un gratuit qui se lit
N째81 du 21/01/15 au 18/02/15
Changeons le monde
Politique culturelle Nous sommes Charlie, rencontre avec Charb ......................................4, 5 Rencontre avec Christophe Alévêque .................... 6 Le FRAC, entretien avec Pascal Neveux ...........................8, 9 Le Merlan, entretien avec Francesca Poloniato ......................10 Le Ballet National de Marseille ............................11
Événements Biennale de cirque, Les Élancées ....................12, 13 Le Fest’Hiver, les Hivernales ..........................14, 15 Le MuCEM, la Friche .....................................16, 17
Critiques Théâtre ....................................................18 à 21 Musique ..........................................................22
Au programme Musique ...................................................23 à 28 Théâtre, danse, jeune public, cirque, rue ............................................... 30 à 49 Cinéma ...................................................... 50, 54 Arts visuels .............................................. 55 à 57
Arts visuels .......................................... 58 à 62
Occupez-vous de nous Après le temps de la sidération et de l’unité nationale, l’heure est venue de se demander comment cette haine est possible, aujourd’hui, en France. La constitution l’affirme dans son premier article : La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Si la laïcité est largement interrogée, qu’en est-il des autres principes de notre République ? Indivisible, mais inégalitaire de fait dans le traitement de ses territoires. Les dotations d’État aux collectivités s’amenuisent, accentuant l’écart entre Paris et Régions, imposant une réforme territoriale qui remet en cause la décentralisation, complexifie les compétences, et fragilise grandement la culture. Qu’en sera-t-il demain, lorsque les budgets seront si faibles que les collectivités ne pourront plus subventionner les arts et la pensée ? L’État se doit de garantir «une application uniforme du droit sur l’ensemble du territoire national». Qu’en est-il du droit à la culture ? Il est pourtant urgent de penser notre société, de la rêver, de la partager. Depuis des années, enseignants et travailleurs sociaux nous alertent : l’abandon où sont laissés des quartiers entiers de nos villes favorise la montée de pensées rancies, de préjugés raciaux, de divisions. Sociale, notre république l’est-elle encore, quand elle a appauvri ses écoles, fermé ses centres sociaux, favorisé les ghettos, surpeuplé ses prisons et délaissé ses enfants, en proie aux extrémistes venus en faire de la chair abrutie à martyr sanguinaire ? République sociale ? Est-il normal qu’aujourd’hui, en plein hiver, EDF coupe l’électricité des familles surendettées ? Où est-elle, cette République qui se doit de «favoriser l’amélioration de la condition des plus démunis» ? Où est-elle encore, cette République démocratique qui n’a pas su entendre le Non des Français au traité Européen, et l’a bafoué ? Qui présente son budget à l’approbation d’une Europe à l’austérité contre-productive ? Quels sommets l’abstention devra-t-elle atteindre avant que les partis politiques républicains remettent en cause la pensée économique commune ? Auronsnous réellement le choix, aux élections départementales qui approchent, puis aux régionales qui se dessinent, sans Michel Vauzelle mais avec Jean-Marie Le Pen ? Serons-nous encore amenés à voter par défaut, ou à rester chez nous ? Le sentiment que l’État maltraite ses citoyens, en province, en banlieue, n’aide pas à maintenir vivante l’idée de la République... AGNÈS FRESCHEL
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Ce qu’être Charlie veut dire L’assassinat de la rédaction de Charlie Hebdo, des policiers, puis des otages du supermarché casher, ont suscité un élan de solidarité unanime, auquel la rédaction de Zibeline a participé avec émotion. Mais cette unanimité soulève aussi des questions. Sommes-nous Charlie ? Quel est le sens de cette affirmation, quinze jours après le drame ?
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© Maj.
ous sommes Charlie. Nous, journalistes, défendrons toujours non seulement la liberté de la presse, mais le droit à l’insolence, au tapage, à déranger l’ordre, à dire ce que nous considérons comme une vérité. Ce qui, dans l’exercice de notre métier, est non seulement un droit, mais le premier de nos devoirs. Nous sommes Charlie. Nous refusons de soumettre notre raison à un dogme, de nous interdire certains aliments, de porter une perruque ou un voile, de croire que notre âme va rejoindre un au-delà après la mort de notre corps, de penser qu’un Dieu barbu ou pas nous regarde et nous a créées, qu’une femme a enfanté un fils en n’étant pénétrée que de Grâce, qu’une autre avant elle a été créée à partir de la chair masculine, comme son produit. Nous voulons pouvoir clamer que cela est aujourd’hui, en l’état des connaissances humaines, une insulte absurde à notre intelligence, et de plus une aberration susceptible aussi de contredire la loi républicaine que nous avons édifiée. Celle qui proclame et garantit l’égalité entre hommes et femmes, le droit de choisir sa sexualité, de changer de partenaire, d’être libre de nos actes lorsqu’ils ne regardent que nous. Nous sommes Charlie, nous sommes ces français juifs, nous sommes ces policiers français, noir et arabe qui sont morts sous les balles de fanatiques dont nous ne pouvons imaginer la psyché noire et profonde. Notre empathie avec ces hommes et ces femmes est profonde, comme notre douleur, comme la sidération qui s’est emparée de la France, et l’a fait descendre dans la rue. Pourtant, et ce n’est pas seulement parce que nous aimons la dialectique, nous savons aussi que nous ne sommes pas Charlie. Parce que nous sommes loin d’avoir le courage de ces hommes qui se savaient menacés, isolés, poursuivis par les Islamistes fondamentalistes mais aussi réprouvés par nombre de musulmans, regardés comme racistes par un certain nombre de confrères, abandonnés par les lecteurs et en proie à de grandes difficultés économiques. Nous ne sommes pas Charlie. Nous ne sommes pas certains qu’il faille se moquer de tout. Les caricatures de Charlie sur le Pape polonais réac qui interdisait l’avortement et réprouvait la contraception nous faisaient rire. Mais les caricatures de Mahomet nous ont souvent mis mal à l’aise. Parce qu’elles offensaient non pas la religion dominante, mais une partie de la population française déjà stigmatisée par le racisme ambiant, la montée de l’extrême droite, et vivant dans des conditions économiquement difficiles. Les bouffons, les fous du roi, se moquaient des puissants, pas de leurs valets. Et quand Molière ou Charlot nous faisaient rire de leur vagabond ou de leur Sganarelle, ils les jouaient eux mêmes, avec toute leur tendresse. Pourquoi ne sommes-nous pas Charlie ? Parce que nous avons connu Hara Kiri, ses dessins sexistes, et que nous avons ressenti ce que la provocation
Rencontre avec Charb d’hommes blancs intégrés, ceux-là mêmes qui dominent politiquement et économiquement la société française, peut être une douleur. Que «se» voir prise en levrette par un pervers pépère hilare peut être ressenti comme humiliant. Sans doute avons-nous tort de nous y voir, comme les Musulmans ont tort d’imaginer qu’ils sont dans la mire des caricatures de Mahomet. Mais cette douleur, nous la comprenons, et pensons qu’il y a d’autres armes pour questionner le religieux. Pourquoi nous ne sommes pas Charlie aujourd’hui, malgré notre peine profonde, parce que nous avions eu l’occasion de les rencontrer et de rire avec eux ? Parce que tout le monde l’est. Ceux qui exercent des pressions économiques sur les journaux et leur retirent les marchés publicitaires quand ils sont critiqués, ceux-là aujourd’hui défendraient la liberté de la presse ? Ceux qui imposent l’austérité en Europe, ceux qui mènent une politique économique qui délite notre tissu social et laisse des quartiers entiers sans travail, sans culture, sans centres sociaux, ceux-là aujourd’hui descendraient dans la rue ? Ceux qui manifestent contre le mariage homosexuel, ceux qui pensent que la France est chrétienne, qui acceptent que des milliers d’hommes se noient en Méditerranée chaque année, ceux-là se sentiraient Charlie ? Le danger que nous courons aujourd’hui n’est pas d’être transformé en pays islamique comme le prédit Houellebecq, ou de basculer vers la terreur islamiste qu’ont vécue les Algériens. L’État Français, on l’a vu lors de la manifestation à Paris, sait garantir la sécurité publique. Le véritable danger, ce sont nos concitoyens juifs et musulmans qui le vivent, sujets des regards de rejets, des actes racistes et antisémites, des insultes, des fascismes franchouillards, des menaces des fondamentalistes religieux. Revers de la même médaille : on tue en criant qu’Allah est grand, et à Beaucaire pour soutenir Le Pen fille on scande Les journalistes au bûcher. La raison, partout, est leur premier ennemi : il ne tient qu’à nous de la défendre. AGNÈS FRESCHEL
En juillet 2012 nous avions rencontré Cabu, Pelloux… et Charb qui nous avait accordé un entretien, et quelques dessins. Extraits.
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uel est le rôle de Charlie ? L’info ou la satire ? Moi ce qui m’intéresse dans Charlie, depuis que je suis môme, c’est les dessins et le ton, ce ton indépendant qu’on ne trouve pas ailleurs ; on est sûr en lisant Charlie qu’on ne trouve pas un gros industriel derrière, qu’on ne renvoie pas les ascenseurs... Moi je suis rentré à Charlie pour l’humour, la satire, mais aussi sur des positions politiques d’antimilitarisme. J’ai connu l’équipe au moment de la Grosse Berta, un journal qui s’était monté contre la guerre d’Irak, parce qu’on ne défend pas des bombardements sur des populations civiles. Que penses-tu de la presse gratuite ? Qu’elle n’est pas gratuite ! Avec 20 minutes ou Métro la pub paye le journal, mais les marques qui font cette pub se remboursent en vendant plus cher leur produit dans le supermarché ; tu payes le budget publicitaire de Danone qui prend des pubs dans 20 minutes : c’est une espèce de TVA... privée. Dans Zibeline, là, je vois une pleine page de pub d’un théâtre : vous allez pouvoir en dire du mal ? Ben oui, on ne se gène pas. Heureusement les théâtres n’ont pas les mêmes
mœurs que Danone, ils comprennent -en gros- la nécessité de la critique. Pourtant Oncle Bernard (Bernard Maris) défend la gratuité, non ? Mais lui il défend la gratuité sur Internet des produits culturels. Moi je suis pour que tout soit gratuit, qu’on trouve un système dans lequel chacun pourrait se procurer les biens essentiels de manière gratuite. Ce système, tu en as une idée ? Oui, c’est l’union soviétique, grosso modo. .... !!!!??? Pour moi c’est un modèle, un modèle qui a foiré parce que personne n’a joué le jeu, et certains ont profité pour détourner le système. Il aurait fallu que chacun soit partie prenante de ce système, soit volontaire. Si tu as une opposition, à partir du moment où toute la classe ouvrière n’est pas d’accord pour aller dans la même direction, c’est foutu. Entretien réalisé en 2012 par RÉGIS VLACHOS
Intégralité dans Zibeline 33 disponible... gratuitement ! www.journalzibeline.fr
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Christophe Alévêque, humoriste, proche de Tignous le teigneux, a bien voulu se confier à Zibeline, un soir de 8 janvier à Paris…
Christophe Alévêque © R.V
Rire libre, sans Dieu Q
ue faut-il faire après ce massacre à Charlie Hebdo ? J’ai le sentiment diffus d’un énorme besoin de pédagogie. Il y a des gens avec qui tu peux discuter. Là j’ai le sentiment d’avoir affaire à des drogués, des gens totalement déraisonnables, et qu’il faut agir bien avant. Vous croyez vraiment à la puissance de la raison, la force du logos, face à de tels actes ? L’économie moderne est devenue folle, et personne ne semble s’en offusquer. On ne s’étonne pas qu’un système économique puisse devenir fou, écrasant, meurtrier, mais que des individus suivent nous sidère. En fait ce qu’on est en train de vivre maintenant, c’est le passage à l’acte. Les gens qui ont tué l’équipe de Charlie ont renoncé à leur vie. Comment en arrivet-on là ? Par sentiment de non sens, de frustration, d’impuissance ? Parce qu’on se sent inutile, mis de côté ? Comment communiquer avec ces gens pour qui la vie n’est plus sacrée ? Vous vous sentez en danger personnellement ? Non pas plus que ça ; ça n’est pas concevable. Ou je n’ai pas encore réalisé. Quels étaient vos rapports avec l’équipe de Charlie ? (...un temps...) La dernière fois que j’ai mangé avec Tignous, on discutait du sujet qui fait le plus rire les humoristes : la mort. On disait que se moquer de la mort n’est pas du tout manquer de respect au mort, mais désacraliser. Dans un monde sans humoriste, sans distance possible avec le sacré et la mort, on ne peut pas vivre. Si tous les matins on pense sérieusement à la mort on ne peut plus avoir des projets, réfléchir, rire, boire des coups. Faire des caricatures de Mahomet ce n’est pas manquer de respect aux croyants c’est simplement s’attaquer à quelque chose de sacré ; les anciens l’ont compris mais les jeunes n’ont pas encore pigé. Un humoriste, un pitre, est en réaction avec ce qui se passe dans la société ; ce n’est pas lui qui crée la bêtise, la folie. Lui reprocher d’être méchant, irrespectueux, vulgaire ? Ça nous est tous arrivé de déraper : dès qu’il y a écrit «interdit», de toute façon on veut y aller. Mais c’est en réaction. Les caricatures de Charlie Hebdo existent parce que des
actes terroristes ont lieu au nom de l’Islam. Ils ne voulaient pas se moquer du prophète, mais de ceux qui se servent du prophète. Et puis si les gens se sentent offensés, qu’ils nous répondent autrement, avec humour. Vous pensez que les religions peuvent pratiquer l’humour ? Dans ma carrière j’ai reçu des messages d’amour, vraiment, de toutes les religions. Que j’aille me faire empaler, ou crucifier, ce genre d’amour. Je reçois surtout des messages des catholiques intégristes parce que je m’attaque le plus souvent à eux. C’est la religion que je connais le mieux. J’ai été baptisé, et puis j’ai eu tous mes diplômes, j’ai lu la bible en entier. Et je préfère m’attaquer à ce que je connais. Alors pourquoi ces nouveaux humoristes du Comedy Club ne le font pas sur l’Islam ? Il faudrait leur poser la question ! J’ai toujours attaqué les trois religions dans mes revues d’actualité. Au moment des caricatures de Mahomet je jouais à Tunis, la révolution était en train de basculer islamiste. Sur scène j’ai dit «comme je n’ai pas de papier et de crayon pour vous refaire les caricatures de Mahomet je vais vous les mimer». J’ai fait un mime qui n’était pas d’une grande finesse, et je leur ai dit : «le jour où ça, ça vous fera rire, vous serez libres.» Vous pensez que la religion est fondamentalement aliénante ? Quand je vois la photo des représentants des principales religions en France, main dans la main, ça me
fait rire, encore plus maintenant. C’est mieux que de se foutre sur la gueule comme ils ont fait pendant des siècles, mais si j’avais mauvais esprit… Je vous en prie ! Si j’avais mauvais esprit je dirais qu’on nous a offert des vacances par procuration en Syrie, parce que chez eux c’est tous les jours, et qu’on finit juste par se le prendre dans la gueule. Ces trois religieux qui prônent la paix, la tolérance, l’amour, oublient-ils que des évêques, rabbins, imams comparent le mariage homo à la pédophilie, sortent des phrases d’une violence inouïe, «tuez moi tous ces mécréants», ou «rasez moi Israël de la carte», ou «virez moi tous ces Arabes» ; eh bien ces mecs-là sont toujours rabbin, imam ou évêque. Ce ne sont donc pas seulement les fondamentalismes que vous moquez... C’est la religion qui est un problème. Je leur dis, à toutes : on vous laisse croire, laissez-nous penser. On vous laisse prier, et tant mieux, laissez-nous critiquer. Que des gens aient besoin d’un dieu pour manger, baiser, se soigner, penser, être bien, pourquoi pas. Ils ont la religion on a le Temesta. Mais qu’ils ne nous cassent pas les couilles. Pas de problème particulier avec l’Islam ? Je n’ai jamais fait de stigmatisation. Des jeunes sont très très énervés, et c’est une question sociale, une question d’intégration dont la France est très très responsable. Et là on pourrait parler d’économie. Et aussi de politique internationale, se rappeler le mensonge énorme de la deuxième guerre en Irak. Des tas de gens se sont sentis agressés. Et les amis de Charlie Hebdo étaient les premiers à dénoncer les mensonges de cette guerre-là. Entretien réalisé par RÉGIS VLACHOS
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Un Fonds qui devient Ni centre d’art, ni musée, le Fonds Régional d’Art Contemporain dresse un premier bilan deux ans après son inauguration à la Joliette. Dès aujourd’hui il lui faut relever de nouveaux défis : faire évoluer sa programmation, fidéliser les publics, renforcer son identité… Entretien avec Pascal Neveux, son directeur
Pascal Neveux © Gaëlle Cloarec
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ibeline : Il existe 23 Frac en France dont la mission, à l’origine, était de permettre l’accès au public à l’art contemporain en régions. Pensez-vous que cet objectif soit atteint ? Pascal Neveux : Oui, car les régions ont toutes un Frac et une collection d’art contemporain. Ce qui était une gageure lorsque, dans les années 1980, le principe a été de créer un mouvement qui s’opère à l’unisson. Ce schéma a perduré quels que soient les changements politiques et les contextes économiques. Aujourd’hui on compte plus de 26 000 œuvres, plus de 6000 artistes et le territoire est irrigué. La mission est donc remplie, avec un écho au niveau national et international qui porte ses fruits. On peut parler «d’un modèle Frac» comme structure de soutien à la jeune création. Vous annonciez lors de notre dernière rencontre en 2013 un budget de fonctionnement de 2,45 M d’euros réparti comme suit : 55% Région, 34% État, 10% d’autofinancement. Et un budget d’acquisition de 224 000 euros. A-t-il évolué, et si oui pourquoi ? Le budget 2013 était exceptionnel, en raison de la capitale européenne de la culture. Ceux de 2014 et 2015 sont très tendus : un gel des crédits de l’État est annoncé, de l’ordre de 7 ou 8%, et la subvention que nous allouait la Région a baissé cette année de 2,5%. Mais nos tutelles sont toutes d’accord pour que le budget d’acquisition ne soit pas impacté : il sera le même en 2015 qu’en 2014 : 230 000 euros. Par ailleurs nous avons dégagé des ressources propres. Tout d’abord en mettant en place une politique tarifaire, ce qui n’était pas le cas avant, et puis nous avons la gestion directe du restaurant au rezde-chaussée. Enfin le FRAC privatise ses espaces lors de soirées dédiées à des entreprises, des institutions
ou des associations. Nous n’avons pas encore finalisé le bilan 2014, mais en comptant ces trois points nous devrions atteindre entre 80 et 90 000 euros. Avez-vous réalisé une étude des publics du Frac ? Leur origine géographique, leur âge, leur profil professionnel… On a fait quelques études en fonction des moments de l’année car notre programmation est saisonnière. L’élément nouveau généré par MP13 est la représentation du public étranger à hauteur de 30%, mobilisé par l’architecture de Kengo Kuma. Le public régional est important mais le public marseillais n’arrive qu’en troisième position. Il y a un énorme effort de communication à faire sur le Frac. La méconnaissance du public est un réel problème. On a entrepris un travail de proximité avec les riverains et pris l’initiative de fédérer les lieux culturels de la Joliette pour investir l’espace public. On est obligés de revoir nos fondamentaux. Lorsqu’on étudie le dernier rapport d’activité paru, celui de 2013 (le bilan 2014 devrait être publié en juin, NDLR), on constate que les écoles et collèges ont eu de nombreux échanges avec le FRAC, mais pas les lycées. Pourquoi ? C’est l’un de nos enjeux majeurs, de même que pour nos tutelles. Cela s’explique par plusieurs raisons : tout d’abord, les primaires et collégiens ont une temporalité qui se déroule sur l’année scolaire entière, alors que les lycéens ont des examens, on ne peut donc monter des projets avec eux qu’entre septembre et mars. Ensuite, nous manquons d’interlocuteurs directs, car il n’y a plus de professeurs d’arts plastiques ou d’histoire des arts (*). Les actions qui se montent le sont sur la mobilisation spontanée des enseignants. Et chaque fois, ce sont des projets
musée géniaux ! Nous avons donc, il y a quelques semaines, adressé un courrier à tous les chefs d’établissement de la Région (lycées professionnels et centres de formation compris), les invitant à se rapprocher du FRAC pour envisager des projets sur mesure. On peut utiliser la collection en philosophie, histoire-géographie, économie... Le Frac manque donc de visibilité et sa communication est déficiente : avez-vous des pistes pour y remédier ? Effectivement on devra travailler sur la signalétique urbaine et la communication dans les médias mais jusqu’à présent on avait zéro budget publicitaire. Il faut que l’on s’inscrive, et c’est nouveau, dans la dynamique de l’offre touristique en tant qu’acteur. Enfin, un dernier point se pose avec acuité, c’est le mot Frac qui ne signifie absolument rien pour 99 % de la population ! De l’extérieur, on n’a pas de visibilité sur ce qui se passe à l’intérieur, excepté sur les espaces de circulation et le restaurant qui cumule à lui seul une fréquentation de 35 000 personnes… À nous de mieux communiquer sur ce que nous sommes et ce que l’on ne voit pas. On a identifié les problématiques auxquelles on est confrontés, maintenant il faut qu’on agisse pour inverser la tendance. Est-ce à dire que les mêmes problématiques se posent depuis votre déménagement de la place Chirat où vous étiez au fond d’une cour ? Elles se posent à une échelle différente. Auparavant on était dans un espace extrêmement confiné, connu seulement d’un public amateur d’art contemporain. Aujourd’hui on se positionne sur une dimension de musée avec les mêmes problématiques de fréquentation, de rentabilité, et les mêmes questionnements. C’est tout le paradoxe. On doit être plus offensif, d’autant que l’investissement de l’État et de la Région sur ce bâtiment se traduit par une nécessité de retour sur investissement, de retour sur image. Ça aussi c’est nouveau : on n’est plus seulement un lieu qui défriche, qui prospecte, on est aussi une vitrine. Cela change nos missions. Entretien réalisé par Marie GODFRIN-GUIDICELLI et Gaëlle CLOAREC
* NDLR : Les sections arts plastiques et histoire de l’art en lycées généraux, les arts appliqués en lycées technologiques et professionnels, les options arts plastiques dans tous ces établissements, existent pourtant dans toute l’académie, et sont pourvus d’enseignants... À retrouver dans sa version augmentée sur www. journalzibeline.fr et sa version intégrale sur la webradio.
Les chiffres du FRAC en 2014 (non définitifs)
• Fréquentation : 20 000 visiteurs in situ • Budget de fonctionnement : 2 100 000 euros • Budget d’acquisitions : 230 000 euros • 1000 œuvres acquises dont 40% hors Région • Équipe : 23 équivalents temps plein www.fracpaca.org
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«Je ne dissocie pas création et action artistique» Francesca Poloniato, qui vient d’être nommée directrice du Merlan, nous parle de son parcours et de son projet pour la scène nationale
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ibeline : Comment vous présenteriez-vous à nos lecteurs ? Francesca Poloniato : Je suis née en Italie, dans une famille d’ouvriers, et venue en France à 5 ans, à Nantes. Je suis forgée par cette double culture, et on peut parler pour moi d’intégration républicaine, grâce à l’école notamment, à certains enseignants exceptionnels, dont monsieur Ayrault d’ailleurs... J’ai été éducatrice spécialisée pendant de nombreuses années, et très vite j’ai pensé qu’il fallait amener les jeunes en difficulté à s’exprimer artistiquement. J’ai travaillé avec des enfants, des mineurs
Francesca Poloniato © jm
incarcérés. Puis, avec des jeunes filles abusées, j’ai rencontré Claude Brumachon. Qui était en charge du centre chorégraphique de Nantes Oui. À la suite du travail avec ces jeunes filles, en 1995, il m’a demandé de travailler pour lui, dans son équipe. J’y suis restée jusqu’en 2000, puis j’ai rejoint Didier Deschamps au Ballet de Lorraine. Dans quelles fonctions ? Directrice du développement. Je gérais une équipe de 56 personnes à Nancy. En 2001 j’ai rejoint Anne Tanguy à Besançon, afin de réunir la scène nationale qu’elle dirigeait avec le théâtre musical voisin. Je suis toujours arrivée dans des lieux où il y avait des projets nouveaux, des choses à faire. Ce qui est aussi le cas au Merlan... Oui, les spécificités des enjeux de ce théâtre correspondent à mes aspirations. Comment les définiriez-vous ? Il faut tenir compte de l’implantation particulière de ce théâtre, dans un territoire qui est une ville dans la ville. Mais c’est aussi une scène nationale pour tout Marseille. Mon projet est bâti sur trois mots : présence, ouverture, partage. J’ai un grand désir, très fort, d’être un passeur d’art. Les artistes et les habitants doivent s’emparer de la parole aujourd’hui. Comment allez-vous réaliser ce projet ? En m’appuyant sur une bande d’artistes : Pauline Bureau, Antonella Amirante et Céline Schnepf, qui sont des auteurs metteur en scène qui travaillent sur l’enfance, l’adolescence ou le féminisme, avec des esthétiques différentes ; François Cervantes, auteur et metteur en scène également ; pour la musique Fred Nevchehirlian sera mon conseiller, dans un esprit d’ouverture à toutes les esthétiques musicales, et enfin Mikaël Philipeau et Nathalie Pernette, chorégraphes. Chacun va écrire, résider ici, travailler avec les habitants. Je ne dissocie pas création et action artistique, et ces artistes-là intègrent dans leur travail, d’une manière ou d’une autre, leur rencontre avec les gens. Ils seront avec vous au Merlan, des artistes associés ? Non, mais ils viendront résider ici, écrire, créer, tous les sept, durant les trois années à venir. Allez-vous travailler avec d’autres artistes du territoire ? Oui, c’est important, d’une part parce qu’il est plus facile d’entreprendre au long cours avec des gens qui sont là, d’autres part parce qu’il faut soutenir,
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Le corps au nord. Mais ici ? Les nouveaux directeurs du Ballet National de Marseille s’engagent pour une mission de 10 ans. À la tête du Ballet ?
en moyens de production, le territoire. Il est évident que je vais travailler avec la Gare Franche et le KLAP, non seulement en tant que lieux artistiques, mais aussi avec Alexis Moati et Michel Kelemenis en tant qu’artistes. Pour la musique, je veux faire de cette scène un véritable lieu pluridisciplinaire. Et aussi créer une ruche, une cellule d’accompagnement pour les compagnies de la région qui peinent à mettre en route leurs projets. Je veux que le Merlan serve de relais auprès des tutelles et des programmateurs, des institutions, pour les aider à entrer dans le réseau... C’est la première fois que vous allez construire une programmation ? Je programmais à Besançon, mais n’en avais pas l’entière responsabilité. Pour l’heure je travaille à la saison 2015/2016, en sachant que j’aurai peu de moyens pour la fin 2015, l’exercice étant budgétairement bien entamé... Quels liens voulez-vous tisser avec la Busserine, avec la médiathèque ? Comment allez-vous gérer le cinéma ? La Busserine est juste en face, il faut travailler avec cette salle qui programme et a un public ! Quant au cinéma, soit on arrête soit on investit, cet entredeux n’est pas tenable... À propos de budget, considérez-vous que celui du Merlan est suffisant ? C’est une petite scène nationale, avec un financement de 2,2 millions d’euros. La jauge de 550 places et la politique tarifaire, que je ne veux pas changer, ne permettent pas de faire beaucoup de recettes. Le Merlan n’aura donc pas les moyens d’inviter Platel par exemple. C’est dommage, mais on peut inventer autre chose... Et vous arrivez quand à Marseille ? Demain. Pour l’ouverture de la Biennale du cirque ! Et bien sûr, je travaillerai avec Guy Carrara... Entretien réalisé par AGNÈS FRESCHEL
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e BNM est désormais dirigé par un duo de choc : Emio Greco, danseur et chorégraphe italien, et Peter C. Scholten, metteur en scène de théâtre alternatif néerlandais (EG I PC). Les deux hommes sont à l’origine du centre de création chorégraphique international ICKAmsterdam, créé en 2009, dont ils restent les directeurs. Leur texte fondateur, écrit en 1996, dit en slam lors de leur soirée de présentation, affirme une ligne artistique qui s’inscrit dans une triade spectacle, corps, miracle : ICKAmsterdam met le corps et son histoire au centre de ses créations. Venu assez tard à la danse, Emio Greco est passé par le Centre international de Danse Rosella Hightower de Cannes. Il rappelle malicieusement qu’il a dansé sur les escaliers de la gare St Charles dans le film de Jacques Demy Trois places pour le 26, tourné en 1988 : avec ce retour à Marseille, il veut établir un lien nord-sud et s’interroger avec son complice sur les articulations entre l’individuel et le collectif, et les particularités techniques et scéniques du classique et du contemporain qui caractérisent le BNM.
Au programme
Aussi le premier spectacle, avec 7 nouveaux danseurs dont un venu des arts de la rue, serat-il Le corps du Ballet National de Marseille, recréation d’une de leurs pièces, dont un long extrait a été proposé dans un ensemble maîtrisé ? En mai il y aura un spectacle à l’Opéra, puis Extremalism, dont ils avaient donné une © Agnès Mellon
première version au BNM en mai 2013, sera donnée au Festival de Montpellier Danse 2015. D’ici là les nouveaux directeurs ont commencé des travaux de réaménagement du hall d’accueil pour le rendre plus accueillant. Ils veulent aussi créer une bibliothèque accessible au public, développer les partenariats avec les entreprises et les institutions. Ils s’inscrivent dans la continuité pour les actions de sensibilisation en direction de l’Université, des écoles, collèges et lycées avec le dispositif Entre(z) dans la danse créé en 1999 qui, à ce jour, a touché plus de 4000 élèves. Parallèlement ils souhaitent développer un dispositif d’Artistes Invités.
Deux fois deux directeurs
Des projets intéressants, mais reste que l’on s’interroge... Depuis plus d’un an le BNM est sans tête, et tourne les pièces que Frédéric Flamand a bien voulu laisser au répertoire, contrairement à ses prédécesseurs. Heureusement que l’activité, pédagogique, de tournée, était prévue ! Les deux nouveaux directeurs semblent peu présents : le temps fort hivernal qui était annoncé pour décembre 2014 a été annulé, et s’ils ont eu le temps de dessiner un nouveau logo, leur préoccupation essentielle reste visiblement leur compagnie d’Amsterdam, qui tourne beaucoup. Est-il raisonnable d’avoir, pour diriger un Ballet aussi important et coûteux, une direction si peu présente ? Où en est le calendrier des tournées en 2015, quelle a été la visibilité du Ballet en 2014 ? Par ailleurs, les programmateurs internationaux ne vont-ils pas préférer programmer ICKA qui a le vent en poupe ? Les deux directeurs, s’ils se retrouvent en situation d’auto-concurrence, vont ils privilégier la compagnie qu’ils ont créée, ou le Ballet qu’ils tardent tant à remettre en route ? Espérons qu’Emio Greco et Peter C. Scholten sauront dissiper nos doutes : leur prise de fonction s’éternise, mais à Zibeline on a toujours aimé leur danse... CHRIS BOURGUE et AGNÈS FRESCHEL
La présentation de la nouvelle direction a eu lieu au BNM, Marseille, le 13 décembre www.ballet-de-marseille.com
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Circuit de Biennale D
u 22 janvier au 22 février, la première Biennale Internationale des Arts du Cirque se tiendra un peu partout à Marseille et en région PACA. La Biennale, ce sera, entre autres, un village de six chapiteaux dressé sur l’esplanade du MuCEM à Marseille. L’un pour y boire et se restaurer, le deuxième pour y suivre à tout âge des ateliers de cirque, tandis que les quatre autres seront dédiés aux spectacles. Une cinquantaine de lieux de la région accueilleront l’événement. Les quatre scènes nationales seront de l’aventure. Les Elancées, Festival des Arts du Geste, sera associé à la programmation pour une quinzaine de spectacles (voir ci-dessous). Pendant ces quatre semaines, à condition de ne pas craindre d’avaler les kilomètres, il sera possible de faire son cirque tous les jours. À défaut de vous présenter les 58 spectacles au programme, Zibeline vous propose un circuit de Biennale pour savourer son cirque quotidien. Une liste loin d’être exhaustive ! Le 22 janvier, première mondiale (il y en aura une quinzaine en tout), avec Château
Château Descartes, Galapiat Cirque © Enrico Bartolucci
Descartes par les équilibristes du Galapiat Cirque, au MuCEM. Le 23, la troupe de Sylvie Guillermin unit en Ondes la danse et le cirque, au CREAC à Marseille. Le 24, passage obligé sur le Vieux-Port de Marseille pour la soirée d’ouverture, gratuite, mise en scène par Archaos, avec six scènes tout le long du port et un funambule d’une rive à l’autre. Le 25, l’étrange magie clown de Martin Zimmermann, au Merlan à Marseille. Le 26 semble un jour creux : idéal pour tester les ateliers au MuCEM ! Le 27, première mondiale de Bianco, vol au-dessus des spectateurs, par NoFit State au MuCEM. Le 28, première mondiale de Revolt#1, par la troupe d’Orit Nevo, à la Gare Franche à Marseille. Le 29, le Petit Théâtre de Gestes des Bêtes de Foire, au Bois de l’Aune à Aix. Le 30, Le Tour complet du cœur, par Attention Fragile, au Théâtre de Nice. Le 31, le Cirque Eloize investit le Grand Théâtre de Provence à Aix. Le 1er février, le Cirque Le Roux, à La Criée à Marseille. Le 2, Na Esquina, acrobates de haut vol, à la salle Guy Obino de Vitrolles. Le 3, Dolls, danse acrobatique du Cirk La Putyka, aux Salins à Martigues. Le 4, NoBank, création inédite par les acrobates équestres du Théâtre du Centaure, à Marseille. Le 5, les suspensions de Chloé Moglia et sa compagnie Rhizome, au Merlan. Le 6, un Laboratoire Parkour/Cirque, dans les rues près de Lieux Publics à Marseille. Le 7, Morsure et pulsions animales, par Rasposo, au MuCEM. Le 8, Tempo, ou l’art de la contorsion de Bruno Carneiro, au CREAC. Le 9, Hêtre, le cirque dansé de Libertivore, au Théâtre d’Aix. Du 10 au 15, séquence magie avec Yann Frisch ou Circo Aereo au Théâtre d’Arles. Le 16 une pause, puis le 17, Inextremiste, à La Colonne à Miramas, le 18, Circondriacos, au Dock des Suds à Marseille, le 19, Cirquons Flex, au CREAC, le 20, le 21, le 22... Faute de place, nous ne pouvons prolonger cet itinéraire. Il ne tient qu’à vous de cliquer sur www.biennale-cirque.com et de composer votre propre circuit de Biennale. En piste ! JAN-CYRIL SALEMI
Biennale Internationale des Arts du Cirque du 22 janv au 22 fév Divers lieux, Région PACA www.biennale-cirque.com
Tendance cirque Le territoire de Ouest Provence accueille la 17e édition du Festival des arts du geste Les Elancées, temps fort de la saison culturelle de Scènes et Cinés
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ssociée à la Biennale Internationale des Arts du Cirque dont elle est un partenaire important (voir ci-contre), la 17e édition des Elancées s’affiche très circassienne, la danse étant portion congrue cette année (15 spectacles d’un côté, 6 de l’autre). Du cirque donc, avec une programmation de qualité qui fait montre d’une belle fidélité aux artistes (13 de ces compagnies ont en effet déjà été reçues), et qui donne à voir les spectacles de compagnies «vétérantes» ou au contraire «très jeunes» et très prometteuses… Le festival accompagne des créations, pour lesquelles sont aussi prévues des résidences : la jeune Cie franco-brésilienne Sôlta crée, pour la soirée d’ouverture, Apesar, «malgré» en portugais, qui raconte la vie d’un couple avec force acrobaties sur mât pendulaire et des équilibres sur les mains ; la Cie Cirque Exalté célèbre quant à elle la liberté et l’intensité de la vie, sur fond de rock à partir de la poésie ardente de l’album Horses de Patti Smith avec Furieuse Tendresse… De belles surprises aussi avec le cirque musical de la Cie Cacophonic Pictures Orkestar imaginé par Karl Stets, Disparate, qui enchaîne les numéros acrobatiques, poétiques, décalés, orchestrés par une musique débridée ; le très attendu Château Descartes du Galapiat Cirque qui réinvente le monde à partir de chaises d’écolier ; le monde en plein bouleversement de la Cie Pré-OCoupé qui déclare quand même que Tout est bien ! ; les biceps mis au service du sport et du cirque des Deux du stade ; le danger organisé mais bien présent que met en scène le Cirque Inextremiste dans le bien nommé Extrêmités ; la singularité toujours plus affirmée du Collectif AOC, dont les techniques maîtrisées, fil de fer, mât chinois, trapèze, trampoline, ne cessent de surprendre, y compris dans Un Dernier pour la route ; et celle de la Cie XY dont les 22 interprètes, tour à tour porteurs et voltigeurs, s’apprêtent à déployer leurs combinaisons d’envol et d’atterrissages dans
13 le Citron Jaune qui programme la sortie de résidence de Crash Again de la Cie S’Evapore, dont Guy Carrara, codirecteur de La Biennale, fait la mise en scène, et la création «version rue» de Titre définitif* (titre provisoire*) de Raoul Lambert. Dernière info, de taille : les tarifs restent inchangés cette année encore, toujours aussi accessibles… Profitez-en pour sortir et découvrir ! DOMINIQUE MARÇON
Cornillon-Confoux 04 90 55 71 53 Fos 04 42 11 01 99 Istres 04 42 56 48 48
Il n’est pas encore minuit, Cie XY © Christophe Raynaud de Lage
Il n’est pas encore minuit ; ou le Cirque Roux, dont les 4 artistes sont issus de la troupe les 7 doigts de la main, qui allie délicieusement le cirque, le théâtre et le music-hall dans The Elephant in the room… En danse aussi les découvertes sont belles : pour les tout-petits avec le Groupe Noces qui
raconte, dans Montagne, l’histoire d’une rencontre entre un ours de la forêt et une biche de la ville, et la Cie Itinérrances qui les invite au cœur de la matière dans Faire cailloux (voir aussi p20) ; ou encore la fidèle Josette Baïz qui revient avec sa Cie Grenade présenter Welcome… Notons enfin le partenariat avec
Miramas 04 90 50 66 21 Port-Saint-Louis 04 42 48 40 04 www.scenesetcines.fr
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Festivités d’hiver et d’Avignon I
Cie du I © Thomas O Brien
ls sont six directeurs de lieux permanents d’Avignon à porter le 10e Fest’Hiver. Aux théâtres fondateurs (Balcon, Carmes, Chêne Noir, Chien qui Fume, Halles) est associé cette année le CDC Les Hivernales ; si chacun connaît de récentes et conséquentes réductions de budget de la Ville, tous maintiennent ce festival qui fait vivre le (centre) ville au cœur de l’hiver. La danse revient donc… dans la danse, après la «brutale» sortie du théâtre Golovine des Scènes d’Avignon, intégrées en 2012 par Yourik Golovine, qui a passé le flambeau à sa collaboratrice Aude Barralon. La transmission ne fut pas automatique ! «L’association n’est pas une auberge espagnole. Elle est attachée à des personnes plutôt qu’à des structures» se défendent les directeurs, blessés par cet abandon soudain et
par la (mini) polémique qui en résulta. Un gage de conscience que la nouvelle directrice, déçue mais discrète, aura à remplir pour réintégrer, si elle le désire, le collectif, comme l’ont fait les Carmes ou le CDC. Si l’on regrette qu’une femme (pour une fois) à la tête d’un théâtre, jeune, attentive, visiblement pro et appréciée, doive attendre de faire ses preuves pour poursuivre l’adhésion de son prédécesseur à un festival qui soutient l’émergence, on apprécie cependant le résultat de cette programmation d’hommes, forte en projets montés par des femmes ! Ainsi, parmi ces jeunes compagnies sans lieu fixe de la région, Alexia Vidal (Cie Corps de Passage) crée King du ring de Rémi Checchetto aux Carmes. «Un message de paix et antiraciste, porté par une femme blanche» raconte la metteure en scène, qui utilise le théâtre mouvementé et la vidéo pour suivre la pensée de Mohammed Ali dans un monologue imaginaire joué par Adeline Walter. Féminin aussi le duo de la Compagnie du I, et délicieusement drôle, avec sa conférence très sérieuse sur les bienfaits du rire À quoi reconnaît-on un clown ?, jouée au Chien qui Fume, où une conférencière surdiplômée et sa stagiaire zélée veulent (et réussissent à) «libérer le rire car l’humour est accessible à tous».
La Danse qui rassemble Le festival de danse Les Hivernales s’empare d’Avignon, et de ses alentours, du 18 au 28 février. 37e édition déjà, et pas une ride, bien au contraire !
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Clameur des arènes, Salia Sanou © Marc Coudrais
rganisé depuis 6 ans par Emmanuel Serafini, directeur du Centre de Développement Chorégraphique, le festival Les Hivernales a noué des relations avec les artistes nationaux et internationaux, et a accueilli pour notre plus grande curiosité la danse dans toute sa diversité, d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Europe, jusqu’au facétieux et inventif hip hop en 2014. Soustitré pertinemment cette année De la suite dans les idées,
il en fallait en effet pour continuer à donner du sens à ce festival nécessaire dans le paysage vauclusien et régional, et pour continuer à renouveler le public, attentif et fidélisé notamment lors des stages de pratiques (dispensés par certains des artistes accueillis). Ce sera chose faite, d’abord avec cette belle idée d’HiverÔmomes, temps fort dédié au jeune public en amont du festival (18 au 20 fév), avec la Cie Racines Carrées dans Bon App’, la Cie 3637 dans Cortex et l’indémodable Welcome de Grenade. Plus tard, il se régalera avec Exquises de la Cie Lanabel. Des évènements en entrée libre viendront renforcer cette envie de découvertes : les HiverÔclites, programmation parallèle de jeunes auteurs chorégraphiques, Short Party avec l’Ecole Supérieure d’Art d’Avignon, et Chantier en cours avec les jeunes et prometteuses compagnies hip hop, programmées en partenariat avec La Villette. Et bien sûr des expositions, des projections et des rencontres (à la Maison Jean Vilar), pour nourrir la réflexion. 25 compagnies seront accueillies lors de cette semaine marathonienne. Parmi elles, des artistes de la région, soutenus par le CDC qui fête ses 10 ans d’installation rue Guillaume Puy : Antoine Le Menestrel avec sa création Les Grimpeurs (é)perdus, Mathieu Heyraud, Moukam Fonkam. Des pièces qui décryptent le monde, font naître l’espoir, invitent au voyage, intime ou
Aux Halles, c’est Agnès Régolo et sa Cie Du Jour au Lendemain qui présentent Le Mariage de Figaro. «L’histoire complexe d’un mariage, raconté avec beaucoup de truculence, de pertinence et de clarté. Derrière le côté comique, il y a une grande profondeur, des personnages au bord de la chute, individuelle, collective», résume Alain Timar, soulignant la référence à notre actualité. Puis, au Chêne Noir, un projet à deux têtes du Collectif 8 et un dialogue entre les arts dans Double assassinat dans la rue morgue. Gaële Boghossian adapte le récit policier d’Allan Poe (traduit par Baudelaire), Paulo Correia en signe les images «mentales». Au Balcon, Le Bruit des Hommes et Yves Borrini jouent Beckett : une Fin de partie qui met l’accent sur le rapport de l’auteur avec la peinture et utilise ses silences pour parler du «rire de l’existence et du monde». Les Hivernales présentent un documentaire passionnant sur le poète escaladeur Antoine Le Menestrel : un sommet ! DELPHINE MICHELANGELI
Fest’hiver du 29 janv au 6 fév Divers lieux, Avignon www.scenesdavignon.com
collectif, se font face ou se répondent, dès leurs titres : Tordre de Rachid Ouramdane, S’envoler d’Estelle Clareton, Democracy de Maud le Pladec, Eeexeeecuuutioooons !!! avec le Ballet de Lorraine dirigé par Maria La Ribot, La douceur perméable de la rosée de Paco Dècina, Khaos de la québecoise Ginette Laurin. Des spectacles forts et engagés, choisis en connivence avec le Tarmac : Sac au dos du Studio Maho, Sacré printemps ! d’Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou, le magnifique Clameur des arènes de Salia Sanou. Et des artistes chercheurs qui tentent de nous faire oublier le fracas du monde et nous insufflent leur élan vital : Mickaël Phelippeau, Madeleine Louarn avec Les Oiseaux d’après Aristophane par l’atelier d’adultes handicapés Catalyse, Myriam Gourfink, Jean-Sébastien Lourdais, Raka Maitra, Danièle Ninarello. Une 37e édition qui invite au rassemblement et à la réflexion avec des pièces qui dansent leurs révolutions intérieures et tracent leur indispensable poésie. DELPHINE MICHELANGELI
Les Hivernales du 18 au 28 fév Avignon, le Thor, Vedène, Sorgues, Cavaillon 04 90 39 40 74 www.hivernales-avignon.com
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Le MuCEM à cent à l’heure
Pierre Rabhi © X-D.R
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encontres philosophiques, événements festifs à vivre en famille, cycle cinématographique au long cours et séminaires scientifiques de l’I2MP, le MuCEM démarre 2015 à cent à l’heure ! Démarré en novembre autour de l’exposition Food-Produire, manger, consommer, le cycle cinématographique Dévorez des yeux ! est réactivé. Au menu le 24 janvier, Quand y-a-t-il-art ?, une séance cinéphilo qui croise projection du film japonais Tampopo de Juzo Itami et rencontre avec le philosophe Marc Rosmini et Guillaume Monsaingeon, philosophe et commissaire d’exposition (Mappamundi, art et cartographie en 2013 à Toulon, ZIB’62)., Images de ville les 31 janvier et 1er février, puis le FID Marseille les 7 et 8 février seront aux commandes d’une sélection de longs et courts-métrages sur la production alimentaire devenue industrie de masse, et ses dommages collatéraux : appauvrissement des ressources, malbouffe, conditions de travail… Le 15 février, Dévorez des yeux ! se clôturera de manière conviviale avec de petites douceurs cinématographiques (fiction, documentaire ou animation, œuvres patrimoniales ou contemporaines) et des ateliers animés par le cinéma l’Alhambra.
Le MuCEM philosophe…
Un cycle se termine, d’autres s’ouvrent et questionnent encore. Du 21 janvier au 6 février, réflexion et transmission seront au cœur du temps fort Le Bonheur, quel bonheur ? qui donnera la parole aux utopistes contemporains. Ceux qui, «dans leur métier
et par leur pratique prennent soin de nos vies, aménagent nos espaces, préparent notre nourriture, et nous donnent à penser». Ainsi le philosophe Edgar Morin, le paysagiste et écrivain Gilles Clément, le psychanalyste Roland Gori, le chef cuisinier Pierre Giannetti, l’architecte-scénographe Patrick Bouchain et Pierre Rabhi, philosophe, agriculteur biologiste, romancier et poète, seront invités à témoigner, partager leurs réflexions, leurs expériences et, totalement inédit, à dialoguer avec les jeunes générations. Plus particulièrement les étudiants de Sciences Po Aix qui, à l’initiative du MuCEM, ont planché sur leurs écrits et leurs recherches. Ensemble ils débattront, accompagnés dans leurs travaux préliminaires par l’actrice Nadine Ballot et Agnès Freschel, rédactrice en chef de Zibeline. Dans le cadre du Temps des archives, le 9 février, Emmanuel Laurentin recevra deux témoins pour décrypter l’actualité du Maroc et la mise en place par Mohamed VI de l’instance «Équité et réconciliation» : le politologue Mohammed Tozy et l’ex-détenue Fatna El Bouih. Le 16 février, invité du Comptoir de l’ailleurs, l’écrivain égyptien Sonallah Ibrahim conversera avec son éditeur Richard Jacquemond à l’occasion de la publication en français de son nouveau roman Le Gel chez Actes sud. Enfin, le cycle de grandes conférences Pensées du monde se poursuivra le 12 février avec le psychanalyste Fethi Benslama dans un entretien avec le médiéviste Patrick Boucheron dont l’ouvrage Conjurer la peur (Seuil, 2013) fait écho aux enjeux contemporains.
… et met le cirque à l’honneur ! À l’heure où l’esplanade du J4 se transforme en «village de chapiteaux» pendant la Biennale internationale des arts du cirque, Le MuCEM fait son cirque au fil de rendez-vous festifs : visites des collections, ateliers, impromptus et surprises circassiennes, spectacles et cinéma. Une affiche qui fera la part belle à sa collection permanente, notamment la maquette du cirque Berger L’Universal Circus Pir’Ouett exceptionnellement exposée. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org
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Liberté, j’écris ton nom F
Cette relation nouée «sans aucune précaution, jamais», avec la crainte de réveiller la bête assoiffée de liberté qui sommeille en lui, est-ce la matière douloureuse d’une évasion réussie ? Nul ne peut répondre sinon lui-même. Mais lorsque par la bouche de François Cervantes il nous dit «Je vois cette solitude en vous. Notre solitude», on sait très bien de quoi il parle : l’élan d’aller vers l’autre ne doit pas s’arrêter aux portes de prison. Ni à aucune autre porte.
© Melania Avanzato
rançois Cervantes a noué une relation épistolaire avec un prisonnier, dans une démarche initiée par la Région PACA : il s’est rendu en milieu carcéral, a rencontré Erik une fois, parmi d’autres détenus avec lesquels il a également correspondu, puis leur lien particulier a pris un tour plus fort et leur échange s’est poursuivi sur de longs mois. De ce rapport humain est né un texte magnifique, livré intensément par le dramaturge, seul en scène, sobrement vêtu, dépouillé de tout ce qui n’est pas «simple, honnête et profond». Ce n’est pas à une fiction que François Cervantes nous invite, nous ne nous repaîtrons pas d’un destin broyé de plus, adapté et mis en forme pour le théâtre. Ici il s’agit d’autre chose, de la parole d’un homme qui prend chair dans
GAËLLE CLOAREC
le corps d’un autre, et les spectateurs sont témoins d’une possession imprégnée d’un respect infiniment précieux. Celui qui parle offre à ceux qui écoutent d’entrer en résonance avec celui qui n’est pas là physiquement, celui qui est privé de liberté, celui dont le
destin est de s’évader toujours, pour être inéluctablement repris. Et cet homme-là, qui «ne sait plus aimer» parce qu’en geôle on perd cela aussi, avec tout le reste, a été capable de surmonter le délitement de l’isolement, d’écrire page après page à un inconnu.
Prison Possession est joué à La Friche, Marseille, jusqu’au 25 janvier. Il sera en Corse au mois d’avril 04 95 04 95 95 www.lafriche.org
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Théâtre politique Hasard ou air du temps, les spectacles politiques, qui profèrent des revendications claires ou des appartenances, interpellent le public : les salles sont pleines, enthousiastes, portées par un élan qui ressemble à de la révolte...
À
Cavaillon on a joué Dario Fo (voir Zib’80) et chanté l’Internationale. Au Théâtre Durance et à l’Olivier d’Istres, c’est le Discours à la Nation d’Ascanio Celestini qui a fait un triomphe en décembre. Le spectacle, qui a reçu à la fois le Prix du public du Off et le Prix de la critique, emporte l’enthousiasme. Fondé sur l’antiphrase et le paradoxe, il est porté par David Murgia, constamment drôle, et effrayant, qui incarne un «représentant de la classe hégémonique comme le disait Marx» et nous fait toucher du doigt l’actualité de la lutte des classes, en montrant comment les «exploités, humiliés, offensés, les prolétaires de tous les pays» ont cessé de s’unir, luttent les uns contre les autres à la grande joie des «dominants». La harangue, féroce, directe, apostrophe, et fait apparaître quelques évidences sur le cynisme du système capitaliste, notre degré d’acceptation du discours dominant relayé par les médias, la propension des «classes moyennes» à se croire du côté des «privilégiés» alors que les exploiteurs vivent sur leur dos et leur donnent juste assez pour qu’ils consomment... Le public, debout, hilare, semble convaincu !
Les Particules élémentaires © Simon Gosselin
La Vie de Galilée de Brecht, reprise à Châteauvallon dans la mise en scène devenue historique de Sivadier, atteint au même résultat, mais en usant des procédés moins directs, et plus dramatiques. Douze ans après la création, Nicolas Bouchaud n’a rien perdu de son talent et de sa fantaisie, et Stephen Butel a acquis une épaisseur qui n’entame pas la fraîcheur de son personnage d’apprenti. La pièce de Brecht établit une analogie entre l’obscurantisme religieux qui s’oppose à la science au XVIIe siècle, et le système économique et politique actuel qui s’oppose à la raison et à l’intérêt des peuples. Pamphlet qui affirme «croire en la douce puissance de la raison sur les hommes», La Vie de Galilée lance un appel à la résistance et un véritable message d’espoir dans le progrès de la pensée. Mais la pièce est fascinante aussi par ce qu’elle dit de la création artistique, de la joie intime de la découverte, de la transmission, des contradictions d’un homme capable de se soumettre et de concéder, de négliger l’éducation de sa fille... autant d’axes de lecture rendus magnifiquement lisibles par la mobilité des espaces scéniques, l’attention au sens de chaque mot, l’incarnation sensible et virtuose des personnages, qui nous livrent l’épaisseur de leur humanité. Les Particules élémentaires, adaptées du roman de Houellebecq par Julien Gosselin, possèdent la même énergie dramaturgique, fondée sur une sorte de souffle épique, un sens du rythme, du montage cut, et sur le talent transformiste de jeunes acteurs qui savent faire rire et vibrer d’émotion. Mais, programmé à la Friche par La Criée, vu au lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo, la réception ne fut pas la même qu’à la création à Avignon, (voir www. journalzibeline), d’autant que la polémique autour de
Soumission battait son plein quelques jours auparavant. Difficile de s’abstraire du contexte... Que raconte Houellebecq dans Les Particules élémentaires ? Sa construction virtuose cache mal une incapacité chronique à saisir l’humain, sinon pour l’avilir, et ce roman qui se veut choral n’entre jamais dans la pensée des êtres. Les personnages profèrent des abjections parfois racistes, un mépris affiché pour le féminisme, une incapacité à l’amour, un recours aux putes, des sexualités sans plaisir, ou des sommets de perversion qui relient meurtres, tortures, castration littérale et éjaculation, en des scènes écœurantes que l’auteur se complait à décrire. Houellebecq et le spectacle défendent-ils ces pratiques au travers des personnages ? Si on ne peut l’affirmer sans que l’auteur s’en défende, expliquant qu’on ne comprend rien si l’on croit que ses personnages représentent leur auteur, il n’en reste pas moins qu’il relie clairement les hippies et la libération sexuelle (c’est-à-dire aussi le droit à la contraception et à l’avortement), aux serial killers, aux déviances les plus sadiques, aux frustrations masculines, à l’absence de rencontre de l’autre. Si dans Soumission le salut paradoxal de la société française vient d’une conversion générale à l’Islam (avec un cortège de régressions pour les femmes), dans les Particules il s’agit de supprimer le sexe, la reproduction, le désir, pour vivre sans soubresauts grâce à un clonage débarrassé des scories humaines. Contre-utopie, ou désir réel d’un paradis aseptisé ? L’emploi de l’ironie ne résout pas l’ambiguïté terrible du propos, et le malaise sensible du public ce soir-là... AGNÈS FRESCHEL
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Quelle douceur, quel réconfort… la cinquième édition du Festival Parallèle – temps fort pour la jeune création internationale – menée par Lou Colombani a tenu ses engagements mot à mot et pas à pas ! Sur le mode mineur, en ouverture, un message plein écran de Maud Vanhauwaert, poétesse flamande pose le «m’écoutez-vous ?» fondamental en affirmant gentiment que les artistes «luttent contre la distance» ; discours sur un «nous» possible qui trouvera un écho un peu candide dans Lecture for every one, menue conférence de Sarah Vanhee à glisser par surprise dans un groupe réuni pour autre chose (comité d’entreprise ou briefing dans les vestiaires) qui tombe à plat ici puisque «nous» y étions précisément pour cela ! Plus audacieux, et dans une vraie prise de risque partagée AVEC les spectateurs, le CMMN SNS PRJCT (O et E à rétablir entre les consonnes pour collaboration malicieuse) de Martin Schick et Viviane Pavillon, avance en zigzag dans un direct décousu et jouissif en interaction absolue : passant du «qui veut ça ?» à «qui me prête»… pantalon, chaussure, sac puis argent jusqu’à la vente aux enchères des droits, jouant sans jouer sur le fil de l’illusion et posant crûment la question de la marchandise artistique. On a chanté aussi, de manière drolatique et «plus vraie que nature» dans Chorale de Grémaud / Gurtner / Bovay où nos trois Suisses mettent la dernière main, dans un mimétisme hyperréaliste et facétieux, à un répertoire un peu «nunuche» : roulements d’yeux, infimes dérapages et rivalités minuscules font de cette forme légère un petit régal. D’une autre envergure, le travail de la metteure en scène polonaise Marta Gornicka avec le Chor Kobiet questionne l’identité féminine et les représentations sociales : les 29 choristes, piedsnus dans une lumière qui fait vibrer la blancheur de la
Magnificat © Krzysiek Krzysztofiak
Don et contre-don
peau et sculpte les visages, gueulent ou murmurent un Magnificat (dé)constructiviste dans une âpreté venue des entrailles mais bien loin du virginal ; slogans détournés, injonctions désuètes et cris de révolte constituent un cantique féministe d’une grande force. Et puis on a dansé, tantôt doucement avec la proposition de Thibaud Le Maguer animant comme un ver de terre un plateau de papier magmatique qui s’enfle, éructe et se déchire libérant enfin le danseur nu ; énigmatiquement avec l’australien Luke George et ses deux compagnons qui jettent des mots comme autant de fléchettes dont on ne sait quelle cible elles atteignent ; au cœur du rite enfin, le chorégraphe argentin Luis Garay orchestre la montée millimétrée de la transe chez la fascinante Florencia Vecino, tandis que David Wampach revisite sur l’absence
de Stravinsky un Sacre sidérant d’inventivité : danse verticale et horizontale à la fois, halètements de fond en guise de bande-son, cagoules qui enferment le visage du sexe et de l’effroi, cette chorégraphie magistrale insuffle une bonne dose d’extase... MARIE JO DHO
Le Festival Parallèle # 5 s’est déroulé du 14 au 17 janvier à Marseille
Jouer ou rêver ?
S
pour enfants, la Cie Itinérrances a restreint le potentiel des synesthésies et des correspondances. Peu à peu la matérialité des galets incite au jeu, et la poésie disparaît ; la danse épaissit son trait, les galets sont balancés dans tous les sens... Dommage, car la scénographie est belle, et le visage d’Alice Galodé, allongé devant une pierre brillante dans la pénombre, souriant à la découverte de l’inconnu, reste une très belle image... .
© Jean-Claude Sanchez
ur scène, des galets de tailles diverses sont répartis en groupes ; sauf un, solitaire et beaucoup plus grand que les autres. Soudain, des mains et des jambes en sortent suivis d’une tête, comme un nouveau-né quittant le nid maternel : le rocher était en fait une femme vêtue d’une robe grise. Celle-ci découvre ses sensations, touchant les galets, écoutant les tonalités qu’ils émettent et bougeant pendant que des sons, de la musique, défilent. La chorégraphe Christine Fricker et la danseuse Alice Galodé veulent donner à voir l’invisible : Faire cailloux est inspiré de l’ouvrage Le livre noir des couleurs de Menena Cottin, une histoire où l’on découvre comment Thomas, aveugle, ressent
ALICE LAY
les couleurs. Il arrive que les galets magiques chuchotent à l’oreille de la danseuse des phrases du livre : «Le vert a l’odeur de l’herbe coupée
et la saveur d’une glace à la menthe». Mais cette invitation à un voyage poétique au cœur de la matière reste confuse : dans ce spectacle
Faire Cailloux a été joué les 6 et 7 janvier au Théâtre de Lenche, Marseille, dans le cadre de la 6e édition de Minots, Marmailles & Cie
Des larmes de sang
© Geoffrey Fages
«M
audits soient les armes et tout ce qui peut trancher la vie d’un homme» ! Difficile en écoutant Noces de sang de Federico Garcia Lorca, créé par Guillaume Cantillon au Théâtre Liberté, de ne pas éprouver un tressaillement profond à l’heure où la France est sous le feu d’attaques meurtrières. Un trouble partagé par le metteur en scène le soir de la représentation : «Noces de sang est un texte de Lorca qui parle de liberté, écrit par un auteur lui-même fauché par l’obscurantisme». Le silence qui suivra, et l’intimité qui refermera le plateau sur lui-même, dans la pénombre, pèseront lourd sur la salle… Lorca saisit ses personnages dans un monde paysan où les traditions font office de lois, la haine a la dent dure, la douleur et le deuil s’incrustent dans les plis de la terre nourricière, où les sentiments sont exacerbés. Le désespoir qui les menace tous à l’approche de ce mariage dont on pressent l’épilogue tragique leur pique les yeux. Et nous pique les yeux. Cruel écho ! Portée par des acteurs formidables, justes jusque dans leurs infimes variations, et par une mise en scène simple, inventive (les polyphonies d’acteurs, les images vidéo, les déplacements chorégraphiés), la pièce fait entendre à merveille l’âpreté de la langue de Lorca puis sa soudaine légèreté quand le plaisir s’éveille. Les corps expriment sa rugosité aiguisée comme un couteau tout autant que son lyrisme ; le décor strict
et dépouillé, habilement mis en lumière, laisse à l’épaisseur du texte l’espace nécessaire pour respirer et se propager comme une onde. Mais ces noces sont baignées de sang, de larmes, d’amour, de violence, et de sang encore : cela n’en finira-t-il jamais ? MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Noces de sang a été créé le 8 janvier par la compagnie Le Cabinet de curiosité accueillie en résidence au Théâtre Liberté à Toulon
• À venir les 29 et 30 janv Théâtre de La Licorne, Cannes en partenariat avec le Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com le 3 fév Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.lecarreleongaumont.com le 5 fév La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr le 10 fév Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com
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Marseille fête son Orchestre arseille a commencé sa marche solidaire lorsque le samedi 10 janvier, en soirée, son Orchestre Philharmonique célèbre son cinquantenaire. L’Opéra est comble du parterre aux balcons ! Si les cœurs sont meurtris, les têtes troublées, on détecte à l’entrée des artistes un mouvement, une émotion commune qui, dans la foulée des mots de Lawrence Foster, initient vaille que vaille un esprit de fête. «C’est dans ces moments que la musique est plus que jamais essentielle» déclare le directeur musical de la phalange phocéenne... Les musiciens se lèvent, slogan en main : «NOUS SOMMES CHARLIE» lit-on sous les applaudissements de la salle. C’est à l’aune de cet élan fraternel que débute la soirée... Un demi-siècle que l’Orchestre Philharmonique de Marseille a vu le jour et son «Concert du Cinquantième Anniversaire» se joue à quatre baguettes ! Lawrence Foster passe le relais à de prestigieux pairs : Michael Schønwandt pour une Arlésienne à la farandole endiablée, Pinchas Steinberg livrant une lecture somptueuse de La Mer de Debussy, et une légende vivante de la musique française, née à Marseille, Serge Baudo dans Berlioz.
Magali Demesse transcende l’alto de Tomasi !
Au cœur du programme on attendait un événement : la re-création du Concerto pour alto d’Henri Tomasi, musicien né à Marseille et dont l’œuvre ne cesse, à juste titre, de trouver la place qu’elle mérite à l’affiche des concerts. De fait, à l’écoute de cet opus créé en 1951 (et plus jamais joué depuis !) surgit une évidence : comment les altistes, solistes virtuoses qui
© Ville de Marseille
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parcourent le monde depuis l’envol de l’instrument initié par Yuri Bashmet, peuvent-ils se passer de cette œuvre majeure du répertoire, tant sur les plans technique qu’expressif ? Il aura fallu attendre qu’un petit bout de femme, explosion de talent, déboule sur la scène de la Place Reyer pour en révéler l’importance ! Magali Demesse est sortie avec classe de son premier rang d’alto solo de l’Orchestre municipal (elle y brille d’un éclat si singulier qu’on le remarque d’emblée), pour gagner le devant du plateau. Quel pari réussi... et quel magnifique travail accompli ! La musicienne livre l’ample partition à la salle, par cœur, et allie la perfection technique d’un opus très exigeant à une puissance expressive rare. L’archet virevolte et l’altiste (une vraie grande soliste)
donne vie à l’œuvre, danse avec l’orchestre dans un dialogue imaginatif et coloré, avec hauteur de vue et sensualité. C’est superbe... et c’est un triomphe ! De quoi donner l’idée aux maisons de concerts d’afficher enfin cet ouvrage ? JACQUES FRESCHEL
Le concert du Cinquantième anniversaire s’est joué le 10 janvier à l’Opéra de Marseille
Une Belle Hélène chic et classe ! a Belle Hélène d’Offenbach, mise en scène par Bernard Pisani, a fait ses preuves sur de nombreuses scènes françaises et a été fort applaudie lors des festivités de fin d’année à Toulon. Ses atouts résident dans de beaux tableaux réalisés par le décorateur Eric Chevalier et le costumier Frédéric Pineau (prématurément disparu) d’après l’œuvre du peintre néerlandais du XIXe siècle, épris de classicisme : Lawrence Alma-Tadema. Les marbres et les lignes pures, sensuelles, les nuances fines des couleurs, les drapés élégants font de cette opéra-bouffe un spectacle chic, classe et soigné. L’Entrée des Rois sur un large escalier blanc, une scène au bain, un grand jeu de l’oie rehaussé d’un miroir en plongée, des thermes façon Deauville constituent des fresques où prennent place chanteurs et danseurs. C’est la talentueuse mezzo Karine Dehayes qui a incarné à l’Opéra de Toulon l’épouse de Ménélas (joué avec goût par Yves Coudray), élue «la plus belle des mortelles» et offerte par Vénus en trophée
© Frédéric Stéphan
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à Pâris. Les aigus larges de la diva ont aisément passé la fosse d’orchestre (dir. Nicolas Krüger) et le timbre clair, la facilité du jeune ténor Cyrille Dubois ont ravi l’auditoire à tous les étages du grand théâtre.
On a acquiescé à une vision qui conserve, sans vulgarité superflue, le sel du texte de Meilhac et Halévy (le revisitant par soupçons), ses jeux de mots et anachronismes amusants, basés sur une connaissance solide des mythes antiques, mais aussi nourris de l’histoire sociale du Second Empire et de l’opéra de Meyerbeer volontiers parodié. Un plateau vocal bien distribué dans ses nombreux rôles... pour une belle soirée ! J.F.
La Belle Hélène a été représentée du 27 au 31 décembre à l’Opéra de Toulon
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REEVOX Le Gmem - Centre National de Création Musicale basé à Marseille possède une formidable «vitrine», en matière de spectacles et concerts innovants, avec son festival printanier «les musiques». Cependant, il génère aussi tout au long de l’année de nombreux partenariats avec des structures locales, comme depuis trois ans avec l’Opéra de Marseille. On se souvient de l’étonnante prestation du chanteur Nicholas Isherwood dans des créations mariant l’électronique et sa voix de basse, transfigurée pour une alchimie sonore inouïe, diffusée par un orchestre de haut-parleurs enrobant le public du Grand Foyer de l’Opéra un dimanche matin du mois de décembre dernier ! Depuis son arrivée à la rue de Cassis, Christian Sebille a aussi initié un festival au cœur de l’hiver : c’est Reevox (en souvenir des fameux gros magnétophones Revox qui ont marqué les débuts de la création électroacoustique) ! Reevox c’est une semaine «dédiée aux écritures musicales des arts électroniques». On se balade d’Aix (Seconde Nature) à Marseille (Gmem, Grim, La Friche, Klap, Cabaret aléatoire), pour suivre les expériences acoustiques menées par des compositeurs et artistes de tous poils : les installations, lutheries détournées,
La Folle Criée objets sonores étonnants pour la nouvelle création de Jean-François Laporte & Virgine Abela (Inner Island), la réalité transformée en temps réel par l’électroacousticien Mathias Delplanque (Chutes) avec les tablas indiens de Philippe Foch (Taarang), les derniers opus réalisés par les classes de composition de Pascal Gobin et Maxime Barthélémy (Émergence), la performance sensible et chorégraphique conjuguée par Carole Rieussec & Clara Cornil (L’étonnement sonore), la vintage Revox experience de Beatriz Ferreyra & Christine Groult, le théâtre sonore mariant plastique, images, vidéo, lumières du duo Kristoff K.Roll (qui anime aussi des ateliers d’écoutes commentées) et consorts (La bohémia electrónica), la performance sur les supports numériques de stockage d’Yann Leguay (Unstatic) et la traditionnelle clôture jubilatoire... jusqu’au cœur de la nuit : «Rone Live Aufgang postcoïtum». JACQUES FRESCHEL
AIX-MARSEILLE. Reevox du 27 au 31 janvier 04 96 11 04 61 www.gmem.org Taarang © Eric Sneed
Les concerts organisés par La Criée en collaboration avec le Festival de la Roque d’Anthéron (hors saison) attirent des foules friandes de hautes performances pianistiques. C’est ainsi qu’on ira entendre la Russe Ekaterina Derzhavina dans un monument de l’histoire de la musique pour clavier écrit par Johann Sebastian Bach : les Variations Goldberg. Depuis trois saisons, les mêmes aficionados se bousculent aux portes des concerts qui se tissent sur deux jours lors de «La folle Criée» : un festival où l’on retrouve la main de René Martin et qui s’intitule en 2015 «Passions de l’âme et du cœur» ! Les ensembles Café Zimmermann ou le Ricercar Consort de Philippe Pierlot, le Trio Chausson, la violoniste Marina Chiche et quatre pointures du piano (Claire-Marie Leguay, Rémi Geniet, Anne Queffélec et Emmanuel Strosser) se relayent pour une douzaine de concerts où l’on puise, à son rythme, en effeuillant Beethoven, Liszt, Schubert, Schumann, Bach ou Vivaldi... voire en raflant tout le bouquet ! J.F. MARSEILLE. La Criée La Roque d’Anthéron (hors saison) E. Derzhavina le 24 janv à 20h «La Folle Criée» les 6 et 7 fév 04 91 54 70 54 www. theatre-lacriee.com
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Les Caprices de Marianne assure la direction de l’Orchestre Philharmonique de Marseille...
… un Orchestre désormais cinquantenaire (voir p22)
...qu’on retrouvera en février respectivement en compagnie du pianiste Jean-Efflam Bavouzet (2e concerto de Liszt), de la chef Simone Young (4e symphonie de Bruckner), puis de la soprano Patrizia Ciofi et la mezzo Clémentine Margaine (dir. Luciano Acocella). J.F.
Suzana Markova © X-D.R
En 2012, seul l’opéra de Marseille avait exhumé La Chartreuse de Parme d’Henri Sauguet. Aujourd’hui, et après ses premières représentations à Reims (oct 2014), Metz et Massy, son opéra créé au Festival d’Aix en 1954 Les Caprices de Marianne est à l’affiche à Marseille, pour un formidable projet de coproduction porté par seize maisons d’opéra et le Centre Français de Promotion Lyrique (CFPL) destiné à l’insertion professionnelle des jeunes artistes (président Raymond Duffaut). Le livret, fidèlement tiré du chefd’œuvre de Musset, est mis en musique par Sauguet, alors en pleine maturité artistique. Le compositeur y déploie toute sa verve musicale, d’essence mélodique, typiquement française, pour un langage très accessible. Comme dans le drame romantique, le tragique côtoie le burlesque et l’on est emporté par le jeu désespéré de masques amoureux du triangle Marianne, Claudio, Coelio... qui se finit dans le sang, les larmes et les regrets. L’ouvrage est représenté par une double et jeune distribution, dont on connaît certains talents : la soprano Suzana Markova (épatante Violetta récemment à Marseille) ou le ténor Cyrille Dubois (excellent Pâris dans La Belle Hélène à Toulon - voir p22 ). La mise en scène d’Oriol Thomas transpose l’intrigue dans les années
50 et la galerie Umberto 1er à Naples, dans un beau décor à la perspective déformée et écrasante signé Patricia Ruel, et c’est Claude Schnitzler qui
Les musiques à Musicatreize
La Salle Musicatreize à Marseille accueille, tout au long de la saison, des concerts en tous genres, aussi bien de musique contemporaine (à laquelle l’ensemble vocal dirigé par Roland Hayrabedian est voué), que classique ou baroque. C’est ainsi que fin 2014 on a pu y entendre des pièces symphoniques de la famille Bach par l’Orchestre Régional Avignon Provence, ou l’Ensemble C Barré dans «De Rerum Mechanica», ses créations inspirées par le travail à la chaîne, les gestes répétitifs, la robotique, à Alexandre Markeas, Zad Moultaka ou Frédéric Pattar. C’est somme toute avec le même esprit «mécanique» que seront jouées d’étonnantes «Machines musicales» : un concerto pour orgue d’Haendel et Le sacre du printemps de Stravinski dans des interprétations bluffantes au clavecin (Jean-Marc Aymes) et à l’orgue de barbarie (Pierre Charial) ! On retrouvera les voix expertes de Musicatreize «à quai» pour des commandes d’État et de Radio France aux compositeurs Frédéric Perreten (Yananti), Juan Pablo Carreno (Naturalis Historia) et Gérard Zinsstag (Eskatos) : des œuvres inspirées en partie par les allégoriques «danses macabres». À découvrir en «Avant-première» ! J.F. MARSEILLE. Salle Musicatreize Machines musicales 2, le 27 janv à 20h Avant-première, le 14 fév à 20h 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org/
MARSEILLE. Les Caprices de Marianne les 29, 30, 31 et 1er fév. Opéra Préambules à Sauguet : le 24 janv à 15h au Grand Foyer (conférence - 3 euros), puis à 18h «Le musicien-poète» présenté en concert par Édouard Exerjean (5 euros) et le 27 janv à 17h à l’Alcazar : rencontre avec les gens de scène, artistes des Caprices de Marianne (entrée libre) Concert symphonique : Liszt/Bruckner le 6 fév à 20h Concert Debussy : présenté par Lionel Pons à l’Alcazar avec les musiciens de l’Opéra le 7 fév à 17h Récital lyrique : Bellini/Donizzetti le 13 fév à 20h Musique de chambre : le 14 fév à 17h (5 euros) : trompette (Anthony Abel) et trombone (Julien Lucchi) et piano (Vladik Polionov) 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr/
Café Zimmermann
Depuis 2011, l’ensemble Café Zimmermann est en résidence régulière au Grand Théâtre de Provence. C’est là, à l’automne 2012, que l’ensemble baroque dirigé par Céline Frisch (clavecin) et Pablo Valetti (violon) a enregistré la fameuse fresque concertante pour cordes L’Estro armonico de Vivaldi (CD Alpha). Nous étions au premier concert donné de cet opus au Festival de Saint-Victor à Marseille, voici ce que nous écrivions dans nos colonnes : «Le résultat fut somptueux... la magnificence sonore des tutti, les phrasés virtuoses découpés au scalpel par les solistes ont ravi l’auditoire. Des flèches intimes aux atmosphères nocturnes, dissonances, appoggiatures douloureuses dénichant, au bout de la respiration, leur inéluctable résolution, ont mis au jour un style baroque digéré, élégant, loin de certaines démonstrations hystérico-caricaturales qu’on rencontre parfois dans ces répertoires.» Depuis, la musique des Zimmemann enchante les scènes, en particulier sous nos latitudes où il s’est naturellement implanté. On (re)découvre avec bonheur ce programme de concertos de Vivaldi aux quatre coins de la région. J.F. DRAGUIGNAN. Le 6 fév à 20h30. Théâtres en Dracénie 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com MARSEILLE. Le 7 fév à 13h30 (extraits). «La Folle Criée» 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com LE THOR. Le 7 fév à 20h. Auditorium Jean Moulin 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr MIRAMAS. Le 8 fév à 17h. La Colonne 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr
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De Cordoue à Venise
Salon de musique
Léa Trommenschlager © X-D.R
Ensemble Parnassie du Marais © X-D.R
L’ensemble Parnassie du Marais (dir. Brigitte Tramier au clavecin) reprend le programme d’un beau disque enregistré il y a peu (Cantigas et Romances séfarades, Chansons espagnoles des XVIe et XVIIe siècles, Madrigaux et airs d’opéras de Caccini, Cesti, Zanetti et Monteverdi – réf. PAR60) et qui connaît beaucoup de succès en concerts dans la région. Voici ce que l’on pouvait lire dans Zibeline après la prestation de l’ensemble de musique ancienne à Marseille à la Villa Magalone : «musiciens habités, d’une rare complicité : écoute de l’autre, respiration, enchaînements pertinents, sans temps morts, arrangements brillants, alternance de rythme binaire, ternaire, dans l’esprit des danses de la Renaissance et de l’époque baroque... l’Ensemble Parnassie du Marais nous offre un récital de toute beauté... survol magistral de plusieurs siècles... sublimé par cette vision ethnomusicologique dépoussiérée et magistrale» ! À voir ! J.F. AUBAGNE. Le 15 fév à 15h30. Théâtre Comoedia 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Claude Tchamitchian
Après l’intense récital donné en solitaire par Jean-Paul Dessy au violoncelle, c’est au tour d’une personnalité appréciée dans notre région (formée en Avignon avant d’endosser des ailes jazz pour survoler la France) de prendre le relais des «Solos du PIC» instaurés par Raoul Lay cette saison dans la belle acoustique de la salle de l’Estaque. Le contrebassiste Claude Tchamitchian a fondé, au fil des ans, un univers personnel qui mêle intimement la composition et le geste instrumental. C’est à une aventure rare et inouïe qu’il nous convie dans Another Childhood (CD paru en 2010)... Quelques longues cordes graves à suivre... à fond la caisse ! J.F. MARSEILLE. Le 27 janv à 19h30. PIC (Pôle Instrumental Contemporain à l’Estaque) 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com
Ce récital lyrique dans la Venise Provençale devrait ravir les amateurs de mélodies accompagnées au piano, car on y entend deux beaux cycles du genre avec les six belles pièces des Nuits d’été de Berlioz (sur les poèmes de Théophile Gautier), On this Island et Cabaret Songs que le jeune Britten composa sur les poèmes en anglais de W. H. Auden. C’est une jeune soprano française lauréate HSBC de l’Académie Européenne de Musique du Festival d’Aix, Léa Trommenschlager, qui se produit en compagnie de la pianiste lettone Elizabete Širante. On découvre également Yellow leaves de Charlotte Bray, un opus créé au Festival d’Aix en 2014 lorque ces deux jeunes artistes s’y sont produites dans ce même programme. J.F. MARTIGUES. Le 23 janv à 21h30. Les Salins 04 42 49 02 00 www.les-salins.net
Imaginarium
En dehors du passionnant festival qu’il organise chaque été, l’Espace Culturel de Chaillol produit une saison de concerts, de janvier à juin, la dernière semaine de chaque mois : ce sont 4 concerts, présentés dans 4 communes de 4 vallées du pays Gapençais. L’ECC assure ainsi au public haut-alpin une continuité d’offre culturelle portée par des artistes de qualité, soucieux d’établir avec lui des rapports authentiques et privilégiés. Le premier rendez-vous réunit des complices de longue date, musiciens du monde, le guitariste français Kevin Seddiki et le percussionniste iranien Bijan Chemirani. Ils présentent Imaginarium, leur dernier album, dans lequel «ils démontrent avec une infinie subtilité et une érudition savoureuse, l’art de la conversation, à la croisée du jazz, de la musique orientale et folk. Un disque unanimement salué par la critique, d’une rare élégance…». J.F. SAINT-BONNET. Le 29 janv à 20h30. Cinéma RAMBAUD. Le 30 janv à 20h30. Salle des Quatre Vents TALLARD. Le 31 janv à 20h30. Eglise GAP. Le 1er fév à 18h. Chapelle des Pénitents
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Région en scène
Cité de la Musique
Radio Babel Marseille © Mangaretto
Le Festival Région en scène, qui s’inscrit dans le projet artistique du réseau Chaînon / FNTAV (Fédération des Nouveaux Territoires des Arts Vivants), «se veut être une vitrine de la création émergente des régions Paca et Corse». Après Aubagne durant 3 ans, et la Corse l’année dernière, il revient dans les Bouches-du-Rhône, et plus particulièrement en itinérance dans 4 communes. C’est au Forum des Jeunes de Berre qu’aura lieu l’essentiel du programme musical, avec pas moins de 3 concerts pour la seule soirée de clôture (le 13 fév dès 18h30) ! Le collectif Subito Presto ouvre le bal avec Quelques morceaux en forme de poires, un voyage dans lequel la cornemuse est à l’honneur ; les cinq artistes-chanteurs du combo vocal Radio Babel Marseille poursuivent avec leurs compositions originales soutenues en partie par la poésie de Louis Brauquier ; le groupe électro, rock et poétique Pan, mené par Arash Sarkechik, clôt la soirée. Le reste de la programmation propose aussi du théâtre avec Awa, quand le ciel s’ouvre… de la Cie Artefact (à Bouc-Bel-Air), le K (de Dino Buzzati) du Groupe Maritime Théâtre et Monsieur Agop de la Cie La Naïve (à Venelles), de la danse avec Prêt-à-penser du Collectif 2 Temps 3 Mouvements (à La Fare), et du cirque avec la contorsionniste Tania Sheflan mise en scène par Gilles Cailleau, Cie Attention fragile, dans Tania’s Paradise (à Bouc-Bel-Air). du 11 au 13 fév Berre, Bouc-Bel-Air, Venelles, La Fare www.fntav.com
La Saga des dames, Sayon Bamba © Marcos Hermes agencia
Début d’année enflammé pour les musiques du monde rassemblées à la Cité. Le 23 janv, c’est à un dialogue entre jazz et flamenco que Sylvie Paz et Diego Lubrano nous convient dans La Ùltima, la veille à la BMVR Alcazar ils auront donné une conférence musicale sur ce langage inventé en commun. Le 29 janv, la chanteuse Françoise Atlan et l’Ensemble En Chordais nous livreront leur nouvel opus Aman ! Serafad, croisant les traditions des chanteurs de romances et des chants arabo-andalous. Le 30, ce sera Wasla, une suite musicale égyptienne créé et élaborée par le oudiste Tarek Abdallah. Rendezvous avec l’ensemble Ithaque le 6 fév sur les Chemins de la mer, où les quatre musiciens nous feront voyager à travers les traditions musicales d’Arménie, de Grèce, de Turquie, du Moyen-âge à nos jours. Le 13 fév, le projet La Saga des dames, interprété par Les Roses du monde (avec Sayon Bamba, Pépé Oleka, Maaté Keita) mêlera théâtre, chant et danse et célèbrera la femme (et ses luttes). Pour finir, le 14 fév, les amoureux pourront se réchauffer dès 18h30 avec le Fanal Festival de Touky pour un voyage initiatique en terre africaine. du 23 janv au 14 fév Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
… My Home + Slums ! CourteÉchelle
Deux dates incontournables à retenir en ce début d’année sur la scène de La Maison du Peuple de Gardanne. Le 6 fév, venez décerner le prix du Jury en votant pour l’un des quatre groupes sélectionnés au Tremplin CourteÉchelle. Une grande soirée de concerts gratuite, pour ce tremplin de musiques actuelles qui existe depuis plus dix ans et a vu défilé Ottilie B, Solat, Gaïo, Isaya… Le 7 fév, la chanteuse Anaïs, toujours aussi attachante et déjantée, tête d’affiche 2015 de l’opération CourteÉchelle, partagera ses nouvelles chansons au vitriol, décalées et drôles. les 6 et 7 fév Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr
S. Luc et Chemirani
Soirée musicale de haute tenue et voyage de la Méditerranée jusqu’au Moyen-Orient avec les immenses solistes Sylvain Luc, Keyvan et Bijan Chemirani qui mêleront leurs sons et univers dans ce trio réuni. En première partie, et au chant, Mardjane Chemirani accompagnée par Guillaume Saurel au violoncelle et Jérémy Perroin au clavier. À noter qu’une master class avec le percussionniste Keyvan Chemirani, ouvert à tous les instrumentistes, aura lieu le 16 fév de 14h à 18h à l’Auditorium (infos Arts Vivants en Vaucluse 04 90 86 70 79). Sylvain Luc et les Frères Chemirani le 15 fév Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr
En résidence au théâtre Durance, Raphaël Imbert et la compagnie Nine Spirit présentent, le 30 janv, le projet Music is My Home. Une «grande fête musicale et populaire» née d’une aventure intellectuelle, artistique et humaine autour de l’improvisation, accompagnée par trois musiciens américains invités (deux vétérans du blues et Leyla McCalla) et l’étoile montante du jazz hexagonal Anne Paceo. Le 17 fév, le spectacle rock de Thierry Bedard, porté par Jean Grillet aux guitares et Mélanie Menu au chant, racontera le monde des Slums ! et leur «socialité », à partir des textes du sociologue américain Mike Davis. Music is My Home + Slums ! les 30 janv et 17 fév Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr
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© Philippe Domengie
du 28 au 31 janv La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
La Légende…
Ronan Kéradalan est un violoniste bossu. Mais c’est avant tout un bon vivant qui passe la nuit dans les tavernes. Son chemin étrange est peuplé d’êtres inquiétants et féeriques tels des serpents, dragons ou autres créatures mystérieuses. Patrick Ewen invite ici petits et grands à partager son goût pour l’univers des légendes bretonnes riches et variées. La Légende de Ronan Kéradalan le 25 janv La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Au départ, il y a une commande auprès de Mâkhi Xenakis de sculptures pour la chapelle Saint - Louis de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. La plasticienne et écrivaine se livre alors à un long travail de recherche dans les archives. Naît un livre dont s’empare Micheline Welter pour un spectacle bouleversant sur les femmes enfermées dans l’Hôpital Général (fondé en 1656), par la voix de comédiennes amateures, dont la sensible fragilité est soutenue par la poignante création sonore de Laurent Kiefer. (voir www.journalzibeline.fr).
Deux comédiens occidentaux adoptent l’une des formes traditionnelles du théâtre japonais. Que se passerait-t-il si Bouvard et Pécuchet décidaient de s’approprier les codes ancestraux du Kabuki ? Les deux acteurs ont étudié l’art du maquillage et des costumes, ils ont aussi travaillé leur guide de conversation avec la plus grande application. Mais leurs tentatives s’avèrent rapidement aussi fragiles que leur décor de fortune. Il en résulte la peur qu’ils ne se prennent les pieds… dans leurs kimonos. Julie Denisse propose ici une traversée clownesque du théâtre et de ses traditions où le burlesque sera également le bienvenu.
Les folles d’enfer de la Salpêtrière du 11 au 14 fév Les Bernardines, Marseille 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org
Le Kabuki derrière la porte du 11 au 15 fév La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Pour voix seule
du 6 au 8 fév Le Bois de l’aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr
Un point c’est tout ?
Pour le trentenaire du Théâtre du Petit Matin, sa fondatrice, la metteure en scène Nicole Yanni propose au Théâtre des Bernardines un spectacle dans lequel elle raconte (se raconte) les années 60 à 80, avec ses mots, ceux de Claudel, Bauchau, Marivaux, l’esprit des films de Godard… De la musique, des scènes de théâtre par des amateurs entraînés dans l’aventure depuis 2013… L’intime, mais aussi le monde s’interrogent se catapultent dans une forme qui sait nous renvoyer à nous-mêmes. les 31 janv et 1er fév Les Bernardines, Marseille 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org
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© S. Junkerfftboac
Comédie de jeunesse, énigmatique et libertine… C’est dans un univers inspiré du cinéma de série B que Mélanie Leray transpose l’histoire de Catherine et Petruccio : amants terribles qui, de crises d’hystérie en bagarres verbales, finiront par devenir un couple dans un happyend très conventionnel… Mais derrière cette convention se cache la finesse d’un Shakespeare multipliant sans arrêt notre perception, affirmant que nous sommes au théâtre, toujours entre mensonges et vérités. Nos héros ne seraient-ils pas des acteurs qui jouent à accepter les lieux communs qui régissent les rapports homme/femme ?
Les folles d’enfer…
© Aaris Deshayes
La Mégère apprivoisée Le Kabuki…
Comment les histoires des gens font-ils l’histoire du monde ? Réveillée par une émission de télévision sur les survivants du génocide juif, la mémoire d’une vieille dame se ranime. Sa vie lui revient en plein cœur et elle se souvient. Toutes les images resurgissent, les moments tragiques et l’intime quotidien, qui ont fait de cette femme une actrice de la grande Histoire. Martine Amanieu, seule en scène, livre ce texte tiré d’une nouvelle de Suzanna Tamaro. les 27 et 28 janv Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org
Près de 30 ans passés dans les geôles d’Afrique du Sud puis devenu président du pays à sa libération, le destin de Nelson Mandela a marqué l’histoire contemporaine. Enfermé sur une île, Madiba aura mené une vie de lutte. D’abord pour ne pas perdre son humanité, pendant ses années d’incarcération. Puis pour trouver la force de dépasser la haine et la colère pour unir des hommes séparés par des décennies d’apartheid. Le griot Abdoulaye Diop Dany, entouré de musiciens de tradition mandingue, livre un récit envoûtant de cette grande histoire.
© Dominique Clément
Abdoulaye Diop…
Abdoulaye Diop Dany raconte Mandela le 3 fév Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org
Concerto pour 2 clowns
Elle joue du violon, lui du tuba. Elle est en habit grand siècle, port altier et perruque poudrée. Son valet trimballe ses ballots de paille comme s’il revenait des champs. Ce duo improbable forme Les Rois Vagabonds. Clowns, acrobates et musiciens, Julia Moa Caprez et Igor Sellem nous embarquent dans un univers de poésie sans parole. Les œuvres de Vivaldi, Strauss ou Bach sont transformées par ces virtuoses du rire. Prix du public lors du Festival Off d’Avignon en 2013, le spectacle est en représentation unique au Toursky.
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le 6 fév Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org
Comment vous racontez la partie les 13 et 14 fév Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org le 14 mars Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
© Pascal Victor, ArtcomArt
Comment vous racontez…
Une romancière, récemment lauréate d’un prestigieux prix littéraire, se rend dans une petite ville pour y présenter son livre. L’écrivaine a accepté l’invitation sans trop savoir pourquoi. Sitôt sur place, une idée la hante : repartir au plus vite. Yasmina Reza met en scène son propre texte et explore nos comportements. Rôle social, représentation publique, rapport à la notoriété, solitude, comment composer avec tout cela ? Avec Zabou Breitman dans le rôle de la romancière.
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Presque tout l’univers
Après Voyage sur place, présenté en 2012 au Lenche, Presque tout l’univers est la deuxième partie d’un diptyque sur l’enfance. Avec la mise en résonance entre le parcours artistique et l’enfance, la gestation de la vie adulte portée dans ces années-là. Le clown était le thème du premier volet. Le théâtre d’objets occupe le second. Christian Carrignon livre un texteinventaire, à la façon des encyclopédies Tout l’univers de sa jeunesse. Alain Simon l’accompagne à la mise en scène et à l’interprétation.
L’incroyable univers…
© Laurence Hébrard
En attendant Godot
© Cordula Treml
Roald Dahl est vieux et fatigué : l’envie d’écrire a disparu. Les personnages de ses livres sont désespérés. Menacés d’être abandonnés par leur auteur, ils décident d’intervenir pour redonner à l’écrivain le goût de l’écriture en l’accompagnant dans ses histoires et ses rêves. La mise en scène de Catherine Sparta allie chants, danses, marionnettes et ombres chinoises pour une traversée magique dans l’œuvre d’un des plus fameux auteurs pour enfants.
du 3 au 7 fév Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
Le Toursky accueille pour un soir l’équipe du Théâtre NoNo et sa version de la pièce de Samuel Beckett. Marion Coutris et Serge Noyelle cosignent la mise en scène de ce texte-référence du théâtre de l’absurde. Vladimir (Christian Mazzuchini) et Estragon (Noël Vergès), clowns vagabonds et misérables, ont rendez-vous aujourd’hui sur une route avec un certain Godot. A moins que ce ne soit pas là ? Ou peut-être est-ce demain ? De l’absurde au burlesque, teinté de cirque et de cabaret, les interprètes plongent avec délice dans l’œuvre du dramaturge irlandais.
L’incroyable univers de monsieur Dahl le 23 janv Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net/
© Théâtre de l’Atelier
L’écrivain…
Avec les Emporte-pièces, le collectif Manifeste Rien porte au théâtre des œuvres et des problématiques de sciences humaines. Virginie Aimone les interprète, mise en scène par Jérémy Beschon. Leur dernière création, tirée de La dictature du chagrin et autres écrits amers, de Stig Dagerman, aborde le rôle social de l’écrivain et la culture prolétarienne. Issu du monde ouvrier, le poète voulait créer pour le peuple. Mais comment être artiste sans trahir sa classe ? La représentation sera suivie d’un débat avec Charles Jacquier, spécialiste du syndicalisme révolutionnaire. L’écrivain et la conscience les 22 et 23 janv Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
Conversation…
En portant sur scène Conversaciones con Mama, le film de Santiago Carlos Ovès, Maurice Vinçon se plonge dans la crise argentine de 2001. Les univers si éloignés d’un fils et de sa mère vont se retrouver avec l’effondrement de la situation économique. La Mama vit au jour le jour dans le modeste appartement prêté par Jaime, tandis qu’il est confortablement installé dans sa villa. La crise brutale élimine le confort. L’argent n’est plus. Seule reste, précieuse, la tendresse d’une mère pour son enfant. Avec Betty Krestinsky et Roland Peyron. Conversation avec ma mère du 10 au 28 fév Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
Cabaret…
Dirty Martini, Julie Atlas Muz, Mimi Le Meaux, Kitten on the Keys, Catherine D’Lish et Rocky Roulette arrivent avec un nouveau spectacle de strip-tease ébouriffant : effeuillage arty et provocateur ! Si vous ne connaissez pas ce cabaret, c’est peut-être l’occasion pour vous de venir découvrir un show venant tout droit des USA. Show qui arrive en Europe avec un nouveau concept dans une nouvelle mise en scène de Pierrick Sorin. Cabaret new burlesque du 3 au 7 fév Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net/
© Julien Weber
le 17 fév Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org
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One + One
© Vincent Arbelet
Mon saumon a de la chance les 17 et 18 fév Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 www.theatrejoliette.fr
© Jean-Claude Sanchez
Candide, si c’est ça le meilleur des mondes… du 12 au 14 fév Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net/
Médée Kali C’est sans doute le spectacle le plus bouleversant de Guy Cassiers. Un monologue de Jeroen Brouwers joué, et transcendé, par un acteur extraordinaire, Dirk Roofthooft. L’histoire d’un homme brisé par son enfance dans les camps japonais d’Indonésie. Vidéo en direct et dispositifs technologiques guident le spectateur vers l’intimité traumatique... Sublime. du 29 au 31 janv Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 www.theatrejoliette.fr
Deux pêcheuses musiciennes, Sarah Givelet, au violoncelle, et Charlotte Testu à la contrebasse nous emportent sur une île inexplorée. Au fil de l’eau, au gré des vagues, on y pêche des mots, des sons, parfois même des saumons. Jacques Rebotier, musicien et poète hors pair, est un pourvoyeur d’objets artistiques inattendus. Avec sa compagnie Voque il joue les explorateurs tout-terrain, entre musique, théâtre et performance. Spectacle recommandé pour les enfants dès 3 ans et tout à fait accessible pour leurs parents.
les 5 et 6 fév Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 www.theatrejoliette.fr
Le conte de Candide est un voyage à la fois réaliste et merveilleux. Le personnage parcourt le monde malgré lui, accumulant des expériences toutes plus terribles les unes que les autres. On constate ici la férocité de Voltaire : montrer le pire de la nature humaine pour permettre d’en rire et de s’interroger. On voit s’enchaîner guerres, inondations, incendies, tremblements de terre, épidémies, injustice, crimes pendant que le héros, imperturbablement optimiste, s’accroche à sa devise que l’on chantonne comme un refrain : Tout est bien, tout va bien, tout va pour le mieux qu’il soit possible. Une odyssée fantasque contre la folie du monde.
Rouge décanté
Mon saumon… © Compagnie VoQue
Faire dialoguer les corps, quels que soient leur âge, quels que soient leur statut. Telle est l’ambition de One + One, création de la compagnie Itinerrances. Avec la chorégraphe Christine Fricker, la troupe développe ce rapport à la danse depuis de nombreuses années. Briser les murs, élargir le champ des possibles, voilà le but entretenu par la compagnie marseillaise. Ce spectacle creuse ce sillon, mêlant les vieux et les jeunes, les amateurs et les professionnels, pour faire des corps un espace de «puissance poétique».
Le mythe antique de Médée est ici revisité par l’auteur contemporain Laurent Gaudé. Devenue Médée Kali, elle porte trois visages, Médée, Gorgone et Kali, déesse de la mort pour les hindous. Frédérique Fuzibet met en scène le texte, en confiant le rôletitre à trois comédiennes, Christiane Cayre, Rukmini Chatterjee et Hélène Force. La compagnie du Théâtre de la Mer, dont les locaux sont voisins de la Minoterie, a réalisé le spectacle, en associant activement un groupe de spectateurs tout au long de la création. du 13 au 15 fév Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 www.theatrejoliette.fr
Sens
En avant-première au Klap, la compagnie Contrepoint présente la suite de son triptyque Sens. Après le solo, dévoilé en 2014, lors de Questions de danse, Yan Raballand poursuit avec un duo et un trio. Toujours autour du questionnement sur l’écriture du geste, ces deux œuvres, comme le solo, prennent pour origine La promenade dans nos serres, poème de Francis Ponge. «J’aurais aimé être là le jour de la balade qui lui a inspiré ce texte», explique le chorégraphe. À défaut, il tente de transcrire en mouvements les mots du poète. le 22 janv Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr
© Daniel Aimé
Candide…
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Moom
© Claire Lamure
© Patrick Servius
Les Découvertes de Klap consistent à «laisser entrer la lumière sur une face cachée de l’acte chorégraphique» ; elles sont destinées à présenter au public un travail en cours de création, et à nourrir l’œuvre de ses retours. Première partie d’un diptyque qui devrait mûrir jusqu’en 2016, le solo de Patricia Guannel sonde la notion d’altérité : habiter la frontière, c’est explorer le territoire qui sépare le monde matériel de l’imaginaire. Sa prestation sera suivie d’une avant-première de Yan Raballand, Sens (voir p. 33).
Les habitants du quartier de La Belle de Mai sont invités par Kathy Deville et Christian Carrignon du Théâtre de Cuisine à choisir un objet auquel ils sont attachés, même s’il est un peu cassé ou vieillot, et à venir le déposer dans le hall du cinéma Le Gyptis. Dûment étiqueté, accompagné d’une photographie du donateur et d’une petite phrase faisant référence à ses ascendants, il tiendra son rôle de héraut du quotidien, à la façon de Georges Perec. Vernissage de ce Musée des Objets Imaginaires le 28 fév.
le 22 janv Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr
Le Braquemard...
© Patrick Boyer
Habiter la frontière
Utilisant les bastaings (des poutres de bois de différentes tailles) comme agrès de cirque, «un con et un idiot» évoluent dans une réalité alternative, sans avenir ni passé. Un univers métaphysique et absurde qui fait irrésistiblement penser à l’oeuvre photographique de Gilbert Garcin, tout en n’hésitant pas à déployer un humour quelque peu graveleux. Le fantasme de l’ultime érection aura de quoi ravir les adolescents, à partir de... disons 12 ans et plus ?
du 29 jan au 28 fév Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com
Les insomnies
Le Braquemard du pendu du 18 au 22 fév Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com
De fil blanc
le 17 mars Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
du 28 jan au 1er fév Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com
© Rodolphe Brun
© Jean-Marie Faucillon
Que faire la nuit quand on n’a pas sommeil ? Quand on ne veut -ou ne peut- pas dormir, quand mille perspectives et l’urgence de vivre vous font rejeter couvertures et oreillers ? Un acteur, une graphiste, un pianiste et un acrobate répondent chacun à leur manière, emportés par leur fantaisie et leur créativité. Ce spectacle de la Cie La main d’œuvre, traversé par la poésie brûlante de René Char, est destiné au jeune public dès 13 ans et plus.
Quand papa et maman se séparent, rien ne va plus ! Heureusement, les enfants peuvent se serrer les coudes... Deux jumeaux, un frère et une sœur, se retrouvent propulsés dans l’histoire qu’ils étaient en train de lire. Perdus sur la page blanche comme à la surface d’une banquise, ils rencontreront une série de personnages étonnants, hommesanimaux ou vieux explorateurs égarés, qui les aideront à surmonter cette épreuve. Un délicat théâtre d’ombres proposé par la Cie Traversant 3, à partir de 4 ans. du 11 au 13 fév Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com
À la folie Feydeau
Trois Feydeau pour le prix d’un ! Le Théâtre de poche monte Amour et piano, Feu la mère de madame, et Les pavés de l’ours sur les planches du Comoedia, avec la fougue que méritent les vaudevilles du grand Georges. Entre une avalanche de quiproquos et un maelström de rebondissements improbables, le fil rouge de ces trois pièces, orchestrées par Léonard Matton ? L’amour, toujours l’amour... Menée tambour battant par quatre comédiens déchaînés, l’éternelle guerre des sexes se vit ici en chansons. le 25 janv Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Prêt-à-penser
Le roi sans terre
Le collectif 2 Temps 3 Mouvements pratique un hip hop acrobatique frotté de cirque et de capoeira. Dans cette pièce conçue par le chorégraphe Nabil Hamaïzia avec la complicité de Kader Attou et Mathieu Desseigne, trois danseurs semblent sommeiller debout, sous perfusion, ou bien tels des marionnettes emprisonnées par leurs fils. Tout l’enjeu sera pour eux de s’affranchir de leurs certitudes, de leur solitude, pour déciller un regard qui ne voit plus au delà du prêt-à-penser. On ne peut pas tourner éternellement en rond... même sur la tête.
Le titre du texte de Marie-Sabine Roger se situe entre Giono et Ionesco. Il est question de trouver du sens, un lieu pour exister, mourir. Ce roi seul sur scène (Damien Houssier) arpente le monde. Voyage poétique et initiatique où vidéo (Pierre Jacob) et musique (Nicolas Larmignat) en direct se conjuguent pour offrir une image métaphorique de la condition humaine, dans une mise en scène de Sandrine Anglade. le 4 fév Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net
le 28 janv Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Renée Panthère
© Michaël Varlet
Contes d’hiver
Une seule journée et deux lieux cette année pour les contes d’hiver. Départ dans l’aprèsmidi du Théâtre Comoedia, avec Mon grand oncle, de et avec Sébastian Lazennec, et la lecture du testament de Germain Langlois. Le spectateur suit le petit neveu de ce personnage chez lui pour une lecture entre humour et nostalgie (jauge limitée). Puis, rendez-vous à La Distillerie pour des Contes et Grignotages autour de l’Amour, soirée proposée par l’association Au bout du Conte, orchestrée par la conteuse Florence Ferin. Marcelle est amoureuse et les fées disent… sur cinq mini-scènes réparties dans la salle. Mots et douceurs sucrées à grignoter sans modération ! le 7 fév Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr La Distillerie, Aubagne 04 42 70 48 38 http://distillerie.theatre-contemporain.net
Renée Panthère collectionne les cow-boys. Elle repère sa proie et la poursuit avant de l’abattre dans les règles de l’art, puis l’affiche encore fraîche à son tableau de chasse. Elle pratique la taxidermie, aussi. Sur un texte original de Cécile Cozzolino, Frédéric Récanzone livre une mise en scène sobre, propre à mettre en valeur une héroïne méthodique, à la curiosité quasi scientifique. Qu’y a-t-il après la mort ? Rien ne vaut l’expérimentation... et sous ses airs virils, le cow-boy est un excellent cobaye. le 6 fév Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
L’avantage...
Judith Henry, Vincent Dissez et Anne Tismer sont à l’oeuvre dans cette nouvelle pièce de Rodrigo Garcia, mise en scène par Christophe Perton. Un road movie enragé sur le scandale de la mort, le cancer, la filiation, la solitude, le terrorisme. Un cri de douleur poétique, un des plus beaux textes de celui qui dirige à présent de CDN de Montpellier. L’avantage avec les animaux c’est qu’ils t’aiment sans poser de questions du 17 au 21 fév Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net
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Sfumato
© Francois Stemmer
Olivier Dubois signe là une pièce majeure, simple et poétique comme l’évidence. Une mise à nu existentielle de neuf hommes et neuf femmes qui se déshabillent pour mieux retrouver leur forme humaine, et savoir si cela suffit pour approcher de leur condition première...
Le sfumato appartient au vocabulaire de la peinture, superposition de plusieurs couches qui aboutit selon Léonard de Vinci à un résultat «sans lignes ni contours, à la façon de la fumée ou au-delà du plan focal». Cette technique de fondu, de vaporeux, donne son nom au nouveau spectacle de Rachid Ouramdane où chant, danse, texte et vidéo se croisent pour une version métaphorique des variations climatiques qui bouleversent la planète. Les pluies inondent le plateau, les silhouettes se font évanescentes… dans une «danse documentaire» emportée. les 27 et 28 janv Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org
Barbe-Neige…
© Laurent Philippe
Tragédie
Histoire de tordre le cou à la mièvrerie conventionnelle des contes pour enfants, la chorégraphe italienne Laura Scozzi raconte des histoires d’amour qui finissent mal, des Banche-Neige qui se démultiplient pour un seul nain, un Chaperon Rouge épris du Grand Méchant Loup… Transgression jubilatoire des codes dans une forme indéfinissable et savoureuse entre théâtre, hip hop, mime, masque et commedia dell’arte, cette pièce muscle les zygomatiques et ouvre les esprits, à partir de 8 ans et au-delà.
le 4 fév Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com le 7 fév Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net
«Un joli cadeau à offrir : un mot. Je peux d’un mot, tirer un profit extraordinaire, jouer sans fin, des mois, des années, la vie entière.» Ces mots de Jean Dubuffet sont en exergue du programme proposé par la Cie Théâtre Vingt-Sept, qui s’inspire du texte jubilatoire de l’artiste multiple, La Botte à Nique. Anne-Marina Pleis entraîne d’autres artistes dans cette aventure où l’orthographe se déjante et le sens se décale. En éventail, quatre créations données les unes après les autres ou simultanément, pas toutes les quatre non plus. les 10 et 11 fév 3bisF, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 www.3bisf.com le 12 fév Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 42 59 94 37 www.theatre-vitez.com du 19 au 22 fév Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org
© Jacques Hoepffner
Les bottes à nique
Langue poétique…
Sous la houlette de l’écrivaine Sonia Chiambretto, les étudiants d’un atelier d’écriture des cursus théâtre de l’Université d’Aix-Marseille se sont livrés à une exploration de la «littérature» ou presque qui fleurit sur internet, une écriture de l’instant, de la rapidité, du mouvement d’humeur… la poésie rejoint ici une vision de la société telle qu’en son miroir virtuel elle se présente. Cette langue en hyper vitesse sera dite par ses auteurs, avec la collaboration artistique de Louis Dieuzayde. Langue poétique en hyper vitesse le 5 fév Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com
Barbe-Neige et les Sept Petits Cochons au bois dormant du 3 au 5 fév Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org
L’achat du cuivre
Pendant presque dix-sept ans, Brecht travailla sur le texte L’achat du cuivre. Sa mort le laissa inachevé. L’argument est simple, un marchand de cuivre achète une trompette dont il ne veut payer que le poids en cuivre… émergence d’un «théâtre scientifique», analyse, critique pratique, exigence d’interprétation du monde dans le but de le transformer dans la lignée marxiste. Danielle Bré adapte et épure les longueurs «dissertantes» du texte, renforce le dialogisme. La troupe d’étudiants et d’amateurs In pulveris reverterem se voit confier en quelque sorte «l’avenir du Théâtre». le 19 fév Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com
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Guitare Amoroso
Monsieur Agop
Soirée Afrique
Au-delà © Nicolas Guyot
© Laurence Hebrard
© X-D.R
Prenez un clown, son nez rouge et son visage enluminé de blanc, Monsieur Maurice (Claude Cordier), et trois musiciens de Tango, la Cie Choc Trio. Pas besoin de paroles, tout passe par le mime, la musique. De retour de Buenos Aires, Monsieur Maurice retrouve sa guitare classique, mais le tango est là, sensuel… dans une mise en scène délicieusement ébouriffée de Priscille Eysman, le clown danse le tango pour séduire sa guitare. Un spectacle pour tous les publics, d’humour et de poésie. (NB : le tango se poursuit après le spectacle autour du verre de la convivialité).
Rien ne justifie la guerre, tel est le message de cette pièce forte et dense que nous offre la compagnie La Naïve à l’espace NoVa de Velaux. Monsieur Agop, c’est le nom du grand-père de Jean-Charles Raymond, auteur et metteur en scène du texte. Monsieur Agop a déposé les armes pour sauver un enfant, Hazzad. La traversée de Marseille par ce dernier à la recherche de cet Arménien qui l’a sauvé est racontée par quatre voix, quatre personnages coincés dans le hall d’un aéroport. Bouleversant et indispensable cri pour la paix.
Danse et musique sont au programme de ces deux temps forts dévolus à l’Afrique : sur un texte de Dieudonné Niangouna, le chorégraphe congolais DeLaVallet Bidiefono, avec six danseurs, un percussionniste, un guitariste et un chanteur, évoque le compagnonnage entre les vivants et les morts. Tradition et modernité se trouvent étroitement mêlées dans Au-Delà, pièce physique et engagée ; dans Soirée Maquis, il transformera la salle du Bout de la Nuit en «maquis», du nom de ces lieux africains qui sont à la fois lieux de restauration, mais aussi de rencontres, d’échanges et de défoulement.
le 20 fév Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com
le 30 janv Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr
Violentes femmes
le 6 fév Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net
Tano en spectacle
© X-D.R
Tano a été remarqué par des émissions télé, par son humour, sa nonchalance, sa galerie hilarante de personnages. Il fait rire, par son art du décalage, par exemple avec son sketch sur l’indépendantiste corse qui confond la liste des commissions et ses revendications… avoir des 4/4 plus rapides que ceux des continentaux pour ne pas être doublé, entre autres propositions…
Deux récits se chevauchent, deux histoires en parallèle qui ne rencontrent pas, mais qui s’influencent, sans démonstration. Dans l’une, une femme raconte l’apparition de la vierge Marie qu’elle a vécue, petite fille, à l’île Bouchard dans les années d’après guerre ; l’autre découle d’une tuerie au Québec, où dans une école supérieure de filles un homme tua 14 d’entre elles qu’il considérait comme «féministes radicales». L’écrivain et cinéaste Christophe Honoré entrecroise dans son texte ces deux événements que Robert Cantarella met en scène et en écho.
le 13 fév Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr
© X-D.R
les 27 et 28 janv Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net
Le T de N-1
Des maths pour tous… mais pour défouler notre imagination ! Dans cette pièce qui a tout d’une conférence des plus sérieuses, trois comédiens de la Cie Les Ateliers du spectacle proposent un voyage dans le temps, celui de l’origine. Sur le plateau rempli d’objets insolites, Clémence Gandillot, auteure de Chose Mémoire et de De l’origine des mathématiques, répondant à un interviewer, tente de mettre en équation l’obscur mystère qui relie l’homme, les choses et les maths. En résultent des formules loufoques, inventives et infiniment poétiques ! le 17 fév Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net
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Le Tour de valse
© Editions Dupuis
© Yannick Blaser
Loufoque et déjanté, le comédien Pierre Aucaigne envahit la scène avec ses personnages censés présenter les artistes qui viendront faire leurs spectacles lors de la saison d’un théâtre dont le directeur est sans arrêt perturbé et dérangé par son portable, mais aussi par ses mains et ses pieds à qui il s’adresse sans vergogne... Empêtré dans ses propres délires névrotiques, saugrenus et verbeux, le comédien déroute son auditoire pour mieux l’embarquer dans son univers poétique et touchant.
C’est d’abord une bande dessinée de Denis Lapière et Ruben Pellejero, une superbe histoire d’amour qui se déroule durant l’époque stalinienne d’après-guerre : en septembre 1946, Vitor Kolonieitsev est arrêté sur dénonciation anonyme et déporté en Sibérie, laissant derrière lui sa femme et ses deux enfants. La BD est montée en une séquence vidéo dynamique, image après image et sur grand écran, accompagnée en direct par les musiciens Jean-Pierre Caporossi (piano, claviers, machines et percussions) et Tony Canton (violon, samples et percussions), qui assure aussi la direction artistique du spectacle.
le 30 janv Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com
le 23 janv Forum de Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
Nous autres
Papa est en bas
© X-D.R
Les Cartoun Sardines s’installent à Portde-Bouc durant un peu plus d’un mois, pour y développer un projet associant des actions culturelles de sensibilisation et de création, notamment par le biais d’ateliers dont naîtra un court métrage, La soirée idéale, projeté au cinéma Le Méliès le 5 fév. Au terme de leur résidence, ils joueront Nous Autres, continuant à interroger notre imaginaire des utopies. À partir du roman d’Eugène Zamiatine, classé «dystopie» (l’expression d’une utopie qui a mal tourné), la Cie s’attache au personnage D-503 qui tentera d’enrayer la machine d’un système totalitaire. le 13 fév Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com
L’enfant sauvage
«Papa est en bas, qui fait du chocolat…» Tout le monde connaît la comptine, y compris les tout-petits auxquels s’adresse ce spectacle de la Cie la Clinquaille ! Dans sa drôle de chocolaterie, qui s’apparente à un laboratoire, papa s’endort… et c’est tout le petit monde de la cuisine qui en profite pour se réveiller ! Une poule marron est ainsi créée, et pour que son rêve d’amour se concrétise, papa va aussi faire un beau coq, tout de chocolat blanc vêtu… La différence, l’amour et la paternité sont ici abordés de façon tendre et sensible. le 4 fév Forum de Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com le 7 fév Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr le 10 fév Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr
© Chedlyz
Cessez !
La Cie 7e Ciel met en scène l’histoire de Victor de l’Aveyron, enfant sauvage confié au Dr Itard à l’orée du XIXe siècle. Sans renier l’adaptation qu’en a faite François Truffaut au cinéma, mais en donnant plus d’épaisseur au rôle féminin (la bonne de l’homme de science), et en s’inspirant également du Baron perché d’Italo Calvino, Bruno Castan explore la nature humaine dans tous ses états. le 6 fév Forum de Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com le 28 janv Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr
Mijaurées
Sept auteurs contemporains revisitent, pour répondre à une commande d’écriture passée par la comédienne et metteure en scène de la Cie Anima Théâtre Claire Latarget, les contes classiques en s’attachant plus particulièrement aux figures féminines emblématiques. C’est la femme de l’ogre, personnage récurrent dans les contes mais d’ordinaire secondaire, qui mène les récits. L’occasion de suivre l’émancipation des représentations classiques de BlancheNeige, Peau d’Âne, Cendrillon… autant d’héroïnes pas du tout mijaurées ! le 30 janv Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr
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Gros-Câlin
Le Miroir de Jade
le 27 janv L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
© Max Minniti
© Dunnara Meas
C’est une étrange relation qui lie Monsieur Cousin, employé de bureau célibataire, au python de 2m20 qu’il a rapporté d’Afrique à la suite d’un voyage organisé. Ne trouvant pas l’amour chez ses contemporains, et notamment auprès de sa collègue de travail Melle Dreyfus, c’est auprès du reptile qu’il trouve chaleur et affection… C’est aussi le premier livre écrit par Romain Gary sous le nom d’Emile Ajar, un livre dans lequel l’auteur opère une mue stylistique. Seul sur scène, Jean-Quentin Châtelain est drôle et bouleversant dans la mise en scène de Bérangère Bonvoisin.
Sérénade en mer
Ce spectacle est né d’un désir commun de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna de relier leurs univers autour d’une création sur le langage non verbal, à la croisée de la danse, du théâtre et de la musique. À la suite d’un long coma, Jade revient doucement au monde ; privée de la parole elle se reconstruit en empruntant d’autres langages. Son corps devient alors vecteur de communication, jusqu’à la reconquête de soi.
Dans sa dernière création, Edmonde Franchi troque l’univers des feuilletons télévisés pour celui de la croisière en mer… Sur le Music Lover Boat, la troublante chanteuse Gilda, accompagnée de son pianiste/chanteur virtuose Roberto, sont chargés d’animer les soirées, avec un répertoire qui va de Bourvil à Dalida en passant par Marcel Aumont et Joséphine Baker. Bref, ils offrent du rêve et de la joie… Mais ce soir Gilda a envie de raconter son histoire, celle qui a changé sa vie, sa rencontre avec l’amour. Humour et tendresse sont toujours au rendez-vous dans ce spectacle porté par ces deux merveilleux comédiens.
le 10 fév La Garance, Scène nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com
le 22 janv Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr
le 24 janv Salle municipale, Saint-Chamas 04 90 44 52 39 www.saint-chamas.com
FTT
Abderzak Houmi, chorégraphe de la Cie X-Press, présente ici un spectacle particulièrement énergique et revigorant, qui fait la part belle à la danse hip hop à travers un historique dansé des différentes formes de ce mouvement, parfois galvaudé à tort. Emmenés par trois danseurs, dont deux jeunes femmes virtuoses (Julia Flot et Sophie Lozzi), les tableaux courts brossent les techniques (break, smurf, popping, funk…), et parcourent des extraits de son répertoire. FTT Forme Tout Terrain le 6 fév Espace Gérard Philippe, Port-St-Louis 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr
© Louis Fernandez
les 23 et 24 janv Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
Coline & Margarit
Les jeunes danseurs de la formation professionnelle Coline, session 2014-2016, vont travailler avec la chorégraphe catalane Angels Margarit de la Cie Mudances pour créer une de leurs premières pièces. En deuxième partie de soirée, la compagnie dansera Capricis, une variation sur la musique des 24 Caprices de Paganini, courtes pièces pour violon, qui se réinvente, au gré des lieux de représentation et du nombre d’interprètes, à partir du corps des danseurs. le 30 janv L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
Jeunesse sans Dieu
Dernier roman d’Ödön von Horváth écrit en 1937, Jeunesse sans dieu décrit la montée du nazisme à travers les rapports d’un professeur aux prises avec ses élèves endoctrinés par les idées fascistes. Cet antihéros humaniste cherche à résister mais voit son autorité et son enseignement remis en cause, pressentant le danger qu’il encourt à ne pas se conformer. Lors d’un camp de formation militaire pour les adolescents, il aura à faire face à un crime et un procès qui le confronteront à son inconscient et ses mensonges. L’adaptation de François Orsoni aborde avec lucidité et poésie un monde en perte de valeurs et d’illusions, hanté par l’ordre et la religion. les 22 et 23 janv Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
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Une Semaine magique
Keep Calm
Le syndrome de Cassandre © Sylvain Frappat
La magie s’invite au Théâtre d’Arles, et à l’Alpilium de Saint-Rémy, avec trois spectacles : le solo de magie et clown de Yann Frisch, Le Syndrome de Cassandre, se focalise sur la figure du clown, une créature singulière pour qui le spectateur peut ressentir de l’empathie, même s’il sait que rien de tout cela n’est vrai. Ce personnage est assimilé à celui de Cassandre qui, dans la mythologie grecque, avait reçu le don de prophétie et la malédiction de ne jamais être crue. En jouant sur la confusion et la manipulation, le magicien fait sauter les barrières de nos perceptions pour nous faire admettre que la réalité n’est pas si objective… (10 fév à Arles et 12 fév à St-Rémy) ; dans les spectacles du Finlandais Jani Nuutinen, les objets ne sont jamais de simples accessoires, tout peut servir. De sa valise magique, il sort des fioles, des
grimoires, des bougies qui vont prendre vie et disparaître tout seuls dans ses mains lors d’Une Séance peu ordinaire… Ce maître de l’illusion use d’astuces et de boniment pour manipuler le jeu et le hasard (13 au 15 fév au Théâtre et 10 et 11 à la chapelle de Boulbon) ; enfin, le talentueux jongleur de mots et de sons qu’est Mathieu Pasero, alias Raoul Lambert, chantera la magie dans In caravane with Raoul, en revisitant le répertoire des chansons des années 80 pour utiliser sa science du mentalisme. Malice et autodérision sont au rendezvous de ce show insolent et jubilatoire !
les 24 et 25 janv Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
B&B
à frapper les mains sur les chaussures et les jambes), il invente des variations rythmiques et spatiales qui font naître, dans un éternel recommencement, une boucle de percussions qui rappellent la représentation des rites religieux. Une expérience envoûtante portée par cinq danseurs. © Andrea Macchia
Folk-s, will you still love me tomorrow ? le 30 janv Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com le 27 janv La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
La Zampa © Anya Tikhomirova
du 10 au 15 fév Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
Folk-s…
Le chorégraphe italien Alessandro Sciarroni met en scène une performance axée sur l’épuisement en interrogeant l’esprit contemporain de la danse folklorique. S’inspirant du Schuhplatter (danse bavaroise et tyrolienne qui consiste
Répondant à une commande du Théâtre, l’iconoclaste Michel Schweizer y crée un spectacle unique avec des enfants de 9 à 13 ans. Depuis fin novembre, par petits groupes puis tous ensembles, les enfants ont suivi divers ateliers durant lesquels ils ont pu se rencontrer, échanger, appréhender une scène, un micro… La performance mettra face à face les enfants avec des adultes à qui ils s’adresseront, les interrogeant sur les places respectives qu’eux et nous tenons dans le monde et dans nos «mondes».
Artistes associés du Théâtre de Nîmes, Magali Milian et Romuald Luydlin, Cie La Zampa, y créent leur premier spectacle jeune public. B&B comme la Belle et la Bête, elle qui danse avec ses talons à paillettes, lui qui se glisse dans la peau de l’horrible bête. L’espace scénique, transformé en château mystérieux, permettra l’imagination la plus débridée… Dès 7 ans. le 4 fév Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
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Un chien dans la tête
Écrite par l’auteur Stéphane Jaubertie et mise en scène par Olivier Letellier (Molière 2010 spectacle jeune public pour Oh boy !), cette pièce pour trois comédiens décortique le sentiment violent et universel de la honte. Comment, pour un Fils ayant des parents différents, grandir autour de ce thème fondateur ? Comment dépasser ce monstre intérieur, avec deux amis imaginaires, pour finalement s’en affranchir ? Un récit qui joue son rôle cathartique entre réel et merveilleux, à voir dès 9 ans. © Michel Cavalca
Sacrés à de multiples reprises «champions du monde» des battles hip hop, les danseurs de la Cie Pockemon Crew allient virtuosité, technicité, acrobatie à ce petit supplément de grâce et de poésie qui les propulse sur les plus belles scènes de la danse hip hop mondiale. Avec ce dernier spectacle, ils offrent une véritable comédie musicale en nous plongeant dans le noir et blanc du cinéma muet des années 30-40. Ambiance rétro chic au programme pour un ballet d’une sauvage beauté !
Quartier lointain
La fable philosophique et initiatique du dessinateur japonais Jirô Taniguchi adroitement adaptée à la scène par Dorian Rossel et la Compagnie STT (Super Trop Top). Un manga culte (1998) où se déploient des trésors de poésie à travers le retour en adolescence d’un père de famille de 48 ans. Dans un va-et-vient entre passé et présent et des trouvailles visuelles surprenantes, les acteurs nous entraînent avec énergie et invention dans cette œuvre tendre et mélancolique sur la réconciliation intérieure. les 22 et 23 janv La Garance, Scène nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com
La pièce historique de Maguy Marin reste toujours aussi frappante. Hommage plutôt qu’adaptation de Beckett, récit de temps reculés (post nucléaires ?) où une humanité dégradée grogne, trimballe ses oripeaux terreux, la pièce évolue en une dramaturgie stricte pourtant, passant par quelques bribes de Schubert, interrogeant la présence de corps en groupes amalgamés... le 24 janv Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr
Cordes (…)
Tupp’…
Conçu et joué par Angélique Clairand, sur un texte écrit sur mesure par Nasser Djemaï, les paroles de femmes travaillant dans le circuit de la vente à domicile sont ici retranscrites dans un solo à la fois drôle et cruel. Théâtre documentaire, intime, enquête sociologique, nous voilà au cœur du destin d’une femme ordinaire, vendeuse à domicile, qui gravit les échelons de l’entreprise Tupperware. Un conte initiatique qui dévoile les rêves d’un monde meilleur. Tupp’ ou la coupeuse de feu du 11 au 20 fév en tournée Nomade(s) La Garance, Scène nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com
© Daniel Michelon
le 7 fév Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com
le 3 fév Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.fr
© Christophe Raynaud de Lage
le 31 janv L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 www.mairie-saintremydeprovence.fr
le 30 janv La Garance, Scène nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com
May B
© Claude Bricage
Silence, on tourne !
Seul-en-scène du circassien Alexis Rouvre qui incarne un personnage faussement solitaire, et nous fait face avec ses obsessions, liant, déliant, nouant, tressant, explorant sans relâche les cordes qui l’entourent. D’infinies possibilités de manipulations qu’il partage dans une épure proche de la calligraphie zen, des plus petits brins aux cordes démesurées qu’il dénoue avec une fluidité remarquable comme les fils de sa propre existence. Un vocabulaire unique pour un monologue visuel impressionnant ! le 31 janv Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr
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© Giovanni Cittadini Cesi
Un humoriste au théâtre du Balcon ! Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du clown philosophe Gustave Parking qui revient au Théâtre de la Rue Guillaume Puy pour distiller, par le rire et son univers iconoclaste, son message humaniste et écolo dans un déluge de gags visuels. Le 25, il donnera une master class d’improvisation destinée aux débutants et professionnels, dont le principe de base est «le véritable talent, c’est de mettre en valeur les autres».
Pierre Notte écrit et signe la mise en scène de cette «comédie de crises» hilarante et grinçante dans laquelle trois femmes (dont un homme) cherchent à s’accomplir. Il y a le travesti en recherche d’identité, qui kidnappe une actrice intermittente en pleine crise professionnelle, et la tante, qui a tout perdu au jeu et se retrouve sans logement. Soudées par le syndrome de Stockholm, elles inventeront les moyens de s’en sortir au fil d’aventures joyeuses et absurdes.
le 24 janv Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org
White noise
les 23 et 24 janv Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr
Lecture du texte-témoignage du Juif Polonais Calek Perechodnik, victime des horreurs de l’Holocauste, par Charles Berling qui en signe la première adaptation à la scène. «Le théâtre, à un moment où notre vieille Europe voit réapparaître les démons du racisme, de l’antisémitisme et de l’intolérance, se doit de s’emparer de ce sujet brûlant» (Charles Berling.) le 17 fév Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr le 21 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
Pour présenter sa programmation 2015 et ses nouvelles perspectives, le théâtre Golovine, malheureusement exclu du regroupement des Scènes d’Avignon suite au départ de Yourik Golovine, remplacé par sa collaboratrice Aude Barralon, donne carte blanche à Julien Gros, directeur artistique de la compagnie hip hop Havin’Fun, et artiste associé au théâtre. Une déambulation chorégraphique accompagnée par le groupe Gamac, des surprises, et une clôture assurée par le DJ Damien Massina. Entrée libre sur réservation. Carte blanche à Julien Gros le 23 janv Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 www.theatre-golovine.com
© X-D.R
Calek
compagnie Havin’Fun © caillou-photographie
© X-D.R
Perdues dans Stockholm De mieux en mieux pareil Carte blanche
À partir de l’histoire vraie et spectaculaire de la famille De Védrines, manipulée par un homme qui l’a maintenue dans la peur et tenue recluse durant des années, le collectif belge Les Alices explore la relation entre peur et pouvoir. Entre performance et théâtre immersif, il plonge le spectateur au cœur de son dispositif scénique pour analyser le fait divers et questionner l’influence de l’individu sur le groupe, et présente une sortie de résidence au Théâtre des Doms… qui changera bientôt de direction. le 28 janv Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 www.lesdoms.be
Nous allons être…
Deuxième soirée Acte e(s)t parole au Théâtre du Balcon pour fêter l’écriture théâtrale. En collaboration avec l’Association Beaumarchais SACD, cette soirée sera l’occasion de fêter la Saint Valentin autour d’une lecture croisée, mise en voix par Serge Barbuscia. Les deux Camille Carraz et Olivier Ranger liront le texte de Gilles Treton Nous allons être heureux, accompagnés par la peintre Paule TaveraSoria et la musicienne Nathalie Waller. Nous allons être heureux le 14 fév Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org
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Days of nothing
Premier apéro littéraire 2015 au Théâtre Durance en forme de lecture publique qui permet aux auteurs présents d’inviter les spectateurs «à découvrir autrement ces littérature qui prennent le risque de quitter l’espace de la page pour se réinventer sur scène». Rencontre littéraire à 19h avec Christian Prigent et Vanda Benes, Antoine Boute, Sonia Chiambretto, Yoann Thommerel.
À partir du roman éponyme d’Annie Ernaux, enregistré en voix off, la chorégraphecircassienne Florence Caillon met en mouvement, et en musique, trois danseusesacrobates autour des mécanismes de la passion. Trois solos féminins qui entrent en résonance avec la poésie sobre et puissante du récit, où tourments et extases se succèdent pour raconter l’intensité du sentiment. Teintée d’érotisme, cet «objet littéraire scénique» de la Cie L’Eolienne est hypnotisant et d’une beauté saisissante.
le 27 janv Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr
L’école des femmes
le 13 fév Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr
© Antonia Bozzi
le 14 fév La Chartreuse, Villeneuve-lez-Avignon 04 90 15 24 24 www.chartreuse.org
Déshabillez-mots
© Dominique Veritét
L’histoire d’Arnolphe (interprété par Patrick Paroux), obsédé par la peur d’être trompé, qui élève sa pupille Agnès (Valentine Galey) dans l’isolement complet pour en faire une épouse soumise et fidèle. L’innocence équivaudra-t-elle à l’ignorance ? Entre rage et désespoir, Philippe Adrien offre une mise en scène virevoltante, moderne et éclairée de la comédie tragique de Molière, transposée à la fin du XIXe siècle. le 6 fév Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr le 3 fév Théâtre Le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com
© Philippe Delacroixt
Entre deux pluies
le 4 fév Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr
© Futura Tittaferrantet
© S. Silket
Plongée vertigineuse dans les problématiques de l’adolescence avec la dernière pièce de Fabrice Melquiot, mise en scène par Matthieu Roy et accueillie à La Chartreuse en collaboration avec les ATP d’Avignon. Construite en diptyque, cette création met en lien un romancier en résidence dans un lycée, et deux élèves, dont on découvre peu à peu les aspirations, leurs révoltes et leur capacité à la manipulation. Entre la construction de la fiction et la réalité en devenir… un sujet passionnant qui pousse à la réflexion.
De la danse destinée aux tout-petits (dès 2 ans) c’est rare, d’autant plus quand le spectacle a reçu une «mention spéciale» petite enfance (Festival Momix 2013). Créé par la compagnie AK Entrepôt, Entre deux pluies est un solo pour une danseuse (Laurance Henry), 400 kg de galets noirs et quelques gouttes de pluie. Sonore et visuel, il évoque ce temps enfoui en chacun de nous où se construit la poésie, ces instants sacrés où l’enfant fait, refait et défait… comme une parenthèse enchantée.
Passion simple
À haute voix
En deux opus, Déshabillez-mots 1 (le 30 janv) & 2 (le 31 janv), Léonore Chaix et Flor Lurienne reprennent leur joute verbale jubilatoire en forme de festin lexical qui fut le rendez-vous gourmand des auditeurs de France Inter les week-end d’été de 2008 à 2010. Transposés à la scène, les Mots soigneusement sélectionnés par les deux comédiennes sexy sont toujours délicieusement déshabillés et les idées reçues sur le langage revisitées. Pour «goûter» la langue française différemment ! les 30 et 31 janv La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
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The Elephant…
Et le diable vint…
L’héritage
© Tatiana Pucheu Bayle
Expression désignant les tabous, les nondits et l’art d’esquiver ce que tout le monde voit, The Elephant in the room est une création du Cirque le Roux qui décide de lui faire face. Les quatre comédienscircassiens, entre music-hall américain et cinéma des années 30, croisent les disciplines avec panache pour notre plus grand plaisir. Bienvenus dans le château burlesque et talentueux de Miss Betty ! The Elephant in the room le 3 fév La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
Alexis Moati après avoir dynamisé Molière avec sa Cie Vol Plané, met en scène un texte de Charles Eric Petit écrit avec des adolescents, de Gap, de Marseille. Sept acteurs de 26 à 46 ans s’emparent de ces paroles sans poncifs. Car l’adolescence, âge de l’extrême pulsion de vie, de toutes les constructions et de tous les refus, n’est pas un âge tendre...
le 24 janv Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com du 30 janv au 1er fév La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Et le diable vint dans mon coeur le 13 fev La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
les 21 et 22 fév Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
les 27 et 28 mars Le Gymnase, Marseillet 08 2013 2013 www.lestheatres.net
Platonov
Dirigé par Rodolphe Dana, le Collectif Les Possédés retrouve Tchekhov 10 ans après avoir monté Oncle Vania. Platonov, le personnage par qui le drame arrive, l’œuvre originelle du chaos humain, de tous les excès et de tous les désirs, la pièce la plus désespérément romantique de Tchekhov, écrite à 18 ans, qui dresse le portrait d’une société en pleine décadence… Nous voici à la campagne, en plein été, chez la jeune veuve ruinée Anna Petrovna où tout le monde se presse… les 16 et 17 fév La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
© S.junker
du 19 au 21 fév La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Bâti autour d’une table en formica rouge et de quelques accessoires, le spectacle de Laurent Eyraud-Chaume est un conte théâtral poétique et engagé qui mène les spectateurs dans un voyage en pays d’utopie. À partir de l’histoire d’un village, sa mairie, son café, sa chorale, et d’un mort qui lègue tout son patrimoine à la commune (à condition d’y instaurer le communisme), le comédien, guidé par le conteur Pépito Matéo, réinvente le vivre ensemble et l’art du récit. Proposé en tournée Traversées dans les villages. du 9 au 13 fév Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu
Oh mon doux pays
Née de parents germano-syriens, la comédienne française Corinne Jaber évoque la tragédie de la situation syrienne en adoptant le ton inédit de la bienveillance. Accompagnée à la mise en scène par l’auteur palestinien Amir Nizar Zuabi, la comédienne qui a débuté chez Peter Brook, contourne, devant une table et les odeurs de cuisine, la pesanteur du sujet et de l’absurdité de la guerre par des histoires humaines et son irrépressible goût de vivre. du 29 au 31 janv Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
L’or et la paille
Créée au Théâtre du Jeu de Paume d’Aix-enProvence (du 16 au 22 janv), la comédie de boulevard de Barillet et Gredy de 1955, ressuscitée par la jeune metteure en scène Jeanne Herry, mêle les thèmes de l’amour et de l’argent à travers deux couples de générations différentes. L’un est paresseux, fauché et manipulateur, le second fortuné et assoiffé d’amour. En trois actes, le quadrille amoureux s’abuse, fait claquer les portes et nous régale de son badinage vénal et de ces rebondissements inattendus. les 29 et 30 janv Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
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Les Âmes offensées
Dreck
Deux des conférences imagées de Philippe Geslin sont reprises au théâtre Liberté, mises en scène par Macha Makeïeff. Le crayon de Dieu n’a pas de gomme (3 fév) porte sur les Soussou, une communauté de riziculteurs établie dans les mangroves de Guinée, à deux pas de la Sierra Leone. Dans la seconde conférence, Peau d’ours sur ciel d’avril (4 fév), l’ethnologue s’attache à rendre compte de la vie des derniers chasseurs inuit, au cœur du Groenland, qui vivent au rythme des saisons, de la mer, des tempêtes et du froid.
le 30 janv CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
les 10 et 11 fév Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
© John Hogg
les 6 et 7 fév Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr du 13 au 15 fév Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org
du 19 au 21 fév Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr
Instant
Mardi liberté dans le hall du Théâtre toulonnais, avec un duo de la compagnie Kerman, qui associe danse et musique pour inviter à un voyage intérieur. De 12h15 à 13h15, le danseur pédagogue Sébastien Ly et le musicien Vahan Kerovpyan, habitués à proposer leur travail dans des espaces à part, notamment dans des musées, convient le public, assis en cercle autour d’eux, à un instant de grande proximité. Et pour poursuivre avec les artistes, le Bar du Théâtre accueille le public en leur compagnie pour le déjeuner. le 10 fév Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
© Clara Scotch
Ghazals & Siwa
Soirée danse à Châteauvallon avec, en première partie (à 19h), la seconde création d’Asha Thomas, qui choisit de chorégraphier dans Ghazals, avec la collaboration artistique de Ronald L. Brown, le souffle des vers soufis du poète persan Hafez en l’associant à la sonorité de la musique rap. À 20h30, Michel Kelemenis prendra le relais avec Siwa. Une création pour quatre danseurs mêlant les Quatuors de Debussy et Chauris aux souvenirs du chorégraphe devant les reflets d’un oasis égyptienne de Siwa. le 7 fév CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
© Agnès Mellon
Sad est un immigré Iranien dans l’Allemagne des années 70, venu étudier, ravalé au rang d’ordure (Dreck en allemand), et intégrant dans sa propre perception de lui-même l’abjection qu’il lit dans les yeux des autres. Le texte de Robert Schneider, bien que daté, résonne avec une actualité nouvelle dans cette reprise d’un spectacle, que Charles Berling avait créé il y a plus de 20 ans. Alain Fromager y est extraordinaire...
Carmen
La jeune chorégraphe sud-africaine Dada Masilo dépoussière en toute liberté le répertoire classique. Après une formidable version du Lac des Cygnes qui l’a révélée, elle adapte ici le monument de Georges Bizet, auquel elle croise la musique de Rodion Chtchedrine et Arvo Pärt. Fusionnant flamenco et danse contemporaine, crâne rasé paré d’une rose, elle se glisse passionnément dans la peau de l’impétueuse séductrice Carmen et laisse éclater sa démarche de métissage, son insolence jubilatoire et son immense talent.
Pour interroger le sens du travail dans la vie de chacun, le chorégraphe réalisateur Philippe Jamet a interviewé et filmé (de septembre 2011 à avril 2012) des habitants de Sénart, de Bourges, Bobigny, Calais ou Paris. Six séries de dix minutes présentent ces différents entretiens dans une installation interactive et étonnante de l’artiste multimédia Jean-Baptiste Barrière. Un dispositif poétique, décalé et léger, qui croise six interprètes (danseurs et travailleurs) et vidéo !
© Sophie Hatiert
les 3 et 4 fév Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
Travail
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Maintenant
Après la pièce Demain il fera jour (jouée à La Garde le 28 janv, voir ci-contre), du nom de la compagnie éponyme de Vincent Clergironnet, ce second volet, et seul en scène, d’un diptyque consacré aux héros de tous les jours, est une série de portraits de héros ordinaires qui vont tenter de changer le cours de leur vie, pour trouver le bonheur. Maintenant ! Une proposition populaire, humaine et truculente !
© Jonathan Sirch
Dans son nouveau spectacle qu’il a écrit et joue, Jacques Gamblin décortique les relations, complexes, entre un athlète et son coach sportif. Interprétée avec Bastien Lefèvre qui de son côté a pensé les mouvements, cette heure (et 23 minutes…) de joute verbale part aussi à la recherche du geste juste, de l’émotion de la victoire et de la force des défis.
le 31 janv Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr
L’homme qui plantait…
Pierre à pierre
© Home Dibuixat
1 heure 23’…
Inspiré du livre d’Isidro Ferrer, la pièce du metteur en scène espagnol Rosa Diaz interprétée par le comédien manipulateur Tian Gombau, est un moment de poésie et de rêve à partager avec les enfants dès 2 ans. Du théâtre d’objets autour d’une histoire envoutante, celle de l’Homme en fer blanc qui collectionne les pierres, et dans laquelle ces pierres tiennent le rôle principal pour permettre à l’imagination de s’envoler… le 11 fév Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr
le 10 fév Théâtre Le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com
le 18 fév Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Demain il fera jour
Premier volet (2009) d’un diptyque écrit et interprété par Vincent Clergironnet, en hommage aux héros du quotidien, ou à ceux qui tentent de s’inventer un destin. Un seul en scène rythmé par la musique de Cédric Le Guillerm, où se mêle une galerie de personnages devant les reflets d’un miroir sans tain et se dresse, au fil des tableaux, une histoire de la reconquête de la foi en l’humain. Drôle, cruel, tendre et bouleversant ! Le second volet, Maintenant, est présenté à La Valette (voir ci-contre) le 31 janv. le 28 janv Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr
© Brigitte Pougeoise
1 heure 23’ 14” et 7 centièmes du 12 au 15 fév CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
Ballets Jazz La remarquable fable de Jean Giono est mise en scène par Sylvie Osman pour la compagnie Arketal. Son personnage en marionnette, un berger solitaire nommé Elzéard Bouffier, reboise, pendant 40 ans, un territoire désertifié, recréant des réactions écologiques favorables à l’être humain… et sauvant sans le savoir des milliers de personnes. Un héros malgré lui, amoureux de la nature, qui instille en nous (et aux enfants à partir de 7 ans) une vraie espérance, grâce à son acte désintéressé... L’homme qui plantait des arbres le 6 fév Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr
Les Ballets Jazz de Montréal allient esthétique du ballet classique aux autres styles de danse. À Draguignan, ils présentent trois oeuvres qui permettront d’apprécier leur dynamisme physique et la qualité de leur répertoire hybride. Le court (mais intense de sensualité) duo Zero In On de Cayetano Soto ouvrira la soirée, sera suivi par l’étoile montante de la scène chorégraphique européenne Andonis Foniadakis, avec la création autour du tourbillon des villes : Kosmos. L’énergie des 13 danseurs de Harry, de l’Israélo-Américain Barak Marshall, clôturera avec fougue la soirée. le 12 fév Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com
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Les Uns sur les autres
Figure In !
Directeur artistique et chorégraphe de la Compagnie de danse contemporaine de Nouvelle-Calédonie, Sthan Kabar-Louët prône son attachement au multiculturalisme, mêlant dans ses créations les cultures océaniennes, la gestuelle traditionnelle kanak et la danse contemporaine. Dans Figure In !, pièce pour sept danseurs, il offre une danse généreuse, très énergique, empreinte de rythmes et chants kanak et musiques électro.
Les méfaits du tabac
© X-D.R
C’est l’histoire d’une famille drôle et poignante qui mange vite, respire vite, dort vite… mais qui digère lentement son passé. Chacun son problème : la mère qui ne cesse de répéter «À taaable» sans parvenir à réunir ses ouailles, le fils qui confond télé et réalité, la fille qui rêve de devenir anorexique, le grand-père qui ressasse ses souvenirs de guerre peut-être inventés, le père qui prétexte à toute heure une réunion au CNRS… Sur le texte de Léonore Confino, la mise en scène de Catherine Schaub réunit une belle brochette de comédiens, avec Agnès Jaoui dans le rôle de la mère.
Fair play
© Pascal Victor Art Com Art
le 14 fév Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
Denis Podalydès met en scène ce «concert en un acte» de Tchekhov sur des musiques de Bach, Tchaïkovski, Berio, pour Michel Robin et trois musiciennes. L’argument est simple : un conférencier doit nous énumérer les méfaits du tabac, mais profitant de son absence, il se plaint à nous du caractère de sa femme qui le tyrannise depuis trente-trois ans. Légèreté mélancolique de ce monologue qui converse avec la musique, douceur, regrets, évocation de l’impossible harmonie… un temps suspendu où le rêve cherche à fuir la réalité…
le 31 janv Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
Circus Incognitus
Il présente son spectacle comme étant un «one-man-circus». Jamie Adkins est un phénomène qui excelle dans toutes les disciplines circassiennes -acrobate, jongleur, fil-de-fériste, clownavec une insolence désarmante. Les objets ont beau être récalcitrants, tous serviront pour jongler, jouer, dompter l’imaginaire et provoquer notre imaginaire avec force illusion et persuasion. le 7 fév Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com le 24 fév La Croisée des arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr
© Rebecca Josset
le 7 fév La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr
Et ta sœur ? Entre Tati et Chaplin, le spectacle de Patrice Thibaud, en inénarrable sportif et Philippe Leygnac au piano, est là pour détendre les zygomatiques, brocardant à qui mieux mieux les manifestations sportives. Il y a de la GRS, des agrès, des records du monde, des sports d’équipe, des prouesses en tout genre, dont l’essentielle réside dans le rire, iconoclaste et communicatif. Et nous en avons tous grand besoin ! le 23 janv La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr
Dans cette comédie déjantée de Bricaire et Lasaygues, Bastien du Bocage tient un grand journal parisien. Sa célébrité est aussi ce qui l’envoie régulièrement en prison, la chronique du cœur par la plume féroce de sa sœur, Lucrèce. Vindicative en diable, elle refuse son accord au mariage de sa nièce avec un jeune homme désargenté, Bruno. Intrigues en tout genre dans un rythme enlevé pour que les jeunes gens convolent en justes noces… le 8 fév La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr
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Notre peur de n’être
Au Japon, les Hikikomori, ne supportant pas une pression sociale trop lourde, refusent tout contact avec la société et avec les humains. Fabrice Murgia a écrit et met en scène cette pièce qui interroge encore et toujours les crises et les aliénations propres à notre époque, en dépassant la vision souvent négative attachée aux nouvelles technologies pour mettre en lumière un retournement possible qui favoriserait l’émergence d’une contre culture. © Emiliano Pellisari Studio
les 5 et 6 fév Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com le 21 fév Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com
Inspiré de la Divine Comédie de Dante, ce spectacle étonne et fascine avec ses danseurs qui volent dans les airs, véritable féérie baroque orchestrée par Emiliano Pellisari qui permet aux six danseurs de la No Gravity Dance Compagny de se soustraire aux lois de Newton, en quatorze tableaux d’une beauté et d’une inventivité poétique qui laissent pantois. Comment expliquer ces évolutions dans les airs ? Pourquoi vouloir percer le mystère ? Laissons-nous glisser avec émerveillement dans cet univers hors du temps.
Le titre est un clin d’œil au film de Fellini Huit et demi, dans lequel une petite fille prononce cette formule magique qui replonge le personnage dans l’enfance. Le chorégraphe José Montalvo propose une pièce composée de vingt fables qui permettent de renouer avec la part d’enfance que chacun porte en soi. Des histoires d’animaux qui sont mises en mouvement, illustrées par de la vidéo, et qui forment un tout joyeux et enchanteur. Cinq danseurs, rompus à toutes les formes chorégraphiques, font dialoguer réalité et illusion. Asa Nisi Masa, Asa Nisi Masa les 22 et 23 janv Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Pinocchio
Grand-père…
Julie Dossavi, femme, noire, artiste et moderne, revendique sa double culture. Accompagnée par le musicien percussionniste et sampleur Yvan Talbot, elle compose un duo autobiographique dans lequel elle convoque, par photographies interposées, sa famille mais aussi des femmes artistes ou militantes qui l’ont marquées : Nina Simone, Billie Holiday, Angela Davies, Miriam Makeba. L’Europe et l’Afrique, l’amour et la liberté sont à l’honneur dans ce swing personnel riche et «brassé». Grand-père n’aime pas le swing le 10 fév Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
© Julien Réveillon
Asa Nisi Masa…
Après Timon d’Athènes, Razerka Ban Sadia-Lavant revisite habilement une autre œuvre de Shakespeare. Othello réunit des comédiens et musiciens excentriques et exceptionnels sur un plateau rock aux accents orientaux. La metteure en scène concentre le drame au cœur du trio composé d’Othello et Desdémone, le couple amoureux, et de Iago, génie manipulateur qui instille son fiel… La voix chaleureuse de Sapho et l’oud de Mehdi Haddad complètent à merveille le tableau. Les amours vulnérables de Desdémone et Othello les 13 et 14 fév Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
© Jean-Louis Fernandez
le 15 fév La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr
Les amours vulnérables…
© Alain Scherer
De l’enfer au Paradis
Adapté par Lee Hall, scénariste du film Billy Elliot, le conte de Carlo Collodi se retrouve projeté dans un univers de polar moderne, voire futuriste : Pinocchio assassiné, l’inspecteur qui mène l’enquête se trouve face à une longue liste de suspects… Entre secrets et rebondissements, la tension est maximale et le suspens total, surtout quand on apprend que le petit pantin n’est pas mort… les 18 et 20 fév Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com
Le Mariage de Figaro Agnès Régolo a créé la pièce de Beaumarchais avec une belle intelligence du texte, de la scène, des acteurs. Elle en a gardé la drôlerie mais surtout la force révolutionnaire, la revendication d’égalité, de liberté, l’impertinence de cette raison qui s’impose et va quelques mois après l’écriture renverser le système monarchique, l’incroyable actualité, sans la déplacer dans un présent factice, ni reconstituer vainement l’époque... Un régal.
Les aventures de Pinocchio
Frédéric Garbe s’attaque au mythe de Pinocchio en s’attachant à la dimension épique et poétique du conte de Carlo Collodi afin de rendre compte de ses premières impressions de lecteur, un mélange d’effroi et de fascination. Sous forme de séquences oniriques inspirées du modèle de la bande dessinée, l’Autre Compagnie déroule l’histoire du pantin de bois en faisant parler les personnages qui croisent sa route et participent à l’odyssée du héros. le 13 fév Théâtre de La Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com
Imprévus 2
Assister aux répétitions d’un grand ballet à la veille d’une tournée internationale, quel bonheur ! On a l’impression d’entrer un peu dans l’intimité de la création, d’approcher au plus près les intentions du chorégraphe qui corrige, adapte chaque expression, chaque geste pour coller au plus près à son propos. C’est voir un peintre ou un sculpteur à l’œuvre. Attention ! Ces moments privilégiés ne sont accessibles qu’aux détenteurs de la carte «Ballets de Monte Carlo». du 11 au 14 fév Atelier des Ballets de Monte Carlo, Beausoleil 377 97 70 65 20 www.balletsdemontecarlo.co
© Raphaël Arnaud
le 6 fév Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com
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Question de Bonheur(s) Le FID fait son menu Chronique d’un été d’Edgar Morin et Jean Rouch © Tamasa distribution
Du 21 janv au 6 fév, le MuCEM propose six rencontres avec de grands utopistes contemporains pour s’interroger sur ce qu’est le B(b)onheur aujourd’hui, avec ou sans majuscule ! Prolongeant celle du 21 janv, sera projeté à 20h30 Chronique d’un été (prix de la Critique à Cannes en 1961) où Edgar Morin et Jean Rouch demandent aux Parisiens des Trente glorieuses : «Êtes-vous heureux ?». Gageons que leurs réponses confrontées à celles des étudiants de Sciences-Po invités pour l’occasion seront passionnantes. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org
Films noirs
Trouble every day de Claire Denis © Rezo films
Plats de résistance au menu de la Carte blanche offerte par le MuCEM au FID les 7 et 8 fév ! Le 7 à 15h30, projection de Cène d’Andy Guerif qui filme la construction du décor d’un tableau de Duccio, précédé par Entrée du personnel de Manuela Fresil, documentaire sur le travail dans les abattoirs. À 18h, Secteur 545 de Pierre Creton nous fera rencontrer les éleveurs du pays de Caux et nous interroger sur la différence entre homme et animal. Le 8 fév, âmes sensibles s’abstenir ! À 15h, anthropophagie et zoophilie avec Porcherie de Pasolini, «un sonnet à la manière de Pétrarque sur un sujet de Lautréamont» et à 17h30, crise aiguë de cannibalisme avec Béatrice Dalle dans Trouble every day de Claire Denis.
Sembène Ousmane de Fatma Zohra Zamoum © Les Films d’un Jour
Dans le cadre de Négropolitaines, un regard sur les cultures noires transatlantiques et rhyzomatiques, proposé par l’artcade au cinéma Les Variétés, projection le 7 fév à 17h d’Un Sang d’encre, un documentaire de Jacques Goldstein et Blaise N’djehoya qui filment la migration qui a fait de la France l’escale obligatoire des intellectuels et des artistes afroaméricains après la Seconde Guerre Mondiale… La projection sera suivie d’une rencontre avec Blaise N’djehoya. Et le 14 fév à 18h, ce sera Sembène Ousmane, docker noir de Fatma Zohra Zamoum, un portrait de l’homme, décédé en 2007, à travers ses livres et ses films universels et aussi profondément enracinés dans l’histoire du Sénégal.
MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org
Cinéma Les Variétés, Marseille 0892 68 05 97 www.cinemetroart.com
Carte blanche
MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org
Un après-midi en courts Le Festin de Babette © Carlotta Films
Carte blanche à Image de ville au MuCEM. Le 31 janv à 20h30, dans le prolongement d’une table ronde sur l’alimentation, on entrera avec Notre Pain quotidien dans la démesure de l’industrie agroalimentaire, grâce à la caméra sans concession de Nikolaus Geyrhalter. La projection sera précédée par la fable politique de Pascal Aubier, La Mort du rat (1973), où le rat est tué par le chat traqué par le chien brutalisé par l’enfant giflé par la mère maltraitée par le père, lequel est un ouvrier humilié ! Le 1er fév à 15h, on (re) découvrira Vive la Baleine de Chris Marker et Mario Ruspoli (1972), suivi de l’enquête documentaire sur le monde agricole de Dominique Marchais : Le Temps des grâces (2010), en présence du réalisateur.
Rendez-vous à l’auditorium Germaine Tillion le 15 fév à 14h30, pour la clôture en douceur(s) du cycle cinéma Dévorez des yeux, initié le 29 nov par le MuCEM. Au menu, dans la diversité des goûts et des saveurs, une sélection de courts métrages choisis dans le cadre d’ateliers : fictions, doc, films d’animation ou patrimoniaux. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org
Écrans d’Aflam
Le 12 fév à 19h, à la Maison de la Région, les Écrans d’Aflam proposent L’Esquive d’Abdellatif Kechiche. Des séances sont aussi prévues pour les groupes à 9h30 et 14h, et le 19 fév à 9h30 (sur réservation). À 15 ans, Abdelkrim, surnommé Krimo, vit dans la banlieue parisienne. Alors qu’il traîne son ennui dans un quotidien banal, il tombe amoureux de la belle Lydia, qui répète la pièce de Marivaux Le Jeu de l’amour et du hasard. Krimo tente d’intégrer la troupe afin de déclarer sa flamme à Lydia.Entrée libre dans la limite des places disponibles. AFLAM Diffusion des Cinémas Arabes 04 91 01 65 05 www.aflam.fr
Le cinéma au cinéma !
L’État des choses de Wim Wenders © Tamasa diffusion
Fin janvier, à l’Eden Théâtre de La Ciotat, le 7e art devient la star de films qui en cachent d’autres ! Le 24 janv, on suivra le tournage tumultueux de «Je vous présente Pamela» dans La Nuit américaine de François Truffaut (1973). Le 30, celui de «The Survivors» dans L’État des choses de Wim Wenders, Lion d’or à Venise en 82. Et le 31, on retrouvera tous les réalisateurs qu’on aime, d’Angelopoulos à Oliveira en passant par Lynch et Moretti dans le film collectif réalisé pour les 60 ans du Festival de Cannes : Chacun son cinéma. Eden Théâtre, La Ciotat 04 42 83 89 05 www.edentheatre.org
La Tourmente grecque
La Tourmente grecque de Philippe Menut © Films des deux rives
Le 25 janv à 18h30, l’Eden des Lumières invite Philippe Menut à présenter La Tourmente grecque, pour mieux comprendre les mécanismes du capitalisme financiarisé. Enquête précise, documentée, donnant corps et voix aux Grecs victimes de cette crise, et qui ouvre sur l’avenir de tous les Européens. Le réalisateur ex journaliste l’affirme : «Je n’ai pas fait un film pour expliquer ce que j’avais compris, j’ai compris en tournant le film». À nous de nous emparer de cette lumière ! Eden Théâtre, La Ciotat 04 42 83 89 05 www.edentheatre.org
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Précieuses Rencontres Du 3 au 8 février, se tiendront les 28es Rencontres Cinéma de Manosque. Une vingtaine de films, du réel à l’imaginaire, qu’on peut difficilement voir ailleurs et que découvre chaque année Pascal Privet, pour nous étonner, nous faire rêver, voyager ou nous questionner. Et bien sûr des échanges avec les réalisateurs qui vont parler avec passion de leur démarche, de leurs choix esthétiques et/ou politiques. Premier rendez-vous le 3 février avec le jeune cinéaste japonais Kôji Fukada dont on verra La Grenadière puis Au revoir l’été. Le lendemain, ce sera Mehran Tamadon qui tendra un miroir aux spectateurs, ayant instauré un dialogue utopique entre quatre mollahs et lui dans le film multi primé Iranien ; le même jour, Axel SalvatoriSinz présentera Les Chebabs de Yarmouk, jeunes réfugiés palestiniens dans un camp syrien. Penelope Bortoluzzi parlera de La Passione di Erto qu’elle a construit «autour de deux événements qui ont sculpté le temps et modelé l’existence d’un petit village de montagne…», et Sani Elhadj Magori présentera Koukan Kourcia, les médiatrices : la voix magique de la chanteuse nigérienne Zabaya Hussey pourrait apaiser les tensions car «quand la musique change, les pas de danse doivent changer !». Le changement c’est bien ce que filme Denis Gheerbrant dans On a grèvé quand il suit les femmes de chambre qui se sont révoltées contre leur employeur. Les regards de Lamine Ammar-Khodja dans Bla Cinima et de Merzak Allouache dans Les Terrasses nous éclaireront sur la société algérienne d’aujourd’hui. Quant à Joseph El Aouadi-Marando, il revient sur le drame qui a participé au déclenchement de la marche pour l’égalité et contre le racisme en France dans Ya oulidi ! Le Prix de la douleur !. Giovanni Donfrancesco présentera The stone river, un pont entre les résidents actuels de Barre dans le Vermont et les carriers de Carrare qui ont traversé l’Atlantique pour y travailler au début du XXe siècle.
Les Terrasses de Merzak Allouache © jba production
On pourra voir aussi, en présence des cinéastes : Fragments sur le temps de Dominique Comtat, une réflexion sur cette notion, difficile à définir ; L’enclos d’Armand Gatti (1961), des images qui rendent compte de la déshumanisation des déportés en même temps que de leur profonde humanité ; Sud eau nord déplacer d’Antoine Boutet, sur les traces du plus gros projet de transfert d’eau au monde, entre le sud et le nord de la Chine ; El Condor Pasa du Coréen Jeon Soo-il, l’histoire d’un prêtre catholique qui va se sentir coupable à la mort d’une de ses jeunes paroissiennes ; Sangue de Pippo Delbono, une étrange rencontre entre le cinéaste et Giovanni Senzani, ex-leader des Brigades rouges. L’actrice Nadine Ballot, qui a joué dans plusieurs films de Jean Rouch, évoquera le travail du cinéaste dont on verra La Punition(1960). Sans oublier Charlie’s country où Rolf de Heer
filme l’aborigène Charlie qui a décidé de retourner vivre dans le bush à la manière des anciens ; ni le sublime Peau d’âne de Jacques Demy. ANNIE GAVA
Rencontres Cinéma de Manosque du 3 au 8 fév Oeil Zélé 04 92 70 35 05 http://vertigo2.imingo. net/index.php
5 jours de premières fois ! Du 10 au 14 février, se tiendra la 6e édition du festival La Première Fois, organisé par Les Films Du Gabian. L’occasion de découvrir une vingtaine de premiers films documentaires et de rencontrer leurs réalisateurs sélectionnés pour leurs regards singuliers sur le Réel. Invité d’honneur, Nicolas Boone fera l’ouverture le 10 à
18h30 à la salle Armand Lunel, avec l’un de ses premiers courts et Hillbrow, son dernier film. Le cinéaste animera une masterclass ouverte au public le 11 de 10h à 12h30, à l’École Supérieure d’Art d’Aix. De 17h à 20h, Aflam dans le cadre de sa carte blanche proposera Chantier A, coréalisé par Tarek Sami, Lucie Dèche et Karim
Loualiche, un voyage filmique dans une Algérie perdue et retrouvée, emblématique du renouveau des cinémas arabes. Le 14 février à 20h30, c’est par une rétrospective Boone que se clora au Videodrome de la rue Vian à Marseille, cette manifestation qui défend un jeune cinéma aux propositions originales
venues de tous les horizons. ELISE PADOVANI
Festival La Première Fois, Marseille du 10 au 14 fév Les Films du Gabian 06 48 08 52 87 www.festival-lapremierefois.org
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Vague roumaine 10 fictions, 3 docs, des longs, des courts, de la musique et du goulash ! Du 27 janvier au 4 février, dans le cadre des Rencontres du Cinéma Européen, la Nouvelle Vague roumaine déferle à Marseille pour le plus grand bonheur de ceux qui ont découvert au début du XXIe siècle, primés par les jurys internationaux, ces réalisateurs impertinents, drôles, mordants, attachants, venus de l’ex-bastion des Ceausescu, entre Kafka et Jarry pour le ton et l’esprit. Programmés par Cinépage dans différents lieux dont le cinéma Les Variétés, on retrouvera La mort de Dante Lazarescu de Cristi Radulescu (Un Certain Regard, 2005), Comment j’ai fêté la fin du monde de Catalin Mitulescu en présence de l’actrice Dorotheea Petre (Prix d’interprétation, Cannes 2006), 12h08 à l’est de Bucarest de Corneliu Porumboiu (Caméra d’or 2006), 4 mois 3 semaines et 2 jours de Cristian Mungiu (Palme d’or 2007), mais aussi des opus plus récents comme Mère et fils de Calin Peter Netzer (Ours d’or, Berlin 2013). Le Polygone étoilé accueillera Vanina Vignal, roumaine de cœur, pour deux de
27 à 20h30 aux Variétés, le réalisateur Tudor Giurgiu présentera sa truculente comédie sur la reconversion à l’économie capitaliste : Des escargots et des hommes. En clôture, la Maison de la Région proposera, en entrée libre, précédant un concert de la chanteuse Maria Raducanu, Bucarest où es-tu ?, un documentaire de Vlad Petri sur les «indignés» roumains, 23 ans après la révolution ! ELISE PADOVANI Comment j’ai fêté la fin du monde de Catalin Mitulescu © Trigon-film
ses docs au féminin : Stella et Après le silence. Le jeune critique roumain Andrei Rus introduira la plupart des projections et animera le 31 janvier à l’Alcazar un débat sur cette génération de cinéastes des Carpates. En ouverture, le
Rencontres du Cinéma Européen du 27 janv au 4 fév Divers lieux, Marseille www.cinepage.com
Polars, musique et Cie Du 7 au 15 février, se tiendra le 6e Polar en Lumières, une manifestation qui associe littérature, théâtre, cinéma, musique… Cette édition s’ouvrira par un «spécial western» avec un film au choix : L’Homme qui tua Liberty Valance de John Ford ou La Flèche brisée de Delmer Daves. Suivra le lendemain un «spécial Marseille» avec un état des
lieux du polar marseillais, le spectacle Marseille, rouge sangs par la Cie Base Art d’après le recueil de nouvelles d’Eric Schultess et, en avant première, en présence d’une partie de l’équipe, le premier long métrage de Fred Nicolas, Max et Lenny, inspiré de l’affaire «Alain Lamare», un fait divers qui s’est déroulé dans l’Oise, à la fin des années 1970. Le 10 février, ce sera une
soirée spéciale Jean-Charles Hue dont sont programmés La BM du Seigneur et Mange tes morts et le 12, une spéciale Reda Kateb qu’on verra dans Qui vive en présence de Marianne Tardieu et dans Loin des hommes de David Oelhoffen. On découvrira aussi Spartacus et Cassandra d’Ioanis Nuguet, l’histoire de deux enfants roms recueillis par une
jeune trapéziste dans un chapiteau à la périphérie de Paris, projection suivie d’un concert de musique tsigane. ANNIE GAVA
Festival Polar en Lumières du 7 au 15 fév Cinéma Les Lumières, Vitrolles 04 42 77 90 77 www.cinemaleslumieres.fr
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Capitale de la ruse a grande salle de la librairie Manifesten était pleine avant les fêtes, pour accueillir le film de Nicolas Burlaud La fête est finie. Ce documentaire de 72 minutes, réalisé en autoproduction, dresse un bilan courroucé de Marseille-Provence 2013 : la Capitale européenne de la culture y est accusée d’avoir servi de cheval de Troie aux volontés politiques et technocrates qui tentent depuis des années de faire de la cité phocéenne «une ville comme les autres». Entendez un lieu sans âme populaire, où le front maritime conquis par les intérêts privés sert de vitrine aseptisée -et lucrative-, tandis que les habitants les plus pauvres sont toujours plus mal lotis. Le cinéaste craint que «la «Culture», vecteur et valeur traditionnels d’émancipation, puisse devenir, si ses acteurs ne s’interrogent pas sérieusement sur leur rôle, une arme au service de la bourgeoisie d’affaire et des promoteurs immobiliers». Il fait appel avec finesse au récit de l’Enéide pour accompagner son raisonnement, et parvient non sans humour à décrire le processus d’uniformisation à l’œuvre. Lorsque les concertations factices n’ont pas pu convaincre la population des bienfaits du progrès en marche, que les pelleteuses ont rencontré une opposition insolente, et que l’intimidation a failli, reste la possibilité de plonger les Marseillais dans une «stupeur» qui les rende plus aisément manipulables. Marseille la crasseuse, dont un chef de la Gestapo disait qu’elle est «le chancre de l’Europe», a choisi un slogan resté dans les mémoires en 2011 : «Ma ville accélère». Nicolas Burlaud se demande : mais pour aller où ? Bien-sûr que sa population accueillerait
La fête est finie © Nicolas Burlaud
L
avec joie certains changements : des transports en commun de meilleure qualité, un urbanisme sensé, moins de pollution, et moins de rats dans ses rues ! Mais sans la crainte de perdre son âme, sans se sentir exclue de son propre espace public, sans que l’accueil des touristes prime sur son bien-être au quotidien. La métis des technocrates est infinie, même s’ils n’ont pas lu Homère ou Virgile, cependant les crasseux ne les laisseront pas l’emporter sans lutter. Le film se conclut sur un doigt d’honneur jubilatoire à leur adresse, celui d’un gamin plongeant dans la Méditerranée depuis l’esplanade du J4, pas loin des Terrasses du Port. Là où c’est interdit.
La fête est finie a été projeté le 19 déc à Manifesten. Prochaines diffusions en présence du réalisateur le 22 janv au cinéma Les Variétés, le 25 à La Rouille (82 rue Nau). Plus d’informations sur www.primitivi.org et http://lafeteestfinie.primitivi.org/, où l’on peut commander le DVD en ligne, au prix de 15 euros
GAËLLE CLOAREC
D
es films variés ont été présentés au MuCEM dans le cadre de la carte blanche donnée au Festival International Jean Rouch. Bien que très différents par leur sujet, Mayasa, l’Ange des Ombres et Les Chebabs de Yarmouk se ressemblent par l’approche de leurs réalisateurs, des regards pleins d’humanité et une grande proximité avec leurs personnages. Martine Journet et Gérard Nougarol ont mené depuis 1990 des enquêtes ethnographiques sur les Wana de Sulawesi en Indonésie qui vivent le long des fleuves Morolawi et Solato. Dans Mayasa, leur sixième film, ils s’intéressent aux rapports entre le chamanisme et le pentecôtisme à travers la chamane Indo Pino, et son frère aîné Apa Tunggi, converti, qui essaie de la persuader que les pratiques chamaniques sont
Les Chebabs de Yarmouk d’Axel Salvatori-Sinz © Adaliost
Regards humains
responsables de la mort d’enfants. La relation, presque fusionnelle, que les cinéastes ont établie avec leurs protagonistes qui ont oublié la caméra, leur ont permis de filmer leur parole ainsi que leur vie quotidienne et leurs rituels. C’est passionnant. Axel Salvatori-Sinz est lui aussi
très proche des Chebabs, en particulier des garçons, Ala’a, Hassan, Samer, dont il filme le quotidien dans cet immense camp de réfugiés palestiniens, en Syrie (prés de 500 000 y vivaient) : plans pour repousser l’échéance du service militaire, démarches pour obtenir un passeport, espoirs de départ
pour vivre leurs rêves artistiques dans ce camp, «morceau de la Palestine». Leur évolution aussi puisque le tournage commencé en 2009 s’est achevé peu de temps après le début des manifestations contre Bachar El Assad. Aujourd’hui, le camp de Yarmouk a été en grande partie détruit, les Chebabs sont dispersés ou disparus. Ce premier long métrage, d’une grande maturité et très bien construit est en quelque sort une «archive contemporaine». La rencontre avec les cinéastes-ethnographes a permis d’approfondir leur démarche et leur travail filmique. ANNIE GAVA Le Festival International Jean Rouch s’est déroulé du 9 au 11 janv au MuCEM
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Utopia
Sous le titre The Digital Hope, Julien Bayle, Kim Byungkwan, Dania Reymond et le collectif Universal Everything nous livrent leur vision d’un futur «utopique» à l’heure et à l’ère du tout numérique. À noter, le rendez-vous convivial et pédagogique proposé par la galerie Karima Celestin le 8 février à partir de 13h avec brunch et visite guidée pour les enfants… M.G.-G. Utopia, l’espoir numérique jusqu’au 28 fév Galerie Karima Celestin, Marseille 1er 09 73 54 24 37 www.karimacelestin.com
Jean-Pierre Larroche
Dessins, petites installations mécanisées, films vidéo et publications illustrent l’éternel balancement de Jean-Pierre Larroche entre deux mondes qu’il habite jusque dans ses rêves : celui du théâtre et celui des arts visuels. Metteur en scène et scénographe, il écrit et fabrique des spectacles ; architecte, il construit des cabanes ; plasticien, il dessine des formes inanimées. À L’Autoportrait, un fil invisible relie toutes ses pièces. M.G.-G.
Illusion device, Kim Byungkwan, 2013 © KC’
jusqu’au 18 avril L’Autoportrait, Marseille 6e 04 91 63 20 43 © Jean-Pierre Larroche
Olivier Bernex
L’attachement d’Olivier Bernex pour «l’ailleurs méditerranéen» est essentiel dans son œuvre, fixant sur la toile chemins de pierres et collines d’Allauch entre ombres et lumières. Et sur papier Canson des esquisses de bateaux de pêche… Le résultat est empreint de cette fougue particulière qui la caractérise, reconnaissable entre toutes par sa vivacité chromatique, l’ivresse des jeux de lumière, la fragmentation et l’éclatement d’éléments et de formes. M.G.-G.
Marseille vertical © David Giancatarina
Ombres et lumières du 27 janv au 21 fév Galerie Art Est Ouest, Marseille 1er 06 17 24 81 86 http://art-est-ouest.org
© Olivier Bernex, Chemins de pierres, acrylique sur toile, 146 x 114 cm
David Giancatarina
Tirées de Marseille vertical (Éd. Le Noyer), les photographies de David Giancatarina s’exposent dans les locaux du Syndicat des Architectes des Bouches-du-Rhône. Réalisé avec le photographe François Nussbaumer et l’architecte Bernard Tarrazi, l’ouvrage offre une approche transversale et globale de la ville, de ses différentes époques et styles. Et croise des regards d’auteurs, comme celui de David Giancatarina posé précédemment sur le Château Borély en travaux… M.G.-G. Marseille vertical du 27 janv au 24 mars Syndicat des architectes des bouches du Rhône, Marseille 8e 04 91 53 35 86 www.sa13.fr
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Souvenirs from The Future
Dans la littérature comme dans le cinéma, les artistes questionnent la forme de l’anticipation en inventant sans cesse «une mythologie de notre futur proche». À travers les installations, les vidéos, les photographies et les sculptures de Jean-Loup Faurat, Francesco Finizio, Ian Simms, Sofi Urbani, l’exposition proposée par Vidéochroniques nous projette dans leur futur fantasmatique et utopique. M.G.-G. du 24 janv au 18 avril Galerie du 5e, Marseille 1er 06 50 71 13 54 www.marseillexpos.com
© Francesco Finizio, Vision center, 2012, chaises et articles rectangulaires divers
Fabien Souche
L’artiste bruxellois Souche a le goût de la dérision, de l’extravagance et de l’humour noir. Ses collages sur papier en sont la preuve manifeste : dans Ouille et The One, deux belles jeunes femmes souriantes brandissent une courgette et une saucisse géantes ! Une extravagance conjuguée à une connaissance de l’histoire de l’art qui accouche de pièces iconoclastes comme La jeune fille à la perle ou Renois… mais, chut, il faut les voir pour s’en réjouir ! M.G.-G. Amours Boudin jusqu’au 20 fév Vol de nuits, Marseille 5e 04 91 47 94 58 www.voldenuits.com © Souche, Sssaucisse II (Série), collage sur papier, cadre vitré, 26 x 32 cm, 2013
Thierry Cheyrol
Les sculptures en papier mâché de Thierry Cheyrol, agencées par des fils de fer qui font office de squelettes, jouent sur l’ambivalence de leur fragilité : une «forêt» à première vue uniforme de monstres difformes, de formes hybrides, de compositions priapiques percées de béances muettes. Une sculpture du «pauvre» façonnée à la main qui questionne l’acte artistique et les enjeux de l’œuvre d’art. M.G.-G. Sous le signe de l’hybride jusqu’au 13 fév Passage de l’art, Marseille 7e 04 91 31 04 08 http://passagedelart.fr
Danièle Ubeda
Spécialiste du livre d’artiste et responsable de l’Atelier Vis-à-Vis/Galerie Paradigme, Danièle Ubeda présente une sélection de ses travaux récents de 2013 à 2015. Ce seront une trentaine de toiles, estampes, techniques mixtes et peintures sur papier déployées en quatre séries correspondant à des thématiques intégrant l’espace et le temps. C.L. jusqu’au 7 mars Théâtre Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 www.toursky.org
Danièle Ubeda, sans titre, acrylique sur toile, 2013 © D. Ubeda
© Thierry Cheyrol, Composition 1, Atelier Séruse, 2014
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Patrick Laffont
Le travail de Patrick Laffont s’inscrit au croisement de la photographie, la vidéo, l’installation, les arts vivants, de la scène et de l’écriture poétique. Pour sa première expo à Marseille, l’artiste investit les façades et rideaux de la galerie avec une proposition spécifique construite sur la notion de «photographie de genre», les conventions de l’image comme ses ambiguïtés. C.L. du 22 janv au 15 mars OÙ, lieu d’exposition pour l’art actuel, Marseille 06 98 89 03 26 www.ou-marseille.com
Patrick Laffont, photographie, capture d’écran 01.01.2015 © OÙ Marseille
Pedro Cabrita Reis
L’œuvre métaphorique de l’artiste lisboète Pedro Cabrita Reis est une invitation à la réflexion et au recueillement. Particulièrement la réalisation in situ conçue pour l’Hôtel des arts, composée de ses matériaux de prédilection : aluminium, bois, néons, câbles électriques. En écho, d’autres plus anciennes comme The Unnamed Word #2 de 2005 ou The Sleep of Raison, 4th series (orange) de 2009 rappellent sa liberté de ton et sa relation, intime, avec la matière brute. M.G.-G. Les lieux fragmentés du 31 janv au 19 avril Hôtel des arts, Toulon 04 83 95 18 40 www.hdatoulon.fr © Pedro Cabrita Reis, The Sleep of Raison, 2009
Vitrines pour l’art
La POPARTs / CAC d’Istres exposent hors les murs pour un parcours d’art contemporain au plus près des habitants. Dans les vitrines du centre ville : les œuvres de Pierre Bendine Boucar, Philippe Chitarrini, Thibault Franc, Raoul Hébréard, David Lepole, Les OUI, Sophie Menuet, Pierre Schwartz... et déambulation avec la Compagnie Artonik. C.L. jusqu’au 27 juin Centre ville, Istres 04 42 55 17 10 www.ouestprovence.fr
© Suzanne Lafont, Le nouveau mystère de Marie Roget (détail), 2014
Raoul Hebreard, le monde est merveilleux, 2014 © Raoul Hebreard
Suzanne Lafont
Situations expose les travaux de Suzanne Lafont parmi les plus récents dont certains réalisés pour l’exposition, dans une construction spécifique pour le musée selon des modalités de mise en vue multiples. Le projet s’alimente de clichés pris depuis 1995. C.L. du 6 fév au 26 avril Carré d’Art, Nîmes 04 66 76 35 70 www.carreartmusee.com
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Triangle, une hydre à trois têtes ! En 1995 Triangle France s’installe à la Friche la Belle de Mai, en 1996 elle accueille ses premiers résidents. 20 ans après, l’association vit, survit et se réinvente sans cesse grâce à l’énergie déployée successivement par ses directrices Sandra Patron (1995/2007), Dorothée Dupuis (2007/2012) et Céline Kopp, toutes trois à l’initiative d’un vaste projet curatorial pour son anniversaire. «Il faut faire la fête, c’est le moment où l’on peut se permettre tout ce dont on a envie» lance Céline Kopp, malgré un budget inversement proportionné à l’augmentation des activités (entre 200 et 250 K d’euros) et une petite équipe (2 temps pleins, 3 temps partiels et 1 contrat aidé partagé avec Astérides). Forts de l’aura nationale et internationale de l’association et de leurs envies conjuguées, les voici à la barre d’un projet d’expositions à double détente, loin du sempiternel «best of»… L’artiste américaine Margaret Honda dévoilera un solo show unique, inédit, troublant, peut-être déconcertant pour le public invité à circuler dans une sculptureinstallation monumentale composée d’espaces vides, reconstitués à l’échelle identique des ateliers qu’elle a connus. En son centre une vidéo, Wildflower, film en noir et blanc, muet, de 2’47. «Pour sa première rétrospective en Europe, elle ne va rien montrer, explique Céline Kopp. L’expérience désarçonnera certainement car c’est l’absence des œuvres qui révèlera leur environnement.» Une posture ultra radicale qui fait écho à l’idée fondatrice de l’événement : «Nous avions envie de parler d’engagement, de ce qui anime Triangle France depuis 20 ans et qui fait que l’on existe toujours et que l’on perdure.» L’autre temps fort, collégial celui-là, développera au sein d’une œuvre réalisée par Clémence Seilles le travail de onze jeunes artistes internationaux qui se sont approprié l’esprit de Triangle. Le titre Moucharabieh, déjà, est une indication forte de ce que l’exposition mettra en jeu : une invitation à une libre circulation entre les espaces, les œuvres, une appropriation des installations et des objets, un dialogue esthétique. Une expérimentation physique et conceptuelle teintée aussi de fantaisie et d’ironie.
© Clémence Seilles, vue de l’exposition La vie est un songe, 2013, Parc St-Léger, Pougues les Eaux, France, courtesy de l’artiste et galerie Torri, Paris
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Week-end d’ouverture les 13 et 14 février, ponctué de performances et d’événements Expositions jusqu’au 19 avril Le Panorama, Friche la Belle de Mai, Marseille 3e Triangle France 04 95 04 96 11 www.trianglefrance.org
© Margaret Honda, Wildlfowers, 2014, film Kodachrome 16 mm, noir et blanc, muet, 2’47, courtesy de l’artiste
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Doublé gagnant abstraction fictionnelle, un évanouissement de couleurs, de formes et de contours. Et Léa Habourdin qui a construit «le cahier de doléances» à partir d’une autre série, Le livre des possibles, mêlant photos, images, collages, pensées, recherches… Un corpus aujourd’hui honoré par le festival qui lui consacre le premier numéro de sa nouvelle collection éditée par Le Bec en l’air (voir ci-contre) ! Sous les feux des projecteurs avec ce prix et cette monographie (Les chiens de fusil), Léa Habourdin s’attelle déjà à la production d’un ouvrage chez Filigranes, fruit d’un travail en binôme avec Thibault Brunet sur les bars PMU dans des petites villes du Pas-de-Calais. Une tournée en immersion qui révèle la curiosité extrême d’une jeune photographe dont on devra retenir le nom. Cahier de doléances © Lea Habourdin
Après une première «mise en bouche» à Maison Blanche à l’automne, les lauréats du Prix Maison blanche 2014 se retrouvent pour un dernier round à la galerie MAD de l’ESDAM, co-organisatrice du festival avec Les Asso(s) et la Mairie 9e-10e de Marseille. Léa Habourdin (premier prix), Pauline Hisbacq, Vincent Ceraudo, Olivia Pierrugues et Laure Barbosa : cinq jeunes talents dont le travail reflète la pratique actuelle de la photographie, notamment dans les écoles d’art dont ils sont issus (ENSP-Arles, ENSANVilla Arson…). Exempt de thème imposé ou de critères restrictifs, le Prix Maison Blanche offre une grande diversité de techniques, d’imaginaires et d’esthétiques. La preuve dans ce grand écart, éminemment positif, entre la série Le dos qui reste d’Olivia Pierrugues qui met en perspective l’animal et l’humain, la fièvre qui s’empare de (tous) les corps ; le jeu conceptuel en noir et blanc des topographies imaginaires de Vincent Ceraudo, À demi-conscience, aux lignes brisées ou fusionnelles, aux formats multiples ; la matière métaphorique de Dé-rives de Laure Barbosa dont les traces, les empreintes et les paysages sont nés
«dans les plis du souvenir de son histoire familiale» ; le détournement par Pauline
Hisbacq de captures vidéo de retransmissions télévisées des JO de 1980 vers une
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Prix Maison blanche 2014 jusqu’au 7 fév Galerie MAD/ESDAM, Marseille 5e 04 91 82 83 46 www.laphotographiemaisonblanche.org
Léa, l’image et la collection Premier d’une collection consacrée à la photographie contemporaine, Les chiens de fusil de Léa Habourdin paraît aux éditions marseillaises Le Bec en l’air. Si on sait très peu de choses de Léa Habourdin car ne figurent nulle part des indices biographiques, la mise en page hétéroclite de cette (jeune) œuvre hétérogène, doublée du texte Concilier d’Étienne Hatt, nous en disent long sur son goût pour les sciences et l’animalité. Dans ce qui a des allures de carnet d’images, de dessins, de notes,
de mémos et de photos, on devine une appétence plus vaste que pour le seul médium cultivé à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Notamment pour l’écriture avec des bribes de mini-textes («N’oublie pas tes cornes chéri» griffonné sous un dessin au crayon), des jeux de mots («EFFA ROUCHER») et des définitions («éditorial / L’esprit vital, animus en latin, telle est l’origine du mot animal»). Le tout glissé avec malice entre des photos qui dévorent les pages et des
comme l’empreinte d’un texte au dos d’une feuille à dessin. C’est le prélude à un ensemble dont on devine l’ampleur à venir, bouillonnant, curieux, attentif au monde, que seul un objet éditorial comme celui-ci pouvait rendre compte. M.G.G vignettes éparpillées comme un puzzle (série animalière «En travaux»). Les chiens de fusil, c’est une brèche ouverte sur son processus créatif : on y entrevoit la marque du ruban adhésif qui colle ses post-it
Les chiens de fusil Photographies Léa Habourdin Texte Concilier Étienne Hatt, traduction anglaise Peter Mc Cavana Le Bec en l’air éditions, 19 euros
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L’exposition du musée Granet, Aix antique Une cité en gaule du Sud, est exceptionnelle à plus d’un titre ! Beauté, diversité... Le parcours est surtout lumineusement construit par ses commissaires Núria Nin, Lisandre Nanthavongdouangsy, Jérôme Fabiani. En préambule au corps du sujet, une véritable leçon d’honnêteté intellectuelle nous est donnée, par l’évocation des premiers balbutiements des découvertes archéologiques : relevés effectués dès la Renaissance, rappel des amateurs d’antiques des XVII et XVIIIe siècles, inventaires du XIXe et début XXe, et enfin chantiers d’archéologie préventive ou de sauvetage, plans, manuscrits, notes, croquis… Une succession de cartes rend compte de l’évolution d’Aquae Sextiae Salluviorum (premier nom complet, qui rappelle le mélange entre Romains et autochtones, Salyens) et de son territoire, bien plus étendu qu’aujourd’hui. La ville, fondée par le proconsul Sextius Calvinus en -122, se substitue à l’oppidum d’Entremont détruit par les Romains, marquant un moment décisif dans l’hégémonie de Rome, contre celle de Massilia. L’exposition la reconstruit entièrement, de la villa que l’on visite en 3D, aux urnes funéraires d’une exceptionnelle facture, sur lesquelles s’achève notre initiation. Tout un peuple actif, fourmillant, est évoqué, avec ses corps de métier, dont on entrevoit les techniques grâce à leurs outils, leurs œuvres. Statues, mais aussi clous, huisserie, éléments de canalisations, fragments de verre ou de fresques, tesselles… Renaît ainsi une foule de potiers, verriers, médecins, vétérinaires, avocats, boulangers, charcutiers, bouchers, maçons, peintres, mosaïstes, fabricants d’objets en os, cuir, laiton, bronze … et leur répartition en corporations, comme celle des dendrophores (métiers du bois) ou des centonaires (qui confectionnaient des bâches utilisées pour l’extinction des incendies). Le quotidien se glisse là, délicats balsamaires destinés aux élégantes, fibules, miroir, mais aussi lampes, matériel de tissage ou d’écriture, pesons
Mosaïque à l’Amour contrit – Direction Archéologie de la ville d’Aix-en-Provence © P. Veysseyre, musée Saint-Romain-en-Gal
Aux sources antiques
et stylets… Surgissent des noms, au détour d’épitaphes ou de dédicaces, le Duumvir Lucius Antonius Rufinus ou les affranchis Thallus et Rythmus... on suit les routes commerciales, avec la notification de l’origine des produits, marbres venus de Phrygie, du Proconnèse (Marmara), des Pyrénées, de la Sainte Baume, du Ténare, de Carrare..., les vins, les huiles, les saumures de la Tripolitaine (Afrique du Nord), entre autres. Une impressionnante batterie de cuisine attend ses bouillis, fritures, rôtis, entre pots gaulois et vaisselle italique… La campagne environnante qui nourrit toute cette population, se redessine, avec des grandes fermes comme la villa Richeaume (Puyloubier) ; la vigne déjà façonne le paysage. De retour dans la ville, on en imagine l’architecture monumentale, son forum, ses thermes, son théâtre (qui attend, protégé par la terre, de revenir au jour)… Marbres, colonnes, pilastres, pavements, mosaïques, donnent une idée de l’importance de ce chef-lieu de cité (pour le modèle antique, la cité recouvre tout le territoire, campagne et monde urbain compris). Étonnamment, pas de grands temples. Seuls subsistent des vestiges d’autels
parfois frustes du panthéon gréco-romain, dieux agraires en tête, sans compter les ex-voto dédiés à la Bona Dea, aux Parques ou aux Nymphes, les amulettes et perles apotropaïques (destinées à éloigner le mauvais œil), et un étrange petit autel consacré au dieu du Maillet avec sa tête lunaire, censé libérer les âmes. Ce monde très romanisé par les noms, les fonctions, le découpage administratif…, n’empêche pas une expression spécifique et originale, ainsi par exemple, le choix des thèmes abordés dans les mosaïques, comme le combat de Darès et Entelle, inspiré de l’Énéide ou la figure d’Orphée qui nous accueille, charmant, au lieu d’animaux sauvages, une pie, une perdrix et un renard. N’est-ce pas lui le guide du poète et le nôtre dans cette belle découverte ? MARYVONNE COLOMBANI
Aix antique. Une cité en gaule du Sud jusqu’au 3 mai Musée Granet, Aix-en-Provence 04 42 52 88 32 www.museegranet-aixenprovence.fr
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Vingt-cinq piges À la Galerie Saint Laurent, sa consœur et aînée La Galerie du Tableau célèbre ses vingt-cinq ans d’existence au service de l’art contemporain à Marseille Sylvie Reno, Hommage à Bernard Plasse, 2014 © C. Lorin/Zibeline
Dans son ouvrage 16 m2 Jean-Pierre Ostende retraçait «le roman de la Galerie du Tableau à Marseille, 1995-2005» (Éditions Le mot et le reste), inventée par Bernard Plasse et son association Diem Perdidi, inaugurée le 17 décembre 1990. Une poignée de décennies plus tard, ce sont vingt-cinq années d’opiniâtres et loyaux services, consacrées à l’art contemporain et ses artistes qui se déploient aux cimaises de la Galerie Saint Laurent, la benjamine installée il y a deux ans dans le hall des Antiquaires du marché aux puces de Marseille, après que La Tangente, une autre galerie de poche, a baissé le rideau.
Militantisme
La Galerie du Tableau avait été inaugurée avec la présentation d’un microbe de Max Ernst, une des plus petites œuvres au monde, de la taille d’un timbre poste. Un début marqué d’un joli clin d’œil ! Le principe d’exposition se fondait sur la présentation d’un artiste/une œuvre/ une semaine (à vos calculettes depuis tout ce temps !). Ce court temps d’exposition -doublé ensuite pour cause de programmation trop lourde- devait se prolonger par des visites d’atelier et des rencontres avec les artistes. Il s’agissait d’accéder à une meilleure visibilité et à l’ouverture vers un certain marché de l’art. Les collectionneurs régionaux (et d’ailleurs)
Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Édité à 32 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Couverture : © CHARB Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.)
étaient particulièrement concernés. Ceux-ci ont malheureusement peu joué le jeu, regrette encore Bernard Plasse, qui fit éditer en son temps une carte postale quelque peu caustique à leur endroit. L’esprit associatif et militant a souvent peu affaire avec le commerce de l’art. Pourtant, ce dispositif promotionnel atypique, conçu à l’origine pour une durée de deux ans seulement, est toujours d’actualité.
blanche de Bernard Plasse. Se déployant dans une vingtaine de stands discontinus entre les boutiques d’antiquaires, l’ensemble apparaît logiquement hétérogène avec des pièces d’intérêts inégaux. Preuve encore -s’il le fallaitde ce qui participe au mérite de structures où se tentent nombre d’expérimentations ouvertes, offertes dans leur singularité par les artistes, de découvertes pour le visiteur. On peut ainsi se retrouver devant un dessin de Traquandi des premières heures, Caroline Duchatelet, Viallat ou Messoubeur. Et une installation murale de Sylvie Reno, réalisée pour l’événement, en hommage à l’initiateur de cette structure atypique et dont on vient de fêter les quatre-vingt piges. Retour au «Tableau». Après les dessous de plat convertis en dessus de table par Pascale Mijares succéderont les images parasitées de Virginie Chochoy, jusqu’à la fin janvier. C’est court, mais on vous avait prévenus. CLAUDE LORIN
Diversité
L’exposition/rétrospective représente une sélection de 126 œuvres représentant 110 artistes parmi des générations passées par la rue Sylvabelle ayant répondu à la carte
Les 25 ans de la galerie du tableau jusqu’au 19 mars Galerie Saint Laurent, Marseille 06 76 91 42 61 www.galeriesaintlaurent.com www.galeriedutableau.org
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