. 04 94 76 02 03 http://quatuors-enpaysdefayence.com/

Amnesty International Le Chœur de l’Opéra (dir. Aurore Marchand) chante pour l’association. AVIGNON. Le 27 oct à 17h30. Opéra-Théâtre 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr

Orfeo

Chef-d’œuvre de Monteverdi inaugurant l’ère baroque, considéré comme le premier véritable opéra de l’histoire de la musique. AVIGNON. Le 31 oct à 20h30. Opéra Théâtre 04 90 82 42 42 http://www.opera-avignon.fr

Krsti Gjezi

Orchestre philharmonique de Marseille © Christian Dresse

Le violoniste joue le Concerto de Tchaïkovsky quand l’Orchestre Philharmonique de Marseille (dir. Fabrizio Maria Carminati) interprète son Ouverture solennelle 1812 et Les Fontaines de Rome de Respighi. MARSEILLE. Le 4 nov à 17h. Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr Orchestre philharmonique Marseille

Trio Mescolanza

«A l’aube du baroque» : Dufay, Dowland, Monteverdi… par Julien Ferrando (claviers), Jean-Michel Robert (luths) et Benoît Dumon (contre-ténor). CASSIS. Le 4 nov à 17h30. Eglise St-Michel AIX. Le 10 nov à 20h30. Eglise du St-Esprit 06 09 24 16 52

Salle ouverte

Inauguration de la Salle Musicatreize au 53 rue Grignan. Trois concerts les 8, 9 et 10 nov à 20h (voir p 44). MARSEILLE. Musicatreize 04 91 00 91 31 http://www.musicatreize.org/


L’ensemble de musique baroque interprète L’Estro Armonico de Vivaldi. GAP. Le 9 nov à 20h30. Théâtre La Passerelle 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu MARSEILLE. Le 15 nov à 20h. Basilique Saint-Victor. 46ème festival à Saint-Victor (voir p 44). 04 91 05 84 48 http://saintvictor.chez.com/

Les Franglaises

© Thierry Tassin

La compagnie Les Tistics reprend traduit et détourne malicieusement, à 12 voix, des tubes de la chanson anglophone. Une revue mêlant musique, théâtre et danse ! MARTIGUES. Le 11 nov à 16h. Théâtre des Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Clarinette & piano

Paul Meyer et Eric Le Sage dans Schumann, Brahms, Poulenc, Debussy, Bernstein. MARSEILLE. Le 13 nov à 20h. Auditorium Faculté de médecine. 04 96 11 04 60 www.musiquedechambremarseille.org

Mes baroques favoris Vol IV

La série de concerts se poursuit avec sa guirlande de compositeurs de l’Europe des XVIIe et XVIIIe siècles d’ici et d’ailleurs : de Vivaldi à Gautier, Villeneuve à Haendel par Guy Laurent (flûte, chant, récitant), Annick Lassalle (viole) et Corinne Bétirac (clavecin). AIX. Le 13 nov à 20h30. Temple rue de la Masse. 04 42 99 37 11 www.orphee.org

Ferenc Vizi

Le pianiste joue le 1er Concerto de Tchaïkovski et celui de Grieg en compagnie de l’Orchestre Philharmonique de Targu-Mures (Transylvanie). TOULON. Le 13 nov à 20h30. Palais Neptune 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com

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Café Zimmermann

Romano Pallottini

Le pianiste dans Mozart, Schumann et Brahms. CARRY. Le 13 nov à 20h30. Espace Fernandel 04 42 44 64 01 www.moments-musicaux-de-carry.fr

Lawrence Foster

Le nouveau Directeur musical de l’Opéra de Marseille dirige le Concerto pour cor (Julien Desplanque) et trombone (Julien Lucchi) de Michael Haydn et la Symphonie concertante pour hautbois (Armel Descotte), basson (Frédéric Baron), violon (Augustin Bourdon), violoncelle (Elisabeth Groulx) et orchestre de Joseph Haydn. MARSEILLE. Le 14 nov à 20h30. Eglise St-Michel Festival de Musiques Baroques et Classiques 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr

Sopraniste

Benjamin Alexandre dans un programme, essentiellement a cappella, courant de Pergolèse à E. Morricone… MARSEILLE. Le 15 nov à 20h30. Eglise St-Augustin (12e)

Orchestre National de Barbès

Musiques improbables issues de nulle-part… et de partout, de faubourgs urbains kaléidoscopiques : jazz, rock, raï, chant gnawa, reggae et rap fondus aux épices du Maghreb. TOULON. Le 15 nov à 20h30. Théâtre Liberté 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr Dans le cadre des Rencontres méditerranéennes

Orchestre National de Barbès © X-D.R.

C.N.I.P.A.L.

Les jeunes voix du Centre National d’Insertion Professionnelle d’Artistes Lyriques. MARSEILLE. Les 15 et 16 nov à 17h15. «L’heure du thé» 04 91 18 43 18 AVIGNON. Le 17 nov à 17h. «Apér’Opéra» 04 90 82 42 42 TOULON. Le 21 nov. à 19h. «L’heure exquise» 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr


Pasino : Joe Jackson & The Bigger Band (24/10) 04 42 59 69 00www.casinoaix.com

Théâtre et Chansons : « La Commune de Paris » par Corentin Coko (27 et 28/10) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com

Seconde Nature : I:Cube + Paul (19/10), Conforce + Sébastien Bromberger (26/10) 04 42 64 61 01www.secondenature.org

ARLES Cargo de nuit : Mike Stern + Didier Lockwood Band (25/10), Dafuniks (26/10), Gérard et les stars (3/11), Absynthe Minded (9/11) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com

AUBAGNE Escale : Yoanna + 5 avenues (20/10), The Magnets + Lied (27/10), Groovators (9/11), MC2 (15/11) 04 42 18 17 18 www.mjcaubagne.fr

Comoedia : Sarvil, l’oublié de la Canebière par les Carboni (17/10), Carmen Maria Vega (20/10), Bons cailloux de Crocassie (30 et 31/10) 04 42 18 19 88www.aubagne.fr

AVIGNON AJMI Jam Session #1 (18/10) Masterclass avec Jim Black et Carlos Bica trio Azul (20/10) Christophe Monniot Trio Ozone (26/10) Jazz Story #1 Le ModernJazzTwo+3 (6/11) Frederic Borey 4tet (9/11) Jam Session #2 (15/11) Guillaume Seguron trio (16/11) 04 90 860 861www.jazzalajmi.com

Passagers du Zinc : Apéro concert We Make Believe (18/10), Mix de Chambre + Redrum Show + Symphonies Urbaines (19/10), Zoufris Maracas + Petite Musique (26/10), Alexik HK + Fausta (27/10), Anthony B (1/11), Tinariwen (9/11) 04 90 89 45 49 www.passagersduzinc.com

BAUX-DE-PROVENCE La Citerne : Trio Chemirani (21/10) 04 90 54 34 39

04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com

BRIANÇON Théâtre du Briançonnais : Fantasia Orchestra (20/10), Duo double piano (26/10) 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

CAVAILLON Scène Nationale : Missa Gotica (18/10), Tassili (9/11) 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

CHÂTEAU-ARNOUX Théâtre Durance : Gregory Porter (18/10) 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Akwaba : Odezenne + Mim & Entek (20/10), Somm T + Dub 4 + Welders Hi Fi & Conquering Sound (27/10), Bumcello + Armelle Ita (14/11) 04 90 22 55 54 www.akwaba.coop

DIGNE Centre culturel René Char : Rencontre Internationale Accordéon et Culture (25 et 28/10), Ubayan Crew (2/11), Cabadzi (3/11), Opus Néo I, Piano et Méditerranée (9/11) 04 92 30 87 10 www.sortiradigne.fr

DRAGUIGNAN Théâtres en Dracénie : Barbara Carlotti (20/10), Eric Chenaux (24/10) 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

GAP La Passerelle : Chemin de la belle étoile (21 au 26/10) 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

HYÈRES Théâtre Denis : Eric Lareine + Ottillie B (8/11) 04 94 35 38 64

Trio Journal Intime Lips on Fire et Pierrick Pedron Kubic’s Monk(26/10) 04 94 007 880 www.jazzaporquerolles.org

ISTRES L’Usine : Aqme + Sidilarsen (19/10), Plateau pub rock légend (20/10), Gong (26/10), Alan Stivell (27/10), General Elektriks (9/11), Ariane Moffatt (10/11) 04 42 56 02 21-www.scenesetcines.fr

Théâtre de l’Olivier : Suzanne Vega (23/10) 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

LA CADIERE d’AZUR Espace Culturel Pas Dam’s 5tet (20/10) 06 81 82 57 57 www.ot-lacadieredazur.fr

LA SEYNE sur MER Fort Napoléon - ArtBop Chansons Françaises en 4tet (26/10) 0494 094 718 www.ot-la-seyne-sur-mer.fr

LE PRADET Espace des Arts : Les Plaisirs solitaires de Chloé Lacan (20/10) 04 94 08 69 48-www.le-pradet.fr

LE THOR Sonograf’ : Honey Hush (31/10), The Excitements (10/11) 04 90 02 13 30www.lesonograf.fr

MARSEILLE Cabaret Aléatoire : Niveau Zero + Son of Kick + Tambour Battant + The Unik + MC2 (19/10), Naive New Beater + Rich Aucoin (25/10), Darkness Falls + Les Ziris + Anticlimax (27/10), Dj Shadow (29/10), Nada Surf (31/10), Telerama Dub Festival#10 avec Dub Invaders + Zenzile + Basscrafters + T.I.T. (9/11), Festival les Inrocks avec Spiritualized + The Maccabees + Citizens ! + Team me (10/11) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com

Cinéma Alhambra Projection film Michael Radford Michel Petrucciani Body&Soul (19/10) 04 91 46 02 83 www.alhambracine.com

Cité de la Musique : L’Immobile voyage (19/10), L’Âme nue (9/11) 04 91 39 28 60 www.citemusique-marseille.com

Cité de la Musique - Auditorium Marèn Berg-Olivier Rivaux-Pierre Kellner (19/10) 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Cri du Port Carlos Bicca trio Azul (21/10) 04 91 505 141-www.criduport.fr

Creuset des Arts Alert’O’Jazz (21/10) 04 91 06 57 02 www.creusetdesarts.com

Dan Racing : M&Men’s (19/10), Creepy Cat’s Cadillac + The Silician Disasters (20/10), DaBF (26/10), Cancel (27/10), The Depool (2/11), Douze + Addict (2/11), Bazhard (9/11), Taxi Drivers (10/11) 06 09 17 04 07http://guitarjacky.free.fr

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04 42 27 08 75www.aixqui.fr

BERRE L’ETANG Forum de Berre : Chloé Lacan + Mardjane Chemirani (19/10)

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AIX Aix’qui ? : Festival itinérant Tour du Pays d’Aix avec Tony Allen, Fishbone, Imhotep, Triptik, Monogrenade, Lo’Jo, The Bewitched Hands, Shantel… (31/10 au 17/11)

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AU PROGRAMME

48 MUSIQUE

Espace Hypérion Cascino trio (18/10) 04 91 49 27 88

Espace Julien : Sébastien Tellier + Saint-Michel (18/10), Festival Wolfest (20 et 28/10, 10/11), Andy McKee’s Guitar (24/10), Festival Jazz sur la ville avec Mike Stern + Didier Lockwood band Alain Caron + Lionel Cordew (26/10), Soan (30/10), Fink + Rae Morris (8/11), Assassin (9/11), Tremplin Emergenza (11, 15 et 23/11), The Touré Raichel Collective (13/11) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com

Nomad Café : Le Mur du Son (9/11) 04 91 62 49 77-www.lenomad.com

La Criée : Le Velvet de Rodolphe Burger (20/10), The Tiger Lillies (21/10) 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Latté Cathy Favre trio (19/10) Retour des Tontons Flingeurs (20/10) Rémy Abram trio (26/10) Jujalula duo (27/10) 09 82 33 19 20 www.lattemarseille.com

La Meson Mathieu Sourisseau & Etenesh Wassié (20/10) 0491 501 161www.lameson.com

Le Perroquet Bleu Alert’O Jazz (2/11) www.le-perroquet-bleu.com

La Machine à Coudre : Hoods + Dirty Wheels (17/10), Moondawn + J. Von Corda + Cavale (20/10), JC Satan + Dos Hermanos (25/10), Countdown to Armagedon (26/10), Babycart (27/10), Dum Dum Boys (1/11), Heyoka + The Boring + Plaine Grasse (2/11), Hobo Erectus + Revolver Club (2/11) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com

Le Dôme : Tryo (26/10) 04 91 12 21 21

Le Moulin : Royal Republic + Kopek (16/10), La Rumeur (19/10), Bonapar te (8/11), Izia (9/11), Irma (10/11), School is cool (14/11) 04 91 06 33 94 www.lemoulin.org

Le Paradox : Kafra + Duval Mc & Toma wok (20/10), Pierpoljak & Taya (26/10), Back for beer tour Tribute Beatles (27/10), Sons of Gaïa (10/11), Electric Mary (13/11), Gainsbourg Confidentiel (14/11) 04 91 63 14 65 www.leparadox.fr


49

Bousculade d’étoiles

Le Poste à Galène : Kami + Colorful (19/10), Buridane (20/10), The Devil Dogs (21/10); Hidden Orchestra (24/10), Ceremony (26/10), Lescop (2/11), Absynthe On n’aura pas le choix, il faudra les faire toutes, les Minded (8/11), Joy Wild (9/11), The Members soirées de la Fiesta des Suds. Comment choisir entre la dernière création de Goran Bregovic dédiée aux (11/11), Shearwater (13/11) Gitans, les retrouvailles des vétérans du chaâbi de 04 91 47 57 99 la Casbah d’Alger avec El Gusto, le nouveau prodige www.leposteagalene.com du jazz afro-cubain Roberto Fonseca et le Le Silo : Marcus Miller (18/10), Melody Gardot (15/11) phénomène électro-rock français Shaka Ponk ? Et ces têtes d’affiche ne sont que la vitrine d’une 04 91 90 00 00 programmation plus audacieuse qu’il n’y paraît. www.silo-marseille.fr Collectionneur de disques et dj précurseur du style Mextronica, Camilo Lara a révolutionné le son Rouge Henri voit Rouge (HvR) avec Philippe Troisi Trio d’Amérique centrale avec le groupe Mexican Trajectoires (19/10) La Mensuelle Musicale#3 (24/10) Institute of Sound. Un mélange de cumbia, de hip hop latino et de mariachis sur des textes militants. HvR avec John Massa 4tet (25/10) Depuis plus de trente ans, les Réunionnais de 04 91 07 00 87 Ziskakan façonnent un maloya poétique et www.jazzaurouge.musikmars.com moderne. Cette musique, fruit d’un lent métissage entre Africains, Européens, Indiens et Chinois, Roll’ Studio porte en elle les fondamentaux de la créolité. TrioW.A.B(3/11) Al Benson Jazz Band(10/11) Mulatu Astatke n’est pas moins que le pionnier de 04 91 644 315l’éthio-jazz. Un genre, né sur les scènes d’Addiswww.rollstudio.fr Abeba dans les années 60, qui mélange les instruments traditionnels d’Ethiopie aux rythmes MAUBEC La Gare : Monogrenade (23/10), Soirée Trempoly caribéens et aux envolées jazzy. Mais comme bien des artistes de son rang, ce quasi-septuagénaire a (2/11), Soirée Tour de Chauffe (9/11) rencontré la reconnaissance internationale sur le 04 90 76 84 38 tard, notamment grâce à la bande originale du film www.aveclagare.org Broken Flowers de Jim Jarmusch, en 2005. Principe irréversible de la Fiesta, financée PORT-DE-BOUC massivement par le Conseil général des BouchesLe Sémaphore : Youn Sun Nah (9/11) 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

SAINTE-MAXIME Le Carré : Jean-Jacques Milteau et les Palata Singers (20/10), La Mort Marraine par l’Ensemble Télémaque (25/10), Princesses oubliées ou inconnues par Catherine Vaniscotte (13/11) 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

SALON-DE-PROVENCE Portail Coucou : Divine Paiste + The Sophia (27/10) 04 90 56 27 99 www.portail-coucou.com

SIX-FOURS Espace Malraux : Orelsan + Odezenne (19/10), Camille (29/10), Anthony B + Meta & The Cornerstones (31/10) 04 94 74 77 79 www.espace-malraux.fr

TOULON Oméga Live : Kavinsky + Podof + Cyperpunkers + We are enfant terrible (27/10) 04 98 070 070 www.tandem83.com

Tandem : Les Yeux d’la Tête + Georgia Brown à la salle d’activités de Flayosc (19/10) 04 98 070 070-www.tandem83.com

VITROLLES Moulin à Jazz Sébastien Llado 4tet (20/10) Quartet Novo (10/11) 04 42 796 360 www.charliefree.com

du-Rhône, les Marseillais et Provençaux ont les honneurs avec Shurik’N, Nevchehirlian, Gari Greù, Naïas, Deluxe et une armada de dj’s. Sans oublier les autres valeurs sûres de cette édition : Ernesto Tito Puentes, Zebda, Dionysos ou encore Antibalas. Les enfants ne sont pas oubliés avec la Fiesta des Minots, le mercredi 24 après-midi, à laquelle les 614 ans assurent eux-mêmes une partie du spectacle. Et pour ceux qui n’en ont jamais assez, la soirée We Are Together, le 31, fera office d’after officiel avec des pontes de l’électro française tels que Laurent Garnier et Birdy Nam Nam pour danser jusqu’au bout de la nuit. THOMAS DALICANTE

La Fiesta des Suds se déroule les 19, 20, 24, 26, 27 et 31 oct au Dock des Suds, Marseille

Shaka Ponk © Nicolas Patault

Un rêve d’Indonésie Phil Spectrum et son équipe du Leda Atomica nous ouvrent un univers sans fin d’humour et de fantaisie, où le Gamelan javanais, les instruments rares, la danse classique javanaise et la danse contemporaine et les musiques nouvelles s’entrecroisent. C’est le fruit d’une collaboration franco-indonésienne de plus de 10 ans entre Leda Atomica et Gayam 16 (à Yogjakarta), que rejoint le Théâtre Marie-Jeanne spécialisé dans le masque et la marionnette. Danseurs, acteurs, musiciens et marionnettes s’emparent du songe d’un dormeur (la légende des 7 dormants) pour un théâtre d’illusion lyrique et fantasque. À suivre, du 18 nov au 4 déc, la 4e édition des Inovendables à l’initiative de Leda Atomica Musique qui réunit des musiciens d’horizons divers

(Belladona 9ch, Mekanik Kantatik, Radio Babel Marseille…) et s’ouvre à la scène internationale avec des musiciens venant d’Albanie.

Samba Nova

R 09

De retour d’une escale londonienne, la venue de Marcos Sacramento dans le sud de la France ne doit pas passer inaperçue pour les amoureux de la samba, mais également pour tous ceux qui souhaitent découvrir un des grands interprètes de la musique populaire brésilienne. Entouré de trois musiciens d’expérience à la contrebasse, les percussions et la guitare, l’une des voix brésiliennes les plus singulières livrera un show vocal et scénique loin des clichés carnavalesques du genre à la Cité de la Musique (le 27 nov) mais également au Cedac de Cimiez sur les hauteurs de Nice (24 nov) et à l’Espace des Arts du Pradet (26 nov). Une occasion de profiter de son timbre puissant. La première partie sera assurée par le duo Luzi Nascimento, autre valeur sûre ! F.I.

La 9ème édition des Rencontres internationales des Arts Multimédias aura lieu du 16 au 28 oct aux Demoiselles du Cinq, la Friche, les Grands Terrains, Skylab, l’Embobineuse, Diagonales 61, Vidéochroniques et Seconde Nature. La venue de Saul Williams et du réalisateur Alain Gomis (28 oct) constitue l’évènement de ce festival tout comme les expériences «à voir et à entendre» de Nicolas Maigret (25 oct). Entre installations à découvrir (notamment le Brainstorming de Michaël Sellam), concerts, films et même afters (chez les Demoiselles du Cinq), la programmation du Riam 09 prend encore de l’épaisseur. F.I. www.riam.info

Ne pas réveiller avant la fin du rêve le 23 oct Théâtre du Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org le 26 oct Piolenc le 27 oct Théâtre du Rond Point, Valréas 04 90 35 21 45

www.saravabrasil.com

un gratuit qui se lit... aussi sur internet !

AU PROGRAMME

MUSIQUE


50

LIVRES

LITTÉRATURE

L’émotion de l’écrit Les pieds sur terre, ça vous dit quelque chose ? Si oui vous vous régalerez à la lecture de ces histoires choisies par Sonia Kronlund, la productrice de cette émission de France Culture (13h30 à 14h en semaine), sinon vous vous régalerez aussi, et vous aurez, en plus, veinards !, l’occasion de vous brancher sur les ondes de ladite radio pour la découvrir… Le passage de ces documentaires radio -qui ont fêté leurs 10 ans au mois de septembre 2012- au format papier n’enlève rien à la force de ces témoignages «de gens simples que l’on dit ordinaires […] mais qui sont les personnes les plus surprenantes qui soient» et à qui Sonia Kronlund rend hommage : «Elles ne s’écoutent ni penser ni parler, disent tout, tout de suite, sans fausse pudeur, ni honte, confiantes et sachant qu’on saura les aimer et les rendre plus belles qu’elles ne sont, si c’est possible.» La parole libre que l’on retrouve à la lecture de ces «nouvelles du réel», brutes ou empreintes de poésie, et que

votre propre souffle mettra en forme, n’est parasitée d’aucun commentaire, ce qui permet l’appréhension directe des propos, surprenants, émouvants, militants…, et paradoxalement très sonores. Ces 44 «portraits de langue» de quelques pages chacun, extraits des quelques 2 500 que compte l’émission et choisis «dans un souci d’équilibre historique, humoristique et politique», révèlent un certain état d’âme de la France qui concerne tout un chacun. DOMINIQUE MARÇON

Les Pieds sur terre Sonia Kronlund Actes Sud, 22 € Sonia Kronlund était présente lors du festival Les Littorales à Marseille

Éloge de la femme mûre «Je me suis sans doute éraflé la joue. Elle me brûle. Ma mâchoire me fait mal. J’ai renversé un vase en tombant, je me souviens l’avoir entendu exploser sur le sol et je me demande si je ne me suis pas blessée avec un morceau de verre, je ne sais pas. Le soleil brille dehors. Il fait bon. Je reprends doucement mon souffle.» D’entrée, l’attente est suscitée. Mais ce que l’on apprendra quelques pages plus loin, c’est que Michèle, la narratrice, bientôt 50 ans, n’a pas fait une chute anodine. Elle vient de subir un viol, chez elle, dans la maison cossue qu’elle habite dans une banlieue non moins cossue, en plein milieu d’après-midi… Et c’est là que cela devient intéressant : Michèle fait l’état des lieux froidement, décide de ne pas porter plainte, de n’en parler à personne, elle dissimule ses ecchymoses sous des couches de maquillage et s’équipe afin de pouvoir se défendre efficacement à l’avenir. Mieux (ou pire ?) : plus tard, elle retrouvera son violeur et couchera avec lui. Pour la première fois,

Philippe Djian donne la parole à une femme. Et quelle femme ! Une qui se relève, une qui affronte (et le viol augural n’est que le premier épisode d’une longue série de crises et de deuils), une qui ne s’apitoie ni sur elle, ni sur les autres, surtout pas sur les autres ! Une garce magnifique, dont Djian met habilement à jour les douleurs secrètes et les contradictions, dans un roman au tempo emballant et aux dialogues ciselés. Et tant pis (ou tant mieux) pour les caricatures -certains personnages secondaires- et les exagérations du scénario. Le romancier revendique son droit à l’entertainement. Et le lecteur y trouve largement son compte. FRED ROBERT

«Oh…» Philippe Djian Gallimard, 18,50 €

Philippe Djian était présent aux Correspondances de Manosque

Nous vivons une époque moderne Depuis le début des années 2000, Emmanuelle Pireyre construit une œuvre originale, à la croisée du roman, de l’essai sociologique ou philosophique, et de la poésie. Une œuvre composite, faite de textes assemblés selon une logique qui ne saute pas d’emblée aux yeux mais dont le montage fait sens, insidieusement, délicieusement, faisant subrepticement voler en éclats nos us et coutumes contemporains. Une œuvre déroutante et jubilatoire, bourrée d’humour et d’intelligence, que l’auteure se plaît à mettre en scène lors de conférences-performances, que le public manosquin et marseillais a pu récemment apprécier. Féérie générale, tel est le titre de son dernier ouvrage. Tout un programme, qui se développe en réponse à 7 questions aussi étranges que «Comment laisser flotter les fillettes ?» ou «Friedrich Nietzsche est-il halal ?». 7 «chapitres» donc, comme autant d’épisodes d’une sorte de série consacrée au rapport de l’individu à la société actuelle,

mondialisée et hyper connectée. Chaque épisode débute à la façon d’un conte contemporain plutôt déjanté et se poursuit avec une distribution loufoque des personnages ; après cette manière de générique se succèdent des textes, anecdotes personnelles, bouts de fiction, parodies d’analyses, récits de rêves ; on y trouve aussi des extraits de chats, des photos, et même une «collection de baisers». Sur ce drôle de carrousel tourne une foule de personnages, qui apparaissent, s’en vont, reviennent plus loin, des gens, souvent des jeunes filles, qui ont choisi d’affirmer leur différence et leur insoumission. Une voie à suivre, que suggère avec subtilité ce texte brillant. F.R.

Féérie générale Emmanuelle Pireyre L’Olivier, 19 €

Emmanuelle Pireyre a présenté une performance inspirée de Féérie générale dans le cadre d’actOral à Marseille, ainsi qu’à Manosque


LIVRES

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Sacré cafard S’il ne s’est pas réveillé transformé en insecte comme Gregor Samsa, le personnage de Kafka, Mana Neyestani a vu son existence métamorphosée par un cafard. Un cafard de papier. Auquel il avait eu le malheur de faire prononcer un mot azéri, dans une BD pour enfants. Sauf que voilà, on est en Iran, en 2006. Mana Neyestani travaille depuis deux ans pour le supplément jeunesse d’un hebdomadaire national ; dans un épisode, il imagine son jeune héros aux prises avec un cafard. Hélas, c’est lui qui va se retrouver aux prises avec l’insecte récalcitrant. Car on est en Iran, en 2006. Les minorités ethniques sont maltraitées par le régime, en particulier les Azéris du nord du pays. L’innocent dessin est mal perçu dans cette région ; des troubles éclatent, que le pouvoir central s’empresse d’écraser. Trop de victimes. Il faut des boucs émissaires ; ce seront Mana, et certains de ses collègues. Dans une longue autobiographie graphique (16 chapitres), Neyestani relate la situation

kafkaïenne qui a été la sienne depuis le moment où son rédacteur en chef lui a signalé qu’il y avait un petit souci jusqu’à celui où ils sont parvenus, sa femme et lui, à quitter le pays. Plusieurs mois de cauchemar, que le dessinateur retrace d’un crayon incisif. Un noir et blanc rageur, des cadrages percutants. On est loin du réalisme, malgré l’épaisseur du vécu. Comme si toute la colère du dessinateur, face à la mauvaise foi des juges et du système, à la corruption galopante et à tout ce qui l’a contraint à fuir son pays, se concentrait dans ce dessin expressif et tendu. Aussi tendu que les relations des médias et du pouvoir en Iran. FRED ROBERT

Une métamorphose iranienne Mana Neyestani Arte éditions, 20 €

Le dessinateur iranien, qui vit actuellement en France, était (est) invité à Marseille dans le cadre des Littorales.

Filles de leurs mères Paru en mars dernier et couronné du prix Lilas 2012, le dernier roman de Nathalie Kuperman, Les raisons de mon crime, s’avance masqué derrière un titre qui pourrait l’assimiler à une autofiction policière. Ce qu’il n’est pas. Ce titre énigmatique ne prendra sens qu’à la toute fin du livre, au bout de cette histoire de liens. Marianne, la narratrice, a retrouvé sa cousine Martine, perdue de vue depuis l’adolescence. De ces retrouvailles naît l’idée obsédante d’écrire «un livre sur elle, sur nous». Martine accepte ; pour une fois qu’on s’intéresse à elle ! Alors, de rencontre en rencontre, elle se livre. La Martine superbe des étés entre cousins n’est plus : grosse, alcoolique, cassée de partout, sensible aux idées du FN, forte en bravades et en sentimentalité larmoyante, elle est une incarnation de la bofitude. Avec moult détails sordides (pas mal d’humour aussi), elle assène à Marianne leur histoire familiale commune, lourde à

souhait, pleine de femmes fortes mais terribles. Elle lui renvoie aussi l’image d’une précarité qui la terrorise. Marianne s’englue ; pourtant, elle poursuit l’expérience, mue par «le désir de [se] rapprocher de [son] histoire, de [sa] famille, de [sa] mère». Dans ce texte sans doute très autobiographique, -le terme «roman», encore un écran-, Nathalie Kuperman analyse sans concession le processus de fascination et d’identification, le sentiment de culpabilité, ainsi que la maïeutique perverse que la narratrice met en œuvre pour, des mots de Martine, faire son livre à elle. Troublant.

À noter Nathalie Kuperman était présente à Marseille (Chapelle de la Vieille Charité) dimanche 14 octobre pour une rencontre croisée avec Belinda Cannone, dans le cadre des Littorales 2012

F.R.

Les raisons de mon crime Nathalie Kuperman Gallimard, 17,90 €

Ithaque ou l’art des exils C’est en maniant une distance subtile que Santiago H. Amigorena nous offre un nouveau pan de la biographie de son personnage homonyme. Car l’ouvrage présente toutes les caractéristiques de l’autobiographie, mais s’intitule roman. L’auteur se plait à nous égarer, dans les jeux de miroir sans fin d’une écriture fluide délicieusement paradoxale, qui se construit et se déconstruit tout à la fois. Le narrateur, quitté par son premier amour, Philippine, pleure, écrit, s’enferme dans une délectation morose qui cherche à atteindre la perfection amoureuse dans l’absence de l’autre. Écriture de l’oubli, de l’exil, des exils, géographiques, sentimentaux, quête de soi, de l’autre, lieux arpentés qui ne disent que l’absence de l’autre… Les pans textuels se mêlent, voix du narrateur, lettres inlassablement à l’aimée, poèmes… Incantatoire par la réitération des anaphores («je me souviens» à la manière de Perec), l’écriture permet au narrateur une introspection fine où s’analyse le sentiment amoureux. Dans l’absence de l’autre, il est possible d’atteindre la perfection amoureuse. Culte de l’instant vertical, où les temps et les lieux se fondent, se confondent… les mots jouent, se jouent, paronymes, les sens glissent en pirouettes.

L’écriture, incessante, est mise en scène, théâtralisée, et devient une respiration évidente. L’insularité est essentielle aussi dans la géographie complexe du roman, Paris, Amérique Latine, Grèce, Rome, Venise… mais surtout l’Ile Saint-Louis à Paris, Patmos en Grèce (sans compter Paxos et des recettes hilarantes !) et en trame essentielle, Ithaque, le poète Constantin Cavafy, qui rappelle que l’île elle-même n’est pas importante, mais le voyage qui a conduit jusqu’à elle, riche et fructueux. Tentation littéraire aussi, Ulysse de Joyce sous le bras, de réitérer La Recherche proustienne, avant d’en sourire, même si certains personnages connaissent des échos, Philippine/Albertine ? Nous suivons le narrateur pendant ses quatre années, où peu à peu la douleur devenue objet littéraire, s’estompe et laisse la place à la possibilité de nouvelles amours. Une métaphore somptueuse de l’art, une réflexion sur l’écriture ses failles, ses paradoxes, ses impossibilités, son universalité. Qu’estce que la vérité du souvenir, du passé, sinon l’œuvre elle-même ? MARYVONNE COLOMBANI

La première Défaite Santiago H. Amigorena POL, 25 €


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LIVRES

LITTÉRATURE

Les flammes invisibles Le dernier roman de Mathias Énard, Rue des voleurs, nous entraîne dans un récit à la première personne écrit avec un remarquable sens de la phrase, de ses capacités à traduire les méandres de la pensée. Le style s’affine au fur et à mesure que le héros progresse, se dégageant peu à peu de la gangue obscure qui l’entoure. Le narrateur, c’est Lakhdar, le nom a deux sens, «vert», mais aussi «prospère», précise-t-il à Judit, une étudiante espagnole qu’il rencontre à Tanger, sa ville natale. Elle changera son regard sur le monde qui l’entoure, lui fera découvrir la littérature arabe, sa poésie. Lui, en rupture, fuyant sa famille depuis qu’il a «fauté» avec sa cousine, errant sans but dans les rues de Tanger, accompagné parfois de Bassam, son ami d’enfance qui va se laisser happer par les sirènes intégristes, trouvera sans cesse la force de continuer à vivre, à rêver et espérer. Modelé par ses lectures, il connaît un destin hors du commun, entretenant une relation toujours étrange avec l’écriture, copie de livres, puis de listes de héros de la guerre morts, commentaires sur les écrivains et les poètes, comme «Sayyâb le triste, mort d’une maladie étrange dont seuls

savent mourir les poètes», lettres cybernétiques, l’ouvrage lui-même que nous avons entre les mains, long monologue, immense retour en arrière où les souvenirs se teintent d’une douce ironie, un passé révolu qui se raconte, s’explique, résiste aux «si». Le personnage va d’Afrique en Europe, c’est la Révolution, le printemps arabe, la crise européenne, les regards que les deux rives se portent : les erreurs de jugement, les ignorances, les préjugés, l’union par la grâce de la littérature, de l’art. Aucun cliché ne résiste dans ce livre au style dense et fluide, d’une poésie qui ne se pose jamais en voile pudique, mais révèle. Les mots sont la plus juste vérité humaine. «Je suis ce que j’ai lu, je suis ce que j’ai vu, j’ai en moi autant d’arabe que d’espagnol et de français, je me suis multiplié dans ces miroirs jusqu’à me perdre ou me construire, image fragile, image en mouvement.» Un roman superbe. MARYVONNE COLOMBANI

Rue des voleurs Mathias Énard Actes Sud, 21,50 €

Mathias Énard était présent aux Correspondances de Manosque les 27 et 28 septembre

La somme des hasards Cela commence comme un orchestre qui s’accorde. On suit différents personnages qui, sans aucun lien entre eux, appartiennent chacun à des strates différentes de la société. Leur point commun est de se trouver au Brésil, pas loin de l’Équateur, où les vents des deux hémisphères convergent et s’inversent... Insensiblement, l’intrigue rocambolesque les rapproche, d’une prison de haute sécurité aux sphères de la haute finance, ou du journalisme télévisuel à grande audience, en passant par les bas-fonds et la classe moyenne. On retient en fil conducteur la quête de la bien-aimée, bien sûr baptisée Hélèna, mais les intrigues sont multipliées par le nombre de personnages. Pourtant ces histoires enchevêtrées ne constituent pas l’essentiel du roman : le personnage principal c’est en fait le Brésil, immense, complexe, riche d’histoire, de littérature, de paysages. On découvre au détour des pages des groupes de réflexion

C’est du beau

Madec Macand a disparu dans un village de vacances en Toscane et le pape au même titre que Yannick Noah s’en mêle ! En réalité ou en vérité, comme vous voulez, il est mort empalé au niveau du cou sur une fourchette à viande et sur ce point lisez la préface ou l’avertissement signé A.D., initiales de l’auteur, qui y déploie une culture allègre des problématiques du roman. Arthur Dreyfus a 26 ans, toutes ses dents et son deuxième roman, déjà prix Orange, «plaira» comme l’assènent les agences immobilières non sans un brin d’anxiété. Fascination pour le fait-divers n’est pas péché de jeunesse -Flaubert et Stendhal en ont fait le fondement de leur œuvre- et par les temps qui courent la chronique alimente volontiers la littérature. L’arnaque à l’enlèvement et les interrogations sans fin, personne n’y a échappé en 1997 avec l’affaire Maddie Mc Cann ; Belle Famille en revisite la forme ; crée une figure à la fois vraisemblable et caricaturale de mère coupable par trop de sang froid, cardiologue sans cœur d’une efficacité terrifiante, une Mme Lepick qui aurait

qui analysent finement la situation politique et économique du pays, une librairie où les libraires n’ont pas besoin de mémoire informatique, et où les clients lettrés sont de véritables encyclopédies. Tous les grands écrivains sud-américains sont convoqués, Borges et sa fabuleuse conférence sur l’immortalité, prononcée au même moment qu’un grand match de football, autre élément essentiel de l’ouvrage ! On se laisse emporter par la verve des personnages, la richesse des références. Peu importe que les héros se retrouvent ou pas, l’essentiel, c’est le parcours ! Sébastien Lapaque signe avec La convergence des alizés un roman dense et passionnant. M.C.

La convergence des alizés Sébastien Lapaque Actes Sud, 21,80 €

perdu son Poil de Carotte, ose éliminer un petit Madec fort attachant à la p. 75 et s’égare un peu dans les marges romanesques (personnages secondaires à la loupe et à la louche ; tout est bon pour se livrer au plaisir de l’écriture semble-t-il…) avec une gracieuse désinvolture. L’humour grinçant mène la danse ; les situations proches de la BD ou du dessin animé se répètent parfois au delà du raisonnable mais comment garder visage sévère devant ce réalisme radical qui donne à voir ainsi un père face à la vérité : «Il vomit sur son clavier. Un grain de riz à moitié digéré s’insère entre les touches R et T.» Potache ? Plume au vent ? Séduisant et très très intelligent ! MARIE-JO DHO

Belle Famille Arthur Dreyfus Gallimard, 17,90 €

L’auteur était présent aux Littorales le 14 octobre (cinéma Le Miroir)


Une île, une rivière, quatre pêches Au début, il y a le rêve de vacances, d’une île, merveilleuse, Lampedusa. Consonances magiques qui se heurtent au réel, tragique : l’escapade familiale est reléguée au rang des espérances perdues, le père meurt. Déménagement, du village heureux aux quartiers du Paillon, au-dessus de Nice, là où l’on ne voit même pas la mer, une vie «entre parenthèses». L’ainée des filles raconte, avec une sensible fraîcheur, la délicatesse des émotions. Le temps du bonheur révolu s’identifie aux Quatre pêches de Chardin, «vie silencieuse» offerte au soleil. Puis les rencontres précieuses avec madame Goiran lui permettent de percevoir les strates qui constituent le quartier. Entre rêve et réalité se dessine la vérité de chacun. Et il y l’arrivée de cette petite fille secrète, Fadoun, qui danse sous la pluie, qui est passée, elle, par Lampedusa, comme l’étape tragique des boat people… entre les deux enfants naît une amitié, qui fait grandir, s’accepter, se comprendre à travers l’autre. Maryline Desbiolles nous offre un très joli roman, pour enfants, mais accessible aux adultes qui peuvent aussi en percevoir les finesses, avec Lampedusa en point d’ancrage. L’île rêvée, imaginée, vécue aux antipodes des songes, fait

résonner le thème de la perte, de la réconciliation avec soi et son histoire. L’écriture épurée a l’évidente simplicité des choses profondes. Sans jamais tomber dans les clichés ou la mièvrerie, ce petit livre donne une leçon d’espoir et d’humanité. MARYVONNE COLOMBANI

Lampedusa Maryline Desbiolles École des loisirs, Médium, 6,50 €

La vie aventureuse de Cassab La vie de Ghaleb Cassab ressemble à un feuilleton rocambolesque, raconté par le détail d’une écriture fleurie, vivante. Presque «bruyante». C’est sur ce mode épique que l’écrivain libanais Charif Majdalani, professeur de lettres françaises à l’université Saint-Joseph à Beyrouth, a choisi de raconter les dix années qui ont précédé le début de la guerre civile libanaise, en 1975. À travers le prisme d’un jeune hurluberlu, éperdument amoureux de Mathilde dite «Monde», fils de filateurs ruinés qui n’aura de cesse de s’enrichir pour conquérir le cœur de sa bien-aimée. On a du mal à croire en tant de naïveté, au flot torrentiel d’événements, de folie presque quand Ghaleb Cassab exhume la tombe de son père pour vendre le lopin de terre et renflouer les caisses de son entreprise. L’une de ses périlleuses et désastreuses entreprises… Mais peu importe, croire ou non en tant de fantaisies, là n’est pas la question. Car l’auteur, sur le ton de la confidence, évoque les mutations de son pays, des années heureuses aux années noires, tire le portrait d’un homme prêt à tout pour sortir de sa condition de pauvre -mais érudit- au mépris, peut-être, de ses rêves «d’aventures et de grands espaces», animé de sentiments mêlés de haine et de revanche. Dix ans de la vie du Liban s’écrivent dans cette histoire d’amour contrariée marquée par le fatalisme, le destin et le hasard (trilogie indissociable et omniprésente) quand, au cœur «de l’échiquier mortel», les deux

amants enfin réunis peuvent entrevoir «l’avenir et une descendance heureuse». Épilogue optimiste pour mieux affirmer que l’homme doit aller, toujours, au bout de ses rêves. Coûte que coûte ? MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Nos si brèves années de gloire Charif Majdalani Seuil, 16 € L’ouvrage est sélectionné pour le Prix des lecteurs du Var à la Fête du livre de Toulon


54 LIVRES/CD MUSIQUE

Mythe Trente ans après sa disparition, Glenn Gould continue de fasciner. «Je suis un compositeur, un écrivain et un homme de communication canadien qui joue du piano à ses moments perdus.» C’est en ces termes que se définissait Glenn Gould (1932-1982), sorte d’autoportrait synthétique aux coups de pinceaux teintés d’humour et de provocation. Il aurait eu 80 ans le 25 septembre 2012 ; il est mort à 50 ans à peine le 4 octobre 1982. Trois décennies ! Le mythe ne s’éteint pas. Célébré pour ses interprétations de Bach en particulier, les Variations Goldberg (1955 et 1981), son style à la fois critique et insolite, ouvrant des portes au jeu pianistique des répertoires baroques, Glenn Gould est resté dans l’histoire depuis qu’en 1964 il abandonna sa carrière de concertiste pour ne plus jamais se produire en public. Il se consacra alors uniquement aux enregistrements en studio et à la production d’émissions de radio. Bruno Monsaingeon, en pionnier, grâce à ses interview et films, a mis en lumière l’originalité de l’artiste,

sa pensée visionnaire, son jeu singulier. Après quatre volumes publiés, intégrale de ses écrits, il propose un florilège : treize longs textes, Chemins de traverse, qui démontrent qu’avec le recul du temps la production littéraire de Gould reste d’actualité, survit à sa disparition. De son côté la firme Sony réédite une série d’enregistrements allant de l’Intégrale (38 CD, 6 DVD et livre) pour les compulsifs, au Best of Glenn Gould’s Bach, en passant par tout une déclinaison de coffrets thématiques ou de films/DVD. Le Théâtre s’en mêle également puisque qu’à Toulon (voir p. 22), Charles Berling vient d’incarner le pianiste, cérébral et claustral, dans un dialogue passionnant-passionné avec Jehudi Menuhin, autre mythe, pôle opposé, empirique et généreux (joué par le violoniste Ami Flammer), pour un mariage Musique & Théâtre sensible : une mise en scène qui pose, encore aujourd’hui, les questions de la place de l’artiste, de la technologie… JACQUES FRESCHEL

Chemins de traverse Bruno Monsaingeon chez Fayard

Réédition Sony Classical Best of Bach 2CD + DVD 88725421762 www.glenngould.com/

Brahms à deux pianos Deux Brahms écrits pour deux pianos composent le programme de cette nouvelle galette mitonnée aux micros pointus de René Gambini (en collaboration avec Le Méjan - Actes Sud à Arles et la Société de Musique de Chambre de Marseille). Deux oeuvres qui demeurent plus connues dans leur version pour Quintette avec piano (op. 34 en fa mineur) et orchestre (Variations sur un thème de Haydn op. 56). La version pianistique est cependant antérieure, dans les deux cas, et fonctionne sans perdre en force expressive, lisibilité dans l’écriture, lyrisme romantique. Dans l’exercice périlleux du double cla-

vier, Marie-Josèphe Jude et Jean-François Heisser mettent à l’œuvre une alchimie, liant science et plastique sonore, mais laissant à chacun sa propre liberté. J.F. SACD Lyrinx LYR 2243 Marie-Josèphe Jude joue à La Criée (Grand-Théâtre) l’intégrale des Nocturnes de Chopin, le lundi 19 novembre à 20h. Un concert capté sur le vif par les micros de Lyrinx.

Piano-électro burlesque Dans son troisième opus discographique Are you Kantatik ?, Nicolas Cante recompose/décompose quelques standards : Dancers in love (Duke Ellington), Everybody’s got to learn sometime (The Korgis) ou une Gnossienne de Satie… Autour de ces points de repère, à son piano/ordinateur, le musicien livre des plages électro-mécano-jazz-pianistiques qui font sa marque de fabrique : un code-barre, codé et vraiment barré ! Des boucles pulsées, festives et enrubannées, d’une comptine tendre matinée

d’univers bruitiste vers un disco pachyderme au groove démesuré, un swing de ballade déjanté, des voix de machines tournant autour d’un piano-roi… obstinément… et dont l’unité réside dans le décalage, parallaxe ostentatoire d’un burlesque à découvrir ! J.F.

CD Kantatik Musik KMM22 www.kantatik.net

I’m Hunger Il n’y a pas si longtemps, l’inventive Sophie Hunger nous avait enchantés dans son deuxième opus avec Monday’s Ghost puis 1983. The Danger of Light, troisième album de la Suissesse, est présent chez tous les bons revendeurs depuis le 15 octobre. La collaboration avec des musiciens renommés de la scène nord-américaine sous la houlette du producteur Adam Samuels est une réussite. Celle qui «prend tout ce qui se bouscule dans sa tête» sait voyager à travers des mondes sonores sans frontières, et les univers littéraires de ses propres textes, inventés ou tirés d’histoires «imaginatives» réelles. Et dans

les oreilles, ça déménage, tout simplement. Un son puissant sans être vulgaire, des inventions mélodiques loin d’être basiques et une présence qui doit tout à la scène, mais ne s’évapore pas en studio. Hantise de l’artiste qui avoue qu’à chaque enregistrement elle se demande «comment elle peut retranscrire l’énergie de la scène au studio». Elle peut. FRÉDÉRIC ISOLETTA

The Danger of Light Sophie Hunger Two gentlemen - Universal

Nicolas Cante était en concert à Marsatac (Marseille), le 29 septembre (voir p. 25)



56 LIVRES ACTORAL

Pas neuf pas mort «Plein de mots... plein de corps» souhaitait en parrain avisé Thomas Clerc, l’homme qui ne se tait pas, à l’actoral.12 naissant ; trois semaines de création ont honoré sans débordement ce vœu, fondamental pour un festival voué aux écritures contemporaines en prise sur le vif. Maitrise, maturité, sagesse de crise ? La ligne est restée claire et de bon ton ; on ose «classique» et on confirme «non sans plaisir» pour le spectateur. La grande ombre d’Edouard Levé a-t-elle plané sur la manifestation ? Sa conversation incessante avec la mort, était rigoureusement portée dans les temps forts au MAC (voir p. 71) : lecture troublante de sa prose intime et lointaine, films minimalistes et jubilatoires de Valérie Mréjen, reconstitution par quatre danseurs du Ballet de Marseille de sa série Pornographie qui met glacialement en scène la théâtralité impossible de l’acte. Un discours qui aurait pu entrer en résonance avec les préoccupations du collectif Das Plateau, qui évoquait dans sa nouvelle création l’irruption de la maladie au sein de la jeunesse ; mais si l’oeuvre de Levé est définitivement marquée par une cohérence serrée et des corps collet monté, Notre Printemps, tiraillé entre Castellucci et Botticelli, ne parvient pas à lier, contrairement à sa «manière» habituelle, film (assez réussi pourtant dans sa texture gros plan des glorieuses 70’) jeu des acteurs sur scène (hyperréalisme sous-traité) et danse (mouvements expressionnistes et plate nudité) ; ni donc à provoquer l’émotion sinon au travers de la création sonore de Jacob Stambach.

Anja Tillberg © X-D.R

conte d’hiver où les cœurs peuvent se briser dans la neige. Épure classique ?

Et alors ?

Spectres et images

De corps et même de cadavre poignardé, il était question avec Please Continue(Hamlet), expérience difficilement classable mais parfaitement identifiable proposée par Roger Bernat et Yan Duyvendak en collaboration avec le Barreau de Marseille : juger le jeune Hamlet, meurtrier de Polonius, au cours d’un vrai-faux procès mêlant comédiens professionnels (Thierry Raynaud impeccable en paumé néoréaliste), professionnels de la justice (tous formidables d’engagement un brin malicieux) et spectateurs-jurés tirés au sort (cinq ans ferme les deux soirées !) relève évidemment d’une dramaturgie immuable susceptible de questionner le théâtre à condition que la friction soit suffisante entre fiction et réalité ; ici le mimétisme sans faille, jusqu’au dossier d’instruction distribué, a peut-être limité le spectacle à une fonction didactico-éthique légèrement moralisatrice. En fournisseur inépuisable de fantômes, d’ectoplasmes et de simulacres identificatoires, le cinéma ou plutôt le film comme embrayeur, a joué un rôle intéressant dans au moins 3 propositions : «Ils ne sont pour rien dans mes larmes» dit redit répète et reprend en boucle Sophie Cattani d’après Olivia Rosenthal devant les dernières images des Parapluies de Cherbourg ; présence en scène toujours aussi vive pour traiter de l’abandon et de la consolation mais la rime est à peine suffisante... Tanguy Viel lui, décline et commente son top-ten (tiens... La Mort aux Trousses) sur la grande scène du Klap avec une certaine élégance tandis que Mathilde Monnier et Loïc Touzé, comme au music-hall, enchainent les numéros ; les corps des danseurs apparaissent et disparaissent, s’entrelacent ou s’escaladent non pour

Please Continue(Hamlet) © X-D.R

illustrer mais pour relancer les images mentales ; sympathique, consensuel, de bon goût.

Nouveau ou pas Tellement plus inventif et salutairement déroutant, le travail tout neuf d’Anja Stillberg dans sa boîte à jouer, une pièce ouverte à l’arrière sur un bois de bouleaux ou des canalisations d’un autre monde, dont le quatrième mur est un miroir sans tain qui renvoie les deux acteurs à leur propre jeu… Elle y convoque l’univers de Tarkovski, de Bergman aussi à travers gestes et paroles légèrement ralentis, décalés, d’un homme proche de la fin et d’une femme venue d’un rêve ou d’un souvenir... Capté, fasciné, le spectateur redoute le moment où quittant la pièce la lumière le laissera seul face à la réflexion de la façade de verre. Très fort ! Sans artifice, avec comme seul espace celui que découpent les mots et le déplacement des pupitres, quatre jeunes acteurs (la Fratrie de l’auteur canadien MarcAntoine Cyr confrontée à la mort du père) sobrement et très efficacement dirigés par Renaud-Marie Leblanc font naître une véritable émotion à partir de ce

Quant aux performers, ils se rangent. «Le neuf meurt» éructe classiquement Charles Pennequin qui sauve la mise en proposant du pas neuf mais du pas mort justement ! Actoral.12 tenté par le jansénisme ? Sauvé en tout cas par l’absurde et la tendresse vive de trois courtes formes proches de la conférencereportage : Arnaud Saury et Séverine Beauvais, la tête dans le frigo ou le doigt sur le sucre glace nous défont l’amour(love) en quelques gestes, «plein de mots» et de regards incisifs ; Emmanuelle Pireyre (voir p. 50) et le délicieux chantonneur Toog nous font partager leur émerveillement raffiné devant le monde qui y trouve ainsi son sens ; Pamina de Coulon sans perdre haleine, chapka vissée sur la tête, poisson en bandoulière et bouche gonflée de gâteau au chocolat nous informe en urgence de son admiration pour les explorateurs et Sarah Palin et pulvérise surtout son anxiété dans une parole dont l’étrangeté rassure pourtant le spectateur. Petite victoire de l’intelligence et du rire ! MARIE-JO DHO

La 12è édition du festival actoral (festival international des arts et des écritures contemporaines) a eu lieu du 25 septembre au 13 octobre www.actoral.org


LES LITTORALES | LIBRAIRIES

Le souffle du réel Littorales © Juliette Lück

Un vent de nouveauté a soufflé sur Les Littorales. Des partenariats dans des lieux inédits, pour des rencontres littéraires et artistiques de belle qualité, autour de la question du rapport entre fiction et réalité. Après la soirée d’ouverture à l’Alhambra, rendez-vous à La Cité pour une lecture de Le passage, de et par l’actrice syrienne Fadwa Suleiman, accompagnée de la voix de Sonia Ristic et du oud de Tarek Abdallah. Ce drame poétique retrace l’expérience douloureuse des manifestations en Syrie, l’engagement pacifiste puis l’exil. Si le texte de la comédienne ne convainc pas toujours, sa voix, elle, captive ; particulièrement lorsqu’elle dit le texte arabe, le modulant avec inspiration. Et lorsqu’elle s’empare du français, son accent et ses hésitations (elle n’est ici que depuis mars) donnent aussi de la chair aux mots. Une chair et une personnalité que l’on a mieux perçues pendant l’entretien qui a suivi, où elle a évoqué son mariage sous les bombes et son rêve déçu de démocratie pour son pays. Révolutions arabes, passages et exil furent au centre de la journée de réflexion qui s’est tenue cette année à La Maison de la Région. Une agréable nouvelle formule, qui a fait alterner des courts métrages, présentés par l’association Aflam, et des rencontres. Dont celle, magistrale, avec Wassyla Tamzali. La féministe algérienne s’est livrée à une très fine analyse improvisée des films qui venaient d’être projetés, insistant sur le fait que les fictions sont le biais le plus pertinent pour rendre compte de la réalité. C’est dans cette perspec-

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tive qu’elle a commandité les 40 textes des Histoires minuscules des révolutions arabes, 40 fictions courtes pour dire la complexité des situations, pour sortir des discours officiels et médiatiques. Pour elle, ce sont les artistes qui préparent le terrain des révolutions ; grâce à eux, on ne pourra plus jamais faire demi-tour ; en Tunisie particulièrement, dont elle affirme qu’elle «va libérer le monde arabe» malgré les contre-révolutions en cours. Message d’espoir, relayé par le film algérien d’Amal Kateb, Allez les filles et par la personnalité attachante de Mahmoud Traoré venu avec Bruno Le Dantec présenter Partir et raconter. Plus qu’un simple témoignage sur les pièges et les arnaques des périples des migrants (Traoré les appelle les «aventuriers») à usage de tous ceux en Afrique qui rêvent d’Europe, ce récit fait du migrant le sujet de son histoire. Durant le week-end, c’est le Centre de La Vieille Charité qui a été investi : rencontres et lectures dans la lumière chaude de la chapelle ou dans la salle obscure du Miroir ; ateliers et stands sous chapiteaux dans la cour. Beaucoup de monde dans ce beau lieu. Une vraie réussite ! FRED ROBERT

Les Littorales se sont déroulées du 10 au 14 octobre à Marseille

Circumlittérateur

Coups de cœur

très à l’aise, a répondu avec beaucoup de franchise et de subtilité. Car sous ses dehors (charmants) de titi parisien et d’autodidacte pas sérieux, cet auteur de thrillers très noirs mène un combat politique. Et la violence de ses écrits, qu’on lui reproche parfois, n’est qu’un pâle reflet des violences et des injustices réelles qu’il cherche à mettre à jour. FRED ROBERT

À noter : la librairie fêtera ses 10 ans les 19 et 20 octobre. 2 soirées conviviales, ponctuées de lectures d’extraits des coups de cœur de la libraire et de ses lecteurs À lire : Mapuche (Gallimard, La Noire) ; Haka, Utu et Zulu (disponibles en Folio policier) Caryl Ferey © Gallimard

Pourquoi pas ce néologisme, comme on a forgé circumnavigateur ? À la manière de ces marins aventuriers qui enchaînent les tours du monde, Caryl Férey n’en finit pas de voyager, de Nouvelle-Zélande en Argentine, d’Afrique du Sud au Chili. De ses voyages, commencés quand il avait la vingtaine et dont il confie que ce sont ses «seules études», il rapporte la matière de ses livres, qu’il travaille ensuite pendant de longs mois (4 ans en moyenne pour un bouquin) avant de les livrer à ses lecteurs… pour les faire voyager à leur tour. C’est ce qu’il dit aimer dans la fiction, «embarquer le lecteur en voyage». Et on peut dire qu’il y réussit : après une saga maorie, puis le très remarqué Zulu (2008) qui fracasse avec talent le mythe sudafricain de la réconciliation nationale, Mapuche, paru au printemps dernier, a pour cadre l’Argentine, des geôles de la dictature aux territoires confisqués aux minorités ethniques, en passant par la crise de 20012002. Caryl Férey, comme son prénom ne l’indique pas forcément, est français, originaire de Bretagne (est-ce de là que vient son goût de l’ailleurs ?). Invité à Marseille pour Les Terrasses du Polar, il a posé son sac à l’Attrape-Mots, le temps d’un apéritif-rencontre dont Agnès Gateff a le secret. Chez cette libraire passionnée, on vient pour dialoguer. Les lecteurs, souvent des habitués, n’hésitent pas à intervenir ; ils posent des questions, donnent leur point de vue, apportent des précisions. Tout l’art de la libraire est de leur laisser la parole tout en guidant l’entretien, ce qui donne des échanges vivants et un vrai moment littéraire. Férey,

LIVRES

Le 20 septembre à 18 h, la Bibliothèque départementale a proposé à des professionnels du livre de partager avec le public leurs coups de cœur de la rentrée littéraire : c’est ainsi que des bibliothécaires, Isabelle Eymonot, Elisabeth Arquier, un directeur littéraire, Pascal Jourdana, une auteure, Laurence Tardieu, une libraire, Dominique Paschal, et la responsable de la rubrique littéraire de Zibeline, Fred Robert, ont parlé des livres qu’ils ont aimés. Pour quatre d’entre eux, c’est Le Sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari publié chez Actes Sud. Trois ont évoqué le dernier roman d’Olivier Adam, Les Lisières (voir critique sur notre site),) et deux Home de Toni Morrison. La séance durant plus de deux heures, c’est la passion qu’ils mettent à parler de leurs livres qui va donner au public l’envie de les lire ainsi que les extraits qu’ils ont choisis, lus avec ardeur et finesse par la comédienne Sofia Teillet. Voici donc mes coups de cœur d’auditrice ! Peste & Choléra de Patrick Deville (voir critique sur notre site), l’histoire d’Alexandre Yersin, le premier homme à observer le bacille de la peste, que Fred Robert a brillamment défendu et Partages de Gwenaëlle Aubry, deux voix de femmes à Jérusalem, présenté avec sensibilité par Laurence Tardieu. ANNIE GAVA


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LIVRES

MANOSQUE

De fameuses Corres Pascal Guignard © Francois-Xavier Emery

Écritoire public à Manosque © Zibeline

En 2011, sandales et tenues estivales étaient de rigueur. Cette année, mieux valait prévoir parapluies et petites laines. Pourtant, même s’ils ont interrompu quelques déambulations poétiques, les averses et les éclairs n’ont pas découragé les festivaliers, plus nombreux d’année en année. Difficile désormais de trouver à se loger, de s’asseoir pour écouter les grandes rencontres de la place de l’Hôtel de Ville, les lectures et concerts du soir. Quant aux «siestes acoustiques et littéraires», une des nouveautés de cette édition 2012, il fallait s’armer de patience et arriver bien avant l’heure d’ouverture du guichet si on voulait pouvoir savourer leur douceur. Files d’attente, propositions dont les horaires se chevauchent, de quoi frustrer un public accoutumé à flâner entre deux rencontres, à se laisser porter jusqu’aux Écritoires publics. Les Correspondances seraient-elles victimes de leur succès ? Les organisateurs en semblent conscients. Fautil une billetterie plus efficace, des espaces plus grands ? Il serait dommage de perdre la spontanéité des Rencontres. Peut-être faudrait-il parier sur une programmation qui sacrifie moins au produit d’appel et se concentre sur ses fondamentaux littéraires ? On a tout de même, cette année encore, fait de belles rencontres à Manosque. C’est d’ailleurs avant tout pour celles-ci que l’on vient. Gisèle Sapiro l’a montré dans l’enquête menée auprès du public en septembre 2011 : ce que les gens apprécient dans ce festival à la fois exigeant et convivial, c’est la proximité avec les écrivains, que l’on vient écouter, mais que l’on croise aussi, sur les places, dans les rues, et avec qui on n’hésite pas à entamer la conversation. C’est ainsi qu’on se retrouve à bavarder autour d’un café avec René Frégni, venu en voisin, et qu’il dévoile un peu du roman qu’il est en train de terminer. Un dialogue rendu possible par un espace public ouvert… et à taille humaine. De belles rencontres donc, avec les têtes d’affiche de la rentrée -découverte de l’humour extraordinaire de Serge Joncour, de l’engagement sincère d’Olivier Adam,

de l’«exil du dedans» de Linda Lê…-, mais aussi avec des auteurs plus discrets, moins connus, en particulier dans le cadre des apéros littéraires du comité de lecture, dont il faut saluer le travail et l’investissement. Cette année, les lecteurs avaient été coachés par le comédien Raphaël France-Kullmann, et les lectures proposées étaient très réussies ; agréables mises en bouche avant l’intervention des deux écrivains invités. Et qu’il s’agisse de Claro et de Joy Sorman, qui nous ont mis le pain et la viande à la bouche (assaisonnés de LSD et de coke tout de même !), ou de Gwenaëlle Aubry avec Makenzy Orcel, dans un registre plus dramatique, ces moments d’entretiens presque à bâtons rompus sont des instants magiques. Autre moment mémorable : celui de Lynx, la performance d’Emmanuelle Pireyre, accompagnée du musicien Toog. Cette conférence de montagne, caustique et déjantée, ne peut qu’inciter à aller lire l’intégralité de sa Féérie générale (voir p. 50). Quant à Oshen (Océanerosemarie), elle a séduit le public avec ses Femmes de pouvoir, pouvoirs de femmes, une lecture musicale qui a fait la part belle aux textes de ses «amoureuses de papier», Marina Tsvetaeva, Griselidis Real, Virginie Despentes, Annie Ernaux… Des extraits habilement mis en scène entre les chansons de la blonde volcanique, qui était accompagnée pour l’occasion d’une violoniste et d’une violoncelliste. Un trio féminin de charme pour la cause des femmes ! FRED ROBERT

À lire Olivier Adam, Les lisières (Flammarion) ; Philippe Djian, «Oh…» (Gallimard) ; Serge Joncour, L’amour sans le faire (Flammarion) ; Linda Lê, Lame de fond (Christian Bourgois) ; Joy Sorman, Comme une bête (Gallimard) ; Claro, Tous les diamants du ciel (Actes Sud) ; Gwenaëlle Aubry, Partages (Mercure de France) ; Makenzy Orcel, Les Immortelles (Zulma) ; Emmanuelle Pireyre, Féérie générale (L’Olivier)…

La haine de la musique «Quand la musique était rare, sa convocation était bouleversante comme sa séduction vertigineuse. Quand la convocation est incessante la musique repousse. Le silence est devenu le vertige moderne. Son extase.» Pascal Quignard La musique et les mots ? Leur lien est si ancien, si constitutif aussi, que le son et le sens paraissent parfois une même chose. Mais parfois aussi se détruisent. Manosque a pris l’habitude d’inviter la musique à cohabiter avec les lectures pour qu’elles fassent spectacle. Sans théâtre, pour qu’elles retrouvent la correspondance qu’elles ont l’une avec l’autre. Mais cela marche rarement sans affadissement réciproque. Parce que deux langages trop riches peuvent s’annuler. Et aussi, surtout, parce que la musique s’impose à nos oreilles déshabituées du silence, qui n’y recherchent pas la même délicatesse qu’elles attendent des mots. Marie Modiano fait le choix de la monotonie pour que tout soit audible. Son Espérance mathématique, elle la dit, volontairement sans pathos, éteinte comme une flamme noire. Elle prend un accordéon ou une guitare pour plaquer un accord qu’elle répète, à peine soutenue par quelques mélodies d’un guitariste attentif mais second. Elle dit ses textes, parfois jolis, aux mots rares, qui racontent un Paris banal où Chatelet aurait remplacé un Saint Germain des Prés sans charme… La musique pauvre n’annihile pas le texte, mais n’enrichit pas son peu de résonnance. Le soir Fred Nevchehirlian s’acoquine avec une autre écriture, celle de Ronan Chéneau. L’écrivain lit ses textes, trop vite, mais pas assez mal pour qu’on n’y entende pas, ça et là, des fulgurances. Nevche plus à l’aise


MARYSE CONDÉ

LIVRES

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spondances

AGNÈS FRESCHEL

À lire Pascal Quignard, Les désarçonnés (Grasset)

En joie avec Giono Sa ville natale a voulu fêter les 20 ans du Centre Jean Giono en ouvrant gratuitement ses portes durant les Correspondances. On pouvait écrire dans la paix verdoyante du jardin, et parcourir les panneaux de l’exposition qui cherche à montrer Giono dans sa vérité d’homme et d’écrivain. Des activités ludiques pour les enfants, des films sont proposés, et cela jusqu’au printemps 2013. Mais c’est aussi le 40ème anniversaire de l’association Les amis de Jean Giono. Sur la montée qui mène aux collines et qui porte le nom de Vraies Richesses, titre d’un essai de Giono, se trouve Le Paraïs, maison achetée en 1930 suite à la gloire fulgurante de Colline. Jacques Mény, président de l’association, y accueille le public par petits groupes sur rendez-vous. On pénètre avec respect dans cette petite maison meublée simplement dont plusieurs pièces ont servi de bureau à celui qui y a écrit des romans parmi les plus beaux du XXème siècle. Des livres occupent tous les murs, dont certains très anciens, et témoignent de la passion dévorante de Giono pour l’histoire et la littérature. Sur les murs la collection d’aquarelles et les fresques de son ami Lucien Jacques. Puis les manuscrits, pratiquement sans ratures, à l’écriture appliquée. La maison accueille toute l’année des chercheurs : l’on fait encore des découvertes dans les nombreuses pages de correspondance qui s’empilent par année. CHRIS BOURGUE

Centre Jean Giono, Manosque 04 92 70 54 54 Le Paraïs, Manosque 04 92 87 73 03 www.centrejeangiono.com

Voix multiples Une nouveauté cette année : la sieste littéraire ! Bastien Lallemant, à l’origine du projet, déclare que le seul bruit toléré sera le ronflement ! Avec ses complices JP Nataf et Albin de la Simone, il a préparé un mini récital de chansons douces. On s’allonge dans la petite salle du Théâtre Jean-le-Bleu, on ferme les yeux. La musique des guitares est douce, sans ampli, les voix caressantes. Les textes des chansons parlent de choses quotidiennes avec sensibilité. Des auteurs surprise participent en lisant des extraits de leur oeuvre, ainsi Mathias Énart a proposé un passage très fort de Zone. Ce fut aussi l’occasion de découvrir la voix chantée d’Arnaud Cathrine, auteur et conseiller littéraire, dans un duo avec Bastien Lallemant. Lec lectures de correspondances célèbres proposées au Théâtre en soirée ont dévoilé les écrivains dans leur intimité quotidienne. André Marcon, au si grand talent, a fait revivre des moments de la vie de Rimbaud, ses hésitations, ses soucis financiers et ses problèmes de santé : Rimbaud compte ses sous et se plaint. Quant à Joyce, lu par Laurent Stocker, il apparaît comme un amoureux jaloux, obsessionnel et maniaque dans les lettres qu’il adresse à Nora. On était loin des grandes pages de l’un comme de l’autre... et un peu déçus ! CHRIS BOURGUE

Vers ses racines ? Le 14 septembre à l’Alcazar, il y avait foule. Maryse Condé s’amuse en répondant aux questions de Mireille Sacotte et du public. Retrouver sa jeunesse perdue en écrivant son autobiographie a été une jubilation absolue pour l’auteur. Des bons mots, parfois très crus, viennent en contrepoint de la lecture d’extraits tragiques et génèrent des éclats de rire libérateurs dans la salle. La vie sans fards, sortie chez Jean-Claude Lattès, est le récit d’une Guadeloupéenne à la recherche de racines en Afrique mais aussi l’histoire d’une jeune femme qui défie les valeurs bourgeoises de ses parents, des «Grands Nègres». Insuffisant pour faire littérature ? Si Maryse Condé considère cet ouvrage comme «le plus universel» de ses livres, c’est parce qu’il dépasse l’histoire d’une quête personnelle. Il parvient à saisir le cheminement chaotique, sans phare, d’une femme et d’une mère. Jamais totalement victime, jamais entièrement bourreau, mais rongée par un sentiment de culpabilité lancinant. À toutes les questions concernant la condition de la femme noire, elle répond qu’elle refuse avec force d’être le symbole d’un concept qui n’a pas de sens. Certes, l’Histoire des décolonisations africaines est la toile de fond du récit de ses exils successifs : France, Guinée, Ghana, Angleterre, Sénégal. Mais elle dit avoir vécu ces moments dans le flou et l’incompréhension. Maryse Condé a su raconter, sans cette pudeur malhonnête qui est l’écueil de nombreuses autobiographies, ses années de dénuement, d’errance et de rejet ; et plus particulièrement celui des hommes qu’elle a connus. JULIE SURUGUE

La rencontre littéraire avec Maryse Condé, organisée par Mamanthé, La Collective et le Comité Mam’Ega en partenariat avec l’association des Libraires de la Région Paca et Radio Grenouille, a eu lieu le 14 septembre à la BMVR Alcazar. Cette rencontre a été animée par Mireille Sacotte, professeur émérite à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris III. Lectures d’extraits : Françoise Donadieu, Françoise Sémiramoth et Lémy Lémane Coco. © Azzedine Hsissou

surfe avec le public, rit et détend l’auteur, scande un magnifique «rendez nous l’argent» qui prouve que la force commune des mots et du son peut fabriquer cela au moins, le slogan. Efficace. Travail en cours, mais qui promet de trouver des liens «Pop» entre une écriture qui flambe et une musique qui porte bien la révolte. Puis il y avait le grand spectacle, dans la grande salle. Où l’on vit accourir à Manosque des gens que l’on n’y voit jamais. Rodolphe Burger surfe sur la vague du Velvet et de l’hommage nostalgie, invoquant Darwich pour n’en retenir que quelques vers qu’il rend inaudibles, un oud qu’il oblige à répéter sans fin le même accord, et qu’il couvre de sa guitare répétitive. Sur scène des hommes gratouillent leurs consoles et leurs cordes sans un regard au public, balançant des infra basses pour faire vibrer les corps faute de savoir convoquer l’émotion. Le public littéraire est furieux, et les amoureux du temps planant horrifiés qu’il soit ainsi confondu avec sa caricature occidentale. Ce n’est ni du rock, qui a le mérite d’organiser ses accords et ses timbres, ni de la musique orientale, qui sait jouer des variations infimes pour faire évoluer ses trames. Ni, évidemment, de la littérature. Loin de tout cela il y a Pascal Quignard. Qui fait entendre ce que la musique a produit de plus beau, la voix humaine qui prend le risque insensé de l’expression, Beethoven qui met en mélodie des poèmes Celtes, Porpora, Cecilia Bartoli, l’équilibre obtenu au sommet, sur le fil. Au creux de ces chants, ceux qu’il écoute pour écrire, l’écrivain lit ses textes, comme d’une voix intérieure, et parfois sa main se lève pour montrer la neige qu’il évoque, l’étroitesse d’un chemin. Il raconte. La douleur de George Sand dans sa Solitude sans père, qu’un cheval a tué ; un homme désarçonné par le fantôme de sa femme morte, qui lui a préféré un amour ancien ; le Chevalier de la Palisse, mort sur le champ de bataille mais rendu ridicule par une involontaire déformation de son chant de gloire… À plonger dans ces histoires simples, l’air se peuple de vies anciennes, présentes, murmurées dans la qualité du silence, dans l’extrême maitrise du rythme qui laisse venir les émotions, le rire partagé, la douleur. La musique, et son bouleversement.


Itinérances littéraires : rencontre-débat avec Ramona Badescu pour son livre Pomelo et la Grande Aventure (Albin Michel) le 7 nov à 16h à la librairie Maupetit (Marseille), le 8 nov à 19h à la librairie Aux Vents des mots (Gardanne), le 9 nov à 18h30 à la librairie Au Coin des mots passants (Gap) et le 17 nov aux Rencontres Méditerranéennes sous le chapiteau de la Fête du Livre de Toulon rencontre-débat avec Mathias Enard pour son livre Rue des voleurs (Actes Sud) le 14 nov à 18h30 à la librairie du Lézard amoureux (Cavaillon), le 15 nov à 19h à la librairie Forum Harmonia Mundi (Aix) et le 16 nov à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille) rencontre-débat avec Claro pour son livre Tous les diamants du ciel (Actes Sud) le 15 nov à 18h30 à la librairie Actes Sud (Arles) et le 16 nov à 19h la librairie Histoire de l’œil (Marseille) AIX Écritures Croisées – 04 42 26 16 85 Bruits du monde, avec les auteurs David Grossman, Antoine Volodine, Yan Lianke, Juan Goytisolo et Peter Esterházy. -18 oct : soirée inaugurale en présence de l’ensemble des invités (18h30) ; vernissage de l’exposition Errance de Raymond Depardon en sa présence (20h) ; projection de Journal de France de Claudine Nougaret et Raymond Depardon (21h) -19 oct : projection de Les Trois couronnes du matelot de Raoul Ruiz (14h) ; rencontres avec Peter Esterházy, Juan Goytisolo et David Grossman, lectures par Pit Goedert (15h) ; hommage à Carlos Fuentes par Juan Goytisolo et Aline Schulman (19h) ; projection de Le Temps retrouvé de Raoul Ruiz (20h) ; lecture intégrale de Macau d’Antoine Volodine par Alain Simon (20h). -20 oct : rencontre entre David Grosman et les étudiants de l’IUT métiers du livre Aix (10h) ; signatures des écrivains (11h30) ; projection de Le Temps retrouvé de Raoul Ruiz (14h30) ; rencontres/lectures avec Yan Lianke, Antoine Volodine, lectures par Pit Goedert et Antoine Volodine (15h) ;

table ronde Bruits du monde en présence de Peter Esterházy, Juan Goytisolo, David Grossman et Antoine Volodine dirigée par Pierre Haski (17h30) ; projection de La Nuit d’en face de Raoul Ruiz (20h). -21 oct : Yan Lianke et les étudiants de l’IUT métiers du livre Aix (10h) ; signatures des écrivains (11h30) ; projection de La Nuit d’en face de Raoul Ruiz (14h30) ; entretien avec Yan Lianke et Antoine Volodine, lecture par Pit Goedert et Antoine Volodine (15h30) ; lecture par Anne Alvaro en hommage à Carlos Fuentes (17h30) ; projection de Les Trois couronnes du matelot de Raoul Ruiz (19h30). Les Écritures Croisées, en collaboration avec la Fondation KLTI Korea Literature Translation Institut, la revue de littérature coréenne Keulmadang, l’Université de Provence, organisent une rencontre avec les écrivains coréens Kim Jung-hyuk, Pyun HyeYoung, Han Yu-Joo et Kim Ae-Ran, animée par Jean Claude de Crescenzo en présence de Philippe Picquier. Le 25 oct à 18h30. Centre social et culturel Les Amandiers – 04 42 20 83 20 6e édition de Jazz et Polar autour du polar et de la BD, du 20 oct au 10 nov. Librairie Oh ! les papilles – 04 42 93 12 76 Les p’tites librairies s’animent ! rencontres et dédicaces d’auteurs régionaux (jeunesse, BD, littérature provençale) organisées par les librairies aixoises Oh les papilles ! (jeunesse), La Bédérie (BD) et Le Blason. Auteurs invités : Anne-Marie Abitan, Gilles Ascaride, Henri-Frédéric Blanc, Cécile Cambuzat, Jean Laurent Caasely, Jean d’Aillon, Mathilde Giordano, Princesse Camcam, Christian Maria, Ana Salvador... Le 21 oct de 10h à 18h sur la Place de l’Hôtel de Ville. 3bisf – 04 42 16 17 75 Atelier Objet-action animé par Caroline Le Mehauté, tous les jeudis de 13h30 à 16h30. Atelier Urbanité Idiotopique (construction d’une ville imaginaire où se croiseront les fantasmes de chacun) animé par Benjamin Marianne, tous les mardis de 14h à 16h30. ANSOUIS Nouvelles Hybrides – 04 90 08 05 52 Rencontre-débat entre Jacques Demarcq, auteur en résidence, et Julien Blaine, poète. Le 20 oct à 18h à la bibliothèque municipale Le Farigoulet. APT Vélo Théâtre – 04 90 04 85 25 16e édition des Cris poétiques : lectures poétiques par Jean-Jacques Viton et Liliane Giraudon. Le 19 oct. AUBAGNE Théâtre Comoedia – 04 42 18 19 89 Rencontre-débat avec Sabine Tamisier autour de son œuvre et de la création de son texte Vache sans herbe, le 18 oct à 19h. BERRE Forum des jeunes – 04 42 10 23 60 La cie ONSTAP organise un stage de percussions corporelles pour enfants, ados et adultes les 30 et 31 oct. BRIANÇON Librairie La Muse Gueule – 04 92 20 93 90 Rencontre-lecture avec Anne Rabinovitch pour son roman Chacune blesse, la dernière tue (Alma), le 20 oct à 17h.

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Libraires du sud /Libraires à Marseille 04 96 12 43 42 Rencontres : avec Jean-Marie Rouart pour son ouvrage Napoléon ou la destinée (Gallimard) le 17 oct dès 17h à la librairie Charlemagne (Toulon) avec Brigitte Allegre pour son roman Le Corail de Darwin (Actes Sud) le 19 oct à 18h30 à la librairie Mot à Mot (Pertuis) avec Eric Fottorino autour de son nouvel ouvrage Mon tour du monde (Gallimard) le 19 oct dès 19h à la librairie Charlemagne (Hyères) avec Malek Chebel pour son Dictionnaire amoureux de l’Algérie (Plon) le 20 oct de 16h à 18h à la librairie Masséna (Nice) avec Laurent Moënard pour son ouvrage documentaire Le débarquement en Provence (Ouest Provence) le 20 oct dès 16h à la librairie Charlemagne (La Seyne-sur-Mer) avec Jean-Jacques Surian à l’occasion de la publication de sa monographie De l’anecdote à l’universel 1960/2011 (Autres Temps) le 20 oct à 18h à la librairie Apostille (Marseille) avec Erik L’Homme pour ses parutions d’ouvrages de fantasy chez Gallimard le 24 oct dès 18h à la librairie L’ Alinéa (Martigues) avec David A. Carter pour son dernier titre Cachecache (Albin Michel jeunesse) le 24 oct à 17h30 à la librairie Imbernon (Marseille) avec Nathalie Démoulin pour la parution de son livre La Grande bleue (Le Rouergue) le 25 oct à 18h30 à la librairie Actes Sud (Arles)

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AU PROGRAMME

60 RENCONTRES

FORCALQUIER Espace culturel de la Bonne Fontaine – 04 92 76 54 91 Rencontres de l’alimentation bio organisées par le collectif d’Initiatives interdisciplinaires pour le développement humain, en présence de MarieDominique Robin, Pierre Rabbhi, Claude et Lydia Bourguignon, Claude Aubert, Jean-Pierre Berlan, Michèle Rivasi, Corinne Lepage ou encore Jean-Marie Pelt. Les 19 et 20 oct. Association Forcalquier des livres – 04 92 75 09 59 12e édition de la Fête du livre sur le thème La Lettre et autres caractères : conférences, expositions, performances, ateliers… avec la collaboration de la librairie La Carline. Du 26 au 28 oct. LA GARDE Médiathèque Louis Aragon - 04 94 08 99 61 Atelier BD animé par Johan Troïanowski : «Venez créer votre bande dessinée étape par étape, du scénario à la couleur, en passant par le story-board, le crayonné et l’encrage». Les 17 et 24 oct, 14 et 21 nov ; exposition des travaux le 8 déc. LAMBESC Autres mondes – 04 42 93 85 85 4e édition du Festival de l’imaginaire du pays d’Aix, Autres mondes : dédicaces, débats, lectures… avec les auteurs de fantasy, fantastique et science-fiction Robert Belfiore, Gilles Francescano, Laurent André dit Laurand, Raphaël Albert, Frédéric Czilinder, Cécile Duquenne, Sylvie Molinari, Jérôme Vincent/ActuSF, Stéphane Manfredo, Louise Roullier, Sombres Rets/Outremonde. Du 18 au 21 oct. LAURIS Nouvelles Hybrides – 04 90 08 05 52 Apéro poétique en compagnie de Jacques Demarcq, auteur en résidence, le 20 oct à 12h30 à l’Ateliergalerie Le Passage. LES BAUX-DE-PROVENCE Carrières de lumières – 04 90 54 55 56 Installation Gauguin – Van Gogh, les peintres de la couleur, jusqu’au 6 janvier 2013. MARSEILLE BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 La bibliothèque est fermée, mais les expos et conférences continuent… Exposition jeunesse Oh pop-up hourra ! en partenariat avec la librairie Imbernon : livres animés de David Carter et Philippe Ug. Du 25 oct au 22 déc. Conférence de Dominique Lacroix, experte auprès de la Commission européenne, animatrice du blog Lois des réseaux (reseaux.blog.lemonde.fr) et le cercle de réflexion Société européenne de l’Internet : Guerre et paix à l’ère numérique, le 25 oct à 18h30. ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00 Exposition Les Architectures de l’eau à Marseille du XVIIIe siècle à nos jours : documents d’archives, peintures, gravures, plans… Jusqu’au 8 déc ; dans le cadre de l’expo ont lieu des promenades urbaines : L’eau à Marseille-histoire d’une ville-Les fontaines du centre-ville, le 31 oct à 14h (départ place des Capucines), le centre de traitement d’eau potable de Ste-Marthe, le 31 oct à 14h, Du bassin de SaintChritophe au Palais Longchamp, le 19 oct de 9h à 12h ; le 18 oct de 14h30 à 18h colloque, sous la présidence de Georges Vigarello, dir de recherche à l’EHESS, sur l’Usage social de l’eau, suivi d’une conférence sur Instrumentation et transformation de


Maison de la Région – 06 84 45 71 72 Villes méditerranéennes et exil au tournant du XXIe siècle : rencontres universitaires et littéraires, conçues et organisées par Virginie Ruiz et Michel Gironde en partenariat avec Pascal Jourdana et La Marelle, villa des auteurs. Les 19 et 20 oct. Espaceculture – 04 96 11 04 60 Rencontre-dédicace avec Christophe Arleston, Serge Carrère et Loïc Nicoloff, auteurs de BD, dans le cadre de l’expo Sur les pas de Léo Loden, le 20 oct à 15h. Éditions Agone – 04 91 64 27 03 Rencontre-débat avec Xavier Montanyà pour son livre L’Or noir du Nigéria – Pillages, ravages écologiques et résistances, le 26 oct à l’Equitable Café. Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Rencontre-débat avec Raffaele Campanella pour son essai Dante e la commedia (Edimond), le 22 oct à 18h. Exposition David : un cittadino di Firenze e di… Marsiglia, jusqu’au 25 oct. Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59 Soirée d’ouverture de la nouvelle saison avec des lectures, la rencontre des cies en résidence… Le 19 oct à partir de 19h. Librairie L’Attrape Mots – 04 91 57 08 34 La librairie fête ses 10 ans et propose un rendez-vous de lectures : «nous allons piocher dans vos livres préférés de ces 10 dernières années, ceux qui vous ont émus, éblouis, secoués, envoutés...». Du 18 au 20 oct. Librairie Apostille – apostille.web@free.fr Rencontre avec Jean-Jacques Surian à l’occasion de la publication de sa monographie De l’anecdote à l’universel 1960/2011 le 20 oct à 18h. Présentation et lecture, par Jacques Mandréa, d’extraits d’ouvrages du poète et écrivain Annie Malochet, le 25 oct à 18h30. Séminaire de l’association TECHNOlogos, Sortir de la crise environnementale, le 22 oct de 19h à 21h.

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Théâtre de la Cité – 04 91 53 95 61 Présentation de la publication de Till Roeskens le 25 oct à 19h avec la librairie Histoire de l’œil.

philosophe et critique d’art, le 5 nov ; Un nouveau musée au Château Borély, conférence de Christine Germain-Donnat, directrice du musée, le 12 nov. PORT-DE-BOUC Médiathèque Boris Vian - 04 42 06 65 54 18e édition des Rencontres ciné-littérature sur le thème Le monde du travail : rencontres, projections, café-lecture en partenariat avec le cinéma Le Méliès. Jusqu’au 25 oct. SAINT-MAXIMIN Association Provence Culture – 04 94 72 34 46 2e édition du festival littéraire Saint-Maximin Ce livre : dédicaces, conférences et animations, les 20 et 21 oct au Couvent royal. TOULON ARL PACA – 04 42 91 65 22 Les Assises régionales de la librairie indépendante : durant deux jours conférences et tables rondes sur l’actualité de la librairie en France, les alternatives, dispositifs, accompagnements, la vente en ligne… Les 22 et 23 oct au Théâtre Liberté à Toulon. VEDÈNE Service Animation Culture – 04 90 31 07 75 9e édition de Lecture d’automne : journée du livre et ateliers enfants avec l’association Un enfant, un livre sur le thème C’est un livre !, le 20 oct de 10h à 17h à la salle des spectacles.

et des Bulles, grâce au dynamisme de l’équipe culturelle de la ville, à l’écoute de la population. À la médiathèque, la BD fait partie des ouvrages les plus empruntés ! Car cette manifestation, comme celle des écrivains en Provence, tente de pallier la cruelle absence de véritable librairie pour une ville qui compte plus de 12 000 habitants. Cette fête de la BD se construit en partenariat avec la librairie La Licorne d’Aix-en-Provence. Auteurs et lecteurs, curieux ou amateurs avertis se retrouvent le temps d’un weekend. Le samedi la créativité est sollicitée avec Distant District : Super badge It… il s’agit de créer son propre visuel, et l’on repart avec son propre badge. Bruno Bessadi auteur de Zorn et Dirna chez Soleil et de Boucle d’or et les 3 ours chez Bamboo, François Amoretti auteur de Burlesque Girrrl chez Ankama, Gothic Lolita, Alice au pays des merveilles entre autres, chez Soleil, Mathilde Domecq auteur de Paola Crusoé et chez Glénat, Domas qui publie chez la Boîte à Bulles ainsi que chez Bamboo, Julien LOIS chez Même Pas Mal, comme Hamid Reza Vassaf ou Loïc Godart chez Akileos et Delphine Berger-Cornuel le Prince qui parlait au soleil seront là pour des dédicaces, discussions. Et une foire à la BD d’occasion le dimanche… de quoi préparer Noël ! MARYVONNE COLOMBANI

Sciences AIX-EN-PROVENCE Planétarium d’Aix en Provence, le 25 Oct à 19h : Conférence de Denis Burgarella, Astronome au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille. D’où venons-nous et où allons-nous ? 04 42 64 21 48 / www.aix-planetarium.fr

CIPM – 04 91 91 26 45 Exposition Le Cours du Danube / Gigantexte n°12 par la poète Michèle Métail. Jusqu’au 24 nov. Galerie Hélène Detaille – 04 91 53 43 46 Exposition Paysages recomposés de Marc Chostakoff, avec Jeannie Abert, photographe invitée, jusqu’au 27 oct.

DIGNE-LES-BAINS IUT de Provence : La Décroissance ou le Chaos ? Conférence de Christian Araud, polytechnicien, ouverte à tous le 17 oct à 18h30. 04 13 55 12 55 / http://sites.univprovence.fr/iutdigne/

GARDANNE Dans le cadre de la Fête de l’Energie, conférence sur le «Scénario Négawatt», le 18 oct de 18h à 20h à la Médiathèque de Gardanne. 04 42 51 15 16

Espace Leclere – 04 91 50 00 00 Conférence et rencontres présentées par Jean-Noël Bret sur une proposition de l’association euroméditerranéenne pour l’histoire de l’art et l’esthétique : Fra Angelico, peintre de lumière, conférence de Neville Rowley, historien de l’art, le 22 oct ; La révolution des avant-gardes, conférence de Philippe Sers,

Bulles de Trets Sixième édition déjà du Festival de BD, Des Remparts

Des remparts et des Bulles les 3 et 4 nov Château de Trets 04 42 61 23 75

ARLES dans le cadre de la Fête de l’Energie, visite d’une maison exemplaire utilisant les énergies renouvelables le 19 oct à 18h30 – Parc naturel régional des Alpilles (sur inscription au 04 90 96 43 86). 20 oct : portes ouvertes de l’appartement de l’économie (focus sur les éco-gestes) de 10h à 17h. 17, boulevard Salvador Allende.

Atelier Juxtapoz – 06 63 82 00 76 Dans le cadre du festival Impressions Visuelles et Sonores organisé par l’association En Mouvement, l’artiste Tarek présente ses compositions géométriques colorées mêlant graffiti, comics et street culture, jusqu’au 10 nov.

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Visite d’une maison bioclimatique le 20 oct de 9h30 à 12h. Bassin Minier de Provence (sur inscription) : EIE Bassin Minier – Association Ecopolenergie. 04 42 51 24 09 eie@ecopolenergie.com

MARSEILLE Bibliothèque Bonneveine : Café Science le 31 octobre à 10h : L’ADN et son utilisation par la police scientifique. 04 91 25 10 10

Et sous réserve : Enquêtes scientifiques, les 27 oct et 31 oct de 14h30 à 17h30. Ateliers : une enquête à résoudre à l’aide d’outils et de méthodes de la police scientifique. Avec les Petits Débrouillards PACA. Pour les 8- 12 ans, sur inscription. Les Jeudis du CNRS : Mécanismes et stratégies pour combattre le cancer. Conférence de Vincent Géli, du Centre de recherche en cancérologie de Marseille, le 8 nov à 18h, salle de conférence Pierre Desnuelle, CNRS, 31 chemin Joseph Aiguier, 13009. www.provence-corse.cnrs.fr

Le 10 nov à 16h, BMVR Alcazar : Cotonou au défi du développement durable, par Elizabeth Dorier, géographe. Dans le cadre du cycle Villes du Sud. www.bmvr.marseille.fr VENELLES dans le cadre de la Fête de l’Energie, visite d’une maison exemplaire le 20 oct de 9h45 à 12h, (sur inscription) EIE Pays d’Aix – Atelier de l’Environnement 04 42 93 03 69 eiepaysdaix@wanadoo.fr

AU PROGRAMME

la salle de bain, XIXe-XXe siècles à 18h30. Exposition des photos de Denis Dailleux, Egypte, claire et obscure, jusqu’au 22 déc.

RENCONTRES


62 CONFÉRENCES ÉCHANGE ET DIFFUSION | ANDROMÈDE

La mondialisation en question © Echange et diffusion des savoirs

Spyros Théodorou, qui porte le cycle Échange et diffusion des savoirs, est convaincu qu’il faut «mettre à disposition des outils intellectuels à l’usage de Monsieur et Madame Tout-le-monde». Il y travaille, avec acharnement et pertinence, depuis 14 ans. Les conférences du jeudi à l’Hôtel Départemental des Bouches-du-Rhône attirent chaque année un public conquis par la qualité des intervenants choisis, la diversité des disciplines représentées, et la possibilité d’aborder nombre de questions cruciales, parfois très pointues, de façon pédagogique. Le thème de la saison 2012-2013, Rêves et cauchemars de la mondialisation, a été déterminé par la volonté de «sortir de la pensée unique, cette inondation d’idées floues sur le processus perçu sous le seul angle économique». Selon son habitude, Spyros Théodorou croise les approches, de manière à ouvrir la perspective sur «l’ensemble des perceptions théoriques du monde et des voies et moyens d’y agir». Pour inaugurer le cycle, il a fait appel à un historien, Patrick Boucheron, qui tentera le 25 octobre de «défataliser» la mondialisation, démontrant que la tendance n’est pas apparue avec le néo-libéralisme, pas plus que la dominance occidentale n’était un impératif

du destin. Prendra sa suite le 15 novembre le seul économiste -Atterré1 précisons-le- de la saison, Henri Sterdyniak, dont la position à l’OFCE2 et l’intérêt pour les politiques budgétaires et sociales font «un des porteurs de l’outillage critique indispensable face à la globalisation financière». Une seule femme fait partie de la programmation, Mireille Delmas-Marty, ce que Spyros Théodorou

explique par une répartition des sexes très tranchée dans la recherche : «Pour produire il faut diriger un laboratoire, une équipe, et ces positions sont en grande majorité tenues par des hommes.» Pourtant, son regard de juriste sera précieux, d’autant que «la géographie et le droit ont remplacé la philosophie comme disciplines reines ; elles sont lourdes d’avenir». Si on note la présence d’un médecin et d’un «polémologue3», on aurait aimé aussi avoir le point de vue d’un psychanalyste comme Dany Robert-Dufour ou Charles Melman pour traiter des effets de la mondialisation sur nos désirs, nos aliénations et nos façons d’être ensemble. Mais comme le souligne M. Théodorou, «dans ce métier, on programme sa bibliothèque», et l’exhaustivité n’est évidemment pas possible lorsqu’on creuse le vaste champ des sciences humaines. On se satisfera donc grandement des onze dates prévues dans la magnifique salle des délibérations du Conseil Général, occasion pour le public de «s’approprier les ors de la République, ce qui est symboliquement très fort». GAËLLE CLOAREC 1

Patrick Boucheron est co-président de l’association des Économistes atterrés 2 Observatoire Français des Conjectures Économiques 3 Spécialiste de l’étude des conflits armés

Vertige garanti ! Planetarium-Andromede © X-D.R

L’univers est-il fait pour l’homme ? La conférence de Christian Magnan (Collège de France) invité le 28 septembre par l’association Andromède nous a entraînés dans un voyage au cœur de l’histoire de la physique moderne… L’astronome joue avec maestria à mettre en regard théories et observations, pour nous convaincre qu’en science, concept et mesure expérimentale «jaillissent d’un même élan créateur». Pas à pas naît sous nos yeux la représentation moderne de l’univers, fondée sur la théorie de la gravitation d’Einstein, comme un tout spatiotemporel, modèle rendant caduque toute tentative de théoriser un avant, un après ou un ailleurs… Cette représentation d’un univers courbe, fini, aux dimensions proprement inconcevables, fait dire à Christian Magnan qu’aux yeux de la science, l’«univers n’est pas fait pour l’homme», position rejetant les conceptions religieuses, mais aussi philosophiques et anthropiques. Seule la science peut selon lui seule décrire la réalité du monde, même si elle n’apporte pas de réponse définitive… Il affirme pourtant que depuis 1964 -date de la découverte du rayonnement cosmologique fossile- la cosmologie et

l’astrophysique ne produisent plus aucun savoir ! Cette prise de position décapante du chercheur face à une pensée scientifique contemporaine qualifiée de «décadente», étouffée par le productivisme, ne peut laisser indifférent : la recherche scientifique peut-elle faire de nouvelles découvertes ? Le public lui rappelle les questions actuelles qui font la Une des magazines scientifiques sur l’existence d’un «au-delà» de l’univers, l’existence de la matière noire, l’accélération de l’expansion de l’univers. Christian Magnan les balaie d’un revers de main comme étant des spéculations dénuées de signification physique ou ne s’appuyant sur aucune observation crédible. Prudent cependant, il laisse aux autres domaines de la recherche scientifique le soin de balayer devant leur porte et accorde qu’il reste du travail pour les chercheurs de demain, à commencer par nous éclairer sur les origines de la vie. CHISTINE MONTIXI

À lire Le théorème du jardin Christian Magnan Éditions amds



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CINÉMA

BEST OF SHORT | FFM

C’est devant une salle pleine du cinéma Lumière que s’est tenue l’unique projection du Best Of Short 2012. Comme d’habitude, le discours d’ouverture de son président Yvan Le Moine a été complètement décalé : remerciements appuyés à des partenaires qui n’ont pas donné de subventions, fausse présentation des «jeunes talents» et hommage vrai à la «bénévole» qui a porté seule tout le projet. C’est en effet grâce à la persévérance et au travail acharné de Katia Mari que nous avons pu voir les premiers films de réalisateurs aujourd’hui reconnus. Les 4 vœux du vilain où l’on découvre que Michel Ocelot, avant Kirikou, a réalisé en 1987 un film érotique sur papier calque ! Le gros et le maigre (1961) où l’on voit Roman Polanski, maigre serviteur, sautillant, dansant, en plein air à côté d’un gros bonhomme tyrannique, dans un film sans paroles, fable/ portrait d’une époque éternellement inégalitaire. Et si Karl Marx avait douté et avait refusé de terminer Le Capital, préférant jouer aux échecs et sniffer de la coca que lui a proposée Engels ? C’est ce que nous raconte Michel Hazanavicius dans le loufoque Échec au capital (1997). Encore plus cocasse, Foutaises de Jean-Pierre Jeunet, construit sur le rythme binaire du «j’aime/j’aime pas» avec l’étonnant Dominique Pinon dont la mobilité faciale permet toutes les grimaces. Dans Le Coup du berger (1956), Jacques Rivette illustre la morale de ce coup d’échec : le meilleur joueur est celui qui prévoit un coup d’avance sur son adversaire. Claire (Virginie Vitry) l’apprend à ses dépens : Jean, son

Foutaises de Jean-Pierre Jeunet

Best one à la Ciotat

mari, (Jacques Doniol-Valcroze) va déjouer le plan qu’elle a monté avec son amant (Jean-Claude Brialy). Dans Quinze août (1986), Nicole Garcia attend le retour de son mari (Jean-Louis Trintignant) avec une jeune fille au pair (Ann-Gisel Glass) qui se refuse à parler anglais. Un diner avec Monsieur Boy et la femme qui aime Jésus (1989) de Pascale Ferran met en scène la rencontre incongrue de trois dîneurs solitaires dans un restaurant chinois de Belleville. La soirée cinéma s’est achevée avec les belles ima-

ges du prochain film d’Yvan Le Moine, Rosenn, tourné à la Réunion, dont le casting est prestigieux : Hande Kodja, Rupert Everett, Michel Aumont, Béatrice Dalle, Stanislas Mehrar, Firmine Richard et dont la directrice de production est la Marseillaise Shu Aiello. ANNIE GAVA

Le 11e International Best of Short Films Festival s’est tenu à La Ciotat le 14 septembre

LE CHOIX DES DAMES Noor de Çağla Zencirci & Guillaume Giovanetti

Les Rencontres Films Femmes Méditerranée se sont ouvertes le 25 septembre au cinéma Le Prado sur des airs andalous, clin d’oeil du quatuor Syrah à un territoire d’ombres et de lumière. Un creuset de mythes fondateurs, de conflits ancestraux et nou-veaux, dont les femmes de cinéma plus ou moins directement nous parlent aujourd’hui. Héritage, premier long-métrage de la comédienne Hiam Habass, bien que cinématographiquement peu abouti, a introduit les grands thèmes de la programmation, nous entraînant dans un Liban en guerre où, encombrés du lourd héritage des pères, ni hommes ni femmes ne trouvent plus leur comptant de bonheur. Herzia Hafsia toute petite devant une salle comble a présenté ce film dans lequel elle incarne avec force, une fois encore, une fille rétive aux jougs religieux et sexistes. Belle et rebelle comme la Stella (Mélina Mercouri) de Michael Cacoyannis, trop libre pour cette Grèce des années 50 que la soirée de clôture à l’Alhambra nous a permis de retrouver. Rebelle comme la Rahima (impeccable Marija Pikic) du haletant Djeca. Cheveux voilés, corps effacé, visage à nu, rage rentrée d’ancienne punkette affleurant à chaque injustice subie, cette orpheline de guerre est prête à tout pour reconstituer le foyer perdu et protéger son jeune frère. La caméra virtuose d’Aida Begic suit au plus près ses déplacements incessants dans un Sarajevo à la dérive où perdurent violence, corruption et traumatismes. Style bien différent mais tout aussi efficace pour le

drame tourné près de la Mer Noire par Belma Bas : Zéphir, délicat portrait d’une adolescente abandonnée à ses grands parents par une mère qui ne revient que pour mieux repartir et dont les sentiments lentement sédimentent avant d’exploser. Les plans osent l’immobilité, s’élargissent sur l’immensité d’une montagne somptueuse ou grossissent jusqu’à l’abstraction le grain des matières. Essentiel aussi est l’espace dans le superbe film de Ça la Zencirci et Guillaume Giovanetti, Noor, road movie «soufiste» inclassable, sans acteur professionnel, tout à la fois fiction et documentaire. On y suit l’itinéraire d’un khusra, danseur pakistanais transgenre en quête du lac magique où des fées exauceraient son vœu de virilité et d’amour. Un voyage qui fait, plus qu’il ne se fait, au gré des rêves, transes, souvenirs, rencontres, au son d’un

rabâb afghan joué par le malicieux Abaji dont le concert a précédé la projection. Le miroir stendhalien se promène ici en truck bariolé tintinnabulant sur les routes poussiéreuses du Pakistan. Parmi les 13 courts-métrages en compétition, ont été retenus deux films dans lesquels histoire familiale et politique interfèrent. Prix du jury pour Dad Lenin and Freddy de la réalisatrice grecque Rinio Dragasaki où une fillette trop attachée à un père communiste souvent absent, mêle dans ses rêves mythes américain et soviétique. Prix «Coup de cœur» pour J’ai habité l’absence deux fois de l’algérienne Drifa Mezenner qui fêle le silence de ses parents meurtris par la guerre civile de 90 et l’exil de leur fils. Le public, quant à lui, a plébiscité à égalité de suffrages, Apele tac de la roumaine Anca Miruna Lazarescu et Uniformadas de l’espagnole Irène Zoe Alameda. Avec 34 films représentant 15 pays méditerranéens, 18 invité(e)s, des partenariats plus nombreux, les Rencontres s’étoffent, touchant un public de plus en plus large. S’il n’y a pas de spécificité esthétique du cinéma féminin, la revendication politique de la place des femmes dans les sociétés méditerranéennes, l’affirmation de leur engagement, de leur courage et de leur talent sont plus que jamais nécessaires. Elles ont trouvé dans cette édition leur juste expression. ÉLISE PADOVANI



66 CINÉMA GARDANNE | CINEHORIZONTES

Tour du monde en 24 images / seconde cinéma 3 Casino, un hommage à John Cassavetes : cinq de ses films (Shadows, Faces, Une femme sous influence, Meurtre d’un bookmaker chinois et Opening night) seront projetés dans une version remasterisée. Ces propositions volontairement éclectiques, destinées à dresser un panorama international de la production cinématographique tant fictionnelle que documentaire devraient permettre de satisfaire tous les goûts, sans oublier les plus jeunes, qui se régaleront du long métrage d’animation Les enfants loups, de Mamoru Hosoda, et du retour de Kirikou au cinéma. Pour ceux qui ne résident pas à proximité, n’hésitez pas à prendre le train : sur présentation d’un billet de TER, un tarif réduit sera accordé.

Syngue Sabour, Terre de patience d'Atiq Rahimi

Comme chaque année, on ramasse les feuilles mortes à la pelle, et on se réfugie dans les salles obscures pour grappiller encore un peu d’exotisme et de chaleur. L’été indien sera plaisant à Gardanne, qui nous propose du 26 octobre au 6 novembre son traditionnel Festival Cinématographique. Un festival qui fêtera l’an prochain son quart de siècle et annonce pour cette édition 2012 une programmation touffue. Après l’ouverture sur la Palme d’Or 2012 (Amour de Michael Haneke), et avant la soirée de clôture consacrée à Mon père va me tuer de Daniele Cipri, ce seront plus de soixante films qui seront projetés ; notamment un focus sur Xavier Dolan, le très jeune et déjà chevronné réalisateur canadien, et un gros plan sur le cinéma italien. Plusieurs avant-premières seront à l’affiche, au nombre desquelles Piazza Fontana de Tullio Giordano, et surtout Pierre de patience, le prix Goncourt 2008 adapté par son auteur, Atiq Rahimi. On ap-

GAËLLE CLOAREC

préciera sa présence parmi celle des réalisateurs qui auront fait le déplacement pour présenter leur travail : Laurent Cantet, Stéphane

Cazes, Bruno Le Jean, Clara Bouffartigue... À noter, pour inaugurer l’équipement numérique dont s’est doté cet été le

24ème Festival d’Automne de Gardanne du 26 oct au 6 nov

España para siempre ! Le Festival de cinéma espagnol et hispanophone de Marseille passe cette année à la vitesse supérieure, avec une équipe renforcée et plus de moyens, tant au niveau de la programmation que de l’organisation et de la communication. Malgré la crise, tous les partenaires espagnols ont confirmé leur participation : on verra donc plus de quarante films, dont sept court-métrages provenant de

l’ECAM (École de Cinéma et d’Audiovisuel de Madrid) et de la Filmoteca Vasca. Luis Tosar, invité d’honneur avec l’écrivain Manuel Rivas et le réalisateur Enrique Otero, présenteront un zoom sur la Galice, notamment un film inédit en France (Todo es silencio, de José Luis Cuerda) lors de la soirée d’ouverture (le 9 nov). Le 17, la clôture sera assurée par le dernier opus du Els Nens salvatges de Patricia Ferreira

regretté Raoul Ruiz, décédé l’an passé au terme d’une carrière exceptionnelle (La Noche de enfrente), et la projection en avant-première de No, du Chilien Pablo Larrain (voir Zib’53). D’autres inédits sont au programme, en particulier un film d’animation intitulé O’Apostolo, dont l’action située sur les chemins de Compostelle et la voix de Géraldine Chaplin attireront plus d’un spectateur, et Els Nens salvatges (de Patricia Ferreira), qui a raflé tous les prix lors du dernier Festival de Málaga. On connaît déjà la composition du jury pour le Grand prix CineHorizontes / Sciences Po Aix qui consacrera le meilleur film (Domingo García Cañedo, Eva Darlan, Aurélie Vaneck, Myriam Mayer et Bernard Aubert), et celle du prix du scénario de long-métrage : Katia Imbernon et Agnès Gateff, auxquelles se joindra le marseillais Philippe Carrese. À Marseille, tous les films seront projetés au cinéma du Prado, sauf le 11 nov où le festival se déplace aux Variétés. Guettez la parution du programme définitif pour repérer les séances à Aubagne, Vitrolles, Avignon, La Ciotat, Hyères, Martigues ou Aix-en-Provence. GAËLLE CLOAREC

Festival CineHorizontes, 11ème édition du 9 au 17 nov 2012 09 54 61 48 09 www.horizontesdelsur.fr


APT | CINEMED | FIME CINÉMA 67

Ça tourne tout autour Le Capital de Costa Gavras

À Montpellier la 34ème édition du festival CINEMED fera le tour de toutes les rives de la Méditerranée en 250 films ! Longs et courts métrages seront en compétition et en panorama, fictions et documentaires. Une rétrospective Roberto Rossellini permettra de découvrir la globalité de l’œuvre en présence de son fils, Renzo. Des hommages seront rendus : l’un à Costa Gavras dont le dernier film, Le Capital, adapté du roman éponyme de Stéphane Osmont, sera présenté en ouverture, au Corum à 20h30, en présence de l’équipe. Un autre à Jalil Lespert, comédien qu’on pourra voir dans Jeux de plage, Ressources humaines, Le Petit lieutenant, Le Promeneur du Champ-de-Mars ; mais qui est aussi réalisateur de 24 mesures et Des vents contraires. Dans la perspective de l’ouverture à Montpellier

du musée de l’histoire de la France en Algérie, fictions et documentaires, avec une carte blanche à l’INA, ainsi qu’une table ronde, permettront d’aborder les relations entre les deux rives de la Méditerranée.

Les amateurs de l’horreur et du fantastique passeront une nuit en enfer en compagnie de Christopher Lee avec une sélection de ses apparitions dans le cinéma des années 60 et 70. Les 60 bougies de la revue Positif seront soufflées avec un cycle de films méditerranéens ayant fait l’objet de ses couvertures, et Theo Angelopoulos sera honoré de L’Éternité et un jour, et Eleni. Les projections se déroulent au Corum - Palais des congrès, au Centre Rabelais, à l’Auditorium du musée Fabre et aux cinémas Diagonal et Utopia. CINEMED du 26 oct au 3 nov Montpellier 04 99 13 73 73 www.cinemed.tm.fr

Les deux Afrique

Monstres et Cie

Pour enrichir notre géographie intérieure d’images du continent brûlant, il suffira cet automne encore de s’engouffrer dans les salles obscures, au pays d’Apt. Le 10ème Festival des cinémas d’Afrique aura lieu du 8 au 14 nov, avec en avant-goût un week-end spécial Algérie (pour célébrer le cinquantenaire de l’Indépendance) les 19, 20 et 21 oct. À l’affiche de cette édition, fictions et documentaires venus du Maroc, d’Égypte, de Tunisie, et de l’Afrique au sud du Sahara... en tout 41 séances publiques et 31 scolaires sont programmées, plus encore que l’an dernier, ce qui évitera peut être de devoir refuser du monde comme l’an dernier dans ce festival très couru ! Citons en particulier Révolution moins 5’ de Ridha Tlilli, La vie n’est pas immobile de Alassane Diago, le fameux La Vierge, les coptes et moi (Namir Abdel Messeeh) et le Grand Prix du FIDMarseille 2012, Babylon. Cette année, le court-métrage en pleine effervescence gagne en visibilité, avec une carte blanche aux Rencontres cinématographiques de Béjaïa : le Maghreb encore, avec entre autres les Brûleurs de Farid Bentoumi, J’ai habité l’absence deux fois de Drifa Mezenner, et Khouya (Mon frère) de Yanis Koussim. Plus de 30 cinéastes et invités seront accueillis au Cinémovida, et dans le nouvel espace du festival place Jules Ferry, qui s’ouvre au public. À voir également, une exposition de sténopés au Vélo Théâtre, avec la plasticienne Anne Sophie Boivin, et un Studio Numérique Ambulant qui mettra au point une frise de portraits, et projettera Andalousie mon amour, en présence du réalisateur Mohamed Nadif. À ne pas manquer, le concert du 9 nov réunissant Sayon Bamba (Guinée) et Ya’zmen (Algérie).

Du 2 au 10 nov, se tiendra à Toulon et ses environs, la huitième édition du Festival International des Musiques d’Écran (FIME), créé par Filmharmonia, qui explore, cette année, l’univers des montres au cinéma. En ouverture, au Théâtre Marélios de La Valette du Var, le 2 nov à 21h, Le Golem de Paul Wegener accompagné par le trio parisien électro-pop, NLF3. Tout au long de la semaine, dans différents lieux varois, le public cinéphile et mélomane pourra voir des monstres mythiques dans des chefs-d’œuvre du cinéma, accompagnés par des musiciens de jazz, d’électro pop, de musique électronique, contemporaine… : Loulou de Georg Wilhelm Pabst, Docteur Jekyll & Mr Hyde de John S. Robertson, La Nuit des morts vivants de George A. Romero, Nosferatu de Friedrich W. Murnau, Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene… La clôture de cette 8ème édition aura lieu les 1er et 2 déc à l’opéra de Toulon : Un week end avec Chaplin. Nous y reviendrons…

10ème Festival des Cinémas d’Afrique Pays d’Apt du 8 au 14 nov 09 52 57 49 35 www.africapt-festival.fr Andalousie, mon amour de Mohamed Nadif

Filmharmonia 0652 73 87 34 www.fimefestival.com Le Golem de Paul Wegener

GAËLLE CLOAREC

ANNIE GAVA


68 CINÉMA LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE

La Vierge, Regards sur l’Égypte Dans le cadre de Regards sur l’Égypte, et à l’occales Coptes et Moi sion du mois du documentaire, la Bibliothèque Le 23 oct à partir de 19h, le cinéma Les Variétés, en

John Cassavetes Jusqu’au 23 oct, l’Institut de l’image à Aix propose cinq films de John Cassavetes, à l’occasion de la réédition en copies numériques de Shadows, Faces, Une Femme sous influence, Opening Night, Meurtre d’un bookmaker chinois

départementale des Bouches-du-Rhône, en partenariat avec les Rencontres d’Averroès, propose trois documentaires, témoignages de femmes sur la société égyptienne : Interdit d’Amal Ramsis, Ces filles-là de Tahani Rached et La nuit, elles dansent de Stéphane Thibault et Isabelle Lavigne. Projections dans les bibliothèques municipales des Bouchesdu-Rhône du 25 oct au 30 nov.

collaboration avec l’association Nour d’Egypte, propose une soirée avec la projection du film de Namir Abdel Messeeh, La Vierge, les Coptes et Moi, en présence de Tamer Shabana (président de l’association).

Institut de l’Image 04 42 26 81 82 www.institut-image.org

Centre culturel associatif égyptien 09 80 63 06 56 Cinéma Variétés 09 75 83 53 19 www.cinemetroart.com

Petit cinéma Fotokino propose une programmation pour les petits (et les grands !) au cinéma Les Variétés à Marseille et à Grans, Port St Louis, Fos, Martigues, Trets et Saint Martin de Crau. Pour commencer, deux courts métrages tchèques : L’Histoire du chapeau à plume de geai de Vlasta Pospisilova et La Raison et la Chance de David Sukup tournent dans le département 13 en oct et nov. Les projections sont suivies d’ateliers, où on discute, où on fabrique…

Bibliothèque départementale 04 13 31 82 00 www.biblio13.fr

Allez les filles

Cleveland contre Wall Street

Le 24 oct à 20h, au Théâtre Liberté à Toulon, AFLAM propose 3 films autour du rôle des femmes dans l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui : le documentaire d’Ahmed Lallem, Algériennes 30 ans après et deux courts métrages d’Amal Kateb, Meeting autorisé et Allez les filles.

Fotokino 09 81 65 26 44 www.fotokino.org

Théâtre Liberté 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Enfances italiennes

Un été à Alger

Du 14 au 28 oct, en partenariat avec l’Institut Culturel Italien de Marseille sont proposés, à la Buzine, des films autour de l’enfance dans le cinéma italien. Le 14 oct à 14h, Terraferma de Emanuele Crialese et à partir du 17 oct un hommage à Luigi Comencini avec Le Avventure di Pinocchio, Un Ragazzo di Calabria et Cinema Paradiso (Eleonora Comencini, directrice de production) de Giuseppe Tornatore.

Du 24 oct au 24 nov, dans la salle Fanny Ardant du Théâtre Liberté à Toulon, une installation vidéo, Un été à Alger, imaginée par Aurélie Charon et Caroline Gillet pour immerger le passant-spectateur dans la ville d’Alger : Amina Zoubir, Lamine AmmarKhodja, Hassen Ferhani et Yanis Koussim donnent chacun leur vision de la ville à travers 24 séquences courtes.

La Buzine 04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

Cleveland contre Wall Street de Jean-Stephane Bron

Le 30 oct à 20h, à la veille de l’Élection Présidentielle Américaine, en collaboration avec le Barreau de Marseille et le Mediterranean Anglo-American Business Network, projection unique du documentaire de Jean-Stéphane Bron, Cleveland contre Wall Street (Prix Du Public Paris Cinéma 2010) suivie d’un débat sur les aspects économiques et politiques.

Théâtre Liberté 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Cinéma Variétés 09 75 83 53 19 www.cinemetroart.com

Terres communes La Première Fois Du 16 au 19 oct, à l’École d’Art d’Aix en Provence,

Les bruits du monde À l’occasion de la Fête du livre, du 19 au 21 oct, l’Institut de l’image à Aix rend un hommage au cinéaste chilien, Raoul Ruiz, avec trois films empreints de littérature qui résonnent avec les Bruits du monde proposés par les Écritures Croisées : Les Trois couronnes du matelot, Le Temps retrouvé, La Nuit d’en face. Institut de l’Image 04 42 26 81 82 www.institut-image.org

La Buzine 04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

Héros de l’enfance À 14h le 4 nov, Oliver Twist de Roman Polanski et le 11 nov, le très émouvant Jacquot de Nantes d’Agnès Varda, documentaire amoureux et poétique sur Jacques Demy. Le 14 nov à 16h, séance spéciale Albert Lamorisse avec Le ballon rouge et Crin Blanc. Le 24 oct à 20h, sera présenté à l’Alhambra Cinémarseille, le web documentaire d’Emmanuel Vigier, coproduit par Les Films du Tambour de Soie et Zinc. Terres communes est «consacré à un mouvement de solidarité singulier ; celui des citoyens, regroupés en collectifs, qui accompagnent des gens de la rue jusque dans la mort, à Marseille et à Paris.» Cette projection s’inscrit dans une semaine thématique qui se déroulera du 20 au 24 oct à la Friche de la Belle de Mai, Rendez vous en Terres communes. www.zinclafriche.org www.tamtamsoie.net www.alhambracine.com

La Buzine 04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

Jacquot de Nantes d’Agnes Varda

Les Films du Gabian 06 84 95 15 93 https://sites.google.com/site/festivalpremiere

Halloween Le 31 oct, soirée Halloween à la Buzine : à 20h30, L’Étrange Noël de M. Jack de Henry Selick, d’après un scénario original de Tim Burton.

Terres communes d'Emmanuel Vigier

festival du 1er film documentaire, 15 films réalisés par de jeunes cinéastes venus du monde entier. Le 16 à 18h, ouverture en présence de Dominique Cabrera, marraine du festival : projection de Chronique d’une banlieue ordinaire et, en avant-première, de Ça ne peut pas continuer comme ça en présence de la réalisatrice qui donnera, le 17 à 13h30 une master class, animée par Jean-Luc Lioult, professeur de cinéma. Le 19 oct à 14h à Science Po Aix 3 films autour de Femmes et sociétés : entre tradition et modernité. Clôture le 19 oct à 20h30 à St Cannat : Dem Dikk de Karine Birgé et Impérium d’Ingrid Vido.


Art et essai à La Ciotat Le 4 nov à 18h30, Art et essai Lumière, en partenariat avec les Rencontres d’Averroès, propose au cinéma Lumière à la Ciotat La vierge, les coptes et moi... de Namir Abdel Messeeh ; une soirée ani-mée par l’équipe des Rencontres d’Averroès. Le 11 nov à 18h30, un documentaire sur les méthodes de certains cabinets de recrutement, La gueule de l’emploi en présence du réalisateur Didier Cros. Art et Essai Lumière 04 42 83 20 57

Ciné-concert Le 8 nov à 20h30, le Théâtre Liberté à Toulon accueille un ciné-concert proposé par le Festival International des Musiques d’Écran : Nosferatu, réalisé en 1922 par Murnau, sera accompagné par le groupe Turzi : Clemens Hourrière, Jérôme Lorichon, Mathieu Cesarsky et Romain Turzi. Théâtre Liberté 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

quatre jours consacrés au court-métrage. Plus de 80 films, fictions, documentaires, films d’animation, films expérimentaux et… en ouverture, des films venus d’Espagne -pays invité cette année- qui permettront d’échanger sur l’actualité socio- politique et la place du cinéma dans ce contexte. Du Vietnam avec Fleuve rouge de François Leroy et Stéphanie Lansaque en Ukraine avec Hello, My name is Olga de Tatiana Korol ou en Algérie avec Mollement, un samedi matin de Sofia Djamal, c’est un vrai tour du monde en cinéma que vous pourrez faire à Cabrières. Même les petits avec les séances Cinémômes ! Cinambule 04 90 76 84 38 http://cinambule.free.fr

Algérie à Toulon Le 14 nov à 20h, au Théâtre Liberté à Toulon, projection du documentaire de Marie Colonna et Malek Bensmaïl, 1962, De l’Algérie française à l’Algérie algérienne : récit et témoignages sur les semaines qui séparent le cessez-lefeu du 19 mars 1962 de l’élection de la première Assemblée Nationale Algérienne fin septembre. Théâtre Liberté 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Apportez-moi… Nosferatu le vampire de F.W Murnau

Cabrières, pays du court Du 15 au 18 nov, à Cabrières d’Avignon, l’association Cinambule propose les 19èmes Rencontres Court c’est court !,

Au Panthéon du septième art, l’œuvre majeure de celui qui inspire Scorcèse et Tarantino : Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia de Peckinpah ! Au Cinéma l’Alhambra, le 16 nov à 19 h, suivi d’un débat animé par la philosophe Marc Rosmini autour d’un verre. Alhambra Sur réservation : 04 91 46 02 83

Sous le signe ciné Dans le cadre des Rencontres d’Averroès, le programme Sous le signe (voir p. 10) fait la part belle aux projections, à commencer par un premier volet des Écrans d’Averroès, programmé en partenariat avec le Centre méditerranéen de commu-nication audiovisuelle et l’INA à La Criée avec projection de 3 documentaires suivie d’un débat avec les réalisateurs le 24 oct à 19h : Paroles et résistance de Timon Koulmasis, Unfinished Italy de Benoît Felici et extraits de Je me souviens. Puis, lors d’un temps fort sur l’Égypte aux ABD Gaston Defferre, projection de Ces filles-là de Tahani Rached et Interdit de Amal Ramsis (27 oct) ; à La Ciotat (le 4 nov au cinéma Lumière) et à Carry (le 6 nov au cinéma Espace Fernandel), la projection de La Vierge, les Coptes et moi de Namir Abdel Messeeh sera suivie d’un débat avec Tamer Shabana ; au Festival des cinémas d’Afrique du Pays d’Apt, projection du film Le Repenti de Merzak Allouache en sa présence (le 10 nov) ; Projection du documentaire À l’écoute du juge Garzón de Isabel Coixet au cinéma Le Prado, à Marseille (le 10 nov) et à Utopia, à Avignon (le 11 nov) ; Projection du documentaire Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde de Jérôme Fritel & Marc Roche suivie d’un débat au cinéma Le Méliès à Port-de-Bouc (le 13 nov) ; Projection du film Les Femmes du bus 678 de Mohamed Diab à Châteauneuf-les-Martigues (le 15 nov) et au cinéma Le Comoedia à Miramas (le 16 nov) ; enfin, lors de la soirée d’ouverture des tables rondes autour de la Syrie le 22 nov, projection de 3 épisodes de Top Goon et du documentaire Syrie, le crépuscule des Assad de Christophe Ayad & Vincent de Cointet. DO.M.


70 ARTS VISUELS MUSÉE GRANET | VIEILLE CHARITÉ La Vieille Charité à Marseille et le musée Granet à Aix présentent deux facettes du travail photographique de Bernard Plossu ; la Non-Maison complète le montage et Images en Manœuvre publie deux opus. Cela valait bien une rencontre…

La Montagne blanche © Bernard Plossu

Zibeline : Dans quelles conditions s’est déroulée la donation en 2010 au musée Granet ? Bernard Plossu : C’est la Fondation Almayuda qui a fait cette donation. Ce sont de beaux paysages que j’ai faits en marchant sur la Sainte-Victoire, mais je trouvais qu’il manquait la vie moderne. J’ai fait une dizaine de rouleaux en plus et là, je les ai offerts, car j’avais déjà été payé pour les autres. C’est important de le préciser, je n’ai pas acheté mon expo. Si on offre toutes ses photos aux musées, ce n’est plus un métier ! Là c’était pour compléter un achat qui est devenu une donation. Ce n’est pas le monde à l’envers. Quelles sont ces nouvelles photos ? Elles représentent la montagne vue du TER, il y a l’autoroute avec les bagnoles, les Mac Donald et les poteaux électriques… C’est une manière de désacraliser la Sainte-Victoire ! De toute façon je l’ai déjà désacralisée en ne prenant pas le titre et en choisissant La Montagne blanche. Justement, dans quel état d’esprit avezvous arpenté la Sainte-Victoire ? Comme les autres ! Oui, mais il y a quand même le mythe cézannien, Picasso, Kandinsky… avezvous ressenti un poids particulier ? Non, il faut s’en foutre ! Il faut marcher là comme dans le Vercors. C’est comme si j’allais dans un refuge de montagne et que je trainais avec moi l’histoire de tous les grimpeurs… ils sont là, on les a en tête, c’est pas grave, on trouve son monde petit à petit. Autant à Digne j’avais une commande avec un objectif au bout, autant là je n’avais pas du tout prévu d’en faire quelque chose. L’idée c’était d’aller me promener, et comme j’ai toujours mon appareil, j’ai fait des photos. Puis je me suis rendu compte qu’avec le temps j’en avais beaucoup. C’est Françoise Nunez qui les a tirées (photographe et compagne de Bernard Plossu, ndlr). Qu’est-ce qui change entre le travail de commande et le travail au hasard ? C’est pareil à partir du moment où je fais des photos au 50 mm. Dans la commande on vous attend au tournant : une commande ratée c’est une réputation gâchée. Les gens sont très exigeants, à juste titre, car c’est de l’argent public. On est peut-être un peu plus anxieux… Pour revenir à la désacralisation, ce ne sont pas les peintres qui restaient dans ma tête, c’était le nom de la montagne : la Sainte-Victoire. Il y a le mot «Sainte» qui me gonfle ! Ceci dit j’aime beaucoup la Vierge Marie, j’ai d’ailleurs écrit un petit texte pour le livre de photos de Carol Reid Gaillard, Virgin, publié par Le Bec en L’air, où je dis que la Vierge Marie est la maman du

Plossu en

pleine lumière premier beatnik… Quant au mot «victoire» il est vraiment haïssable : toutes les guerres existent à cause de la notion de victoire, et je ne vais donc pas célébrer des millions de morts. Bref, quand on marche là-haut, d’accord c’est la Sainte-Victoire, mais finalement c’est une montagne très blanche. Et là j’ai pensé à ma vie américaine où

j’étais copain avec un vieux poète beatnik, Robert Creeley, qui était l’un des plus jeunes de Black Mountain. Et je me suis dit que ma «montagne blanche» était un hommage à la «montagne noire». Quels sont vos liens avec la Beat Generation… ? Culturellement, j’ai été marqué par

deux époques fortes : celle de la Cinémathèque française à Paris et celle de la Beat Generation1 car j’ai vécu à San Francisco, à Big Sur. J’ai passé un tiers de ma vie en Amérique. Je n’ai pas quitté la génération beatnik et tout ce que j’ai appris là-bas je l’ai retrouvé en marchant dans la nature, dans des endroits comme la réserve géologique de Digne. C’est l’ambiance que j’ai connue à Big Sur lorsque j’avais 20 ans : la nature sauvage, des gens qui vivent une vie écologique, en retrait. À la Vieille Charité, vous présentez un travail sur Marseille. Quand vous déambulez en terrain urbain, la ville vient à vous de quelle manière ? Comme je n’ai qu’un seul objectif, la ville ou la nature sont vues par le même œil ; qu’il y ait du monde ou personne. C’est la clef de la photographie : il n’y a pas de différence de style. Marseille, je ne connaissais pas. Je suis allé à Palerme, Valencia, Gênes. J’ai fait un livre sur Athènes, Milan, Bruxelles, j’en prépare un sur Berlin avec Jean-Christophe Bailly. Les villes m’intéressent. Je me demande si dans mon Marseille il n’y a pas un peu d’inconscient car je suis allé à Alger quand j’avais 13 ans et cela m’a beaucoup marqué. Est-ce qu’il ne reste pas ce choc de la lumière que j’ai eu ? Car Marseille, c’est surtout une histoire de lumière très blanche, et en plus, il y fait parfois mauvais. Et moi, quand il fait mauvais, je suis content ! Les bourrasques, le vent, je suis chez moi, je suis un montagnard… Finalement, ces photos ne sont ni du reportage social ni de la belle photographie, ni du documentaire. Elles ont été faites sans but, au hasard et à la sauvette. Ce qui me plairait c’est que les marseillais disent «vous n’êtes pas de Marseille mais c’est bien ça Marseille». Ce sont des photos d’ambiance. Izzo, qui était un de mes proches, l’avait bien compris. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARIE GODFRINGUIDICELLI 1 Far out ! Les années hip : Haight-Ashbury, Big Sur, India, Goa de Bernard Plossu

À retrouver sur www.journalzibeline.fr les chroniques des catalogues d’expositions édités par Images en Manœuvres jusqu’au 16 déc La Montagne blanche Musée Granet, Aix-en-Provence 04 42 52 88 32 Marseille Centre de la Vieille Charité, Marseille 2e 04 91 14 59 18


SERVIÈRES | [MAC]

Lancée en 2002 par la Ville de Marseille, la Drac et l’Établissement public d’aménagement Euroméditerranée auprès de 12 artistes, la commande publique photographique s’est achevée en 2009. Les œuvres acquises ont été intégrées au Fonds communal d’art contemporain, dont une partie est exposée à la galerie Château de Servières : l’ensemble se lit comme le carnet d’images d’un territoire en mutation, au-delà de la chronologie et des styles, à travers le regard d’auteurs sur Marseille. Ce qui filtre de cette poignée d’images, c’est d’abord l’idée de transit, de voyages imminents, d’attente, d’arrivées et de départs. Euroméditerranée, zone de trafic : port, containers, ferries en partance, rives désertes, rails de chemins de fer, silhouettes accoudées au bastingage… autant de signaux urbains d’une ville «hantée» par la mer. Emmanuel Pinard restitue le Bassin de la grande Joliette en sept pièces mises bout à bout pour nous inviter à marcher en images le long de la digue, des viaducs routiers et autres autoponts qui le façonnent. Bernard Plossu nous entraine sur la Digue du Large où se mêlent voyageurs, touristes, immigrés et matières premières. La série Trajets de Claire Chevrier «compose en un long travelling le portrait

halluciné de la ville», ses images prélevées à partir d’un véhicule accentuant son chamboulement perpétuel. Sous l’œil de Brigitte Bauer, la ville est double : colorée, tendue vers l’avenir avec ses arbres en pot devenus mobilier décoratif ; mutante et percée de toutes parts, les entrailles à l’air aux prises avec les bulldozers… Ensuite apparaît l’esprit des lieux, soufflé par Les nouveaux habitants du périmètre photographiés par Antoine d’Agata, portraits en pied d’adolescents «incrustés dans des morceaux de ville», à la posture identique, bras ballants et regards perdus dans le lointain. Tableaux recomposés dans des décors fictifs ou réels qui jettent le trouble ; panorama d’une ville fantomatique. Plus troublants encore, les diptyques d’Alex Majoli, au noir profond, d’où émergent visages et paysages… M.G.-G.

Euroméditerranée 2002/2009 jusqu’au 3 nov Galerie Château de Servières, Marseille 4e 04 91 85 42 78 www.chateaudeservieres.org

Angoisse L’exposition Édouard Levé donne le vertige. Si la performance du 5 octobre (voir p. 56) dans le cadre d’actoral était centrée sur sa série Pornographie, qui met en scène des personnes habillées et impassibles dans les positions habituelles du porno, l’expo au [mac] part dans tous les sens de l’œuvre déroutante de ce poète photographe, qui s’est donné la mort 10 jours après avoir terminé son manuscrit Suicide… Il met généralement en scène des acteurs au physique très normé et en habits de ville, en studio, qui reprennent des poses qu’on ne sait plus reconnaitre hors de leur décor. Mais il y aussi des paysages nets et sans âme qui vive, des photos lisses, angoissantes comme si le réel émanait d’un monde virtuel peuplé d’avatars sans émotions… Glaçant. A.F.

Édouard Levé jusqu’au 20 janv [mac] 04 91 25 01 07 www.marseille.fr/siteculture © E. Leve - Pornographie

Serie Psychogeographie © Antoine d'Agata

Marseille en mouvements

ARTS VISUELS

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72 ARTS VISUELS GALERIES LAFAYETTE | CCIMP

Au 5e ciel ! dio omniprésente aux étages se met en sourdineMarseille Expos élargit son public, avec la caution institutionnelle du Frac qui présente les photos de Patrick Everaert. Tous les médiums ou presque y sont possibles : sculptures d’Andreas Senoner (galerie Koulinsky) et de Corinne Marchetti (La Gad), photos de Javiera Tejerina-Risso (Saffir galerie nomade a vendu 2 exemplaires de la série Uyuni 2010/2012), peinture de Timothée Talard (galerie Gourvennec-Ogor) ou vidéos de Simone Stoll et Mélanie Bellue-Schumacher. D’autres ventes ont été réalisées pendant Luxe(s) : 2 pierres Moon d’Emmanuel Régent (proposition d’Astérides) et 3 monnaies de singe de Mary Puppet, impressions des billets originaux datées et signées (galerie Porte Avion). Pas de quoi provoquer un embouteillage à la caisse, mais d’y vendre autre chose…

Dans la vitrine des Galeries Lafayette, rue SaintFerréol, on ne voit qu’elle : énigmatique, la peinture de Nicolas Pincemin s’accompagne d’une invitation à découvrir la Galerie du 5e. Là-haut, 250 m2 avec vue sur les toits sont dévolus à l’art contemporain grâce à Marseille Expos, prestataire de service pour l’enseigne française. Tout a commencé quand Céline Emas Jarousseau, alors coordinatrice du réseau des galeries marseillaises, a souhaité reproduire le modèle parisien… les belles perspectives de Marseille 2013 ayant convaincu la direction nationale de mettre à disposition gracieusement leur surface de vente, tout en laissant une liberté curatoriale totale. Pour l’heure le programme se compose de trois expositions issues d’un commissariat collégial sur le thème «Luxe(s), calme et volupté» : après Luxe(s) (voir Zib’54) et ses 22 artistes («peut-être un peu trop» selon Saffir galerie nomade), Calme en présente 15 proposés par 10 structures. De quoi habiter harmonieusement l’espace baigné de lumière naturelle, équipé de cimaises, avec bureau d’accueil et de documentation (seul bémol à l’affaire car il est encore très peu fourni). Dans de vraies conditions de monstration -même la ra-

M.G.-G.

Calme jusqu’au 15 déc Galerie du 5e, Marseille 1er 06 95 19 80 60 www.marseilleexpos.com

La conscience du monde

© Mohamed Bourouissa

© Marc Quer

La Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille Provence organise depuis 5 ans, un concours artistique bien doté (30 000 euros à partager), offrant en outre aux jeunes artistes une belle visibilité, et une confrontation avec un jury composé d’experts professionnels (Gérard Traquandi, Bernard Muntaner…). Ainsi au fil des années les candidats se font de plus en plus nombreux, les œuvres exposées d’une qualité évidente. Cette édition est pour l’heure la plus réussie : 122 candidats, 10 œuvres exposées, 3 lauréats. L’œuvre la plus singulière est sans doute celle de Mohamed Bourouissa, réalisée durant un Atelier de l’EuroMéditerranée de MP2013. Des statuettes

© Marc Quer

blafardes et comme tremblées, photocopies en 3D de demandeurs d’emploi, s’alignent au dessus d’un dispositif vidéo d’images volées lors de transactions au noir aux Puces. Interrogeant ainsi l’exclusion par le chômage, l’anonymat et la marge qu’il implique. Les photos de Marc Quer, joliment intitulées De l’éternel avec une date de péremption, exposent leurs paradoxes : un container qui sert de support à une quête amoureuse, une main ouverte dont l’ombre se ferme en poing… Jean Denant, autre lauréat, joue entre 3D et 2D à figurer un chantier explosé. Les autres œuvres méritent tout autant attention : les photographies de faux paysages en objets de Gilles Boudot, ou des installations très politiques de deux femmes. Milena Bonilla, qui figure les inégalités géo-

graphiques par la taille de pelotes de laine noire. Ou Time to value, dispositif interactif d’Olga Kisseleva, qui chiffre la valeur du temps de travail et l’espérance de vie dans le monde, et cyniquement annonce que l’écart sera comblé entre pauvres et riches dans dix ans. Lorsque la pollution, la crise, financière et les pénuries d’eau et de nourriture auront plongé le monde dans une égalité de misère… sous le signe d’une CCCP revenue ! Une génération d’artistes qui s’implique fortement dans le réel social, promue par une chambre de commerce… Étonnant, non ? AGNÈS FRESCHEL

Ho ! haaa 5e concours artistique de la CCIMP jusqu’en déc Palais de la Bourse www.ccimp.com


HÔTEL DES ARTS | PERCOLATEUR| KARIMA CÉLESTIN

ARTS VISUELS

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Inauguré en 1999, l’Hôtel des Arts de Toulon entame sa troisième vie sous la baguette de Ricardo Vazquez, directeur des affaires culturelles du Conseil général 83. Un nouveau cap artistique se dessine, sans faire table rase des années Sophie BiassFabiani marquées par les interventions de Claudio Parmiggiani et Jean-Paul Marcheschi qui transfigurèrent le lieu, ni de la décennie Gilles Altieri axée sur les monographies et les grands mouvements constitutifs de l’art actuel, particulièrement l’abs traction. Riche de cet héritage, le directeur du centre d’art fixe la feuille de route : «L’idée est de renforcer le lien étroit entre la politique culturelle du Dé partement et l’Hôtel des Arts. Nous aborderons les questions de l’iden tité méditerranéenne, en cohérence avec les Rencontres artistiques du Var. Car la ville est le fait contemporain le plus saillant du point de vue environnemental et sociétal.» Premier signe extérieur de cette orientation, l’exposition Oser l’architecture dont le commissariat a été confié à Jean-Lucien Bonillo, qui illustre les expérimentations mo-

dernes et contemporaines dans le Var d’un argumentaire analytique et d’un commentaire critique. Une proposition exigeante dans son contenu proposée de manière éclairante à travers plans, maquettes, vidéos, diaporamas et «objets» de construction. Le second rendez-vous, en forme de clin d’œil, portera sur L’automobile et les artistes et affirmera son caractère plastique : sculptures, peintures, installations dresseront l’inventaire de l’automobile dans tous ses états. La ville encore, vue par le photographe italien Gabriele Basilico, en lien avec le festival Photomed. La question de la perception de l’espace sera abordée sous l’angle de l’interaction art et technologie avec Adrien Mondot (associé à la plasticienne Claire Bardainne, il sera à l’affiche du Théâtre Liberté), et du rapport des artistes à la cartographie dans Mappamundi ou le portrait du monde (dans le cadre du projet Ulysse du Frac). D’autres partenariats sont prévus, avec la Maison de la Photographie toute proche, car l’ouverture sur la ville et le territoire est à l’ordre du jour. Fermé en 2014 pour cause d’amé-

Villa-Galerie Navarra © Philippe Ruault

Les habits neufs de l’Hôtel des Arts

nagements (premier étage transformé en lieu de vie avec cafétéria, librairie-centre de ressources, expos temporaires, projections), l’Hôtel des Arts bichonne son public avec un service médiation in situ : «C’est une évolution sensible de l’Hôtel des Arts qui va accompagner le visiteur et l’aider à rentrer dans les œuvres. Je veux une relation intime avec l’œuvre… Pour moi, l’art n’est pas sacré mais social, c’est-à-dire inscrit dans la société.»

Oser l’architecture jusqu’au 18 nov Hôtel des Arts-Centre méditerranéen d’art, Toulon 04 94 91 69 18 www.hdatoulon.fr

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Initiatives d’automne réflexion et l’accompagnement des artistes. Quant C’est sur la pointe des pieds que Karima Célestin à la crise actuelle, elle n’est pas dupe : «Ç’est vrai a inauguré sa galerie dans un atelier de bijouterie que je prends des risques, c’est l’aventure ! Je transformé en 150 m2 d’exposition, éclairé par une belle verrière. 25 rue Sénac, près Vue de la galerie Karima Celestin © Lionel Fourneaux de La Plaine : «Ça me plait si je peux contribuer à apporter un espace culturel dans ce quartier authentique et populaire», dans un environnement qui tranche avec le canal SaintMartin où elle défendait le travail de jeunes artistes dans un lieu expérimental… La voici «cachée» derrière la porte d’un immeuble classique, à la tête d’une galerie qui pointe le bout de son nez à l’aune de 2013. «C’est un coup de cœur, je me sens bien ici, comme un trésor, une grotte, j’aime l’idée que l’on me cherche et que l’on découvre l’espace dédié aux grandes pièces, et l’autre, plus intimiste, consacré à la vidéo.» Pour son premier rendez-vous avec Marsais que le marché de l’art est difficile, voire seille, elle réitère sa proposition parisienne Crossing-Over, baptisée Click here to resume, qui inexistant, mais Marseille est une ville en devenir.» réunit les mêmes artistes émergents, les mêmes Pour Marco Barbon, photographe et théoricien de la photographie, le défi est différent : son Percoœuvres et d’autres issues de rencontres croisées plus récentes. Un projet qui résume son goût des lateur est avant tout un lieu de diffusion de la aventures collectives propices à l’émulation, la culture photographique destiné aux artistes,

enseignants et professionnels. À l’abri des regards extérieurs, ils se retrouvent à l’occasion de stages, workshops, conférences, lectures de portfolio et résidences, dans une ancienne fabrique de machines à café relookée par l’architecte marseillaise Sidonie Daher. «C’est une nouvelle plateforme pour l’art» explique Marco Barbon qui n’a pas besoin de jouer du tamtam pour faire ronfler son percolateur… il a travaillé pendant quatre ans au sein de la prestigieuse agence Magnum Photos ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Crossign-over deuxième édition jusqu’au 27 oct Galerie Karima Célestin, Marseille 1er 06 28 72 44 24 www.karimacelestin.com Le Percolateur 67 rue Léon Bourgeois, Marseille 1er 06 73 09 77 44 www.lepercolateurphoto.net


74 ARTS VISUELS PHOT’AIX | CG13 AIX

¡ Cuba si y mas ! picturale, humaniste, voire existentielle, se dépeint dans les autoportraits d’Aimée Garcia Marrero (dans une démarche proche de Cindy Sherman) et Andréa Graziosi puis Virginie Plauchut tandis que René Peña tente le dépassement de l’individu vers plus d’universel. Cette édition offre aussi des nouveatés avec des lectures de portfolios et le OFF cède sa place à des Parcours thématiques : Cuba si qui complète Regards Croisés, des Festivals Invités, la Photographie alternative, la Mode : un faux semblant enfin celui de la Fontaine Obscure pour ses coups de cœur en attendant la promesse d’un nouvel espace plus adapté aux activités de l’association. CLAUDE LORIN

Phot’Aix 2012 jusqu’au 18 nov divers lieux, Aix La Fontaine Obscure 04 42 27 82 41 www.lafontaine-obscure.com

Comme une mise en bouche Habituellement la galerie d’art du Conseil général des Bouches-du-Rhône surprend par ses scénographies inventives. Cette fois, pour évoquer «la collection d’un Musée de France à SaintRémy-de-Provence», l’exposition s’habille d’un classicisme idoine. On découvre une succession d’œuvres emblématiques du fonds du musée Estrine, avant de conclure le bref tour d’horizon par une documentation réduite (trois catalogues d’expositions anciennes), une maquette du futur musée rénové et une photo de la porte d’entrée de l’hôtel particulier. Ceux qui ne le connaissent pas encore auront-ils envie d’aller à Saint-Rémy en octobre 2013, quand les travaux d’extension et d’aménagement seront terminés ? Pour les autres, cette mise en bouche aura été une agréable «madeleine»... Le choix des œuvres est insoluble car le musée Estrine abrite une collection publique de plus de six cents œuvres rassemblées en vingt-cinq ans dédiée dès l’origine à la peinture et aux arts graphiques des XXe et XXIe siècles. La sélection porte donc sur quelques artistes phares liés de près ou de loin à la Provence : Albert Gleizes, André Marchand, Bernard Buffet, Rebeyrolle,

de la création artistique du territoire» tels Joseph Alessandri (fidèle de la galerie Sordini à Marseille), Jean-Jacques Ceccarelli, Gérard Drouillet et Alain Grosajt, et des talents émergents qui font de la collection un work in progress : Thomas Fougeirol, Annabelle Milon… Dans ce puzzle incomplet, on apprécie la mise en perspective de peintures-matières aux reliefs et aux formes percutantes (Rebeyrolle encore) avec les Métamorphoses de Pierre Pinoncelli tout en nuances de blanc et grès ; l’hommage à Van Gogh dessinant sculpté par Zadkine que l’on contourne à 360° pour en apprécier les découpes cubiques et, invisible au passant pressé, la Composition de Fred Deux à la pornographie austère.

Albert Gleizes, Composition cubiste, 1922, gouache sur papier, 27 x 17,5 cm © Musee Estrine - ADAGP, Paris 2012

Le point d’orgue de cette édition 2012 est sans conteste l’invitation faite aux artistes cubains. Marc Célérier et son équipe ont concocté une belle sélection et réussi une subtile alchi mie avec les Regards Croisés des cinq tandems franco-cubains en évitant les clichés sur l’ile du lézard vert. Chacun procède de postures vraiment singulières et les images par leurs rapprochements comme leurs écarts tressent de féconds dialogues huma nistes au-delà des duos. La série d’Adrian Fernandez Milanés où le décoratif s’enjoue du paraître en contraste avec les inquiétants diptyques sur l’être féminin de Nathalie Hubert, renvoient vers les archétypes sur la femme remodelée de Jorge Otero Escobar associés aux fragments de féminité retenus par Alice Lemarin. Plus nettement affirmés dans le champ social sont les Camouflajes d’Adrian Florès que contrebalancent les interrogatoires amusés de Jean-Bastien Lagrange. La figure féminine avec son appréhension plus

Adonis Flores, Camouflajes, digital print, 120x90cm, 2005

Phot’aix constitue l’évènement photographique en cette rentrée aixoise. Avec plusieurs nouveautés et des Regards Croisés particulièrement réussis en invitant des artistes de Cuba. Réciproque prévue en 2013 à La Havane

M.G.-G.

À la découverte du musée Estrine, de Gleizes à Baselitz jusqu’au 16 déc Galerie d’art du Conseil général 13, Aix-en-Provence 04 13 31 50 70 www.culture-13.fr

Eugène Leroy, mais également Alechinsky, Poliakoff, Chagall ou Delaunay via des lithographies… Des contemporains, qui «illustrent la variété

Jean-Jacques Ceccarelli, Philtre, 1998, encre et lavis sur papier contrecollé sur bois, 165 x 130 cm © Musée Estrine


POPART’S | ARLES

ARTS VISUELS 75

Garçons et fille L’actualité de la POPART’s garde son cap avec Anthony Duchêne et Nicolas Darrot au CAC d’Istres, Rachel Poignant à l’artothèque de Miramas Les inventions de Nicolas Darrot et Anthony Duchêne, qui se connaissent mais ne constituent pas un tandem établi, se développent au convergent de l’art, de la science et des stratégies militaires. La Fabrique de Nicolas Darrot simule dans toute sa complexité technologique une chaîne de montage industrielle aux fins dérisoires (on pense au film Soleil Vert) : la fabrication automatisée de future chair à canon matérialisée par de tout petits soldats en plastoc. Le non-sens chez Anthony Duchêne est évoqué avec Les Criocères d’Ulysse, personnages lilliputiens érigeant un casque antique géant. L’artiste redouble le décalage dans le titre qui fait référence à des insectes parasites du lys et écorne ainsi la fable antique du célèbre guerrier. Pointage des collusions entre politique et technologie avec La Doublure de Job (référence à la première machine espion en apparence de renard) ou L’Intrus (pantin mécanisé anthropomorphe dés/articulé en filet de camouflage militaire). Les animaux semblent eux aussi adopter des mo-

Rachel Poignant, resine acrylique blanche, 2010 © Camille Fallet

Drone de choses

dalités hybrides tels les Bat Warriors, les Drone Cast, l’Appeau des cuirassés… ou bien leur comportement est détourné à travers un simulacre scientiste dans l’installation Apis Mellifera’s Boogie Woogie avec une allusion au célèbre tableau du rigoriste Mondrian. Darrot et Duchêne jouent avec les possibilités de transfuge entre champs sociaux à travers des avatars ou des types de straté-

Anthony Duchêne, La doublure de Job © Caroline Chevalier Ouest Provence

gies, dans des réalités travesties afin de rendre compatible ce qui ne le peut être qu’à travers la fiction de l’art. Au visiteur de s’en amuser ou de s’en inquiéter.

Épures Contraste saisissant à l’artothèque avec Rachel Poignant qui explore les connivences entre lumière et matière, cette dernière pour ses qualités d’absorption/émission de la première. Dans un long travail d’élaboration en résultent des structures dépouillées, aux nuances d’albâtre, entre sculpture et architecture proche d’un design épuré et toutefois très concret. CLAUDE LORIN

Réminiscences

Andre Leocat, ensemble de sculptures a l'Atelier Archipel © Laura Jonneskindt, 2012

Montrées simultanément en trois lieux arlésiens les œuvres d’André Léocat imposent de se découvrir successivement, en trois chocs esthétiques et anachroniques. L’histoire de l’art n’est pas avare d’exemples d’emprunt, de citation, plus généralement de référence à un style, un genre, un artiste. La bizarrerie est que certains créateurs contemporains s’adonnent à cet exercice délicat dans des formes émancipées de l’acte servile. Dérober, plutôt qu’emprunter. Rappelant davantage la démarche de Gerhardt Richter que les emprunts par Picasso ou Erro, André Léocat semble se jouer des prégnances. Un cadrage, une facture, un sujet, une ambiance, la lumière, même une absence,

titillent la mémoire et provoquent une incertaine confusion. Malevitch, Mondrian, Hopper, Soulages, Vermeer ? Par endroits le paysage classique, vu avec un œil plus récent, ou l’objet poétisé, couvent entre figuration et abstraction. En distribuant près d’une soixantaine de pièces en trois lieux, tableaux/objets et sculptures/architectures pour Archipel, peintures abstraites chez CirCa et figuratives aux éditions Analogues (qui consacre un numéro de Semaine à l’artiste) l’accrochage met en valeur les écarts esthétiques pratiqués en aller-retour dans une même période d’environ trois ans. Le visiteur peine à croire qu’il s’agit d’un même auteur ! C.L.

André Léocat jusqu’au 17 nov Atelier Archipel, Arles 06 21 29 11 92 www.atelierarchipelenarles.com CirCA, Arles 04 90 93 26 15 www.circa-arles.com Éditions Analogues, Arles 09 54 88 85 67 www.analogues.fr

L’État-major hirsute Nicolas Darrot, Anthony Duchêne jusqu’au 3 nov Centre d’art contemporain intercommunal, Istres 04 42 55 17 10 Rachel Poignant, sculptures jusqu’au 24 nov Artothèque, Médiathèque Intercommunale, Miramas 04 90 58 53 53 www.ouestprovence.fr


76 ARTS VISUELS AU PROGRAMME Accents grecs Les Instants Vidéo poursuivent leur invite engagée à regarder et penser le monde autrement grâce aux actes poétiques posés par les artistes qui déplacent les lignes. Des lignes de force dédiées à la Grèce en pleine actualité tragique et plus généralement à la création vidéo documentaire/militante/expérimentale/poétique internationale dont la Croatie, l’Inde, le Brésil… pour irriguer Marseille et les alentours. C.L. ….et nous sommes magnifiques ! 25e Instants Vidéo du 6 au 17 nov Friche de la Belle de Mai, Marseille et autres lieux 04 95 04 96 24 www.instantsvideo.com Firule, Croatie 2012 © Dan Oki

Maison Blanche Plusieurs évènements, plusieurs lieux, plusieurs dates pour la seconde édition de ce festival photographique initié en 2011 à la Mairie du 5ème secteur de Marseille. Les emblématiques de l’école de Düsseldorf Bernd et Hilla Becher sont à l’affiche avec les lauréats du prix destiné aux photographes émergents : Sylvain Couzinet-Jacques (premier prix), Andrès Donadio, Valérie Gaillard, Lola Hakimian, Maud Grübel et le lauréat 2011 Samuel Gratacap. C.L. La photographie Maison Blanche #2 du 18 oct au 7 nov Mairie des 9e et 10e, Marseille 04 91 14 63 50 www.laphotographie-maisonblanche.org

Sylvain Couzinet-Jacques, Lys, New Orleans, 2009

Danielle Lorin En rénovant une ancienne chapelle pour accueillir l’office de tourisme, Saint Chamas s’est doté d’un espace d’exposition remarquable, où l’art contemporain est bien venu. Il accueillera une importante sélection des œuvres de Danielle Lorin, peintures et sculptures, ses récentes recherches sur la question poétique de la métamorphose dont une nouvelle série de photographies plasticiennes en noir et blanc issues d’aériennes pièces en volume. Vernissage le 2 nov à 18h. A.F. Sculptures et peintures du 2 au 30 nov Chapelle Saint Pierre, Saint Chamas 04 90 50 90 54 www.saintchamas.com

Danielle Lorin, Hazlo hoy, neuf elements, huile sur toile, 150x150cm, 2010 © Maurice Rovelotti

Extrait de la serie Petite mythologie familiale © Francoise Laury

Photo de famille Le plus petit musée consacré à l’art contemporain est en région PACA. Le MMIAM (Musée Minimaliste IUFM des Arts Modestes) propose des rencontres dans des établissements relevant du Ministère de l’Éducation Nationale. Jusqu’en 2013 Anne Karthaus, Alain Marsaud, Françoise Laury, Philippe Leroux du Collectif ÀQuatre exposeront de petites histoires photographiques de familles, à suivre sur leur blog. C.L. 4…histoires de familles Collectif ÀQuatre du 25 oct au 23 nov IUFM et CDDP de Digne-les-Bains http://collectifaquatre.fr www.aix-mrs.iufm.fr


ARTS VISUELS

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Vanités ! Dans le droit fil des traditions mexicaines, le crâne inspire aux artistes de la région des œuvres traitées avec sérieux, ou avec une joie résolue. Rien de macabre donc, dans la série Crânes de Solange Triger (dessins à la mine de plomb ou à l’acrylique sur papier, peintures sur toile), les créations débridées des graphistes Crom Nalan et HaroldMak, ainsi que les sculptures de Frédérique Montagnac. En marge de l’exposition, de nombreux ateliers de «bricolage artistique» sont programmés… M.G.-G jusqu’au 24 nov Le Bazar du Lézard, Brignoles 04 94 86 01 63 www.lebazardulezard.com

Dans le nouveau Musée des Gueules Rouges dédié «au travail et à la sueur» des anciens mineurs de bauxite et d’aluminium du Comté de Provence, l’œuvre de Claudie Lenzi témoigne, réhabilite, réinvente, interprète l’histoire, les objets et les hommes. L’aluminium se transforme en livre d’artiste au pliage accordéon, le casque laisse pousser entre ses mailes de tendres herbes de Provence, les machines soudain s’illuminent. L’artiste réussit à écrire, selon Micheline Simon, une «mélodie en sous-sol mineur» ou poésie et arts plastiques se conjuguent. M.G.-G. Claudie Lenzi jusqu’au 15 déc Musée des Gueules rouges, Tourves 04 94 86 19 63 www.museedesgueulesrouges.fr

© Serie Empaquetages moules, Claudie Lenzi

Vis ta mine !

© Crane, Solange Triger

Sophie Menuet De fil en aiguille, Sophie Menuet brode une œuvre colossale, majestueuse et intrigante. Des corps cuirassés (L’étoffe des femmes), des visages sans voix (Macagoulamoi), des moufles sans main (Gant vague et Main d’aile). Et, à pas menus, tisse un long écheveau de dentelles fines. Sur du verre, en vidéo, dans de délicieux carnets de croquis, à même le corps qu’elle pare lors de séances photo. Des œuvres d’une sensualité troublante, à la féminité délicate, d’où sourd une violence à fleur de maille. M.G.-G Effroi & satin jusqu’au 4 nov Villa Tamaris Pacha, La Seyne-sur-Mer 04 94 06 84 00 www.villatamris.fr Macagoulamoi, 2007-2008, serie de 7 tetes, satin, ouate, fil, epingles, polystyrene © Sophie Menuet

du 15 au 25 nov Maison de l’artisanat et des métiers d’art, Marseille 1er 04 91 54 80 54 www.maisondel’artisanat.org

© Marco Binisti

Vœux d’artistes La manifestation est primordiale car les destinataires sont les jeunes patients de l’hôpital de La Timone. 111 artistes, dont 56 «nouvelles recrues», acceptent le principe de vendre le même petit format (20/20) au même prix (111 ¤) ; seuls les fidèles accèdent à une dimension supérieure, mais toujours à des prix accessibles ! De quoi combiner collection et belle action. M.G.-G.


78 HORIZONS THESSALONIQUE | NOTTINGHAM | MARSEILLE

Flux et reflux de la BJCEM Dépêchée à Thessalonique et à Rome en 2011 pour la 15e Biennale des jeunes créateurs d’Europe et de la Méditerranée, la délégation française fait son come back à Marseille du 15 novembre au 22 décembre Installation in situ de Mathias Isouard au New Art Exchange dans le cadre du WEYA, Nottingham 2012 © MGG/Zibeline

C’est comme jeter un regard dans le rétroviseur ! Un an après la Biennale l’Espaceculture Marseille réunit les artistes qui ont représenté la France dans les domaines des arts visuels et arts appliqués, de la musique, du cinéma et de la littérature. Avec un mot d’ordre : présenter des travaux récents ou inédits. Car il ne s’agit pas de s’endormir sur ses lauriers mais bien de montrer l’évolution des recherches artistiques… la BJCEM n’est-elle pas une vitrine de la jeune création et un tremplin vers de futurs horizons ? On avait laissé la délégation sur la rive nord de la Méditerranée (voir Zib’46), dans les docks désertés du port de Thessalonique secouée par la crise, rassemblée sous la bannière «Symbiosis», et dans le chic Musée d’art contemporain de Rome dont l’extension signée de l’architecte française Odile Decq sentait encore le neuf. On la retrouve à la galerie du Château de Servières pour une exposition collective, à l’Espace Julien pour la partie musicale, au Théâtre de la Cité pour des lectures. Et à l’Espaceculture Marseille qui inaugure un cycle de projections vidéos de trois artistes issus des sélections espagnole (Jesus Hernandez, Anne Solanas et Marc Riba) et libanaise (Janine Khawand). Trois pépites repérées par France Irrmann en charge de l’organisation du Retour de Biennale. À Marseille, plasticiens et cinéastes se taillent la part du gâteau avec treize artistes dont les productions sont orchestrées par Martine Robin : «L’exposition va pouvoir jouer des dissonances et confirmer les potentiels relevés chez ces jeunes artistes. La plupart n’ont que peu d’expérience, certains viennent de terminer leur cursus et sont conscients du tremplin que la Biennale peut représenter en leur offrant un cadre professionnel.» C’est tout l’enjeu de l’exposition : donner aux jeunes talents les meilleures conditions de monstration, de confrontation et de dialogue. De même pour l’Espace Julien qui s’agitera au rythme effréné de Hyphen Hyphen -le groupe est littéralement emporté par le tourbillon des concerts depuis la BJCEM !-, et de la révélation rock du sud de la France, Dissonant Nation. La voix de l’auteure Leïla Anis résonnera au Théâtre de la Cité,

forêt de Sherwood. Soit 300 000 habitants, dont 25 % de jeunes, une pléiade de lieux culturels et underground, et deux campus universitaires dotés d’outils ultra performants : galeries d’art, auditorium, salles de conférences, bibliothèques… Dans ce contexte dynamique la BJCEM confia à Marco Trulli et Claudio Zecchi le commissariat de l’exposition Disorder où figuraient les Français. Au New Art Exchange, Mathias Isouard fit sensation avec sa réalisation in situ au point que le directeur lui passa commande d’une œuvre murale pérenne, tandis que la vidéo de Moussa Sarr et l’installation sonore de Younès Baba-Ali, tout juste lauréat de la Biennale d’art de Dakar, prouvèrent leur maturité. Au Primary, laboratoire de création aux mains d’un duo d’artistes, Leïla Anis interpréta habilement la version anglaise de son monologue Fille de récompensé par le Prix Journées de Lyon des auteurs de théâtre, et Moussa Sarr se lança à corps perdu dans une performance annonciatrice d’une prometteuse carrière (il est désormais représenté par la galerie parisienne Martine et Thibault de la Châtre). Au Lakeside Arts Centre, au cœur de l’University of Nottingham, d’autres travaux d’artistes internationaux méritèrent le détour : les objetssculptures de Aimée Fisher (UK), les dessins et lavis de Snezana Pupovic (Monténégro) et la sphère mystérieuse de Jessica Lloyd-Jones à la profondeur insondable (UK). Enfin, à La Bodega, Hyphen Hyphen surfa sur la vague d’énergie accumulée lors de son concert londonien… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

À venir à Marseille faisant entendre pour la première fois Filiations ou les enfants du silence mis en espace par Karim Hammiche. L’histoire de leurs pères qui ont passé sous silence leur vie d’avant, l’un en Algérie, l’autre à Djibouti… La lecture sera suivie d’une discussion avec Michel André, directeur artistique du lieu.

Au cœur de Sherwood

Deux mois plus tôt à Nottingham, au pays du légendaire Robin des

Bois… pour la première fois, l’association UK Young Artists organisait le World Young Event Artists (WEYA). Sur le modèle de la BJCEM, mais dépassant l’Europe et la Méditerranée pour embrasser les cinq continents. Pas de rivalité, l’esprit était à la collaboration : la BJCEM présenta quelques-uns des artistes sélectionnés à Thessalonique et Rome, qui survolèrent la Manche en direction de cette ville au nord de Londres ceinturée par la célèbre

Arts visuels/arts appliqués : Sophie Guerrive, Younes BabaAli, Jérémie Delhome, Vincent Betbeze, Sébastien Durante, Mathias Isouard, JRM, Audrey Martin, Arnaud Kwiarkowski, Sophie Pellegrino, Sandra Lorenzi et Moussa Sarr Musique : Hyphen Hyphen et Dissonant Nation Littérature : Leïla Anis Cinéma : Florence Chirié Programme complet sur www.espaceculture.net




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