Zibel77

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un gratuit qui se lit

N째77 du 17/09/14 au 15/10/14



Navigation aveugle L’été est passé. Comme chaque année les saisons débutent, les arts visuels s’exposent, et les rencontres viennent offrir un peu de pensée à une société désorientée, et un monde culturel à la dérive. Car nul ne sait qui tient le gouvernail, et chacun a pris conscience qu’il vogue sans capitaine. Là-haut, à Paris, Fleur Pellerin a succédé à Aurélie Filippetti. On connaît les qualités de la nouvelle ministre de la Culture, sa connaissance du cinéma et de l’audiovisuel, sa volonté de légiférer pour préserver l’exception culturelle française dans un monde numérisé et globalisé. Mais on sait aussi pourquoi Aurélie Filippetti a renoncé à rester Ministre, elle l’a exprimé, clairement, dans une lettre au Président et au Premier ministre. Elle a «dû subir une baisse sans précédent du budget du ministère de la Culture, pourtant symbole de la gauche, deux années consécutives» ; elle a alerté François Hollande dès le 22 mars sur le fait que l’accord au sujet des intermittents «n’était pas conforme à [leurs] engagements». Elle «entend le message de désespérance de ceux qui croient encore en la gauche» : «ce qu’ils nous disent par leur silence et par leur colère c’est que le réalisme ne peut-être synonyme de renoncement». Cette position suffira-t-elle à ouvrir les yeux d’un gouvernement socialiste aveugle à la destruction d’un secteur culturel essentiel à la vie économique, mais aussi à la santé mentale de la nation ? Ici-bas, dans notre région, rien ne va plus. Même les plus grands festivals ont dû cet été réduire leur voilure, Aix présentant une production lyrique de moins, La Roque d’Anthéron annulant près de dix concerts, à cause des restrictions budgétaires. Plus grave, nul ne sait ce qu’il adviendra du régime d’indemnisation des intermittents du spectacle, mis à sac par le Medef, aujourd’hui maintenu dans un entre-deux sans perspectives. Les louvoiements des tutelles ont dès à présent des conséquences très visibles sur l’offre culturelle de

notre région : les structures les plus coûteuses en termes de dépenses publiques semblent des bateaux ivres. Le Ballet National de Marseille, resté près d’un an sans directeur, ne se produit pas dans la région en ce début de saison ; la nomination de Jean-François Chougnet à la présidence du MuCEM a mis trois mois à être signée, plaçant le musée phare de la région dans des difficultés absurdes ; la scène nationale du Merlan est sans tête depuis juin, dans un arrondissement gagné par le FN, et la programmation du premier trimestre se réduit à rien (quelques dates d’Actoral) ; et cela va durer, l’appel d’offres pour la succession n’a même pas été lancé à ce jour ! Quant aux projets de développement ils sont tous bloqués, dans l’attente de décisions qui ne sont pas prises, sous le coup d’une réforme territoriale dont nul n’est capable de dire ce qu’elle implique, ni même si elle aura lieu. Les Journées du Patrimoine s’annoncent mornes, les restaurations nécessaires des monuments historiques sont retardées, et les saisons sont frileuses comme après la tempête. Racoleuses, faisant appel à Julien Doré ou Nana Mouskouri, ou pauvres et sans imagination. Les maisons qui furent grandes n’investissent aujourd’hui que très marginalement dans la production des compagnies et artistes de la région, que les tutelles abandonnent. Et la démocratisation culturelle, les projets de participation et d’élaboration citoyenne des arts, de mise en place d’activités artistiques périscolaires pour tous, se heurtent violemment à la réalité des baisses budgétaires, qui viennent contredire les déclarations d’intention, et les lois. Zibeline entre dans sa huitième année. Jamais nous n’avons éprouvé un désarroi si grand : nous naviguons à vue vers des horizons effrayants, sans être sûrs que la terre est ronde, ou qu’au bout des gouffres amers nous engloutiront. AgnÈs Freschel

Jack Lang et le patrimoine ...................................................................................................4, 5 Les événements de la rentrée ............................................................................................ 6 à 12 Les saisons ....................................................................................................................14 à 45 Au programme ...............................................................................................................46 à 68 Les expositions ..............................................................................................................70 à 73 Les manifestations littéraires ...........................................................................................74 à 76 Rencontres ........................................................................................................................... 78


Jack et le patrimoine 4 P O L I T I Q U E

Z

ibeline : Vous avez initié en 1984 les Portes ouvertes dans les monuments historiques qui sont devenues les Journées du Patrimoine, reprises dans toute l’Europe. Avant d’aborder les thèmes de votre ouvrage, pourriez-vous nous dire ce que vous pensez de la politique de vos successeurs en matière de patrimoine ? Jack Lang : Je me garde de porter une appréciation sur mes successeurs, c’est délicat et inélégant. Les grands principes que nous avions étiquetés sur la politique du patrimoine ont été maintenus, l’événement dont nous fêtons la transmission se perpétue chaque

année avec un succès croissant... je me réjouis de cette continuité. Mais les crédits de restauration et d’entretien du patrimoine ont diminué depuis deux ans de 15% alors que le champ même de protection des monuments s’élargit ! J’imagine que les collectivités locales doivent peiner à compléter la différence. Peut-être que la nouvelle ministre réussira à obtenir une amélioration du sort réservé aux monuments historiques et au patrimoine en général ? Est-ce que le tour que prennent les Journées du patrimoine, avec une certaine sanctuarisation des lieux patrimoniaux que vous déplorez dans votre ouvrage, vous agrée ? Ces journées bénéficient d’une sorte de plébiscite national, le patrimoine est aujourd’hui sous la garde des citoyens eux-mêmes. Ce ne fut pas toujours le cas. Longtemps, l’indifférence primait, dans les années 60 et 70 on défigurait encore des héritages Jack Lang © X-D.R

C U L T U R E L L E

Les Journées européennes du patrimoine auront pour thème Patrimoine culturel,patrimoine naturel : outre les monuments, les paysages seront à l’honneur. À l’occasion de cette 31e édition, Jack Lang livre un texte dense, Ouvrons les yeux ! patrimoniaux importants, et peu à peu une conscience s’est faite. Mais en dehors du patrimoine inventorié, il y a tout le reste qui fait le sel de nos paysages, c’est-à-dire l’urbanisme, l’habitat, le mobilier urbain, les éclairages... Malheureusement de nombreux élus restent indifférents à ces enlaidissements, détériorations, altérations de notre vrai patrimoine quotidien. Une volonté collective est nécessaire pour lutter contre les détériorations multiples qui abîment notamment l’environnement des villes. De nombreux sites sont détruits, les plages, les montagnes où on a installé des stations de ski… Heureusement tout n’est pas que laideur, il y a des exemples inverses de villes, je pense à Bordeaux, ou des villages comme en Dordogne, dans les Vosges qui ont reconstitué une harmonie. On devrait s’appuyer sur ces réussites pour inciter les villes, les villages ou l’État à placer la beauté au cœur des préoccupations collectives. Dans votre ouvrage vous formulez les principes d’une véritable esthétique politique, dans le sens d’organisation de la cité. Le beau est pour vous le point essentiel autour duquel devraient rayonner les principes de l’économie, de l’urbanisme, de la relation entre les hommes. Ce serait important d’écrire un véritable traité du Beau ! La plupart des politiques sont indifférents à l’esthétique. Les écologistes première manière étaient très engagés sur le front de la préservation du patrimoine, aujourd’hui je n’entends pas les porte-parole de ce mouvement défendre cette exigence d’harmonie. Regardez ces poubelles dans Paris que je compare à des préservatifs géants peints en vert, on ne peut pas dire que l’esthétique l’ait emporté ! Votre démarche est profondément humaniste n’est-ce pas ? vous parlez de replacer l’homme au centre, vous évoquez Rabelais, vous soulignez le mépris infligé au plus grand nombre en réservant le sens esthétique à quelques initiés. Je me définirais en effet comme un humaniste. Vous évoquez aussi les coûts et les réemplois des lieux patrimoniaux. La démonstration qu’une friche peut devenir un lieu artistique, un monument, un lieu d’habitation ou un nid d’entreprises, est assez lumineuse. Pourquoi est-ce si difficile à mettre en œuvre ? Pourquoi ? il y a une certaine paresse intellectuelle parfois, un manque d’imagination, ou le sentiment que construire à la hâte est moins périlleux que de réhabiliter. Par exemple ce matin on parlait de


l’Hôtel Dieu à Paris, on ne sait pas quoi en faire. Pourquoi ne pas imaginer que des logements sociaux s’y réalisent plutôt que d’aller bâtir je ne sais quelle tour ici où là ? Une ville c’est aussi un tissu humain et c’est ça le patrimoine aussi : dès que la ségrégation est installée quelque part, elle dure. Votre ouvrage est sous-titré La nouvelle bataille du patrimoine. Mais votre mot clé est l’harmonie. Se conquiert-elle par la lutte ? Par la volonté collective. Sans renoncer à la première bataille qui a permis de sauvegarder à temps un certain nombre de monuments, la bataille pour la beauté du quotidien, pour l’art de vivre, doit être menée. C’est moins facile à entreprendre, les frontières ne peuvent être définies aisément. Mais il faut vraiment le vouloir sinon les choses vont continuer à dépérir ou à s’enlaidir. Votre livre dessine l’esquisse d’un projet plus large, un espace politique à la fois théorique et pratique. C’est vrai que sur le fond je rêverais que l’action collective prenne un autre tour. Il y a aujourd’hui des questions qui prennent à la gorge, le chômage en particulier et même la misère, mais ma certitude, ma conviction est que l’on peut aussi redonner souffle à la société française en réhabilitant pleinement les valeurs d’harmonie et de beauté. Ce n’est pas une vision d’esthète, c’est le rêve de quelqu’un qui croit à la cité. Me vient à l’esprit Thucydide dans La Guerre du Péloponnèse qui fait parler Périclès -je ne veux pas me comparer à Périclès ! Vous ne portez pas le casque, il n’y a pas de souci !… Périclès s’adresse aux soldats qui combattent contre les Perses et dit à peu près ceci : «nous gagnerons parce que nous sommes fiers de notre cité, de sa démocratie, et de sa beauté». La beauté d’Athènes. La démocratie et la beauté comme armes de guerre, comme ciment pour gagner une guerre, ça n’est pas mal quand même ! Quand on a le sentiment d’appartenir à une cité libre et belle, c’est une force pour gagner une guerre contre le chômage. Ce n’est pas le seul remède mais j’y crois fortement fermement. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

Ouvrons les yeux ! La nouvelle bataille du patrimoine Jack Lang HC éditions, 4.50 euros 31e Journées européennes du Patrimoine les 20 et 21 sept www.culturecommunication. gouv.fr/Regions/Drac-Paca


6 É V É N E M E N T S

Il n’y aura peut-être pas de neige à Noël mais l’automne s’ouvrira bien avec son Actoral annuel ; offrons -nous donc un plaisir d’avance en zigzaguant parmi les 80 artistes et plus engagés dans l’édition 2014, sur laquelle le familier O en couleurs de Laurent Garbit projette des feux prometteurs. Passées l’ouverture dadaïste de l’archipoète Ricciotti, la méditation pleine d’usage et raison (méfiance) de la sage (double méfiance) marraine Quintane et les étonnantes 14 stations fabulées d’Hubert Colas, porteuses d’une jolie parole sur la fonction revitalisante de l’art par les temps qui ne courent plus, le programme (touffu touffu sinon tout fou) peut s’effeuiller sans épuiser ses mystères pluriels ! Comment les écritures contemporaines croisées avec les arts de la scène vontelles une fois encore faire face au présent ? Le festival, cette année, s’ouvre à un échange clairement balisé avec le Québec et l’Usine C, centre de création et de diffusion pluridisciplinaire de Montréal ; ce temps fort offrira le probablement délicat Klumzy de Nicolas Cantin, «bricoleur» onirique de l’espace intime, et le Yellow Towel de Dana Michel, chorégraphe singulière qui pulvérise avec énergie les clichés de la culture noire ; les performers au long cours de PME-ART nous tendront un miroir dans Hospitalité 5 à travers les musiques qui accompagnent notre vie, tandis que le collectif Nous sommes ici / Alexandre Fecteau risque fort de frapper au porte-monnaie précisément au Merlan dans Un show must go on à

Ines, Volmir Cordeiro © Fernanda Tafner

Trans/genre et col/é/laboration

tout prix… Les films de Stéphane Lafleur, présentés dans le même lieu, seront aussi une invitation à partager l’humour noir et décalé du réalisateur. La francophonie outre atlantique recevra en écho à partir du 21 oct entre autres l’acide Nathalie Quintane , le raffiné Noé Soulier qui aura présenté

Vive le cirque !

Avec le succès de ses journées d’ouverture en septembre 2013, Jours [et nuits] de cirque(s) (qui avaient su proposer des spectacles d’une exceptionnelle qualité, des nuits de cirque, des cabarets, des conférences) et de sa première année d’existence qui a immédiatement fait partie du paysage culturel de la région, s’impliquant autant dans la production de spectacles que dans la formation continue des artistes, avec une attention particulière apportée aux scolaires, le CIAM a pleinement réussi dans ses quatre objectifs, découverte, création, diffusion, transmission. Du 24 au 28 septembre, Jours [et nuits] de cirque(s), devenus festival,

les frictions de son Mouvement Mouvement (dialogue décalé avec William Forsythe) aux Bernardines ou l’«excellent» Thomas Ferrand, «branleur d’inconscient» qui n’a pas froid aux yeux. Actoral accompagne aussi l’ascension de jeunes créateurs «sensibles» comme Miet Warlop, de retour dans le

offriront encore une programmation éclectique et souvent inédite dans la région, permettant au public averti ou néophyte d’aborder un éventail de propositions contemporaines et traditionnelles de l’art du cirque qui se nourrit aussi de danse contemporaine, de théâtre, des arts visuels, de magie nouvelle ou du conte. Une esthétique de l’émerveillement et de la surprise nous mènera de chapiteau en yourte, exploration du monde et de ses contradictions avec Hirisinn du P’tit Cirk, Tania’s paradise de Attention fragile, Quien Soy ? de El Nucleo, Attrape-moi de Flip Fabrique ; Smashed de Gandini Juggling rend un hommage jonglé

festival (Dragging the Bone promet encore de belles métamorphoses entre Eros et Thanatos), Volmir Cordeiro et son incorporation/ dévoration d’Inès ou Mohamed El Khatib qui créera Finir en Beauté, méditation pluri-inspirée sur le deuil et la dispersion. Actoral accueille enfin des artistes bien «visibles», déjà invités comme la plasticienne-chorégraphe-metteure en scène Gisèle Vienne qui ne manquera pas de semer le trouble dans les esprits et dans les corps, ou à découvrir d’urgence comme le singulier Toshiki Okada dont le théâtre musical-dansé dresse un portrait accablant-stimulant de la société japonaise à travers les tourments d’un manutentionnaire attaché au renouvellement des produits Super Premium Soft Double etc… ; très attendu aussi le collectif Superamas (X ! ) qui promet un déluge cosmique décomplexé et déconseillé aux moins de 16 ans. Tout le reste est littérature et pas la moindre puisqu’on y retrouvera le dernier «thriller métaphysique» d’Olivia Rosenthal, le prolifique et gourmand Claro et aussi un texte plus ancien de Suzanne Joubert, mis en espace par François-Michel Pesenti, qui inaugure une intégralité et un titre de fort bon aloi : Les gens sont formidables. À vérifier donc ! (voir aussi les articles p 50 et 51). MARIE JO DHO

Actoral 14e édition du 24 sept au 11 oct dans divers lieux à Marseille 04 91 94 53 49 www.actoral.org

à Pina Bausch. Puis, Imperial Cabaret par la Cie éphémère, Bêtes de Foires de Laurent Cabrol &Elsa de Witte, accueilli au Bois de l’Aune, Cavale de Yoann Bourgeois, La Nuit du Cirque, peuplent de magie de souvenirs nos imaginaires… et d’autres surprises vous attendent… MARYVONNE COLOMBANI

Festival Jours [et nuits] de Cirque(s) du 24 au 28 sept 09 83 60 34 51 www.joursetnuitsdecirques.fr



Une toile est née É V É N E M E N T S

Alain Badiou

JR © LaFrichelaBelledeMai

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À l’annonce de la fermeture en 2013 du théâtre animé pendant plus de 25 ans par la compagnie Chatôt-Vouyoucas, de nombreuses hypothèses s’étaient échafaudées sur le devenir du Gyptis. La décision de redonner au 136 rue Loubon sa vocation première de «cinéma de quartier» en allant au-delà de ce vieux concept, et de l’englober dans le projet global de La Friche Belle de Mai dédiée aux spectacles vivants, s’est imposée contre les esprits chagrins. Le 1er octobre, le cinéma Le Gyptis ouvrira donc ses portes après rénovation et mises aux normes grâce aux 540 000 euros attribués par la Région, le CNC, et le CG des BdR. Une façade habillée par JR d’une centaine de portraits, un grand écran escamotable, 170 fauteuils confortables à l’orchestre, un projecteur numérique 4K, un son 7.1 pour une qualité d’accueil et de réception optimale. La salle, «base avancée de la Friche», pourra recevoir du théâtre, de la danse, de la musique, en lien avec la programmation cinématographique concoctée pour les 18 mois à venir par Shellac-Sud. Cousin de l’Alhambra de St Henri, Le Gyptis proposera dans l’arrondissement le plus pauvre de Marseille un cinéma à la fois «populaire et exigeant» selon l’expression d’Alain Arnaudet, directeur de la Friche en charge du lieu. D’ici décembre, sur ce mono-écran de luxe, 6 jours sur 7, près de 100 films seront projetés, organisés en cycles thématiques de six semaines au rythme de rendez-vous récurrents : séances jeune public le mercredi, samedi, dimanche, séances familiales le dimanche en fin d’après-midi avec la projection d’un film en VF, séances répertoire le mardi soir. L’objectif s’affiche : rajeunir le public «Art et essai», faire revenir en salle les adeptes du streaming et de la Vad par une politique tarifaire sur mesure (2,5 euros pour les moins de 20 ans et les familles), une ouverture aux arts numériques et au web considérés non comme concurrentiels mais complémentaires, un croisement des disciplines et des formes, une prise en compte des spectateurs sans démagogie et la création d’événements. Du 1er au 7 oct, le premier cycle s’ouvrira aux féminins en partenariat avec Films Femmes Méditerranée (voir p63). Puis, du 8 au 14 oct, Soyons sérieux explorera le burlesque, de Tati aux comédies récentes de Gailley et de Salvador. Du 15 au 21 oct, on retrouvera Derrière les masques, entre jeux de miroirs et mises en abymes, David Cronenberg, Jonathan Clazer, Pedro Almodovar et Georges Franju. Du 22 au 28 oct, Street parcourra les villes avec Mercuriales de Virgil Vannier, Danger Dave de Philippe Petit mais aussi Chungking express de Wong Kar-Waï et L’Heure exquise de René Allio. Du 29 oct au 4 nov, on plongera avec Manga Manga dans l’univers des films d’animation japonais, en écho à l’exposition Mangaro présentée à La Friche. Du 5 au 11 nov, Média développera le thème de la représentation de la presse écrite ou audio-visuelle au cinéma en partenariat avec les médias locaux. C’est le 4 oct à 15 h qu’aura lieu l’inauguration officielle du Gyptis et de la nouvelle Place Caffo, suivie à 19h de la projection en avant-première nationale d’une comédie de Thomas Salvador, Vincent n’a pas d’écailles. Le succès des ciné-dimanches organisés pendant la période de transition a démontré la capacité du 7e art à rassembler un public nombreux et mélangé, dans un cinéma mono écran. Une toile est née, et le rêve que les Marseillais la fassent leur paraît tout à fait réalisable. Elise Padovani

Le Gyptis, Marseille www.lafriche.org

Alain Badiou rend visite à Marseille, pour une série de sept rendez-vous aux thématiques éclectiques, les centres d’intérêt du philosophe étant fort variés ! Pour commencer il sera question de théâtre, puisque le penseur est également dramaturge : c’est au Toursky le 8 octobre qu’il rencontrera Florence Pazzottu et ses invités. Le même soir, son confrère Quentin Meillassoux le rejoindra pour un dialogue autour de l’oeuvre de Mallarmé, Un coup de dés jamais n’abolira le hasard. Le lendemain, à gauche toute ! Direction Gémenos aux côtés des ex-travailleurs de Fralib pour visiter leur usine et évoquer leurs luttes ouvrières, avant d’assister à la projection au cinéma Les Variétés du film Souffles de vie réalisé par Sergueï Waultier sur les salariés de Nestlé. Le 10 octobre, Alain Badiou ira à la rencontre des habitants du quartier populaire de La Busserine : il sera question du «réveil de l’histoire» qu’il perçoit au cœur des printemps arabes. La matinée suivante sera consacrée à La culture à l’épreuve de l’urbain à l’invitation du collectif Pensons le matin, et la soirée à la psychanalyse lacanienne, lors d’une rencontre au Gyptis avec Hervé Castanet, membre de l’École de la cause freudienne. Enfin le 12 octobre, l’écrivain qu’il est aussi sera reçu au festival Les Littorales, pour une rencontre littéraire présentée par Thierry Guichard, directeur de publication du Matricule des Anges. GAËLLE CLOAREC

Événement Badiou au cœur de Marseille du 8 au 12 oct www.altravoce-marseille.com www.pensonslematin.fr Alain Badiou © Altra Voce



En corps majeurs 10

Tutu © Michel Cavalca

É V É N E M E N T S

Neutraliser la peur Pour Michel Kelemenis, poser des Questions de danse, c’est dépasser l’appréhension qui nous saisit face à un spectacle qu’on ne comprend pas. C’est tenter d’en percevoir les enjeux, au-delà de la notion de goût. Cette année ses Questions de danse se déclinent en quinze soirées, soit 20 propositions, créations, avant-premières, projets en cours ou performances. Des formes courtes, deux par soirée, du solo de chorégraphe à la pièce pour 9 danseurs. Nous verrons donc les premiers pas de La Barbe bleue, la nouvelle pièce de Michel Kelemenis qui déplace le conte cruel vers une femme punissant la curiosité de ses sept époux ; une avant-première de Philippe Lafeuille avec six hommes en Tutu (le 1er oct). Puis un projet Krump’N break de danseurs français et allemands, et le solo poétique de Yan Raballand en quête de Sens (les 3 et 4 oct) ; deux spectacles aboutis le 6 oct : un solo de Francky Corcoy (Perpignan) et un quintet questionnant la sexualité, interdit au moins de 18 ans, de Matthieu Hocquemiller (Montpellier) ; puis un Canon de la cie marseillaise L’Echancrure, et une boucle musicale, parlée et dansée de la cie METAtarses d’Angoulême (les 6 et 7 oct) ; un projet collectif du Groupe Entorse (Caen) et la création de Man, où Fana Tshabalala interroge les clichés masculins africains (les 10 et 11 oct) ;

une performance en forme de Zef pour 9 danseurs de Kelemenis, et l’avant première d’Outremer, une plongée dans les abysses de Sébastien Ly (le 14 oct) ; le lendemain un autre solo de Fana Tschabalala et un, flamenco, de Diego Ranz (Paris) ; un duo de danseurs venus du cirque, Noos, et un solo théâtral de Maud Leroy, les 16 et 17 oct ; un duo sur L’union matrimoniale de Yasmine Hugonnet (Suisse) et quatre danseurs mis en grimpe sans sommet par Antoine le Menestel (Apt) les 20 et 21 oct ; et enfin, pour clore les Questions le 24 oct, la création de Phorm, avec à la danse (Break !) David Colas et Santiago Codon-Gras, et à la musique scéno Franck II Louise, puis une création collective, avec une vingtaine d’amateurs, de la cie 2 temps 3 mouvements (Avignon). Ces Questions de danse donneront aussi l’occasion de voir les expositions de Panayis Chrysovergis et Agnès Mellon, qui captera de ses photos les moments intimes et tranversaux de ces soirées pour les projeter ensuite sur les murs ; et de danser, dans des ateliers amateurs ou professionnels animés par les chorégraphes présents. AGNÈS FRESCHEL

Questions de Danse Klap, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr

Le temps fort Des cirques indisciplinés revient en force pour ouvrir cette nouvelle saison arlésienne, au Théâtre et dans divers lieux de la ville. L’étrangeté est au programme du premier rendez-vous avec Be Claude, une déambulation de Pierre Pilatte, le clown de la Cie 1 Watt. On le rencontre dans une rue, et on le suit dans la quête burlesque de sa Part Féminine au gré de ses rencontres avec le public (11 oct à 15h place Voltaire). Dans l’église des Frères Prêcheurs, c’est la poésie de Yoann Bourgeois qui emplit l’espace, pour un moment hors du temps. Sur cette curieuse machine qu’est La Balance de Lévité, la danseuse Marie Fonte entame un ballet aérien, accompagnée par la harpe et le chant de Laure Brisa (11 et 12 oct). Le Théâtre accueille quant à lui les quatre spectacles qui clôturent ce temps fort : le duo d’acrobates colombiens Edward Aleman et Wilmer Marquez présentent leur dernière création, Quien Soy ? (Qui suis-je ?), qui raconte leur parcours et interroge les notions de confiance, de double et de réciprocité sur lesquelles reposent leurs numéros (11 et 12 oct) ; puis deux clowns vagabonds et débrouillards vont tenir une conférence bidouillée avec les moyens du bord pour tenter de comprendre, et faire comprendre, le grand mystère du Cosmos. Et pour savoir si l’univers a une limite, rien de tel que le détournement d’objets du quotidien… (Vous êtes ici, les 14 et 15 oct) ; la dernière soirée se déclinera en deux temps : la Cie Mondiale générale débute avec Braquemard #1, spectacle dans lequel Alexandre Denis et Timothé Van Der Steen se confrontent au bastaing, une pièce de bois qu’ils transforment en agrès de cirque. Tout repose sur un équilibre maîtrisé, un état de grâce infiniment poétique ; Chloé Moglia clôt la soirée sur un trapèze avec Opus corpus, l’artiste aérienne repoussant ses limites et sa recherche sur la pesanteur lors d’un solo très dense où espace et temps sont suspendus, et le rythme est comme suspendu à sa virtuosité (16 oct dès 19h30). Des cirques indisciplinés du 11 au 16 oct Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

La Balance de Lévité © Patrick Denis



Une rentrée chargée Pass par tous les musées ! pour le MuCEM É V É N E M E N T S

Temps fort Histoires d’Odessa

Ce temps fort se déroulera du 16 au 19 oct avec des rencontres, conférences, tables rondes, cinéma et spectacle, avec notamment des tables rondes : autour de la Russie, l’Europe et l’Ukraine réunissant Jean Radvanyi (professeur à l’INALCO), Alexis Prokopiev (président de l’association Russie-Libertés) et Anna Garmash (membre du collectif «Euro Maidan France»), et de L’Ukraine, un sujet de cinéma avec Lubomir Hosejko (historien du cinéma) et Eugénie Zvonkine (maître de conférence à Paris VIII) ; le spectacle Contes d’Odessa de Macha Makeïeff, d’après Les Contes d’Odessa d’Isaac Babel et Lumières d’Odessa de Philippe Fenwick, qui dressera le portrait de ce que fut la plus grande communauté juive de Russie ; des conférences en images…

Les fantômes d’Odessa © Christophe Boltanski

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Le MuCEM fait sa rentrée avec une programmation riche, et propose des rendez-vous réguliers qui vont se succéder : un lundi sur deux un rendez-vous littéraire, Au comptoir de l’ailleurs, sera proposé par Evelyn Prawidlo en partenariat avec Books, tandis qu’Emmanuel Laurentin poursuivra les autres lundis son Temps des archives en partenariat avec France Culture et l’INA. Une fois par mois le jeudi, Tzvetan Todorov animera le cycle Civilisations et Barbarie avec de très grandes figures de la pensée internationale. Le vendredi sera le jour des spectacles avec le cycle Entre…croisements qui permet aux musiques méditerranéennes de trouver leur place dans la cité phocéenne. Enfin, le samedi et le dimanche seront consacrés au cinéma avec six séances programmées par semaine.

Colloques internationaux

Plusieurs colloques émailleront la saison : les 26 et 27 sept, l’histoire de la méditerranée sera abordée à travers ses villes en leurs dimensions urbanistiques, économiques et politiques, au Moyen Âge et à l’époque moderne ; les 9 et 10 oct, il sera question des Hommes et animaux au Maghreb de la préhistoire au Moyen Âge, lors du colloque international Histoire et Archéologie de l’Afrique du Nord, et de L’Art après nature, d’Alberti à Lessing.

Le Temps des archives

Pour son premier rendez-vous, le 29 sept, Emmanuel Laurentin reviendra sur le rôle joué par les grands oubliés de l’histoire de la seconde Guerre mondiale : les tirailleurs algériens ou goumiers marocains, avec Jean-Marie Guillon (historien spécialiste de l’histoire de France des années 40 et de la Résistance) et Eric Deroo (historien spécialiste des troupes coloniales). LUCAS GIRAUD

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org

Les musées de Marseille ont opéré en 2013 une métamorphose nécessaire et spectaculaire : si le MAC, le Museum d’histoire naturelle et la Vieille Charité nécessitent encore rénovation, réaménagement sinon déplacement, les autres musées sont en ordre de marche et proposent depuis la fin de l’année capitale des expositions remarquables, et pas toujours assez remarquées du public. Ainsi le Musée des Beaux-Arts au Palais Longchamp poursuit la présentation des Chefs-d’œuvres de ses collections provençale et française (du XVIIe au XIXe siècle), le MAC expose quelques pièces maîtresses de ses fonds contemporains jusqu’au 28 sept, le Musée Borély s’attarde sur la Mode au courses jusqu’au 12 oct, Chiharu Shiota envahit la Vieille Charité de ses voiles jusqu’au 12 oct (voir Zib’s 74 et 75)... Et il ne vous reste que quelques jours pour tomber sous le charme, au musée Cantini, des femmes pâles au regard troublant de Paul Delvaux (jusqu’au 22 sept). Mais les nouveautés de la rentrée se concentrent dans deux lieux : le Musée d’Histoire, à partir du 10 sept, propose une exposition sur la Libération de Marseille à partir de documents d’archives et de témoignages (jusqu’au 15 oct) puis se consacrera en novembre aux Soldats oubliés de 14-18, ceux du Front d’Orient. Ateliers, conférences, spectacles, colloques sont prévus jusqu’en mai 2015, rééquilibrant vers l’histoire contemporaine un musée qui, en raison de ses fonds archéologiques, préfère dans son exposition permanente l’antique et le paléochrétien. À la Vieille Charité, le Musée d’Arts Africains, Océaniens et Amérindiens expose à partir du 12 sept les Visions Huichol, des objets peints, tissés, sculptés, gravés, qui témoignent en couleurs et formes éclatantes d’une joie visionnaire : ces artistes indiens du sud-ouest du Mexique métissent tradition et création pour traduire leurs expériences hallucinées de contact avec le monde sacré, peyotl et dérèglement des sens aidant… Dans tous les musées de Marseille, des ateliers se proposent d’initier par le geste les enfants aux arts, à l’histoire, aux sciences : au Museum l’exposition Des Océans et des Hommes se poursuit jusqu’en mars, avec son cortège d’animations, tandis que le Préau des Accoules propose de fabriquer des porte-bonheur… On se demande comment, avec une telle diversité de thèmes et de lieux, les enfants de Marseille peuvent demeurer sans activités durant le temps désormais dégagé par la réforme des rythmes scolaires ! Cela est d’autant plus dommage que les musées de Marseille proposent désormais un Pass particulièrement attractif, qui ouvre les portes de toutes les collections permanentes et temporaires des musées de Marseille … ainsi que du MuCEM ! Avec un tel potentiel, il y a de quoi «meubler» les après-midis de nos bambins, non ? AGNÈS FRESCHEL

La rentrée des musées de Marseille www.marseille.fr/siteculture/les-lieux-culturels www.marseille.fr



La belle Joliette Certains redoutaient que les Minotiers n’aient ni les épaules ni les moyens de maintenir les ambitions de leur première saison. Ils avaient tort ! La Minoterie affiche une programmation riche et ambitieuse, et attentive aux créateurs du territoire. Lancement, avec les journées du Patrimoine, de J5/ArchiCulturel, regroupement du théâtre et des structures voisines (FRAC, ABD, Silo et Docks) associés pour une balade/découverte des lieux du quartier. L’équipe Joliette réaffirme ainsi son attachement aux collaborations avec les artistes locaux ou plus lointains, créations, textes contemporains et longues résidences (on sait déjà que les Cies Didascalies and Co et voQue seront dans les murs). La saison commence ensuite en collaboration avec Actoral par un spectacle de Gisèle Vienne, et celui d’Emma Dante en direct de Palerme (voir p52). Puis Haïm Menahem reprendra son solo de la saison passée, Fuck America, Pascal Rambert parlera de rupture avec sa Clôture de l’amour aux mots et aux armes affûtées et Renaud Marie Leblanc proposera le texte d’un jeune québécois Marc-Antoine Cyr, Fratrie, où s’affrontent quatre jeunes comédiens surprenants. Une création très attendue, celle de Lazare et sa Cie Vita Nova, Petits contes d’amour et d’obscurité, proposera ces miroirs de la réalité dans une écriture étonnamment vivante. Saluons le retour de Guy Cassiers qui adapte un volet de la trilogie du néerlandais Jeroen Brouwers : Rouge décanté nous plongera dans les souvenirs d’une enfance torturée en Indonésie. Frédérique Fuzibet viendra en voisine depuis son théâtre l’R de la mer pour Médée Kali, avec trois comédiennes qui joueront la suite de l’infanticide imaginée par Laurent Gaudé. Thomas Fourneau en mettra six sur un plateau pour incarner une image multiple de la femme avec textes, danse et images dans Herself. Des femmes encore avec le texte de l’auteure turque Güner Yasemin Balci mis en scène par la berlinoise Nicole Oder qui traite de migration et d’intégration. Thierry Otin proposera un texte de Catherine Monin, À titre provisoire, avec un éclairage particulier sur ce monde tandis qu’Olivier Thomas en évoquera la fin avec Rétrospective incomplète d’une disparition définitive et que Maïanne Barthès entrera en guerre avec Rouge d’Emmanuel Darley. Clara Le Picard quant à elle mettra Emma Bovary au supplice du surendettement, Hubert Colas présentera le texte d’Annie Zadek, Nécessaire et urgent. Comme à son habitude Georges Appaix s’installera entre les mots et les gestes tandis que les chorégraphes Radhouane El Meddeb et Christine Fricker ne feront parler que les corps. Le jeune public applaudira Christian Carrignon et son célèbre Théâtre de cuisine et Claire Latarget qui revisite et décoiffe les contes traditionnels, tout comme Gilles Granouillet qui veut changer l’histoire du Petit Poucet. Quant à Jacques Rebotier, il nous intéressera au sort des saumons, et la norvégienne Guandaline Sagliocco nous initiera à Moussorgski. On l’a compris : on ne s’ennuiera pas à la Joliette !

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Dans son édito ouvrant le programme de rentrée du Théâtre de Lenche, le directeur Maurice Vinçon appelle son public à défendre avec lui les caractéristiques qui font encore de la France «le pays de référence de la culture», malgré les inquiétudes qui pèsent sur l’avenir des artistes. Convaincu que c’est en retraçant le chemin parcouru que l’on anticipe au mieux les écueils à venir, il nous invite à une visite découverte de ce théâtre populaire, installé depuis plusieurs décennies dans le quartier historique du Panier. Les 20 et 21 sept, on pourra remonter le temps sur ses pas, jusque dans les espaces secrets du bâtiment, non accessibles habituellement. Le 23, rendez-vous est pris pour la fête d’ouverture de saison, en musique et en plein air, sur le boulodrome à proximité. La rencontre entre les membres du groupe Poum Tchack et ceux de Ooh-Wee promet un Bal décalé des plus conviviaux. Musique encore du 25 sept au 4 oct, avec une série de trois spectacles portés par Cathy Heiting, diva de son état, et le pianiste Jonathan Soucasse. Entre théâtre et récital, on y apprendra en particulier que Bizet était une femme... Par la suite les propositions prendront un tour plus grave. La Cie Souricière donnera ainsi du 14 au 16 oct un Memorandum théâtral sur Anna Politkovskaïa, journaliste russe assassinée en 2006 pour ses positions critiques envers la politique de son pays. Femme non rééducable sera présenté en

partenariat avec Amnesty International, et complété par une exposition et des rencontres. Décembre marquera le retour du temps fort jeunesse, avec la très appréciée édition de Minots, marmaille et Cie, et une thématique portant sur la figure de «l’ogritude», au féminin en particulier. Ce sera l’occasion de découvrir la première œuvre jeune public de l’une des compagnies en résidence au théâtre, La Paloma. En février, Maurice Vinçon présentera ses Conversations avec ma mère, tandis qu’en mars la Cie l’Egrégore (dont c’est la dernière année de collaboration étroite avec le Lenche) s’attachera au drame de Paul Claudel, L’Échange. Enfin les Voyages en solitaire, temps fort autour du monologue contemporain, auront lieu au printemps. Lors de cette deuxième édition, on ne manquera pas de découvrir «l’une des plus grandes comédiennes en France aujourd’hui» (dixit Ivan Romeuf) : Roxane Borgna interprétant Etty Hillesum, philosophe, déportée, et femme d’une vitalité extraordinaire, dont son Journal distille la quintessence. GAËLLE CLOAREC

La WebradioZibeline sera partenaire des Voyages en solitaire et du spectacle Conversations avec ma mère. Retrouvez également l’interview de Maurice Vinçon sur la WebradioZibeline Le Lenche, Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

CHRIS BOURGUE

Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 www.theatrejoliette.fr Fratrie © Cie Didascalies and Co

L’histoire du Lenche

Cathy Heiting et Jonathan Soucasse © X-D.R

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Tout théâtre et tout terrain

Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Édité à 32 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) couverture Alouette sans tête/ Tiphaine Dubois http://alouettesanstete.com

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Les Particules élémentaires © Simon Gosselin

La saison de La Criée débutera, travaux obligent, à La Friche, pour une programmation concoctée en accord avec l’esprit des lieux : en commençant par la jeune création théâtrale, suivie par un festival de spectacles pour enfants, pour finir en décembre par une fête foraine d’hiver. De très bonnes surprises durant ce premier trimestre qu’on redoutait pauvre, étant données les difficultés de programmer hors les murs : si l’offre de places est forcément plus restreinte, les propositions sont passionnantes : Superamas pour commencer (voir p50), puis Vincent Macaigne qui met en scène Dostoïevski, Elise Vigneron qui crée pour enfants, Olivier Py qui reprend le plus réussi de ses contes de Grimm, Jean Bellorini qui vient créer son Liliom. Le Massalia et le Mucem collaborent, et le théâtre s’ouvre sur la ville, le cirque, et continue à aimer la musique... Mais l’essentiel de la saison se déroulera, on l’espère, dans les salles retrouvées, le hall rénové, les murs enfin désamiantés, dès janvier. Et on ne manquera pas de théâtre dans notre Centre dramatique ! Certains puisent dans les formes narratives plutôt que dramatiques : Julien Gosselin met en scène Houellebecq (Les Particules élémentaires), Emmanuel Meirieu le roman de William Warton Birdy, Macha Makeïeff les Contes d’Odessa d’Isaac Babel... Mais il y aura aussi du théâtre de répertoire : La mégère apprivoisée mise en scène par une femme, Mélanie Leray, perdra sans doute un peu de sa superbe misogyne, et Platonov de Tchekhov revisité par

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Rodolphe Dana et ses Possédés aura les vertus du collectif ; Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac mis en scène par Frédéric Poinceau sera sans doute étonnant et sulfureux, et Gérald Garutti nous promet un Lorenzaccio très romantique, et politique. De nombreuses formes de spectacle vagabondant entre texte, conte, théâtre, images et cirque seront proposées pour les âmes aventureuses, des Carnets de voyage chez les Inuit ou les Soussou (Makeïeff/ Geslin), le cirque le Roux, Gaël Baron et Laurent Ziserman qui métissent burlesque et Kabuki, la Cie XY qui transforme ses portés acrobatiques en quête d’élévation collective, Cyril Teste qui porte la Tête haute de Joël Jouanneau, Michèle Anne de Mey qui quitte la danse pour faire du théâtre avec le cinéaste Jaco Van Dormael... On retrouvera aussi Charles Berling, qui reprend sa mise en scène de Dreck, un texte intense magnifié par Alain Fromager, et son Gould/Menuhin très singulier. Nos deux grandes compagnies chorégraphiques pourront s’exprimer sur un plateau à leur mesure, le seul à Marseille pouvant les accueillir. Le Ballet National de Marseille viendra danser la création attendue de ses nouveaux directeurs (Emio Greco

et Pieter Scholten), et Angelin Preljocaj déclinera les trois parties de son très abstrait et sidérant Empty moves. Mais il y aura surtout beaucoup de musique : un peu de jazz (Paul Lay puis le Belmondo Sextet), un récital Bach, un autre des deuxièmes sonates (Mozart, Beethoven, Schumann et Prokofiev), une folle journée Schubert/Beethoven après une folle journée baroque, un Pierre et le Loup avec l’Orchestre de Marseille. De la musique contemporaine très littéraire lors du Festival Les Musiques avec Benjamin Dupé qui met en notes des extraits de La Haine de la musique de Pascal Quignard, et Georges Boeuf qui crée une symphonie avec l’orchestre de Marseille et trente chanteurs (Musicatreize) à partir de Rimbaud et Mallarmé. Puis l’Académie d’Aix-en-Provence et l’OJM viendront clore la saison en musique, juste avant la nouvelle édition du Festival d’Aix... AGNÈS FRESCHEL

La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

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www.journalzibeline.fr Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10 Arts Visuels Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr 06 25 54 42 22 Livres Fred Robert fred.robert.zibeline@free.fr 06 82 84 88 94

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La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Christine Montixi, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Anne-Claire Veluire, Maurice Padovani, Lucas Giraud, André Gilles


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Pour Richard Martin, la loi du théâtre est celle du cœur avec ses rendez-vous fidèles : en mars 2015 dans une édition Spécial 20 ans du Festival Russe (théâtre, cinéma, expositions, cabarets, nuit romantique avec au piano le prodigieux Dmitri Karpov et au violoncelle le virtuose Mark Drobinsky) ; l’instant flamenco particulièrement brillant par la Compagnie Antonio Gadès dans Noces de sang d’après l’œuvre de Federico Garcia Lorca et Une Suite Flamenca où histoire et passion se conjuguent ; enfin, Festi’femmes, le Festival Mai-diterranée avec la Nuit de l’Anarchie où Michel Hermon chante Léo Ferré, la voix sublime de Mor Karbasi qui raconte l’histoire de La Tsadika, héroïne juive marocaine, et la pièce d’Isabelle Le Nouvel, Big Apple mise en scène par Niels Arestrup qui bouleverse par sa profonde simplicité. La programmation éclectique est d’une remarquable richesse, pour un peu plus de 35 propositions. Tous les genres du spectacle vivant sont représentés : cirque (celui, Invisible, de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée du 11 au 13 déc, ou vagabond Concerto pour deux clowns, prix du public Off au Festival d’Avignon 2013, le 6 fév) ; musique (Grande Nuit du piano avec l’intégrale des concertos de Brahms, le 18 nov, et l’événement au Dôme de Marseille avec une Flûte enchantée dirigée par Jacques Chalmeau et mise en scène par Richard Martin, du 17 au 19 avril) ; théâtre musical (L’incroyable destin de René Sarvil par Les Carboni, le 30 janv,

En attendant Godot © Cordula Treml

Multiple

Mobilis-Action du Teatro Actores Alidos, le 5 fév) ; danse (contemporaine par le Divadlo Studio Tanca, le 16 déc) ; poésie (le 20 janv, Jean-Paul Farré chante Ferré et le 10 fév la Nuit de la poésie unit Gilbert Laffaille et Jean Duino) ; et théâtre bien sûr, partitions pour solitaires, comme Dans la peau d’un noir de Clémentine Célarié (21 nov), La danse du Diable de Philippe Caubère (23 et 24 janv), Pour voix seule par Martine Amanieu (27 et 28 janv), ou encore accompagnés par des musiciens complices, Sérénade en mer, création d’Edmonde Franchi, et Abdoulaye Diop Dany Raconte Nelson Mandela (3 fév), sans compter les pièces où l’on retrouve des têtes d’affiche,

Mur, La tempête, Yeraz, En attendant Godot, Comment vous racontez la partie, la création Mathilda. Enfin en ouverture, le 10 octobre, sera rendu un hommage à Antoine Bourseiller, compagnon de route du Toursky, acteur, auteur, metteur en scène, chef de troupe, poète, qui a tant oeuvré pour le renouveau culturel de Marseille. MARYVONNE COLOMBANI

Le Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 www.toursky.org

Les riches heures de La Friche On ne présente plus La Friche La Belle de Mai, lieu emblématique de la vie culturelle marseillaise, véritable vivier d’artistes de tous poils, structure toujours en mouvement. En cette rentrée 2014, elle ne faillira pas à sa tradition d’accueil, avec notamment la tenue du festival Marsatac du 25 au 27 sept (voir p44). Les soirées musicales gratuites sur le toit-terrasse, si courues cet été, se clôtureront les 19 et 20 septembre avec le festival South of Nowhere orchestré par l’association Ave the sound : du rock à toutes les sauces, de la pop au punk, avec une dizaine de groupes et DJ’s (Les Sur le toît terrasse © Flashback Photographie Tikis, Big feet, The Monkberry Les vingt-quatre heures de l’architecture (lire Moon Orchestra, Martin Hemmel, etc.). en ligne notre article d’annonce sur cette Parmi les multiples propositions théâtrales -lire manifestation). Bien fait pour titiller les sens, p 6 notre article consacré à Actoral-, on ne le thème de cette 2e édition s’intitule Désir de manquera pas l’épopée comorienne Kara’, les 15 villes... Tout un programme, destiné à rapprocher et 16 octobre à La Cartonnerie. La compagnie le monde de l’architecture du grand public, à L’orpheline est une épine dans le pied a travers rencontres et conférences balisées par travaillé un récit issu de la tradition orale des une scénographie conçue par l’Agence PAN. Comores en s’appuyant sur les travaux d’un Les 27e Instants Vidéo auront lieu les trois anthropologue, Damir Ben Ali (voir p51). dernières semaines de novembre. Le Festival Dans la foulée (les 17 et 18), La Friche accueillera international des arts vidéo et multimédias

accueillera cette année les installations de 14 artistes taïwanais, et nombre d’autres venus de Finlande, du Pakistan ou de Hongrie. On pourra découvrir le travail de vidéastes traitant «de la libre circulation des corps et des désirs» (selon les mots de Marc Mercier, son directeur artistique) lors des projections où plus de 250 œuvres seront diffusées, des rencontres, débats et performances. Ce festival se veut «un camp ouvert de réfugiés poétiques», et revendique une dimension politique revigorante. Enfin côté expos, on peut noter que le 3e étage de la Tour Panorama accueillera du 10 octobre au 21 décembre Mangaro, une proposition du Dernier Cri sur la scène graphique japonaise, à partir de l’historique d’un magazine culte (Garo, publié de 1964 à 2002). Le versant parallèle de ce projet est présenté au MIAM de Sète. GAËLLE CLOAREC

La Friche La Belle de Mai, Marseille 04 95 04 95 04 www.lafriche.org



De tout, partout, pour tous Présenter la saison des trois Théâtres dirigés par Dominique Bluzet est chaque 18 année un exercice d’équilibre ! S Pour cause de pléthore... A bienvenue ! I S O N S

La musique, les musiques, y sont de plus en plus nombreuses et variées, mais toutes les autres formes de spectacle sont représentées. Avec des temps, forts, des fidélités et des priorités, mais c’est le but évident d’inviter au théâtre les publics les plus divers, et d’offrir de la fête à chacun, selon ses goûts et au-delà. Ainsi les nouveautés de la saison s’appuient sur les succès précédents construits autour de publics qui vont peu au théâtre ou au concert classique : cela commencera par un concentré de jazz dès octobre au Jeu de Paume ; et pour faire plaisir (aussi) aux plus jeunes, un temps fort de cirque en décembre avec trois spectacles de l’impressionnante Cie québécoise Les 7 doigts de la main. Pour le reste chacun trouvera, entre Jeu de Paume, Gymnase et Grand Théâtre, des propositions à son goût. Les Marseillais devront aller à Aix durant le premier trimestre, travaux d’embellissement obligent, mais ils se rattraperont dès janvier. Ceux qui aiment les classiques pourront commencer par Le Mariage de Figaro mis en scène par Agnès Régolo, et finir par Casimir et Caroline de Ödon von Horvath, deux créations coproduites par Les Théâtres. En passant par Tchékhov (Les Méfaits du tabac mis en scène par Denis Podalydès, Oncle Vania par Pierre Pradinas) un Shakespeare revu et corrigé par Denis Lavant, un Candide conté par une toute jeune équipe coproduite par le Gymnase, Pantagruel passé par le tamis de Benjamin Lazar, un Godot que Jean-Pierre Vincent viendra créer à Marseille... Ceux qui aiment à retrouver sur les planches les comédiens de leurs écrans croiseront Cristiana Réali, Pierre Arditi et Evelyne Bouix, André Dussollier, Isabelle Carré, Judith Henry et Vincent Dissez, Mathilde Seigner et François Berléand. Romane Bohringer, ou Sandrine Bonnaire dans un texte de Samira Sedira. Ariane Ascaride qui collabore avec Thierry Niang pour porter sur scène un texte de Marie Desplechin... Les metteurs en scène invités ont pour nom JeanLouis Martinelli, Philippe Adrien, Bernard Murat ou Jean-Michel Ribes, mais la jeune garde (et les femmes !) n’est pas absente avec Rodrigo Garcia, Raphaëlle Boitel, Gloria

Pantagruel © Nathaniel Baruch

Paris, Toshiki Okada accueilli dans le cadre d’Actoral, Maëlle Poésy, ou encore Charles Eric Petit mis en scène par Alexis Moati (co-production le Gymnase). La franche rigolade sera là aussi, avec le Cabaret New burlesque, Gaspard Proust, Michel Boujenah et Arnaud Tsamere. Quant aux plus jeunes, en plus du temps fort cirque, ils se verront offrir des spectacles de (meilleure ?) qualité : Aladin dans les incroyables décors de Matej Forman, un beau texte de Fabrice Melquiot mis en scène par Roland Auzet, la danse de Josette Baïz par et pour les enfants, Catherine Sparta qui met en scène des textes de Roald Dahl, une variation sur La Belle et la Bête portée par Claude Buchval. Et le Cirque Eloize !

An die Musik !

Le célèbre Lied de Schubert («A la musique») pourrait bien être l’adage du GTP et dans une bonne mesure du Théâtre du Jeu de Paume, tant ces deux-là sont voués à la muse Euterpe. Ainsi la danse sera très musicale, et fera le tour des esthétiques contemporaines au Grand Théâtre : du sublime Tragedie d’Olivier Dubois jusqu’au Magifique de Thierry Malandain, en passant par Gallotta et Josette Baïz, les deux dernières grandes créations d’Angelin Preljocaj (Les Nuits et Blanche Neige), ou Mourad Merzouki qui marie le hip hop avec Schubert ou Phil Glass... interprétés par le Quatuor Debussy ! Les Aixois, et plus généralement la région alentour, sont à nouveau à la fête à la fin 2014 avec des têtes d’affiche telles que le baryton Vincent Le Texier dans des Lieder avec orchestre de Mahler, François-Frédéric Guy pour des Sonates au piano de Beethoven, Laurence Equilbey à la tête du chœur Accentus et d’Insula Orchestra pour un programme classique (Haydn, Mozart, Beethoven, Weber). La violoniste Julia Fischer joue des Sonates de Bach, Prokofiev et Brahms, l’Orchestre National de France Tchaïkovski (avec Sarah Nemtanu dans son Concerto pour violon et sa

5e symphonie). La jeune soprano russe Julia Lezhneva chante des airs virtuoses du jeune Haendel en Italie, alors que Natalie Dessay s’attaque à des pages extraites du Giulio Cesare du même Haendel en compagnie du Concert d’Astrée. Le jeune altiste primé aux Victoires de la Musique 2014 Adrien La Marca affiche un récital de pièces de genre, le piano de Mikhail Rudy fait sonner des Intermezzi de Brahms et la Sonate en si mineur de Liszt, Renaud Capuçon & Katia Buniatishvili interprètent de beaux opus pour violon et piano (Sonates de Grieg, Franck...), Café Zimmermann des Concerti baroques, tandis que le ténor Christoph Prégardien choisit un florilège de Lieder de Schubert et le chœur Arsys Bourgogne dans des chants de Noël... Au cœur d’une programmation fourmillante, on retient des venues étoilées : le fabuleux contre-ténor Bejun Mehta, la fascinante Hélène Grimaud au piano ou le nouveau prince (charmant !) des guitaristes Milos. La grande mezzo Anne Sofie von Otter y côtoie Michel Legrand, Sandrine Piau, Pierre-Laurent Aymard, les Sœurs Labèque, la soprano Isabelle Druet ou le Quatuor Jerusalem, Jean-Philippe Collard, le ténor Stanislas de Barbeyrac, Thomas Leleu au tuba, le piano de Sunwook Kim, les orchestres Les Siècles, Anima Aeterna, le Philharmonique du Pays d’Aix, l’Orchestre Français des Jeunes, l’Ensemble Pygmalion, Célimène Daudet & Amanda Favier... On ne manquera pas deux spectacles lyriques : une mise en scène du Voyage d’Hiver de Schubert, l’Orfeo & Euridice de Gluck en version de concert... sans oublier l’incontournable Festival de Pâques (du 30 mars au 12 avril) ! AGNÈS et JACQUES FRESCHEL

Le Gymnase, Marseille Le jeu de Paume, Aix Le Grand Théâtre de Provence, Aix 08 2013 2013 www.lestheatres.net


Dernière Saison… Rien ne se perd tout se transforme et au risque de froisser le philosophe présocratique tout se crée encore et toujours quand même… C’est à travers cet esprit d’«obstination» -le mot est d’Alain Fourneau- qu’il faut lire la programmation de sortie de l’équipe historique des Bernardines, destinées à devenir à partir de la rentrée 2015, sous la direction de Dominique Bluzet, le pôle «création» de l’axe culturel du centre-ville dont le Gymnase occupe l’autre bout. Quintessence de l’esprit Bernardines, voici d’honnêtes propositions qui prennent le risque de nous parler d’amour… et de l’acte de théâtre. Avec l’accueil d’artistes programmés dans Actoral -des lectures ode feu (Claro) ou de sable (Jean Yves Jouannais), des performances au titre éclaté (Stagiaires, Larmes, Tropiques d’Antoine Bouté / Arnaud Saury) ou ton sur ton (Mouvement sur Mouvement de Noé Soulier)-, ce début d’automne donnera sa place à François Michel Pesenti, le metteur en scène qui accompagne l’aventure depuis toujours : mise en espace et mise à nu/à neuf d’un texte de Suzanne Joubert de 1993 (Les gens sont formidables) ; reprise du glaçant-exaltant Purge dont la 3e soirée sera consacrée à La Dernière Chambre, résurrection d’un temps de répétition en compagnie de l’intégralité de Piano and Strings de Morton Feldman. Musique encore et souffrance ancestrale malicieusement sublimée dans le Tanto Amore de la comédienne bruxelloise Simonne Moesen qui confronte les plaintes des héroïnes pucciniennes à leur propre jouissance ; les Petits contes d’amour et d’obscurité du tendre et inventif Lazare promettent de belles étincelles d’émotion et d’intelligence (à la Minoterie), tandis que Marie Lelardoux fera vivre à travers les cinq comédiennes d’Utopia, tous des Barbares l’altérité telle qu’elle se manifeste dans les «failles» d’une langue parlée qui n’est pas la sienne. Des grandes voix plus tard dans l’année avec la formidable Marianne Pousseur dans un Phèdre de Yannis Ritsos, la création par Nathalie Béasse de Roses à partir du Richard III de Shakespeare et comme le suggère le titre faussement désinvolte du nouvel opus de Mireille Guerre Pour le reste on verra ! Quant au final, c’est une autre histoire ! Mais aux Bernardines tout ne se passe pas sur scène ; le travail se poursuit avec le Comptoir de lecture au lycée Thiers animé par Rachel Ceysson et dans la maison Claire Lacombe mise à disposition par l’association Habitat Social Alternatif, qui accueille des populations en difficulté : des artistes en résidence partagent des moments de vie et de création avec les habitants. C’est dans ce cadre saute-frontières que se prépare la polyphonie des Pénélopes qui réunira le metteur en scène Alain Fourneau, la chorégraphe Carole Vanni et un chœur de femmes résidentes. Mais alors si on a bien compris, c’est pas fini ? MARIE JO DHO

Les Bernardines, Marseille 04 96 11 04 61 www.theatre-bernardines.org Tanto amore © Hilde de Windt


Jeunesse en mode majeur

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Ecris-moi un mouton, Cie Arnica © Gaelle Delort

sont annoncés : La jeune fille, le diable et le moulin, par Olivier Py qui occupera la salle Seita, et Blanche-Neige par La Nouvelle Compagnie, au Grand Plateau. Pour les tout-petits à partir de 18 mois, la Cie Athénor présentera Noun, un conte musical dansé inspiré de la mythologie égyptienne. Et pour conclure ce partenariat avec La Criée, quel meilleur choix qu’un concert de rock ? Le groupe The Wackids joue sur des instruments jouets (plus faciles à charger et décharger) des airs connus de tous les parents, initie les gosses à leurs rythmes endiablés, et au bout de 10 minutes, plus personne n’est assis. Cette première partie de saison s’achèvera avant Noël avec une trilogie théâtrale ancrée dans l’histoire commune à la France et l’Algérie, par la Cie Arnica, un spectacle de danse et

arts numériques performé par Alessandro Sciarroni dans le cadre du festival Dansem, du cirque contemporain avec Fall, fell, fallen, rencontre entre le fildefériste Sébastien Le Guen et un musicien (Jérôme Hoffmann). Et enfin, Bêtes de foire, petit théâtre de gestes proposé par un circassien (Laurent Cabrol), une costumière (Elsa De Witte)... et un chien. GAËLLE CLOAREC

Retrouvez l’interview d’Émilie Robert sur la WebradioZibeline. Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Création et partage Le Théâtre Nono s’affirme aujourd’hui comme un lieu de fabrication et de création, attentif aux artistes de la région peu programmés dans les autres lieux marseillais. Malgré un contexte économique difficile (diminution du budget de l’État, baisse de la valorisation des intermittents du spectacle…), il poursuit sa volonté de lier un partenariat avec divers théâtres de Marseille -Théâtres du Merlan, du Gymnase, de la Criée- et veut travailler en lien avec le centre de création de Lieux Publics. Car les productions du Théâtre Nono sont diffusées en espérant toucher un large public, mais aussi créer avec ce dernier. La saison s’ouvrira le 19 sept puis elle commencera avec le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare mis en scène par Grégori Miège et Serge Noyelle dans l’Atelier Théâtre Amateur du Théâtre Nono (les 26 et 27 sept). La

La Tentation d’exister, Christian Mazzuchini © Mona

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Lancé à l’initiative du ministère de la Culture, le dispositif La Belle saison est destiné à promouvoir le spectacle vivant pour l’enfance et la jeunesse. Le Massalia coordonne le collectif constitué en PACA dans ce cadre, et sa nouvelle directrice Émilie Robert souligne que «malgré l’absence de moyens spécifiques», le théâtre «y sera actif, parce que nous croyons nous aussi que le spectacle jeune public n’est ni un genre mineur ni une sous-catégorie du spectacle vivant, mais témoigne au contraire d’une liberté et d’une inventivité particulières». Sa première programmation reflète ces convictions, comme le public du Massalia s’en rendra compte dès le début de la saison, avec le solo de Séverine Fontaine Regards. Créé lors du Festival d’Avignon 2013, ce spectacle a été célébré pour sa force et la justesse de son propos ; il évoque la difficulté à vivre avec une différence, tout autant que la capacité à surmonter l’infamant jugement d’autrui sur soi... et de soi sur soi-même. On pourra assister aux représentations à partir de 13 ans, les 17 et 18 oct. Du 25 au 27, dans le cadre d’un partenariat avec La Criée joliment intitulé En ribambelle !, on découvrira Impermanence du Théâtre de l’Entrouvert, sur des textes du norvégien Tarjéi Vesaas. À la fin du mois, place aux Mooooooooonstres de la Cie Label Brut, pour aider les enfants de 3 ans et plus à chasser la peur tapie sous leur lit, puis à Pinocchio adapté de Carlo Collodi par le Caliband Théâtre... sous forme de polar. Début novembre, deux contes des frères Grimm

programmation continuera avec L’Ostinata, cabaret lyrique conçu et interprété par Alain Aubin (les 10 et 11 oct), et se poursuivra avec La tentation d’exister de Christophe Tarkos mis en scène et interprété par Christian Mazzuchini (15 nov). Ensuite, place à La méthode

de Richard Martin mis en scène par Leda Atomica (28 nov). Puis aura lieu une soirée spéciale où le Théâtre Nono proposera des rencontres exceptionnelles au cours desquelles le public pourra découvrir les artistes du lieu, leurs écritures ainsi que leurs arts divers.

Il s’agira d’un échange dans un esprit d’ouverture porté sur la recherche artistique et son aboutissement (13 déc). L’année 2015 s’ouvrira le 30 janv avec une soirée appelée Les petites histoires du vendredi soir créée spécialement par le Théâtre Nono. Viendra ensuite un music hall déjanté intitulé Réveillons le printemps (27 et 28 mars). Pour finir, la saison s’achèvera, du 5 au 20 juin au Purgatoire du Théâtre Nono par six soirées échelonnées proposant divers spectacles de compagnies artistiques proches du travail des Nonos. Le public est attendu, dans un esprit chaleureux. ALICE LAY

Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 64 59 www.theatre-nono.com



S A I S O N S

nous invite autour d’une table. Travail minimaliste de Stéphane Protic autour de maquettes d’habitation, dans Variatio, tandis que Guillaume Loiseau imagine l’hôpital Montperrin comme un décor de cinéma, qu’Emilie Schalck fabrique des objets issus des traditions de fêtes pour les mettre en scène, et que Clémentine Carsberg porte un sourire tendre et

ironique sur le quotidien qu’elle redessine en collages et volumes… MARYVONNE COLOMBANI

3bisf, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 www.3bisf.com

L’engagement continue Cette année encore, les ATP d’Aix perpétuent la tradition d’un «théâtre de qualité pour tous» fidèle à l’esprit des Amis du Théâtre Populaire, c’est-à-dire au plus près de la création et fidèle au texte. La saison débutera avec le Chant 1 de l’Énéïde, œuvre majeure qui évoque la guerre de Troie. Elle sera récitée par Miloud Khétib dans une mise en scène de Marie Vayssière (26 et 27 nov au Théâtre Vitez). Dans le même lieu sera joué Je suis, un spectacle sur l’oubli et la mémoire écrit et mis en scène par Tatiana Frolova (2 et 3 déc). La saison continuera avec un classique du répertoire, Tartuffe, mais cette fois-ci mis en scène pour un seul comédien par Guillaume Bailliart (du 14 au 16 janv au Théâtre des Ateliers). Par la suite, le metteur en scène Laurent Gutmann fera ressentir la force particulière de l’écrivain israélien Hanokh Levin et de son œuvre La putain de l’Ohio (18 mars au Théâtre Vitez). Du 25 au 28 mars, Benjamin Lazar et Olivier Martin-Salvan présenteront leur version de Pantagruel, œuvre de Rabelais à la fois crue et sage (au Jeu de Paume). Au Théâtre des Ateliers, le metteur en scène Matthieu Roy présentera la dernière pièce de Fabrice Melquiot, Days of nothing, œuvre dans laquelle l’auteur a choisi de parler de l’adolescence (20 et 21 avril). La saison se clôturera au Pavillon noir (27 et 28 mai) avec les représentations de Le sorelle Macaluso, fable sociale sicilienne écrite et mise en scène par Emma Dante,

Je Suis © Igretsov

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Le 3bisf multiplie les résidences d’artistes, soutient les projets de recherche de création, laissant toute latitude aux artistes. Des répétitions publiques ou des présentations d’étapes de travail leur offrent de précieux moments de partage et de réflexion. L’essentiel est le temps offert, celui de la rencontre, de l’expérimentation, dans les domaines du théâtre, des arts visuels et de la danse. Chacun propose aussi des ateliers, qui permettent de faire de la magie, de créer des objets, de rêver, de faire du cinéma, de danser… on peut aussi tout simplement se laisser porter par la poésie déjantée du Détachement international du Muerto Coco (12 nov) qui joue de la magie et du pouvoir des mots, ou encore revivre dans le cadre de Momaix les Aventures de Pinocchio avec l’Autre Compagnie qui s’inspire ici du modèle de la bande dessinée (29 nov), ou suivre les traces d’Œdipe sur la route d’Henry Bauchau, avec un époustouflant solo de marionnette de glace et de matières animées, Anywhere par le Théâtre de l’Entrouvert (13 janv), ou plonger dans le monde décalé des Bottes à nique de Anne Marina Pleis du Théâtre 27 qui compose des variations de marionnettes autour de l’univers de Jean Dubuffet (10 et 11 fev). La danse de la Cie Décalé Koné brouille les pistes, mélange les styles (voir p 56). Les relations humaines sont disséquées par le quatuor de danseurs de La Zouze, Cie Christophe Haleb, dans Communextase objet d’une résidence de recherche assortie d’un atelier. Festif et convivial, l’atelier de la 5e édition de Nouveaux regards avec 6 jeunes diplômés de l’école supérieure d’art d’Aix

© Laurent Garbit

Du contemporain en bien commun

créée au festival d’Avignon cet été (voir Zib 76). Par ces choix ambitieux, les ATP d’Aix montrent qu’ils savent innover au fil du temps : les adhésions sont ouvertes, et le meilleur du théâtre proposé à Aix est là. ALICE LAY

ATP Aix 04 42 26 83 98 www.at-paix.net


Exigeant et populaire Quatrième saison déjà ! et c’est toujours la même exigence de qualité et de partage qui anime le Bois de l’Aune, avec ses rencontres, ses collaborations avec d’autres structures, culturelles et sociales, que ce soit le CIAM, le théâtre Vitez, le 3bisf, le quartier du Jas de Bouffan. Jusqu’en décembre, pas moins de onze spectacles ! On se délectera notamment des mots de Pascal Quignard par Marie Vialle de la Compagnie Sur le bout de la langue, dans une «longue suite baroque», Princesse vieille reine ; la seconde édition du festival À l’abordage ! réjouira grands et petits avec quatre propositions ; L’Auguste Théâtre de Claire Massabo nous plongera dans l’antiquité grecque avec une Odyssée sous une tente autour d’un bac à sable, et En direct de l’Olympe où les acteurs deviennent des super-héros mythologiques… une cour de récré pleine de fantaisie et d’imagination. On se souvient de Dobout an bout, de la Cie réunionnaise Cirquons Flex et de sa virtuosité, on les retrouve pour Points de suspension, déjà tout un programme ! On reprend le chemin des contes avec Le petit Poucet d’après Charles Perrault qui, dans l’interprétation de Laurent Gutmann et sa Cie La dissipation des brumes matinales, se livre à une relecture de notre société de consommation. Quittons le festival

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Odyssée, L’Auguste theatre © X-D.R

pour les lectures croisées de La Fabrique de l’éphémère avec Claire-Ingrid Cottanceau, Micheline Welter, Jean-Baptiste Sastre et Alain Simon, sur des écritures d’auteurs contemporains. Partons ensuite en Sicile avec la Cia Scimone-Sframeli dont nous avions applaudi Nunzio, et La Festa puis Bar, courtes pièces tragiques et humaines. Dans une forme mêlant danse théâtre et musique, Dorothée Munyaneza et la Cie Kadidi rappellent dans Samedi Détente le Rwanda, il y a vingt ans.

Enfin, Taoufiq Izeddiou revient avec la Cie Anania danse pour Une autre danse avec un projet participatif mené avec vingt femmes du quartier du Jas de Bouffan. MARYVONNE COLOMBANI

Bois de l’Aune, Aix 04 42 93 85 40 www.aggl-paysdaix.fr/culture/bois-de-laune/ agenda.html

PS O A LI SI O T N I Q S U E C U L T U R E L L E


S A I S O N S

que sont les Fills Monkeys et leur Incredible drum show (4 oct) aux soirées Jazz en sous-sol qui verront la chanteuse malgache Rachel Ratsizafy, le trio de Simon Bolzinger et le Jazzmin Quartet se succéder. On ignore par contre si la nouvelle municipalité d’Aubagne renouvellera le partenariat de trois ans avec Lieux Public, qui arrive à son terme,

et dont dépend la tenue en juin du festival des arts de la rue Chaud dehors. GAËLLE CLOAREC

Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

Utopie et liberté L’Espace NoVa de Velaux, fort d’un large succès public dû à la qualité et la pertinence de ses choix artistiques, poursuit sa belle démarche et met l’accent sur les thèmes de la liberté et de l’utopie (objets de trois conférences) avec un éventail de spectacles éclectiques. Un accompagnement dès le plus jeune âge avec un Carnet culturel donné à tous les CP -et qui les suivra tout au long de leur scolarité, des ateliers, des interventions dans les classes, un travail suivi avec les artistes en résidence, une place accordée aux fous de théâtre de Culture’Mania qui non seulement accueillent les artistes, mais font aussi partager leurs coups de cœur, La botte secrète de dom Juan (17 oct). S’il y a quelques spectacles issus d’autres région du monde, le poétique Knitting peace (4 et 5 oct) par la grande compagnie de cirque suédoise Cirkus Cirkör, le génial ballet Swan Lake de Dada

Monsieur Agop, Cie La Naïve © Laurence Hebrard

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L’ambition de Jean-Luc Dimitri, directeur du Comoedia d’Aubagne, est d’en faire un théâtre «ouvert, avec un programme équilibré, conjuguant exigence artistique et travail de proximité». Cette année verra la mise en place d’un système de covoiturage pour permettre aux personnes isolées ou sans véhicule de fréquenter la scène municipale, tandis que des abonnements «Sortie en famille» sont toujours disponibles à prix doux. La programmation de cette saison reste fidèle aux points forts du théâtre, en panachant les propositions de compagnies locales, d’artistes réputés et de jeunes talents. Elle commencera dans la bonne humeur avec L’oeuf, la poule ou Nicole ? un spectacle d’humour et d’aviculture porté par Nicole Ferroni (19 sept). Plus tard, on retrouvera de grands classiques du théâtre : le Hamlet de Jex Pire adapté très librement de Shakespeare par la Cie Fluid Corporation (25 sept), le Cyrano de la Cie Le souffle, plusieurs Feydeau -dont Mais n’te promène donc pas toute nue, mis en scène par David Legras et Virgile Tanase (16 oct)- , ainsi que Le Mariage de Figaro par Agnès Régolo. La programmation jeune public a été renforcée, avec notamment des spectacles accessibles dès 2 ans comme Pierre à Pierre, adapté d’un ouvrage d’Isidro Ferrer par la Cie L’Home Dibuixat, et une collaboration intense avec le Festival du livre et de la parole d’enfant Grains de sel. Comme toujours, une grande place sera laissée à la musique, depuis les virtuoses des percussions

Fills Monkey © S. Gosset

L’année du Comoedia

Massilo le 6 juin (voir Zib 59 ), le remarquable Silence on tourne des virtuoses du hip-hop Pokemon Crew (7 fév), ou le dynamique groupe toulousain Zebda (15 nov), entre autres gourmandises, les compagnies de la région sont à l’honneur, des acteurs amateurs

de Frou-Frou (21 nov) à Antigona en création par la Cie La Naïve (7 nov), de Poucet ou le temps des mensonges par Macompagnie de Jeanne Béziers (16 fév), de M. Agop de la Cie Naïve (20 fév) à Nous autres, création de Cartoun Sardines (18 avril). Bien sûr le

festival Les Classiques de Velaux (Agence Artistik) accueillera de très beaux moments lyriques avec Offenbach et ses amis (1er avril), et rien de moins que le Requiem de Mozart avec l’orchestre philharmonique de l’Opéra de Marseille dirigé par Michel Piquemal. Entre autres surprises, il y aura aussi les AP Live, émission tv diffusée par la chaîne Marseille (LCM) enregistrée en public avec des artistes émergents de la région. Enfin, on assistera en mai à la naissance d’un nouveau festival des arts numériques, Overclock, avec le travail de Nomade village et son spectacle Des corps de Ville, et de nombreux ateliers. MARYVONNE COLOMBANI

Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com



Les fidélités du Sémaphore Blanche Neige, Angelin Preljocaj © JC Carbonne

26 S A I S O N S

Nouvelle donne aux Salins

À la tête de la scène nationale de Martigues depuis un an, Gilles Bouckaert y programme sa première saison. Et y imprime sa marque en la construisant autour de plusieurs temps forts comme autant de fils conducteurs : un cycle «Afrique» qui émaillera la saison de rendez-vous autour de la création africaine en danse ; Le Train bleu, projet artistique itinérant qui se déroulera au printemps dans les villes traversées par la ligne du TER qui passe de Martigues à Port-de-Bouc, d’Istres à Martigues et de Niolon à Marseille ; Art et industries, un cycle qui propose, à travers une expo d’arts numériques installée au Théâtre et sur certains sites industriels, un parcours ludique et festif qui se situe dans le prolongement de La Nuit industrielle créé pour Marseille Provence 2013. Une saison placée sous le signe des formes nouvelles, qui fait la part belle à la danse et au théâtre. C’est en danse, justement, que se fera l’ouverture (si l’on excepte Julien Doré le 3 oct), avec la dernière création de Salia Sanou, figure de proue de la danse africaine contemporaine au Burkina, pour 3 danseurs et 5 lutteurs : Clameur des arènes (7 oct). Ce premier rendez-vous du cycle africain permettra aussi de découvrir la chorégraphie de Dorothée Munyaneza, survivante du génocide rwandais qui danse l’indicible dans Samedi détente ; la danse physique et énergique de Delavallet Bidiefono, empreinte de l’histoire dramatique du Congo dans Au-delà et Soirée Maquis ; la comédie musicale Via Sophiatown qui rend hommage au quartier de Johannesburg symbole de la lutte des artistes contre l’apartheid ; et My Brazza de Ronan Chéneau, mis en scène par David Bobee pour le danseur congolais Florent Mahoukou. On verra aussi la version

féerique d’Angelin Preljocaj sur Blanche Neige, la Cie Espagnole Aracaladanza, la vision détournée et originale que les frères Ben Aïm ont des contes, du hip hop avec Mourad Merzouki, les pièces revisitées par Josette Baïz de grands chorégraphes… En théâtre aussi beaucoup de propositions, de formes diverses : Dieudonné Niangouna raconte comment il est devenu homme de théâtre dans Le Kung-Fu, Nathalie Grauwin monte un Feydeau très peu joué, Le Bourgeon, le Chœur des femmes mêle sa parole collective dans Magnificat, Cyril teste met en scène et en images Joël Jouanneau, un dyptique monté par Robert Cantarella sur un texte de Christophe Honoré fait réfléchir à la violence faite aux femmes et celle faite par les femmes… et on verra aussi Les Chiens de Navarre, Béatrice Dalle dans Lucrèce Borgia… Les musiques sont là aussi, avec du jazz (Belmondo Family sextet, Samy Thiebault en quartet), des musiques actuelles (Soma, La Face cachée de la lune d’après Pink Floyd), du classique (Orchestre régional de Cannes) et une soirée lyrique. Enfin, la petite salle du «Bout de la nuit» se transformera, en 2e partie de soirée, en club pour accueillir des formes plus cabaret ou concerts intimistes. On regrettera que les artistes de la région ne trouvent plus à Martigues un lieu qui les accueillait, les associait et les coproduisait : cela manquera fortement dans le paysage régional, où les lieux de production n’existent quasiment plus... Do.M.

Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net

Pierre Grafféo, directeur du Sémaphore à Portde-Bouc, est plus combatif que jamais, continuant à défendre un projet artistique cohérent dans ce «lieu de création et diffusion incontestable sur le plan régional». De fait, les compagnonnages se poursuivent avec des compagnies régionales qui seront accueillies en résidence, sur scène, et pour certaines dans certains lieux de la ville : le Dynamo Théâtre y créera Les Filles aux mains jaunes, histoire de ces femmes qui travaillaient dans les usines d’armement durant la Première Guerre ; la Cie Anima Théâtre créera elle Mijorées !, un projet qui rassemble 7 textes de 7 auteurs qui revisitent les contes classiques et explorent les figures féminines emblématiques ; la Cie Fraction reprendra La Peau dure, en appartement, et La Ronde de nuit d’après le roman de Patrick Modiano ; enfin, dernière grande résidence, celle des Cartoun Sardines, la compagnie s’installant dans la ville pour y initier des ateliers (du 5 janv au 13 fév), Les Petites utopies familiales, qui donneront lieu à un court métrage projeté au cinéma Le Méliès (5 fév), et jouer Nous autres au Théâtre. La saison pourra aussi compter sur d’autres «locaux» : Philippe Caubère fait l’ouverture avec trois soirées (voir p52) ; la Cie Du jour au lendemain avec Le Mariage de Figaro que met en scène Agnès Régolo ; la Cie L’Egregore avec L’Échange mis en scène par Ivan Romeuf ; la Cie Gorgomar jouera son Journal de grosse patate ; le Théâtre Nono propose un Beckett, En attendant Godot, dans un esprit de cabaret et de music hall; sans oublier la très poétique évocation de souvenirs d’enfance du Vélo Théâtre avec La Grenouille au fond du puits croit que le ciel est rond. En théâtre, on croisera aussi Philippe Torreton qui dit des textes d’Allain Leprest (3 oct), la Cie Qué Mas dans une pièce populaire d’Ödön von Horvath, Casimir et Caroline (qui sera créée au Gymnase), et dans une forme plus particulière, qui fait la part belle aux arts numériques, une adaptation de L’Homme qui rit de Victor Hugo par le Collectif 8. Et comme toujours de la (bonne) musique vous attend ! Du jazz, avec trois pointures : Tigran Hamasyan, Elisabeth Kontomanou et le Franck Avitabile trio. Do.M.

Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com La Ronde de nuit, Cie Fraction © Laurence Fragnol



Scènes et Cinés

garde le cap Avec ses six lieux culturels répartis sur le territoire intercommunal de Ouest Provence, Scènes et Cinés 28 offre une programmation riche et diversifiée S A I S O N S

C’est tout le territoire qui vit au rythme d’une culture «démocratique et citoyenne», selon la Présidente de Scènes et Cinés Nicole Joulia, dans un bel esprit de vivre-ensemble que permet une circulation indispensable du public et des artistes dans les 6 villes en question : Istres, Miramas, Fos, Grans, Cornillon et Port-Saint-Louis. Avec 120 spectacles, Anne Renault, la directrice artistique en charge de la programmation, peut se targuer d’avoir relevé un beau défi pour proposer de façon équilibrée (le théâtre se taille quand même la part du lion) tous les genres. Si les grands noms, ici comme ailleurs, sont très présents (Sandrine Bonnaire, dans Le Miroir de Jade dont elle est l’auteur, André Dussollier dans Novecento dont il signe aussi la mise en scène avec Gérald Sibleyras, Carole Bouquet, Josiane Balasko pour son texte Un Grand moment de solitude, François Rollin dans son personnage de professeur Rollin, Ariane Ascaride dans Le Silence de Molière, Jacques Weber dans L’Avare…), la régie culturelle poursuit toujours un beau travail d’accompagnement, et de fidélités, avec des compagnies régionales. Agnès Régolo met en scène Le Mariage de figaro, la Cie Anima Théâtre, accueillie plusieurs fois revient pour sa création Mijorées !, la Cie Piccola Velocitá est en résidence de création et présentera Vuelo, Gilles Cailleau pour Tania’s Paradise, Michèle Addala reprend La Parabole des papillons, Les Noces de sang de la Cie Le Cabinet de curiosité, Marie Provence revisite l’histoire de Victor de l’Aveyron dans L’Enfant sauvage ; en danse, on verra la Plage romantique d’Emmanuel Gat, toujours en résidence à La Maison de la Danse à Istres, qu’il a créée à Montpellier Danse l’été dernier ; les danseurs de la formation professionnelle

Circo Equestre Sgueglia, teatro Stabile di Napoli © Salavatore Pastore

Coline qui travaillent avec la chorégraphe catalane Angels Margarit ; Miguel Nosibor, en résidence pour la création d’Empreintes, avec l’écrivain malgache Raharimanana. Au fil de la saison, à suivre parmi les metteurs en scène programmés, Jean-Louis Martinelli pour L’Avare, Didier Bezace qui monte Le Square de Duras, Patrick Pineau qui revisite Shakespeare, Michel Fau, baroque, dans Le Misanthrope, Niels Arestrup pour Big Apple, Alfredo Arias et son Circo Equestre Sgueglia… Et quelques coups de cœur de l’équipe : L’apprentie sage-femme de Karen Cushman avec Nathalie Bécue ; l’hilarant Discours à la nation mis en scène par Ascanio Celestini ; Gros-Câlin, d’après Romain Gary, mis en scène par Bérangère Bonvoisin avec Jean-Quentin Châtelain… En danse, si le hip hop -de qualité- est toujours très présent (avec la Cie X-Press et la FTT, Forme Tout Terrain d’Abderzak Houmi ; Ce que le jour doit à la nuit d’Hervé Koubi d’après le roman de Yasmina Khadra ; la dernière création de Mourad Merzouki, Pixel…), on verra aussi Atomos de Wayne McGregor, la danse périlleuse et sauvage de Louise Lecavalier, Kaash, remonté aujourd’hui par Akram Khan, Giselle par le Yacobson Ballet russe… Les enfants seront aussi particulièrement soignés, avec une programmation qui s’adresse à tous les âges, dans tous les lieux : les marionnettes de 4M4A qui s’approprient quatre des plus grands

mythes (Orphée, Isis, Narcisse et Poséidon) avec du bois et du carton, un Pinocchio très inspiré par la bande dessinée, un Couac qui revisite les thématiques du conte à partir d’Andersen, l’invention d’un monde à part avec la Vie de Smisse de Damien Bouvet… Enfin, Les Elancées, festival des arts et du geste devenu incontournable dans le paysage artistique de Ouest Provence, revient en 2015 pour une 17e édition toujours aussi prometteuse… DOMINIQUE MARÇON

L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 Le Théâtre, Fos 04 42 11 01 99 Espace Pièle, Cornillon-Confoux 04 90 55 71 53 Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 Espace Gérard Philippe, Port-St-Louis 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr

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Journalzibeline.fr


La vie (s’)à Nîmes

Le Théâtre de Nîmes, rebaptisé Théâtre Bernadette Lafont en hommage à l’actrice nîmoise, dédie sa saison au danseur Alain Buffard, l’un de ses compagnons de route. Une attention portée aux absents et une fidélité de cœur, qui font d’autant plus résonner les fortes présences des artistes qui composeront les 43 spectacles programmés par François Noël. «La vie est à nous», une phrase-consigne qui anime le cœur battant du théâtre. La scène conventionnée pour la danse contemporaine en offre un programme réjouissant : Dreamed apparatus de Public in Private (2 et 3 oct), Nabil Hemaïzia et Anthony Egéa (22 oct), Philippe Découflé avec sa création Contact sur l’envers du décor (5 au 7 nov), Dorothée Munyaneza pour un hommage au Rwanda (27 et 28 nov). Vibreront aussi les pièces de l’Académie des Arts du Cirque de Tianjin (10 et 11 déc), de la Cie associée La Zampa, la prodigieuse Tragédie d’Olivier Dubois, Anne Lopez, Fabrice Ramalingom, le Nederlands Dans Theater 2, Israel Galván, et bien sûr le flamenco mis à l’honneur pour la 25e édition du Festival de Nîmes (13 au 25 janv). Le théâtre a aussi une place essentielle. Un homme qui dort, adapté de Perec par Bruno Geslin, ouvrira la saison, à l’aube ou au crépuscule, au Temple de Diane (24 au 27 sept). Puis, My dinner with André d’après Louis Malle par le tg STAN et de KOE (7 et 8 oct) questionnera les valeurs de l’art et de l’amitié, alors que Peter Van den Eede et Natali Broods reviendront pour une version française de L’homme au crâne rasé. Le collectif Les Possédés présentera Platonov, invitant pour ses 10 ans d’existence Emmanuelle Devos autour de Tchekhov (14 au 17 oct) et la Comédie-Française jouera un monument de la littérature russe, Oblomov, avec Guillaume Gallienne dans le rôle-titre (18 et 20 nov) ; les plus jeunes pourront (re)découvrir Peter Pan (26 nov) ou Mooooonstres (13 déc). Puis viendront l’Annonce faite à Marie mise en scène par Yves Beaunesne (2 et 3 déc), et en 2015, Au pied du Fujiyama de Jean Cagnard, Les Oiseaux d’après Aristophane par la Cie Mawguerite, deux spectacles de Pierre Maillet ressuscitant la Factory d’Andy Warhol, et l’artiste associé Patrice Thibaud s’amusera du milieu sportif dans Fair Play. Enfin, le programme musical sera lui aussi très attractif : de The Tiger Lillies (30 sept) au Cycle de musique mystique (1er concert le 10 oct), de Pascal Peroteau (15 oct) à la figure montante de la scène improvisée Maguelone Vidal (6 et 7 nov), jusqu’à La Folle Nuit de René Martin, l’oratorio performatif de Mathias Beyler ou l’opéra Aliados. DE.M.

Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com Public in private, Dreamed Apparatus © Dieter Hartwig


Arles nous relie au monde

Il sera plus que jamais question de liens au Théâtre d’Arles cette année, de ces liens qui unissent publics et artistes, lorsque les crises de tous ordres se font omniprésentes et qu’il devient urgent de nourrir la réflexion. Les spectacles programmés sont autant de rencontres excitantes avec des artistes qui racontent tous quelque chose du monde, par le biais d’écritures singulières, très contemporaines, qui se retrouvent dans les différentes propositions. Le théâtre a la part belle dans une saison qui verra aussi beaucoup de danse, du cirque, et une Semaine magique à vivre comme «un espace d’expérimentations». On verra donc Vanessa Van Durme dans Avant que j’oublie, un solo qu’elle a écrit et dans lequel elle joue une mère et sa fille en pleine confrontation de leurs vies respectives, avec infiniment de pudeur et d’amour ; l’adaptation d’un chef-d’œuvre de la littérature scandinave, Gertrud, par Jean-Pierre Baro, qui illustre le conflit du corps et de l’âme, dans la société bourgeoise du XIXe siècle où art, amour et politique sont étroitement liés ; un professeur profondément humaniste résister à la montée du nazisme dans la mise en scène de François Orsoni de Jeunesse sans Dieu de Ödön von Horváth ; l’adaptation très libre que Caroline Guiela Nguyen fait de Madame Bovary dans son impressionnant Elle brûle, entre fiction et réalité ; celle que fait Hubert Colas du dernier texte d’Annie Zadek, Nécessaire et urgent, qui s’interroge sur l’exil de sa famille juive-polonaise en 1937 ; la mise en scène sobre et délicate de Jonathan Châtel qui a traduit et adapté Petit Eyolf d’Henrik Ibsen qui donne à voir le portrait d’une société maladivement hantée par la perfection ; la dernière création de l’excellente Cie Le Boustrophédon, en résidence au Théâtre,

qui aborde dans Bleu Violon le thème de l’enfermement, de l’emprisonnement, toujours avec humour et émotion. La danse nous emportera sur le continent africain avec Souls d’Olivier Dubois, pour une magistrale traversée d’âmes tourmentées par le poids du destin, et Kinshasa Electric d’Ula Sickle qui mêle danse et musique pour donner à voir et à écouter une pop culture créative ; dans les images doubles rêvées par Vincent Dupont dans Stéréoscopia ; la performance mise en scène par Alessandro Sciarroni pour 5 danseurs dans Folk-s, will you stille love me tomorrow ?, un marathon magnétique de corps et de sons qui expérimente les limites de l’endurance ; dans l’univers magique de François Chaignaud qui imagine son solo Dumy Moyi comme un récital… Pour le jeune public, outre les propositions de la Semaine magique (Le syndrome de Cassandre de Yann Frish et Raphaël Navarro, Une séance peu ordinaire, entresort forain de Jani Nuutinen, et In Caravane with Raoul, petite forme chantée et déjantée de Mathieu Pasero), et le temps fort Des cirques indisciplinés qui fait l’ouverture (du 11 au 16 oct, voir p10), Tête haute de Joël Jouanneau entraîne dans un conte onirique où l’image vidéo devient langage scénique, Le Préambule des étourdis d’Estelle Savasta questionne nos handicaps minuscules et Le Rêve d’Anna nous éclaire autrement sur le monde qui nous entoure, avec les marionnettes hyperréalistes de Bérangère Vantusso. DOMINIQUE MARÇON

Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Diversité d’expressions, de formes et de genres, tel est le maître-mot de la nouvelle saison qui se profile à l’Alpilium de SaintRémy de Provence. C’est El Cid de l’Agence de Voyages Imaginaires qui ouvrira la saison théâtrale (7 oct), prolongeant les festivités pour une Table Nomade festive et gourmande. Puis viendront Les Pieds tanqués d’Artscénicum pour une partie de pétanque sur fond de souvenirs de guerre d’Algérie (28 nov). Pour les plus petits, Flûtt ! de la Cie Piccola Velocità offrira un nid douillet pour découvrir le monde (30 nov), et à partir de 3 ans, Skappa proposera un voyage dans l’univers de Gulliver avec Swift (15 mars). L’enfant sauvage de la Cie 7e ciel questionnera les plus grands sur la notion de tolérance et de socialisation (9 avril). La danse sera visible en famille : Rites de Denis Plassard (11 déc) s’amuse des danses traditionnelles en réinventant ses propres rituels ; Silence, on tourne ! par le groupe hip hop le plus titré au monde, Pockemon Crew, plonge dans la comédie musicale (31 janv). Le cirque sera en fête avec Ô temps d’o de la Cie Barolosolo (30 oct), un cirque d’eau où les situations acrobatiques burlesques s’enchaînent, et pour les adultes, Le syndrome de Cassandre de Yann Frisch offre un solo de magie et clown bluffant (12 fév). Alors que l’humoriste Nicole Ferroni activera sa dérision dans L’œuf, la poule ou Nicole (13 mars), les concerts émailleront la saison : duo flûte/guitare de Georges Minassian et Alex Boghossian (20 sept, Hôtel de ville), musique méditerranéenne avec Louis Winsberg (25 oct), classique avec Passion Schubert (9 nov), le Trio Karénine (21 fév) ou le Trio Jacob (2 mai), destiné au jeune public avec le conte symphonique Ali Baba et les quarante voleurs par l’Orchestre régional Avignon-Provence (14 nov) ou Djamil, le crocodile qui perdit ses dents (22 avril), pop rock avec Cats on tree (22 nov), rock (dès 6 ans) avec The Wackids (8 fév) ou électro avec Le Peuple de l’herbe (3 avril). DE.M.

L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 www.mairie-saintremydeprovence.fr O temps d’O © Pidz

S A I S O N S

Avant que j’oublie, Vanessa Van Durme © Jean-Louis Fernandez

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Grimpez l’Alpilium !


«Sauvegarder notre part de rêve», que voilà une belle feuille de route ! C’est celle que propose le Forum des Jeunes de Berre, lieu convivial et pluridisciplinaire, qui met en avant la nécessité de continuer à pouvoir penser librement, de ne renoncer à rien, et surtout pas aux rencontres qui nourrissent l’esprit. Cette année encore la programmation musicale est riche, émaillant la saison de blues, pop folk, jazz, folk et musique du monde... à commencer par la fête d’ouverture qui se fera en humour et en musique avec le violoncelliste-chansonnier Tonycello (26 sept). Ensuite ne manquez pas, entre autres, le blues du Marion Rampal trio qui fera résonner le Hall du Forum des rythmes de son dernier album, Main Blue (10 oct) ; la surprenante chanteuse et compositrice norvégienne Kristin Asbjornsen, dont la voix légèrement éraillée envoûte sur un répertoire de Negro spirituals (24 oct) ; la voix exceptionnelle de Malia, qui passe du grave à l’aigu dans un jazz qui se nourrit aussi de soul et d’électro (20 fév) ; le folk de la Nouvelle Orléans de la chanteuse et violoncelliste Leyla McCalla, qui l’enrichit de ses origines créoles et cajun (19 mars) ; l’alliance du jazz et de la musique mandingue que créent Ablaye Cissoko et Volker Goetze (10 avril) ; et le

Leyla McCalla © X-D.R

Berre, sans renoncements

plus ancien et plus grand groupe de musique des Pouilles dédié à la Pizzica, Canzoniere grecanico salentino, reçu dans le cadre du jumelage entre Berre et Meolo (21 nov). Du côté des plus jeunes, on se penchera sur le toucher, la transformation et l’invention du jeu avec l’inventivité sans bornes de

La Toute Petite Compagnie et sa Boîte à gants (14 janv), on visitera le laboratoire hors normes de la Cie la Clinquaille, une chocolaterie dont les moules en forme de poules sont autonomes et s’inventent des histoires (Papa est en bas, 4 fév), on revisitera l’histoire de Victor de l’Aveyron, l’Enfant sauvage qui survécut 12 ans seul dans une

forêt, que Marie Provence met en scène sur un texte de Bruno Castan (6 fév), et on revivra des souvenirs infiniment poétiques avec la Cie Vélo Théâtre dans La Grenouille au fond du puits croit que le ciel est rond (18 mars). Pour finir, ne passez pas non plus à côté de ces pépites-là : Italie-Brésil 3 à 2, le récit minute par minute du match de légende qui a opposé les 2 équipes en 1982, mis en scène par Alexandra Tobelaim sur un texte de Davide Enia (14 nov) ; le spectacle «hors catégorie» de Tony Canton qui transforme la BD de Ruben Pellejero et Denis Lapière, Le Tour de valse, en une séquence vidéo projetée image après image, accompagnée d’impros musicales (23 janv) ; le discours sans mots, tout passant par son corps, de la contorsionniste Tania Sheflan dans Tania’s Paradise mis en scène par Gilles Cailleau (du 20 au 22 mai) ; et, coup de cœur de l’équipe, La Collection crayoni de Roultabi productions, ou l’hommage rendu à une troupe circassienne d’antan, entre rire et émotion (17 avril). DOMINIQUE MARÇON

Forum des Jeunes, Berre-l’Étang 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com

De toutes les couleurs Cendrillon © Olivier Durand

La programmation culturelle de Gardanne s’adresse à un public très large, qui fait la part belle à la musique et au théâtre, sans oublier le jeune public ! Après une rentrée passée comme chaque année dans la rue avec Tremblement de rue (4 oct), la saison prend son envol avec la danse de la Cie La Licorne, Cellul’air spatial (10 oct). Très présente cette année, la musique se fera lyrique (Voyage en terre lyrique reprend de grands airs connus, le 7 nov) ou plus actuelle : on attend le groupe The Wackids, jeunes rockeurs déchaînés (21 nov) ; Brain Damage Meets Vibronics dans le cadre du Tour du Pays d’Aix pour la 1re fois à Gardanne (28 nov) ; le tremplin CourteÉchelle (6 fév) ; avec Anaïs (7 fév) et Frédéric Nevchehirlian

sources gitanes proposé par le spectacle Sur la route des gitans qui mêle musiques, danses et contes (16 janv), la Guitare amoroso de la Cie Choc Trio pour un clown et trois musiciens (30 janv), sans oublier les incontournables Chants de Noël (16 déc). Le théâtre enfin, avec Cyrano de Bergerac mis en scène par Bruno Deleu (5 déc), Rhinocéros d’Eugène Ionesco par la Cie Caravane (17 avril), et Cendrillon revue et arrangée par le Hangar Palace pour terminer la saison ! (24 avril). Do.M.

(28 fév) en têtes d’affiche. Mais aussi le Little groovy world de Cathy Heiting (19 fév), le théâtre musical

de Quartiers Nord et son Tous au piquet ! qui refait le monde en chansons (6 mars), le retour aux

Service Culture et Vie associative, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr

31 PS O A LI SI O T N I Q S U E C U L T U R E L L E


32 S A I S O N S

«On monte au paradis ?». C’est dans cet élan que le public, nombreux à la soirée d’ouverture de la Scène nationale de Cavaillon -rebaptisée La Garance-, est venu découvrir la saison dessinée par Didier Le Corre. Clin d’œil au prénom porté par Arletty dans Les Enfants du Paradis, la garance était aussi une plante dont la teinture rouge fit les beaux jours du Vaucluse au XIXe : sa couleur évoque le théâtre et les émotions diffusées par le spectacle vivant… et son anagramme reflète l’ancrage renforcé sur le territoire, notamment lors des tournées Nomade(s). D’émotions et de liens, il en sera question avec 33 spectacles pluridisciplinaires majoritairement familiaux, des artistes de la région, des découvertes, des coups de cœur, des paroles singulières et au centre, un questionnement sur la place de l’homme (et de la femme) dans le monde d’aujourd’hui. La danse sera privilégiée : PlayBach et Loom de Yuval Pick (en Nomade(s) les 2 et 3 oct puis 5 et 6 nov), Anne Nguyen et son bal.exe (14 oct), Arcosm, compagnie associée, avec le musical Bounce ! (4 nov), la dernière création des frères Ben Aïm La légereté des tempêtes (9 déc). En 2015, la très rock Marion Lévy présentera Dans le ventre du loup (9 janv), Le miroir de Jade de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna mêlera mouvement et théâtre, Sacré Printemps ! des tunisiens Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou sera dévoilé lors des Hivernales, et Shake it out de Christian Ubl présenté en intégral. Si le théâtre ne domine pas la 1re partie de saison, il sera précieux et éclairé : On ne paie pas ! de Dario Fo par Joan Mompart (14 nov) ; La grenouille au fond du puits… par le Vélo Théâtre (2 au 4 déc) ; Modèles de Pauline Bureau, une pièce militante sur la place de la femme, devrait séduire (13 janv). Tout comme Quartier lointain de Dorian

Rossel, issu du manga de Jirô Taniguchi (22 et 23 janv), et pour les plus jeunes, Un chien dans la tête d’Olivier Letellier (30 janv), Le préambule des étourdis (13 mars), À la renverse de Karin Serres (20 et 21 avril) ou le délicat Piccoli Sentimenti (8 et 11 avril). Programmée au Vélo à Apt (1er avril) et aux Halles (2 et 3 avril), la marionnettiste Colette Garrigan donnera 3 pièces inspirées de sa vie Outre-Manche. Côté cirque, Aurélien Bory et Phil Soltanoff reprendront leur féérique Plan B (17 et 18 fév). En Nomade(s) : Les mains de Camille par la Cie de marionnettes Les Anges au Plafond (19 au 21 nov), Tupp’ ou la coupeuse de feu de Nasser Djemaï par Angélique Clairand (11 au 20 fév), Quand m’embrasseras-tu ? par la Cie Brozzoni sur des poèmes de M. Darwich (25 au 31 mars) ; et des classiques, (tout) Shakespeare par Gilles Cailleau dans Le tour complet du cœur (15 au 24 avril) et Molière avec Sganarelle ou la représentation imaginaire par Catherine Riboli (19 au 23 mai). Quant au volet musical, il s’enrichit : Duelopus 2 de Laurent Cirade et Paul Staïcu (26 et 27 sept), les deux oiseaux sur le fil (Birds on a wire) Rosemary Standley et Dom la Nena (7 oct), Bachar Mar-Khalifé en 1re partie de Winston McAnuff & Fixi (17 oct), Ottilie{B} et Camélia Jordana (6 déc). Et en 2015, le groupe basque Oreka Tx, le Quatuor Debussy, et les 40Batteurs pour fêter l’été. DE.M.

La Garance, Scène nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com

Inauguration La Garance, 5 septembre 2014 © Delphine Michelangeli

Flavia Coehlo © Bernard Benant

La Garance au paradis

Embarquez au Thor !

Si la 3e saison de l’Auditorium Jean Moulin, emmenée par Arts Vivants en Vaucluse, cible encore davantage l’accueil des familles et l’accès à la culture pour tous, elle déploie manifestement une programmation optimisée et semble avoir atteint sa vitesse de croisière. Tous les arts sont mobilisés, avec en tête musique du monde, chanson française et jazz, mais aussi théâtre, danse, marionnette, cirque… pour faire de cet outil départemental de diffusion un lieu de découvertes et de circulation du spectacle vivant. La chanson française ouvrira la saison avec Karpatt et Pense-Bête (4 oct), relayés par Louis Chedid (11 oct). Les pointures musicales se succèderont : human beat box avec Ezra (8 nov), rythmiques et zygomatiques avec Fills Monkey (21 nov), Flavia Coelho (5 déc), l’Orchestre Régional Avignon-Provence, le slameur Dizzylez et le comédien-steppeur Mourad Bouhlali (13 déc). Puis viendront Moussu T e Lei Jovents, l’Ensemble Café Zimmermann, les frères (et sœur) Chemirani, Pierre Perret, le Projet Ouzbek de Rodolphe Burger et Yves Dormoy. En danse, sera donné May B, le joyau de Maguy Marin (24 janv) et en cirque, après la Cie Barolosolo (1er nov), Cordes d’Alexis Rouvre (31 janv) et Bleu Violon de la Cie Boustrophédon (28 et 29 mars). En théâtre, le jeune public sera choyé : Dans les tranchées, lettres de Poilus (14-18) par la Cie Art 27 (12 nov), Mooonstres du Collectif Label Brut (3 déc), Le tour complet du cœur par la Cie Attention Fragile (14, 17, 18 janv) ; et en avril, La pelle du large de Philippe Genty dans le cadre de Festo Pitcho, durant lequel la Cie On est pas là pour se faire engueuler donnera sa création jeune public d’après Andersen après une résidence au Thor. La Cie Grenade, lors des Hiveromômes (temps-fort créé pour les scolaires en amont des Hivernales de février), dansera Welcome. Enfin, Pierre Richard racontera sa vie d’artiste (12 avril). Sans oublier les Escal’à Thor et la découverte des artistes du Vaucluse et de la région chaque 2e mardis du mois à 19h (dès le 18 nov). DE.M.

Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr



S A I S O N S

Évidemment, l’essentiel de la programmation reste le théâtre, têtes d’affiche prestigieuses, Claude Rich et Dominique Pinon pour La Tempête de Shakespeare (27 nov) ou L’école des femmes mis en scène par Philippe Adrien, ou moins connues, mais toujours talentueuses. On goûtera la poésie de Fratrie [il me ressemble comtme l’hiver] de Marc-Antoine Cyr mis en scène par Renaud Marie Leblanc (17 oct), on vivra une coupe du monde Italie Brésil 3 à 2 palpitante même si on n’aime pas le foot, par la Compagnie Tandaim-Alexandra Tobelaim (15 nov), on appréciera la féroce gaité de Discours à la nation d’Ascanio Celestini et David Murgia (12 déc), on sera séduits par Pinocchio, d’après l’étrange rêve de Monsieur Collodi de Sandrine Gauvin et Sarah Gabrielle (19 déc), le conte devient numérique avec Tête haute de Joël Jouanneau et le Collectif MxM de Cyril Teste (13 janv), la thématique

du passage trouve d’étranges cheminements avec Ponts suspendus de Gustavo Giacosa, puis, en renversement des notions, c’est un Indien qui découvre l’Europe dans Il Mondo senza il Tutto, une épopée rocambolesque par Skappa ! (11 mars). À cela ajoutez le cirque, Durance hors les murs et un nouvel artiste associé au théâtre, Yoann Thommerel qui prend le relais de Sonia Chiambretto. Quel beau cadeau à la nouvelle directrice, Élodie Presles, qui prendra ses fonctions en octobre ! MARYVONNE COLOMBANI

Théâtre Durance, Château-Arnoux/SaintAuban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

Un Vélo tout terrain À la fois nom de la compagnie permanente et de la salle de spectacles, le Vélo Théâtre est investi depuis plus de vingt ans en Pays d’Apt. Le lien entretenu avec les communes des environs, et l’espace de création, ouvert en résidence à de nombreux artistes, en font un lieu essentiel dans cette région. Travaillant principalement sur le théâtre d’objets et les marionnettes, le Vélo accueille également des formes d’expression diverses. Du 20 au 27 sept, Le Campement Scientifique inaugurera la saison. Réalisé en collaboration avec le groupe N+1, Le Campement réunira artistes et chercheurs à Apt et dans la commune voisine de Caseneuve. Au menu, débats, ateliers, conférences gesticulées et les spectacles signés N+1, L’apéro mathématiques (25 et

promène entre Apt et les villages alentours, fait pour les enfants et leurs parents. Le Vélo y présentera son spectacle Y a un lapin dans la lune, et accueillera entre autres les compagnies Mazette et Piccolo Principe. Enfin, en avril, deux spectacles en co-réalisation avec La Garance (nouveau nom du Théâtre de Cavaillon), se joueront à Apt : Sleeping Beauty, de la compagnie Akselere) et Le tour complet du cœur (compagnie Attention Fragile).

Impermanence, Théâtre de L’Entrouvert © Eric Bourret

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Telle est l’ambition sans cesse réaffirmée de son directeur, Robert Pasquier. Le succès qui accompagne les différentes activités ne le dément pas. Cette année encore, la programmation suit cette approche éclectique et de qualité avec un accent supplémentaire accordé à la musique avec sept propositions parmi lesquelles le jazz domine, Jazz Racine Haïti du saxophoniste Jacques Schwartz-Bart (10 oct) dont le nouveau CD se nourrit des musiques traditionnelles vaudou, invitation au voyage de Shai Maestro Trio et The road to Ithaca (7 nov), divas sulfureuses du jazz avec China Moses et Raphaël Lemonnier (18 nov), véritable fête du jazz avec la Compagnie Nine Spirit et Raphaël Imbert dans Music is My Home (30 janv), reprise de Love suprême de Coltrane par Dal Sasso et Belmondo Big Band (4 avril). De la chanson pas si douce avec Slums, bidonvilles, inspiré du livre du sociologue Mike Davis, voix soul et guitare (17 fév), et du contemporain avec Hendécaméron par l’Ensemble C Barré (24 avril). La danse animera la scène de ses couleurs, contemporaines, avec la subtilité de Empty moves d’Angelin Preljocaj (3 oct), l’entre-temps esquissé par Laurance Henry de a k entrepôt pour Entre deux pluies (4 fév), le cri de Samedi Détente de Dorothée Munyaneza et la Cie Kadidi, (28 mars) le Rwanda, il y a vingt ans, -se souvient-on encore de l’horreur indicible ?-. Henriette & Matisse joue entre modèle pinceau et peintre brossés par les pas de Michel Kelemenis. Couleur hip-hop enfin, avec Anthony Egéa qui a été en résidence au théâtre Durance l’an dernier et sa nouvelle création virtuose Bliss (17 avril). En résidence aussi l’an dernier, Ottilie fera partager sa nouvelle création Histoires d’O deux, où chant et multimédia se mêlent (20 mars).

Fratrie c Didascalies and Co

Lieu de vie artistique

27) et Fromage de tête (26 et 27). Par la suite, le travail des compagnies en résidence sera à découvrir, avec notamment Ainsi fut-il ? de la Cie Coatimundi (28 nov), et

JAN CYRIL SALEMI

Impermanence du Théâtre de l’Entrouvert (11 et 12 déc). Du 6 au 15 mars aura lieu la 8e édition de Greli Grelo, festival itinérant initié par le Vélo Théâtre, qui se

Vélo Théâtre, Apt 04 90 04 85 25 www.velotheatre.com


Aventures en vallée alpine Andromaque, le collectif La Palmera © Damien Richard

La Scène nationale gapençaise décline son programme comme autant de cadeaux offerts à ses spectateurs fidèles et curieux, à l’Usine Badin ou sur son grand plateau qui peut prendre à l’occasion une configuration intime. Ainsi la saison se déroule au gré des découvertes et des fidélités, avec pour l’essentiel des formes inattendues, légères qui cherchent leur voie dans le métissage. Ainsi le collectif ildi ! eldi mettra en scène et en cinéma les textes d’Olivia Rosenthal, il y aura un concert dessiné, une rêverie, du théâtre d’objet par la Cie Turak, de la magie (Etienne Saglio), du mentalisme, de l’humour de vocables (Flor Lurienne et Léonor Chaix). Le cirque sera très présent acrobatique, forain et drôle, avec The elephant in the room du Cirque le Roux, Matamore de Trottola et le Boudu râleur, épique de Bonaventure Gacon. Le chorégraphe Alessandro Sciarroni s’essaiera à la transe et au marathon, Angelin Preljocaj mettra ses danseuses au hip hop, la Cie Arscom fera de la musique un objet de cirque, Cyril Teste rendra Joel Jouanneau numérique, le compositeur Benjamin Dupé fera sonner la Haine de la Musique de Pascal Quignard... Les formes théâtrales seront, elles aussi, peu académiques, et parfois allégées : en dehors du Cyrano de Bergerac mis en scène par Lavaudant, les textes seront montés par des collectifs : Les Possédés joueront Platonov de Tchekhov, le collectif La Palmera une adaptation d’Andromaque. Charles Eric Petit et ses Individus reprendront leur adaptation (in extenso, mais contextualisée) du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, et Alexis

35 PS O A LI SI O T N I Q S U E Moati viendra, sur un texte de Charles Eric Petit d’ailleurs, parler des adolescences (Et le diable vint dans mon cœur...). La saison se terminera au printemps, toujours attendu dans les Alpes avec une impatience particulière, pour le temps fort des Arts de la Rue : Tous dehors enfin (du 29 au 31 mai). Jusque là les autres rendez-vous rituels de la scène gapençaise rythmeront la saison :

expositions photo dans la galerie, excentrés qui écumeront les villes des Hautes Alpes, rendez-vous jeune public... AGNÈS FRESCHEL

La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Désormais scène conventionnée pour les écritures d’ici et d’ailleurs, le théâtre du Briançonnais place sa saison sous le signe de la curiosité avec une attention portée au jeune public dans le cadre de la Belle Saison. Les musiques du monde ouvriront le chemin le 7 oct, avec le duo métissé Winston McAnuff & Fixi, suivi par Bekkas Quartet (17 oct), Kamilya Jubran & Sarah Murcia (16 déc) et le World Kora Trio (16 janv). Les rendez-vous musicaux feront également un détour par la chanson française avec Ottilie [B] (28 nov) et Bazbaz (13 fév), par le jazz avec l’accordéoniste Vincent Peirani (6 fév) ou Sandra Nkaké & Jî Drû (27 mars), et le classique avec les deux virtuoses Ophélie Gaillard & Hae-Sun Kang (20 fév). Musical seront aussi le théâtre avec L’Incroyable destin de René Sarvil des Carboni (9 janv) et La Boîte à gants (10 et 11 mars), la danse avec Ce que le jour doit à la nuit d’Hervé Koubi (20 mars), et le cirque avec Les Rois vagabonds dans Concerto pour deux clowns (7 nov). Le solo Opticirque, cabinet de curiosités réinventera quant à lui l’illusion (30 mars au 3 avril). La création théâtrale offrira des émotions fortes :

Le sable dans les yeux, Lucile Jourdan © Isabelle Fournier

Le Briançonnais des curieux Le Sable dans les yeux par Lucile Jourdan, associée au théâtre, revisitera la tradition du conte (Paroles d’ados #3 19 au 21 nov), Braises d’Artefact questionnera la situation des femmes d’origine maghrébine en France (17 mars), Au dessus de la plaine les racines et l’errance (12 mai). Mise à nu avec panache de la tragédie de Sophocle par Philippe Car avec Sur le sentier d’Antigone (5 déc), puis se succèderont la Cie des Ô et La Sarbacane dans À la porte (20 au 22 janv), Loulou à partir de l’album éponyme dès 4 ans (21 au 24 avril), Illumination(s) d’Ahmed Madani racontant le parcours de vie de trois générations entre France et Algérie (7 avril), et Macbeth en forêt (14 au 16 mai). Quant aux Traversées dans les villages, après Aux p’tits oignons de Véra Schütz (11 au 17 oct), l’Héritage de Laurent Eyraud-Chaume offrira un voyage conté en pays d’utopie (9 au 13 fév) et Je hais les gosses titillera le sens de l’humour (13 au 18 avril). DE.M.

Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

C U L T U R E L L E


Liberté, j’attends ton nom Dreck © Sophie Hatier

36 S A I S O N S

Le Théâtre Liberté entame une nouvelle et belle saison. Pleine de risques, sur tous les tons et les arts. Mais restreinte. Non pas faute à leurs directeurs, qui réaffirment leur ambition pour leur ville, mais parce que l’attentisme des collectivités les oblige à réduire le nombre de spectacles, à ne plus produire de grandes formes, à offrir nettement moins de places aux Toulonnais. Quel gâchis, quand on constate la ferveur des spectateurs lors de l’annonce de saison, quand on observe les chiffres de fréquentation exceptionnels, sur des spectacles pas toujours faciles, autour de problématiques méditerranéennes essentielles à défendre dans cette ville qui fut la première grande municipalité Front national... L’urgence à penser l’autre n’est-elle

pas aujourd’hui manifeste ? Au nom de quel prétendu pragmatisme économique prend-on le risque de voir Toulon se refermer sur des amertumes qu’elle avait su dépasser ? Car le savoir-faire des frères Berling et de Pascale Boeglin n’est plus à démontrer : la saison est, malgré les difficultés budgétaires, bien équilibrée, et offrant de beaux moments : deux grandes réussites du festival d’Avignon seront à Liberté : Le sorelle Macaluso et Le Prince de Hombourg (voir Zib 76). De nombreux spectacles s’inscrivent dans des tournées régionales, prouvant que le Théâtre Liberté a su construire des collaborations, en invitant ses voisins, en travaillant avec eux, en coproduisant chaque fois que cela est possible. On aura donc ici comme ailleurs Carmen de Dada Masilo, Empty moves de Preljocaj (le 7 oct), Les âmes offensées de Macha Makeïeff ; L’or et la paille, Une nuit à la présidence de Jean-Louis Martinelli, Novecento de Baricco avec Dussolier et le Cabaret new burlesque soutenus par le Gymnase-Jeu de Paume... On verra aussi la dernière création de Rodrigo

Continuant de mettre notamment en lumière les anciens élèves des grandes écoles supérieures d’Art de Cannes, le concept Made in Cannes offre effectivement pour la saison un florilège de talents ayant intégré des compagnies d’envergure. Avec, par exemple, dès le 17 oct dans le cadre de P’tit Cannes à you, Le petit chaperon rouge de la Cie Divergences, une création chorégraphique expressionniste et cartoonesque ; ou encore Le Cabaret Gainsbourg par les élèves de l’ERAC (28 nov), Un homme qui dort de la Cie Hanna R (23 janv), Les noces de sang de F.G Lorca par le Cabinet de curiosités (29 et 30 janv) ou Le Mariage de Figaro, sous la houlette d’Agnès Régolo (6

AGNÈS FRESCHEL

Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Le jeu des 1000 euros © Christophe Raynaud de Lage

Cannes et ses lumières

Garcia, et celle d’Elise Vigneron ; Petits contes d’amour et d’obscurité, remarquable, de Lazare et L’Enéide mis en scène par Marie Vayssière, tous deux soutenus par les Bernardines. Plus spécifiquement, on notera la venue d’Ariane Ascaride pour incarner la fille de Molière, et celle des Bohringer père et fille pour leur spectacle sur les Brigades rouges ; la reprise du monologue Dreck mis en scène par Charles Berling (remarquable !) et la création de Calek, dans la même veine, monologue d’un homme au cœur de la Shoah ; le soutien aux compagnies varoises avec Kubilaï Khan qui ouvre la saison de ses Constellations, et la coproduction de Noces de Sang de Guillaume Cantillon ; la collaboration avec les structures varoises de musique et de cinéma, depuis l’Opéra de Toulon jusqu’aux Bijoux indiscrets de Claire Bodin, en passant par le Festival de Toulon et celui de la Musique d’écran. Toutes les musiques seront présentes cette année en commençant par Ibrahim Maalouf le 2 oct. Les propositions jeune public, très variées, seront concoctées pour la plupart avec le PôleJeunePublic du Revest : du cirque avec Mazut (les 10 et 11 oct) et Ali, très émouvant spectacle de Mathurin Bolze et des frères Thabet ; une création autour du Dictateur de Chaplin par le Teatro Delle Briciole ; les Brigands dans Offenbach ; les Contes chinois de Pierre Nouvel... Bref, l’offre de spectacles du Théâtre Liberté reste importante, variée et sans concession (malgré Boujenah et Nana Mouskouri...), et la diminution financière n’affecte pour l’heure que les productions propres des Frères Berling. Qui ont fait le choix de financer plutôt les productions des autres. Peu courant, non ?

fév). Monté par Bertrand Bossard, artiste associé au 104 parisien, Le jeu des mille euros recèlera une forme hybride et réjouissante (27 mars). Les anciens élèves du Conservatoire offriront eux, le 21 nov, leur Quatuor Hard Cordes, ceux de l’École Rosella Hightower danseront Apache, sur les œuvres de Bashung, pour la Cie Hors série d’Hamid Ben Mahi (13 mars). Un vingtaine d’évènements réjouissants seront ainsi programmés dans l’année. DE.M.

Théâtre de La Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com


Une année pas comme les autres 10 ans, 10 lieux, 42 spectacles, 162 représentations, 300 000 spectateurs, 250 compagnies : la ronde des chiffres du PôleJeunePublic au Revest illustre la vie foisonnante de ce site perché sur les hauteurs de Toulon ! Dès le 20 sept, sur la plage du village, les compagnies qui ont jalonné son histoire lanceront les festivités : Attention Fragile, les belges du Bronks, les italiens du Teatro delle Briciole, Skappa, Piccoli Principi. Mais il faudra attendre le 13 fév pour participer à la soirée anniversaire Laissez-moi rêver que j’ai 10 ans !. La saison, elle, débutera le 12 oct avec le spectacle de théâtre d’ombres et théâtre d’acteur Ciel des ours du Teatro Gioco Vita, autre fidèle compagnon. Le 23 nov, le Z5, Festival de ZikJeunePublic proposé avec Tandem résonnera jusqu’au Pradet, La Valette, Hyères, La Garde et La Crau… De nombreuses créations inédites irrigueront de sang neuf la saison comme autant d’occasions pour le public familial et scolaire de découvrir les danois du Sofie Krog (première en France de The House le 20 janv), les belges de la Need Company (Le Roi des chips au paprika le 17 avril et Raar ? Maar waar ! Incroyable ? Mais vrai ! le 30 mai), la compagnie allemande Stefan Wey (L’intrépide soldat de plomb d’après Andersen du 18 au 21 oct). Ou encore la Cie 32 Novembre avec le spectacle de magie nouvelle Cloc, le 27 janv, dans le cadre de la Biennale des Arts du cirque en Provence Alpes Côte d’Azur. Région hautement représentée par Attention fragile, Skappa, l’Orchestre symphonique de l’Opéra Toulon Provence Méditerranée pour le ciné-concert Les lumières de la ville (15 nov), le collectif Mains d’oeuvre qui revisite Le Roi Lear de Shakespeare (King Lear – fragments le 9 déc), la Cie 7e Ciel (L’enfant sauvage le 16 janv), la Cie Pop Up et son théâtre de bibelots (Mythochroniques le 31 mars), sans oublier Artefact qui présentera sa création 2014, Braises, où se mêlent théâtre et nouvelles technologies (3 avril). M.G.-G.

PôleJeunePublic, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com Soldat... © Alain Bazinsky


Plus éclectique qu’électrique…

S A I S O N S

Une fois n’est pas coutume, les 4e Rencontres de musiques sacrées du monde ouvriront la saison du Théâtre de Grasse en lieu et place de les clôturer (voir p45). Du 19 au 28 sept, le théâtre, l’espace culturel Altitude 500, la cathédrale, le parvis de l’office du tourisme et le Musée collection Fragonard seront pénétrés des sonorités venues du Maroc, du Liban, d’Ouzbékistan, de Chine, de Mongolie… Fin du tour du monde et retour dans les Alpes-Maritimes avec la compagnie grassoise Système Castafiore qui apporte sa touche de fantaisie les 14 et 16 oct avec deux pièces fondatrices de son répertoire, Aktualismus, oratorio mongol et 4Log Volapük, ballet en relief. Une façon de raconter un peu de ses 25 ans d’existence, dont 15 passés à Grasse. Puis le théâtre accueillera tour à tour The Wackids Worl Tour («un vrai concert de rock pour les enfants de 5 à 105 ans» les 5 et 6 nov), Éric Métayer et son Train fantôme (parodie des films d’épouvante les 14 et 15 nov), Mains d’œuvre (Macbeth expérience les 18 et 19 nov) et l’humour noir et décalé du collectif berlinois Familie Flöz (Hotel Paradiso les 26 et 27 nov à l’attention du jeune public). Un éclectisme qui se niche jusque dans le choix des nombreuses têtes d’affiche : Asa Nisi Masa, Asa Nisi Masa de Montalvo les 22 et 23 janv ; les 5 et 6 fév, Notre peur de n’être de Fabrice Murgia créé au Festival d’Avignon 2014 ; la pièce autobiographique Grand-père n’aime pas le swing dansée par Julie Dossavi le 10 fév ; Sapho et Denis Lavant dans Les amours vulnérables de Desdémone et Othello les 13 et 14 fév ; Francis Huster dans L’Affrontement les 12 et 13 mars ; le trio Laurent Ruquier-Michèle Bernier-Frédéric Diefenthal pour Je préfère qu’on reste amis les 15 et 6 avril. Sans oublier Salia Sanou qui fera entendre La clameur des arènes les 10 et 11 avril tandis que Kader Attou déploiera sa folle virtuosité dans The Roots les 12 et 13 mai, et Béatrice Dalle qui fait déjà l’unanimité pour ses débuts au théâtre dans Lucrèce Borgia mis en scène par David Bobée. Le rideau de scène s’entrouvrira également sur le travail des compagnies régionales telles Système Castafiore, 100° C Théâtre les 8 et 9 janv avec Comédie sur un quai de gare, Artefact avec Braises le 7 avril et L’incroyable destin de René Sarvil, artiste de music-hall raconté par Les Carboni les 17 et 18 avril. Deux temps forts rythmeront la vie du théâtre de Grasse qui fait le pari de programmer deux dates par spectacle, à savoir le festival Manca organisé par le CIRM, Centre national de création musicale de Nice, avec l’Ensemble solistes XXI dirigé par Philippe Lerous (21 nov), et le marathon de lectures «Ouvert la nuit» avec Marie-Christine Barrault, Dominique Pinon et Philippe Torreton pour clôturer en beauté le projet «Terre, Eau, Territoire» initié par le Dynamo Théâtre (29 nov).

Tout l’univers en plus petit © Sébastien Armengol

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Attention, vous êtes à La Valette !

M.G.-G.

Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com Hotel Paradiso Familie Flöz © Marianne Menke

Gilles Cailleau et sa compagnie Attention fragile sont en résidence à La Valette depuis deux ans et cela se voit : les artistes fêteront leur 15e anniversaire en public et en chapiteaux -comme ils les aiment- avec un florilège de spectacles. Du 3 au 18 nov, Un peu d’été avant l’hiver1 joué en alternance avec les incontournables Thomas parle d’amour, Tout l’univers en plus petit, Gilles et Bérénice, Tania’s paradise, et la création 2014 Encore des mots. Des spectacles portés chacun par un espace particulier : une yourte Kirghize, un chapiteau minuscule et du gazon dessous, un théâtre italien posé sous les étoiles ou des bancs en rond sous un velum. Tous explorent, à leur manière, le domaine de l’intime. Et pour ceux qui voudraient tenter l’aventure d’un incroyable «marathon fragile», il sera possible de suivre les cinq spectacles à la queue leu-leu les 8 et 16 nov entrecoupés de pauses culinaires bienvenues ! C’est çà l’esprit de La Valette qui offre, au Théâtre Marelios, sur le terrain Allio ou au centre culturel Albert Camus, la possibilité de vivre en famille des soirées de théâtre, de musique et de cirque. La preuve encore avec l’ouverture de la saison, le 11 oct placée sous le signe du rassemblement : au programme projections, extraits, morceaux choisis, interventions et autres surprises concoctées par les artistes invités. La saison, c’est aussi des événements (Une nuit au Brésil le 14 mars, Un soir, un artiste avec Jean-Michel Bossini les 27 janv, 24 mars et 21 avril, L’oreille des lieux de Régine Chopinot de sept à juin) et des sorties chez les proches voisins à Toulon (Carmen de Dada Massilo au théâtre Liberté le 7 fév) et Ollioules (Alonzo King Lines Ballet le 27 juin). MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Événement coréalisé par la ville de La Valette-du-Var, le PôleJeunePublic TPM, le théâtre Liberté, le CDNC Châteauvallon et l’Espace des Arts du Pradet dans le cadre de la résidence. 1

Théâtre Marelios, La Valette 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr


Draguignan l’universelle C’est avec la facétieuse sud-africaine Dada Masilo que Théâtres en Dracénie ouvre le bal d’une saison danse riche et métissée : après Dada Masilo’s Carmen le 4 oct, place au nouveau projet de Mourad Merzouki (Pixel le 16 déc), Les Ballets jazz de Montréal (12 fév), Via Kathelong Dance (Via Sophiatown le 17 mars), Wayne McGregor (Far le 21 mars), Sébastien Ly (Outremer le 24 mars), Dorothée Munyaneza (Samedi détente le 26 mars) et Les Ballets C de la B qui donneront le coup fatal au Festival Les Vents du Levant le 31 mars. Au-delà des deux temps forts que sont le Festival des musiques insolentes en octobre et le Festival de Jazz en novembre, la musique prendra toutes les couleurs de l’arc-en-ciel : classique avec l’ensemble Café Zimmerman (6 fév) et le pianiste David Fray invité du Festival Play Bach (7 avril), «crépusculaire et lumineuse» avec le chanteur Julien Doré (5 déc) ou encore joyeuse et solaire avec la brésilienne Flavia Coelho (12 mai). La création théâtrale se taille la part du lion avec pas moins de 17 propositions toutes générations et styles confondus, tout public aussi. Côté auteurs, de Beaumarchais à Houellebecq, de Rabelais à Collodi, de Corneille à Pradinas ; côté metteurs en scène et comédiens, d’Agnès Régolo (Le mariage de Figaro le 13 nov) à Josiane Balasko (Un grand moment de solitude le 28 janv), d’André Neyton (La légende noire du soldat O le 9 déc) à Michael Vogel de la bande berlinoise Familie Flöz (Hôtel Paradiso le 24 avril). Sans passer

39 PS O A LI SI O T N I Q S U E

Harry, Barak Marshall © Gregory Batardon

à côté des retrouvailles du comédien Olivier Martin-Salvan et du metteur en scène Benjamin Lazar pour un Pantagruel plus rabelaisien que jamais (10 avril)… Scène conventionnée dès l’enfance, Théâtres en Dracénie attise la curiosité du jeune public durant son Festival Amarelles qui réunit, en janvier, les compagnies Graine de vie, Melie

mélodie, le Théâtre du phare-Olivier Letellier, le Nouveau cirque national de Chine sur une dramaturgie de Fabrice Melquiot. M.G.-G.

Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

La salle de la Croisée des Arts de Saint-Maximin est devenue le pôle culturel nécessaire de la Provence Verte. Cette année encore un équilibre est trouvé entre têtes d’affiche, théâtre, cirque, musique, danse, jeune public, humour et comédie. La musique explore les domaines du rock avec La face cachée de la lune des Pink Floyd par la Cie Inouïe de Thierry Balasse, de la funk soul par la prodige du blues Nina Attal, le jazz de Omar Sosa et son Quarteto Afrocubano ou de Malia, chanteuse de l’année Echo Jazz 2013, un détour par l’Irlande avec The Irish Show pour la Saint-Patrick, la chanson À la rencontre de Georges Brassens avec le Trio Callipyge, ou Sanseverino, le hip-hop ragga de Biga’Ranx, les sons de la musique urbaine de Keyrosen ou l’électro Dub de EZ3kiel qui présente son nouvel album L.U.X, et la douceur du Cœur de Cordoue avec Souad Massi et Eric Fernandez qui mêlent orient et Andalousie. Le cirque connaît aussi des moments privilégiés, particulièrement avec le spectacle de Julien Cottereau Imagine-toi, d’une finesse et d’une poésie rares, le rythme virtuose de Circa-Circa, les équilibres invraisemblables de Circus Incognito de Jamie Adkins, les extraordinaires marionnettes

Circus Incognito, Jamie Adkins © Amanda Russell

Ouvert et varié de Philippe Genty dans Ne m’oublie pas, et le spectacle de Mathurin Bolze et Hédi Taber où acrobatie, danse et clownerie s’allient… Le rire et la danse se conjuguent dans DDM (traduire Drôles de mecs) ; des robots s’immiscent sur le plateau auprès des danseurs dans Robot ! par la Cie Blanca Li, pour un univers de fantaisie futuriste ; la loi de la gravitation universelle ne fonctionne plus dans le spectacle de Emiliano Pellisari, De l’Enfer au Paradis ; la danse se fait aérienne et puissante dans la Paix des étoiles de la Cie Julien Lestel, bouleversante dans Ce que le jour doit à la nuit par Hervé Koubi. Au théâtre, de nombreuses comédies, mais aussi Francis Huster dans la peau d’Albert Camus, Noces de sang de Lorca par la Cie Cabinet de curiosités, de l’humour, du jeune public… Chacun y trouvera son miel ! MARYVONNE COLOMBANI

La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.var.fr

C U L T U R E L L E


S A I S O N S

le 21 mars) ou la danseuse de flamenco Olga Pericet dont la «petite taille» n’a d’égal que son immense talent ! La signature du Carré, c’est aussi ces quatre Nuits singulières (3 oct, 24 oct, 20 déc, 2 mai) qui ponctuent la saison de propositions ludiques et décalées, d’expériences immersives, de jeux de rôles et de buffets participatifs. Des expériences à partager qui font que Le Carré

appartient pleinement aux artistes et au public, le temps d’une nuit… M.G.-G.

Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Une saison qui fait du bruit… Le 3e festival Le Cri du Rocher lance la saison du théâtre de La Garde, les 2, 3 et 4 oct, mettant en valeur la scène musicale régionale : Nans Vincent, La Gapette, Missko, Poupa Claudio, Auren, Twin Apple, The Host et Hifiklub, également à l’affiche de Nouvelles sèches de l’interzone à la Villa Tamaris à La Seyne. Trois soirées prisées puisque la formule s’est enrichie d’artistes venus du théâtre (Improvisateur), du live painting (Crom et Thomax Poum) et des arts visuels (Val Tharal). Côté festival toujours, Musiques d’écran fêtera son 10e anniversaire du 7 au 15 nov avec des ciné-concerts plus débridés que jamais autour de courts métrages d’animation, Z5 Festival fera résonner hip hop et slam à tous les âges avec la complicité du PôleJeunePublic au Revest, du théâtre Denis à Hyères, du théâtre Marélios à La Valette, de l’Espace Maurric à La Crau, de l’Espace des arts au Pradet et de

la comédie peuvent durablement s’installer avec L’odyssée de la moustache écrit et interprété par Ali Bougheraba (7 oct), l’Album de famille feuilleté par les Sans soucis (5 déc) et King Lear - Fragments du collectif Mains d’œuvre qui réinvente la démesure shakespearienne (9 déc). À ces effluves fantaisistes s’ajoute une forte tonalité musicale : Kristin Asbjornsen mêlera sa voix nordique aux spirituals afro-américains (23 oct), le Quatuor Caliente fera vivre le tango instrumental (4 nov) tandis que le gospel investira l’église de la Nativité grâce à Liz Mc Comb (18 déc). Et tant d’autres encore à l’aube de 2015…

King Lear © X-D.R

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Tout semble démesuré au Carré à SainteMaxime ! À l’image du lancement de saison, le 3 oct, qui combine les Nuits singulières #1 et ses «frimas délicieusement scénographies», le spectacle aérien Bulles du collectif Deus ex Machina, une exposition de sculptures sur glace et le Slava’s Snowshow qui poursuit sa conquête planétaire. Bref, du grandiose ! La suite de la programmation est fidèle au Carré lui-même, kaléidoscope de concerts intimistes (Thomas Fersen, Étienne Daho), de spectacles jeune public triés sur le volet (L’intrépide soldat de plomb de Stefan Wey les 13 et 14 oct, À la renverse de Pascale Daniel-Lacombe le 25 nov, Moby Dick de Melquiot mis en scène par Matthieu Cruciani le 16 janv ou En déséquilibre constant de et avec Elena Bosco le 13 fév), de croisement entre le hip hop et les arts numériques (Pixel, première expérience de Mourad Merzouki le 6 déc), d’installation vidéo et sonore (Ma petite maison animée du 10 déc au 20 janv) et d’écritures théâtrales contemporaines… Ici les spectacles de nouveau cirque font la différence : Night circus par le collectif hongrois Recirquel les 13 et 14 déc, Mairuta les 19 et 20 janv, The Elephant in the Room par Le Cirque Roux le 24 janv, Circus incognitus de Jamie Adkins le 7 fév. La danse, elle, se découvre par petites touches à travers quelques grandes signatures internationales comme le Malandain Ballet Biarritz (Cendrillon les 20 et 21 déc), le Ballet du Grand Théâtre de Genève (Lux and Glory

Cendrillon © Olivier Houeix

Le Carré voit grand

Tandem à Toulon. À l’image de ce réseau Var en Scènes qui tisse sa toile de plus en plus finement, la saison prend dans ses mailles d’autres nombreux talents de Paca : Alexandra Tobelaim et sa compagnie Tandaim pour Italie-Brésil 3 à 2 (28 oct), 6Lexic en première partie

du groupe Des fourmis dans les mains (12 déc), Frédéric Muhl Valentin pour L’incroyable destin de René Sarvil (16 janv), Alexis Moati, Pierre Laneyrie et Vol Plané pour L’avare (14 avril). Le Cri du Rocher ayant fait office d’annonceur public, l’humour et

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr


De surprises en plaisirs Jacques Gamblin, Kubilai Khan Investigations, le Ballet National de Marseille, Alonzo King Lines Ballet... seront présents. Et que la musique sera aussi à la fête, lors des Nuits Flamencas, mais aussi tout au long de la saison avec de la musique du monde croisée de jazz. D’ailleurs la saison commence par un spectacle musical, où les Tistics traduisent les tubes anglophones que nous croyons connaître, et les détournent en gestes, pour notre plus grande hilarité (Les Franglaises, les 19 et 20 sept). D’Italie viendront ensuite Compleanno di terra, un spectacle du Teatro delle Ariette fait de lettres échangées (26 et 27 sept), lors de 21 anniversaires. Puis Michel Didym viendra mettre en scène Comparution immédiate (3 et 4 oct), conçu par Dominique Simonnot, journaliste au Canard Enchainé : celle-ci restitue 25 moments où le destin de prévenus bascule, et Bruno Ricci incarne tous ces personnages, détenus à Nancy ou à Toul, qui ont co-écrit ces textes... Le 3 oct, la représentation sera suivie d’une rencontre avec Dominique Simonnot organisé par l’union des avocats de Toulon. Puis il y aura Yvan Vaffan, de Jean Claude Gallotta (voir p58)...

Coup Fatal © Chris Van Der Burght

La saison de Châteauvallon aligne les propositions exceptionnelles ! Il faut dire que contrairement aux autres maisons on commence ici dès mi septembre, et l’on s’arrête fin juillet : en 11 mois près de 50 spectacles sont proposés, et le Centre National sait choisir et soutenir les artistes internationaux les plus pertinents, qu’on a peu l’occasion de voir dans la région. Ainsi Coup Fatal, le formidable spectacle d’Alain Platel, créé à Avignon cet été (voir Zib’ 76) ne passera qu’à Draguignan et Châteauvallon, qui d’ailleurs le coproduit. Comme il coproduit la création de Joël Pommerat (Une année sans été), celle de Martin Zimmermann pour Hallo, sa première pièce solo sans Dimitri de Perrot, l’Opus 14 de Kader Attou, Birdy d’après le roman de Wharton mis en scène par Emmanuel Meirieu, le Projet ennui de Guillaume Cantillon, les Sept doigts de la main, Lucrèce Borgia mis en scène par David Bobee... En tout, le CNCDC entre dans la production d’une douzaine des spectacles qu’il programme, musicaux, chorégraphiques, dramatiques ou de cabaret, aidant ainsi les circuits aujourd’hui défaillants de la création à persister. Mais la programmation contient d’autres promesses de plaisirs artistiques, encore : Sivadier reprend La Vie de Galilée avec Nicolas Bouchaud, un Brecht qui avait marqué les mémoires de tous ceux qui l’ont vu à sa création

à Avignon ; Pascal Rambert met d’ailleurs en scène Denis Podalydès dans Avignon à vie, hymne au Festival et à la ville ; Rodolphe Dana joue Voyage au bout de la Nuit avec une ferveur hallucinée

AGNÈS FRESCHEL

(voir Zib’73) ; on ne pourra tous les citer mais sachez que Christian Rizzo, Julien Gosselin qui met en scène Michel Houellebecq (Les Particules élémentaires), Philippe Jamet, Michel Kelemenis (Siwa),

CNCDC Châteauvallon, Ollioules Saison du Cinquantenaire 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Saison de transition à la Criée et à l’Opéra. Un triple programme Le Corps du Ballet, reprise variée d’un concept mis au point en 2011 par Greco et Scholten pour le ballet de Monte Carlo, une création intitulée Two et Metric Dozen de Richard Siegal. Cet été, Titanic de Frédéric Flamand tournera encore, et on pourra le voir à Châteauvallon : le BNM a de la chance avec son ancien directeur, qui n’est pas parti comme ses prédécesseurs avec son répertoire, sans lequel ils auraient bien peu à danser !

Exposition de Chiharu Shiota © VG Bild-Kunst’

Le Ballet National de Marseille prend ses marques avec ses nouveaux directeurs, Emio Greco et Pieter Scholten ; alors même que les pièces de Frédéric Flamand n’ont jamais autant tourné à l’étranger (Orphée est actuellement en tournée en Chine) et que Elegie la pièce qu’il avait commandée à Olivier Dubois est programmée en Allemagne et en France ces prochains mois, la visibilité du Ballet National de Marseille dans la région est pour l’heure très restreinte. Ce qui n’a rien d’étonnant, vue la lenteur des tutelles à nommer un successeur, et les mois passés sans directeur ! Ainsi Scholten et Greco veulent amplifier les accueils studio et les ouvertures qui en découlent,

A.F.

mais n’ont pu encore arrêter un calendrier. Même si quelques dates sont sûres : un Winter Festival va se mettre en place à Marseille, avec trois jours pleins de spectacles,

les 12, 13 et 14 déc ; la très belle exposition de Chiharu Shiota à la Vieille Charité continue jusqu’au 19 oct. Mais il faudra attendre le printemps pour que le BNM danse

Ballet National de Marseille 04 91 327 327 www.ballet-de-marseille.com

41 PS O A LI SI O T N I Q S U E C U L T U R E L L E


Monte Carlo Danse Siena, Cie La Veronal © Jesus Robisco

Ici, ailleurs, l’Afrique

42 S A I S O N S

d’Aix, clore la saison avec son époustouflante épopée des Sorelle Macaluso (voir Zib’76). Des chorégraphes français seront également à l’œuvre : Thomas Lebrun, Rachid Ouramdane, mais surtout des chorégraphes de notre région : Michel Kelemenis, Georges Appaix et Josette Baïz, et bien sûr Angelin Preljocaj pour la reprise de ses deux dernières grandes créations au GTP (voir p16) et la création de la troisième partie d’Empty moves, précédées des deux premiers volets (voir p54). Une saison toujours agrémentée de dispositifs gratuits, les Guid qui parcourent le territoire, les répétitions publiques, les séances de vidéo danse, des rencontres, pour un art qui aime à se démocratiser...

Bogota, Madrid, Dubaï, Tokyo, Pékin, Londres, Paris… comme aperçu des Ballets de Monte Carlo en tournée. Rassurez-vous, il est possible de les applaudir aussi à Monaco, dès octobre avec Les Imprévus de la Compagnie (du 22 au 25 oct puis en fév et juin). Le mois de décembre est d’une extrême richesse avec des chorégraphies d’auteurs de premier plan, Genesis de Sidi Larbi Cherkaoui et Yabin Wang (13 et 14 déc), Vielleicht de Melissa von Veppy (15 déc), Création de Maguy Marin (16 déc), Siena de la Cie La Veronal (17 déc), sans compter film, colloque, workshops et master classes… le Faust de Jean-Christophe Maillot avec la participation de l’Orchestre de Monte Carlo clôt l’année avec virtuosité (du 28 au 31 déc). Et en avril il reprend son sublime Roméo et Juliette (du 16 au 19). Impossible de manquer ensuite le rendez-vous du Gala de l’Académie Princesse Grâce (26 et 27 juin), celui de l’été avec la IXE Symphonie de Béjart par le Tokyo Ballet et le Béjart Ballet de Lauzanne (du 3 au 5 juil) ou L’été danse avec les créations des chorégraphes invités, Natalia Horecna, Pontus Lidbergn Jeroen Verbruggen (du 16 au 19) et le Cendrillon de JC Maillot (du 23 au 26) !

AGNÈS FRESCHEL

MARYVONNE COLOMBANI

Barbe-Neige et les sept petits cochons au bois dormant © Laurent Philippe

Fidèle au même esprit depuis son ouverture, le Pavillon Noir décline ses propositions en toute simplicité, programmant ce qu’il a trouvé de plus intéressant ici et ailleurs, sans souci de thématique générale ni d’esprit de chapelle. Et le plus étonnant est que des lignes très nettes se dessinent ! Ainsi le continent africain confirme la vitalité de sa danse, sa force revendicatrice, l’originalité de son métissage entre ses traditions et la danse contemporaine, et la pertinence de son regard politique. Pas moins de 4 Africains sur les 17 programmés ! En commençant par Irène Tassembédo qui ouvre la saison et porte le lourd Manteau rouge sang de sa terre Burkinabé minée par la mort et la misère (du 1er au 3 oct, voir p54) ; puis Dada Masilo reprendra avec plus d’ironie, et tout autant de force, le mythe européen de la femme rebelle et idolâtrée, Carmen. Aliorne Diagne, chorégraphe en résidence, viendra créer Siki, une pièce en hommage au boxeur Sénégalais. Enfin du Mozambique, mais en passant par Rio, Panaibra Gabriel Canda interrogera aussi son héritage d’Africain lusophone... L’Afrique Noire ne sera pas le seul horizon, et la danse Israélienne a elle aussi grand vent en poupe : Sharon Eyal et Gai Behar présenteront House, une pièce fascinante pour 8 danseurs, et Andrea Costanza Martini, danseur italien formé à la Batsheva company, sera en résidence de création pour finaliser et présenter Gente che conta ; d’Espagne Catalane nous viendra le spectacle Russia de Marcos Morau, d’Italie viendront aussi Laura Scozzi et sa pièce virulente qui revisite férocement l’univers Disney (Barbe-Neige et les sept petits cochons au bois dormant), Alessandro Sciarroni proposera un quatuor de jongleurs dansants, et Emma Dante viendra, dans le cadre de la programmation des ATP

Le Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org

Transformer

Ballets de Monte Carlo +377 98 06 28 55 www.balletsdemontecarlo.com

Le Ballet d’Europe n’est plus, mais Jean-Charles Gil poursuit son activité à Allauch, dans son Transformateur, lieu magnifique équipé pour danser. Après une belle ouverture le 5 juin (voir Zib’75), il proposera deux duos en création en novembre : un Lâcher Prise qu’il a composé pour lui-même et Emma Gustaffson, et un Journal des Corps de Samir El Yamni. Le lieu, qui se veut ouvert à tous les accueils, ne résonne plus des pas du Ballet, mais danse encore... A.F.

Le Transfomateur, Allauch 04 96 13 01 12 www.balletdeurope.org



Au menu marseillais

À Marseille, à l’Opéra Municipal, on s’appuie sur des valeurs sûres, de grands classiques et interprètes, tout en distillant aux publics curieux des surprises et raretés

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Pour 2014-2015, Maurice Xiberras (Direction générale) et Lawrence Foster (Direction musicale) ont cuisiné un menu étoilé avec, en ouverture apéritive au champagne français, le récital attendu du ténor star Juan Diego Flórez (5 oct). Ses airs amoureux distillés en vocalises pyrotechniques rempliront à coup sûr la grande salle Art déco de la Place Reyer, au milieu des représentations de La Gioconda de Ponchielli, un opéra italien de 1876, assez peu représenté de nos jours. Cette œuvre ravira les amateurs de grandes voix puisque son style se situe entre ceux de Verdi et Puccini et que le rôle-titre (une cantatrice qui se sacrifie par amour !), fut chanté par Callas ou Tebaldi... Ce sont Micaela Carosi et Elena Popovskaya en alternance qui reprennent le flambeau (les 1er, 4, 7 et 10 oct). Mais le premier rendez-vous que fixent au public l’Orchestre Philharmonique de Marseille et son «so british» maestro, se situe au Silo. On y entend le fameux Concerto pour violon de Tchaïkovski interprété par Arabella Steinbacher avec aussi la 8e symphonie de Dvorak et un opus moderne à découvrir de Bruno Mantovani intitulé Finale (le 20 sept à 20h).

La saison...

Avec Verdi, Wagner, Puccini, Donizetti on reste dans les piliers du répertoire : quatre-quart composé de Falstaff, Le Hollandais volant, Tosca et L’Elixir d’amour ! Et comme on y attend la Ciofi, Jean-François Lapointe, Ricarda Merbeth, MarieAnge Todorovitch, Adina Aaron, Carlos Almaguer ou Inva Mula... qui s’en plaindra ?

Restent des mets de choix, exotiques, aux saveurs oubliées, voire inconnues avec la venue de l’Opéra de Pékin, un grand Rossini fabuleusement belcantiste Moïse et Pharaon magnifié par Mariella Devia et Annick Massis, un bijou baroque concocté par Jean-Marc Aymes, Mosè de Giovanni Paolo Colonna (à St-Michel) ou l’opéra Le Philtre d’Auber bâti par Scribe sur le même argument que celui de l’Elixir d’amour (au Foyer). Formidable idée de chef, enfin, que celle d’exhumer une partition perdue d’Henri Sauguet créée en 1954 au festival d’Aix. Les Caprices de Marianne, d’après Musset, tourneront à l’initiative de l’Opéra de Marseille dans 16 théâtres français : à ne pas manquer !

Et puis...

On n’oublie pas, les ballets (Julien Lestel, Victor Ullate et BNM), les concerts de musique de chambre ou symphoniques avec ses têtes d’affiche : Alexander Knyazev (violoncelle), Andreï Korobeinikov, Jean-Efflam Bavouzet, Boris Berezovsky (piano), ni le Requiem de Mozart, Patrizia Ciofi en récital ou le 50e anniversaire de l’Orchestre Philharmonique de Marseille (retransmis sur France Musique) ! JACQUES FRESCHEL

Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr

La Gioconda © J.Croisier

Valses, paillettes et comédies élégantes...

Barbe Bleue © X-D.R

Pour sa dernière saison à la tête de l’Odéon, Jean-Jacques Chazalet reprend, à l’instar de Barbe Bleue d’Offenbach, quelques succès de ces dernières années, propose des classiques du répertoire tel que l’«érotique» Phi-Phi d’Henri Christiné (mise en scène de Bernard Pisani) créé au lendemain de l’armistice de 1918, ravira les amateurs de finesses musicales comme celles qu’on déniche dans les mémorables mélodies des Saltimbanques de Louis Ganne (mise en scène par Yves Coudray) et son célèbre final «c’est l’amour qui flotte dans l’air à la ronde», voire les paillettes à frou-frou de Francis Lopez et son yodle transposé à «Mexicôô... Mexi... iiii... côôôhhh !!!». On commence par le célèbre pot-pourri, composé par Yohann Strauss : Sang Viennois. Une occasion de retrouver tous les fameux airs du maître de la valse et de l’élégance si chère au «monde d’hier» de Stefan Zweig. C’est Jack Gervais qui met en scène cette opérette dont le succès ne se dément pas (les 25 et 26 oct). À l’affiche, on redécouvre Passionnément une comédie musicale écrite au cœur du XIXe siècle par l’auteur de Véronique. Le charme authentiquement français de Messager est porté à la scène par Jean-Jacques Chazalet. On retrouve enfin la très jazzy et toujours populaire L’auberge du Cheval Blanc, dont on doit une bonne part de la musique à Ralph Benatzky. C’est Maurice Xiberras qui prendra la relève en haut de la Canebière en cumulant sa fonction avec la Direction de l’Opéra. On parle de la création d’un atelier vocal pour jeunes chanteurs ? Ce serait une bonne chose au vu de la perte pour Marseille du CNIPAL (Centre National d’Artistes Lyriques), parce que l’opérette s’avère la meilleure école de chant pour débuter une carrière ! J.F. Théâtre de l’Odéon, Marseille 04 96 12 52 70 www.marseille.fr


Valeurs sûres Zoom sur la nouvelle saison musicale de l’Opéra Toulon Provence Méditerranée ! Les productions choisies par Claude-Henri Bonnet puisent dans le grand répertoire lyrique, et les ballets ou les concerts s’adressent à tous les publics, aficionados ou amateurs, profanes ou mélomanes de 7 à 77 ans. Ce sont les héroïnes qui occupent prioritairement la scène toulonnaise : Lakmé de Delibes, Anna Bolena de Donizetti avec la soprano Ermonela Jaho, La Belle Hélène chantée par Karine Dehaye en fin d’année ou les trois figures féminines et fantastiques des Contes d’Hoffmann d’Offenbach (Marc Laho, ténor). Katia Kabanová de Janacek et Giulio Cesare d’Haendel sont les nouvelles productions «maison» à découvrir pour la première fois à Toulon ! En ajoutant un grand Verdi, Simon Boccanegra, chanté par le baryton Franck Ferrari, pour compléter l’affiche, on gage que le grand théâtre historique varois connaîtra derechef une belle affluence. Les concerts symphoniques fédèrent un public toujours plus nombreux grâce en particulier à l’aura du maestro Giuliano Carella qu’on retrouve en compagnie de la soprano Karen Vourc’h. Sont également invités les pianistes Alexandre Tharaud (5e concerto de Beethoven), Michel Dalberto (Concerto de Schumann), les violonistes Valeriy Sokolov (Concerto de Tchaïkovski) et Yossif Ivanov (Concerto de Bruch). La danse est toujours présente avec Angelin Preljocaj (Nuits), les Solistes de l’Opéra de Paris, Antonio Gadès (Carmen) et le Nouveau Cirque National de Chine (Alice in China), quand un ciné-concert (reprise des Lumières de la Ville de Chaplin) ou les

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Lakmé © Opéra de Lausanne

concert de musique de chambre et baroque au Salon Campra apportent des touches plus intimistes à une programmation fastueuse.

Dans l’immédiat....

C’est le chef-d’œuvre orientaliste de Léo Delibes, Lakmé, célèbre pour ses clochettes en vocalises virtuoses ou son Duo des fleurs qui débute la saison lyrique. La jeune soprano aérienne Sabine Devielhe assure le rôle-titre (les 10, 12 et 14 oct). Le tout premier concert symphonique est dirigé par Jean-Christophe Spinozi. À la tête de l’Orchestre

Symphonique de l’Opéra, il accompagne la soprano Ekaterina Bakanova et les Chœurs de l’Opéra dans des airs et pages chorales célèbres de Gounod, Bizet, Rossini... (le 19 sept à 20h30). JACQUES FRESCHEL

04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Bouquet vauclusien

En Avignon, la saison lyrique, concoctée par Raymond Duffaut, s’affiche à l’heure française car, hormis Simon Boccanegra de Verdi et La Bohème de Puccini, les opéras se jouent dans la langue de Molière. On retrouve deux productions «maison» : Mireille de Gounod avec Nathalie Manfrino et Florian Laconi et La Belle Hélène d’Offenbach en hommage à Jérôme Savary. S’ajoutent la superbe production marseillaise d’Hamlet d’Ambroise Thomas avec Patrizia Ciofi, Jean-François Lapointe et la coproduction attendue de seize théâtres nationaux : une formidable redécouverte des Caprices de Marianne d’Henri Sauguet.

Romeo & Juliette © Olivier Houeix

L’Opéra-Théâtre du Grand Avignon et son nouveau directeur Ronan Allaire entament une nouvelle saison

Aux concerts, Samuel Jean et consorts dirigent l’Orchestre Régional Avignon Provence en compagnie de solistes de renom tels que les pianistes Bertrand Chamayou (2e concerto de Rachmaninov), Marie-Josèphe Jude (2e concerto de Brahms) ou la soprano Magali Léger (Concert

du Nouvel-an). Des spectacles originaux sont attendus, parfois «délocalisés», comme une comédie musicale de Sacha Guitry et Louis Beyds, l’opéra-comique Le Roi l’a dit de Léo Delibes ou des concertos de Piazzolla avec Jean-Marc Fabiano au bandonéon, L’Enfance du Christ de Berlioz, un récital lyrique d’airs

de Gounod avec orgue... À côté d’un bouquet de ballets classiques ou du Roméo et Juliette chorégraphié par Thierry Malandain, fleurissent d’attrayants récitals de musique de chambre où l’on retrouve Alexandre Tharaud (piano), le violoniste Renaud Capuçon en quatuor de luxe, David Guerrier (trompette et cor), Sol Gabetta au violoncelle, la mezzo-soprano Karine Deshayes, le claveciniste Andreas Staier... Et l’on débute à l’automne par le Requiem de Mozart avec l’Orchestre New Centery Baroque et le Chœur de chambre de Namur dirigés par Leonardo Garcia Alarcon (4 et 5 oct) ! J.F.

Opéra-Théâtre du Grand Avignon 04 90 82 81 40 www.operagrandavignon.fr

PS O A LI SI O T N I Q S U E C U L T U R E L L E


Musiques aux Théâtres Certains théâtres sont plus frileux que d’autres pour la place qu’ils laissent à la musique dite «classique» dans leur programmation. Rapide tour d’horizon 2014-2015 dans la région ! Ouest-Provence

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Quintette à vents de Marseille (23 janv, Espace Gérard Philippe, Port Saint-Louis), Café Zimmermann dans Vivaldi (8 fév, Théâtre La Colonne, Miramas), Requiem de Mozart (30 mai, Théâtre de l’Olivier, Istres).

S A I S O N S

www.scenesetcines.fr

Auditorium Jean Moulin

L'histoire du soldat avec l'Orchestre Régional Avignon Provence (13 déc) et Opérette marseillaise par Moussu T e lei Jovents (9 janv). LE THOR. 04 90 86 11 62 www.artsvivants84.fr

Théâtre de Nîmes

Aliados, opéra moderne de Sebastian Rivas (25 mars), Folle Nuit Baroque (7 fév), Orchestre Les Siècles (8 avril), Musique sur cour (12 et 13 juin).

Orchestre des jeunes de la Méditerranée © Jean-Claude Carbonne

NÎMES. 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

La Criée

Depuis son arrivée, Macha Makeïeff a tissé de nombreux partenariats locaux, si bien que le Théâtre national de Marseille est, de loin, le mieux doté en matière de programmation musicale classique. Avec le Festival de La Roque d’Anthéron (hors-saison), on attend la pianiste Ekaterina Derzhavina dans les Variations Goldberg (24 janv), une Folle Criée Baroque (6 et 7 fév) et une Folle Journée Camerata (20 avril). En partenariat avec Marseille-Concerts ce seront du «cross-over» jazz & classique par un quatuor de haut-vol (2 fév), Pierre et le Loup avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille (récitante Macha Makeïeff, 12 mars), du théâtre musical autour de l’histoire du violoniste Haim Lipsky (31 mars) et l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (21 juill). Lyrinx fera jouer (et enregistrera) sa flamboyante pianiste Katia Skanavi (16 mars), le GMEM prendra ses quartiers pour son festival Les Musiques (2 et 5 mai) et l’Académie du Festival d’Aix chantera des extraits de comédies musicales (18 juin). MARSEILLE. La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Points de repère... Théâtre de Lenche

Duo Heiting Soucasse (25 au 30 sept) MARSEILLE. 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

Toursky

Intégrale des Concertos de Brahms (18 nov), Les Carboni/René Sarvil (30 janv), Festival russe (les 20 ans) Nuit romantique (24 mars), La Flûte enchantée/Fabrique Opéra (12 au 19 avril, Dôme). MARSEILLE. 0 820 300 033 www.toursky.org

Les Salins

Léa Trommenschlager (soprano) et Elizabete Sirante (piano) dans les Nuits d’été de Berlioz, On this Island de Britten... (23 janv), l’Orchestre Régional de Cannes dans Vivaldi et Haydn (14 avril). MARTIGUES. 04 42 45 02 00 www.les-salins.net

Théâtre Comoedia

Piano Cantabile (23 nov), L’histoire du soldat avec l’Orchestre Régional Avignon Provence (11 mars). AUBAGNE. 04 42 18 19 86 www.aubagne.fr

Théâtres en Dracénie

Festival des Musiques Insolentes (15 au 17 oct), Café Zimmermann/Vivaldi (6 fév), David Fray au piano (7 avril). DRAGUIGNAN. 04 94 50 59 59 www.theatreendracenie.com

Le Carré

Richard Galliano Quintet joue Nino Rota (28 mars), Quatuor Modigliani (25 avril). SAINTE-MAXIME. 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Théâtre de Grasse

Festival Musiques Sacrées du Monde (19 au 28 sept), Festival Manca/Philippe Leroux et l’Ensemble Solistes XXI (21 nov), Cie Les Carboni /René Sarvil (17 et 18 avril). GRASSE. 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Théâtre du Briançonnais

Compagnie Les Carboni pour son drôle d’hommage à René Sarvil (9 janv), Ophélie Gaillard au violoncelle et Hae-Sun Kong au violon (20 fév). BRIANÇON. 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu JACQUES FRESCHEL



Inaugurée il y a 22 ans, la Cité de la Musique fourmille depuis de créativité, comme le démontre encore une fois cette année la programmation de rentrée, pluridisciplinaire et de grande qualité. Après un rendez-vous «hors les murs» à Digne mi-septembre (dans le cadre de la manifestation Le Monde est en région), la saison marseillaise commencera par un hommage à l’Opérette des années 30 et 40, rendu par Moussu T e Lei Jovents à la BMVR Alcazar à l’occasion de la sortie de leur nouvel album, doublé d’un concert à la Cité (18 et 19 sept). Lors des Journées Européennes du Patrimoine, les 20 et 21 sept, une visite de la Bastide de la Magalone est prévue, en compagnie de Anne-Béatrice Delvaux qui évoquera le dialogue architectural et paysager entre cette construction de la fin du XVIIe siècle et la Cité Radieuse bâtie par le Corbusier. Puis, pendant tout le premier trimestre se succéderont concerts et ciné-concerts, conférences musicales, ateliers et projections. On pourra ainsi découvrir, suite à sa résidence de création, le groupe Sudeshna, dont l’univers se situe entre Gange et Méditerranée, et son invité Abhijit Banerjee, grand maître indien de tablas (25 sept). Ou encore écouter le chant de Clémentine Coppolani entraîner l’Alfa Trio, composé de Farid Boukhalfa (piano) Jean-Christophe Gautier (contrebasse) Jahil Bouazza (percussions), sur la rive corse du jazz (13 oct). Autre temps fort issu d’un travail en résidence, Flag (pour : Feindre Lentement d’Aménager sa Geôle), un «spectacle vivant aux frontières du cinéma, de l’installation multimédias et du ciné-concert», qui promet de belles surprises aux côtés de musiciens, slameurs et vidéastes (17 oct). Enfin, privilège inédit, on pourra assister à la rencontre entre l’immense comédien Michael Lonsdale et le clarinettiste Claude Crousier, dans un florilège poétique mis en espace par Serge Sarkissian (18 nov).

48 A U P R O G R A M M E M U S I Q U E

GAËLLE CLOAREC

e Cor MoussuT © Christin

nillet

Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Christine and the queens © X-D.R

La musique a sa Cité

Octobre, le mois de la Fiesta La Fiesta des Suds, festival de musiques du monde organisé chaque année depuis 1992 à Marseille se déroulera du 15 au 18 octobre au Dock des Suds «Le jour est paresseux mais la nuit est active» écrivait Paul Eluard ; pour autant la Fiesta des Suds ne se déroulera pas que la nuit, avec notamment le Festival des Minots en ouverture le 15 oct de 14h à 18h. Au programme de la musique bien sûr, mais aussi de la danse, des expositions, des spectacles… Puis place aux concerts, avec Plazia Francia, un groupe pop-tango composé de Catherine Ringer (des Rita Mitsouko) et de Makaroff (de Gotan Project), suivi de Massilia Sound System, le groupe de reggae marseillais, et en fin de soirée le collectif phocéen le Syndicat du rythme qui confirme la «reformation des 4 fantastiques du groove». Très attendue, Christine and the Queens devrait confirmer son talent singulier, découvert avec son premier opus Chaleur Humaine (le 16). Le lendemain sera la soirée des têtes d’affiche avec en

ouverture Selah Sue, la voix fragile de la soul ; le groupe aixois de hip hop Chinese Man qui viendra «accompagné» puisque le collectif ramène dans ses bagages les DJ du label CMR (Chinese Man Records) ; Pigeon John sera aussi de la partie, le rappeur américain est connu pour son talent à manier les sons hybrides à son rap anticonformiste ; Under Kontrol, les marseillais sacrés champions du monde de beat-boxing en 2009 ; et enfin DJ Tony’s/ Walkabout Sound System, «l’agitateur pyromane pour danseurs et mélomanes». Le 18 oct, dernier jour, la scène verra défiler, entre autres, De la Soul, le groupe historique américain de rap connu pour ses samples tirés du jazz, et Irma, révélée sur le net grâce au label communautaire «My major company», dans son style folk et pop. LUCAS GIRAUD

Fiesta des Suds du 15 au 18 oct Dock des Suds, Marseille 04 91 99 00 00 www.dock-des-suds.org

Du lourd pour Marsatac

Marsatac, le festival de musiques électroniques et actuelles lancé en 1999 investit La Friche pour sa 16e édition. Nouveau lieu pour ce festival qui programme une quarantaine d’artistes sur 3 jours… avec, bonus et mise en bouche, une date supplémentaire, le 19 sept, qui réunira au Palais de la bourse les sons ravageurs de 2ManyDJS, Cardini&Shaw DJ et The Juan Maclean DJ. Le 25, l’air résonnera des accords de guitare rock des Kid Karaté et de leur son «brut de décoffrage», marque de fabrique d’un disco-punk inimitable. Les Young Gods feront eux leur grand retour : le groupe suisse, 25 ans après sa création, remontera sur scène pour jouer ses deux albums références The Young Gods et L’eau Rouge. L’électro sera aussi représentée avec Black Strobe Live, ses boucles synthétiques et son groove ténébreux qui promet une

ambiance «électrique». Le lendemain, le hip hop aura sa part avec la prestation des Casseurs Flowters, «glandeurs magnifiques» dont le flow est teinté de flemme et de paroles crues. Autre refrain musical, la pop échevelée de Skip The Use : après son passage brûlant en 2011, le groupe revient pour un «Little Armageddon». En clôture, le 27, on retrouvera, entre autres, la pop de Kid Francescoli et ses morceaux hypnotisants, la «Techno Parade» de Mike Levy, alias Gesaffelstein, un des meilleurs DJ français, le projet Acid Arab des DJs Hervé Carvalho et Guido Minisky… L.G.

Marsatac du 19 au 27 sept La Friche, Marseille www.marsatac.com


Musiques & contes à l’Éolienne Les rencontres artistiques et prendront le relais en entremêlant

leurs arts, le 24 oct, lors des Instants croisés de l’éo#3. En novembre, le 7, le spectacle Origines porté par le slameur Ahamada Smis reliera musiques traditionnelles des Comores et poésie urbaine. D’autres rendez-vous passionnants suivront jusqu’à la fin de l’année : les Aventures de Slim (21 nov), le groupe marseillais D’Aqui Dub (5 déc) et la chanteuse Pauline Croze (12 déc).

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L’éolienne, Marseille 1er 04 91 37 86 89 www.leolienne-marseille.fr www.ensemble-multitudes.com

Hamadcha Fès © Frédéric Calmäs

Musiques sacrées du monde

A U © Max Minniti

culturelles, «commises» par la dynamique équipe de MCE Productions, reprennent du service sur la scène de L’éolienne (et dans les bibliothèques de Marseille avec des contes jeune public, gratuits, dès le 19 sept). Des artistes aux identités multiples s’y produisent avec une qualité de programmation peu commune. Dès le 10 oct, Katell Boisneau et Yancouba Diebaté croisent leurs instruments, harpe et kora, pour un dialogue entre culture celte et mandingue dans Là Y Kà Duo. La musicienne-dessinatrice Sylvie Paz et la conteuse Christèle Pimenta

Aubin à Nono : l’ostinato

Après la soirée festive d’ouverture de la saison à Nono, animée par une pléiade d’artistes de la région, musiciens en particulier (19 sept à 20h30), c’est Alain Aubin, personnalité associée au théâtre de l’extrême-sud marseillais qui présente un récital. Ce spectacle lyrique mis en scène par Serge Noyelle, et accompagné de quatre instrumentistes, couvre un répertoire mêlant les chants populaire et baroque, de Piazzolla ou Purcell, les voix de baryton et de contre-ténor, le théâtre et la musique... J.F les 10 et 11 oct à 20h30 Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 64 59 www.theatre-nono.com

La quatrième édition du festival Musiques sacrées du monde dessine «une porte ouverte sur un dialogue entre les cultures et les religions par le biais de la musique», souligne Jérôme Viaud, maire de Grasse. Aux concerts s’ajoutent cette année des sérénades, des parades, des rencontres. On partira donc en voyage. On renoue avec les chants et danses de l’Ouzbékistan grâce à l’ensemble musical Mavrigi et son metteur en scène Ovlyakuli Khodjakuli. On découvre, accompagné par le merin Khour (vièle) le chant diphonique de la Mongolie par Enkh Jargal, dit Epi. On admire la virtuose Lingling Yu, spécialiste du luth chinois à quatre cordes, le pipa, qui sait mêler dans ses compositions l’émotion et la sérénité. On quitte l’Asie pour une reprise du répertoire traditionnel de Naples et de la Sicile avec l’ensemble Serenata Mandopolitan, mandolines, flûtes, cornemuses et percussions dans Serenata alla Madonna. L’Ensemble Café Zimmermann interprètera des pièces sacrées de Vivaldi. Jean-Christophe Bournine alias Marakhaazan brossera des univers où l’électro-acoustique démultiplie

les capacités de la contrebasse. On découvre avec Ofrenda le souffle de l’ancien et du nouveau monde de l’antiquité grecque au Mexique, grâce aux flûtes de Pierre Hamon. Souffle encore avec la Cie Caracol entre piano, musique et conte D’un seul souffle. Rencontre de la musique soufie traditionnelle avec la confrérie des Hamadcha de Fès fondée au XVIIe, puis en dancefloor avec le Dj Click qui s’en inspire. Les Chants Syriaques Maronites du Liban sont interprétés avec une émouvante sensibilité par Ghada Shbeir et Imad Morkos. Silvia Peneva (alto) et Alessandra Magrini (harpe) jouent Mozart, Mendelssohn…, pour une Musique des Loges tout en finesse. Enfin, pas de festival de chant sacré sans orgue ! Cantiques français de la fin du XIXe et début XXe empliront d’émotion la cathédrale de Grasse avec la soprano Claire Gouton et l’organiste Laurent Fievet. MARYVONNE COLOMBANI

du 19 au 28 sept Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Before the Wall Le «tribute band» Encore Floyd, spécialisé comme son nom

l’indique dans le répertoire de ces géants du rock planant, reprend dans ce spectacle le meilleur des albums du groupe psychédélique. Sous-titré De Syd Barrett à Animals, il fait référence aux années 1967 à 1977 durant lesquelles les membres de Pink Floyd partageaient la même vision de ce que devait être leur musique. Si l’interprétation d’Encore Floyd se veut la plus fidèle possible, en se rapprochant du son de l’époque, elle intègre aussi les technologies actuelles dans une scénographie originale avec images mixées en temps réel, clips vidéo et documentaires, et animations 3D. du 2 au 4 oct Le Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr

© Marylene Eytier

P R O G R A M M E M U S I Q U E


A U P R O G R A M M E

MARSEILLE. www.bmvr.marseille.fr

C Barré & Wanabni Un concert en deux parties associant musique

contemporaine et musique du monde ! Sébastien Boin dirige l’ensemble C Barré associé au Gmem - CNCM - Marseille, des musiciens voués à la création contemporaine dans des opus de format court signés Saed Haddad, Ivan Solano, Frédéric Pattar, Francesca Verunelli, Panayiotis Kokoras, Evis Sammoutis et Francesco Filidei... où les cordes, harpe, mandoline ou percussions s’associent parfois à l’électronique. C’est ensuite au Duo Wanabni, Kamilya Jubran (oud, voix) et Werner Hasler (trompette, électronique) de marier leur culture pour livrer un univers dépouillé ancré dans la poésie orientale.

ROQUEVAIRE. AGOR 04 42 04 05 33 www.orgue-roquevaire.fr

Festival de Musique à Saint-Victor

Samuel Jean © Picturing The Dark

M U S I Q U E

tement musique de l’Alcazar poursuit ses rencontres, conférences, concerts-lecture (gratuits) autour des œuvres jouées à l’Opéra de Marseille (La Gioconda, 30 sept à 17h), à l’Odéon (Sang Viennois, 18 oct à 17h)... Durant l’année on retrouvera Musicatreize, le Gmem, Concerto Soave, le musicologue Lionel Pons ou La Mission Art Lyrique d’Aix-en-Provence (Le fantastique à l’Opéra, 9 oct à 17h).

MARSEILLE. Le 19 sept à 20h30 MuCEM 04 84 35 13 13 www.marseilleconcerts.com

Ciné-concert Dans le cadre des Journées du Patrimoine,

le Gmem, Christian Sebille au traitement électronique en temps réel et Philippe Foch aux percussions, accompagnent les images d’un court métrage de 1929 de Lásló Moholy-Nagy intitulé Vieux Port, avant la projection de La vieille dame indigne (1965) de René Allio. MARSEILLE. Le 20 sept à 20h30 Place Villeneuve Bargemon 04 96 20 60 10 www.gmem.org

Une «Nouvelle formule» et des prix très abordables pour la 48e édition du festival marseillais ! Le premier concert accueille l’Orchestre Régional Avignon Provence dirigé par Samuel Jean. Au programme, l’Ouverture de Don Giovanni, l’Adagio de Barber, l’Ouverture du Barbier de Séville et la Symphonie n° 39 de Mozart (26 sept). Le deuxième, dirigé par Benoit Dumon avec à l’orgue Freddy Eichelberger, propose un «regard croisé entre les musiques du moyen-âge et du début de XXe siècle» autour d’œuvres de Dufay et Perotin, Alain et Poulenc.... (9 oct). Le festival se poursuivra avec le Requiem de Cherubini (6 nov) et un traditionnel récital Trompette et Orgue (27 nov). MARSEILLE. Concerts à 20h 04 91 05 84 48 www.chez.com/saintvictor

Festes d’Orphée Journées du Patrimoine au Conservatoire

Darius Milhaud : récital commenté par le pianiste Eric Penso, L’influence des voyages dans la musique française (19 sept à 19h30, entrée libre). Requiem et Motets de Gabriel Fauré (27 sept à 20h30. Cathédrale Saint-Sauveur). AIX-EN-PROVENCE. 04 42 99 37 11 www.orphee.org

Commande 2014 de l’Espace Culturel de Chaillol à Ivan Solano (musique) et Catherine Peillon (texte), le projet puise dans la mémoire haut-alpine : la migration d’une partie non négligeable de la population du Champsaur (les Champsauricains) et du Valgaudemar vers les États-Unis durant près d’un siècle (de 1850 à 1950). Une oeuvre pour basse & ténor (récitants) et ensemble instrumental. Deux avant-premières sont prévues et ouvertes au public. CHAILLOL. Les 26 et 27 sept à 20h30 Fayore, Centre culturel Valléen entrée libre dans la limite des places disponibles 06 82 81 87 42 www.festivaldechaillol.com

Télémaque Premier volet des Grands solos du PIC !

C’est le violoncelliste, compositeur et chef d’orchestre Jean-Paul Dessy qui vient jouer au Pôle Instrumental Contemporain, situé à l’Estaque. Ses œuvres personnelles sont écrites dans une filiation méditative, voire incantatoire des grandes fresques solitaires pour violoncelle magnifiées depuis Bach. Elles ont pour titres Amos, Baruch, Sophonie, Exodus... tout un voyage ! MARSEILLE. Le 9 oct à 19h30 PIC 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com Jean-Paul Dessy © Isabelle Francaix

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poursuit avec le Bagad d’Aix-en-Provence. Ses cornemuses & bombardes se mêlent à l’orgue (Claude Nadeau) et ses tuyaux (20 sept à 21h). L’ensemble vocal féminin Hymnis (dir. Bénédicte Pereira) prend la relève avec un beau programme Ropartz, Franck, Couperin, Poulenc... (orgue Valéry Imbernon, 28 sept à 16h30) avant le Chœur Régional PACA (dir. Michel Piquemal) pour le Requiem de Fauré (4 oct à 21h), l’organiste titulaire de la cathédrale de Cologne Winfried Bönig propose de la musique allemande (12 oct à 16h30), l’organiste émérite de la cathédrale de Gloucerter David Briggs transcrit aux claviers la 5e symphonie de Mahler (17 oct à 21h), quand le dernier concert fait dialoguer les percussions de Jean-Baptiste Couturier & Fabien Gitteau avec Gildas Harnois à la console (19 oct à 21h).

© Christophe Galleron

Festival de Roquevaire L’Alcazar en musique Le Grand Tomple Le 18e festival international d’Orgue se Fort de ses nombreux partenariats, le dépar-


Chœur Tac-Til Onze chanteurs en partie non-voyants disposent d’un dispositif

multi-tactile permettant d’interpréter en temps réel une écriture vocale sans support visuel. Ils sont dirigés par Natacha Muslera, secondée par Charles Bascou (assistant musical du Gmem). Une performance donnée dans le cadre du Festival Gamerz. AIX. Le 2 oct à 20h et 21h Fondation Vasarély 04 96 20 60 10 www.gmem.org www.festival-gamerz.com http://choeurtactil.wix.com

Festival Cap’Orgue Concert en duo original : orgue (Marie-Virginie Delorme) et cornemuse (Alain Bravay) !

MARSEILLE. Le 5 oct à 16h Église St-Laurent de la Capelette 06 60 83 58 09

Ensemble Henri Tomasi Le nouvel ensemble marseillais dirigé par Michel Camatte se

produit en compagnie de Jean-Louis Beaumadier (piccolo) pour un concert au profit de la restauration de l’orgue de l’Oeuvre Jean-Joseph Allemand. Au programme : Bach, Vivaldi, Holtz et Janacek ! MARSEILLE. Le 10 oct à 20h30 Œuvre Jean-Joseph Allemand 41 rue Saint Savournin, 5e 04 91 47 60 80

© Guy Vivien

Musicatreize

La rentrée à la rue Grignan se fera sous la direction de Roland Hayrabedian et dans la formation vocale classique à 12 voix, agrémentées d’un orgue. Au programme Chu Ky II de Ton That Tiet, Chant intime (ténor solo) de Zad Moultaka, et A wilde Mass d’Antonio Chagas Rosa jouée avec succès à l’église des Réformés en juin dernier. MARSEILLE. Le 14 oct à 20h Salle Musicatreize 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org

Quatuor Enesco En ouverture de la saison 2014-2015 des Moments Musicaux

de Carry, la formation instrumentale interprète les Quatuors à cordes de Ravel, le n°4 op.18 de Beethoven, ainsi que le Quintette de Schumann en compagnie du pianiste Jean-Claude Vanden Eyden. CARRY-LE-ROUET. Le 14 oct à 20h30 Espace Fernandel 04 42 44 64 01 www.moments-musicaux-de-carry.fr


© Short Actoral

[Before] Superamax ! Stand up Le Sorelle Macaluso Nathalie Quintane, régulièrement invitée du festival Actoral, est cette année la marraine de la 14e édition du rendez-vous international des arts et écritures contemporaines. Elle présentera Stand up pour une lecture et une performance chorégraphique. «Ce soir, Marine Le Pen arrive en ville», annoncent les premiers mots de ce texte inédit, à découvrir à la Minoterie. le 24 sept Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr

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© Carmine Maringola

les 3 et 4 oct La Criée, Marseille (à La Friche) 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Dragging the Bone Chorégraphie, théâtre et arts plastiques

fusionnent constamment dans les spectacles de Miet Warlop. Le festival Actoral et la Criée accueillent sa dernière création, Dragging the Bone, qui sera jouée à la Friche. Dans ce solo, qui évoque les oracles et les divinations, la jeune artiste belge métamorphose la matière et se place au centre du jeu pictural et scénique. Son corps devient la base de la réalisation, en temps réel, d’une sculpture géante.

© Stephen Loye

T H É Â T R E

La dernière création du collectif franco-autrichien Superamas est accueillie par La Criée dans le cadre du festival Actoral, et sera jouée à La Friche. Comme beaucoup de spectacles de la compagnie, [Before] Superamax ! mêle arts scéniques et arts visuels. Entre réel et délire, musiciens, acteurs, vidéastes, danseurs ou designers évoluent dans un univers à la fois déroutant et familier, où règne le «capitalisme alternatif».

Kindertotenlieder Théâtre et musique sont mêlés dans Kindertoten-

lieder, le spectacle créé par la compagnie DACM et mis en scène par Gisèle Vienne. Autour de textes de Dennis Cooper, la scénographe franco-autrichienne associe ses comédiens au duo musical KTL, pour une exploration jusqu’aux limites de l’esprit. Entre pulsions de mort et fantasmes des corps, cette création singulière est au programme du festival Actoral.

les 7 et 8 oct La Criée, Marseille (à La Friche) 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Femme non rééducable Le dramaturge italien Stefano Massini redonne

vie à la journaliste russe Anna Politkovsakaïa. Dans Femme non rééducable, il relate ses derniers moments de reportage sans concession en Tchétchénie, peu avant son assassinat en octobre 2006. Vincent Franchi, de la compagnie Souricière met en scène ce texte, à la fois documentaire et construit comme une tragédie, avec sa fin inéluctable. Amine Adjina et Maud Narboni en sont les interprètes. du 14 au 26 oct Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

les 24 et 25 sept Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr © Mathide Darel

P R O G R A M M E

Le dernier spectacle d’Emma Dante, et de sa troupe palermitaine Atto Unico-Compania Sud Costa Occidentale, oscille constamment entre drame et grotesque. Le Sorelle Macaluso, ce sont sept sœurs siciliennes qui égrènent leurs souvenirs, encombrés par le fantôme de l’une des leurs. Avec jubilation, les interprètes s’emparent des récits de ces femmes, lestés par le poids des traditions et offrent une peinture poétique, drôle, parfois sévère, des réalités sociales de la Sicile. les 1er et 2 oct Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr

Fuck America Le mythe du rêve américain vire parfois au

cauchemar. Fuck America, de l’auteur allemand Edgar Hilsenrath, décrit cet envers du décor. Rescapé des camps de la mort, Jakob Bronsky débarque plein d’illusions au pays de l’Oncle Sam. Il se voudrait écrivain mais traîne sa misère et ses fantasmes dans un monde sans pitié. Haïm Menahem, accompagné par le saxophoniste David Rueff, met en scène et interprète ce roman d’auto-fiction au ton provocateur et corrosif. du 10 au 18 oct Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr


Hommage à Purge Antoine Bourseiller Il y a un peu plus d’un an, en mai 2013, dis-

© Christian Kleiner

paraissait Antoine Bourseiller à l’âge de 82 ans. En ouverture de sa saison, Le Toursky et son directeur Richard Martin rendent hommage à cette figure majeure du théâtre. Ami de Jean Genet, il côtoya des légendes, de Maria Casarès à Gérard Philipe, fut acteur, metteur en scène, chef de troupe, directeur de théâtre... La soirée, en entrée libre, sera consacrée à celui qui fut l’un des initiateurs du renouveau culturel à Marseille.

Super premium…

Dans le cadre du festival Actoral, le théâtre du Gymnase programme un spectacle hors les murs, au Ballet National de Marseille. Super premium soft double vanilla rich, de la troupe japonaise Chelfitsch Theater Company, mis en scène par Toshiki Okada, pousse les murs de l’expression théâtrale habituelle. Ce théâtre dansé est bercé de pop japonaise ou des notes de Bach. Il a pour décor ces supermarchés de Tokyo, ouverts 24/24h, lieux de rencontres aussi attractifs qu’angoissants.

© Jean Barak2

le 10 oct Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org

«Que tant de signes, harcelants et blessants, prétendent rendre compte de l’intelligibilité de notre monde autorise le théâtre à nous convoquer à la logique de l’obscurité. N’est-ce pas le lieu le plus adéquat pour se rencontrer soi-même ?» (François-Michel Pesenti). Le metteur en scène reprend aux Bernardines sa dernière pièce, Purge, où les textes chaotiques dans le mouvement des comédiens, fascinants, guidés par ses injonctions. Une expérience théâtrale, métaphysique, quasi indéfinissable. Mais puissante et intime.

Kara’ une épopée comorienne Sur un texte librement adapté de Salim Hatubou

les 15 et 16 oct La Friche, la Cartonnerie, Marseille 04 95 04 95 75 www.lafriche.org © Didier Nadeau

provençal. L’adage vaut dans toutes les langues et partout sur la planète. Dans Îlo, en plein milieu d’un désert, un homme vient porter secours à une plante assoiffée. Tout en finesse et en poésie, la compagnie belge Chaliwaté aborde le problème de la rareté de l’eau. Sans une parole, Sicaire Durieux, auteur, metteur en scène, interprète, et Natalia Weinger, donnent vie à cette fable subtile. À savourer dès 5 ans.

Regards

le 8 oct Théâtre Durance, Château-Arnoux/ Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

© Justine Macadoux

et Damir Ben Ali, la compagnie L’Orpheline est une épine dans le pied revisite Kara’, la figure légendaire de l’archipel des Comores. Elle revient sur les affrontements sanglants et policés qui ont opposé deux sultans témoins de l’ancien régime comorien de la fin du XIXe, avant l’implantation française. Une épopée portée par la metteure en scène Julie Kretzschmar, une équipe d’acteurs internationaux et le chœur de deba (pratique rituelle issue du soufisme) de l’association Twamaya.

Îlo «Ici, l’eau c’est de l’or», dit un proverbe en

les 16 et 17 oct Les Bernardines, Marseille 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org

Dans Regards, création de Séverine Fontaine et de la compagnie IKB, le spectateur devient «regardeur». Il assiste, en douze tableaux, à la construction intime d’un être. De la naissance à l’enfance, puis l’adolescence et enfin, l’adulte en devenir, la comédienne franchit chaque étape. Grâce à des séquences de chants, des sons, ou des images animées, elle fait partager le monologue intérieur de cette évolution. Le spectacle s’adresse à tous les publics à partir de 13 ans. du 15 au 18 oct Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com

© X-D.R

Antoine Bourseiller © Didier Morin

Super premium soft double vanilla rich les 26 et 27 sept Le Gymnase, Marseille (au BNM) 08 2013 2013 www.lestheatres.net BNM, Marseille 04 91 32 73 27 www.ballet-de-marseille.com

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Le Mariage de Figaro Mino Mushi

P R O G R A M M E T H É Â T R E

du 25 au 27 sept Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net le 16 oct Théâtre La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr le 7 nov Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com le 13 nov Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

«Tout ce qu’il est important de savoir sur la folle et tragique histoire du Hamlet de William Shakespeare.» En utilisant leur âme de clown, les deux comédiennes de la compagnie Fluid Corporation qui poursuit sa démarche «d’interroger l’humain sur l’humain», et par extension en l’occurrence sur la mort, proposent une très libre adaptation de la tragédie shakespearienne écrite il y a quatre siècles. À partir de 7 ans. le 25 sept Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

le 3 oct Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

le 10 oct Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

© Philippe Ordionni

Hamlet de Jex Pire

Spectacle chorégraphié pour un voyage poétique au milieu des dunes du désert. Les trois interprètes de la compagnie Le chat perplexe alternent musique, danse et théâtre, en gardant comme fil rouge des références asiatiques, pour une initiation à la liberté et à l’émerveillement. Pour enfants (à partir de 7 ans) et plus grands… à chacun de faire son chemin en activant son imaginaire.

C’est le titre du premier album du poète et chanteur Allain Leprest, que Philippe Torreton fait entendre dans un récital où il veut non pas prendre ces textes à bras le corps, mais «à bras l’âme». Avec le percussionniste, batteur et improvisateur Edward Perraud, le comédien entame sur scène un dialogue où se mêlent les mots torturés, percutants, ciselés du poète et les sons du compositeur.

Philippe Caubère Le Sémaphore fait sa rentrée en compagnie

de Philippe Caubère, avec trois soirées au programme : une lecture-spectacle durant laquelle Caubère lira les poèmes et portraits littéraires écrits par l’auteur port-de-boucain Jo Ros (le 23 sept) ; le 26, le comédien jouera sa dernière création, Marsiho, qu’il a adaptée du plus beau livre jamais écrit sur Marseille ; le lendemain il reprendra le cultissime La Danse du diable, trente trois ans après sa création, premier épisode de la saga Caubère qui raconte les rêves de gloire d’un jeune homme dans les années 50 à 70… Lecture-spectacle le 23 sept Marsiho le 26 sept La Danse du diable le 27 sept Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

© Michèle Laurent

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© J.P. Vergonzanne

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Pour la nouvelle création de sa compagnie Du Jour au Lendemain, la metteure en scène Agnès Régolo choisit le chef-d’œuvre révolutionnaire de Beaumarchais pour «un vaudeville existentiel et politique, un théâtre du désir lancé à plein régime», et s’accompagne de sa joyeuse et fidèle troupe (Catherine Monin, Pascal Henry, Nicolas Geny, Kristof Lorion) et de nouveaux comparses de jeu (Sophie Lahayville, Elisa Voisin, Guillaume Glausse). Avec la juste analyse de ses classiques qu’elle sait réinventer et moderniser, la vitalité et le sens du rythme qu’on lui connaît -Guillaume Saurel signe la bande son-, nul doute que ce Mariage de Figaro invitera les spectateurs à goûter avec jubilation à un vent de subversion et de liberté… parfaitement bienvenus.

© I .Mathie

© Du Jour au Lendemain

Mec


Je reviens… Le Square Smaïn revient sur sa vie, sa carrière d’humoriste, mais aussi sur ce que l’on connaît moins de lui, l’écriture de contes pour enfants et son incursion dans la musique (avec des orchestres classiques, un album avec Michel Legrand…). «J’ai cinquante balais et des poussières. L’heure de faire un peu le ménage […] Bref je me dis que j’ai assez de bouteille pour honorer l’existence en lui retirant ses bas et en revisitant ses hauts […]». Je reviens me chercher les 26 et 27 sept L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

El Cid Servie par la fantaisie de Philippe Car et Yves

Fravega, la version revisitée par l’Agence de Voyages Imaginaires de la pièce de Corneille est décapante ! Une mise en scène foraine dans laquelle le théâtre se retrouve sur une scène de chapiteau, une forme de «music-hall espagnol» joué en direct par tous les comédiens, du tragique, du merveilleux et du comique offrent à cette pièce de répertoire une performance euphorisante.

© X-D.R

Le malade imaginaire Après L’École des femmes accueillie à l’Olivier

en 2013, Jean Liermier revient à Istres avec une mise en scène du Malade imaginaire, et fait à nouveau brillamment sonner la langue de Molière. Dans une scénographie originale qui réserve plein de surprises, il questionne la violence des rapports humains avec légèreté, avec l’excellent Gilles Privat dans le rôle-titre.

Marguerite Duras écrivit ce récit dialogué en 1955, dressant le portrait de deux êtres seuls qui se rencontrent dans un jardin public. Une conversation s’engage entre ces deux immobilités contraires. M. Duras campait la situation en disant simplement «ils sont tous les deux à regarder se faire et se défaire le temps». Didier Bezace met en scène ce récit avec finesse et profondeur, et joue avec Clotilde Mollet dans cette comédie grave et bouleversante. le 14 oct L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

Soirée d’ouverture C’est une soirée en deux parties qui marquera

l’ouverture de saison de La Colonne. Trentesix nulles de salon, comme trente-six parties d’échec que disputeraient deux frères jumeaux, Mario et Mario, la cinquantaine mauvaise et l’agacement mutuel. Jacques Bonnaffé et Olivier Saladin échangent avec truculence ces joutes verbales burlesques et succulentes. Auparavant, sur le parvis du théâtre, Alexandre Denis et Timothé Van Der Steen, de la Cie La Mondiale Générale, se seront confrontés au bastaing, une poutre de bois qu’ils transforment en agrès de cirque, dans Braquemard #1, un spectacle où l’absurde côtoie la grâce. Braquemard #1 à 19h30 Trente-six nulles de salon à 20h30 le 2 oct La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr

Jacques Bonnaffé et Olivier Saladin © Carole Bellaiche

le 30 sept L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

© Elian Bachini

© Nath Hervieux

le 7 oct L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 www.mairie-saintremydeprovence.fr le 10 oct Opéra-Théâtre du Grand Avignon 04 90 82 81 40 www.operagrandavignon.fr


Le Manteau Balance Le Pavillon Noir accueille en ses murs la com- Pour commencer la saison nouvelle, de la danse

© Michel Kelemenis

La Barbe bleue

pagnie Irène Tassembédo qui présentera Le Manteau. Revenue au Burkina Faso, son pays d’origine, depuis plusieurs années, Irène Tassembédo livre ici une chorégraphie où l’Afrique est omniprésente. Ce Manteau est couleur rouge sang, de celui qui coule sans cesse sur ce continent. Les danseurs ploient sous les fardeaux, sida, guerre, famine, mais tentent toujours de résister, de survivre. De vivre. du 1er au 3 oct Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org

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Cellul’air Dans le cadre de la Fête de la science, quatre

L’oublié(e) Raphaëlle Boitel, artiste complète formée

Michel Kelemenis présente, dans le cadre d’’une «découverte dansée», une étape de son travail en cours. Le chorégraphe prépare, pour une création en 2015, La Barbe bleue, tiré du célèbre conte. Dans cette adaptation personnelle, il donne au légendaire monstre les traits d’une femme et fait de ses sept époux des êtres «asservis à la curiosité».

auprès de James Thierrée, Victoria Chaplin et Aurélien Bory, propose avec sa première création un conte contemporain qui explore les errances de l’inconscient à travers trois destins de femmes. En mêlant danse, cirque, théâtre visuel et opéra, la circassienne distord le temps pour nourrir cette exploration onirique de l’intime dans un langage scénique «sauvage et vif, exigeant et puissant».

le 1er oct Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr

Empty moves (parts I, II et III) le 3 oct Théâtre Durance, Château-Arnoux/SaintAuban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr le 7 oct Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr du 14 au 18 oct Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org

le 10 oct Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr

Clameur des arènes

© Antoine Tempé

Empty moves

Angelin Preljocaj a repris les deux premières parties de sa pièce la plus innovante, et rajoute une troisième aventure. Ce quatuor mixte invente un nombre de combinaisons de corps, explore le vocabulaire des muscles et des tendons, pousse au bout les limites de la mémorisation des combinaisons, se joue des provocations de John Cage soliloquant des «mots vides» (Empty words) devant un public médusé, puis révolté. Brillant !

danseurs offrent «un délire astronomique et futuriste», sous la houlette du chorégraphe Alain Gruttadauria. Un spectacle hybride qui décale les codes, réinvente les figures et propose des corps-matières sculptés par la lumière et l’ombre. Un parcours où le temps et la durée se diluent dans l’immensité et le vide de l’espace pour redéfinir le mouvement.

du 18 au 20 sept Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net © Franck Berglund

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du 17 au 26 sept 3bisF, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 www.3bisf.com

© Francis Gache

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P R O G R A M M E

au 3bisf d’Aix-en-Provence, pour une résidence de recherche qui permettra la mise en place d’un atelier de pratique le 17 septembre après-midi et le privilège de deux répétitions publiques les 25 et 26 sept (entrée libre). Le danseur, chorégraphe et metteur en scène Ibrahima Koné reprend sa chorégraphie Balance (donnée au Pavillon Noir l’an dernier) qui raconte les hésitations de son personnage entre le lieu d’où il vient et celui où il va. La danse évoque avec sensibilité les problèmes liés à l’immigration. Dans son atelier, le fait de danser ensemble permet d’abolir un temps les frontières.

Salia Sanou, figure de proue de la danse contemporaine en Afrique, orchestre la rencontre de trois danseurs et cinq lutteurs sénégalais. Codes, rites, gestes musculeux, affrontements : le monde de la lutte fascine le chorégraphe qui laisse monter la clameur dans l’arène, et interroge à travers la violence, le jeu, l’énergie et la sensualité, les pratiques ancestrales et les valeurs de liberté. La pièce sera accueillie en 2015 au Théâtre de Grasse et (sous réserve) au festival des Hivernales 2015 à Avignon. le 7 oct Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr



dans ses créations, de déstructurer la gestuelle hip hop. Dans Autarcie, elle fait se confronter deux spécialités de cette danse, le break et le popping. Quatre danseuses se livrent à un subtil jeu de stratégie entre danse frontal et figures libres, un rituel effréné lors duquel les forces s’unissent pour construire une danse guerrière.

Loom © Amandine Quillon

Autarcie PlayBach/Loom La chorégraphe Anne Nguyen n’a de cesse,

le 7 oct La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr

Dada Masilo’s Carmen Jeune prodige de la danse, la Sud-Africaine Dada Masilo interprète et signe une chorégraphie toute personnelle du grand classique de Georges Bizet. Accompagnée de treize autres danseurs, elle donne corps à une Carmen érotique, puissante et fragile, mêlant les rythmes du flamenco et ceux de la danse africaine. Dada Masilo’s Carmen sera présentée à Draguignan deux semaines après la première mondiale à la Biennale de la Danse de Lyon. le 4 oct Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

A U

Deuxième tournée Nomade(s) de la saison déjà sur le territoire de la Scène nationale de Cavaillon (baptisée La Garance désormais), avec deux pièces de 30 minutes signées Yuval Pick. Le chorégraphe israélien poursuit sa recherche sur le mouvement et, à travers une danse tout terrain, un lien inédit créé avec le public : PlayBach revisite l’œuvre de Bach en confrontant trois danseurs à la gravité ; Loom fait dialoguer musique contemporaine et corps organiques.

P R O G R A M M E © Philippe Gramard

D A N S E

les 2 et 3 oct puis les 5 et 6 nov La Garance, Scène nationale de Cavaillon Tournée Nomade(s) : Paluds de Noves, Joucas, Morières-lès-Avignon et Cabrières d’Avignon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com

Encuentro flamenco Chant, guitare et danse, les fondamentaux du flamenco sont réunis dans ce spectacle de la Cie Flamenco Vivo mis en scène par Luis de la Carrasca. C’est sa voix chaude et envoûtante qui s’élève, tandis que le compás s’accélère et que la danse d’Ana Pérez et de Kuky Santiago se fait violente et sensuelle, entre tradition et modernité, métissage et respect des racines andalouses. le 10 oct Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr

Yvan Vaffan Trente après, le chorégraphe Jean-Claude © Agnès Gramard

bal.exe

© John Hogg

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Gallotta redonne corps à Yvan Vaffan. En 1984, ce personnage fictif menait une horde de danseurs, sortes de guerriers et d’amazones déjantés, et valut à la troupe de Galotta le surnom de «tribu». Il renouvelle aujourd’hui l’expérience, avec des interprètes qui n’étaient pas encore nés à l’époque. Pour vérifier si l’insouciance des années 80 du XXe siècle peut encore trouver sa place dans les austères années 10 du XXIe... les 10 et 11 oct Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

© X-D.R

Sous titrée Bals mécaniques sur musique de chambre (2014-1891), la pièce de la chorégraphe Anne Nguyen s’inspire des danses sociales pour évoquer les modes de communication à l’ère d’Internet. En mariant le hip hop (et plus précisément le popping, danse mécanique et virtuose croisée déjà dans sa Promenade obligatoire) et la musique classique, elle crée un nouveau style de danse de couple robotique : le looping pop. Une équation spectaculaire autant qu’électrisée, qui sera accompagnée sur scène par l’Orchestre régional de Basse-Normandie. le 14 oct La Garance, Scène nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com

Aktualismus… La compagnie Système Castafiore reprend deux

de ses toutes premières créations. Aktualismus, oratorio mongol et 4 Log Volapück font partie des œuvres fondatrices du collectif, installé à Grasse depuis 1996. Vingt-cinq ans après la naissance de la troupe, Marcia Barcellos et Karl Biscuit restent les concepteurs, chorégraphique et musical, de ces pièces toutes en fantaisie et décalage. Aktualismus, oratorio mongol & 4 Log Volapück les 14 et 16 oct Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com



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R U E

Celui qui tombe Dans le cadre du festival Jours [et nuits] de cirque(s), organisé par le CIAM, un spectacle choisit le cadre plus intime de la salle de théâtre du Bois de l’Aune, Bêtes de foire avec le circassien Laurent Cabrol et la marionnettiste Elsa de Witt. Ces deux artistes aux dons multiples jouent de la virtuosité et de la poésie pour entraîner le spectateur dans un univers onirique et drôle où le cirque miniature n’a rien à envier au grand ! Inventions loufoques, effets inattendus, fragilité, puissance, tout concourt à un moment de grâce jubilatoire. Pensez à réserver, le spectacle est gratuit ! du 24 au 28 sept Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr

Tremblement de rue Pour son ouverture de saison, Gardanne fait

trembler la rue ! Des spectacles de rues gratuits pour tous, organisés dans les places et les rues du centre-ville de 14h à 21h. Au programme, entre autres, l’inénarrable numéro des clowns locaux de la compagnie Les nez en plus, avec des épisodes burlesques et du mime (de 14h à 17h) ; la compagnie Double Jeu et ses échasses, qui prendra de la hauteur sur les choses le temps d’une déambulation théâtrale (à 15h) ; à 16h, la Cie Les têtes de bois ressusciteront Pinocchio dans une pièce sincère et poétique mise en scène par Mehdi Benabdelouhab ; puis plongée dans un univers fantastique avec la troupe Celestroï et son spectacle Prophétie qui met en scène 3 personnages fantastiques tentant de rallier le public à sa cause (de 17h à 19h). Pour conclure cette journée bien remplie, la Cie des Lutins Réfractaires enchantera de son univers magique fait de sons et lumières un apprenti sorcier très poétique (à 21h). le 4 oct Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr

© Magali Bazi

C I R Q U E

Tenir ensemble, garder l’équilibre quand le sol peut à tout instant se dérober sous leurs pieds… Mais jusqu’à quand ? Yoann Bourgeois et ses artistes défient une fois de plus les lois de l’équilibre dans une tentative poétique de se rapprocher au plus près du point de suspension. Chaque geste comptera alors pour les six interprètes qui se retrouveront liés les uns aux autres, jusqu’à trouver une entente commune. les 9 et 10 oct Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net

Soirée d’ouverture C’est une ouverture en extérieur qui se jouera à

Port-Saint-Louis, avec deux spectacles consécutifs : la Cie La Mondiale générale ouvre les festivités, comme sur tout le territoire de Ouest Provence, avec Le Braquemard #1, spectacle qui fait se côtoyer la grâce et l’absurde dans un exercice d’équilibre poétique (à 19h) ; la Cie Virevolt prend le relais avec une charmante évocation d’un mobilier aussi banal que pratique, le Banc Public. Cinq personnages le transforment en terrain de jeu au rythme de situations acrobatiques et aériennes, bercés par une musique jouée en direct… le 3 oct Espace Gérard Philippe, Port-St-Louis-du-Rhône 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr

© X-D.R

avril à Châteaux-Arnoux et Saint-Maximin. La compagnie suédoise de cirque contemporain, avec ses cinq artistes aussi imaginatifs que farfelus, tricote des pieds comme des mains les fils de la paix à monocycle ou en trapèze. Les cinq tisseurs enchaînent les acrobaties entre laine et coton, entre pelotes de fils et de cordes, sur du rock celtique qui emballe la chorégraphie. les 4 et 5 oct Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com

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Knitting Peace Carrément à l’ouest Le Circus Cirkor revient après un passage en

La 6e édition de la manifestation Saint-Louisienne se tient cette année sur une journée durant laquelle se succèderont les spectacles dans le quartier historique du faubourg Hardon, où est implanté Le Citron Jaune. Au programme : la lecture du texte de Magyd Cherfi, Livret de famille, par la Cie Les Arts Oseurs ; un monologue à tirer au sort parmi 13 autres, joué par une comédienne de la Cie Les Trois Temps et à écouter seul ou à deux dans l’intimité du Nautilus, vieille camionnette de 1962 ; le cirque déambulatoire de la Cie d’Elles librement adapté du seul roman de Koltès, La Fuite à cheval très loin dans la ville ; ou encore l’ode à l’imaginaire délivré par le Théâtre du Rugissant qui s’empare de la BD de Christophe Chabouté, Tout Seul… le 4 oct Le Citron Jaune, Port-Saint-Louis-du-Rhône 04 42 48 40 04 www.lecitronjaune.com www.scenesetcines.fr

Air de jeux

Avec la complicité du Citron Jaune et du Centre national des arts de la rue, Istres se transforme en Air de jeux dans le prolongement de Carrément à l’Ouest. On y retrouve notamment le Nautilus de la Cie Les Trois Temps (voir ci-dessus), et la transformation d’un Banc Public par la Cie Virevolt (voir ci-contre) ; mais aussi l’impressionnant numéro de cirque de la Cie Mauvais Coton autour d’un mât culbuto, et le show du chanteur-prestidigitateur Raoul Lambert dans sa caravane ! le 5 oct Esplanade Charles De Gaulle, Istres www.scenesetcines.fr © Philippe Robert

© Lionel Pesqué

Bêtes de foire


© La Mondiale génerale

Braquemard #1

Mazùt Constellation #4 Partons à la recherche de l’animal qui sommeille Cette 4 édition initiée par la Cie Kubilai Khan e

Investigations offre une cartographie de la création contemporaine dotée d’un regard sur la ville et les possibilité du vivre-ensemble. Une ballade urbaine déclinée sur trois jours où 50 artistes de 14 pays partageront au fil des journées leurs expériences dans 16 lieux toulonnais, dont La Comète (Place du Globe) sera l’épicentre. Au programme du festival gratuit, de la danse (L’Empire le 19, Although i live inside… de Sophiatou Kossoko et Robyn Orlin le 20, Téléscopage de KKI le 20, Cosmopolis de la Team Kubilai au Théâtre Liberté le 21…), de la musique (concert littéraire Struggle le 19, HifiKlub d’Alain Johannes le 20 à la Tour Royale…) ; et des performances (Idioter à la Maison de la Photographie le 19, Zhao Duan le 19, Nusantara au Musée d’Art le 21…).

en nous, avec la danseuse-chanteuse-acrobate Camille Decourtye et le clown circassien Blaï Mateu Trias. Parce que le monde va trop vite, parce qu’ils ont perdu leur instinct, parce que l’humanité les dépasse, deux êtres partent à la recherche de leur animal intérieur, entre danse et performance acrobatique, sur une bande-son au diapason. les 10 et 11 oct Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Ciel des ours Pour les 10 ans du PôleJeunePublic, le Teatro

Gioco Vita revient avec sa dernière création. Ciel des ours, inspiré du livre de Dolf Verroen et Wolf Erlbuch, raconte l’histoire de deux ours qui cherchent dans l’infini du ciel leur chemin et des réponses à leurs interrogations. Un théâtre d’ombres et d’acteurs, conduit avec tact et profondeur, où les grandes questions de la vie sont mises en lumière dans un véritable enchantement de couleurs.

Petite forme de 30 minutes et en plein air issue du projet Braquemard d’Alexandre Denis et Timothé Van Der Steen, respectivement circassien et technicien. Un duo insolite, et totalement poétique, qui compose un numéro sur l’absurdité et la beauté de l’équilibre à partir d’un agrès de leur invention : le bastaing. Des poutres de bois où se jouent de vertigineux équilibres, sur le fil de la vie (lire chronique sur www.journalzibeline.fr). En tournée Nomade(s) et en entrée libre (sur réservation).

le 12 oct PôleJeunePublic, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.fr © Serena Gropelli

du 12 au 20 sept La Garance, Scène nationale de Cavaillon à Maubec, Morières, Châteauneuf-de-Gadagne, Mérindol, Mazan, Caumont, Lacoste 04 90 78 64 64 www.lagarance.com

Aux p’tits oignons © Vincent Cactus Vanhecke

Une pin-up pimpante débarque sur scène, le chemisier noir à pois blancs et le regard qui transperce. La fille, décapante Véra Schütz, cherche l’homme de sa vie parmi les spectateurs et compte bien le séduire en flattant son estomac. Nouvelle création de la Cie marseillaise Kitschnette, Alexandre Pavlata et Véra Schütz ont mis les petits plats dans les grands. Le plat se mange avec humour et transgression ! À déguster dans les communes du Briançonnais. du 11 au 17 oct Théâtre du Briançonnais 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

du 19 au 21 sept Toulon 06 52 55 39 70 www.kubilai-khan-contellations.com

Bulle/Slava’s Snowshow Pour ouvrir la saison du Carré, le collectif Deus

Ex Machina, spécialisé dans les spectacles aériens, propose en amont du Slava’s Snowshow, une performance acrobatique de haut vol. Dans Bulle (le 3 oct), il offre un gracieux ballet en suspension sous une bulle transparente emplie d’hélium. Une poésie unique, comme un vol en apesanteur. Puis, le Slavas’s Snowshow (du 3 au 5 oct), un chef-d’œuvre visuel et musical qui a tourné dans le monde entier, devenu aujourd’hui un classique, permettra de découvrir l’artiste russe Slava Polunin et sa cohorte d’étranges créatures dans une véritable tornade magique et surréaliste. du 3 au 5 oct Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com


Le 28 sept à 18h30, à L’Eden cinéma de La Ciotat, le ciné-club amateur de Provence et l’association Passion Arts proposent un ciné-concert à partir de quatre courts métrages de Charlie Chaplin, Charlot émigrant, Charlot fait une cure, Charlot marin et Charlot policeman, accompagnés au piano par Alexandre Eghikian. 04 42 83 08 08

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Dans le cadre de la 18e édition de Septembre en Mer, le 27 sept à partir de 16h au cinéma Les Variétés, Trois histoires de la méditerranée de Valérie Simonet, en sa présence. Calanques : une histoire empoisonnée, un film-enquête sur la dégradation des calanques par la ville phocéenne ; Pêcheurs d’oursins, les derniers des mohicans, un documentaire sur les derniers oursiniers qui «depuis quelques années, abandonnent le métier, acteurs et témoins impuissants de la disparition progressive de l’espèce». Séance suivie d’une dégustation de coquillages au bar La Jetée. La soirée se conclura par L’Histoire engloutie sous la Mer, parcours sur les épaves englouties au large de Marseille.

Du 10 au 23 sept, l’Institut de l’Image d’Aix met le cinéaste américain à l’honneur avec une plongée dans son univers loufoque et teinté d’absurdité. L’occasion de voir ou de revoir les films qui ont fait la réputation du réalisateur, comme Bottle Rocket, son premier film, où l’on retrouve déjà l’acteur-fétiche du cinéaste, Owen Wilson, dans son premier rôle au cinéma, qui sera projeté le 10 sept à 20h30 et présenté par Stratis Voyoucas, critique de cinéma. De La Famille Tenenbaum (2001) à The Grand Budapest Hotel (2014) en passant par La vie aquatique, À bord du Darjeeling Limited ou Moonrise Kingdom, c’est l’occasion de découvrir le monde de ce cinéaste contemporain. Institut de l’Image, Aix-en-Provence 04 42 26 81 82 www.institut-image.org

Alain Badiou à Marseille

Charlot émigrant © X-D.R

Soirées à l’Alhambra Au cinéma l’Alhambra, le 22 sept à 20h, projection de Casse, en présence de la réalisatrice Nadège Trébal : un documentaire tourné dans une casse automobile où des clients viennent chercher leur bonheur en pièces détachées. Le 24 sept à partir de 20h, ciné-philo-repas : projection du dernier film de Jonathan Glazer, Under the skin, avec Scarlett Johansson dans le rôle d’une Alien qui arrive sur Terre pour séduire les hommes avant de les faire disparaître. Et le 26 à 20h30, Hippocrate, une plongée dans le monde hospitalier interprétée par Vincent Lacoste et Reda Kateb, en présence du réalisateur Thomas Lilti.

Cinéma Les Variétés, Marseille 04 96 11 61 61 www.cinemetroart.com www.officedelamer.com www.septembreenmer.com

Ukraine, grenier d’images

Cinéma Alhambra, Marseille 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com La Terre outragée de Michale Boganim © Le Pacte Souffles de vie de Sergueï Waultier

Dans le cadre des cinq jours de rencontres avec le philosophe et écrivain Alain Badiou, sur le thème des luttes ouvrières, luttes d’émancipation et «l’hypothèse communiste», projection au cinéma Les Variétés le 9 oct à 19h, du film de Sergueï Waultier du Cercle Manouchian, Souffles de vie, suivie d’un dialogue entre Alain Badiou et les travailleurs ex-Nestlé et ex-Fralib. Cinéma Les Variétés, Marseille 04 96 11 61 61 www.cinemetroart.com

Casse de Nadège Trebal © Shellac

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Trois histoires de la Méditerranée Calanques, une histoire empoisonnée de Valérie Simonett

Ciné-concert

Bottle Rocket © Columbia Pictures

Wes Anderson à l’honneur

Au MuCEM, à partir du 4 oct le week-end, Lubomir Hosejko, directeur du ciné-club ukrainien de Paris, présente Ukraine, grenier d’images, un cycle de cinéma ukrainien : L’Homme à la caméra de Dziga Vertov ; Le Cocher de nuit de Gueorgui Tassine ; Le Lac des cygnes - la zone de Youriï Illienko ; La Terre outragée et Odessa… Odessa de Michale Boganim ; Commando de la soif d’Evgueni Tachkov. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org



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Films d’automne Quand les feuilles commencent à tomber, on a envie de chaleur et de convivialité. On peut alors faire un tour -ou plusieurs !- au 26e Festival Cinématographique de Gardanne qui, comme chaque année, du 17 au 28 octobre, propose un tour du monde des productions cinématographiques actuelles venues de 25 pays. Une rétrospective «Cécile Sciamma» permettra de (re)voir ses premiers films : Naissance des Pieuvres et Tomboy et de découvrir Bande de filles, en ouverture. On pourra voir aussi la trilogie de Ronit et Schlomi Elkabetz, Prendre femme, Les 7 jours et Le Procès de Viviane Amsalem. Parmi les soixante films, beaucoup d’avant-premières qui nous emmèneront dans un village en Ombrie, avec Les Merveilles

d’Alice Rohrwacher, en Espagne avec Natalia et Carlos, deux jeunes amoureux de 20 ans qui se battent pour survivre dans La belle jeunesse de Jaime Rosales, ou dans une petite ville malienne tombée aux mains des djihadistes dans Timbuktu d’Abderrahmane Sissako. On peut aussi suivre la cavale à travers la France de Philippe Fournier, dit Paco, qui a décidé de ne pas ramener ses fils de 6 et 7 ans à leur mère qui en avait obtenu la garde dans Vie sauvage de Cédric Kahn ; l’itinéraire de Young-Nam, une femme forte dont l’équilibre se fragilise peu à peu dans A girl at my door de July Jung ; le parcours semé d’embûches d’Andrew, 19 ans, qui rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération dans Whiplash,

Bande de filles de Cécile Sciamma © Pyramide Films

le premier long métrage de l’américain Damien Chazelle ; ou encore le chemin de croix d’une jeune fille de 14 ans dans Kreuzweg du réalisateur allemand Dietrich Brüggemann, Ours d’argent du meilleur scénario à la Berlinale. Il y en a pour tous les goûts dans ce programme concocté avec soin par Régine Juin. Alors, ne ratez pas ce rendez- vous d’automne ! ANNIE GAVA

Festival Cinématographique d’Automne de Gardanne du 17 au 28 oct 04 42 51 44 93 www.cinema-gardanne.com

Une journée particulière Mon ami Nietzsche de Fauston da Silva © Aquarela Produções

Le 11 octobre à Rousset, Les Films du Delta proposent le 9e épisode de Courts-Bouillon : 1 Jour-Des Courts-Le Meilleur ! 37 films venus de 11 pays répartis

en 4 séances à déguster à la salle Émilien Ventre. Comme l’an dernier, une séance animation Spéciale Supinfocom Arles permettra de découvrir 8

courts-métrages de la promotion 2014 et Home sweet home d’Alejandro Diaz, Pierre Clenet, Romain Mazevet et Stéphane Paccolat, Prix Siggraph 2014, prénominé aux Oscar 2015. Parmi les courts, le Prix du Public Clermont-Ferrand 2014 : le délicieux Mon ami Nietzsche de Fauston da Silva, une rencontre improbable entre un jeune garçon et Nietzsche, ainsi que le Prix du Jury : Molii de Mourad Bouaoud et Carine May, une drôle d’histoire dans une piscine. Mais aussi une comédie d’Emma Luchini : La femme de Rio, une histoire d’amour en une seule nuit, Prix Unifrance du court métrage, ainsi qu’une comédie belge où

un vieux monsieur s’est mis en tête que sa poule était en fait sa femme : Welkom de Pablo Munoz Gomez. Encadrant la séance 4 où l’on pourra voir, entre autres, T’étais où quand Mickael Jackson est mort ? de Jean-Baptiste Pouilloux et Vos violences d’Antoine Raimbault, le Dj de musique électronique C.Kel mixera des titres de musiques de films. Une journée à ne pas louper ! A.G.

Courts-Bouillon le 11 oct Les Films du Delta, Rousset Fax : 04 42 53 49 69 www.filmsdelta.com


La Neuvième On ne parlera pas de Beethoven ici mais de la 9è édition des Rencontres Films Femmes Méditerranée, le rendez-vous d’automne à ne pas manquer ! Du 7 au 19 octobre à Marseille, Hyères, Martigues, et La Ciotat, une trentaine de films, la plupart inédits, mettront en lumière le travail des Méditerranéennes au cinéma ainsi que la lutte de certaines pour exister tout simplement. Les Rencontres 2014, malgré un budget limité, investiront de nouveaux lieux. Elles s’ouvriront aux web documentaires avec une table ronde à l’Alcazar animée par Nicolas Bole, au cinéma d’animation avec la venue, aux ABD Gaston Deferre, de Florence Miailhe accompagnée par Marie Desplechin ; présenteront au MuCEM, des réalisatrices turques, en partenariat avec le festival de femmes de Dortmund. Elles réfléchiront à la représentation de la femme sur les écrans avec le workshop concocté par Sonia Jossifort à la Maison de la Région et s’interrogeront sur l’engagement politique à la Villa Méditerranée autour du Mare Magnum de Letizia Gullo et Ester Sparatore, chronique de la campagne électorale de la future maire de Lampedusa. Le 7 octobre, au Prado la semaine débutera en délicatesse et douceur par Les Merveilles d’Alice Rohrwacher, Grand Prix du Jury au dernier festival de Cannes. Elle se clora le 14, par Respire de Mélanie Laurent, histoire d’une amitié adolescente fusionnelle, trouble, perverse, après toute une palette de

films qui, pour beaucoup, mettent en scène de jeunes gens. On parlera d’amour et d’exil, entre Dakar, Turin, New York dans Des étoiles de Dyana Gaye, puis d’amour et d’errances dans le docu-fiction de Mali Barun, Barak, entre les cités parisiennes et leurs vagues terrains périphériques où se bricolent les baraques et la vie des Roms. Le 9, c’est la musique survoltée, transgressive, contestataire, libératrice de jeunes Égyptiens des quartiers populaires du Caire, qui sera à l’honneur, dans le doc de Hind Meddeb, Electro Chaabi. Le 10, Carol Mansour présentera Not who we are qui interroge quatre familles syriennes réfugiées au Liban et on retrouvera le mini-festival festif de Treize en courts doté d’un prix du jury et du public. Notons encore sans être exhaustifs, le 12 à l’Alhambra, une avant première : Qui vive de Marianne Tardieu avec Reda Kateb en vigile de supermarché dont la vie bascule, et à l’Institut Italien Je voyage seule de Maria Sole Tognazzi. Des films de notre temps réalisés par des femmes en mouvement qui tissent obstinément, d’une rive à l’autre de la Méditerranée, par le cinéma, des liens précieux. ELISE PADOVANI

Rencontres Films Femmes Méditerranée du 7 au 19 oct Programme détaillé sur www.films-femmes-med.org

Les Merveilles d’Alice Rohrwacher © ANSA


Gérard Guyomard

Sa femme, ses amis, les livres qu’il a aimés, les artistes de music-hall qu’il a fréquentés, tous les êtres et les choses qui l’accompagnent depuis les années 60/70 composent le «panthéon» pictural de Gérard Guyomard. De quoi nourrir une peinture haute en couleur, foisonnante de formes, d’images, de personnages, d’objets entrelacés dispersés sur la toile ! Une œuvre tonitruante qui l’a propulsé à la charnière entre la Figuration narrative et la Figuration libre. M.G.-G. Y fol fer jusqu’au 18 oct Galerie Anna-Tschopp, Marseille 6e 07 62 53 21 51 www.anna-tschopp.eu

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Parpaleminvid © Gérard Guyomard

Ken Sortais

P R O G R A M M E

La Straat galerie redémarre sa saison avec l’exposition monographique 93 de Ken Sortais, jeune artiste diplômé de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2010, qui vit et travaille en Seine-Saint-Denis. 93 témoigne de ses pérégrinations et de ses errances, de son appropriation de fragments de l’espace urbain dont il nous restitue par flashs quelques bribes de vie, de la casse de Saint-Ouen à la cité phocéenne. M.G.-G. du 18 sept au 18 oct Straat galerie, Marseille 6e 06 98 22 10 85 www.straatgalerie.com

A R T S

93-Christine, latex, 2014 © Ken Sortais © Straat Galerie

V I S U E L S

Doriane Souilhol

Désir désastre © Doriane Souilhol

Avec l’exposition Fail Better, Doriane Souilhol nous invite à déplacer notre point de vue sur les images qu’elle découpe, met en lambeaux, troue, répète, occulte ou voile et présente sous la forme d’installations. Si notre regard s’immisce entre elles à la recherche du «dessin» originel, difficile néanmoins de percer leur mystère tant l’artiste conserve précieusement leur caractère mystérieux. Et sollicite notre capacité à imaginer. M.G.-G. Fail Better du 20 septembre au 17 oct Vol de nuits, Marseille 5e 04 91 47 94 58 www.voldenuits.com © Dominique Zinkpe

African Outsiders

Pour sa première exposition consacrée à l’art contemporain africain, la galerie Polysémie propose un kaléidoscope d’univers, de cultures, d’inspirations et de formes comme autant de témoignages de la diversité des expressions africaines actuelles. Avec Yinka Adeyemi né au Nigéria, le Béninois Dominique Zinkpe, Franck Lundangi d’Angola, Ange Kumbi qui ouvrit le premier atelier de Kinshasa et l’Ivoirien Frédéric Bruly Bouabré, célèbre créateur d’une écriture pour sauver de l’oubli la culture de son peuple bété. M.G.-G. du 16 oct au 20 nov Galerie Polysémie, Marseille 2e 04 91 19 80 52 www.polysemie.com


¡ Aix y Barcelona ! Alexandra Serrano, série Between Finger and Thumb © A. Serrano

En cette année 2014, les Regards croisés vont à la rencontre de cinq jeunes artistes catalans de l’Institut d’Estudias Fotograficàs de Barcelone, équivalent de l’ENSP d’Arles. Humanisme, intimisme, mémoire et quotidien marquent leurs expressions qui n’oublient pas les esthétiques du passé tels le noir et blanc ou le Polaroïd. 28 expositions et quarante photographes composent les Parcours thématiques dans la ville. C.L. Phot’Aix du 2 oct au 15 nov Divers lieux, Aix-en-Provence 04 42 27 82 41 www.fontaine-obscure.com

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Photographier le paysage

vue partielle de l’exposition, Artothèque, Miramas, 2014 © André Mérian

A U P R O G R A M M E

Comment les photographes s’approprient-ils un paysage ? Cette exposition s’appuie sur l’important fonds de l’artothèque de Miramas, dont les commandes réalisées à Fos-surMer par Fabrice Ney dès les années 70, puis L. Baltz, G. Basilico, J. Davies, J.L. Garnell, augmentées d’œuvres plus récentes, de G. Mathieu, D. Giancatarina, S. Maestraggi, P. Conti... Ateliers avec André Mérian, Rose Lemeunier, Yveline loiseur. Conférence de Jordi Ballestra le 25 sept. C.L. Le paysage dans la photographie jusqu’au 4 oct Artothèque intercommunale, Miramas 04 90 58 53 53 www.ouestprovence.fr

Vincent, Yan et Bertrand

L’ Autoportrait à la pipe et au chapeau de paille peint par Vincent en 1887, sert de fil conducteur à la nouvelle exposition de la fondation vouée à l’œuvre de Van Gogh. On découvrira Night of colours, ensemble de pièces inédites de Yan Pei-Ming, certaines réalisées spécialement pour Arles. Avec L’affaire tournesols, Bertrand Lavier joue des écarts entre la touche en peinture (Les Tournesols) et la ligne claire dessinée (le professeur Tournesol). De quoi nous faire tourner la tête !
 C.L. Yan Pei-Ming, Bertrand Lavier du 20 sept au 26 avril Fondation Vincent Van Gogh, Arles 04 90 93 08 08 www.fondation-vincentvangogh-arles.org Yan Pei-Ming, Moonlight in Colour, 2014, huile sur toile, 131 x 200 cm, Courtesy galeries Massimo De Carlo et Thaddaeus Ropac © André Morin © Yan Pei-Ming, ADAGP, Paris 2014

Lucien et Pablo

En 1953, un jeune photographe présente un de ses clichés à Picasso. S’en suivra une longue relation d’encouragements et d’admiration. Pour la première fois, la collection des Picasso appartenant à Lucien Clergue sera présentée au public. Une soixantaine de pièces, dessins originaux, gravures, linogravures et divers documents à voir en écho avec la donation cédée par le maître au musée en 1971 et l’exposition en cours, Les Clergue d’Arles. Rencontre avec Lucien Clergue le 9 oct ; conférence Picasso et la télévision par Laurence Madeline le 6 nov, toujours à 18h30. C.L. De Clergue à Picasso du 4 oct au 4 janv Musée Réattu, Arles 04 90 49 37 58 www.museereattu.arles.fr

Pablo Picasso, Quatre toros pour Lucien Clergue, 1957, dessin au pastel gras,collection Clergue © Succession Picasso 2014

A R T S V I S U E L S


Flavie van der Stigghel, sans titre (architecture organique), 2014, porcelaine © Romain Stepek 2014

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Arts du feu

Pour cette deuxième édition, Sylvie Caron a choisi les extrêmes. Une figure emblématique avec les dernières créations en verre polychromes d’Ettore Sottsass, 18 Kachinas inspirées de la culture amérindienne réalisées au CIRVA en 2006, juste avant sa disparition et la jeune création céramique représentée par Flavie van der Stigghel, révélée en 2012 lors de Céramiques contemporaines, en résidence à l’atelier Serra pour son travail en porcelaine blanche. 
C.L. Septembre de la céramique et du verre jusqu’au 15 oct Les Baux-de-Provence 04 90 54 34 39 www.lesbauxdeprovence.com

Jean Martin-Roch

Il avait son atelier dans l’immense domaine de Pierredon, au cœur des Alpilles, où il exerçait son art en toute discrétion, loin des tumultes esthétiques de son siècle. Né en 1905 à Aix-en-Provence, Jean MartinRoch admirait tant Cézanne que Giotto ou Jean Fouquet. Le musée Estrine rend aujourd’hui hommage à son œuvre avec cette première exposition rétrospective d’envergure depuis la disparition du peintre en 1991. C.L.

Jean Martin-Roch, Sans titre, nd, huile sur toile, Musée Estrine © Jean Bernard-Musée Estrine

Les chemins du silence jusqu’au au 30 nov Musée Estrine, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 34 72 www.musee-estrine.fr

A R T S

Trankat épisode #2

Créées au cours de leur résidence à Trankat, au cœur de la médina de Tétouan au nord du Maroc, les œuvres de Said Afifi, Simohammed Fettaka, Ismaël, Mourad Krinah et Olivier Millagou «témoignent avec une certaine gravité d’un Maghreb en proie à de profondes mutations et d’une jeunesse au dynamisme ardent, qui cherche résolument à s’y frayer un chemin». À des années lumière du folklore et des pratiques traditionnelles. M.G.-G.

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© Dolomate (obscurité), dessin préparatoire, Simohammed Fettaka, 2014

100 papiers, plus ou moins

Au Cinéma-Repaire artistique, cinq artistes installés en région partagent leur passion pour le papier : peintures, encres, pliages, broderies… Ninon Anger fait crisser sur le papier la couleur de la feuille sur l’arbre ; Nicole Arsénian se joue des noirs et blancs dans ses papiers collés déchirés froissés ; Isabelle Guigues-Nathan succombe au «plaisir des traces sur le papier» tandis que Pierre Vallauri dessine en sculpteur pour faire surgir des lamelles, tronçons, fumerolles, mikados aussi légers qu’une feuille de papier… M.G.-G. jusqu’au 11 oct Le Cinéma-Repaire artistique, Roquevaire 04 80 88 98 70 www.galerieporteavion.org

Souvenir japon © Pierre Vallauri

jusqu’au 25 oct Espace d’art Le Moulin, La Valette 04 94 23 36 46 www.lavalette83.fr



Grandeur et décadence

Dans les coulisses de Nicolas Desplats

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Vue de l’atelier de Nicolas Desplats, Marseille, 2014 © MGG/Zibeline Vue de l’exposition Fallible witnesses de Kapwani Kiwanga à la galerie Karima Celestin, Marseille, 2014 © MGG/Zibeline

En accueillant pour la seconde fois Kapwani Kiwanga1, Karima Celestin ne se doutait pas qu’elle soulèverait une question obsédante dans le monde du marché de l’art contemporain : quel prix donner pour l’acquisition d’un «protocole de présentation» ? Les collectionneurs d’art conceptuel sont prêts à débourser des sommes rondelettes (ici 7 000 euros pour Flowers for Africa : Uganda, 2014) tandis que d’autres restent dubitatifs. Mais de quoi s’agit-il ? Dans l’installation éphémère Fallible witnesses, Kapwani Kiwanga fait un travail de mémoire restituant sous forme de compositions florales des moment clefs de l’histoire du continent noir : fraiches et resplendissantes le jour du vernissage, elles ne cesseront de se faner, de décrépir, de s’assécher. Bref, de tourner de l’œil. Des gerbes à la magnificence déliquescente comme autant de symboles de célébrations, dédicaces, commémorations, condoléances qui ponctuent l’histoire mouvementée des pays africains… Fruit d’âpres recherches historiques, iconographiques et végétales, d’un processus méthodologique pointilleux, cette série fait entendre une autre réalité, loin des discours officiels… Impossible pour le collectionneur d’acheter ce qui fut une couronne de «mariée» et qui est aujourd’hui une gerbe «mortuaire» à l’odeur entêtante. Sauf que pour celui qui a ressenti dans sa chair toute la violence -et la justesse- des Flowers for Africa, le protocole de présentation sera un parfait «substitut» aux bouquets jetés après usage comme un Kleenex. Pour se souvenir et transmettre avant tout. M.G.-G.

dans Transmission en novembre 2013, l’artiste avait présenté une installation sonore 1

Fallible witnesses jusqu’au 18 oct Galerie Karima Celestin, Marseille 1er 09 73 54 24 37 www.karimacelestin.com

Au printemps 2013, Nicolas Desplats faisait l’éloge du mur en transformant l’Atelier de la Fondation Vacances bleues en peinture 3D (voir Zib’65) ; au Festival des Arts éphémères 2014, il dupliquait une toile de 55 x 38 cm sur une vaste bâche plastique encastrée dans une structure métallique. Chaque geste pictural entraînant un flot d’interrogations sur l’impossibilité à représenter le paysage mental et factuel, la mise à distance du tableau… À quelques jours de son exposition au Passage de l’art, l’artiste choisit dans son atelier quelques-unes des toiles qui seront, ou non, sur les cimaises. Car tout peut changer. Une chose est sûre, il prend sa peinture comme motif et tente de faire surgir la peinture sur la toile par l’évocation, la disparition, la trace, le ratage. Nicolas Desplats : Il y aura une longue série de tentatives d’effacer ou de faire surgir la montagne simultanément. Du coup il est question de peinture et de couleur. Je présenterai le grand tirage numérique sur toile utilisé aux Arts éphémères car il n’a pas été abîmé : une fois tendu sur châssis on se casse le nez, on croit que c’est une énorme toile. Dans le parc les gens étaient bluffés ! Je vais la présenter dans un lieu, ce n’est donc plus une installation mais l’accrochage d’une toile qui n’est pas une toile. On va pouvoir élaborer un discours sur ce qu’on voit, comment on voit, faire la distinction entre image et peinture. Zibeline : C’est la dichotomie entre la peinture et l’image qui vous intéresse ? C’est aussi comment on se positionne face au tableau. Vraie ou fausse peinture, le spectateur peut s’interroger, se déplacer et déplacer son regard.

Face à face, il y aura la toile originale et tout autour une série de petites toiles récentes. On est là sur un travail de lumière, de couleur et puis finalement le paysage s’efface et pénètre dans l’architecture, puis tout part dans tous les sens. Ce sont des paysages très chaotiques, bouleversés… Oui, peut-être, car c’est le fait de l’impossibilité. J’avais pensé un jour à la notion de nature et empêchement. Vous avez toujours travaillé sur le motif du paysage en peinture ? À Vacances bleues, il s’agissait d’architectures-peintures qui parlaient d’espace. On était toujours dans le tableau, mais il s’agissait d’espaces vides avec des absences sur les murs. Je me sens plus en phase avec une authenticité personnelle quand je renoue avec une peinture un peu plus salie, un peu plus complexe. La gamme chromatique semble avoir évoluée. C’est plus contrasté. Il y a toujours une gamme de couleurs blanchâtres, évanescentes et assez salies qui jouent de la transparence, de l’effacement, de la salissure car j’essaye de travailler sur la notion de ratage en peinture. Et comment bien rater la chose. C’est conceptuel ! Quand je peins, cela se bagarre au sein de la toile. Or dans le ratage, il y a quelque chose d’évident : le tableau vient à moi. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Imposture.2 du 23 sep au 10 oct Passage de l’art, Marseille 7e 04 91 31 04 08 www.lepassagedelart.fr



Des ondes au château

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Emmanuel Lagarrigue, Son silence est la dernière chose qui lui appartient comme la peur leur appartiendra bientôt, 2012, exposé dans la salle de la pompe © Emmanuel Lagarrigue

casque qui déforme mécaniquement les sons réels et donne une étrange impression de diffusion stéréophonique de l’environnement ! La pièce de Dominique Petitgand, faite de petits événements discontinus, semble plus anecdotique, de même que d’autres œuvres visuelles : Emmanuel Lagarrigue qui transforme les sons en impulsions lumineuses, Valère Costes qui fabrique une machine à nuage, Arno Fabre qui crée une cloche tournante, ou Franck Lesbros qui filme les belles vibrations de l’eau que produit une voix humaine. Regardant plutôt vers les voix rêvées des contes, Emma Dusong installe au château une Valise qui s’ouvre et parle, hantant la chambre d’apparat, et dans le parc les pieds dans l’eau deux Sirènes, périscopes rouges

diffusant une voix d’enfant, qui implore en chantant l’amour de sa mère… On en frissonne encore ! Ces installations hanteront le Château d’Avignon jusqu’au 19 octobre, et se ponctueront d’événements exceptionnels à la rentrée, les Journées Européennes du Patrimoine (les 20 et 21 septembre) et la Fête des Parcs (le 28 septembre). L’occasion d’un tour en Camargue pour finir l’été ? AGNÈS FRESCHEL

Le domaine des murmures #1 jusqu’au 19 oct Château d’Avignon, Saintes-Maries-de-la-Mer 04 13 31 94 54 www.chateaudavignon.fr

Premiers objets du premier monde La galerie art-cade propose une cascade d’expositions qui interrogent les différents registres de collaborations en duo, en couple ou non. Initié pendant le Printemps de l’art contemporain avec Hyppolite & Hentgen issus de la Villa Arson à Nice, le cycle se poursuit avec les lauréats du prix ESADMM 2014 qui construisent leur installation globale Heures-reliefs en résonance avec le lieu. En 2015, se succèderont les binômes marseillais Berdaguer & Péjus, Stauth & Queyrel, puis plus tard Bartolani-Caillol initialement prévus cet été. Pour l’heure, Mountaincutters donne à voir un travail plastique et littéraire d’une maturité troublante développé autour de l’hermaphrodite qui «absorbe [leurs] attitudes» jusqu’à gommer leur identité et les faire

Solution de continuité © Mountaincutters

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L’exposition contemporaine au Château d’Avignon est triplement exceptionnelle. Parce qu’elle inscrit les œuvres dans un rapport pertinent avec l’ensemble patrimonial d’une demeure et d’un parc exceptionnels ; parce que son art contemporain est essentiellement sonore, musical, en résonnance d’ondes avec la maitrise des eaux désirée en son temps par le châtelain Noilly Prat, qui mit en œuvre l’eau courante entre Petit Rhône et marais ; et parce qu’hélas elle risque d’être la dernière exposition temporaire du lieu, le Conseil Général 13 ayant apparemment décidé de restreindre l’aura de ce domaine départemental à son seul patrimoine technique. Les journées d’ouverture (les 19 et 20 juin), malgré l’orage et les moustiques, ont rassemblé un public nombreux, venu de loin ou passant par là, à l’écoute des œuvres composées en collaboration avec le GMEM. Il faut dire que la proposition artistique est riche, avec 13 commandes à 12 artistes passionnants. Certains racontent, comme Carole Rieussec qui murmure la grande prairie, ou Marie Chené et Pascal Messaoudi qui détournent avec malice les explications de l’audio-guide et procèdent à des collages signifiants, transformant la visite de la salle de bain en récit anthropophage… Plus strictement musicales, les pièces de Julien Clauss ou Pierre Berthet surprennent par leur poésie : l’un a capté et travaillé la structure sonore du château d’eau, ses rondeurs, sa hauteur et ses réverbérations, pour en faire entendre le son diffusé au-dedans ; l’autre a installé dans la bambouseraie un dispositif impressionnant de fil et de bidons qui vibrent et produisent un son qu’ils amplifient eux mêmes… donnant au passant l’impression d’avoir changé d’oreille, pour percevoir le vrai son des choses. À l’inverse de Pierre Laurent Cassière avec son schizophone,

disparaître derrière un double fictif conçu comme «une espèce de machine» qui creuse la montagne, l’écartèle, la soulève, la broie, la traverse. De ce mini cataclysme subsistent des amas de poussière, des écheveaux de

cordages élimés, des écorces effritées, des tesselles, des matières éparses répandues au sol, des objets fossilisés. Une fin du monde apocalyptique dont le couple aurait été le témoin et l’acteur (peut-être…) dans un temps suspendu irrationnel. La nature est dévastée et seule la mémoire des formes et des paysages est intacte. Le reste n’est que traces dans l’architecture : feuilles, rouille, cendres, poèmes. M.G.-G.

Heures-reliefs jusqu’au 20 sept art-cade, Marseille 1er 04 91 47 87 92 www.art-cade.org


Deus ex machina Faut-il chercher l’intervention d’un dieu dans Shadow Play de Nicolas Rubinstein ou plutôt croire à celle d’un homme qui, en artisan, soude, découpe, fabrique, et, en artiste, dessine à la manière d’un graveur «une histoire de transmission, réelle et signifiée» ? Les deux, sans doute, car Shadow Play condense trois piliers essentiels de son travail : deux volumes de l’édition de 1922 du Larousse universel entièrement gravé dont il détient plusieurs exemplaires, la Bible dont la lecture lui est essentielle, et «la mythologie grecque en général». Sa capacité d’imagination, sa compréhension du monde, son goût pour la dialectique et sa maîtrise des outils et des techniques font le reste à l’ombre de son atelier à faire pâlir de jalousie le Facteur Cheval et Ali Baba… Derrière la vitrine de la galerie Porte-Avion, les passants aperçoivent cette installation-sculpture hétéroclite : «Des cadres de vélo en os, Des roues dentées et des chaines de vertèbres, Deux cerveaux bercés dans une nacelle, Un mouvement permanent et trois cerveaux ailés qui survolent le couffin». Pour cette nouvelle proposition, l’artiste s’est lancé un défi : produire une pièce évolutive, un work in progress permanent en phase avec l’espace et les possibles expérimentations. Ici, il change de direction l’œuvre, il rajoute un berceau «venu un peu tout seul» et réintègre des cerveaux. Cela tient de la folle entreprise, du bricolage de génie qui fait que les gens voient de vrais cerveaux là où il y a fiction

73 A U Shadow Play © Nicolas Rubinstein, galerie Porte-Avion, Marseille, 2014

et fantasmagorie ! Nicolas Rubinstein redouble de talent de prestidigitateur pour «bricoler» ses mécaniques improbables, ses machines volantes, ses vélos aux roues atrophiées, ses anatomies mécaniques… Avant de se lancer dans l’aventure de la fabrication, il lui faut d’abord appréhender mille et une techniques, s’essayer à toutes sortes de matières et «dessiner pour comprendre ce que je vois». Un processus d’accouchement «comme un cheminement fluide» qui contraste avec la machinerie complexe de ses œuvres, révélée dans une série de neuf dessins préparatoires et

Spleen lumineux Pour cette rentrée, attendue avec quelques appréhensions chez les promoteurs de l’art contemporain, prenant les choses à contre-pied, Didier Gourvennec Ogor s’autorise quelques centaines de mètres carrés d’agrandissement et une double expo personnelle offerte à Timothée Talard, jeune artiste maison.

Bruit

La rumeur avait laissé entendre la fin prochaine de la galerie marseillaise. Coup de gueule ou coup média ? Non seulement Didier reste aux commandes mais annexe les 200 mètres carrés de l’ancien garage jouxtant sa propre galerie. Temporairement. «Je n’agrandis pas l’espace existant...», avoue-t-il pour rebondir sur l’annonce d’«un projet qui pourrait faire du gros gros bruit au niveau national et international Je ne peux pas trop en parler pour l’instant parce que ce n’est pas moi le commanditaire.» Ce devrait être pour la fin de cette année.

Timothée Talard, vue partielle de l'installation, galerie Gourvennec Ogor, 2014 © C. Lorin/Zibeline

Cris

En attendant, Timothée Talard -hormis plusieurs dessins sans thématique commune- a envahi le lieu entièrement reblanchi avec de grand caissons lumineux, façon enseigne-néon, projet conçu pour l’occasion. Posé conte le mur ou au sol dans un savant chaos, chaque élément affiche dans une lumière blanchâtre immuable un message bombé au noir et en anglais. Ventre-dieu, à quoi rime cette anglomanie chez nos artistes contemporains ? «Je ne sais pas... avec l’anglais cela

s’adresse à plein de gens. C’est la langue universelle.» Les dix exutoires projettent publiquement «une très grande douleur qu’on ne sait pas gérer et qu’on a envie de crier son désarroi...». Pas très fun en effet ! La sérénité est recouvrée dans la galerie grâce à la magnificence de monochromes aux subtiles chromatismes maîtrisés et poétiques. Par le déplacement du spectateur de nouvelles nuances se découvrent, un autre espace émerge, fugace, rendant impossible d’appréhender l’œuvre d’un seul regard. Non

une succession de vertèbres, transferts d’encre sur papier. De «petits croquis qui valent mieux qu’un long discours…». M.G.-G.

Shadow Play jusqu’au 18 oct Galerie Porte-Avion, Marseille 4e 04 91 33 52 00 www.galerieporteavion.org

loin le sentiment d’inquiétude réaffleure dans de très grandes aquarelles ombreuses, et au sol deux moulages à l’antique démembrés. Moindre que dans sa précédente exposition mais avec quelque chose de désespérance flottante. L’artiste se défend : «La Vénus de Milo est belle parce qu’elle n’a pas de bras !» Un catalogue est prévu mi-octobre et un projet pour la Manufacture 284C en novembre. Avant de partir, jeter un œil à l’étage au travail d’un duo prometteur, lauréat du prix ESADMM1, les Mountaincutters (lire également p. 70). See you soon ! C.L. 1 École Supérieure d’Art et de Design Marseille-Méditerranée du 31 août au 18 octobre

Chance is a word void of sense nothing can exist without a cause jusqu’au 18 oct Galerie Gourvennec Ogor, Marseille 09 81 45 23 80 www.galeriego.com

P R O G R A M M E A R T S V I S U E L S


Rentrez en livres ! C’est devenu une tradition française : quand les écoliers ont repris le chemin des classes et que l’automne nous éloigne des plages, de nouveaux livres apparaissent, les écrivains s’en vont sur les routes, et les libraires installent leurs tables autour de leurs voix vivantes. Dans la région, les manifestations littéraires s’enchaînent, d’esprit différent : à Mouans Sartoux (06) les tables rondes alternent avec les séances de signature, à Toulon (83) aussi on croise les auteurs derrière leur petite table, ou conversant de sujets de société. À Aix, les Écritures croisées,

Signaletique © FXE

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plus universitaires, savent inviter de grands écrivains internationaux, autour de problématiques littéraires. À Manosque (04), depuis 16 ans, les Correspondances sont une fête pour l’esprit, et mettent en dialogue les écritures les plus fines de la «rentrée littéraire» française, et les formes spectaculaires qui jouent avec leurs mots. De la même veine, les plus récentes Littorales ont enfin les moyens de proposer un festival de belle ampleur, qui va prouver que Marseille aussi aime la littérature !

Arbre écriture © LG

L I V R E S

u’est-ce qui fait le charme des CorresponQ dances ? Pourquoi sent-on cette proximité avec les écrivains ? Peut-être est-ce parce qu’on les

aperçoit, détendus, à l’apéritif ? Que le temps et cette Provence sentent encore un peu les vacances ? Plus sûrement, le succès de Manosque est dû aux organisateurs qui savent allier, lier et lire, prévoir des dialogues inattendus entre écrivains qui diffèrent, entre arts qui se complètent. À ceux qui accueillent et entourent, ceux qui animent et modèrent, savent poser les questions qui éclairent, doucement, l’intimité des œuvres. À toute la ville qui participe, le Centre Jean Giono toujours là, un Off qui réjouit le In et propose des performances de la Cie Kartoffeln et du Begat Théâtre, des expos de dessins originaux et de photos à la Fondation Carzou, un cinéma, des librairies, qui vibrent comme une fois l’an, et des festivaliers qui écrivent, dessinent, attendent dans les queues sans protester, n’ont cure des orages, retiennent leur souffle quand ils sentent venir d’exceptionnelles confessions, ou des colères profondes. Manosque, chaque année, sait remettre en route la saison qui vient, et donner envie de lire tout un an. Cette année encore tous ceux dont on a aimé les livres seront là, Christian Garcin et Maylis de Kerangal, Olivier Adam et Olivia Rosenthal,

Le charme de Manosque...

Emmanuel Carrère et Serge Joncour, Marcelino Truong, Ahmed Kalouaz, Lydie Salvayre, Nathalie Kuperman, Antoine Volodine... 45 écrivains, des traducteurs, des comédiens pour accompagner leurs mots (Dominique Reymond, Jacques Bonnaffé, François Morel...), des chanteurs pour souligner leurs musiques (Gaëtan Roussel, Raphaël, La grande Sophie...). On fera aussi quelques sauts hors de l’actualité littéraire : Duras, Giono bien sûr en sa maison, Zola, Doisneau seront évoqués, et l’historien Patrick Boucheron nous expliquera comment Conjurer la peur. Chaque journée sera rythmée par des rencontres matinales, des siestes littéraires, des discussions et tables rondes dans l’après midi, des apéros avant

le grand spectacle du soir, et se concluront par un concert, forcément littéraire. Cela commence le jeudi, et se finit le dimanche dans l’après-midi, et se goûte comme une parenthèse enchantée. AGNÈS FRESCHEL

Les Correspondances du 24 au 28 sept Manosque 04 92 75 67 83 www.correspondances-manosque.org


Les Littorales-Marseille, S

ix jours de rencontres, ateliers, projections, lectures, expositions, concerts, séances de dédicaces… Pour sa cinquième édition, du 7 au 12 octobre, le festival phare de la rentrée littéraire marseillaise n’a pas lésiné : de nouveaux lieux dans la ville et une variété de propositions qui devraient ravir tous les amoureux des livres.

Les thèmes

Des «histoires en séries», tel est le thème retenu cette année par l’association des libraires indépendants. Certaines rencontres seront donc à épisodes, comme Série et variations sur le motif, proposées par le CipM, L’affaire est dans le sac en papier, lectures performances du dessinateur Boll ou encore la soirée d’ouverture (le 8 oct au cinéma L’Alhambra), consacrée à la série américaine The Wire (en français, Sur écoute), une soirée de débat et de projections à laquelle succèdera une rencontre durant le week-end. Aux plus jeunes, la romancière Brigitte Smadja viendra présenter ses Pozzis, illustrés par Alan

Céline Minard © Elizabeth Carecchio

Mets, tandis qu’Adrien Bosc évoquera les revues qu’il a créées, Feuilleton, Desports, Citrus. Peut-être parlera-t-il également un peu de Constellation, son très original premier roman.

Les lieux

Littéraires, Les Littorales s’installent dans les librairies indépendantes, évidemment, mais aussi à la BMVR Alcazar, au Musée d’histoire, au FID, au studio Fotokino, aux Bernardines, à La Caravelle… Certaines soirées, et pas des moindres, auront lieu au théâtre Mazenod tout juste réhabilité. Quant au temps fort du week-end (les 11 et 12 oct de 10h à 19h), il battra au cœur de la cité : un grand magic mirror accueillera sur le Vieux-Port la librairie géante et toutes les séances de dédicaces. Les rencontres se dérouleront sur le superbe Don du Vent, amarré pour l’occasion au quai de la Fraternité.

Emmanuel Carrère © Hélène Bamberger POL-2009

saison 5

75 P L OI V L RI ET SI Q U E

Les concepts

Les modes de rencontre sont multiples et jouent sur le mélange des genres : rencontres professionnelles à la BMVR, ateliers jeunesse, dialogues d’écrivains (celui de Céline Minard et de Marc Biancarelli autour de la notion de western devrait être passionnant), lectures performances ou musicales (comme celle de Velibor Colic et de son complice Marcel Jouannaud à l’accordéon), sans oublier une rencontre-projection autour d’Emmanuel Carrère (à propos de son dernier roman Un royaume et de son film Retour à Kotelnich réalisé en 2003), un concert dessiné de Frédéric Nevchehirlian et Thomas Azuelos, des brunchs et même une randonnée littéraire. Ira-t-on marcher avec l’écrivain Antoine Choplin et Baptiste Lanaspèze, éditeur et fondateur du GR2013, ou brunchera-t-on en compagnie d’Emmanuel Carrère ou de la romancière américaine Lionel Shriver, avant de rencontrer Antoine Volodine puis Alain Badiou ? Telle sera l’une des nombreuses questions qui rongeront l’amateur durant ce festival riche

en propositions originales ! Pas de panique pourtant. Toute l’année, il suffira de pousser la porte d’un des libraires indépendants grâce auxquels Les Littorales existent pour prolonger le dialogue et les découvertes. FRED ROBERT

Les Littorales-Marseille Libraires à Marseille du 7 au 12 oct www.leslittorales.com

RetrouveZ les chroniques de livres de la rentrée littéraire sur

Journalzibeline.fr

C U L T U R E L L E


La Méditerranée des livres

abituellement programmée en novembre, la Fête H du Livre du Var change de calendrier cette année. Du 26 au 28 septembre, quelque 200 auteurs, français

L’écrivain et la politique

ne fois encore, Annie Terrier et ses U Écritures Croisées invitent un géant de la littérature. Mario Vargas Llosa, prix

Nobel en 2010, était déjà venu à Aix il y a vingt ans. Depuis, l’écrivain péruvien a publié beaucoup, adopté la nationalité espagnole où il vit depuis sa défaite aux élections présidentielles péruviennes. Car l’évolution politique de Vargas Llosa est radicale : il est passé du communisme et de la lutte contre les dictatures de droite dans les années 70, au soutien direct des politiques austéritaires néolibérales européennes (de Thatcher à Aznar), et à la lutte contre les politiques de gauche à l’oeuvre en Amérique Latine. Pourtant, taxé de libéral, il s’en défendait il y a deux jours dans Le Monde en expliquant que le sens du mot avait été dévoyé, et qu’il défendait la liberté... Nobelisé pour la pertinence de sa «description des mécanismes du pouvoir», il est avant tout un écrivain, passionnant, prolixe comme les autres créateurs du boom ibéro-américain (Fuentes, Cortazar et Garcia Marquèz, l’ennemi intime), mais différant d’eux par son détachement du réalisme magique : son emploi de voix narratives distinctes, ou d’un point de vue choral, a plus à voir avec Faulkner, ou Giono, qu’avec Borges... Auteur de romans mondes, de sagas transversales, il a écrit aussi des œuvres plus intimes et doucement drôles, comme Tante Julia et le scribouillard. La présence de cet écrivain admiré, homme politique controversé, prendra corps autour de ses derniers livres, d’une carte blanche cinématographique, d’une exposition autour de la typographie de Philippe Apeloig, d’une lecture d’Alain Simon, d’une autre

d’Anne Alvaro... Et bien sûr des tables rondes et débats menés par Gérard Meudal animeront l’amphithéâtre de la Verrière. Avant cela un autre prix Nobel ! Mo Yan, familier de l’exceptionnel département de Littérature Orientales d’Aix-en-Provence, viendra animer une journée autour de son œuvre. L’écrivain ancré dans la province et la terre, décrit, avec sans doute plus de réalisme magique que Vargas Llosa, une Chine ignorée par le régime central, victime durable des errements collectivistes maoïstes, et de la politique de l’enfant unique. Écrivain officiel pourtant, qui sait modérer ses déclarations, et laisser parler ses livres !

JAN CYRIL SALEMI

Fête du Livre du Var du 26 au 28 sept Toulon www.fetedulivreduvar.fr

AGNÈS FRESCHEL

Fête du livre 2014 Mario Vargas Llosa Le Paradis, un peu plus loin du 17 au 19 oct Rencontre avec Mo Yan le 18 sept à 18h30 Cité du livre, Aix-en-Provence 04 42 26 16 85 www.citedulivre-aix.com

Traduire, en parler...

Mo Yan sera également à Arles le 20 septembre, dans le cadre des rencontres au Collège international des traducteurs littéraires. Qui en cette année proposent une riche rentrée littéraire ! Collège international des traducteurs littéraires Espace Van Gogh, Arles 04 90 52 05 50 www.atlas-citl.org

Erri De Luca © Catherine Hélie, éditions Gallimard

L I V R E S

Mario Vargas Llosa© Fiorella Battistini

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et étrangers, sont attendus dans les rues de Toulon. Ces dates, plus proches de la rentrée littéraire, donneront un air nouveau à cette édition 2014. Romans, bandes dessinées, littérature jeunesse ou autofictions, les types d’expression les plus divers seront représentés. Ouvert à de nouveaux formats d’écriture, très actif sur les réseaux sociaux, présent sur de nombreux lieux de la cité varoise, le festival multiplie les innovations. Interaction et web sont des mots-clés de cette édition : capsules littéraires (petites vidéos postées sur Internet), selfies-livres, micro-récits façon Twitter, vote en ligne pour le prix des lecteurs, le public était convié à prendre part à la Fête avant même son ouverture. Ateliers, tête-à-tête avec les auteurs et concours de slam agrémenteront ce volet participatif pendant tout le week-end. La Méditerranée, ses multiples rives et ses cultures diverses, sera l’autre maître-mot de la manifestation. En présence d’Erri de Luca, écrivain italien majeur et invité d’honneur du festival, la création méditerranéenne sera la principale thématique de ces trois jours. Venus des Balkans (Drago Jančar), de Turquie (Hakan Günday), du Liban (Diane Mazloum) ou de France (Gilles Kepel), les intervenants placeront la Méditerranée au cœur des débats. Le Polar Nostrum, ou roman policier à la sauce méditerranéenne, sera également à l’honneur. Quelques concerts, gratuits, entretiendront ce climat méditerranéen, avec notamment le flamenco de Mayte Martin ou le jazz métissé du Tunisien Jasser Haj Youssef. Enfin, des lectures par des comédiens prestigieux (Jean-Louis Trintignant, Michel Piccoli) compléteront la programmation. L’ouverture officielle aura lieu le 26 à 14h30 sur la place d’Armes, avec notamment la remise du prix des lecteurs.



Le patrimoine de la science

R E N C O N T R E S

Patrimoine scientifique seront l’occasion de découvrir le Parc Urbain des Papillons. Ce dispositif expérimental de recherche sur la biodiversité urbaine a été mis en place en 2012, sur une initiative de Magali Deschamps-Cottin du Laboratoire Population-Environnement-Développement, avec les élèves du Lycée d’Aménagement Paysager des Calanques. Situé dans le 14e arrondissement, il est un outil de premier ordre pour comprendre l’homogénéisation des espèces en ville, qui fait que de Paris à Marseille, les papillons sont quasiment tous les mêmes.

© Aix-Marseille Université

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Dans le cadre des Journées du patrimoine scientifique, Aix-Marseille Université invite à découvrir ses trésors cachés. Le 20 septembre, on pourra visiter le campus SaintCharles, et participer à un atelier au Musée de Paléontologie, à la recherche d’espèces fossilisées. La bibliothèque universitaire ouvrira ses réserves, permettant au public d’admirer les fleurons de sa collection. Parmi lesquels un ouvrage de Leonart Fuchs -l’un des fondateurs de la botanique moderne, ayant accessoirement donné son nom au fuschia- datant de 1542. Ou encore un herbier d’algues bretonnes du XIXe siècle, extrêmement rare et bien conservé, dont Johann Berti, le directeur de la bibliothèque, estime qu’il se situe «à la frontière entre la science et l’art». Le soir, la compagnie grenobloise Un euro ne fait pas le printemps proposera sa «vision futuriste (pas si) absurde du présent», un spectacle qui se situe dans 3 000 ans, après une période de glaciation brève mais intense. Sur les ruines de

GAËLLE CLOAREC

notre civilisation, il s’agira de comprendre comment et pourquoi elle a disparu... D’après son metteur en scène Heïko Buchholz, cette création théâtrale déambulatoire a été conçue en collaboration avec de vrais archéologues, en s’inspirant de leur méthodologie, et permet «de s’extraire de notre monde contemporain,

pour voir avec du recul dans quelles conditions nous vivons». Alléchant ! Le dimanche 21, une «visite-découverte» est prévue au sein de l’herbier de l’Université et de l’ancien Musée colonial marseillais des plantes utiles, ainsi qu’une «balade-immersion» dans la physique-chimie du XXe siècle. Enfin, les Journées du

Les Journées du patrimoine scientifique les 20 et 21 sept Marseille inscriptions via le site http://cps.univ-amu.fr

Renforcer le dialogue La Villa Méditerranée, après quelques travaux de colmatage de ses bassins et des réaménagements intérieurs, a rouvert ses portes le 16 septembre. Avec un infléchissement de ses missions : il n’est plus vraiment question de programmer du spectacle vivant, mais d’accueillir les événements culturels, cinéma, concerts... qui entrent en résonance avec ses intentions : celle d’une coopération méditerranéenne interrégionale, à la fois économique, sociale et politique. Des appels à projets ont été lancés, pour travailler avec les médias et associations susceptibles de programmer des événements autour des problématiques chères à la Villa : l’écologie méditerranéenne, l’exercice de la démocratie, les jeunes, les femmes... La programmation s’élaborera autour de ces nouveaux projets, et pour l’heure la Villa

continue d’accueillir de nombreux séminaires et colloques euro-méditerranéens. Pour ce qui est des manifestations ouvertes au public, les deux expositions permanentes Plus loin que l’Horizon et L’Échelle des temps sont accessibles, destinées à tous, et en accès libre. Un forum Photovoice in euromed rendra compte des travaux de cette formation financée par l’Europe, et destinée aux travailleurs sociaux, afin qu’ils utilisent la photo pour lutter contre les exclusions et discriminations (le 19 sept). Le 27 sept, la mission Tara dont le bateau laboratoire fait escale à Marseille sera présente à la Villa pour expliquer les enjeux de l’étude scientifique en cours sur la pollution plastique en Méditerranée. Puis du 7 au 29 oct, Films Femmes Méditerranée prendra pied dans la belle salle sous la mer, pour ses projections, et des débats, dont un sur les Tara © F. Latreille-Tara Expeditions Femmes cinéastes et l’engagement politique (voir p. 65). On espère néanmoins qu’on reverra des spectacles et concerts dans la salle, et des expositions temporaires dans les étages ! AGNÈS FRESCHEL

Villa Méditerranée, Marseille 04 95 09 42 52 www.villa-mediterranee.org




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