Zibeline n°61

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un gratuit qui se lit

N째61 - du 13/03/13 au 10/04/13



Tiens, pas de femmes ce soir… La rédaction a décidé d’apposer un logo sur ses articles annonçant ou rendant compte de spectacles, conférences, programmations, événements ou concerts sans femmes. Ou à femmes très minoritaires et assignées à des tâches «féminines» dans un groupe d’hommes (costumière, scripte, modératrice, chanteuse). Il ne s’agit pas d’accuser les programmateurs, qui souvent ne font que refléter une situation professionnelle qu’ils ne créent pas, mais de porter le regard sur un état de fait, pour le rendre visible afin de contribuer à le changer. Car il est évident qu’il est plus difficile, à cause d’une longue histoire de domination masculine, de trouver des auteures, des compositrices, voire des personnages féminins que des héros mâles. Nous ne voulons stigmatiser aucune manifestation, et pouvons recommander un spectacle, ou un concert, une table ronde, sans femme. Il est évident qu’il faut continuer à monter les textes dont les femmes sont absentes ! Mais ce logo peut inciter les auteurs à écrire plus de rôles de femmes ; les metteurs en scène à choisir aussi des femmes pour les rôles neutres ; les organisateurs de colloques à donner la parole aux expertes. Et les femmes à s’emparer de la parole, à ne pas jouer à la petite chose fragile et sensuelle pour pouvoir monter sur scène, et à affirmer leur importance plus d’un jour par an. Car nous savons aussi que les femmes participent généralement à leur propre domination en ayant du mal à sortir des stéréotypes «féminins» et de la servitude de la séduction. Mais si nous voulons que cela change et que nos filles, qui sont très largement majoritaires dans les écoles d’art, puissent avoir les mêmes chances que nos garçons de jouer de la musique, devenir comédiennes, auteures, plasticiennes, cinéastes, conférencières… il faut adopter un comportement volontariste, qui consiste à déciller les regards sur l’incroyable inégalité qui règne dans le milieu culturel. Car VOIR cette inégalité pourtant flagrante n’est pas évident pour tous ! On nous répond souvent, quand nous parlons de domination masculine dans le monde culturel, qu’il y a beaucoup de femmes directrices en Région PACA. Ce qui est vrai, même si elles ne sont pas majoritaires du tout, mais simplement moins minoritaires qu’ailleurs, et en général co-directrices. Mais cette présence relative des femmes à la direction des établissements culturels ne change en rien l’effroyable déséquilibre de la représentation des femmes sur les scènes ! Or c’est à travers les représentations que les identités culturelles se construisent. Si nous voulons que les femmes ne soient pas renvoyées à des stéréotypes, ou dans le néant de la non-représentation, il faut au moins pouvoir noter, calmement, sur le long terme, quand elles ne sont pas là… Ce que nous allons nous employer à faire ! AGNÈS FRESCHEL

Politique culturelle La Provence et les débats autour de Tapie

4, 5

Événements Hessel et le nucléaire, Guetta vs Dujardin Hommage à Wladyslaw Znorko Ouverture du Frac, entretien avec Pascal Neveu Les Vents du Levant, Musiques sacrées du monde

6 7 8 9

Marseille-Provence 2013 Atelier du Large au J1, Latcho Divano Balades commentées à Marseille Le Souk des Sciences, H2O, Pavillon M Musée Cantini, Le Frac à la Valette Scènes de printemps Festival de Pâques, Champ harmonique Babel Med Music, Les Musiques Cirque en capitales CREAC, Centaure, Le Merlan Le Sémaphore, Pays d’Aix, Arles

10 12 13 14 16 17 18 20

Critiques Danse Les Hivernales, Le Pavillon Noir Les Bernardines, Château-Arnoux Théâtre Les Bernardines, La Friche, Rousset Les Bancs publics Avignon, Toulon, Château-Arnoux Jeune Public Le Sémaphore, Lieux Publics, Le Revest Musique L’Alcazar, le Jeu de Paume, Mars en Baroque Jeu de Paume, Le Pharo, GTP La Criée, Le Gymnase, Musicatreize Le Thor, Martigues, Espace Julien

22 23 24 25 26 27 28 29 30 31

Au programme Théâtre Danse Cirque, arts de la rue Jeune Public Musique

32 à 37 38, 39 40 41 à 43 44 à 51

Cinéma Critiques Au programme

52 à 54 55 à 59

Arts visuels

60 à 65

Rencontres

66 à 68

Littérature Livres CD Arts Jeunesse Rencontres

Sciences

69 à 70 71 72 73 74 à 77 78


À l’occasion de la nomination d’Olivier Mazerolle à la direction de la Zibeline revient sur l’arrivée de Bernard Tapie à la tête du quotidien, et

De la con transform de vertu

04

C U L T U R E L L E

Le «rachat» de la Provence

Le rachat de la Provence par Bernard Tapie n’en est pas un : le Groupe Hersant Média (GHM), auquel Lagardère a cédé en 2007 pour 160 millions les titres du Sud Est (La Provence, Var-Matin, Nice-Matin, Corse-Matin), vient à son tour de céder les actifs de ce groupe de presse à Bernard Tapie (25 millions) et à la famille Hersant (26 millions). Opération qu’une enquête de la brigade financière est chargée de clarifier. En effet GHM n’a jamais remboursé les prêts bancaires engagés suite l’énorme faillite de sa filiale Comareg en 2011 : l’éditeur des ParuVendu, journaux d’annonces, s’est effondré en raison de la concurrence d’internet, laissant GHM avec une dette de 215 millions. La Provence, possédant non seulement des rotatives neuves, des terrains, des véhicules, mais aussi depuis 2007 de la trésorerie «offerte» par les banques, dégage un bénéfice entre 6% et 8% par an. Son rachat représente une fort bonne affaire… Les problèmes concernant l’arrivée de Bernard Tapie à la direction de la Provence sont donc d’abord financiers : comment 51 millions apportés par la famille Hersant et Bernard Tapie ont-ils pu annuler 215 millions de dettes auprès des banques, et éponger la dette Comareg ? Comment les nouveaux propriétaires échappent-ils au redressement judiciaire, qui équivaudrait à devoir indemniser les 2500 licenciements de 2011 ? L’opération est loin d’être claire, d’où l’enquête financière en cours. Bernard Tapie, prudent, n’est en tous cas pas majoritaire dans la nouvelle entreprise… Une autre donnée du problème est clairement politique : l’arrivée de Bernard Tapie sur le Vieux-Port n’est pas sans interroger sur ses

ambitions électorales, à l’heure où la succession (ou pas ?) de Jean-Claude Gaudin se profile entre une UMP qui ne sait qui choisir, un PS encore secoué par «l’affaire Guérini» et les guerres intestines, et tous qui baignent dans les réflexes clientélistes comme dans un bouillon aux miasmes persistants.

Voulons-nous d’une PQR ? Mais l’essentiel du problème reste celui de l’existence du quotidien régional. Si Nice, Corse et Var-Matin sont de santé fragile, La Provence, de qualité inégale selon les jours et les rubriques, rend compte des problématiques locales, ce qui est indispensable à la démocratie. Surtout à l’heure où La Marseillaise peine à se relever de saignées brutales, et où France 3 s’éloigne à grand pas de ses missions territoriales. Qui se préoccupera au quotidien de l’activité culturelle, sportive, de loisirs, associative, familiale, éducative, sociale, médicale, économique, politique, à Marseille mais aussi dans les territoires reculés, si ce n’est La Provence ? De fait, ses journalistes ont su autant que les autres se garder des directives patronales. Ils ont conservé, sous Lagardère ou sous GHM, la même liberté éditoriale. Dès l’arrivée de Bernard Tapie ils ont très majoritairement fondé une société pour avoir les moyens de défendre cette indépendance. Il serait dramatique, même si d’autres médias d’information existent désormais, de brûler la Provence avec le Tapie, et peu d’entreprises résistent à son passage… Ce journal a survécu à ses propriétaires, de Defferre aux marchands d’armes, et il est, au fond, notre bien commun. AGNÈS FRESCHEL

© Agnes Mellon

P O L I T I Q U E

Quelques débats ont été organisés suite au «rachat» de La Provence. Par Libération à La Friche le 11 janvier, par Le Ravi et Médiapart à La Criée un mois après. Ces débats ont laissé un malaise très net dans les auditoires, voire parmi les intervenants. Car lorsque la presse parle de la presse, elle ne peut le faire avec la même neutralité que lorsqu’elle s’attache à rendre compte de faits auxquels elle est étrangère. Si Libé, La Marseillaise, Médiapart, Le Ravi ou Marsactu organisent ou participent à ces débats, c’est aussi pour gagner des lecteurs. Ce qui n’est pas en soi répréhensible, mais n’apparait pas forcément aux yeux des spectateurs nombreux ces soirslà, des auditeurs encore plus nombreux des radios et sites qui ont retransmis les débats : derrière tout cela il est question de concurrence, et de marchés. Les journaux sont partagés entre leur solidarité professionnelle, soit la défense de la presse en général, et la concurrence entre titres. Mediapart et Libé viennent à Marseille chercher des abonnés et des financements en Région : Nicolas Demorand a d’ailleurs clairement déclaré le 13 décembre que Libération allait se financer en organisant des événements «en province». Quant au Ravi et à La Marseillaise, ils ne seraient pas mécontents d’y gagner des lecteurs supplémentaires, et Marsactu d’y légitimer son image d’alternative possible à La Provence, qui lui permettrait d’exister sans perdre des centaines de milliers d’euros chaque année.

Parler de pressions

toutes

les

Ces soirs-là, sur les scènes, ces motivations ne furent pas


rédaction de La Provence, sur les débats qu’elle a suscités

currence ée en acte évoquées. Les journalistes de la Provence durent se contenter d’intervenir depuis la salle, et à la Criée ils furent hués alors même qu’ils expliquaient comment ils s’organisaient pour préserver leur indépendance. Un «vendu» pour le moins inapproprié fut lancé à JeanJacques Fiorito, journaliste de la Provence qui expliquait qu’il n’avait pas les mains liées, et resterait libre. Par ailleurs le plateau composé par Nicolas Demorand, qui ne s’est à aucun moment départi d’une morgue ironicoagressive très désagréable, comportait une seule femme, celui du Ravi huit hommes. Déséquilibre qui n’est pas étranger au contenu des débats, Demorand défendant des «Unes qui ont des couilles» et osent «s’attaquer» aux annonceurs, et les hommes réunis à la Criée monopolisant la parole pour raconter des successions d’anecdotes et interdire le «débat» qu’ils avaient annoncé. Pratiques masculines hélas courantes. Il restait impossible, à l’issue de ces débats, de comprendre le véritable problème de toute la presse, de tous les médias : il s’agit pour chaque journaliste, national ou régional, gratuit ou payant, internet et/ou papier, de conserver une indépendance éditoriale tout en sachant que sa direction se bat pour maintenir un équilibre économique, qu’elle ne peut trouver que dans des dépendances. Les pressions de tous ordres sont donc constantes : pression des propriétaires, c’est-à-dire Tapie pour La Provence ou Rothschild pour Libé, pression des annonceurs, les collectivités publiques bien sûr mais surtout les groupes privés, qui demandent des articles en échange de pub… Mais aussi pression du lectorat, dont il n’est jamais question : les chiffres en baisse constante (Libé -5.5% en 2012) entrainent les journaux dans une course folle au racolage, et au titre qui frappe ; chacun sait qu’un petit article sur la venue de Guetta aura beaucoup plus de lecteurs qu’un long papier argumenté, nécessitant enquête et entretiens, sur les partenariats publics privés dans le secteur culturel. Mais personne ne dit que la sujétion à la Une est la plus contraignante… La presse oscille donc entre ces pressions, les gratuits dépendant davantage de la publicité, les payants des lecteurs, des annonces publiques, des publicités aussi et des énormes aides à la presse que l’État leur accorde. Mettre en cause l’indépendance de la rédaction de La Provence, sans être clair sur ses propres dépendances au scoop, à ses actionnaires ou aux pressions des annonceurs, n’est donc pas très honnête. L’intérêt des journalistes, pour maintenir en France et en régions une information pluraliste et de qualité, serait de vraiment faire débat sans camoufler cette réalité, pour fédérer une profession qui n’a pas besoin de se tirer dans les pattes pour aller mal. A.F


Hessel, Quilès et la bombe

06 É V É N E M E N T S

Le décès du diplomate, intellectuel et surtout citoyen de 95 ans intervient le jour où Paul Quilès publie un second ouvrage mettant en cause l’armement nucléaire français, et sa prétendue dissuasion. Le dernier combat de l’homme indigné ne pouvait trouver achèvement plus symbolique. Après le succès incroyable de son petit livre Indignez-vous, découvert grâce aux Écritures croisées aixoises (voir Zib’38), le vieux monsieur avait associé sa révolte au projet de «métamorphose» d’Edgar Morin (voir Zib’ 44) attaquant très directement les reculs sociaux de la présidence Sarkozy. Puis, choqué par l’absence dans la campagne de François Hollande de la question du nucléaire militaire, il publia un autre petit livre, tout aussi rapide, incisif et procédant par raccourcis et slogans, avec Albert Jacquard. Plus percutant encore, et convaincant, parce que fondé sur des analyses concrètes et évoquant des solutions possibles : Exigez un désarmement nucléaire total n’a pas connu le même succès médiatique, d’autant que Stéphane Hessel n’avait plus la force de le défendre, de son affable fermeté, sur les plateaux télévisés. Le combat de ce petit livre est à la fois repris et inspiré par l’ancien ministre de la défense, Paul Quilès, qui démonte l’inanité d’une politique «dissuasive» dont chacun sait qu’elle ne l’est pas : juste après l’élection de François

Hollande, dès juillet, l’ancien ministre écrit que «la bombe nucléaire s’apparente à une assurance mort», au mieux caduque puisque la France ne veut pas faire disparaître le mon-

de, même si elle est menacée, même si elle est atteinte. Or, Hessel l’affirmait également avant les élections présidentielles, la France

socialiste peut aujourd’hui, seule parmi les trois pays possédant la force nucléaire immédiate -La France, les EU, la Russie, d’autres possédant des armes, mais non la capacité de riposte immédiate sur laquelle la «dissuasion» se fonde- faire cesser l’escalade absurde d’un armement extrêmement coûteux, parfaitement inutile au mieux, terriblement dangereux au pire. C’est-à-dire s’il servait, ce qui signifierait, immédiatement ou à moyen terme, la fin du monde. Aujourd’hui où chacun rend hommage à Stéphane Hessel, où chacun dit la grandeur de l’homme, du Résistant, de l’homme de cœur, personne ne semble vouloir reprendre ce dernier combat, qu’il n’a pas pu mener à terme. Exigez un désarmement nucléaire total avance pourtant des arguments économiques (combien de milliards pourraient être investis ailleurs !) et le nouveau petit livre de Paul Quilès démonte les cinq mensonges d’État qui prétendent que cet armement est indispensable. Tous deux s’appuient sur les chiffres officiels de L’Observatoire des armements, comme le premier livre de Paul Quilès publié cet été qui relate en particulier à quelle catastrophe nous avons échappé en 1983. Cette lutte est concrète, et peut aboutir. Ce serait le plus grand hommage possible au courage et à la clairvoyance de monsieur Hessel. AGNÈS FRESCHEL

Guetta 4, Dujardin 2 Ce qui est en quelques semaines devenu l’affaire Guetta pourrait être un révélateur, si ce n’était l’arbre qui cache une forêt enchevêtrée… Que reproche-t-on aux 400 000 € que la Ville de Marseille veut allouer à un «grand événement populaire» qui manque à la capitale culturelle ? D’être payant malgré l’argent public ? Les places pour le concert de Guetta seront moins chères qu’à l’Opéra, et qu’au Stade Vélodrome. D’être alloué à une star aux cachets astronomiques ? Celles du cinéma français n’ont rien à envier à David Guetta, et Möbius avec Jean Dujardin a bénéficié de 200 000 € de la Région, pour que le tournage se déroule en PACA. L’argent que les collectivités allouent à la culture sert souvent,

indirectement, à payer certains cachets mirobolants de stars. Parce qu’elles rapportent et qu’il faut aujourd’hui que les investissements culturels induisent un bénéfice potentiel. Que les tournages ou les concerts remplissent les hôtels, fassent marcher l’industrie du tourisme et l’artisanat, produisent des emplois et du chiffre d’affaire dans les entreprises d’un territoire. Or la culture n’a pas à être un facteur de développement économique. Les entreprises attendent un retour sur investissement, et cela s’entend ; mais que les collectivités se prennent à ce jeu-là est nettement plus contestable : l’objectif de la culture c’est la création artistique, sa diffusion, la préservation et la mise en lumière des patrimoines et de la pensée. De même que l’objectif de l’Éducation nationale est d’éduquer, et de la santé publique de soigner, pas de rentabiliser les hôpitaux. Dans ces services publics la cohabitation avec des systèmes privés crée des déséquilibres qui

ont souvent été décrits. Dans le secteur culturel la cohabitation a pris ces dernières années des habitudes libérales, sur fond de crise. Ainsi l’État demande aux théâtres et aux musées un pourcentage de recettes propres qui les oblige à louer leurs espaces à des événements privés. Ce sera le cas, à Marseille, du MuCEM ou du FRAC. On invente des Délégations de Service Public, ou des Partenariats Public Privé, demandant à des prestataires privés de programmer sans perspective de l’intérêt général. Sans avoir en tête la qualité culturelle, mais la rentabilité. Aujourd’hui les théâtres, les festivals, n’hésitent plus à se payer des stars relatives. Car si la star Guetta fait scandale, c’est simplement parce qu’elle est un peu grosse : les petites stars sont déjà rentables, remplissent les salles de théâtre et de concert, qui sont aujourd’hui sommées de dégager une part importante de recettes propres.


Wladyslaw Znorko a quitté sa Gare Franche au moment où Jérôme Savary et Hugo Chavez s’en allaient eux aussi. Belle compagnie... Quelques hommages recueillis. Aurélie Filippetti Nucléaire, un mensonge Français Paul Quilès Editions Charles Léopold Mayer, juillet 2012 Arrêtez la bombe Paul Quilès, Bernard Norlain et Jean Marie Collin Editions du Cherche Midi, mars 2013 Exigez un désarmement nucléaire total Stéphane Hessel, Albert Jacquard Stock, avril 2012

Wladyslaw Znorko vient de nous quitter à Marseille, le 5 mars. Il avait un peu plus de vingt ans quand, en 1981, Wladyslaw Znorko avait fondé à Lyon sa compagnie théâtrale, le «Cosmos Kolej», c’est-à-dire «la découverte de l’univers». Cette découverte poétique était son programme, son ambition, la raison d’être de ses spectacles. Entre Saône et Rhône, il donnera figure à ses songes en se produisant dans la rue, dans les gares et dans bien d’autres lieux de passage. Son inspiration l’avait mené ensuite jusqu’en Irlande, où il était demeuré 7 ans. Après bien des pérégrinations, ce grand voyageur

avait enfin trouvé un port d’attache pour sa compagnie. Il s’était installé à Marseille, dans ces quartiers nord qui, par certains aspects, lui rappelaient les décors de son enfance à Roubaix… C’est là qu’il avait ouvert la «Gare Franche», une maison, un jardin et une usine désaffectée qui constituent un formidable espace de rencontre et un lieu unique pour monter des spectacles d’une poésie à nulle autre pareille. Wladyslaw Znorko était à la recherche du spectacle total et, comme tout poète, il voulait aussi par ses créations changer la vie. Sa Gare Franche restera l’un de ces lieux rares où les rêves deviennent réalité.

LES COSMONAUTES et tous leurs amis Ce matin, avant le point du jour, dans la Gare Franche apaisée, Kino a aboyé... Le silence s’est suspendu dans la maison qui penche. Le visage paisible et doux, Wladyslaw Znorko, se tient là, assoupi. De la fenêtre du grenier, on voit le poulailler grand ouvert... Coq et oies se pavanent dans les jardins.

Aujourd’hui, le ciel s’est fait gris et le mistral, tempête. Les Cosmonautes ont la mine sombre, leur capitaine les a quittés... Sans doute pour quelque tunnel labyrinthique, làbas du côté du Rove... À moins que, tout occupé d’un Spoutnik, Il ne soit resté cette nuit à l’heure des étoiles

PIERRE SAUVAGEOT, directeur de Lieux Publics, nous a fait part de son hommage

Good bye Mister Z.

L’idée d’un marketing culturel fait ainsi son chemin, parce qu’il faut attirer le public. A donc de la valeur ce qui plaît. Pour en sortir il faut réaffirmer que l’œuvre artistique a certes une valeur, mais qu’on ne peut sûrement pas l’évaluer par les recettes qu’elle dégage. Les critères d’attribution des subsides publics doivent rester esthétiques, et se fonder sur la complexité d’un langage, la patiente virtuosité de sa mise en œuvre (voir p28), et la trace symbolique et émotionnelle qu’elle laisse en nous. AGNÈS FRESCHEL

Pour parler de Wladyslaw Znorko, un seul mot pourrait suffire : artiste. Pas un de ces artistes juste dépositaire d’un savoir-faire. Pas un de ces artistes habile à se diriger dans l’air du temps. Pas un artiste juste aux heures ouvrables. Mais un artiste, au sens le plus plein du terme, un artiste du jour et de la nuit, du sérieux et du drôle, du vrai et du faux, rare. Avec lui, impossible de démêler la fiction de la réalité. Chaque acte de la vie quotidienne est raconté comme une péripétie d’un scénario, comme un coup de théâtre, chaque causerie banale avec une personne croisée au hasard se transforme en dialogue ciselé, en joute poétique, chaque nuage qui traverse le ciel est chargé de la mémoire du monde. Fascinant, drôle, émouvant, et aussi épuisant, ne sortant jamais de son personnage d’artiste, puisque ce n’était pas un personnage mais une personnalité. Essentiel donc, car nous rappelant sans cesse qu’être artiste n’est pas affaire de statut social, de reconnaissance institutionnelle ou de succès médiatique, mais une évidence intime, juste une nécessité. Nous avions emmené Wladyslaw lors de nos Missions-repérages, ces rencontres entre élus et artistes pour une approche sensible de la ville. A Roubaix, sa ville natale, il avait pu passer 2 jours avec le maire, René Van Dierendonck. Celui-ci s’était armé de sa science sociologique et urbanistique pour nous faire partager le futur de sa ville. Mais avait été désarmé devant le train électrique Hornby HO que Wladyslaw lui avait offert, témoignage de l’enfant d’ouvrier qui avait tant aimé et détesté la ville de son enfance. Certains ont ouvert des théâtres, d’autres ont créé des festivals. Wladyslaw a créé une «gare franche»,

un refuge en plein cœur des quartiers Nord, un lieu défiant toutes les catégories : théâtre et potager, basse-cour et action culturelle, répétitions et libations. Un lieu qui lui ressemble, pas d’art qui n’ait les pieds ancrés dans le quotidien, pas de quotidien qui ne soit chargé d’art. Il y a maintenant 10 ans, j’avais invité Wladyslaw à notre Remue-méninges en Corse. Un moment un peu suspendu où cinq artistes viennent partager avec nous cinq ébauches de création. Wladyslaw nous parlait du Koursk, du naufrage de son monde slave, du bus-sous-marin qu’il imaginait comme décor. Mais surtout, il nous parlait tous les jours du «village des morts» que nous avions traversé. Effectivement, avant d’atteindre Pigna, village de la Balagne corse épicentre de notre remue-méninges, la route passait à travers un regroupement de nécropoles, un vingtaine de caveaux funéraires, dessinés, ornés, décorés. Depuis ce jour-là, il était intarissable sur ce que se passait (probablement) dans cette ville-fantôme, sur cette civilisation qui avait créé des villages-cimetières. Puisant sans cesse dans des récits d’enfance, trop nombreux pour être honnêtes, il savait plus que quiconque faire ressentir l’omniprésence souterraine des humains qui nous ont précédés pour conduire notre propre vie. Wladyslaw Znorko était un artiste. Et voilà qu’en corrigeant cet hommage, mon traitement de texte me propose de changer Znorko (mot absent du dictionnaire) en Zorro. Ça l’aurait fait bien rire. PIERRE SAUVAGEOT EST COMPOSITEUR, DIRECTEUR DU CENTRE NATIONAL DE CRÉATION LIEUX PUBLICS.

07 É V É N E M E N T S


Hypercentre et territoire 08 É V É N E M E N T S

Fort de son nouvel équipement dû à Kengo Kuma (choisi aussi pour le Conservatoire d’Aix), le FRAC entend prendre toute sa place dans un centre hyper urbain marqué alentour par des objets architecturaux forts : Mucem, Villa Méditerranée, ABD, tour de Zaha Hadid. Attentif au caractère peu vivant d’un quartier de bureaux, son directeur Pascal Neveux poursuit dans la continuité avec quelques inflexions liées à la crise, et l’intention de toucher un nouveau public. Pas de fric-frac mais du pragmatique ! À l’autre bout de la ville, le MAC et son fonds contemporain exceptionnel espèrent toujours un vrai projet architectural. À partager ? Zibeline : Ce nouveau bâtiment amène-t-il des changements dans les activités du FRAC ? Pascal Neveux : Les missions restent les mêmes avec l’idée première de collection en mouvement : prêt d’œuvres, médiation, partenariats, relais privilégiés en région et au-delà. Car le Frac ne se sédentarise pas à Marseille et ne fossilise pas autour de sa collection et de son bâtiment comme un musée. Il reste, volontairement, une plateforme dynamique. Ici on aura une programmation d’expositions

temporaires avec des œuvres de notre collection -mais pas seulement- et des invitations d’artistes pour conserver une dynamique de production et d’accueil. Par contre la collection sera renforcée dans sa diffusion sur le territoire régional en liaison avec les lieux satellites. 70% de notre activité se fait quand même hors les murs. Dans le même temps ce qui se passe en région trouvera un écho dans le bâtiment et une meilleure visibilité. Le budget reste le même ? Notre budget c’est 30% État, et 70% Région qui s’est beaucoup investie depuis 2010-2011. D’ailleurs le bâtiment lui appartient. Avec ce nouvel outil nous sommes quasiment sur un doublement du budget global artistique et fonctionnement. La crise nous place dans des budgets contraints, comme les petites structures d’art contemporain, même si celles-ci souffrent beaucoup plus que nous. Nous comptons donc sur la part d’autofinancement avec les recettes du restaurant dans ce quartier tertiaire en forte demande, mais aussi de la billetterie… Finie la gratuité ? En partie. Nous passons à une politique tarifaire

pour les activités dans le FRAC, abonnements favorables pour les visiteurs. On va développer la privatisation des espaces. Nous sommes déjà sollicités par des entreprises intéressées par une image artistique et architecturale forte. Le nom de Kengo Kuma est un vecteur de communication internationale. Le mécénat est aussi moteur, on le voit avec les six autres FRAC de nouvelle génération. Et on le sent déjà pour d’autres partenariats avec la Métropole, le Conseil Général. Et Marseille Provence 2013 ? On traverse cette année 2013 sans trop de problème avec un apport de MP13 sur nos projets partenariaux importants comme Ulysses (850 000 €). Mais à partir de 2014 on sera seuls maîtres à bord. C’est la crise partout mais le modèle des FRAC est un des seuls à avoir perduré depuis 30 ans. Nous intéressons des acteurs internationaux de l’art contemporain, aussi bien par le type de fonctionnement que par les collections constituées d’artistes de tous horizons. PROPOS RECUEILLIS PAR CLAUDE LORIN

Le bâtiment Investissement (foncier + bâti) : 21,5 millions d’€ (50% État et 50% Région) Superficie : 5400m2 dont 1000m2 pour expos temporaires, 1100m2 réserves, documentation, plateau multimédia, project-room, atelier pédagogique, 2 logements d’accueil, restaurant. Enveloppe/façade de 1500 «pixels» de verre entrepris au CIRVA puis par société E. Barrois

Budget annuel de fonctionnement 55% Région, 34% État, 10% autofinancement Avant (place Chirat) : 1 700 000 € Aujourd’hui : 2 450 000 € 850 œuvres, la plus chère : Joan Mitchell (prix nc) Fréquentation attendue : pas de chiffrage précis (FRAC Bretagne : 35 000 visiteurs/an) À lire Nouvelles architectures-Fonds régionaux d’art contemporain, éditions HYX, 2012

Ouverture L’expo inaugurale et générique donne à voir la dimension expérimentale et prospective du FRAC questionnant «les modèles théoriques et scientifiques qui ont façonné notre culture contemporaine». Partenariats artistes/chercheurs, œuvres historiques de Klein ou Baquié à qui sera consacrée une journée d’étude. Inauguration du nouveau FRAC le 22 mars La fabrique des possibles du 23 mars au 26 mai 20 bd de Dunkerque, Marseille 2e 04 91 91 27 55 www.fracpaca.org Kengo Kuma, FRAC PACA, depuis le bd de Dunkerque, pose des pixels de verre en facade, 2013 © C. Lorin-Zibeline


À la Grasse de Dieu Les Rencontres de musiques sacrées du monde rapprochent des univers musicaux que peu de programmations proposent ensemble «Une porte ouverte sur un dialogue entre les cultures et les religions par le biais de la musique», tel est le but de ce festival spirituel à l’importance croissante dans le paysage culturel, et cultuel, régional. Dans des lieux comme le Théâtre, le Musée Fragonard, des chapelles et églises, des concerts variés d’une grande qualité révèle s’il le fallait la très grande richesse de la musique d’inspiration religieuse, et ce croisement pertinent de superbes musiques sacrées est véritablement singulier, d’autant qu’il est accompagné de conférences, projections, rencontres… Le programme permet de découvrir le Stambali de Tunisie avec la troupe Sidi Ali Lasmar (le 23 mars à 20h30), le Heavens de Mozart à Ellington avec Raphaël Imbert et la cie Nine Spirit (le 26 mars à 20h30) et les chants de

l’Inde du Sud (le 23 mars à 14h et 16h), tout en écoutant les méditations instrumentales du Quatuor Debussy et leurs Requiems intimes (le 24 mars à 15h et 25 mars à 21h), le Jephté de Carissimi par le Concerto Soave et l’Ensemble Jacques Moderne (le 22 mars à 20h30), les géniales correspondances qui relient les chants sacrés de l’islam et de la chrétienté médiévale avec le concours des voix de Noureddine Tahiri, Dominique Vellard et du oud de Driss Berrada (le 23 mars à 15h et 17h) et la légendaire contrebasse de Renaud Garcia-Fons pour le Cantique des cantiques (le 24 mars à 18h) ! Il est aussi le reflet d’une constante dans toutes les musiques sacrées : en dehors de celles qui sont sorties du religieux, et le jouent comme un répertoire appartenant à tous donc toutes (Concerto Soave et Jacques Moderne), ces musiques sont exclusivement composées et jouées par des hommes (soit 34 hommes et 8 femmes), les femmes ne faisant «que» chanter. La tradition des musiques du monde

Quatuor Debu ssy ©

Bernard Bena nt

09 explique cela. Il serait temps d’en écrire un autre ? FRED ISOLETTA

3e Festival des Musiques sacrées du monde du 22 au 27 mars 0493405300 www.musiques-sacrees-du-monde.com

Danse plastique et métaphysique Initié par Théâtres en Dracénie, le festival Les Vents du Levant souffle un air de fantaisie plastique avec une 7e édition consacrée à des chorégraphes explorateurs, sur les traces des chorégraphies visuelles d’Alwin Nikolais. Quatre temps forts au programme, auquel est intégré un week-end de stages et conférences (23 et 24 mars), qui débutera le 19 avec l’intrigant Swan de la Cie Le Guetteur. Luc Petton qui confirme son goût pour le corps en apesanteur et donne vie au concept de zooësis (zoologie et poésie), en convoquant des cygnes comme partenaires de jeu aux danseuses qui s’ouvrent à un travail improvisé et intuitif. Une complicité étonnante où le plus ambivalent des oiseaux fait lien entre Art et Nature, évoque la féérie des contes et l’étrangeté du mythe de la métamorphose.

Le 22 mars, le Système Castafiore apportera son univers fantastique dans Renée en botaniste dans les plans hyperboles. Un poème visuel et sonore qui allie la métaphysique au merveilleux, conçu par Karl Biscuit et chorégraphié par Marcia Barcellos. Des maîtres de l’illusion qui mêlent cinq danseurs à des images sophistiquées issues des nouvelles technologies ou à une fantaisie plus baroque grâce à l’utilisation de machineries anciennes, pour dévoiler les mouvements de l’inconscient. Happy Child de Nathalie Béasse, à voir le 25, est un spectacle-énigme sur la famille, l’enfance oubliée et ses jeux. Un théâtre dansé très plastique, une danse macabre où les faux semblants et les non-dits se démêlent lors d’une réunion familiale jouant du polar et du conte, dans un décor étonnamment immaculé. Entre

désir, folie et pouvoir, la tension vécue par les protagonistes suit les traces de Shakespeare. Pour finir, les 28 et 29 mars, ce sera le Panorama de Philippe Decouflé. Un programme best of qui revisite 20 ans de créations, révélant l’humour, la poésie et l’exubérance du chorégraphe dans un feu d’artifice graphique d’images projetées, de jeux d’ombres et d’effets d’optique. Une création mosaïque mais à part entière. DE.M

Les Vents du Levant Théâtres en Dracénie, Draguignan du 19 au 29 mars 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

É V É N E M E N T S


Tous au Large !

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Au J1, les expositions se succèdent sans forcément se ressembler, mais en rassemblant toujours autant de monde. À la Galerie des chercheurs de midi, c’est la série Usages qui a remplacé depuis le 26 février les Paysages, composant une mosaïque colorée, familière et chaleureuse. Un portrait collectif de notre Provence à l’heure de la sieste, des bains de mer ou des parties de pétanque... l’art de vivre à la façon du sud ! La galerie La Jetée accueille des albums de famille nettement plus sombres. Celui de Mylène Blanc est peuplé d’étranges hybrides, du nourrisson à pattes de poulet à l’homme qui porte en guise d’ailes d’ange une paire de cornes effilées. Chez Julien Magre, les photographies sont hantées par la présence (ou l’absence ?) de sa femme et de ses fillettes. Quant à Delphine Balley, elle met en scène la famille qui pèse, qui bride, voire qui grillage ! avec tous les ingrédients du malaise : décor bourgeois, poupées, masques, pansements, minerve et jeune mariée sur lit de mort... L’association Petit à Petit présente à la Galerie des quais un travail ethnographique réalisé avec le Museon Arlaten, sur la population gitane d’Arles. Un dispositif amusant de fenêtres portes en bois qui ouvrent sur des scènes du quotidien via photographies, vidéos et bandes-sons, plonge le visiteur dans un univers à la frange entre traditions et modernité. On y apprend que l’architecte Rado Konic a construit pour les anciens nomades sédentarisés des maisons aux toits arrondis comme ceux des roulottes, et que certaines gitanes jouent très bien de la guitare, mais qu’elles préfèrent danser. L’accent est mis sur le rôle très différencié des genres : les femmes se consacrent aux tâches ménagères pendant que les hommes vont boire un coup avec les copains.... on est loin des préjugés sur les vo-

Bain du 1er janvier - Cercle des nageurs de Marseille © Paul-Louis leger 2004

leurs de poule, mais les clichés sexistes ont la vie dure ! Juste en face, l’Atelier graphique de Fotokino ne désemplit pas, avec la proposition légèrement subversive de Sacha Léopold et François Havegeer : Écrire où on peut. Marqueurs, stylos, clés... écrire, c’est aussi graver, et les enfants s’emparent avec délices de tous les outils qui leur permettront de laisser une trace. Ce n’est pas nouveau, mais c’est toujours renouvelé : la joie du graffiti a traversé les siècles. Leur succéderont du 15 mars au 11 avril les masques de Thomas Couderc et Clément Vauchez, ou comment combiner 26 paires d’yeux, 26 nez et 26 bouches en d’infinies possibilités. Guettez le bal de clôture, où le produit de ces ateliers prendra vie en farandole!

J1, Atelier du Large, Marseille Usages – Galerie des chercheurs de midi, jusqu’au 31 mars Histoire de famille – Galerie La Jetée, jusqu’au 7 avril À la gitane – Galerie des quais, jusqu’au 17 mars Écrire où on peut – jusqu’au 14 mars 04 91 88 25 13 www.mp2013.fr

GAËLLE CLOAREC

À l’heure tzigane Parler, danser, chanter à la tzigane (selon les paroles du regretté Bobby Lapointe : «le violon, de deux choses l’une, soit tu joues juste, soit tu joues tzigane»), ce sera possible et même recommandé lors du Festival Latcho Divano 6e Edition. Outre les séances de cinéma documentaire et fiction, les repas, les expositions et les concerts (Kesaj Tchavé, Parno Graszt...), on note la venue des journalistes du MECEM, Centre Médiatique Rom. Une équipe essentiellement féminine, avec au départ très peu de moyens, Kesaj Tchavé © Kesaj Tchavé

qui réalise aujourd’hui une émission quotidienne en langue romani à la TV slovaque, et espère essaimer en Europe. Pour ceux qui veulent aller plus loin à la rencontre de la culture tzigane, un stage de romani animé par Slavka Stefanova de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales est prévu, ainsi que des cours de danse avec la fougueuse Elodie Tenant. Grâce au soutien du CNL, la médiathèque de la Penne sur Huveaune a constitué un fonds de contes, livres, CD qui vient compléter le centre de ressources de la Maison Méditerranéenne des droits de l’homme sur le Cours Julien. Une permanence se tiendra tous les après-midi à l’Ostau dau país marselhés, et du covoiturage sera organisé sur le site de Latcho Divano pour se rendre dans les lieux excentrés. GAËLLE CLOAREC

Latcho Divano, Festival des Cultures Tziganes du 28 mars au 8 avril Marseille, divers lieux www.latcho-divano.com



Dans la colline au dessus de la Solidarite © Gaelle Cloarec

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L’accueil du Nord Les 15e et 16e arr. marseillais auraient donc un patrimoine ? Une coopérative d’habitants l’affirme depuis 2011, Hôtel du Nord. Ce réseau de 50 chambres d’hôtes accueille un public curieux de découvrir la ville loin des sentiers battus, et lui propose des balades urbaines ou en mer plus étonnantes les unes que les autres, de 6 à 35 €. Le fulgurant printemps des garrigues est la saison idéale pour découvrir la «vue seigneuriale» des cités marseillaises, dominant la mer et les collines, à l’emplacement des bastides d’antan. On peut suivre par exemple Christine Breton, Conservateur du Patrimoine, qui piste les habitats construits entre le VIe siècle avant J-C et le IIe après : «on nous bassine avec la colonie grecque, alors qu’il y a bien eu une culture celte méditerranéenne, et personne n’en parle !» Elle entraîne une quarantaine de personnes jusqu’à l’Oppidum du vallon des Mayans, lequel étale ses pierriers sur plusieurs hectares au dessus de la cité La Solidarité, et dont une portion infime a été fouillée. On croise le tracé du GR2013, qui sera inauguré bientôt, et le canal des eaux de Marseille, de plus en plus muré. La plupart des gens ignorent le passé de l’endroit où ils vivent, et ces balades lui permettent de remonter à la surface. Parmi les participants, un spécialiste du cadastre des archives départementales, une visiteuse parisienne

et une riveraine échangent : «mon père s’est caché dans le ravin de la Viste pendant la guerre.» Au passage, on s’arrête chez Agnès et Louis. Apiculteurs, ils ont une villa avec une chambre disponible dans un vallon abrité du mistral, où leurs ruchers s’étagent entre violettes et fleurs d’amandiers: «cette année le romarin est beau, le miel sera doux». Prosper Wanner, gérant de la coopérative, prend la parole pour expliquer que «la loi interdit de faire des chambres d’hôtes dans l’habitat social. Mais c’est amené à évoluer : à Lyon, en Seine Saint-Denis et dans bien d’autres endroits des collectifs réclament un droit au patrimoine.» Christine Breton renchérit : «Ces quartiers ont historiquement été mis au ban de la société, mais ils vont se retrouver au centre de la Métropole !»

Balades e Avec Barcelone, Lisbonne et Vicenza, Marseille fait partie des villes qui ont conçu des balades urbaines dans le cadre du projet Culture Pilots, une des rares initiatives nées à l’occasion d’une Capitale Européenne -dans ce cas celle de Linz en 2009- à avoir été pérennisées. Six Centres sociaux des Bouchesdu-Rhône ont recruté chacun deux animateurs touristiques et culturels pour accompagner les promeneurs et «poser un autre regard sur la ville dans des lieux insolites, à la rencontre des habitants». Formés par la coopérative Hôtel du Nord (voir cicontre), les guides ont effectué des recherches patrimoniales, fouillé les archives, interrogé des riverains, avant de rassembler la masse d’informations récoltées en 6 parcours urbains à Marseille et à Miramas. D’une durée de 2h environ pour un tarif allant de 1 à 5 €, les balades sont absolument tout public, et certai-

GAËLLE CLOAREC

Programmation et inscriptions aux prochaines Balades http://hoteldunord.coop/ calendrier/programmation-2013 Récits d’hospitalité d’Hôtel du Nord Christine Breton Éditions Commune, 10 € Gabriel © Balade urbaine capitale St

Nicolas Felician

Des sciences capitales La consultation nationale sur l’éducation artistique et culturelle «pour un accès de tous les jeunes à l’art et à la culture», lancée en novembre 2012 par Aurélie Filippetti, a enfin questionné la place à donner à la culture scientifique et technique ; l’enjeu fait débat : pour certains «Il faut redonner aux jeunes le goût des sciences et des techniques» (Claudie Haigneré). Pour d’autres, il s’agit d’opérer «une mise en débat, une

Que d’eau ! La Ville de Gardanne et l’Ecole des Mines – site Charpak organisent une randonnée urbaine, H2O, guidée par smartphone : une découverte historique, scientifique et technique pour explorer l’eau sous toutes ses coutures à Gardanne, d’une durée de 2h30 à 3h. le 22 mars à 14h à l’Office de Tourisme 04 42 51 02 73 www.ville-gardanne.fr/mp2013

mise en culture des sciences» et non pas sa simple vulgarisation. De nombreuses initiatives locales ont anticipé la réflexion interministérielle (voir Zib 60) préconisée par le comité de pilotage de la consultation nationale : des acteurs régionaux -universités, école, associations, collectivités- ont depuis longtemps compris l’importance de la culture scientifique dans la réconciliation des jeunes avec le goût et le désir d’apprendre, dans l’ouverture de l’imaginaire et œuvrent pour la diffuser largement depuis plusieurs années, comme nous en rendons compte régulièrement (voir p78).

c’est un lieu vivant d’échanges d’idées et de connaissances où les transactions ne sont que culturelles. Depuis 10 ans, il s’installe auprès des habitants, au cœur des quartiers, sur une place ou au coin d’une rue. En quelques minutes, des chercheurs y racontent des histoires de sciences, font découvrir quelques secrets de la nature ou étonnent avec les dernières inventions technologiques. L’objectif est d’aiguiser la curiosité scientifique et le sens critique, notamment des plus jeunes, par une approche concrète et ludique : démonstrations, jeux et distribution de matière grise pour tous ! CHRISTINE MONTIXI

La culture au souk Les organisateurs de Marseille-Provence 2013 ont ainsi résolument inscrit un ensemble de manifestations grand public, organisées dans la région et souvent par la Région soucieuse des sciences, au programme de l’année «capitale». Le Souk des sciences en sera l’événement phare au printemps. Présenté sous la forme d’un marché éphémère,

Le souk des sciences le 3 avril, Gardanne le 10 avril au parc F. Billoux, Marseille le 15 mai, Aix le 22 mai cours Belsunce, Marseille 04 13 55 10 92 www.mp2013.fr


en Capitale nes peuvent être découvertes en anglais, arménien, espagnol, italien et russe. Sur demande ! GAËLLE CLOAREC

Renseignements et réservations directement auprès des Centres sociaux Ombres et Lumières Le Panier, Marseille 2e 04 91 91 29 59 Le Roy des Calanques Parc du Roy d’Espagne, Marseille 8e 04 91 73 39 82 Une campagne en béton La Rose, Marseille 13e 04 91 70 13 39 Cosi fan tutti : industries et migrations Bon Secours-le Canet, Marseille 14e 04 91 67 32 03 M’as-tu vue La Viste, Marseille 15e 04 91 60 57 27

Chemins de ville, chemins de fer Miramas 04 90 58 20 49 www.mp2013.fr

Autres promenades La comédienne et réalisatrice Bénédicte Sire propose ses parcours-spectacles Dans le ventre de la Canebière : une (re)découverte de cette avenue avec rencontres de lieux inconnus et inattendus, et d’habitants accueillants dont elle interprète les récits de vie, ainsi que ceux d’écrivains célèbres qui ont traversés ces lieux. La balade dure 2h30 environ, prévoyez vêtements tout-terrain et appareil photo ! les 16, 21 et 30 mars à 14h Réservations à l’Espaceculture 04 96 11 04 61 www.espaceculture.net

À qui profite le M ? Plus de 200 000 visiteurs au Pavillon M depuis son ouverture ! Ce succès prouve l’appétit de culture et de découverte qui anime les Marseillais. Car ce sont eux qui constituent 70% de la fréquentation de ce bâtiment éphémère sur le Vieux Port. Mais on trouve de tout en guise de visiteurs : des familles, des scolaires, des Français descendus à la Capitale pendant leurs vacances, des Européens et beaucoup de Chinois… Certains viennent chercher des renseignements sur l’offre culturelle, d’autres s’attardent aux rendez-vous qui rythment chaque journée… Quelques uns des ces rendez vous ? Le jeudi à 18h, les Before, une heure pour découvrir les événements qui se préparent sur le territoire, Printemps des poètes ou Latcho divano… Le samedi vous pouvez partir en Colo à 9h30, un voyage surprise concocté par l’équipe de MP2013 pour vous faire découvrir un nouvel équipement, un lieu insolite… À 11h30, 15h et 16h30, une programmation concoctée par Xavier Adrien Laurent qui a fait entendre Enco de botte le 9 mars, un groupe de femmes qui arrange avec ses tripes et juste ce qu’il faut d’innovation le répertoire corse et occitan. Le 16 mars ce sera le tour des écrivains de l’Overlittérature (Festival à Septêmes du 22 au 23 mars), le 23 mars celui des Poulettes (festival Avec le temps..) le 30 mars du conteur Jean Guillon… XAL choisit les artistes en fonction de leur actualité, mais rémunère également leurs prestations… Ce qui n’est pas le cas des artistes exposés dans l’espace muséal ou les galeries d’art éphémères, qui

trouvent cependant au Pavillon M l’occasion de promouvoir les expositions qu’ils font ailleurs dans la ville. Les Rencontres capitales, organisées par MP2013, poursuivent leur rendez vous quotidien du lundi au vendredi, à 15h, avec les artistes de la programmation : le mardi on y parle des Ateliers de l’Euroméditerranée, le vendredi on lève le rideau sur les spectacles en création, les autres jours on discute balade, musée, expos, sciences, concerts, participation citoyenne, dans des échanges chaleureux… À partir du 15 mars le Pavillon M exposera également le Trésor exquis des musées de Marseille, qui ont chacun prêté une œuvre sans savoir ce que l’autre exposerait, espérant que la proximité de leur Trésor fera sens… Quant à l’espace de 400m2 que la Ville de Marseille offre généreusement à ses partenaires du territoire, il est occupé depuis le 6 mars par le Pays d’Aubagne et de l’Étoile, qui en profite pour nous donner un avant-goût savoureux du Colossal d’Art brut de Danielle Jacqui. Une œuvre monumentale, colorée, éclatante pour cette artiste résistante, «survivor» comme elle se plait à dire, qui lutte contre l’épure en affirmant la beauté du foisonnement. L’occasion aussi de mesurer le formidable élan qui anime la Ville d’Aubagne et son pays, plongés dans la capitale jusqu’au cou, et regorgeant de magnifiques projets, clairement détaillés au long de l’exposition. AGNÈS FRESCHEL

Pavillon M, Marseille www.pavillon-m.com

www.mp2013.fr


Pour une poétique révolutionnaire

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Dans les espaces rénovés du musée Cantini, les toiles gigantesques de Matta (1911-2002) trouvent un écrin à leur démesure. Elles illuminent les cimaises de leur «imagination courageuse». Nul besoin d’une muséographie délirante pour enrober l’exposition ! Mieux vaut l’exploration chronologique de ce qui a conduit Matta «des voies de l’automatisme surréaliste à une interprétation métaphorique de l’histoire» pour faire sauter les verrous d’une œuvre parfois complexe, au-delà du jeu chromatique séduisant. Cette volonté de clarté met en évidence les répercussions des événements survenus au Chili, à Cuba, et dans le monde, sur une création prolifique. D’ailleurs trois étages ont été réquisitionnés, faisant la part belle aux huiles sur toile et, en fin de parcours, à l’œuvre graphique qui sous-tend ses recherches, pour saisir sa personnalité fougueuse, ses engagements (Les Roses sont belles en hommage aux époux Rosenberg ou Les juges de Nuremberg sont autant de manifestes), ses amitiés avec les artistes et les poètes (de Garcia Lorca à Magritte, de Dali à Breton). Les tableaux, dès 1942, sont traversés de lignes météoriques, d’éclats de couleurs, de formes ou figures disloquées ; traces et éclaboussures révèlent leur monde intérieur tumultueux. À partir de 1947 la profusion chaotique laisse place à un ordonnancement géométrique des aplats. Tout est là, déjà, qui annonce la toile peinte en 1950, à Rome, à la mémoire de son ami Lorca, fusillé : Contra vosotros asesinos de palomas. Une œuvre fondamentale à la mécanique interne

Portrait d'Andre Cadere Museum van Hedendaagse Kunst, Gand, Juin 1977 Courtesy Succession Cadere et Galerie Herve Bize, Nancy

ues, Paris. al des arts plastiq cm. Centre nation toile, 200 x 271 sur d ile nar Hu Ber 0. n Jea 195 ue as, raphiq asesinos de palom is. Credit photog Contra vosotros ille © Adagp, Par e Cantini Marse En depot au muse

complexe, aux récits juxtaposés, à la palette tourmentée. À partir de là les châssis ne vont jamais cesser de grandir jusqu’aux polyptiques… Comme cet Etre Hommonde de 1960, véritable chant héroïque, où les ondulations, symboles, figures mythologiques et autres machines improbables figurent une partition unique. Pour cet arpenteur infatigable, quelle plus belle façon d’exister que par la peinture

«sensée nous donner le sentiment d’être uni, d’être hommonde» ? MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Matta du surréalisme à l’histoire Jusqu’au 20 mai Musée Cantini, Marseille 04 91 54 77 75 www.culture.marseille.fr

Cadere à la dérive En 1978 André Cadere disparaît des écrans avant-gardistes qu’il a marqués de sa singularité. Il avait 44 ans. Et avait dérivé sans faillir à ses engagements, affirmant sa posture radicale, passant comme une météorite. Inclassable, il promène sa silhouette longiligne avec une Barre de Bois Rond à la main, et, sans jamais s’en départir, arpente le bitume d’Europe et des États-Unis, fait irruption dans les vernissages et les happenings, écrit inlassablement. Photographies des rues de Londres et de NewYork à l’appui, Barre de bois rond posée contre une poubelle éventrée ou exposée en galerie. Et textes à l’appui : «La Barre de bois blond est un assemblage de segments peints dont la longueur égale le diamètre du matériau utilisé. Les permutations des différentes couleurs se succèdent d’après une méthode comportant des erreurs.» Le Moulin se fait le passeur en réinventant un parcours semé de Barre de Bois Rond, toujours la même et jamais pareille, en réunissant une abondante correspondance, manuscrits, articles de presse qui témoignent de ses expositions, de ses amitiés, de ses recherches. Et de ses

pérégrinations : officielles comme lors de son exposition à la galerie Maeght à Paris en 1973 ; ou inacceptables aux yeux d’un conservateur de musée parisien qui le chassa du Festival d’automne en 1972 sous prétexte que l’introduction des parapluies était interdite ! Pour André Cadere l’art est omniprésent, dans les rues, les galeries, l’atelier, de jour comme de nuit. Jusque dans une vitrine réfrigérée de la pâtisserie L. Darcy, rue de Seine, qui «vend» la Barre de Bois Rond et les petits gâteaux ! Ce qui pourrait paraître anecdotique est l’acte d’un artiste vent debout, qui refuse l’avis de «farfelus milliardaires, de richissimes galeristes, d’organisateurs, critiques et artistes de service persuadés que l’art ne peut être exposé partout». M.G.-G.

Cadere / la Barre de Bois Rond et ses avatars Dans le cadre d’Ulysses, itinéraire d’art contemporain jusqu’au 27 avril Espace d’art Le Moulin, La Valette-du-Var 04 94 23 36 49 www.lavalette83.fr


De bois brut Horizons, première réalisation du projet Les Sentiers de l’Eau commandé à Tadashi Kawamata, s’est posé au Pont de Rousty en Camargue. Les cinq suivantes prolongeront le parcours d’Arles jusqu’à la mer Les installations conçues par Kawamata se définissent par l’usage exclusif du bois : planches brutes, cagettes, palettes, chaises… Le plus souvent éphémères, elles suggèrent certains désordre, instabilité, fragilité face au construit, à la pierre monumentale comme en 1987 pour l’exposition Japon Art Vivant à la Vieille Charité. Pour ce projet à long terme commencé en 2011 dans le cadre des Nouveaux Commanditaires piloté par le Bureau des Compétences et Désirs, à travers des ateliers participatifs avec des étudiants en art, le parti est au contraire d’imaginer un ensemble de six postes d’observation pérennes intégrés au paysage camarguais. Dans un contexte naturel évolutif (changements des saisons, interventions humaines), mais aussi protégé dans le cadre du Parc, Horizons apparaît comme un assemblage hâtif de planches de pin douglas juste dégrossies. Mais il condense plusieurs ordres de significations en relation avec le site et son imaginaire : promontoire surélevé, affût de chasse

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Croquis de Tadashi Kawamata pour Horizons, 2012 © Tadashi Kawamata

ou d’observation, structure de bateau traditionnel en cours de construction, ponts et passerelles enjambant canaux et roubines, palissades des manades alentour, arènes… ou un nid gigantesque ? Contrairement à l’affirmation monumentale de ses œuvres précédentes, confrontées à l’échelle de l’architectural et de l’urbain, ici dans la plaine on ne saurait décider si cet Horizons est grand (vécu de l’intérieur) ou petit (passant à son pied). Les choses seraient-t-elles de nature si incertaines ?

Il faudra attendre les prochaines réalisations dont celle à Arles en avril, à Trinquetaille, dont Van Gogh rendit le pont fameux... CLAUDE LORIN

Horizons Tadashi Kawamata Mas du Pont de Rousty Parc naturel régional de Camargue www.bureaudescompetences.org www.nouveauxcommanditaires.eu

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L’année Capitale se poursuit, avec l’inauguration du GR2013 le 22 mars, les expositions qui se renouvellent, et le temps fort Scènes d’hiver qui commence : à la Criée avec Ali Baba, et avec beaucoup de musiques… A Martigues, en 2010 © Do.M

L’harmonie en marche

Pâques en musique Renaud Capuçon occupe une place de choix dans le paysage musical français. Aux dernières Victoires de la Musique classique, jouissant de son privilège, il a annoncé la tenue du tout premier Festival de Pâques d’Aix-en-Provence qu’il organise en collaboration avec Dominique Bluzet. C’est un nouveau grand rendez-vous donné aux mélomanes de la région, et bien au-delà, l’année-même qui consacre Marseille-Provence Capitale Européenne de la Culture, dans une période (hors été) où, précise le violoniste, «les festivals ne sont pas si nombreux» ! Notons aussi que la prochaine cérémonie des «Victoires de la musique classique» sera retransmise justement… du Grand Théâtre de Provence. Peut-on encore espérer louer sa place parmi la vingtaine d’évènements ? Les affiches sont prestigieuses ! Elles illustrent une volonté de partage et de transmission : «accueillir les très grands et inviter les jeunes…» ! Valery Gergiev et son Mariinsky, Semyon Bychkov à la tête du Chamber Orchestra of Europe, le Gustav Mahler Jugendorchester (dir. Herbert Blomstedt), l’Orchestre de l’Opéra de Paris (dir. Philippe Jordan) assument les soirées symphoniques. Autour de Renaud Capuçon s’articulent des récitals chambristes incontournables : Nicholas Angelich, Hélène Grimaud, Angelika Kirschlager… Sans parler des «mythes» : Radu Lupu, Gidon Kremer ou Alfred Brendel (luxueux conférencier !). Côté création, le compositeur Jörg Widmann est associé à l’édition 2013, quand pour ouvrir ce temps «pascal» et musical, Accentus, Concerto Köln et Laurence Equilbey interprètent la Passion selon saint Jean. Et pour attiser l’intérêt public citons en vrac : la soprano Sonya Yoncheva, le baryton Mathias Goerne, les violonistes Valerij Sokolov, James Ehnes, les pianistes Khatia Buniatishvili, Daniil Trifonov, Leif Ove Andsnes, Bertrand Chamayou, les sœurs Labèque… le violoncelliste Henri Demarquette ou le tout jeune surdoué (Révélation instrumentale aux Victoires 2013) Edgard Moreau… Pardon pour les autres, et n’hésitez pas à tout entendre !

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JACQUES FRESCHEL

AGNÈS FRESCHEL

Champ harmonique Du 4 au 28 avril Les Goudes, Marseille www.lieuxpublics.com

Festival de Pâques du 26 mars au 7 avril GTP et Jeu de Paume, Aix 08 2013 2013 www.festivalpaques.com khatia Buniatishvili © X-D.R

Déguster librement la musique qui passe, voir le son prendre naissance et se répandre jusqu’à vous, au gré du vent et du ressac, en comprendre l’origine dans le souffle, le choc, le frottement… telles sont les joies de l’installation de Pierre Sauvageot. Son Champ harmonique, fait de petits ou grands instruments bricolés, se découvre en une promenade, module au gré des éléments, du vent qui le traverse… Chaque paysage emmène dans ses petites mélodies, sa couleur harmonique, ses timbres, et éloigne du grand tintamarre qui au quotidien nous assomme de ses rythmes binaires et de ses watts. Et chacun des tableaux traversés est particulier pourtant, évoquant des musiques plus ou moins archaïques ou lointaines, futuristes ou orientales, et belles toutes de leurs instruments, éoliennes ou violoncelles perchés, petites boites closes ou dispositif aéré, bois, peaux, colorés ou ocres, fantastiques ou mécaniques. Un parcours sans êtres humains autres que les promeneurs, et la magie des Goudes, où le Champ s’installe pour quatre semaines ; là où le ciel, la mer et la roche blanche se découpent, rappelant comment la nature a sculpté de ses forces un paysage brut qui coupe notre souffle humain, et impose le sien.


Tremplin de Babel

PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS DALICANTE

Au programme Sur 34 groupes, 24 sont exclusivement masculins. Les 10 groupes comprenant des femmes comportent généralement 1 seule femme, chanteuse, et aucune instrumentiste. Babel Med Music programme donc 111 artistes hommes, et 14 artistes femmes. Le 21 mars : Baloji, Coetus, De Temps Antan, Du Bartas, Joaquin Diaz, Mounira Mitchala, Sia Tolno, The Alaev Family, Vinicio Capossela,

Sound(Z) Of Freedom, Wilaya 49. Le 22 mars : Ablaye Cissoko & Volker Goetze, Black Bazar, Chicha Libre, Dubioza Kolektiv, Gren Seme, Mariem Hassan, Mashrou’ Leila, Mazalda-Turbo Clap, Mohammad Motamedi, S.Mos, Söndörgö, Taksim Trio, Watt A Nine Brass Boom!. Le 23 mars : Compagnie Rassegna (PACA), D’Aqui Dub (PACA), Elina Duni Quartet, Hoba Hoba Spirit, Rosapaeda, Spiky The Machinist (PACA), Tiloun, Wanlov & The Afro-Gypsy Band, Kheper Watt !, Zamalek.

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www.dock-des-suds.org/babelmedmusic2013

Baloji © Jerome Bonnet

Eclats sonores Suivre, de lieux en lieux, les concerts, performances, installations, ballets, opéra, rencontres, proposés par le Festival les Musiques du Gmem (Centre National de Création Musicale - Marseille), c’est accepter de se laisser porter vers des terres inconnues, des sons inouïs, des mondes étranges, surprenants, excitants ou dérangeants… qui ne laissent pas indifférent ! Pour l’année «Capitale», Christian Sebille difracte 18 événements (31 œuvres dont 7 créations) pour un «festival éclaté» de La Criée à l’Alcazar ou les ABD Gaston Defferre, de l’Opéra de Marseille ou La Friche vers Le Merlan… jusqu’au pied de la SainteVictoire et… au Château d’If !

Ictus Strings © Frederic Iovino

En mars le Dock des Suds se transforme en marché international des musiques du monde, avec une programmation nocturne enrichie d’une nouvelle scène. Sami Sadak, co directeur de Babel Med Music, nous parle de cette manifestation financée essentiellement par la Région PACA Zibeline : Quelle place occupe Babel Med Music dans le petit monde des musiques du monde ? Sami Sadak : Ces musiques ont peu de marchés internationaux reconnus, à part le Womex. En neuf éditions, Babel Med Music a su s’installer durablement dans le paysage, elle est considérée par les professionnels du monde entier comme un rendez-vous annuel de référence. L’ancrage à Marseille, avec l’ouverture sur la Méditerranée, et sur le reste du monde, y a fortement contribué. Comment se porte l’économie des musiques du monde ? Mieux que celle des autres musiques. On constate que la baisse des ventes de CD s’est stabilisée. Les auditeurs préfèrent avoir un objet entre les mains qu’un album numérisé. Mais c’est surtout le spectacle vivant, le goût du public pour les concerts qui caractérise cette relative bonne santé du secteur. La part essentielle des ressources vient de la scène. Quelles sont les nouveautés de cette édition, labélisée MP2013 ? Nous disposons d’une scène supplémentaire, baptisée Watt !, qui accueille des créations sur la base de rencontres et de dialogues entre les musiques de monde traditionnelles et urbaines, notamment entre Marseille et le monde arabe. Babel Med Music a toujours privilégié les croisements d’esthétiques. C’est aujourd’hui une tendance forte des musiques du monde actuelles comme l’est aussi les musiques de diasporas, celles de musiciens exilés qui continuent là où ils vivent de faire rayonner leur culture. Quels sont vos coups de cœur ? On a quelques perles comme The Alaev Family (Tadjikistan/Israël), Baloji (Congo/Belgique), Kan’Nida (Guadeloupe). Les artistes régionaux que vous sélectionnez s’exportent-ils mieux grâce à Babel Med Music? Leurs parcours connaissent en général un rebond après leur passage. On peut dire que Babel Med Music est un tremplin pour les musiciens de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Cinq labels MP13 ornent les affiches, de l’«Installation Musicale» prévue en avant-première (poisson du 1er d’avril sur l’îlot imaginaire de Monte-Cristo ?), du concert acousmatique, spatialisé sur orchestre de haut-parleurs (Les mondes de roré – le 5 avril), de la pléthorique Odyssée 2013 (Musicatreize – les 6 et 7 avril) d’Oscar Strasnoy et sa dizaine de chœurs suivant les traces d’un Ulysse moderne, du parcours sonore Oiseaux/Tonnerre à suivre du côté de Gardanne (du 12 avril au 12 mai), ou de la création dansée de Michel Kelemenis (Siwa - le 4 mai) sur les Quatuors de Debussy et d’Yves Chauris (commande 2013). Le Quatuor à cordes, fer de lance de l’innovation musicale depuis Mozart et Haydn, est justement à l’honneur en début de festival avec Jonathan Harvey, Janacek, John Cage ou Bartok (Ictus Strings – le 4 avril). Autres points forts de la manifestation : un focus électronique sur… la vielle à roue (les 15 avril et 1er mai), un Opéra sur des poèmes de Nietzsche O Mensch ! (le 30 avril) de Pascal Dusapin, musicien également à l’honneur aux côtés de Ligeti ou Xenakis (Ask - le 3 mai), les performances de Donatienne Michel-Dansac sur Georges Aperghis (les 2, 3, 4 et 5 mai), ou, en clôture, Médée Kali, tragédie antique revisitée par Laurent Gaudé sur une création musicale de Lionel Ginoux (le 15 mai). JACQUES FRESCHEL

26e édition Les Musiques 2013, un festival éclaté du 1er avril au 15 mai 04 96 20 60 10 www.gmem.org


Cirque en capitales s’est achevé, remplissant sur tout le territoire les chapiteaux et les théâtres, avec un nombre important de créations régionales…

18 C I R Q U E

Le Creac, Pôle national des Arts du Cirque, a pris le relais de Janvier dans les Étoiles (voir Zib’ 60) pour proposer des spectacles en création, mettant tous le corps en jeu dans des exercices de virtuosité acrobatiques. Le non-cirque de la cie Anomalie n’a pas réussi à mettre en œuvre ses propres propositions (Les larmes de Bristlecone), détournant les règles du cirque et de la conférence sans en proposer de nouvelles, sinon l’ennui. En revanche le très beau duo de la Cie Morosof a coupé le souffle des spectateurs en inventant sur un seul agrès une longue danse sensuelle, faite de contacts, de plongeons tête première et de variations infinies sur un porteur et sa voltigeuse, suivis en direct par un musicien à la console inspirée (2 et ). Le trio Ronde qui lui succédait a confirmé le talent de la cie Rouge Eléa, capable d’allier une vraie théâtralité, faite de relations entre personnages, et une virtuosité jamais démonstrative, sur des agrès inventifs et toujours cruels. La création de Guy Carrara avec la cie israélienne On Orit nevo est plus complexe encore : les performances physiques des acrobates danseurs, impressionnantes, ne sont jamais intégrées a des numéros mais mises constamment au service d’un propos sur la migration. À partir de l’évocation des exodes historiques vers Israël, le propos s’ouvre sur la difficulté de passer les frontières, la souffrance des sans toits et des ballottés de l’histoire, projetant des images d’archives, des murs qui se dressent entre les peuples, en particulier celui de Gaza. Un propos politique sans ambiguïté pour ce spectacle coproduit pourtant par l’État d’Israël, mais qui réunit toutes les souffrances et se place très volontairement du côté de tous les

Ronde, Cie Rouge Elea © Cecile Viggiano

Magie et acrobaties

opprimés (Somewhere and nowhere). La programmation de magie s’est poursuivie également, après les très belles réussites à Arles et celles d’Etienne Saglio (voir Zib’ 60), par des occupations dans Marseille programmées par le théâtre du Merlan. Les Brigades magiques ont attiré les passants dans des démonstrations de close up épatantes, les petits tours à la Chambre de commerce ont ravi les enfants et permis une approche au plus près des numéros de dissimulations, surgissements, escamotages (La grosse collection d’Éric Burbail). Si on a retrouvé avec étonnement les pouvoirs de mentaliste de Thierry Collet, ceux de Bébel à La Criée (Belkhéïr) se sont dilués dans une histoire pas très bien ficelée, autour

Sisyphe heureux Pour Le vide-Essai #5, on entre sous le chapiteau noir du Théâtre du Centaure, entre chien et loup, au son d’une musique lancinante. On découvre sur la piste de sable une planche sur tréteaux, des matelas de mousse superposés et 7 cordes suspendues au faîte du chapiteau. C’est alors qu’un acrobate, suspendu en haut d’une corde qui brutalement se décroche, chute… «Il arrive que les décors s’écroulent.» Alexis Auffray, qui un peu plus tard jouera du violon, retire alors la pancarte avec l’inscription Prologue où les gens entrent. À la fin il sortira du sable une pancarte identique sur laquelle on pourra lire Epilogue où les gens sortent. Entre les deux, le circassien Fragan Gehlker, très méticuleusement, refera ses essais d’ascension, Sisyphe persévérant, retombant sans cesse et recommençant sans fin, créant dans le public une tension douloureuse, l’obligeant à

s’interroger sur le lâcher-prise et l’absurde de la vie. «Si la descente se fait dans la douleur, elle peut aussi se faire dans la joie.» Fragan Gehlker travaille sur la répétition du labeur ; le Mythe de Sisyphe de Camus l’accompagne dans son travail d’acrobate virtuose poétique et philosophique. Il faut l’imaginer heureux ! ANNIE GAVA

© Annie Gava

Le vide-essai #5 a été donné du 9 au 20 février au Théâtre du Centaure, Marseille

d’un rêve qui projetait le manipulateur dans un jeu de cartes… La virtuosité de cet homme seul, assis, fait frissonner lorsqu’il joue de ses grandes mains pour exécuter des tours incompréhensibles, mais en conteur il est moins convaincant… Reste que cette pléthore de spectacle de cirques, puisqu’il faut sans aucun doute aujourd’hui l’écrire au pluriel, a dressé un panorama très divers de tout ce qui est issu aujourd’hui de cet univers, et fabrique des arts nouveaux, en mouvement, qui contaminent la danse et le théâtre autant qu’ils s’en inspirent… AGNES FRESCHEL

Ces spectacles ont été joués à Marseille du 15 au 24 février



Merci Pierrot…

20 C I R Q U E

Paradoxes et métaphores Pulsions, les premices, septembre 2012 © Sileks

l’admiration de la prouesse physique et la répulsion pour ce qui est représenté, ainsi la scène de ce couple où le mépris, la violence, s’entrelacent crûment. Puis on retrouve l’harmonie au trapèze, lorsque les êtres enfin réconciliés élaborent de fluides arabesques. Bascule coréenne, cadre aérien, portique, corde lisse, vélo acrobatique et mât chinois traduisent le cheminement de la pensée, les désirs d’ascension comme les plus glauques instincts. Le tout se dessine dans les jeux de rideaux concentriques, qui jouent sur les hauteurs ; les transparences, accueillent des images réelles de boxe ou d’un tableau de Bruegel… Un cirque qui allie la force vitale de très jeunes gens à une vision esthétique.

Spectacle de fin d’études de 17 circassiens de la 24e promotion du Centre National des Arts du Cirque, Pulsions, mis en scène par Laurent Laffargue, offre un remarquable exemple de ce nouveau cirque parvenu à maturité. Il ne s’agit plus d’enchaîner des numéros éblouissants (le caractère éblouissant reste !), mais de tenir un propos fort qui contamine l’ensemble, et l’esprit même de chaque tableau. Ces Pulsions, comme les sept péchés capitaux, «renvoient aux sentiments primaires de l’homme». S’orchestre un travail sur la transgression, essence même du cirque qui défie les lois de la pesanteur, de l’équilibre. D’un magma originel se dégagent les identités de genre souvent confuses, puis des pulsions primaires exploitées par une société mercantile, disséquée et dénoncée. Les passions, les excès parfois insoutenables sont mis en scène. On est alors partagé entre

MARYVONNE COLOMBANI

Pulsions a été joué dans le Pays d’Aix du 21 février au 5 mars

ANNE-LYSE RENAUT

Show devant ! © Danielle Lorin

Proserpine peut faire la fête, elle a fait du bon boulot, dans les consciences au moins, en aidant à lutter contre les peurs nées de l’annonce, effrayante (?), de la fin du monde annoncée pour décembre 2012. Point de dégringolade cosmique, fêtons-ça nous dit-elle ! Car pour faire fi de cette inhibition qui nous empêcha de vivre pleinement (vraiment ?) la fin d’année, rien de tel qu’une «after», de ces fêtes débridées qui permettent de prolonger les soirées en lâchant le meilleur (voire le pire) de chacun d’entre nous. Expulsées, donc, les peurs instillées par les

Il a fait sortir le cirque des chapiteaux et des théâtres, introduit du rock’n’roll et des engins vrombissants. Disparu en 2010, Pierrot Bidon était l’un des grands réformateurs du cirque, créateur en 1984 du cirque Archaos. Inventif et généreux, il a fondé au total une dizaine de cirques dans le monde entier, du Brésil à l’Angleterre en passant par la Guinée. Installé à Arles en 2006, Bidon a émerveillé la ville par ses tempêtes de plumes de «Place des Anges» inventées pour le festival Drôles de Noëls en 2007, et reprise pour la fête d’ouverture de MP20123. «Faire une grande et belle fête quand on s’en sentirait la force et l’envie». Tel était sont dernier vœu. Promesse tenue grâce à cette « fête à Pierrot » qui a eu lieu du 8 au 10 mars à Arles en plein cœur d’une friche industrielle des quais du Rhône. L’ambiance était au rendez vous. Des petits chapiteaux pour manger et rigoler, du cirque en plein air avec La roue de la mort, du trapèze «grand volant» et des projections des spectacles de l’artiste. Sous un grand chapiteau, des artistes du monde entier, qui ont croisé la route de Pierrot Bidon, proposaient des numéros atypiques pour un dernier cabaret en son honneur. Tango voltigeur, ou Max le cochon charmeur qui déshabille la belle Sarah, une équilibriste déjantée… Au loin des anges déversent leurs plumes. Le public assiste à un concert unique sur le rythme effréné des tronçonneuses illuminé par des jongleurs et cracheurs de feu. Une pluie de plumes ensevelit la foule, et, le regard vers le ciel, tout le monde dit au revoir et merci Pierrot…

rigorismes religieux et politique, sans parler des dérives médiatiques ! L’After et sa Mamamia avait de ça, sorte de concert inabouti ou de spectacle raccourci, mais qui se présentait comme un joyeux électro-show. Or le mélange laissa comme un goût d’inachevé, après quelques riffs de guitare pourtant bien sentis de la part des deux acolytes de la clown. Que nous dit-elle, Proserpine, que nous ne sachions déjà ? Que la fête est compliquée à faire à certains âges mais que tout est une question de volonté ? Qu’un objet imaginaire envoyé dans le public est renvoyé derechef, la tête de turc désignée jouant le jeu bien volontiers ? Qu’un marteau peut aider à expulser toute pensée négative, à condition que les coups soient rendus ? Heureusement la danse était là, celle que chacun s’approprie et qui peut servir d’exutoire à tout moment, à l’image de celle qui porta les flashs mobs vécus quelques jours avant dans un supermarché de Port-de-Bouc et sur une place de Martigues. À quand le vrai défouloir géant ? DO.M.

L’After et sa Mamamia a été donné le 16 février à Port-de-Bouc

La fête à Pierrot a eu lieu du 8 au 10 mars à l’Espace Chapiteau à Trinquetaille sur les bords du Rhône à Arles © Anne-Lyse Renaut



Samir El Yamni, Carnets de route, Hivernales 2013 © DE.M

22 D A N S E

Hivernales du désir Le festival de danse contemporaine a déroulé ses tapis aux danseurs de la Méditerranée, entrainant plus de 6000 spectateurs dans une quinzaine de lieux. Un tapis de désirs, de langages sensibles, d’hallucinations collectives, de fleurs et de sueur, d’esquisses parfois inabouties mais toujours généreuses. Avec le fougueux Marathon Bagouet par la jeune génération au Palais des Papes, la légèreté et l’humour du chorégraphe disparu laisseront des traces, transformant l’essai enjôleur en rendezvous incontournable. Mixant capoeira et hip hop, les 12 danseurs algériens d’Hervé Koubi dans Ce que le jour doit à la nuit ont apprivoisé la lumière, délivré un message de fraternité et une sacrée dose de testostérone. Une gestuelle ample qui atteint parfois ses limites, mais permet d’exprimer les difficultés de la danse dans

leur pays. En clôture, d.opa ! de Patricia Apergi, avec des danseurs grecs libres de créer mais sans moyen, relevait d’une égale énergie, communicatrice, confrontant le passé au monde moderne. Une danse très bavarde, frôlant parfois la rébellion du punk. Un état que n’a pas atteint Fabrice Ramalingom dans My Pogo, avec ses danseurs plus précis mais contraints dans le corps-à-corps sans atteindre la tempête de la contestation. Tout comme Mauro Paccagnella, tournant en rond dans ses solos à force d’abattre les quatre murs d’un ring imaginaire.

DE.M ET T.D.

Traversée des âges Dans Acte sans parole I, le funambule Dominique Dupuy joue avec les mots de Beckett et nous saisit. Accompagné en miroir par un jeune circassien, il accomplit le trajet de l’auteur, visa-

My generation Ça commence par le silence, les esquisses d’attitudes rock, un micro qui s’incline, tournoie, accompagne de clichés le musicien muet, puis se transforme en javelot qui attend son envol. Les mouvements des objets créent des ondes sonores, redessinent l’espace. Puis, dans un tableau surréaliste, les instruments s’animent, guitares à jambes, caisses mouvantes… Les gestes miment le groupe rock, les voix s’enflent, le batteur s’emporte dans des numéros à la fois parodiques et virtuoses, dans la lignée de Keith Moon, avec ses réactions inattendues, délirantes. L’univers des Who se reflète et se diffracte dans Micro, le spectacle de Pierre Rigal. Avec des moments très forts, quand Mélanie Chartreux devient un automate qui se dérègle… Entre transes et ballades, le spectacle trace un chemin auto-parodique, parfois enfumé à l’excès, parfois

ge émacié, torse nu sous manteau noir, index pointé affirmant ce qu’en acrobaties son prédécesseur démontrait. Une autodérision glaçante qui signe à mots murmurés la solitude d’un corps de 83 ans en attente. Plus réjouissant, Mon Amour, de Thomas Ferrand, déroule papier peint à fleurs et Molière tchatcheur pour servir de course contre la mort aux deux performers épuisés par la peur de «s’endormir dans la tranquillité d’un tel amour». Ambra Senatore a offert, avec John, un délicieux terrain de jeu, où les objets et les mots fabriquent une partition de mouvements délicats et poétiques. Mais surfant sur la provoc et la dépense, Mickaël Allibert, dans Office du Tourisme, a perdu le fond par trop de forme. Ses touristes-zombies, monstres risibles et déshumanisés errent dans un territoire ravagé, à grand effet de tronçonneuse, de body-painting et de scotch déroulé. Sous l’esthétisme déglingué, la société consumériste et l’impossible rencontre semblent n’être que prétexte au chaos très organisé, laissant un goût de déjà-vu. En revanche, Pascal Rambert dans Memento Mori a offert une séance d’hallucination anxiogène mémorable. Une épreuve subliminale dans l’obscurité, où des corps-lueurs se meuvent du fond de la caverne vers l’accouplement orgiaque. Hypnotique également l’Anatomia publica de Tomeo Vergés, avec la captivante Sandrine Maisonneuve, automate spasmodique confinée dans un sidérant triangle amoureux. Qui était également chorégraphe, avec Laurence Rondoni, de Nobody knows, every body knows au Klap : une pièce portant l’instantanéité d’une jeunesse qui cherche à ré-enchanter le monde. Les danseurs courent, grimpent, s’enlacent et se repoussent, jouant de leur corps pour traduire les doutes et l’enthousiasme qui caractérisent leur âge.

un peu lourd, mais le dynamisme fait vite oublier les quelques longueurs et le manque d’invention harmonique. Qui n’est pas celui des Who ! M.C.

Micro a été joué au Pavillon Noir, Aix, les 7 et 8 mars (ATP)

À venir les 29 et 30 mars Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Micro © Pierre Grosbois

La 35e édition des Hivernales a eu lieu à Avignon, Vaucluse, Villeneuve, Aix et Marseille du 23 fév au 2 mars


De l’art en puissance Les onze danseurs de la Compagnie Käfig présentent depuis 2012 une nouvelle création, Käfig Brasil, née au Festival de Montpellier Danse. Quatre chorégraphes sont invités par Mourad Merzouki pour ce spectacle, apportant chacun un propos et une technique qui se conjuguent aux propositions des danseurs. Hip hop, capoeira, samba, bossa nova, musique électronique, voix, danse contemporaine se tissent, se croisent, se rencontrent. Les arts martiaux donnent à la danse une énergie combative, la danse permettant ici la formulation d’une pensée et d’histoires. Denis Plassard situe les danseurs dans l’attente d’un ascenseur, esthétique de dessin animé déjanté à la Tex Avery. On observe ces personnages en tenue de ville, cravatés, avec le regard de l’ethnographe. Étrangetés soulignées par les acrobaties physiques et vocales. On est pris entre le rire et la poésie. Céline Lefèvre interroge sur le non-dit qui fait mal, les mains se posent sur les lèvres, se mordent. Le besoin de dire enfin libéré autorise l’écoute de l’autre, la naissance de la solidarité, transcrite par la liberté de l’ensemble sur scène. Octavio Nas-

23 © Michel Cavalca

sur instaure un dialogue transculturel entre le sport de combat qu’est la capoeira et le hip hop. Son esthétique se nourrit des contrastes, et des époustouflantes acrobaties de l’ensemble. Anthony Égéa s’inspire de la musique électro pour une danse de masse toute en percussions, en ivresse des mouvements répétés, dans une intense jubilation. Jubilatoire en effet tout ce superbe spectacle où l’on sent la pâte Merzouki, qui unit les étapes en une œuvre cohérente et forte. Performances physiques, expressivité des danseurs, variété des sources d’inspiration, superbe occupation du plateau,

tout concourt à la remarquable réussite de l’ensemble. On en sort émerveillés. MARYVONNE COLOMBANI

Käfig Brasil a été dansé le 9 février au Théâtre Durance, Château Arnoux

À venir le 30 mars Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Chanson de geste(s) étrangeté s’estompe ou plutôt se transforme pour laisser se déployer un numéro sidérant de hula hoop : le cerceau de plastique coqueluche des années 50 finissantes va entraîner tout autant qu’entraver la danseuse désormais identifiable (à qui ?) avec sa jolie robe bleue. Condamnée au déhanchement rythmé jusqu’à épuisement du sourire, la jeune femme tente de survivre tout simplement : arroser une plante ou manger des corn-flakes relève de l’acrobatie ; tendre et poignant comme le blues déchirant que l’homme joue sur sa guitare entre deux apparitions en magicien raté, ce spectacle étonnant donne envie de rentrer en soi-même, et d’y rester longtemps. © Jerome Tisserand

Demi-brume, temps suspendu : un homme guide avec mille précautions un grand corps drapé à tête de loup venu du fond des âges, l’accompagne jusqu’à la lumière et la chaise en front de scène ; un masque est doucement ôté qui en cache un autre puis un autre... rires timides dans la salle, puis inquiets... silence. Le zèbre... la grenouille... la bête se dépouille lentement et l’homme joue sur sa trompette un air crépusculaire à ressusciter Miles Davies ; un moment mec, cigarette au bec, la belle finit par sortir d’une ultime métamorphose… Tableau inaugural, première des Sad Songs imaginées, chorégraphiées et mises en musique par Thierry Baë (l’homme), dansées par Corinne Garcia, ce poème liminaire impose doucement un ajustement des sens et laisse flotter le sens. La salle ne s’y trompe pas et se serre dans une attention toute particulière qui ne faiblira pas. Flûte japonaise, ciels tourmentés et évanescence de la gestuelle : la danseuse est incarnée mais n’incarne rien ; le musicien souffle et c’est un peu le matin du monde ou un morceau d’éternité sans visage. Peu à peu l’inquiétante

Sad Songs de Thierry Baë a été crée au théâtre des Bernardines, Marseille, en collaboration avec marseille objectif DansE du 14 au 16 février

MARIE JO DHO

RetrouveZsur notre site ces critiques danse et découvreZles autres ! - Hep garçon ! aux Bernardines - Ailey II à Toulon www.journalzibeline.fr - Daphnis é Chloé au Pavillon noir - Don Quichotte du Trocadéro à la Criée

D A N S E


Treize pour le prix d’une

24 T H É Â T R E

Il y a quelques saisons, dans des lieux plutôt intimistes (appartements, librairies…), Clara Le Picard nous régalait de son Endroit de l’objet, solo pour comédienne et vidéoprojecteur, un spectacleconférence décalé qui interrogeait la relation de l’homme à l’objet. Ce curieux otni (objet théâtral non identifié) avait permis la naissance du personnage de Martine Schmurpf, «éminente scientifique autodidacte». La voici de retour pour un «deuxième programme de formation». Cooking with Martines Schmurpfs s’attaque à la relation de l’homme à l’alimentation. En plein scandale du «horsegate», la conférence-cours de cuisine qu’elle propose ne pouvait tomber mieux ! Afin de «dynamiser le propos», elle n’a pas hésité à se cloner ! Ainsi, ce sont deux conférencières duettistes qui mènent le programme, tandis que douze clo-

projections et un certain nombre d’interludes musicaux, dansés ou publicitaires plutôt hilarants. Dans cette profusion, des supports, des genres, on perd parfois le propos. Sans doute Clara Le Picard gagnerait-elle à resserrer un peu tout cela. N’empêche, c’est drôle et plein d’énergie. Une intelligente satire non seulement de nos systèmes alimentaires mais sans doute aussi de notre rapport aux images et aux réseaux sociaux. FRED ROBERT © Adeline Ferrante

nes ratés, les non Martines, s’affairent à concocter le kit de survie destiné à nous permettre de résister «en cas de destruction massive de l’industrie agro alimentaire». Il y a du monde sur le plateau : les douze amateurs recrutés localement, les deux comédiennes (tous

en tenue blanche, toque sur la tête et queue de cheval), plus tous les amis de Facebook régulièrement consultés, plus les gens filmés ou interrogés. Même le public dans la salle est prié d’intervenir. Une conférence interactive donc, avec recours massif aux tablettes et aux

Cooking with Martines Schmurpfs, écrit et mes par Clara Le Picard, création sonore de Frédéric Nevchehirlian, a été joué au théâtre des Bernardines dans le cadre de La Minoterie hors les murs, du 20 au 22 février

Fabulons !

Troublante alchimie... Intervenant régulièrement dans les formations dispensées aux élèves de l’ERAC (École Régionale d’Acteurs de Cannes), c’est tout naturellement qu’Hubert Colas a écrit pour les étudiants de l’ensemble 20 au terme de leur 3e année. Auparavant il a fait appel à Jean-Jacques Jauffret, cinéaste. De la scène à l’écran, de l’image à la chair même de l’acteur, le spectacle s’est mis en place, l’alchimie s’est réalisée. Les personnages sont à l’âge de leurs interprètes, jeunes adultes qui se cherchent encore en cherchant les autres. Mais ils ne sortent pas indemnes de leurs rencontres. L’un d’eux dit : «Je ne suis pas assez mature pour vivre une expérience sans me faire mal», c’est peut-être une des clés de la pièce... Le désir circule, les personnalités s’affrontent et se jalousent. L’écriture d’Hubert Colas adhère à ses jeunes interprètes, se frotte aux images de Jauffret, rejaillit avec d’autres mots. Au début du spectacle le spectateur s’aperçoit que les treize comédiens sont assis au premier rang et se retournent vers lui. Regards qui cherchent la complicité ? Un plan fixe sur deux corps nus et tristes, plus tard deux autres s’accouplent... Les corps s’offrent, se mesurent sous le regard du spectateur qui ne sait plus où est le film ni où est le théâtre ; l’acteur sort de l’écran dans le même costume, avec les mêmes mots. La scénographie transforme les murs de la scène par des effets de projections. L’illusion est parfaite, le pari tenu !

Fabulations, extrapolations, inventions, illusions conjuguées sous toutes leurs formes, avec L’Écran de fumée, le théâtre du Maquis fait ses délices du mensonge érigé en vérité, et l’amour des mots, du coq à l’âne de la coquecigrue, de la parodie, de la «fumée du monde», si importante «qu’on ne la voit pas»… Pour ses trente ans, cette troupe fait preuve du même esprit juvénile et déjanté qu’à ses débuts, dans un spectacle qui tient du cabaret, avec ses numéros, son bateleur, ses chansons. On remonte à Adam, en direct, on suit des reportages plus vrais que nature : l’émission «Rien à dire», spécialiste de l’attente, n’est pas sans en rappeler certaines qui se prennent au sérieux ! On fait des maths à propos des exilés fiscaux, où 1+1=1, on sourit à la conférence sur le thème fumeux de Conscience et univers ! Les Mayas, les pastèques, la planète Nibiru, les voix de Jeanne d’Arc… tout se mêle aux mensonges du quotidien. Qui nous joue le mieux du pipeau ? Ceux qui nous abrutissent de bêtises ou de commentaires fumeux ? On est tenté de tout mettre en doute, dans le jeu des décors mouvants, des lumières qui soulignent ou éclipsent. La seule réalité reste celle du rire qui secoue la salle, la vivacité des acteurs. On leur souhaite encore de belles années de mensonge théâtral !

CHRIS BOURGUE

MARYVONNE COLOMBANI

No signal [? Help], coproduction ERAC et Diphtong Cie, s’est joué du 13 au 16 février à La Friche salle Seïta, Marseille © Bellamy

Les trente ans du théâtre du Maquis s’est joué le 14 février à Rousset, le 8 mars à Gardanne

À venir les 11 et 12 avril Bois de l’Aune, Aix 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr Pour le site Le 8 mars Cinéma 3 Casinos, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr


Boîte noire Plongées dans l’obscurité, leurs visages clairs comme la lune, trois jeunes filles «veillent les heures qui passent» devant un cercueil. Pour comprendre une boîte noire, il faut jouer avec, dit-on : pour conjurer l’énigme du cercueil, les trois jeunes filles cherchent à parler, et à s’inventer dans cette parole, à essayer des fictions. Elles rêvent des souvenirs d’elles-mêmes, puis créent ensemble le rêve d’un autre. Comme un chœur antique, ou comme un conte d’enfants dans le noir, elles composent à plusieurs voix la fable d’un marin échoué sur une île, qui s’invente des patries imaginaires, jusqu’à ce que le retour au pays natal soit devenu impossible, car il est plus inconsistant que ses rêves. Alors les jeunes filles s’éveillent au jour en tremblant de n’être elles-mêmes que le rêve du marin. Les comédiennes se tiennent ainsi en équilibre instable sur le trait d’union du clair-obscur, sur la ligne mince qui sépare les vivants des morts, la parole du silence, le rêve de la réalité. Livrées à une épreuve perdue d’avance, pour qui découvre le drame d’exister, d’être dans le temps, où tout est passé sitôt que vécu, irréel sitôt que formulé. Et quelque chose a lieu : la naissance d’une poésie métaphysique qui vit -ni cérébrale ni sentencieuse, mais vibrante des sensations, du rythme polyphonique des voix, de la lutte

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© Mathieu Bonfils

imperceptible, intérieure, du mouvement contre l’immobilité. La possibilité d’une île, qui serait aussi la possibilité d’un autre théâtre, sans décor, sans psychologie et sans intrigue, qui n’habille pas des mots mais crée en nous du silence. AUDE FANLO

Le marin, de Pessoa, mis en scène par Guillaume Clausse et Florent Haas (cie l’Individu), a été créé aux Bancs publics, Marseille, du 7 au 9 mars

T H É Â T R E


Un désespoir si grand

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Vider son sac Dans la petite chapelle attenante au théâtre des Halles, Alain Timar invite Blanche Aurore Céleste à se confier. Sans autre scénographie que le lieu solennel rempli d’encens, quelques cierges, un autel auprès duquel une jeune femme d’aujourd’hui entre -par hasard ?- en confession, croisant quelques fantômes et délires sanguinaires au détour de son inventaire amoureux. Blanche déboule avec ses valises, son portable rose, ses cheveux hirsutes, ses tics d’ado, ni sainte ni catholique, punkette au cœur de midinette qui raconte les pièges du destin. Camille Carraz, toute en nuances, nous prend dans ses bagages, conte les déceptions, s’en amuse, s’affole, fait vibrer la chapelle d’une danse folle, épingle ses doutes existentiels, devient auguste cruel pour avouer sa peur de vieillir sans amour ou vierge prête à tout pour ne pas finir seule. Un personnage imaginé par Noëlle Renaude, lucide et naïve à la fois, instable et volontiers fantasque, qui se débarrasse de ses désillusions pour continuer à vivre. Elle s’amourache aussi vite que les hommes la laissent tomber, alors elle fait des rêves et en rajoute. Après Jules, Selim, Albert et Planton, Paulo, Ernest et Mario, Victor, Marcel… arrive Amédée, et c’est elle qui nous plante pour goûter des myrtilles. Les valises sont posées, Blanche n’a rien profané. Mais elle est libre et vivante. DELPHINE MICHELANGELI

Blanche Aurore Céleste s’est joué du 7 au 9 mars puis du 14 au 16 mars au théâtre des Halles, Avignon

L’amplitude littéraire de Henning Mankell est souvent occultée par sa série Wallander, le célèbre commissaire dépressif ! Mais l’écrivain est également dramaturge. Dans Des jours et des nuits à Chartres, il délaisse les grisailles de sa Suède natale et la chaleur tropicale du Mozambique où il séjourne régulièrement (L’œil du léopard vient d’être traduit au Seuil) pour s’attacher à un épisode particulièrement sombre de l’histoire française : l’Occupation allemande et l’épuration. À partir d’une photographie de Robert Capa prise le 16 août 1944, il tire les fils de la vie de Simone, mère d’un jeune bébé né de sa liaison avec un officier allemand, décédée à 44 ans d’alcoolisme… De la même manière que l’auteur navigue entre fiction et réalité, admettant avoir pris «beaucoup de libertés avec les faits», le metteur en scène Daniel Benoin chamboule la chronologie des événements et procède par saynètes successives. De la chambre noire à la prison, de l’atelier de couture à la salle de bal, avec le photographe comme fil rouge au récit, pas très convaincant dans le rôle d’un Capa solilo-

quant à voix haute… Quant au rideau noir qui s’ouvre et se ferme à chaque changement de scène, cela en deviendrait presque cocasse si l’on ne mourrait pas d’ennui ! Les thèmes fondateurs sont là pourtant, interprétés avec la gravité nécessaire par des acteurs qui donnent du relief à une mise en scène linéaire et monotone : la délation, la peur, la vengeance, le mal et le bien, la trahison, l’inconscience ou la méconnaissance, l’amour filial qui efface tout, même l’inconcevable. M.G.-G.

Des jours et des nuits à Chartes a été joué les 8 et 9 mars au Théâtre Liberté, Toulon

Une âme immortelle La petite sirène, c’est la quête d’une âme immortelle. Les sirènes vivent certes 300 ans, mais ne possèdent pas ce privilège des humains. La petite sirène la désire plus que tout : comme toujours chez Andersen il est question des transformations du corps et des injustices de la fortune. Objet d’une quête spirituelle, l’âme immortelle se gagne par les sacrifices et les bonnes actions : comme toujours chez Andersen l’émancipation échouera tragiquement. Nous sommes bien loin de l’appauvrissement symbolique de Walt Disney, et il faut rendre grâce à Alexis Moati d’avoir su restituer ses perspectives métaphoriques au conte. Il fait porter la parole par trois jeunes filles, fines, aériennes comme la petite sirène, qui endossent tous les rôles. Une évolution des points de vue

orchestre la progression, du simple lecteur de l’histoire, à celui qui se souvient et rapporte les faits, enfin à la prise de possession du personnage par l’emploi de la première personne. Le décor est original et symbolique : le sol est jonché de vêtements et çà et là, d’énormes aquariums reçoivent des gouttes d’eau qui tombent des cintres… nous sommes au fond de l’océan où «l’eau est bleue comme les feuilles des bleuets», entre le livre et le jeu, le désir de grandir, les enthousiasmes adolescents, la vivacité douloureuse d’une danse où les pieds souffrent. Douleur consentie pour une ascension qui traverse les trois éléments, l’eau, la terre, l’air. Par son sacrifice, la petite sirène devient une fille de l’air et pourra par un long cheminement obtenir enfin une âme. Car Moati ne peut se résoudre à punir les désirs de sa sirène, et nous fait croire, finalement, que «les êtres humains sont nés de ses rêves»… MARYVONNE COLOMBANI

Les petites sirènes, nouvelle création de la cie Vol Plané a été joué les 7 et 8 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux


À la cour de l’empereur, la vérité n’est pas bonne à dire. Seul un enfant s’y risque fortuitement : «Mais l’empereur est nu !». S’inspirant du conte d’Andersen, la compagnie Graine de malice a plus d’un tour dans son sac pour transformer les carafes, coupes, gobelets, pipettes et cabochons pour un royaume. Danielle Pasquier et Roland Boully insufflent vie aux objets, métamorphosent un paysage de sable en château et campagne, donnent corps et voix à l’empereur, aux courtisans et au peuple. Car au royaume ça caquette jour et nuit, ça fait des courbettes, ça minaude, ça flagorne et ça complote drôlement ! À la manière d’un

tableau de Rembrandt -effets de transparence du verre et sensualité des étoffes et des dentelles imaginaires-, les deux comédiens racontent le conte par petites touches délicates, chuchotements, gestes lents et maniérés, une ritournelle, de précieux éclairages, dans une semi-obscurité pour plus d’intimité. Dans cette proximité complice, le public se laisse prendre dans les mailles du filet et, jusqu’à la fin, vit au rythme des toilettes impériales, des amusements de la cour, des caprices de l’empereur… dans l’attente de voir apparaître cette étoffe magique que deux tisserands perfides trament en secret. Mais tout n’est

© X-D.R

Les caprices de l’empereur

27 qu’illusion : «tisse tisse la laine, tisse tisse le peuple» chante le bouffon… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Les Habits neufs de l’Empereur a été joué du 19 au 21 février au PJP, Le Revest

Éclore ou pas

...Femmes,

L’univers plastique de la Cie Attention fragile est précieux, fait d’un équilibre assez miraculeux entre esprit de récup, amour pour la couleur et l’esprit des contes, modestie de la bricole et équilibre des espaces et du mouvement. Sur le Parvis de l’opéra leur installation de caravanes poétiques était fascinante… mais leur prestation le fut moins. Lorsque Gilles Cailleau évoque tout Shakespeare en deux heures on est emporté par la richesse du monde évoqué, des histoires qui se croisent à toute vitesse. Cette Naissance de Dalida est tout l’inverse : tout est lent et rien ne varie, et le monde évoqué est pauvre. Plus généralement : on n’échappe pas aujourd’hui à l’évocation nos-

ombres portées des hommes...

talgique des mauvais chanteurs de variétoche en guise de culture populaire ; or Dalida, ou Mireille Mathieu, sont des mythes parce qu’on nous les a marketées ainsi, depuis 30 ou 40 ans. Le théâtre devrait nous aider à échapper à nos formatages par les professionnels du «temps de cerveau disponible», et pas à y plonger avec complaisance. AGNÈS FRESCHEL

La naissance de Dalida a eu lieu le 6 mars

À venir A Table ! par les apprentis de la Fai-Ar Le 3 avril à 12h Parvis de l’opéra, Marseille 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.com

Né du désir d’interroger la figure féminine dans l’immigration féminine, Va jusqu’où tu pourras réunit trois écritures, trois auteurs à qui le Dynamo Théâtre a passé commande : la Turque Sedef Ecer, le Belge Stanislas Cotton, et le Français Michel Bellier, porteur du projet avec Joëlle Cattino, qui met en scène cette trilogie. Découpée en trois récits, L’absente, Les invisibles et Le rêve d’Angleterre, la pièce raconte l’épopée de Perce-neige, jeune femme dont le seul horizon est d’être la Kouma (troisième épouse) dans son couple, et qui va «profiter» d’un tremblement de terre pour disparaitre vraiment, fuir pour se reconstruire dans cette Europe qu’on dit accueillante. Sur sa route des rencontres, femmes et hommes qui façonneront son devenir. Deux femmes notamment, qui, comme elle, vont tout faire pour se fondre dans le paysage, «des moins que des ombres» cherchant la vie... Galanthine, trans cachée sous son niqab qui apprend à avancer, juste avancer

(et quelle interprétation de la part de Fabien Aïssa Besetta !), et Kardelen (Sedef Ecer tout en retenue), seul soutien financier de sa nombreuse famille et portant son quatrième enfant, en quête d’une renaissance. Marseille, Bruxelles, Londres... seule Perce-neige, devenue Dunya, arrivera, à quel prix !, à destination. Un quatrième récit, indispensable respiration humoristique, vient compléter, et éclairer, l’histoire : celle d’une artiste qui exposera ses œuvres, toutes issues de la vie de Perce-neige, «l’absente» par excellence dont on peut réécrire l’histoire pour qu’elle colle à une attente... esthétique. En télescopant les styles narratifs, et faisant se croiser théâtre, chants et vidéos, le Dynamo théâtre transporte, et questionne durablement, la notion d’identité. DO.M.

Va jusqu’où tu pourras a été créé au Théâtre de Grasse les 14 et 15 février, et joué le 8 mars au Sémaphore, Port-de-Bouc

© Vincent Lucas

RetrouveZsur notre site ces critiques spectacles et découvreZles autres ! - Le rêve, soirée transfert à la Criée - Ponts suspendus au 3 bis f -Médée à Miramas - Le jour des meurtres aux Carmes -Jean la chance au Toursky

-Cyrano de Bergerac à Châteauvallon -la Commune Paris 1871 au Vitez -Que la noce commence aux Salins

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Odyssée en treize chants

Serra vs Guetta

Treize chants, ou plutôt treize «aventures» pour évoquer une Méditerranée nourrie de rêves, d’échos passés et contemporains. La nouvelle œuvre de Sonia Wieder-Atherton, achevée par 10 jours de résidence au Jeu de Paume, referme son triptyque commencé par des Chants Juifs puis des Chants de l’Est. Le décor, composé de caisses blanches entassées en colonnes dissymétriques, avec çà et là quelques objets, posés, anodins, une pomme, un gobelet… Dans ces ruines d’une divine blancheur, un sol mouvant, sombre, les couleurs d’une Méditerranée où savent éclore les mythes… Le bruit de la mer et du vent constitue la base de la bande son qui accompagne la violoncelliste, seule sur scène. Une année a été nécessaire pour rassembler, orchestrer, modeler les sons naturels, les voix, les extraits de film, les passages enregistrés au violoncelle, pour un résultat d’une acrobatique précision, chargé d’une puissance évocatoire qui dessine une succession de paysages sonores dans lesquels chaque auditeur puise des émotions, des significations différentes. L’image de la Callas domine par ses accents de tragédienne dans la Médée de Pasolini, femme symbole de la Méditerranée, où résonne encore le printemps arabe, et le courage des femmes qui luttent toujours pour leurs droits. Les compositions de la violoncelliste se conjuguent avec celles des auteurs classiques, comme Stravinski, Bach, Prokofiev, Bellini, mais aussi aux chants traditionnels hébraïques, corses, ou arabo-andalou… l’archet effleure les cordes, joue sur les frontières du

À l’Alcazar, l’ensemble Baroques Graffiti termine sa présentation sur le «Prêtre roux». La langue vivante de Vivaldi a, dans la chaleur de la salle de conférence, le 13 février, cahincaha, survécu au péril qui menaçait de détendre les si sensibles cordes en boyau des violons quand, à contresens, montait le diapason de l’orgue positif… En funambules, rompus depuis les gammes enfantines aux soucis techniques liés à leur art, Jean-Paul Serra (clavier), Sharman Plesner (violon) et Anne-Garance Fabre dit Garrus (violoncelle) posent la dernière cadence sur une Sonate de l’opus 2. Le maître de cérémonie invite le public, venu en nombre, à soutenir ses musiciens en les suivant aux prochains concerts, car dit-il, «On en a besoin… d’autant que, la subvention de 2012 que nous promet la municipalité, ne nous a toujours pas été versée». Après un instant de stupeur, une voix s’élève dans l’assistance, miirritée et ahurie : «Mais on aura David Guetta !». Serra vs Guetta, voilà un combat singulier, emblématique sur le Vieux-Port ! Renseignements pris, la subvention qui pose souci s’élève à… 3000€ ! En revanche, il semblerait que le chèque destiné à la production du millionnaire VIP animateur de boites de nuits s’élèverait à plusieurs centaines de milliers d’euros. Drôle de balance pour une ville dont on chante partout qu’elle est Capitale Européenne de la Culture en 2013. Quel est le sens de cette culture-là ? Ne perd-on pas, à force de vouloir créer l’événement, l’objectif premier de l’idée de culture, qui n’est pas de remplir les hôtels, mais de nourrir les esprits ? Et combien de «Serra» pourrait-on soutenir avec un magot qu’on n’a ni mal, ni scrupule à trouver, sur le dos d’un contribuable n’en demandant pas tant ? Combien d’artistes de talent, vivant en nos murs la vraie et fatale «vie d’artiste», celle grinçante que chantait Ferré, pourrait-on entendre, voir, lire, découvrir… ? De quoi, au mieux, provoquer des questions… au pire, des colères ! Un risque ? Avec Guetta en 2013… patatras en 2014 !

© Marthe Lemelle

son, puis s’appesantit, accordant une profondeur veloutée aux phrases musicales. Violence virtuose, accalmies délicates, rêves, silences, tout cela semble danser dans les belles variations de lumière, de la blancheur infinie aux ocres, jusqu’aux teintes bleutées qui enveloppent le bouleversant Adio. Temps suspendu pour un spectacle taillé dans l’étoffe des rêves ! MARYVONNE COLOMBANI

Odyssée pour violoncelle et chœur imaginaire a été donné du 5 au 7 mars au Théâtre du Jeu de paume, Aix

Diva baroque Le premier concert de Mars en baroque a été à la hauteur des attentes du public qui, depuis 11 saisons, attend de vibrer aux suavités des violes, aux pleurs et soupirs afférents aux goûts des XVIIe et XVIIIe siècles. C’est une Europe baroque qu’on a survolée, dominée par la langue italienne, alors que l’opéra se répand partout, soulève les passions comme les foules : une parfaite illustration d’une conférence donnée, sur ce sujet, deux jours plus tôt à l’Alcazar par Patrick Barbier. Aux commandes, posé en bout de nef à l’Abbaye de Saint-Victor, Jean-Marc Aymes dirige des claviers, au gré d’une gestique Sandrine Piau © Antoine Le Grand - naive

minimale : son ensemble Concerto Soave, composé de formidables solistes, n’a pas besoin de plus. Les cordes expertes, sensibles, dialoguent plus qu’elles n’accompagnent, au fil d’une subtile écoute, avec une Diva avérée, belle fleur épanouie (de magnifiques robes aidant !) dans son jardin chez Antonio Cesti ou Leonardo Leo, Nicola Porpora et l’incontournable Haendel. Sandrine Piau livre, généreuse, un programme d’une douzaine d’airs, tout en vocalises à la virtuosité transcendée, exprimant autant la félicité amoureuse que les tempêtes du cœur, en ombre et lumière, hautement théâtrale dans les récits, contemplative dans un bel canto angélique qui dessine la tendresse ou les blessures de l’âme… À en oublier les pièges techniques tant la soprano maîtrise son souffle, des aigus cristallins qu’elle pose en duvet vaporeux au-dessus de nos têtes…

JACQUES FRESCHEL

© X-D.R

JACQUES FRESCHEL

Ce concert a eu lieu le 7 mars à Marseille Le festival Mars en baroque se poursuit jusqu’au 26 mars www.concerto-soave.com www.marsenbaroque.com

Les signatures s’accumulent sur ce lien-là… on peut toujours s’y rendre : http://chn.ge/WRWnvC


Album de jeunesse Premiers pas sur la scène du GTP pour L’Insula Orchestra, dans un programme classique et pré-romantique construit autour d’œuvres de «jeunesse» de Schubert et de Mozart… …et déjà première réussite pour ce nouveau né d’un an, composé essentiellement de jeunes interprètes, qui a su adopter promptement l’Equilbey attitude ! Précision, recherche de l’équilibre sonore, rigueur… tous les éléments qui ont fait et qui font la renommée de la directrice musicale d’Accentus, se retrouvent sous les doigts agiles de ces instrumentistes. Pour preuve, la très fraîche et délicieuse 5e Symphonie du petit Franz, aux nouveautés harmoniques et stylistiques décapantes pour un compositeur de 19 ans, portée par un pupitre de cordes tout en rondeur, homogène, brillant sans être emphatique, inonda de sa douce lumière le théâtre aixois. Difficile par contre d’être aussi laudatif avec le pupitre des vents, tant le manque d’unité avec le reste de l’ensemble fut criant dans le Concerto pour piano n°23 de Mozart. Bien peu aidée il faut dire, par le faible rendement sonore du pianoforte de Kristian Bezuidenhout, la formation sur instruments d’époque eut du mal à trouver

29 Laurence Equilbey © Julien Mignot

un son à la hauteur de la magistrale œuvre du compositeur autrichien. Heureusement, les quelques notes extraites de Rosamunde distillées en bis, effacèrent rapidement ce petit sentiment mitigé et confirmèrent l’adage qu’«aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années».

Par Mahler…

CHRISTOPHE FLOQUET

Le concert a été donné le 7 mars au GTP, Aix

Leleu fait le show

Ce concert a eu lieu le 8 mars à Marseille

Thomas Leleu © Philippe Doignon

Ceux qui n’avaient jamais entendu le tubiste Thomas Leleu en concert sortent de l’Auditorium du Pharo réellement ébahis. «Mais comment peut-on faire tout ceci avec un tel instrument», si lourd cuivre cantonné au sempiternel enchainement tonique-dominante dans l’orchestre classique ? Entre les mains du jeune musicien (Victoire de la musique 2012 dans la catégorie «Révélation Instrumentale»), comme tenu à deux doigts, le tuba virevolte et s’envole, s’allège et chante, swingue et tempête, livre des sonorités inouïes, multi-phoniques étranges, souffle en continu pour une embouchure qui happerait trois poumons, du grave le plus sourd, laissant battre des hertz en vagues sombres, aux doubles croches ornementales, éclairs fulgurants lancés en toute hâte... D’abord une création signée Richard Galliano, commande de la Ville de Marseille pour son Orchestre Philharmonique, où le tuba a commencé de s’émanciper d’un tapis de cordes brodé aux fils métissés de Ravel, du jazz ou du tango. Puis Convergences de Jean Philippe Vanbeselaere où le soliste a déclenché de béats bravi ! On l’a suivi dans les thèmes décollant en flèche, alors que l’orchestre, agrémenté de guitares, basse électriques, batterie, samplers, peignait autour de lui des décors symphonico-psychédéliques, jingles «west coast», batucada ou big band… Un opus séduisant au cœur d’un programme comprenant aussi la festive Ouverture du Candide de Bernstein et la grandiloquente 2e symphonie de Sibelius ! J.F.

La trompette éclate : militaire ! Les cordes suaves chantent leur tristesse au fil d’un déhanchement bohémien, d’une fanfare mélancolique… Bientôt, sous la baguette de Mikko Franck, admirable trentenaire finlandais, la centaine de musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France épanche, romantique à souhait, un souffle qui décoiffe ! L’allegro furieux déverse des vagues impressionnantes quand les violoncellistes se régalent d’avaler leurs phrases vibrantes… même que les bois en rigolent ! Le Scherzo rebondit telle une balle lourde, un charriot sonore qui bringuebale à l’écho d’un cor merveilleux ou d’un canon en forme de valse alanguie… Là culmine la Sehnsucht ! Mahler distille, au gré de sa 5e symphonie, une science experte de l’orchestration, toute de couleurs, d’équilibre et de subtilité, qu’il magnifie dans le célèbre Adagiet-to associé, depuis Mort à Venise, aux plans de Visconti. Des pizzi-cati de contrebasses fouillent le fond des temps d’où émergent des arpèges de harpe. Un chant plaintif libère des dissonances passagères au gré d’appoggiatu-res alanguies, avant de regagner la chaleur apaisante… un pro-fond silence, suspendu… et le Rondo jovial. C’était le 15 février au Grand Théâtre de Provence : un moment rare de musique ! JACQUES FRESCHEL

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Beaucoup de jeunes Marseillais ignorent peutêtre qu’avant de retirer des CD à l’Alcazar, on venait y écouter des chansons. C’est à cette période et ses artistes de music-hall que la création Alcazar Memories rend hommage. Et avant tout aux grands noms de la chanson marseillaise. Se réappropriant le répertoire, Paul Lay, Isabelle Sörling et Simon Tailleu réinventent des standards qu’ils alternent avec des classiques du jazz et des compositions originales. Pianiste à la virtuosité déjà reconnue, Paul Lay a su préserver la jovialité des titres en leur insufflant une énergie jazz pourtant bien loin du cabaret. Son collègue à la basse, ainsi qu’à la boîte à musique, ponctue, dans la complémentarité, la voix envoûtante à la diction parfois fragile de la Suédoise Isabelle Sörling. Le pari était certes risqué de confier l’interprétation de classiques de Vincent Scotto à une chanteuse à l’accent à couper au couteau. Mais la talentueuse et

Paul Lay © X-D.R

Pépites marseillaises remises au goût du jazz

parfois déjantée scandinave est parvenue à donner un nouveau rythme, un souffle baroque aux pourtant intouchables Adieu Venise provençale, La Canebière ou Le petit cabanon. Le trio a également salué la mémoire d’un grand Monsieur du jazz à Marseille, à l’origine du festival des Cinq continents, Roger Luccioni, en proposant une version aérienne de Sheherajazz. THOMAS DALICANTE

Alcazar Memories a été joué le 5 mars à La Criée, Marseille

Voyage extralucide Les trois théâtres GTP, Jeu de Paume et Gymnase offrent cette année une programmation jazz exceptionnelle qui va toutefois perdurer dans le but de faire du Gymnase le lieu dédié © Dan Warzy

au jazz qu’il fût par le passé. Andy Emler, talentueux pianiste, grand pédagogue de l’improvisation et compositeur inspiré, colporte et fait vivre son projet du MégaOctet avec la Compagnie aime l’Air depuis plus de vingt ans. Dans sa forme actuelle, neuf musiciens sur scène délivrent, avec force et énergie, une musique d’une très grande diversité d’influences. Les compositions foisonnantes sont une invitation à un voyage extralucide. La partition est très écrite, rigoureuse, tout en laissant un champ d’expérimentation inouï à chacun de ses musiciens. Vrai catalyseur de talents et de bonne humeur, Andy Emler a une haute conscience du groupe et de la distribution instrumentale de l’orchestre : le marimba apporte avec les bois (deux saxos alto, un sax ténor et clarinettes) et les cuivres (trompette-bugle et tuba) une texture unique à laquelle on s’attache peu à peu. Une coloration qu’on laisse pénétrer et qu’au final on apprivoise. «ChauvePower !... les cheveux on les a dans le cœur !», s’exclame Andy le chauve, acclamé par tous les chauves de la salle ! DAN WARZY

Ce concert a été joué le 6 mars au Théâtre du Gymnase, Marseille CD : Andy Emler MegaOctet - E total Label La Buissonne / Harmonia Mundi 2012

Trois pincés ! De la lyre d’Orphée aux compositeurs contemporains, les cordes pincées continuent de charmer… Issus de l’Ensemble C Barré, Vincent BeerDemander, mandoline, Thomas Keck, guitare, Célia Perrard, harpe, nous font voyager et croiser des répertories variés, du baroque au contemporain. Il est beau de voir trois jeunes musiciens et enseignants ne pas se figer dans un répertoire formaté (Vivaldi, Sor, Debussy…). La boucle ibérique contemporaine permet de découvrir deux très belles pièces : le Preludio a Hendécaméron (création Gmem 2012) de Miguel Gálvez-Taroncher, aspérités atonales, accords rugueux alternant avec des plages tonales méditatives et Trois autres perspectives d’une absence d’Iván Solano, présent dans la salle Musicatreize, palette magnifique de sonorités impressionnistes et concrètes, tableaux contemporains ciselés. On découvre la belle technique de Vincent Beer-Demander dans le Crépuscule du marseillais Laurent Fantauzzi. La Sonate pour mandoline et harpe, la seule en 4 mouvements de Domenico Scarlatti, nous rappelle que le compositeur était au service du Roi d’Espagne Ferdinand VI : bel équilibre entre le dessus et le continuo, entre exubérance et plainte. Célia Perrard donne toute son expression dans la danse de Granados, Orientale, main gauche arpégée sur un thème mélodique inspiré. Thomas Keck, élégant, capte le public par une technique impressionnante dans la transcription pour guitare de la redoutée Suite Espagnole d’Albéniz. Mais il s’exprime véritablement dans le superbe Tiento de Maurice Ohanna, où il retrouve, rageur, le duende populaire. Ce Tiento faisant suite à la très belle Follia, anonyme, pour mandoline et guitare, les deux musiciens se jouant du thème et des 8 variations avec panache. YVES BERGÉ

Ce concert s’est donné le 20 février dans la salle Musicatreize, Marseille, et le 21 février dans le cadre du festival de Chaillol


L’Espace peuplé de Lianne «C’est mon premier concert à Marseille et je sens que ce ne sera pas le dernier, vous êtes incroyables !» Lianne La Havas et le public de l’Espace Julien vivaient un moment d’échange exceptionnel le soir du 24 février, à Marseille. Pendant 1h30, la jeune auteure-compositeureinterprète et ses 4 musiciens (pianiste, batteur, choriste et bassiste) emmènent les spectateurs dans une contrée soul poétique, teintée de groove jazzy et de mélodie pop. La prestation du groupe, humble et épurée, est d’une intensité éblouissante. Lianne La Havas chante avec tellement de talent et d’émotion que son naturel est déconcertant. La londonienne de 23 ans à la voix suave semble ne faire aucun effort pour dégager tant de puissance, et impose le respect sans artifice. Tout son premier

album est retravaillé pour de sublimes versions lives, agrémentés d’une reprise solo du He loves me de Jill Scott. Sur les titres Is Your Love Big Enough ? et Forget, la communion entre la scène et la salle est impressionnante. Mais déjà lorsqu’elle débute le concert seule à la guitare sur No Room For Doubt dans une lumière orangée, elle met tout le monde d’accord. Comme l’arc en ciel réunit toutes les couleurs de la vie, les compositions de Lianne La Havas expriment toutes les émotions de l’existence… KEVIN DERVEAUX

Lianne La Havas s’est produite le 24 février à L’Espace Julien, Marseille Lianne la havas © X-D.R

Dans le secret du oud «Trois frères unis. Trois musiciens de conserve jouant du soleil de l’Orient parleront. Car c’est de la lumière que viendra la lumière, et resplendira du bruissement de la chanterelle la musique éternelle.» Sur un parchemin imaginaire ces mots glissés avouent leur faiblesse quand il faut parler de la musique des frères Joubran. Le signifié se tarit, le verbe se dérobe face au tréfonds de leur âme qui surgit © Marc Ginot

en musique. Les cordes se dénouent, les doigts se délient et dans ce torrent de notes perlent les odeurs de jasmin, pleurent les mélodies gorgées de soleil de la Palestine. Dissimulés dans l’ombre d’une jalousie on observe : sur scène les regards se croisent et se mêlent, les ouds s’interrogent et se répondent : chants amoébés, harmonies flavescentes, gerbes de notes, canevas de rythmes claudiquants, entrechocs de mesures irrégulières… les sons se mélangent dans l’ivresse d’un soir, des timbres nouveaux surgissent, hymen impossible des sonorités inouïes des peaux et des ors du percussionniste et des larmes des charmeurs de oud. Alors dans une émotion contenue, sans emphase, tout simplement, le temps s’arrête… pour contempler la musique.

© X-D.R.

Au delà des frontières… Dès les premières minutes du concert, les lumières se posent discrètement sur Serge Teyssot-Gay et Khaled Al Jaramani. Une complicité surprenante s’instaure immédiatement entre deux artistes que tout oppose. L’un jouait dans le groupe français Noir Désir pendant que l’autre se produisait à Damas dans un orchestre de Musique arabe. Et pourtant, un véritable dialogue se crée entre les longues vibrations de la guitare électrique et les notes aigües du oud. Le choix du nom du groupe «Interzone» prend alors tout son sens : une musique atypique à la frontière de plusieurs cultures dépassant la vision clivante orient/occident. Dans le cadre du festival Mare Nostrum, l’ensemble est complété («extended») par Carol Robinson, une talentueuse clarinettiste franco-américaine à la voix légère et envoûtante. Aux sonorités orientales du oud, à la tonalité grave de la guitare, à la délicatesse de la clarinette s’ajoute le swing de la trompette du franco-libanais Ibrahim Maalouf. Aussi discret que talentueux, Keyvan Chemirani au zarb explose dans un remarquable solo réalisé sur un rythme endiablé. Il n’y a pas de doutes ce sont cinq personnalités musicales. Mais comment décrire cette atmosphère si particulière qu’ils réussissent à créer ensemble ? Le groupe s’est formé sur l’idée d’élaborer une musique hybride alliant l’esthétique différente de chacun des membres. Le résultat est surprenant : une création métissée offrant généreusement ce voyage musical inédit, hors du temps et de toutes frontières… ANNE-LYSE RENAUT

CHRISTOPHE FLOQUET

Le Trio Joubran, avec le percussionniste Youssef Hbeisch, à l’Auditorium du Thor le 8 mars

Le concert Interzone «extended» a eu lieu au théâtre des Salins, Martigues, le 5 mars, et au Théâtre de Cavaillon le 15 février

RetrouveZsur notre site ces critiques musique et découvreZles autres ! - Katell Boisneau & Yancouba Diébaté au Rouge -Follies à Toulon -Opéra Roland de Lassus -Mars en baroque à la salle Musicatreize -Baroques-Graffiti

-Trio Geoges Sand à la Faculté de Médecine -Trio au Méjan -Erotokritos à Nîmes

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31 M U S I Q U E


Monsieur Andesmas Le récit de Marguerite Duras, publié en 1962,

tal pour faire naître l’image nouvelle, rugueuse, sensuelle, d’un Bagdad qui ressemblerait à Marseille, d’un homme pauvre et naïf sur qui la fortune fond... Elle dévoile ainsi pourquoi ce conte, et les Mille et une nuits, fascinent orient et occident, adultes et enfants, dans les chaumières et jusqu’au fond des palais, depuis des siècles...

possède une puissance d’écriture incantatoire, qui narre les heures d’attente du vieux monsieur Andesmas en s’attachant aux détails infimes de la vie. Les liens tissés entre les êtres exposent leur fragilité et leur force, amour, détachement, les grands thèmes naissent dans un cadre minimal où les mots si difficiles à dire, nouent de subtils échos avec le silence. La Cie In Pulverem reverteris présente ce texte dans une adaptation et mise en scène de Danielle Bré avec Maurice Vinçon dans le rôle-titre.

© Thomas Fourneau

Ali Baba L’homme de son lit Macha Makeïef se plonge dans le conte orien-

du 13 au 29 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

32 A U P R O G R A M M E T H É Â T R E

Mireille Guerre tourne autour de l’Agamemnon d’Eschyle, fascinée par sa brutalité première, la succession de meurtres familiaux, et Cassandre, l’annonciatrice. Elle propose avec cette nouvelle lecture d’approcher plus près encore du texte, avec une assemblée hétéroclite de comédiens au verbe et aux corps divers. Pour y puiser, encore, des sens nouveaux, ou retrouver les origines.

Ubu Roi

L’après-midi de Monsieur Andesmas le 25 mars Le Lenche (Friche du Panier), Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info le 27 mars Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com

du 19 au 29 mars Les Bernardines, Marseille 04 91 24 60 40 www.theatre-bernardines.org

© Vincent de Bouard, Camille Cayol, Christophe Gregoire, Xavier Boiffier

Sa mise en scène tapageuse, terrifiante comme les violences d’enfants... elle tourne depuis des années en Angleterre et en Europe : Declan Donnellan a su redonner à Ubu Roi l’irréductible brutalité des désirs d’enfants, sans frontière et sans surmoi, drôles quand ils restent inaccomplis, mais qui font frissonner si l’on pense au tyran... Toute l’ambiguïté de la farce potache de Jarry est là.

Belle du Seigneur Jean-Claude Fall et Renaud Marie Leblanc confient à Roxanne Borgna les plus belles pages du roman d’Albert Cohen. Autour de la découverte du plaisir chez cette femme sensuelle, le texte devient confession intime au bruissement féminin, et la comédienne en rend sensible chaque virgule, chaque élan...

du 3 au 6 avril La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

du 12 au 23 mars Le Lenche, Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

Le songe d’une nuit...

© X-D.R.

Dompter la chute La Cie de l’Écho offre une version déjantée des textes de Jean-Pierre Siméon, mêlant techniques du théâtre, de la vidéo, du chant, du corps… Le langage semble ici le seul lieu où l’utopie reste possible, les mots les seules armes pour résister à un monde qui nie l’humanité. La troupe en résidence au théâtre Denis à Hyères s’en donne à cœur joie sous la houlette de Xavier Hérédia.

Charles Eric Petit et sa cie L’individu tournent autour de cette création depuis plusieurs années : la pièce de Shakespeare est un quadrille, et plusieurs couples plus ou moins aberrants s’y forment autour d’un drôle de duo dominant et manipulateur... Que deviendront-ils vus par cette bande d’Individus ? du 9 au 13 avril Le Gyptis, Marseille 04 91 11 41 50 www.theatregyptis.com © Laurence Garel

du 2 au 6 avril Le Lenche (Friche du Panier), Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

Xal Xavier Adrien Laurent produit un one man show marseillais où Shakespeare et Baudelaire côtoient les grands attendus de la cité phocéenne, le foot, l’accent, le rap... Un mélange détonnant, qui tourne depuis plusieurs années dans les théâtres d’humour, plus littéraire pourtant, d’une immodestie fabriquée comme un masque. du 19 au 30 mars L’Antidote, Marseille 06 23 59 46 39 www.theatreantidote.fr

© Geoffrey Fages


Les méandres de l’amour © X-D.R.

Gaspard Proust The suit On le compare parfois à Desproges, en raison de son humour décalé, du caractère politiquement incorrect de ses sketches, de ses blagues d’une misogynie outrée, de son arrogance sereine qui lui permet ainsi d’asséner que la «Wii est ce truc qui permet aux pauvres de jouer au golf»… Cet habitué des plateaux télé (il est produit par Ruquier) manie avec brio la distanciation. Saura-t-il passer la rampe ?

© Johan Persson

Festival Russe

Gaspard Proust tapine à … Marseille du 26 au 30 mars Le Gymnase, Marseille 0820 000 422 www.lestheatres.net

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À côté d’une forte présence du cinéma (voir p 57), le 18e festival russe propose des cabarets russes à la suite de chaque spectacle. Une soirée musicale exceptionnelle avec Ludmil Angelov (voir p 44) dans un programme d’une grande virtuosité, Scriabine, Rachmaninov, Stravinski, Kapustin. Puis du 22 au 24 mars, la troupe du Théâtre National de Saint Pétersbourg met en scène Les méandres de l’amour, pièce d’un fondateur du théâtre russe, Alexandre Ostrovski. Triangle amoureux, humour, romantisme, satire sociale, une pièce vive et brillante.

Le costume, créé il y a 12 ans, mis en scène par Peter Brook, se situe dans les années 50 d’une Afrique du Sud qui va bientôt se retrouver plongée dans l’horreur de l’apartheid. Cela commence comme un vaudeville, classique triangle amoureux, dans lequel le costume oublié de l’amant va jouer le rôle d’un véritable personnage. La vie déstructurée du couple devient alors le symbole d’un peuple noir opprimé, en perte totale de repères.

Du 12 au 24 mars Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org

en anglais surtitré du 19 au 23 mars Jeu de Paume, Aix 0 820 000 422 www.lestheatres.net

Le voci di dentro Toni Servillo, Le voci di dentro © Marco Caselli

En création au Gymnase, la pièce d’Eduardo de Filippo met en scène les habitants d’un immeuble napolitain en 1948. Le rire, le drame, le grotesque et le comique ensemble mêlés assurent la construction d’une comédie de mœurs proche de l’univers de Pirandello, mais politiquement moins amère, qui narre «une humanité barbarisée» dans une Naples qui est aussi la «métaphore du monde». Une mise en scène Toni Servillo, avec la troupe du Picolo Teatro di Milano. du 20 au 23 mars Le Gymnase, Marseille 0820 000 422 www.lestheatres.net

Droit dans le mur Bien que le projet, cocasse, de transformer l’ex© Alain Leroy

Les liaisons... Le roman épistolaire de Laclos adapté à la scène par Christopher Hampton (qui a aussi livré le scénario du film de Stephen Frears) est repris au théâtre dans une mise en scène libre de John Malkovich. Les objets numériques contemporains s’immiscent dans la scénographie, mais la langue reste toujours aussi forte et élégante, et les sentiments ambigus. Les liaisons dangereuses du 9 au 20 avril Jeu de Paume, Aix 0 820 000 422 www.lestheatres.net © Cosimo Mirco Magliocca

prison Sainte-Anne à Avignon en hôtel 5 étoiles soit en suspens, Serge Barbsucia s’empare du sujet pour un spectacle original et sensible. Soutenu par la Fondation Abbé Pierre qui présentera son Rapport sur le Mal-Logement 2013 le même jour au Toursky, cette création aborde le problème des sans abris et des conditions de détention, entre réel et fiction, textes d’auteurs et témoignages. le 9 avril Théâtre Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 www.toursky.org les 13 et 14 avril Théâtre du Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org

A U P R O G R A M M E T H É Â T R E


Les mamelles de Tirésias Le 11 avril Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com

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Au départ, Mars de Fritz Zorn, qui y évoque son combat pour la vie. Contre le cancer, la parole apparaît comme une arme, peut-être la seule, à l’encontre d’un monde bourgeois menteur, auquel le personnage principal appartient. La pièce comprend plusieurs niveaux, celui de la conscience, celui des désirs refoulés. Quête complexe d’une vérité de soi multiple dans une forme dessinée par Laurent de Richemond qui use des corps, des images, des sons des lumières et même du public. les 20 et 21 mars Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com

L’importance d’être ...

Que faire ? Cent ans après la parution du célèbre Que faire ? de Lénine, un couple dans sa cuisine («lieu simple de l’aliénation contemporaine») s’attaque au tri monstrueux de l’Histoire, de l’art, des pensées. Livres entassés, pages qui se confrontent, de Descartes à Bourdieu, avec la révolution française, la révolution russe, le néolibéralisme, Nietzsche, mai 68… la pièce de Benoît Lambert et Jean-Claude Massera, s’appuyant avec brio sur les textes fondateurs nous emporte dans un festival de réflexions décapantes. Que faire ? (le retour) Les 2 et 3 avril Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 42 59 94 37 http://theatre-vitez.com

Philippe Honoré s’inspire du titre d’une œuvre d’Oscar Wilde, L’importance d’être constant, et peint en douze tableaux la vie tumultueuse de l’écrivain anglais. Trois brillants comédiens retracent les grandes étapes, nourrissant leurs répliques des aphorismes du célèbre dandy, entremêlant cet hommage d’extrait de textes, de témoignages d’artistes. Un spectacle de la Cie Philippe Person. L’importance d’être Wilde Le 21 mars Salle Émilien Ventre, Rousset 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com

Courts Tchekhov La Cie Les Grues Maux présente trois © V. Arbelet

Le préjugé dans cette pièce en un acte de Marivaux est le ressort même de l’intrigue. Angélique, aristocrate, acceptera-t-elle d’épouser Dorante, dont le seul défaut est la roture ? L’action est transposée dans les années 50, avec une toile de Magritte en fond de scène, la danse se mêle au texte. Avec cette œuvre, le Théâtre du Temps Pluriel sous la direction de Jean-Luc Revol a reçu le Prix du Jury, le Prix du Public et le prix d’Interprétation (pour Olivier Broda) lors du festival d’Anjou 2010. Le 4 avril Salle Émilien Ventre, Rousset 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com

© Jean-Claude Grouard

A U P R O G R A M M E

réaliste» de l’histoire, scandaleuse pour 1917 permet à Danielle Bré une mise en scène précise, intégrant une grande variété de techniques théâtrales, propres à initier de jeunes comédiens aux arcanes du théâtre. Le propos aux enjeux multiples, s’inscrit dans le cadre du colloque organisé par le CIELAM et «Esprit nouveau en Poésie» de Paris III pour le centenaire de Alcools.

© Pascal-Francois

© Thomas Fourneau

Les larmes rentrées Les mamelles de... Le Préjugé vaincu La pièce d’Apollinaire, premier «drame sur-

courtes pièces de Tchekhov. Chaque comédie est construite sur le mode du retournement : jamais les intentions premières des personnages ne seront satisfaites. On trompe beaucoup, surtout soi-même, dans ces jeux où les mots entraînent insensiblement les personnages sur des terres minées où des facettes parfois insoupçonnées se dessinent. L’ours/La Folle nuit/ La Demande en mariage Le 2 avril Salle Émilien Ventre, Rousset 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com

Clôture de l’amour Dans le cadre du festival des scènes nationales Effet de scènes, les Salins accueillent la pièce de Pascal Rambert, écrite pour Audrey Bonnet et Stanislas Nordey, les deux comédiens qui jouent les rôles de ce couple qui se déchire dans un tête à tête criant de réalisme, jusqu’à la désagrégation des corps pris sous les assauts verbaux de l’une et de l’autre. les 21 et 22 mars Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr © Marc Domage


Quand m’embrasseras-tu ?

La légende de... George Dandin Cette légende dit que les orangs-outans savent Un riche paysan acquiert un titre de noblesse, parler mais ne le disent pas pour ne pas avoir à travailler... Oui c’est bien du travail qu’il s’agit, et donc de rentabilité, de servitude volontaire mais aussi de dignité, de mérite, d’utilité dans la société... Bref, de la société d’aujourd’hui dont le collectif l’Avantage du doute s’empare avec acidité pour passer au crible les travers et les valeurs des temps modernes.

en épousant la jeune Angélique, noble mais ruinée. Un acte qui va précipiter sa chute, le paysan, voulant à tout prix prouver l’infidélité de sa jeune épouse, ne maîtrisera plus rien, personne ne l’écoutant… Ivan Romeuf met en scène l’œuvre de Molière avec sa cie L’Egregore, insérant, en guise d’épilogue, La Jalousie du barbouillé, prolongeant la farce cruelle en tragédie assumée.

La légende de Bornéo les 14 et 15 mars Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com

le 22 mars Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

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© Marc Limousin

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Sur les poèmes du poète palestinien Mahmoud Darwich, la compagnie Brozzoni créée un spectacle de cabaret théâtral, musical et pictural avec le comédien-chanteur-musicien Abdelwaheb Sefsaf, les musiciens Georges Baux et Claude Gomez et le plasticien Thierry Xavier. le 22 mars Théâtre de Fos 0810 006 826 www.scenesetcines.fr

Piaf, l’être intime Un an après la mort de Marcel Cerdan, Edith Piaf eut une liaison avec un certain Tony Franck, son amant d’un mois «à la gueule si belle». En adaptant pour la scène onze lettres envoyées par Edith à Franck, Clotilde Courau se met en scène, accompagné par un accordéoniste. L’occasion d’approcher l’univers intime d’une femme libre et aimante, fervente et intransigeante.

© Pierre Grosbois

Eyolf... Hélène Soulié et Renaud Diligent adaptent un texte d’Henrik Ibsen, un conte cauchemardesque où le fantastique bouscule la réalité. Alors que Rita sent que son mari Alfred lui échappe, ce dernier lui annonce au retour d’un voyage qu’il renonce à écrire le livre qui était l’œuvre de sa vie pour se consacrer uniquement à son fils. Comment vivre son bonheur, au-delà des normes morales de la société ?

© X-D.R

Dom Juan

Eyolf (quelque chose en moi me ronge) les 3 et 4 avril Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com

Un fil à la patte Du boulevard, oui, mais du Feydeau ! La cie de l’Esquisse revient à Port-Saint-Louis avec un classique du répertoire qu’elle joue tambour battant, à l’image de la descente aux enfers vécue par Fernand de Bois d’Enghien, qui n’ose avouer son mariage avec une riche héritière à sa maîtresse... Quiproquos, portes qui claquent -éléments prépondérants du décor-, poursuites et empilement de mensonges sont au rendezvous ! le 12 avril Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis 0810 006 826 www.scenesetcines.fr

© Nathalie Hervieux

© X-D.R

le 6 avril Théâtre de Fos 0810 006 826 www.scenesetcines.fr

Ce «grand seigneur méchant homme» ne cesse de fasciner les metteurs en scène qui plongent alors, à l’instar de René Loyon et sa troupe, dans cette «histoire romanesque à souhait [avec] un séduisant exotisme et un savoureux mélange des genres où s’entrecroisent comédie, tragédie, farce et merveilleux.» Avec six comédiens pour jouer tous les rôles, dans un rapport de partage et de proximité avec le public. le 5 avril Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

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Le dit de... © X-D.R

Le petit théâtre... Cité Nez Clown Un spectacle sur la philosophie composé de textes et d’objets, ceux utilisés par les philosophes pour étayer leurs démonstrations. Le tamis de Socrate, la main d’Epictète, l’aimant de Platon, le marteau de Spinoza… un bric-àbrac étrange et inspirant qui illustre leur pensée, sous la houlette de Dominique Houdart. Le petit théâtre d’objet des philosophes les 11 et 12 avril Théâtre du Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr

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Le Labo Du 18 au 23 mars, c’est L’effet Scènes, le fes-

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tival des Scènes nationales. Pour participer au mouvement de l’art vivant, citoyen et accessible à tous, en produisant et diffusant la création, la Scène de Cavaillon accueille Cyril Teste, Patrick Laffont et le collectif MxM, artistes associés au théâtre. Ils présenteront la restitution publique (en entrée libre) d’un laboratoire de création mené en complicité avec des étudiants de l’École d’Art d’Avignon et du pôle théâtre du Conservatoire. Après cette étape de transmission, Abd Al Malik poursuivra en présentant l’Art et la révolte (le 22) librement inspiré de l’Envers et l’endroit d’Albert Camus.

Le dit de l’impétrance du 28 au 31 mars Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 www.theatredescarmes.com

© X-D.R

le 19 mars Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

Invisibles © Philippe Delacroix

T H É Â T R E

La Cie Art 27 adapte le texte d’Enzo Cormann sur la confrontation entre deux jeunes femmes, jouées par Léna Chambouleyron et Sharmila Naudou : l’impétrante, comédienne en devenir et l’Alter Ego, ancrée dans le réel. Un face à face intime dans lequel elles questionnent leur rapport au monde et au désir. Olivier Barrère met en scène, Erick Priano signe la scénographie et les lumières.

Des souris et des... L’œuvre de Steinbeck portée à la scène par Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic, respectivement George et Lennie, tourne depuis plus de 10 ans. Les thèmes universels qui la composent, l’histoire de fraternité et la tragédie des pulsions, la dépression des années 30 qui ressemble tant à la nôtre, dix comédiens exceptionnels, font de cette adaptation un spectacle citoyen et populaire. Des souris et des hommes du 22 au 24 mars Théâtre du Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr © J. Evariste

10e édition du festival de clowns contemporains, initié par l’association étudiante avignonnaise Culture.com. À découvrir le 27 mars à l’Université Sainte-Marthe Exilod de la Cie Tout samba’l, les 27 et 28 à la Chapelle des Pénitents Blancs, en partenariat avec l’Eveil Artistique, le duo dompteurs d’origami de la Cie Sauce aux Clowns et son Cabaret de papier (dès 3 ans). Le théâtre Golovine recevra le 27 Le Cadeau de Vénus par la Cie Durama (également accueillie pour un atelier impro-danse le 26) et la Cie Arpette dans la Vie en douce, une odyssée du quotidien à vivre le 28. À La Fabrik’, le 29, c’est à un regard singulier sur le clown au féminin que la Cie Terre Sauvage nous invite avec Nez à nue (à partir de 16 ans) et au Cloître des Carmes, en clôture le 30, Lâcher de clowns par la Cie du I suivi par le mini-festival Rues Jaunes par la Triplette de quartiers (encore des étudiants qui font bouger la vile). du 26 au 30 mars Divers lieux, Avignon http://culturepointcom.com

Ce moment de théâtre est des plus émouvants. Les Chibanis, immigrés algériens de première génération, entrent enfin dans la lumière, sur scène, retrouvant une existence que la France contemporaine, qu’ils ont bâtie et défendue, leur a refusée. Les comédiens sont parfois maladroits, l’écriture de Nasser Djemaï lourde de refoulement. Qu’importe, le moment est exceptionnel. le 15 mars Théâtre d’Arles 04 90 52 51 55 www.theatre-arles.com

Motobécane Bernard Combrey interprète le rôle d’un homme solitaire et un peu naïf. Un jour, pendant l’une de ses longues balades sur sa bicyclette bleue, Victor tombe sur Amandine, une petite fille de 10 ans. Celui que l’on surnomme Motobécane ne se doute pas qu’elle va bouleverser sa vie. Désormais en prison, l’homme se livre sur un cahier d’écolier... le 29 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr


Platonov mais... Courteline en... Alexis Armengol propose une libre adaptation

La Belle et la bête Deux Québécois revisitent avec ingéniosité le

de la pièce d’Anton Tchekhov. Les invités délurés de la jeune veuve, Anna Petrovna, se confient en métamorphosant l’écriture en un flot contemporain à l’énergie électrique. Un théâtre concert qui sublime ce héros atypique qu’est Platonov, un aristocrate ruiné et surtout un piètre Don Juan.

conte, en référence au film de Cocteau. Pour Michel Lemieux et Victor Pilon, La Belle et la bête est une «histoire à la fois contemporaine et intemporelle». En mêlant la vidéo, la poésie et le théâtre d’image, les artistes plongent le spectateur dans un monde onirique grâce à leur sens aigu de l’illusion.

le 15 mars Théâtre du Briançonnais 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

les 15 et 16 mars Le carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

37 © Joachim Olaya

© Marie Petry

La crise commence… La crise. Ce phénomène a envahi notre quotidien plus que l’on ne l’avait imaginé ! Olivier Balazuc s’est inspiré des textes d’Eric Chauvier pour mettre en scène une étonnante comédie socio-ludique. L’histoire d’un couple traversé par la crise mondiale, à moins que ce ne soit finalement le monde incarné à l’échelle d’un couple…

Pour Jérôme Deschamps, la bêtise est le propre de la nature humaine. Il plonge avec délices dans l’univers bourgeois de Courteline, aussi cruel que le sien, entre crise de nerf et pérégrinations avinées. Il continue ce combat contre la «crétinocratie», toujours d’actualité ! © Yves Renaud

Courteline en dentelles les 10 et 11 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Marie Tudor Pascal Faber adapte, avec violence et poésie, le texte de Victor Hugo. «J‘ai voulu traiter Marie Tudor comme un véritable drame policier populaire, un thriller décomplexé.» L’intrigue historique très romantisée de Hugo devient donc un drame passionnel dans le Londres inquiétant, et fantasmé, du XVIe siècle, qui entremêle l’existence de deux êtres que tout oppose.

Les Baba Cadres

La crise commence où finit le langage les 10 et 11 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Le 22 mars Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com

passant par le jeu, Intime Cabaret conte l’impossible histoire d’amour entre un homme et une femme. Accompagnés par un musicien virtuose, les deux amants portent avec délicatesse les textes de grands auteurs latino-américains rythmés par des chansons blues-jazz envoûtantes, dont les rythmes métissés de la chanteuse Lhassa. le 23 mars Le carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com © X-D.R

© Dak

Intime Cabaret Du mot à la note, de la danse au chant en

© Cap Events Organisation

Comme de nombreux citadins, ils rêvaient du «retour à la nature» ! Christian Dob brosse le portrait de deux quadragénaires qui décident de tout quitter pour partir vivre dans une vieille ferme au fond du Cantal. Commence alors un fiasco attachant et hilarant dans lequel deux intellectuels tentent de survivre en faisant de l’élevage et de l’artisanat. le 30 mars Croisée des arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr

A U P R O G R A M M E T H É Â T R E


Influx

Vortex © Simon Giraud

Symphonia... La Symphonie des chants plaintifs, du compositeur polonais Górecki hante le chorégraphe Kader Attou depuis longtemps. Les 10 danseurs de la cie Accrorap accompagnent ce lent mouvement au plus près, dansant en groupe, duo ou trio, mêlant leur hip hop à une construction contemporaine, traversant la force mélodique de l’oeuvre de Górecki. Symphonia Pie ni a osnych le 4 avril Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

D A N S E

Portée par le jeune chorégraphe Lionel Hun, ancien danseur du BNM et du Cirque du Soleil, la Cie Hybride présente une création pluridisciplinaire et multimédia. Pour interroger la condition humaine et ses relations avec les nouvelles technologies, cinq danseurs, très techniques, évoluent dans un décor interactif, mêlant danse classique, contemporaine et urbaine. le 15 mars Auditorium de Vaucluse, Le Thor 04 90 33 96 80 www.auditoriumjeanmoulin.com

Avec cet envoutant «ballet aérien pour un personnage en quête d’identité», la pièce du vent de Phia Ménard subjugue et révèle la beauté d’un corps renaissant. Brisant volontiers carcans et tabous, avec le vent comme matière première, l’artiste cherche à effleurer la liberté d’être et lutte contre la stigmatisation. Une pièce grave, sensuelle, troublante et sincère.

Entre deux… Soirée hip hop avec deux pièces de la compagnie Stylistik. Dans Entre deux, Abdou N’Gom creuse la problématique de l’entre-deux cultures, la construction et la perception quand on est «ni d’ici, ni d’ailleurs». Puis, toujours chorégraphié par Clarisse Veaux, le danseur poursuivra le questionnement dans Same same, accompagné de Sithy Sithadé Ros, pour dévoiler les ressources et les richesses du métissage. En première partie, place aux jeunes amateurs de l’école de danse le Studio. Entre deux et Same Same but different le 4 avril Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 www.theatre-golovine.com

© Xavier Leoty

du 3 au 5 avril Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

Just to dance © Laurent Philippe

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© Jean-Luc Beaujault

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Le Sacre du… C’est un hommage particulier que Roger Bernat, chef de file des arts de la scène contemporaine espagnole, rend à Pina Bausch : il recrée le ballet mythique de la chorégraphe à travers un dispositif interactif au cœur duquel le public devient interprète, des écouteurs sur les oreilles lui donnant des instructions drôles ou déroutantes… Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky les 21 et 22 mars Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Sacre # 197 S’inspirant des dessins que Valentine GrossHugo fit, en 1913, des costumes et de la chorégraphie de Vaslav Nijinski, Dominique Brun revisite au présent cette danse sacrale avec six interprètes, Cyril Accorsi, François Chaignaud, Emmanuelle Huynh, Latifa Laâbissi, Sylvain Prunier et Julie Salgues, et une mezzo soprano, Isabel Soccoja.

cie stylistik © Clemence Richier

le 26 mars Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Héla Fattoumi et Eric Lamoureux invitent neuf danseurs de France, d’Afrique et d’Asie pour inventer à partir de leur diversité, de soli en trios, une symphonie harmonieuse. Créée en 2010, la pièce, sous la voix bienveillante d’Edouard Glissant, laisse surgir du groupe une humanité riche et plurielle. le 29 mars Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

© Marc Domage


© Liesbeth Bernaerts

Interrogeant depuis des années les notions de représentations, la chorégraphe Ivana Müller créée une œuvre interactive pour le jeune public, convié à agir librement autour d’un espace dessiné au sol, un casque sur les oreilles pour suivre, ou pas, les consignes et suggestions. Une chorégraphie qui modifie singulièrement l’idée d’un imaginaire collectif.

Révolution Les chants de l’Umaï Olivier Dubois conçoit la danse comme un manifeste. D’on ne sait quoi, et tant mieux, sinon que ses pièces sont des coups de poings au cœur, au ventre. Dans Révolution 12 femmes entrainées par le Boléro de Ravel autour de barres de pole dance mettent leurs corps en rotation avec une vigueur infinie, donnant à voir l’épuisement, la violence et la douleur. Et la résistance. les 28 et 29 mars Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com © Tommy Pascal

Au commencement était Umaï, matrice de l’univers, la femme-dragon du Gravbekistan, les rites des Cubikoplastes… Cinq chants venus de l’Inde ou de l’Afrique permettent la création de ces divinités rêvées. Leur geste, à l’image des grandes sagas, est retracée par la grâce des corps, et les vidéos, lumières, hologrammes qui soulignent la poésie d’un univers onirique… celui du Système Castafiore.

le 10 avril Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Une semaine d’art… Sur scène, deux générations de femmes, fille et mère, racontent leur festival : Olivia Grandville, qui dansa So Schnell et Jours étranges de Dominique Bagouet, et sa mère, Léone Nogarède, qui participa en 1947 au premier festival aux côtés de Jean Vilar. Avec Catherine Legrand, qui travailla elle aussi avec Bagouet, elles disent et dansent leurs souvenirs… Une semaine d’art en Avignon le 26 mars Théâtre de l’Olivier, Istres 0810 006 826 www.scenesetcines.fr

© X-D.R

Partituur

Érection Créée en 2003, la pièce de Pierre Rigal réécrit l’évolution de l’homme, de la position couchée à celle debout. Entre ces deux indépassables, une longue histoire, peuplée de tentatives vaines, de jaillissements, d’éclosions, au son d’une musique électronique particulièrement expressive. Érection pose des interrogations essentielles sur l’homme, son mouvement, ses élans, dans des projections vidéo qui instaurent un véritable duo avec le corps du danseur. les 5 et 6 avril La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu © Pierre Grosbois

le 16 mars Théâtre Le Forum, Saint-Raphaël 04 98 12 43 92 www.aggloscenes.com

Ce que le jour… C’est le titre du très beau roman de Yasmina Khadra, parce que par la danse Hervé Koubi tisse des liens entre influences orientales et danse contemporaine occidentale. Le propos est porté avec puissance et justesse par douze danseurs algériens et burkinabés, qui jonglent entre la violence et le sacré, tournoiements de derviches, élans fulgurants, lenteurs, harmonie. Une partition superbe ! Ce que le jour doit à la nuit le 6 avril Théâtre Le Forum Saint-Raphaël 04 98 12 43 92 www.aggloscenes.com

Soirée Bagouet © Christophe Raynaud de Lage

Haze Première compagnie de danse contemporaine créée en Chine en 2008, la Beijing Dance Theater, sous la direction artistique de la chorégraphe Wang Yuanyuan, fait fusionner le ballet et la danse contemporaine, en y mêlant des éléments de la culture chinoise. Haze est une pièce pour 14 danseurs, empreinte de ces différents mélanges… le 2 avril Théâtre de l’Olivier, Istres 0810 006 826 www.scenesetcines.fr

Dans le cadre des découvertes dansées du KLAP, un programme est dédié à Bagouet, avec l’interprétation par les jeunes danseurs de Coline des Petites pièces de Berlin, puis, par le Cannes Jeune Ballet, de Danse blanche avec Éliane, et enfin, la Suite pour violes par les élèves de l’École Supérieure de Danse de Cannes Rosella Hightower et de l’École Nationale Supérieure de Danse de Marseille. Une partie du programme sera aussi dansée à Fos-sur-Mer. le 22 mars KLAP, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr le 19 mars Théâtre de Fos 0810 006 826 www.scenesetcines.fr

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© Philippe Domengie - Collectif Le Nomade Village

Hans was Heiri T’as de la chance… Le duo de metteurs en scène suisses Zimmermann & De Perrot revient avec son théâtre d’images et son univers burlesque si ensorcelant. À partir de détails et de petits évènements, cinq danseurs circassiens s’interrogent sur leurs différences pour constater leurs implacables ressemblances. Une installation délirante remplie d’humour et d’espièglerie.

© Stephanie Jayet

Ubik

du 21 au 24 mars Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Cette pièce émouvante, mise en scène par Fatna Djahra, s’interroge sur notre façon de partager l’espace public. La cie No Tunes International y joue l’histoire d’un homme inquiet à la recherche de son petit frère handicapé. Pourquoi n’est-il pas venu à leur rendez-vous ? Poussé par son instinct fraternel, il part à la rencontre de tous les passants à sa portée.

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«Vers quoi l’homme va-t-il évoluer lorsque sa vie numérique et organique ne seront plus dissociables et livrées à l’appréciation de tous et à la merci de quelques-uns ?» Le collectif marseillais le Nomade Village apporte une réponse en images, lumière et son, pour public secoué…

Circus Incognitus Clown, jongleur et acrobate, Jamie Adkins

les 27 et 28 mars Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

incarne un personnage sensible et malicieux. À travers un registre essentiellement burlesque, l’artiste crée un univers fantastique dans lequel il anime de simples objets du quotidien. Un chapeau, une chaise, ou une échelle prennent vie au fil du spectacle mêlant invention et poésie.

les 9 et 10 avril La Gare Franche, Marseille 04 91 65 17 77 www.cosmoskolej.org

Impermanence Entre rêve et réalité, visible et invisible, Elise Vigneron créée une poésie visuelle et fantastique à la croisée du cirque, de la musique et de la marionnette, en explorant des matières éphémères telles que la glace, la vapeur, ou l’eau. La fildefériste Marion Collé, et les poèmes de l’auteur norvégien Tarjei Vesaas ponctuent ce voyage au-delà d’une «catastrophe collective où tout est redevenu poussière». les 4 et 5 avril Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

les 6 et 7 avril Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Wu-Wei Le spectacle magique de Yoann Bourgeois, où l’acrobatie se mêle à la danse chinoise et aux quatre saisons de Vivaldi, poursuit sa route… le 6 avril Théâtre en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatreendracenie.com

Alimentation... La drôle de camionnette du TéATr’éPROUVèTe © X-D.R

le 2 avril Palais des congrès, Saint-Raphaël 04 94 19 84 19 www.aggloscenes.com

traversera la communauté de Communes du Briançonnais, de l’Argentiérois et du Guillestrois. Tout comme les commerçants ambulants, Jean Bojko et son équipe artistique distribuent à chacun de leurs passages des petits moments de bonheur aux habitants. Au programme : du théâtre, de la danse, de la poésie, de la philosophie… et bien d’autres surprises ! Alimentation générale culturelle du 3 au 7 avril Théâtre du Briançonnais 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

© Amanda Russel

C I R Q U E

T’as de la chance d’être mon frère les 6 et 7 avril Théâtre du Briançonnais 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

© Mario Del Curto

A U P R O G R A M M E

Imaginetoi À la fois clown, mime, bruiteur et poète, Julien Cotterau ensorcèle petits et grands avec des histoires d’ogre, de princesse et de monstres délirants. Comme par enchantement, l’artiste dessine des tableaux surgis d’un monde merveilleux. Mis en scène par Erwan Daouphars et récompensé en 2007 par le Molière de la révélation théâtrale, Imagine-toi est un clownmime show unique… le 29 mars Théâtre du Briançonnais 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu


Mon échappée Belle

Festival Festo Pitcho

Résultat du travail de programmatrices passionnées, le Festival Mon échappée Belle du 27 mars au 14 avril, irrigue de sa poésie quatre villes de la CPA. Trois semaines de spectacles destinés à un public jeune, pour un nouveau festival qui ne s’interdit pas d’émerveiller ou d’interroger les adultes.

Une semaine avant les vacances de Pâques, le Vaucluse est à la fête avec la 7e édition du temps fort de spectacles vivants pour publics jeunes, conçue par un collectif de 25 partenaires et coordonné par l’Éveil Artistique. Avant et après la découverte, deux rendez-vous incontournables : la Festo Pitcho Parade (6 avril) dans les rues d’Avignon pour défiler sur le thème «la tête dans les étoiles» et le bal de clôture à la Salle du Château d’Eau de Monteux (le 14). Parmi les 25 spectacles et 80 représentations programmés, toutes de qualité, l’âge est une condition à respecter… Pour les tout-petits, la pièce du vent enchanteresse de Phia Ménard l’Après-midi d’un Foehn au théâtre de Cavaillon, le ciné-concert Félix le chat par le collectif Arfi invité par l’Ajmi au cinéma Utopia, de la danse contemporaine avec Histoire sans paroles à la salle des Pénitents de Châteauneuf-de-Gadagne, Ukwezi femme lune à l’espace Fenouil de Carpentras et la comédie musicale des MéliMômes, la Boîte à rêves, au théâtre des Halles. À partir de 5 ans, du théâtre avec la cie Bout d’Ôm à l’Entrepôt dans C’est aujourd’hui demain, Toute seule au théâtre des Doms, Cendrillon par le Kronope à la Fabrik Théâtre, de la danse avec À l’ombre des Bambous à Golovine, de la musique avec Serpentine et Satanas aux Passagers du Zinc ou les Frères Casquette à l’Akwaba. Dès 7 ans, au théâtre du Balcon, les enfants pourront admirer Cendrillon fille d’aujourd’hui par le Hangar Palace, Bertrand au théâtre Isle 80, Comment je suis devenue Don Quichotte à l’Espace Folard de Morières, ou une adaptation du conte d’Andersen, Neiges, au Chien qui Fume. Quant au pré-ados, ils pourront suivre Monsieur Agop de la Naïve à Morières ou Le jour des meurtres dans l’histoire d’Hamlet par Éclats de Scènes à l’Auditorium du Thor.

MARYVONNE COLOMBANI

Exposition Matthieu Herreman du 6 au 14 avril Vy le 28 mars Petit Bonhomme et cie le 3 avril Fragile le 5 avril Bouc-Bel-Air 04 42 60 68 78 www.boucbelair.com

Baleine et contrebasse le 2 avril Petit bonhomme et cie le 5 avril Ikare le 6 avril 24 heures plus tôt le 6 avril Atelier des petits machins trucs le 7 avril Poucet, le temps des mensonges le 7 avril Lambesc 04 42 17 00 62 www.lambesc.fr Blanche neige le 30 mars Ikare le 6 avril Concert insolite le 13 avril Simiane-Collongue 04 42 22 62 34 www.simiane-collongue.fr/culture/index.html Exposition Le Geste dans l’art (Artesens) du 6 au 14 avril La Magie des images le 29 mars Huckleberry Finn le 5 avril Carte blanche jeunes talents classiques le 6 avril Venelles 04 42 54 93 10 www.venelles.fr/culture La magie des images © Dario lasagni

C’est la délicate marionnette de Vy de Michèle Nguyen, Molière jeune public 2011, pour un théâtre conté sensible, ou l’histoire de l’art par le théâtre Piccoli Principi, La Magie des images, qui nous apprend le pourquoi de la manière de dessiner des Égyptiens ou évoque le premier tatouage préhistorique. La compagnie Kronope met en scène un frère et une sœur qui lors du rituel du coucher évoquent des contes, la réalité et la fiction s’emmêlent dans un fantaisiste Blanche Neige. Pierre Delay s’amuse à évoquer l’arrivée d’un bébé et les surprises des parents avec Petit bonhomme et Cie (à partir de 5 ans). La compagnie Peanuts nous entraîne à partir de 8 ans dans le cours des méandres du Mississipi avec une lecture théâtralisée des aventures de Huckleberry Finn. Fragile (La Gare Centrale), en trois courtes histoires, aborde les thèmes difficiles de la différence, de l’exclusion avec tendresse et humour. Bernard Abeille offre un concert où les baleines inspirent la contrebasse. La compagnie Aristobulle nous emporte dans la magie et l’illusion, 24 heures plus tôt… Art de la chute avec la compagnie Anima Théâtre et son Ikare, qui devient un petit bout de papier qui tombe d’une poche. De la magie encore avec la compagnie Les 4 fers en l’air et son Concert insolite où les instruments se rebellent… à cela, il faut ajouter L’atelier des petits machins trucs par la compagnie Les petits détournements et le très beau spectacle de Ma Compagnie, Poucet, Le temps des mensonges. Et avec les spectacles, une exposition d’art contemporain assortie d’ateliers par Mathieu Herreman.

DE.M.

Festo Pitcho du 6 au 14 avril Avignon et 7 villes du Vaucluse Réservations dans les salles Eveil Artistique 04 90 85 59 55 www.festopitcho.com

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Baba yaga © Willi Filtz

Ce spectacle est inspiré par Rébecca Dautremer, l’une des plus célèbres illustratrices pour enfants. Tout droit sortie des contes de fées russes, Baba Yaga est une sorcière inquiétante. Sa méchanceté oblige l’innocente Michette à vivre de nombreuses épreuves pour grandir. Mêlant l’image et la danse, la cie italienne TPO emmène les enfants à partir de 5 ans dans cette aventure inoubliable.

Le roi sans royaume Pomme Pomme ne veut plus être une pomme. Il rêve de marcher, de voler ou même de nager. Le chemin s’annonce difficile… C’est toute la magie des signes et des images en mouvement qui est mise en valeur dans ce spectacle plein d’humour. Un poème marionnettique savamment orchestré par le duo Franco-canadien Patrick Conan et Isabelle Payant, à croquer de 3 à 6 ans. les 18 et 19 mars Théâtre La Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr

du 3 au 5 avril La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

J E U N E P U B L I C

Sous un ciel de... © doug mac hell

le 22 mars Espace Pièle, Cornillon-Confoux 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr les 26 et 27 mars PôleJeunePublic, Le Revest 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com

du 9 au 12 avril Le Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Le magicien d’Oz

À la frontière israélo-palestinienne, la petite Lirane s’amuse à éteindre un feu imaginaire avec de l’eau. Alerté par ses cris, Ferhat traverse la colline pour la sauver. Le garçon est surpris de découvrir tout ce gaspillage, alors que sa famille n’a plus d’eau depuis des mois. Malgré leurs différences, une amitié profonde commence à naître entre les enfants de la colline. Wilma Lévy reprend ce texte sensible de Daniel Danis, à partir de 7 ans.

© Cie Garin Trousseboeuf

A U P R O G R A M M E

Le roi a tout perdu. Il ne lui reste que sa couronne comme seul souvenir pour partir à la recherche de son royaume. Sur son chemin, il fera des rencontres étonnantes avec les animaux, les hommes, la nature et peut être même avec lui-même. Un spectacle émouvant qui a reçu de nombreux prix, à partir de 7 ans.

© Raphael Arnaud

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Sous un ciel de chamaille les 28 et 29 mars Le Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

La cie Ainsi de suite revisite la célèbre histoire de Frank Baum. Dans cette mise en scène résolument moderne, le bûcheron de fer danse le hip hop et la fée est une chanteuse hors pair ! Entre théâtre, commedia dell’arte, musiques de film, jazz ou slam, petits et grands sont invités à découvrir cette version exceptionnelle du voyage inoubliable de Dorothy Ems au pays d’Oz. À partir de 5 ans.

Bagatelle Cornelius n’a pas de maison. La seule chose qui lui appartient, c’est cette poussette. Elle abrite quelques-uns de ses effets et… une histoire. Tout en douceur et en simplicité, la cie belge Agora Theater parle, à travers ce personnage, de la propriété, de l’angoisse de tout perdre, de dettes envers des fermiers et des banques mais surtout de ce qu’il faut pour être heureux. À partir de 7 ans.

le 15 mars Les 3 casino, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr

Hand stories Peau d’âne Héritier de cinq générations de marionnettistes La salle Emilien Ventre présente une adaptation à gaine chinoise, Yeung Faï évoque dans ce

du 2 au 6 avril Le Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com © Ines Heinen

originale du conte de Perrault par la compagnie Hangar Palace. Entre le théâtre et la comédie musicale, l’histoire de ce roi à la recherche de la plus belle femme du royaume est astucieusement rythmée par les chansons du film culte de Jacques Demy. Une mise en scène pleine de surprise et d’émotions ! À partir de 6 ans. le 13 mars Salle Emilien Ventre, Rousset 04 42298253 www.rousset-fr.com

conte poétique le destin bouleversant de sa famille, du noble grand-père au père brisé par la dictature, jusqu’à ce fils qui reprend le flambeau… «Aujourd’hui encore, dit-il, ce savoir est en danger, il y a donc une réelle urgence à transmettre ce patrimoine qui n’est pas spécifiquement chinois, mais universel…» le 27 mars Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.com


Picoli sentimenti © Melisa Stein

Les géants d’ocres... Le Pop up cirkus Inspirée par l’univers onirique de Kitty Crow-

le 20 mars Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Cette petite marionnette ressemble à un doudou à lunettes. Dans ce décor fait de constructions miniatures et d’éléments naturels, elle s’éveille à la vie. Ce mini héros éprouve de nombreux «petits sentiments» liés à l’émerveillement : la joie, la solitude, le désir et même la colère. La compagnie belge Tof Théâtre élabore joliment un monde à la fois doux et poétique. À partir de 3 ans.

© Jean-Michel Etchemaite

ther, Christelle Mélen fait renaître de drôle de géants cachés dans les profondeurs d’un lac. Ces personnages féériques et bienveillants vont redonner le sourire à Annie. Une petite fille triste qui ne se sent bien qu’au bord de l’eau. Sa vie va basculer, lorsqu’un jour, Annie décide finalement de plonger dans le lac… À partir de 7 ans.

Fatna Djahra devient tour à tour comédienne, conteuse puis marionnettiste. Elle manipule à merveille ce joli cirque de papier dans lequel les dessins s’animent comme par magie. La piste miniature accueille à chaque nouvelle page des jongleurs hors du commun, des acrobates de l’extrême, et des funambules à l’adresse inégalée. Une occasion unique d’entrer dans un livre comme sous un chapiteau dès l’âge de 2 ans.

les 8 et 9 avril Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr le 12 avril Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr

La Pecora nera Ludique et drôle, la nouvelle création du Teatro

A U P R O G R A M M E J E U N E P U B L I C

© X-D.R

du 19 au 22 mars Théâtre du Briançonnais 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

Blanche Neige © La nouvelle compagnie

Distinto traite avec douceur de la différence et de la tolérance. L’histoire d’une brebis pas comme les autres : celle-ci est noire et blanche, une spécificité qui l’oblige à être exclue du troupeau. Malheureusement, la solitude devient trop pesante pour cette petite brebis bicolore qui recherche la normalité. Comment va-t-elle réussir à intégrer le troupeau ?

© Cici Olsson

du 19 au 21 mars Théâtre de l’olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

du 25 au 29 mars Théâtre du Briançonnais 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

© Helice Theatre

Cendrillon

Après Le Petit chaperon rouge et Pinocchio, Joël Pommerat réinvente le conte de Cendrillon. Avec délicatesse et un soupçon d’humour, Il aborde des questions graves de l’enfance. Touchante, sensible et meurtrie par la vie, Cendrillon est en deuil, perdue dans une famille recomposée qui ne veut pas d’elle. Révoltée et toujours en quête du prince charmant, elle entreprend un véritable voyage initiatique. À partir de 9 ans.

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Nicolas Liautard propose un théâtre d’image, muet et enchanteur. Une version plus mystérieuse de Blanche Neige qui puise sa force non pas dans le récit mais dans la mise en scène astucieuse d’images, de sons et de lumières. Le miroir magique, la pomme empoisonnée ou encore le cercueil de verre, deviennent les éléments essentiels d’un conte aussi cruel que féérique.

du 26 au 28 mars Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

le 15 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

du 3 au 6 avril Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

le 19 mars Croisée des arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr


A U P R O G R A M M E M U S I Q U E

Renaud Garcia Fons © Klaus Henninghansen

Contrebasse «sans frontières» entre jazz, classique et folklores du monde méditerranéen, oriental… Dans le cadre du cycle Mare Nostrum. MARTIGUES. Le 16 mars à 20h. Théâtre des Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Xavier de Maistre

Le harpiste joue un programme mêlant Tarrega, Falla, Granados à Caplet ou Smetana. AVIGNON. Le 16 mars à 20h30. Opéra 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr

Entre pierre et mer

L’ensemble Les Voix animées dirigé par Luc Coadou, spécialisé dans le répertoire de musiques à cappella (6 voix), présente son 2e cycle de concerts dans deux architectures varoises propices aux résonances anciennes (en partenariat avec le Centre des Monuments nationaux). Mille Regretz messe parodique de Cristobal de Moralès d’après Josquin est chantée au côté d’œuvres de Vittoria ou Guerrero… TOULON. Le 16 mars à 20h30. Eglise de l’Immaculée Conception LE THORONET. Le 17 mars à 17h15. Abbaye 06 51 63 51 65 www.lesvoixanimees.com

Les Voix animees 2013 © Cecilia Montesinos

Clarinette

Un programme de l’Ensemble Pythéas autour de l’instrument cher à Mozart, Haydn, mais aussi Hoffmeister ou Gebauer… Linda Amrani a l’anche bien encordée avec Yann Le RouxSèdes (violon), Pascale Guérin (alto) et Xavier Chatillon (violoncelle) ! MARSEILLE. Le 17 mars à 16h30. Eglise Notre-Dame du Mont 06 21 50 52 90 www.ensemble-pytheas.com

Vivaldi

Concerti pour piccolo par Jean-Louis Beaumadier et Le Concert Buffardin. VAISON-LA-ROMAINE. Le 17 mars à 17h. Chapelle St-Quenin www.piccolo-beaumadier.fr

Jenufa

L’opéra de Janacek, créé en 1904, surprend encore par sa modernité, l’originalité de son expression. Il met en scène une famille meurtrie, disloquée, aux rapports conflictuels dans la Moravie rurale. Une jeune femme, élevée par sa belle-mère, ayant cédé à une pulsion physique pour un cousin ivrogne, met au monde un enfant adultérin. Pour la tirer du déshonneur et la «marier», la mère adoptive tue le nourrisson et sombre dans la folie. Il y a un quart de siècle, l’Opéra de Marseille créait, en France, la version originale de Jenufa en tchèque. Depuis, ce chef-d’œuvre est l’un des fleurons des scènes lyriques. On le découvre aujourd’hui dans la Cité papale ! AVIGNON. Le 17 mars à 14h30 et le 19 mars à 20h30. Opéra 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr

Semaine sainte

Concert spirituel © X-D.R

Trois rendez-vous arlésiens : Per la Virgine Maria (le 17 mars à 11h) et L’Europe du clavecin (le 17 mars à 17h) par Concerto Italiano (dir. Rinaldo Alessandrini) avant Campra et Vivaldi (le 24 mars à 11h) par le Concert Spirituel (dir. Hervé Niquet). ARLES. 28e Semaine sainte. Les 17 et 24 mars. Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com

Ludmil Angelov

Le pianiste bulgare, vainqueur du Concours Chopin à Varsovie, joue Scriabine, Rachmaninov ou Stravinsky, dans le cadre du traditionnel Festival Russe. MARSEILLE. Le 19 mars à 20h. Théâtre Toursky 0820 300 033 www.toursky.org

Le maître et l’élève

La soprano Sophie Karthäuser et l’ensemble baroque Café Zimmermann dans un programme autour du «maître» Jean-Chrétien Bach et son prestigieux «élève» : Mozart ! AIX. Le 19 mars à 20h30. Grand Théâtre de Provence «Jeune public» le 20 mars à 15h. 08 2013 2013 www.lestheatres.net

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Renaud Garcia-Fons

Sacré David !

À côté du nouveau «Goliath» à Aix (Festival de Pâques voir p.16), le traditionnel Festival de Musique Sacrée des Festes d’Orphée fait figure de «David». Guy Laurent propose cependant, depuis 22 ans, un programme baroque réellement lié au temps pascal. On ne négligera pas leur Jesu bleibet meine Freude, célèbre motet de Bach (le 20 mars à 19h. Temple rue de la Masse), la conférence illustrée sur Louis Archimbaud (le 21 mars à 18h30. Cité du Livre), leur «vendrediSaint» autour de la Passion dans l’Europe baroque (le 29 mars à 19h. Musée des Tapisseries), comme les Motets festifs illustrant la jubilation pascale (le 1er mars à 15h. Eglise du Saint-Esprit). AIX. 22e Festival de Musique Sacrée. Les Festes d’Orphée 04 42 99 37 11 www.orphee.org

Saïd Chraïbi

Dans le cadre de Mars en baroque (voir p.28) un maître marocain de l’oud (luth) pour une «Clé de Grenade». MARSEILLE. Le 22 mars à 20h. La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Présences féminines

3e édition d’un festival qui met à l’honneur les femmes compositrices, interprètes… Au programme : le Concerto de Clara Schumann (piano : Marie Vermeulin) avec l’Orchestre Symphonique de l’Opéra (dir. Debora Waldman) qui nous fait découvrir la Symphonie n°1 de Louise Farrenc. TOULON. Le 22 mars à 20h30. Opéra Entrée libre sur réservation. Espace des Arts 04 94 08 85 21 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Véronique Gens

Veronique Gens © M. Ribes & A. Vo Van Tao-Virgin Classics

La soprano donne un «Concert de Prestige» en compagnie de l’OLRAP (dir. Yeruham Sharovsky). Elle chante Gluck et Mozart. AVIGNON. Le 22 mars à 20h30. Opéra 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr MIRAMAS. Le 23 mars à 20h30. Théâtre de la Colonne 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr


MARSEILLE. Le 22 mars à 20h30. La Magalone TOULON. Le 23 mars à 20h30. Eglise St-Louis 06 73 30 23 62 www.desequilibres.fr

Otello

Vladimir Galouzine © X-D.R

Tout commence abrupto par une tempête sonore ! Elle préfigure celle qui balaiera l’intime raison du héros shakespearien, malgré les baisers de Desdémone, si tendrement dessinés par l’orchestre de Verdi… Le drame de la jalousie mis en musique par l’Italien est peut-être son chef-d’œuvre, mariant plus que jamais le théâtre au chant. Pour monter l’ouvrage, il faut surmonter un handicap : trouver un ténor d’exception pour le rôle-titre ! On a la chance d’entendre l’un des rares, aujourd’hui, à pouvoir rendre à Otello sa puissance expressive : Vladimir Galouzine. Il est luxueusement entouré d’Inva Mula (Desdémone) et Seng-Hyoun Ko (Iago) dans cette co-production avec Orange mise en scène par Nadine Duffaut. MARSEILLE. Le 24 mars à 14h30 et les 27, 30 mars, 2 & 5 avril à 20h. Opéra 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr Conférence Opéra. Le 16 mars à 17h. Foyer Opéra Rencontre à l’Alcazar avec chanteurs le 20 mars à 17h. 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr

Les cent vierges

Elles auraient dues être acheminées, par la mer, pour repeupler une colonie lointaine… Mais leur bateau fait naufrage. Deux rescapées embarquées par erreur, leur mari partis à leur rescousse, contraints de se travestir pour éviter la pendaison, en sont pour leur frais face à l’appétit des colons... Une intrigue échevelée, rehaussée par l’élégante musique de Charles Lecoq. Chœur, orchestre, danse, chant et fantaisie sont au rendez-vous ! MARSEILLE. Les 23 et 24 mars à 14h30. Théâtre de l’Odéon 04 96 12 52 70 www.marseille.fr Rencontre à l’Alcazar avec les chanteurs le 16 mars à 17h 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr

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Dans le cadre de Musique en Cité(s) et à l’occasion de la sortie de leur disque des 44 duos pour violon de Bartok (voir Zib 59), Agnès Pyka (Ensemble Des Equilibres) et Jan Talich présentent leur travail commun… sur le vif !

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Bartok en duos

La Passion de l’Amour Lamentations Une Passion sur des textes de Michel-Marie baroques Zanotti-Sorkine (récitante Marie-Christine Barrault) accompagnée du Requiem de Duruflé chanté par l’ensemble Ad Fontes (dir. Jan Heiting) et Chantal de Zeeuw à l’orgue. MARSEILLE. Le 24 mars à 17h. Eglise des Réformés 04 96 11 04 61 www.marseilleconcerts.com

Duo Selmi

Violon & violoncelle dans Bach, Beethoven et Haendel. MARSEILLE. Le 24 mars à 17h30. Comptoir de la Mode 06 14 31 59 55

Iberia

Albeniz par Jean-François Heisser (piano) qui s’entoure, par souci de retour aux sources andalouses, de deux interprètes flamencos : Chaparro de Malagua (guitare) et Antonia Contreras (chant). AIX. Le 25 mars à 20h30. Jeu de Paume 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Histoires sacrées

Les ensembles Jacques Moderne (dir. Joël Suhubiette) et Concerto Soave (dir. Jean-Marc Aymes) partent à la source de l’oratorio baroque pour une création autour de Carissimi (Jephté) et son modèle méconnu : Domenico Mazzocchi. Dans le cadre du festival Mars en baroque (voir p.28) et MP13 : concert de clôture ! MARTIGUES. Le 26 mars à 20h30. Théâtre des Salins Conférence de Dennis Morrier à 18h. 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Le voyage d’hiver Le cycle de Schubert du côté des Alpes par Simon Lefort (ténor) et Simon Zaoui (piano) CHAILLOL. «Week-end musicaux du Festival» du 27 au 31 mars. www.festivaldechaillol.com

Festival indo-persan

La Cité de la Musique de Marseille accueille de fameux artistes venus d’Inde (Aparma Panshikar, le 8 avril), du Tadjikistan (Soheba Davlatshaeva, le 29 mars), d’Afghanistan (Homayoun Sakhi, le 27 mars) ou d’Iran (Shadi Fathi, le 30 mars et Yitzaak Refoua, le 4 avril). Concerts, cinéma, ateliers, expositions, lectures, stages de langue, séminaires et… gastronomie ! MARSEILLE. Du 27 mars au 8 avril. Cité de la musique 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com 06 73 61 21 48 www.ushpizin.org

Soirée à l’opéra

Anaït & Armine Sogomonian (pianos) jouent des transcriptions d’airs célèbres. PORT-ST-LOUIS. Le 29 mars à 18h30. Espace Gérard Philipe 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr

Deux Leçons de Ténèbres de Michel Lambert et François Couperin par Monique Zanetti (soprano), Marianne Muller (viole de gambe) et Dominique Serve (orgue). VAUVENARGUES. Le 29 mars à 20h30. Eglise 04 42 66 04 15 Les Voies du Baroque

Chœurs d’Avignon

«Autour de mélodies» par le Chœur de l’Opéra-Théâtre (dir. Aurore Marchand). AVIGNON. Le 30 mars à 17h. Foyer Opéra 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr

Orchestre de Cannes

Philippe Bender dirige sa quarantaine de musiciens dans un programme «Musique et cinéma», AUBAGNE. Le 30 mars à 21h. Théâtre Comoedia 04 42 18 19 89 www.aubagne.fr

Quatuor Tana

Dans le cadre du Festival Les musiques (voir p. 16) du Gmem, les quatre cordes livrent les clés du Quatuor de Jonathan Harvey et son traitement électronique. MARSEILLE. Le 3 avril à 17h. Alcazar. Entrée libre. 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr

Operassimo Le Chœur lyrique des enfants de l’Estaque formé par Ganayé Hovhannissyan, l’Orchestre Giocoso dirigé par Pierre Iodice, interprètent des «chefs-d’œuvre du répertoire lyrique». MARSEILLE. Le 4 avril à 20h. Opéra 04 91 46 52 72 www.harmonie-estaque-asso.com/marseille.htm

Giovanni Bellucci

Le pianiste joue deux chefs-d’œuvre romantiques : la 2e sonate de Chopin et celle en si mineur de Liszt. TOULON. Le 4 avril à20h30. Palais Neptune 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com Giovanni Bellucci © Irmeli Jung

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CASSIS. Festival du 5 au 7 avril. Oustau Calendal 04 42 01 77 73 www.musicalescassis.com

Odyssée 46 A U P R O G R A M M E M U S I Q U E

© Frederic Demesure

Un grand projet choral pour l’Odyssée dans l’espace MP13 de Musicatreize et le Festival Les Musiques (voir p.16) : une création d’Oscar Strasnoy dirigée par Roland Hayrabedian. MARSEILLE. Les 6 avril à 20h30 et le 7 avril à 15h30. Le Merlan 04 96 20 60 10 www.gmem.org

Francis Poulenc

Une conférence à plusieurs voix sur un grand compositeur du XXe siècle et les poètes qui l’on inspiré (Apollinaire, Eluard, Cocteau…), présentée par Lionel Pons et illustrée par la soprano Alice Buro. MARSEILLE. Le 6 avril à 16h. Alcazar - Salle de conférence 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr

Nemanja Radulovic

Le violoniste & Les trilles du Diable jouent Saint-Saëns, Mozart, Chausson, Sarasate… AVIGNON. Le 6 avril à 20h30. Opéra 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr

Wu-Wei Vivaldi

Les Quatre Saisons revisitées par le Balkan Baroque Band (dir. Jean-Christophe Frisch), et des Chinois acrobates sur un argument de Yoann Bourgeois (mise en scène) et Marie Fonte. DRAGUIGNAN. Le 6 avril à 20h30. Théâtre 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

Martine Joséphine Thomas

Elle chante, récite, joue du piano : un répertoire contemporain qui court des Récitations d’Aperghis au clavier de Bartok ou des textes de Nancy Huston… ARLES. Le 7 avril à 11h. Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com

Aïda

Un incontournable Verdi qu’on représente souvent, aujourd’hui, dans des mises en scène (Paul-Emile Fourny) qui marient l’intime au «pharaonique», car, hormis quelque défilé «péplum», bon nombre de scènes se limitent à de purs dialogues. Restent aux voix à être à la hauteur des emplois : on attend donc Mardi Byers (Aïda), Carl Tanner (Radamès) ou Carlos Almaguer (Amonasro) dans cette production niçoise. TOULON. Le 7 avril à 14h et les 9, 11 & 13 avril à 20h. Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Trompette et Orgue David Guerrier et Iveta Apkalna dans un programme copieux ! MARSEILLE. Le 8 avril à 20h. Eglise des Réformés 04 96 11 04 61 www.marseilleconcerts.com

Quatuor Modigliani

Assurément, l’un des plus beaux quatuors français actuels pour la clôture de la saison à la SMCM, dans Haydn, Beethoven et Ravel. MARSEILLE. Le 9 avril à 20h. Auditorium de la faculté de médecine Espace Culture 04 96 11 04 60 www.musiquedechambremarseille.org

Adam Laloum

Après La Folle Criée et Nikolai Lugansky, La Roque Hors Saison fixe un nouveau rendezvous aux afficionados du clavier avec Adam Laloum dans un beau programme Schumann. MARSEILLE. Le 9 avril à 20h. La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Adam Laloum photo Carole Bellaiche © Mirare

Des Equilibres

Agnès Pyka et Marie Orenga (violons), Blandine Leydier (alto) dans Kodaly, Dvorak et Taneïev. CARRY. Le 9 avril à 20h30. Espace Fernandel 04 42 44 64 01 www.moments-musicaux-de-carry.fr

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Trois jours de musique dans la calanque : «Soirée allemande», musique de chambre et Lieder de Beethoven, Mahler et Brahms (le 5 avril à 20h30), Récital du jeune pianiste Haiou Zhang (le 6 avril à 20h30) et La voix humaine de Poulenc par la soprano Anne-Sophie Schmidt et le pianiste Christian Ivaldi (le 7 avril à 17h30) !

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Festival cassidain

War Sum Up

© Gunars Janaitis

Opéra poétique et contemporain sur l’abomination de la guerre, pour 12 chanteurs, inspiré du Nô à la sauce manga, par la compagnie Hotel Pro Format. NÎMES. Le 10 avril à 19h. Théâtre 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Freddy Eichelberger Improvisations pour clavecin à pédalier. «Le Retour de Freddy» : un programme Concerto Soave. MARSEILLE. Le 11 avril à 20h. Salle Musicatreize 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org

La jeune fille aux mains d’argent Le conte de Grimm, opéra pour comédien (Franck Manzoni) et marionnettes, chœur et instruments (Ensemble Télémaque), mis en musique par Raoul Lay sur un livret d’Olivier Py, en scène par Catherine Marnas, a été créé en 2006. Il n’en finit plus de tourner : un succès tout public qui passe par le Vaucluse ! TARASCON. Le 12 avril à 20h30. Théâtre Municipal Entrée libre sur réservation au 04 90 91 51 02

El Bacha

Le pianiste interprète le Concerto n°1 de Brahms avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille (dir. Fabrizio Maria Carminati) qui joue également deux Ouvertures de Wagner (Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg et Tannhäuser). MARSEILLE. Le 12 avril à 20h. Silo 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr

David Grimal

Le violoniste joue Tzigane de Ravel et Havanaise de Saint-Saëns avec l’OLRAP (dir. Friedemann Layer) qui interprète également la Sinfonietta de Britten et la Symphonie n°100 «Militaire» de Haydn. AVIGNON. Le 12 avril à 20h30. Opéra 04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr



So WATT !

«Avec le temps»,

À l’occasion de la Capitale européenne, cinq escales musicales sont présentées à Aix et Marseille au printemps. Première voyage au Bois de l’Aune avec l’électro-chaabi égyptien de Zamalek, une création entre rap, jazz, et sons électroniques, portée par le percussionniste Ahmad Compaoré. Watt a nine brass boom prendra le relai pour une rencontre hors du commun entre les quatre beatboxers champion du monde d’Under Kontrol et le rappeur syriano-américain Omar Offendum, arbitrée par dix cuivres et vents sur les compositions de Raphaël Imbert et Cyril Benhamou.

la chanson reste

A U P R O G R A M M E M U S I Q U E

Jean-Louis Murat © Frank Loriou

48

Cela fait une quinzaine d’années qu’au tournant du printemps le festival Avec le temps invite à Marseille des grands noms de la chanson française autant que celles et ceux qui aspirent à s’en faire un. Têtes d’affiche, talents confirmés, découvertes, une trentaine d’artistes se côtoient dans la programmation conçue depuis l’origine de l’événement par Denis Laroussinie. Pour cette édition, année capitale européenne de la culture oblige, les organisateurs ont réquisitionné tout ce que Marseille compte de salles et café-concert : de l’intimiste Machine à coudre à l’imposant Silo en passant par l’Eolienne, le Molotov, le Nomad’Café, en privilégiant l’Espace Julien. L’âme de Léo Ferré, auquel le festival doit son nom, planera tout au long de la manifestation, avec un concert de reprises que s’est réapproprié l’underground Marcel Kanche accompagné pour l’occasion de I.Overdrive Trio, une exposition ainsi qu’une conférence à la bibliothèque l’Alcazar et la projection d’un concert inédit aux Variétés. Une manière de marquer le vingtième anniversaire de la disparition du chanteur dont l’œuvre continue d’inspirer. Sans contester la pertinence d’avoir programmé des personnalités comme Dominique A, Jean-Louis Murat, Michel Jonasz ou même

le 21 mars Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.aixpaysdaix2013.com www.mp13.fr

Julien Clerc, on regrette qu’Emily Loizeau soit la seule femme invitée vedette de cette édition. À noter, en coproduction avec Marseille-Provence 2013, la rencontre entre Arthur H en solo et le Marseillais David Walters. Dans la génération plus jeune, l’univers bohème de La Rue Kétanou et le rap sophistiqué de Rocé sont également au rendez-vous. THOMAS DALICANTE

Festival Avec le temps du 16 au 27 mars divers lieux, Marseille www.festival-avecletemps.com

Du klezmer en mode dépoussiérage

Plateau détonnant entre un clarinettiste talentueux qui revisite le klezmer et un groupe polyglotte qui secoue la tradition yiddish. Yom versus Kabbalah, c’est une grande fête en perspective où les cultures musicales judaïques d’Europe de l’Est se frottent au rock autant qu’aux musiques urbaines et électroniques. Virtuose, inventif et mégalorigolo, Yom est passé du statut autoproclamé de «Nouveau roi de la clarinette klezmer» titre francisé de son premier opus- à celui de Rabin superhéros, en référence à sa dernière production discographique. Un album concept dans lequel il explore un son post-rock psychédélique, ouvertement inspiré par Radiohead et Mogwai. Accompagné du triptyque claviers-basse-batterie, Yom envoie du gros son tout en préservant la délicatesse du jeu qui le caractérise. Kabbalah, quant à eux, proposent une navette (marseillaise) entre Orient et Occident, intégrant au socle klezmer des influences actuelles, rock, afroaméricaine, hip hop… poussant parfois jusqu’à la transe.

Cité bouillonnante

Lieu qui veut incarner l’échange entre Marseille et le reste du globe, la Cité de la Musique est au cœur de l’année capitale. Mois après mois, dans le cadre de ses «Cantates du Monde», elle accueille des artistes du pourtour méditerranéen. En avril, Safar Project et Emel Mathlouthi y font escale. Musiciens attachés au brassage des cultures, les membres de Safar Project participent à cet enchevêtrement d’esthétiques qui constitue le génie méditerranéen, prouvant ainsi l’inanité des replis identitaires dans une région du monde caractérisée depuis toujours par sa tolérance. Autour d’Imed Alibi (percussion et direction artistique), jeune Tunisien qui vit actuellement à Montpellier, Stéphane Puech (machines), Zied Zouari (violon) et Zé Luis Nascimento (percussions), naviguent entre buleria espagnole, debka libanaise, fezzani tunisien, baladi égyptien, gnawa marocain et tarentelle napolitaine. Un voyage rythmique, ouvert à l’improvisation, s’inscrivant dans les cultures de transe et de danse, accompagné par les percussions du Mare Nostrum, jusqu’aux plus actuelles. Après Babel Med Music et les Rencontres d’Averroès en 2012, Emel Mathlouthi revient à Marseille. Dans la veine des «protest singers», la chanteuse tunisienne est devenue, depuis Paris, l’étendard musical de la révolution de jasmin. Alliant rythmes traditionnels et électro, son album Kelmti Horra (Ma parole est libre) est un authentique cri du cœur. T.D.

T.D. Yom © fredrol

le 11 avril Espace Julien, Marseille 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com

Cantates du monde les 11 et 12 avril Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com



04 42 16 10 41-www.labaumeaix.com

Pasino : Le Soldat Rose (15/3), Linda Lemay (20 et 21/3), Patrick Fiori (27/3) 04 42 59 69 00- www.casinoaix.com

50 A U P R O G R A M M E M U S I Q U E

Seconde Nature : Robert Hood + Jack Collins (15/3), Fairmont + Nahr + Dawad & Zen (22/3) 04 42 64 61 01 -www.secondenature.org

Théâtre et Chansons : Louis Lucien Pascal (23/3), Putain de vie (7/4) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com

ARLES Cargo de nuit : The Stars from the Commitments (16/3), Lescop + Andromakers (21/3), Soirée la Granouille avec Nabil Baly + El Pulpo (22/3), Malted Milk (23/3), Arles en Prémices (28/3) 04 90 49 55 99-www.cargodenuit.com

AUBAGNE Escale : Jazz Puzzle (21/3), Daby Touré + Sibongile Mmambo (29/3) 04 42 18 17 18-www.mjcaubagne.fr

AVIGNON AJMI : Jam Session #6 (14/3), Trio Cook Lab (15/3), Tarbaby invite Marc Ducret(5/4), Ciné-Concert Félix le Chat ARFI (7/4), Daniel Erdmann & Samuel Rohrer 4tet (12/4) 04 90 860 861-www.jazzalajmi.com

Haut Plateaux-La Manutention : Gare aux Oreilles avec le quintet Filiamotsa Soufflant Rhodes (22/3) 09 51 52 27 48-www.collectif-inoui.org

Passagers du Zinc : Wax Tailor + Doctor Flake (15/3), Sonith (21/3), Sébastien Tellier + Lescop (23/3), Carte blanche à Redrum Records avec God Damn + The Real Mac Coy (29/3), The Toxic Avenger Dj set + Dj Mike Rock (5/4) 04 90 89 45 49 www.passagersduzinc.com

Chêne Noir : Annick Cisaruk chante Léo Ferré, l’âge d’or (15/3) 04 90 82 40 57-www.chenenoir.fr

Théâtre des 3 Soleils : Soirées Kymono avec Polaris + Moky et Archipass (5 et 6/4) 06 16 57 43 42-www.mokymusic.com

www.arcensolasso.fr

BERRE L’ETANG Forum de Berre : World Kora trio (22/3), Ottilie [B] + Violons Barbares (6/4) 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com

BRIANÇON Théâtre du Briançonnais : Las hermanas Caronni (5/4) 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

CANNES MJC Picaud : Broussaï + Jah Legacy (15/3), Maniacx + Comic Strip + Les Frères Parish (23/3) 04 93 06 29 90-www.mjcpicaud.fr

CAVAILLON Scène Nationale : Abd Al Malik dans l’Art et la révolte (22/3) 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

CHÂTEAU-ARNOUX Théâtre Durance : Patricia Barber quartet (15/3), Raphaël Imbert Heavens (5/4) (voir p. 71) 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Akwaba : La solitude des abeilles avec Andréa Pierdicca et Yo Yo Mundi (15/3), Slam’n’jam au Cloître des Carmes d’Avignon (16/3), Natty Jean + Dias + Korodjo sound system (16/3), Broc + Moky (23/3), Maniacx + The Gard + Papaya Dj set + Radikal Bass crew + Cous R2R (30/3), The Coup + Harlem Funk Trotters (6/4), Les frères Casquette (9/4) 04 90 22 55 54-www.akwaba.coop

DIGNE Centre culturel : Marc-André Léger trio (15/3), Mountain Men (16/3), Fatoumata Diawara (23/3), L’Alphabête (27/3), Youn Sun Nah duo (30/3) 04 92 30 87 10-www.sortiradigne.fr

DRAGUIGNAN Théâtres en Dracénie : Youn Sun Nah quartet (4/4) 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

ENTRAIGUES sur SORGUES La Courroie : Else Kitchen (20/3) 04 90 32 11 41-www.lacourroie.org

GAP La Passerelle : Pulcinella (26 au 30/3 en Excentrés), Bionicologists (8 et 9/4) 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Le cabaret pop : La Fille en Équilibre (23/3) 04 92 55 72 39-www.cabaretpop.com

GRANS Espace Robert Hossein : D’est en ouest (5/4) 04 90 55 71 53-www.scenesetcines.fr

HYÈRES Théâtre Denis : Marcel Kanche & I Overdrive trio + Dimone (22/3) 04 98 070 070-www.tandem83.com

ISTRES L’Usine : Black Rebel Motorcycle club (13/3), Disiz (16/3), Olivia Ruiz (22/3), Alice Russell (30/3), Youn Sun Nah quartet (5/4) 04 42 56 02 21-www.scenesetcines.fr

LA CIOTAT Théâtre du Golfe : Hervé Deroeux & Isabelle Beaune (11/4) 04 42 08 92 87-www.laciotat.com

Atelier Jazz Convergences : Loïs Trio (16/3) 04 42 718 125 www.jazzconvergences.com

LA GARDE Théâtre du Rocher : Charles Pasi (26/3), les Violons Barbares (5/4) 04 94 08 99 34-www.ville-lagarde.fr

LAMBESC IMFP La boite à Musique : Duo Imbert Perez (14/3), Longsworth Soumano Di Fraya World Kora trio (21/3) Salle Sévigné : Sudden 4tet (11/4) 04 42 17 00 71 www.lambesc.fr-www.imfp.fr

LA SEYNE SUR MER Fort Napoléon : Philippe Petrucciani 4tet invite Nathalie Blanc (22/3) 04 94 09 47 18 www.ot-la-seyne-sur-mer.fr

LA VALETTE-DU-VAR Marélios : Karimouche (6/4) 04 94 23 62 06-www.lavalette83.fr

Salle Couros : Soirée Carnaval Brésil (22/3) 06 76 29 38 95 www.saravabrasil.com

LE THOR Auditorium de Vaucluse : Grupo Compay Segundo (14/3), Noche de

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La Baume : Daniel Beaume (22/3)

BEAUMONT DE PERTUIS Salle Codonel : Guinguette déglinguée chez les V.I.eilles P.ies avec Les Chevreuils + BaT Point G (16/3)

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04 42 91 60 70-www.lestheatres.net

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AIX GTP : Abd Al Malik (12 au 16/3), Richard Galliano (21/3)

arte Flamenco, Festival Andalou (16/3), Paul Personne (22/3), les Franglaises (31/3) 04 90 33 96 80 www.auditoriumjeanmoulin.com

Sonograf’ : Mountain Men (22/3), Di Mauro swing (6/4) 04 90 02 13 30-www.lesonograf.fr

MANOSQUE Jean le Bleu : Vis à Vies (14/3) 04 92 70 34 19 www.adcalaffiche.fr/theatre-jean-lebleu

MARSEILLE Cabaret Aléatoire : Splash Night avec Dodge & Fuski + Funtcase + Roksonix + Habstrakt (15/3), Midi Night avec Jimmy Edgar + Matias Aguayo + L’Amateur (23/3), Find out session #1 (30/3), Tha Dogg Pound + Dj Djel (31/3), Concert goûter avec Nicolas Cante (10/4) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com

Caravelle : Full Prints (15/3), Linha de Seda (20/3), Mayari (22/3), JFB New 4tet (27/3), ZakariAn (29/3) 04 91 90 36 64 www.lacaravelle-marseille.com

Cité de la Musique : La Grèce dans le cadre de Méditerranées, des grandes cités d’hier aux hommes au J1 (14/3), Kompani Massalias dans le cadre de MP2013 (15/3), Bharatanatyam (21/3), Flûte Carnatique (22/3), Festival Indo-persan de Marseille avec le Chant du Rebab (27/3), Tadjikistan (29/3), Le Pavillon rouge (30/3), chant judéo-persan (4/4) et Aparna Panshikar (8/4), Festival des cultures tsiganes avec La Yeya Santiago (5/4), Jazz et musiques actuelles (8 et 9/4) 04 91 39 28 60 www.citemusique-marseille.com

Creuset des Arts : Le Chat Bleu (16/3), Duo jazz (24/3), Jean-Marc Dermesropian (7/4) 04 91 06 57 02 www.creusetdesarts.com

Cri du Port : Sylvain Riflet (14/3), Marcel Kanche & i Overdrive trio (21/3), Ronnie Lynn Patterson trio (28/3), Tarbaby invite Marc Ducret (4/4) 04 91 50 51 41-www.criduport.fr

Dock des Suds : NineSpirit Brass Band Watt#5 & Under Kontrol (22/3), Zamalek (23/3) 04 91 99 00 00 www.dockdessuds.org


04 91 24 34 10 www.espace-julien.com

Espace des Accates : Andy Thus Machine & Lizzy Gayle (14/3), Scène ouverte (15/3), Not Guilty (16/3), Watson Five (21/3), Soirée Salsa (22/3), Johnazz Collectif (28/3), Katia Masselot & Orchestre (29/3), Hunky Dory (30/3), Phil Good (4/4), Salsa (5/4), Roy Swart’s Jazz (6/4) 04 91 44 92 41 www.espace-musical.net

Grim : Impasse Invaders #3 avec Lee Noble + Powerdove (27/3), Ciné-concert Few of Us avec Toboflex et Erik Minkkinen dans le cadre du Festival International du Film Chiant au Temple Grignan (3 et 4/4) 04 91 04 69 59 www.grim-marseille.com

Inga des Riaux : Rémi Abram 4tet (15/3), Peggy Quetglass Trio (22/3), Trio Chansong (28/3), John Massa 4tet (29/3) 06 07 57 55 58 www.inga-des-riaux.fr/music.html

J1 : Fête de la Saint Patrick avec Lo Còr de La Plana et Gurvant Le Gac (17/3) www.mp2013.fr

Kawawateï : Marie Orgue de Barbarie (15/3), Ismaël et Katrina & Invitados (16/3), Nabil Baly (23/3), Ernesto Concha Cuimbia (29/3), L’odeur du Tchaman (30/3) 06 60 13 15 84 et 09 81 25 66 62 www.mains-libres.org

La Machine à Coudre : La Fille en Équilibre (16/3) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com

La Mer Veilleuse : Marsyas (15/3), Trio Fernandez (16/3), La Cumbiamba Parrandera (22/3) 09 53 31 40 02 www.lamerveilleuse.org

La Meson : Carte blanche à Cyril Benhamou (15 au 17/3), Atelier chansons françaises (22 et 23/3), Carte blanche à Benjamin Minimum (5/4), Ensemble oriental de Marseille (6/4) 04 91 50 11 61www.lameson.com

09 82 33 19 20 www.lattemarseille.com

Le Gymnase : La Trahison Orale (14 et 15/3), Robin McKelle & The Flytones (2/4), Charles Berling Jeune Chanteur (6/4) 08 2013 2013-www.lestheatres.net

Le Moulin : Wax Tailor (14/3), 1995 (16/3), Horace Andy & Johnny Clarke + The Banyans (23/3), Tété (27/3), Alexis HK (29/3) 04 91 06 33 94-www.lemoulin.org

Point de Bascule : Stéphanie Joire (15/3), Ralph Adamson & Cascino trio (16/3) 06 63 58 13 51 www.levillagedesfacteursdimages.org

Le Poste à Galène : Theodore Paul et Gabriel (16/3), Messes synthétiques (22/3), Jil is lucky (29/3), Yan Wagner (30/3), Ravel Traxx + Engraved (5/4), Dissonant Nation (6/4) 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com

Le Silo : NDR Big Band - Symphonie Portuaire (15/3), Les Chœurs de l’Armée rouge (24/3) 04 91 90 00 00 www.silo-marseille.fr

L’Embobineuse : Schaak + Postcoïtum + Luciaen Zellum (15/3), Dj Marcelle + Exoticon (29/3), Child Bite + Monsieur Marcaille (30/3), Jean Louis + Action beat + The sense of adventure + Mons Meg + Bad Body (5/4) 04 91 50 66 09-www.lembobineuse.biz

L’éolienne : Johanne Piraino & Ruth Levy Benseft + Mardjane Chemirani (26/3), Isabelle Courroy + Shadi Fathi (28/3) 04 91 37 86 89 www.leolienne-marseille.fr

Maison des Cultures Orientales : Cie Al Masira (28/3) 09 52 29 23 83

Nomad Café : Rocé (16/3) 04 91 62 49 77-www.lenomad.com

Rouge : Henri voit Rouge : Lorenzo Minguzzi 4tet (14/3), Leloil Mansuy Surménian trio (15/3), Cascino trio

(20/3), Alfa trio (21/3), Up and Down 5tet (23/3 ), Raphaël ImbertAmandine Habib duo (28/3), Djez-zire (11/4), Africa Express 5tet (25/4) 04 91 07 00 87 www.jazzaurouge.musikmars.com

Roll’ Studio : Trio Up-Close (16/3), Duo Intermezzo Tango (31/3), Claire Abram & Takae Bouyssi-Kanaoka duo (6/4) 04 91 64 43 15-www.rollstudio.fr

Station Alexandre : Le printemps des Poètes avec L’esprit des cafés, l’âme de poètes Compagnie Arteco & Trio Jahir (22/3), Bal Cubain (5/4) 04 91 00 90 04 www.station-alexandre.org

Théâtre des Chartreux : Vis à Vies (22/3) 04 91 50 18 90 www.theatredeschartreux.fr

Toursky : Nuit de l’anarchie avec Bernard Lubat dans l’Amusicien d’Uz (29/3), Festival Mai-Diterranée et Au fil des Voix avec Angélique Ionatos & Katerina Fotinaki (5/4), Débora Russ (6/4) 0 820 300 033-www.toursky.org

MARTIGUES Théâtre des Salins : Renaud Garcia-Fons (16/3), Melingo (29/3) 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

MAUBEC La Gare : The Red Rum Orchestra + Hugh Coltman (14/3) 04 90 76 84 38-www.aveclagare.org

MIRAMAS Comoedia : Alain Jean-Marie trio (14/3), Yves Brouqui quartet (4/4) 04 90 50 14 74-www.scenesetcines.fr

NIMES Paloma : Disiz + Ladea + Kussay & The Smokes (14/3), Rubin Steiner (15/3), Festival Les Femmes s’en mêlent avec Go Chic + Tubbe (21/3), Keny Arkana (22/3), Gablé (3/4), Crane Angels + Mesparrow (5/4) 04 11 94 00 10-www.paloma-nimes.fr

OLLIOULES Châteauvallon : Interzone Extended (voir p 31) (16/3) Melingo (30/3) 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Salle Jean Moulin : Trio Gerschwin (16/3), Monteverdi trios A trace of grace Baroque et Jazz (19/3) 04 94 93 34 29

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Espace Julien : Beth Hart (30/3)

Latté : 4’Bandy’s latino tous les mercredis, Cabaret tous les jeudis, Muddy’s Streets (15/3), M.Oat (16/3), Robertinho de Paula 4tet (19/3), Marie Stone & Co (21/3), Cathy Favre Paul Pioli Pierre Fenichel Trio vocal (22/3)

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04 91 47 34 48 www.equitablecafe.org

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Equitable Café : Swing Café jam session (16/3)

SAINT-CANNAT Salle du 4 Septembre : Vis à Vies + Morabeza Project (24/3) 04 42 50 61 72

SAINT-MAXIMIN Croisée des Arts : Celtic Kanan (16/3), Eiffel + Djiel (23/3), Ana Moura (9/4) 04 94 86 18 90-www.st-maximin.fr

SAINTE MAXIME Le Carré : Raphaël Imbert Heavens (voir p. 71) (13/4) O4 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

SALON-DE-PROVENCE IMFP-Salon de Musique : Leïla Martial Group (19/3), Blanc Petrucciani réunion (26/3), Douce France (2/4), Philippe Troisi trio (2/4) 04 90 53 12 52-www.imfp.fr

Portail Coucou : Caminos (16/3), I Canzonieri (19/3), Gadjo Combo + Jam en Co (23/3), Jersey Julie band (6/4) 04 90 56 27 99 www.portail-coucou.com

SIX-FOURS Espace Malraux : Sébastien Tellier + Lescop (22/3), Thomas Fersen (6/4) 04 94 74 77 79 www.espace-malraux.fr

TOULON Oméga Live : Guillaume Perret & The Electric Epic (15/3), The Australian Pink Floyd Show (16/3), Hilight Tribe + Scientyfreaks + Cristal Phoenix (30/3), Carte blanche à BATpointG (5/4) 04 98 070 070-www.tandem83.com

Théâtre Liberté : Abd Al Malik (19/3) 04 98 00 56 76-www.theatre-liberte.fr

VENELLES Salle des fêtes : Comparses & sons (16/3), Yoanna (6/4) 04 42 54 93 10 www.venelles.fr/culture

VITROLLES Moulin à Jazz : Sylvain Rifflet 4tet (16/3), Soirée OFF-Concert de la classe jazz (28/3), Virginie Teychené 4tet (6/4) 04 42 79 63 60 www.charliefree.com

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Manosque des grands chemins

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Le voyage sur les sentiers du monde, à Manosque, a ouvert grand les portes de mon-des intimes, singuliers ou collectifs, et permis des rencontres avec les réalisateurs invités par Pascal Privet, qui fait toujours preuve d’audace dans ses choix. Amore carne de Pippo Delbono est filmé en grande partie au moyen d’un téléphone portable. Dispositif léger pour un carnet intime bouleversant qui traite de sujets lourds : sa séropositivité, la mort des êtres chers, Birkenau, l’Aquila, l’amour impossible des mères. Le cinéaste-narrateur raconte qu’un homme ayant gravi une montagne accompagné par la mort, s’est mis à danser. La mort lui a dit qu’elle ne le faucherait pas tant qu’il danserait. Et la caméra légère de Pippo danse, saisit ce qui vit, ce qui se joue dans les rencontres, convoquant ses amis, les morts et les vivants : Bobò, le microcéphale, Sophie Calle, Irène Jacob, Marie-Agnès Gillot, Marisa Berenson, Tilda Swinton, Pina Bausch mais aussi Pasolini, Rimbaud et T.S Eliot. Les lieux défilent, trains, tunnels, hôpital, chambres d’hôtels, la musique de Balanescu accompagne le voyage. Les textes s’enchaînent, se mêlent. La vie s’inscrit dans la chair du monde, le détail d’une assiette de raviolis ou un geste sans voix. Film de l’intime qui renvoie à l’universel tout comme le beau film

Amore carne de Pippo Delbono

Après le silence. C’est en Roumanie que Vanina Vignal est allée donner la parole, Après le silence, à trois générations de femmes qui se taisaient : «J’ai essayé de tout laisser derrière… Je ne veux plus ni penser, ni me souvenir» confie Ioana, au début du documentaire. La réalisatrice a connu son amie Ioana Abur en 1991 ; toutes deux parlaient de tout sauf de la dictature de Ceausescu dont le pays sortait à peine. «Ioana s’était réfugiée dans une bulle et je suis entrée dans la bulle de Ioana. Aujourd’hui, mon film lui permet de mettre des mots… Ce qui n’est pas dit n’existe pas.» Effectivement, Vanina Vignal, dans ce second volet d’une trilogie roumaine, après Stella, fait parler des effets encore prégnants de la dictature, met à jour les rouages de la transmission du silence et fait apparaître les fantômes du passé qui empêchent de bien vivre le présent. Un film passionnant avec des personnages très attachants.

On a déjà écrit tout le bien qu’on pensait d’À bas bruit, le film de Judith Abitbol, présente à Manosque avec sa comédienne, Nathalie Richard (voir Zib’54), et le festival de Manoque nous a aussi permis de découvrir The Tundra Book d’Aleksei Vakhrushev, Jajouka de Marc et Eric Hurtado, 11 images de l’homme d’Anastasia Lapsui et Makku Lehmuskallo, Soran fait son cinéma de Fulvia Alberti et Soran Qurbani ou encore Wadjda, premier film de fiction tourné et produit en Arabie Saoudite par Haifaa Al-Mansour… dont vous trouverez les comptes-rendus sur notre site www.journalzibeline.fr. ANNIE GAVA ET ÉLISE PADOVANI

Les Rencontres Cinéma de Manosque/Oeil zélé, Du réel à l’imaginaire, ont eu lieu du 5 au 10 février

Les maux de l’Italie 1969, qui a fait 16 morts, de très nombreux blessés et qui marque le début des «années de plomb». Marco Tullio Giordana reconstitue pas à pas l’enquête menée par le commissaire Calabresi (Valerio Mastandrea) nous faisant pénétrer ainsi dans les milieux anarchistes avec Pinelli (Pierfrancesco Favino) qui meurt défenestré, dans des circonstances étranges et jamais élucidées, puis dans les milieux d’extrême droite, néo fascistes, enfin à la tête de l’État et la CIA. Le film, construit comme un thriller, maintient le spectateur sous tension, jusqu’au bout et l’amène à s’interroger sur

une histoire qu’il ne connaissait pas ou avait oubliée. Le film proposé ensuite, I Cento Passi nous emmenait à Cinisi, une petite ville sicilienne, dans les années 60. La mafia règne en maître et Peppino Impastato (Luigi Lo Cascio) est destiné à en devenir un chef ; sa famille habite à cent pas de la maison de Tano Badalamenti (Tony Sperandeo) le parrain local. Il en sera tout autrement car, en 1968, se rebellant contre son père et l’ordre établi, il va monter une radio locale qui dénonce les pratiques de la Cosa Nostra... Un film qui permet de connaître l’histoire de ce jeune qui a osé s’attaquer à ce fléau et qui est devenu un personnage très populaire en Italie. Piazza fontana de Marco Tullio Giordana

C’est dans une salle remplie de lycéens que le 15 février Marco Tullio Giordana, accompagné de Jean Gili, critique à Positif et spécialiste historique du cinéma italien, et de Mathieu Labrouche, directeur du cinéma Les Lumières à Vitrolles, est venu présenter Piazza Fontana. Delphine Camolli de Tilt et Vincent Thabourey de Cinémas du Sud leur ont parlé d’Écrans Voyageurs, le cinéaste italien étant l’invité de cette 3e escale. Piazza Fontana est à l’image du cinéma de ce réalisateur qui dénonce les maux de l’Italie d’aujourd’hui, pouvoir complice de groupes néo nazis, terrorisme, mafia… dans la lignée de Francesco Rosi. Et comme le déclare Peppino Impastato, le héros des Cent pas, à la fin de la projection de Main basse sur la ville : «Un film est toujours une œuvre d’art, il ne reproduit jamais la réalité mais à travers un certain regard, il réinvente cette réalité, la transfigure et lui donne du sens.» Ce film, dense, sorti en mars 2012 en Italie, évoque l’attentat à la bombe au siège de la Banque de l’agriculture, le 12 décembre

ANNIE GAVA

La 3e escale des Écrans Voyageurs a eu lieu du 12 au 17 février au cinéma Les Lumières à Vitrolles

À lire L’entretien avec Marco Tullio Giordana sur www.journalzibeline.fr


Le Baiser de Marseille En quelques jours la photographie de Gérard Julien, de l’AFP, est devenue emblématique de la lutte pour le mariage pour tous ! La société de production marseillaise, Films de Force Majeure, a proposé à Valérie Mitteaux de réaliser un documentaire autour de cette photo. Zibeline : En quoi cette proposition de film vous a intéressée ? Valérie Mitteaux : Il y a urgence à parler de l’homophobie, à analyser le discours de ceux qui, tout en luttant contre le mariage pour tous, affirment qu’ils ne sont pas homophobes. C’est une imposture ! Le film est une manière de s’indigner. Je veux voir comment cette photo révélatrice est perçue. Ce qui m’étonne, c’est que les deux jeunes filles, Auriane et Julia, refusent de situer leur geste politiquement. Elles refusent de mettre de la pensée dans un geste qu’elles disent avoir fait à l’instinct. Quelle forme va prendre le documentaire ? Qui avez-vous prévu de rencontrer ? Cette photo est très bien construite, très dense et mon idée est qu’on peut y plonger, comme zoomer dans l’image, pour isoler des zones qui font sens autour du point central… Je vais voir les jeunes filles tous les jours, elles adhèrent au projet, on va apprendre à se connaitre. Leur gémellité est étonnante sur la photo, elles sont semblables, même coiffure, mêmes vêtements. Auriane sourit

Ils sont là !

et le baiser est donné, on perçoit aussitôt le côté «fuck off» de l’action. À l’arrière plan, on voit les «mamans» J’ai envie de les entendre, d’en rencontrer quelques-unes de générations différentes. Peut-être un homme aussi. On a rendezvous avec deux personnes d’Alta Vita pour essayer de comprendre les racines de cette position. À priori, les arguments sur ce qui fonde les origines du rejet ne seront pas très originaux mais je voudrais essayer par le film de déconstruire ce discours intenable, ou au moins en faire percevoir le côté absurde… Et le photographe ? Il couvrait la manif ? Non ! Il devait faire un reportage à Toulon qui a été annulé. Il est allé faire un tour à cette manifestation, était plutôt content de cette photo mais ne s’attendait pas à ce qu’elle soit aussi diffusée. C’est un journaliste, Paul Parant, qui est le premier à l’avoir «tweetée». Il nous a contactés pour nous le dire. On va aller le voir. Films de Force Majeure est le seul producteur du film ? Pour le moment, oui. Vu l’urgence, j’ai commencé à tourner. On va essayer de trouver d’autres financements… PROPOS RECUEILLIS PAR ANNIE GAVA

Vous pouvez aider à financer le film sur ulule http://fr.ulule.com/baiser-demarseille/promote/ Elise Tamisier et Valerie Mitteau © A.G

Pour Nous sommes ici tout commence à Jebel Jeloud, a précisé le critique Tahar Chikhaoui qui a présenté le documentaire à la Maison de la Région, dans le cadre des Écrans d’Aflam. En effet, le jeune réalisateur, Abdallah Yahya, a appris par un ami, professeur de théâtre, que des lycéens de Jebel Jeloud, une banlieue de Tunis, préparaient une caravane pour le village d’Essray, à 280 kms à l’intérieur. Ce jeune réalisateur, assistant d’Annaud sur Or noir, décide de filmer cette aventure, puis retourne à Jebel Jeloud rencontrer et filmer les habitants qui parlent de leur misère, de leurs difficultés à trouver du travail, de la drogue qui gangrène la jeunesse, de leur détresse. «Nous sommes ici, nous faisons partie de ce pays, nous avons les mêmes droits que tout citoyen...» Cela donne un documentaire sans concessions, très construit, ponctué par le leitmotiv d’un gamin à vélo dans les rues du village. Le film démarre par un plan où l’on voit, de dos, ce jeune garçon qui parle avec son oncle. On les retrouve à la fin du film, dans le même cadre, avec ces paroles terribles : «Ton père est à Lampedusa, qu’il y reste et puisse ainsi te procurer une vie meilleure.» À côté de ces aspects dramatiques, on découvre le dynamisme de groupes de chanteurs hip hop et rap, dont les chansons ponctuent le film, la générosité de l’action citoyenne des jeunes lycéens, avec ses limites soulignées par une vieille femme d’Essray qui crie, fort justement que l’aide, c’est bien, mais qu’il vaudrait mieux qu’on leur donne des bêtes pour l’élevage et leur survie. «C’est la 1e fois qu’une caméra vient nous filmer, nous les oubliés de Tunisie !», entend-on. Et, comme l’a rappelé Tahar Chikhaoui lors de la discussion après la projection, ce film-MIROIR, démarré trois mois après la chute de Ben Ali, n’aurait jamais pu voir le jour avant, ni par le contenu, ni par la forme. ANNIE GAVA

Le film a été projeté le 14 février à la Maison de la Région, Marseille

RetrouveZnos agendas et rendez-vous ainsi que toutes les annonces du mois à venir, sur notre site mis à jour quotidiennement www.journalzibeline.fr

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Enfermés Évoquer Camille Claudel en cinéma, c’est penser à Isabelle Adjani dans le film de Bruno Nuytten. Mais la Camille du nouveau film de Bruno Dumont, c’est Juliette Binoche. La comédienne, et peintre, souhaitait tourner avec le cinéaste, qui lui a proposé ce rôle de la sculptrice, internée pendant trente ans à Montfavet, dans la «maison des insensés» de Montdevergues (voir p. 62). Premier plan : une femme de dos est conduite au bain malgré sa réticence par deux

religieuses. On découvre dans le plan suivant, «Melle Claudel», le visage ravagé. Plus tard, seule dans une cuisine, elle prépare sa nourriture, craignant qu’on ne l’empoisonne puis agresse un interne qui veut lui faire rejoindre le groupe des jeunes femmes aliénées. Ces scènes comme les autres, sont inspirées de faits réels, du quotidien de l’artiste qui a sombré dans la folie lorsque Rodin l’a quittée. Bruno Dumont, s’appuyant sur la Camille Claudel 1915 de Brunot Dumont

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correspondance, les photos et le journal médical, tournant avec des personnes enfermées et leurs soignants, restitue avec force ce qu’a été la vie de la sculptrice, choisissant de nous faire partager trois jours de sa vie, en 1915, au moment où elle attend une des rares visites de son frère Paul. Et, à l’exception de vingt minutes où l’on suit Paul Claudel en route pour lui rendre visite, on ne quitte pas Camille qui souffre, pleure, écrit, sourit mais ne sculpte pas, craignant qu’on lui vole idées et œuvres. Juliette Binoche EST Camille Claudel, lui insufflant sa force, son intensité de jeu et sa ferveur : sublime ! Paul Claudel (Jean-Luc Vincent) en illuminé chrétien est terrifiant d’inhumanité, aussi enfermé dans sa foi que sa sœur dans son pensionnat-asile. Ce film, âpre, sobre, aux dialogues rares, tout en tensions intérieures, nous fait approcher, avec beaucoup d’humanité, la folie, réfléchir sur le statut de l’artiste, sur la solitude et la liberté. Des problématiques au cœur de la manifestation organisée par l’hôpital de Montfavet (voir p. 66). ANNIE GAVA

Voir entretien avec le réalisateur sur www.journalzibeline.fr Le film, soutenu par la Région, a été présenté en avant-première au cinéma Renoir à Aix, le 1er mars, en présence du réalisateur Bruno Dumont. Il sort en salles le 13 mars

Désaliénés Entre le fameux «c’est possible» de la SNCF et le «Yes we can» obamesque, le titre du film de Giulio Manfredonia Si può fare (2008) projeté ce 26 février à l’Institut Culturel Italien, ressemble à un slogan politico-publicitaire. Dans cette comédie «humaniste», la formule traduit le pari fou de Nello, syndicaliste écarté par sa fédération, sur la capacité des fous à s’insérer dans une société pas très raisonnable. Toute ressemblance avec la réalité n’est en aucun cas fortuite. Milan, 1983. À la suite de la loi Basaglia de 78, les manicomi (asiles d’aliénés) ont été fermés, libérant les malades mentaux. Se créent alors des coopératives sociales pour leur assurer un semblant d’activités. Nello, parachuté directeur d’une de ces structures va redonner à ces éclopés de la vie, une dignité qui passe par un Signore/Signora pour s’adresser à eux, la reconnaissance de leur statut d’associés, un salaire, le droit de vote en assemblée générale et celui d’une sexualité retrouvée par la diminution des doses de sédatifs. Mieux, le génie propre de leurs pathologies respectives va créer une plus-value ! Ainsi l’esprit géométrique des schizos de la petite entreprise spécialisée en pose de parquets, transforme une catastrophe en réussite commerciale, un simple parquetage en mosaïque d’art, donnant métaphoriquement valeur doublée à des «déchets» achetés deux fois moins cher. Drôle et tragique (un des malades se suicide par amour parce que, parfois, non vraiment, ce n’est plus possible !) le film de Manfredonia, s’il n’évite pas le mélo et l’appel aux bons sentiments, offre un retour sur ces années

Si puo fare de Giulio Manfredonia © Claudio Lannone

d’ébullition idéologique que l’Institut Italien revisitera les 16, 23 et 30 avril à 18h, avec le film-somme de Marco Tullio Giordana, La Meglio gioventù. Là aussi, il sera question d’une folie à lier et... délier. ÉLISE PADOVANI

Istituto Italiano di Cultura, Marseille 04 91 48 51 94 www.iicmarsiglia.esteri.it


Nigérian stories

ÉLISE PADOVANI

tions de peinture et de sculptures dont celle du muraliste El Mono Gonzalez qui animera un atelier avec des étudiants, des séances scolaires, une table ronde le 16 mars à 18h30, Cinéma, littérature et migration avec Jorge Fons, Pascal Jourdana et Hernán Harispe, suivie à 21h d’un spectacle de danse et musique, Peña en flor. En clôture le 23 mars à 21h, A Busca du Brésilien Luciano Moura nous fera découvrir avec Théo ce qui importe réellement dans la vie. ANNIE GAVA

15e Rencontres de cinéma sud-américain du 15 au 23 mars La Friche, Marseille du 24 mars au 30 avril Manosque, Forcalquier, Saint Bonnet, Fréjus, La Ciotat, Montauraux 04 91 48 78 51 www.cinesud-aspas.org

Les 20 heures du Toursky Dans le cadre du XVIIIe Festival Russe, à 20h, le théâtre Toursky propose cinq séances de cinéma suivies de soirées-cabarets pour prolonger par une fête slave le plaisir cinéphile. Au programme, des films en V.O, multi-primés à revoir. Le romanesque Anna Karénine d’Aleksandr Zarkhi, sorti en 1967, qu’on pourra comparer avec la récente adaptation du chef-d’œuvre de Tolstoï par Joe Wrigth. La comédie douce-amère Une gare pour deux d’Eldar Riazanov (1982) qui met en scène une rencontre amoureuse improbable entre un musicien et une serveuse à Zastoupinsk. L’Été froid de l’année 53 d’Aleksandr Prochkine, sorti en 1988, en Le Retour d’Andrei Zviaguintsev

Après les États Unis et l’Inde, qui sait que le Nigéria, état fédéral anglophone de 140 millions d’habitants, reste le troisième plus gros producteur de fictions du monde ? Qui sait qu’après Hollywood et Bollywood, Nollywood, créé à partir de rien, sans salles de cinéma, sans studios, sans plateaux, sans argent, sans écoles, avec des cinéastes autodidactes et dans des conditions de tournage pionnières soumises aux caprices des coupures électriques ou du ronron des générateurs, offre aux nigérians et aux africains de toute la planète, plus de 2 000 films par an vendus en DVD, aussitôt piratés ! Qui sait que cette industrie de bout de ficelles génère plus de 300 millions de dollars de chiffre d’affaires avec des films vendus 2 $, gagne des parts de marché car les Noirs malgré la qualité médiocre de ces productions bricolées «préfèrent les films réalisés par des Noirs pour des Noirs aux œuvres étrangères» ? Pour nous l’apprendre, l’association Sankofa qui se donne pour mission de promouvoir les cultures africaines, organisait ce 23 février, au Polygone étoilé une soirée «nollywoodienne» autour de la projection de Made in Nollywood, en présence de Léa Jamet, réalisatrice de ce documentaire-enquête de 2007 sur le phénomène. Entre les extraits de films, plus occidentalisés à Lagos dans le sud du pays, plus indianisés à Kano dans le nord islamique, elle donne la parole aux cinéastes, aux acteurs dont certains ont déjà participé à des centaines de réalisations. On y entend leur soif de formation, de reconnaissance internationale, leur fierté aussi et on se dit que dans cette fourmilière de passionnés, le Nigéria, déjà distingué mondialement pour sa musique et sa littérature, verra forcément naître un cinéma d’auteur.

Après un préambule à Aix, Vitrolles, Marseille et Miramas, les 15e Rencontres de cinéma sud-américain se dérouleront à La Friche avant de partir essaimer dans 6 autres villes de la région. 41 films, longs et courts, fictions et documentaires, sans oublier les films d’animation avec la rétrospective du réalisateur argentin, Juan Pablo Zaramella, qui donnera le 19 mars à 18h30 une leçon de cinéma sur les techniques de l’animation dont le stop motion. Invité d’honneur, le réalisateur mexicain Jorge Fons dont seront projetés El atentado et en ouverture, le 15 mars à 18h, El callejon de los milagros, adapté du roman de l’Égyptien Naguib Mahfouz, un des films de la Carte Blanche de MP 2013 «Errances et Racines». Trois grandes métropoles : Mexico, Caracas et Buenos Aires, seront le décor de trois films de suspense, Chalán de Jorge Michel Grau, Piedra, papel o tijera de Hernán Jabes et De martes a martes de Gustavo Fernandez Triviño. Ces 3 longs métrages seront en compétition pour le Colibri d’Or avec 6 autres : Distancia du Guatémaltèque Sergio Ramirez, El ethnografo de l’Argentin Ulises Rosell, Insurgentes du Bolivien Jorge Sanjinés, Verdades, la vida de estela de Nicolás Gil Lavedra, Jardin de Amapolas du Colombien Juan Carlos Melo Guevara et le 1er long de la Mexicaine Kenya Márquez, Fecha de caducidad. 8 courts métrages nous emmèneront dans 7 pays, Argentine, Brésil, Colombie, Cuba, Mexique, Pérou et Venezuela. Les Rencontres, ce sont aussi des exposi-

A Busca de Luciano Moura

Errances, racines et familles

pleine Pérestroïka, vu par 64 millions de soviétiques, où deux déportés victimes du stalinisme vont devenir après la mort du petit père des peuples, les «deux mercenaires» de villageois terrorisés par des criminels de guerre amnistiés. Le sidérant premier film d’Andreï Zviaguintsev, Le Retour, Lion d’or à la Mostra de Venise en 2003, périple initiatique de deux frères de 14 et 12 ans dans une île sauvage sous la conduite d’un père taciturne surgi de nulle part après douze ans d’absence. Enfin, celui de la réalisatrice Larissa Sadilova Rien de personnel (2007). Drame intime, troublant où des destins féminins opposés se révèlent sous la caméra scrutatrice d’un détective privé qui ne sortira pas indemne de ce qu’il voit. ÉLISE PADOVANI

Festival Russe du 12 au 16 mars Théâtre Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 www.toursky.org

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La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Films de la danse 56 A U P R O G R A M M E C I N É M A

Dans le cadre du Mois de la Danse, au Cinéma Jean Renoir, projection de 3 films. Le 16 mars est consacré à la danse contemporaine : à 16h, Anna Halprin, le souffle de la danse de Ruedi Gerber et à 19h, Pina de Wim Wenders. Le 20 mars à 18h30, danse classique avec Le Concours de danse de Bess Kargman et le 27 mars à 18h30, Carte Blanche au tango avec Tango de Carlos Saura, suivi d’un buffet dansant. Cinéma Jean Renoir, Martigues 04 42 44 32 21 cinemajeanrenoir.blogspot.com

Femmes du Jazz Le 18 mars à 17h30 et 20h30, à l’occasion du Mois des femmes en PACA le GRAIF et la Région proposent le documentaire de Gilles Corre, Femmes du Jazz. Au mois d’avril 1999, la percussionniste Susie Ibarra organisait un «Mois des femmes du jazz à New York». Portraits d’une vingtaine de musiciennes qui ont choisi d’affronter la jungle de New York pour se faire un nom au Panthéon du Jazz. Entrée libre. Maison de la Région, Marseille 04 91 57 57 50

Vidéo FID

FID, Marseille 04 95 04 44 90 www.fidmarseille.org

Cinémathèque de Marseille Espace Cézanne, CRDP 04 91 50 64 48 www.cinemathequedemarseille.fr

Edward II Le 19 mars à 20h aux Variétés et le 20 mars à 20h15 à La Buzine dans le cadre de Mars en baroque, Concerto Soave propose Edward II de Derek Jarman, adapté de la pièce de Christopher Marlowe. Nouvellement couronné, Edward II d’Angleterre rappelle son fidèle ami et amant Piers Gaveston de l’exil. Il le couvre de cadeaux et de titres honorifiques, suscitant la jalousie de la cour… Le 19 à 18h, la projection est précédée d’une conférence de Benito Pelegrin, Rivages, visages, virages du théâtre baroque : rives et dérives. Concerto Soave 04 91 90 93 75 www.concerto-soave.com

Écrans d’Aflam Le 21 mars à 14h et 19h, Mort à vendre de Faouzi Bensaidi, l’histoire de trois amis, Malik, Allal et Soufiane, trois jeunes perdus qui vivotent de petites arnaques à Tetouan. Entrée libre. Maison de la Région, Marseille 04 91 47 73 94 www.aflam.fr

Mort a vendre de Faouzi Bensaidi

Gangster-Project de Teboho Edkins

Le 19 mars à 20h, soirée Vidéo FID : projection de Gangster-Project de Teboho Edkins : Teboho Edkins rêve d’un «film de gangsters». À Cape Town, pas besoin d’acteurs, se dit l’apprenti cinéaste, ils courent les rues, il suffit d’un bon casting. De rendez-vous en zones isolées de la périphérie de la ville, le cinéaste emboite le pas aux fables hollywoodiennes pour tenter de les enrôler. Mais peu à peu les images s’effritent…

Les Gens du voyage de Jacques Feyder

Les Mardis de la Cinémathèque proposent le 19 mars à 19h, Les Diaboliques de HenriGeorges Clouzot avec Charles Vanel, Simone Signoret, Michel Serrault, Paul Meurisse, Véra Clouzot. Le 26 mars, ce sera Les Gens du voyage de Jacques Feyder, la vie des membres d’une troupe de cirque ambulant.

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Le Voleur de Badgad Cinémathèque Le 16 mars à 17h15, dans le cadre de Caravansérail, La Criée propose Le Voleur de Badgad de Raoul Walsh, l’une des plus grosses productions des années vingt. Entrée libre.

Écrans Voyageurs 5 Du 20 au 25 mars, Escale 5 des Écrans Voyageurs au cinéma l’Alhambra, avec Walter Salles (sauf le 24) accompagné d’Ariane Allard rédactrice de Positif. Le réalisateur brésilien présentera une rétrospective de son œuvre : Terre lointaine (1997), Central do Brasil (1998), Carnets de voyage (2004), Avril brisé (2003), Une famille brésilienne (2009) et Sur la route (2012) et proposera une Leçon de cinéma le 23 à 16h30. Alhambra Cinémarseille 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com www.ecransvoyageurs.fr

Carnets de voyage de Walter Salles

Globe-trotters Du 22 au 24 mars, se tiendra à Avignon le 16e Festival des Globe-Trotters. Conférences, expositions-photos, ateliers d’écriture, de carnets de voyage, de scrapbooking, rendezvous avec des écrivains-voyageurs, projections de films qui emmènent en voyage au bout du monde, dans différents lieux de la ville dont la salle Benoît XII, les théâtres du Chien qui Fume et de La Luna. Quartier des Teinturiers, Avignon 06 65 24 78 41 http://abmavignon.free.fr/index.html

Figure de l’«arabe» Le 21 mars à 18h30, conférence d’Yvan Gastaut, spécialiste des questions d’immigration en France et dans le bassin méditerranéen sur Les représentations de l’immigré ou la figure de l’«arabe» à l’écran : la manière dont la figure de l’immigré a évolué dans le paysage audiovisuel français depuis la guerre d’Algérie. Entrée libre. La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Caravansérail Le 29 mars à 18h, dans le cadre de Caravansérail, La Criée propose deux films d’animation de Florence Miailhe : Hammam (1991), portrait d’un bain public pour femmes et Shéhérazade (1995), légende inaugurale des Mille et une Nuits dans une version écrite par Marie Desplechin. Entrée libre. La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com


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Documentaires Roms La Traversée Le 30 mars à 14h30, dans le cadre du Festival des cultures tsiganes, projection de 4 documentaires en romani sous-titré en anglais du Centre médiatique rom de Kosice en Slovaquie, en coproduction avec MP 2013 : la projection sera suivie d’un débat sur l’évolution de la situation des Roms en Slovaquie. Latcho Divano, Marseille 09 52 72 89 28 www.latcho-divano.com

D’une école à l’autre Le 2 avril à 18h, ciné-débat-repas : D’une école à l’autre de Pascale Diez. Quarantecinq enfants de quartiers différents ont mélangé leurs horizons et ont créé un spectacle qui reflète la diversité de leurs origines, de leurs cultures et de leurs savoirs. Alhambra Cinémarseille 04 91 46 02 83 www.alhambracine.com

Notre monde Le 3 avril à 20h, Notre monde, en présence du réalisateur Thomas Lacoste : un documentaire qui rassemble plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains. Alhambra Cinémarseille 04 91 46 02 83 www.alhambracine.com

Écrans Voyageurs 6 Du 5 au 9 avril les Écrans Voyageurs font leur sixième escale. Seront projetés cinq films de Brillante Mendoza en présence du réalisateur philippin et de Vincent Amiel, rédacteur de Positif : Captive (2012), Lola (2010), Serbis (2008), John John (2008), Masahista (2005), Tirador (2007). Leçon de cinéma le 6 avril à 14h30. Institut de l’Image, Aix 04 42 26 81 82 www.institut-image.org www.ecransvoyageurs.fr

Mangrove Le 9 avril à 20h, l’association AVEC-La Gare de Coustellet propose Mangrove de Frédéric Choffat et Julie Gibert. Une plage isolée sur la côte sud du Pacifique. Au bout, la mangrove. Une jeune femme européenne revient avec son fils après plusieurs années d’absence. Mais peut-on faire la paix avec les fantômes du passé ? Bibliothèque de Cabrières d’Avignon 04 90 76 84 38 www.aveclagare.org

Le 10 avril à 20h30, avant-première de La traversée en présence de la réalisatrice, Elisabeth Leuvrey. Chaque été, ils sont nombreux à transiter par la mer entre la France et l’Algérie. Depuis le huis clos singulier du bateau, ces femmes et ces hommes bringuebalés, chargés de sacs et d’histoires, nous disent autrement l’immigration. Alhambra Cinémarseille 04 91 46 02 83 www.alhambracine.com

Cinépage Le 11 avril à 20h, Cinépage propose Le Cheval de Turin de Béla Tarr : à Turin, en 1889, Nietzsche enlaça un cheval d’attelage épuisé puis perdit la raison. Quelque part, dans la campagne : un fermier, sa fille, une charrette et le vieux cheval. Dehors le vent se lève. Cinéma Pathé Madeleine, Marseille 04 91 85 07 17 www.cinepage.com

La France qui se leve tot de Hugo Chesnard

La Criée fête le court-métrage Du 11 au 13 avril, de 10h à 22h, en partenariat avec le Festival international du CourtMétrage de Clermont-Ferrand, La Criée fête le court-métrage : une sélection «surmesure» de films à découvrir pendant trois jours, dont Méditerranées d’Olivier Py ; Ce qu’il restera de nous de Vincent Macaigne ; Next Floor de Denis Villeneuve ; La Sole, entre l’eau et le sable d’Angèle Chiodo ; La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard. La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Écrans voyageurs 7 Du 11 au 13 avril : Escale 7 des Écrans avec le duo burlesque Fiona Gordon et Dominique Abel. Les réalisateurs-comédiens seront là, accompagnés par Vincent Thabourey, rédacteur de Positif pour présenter La Fée (2011), Rumba (2008), L’Iceberg (2005). Avant chaque séance, projection d’un courtmétrage d’Abel et Gordon et, le 13, de celui des lycéens des classes cinéma de Craponne. Les Arcades et Le Club, Salon de Provence 04 90 53 65 06 www.ecransvoyageurs.fr


A U P R O G R A M M E C I N É M A

chemins de l’Ailleurs Les Rencontres cinématographiques sont un rendez-vous incontournable, et la 23e édition aura un goût particulier, italien puisqu’une Carte Blanche est donnée au Festival de Sciacca en Sicile, en coproduction avec MP2013 : cinq films dont deux inédits en France, Malavoglia, adaptation du chefd’œuvre vériste de Verga, en présence du

réalisateur Pasquale Scimeca ; et La Voce di Rosa sur Rosa Balistreri, la cantatrice de Licata, en présence du réalisateur Nello Correale et de la comédienne Donatella Finocchiaro. Un zoom sur les films du bassin méditerranéen permettra de voir cinq films d’Algérie, Chypre, Espagne, Israël et Maroc

ANNIE GAVA

Les Rencontres Cinématographiques du 19 au 26 mars Cinéma Les Arcades, Salon 04 90 17 44 97 www.rencontres-cinesalon.org

En musique ! Comme chaque année depuis 14 ans, au printemps, se tient le Festival International du Film d’Aubagne (FIFA), consacré au rapport de la musique à l’image, réunissant compositeurs, musiciens et cinéastes. Parmi les invités d’honneur, Bruno Coulais composera pour Aubagne une pièce, interprétée, le 22 mars, par son ami Jean-Michel Bernard qui jouera aussi ses morceaux les plus remarquables pour le cinéma. Jorge Arriagada, compositeur entre autres du réalisateur chilien Raoul Ruiz, donnera une leçon de musique à partir du film Le temps retrouvé. Et c’est la compositrice Selma Mutal qui assurera la 10e Master Class de musique à l’image. 10 longs métrages seront en compétition, venus surtout du Nord : de Belgique comme Kid de Fien Troch, Offline de Peter Monsaert ou Dead Man Talking de Patrick Ridremont ; d’Allemagne, Oh boy de Jan-Ole Gerster, Meanwhile in Mamelodi de Benjamin Kahlmeyer ou Schuld Sind Immer Die Anderen de Lars-Gunnar Lotz ; du Danemark, Vaerelse 304 de Birgitte Staermose. Rock the casbah de Yariv Horowitz est une coproduction France

Des morceaux de moi de Nolwenn Lemesle

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Tutti I Santi Giorni de Paolo Virzi

Les

dont deux en avant-première, Le Repenti de Merzak Allouache et Andalousie mon amour en présence de Mohamed Nadir. Le reste du monde n’est pas oublié avec la sélection Tout un monde à voir, 20 films, comédies ou drames, traitant de sujets actuels et/ou invitant au voyage, comme le road movie Avé de Konstantin Bojanov (Bulgarie), En el nombre de la hija de Tania Hermida (Equateur), Une seconde femme d’Umut Dag (Autriche), Voie rapide de Christophe Sahr (France) ou L’enfant d’en haut d’Ursula Meier (Suisse). En ouverture, et en avant-première, Tutti I Santi Giorni de Paolo Virzi ; en clôture seront projetés les films choisis par le Jury, le public et les jeunes, après une semaine d’ateliers, une après-midi de courts métrages, des animations musicales, des séances scolaires…

Israël et deux films français complètent cette sélection : Des morceaux de moi de Nolwenn Lemesle et la comédie de Martin Le Gall, Pop redemption. En ouverture le 18 mars, Final Cut, Ladies and Gentlemen de Gyorgy Palfi, un hymne au cinéma remettra en lumière les scènes éternelles des plus grandes histoires d’amour. Le public pourra aussi découvrir les 73 courts métrages en com-

pétition ainsi que 16 des films primés au Festival de Clermont Ferrand qui programme la Nuit du court le 23 mars. Trois autres festivals européens auront des cartes blanches :Anima, le Festival International du Film d’Animation de Bruxelles, DOC SK, un festival slovaque de Kosice, et le Zagreb Film Festival (Croatie). Et pour pimenter la semaine, rencontres, débats, concerts Fins de soirée, Regards croisés

des écoles européennes de cinéma… et un ciné concert que proposeront en clôture les 8 jeunes compositeurs de la Master Class. A.G

FIFA, Aubagne, La Penne sur Huveaune du 18 au 23 mars 04 42 18 92 10 http://aubagnefilmfest.fr/fifa2013/fr


Vents

Comme chaque année Scènes et Cinés se penche sur le cinéma d’un pays, avec cette fois-ci un panorama du cinéma américain indépendant : des films qui témoignent d’un esprit de liberté face à une production qui souvent manque d’audace et d’originalité. Une quinzaine de films seront proposés dans 5 salles après l’ouverture de la manifestation le 15 mars au Coluche à Istres et la projection de Mud-Sur les rives du Mississippi de Jeff Nichols. À Fos-sur-Mer, en avant-première, le 17 mars à 19h, Promised Land de Gus Van Sant, qui a eu la mention spéciale du jury à la Berlinale. Et le 21 mars ce sera une soirée Musique et musiciens avec, à 18h30, The Brooklyn Brothers de Ryan O’Nan et à 21h, Sugar Man de Malik Bendjelloul. À Grans, le 16 mars Soirée Famille en présence d’Elise Domenach, spécialiste de la philosophie anglo-américaine contemporaine qui présentera Broken Flowers de Jim Jarmusch à 18h 30 et 21h, The Place Beyond the Pines de Derek Cianfrance. Le 20 mars, ce sera un hommage à Terrence Malick. C’est à James Gray qu’Istres rendra

hommage en proposant Little Odessa et La Nuit nous appartient, le 22 mars à 18h15. Si vous préférez la soirée déjantée, c’est à Miramas, qu’il faudra vous rendre le 19 mars à 18h : Dark Horse de Todd Solondz précèdera Paperboy de Lee Daniels. Quant à Port-Saint-Louis, après Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris à 18h30 et In the air de Jason Reitman, vous saurez «Comment reconnaître une comédie américaine labellisée : cinéma indépendant ?» grâce à Vincent Thabourey, coordinateur de Cinémas du sud et critique de cinéma à Positif. ANNIE GAVA

Panorama du cinéma américain indépendant du 15 au 24 mars Cinéma l’Odyssée, Fos-sur-Mer Espace Robert Hossein, Grans Cinéma Coluche, Istres Cinéma Le Comoedia, Miramas Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis www.scenesetcines.fr

Du 18 au 21 mars se dérouleront les 41e Rencontres Cinématographiques de Digne-les-Bains, un des plus anciens festivals de la région : projection de longs métrages, rencontres avec les réalisateurs, concours de premiers courts métrages de fiction et découverte du cinéma amérindiens seront au programme. Je ne suis pas mort de Mehdi Ben Attia © Michael Crotto

Parmi les films proposés, on pourra voir Le premier homme de Gianni Amelio, d’après le roman inachevé d’Albert Camus, avec Jacques Gamblin, Denis Podalydès, Catherine Sola… Je ne suis pas mort de Mehdi Ben Attia, Grand Prix du Jury au festival 1ers Plans d’Angers ; Quelques jours en septembre de Santiago Amigorena avec Juliette Binoche, John Turturo, Sarah Forestier ; Bella mariposas de Salvatore Mereu, ainsi que des films de la cinéaste-écrivaine, Emmelene Landon. A.G.

Rencontres Cinématographiques Centre culturel René Char, Digne-les-Bains 04 92 32 29 33 www.unautrecinema.com

59 A U P R O G R A M M E C I N É M A

A.G.

Courant d’air Cité du Livre, Aix 04 42 63 45 09 www.imagedeville.org

Le Vent de Victor Sjostrom

Digne fait son cinéma

Promised Land de Gus Van Sant

Loin des blockbusters

Du 27 au 31 mars, Image de ville propose la 8e édition des Journées du film sur l’environnement, Courant d’air : des conférences, films, rencontres avec des philosophes, des compositeurs, installations autour du thème de l’air et du vent. En ouverture, le 27 à 20h30, à la Cité du Livre un Ciné-concert, Le Vent de Victor Sjöström, accompagné par le compositeur Gaël Mevel et par des poèmes de Saint John Perse. Ce concert est précédé à 18h d’une projection-débat du philosophe de l’urbain, Thierry Paquot, sur l’évocation du vocabulaire venteux et d’une rencontre avec Pierre Sauvageot, compositeur, autour sa création Champ Harmonique, symphonie éolienne (voir p. 16). Le 28 à 20h30, un hommage est rendu à Joris Ivens avec la projection du documentaire Pour le Mistral et du ciné poème Une histoire de vent. Le lendemain, le film kirghize Le voleur de lumière d’Aktan Arym Kubat. Le 31 à 17h, au Muséum d’Histoire Naturelle, Beetle Queen Conquers Tokyo de Jessica Oreck sur la fascination des Japonais pour les insectes. Tout au long de ces journées, 25 films à la carte, dans les Arbres à vent, installations-vidéo à la Cité du Livre, ateliers et débats… et une exposition de cerfs-volants !


De l’impermanence des choses

60 A U P R O G R A M M E A R T S V I S U E L S

Pas de cartel ni de feuille de salle, les œuvres sont livrées sans indices. Seule information objective : c’est le «rendezvous» annuel des artistes de la galerieofmarseille. Réunies sous la dénomination commune Évacuer (M), -(M) pour Marseille, bien sûr, Évacuer restant relativement énigmatique- les pièces opèrent par frottement, par porosité. L’une s’agrège à l’autre par sa force formelle ou conceptuelle. Les deux n’étant pas impossibles. L’ensemble compose un corpus symptomatique des réflexions de la scène contemporaine nationale et internationale : l’exil, les migrations, l’effondrement, la chute, la reconstruction… Autant de thématiques en débat dans les expositions de Marseille 2013, notamment Ici, Ailleurs à la Tour-Panorama (voir Zib’59), où l’on retrouve Yto Barrada, Ymane Fakhir, Bouchra Khalili

photographie de présentoirs à gâteaux vidés de leurs gourmandises… et de leur sens rituel. Deux belles découvertes avec les pièces de Sarkis et Valère Costes qui nourrissent un dialogue authentique : sur une table de chantier, le souffle d’un ventilateur soulève des articles de presse comme dans un flux d’infos ininterrompu ; l’œuvre est prête à décoller, voire à s’échapper. Même tropisme dans la vidéo de Valère Costes, The Build, où des blocs de glaise s’effritent pour redevenir à l’état de matière originelle. Une chose est sûre : tout est éphémère.

Sarkis, De la terrasse de l'homme qui regarde le paysage, 1992-2009, table en bois, ventilateur, 12 briques, 3-4 journaux quotidiens, 90 x 300 x 146 cm

et Sarkis. Un aller-retour entre les deux expositions étant vivement conseillé pour plonger plus avant dans leur univers. Ici, Yto Barrada dénonce dans une photographie inédite les pillages des sites de fossiles autour de Tanger, où il vit, par des individus

peu scrupuleux : une interrogation renouvelée sur ce que l’homme «fait de ce paysage fragile et originel», sa transformation sociale, qui est au cœur de son œuvre. Pas de surprise du côté de Ymane Fakhir avec sa série sur le mariage, Socles,

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Évacuer (M) jusqu’au 28 avril Galerieofmarseille, Marseille 2e 09 53 10 15 26 www.galerieofmarseille.com

Le fantôme de l’opéra Derrière les portes de l’Opéra de Toulon, tout un petit monde s’agite : chef d’orchestre, chanteurs et musiciens habitués à la pleine lumière, sans oublier les «hommes» de l’ombre : éclairagistes, maquilleuses, costumières, régisseurs auxquels le photographe Olivier Pastor donne un visage. Grâce à lui on descend dans la fosse, on pénètre dans les loges, on monte sur scène ! Après avoir longtemps côtoyé l’univers de la mode à Paris, Olivier Pastor s’est installé dans le sud pour travailler en indépendant ; aujourd’hui il revendique la pratique d’une photographie humaniste : «Ce que j’aime, c’est travailler avec les gens.» Dans ses clichés d’allure banale, on sent son attachement aux êtres qu’il capte dans leur quotidien -fût-il magique aux yeux des spectateurs- et sa proximité est bien réelle, au point que son Pentax K7 passe inaperçu dans le bouillonnement de l’institution. Séances d’essayage, raccords maquillage, vocalises, réglages des poursuites, ultimes répétitions… on entendrait presque les couloirs bruisser du taffetas froissé, résonner des accords de la violoniste, seule dans la coursive… Les petites mains et les chevilles ouvrières du grand spectacle sont traquées au même titre que les têtes d’affiche : toute l’empathie d’Olivier Pastor pour ses modèles est là. Mais ces quelques morceaux choisis de la vie de l’opéra ont une faille car s’ils éclairent le

© Olivier Pastor

public sur l’envers du décor, ils manquent de souffle. Sans véritable point de vue plastique ou documentaire, son travail reste celui d’un «témoin privilégié».

.

M.G.-G

L’opéra en coulisse jusqu’au 13 avril Maison de la Photographie, Toulon 04 94 93 07 59 www.toulon.com


Le 1er mars, Pierre Dumon rêvait tout éveillé : «son» musée Regards de Provence était inauguré 15 ans après sa Fondation ! Une ouverture doublement symbolique car l’ancienne Station sanitaire maritime construite par Fernand Pouillon en 1948, aujourd’hui réhabilitée par Guy Daher (cabinet MAP), était alors la porte d’entrée des arrivants à Marseille… Et que l’enjeu économique est de taille : avec un coût total de 6,5 M€ dont 4,3 financés par la Fondation, le musée privé mise sur 80 000 visiteurs annuels contre 25 000 à 40 000 accueillis en moyenne selon les expositions. Pour atteindre son objectif, il espère rayonner au-delà de son périmètre traditionnel et met tous les atouts de son côté. Il y a d’abord la qualité des aménagements architecturaux qui magnifient l’ouverture à la mer, la lisibilité du parcours -depuis l’entrée monumentale jusqu’à la salle des étuves conservée en l’état-, et les espaces conviviaux (librairie, boutique, Regards Café à l’étage supérieur avec vue imprenable sur le MuCEM, la Villa Méditerranée et la Major). Puis la visibilité accrue des 900 œuvres de la collection d’art de la Méditerranée grâce à des vagues d’expositions thématiques ou chronologiques. Enfin, peu repéré par la scène actuelle, le musée renforce ses liens avec l’art contemporain à travers des commandes à Georges Rousse (créations in situ en septembre 2011), François Mezzapelle (toujours aussi facétieux, ses gardiens du temple cueillent le visiteur dès l’entrée) et Luc Dubost (ses personnages sculptés évoquent les passagers en transit et ouvrent sur d’autres points de vue). Mais on regrettera, justement, dans ces beaux espaces tout en transparence, la faiblesse de la Salle Estaque consacrée à sa collection d’art contemporain : exceptée l’acquisition d’une sculpture de Nicolas Rubinstein de 2012, les pièces déjà anciennes de Ceccarelli, Traquandi ou Klemensiewicz prouvent que le musée devra réactiver sa politique d’achat en faveur des artistes vivants… VivantEs ? M.G.-G.

Expositions inaugurales jusqu’au 16 juin Musée Regards de Provence, Marseille 2e 04 91 42 51 50 www.museeregardsdeprovence.com

Musee Regards de Provence, vue du Foyer avec, suspendue, la sculpture de Francois Mezzapelle © X.D-R

C’était un rêve…


Richard Baquie, Ballon-Evenement du 29 mars 1982. Collection FRAC PACA © D.R., ADAGP 2012, Paris

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Richard Baquié Laure Chaminas chantera Richard Baquié lors du vernissage, le 21 mars à partir de 15h. Une dégustation sera offerte sous les auspices d’Olivier Zol… L’aventure continue avec une pensée délicate pour une des figures de l’art contemporain ayant dépassé les frontières phocéennes. C.L. Richard Baquié, vitrine textes et dessins du 21 mars au 20 avril OÙ, Marseille 06 98 89 03 26 www.marseilleexpos.com

Claire Béguier Diplômée de l’ENSP d’Arles et lauréate du prix SFR Jeunes Talents, elle photographie les choses et les gens du monde vernaculaire, se joue de décalages sémantiques, provoque des affabulations visuelles. Claire Béguier échafaude aussi des mises en scène du corps féminin, le sien également. C.L. Claire Béguier, Call me Barbie du 11 au 30 avril Galerie Andiamo, Marseille 04 91 95 80 88 www.assopoc.org

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Claire Beguier, de la serie Vanites © Claire Beguier

Bernard Pesce Petite annonce : «Venez raconter votre histoire». Bernard Pesce s’adressait aux Marseillaises originaires du pourtour méditerranéen pour qu’elles évoquent leurs parcours singuliers. Questions d’identité, d’origine, d’intégration saisies selon des modalités proposées par les modèles elles-mêmes. C.L.

Sara © Bernard Pesce

Femmes de Marseille jusqu’au 6 avril Bastide Saint Joseph, Marseille 04 91 83 45 42 http://planetemergences.org

Œuvres sur papier Les œuvres de Franta, Nathalie Deshairs et Rémi Trotereau sont habitées par la souffrance, la joie, le désespoir, la force. Même leurs vocabulaires formels ont des cousinages : corps meurtris aux visages abstraits, aux ombres cannibales, aux sombres fentes infibulées… Une manière douloureuse de questionner le monde sur sa condition. M.G.-G. du 22 mars au 5 mai Galerie 22, Cabrières d’Avignon 04 90 71 85 06 www.galerie22contemporain.com

© Remi Trotereau



Arles Contemporain Deuxième édition pour le réseau arlésien fédérant (presque) tous les lieux consacrés à l’art contemporain. Ouvertures exceptionnelles de 11h à 19h, performances, animations ou concours de gâteaux (?) avec le Collectif E3, lecture/musique à l’Atelier Cinq, du Made in Arles au Magasin de Jouets entre autres réjouissances… C.L.

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Week-End Art Contemporain 22 et 23 mars divers lieux, Arles www.arles-contemporain.com

A U P R O G R A M M E A R T S V I S U E L S

© Jean-Luc Amand Fournier, 119-911

Anne-Sophie Boivin Elle a parcouru l’Afrique de janvier à août 2008, de la Mauritanie au Ghana, avec dans ses bagages trois boîtes sténopé et un laboratoire photographique complet. Ses images en noir et blanc intercèdent pour une ré-vision poétisée entre vrai et faux de la réalité aperçue. C.L.

Dormeur © Anne-Sophie Boivin

Le Bal poussière du 22 mars au 6 avril L’Atelier du Midi, Arles 04 90 49 89 40 www.atelierdumidi.com

Raphaël Thierry Sable, fusain, peinture, installation, traitement cinétique ou fragmentation, Raphaël Thierry dérive d’une matière à l’autre pour métamorphoser portraits, paysages, nus et vanités. Entre ses mains le monde réel semble fuir : le visage et l’eau ne sont plus que des reflets instables. Rencontre les 31 mars et 1er avril à 15h. M.G.-G. Dérives jusqu’au 15 juin Campredon centre d’art, L’Isle-sur-la-Sorgue 04 90 38 17 41 www.islesurlasorgue.fr/campredon.html

Raphaël Thierry, REFLEXIONS huile sur papier marouflé sur toile 150 x 380 cm © ADAGP 2013

La Valse, détail © JF Garde Xavier Teboul

Camille Claudel… 70 ans après sa disparition, le Centre hospitalier de Montfavet rend un hommage d’envergure à la sculptrice, au Musée des Arcades ouvert en 2009 au sein de l’hôpital. Treize œuvres en bronze y seront exposées, La vieille Hélène, la Valse, l’Implorante…, mises en regard avec celles de l’atelier de psychothérapie à médiation créatrice Marie-Laurencin. La commissaire d’exposition Mireille Tissier sublime et éclaire scientifiquement l’œuvre au fil des pages du catalogue d’exposition. DE.M. De la grâce à l’exil. La femme, la folie, la création du 30 mars au 2 juin Musée les Arcades, Avignon 04 90 03 90 80 www.camilleclaudel2013.com



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Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42 Rencontres : avec Claude Chalabreysse pour son livre Sensations voyageuses (Paulo Ramand) le 13 mars à 18h45 à la librairie Evadné les Genêts d’or (Avignon) avec Michel Blay et Michèle Gally à l’occasion de la sortie du livre de Roland Gori La fabrique des imposteurs (Les Liens Qui Libèrent) le 13 mars à 19h à la librairie L’Odeur du temps (Marseille) avec Christiane Vollaire et le photographe Philippe Bazin autour d’une thématique sur les demandeur d’asile et la circulation dans l’espace Schengen. Thème de leur livre commun, Le milieu de nulle part (Creaphis - Foto Creaphis) le 14 mars à 18h à la librairie de l’Arbre (Marseille) avec Sophie Testa pour son livre la Mer des masques (éd de La Poissonnerie) le 15 mars à 19h à la librairie Le Lièvre de Mars (Marseille) avec Jacques Follorou pour une conférence autour du livre La guerre des parrains corses (Flammarion) le 15 mars dès 17h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Eric Giacometti et Jacques Ravenne pour leur roman policier Le Temple noir (Fleuve Noir) le 16 mars à 16h30 à la librairie Prado Paradis (Marseille) avec Marion Brunet et Rolland Auda pour leurs romans respectifs Frangine et L’Equipée volage (Sarbacane) le 16 mars à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille) avec Corinne Dreyfuss et Virginie Vallier pour leur livre C’est qui le petit ? (Thierry Magnier) le 16 mars à 11h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Dan Bendavid pour son livre Ainsi soit-il (Thélès) le 16 mars à 14h à la librairie de Provence (Aix) avec Alexandra Apikian pour son livre Marseille l’essentiel (Nomades) le 16 mars à la librairie Maupetit (Marseille) avec Marie d’Hombres et Blandine Scherer pour leur livre Au 143, rue Félix Pyat, parc Bellevue, histoire d’une copropriété à Marseille (1957-2011) (Ref2c) le 16 mars dès 11h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Pierre Stambul pour une conférencedébat pour son livre Israël-Palestine, du refus d’être complice à l’engagement (Acratie) le 20 mars à 18h30 à la librairie Le Lézard amoureux (Cavaillon) avec Hélène Echinard pour une conférence autour de son livre Marseille au féminin (Autre Temps) le 20 mars à 17h30 à la librairie Maupetit (Marseille) avec Jean Contrucci autour de son dernier livre La vengeance du roi soleil (Lattes) le 21 mars dès 19h à la librairie L’Attrape Mots (Marseille) et le 23 mars dès 16h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Marie Lou Lamarque pour son essai Civilités barbares, femmes d’orient et d’occident Algérie 1830-1962 (L’Harmattan) le 21 mars à 18h à la librairie Jean Jaurès (Nice) avec Isabelle Grenut pour son livre Ces êtres intéressants et infotunés. Les enfants trouvés des Basses-Alpes au XIXe siècle (C’est-à-dire) le 22 mars à 19h30 à la librairie La Carline (Forcalquier) avec Frédéric Martel pour une conférence autour de son livre Global Gay, comment la révolution gay a changé le monde (Flammarion) le 22 mars de

17h à 19h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Patrick Mouton pour une conférence autour de Dieu a-t-il reconnu les siens ? sur le thème Marseille au temps des galères le 23 mars à 18h30 à la librairie Apostille (Marseille) avec Philippe Dedieu pour une conférence autour de son livre La parole immigrée (Klincksieck) le 23 mars à 16h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Xavier Lainé et Michèle Durand pour Le chant des anges (L’Harmattan) le 28 mars à 18h30 à la librairie La Carline (Forcalquier) avec Sandrine Rochel, présidente de l’association Vivre Soleil Renaitre pour son ouvrage Survivre à l’enfer, se reconstruire après l’inceste (La Boite à Pandore) le 28 mars à 19h30 à la librairie de l’Horloge (Carpentras) avec Guy Bedos pour son livre Rire de résistance : dernière tournée (Aube) le 28 mars à 16h à la librairie Maupetit (Marseille) avec Jean-Paul Delfino pour son ouvrage Pour tout l’or du Brésil (Le Passage) le 30 mars à 16h à librairie de Provence (Aix) avec Marie-hélène Guyonnet, ethnographe, et Patrick Box, photographe, pour leur ouvrage L’Empire du sel – Salin de Giraud (Le Bec en L’Air), le 6 avril à 18h30 à la librairie Apostille (Marseille) Itinérances littéraires : avec Thomas Vinau pour son ouvrage Bric à brac hopperien (Alma), le 14 mars à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille) avec Nerte Fuster-Dautier à l’occasion de la réédition de son ouvrage Bastides et jardins de Provence (Parenthèses) le 28 mars à 18h45 à la librairie Evadné les Genêts d’or (Avignon), le 29 mars à 18h à la librairie Goulard (Aix) et le 30 mars à 18h à la librairie Maupetit (Marseille) Escales en librairies : avec Harlan Coben pour son nouveau roman Ne t’éloignes pas (Belfond) le 2 avril dès 12h à la librairie Goulard (Aix) et de 18h à 20h à la librairie Maupetit (Marseille) AIX Centre des Ecrivains du sud - 04 42 21 70 95 Journées des écrivains du sud sur le thème Le roman du roman, avec une vingtaine d’auteurs français et francophones, les 5 et 6 avril. Théâtre des Ateliers – 04 42 38 10 45 3e volet de l’Odyssée d’Homère : Le retour à Ithaque, mes Alain Simon, le 13 mars à 15h et le 20 mars à 15h. La Non-Maison – 06 29 46 33 98 Photographier et faire l’amour : conférence d’Alain Chareyre-Méjan, le 20 mars à 19h. Association des amis de la Fondation Vasarely – www.vasarely.net Interactions entre couleurs, formes et mouvement dans la perception visuelle et l’œuvre de Victor Vasarely : conférence de Pascal Mamassian, chercheur au Laboratoire Psychologique de la Perception à l’université Paris Descartes. Le 26 mars à 18h.

3bisf – 04 42 16 17 75 Dora Garcia / Désordre : ateliers de conversations filmées, les 27, 28 et 29 mars de 10h à 12h. Perspective Nevski / Petites réductions absurdes de l’expérience humaine : présentation du travail en cours, le 11 avril à 19h et le 12 avril à 15h. ALLAUCH Musée – 04 91 10 49 00 Exposition Figures du mythe, Kachina et tissus précolombiens : collection et créations de l’artiste perpignanais Claude Parent-Saura. Jusqu’au 25 mai. Galerie du Vieux Bassin – 04 91 10 48 06 Rencontre projections-débat avec Jean-Christophe Béchet, invité d’honneur du 47e Salon Photographique d’Allauch dans le cadre du vernissage de son exposition American Puzzle, le 5 avril à 20h30. ARLES Atelier Archipel – 06 21 29 11 92 Exposition des œuvres d’Arnaud Vasseux, du 7 avril au 12 mai, vernissage le 7 avril à 11h30. BRIANÇON Bibliothèque municipale - 04 92 20 46 01 2e édition de Festivalise, festival du livre sur le thème du voyage : rencontres, signatures, conférences, projections... Les 6 et 7 avril. BRIGNOLES Le Bazar du Lézard – 04 94 86 01 63 Exposition des dessins et peintures de Jérémie Eyraud, et des sculptures d’Ivan Mathis, jusqu’au 1er avril. CADENET Association l’E dans l’O - 04 90 68 38 21 3e édition de Les Beaux jours de la petite édition : lectures, expositions, ateliers, rencontres... Les 6 et 7 avril. GAP Mairie - 04 92 53 22 70 Histoire de lire sur le thème Grandes et petites histoires de la montagne, avec les auteurs Fabian Grégoire et Frédéric Stehr : rencontres, dédicaces, ateliers atistisques... Du 18 au 23 mars. GAREOULT Mairie - 04 94 04 94 72 8e édition du Printemps du livre : rencontres, dédicaces, ateliers, expositions, en présences d’auteurs et d’éditeurs. Le 7 avril. LA CIOTAT Association Zygo - 04 42 08 53 31 11e édition de Festival de poésie partagée, avec les poètes Sophie Monnier et Marien Guillé : rencontres, impros et déambulations poétiques, café-poésie... Du 5 au 7 avril. L’ISLE-SUR-LA-SORGUE Association Dire & Lire - 06 10 64 35 05 13e édition du Salon du livre jeunesse : rencon-


tres, dédicaces, ateliers... Le 23 mars de 10h à 19h. MANE Salagon, musée et jardins – 04 92 75 70 50 Exposition Un loisir érudit. Le Marquis François de Ripert-Monclar, photographe amateur (1844-1921), du 16 fév au 30 juin. MANOSQUE Centre Jean Giono - 04 92 70 54 54 Exposition littéraire et artistique Centre Jean Giono, 20 ans de création : rétrospective qui rend hommage aux artistes contemporains qui ont su faire approcher les territoires intérieurs de l’écrivain aux visiteurs. Jusqu’au 31 mars. MARSEILLE ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00 Exposition César et les secrets du Rhône, jusqu’au 24 mars. Hors cadre, les coulisses du musée : exposition de photos de Gilles Rondeau, jusqu’au 24 mars. Document fiction et droit dans l’art contemporain : colloque organisé par le Laboratoire d’études en sciences des arts (LESA), les 19 et 20 mars de 9h à 17h. MuCEM – 04 91 54 70 54 4e rendez-vous sur Les Rencontres de L’autre rive : Au bazar du genre, conférence par Denis Chevallier, ethnologue, responsable du département recherche et enseignement, et commissaire général de l’exposition Au bazar du genre, le 14 mars à 18h30 à La Criée. Maison de la Région – 04 91 54 54 50 Décomposer l’État. Réhabiliter l’échelon local avec Jean-François Hérouard, maire-adjoint de Cognac, le 25 mars de 18h à 20h. Qualité de l’emploi et services à la personne : analyse des pratiques et enjeux pour l’action, conférence proposée par le Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail d’Aix-Marseille Université, le 28 mars de 18h à 20h. Bancs Publics – 04 91 64 60 00 Esprit de Babel, culture des cultures à Marseille & ailleurs invite à débatrre sur le thème Projets participatifs : et après avec Andrée Antolini, dir du centre social Frais Vallon, Erick Gudimard, dir des Ateliers de l’image et Pascal Raoust, chef de projet actions participatives MP2013, le 14 mars à 18h30 à la Galerie La Traverse (Marseille, Le Panier). Théâtre La Criée – 04 91 54 70 54 Rencontre avec Chantal Aubry autour de son livre La Femme et le travesti (Rouergue) dans le cadre du Festival Avec le temps, le 28 mars. ESADMM – 04 91 82 83 10 Les épreuves du concours d’entrée à l’école supérieure d’arts et de design auront lieu les 13, 14 et 15 mai, la date limite d’envoi des dossiers est fixée au 5 avril. Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59 Festival Le Dire des Femmes : poésie, danse,

théâtre, musique, lecture performée, vidéo… Du 14 au 16 mars. La récitation du chant I de l’Eneide de Virgile par la Cie du Singulier, du 4 au 6 avril à 20h30. Planète Emergences – planetemergences.org Femmes de Marseille : racontez-moi votre histoire : exposition photographique et sonore orchestrée par Bernard Pesce, jusqu’au 6 avril aux loges de la Bastide St Joseph (Marseille, mairie du 13/14). Les Têtes de l’Art – 04 91 50 77 61 Les intermittents, des artistes comme les autres ? L’intermittence indemnisée : histoire et enjeux : conférence de Matthieu Gregoire, maître de conférences en sociologie, chercheur au CNRS, chercheur associé au Centre d’Etudes de l’Emploi, et Agnès Graceffa, historienne, chargée de cours à l’Université de Lille 3. Le 19 mars de 14h à 17h30. Maison de vente aux enchères Leclere – 04 91 50 00 00 Conférences présentées par Jean-Noël Bret, à 18h : La révolution gothique, conférence et signature d’Alain Erlande-Brandebourg, historien de l’art, le 18 mars ; Un trésor méconnu du patrimoine marseillais : le rétable de Della Robbia, par Béatrice Beillard, restauratrice du Patrimoine, le 25 mars ; Duchamp confisqué, Marcel retrouvé par Philippe Sers, philosophe et critique d’art, le 8 avril. MARTIGUES Musée Ziem – 04 42 41 39 60 Exposition Résonnances, jusqu’au 21 avril. MONTFAVET Musée Les Arcades – Centre Hospitalier – 04 90 03 90 80 Camille Claudel, de la grâce à l’exil – La femme, la folie, la création : exposition de 13 œuvres de l’artiste, du 30 mars au 2 juin. Colloque, sur le thème de La femme, la folie, la création, avec des historiens d’art, une plasticienne et cinéaste, un professeur de lettres, des acteurs, des psychanalystes et psychiatres, le 26 avril à la salle de spectacles du Centre hospitalier. MOUANS-SARTOUX Médiathèque – 04 92 92 43 75 Abdellatif Laâbi, la fierté d’être homme : conférence-spectacle de Jacques Alessandra et Félix Chabaud, avec la participation de Louis Isnardy, le 15 mars à 18h30. Ciné-concert Duel de Spielberg, avec le guitariste Olivier Mellano, le 14 mars à 19h. SAINT-CHAMAS Office de tourisme – 04 90 50 90 54 Exposition de Fabrice Nesta, Figures abstraites, jusqu’au 28 avril. SEPTÈMES-LES-VALLONS Centre culturel louis Aragon – 04 91 96 31 00 2e édition du Festival Overlittérature : conférences, théâtre, projection… Du 22 au 24 mars.

TOULON Théâtre Liberté – 04 98 00 56 76 Dans le cadre du Théma #8 Frères et sœurs, le hall du théâtre accueille l’exposition de photos de Gilles Favier, jusqu’au 30 mars. Conférence Des frères et des sœurs par Sylvie Angel, psychiatre et thérapeute familiale, le 29 mars à 19h30. Maison de la photographie – 04 94 93 07 59 Exposition L’Opéra en coulisses, photo d’Olivier Pastor, jusqu’au 13 avril. VAISON-LA-ROMAINE Association ACAL - 04 90 36 18 90 3e édition de Vaison-la-Nouvelle invite le polar : concours de nouvelles, résidences d’écriture, lectures publiques, ateliers, rencontres d’auteurs autour des littératures policières... avec Pascal Dessaint, Jean-Hugues Oppel, Marin Ledun, Marcus Malte, Claude Mesplède, Marc Villard, Danielle Thiery... Du 13 au 21 avril.

CONCOURS Dans le cadre du 29e rendez-vous des jeunes plasticiens, du 17 mai au 8 juin, l’association Elstir – Passerelle pour l’art lance un appel à candidature ouvert aux artistes plasticiens de toutes disciplines, sans limite d’âge et ayant moins de 10 ans de pratique. Le dossier de candidature, téléchargeable sur www.elstir.fr et www.saint-raphael.fr, est à adresser au Service culturel – pôle exposition – Sophie Bergeron – Hôtel de ville 83700 Saint-Raphaël avant le 30 mars. Le CAUE13 lance un appel à candidature pour le Grand Prix départemental de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage : peuvent être présentées toutes opérations réalisées dans les Bouches-du-Rhône depuis moins de 3 ans pour l’architecture et moins de 6 ans pour le paysage et l’urbanisme. Les inscriptions et l’envoi des documents peuvent se faire sur www.caue13.fr, par la poste ou sur grandprix1.13@caue13.fr avant le 18 mars. Le recrutement de la 5e promotion de la formation supérieure de La Cité des Arts de la rue FAI AR est ouvert, la date limite de dépôt des candidatures est fixée au 31 mars. Téléchargeable sur www.faiar.org

L’association Polly Maggoo, organisatrice des 7e Rencontres Internationales Sciences et Cinémas (RISC), lance un appel à candidatures : sont éligibles tous les films - documentaires, fictions, films expérimentaux, art vidéo, animation…- dont le sujet est directement lié à des thématiques scientifiques. La date limite d’inscription est fixée au 15 avril. www.pollymagoo.org/doc_polly/risc-2013.html

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Bulles de printemps

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La dixième édition des Rencontres du 9e art prendra une ampleur particulière en cette année capitale. Labellisée MP 2013, la manifestation se prépare à accueillir des auteurs du monde entier et ne proposera pas moins de dix-neuf expositions dans quatorze lieux différents. Une belle édition en perspective donc, qui s’accompagnera d’événements dans la ville. On pourra ainsi admirer, du 16 mars au 14 avril, Le manège magique conçu et installé en haut du cours Mirabeau par François Delarozière et Jean-Luc Courcoult de la compagnie Royal Deluxe, ou suivre le Parcours en ville imaginé par Lolmède, qui a tiré le portrait de trente boutiques de la cité aixoise. À moins qu’on ne préfère s’attabler à une terrasse pour lire dans La Marseillaise la suite du roman-feuilleton Les Mystères de la Capitale, auquel la bédéiste libanaise Zeina Abiracheb apportera sa contribution durant tout le mois de mars. Une rencontre-lecture est d’ailleurs prévue le 31 mars au J1 à Marseille. Au rayon des expositions, on aura l’embarras du choix : l’humour surréaliste du flamand Herr Seele et de son Cowboy Henk ; l’hommage très attendu de Jacques Ferrandez à Camus (la découverte des planches originales de son adaptation de L’Étranger devrait être un des grands moments du festival) ; les illustrations de Blexbolex ; l’artiste berlinois Jim Avignon et son Masterplan, avec en prime un apéro concert le 26 mars (car il est également musicien) et bien d’autres encore. Comme tous les ans, le Muséum d’Histoire Naturelle est partenaire de la

L'Etranger © Ferrand ez

manifestation; cette année, ce sont les artistes de la collection Métamorphoses qui l’investiront pour le transformer en un véritable cabinet de curiosités sur la thématique des insectes. Le temps fort du festival sera bien sûr le Week-end BD, du 12 au 14 avril : plus de cinquante auteurs invités, une centaine de professionnels du livre et de multiples occasions pour les amateurs d’échanger, de

Chez nous et d’ailleurs En cette Capitale européenne de la culture, où il est plus que jamais question de culture méditerranéenne, la manifestation Lire Ensemble trouve naturellement sa place. Pour la 8e année, cette programmation s’attache à soutenir les artistes d’ici, et permet aux habitants du vaste territoire d’Agglopole Provence (17 villes et villages) de se réapproprier les bibliothèques, de participer à des ateliers, d’aller voir des spectacles… et de s’essayer à l’écriture grâce au concours de nouvelles chaque année très couru. Cette année le thème Rassegna © Fred Gromier

met en avant les «Gens d’ici et d’ailleurs», une façon de voyager au travers d’histoires, de spectacles, à commencer par celui qui marquera l’ouverture de la manifestation (le 30 mars à Salon) : la création musicale Buena Sombra de la cie Rassegna, qui revisite des chansons populaires de Sicile, d’Espagne, d’Italie… Au cours de la quinzaine, spectacles et ateliers émailleront la vie des villes et villages, sous forme de balades contées, de lectures-spectacles, d’atelier d’écriture (Jihad Darwiche en anime un à Pellissanne le 29 mars), de pièces de théâtre, de lecture (la cie Senn’ga lit La Trace de Sabine Tamisier à Mallemort le 11 avril), de rencontres (avec Claudine Galéa, auteure, le 2 avril à la librairie Le Grenier d’Abondance à Salon), de concerts… Avant d’aborder la soirée de clôture, au Portail Coucou à Salon, où la cie Tout Samba’L mettra son grain de folie lors de la remise des prix des concours… DO.M.

Lire Ensemble du 29 mars au 12 avril Agglopole Provence 04 90 44 77 41 www.agglopole-provence.fr

découvrir et de faire dédicacer leurs albums favoris. FRED ROBERT

Rencontres du 9e art du 16 mars au 25 mai Aix-en-Provence www.bd-aix.com

Désir de Français Comme chaque année, la semaine de la langue française et de la Francophonie irrigue le territoire de propositions offrant au grand public l’occasion de manifester son attachement à la langue française. Sous le titre Dis-moi dix mots semés au loin, la francophonie est abordée sous le biais de formes littéraires ou artistiques, les 10 mots en question -atelier, bouquet, cachet, coup de foudre, équipe, protéger, savoir-faire, unique, vis-à-vis et voilà- ayant été choisis parmi les mots, tournures ou expressions empruntés à la langue française par d’autres langues comme l’allemand, l’anglais, le polonais, le portugais, le russe, le néerlandais, l’espagnol et l’italien. À cette occasion, de multiples projets sont programmés dans certaines villes de la région, pour la plupart des restitutions de projets menés tout au long de l’année, mais aussi des ateliers, lectures, concours, spectacles, concerts… DO.M.

du 16 au 24 mars www.dismoidixmots.culture.fr


Tourner le Rouergue Les éditions du Rouergue fêtent leurs 20 ans ! L’aventure remonte à l’année 1993 avec la parution du petit ouvrage emblématique d’Olivier Douzou, Jojo la mache. Ouvrage audacieux qui lance les publications pour la jeunesse. En 1997 le premier livre de Guillaume Guéraud arrive par la poste et lance la collection DoAdo. De nombreux jeunes auteurs et illustrateurs feront leurs premières armes sous la férule de Sylvie Gracia, découvreuse de talents, qui rejoint l’équipe en 2001. Viendront ensuite les collections Zig Zag (à partir de 7 ans) en 2002 et Dacodac (à partir de 9 ans) en 2009. En 2010 la société s’est associée à Actes Sud pour assurer sa pérennité et l’avenir, suite au départ à la retraite de sa directrice. Avec sa dizaine de collaborateurs Le Rouergue garde son autonomie éditoriale et son originalité. Désormais l’équipe est scindée en deux : une moitié à Arles, une autre à Paris. Pour marquer cette fête de création paraîtra au printemps un album, Forêt-wood, avec une centaine d’arbres imaginaires en hommage aux forêts, au bois, au papier et aux livres ! Une nouvelle collection vient de naître qui s’adresse aux lecteurs débutants : Tic Tac. Son premier titre, Le thé des poissons, d’une auteure d’origine estonienne, Piret Raud, est un recueil amusant d’historiettes contemporaines et farfelues illustrées, qui ont des héros aussi inattendus qu’une carotte ou un téléphone portable ! C’est la vraie vie qui inspire en revanche le récit d’Hélène Gaudy, joliment illustré par Émilie Harel de l’atelier Venture de Marseille, avec la petite Amy qui décide de s’enfermer dans le cagibi pour protester contre

l’incompréhension dont elle se sent victime ; décision qui permettra à la famille de trouver un nouveau mode de fonctionnement. Les adolescents seront sensibles au roman de Louis Atangana qui dénonce racisme et antisémitisme dans un récit bien ficelé. Né d’un père congolais le jeune Damien découvre que sa mère est juive ; s’ensuit dans sa cité une série de réactions en chaîne et une prise de conscience libératrice. Parmi les albums on s’émerveille du livre accordéon de Juliette Binet qui se déplie et se raccorde par un jour de grand vent, et de celui de Jean Gourounas qui joue avec des figures géométriques et des couleurs vives pour créer différentes silhouettes et attiser l’imagination. Le dernier album des marseillais Guillaume Guéraud et Hélène Georges se déroule dans les tuyaux d’évacuation des salles de bain et donne vie à un bestiaire coloré qui joue à aiguiser l’imaginaire... C’est donc avec dynamisme que le Rouergue attaque une nouvelle période de création à l’intention des jeunes lecteurs en leur renvoyant un miroir de leur temps tout en répondant à leurs interrogations ! Mais le Rouergue c’est aussi la littérature avec sa collection La Brune qui fête ses quinze ans. Sans oublier la série des livres historiques, romans de société, thrillers, essais et livres d’art. De quoi tourner des pages encore longtemps...

Le thé des poissons Piret Raud Tic tac, 9 € Quand j’étais cagibi Hélène Gaudy & Émilie Harel (ill.) Zig Zag, 7 €

Une étoile dans le coeur Louis Atangana DoAdo, 11 €

Un courant d’air Juliette Binet, 17 €

Girafe Jean Gourounas 15 €

Safari dans le lavabo Guillaume Guéraud & Hélène Georges (ill.) 16 €

CHRIS BOURGUE

La femme et le travesti (Rouergue) de Chantal Aubry sera présenté à La Criée le 28 mars à 18h30 par son auteur, Macha Makëiff et la journaliste Christine Rodès

http://www.facebook.com/rouerguejeunesse www.lerouergue.com

Crudités et nouilles bouillies Dure à cuire, la narratrice, invaincue jusqu’à la dernière page, se bat becs et ongles contre le malheur qui ne la lâche pas autant que contre les odeurs de cuisine tout aussi prégnantes. Il faut dire qu’il n’y a que des puants dans ce roman et ça renifle dès la première ligne, lui ce qu’elle a entre les cuisses et elle le chou fermenté de l’automne d’avant. Le lecteur s’en prend plein le pif dès l’ouverture et fait la fermeture courbatu, l’œil nébuleux pour avoir lu la phrase fatidique «Tout recommençait comme avant». Cette riante chronique à la première personne, au titre qui fleure bon l’antiphrase -Bienvenue signalant l’entrée dans une proche banlieue de Séoul- relate sans fioriture ni douceur, ni complaisance d’ailleurs, le quotidien désastreux de la jeune Yunyeong, de nos jours, au pays du Matin calme. En Corée, 12e puissance économique mondiale, on peut vivre sans trop se plaindre dans un sous-

sol aveugle vert d’humidité ou dans un container posé sur une terrasse accessible par une échelle branlante ; on peut choisir librement de laisser sa fille handicapée sans soin faute d’argent ou de servir du matin au soir des soupes grasses avant de servir soi-même de friandise aux clients gourmands ; on sait aussi que le taux de suicide y est l’un des plus élevés de la planète. La narratrice est à peine sympathique dans son pragmatisme viscéral ; survivre à tout prix sans considération morale, encaisser la déchéance de son corps comme rentrée de revenus supplémentaires, se laver les mains dans la rivière : c’est là toute la force de ce roman froid qui sans état d’âme -l’écriture de KimYi-seol navigue aisément dans l’horreur tranquille- brosse un portrait de femme que l’on n’oublie pas dans un monde que l’on aimerait oublier ! MARIE JO DHO

RetrouveZ nos chroniques livres, et découvreZles autres ! -Beso de la muerte de Gilles Vincent -Ô Chevaux... de Hidéo Furukawa

www.journalzibeline.fr

Bienvenue Kim Yi-seol (traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel) Philippe Picquier, 17,50 €

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Malheureux ceux qui restent

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Et si le souhait secret de Jérôme Garcin était de faire revivre les disparus ? Les proches : en 1998, il consacrait La chute de cheval à son père décédé à quarante-cinq ans ; plus récemment, en 2011, Olivier retraçait la mort accidentelle de son frère jumeau âgé de six ans. D’autres aussi, qui ont existé mais que la postérité a oubliés. Bleus horizons ressuscite ainsi la figure de Jean de La Ville de Mirmont. Qui se souvient de cet écrivain fauché au Chemin des Dames à l’âge de vingthuit ans ? Il avait pourtant déjà écrit quelques contes, un recueil aux accents baudelairiens L’horizon chimérique (dont le roman égrène quelques strophes) et un bref récit d’une stupéfiante modernité Les dimanches de Jean Dézert (que La Table Ronde a eu la bonne idée de rééditer dans sa collection La Petite Vermillon). À ce jeune homme qui rêvait d’en découdre, et peut-être aussi de trouver dans la guerre l’occasion d’un grand sujet, Garcin redonne vie. Non par le biais

d’une biographie chronologique, mais grâce au récit émouvant qu’en fait Louis Gémon, son frère d’armes, un personnage fictif qui donne toute son épaisseur romanesque à l’ouvrage. Car dans l’ombre du héros mort trop tôt, c’est l’existence du survivant qui se dessine. Une existence totalement absorbée dans la mémoire de l’autre, qui vire (presque) à l’échec total. «J’ai cru que je survivais à Jean, mais la vérité, c’est que je me suis tué pour lui. […] J’ai préféré son passé à mon avenir. Il a été mon jumeau de guerre, mon double idéal, et je ne suis jamais parvenu à en faire le deuil.» Et si écrire, pour Garcin, c’était tenter, inlassablement, de faire ce deuil ? FRED ROBERT

Jérôme Garcin présentera son livre à la librairie Maupetit le 20 avril à partir de 16h (rencontre animée par Jean Contrucci)

Bleus horizons Jérôme Garcin Gallimard, 16,90 €

Odyssée givrée Dans son troisième ouvrage, le germano-marseillais Mika Biermann renoue avec le grand roman d’aventures des siècles passés. Comme certains de ses prédécesseurs illustres, il précise dans la préface que «rien dans ce livre n’est inventé» (la première de couverture annonce pourtant un «roman» !). Il ne serait donc que l’humble collecteur des récits de différents protagonistes, récits retrouvés par hasard, voire réceptionnés d’outretombe par un médium certifié, du moins pour l’un d’entre eux. Alors l’expédition de l’Astrofant, une «aventure authentique» ? On demande à voir. Mais au fond qu’importe ? «L’idée de fêter l’avènement du nouveau millénaire, lors du réveillon du 31 décembre 2000, avec un feu d’artifice au plus profond de l’Antarctique…» a de quoi séduire

les lecteurs amateurs de défis à la Jules Verne. Alternent au fil des chapitres la verve ampoulée et quelque peu désuète du chef de l’expédition, l’argot et les obscénités des carnets du cuisinier du bord (un personnage haut en couleur, mais pas en taille puisqu’il est nain), le journal du premier officier du navire (que le médium a récupéré d’entre les morts). On peut aussi y lire les notes d’une ichtyologue aux allures de baleine et même quelques extraits d’un livre gelé trouvé dans une station scientifique abandonnée. Biermann a visiblement pris plaisir à créer cette polyphonie délirante, reflet de la nef des fous que devient très vite l’Astrofant. Et on le suit volontiers dans cette parodie d’expédition polaire !

Un Blanc Mika Biermann Anacharsis, 15 €

F.R

Le quatuor de Trivandrum Ils sont quatre. Une réalisatrice et deux écrivains français invités pour une semaine en Inde dans le cadre d’un festival culturel. Plus Géraldine, directrice de l’Alliance Française à Trivandrum, chargée de les accueillir dans le Sud du pays. Le dixième roman de Catherine Cusset est choral. Treize chapitres en scandent les étapes, de Roissy à Kovalam, et la durée, selon une chronologie au jour le jour et des points de vue variés. Le lecteur passe ainsi de l’anxieuse et émotive Charlotte à Roland le séducteur sur le retour ou à Géraldine la perfectionniste fleur bleue. Aucun chapitre selon Raphaël, le jeune auteur ombrageux dont on s’arrache le dernier ouvrage au parfum de scandale, comme si lui seul échappait à la sonde de l’auteur ; son pseudonyme Eleuthère ne veutil d’ailleurs pas dire «libre» en grec ? Il est sans doute le personnage le plus intéressant, le plus mystérieux aussi de ce récit fluide mais qui reste

comme à la surface artificielle du réel. Dans l’univers luxueux des grands hôtels, des voitures avec chauffeur et des soirées de gala, il reste assez peu de place pour le pays, dont on perçoit seulement par intermittences la misère et la violence latente. Là n’est d’ailleurs pas le propos. De fait, la romancière s’attache surtout à ses protagonistes, que la parenthèse indienne va changer. À chacun sa faille, ses souvenirs enfouis, ses deuils à faire. Un roman psychologique bien ficelé, qui brode avec aisance sur les motifs de l’amour, du couple, de la famille, de l’amitié… mais n’échappe pas toujours, justement, à ses propres ficelles. F.R

Indigo Catherine Cusset Gallimard, 19,90 €

La romancière sera l’invitée des Escales en Librairies le 14 mars à Saint-Rémy-de- Provence (librairie Voyage au bout de la nuit, 04 90 94 68 35) et le 15 mars à Marseille (librairie Prado-Paradis, 04 91 76 55 96) www.librairie-paca.com


Peu de mots pour le dire Fabienne Yvert arpente les sentiers peu battus d’une poésie pleine des aléas et du dérisoire de l’existence. Dans Télescopages, paru en 2010 chez Attila, elle avait mis en fiches sa vie de 1997 à 2002. Depuis quelque dix ans, ce sont aussi de petits livres tamponnés que l’artiste typographe fabrique chez elle à Marseille. «Les petits livres, voilà mon champ de bataille», revendique-t-elle, car, comme elle le tamponne haut et fort dans Je n’écris plus «tous ces livres dans les librairies me dégoûtent/Autant de mots de blabla/Si peu de poésie de littérature». Ce qui l’intéresse ? «Le rebut palpitant, les restes du vivant, le soi-disant insignifiant.» C’est de cette matière prétendument triviale que la poétesse fait son miel. Un miel acide, qu’elle tamponne sur les pages de ses deux derniers ouvrages. Y en a

marre d’être pauvre dresse le bilan qui pourrait être pathétique d’une vie passée à «racler les fonds de tiroirs & les raclures de porte-monnaie». Pourtant, même «border larmes», celle qui vit «d’emprunts & d’eau fraîche» garde les yeux ouverts sur la misère des autres et ne perd rien de son sens de l’autodérision. Quant à Je n’écris plus, cette réédition du texte de 2004 est une sorte de manifeste, car de l’incapacité à écrire naît une nouvelle forme de travail : «J’écris de petites phrases qui essaient de fixer le temps.» Et une nouvelle technique, celle du tampon, qui contraint à ne garder que le nécessaire. Une économie de mots en parfaite adéquation avec l’existence précaire de cette artiste originale et engagée. FRED ROBERT

71 Y en a marre d’être pauvre et Je n’écris plus Fabienne Yvert Éditions des petits livres, 10 €

C’est au couvent Royal de Saint-Maximin (Var) que Brigitte Tramier (à l’origine des classes de clavecin à Valence et Arles avant sa nomination au Conservatoire d’Aix-en-Provence) a enregistré ces pièces de Jacques Duphly (1715-1789) : un panorama sonore somptueux, d’une quinzaine de titres, donnant une belle idée de la richesse expressive du style «Galant» d’un éminent représentant de l’école française de clavecin au XVIIIe siècle. On se laisse conduire au fil d’une

formidable palette de couleurs, un jeu libre, un lyrisme souple dans les phrasés dansants d’un Rondeau ou d’une Chaconne, vers quelques portraits sonores, délicieuses miniatures dessinant des figures mythologiques, de la commedia dell’arte, d’un contemporain… le tout sur un clavecin d’époque (1738) signé Antoine Vater, facteur à qui Duphly dédia son La de Vatre. Un clavier royal !

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Clavecin galant CD Parnassie éditions PAR 03 En téléchargement sur http://parnassie.fr

JACQUES FRESCHEL

Théodore Dubois On a souvent entendu, ces dernières années dans notre région, au Grand théâtre de Provence en particulier, l’ensemble Les Siècles dirigé par François-Xavier Roth jouer sur ses instruments historiques. C’est en collaboration avec le Centre de musique romantique française Palazzetto Bru Zane et les éditions Actes Sud que la formation grave (en live) ce beau programme dédié à un musicien du XIXe siècle, du type qu’on se

plait à ignorer dans l’hexagone. Dès les premières notes de son Ouverture Frithiof, on mesure pourtant la puissance sombre du romantisme de Théodore Dubois (1837-1924), son lyrisme clair dans son Concerto n°2 pour piano (brillante Vanessa Wagner sur un Erard de 1874) et l’originalité d’une écriture dans un rare Dixtuor.

CD Musicales Actes Sud - distr. Harmonia Mundi www.lessiecles.com www.actes-sud.fr

J.F

Éclats en fusion Tout commence par un stomp de Duke : le sax de Raphaël Imbert file ses croches ballottées avant qu’un blues lascif ne s’enfile à son train et que résonnent les sirènes d’un jazz band… Abrupto, le Quatuor Manfred, rehaussé de la clarinette de Florent Héau, livre un pur classique emperruqué ! Deux univers, ceux d’Ellington et Mozart, semblent s’édifier en parallèle, au fil des premières plages, voire s’ignorer… Pourtant, en tendant l’oreille, on perçoit qu’adroitement le monde de l’un a déjà pénétré, saisi celui de l’autre, par-delà les siècles… On avait découvert ce travail de la Cie Nine Spirit sur Amadeus & The Duke en 2011, au GTP. Avant cela leur concept avait marié avec bonheur Bach & Coltrane autour d’un mémorable disque (Zig-Zag Territoires, 2008). Il trouve, avec cette seconde galette, un nouveau prolongement vers des terres fusionnelles.

«J’espère contribuer à ce que leurs éclats se fondent en une seule et même lueur» précise Raphaël Imbert. De fait, la fusion opère : l’album trace une piste initiatique, autour de la mise en lumière d’un «classicisme» intemporel, élégant mais profond, au gré d’un sens commun de la fantaisie et de la volonté de dissiper les frontières… Marion Rampal chante de sa voix grave un bouleversant Lied mozartien façon cabaret quand le batteur Jean-Luc di Fraya joue le faussetfaussaire dans un poignant standard (My Love). Sax et cordes entremêlés inventent un Eden (Heaven), au seuil duquel semblent nous conduire deux gardes surgis d’une Flûte enchantée balancée… Alors, après un funèbre Chopin et la marche statuaire d’un Commandeur réincarné, au chant du cygne testamentaire de Martin Luther King, les barrières s’effacent et l’harmonie règne. Un chemin s’ouvre, possible à tous, vers

L I V R E S

cette même Lumière maçonnique qui a éclairé les deux musiciens… où même «negro» rime avec spirituel ! Au final, on plane dans l’éther d’un quintette dématérialisé (Thomas Weirich aux platines) avant que l’Ave verum ne se mue en «bœuf» sur le toit d’un temple voué à la Beauté. J.F. CD Jazz Village-harmonia mundi JV 570011 www.jazzvillagemusic.com

C D


Le bien nommé

72 L I V R E S

Voici un livre qui tombe à pic en cette année Capitale européenne de la culture et la fin des travaux du Vieux-Port ! Le lecteur pourra s’y promener avec des images d’antan, des souvenirs et des anecdotes plein la tête. Préfacé par JeanClaude Gaudin et postfacé par Jean-Marc Aveline, Le quai de la Fraternité Marseille joue hors catégorie. Ni 100 % historique bien que Gabriel Chakra (trente ans au Méridional) fasse en renaître les temps forts ; ni 100 % album photo de la dynastie Detaille puisque tirages et documents annexes viennent s’y greffer. L’originalité de l’entreprise, dont la paternité revient à Gérard Detaille -par ailleurs adjoint à la culture de la mairie des 6e et 8e arr.-, se situe dans le mélange des genres et les entretiens avec quelques figures du Vieux-Port : Ernest Zutta, ex-propriétaire de La Samaritaine ; Jean Sicard, notaire et mémorialiste, petit-fils du propriétaire du

Mont-Ventoux ; Monique Venturini qui fut pendant 20 ans aux commandes du New York. Et, comme une arête dans la bouillabaisse, Danièle Giraudy, ex-directrice des musées de Marseille, aux premières loges depuis ses fenêtres ! Reste le portfolio qui témoigne des petites et grandes heures du quai de la Fraternité «le bien nommé», avec ses anonymes, ses commerces, ses petits métiers, ses bains de foules (visites présidentielles de Loubet, Doumergue, Poincaré) ou ses clameurs (couronnement de Notre-Dame de la Garde, grèves…). Peut-être un prochain épisode à partir du 12 janvier 2013 ? MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Le quai de la Fraternité Marseille Photographies des fonds Detaille et Baudelaire Texte de Gabriel Chakra Hervé Chopin, 29,90 €

Pour la photographie Intitulée très simplement Photo autant que la maquette se présente sobrement, en rouge et blanc, cette nouvelle collection d’ARTE Éditions ambitionne d’explorer en douze volets l’acte photographique, ses multiples courants comme ses histoires perdues. Ce premier DVD analyse quatre grands chapitres de la photographie abordables séparément mais complémentaires : La photographie surréaliste, La nouvelle objectivité Allemande, Les primitifs de la photographie et La Photographie mise en scène. Techniques, histoire, démarches scientifiques, artistiques, parti-pris et polémiques -art ou simple enregistrement littéral du réel ?sont mis en perspectives. Impardon-nable donc d’ignorer ce qu’est une photo au collodion humide, la différence entre un calotype et un

daguerréotype, comment Jeff Wall ou les Becher conçoivent leurs dispositifs après les Nadar, Bayard (en noyé), Man Ray ou les brûlages d’Ubac. Simplicité, intelligibilité, richesse informative et iconographique caractérisent cette collection conçue par Stan Neumann co-auteur d’une précédente Architectures qui fit date. Manquerait-il un livret ou un répertoire interactif en ligne pour en prolonger tous les cheminements ? On attend avec une évidente impatience les prochaines livraisons. CLAUDE LORIN

Photo Vol 1 DVD Arte Éditions, 20 €

L’égalité à naître On a bien des difficultés à dater la naissance des inégalités : Rousseau l’accole à celle de la propriété individuelle, d’autres à la possibilité de stocker des ressources. L’homo sapiens a 200 000 ans, et Christophe Darmangeat appelle la préhistoire et l’ethnologie à la rescousse, pour en resituer l’évolution à grande échelle. Une bonne vieille chronologie a tendance à rendre plus humble : notre modèle de structures sociales n’est décidément pas le seul, imparable et définitif. L’auteur a donné à son livre la forme plaisante d’un dialogue, très habile procédé permettant de parer aux objections courantes comme aux plus pointues, et de déployer son raisonnement avec élégance. Il décrit des communautés «essentiellement composées d’individus économiquement indépendants, politiquement libres, et armés», tout en évitant l’écueil de l’idéalisation caricaturale des peuples égalitaires, qui entretiennent beaucoup

de violence meurtrière, et surtout, une condition féminine souvent épouvantable. Alors certes, «l’histoire de toutes les sociétés humaines s’inscrit dans une tendance générale vers le développement des inégalités et l’apparition des classes». Sans doute, mais rien ne dit que c’est un processus qui ne connaîtra pas d’autres étapes... dont on peut déjà rêver, ce petit livre en mains. GAËLLE CLOAREC

Conversation sur la naissance des inégalités Christophe Darmangeat Agone, 12 €

À compléter par la lecture de l’anthologie Malheur aux riches présentée par Sébastien Lapaque chez J’ai lu (coll. Librio à 2 €), qui démontre que dans notre propre culture il n’a pas manqué de courants critiquant l’accumulation des richesses


Sociétés en péril Antonio Altarriba porte le même prénom que son père ; c’est peutêtre cela qui l’a encouragé à se fondre en lui et à raconter à la première personne l’histoire de ce fils de paysan d’Aragon parti à la conquête d’une vie citadine. Roman graphique mis en images en noir et blanc par Kim, célèbre dessinateur catalan, qui raconte la vie de celui qui lutta pour la justice, s’enrôla auprès des républicains, participa à la guerre civile, connut le franquisme et l’exil en France, la seconde guerre mondiale et revint dans son pays vivre une autre forme d’exil... Vie amoureuse ratée, amitiés souvent trompées. La gestation de ce livre fut laborieuse car l’auteur en chercha la forme pour être au plus près de la vérité et du ressenti. La BD l’emporta qui développe par des métaphores visuelles des sensations trop lourdes à restituer. Le livre rend hommage à cet homme qui s’est suicidé en se jetant par la fenêtre de sa maison de retraite. Déclaré meilleur roman graphique en Espagne en 2010 il ne cesse d’être traduit et loué comme hommage vibrant à la conquête de la liberté. Un titre coup de poing pour une autre histoire tristement banale, en quelque sorte : une bagarre de jeunes dans

une cité pauvre des années 70 qui finit mal, très mal. Tout ça pour une histoire de K7 ! Dans ces années là une K7 avait une valeur terrible et les jeunes se la refilaient, chacun y mettait son morceau préféré. Jusqu’au jour où on ne sait plus qui a la K7. Suspicion, accusations, un mot de trop, l’injure suprême «Fils de pute !» et le drame. Fin d’une époque. L’épilogue établit un constat amer sur ces vies brisées pour rien. Gilles Rochier réussit un album efficace au dessin précis en noir, blanc et sépia, variant constamment le format des vignettes, n’hésitant pas à faire de grands dessins pleine page. CHRIS BOURGUE

Ces deux albums sont sélectionnés pour le Prix littéraire des lycéens PACA 2013 TMLP Ta mère la pute Gilles Rochier 6 pieds sous terre, 16 €

L’art de voler Antonio Altarriba & Kim Denoël Graphic, 23,50 €

Une perle ? C’est l’histoire d’une petite fille dont la soeur et les cousins déclarent qu’elle serait une huître si elle était un animal ! Myriam se sent terriblement vexée et décide de rester dans sa coquille. Plus de jeux, plus de communication, la guerre est déclarée. Une huître n’entend pas, ne parle pas et occupe des heures la baignoire. Mais elle peut fabriquer des perles... Un petit récit charmant qui ne manquera pas de provoquer des discussions sur les relations dans la famille. D’ailleurs son auteure, Raphaële Frier, Marseillaise née à Bordeaux connaît bien les huîtres et les enfants ! C.B

Tu serais une huître Raphaële Frier Thierry Magnier, 5,10 €


La Justice et la Force 74 R E N C O N T R E S

Ce qui est profondément rassérénant quand on écoute Tzvetan Todorov, c’est que sa pensée se construit sur des concepts affirmés et qu’on y retrouve, alors qu’il parle du problème concret de l’exercice d’une justice universelle, un univers intellectuel articulé finement autour de la pensée humaniste. Il commence ainsi son exposé par un postulat qui commente Pascal et Montesquieu, affirmant qu’il existe un «sens universel» de la Justice, et que «on ne peut admettre une justice relative qui serait valable au-delà des Pyrénées et non en-deçà». Il conclura en citant Montaigne : «l’existence humaine est un jardin imparfait» et nous n’avons pas à rougir de choisir une voie moyenne. Pourquoi ? La Justice universelle que les nations essaient de mettre en place depuis Nuremberg ne fonctionne pas. Et, ne peut fonctionner, soumise qu’elle est aux nations les plus fortes. Son exposé le démontre par l’exemple : le Tribunal Pénal International, contemporain des événements qu’il juge, a employé les termes de «génocide» et «crime contre l’humanité» contre Milosevic, à partir des chiffres avancés de 100 000

à 500 000 morts au Kosovo, crimes réels mais dont on sait aujourd’hui qu’ils firent 4 000 morts, et 2 000 disparus. La raison de cette qualification des faits erronée est avouée par l’OTAN : «nous sommes les bailleurs de fonds du TPI», il fallait donc que l’OTAN justfie l’emploi de la force. La Cour Pénale Internationale souffre d’autres maux, dus au manque de moyens : économiques, qui l’empêche d’enquêter et donc l’amène à juger d’après des preuves recueillies par les plaignants ; statutaires, puisqu’elle ne peut accuser que ceux qui ont ratifié sa convention, et que ni les USA, ni la Russie, ni la Chine ne l’ont fait ; les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU sont au-dessus de la loi, ainsi que leurs protégés grâce à leur droit de véto. Ainsi la CPI, censée d’après Kofi Annan «protéger les faibles et punir les crimes des puissants», a laissé envahir l’Irak et bombarder les populations civiles sous un prétexte fallacieux ; n’agit en rien contre les crimes d’Israël en Palestine ; de la Russie en Tchétchénie ; de la Chine au Tibet : elle n’en a pas les moyens. Les inculpations de la CPI, 28 à ce jour, concernent toutes des chefs d’État Afri-

cains ! Et la Cour est toujours saisie par les vainqueurs, qui transforment leurs ennemis en criminels et camouflent leurs propres exactions. Une justice sélective, qui ne frappe que les vaincus, est-elle encore une justice ? «On poursuit les menus rats alors que les gros rats s’échappent», disait Orwell à propos de Nuremberg. Le TPI et la CPI ne font pas mieux. D’où le choix de la voie moyenne : si la justice universelle, soumise à la force, ne fonctionne pas, la justice internationale progresse. Car «on a plus de chance d’être juste lorsqu’on reste modeste et empirique qu’avec un grand dessein» : Tzvetan Todorov prône la collaboration entre nations, «l’agglutination et le bricolage». Qui peut commencer par des problèmes résolubles : les crimes économiques (paradis fiscaux) ou écologiques sont à portée d’action ! AGNÈS FRESCHEL

Tzvetan Todorov intervenait dans le cadre d’Échange et diffusion des savoirs à l’Hôtel du département, Marseille, le 7 mars

Un soir WAAW ! Vingt heures. L’apéro bat son plein au WAAW (What An Amazing World, bistrot culturel entre le Cours Julien et La Plaine). Mousse de la musique, des voix, des bières. Pourtant, ce n’est pas un soir comme les autres. Attablés dans un coin de la salle, les quatre chroniqueurs du jour sont fin prêts. Avec ou sans notes, ils vont défendre ou descendre les six BD sélectionnées. Depuis 2009, Marseille s’est engagée dans le concept Raging Bulles, imaginé par un Bordelais et largement soutenu par l’association Massilia BD et la librairie La réserve à bulles. Aujourd’hui, ces chroniques BD mensuelles et en public se déroulent simultanément à Bordeaux, à Marseille et à Toulon. Chaque mois, six ouvrages sont proposés à la critique d’une dizaine de chroniqueurs tournants, pas forcément des spécialistes mais assurément des amateurs éclairés. La sélection, large, comporte toujours au moins un manga et un comic. Les BD choisies sont mises à la disposition du public durant tout le mois précédant la rencontre. Ainsi, chacun peut venir les lire au WAAW et intervenir librement lors de la session. Raging Bulles, le nom sonne comme

Soiree Raging Bulles au WAAW © Theo Gremillet

un uppercut, mais la joute verbale, pour passionnée qu’elle soit, n’a rien d’agressif. Ce qui frappe surtout, c’est l’érudition de ces enragés de bulles et l’acuité de leurs analyses. L’animateur distribue équitablement la parole. Le public intervient souvent. Le ton est libre et détendu, le dialogue vif, les formules percutantes. Bref, un débat à la loyale qui envoie au tapis pas mal d’idées reçues sur le monde de la BD. FRED ROBERT

Raging Bulles se déroule au WAAW, Marseille, chaque dernier jeudi du mois à 20h www.waaw.fr www.ragingbulles.fr/marseille



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Une fois par mois, le dimanche matin, il est possible d’aller s’attabler aux Grandes Tables de La Friche pour prendre, non pas un air de messe mais un bain littéraire que l’atmosphère dominicale, vaguement somnolente encore et très détendue, rend d’autant plus plaisant. À l’air livre est un cycle de rencontres publiques organisées par La Marelle en partenariat avec La Friche,

Francois Cervantes © L'entreprise

R E N C O N T R E S

Écrire la voix qu’on entend diffusées sur Radio Grenouille (88.8). En 2013, ces rencontres se dérouleront généralement durant les week-ends Made in Friche. C’était le cas le 17 février. Pascal Jourdana recevait François Cervantes, un habitué des lieux puisqu’il y a ancré pendant plusieurs années sa cie L’Entreprise et qu’il y donnait ses deux dernières créations Le prince séquestré et Carnages (voir Zib’60). Invité

en tant qu’auteur, cet homme de théâtre passionné, qui a écrit des pièces mais également des nouvelles, des romans et des essais, est revenu longuement sur son entrée en écriture qu’il fait remonter à l’âge de douze ans, lorsque sa famille est rentrée du Maroc. Pour le jeune garçon, ce retour s’est accompagné d’une impression de perte de chaleur, de distance. Se rappelant son père qui lui reprochait son mutisme d’alors, Cervantes affirme qu’il a «commencé à écrire pour apprendre à parler». Convaincu que la parole est supérieure à l’écriture, il voit cependant celle-ci comme un «pont vers l’autre», une façon de sortir du silence. Mais une fois le texte écrit, il s’agit qu’il devienne voix. C’est ce mystère qui continue d’inspirer Cervantes. Que ce soit par le biais du masque, dont il a redit l’importance, ou du clown, l’acteur, au-delà des traces que l’auteur a laissées sur le papier, doit remonter à la source de l’écriture, jusqu’au «silence qui circule entre nous avant la parole». C’est cela que lui dramaturge essaie à chaque fois de faire émerger, «le nous qu’on porte en soi» et «les morceaux de textes qui sont déjà à l’intérieur des acteurs». Cela prend diverses formes et des temps de création très variables (d’une semaine à quinze ans !). Mais dans tous les cas, il y a le désir de garder au travail son caractère artisanal, de faire de chaque soirée une œuvre et une rencontre uniques, de rendre compte par l’écriture d’un monde contemporain «assez magique et bouleversant». Une conversation, intime et forte, à l’image des spectacles de cet insatiable curieux des formes. FRED ROBERT

Prochaine rencontre À l’air livre, le 17 mars, avec Arno Bertina et Anissa Michalon

Sur les routes de la fiction Ingrid Thobois © John Foley

Les rencontres à la BDP sont très féminines ces derniers temps. Après le duo Camille Laurens/ Laurence Tardieu en janvier (voir Zib’59) et avant Michèle Lesbre en avril, c’est Ingrid Thobois qui était l’invitée du cycle Écrivains en dialogue. Elle a parlé un peu de ses voyages, beaucoup de sa façon d’appréhender le monde et de sa manière d’écrire des fictions en prise avec la réalité la plus contemporaine. Elle a évoqué tout cela avec sa fraîcheur et son naturel coutumiers, principalement à partir de ses deux derniers ouvrages : Recto Verso (avec les photographies de Téobaldi, paru aux éditions Thierry Magnier dans l’intéressante collection Photo Roman) et Sollicciano (éd. Zulma), dont la comédienne Virginie Comte a lu de larges extraits. Évoquant tout d’abord son «obsession du visuel», elle a expliqué son système d’«écriture polaroïd», ces instantanés dont elle remplit les carnets qu’elle a toujours sur elle, et pas seulement lorsqu’elle voyage. Le point de départ de son écriture est toujours visuel : «Tout le reste du texte constitue le hors-champ de ce plan séquence initial» nécessaire à la naissance de la fiction. Pour elle, la fiction reste la manière la plus concrète de faire éprouver

le réel. Elle décrit joliment celui-ci comme «une aspérité où s’accroche la fiction», qui lui permet de se laisser traverser par l’expérience d’un autre. Car l’écriture selon Thobois, ce n’est pas raconter une histoire, encore moins parler de soi ; c’est, comme dans le voyage, partir à la rencontre des autres. C’est également rendre compte de la complexité des choses, d’où sa prédilection pour les récits polyphoniques, la fragmentation des points de vue. Ingrid Thobois reviendra en septembre à Marseille pour une résidence d’écriture à La Marelle. Au programme : recettes de famille et histoires de cuisine. On s’en régale d’avance ! FRED ROBERT

Ingrid Thobois était aux ABD Gaston Defferre le 4 mars dans le cadre d’Écrivains en dialogue

À venir Michèle Lesbre le 9 avril à 18h30 ABD Gaston Defferre, Marseille 04 13 31 82 00 www.biblio13.fr


La brune et le J1

Jakuta Alikavazovic © Emmanuel Trousse

À l’heure où paraît le dernier épisode de son roman feuilleton Les Heures claires écrit à Istres à l’occasion d’une résidence, Jakuta Alikavazovic est l’invitée d’une lecture-rencontre au J1. Elle brave les coups de mistral qui cognent aux parois vitrées pour répondre avec enthousiasme aux questions de Thierry Guichard, fin connaisseur d’une «œuvre» qu’elle a du mal à nommer ainsi. Corpus, peut-être… Elle évoque rapidement Les Heures claires, et s’attarde sur son dernier opus La Blonde et le bunker, par phrases sinueuses ponctuées de blancs, de détours et de retours en arrière… À l’instar de son écriture dont «l’unité de mesure» n’est pas le paragraphe ! Et, quand elle décide de lire deux extraits du feuilleton, sa diction emprunte les mêmes chemins, collant au mot qui stoppe net et ouvre sur d’autres mots possibles. Comme si ses textes jouaient à cachecache avec les mots, les idées, les images, les situations et les personnages. Il en va de son écriture par truchements et disparitions comme

des personnages qui s’incrustent dans ses livres, identiques malgré le travestissement de leurs prénoms : «Un clin d’œil au lecteur, précise-t-elle, mais chaque roman existe par soi et en soi. Le personnage est bien sûr une convention mais on entretient avec lui une relation affective, on s’attache à ce qui résiste chez lui.» La rencontre, éclairante, questionne ses thématiques obsessionnelles : l’identité, l’absence, l’art, les mythes, dont celui d’Eurydice. Quand on l’interroge sur son rapport à la photographie («le lien à l’image tient du désir») et aux livres, elle ouvre exceptionnellement une fenêtre sur l’intime pour raconter une anecdote familiale. Puis revient vite à l’essentiel, la construction de son écriture : «Le mieux, c’est quand rien n’est pressenti. Une fois de côté les brouillons et les matériaux annexes, je commence à écrire. C’est comme une forme de contamination par l’irréel et le fantastique»… et du fantastique, La Blonde et le bunker n’en manque pas !

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MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

La Blonde et le bunker L’Olivier, 16,50 € La lecture-rencontre a eu lieu le 24 février dans le cadre de MP2013, en partenariat avec La Marseillaise et Librairies du Sud

Le 5e Festival Un Max’de Poésies organisé par la Zip de Barjols et les éditions Plaine Page avec la complicité de la ville de Saint-Maximin anime de son souffle créatif les rues et les structures culturelles. Cette année, Nina Kibuanda, comédien, slameur, metteur en scène, intervient auprès des publics scolaires et associatifs. Un court recueil composé à quatre mains avec Bruno Vieillescazes, Baisers de ma solitude, est publié à l’issue de la résidence par les éditions Plaine Page. Les deux voix se conjuguent, l’une plus classique, où flotte le parfum de Verlaine, Rimbaud, Pérec ou Baudelaire, l’autre dans le rythme, le goût des échos, des sons, des répétitions incantatoires. Cette poésie prend sa force lorsqu’elle est dite, martelée, affirmée, contée, lorsqu’elle invente une esthétique du partage. Nina rend hommage à son Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Edité à 32 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Edité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse | n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@wanadoo.fr 06 09 08 30 34 Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture Un kiosque à Marseille Agnès Mellon 095 095 61 70 photographeagnesmellon.blogspot.com

professeur, Marx Michel qui lui a donné le goût des mots, «par lui, j’ai compris que les mots sont une pâte à modeler». Le travail avec les enfants ? «Cela me permet de rester humain. La poésie est partout et remet les êtres au centre.» Les enfants (Quentin, Florian, Mélissa, Ylane, Shanna) qui ont participé à ses ateliers disent leurs poèmes, «Ma vie est libre et prisonnière à la fois», «je suis la statue de ta liberté». Leur conviction égale la densité de leurs mots… D’autres poètes sont invités, Pauline Catherinot, avec Danoshk, bouleversant… La poésie est vécue, vivante, intense. MARYVONNE COLOMBANI

Cette rencontre a eu lieu le 2 mars à la librairie Le Jardin des Lettres, Saint-Maximin

© Jean-Pierre Cousin

Des mots filant comme des étoiles

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Philosophie Régis Vlachos regis.vlachos@free.fr Sciences Christine Montixi christne.montixi@yahoo.fr Polyvolantes Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr 06 03 58 65 96

Cinéma Annie Gava annie.gava@laposte.net 06 86 94 70 44

Maryvonne Colombani mycolombani@yahoo.fr 06 62 10 15 75

Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com

Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56 Anne-Lyse Renaut annelyse.renaut@gmail.com Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com 06 19 62 03 61 Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18

La Régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Kévin Derveaux, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Thomas Dalicante, Pierre-Alain Hoyet, Clarisse Guichard, Christine Rey

R E N C O N T R E S


78 S C I E N C E S

Axel Kahn, Docteur en médecine et Docteur ès sciences, spécialiste de l’éthique de la médecine et de la génétique, nous livre avec force conviction les valeurs qui fondent son engagement, liées à sa condition d’homme et de chercheur. «Nous ne pouvons penser à nous sans un instant suivant…» écrit François Jacob dans Le jeu des possibles. Seul l’homme a conscience du temps qui passe et des conséquences de l’âge. C’est cette question qu’Axel Kahn décide d’approcher dans Les âges de la vie en confrontant la vision donnée par les mythes et les arts et le regard des sciences. L’historien et commissaire d’expositions Yvan Brohard propose une riche sélection d’illustrations en écho aux réflexions humanistes du généticien, iconographies classiques issues des plus grandes collections aussi bien que photographies contemporaines. La reproduction de couverture choisie par les auteurs en dit long sur le propos : sculpture de Mauro Corda (2000), Le grand cycle de la vie représente une femme à différents âges dans une progression cyclique où la fillette succède à la femme âgée. Une manière d’illustrer la succession des générations qui rappelle -pour Axel Kahn- la conception pascalienne du progrès : «… toute la suite des hommes, pendant le cours de tous les siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement.» Plusieurs âges de la vie retiennent en particulier son attention. L’adolescence d’abord le fascine ; invention sociale du XIXe siècle, elle décrit néanmoins un âge particulier, le «seul vrai âge de la vie où le corps et l’esprit se transforment profondément chez un être profondément conscient de cette transformation». La maternité a ensuite toute sa tendresse ; la photo d’une future mère Himba caressant avec fierté son ventre rond rappelle que les femmes sont à l’origine du monde. La vieillesse et ses combats pour en retarder l’outrage sont un sujet d’indignation ; car si jadis les anciens, éloignés des passions, jouaient un rôle social à part, «source respectée de

AGENDA

Icones et sciences de l’âge

AIX-EN-PROVENCE Le 21 mars à 19h, conférence d’Olivier Groussin, astrophysicien au LAM (Laboratoire d’astrophysique de Marseille) : À la rencontre des comètes. Planétarium 04 42 20 43 66 www.aix-planetarium.fr

ARLES Café des Sciences le 14 mars à 20h30. Bruno Poucet, du Laboratoire de neurosciences cognitives (LNC) de Marseille, sur le thème : Quand la mémoire défaille. Café Malarte 04 90 96 03 99

CAVAILLON Dans le cadre du Festival Sciences et fictions, l’association Pesco Luno propose une aprèsmidi astronomique le 13 mars. Jardins de l’Office de Tourisme 04 90 71 32 01 www.cavaillon-luberon.com

GAP Le Printemps des chercheurs sera cette année axé sur la rencontre avec les scientifiques et l’expérimentation. Du 20 au 27 mars.

sagesse», le vieillissement dans les sociétés modernes est «l’âge de l’inégalité absolue» : son impact est le reflet des disparités économiques et sociales. La subjectivité esthétique transparaît dans la passion avec laquelle l’auteur défend les œuvres choisies par Yvan Brohard ; pour autant, après s’être consacré aux objets scientifiques avec un rationalisme qu’il revendique, il s’engage aujourd’hui pour défendre «l’humanité en chacun de nous», avec la même rationalité, s’appuyant sur un corpus de valeurs qu’il explicite, attendant de ses interlocuteurs qu’ils puissent les contredire ou -de préférence- se les approprier. Le point de départ de cette quête est éthique : pour lui, l’homme est un être social dont la morale s’appuie sur la capacité à penser la réciprocité, c’està-dire à reconnaître la valeur de l’autre. Leçon parfois un peu magistrale mais tout à fait salutaire. CHRISTINE MONTIXI

Axel Kahn était invité à la librairie Saint-Paul le 7 février dans le cadre d’Escales en Librairies Les âges de la vie Axel Kahn et Yvan Brohard La Martinière, 39 €

Médiathèque, Centre Social centre-ville, Foyer des Jeunes Travailleurs 04 92 53 92 70 http://printempsdeschercheurs.fr

GARDANNE MP2013 À partir du 22 mars, H2O, balade scientifique, parcours numérique développé par la Ville de Gardanne et le site Charpak de l’École des Mines de Saint-Etienne. Départ Office du Tourisme 04 42 51 70 31 www.ville-gardanne.fr

ISLE-SUR-LA-SORGUE Pour fêter le printemps, l’association Pesco Luno propose une soirée d’observation du ciel le 16 mars au Centre de loisirs SaintJean. 04 90 71 32 01 www.pescoluno.phpnet.org

MARSEILLE Dans le cadre de La semaine du cerveau, du 11 au 17 mars, ateliers animés par les Petits Débrouillards pour les enfants de 8 à 12 ans : le 13 mars à 14h, Bibliothèque de SaintAndré (04 91 03 72 72) et le 17 mars à 14h, Bibliothèque du Merlan (04 91 12 93 60). Le 13 mars à 18h, Muriel Marion (vétérinaire comportementaliste) : Les émotions chez les animaux de compagnie ; le 14 mars à 18h, Bernard Sablonnière, Professeur à la Faculté de Médecine de Lille : La chimie des sentiments ; le 15 mars à 18h, le psychiatre Christophe


Boulanger-Marinetti : Le binge drinking des adolescents. Du 12 au 16 mars dans le département Sciences et techniques, exposition réalisée par la Direction de l’information scientifique et de la communication de l’Inserm : La chimie de l’amour BMVR Alcazar www.bmvr.marseille.fr

Le 18 mars, rencontre avec Nazim Kourdougli et Charlène Guillot, doctorants, sur la recherche en Neurosciences et sur le thème Le cerveau en émoi. Maison Municipale Denis Papin www.semaineducerveau.fr /2013/France.php

Dans le cadre des actions Science et Citoyenneté soutenues par la Région PACA, Forum de synthèse Les Nanos dans la peau, débats, projections et expositions, le 19 mars de 14h à 17h pour les lycéens, de 17h30 à 20h30 pour tous les publics avec Michel Vauzelle, Président de la Région PACA, Margrit Hanbucken, Directrice de Recherche CNRS, Gérard Stehelin, Président de l’association ARCSIS et JeanYves Duboz, Directeur du Centre de Recherche sur l’Hétéro Epitaxie et ses Applications du CNRS… Hôtel de Région www.nanos-dans-la-peau.fr www.asts.asso.fr

1ère rencontre du cycle Regards sur le XXIe siècle, une conférence animée par Pedro Lima le 21 mars à 18h30. Gilles Pison, président du conseil scientifique de l’IRD, évoquera la croissance démographique et le vieillissement de la population : 7 milliards d’hommes en 2013, 9 milliards en 2050. 2e rencontre : Malnutrition et faim dans le monde : réinventer les politiques alimentaires ? Avec Yves Martin-Prével, épidémiologiste, et Carine Magen anthropologue de la santé, le 28 mars à 18h30. 3e rencontre : Quelle transition

énergétique pour quelles énergies du futur ? Avec Michel Goria, Directeur régional adjoint de l’ADEME et Jean Jacquinot, conseiller scientifique auprès de l’Administrateur général du CEA, le 4 avril à 18h30. ABD Gaston Defferre 04 13 31 82 00 www.archives13.fr

L’association Andromède organise une conférence le 22 mars à 20h30 : Des «Stars» dans le ciel : les supernovae par Alain Mazure, Directeur de Recherche au CNRS/Laboratoire d’Astrophysique de Marseille. Le 5 avril à 20h30, François Mignard, Directeur de Recherche au CNRS, interviendra sur le thème Le satellite GAIA va-t-il changer la distance des étoiles ? Ancien Observatoire de Marseille 04 13 55 21 55 www.andromede13.info

Les Jeudis du CNRS : Le rôle des mathématiques dans l’élaboration de traitements personnalisés des cancers, conférence de Guillemette Chapuisat, du laboratoire d’analyse topologie et probabilités, le 4 avril à 18h. CNRS www.provence-corse.cnrs.fr

7e Édition du Printemps des chercheurs, du 8 au 27 avril : découvertes récentes, sujets d’actualité et résonances artistiques en lien avec MP2013 http://printempsdeschercheurs.fr

TOULON Lever de voile sur l’invisibilité, conférence de Frédéric Zolla, professeur à Aix-Marseille Université et chercheur à l’Institut Fresnel. Les physiciens étudient la possibilité de dissimuler un objet ou de le rendre transparent grâce à certains métamatériaux… le 14 mars à 18h30. Campus de La Garde, Amphi 08 04 94 14 20 00 www.univ-tln.fr



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