un gratuit qui se lit
N째57 - du 14/11/12 au 12/12/12
TV shows
Politique culturelle Entretien avec Jean-Claude Gaudin Villa Méditerranée
6, 7 8, 9
Événements Les Rencontres d’Averroès Fête du livre du Var, Images de Ville ABD, Instants Vidéo
10, 11 12 13
Critiques Théâtre Arts de la rue Jeune public Danse Concerts Spectacles musicaux Musiques actuelles
14 à 17 18 19 20, 21 22, 23 24, 26 27 à 29
Au programme Théâtre Danse Cirque Jeune public Musique
30 à 37 38, 39 40, 41 42 à 45 46 à 51
Cinéma
52 à 57
Arts visuels
58 à 63
Rencontres
64, 65
Livres Littérature Les Écritures croisées, centre Égyptien L’Attrape-Mots
Conférences
66 à 71 72 73 74, 75
Sciences
76
Horizon
78
Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Edité à 30 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Edité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse | n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@wanadoo.fr 06 09 08 30 34 Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture Dionysos La Fiesta Agnès Mellon 095 095 61 70 photographeagnesmellon.blogspot.com
Yes we can, disait-il il y a quatre ans. Michele I love you, déclare-t-il aujourd’hui en guise de cri de victoire… Pourquoi ramener son rêve à ce déballage incongru, pourquoi raboter l’espoir quand le temps des Républicains va-t-enguerre semble enfin aboli ? Obama reste, mais la société médiatique a donné à son utopie le goût écœurant des sitcoms. Pourtant certains rêvent encore, assez fous parfois pour traquer les photons, ces particules infiniment fragiles que le moindre regard annihile. Mais voilà qu’au 20h on demande à Serge Haroche, qui côtoie l’origine inconcevable de la matière : est-ce qu’on pourra faire des ordinateurs plus rapides ? Sans doute dit notre Prix Nobel agacé, certainement, et la lucarne se referme sur sa chimère dévoyée. Son rêve français ? Le discours de campagne de notre Président avait aussi des élans lyriques empruntés à Martin Luther King. Juste pour la télé ? Aujourd’hui il défend la stabilité monétaire et la compétitivité. Et loin de nos écrans il sanctuarise le budget de la Défense, dépensant des milliards pour renouveler notre armement nucléaire, mais abandonnant les grands chantiers culturels, et laissant les crédits-recherche dans les escarcelles des industriels. La dissuasion nucléaire fait-elle partie du rêve français ? Plus que la recherche fondamentale, la photographie, l’art pariétal, les particules élémentaires, la musique ? Dans tous les TV shows politiques on nous fait ingurgiter du renoncement. Au nom du réalisme, de la gestion de crise, de cette dette qu’il nous faut éponger, on nous répète que la 5e puissance économique mondiale ne peut que ponctionner ses vieux, fermer ses usines, réduire le budget de la culture et augmenter la TVA. Et que les photons primordiaux servent à fabriquer des ordis pour aller vite. Mais vers quelles désillusions ? AGNÈS FRESCHEL
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Musique et disques Jacques Freschel jacques.freschel@wanadoo.fr 06 20 42 40 57
Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10
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Polyvolantes Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr 06 03 58 65 96 Maryvonne Colombani mycolombani@yahoo.fr 06 62 10 15 75 Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com
Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La Régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56
Collaborateurs réguliers : Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Thomas Dalicante, Pierre-Alain Hoyet, Clarisse Guichard, Christine Montixi
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POLITIQUE CULTURELLE
MARSEILLE PROVENCE 2013
Fier de sa ville, et Zibeline : Comment cette idée de faire concourir Marseille au titre de Capitale Européenne de la Culture vous est-elle venue? Jean-Claude Gaudin : C’est tout un dessein fédérateur. J’étais convaincu qu’il fallait mettre toutes les énergies d’un vaste territoire, qui s’étend d’Arles à Marseille en passant par Aix-en-Provence, en commun. Cette grande aventure, nous permettait de montrer Marseille sous un nouveau jour, celui de la culture. L’image de la cité phocéenne se cantonnait surtout au sport et en particulier au football. Cette opportunité nous a donné l’occasion de changer cette vision. Et c’est autour d’un projet culturel innovant, sur le thème de l’Europe vers la Méditerranée, indissociables dans l’histoire de notre ville, que nous avons remporté ce concours. Ainsi par la culture, nous pouvons rapprocher les hommes d’une rive à l’autre de la Méditerranée, mais aussi d’une rue à l’autre des villes de ce territoire. Pourquoi proposer de travailler à l’échelle de Marseille Provence, qui n’est pas politiquement, un territoire unifié ? Vouliez-vous anticiper le développement d’une grande agglomération ? Parce que l’idée était nouvelle et que cela pouvait être une façon originale de remporter la compétition ! Ainsi, on a pu laisser nos différences politiques de côté pour instaurer un nouveau dialogue interculturel avec un objectif commun. Je pense que c’est ce qui a fait la différence avec les autres candidatures. Maintenant, y voir une façon d’anticiper le développement d’une grande agglomération, pourquoi pas… Mais c’est à l’État de mettre en œuvre cette nouvelle dynamique et de permettre le rapprochement des différentes intercommunalités. Il est sûr que la création d’une Métropole permettrait une meilleure gestion du territoire marseillais, notamment pour une amélioration de la répartition des ressources financières. Pourquoi, après l’échec de la candidature à l’America’s Cup, avoir choisi d’investir dans un événement culturel plutôt que sportif par exemple ? Est-ce que selon vous cela amène un développement différent en termes d’image, au niveau du tourisme, et pour les habitants du territoire ? Même si nous n’avons pas été choisis pour l’America’s Cup, nous ne pouvons par parler d’échec. Durant toute la candidature les médias du monde entier pointaient leurs projecteurs sur notre ville et cela nous a permis d’être reconnus parmi les grandes villes sportives capables d’organiser de grands événements internationaux. Nous avons su transformer l’essai, si je puis dire, en accueillant la Coupe du Monde de Rugby en 2007. D’autres grands rendez-vous sportifs sont encore à venir dans notre cité autour du football avec l’Euro 2016… Donc une chose est certaine, Marseille sait organiser de grands rendez-vous à l’échelle internationale, nous l’avons vu avec le Forum Mondial de l’Eau. Des évé-
Que pense monsieur le Maire de sa Capitale Européenne ? À la veille de l’ouverture, nous avons voulu recueillir son point de vue sur cette Capitale Culturelle, qu’il a désirée nements comme l’Année Capitale Européenne de la Culture attirent le Monde dans notre ville. Nous avons tous les atouts en main pour développer l’attractivité touristique de Marseille. Nous devons nous appuyer sur une offre culturelle existante (Festivals, l’Opéra de Marseille, les Arts de la rue, le Ballet National de Marseille…) et mettre en valeur le patrimoine historique de la plus ancienne ville de France. L’activité touristique doit s’affirmer comme un pilier de l’économie marseillaise. C’est pourquoi nous avons beaucoup investi dans l’accueil de congrès et de salons, et nous poursuivons l’objectif d’être la tête de ligne des croisières en Méditerranée. Grâce à ce secteur en plein essor nous créons des milliers d’emplois, à tous les niveaux de qualification. Pour continuer à lutter contre le chômage et améliorer la qualité de vie des Marseillais, nous devons poursuivre. Mais le tourisme ne peut se développer sans la culture. Mais depuis que MP2013 a été retenue comme Capitale Européenne de la Culture, on a le sentiment que vous êtes plus en retrait que lors de la phase de candidature. Quelles en sont les raisons ? Je suis avec autant d’attention la préparation que je l’ai fait pour la candidature. Simplement, j’ai tout de suite voulu créer une association qui s’occupe de la programmation. Lorsque j’ai choisi Bernard Latarjet pour piloter et créer le projet, il était clair dans mon esprit qu’il ne fallait pas me mêler du projet culturel qui devait être indépendant. D’ailleurs, au Conseil d’Administration de l’Association Marseille
Provence 2013, comme chaque ville partenaire, la métropole marseillaise n’a qu’une seule voix, portée par la députée européenne Dominique Vlasto. Mais si l’association a conçu et doit mettre en œuvre le programme artistique, il appartient en revanche à la Ville de Marseille de réaliser les équipements publics qui accueilleront les manifestations culturelles, et de mettre en œuvre le développement urbain pour recevoir tous les visiteurs attendus en 2013. Les difficultés politiques -retrait de Toulon et son agglomération, menaces de retrait de Mme Joissains- sont plutôt venues des municipalités UMP que des municipalités ou collectivités PS ou PC. Comment l’expliquez-vous ? Ce n’est pas une question politique mais un problème de travail en commun. Nous avons souhaité que de nombreuses villes soient associées à ce grand défi. Si certaines ne l’ont pas voulu, le choix leur appartient. Je pense néanmoins que nous devons aujourd’hui raisonner à l’échelle métropolitaine. Vous connaissez les difficultés du dossier ! Cependant, nous travaillons très bien avec Aix-enProvence pour l’organisation de l’exposition phare de l’année 2013 Le Grand Atelier du Midi qui aura lieu conjointement au Musée Granet et au Musée des Beaux-Arts de Longchamp. Un partenariat que nous avons initié dès cet automne avec l’exposition consacrée au photographe Bernard Plossu qui est également dans nos deux villes. C’est une première étape. Pouvez-vous dire ce qui, dans la programmation concoctée par Marseille-Provence 2013, vous réjouit particulièrement, et ce dont vous regrettez l’absence ? La programmation préparée par l’association Marseille Provence 2013 est à la hauteur du défi qui nous a été lancé. J’ai immédiatement souhaité que cette association puisse travailler en toute indépendance, pour façonner le contenu culturel de 2013, car ce travail constitue leur cœur de métier et n’est pas celui des politiques. Je suis particulièrement satisfait du programme prévu pour le week-end d’ouverture, les 12 et 13 janvier prochains. Marseille vibrera de festivités, animations et spectacles lumineux qui illumineront la ville. Par ailleurs, une Grande Clameur s’élèvera, constituée des cornes de brume des navires, des sirènes de la ville, des cloches des églises et des cris du public. Nul ne pourra ignorer que Marseille entre dans une année exceptionnelle ! La Ville a investi dans de nombreux équipements culturels pour que Marseille soit capable d’accueillir l’Année Capitale. Pourriez-vous préciser la somme de ces investissements par la Ville ? Et à quelle hauteur l’État, les collectivités territoriales, ainsi que les fonds privés ont abondé ces investissements ?
POLITIQUE CULTURELLE 07
au-delà… 660 millions d’euros ont été investis dont 40% financés par la Municipalité. D’innombrables chantiers sont déjà sortis de terre, pour renforcer l’offre culturelle et doter Marseille d’équipements dignes d’une grande métropole: le Mémorial de la Marseillaise consacré à l’Hymne National ; le Château de la Buzine de Marcel Pagnol, restauré en Maison des Cinématographies de la Méditerranée ; le Silo d’Arenc, transformé en salle de spectacles avec vue sur mer ; la Cité des Arts de la Rue pour encourager les arts urbains ; le cinéma l’Alhambra, salle d’art et d’essai mythique tout juste rénové ; la Friche de la Belle de Mai, vaste lieu de création ; Le Moulin, scène de musiques actuelles. Nous avons lancé un vaste chantier destiné à rénover les musées marseillais pour accueillir des expositions et des collections prestigieuses. Le Palais Longchamp et ses jardins seront restaurés, pour que le Musée des Beaux-Arts abrite notamment l’exposition phare 2013, Le Grand Atelier du Midi. Le château Borély sera rénové pour héberger le Musée des arts décoratifs et de la mode. Quant au Musée d’histoire, il sera agrandi et restructuré pour offrir aux visiteurs un espace ouvert sur le port antique et une collection unique au monde. Tous proposent une offre artistique et patrimoniale de premier plan. Tous deviennent des lieux à vocation multiple, où le visiteur peut à la fois se promener dans un cadre agréable et profiter d’équipements culturels exceptionnels. Parmi tous ces nouveaux bâtiments, ou rénovations de bâtiments, desquels êtes-vous le plus fier ? Le Pavillon M sera la figure de proue des moyens mis en œuvre par la Ville de Marseille. Cette structure éphémère, qui s’installera sur 3000 m2 place Villeneuve Bargemon, sera l’interface entre la programmation 2013 et le grand public, un lieu d’information multi-guichets qui fournira tous les renseignements pratiques de l’année 2013. Il donnera l’image d’un territoire porteur des valeurs d’ouverture et de partage qui ont permis d’obtenir le label de Capitale Européenne de la culture. Dès le week-end d’ouverture il sera la vitrine d’une
ville dédiée à la valorisation de ses innombrables atouts. Il va mettre la cité phocéenne sous les feux de la
France et en Europe. Il exposera une collection unique au monde des vestiges et témoignages des 2600 ans
l’exemple du Silo, «Olympia sur Mer» qui remplit son rôle et propose une programmation de premier plan au public, saluée par la critique. De nombreux producteurs nous sollicitent pour l’intégrer dans les tournées de leurs artistes. Vous avez dès toujours insisté sur l’importance d’un développement culturel qui se pérennise après 2013. Pour financer les programmations de ces nouveaux bâtiments, avez-vous prévu une augmentation globale du budget de fonctionnement de la culture en 2014 ? Si non, comment envisagez-vous le financement de leur programmation ? 2013 n’est pas une finalité en soi. C’est pour nous l’affirmation d’une nouvelle dynamique que nous voulons faire reconnaître. C’est une chance pour notre économie, pour le développement touristique et pour l’attractivité de Marseille. Il est évident que nous n’avons pas créé des équipements culturels pour les laisser mourir. Après l’Année Capitale, notre ville continuera à accueillir de grandes expositions internationales, de grands concerts, des festivals de qualité. Le budget de la culture tiendra compte de ces changements, de ces nouveaux lieux et de ces équipements. En 1995, la Municipalité consacrait 70 millions d’€ de son budget à la Culture. En 2013, ce sont 160 millions d’€ qui y sont dédiés. Nous sommes conscients qu’être Capitale Européenne de la Culture est une merveilleuse chance pour Marseille ! ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
Jean-Claude Gaudin, Sénateur-Maire UMP de Marseille © Agnès Mellon
rampe européenne, tout en guidant les visiteurs dans leurs premiers pas à Marseille. Je suis très fier également du Mémorial de La Marseillaise, qui est novateur dans la présentation historique de la Révolution Française. Et j’ai une affection particulière pour le Musée d’Histoire de Marseille, entièrement rénové et qui sera étendu sur plus de 6500 m2 en faisant l’un des plus grands Musées d’Histoire en
d’existence de la cité phocéenne. Nous avons investi 30 millions d’euros dans cet équipement qui devrait ouvrir ses portes au public en septembre 2013. Tous les équipements remplissent-ils leurs objectifs ? Ceux qui sont gérés par des délégations de service public, comme le Silo ou le Mémorial de la Marseillaise, vous donnent-ils satisfaction ? Pour ce qui est des DSP, je prendrais
08 POLITIQUE CULTURELLE VILLA MÉDITERRANÉE
La Villa Méditerranée
Le chantier du CeReM © Alexandra Matuscak
En ces temps de grands chantiers culturels arrêtés partout en France par le nouveau Ministère de la Culture, de restriction sur tous les budgets de fonctionnement et de peur panique devant les investissements jugés onéreux des collectivités, la naissance de la Villa Méditerranée fait jaser les poujadistes, mais pas seulement : chantier pharaonique, doublant le MuCEM, né d’un caprice régalien de Michel Vauzelle, au contenu culturel vague sinon vide… les reproches sont légion, y compris parmi ceux qui défendent habituellement la pertinence économique et humaine des investissements culturels. Zibeline a voulu rencontrer François De Boisgelin, le Directeur de ce CeReM devenu Villa, pour comprendre ce qu’est réellement ce signal lancé audessus des flots. Zibeline : De quand date ce projet, et quel est son sens ? François De Boisgelin : Du premier mandat de Michel Vauzelle. Une des constantes de la politique régionale depuis Gaston Defferre est la coopération décentralisée. Il y a des choses que les États, pris dans les viscosités diplomatiques, ne peuvent pas, alors qu’entre régions on peut poser des relations, imaginer des réseaux cadres entre universitaires, entreprises, organisations sociales… Michel Vauzelle a un hyper-tropisme méditerranéen, et rien ne fonctionne mieux, dans cet espace où les États se sont souvent affrontés et s’affrontent encore, que la coopération latérale qui ne passe pas par les ministères. C’est donc un projet avant tout politique ? Culturel et politique, on peut le penser comme un tout. Il s’agit effectivement d’un bâtiment signal, d’un lieu de rendez-vous destiné à la rencontre d’experts, et à la circulation du citoyen dans cet espace. Pas d’un musée.
Oui, il s’agit de vous différencier du MuCEM, dont la gestation a été longue mais qui se tient finalement aujourd’hui à vos côtés, avec des missions qui peuvent sembler similaires… Et qui sont en fait parfaitement complémentaires. Un musée d’État comme celui-là a un corpus professionnel particulier, des collections à gérer. Les conservateurs du MuCEM conçoivent leur mission de façon originale, mais même ainsi nos buts diffèrent, clairement. Nous voulons permettre au public, en particulier aux jeunes adultes, aux lycéens, aux néo-arrivants, de trouver ici une image de l’espace dans lequel ils vivent, et où ils pourront exprimer leur vision d’avenir. Et nous voulons aussi convaincre tous ceux qui disent que la Méditerranée n’existe pas, ou ne les intéresse pas. En clair l’électorat FN ? Oui, d’ailleurs les Conseillers régionaux FN n’ont pas voté contre. Pas pour non plus, mais bon… Il sera question d’éco-diversité, de sujets économiques, peut-être pouvons nous rassembler autrement autour de ces questions. Et pour ce qui est du MuCEM, nous avons déjà prévu des tarifs couplés, des horaires et jours d’ouverture complémentaires, le congrès national de l’INRAP qu’ils accueillent passera aussi par chez nous… Il n’y a pas de rivalité ! Il est même question d’une co-programmation en 2015. Et d’ici là, concrètement, que va-t-il se passer dans ces murs ? L’inauguration aura lieu le 15 mars 2013, l’ouverture au grand public le 6 avril. À partir de ce moment il y aura deux moments forts annuels, une grande réunion Agir en méditerranée, et de vrais débats, des Controverses, sur la prospective Unesco 2031. Ces débats seront ouverts au public, dans la salle de 400 places.
Cette salle est-elle une salle de spectacle ? Oui, de concert et de spectacle. Elle fait 15m d’ouverture sur 10m de profondeur et 8m50 de hauteur, le plateau est techniquement équipé, il y a une régie, des cabines de traduction, la possibilité d’enregistrer, monter et mixer… il y aura une véritable programmation artistique dans cette salle en dehors des débats et congrès. Elle est d’ores et déjà prévue par Jean-Luc Bonhême, qui bientôt en dévoilera le détail. Il y aura surtout des expositions ? Oui, des parcours permanents dans l’agora et la coursive, des parcours saisonniers dans le porte-à-faux. Tous sont conçus par des «narrateurs», c’est-à-dire des artistes à qui on a confié la mission d’enquêter, de recevoir la parole des citoyens et des scientifiques, mais qui exposent tout cela en tant que cinéastes, plasticiens, musiciens, créateurs… Il y aura beaucoup de films et peu d’objets, mais des œuvres contemporaines. Nous n’avons pas de mission de conservation. Les thèmes de ces expositions serontils en rapport avec les événements ? Pour les expositions temporaires dans les 1000m2 du porte-à faux, oui. Ainsi Régis Sauder, le cinéaste qui a réalisé Nous Princesse de Clèves, sera notre premier narrateur, dans cette exposition consacrée à 2031 en Méditerranée, nos futurs… Il a travaillé avec d’autres artistes, Michel Kelemenis, Benoît Bonnemaison, mais surtout avec des lycéens de Saint-Exupéry, des musiciens de Tunis, le Lycée français d’Izmir, pour recueillir les appréhensions et leurs rêves d’avenir. La première exposition met en scène leurs réponses, et au bout de la visite chacun sera convié à s’exprimer, pour que le parcours demeure vivant, en évolution… Cette exposition sera en entrée libre ? Non, tout l’espace, en dehors des expositions temporaires et spectacles dans la salle, sera gratuit, mais là il y aura un droit d’entrée, avec de nombreuses exonérations pour les jeunes, les chômeurs… Michel Vauzelle voulait que tout soit gratuit ! Mais l’essentiel le reste. C’est-à-dire ? L’entrée dans le bâtiment, les projections et débats, les parcours dans l’agora et la coursive.
va naître
2031 en Méditerranée, nos futurs ! Dessin atelier corse © Benoît Bonnemaison-Fitte
Qui auront pour thème… Le premier parcours permanent, mais qui évoluera au cours du temps dans sa forme, sera consacré aux Mobilités, à ce voyage qui caractérise les Méditerranéens, qui veulent découvrir le monde, et échanger des marchandises. Le second, sur la grande coursive qui donne sur le Port, sera consacré aux différents Temps méditerranéens : le temps géologique, le temps des empires, des Antiques à l’Ottoman… Puis en septembre l’espace temporaire fermera pour deux mois, afin d’installer la nouvelle exposition Sous la mer, un monde, confiée au cinéaste Alain Bergala. La saison 2014 portera sur la Méditerranée des Médias, puis sur Construire la paix... Avez-vous prévu des narratrices de cet espace méditerranéen qui a du mal avec l’égalité des sexes ? Il y en aura ! L’accent mis sur la Méditerranée, en construisant un territoire, dessine aussi des limites. Y aura-t-il une place dans votre Villa pour les autres immigrations présentes à Marseille, des Comoriens aux Africains de l’Ouest dont personne ne parle ? C’est un problème dont nous avons conscience. Dans nos débats, nous voulons que la présence de l’Afrique en Méditerranée soit évoquée. Il faut travailler sur les géographies mentales autant que réelles… PROPOS RECUEILLIS PAR AGNÈS FRESCHEL ET GAËLLE CLOAREC
Questions de coûts Coût de la construction : 58 millions d’€ HT, soit 70 M TTC Coût de fonctionnement annuel : 6 M d’€ Coût d’investissement de la première année : 1,8 M d’€ La Villa Méditerranée est financée entièrement par la Région Paca. Pour comparaison, le budget que la Région Paca consacre à la Culture chaque année, hors investissements exceptionnels, est d’environ 54 millions d’euros. Il est en baisse depuis 3 ans, et reste aux alentours de 3% de son budget global, en baisse également. Ce qui situe Paca dans une zone médiane supérieure, entre l’Île de France qui consacre 0,6% de son budget à la Culture (l’État investissant massivement dans cette région…) et la Région Nord Pas de Calais qui atteint régulièrement les 5% depuis que Lille a été Capitale culturelle.
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ÉVÉNEMENTS
LES RENCONTRES D’AVERROÈS
Les Rencontres d’Averroès veulent pousser un cri d’alarme démocratique. Assaillies par les discours racistes, les fous de dieu, une Europe économique qui fait fi des désirs des peuples, la circulation incontrôlée des informations, une surveillance sécuritaire qui rend publiques nos données intimes… Nos cités, nos démocraties sont-elles en danger ? Encore faudrait-il que nos régimes soient vraiment des démocraties… A.F. Eh bien non elle ne vient pas des Grecs ! Provocation pour inciter le lecteur à suivre l’article ? Oui un peu… Mais pas uniquement. La démocratie grecque n’est pas le sol fondateur des démocraties actuelles ; à part le mot, et encore. Pouvoir du peuple ? Dans la démocratie grecque les femmes et les esclaves sont exclus ; la cité vit en autarcie ; les citoyens ne travaillent pas ; les charges de responsabilité sont tirées au sort. Du fait de cette autarcie l’information des citoyens ne pose pas de problème : tout le monde est au courant des affaires de la cité. Tout oppose donc ce système et le nôtre, où chacun est citoyen, mais où les arcanes des décisions sont cachés. Nos démocraties actuelles ne surgiront que par le lent détour de l’histoire, et plus particulièrement de l’histoire des idées. Résumons donc à la hache : Après un millénaire de pouvoir de quasi monarchie en Europe et surtout en France, un tremblement de terre politique se produit au 16e siècle avec les philosophes du contrat social comme Grotius et Puffendorf : la politique ne sera plus perçue comme naturelle, c’est-à-dire du fait de dieu (la monarchie était de droit divin). Ainsi on supposera qu’il y a eu un contrat fictif entre les hommes pour entériner le pouvoir royal. Ces thèses ne visent pas encore à dégommer le roi, mais elles l’ébranlent : son pouvoir ne vient pas de dieu mais des hommes qu’il gouverne. On devine la suite ! À partir de ce sous-sol intellectuel les démocraties deviennent envisageables, et Rousseau pourra penser. Quoique : Jean-Jacques reconnaitra certes sa dette à Puffendorf mais aussi à Hobbes. Ce dernier posa clairement les bases du contrat social : et Rousseau ne cessa de penser à partir de ces bases. Contre elles. Pour Hobbes, dans le Léviathan, l’état de nature est un état de guerre de tous contre tous. Pour le fuir les hommes acceptent un contrat social où ils remettent toute leur liberté à un chef en échange de la sécurité (on remarquera ici les prémices de nos sociétés sécuritaires). La formule du contrat est celle-ci : j’autorise cet homme à me gouverner si toi aussi tu l’autorises. Ce qui est la définition parfaite de l’autorité. Rousseau sera admiratif, mais ce citoyen de Genève ne peut accepter cet abandon de liberté qui rend impossible la démocratie. Il est évident que sans loi et sans pouvoir ce serait la pagaille, la violence. Évident ? Pour Rousseau la violence n’est pas naturelle. Mais comment pourra-t-il affirmer, après Hobbes, que l’homme est bon par nature ? Dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Rousseau établit que la violence n’est pas fondatrice et cause chez l’homme, mais qu’elle est effet de la propriété. Naturellement, c’est-à-dire en se dégageant de tout artifice social, dans un état de nature supposé, lorsqu’un
Qu’est-ce que la démocratie ? homme a besoin d’une pomme il la prend sur le pommier, il n’est pas naturel de dire ce pommier est à moi ; la propriété n’est pas une donnée première, naturelle, et donc la violence consistant à voler l’autre non plus. Par ailleurs, l’homme ayant tout ce qu’il veut dans ce supposé paradis terrestre, il n’a aucune raison de s’associer à l’autre. Et ainsi il est libre et heureux. Pourquoi alors vivre en société ? Hobbes avait répondu à la question en posant la violence dans l’état de nature. Rousseau complique le problème, car pour lui l’homme étant libre et heureux à l’état de nature, il n’en est sorti que parce que l’état social peut accroitre ses potentialités : parce que l’union fait la force et que les possibilités de bonheur y sont plus grandes. Et dans un état social seule la démocratie pourra répondre à ces exigences de liberté (pour la sécurité c’est un pouvoir quasi totalitaire qui y répond le mieux). Depuis Rousseau ? La démocratie n’est aujourd’hui pensable que si l’on considère que l’homme est ce
que son environnement extérieur, les idéologies, l’histoire font de lui. Si l’homme a besoin de croire il lui faut des théocraties ; besoin de faire de l’argent, nos ploutocraties actuelles ; besoin de sécurité, nos états sécuritaires ; mais s’il veut la liberté, la santé et l’éducation, il lui faut la démocratie. Mais la voulons-nous vraiment ? Aujourd’hui, il n’y a aucun système démocratique dans le monde, seulement des régimes qui en ont adopté la forme et agissent en fait à reproduire des systèmes élitaires. Quel peuple pourrait penser qu’il s’est choisi librement un chef parmi les siens, et que ce chef agit pour le bien commun ? Nous vivons au mieux dans des démocraties formelles, qui tiennent parce qu’elles cachent au citoyen la réalité de ce qu’elles sont : si le peuple savait, disait Rosa Luxembourg, le système capitaliste ne tiendrait pas 24h ! Nos démocraties sont les garantes de ce système. RÉGIS VLACHOS
L’état de nature On ne peut comprendre la légitimité du pouvoir que par rapport au concept d’état de nature développé par Hobbes et Rousseau : celui-ci est une hypothèse, une fiction, celle de la condition des hommes avant l’apparition du pouvoir ; en effet si l’on veut comprendre la nécessité de l’état social, il faut se demander ce que les hommes ont voulu fuir en créant des sociétés et du pouvoir. L’état de nature n’est donc pas un état antérieur, mais un point de référence fictif, sans socialité. Et aussi pour Rousseau sans propriété : «Il est impossible d’imaginer pourquoi, dans cet état primitif, un homme aurait besoin d’un autre homme (…) mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre, dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l’esclavage et la misère germer et croître avec les moissons. Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : ‛Ceci est à moi′ et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : ‛Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne !’» Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes
ÉVÉNEMENTS 11
Morceaux choisis Sous le signe ture des colonels en Grèce. Si le réalisateur, Timon Koulmasis, dont la mère a dû s’exiler, ne parvient pas toujours à articuler histoire personnelle et Histoire, le film, Parole et Résistances, formellement peu abouti, a le mérite de nous faire découvrir le rôle qu’a joué dans la chute de la dictature une émission en langue grecque, diffusée chaque soir depuis la station allemande Deutsche Welle. Les témoignages des intellectuels qui ont participé à cette résistance se succèdent, ne cachant pas leurs divergences sur la stratégie politique : mais tous reconnaissent l’importance du logos, parole et pensée, dans la cité et en démocratie. Un bon prologue à la thématique des Rencontres. Pour Mémoire[s] jusqu’au 8 décembre Espace Pouillon, Fac Saint Charles, Marseille 04 96 11 04 61 www.rencontresaverroes.net
© Lazhar Mansouri
© Lazhar Mansouri
GAËLLE CLOAREC ET ANNIE GAVA
Les Rencontres d’Averroès prennent forme artistique en prélude aux tables rondes. Jusqu’au 8 décembre, on pourra savourer Pour Mémoire[s], exposition de photographies issues de deux fonds datant des années 60-70, prises en studio à Marseille et dans un village des Aurès. L’Espace Pouillon qui les accueille -à l’entrée de la faculté Saint-Charles et à proximité immédiate de la gare- est l’endroit idéal pour découvrir de belles choses entre deux correspondances. On n’est pas étonné de voir le public s’attarder longuement devant ces portraits émouvants et souvent drôles, presque à la façon du photographe malien Adama Kouyaté. S’y rencontrent la fiction mise en scène à grand renfort d’accessoires, fleurs artificielles et costumes apprêtés, et le réel d’une population qui malgré ses chaussures flétries (éternel détail négligé des déguisements) profite de l’espace du studio pour s’inventer une vie maximisée.
Cinéma Macha Makéïeff, heureuse de faire place au «gai savoir», a accueilli la soirée d’ouverture des Écrans d’Averroès qui s’est déroulée à la Criée le 24 octobre. Une séance consacrée au documentaire, en partenariat avec le CMCA (Centre Méditerranéen de Communication Audiovisuelle) et l’INA. Au programme, deux court-métrages inspirés du Je me souviens... de Georges Perec, et un moyen-métrage de Benoît Felici, prix de la 1ère œuvre lors du PriMed 2011. Unfinished Italy est un film étonnant, traitant avec humour et nostalgie des «ruines nées ruines» (les équipements fantômes laissés inachevés par des pouvoirs publics corrompus un peu partout en Italie), tout en laissant affleurer la personnalité aboulique et attachante de son jeune réalisateur. Le long métrage de la soirée nous a emmenés loin dans le temps, entre 67 et 74, l’époque de la dicta-
Concert de clôture Pour clôturer les Rencontres d’Averroès, une soirée d’exception à partir de 20h30 organisée par Espaceculture_Marseille autour de jeunes voix féminines de l’autre rive de la Méditerranée : Emel Mathlouthi, un «électro-choc à la voix de jasmin», et Djazia Satour en solo pour chanter en arabe et en anglais des mélodies aux accents blues et nu-soul. le 24 nov Espace Julien, Marseille 04 96 11 04 61 www.rencontresaverroes.net
Démocratie : la parole est au public C’est autour des Tables Rondes que les Rencontres d’Averroès sont nées. De ces débats de haut vol qui selon les années ont viré à la conférence croisée, ou à la belle controverse. Et qui ont pour singularité la pertinence des questions et remarques d’un public toujours plus nombreux, toujours plus critique… Point d’ancrage de toute la manifestation, elles auront lieu les 23 et 24 novembre à l’auditorium du Parc Chanot. Le vendredi de 15 à 17h, la première s’interrogera sur le sujet délicat de : Entre dictature et démocratie, fin de l’histoire ou d’une histoire ? La seconde, le samedi de 10 à 12h : Entre renaissance citoyenne et transparence politique, révolution numérique ou contrôle des libertés ? La troisième, le samedi de 15 à 17h : Entre tyrannie
des marchés et défiance des élections, la démocratie peut-elle se réinventer ? Y participeront des spécialistes et des personnalités engagées : Fabienne Brugère, Milad Doueihi, Fabrice Epelboin, Costa Gavras, Ahmet Insel, Panagiotis Grigoriou, Ziad Majed, Pilar Martinez-Vasseur, Andrea Mubi Brighenti, Angelo d’Orsi, Raimundo Viejo Vinas et Amira Yahyaoui. Ces tables rondes seront diffusées sur le site rencontresaverroes.net ainsi que sur le nouveau franceculture.fr et à l’antenne en décembre 2012. Les rencontres reviendront du 14 au 17 novembre 2013 pour fêter leurs 20 ans autour des grands penseurs de la Méditerranée du 21e siècle, durant l’année capitale. M.C.
Emel Mathlouthi © Azza Bzji & Gaith Arfaoui
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ÉVÉNEMENTS
FÊTE DU LIVRE DU VAR | IMAGE DE VILLE
Promenades en Méditerranée
Malek Chebel © X.D-R
C’est chose acquise : la Fête du livre de Toulon et les Rencontres artistiques du Var, rebaptisées Rencontres méditerranéennes, ne font qu’une. De quoi répondre au souhait du Président du Conseil général qui voulait «une manifestation populaire à la portée de tous» : autrefois réservées aux professionnels, les rencontres sont désormais accessibles aux 50 000
visiteurs de la Fête du livre qui naviguent entre la place d’Armes et les lieux culturels partenaires. Le Théâtre Liberté ouvre les festivités avec l’Orchestre National de Barbès qui fête son 15e anniversaire, Gnawa Diffusion refait surface à l’Oméga Live après 5 ans d’absence (le groupe s’est reconstitué suite au Printemps Arabe). À la Maison de la Photographie, l’exposition du Lauréat Photoespaña 2012, Yaakov Israel, préfigure une collaboration entre l’Hôtel des arts et le salon de Madrid en 2013. Le Musée de la Marine embarque dans son sillage la voix et la guitare d’Angélique Ionatos tandis que l’Hôtel des Arts et le Musée d’Art transforment leurs cimaises en salles de concert pour accueillir le dernier projet de Titi Robin Les Rives, le duo Isabelle Courroy et Shadi Fathi, les mélodies aériennes du Trio Paolo Fresu-Richard Galliano-Jan Lundgren… Dans la salle du Muséum, les danseurs du Ballet National de Marseille présentent leurs propres créations dans le cadre d’une «carte blanche» imaginée par Frédéric Flamand. Une programmation artistique, donc, mais aussi des débats avec le magazine La Scène, qui convie 250 professionnels du spectacle pour des journées… aux intervenants presqu’exclusivement masculins. Pour envisager le mode de fonctionnement de ce milieu si inégalitaire, ce n’est pas forcément la meilleure voie…
Ces Rencontres s’immiscent dans une Fête du livre aux deux visages. Le premier, miroir de la Méditerranée, offre une tribune de premier plan aux auteurs et aux éditeurs réunis pour des dédicaces, des conférences, des rencontres et des lectures : de Marek Halter à Hoda Barakath, de Gilbert Sinoué à Clara Sanchez. Ce sera l’occasion de découvrir le lauréat du Prix des lecteurs du Var présidé par Malek Chebel (Sayed Kashua pour La deuxième personne, voir p. 71), de s’étourdir de la richesse des langues et des imaginaires, et également de s’interroger sur la géopolitique et la démocratie aujourd’hui : conférence de Richard Jacquemond sur «Le printemps des écrivains arabes», table ronde animée par Ahmed Youssef sur «Le nouveau pouvoir islamique dans le sud de la Méditerranée»… Le second, propice aux files d’attente devant les stands, reflète l’actualité littéraire automnale avec son flot de noms prestigieux, et de personnalités du petit écran. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Fête du livre du 16 au 18 nov Rencontres méditerranéennes du 9 nov au 1er déc Toulon www.fetedulivreduvar.fr
Rêve(s) de ville Image de ville a dix ans. Son bilan, quantitatif et qualitatif, impressionne. Près de 700 films projetés. Quelque 300 invités dont deux Pritzker d’architecture (Jean Nouvel, Christian de Portzamparc), des réalisateurs internationaux (Amos Gitaï, Jia Zhang-ke) et des documentaristes comme Richard Copans auteur avec Stan Neumann des 52 films de la collection Architecture présentée dans son intégralité au Château La Coste. Croiser les approches d’architectes qui imaginent, conceptualisent, modifient nos villes et celles de cinéastes d’hier et d’aujourd’hui qui les explorent, les réinventent, les déconstruisent, a généré, au fil des éditions, de passionnantes interrogations. Souligner que bâtisseurs et artistes partagent des «territoires communs» comme les frères Barani, Marc et Christian réunis cette année pour une table ronde, reste un credo du festival aixois. Poursuivant le travail mené avec Le Merlan sur le corps urbain en 2012 (Zib’53), cette édition intitulée La ville, ma muse, s’est particulièrement intéressée à l’appropriation sensible du territoire par les artistes et les citadins, docs et fictions mêlés. Car la ville est une infatigable Shéhérazade, contée et conteuse. On a ainsi retrouvé, à côté du Détroit post-apocalyptique de Florent Tillon, dévasté par chute d’un empire industriel, réinvesti par la nature et l’énergie créatrice de ceux qui restent, la Roma sublime et grotesque de Fellini, collage de souvenirs et de fantasmes nourriciers. On a découvert les «villes invisibles» de la banlieue parisienne, entre chantiers et autoroutes, espace replié, des rues Lénine aux bars Oasis, comme un origami fascinant que Marie Boots et Till Roes-
Détroit, ville sauvage de Florent Tillon
Metropolis de Fritz Lang
kens dans leur video Archipel déplient par un «chant des pistes» inspiré des pratiques aborigènes. Ou encore l’espace secret, intime, révélé par le travail de Sabine Massenet dans Image trouvée. Sur le principe de la bouteille à la mer, avec la complicité des bibliothécaires de Seine St Denis, la vidéaste a inséré dans les livres prêtés, un message énigmatique et son adresse mel. Elle filme ceux qui,
ayant risqué la rencontre, racontent leur expérience de lecteurs. Immeubles, parcs, forêts glissent sur un fond noir, des plans de vieux films s’invitent dans le paysage du 93, devenu somptueux. Parmi les temps forts de la programmation, d’abord la projection d’Inland (Zib 24) et de Rome, plutôt que vous de Tariq Teguia en présence du réalisateur qualifié de «géographe», «topographe» voire «sismographe» par une critique unanimement éblouie par son art conceptuel et sensoriel matérialisant l’exil intérieur de la jeunesse algérienne. Ensuite, Les deux émissions de la RAI, raretés offertes par Eugenio Renzi : un facétieux Fellini présentant le quartier mussolinien de l’EUR comme son préféré dans Rome et un Pasolini douloureusement lucide analysant à partir des formes urbaines d’Orte et de Sabaudia, l’acculturation de masse orchestrée par la démocratie. Dernière apparition du réalisateur dont la mort semble s’annoncer à la dernière image: une maigre silhouette qui s’éloigne sur un terrain vague. Enfin le ciné-concert donné en soirée d’ouverture par l’Orchestre de Chambre d’Hôte, septet dirigé par Jean-Paul Raffit, Haendel, Villas-Lobos, Fauré, Bach sollicités pour accompagner, commenter les 2h25 de l’archétypal Metropolis de Fritz Lang, en version intégrale restaurée. Pure merveille formelle qui, à sa manière noire et hallucinée, pose la question de la place de l’homme dans la modernité, entre rêves et cauchemars. ÉLISE PADOVANI
Image de Ville s’est déroulé du 9 au 11 octobre à Aix
ABD | INSTANTS VIDÉO
Zooms sur l’Égypte contemporaine Littérature, cinéma documentaire, photographie, musique ; une belle diversité de Regards sur l’Égypte vient de nous être offerte par la Bibliothèque départementale des BdR. Une manifestation très réussie, menée au sein de plus de trente bibliothèques, en partenariat avec les Rencontres d’Averroès et le FID. Regards croisés d’artistes contemporains, qui témoignent de la vitalité
de ce grand pays, mais aussi de ses difficultés, censure, corruption, misère…, que la révolution de janvier 2011 n’a pas résolues à ce jour. Regards sur une société en mutation, où les jeunes peinent à trouver leur place et lorgnent vers un Occident qu’ils imaginent tellement plus confortable et surtout plus libre. Trois écrivains se sont fait l’écho des © Denis Dailleux
tensions de la société égyptienne à la veille de la révolution, et aujourd’hui. Si Nabil Naoum donne la parole à Toutankhamon, reine d’Égypte, c’est pour mieux aborder, par le biais d’une drôle de relecture de l’histoire ancienne, les problématiques actuelles de son pays ; ainsi lorsqu’il fait dire à sa reine : «Mon malheur est causé par les hommes de guerre et de religion.» À quoi Khaled el Khamissi ajoute une troisième plaie de l’Égypte actuelle, le pouvoir de l’argent. L’auteur de Taxi vit aujourd’hui en France et rappelle qu’entre 2006 et 2010, pas moins de 6 millions d’Égyptiens ont, comme lui, quitté le pays. Son 2e roman L’arche de Noé, qui vient de paraître en français, décrit avec un humour désespéré cette sensation d’étouffement et d’impasse de la jeunesse dans les années 2000 (voir p. 67). Quant à Ahmad Alaidy, le plus jeune des 3 invités, son écriture très novatrice a fait de Dans la peau de Abbas el-Abd, paru en 2003, un véritable manifeste de la jeunesse cairote révoltée. Bref, pas facile, la vie en Égypte. Alors, autant en sourire. Les lectures ont illustré avec beaucoup d’à propos le fatalisme souriant des habitants du Caire. En particulier les extraits de Taxi lus avec vivacité et intelligence par 2 jeunes comédiens talentueux, Louiza Bentoumi et Yacine Aït Benhassi, qui ont immergé avec bonheur le public dans l’ambiance de la capitale égyptienne, fond sonore et musical en prime. Le volet marseillais de la manifestation s’est clos par le superbe et très
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émouvant duo de l’Égyptien Hazem Shaheen au oud et de la flûtiste franco-syrienne Naïssam Jalal ; le lendemain, la projection de deux documentaires a également rempli l’auditorium : Ces filles-là de Tahani Rached (2006), une plongée saisissante dans l’univers d’adolescentes de la rue, suivi de Interdit, réalisé en 2011 par Amal Ramsis. La réalisatrice, qui était présente, a débattu avec le public nombreux des notions d’interdiction, d’obéissance, de transgression et de censure que son film met en lumière, au fil des témoignages qu’elle a recueillis juste avant la révolution. FRED ROBERT
Les projections de documentaires se poursuivent jusque fin novembre dans certaines bibliothèques du département. www.biblio13.fr Quant à la magnifique exposition photo de Denis Dailleux, Égypte claire et obscure, on peut la visiter jusqu’au 22 déc Visites commentées gratuites au 04 13 31 83 72. www.culture-13.fr Pour une approche de la littérature égyptienne contemporaine et une bibliographie, lire, dans la brochure éditée par la BDP, le panorama que propose Richard Jacquemond, professeur de langue et littérature arabes modernes à l’université d’Aix-Marseille.
Dionysos vs Ploutos L’art vidéo/numérique peut se permettre le grand écart entre les multiples démarches et formes d’expression qui l’animent, plus ou moins marchandes voire mercantiles, ou expérimentales, voire dionysiaques. La programmation de ces 25e Instants Vidéo en est encore la preuve. Le cœur et l’esprit s’y tournent vers les pays en (très) grande difficulté, mais cette édition ne sert pas pour autant de manifeste révolutionnaire. L’hommage rendu à la Grèce donnait avec justesse la primauté à l’imagination en devenir via les créations récentes d’étudiants en arts visuels de l’université de Corfou, surprenantes, diverses, toujours singulières, au pouvoir fortement évocateur. En dépit des risques de décrochages inhérents à ce genre de propositions, elles offraient la preuve que d’autres visions sont possibles. Comme les quinze courts métrages regroupés sous le titre amusé Plus belle la vidéo (qui auraient pu bénéficier d’un meilleur aménagement d’écoute), l’installation théâtralisée et réjouissante Des Corps de ville de Nomade Village ou le très poétique et céleste L’Éclat de Samuel Bester et Sophie-Charlotte Gautier.
Plus troublants à divers égards : Le Défilé, nuisettes voletantes suspendues virtuellement par Samar Elbarawy qui signe aussi avec Gaetan Trovato Les poupées qui se révoltent, accompagnés de voix de femmes sur leurs conditions et conceptions de la vie dans les sociétés arabes. Leur répondait Departure, d’Aleh Jamali et Monica De Joanni, arachnéen en diable lorsque le corps se débat dans l’enfermement suggestif d’un voile noir. Ceux et celles qui n’auront pas la chance de regar-
der l’Algérie selon Ahmed Zir (adepte du super 8) se réconforteront avec le DVD édité par Circuit Court. Ou pourront réviser leurs certitudes : le cinéma est préhistorique, comme l’affirme La préhistoire du cinéma selon Marc Azéma. Le visiteur curieux retrouvera ces ouvrages et bien d’autres auprès de Transit Librairie, libraire sans échoppe fixe posé à la Cartonnerie durant toute la durée des rencontres. Et n’oublions pas tous les autres. Cette année les Instants Vidéo avaient élu Dionysos au lieu de Ploutos. Fi des richesses, et ce fut un bien fait. CLAUDE LORIN Les Rencontres internationales des 25e Instants Vidéo ont débuté le 6 nov, le 7 à La Friche. Les installations restent visibles jusqu’au 17 nov, et plus tard encore selon d’autres lieux à Marseille, Martigues, Vitrolles et sous des horizons plus lointains www.instantsvideo.com Des Corps de ville, installation du collectif Nomade Village, Instants Video 2012, vue partielle © C. Lorin/Zibeline
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THÉÂTRE
MARSEILLE | AIX | AUBAGNE
Homo œconomicus vs homo sapiens
Objectif : reproduction !
meeting. Plus que rencontre, connection. Plus qu’appréciation, évaluation. Efficacité garantie pour trouver job ou partenaires. Le dispositif a minima décline la partition à merveille. Les cinq non-comédiens comme attachés en galériens deviennent témoins lumineux de potentiomètres qui modulent un seul cri, ou tableau excel à graphique variable. Franck qui s’apparente étymologiquement à «affranchi» comme il(s) se plai(sen)t à le répéter n’est plus esclave. Il n’est pas libre pour autant : il peut voter sans être élu, jouer le jeu sans pouvoir en changer les règles. Son seul luxe : la prise de conscience.
Le directeur du théâtre de Lenche, Maurice Vinçon, revient à la mise en scène. Il a choisi la pièce d’un auteur vénézuélien, peu connu en France, Gustavo Ott, qui aborde sous un mode léger des thèmes de société actuels. Dans Tendresse Molotov c’est la peur de l’autre, du Musulman, qui est développée. Un couple quarantenaire aisé veut se donner toutes ses chances d’avoir un garçon, première marque de conformisme, et se livre à des prises de température et des calculs. Ils sont interrompus dans leurs ébats par la livraison d’un carton envoyé par le FBI. Celui-ci contient le sac perdu 20 ans auparavant par Victoria à New York. Elle y retrouve photos, peluche et des souvenirs plus ou moins précis ressurgissent. Elle avoue à Daniel un mariage avec un Arabe. Colère du mari floué, peur croissante d’être retrouvés par un terroriste du Hamas, leur angoisse tourne à l’hystérie. Ils sont peu à peu atteints d’une logorrhée libératrice, moment fort de ce spectacle : les deux comédiens, Maryse Aubert et Roland Peyron se livrant à un véritable match à coups de formules choc ! Tous les poncifs réactionnaires de la peur de l’arabe, du terrorisme, de la hiérarchie des religions y sont, sans oublier la vanité des relations mondaines et des images véhiculées par la télé. La crainte du changement les réconciliera, unis dans leurs certitudes. On s’amuse devant tant d’imbécilité et de médiocrité et on n’hésite pas comme du temps de Molière à reconnaître son voisin ! Le spectacle reste un peu long cependant et gagnerait à être resserré, il n’en serait que plus percutant.
ÉLISE PADOVANI
CHRIS BOURGUE
© Sigrun Sauerzapfe
Le(s) visage(s) de Franck c’est d’abord une commande de la Cité-maison de théâtre à Charles-Eric Petit (Cie de l’Individu) : il s’agissait d’«écrire autour de la crise». C’est ensuite un travail d’écriture, d’échanges avec cinq non-professionnels, à partir de leurs expériences de travail, de chômage. C’est au final 45 minutes d’intelligence, de drôlerie noire, de lucidité sur l’homme social contemporain. Cinq bonhommes lambda en costume de ville se tiennent alignés sur le devant de la scène, le visage éclairé, au-dessus d’un pupitre sur lequel sont posés les feuillets de leur texte. Cinq voix pour un seul personnage qui se débat dans un réel virtualisé dont le sens s’échappe en discours formatés interférant, se télescopant, se superposant. Pas de temps à perdre pour le tri : speed dating, speed
Le(s) visage(s) de Franck a été joué au Théâtre de la Cité le 19 octobre
© Agnès Mellon
Jeu de Paume Le désœuvrement serait-il père de toutes les malices? Prétexte fragile à multiplication de textes forts : les bras ballants, acteurs en costumes bricolés (3) et metteurs en scène dynamiques (2) privés par l’auteur (o) du droit à jouer on ne sait trop quoi se renvoient la balle -geste fondateur, dans son essence même, du dialogue théâtral autant que de l’échange footballistique ! Erratique et filandreuse, divagante et joyeuse, cette «proposition de théâtre» pleine de courants d’air et de rebondissements (!) irrite et réjouit tout à la fois : Noël Casale et Xavier Marchand succombent à la tentation de partager leur plaisir à dire, à faire et à faire faire (leurs brillants complices Odile Darbeley, Stéphanie Félix et Jérôme Rigaut excellent à passer du noble au trivial) avec un public latéral aux regards traversants et au cou mobile qui brouille cour et jardin ; l’hypothèse du terrain de jeu est assez solide et le dispositif léger, genre Atelier Dullin/ Copeau, sert heureusement l’enfilade de saynètes pourtant irrégulières, inégales et mal jointoyées : au
Tendresse Molotov a été créé du 23 octobre au 10 novembre au Théâtre de Lenche
bonheur d’entendre les morts anciens et modernes du dialogue de Fontenelle débattre de la spiritualité de l’amour ou de la disparité des fortunes succède l’ennui de les entendre trop longtemps ; la charmante surprise de l’article so fashion signé Miss Satin (Stéphane Mallarmé), la hauteur de vue sur stades du philosophe du ballon rond Pep Guardiola ou le formidable échange d’enterrements de Giorgio Manganelli conduisent assez vite à une forme de saturation/frustration légère difficile à cerner... Ce serait alors comme une pièce composée d’entractes ? qui ferait attendre patiemment (car le charme opère indéniablement) l’acte absent de toute scène ? Enfin, dirait Mallarmé ! MARIE-JO DHO
L’Hypothèse Fontenelle/Guardiola, conception et mise en scène de Xavier Marchand et Noël Casale a été proposée aux Bernardines du 23 au 30 octobre
Problème de définition Qu’est-ce qu’un homme ? Son caractère, sa situation sociale, son métier, son nom ? La pièce de Brecht, Un homme est un homme, interroge ce qui constitue l’individu à travers la dépersonnalisation de son personnage principal, Galy Gay, porteur au port, dont l’esprit a la lourdeur d’un éléphant dit sa femme, curieux mélange de perspicacité et de crédulité. Quatre soldats anglais (ils vont toujours par quatre), le pillage d’une pagode qui tourne mal, la nécessité de trouver un quatrième homme… Par son alliance du cocasse et du tragique le dramaturge démonte les mécanismes du théâtre et du social, et dénonce l’utilisation de la peur comme moyen de persuasion des pouvoirs. La jeune troupe d’étudiants qui reprend le travail de l’année précédente, déjà présenté au cours du Festival 3 jours et plus, s’en donne à cœur joie, mettant son dynamisme au service du texte. Un jeu toujours juste, jusque dans ses outrances. Le propos n’est jamais perdu de vue. La mise en scène de Mathilde Soulheban sait être efficace avec une grande économie de moyens (la table de la cantine de la veuve Begbick, (femme, femme, femme !) devient palanquin, cachette, lit…). Le quatuor des soldats avec d’inénarrables mimiques est tordant, sans compter le sergent Fairchild, doublement caricatural, dans ses élans d’autorité bornée ou ses pulsions amoureuses débridées. Galy Gay, anti-héros absolu dépossédé de tout jusqu’à son nom, reste profondément humain. La pièce est menée de bout en bout avec beaucoup d’enthousiasme, et le public nombreux, comprenant quelque 100 lycéens, s’est vraiment laissé captiver. La saison au thème si ouvert, Parler de soi, certes… mais de qui, débute avec pertinence… MARYVONNE COLOMBANI
Un homme est un homme s’est joué le 18 octobre au théâtre Vitez, Aix
Croisade œcuménique
M.C.
Le Cœur du sage a été joué à Trets le 19 octobre et au Comœdia d’Aubagne le 10 novembre
© X-D.R
Parler aujourd’hui des croisades, de la troisième en l’occurrence, peut paraître provocateur dans le contexte religieux brouillé que nous connaissons. Il s’agit en fait d’un appel à la paix, à l’entente. Renouant avec la tradition de Nathan le Sage de Lessing, la troupe Les Oiseaux met en scène avec Le cœur du sage des représentants des trois religions monothéistes, chrétienne, juive, musulmane, qui montrent par leur exemple, leur humanité, l’inanité des guerres et conflits entre les représentants des trois religions. Car c’est la communauté de leurs principes, fondés sur le respect, la tolérance, l’amour du prochain, l’entraide, qui sont mis en avant, et non le fâcheux penchant des croyants au prosélytisme souvent meurtrier… Dirigés par Hamid-Reza Djavdan, costumés avec humour par Christian Burle, dans la lumière et les ingénieux décors d’Éric Proust, deux comédiens, Patrick Alaya et Lionel Briand, se démultiplient à l’envi pour interpréter 20 personnages… prélats, pape, Richard Cœur de Lion, troubadour, chambellan, seigneurs, eunuque, princesse, Saladin, Philippe Auguste, roi de France, soldats croisés ou sarrasins, prêtre, médecin, soufi, Hashishiyins… jusqu’aux chevaux qui piaffent ou s’échappent. Jeux d’ombres et de lumières, scènes cocasses, humour, distanciation… la légèreté de la forme n’ampute pas l’ambition œcuménique du propos, mais la rend accessible à tous.
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THÉÂTRE
CAVAILLON | AVIGNON | ISTRES | TOULON
L’art (froid) de la séduction © D.M
Un deux un deux, intéressante dans sa formulation -un dialogue fragmenté autour de la rhétorique amoureuse- mais longue pour les oreilles visiblement plus désireuses d’entendre susurrer des mots d’amour qu’une réflexion sur le «méta-amour» et sa dégringolade inévitable. S’ensuivit un docu-fiction, tourné dans une boite parisienne avec les protagonistes trentenaires de la soirée, mettant en pratique leurs techniques de drague. Conversations de comptoir, baisés volés ou appuyés, debrief post nuit blanche… rien que de très banal, mais censé développer l’imaginaire des spectateurs. Après quelques mets (aphrodisiaques ?) permettant au public plutôt décontenancé de se déplacer (et partiellement de se réchauffer, le mistral s’étant invité inopinément et brutalement à la fête) et de découvrir l’exposition Les objets de la drague de Maddie K, puis une lecture, peu émoustillante voire soporifique, de France 80 de et par Gaëlle Bantegnie, un second volet tourné avec des sexagénaires de la ville au dancing le Bataclan fermé depuis, aura été dévoilé. Aura-t-il enflammé les esprits, juste avant le dance floor final ?
Organiser une soirée sur le thème de la drague, un concept affriolant pour lequel la Scène nationale de Cavaillon a choisi de se transformer en «terrain d’exploration des techniques de séduction»… oubliant au passage de convoquer deux ingrédients indispensables : l’interactivité et la chaleur ! 200 personnes, pour la plupart peu familières du théâtre, étaient rassemblées autour de tables et lumières tamisées, où trônaient préservatifs et bonbons mentholés, pour cette nuit prometteuse, dont les clés étaient confiées à Mélanie Mary et François Bégaudeau. Pour éveiller des velléités, la comédienne et l’auteur récompensé ont lu leur pièce
DELPHINE MICHELANGELI
La Nuit de la drague a eu lieu le 27 octobre à la Scène nationale de Cavaillon
Kassandra Fukushima a été joué les 26 et 27 octobre au Théâtre du Balcon, Avignon
© Jean-Julien Kraemer
DE.M.
© Clement Chebli
La scène est là, comme un espace de liberté où se libèrent et s’expriment des corps et des langages, ceux de 10 jeunes acteurs, chanteurs et danseurs amateurs... Les Fauves de Michel Schweizer sont des ados débridés, ils ont des choses à dire, déclarer, déclamer, démontrer, chanter et danser ; sur leur vie, les cadres normatifs qui les entourent et les enferment et dont ils se libèrent en inventant un monde où ils peuvent parler de leurs peurs, leurs désirs, leurs sentiments, leurs attentes. La forme du spectacle, éclatée, non conventionnelle, qui prend l’allure d’une fausse comédie musicale, sert la parole et l’expérience artistique de ces jeunes ; sur scène ils sont entourés de Michel Schweizer, qui «tente d’occuper la fonction de médiateur», et de Gianfranco Poddighe qui lui «tente d’assumer la fonction de DJ». Et ça marche, c’est bouillonnant de vie et fragile à la fois, bouleversant quand un solo de danse remplit le silence des corps immobiles qui l’entourent, drôle quand chacun clame ses 10 commandements («Je ne prendrai pas mes reculs pour des capitulations«, «Ma gueule ne sera jamais mon dernier argument«), tonitruant quand ils exposent leurs cas de conscience sans attendre de réponse.
Joue la comme Cassandre Du mythe de Cassandre à la réalité du nucléaire, via la catastrophe de Fukushima, il n’y a qu’un pas pour l’auteur et metteur en scène Jacques Kraemer. Dans Kassandra Fukushima, l’intense et précise Sophie Neveu entremêle au théâtre d’Eschyle et aux visions de la prophétesse grecque la hantise du terrorisme mondial articulé aux contaminations nucléaires. Drapée de blanc, l’œil rougi et la voix articulée, l’oiseau de mauvais augure qui sait devancer les désastres nous dessine, horrifiée et loin d’être apaisée, l’apocalypse future. Nous conjure à l’écouter. Tout comme elle avait vu les bains de sang entre Grecs et Troyens, hantée toujours par les voix -fort bien travaillées, doublées avec celle de Christiane Cohendy- Kassandra Fukushima, «la folle et la suppliciée», compte à rebours le pire à venir et chante son angoisse : «Moi qui vois l’avenir, du passé je n’ai pas su faire table rase». De la danse macabre de Zeus aux kamikazes qui font exploser les bombes sur les centrales radioactives, nous voilà prisonniers nous aussi de cet avenir qui risque d’exploser en plein vol. Aura-t-on la lucidité de l’écouter ? La question a clairement été débattue au théâtre du Balcon, à l’issue de la seconde représentation : «le nucléaire, une énergie d’avenir ou pas ?».
Rideau sur les Fauves
DOMINIQUE MARÇON
Fauves a été joué pour la 54e et dernière fois le 19 octobre au théâtre de L’Olivier, à Istres
Sous le soleil d’Arcady «Tu m’as menti maman… Tu ne m’avais pas dit cette honte de l’exil». L’auteur, metteur en scène et acteur Jacques Hadjaje l’avoue franco de port : «avec Dis-leur que la vérité est belle, je ne prétends aucunement à une vérité historique». Son texte-spectacle s’égrène de fait comme un long souvenir truffé de moments joyeux et d’autres douloureux, de dialogues piquants, de sentiments exacerbés. C’est toute l’histoire de la fière tribu des Chouraki d’Alger à jamais disparue, dispersée. Rideau ! Une «famille juive pied-noire ordinaire» balayée par les soubresauts de l’Histoire à laquelle la Cie des Camerluches redonne vie dans un décor évoquant un campement dans les sables algériens. Dès les premières minutes et jusqu’au dernier instant l’ambiance est survoltée, dynamitée par des personnages caricaturaux : l’infortunée Olga et son mariage de raison, qui rêve d’aventures et d’amour avec un grand A, Georges le cousin comptable qui s’évade avec les super héros de BD, Aimée la mère au ventre alourdi par le miel, le Père qui n’a d’yeux que pour Charlie Parker, Leïla, la jeune voisine et tentatrice d’Albert le narrateur. Albert que l’on accompagne depuis sa circoncision jusqu’à sa maturité, père meurtri d’une fille à l’accent américain, incrédule et désorientée quand il tombe le masque sur tant de souvenirs enfouis… Légèreté du jeu, humour un peu facile, ambiance «camerluche» : on s’attend à tout moment à entendre Marthe Villalonga ou Roger Hanin ! Après Mouloud Feraoun (Zib’56) et Jacques Hadjaje, le spécial Théma du Théâtre Liberté se poursuit avec de nouvelles propositions comme autant de points de vue, très divers, sur «La guerre d’Algérie, 50 ans après». MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Dis-leur que la vérité est belle a été donné les 18 et 19 octobre au Théâtre Liberté, Toulon © Pierre Dolzan
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ARTS DE LA RUE
LIEUX PUBLICS | LA CANEBIÈRE
L’analyse pour tous Jeu de piste sur la Canebière
© Vincent Lucas
Cent fois sur le divan remettez votre ouvrage... en l’occurrence, plutôt sur le transat, mais le principe est le même. Allongez-vous confortablement, laissez votre esprit se détendre, et en avant les associations libres ! Les praticiens de l’ANPU1 sont là pour permettre à l’inconscient collectif urbain d’émerger, et c’est en répondant à un charmant questionnaire («Si votre ville était une personne, qui seraient son père et sa mère ? Quel serait son âge ? Et si c’était une chanson, laquelle ?») que l’on apporte son grain de folie à l’ambitieux projet. L’objectif avoué de Laurent Petit étant de psychanalyser le monde entier, son plan quinquennal devrait aboutir le 24 décembre 2013 à 23h précises, devant le siège de l’ONU à New York. Par le biais de conférences d’initiation aux fondamentaux de sa discipline, et à travers une exposition ludique et enthousiaste, il a déjà conquis Marseille, et le Grand (pas) Marseille (à savoir toutes les communes qui ne veulent pas y être associées) également. Alors docteur, de quelles névroses souffrent nos cités ? Avant tout, d’un gros symptôme pollué : la voiture. Aïe, ça
a l’air grave. Et peut-on espérer une rémission ? Soulagement : l’urbanisme utopique a des solutions pour sortir du tout-automobile, à prendre au premier ou second degré, selon l’appartenance politique du patient. On retiendra au choix l’Autoroute Astucieusement Aménagée en Habitation dessinée par l’architecte Marc Altorffer, la Zone d’Occupation Bucolique, les Transports Hors du Commun, voire si nécessaire à plus grande échelle le Traitement Radical Urbain. Étant donné que la psychanalyse a pour moteur le désir, on peut constater que cette approche par l’humour a des effets salutaires : un citoyen hilare est un citoyen optimiste. Et au citoyen plein d’espoir, rien d’impossible ! GAËLLE CLOAREC 1
Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine L’exposition Youpi Yeah ! a eu lieu du 12 au 27 octobre à Lieux Publics, Cité des Arts de la rue
Au-delà des confidences... © Vincent Lucas
Une fois n’est pas coutume : le spectacle commence en musique avant le retentissement de la première sirène. Valse N°2 de Chostakovitch. Des couples vêtus de blanc évoluent, lentement, les yeux dans les yeux, entre les rectangles réguliers de gazon. Instants de plaisir suspendus. Soudain retentit la sirène, les corps se séparent brutalement dans un dernier cri, et vont s’allonger chacun sur un rectangle engazonné et fleuri. L’image est forte. Le public circule entre les tombes, plus près des confidences. Car ça parle. Ça
raconte les derniers instants de vie, les dernières frustrations, les derniers espoirs. Seuls les yeux sont vivants et regardent ceux qui écoutent. Les textes ont été adaptés de Douleur exquise où Sophie Calle raconte la douleur de la perte ; on songe à sa très belle exposition Rachel, Monique autour de la mort de sa mère (voir Zib 54). On voudrait tous les écouter, mais on n’a le temps de saisir que trois ou quatre de ces petits récits qui évoquent suicides, tromperies ou accidents... Car la deuxième sirène sonne comme une résurrection : tous se lèvent en bloc, spectres tristes. Alexandra Tobelaim signe là une création intense qu’on souhaiterait plus longue. La scénographie d’Olivier Thomas est superbe dans sa sobriété. Les élèves comédiens de l’ERAC ont, entre autres, participé à cette miniature qui souligne une fois de plus le talent d’Alexandra Tobelaim. CHRIS BOURGUE
Le mois du chrysanthème s’est donné le 7 novembre, Parvis de l’Opéra, dans le cadre de Sirène et midi net de Lieux Publics
La Canebière est-elle bien connue des Marseillais eux-mêmes ? Si l’on en croit Bénédicte Sire, pourtant pas une native, la célèbre avenue recèle des lieux secrets… qu’elle s’est attachée à découvrir, avec l’aide des habitants qui lui ont ouvert leur porte et souvent leur cœur. Réalisatrice, comédienne et aventurière curieuse, elle a arpenté les trottoirs, sollicité les confidences, mais aussi parcouru goulument les textes d’auteurs qui sont passés par Marseille : Stendhal, Cendrars, Colette, Cohen ou qui y vivent encore comme Sarah Vidal. À leur suite elle nous entraîne dans des lieux improbables et insoupçonnés. Règle du jeu : rendez-vous donné au dernier moment, chaussures de marche, tenue décontractée, appareil photo. Consignes : rester groupés, transformer nos yeux en caméra. Dans chaque lieu visité Bénédicte endosse la personnalité d’un personnage de l’Histoire : «Je suis Flora Tristan, morte ici à l’Hôtel Duc au 19 cours Belsunce», ou de son hôte : «Je suis Serge, abandonné par mes parents...». Nous nous retrouvons dans le salon de coiffure en étage créé par le père de Maké Attoyan qui a coiffé Jacqueline Maillan et Françoise Fabian, puis au sommet du Building, immeuble construit par Pouillon, Egger et Sourdeau sur l’emplacement des Nouvelles Galeries détruites par l’incendie de 1938. Superbe vue sur les toits de Marseille, les Réformés et le clocher des Accoules depuis le 10e étage accompagnée de la lecture d’un passage de Transit d’Anna Seghers. Puis ce sera l’éblouissement de la salle de bal avec dorures et miroirs de l’Hôtel du Louvre et de la Paix, inaccessible au public, tout simplement au fond du C&A avec les mots de Cendrars qui évoque une rencontre amoureuse à Marseille ! D’autres secrets vous seront livrés qui témoignent avec émotion ou amusement des visages et des origines multiples des Marseillais, et une surprise gourmande vous attend dans un havre de paix... CHRIS BOURGUE
Trajectoires/Dans le ventre de la Canebière imaginé et interprété par Bénédicte Sire Prochains parcours : 13 nov à 13h30, 24 nov à 14h 8 et 15 déc à 14h (durée 2h30) Réservation Espace Culture 04 96 11 04 61 www.espaceculture.net Prix de lancement : 9,50 euros Dans le salon de Maké Attoyan © Chris Bourgue
MASSALIA | MÔMAIX
JEUNE PUBLIC
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La vérité des héros scandée par les rames devenues lances qui frappent le sol. Tout s’achève ? Non, il y a les questions des enfants, les réponses claires des acteurs, et le goûter final ! MARYVONNE COLOMBANI
Le périple d’Ulysse commence a été joué le 30 octobre au Théâtre des Ateliers, Aix dans le cadre de Mômaix
Une famille parfaite
© X-D.R
Cette année, Lecture Plus nous offre l’Odyssée en trois épisodes, Le périple d’Ulysse commence (octobre/novembre), Voyage en mer et aux enfers (janvier/février), Le retour à Ithaque (mars/avril). Comme de coutume, une autre compagnie se charge de la quatrième lecture : la Compagnie d’entraînement jouera Le dernier combat d’Ulysse (avril). Le principe de Lecture Plus reste inchangé : rapidité dans le montage du spectacle, simplicité des matériaux -«les enfants, vous pouvez faire la même chose» !utilisation juste des accessoires essentiels pour identifier les personnages, mettre en place les situations. La mise en scène d’Alain Simon, sobre, efficace, donne corps à l’ensemble. Après avoir défini
avec les enfants (salle comble, pensez à réserver bien à l’avance !) le sens du difficile mot «mythologie», puis présenté quelques dieux de l’antiquité grecque, les premiers vers de l’Odyssée sont psalmodiés en chœur. Irruption des Kykones, des Lotophages, du terrible cyclope, Polyphème… Les fleurs de lotus deviennent des bouquets de menthe que les enfants devenus Lotophages offrent aux compagnons d’Ulysse ; on tremble avec les jeux de théâtre d’ombre dans la caverne du cyclope… Toujours des clins d’œil malicieux rappellent que l’on est au théâtre, dans le faire semblant : on apprend la différence entre jeu et réalité. Belle école du spectateur ! Tout s’achève par une chanson grecque
Inspiré du kamishibai, théâtre japonais ambulant, le spectacle de la Compagnie Jardins insolites fait pousser des soupirs de bonheur aux enfants parfois tout petits qui viennent le voir. C’est dans la poche est court, délicat, basé sur un décor très simple et ingénieux. Quelques notes de violon (celui de Marion David, qui manipule également les accessoires), les nuages de coton sur lesquels on souffle et que l’on peut -ô miracle !- attraper, et le très joli costume à boutons et grandes poches de Thérèse Angebault suffisent à créer une atmosphère pleine de poésie. En deux temps trois mouvements, les dessins d’animaux prennent vie, le lapin blanc se laisse apprivoiser, et l’oiseau s’envole dans un grand ciel bleu. De l’herbe, des poules, un chat qui croque une souris... les petits citadins ont encore des rêves de nature, on le sent à leurs réactions émerveillées ! GAËLLE CLOAREC
C’est dans la poche a été joué du 27 octobre au 3 novembre au Massalia
© Gaëlle Cloarec
In ze pocket
La Compagnie Rodisio de Parme, tracer l’Histoire d’une famille, s’empare du quotidien, des images stéréotypées de la famille idéale, s’appuyant sur un travail mené avec des enfants. Le résultat est époustouflant de justesse, d’humour, d’ironie, de profonde légèreté. Une fête théâtrale pour les trois acteurs, Beatrice Baruffini, Consuelo Ghiretti, Davide Doro à qui l’on doit le texte et la mise en scène avec Manuela Capece. On part du cliché immobile de la famille, le papa, la maman, la petite fille, puis les personnages en sortent et jouent leur vie. Accélérations fulgurantes, épuisantes, le modèle prend des allures grotesques, les sages principes et les intentions louables sont tirés jusqu’au bout de leur sens, jouent avec l’absurde. L’ensemble, démonstration brillante du jeu théâtral, offre un moment jubilatoire et intelligent accessible aux enfants comme aux grandes personnes. Du grand art ! M.C.
Histoire d’une famille a été joué le 30 octobre au Théâtre Vitez, Aix, dans le cadre de Mômaix
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DANSE
BNM | BALLET D’EUROPE | BALLET PRELJOCAJ
De l’organique au désincarné La Criée a donné l’occasion de voir deux chorégraphies d’Angelin Preljocaj. Helikopter, créé en 2001, est une courte pièce de 35 mn, sur la musique étonnante et tonitruante de Stockhausen interprétée par le quatuor Arditi dans quatre hélicoptères en vol. Le son monte dans la salle qui entre dans l’obscurité. Des effets de lumière (Holger Förterer, pour une scénographie virtuose) tracent au sol l’illusion de pales d’hélico tournant à toute vitesse, puis dessineront au cours de la pièce des figures rectilignes, carrées, circulaires. Six corps, trois femmes et trois hommes vont occuper l’espace du plateau, affirmant leur droit à la vie malgré le fracas des moteurs et les stridences des cordes, impactant les signes sur le sol, tournant au gré des pales, leur résistant. Avec une douce détermination. Et quand le silence revient enfin après l’épreuve, une femme danse encore, persistant jusqu’à l’effacement. Puis c’est Eldorado (2007). La scénographie et les costumes transparents ornés de broderies fleuries (Nicole Tran Ba Vang) sont d’un ocre pâle, uni, marbré comme des temples antiques. Sur douze stèles les douze danseurs, debout, reposent. Deux femmes se détachent dans le silence, dansant très lentement, déroulant le geste jusqu’au
Gil, le style
Eldorado © Jean-Claude Carbonne
bout des doigts, dans des équilibres évolutifs époustouflants de stabilité. Puis la musique, toujours Stockhausen, débute : Sonntags-Abschied est une partition pour cinq chœurs transposée pour électronique. Totalement désincarnée, mais gardant en elle la trace d’une humanité comme vaincue, désagrégée. Les danseurs, souvent en couples, mettent l’accent sur une sorte de gémellité, parfois mixte, toujours tiède. Ils esquissent les déhanchements de l’accouplement avec une application sans plaisir. Ils évoluent en couples,
en lignes, en groupe, dans une partition fuguée extrêmement virtuose, fascinante d’abstraction. Cet Eldorado désincarné, sans sensation ni émotion, est un étrange paradis aseptisé, décérébré même, où les corps parfaits évoluent en valse lente dans un mouvement perpétuel, mais sans vie. CHRIS BOURGUE
Ces spectacles ont été dansés les 8, 9 et 10 novembre
De retour des Enfers pratiques pour un ballet et, même si on retrouvait dans certains moments plus intimes ce qui fait le style athlétique et sauvage de leur danse, le propos n’était pas évident... Au menu également Orphée, un petit bijou de musicalité, de décalage, de fluidité simple. Frédéric Flamand y fait preuve d’un talent rare de metteur en scène. La création à Saint Etienne (voir Zib’ 53) puis à Versailles fut un vrai triomphe. À l’Opéra de Marseille, avant l’Année Capitale et dans une version partielle, avec musique enregistrée, en l’absence des corps des solistes, Orphée… tient le choc ! et dispense une vraie magie sereine. Mais on attend impatiemment novembre 2013 pour voir enfin à Marseille cette pièce non tronquée ! A.F. © Agnès Mellon
Le programme donné par le Ballet National de Marseille à l’Opéra de Marseille augure bien de l’Année Capitale ! D’autant que d’ici là on pourra revoir le BNM en ses murs, à Toulon et à Velaux (voir p. 38), le tout dans des programmes différents, puis dans une recréation de Titanic à la Criée, entre une tournée en Belgique et une autre en Espagne. À l’opéra, la création d’Emio Greco et Pieter Scholten, Extremalism, manquait de cohésion le soir de la première. En voulant rendre hommage à Marseille ils ont collecté des clichés kitsch (Mireille Mathieu chantant la Marseillaise), de très belles photos reportage du BNM dans la ville (Agnès Mellon), y ont superposé des extraits retravaillés de leurs pièces anciennes. Mais les unissons manquaient vraiment de netteté dans les grands ensembles aux repères peu
À venir
Le Ballet d’Europe existe depuis presque 10 ans et Jean-Charles Gil persiste à y affirmer un style à contre-courant, qui cherche dans la technique classique, ses étirements, ses placements stricts et ses positions ouvertes, à trouver un relâché, une sensualité, voire un naturel très paradoxal. Certains de ses danseurs, qui le suivent depuis 10 ans, parviennent aujourd’hui, visiblement, à rendre la fougue, l’émotivité et la joie qu’il portait avec lui lorsqu’il était étoile. Aussi, quand il reprend en un long et ambitieux programme (plus de 2h de danse !) deux de ses pièces les plus intimes et musicales, qu’il y ajoute en prélude un pas de deux de Lazzini, et en conclusion sa dernière création, c’est pratiquement à une profession de foi chorégraphique qu’il nous convie. Folavi (Vivaldi) et Schubert in love témoignent de la même volonté de suivre et servir les élans de la musique, baroque pour l’un, plutôt légers et sautés, romantiques pour l’autre, le corps pesant dans la terre et les membres lourds. La musique de chambre de Schubert, interprétée avec la même fougue et retenue que la danse par l’ensemble marseillais Nemesis (très beau violon !), ajoute à la performance le bonheur si rare du direct. Quant à la création de Complicités, elle s’inscrit dans la continuité d’une recherche véritablement chorégraphique, qui invente des mouvements nouveaux chaloupés, persiste à écrire des duos et des portés, à travailler les lignes, et y ajoute des regards, des moments ludiques très humains. AGNÈS FRESCHEL
Cantadagio, Folavi, Schubert in love et Complicités ont été dansés le 9 novembre à l’Opéra de Marseille
Cartes blanches aux danseurs le 18 nov Musée d’Art de Toulon Le sixième pas/Mayday Mayday du 28 nov au 1er déc Ballet de Marseille Métamorphoses/Mayday Mayday le 8 déc Espace Nova, Velaux www.ballet-de-marseille.com
© Agnès Mellon
KLAP | LE MERLAN
DANSE
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Trois petits tours...
et puis s’en vont ! Marseille a sa Maison pour la danse et la cie Kelemenis en est l’âme et la cheville ouvrière... KLAP KLAP KLAP, on y applaudit -c’est fait pour ça- mais surtout on y travaille ! C’est naturellement entre ses murs que Question de danse, manifestation imaginée et menée par Michel Kelemenis, prend enfin place cette année pour sa 7e édition. Principe simple : chaque soir deux compagnies présentent travail en cours ou extraits plus achevés et répondent à quelques questions bien ciblées du maître des lieux, avant que la parole ne soit donnée à la salle ; et ça marche ! Ouverture généreuse avec une avant-première de la compagnie Travelling & co conduite par Hervé Robbe ; deux femmes, trois hommes sur scène et des passants dans la rue en perspective qui file sur l’écran côté cour ; comme dans les chorégraphies des années 70 ( le titre Slogans et les mots projetés invitent à cette lecture un peu rétro) on arpente le plateau, on lance les jambes à l’unisson et les duos sont francs comme les syllabes qui claquent; les corps campés sur de hauts talons, sanglés dans des costumes de ville se cassent à angle droit, disent le grouillement urbain et bientôt la fatigue ; une injonction «Joie» et un concerto pour piano de Beethoven, le vent qui souffle dans les rideaux de fond de scène créent un décalage, une friction... Hervé Robbe dit vouloir dégager, ériger une forme de simplicité à partir du foisonnement de la vraie vie : presque parfait et pas encore fini ! Formidable ! Plus modestes et fort intéressantes dans leur tentative de frayer d’autres pistes, les formes brèves propo-
Trois souffles © Agnès Mellon
sées par le Sens Fiction d’Alexandre de la Caffinière et de ses collaborateurs numériques Yann Bertrand et Damien Serban ou les Trois Souffles de Laurence Pagès et Christina Towle : le premier tout en délicatesse fait travailler l’épiderme au même titre que le muscle ; les deux corps dansant tantôt au sol et tatoués de pixels, tantôt debout se cherchant une forme et un équilibre semblent accompagner le premier matin du monde, genèse kinésique et surtout poétique qui distille une bonne dose d’enchantement… La seconde proposition surprend par sa radicalité et l’éclaircissement d’après prestation n’est
pas de trop : c’est à une réécriture pneumatique d’œuvres des années 80 (ici Mammame de Gallotta), recréation par le souffle du danseur et donc porteuse du rythme propre et du son de chaque corps, que nous convient les deux chorégraphes. Dérangeant et stimulant tout à la fois ! MARIE-JO DHO
Question de danse s’est tenu du 24 octobre au 10 novembre
Être là Drôle de couple que Nadine Fuchs et Marco Delgado ! Leur performance évolue entre défilé de mode pornoïsé (mais soft), diagonales classiques de cours de danse avancé, intermèdes brefs de danse de salon, du rock au paso, complicité soudaine puis décalage ironique, un peu de disco avec du moins son inénarrable bascule du bassin, des «choré» vaines comme à la nouvelle star (drôle !)… et puis entre tout cela pas mal de rien, qui passe bien parce que ça ne dure pas longtemps, et que ces deux là ont ce qu’on appelle de la présence. Et qu’on pourrait sans doute ici appeler du culot, voire de la morgue, du type regardezmoi, je n’ai pas grand-chose à dire, mais je suis beau, je le sais, et je bouge bien. Assez vite arrive la deuxième partie qui confirme en la décalant la portée du propos. Des corps en combinaison moulante neutre, affublés des masques des
visages plus ou moins grimaçants de nos deux compères, arrivent sur scène et déclenchent d’irrépressibles rires tant leur manière de se camper face au public, poing sur la hanche, est incongrue. Cela dure un moment, en crescendo, la scène étant envahie de dizaines d’amateurs avatars de Fuchs ou Delgado. Puis ils sortent, sans confrontation avec les vrais (dommage !), et suit une vidéo qui invite les spectateurs à descendre sur scène et à prendre part à un duo étreinte qui fleure bon la salle de stretching et la séance d’abdos-fessiers. Ça finit en eau de boudin, mais ça a bousculé quelque chose. AGNÈS FRESCHEL
Let’s get physical a été joué au Merlan du 18 au 20 octobre
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22 MUSIQUE AIX | AVIGNON | MUSICATREIZE
Conversations croisées
Aria escamota !
Forme dialogale par excellence, le concerto, d’abord grosso puis de soliste, émergea dans la dernière partie du baroque tardif. Rien d’étonnant donc, à retrouver en tête d’affiche dans cette première «Nuit des concertos», deux figures majeures de cette période, Haendel puis Telemann, auxquelles on peut rajouter Cimarosa, tant son œuvre porte la nostalgie de cette époque ! Chacune de ces pièces, fut l’occasion pour le public venu en nombre à la cathédrale d’Aix-enProvence, de goûter au talent de Mireille Lombard au hautbois, de Chantal de Zeeuw à l’orgue, et enfin au jeu souple et dense de l’altiste Mahyar Mivetchian. Les Archets du Roy René, menés d’une main ferme et assurée par Jean-François Sénart, purent se mettre en valeur dans la Suite en Sol majeur de Respighi où l’orgue et l’ensemble à cordes conversent à pied d’égalité dans une musique lyrique, colorée, fortement expressive. Longue vie à cet ensemble régional, que l’on espère retrouver dans une deuxième «Nuit» toujours aussi… étoilée. CHRISTOPHE FLOQUET
Concert donné à la cathédrale d’Aix-en-Provence le 19 octobre Nuit des concertos © Gerard Lehmans
Prélude au récital Première part oblige pour soir protocolaire, Pour leur aide publique, Représentants choisis De la Ville à l’État et du 13 à PACA, Font leur numéro ! On sourit, se réjouit… Giocoso ! D’être ici ! Solos bien policés de ténors politiques Connaissant la chanson… Et l’esquive ! Car l’aria finie et la tâche accomplie, Dolcissimo presto, La plupart se dérobe avant le premier do : Porte ouverte au mépris du travail accompli ? On en taira les noms ! Car on imagine que de belles raisons Ont poussé gens de cour à quitter l’auditoire. Élus d’un peuple à qui l’on montre exemple… Et esprit d’ouverture ! Ils auraient pu ouïr quelque pochade à voix, Syllabes choisies tirées de Rabelais, Raillant le Saint-Père et ses «couilles à papa», Que Guy Reibel créait Sans risquer la fatwa ! Ou bien les mille langues Mêlées et chuchotées, Polyphonies bruitées Signées François Rossé…
Romantissime !
Adam Laloum © Jean-Baptiste Millot
Trois belles œuvres du XIXe siècle ont fait le succès de la rentrée musicale avignonnaise pour le concert d’ouverture de la saison 20122013. C’est avec l’Ouverture d’Oberon de Weber, dirigée avec brio par le chef invité Yeruham Scharovsky (bien connu et reconnu en Avignon !), que la soirée a débuté. Dans la foulée, Adam Laloum, jeune concertiste lauréat de la Fondation de France et du Premier Prix Clara Haskil en 2009, s’est joué des difficultés propres au 1er Concerto pour piano que Brahms composa dans sa jeunesse. Il interpréta cette
œuvre, fusionnant le clavier au sein de l’orchestre, avec fougue et passion. Le public, d’abord médusé, recueilli, puis conquis au final, n’hésita pas à applaudir et bisser chaudement l’artiste… qui revint pour jouer, judicieusement, trois courtes pièces du même Brahms. La fougue de la première partie n’enleva rien à la seconde ! C’est que l’extraordinaire Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, créée au Carnegie Hall en 1893, nous transmet aujourd’hui encore la fascination qui a atteint le compositeur devant ce monde naissant, ces couleurs et sonorités nouvelles… L’Orchestre Lyrique de Région Avignon Provence et son chef ont réellement triomphé, communicant leur enthousiasme au public qui les rappela encore... Du coup, on apprécia, en bis, une Danse slave du Tchèque. Un premier concert brillant et fougueux qui promet une saison riche en émotions ! CHRISTINE REY
Le concert symphonique a été joué le 19 octobre à l’Opéra théâtre, Avignon
Des madrigaux enfin : Quand le Hongrois Eötvös Gesualdo pastiche. On y joue drôlement De l’arrêt sur image, Des clichés d’un mariage Aux accords haletants, D’un moustique coquin, Glissando à l’appui, Qui finit son bzz bzz Peut-être en bas des reins ? JACQUES FRESCHEL
Le 8 novembre au 53 rue Grignan, on inaugurait la salle que Musicatreize voue aux concerts © X-D.R
MARSEILLE | AIX
MUSIQUE
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Pépites d’Orchestre Pas d’instruments à boyaux, ni d’archets spécifiques pour jouer Bach le 26 octobre à l’église Saint-Michel, lieu du premier concert du 8e Festival automnal de Musiques «Baroques» (on y a judicieusement accolé «Classiques» ces dernières années à Marseille) ! Le tempo de l’Allegro du Concerto en mi majeur est altier et son diapason référencé à 440. On se retrouve un peu plongé, avec l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra et la direction bonhomme de Fabrizio Maria Carminati, à l’époque des enregistrements pour la Guilde Internationale du Disque qui firent les beaux jours du microsillon… Mais qu’importe, au fond, les modes, si le cœur y est, si le son s’y trouve, plein, dans sa justesse, malgré des phrasés un peu droits ! Dans cet exercice, Kristi Gjezi (1er Violon Super Soliste de l’Orchestre depuis janvier 2012) excelle par la science de ses respirations, un jeu fin, très soigné, alors les cordes l’enveloppent de textures suaves. Le premier mérite du concert réside dans la mise en valeur de vrais talents, jeunes musiciens recrutés à
homme sourit… il aurait dû avant ! Mozart enfin et un chef-d’œuvre de la maturité (pour peu que le compositeur y soit parvenu…) : «Prague» et son ré mineur qui vire au majeur lorsque Mozart oscille de Don Giovanni aux Noces, opéras gémellaires créés dans la capitale tchèque ! Des pupitres on s’écoute… pour un bel ensemble ! JACQUES FRESCHEL
À venir Kristi Gjezi © X-D.R
Marseille, rayonnants du haut de leur vingtaine. Anthony Abel (Trompette solo de l’Orchestre) succède à son homologue dans le Concerto en mi bémol d’Haydn. Alors que l’harmonie dilue ses vents dans le chœur de l’église, le cuivre retentit : au devant s’élève un chant simple, enrobé d’une belle sonorité… quand le morceau de bravoure final ne laisse filer aucune appoggiature ! Au salut, ouf, le jeune
Tourments post romantiques Daniel Raiskin, à la baguette, dirige le Philarmonique de Marseille. Après le beau succès de Carmen, nous voilà plongés dans la musique post romantique avec le 3e concerto de Rachmaninov que le compositeur créa à New York en 1909 et la première symphonie de Mahler, élaborée à 25 ans ! Le chef russe impose sa musicalité, sa fougue qu’il transmet au jeune pianiste ukrainien Igor Tchetuev, remarquable, toucher d’une grande poésie et technique sûre pour se défaire des difficultés du concerto, jeu détaillé, très expressif. Une belle connivence dans les trois mouvements : lento plaintif de l’Intermezzo, cavalcade du dernier mouvement aux terrifiantes octaves et arpèges survoltés. Mahler, c’est le mélange du populaire et du raffinement écrit. Sa 1ère symphonie dite «Titan», que l’orchestre a déjà jouée plusieurs fois, est un résumé des tourments, des
joies du compositeur, nostalgie de fête paysanne, danse villageoise du Danube (2e mouvement puissant, agité) où chaque pupitre donne une parfaite couleur, 3e mouvement qui reprend, en mineur, la mélodie de Frère Jacques, solo de contrebasse ponctué par les timbales, puis canon majestueux à tout l’orchestre d’une profonde mélancolie. Et ce Final gigantesque, entre chaos et libération : terre et esprit. Tous les antagonismes de Mahler sont là : puissance et magie des sons, subtilité burlesque, questionnement philosophiques permanents, nature rassurante et violente: titanesque ! Le chef et l’orchestre, très inspirés, se déchaînent, les cuivres au sommet : le public est debout une fois encore, l’œuvre est faite pour ça ! YVES BERGÉ
Ce concert a eu lieu le 20 octobre à l’Opéra de Marseille
Prophète en son pays Il aura fallu du temps pour qu’Aix-en-Provence, ville d’adoption du grand compositeur français lui rende hommage ! Durant un mois, impulsé par l’association Les amis de Darius Milhaud, l’Office du tourisme, à l’occasion du 120e anniversaire de sa naissance à Marseille, a accueilli une belle exposition. Dans un petit coin aménagé pour l’occasion, se mêlent des archives d’époque, des photos, un petit film, son piano… autant d’éléments qui rendent hommage à la grande carrière, essentiellement parisienne, du compositeur. Une caricature du Bœuf sur le toit de Raoul Dufy croise un tableau du décor de scène de La création du monde de Fernand Léger, des photos de Milhaud avec Britten, Dave Brubeck, Gérard Philippe ornent une belle vitrine. Et les visiteurs, curieux ou mélomanes, découvrent avec émotion ce petit panthéon du pape de la polytonalité. Instructif, même si l’on note l’absence d’allusion au départ du compositeur juif pendant la guerre, et que l’on s’interroge sur l’opportunité d’exposer en ce lieu, hall du tourisme qui dispense de l’information hôtelière mais rechigne pour l’heure à relayer l’information culturelle. CHRISTOPHE FLOQUET
une étonnante maturité pianistique, que ce soit dans l’interprétation de l’étude de Rachmaninov, Tableau en do mineur op 39 n°1 ou la fulgurante Rapsodie n°10 de Liszt. Vladimir Zolotsev choisit des œuvres moins brillantes, mais sait rendre avec une sensible délicatesse l’univers du Prélude et fugue, variante en si mineur de César Franck. Roman Basiuh offre une belle version de la redoutable partition de la Sonate n°3 de Prokofiev, avec la précision enflammée de ses élans, ses contrastes, ses montées en puissance, tandis que Vladimir Matusevitch interprète avec brio la subtile Suite 1992 de Hindemith. Enfin, superbe dans l’expression de l’âme romantique, Dimitri Karpov nous emporte dans la magie beethovénienne de la Ronde en sol majeur ou la Sonate op 110. Des noms que l’on retrouvera sans aucun doute. MARYVONNE COLOMBANI
Ce concert s’est joué le 24 octobre au Toursky
Darius Milhaud et Jean Cocteau/Jazz Band Billy Arnold © X-D.R
L’école russe Qui se souvient de Véra Lautard Chevtchenko ? Sa tombe, à Akademgorodok, porte cette épitaphe : «Bénie est la vie de celui qui a rencontré Bach». La grande pianiste suivit en 1938 en Russie soviétique son mari. Ce dernier fut arrêté et fusillé lors des purges staliniennes. Elle-même fut emprisonnée au goulag. Sur son châlit, elle tailla un clavier de piano pour ne pas oublier Bach… libérée en 1965, elle enseignera son art et donnera des concerts jusqu’à sa mort en 1981. La Fondation Boris Eltsine a créé, en 2005, le concours international de piano Vera Lautard-Chevtchenko -avec la Région, l’Opéra, la Philharmonie et le Conservatoire Glinka de Novossibirsk- afin de distinguer les jeunes pianistes de l’Oural. Le Théâtre Toursky accueillait les lauréats de cette année pour un concert exceptionnel. La qualité technique des jeunes pianistes, mais surtout leurs interprétations à la fois fines et affirmées, laissent présager que nous écoutons des grands virtuoses de demain. La jeunesse de Timopheï Kazantsev contraste avec
Le 8e Festival de Musiques Baroques et Classiques de Marseille se poursuit jusqu’au 25 novembre
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MUSIQUE
SPECTACLES
Carmen polyglotte ?
Tribune royale Dans la nef rénovée de la basilique, le son de l’orgue déboule des tuyaux, nous prend la nuque, à revers, au rythme d’un Mozart jazzy qui s’encanaille ou d’une canonnière romantique qui pétarade ses plein-jeux ! Olivier Vernet est aux claviers, le 25 octobre à Saint-Victor. Il a franchi les kilomètres qui séparent les grandes orgues de la prestigieuse cathédrale de Monaco de la console élevée dans l’antique abbaye phocéenne, pour enrober de son feutre le cuivre brillant d’une trompette royale. Romain Leleu «Révélation soliste instrumental aux victoires de la Musique 2009» (trois ans avant son cadet
Carmen © Frederic Stephan
Calin Bratescu, malgré une voix très intéressante souffrait d’une diction très couverte qui ne rendait pas grâce au français même pour jouer Don José. Le constat était malheureusement identique pour Micaëla interprétée par la moldave Tatiana Lisnic. Mais la palme dans ce domaine revient au russe Alexander Vinogradov au magnifique timbre de basse mais à la prononciation qui rendait presque bouffon son personnage d’Escamillo. En définitive, malgré une lecture de l’ouvrage très inspirée musicalement avec des chœurs impeccables et un orchestre ad hoc sous la direction de Giuliano Carella, cette production n’a pas été à la hauteur de ses promesses. ÉMILIEN MOREAU
Carmen a été joué à l’Opéra de Toulon du 12 au 18 octobre
JACQUES FRESCHEL
À venir Le 46e Festival de SaintVictor se poursuit jusqu’au 9 décembre Prochain concert le 15 novembre à 20h L’ensemble Café Zimmermann joue Vivaldi : extraits de L’Estro Armonico Olivier Vernet © X-D.R
L’œuvre de Georges Bizet même si elle reste un tube incontournable du répertoire lyrique n’en demeure pas moins un ouvrage difficile et exigeant qui nécessite une distribution de haut vol mais pas seulement. Pour cette représentation de rentrée à l’Opéra de Toulon les amateurs ont pu se réjouir d’un quatuor principal de haute volée sur le plan des qualités vocales. Malheureusement, on ne peut en dire autant en ce qui concerne l’intelligibilité du texte. En effet il était parfois impossible d’y entendre la langue de Mérimée. Les sous-titres étaient donc souvent indispensables. C’est finalement la contralto arménienne Varduhi Abrahamyan très convaincante qui a le mieux tiré son épingle du jeu jouant une Carmen volage à souhait sachant user et abuser de ses charmes malgré quelques voyelles parfois assombries par son timbre. Le ténor roumain
Thomas, tubiste solo à l’Opéra de Marseille) livre un son rondelet, exempt de dureté, dans les notes en arabesques d’un Caccini vocal ou celles, en «Prières», d’un Damase tendrement dessiné. Seul, il expose les pentatoniques virtuoses d’un folklore réinventé par Philippe Hersant, joue des sourdines au pavillon comme d’une guitare croassant ses «wah-wah»… Enfin, en duo, de la tribune, c’est le baroque de Haendel qui triomphe dans sa Gigue ou sa Marche finale… avant un fameux Choral, afin qu’en bis, la «Joie demeure» dans l’assistance et que chacun se rassure en devisant : «Tiens, ça… je connais !».
Artisanat d’art, sans artifices
© X-D.R
On fêtera le centenaire des Marionnettes de Salzbourg en février. Depuis le jeune Anton qui, en 1913, fit découvrir Bastien et Bastienne par les marionnettes qu’il fabriquait lui-même, jusqu’à sa petite fille Greti, manipulatrice virtuose, l’univers féérique de la famille Aicher tourne dans le monde entier. La Flûte Enchantée de Mozart, est la version de 1952 créée à New York, sur un enregistrement de Ferenc Fricsay, avec une distribution de rêve : Rita Streich, Fischer Diskau, Ernst Haefliger, Joseph Greindl… Caler les gestes sur le chant, les respirations, les émotions est un art si subtil. Mais durant l’air de Tamino on reste suspendu par l’élégance des mouvements si maitrisés, et les terribles vocalises de la Reine de la nuit die Hölle Rache, semblent chantées en direct ! On regrettera seulement les voix françaises parlées des récitatifs qui n’ont pas été modifiés et ont quant à elles notablement vieilli.
Pour La Mélodie du bonheur d’après le film de Robert Wise de 1965 (The Sound of Music), les marionnettistes ont fait appel au maître de Brodway, Richard Hamburger, pour une mise en scène originale et plus percutante. La scène culte où Maria, la gouvernante, apprend à chanter aux enfants Trapp est exceptionnelle ! Quel enseignant d’anglais n’a pas fait chanter Do (doe) a deer, a female deer, Ré (ray) a drop of golden sun… Qui ne s’est délecté de l’apprentissage de la gamme a grâce à ce cadeau musical ? Tous les enfants bondissant de joie avec Maria, quel réalisme ! On revoyait Julie Andrews. Costumes chatoyants, décors coulissant par petites vagues, lumières, mise en scène intenses. De 4 à 90 ans, un public émerveillé retombait dans le charme d’un spectacle artisanal et magique : un bol d’air étonnant dans notre univers impitoyable du «tout numérique». YVES BERGÉ
La Flûte Enchantée et La Mélodie du bonheur ont été joués à la Criée du 24 au 27 octobre
26 MUSIQUE SPECTACLES
Pour le feu ? La musique ! Après quelques semaines de travaux le Centre Dramatique National a rouvert ses portes et son hall tout neuf, pour une mise à feu essentiellement musicale
Danse avec Preljocaj (voir p. 20), conférences et projections multiples avec les rencontres d’Averroès (voir p. 11), le MuCEM et la pop philosophie (voir p. 74), opéra et comédie musicale avec les marionnettes de Salzbourg (voir p. 24)… Macha Makeieff semble pour l’heure miser sur la communication verbale, et la communion musicale.
Burger Underground
Lys du tigre Le lendemain c’est le trio, mythique, des Tiger Lillies qui embrasait la salle d’un autre souffre. Macabre, franchement cru, il fut question de mort, de plaisir,
Le Velvet de Rodolphe Burger © Julien Mignot The Tiger Lillies © Andew Attkinson
Pour souffler sur les braises rock’n roll de sa Mise à feu, la Criée a convié à point nommé le guitariste Rodolphe Burger et sa bande pour une résurrection du légendaire Velvet Underground. Bondée de disciples à la fois nostalgiques de la bande de Lou Reed et amateurs du sens musical de l’ancien leader de Kat Onoma, la grande salle du théâtre enjamba avec éclat les barrières qui séparent rock et théâtre en termes de salle. Sweet Jane et surtout un inoxydable Waiting for the man ont redressé un auditoire d’abord sagement assis, mais qui ne demandait que la surchauffe. Perché sur son siège de bar, Burger sait toujours placer son timbre guttural entre deux improvisations à la guitare, parfois fidèles aux membres de la Factory et parfois expérimentales, provoquant par moments des mouvements à la limite de l’hystérie collective ! Heureusement pour les sièges et pour la bonne tenue des lieux, la belle et vaporeuse Sarah Yu a su, dans le rôle de l’icône Nico, laisser planer les refrains litaniques et éthérés de l’égérie Warholienne (Femme fatale). Profondément marqué par cette musique qu’il nomme «l’art contemporain par excellence», Rodolphe Burger a rendu un hommage sensible et loin d’être funeste : complètement vibrant.
de violence, de bas-fond, de bite et de foutre. Clairement nommés, mais dans un anglais à l’accent populaire qui empêcha sans doute la plupart des auditeurs de comprendre le sens de ce qu’ils applaudissaient ! Il faut dire que si le trio enchaîne des titres un peu monotones, la performance vocale de Martyn Jaques est sidérante. Avec son timbre de véritable contreténor lyrique, capable de chanter comme une soprano mais aussi de s’enfouir dans des graves aussi profonds que ceux de Tom Waits, il joue sans cesse sur ses brisures, son souffle, son grain. Il fait ainsi défiler une série de personnages
vocaux sous son maquillage à la Tim Burton, et son univers à la Orange mécanique, évoquant sans y toucher le rock et le cabaret, mais aussi la chanson populaire italienne, toutes les musiques de scène, le music hall voire l’opérette. Quant à ses deux acolytes ils assurent, surtout Adrian Stout lorsqu’il orne l’espace sonore des mélodies inattendues de sa scie musicale, ou de ses ondes Martenot… Le public, composé de fans mais aussi de curieux, se clairsema un peu à l’entracte, pour revenir plus enthousiaste que jamais. Le pari de croiser spectateurs de théâtre et des musiques actuelles fut donc largement gagné pendant ces deux soirées… même si on peut se demander si, en ces périodes de disette théâtrale et pendant l’ouverture de la Fiesta, cette mise à feu non théâtrale correspond bien à l’équilibre artistique qu’un Centre Dramatique National devrait apporter au territoire. FRED ISOLETTA ET AGNÈS FRESCHEL
Rodolphe Burger et Tiger Lillies ont joué les 20 et 21 octobre à la Criée
Les rêves d’humanité de Léda Atomica de la tradition chrétienne et des Gens de la caverne de l’Islam. Arts traditionnels d’Indonésie et com-
positions contemporaines dialoguent tandis que défilent des projections rappelant le passé colonialiste. «La © X-D.R.
Un hall d’aéroport, devant le tableau d’affichage des départs. Sept passagers s’impatientent mais aucun des voyages n’aura la destination prévue. Tous leurs vols annulés, ils plongent dans un sommeil profond et nous ouvrent les portes de leurs imaginaires. Danse, musique, chant, vidéos, masques et marionnettes, Ne pas réveiller avant la fin du rêve est le fruit d’une collaboration franco-indonésienne de plus de dix ans entre deux collectifs de musiciens, Léda Atomica Musique (Marseille) et Gayam 16 (Yogjakarta), rejoints par Sam Harkand et compagnie du Théâtre MarieJeanne, à Marseille. Soutenu par le consulat d’Indonésie à Marseille et commande d’État, le spectacle repose sur les légendes des Sept Dormants
peur de l’étranger, c’est la peur de l’autre. J’ai peur de vous parce que je ne vous connais pas, je ne vous comprends pas», résume le couple d’acteurs. Dans un coin de la scène, Phil Spectrum, aux claviers et machi-nes, envoie la bande son. Lyrique, onirique, mythologique, Ne pas réveil-ler avant la fin du rêve sert un discours humaniste sincère mais vague et intemporel, basé simplement sur la notion d’échanges interculturels. De quoi laisser songeur. THOMAS DALICANTE
Ne pas réveiller avant la fin du rêve s’est joué le 23 octobre au Théâtre Toursky, à Marseille
MUSIQUES DU MONDE
MUSIQUE
27
Les poèmes maudits de Forabandit L’enfant terrible de l’Occitanie a encore frappé. Avec Forabandit, trio né en 2009 à Marseille avec Ulas Ozdemir et Bijan Chemirani, Sam Karpienia rend hommage aux poètes proscrits, aux hérétiques de tous poils. Qu’ils soient troubadours cathares ou asiks, leurs homologues d’Anatolie, communards marseillais ou protestataires turcs. Subversive, la musique de ces trois «bandits» l’est à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle se joue des frontières et des siècles et qu’elle montre une harmonie évidente entre les percussions persanes du zarb et les cordes cousines du balama anatolien et du mandoloncelle, de la famille des mandolines. Ensuite, à travers le souhait de remettre au goût du jour la poésie libertaire de deux rives de la Méditerranée. Dans l’intimité
vibrer. Langues et époques, dans un incessant dialogue, s’enchevêtrent pour créer une musicalité définitivement contemporaine, où le lyrisme de la poésie courtoise flirte avec les envolées frondeuses du rock, loin de l’ambiance a capella des mélopées judéo-andalouses interprétées par la cristalline Françoise Atlan, en première partie. THOMAS DALICANTE
Françoise Atlan et Forabandit ont joué le 17 octobre à l’Espace Julien, Marseille, dans le cadre de Chants sacrés en Méditerranée
Forabandit © Augustin le Gall
d’un Café Julien bondé, la puissance du chant rugueux et exalté de Karpienia, celui, plus rond, de Ozdemir et le jeu suave et subtil de Chemirani font
Douce mélancolie Fink © Will Cooper-Mitchell
Quand Fink prend sa guitare et attaque if only, seul sur la scène de l’Espace Julien, c’est un ras de marée émotionnel qui submerge le public. De son timbre de voix grave et sensuel, il plonge les spectateurs dans son univers poétique. Après un passage très remarqué en 2010 au Poste à Galène, le trio blues-folk de Brighton était de retour à Marseille, pour son nouvel album live Wheels Turn Beneath My Feet. Toujours accompagné de ses deux compères Guy Whittaker (basse) et Tim Thornton (batterie), Fin Greenall (guitare et chant) présente un nouveau projet pour cette tournée. Deux musiciennes ont rejoint le groupe : Erica Nockalls au violon et Rae Morris, pianiste et chanteuse que l’on découvre seule en première partie. Sur scène, on sent que la musique de Fink a évolué, qu’elle est moins épurée, mais toujours intimiste. Le côté brut s’est estompé, les arrangements sont plus sophistiqués, plus riches, avec de longues montées langoureuses au violon, appuyées par le jeu subtil et progressif du batteur. Les morceaux sont orientés folk, on sent parfois même une
KEVIN DERVEAUX
Fink s’est produit le 8 novembre à l’Espace Julien, Marseille
Très grand par le nom
d’énergie au service d’une tradition vivante et revivifiée. Virage à 180° avec le phénomène D’Aqui Dub. Formé il y a une quinzaine d’années, le groupe marseillais créé une alchimie sombre et planante entre musiques méditerranéennes et ambiance électronique à la fois dub et noise. Quand il ne joue pas de la clarinette, Arnaud Fromont chante un faux désespoir d’une voix envoutante et grave, sublimée par la basse de Manuel Castel, les machines de Sylvain Buhler et surtout le bouzouki d’Asmir «Chaspa» Sabic. Un week-end clôt par la poésie provençale de Renat Sette avec un récital tout en sensibilité intitulé Un homme a traversé le monde.
Il se nomme le TGGG (cela ne s’invente pas !), autrement dit, le Très Grand Groupe de Gospel. Avec une dénomination aussi grandiloquente, difficile de combler les attentes suscitées… Cyrille Martial, remarquable arrangeur, compositeur et chef de chœur essaie de donner une qualité à l’ensemble dont il rêve. Enthousiasme certain auquel le public est sensible, retrouvant les airs qu’il apprécie. Les musiciens professionnels (bassiste, pianiste et batteur) épaulent avec talent le chœur amateur. Les solistes, appartenant au groupe depuis la première heure (1996) ont de jolies voix, une bonne présence… ce qui ne peut faire oublier les notes approximatives, les faux départs, les dérapages et décalages, les aigus difficiles. Le passage hasardeux au classique (qui aurait demandé un placement lyrique) constituait pourtant dans sa conception un rapprochement intéressant. Une belle variété des morceaux, une gaité communicative justifient finalement le succès d’un programme bien pensé.
THOMAS DALICANTE
MARYVONNE COLOMBANI
L’Occitanie dans tous ses états En trois soirées, Festa occitana aura montré l’étendue de la création occitaniste actuelle. Axée sur trois groupes qui n’ont en commun que la langue, la programmation concoctée par La Mesón révèle une Occitanie de la pluralité musicale autant que géographique. Dans la famille polyphonique, le quintette Du Bartàs, venu de l’Aude, fustige la globalisation, la grande distribution ou la guerre auxquelles ils préfèrent la diversité, les circuits courts et le balèti. Jeux vocaux, rythmes festifs, Du Bartàs, à la manière des Marseillais du Cor de la Plana dont l’influence est certaine, s’abandonne parfois à la transe, ouvrant en grand son art de vivre languedocien à la culture maghrébo-orientale. Cordes légères, percussions dynamiques, les cinq garçons de Du Bartas -autour de Laurent Cavalié qui écrit et compose la plupart des morceaux originaux -débordent de fraîcheur et
petite touche celtique ou des accents plus rock, lorsque Tim Thornton passe à la guitare. Après quelques morceaux en quintet, Fink retrouve sa forme originelle : le trio. We’re gonna back to the Old school ! le public n’attendait que ça. S’en suit une série de morceaux très blues, avec notamment une sublime version de Pretty little thing qui arrache une larme à plus d’un spectateur. Standing ovation, le public en redemande : un magnifique Sort Of Revolution en rappel clôture ce concert sincère.
Festa occitana a eu lieu du 9 au 11 novembre à La Mesón, Marseille
Le TGGG s’est produit à Trets le 27 octobre
28 MUSIQUE JAZZ | ACTUELLE Invisible Light J Crimi © Dan Warzy
Un DJ set initiatique Magistral DJ Shadow ! L’invité de marque de la clôture du festival Tighten up ! a frappé fort, le 29 octobre dernier, au Cabaret Aléatoire
Le concert des pro(fs) Assa, Christian Bon à la guitare et Edouard Thommeret au saxophone. Tous ont un parcours ancré dans le jazz et certains, animateurs des ateliers de pratique musicale collective, musiciens-enseignants, se devaient de montrer l’exemple. De belles compositions personnelles ont été jouées, mais aussi des reprises transfigurées de standards du jazz. Un bon moment passé avec ces musiciens passionnés.
Les musiciens du Invisible Light sont en train de dîner dans un petit restau du quartier pendant que les murs du hall de la Cité de la Musique accueillent une partie de l’expo photo de McYavell et Pirlouiiiit. Quelques agapes sont réservées aux curieux, à l’occasion du vernissage différé de l’expo «Objectifs Jazz». Puis, c’est le concert, donné par les enseignants de la classe jazz, qui a lieu régulièrement à l’Auditorium. Joseph Crimi à la guitare basse et la contrebasse, Gilles Alamel à la batterie, se sont également relayés au piano Yves Laplane et José
DAN WARZY
www.citemusique-marseille.com
Gymnopédies au Rouge Sudameris © Dan Warzy
Nouvel événement chez Corine Barbereau à la Belle de Mai pour une soirée «Henri voit Rouge» avec le trio Sudameris. On connait Robert Rossignol comme facteur de piano mais aussi comme un pianiste débordant d’humour et d’invention. Il crée en 1990, un collectif musical à géométrie variable : Sudameris. C’est accompagné du contrebassiste Jean Christophe Gautier et de Farid Boukhalfa aux percussions, qu’il nous fait découvrir un programme musical surprenant qui convoque notre mémoire profonde. De longues phrases du répertoire de musique dite classique sont très habilement conjuguées à des séquences d’improvisations, on bascule ensuite dans un thème issu des standards du jazz, nouvelle séquence d’impro, puis c’est alors Chopin, Satie ou Beethoven qui émergent. Le premier set se termine par une réinterprétation très réussie de Ces petits riens de Gainsbourg par la jeune et charmante chanteuse Emmanuelle Rizzuto. Le second set voit le trio s’augmenter du souffleur Lamine Diagne aux saxophones et doudouk arménien. Une couleur plus modale s’affirme : My favourite things de Coltrane passe par là. Une suite symphonique, un concerto ou une élégie, le jazz est omniprésent, même si dans une basse continue nous fait penser Boléro, une mélodie à Wagner. Un concert en forme de mises en bouche apéritives, que l’on déguste en reconnaissant des milliers de saveurs. D. W.
www.jazzaurouge.musikmars.com www.sudameris-jazz.com www.piano-rossignol.com
Bien que nous soyons lundi soir, les spectateurs sont au rendez-vous. La salle est pleine pour accueillir un DJ et producteur, pionnier de l’abstract hip-hop. «Ce soir je vais vous jouer un nouveau set. Ceux qui me connaissent savent que je n’aime pas passer des hits. Vous allez entendre des morceaux inédits, j’espère que ça vous plaira.». Shadow pose le micro, puis rompt le silence. Il enveloppe alors toute la salle d’une basse ronde et puissante. Pendant 90 minutes, l’alchimiste californien alterne entre dubstep bien lourd et drumn’bass, en passant par des break hip-hop Old school ou des ambiances psychédéliques dignes des 70’s. Sur les morceaux, Shadow scratche à la perfection et joue du sampler. À coups de baguette sur les pads de sa machine, il crée en live des rythmes ou des mélodies. Le public est conquis, embarqué dans ce véritable voyage sonore. La prestation de Josh «Shadow» Davis prouve que le DJ n’est pas qu’un «passe-disque». Ce soir, tout le public du cabaret a constaté en live le talent d’un musicien qui utilise des sons de multiples origines pour composer son propre univers. Un son et une couleur particulière, inimitables. KEVIN DERVEAUX
DJ Shadow jouait le 29 octobre au Cabaret Aléatoire, La Friche, Marseille © Ashley Strong
MUSIQUE
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Fiesta, entre attendus et bonnes surprises un concert humble et riche en émotion : des textes poétiques et engagés sur des rythmes entraînants et des mélodies créoles. Deux duos français font aussi danser le public. Les Raggasonic balancent leur flow chaloupé sous le chapiteau pendant que les Sporto Kantes enflamment le public à l’intérieur. Nevchehirlian © Agnès Mellon
Goran Bregovic © Agnès Mellon
Bien qu’il ait manqué la petite étincelle, le collectif afrobeat de Brooklyn Antibalas n’a pas failli à sa réputation un peu plus tôt dans la soirée. La concentration était nécessaire pour s’imprégner et jouir de ce mélange entre transe tribale et chaleur soulfunk. Qu’importe, le niveau et la qualité
des musiciens méritaient largement l’attention, notamment le jeune batteur, véritable locomotive ! La dernière soirée voit les concerts extérieurs de Wax Tailor et Shaka Ponk annulés à cause du vent. Une déception vite atténuée par l’aura du maître de l’ethiojazz Mulatu Astatké
(vibraphone et congas). Le compositeur éthiopien et ses acolytes envoûtent doucement le public. Il suffit de se retourner pour contempler les sourires et l’expression sereine sur tous les visages. Les rythmes sont plutôt lents, entre 90 et 110 bpm. Les musiciens offrent tour à tour des chorus mémorables (violoncelle, contrebasse, trompette, saxophone, congas, piano) et emmènent les spectateurs dans une contrée mystique aux paysages sonores enivrants, d’une beauté bouleversante. Deux heures durant lesquelles la notion de création spontanée prend toute sa dimension. La meilleure prestation du week-end, si ce n’est de la Fiesta. Avec toujours aussi peu de femmes sur scène… THOMAS DALICANTE, KEVIN DERVEAUX, FRED ISOLETTA
La Fiesta des Suds s’est déroulée les 19, 20, 26 et 27 octobre au Dock des Suds, à Marseille
Elle dynamite le Moulin C’est sûr, Izia n’a rien inventé. Mais son rock pur jus, à l’ancienne, avec des riffs de guitare et une batterie survoltés, justifient sa réputation. Deux ans après son passage à l’Espace Julien, elle retrouvait son public au Moulin. Au second morceau, la partie Izia © Paul Schmidt
Place aux cuivres pour le lever de rideau de la Fiesta des Suds 2012 avec deux têtes d’affiche aux propositions légèrement surannées. Au rayon afro-cubain, le trompettiste Ernesto Tito Puentes qui, bien qu’entouré d’un big band efficace, a bien du mal à renouveler le genre. Côté Balkans, on cherche encore la véritable nouveauté dans la dernière création de Goran Bregovic. Un hommage aux musiques gitanes dont il s’inspire depuis près d’un quart de siècle. Une musique «pour boire et danser», comme y incite Bregovic luimême. Consigne suivie au pied de la lettre par les 12 000 personnes présentes ce soir-là. Le souffle est ailleurs, dans la Salle des sucres, avec le hiphop percutant et poétique de Shurik’N. La frénésie scénique carnavalesque nommée Bird’n’ roll, du nom du nouvel opus de Dyonisos, semblait faire trembler la tour de Zaha Hadid, mitoyenne du grand chapiteau dont l’immense tente avait bien du mal à contenir une foule dense et exaltée ! Théâtral, à l’image de leurs masques animaliers chromatiques, la scène est pour Dyonisos un terrain favorable à l’emphase un brin sophistiquée mais toujours… rock’n’roll. Un son incisif et mesuré qui insuffle une dynamique continue, sans que le curseur métronomique ne baisse d’un cran, malgré une panne générale d’une vingtaine de minutes. Une telle détonation plaçant la température du public dans les hautes sphères pouvait laisser sans crainte la place aux toulousains de Zebda, tout heureux de trouver une salle chauffée à blanc. Habitués des lieux et entonnant un Y a pas d’arrangement tonique et bondissant, l’exposé du Second Tour aura bouclé une soirée vivante à l’image de Prévert via Nevchehirlian et sa guitare, fort en bouche et ne touchant jamais le sol, Gari Greu porteur de l’hymne officiel 2013 (pour cinq doses d’eau) et Dj Bobzilla alias le pape en personne, venu en tenue borgiesque bénir et mixer des mélanges bien peu catholiques devant des fidèles médusés. Malgré les intempéries, la deuxième semaine est tout aussi dense. Certes, Roberto Fonseca est beau et le public le lui fait remarquer. Mais il est bien plus qu’un pianiste surdoué de jazz afro-cubain. Il apporte un regard et une sonorité vivifiante, empruntant autant aux musiques traditionnelles qu’aux musiques noires du XXe siècle. Les Réunionnais de Ziskakan offrent
était gagnée, la moitié de la salle avait les mains en l’air et chantait Lola. Sur la scène, rien de révolutionnaire. Les morceaux s’enchaînent entre rock 70’s, blues et punk, mais l’interprétation fait toute la différence. La jeune artiste, parfois comparée à Janis Joplin, incarne cette musique avec une telle énergie qu’elle impose le respect. Elle saute de la guitare au piano tout en jouant de sa voix rauque et puissante, braise incandescente montée sur des escarpins à ressort, avec une présence qui vous réchauffe l’âme et vous colle un grand sourire pendant deux heures. Elle et ses quatre acolytes, extrêmement généreux avec leur public, prennent vraiment plaisir à éclater les frontières entre artistes et spectateurs. Entre les chansons, Izia manie l‘humour, ne fait qu’une bouchée des quelques problèmes techniques rencontrés au cours de la prestation. Sur scène elle est chez elle… KEVIN DERVEAUX
Izia jouait le 9 novembre au Moulin, Marseille Elle sera le 16 nov à La Paloma, Nîmes
THÉÂTRE
Mauvais genre Les jeunes France Culture s’installe à La Criée pour un week-
La Vie est un rêve
Fable théâtrale, concert de rock, conte fantastique… David Lescot aborde le monde de l’adolescence comme un passage, une «initiation sauvage, sans règle ni méthode» au travers de l’histoire de deux groupes de rock, Les Schwartz, composé de 3 garçons, et Les Pinkettes, qui compte 3 filles.
Frankenstein Fabrice Melquiot adapte librement le roman de Marie Shelley, avec marionnettes et chansons. La créature devient Beurk, un enfant livré à lui-même, incarné par une marionnette de 2,10 mètres. La musique originale est composée par Simon Aeschimann.
Cette pièce mythique du théâtre baroque espagnol de Pedro Calderon de la Barca est mise en scène par Jacques Vincey, qui en révèle toute la fable humaniste sur la difficulté et l’art d’être homme. du 6 au 9 déc La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
du 27 au 30 nov La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
les 20, 21 et 22 nov La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Miss Knife
Collaboration
© Alain Fonteray
De beaux lendemains Emmanuel Meirieu adapte et met en scène le superbe roman de Russel Banks, qui relate l’accident de car dont sont victimes des enfants dans un Est américain glacé et enneigé. 14 d’entre eux trouvent la mort, laissant un village entier meurtri pour l’éternité. E. Meirieu reprend les 4 témoignages, 4 monologues bouleversants.
© Cosimi Mirco Magliocca
les 16, 17 et 18 nov La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
© Jacques Vincey
end de radio-théâtre. François Angelier, inventeur et réalisateur de l’émission depuis 1997, propose lectures inquiétantes, projections de films, et enregistrement en direct des émissions Fiction, Mauvais Genres et Des Papous dans la Tête sur le thème de «l’animal-tueur». Un nouveau prix littéraire sera aussi créé pour l’occasion, roman et essai, en association avec La Criée, France Culture et Le Nouvel Observateur. © Eric Didym
AU PROGRAMME
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les 29 et 30 nov La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com © X-D.R.
L’ex-directeur de l’Odéon et futur du Festival d’Avignon, Olivier Py, reprend son rôle irrévérencieux de chanteuse de cabaret transformiste, créé en 1996 au Festival. Avec Miss Knife chante Olivier Py, il dresse une revue-hall culotée, colorée et pourtant douloureuse, sublimant ses tourments les plus intimes en un music-hall insoumis et flamboyant. le 27 nov La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com le 21 déc Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
Salzbourg, 1934, dans la villa de Stefen Zweig ; il s’apprête à recevoir Richard Strauss, qu’il a convaincu d’écrire le livret de La femme silencieuse. Mais le nazisme s’étend, et Zweig est juif… Georges Werler met en scène la pièce de Ronald Harwood, avec Michel Aumont et Didier Sandre, qui questionne les rapports troubles entre art et politique. les 16 et 17 nov Le Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org
Les conjoints Jean-Luc Moreau met en scène et joue la pièce de son complice Eric Assous dans une comédie sentimentale qui met face à leurs contradictions deux couples naviguant entre raison et mensonges. le 27 nov Le Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org
41 31
Grands Parents 1914
Le journal d’un fou Les larmes rentrées Les 3 exils Andonis Vouyoucas reprend sa création, qui avait eu lieu en nov 2011, autour du récit de Gogol très naturellement théâtralisé. Toujours avec Hervé Lavigne dans le rôle du fonctionnaire Poprichtchine qui, peu à l’aise avec le réel d’une société étriquée, glisse vers la folie et finit par se prendre pour le roi d’Espagne. du 20 au 24 nov Le Gyptis 04 91 11 41 50 www.theatregyptis.com
© Soleil Vert
Adapté de Mars de Fritz Zorn, le projet de Laurent de Richemond, dont le titre fait référence à la définition que donne Fritz Zorn de son cancer, «pose une parole lucide sur la bourgeoisie et sur une relation «malade» à la vie.» où il est question «de la tentative d’une compréhension et d’une explication de soimême.» Programmation Minoterie-Les Bernardines hors les murs.
La seconde surprise de l’amour Dans une scénographie ingénieuse, et contemporaine, de boites empilées, espaces clos et vitrés ouverts aux regards, les deux cœurs brisés -la Marquise en deuil et le Chevalier plaqué- vont pouvoir se retrouver… La mise en scène brillante d’Alexandra Tobelaim donne un souffle nouveau à Marivaux.
du 20 au 24 nov à Klap 04 96 11 11 20 www.minoterie.org
du 4 au 8 déc Le Gyptis 04 91 11 41 50 www.theatregyptis.com
Qu’avez-vous vu ? © Manuel Buttner
le 17 jan Aggloscènes, Saint-Raphaël 04 98 11 89 00 www.aggloscènes.com © Gabrielle Voinot
Partant de la phrase de Duras «tu n’as rien vu à Hiroshima», la Cie Écrire un mouvement de Pau et le Collectif K.O.COM de Marseille unissent leurs talents pour créer un univers où les corps de la danse permettraient de dessiner questions et réponses dans un «espace rêvé et à rêver». Discours muet où les gestes veulent exprimer l’intériorité, dans une chorégraphie de Thierry Escarmant et de Manon Avram dans le cadre de Dansem (voir p. 38). La Minoterie, privée de ses anciens murs et en attente des nouveaux, ouvre ses portes à la Friche, salle Seita. les 21 et 22 nov La Friche, Marseille 04 91 90 07 94 www.minoterie.org
Deux photos de la même famille, l’une prise en 1914, l’autre en 1938, constituent l’ancrage de la pièce mise en scène par Jérémy Beschon. Travail entre la saga familiale et la grande histoire, de l’Algérie colonisée à la guerre d’Indépendance, exploration du statut des musulmans et des juifs, de la richesse de leurs relations, à travers les mots portés par la talentueuse Virginie Aimone qui fait revivre les différents personnages. Belle interrogation sur les identités collectives et particulières, les transformations que l’arbitraire des nations leur impose. Un travail qui en démontant les mécanismes rend aux gens la capacité de se redéfinir humainement. Entrée libre. Les 3 exils d’Algérie, une histoire judéo-berbère le 26 nov à 20h30 Le Lenche, Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
AU PROGRAMME
THÉÂTRE
THÉÂTRE
Camus/l’Odyssée Le chagrin des ogres La fausse suivante Henri Moati rapproche sur scène le personnage légendaire d’Ulysse, navigateur infatigable, arpenteur des eaux, en quête de son Ithaque et Camus, amoureux de la Méditerranée, décrivant Tipasa dans Noces, «habitée par les Dieux» qui «parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent…». L’homme révolté, le mythe de Sisyphe, croisent le périple du choyé d’Athéna, l’homme aux mille ruses… Comment naissent les dieux et le héros ? Dans cette conjonction magique d’épopée et de philosophie, nouvelle poétique… pour un Camus qui affirmait «le monde est beau, et hors de lui, point de salut.»
© Cici Olsson
L’homosexuel Christophe Chave avec la Compagnie des Gens
© Didier Grappe
le 30 nov Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
d’en face met en scène l’œuvre de Copi, L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer, dernière pièce du triptyque dont les premières pièces sont Les quatre jumelles et La femme assise. Un théâtre traite du monde dans ses dimensions sociales et politiques, avec tapage, loufoquerie et un sens tout argentin de la démesure dérisoire. Corps meurtris, vérités contestables, codes détournés… les personnages étranges nous amènent à nous interroger sur ce qui fonde notre identité, sexuelle ou non.
Programmée par les ATP d’Aix, la pièce de Fabrice Murgia tisse un conte onirique à partir de deux destins d’exception (Bastian Bosse qui a préféré mourir après avoir tiré dans son lycée et Natahsha Kampusch kidnappée pendant 10 ans). Lorsque la fiction dépasse le faits-divers pour restituer les attentes, la vitalité et le désarroi des bouleversements adolescents. les 10 et 11 déc Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com
L’homosexuel ou la difficulté de s’exprimer le 7 déc Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
La pitié dangereuse Dis-moi… fils Claire Massabo interroge le regard des fils sur leur
les 20 et 21 nov Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com
Théâtre des Ateliers après Odyssée 2013, le chantier de création autour du texte de Christian Carrignon se met en route. Le public pourra assister à une lecture de l’intégralité de Presque tout l’univers, avant la création finale prévue en novembre 2013. le 30 nov Théâtre des Ateliers, Aix 04 42 38 10 45 www.theatre-des-ateliers-aix.com
La fausse suivante ou le fourbe puni les 27 et 28 nov Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
du Puppentheater de Halle, avec leur esthétique réaliste, leur manipulation à vue (qui accorde une profondeur supplémentaire aux personnages), démultiplient le jeu des illusions. Le roman naturaliste de Thomas Mann, Buddenbrooks, raconte les problèmes d’argent et de succession de trois enfants d’une grande famille bourgeoise allemande. Moritz Sostmann use de la surprenante vérité de ses «acteurs» pour une mise en scène qui conjugue humour et profondeur.
mère. Une mère qui veut entendre nommer ce lien qu’elle rêve indestructible, et ses fils (joués par trois comédiens) qui l’écoutent, l’ignorent et jouent à en perdre haleine. Un spectacle entre l’intime et l’universel, drôle, léger et tendre, qui raconte à chacun une part de son histoire.
Presque tout l’univers Deuxième action majeure de la saison artistique du
Déguisée en chevalier puis en soubrette, la «demoiselle de Paris» entre dans différents stratagèmes qui mettent en lumière les tromperies de Lélio à qui elle est promise. Duperie et frivolité sont également condamnées et punies dans cette pièce où le jeu des apparences, le mensonge, permettent finalement l’éclosion de la vérité. Nadia Vonderheyden met en scène la pièce de Marivaux dans une atmosphère de carnaval vénitien pour en souligner la force subversive.
Buddenbrooks Les marionnettes de la compagnie
© X-D.R.
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le 4 déc Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
La compagnie Carinae nous entraine dans une petite ville de garnison autrichienne en 1913 pour une histoire qui met en lumière nos ambiguïtés et nos ridicules, adaptée de Stefan Zweig par Élodie Menant. Les sous-entendus et les réparties cinglantes laissent apparaître les tréfonds de l’âme humaine. le 20 nov Salle Émilien Ventre, Rousset 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com
© Gert Kiermeyer
scène Martine Schmurpf et son clone pour une conférence délirante et loufoque ayant comme propos la relation de l’homme avec le monde par le prisme de la nourriture. Étayé de témoignages réels de professionnels et de monsieur et madame toutlemonde, le discours porte un regard original et amusé sur le monde. Une satire habilement construite dans laquelle les grands mots d’héritage et de transmission donnent lieu à de succulentes réflexions.
Les trois Richard «Mon royaume pour un cheval !» tout le monde peut
Charlotte Adrien © Olivier Allard
Cooking with Sermon joyeux Martine Schmurpfs Clara Picard avec la Compagnie à table met en
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citer Richard III de Shakespeare, même en se demandant quel est le numéro du Richard… Dan Jemmett met en scène un trio d’humoristes des années 50, Les trois Richard, pour passer Shakespeare au filtre du burlesque le plus déjanté dans l’esprit des Monty Python. Une soirée de rire libérateur ! le 23 nov Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
le 11 déc Odéon, Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
les 11 et 12 janv Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Le songe d’une nuit d’été
© Bernard Richebe
Jean-Pierre Siméon s’inspire de l’esprit des sermons joyeux du Moyen Âge qui parodiaient les sermons de la messe, empruntant leur forme, citant des passages de la Bible, mais détournant le propos, de façon grivoise. Pour ces sermons contemporains, Selim Alik met en scène comme prédicateur Charlotte Adrien. La diatribe s’attache aux «revenus de tout» dans Au vrai chic parisien, fait L’éloge de l’inconnu ou L’éloge du risque, en un appel aux bons vivants. La Compagnie Cithéa est en résidence au Théâtre Sémaphore toute la saison. le 16 nov Le Sémaphore, Port de Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com
© Adeline Ferrante
L’ouest solitaire L’univers sombre du dramaturge irlandais Martin Mc Donagh est mis en scène par Ladislas Chollat. Deux frères, (Bruno Solo et Dominique Pinon) se retrouvent seuls dans leur maison miteuse après la mort du père, tué d’un accidentel coup de fusil. Une haine implacable les lie, que l’écriture de Mc Donagh sait rendre, resserrée, rythmée, incisive. Huis clos sauvage dans lequel parfois se glissent le prêtre, incapable de leur faire entendre raison et une jeune lycéenne aux attitudes provocantes. Atmosphère oppressante, humour noir… une pièce décapante.
Le Misanthrope © Louise Bruyere
Théâtre dans le théâtre, mise en abîme, chassécroisé, saveur des mots, entrelacs des intrigues, amours, désirs, magie, fantaisie poétique, grotesque, drame… tout se retrouve dans cette pièce de Shakespeare, construite sur des analogies disparates. Nicolas Briançon s’en empare avec bonheur, soulignant avec la magie du texte ses côtés rebelles, dans un rythme soutenu pour une comédie loufoque légère et subtile, actuelle assurément ! le 11 déc Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr le 5 déc Théâtre Le Forum, Fréjus 04 94 17 73 70 www.aggloscenes.com
le 20 nov Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr © Fabienne Rappeneau
Alceste fait profession de haïr la société des hommes, dont les paroles mentent, dont les propos ne sont que comédie, superficialité, hypocrisie… et pourtant il aime, et c’est la plus coquette, la plus délicieusement médisante, la charmante Célimène. Les Cartoun Sardines se glissent avec bonheur dans les alexandrins de Molière, dans la saveur des mots, de cette comédie de la parole où la conversation est spectacle où les traits d’esprit valent les grandes actions. Avec 3 acteurs pour incarner les 9 personnages ! le 30 nov Le Sémaphore, Port de Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Ali au pays des merveilles Le pays des merveilles, c’est le quartier du Panier à Marseille. Ali Bougheraba y a grandi et à l’inverse de l’Alice de Lewis Carroll, ne fuit pas la réalité, mais la décrit, lieu de merveilles concrètes, avec ses personnages atypiques. Une remontée en enfance délicieusement truculente et tendre. Pour celui qui avait comme rêve de «s’envoler vers le ciel et voir son quartier d’en haut», les mots permettent cette belle ascension en compagnie du comédien et coauteur Didier Landucci. le 30 nov Forum de Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
AU PROGRAMME
THÉÂTRE
Campagnes Le Vicaire d’écriture Après une saison de résidence d’écriture l’an passé,
La Conférence des oiseaux Trois comédiens (Aïni Iften, Elsa Stirnemann,
© Lot
l’auteure Catherine Zambon a été accueillie dans trois familles sur le territoire Nomade(s) de Cavaillon, première lecture publique du texte abouti.
Serge Barbuscia), Roland Conil au piano et Farshad Soltani aux instruments traditionnels persans réunis dans un quintette hybride autour du conte de Farid Al Din Attar.
le 29 nov Scène nationale, Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
les 24 et 25 nov Théâtre du Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org
Dom Juan © Laurence Fragnol
Jean-Paul Tribout s’empare de la première pièce de Rolf Hochhuth sur l’ambiguïté des rapports du pape Pie XII avec le IIIe Reich. Une adaptation qui implique le spectateur dans ce débat sur la responsabilité morale individuelle face aux crimes perpétrés «au nom de…».
La grande figure du libertinage du XVIIe propulsée en pleine période seventies par la compagnie La Naïve. Quand le plus extravagant des personnages de Molière devient Jim Morrison (Charles-Eric Petit), une autre figure emblématique du rock décadent ! Une belle version, par des gens d’ici…
© X-D.R
Rhinocéros Alain Timar transpose avec brio la pièce de Ionesco
les 13 et 14 déc Théâtre du Chêne Noir, Avignon 04 90 82 40 57 www.chenenoir.fr
le 17 nov Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com
dans le monde de l’entreprise avec des interprètes coréens. Une lente descente en abîme, aux confins de l’humanité, qui nous renvoie, par un habile jeu de miroirs, à nos propres images. Extrêmement réussi !
Bonheur titre provisoire
les 13 et 14 nov Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com
© Manuel Pascual
du 22 au 25 nov Théâtre du Chêne Noir, Avignon 04 90 82 40 57 www.chenenoir.fr
Les Djinns… Sortie de résidence de création pour l’équipe du
Ruy Blas Christian Schiaretti et la troupe du TNP s’emparent vaillamment du drame romantique -et politique- qui se joue dans cette œuvre du répertoire. Ils incarnent avec intelligence et sensibilité la poésie hugolienne, entre grandiloquence, rire et grotesque.
Darouri Express avec cette représentation autour des Djinns, ces créatures surnaturelles issues de croyances de tradition sémitique. Un hommage à ceux qui jouissent de la diversité des langues, des cultures et des corps.
le 16 nov Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr
le 27 nov Les Djinns cachées au fond des caves Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 www.lesdoms.be © Darouri Express
Créée en plusieurs étapes l’an passé, cette pièce sur le large thème du bonheur, dessinée à partir de la pensée du philosophe Robert Misrahi, avec Alain Timar, Pauline Méreuze et Paul Camus, est devenue incontournable lors du dernier festival Off. Une peinture de l’âme singulière et infinie. du 13 au 15 déc Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com
© Christian Ganet
AU PROGRAMME
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THÉÂTRE
L’avare Biyouna ! La compagnie Vol Plané revient à Gap avec une
J’aurais voulu être égyptien Jean-Louis Martinelli adapte pour la scène le
adaptation décoiffante et ludique de la pièce de Molière. Quatre comédiens talentueux (pour 15 personnages), mis en scène par Alexis Moati et Pierre Laneyrie, conduisent le spectacle tambour battant et montrent au jour cet Harpagon tyrannique.
roman polyphonique Chicago d’Alaa El Aswany, une fresque sociale humaniste plongée dans une Amérique post 11 septembre traumatisée, qui trouve des résonances avec l’avènement des printemps arabes.
les 19 et 20 nov Théâtre la Passerelle, Gap 04 92 52 52 33 www.theatre-la-passerelle.eu
du 29 nov au 1er déc Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr © SvendAndersen
le 27 nov Théâtre en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com
C’est Ramzy qui met en scène la comédienne, humoriste, chanteuse Biyouna pour son premier one-woman-show. Une femme libre et un monstre sacré, considérée comme la Bette Midler algérienne, qui évoque pour la première fois les brûlures et les bonheurs de sa vie.
© Matthieu Wassik
le 20 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
Les bonnes La compagnie L’Egrégore reprend le huis clos de Jean Genet et renforce l’inquiétante étrangeté du texte en incarnant le rôle de Madame par un homme. Quant aux mystérieuses meurtrières sœurs Papin, elles conservent une opacité mâtinée d’hystérie.
© Pascal Victor
Le temps La promesse nous manquera Une pièce écrite par Stéphane Gasc, portée par un de l’aube Bruno Abraham-Kremer adapte et joue l’autobio- collectif d’acteurs issus de l’ERAC, conçue comme
le 30 nov Théâtre de Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu © Joelle Brover
graphie romancée de Romain Gary, un auteur à l’humour aussi tendre que désespéré. Un récit hors du commun autour d’une promesse scellée à l’aube de son existence, sous le signe d’une relation mèrefils déterminante. les 23 et 24 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
le portrait d’une absence. Une succession de tableaux trouble et captivante sur les flux et reflux de la vie. du 13 au 15 déc Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
Le Gorille Brontis Jodorowsky livre une véritable performance en incarnant, dans un seul-en-scène époustouflant, le texte de Kafka autour de la difficulté de s’adapter à une société absurde. Drôle et caustique. le 21 nov Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr © Pepe H
© Pascal Gely
Mardi liberté La nouvelle pause-déjeuner artistique du Théâtre Liberté inaugurée avec Un jour si blanc, par le pianiste compositeur varois François Couturier et des poèmes de Rimbaud, Tarkosky et Baudelaire lus par Philippe Berling. le 27 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
84 Charing Cross Road © BM Palazon
L’histoire vraie, émouvante et drôle d’une correspondance de plus de 20 ans entre une écrivaine sans le sou et un libraire, sur fond d’Amérique et d’Europe d’après guerre. le 11 déc Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr
…histoire du commerce © Elizabeth Carecchio
Joël Pommerat livre en deux huis clos d’ombres et de murmures une comédie vertigineuse autour de l’essor du commerce américain, et de ses voyageurs désorientés, aliénés autant qu’aliénants. De 1968 aux années 2000, cinq représentants de commerce victimes de leurs propres pratiques, dans un monde de faux-semblants et de valeurs détournées. La grande et fabuleuse histoire du commerce le 17 nov Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
Gentleman show Christophe Guybet questionne, décortique, réinvente et joue avec les interrogations de l’homo sapiens civilisé. En gentleman virtuose, il incarne une galerie de personnages aux prises avec la réalité. le 1er déc Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com Christophe Guybet © Svend Andersen
DANSE
Dansem Le Festival de danse en Méditerranée continue pour sa 15e édition à jouer le coucou dans les lieux accueillants qui coréalisent ses propositions, avec des participations financières de hauteurs diverses, et plus ou moins de complicité dans les choix artistiques. Le théâtre de Lenche accueille deux spectacles d’artistes libanais, en partenariat avec les Rencontres d’Averroès. Entre temps 2 de Khouloud Yassine (14 et 15 nov), un trio composé d’une danseuse et deux musiciens qui entraine le public à former un quatuor ; et Mahalli de Danya Hammoud qui travaille sur le déplacement du réel et danse entre peur et possible, pouvoir et colère (17 et 18 nov). À la Friche, Dansem revient avec joie collaborer avec Marseille Objectif Danse, et/ou la Minoterie «hors les murs». Avec l’Arcade aussi, qui soutient les productions régionales, le consulat Israélien… Manon Avram et Thierry Escarmant présentent Qu’avez-vous vu ?, un interrogatoire sur l’intime mêlant matières sonores, mouvements et mots pour un retour au corps et une possible consolation au chaos (21 et 22 nov). Dans Sad Sam / Almost 6, sixième opus du croate Matija Ferlin, la danse s’allie à la poésie pour faire vibrer fantômes et anges (22 et 23
Iris Erez © Itay Marom
une performance musicale découvrant quelques parcelles de son jardin secret (le 1er déc). Il sera entouré de chorégraphes invités, Geneviève Sorin, Carol Vanni, Montaine Chevalier… Cette dernière présentera la première de sa pièce D’assise, questionnant l’étrange et étonnante problématique de l’assise, du public comme celle de l’interprète (7 et 8 déc). Le 7, Geneviève Sorin partagera la soirée avec Hep !... Garçon !, une performance pour un couple de danseurs. DE.M.
nov). Avec Torgnoles, Georges Appaix déroule son alphabet chorégraphique avec Jean-Paul Bourel (27 et 28 nov), pour un tandem drôle et oulipien créé lors de dansem 2011, et pas repris depuis. Enfin dans Homesick, l’Israélienne Iris Erez conjugue le trio pour définir les sphères intimes et publiques (le 29 nov). Aux Bernardines, Thierry Giannarelli propose un QCM amoureux, dont le questionnaire est la bande son et la danse le jeu de l’intime vérité (27 et 28 nov). Raymond Boni et Véronique Delarché poursuivent leur collaboration dans Paysages humains, à partir du
Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info Théâtre des Bernardines 04 91 24 30 40 www.theatrebernardines.org
Matija Ferlin © Nada Zgank
poème de l’écrivain turc Nâzim Hikmet (le 30 nov). Avant d’entrer en création en février 2013, Thierry Baë propose
Friche Belle de mai Réservations à l’Officina 04 91 55 68 06 www.officina.fr
Résonance Bagouet Wonderful World Programme mixte Michel Kelemenis en hommage à Dominique Ba- Solitude à cinq pour une chorégraphie qui cherche à gouet dont il fut le danseur, consacre une semaine à une Résonance Bagouet à laquelle les Bernardines s’associent. Deux pièces pour cette soirée, Le Malaise de Louise (extrait de Meublé sommairement de Bagouet) à partir d’un chapitre du roman Aftalion d’Alexandre Emmanuel Bove, sur la musique de Raymond Boni, puis Ribatz Ribatz ou le grain du temps, un film de Marie-Hélène Rebois qui s’interroge : «gardons-nous la mémoire de nos gestes» ? le 11déc Les Bernardines, Marseille 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org Allo Mr Baril, avec Genevieve Sorin et Dominique Bagouet © Vincent Pereira
plonger dans la «forêt obscure» que Dante trouve au «milieu du chemin de notre vie». Ces hommes s’échappent d’une catastrophe, d’eux-mêmes… une écriture où les corps dessinent une histoire poétique, chorégraphiée et mise en scène par Nathalie Béasse. les 11 et 12 déc La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Sur les traces de nos pas La Compagnie Mémoires Vives unit son talent à un groupe de jeunes artistes marseillais (Cie Tckek’Art) pour un spectacle qui traite de l’histoire des vagues migratoires à Marseille. Sons, images, mots, gestes sont convoqués pour cette évocation, ce cheminement qui constitue l’identité singulière de la ville sous la direction artistique et la mise en scène de Yan Gilg. le 7 déc Espace Busserine, Marseille 04 91 58 09 27 www.mairie-marseille1314.com
May Day, May Day, May Day © Agnès Mellon
AU PROGRAMME
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Le BNM se déplace à Velaux pour présenter deux chorégraphies fortes. L’une de Frédéric Flamand, composée autour des Métamorphoses d’Ovide, accordant aux mythes antiques des échos contemporains, à l’heure où le virtuel réactualise la notion d’avatar, et de transformation ; l’autre de Yasuyuki Endo, danseur assistant de Flamand, s’attache à la représentation du cataclysme -le danseur se trouvait au Japon lors du tsunami de 2011. Les corps des danseurs transcrivent dans Mayday, Mayday, Mayday, This is… la puissance des émotions, la violence de ce qui nous dépasse, dans une pièce pleine d’allant et de vie paradoxale. En prolongement, le 9 déc un atelier chorégraphique est ouvert à tous sur réservation. le 8 déc Espace Nova, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova.com
femmes en Afrique puissent exercer le métier de danseuse sans se retrouver en butte aux préjugés et au dénigrement. La jeune chorégraphe camerounaise, fondatrice de la Compagnie Djam Ntoma, composée de danseurs et de percussionnistes a déjà remporté des prix pour deux de ses créations. En résidence pour deux mois au Pavillon Noir, elle y présentera le fruit de son travail.
© Francois Stemmer
Tragédie La fille SOS Michèle Nkomp Ndjongui se bat pour que les
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Brilliant Corners Il y a le superbe album Brilliant Corners de Thelonious Monk. Emanuel Gat s’en inspire et accorde le titre à une œuvre chorégraphique d’une infinie richesse : multiplicité des moments éphémères, règles qui se confrontent aux exceptions… fragilité de l’instant au cœur duquel le geste crée un univers complet… la pièce pour dix danseurs est un véritable bijou d’orfèvre. Parce que c’est dans les recoins que brillent de petits trésors méconnus. le 27 nov Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
le 21 nov Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org
Grand hôtel Chorégraphie d’Olivier Dubois pour 9 hommes et 9 femmes, Tragédie s’interroge sur ce qui fait l’humanité, être homme ne suffit pas. Là réside la tragédie de l’existence. Seuls les engagements conscients et volontaires permettent le surgissement de l’humanité. Corps surexposés dans leur nudité, variation anatomique, pour une pièce qui se veut manifeste.
© X-D.R.
En Plata Antonio Pérez et David Sánchez s’emparent du
les 13, 14, 15 déc Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org
Shabbath La Compagnie Interface offre un spectacle qui met
Bouba Landrille Tchouda
du 28 nov au 1er déc Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org
répertoire espagnol classique avec les différents styles les plus représentatifs et renouvellent le genre en l’intégrant à un langage plus contemporain. Un spectacle où les treize danseurs de la Compagnie Enclave nous entraînent dans un monde vif et brillant. Pour les afficionados, un stage de danse espagnole sous la direction d’Antonio Pérez sera donné le 16 décembre.
© Emanuel Gat
Casse-Noisette © Fabrice Hernandez
Non, il ne s’agit pas de la reprise des Marx Brothers, mais de la suite de Gare Centrale explique Josette Baïz. Les dix danseurs de la précédente chorégraphie se retrouvent dans un hôtel. Surprise, les chambres sont doubles, d’un côté comme suspendues dans un rêve, de l’autre, terre à terre. Le jeu des oppositions, riche de pistes et de nouvelles explorations permet à la chorégraphe ainsi qu’au scénographe Dominique Drillot de déployer une palette entre concret et abstraction.
le 20 nov Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Reprenez l’histoire de Casse-Noisette, redonnez-lui un autre élan avec une version hip-hop et vous aurez une petite idée du travail de la chorégraphe Bouba Landrille Tchouda avec la Compagnie Malka. Établir des liens entre les œuvres du répertoire et les musiques actuelles, telle est son ambition, et elle y réussit pleinement avec la verve et la générosité de sa danse. le 31 nov Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr
en scène un regard critique de notre génération sur les générations passées, nous confronte à la peur de la liberté, la violence les totalitarismes, la dictature. Fondé sur les relations entre la pénombre et la lumière, Shabbath est un cycle qui évoque les intolérances. Un spectacle de danse très engagé sur une musique d’André Pignat. les 16 et 17 nov Théâtre du Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org © X-D.R
AU PROGRAMME
DANSE
CIRQUE
Ten chi Solonely Pina Bausch et ses danseurs avaient composé cette
3 Solis Précurseurs du mouvement hip hop, ils se succèdent
chorégraphie à partir d’un voyage au Japon. Terre et Ciel, flocons de neige et pluie de fleurs de cerisiers. Avec grâce et ironie les danseurs racontent par petites saynètes leurs impressions, un Japon rêvé de kimonos, geishas et samouraïs. Rire et mélancolie se mêlent dans une reprise bouleversante, superbe hommage à la grande chorégraphe que fut Pina Bausch.
sur le plateau pour trois Solis, trois autoportraits dansés qui évoquent leurs rêves, leurs aspirations. Mon appartement en dit long de Bintou Dembélé puise dans la culture africaine et le vécu de la danseuse pour explorer l’histoire d’un corps à différents moments d’une vie. Iffra Dia propose des tranches de vie dans Hors jeux, avec CH2 (Culture Hip hop) pour se reconstruire. Hakim Maïché cherche à témoigner de ses strates d’expérience par le biais de la danse dans Habité. Une invitation au rêve et à la quête de soi.
du 6 au 9 déc Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
© J-C Bruet
AU PROGRAMME
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Mais pas si seuls que cela. D’abord, ils sont deux, un danseur, Thomas Guerry et un percussionniste, Camille Rocailleux, tout deux aussi acrobates à leur manière, évoluant sur un instrument géant qui occupe l’espace scénique ! Les deux personnages sont enfermés, englués dans leur solitude, mais ils se révèlent complémentaires. Une nouvelle création de la Compagnie Arcosm. le 16 nov La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
© Ulli Weiss
Bi-portrait Bi-portrait ou Duo chorégraphique élargi de Mickaël Phelippeau suit une démarche pour le moins originale, reprenant la danse folklorique bretonne jusque dans l’art du sabot. Avec le danseur Yves Calvez, une lutte permet d’explorer, de mesurer l’autre. La mêlée devient construction où danses folklorique et contemporaine s’unissent. Le duo s’élargit avec l’arrivée de sept danseurs et danseuses en costumes : la danse ne cesse de s’inventer. le 8 déc Théâtre d’Arles 04 90 52 51 55 www.theatre-arles.com © Remy Vannier
Peau d’âne Danse, certes, mais aussi vidéo, lumière, un zeste de cirque, pour une adaptation chorégraphique contemporaine du conte des frères Grimm, Peau d’âne. Ancien danseur du ballet d’Angelin Preljocaj, Emilio Calcagno confronte le conte du XVIIe à la réalité de notre société actuelle. Un récit initiatique pour la première fois dansé par 12 danseurs et 5 figurants. Mais attention, le conte est déconseillé au moins de 10 ans !
le 4 déc (CNCDC Châteauvallon) La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.var.fr
Léviathan Avec sa Compagnie humaine, Eric Oberdorff porte sur scène une fable allégorique dans une installation de couvertures de survies et de pain de glace dont la fonte accompagne le temps de la pièce. S’inspirant du roman de Melville, Moby Dick, la pièce Léviathan toute de tensions chorégraphiques nous montre des personnages d’une société imaginaire vouée à la disparition. Sentiment d’urgence, dernier regard sur le monde… une belle dimension humaniste. le 24 nov Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com
Le 11 déc Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com le 14 déc Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Thierry Malandain Il vient avec son ballet et trois pièces de choix : Boléro, qui revisite le thème célébrissime de Ravel avec 12 danseurs prisonniers du rythme, et d’une immense cage de tulle ; L’amour sorcier où amour et supers-tition se mêlent de manière envoûtante, dans l’esprit de Manuel de Falla ; Une dernière chanson, pour oublier un instant les difficultés de l’existence, hymne à la joie de vivre… Le Ballet Biarritz reste unique en son genre et exceptionnel tout court. Une dernière chanson / l’amour sorcier / boléro le 8 déc Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com Une derniere chanson © Olivier Houeix
© Nathalie Sternalski
L’angle mort/Echoes Le Collectif PARC présente deux approches de son travail chorégraphique : un solo, Angle mort, dans lequel Camille Ollagnier imagine pour le danseur Nans Martin une occupation pleine de l’espace invisible qu’est l’angle mort, avec un même mouvement en perpétuelle mutation ; un quatuor Echoes, où se superposent quatre solos sur la musique produite par un vieux phonographe aux disques poussiéreux… échos des instants passés, que la danse anime encore de son énergie. le 22 nov Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
La roue tourne Ieto Le rendez-vous Sirènes et midi net du mois de © Milan Szypura
décembre se passera en compagnie de Rara Woulib, un collectif de musiciens, comédiens, plasticiens et artificiers qui intervient dans l’espace public, accompagné par Lieux Publics pour la préparation de leur prochain spectacle Deblozay. Rendez-vous à midi (net) sur le parvis de l’Opéra pour découvrir leur univers.
Psy
le 5 déc Parvis de l’Opéra 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.com
Alice au Pays des Merveilles
les 22 et 23 nov Théâtre la Passerelle, Gap 04 92 52 52 33 www.theatre-la-passerelle.eu
Pss Pss Un duo de clowns contemporains qui parcourt le © X-D.R.
monde depuis 2010 avec cette histoire universelle : la danse du désir et de l’être à deux. Un bijou de tendresse et de poésie.
le 4 déc Théâtre la Colonne, Miramas 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr et les 12 et 13 janv Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org
Traversées Une expérience humaine, sensible et intime à suivre en déambulant dans l’univers labyrinthique et lumineux d’Élise Vigneron, à la croisée des arts plastiques, du théâtre, du mouvement et du son. Un théâtre sans paroles qui projette le spectateur dans un «no man’s land de l’entre-deux». En tournée Nomade(s). du 6 au 11 déc Scène nationale, Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
le 16 nov Théâtre de Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu © D. Guyomar
Fabrice Melquiot adapte le conte initiatique de Lewis Carroll pour le Nouveau Cirque National de Chine, ses acrobates étincelants et les sonorités précieuses de son orchestre. Une Alice contemporaine revisitée en 16 tableaux sous les néons d’une Chine d’aujourd’hui. Féérique et poétique.
© David Poulain
Deux circassiens rivalisent d’acrobaties et de mouvements dansés et se prennent au jeu incessant de leurs ressemblances et différences. Entre échafaudage enjoué et dégringolade maîtrisée, un duo de cirque à voir en famille (dès 8 ans).
Le mariage acrobatique du corps et de l’esprit avec la compagnie Les 7 doigts de la main qui défie la gravité de nos troubles émotionnels. Un spectacle qui juxtapose les facettes les plus sombres de la psyché humaine au langage exaltant des arts du cirque. Stimulant. les 17 et 18 nov Théâtre le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com
Cirque Eloize Le frère cadet du Cirque du Soleil présente un nouveau spectacle multimédia inspiré de la bande dessinée, mêlant les disciplines circassiennes à la danse, au théâtre, au chant et à la danse. Une richesse pluridisciplinaire et une énergie contagieuse. les 24 et 25 nov Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
AU PROGRAMME
CIRQUE 41
JEUNE PUBLIC
La femme aux allumettes
Minots, Marmaille & cie…
Mon Pinocchio Les aventures initiatiques de l’enfant-pantin qui prend le risque de partir à la découverte du monde. Un théâtre d’ombres et de papier, dès 6 ans, par la compagnie Les Phosphènes de Jean-Pierre Lescot. du 12 au 14 déc La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr
© Paolo Cafiero
Le conte d’Andersen est repris par le Théâtre de Cuisine : un délice de jeu de piste pour trouver du sens à une histoire triste et lumineuse, à travers la manipulation, les objets, les décalages poétiques. du 4 au 8 déc Théâtre Massalia 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com Uccellini © Cie Skappa
le 17 nov Vélo Théâtre, Apt 04 90 04 85 25 www.velotheatre.com
Pétreau. Un chat qui raconte ses mésaventures et la difficulté d’être confronté à la totale incompréhension de ses maîtres. À partir de 7 ans. le 28 nov Salle Émilien Ventre, Rousset 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com
le 24 nov La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
ans) une version épurée, décalée et poétique du passage à l’âge adulte du jeune Hamlet : un véritable tremplin vers Shakespeare. Pouvoir, trahison, folie, mort… des thèmes revisités avec humour et ingéniosité. le 23 nov Scène nationale, Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
les 22 et 23 nov Salle des fêtes, Venelles 04 42 54 93 10 www.venelles.fr/culture © Jean-Louis Alessandra
(Super) Hamlet La Cordonnerie livre au jeune public (à partir de 8
À corps perdu
du 4 au 8 déc Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
Le journal d’un chat assassin Tuffy est le héros de cette histoire contée par Agnès
spécialisée dans la diffusion des contes les plus variés, s’associe à La Criée pour quatre contes et une nuit du conte. Première escale avec Laurent Daycard et Les trois cheveux d’or du diable, conte du répertoire traditionnel européen rendu populaire par les frères Grimm.
du 5 déc au 19 janv Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
La Minoterie hors les murs programme un spectacle de danse et marionnettes de la Cie Lalage (à partir de 8 ans), premier volet d’une création sur la relation de l’enfant à l’espace urbain. Le corps des acteurs et des marionnettes réinventent l’espace mobile d’une ville et de ses habitants.
© Michel Aumercier
Théâtre de contes La Baleine qui dit «Vagues», scène marseillaise
En partenariat avec plusieurs structures du quartier du Panier, le théâtre de Lenche organise la 4e édition du temps fort dédié au jeune public. Musique, danse, théâtre, conte, cinéma, objets… les propositions artistiques s’adressent à tous les âges et aux multiples plaisirs du spectacle vivant. Après le Bistrot des minots avec ateliers-boum-goûter pour inaugurer l’évènement au WAAW du cours Julien (28 nov), la Friche du Panier accueillera Le K, un spectacle issu du célèbre récit de Dino Buzzati (5 au 8 déc) et le Lenche Mais, je suis !, une adaptation chorégraphique du conte Mais je suis un ours de Tashlin par Valérie Costa (13 au 15 déc). Suivront la compagnie Clandestine avec Quoi, c’est quoi ? (20 au 22 déc), un concert de Miss Paillette dès 3 mois (9 au 12 janv) et Uccellini de Skappa & associés (17 au 19 janv).
© Laurent Combe et Sebastien Dumas
AU PROGRAMME
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Mômaix Grand Hotel © X-D.R
Débuté depuis le 5 oct, le festival pour enfants poursuit sa programmation dans les théâtres d’Aix-en-Provence. La Mareschale, Petit théâtre de Poche, accueille Et voilà, un duo de clowns qui tente de résoudre ces problèmes par l’absurde (le 24 nov). Au Bois de l’Aune, Sabine Tamisier et la Senna’ga compagnie présentent Vache sans herbe, l’histoire de Juliette «qui se fait des nœuds à force de ruminer» mise en scène par Agnès Régolo (le 27 nov). Éclat de rire assuré avec Les Histoires fabuleuses de maître Fu Yang Hao, produites par l’Art de vivre au théâtre Vitez (le 27 nov), et plaisir de la pesanteur avec Grand Hôtel et dix danseurs de la compagnie Grenade de Josette Baïz au Pavillon Noir (du 28 nov au 1 déc). Le quatuor talentueux de la cie Vol Plané dépoussière l’Avare de Molière dans une version inventive (le 4 déc au Vitez). Douze danseurs issus de la compagnie Eco s’emparent du conte de Perrault et des Frères Grimm, Peau d’Âne, pour une version chorégraphique glaciale et glamour (les 5, 7 et 8 déc au Pavillon Noir). Dès 3 ans, les enfants pourront apprécier le spectacle musical Milo, Jojo & Domino à Théâtre et Chansons (le 9 déc). jusqu’au 23 déc Bureau Information Culture, Aix-en-Provence 04 42 91 99 19 www.aixenprovence.fr La Mareschale 04 42 59 79 71 Bois de l’Aune 04 42 93 85 40 Théâtre Antoine Vitez 04 42 59 94 37 www.theatre-vitez.com Pavillon Noir 0811 020 111 www.preljocaj.org Théâtre et Chansons 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com Peau d'Ane © Emilio Calcagno
JEUNE PUBLIC
Antigone © Philippe Jolet
AU PROGRAMME
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La démarche de Patrick Huysman qui adapte pour la Cie Sac à Dos l’histoire d’Antigone à partir de Sophocle, Hölderlin, Brecht, Cocteau, Anouilh, Bauchau est remarquable. Il mêle les grands textes pour en composer une nouvelle mouture et choisit des comédiens originaux, de terre glaise, qui, modelée à l’envi, devient personnages, palais, paysages… Une mise en scène de Didier de Neck pour cette adaptation du mythe accessible dès 9 ans. les 3 et 4 déc Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr les 6 et 7 déc Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr les 9 et 10 déc Maison pour Tous Monclar, Avignon 04 90 85 59 55 www.festivaltheatrenfants.com le 12 fév Centre Culturel René Char, Digne 04 92 30 87 10 www.sortiradigne.fr le 29 janv Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr
Le monde Diplodocus Des dinosaures en 3 D sur scène, chanson, vidéo… la technique (un logiciel a été créé spécialement pour ce spectacle) au service de la magie pour un spectacle où guitare (Nicolas Berton, Olivier Touati), accordéon, clavier (Fannytastic), contrebasse et ukulélé (Morvan Prat) s’en donnent à cœur joie pour accompagner Elodie Retière dans la mise en scène de Frédéric Pichon, avec la création vidéo de Laurent La Torpille et le graphisme de Meriadeg. Tout public à partir de 3 ans. le 8 déc Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
L’homme qui rêvait d’être une girafe Rêve étrange certes, né de l’illustration d’un homme perplexe qui contemple le vide du haut d’une faille rocheuse, coup de cœur pour les plasticiens italiens ALE+ALE. Cela donne un conte philosophique où se mêlent trouvailles visuelles et projections poétiques. Le livre disque est prévu fin 2012 avec les textes et la musique de Tom Poisson. Tout public à partir de 6 ans. le 11 déc Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr le 5 déc Théâtre Marélios, La Valette du Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr
le 14 nov Théâtre Le Forum Saint-Raphaël 04 98 12 43 92 www.aggloscenes.com le 17 nov Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com le 21 nov Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr le 6 déc Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
© Agnese Scotti
Le subtil et délicieux Teatro delle Briciole s’inspire librement du conte de Perrault, le Petit Poucet, dans une mise en scène de Letizia Quintavalla, avec un seul comédien (Teodoro Bonci Del Bene) sur scène pour tous les personnages… se retrouveront aussi sur scène trois enfants du public pour l’accompagner dans cette entreprise. Une belle expérience à partir de 4 ans. le 24 nov Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr
Totem annulé Suite à l’annulation de la tournée du spectacle «1, 2, 3…Totem !» par la compagnie, les représentations initialement prévues à l’Espace Gérard Philipe Port Saint-Louis le 23 novembre et au Théâtre de l’Olivier de Miramas le 27 mars sont annulées. www.scenesetcines.fr
Les Fourberies de Scapin La Compagnie Néo Vent reprend la pièce de Molière dans une mise en scène de Marie-Martine et Pascal Montel. On retrouvera les amours contrariées des jeunes gens par les volontés obtuses de pères qui reviennent de voyage trop tôt… et le personnage de Scapin. Bastonnades, quiproquos, imbroglio… dans la grande tradition de la commedia dell’arte. Du bonheur à partager en famille à partir de 12 ans.
Kindur Si l’on se met à l’Islandais, on peut apprendre que Kindur signifie mouton. Ceux-ci, contrairement à ceux de Panurge sont aventureux et curieux des beautés de la nature. Dans une atmosphère féérique,glaciers, geysers, cascades, lumières… la Cie TPOoffre un spectacle entre danse, théâtre et parcours interactifoù les spectateurs ont leur rôle. Dès de 5 ans, réservation indispensable.
L’ogre déchu
© ALE+ALE
le 7 déc Espace Gérard Philipe, Port Saint-Louis 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr
Gazouillis petit oiseau Les animations de Ladislas Staréwitch, génial précurseur du tout début du XXe, constituent toujours une source d’admiration et d’inspiration. Abel, auteurcompositeur, batteur chanteur, s’attache à trois courts métrages dans une création de ciné-concert : Nez au vent, Carroussel boréal et Gazouillis petit oiseau. Hymnes à la nature d’une délicieuse fraîcheur, à partir de 3 ans. le 23 nov Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr
© X-D.R.
Jiang Hong et de la voix de Suliane Brahim pour une expérience narrative autour de deux récits initiatiques. Le plateau devient un grand livre animé où la poésie des dessins et des silences renvoie à l’intimité des lectures faites aux enfants, le soir, au coucher.
© Ronan Thenadey
Contes chinois La Barbe Bleue François Orsoni s’entoure des illustrations de Chen
© Theatre Neneka
© Franck Gervais
Animale © Claude Journu
Le petit chaperon en sweat rouge Une fable construite comme un jeu vidéo, revisitée par D’ de Kabal avec des artistes phare de la scène musicale, aux rythmes du rap et du human beat box. Un petit chaperon rouge qui sort du bois pour découvrir le monde urbain. À partir de 8 ans. le 28 nov Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
Un curieux petit ballet de la chorégraphe Nathalie Pernette, à voir en famille dès 3 ans. La chorégraphe partage la scène avec des souris. Des petites bêtes qui se font danseuses pour l’occasion accompagnant un personnage tout de noir vêtu dans son repaire. Pour ceux qui aiment jouer à avoir peur, une pièce fascinante, insolite et troublante à la fois.
© Christophe Raynaud de Lage
le 7 déc Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com le 16 nov Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com
entre l’homme et l’animalité et s’intéresse pour sa dernière création au loup, objet de mythes et de fantasmes. La chorégraphe associe sa danse aux arts numériques et interroge le spectateur sur sa propre sauvagerie. À partir de 12 ans.
Jean-Michel Rabeux adapte le conte de Charles Perrault pour une version cabaret espiègle et parodique, où la Barbe Bleue devient un seigneur «bling-bling» qui tombe amoureux d’une jeune épousée plus aimante que farouche. À voir en famille, l’humour de Rabeux convenant à tous ! le 5 déc Théâtre la Passerelle, Gap 04 92 52 52 33 www.theatre-la-passerelle.eu
adapte la tragicomédie de William Shakespeare pour 10 marionnettes, 6 acteurs, 1 narrateur et un chœur. Autour de Léonte et Polixène, l’animé et l’inanimé, le réel et l’illusion fusionnent.
La peur du loup Nathalie Pernette continue d’explorer les rapports
le 14 déc Théâtre la Passerelle, Gap 04 92 52 52 33 www.theatre-la-passerelle.eu
le 21 nov Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
Le conte d’hiver Nouvelle création de la compagnie Arketal qui
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les 11 et 12 déc Théâtre la Passerelle, Gap 04 92 52 52 33 www.theatre-la-passerelle.eu
Owa, quand le ciel s’ouvre… Artefact nous entraine dans un voyage en terres africaines avec un conte initiatique mêlant jeu, danse, chants et percussions. Des interprètes virtuoses explorent des territoires ancestraux où magie et cosmogonie participent à nourrir une autre lecture du monde. du 28 au 30 nov Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
AU PROGRAMME
JEUNE PUBLIC
Contralto vs contre-ténor Madama Butterfly
Léda Atomica Musique présente Les Voix citoyennes, pièce musicale chantée et racontée par Marie Démon et Alain Aubin : «de leur enfance prolétaire à leur vie d’artistes impliqués» (mise en jeu Ziza Pillot). MARSEILLE. Les 16 et 17 nov à 20h30. 61-63 rue St-Pierre 04 96 12 09 80
Nuits pianistiques
Michel Bourdoncle © X-D.R.
Un rendez-vous traditionnel, donné aux amateurs de claviers par Michel Bourdoncle et l’équipe du festival automnal. Cette saison, la série de concerts s’appuie sur le Concerto n°12 de Mozart, avec Alexandre Lory et l’Orchestre de Chambre de Chisinau TRETS. Le 16 nov à 20h30. Salle du Casino SAINT-CANNAT. Le18 nov à 17h30. Salle Yves Montand Mais aussi, au fil des récitals, des pièces avec flûte (Marie Laforge) du même Mozart, l’orgue de Chantal de Zeeuw AIX. Le 17 nov à 19h. Cathédrale St-Sauveur Haydn et son Concerto en ré majeur, Bach (BWV 1056), Chopin pour les deux siens, Mendelssohn… PUYLOUBIER. Le 21 nov à 20h30. Salle des fêtes. Entrée libre Une manifestation qui s’achève en apothéose dans un programme où l’on découvre les Bourdoncle (père & fils), augmenté des Concertos pour deux claviers BWV 1060 & 1062 du Kantor. MARSEILLE. Le 23 nov à 21h. Théâtre Toursky Du 16 au 23 nov 06 16 77 60 89 Programme complet sur www.lesnuitspianistiques.com
Festival suite & fin
Le Festival barocco-classique, initié par Jeanine Imbert (Conseillère Municipale Déléguée à l’Opéra, au Festival de Musique Sacrée et au Conservatoire National à Rayonnement Régional de Marseille), se poursuit en mettant à contribution les forces vives de la vie musicale locale. On entend des associations étonnantes, trio de chambre, Chorale Maîtrisienne & Orchestre de Plectres du CNRR (16 nov), les Organistes & l’Ensemble d’Accordéons du CNRR autour de Bach & Piazzolla (18 nov), les Tambourinaires (André Gabriel) & l’Orchestre Symphonique II du CNRR (23 nov). Le concert de clôture affiche une Symphonie rare de Kozeluch pour Piano (Nathalie Lanoé), Trompette (Thierry Amiot), Contrebasse/Violoncelle (Manfred Stilz), Mandoline (Vincent Beer-Demander) et l’Orchestre de Chambre du CNRR dirigés par Philip Bride (25 nov). 8e Festival de Musiques Baroques et Classiques de Marseille jusqu’au 25 nov MARSEILLE. Concerts à 20h30 sauf dimanches à 16h en entrée libre Église St-Michel 04 91 14 66 76
© C. Dresse - Opera de Marseille
Un opéra mélo à l’exotisme japonisant signé Puccini ! La jeune geisha Cio-Cio-San (Adina Nitescu) est abandonnée par Pinkerton (Arnold Rutkowski) son lieutenant américain de mari, qui ignore l’existence d’un enfant né de ces amours passagères… Attente stérile, accents lyriques poignants, et suicide rituel au programme du chef-d’œuvre (dir. Giuliano Carella). TOULON. Les 16, 20 et 22 nov à 20h et le 18 nov à 14h30. Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Voix d’enfants
Une livre de musique, causerie musicale, animée par Lionel Pons, accompagnée de lectures de romans : «une rencontre autour de la voix d’enfant dans toute sa palette expressive», prélude au concert des Petits Chanteurs de la Major (voir 8 déc). MARSEILLE. Le 17 nov à 16h. Alcazar Salle de conférence 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
Quatuor Debussy
© Bernard Benant
Les quatre cordes jouent Bach, Piazzolla, Thierry Pecou, Beethoven et Mozart. ISTRES. Le 17 nov à 20h30. Théâtre de l’Olivier 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
Le Barbier de Séville
L’Opéra de Rossini, d’après Beaumarchais, dans sa version en français. Mise en scène de Jean-Jacques Chazalet et direction musicale Bruno Membrey. MARSEILLE. Les 17 et 18 nov à 14h30. Théâtre de l’Odéon 04 96 12 52 70 www.marseille.fr
C.N.I.P.A.L
Récitals lyriques des jeunes chanteurs du Centre National d’Artistes Lyriques, prestigieuse école phocéenne. AVIGNON. Apér’Opéra le 17 nov à 17h et le 15 déc à 11h. Foyer Opéra 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr TOULON. L’heure exquise le 21 nov à 19h. Foyer Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr MARSEILLE. L’heure du thé du 12 au 14 déc à 17h15. Foyer Opéra. Entrée libre réservation CNIPAL 04 91 18 43 18
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AU PROGRAMME
46 MUSIQUE
Marie-Josèphe Jude
La pianiste joue (et enregistre en public pour le label Lyrinx) l’intégrale des Nocturnes de Chopin. MARSEILLE. Le 19 nov à 20h. La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Electroacoustique
La Cité de la Musique ne pouvait fêter ses vingt ans sans un clin d’œil à l’électroacoustique, esthétique sonore qui enrichit régulièrement sa programmation (MIM ou Acousmonautes). Un film documentaire sur la compositrice Eliane Radigue est suivi d’une diffusion d’œuvres du genre. MARSEILLE. Le 20 nov à partir de 18h15. Cité de la Musique Auditorium 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Clavecin
Jean-Paul Serra joue des musiques de Scarlatti, Muffat et Balbastre. AIX. Le 22 nov à 12h30 et 18h30. Musée des Tapisseries Fnac 08 25 02 00 20 09 51 16 69 59 www.baroquesgraffiti.com
Wu-Wei Vivaldi
Les Quatre Saisons revisitées par les musiciens du Balkan Baroque Band (dir. Jean-Christophe Frisch), des acrobates chinois effectuant leurs arabesques sur un argument de Yoann Bourgeois (mise en scène) et Marie Fonte. MARSEILLE. Les 22, 23, 24 nov à 20h. La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Anniversaire
La Cité de la Musique fête ses 20 ans en compagnie des groupes Mezdj (Musiques et chants du pourtour méditerranéen) et Shelta (Musique irlandaise). Un anniversaire qui se poursuit «around midnight» par un «melting pop d’artistes qui s’invitent sur la scène et dans le hall…» ! Et des musiques «à danser pour le bal» ! MARSEILLE. Le 23 nov à partir de 18h. Cité de la Musique 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Laure Favre Kahn
La pianiste joue le Concerto en fa de Gershwin en compagnie de l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon (dir. Ariane Matiakh) qui interprète également la Suite symphonique Billy the Kid de Copland, dans le cadre d’Orchestres en fête. HYÈRES. Le 24 nov à 20h. Auditorium du Casino des Palmiers Concerts des Orchestres d’Harmonie (17h) et Symphonique (18h30) du Conservatoire de Toulon. 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Café Zimmermann L’ensemble baroque joue Bach.
AUBAGNE. Le 24 nov à 21h. Théâtre Comoedia 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Poliuto
Un opéra de Donizetti, écrit à partir du Polyeucte de Corneille, plus très souvent joué, mais où les voix triomphent ! Poliuto (1848) est donné en version concertante avec une formidable soprano, reine du belcanto : Daniella Dessi. Alain Guingal dirige une belle distri-bution, l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra. MARSEILLE. Les 24, 27, 29 nov et le 2 déc à 14h30. Opéra 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Journée Quatuors
À l’issue du Festival de Quatuors en Pays de Fayence et d’une grande intégrale Beethoven, ils viennent d’annoncer leur retraite, pour 2014, à l’occasion du 30e anniversaire de leur formation : le Quatuor Ysaÿe ! On les retrouve l’après midi (à 15h) dans Haydn, Franck et… Beethoven ! Auparavant (à 11h) c’est le jeune Quatuor Varèse qu’on aura entendu dans de grands classiques de Haydn (toujours), Janacek et Debussy. ARLES. Le 25 nov. Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com
Vents et Marine
La Musique des Équipages de la Flotte pour un rendez-vous traditionnel du port varois ! TOULON. Le 25 nov à 14h30. Opéra Entrée libre sans réservation. 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
La Traviata
Une belle Dame aux camélias, émouvante et sensible, forte et désespérée, mourante et éternelle, que cette Violetta «dévoyée» jouée par la Ciofi ! L’amoureux Alfredo est chanté par Ismaël Jordi quand le père censeur s’incarne dans le baryton de Marc Barrard. La mise en scène est signée par Nadine Duffaut et les musiciens sont dirigés par Luciano Acocella. AVIGNON. Le 25 nov à 14h30, les 28 nov et 1er déc à 20h30. Opéra-Théâtre 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
À la rencontre de l’opéra, projection commentée en partenariat avec la vidéothèque d’Art lyrique de la Cité du Livre-Bibliothèque Méjanes : des scènes nocturnes tirées de Norma, Turandot, Aïda… MARSEILLE. Le 27 nov à 17h. Alcazar Salle de conférence 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
Violon & piano
Yossif Yvanov, formidable virtuose, adepte du Stradivarius, joue en compagnie de Javier Perianes (piano) des Sonates de Mozart, Beethoven et Ravel… MARSEILLE. Le 27 nov à 20h. Auditorium de la Faculté de Médecine www.musiquedechambremarseille.org ou Espace Culture 04 96 11 04 60
Yossif Ivanov © Eric Larrayadieu-Naive
Christelle Abinasr
La pianiste joue Debussy (Images, L’Isle joyeuse), Ravel (Gaspard de la nuit) et Les Caractères, création de Florent Gauthier. MARSEILLE. Le 29 nov à 19h30. Le Med’s, 12 rue St-Jacques 09 81 61 19 08 www.lemeds.com
Trio de chambre
Après Café Zimmermann dans L’Estro Armonico de Vivaldi (enregistrement sur le plateau du GTP du 10 au 14 nov et concert à l’abbaye le 15 nov dans la foulée), on entend un programme de musique de chambre joué en trio par Philip Bride (violon), Daniel Catalanotti (cor) et Bruno Rigutto (piano). MARSEILLE. Le 29 nov à 20h. St-Victor 46ème Festival de Saint-Victor 04 91 05 84 48 www.chez.com/saintvictor
Musiques en Cité(s) 1
Les Sonates pour piano (Bruno Robillard) et violon (Agnès Pyka) de Debussy et Franck et la 3e Sonate de Grieg. MARSEILLE. Le 30 nov à 20h. Bastide de la Magalone 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com Ensemble Des Équilibres 06 11 16 87 21
Quatuor Prazak
Les fameuses cordes tchèques jouent Haydn, Borodine et Beethoven. AVIGNON. Le 30 nov à 20h30. Opéra Théâtre 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
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FRÉJUS. Le 24 nov à 20h et le 25 nov à 15h. Théâtre Le Forum 04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com
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©X-D.R.
L’opéra de Bizet mis en scène par Roberta Mattelli, dirigé par Martin Mázik avec les Solistes et Chœurs de la Compagnie Lyrique OPÉRA 2001.
Ode à la lune
47
La Folle Criée
Trio Wanderer © Marco Borggreve
Une journée de concerts, en partenariat avec le Festival de La Roque d’Anthéron ! Depuis 1995 et la création de la Folle Journée à Nantes par René Martin, la manifestation se décline partout dans le monde… et à Marseille (enfin). Onze concerts de 45 minutes, en rafales, à priser en famille du Grand au Petit Théâtre ! Dans un programme classique centré sur Mozart et Haydn, on entend, en alternance, le Quatuor Modigliani, le Trio Wanderer, les pianistes Iddo Bar-Shaï et Abdel Rahman El Bacha, la clarinettiste Sabine Meyer et la violoniste Ye-Eun Choi. MARSEILLE. Le 1er déc de 13h30 à 22h30. La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Invite à la Valse
L’opérette retrouve l’Alcazar, une mise en bouche avant Valses de Vienne de Strauss (père & fils) donnée au théâtre municipal de l’Odéon. «Rencontre en musique avec les chanteurs, les gens de scène» et des viennoiseries musicales familières ! MARSEILLE. Le 1er déc à 17h. Alcazar - Salle de conférence 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
Mariella Devia
La soprano interprète le grand répertoire italien de Bellini, Donizetti et Verdi, avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille (dir. Alain Guingal). MARSEILLE. Le 1er déc à 20h. Opéra 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Week-end Chaplin
Dans le cadre du 150e anniversaire de l’Opéra de Toulon et la 8e édition de Festival International des Musiques d’Écran, la toile descend des cintres sur la scène lyrique. On projette des muets : La Ruée vers l’or (1925) et Le Cirque (1928). L’Orchestre, dans la fosse, dirigé par Timothy Brock, joue les musiques originales composées par Chaplin lui-même. En première partie, deux courts métrages sont illustrés par des musiques créées et dirigées par un jeune Toulonnais : Hugo Gonzales-Pioli. TOULON. Le 1er déc à 20h & le 2 déc. à 14h30. Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
AU PROGRAMME
Carmen
MUSIQUE
Les pianistes de l’école aubagnaise autour de Bernard d’Ascoli. AUBAGNE. Le 2 déc à 17h. Théâtre Comoedia 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Trio Mescolanza
Des musiques anciennes, instrumentales et vocales, de Dufay à Monteverdi… AURIOL. Le 2 déc à 17h30. Église 06 09 24 16 52
Istambul
Jordi Savall et Hespèrion XXI dans des musiques traditionnelles sépharades et arméniennes. MARSEILLE. Le 4 déc à 20h. La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com En partenariat avec Marseille Concerts www.marseilleconcerts.com
M.I.M.
Le Laboratoire Musique Informatique de Marseille présente des opus de Nicolas Bauffe, Claude Moreau, Philippe Festou et Jean-Pierre Moreau. Avec Guillaume Lavergne (claviers & percussions) et Laurent Augier (basse & percussions). MARSEILLE. Le 6 déc à 20h30. Cité de la Musique Auditorium 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Nicholas Angelich
Le pianiste joue le Concerto n°17 de Mozart quand l’Orchestre Lyrique de Région Avignon-Provence (dir. Samuel Jean) interprète la 3e Symphonie Ecossaise de Mendelssohn. AVIGNON. Le 7 déc à 20h30. Opéra Théâtre 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr © Stephane de Bourgies
David Kadouch
Le jeune pianiste joue le Concerto en sol de Ravel avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille qui interprète aussi Mendelssohn : Songe d’une nuit d’été, Symphonie n°5, Réformation. MARSEILLE. Le 7 déc à 20h. Auditorium du Pharo 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Cédric Tiberghien Le pianiste français joue le Concerto n°21 de Mozart, quand l’Orchestre Symphonique de l’Opéra (dir. Jurjen Hempel) joue la 4e symphonie de Beethoven et un opus d’Eric Tanguy : Incanto (2001). TOULON. Le 7 déc à 20h30. Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Chœur & Ballet
Voix chorales et Pas de deux par les artistes de l’Opéra Théâtre d’Avignon. VEDÈNE. Le 7 déc à 20h30. Salle Bardi. Entrée libre 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
Cuivres et piano
Dans le cadre de la saison de musique de chambre de l’Opéra de Marseille, Julien Desplanque (cor), Anthony Abel (trompette), Julien Lucchi (trombone) et Vladik Polionov (piano) jouent des arrangements de Chostakovitch (Jazz Suite n°1) ou Offenbach, une Sonate de Poulenc un Andante de Richard Strauss… MARSEILLE. Le 8 déc à 17h. Foyer Opéra 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Concert de Noël
Les petits chanteurs de la Major dans Bach, Bizet, Rutter et des chants traditionnels. MARSEILLE. Le 8 déc à 18h. Alcazar - Salle de conférence 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
Florilège Bach
Les Musiciens du Louvre Grenoble (dir. Thibault Noally) et l’alto solo Delphine Galou interprètent des Concertos et Cantates du Kantor de Leipzig. MARTIGUES. Le 8 déc à 20h. Théâtre des Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Centenaire
L’Harmonie Municipale d’Aix-en-Provence (dir. Alain Genre-Jazelet) fête ses 100 ans en 2012 ! Elle invite pour l’occasion les anciens musiciens (devenus pros) pour une création de Julien Joubert sur un livret de Véronique Leray. AIX. Le 8 déc à 20h30. GTP 08 2013 2013 http://centenaire.hmap.fr
Valses de Vienne
Un montage créé en 1933 à partir des airs les plus célèbres des Strauss père & fils : du Beau Danube bleu à la Marche de Radetzsky (mise en scène de Jack Gervais et direction musicale Bruno Conti). MARSEILLE. Les 8 et 9 déc à 14h30. Théâtre de l’Odéon 04 96 12 52 70 www.marseille.fr
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Piano Cantabile
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AU PROGRAMME
48 MUSIQUE
Dessay chante Legrand La soprano Natalie Dessay interprète les grands classiques de Michel Legrand (l’octogénaire himself au piano !) : Les Demoiselles de Rochefort, Les Parapluies de Cherbourg, Peau d’âne… Un récital exceptionnel, augmenté d’un trio harpe, basse, batterie. AVIGNON. Le 8 déc à 20h30. Opéra Théâtre 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr MARSEILLE. Le 10 déc à 20h. Opéra 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Matin sonnant
Fruit de la collaboration de l’Opéra de Marseille et du GMEM, les Matins Sonnants proposent un Concert pour voix seule (la soprano Raphaële Kenedy) et électronique (Charles Bascou) : des opus modernes de Kaija Saariaho, Philippe Leroux, Pierre-Adrien Charpy et Robert Pascal. MARSEILLE. Le 9 déc à 11h. Foyer Opéra 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Le Roi du Bois
Un opéra parlé (texte de Pierre Michon et musique Michèle Reverdy), mis en scène par Sandrine Anglade, avec Jacques Bonnafé (récitant) et le Quatuor Varèse. ARLES. Le 9 déc à 11h. Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com
Le Messie
Dans le cadre des Nuits de l’Avent, l’oratorio de Haendel est dirigé par Jean-Christophe Gauthier. AVIGNON. Le 9 déc à 17h. Opéra Théâtre. Entrée libre 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
Voix de Phocée
Le Chœur dirigé par Jean-Emmanuel Jacquet chante une Messe de Minuit de Charpentier et le Gloria de Vivaldi. PELISSANE. Le 9 déc à 17h. Église www.vdphocee.free.fr
Clôture
Le 46e Festival de Saint-Victor s’achève par un concert offert par les artistes : le Chœur Aurélia, dirigé par Isabelle Andréa, accompagné à l’orgue par Jean-Pierre Lecaudey, chante de la musique sacrée de Vivaldi (Credo, Gloria, Magnificat…). MARSEILLE. Le 9 déc à 18h. St-Victor. Libre participation 04 91 05 84 48 www.chez.com/saintvictor
C Barré
Le G.M.E.M. invite l’ensemble dirigé par Sébastien Boin dans la nouvelles salle de concerts de la rue Grignan. Au programme, trois créations signées Miguel Gálvez Taroncher, Saed Haddad et Félix Ibarrondo. MARSEILLE. Le 11 déc à 20h. Salle Musicatreize 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org
© Julia Wesely
La jeune pianiste joue Liszt (Sonate en si), Chopin (Scherzi) et Stravinsky (Petrouchka). AVIGNON. Le 11 déc à 20h30. Opéra Théâtre 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
Noëls provençaux C’est autour de deux œuvres : Nativité de JésusChrist, Noël de Campra (recréé par les Festes d’Orphée l’an dernier) et un Magnificat des Noëls de Mr de Dupertuys que l’ensemble de Guy Laurent invite aux réjouis-sances musicales issues de Provence. AIX. Le 12 déc à 20h30. T emple, rue de la Masse 04 42 99 37 11 www.orphee.org
Noël & création
L’Orchestre Philharmonique de Marseille donne son traditionnel Concert de Noël : on entend des Ouvertures célèbres d’opéras de Rossini, mais aussi une création d’un compositeur marseillais Florent Gautier : Songe de Neptune. Avec Alain Geng (clarinette), Jean-Louis Beaumadier (flûte) dirigés par Fabrizio Maria Carminati. MARSEILLE. Le 13 déc à 20h30. Église St-Michel. Entrée libre 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Noël de l’Oural
Le Chœur de chambre de l’Oural interprète, pour le temps de Noël, les Vêpres de Rachmaninov. TOULON. Le 13 déc à 20h30. Église St-Jean Bosco 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com
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Kathia Buniatishvili
Surprise de l’Avent
Poésie, musique, textes et mystère pour ce concert «surprise» des Bijoux Indiscrets (dir. Claire Bodin) avec Véronique Dimicoli (récitante). TOULON. Le 14 déc à 19h. Foyer Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Musiques en Cité(s) 2
La Sonate pour piano (Bruno Robillard) et violon (Agnès Pyka) de Poulenc, une de Mozart (KV 373) et la 1ère Sonate de Schumann. MARSEILLE. Le 14 déc à 20h. Bastide de la Magalone 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com/ Ensemble Des Équilibres 06 11 16 87 21
Folle Nuit
René Martin déroule son concept «fou» à Nîmes avec Anne Queffelec, les sœurs Bizjak (piano), le Quatuor Modigliani. NÎMES. Le 15 déc à partir de 15h. Théâtre 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com
Duo Bizjak © Carole Bellaiche
Rencontre Rossini
La bibliothèque municipale propose une rencontre avec les artistes de l’Italienne à Alger, opéra de Rossini représenté à l’Opéra autour du Nouvel-an. MARSEILLE. Le 15 déc à 17h. Alcazar. Entrée libre 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
Jeux d’enfants
Piano à quatre mains : Marie-Josèphe Jude & Michel Beroff dans la Petite suite de Debussy, Jeux d’enfants de Bizet, Dolly de Fauré et Ma Mère l’Oye de Ravel. For childrens ! MARSEILLE. Le 15 déc à 20h. La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com Concert enregistré en direct par le label Lyrinx
04 42 59 69 00 www.casinoaix.com
Théâtre et Chansons : Et toi, tu marcheras dans le soleil… (16 et 18/11), Cecilem… le cinéma ! (1 et 2/12), Juste des chansons d’Etienne Luneau (8/12), Milo Jojo et Domino (9/12) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com
ARLES Cargo de nuit : The Bewitched Hands (15/11), Zoufris Maracas (17/11), Naive New Beaters (23/11), Balthazar + Miss Parker (24/11), Paul Personne (30/11), Everan Tusk + Waterllillies (7/12) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com
AUBAGNE Escale : Cyril Achard + Laure Donnat + Lilian Bencini (15/11), Tremplin BuzzBooster (23/11), Maniacx + Lenox + M6K (24/11), The Magnets (29/11) 04 42 18 17 18 www.mjcaubagne.fr
AVIGNON AJMI : Guillaume Seguron trio (16/11), Sarah Murcia (23/11), Jazz Story #2 «Les Chanteurs de Jazz» (29/11), Kevin Norwood 4tet & Collapse (30/11), «Jazz en Scènes» Laurent Mignard Pocket 4tet & Verona (7/12), Jam Session #3 (13/12) 04 90 860 861 www.jazzalajmi.com
Chien qui Fume : Manu & Co quintet aux «Amoureux de la Scène» (30/11) 04 90 85 25 87 www.chienquifume.com
Opéra théâtre : Concert gratuit du DJ Etienne de Crécy au Forum d’Avignon (16/11) 04 90 82 42 42 www.forum-avignon.org
Passagers du Zinc : Izia + Phyltre (17/11), Les Ogres de Barback + Didier Super (24/11), Disiz + Nemir (30/11), Pauline Croze + Fleur (1/12), Buridane + Théodore Paul & Gabriel (7/12), Revolver + Redeye (8/12) 04 90 89 45 49 www.passagersduzinc.com
Cours de l’UDAF : Soirée «Action jeunes» avec Manouchka (27/11) 04 90 85 14 60 www.udaf84.org
BERRE L’ETANG Forum de Berre : Antonio Zambujo (22/11) 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
BRIANÇON Théâtre du Briançonnais : Pss Pss (16/11), Les Joyeux urbains (7/12) 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu
CARPENTRAS Espace Auzon : Luis de la Carasca So ando Flamenco (17/11) 04 90 86 60 57 www.alhambra-asso.com
CAVAILLON Scène Nationale : Kery James (12/12) 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com
CHÂTEAU-ARNOUX Théâtre Durance : Térez Montcalm (1/12) 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr
CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Akwaba : Bumcello + Armelle Ita (14/11), Ottilie B (22/11), Tremplin régional Trempolino (24/11), Dizzylez + L’Orchestre des Pas Musiciens (29/11), Mardi Gras BB (17/11), Manimal + The Arrs + Kombur + Dead Side (1/12), Sebastian Sturm + Joe Pilgrim + Adama Cissoko et les Blakoros + Korodjo (8/12) 04 90 22 55 54 www.akwaba.coop
CORRENS Le Chantier : Rocio Marquez à Camps-la-Source (17/11) 04 94 59 56 49 www.le-chantier.com
DRAGUIGNAN Théâtres en Dracénie : Imany (7/12) 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com
ISTRES L’Usine : Bumcello (15/11), Coverslave Tribute to Iron Maiden (17/11), Rachida Brakni + Daniel Darc (23/11), Nadau (24/11), John Mayall (6/12), Arthur H (7/12) 04 42 56 02 21 www.scenesetcines.fr
LA GARDE Théâtre du Rocher : World Kora Trio (27/11), Le Golden Gate Quartet (12 et 13/12) 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr
LA VALETTE-DU-VAR Marélios : La Face Cachée des Sous-Bois (30/11) 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr
LE PRADET Espace des Arts : Festival de Zik Jeune public avec The Wackids (28/11), Une histoire du rock (30/11), Concert debout (1/12), Berlin-Paris-New York (4/12) 04 94 01 77 34 www.le-pradet.fr
LE THOR Sonograf’ : Deitra Farr (21/11), Nico Wayne Toussaint (29/11) 04 90 02 13 30 www.lesonograf.fr
MARSEILLE Cabaret Aléatoire : The Rasmus (19/11), Hugh Coltman (22/11), Big Sean (23/11), Watcha Clan + Dj Click + MPS Pilot Dj set (24/11), The Beatnuts (28/11), Sallie Ford (5/12), Concrete Knives + Rewitched Hands (7/12), Concert pour enfants et ados avec Scratch Bandits Crew (12 et 13/12), Da Cruz & Hugo Mendès
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AIX Pasino : Julien Clerc (23/11), Trabucco (26/11)
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AU PROGRAMME
50 MUSIQUE
& RKK(14/12), Los Negros Soundsystem & DJ Terror (15/12) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com
Caravelle : Duo Compaoré Hosdikian (16/11) 0491 90 36 64 www.lacaravelle-marseille.com
Cité de la Musique : Joyfarha, chants croisés (16/11), Tambor y canto : Quinteto Sedano (17/11), Paris Odessa (29/11), Les Artisans du monde (30/11), Argh-o-Mim (6/12), Foliphonies avec Christian Eloy (10/12) Aline de Lima & Duo Luzi-Nascimento (13/12) 04 91 39 28 60 www.citemusique-marseille.com
Cri du Port : Pierre de Bethmann 4tet (15/11), Manuel Rocheman & Olivier Ker Ourio (22/11), «Jazz en Scènes» EYM trio & Opus Neo 1 (6/12) 04 91 505 141 www.criduport.fr
Dan Racing : Jetlag (16/11), Shake it up (17/11), The Dirty Salopards (23/11), Pistol Packin Mama (24/11), Bangus (30/11), Gone with the wild (1/12), Le pape and the cardinals + Rotorhead (7/12) 06 09 17 04 07 http://guitarjacky.free.fr
Dock des Suds : Midnight in Marseille avec Kavinsky, Fukk off, Traxx dillaz, Distropunx dj set (10/11) 04 91 99 00 00 www.dock-des-suds.org
Espace Julien : Tremplin Emergenza (15 et 23/11), An Café (17/11), GiedRé (21/11), Les Rencontres d’Averroès avec Emel Mathlouthi et Djazia Satour (24/11), Revolver (28/11), Eiffel + Phoebe Killdeer (30/11), Disiz (1/12), Rim’k (7/12), Arno (11/12) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
Latté : Duo Compaoré-Hosdikian (14/12) 09 82 33 19 20 www.lattemarseille.com
Le Perroquet Bleu : Apér’ok DJ MDI (22/11), Full Prints Jazz (23/11) www.le-perroquet-bleu.com
Nomad Café : Ceux qui marchent debout (16/11), Big Buddah + Bibi Tanga and the Selenites (23/11) 04 91 62 49 77 www.lenomad.com
La Meson : Tram des Balkans (16/11), Tablao Flamenco la Fabia & Joel Miranda (17/11), Catherine Vincent (30/11), Philippe Forcioli (1/12), Jacques Mandréa «Les gens de Ghioggia» (2/12), Bacanada (7/12), Tablao Flamenco la Torito (8/12), Cotton Candies (21/12) 04 91 50 11 61 www.lameson.com
Le Dôme : Sexion d’Assaut (16/11), Scorpions (22 au 30/11), M. Pokora (7/12) 04 91 12 21 21
Le Moulin : School is cool (14/11), Mina Tindle (16/11), Oxmo Puccino (24/11), Superbus (7/12), Imany (8/12) 04 91 06 33 94 www.lemoulin.org
Le Paradox : Gainsbourg confidentiel (14/11), Fest Bresil 2012 (15/11), Drunk Souls (17/11), Ahmad Compaoré & Friends (1/12) 04 91 63 14 65 www.leparadox.fr
Le Poste à Galène : Electro Deluxe (16/11), Daguerre (17/11), Kas Product (23/11), Charlotte Marin (24/11), Zoufris Maracas (20/11), Monsieur Nov (1/12), The Jim Jones Revue (4/12), Pyjama party (5/12), Buzz Booster + Nemir (6/12), Inga Liljestrom (7/12), David
04 91 07 00 87 www.jazzaurouge.musikmars.com
Roll’ Studio : Trio Alain Fougeret (17/11), Trio Sylvain Azard (24/11), Leotrio (8/12), Thierry Maucci duo (15/12), Swinging Papy’s (22/12) 04 91 644 315 ou 06 86 728 396 www.rollstudio.fr
Le Silo : Melody Gardot (15/11), Mika (18/11), Hugues Aufray (22/11), Harlem Swing (28/11), Do you speak djembé (29/11), Brit Floyd (4/12), Christophe Willem (5/12), Laurent Voulzy (12/12) 04 91 90 00 00 www.silo-marseille.fr
L’Embobineuse : Ulan Bator + Saturn Dogs (16/11), Windmill Moth glue + The Lock + Roro (17/11), Numbers Not Names + Sole (22/11), Rudolf Eb.Er + Bryan Lewis Saunders + Joachim Montessuis (23/11), Mombu + A band of Buriers (5/12), Tout de suite + Gendarmery + Dj Zorro du cul (7/12) 04 91 50 66 09 www.lembobineuse.biz
L’éolienne : Patricia Gaillard et Maria Simoglou (16/11), Esprit de Cordoue avec Françoise Atlan & Fouad Didi (15/12) 04 91 37 86 89 www.myspace.com/leolienne
Salle des Lices : «Les bas d’en haut» par le groupe vocal Antequiem dirigé par Philippe Franceschi (18/11) 06 84 24 94 81
Station Alexandre : Descartes en Slam (23/11) 04 91 00 90 04 www.station-alexandre.org
MAUBEC La Gare : Crane Angels + Nunna daul isunyi (16/11), Spain (28/11), Mazalda (7/12) 04 90 76 84 38 www.aveclagare.org
NIMES Paloma : Electric Electric (14/11), Izia (16/11), Ez3kiel Extended (17/11), Rodrigo y Gabriela (19/11), Ty Segall (21/11), Youssoupha + Oxmo Puccino + Sola + Criolo + Nemir + Crew Peligrosos (23/11), José Mercé (24/11), 43e Chicago Blues Festival (27/11), Local Heroes #3 (30/11), Revolver + Sallie Ford & The Sound outside (6/12), Stephan Eicher (6/12), Dub to Drum #3 (7/12), Fills Monkey (12/12) 04 11 94 00 10 www.paloma-nimes.fr
Théâtre de Nimes : Amore de Stephanie Marc (15 et 16/11) 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
OLLIOULES Châteauvallon : Kery James (24/11), Jamaican legends 2012 (30/11) 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
PERTUIS Théâtre : Tsigane Tango (9/11) 04 90 79 73 53
SAINT-MAXIMIN Croisée des Arts : Steve Waring (16/11), Ibrahim Maalouf (23/11), Martine Ferreira hommage à Edith Piaf (25/11), Buika (27/11), The Dodoz (1/12), le Grand orchestre de Tango (8/12) 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr
SALON-DE-PROVENCE Portail Coucou : M.A.G. + Scotch + Maleko & Striker + CSL + Muzzik + Propagande music + Cazaoui + Cri-mino + NRC + l2Lies (17/11), Alain Ortega (23/11), Président Kingkong + The Elderberries (24/11), Scarecrow (1/12), Jack Bon (8/12), Wishbone Ash (11/12) 04 90 56 27 99 www.portail-coucou.com
SETE Scène Nationale : Claire Diterzi (29 et 30/11) 04 67 74 66 97 www.theatredesete.com
La SEYNE sur MER Fort Napoléon - ArtBop : Hommage à Bill Evans Trio PKP (16/11) 04 94 09 47 18 www.ot-la-seyne-sur-mer.fr
SIX-FOURS Espace Malraux : Julien Doré (17/11), Brad Mehldau trio (27/11), Revolver + Schiralli (29/11), Luz Casal (6/12), le Soldat Rose (7/12) 04 94 74 77 79 www.espace-malraux.fr
TOULON Midi Festival : MXDX avec Karakoé noise d’Arnaud Maguet & Hifiklub au Musée d’Art de Toulon (7 et 8/11), Midi DJ’s + Glass Animals + Chris Cohen + Mac Demarco au Crep des Lices (7/11), Midi DJ’s + Halls
Les Inovendables La 6e édition du festival des musiques expérimentales et innovantes, composé par Léda Atomica, continue sa programmation particulièrement attachée aux voix et accueille le 23 nov la comédienne chanteuse Danielle Stefan dans Brèves et autres partitions autour des conversations ordinaires de Jacques Rebotier. Les 5 artistes-chanteurs de Radio Babel Marseille prendront le relais pour chanter et raconter a capella Marseille. Le 24 nov, le collectif des P’tits sous l’eau rendra un hommage à Boby Lapointe et le 25, le jeune public pourra découvrir L’histoire de Petit
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Rouge : Ephémère Quintet (16/11), Nafas (22/11)
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04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com
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+ Glass Animals + Kindness à l’Opéra de Toulon (8/12), Eye Scream au Barathym (7/12), L’Amateur + Laura + Anticlimax au Barathym (8/12) 09 53 01 55 04 www.midi-festival.com
Oméga Live : Gnawa Diffusion (16/11), Bombino (17/11), Festival de Zik jeune public (24/11 au 8/12) avec Scratch Bandits Crew (7/12) 04 98 070 070 www.tandem83.com
Théâtre Liberté : Orchestre national de Barbès (15/11), Charles Berling (6/12) 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
VELAUX Espace NoVa : Corneille (23/11) 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com
VENELLES Salle des Fêtes : Araïk Bartikian et l’Institut français des instruments à vent (18/11), Versus (1/12) 04 42 54 93 10 www.venelles.fr/culture
VITROLLES Moulin à Jazz : Denis Colin & La société des Arpenteurs (24/11), «Jazz en Scènes» De Los Ojos & Thisisa Trio (8/12) 04 42 796 360 www.charliefree.com
Rural détour Éviter le classicisme ronronnant ou encore la modernité élitiste de certaines formes de jazz, l’association Luberon Jazz, par le biais de manifestations festives, veut tisser du lien entre les générations. Avec une série de 8 concerts itinérants, des ateliers musicaux ainsi que des rencontres pédagogiques qui précèdent les concerts, elle organise la 11e édition du Festival Rural Détour. Une carte blanche est donnée au saxophoniste François Corneloup, que l’on aura l’occasion d’entendre en duo avec tantôt Franck Tortiller, le talentueux vibraphoniste et ancien directeur de l’Orchestre National de Jazz (ONJ) et le contrebassiste Bernard Santacruz. Cereste le 23/11 à 19h ; Lacoste le 24/11 à 20h30 Gargas le 25/11 à 15h; Bonnieux le 27/11 à 19h Cavaillon le 28/11 à 17h30; St Pantaléon le 29/11 à 19h; St Saturnin-les-Apt le 1/12 à 19h; Lioux le 2/12 à 17h30 04 90 74 55 98 www.luberonjazz.net
Kerakoum K, un conte musical raconté en human beat-box. Changement de registre pour le dernier week-end avec l’épopée tragique d’anarchistes illégalistes dans El Kabaret suivie par la cornemuse experte de JeanClaude Gagnieux (le 30 nov). L’installation de Phil Spectrum et le duo féminin rock guinguette techno Bella Donna 9ch clôtureront la manifestation (le 1er déc). jusqu’au 1 déc 04 96 12 09 80 http://ledatomica.mus.free.fr
La compagnie Mémoires Vives présentera au théâtre Armand un voyage poétique et musical entre «Strasbourg-Marseille-Alger». Un voyage dans l’âme et les mémoires, les rêves et les déchirures de la Kabylie, de l’Algérie, de la France… de l’Algérance, sur les textes de Salah Oudahar, Mohamed Benhamadouche, Yacine Katem, Jean Amrouche, Jean Senac… le 16 nov Théâtre Armand, Salon-de-Provence 04 90 56 00 82
AU PROGRAMME
Lunch présente Chrysta Bell (8/12)
MUSIQUE
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Une fenêtre ouverte sur le monde Il y a toujours quelque chose de militant dans l’art, la volonté de montrer, de comprendre, de rendre tangible aussi l’impalpable matière de la pensée. Le cinéma, à la fois art et industrie culturelle, endosse d’autant mieux ce caractère militant lorsqu’il se refuse aux compromissions du marketing et de la fausse culture de masse. Le cinéma de Gardanne en est un bel exemple, soutenu de manière indéfectible par la mairie, qui propose depuis 23 ans un Festival d’automne d’une remarquable tenue, tant par la qualité des œuvres et leur éclectisme, que par leur présentation. Cette année encore pour la 24e édition, 61 films, 21 en avantpremière, quatre invités présents, plus de 8 000 spectateurs, un succès qui ne se dément pas. Clara Bouffartigue avec Tempête sous un crâne, un long métrage documentaire sur l’enseignement dans une classe de collège, offre une approche sensible, pudique et juste du travail des équipes éducatives et des enfants, avec une réflexion sur l’acte d’enseigner, la construction de la relation prof/élève, la transmission. Autre superbe film documentaire (quasi ex aequo avec le premier prix), Les invisibles de Sébastien Lifshitz (voir p. 56) marque d’une pierre blanche l’histoire du cinéma, puisque pour la première fois des hommes et des femmes âgés se racontent, évoquent leur vie homosexuelle avec une justesse du ton essentielle dans les débats qui se focalisent sur des préjugés d’un autre temps, et des représentations homosexuelles qui semblent s’arrêter au moins de 35 ans… La condition de la femme est également évoquée dans une série de portraits, le superbe film égyptien Les femmes du bus 678 de Moha-
Foxfire, confessions d’un gang de filles de Laurent Cantet
med Diab (voir Zib’46), le touchant et complexe Une seconde femme de Umut Dag (Autriche), enfin le sublime Syngue Sabour, Pierre de Patience de Atiq Rahimi, d’après le roman de Golshifteh Faharani, qui interprète aussi le personnage principal : cadrage de peintre, âme mise à nu, revendication d’exister en tant que personne pour une jeune femme qui fut mariée au poignard de son époux parti à la guerre… «Les hommes qui ne savent pas faire l’amour font la guerre» dit-elle… Quoi d’autre ? Des visions de l’enfance et de l’adolescence, avec le film d’animation d’une poésie à la Prévert Jean de la Lune de Stephan Schech, tiré de la BD d’Ungerrer ; Les enfants loups, Ame et Yuki de Mamoru Hosoda, un conte réaliste qui présente l’individu face à des choix de vie, ou le remarquable Couleur de peau : miel de Jung et Laurent Boileau qui présente le problème de l’adoption à partir de l’autobiographie de Jung, démarche originale avec des supports filmiques différents, une quête de soi intelligente et sensible ;
11 Fleurs de Wang Xiaoshuai qui évoque par le regard d’un petit garçon espiègle la révolution culturelle chinoise. Adolescence encore, mais atroce avec Despues de Lucia de Michel Franco, ou le magnifique Foxfire, confessions d’un gang de filles de Laurent Cantet, qui reçoit le prix du public, même si l’analyse politique manque de profondeur. Comédies françaises aussi d’une belle tenue, comme Pauline détective ou Populaire ou l’inquiétant Dans la maison. Trois films italiens, César doit mourir, Mon père va me tuer de Daniele Cipri, une comédie grinçante, magnifiquement jouée, et le merveilleux Piazza Fontana de Marco Tullio Giordana, sur le début des années de plomb en Italie, qui rappelle un cinéma politique à la Costa Gavras. MARYVONNE COLOMBANI
Le Festival d’automne s’est déroulé du 26 octobre au 6 novembre au cinéma Trois Casinos de Gardanne
La fête du court métrage Initié par le CNC et l’Agence du court métrage l’an dernier, Le jour le plus Court a réuni plus de deux millions de spectateurs dans 350 villes de France et dans plus de 15 pays à l’étranger ! Il est donc reconduit cette année. Le 21 décembre, jour du solstice d’hiver, le plus court de l’année, et donc nuit la plus longue, on pourra tous fêter le court métrage, soit le film de 1 à 59 minutes. Quel court métrage ? De tout genre : fiction, documentaire, animation, expérimental, muet… dans une salle de cinéma ou ailleurs, puisque professionnels du cinéma et cinéphiles sont invités à organiser des projections, aidés par l’Agence du Court Métrage qui met à disposition gratuitement un catalogue de 250 films, dont les droits ont été acquis par le CNC… Ainsi chacun peut inventer sa
nuit en utilisant un programme préconstruit, ou concocter sa programmation propre, avec ou sans emprunt au catalogue. L’an dernier des projections ont ainsi eu lieu dans des théâtres, des maisons de retraite et de quartier, des universités, un centre commercial… Le but ? Faire revivre le court métrage hors des circuits et festivals spécialisés qui le défendent âprement, mais sont fréquentés par des publics particuliers. Car le court métrage, depuis Chaplin jusqu’aux cartoons, peut être populaire, et il manque dans nos salles aux premières parties transformées en tunnels de pub… Or le court métrage, c’est aussi la voie la plus naturelle pour apprendre le métier, et devenir un grand. Et comme la plupart des grands cinéastes et acteurs ont débuté en
réalisant ou en jouant dans des films courts, ils sont nombreux à soutenir la manifestation en la parrainant. C’est le cas de Xavier Beauvois, Jamel Debbouze, Valérie Donzelli, Jean Dujardin, Julie Gayet, Kyan Khojandi, Aïssa Maïga, Firmine Richard, Émilie Simon et d’autres encore. Dans le prochain Zibeline, vous trouverez la programmation détaillée en région. Mais d’ici là, programmateurs éventuels, d’un soir ou de toujours, songez à vous inscrire ! ANNIE GAVA
Le Jour le plus court 01 44 84 38 11 www.lejourlepluscourt.com
FIME | CINÉALMA
CINÉMA
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Monstres and Cie Ces œuvres sont accompagnées en direct par des ensembles musicaux aussi variés qu’originaux qui vont du piano, au jazz, à l’électro-pop, ou aux Docteur Jekyll et Mr Hyde de John S. Robertson
Le Festival International des Musiques d’Écran (FIME) offre depuis huit ans une série de cinéconcerts dans l’agglomération toulonnaise autour d’une thématique précise. L’édition 2012 est consacrée aux «monstres». L’objectif principal de ce festival est de projeter des films muets, et de susciter des créations musicales, souvent en décalage de ton, d’époque, d’esthétique avec ces films dont un siècle les séparent. La plupart des spectateurs connaissent les titres de ces films et plus vaguement les noms ou les physionomies des acteurs principaux comme la première version de l’adaptation de la célèbre nouvelle de Stevenson Docteur Jekyll et Mr Hyde par John S. Robertson qui permet d’admirer John Barrymore, superbe acteur au regard ténébreux dont la transformation en «monstre» est une véritable performance technique pour l’époque. Ces films témoignent également de l’importance du thème du monstre dans le cinéma expressionniste allemand, caractéristique dans les décors géométriques du Golem de Wegemer, dans l’opposition ombre/lumières du Nosferatu de Murnau ou dans la théâtralisation des attitudes du Docteur Caligari de Wiene.
musiques électroniques. Certes, ces choix peuvent paraître très surprenants : un trio de jazz pour suivre les aventures de Jekyll ? mais la communion entre l’image et le son est parfois réussie, et toujours questionnante. L’originalité s’inscrit également dans le choix des salles de projection, qui peuvent être aussi bien de petites salles municipales comme à Ollioules ou Saint Mandrier n’accueillant qu’une centaine de spectateurs dans une atmosphère plus intimiste que l’Opéra de Toulon à la capacité de 1200 places dont l’orchestre permet de mesurer l’épaisseur sentimentale de la partition composée par Charlie Chaplin pour Le Cirque. Car le FIME rappelle aussi qu’il n’y a pas si longtemps, le cinéma aimait encore la musique symphonique, et n’hésitait pas à commander des musiques originales pour orchestre ! MIREILLE VERCELLINO
Le FIME s’est déroulé du 2 au 10 novembre dans l’agglomération toulonnaise Filmharmonia 06 52 738 734 www.filmharmonia.fr
Fragiles liens familiaux
Djeca, enfants de Sarajevo d’Aida Begic
Pour la 7e année, la ville de Carros et l’association Cinéactions ont organisé Cinéalma : l’âme de la Méditerranée. Ces rencontres proposent une trentaine de films dont le point commun est l’ancrage au bassin méditerranéen, films témoins de l’énergie, de la vitalité et de la variété des productions cinématographiques de ces pays qui traversent des bouleversements politiques et
sociétaux. Chaque année un pays est à l’honneur, et cette 7e édition rendait hommage à la Tunisie. Si de nombreux thèmes étaient abordés, un accent plus particulier était mis sur la famille. Description sans concession des difficultés quotidiennes de deux orphelins dans Djeca, enfants de Sarajevo d’Aida Begic, recherche entre Serbie et Roumanie de leurs enfants respectifs par deux
pères déchirés dans Si la graine ne meurt pas de Sinisa Dragin, souvenir d’un père dans le Palerme des années 70 dans E stato il mio figlio de Daniele Cipri, rapports ambigus entre un patriarche et ses descendants dans Derrière la colline d’Emin Alper… À l’issue de la plupart des projections des rencontres ou des tables rondes avec les réalisateurs, les acteurs, les scénaristes… apportent par certains éclairages une meilleure lisibilité des œuvres proposées. Ainsi Fabio Cavalli, le metteur en scène du Jules César de Shakespeare joué par des détenus dans la prison de Rebbia à Rome et filmé par les frères Taviani dans leur dernier long métrage Cesare deve morire, Ours d’or au festival de Berlin 2012, a expliqué son étonnement face à la différence des conditions de détention en France et en Italie où elles sont moins difficiles et plus permissives. L’espace culturel qui accueille cette manifestation est situé dans un quartier très populaire ; le tarif modéré des séances et la convivialité des buffets permettent au plus grand nombre d’y accourir. Ouverture culturelle qui renforce le lien social, et prouve que la mixité sincère et chaleureuse est possible ! M.V.
Cinéalma s’est déroulé du 12 au 21 octobre à Carros www.cinealma.fr
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CINÉMA
CINÉMED
Tours, détours et retours en Méditerranée La Parade de Srdjan Dragojevic
Une 34e édition Autre adaptation, celle du roman de Silvia Avalparticulièrement riche ! lone, qui raconte un moment de l’Italie, dans la Une rétrospective Rossellini, ville sidérurgique de Piombino, en face de l’île d’Elbe. Dans Acciaio, Stefano Mordini, à travers la journée scénario avec les yeux d’une adolescente, met en scène avec finesse la difficulté de vivre de la classe ouvrière, Bruno Podalydès, les aspirations de la nouvelle génération à autre les hommages à Costachose que l’usine, le besoin d’amour, les interrogations de la société par rapport à la sexualité… Gavras et Jalil Lespert, Un film très réussi sur les relations humaines, sociales, économiques. la série de fictions et de documentaires sur d’Algérie Retours sur le passé Ancré également dans la fin d’une ère industrielle et, bien sûr, les 43 films et glorieuse, le premier long métrage de Brahim en compétition et 40 films Fritah, Chroniques d’une cour de récré, inspiré de ses souvenirs d’enfance, nous entraîne à Pierreen panorama. fitte-sur-Seine, dans les années 80. Brahim a alors 10 ans, va à l’école, partage ses jeux avec 217 films en 9 jours ! Que voir ? Optons pour la compétition de longs métrages avec quelques escapades dans les courts. Des films choisis pour le regard singulier de leurs auteurs, des films souvent ancrés dans le réel, des films miroirs d’un monde qui ne va pas bien.
Adaptations Le Capital, dernier opus d’un cinéaste qui «ne fait pas de films alimentaires» mais «a envie de raconter des histoires et s’engage avec ses convictions» en aura eu la preuve. Costa Gavras a adapté le roman éponyme de Stéphane Osmont et démonte, minutieusement, au scalpel, les rouages du système financier en suivant l’ascension de Marc Tourneuil, un jeune polytechnicien, magistralement interprété par Gad Elmaleh, -«rôle qui va peut-être me rendre impopulaire !»- prêt à tout sacrifier pour l’argent, qui rend, selon lui, l’individu respectable. Un film implacable, dont la mise en scène rigoureuse et efficace renforce le propos.
son ami Salvador. Son père est gardien de l’usine, qui va fermer… Cette chronique familiale, tournée avec une majorité d’acteurs non professionnels, fait la part belle à la photographie : logique ! Brahim Fritah vient des arts déco. Retour en arrière également pour Nabil Ayouch, à Sidi Moumen, où il avait tourné en 2000 Ali Zaoua, prince de la rue et où il était revenu au lendemain des attentats de Casablanca du 16 mai 2003, pour essayer de comprendre. Il lit en 2010 le roman de Mahi Binebine, Les Étoiles de Sidi Moumen, et décide de l’adapter. Les Chevaux de Dieu raconte l’histoire de «gamins comme les autres, confrontés à des situations difficiles et souvent violentes» qui vont être endoctrinés par un imam intégriste, et basculer dans la folie du terrorisme. Interprété essentiellement par des acteurs amateurs, tourné dans les bidonvilles de Sidi Moumen, le film de Nabil Ayouch qui déborde d’énergie est une version marocaine de La Désintégration (voir Zib’46).
Rencontres improbables Rien ne prédestinait Lemon, homophobe, parrain
des gangsters de Belgrade, à rencontrer Mirko et Radmilo, un couple d’homosexuels qui se démènent pour organiser une Gay Pride et qui vont lui demander sa protection. Inspiré de faits réels tragiques, l’agression violente de militants homosexuels par des néonazis en 2001 à Belgrade, La Parade de Srdjan Dragojevic, est rempli de gags, de clins d’œil au cinéma, d’émotion. Il fait traverser à deux de ses personnages toute l’ex-Yougoslavie, à bord d’une petite voiture rose, les confrontant à des situations cocasses ou tragiques, changeant peu à peu le regard du spectateur. Un film très réussi, où on rit beaucoup et que son réalisateur a voulu «citoyen, une psychothérapie abrégée pour les homophobes». On rit moins, malgré le titre, au film de Rusudan Chkonia, Keep smiling ! Inspirée par une histoire que lui a racontée une mère de 7 enfants lors du tournage d’un documentaire, la cinéaste campe 10 Géorgiennes sélectionnées pour participer à un concours de la «meilleure mère», doté d’un prix alléchant, 25 000 dollars et un appartement. La plupart ont de graves problèmes d’argent, la concurrence est féroce et les humiliations grandissantes. Alternant les répétitions sur scène sur l’air de Baby keep smiling/You know the sun is shining et la vie quotidienne, difficile, de ces femmes, ce film est une satire féroce de la société du spectacle et de l’exploitation de la misère en Géorgie.
Et encore… Dans toute cette sélection particulièrement réussie cette année, on pourrait encore citer l’âpre premier long métrage d’Emin Alper, Derrière la colline, qui met en scène, en Anatolie, des personnages confrontés à une menace qui reste invisible: un film qui interroge notre rapport à l’autre et aux préjugés, sans donner vraiment de réponse. Ou le premier film, autoproduit, de Rachid Djaïdani, Rengaine, qui raconte l’histoire d’amour contrariée, à Paris, entre une jeune Maghrébine et un Black qui voudrait devenir acteur.
APT | PREMIÈRE FOIS Sans oublier les courts Parmi les 22 courts métrages en compétition, on en retiendra 5 particulièrement réussis que les jurys ont fort justement primés : Silencieux de la Turque Rezan Yesilbas, La Dernière caravane du Français Foued Mansour, Danseurs de l’Espagnole Liz Lobato, Bardo de la Macédonienne Marija Apcevska et La Vache finlandaise du Roumain Gheorghe Preda. ANNIE GAVA
CINEMED s’est déroulé du 26 octobre au 3 novembre à Montpellier www.cinemed.tm.fr
Palmarès Longs métrages Antigone d’or : Keep Smiling de Rusudan Chkonia Prix de la critique : Winter of Discontent d’Ibrahim El Batout (Égypte) Prix du public : La Parade de Srdjan Dragojevic Prix de la meilleure musique : Chroniques d’une cour de récré de Brahim Fritah Prix de Soutien à l’export : Love in the Medina d’Abdelhai Laraki (Maroc/Italie) Prix jeune public : Les Chevaux de Dieu de Nabil Ayouch
Courts métrages Grand prix : Silencieux de Rezan Yesilbas Mention spéciale : Danseurs de Liz Lobato Prix du public : Babylone Fast Food d’Alessandro Valori (Italie) Prix jeune public : Quand ils dorment de Maryam Touzani (Maroc) Prix Association Beaumarchais : La Dernière caravane de Foued Mansour Prix Cinecourts CINÉ+ : Bardo de Marija Apcevska Prix Canal+ : La Vache finlandaise de Gheorghe Preda
Documentaires Prix Ulysse : Soldier/Citizen de Silvina Landsmann (Israël) Mention spéciale : Albums de famille de Maïs Darwazeh, Nassim Amaouche, Erige Sehiri, Sameh Zoabi (Palestine/France/Émirats Arabes Unis)
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L’Algérie à Apt En avant festival, du 19 au 21 octobre, a été proposé à Apt un weekend end de cinéma algérien. Quatre films, présentés par Boudjemaa Kareche, directeur de la Cinémathèque d’Alger de 1978 à 2004. Le vent des Aurès de Mohamed Lakhdar Hamina, «premier film de l’Algérie indépendante», nous fait vivre la recherche éperdue d’une mère (formidable Kel- Le vent des Aures de Mohamed Lakhdar Hamina toum), qui brave les soldats français jusqu’à la fants poursuivis par un policier vraiment pas mort. Tentant de retrouver son fils, raflé dans un méchant. On pense bien sûr à Chaplin ! Ou ce petit village des Aurès, elle va de caserne en camp, touriste suisse joué par Georges Arnaud, devenu une poule à la main, dérisoire monnaie d’échange l’ami d’un Algérien qui lui fait découvrir sa ville. pour qui lui donnera une lueur d’espoir. La scène Ou le poète Momo, qui récite ses poèmes à la où elle le retrouve est inoubliable ; la caméra capitale et au spectateur… Regard pluriel sur Alger glisse le long des barbelés, scrutant chaque visa- avec ce couple de touristes français : le mari, qui ge, marqué par la souffrance et la captivité et le a fait la guerre et méprise les Algériens, reconnaît en un homme aveugle l’un de ceux qu’il a tortuspectateur est littéralement happé. Très différent, le film commandé en 1969 par le rés… Point d’orgue de ce week-end, la rencontre maire d’Alger à Mohamed Zinet, Tahia ya Didou animée par Dominique Wallon, dimanche matin, (Salut mon pote !) dont la projection à Apt (à partir avec «Boudj», qui ne veut plus parler de cinéma d’une copie de travail) est exceptionnelle : pas de mais le fait si bien ! négatif et plus de copies du film ! Unique film ANNIE GAVA réalisé par cet ancien officier de l’Armée de LibéFestival des Cinémas d’Afrique du Pays d’Apt ration Nationale, puis créateur du Théâtre National 06 14 75 45 59 Algérien et comédien, ce documentaire met en www.africapt-festival.fr scène une savoureuse galerie de personnages dont certains, récurrents, comme la bande d’en-
20 ans après Belle rencontre avec la Marraine du festival La Première fois, Festival du premier film documentaire, Dominique Cabrera ! C’est à l’École d’Art d’Aix que les Films du Gabian ont présenté leur 3e édition et en ouverture, le 16 octobre, ont proposé deux films de celle qui se sent 20 ans après Chronique d’une banlieue ordinaire, une «vieille dame». «Je me souviens du jour où j’ai eu comme une vision, lors d’une représentation d’une pièce de théâtre devant la tour d’une cité, murée, dans le quartier du Val Fourré à Mantes-la-Jolie. C’est devenu un film quand j’ai décidé de retrouver Chronique d’une banlieue ordinaire de Dominique Cabrera
ceux qui y avaient vécu…» Réalisé en 1992, ce film, très attachant, qui donne la parole à des gens qui ne l’ont guère, se regarde comme un album de souvenirs, que l’on feuillette au fil du temps. Et Dominique Cabrera parle de son dispositif, de ses choix, des plans séquences, de tous ces moments où elle a capté un présent. «Les films ressemblent à ce qu’on est quand on les fait. Là, j’entends la jeunesse enfuie…» Son dernier film, en avant première mondiale, Ça ne peut pas continuer comme ça, est une commande de France 2 et La Comédie Française, avec les Comédiens Français et sur le bâtiment, fermé pour travaux. La cinéaste décide de créer une fable qui sonne juste, mêlant éléments du réel et fiction. Le scénario est simple : le Président de la République est malade, il faut le remplacer au pied levé... mais par qui ? Le résultat : une comédie politique sur le théâtre du pouvoir et le pouvoir du théâtre. ANNIE GAVA
Les Films du Gabian 06 19 07 63 55 https://sites.google.com/site/festivalpremierefois/
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CINÉMA
LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE
Les documentaires de Werner Herzog
Alassane Diago
À 19h le 22 nov au Polygone Etoilé, l’Alliance franco russe en partenariat avec Peuple et Culture Marseille propose Mirage d’un village russe de Luc Thauvin, le voyage initiatique d’un jeune cinéaste français à la recherche d’une «Russie éternelle». Le 23, Earth de Viktor Asliuk et Sotchi 255 de Jean-Claude Taki, en présence de JeanClaude Taki et de Dimitri Bortnikov. Entrée libre.
Les larmes de l'emigration d'Alassane Diago
Du 14 au 27 nov, à l’occasion de la sortie de Into the Abyss, l’Institut de l’image à Aix propose de découvrir l’œuvre documentaire de Werner Herzog qui a alterné tout au long de sa carrière fictions et documentaires. Le Pays du silence et de l’obscurité ; Échos d’un sombre empire ; Les Cloches des profondeurs ; La Grotte des rêves perdus ; Grizzly Man… «Dans mon œuvre, la frontière entre les deux n’est pas évidente. Mes documentaires sont délibérément stylisés et inventifs, car je hais le cinéma-vérité, tous ces films qui prétendent enregistrer la réalité avec des manières de comptable. La vérité que je recherche au cinéma est d’ordre poétique, extatique.»
La Russie au Polygone Etoilé
04 91 91 58 23 www.polygone-etoile.com
Le 16 nov à 19h, au Polygone Etoilé, en partenariat avec Africapt, Peuple et Culture Marseille invite Alassane Diago qui présentera La vie n’est pas immobile et Les larmes de l’émigration.
Institut de l’Image 04 42 26 81 82 www.institut-image.org
04 91 91 58 23 http://www.polygone-etoile.com
La Russie à Vitrolles Le 17 nov à partir de 19h au cinéma Les Lumières à Vitrolles, dans le cadre du zoom sur la Russie et de la résidence de Dimitri Bortnikov au sein de Peuple et Culture Marseille, projection de Tsar de Pavel Lounguine après un échange avec l’écrivain. 04 42 77 90 77 www.peuple-culture-marseille.org
Into the abyss de Werner Herzog
Enfance à la Buzine Le 14 nov à 16h au Château de la Buzine, séance spéciale Albert Lamorisse : projection de Le ballon rouge et de Crin Blanc. Le 18 nov à 14h, séance «Souvenirs d’enfance» : La Gloire de mon Père et Le Château de ma Mère d’Yves Robert, dans les lieux mêmes de Pagnol… Le 21 à partir de 14h30, séance «Huckleberry Finn» : lecture de Les Aventures d’Huckleberry Finn par la Compagnie Peanuts suivie du film de Stephen Sommers. Le 25 nov à 14h, Jeux interdits de René Clément et le 28 à 16h, La Princesse et la grenouille de Ron Clements et John Musker.
Sotchi 255 de Jean-Claude Taki
Semaine du Nouveau Cinéma Italien L’Institut Culturel italien présente en collaboration avec le Château de la Buzine une sélection de films dédiés à l’enfance et à l’adolescence. Le 20 nov à 18h une conférence de Jean Gili suivie de la projection de L’Italie, tu l’aimes ou tu la quittes de Luca Ragazzi et Gustav Hofer en leur présence. Le 21 nov à 16h30, Le Avventure di Pinnochio de Luigi Comencini et à 19h30, L’Estate di mio fratello de Pietro Reggiani. Le 23 à 15h, La kriptonite nella borsa d’Ivan Cotroneo et à 18h, Scalla de Francesco Bruni. Institut Culturel Italien de Marseille 04 91 48 51 94 www.iicmarsiglia.esteri.it
Tsar de Pavel Lounguine
Art et essai à La Ciotat
La Buzine 04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com
Les Invisibles Le 15 nov à 20h, en avant-première, au cinéma Les Variétés, Les Invisibles de Sébastien Lifshitz en présence du réalisateur et de témoins du film : Des hommes et des femmes, nés dans l’entredeux-guerres ; ils n’ont aucun point commun sinon d’être homosexuels et d’avoir choisi de le vivre au grand jour, à une époque où la société les rejetait. La projection sera suivie d’un débat animé par Michèle Philibert de MPPM.
L’Estate di mio fratello de Pietro Reggiani
Bamako De memoires d'ouvriers de Gilles Perret
09 75 83 53 19 www.cinemetroart.com Les Invisibles de Sebastien Lifshitz
Le 18 nov à 18h30, Art et essai Lumière propose au cinéma Lumière à la Ciotat Los Herederos d’Eugenio Polgovsky, l’histoire d’une pauvreté dont on hérite, de génération en génération ; débat animé par Amnesty International. Le 25, en partenariat avec ATTAC-La Ciotat, projection de De mémoires d’ouvriers en présence du réalisateur, Gilles Perret. 04 42 83 20 57 www.artetessailumiere.fr
Le septième long métrage d’Abderrahmane Sissako offre un bouleversant témoignage à propos de la situation de l’Afrique, n’hésitant pas à mettre en cause la Banque Mondiale et le FMI, dans un long procès intenté par des représentants de la société civile africaine, qui se tient dans la cour de la maison que les personnages du film, Mélé et Chaka, partagent avec d’autres familles à Hamdalaye, quartier populaire de la capitale du Mali. Un beau film qui sait poser les mots sur ce que l’on nous cache. Le 23 nov à 19h30. Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org
CINÉMA
TOUS COURTS a 30 berges !
Petit cinéma Histoire d'ours de Marina Karpova
Le 5 déc à 10h au cinéma Les Variétés, Fotokino propose La Ballade de Babouchka, un programme de quatre courts métrages : Histoires d’ours et La Maison des briquettes de Marina Karpova, Zhiharka d’Oleg Uzhinov, et Le Rossignol d’Irina Kodjukova. Pour commencer Laterna magica. Fotokino 09 81 65 26 44 www.fotokino.org
Cinéma et Sciences Du 30 nov au 8 déc dans différents lieux de Marseille, Polly Maggoo propose les Rencontres Internationales Sciences et Cinémas (RISC). La 6e édition, centrée sur la thématique du temps, permet de créer un dialogue entre le cinéma et l’univers des sciences à travers documentaires, fictions, animations, art vidéo. Se succéderont projections, rencontres avec des cinéastes, des scientifiques et le public, jeunes et adultes, conférences dont une sur l’histoire des mathématiques, Du rien à l’infini : l’aventure méconnue des nombres par Ahmed Djebbar, mathématicien. Et des séances spéciales dont une Carte Blanche aux Rencontres Films Femmes Méditerranée avec No Gravity de Silvia Casalino. En ouverture, à la Maison de la Région, le 30 nov à 20h, Le Monde en un jardin de Frédérique Pressmann, un documentaire consacré au Parc de Belleville à Paris. Pour les plus jeunes, des courts métrages le 2 déc à 14h dont While Darwin sleeps de Paul Bush où plus de trois mille insectes apparaissent en une seule séquence. Si vous ne l’avez jamais vu, ne ratez ni Arbres de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil le 5 déc à 14h30, ni Le cours des choses de Peter Fischli et David Weiss. En clôture le 8 déc à 20h, en partenariat avec le cipM, Roman Opalka de Christophe Loizillon et The Observers de Jacqueline Goss. A.G.
Polly Maggoo 04 91 91 45 49 www.pollymaggoo.org Arbres de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil
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Du 3 au 8 déc, le court métrage sera à l’honneur. Outre la Compétition Internationale, 60 films répartis en 12 programmes, on pourra voir, comme chaque année, des Carnets de voyages et Courts en Liberté en présence des cinéastes, Sylvain George, Pip Chodorov et Ahmed Zir ; Michel Amarger et Frédérique Devaux évoqueront Stephen Dowskin, disparu en juin 2012. Films en Région nous fera découvrir en avant-première Braquages une collection de courts métrages réalisés par Thierry Aguila, Lisa Diaz, Stéfan Le Lay, Gaël Naizet et Paule Sardou. Du court au long sera consacré à Héléna Klotz avec son court Le léopard ne se déplace jamais sans ses taches et son long métrage, Grand Prix du jury au festival Premiers plans d’Angers, L’Âge Atomique, premier volet d’une trilogie sur la jeunesse. Proposée par l’Institut de l’Image, une soirée Longmétrage du Patrimoine : Regarde, elle a les yeux grand ouverts (1980), un documentaire de Yann Le Masson, relatant l’expérience vécue par des femmes du MLAC d’Aix en Provence. Enfin la Nuit du Court sera celle des Combats : 23 films le 7 déc de 23h jusqu’à l’aube. Avant l’ouverture au Centre de Congrès le 3 déc à
19h30, en présence des membres du jury, Cinéma Par Ailleurs, aura fait étape, du 26 au 30 nov, à Lambesc, Trets, Fuveau et La Roque avec Court Par Excellence, des films qui reflètent la diversité de la jeune création internationale. Avec près de 200 courts métrages venus des 4 coins du monde, cette édition anniversaire sera le reflet des trente années de recherches et de découvertes de l’équipe des Rencontres Cinématographiques d’Aix-en-Provence. ANNIE GAVA
Festival Tous Courts, Aix et Pays d’Aix 04 42 27 08 64 www.festivaltouscourts.com
L’Age Atomique de Helena Klotz
Cinéma sans pareil
Charges Communes de Charlotte Gregoire
Du 26 nov au 2 déc, au Polygone Etoilé, se tiendra la nouvelle Semaine Asymétrique : Va chercher le bonheur et ne reviens pas les mains vides ! Une semaine de projections, de rencontres, de partages d’expériences entre cinéastes et public. Parmi la quarantaine de films proposée, le 26 nov à 14h : Si par une nuit d’hiver un voyageur de
Caroline Beuret et Lo Thivolle ; à 21h30, Charges Communes de Charlotte Grégoire sur Bucarest, un immeuble et ses habitants. Le 27 de 10h à 13h, lecture de scénarii ; à 15h45, Epopées à la Joliette d’Aurélia Barbet et à 21h 30, Square Metropole d’Estelle Fredet. Le 28 à 22h, Autrement, la Molussie, de Nicolas Rey. Le 30 à 14h, Kaspar film de Florence Pezon et à 18h, I’ll Be Your Mirror de Sara Millot. Et bien sûr aussi des discussions sur des travaux en cours, des films en chantier, des apéros et des repas sur place à partager. A.G.
Semaine Asymétrique, Marseille 04 91 91 58 23 www.polygone.etoile.com
La fin d’un monde ? Du 26 au 29 nov, à Digne, se tiendra une nouvelle édition d’Histoire(s) du cinéma, une programmation autour de la notion de mutations, de passage d’un monde à un autre. L’occasion de revoir Fahreinheit 451 de Truffaut, Soleil vert de Richard Fleischer, Fellini Roma de Fellini, Cosmopolis de Cronenberg, Mortal storm de Frank Borzage… Des cinéastes invités donneront leur avis sur les films d’hier et présenteront leurs films d’aujourd’hui : Michale Boganim, La Terre outragée ; Valéria Sarmiento, Les lignes de Wellington, réalisé à partir du dernier scénario que devait tourner son compagnon, Raoul Ruiz, avec John Malkovitch, Melvil Poupaud et Mathieu Amalric. Sans oublier le critique Bamchade Pourvali qui parlera du Testament du Docteur Mabuse de Fritz Lang.
Quatre jours pour se plonger dans le passé et le présent du cinéma ! A.G.
Histoire(s) du cinéma, Digne 04 92 32 29 33 www.unautrecinema.com Les lignes de Wellington de Valeria Sarmiento
58 ARTS VISUELS AU PROGRAMME Julie Perin La galerie Paradis butine à La Ruche en compagnie de Julie Perin qui, à travers papier, claque, bocaux, fil, encre, matières végétales ou organiques, a choisi de trouer, de recouvrir, d’ensacher, d’estomper, de biffer des corps rhizomes et des paysages abstraits… Le travail est délicat et brutal à la fois, ultra féminin, faussement ingénu, même quand elle se caricature elle-même : qui est miroir de qui ? M.G.-G. Memory jusqu’au 24 nov La Ruche, Marseille 3e www.paradis-galerie.com
© Julie Perin
Nouveaux regards Après Julie Balsaux, Maxime Parodi, Benoit Espinola, place à Florent Lefébvre (jusqu’au 22 nov), Guillermo Moncayo Barbarosa (du 26 nov au 6 déc) et Hong Seong Hye (du 10 au 20 déc). Tous sont diplômés de l’École supérieure d’Art d’Aix-en-Provence. L’Atelier Cézanne accompagne leurs premiers pas d’artistes en exposant leurs travaux durant trois mois tandis que l’Office du tourisme édite un catalogue collectif. M.G.-G. Nouveaux Regards Atelier Cézanne, Aix-en-Provence 04 42 21 06 53 www.atelier-cezanne.com
© Seong - Nouveaux Regards, Happy Birthday
David Thelim Ses dessins au stylo bille avaient fait l’objet d’un catalogue chez Sebastograph. De retour à la galerie J.F. Meyer, David Thelim prolongeant ses recherches sur la question de l’émergence de la signification propose cette fois-ci une série récente d’huiles sur toile. Quel donné à voir dans l’espace et la profondeur de l’œuvre sans passer par les lois usuelles de l’illusion perspective ? Vernissage le 20 nov à 19h. C.L. du 20 nov au 12 déc Galerie Jean-François Meyer, Marseille 04 91 33 95 01 www.marseilleexpos.fr
Sans titre © David Thelim
Véronique Rizzo Dans la continuité des battle à la GAD et sur une proposition curatoriale d’Arnaud Deschin, Véronique Rizzo transfèrera ses œuvres d’atelier pour un accrochage aux cimaises de la fondation Vasarely. En parallèle est organisé un colloque international questionnant la Vertu des contraires par le Laboratoire d’Études en Sciences de l’Art (LESA) de l’Université d’Aix-Marseille. C.L. Véronique Rizzo fait son musée du 23 nov au 16 déc Fondation Vasarely, Aix 04 42 20 01 09 www.fondationvasarely.org Vertu des contraires : art, artiste, société 22, 23, 24 nov Site Schuman, Aix 04 13 55 31 00 http://ufr-lacs.univ-provence.fr/lesa
Detail, Gusto the end of the war, Veronique Rizzo, 2012, courtesy La GAD © Matthieu Jorrot
ARTS VISUELS
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Mirages d’Orient Avant l’exposition d’été Les Papesses d’Avignon (L. Bourgeois, C. Claudel, K. Smith, J. Sterbak, B. de Bruyckere) la Collection Lambert propose un chassé-croisé en Méditerranée avec une déambulation dans les problématiques esthétiques d’un territoire multiple. Invitation au voyage entre les carnets de dessin de Pascal Coste, les peintures d’Auguste Chabaud, la confrontation d’œuvres d’Henri Matisse, Nan Goldin, Pierre et Gilles ou encore Alexandre Cabanel et la vision des révoltes arabes avec Mona Hatoum, Shirin Neshat, Claire Fontaine, Yan Pei Ming... Adel Abdessemed et Douglas Gordon en l’église des Célestins. DE.M. Mirages d’Orient, grenades et figues de Barbarie du 8 déc au 28 avril Collection Lambert, Avignon 04 90 16 56 20 www.collectionlambert.fr Shirin Neshat. ‘Untitled’, 1996, photographie, Collection Institut d'art contemporain, Rhone-Alpes © Shirin Neshat
Entrer dans l’intime Poursuivant le projet de biennale de dessin initié avec Traits…confidentiels puis …très particuliers, cette troisième édition se veut entrer plus encore dans l’intériorité des œuvres dessinées ou gravées. Onze artistes de Fred Deux à Xavier Spatafora, Delphine Poitevin ou le quatre mains de Sophie de Garam et Christine Bonduelle. L’exposition se prolonge sur images en tête le blog de Florence Laude. C.L. Traits…intimes du 21 nov au 22 déc Arteum, Château-Neuf-le-Rouge 04 42 58 61 53 www.mac-arteum.net http://imagesentete.blogspot.com Xavier Spatafora, Fragment cartographie 1, 13x15 encre de chine sur dos de mur affiche © X-D.R
David Bertizzolo Avec Orbis Terrarum, le peintre et photographe «géoplasticien» David Bertizzolo met l’œuvre en confrontation : dans le théâtre de la Passerelle avec une exposition monographique et l’installation d’un monolithe de terre noire ; dans l’espace urbain avec des compositions éphémères fabriquées in situ à partir de feuilles d’arbres aux couleurs de l’automne et collées sur le mur. Tableau végétal à la manière des mosaïques, où la nature devient l’objet même de la création. M.G.-G. Oeuvre de David Bertizzolo creee in situ sur les murs du centre ville de Gap © D. Bertizzolo
Orbis Terrarum du 13 nov au 5 janv Galerie du théâtre La Passerelle, Gap 04 92 52 50 20 www.theatre-la-passerelle.eu
© Mario Macilau
Retour de Bamako Après avoir été accueillis en résidence aux Rencontres d’Arles 2012, Kiripi Katembo (RD Congo), Nyaba Léon Ouedrago (Burkina Faso), Mario Macilau (Mozambique), Arturo Bibang (Guinée) et Fatoumata Diabaté (Mali), lauréats de la Fondation Blachère aux 9e Rencontres de Bamako, et Khaled Hafez (Égypte), prix de la vidéo, se retrouvent à Apt le temps d’un accrochage collectif. Leurs regards pèsent lourd à l’heure de la scission du Mali en deux parties… M.G.-G. Pour un moment durable Prix de la Fondation Blachère à la Biennale de Bamako 2011 jusqu’au 3 fév Fondation Blachère, Apt 04 35 52 06 15 www.fondationblachere.org
60 ARTS VISUELS MARTIGUES | AIX | DE VISU
La Victoire enchantée
Signe d'horizon, photographie © Brigitte Palaggi, 2012
Depuis six ans Autres et Pareil a initié un projet pluridisciplinaire sur le motif emblématique de la montagne Sainte-Victoire. Expositions et rencontres poétiques en font aujourd’hui la restitution. La Sainte-Victoire existe-t-elle ? Partant du constat qu’il semble impossible d’appréhender la MSV (J.M. Gleize) autrement qu’à travers son aura mythique, poètes, écrivains, artistes et photographes réunis ont entrepris de
commettre une désacralisation joyeuse et active. Le numéro double de La Revue édité à l’occasion par la maison d’édition éponyme en restitue les différents enjeux et approches avec une très belle iconographie des trois artistes exposés. Brigitte Palaggi propose un regard distancié et banalisé. Vue de Martigues et alentours la montagne devient un élément second minuscule relégué au lointain du cliché. Premiers plans affirmés,
dissolution atmosphérique et couleurs comme exagérées, étendue de la mer de Berre en obstacle aquatique, elle est ramenée à un simple signe d’horizon qui donne le titre à cette série. Photographe et grand marcheur Éric Bourret s’accroche au contraire au plus près de la roche pour occuper tout le champ de l’image. Le motif du sommet triangulaire et son contexte géographique, les repères du haut et du bas, tout indice d’identification sont évacués comme pour mieux entrer en contact avec le tellurique, la matérialité, la rugosité minérale. Mais cette traduction en noirs et blancs profonds est-ce bien de notre SainteVictoire ? La picturalité et le motif sont de retour avec les travaux de Patrick Sainton. À contempler ses grands formats on ne sait vraiment si cela été réalisé sur le motif ou réinventé en atelier. Sur le support cartonné et bricolé des signes évoquent pourtant la Sainte, preuve s’il le fallait de la prégnance du mythe. On poursuivra cette mise en examen avec les créations poétiques en écoute de Jean-Marie Gleize, Véronique Vassiliou, Olivier Domerg et lors des lectures/rencontres/conférences des 23, 24 nov et 7 déc. CLAUDE LORIN
La Sainte-Victoire de loin en proche jusqu’au 8 déc Salle de l’Aigalier et Médiathèque Louis Aragon, Martigues 04 42 42 09 55 http://autresetpareils.free.fr
D’Est en Ouest, visions nocturnes Comme un coup de poing au creux de l’estomac il y a Mostar et Sarajevo, ruines au noir aussi noires que les années de plomb. Villes abandonnées et fantomatiques saisies à la gorge par l’objectif d’Alain Ceccaroli, «poète de l’ombre» pour le critique Jean Arrouye qui accompagne son exposition au Pavillon de Vendôme. Là où Les formes de l’ordinaire atteignent l’extra-ordinaire : ce que révèlent ses exceptionnels tirages argentiques. En Bosnie, les murs ont des oreilles et les façades écorchées parlent, comme les impacts de tirs de mortier, le bitume défoncé, les escaliers qui ne mènent nulle part, les bâtiments rongés par la guerre. Une beauté monumentale, et tragique. À Rochefort, objet d’innombrables promenades entre 1987 et 2005, la nuit photographique enveloppe les entrepôts désertés, les grilles de parkings souterrains, les abords indistincts. Autant de tableaux énigmatiques
d’une ville assoupie offerts au regard scrutateur, car il faut ciller des yeux pour se faufiler dans ces visions nocturnes, loin des clichés de cartes postales. L’ordinaire urbain, encore, à Thessalonique et Athènes où les néons matraquent de leur lumière agressive © Alain Ceccaroli les panneaux publicitaires et les enseignes de boites monde. Aussi vaste que celui qu’Alain de nuit. Changement de décors, à Ceccaroli arpente depuis des décenAlep et Damas, espaces chargés nies, se lançant en photographie en d’histoire que l’observation intense autodidacte en 1981, soutenu par du photographe parvient à rendre Claudine et Jean-Pierre Sudre. Fin mystérieux : chaque ruelle, chaque observateur de l’évolution des payédifice est transpercé par une sages, il s’est même épris des arbres lumière «rédemptrice», une ou- et sa série Le dit de la nuit est une verture sur l’ailleurs, la perspective magistrale leçon : 8 minutes de d’un lendemain. Tout semble figé -par temps de pose et les arbres devienl’immensité plombée de la nuit- nent sculptures, reflets métalliques mais tout est possible. Étrange pa- mouvants d’une nature magnifiée. radoxe que ces photographies qui MARIE GODFRIN-GUIDICELLI semblent détachées du monde et qui ne parlent, justement, que du
© Alain Ceccarol
L’exposition proposée par l’association La Photographie à Aix-en-Provence (Pierre-Jean Amar) s’accompagne d’un catalogue aux éditions Le Bec en l’air, Marseille, 28 euros
Les formes de l’ordinaire Alain Ceccaroli jusqu’au 31 déc Pavillon de Vendôme, Aix 04 42 91 88 75
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Photos du Château Sans titre 63, tirage contrecolle sur aluminium, 80 x 60 cm, 2001 © Carla Van de Puttelaar
Une fois n’est pas coutume l’Atelier De Visu accueille une sélection de huit photographes provenant d’une collection hors les murs : de réputation internationale, le Château d’Eau est installé à Toulouse depuis les années soixante-dix. Regardant l’histoire de l’art sur plus d’un siècle, la reconnaissance de la photographie ne s’est établie que récemment. En région, le musée Réattu fut un des premiers à constituer une collection à part entière ; à Toulouse Jean Dieuzaide créait en 1974 la première institution publique entièrement dédiée à la photographie. Aujourd’hui, le Château d’Eau compte plus de 4 000 œuvres d’artistes désormais notoires et continue à s’enrichir auprès des générations suivantes. Sans tenter de représenter la diversité de la collection, la sélection proposée par son actuel directeur Jean-Marc Lacabe témoigne de l’exigence et de l’ouverture à divers langages photographiques. Ce sont dix-huit artistes (parité hommes/femmes), une image par créateur, des tirages argentiques et numériques, le subtil procédé Fresson, plusieurs grands formats couleur. Sans les citer tous, auprès des plus anciens, Kertész (la célèbre danseuse burlesque de 1926), Alvarez-Bravo, Ralph Gibson, John et Claude Batho, Arnaud Claass, la génération suivante (née dans les années soixante-dix et ici à majorité féminine) se distingue par la couleur et la taille plus imposante des formats, d’autres formes de regards. Avec Mohamed Bourouissa, Janne Lethinen, Trent Parke, Elina Brotherus, Carla Van de Puttelaar, Caroline Chevalier, Aglaé Bory ou Dorothée Smith (la seule avoir été exposée ici) le portrait, la figure féminine notamment, dominent : un choix artistique et conscient de la part du commissaire ? Par ailleurs, lors de la Librairie passagère (du 6 au 22 déc) Brigitte Bauer signera son livre Aller aux jardins le 15 déc à 16h. Et on attend confirmation d’une rencontre autour du livre Ice d’Antoine d’Agata (voir Zib’54) avec Hervé Castanet en janvier. CLAUDE LORIN
L’aventure des formes La collection du Château d’Eau jusqu’au 30 nov Atelier de Visu, Marseille 04 91 47 60 07 www.atelierdevisu.fr
62 ARTS VISUELS ALCAZAR | MILLAGOU | RIBOUD
Good Vibrations ! Smiled, galerie des musees, Toulon - Olivier Millagou - Beatriz Monteavaro - Simon Bernheim © Ville de Toulon
Sur l’affiche, la pochette du disque des Beach Boys, Smile, a le sourire figé : finies les couleurs criardes de l’illustrateur Franck J. Holmes ! Olivier Millagou en a gardé l’esprit originel mais a fermé boutique : l’open de bienvenue laisse place à un définitif closed. À croire que les années 60 californiennes où les Beach Boys étaient les apôtres de la Surf Music n’ont plus d’adeptes. Sauf peut-être Olivier Millagou qui a convié à la fête onze comparses pour une partie de Good Vibrations, histoire de déterrer en images et en musique le rêve du «Fun, Fun, Fun» ! Son goût du détournement a fait le reste, transformant en bunker la Galerie des Musées et piégeant ses congénères pour une ultime session : consentants, ils s’en sont donné à cœur joie pour retrouver un peu de cette liberté délirante qui sévissait sur les hauteurs d’Hollywood. Sans LSD, et avec une énergie folle, ils ont croisé leurs armes, mêlés leurs pinceaux, chantés à tue-tête (enfin on l’imagine) le hit de Brian, Carl, Denis, Al et Mike. Ils ont pris leurs aises dans ce long couloir tronqué, «bien loin de l’idée solaire et de l’esthétique Surf Music»… Solange Triger a délaissé ses volutes colorées pour réaliser deux dessins muraux black and white, façon paréo hawaïen, sur lesquels Simon Bernheim n’a pas hésité à graffer des slogans récupérés dans la rue et restitués dans leur typographie originelle. Du gothique à la Ben attitude. Déposée comme par inadvertance au sol par Bayrol Jimenez, La Nueva Bibla Latinoamerica réserve quelques surprises : le chapitre de l’apocalipsis n’a stoppé ni son ardeur ni ses dessins exécutés à la manière des enluminures médiévales. Visions hallucinatoires et blasphé-
matoires «mêlant religion, mort, violence». Pour Valentin Carron, la mythique Square Guitare de Bo Diddley joue la muette, prisonnière de sa robe blanche aux formes cubistes (clin d’œil à Braque ?).
procurer des émotions visuelles plus que divertissantes. Philippe UG, dont l’univers est beaucoup plus underground, s’inscrit dans un domaine plus proche de l’art contemporain. Son thème de prédilection, Les Robots, à dominante sérigraphique est guidé par sa passion pour la géométrie, la coupe droite et par sa vision colorée du futur. Le public est séduit par l’humour, la vivacité et la beauté éclatante qui se dégagent de ses Pop-up, comme Les nageurs ou encore les Drôles d’Oiseaux. Au terme de cette déambulation, il est bien difficile de résister à son envie de créer soi-même un Pop-up. Là encore tout a été prévu puisque un espace est dédié à cet effet, histoire de ne pas repartir les mains vides ! © Clarisse Guichard
CLARISSE GUICHARD
Oh Pop-Up Hourra ! jusqu’au 22 déc L’Alcazar, Marseille 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Smiled ! jusqu’au 29 déc Galerie des musées (remparts), Toulon 04 94 91 45 60 www.toulon.com Looked ! Listened ! Vibrated ! Smiled !, premier catalogue édité par la Galerie des Musées (remparts) de Toulon, 5 euros À venir à l’espace d’art Le Moulin, La Valette Paradise Sounds du 27 nov au 20 janv 04 94 2362 06 www.lavalette83.fr
Et soudain un énorme tigre surgit ! Dans son espace dédié aux expositions, le seul qui reste ouvert durant les travaux, la BMVR l’Alcazar invite à s’aventurer dans le monde des surprises, des images qui surgissent, du livre animé, celui du Pop-up. À ne pas confondre avec les fenêtres publicitaires surgissantes et indésirables qui nous envahissent sur internet ! Depuis le premier «livre à système» apparu au Moyen Âge et ceux des «Harquelinades» créés à Londres au XVIIIe siècle, le livre animé a largement évolué et s’est complexifié pour le plus grand bonheur des enfants mais aussi des adultes. Eh oui ! Il n’est pas rare de surprendre certains, au détour de cette exposition Oh Pop-up Hourra !, en plein émerveillement se rappelant des instants magiques de leur enfance. Sont exposés ici les œuvres de deux artistes qui excellent dans la matière : David A. Carter, dont le travail axé sur la conception de livres très graphiques, épurés est largement inspirés de l’œuvre d’Alexandre Calder et de Jean Tinguely. Ses Popup, comme 600 pastilles ou encore Blanc sont magnifiques et très poétiques. Et bien que techniquement très compliqués. Ils sont capables de
Parmi les autres «détenus», Bruno Rousseau et sa collection de rétroviseurs inspirés et réfléchissants ; le dessinateur de BD Pierre La Police dont le paysage lunaire est une invitation à se faire la malle ; Aïcha Hamu, métamorphosée en Griffon, gardienne des secrets de la geôle, et ses griffures saupoudrées d’or. Hificlub chante Good Vibrations en mode aléatoire mais la bande a pris la tangente depuis belle lurette. La fête est finie et renaîtra bientôt au Moulin.
L’Orient d’hier et d’aujourd’hui
Pus de 50 ans séparent l’Orient de Marc Riboud de celui de Liu Xiao Yu1. De 1955 à 1958, Marc Riboud voyage seul depuis Istanbul jusqu’à Calcutta où il s’installe un an, avant de repartir. Chine, Japon, Arabie Saoudite, Afghanistan… En homme libre et à son rythme. Par la route, toujours, car il aime prendre son temps. Fasciné par la beauté plastique de l’Orient, il retient des paysages qu’il traverse et des hommes qu’il rencontre une grâce intrinsèque, miraculeuse. Dans une intemporalité qui lui est propre : ses clichés n’ont pas pris une ride et sa vision semble éternelle, pourtant Marc Riboud aime retourner sur les lieux de ses pérégrinations confie Catherine Riboud, son épouse : «Il aime ces pays et cela le passionne de les voir se transformer.» Comment, alors, expliquer ce temps suspendu ? Serait-ce dans la manière de s’attacher au sujet sans fioritures, sans anecdotes, de saisir la lumière dans ses infinies nuances, de ne retenir que la grâce des corps, des gestes... À moins que «son art de la forme et de l’économie de la forme et son goût de la composition» expliquent la force de ses photos. Une façon «d’épurer la réalité et le désordre» qui caractérise également son travail de photoreporter quand, dépêché en Algérie2 entre 1960 et 1962, il tient à distance les événements pour s’attacher à rendre compte du «quotidien d‘un moment historique». Des photos qui arrachent de l’anonymat ces visages tendus, exaltés, angoissés, ces foules en danger ou en liesse. Retour dans l’Orient actuel, en Corée et au Tibet. C’est là que Liu Xiao Yu traque les traces du socialisme dont elle capte les reliefs, les accidents, les symboles, les architectures, les traditions. En une vision panoramique inhabituelle et saisissante : «J’aime le format panoramique car je peux jouer avec l’espace. J’ai l’habitude de regarder comme ça, je trouve l’image plus équilibrée et plus calme. C’est mon point de vue, mon langage, commente la jeune artiste chinoise dans un français remarquable pratiqué à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Et puis on peut imaginer l’ailleurs...» MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Chine 1957 © Marc Riboud
Coree du nord 2000 © Xiao Yu Liu
Asies Marc Riboud et Liu Xiao Yu jusqu’au 4 janvier Galerie Hélène Detaille, Marseille 8e 04 91 53 43 46 www.galeriedetaille.com 1
Algérie jusqu’au 1er décembre Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 ww.theatre-liberte.fr 2
À lire Algérie, Indépendance Préface Jean Daniel Textes Seloua Luste Boulbina et Malek Alloula Le Bec en l’air, 34,50 euros
Vers l’Orient, 1955-58 Coffret de 5 livres Xavier Barral, 55 euros
la porte (Métailié) le 30 nov à 19h à la librairie Mémoire du monde (Avignon) avec Pierre Yves Dufeu pour son livre L’Afrique indéfinie (Academia-Bruylant) le 30 nov à 18h à la librairie de l’Arbre (Marseille) Itinérances littéraires : rencontre-débat avec Mathias Enard pour son livre Rue des voleurs (Actes Sud) le 14 nov à 18h30 à la librairie du Lézard amoureux (Cavaillon), le 15 nov à 19h à la librairie Forum Harmonia Mundi (Aix) et le 16 nov à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille). rencontre-débat avec Claro pour son livre Tous les diamants du ciel (Actes Sud) le 15 nov à 18h30 à la librairie Actes Sud (Arles) et le 16 nov à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille). avec Ramona Badescu pour la lecture d’un roman inédit de la série Dans la forêt (Albin Michel, à paraître) le 17 nov à 11h sous le chapiteau de la fête du livre du Var (Toulon) Escales en librairie : rencontre avec Jean-Charles Trebbi, atelier pour adultes les 14 et 15 nov de 16h à 18h et rencontre - présentation de l’œuvre de l’artiste à 18h30 à la librairie Imbernon (Marseille). AIX Centre aixois des Archives départementales – 04 13 31 57 00 Eau et paysages en Provence, quelle durabilité ? : conférence par Alain Sandoz, professeur à l’université d’Aix-Marseille, chercheur au Centre de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, le 14 nov à 18h30. Les moulins à eaux en Provence : conférence par Henri Amouric, directeur du LA3M (laboratoire d’archéologie médiévale et moderne en Méditerranée) le 22 nov à 18h30. La difficile gestion des eaux en Camargue : conférence par Marie Granier et Alain Dervieux, parc naturel de Camargue, le 5 déc à 18h30. Ecritures Croisées – 04 42 26 16 85 Fêter la poésie : rencontre avec André Velter présentée par Serge Bourjea, suivie d’un récital poèmes et chansons André Velter, Olivier Deck, le 24 nov à la Cité du Livre. Centre franco-allemand de Provence – 04 42 21 29 12 2e édition de Lettres d’Europe et d’ailleurs : rencontres littéraires internationales, en présence d’écrivains de langues allemande, française, italienne et polonaise, avec débats et lectures. Du 30 nov au 2 déc. La Non-Maison – 06 29 46 33 98 Rencontre entre Bernard Plossu et Renaud Ego : photographier avec ses pieds, le 15 nov à 18h à l’auditorium du Musée Granet. L’Ecole du regard, point de vue [2], par Michel Guérin, le 17 nov à 18h30. L’Ecole du regard, point de vue [3], par Karim Rafi, le 1er déc à 18h30. Fondation Vasarely – 04 42 20 01 09 Colloque international : Vertu des contraires : art, artiste, société, organisé par le laboratoire d’études en sciences des Arts. Les 22, 23 et 24 nov dans la salle des professeurs de l’Université Aix-Marseille.
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Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42 Rencontres : avec Jacqueline Assaël, Professeure à l’Université de Nice-Sophia Antipolis, à l’occasion de la parution du numéro 28 de la revue Nunc sur l’œuvre de Erri De Luca, La poésie des 10 commandements selon Erri De Luca : Parole d’évangile ? ; conférence à 18h30 à la librairie Saint Paul (Marseille) avec Pierre Lieutaghi pour la sortie de son livre Simples mercis (Thierry Magnier) le 15 nov à 18h30 à la librairie La Carline (Forcalquier) avec Dane Mc Donell autour de son album L’art du paysage (éditions Gilletta) le 17 nov à 16h à la librairie Masséna (Nice) avec Sylvain Pattieu pour son livre Des impatientes (Rouergue - La Brune) le 17 nov à 18h à la librairie de l’arbre (Marseille) avec Régis Lefort, maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille, en hommage à l’écrivain Henry Bauchau le 17 nov à 16h30 à la librairie Maupetit (Marseille) avec Alain Surget le 17 nov à 15h à la librairie Au coin des mots passants (Gap) avec Hervé Castanet, Gaby Charoux et Jean-Luc Metge autour du livre Souffrances au travail, mise au travail de la souffrance, les réponses des psychanalystes (éditions Lussaud) le 19 nov à 19h à la librairie L’Alinéa (Martigues) avec Cécile Desprairies pour son ouvrage L’héritage de Vichy (Armand Colin) le 21 nov à 19h à la librairie La Mémoire du monde (Avignon) avec Jean-Philippe Arrou-Vignod et Christophe Mauri dans le cadre des 40 ans de Gallimard Jeunesse le 21 nov dès 16h à la librairie Charlemagne (Toulon) avec Yves Lacoste autour de La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre (La Découverte) le 22 nov à 18h30 à la librairie L’Alinéa (Martigues) avec Alexandre Jardin autour de son dernier roman Joyeux Noël ! (Grasset) le 22 nov à 19h à la librairie Charlemagne (Toulon) avec le peintre aquarelliste Tiennick Kérével le 23 nov à 17h à la librairie Charlemagne (Toulon) avec Benjamin Lacombe à l’occasion de la sortie de son nouvel album Swinging Christmas, (Albin Michel) le 24 nov à 15h à la librairie Maupetit (Marseille) table ronde Comment et pourquoi je suis devenu(e) écrivain(e) avec Vincent Desombre, Mathilde Giordano, Marie Neuser et Lucien Vassal le 24 nov à 16h30 à la librairie Maupetit (Marseille) avec Anne Robillard autour du tome 12 des Chevaliers d’Emeraude : Irianeth (Michel Lafon) le 26 nov à la librairie Jean Jaurès (Nice) et le 27 nov à 16h à la librairie Charlemagne (La Seyne-sur-Mer) avec Pierre Jourde pour son dernier roman Le maréchal absolu (Gallimard, 2012), animée par Bernard Fauconnier le 29 nov à 18h à la librairie L’Alinéa (Martigues) avec Françoise Donadieu autour du livre Zavatar le Hasard et autres Avatars (Gros Textes) le 24 nov à 18h30 à la librairie Apostille (Marseille) avec Michel-Marie Zanotti-Sorkine à l’occasion de la sortie de son livre Au diable la tiédeur (Robert Laffont, 2012) le 26 nov à 17h à la librairie Goulard (Aix) avec Franck Tilliez pour la sortie de son dernier roman Atom[Ka] (Fleuve Noir) le 29 nov à 18h à la librairie Goulard (Aix) et le 30 nov à 19h à la librairie Charlemagne (Toulon) avec Pascal Dibie pour son ouvrage Ethnologie de
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AU PROGRAMME
64 RENCONTRES
3bisf – 04 42 16 17 75 Atelier Objet-action animé par Caroline Le Mehauté, tous les jeudis de 13h30 à 16h30. Atelier Urbanité Idiotopique (construction d’une ville imaginaire où se croiseront tous les fantasmes de chacun) animé par Benjamin Marianne, tous les mardis de 14h à 16h30. SP ARLES Collège des traducteurs – 04 90 52 05 50 Une voix à traduire #11 : Sylvain Prudhomme pour son roman Là, avait dit Bahi (Gallimard), le 16 nov à 18h30 à l’Espace Van Gogh. Une voix à traduire #12 : Emmanuelle Pireyre pour son roman Féérie générale (L’Olivier), le 6 déc à 18h30. Atelier Archipel – 06 21 29 11 92 Exposition–vente de petites œuvres de 21 artistes du 2 au 16 déc. Vernissage le 2 déc à 11h30. BRIGNOLES Exposition Recycle ? Art ! : présentation d’artistes et d’artisans travaillant les matières et matériaux oubliés pour leur donner une seconde vie. Vernissage le 7 déc à partir de 18h30. Du 1er déc au 2 fév. CHATEAUNEUF-DE-GADAGNE Médiathèque Raoul Milhaud – 04 90 22 42 50 Exposition La littérature entre en jeu : le jeu de société comme toile de fond de bon nombre de romans, du 14 au 28 nov. FAYENCE Mairie – 06 07 42 73 18 17e édition du Salon 1001 livres en présence d’auteurs, éditeurs, conteurs, calligraphes… Du 23 au 25 nov. FORCALQUIER Association Forcalquier des livres – 04 92 75 09 59 12e édition de la Fête du livre de Forcalquier sur le thème La Lettre et autres caractères : conférences, expositions, performances, ateliers… avec la collaboration de la librairie La Carline. Jusqu’au 28 oct. ISTRES Cinéma Le Coluche – 04 42 34 20 66 Conférence organisée par l’ADAPP Ouest Provence : dans le cadre du cycle L’art en mouvement, véritables regards croisés sur l’art contemporain, un éclairage sur Dali et son œuvre. Le 4 déc à 18h30. MANOSQUE Centre Jean Giono - 04 92 70 54 54 Exposition littéraire et artistique Centre Jean Giono, 20 ans de création : rétrospective qui rend hommage aux artistes contemporains qui ont su faire approcher les territoires intérieurs de l’écrivain aux visiteurs. Jusqu’au 31 mars. MARSEILLE ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00 Exposition Les Architectures de l’eau à Marseille du XVIIIe siècle à nos jours : documents d’archives, peintures, gravures, plans… Jusqu’au 8 déc. Rencontre entre Jacques Bonnaffé (texte) et Louis Sclavis (saxophone) autour de Haute voix, le 23 nov à 18h30. Conférence de Nathalie Heinich, sociologue au CNRS, et Roberta Shapiro, sociologue au ministère
Comité du vieux-Marseille – 04 91 62 11 15 21e Carré des écrivains ayant écrit sur Marseille, le 17 nov de 14h à 19h dans les espaces du Centre Bourse. Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes en présence des parlementaires européens et d’Elena Doni, coauteur du livre Amorosi assassini. Storie di violenza sulle donne. Le 26 nov à 18h. Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59 Cabinet d’auteurs, échange autour des livres que vous aimez avec l’association Peuple et Culture, le 15 nov à 19h. Cercle de Conversation, petit déj au petit matin : Un monde durable ! animé par Jean-Claude Agnel, conseiller en énergies renouvelables, avec des responsables de l’AMAP… Le 18 nov de 10h à 13h. Librairie Apostille – apostille.web@free.fr Club de lecture italien organisé par L’arca delle lingue sur le livre d’Amara Lakhous Scontro di civilita per un ascensore a Piazza Vittorio E/O 2006, le 16 nov de 18h à 19h30. Atelier d’écriture avec les Ateliers d’Aline, le 17 nov de 10h à 12h. Vernissage de l’exposition de gravure de Gabi Wagner er lecture de Sylvie Durbec, le 6 déc à 18h30.
Mairie des 9e et 10e – 04 91 14 63 56 Festival de photographie contemporaine La photographie Maison Blanche #2 : série inédite de Samuel Gratacap, jusqu’au 3 déc à l’espaculture ; prix de la photographie Maison blanche à la galerie MAD du 10 janv au 2 fév. Cinéma L’Alhambra – 04 91 46 02 83 Projection de Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia de Peckinpah, suivi d’un débat animé par le philosophe Marc Rosmini autour d’un verre, le 16 nov à 19h. MARTIGUES Médiathèque Louis Aragon – 04 42 80 27 97 Conférence de Michel Collot autour de son livre La pensée-paysage ; philosophie, arts, littérature (Actes Sud) le 24 nov à 17h. À la rencontre d’Aragon : Aragon romancier, conférence par Daniel Bougnoux, professeur à l’université Stendhal de Grenoble, accompagné d’une lecture autour des personnages féminins dans les romans d’Aragon, le 10 nov à 15h. PORT-DE-BOUC Médiathèque Boris Vian - 04 42 06 65 54 Rencontre-débat entre Jacqueline Garin, qui présentera son dernier recueil de poésie Au fil des mots, et André Barbieri qui a inventé le concept de musipoèmes, le 17 nov à 15h.
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La Friche – 04 95 04 96 23 La Marelle Villa des auteurs organise une rencontre entre Anne Savelli (en résidence à La Marelle en mai) et Pierre Ménard (18h chrono de la Friche) : lecture à 2 voix et projection sur Laisse Venir, le 21 nov à 19h. Les écrits du numérique, création écriture, édition et diffusion numériques à vocation littéraire : rencontres, ressources, expériences, ateliers, le 23 nov dès 10h.
CIPM – 04 91 91 26 45 Exposition Le Cours du Danube / Gigantexte n°12 par la poète Michèle Métail. Jusqu’au 24 nov. Exposition photographique et littéraire Serge Assier / Fernando Arrabal, du 28 nov au 12 janv. ; vernissage en présence de Fernando Arrabal et son épouse Luce, ainsi que de Michel Butor, le 30 nov dès 18h.
TOULON Théâtre Liberté – 04 98 00 56 76 Thema#6, Lectures Algérie : lectures de textes littéraires, français et algériens : Pierre, sang, papier ou Cendre de Maïssa Bey (Éd. de L’Aube) lu par Biyouna, et Noces suivi de l’Été d’Albert Camus (Gallimard) lu par Michel Boujenah, le 16 nov à 20h30 ; Lettres à Zohra D. de Danielle MichelChich (Flammarion) lu par Emmanuelle Béart et L’Opium et le bâton de Mouloud Mammeri (Points) lu par Lyes Salem, le 17 nov à 20h30 ; Des hommes de Laurent Mauvignier (Minuit) lu par Charles Berling, le 18 nov à 16h.
CONCOURS La Marelle, Alphabetville et Le Bec en l’air lancent un appel à projets pour la mise en place d’une résidence d’écriture numérique : concevoir une œuvre littéraire d’un format numérique sur toute forme ou support technologique, que les candidats devront élaborer durant une résidence de création d’une durée d’un mois. Les projets seront validés par un jury composé d’écrivains et de membres des structures organisatrices et des institutions partenaires. Il est recommandé aux candidats de proposer un projet qui dépasse le simple rapport homothétique à la forme livre, pour imaginer une relation à la lecture et/ou à l’écriture innovant, en rapport avec la spécificité du support. Tous les genres sont autorisés (narration, poésie, théâtre, ouvrages pour la jeunesse…). La date limite de réception des dossiers est fixée au 31 décembre ; ils doivent être envoyés par mail à numerique2013@villa-lamarelle.fr. 04 91 05 84 72 www.villa-lamarelle.fr
SAINT-VINCENT-SUR-JABRON Association Terres d’encre – 04 92 62 08 07 Happening poétique en compagnie du poète Jacques Demarcq qui lira Les Zozios (éd. Nous) et d’autres textes, le 1er déc à 18h à la Cabine du Passavour à Curel. SISTERON Médiathèque André Roman – 04 92 61 46 69 99e soupe aux livres des éditions Parole : lectures, contes, chansons et partage de soupe, le 16 nov.
Retour de Biennale Un an après la Biennale Thessalonique-Rome des Jeunes créateurs d’Europe et de la Méditerranée, Espaceculture_Marseille présente à la Galerie du Château de Servières les œuvres des artistes de la sélection française L’Espace Julien recevra le groupe Hyphen Hyphen (14 déc) ; la Cité Maison de Théâtre un chantier théâtral de Leila Anis (11 déc). Des projections vidéos d’artistes issus des sélections espagnole et libanaise seront également présentées. BJCEM du 16 nov au 22 déc 04 96 11 04 61 www.bjcem.net
Laterna magica Avant de fêter son 10 anniversaire à l’occasion de e
Marseille Provence 2013, le rendez-vous d’hiver pluridisciplinaire des arts de l’image concocté par Fotokino s’installe durant près de 20 jours à Marseille. Une édition qui donne un avant-goût des festivités 2013 avec des expositions, projections, rencontres et ateliers permettant de découvrir le travail de fabricants d’images émergents ou majeurs. L’illustratrice Frédérique Bertrand sera l’invitée d’honneur et présentera une exposition inédite au Studio Fotokino (vernissage le 5 déc à 17h), les artistes invités en 2013 (Atak, Jocken Gerner, Yto Barrada, Paul Cox…) y présenteront leurs travaux les 8 et 9 déc et donneront des ateliers (ainsi que Benoît Bonnemaison-Fitte, Patrick Lindsay, Gusto…), La Criée se transformera en Grand Bazar le temps d’un week-end (15 et 16 déc), l’Alhambra accueillera la Fabuleuse fabrique du cinéma (9 déc), Nicolas Crème inaugurera l’atelier de sérigraphie la Crêmerie (14 déc). du 5 au 23 déc 09 81 65 26 44 www.fotokino.org
AU PROGRAMME
de la Culture et à l’EHESS sur Qu’est-ce qu’un objet artistique ?, le 28 nov à 18h30 à la librairie Prado Paradis. Usages de l’eau dans le territoire marseillais : conférence-lecture avec Georges Aillaud, biologiste et historien, et Sabine Tamisier, comédienne et auteure, le 19 nov à 18h30. L’industrie marseillaise et l’eau au XIXe siècle : enjeux et usages : conférence de Xavier Daumalin, professeur d’histoire contemporaine à l’université Aix-Marseille, le 3 déc à 18h30. 1962. Des trajectoires singulières dans une histoire des rapatriements : rencontres avec J.-J. Jordi, historien, Ljuba Scuderi, anthropologue, Natacha Cyrulnik, artiste, Claudia Coppola, ethnologue, le 17 nov de 14h30 à 18h. Des artistes au camp des Milles : conférence par Alain Paire, critique d’art et galeriste, le 27 nov à 18h30. Dans le cadre du parcours de l’architecture au XXe siècle dans les Bouches-du-Rhône, journée d’études sur Paul Quintrand, architecte, avec Eleonor Marantz, historienne de l’architecture, Jean-Lucien Bonillo, architecte, historien, Christian Morandi, architecte, historien, Christel Frapier, historienne de l’architecture, Gérard Monnier, historien de l’architecture, Jacques Zoller, informaticien, Paul Quintrand, architecte. Le 30 nov de 16h à 21h.
RENCONTRES 65
66
LIVRES
LITTÉRATURE
La madone du barrio Miquel Dewever-Plana connaît bien l’Amérique latine, où il a vécu entre 1995 et 2000. Après avoir traité du génocide perpétré par l’armée guatémaltèque à l’encontre des communautés mayas dans les années 1980, il mène aujourd’hui un travail photographique sur la violence au Guatemala. Isabelle Fougère suit quant à elle depuis vingt ans le quotidien de femmes et d’hommes confrontés à la guerre, aux inégalités, à l’exil. La rencontre de ces deux personnalités engagées a donné naissance à Alma, dernier-né de la collection Collatéral aux éditions Le Bec en l’air. En écho aux images du photographe, la journaliste compose une sorte de fiction documentaire autour de la figure d’Alma, une marera, une adolescente appartenant à un gang des rues, «la seule fille de la clique, la plus dure», un «fruit gâté du barrio», comme il en sévit des milliers dans les grandes cités du Guatemala. Une beauté farouche, une dureté qui ne l’est pas moins. Le récit polyphonique, brutal et poétique, présente une suc-
cession de brefs chapitres comme autant d’éclats de voix : celles du père, de la clandestine, de la sœur, d’autres encore, et puis celle d’Alma bien sûr, et même celle de l’étranger (le photographe ?) ; enfin, celle de la mort, qui clôt ce livre tendu entre violence et espoir, crime et rédemption. Ce que cette fiction évoque au fil des voix, c’est l’itinéraire terrible vécu par Alma, de son intronisation ultraviolente dans le clan à sa tentative désespérée d’en sortir. Le drame brodé par I. Fougère repose sur celui, bien réel, de la jeune femme dont M. Dewever-Plana a su capter l’intimité et les rêves détruits. Un bel ouvrage, émouvant, révoltant. FRED ROBERT
Alma Isabelle Fougère (textes) Miquel Dewever-Plana (photos) Le Bec en l’air, collection Collatéral, 14,90 €
À lire sur le même sujet : L’Autre Guerre, un livre photo de M. DeweverPlana, tout juste édité au Bec en l’air également
À voir, des mêmes auteurs : le webdocumentaire Alma, une enfant de la violence. http://alma.arte.tv
Faire-part La librairie La réserve à bulles et l’association Massilia BD sont heureuses d’annoncer la naissance de leur maison d’édition Cheap Sheep Ship, dédiée au roman graphique en noir et blanc. Premier titre de cette nouvelle venue au monde de la BD : Louise et les loups (à paraître le 15 novembre prochain). Ou les aventures de Louise Brooks, qui n’est pas précisément une agnelle, au pays des grands méchants loups, de New York à Hollywood. Une occasion pour Marion Mousse (auteur masculin de BD, en dépit de son prénom d’artiste) de réaliser un projet qui lui tenait à cœur : retracer quelques années de la vie de son idole, du moment où elle débarque à New York à 15 ans jusqu’au jour de 1938 où elle abandonne le cinéma. «Pourquoi Louise Brooks fascine-t-elle toujours ?» s’interroge Boris Henry dans la préface du roman graphique à la superbe couverture très Art Nouveau, en accord avec les années 20 et le style garçonne de la star. Pas sûr que Marion
Mousse réponde précisément à la question. Il livre néanmoins quelques pistes dans ce biopic dessiné original, qu’il traite à la façon d’un reportage, faisant intervenir au fil des pages tous ceux qui ont côtoyé Louise dans ces années-là. Ex maris, amis, femmes de ménage, régisseurs, gérants d’hôtels, critiques, acteurs et metteurs en scène se relaient ainsi à la barre des témoins, vieillis, ordinaires, souvent mesquins, chacun apportant sa version, son anecdote. Jusqu’à l’auteur qui se met en scène, dans une malicieuse mise en abyme. Autant d’histoires, autant de facettes d’une icône qui garde son mystère. Voilà sans doute pourquoi elle reste fascinante ! F.R.
Louise et les loups Marion Mousse Cheap Sheep Ship, 19 €
Rééducation sentimentale D’abord, il y a le titre, L’Amour sans le faire. Un joli titre tentateur, qui intrigue avec sa majuscule au nom. Ensuite, il y a la rencontre, à Manosque. Avec un auteur singulier, à la présence discrète malgré sa stature d’ancien sportif. Avec un timide qui adore rencontrer ses lecteurs et les faire rire (ce qu’il réussit fort bien). Enfin, il y a le roman, le septième depuis 1998, qui touche juste, avec une histoire simple. Une histoire de retour à la vie, à l’amour, à la terre. Une sorte de Regain d’aujourd’hui, à l’heure des TGV, des autoroutes et des supermarchés, de la délocalisation des entreprises et de l’abandon des cultures à l’ancienne. Après 10 ans de silence, Franck décide de retourner voir ses parents dans la ferme familiale. Au même moment, Louise prend la même direction pour quelques jours de vacances au vert. Deux êtres un peu perdus, à demi broyés par la vie, dont le romancier suit les préparatifs de départ et le voyage dans toute la première moitié du livre. De courts chapitres alternés -au passé pour
Franck, au présent pour Louise-, qui cernent par petites touches sensibles les deux protagonistes et leurs hésitations. Ni pour l’un, ni pour l’autre, ce retour n’est facile. La deuxième partie, à la ferme, montrera pourtant que tous deux ont bien fait de revenir. Malgré le fantôme du frère mort, malgré la culpabilité et les non-dits. Car, grâce à eux et à un enfant malicieux, «la cour retrouvait tous ses bruits, ce n’était plus la même cour, c’était une cour en vie». Dans la chaleur d’un été torride, les sensations reviennent, le corps retrouve sa place et tous les vieux comptes peuvent enfin être soldés. C’est beau et évident comme une pluie d’étoiles filantes dans un ciel d’août. F.R.
L’amour sans le faire Serge Joncour Flammarion, 19 €
Serge Joncour était invité aux Correspondances de Manosque en septembre dernier
LIVRES
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Oratorio vivace Un premier roman comme une pierre précieuse taillée dans les décombres du grand séisme qui a ravagé Portau-Prince en 2010 : voilà ce qu’offre généreusement et sans prétention aucune Makenzy Orcel. De toutes les voix qui montent des Immortelles et finissent parfois par se confondre de manière troublante, il n’en est pas une qui ne souffle vigoureusement la liberté et le désir de vivre, à commencer par celle de la narratrice anonyme captée et retranscrite par l’écrivain «à compte de sexe». Ériger alors que tout est à terre, honorer la lie de la société (prostituées de la Grand Rue comme allégories du double écrasement) et dégager patiemment la beauté qui ne meurt jamais : programme d’urgence de toute vraie littérature qu’honore à sa manière le tout jeune auteur haïtien. Raconter la petite, vie et mort d’une pute, figure gracieusement mythologique du bordel (arrive à l’âge de 12 ans, fréquente 12 ans le professeur de littérature et les romans de Jacques Stephen Alexis, met 12 jours à mourir sous le béton...) c’est faire flotter le poème au-dessus de la prose «Moi, je veux
Ex/stime de soi
Lorsqu’une professeure de littérature comparée à l’université de Caen, essayiste et romancière constate en rentrant dans sa «maison des champs» -expression un peu niaise qui manifeste une telle volonté de se démarquer que l’entrée dans le livre est un peu gâchéequ’elle a été visitée et qu’ont disparu les malles contenant lettres, photos et carnets intimes (sa «chair du temps»), cela s’appelle «désastre» ou «tsunami personnel» et l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie est évoqué sans recul semble-t-il. Le ton est donné et surtout l’élan : l’histoire littéraire n’est pas avare en péripéties déclenchées par le manuscrit volé ou retrouvé et l’on soupçonnerait presque Belinda Cannone d’avoir rêvé (de) l’événement qu’elle date du vendredi 11 mars 2011. Comme fouettée par le rapt -et notre auteure n’évite malheureusement pas la référence au «viol»- l’écriture tente de réparer en creusant (style impeccable, langue tenue, sinon académique) artistiquement la blessure ; jour après jour, la narratrice qui
qu’on commence par la poésie. Elle aimait la poésie». Les mots se serrent au cœur de la page et laissent parler le blanc, invitation peut-être lancée au lecteur à «écouter au-delà du silence des autres et à voir au-delà de leur regard». L’écriture est simple et pleine ; le lyrisme bien digéré ; pas question de faire couleur locale sinon à travers la force singulière d’expressions imagées qui disent tout un monde : caca-sans-savon pour l’enfant sans père ou Géralda-grand-devant pour l’accueillante putetrottoir... Hommage paradoxal à la mère que l’on fuit mais qui vous trouve en se faisant fille (12 passes par jour) et à l’éternel fils de pute, gage que l’histoire n’est pas finie... «Souhaite-moi bonne chance» dit le dernier feuillet. «Tiens bon» répondent les autres en chœur. MARIE-JO DHO
Les Immortelles Makenzy Orcel Zulma, 16,50 €
dit je et s’appelle Belinda mais désapprouve cette exhibition de l’intime qu’est le journal (on se perd un peu dans les paradoxes mais la psychanalyse au garde à vous veille en sentinelle) invente une forme de commentaire permanent extérieur qui donne à l’idée fixe ses lettres de noblesse ; Harpagon et sa cassette tombent du côté de la mort ; Belinda et sa «mémoire» envolée caracolent sur les ailes du désir de vivre, non sans frôler la caricature parfois : mêlant expérience personnelle et théorie de la littérature parfaitement maîtrisée la narratrice livre ses réflexions sur l’éros du hip-hop, la sensualité du tango ou l’ensauvagement de son jardin et ne manque pas de les légitimer par la référence aux écrivains du flux de conscience ou le recours à une fiction finale dont l’artifice crève les yeux. Alors, en effet, pourquoi ne pas écrire, puisque «ce qui compte, c’est la présence d’un point de vue et la qualité littéraire peut-être». Peut-être ? Pas sûr.
Makenzy Orcel, qui était présent aux Correspondances de Manosque, y est aussi écrivain en résidence jusqu’en décembre
La chair du temps Belinda Cannone Stock, 19 € Belinda Cannone était invitée aux Littorales (Entre fiction et réalité) du 10 au 14 octobre
MARIE-JO DHO
Sauve qui peut l’Égypte Il y a ceux qui en rêvent ; il y a ceux qui l’ont déjà fait ; il y a ceux qui n’y sont pas encore parvenus mais qui gardent l’espoir. En Égypte, dans les années 2000, tout le monde ou presque essaie de quitter le pays. ÉtatsUnis, Europe, pays du Golfe, voie autorisée (le mariage par exemple) ou clandestine (les passeurs), tout est bon pour les nombreux candidats à l’émigration. Dans son premier roman Taxi, Khaled Al Khassimi donnait la parole à des chauffeurs de taxis cairotes et l’on sentait déjà le pays au bord de la crise de nerfs. Publié en 2009, soit deux ans avant la révolution, tout récemment traduit de l’arabe et édité en France, L’Arche de Noé se fait l’écho de ceux qui se sentent «perdus au milieu du chaos, du désordre et de la corruption», «bloqués derrière un mur de béton armé de l’époque pharaonique d’où on observe les gens qui vivent de l’autre côté.» Le pays est au bord du gouffre ; une seule échappatoire, l’arche salvatrice de l’exil, dans laquelle il s’agit de réussir à
embarquer. Écrit avec la verve des contes arabes, ce roman choral restitue le flux de parcours souvent chaotiques, un peu à la manière de La ronde de Schnitzler. Chaque chapitre porte le nom d’une des 12 voix (celle d’un jeune diplômé sans travail, d’un professeur d’université, d’une doctoresse, d’un passeur…) et relate son histoire. 12 «contes d’exode», que la narratrice qui apparaît en fin de roman a décidé d’écrire afin que le monde connaisse la réalité égyptienne. Afin aussi qu’on comprenne que ce n’est pas de gaîté de cœur qu’on fuit son pays natal. FRED ROBERT
L’arche de Noé Khaled Al Khamissi traduit de l’arabe (Égypte) par Soheir Fahmi en collaboration avec Sarah Siligaris Actes Sud, 22,80 €
L’auteur était invité à Marseille en octobre dans le cadre de la manifestation Regards sur l’Égypte, organisée par la BDP (voir p. 13)
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LIVRES
LITTÉRATURE
De Norma Jeane à Marilyn Entre Flaubert, Duras, Vian et Camus, Marylin Monroe dont Hitchcock disait «qu’elle avait le sexe affiché sur la figure», semble incongrue dans cette collection «à 20 ans» des éditions Au Diable Vauvert, qui propose des biographies limitées à la jeunesse des grands écrivains. Cinquantenaire de la mort de la star oblige, Jannick Alimi, s’appuyant en partie sur les Confessions inachevées de Marilyn publiées en 2011 s’attache à livrer «les secrets de ses débuts», secrets tout relatifs tant on les a divulgués sur tous les toits. Alimi suit le parcours de Norma Jeane, une gosse de père inconnu abandonnée par sa mère, agressée par sa grand-mère aussi folle que sa fille, ballottée de familles d’accueil en institut, violée, mariée à 16 ans pour échapper à l’orphelinat, ouvrière dans une usine d’armement pendant la guerre. Un 94-56-89 repéré sous sa salopette par le photographe David Conover va en faire un modèle. Le temps des vaches maigres pour cette jeune femme divorcée. Figurante à la Fox, pin-up de calendrier, allant de coach en coach, de Pygmalion en Pygmalion pour se
fabriquer laborieusement une identité dans un Hollywood où les filles s’agenouillent beaucoup pour trouver un rôle tandis que le code Hays prône la moralité au cinéma ! Dans un style «magazine» qui ne craint pas les clichés, Alimi raconte au présent le passage, en 1946, de la brune Norma Jeane Baker à la blonde Marilyn Monroe «encore chrysalide». Changement de nom et décoloration : deuxième naissance à 20 ans suivie dès 1950 des premiers succès avec Huston et Mankiewiecz. La biographe s’arrête en 1951, date de la rencontre Monroe/Miller. En 140 pages elle construit le portrait d’une actrice attachante, opiniâtre, travailleuse, consciencieuse, très tôt dépendante des médicaments qui la tueront, pas idiote (mais qui le prétendrait encore ?). Un petit livre dont la lecture n’est pas désagréable mais pas indispensable non plus. ÉLISE PADOVANI
Marilyn Monroe, les secrets de ses débuts Jannick Alimi Au Diable Vauvert, 12,50 €
Lire et vivre
Les lectures et les visites d’auteurs reprennent dans les lycées et les CFA pour le Prix littéraire des lycéens et apprentis de PACA
Comme chaque année la sélection est exigeante et ne sacrifie pas aux sirènes de la mode. Les lycéens vont avoir de quoi réfléchir et partager, et les Forums à venir ne manqueront pas d’être passionnants. Le titre du livre de Juan Pablo Villalobos semble emmener dans un univers à la Lewis Carroll. Mais il en est très loin. Imaginez un enfant coupé du monde et de sa réalité, vivant dans un univers extrêment protégé avec précepteur et serviteur, flanqué d’un démiurge de père narcotrafiquant qui fait ses quatre volontés. Sauf que le jeune Tochtli n’a aucune liberté et ne fréquente aucun enfant. C’est lui qui fait le récit de sa vie, de son point de vue déformé d’enfant gâté. D’origine mexicaine l’auteur s’inspire de la violence du monde du banditisme et signe la fable inquiétante d’une société décomposée. Avec le court roman de l’irlandaise Claire Keegan, nous pénétrons dans un univers radicalement différent : le milieu austère de l’Irlande rurale. Il s’agit du récit d’une fillette, confiée à des parents de sa mère pendant que celle-ci attend la naissance de son cinquième enfant. Manifestement la famille d’accueil est plus aisée que la sienne, l’entente du couple plus solide. Peu à peu la fillette se détend, découvre une façon de vivre plus sereine et plus confortable. Surtout elle ressent confusément sans le formuler une attention tendre, une affection naissante. C’est par bribes que peu à peu un drame ancien ressurgit, que des liens forts et pudiques se nouent, jusqu’à l’élan final. Claire Keegan réussit une peinture discrète et émouvante par touches pudiques, et montre la prise de conscience de la jeune narratrice qui découvre une autre façon d’être au monde et aux autres. Le court récit de Laurent Mauvignier occupe 55 pages, commence et finit par un tiret. Aucun point. Se
lit d’un trait, presque sans respirer, le souffle court. Quelqu’un parle, s’adresse au frère d’une victime, expliquant les raisons d’une mort tout aussi absurde que révoltante. C’est un fait divers qui a inspiré l’auteur : un homme jeune est vraiment mort sous les coups du service d’ordre pour avoir volé et bu une canette de bière dans un supermarché. L’acharnement des vigiles, leur violence, le sentiment de leur droit sont répugnants. Se sentiront-ils coupables, enfin, auront-ils la honte de leur geste ? Et le frère, les parents qui ne le voyaient plus, auront-ils le remord de leur abandon ? Laurent Mauvignier ne résoud rien, il expose la situation dans sa vérité crue, avec quelques retours sur ce que furent la vie et l’errance de ce jeune homme en rupture. Angelin Preljocaj a fait de ce récit, entièrement dit sur scène, la trame de sa dernière création éponyme. Elle sera bientôt au Pavillon Noir (voir Zib’56). L’occasion pour les lycéens lecteurs d’y croiser la danse ? CHRIS BOURGUE
Dans le terrier du lapin blanc Juan Pablo Villalobos Actes Sud, 12,80 € Les trois lumières Claire Keegan Sabine Wespieser, 14 € Ce que j’appelle oubli Laurent Mauvignier Éditions de Minuit, 7 €
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LIVRES
LITTÉRATURE
Il faut imaginer Sisyphe heureux… Il y a comme le ton d’une épopée, ou plutôt du mythe qui s’écrit, se découvre en se déroulant dans Les quatre livres, le dernier roman de Yan Lianke, publié à Hong Kong en 2010, car interdit en Chine où réside l’auteur. Étrangeté du personnage de l’Enfant, qui arrive dans ce camp de novéducation destiné aux intellectuels, et reste auprès d’eux, dans leurs travaux. Cet enfant venu du ciel qui est une sorte de petit Hitler au début de l’ouvrage prend des allures christiques à la fin. À l’instar des bons points et images avec son système de récompenses composées de fleurs de papier, il offre un chemin de rédemption qui mène à la liberté. La violence décrite est d’autant plus forte qu’elle prend les visages de la douceur : l’inquisiteur se désole des tortures qu’il inflige pour le bien… allures christiques du bourreau, autoflagellation des victimes… dans un jeu subtil de dépersonnalisation. Quatre voix, quatre écritures construisent ce roman, présentées comme des
Passionaria
Avec son titre digne d’un roman de gare ou de série rose, La Capitana n’est pas un livre vers lequel on aurait envie de se pencher. Et pourtant, trompeuses apparences, cette biographie étoffée d’Elsa Osorio, traduite de l’espagnol d’Argentine, cache en fait un roman complexe où les voix narratives se mêlent, celle de l’auteur, à la première personne, qui évoque certaines étapes de sa quête de documents, de sources, ainsi que ses rencontres ; celle de Mika, à la première personne lorsque le récit à la troisième s’emballe et que le discours indirect libre ne suffit plus ; les différents personnages sont ainsi menés, entre narration des faits et approche subjective des évènements. Par la grâce de cette écriture, les êtres prennent chair, authenticité. Micaela Feldman de Etchebéhère, née en Argentine, en Patagonie pour être plus exact, est un personnage
extraits d’ouvrages, L’Enfant du ciel, aux allures bibliques, Le Vieux lit, autobiographie de l’Écrivain, Des criminels, le récit de délation qu’il doit écrire aux autorités, et Les Manuscrits, essai inachevé de l’Érudit, dans lesquels Le Mythe de Sisyphe de Camus est réinterprété. Par le double jeu de la parabole et du réalisme, Yan Lianke évoque les sombres années de la Révolution culturelle en Chine, les aberrations des enjeux imposés aux paysans, jusqu’à celui de faire produire de l’acier par toutes les familles, la déforestation liée à cette activité, la famine (plus de 36 millions de morts). Un roman superbe nourri d’histoire et d’une réflexion forte sur le monde et la folie des hommes. MARYVONNE COLOMBANI
Yan Lianke était accueilli cette année à la fête du livre d’Aix, voir p. 72
historique. Sa vie mouvementée, toujours à la pointe des mouvements progressistes de son temps, ses engagements (superbes pages sur la guerre d’Espagne), son militantisme, ses luttes, son extraordinaire capacité pour s’intéresser à tout, sa culture, son amour de la liberté, sa droiture, en font un personnage de roman, sans oublier l’amour pour Hippolito, «Hippo», compagnon de toute sa vie, même si la maladie le lui arrache trop tôt. Un livre qui se dévore, une belle manière de replonger dans l’histoire du XXe siècle, qui fut aussi faite par des femmes… Vivifiant ! M.C.
La Capitana Elsa Osorio Métaillé, 20 €
L’humanité dans un souffle Le monde animal est un mystère, le monde des humains aussi à en croire le deuxième roman du dramaturge Wajdi Mouawad qui sonde les tréfonds de l’âme et les abîmes de la conscience avec un sens aigu de la parole. Celle de l’animal dans un rôle de narrateur-voyeur-témoin tout à fait singulier ; celle de l’homme aux langages multiples. Ici l’animal regarde l’homme, cet autre singulier, lui qui observe, mange, pleure, chie, gémit, rit, parle de sexe et de mort. Autant de mots que les hommes prononcent. Anima est tout entier construit sur ce déplacement du point de vue -déstabilisant et tellement riche- et, par ricochet, sur l’écriture scandée, fouillée, chirurgicale, tendue. Construit à la manière d’un thriller plus noir que noir, Anima dépasse le genre pour embrasser la quête initiatique, le roman d’aventures, l’odyssée en suivant pas à pas les périples de Wahhch à travers les grands espaces de l’Amérique et du Canada, de Montréal aux réserves indiennes. Le point de départ est un crime ignoble, mais le monde animal n’en a cure car il connaît les
affres de l’amour et du désamour, le combat et la haine : dans les effroyables nuits de l’homme, sa douleur est un abysse formidable pour lui. Il s’en repaît, se lèche les babines, se frotte le ventre et montre les dents, plus rarement s’apitoie et console. De courts chapitres en phrases sibyllines ponctués de titres latins, un croassement, un jappement, un envol au lever du jour, le cuir d’une laisse sont autant d’indices pour comprendre la nature du narrateur. Celui qui vient hanter l’esprit des vivants et des morts… Roman sur les fêlures et les âmes qui saignent, Anima raconte «une histoire entre des créatures terrestres» indéfectiblement liées par une évidence douloureuse : «Nous sommes tous des meurtriers, mais certains choisissent de l’être.» MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Anima Wajdi Mouawad Leméac/Actes Sud, 23 €
Les quatre livres Yan Lianke Philippe Picquier, 20,80 €
LIVRES
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La Sonate à Kreutzer
Arabe israélien, Sayed Kashua appartient à cette minorité déchirée par sa double origine, «écartelée entre sa loyauté à l’État d’Israël et sa fidélité au peuple palestinien». Son livre La deuxième personne n’échappe pas à cette question identitaire qui habite à des degrés divers les deux personnages phare. L’un, nommé «l’avocat», victime d’une jalousie dévastatrice, remonte le cours du temps à la recherche d’un supposé amant de sa femme ; il est Arabe, parle l’hébreu couramment et vit dans le quartier juif de Jérusalem. L’autre, jeune travailleur social dont on connaîtra le nom tardivement, est Arabe lui aussi ; loin de son village natal, il va prendre progressivement l’identité d’un jeune tétraplégique Juif ashkénaze dont il s’occupe, Yonat-han Forschmidt. À la manière d’un géomètre décrivant la topographie inextricable de Jérusalem, l’auteur raconte ce dédale de destins croisés : le ton est sec, le style méticuleux, les détails abondants. Quitte à piéger le lecteur dans un lacis d’informations qui brouille l’écheveau narratif…
Sayed Kashua tend le miroir à cette ville complexe, Jérusalem, découpée entre parties orientale et occidentale, Arabes et Israéliens, où même les diplômes, les transports, les cartes d’identité et les relations sont un casse-tête permanent. Jusque dans sa forme, La deuxième personne est double, construit autour de deux vies parallèles, dans une ville aux deux visages. L’intrigue, finalement, a peu d’importance. Ce sont les questionnements sur l’appartenance sociale, l’honneur, la patrie, les traditions, les filiations, la famille, l’émancipation qui font le ciment du récit. Et la littérature, omniprésente chez les protagonistes que la lecture de La Sonate à Kreutzer conduira un jour à se rencontrer. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
La deuxième personne Sayed Kashua L’Olivier, 23 €
Au pays du cèdre Roman tumultueux, Le royaume de cette terre est plein de bruit, de fureur et de foi. L’action se déroule au Liban, dans «le plus beau pays du monde» (c’est un Français qui le dit, juste avant de se faire éclater la cervelle avec une bouteille d’arak, le tord-boyau local). Le traducteur d’Hoda Barakat, Antoine Jockey, a dû s’en donner à cœur joie pour restituer la langue savoureuse des protagonistes, tous plus prolixes les uns que les autres, notamment lorsqu’il s’agit d’insulter son prochain, l’étranger, le riverain, celui du village d’à côté, la cousine ou le frère. Le curé, aussi, voire le saint ou le patriarche, car en matière de religion les chrétiens maronites ne semblent pas bégueules. Ils ont le cœur chaud, simplement, et pleurent autant d’émotion à l’écoute d’une ode à l’amour que d’un chant sacré. Cette atmosphère chaleureuse est si puissamment
présente entre ses pages que l’on hésite à nuancer le jugement porté sur le livre. Cependant, c’est cette fougue même qui perd un peu le lecteur en chemin, entre la millième histoire dans l’histoire (dont celle de Khalil Gibran, le «Prophète» et néanmoins voisin), les détails traditionnels pourtant exotiques en diable, et les personnages hauts en couleur que l’on suit sur près de soixante-dix ans. Un imbroglio narratif qui demande une grande attention, quand on aimerait se laisser glisser dans le récit. GAËLLE CLOAREC
Le royaume de cette terre Hoda Barakat Actes Sud, 22,50 €
Du rouge au noir Le Duce irrigue toute l’histoire, la «grande» et la «petite», et le livre aussi. Dans un torrent impétueux, Antonio Pennacchi jette à la face du lecteur de Canal Mussolini 509 pages de souvenirs, d’anecdotes, de faits historiques, de combats syndicaux et politiques, de guerres en Europe et en Afrique. Et de sentiments jamais tièdes car ce sont ceux de la tribu Peruzzi : dix-sept frères et sœurs aux destins inextricablement mêlés à la figure italienne, rouge un temps, funestement noire très vite… De l’extrême gauche à l’extrême droite, l’auteur remonte le temps dans des va-et-vient déstructurés, brosse le portrait réaliste de ses oncles et tantes jusque dans leurs déterminations et leurs errements, leurs espoirs et leurs renoncements. Plus largement, il peint l’histoire de la paysannerie italienne contrainte à l’exode dans l’Agro pontin, cette «terre promise, loin de la plaine du Pô, d’où on nous avait chassés en nous volant tout, nos bêtes et les réserves que nous avions constituées au fil d’années de labeur». L’épopée littéraire est étourdis-
sante car l’écriture est sinueuse, les dialogues répétitifs, le ton familier, voire racoleur quand, pour redonner vie à ses aïeux, Antonio Pennacchi s’invente un interlocuteur auquel il assène de multiples «pardon, que dites-vous ?» et «ne m’interrompez pas !». La verve truculente nous emporte dans un tourbillon dont on aimerait, parfois, qu’il perde un peu de sa force. Mais la vie des Peruzzi, collée aux semelles du Duce, méritait bien cette fresque car le livre, écrit l’auteur, est «la raison pour laquelle je suis venu au monde». M.G-G.
Canal Mussolini Antonio Pennacchi Liana Levi, 23 € L’ouvrage était sélectionné pour le Prix des lecteurs du Var à la Fête du livre de Toulon
L’ouvrage recevra le Prix des lecteurs du Var à la Fête du livre de Toulon le 16 novembre à 15h en présence de l’auteur et du Président du jury, Malek Chebel. Une discussion avec Sayed Kashua, suivie d’une lecture par Clémentine Célarié, est organisée le 17 novembre à 17h.
72 LIVRES ÉCRITURES CROISÉES | CENTRE ÉGYPTIEN
La tâche de la littérature,
c’est le droit des nuances
Par le titre de la Fête du Livre de cette année, Bruits du monde, Annie Terrier conviait les écrivains invités à partager une réflexion sur leur place dans le monde aujourd’hui. Après avoir rappelé que «la littérature anime la conscience de l’humanité», elle citait Salman Rushdie qui lors d’une précédente édition affirmait : «la vérité est extrême, il faut toujours prendre parti», d’où l’urgence de faire entendre les voix de personnes qui «ont toutes su choisir leur camp sans que leurs œuvres résonnent comme des pamphlets péremptoires». Dédiée à Carlos Fuentes dont la présence nous avait comblés l’an dernier, cette édition réunissait une palette d’une exceptionnelle qualité. Au cours des tables rondes, comme des entretiens plus personnels, chaque auteur s’est livré. L’écriture, un moyen de comprendre le monde, un moyen de résister à toutes les dictatures ? «Je ne connais aucune langue étrangère, sourit Yan Lianke. En raison de cette incapacité, je ne peux entendre les bruits du monde, seulement ceux de mon cœur, mais quand j’entends les bruits de mon village, j’entends les bruits du monde entier. Quand j’ai parlé de mon village, j’ai parlé du monde.» (voir chronique p. 70) David Grossman réplique que les problèmes autour du langage, de la relation avec le pouvoir sont les mêmes partout : «Le monde essaie de manipuler, forger, dévoyer le langage de celui qui décrit les évènements… Une grande part des bruits du monde est créée par les médias de masse qui nous lavent le cerveau en permanence : le média de masse fait que les hommes deviennent des masses, par sa vulgarité, sa sentimentalité malsaine, ses clichés. La tâche de la littérature c’est le droit des nuances, contre ces médias. Nous essayons d’écrire de l’intérieur des autres. Écrivain, je veux décoder les autres, les comprendre, être envahi par eux. L’une de mes tâches est de trouver le mot juste. Je tente de rester naïf dans un monde cynique. Naïveté marquée par des écorchures. Si je laisse la situation autour de moi me vider de cette naïveté, j’aurai perdu la guerre.»
FDL 2012, David Grossman, Juan Goytisolo, Antoine Volodine, Peter Esterhazy © Patrick Bédrines
justement elle qui empêche les gens de savoir lire ? Péter Esterházy avec humour raconte : «J’ai vécu 40 ans dans une dictature totalitaire, je n’ai pas eu l’expérience du bruit mais du silence. Je n’ai pas eu la chance de l’exil.» Selon Antoine Volodine, «un écrivain doit, pour écrire, s’abstraire des bruits du monde, s’enfermer dans une cellule pour échapper à l’entourage, souvent tragique, de notre planète. Alors, ce monde présent, souffrant, au seuil de cette catastrophe de l’humanité qui va toujours vers le pire, se retrouve dans l’écriture, transformée par la brume onirique de la création, le post exotisme.»
FDL 2012 © Patrick Bedrines
Pour Juan Goytisolo, l’expérience d’une dictature vous fait vivre toutes les dictatures. L’exil politique permet au moins de regarder son pays à la lumière d’autres pays, sa langue, à la lumière d’autres langues. La dictature du marché est plus pernicieuse. N’est-ce pas
Depuis son installation en France il y a une dizaine d’années, Tamer Shabana a une idée en tête. «Quand je suis arrivé ici, je me suis trouvé face à certaines difficultés. J’avais besoin de conseils, de guides. Le projet est né comme ça.» Une révolution plus tard, le Centre culturel égyptien a ouvert ses portes, au centre de Marseille. Baptisée Nour d’Égypte, l’association se veut un lieu d’échanges et de rencontres plutôt qu’un repaire pour ressortissants égyptiens ! «Le principe est de faire découvrir notre culture et de s’ouvrir à celles des autres», précise le président du centre. Une aventure qui n’aurait pas eu la même saveur sans le Printemps arabe. «Avant, nous aurions automatiquement demandé l’accord du consulat d’Égypte,
ce qui nous mettait d’office sous son influence. Aujourd’hui, nous sommes totalement indépendants», se réjouit Tamer Shabana. Cours d’arabe, de français langue étrangère, de cuisine traditionnelle, expositions, projections, débats, concerts… Et bientôt, des séjours chez l’habitant. Les propositions du centre sont nombreuses et toujours dans l’esprit d’une mise en partage des cultures et des modes de vie. THOMAS DALICANTE
Nour d’Égypte, Centre culturel égyptien 10 rue Bernex, Marseille 1e 09 80 63 06 56 www.nourdegypte.com
Centre culturel Nour d'Egypte © Salome Von Ow
Le Nil à deux pas
Capter les bruits actuels, une responsabilité de l’écrivain ? Lianke : Mon but ultime est de faire connaître au lecteur étranger la Chine la plus véritable. C’est sans doute pour cela que mes romans ne sont pas très appréciés dans mon pays. Grossman : Les échos de l’histoire dictent notre futur. Écrire en hébreu, belle endormie de plus de 4 000 ans, c’est s’inscrire dans une chaîne, redonner vie à des mythes, mais aussi s’en libérer, créer de nouvelles histoires, de nouveaux mythes.
L’ATTRAPE MOT Esterházy : En période de dictature, manquer de sérieux est une attitude constructive. J’ai donc essayé de devenir un Don Quichotte contre les moulins à vent du sérieux. La dictature est un monde bipolaire. Le problème stylistique est de trouver sa place dans ce nouvel ordre du sérieux et de la pitrerie. La disparition de la dictature a-t-elle modifié les conditions de lecture, et l’écriture aussi ? Esterházy : Quand la dictature disparaît, ceux qui cherchaient la liberté dans les écrits la retrouvent dans la presse. 89 a été un grand changement. Tous les livres qui avaient été écrits uniquement en opposition à la dictature sont morts. Mais mon opposition politique était une critique d’ordre linguistique ; je n’avais pas à la modifier après 89. Mon travail se fonde principalement sur la langue. Je vous parle de la littérature comme un maçon, je sais comment placer les briques, quel mortier utiliser. Grossman : L’écriture utilitaire ne m’intéresse pas. Mais le style, la surabondance d’adjectifs, la dimension sensuelle et concrète du langage. Volodine : Je tente de créer des espaces de fiction qui ne peuvent être reconnus comme appartenant à telle ou telle nation. Je soigne autant que possible ma langue comme une langue de traduction. Je n’appartiens à aucun pays, mais à la gent humaine qui ne se cache pas derrière ces chiffons colorés que l’on appelle drapeaux. C’est grâce à la littérature que je peux faire de la terre chinoise ma terre. Ma littérature se réclame du cosmopolitisme, de l’internationalisme. Dans mes livres, pas de référent à quelque culture déterminée que ce soit, ma position idéologique cherche à rompre avec l’affirmation identitaire guerrière, contre le capitalisme, pour établir une société égalitaire, intelligente et fraternelle. Décidément, les écritures se croisent et dessinent le monde, pour des journées de rencontres inestimables ! MARYVONNE COLOMBANI
Rencontres animées par Pierre Meudal, Pierre Haski, Philippe Delaroche du 18 au 21 octobre à la Cité du Livre, Aix
L’art du renouveau
Écritures croisées © Patrick Bedrines
Les Écritures croisées, dans la foulée des Bruits du monde, invitaient quatre jeunes auteurs coréens qui renouvellent une certaine vision de la littérature coréenne. Après un siècle douloureux d’histoire où les écrivains s’y sentaient dépossédés, orphelins de leur histoire, la «nouvelle vague» est influencée par les thématiques modernes et mondiales: dans ces romans il est question d’urbanisation, de violence, des relations de couple, avec les enfants, avec les autres, difficultés matérielles, du chômage… Les auteurs présents se plient à tour de
rôle au questionnement de Jean-Claude de Crescenzo, maître de conférence à l’Université d’Aix-Marseille, responsable des écritures coréennes et chercheur à l’Institut de Recherche sur l’Asie (Irasia). Kim Aeran conjugue situations tragiques et humour débridé. Elle s’intéresse dans ses œuvres au délitement de la famille (une institution en Corée, qui s’effrite depuis une trentaine d’années). Selon elle, «l’humour met à distance la souffrance», tandis que Pyun Hye-young affectionne une écriture sombre et glauque inspirée par la pandémie du SRAS
LIVRES
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ou le tremblement de terre au Japon. Kim Jung Hyuk s’attache à la remise en cause de toutes les normes imposées aux individus dans un monde corseté, de plus en plus utilitariste. Han Yu-joo, invitée par l’université d’Aix-Marseille, en résidence de septembre à décembre dans le cadre du LIT Korea1, explore les limites du langage, construisant une réflexion sur l’écriture à l’intérieur de l’histoire. Les traductions d’un trait rythment les interventions et les lectures qui permettent au public composé d’un grand nombre d’étudiants en Coréen, de s’imprégner de la musicalité de la langue. Du coréen au français et réciproquement… l’entreprise est ardue, il n’y a que trois temps en coréen, il faut repenser sa propre langue et son appréhension temporelle du monde pour comprendre cette littérature, qui ouvre un champ tout à fait passionnant. MARYVONNE COLOMBANI 1
LIT Korea : Literature Translation Institute of Korea Cette rencontre a eu lieu le 25 octobre à Aix, Cité du livre, dans le cadre des Écritures croisées
Au plaisir des mots Les 10 ans d’une librairie, ça se fête. Surtout quand ces 10 années ont tissé des liens solides entre une libraire et ses clients-lecteurs, devenus au fil des ans de véritables amis. À L’Attrape-mots, on vient certes pour acheter des livres ; on vient aussi pour discuter, chercher un avis, donner le sien. Les membres du comité de lecture y sont assidus. Agnès Gateff a voulu célébrer tout cela. Tout ce qui fait que son lieu n’est pas seulement, loin s’en faut, une boutique ; et que son métier reste une passion, la passion de transmettre, de partager. Bien avant la date anniversaire, la libraire avait demandé à ses lecteurs de choisir les 10 romans qui les avaient marqués durant la décennie écoulée. Dans la sélection, Murakami et son Kafka sur le rivage, Boyden et son Chemin des âmes, Claudie Gallay, Carole Martinez et Carlos Ruiz Zafon… Les deux soirées de fête se sont donc écoulées au rythme des lectures d’extraits des 10 livres plébiscités. Des lectures courtes, par la pétillante Corinne Esparron, comme autant de clins d’œil à des plaisirs de lecture, et d’invitations à y revenir. Dans une ambiance gourmande de mots comme de mets. FRED ROBERT
Les 10 ans de L’Attrape-Mots ont été fêtés les 19 et 20 octobre à la librairie
Corinne Esparon lectrice de l'Association Tac au Tac en pleine lecture de L'ombre du vent de Carlos Luis Zafon © Manon Pineau
74 CONFÉRENCES MUCEM | NUMÉRIQUE
Nos trinités
Une conférence pour présenter le MuCEM Après les mardis du MuCEM qui pendant deux ans ont abordé les problématiques diverses qui traverseront les expositions temporaires et la programmation artistique, Zeev Gourarier, Conservateur général du patrimoine, Directeur scientifique et culturel, venait enfin présenter au public le cœur du projet. Car parcourir la galerie permanente du MuCEM ne reviendra pas à voir défiler des objets, si précieux, rares et beaux soient-ils, mais à entrer dans une véritable vision du monde. Méditerranéen, et au-delà. Quelles sont les spécificités du monde méditerranéen, de ce bassin de civilisation ? Il a «inventé» les dieux, comme les asiatiques et les amérindiens, en même temps que l’agriculture : domestiquer la nature semble par analogie donner l’idée à l’homme que quelqu’un le domine. Mais les méditerranéens ont aussi, contrairement aux autres bassins de civilisation, «inventé» les monothéismes. Zeev Gourarier l’affirme très simplement, mine de rien, en décrivant les cheminements qu’il a conçus. Le premier parcours de la galerie permanente intitulé Naissance des dieux et invention de l’agriculture affirme sous son titre nietzschéen que l’idée de Dieu a un commencement, et que donc un jour, avant le néolithique où l’homme apprit à élever et cultiver, Dieu n’existait pas.
Le second parcours, Jérusalem, une ville, trois révélations, s’attache aux trois monothéismes, pour afficher la similitude de leurs rites, de leurs objets, des lieux sacrés, non dans une démarche œcuménique, mais pour démontrer leur filiation, qui les définit comme forcément humaines. Le MuCEM, seul musée d’État en «province», a donc bien un dessein unique, très ambitieux intellectuellement, doucement instillé. Sans doute trop modestement encore : pour sa première conférence Zeev Gourarier était accompagné par Adeline Rispal, architecte et scénographe, qui expliquait la muséo-
Maquette du Saint-Sepulcre de Jerusalem,Israel-Palestine XVIIe siecle, Galerie de la Mediterranee Des Dieux, des Hommes et des Voyages © MuCEM, Chistophe Fouin
graphie des parcours, ses fenêtres vidéos ouvertes sur le monde… Interventions un peu décalées, pour qui percevait
l’enjeu réel, intellectuel, du musée. Reste à espérer que celui-ci sera lisible pour le visiteur ! AGNÈS FRESCHEL
Le MuCEM est à l’Alhambra pour :
Cette Rencontre de l’Autre Rive a eu lieu le 25 octobre à la Criée
un ciné-concert, Les Aventures du prince Ahmed de Lotte Reiniger, musique de Khoury Project, le 30 nov à 18h et 20h30, un studio photo mobile, avec Paul Ladouce qui fait votre portrait avec un objet que vous choisissez le 1er déc de 14h à 17h, la présentation publique du MuCEM par Bruno Suzzarelli et Thierry Fabre le 1er déc à 16h, l’avant-première du documentaire Dans un jardin je suis entré, d’Avi Mograbi, suivie d’un débat avec le réalisateur le 1er déc à 20h.
À venir Le 20 déc à 18h30, à la Criée, Zeev Gourarier présentera les deux autres parcours de la galerie permanente, qui signent également des spécificités du monde méditerranéen : L’invention du citoyen et le développement de la démocratie, et Les découvertes. La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Musée dans la Cité 04 91 46 02 83 L’Alhambra, Marseille 16e www.alhambracine.com www.mucem.org
Tolstoy’s netbook © Gaelle Cloarec
Dominique Lacroix, analyste des réseaux et blogueuse, a clos le cycle 2012 de l’ADBSPACA1 à l’Alcazar, dont le thème était le suivant : L’Internet change-t-il l’organisation du monde ? Sa conférence portait sur la guerre et la paix à l’ère numérique ; une lutte pour le pouvoir sous une forme feutrée, mais qui pour être peu télégénique n’en est pas moins brutale et décisive. Celle des conflits «qui ne se déclarent pas», où «celui qui prend l’initiative a l’avantage, même s’il est beaucoup plus petit que son adversaire». Où les géants privés du web négocient directement avec les États, orientent les protocoles informatiques à leur avantage, plient les sciences cognitives au neuromarketing, percent les trous noirs de la finance. Une bataille des langues aussi, et de l’écriture : le code est loi (il crée des obligations, des normes...), mais pourquoi serait-il anglophone ? Sous-jacente, la question cruciale de l’inflation monstrueuse des données, avec ses corollaires : qui a accès à quoi, qui contrôle le nuage2 ? Pour Dominique
lobbys qui prétendent régir le monde. GAËLLE CLOAREC 1
Association des Professionnels de l’Information et de la Documentation 2 Cloud computing : accès via le réseau à des ressources informatiques virtualisées et mutualisées Une bibliographie est mise à la disposition de ceux qui voudraient approfondir le sujet sur le site de la BMVR (Département Références). À venir : le prochain cycle de conférences de l’ADBS s’intitulera (pour 2013) L’information : une nouvelle culture ?
Lacroix, «on parle beaucoup de surveillance sécuritaire, moins de la sous-veillance, celle qu’exercent les citoyens qui se regroupent pour mettre leurs données en ligne et dénoncer les dérives des autorités.» Elle y voit l’apparition d’une société civile à l’échelle mondiale, ren-
due possible par le réseau, stimulée par la curiosité des hackers. D’une «démocratie liquide» (horizontale, directe) peut-être pas encore prête à se doter de dispositifs de régulation, mais en tous cas consciente de l’interdépendance des hommes, et absolument réfractaire aux
Sur un thème approchant, la 2ème Table Ronde des Rencontres d’Averroès : Entre renaissance citoyenne et transparence politique. Révolution numérique ou contrôle des libertés ? Le 24 novembre au Parc Chanot.
POP PHILOSOPHIE | GYPTIS
CONFÉRENCES
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Que
philosopher,
c’est apprendre
à mourir
1
La culture populaire contemporaine allait-elle être un bain de jouvence pour la vénérable philosophie ? On s’est rendu aux conférences de la Semaine de la Pop philosophie avec une certaine curiosité, en accordant le bénéfice de l’originalité aux intervenants : cela pouvait s’avérer intéressant de parler football à Marseille un peu différemment, en prenant les mots «faute», «action» et «but» par l’autre bout de la lorgnette. Ou d’analyser le système politique en vigueur chez les Schtroumpfs, menacés par un sorcier au nez crochu, et son chat Azraël. Une conférence qui travaillait sur un ton amusé la notion «d’archétype d’utopie totalitaire» dans ce pseudo monde avec une seule femme (bécasse), un homo (coquet) et un vieux chef qui ressemble à Marx. Mais, au-delà de ces analyses plus langagières que philosophiques, on demeure sceptique. Qu’allait-elle donc faire dans cette galère, la philosophie ? S’encanailler avec les pauvres ? Même pas. Il suffisait d’être présent le 23 octobre dans l’amphi Jourdan de la faculté d’économie, sur
la Canebière, pour constater que le thème de l’entreprise ne serait pas le plus subversif. Le projet Socrate auquel appartiennent les deux orateurs «propose au monde du travail les ressources de la philosophie pour améliorer ses capacités prospectives, relationnelles et productives». Manifestement, son objectif est plus mercantile que destiné à faire avancer la science. Ça commence mal, mais ils préviennent l’auditoire : «On va parfois vous perdre, ne vous inquiétez pas, on va vous rattraper.» Sauf qu’on se retrouve une heure plus tard, déconfit et noyé sous les phrases absconses ; quel dommage, dans une ville qui bénéficie d’un public exceptionnel pour les conférences ! Heureusement, il y a Harry Potter. À l’Alcazar le lendemain, la salle est comble, et la jeune femme au micro s’exprime clairement, ponctuant son propos d’extraits de films à la grande satisfaction des jeunes, venus pour certains en chapeaux pointus. Des stoïciens à Descartes, elle illustre les points étonnamment nombreux sur lesquels on peut trouver une résonance philoso-
© Gaelle Cloarec
phique dans les pages du livre de JK Rowling. Le sage se concentre sur ce qui dépend de lui, la vie de l’homme vertueux est-elle préférable à celle de l’homme injuste ? Des deux personnages principaux de la saga, Voldemor et Harry, l’un accepte la finitude, l’autre non, et il est prêt à toutes les compromissions pour y échapper... or «il y a dans le monde des vivants des choses bien pires que la mort». On rejoint Hölderlin : qui ne veut pas souffrir se condamne à ne pas vivre. C’est aussi le point soulevé par le sociologue Patrick Pharo lors de son intervention consacrée à la drogue, le 26 octobre à la Maison de la Région : la recherche de plaisir éternel des consommateurs, dans laquelle on peut voir le reflet de nos régressions infantiles,
n’aboutit qu’à la non-vie du toxicomane. Or, notre société marchande favorise les addictions de masse : tabac, alcool, sexe, nourriture, médicaments... tout s’achète et tout se vend dans une tentation perpétuelle, jusqu’à la nausée. Certes. Mais alors, au fond, ne serait-il pas plaisant de vivre dans un monde où quels que soient ses objets la philosophie continue à créer des concepts, et qu’on ne l’ingurgite pas comme on consomme un bol de popcorn ? GAËLLE CLOAREC
La Semaine de la Pop philosophie a eu lieu du 22 au 27 octobre à Marseille 1
Montaigne, Les Essais, chapitre XIX
Psychanalyse et journal d’un fou Roland Gori © Isabelle Levy-Lehmann
Le théâtre Gyptis accueille l’adaptation par Andonis Vouyoucas du Journal d’un fou, de Gogol, du 20 au 24 nov (voir p. 30). La dernière représentation sera aussi l’occasion d’une rencontre avec Roland Gori, professeur émérite de psychopathologie clinique à l’Université d’Aix-Marseille, et auteur du fameux De quoi la psychanalyse est-elle le nom ? publié chez Denoël en 2010. Deux ans auparavant, c’est avec un autre psychanalyste, Stefan Chedri, qu’il lance l’Appel des Appels. En plein mandat Sarkozy (période bling-bling et réformes pied au plancher) «professionnels du soin, du travail social, de l’éducation, de la justice, de l’informaion et de la culture» clament qu’«à l’Université, à l’École, dans les services de soins et de travail social, dans les milieux de la justice, de l’information et de la culture, la souffrance sociale ne cesse de s’accroître», et qu’ils ne laisseront pas les choses évoluer vers le pire sans se battre. Aujourd’hui, sous un nouveau gouvernement qui peine à freiner les dérives initiées par son prédécesseur,
le collectif (avec plus de 86 000 signatures enregistrées) poursuit sa dénonciation : l’hôpital-entreprise, l’université-entreprise sont toujours soumis à un impératif de rentabilité destructeur du lien social. En tant que psychanalyste, Roland Gori soutient que la culture est ce qui donne au sujet la capacité de se construire, et non ce qui lui permet de s’adapter à un pouvoir normatif. À l’approche de 2013, il sera intéressant de le questionner plus avant sur ces thématiques. Le 24 nov, des extraits de ses œuvres seront lus (notamment certains passages de La Dignité de penser, parue aux éditions Les Liens qui Libèrent), ainsi que des textes de Nietzsche, René Char et Pasolini. Un débat s’ensuivra. GAËLLE CLOAREC
Roland Gori au théâtre Gyptis le 24 novembre à 17h, avant la représentation du Journal d’un fou qui débutera à 20h30
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SCIENCES
FÊTE DE LA SCIENCE | AGENDA
Village Marseille, Immersion dans une realite virtuelle sur le stand de l'Institut des Sciences du Mouvement © Les Petits Debrouillards PACA
Village Marseille, Extraction d'ADN sur le stand de l'nserm © Les Petits Debrouillards PACA
Faites des sciences ! (mais vivez d’autre chose)
21 ans que ça dure, et l’engouement est toujours au rendez-vous de ces manifestations ouvertes à tous, au cours desquelles des scientifiques se plient à l’exercice difficile d’expliquer en toute simplicité leurs découvertes récentes et leurs passionnants objets d’étude. Les nombreux curieux n’ont pas regretté le déplacement au village des sciences de Marseille : du boson de Higgs à l’extraction d’ADN de banane, en passant par les phénomènes hors équilibres, la cristallisation d’une enzyme ou les dernières découvertes archéologiques, tous les thèmes trouvaient un interlocuteur ! Le beau temps était au rendez-vous pour la traditionnelle «enquête» confiée à des Sherlock en herbe, sur les traces d’un criminel dans le parc du palais Longchamp. Serge Haroche, récent prix Nobel de physique et fervent défenseur de la recherche fondamentale, «basée sur la curiosité pure», trouverait certainement des motifs de satisfaction à observer ce foisonnement de questions, cette soif de comprendre chez les jeunes et les moins jeunes. Pourtant, la désaffection pour les études scientifiques à l’Université est un fait avéré, particulièrement en physique-chimie, suscitant des débats récurrents sur la crise des sciences. Au dire de beaucoup d’experts mandatés par les politiques, «la désaffection des élèves et des étudiants vis-à-vis des filières scientifiques est préoccupante pour nos entreprises et notre compétitivité au plan international.» Si désaffection pour la science il y a, elle ne touche jusqu’à présent pas l’enseignement secondaire. Pourtant, si les bacheliers scientifiques sont aussi nombreux qu’autrefois, ils confirment de moins en moins leur choix pour les sciences quand ils entrent dans l’enseignement supérieur. Pour comprendre cet apparent paradoxe, peut-être ne faut-il plus considérer la question sous l’angle unique du désamour présumé, de la «crise de foi», comme l’encourage la rhétorique de la «désaffection», mais plutôt prendre en considération celui des débouchés. Là, les choses sont sans équivoque : la désaffection tient plus de la pénurie de postes qu’à celle de candidats, y compris pour le renouvellement des enseignants de sciences. Les recrutements
de l’Éducation Nationale dans le supérieur concernaient en 2005 moins de 10% des candidats docteurs «qualifiés». Même constat pour les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST). Dès lors, comment mobiliser l’énergie des étudiants si cet effort n’est pas récompensé par une insertion professionnelle en adéquation avec leur formation universitaire ? La pénurie de scientifiques se profile (et c’est un vrai sujet d’inquiétude), mais elle n’est pas due à une crise des vocations. La production actuelle de futurs chercheurs et enseignants en France est en complet décalage avec les objectifs fixés par l’UE à Lisbonne en 2000, qui préconisait d’augmenter les
GAP Le 7 déc à 18h, conférence Cas d’eau : Vers des guerres d’eau ? avec un intervenant surprise. Et le 16 nov à 18 h, conférence de Michel Drain, géographe : Les usages de l’eau : pénurie, gaspillage ? Le Royal (rue Pasteur). Gap Sciences Animation 04 92 53 92 70
MARSEILLE Journée portes ouvertes «Sciences et création d’entreprises» le 29 nov à partir de 11h. Incubateur Impulse, Technopole de Château-Gombert 04 91 10 01 45
Les Jeudis du CNRS : André Cartapanis, du Groupe de recherche en droit, économie et gestion : La crise de la zone euro : conséquence d’un défaut de conception ou sanction d’une série d’erreurs de politique économique ? Le 6 déc à 18h, salle de conférence Pierre Desnuelle, CNRS, 31 chemin Joseph Aiguier, 13009. www.provence-corse.cnrs.fr
dépenses de R&D jusqu’à 3% du PIB à l’horizon 2010, ce qui impliquait d’accroître fortement le recrutement public et privé ; or ces dépenses représentaient à peine 2,2% du PIB en France en 2011… Pour reprendre les propos de Serge Haroche, «la recherche est une marque de culture et de civilisation aussi noble que l’art.» Nos décideurs devraient méditer ces propos, que les milliers de participants à la Fête de la Science avaient visiblement bien intégrés ! CHRISTINE MONTIXI
La 21e édition de la Fête de la Science s’est déroulée du 10 au 14 octobre
Conférence Galaxies et pépinières d’étoiles à travers l’Univers, par Médéric Boquien, chercheur au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille. Le 7 déc à 20h30. Ancien Observatoire de Marseille (Boulevard Cassini, entrée place Rafer, 13004). Association Andromède 04 13 55 21 55
Le 8 déc à 16h, BMVR Alcazar : conférence Mexico ou la course folle à l’habitat social, par Catherine Paquette, urbaniste. Dans le cadre du cycle Villes du Sud. www.bmvr.marseille.fr
SERIGNAN-DU-COMTAT Les Léonides ou la nuit des étoiles filantes et des constellations du ciel d’automne par l’association Pesco Luno : le 17 nov à 20h. Le Naturoptère Chemin du Grès 04 90 30 33 20
TOULON Les Jeudis du Centre Archéologique du Var : conférence de Jean-Marie Gassend, directeur de l’IRAA : «Pythéas et ses trois découvertes fondamentales». Le 15 nov à 17h30. http://centrearcheologiqueduvar.over-blog.com/
78 HORIZON LIMOGES
À l’ouest, du nouveau Une troisième édition consacre l’intérêt de la manifestation qui unit cinq régions sous l’égide de la culture, les Rencontres 100% à l’Ouest L’aventure débute en 2010 avec les régions Bretagne, Limousin, Pays de la Loire et Poitou-Charentes, la région Centre rejoignant l’opération l’an dernier. Le principe est simple et efficace : après sélection sur dossier par des comités techniques indépendants, trois équipes artistiques par région sont retenues sur des critères communs aux cinq régions. Les projets ne sont pas des formes achevées, et leur création aura lieu au plus tôt en février 2013. Les univers de chaque compagnie, les formats proposés varient, de même que les esthétiques, les genres, les formes. Les quinze spectacles sont présentés lors des Rencontres 100% à l’Ouest, en expliquant la démarche et donnant des extraits, durant une vingtaine de minutes suivies d’un court échange avec la salle. Le but ? Permettre aux troupes de solliciter des aides, sous forme de résidences, d’appel à artistes pour compléter une production, de pré-achats voire de coproduction des diffuseurs, de lieux de stockage pour les décors, d’aide technique… L’enjeu est de taille : le public de ces rencontres est composé de programmateurs (115 cette année), de représentants d’institutions et de compagnies (102), la majorité provenant des 5 régions, mais d’autres venus d’Auvergne, de Basse-Normandie, de Seine-et-Marne, de la Marne, des Charentes-Maritimes, de la Dordogne et Périgord (en forte délégation, proximité géographique oblige), et même de la Réunion ! Une véritable mine de contacts pour les artistes… Entre les compagnies, les échanges sont fructueux, on confronte les pratiques, les expériences, et naissent des envies de créations nouvelles. Un esprit avignonnais plane, les programmateurs font leurs courses, même si les spectacles ne sont pas aboutis. Et la mutualisation des ressources et des
territoires ouvre un champ plus vaste aux troupes régionales. Jean-Paul Denanot, le Président de la Région Limousin qui accueille cette année la manifestation, se félicite de «cet esprit coopératif au sens large, interrégional» et rappelle que «plus que la loi, ce sont les hommes qui font la coopération». Véronique Chauvois, directrice du service culture de la Région Limousin insiste : «Les équipes artistiques doivent être vues et vendre, même avec un ancrage régional, surtout lorsque la région est petite. Il faut que les conditions de production soient les meilleures
régions cherchent par des manifestations communes à valoriser et irriguer leurs territoires, aidées par plusieurs structures : l’Agence Régionale du Spectacle Vivant en Poitou-Charentes qui est à l’initiative des Rencontres à L’Ouest, l’Agence du Spectacle Vivant en Bretagne, le Forum des arts vivants en Pays de Loire, l’Agence de Valorisation Culturelle et Économique du Limousin (l’AVEC). Cette dernière, cheville ouvrière de la fête apporte son dynamisme éclairé. Et quelle fête ! Située dans un lieu hau-
© MC
possibles si l’on veut que la création existe.» De nombreux dispositifs coopératifs existent dans ces régions : la Dynamique des arts vivants en Massif Central, rencontres professionnelles entre Auvergne, Limousin et Languedoc Roussillon, ou Stationnement(s) autorisé(s), soutenu par les Régions Centre, Pays de la Loire et PoitouCharentes. Ou encore Premières lignes, piloté par la scène conventionnée de l’agglomération de Dreux. Les
tement symbolique, le Théâtre de l’Union : construit entre 1910 et 1911, à l’origine salle de réunion syndicale de la coopérative ouvrière des porcelainiers, il accueillait aussi des représentations cinématographiques et des spectacles… 6 000 places debout ! Aujourd’hui, 360 places assises pour le Centre dramatique national, labellisé en 2002 Patrimoine du XXe. Pierre Pradinas, son actuel directeur se réjouit de la dynamique insufflée par les Rencontres, rappelle que le Théâtre de l’Union
fut le deuxième cinéma après le Rex à Paris, comprenait une bibliothèque et faisait du music-hall et des meetings politiques ! Limoges était alors nommée la Rome du Socialisme…
Les spectacles Les 15 compagnies présentaient sur deux jours leurs projets, et le spectacle du coup de cœur de l’an dernier, Un ennemi du peuple d’Ibsen par la compagnie Fidèle Idée. On reste étonné par la force des travaux présentés, toujours motivés par un propos et clairs sur leurs enjeux esthétiques. Originalité de La place du chien par la compagnie Lumière d’Août (sitcom canin et postcolonial) ; allégorie de la danse hip hop avec Drafters-Les courants d’air ; approche subtile de Roberto Zucco de Koltès par la compagnie L’abadis ; une réflexion sur les archétypes et l’apport dramaturgique du jeu des marionnettes avec 2h14 par le Bruit du Frigo ; une étonnante vielle à roue électroacoustique de Gilles Chabenat avec le Maxiphone Collectif, pour un jazz ingénieux qui cultive l’improvisation ; un travail intéressant de paléographie musicale avec l’Ensemble Beatus ; un détournement poétique des objets du quotidien dans un spectacle cocasse et déjanté par L’insolite Cie (Degrés) ; la poésie de J’ai tant aimé ce monde de Ramuz en une forme croisée, théâtre, musique, vidéo, par le Théâtre Bleu et Marmouzic… Le catalogue est beau, plein de promesses. Les retombées en termes de contrats signés ? «Il est difficile après seulement deux éditions d’avoir du recul sur la circulation territoriale des compagnies. Néanmoins, à court terme, elles élargissent leurs réseaux de diffusion et de partenaires par le contact direct avec les professionnels. Pour ces derniers, les RAO sont également un lieu de discussions sur les projets artistiques des différentes compagnies», explique Camille d’Angelo, chargée de mission Théâtre/Danse pour la région Centre. Forte de ces principes, cette région, dont 4,5% du budget est consacré à la culture (3% en Paca), prend le relais l’an prochain. Un rendez-vous à ne pas manquer ! MARYVONNE COLOMBANI
Les Rencontres 100% à L’Ouest ont eu lieu les 22 et 23 octobre au Théâtre de l’Union, Limoges