Zibel83

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un gratuit qui se lit

N째83 du 18/03/15 au 15/04/15



Appel La lecture à Marseille, Les Littorales ................................4, 5 Lire Ensemble, entretien avec Clément Baloup .....................6

Société

Mémoire pour demain ......................................................8 Qu’est-ce que la gauche ? ............................................ 10, 11

Événements

Le Train Bleu, Rencontres du 9e art, Escapades littéraires .................................................... 12, 13 Babel Med, entretien avec Manu Théron, Sm’art ....................................................................... 14, 15

Critiques

Élections départementales : le Front national est aux portes, dans le Var, le Vaucluse, et pas loin de partager les commandes dans les autres départements. Est-ce une fatalité ? Des discours alarmants, nouveaux, s’installent parmi ceux qui habituellement se mobilisent pour un vote républicain. Les socialistes ont beau jeu d’agiter encore le spectre du Front national, après tout, autant leur laisser une bonne fois pour toutes les commandes, et on verra ? Ou alors : De toute façon le choix n’existe pas, UMP et PS c’est aujourd’hui pareil, alors pourquoi voter ? Et puis : On ne sait pas quelles tractations auront lieu lors du troisième tour, on ne veut pas y tremper, d’autant que les départements disparaîtront après la réforme territoriale... Autant de rumeurs relayées par des citoyens las qui n’ont pas mesuré le danger... Car les départements gèrent l’aide sociale, les collèges, la dépendance, la vie associative, la culture et le sport. Qu’en sera-t-il, concrètement, dans les territoires FN ? Savent-ils, ces citoyens blasés, qu’à Béziers Robert Ménard a fait baptiser une rue du nom d’un général putschiste et que la foule criait Algérie Française ? Est-ce là la France rancie que leur abstention désire ? Cela vaut-il le coup, vraiment, parce que cette fois on ne veut pas aller voter par défaut, de laisser le Front national parvenir au pouvoir ? Lui sait rassembler ses troupes, et peut être élu avec un tiers des votants qui représentent eux-mêmes un tiers des inscrits, donc moins de 10% des citoyens... Le dilemme est grand. Faut-il aller voter pour des candidats dont on ne sait quelles seront leurs alliances, et leurs futures trahisons ? Faut-il se laisser aller à ce ras-le-bol face à des institutions sourdes à la souffrance du peuple ? La crise démocratique risque aujourd’hui de nous mener au pire, d’autant que les journaux régionaux disparaissent, garantie d’un regard indépendant sur la vie politique locale, que plus personne n’analyse. La presse est muselée pour des raisons économiques, la gauche semble comme pétrifiée, la droite, tiraillée à son extrême, ne se remet pas de ses divisions et certains lorgnent vers des compromis infâmes. Seuls les citoyens, en se mobilisant, peuvent encore se préserver du pire.

Sommaire

Politique culturelle

Théâtre ....................................................................16 à 19 Danse ....................................................................... 20, 21 Musique .................................................................... 22, 23

Au programme

Musique .................................................................. 24 à 28 Théâtre, danse, jeune public, cirque, rue ............................................................... 30 à 49 Cinéma ....................................................................50 à 54 Arts visuels ..............................................................55 à 61

AGNÈS FRESCHEL

Patrimoine

Musée départemental Arles antique, entretien avec J.-P. Moulères ...........................................62

Autre appel

En parlant de presse qui disparaît, nous ne savons pas si nous allons continuer à exister : les recettes publicitaires sont en berne, nos partenaires culturels coupant dans leurs budgets de communication, mais continuant à solliciter notre présence. Sans un sursaut de leur part, et de la vôtre qui pouvez adhérer, nous ne tiendrons pas. Aidez-nous si vous aimez nous lire... www.journalzibeline.fr/espace-adherents


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Marseille en manque de Bibliothèque, librairies, événements littéraires : Marseille est en souffrance dans tous ces domaines, et s’y procurer un livre n’est pas

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e réseau des bibliothèques de Marseille est nettement insuffisant : la Direction Régionale des affaires culturelles alertait déjà en 2012 en notant que «ce réseau n’est pas suffisamment dense ni suffisamment étendu pour une ville de la taille de Marseille». Aujourd’hui un rapport de l’Agence Régionale du Livre avance un chiffre : cette ville de 850 000 habitants, capitale de région, est équipée en termes de lecture publique comme une ville de 200 000 habitants, et les horaires d’ouverture sont nettement en deçà de la moyenne nationale : les petites bibliothèques de Bonneveine, des Cinq Avenues, de Castellane et du Panier n’ouvrent que 4 jours par semaine depuis septembre, faute de personnel... Si l’on fait la moyenne aujourd’hui des huit établissements municipaux, on totalise moins de 200 jours d’ouverture par an, contre 254 à Lyon ou à Paris. L’Alcazar en est à 217 : fermé le dimanche et le lundi, l’établissement n’ouvre qu’à 11h pour s’arrêter à 19h, et s’octroie jours fériés et vacances, n’ayant pas assez de personnel pour qu’il tourne aux horaires et aux jours qui arrangeraient le public. De plus la circulation des documents entre les établissements fonctionne mal, les politiques de programmation et d’acquisition sont mal définies, et le budget de communication est inexistant.

Comment alors envisager d’augmenter le nombre des inscrits dans le réseau, qui n’est que de 60 000 ? Comment programmer des ateliers, des expositions, des événements, des concerts, qui font la vie des autres médiathèques de France ? Heureusement des établissements complémentaires existent : la Bibliothèque départementale, mais aussi le réseau privé et ancien des OCB. La Ville, qui a pris la mesure du déficit et des dysfonctionnements, veut y remédier en s’appuyant sur ce réseau associatif, paroissial à l’origine (1937), emmené par des bénévoles dévouées, et comportant 33 bibliothèques de quartier et 10 bibliothèques hospitalières... Mais la Ville ne parviendra à pallier les manques qu’en recrutant le personnel nécessaire à l’élargissement des horaires d’ouverture.

Les libraires

Car les librairies à Marseille ne vont pas mieux : concentrées dans le centre-ville pour la plupart, elles désertent les quartiers difficiles. En dehors de l’Encre bleue à l’Estaque, il est impossible pour un écolier des très vastes quartiers Nord de trouver près de chez lui le moindre livre de poche classique que ses professeurs lui demandent. Il faut dire que

évident...

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Presse à volonté chez soi ?

epuis 2007, le réseau des bibliothèques de Marseille utilise le service Europresse. Proposé par la société canadienne CEDROM-SNI, Europresse est un agrégateur de presse numérique qui permet de consulter des articles archivés, mais aussi ceux de l’édition du jour pour une grande partie des titres disponibles. À Marseille l’offre concerne quelque 4000 journaux, magazines, sites web ou blogs, potentiellement accessibles aux 60 000 inscrits du réseau. Dans un premier temps, ce service était réservé aux usagers dans les murs des bibliothèques. Mais la numérisation et la mise à disposition des données est un des moyens qu’ont trouvé les bibliothèques marseillaises pour compenser leur faible taux d’ouverture au public. Ainsi, depuis plusieurs mois, l’accès

à distance a été mis en place : se connecter au site Internet de l’Alcazar avec ses identifiants personnels suffit pour accéder à l’ensemble des ressources. Consulter chez soi la dernière édition du Monde, de L’Equipe, ou du Courrier International, sans débourser plus qu’une inscription à la bibliothèque, est désormais possible. Le service est encore méconnu et les utilisateurs sont peu nombreux, mais le taux est amené à augmenter : en 2013, 4,4 utilisateurs quotidiens, en moyenne, étaient connectés à distance, ils étaient 8,5 en 2014.

Opacité et garde-fous

L’offre entre dans le cadre d’une mission de service public et veut ouvrir les journaux à un nouveau lectorat. Mais il présente aussi un risque pour les organes de presse. Pourquoi acheter un journal qu’on peut consulter gratuitement ? Un certain nombre de garde-fous sont mis en place : afin d’éviter une érosion des ventes, un nombre maximal de connexions simultanées est autorisé, et le seuil de 10 fixé à Marseille n’est que très rarement atteint. C’est principalement ce nombre qui détermine le coût du service. Mais si le nombre d’utilisateurs est pour l’heure peu élevé, le volume de consultations est


lecture publique les libraires marseillais ont du mal à vivre, à avoir du stock, à promouvoir des auteurs, à programmer des événements. L’association Libraires à Marseille qui regroupe la plupart d’entre elles n’a pas les moyens d’impulser une vie littéraire digne de la deuxième ville de France. Depuis 2005 l’aventure des Littorales impulsée par l’association avait pourtant réussi à prendre un peu d’ampleur… et à faire venir à Marseille les auteurs de la rentrée littéraire. L’édition 2014 avait rencontré un beau succès. Mais la Ville de Marseille, insatisfaite, vient de mettre un terme à ce festival. Pour créer enfin un événement littéraire de grande ampleur à Marseille, elle a lancé un appel d’offre, auquel une éditrice et une libraire marseillaises (Fabienne Pavia directrice de Bec en l’air et Nadia Champesme de l’Histoire de l’Oeil) ont répondu. Si elles l’emportent, nul ne doute de leurs compétences ; mais les Littorales, avec un budget global

plus de trois fois inférieur à celui des Correspondances de Manosque par exemple, avait réussi en 2013 à concevoir un événement digne de la Capitale culturelle, et à le conforter en beauté à la rentrée 2014. Pourquoi ne pas s’appuyer enfin sur ce réseau qui ne manque parfois de dynamisme que par un déficit chronique de moyens ? Pourquoi ne pas lui confier enfin le budget nécessaire à cette grande manifestation littéraire que la Ville semble souhaiter ? On espère que les Libraires seront associés à l’événement nouveau imaginé par la Ville, et qu’il permettra d’impulser à Marseille un élan littéraire digne de son passé prestigieux, et de ses citoyens d’aujourd’hui. On peut cependant en douter : tant que la Fac de lettres, le rectorat et la Drac seront à Aix, et le campus d’art à Luminy, la capitale régionale se verra privée de l’indispensable vitalité étudiante...

déjà conséquent : sur la période janvier-septembre 2014, près de 11 000 articles du Monde ont été lus ainsi. Quelle rétribution le quotidien en a-t-il reçu ? Comment l’argent est-il redistribué aux entreprises de presse ? La plus grande opacité règne sur le sujet. CEDROM-SNI refuse de communiquer le moindre chiffre sur sa part de revenu et sur les rétributions aux journaux, qui ne sont guère plus bavards. Globalement, la société canadienne verse une redevance à un journal qui varie selon le trafic qu’il génère. Ce revenu complémentaire compense-t-il les pertes éventuelles sur les ventes ? Une meilleure transparence serait bienvenue autour de cet outil qui, à terme, pourrait nuire à la presse, en pérennisant l’habitude déjà bien ancrée d’un service gratuit pour l’usager, et en concentrant le lectorat autour des titres disponibles : ainsi la Marseillaise ne fait pas partie de l’offre.

Les syndicats du livre ont fait un enjeu majeur de la mise à disposition des livres numériques hors les murs des bibliothèques. Les syndicats de la presse devraient jeter un œil avisé au service Europresse. Car inciter à la lecture de la presse dans les salons des bibliothèques relève du service public ; l’amener chez l’usager, à l’heure où tant de journaux ferment, est nettement plus risqué. Idéal pour le lecteur, du moins tant que la presse reste plurielle, il est difficile d’affirmer qu’il en soit de même pour les journaux. À moins que la redevance perçue éponge vraiment le manque à gagner ?

AGNÈS FRESCHEL

JAN-CYRIL SALEMI et AGNÈS FRESCHEL


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Lire et écrire la Méditerranée

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et acte solitaire, personnel, indépendant qu’est la lecture est devenu au fil des années partagé et rassembleur au sein des bibliothèques, médiathèques et autres lieux culturels qui animent les 17 communes du territoire d’Agglopole Provence. En 10 ans d’existence, si la manifestation intercommunale Lire Ensemble a connu beaucoup de changements, elle n’a néanmoins jamais déviée de son but premier, à savoir favoriser la lecture. Au cœur du dispositif les bibliothécaires, et l’extraordinaire travail qu’ils fournissent tout au long de l’année et particulièrement durant cette quinzaine de jours. Le thème retenu cette année, Hier et demain la Méditerranée, répond à la fois à l’idée d’Histoire et de rétrospective pour ce 10e anniversaire qui s’annonce riche de propositions de toutes sortes : des rencontres avec un auteur, un dessinateur et une illustratrice, des ateliers d’écriture, de mangas… mais aussi des lectures, des balades contées, des apéritifs littéraires, des contes… Plus d’une cinquantaine de rendez-vous seront proposés par des artistes et des compagnies pour la plupart issus de notre territoire, après la soirée de lancement, le 11 avril au Théâtre Armand à Salon, durant laquelle la pièce de la Cie Mises en capsules mise en en scène par Alexis Mickalik, Le Porteur d’Histoire, nous invite à

d’illustration sur le thème de la mer à partir de l’album Artie et Moe (éd Benjamins Media) qu’elle a illustré. Enfin, lors de la clôture au Portail Coucou à Salon le 24 avril seront connus et récompensés les lauréats des concours de nouvelles adultes et jeunes, ainsi que les enfants ayant participé au concours de marque-page et de création de poésie. Le Porteur d’histoire © Alejandro Guererro

relire l’Histoire, la nôtre, au travers d’un feuilleton à la Dumas, un périple à travers le temps qui mêle personnages célèbres et illustres inconnus. Cette année, 3 invités sont en résidence dans certaines communes : l’auteur Pierre Gaulon, Pélissannais d’origine, viendra rencontrer ses lecteurs à la librairie La Portée des Mots à Salon et animera des ateliers d’écriture autour du genre de la science-fiction à Salon et Pélissanne ; le dessinateur et coloriste Jérôme Alquié animera des ateliers de manga à Velaux ; l’illustratrice toulonnaise Amélie Jackowski, installée à Marseille, proposera un atelier

DOMINIQUE MARÇON

10e édition de Lire Ensemble du 10 au 25 avril Alleins, Aurons, Berre, Charleval, Eyguières, La Barben, La Fare, Lamanon, Lançon, Mallemort, Pélissanne, Rognac, Saint-Chamas, Salon, Sénas, Velaux, Vernègues 04 90 44 85 85 www.agglopole-provence.fr

La BD aussi est un sport de combat

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lément Baloup, talentueux bédéiste, vit et travaille à Marseille. Il a consacré les deux tomes de Mémoires de Viet Kieu à la diaspora vietnamienne, et en particulier Little Saigon (voir Zib’ 54), qui faisait partie de la sélection 2014 du Prix Littéraire des lycéens et apprentis PACA. C’est à un nouveau groupe humain, lui aussi opprimé mais combatif, qu’il s’intéresse aujourd’hui : celui des Fralib. Un «travail en cours» dont Clément Baloup a accepté de dévoiler certains aspects… Zibeline : En quoi votre projet actuel consiste-t-il exactement ? D’où et quand est-il né ? Clément Baloup : Le projet est un documentaire dessiné sur l’usine de thés située à Gémenos. J’avais suivi à travers les médias le combat social que les employés menaient contre le géant Unilever pour

conserver leur usine en marche et collectiviser leur outil de travail. C’est finalement sous l’impulsion d’une journaliste, Sandrine Lana, qui m’a contacté, que l’on a réellement démarré. En quoi est-il en cohérence avec vos travaux antérieurs ? Il y a d’abord le lien avec la réalité, le genre documentaire en BD. Dans mes BD précédentes, les deux tomes de Mémoires de Viet Kieu, j’interroge des gens sur leur passé afin de reconstituer de manière sensible la trame des événements de la guerre du Vietnam et de la construction de leur nouvelle vie dans un pays d’accueil. Le projet Fralib suit des étapes similaires : d’abord une phase de lutte, puis une phase de reconstruction. L’aspect «et après» est également important pour moi. Le fond humain est le même : révéler

les souffrances et le combat de ceux qui s’opposent à l’injustice et tentent de survivre. Comment avez-vous collaboré, la journaliste et vous ? J’ai l’habitude d’écrire mes scénarios mais là j’ai volontairement laissé la main pour l’écriture à Sandrine, qui maîtrise parfaitement son sujet. Je garde en revanche la mise en scène pour moi, donc il y a une sorte de seconde écriture spécifiquement graphique dont je me charge au story-board. Puis nous revoyons le tout ensemble pour que ce soit le mieux possible ! Sans oublier les conseils de l’éditeur, Patrick de Saint- Exupéry, qui nous suit minutieusement. Vous parlez de «travail en cours». Comment comptez-vous le poursuivre ? Outre la future publication dans

la revue XXI, la Bibliothèque départementale de Marseille va relayer notre travail en exposant des planches et en nous invitant à donner plusieurs conférences. L’association Massilia BD est en train de mettre au point une exposition itinérante qui présentera les planches sur grand format pour l’extérieur, et plusieurs villes sont déjà intéressées. Enfin nous bénéficions de l’appui de La Marelle qui veut diffuser notre travail dans les réseaux culturels. Propos recueillis par FRED ROBERT

Clément Baloup et Sandrine Lana ont présenté leur projet le 10 mars à la BDP, une rencontre en partenariat avec La Marelle, dans le cadre de l’exposition consacrée à la bande dessinée documentaire. 04 13 31 82 00 www.biblio13.fr



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Aux portes des génocides L’événement programmé par la Région Paca et le Mémorial du Camp des Milles veut comprendre le phénomène génocidaire, pour nous en préserver. Plus que jamais nécessaire ? L’exposition et les événements rattachés s’intitulaient Mémoires pour demain, puis le pluriel a disparu pour faire place à une mémoire commune. Pour mieux rendre compte aussi, sans doute, de la réalité de l’exposition, centrée sur la Shoah. Le génocide arménien et celui des Tutsis font partie de la programmation, mais pas de l’exposition qui est un résumé du parcours du Camp des Milles : on y retrouve un volet historique, qui s’attache à retracer la montée des périls (1919 1939) et la spécificité de la déportation et de la résistance en Provence. La présentation est soignée, pédagogique mais sans simplification, fondée pour l’essentiel sur des témoignages audiovisuels, et rappelant quelques faits qui font froid dans le dos tant ils ressemblent à notre temps : Hitler ne recueillait que 30% des voix en 1933, et n’est devenu Chancelier du Reich que par un jeu d’alliances politiques ; la montée du parti Nazi est strictement proportionnelle à la montée du chômage et à l’appauvrissement des «classes moyennes» durant la crise de 29 ; enfin, autre fait souligné au début de l’exposition, le sentiment d’avoir été lésé et d’avoir accepté une paix humiliante n’est pas pour rien dans l’édification d’une identité «aryenne» supérieure... Autant de mécanismes que l’on connait, et que l’on voit pourtant renaître aujourd’hui. Gaëlle Lenfant, conseillère régionale, le soulignait avec beaucoup d’émotion lors de l’inauguration : «Aujourd’hui des Juifs sont morts parce qu’ils étaient Juifs. Un Rom s’est fait lyncher parce qu’il était Rom». Elle rappela également que le Camp des Milles était dirigé entièrement par des Français, et qu’une minorité extrêmement dangereuse pouvait à nouveau aujourd’hui, dans notre région, prendre le pouvoir. La manière qu’a parfois le Parti socialiste d’agiter le spectre du FN comme argument électoral fait long feu, mais le

© Gaëlle Cloarec

danger de voir l’extrême droite arriver au pouvoir est concret... Alain Chouraqui évoqua aussi des parallèles inquiétants : les événements qui ont «mené au pire» sont fondés sur des mécanismes récurrents, qui subissent des embardées monstrueuses, des moments d’accélération. Le racisme ethnique ou religieux a un pouvoir contaminateur extrême, il peut s’emballer en quelques mois, il est creusé par les tempêtes sociétales dans les situations qui ont pourri longtemps, mais peut arriver au pouvoir par le jeu des alliances et des compromis. Le seul avantage que nous avons aujourd’hui pour résister, est que nous connaissons ces mécanismes. D’où l’importance des actes de résistance : les actes justes, le fait de «ne rien laisser passer dans les repas de famille, les conversations, ou les commentaires sur Internet», ne pas se laisser prendre en tenaille entre les totalitarismes, jihadiste ou nationaliste.

Au programme

L’exposition et la programmation s’attachent aussi, comme au camp des Milles, à mettre en évidence la force de vie des prisonniers et des déportés, et leur résistance intellectuelle et artistique. Les reproductions des œuvres sont exposées, plusieurs concerts des Musiques interdites (le 3 et le 15 mars, voir critiques sur le site www.journalzibeline.fr) ont eu lieu, une conférence de Michel Pastore sur ce sujet passionnant de l’incroyable productivité musicale dans les camps de la mort aura lieu le 20 mars. D’autres projections de films et rencontres s’annoncent passionnantes : un séminaire philosophique à partir de la notion d’Immémorial de Levinas, proposé par Jacques Broda ; une rencontre sur La Presse dans la montée des périls qui réunira le journaliste Jean

Kéhayan et Marcel Kabanda, représentant des victimes du génocide rwandais le 24 mars ; le 25 un dialogue entre Alain Chouraqui et l’économiste Michel Barillon, qui rappelle la phrase de Zigmunt Bauman (dans Modernité et Holocauste, La Fabrique éditions) : «Aucune des conditions sociétales qui ont rendu Auschwitz possible n’a véritablement disparu». Et puis encore des films, Mayrig de Verneuil qui raconte les Arméniens et Marseille le 27 mars, le lendemain un documentaire sur le génocide des Tsiganes, un cabinet des lecteurs de Peuples et cultures, La promesse de Franco, documentaire de Marc Weymuller le 31 mars... De quoi réfléchir sur les massacres de masse, pour ne jamais renoncer à lutter. AGNÈS FRESCHEL

Mémoire pour demain Génocides, mécanismes du pire et résistances au XXe siècle jusqu’au 31 mars Maison de la Région, Marseille 04 91 57 57 50 www.regionpaca.fr



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Qu’est ce que la Gauche ? Q

ue se passe-t-il aujourd’hui ? La gauche ne rassemble plus l’indignation sur son nom : «On ne peut plus convoquer sous le signe exclusif de la gauche l’indignation grandissante des gens ordinaires devant une société de plus en plus amorale, inégalitaire et aliénante.» C’est à cette convocation qu’appelle ce livre. Pourtant, le mot Gauche ne reste-t-il pas un totem rassembleur, mobilisateur, indispensable face à toutes les attaques politiques dont sont victimes nos sociétés ? Ne cristallise-t-il pas une nécessaire indignation, même des consciences avachies et lasses qui peuvent dans un dernier souffle dire «je suis de gauche» pour montrer leur camp ? De fait, on ne peut être de gauche et traiter de «salope» Simone Veil à l’assemblée en 1975 ; on ne peut être de gauche et refuser l’égalité des droits ; on ne peut être de gauche et accepter la dérive financière de l’économie, se plier à la loi d’airain qu’implique le grand marché mondial… Bon. Il ne faudrait pas continuer la liste bien longtemps pour voir apparaître de grands couacs… sur des principes pourtant fondamentaux. Cela relève-t-il du simple reniement de valeurs de la part de gens de gauche aux convictions peu sûres ? Pas uniquement : le mot gauche a un sens, mais très abstrait. Et sans vouloir le nier, le philosophe Jean Claude Michéa entreprend en une cinquantaine de pages (suivie d’appendices passionnants) de remettre les choses à leur place. C’est-à-dire d’interroger la réalité derrière le totem.

Un compromis comme acte de naissance

Cela fait 30 ans que la gauche officielle, de gouvernement, intellectuelle, et une bonne partie de ses idées, s’est ralliée au libéralisme économique et culturel. Elle en est venue à trouver ses marqueurs symboliques et privilégiés dans le mariage pour tous et la légalisation du cannabis. Marqueurs nécessaires mais qu’on ne peut légitimer sur les bases de l’économie libérale, donc au détriment de ceux qui vivent dans des conditions précaires. Car selon Michéa le clivage gauche-droite ne correspond plus aux grands problèmes de notre temps : il faut un nouveau langage commun pour sortir du capitalisme aux pouvoirs de séduction et de manipulation immensément agrandis. Et d’ailleurs la gauche n’a-t’elle pas abandonné cet objectif qui fut prioritaire ? Historiquement, le signifiant politique de gauche

À l’heure où le capitalisme est regardé par les socialistes comme un horizon indépassable, un petit retour sur Les Mystères de la gauche, que Jean Claude Michéa soulevait en 2013, peut être salutaire...

a fonctionné et rassemblé de la Restauration à la Libération pour faire tomber les dernières bastilles de la Réaction, le noyau dur de la droite balzacienne, l’Ancien Régime. Et au prix de quelle généalogie : «Il n’est sans doute pas inutile de rappeler ici au lecteur de gauche contemporain (trop longtemps conditionné par un siècle d’historiographie républicaine et de rhétorique électorale progressiste) que les deux répressions de classe les plus féroces et les plus meurtrières qui se sont abattues, au XIXe siècle, sur le mouvement ouvrier français, ont été à chaque fois le fait d’un gouvernement libéral et républicain (donc de gauche au premier sens du terme) : Louis-Eugène Cavaignac pour les journées de juin 1848 et Aldolphe Thiers pour la Commune de Paris.» Ce n’est que dans le cadre de l’affaire Dreyfus que des rescapés de la Commune se rallieront à leurs bouchers au nom d’une union de la gauche et de toutes les forces de progrès ; et que les organisations socialistes du parlement négocieront un compromis de défense républicaine avec leurs anciens adversaires de la gauche parlementaire ; et ce devant la menace imminente d’un coup d’état de la droite monarchiste et cléricale. C’est ce compromis, vécu au départ comme purement provisoire, qui constitue pour l’auteur le véritable acte de naissance de la gauche moderne. Cette intégration du mouvement ouvrier socialiste dans la gauche bourgeoise et républicaine a d’ailleurs reçu la légitimation philosophique la plus brillante de la part de Jaurès.

Le progrès aux alouettes

Mais ce virage historique ne pu s’opérer que par le biais d’un opérateur philosophique majeur qu’est la métaphysique du progrès, dans laquelle s’est engouffrée la gauche. La conception du mode de production capitaliste comme une étape nécessaire entre le monde féodal et la société communiste future, formulée puis corrigée plus tard par Marx, entraîna une soumission à la grande industrie comme apport le plus progressiste du capitalisme à l’histoire de l’humanité. Or Marx avait bien vu combien ce cycle d’accumulation illimitée du capital aboutissait à un processus d’enrichissement sans fin de ceux qui sont déjà riches. L’étape capitaliste nécessaire fut une dérive scientiste des penseurs du mouvement ouvrier, une dérive de l’idéologie progressiste. La gauche s’ancrait alors dans l’idéologie sans critique du progrès : «Du passé faisons table


rase» ! On dissolvait alors l’idée même de vie commune dans le nouvel univers de la concurrence absolue. Ce qui rendait inévitable l’apparition de nouvelles formes d’inégalités et de servitude : le capitalisme moderne ne fut possible que par cette adhésion de la gauche aux prémisses de l’individualisme. On confondait les acquis des libertés individuelles avec une propriété purement privée appartenant à l’individu isolé : dès lors, c’en était fini du projet socialiste d’une définition collective des besoins sociaux et de la société sans classe. Cette nouvelle conception de la liberté individuelle est un marqueur philosophique inouï : pour les libéraux, il ne peut exister de processus d’émancipation véritable sans une rupture intégrale avec l’ensemble des contraintes et obligations communautaires traditionnelles. Ainsi, toute forme d’identité qui n’a pas été librement choisie par l’individu est considérée comme oppressive ou discriminante. C’est cette redéfinition de la liberté qui permet l’établissement d’un marché mondial. Marx avait pourtant largement moqué cette farce des robinsonnades du siècle des Lumières : l’homme abstrait, isolé, serait donc libre ? On voit ce qu’il devient aujourd’hui, homme aliéné et dépendant des mouvements irrationnels du marché mondial : une dépendance totalitaire s’est substituée à la dépendance traditionnelle, et la structuration au collectif démocratique est manquée. Pour tout dire, la droite a laissé à la gauche le soin de développer politiquement et idéologiquement le volet culturel du libéralisme. Liberté individuelle et progrès économique se font aujourd’hui dans le désintérêt bien compris du peuple. Il reste à la Gauche, ou au peuple rassemblé sous un autre totem, à se dépêtrer du libéralisme culturel mitterrandien pour penser le capitalisme comme un fait social total. RÉGIS VLACHOS

Les mystères de la gauche Jean Claude Michéa Flammarion, coll. Champs essai, 6 euros


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Du train où vont les spectacles M

Usually beauty fails © Stéphane Najman

Le temps d’un week-end, le Train Bleu propose la découverte de territoires, des propositions artistiques et des moments conviviaux à partager dans les trains, les villes et les théâtres !

arseille, Niolon, Martigues, Port-de-Bouc, Fos, Istres… autant de villes traversées par le train touristique de la Côte Bleue, l’une des plus belles lignes de notre territoire. Sur une proposition des Salins, de la Criée, du Sémaphore, de l’Olivier et du Théâtre de Fos, il vous suffira d’embarquer, pour une journée ou pour le week-end entier, à bord de trains dans lesquels auront lieu des spectacles, et qui vous déposeront dans les villes où des navettes gratuites vous attendront pour vous accompagner jusqu’aux différents théâtres. Le bien nommé spectacle Igor Hagard, un sacre ferroviaire, de Pierre Sauvageot, se déroulera dans un train : un orchestre dont les musiciens seraient les locomotives, des annonces de gare, des mots d’adieu... jouera l’intégralité de la partition du Sacre du Printemps de Stravinsky, accompagné par les mots de Blaise Cendrars jouant de la correspondance entre les stations. À Martigues, le Site Picasso accueillera Bien sûr, les choses tournent mal, dernière création de Kubilai Khan investigations qui s’emploie à bousculer les règles d’un capitalisme qui impose ses codes, catégorisations, classements ; aux Salins, le Napolitain Mauro Gioia chante le «visage légendaire et conventionnel de Naples» (La nuit tombe, Naples s’éveille), et le Québécois Frédérick Gravel chauffe les corps à blanc et fait péter les watts dans Usually Beauty Fails, métaphore surréaliste et débridée sur le rapport à la beauté. Au Sémaphore, le Collectif

3/9/12

U

diriger un workshop à l’école Intuit.lab, Sergio Mora a réalisé les visuels urbains de ce festival 2015 : sept variations/narrations à partir de personnages déclinés sur les supports de communication comme un récit/ jeu de piste dans la ville. Suite à sa résidence au Jas de Bouffan, le croate Miroslav Sekulic-Struja livrera des images inédites dont des grands formats, inspiré par les lieux et la vie du quartier. On se tournera aussi vers des artistes à l’humour plus grinçant, absurde, décapant ou volontiers trash, autour du sociétal et des comportements de tout un chacun, tels Steve Michiels, Dimitri Planchon ou Joan Cornellà qui bénéficie d’une carte blanche à la galerie Vincent Bercker. Ou encore Henning Wagenbreth.

ne 12e édition consacrée au 9e art, avec 3 mois d’expos diverses, un week-end événement sur 3 jours. Les rencontres de la bande dessinée d’Aix-en-Provence se dérouleraient-elles cette année sous le signe des multiples de trois ? Pas de calcul cependant pour le visiteur : ni une ni deux, c’est gratuit !

Opulence

Tolles Heft © Henning Wagenbreth

Toujours est-il que ces 12e rencontres ne dérogeront pas à la règle de la diversité et l’opulence. Ateliers, rencontres, débats, expos, workshops, résidences, création, dédicaces, près de cinquante artistes invités (tendance nettement européenne), et moult auteurs et professionnels du livre... Invité de l’édition précédente pour

Tradition moderne

Dans une approche plus classique et réaliste, Les Paroles de Poilus (voir Zib 58) retrace les faits historiques tandis que Que la bête fleurisse développe un genre de récit muet exécuté par Donatien Mary grâce aux techniques traditionnelles de la gravure sur cuivre, l’eau-forte ou l’aquatinte. Pour sa part, Dimitri


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8 adapte L’Homme qui rit de Victor Hugo, extraordinaire plaidoyer, hier comme aujourd’hui, sur la différence sociale et physique, sur l’exclusion, le déracinement... Retour en Italie à l’Olivier, avec le Circo Equestre Sgueglia d’Alfredo Arias qui nous plonge dans les coulisses d’un cirque modeste et suranné où l’ironie tempère le désespoir et l’infortune. Les enfants seront choyés à Fos avec la nouvelle création de la Cie Piccola Velocità, Vuelo, deuxième volet du d’un triptyque entamé avec Flûtt ! qui poursuit son exploration du monde sensible de l’enfant, au pays des émotions à travers les gestes, les mots et les chants. Enfin, à la Criée, la Cie flamande FC Bergman s’applique à représenter l’absurdité de l’existence dans un spectacle démesuré que son titre laisse deviner : 300 el x 50 el x 30 el met en scène un village sous l’emprise de la peur d’un déluge, une hypothétique fin du monde qui décuple les émotions et les désirs de chacun. Sachez que pour que vous puissiez

profiter pleinement de ce week-end hors normes, la Sncf/Ter, Cartreize et le réseau Ulysse offriront des petits prix, voire la gratuité !

Planchon élabore ses romans-photos par montage numérique. L’histoire du 9e art n’est pas en reste, avec deux hommages consacrés à l’illustrateur de l’entre-deux-guerres Gus Bofa et aux 40 ans de l’incontournable Fluide Glacial. Le Week-End BD à la Cité du Livre sera l’opportunité de rencontres privilégiées avec les artistes et les acteurs du livre et de l’édition, marginale et alternative grâce à Print Factory. Pour le plaisir de la fête, Herr Seele (le père de Cowboy Henk), Brecht Vandenbroucke et Joan Cornellà se mélangeront les pinceaux pour réaliser une fresque devant le public. Les talents émergents sont aussi à l’honneur à l’école d’art avec Louise Lefort qui donne la part belle au dessin quand celui-ci a de plus en plus la côte dans le monde

de l’art contemporain. Et pour les insatiables iconophages, de poursuivre à Marseille, à la Bibliothèque départementale, pour deux expos sur le thème du rêve et du genre documentaire : La bande dessinée reportage et Nocturnes : le rêve dans la bande dessinée, toutes deux visibles jusqu’au 18 juillet ?

DOMINIQUE MARÇON

Le Train bleu du 20 au 22 mars La Criée, Marseille 04 96 17 80 00 www.theatre-lacriee.com Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphoreportdebouc.com L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr

CLAUDE LORIN

Evasions nordiques L

es Escapades Littéraires, festival organisé par l’association Libraires du Sud, sont comme les hirondelles : elles reviennent avec les beaux jours. La 5e édition aura lieu à Draguignan du 16 au 19 avril. Un grand weekend de printemps afin de découvrir de façon conviviale et festive la culture d’un territoire particulier, au fil de concerts, projections, lectures, rencontres, tables rondes, séances de dédicaces, ateliers artistiques… pour tous. Dans le cadre agréable de la Chapelle de l’Observance, mais aussi, nouveauté de cette édition, au Pôle Culturel Chabran. Grâce à la mobilisation active d’une équipe municipale très investie et de trois librairies indépendantes, Papiers collés et Lo Païs de Draguignan ainsi que Contrebandes, la librairie toulonnaise spécialisée en jeunesse et BD. Après le Chili, l’Italie, les USA et l’Espagne, cap sur la Scandinavie et les «Lumières du Nord». Une belle occasion de mieux connaître les littératures de Suède, Finlande, Islande, Norvège et Danemark. Gaïa sera cette année la maison d’édition à l’honneur, avec Susanne Juul, sa directrice éditoriale, et des auteurs de la maison, parmi lesquels Jorn Riel, Gunnar Staalesen et Katarina Mazetti, bien connue pour son best-seller Le mec de la tombe d’à côté. Seront aussi présents, entre autres, Åke Edwardson, Stian Hole, Liv Strömquist, Árni Thórarinsson… sans oublier Olivier Truc. On retrouvera avec plaisir ce journaliste et documentariste originaire de l’Hérault qui vit et travaille en Suède et dont on a beaucoup apprécié le premier roman, Le dernier Lapon, premier volet des aventures politico-policières du tandem atypique Klemet/Nina, deux enquêteurs de la police des rennes (chronique à lire sur www. journalzibeline.fr ). Il revient cette année avec Le Détroit du loup, deuxième opus de ce qui commence à ressembler à une série. À noter qu’il sera invité à la librairie marseillaise L’Attrape mots le jeudi 16 avril à 19h00. Parmi les nouveautés de cette 5e édition, en ouverture du festival, une conférence avec Jean-Baptiste Coursaud, pour découvrir le métier de traducteur et les subtilités des langues scandinaves ; mais aussi des petits déjeuners littéraires en compagnie des auteurs invités, ainsi qu’une performance inédite d’Irène Bonacina, qui illustrera en temps réel les textes de Jorn Riel lus par le comédien Dominique Pinon. FRED ROBERT

Rencontres du 9e Art expositions du 23 mars au 23 mai Week-end BD les 10,11 et 12 avril Cité du Livre, Aix-en-Provence 04 42 16 11 61 www.bd-aix.com

Escapades Littéraires du 16 au 19 avril Draguignan www.librairie-paca.com


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Au tour de Babel

Troubadours Tarek Abdallah et Adel Shams el Din © Michel Fauconnier

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epuis onze ans, Marseille accueille la grande famille des musiques du monde pendant trois journées denses, entre marché professionnel, cycle de conférences et mini-festival en nocturne. Au fil des éditions, Babel Med Music s’est imposé dans le calendrier culturel régional, attirant un nombre croissant de professionnels internationaux et séduisant un public toujours plus nombreux. Le savoir-faire de l’équipe n’est sans doute pas pour rien dans le succès d’un événement qui, à l’aube du printemps, prend des allures de petite Fiesta des Suds. C’est aussi l’occasion pour les artistes, producteurs, agents, tourneurs, distributeurs, organisateurs de festival, médias, institutions de se retrouver et d’échanger sur l’ensemble des thématiques propres à ce courant musical aux frontières mouvantes et dont l’économie résiste plutôt mieux que d’autres. Cette année, une attention particulière est portée aux jeunes, public et professionnels de demain, à travers des sensibilisations aux métiers du spectacle vivant, aux pratiques musicales et des spectacles adaptés. Côté scènes (il y en a trois), pas moins de 32 show-cases, autrement dit des concerts de présentation de moins d’une heure, et autant de formations retenues parmi un millier de candidatures. Cette année encore, les artistes viendront des quatre coins du monde : Colombie, Catalogne, Israël, Italie, Grèce, Canada, Belgique, Iran, Maroc, Sénégal, Portugal, Finlande, Corée, Cap-Vert, Mali, la Réunion, Martinique mais aussi Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette année encore, on découvrira des

talents souvent inédits, des croisements d’esthétiques improbables. Cette année –encore- défileront les nouveaux ambassadeurs de genres musicaux en quête d’une percée dans le circuit parfois fermé et souvent autoalimenté de la world music. Une pincée de fado, quelques gouttes de rythmes latinos, sans oublier un échantillon d’afros avec des morceaux de légende vivante dedans (Omar Pene) et les incontournables révélations «maloya» ou «blues du désert» de l’année. Difficile de proposer une sélection tant l’emballage est alléchant entre l’electro-kuduro angolais de Batida, la surf music israélienne de Boom Pam, le funk tropical psychédélique de Family Atlantica (Grande-Bretagne/Venezuela/Ghana), le post-rock tradi-moderne sud-coréen de Jambinai (vu et apprécié aux dernières Transmusicales de Rennes) et le folk progressif québécois de Le Vent du Nord. Parmi les artistes issus de notre région, retenons Moussu T e lei Jovents, Radio Babel Marseille, Tarek Abdallah et Adel Shams el Din et Zoufris Maracas. Espérons une seule chose : que l’authenticité et la singularité sont aussi programmées. THOMAS DALICANTE

Babel Med Music du 26 au 28 mars Dock des Suds, Marseille 04 91 99 00 00 www.dock-des-suds.org

Avec l’album Sirventés, Manu Théron s’intéresse à un genre méconnu de l’art poétique des troubadours. En trio avec Youssef Hbeisch (percussions) et Grégory Dargent (oud), le fondateur du Cor de la Plana nous fait découvrir la protest song occitane Zibeline : Quelle est l’origine du sirventés ? anu Théron : Le sirventés est un peu un ovni au Moyen-âge. À l’intérieur du trobar, le corpus poétique occitan, c’est la partie obscure, sans équivalent en Europe. C’est une poésie satyrique, contestataire, revendicative et polémique qui met en jeu les valeurs morales et l’ordre établi, et qui délivre beaucoup d’informations sur cette période. Mais comme ce sont les Romantiques qui ont redécouvert la poésie occitane, ils l’avaient complètement négligé par rapport la poésie de l’amour courtois. Que dénonce cette poésie ? Avant tout les autorités religieuses. C’est l’époque où l’on invente les bûchers, les tortures… De la répression naît la contestation même chez les puissants que sont les princes troubadours. La proximité entre troubadours et cathares transparaît. Les poèmes relèvent du discours politique, entre le pamphlet et le manifeste. Avec des incursions dans le grotesque, le monstrueux, la parodie comme le drame. Quand le disque est sorti le 13 janvier, il y avait beaucoup de choses à dire sur l’intrusion du religieux dans la vie sociale et politique. Le sirventés dénonçait déjà cela entre le XIe et le XIIIe siècle. Un chanteur occitan au milieu de deux virtuoses de la tradition orientale, ce n’est sans doute pas un choix innocent ? Musicalement, nous ne sommes pas dans une recherche d’authenticité médiévale, mais ce n’est pas incongru si l’on regarde cette poésie-là par le prisme de l’histoire. On est à peu près sûr que les musiciens de part et d’autre des Pyrénées se rencontraient à l’occasion de longs banquets qui scellaient des alliances politiques. La différence de religion n’était pas la cause véritable des conflits. Beaucoup de gens s’entêtent à croire que ces gens qui ont vécu 300 ans côté à côte ne communiquaient pas entre eux. C’est oublier que les

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musiciens sont curieux de la différence et de l’altérité. En 2013, vous avez créé le spectacle Madalena, qui vient de renaître dans une nouvelle dimension scénique et musicale. Quel était ce besoin ? Lorsque l’on monte un projet avec 23 chanteuses aux parcours artistiques distincts et distants de plusieurs centaines de kilomètres, on ne se voit pas à une fréquence très soutenue. Nous n’avions passé que 9 journées ensemble pour présenter ce travail d’une heure de chant ininterrompu alors qu’il m’en faut 20, en général, pour créer un répertoire. Les présentations précédentes étaient donc des étapes d’un travail qui reste d’ailleurs inachevé. Mais l’œuvre a trouvé son allure et sa couleur musicale définitives. J’ai réintroduit de la

percussion là où je l’avais enlevée pour me concentrer sur le travail vocal. J’ai corrigé également le manque de mouvement car nous sommes dans un chant votif mais originellement interprété en procession. Aujourd’hui, on colle davantage au personnage de Madeleine qui incarne une féminité controversée et d’indépendance qui n’a rien à voir avec celle, procréatrice et maternante, de la Vierge Marie. Propos recueillis par THOMAS DALICANTE

Dans les bacs, Sirventés par Manu Théron, Youssef Hbeisch, Grégory Dargent (Accords croisés) Apéro écoute le 25 mars à l’Ostau dau Pais Marselhés, Marseille, à partir de 18h30

10 ans, c’est SM’ART ! D

epuis le premier Salon au Domaine de La Baume aux Milles en 2006, le Sm’art, Salon d’art contemporain, a pris du volume et de la notoriété. Il a emménagé en 2012 au Parc Jourdan, et sa fréquentation n’a cessé de croître : 21 200 visiteurs en 2014, ce dont se félicite Christiane Michel, fondatrice du Salon et commissaire de l’exposition. Il est vrai que le public se presse aux vernissages et que de nombreuses institutions aixoises ont rejoint le Salon, tels les Beaux-arts, Sciences-Po, les fondations Vasarely et Blachère, l’Adagp (association des auteurs des arts graphiques et plastiques), l’association des galeries Gudgi. Le public et les artistes se rencontrent, des vocations de collectionneurs se révèlent face à la diversité des propositions artistiques de 200 artistes : Street Art, techniques multiples, volumes, photographie... Innovation cette année : une exposition de sculptures géantes sous une tente, scénographiée par Isabelle Fontaine, paysagiste. De nombreux artistes envoient des dossiers de candidature, et six personnes participent à leur sélection. Par ailleurs, comme dans tout salon, les stands sont payants, à partir de 145 euros le m2 : la sélection ne se fait pas que sur le talent, mais le Sm’art réussit une alliance intéressante entre son activité commerciale, et la mise en visibilité de l’art contemporain. Ainsi, cette année, des

«Têtes aux 3 couleurs» - Acrylique sur papier 65x85 © Jean-Paul Van Lith

galeries internationales participent, comme la NNF d’Osaka ou la Co-galerie de Karlsruhe dont les expressions artistiques très différentes devraient éveiller la curiosité des visiteurs. Une conférence aura lieu sur les fondations d’art contemporain et, pour fêter son anniversaire, le Sm’art offrira ses cimaises à deux artistes : Max B, artiste secret, l’ermite de Pernes les Fontaines, connu des collectionneurs, et Jean-Paul Van Lith, céramiste, verrier et peintre. CHRIS BOURGUE

Sm’art, salon d’art contemporain du 7 au 11 mai vernissage le 7 mai Aix-en-Provence www.salonsmart-aix.com

M. Théron, Y. Hbeisch et G.Dargent © X-D.R

révolutionnaires


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Dans l’âge ingrat L

a compagnie Vol Plané, avec ses Molière réinventés, ou ses relectures de La Petite Sirène et Peter Pan, travaille à mettre le théâtre à portée des jeunes gens. Revisitant les contes d’enfance pour parler du corps qui se transforme, ou l’Avare et Le Malade pour mettre en relief la folie des pères et la nécessaire émancipation des enfants, Alexis Moati et son équipe tournent autour de cet âge charnière, où l’on devient qui l’on est, souvent douloureusement. Le public adolescent, dans les établissements scolaires ou les théâtres, ne s’y trompe pas, et regarde ces reflets qu’on lui propose, comparant les contours dessinés avec ceux de sa propre expérience. Quant aux adultes ils retrouvent ce qu’ils ont été, et reconnaissent aussi des traits de leurs enfants... Et le Diable vint dans mon cœur va jusqu’au bout de cette démarche. Après plusieurs séjours dans des lycées les comédiens sont revenus avec des propos recueillis, des gestes aussi, des attitudes et des anecdotes, et beaucoup de musique. De ce matériau, pimenté de leur propre rapport à leur jeunesse et à leur corps, ils ont construit un spectacle fondé sur des improvisations. Energique, bouleversant par moments, tendre à d’autres, drôle souvent. Inégal aussi et à resserrer par endroits, parce que l’écriture de plateau est un exercice exigeant, et que transcrire le réel peut amener au lieu commun : ainsi le conseil de classe, très véridique, frôle parfois la caricature. Mais certaines scènes, grâce à l’énergie des acteurs qui incarnent à la fois des ados d’aujourd’hui et leur propre jeunesse, nous replongent très efficacement dans des tourments anciens. Ceux où la sexualité, le rapport à l’autre, la violence du monde, s’appréhendent pour la première fois, ceux où l’on construit enfin un moi qui fait aussi renoncer à d’anciens rêves, ceux

© Julien Piffaut

où les parents -les mères surtout, les pères étant étrangement absents- ne sont plus des modèles, mais des silhouettes parfois pitoyables qu’il faut dépasser. Le décor usuel, les amas de costumes que les comédiens enfilent et délaissent, les voix directes ou amplifiées qui chevauchent leurs sons, les différents niveaux d’incarnation des acteurs personnages, tout cela construit un spectacle surprenant, où le jeu théâtral se vit avec jubilation, et se voit avec plaisir. Quel que soit votre âge.

Et le diable vint dans mon cœur a été créé du 27 au 30 janvier sur la scène nationale de Chalonsur-Saône et joué le 13 février au Théâtre de la Passerelle, scène nationale de Gap

À venir du 26 au 28 mars Théâtre du Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net

AGNÈS FRESCHEL

Sèpa toubon mè sadi déchoz A

nne Marina Pleis a invité des plasticiens, des musiciens et une danseuse pour mettre en spectacles intimes les Bottes à nique de Jean Dubuffet. Un texte ékri en fonétique aproksimative, ki parle de semence, de binette et de légumes, racines ou tubercules. La proposition en plusieurs actes est introduite par une konférans où Anne Marina Pleis joue à être et à commenter Dubuffet, qui déclare donc qu’écrire komsa n’est ni provocation ni ignorance, mais pure jubilation. On l’y suit, même si on trouve le dispositif un peu léger, pas vraiment explicatif mais pas assez décalé pour faire spectacle, dans un entre-deux indécis. Vient ensuite Fodlo, proposé par Francis Ruggirello beaucoup plus déjanté, où des musiciens captent et transforment des bruits de cafetières tandis qu’une comédienne ruralisée récite les Bottes à Nique en servant du café. Un petit moment hilarant ! Nettement moins réussi, un solo de danse de Monika Goerner qui rampe, joue avec une corde puis un ruban, souffle dans un pipeau, tandis que le texte de

du bar un karaoké marrant vient nous réconcilier avec le texte, que les spectateurs se voient invités à interpréter sur l’air de Papaoutai ou Aline... Les spectateurs du Merlan ont un sacré talent, et performent avec une fantaisie qui manquait à certains des acteurs, donnant envie de retourner ver lézinvansion grafike du pintrebrut... A.F.

© Théâtre 27

Dubuffet sur les légumes est diffusé sur un magnéto cassette. Quel est le sens et le rapport, personne ne le sait, et l’intérêt de voir ça moins encore ! Le public, poli, composite, reste de marbre. Heureusement près

Les Bottes à Nique a été joué au 3bisf, à Aix, les 10 et 11 février, au Vitez, à Aix, le 12 février, et au Merlan, Marseille, du 19 au 22 février



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Rebond Rom M

ichel André, directeur du Théâtre de la Cité à Marseille, proposait à mi parcours entre deux Biennales des écritures du réel, un Rebond, destiné à nous donner des nouvelles de ce qui se passe dans ses ateliers, et du côté de la création partagée. L’occasion de programmer à La Friche Mangimos mis en scène par Xavier Marchand, et Chakaraka par lui-même. Deux voyages dans la communauté Rom, mais deux manières d’écrire le réel très différentes. Xavier Marchand se fonde sur le récit d’une demande en mariage, un texte de l’ethnologue Patrick Williams, et nous met à table avec des Roms pour l’écouter. Le repas est interminable, le père de la mariée faisant des coquetteries avant d’accorder sa fille. Le réel est ici transcrit avec une volonté d’exactitude scientifique, et très rapidement on s’y ennuie : cette tablée rom, patriarcale, dont les enfants à marier sont exclus de mêmes que les femmes, tourne en rond, et nous avec. L’exactitude se transforme en regard froid, malgré la chaleur des comédiens roms qui font ce qu’ils peuvent... Car la rigueur ethnologique au théâtre est un leurre, et puisque tout est transposé, autant laisser apparaître un regard, couper, concentrer, dynamiser... C’est ce que font Eric Cron et Sylvain Mavel dans Chakaraka. L’un est cinéaste, l’autre historien d’art, à Bordeaux. Ils sont entrés dans un squat de Roms, ont rencontré des musiciens et fondé un orchestre, et en ont fait un film. Une expérience que Michel André, malin, sait transposer : d’abord il leur a demandé de produire un texte qui travaille sur la frontière avec les Roms, sur ce qui s’est passé humainement entre eux. Ensuite il confie leur parole à deux comédiens de

Chakaraka © Sigrun Sauerzapfe

ses ateliers, qui savent dire et incarner, sans excès. Il entrecoupe le récit de bouts de films, laisse venir les anecdotes, l’émotion. Et la communauté Rom prend vie, avec ses violences, sa musique, ses défis, ses trahisons, son amitié, sa chaleur, les filles trop jeunes pour danser ainsi, l’alcool et le mouton pendu la tête en bas. On dirait même qu’on goûte aux plats tant tout cela est proche, et l’on comprend les Roms en ressentant à la fois la réalité de leur précarité, et la force de leur vie communautaire. Sans angélisme

et sans fausse froideur, un théâtre du réel, mais qui s’écrit. AGNÈS FRESCHEL

Mangimos et Chakaraka ont été joués à la Friche, Marseille, du 12 au 14 mars

Vitrac sensible

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ictor ou les enfants au pouvoir est rare au théâtre. Chefd’œuvre de Roger Vitrac, la pièce surréaliste, écrite dans les années 30 mais montée après guerre par Anouilh, a déjà quelque chose de «l’absurde» des années 50 : les personnages ont des corps démesurés (Victor a 9 ans mais mesure 1,80 m), leur usage de la langue a des ratés, et leurs places sociales schématisent celles du vaudeville. Ingrédients que l’on retrouvera chez Ionesco, et qui ont valu à Vitrac des mises en scène où l’on oubliait la cruauté d’Artaud, avec qui pourtant il fonda le théâtre surréaliste... Frédéric Poinceau oublie cette tradition, et replonge dans le texte, pour y retrouver des personnages dotés d’une profondeur et de motivations que l’on devine, et qui sont de l’ordre de l’inconscient. Ainsi

© Christine Ledroit Perrin

Victor n’est pas seulement un enfant trop intelligent et tapageur, c’est un être qui comprend et qui souffre, qui rêve, qui raconte, et qui meurt. Le père est compulsif, la maîtresse est hystérique, le général pervers, et un fou révèle dans ses délires la

folie politique du temps, où Pétain héros de guerre devient le traître que l’on sait. Du coup le comique se fond dans la tragédie, la folie domestique devient politique, et la mise en scène s’affranchit de l’esthétique de l’époque pour donner une vision

contemporaine, où les didascalies sont dites, où le jeu s’expose, à table, au micro, à nu : les petites histoires d’adultère qui parodient le vaudeville parlent en fait de désir et de sexualité qui dérange, comme cette sublime Ida qui pète tragiquement, puante et superbe métaphore de la mort. Si les enfants prennent le pouvoir, c’est en montrant combien les adultes sont dépassés par leur désir. Et s’ils meurent, c’est d’incapacité à vivre le leur, dans une société violente qui ment et leur distribue des gifles et des coups de fouets, et trouve le repos dans le laudanum et le suicide. AGNÈS FRESCHEL

Victor ou les enfants au pouvoir a été joué du 11 au 18 mars à la Criée, Marseille


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Être ou tenter d’être ?

J

e serai Macbeth du Théâtre de cuisine teste les ambiguïtés du théâtre d’objets. Seul, Christian Carrignon tente de jouer la tragédie de Shakespeare avec le régisseur Paolo Cafiero, dans des décors et accessoires trouvables dans le premier magasin de jouets du coin. Mais si Paolo Cafiero transforme les jouets en ombres chinoises sur un écran pour rendre le grandiose de l’auteur, jouer tous les morts shakespeariens est impossible : petit à petit, l’acteur s’éloigne de Macbeth, redevient luimême, envieux de ne pas être un grand acteur, hurlant quand les attaques des coulisses tentent d’envahir le plateau barricadé. Le comique de situation fonctionne, l’acteur tentant de suivre le texte mais vivant avec confusion ses propres émotions, «Macbeth est troublé, je suis troublé», ou faisant sentir les décalages : «Tu es mort en soldat à peine devenu homme» dit-il à une poupée en plastique. Mais pourquoi le personnage de Macbeth fascine-t-il tant ? Il usurpe le Roi Duncan suivant

ainsi une voie tracée par trois sorcières. Et si elles n’étaient pas des oracles mais trois femmes représentant l’avidité, la jalousie et l’envie ? «Le petit théâtre a les mêmes droits que le grand théâtre !» s’écrie Christian Carrignon. L’acteur voudrait-t-il être Macbeth pour prouver que n’importe quel acteur peut interpréter n’importe qui avec trois bouts de ficelle ? Malheureusement, le spectacle destiné à un jeune public ne lui est pas forcément accessible : on ne peut réellement comprendre le propos que si l’on connaît le contenu, ce qui n’est pas le cas pour la plupart des spectateurs conviés. Dommage car le résultat est joli, poétique, drôle et touchant. ALICE LAY

© Philippe Houssin

Nos Ulysses L

a danseuse Carole Vanni place ainsi ses mots «…glisser d’une attente transitive à une attente intransitive, un présent de vivre» pour qualifier son travail d’écriture en amont de Mes Pénélopes, et donnant déjà une forme au projet engagé avec le metteur en scène Alain Fourneau. Ainsi les habitantes de la Maison Relais de la rue de l’Arc ont pu, du cœur de leur vécu, s’emparer du texte, bousculer avec bonheur le duo et décider justement que le moment était à prendre dans une urgence de nécessité plus que de vitesse… Voilà donc une pièce «de circonstances» pulvérisant toutes les pesanteurs liées habituellement à ce terme pour dégager une émotion et une sincérité qui ont tout à voir avec le théâtre. Elles s’appellent Stéphanie, Dominique, Valentine, Malika, Corinne, accompagnées de quelques autres plus proches du métier pour certaines et de deux éducatrices… Elles ont 37 ou 42 ou 63 ans, disent «je», sont toutes des Pénélopes et de magnifiques comédiennes qui © Joanna Martins

s’/l’ignoraient ; sur le plateau, des tables, des chaises, une coupe de fruits d’où s’échappe une mandarine, des tasses, l’intimité d’un foyer, un «dedans» d’où elles parlent et qu’elles arpentent, se croisant et multipliant les voix dans un rituel léger ; chaque fragment en bouche esquisse une scène, génère un portrait instantané «J’ai une demi-heure d’avance pour prendre un train ; j’attends, je marche, je regarde» «J’attends que la douleur me laisse du répit» «Un tour pour rien, non… un homme est là : voulez-vous ? oui». Les corps de ces dames qui savent très bien faire semblant troublent le regard par une présence accentuée, jamais déplacée, comme imprégnée de leur plaisir palpable à être-là ; Carole Vanni, Pénélope même, écrit à sa table de travail ce qui se joue sous nos yeux ou danse sobrement ; il s’agit d’accueil et d’hospitalité, d’attention plus que d’attente : le regard silencieux d’Alain Fourneau, l’homme assis, tient tout ensemble et lorsque la danseuse escalade cet Ulysse possible, la malice l’emporte sans altérer pourtant une insondable gravité. On ne s’y trompe pas : il est bien arrivé quelque chose ! MARIE JO DHÔ

Mes Pénélopes, production du Théâtre des Bernardines, Marseille, en partenariat avec l’association Habitat Alternatif Social a été donné du 27 février au 3 mars ; le projet a reçu le soutien de la Fondation Abbé Pierre

Je serai Macbeth a été joué du 4 au 7 mars au Théâtre Massalia, Marseille


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Les Hivernales font le printemps Le 37e festival des Hivernales a tenu sa promesse : le thème De la suite dans les idées fut copieux et métissé, en soufflant un vent printanier de liberté et d’intensité !

A

lternant solos, duos et pièces de groupes, abordables ou plus confidentielles, l’édition 2015 a commencé fort : Tordre de Rachid Ouramdane a donné le ton d’une expérience indélébile. Deux subjugantes danseuses, Annie Hanauer et Lora Juodkaite, chacune avec leur identité, leur différence, visible ou intérieure, ont hypnotisé de leur humanité et de leur feeling, fichant le tournis dans des accélérations/décélérations époustouflantes ou invitant à un voyage intime saisissant. En amont, les HiverÔmomes annonçaient une sensibilité particulière avec, entre autres, Cortex de la Cie 3637. Deux danseuses, au présent et passé, évoquaient les concessions faites pour transformer les souvenirs d’enfance en mémoire ; un sujet rare et complexe pour l’enfance. Et pour jouer ces sensations, un musicien en direct, une tendance confirmée durant le festival. Ainsi dans Democracy de Maud le Pladec, ce ne fut pas la prestation dansée, esthétiquement confuse et glaciale, qui fit vibrer le plateau, mais 4 batteurs (dont une femme !) de l’Ensemble TaCTuS qui ont déroulé une partition impeccable, un poil dévorante, de Julia Wolfe puis Francesco Filidei. Dans The Hungry Stones de l’Indienne Raka Maitra, la danse fut (un peu) modernisée par un guitariste fouineur, qui servit avec grâce un élégant quatuor, étirant à l’envi les mouvements dans une danse précise, théâtrale. Des femmes épiées par un homme en retrait : un regard insistant pour questionner leur condition actuelle en Inde ? Almasty de Myriam Gourfink, adepte de yoga, réunit la basse volontairement assourdissante de Kasper Toeplitz et un solo en apesanteur de Deborah Lary qui déroula au sol, dans un mouvement continu, des poses et des appuis inimaginables alliés à une force impressionnante. Dans Chorus de Mickaël Phelippeau, ce sont les corps déplacés, empilés,

Les Grimpeurs (é)perdus, février 2015 © Delphine Michelangeli

des chanteurs du chœur de chambre Campana d’Avignon qui ont fabriqué la danse sur des cantates de Bach, construisant dans des scènes courtes et incongrues des vagues sonores humoristiques et de savants tableaux dramatiques.

Radicalité, universalité

Plus radicale, Eeexeeecuuutioooons !! de La Ribot invitaient 19 danseurs du Ballet de Lorraine à reproduire à l’infini les gestes monotones, anxiogènes, d’une chaîne de production… jusqu’à l’épuisement. Un dessein proche de Khaos de Ginette Laurin, où les interprètes, aussi virtuoses, offraient une course folle contre la déshumanisation, à grand renfort de décharges d’énergie. Plus tranquille, Exquises de la Cie Lanabel conviait le public à un banquet pour déguster mets gastronomiques et vins enivrants en se délectant du phrasé de deux serveuses-danseuses -trop- appliquées. Dans Les Grimpeurs (é)perdus, Antoine le Menestrel a mis à nu les murs du CDC et lui a offert une vraie renaissance, déliant le thème de la création du sol au plafond : ses 4 escaladeurs-acrobates-danseurs ont gravi des cimes d’ingéniosité, esquissant des arrêts sur image à la Michel-Ange, composant, tels trois Adam et une Eve légers comme des plumes, des tableaux anatomiques et poétiques, d’une folle intensité. Beau coup de théâtre également avec la venue de l’Atelier Catalyse, un groupe professionnel d’artistes handicapés mis en scène par Madeleine Louarn qui, avec Les Oiseaux, réinvente le mythe d’Aristophane. Emmenée par

Bernardo Montet, cette communauté pacifiste et visionnaire fonde sa cité entre terre et ciel, dans une cérémonie drôle et sincère, parfois débordante mais libératoire ! Et puis, deux autres tribus inoubliables : celle d’Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou avec Sacré printemps !, une danse de résistance à la lumière sublime composant un appel à la liberté fort, émouvant, universel (voir p. 34). Quant aux danseurs de S’Envoler d’Estelle Clareton, petits-enfants de May B habillés d’aujourd’hui, ils ont donné à petits pas et grandes envolées une leçon de danse, de groupe, de joie, de vie, rassemblant dans une urgence salutaire un souffle de liberté communicatif. Des oiseaux émancipés qui ont annoncé le printemps sur leurs ailes du désir ! DELPHINE MICHELANGELI

Les Hivernales ont eu lieu du 18 au 28 février à Avignon et dans les communes du Vaucluse


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Muséochorégraphie I

nvité par le MuCEM et marseille objectif DansE, l’ogre Boris Charmatz n’avait pas froid aux yeux quand il se lança dans un vrai marathon de danse ! Le directeur du Musée de la danse de Rennes a adapté en un temps record sa pièce pour quatorze danseurs Manger à l’espace de l’exposition Food, et, le soir à La Cartonnerie, dansait dans le triptyque Sans titre, 2000 de Tino Sehgal au côté de Frank Willens et Andrew Hardwidge. Déconstruite, reconstruite autour du solo, Manger tenait de la performance et du happening évolutif où chacun des huit danseurs était aussi chanteur et également bouffeur de papier azyme : de 11 heures jusqu’au soir, ils enchaînèrent des soli de manière ininterrompue sans prêter attention aux déambulations des visiteurs, aux va-et-vient dans les coulisses, tous occupés à ingérer, dégurgiter, mâcher, triturer, se lécher la peau, dans un mouvement continu de mandibules et de cordes vocales. Un exploit ! Petits bouts de papier, débris, miettes, brisures, pelures, restes : un vocabulaire d’ordinaire appliqué à la nourriture qui collait aux corps dansants et exhalant le dégoût, la jouissance, la lassitude, l’énervement, l’excitation. Jusqu’au haut-le-cœur, jusqu’à l’épuisement. Au-delà de l’aspect strictement performatif de Manger, Boris Charmatz invente une danse anthropologique qui analyse l’homme réduit à ses fonctions premières (se nourrir, ramper, expulser,…) quelles que soient les contrées, les cultures, les langues. Un portrait métaphorique de l’homme revenu à sa condition animale qui, paradoxalement, ne coupe pas l’appétit. Le champ muséal était aussi convoqué à La Friche avec le dernier travail pour la scène du chorégraphe et plasticien allemand Tino Sehgal, un solo créé en 2000 et transmis Manger © Ursula Kaufmann

aux trois interprètes qui, corps nu, plateau nu, ont fait vivre une expérience sensorielle et intellectuelle renouvelée trois fois avec une jubilation certaine. Exposition en mouvements, tableaux, figures d’une brève histoire de la danse au XXe siècle à travers les signes marquants et les traces laissées par l’art le plus immatériel qui soit ; chacun des interprètes, à sa façon, batifole sournoisement comme le Faune l’après-midi, tape du pied pour sacrer le Printemps, marche et saute comme Merce Cunningham, entame avec les mains et le public le dialogue de Trisha Brown -très «présente» dans le processus d’engendrement continu et la fluidité de la structure-, déplie malicieusement les lignes de la post-modern dance, bascule tête par dessous cul pour faire voir Xavier Le Roy et arrose la scène d’un panache d’urine très maîtrisé en hommage à Jérôme Bel et Marcel Duchamp («Je suis Fountain») . Exercice de style brillant irrigué par l’émotion simple de voir ce que peut un corps avec son énergie propre (expressionnisme de Frank Willens), sa chair (douceur d’Andrew Hardwige) ou sa définition plus cérébrale portée ici par Boris Charmatz lui-même. Trois fois 50 minutes de bonheur ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI et MARIE JO DHO

Manger de Boris Charmatz, version inédite décomposée présentée au MuCEM les 28 février et 1er mars Sans titre, 2000, chorégraphie de Tino Sehgal interprétée par Boris Charmatz, Andrew Hardwidge, Frank Willens proposée par marseille objectif DansE à la Friche La Belle de Mai les 27 et 28 février

Revoir le BNM

© Alwin Poiana

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n peut dire qu’il nous avait manqué... Depuis l’arrivée d’Emio Greco et Pieter C. Scholten, le ballet ne s’est pas produit dans la région, n’a pas programmé dans ses murs, n’a pas créé de nouvelles pièces. Ce Corps du Ballet National de Marseille n’est pas encore tout à fait une création d’ailleurs : reprise et mise au pli marseillais d’une création pour le Ballet de Monte Carlo et le Het Ballet, agrémentée d’un travail qu’on avait déjà vu avec le BNM sur la Marseillaise, la pièce n’est pas exactement ce que l’on attend en termes de créativité, après plus d’un an de travail. Mais le Ballet semble en grande forme : rajeuni, il a nettement gagné en souffle et en cohésion. C’est d’ailleurs tout le sens de cette pièce qui consiste à montrer les qualités d’un ballet plutôt qu’à développer un propos. Les 21 danseurs, dont 6 nouvelles recrues et 3 stagiaires de l’Ecole de danse, font la démonstration de leurs paradoxes : s’ils ont réappris à adopter des dynamiques communes et à occuper ensemble le plateau, ils peinent encore à lâcher prise pour danser vite du rock, mais ne parviennent pas non plus tout à fait à tenir leurs équilibres. Les tours enchaînés, batteries, sauts... montrent de très belles qualités individuelles et sont applaudis par un public friand. Mais que faire avec cette technique ? Faire des effets de masse comme dans une pièce contemporaine, l’agrémenter de quelques citations classiques avec filles sur pointes (moquerie ? nostalgie?), de deux ou trois clichés sur la Marseillaise par Mireille Mathieu, et de force démonstrations de virtuosité masculine ? Ce que l’on peut dire de ce Corps de ballet est que les corps ne s’y rencontrent pas, que les couples n’y existent pas, ni la relation, juste la masse et les individus, qui ne racontent aucune histoire, sinon d’affirmer leur existence et leur puissance. La scénographie, les lumières, les costumes, les corps, le mouvement, tout est très beau (sauf la musique ?), et glacé : jamais les corps ne sourient, ce qui génère un malaise quant à l’idée du collectif, et de l’intimité absente. AGNÈS FRESCHEL

Le Corps du Ballet National de Marseille a été recréé à la Criée, Marseille, les 14 et 15 mars


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Ballets de fils et de cordes

Messages contemporains L’

Ensemble Musicatreize a un vrai lieu de résidence qui attire les compositeurs, et a permis trois créations mondiales, en avant-première à Marseille. Frédéric Santiago Perreten présente lui-même sa pièce Yanantin, pour douze voix a cappella : comptines populaires où l’on retrouve les principes de dualité de la philosophie andine. Entrée en matière poétique, voix feutrées, jeu sur le souffle, mais cela reste assez fade, sans changements d’atmosphère : tout est lisse, même si le compositeur affirme que le son évolue en permanence à l’intérieur. La deuxième pièce Naturalis Historia (l’Histoire Naturelle) de Juan Pablo Carreño, évoque les questionnements de Pline l’Ancien sur notre propre corps humain et les ressources de celui-ci. Pour le compositeur, le latin permet une exploitation riche de sons, «une langue qui glisse», micro-tonalités, canon entre les cris stridents des femmes et les graves des hommes, grande mobilité des pupitres. Gérard Zinsstag conclut avec Eskatos, pour douze voix, cuivres et percussions, où il évoque une fin du monde inéluctable (prophéties catastrophiques du Livre de l’Apocalypse) liée à la destruction des ressources naturelles, le début de la fin étant Hiroshima. Entre le récit des sept anges qui sonnent de la trompette et les textes de Sos Planète, le parcours expressionniste est fulgurant : tableaux sonores grandioses, denses, où le mégaphone moderne de nos manifs croise cuivres et percussions dans une immense lamentation. Voix et instruments rendent l’atmosphère troublante par les effets de contrastes, cris, appels, travail sur l’espace impressionnant. Roland Hayrabédian, comme à son habitude, aime à explorer ces horizons variés, invitant des compositeurs à le surprendre, à nous surprendre. Il rend la force de cette partition par un équilibre parfait entre voix et instruments. «La terre se meurt, le seuil est franchi». Une musique qui nous invite à nous questionner.

© X-D.R

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YVES BERGÉ

Avant-Première a eu lieu le 14 février à la Salle Musicatreize, Marseille Musicatreize © Guy Vivien

uspendu à son ruban rouge, double zébrure flamboyante tombant des cintres, ou accroché en apesanteur à son trapèze aérien, l’impressionnant athlète Anibal Virgilio dessine dans l’air des figures circassiennes, un ballet éthéré qui s’appuie sur la mécanique baroque d’un génie musical : Antonio Vivaldi. Au-dessous de lui, l’ensemble Concerto Soave, ses cordes, basson, archiluth et claviers (Jean-Marc Aymes), joue, sur la scène du Moulin à Marseille, des Concertos du «prêtre roux». Les dialogues instrumentaux et les traits virtuoses, le contrepoint, l’alternance des mouvements vifs ou lents, binaires ou ternaires, les frottements mélodiques propres à l’art baroque tissent un tapis sonore, en clair-obscur, au-dessus duquel se balance la funambule Aurélia Adenberger, pour un autre moment fort du spectacle mis en scène par Pablo Volo (Compagnie Ex Voto). Jeux de fils et de cordes, Vivaldi in the sky est un envol poétique, «oiseau rare» qu’on suit du regard à l’oreille, au gré de la pantomime clownesque de Rascia Darwish, de lumières enfumées, tombées de balles de ping-pong colorées, de plumes tourbillonnantes (scénographie Claudine Bertomeu), d’une brillante fusion des arts qui a avantageusement clôt la Biennale Internationale des Arts du Cirque à Marseille… et ouvert, en prélude alléchant, le très attendu Festival Mars en Baroque, à suivre jusqu’au 31 mars (voir Zib 82). JACQUES FRESCHEL

Vivaldi in the sky a été donné le 20 février au Moulin, Marseille, dans le cadre du Festival Mars en Baroque


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Anna Göckel :

Un grand concours à Marseille !

star de demain ?

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e 8e Concours International de Quintette à Vent «Henri Tomasi» s’est déroulé à la Bastide de la Magalone du 23 au 28 février, en partenariat avec la Cité de la Musique de Marseille. Cet événement biennal, organisé par l’Institut Français des Instruments à Vent, est exceptionnel puisque c’est le seul concours au monde spécialement dédié à cette formation (flûte, hautbois, clarinette, basson, cor). Les ensembles se présentent généralement, dans la foulée, au concours de l’ARD de Munich qui constitue le Graal en matière de musique de chambre. On se souvient des demoiselles du Quintette Aquilon ayant remporté les deux compétitions il y a une dizaine d’années ! Le jury cette année était présidé par Normand Forget (hautbois, Canada), assisté d’éminents spécialistes : Gaëlle Habert (basson, France), Michael Hasel (flûte, Allemagne), Andras Farkas (composition, Suisse, fils de Ferenc Farkas), et Takénori Nemoto (cor, Japon). Au bout d’une semaine de compétition, trois ensembles ont été retenus et primés : les polonais du Quintette Saphir (2e Prix et Prix Tomasi pour ses Danses profanes et sacrées), les tchèques du Quintette Kalabis et les espagnols du Quintette Enara (3e Prix ex-æquo). Les lauréats ont offert au public, venu en nombre à la remise des prix, un échantillon de leur talent, dans des opus qui leur collent aux anches, tuyaux et embouchures. À tout seigneur tout honneur, les «Saphir» ont livré une des œuvres emblématiques du concours puisque mis au jour en 2001 : les Danses profanes et sacrées d’Henri Tomasi, partition aujourd’hui jouée partout dans le monde. Les gaillard polonais se sont montrés particulièrement solides dans cette œuvre difficile mêlant lyrisme et modernité. Élégance et sensualité ont été à l’œuvre chez les filles du«Kalabis», jouant Reicha avec une belle assurance technique. Mais le pompon revient aux «Enara», chouchous du public grâce à leur façon de bouger en scène, d’entrer en procession, danser et dialoguer entre eux dans les danses un peu titubantes Aires Tropicales de Paquito D’Rivera. Une belle cuvée et des jeunes à suivre ! J.F. Le 8e Concours International de Quintette à Vent «Henri Tomasi» s’est déroulé à la Bastide de la Magalone, Marseille, du 23 au 28 février

© Alexandre Chevillard

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Concours Henri Tomasi © Maëliss Brabet

n a quitté la route des Alpes et la colonne des phares qui serpente vers les stations d’hiver le dernier week-end de février. Quelques lacets mènent au parvis de la petite église d’un village niché à quelques lieues de Tallard. Il fait nuit et froid... et c’est désert... à seulement une demi-heure du concert ! Si bien qu’on ne peut s’empêcher de douter de la venue du public, ici à Valserres, pour écouter Bach ! Mais c’est sans compter sans le fabuleux travail entrepris par le Festival de Chaillol, depuis que Michaël Dian et son équipe de passionnés ont choisi de semer des graines musicales sur le territoire Haut-Alpin ! De fait, l’église se garnit rapidement : on vient de partout... ou de nulle part ? Et les travées sont pleines lorsqu’Anna Göckel, jeune violoniste prodige, sortie il y a une dizaine d’années du Conservatoire de Marseille pour gagner ses galons au «Sup» de Paris, s’installe devant l’autel. Dès les premières notes de la 2e Partita, on se rend compte non seulement de l’acoustique favorable de l’église, mais surtout du talent exceptionnel de la jeune virtuose, de son engagement et son âme soliste ! La ligne de chant serpente autour d’une pulsation souple, s’élève au dessus du tapis harmonique tissé en pointillé par Bach sur des fondamentaux graves. Ici ou dans la Fugue de la 3e Sonate, l’illusion est parfaite, chaque voix clairement dessinée, et la performance au violon est à la hauteur de l’écriture. On suit l’artiste jusqu’au fil du silence, dans ses double-cordes en Sarabande plaintive, Gigue à tourner les têtes, l’éclatement virtuose du Prélude de la 3e Partita, ou la Chaconne en ré mineur, apothéose dans sa plénitude sonore, sa magie polyphonique en boucles infinies... Pour son Intégrale des Sonates et Partita, Anna Göckel, étonnante de maturité, joue par cœur, oscille entre un contrôle permanent de son art, la justesse, du dessin aéré du contrepoint, et un relâchement expressif qui transcende la technique : un passage du corps à l’esprit si précieux chez Bach. Cette jeune violoniste a tout d’une grande ! JACQUES FRESCHEL

Concert donné par Anna Göckel le 27 février à l’église de Valserres, Hautes-Alpes


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Semaine sainte en Arles Le monde en Cité !

Au Méjan, cela fait trente en qu’on tourne autour des musiques évoquant, de près ou de loin, la thématique pascale, des Passions au Leçons de Ténèbres, mais pas que ! Ainsi dès les premiers jours du printemps, si l’on entend l’Ensemble les Paladins (Jérôme Corréas) dans des Leçons de ténèbres pour deux ténors de François Couperin (le 27 mars à 20h30), on bougera les jambes avec le Chœur Gabriel (Coro Gabriel) et ses polyphonies de Sardaigne (le 28 mars à 20h30 – concert suivi d’un bal traditionnel). C’est Hervé Niquet et son Concert Spirituel qu’on accueille ensuite dans de grands opus de Lully ou Charpentier évoquant «La Spiritualité au Grand Siècle» (le 29 mars à 11h). On finit avec l’Ensemble Castello et la soprano Julia Doyle dans des œuvres qui nous font voyager, de Merula à Purcell, Scarlatti ou Pachelbel, dans «L’Europe musicale à la fin du XVIIe siècle» (le 31 mars à 20h30). On goûte également au Méjan, après le festival, à la lecture des textes de Lamartine par Marie-Christine Barrault sur les Harmonies poétiques et religieuses jouées au piano par François-Frédéric Guy (le 12 avril à 11h). JACQUES FRESCHEL

À la Cité de la Musique à Marseille, on voyage sur tous les continents, vers ces musiques que l’on dit «du monde», traditionnelles ou métissée, on butine des côtés du jazz et des musiques classiques, baroques ou contemporaines... Le Festival Vavangue se tourne vers l’histoire du Sega, musique traditionnelle de la Réunion, l’Île Maurice, des Seychelles... Une exposition (du 24 mars au 3 avril), conférence (Alcazar le 27 mars à 17h), table ronde (2 avril à 18h30 - Cité de la Musique) sont ponctuées par le concert du quintette Solehya (le 3 avril à 20h30 - Auditorium). Dans le cadre du 8e festival Latcho Divano, on entend le Steeve Laffont Quartet et son jazz manouche (le 27 mars à 20h30 - Auditorium) avant Melizma, sextuor explorant, sous l’égide d’Isabelle Courroy, les musiques vocales, instrumentales et danses de l’Anatolie, l’Albanie, la Hongrie, la Macédoine, la Thrace... (le 28 mars à 20h30 - Auditorium). J.F. MARSEILLE. Cité de la musique 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

ARLES. Du 27 au 31 mars et 12 avril. Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com

A guitar Journey

Virtuose de la guitare installé à New York, le compositeur israélien Nadav Lev, artiste associé à Chaillol en 2015, propose un voyage musical «avec son instrument pour seule boussole et la grand-voile gonflée d’une insatiable curiosité musicale. Il s’éloigne des rivages les plus fréquentés et, au gré d’improvisation nourrie de folk et de rock, aborde les terres nouvelles de la jeune création israélienne pour mieux revenir aux sources du grand répertoire européen». Au programme dans les villages des HautesAlpes : de l’improvisation, des compositions personnelles, mais aussi Jean Sébastien Bach, Heitor Villa Lobos, Isaac Albeniz... J.F.

Steve Laffont Quartet, Latcho divano © Jean-Baptiste Millot

Offenbach et ses amis

SAINT-LAURENT DU CROS. Le 26 mars à 20h30. Temple LA BÂTIE-VIEILLE. Le 27 mars à 20h30. Salle des Fêtes CHATEAUVIEUX. Le 28 mars à 20h30. Eglise RABOU. Le 29 mars à 20h30. Foyer communal Nadav Lev © X-D.R

Les amateurs d’opéra comique et d’opérette apprécieront ce récital Offenbach et ses amis célébrant le «Mozart des ChampsElysées». Les extraits les plus pétillants, drôles et poétiques d’Offenbach se mêlent aux airs et duos de grands compositeurs qui ont croisé son chemin. À grands coups d’éclats de rire et d’envolées lyriques, la soprano Aude Fabre et le baryton Bernard Imbert jouent des clins d’œil et de cette fantaisie propres aux grands airs et aux petites histoires du Second Empire. Extraits de La Vie Parisienne, Les Contes d’Hoffman, Orphée aux enfers, Pomme d’Api, La Grande Duchesse de Gerolstein, La Périchole, Ba-taclan, Fantasio, La Fille du tambour-major, Madame Favart, Carmen, Tannhäuser... avec Franck Pantin au piano ! J.F. VELAUX. Le 1er avril à 19h30. Espace NoVa 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com

Requiem de Mozart

Ce monument de la musique sacrée est interprété par l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille, le Chœur Régional PACA dirigé par Michel Piquemal. Autant de gages de qualités pour un opus qui ne souffre guère l’amateurisme ! Le quatuor de solistes est au diapason avec Aude Fabre (soprano), Moonjin Kim (mezzo-soprano), Paolo Lardizzone (ténor) et Bernard Imbert (baryton). On entend également d’autres pièces célèbres de Mozart (Exsultate, jubilate, Ave verum corpus...). Un concert qui sera également donné dans le cadre du Festival de Musique Sacrée à Marseille, le 13 mai à l’église Saint-Michel (04 91 55 11 10 - opera.marseille.fr). J.F. VELAUX. Le 4 avril à 20h30. Espace NoVa 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com

Festival de Musique Sacrée

L’Ensemble les Festes d’Orphée dédie son 24e festival aux thématiques de la Semaine sainte. Cette saison, deux actions culturelles sont prévues à Aix en préambule aux concerts. Concert-lecture («Dixit de Carpentras en re-création», le 24 mars à 19h. Temple, rue de la Masse), Conférence illustrée («Charpentier & la Semaine-Sainte», le 26 mars à 18h30. Maison Diocésaine, 7 cours de la Trinité). Puis «Concert Charpentier» (le 1er avril à 20h30. Chapelle des Oblats) et «Motets festifs» (le 6 avril à 15h. Eglise du St-Esprit et le 7 avril à 20h30 à Marseille - Eglise Notre-Dame du Mont). J.F. AIX-MARSEILLE. Du 24 mars au 7 avril www.orphee.org

Contes de grand’mère

Ce sont des contes vietnamiens pour petits et grands composés par TônThât Tiêt, auteur de l’Arbalète magique ancienne et très belle commande au compositeur dans le cadre des 7 contes de Musicatreize, sur des textes de Tam-Quy. Un conte musical pour tout public avec Isabelle Thomas (récitante), Jacques Bonvallet (violon), Jean Horreaux (guitare) et Jean-François Piette (percussion). Gratuité pour les moins de 12 ans. J.F. MARSEILLE. Les 16 et 17 avril à 14h (scolaire) et le 17 avril à 20h (tout public). Salle Musicatreize 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org


«Résurrection»

Cette année le Festival de Pâques porte particulièrement bien son nom puisque, outre la Passion selon Saint Mathieu de Bach donnée le Vendredi saint (3 avril) par le Gabrielli Consort and Pryers, on entendra résonner, au Grand Théâtre de Provence, à Aix, la magistrale et formidable 2e symphonie en ut mineur de Mahler dite «Résurrection», et ce le lundi de Pâques (6 avril). À l’image de la 9e symphonie de Beethoven, un grand chœur intervient au dernier mouvement, partant de l’extrême pianissimo dans le grave, jusqu’au fortissimo et l’aigu libérateur... Immanquable ! Avec le Gustav Mahler Jugendorchester (dir. Jonathan Nott), les Chœurs Régionaux PACA et Vittoria d’Île de France.

Un événement au cœur d’une quinzaine de concerts orchestrés par Renaud Capuçon et son défilé de stars (Martha Argerich, Maxim Vengerov, Tugan Sokhiev, Philippe Jaroussky ou Krystian Zimmermann...). À noter une rencontre à l’Alcazar avec le conférencier Benjamin Lassauzet pour «Mort et transfiguration» La 2e symphonie de Mahler, Claire Devy (mezzo-soprano) et Vérane Girault (piano). Le 25 mars à 15h. Salle de conférence (Entrée libre dans la limite des places disponibles). J.F. AIX. Du 30 mars au 12 avril. GTP, Jeu de Paume 08 2013 2013 www.festivalpaques.com

Gustav Mahler Jugendorchester © Cosimo Filippini

La Flûte Enchantée

Un nouveau spectacle de La Fabrique Opéra Marseille Provence en coproduction avec l’Opéra de Marseille ! L’ultime opéra de Mozart est essentiellement populaire (créé en 1791 pour le théâtre populaire de Vienne sur un livret de son complice et ami Emmanuel Schikaneder). C’est un véritable conte, un voyage initiatique sur le chemin de la Sagesse. Si les vocalises de la Reine de la Nuit résonnent en chacun de nous, la partition est une succession d’airs, de chœurs, de duos et d’ensembles, où la créativité de Mozart prend toute sa dimension. La Fabrique Opéra propose une nouvelle production, une vision nouvelle de l’œuvre, éclairée par les lumières du monde qui est le nôtre. Confiée à Richard Martin, la mise en scène donne force aux personnages et rend fluide

le jeu des acteurs. Pour les grandes représentations au Dôme, les solistes internationaux, tous habitués des scènes européennes, côtoieront l’Orchestre de la Philharmonie Provence Méditerranée dirigé par Jacques Chalmeau. Fidèle à son modèle d’opéra coopératif, La Fabrique Opéra, projet ambitieux, travaille avec des élèves des lycées techniques et centres d’apprentissage de Marseille, qui réalisent les décors, costumes, coiffures et maquillages.... Un spectacle magique ! J.F.

MARSEILLE. Les 17 et 18 avril à 20h30. Le 19 avril à 16h. Dôme 04 91 55 11 10 www.operamarseille.fr 09 72 44 38 89 www.lafluteenchantee2015.fr


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Philippe Bianconi

Le sentiment d’exister Thomas Leleu Sextet Philippe Bianconi © X-D.R

Le pianiste niçois joue le célèbre 1er concerto de Tchaïkovski (en remplacement de son 2e concerto qui devait être originellement interprété par Boris Berezovsky), en compagnie de l’Orchestre Philharmonique de Marseille dirigé par Lawrence Foster qui interprète également des pièces de Copland, une œuvre contemporaine de Marc Neikrug et un must de Gershwin : Un américain à Paris. J.F. MARSEILLE. Le 27 mars à 20h. Silo 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Il tempo Sospeso

Un hommage au compositeur hongrois György Kurtag par Alain Aubin (voix solo et électronique) dans le cadre des «Matins sonnants» (collaboration du Gmem et de l’Opéra de Marseille). On découvre des œuvres de Heinz Hollinger (sur des poèmes de Robert Walser), Luigi Nono et Kurtag. J.F.

«In the mood for tuba» ! Sacré révélation soliste instrumental aux Victoires de la Musique Classique 2012, le jeune prodige invite à découvrir son instrument : le tuba. On ne l’entend plus de la même oreille après un concert de Thomas ! J.F.

Ce concert fait entrer de plain-pied dans la musique du début du XXe siècle avec l’un des chefs-d’œuvre du dernier postromantique Gustav Mahler (Chants d’un compagnon errant), une pièce de Busoni (Berceuse élégiaque) et une partition qui fait entrer la Musique dans la période moderne : Le Pierrot lunaire de Schoenberg. On s’attarde sur le moi, les sentiments, la nostalgie, au gré d’un lyrisme poignant... avec l’ensemble Télémaque (dir. Raoul Lay). J.F.

AIX. Le 23 mars à 20h30. Théâtre du Jeu de Paume 0820 2013 2013 www.lestheatres.net

MARSEILLE. Le 14 avril à 19h30. PIC 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com

La société anonyme…

Stabat mater

Le temps pascal oblige, la soprano Bénédicte Pereira, le contre-ténor Benoît Dumon, accompagnés à l’orgue par Agnès Nurdin chantent le Stabat mater de Pergolesi, chef-d’œuvre baroque traduisant en musique la douleur de la Vierge au pied de la Croix, et des extraits de la Passion selon Matthieu de Bach. J.F. MARSEILLE. Le 22 mars à 17h. Église St Barnabé Le 31 mars à 20h30. Église St Charles (rue Grignan) CASSIS. Le 29 mars à 17h. Église

MARSEILLE. Le 22 mars à 11h. Opéra 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

1918 : les parisiens se réfugient dans des caves pour échapper à la «grosse Bertha». Certaines salles de spectacles sont aménagées en sous-sol pour maintenir des activités de divertissement. On contacte Henri Christiné qui écrit Phi-Phi en quinze jours. Mais au moment où l’œuvre allait voir le jour au fin fond d’une cave, les Bouffes Parisiens connaissent un four qu’il faut retirer de l’affiche. Son directeur pense alors à Phi-Phi qui est créée le 12 novembre 1918... le lendemain de l’armistice. Dans l’euphorie générale, ce fut (et c’est toujours) l’un des plus grands triomphes de l’histoire de l’opérette. Mise en scène et chorégraphie Bernard Pisani. Rencontre avec les artistes et gens de scène à l’Alcazar, le 21 mars à 17h. Salle de conférence (entrée libre dans la limite des places disponibles). J.F. MARSEILLE. Les 28 et 29 mars à 14h30. Théâtre de l’Odéon 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr

Trio d’anches de Hambourg © Martin Zitzlaff

Phi-Phi

De la Grande Guerre

Le Quintette à vent de Marseille et le Trio d’Anches de Hambourg rassemblent dans leur programme des opus contemporains de la guerre de 1914-18. Ils jouent Ravel (Tombeau de Couperin), Schönberg (Quintette op.26), Schulhoff (Divertissement pour trio d’anches), d’Indy (Chanson et Danses op.50), Jules Mouquet (Adagio, Aubade et Scherzo), Bartok (Huit pièces pour enfants). J.F. AIX. Le 23 mars à 20h30. Conservatoire - Auditorium Campra 04 88 71 84 20 www.aixenprovence.fr / saisonConservatoire

Après l’Amour Masqué, l’Orchestre de l’Opéra Grand Avignon propose une nouvelle comédie musicale de Sacha Guitry (musique de Louis Beydts) : «L’histoire d’une cocotte qui est... trop chère... ou trop chérie !». Quatre messieurs de trente, quarante, soixante et quatre-vingts ans se pressent sur le palier d’une cocotte, se mesurent, s’affrontent puis refusent de se battre pour finalement s’associer et s’offrir la demoiselle «au prorata» de leurs moyens et des jours de visite qu’elle consent à répartir. Au programme également : Jean Rivier Ouverture pour une opérette imaginaire, Marcel Lattès Intermezzo extrait d’Arsène Lupin Banquier, Arthur Honegger Suite des aventures du roi Pausol et Louis Beydts Hue. Une soirée dirigée par Samuel Jean, avec une distribution jeune et brillante (Isabelle Druet, Jérôme Billy, Dominique Côté, Thomas Dolié...) en version de concert (mise en espace Christophe Mirambo). À découvrir ! J.F. La société anonyme des messieurs prudents AVIGNON. Le 27 mars à 20h30. Opéra Grand Avignon 04 90 14 26 40 www.orchestre-avignon.com

Les Caprices de Marianne Poursuite de la tournée de la production venue à Marseille en janvier 2015 (voir Zib 82). C’est dans la Cité des papes que l’on (re)découvre l’opéra de Sauguet, d’après la pièce de Musset, dans un décor à la perspective étrange, qui joue, à l’image d’une partition moderne, de la «déformation» et de la «contrainte». À voir ! J.F. AVIGNON. Le 12 avril à 14h30 et le 16 avril à 20h30. Opéra 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr


Aliados © Philippe Stirnweiss

«Sur un livret inédit, Aliados revient sur la rencontre entre Margaret Thatcher et Augusto Pinochet le 26 mars 1999. La sénilité de ces monstres médiatiques donne une note déroutante à leurs échanges. Le cadre très contemporain amplifie le décalage. Voix transformées, gros plans surexposés, cet opéra mixe en temps réel vérité historique et manipulation mensongère.» Un beau plateau de chanteurs mis en scène par Antoine Gindt. Réalisation live Philippe Beziat et direction musicale Leo Warynski. J.F. NÎMES. Le 25 mars 2015 à 19h. Théâtre Bernadette Lafont 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com

Bertrand Chamayou Ber tr

Jules César

Un grand opéra baroque signé Haendel réservant des airs superbes, dont ceux du rôle titre (ici la mezzo Sonia Prina) et de la belle Cléopâtre (Roberta Invernizzi). C’est un spécialiste du genre qui dirige (Rinaldo Alessandrini) cette nouvelle production de l’Opéra de Toulon (mise en scène Frédéric Andrau). J.F.

TOULON. Les 7, 10 avril à 20h, le 12 avril à 14h30. Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Marco Borggreve - E rato

TOULON. Le 8 avril à 20h30. Palais Neptune 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com

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C’est l’un des plus brillants pianistes français de sa génération ! Si Bertand Chamayou arpente amplement les cimes pianistiques de Liszt, il se tourne aussi vers l’intime Schubert (Allegretto en ut mineur, Litanei et Der Müller und der Bach - arrangements Liszt - Wanderer-Fantaisie) et le mystérieux Ravel (Sonatine, Menuet sur le nom de Haydn, Gaspard de la nuit)... J.F.


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Avec le temps

Les Nuits du slam

Popa Chubby, Perez...

L’Espace Julien poursuit sa saison en alternant découvertes et têtes d’affiche. Le 26 mars, l’inventeur du New York City Blues, l’inclassable Popa Chubby présentera son double best of et ses compositions énergiques et attachantes. Le 2 avril, Perez, l’ancien leader du groupe Adam Kesher qui navigue désormais en solitaire, viendra chanter son nouvel EP : Les vacances continuent. Le duo de pop électronique The Pirouettes clôturera la soirée. Et le 10 avril, c’est le rappeur français Kaaris qui distillera son Or noir sur scène.

Dizzylez © ElPibe

Le festival Avec le temps reprend à l’Espace Julien en partenariat avec la ville de Marseille et la Sacem, malgré une situation économique où la fréquentation des lieux culturels est en baisse. Tout commencera à l’Espace Julien le 19 mars avec Arthur H dont la 1re partie sera assurée par Rit accompagné du groupe El Hillal et du Guinéen Oumar Kouyaté. Le 21, Jeanne Cherhal et ses 3 musiciens succèderont à Ottilie [B] et son nouvel album Histoires d’O2. Le 24, place à la country rock-blues et au folk du groupe La maison Tellier (1re partie Les Gens d’en face). Suite à l’annulation du concert de Renan Luce prévu le 25, Joseph D’Anvers prend la relève, toujours avec Armelle Ita en 1re partie, au Café Julien, lieu qui accueillera par ailleurs le rappeur Duval Mc et le groupe Bionic Man Sound (le 20 mars), un spectacle musical jeune public Les contes de Malmousque mis en scène par Catherine Vincent (le 22), et le groupe Maison Rouge (le 23). Sans oublier Fabien Sacco à La Machine à Coudre (le 21), et Drôles de drames à l’Eolienne (le 24).

Pour la première fois, le festival itinérant Les Nuits du slam fait une étape à Marseille. C’est au MuCEM qu’aura lieu la soirée festive, dès 19h30, dans laquelle des slameurs feront rimer les 10 mots choisis pour l’édition 2015 de l’opération Dis-moi dis mots, dans le cadre de la Semaine de la langue française et de la francophonie. Amalgame, bravo, cibler, inuit… rendez-vous dès 19h30 pour découvrir les inventions verbales autour des 6 autres mots-valises, et pourquoi pas participer à la scène ouverte. Un tournoi en entrée libre, animé par l’association SlaMarseille, qu’organise le slameur avignonnais Dizzylez, accompagné musicalement par le duo ArchiPass (Nicolas Chatenoud et Guillaume Saurel).

du 19 au 25 mars Divers lieux, Marseille www.festival-avecletemps.com

le 20 mars MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org

Escal’à Thor #6

Joseph D’Anvers © Elisa Allenbach

C’est La Bande à Koustik qui occupera de sa joyeuse musique occitano-balkanique le hall de l’auditorium Jean Moulin, pour une 6e Escal’àThor entraînante, et dansante ! Entre mélodies balkaniques et polyphonies d’Occitanie, le collectif de musiciens vivants au pied du Mont Ventoux, offre une relecture des différents répertoires et quelques compositions originales. De la Méditerranée à la Mer Noire, un Balkan Baléti pour twister en chœur et faire valser les frontières. le 14 avril à 19h Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr

les 26 mars, 2 et 10 avril Espace Julien, Marseille 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com

Week-end Folk you !

De sa voix qui convoque tout le continent Nord Américain, l’artiste NiLem ouvre, le 10 avril, le premier Week-end Folk you ! de La Mesón, et fera glisser sur les cordes de sa guitare les racines du blues et de l’afro-folk. Puis, en solo, le compositeur éclectique et bidouilleur du trio québécois Who are you, Josué Beaucage, présentera une version intimiste et captivante du répertoire du groupe. Le lendemain, le batteur multi-instrumentiste Gildas Etevenard présentera son solo Lino, rejoint par le pianiste Julien Tamisier pour un duo de musique improvisée. les 10 et 11 avril La Mesón, Marseille 04 91 50 11 61 www.lameson.com

McCalla, Cissoko/Goetze Le Forum poursuit sa programmation de concerts de qualité avec deux rendez-vous immanquables : la jeune violoncelliste et chanteuse américaine Leyla McCalla, qui a quitté New York pour La Nouvelle-Orléans en 2010, mêle ses racines haïtiennes au bayou louisianais de sa voix veloutée, aidée de son instrument qu’elle utilise au gré des chansons comme une guitare, un banjo ou une percussion… À découvrir le 19 mars ! Changement de cap avec Ablaye Cissoko (à la kora) et Volker Goetze (à la trompette), deux musiciens d’exception qui confrontent modernité et tradition, jazz et musique africaine. Un métissage construit au fil des années… le 19 mars et 10 avril Forum de Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com



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Tête Haute

Haïm…

© X-D.R

© Christine Ledroit-Perrin

Perceval

© Caroline Bigret

L’épopée de Perceval a soulevé l’enthousiasme. Chef-d’oeuvre inachevé de Chrétien de Troyes, cette épopée de la Table Ronde inaugure la Quête du Graal qui continue de hanter notre imaginaire collectif. On voit une époque entremêlant la mythologie celtique, du christianisme, ainsi que l’art des Troubadours. La gestuelle de Pascal Fauliot, portée par les images musicales de la roue électroacoustique de Marc Anthony, conte le récit arthurien sous une autre forme sans s’éloigner du texte original.

Un conte d’hier et de toujours, raconté dans une langue poétique. Une Princesse est abandonnée par ses parents Royaux car née avec un poing fermé et un pouce manquant. Un grand livre de contes s’ouvre sous nos yeux et fait surgir sur un écran géant les images qu’il contient. Dans ce monde le rêve se mêle à la réalité Dans son parcours d’apprentissage, l’héroïne apprend à vaincre ses angoisses et ses peurs, «tête haute», au cours d’un voyage initiatique. Le merveilleux de Joël Jouanneau côtoie le quotidien dans la mise en scène de Cyril Teste qui s’aide d’un écran pour nous transmettre les émotions des mots, sons et images.

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© Sofie Silbermann

80 personnages, un décor plus vrai que nature et un dispositif permettant de voir à travers les murs. Le théâtre et le cinéma s’entremêlent. Porte-étendard du renouveau du théâtre flamand, FC Bergman tente de cerner le tragique de la vie. Sur scène, un village entouré d’une forêt. Au centre, un homme occupé à pêcher. Tout semble calme, mais derrière lui, la vie s’éveille. La caméra pénètre dans chaque maisonnée. Retransmises sur grand écran, les intimités dérobées dévoilent la fresque sensible d’une communauté attendant quelque chose d’important. Une histoire d’hommes en proie à leurs propres failles. les 21 et 22 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Haïm à la lumière d’un violon le 31 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

White

du 26 au 28 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Marathon du Merveilleux Les «grands contes» s’invitent à la Criée pour un seul jour en collaboration avec La Baleine qui dit «Vagues». La magie commencera avec de grands classiques comme L’amour des trois oranges, ou encore Les 1001 visages de Blanche-Neige qui revisite l’histoire selon les points de vue. À la croisée des chemins et Enfantines rassembleront des histoires où chants et musiques se mêleront au merveilleux. Sans oublier un atelier pour enfants intitulé Trucs et astuces de sorciers et sorcières. Un jour qui glorifie l’enfance ! le 29 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

© Douglas mc Bride

le 21 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

L’histoire du violoniste Haïm Lipsky traversant l’horreur d’une Europe en proie aux nazis se dévoile sous nos yeux. Sa vie a été reconstituée à la vérité près avec l’aide des témoignages de ses proches. De sa Pologne natale à son installation en Israël, nous voyons le parcours d’un survivant du ghetto de Lodz et du camp d’Auschwitz. Gérald Garutti montre une phase douloureuse de l’Histoire du XXe siècle tout en en rendant hommage à un musicien klezmer devenu le symbole de la force salvatrice face aux jours sombres.

Dans le monde de White, tout est blanc : le paysage, les objets mais aussi les habitants. Sur cet univers veillent deux individus, Cotton and Wrinkle. Tout semble calme et rassurant jusqu’au jour terrible où surgit la couleur. Mais pourquoi donc s’inquiètent-ils à l’arrivée d’un élément étranger à leur univers immaculé ? Doivent-ils le combattre ou tenter de lui faire confiance ? Shona Reppe dévoile un conte d’Andy Manley sur le dépassement de la peur et la découverte de la diversité. du 1er au 4 avril La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com



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Lorenzaccio

Kiss&Cry

© Mirco Casimo Maglioca

Le mois d’avril est le mois du rire au féminin avec le rituel Festi’Femmes et trois spectacles propres à muscler les zygomatiques. Chaque représentation débute par un plateau découverte et des perles inattendues. On pourra applaudir au cours des trois soirées C’était mieux demain ! par le trio toulousain Boudu les cop’s, qui mêle avec espièglerie humour et chansons, puis le nouveau spectacle d’Isabelle Parsy, La Belle-Mère saison 2, enfin Marianne Sergent retrouve le théâtre qui lui est cher avec La semaine de Marianne, qui passe au crible les différentes manifestations de la bêtise humaine… depuis le dictionnaire de Flaubert, la liste n’a cessé de s’allonger. du 9 au 11 avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org

© Maarten Vanden

Lorenzo de Médicis, héros romantique par excellence, n’a de cesse d’essayer de faire triompher son idéal politique, en faisant semblant d’encourager le vice et la corruption d’un pouvoir tyrannique pour mieux l’éliminer de l’intérieur. Gérald Garutti adapte et met en scène le drame romantique, avec Stanislas Roquette dans le rôle-titre. De cette désillusion liée à l’enchevêtrement des intrigues politiques et amoureuses, il traite un sujet plus vaste qui questionne la possibilité d’avoir encore un idéal individuel dans une période de désenchantement collectif, hier comme aujourd’hui.

Noces de sang… Gould Menuhin

Gould a réinventé Bach au piano, faisant entendre sa musique comme personne avant lui. Menuhin au violon l’a transcendée, poussant au bout ce que le romantisme pouvait en dire. Charles Berling a retrouvé les échanges de ces deux interprètes que tout sépare, leurs visions de l’art, leurs façons de vivre. Avec le violoniste Ami Flammer, il retrace en un duo inspiré leurs échanges intimes sur deux vies de musique... du 9 au 11 avril La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Marianne Sergent © X-D.R

du 15 au 18 avril La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

du 2 au 4 avril La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Festi’Femmes

Aux confins de la danse, du théâtre d’objets et du cinéma, le spectacle a été imaginé de concert par la chorégraphe Michèle Anne de Mey et le réalisateur Jaco Van Dormael. Si le plateau se transforme en studio de cinéma, les décors n’ont cependant que la taille d’une maison de poupée, les acteurs ne jouant qu’avec leurs doigts ! Le minutieux ballet est retransmis sur grand écran, de sensuelles «nanodanses» qui racontent l’histoire de Gisèle et de ses amours perdues.

Une soirée d’exception au Toursky, avec la Cie Antonio Gadès et les deux balletsthéâtre que sont Noces de sang et la Suite Flamenca. La beauté de l’œuvre de Federico Garcia Lorca, le poète assassiné à Grenade, rencontre la danse dans une chorégraphie éblouissante et forte comme la terre d’Espagne. On a en tête le film de Carlos Saura, bien sûr, Noces de sang en version de scène est tout aussi bouleversant. Le flamenco de la Suite offre de superbes partitions, loin des clichés, dans des envolées à couper le souffle. Noces de sang et Suite flamenca les 2 et 3 avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org

En attendant Godot

Jean-Pierre Vincent crée au Gymnase l’une des pièces les plus jouées au monde, signée Samuel Beckett. Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, Garçon, des personnages aux chapeaux melons qui «attendent quelque chose» vont se croiser, représentant un «petit monde vivace et increvable». Un théâtre pas si absurde selon le metteur en scène : «Une pièce de théâtre sans précédent, une intuition géniale, une forme révolutionnaire, une fresque désertique […] Dans un monde qui se regarde perdre l’espoir, c’est un éclat de résistance». du 14 au 21 avril Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net


La solitude d’un acteur… Pour le reste on verra

© Johanna Van Mulder

Il est seul dans la foule et dans la vie, craint de perdre son boulot -il est acteur de peep-show. Mais ce n’est pas là le sujet. Il s’agit surtout de vivre ou plutôt de survivre, avec les factures qui s’amoncellent, les portes qui se ferment. L’impossibilité de vivre, même en travaillant, même en acceptant les vexations de petits chefs… La misère et le désarroi qui l’accompagnent deviennent source de frustrations, de haine, de violence… C’est ce mécanisme qui est démonté dans un texte superbement écrit et joué par Paul Van Mulder. La solitude d’un acteur de peepshow avant son entrée en scène le 14 avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org

Made in Friche

De ses grandes scènes jusqu’aux petits recoins cachés, La Friche ouvre ses portes et celles de ses résidents pour un week-end de découvertes artistiques. Expositions gratuites (+ 216, Trankat, Vida Loco…), visites d’ateliers d’artistes (Alfons Alt, Michel Gentil, Yves Jeanmougin), concert-goûters, petits bals, spectacles, performances, ateliers pour enfants, plateaux radio en direct… l’occasion pour les familles de découvrir l’envers du décor, le travail des producteurs et des compagnies résidentes. Entrez voir les artistes ! les 28 et 29 mars La Friche, Marseille 04 95 04 95 95 www.lafriche.org

Pour explorer le thème du souvenir, de la trace et de la mémoire, Mireille Guerre s’entoure de la chorégraphe Raffaella Giordano et du comédien Arnaud Saury, mais aussi de Thomas Fourneau, Suzanne Joubert et Valentina Bechi. Une création produite par les Bernardines dont les premières intuitions de mise en scène sont la rencontre artistique, et une phrase d’André Breton tirée de l’Amour fou : «Aujourd’hui encore je n’attends rien que de ma seule disponibilité, que de cette soif d’errer à la rencontre de tout…». du 7 au 11 avril Les Bernardines, Marseille 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org

+ de danse

Pour cette 3e édition, le Klap «tente la manifestation du souvenir de la chorégraphe allemande Pina Bausch». Au programme, des ateliers (dont celui qu’anime Damiano Ottavio Bigi, ancien danseur de la Cie de Wuppertal), des rencontres (notamment avec des jeunes qui souhaitent faire de la danse leur métier, et qui pourront échanger avec Michel Kelemenis, Paola Cantalupo, Jean-Claude Ciappara, Bernadette Tripier et Priscilla Danton), et des spectacles : la Barbe bleue de Michel Kelemenis, ogresse séductrice qu’accompagnent les fantômes de ses époux assassinés ; La Belle de la Cie La Vouivre (en partenariat avec Le Massalia), variation sur le rêve et le temps à partir du long sommeil de la belle ; lors d’une soirée qui regroupe les écoles Coline à Istres, le Pôle supérieur Paris BoulogneBillancourt, le Pôle supérieur Provence méditerranée et le Conservatoire supérieur de Lyon avec Concerto de K. Gdaniec et M. Cantalupo, Au bord du précipice de M. Ribaud, Palimpseste d’A. Margarito et Jours étranges de D. Bagouet ; deux chorégraphies de Damiano Ottavio Bigi, Ciudadela et SoloS ; le solo de Raphaëlle Delaunay, Debout ! ; et une performance de Kaori Ito, Christian Sébille et Philippe Foch. du 20 au 31 mars Klap, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr


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L’Échange

Rouge

Il se trouve…

du 20 mars au 11 avril Le Lenche, Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

Rétrospective…

La fin du monde paraissant inéluctable à plus ou moins court terme, autant s’y préparer… avec sérénité ! C’est la proposition d’Olivier Thomas et de sa Cie Le bruit des nuages, qui transforment pour l’occasion le Théâtre joliette-Minoterie en éco-musée de la fin de l’homme. Au cours d’une déambulation, les spectateurs suivront sept formes hybrides (performance, vidéo, musique et théâtre) allant de Space Invaders à La Machine pour s’entraîner à manquer d’espace. Rétrospective incomplète d’une disparition définitive du 26 au 28 mars Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr

© Christophe Forey

© Aymeric Rouillard

© Raphël Bianchi

Quatre personnages, dans l’espace d’une journée, vont échanger leurs désirs, leurs rêves et leurs passions. Marthe, une Française, est l’image de la soumission aux lois de la famille, du mariage et de la religion ; Louis, son mari, est un jeune homme épris de liberté qui ne souffre aucune discipline ; Lechy, actrice américaine, est émancipée, de caractère et de mœurs libres ; son mari, Thomas, est un homme d’affaire entreprenant. La Cie l’Egregore, dans une mise en scène d’Ivan Romeuf, révèle un Claudel plein d’humour et de malice.

C’est une bande d’aujourd’hui, une bande d’indignés radicaux, arme au poing, un groupe terroriste qui se radicalise peu à peu et glisse vers la violence la plus extrême, jusqu’à sa chute. Elle a pour nom : Rouge. La metteure en scène Maïanne Barthès, cofondatrice de la Cie United Mégaphone, a passé commande du texte à Emmanuel Darley. Mêlant fiction et témoignages, ils racontent de l’intérieur l’idéologie, l’organisation, l’exaltation, la peur, le doute… sans s’interdire l’humour qui moque les discours et les grands mots, entre autres. du 9 au 11 avril Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr

Sacré printemps !

Les Tunisiens Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou, en lointain écho à Stravinsky et au printemps arabe, signent avec la Cie Chatha leur bouleversante version d’un Sacré printemps ! Une danse enlevée, vacillante, urgente, pleine de sensations qui portent loin l’idée d’une Tunisie en pleine reconstruction, d’où se soulève la sublime voix de la cantatrice Sonia M’Barek. Et l’image inoubliable d’une humanité libérée qui renait au milieu des personnages dessinés de Dominique Simon, en hommage aux fresques éphémères des martyrs de la révolution de Billal Berreni. le 27 mars Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org

Le musicien et compositeur de musique contemporaine Benjamin Dupé a transposé là, par des extraits qu’il fait entrer en collision avec sa propre composition, l’ouvrage de Pascal Quignard La Haine de la musique, curieux objet littéraire entre pensées, méditation et confessions. Avec le comédien Pierre Baux, qui donne corps aux propos de l’auteur, et le violoniste Antoine Maisonhaute, Dupé mêle théâtre et musique pour «faire sonner, faire entendre, toucher au plus intime»… Le spectacle se déroule en appartement. Il se trouve que les oreilles n’ont pas de paupières du 28 au 31 mars Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org

La Poème, grand format Selon les mots de Jeanne Mordoj, artiste de cirque, contorsionniste, ventriloque et acrobate, le spectacle est «un hommage au monde sauvage et archaïque, une rêverie sur la beauté et la liberté du féminin dans ses états de transformation». À plus de 40 ans, elle donne à voir le corps à l’œuvre, la puissance du vivant au travers de ce corps de femme «qui peut faire du beau avec du monstrueux», au travers d’un conte qui mène «la femme contemporaine en quête de sa parole». du 9 au 11 avril Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org


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The great disaster

Noun

La compagnie bretonne Athénor Théâtre s’inspire de la mythologie égyptienne dans cette création où se mêlent danse, chant et percussions. S’adressant aux plus jeunes enfants, dès un an, trois artistes harmonisent leurs modes d’expression pour conter une légende de l’origine du monde. De Noun, l’océan primordial, naîtra Ré, Dieu du Soleil, engendrant la vie sur terre. Aurélie Maisonneuve, la chanteuse, Kazumi Fuchigami, la danseuse et Philippe Foch, le percussionniste, signent l’interprétation, dirigés par Brigitte Lallier-Maisonneuve.

Le désastre en question est celui du Titanic, bateau sur lequel s’est glissé Giovanni Pastore, passager clandestin qui sera chargé de nettoyer les 3177 cuillères à desserts destinées aux passagers de première classe, ce qu’il raconte avec humour et tendresse… Le texte est celui de Patrick Kermann (éditions Lansman), la mise en scène de Sylvie Osman, Cie Arketal, qui a animé un atelier de pratique de la marionnette au sein de l’ERAC (Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes) avec les élèves de l’Ensemble 22. Avec trois acteurs qui manipulent des marionnettes inspirées de la tradition japonaise Bunraku.

le 1er avril Théâtre de Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 www.vitrolles13.fr

du 2 au 4 avril Le Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

Edith Amsellem déplace le célèbre roman de Laclos sur un terrain de sport, révélant ainsi combien les échanges entre les couples ressemblent à des affrontements, des matchs dont le but est de vaincre celui que l’on séduit. Les lettres prennent vie, simplifiées, mais on entend d’autant mieux la langue, et la rudesse des rapports humains, pour cette noblesse libertine qui se détruit à force de vouloir dominer... Les comédiens de la Cie En rang d’oignons sont formidables, et le roman parle ainsi aux plus jeunes. Les liaisons dangereuses sur terrain multisports le 20 mars Gymnase Maurice Piot, Vitrolles 04 42 02 46 50 www.vitrolles13.fr

Les Misérables

Réveillons le printemps

Spécialisé dans l’art du masque, le Théâtre du Kronope signe une adaptation de l’œuvre de Victor Hugo. Sous l’apparence bouffonne et baroque de la Commedia dell’Arte, les comédiens usent de leurs accessoires pour «souligner le tragique du propos». Les six interprètes se font tour à tour acrobates ou danseurs et se répartissent une cinquantaine de rôles. Guy Simon, à la mise en scène, Martine Baudry et Lucile Molinier à la création des masques, offrent-là une version savoureuse et déroutante de ce classique universel. © Eric Sneed

Après tout, pourquoi faire un réveillon seulement une fois l’an ? L’équipe du Théâtre NoNo, maîtresse en art de la fête, propose donc une Saint-Sylvestre au printemps ! Une pléiade de camarades, experts en ambiance déjantée, sera de la partie : huit musiciens, autant de comédiens, pour une soirée qui s’annonce délurée et délirante. Au programme de ce show de «haute voltige et de haut voltage», «une joute virile de Dalidas bien carrossées», entre autres réjouissances du même acabit. Accrochez-vous, et bon printemps ! les 27 et 28 mars Théâtre NoNo, Marseille 04 91 75 64 59 www.theatre-nono.com

Les liaisons...

le 10 avril Salle Guy Obino, Vitrolles 04 42 02 46 50 www.vitrolles13.fr


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Sous un ciel…

Emprise

Your ghost…

© X-D.R

© Laurent Thurin-Nal

© Linda Lemaire

Depuis 4 ans, Wilma Levy travaille et retravaille ce texte de Daniel Danis, qui dit avec des mots simples la rencontre de deux enfants, Palestinien et Israélienne. L’une gaspille l’eau, l’autre pour qui elle est un bien précieux se révolte. Mais ils apprendront à se connaître, grâce à un oiseau vertical qui transcendera leurs différences... Un beau moyen, pour les enfants, d’appréhender le conflit IsraéloPalestinien, de voir que les enfants sont les mêmes et la paix toujours désirable.

Une soirée placée sous le signe des mystères de l’esprit et des secrets du mentalisme… La scène du Comoedia, sous la houlette de l’incroyable observateur et manipulateur Viktor Vincent, reflètera l’ambiance impressionnante des séances d’occultisme des années 1900. En trois actes et près de deux heures qui impliquent largement la participation du public, attendez-vous à dépasser vos propres limites de l’entendement…

Sous un ciel de chamaille les 15 et 16 avril Théâtre de Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 www.vitrolles13.fr

le 27 mars Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

Mon géant

One + One

le 25 mars Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

© Luc Jennepin

© Jean-Claude Sanchez

Pour la chorégraphe Christine Fricker, et sa compagnie Itinerrances, les corps sont avant tout un support. Support pour interroger ce qui nous unit et ce qui nous distingue. Pour créer des liens, faire dialoguer les générations, et ouvrir un espace de «puissance poétique». Dans One + One, de jeunes danseurs professionnels se mêlent à des amateurs, plus âgés, tous portant leur propre expérience. La rencontre de ces différences défie les standards ambiants et expose, loin de tout jugement, le corps en tant que richesse singulière de chacun.

Une pièce tout public à partir de 7 ans, sensible et pleine de justesse, qui aborde avec délicatesse la relation adulteenfant à travers la notion de corps et de sa renaissance. Les comédiennes Aurélie Namur et Félicie Artaud, et un géant de chiffon génialement expressif, réussissent à redonner du sens à une existence parfois tragique, sans évacuer les questions essentielles autour de la maladie d’un enfant. Gracieux et émouvant. le 3 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

«Ce poème se tient comme un animal. Son histoire monte, se transvase depuis le corps… hanté». La compagnie Kubilaï Khan Investigations, sous la houlette de Franck Micheletti, présente au Comoedia une pièce habitée par l’excès et l’énergie périlleuse, pour deux danseurs (Idio Chichava et Sara Tan). Your ghost is not enough le 10 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

Dreck et Calek

Charles Berling met en œuvre deux textes qui disent de l’intérieur comment se vit le rejet raciste : Dreck, interprété par un Alain Fromager exceptionnel, monologue d’un Irakien immigré en Allemagne, SDF, perdu, se dénigrant luimême comme si être digne n’était plus possible ; et Calek, qu’il interprètera luimême, d’après le témoignage de Calek Perechodnik, Juif Polonais qui témoigne de la Shoah en 1943. Deux textes forts, essentiels à découvrir et à relier aujourd’hui. Dreck les 19 et 20 mars Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr le 27 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com Calek le 20 mars Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr le 21 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr


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Vache sans herbe

Oncle Vania

Time and space

le 24 mars à 14h Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr

Le vieux professeur Sérébriakov a épousé en secondes noces la toute jeune Elena (émouvante Romane Bohringer) qui ne l’aime plus mais par convention reste avec lui. Le couple rend visite au domaine Campagnard de la famille de la première épouse de Sérébriakov. Oncle Vania s’est sacrifié au domaine, de même que Sonia… Amours secrètes, paresse, conventions, solitude, travail, jalousie, vodka, désespoirs, compassion, dérision se conjuguent dans cette œuvre magistrale de Tchékhov, qui met si bien en évidence les faiblesses humaines. Pierre Pradinas met en scène dans la belle traduction d’Elsa Triolet. du 19 au 21 mars Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Pantagruel

du 25 au 28 mars Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net le 7 avril L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr le 10 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

L’homme au crâne rasé

Le danseur et chorégraphe Panaibra Gabriel Canda conte en une série de solos pluriels l’histoire mouvementée du Mozambique, accompagné par son guitariste Jorge Domingos. Interrogation sur l’identité, prise entre passé colonial, période communiste, guerre civile… Danses tribales, martiales, contemporaines se mêlent en un savant métissage comme la musique née dans les années 50, la Marrabenta. Time and Space : The Marrabenta Solos nous transporte dans une écriture stylisée où la danse devient le vecteur de la liberté. les 26 et 27 mars Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org

Henriette & Matisse © X-D.R

Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du Grand Géant Gargantua d’Alcofribas Nasier (pseudonyme et anagramme de François Rabelais pour cette œuvre), paraît en 1532 et inaugure une longue lignée d’ouvrages. Le géant Pantagruel représente les découvertes de la Renaissance qui s’opposent à l’obscurantisme du MoyenÂge. Ses aventures «hénaurmes» sont mises en scène avec la verve éclairée de Benjamin Lazar et interprétées avec une folle et irrésistible gourmandise par Olivier Martin-Salvan. Truculence libératoire du verbe pour décliner un humanisme inventif d’une éclatante modernité. Spectacle présenté par les ATP d’Aix.

© Panaibra Gabriel Canda

© Marion Stalens

© X-D.R

Si le sujet est grave, la magie du verbe de Sabine Tamisier, la délicatesse du jeu de la Compagnie Senna’ga, la mise en scène limpide et inventive d’Agnès Régolo, nous emportent dans une folie poétique et sensible. La perte, l’oubli, la mort, se conjurent par l’art, dans une refondation bouleversante. L’expérience individuelle touche à l’universel. Un très beau spectacle accessible dès 10 ans.

S’inspirant librement du roman de Johan Daisne (un fleuron de la littérature flamande), la Compagnie de KOE nous conduit dans une joute sentimentale où les mots permettent de tout vivre et revivre. Un auteur d’âge mûr et une jeune comédienne, anciens amants, se retrouvent, font le point sur leurs parcours respectifs, s’évitent même si encore entre eux existe quelque chose. Un tournoi de haute volée. les 9 et 10 avril Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr

C’est une pièce mutine et fraiche, colorée, plastique, que Michel Kelemenis propose aux enfants. Le peintre et sa muse prennent vie et forme, dans des citations picturales directes, un mouvement qui met ses pas dans les figures de Matisse, dessine des lignes et pose des aplats de couleur, grâce à des costumes et un dispositif scénique réjouissants. du 8 au 11 avril Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org le 3 mai Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr


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Magifique

Autopsie

Childs et La Ribot

Pour cette courte pièce, Geoffrey Coppini joue sur ses deux métiers, celui de metteur en scène et celui de coiffeur de plateau. L’objet du travail : «Faire apparaître l’humain derrière le monstre et inversement.» L’acteur disparaît pour laisser la place à des personnages multiples. Sur scène un piano, une table, celle de l’autopsie, un moment d’humour, de déraison où Irina Solano en apesanteur décline les rôles, le sien… Un petit bijou jubilatoire.

les 24 et 25 mars Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net

le 8 avril Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com

Ils sont vingt-quatre danseurs issus de la plus vieille compagnie de Portland aux USA. Le spectacle proposé est un véritable show à l’américaine, conjuguant claquettes, danse africaine, classique, jazz… Comme leur prestation ne le laisse pas deviner, ces danseurs sont amateurs ! Les deux soirées organisées par le Rotary Aix-en-Provence Connection sont au profit de l’association Nucléus qui promeut et développe les pratiques artistiques en direction de l’enfance et la jeunesse handicapée. Une belle occasion de lier culture et bonne action !

CommunExtase

les 22 et 28 mars Le Théâtre d’Aix 04 42 33 04 18 www.letheatredaix.fr

Lucinda Childs et La Ribot au programme de Marseille Objectif DansE ! Au cœur de ce projet commun de reprise, deux œuvres emblématiques de ces deux artistes, respectivement Carnation (1964), dansée par Ruth Childs, et Mas distinguidas (1997), avec une volonté de transmission auprès d’une nouvelle génération de danseuses de créations qui ont marqué l’histoire de la danse. Dans ces deux œuvres, les objets du quotidien sont détournés de leur fonction première pour être mis au service d’attitudes et de mouvements, loin des conventions habituelles de la danse. Elles se rejoignent toutes deux «dans le traitement plastique et la nature quasi picturale de la composition chorégraphique : les deux artistes pensent le geste et la narration en blocs de couleurs et se font écho, à trente ans de distance, dans une troublante symétrie […]». les 27 et 28 mars La Friche, Marseille 04 95 04 96 42 www.marseille-objectif-danse.org

© Alain Trompette

Jefferson Dancers

© Nyima Leray

© Elise Tamisier

© Olivier Houeix

Non, il n’y a pas de faute de frappe, il s’agit bien du titre, Magifique, chorégraphie de Thierry Malandain, créée à San Sebastian en 2009. Comme un beau livre d’images, on retrouve l’évocation des grands ballets de Tchaïkovski et Marius Petipa : Casse-Noisette, Le Lac des Cygnes ou La Belle au bois dormant. Il y a les fées, les princes, les êtres maléfiques, les princesses… mais avec un humour fou auquel se prête avec talent la troupe du Ballet de Biarritz. Le miroir et la barre deviennent des éléments de scénographie, les danseurs jouent avec les thèmes, et l’émerveillement reste, c’est «mag(n)ifique» !

© Blaine Covert Photography

La Zouze-Compagnie Christophe Haleb est au 3bisF en résidence de recherche et présente une étape de travail. Le mode intuitif est le guide des quatre protagonistes de cette forme dansée, cherchant dans la figure de l’extase l’abandon du corps et sa vulnérabilité. Ironie soulignée de la quête de la jouissance alors que la fin du monde se prépare… Fête farcesque et funèbre à la fois dans une esthétique baroque et fantastique… le 3 avril 3bisF, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 www.3bisf.com

1, 2, 3… Couleurs

Le soleil rouge de Joan Miró, la pomme de René Magritte, le Cri de Munch, les peintures «enfantines» de Picasso, la nuit étoilée de Van Gogh… L’Art Moderne est à la portée des enfants dans ce poétique spectacle de marionnettes de la compagnie Croqueti qui conduit, avec humour et inspiration, le rêve coloré du petit Tom. les 9 et 10 avril Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr


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le 25 mars Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com

Ouasmok ?

Léa et Pierre, deux jeunes collégiens qui se rencontrent un soir d’automne, vont vivre en 3 jours une vie en accéléré : la rencontre, la passion, le mariage, les projets, la naissance des enfants puis les disputes et la séparation… Tout va vite, très vite, pour ces enfants qui vont faire l’apprentissage des concessions, de l’égoïsme de l’autre et de ses différences. Anne-Sophie Pauchet, Cie Akté, met en scène le texte drôle et ludique de Sylvain Levey. le 24 mars Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net

Jonathan Capdevielle ouvre un nouveau chapitre du récit autobiographique, convoque le «Roman familial» vécu au début des années 90 en revisitant les lieux, les personnages et les situations qui composent et révèlent «la théâtralité de cette joyeuse bande d’adultes et d’enfants qui se laissent aller à leur instinct sans de soucier trop du lendemain […]». Il incarne son propre récit et celui de sa sœur, «deux voix, deux narrations, deux témoignages sur une même histoire».

La Cie québécoise Les Petites cellules chaudes propose un théâtre-réalité pour le moins intrigant qui invite à réfléchir à l’utilisation des médias et des réseaux sociaux, et sur la limite entre public et privé. Sur scène, quinze comédiens, devant des ordinateurs portables dont les écrans sont retransmis sur des écrans visibles des spectateurs, échangent entre eux, avant d’intégrer la participation d’inconnus… Le hasard entre alors en ligne de compte, et avec lui le danger de l’exposition publique…

le 27 mars Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net

Lucrèce Borgia

Elle est l’incarnation même de l’empoisonneuse, figure historique de la monstruosité, de l’adultère et de l’inceste dans l’inconscient collectif, fascinante et repoussante à la fois. Dans le monde masculin et violent qui l’entoure, elle est une femme seule, qui se détruira d’ellemême à cause de l’amour destructeur qu’elle porte à Gennaro, son fils, lui qui ne sait rien de sa mère, mais dont il garde précieusement les lettres qu’elle lui envoie régulièrement. David Bobee met en scène la tragédie hugolienne, avec Béatrice Dalle. les 31 mars et 1er avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net les 4 et 5 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com du 8 au 11 avril CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

le 10 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net

Semianyki express

© X-D.R

© Julien Lemore

Roman, film, conte, légende, feuilleton littéraire haletant, Le Porteur d’histoire incarne tout cela en même temps. Molières 2014 du metteur en scène et de l’auteur francophone vivant pour Alexis Michalik, le spectacle emporte le public dans un voyage vertigineux à travers les siècles, l’Histoire et les continents. Le tout avec cinq comédiens, quelques costumes… et des spectateurs : bluffant !

Ishow

© Jérémie Battaglia

Saga

© Jonathan Capdevielle

Le Porteur d’histoire

Les clowns russes du Teatr Semianyki reviennent, toujours aussi loufoques et déjantés ! Après la famille, c’est au voyage sous toutes ses formes qu’ils s’attaquent, et plus particulièrement aux rencontres parfois étonnantes que l’on peut faire sur les quais de gare ou dans les trains. Sans jamais recourir à la parole, les artistes enchaînent les gags et les situations désopilantes, avec absurdité et poésie. le 24 mars Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr


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Déshabillez-mots

Léonore Chaix et Flor Lurienne ont adapté pour la scène leurs chroniques gourmandes qui firent le bonheur des auditeurs de France Inter les week-end d’été de 2008 à 2010. Un spectacle qui met le dictionnaire sens dessus dessous, dans lequel les deux comédiennes en campant la jalousie, la paresse ou la majuscule, continuent de déshabiller les mots et les idées reçues sur le langage. Jubilatoire. © X-D.R

le 27 mars Espace Gérard Philipe, Port-St-Louis 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr

le 28 mars Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr le 25 mars Espace 233, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

L’Avare

Quel trésor renferme la cassette d’Harpagon ? Depuis le temps qu’il accumule, retient, épargne, amasse, au-delà de la raison, il attise la convoitise des plus jeunes. Pour déjouer leur plan, Harpagon deviendra tour à tour rusé, féroce, un bouffon paranoïaque manipulateur et manipulé qui n’en deviendra pas pour autant antipathique, loin s’en faut ! Jacques Weber incarne cet homme triste passé à côté de son existence, dans la mise en scène de Jean-Louis Martinelli.

Adaptant au théâtre Le Merveilleux voyage de Nils Hölgersson à travers la suède, le bestseller de Selma Lagerlöf, Gilberte Tsaï en conserve tout l’univers merveilleux, grâce notamment à des projections vidéo et à des marionnettes manipulées à vue par les comédiens. Nils, métamorphosé en lutin pour avoir persécuté les animaux de la ferme de ses parents, s’envole ainsi à dos d’oies pour traverser la Suède jusqu’en Laponie. Il passera de l’état de vaurien à celui de héros après avoir traversé beaucoup d’épreuves…

© X-D.R

C’est en s’inspirant librement du conte d’Andersen Le Vilain petit canard que la Cie Succursale 101 aborde dans son spectacle la naissance, les premiers pas, les premiers regards, les premières transformations du corps, de la pensée… Angélique Friant mêle dans sa mise en scène la danse, la marionnette et la vidéo pour créer un univers très graphique et transformer la scène en un livre d’images animées.

S’Envoler

© Pascal Gely

Couac

Rumba sur la lune

Que ne ferait-elle pas, cette petite souris gourmande qui a pour nom Rumba et qui ne pense qu’à manger du fromage, faire des découvertes et affirmer sa liberté ! Ainsi, c’est tout naturellement qu’elle a envie de décrocher la lune qu’elle aperçoit le soir lorsque ses yeux se ferment… La Cie Marizibill nous plonge avec elle dans ce songe musical qui convoque les marionnettes pour faire se croiser tous les personnages transformés, mélangés et passés à la moulinette du rêve qu’elle croisera ! le 10 avril Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr

le 14 avril Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr

le 15 avril Espace 233, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

les 17 et 18 avril Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org

le 17 avril Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr

le 31 mars L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

Atomos

Dans l’univers foisonnant de Wayne McGregor, outre ses nombreuses chorégraphies pour les plus grandes compagnies du monde, ses installations pour de prestigieuses galeries et son travail pour le milieu de la mode, il y aussi sa fascination pour les sciences, les machines et la mécanique. Sa dernière pièce en atteste, qui interroge la nature du corps et le mouvement en prenant comme référence l’atome. Et en intégrant, grâce à un nouveau logiciel, une sorte de danseur grandeur nature doté d’intelligence artificielle qui interagit avec les danseurs sur scène, dans une harmonie et une beauté plastique fascinante. le 27 mars L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr


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Dumy Moyi

© Roy Peters

François Chaignaud envisage sa dernière création comme un antidote aux rituels du théâtre occidental, à savoir dans sa frontalité, sa périodicité et son rapport de force. Il n’y aura donc ni gradins ni scène, mais une proximité qui permettra de «jouir de la délicatesse et de la démesure -un peu à la manière des rituels de theyyam dans le Malabar, pendant lesquels les superbes costumes monumentaux des danseurs devenus dieux les distinguent et en même temps les rapprochent de celles et ceux venus les voir et les solliciter». Pour suivre un récital polyglotte sur des airs d’envoutements ukrainiens, philippins ou séphardiques.

Akram Khan a repris en 2014 sa première œuvre de groupe créée en 2002, œuvre majeure dans le parcours du chorégraphe britannique originaire du Bengladesh. Avec cette nouvelle distribution pour cinq danseurs, le chorégraphe confronte son expérience du kathak (danse traditionnelle indienne) avec la danse contemporaine, pour aborder différentes interprétations de l’origine du monde dont Shiva, dieu de la genèse, de la destruction et du renouveau, est la figure centrale. Entre physicalité acérée et précision du geste, l’ivresse est extatique.

les 21 et 22 mars Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Ula Sickle, chorégraphe et danseuse bruxelloise d’adoption, travaille régulièrement, depuis 2008, dans cette mégapole d’Afrique centrale, où la danse contemporaine populaire se réinvente chaque soir dans les salles de concert et les boîtes de nuit. C’est ce hip hop d’influences multiples qui offre une fascinante réflexion sur les croisements qui s’opèrent entre ici et là-bas, que mixe la plasticienne et DJ israélo-allemande Daniela Bershan et qui colore d’une énergie jubilatoire les corps des danseurs congolais Jeannot Kumbonyeki, Joel Makabi Tenda et Popaul Amisi.

De son histoire familiale marquée par l’exil et sur le destin de sa famille juive-polonaise, Annie Zadek fait œuvre. Par le biais de 524 questions qu’enfant, par pudeur ou insouciance, l’auteure n’a jamais posées à ses parents aujourd’hui disparus. Une urgence devenue nécessaire, qu’Hubert Colas met en scène avec Bénédicte Le Lamer et Thierry Raynaud, deux formidables comédiens qui se font l’écho de la pensée intime d’un temps suspendu qui touche chacun dans sa propre mémoire. le 27 mars Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com du 21 au 25 avril Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr

© Odile Bernard Schröder

le 10 avril L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

Nécessaire et urgent

Kinshasa Electric

© Bart Grietens

Kaash

le 10 avril Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Naufrage

Dans ce nouveau projet de la Cie Kumulus, qui présente-là une sortie de chantier en partenariat avec Lieux Publics, le tableau de Géricault, Le Radeau de la méduse, est une métaphore de «l’échouage de notre bateau «démocrapitaliste»». Son metteur en scène, Barthélemy Bompard, imagine un monde boursouflé par ses excès, «un spectacle grotesque, déraisonnable, excessif, drôle et poétique, où Dieu nous regarde et se fout de nous. Un monde à la Fellini». Dans un vaisseau sans quille ni amarre, au centre duquel trône une antenne de télécommunication… le 23 mars Le Citron jaune, Port-Saint-Louis 04 42 48 40 04 www.lecitronjaune.com

L’enfant sauvage

Capturé dans une forêt par des chasseurs, un enfant, sauvage, y a survécu seul pendant 12 ans. Comment va-t-il réussir à retrouver le langage et le goût des autres ? Une éducation particulière que le docteur Villeneuve et sa bonne vont devoir entreprendre avec précaution... Mis en scène par Marie Provence, sur un texte de Bruno Castan, Flavio Franciulli dans le rôle de Victor de l’Aveyron, est bluffant. Un hymne à la tolérance de la Cie 7e Ciel, à voir dès 10 ans. le 9 avril L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 www.mairie-saintremydeprovence.fr


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Festival Festo Pitcho

Si Gérard Gelas reporte en juillet sa création Un cadeau hors du temps prévue initialement cette fin du mois de mars, pour cause de baisse de subvention municipale, la suite du programme du Chêne Noir est heureusement maintenue ! Ainsi la conférence sous le Chêne De l’Eros à l’Agapè, ou comment décliner le verbe aimer de Sumer à St Augustin…, par Pierrette Nouet, promet un voyage passionnant autour du mot «amour» et de la sexualité sans tabous depuis le monde antique. Un thème très actuel !

Coloriage © Emmanuelle Bézières

Le «temps fort de spectacles vivants pour publics jeunes», coordonné par l’Éveil Artistique des Jeunes Publics et réunissant un collectif d’une vingtaine de structures culturelles ou éducatives, revient pour la 9e édition dans 10 communes du Vaucluse, dont Avignon reste la pièce maîtresse. Quinze jours dédiés à tous les enfants, où toutes les esthétiques sont représentées : théâtre, marionnettes, danse, conte, poésie, musique. Les plus jeunes, dès 2 ans, pourront se faire gentiment peur avec Qui a dit Grand Méchant Loup à L’Isle 80 ou admirer le parcours dansé et ludique du Groupe Noces dans Du sirop dans l’eau à Caumont ; s’amuser avec Le Concert de Méli Mômes à l’Akwaba (Chateauneuf) ou avec le théâtre d’objets sonores de l’ARFI à l’AJMI. Chacun pourra aussi admirer les images dansées du Coloriage grandeur nature proposé au théâtre Golovine, un Peter Pan inventif au Chien qui Fume et un poétique Prince Heureux en marionnette et musique au théâtre des Doms. À partir de 5 ans, à l’Alpilium (St Rémy), le conte musical Djamil le crocodile qui perdit ses dents traitera de la différence, et à la Maison Jean Vilar Monsieur Zissbideldip présentera un personnage loufoque qui fait réfléchir… Pour les plus de 7 ans, Le K d’après Buzzati sera donné à la MPT Monclar, la Fabrik Théâtre accueillera Cueilleurs de Contes

De l’Eros à l’Agapè

d’Al Andalus, l’Auditorium du Thor Philippe Genty avec La pelle du large d’après Homère et La Garance de Cavaillon, le sensible À la renverse du théâtre du Rivage. Attention, les réservations se font dans chaque lieu de spectacle. Mais avant cela, tout débutera le 11 avril avec la traditionnelle parade d’ouverture, ouverte à tous, dans les rues d’Avignon sur le thème À rayures et à roulettes.

36e dessous & Mary... © Virginie Meigné

le 12 avril Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr

Le 18e Festival Escales Voyageuses (ex Globe-trotters) s’installe à nouveau dans la cité des papes, partageant ses films de voyages et d’aventure dans les théâtres La Luna, Benoît XII et au Chien qui Fume. Dans ce dernier, outre des films récits plus passionnants les uns que les autres, seront présentés le spectacle 2 bras, 2 jambes, une épopée pédestre fort instructive de l’Ardèche au Japon (le 20 mars à 20h30), et la conférence Un hôpital au Sahara pour les Touaregs par Sœur Anne Marie Salomon (le 21).

du 11 au 26 avril Avignon et agglo 04 90 85 59 55 www.festopitcho.com

Pierre Richard © Anne Gayan

Troisième opus de l’éternel «grand blond avec une chaussure noire», qui se raconte depuis près de 10 ans dans des solos autobiographiques. Entre pure fantaisie et vérité avouée, rires et émotions, le comédien Pierre Richard, faux maladroit et pitre au cœur tendre, livre dans un seul-en-scène touchant sa vie d’artiste et ses regrets d’homme. Mille aventures qui prennent leur source dans des extraits de films projetés, rejoués, commentés… et détournés.

Escales voyageuses

Un diptyque de la comédienne marionnettiste britannique Colette Garrigan, qui s’inspire de sa vie Outre-Manche et de l’ère Thatcher et œuvre avec sa compagnie Akselere à un théâtre social et politique. Dans 36e dessous, Kathleen se réfugie sous le table après un tremblement de terre. Coincée-là, elle attend et revisite ses fragments de vie éparpillés dans les décombres. Changement de point de vue avec le deuxième volet, Mary Brown, sa voisine et ancienne amie qui ouvrira la voie de la réconciliation. En partenariat avec La Garance de Cavaillon. 36e dessous et Mary Brown les 2 et 3 avril Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com

© Corentin de Chatelperron

Pierre Richard III

le 2 avril Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr

du 20 au 22 mars Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 www.chienquifume.com www.asso.adm.fr


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Le dernier paysan

Un obus dans le cœur

Sans jambes

© ifou pour lepolemedia

© Cie A prendre et à voler

© Emmanuel Brucvin

Magnifique comédien qui trouve ici un rôle en or, Grégori Baquet (Molière 2014 de la Révélation Masculine) se glisse dans les mots et l’univers de Wajdi Mouawad, mis en scène par Catherine Cohen. Entre rage et douceur, il incarne Wahab et nous fait vivre avec vérité et intensité, du Québec au Liban, le chemin douloureux de ce fils meurtri qui court au chevet de sa mère agonisante. Une vraie révélation !

Gérard Vantaggioli met en scène Bernard Sorbier, auteur comédien qui poursuit son chemin théâtral inspiré par ses racines. Autour de l’histoire d’un homme qui revient dans son village natal, après 20 ans de voyage, et constate la douloureuse disparition paysanne, il raconte ce voyageur immobile, contemplatif, qui nous entraine avec mélancolie, poésie et humour, dans son paradis perdu.

Une création de la compagnie À prendre ou à voler, menée par Fanny Dumont autour d’un théâtre d’ombres chinoises, de trapèze fixe et de manipulation d’objets. L’histoire intime de l’envol d’une jeune fille devenant femme est présentée en avant-première au théâtre des Doms. À n’en pas douter, une expérience forte à vivre pour le spectateur (en entrée libre sur réservation), et une promesse autant poétique que chaotique.

les 20 et 21 avril Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org

Les trois singes

le 25 mars Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 www.lesdoms.be

Sleeping beauty

© Philippe Moulin

les 3 et 4 avril Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 www.chienquifume.com

Hommage à Léo Ferré créé par Monique Gontier avec l’artiste Jozef qui signe également les arrangements et annonce sa performance en ces termes : «… J’avais la quarantaine quand je suis sorti de cet état de haines, de violences, de larmes, sans amour, mais ayant brisé les rétroviseurs de ma mémoire… je sais que je n’ai pas fini, et que je ne retournerai plus là-bas… J’étais tel qu’ils m’ont fait, et suis devenu tel qu’il m’a défait». le 28 mars Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 www.chienquifume.com

Proposée au jeune public dès 5 ans, la pièce de la compagnie Par-Allèles traite d’un sujet peu commun pour cet âge : lorsque les sens de l’être humain, qui lui permettent d’ouvrir son esprit sur le monde, ne sont plus contrôlés, le voilà poussé au vice et au superflu… Une vraie jungle urbaine et une ambiguïté dont traite la pièce en mêlant trois danseurs et trois arts urbains : hip hop, capoeira et acrobatie.

© X-D.R

Je suis un léochien

le 7 avril Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 www.theatre-golovine.com

Proposé en coréalisation avec La Garance de Cavaillon, le théâtre d’ombre et d’objets de Colette Garrigan pose ses valises au Vélo Théâtre. La Britannique, formée à l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières, a le don pour retracer, à partir de son Angleterre natale et des années Thatcher, des fables sociales jubilatoires. En adaptant à sa manière et de façon très actuelle La Belle au bois dormant, l’actrice invente un conte décapant mêlant humour et poésie. le 1er avril Vélo Théâtre, Apt 04 90 04 85 25 www.velotheatre.com


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Histoires de vin

Dans le cadre du projet Curieux de nature initié par la scène nationale, commande est passée à des artistes pour la création de spectacles dans l’espace naturel du territoire des Hautes-Alpes. Avant Benjamin Dupé et Kurt Demey en mai, Nicolas Bonneau s’est immergé dans le domaine viticole de Yann de Agostini, à Gap. Il présentera une conférence citoyenne au Domaine du Petit Août à Théüs, après avoir partagé le quotidien du viticulteur.

© Klara Puski

Première création de la danseuse-chanteuse Dorothée Munyaneza, que l’on a pu voir notamment dans Polices ! de Rachid Ouramdane, Samedi Détente évoque avec pudeur et force l’histoire de son Rwanda natal. Une pièce qui convoque au plateau trois interprètes pour raconter l’indicible, 20 ans après la tragédie. Trois mois de 1994 qui ont ensanglanté le pays «aux mille collines», l’exode, la marche, la faim, les morts, l’abandon des pays voisins. Un témoignage dur mais sans pathos, vibrant et vivant !

le 4 avril La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Une pièce d’Hervé Koubi unanimement encensée. Inspiré par le roman de Yasmina Khadra, le chorégraphe écrit ici son autobiographie dansée. Il frotte à la danse contemporaine douze interprètes époustouflants de virtuosité, qui entrecroisent hip hop et capoeria. Onze danseurs algériens et un burkinabé qui allient force et sensualité, et mêlent à leurs corps athlétiques un cri d’amour pour la culture orientale. Une pièce hypnotique qui est une véritable ode à la spiritualité et au désir. Ce que le jour doit à la nuit le 20 mars Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

© Virginie Meigne

L’auteur comédien Nicolas Bonneau, accompagné des musiciens Mikael Plunian et Fannytastic, relate le légendaire «combat du siècle» de Mohamed Ali, icône de la cause noire, contre le redoutable «nègre blanc» George Foreman. Un ciné-récit-concert où les images d’archive s’intercalent avec la parole percutante, précise, qui raconte et frappe. Un témoignage sportif mais surtout politique, et le portrait d’une Amérique où le peuple noir prendrait sa revanche... du 1er au 3 avril La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

© Nathalie Sternalski

le 10 avril Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

du 21 au 25 mars La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Ce que le jour…

du 7 au 9 avril La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

«Nous guidons les spectateurs dans un univers incongru où ils sont alors libres de projeter leur fantaisie : […] Ici, nous jouons à nous faire peur et à vous faire peur.» Ils sont six circassiens de haute volée, sont propulsés à plus de huit mètres en l’air (et par terre), font passer le spectateur du rire aux sueurs froides, et considèrent le cirque comme une réelle prise de risque, sans écran télévisuel protecteur ! Une vraie performance acrobatique !

Deux compagnies de cirque contemporain aux univers forains communs se rencontrent dans une arène grande comme un mouchoir de poche. En associant leurs talents, le Cirque Trottola et le Petit Théâtre Baraque offrent un spectacle complet, où voltige, portés acrobatiques, clowns, jonglage et dressage, se mêlent à une dramaturgie aussi sensible que les prouesses physiques. L’art du cirque dans toute sa splendeur !

Ali 74

le 28 mars Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

La Meute

Matamore

© Philippe Laurençon

Samedi détente


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Opticirque

Et balancez mes…

L’école des femmes

Et balancez mes cendres sur Mickey les 27 et 28 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

© Antonia Bozzi

Un nouveau symbole de la globalisation attaqué par l’auteur et metteur en scène argentin Rodrigo Garcia. Une œuvre radicale, où l’homme cerné par le consumérisme lutte contre la solitude et la mort en mettant son corps à l’épreuve. Un bal de la cruauté allié à un show publicitaire permanent, féroce, drôle, dans lequel trois performers font rebondir l’action sur des images provocantes. Subversif et salutaire ! Spectacle en espagnol surtitré, déconseillé aux moins de 16 ans…

© Guillaume Balles

Arnolphe, bien que sincère dans ses sentiments, élève Agnès et la séquestre d’une façon cruelle afin que nul ne la voit. Il est sûr de n’être ni trompé, ni victime de la jalousie. Mais durant son absence, la pupille s’éprend du jeune Horace. Ne se doutant pas qu’Arnolphe est celui qui écarte celle qu’il aime, Horace lui raconte tout ce qui se passe entre lui et Agnès. À travers le texte de Molière, Philippe Adrien tente de rendre évident la complexité des sentiments d’Arnolphe. Agnès, quant à elle, s’élèvera vers une maturité qui la fera passer de femme-enfant à femme à part entière. Et l’amour véritable gagnera face à la tyrannie…

Nicolas Longuechaud invente pour son premier solo un cabinet de curiosités reliant cirque, cabaret et monde forain. Cet habile manipulateur d’objets maîtrise, dans une veine comico-absurde, le jonglage et l’art circassien qu’il allie à la magie et aux illusions d’optique. Entre fantasmes et chimères, les Freaks de Tod Browning ne sont pas si loin lorsqu’il raconte l’histoire singulière de son cirque... subjectif et pourtant universel.

Illumination(s)

Ils ont grandi dans la cité du Val Fourré, à Mantes-la-Jolie, sont devenus artistes, et viennent raconter sur scène leur parcours de vie entre France et Algérie sur trois générations. L’histoire de trois destins retracée dans un tourbillon de chants, de danses, drôle, émouvante, parfois douloureuse et amère. Ahmed Madani signe cette fresque sensible, brillante, menée sans pathos, avec une énergie qui fait feu de tout bois. le 7 avril Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

© Christian Berthelot

du 30 mars au 3 avril Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

La vie rêvée...

Théma #16 au Théâtre Liberté, à 16h, avec une conférence de Patrick Poivre d’Arvor consacrée à l’auteur du Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry. Le journaliste et écrivain a déjà rendu hommage à son œuvre avec l’ouvrage Courriers de nuit et l’émission littéraire Vol de nuit. Pour lui, la vie de Saint-Exupéry est «une vie comme celle que je rêvais, une vie d’action, de réflexion, d’amours au pluriel, de passions». La vie rêvée du Petit Prince le 29 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

les 3 et 4 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Petits contes d’amour… En deux courtes pièces, Lazare ouvre un univers de fantômes, monstres et saints «à la lisière du monde rêvé et du monde réel». Les illisibles nous montrent le monde des désirs enfantins de Léonard, Jérôme et Agnès souillés par les obsessions et la cupidité des adultes. Quelqu’un est Marie met en avant des fantômes et doubles dialoguant sur la perte. L’auteur-metteur en scène questionne l’essence même du théâtre, relief saisissant de résonances politiques et sociales dans un théâtre de mots, de chair et d’ombres. Petits contes d’amour et de liberté les 9 et 10 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr


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Tartuffe d’après Tartuffe… Tout contre Léo

L’Avare

© Mathilde Delahaye

Guillaume Bailliart donne une vision toute nouvelle du texte de Molière. Seul en scène il interprète tous les personnages et s’approprie de celui de Tartuffe sa quête de liberté totale. Tout comme lui, il circule entre codes et volonté de s’en extraire tout en se rapprochant du jaillissement de l’écriture de Molière. On pourra y trouver son énergie interne et sa démesure où chaque personnage n’est qu’un visage d’une société hypocrite, dont on se moque sans vergogne.

le 24 mars Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr

© Matthieu Wassik

«Les enfants ont autant le droit d’être émus que d’être divertis», clame la Compagnie du Dagor. En portant sur scène le roman de la littérature jeunesse de Christophe Honoré, la troupe limousine en fait une démonstration éclatante. P’tit Marcel n’a que 10 ans quand il apprend que son grand frère Léo va mourir. Devenu adulte, il se repasse sans cesse son enfance, remplie de l’absence de Léo, et voudrait enfin tourner la page. Marie Blondel signe la mise en scène et l’adaptation du texte, Guillaume Cantillon en est l’interprète.

Après le Malade Imaginaire, Alexis Moati et sa compagnie Vol Plané ont travaillé sur un Avare qui le vaut bien : décapant, fustigeant le père, ramassant l’intrigue et les dialogues pour en faire sentir toute la cruauté. Et la révolte des jeunes gens, campés par des acteurs malléables qui passent à toute allure de leur propre peau à celle des personnages, jusqu’au sacrifice final. Grinçant, mais adapté à tous les yeux, ados ou adultes (lire également p. 16 critique du spectacle Et le diable vint…).

Mythochroniques

Tartuffe d’après Tartuffe d’après Tartuffe d’après Molière du 14 au 17 avril CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

le 14 avril Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr © Pop Up Théâtre Midas

Le projet ennui

Le cabinet de curiosités, Guillaume Cantillon et Franck Magis proposent un voyage au cœur du vide et de la lassitude. Que dire des soirées télé monotones, des réunions de famille assommantes et d’une vie professionnelle pas forcément satisfaisante ? Et que penser de ces moments avec nos amis lorsque tous les sujets de conversation possibles sont épuisés ? Pour faire passer le temps, chaque spectateur s’enfoncera avec fatigue dans des fauteuils mous… et s’il s’ennuie encore et toujours, qu’il sache que sur la scène, les comédiens s’ennuieront également. le 21 mars CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Vous connaissiez le théâtre d’objets ? La compagnie Pop Up vous invite à découvrir son frère caché : «le théâtre de bibelots». Habituellement inertes sur un meuble ou une étagère, ces petites figurines, animales ou humaines, prennent tout à coup une autre dimension. Stéphane Bault et Laurent Ziveri s’amusent à leur donner vie et les transportent en pleine mythologie. Avec une bonne dose d’humour et de décalage portée par les deux interprètes, les statuettes kitsch incarnent les légendes d’Orphée, de Pandore, de Midas ou du Minotaure. le 31 mars Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr

Oleanna

Entre cette jeune étudiante et son professeur à l’université, il y a plus qu’un gouffre. Un véritable abîme sépare ces deux-là, leurs caractères, leur attitude, leur place dans la société. Lui sera bientôt promu. Elle redoute d’échouer, et vient contester cette mauvaise note qu’il lui a attribuée. Mais au-delà de cette situation banale, un trouble jeu de pouvoir va s’installer entre eux. Le Théâtre de l’Eau qui dort adapte ce texte de David Mamet, avec Marie Thomas et David Seigneur, mis en scène par Patrick Roldez. le 21 mars Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr


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R&J

Bounce

«Il était une fois... un morceau de bois». Ainsi commence l’un des plus célèbres livres de la littérature italienne. Plus de cent ans après sa naissance, la marionnette de Carlo Collodi a vécu maintes et maintes fois sur scène. Frédéric Garbe propose sa version en empruntant aux codes de la bande dessinée ses découpages en séquences. La chronologie du récit devient secondaire. L’imaginaire et ses sensations, entre rêve et cauchemar, imposent le rythme du spectacle, qui mêle manipulations d’objets et projections vidéo. Les aventures de Pinocchio le 14 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

© X-D.R

© Alejandro Guerrero

Après sa création à Aix (voir Zib’73) et sa reprise à la Minoterie, le texte du Québécois Marc Antoine Cyr, mis en scène par Renaud Marie Leblanc, poursuit son aventure froide. Quatre frères enfermés dans une maison vide, sans parents, attendent des nouvelles du père malade, et révélent peu à peu de lourds secrets. L’enfance est noire, la scénographie somptueuse, et le suspense tient jusqu’au bout... le 27 mars Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Glory © Gregory Batardon

…Pinocchio

le 27 mars Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.fr

Lux and Glory

R pour Roméo et J pour Juliette. Autrement dit, «Roméo et Juliette d’à peu près William Shakespeare», comme l’indique le soustitre du spectacle. Alexis Michalik adapte et met en scène cette version particulière de l’œuvre du dramaturge anglais. Ici, l’histoire des amants de Vérone est racontée par trois enfants. Réunis derrière une malle, ils en sortent des vêtements et se déguisent. Au gré de l’intrigue, ils s’amusent, rient, pleurent, se disputent, se bagarrent. Avec Anna Mihalcea, Régis Vallee et Charles Lelaure. le 10 avril Théâtre Marelios, La Valette du Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr

Fratrie

Entre musique et danse, cette création de la compagnie Arcosm entend réhabiliter l’échec. Bounce, c’est le rebond, la capacité que nous avons à nous relever après une chute. Au milieu de la scène, un cube géant, autour duquel évoluent les quatre interprètes. Ils y grimpent, s’y accrochent, et en tombent, inévitablement. De ces tentatives naissent de nouvelles pistes, transformant leurs échecs en ouvertures vers un ailleurs, peutêtre meilleur… Conçu et mis en scène par Thomas Guerry et Camille Rocailleux.

Fair-Play

Deux œuvres valent mieux qu’une. Le Ballet du Grand Théâtre de Genève présente un diptyque conduit par un duo de jeunes et talentueux chorégraphes. Évoquant l’ombre et la lumière, le Suisse Ken Ossola choisit le Requiem de Fauré pour accompagner la vingtaine de danseurs qui interprètent Lux. Avec Glory, le chorégraphe grec Andonis Foniadakis plonge dans un univers plus fantasque. L’œuvre baroque de Haendel tient de support aux mouvements des artistes qui s’emparent de la musique et dialoguent avec elle jusqu’à l’incarnation. le 21 mars Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Médaille du fair-play ou trophée du faireplaies ? La question mérite d’être posée, tant les interprètes de ce spectacle d’humour explorent toutes les facettes du sport, jusqu’à la souffrance. Séances d’abdos infernales, stretching, footing, body-building, training, running, devenus omniprésents dans nos vies, envahissent aussi la scène. Patrice Thibaud, en clown des gymnases, et Philippe Leygnac, son compère comédien-musicien, dépassent allègrement leurs limites. Avec un super challenge en finale : déclencher les rires du public. le 4 avril Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com du 31 mars au 2 avril Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com


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Près d’Almeria, en plein cœur de l’Andalousie, un mariage se prépare. Mais malgré les efforts pour feindre un futur bonheur, une atmosphère pesante flotte autour de cette union. La fiancée en aime un autre, ennemi juré de la famille de celui à qui elle est promise. L’issue semble toute tracée. La roue inexorable du destin fera bientôt son ouvrage. Le Cabinet de Curiosités adapte cette tragédie moderne de Lorca, inspirée d’un fait divers authentique. Guillaume Cantillon en signe la mise en scène (lire chronique sur www.journalzibeline.fr).

le 11 avril Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Ne m’oublie pas

Créé en 1992, ce spectacle de la compagnie Philippe Genty a fait le tour du monde. Pour cette recréation, le metteur en scène marionnettiste et la chorégraphe Mary Underwood ont fait appel à des comédiens norvégiens, tout juste sortis de l’école de théâtre gestuel de Verdal. Fidèles au travail de la compagnie, les jeunes acteurs parviennent à devenir des marionnettes, et ils transforment leurs marionnettes à taille humaine en êtres vivants. Le tout sur fond de paysages et d’ambiances nordiques d’une immense beauté.

le 7 avril La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr

Bataille

Le Sacrifice de Daksha

Plongée dans la mythologie hindoue avec neuf artistes indiens, danseurs, musiciens et maquilleur à la découverte d’une alliance divine entre la danse, le théâtre et la musique, le corps et l’esprit : le kathakali, du nom de la région Kérala en Inde du Sud. Costumes et maquillages sont somptueux, appuyés par la finesse du langage des mains, l’intention du regard et les expressions du visage, dans cette histoire qui conte le terrible conflit qui opposa le roi Daksha à sa fille Sati lorsqu’elle épousa le redoutable dieu Shiva… le 25 mars Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

© Michel Lestréhan

Noces de sang

Monsieur Mouche

Monsieur Mouche est homme à tout faire. Il attend juste qu’on ait besoin de lui pour changer une ampoule, graisser une porte ou changer un verrou. C’est dire s’il a du temps pour s’amuser ! En attendant il passe son temps à faire de la musique et à chanter, tout pour lui ayant une vie musicale : guidon de vélo, ballon de baudruche, scie, bouteilles… Désespérément burlesque, le spectacle de la Cie niçoise Gorgomar nous plonge dans un univers absurde qui donne lieu à de véritables découvertes sonores.

© Pierre Grosbois

le 22 mars La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr

Initiée par Hassan Razak de la Cie Onstap pour les Sujets à Vifs du Festival d’Avignon 2013, cette rencontre entre le danseursteppeur et l’acrobate Pierre Cartonnet, orchestrée par Pierre Rigal, est jubilatoire. Une vraie-fausse baston entre deux gaillards qui auraient grandi trop vite, et nous mènent par le bout du nez au jeu du pasde-deux qui tourne mal. Entre amour et haine, un duel de corps qui a de l’esprit ! © Anders Hede

le 20 mars Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

les 31 mars et 1er avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

© Jean-Michel Goujon

Sky is the limit, la limite c’est le ciel, paraît-il. Sébastien Ramirez associé à Honji Wang en font une démonstration éclatante. Dans ce spectacle, la danse hip hop, que proposent et interprètent les deux chorégraphes et leurs danseurs, s’affranchit des frontières terrestres. Reliés à des filins, comme ceux utilisés pour le gréement des navires, les artistes ne touchent plus le sol. Leur danse prend tantôt son envol, ou revient battre ses pas sur la terre. Hors de tout code, Borderline est une invention à part entière.

© Geoffrey Fages

Borderline


Clameur des arènes

© Matar Ndour

Quand trois danseurs, cinq lutteurs sénégalais et quatre musiciens à l’énergie communicative se rencontrent sur un plateau… qu’est-ce que ça raconte ? Le chorégraphe Salia Sanou orchestre cette pièce très masculine, en forme de lutte des corps, d’affrontements, de muscles saillants, de clameur qui monte de l’arène centrale… et ne redescend plus. les 10 et 11 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Le Jeu des mille euros

Inspirée du célèbre jeu radiophonique de France Inter, la pièce de Bertrand Bossard interroge, avec un humour décapant, la place de la connaissance aujourd’hui, la notion de jeu, et veut également nous faire (ré)entendre les voix des grands auteurs qui constituent notre humanité, des paroles qui ont souvent été déformées ou corrompues. Bien sûr la représentation déraillera, les candidats se rebelleront, mettant en péril l’équilibre du monde ! le 27 mars Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com

Empty moves

Angelin Preljocaj a repris les deux premières parties de sa pièce la plus innovante, et rajoute une troisième aventure, toujours inspirée par la performance sonore Empty words de John Cage. Un quatuor mixte invente un nombre de combinaisons de corps, vide les gestes de tout signifié, leur déploiement dans l’espace, pour inventer sa propre syntaxe chorégraphique. Une danse envoûtante, dépouillée de tout artifice. Empty moves (part I, II & III) le 10 avril Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com


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Le plus bel âge de la vie Caprice in Marseille

Le 24 mars à 19h30 au cinéma Les Variétés, Anne Alix présentera son dernier film : Ce tigre qui sommeille en moi, coproduit par Les films du Tambour de soie, La Cité-Espace de récits communs et Maritima TV. Au départ une expérience théâtrale, Frontières, menée par Karine Fourcy au Théâtre de la Cité qui invite depuis toujours les publics à prendre part à la création et à l’écriture. Des jeunes entre 16 et 22 ans originaires de différents quartiers de Marseille se sont retrouvés régulièrement pour croiser leurs regards sur leurs territoires, sur les frontières à franchir pour se trouver soi-même et grandir à l’autre, au sortir de l’adolescence. Anne Alix capte la singularité de cette aventure et la joie à la vivre. La metteure en scène, les jeunes gens ayant traversé ces moments de vie et de théâtre, accompagneront la réalisatrice, leur tigre peut-être, sorti du sommeil !

Cinéma Les Variétés, Marseille 0892 68 05 97 www.cinemetroart.com

La Marelle, Marseille 04 91 05 84 72 www.villa-lamarelle.fr

Le 12 avril à 15h au MuCEM, proposé par Christian Richard, fondateur du festival Pour éveiller les regards, un programme de 7 courts métrages d’animation du réalisateur arménien (1950-2009), dont certains sont adaptés de contes traditionnels du poète Houvanès Toumanian (1869-1929) : De Kiko (1970) à The Axe (1994), en passant par In The Blue Sea, l’occasion de découvrir un cinéaste d’animation, méconnu, plein d’inventivité.

Serge Avedikian La vie rêvée

Le Scandale Paradjanov de Serge Avedikian © Zootrope Films

Dans le cadre des 17es Rencontres du Cinéma Sud-Américain, La Marelle, en partenariat avec l’Aspas, Le Gyptis et la Réplique, consacre trois jours à Gabriel García Márquez : films, lectures d’extraits, entretiens avec des intimes de l’œuvre comme Annie Morvan, unique traductrice française de l’auteur, Albert Bensoussan, Ernesto Mächler Tobar. Le 25 mars à La Friche, projection de l’adaptation d’un roman de l’écrivain par Hilda Hidalgo : Del amor y otros demonios et le 26, au Gyptis, d’un doc de Luis Fernando Bottia sur la vie de «l’ami colombien» Buscando a Gabo.

Kiko de Robert Sahakyants © Robert Sahakyants Production

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org

Cinéma Les Variétés, Marseille 0892 68 05 97 www.cinemetroart.com

L’ami colombien

Hommage à Sahakyants

Le 11 avril à 17h30, à l’auditorium Germaine Tillion, sera rendu un hommage à Serge Avedikian dont seront présentés six courts métrages où il interroge la dualité de ses origines et sauvegarde la mémoire du génocide arménien : De Bonjour Monsieur (1990) à Chienne d’histoire, Palme d’or du court métrage au festival de Cannes 2010, en passant par les superbes films d’animation Lignes de vie et Un beau matin, une occasion d’approcher l’univers de ce cinéaste singulier. Et à 20h30, on pourra continuer avec Le Scandale Paradjanov, un long métrage qu’il a réalisé avec Olena Fetisova, une évocation de la vie mouvementée de Sergeï Paradjanov, réalisateur soviétique d’avant-garde, poète, plasticien et toucheà-tout, opposé à toute forme d’autorité. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org

Dans le cadre du Théma #16 La vie rêvée, au Théâtre Liberté de Toulon, le 17 mars à 20h, projection du superbe film de Wim Wenders, Les Ailes du désir, avec B. Ganz et S. Dommartin. Suivront le 25 mars à 14h30, Les contes de l’horloge magique de Ladislas Starewitch, composé de trois courts métrages réalisés entre 1924 et 1928, et le 31 mars à 20h, Waking Life de Richard Linklater, où se mêlent le vrai et l’illusion. Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Les Ailes du désir de Wim Wenders © argos film

Ce tigre qui sommeille en moi d’Anne Alix © Anne Alix

Le 10 avril à 20h, au cinéma Les Variétés, projection en avant-première du dernier film d’Emmanuel Mouret : Caprice, soutenu par la région PACA, en présence du réalisateur. Clément (Emmanuel Mouret), instituteur, est ravi : Alicia (Virginie Efira), une actrice célèbre qu’il admire beaucoup, devient sa compagne. Tout se complique quand il rencontre Caprice (Anaïs Demoustier), une jeune femme excessive et débordante qui s’éprend de lui. Entre temps son meilleur ami, Thomas (Laurent Stocker) se rapproche d’Alicia... La séance sera suivie d’un débat animé par Boris Henry.


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Pialat sans artifice

Maurice Pialat à Grans

Eden Théâtre, La Ciotat 04 42 83 89 05 www.edencinemalaciotat.com

Soirée latino

Le 12 avril à 18h30, au cinéma Eden-Théâtre, en partenariat avec les 17es Rencontres du Cinéma Sud-Américain, Art et essai Lumière présente Fermin de Hernan Findling et Olivier Kolker ; l’histoire de l’Argentin Fermin Turdera, un patient de 85 ans interné depuis dix ans, qui ne s’exprime plus qu’en paroles de tango, une capacité particulière que va découvrir le psychiatre Ezequiel Kaufman. La soirée démarrera avec le court métrage péruvien Kay Pacha d’Alvaro Sarmiento et se terminera par un échange avec l’équipe de l’ASPAS. Art et Essai Lumière, La Ciotat 06 64 85 96 40 www.artetessailumiere.fr

Loulou de Maurice Pialat © Gaumont

Du 25 au 29 mars, à l’Eden-Théâtre de La Ciotat, Cinéma du Sud propose une rétrospective Maurice Pialat. Un cinéaste au regard acéré qui détestait l’artifice, la médiocrité et le compromis. Au programme, 8 longs métrages sur les 11 de sa filmographie. En ouverture, Sous le soleil de Satan, adaptation de Bernanos, justement palmée et honteusement huée à Cannes en 87, suivie d’un ciné-philo animé par Marc Rosmini. En clôture, le lumineux Van Gogh qui a donné à Jacques Dutronc son plus grand rôle.

Deux dimanches pour (re)plonger dans l’œuvre de Maurice Pialat, c’est ce que propose, en partenariat avec Cinémas du Sud, l’Espace Robert Hossein à Grans, les 22 et 29 mars, à partir de 18h. Deux soirées animées par Fabien Baumann, et une sélection soulignant la rigueur et la puissance émotionnelle de ce cinéma-là. Le 22, projection du dernier long métrage du cinéaste, Van Gogh (1991) et du premier : L’Enfance nue (1968). Le 29, Sous le soleil de Satan (Palme d’or 87) et, après le buffet, Loulou (1980). Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr


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Salon en salles, sous les Arcades… Du 24 au 31 mars, Salon sera placé sous le signe du cinéma et du monde, permettant aux cinéphiles et aux autres de découvrir, entre autres, les cinéastes d’Amérique latine avec neuf films très différents. D’Argentine, on suivra dans Canada Morrison de Matias Lucchesi, une adolescente obsédée par l’idée de retrouver son père dont elle ne connaît pas l’identité ; et avec Felicidad de Daniel Burman, une fable sur l’usure de l’amitié et de l’amour. Du Chili, Violeta d’Andrés Wood, un portrait de Violeta Parra ; et Les sœurs Quispe de Sebastian Sepúlveda, l’histoire de trois bergères de l’Altiplano dont le mode de vie est remis en question par Pinochet. De Colombie, Gente de bien de Franco Lolli, une réflexion lucide et universelle sur les rapports de classe et Mateo de Maria Gamboa. Sans oublier le Mexique et Cuba. Il y aura aussi des films venus du monde entier, le choix sera difficile car Michèle Fraysse et son équipe ont concocté un programme très alléchant

Comme le vent de Marco Simon Puccioni © Bodega Films

pour ces 25es Rencontres Cinématographiques. C’est ainsi qu’on pourra voir les superbes films du Géorgien G. Ovashvili, La Terre éphémère, du Grec Panos H. Koutras, Xenia ou du trio M. Amachoukeli, C. Burger et S. Theis, Party Girl. Amor Hakkar sera au cinéma Les Arcades le 28 pour La Preuve, où il aborde un sujet encore tabou, la stérilité. Et pour les fans de musique,

Whiplash de Damien Chazelle, présenté le 27 par W. Balby directeur du Portail Coucou. Une Carte Blanche donnée au Festival International du 1er film à Annonay permettra de voir La belle vie de J. Denizot autour de la cavale d’un père avec ses enfants, The Long Way Home du Turc A. Eseli, et Max et Lenny, tourné dans les quartiers Nord de Marseille, par Fred Nicolas qui sera présent le 27 mars. Si l’on ajoute le programme

de courts et les films pour les plus jeunes, plus d’une quarantaine de films seront à voir jusqu’au 31 mars, où aura lieu la cérémonie de clôture et la remise des prix. ANNIE GAVA

Rencontres Cinématographiques du 24 au 31 mars Salon-de-Provence 04 90 17 44 97 www.rencontres-cinesalon.org

Une fenêtre sur le monde C’est du 14 au 19 avril que se tiendront à Marseille les 3es Rencontres Internationales des Cinémas Arabes, organisées par AFLAM, point d’orgue des diverses actions que mène tout au long de l’année l’association. Plus de 50 films présentés au MuCEM, à la Villa Méditerranée, à la Maison de la Région et au cinéma Les Variétés, et accompagnés de leurs réalisateurs et de critiques qui vont animer des rencontres avec le public, répartis dans 5 sections. À la une, des films de réalisateurs reconnus comme Timbuktu, Les Terrasses, Eau argentée ou L’Oranais. Le cousin 2015 sera le cinéaste portugais João Canijo qui présentera 5 films parmi lesquels Gagner la vie dont le directeur de la photo, Mario Castanheira, est aussi celui de Jilani Saadi, invité dans la section Un cinéaste, un parcours. Le cinéaste tunisien présentera Dans la peau, Khorma et son dernier film, Bidoun 2. La section Jeunes Talents permet de découvrir des cinéastes émergents comme l’Algérienne Nassima Guessoum, le

Syrien Hazem Al Hamwi, le Tunisien Balhassen Handous qui montrera le premier long-métrage réalisé avec un téléphone portable, Hecho en casa ; ou encore Elizabeth Leuvrey avec At(h) ome qui nous ramène en 1962, peu après l’indépendance de l’Algérie, en plein Sahara. Enfin, Un critique, deux regards permettra à cinq critiques de cinéma de montrer deux films en écho, un film arabe et un non arabe. Les Rencontres, ce sont aussi des Tables rondes, les Matinales, où seront abordées les questions du territoire, du politique, de la diffusion du cinéma, des rapports entre cinéma et citoyenneté. Ce sont aussi des ateliers pour les jeunes, des échanges avec le public. En ouverture le 14 avril, à la Villa Méditerranée, Before snowfall du cinéaste norvégien d’origine kurde Hischam Zama, où l’on va suivre, à travers la Grèce, l’Allemagne et la Norvège, le périple de Siyar, qui recherche sa grande sœur, ayant fui son petit village du Kurdistan irakien pour éviter de se marier…

Et pour terminer ces rencontres très denses, le 19 avril en avant-première, le film jordanien Theeb de Naji Abu Nowar : les aventures dans le désert, d’un jeune bédouin et d’un officier britannique à l’époque où l’empire ottoman vivait ses derniers instants. Profitons de cette fenêtre ouverte sur le monde ! A.G.

Rencontres Internationales des Cinémas Arabes du 14 au 19 avril Divers lieux, Marseille AFLAM 04 91 47 73 94


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Label belge Documentaires, films d’auteurs ou d’animation, Scènes et Cinés amènent le plat pays sur le territoire d’Ouest Provence. Pour sa 7e édition, le Panorama pose sa focale sur la Belgique et son cinéma. Du 10 au 19 avril, avec une trentaine de films à l’affiche, toutes les facettes -et souvent les facéties- de la création belge seront à l’honneur. De Bouli Lanners à Jacques Brel, en passant par Lucas Belvaux ou Joachim Lafosse, le programme s’annonce savoureux. Le 10 avril, pour la soirée d’ouverture, MarieChristine Barrault sera l’invitée d’honneur du festival. À 18h30, à l’Espace Robert Hossein de Grans, la comédienne livrera une lecture du roman Femme entre chien et loup d’Ivo Michiels. À 21h, le film du même nom, réalisé en 1979 par André Delvaux, sera projeté. La comédienne y incarne une femme tiraillée entre son mari, un nationaliste flamand parti au front en 1940, et le maquisard qui est devenu son amant. Le 12 avril, au cinéma L’Odyssée de Fossur-Mer, puis le 13 à Grans, carte blanche sera donnée à Jean-Jacques Andrien, l’autre invité d’honneur du festival. Documentariste, réalisateur de fiction et producteur, il est l’un des maîtres du cinéma wallon. À Fos sera notamment présenté Il a plu sur le grand paysage, peinture du monde paysan, réalisé en 2012. Cinq soirées hommage à des figures incontournables, réalisateurs et acteurs, seront également au programme : Bouli Lanners, le 11 à l’Espace Gérard Philipe de Port-Saint-Louisdu-Rhône (Géant, Louise-Michel) ; Joachim Lafosse, le 15 à Fos (Elève libre, À perdre la

À Perdre la raison de Joachim Lafosse © Versus Production - Kris Dewitte

raison) ; Stefan Liberski, le 16 au Comoedia de Miramas (Baby Balloon, Tokyo Fiancée) ; Michaël R. Roskam, le 17 au cinéma Coluche à Istres (Bullhead, Quand vient la nuit) ; Jacques Brel, le 19 à Fos (Mon Oncle Benjamin, Franz). Pour les plus jeunes, enfin, le Panorama proposera notamment le merveilleux dessin animé Ernest et Célestine de Benjamin Renner, Vincenr Patar et Stéphane Aubier, le 11 avril à Port-Saint-Louis.

Panorama Cinéma belge du 10 au 19 avril Fos-sur-Mer, Grans, Istres, Miramas, PortSaint-Louis-du-Rhône www.scenesetcines.fr

JAN-CYRIL SALEMI

Cinéma russe La 20e édition du festival russe au Toursky propose une semaine cinéma du 25 au 29 mars. Le 25 mars, Encore une année d’Oksana Bytchkova, une romance sélectionnée dans huit festivals internationaux qui campe un couple de jeunes Moscovites aux prises avec les difficultés du quotidien. Dans Le Domptage du feu, projeté le 26 mars, Daniil Khrabrovitski s’inspire de la vie d’un pionnier de l’aéronautique voué tout entier à la science aux dépens de sa vie. Le 27, Amour et pigeons de Vladimir Menchov est devenu une des comédies sociales les plus appréciées des Russes. Le 28 mars, ce ne sont pas moins de trois

Amour et pigeons de Vladimir Menchov © Mosfilm

films à l’affiche. La Tragédie optimiste, réalisé par Samson Samsonov, adaptation de la pièce éponyme de Vichnievski : 1918, Cronstadt, une mutinerie, un cuirassé,

des anarchistes, des Soviets et une Commissaire Politique. Un parangon du film historique et politique. Dans Le Printemps dans la rue Zaretchnaïa, Tatiana et Sacha sont les héros sociaux

d’un film à succès, symbole du dégel en URSS. Dans Les Zazous de Valeri Todorovski, une comédie musicale de 2008, les héros optent pour une autre culture que la culture dominante. Enfin, le 29 mars, Nous venons du futur d’Andreï Malioukov, film fantastique dont l’action oscille entre 1942 et 2008, est un travail sur la réconciliation entre le passé et le présent, sur l’identité patriotique russe. Tous ces films en VOST sont suivis des attendus cabarets russes. ANDRÉ GILLES

du 25 au 29 mars Le Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 www.toursky.org


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À la marge et au cœur

Un vent de liberté

Just the wind de Bence Fliegauf © Sophie Dulac Distribution

Adiu sias, lasho djes, dia duit, demat, bonghjornu ! Oui, bonjour l’occitan, le romani, le gaélique, le breton et le corse, invités par Cinépage au MuCEM dans le cadre des Rencontres du Cinéma Européen après le basque, le catalan et le pomak. Langues minoritaires protégées par charte et déclaration mais si vulnérables face à l’uniformisation. Initié le 14 mars, le cycle intitulé «C’est ici que je vis…» se poursuit jusqu’au 29 mars. Chaque projection est accompagnée par des spécialistes de ces questions. Le 21 mars, c’est au Royaume «désuni» que nous emmèneront La bataille de Culloden de Peter Watkins et Bloody sunday de Paul Greengrass. Le premier reconstituant à la manière d’un reportage de guerre, l’affrontement qui mit fin à l’espoir d’une Écosse indépendante. Le second revenant sur le point de départ du conflit fratricide en Irlande le 30 janvier 1972. Le 22 mars, le dialecte napolitain résonnera dans L’Intervallo de Leonardo de Costanza, présent à cette projection. Puis, le sicilien avec Palerme d’Emma Dante et le chant de Maura Guerrera, en concert. Le 28 sera tsigane avec Just the wind (Bence Fliegauf) inspiré de la chasse aux Roms en Hongrie, et le romanesque Les tsiganes montent au ciel (Emil Loteanu). Le 29, avant le balèti final mené par Garlic Face, trois documentaires pour faire le point sur le destin du corse et du breton au pays de Boileau : A vargugna présenté par sa réalisatrice M-J Tomasi, O seizh posulp (Soazig Daniellou), et Trobadors, un voyage occitan ( Sarah Benillouche). Écoutons en VO, loin de la nostalgie passéiste, les voix de la diversité, minorisées mais essentielles ! ELISE PADOVANI

Güeros d’Alonso Ruiz Palacios © Mundial

Le printemps revient avec, pour la 17 année consécutive, les Rencontres du Cinéma Sud-Américain, hébergées à Marseille du 20 au 28 mars par la Friche de la Belle de Mai (Gyptis et Grand Plateau), puis par une dizaine de villes en région PACA. Huit longs métrages sont en compétition pour le Colibri d’or, et d’autres prix décernés par un jury officiel auquel s’adjoignent un jury jeune et le public. Sous la bannière thématique Empreintes de la liberté, la programmation accueille des cinéastes engagés, à l’instar du Chilien Patricio Guzmán, présent pour la projection du film-portrait que lui a consacré Boris Nicot : Filmer obstinément. Ou les Argentines Malena Bystrowicz (présence sous réserve) et Loreley Unamuno pour Las mujeres de la mina. Hommage sera rendu à ceux qui ont laissé leurs traces dans l’imaginaire de la lutte comme Jorge «El Tigre» Cedrón échappant à Pinochet en 76, ses bobines de films réparties dans les valises de ses amis. C’est Sabrina Farji, réalisatrice du très remarqué Eva y Lola, qui offrira la traditionnelle leçon de cinéma, le 24 mars à 15h45. L’édition s’ouvre sur Güeros, premier long métrage en noir et blanc d’Alonso Ruiz Palacios (primé à la Berlinale 2014), un road movie urbain sur fond de grève étudiante où il est question d’un musicien légendaire, des larmes de Dylan, des pères, des fils et de la société mexicaine. Elle se clôt par une peña, en danse et concert après le dernier film hors compétition de Hernán Findling et Olivier Kolker, Fermín, qui nous conduit dans un hôpital psychiatrique où un vieux patient ne s’exprime qu’en paroles de Tango ! Entre les deux, venus de dix pays, une trentaine de films souvent inédits que la directrice artistique Claudia Baricco choisit toujours avec discernement. L’occasion de voyager en première classe cinématographique du Rio Grande à la Patagonie ! e

E.P.

Rencontres du Cinéma Européen C’est ici que je vis… du 14 au 29 mars www.cinepage.com MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org

Rencontres du Cinéma Sud-Américain du 20 au 28 mars La Friche, Marseille Association ASPAS 04 91 48 78 51 http://aspas-marseille.org


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Un après-midi au Panorama C’est un samedi tranquille à La Friche la Belle de Mai au lendemain d’une nocturne effervescente. Seuls les skateurs réveillent par à coups la Tour Panorama, la belle endormie. Cinq heures nous séparent du spectacle de Tino Seghal présenté par marseille objectif DansE à La Cartonnerie, mais la visite ne prendra que trois heures et les plaisirs seront inversement proportionnels à l’ascension du Panorama… Il a fallu cinq minutes chrono aux rares visiteurs du toit-terrasse pour faire le tour de Moucharabieh présentée par Triangle France pour ses 20 ans : ce que l’association présentait à Zibeline (voir Zib’81) comme «une exposition à vivre et à habiter» fait malheureusement pschitt, car en compilant commissariats et cartes blanches aux artistes-curators l’exposition flirte avec le «souk» et perd la finesse de l’architecture mauresque. D’autant que certaines pièces sont opérationnelles par intermittence et que d’autres, comme Moucharabieh de Clémence Seilles, au cœur du dispositif avec «piscine, table de direction, estrade moquettée pour audience molle» n’atteint pas ses objectifs : pas un quidam n’y trempe ses pieds, ne s’empare du micro ou s’installe sur les gradins pour tenir conférence… On lui préfère donc l’exposition monographique de l’américaine Margaret Honda, Sculptures, hermétique et âpre pour peu que l’on oublie de donner aux visiteurs les clefs d’accès qu’ils sont en droit d’attendre. Seulement une feuille de salle lapidaire et un ouvrage édité pour l’occasion, disponible exclusivement à la librairie du rez-de-chaussée et uniquement en anglais ! Pourtant sa présence est une première en France et sa proposition une œuvre absolue, sans concessions, condensé de sa pensée et de son passé : l’installation labyrinthique est la reproduction grandeur nature de ses ateliers, une œuvre qui dissout le temps et les traces, une architecture de l’éphémère, du vide et du néant. Il n’y a rien à voir et tout à voir : on plonge à âme perdue dans ses espaces de création et son espace mental. C’est une expérience semblable à celle du Carré blanc sur fond blanc de Malevitch à la puissance hypnotique rarement égalée. Difficile après coup de déplorer l’éternel quiproquo entre art contemporain et grand public… La jeune création des deux rives Aux deux premiers étages, plus accessibles et documentées, + 216 au titre emprunté au numéro à composer pour joindre la Tunisie et Tankrat amarrent solidement les jeunes plasticiens aux deux rives de la Méditerranée. + 216 est une

© Rising Carpet, Moussa Sarr, 2013 - Vue de l’exposition/Trankat, Friche Belle de mai, Février 2015

photographie de la scène artistique tunisienne en mutation, bouillonnante d’esthétiques (Malek Gnaoui croise vidéo sacrificielle, sculpture figurative sanguinaire et installation dans un ensemble percutant), de thématiques (notamment la représentation du corps à travers les porte-drapeaux de Sonia Kallel ou le dessin mural de Aicha Snoussi), de techniques (sculpture, installation, vidéo, photo, dessin, art numérique). Si chacun des neufs regards porte en lui son vocabulaire, ses tensions intrinsèques, l’exposition révèle une communauté d’esprit dans un parcours imaginé avec une vraie cohérence. Avec Tankrat, on prolonge le voyage commencé à Tétouan et poursuivi au Moulin à La Valette (voir Zib’78) autour du dialogue entre artistes français et marocains en résidence. Ainsi Moussa Sarr, qui développe sa pensée à rebrousse-poil, déjouant les codes de l’appel à la prière et du tapis de prière, contournant les symboles sans perfidie mais avec un esprit libre. Olivier Millagou, dont l’installation sonore agit comme un aimant avec ses Riffs of the Rif enregistrés sur le terrain par Arnaud Maguet, Fouad Bouchacha qui interroge la disparition progressive des savoir-faire face à la progression du design industriel, Berdaguer & Péjus qui soulignent les transformations radicales du Maroc dans un photocollage décalé tandis que deux vidéos de Jordi Colomer confrontent échappée poétique et fantasque sur les toits de la Médina et réalité documentaire. Et Mourad

Krinah, Ismaël, Saïd Afifi et Simohammed Fettaka dont on redécouvre les œuvres à l’aune d’un autre dispositif scénique. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

+ 216 Regard sur la jeune création contemporaine en Tunisie Exposition présentée dans le cadre du Festival Parallèle jusqu’au 19 avril «20 ans de Triangle France» Sculptures de Margaret Honda Commissariat : Tenzing Barshee et Moucharabieh Commissariat : Dorothée Dupuis, Céline Kopp et Sandra Patron jusqu’au 19 avril Trankat Commissariat : Véronique Collard Bovy et Bérénice Saliou jusqu’au 19 avril Friche la Belle de Mai, Marseille 3e 04 95 04 95 95 www.lafriche.org


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Pedro Cabrita Reis habite à l’hôtel… Du hall d’entrée aux vestibules des deux étages, de l’escalier monumental aux sept salles d’exposition, Pedro Cabrita Reis s’est approprié tous les espaces autorisés de l’Hôtel des Arts à Toulon. Comme si l’artiste portugais voulait marquer son territoire, lui qui fait de rares apparitions en France. Ce qui étonne dans sa relecture du lieu, en dépit de son «omniprésence», c’est la sensation de vide, de respiration et une certaine élégance «sans ostentation» comme le précise JeanFrançois Chougnet, commissaire de l’exposition et auteur du catalogue Les lieux fragmentés. Ce ne sont pourtant pas les matériaux de récupération dont il est friand -tuyaux en acier, tubes fluorescents, goudron, câbles électriques, bois, aluminium, planches- qui peuvent dégager une telle

© Pedro Cabrita Reis, The Unnamed World, 2005

sensation, ni les formes à l’antithèse du baroque. Tout évoque les friches industrielles, les chantiers de construction et les lieux de stockage avec des objets au rebus et des matériaux pauvres, sans toutefois se

réclamer de l’Arte Povera. Non, l’œuvre de Pedro Cabrita Reis tient de l’architecture minimaliste et de l’espace urbain, irradiés crûment, parfois, par «la mélancolie sordide du néon» : c’est dire si la chaleur ne provient pas

du matériau mais du regard que l’on pose sur lui. Ici rien de chatoyant, d’exubérant, de «vivant» serait-on tenté d’écrire. Exceptée sa série The Sleep of Reason dont la moitié de la surface photographique est occultée par une couche d’acrylique orange quand l’autre révèle une nature amputée : parcelle d’eau, croupe animale, tronc. Les tons chauds n’appartiennent pas à son vocabulaire plastique ni la présence humaine. Seuls les objets manufacturés suggèrent le geste naissant, la main de l’homme, le travail. Dans ce parcours accidenté composé d’œuvres qui questionnent le rapport du tableau au mur, le silence est de rigueur. Il y a des œuvres bavardes et d’autres muettes. Celles de Pedro Cabrita Reis appartiennent à cette dernière famille et converser avec elles est un

D’ici et ailleurs Les oeuvres de Maryse Miraglia (premier plan) et Chrystel Regord-Mounié, Reg’art Alentours, 2015 © C. Lorin, Zibeline

À la chapelle des Pénitents Noirs d’Aubagne, la quinzième exposition de l’association Reg’art offre le point de vue artistique des habitants sur leur lieu de vie. Et déborde un peu Alentours. Voici une quinzaine d’années que Martine Huet, initiatrice de l’événement Reg’art, propose aux artistes de la région, principalement amateurs, de présenter librement une œuvre autour d’un thème commun. Une vitrine très prisée des visiteurs qui s’attache aujourd’hui à la question du territoire. Avec l’idée d’Alentours, la commissaire incitait à se pencher sur sa propre sphère de vie, et au-delà, ainsi qu’à concevoir les modalités originales de cette prise en compte singulière. Nombre des propositions

venant des artistes vivant sur le territoire provençal se sont inspirées logiquement d’Aubagne, Marseille, Géménos -comme autant d’étapes structurant la visite- ainsi que de leurs environs, et parfois d’endroits plus spécifiques, comme cette vision amusée de Jakobsën, La rue Terrusse (qui existe bel et bien à Marseille) en alternative à l’origine du monde. On rencontre un bon nombre de peintures -la Provence a toujours été un motif privilégié en particulier pour le genre du paysage- et de pratiques travaillant les matières (Monique Laborie, Chris Bourgue, Hélène Lallemand, Gérard Rocherieux...) mais aussi des sculptures, des photographies (Patrick Massïa, une vue changeante de son balcon par Jean-Christophe Lett), des travaux en numérique/digital (Valérie Ghô, Stéphane Testa, Frédérique Bollet) qui transfigurent ou poétisent le réel. Chantal Taffin interroge sa proximité domestique : Sur mon toit que se passe-t-il ? D’autres se déplacent vers le mythe, en clin d’œil comme cette Tour de Ba’Belle de René Dao, installation éphémère en référence à la Marseille cosmopolite. «On pense puiser dans son imagination mais le thème vient souvent de l’air du temps,


exercice délicat. À l’Hôtel des arts devenu sa «maison», au risque de se sentir exclu de la table du maître, être son hôte requiert quelques aptitudes particulières : ressentir sa relation intime et indicible au lieu, éviter de lui coller l’étiquette d’artiste in situ, de parler d’installations, freiner toutes tentatives de référence au ready-made ou à Dada ou encore aux Nouveaux réalistes… Autant de mots et de filiations qu’il récuse ! Mieux vaut donc, en sonnant à sa porte, se munir du catalogue ou filer directement à l’espace ressources pour suivre en vidéo le montage de l’exposition, consulter une montagne d’ouvrages, lire attentivement sa biographie, l’approcher par le truchement des photos… L’heure en sa compagnie n’en sera que meilleure. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

À voir Pedro Cabrita Reis jusqu’au 19 avril Hôtel des Arts, Toulon 04 83 95 18 40 www.hdatoulon.fr

À lire Pedro Cabrita Reis, Les lieux fragmentés Texte Jean-François Chougnet Lienart éditions, 15 euros

précise Martine Huet. Aujourd’hui la question du lieu de vie est importante, ce qui concerne aussi l’environnement, l’urbanisme, l’impact humain sur le paysage. C’est très actuel. Dans les œuvres présentées il n’y a pas de volonté de dénoncer des abus, des problèmes. Ce qui se révèle c’est plutôt une préoccupation esthétique, le ressenti plus que l’engagement. Une certaine forme d’idéalisation propre aux artistes. Et avec ma proposition, je ne voulais pas les enfermer dans une idée particulière.» Dans une période régressive pour toutes les formes de cultures, l’initiative de Reg’art est d’autant plus méritante en regard de sa longévité (depuis 1999 et récemment ouverte à la gente masculine) et de la modestie des moyens. Gageons que la thématique avancée pour la prochaine édition, autour des mythes et légendes, sera une façon d’ouvrir encore davantage les esprits et de renouveler la création régionale. CLAUDE LORIN

Reg’art Alentours jusqu’au 28 mars Centre d’art des Pénitents Noirs, Aubagne 04 42 18 17 26 www.aubagne.fr


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Marie Bovo

Marie Bovo danse avec l’image vidéo et photographique d’un pas virtuose, enchainant dans un même mouvement des espaces entrechoqués : espaces Purbains (les villes la nuit dans la série Chimères ou Bab-el-Louk au Caire), naturels (Plages et borderline), domestiques (Cours intérieures). Pour son retour à Marseille, l’artiste rend compte de son travail depuis dix ans et révèle son dernier film, Porte d’Aix, produit par le CNA et le FRAC. M.G.-G. La danse de l’ours du 21 mars au 13 juin FRAC, Marseille 2e 04 91 91 27 55 www.fracpaca.org

Alger, 22h05, le 9 novembre 2013 © Marie Bovo

Jean-Daniel Berclaz

Stasi, aquarelle © J.-D. Berclaz

Directeur et fondateur du Musée du Point de vue, Jean-Daniel Berclaz a visité le musée-prison de la Stasi et pris quelques clichés des cellules. De retour à Marseille, il s’est dit que le sujet valait d’être revisité par son ancienne boite d’aquarelle provenant d’un magasin de beaux-arts de la RDA… Son regard engendre un autre regard porté sur l’Histoire et la mémoire des lieux. M.G.-G. En mars on mange à midi jusqu’au 9 mai American Gallery, Marseille 7e 06 27 28 28 60 www.marseilleexpos.com Stasi, photo © J.-D. Berclaz

Daniel Vaccaro

Désireux de rendre hommage à la femme, Daniel Vaccaro a finalement choisi «la première femme, notre mère à tous» : Lucy. Un modèle vieux de trois millions d’années que le photographe réactualise à sa manière dans la lumière des grottes, créant ainsi un trait d’union entre le début de l’histoire de l’humanité et son imaginaire. M.G.-G.

Lucy © Daniel Vaccaro

Nicole Guidi

Dessin-design, souris-plume, papier-écran. Nicole Guidi s’interroge et nous interroge : la poule ou l’œuf ? Comme elle seule a la réponse, laissons-nous porter par ses dessins à l’encre sur papier et ses créations numériques en noir et blanc, pénétrons le cœur de ses entrelacs jusqu’à s’y perdre puisqu’elle aime tant brouiller les pistes. M.G.-G. La poule ou l’œuf ? jusqu’au 3 avril La Poissonnerie, Marseille 7e 06 13 14 68 35 http://nicoleguidi.blogspot.fr

© Nicole Guidi, Encre de chine sur papier Arches, 64 x 101 cm, 2014

Le voyage extraordinaire de Lucy du 27 mars au 19 avril Immeuble Le Corbusier, galerie du Studio, Marseille 06 52 36 34 32 www.photos-et-therapie.com


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Éléonore False et Ana Vega

L’espace architectural et le décor innervent la réflexion artistique d’Éléonore False et Ana Vega qui inventent, à l’Hôtel de Gallifet, un dialogue à trois inédit ! De la photographie au collage, de l’objet à la vidéo, de la céramique à l’installation, leurs pièces s’agencent et conversent, composant une suite de paysages illusionnistes. Une méditation à deux voix et à quatre temps. M.G.-G. Double décor jusqu’au 10 mai Hôtel de Gallifet, Aix-en-Provence 09 53 84 37 61 www.hoteldegallifet.com

Exposition Double Décor, Eleonore False et Ana Vega © Hôtel de Gallifet, Aix 2015

Eric Hattan

À l’instar de nombreux artistes actuels, Eric Hattan se nourrit du banal, des lieux et objets ordinaires détournés pour en renverser les perspectives. En metteur en scène partant de l’existant, il revisite l’espace de l’Espace pour l’art avec un projet spécifique None to high. C.L. jusqu’au 18 avril Galerie Espace pour l’art, Arles 04 90 97 23 95 www.espacepourlart.com © Eric Hattan, 2010, Passerelle, centre d’art, Brest, du neuf avec du vieux, Installation

Joséphine Drouet

Elle avait fait l’ouverture de la galerie en 2014. Joséphine Drouet revient avec une nouvelle série consacrée au torero José Maria Manzanares et sa cuadrilla. Pour la première fois, une photographe de mode s’est immergée dans ce milieu très masculin, au quotidien, entre haute couture et tauromachie. C.L. Manzanares, Père et Fils, Péages du 4 au 25 avril Anne Clergue Galerie, Arles 06 89 86 24 02 www.anneclergue.fr Matador © Joséphine Douet & Anne Clergue Galerie

Salvatore Puglia, Eden du 3 avril au 16 mai FLAIR Galerie, Arles
 06 20 75 13 58 www.flairgalerie.com

Eden 02, 2014 © Salvatore Puglia

Ouverture

Une nouvelle galerie d’art contemporain à Arles, ça se fête ! Et c’est le photographe Salvatore Puglia qui sera d’ouverture avec la série Eden, composée notamment de pièces inédites. Sa directrice, Isabelle Wisniak, a fait le choix du thème de l’animal comme fil rouge de sa programmation. L’amateur trouvera œuvres et objets d’art au 11 rue de la Calade. Inauguration le 3 avril. C.L.


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Guy Oberson

Semblance présentera les œuvres récentes de l’artiste Fribourgeois Guy Oberson, un ensemble composé d’huiles, aquarelles, dessins à la pierre noire et de sculptures. Sa compagne, Nancy Huston, a lu ses poèmes créés en écho aux œuvres lors du vernissage, le 11 mars. Un livre-catalogue accompagne l’événement, publié par Actes Sud. C.L. jusqu’au 26 avril Le Méjan, Arles 04 90 49 56 78 www.lemejan.com

Jean-Michel Rillon

Après avoir photographié le monde tzigane, Jean-Michel Rillon s’est plongé dans la culture flamenca, de Nîmes jusqu’en Andalousie. 50 tirages en noir et blanc sur papier baryté, des projections et 8 grandes bâches dans le cœur des Prêcheurs, avec le compagnonnage des dessins d’Eddie Pons. Vernissage 3 avril à 18h30. C.L.

Les mains du flamenco, 2011©Jean-Michel Rillon

Enfant-chamois, aquarelle sur papier, 36 x 48 cm, 2012, Guy Oberson © X-D.R

Entre dos du 3 au 25 avril L’Atelier du Midi, Arles 04 90 49 89 40 www.atelierdumidi.com

Agnès Mellon

Répondant à une commande du Théâtre des Salins dont la programmation met en avant le thème de la femme, Agnès Mellon poursuit son questionnement entre photographie et identité. Variant les supports, carton plume, dibond ou sur bâche, elle a aussi choisi «quelques aperçus masculins, car il y toujours une part de masculin chez la femme et vice et versa». C.L.

© Agnès Mellon

Identité de femme jusqu’au 24 avril Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net

Les Alpilles comme motif

Moins connues que la Sainte-Victoire, les Alpilles ont pourtant servi de source d’inspiration majeure à de nombreux artistes. De Van Gogh à Chabaud, Gleizes, Prassinos, Marchand, Bioulès... Près de 35 artistes, peintres, dessinateurs, sculpteurs, des œuvres issues de commandes, et pour élargir l’horizon plusieurs séminaires, concert, rencontres et conférences par Elisa Farran. C.L. Vues jusqu’au 24 mai Musée Estrine, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 34 72 www.musee-estrine.fr

Raymond Guerrier, Alpilles, c.1955, Huile sur toile, 162 x 260 cm, Musée Estrine © Fabrice Lepeltier


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Françoise Vadon

Quand les broderies picturales de Françoise Vadon dialoguent avec l’espace monumental de la chapelle Sainte-Anne et ses traces de peintures ornementales, l’exposition emprunte à la conversation son ton intimiste et ses silences. Elle parle de formes en mouvement, de compositions chromatiques éclatées et de saynètes laissées en suspens. Crayonnées, aquarellées ou picturales, ses œuvres chuchotent à l’oreille des histoires partagées de sieste, de rêveries, d’attente… M. G.-G. Peintures récentes du 17 au 26 avril Espace culturel Ste Anne, Boulbon 06 40 31 05 37 www.francoisevadon.com © Françoise Vadon, acrylique sur papier

Expressions

S’il fallait donner la preuve des vertus polymorphes de l’art, les sept artistes rassemblés ici -Nathalie Deshairs, Isabelle Durand, Franta, Jean-Luc Guin’Amant, Tetsuo Harada, Dominique Limon, Christian von Sydo- en attestent chacun à travers leur expression singulière, qu’il s’agisse de peinture, dessin, gravure, sculpture, de l’art du verre ou de la céramique.
C.L.

Grand corps absent © ADAGP - Christine Ferrer, grillage, branchages 100 x 170 cm

Émotions et Matières jusqu’au 10 mai Galerie 22, Coustellet 04 90 71 85 06 www.galerie22contemporain.com Une terre de grès d’Isabelle Durand © Galerie 22

Christine Ferrer

Plongé dans la pénombre, le centre d’art Campredon fait apparaître le rayonnement intérieur des œuvres de Christine Ferrer créées sur le fil de sa mémoire, de bouts d’histoires, de vieilles photos de famille. Dessins, broderie de mots matières sur grillage, carnets et autres objets composent un cortège poétique marqué par le vivant, les corps, la danse, l’étoffe. Toute une vie tissée par delà le temps. M.G.-G. Sur le fil jusqu’au 13 juin Centre d’art Campredon, Isle-sur-la-Sorgue 04 90 38 17 41 www.islesurlasorgue.fr/campredon

Laurent Perbos

Tables de ping-pong déformées, ballons de football… l’art de Laurent Perbos imprégné des loisirs de masse trouve sa juste place dans l’espace d’expositions temporaires du Musée national du sport. C’est une carte blanche de grande envergure car l’artiste rassemble l’ensemble de sa production depuis dix ans et met en regard ses pièces récentes ancrées dans la sculpture antique et les mythologies. M.G.-G. Sculpture Club jusqu’au 17 mai Musée national du sport, Nice 04 89 22 44 00 www.museedusport.fr Rainball © Laurent Perbos


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Le temps argentique D

ans le prolongement de Midi antique, photographies et monuments historiques 1839-1880 au musée archéologique d’Arles, une exposition photographique se prépare, pour célébrer les 20 ans du musée bleu. Pas de grandiose découverte, juste le mouvement d’une chanson familière et la collation de photos de famille. Une seule contrainte : qu’elles soient prises aux côtés d’un monument antique, d’un site archéologique de la Méditerranée ou de la Narbonnaise. Jean-Pierre Moulères, commissaire de J’aimerais tant voir Syracuse, évoque quelques pistes de lecture. Zibeline : Pourquoi une exposition sur des photos de famille ? J-.P. Moulères : L’exposition précédente relevait la question d’un patrimoine qui au XIXe siècle était en danger. À partir de là, j’ai eu envie d’en proposer une autre vision, parce que ce qui m’intéresse également dans ce patrimoine c’est qu’il est aussi riche d’imaginaire. Je me suis inscrit dans la lignée de ce que j’avais déjà entrepris en 2013 avec les Chercheurs de Midi. Il s’agit de faire sortir la photo de famille du registre affectif, pittoresque. Les nouveaux courants de la photographie travaillent sur le décadrage, le ratage, le flou, l’incident, et du coup il y a une vraie nouvelle lecture : on ne voit plus ces photos-là comme naïves ou possiblement ratées, mais comme une photo ayant une tension, une organisation. Fondamental aussi le format très petit de ces photos. En les agrandissant un peu, on leur accorde un autre statut, c’est comme Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, et bien ces photos, c’est aussi de vraies photographies. Qui sont les contributeurs ? Contrairement aux Chercheurs de Midi, la collecte et la participation citoyenne n’étaient pas l’objectif majeur, il était ici question de produire une autre vision de l’antique et particulièrement pour les 20 ans du musée y exposer les figures des gens qui y viennent. L’approche était beaucoup plus humble en un temps très réduit. L’intérêt était l’expo. On a presque 1 200 photos, pour environ 200 contributeurs. Difficulté aussi de donner à voir l’intime ? Les gens accordent peu de crédit à ce qu’ils font. Il

Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Édité à 32 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008

Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.)

est difficile de composer une image avec un décor antique. Ce qui crée une autre fragilité. Lier la photo de famille et l’antique s’avère alors très intéressant, parce que l’antique c’est aussi un état de fragilité du monde : on est vraiment entre la perte et la rénovation, dans le rapport de ce que l’on n’a pas connu. Sauf que du coup on y vit une sorte de présent, parce que l’antique avant tout c’est du présent. Ça nous parle aussi de notre rapport au temps. La ruine, c’est une page ouverte, un espace de construction imaginaire et mentale. Ce sont les lieux de notre écriture. Il est question de l’espace poétique qu’accorde la ruine. Les deux espaces que sont la photo de famille et la ruine se rencontrent bien et ils posent ensemble des questions sur l’épaisseur du temps. Le parcours de l’exposition ? Je voulais donner le titre J’aimerais tant voir Syracuse, partir de quelque chose de très simple comme la chanson, que tout le monde peut chanter comme la photo de famille que tout le monde peut faire, c’est un bien commun. Partir donc de Syracuse pour décliner des bribes de mots, de poèmes, qui prolongent la mélodie des choses (Rilke), l’impact poétique des images, comme un petit fil de dialogue avec des auteurs que j’aime,

Yourcenar, Kavafi, Borges, Pessoa entre autres. Créer une tension, une poétique du sujet, permettre de déceler une possible élection entre les images, les textes… Pour une mémoire revisitée et populaire… Cette mémoire est en construction. Ce dont je me suis rendu compte c’est que cela ne faisait qu’appeler à du vivre et du vivre ensemble. Ça épaissit le présent. Entretien réalisé par MARYVONNE COLOMBANI

J’aimerais tant voir Syracuse du 25 mars au 7 juin Musée départemental de l’Arles Antique, Arles 04 13 31 51 03 www.arles-antique.cg13.fr

© Collecte photo de famille. Grèce, Athènes de la collection Jean-Pierre Moulères, Grèce Athènes

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