un gratuit qui se lit
N째85 du 20/05/15 au 17/06/15
Sommaire
Société
Enquête sur la Nouvelle Acropole à Marseille ..................................................... 4 à 7 Climat : la MEDCOP de l’urgence, Naomi Klein ................................................................. 8, 9 Michel Bauwens, les Journées de l’histoire de l’Europe ............................ 10, 11
Politique culturelle
Entretien avec la directrice du cinéma de Gardanne, le Merlan ...................................................................... 12 Ouverture du Festival de Cannes........................................ 13
Événements
Le MuCEM, la Villa Méditerranée ................................... 14, 15
Festivals
Le Festival de Marseille, Uzès Danse .............................16, 17 La Friche, Arts et festins du monde, C’est Sud, Le Monde est chez nous ................................18, 19 Tous Dehors, Contes & Jardins, Africa fête, Joutes musicales ...................................... 20, 21 Les Eauditives, les Rendez-vous du kiosque ........................ 22
Critiques
Théâtre .................................................................. 24 à 28 Musique.................................................................. 30 à 32
Au programme
Musique ................................................................. 34 à 37 Théâtre, danse, jeune public, cirque, rue .............................................................. 38 à 45 Cinéma ................................................................... 46 à 51 Arts visuels ............................................................. 52 à 61
Patrimoine
Entretien avec la directrice du musée de Salagon, nouvelle exposition à Quinson .................................... 62, 63
Hurler sans les loups L’insulte faite par l’ancien président de notre République à la ministre de l’Éducation, comparée dans sa «médiocrité» à Christiane Taubira, est sidérante : est-il possible de ne pas entendre ce qu’elle dénote de racisme et sexisme ? Les loups hurlent de tous côtés, confondant la réforme des collèges avec la refonte des programmes, et s’accrochant à une ségrégation sociale instaurée de fait par le choix des options. Pour autant, la réforme des collèges décidée par Najat Vallaud-Belkacem, fondée sur le constat, partagé, que le collège fonctionne mal et qu’il accentue les clivages sociaux, passe à côté de ses objectifs : étant donné l’état actuel des établissements scolaires, il est légitime de vouloir que ses enfants soient dans de «bonnes» classes. Tant que l’enseignement privé incitera ceux qui peuvent payer à éviter la mixité sociale ; tant que les effectifs des surveillants, réduits depuis 20 ans à peau de chagrin, ne permettront pas d’assurer la sécurité nécessaire des élèves ; tant que les jeunes profs se présenteront devant leurs premiers collégiens sans la formation pédagogique dont ils bénéficiaient encore il y a quelques années ; tant qu’une relation de confiance ne sera pas rétablie entre la Nation et ses enseignants mal payés, surdiplômés mais méprisés, se confrontant tous les jours à la violence verbale et physique des adolescents ; tant qu’on les soupçonnera de passéisme lorsqu’ils défendent leurs enseignements... alors, on ne pourra reprocher aux parents de préserver leurs enfants du niveau scolaire médiocre des établissements publics. Les recettes sont simples pour que tous les élèves accèdent plus égalitairement au savoir commun : faire cesser la ségrégation permise par l’existence d’un enseignement privé qui échappe à la carte scolaire, donner le temps aux professeurs débutants de se former, et remettre dans nos établissements secondaires les médecins, assistants sociaux et surveillants qui permettront aux enseignants d’exercer leur métier en paix. Sans les hurlements de loups qui récupèrent leur lassitude, et leur colère. AGNÈS FRESCHEL
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Enquête sur la Nouvelle Acropole à Marseille Intriguée par les conférences proposées par La maison de la philosophie à Marseille, Zibeline a cherché à en savoir plus sur les activités de la Nouvelle Acropole, un organisme suspecté de dérives sectaires
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e visage de Carl Gustav Jung s’affiche en grand sur les murs de Marseille. Diverses manifestations lui sont consacrées par la Maison de la Philosophie, située boulevard Salvator dans un bel hôtel particulier. Pour qui s’intéresse à la psychanalyse, Jung est un personnage sujet à caution, de par l’appui qu’il a apporté à Göring dès 1933, et certains de ses écrits anti-freudiens affirmant la supériorité de l’inconscient aryen sur l’inconscient juif. C’est donc avec circonspection que l’on s’approche des affiches, pour lire les mentions qui y figurent... où l’on découvre le logo de la Nouvelle Acropole, société initiatique au passé sulfureux.
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enseignement pris auprès de la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires (Miviludes), on apprend que cet organisme, fondé en 1957 par l’argentin Jorge Angel Livraga Rizzi «se définit comme une association culturelle à vocation humaniste qui promeut, par le biais de cours de philosophie et d’activités sportives et artistiques, un enseignement ésotérique et spiritualiste». Sa doctrine d’inspiration théosophique véhicule notamment la croyance en la transmigration
des âmes, la possibilité d’établir des contacts médiumniques avec les «Maîtres», guides de l’humanité, ainsi qu’une théorie selon laquelle des races se sont succédées dans l’histoire : hyperboréens, atlantes, lémuriens, aryens... Parce que «de fortes suspicions de dérives autoritaires pèsent sur la Nouvelle Acropole qui, sous ses activités de façade, diffuserait auprès de ses membres les plus assidus un message anti-démocratique voire totalitaire», et inquiète «de son fort prosélytisme envers la
Jorge Angel Livraga, dit JAL, fondateur de la Nouvelle Acropole, est décédé en 1991. S’il n’apparaît pas directement dans les références philosophiques de la Maison de la philosophie marseillaise, plusieurs témoignages de personnes ayant assisté aux cours dispensés affirment qu’il fait partie des «philosophes» abordés dès le premier cycle. Voici quelques extraits relevés par le GEMPPI de ses Lettres à Délia et Fernand, écrites en 1980, rééditées par la NA en 1994 : P145- Les âmes dotées de plus d’expérience se sont toujours incarnées dans des familles déterminées, d’une ethnie supérieure au groupe gouverné. P42- Chacun doit découvrir en soi un gardien spirituel...plutôt que de gémir...sur la situation mondiale. Celle-ci ne sera pas changée par les gens ordinaires ; seuls les hommes et les femmes supérieurs le feront... P27- La race actuelle qui dirige le monde. En son sein une nouvelle race est en gestation, elle constituera une nouvelle souche. Une nouvelle synthèse spirituelle. P28- ...il existe déjà...en tout Acropolitain quelque chose de cet homme nouveau...ces idées grandioses et torturantes qui vous assaillent la nuit, le désir de conquérir le monde pour un idéal, l’élan émotionnel qui vous fait vaincre les barrières de la
communauté scolaire et estudiantine», la Miviludes exerce sa vigilance à son égard. C’est également le cas du GEMPPI, Groupe d’Étude des Mouvements de pensée en vue de la protection de l’individu basé à Marseille, qui propose sur son site nombre d’extraits édifiants, issus de la documentation remise aux militants de la Nouvelle Acropole(voir extraits ci-contre).
fatigue...l’obéissance qui vainc vos instincts...sont les indices en vous de l’homme nouveau. P81-...éveiller en d’autres le même idéal. Etre et militer sont inséparables...Militer est un mot de racine latine... de là vient le terme militaire P184- Il est licite de tuer pour un idéal...Mais avec des armes et des moyens qui lui correspondent... P208- L’ère de la raison, pour la raison en soi, est morte. Aujourd’hui se lèvent les temps où règnera la Volonté P133-...ce que nous proposons, c’est une science nouvelle. Fortement liée à la Sagesse ésotérique... P60-...si nous étudions leurs sciences, ce n’est que pour les réfuter de la même façon qu’on extrait le venin... P140- Le véritable artiste est un genre particulier de prêtre et non un drogué, un homosexuel ou un délinquant timide qui... nous agresse avec des pinceaux... P201-...l’Homme nouveau est sans fard. Il croit en Dieu... Pour l’Homme nouveau, il y a les vainqueurs et les vaincus... P202- L’Homme nouveau est déjà parmi nous...Il appartient à la nouvelle race spirituelle au sein de laquelle le surhomme...sera manifesté... Suite p. 6 et p. 7
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Soutien ou manipulation ? L
e site de la Maison de la philosophie illustre le type de manipulation qu’exerce la Nouvelle Acropole : divers courriers de soutien à une des deux associations (Espace Salvator ou Maison de la philosophie) émanant du Maire, Jean-Claude Gaudin, en 2004 ainsi que de celui qui n’était pas encore son 1er adjoint, Dominique Tian, en 2006, ou de Daniel Hermann lorsqu’il était adjoint à la culture en 2011, y figurent, comme autant de garanties de respectabilité. Les élus concernés nous ont affirmé ignorer jusqu’alors cet utilisation de leur image, et avoir soutenu simplement ce qui leur semblait une initiative culturelle intéressante, sans connaître les soupçons sectaires qui pesaient sur la Maison de la philosophie. Pourtant le GEMPPI avait déjà alerté Dominique Tian l’an dernier suite à une autorisation donnée à la Maison de la philosophie d’occuper l’espace public et d’y faire la promotion de ses activités. Pointant le fait que «la Maison de la philosophie est une émanation locale de l’association Nouvelle Acropole, organisme international puissant, dont elle diffuse la doctrine et la littérature sous un masque culturel, prétendument philosophique», le directeur du GEMPPI s’étonnait «qu’ils aient eu l’autorisation de s’installer à cet endroit très fréquenté et hautement touristique et que leurs stands arborent le logo de la ville de Marseille, sur de grands panneaux». Ce courriel du GEMPPI est resté sans réponse, et une nouvelle autorisation a été délivrée cette année : la Nouvelle Acropole exerce donc, durant neuf samedis, sur le Vieux Port, un prosélytisme autorisé de fait par
la Ville de Marseille (voir arrêté municipal). Contactés à ce sujet par la rédaction, les responsables de la structure marseillaise de la Nouvelle Acropole n’ont, contrairement aux élus marseillais, pas répondu à nos sollicitations. Autre moyen de manipulation : si l’on élargit les recherches hors de Marseille, on peut relier notamment la Nouvelle Acropole à l’ONG RAPID France, qui organise des interventions d’urgence ou mobilise du matériel (récemment pour le Népal) et recrute par ce biais auprès des jeunes idéalistes. Dans un entretien qu’il nous a accordé, Michaël Descloux, le président de RAPID France, reste d’abord évasif sur ses liens avec la Nouvelle Acropole. Il indique finalement en connaître quelques membres, avoir organisé un «week-end aventure» dans les calanques à Marseille l’an dernier avec la Nouvelle Acropole, et proposer des formations de secourisme à Bordeaux, dans l’Espace Mouneyra, clairement associé à la Nouvelle Acropole. Dans un deuxième temps, il précisera être lui-même «adhérent de la Nouvelle Acropole», avec laquelle RAPID France «travaille en partenariat», sans avoir «à relever aucun fait particulier». En fait, on apprendra qu’il est le dépositaire du nom de domaine Espace Mouneyra, également son président, et qu’il est lié de près à ce lieu depuis sa création. Par l’Espace Mouneyra, qui, comme la Maison de la philosophie, est une émanation directe de Nouvelle Acropole, RAPID France, peut, sous couvert d’action humanitaire, facilement approcher des jeunes gens.
Arrêté de la Ville de Marseille du 15 mars 2015
15/0041/SG – Organisation de débats philosophiques sur le quai de la Fraternité par l’Association Nouvelle Acropole Vu la demande présentée par l’« Association Nouvelle Acropole », représentée par Monsieur Roland LAMAISON, domiciliée 19, bd Salvator 13006 Marseille ARTICLE 1 La Ville de Marseille autorise l’«Association Nouvelle Acropole», représentée par Monsieur Roland LAMAISON, domiciliée 19, bd Salvator 13006 Marseille, à organiser dans le cadre de « la semaine de la philosophie » des débats philosophiques avec installation d’une table, huit (8) chaises, un panneau d’information et un parasol, sur le quai de la Fraternité, conformément au plan ci-joint. Les Samedis 7 et 14 mars 2015 de 15H00 à 18H00, montage et démontage inclus. Les Samedis 18 et 25 avril 2015 de 15H00 à 18H00, montage et démontage inclus. Les Samedis 2 et 30 mai 2015 de 15H00 à 18H00, montage et démontage inclus. Les Samedis 6, 20 et 27 juin 2015 de 15H00 à 18H00, montage et démontage inclus.
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Emprise, réseau et noyautage L’
emprise mentale se fait donc de manière particulièrement insidieuse, et peu d’organismes suspectés de dérive sectaire ont été condamnés par la justice, qui ne frappe qu’en cas d’infraction au code civil ou pénal caractérisée : détournement de fonds, incitation à la violence, maltraitance à enfant etc. C’est en séparant petit à petit leurs victimes de leur entourage social ou familial, sans jamais le formuler clairement, que les militants opèrent (voir témoignages), souvent en diffusant sur le net : dans le dernier rapport annuel de la Miviludes, remis au Premier Ministre le 4 mai 2015, on lit que les processus de radicalisation et le risque sectaire seraient amplifiés par Internet. Pour une raison presque mécanique : les algorithmes favorisent les sites les plus actifs, qui sont souvent animés par les «pros», plutôt que par les «antis». La puissance du réseau permet de diffuser à grande échelle, et de toucher beaucoup plus facilement une grande audience. Mais Internet n’est pas leur seul moyen d’amplifier leur emprise : le 4 mai dernier, des membres du Colibri (le mouvement de Pierre Rabhi) et d’un collectif d’habitat participatif marseillais se sont réunis pour évoquer leurs difficultés face au noyautage du milieu associatif par la Nouvelle Acropole et le Parti Humaniste (autre structure initiatique d’inspiration New Age). Sous couvert d’actions en faveur de l’environnement, ainsi au Jardin de Sainte Marthe, ou dans le cadre d’alternatives sociétales comme l’habitat partagé ou la manifestation Alternatiba, ces dernières se rapprochent des associations travaillant sur ces
Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Édité à 32 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008
Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.)
Témoignage d’une mère, dont nous préservons l’anonymat à sa demande :
problématiques, tentent souvent de phagocyter les conseils d’administration... et parfois réussissent. Cela a été le cas pour Place des Habeilles, projet d’immeuble multigénérationnel au cœur de Marseille. De fait la communication non-violente, couramment pratiquée dans ce secteur, conduit les collectifs à subir les interventions indésirables. Première règle des manipulateurs : s’approprier l’ouverture d’esprit, et taxer d’intolérance ceux qui se rebellent... Que faire, alors, pour ne pas se laisser berner ? Garder son esprit critique en éveil, questionner les sirènes de la «sagesse» lorsqu’elles se présentent sous les atours fumeux des cathares à Toulouse, ou d’un obscur «philosophe» nommé Livraga, placé sur le même plan que Platon ou Aristote à Marseille, cité antique... On pourrait aussi éviter que des structures telles que la Nouvelle Acropole n’utilisent à leur profit l’espace public ! Et se pencher sérieusement sur leur financement, sur lequel il nous a été impossible d’obtenir la moindre réponse... GAËLLE CLOAREC, JAN-CYRIL SALEMI et AGNÈS FRESCHEL
Rapport 2015 Miviludes au Premier Ministre : http://www.derives-sectes.gouv.fr/ sites/default/files/publications/ francais/Rapport-au-Premierministre_2013-2014_Miviludes.pdf Extraits documentation Nouvelle Acropole sur le site du GEMPPI : www.gemppi.org/accueil/newage-et-occultisme.html?id=142
Je tiens à témoigner comment, de façon sournoise et sans qu’il soit possible de mettre un nom précis sur leur action, la Nouvelle Acropole a transformé ma fille ; elle n’est plus la même. En famille, elle est devenue à la fois fuyante et extrêmement «pédante» sur ce qu’elle pense maîtriser et qu’elle appelle globalement «la philo», tout en insistant lourdement sur l’opposition entre la philosophie enseignée à l’université et la «vraie» philo à laquelle on l’a initiée. Elle ne cherche pas à nous rallier à sa cause, mais semble convaincue de faire partie d’une élite, comme si elle possédait désormais un savoir, une connaissance que nous n’avons pas et qui la met à part. Ma fille a 3 enfants de 17, 14 et 10 ans. Les 2 derniers vont maintenant dans des «camps de vacances» apparemment anodins, mais eux aussi changent, en particulier mon petit-fils de 14 ans qui me parait formaté, et fait la morale et des discours alambiqués à ses cousins et cousines, sur les lois, les règles, les vraies valeurs des chevaliers, le monde en perdition. On a l’impression d’un certain endoctrinement souterrain, sans pouvoir mettre le doigt sur quelque chose de précis qui soit répréhensible. En résumé, il y a bien transformation, ce qui me fait penser et dire que la Nouvelle Acropole n’est pas un mouvement anodin. Pour ce que j’en ai observé, il essaie de se fondre dans son environnement et ceux qui la rejoignent se coupent du quotidien qui était le leur (occupations, amis…) et deviennent peu à peu des gens «étranges», des étrangers pour leur famille. C’est en tous cas ce que je vis.
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Climat : la medcop de l’urgence D
ans six mois se tiendra à Paris la 21e Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21, du 30 novembre au 11 décembre). En préambule à ce rendez-vous planétaire, Marseille accueille, les 4 et 5 juin, la MEDCOP 21, un sommet sur le même thème à l’échelle méditerranéenne. Durant ces deux jours, à la Villa Méditerranée, la mer qui sépare l’Europe de l’Afrique sera au cœur des débats. Entre une rive nord barricadée et une rive sud désespérée, cette vaste étendue d’eau s’est transformée depuis quelques années en muraille pour les
Au programme Le 4 juin, le président de la République, François Hollande, prononcera une allocution d’ouverture. Chaque jour se tiendront deux tables rondes, dont Bilan et agenda positif de la société civile, le 4 à 11h30, et la séance de clôture, Pour des engagements méditerranéens, en présence de Martin Schulz, président du Parlement Européen, le 5 à 14h. Des ateliers auront lieu également, avec, parmi les thèmes abordés, les villes et territoires durables, la gestion des ressources en eau, ou la transition énergétique. Les débats seront ouverts, mais en places limitées et uniquement sur inscription (formulaire sur www. medcop21.com). Pour le grand public, un «Village des solutions» sera dressé sur l’esplanade de la Villa Méditerranée, du 4 au 7 juin. Espace de forum et d’animations, il abritera aussi des projets ou des réalisations, issus de part et d’autre de la Méditerranée, en résistance au changement climatique.
uns et cimetière pour les autres. Cette réalité devenue quotidienne ne sera pas l’axe principal de la conférence, mais elle ne pourra pas être absente des débats. Ce sont avant tout les enjeux climatiques et environnementaux qui animeront les échanges, mais il sera impossible d’occulter que ces questions-là, aussi, ont des conséquences sur les migrations des peuples. Déjà aujourd’hui, et plus encore demain si notre modèle de société n’évolue pas. Dans le programme du colloque, l’accent est mis sur la volonté de construire Une Méditerranée de projets. Avec l’ambition de relever le défi du dérèglement climatique et de maintenir un réchauffement des températures inférieur à 2°. Au-delà, les conséquences seraient fatales en Méditerranée : assèchement des sols, bouleversement de la biodiversité, hausse du niveau de la mer, et impact majeur sur toute l’activité humaine, au Nord comme au Sud. La prise de conscience est tardive, mais il est encore temps d’enrayer le processus. À condition que les décideurs politiques et économiques acceptent d’affronter l’urgence de la situation. «Le réchauffement climatique n’est-il pas l’occasion d’inventer de nouveaux modes de fonctionnement plus harmonieux des sociétés, de définir de nouveaux modes de production et de consommation plus responsables et des relations plus solidaires ?». Cette belle phrase, tirée de la présentation de la MEDCOP 21, sonnera-t-elle moins creux à l’issue de la conférence ? JAN-CYRIL SALEMI
MEDCOP 21 les 4 et 5 juin Villa Méditerranée, Marseille 04 95 09 42 52 www.villa-mediterranee.org
La guerre du La traduction du dernier essai de la journaliste canadienne Naomi Klein est en passe d’exploser les records de vente de ce type d’ouvrage... signe d’une prise de conscience attendue ?
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es livres de Naomi Klein reposent sur ses analyses précises et documentées, et leur politisation est une conséquence de ses enquêtes expérimentales, et non d’un a priori marxiste. Mais à l’heure où la Méditerranée se réunit à Marseille en espérant que le changement climatique pourra «constituer un levier majeur de développement économique» et donnera «l’opportunité de créer une économie nouvelle […] source de croissance», sa force est de reconnaître la pertinence d’une déconstruction du capitalisme et de légitimer la lutte des classes. Avec No Logo et La stratégie du choc, ses trois essais sont une bouffée d’air, en ce sens. Et dans son dernier livre c’est littéralement le cas de le dire, parce que Tout peut changer, et parce qu’il est justement question de l’air.
Le prix de la vérité
Affirmons-le tout de suite, parce que le catastrophisme est inhibant : les solutions pour sauver la planète existent. Elles passent, clairement, par l’arrêt de l’extraction des combustibles fossiles et le passage aux énergies renouvelables. Affirmons-le encore : les moyens financiers et technologiques sont largement suffisants à l’échelle de la planète pour répondre aux besoins de tous. Mieux encore, ils sont porteurs de dix fois plus d’emploi que l’extraction et le nucléaire. Alors où est le problème ? Il réside dans le rapport de force ! La vérité ne s’impose pas d’elle-même aux sociétés humaines, ce que les capitalistes ont bien compris, qui possèdent les entreprises de communication alors même qu’elles ne sont pas rentables. Cela tient à l’essence même de la vérité : dans La Vie de Galilée de Brecht le petit moine demandait au savant : «Ne pensez-vous pas que la
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climat, une lutte des classes ! avance masquée en trouvant un prétexte scientifique pour détruire le système. Ainsi ils mettent en garde dans leur campagne idéologique contre un État qui planifierait l’économie, construirait des habitats serrés et réduits comme dans le système soviétique, proscrirait la voiture et encore plus le 4X4. Et le pire est qu’ils sont en train de gagner cette guerre des idées : en 2007 63% des Américains étaient d’accord quant à l’origine anthropique du réchauffement climatique ; en 2011 ils n’étaient plus que 44%. Cette idéologie s’appuie bien évidemment sur le néo-libéralisme : les lois du commerce mondial (OMC) interdisent aux États un quelconque favoritisme, même pour des initiatives écologiques qui viendraient concurrencer des activités privées polluantes ou les interdire. Nous sommes dans une ère où l’intervention de l’État est devenue taboue. Auparavant, face à une crise, les gouvernements se demandaient ce qu’ils pouvaient faire ; aujourd’hui ils se demandent quels mécanismes financiers complexes ils peuvent initier afin de laisser les lois du marché s’occuper de la problématique, allant, par exemple, jusqu’à coter en bourse les droits à polluer...
La peur de la démocratie vérité, si elle est la vérité, finira par s’imposer d’elle même ?» et déclenchait une explosion de colère : «Non, non et non ! Seule s’impose la part de vérité que nous imposons ! ». Cet extrait ne peut mieux illustrer la guerre idéologique qui oppose tous ceux qui constatent l’origine anthropique du réchauffement aux climato-sceptiques. Ceux qui affirment que le réchauffement actuel est dû à l’activité humaine s’appuient sur le constat de 97% des climatologues de la planète : bien que scientifiques, c’est-à-dire prudents dans un domaine où les causalités sont complexes, ils sont formels. Mais les autres, les climato-sceptiques, ont bien compris l’aspect politique de la vérité, et la lutte des classes. Comme ils représentent une minorité dominante qui possède les richesses, ils financent avec des moyens démesurés une propagande (colloques, fondations, lobbying, média, etc.) visant à contrer la réalité scientifique, comme du temps de Galilée : non la Terre ne tourne pas, non la Terre ne se réchauffe pas. Admettre que la Terre tourne c’était abattre les autorités politiques et religieuses de l’époque. Admettre le réchauffement c’est signer l’acte de décès du capitalisme et une prise du pouvoir économique populaire...
Théorie du complot
Comme le montre Naomi Klein, les dominants voient dans la lutte contre le réchauffement climatique une théorie du complot, une idéologie communiste qui
Car ce ne sont pas que des intérêts financiers qui sont en jeu avec des mesures pour sauver la planète. Il s’agit d’un glissement du paradigme politique et philosophique. Une réorganisation de la production de l’énergie avec le renouvelable requiert une décentralisation à des petites structures de production locale et leur appropriation par les citoyens. C’est ce que démontrent de nombreux cas concrets sur la planète. Par exemple les gens vont d’autant mieux accepter des éoliennes sur leur territoire s’ils ont conscience des enjeux et si les bénéfices leur reviennent. Alors ça en est fini de l’accumulation des profits par des multinationales. Et philosophiquement, c’est exercer une violence sur la conscience de l’Occident que de s’en remettre au soleil et au vent. N’est-ce point mettre un terme à cette maîtrise et domination de la nature intellectualisées par Descartes et Bacon ? Mais «tout peut changer», y compris notre pensée sur l’homme et le monde. Et tel est le titre du livre de Naomi Klein. Car de plus en plus de femmes et d’hommes se battent un peu partout dans le monde, y compris et surtout des populations autochtones auparavant exploitées et indifférentes. Et le combat se fait de plus en plus violent car il s’agit de sauver sa terre pour sauver la planète. Et puis les récentes extractions du gaz de schiste aux USA perturbent soudain les intérêts fonciers de populations aisées. Les dégâts sur les territoires sont ravageurs, la pollution inouïe, le gâchis insensé. La mobilisation s’amplifie. «Tout peut changer» ; et l’idée forte qui se met en
place est celle de «dette climatique» envers les pays émergents et les plus pollueurs : ils ne peuvent abandonner leur croissance fondée sur les énergies fossiles et polluantes qu’avec le soutien de pays qui ont épuisé la planète avant eux. Une stratégie ambitieuse, juste, réaliste et… utopique ? Pas plus que ne le fut le coût de l’abolition de l’esclavage. Il en va de la survie de l’espèce humaine dans cent ou deux cents ans ! Et l’amorce ne peut venir que de la mobilisation citoyenne, de son activisme croissant et, il faut le dire, de sa violence, pour pallier l’irresponsabilité, l’impuissance et la procrastination des gouvernements… et le cynisme des multinationales. Car leur tentative de parade, prétendant qu’on ne peut altérer notre mode de production, est double : 1 – ce n’est pas la Terre qui est menacée (la bio masse s’est remise de crises plus graves) mais l’humanité ; elle aura une fin, d’autres espèces lui survivront... 2 – la technologie trouvera une solution (masquer le soleil, habiter d’autres planètes, etc.) Face à de tels arguments suicidaires, affichons notre volonté de survivre, et concluons avec Brecht, dans la suite du dialogue de Galilée avec le petit moine : «Ces hommes égoïstes et violents ont senti l’œil froid de la science braqué sur une misère millénaire mais artificielle qu’il était manifestement possible d’éliminer en les éliminant eux». RÉGIS VLACHOS
Tout peut changer, Capitalisme et changement climatique Naomi Klein Actes Sud - 24,80 euros
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Pour un peer-to-peer post capitaliste ! Alors que Naomi Klein défend l’idée que Tout peut changer, Michel Bauwens observe comment cela a déjà commencé : dans des systèmes économiques alternatifs, fondés sur la participation «de pair à pair»
Car l’économie partagée en finit avec l’obsolescence programmée : la fabrication industrielle capitaliste doit prévoir une usure, pour que ses produits soient remplacés, et que la consommation perdure. On constate tous d’ailleurs combien nos machines s’usent plus vite, et combien la mode et les «progrès» rendent dépassés le dernier cri de l’année précédente : avec la fabrication de «communs» par les citoyens, l’intérêt est que tout dure. Et de fabriquer «glocal», c’est-à-dire partager globalement la connaissance, pour une fabrication la plus locale possible. L’économie collaborative est une solution à nos problèmes écologiques : fabriquer du commun, c’est aussi ne pas détruire...
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conomiste un peu, philosophe à ses heures, anthropologue du numérique de fait, Michel Bauwens est surtout un observateur du réel, et un homme agissant. Qui a quitté la Belgique et son poste de responsable de la stratégie numérique de Belgacom, pour vivre en Thaïlande et mettre en œuvre sa Fondation P2P (peer-to-peer !!). À l’occasion de la parution de son essai Sauver le monde, vers une économie post-capitaliste avec le peer-to-peer, il était en résidence à la Fondation Camargo (Cassis) et a répondu à quelques questions lors d’une conférence informelle.
Une économie du partage
Envisager le peer-to-peer comme une libération possible du capitalisme semble paradoxal : quoi de plus capitaliste qu’Apple ou Facebook ? Michel Bauwens, pour analyser le phénomène, se fonde non sur la réalité économique actuelle de ces sociétés, mais sur ce que Wikipédia, Arduino ou Linux mettent en place dans leur principe de contribution : le capitalisme récupère parfois le partage des connaissances qui se pratique entre «pairs» dans les réseaux ouverts ; il n’en demeure pas moins que des individus, volontaires, décident de fonctionner hors de l’échange habituel travail/rémunération, sans hiérarchie, pour fabriquer du «commun». Et que cela ne concerne pas que la sphère numérique : le prêt d’un canapé pour la nuit, le covoiturage, le cojardinage, le partage de semences fertiles, la construction d’habitats partagés, le troc de savoir-faire, tout cela se pratique de plus en plus. Et plus matériellement encore, l’économie collaborative permet aujourd’hui à une voiture comme Wikispeed d’exister : ses plans sont disponibles en open source, on peut la fabriquer dans un garage avec un petit équipement, elle est entièrement modulable, on peut en changer à l’infini toutes les pièces… Bref, elle est inusable, surtout si on perfectionne l’imprimante 3D qui devrait permettre la fabrication, et la réparation infinie, de chaque composant ! Et le principe de la fabrication relocalisée est transposable pour des lave-linges, des téléphones portatifs, des ordinateurs...
Un mode de production voué à disparaître
L’analyse de Michel Bauwens repose au fond sur le même constat que Naomi Klein : l’expansion capitaliste n’est plus possible, la croissance infinie est un leurre, et le système est en cours d’effondrement. Remontant dans l’histoire, il compare notre époque à celle de la fin de l’esclavage, puis du système féodal, montrant que chaque système a été détruit de l’intérieur par ses propres paradoxes, mais contenait en lui les germes du système nouveau. L’économie contributive serait-elle elle notre avenir ? Pour l’heure, il concède qu’elle conforte plutôt le capitalisme, en inventant de nouveaux marchés comme Facebook ou Google. Ou en dérégulant le travail comme Uberpop, les sites de covoiturage et les services de couchsurfing, qui concurrencent fortement les taxis et l’hôtellerie, sans régler de factures fiscales ou sociales... Autant d’entreprises ou de sites qui font de la plus-value en profitant de la collaboration, plus ou moins gratuite, des partageurs !
D’autres problèmes apparaissent encore : pour inventer une économie entre «pairs», il faut que chacun ait quelque chose à partager : des connaissances, des savoir-faire. Même si les gains de productivité immenses réalisés ces dernières années devraient aujourd’hui permettre de travailler beaucoup moins, peut-on imaginer une société où l’économie ne serait pas fondée sur le travail rémunéré ? Michel Bauwens prône un revenu minimum qui permettrait à chacun de pourvoir à ses besoins, en «collaborant» selon ses moyens. Le slogan semble très marxiste, même s’il établit une nette distance avec le collectivisme. Pourtant on ne voit guère comment maintenir une société de «pairs» égalitaire et non hiérarchisée, quand seuls certains possèdent une connaissance partageable... Mais la force de la démonstration de Michel Bauwens réside dans le constat qu’il dessine : cette économie existe déjà, à l’état embryonnaire ; il est donc souhaitable qu’elle se développe et que les États la favorisent et la protègent, afin qu’elle ne soit pas happée par le capitalisme financier. De plus en plus d’individus, partout dans le monde, sortent du salariat volontairement. Nos modes de production, destructeurs de la biosphère, ont si peu besoin de notre travail qu’on en vient à réduire volontairement la productivité pour ne pas détruire de l’emploi, et à sur-fabriquer de l’inutile jetable. De toute façon, cela finira bientôt : autant regarder ce qui peut advenir d’autre... AGNÈS FRESCHEL
Sauver le monde Vers une économie post capitaliste avec le peer-to-peer Michel Bauwens Ed Les liens qui libèrent, 20,50 euros
Quelle paix !? L
es Journées de l’histoire de l’Europe existent depuis 12 ans à Paris, elles ont connu leur première édition marseillaise fin avril. L’Association des Historiens a rassemblé des spécialistes parmi les meilleurs, à même de traiter son sujet La paix en Europe, quand l’Europe a connu la paix du Moyen Âge à nos jours. Après une courte allocution de bienvenue de la part d’Anne-Marie d’Estienne d’Orves, adjointe au Maire déléguée à la Culture, les conférences ont démarré sur les chapeaux de roues au Musée d’Histoire de Marseille et à la Bibliothèque de l’Alcazar, devant un public dense et attentif (y compris nombre de lycéens). La première intervention, celle de Benoît Rossignol, maître de conférence à l’université Panthéon-Sorbonne, pouvait paraître hors sujet, puisqu’il a évoqué la Pax romana, l’idée de paix dans le monde romain. Mais bien au contraire, il a posé avec brio les fondations d’une réflexion indispensable : on ne pouvait pas traiter 10 siècles d’histoire occidentale sans avoir une idée claire du contexte antique qui l’a immédiatement précédée. Ce qu’il a fait avec humour, se demandant d’entrée de jeu si l’expression «paix romaine» tire plutôt vers l’oxymore... ou la mauvaise blague ? Utilisée par Sénèque, elle fut mise en pratique par son inventeur en politique : Auguste (31 av JC-14). Arrivé au pouvoir par les armes au terme d’un siècle de guerre civile, il a compris qu’il «ne pouvait durer que par le consensus», la paix légitimant l’autorité impériale. Bien évidemment cette paix est parcourue de guerre, au point que l’on a «beaucoup de mal à la trouver». Pas une seule période où Rome ne cherche à repousser ses frontières, même sous Antonin le Pieux (138-161), réputé peu belliqueux ; les conquêtes ont donné lieu à énormément de mouvements de troupes. Précisons que le fait d’écraser une peuplade hostile n’est pas considéré comme une guerre, mais comme une manière de régler un conflit servile : il faut écraser les fauteurs de troubles pour ramener le calme. La guerre à la romaine est très encadrée par le droit, et implique une égalité entre belligérants ; de même, faire la guerre suppose d’avoir fait la paix avec les dieux, comme préalable pour susciter leur bienveillance et garantir une victoire. Enfin, combattre aux frontières est un bon moyen de limiter les tensions intérieures, politiquement dangereuses : c’est une façon d’assurer la stabilité du gouvernement. Idem au Moyen Âge, où selon Michel Balard les autorités civiles et religieuses ont favorisé le départ aux Croisades, comme un moyen de drainer vers la terre sainte les courants agressifs traversant la population. Là encore, on distingue la guerre juste de l’injuste, à visée purificatrice sous les encouragements divins, et si elle est juste «peu importe son caractère défensif ou offensif». Pour «pacifier» la chrétienté, il a fallu organiser une caste de guerriers, la chevalerie, encadrer son usage des armes, et l’Église a longuement insisté pour qu’elle évite de s’en prendre aux prêtres, aux paysans, aux femmes... avec un succès tout relatif. Si l’on tente une balance entre les violences et les mesures de pacification, «dans la seule Europe les déprédations, pillages et massacres l’emportent largement». Ces deux intervenants ont permis de dégager un schéma valable à peu près à toutes les époques : la paix, c’est la guerre qui se repose... ou qui est déviée. GAËLLE CLOAREC
Les Journées de l’Histoire de l’Europe à Marseille ont eu lieu les 24 et 25 avril
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Pour un cinéma exigeant et populaire N
Cerise Jouinot, Directrice du Cinéma 3 Casino de Gardanne © Maryvonne Colombani
ouvelle directrice du Cinéma 3 Casino de Gardanne, Cerise Jouinot est issue de la Fémis, et a dirigé un mono-écran en Charente-Maritime. Gardanne est un retour aux sources pour celle qui a étudié à Aix-en-Provence. Avec enfin trois salles… ou presque ! Zibeline : Qu’en est-il de la salle 1, toujours fermée, et de sa fameuse poutre ? Cerise Jouinot : L’association n’a jamais reçu les expertises mais le montant des réparations est estimé entre 800 000 et 300 000 euros… Nous voudrions mener une contre-expertise ! Il existe le projet d’un grand complexe culturel qui unirait les écoles de musique, danse, arts plastiques et des salles de cinéma, mais il faudra plusieurs années pour mettre en œuvre une construction aussi ambitieuse. En attendant, le cinéma poursuit ses activités, en gardant le bel esprit que lui avait insufflé Régine Juin. Quel est son statut ? Les murs appartiennent à la mairie, mais le cinéma est géré par une association indépendante qui reçoit des subventions de la part de la mairie, du CG13 et de la Région, et bien sûr celle qui découle du Label Art et Essai par la DRAC PACA. Je m’étonne d’ailleurs de certains propos qui annoncent des sommes pharamineuses, comme 2 millions d’euros de subvention, sans préciser que c’est sur dix ans, donc 200 000 euros en moyenne par an... Le prix des places est remarquablement bas, à 5,50 euros avec la carte. Il découle du fait que le cinéma est subventionné, justement, il a un devoir d’être accessible à tous, en répondant aux critères de ses différents labels, «Art et Essai», «Jeune Public» et
«Recherche et Découverte», par une ouverture sur le monde, de qualité, avec les films en VO… Certains parlent à ce propos d’élitisme… Non, il n’est pas besoin d’être initié pour voir La famille Bélier ou Pourquoi j’ai mangé mon père… Grâce au numérique on peut avoir les versions VO et VF, selon les séances. Sauf quand la double version n’existe pas, comme pour Taxi Téhéran de Jafar Panahi. La VF permet à certains publics d’accéder
à des œuvres vers lesquelles ils ne seraient pas allés autrement, et amener les gens vers la VO est aussi un travail que nous avons à accomplir. Trouver des pépites cinéma et les faire partager est une priorité, y compris aux scolaires qui doivent être ici au premier plan. J’envisage d’ailleurs des cinéconcerts en relation avec l’école de musique. Allez-vous infléchir l’esprit de la programmation ? Le maintien des festivals ne se discute pas ! Que ce soit le Festival d’automne ou le Festival éco-citoyen, très participatif puisque la programmation s’effectue avec les associations. Les rendez-vous du mardi permettent de revenir sur des trésors du cinéma… Nous adhérons aussi cette année à l’ACID, ce qui permettra de nouvelles rencontres avec les réalisateurs. Mon ambition est aussi de développer le jeune public, avec des ciné-goûters pour les plus grands et lumière tamisée et son réduit à partir de deux ans. Avec un mini-festival jeune public, sans doute au printemps. J’ai aussi proposé un ciné-club au Centre Charpak de Gardanne. Notre cinéma est un bastion culturel au cœur de la cité, passeur d’images, d’émotions et de sens. Propos recueillis par MARYVONNE COLOMBANI
Créations au Merlan La Scène nationale conclut sa saison par la création de la Cie L’Entreprise. François Cervantès travaille depuis plusieurs semaines, en résidence, à son Epopée du Grand Nord (voir page 39), tandis que la «bande» d’artistes associée par Francesca Poloniato, la nouvelle directrice (voir Zib 81), prépare
trois années de présence sur le terrain, créations artistiques, projets participatifs, collaborations avec les structures sociales et culturelles qui l’entourent... Avec les chorégraphes Nathalie Pernette et Mickael Philippeau, le poète slameur Fred Nevchehirlian, les metteurs en scène et auteures
Antonella Amirante, Pauline Bureau et Céline Schnepf qui aiment à construire, très différemment d’ailleurs, des spectacles «dès l’enfance», François Cervantès va s’ancrer dans les lieux, bâtir des nouveaux liens, auxquels les «voisins» Michel Kelemenis et Alexis Moati seront associés. Un projet
«Au fil de l’autre», dont on attend avec impatience le déploiement, et dont les spectateurs comme les participants associés auront un avant-goût début juin... A.F.
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Quand Cannes rencontre Dunkerque,
ou comment la machine économique s’enthousiasme d’un film social
L’
ouverture du Festival de Cannes est devenue un moment surréaliste. Un de ceux où Dali aurait aimé donner un coup de rasoir, pour faire enfin jaillir l’humeur saignante. Pourtant cela ne manque pas de chairs exposées, durant la montée des marches, où les stars s’attardent face aux photographes, ouvrent la bouche mais pas trop pour garder l’illusion du sourire éternellement naissant, s’entortillent pour offrir leur visage de face mais la ligne pure de leur sein droit et de leur fesse gauche... Glamour, vous dites ? Le visage simple d’Ingrid Bergman qui flotte au dessus des marches a, paradoxalement, plus de chair ! Célébrité, sexe et luxe... le plus grand festival de cinéma se résumerait-il à ce qu’il affiche dans ses rituels dorés à l’or peu fin ? Lambert Wilson, en Monsieur Loyal, s’emberlificote : lorsqu’il demande au public de fermer les yeux pour retrouver le souvenir intime de Cannes, il en conclut que «Cannes est une femme», n’imaginant pas que, pour certains, c’est Pialat levant le poing, c’est Saura s’accrochant aux rideaux pour empêcher la projection de son film en 68... Mais Lambert Wilson veut flatter les femmes, sans remarquer que la composition du jury, presque paritaire, fait alterner actrices et réalisateurs... Phallocrate le Festival ? Sans nul doute, même si pour la première fois de son histoire le jury de 2014 fut présidé par une réalisatrice (Jane Campion), il y a encore du travail à faire pour que la misogynie de la couv’ de Charlie Hebdo n’ait plus lieu d’être, et pour que le film d’Emmanuelle Bercot qui ouvrait le Festival ne soit pas accueilli avec condescendance par des critiques qui ne s’interrogent pas sur l’endroit d’où ils parlent. D’ailleurs, dans la salle, le paradoxe est là : le Ballet National de Paris fait des rosaces sur Vertigo, mais on applaudit Benjamin Millepied, directeur du plus grand ballet de France, sans doute davantage parce qu’il a monté les marches avec Nathalie Portman que pour sa chorégraphie tourbillonnante. Mais après La Tête haute, c’est pendant plus de 15 minutes que le public chic de la Croisette a ovationné, debout, un film aux antipodes de la composition sociale de la salle. Preuve s’il en est qu’à Cannes ce sont encore le cinéma et les artistes qui gagnent ; La Tête haute est un film réussi, sans autres effets de mise en scène que des cadrages justes, un scénario et des dialogues émouvants, un cinéma du réel tourné avec ados et éducateurs de ces centres de détention pour mineurs, ouverts ou fermés, qui représentent régulièrement un enjeu politique entre les adeptes
La Tête haute d’Emmanuelle Bercot © Luc Roux
d’une société répressive, et ceux qui, hugoliens, savent qu’il faut encore et toujours donner leur chance aux êtres perdus. Malony est un enfant violent, antisocial, qui choisit toujours l’affrontement, que personne ne sait comment aider. Pauvre, bien sûr, mais la réalisatrice s’y attarde peu, comme elle filme peu les rues de Dunkerque qui pourraient être celles de n’importe quel quartier populaire. Comme elle s’attarde peu sur les violences et rejets que l’enfant a dû subir, sur les déficiences de sa mère trop jeune mais aimante à sa façon, et dépassée. C’est l’appareil judiciaire
La Ville de Cannes, le Palais des Festivals et la Région Paca ont commandé une étude qui met en évidence le fait que le Festival génère 72 millions de «retombées économiques primaires». Cela se chiffre en nuitées et en repas supplémentaires durant le Festival... On aimerait que le bilan s’établisse en comptant les spectateurs assistant librement aux projections sur les transats offerts, en rappelant que 4000 lycéens s’impliquent dans le Festival et y découvrent de grands films, en soulignant le bénéfice culturel pour les citoyens et les moyens de création donnés aux artistes, plutôt qu’en chiffre d’affaire pour le secteur du tourisme de luxe... A.F.
qui l’intéresse, celui que la République a mis en place pour pallier les déficiences de son système social. On pourrait reprocher à ce film une vision angélique de la justice des mineurs et des éducateurs, incarnés par Catherine Deneuve et Benoît Magimel. En offrant ces rôles à des stars, Emmanuelle Bercot les sort du réel qu’elle filme, et les maintient dans une fiction de cinéma : le jeune Rod Paradot n’en est que plus vrai, constamment touchant, prodigieux de naturel, de violence et de désarroi, capable de tout dire avec son corps et de changer de visage, tout comme le jeune enfant que la cinéaste dirige et filme merveilleusement dans la première scène. Car la force de ce film est de s’approcher des êtres sans les juger, et de montrer ainsi, par son humanité, combien notre société a raison de s’accrocher à son attirail de République solidaire et sensible, sinon égalitaire. Et de rendre hommage à ceux qui, quotidiennement, modestement, œuvrent au maintien de la paix sociale. Le film se clôt devant le palais de justice et ses drapeaux ; pour rappeler, sans doute, que nos valeurs républicaines sont fragiles. Rien de révolutionnaire, mais cela vaut tous les tapis rouges. AGNÈS FRESCHEL
La Tête haute a été projeté le 13 mai en ouverture du 68e Festival de Cannes. Il est sorti le même jour dans les salles
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Les monothéismes sont-ils La nouvelle exposition du MuCEM, Lieux saints partagés, entre de front dans les problèmes de coexistence des religions monothéistes, pour en livrer des conclusions ethnologiques surprenantes... Tombe de Rachel, Zeev Raban, Tel Aviv, Israël, 1931, carte postale, 10x15cm, musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris. © Musée d’art et d’histoire du Judaisme, Paris
D
ionigi Albera, commissaire de l’exposition, a cherché à mettre au jour des «chemins de traverse entre les monothéismes». En anthropologue, il sait que les comportements des croyants ont plus de points communs que de motifs d’achoppement, et son exposition, optimiste, tente de les mettre au jour, sans nier les oppositions, sans éviter les échecs : si de nombreux lieux saints sont partagés entre Chrétiens, Musulmans et Juifs, cela se passe rarement sans conflit. On entre dans l’exposition comme en pèlerinage, accompagné par des ombres en route sur les chemins de la foi. Et la scénographie muséale se parcourt comme une lente avancée vers la lumière, l’ouverture et la mer, entrecoupée d’œuvres contemporaines et d’un sublime Chagall... La première partie, sinueuse, étroite, s’inscrit Dans les pas des prophètes communs : Abraham, Elie, Moïse, et Rachel, figures de la Bible, sont représentés par les trois religions, et nombre de tableaux, objets, dessins, illustrations de Sourates les concernant, figurent dans l’exposition, mettant au jour une communauté des traits représentés, et un goût partagé pour les images narratives. Mais du même coup, les lieux saints relatifs à ces prophètes étant les mêmes, ils sont sources de revendications d’exclusivité, en particulier en Israël. L’exposition montre comment les cultes cohabitent avec plus ou moins de réussite : harmonieusement sur le Mont Sinaï où minaret et clocher du monastère
Sainte Catherine se profilent ensemble, ou dans le cénotaphe chrétien de David où les Juifs vont régulièrement prier ; plus conflictuellement au Tombeau des patriarches à Hebron ; tragiquement au Tombeau de Rachel, à Bethléem, placé sous l’autorité palestinienne par les accords d’Oslo, mais fortifié et surmonté de miradors depuis 1995, flanqué d’une école rabbinique, et annexé depuis 2002 par Israël. C’est pourtant autour d’une autre mère que Musulmans et Chrétiens se retrouvent : la deuxième partie de l’exposition est consacrée au culte de Marie, plus souvent citée dans les Sourates que dans les Évangiles ! Le culte marial, qui célèbre la fertilité, la maternité, la modestie féminine, repose sur une religiosité universelle. Dont les Chrétiens ont voulu faire un outil de conversion, en édifiant une réplique de Notre Dame de la Garde à Alger : une vidéo montre comment les Musulmans fréquentent le lieu, tout comme le bâtiment marseillais, sans se convertir pour autant... L’exposition propose aussi une série d’objets votifs, de chapelets, de cierges, qui démontre la proximité des rites de dévotion à Marie. Les croisements interconfessionnels passent aussi, en Méditerranée, par une multitude de sanctuaires où les croyances se sont contaminées au fil des siècles autour de Saint Georges, des Sept Dormants d’Ephèse... Amulettes et talismans servent à exprimer des désirs communs, à demander le bonheur, la fertilité, la santé, la protection. L’exposition met ainsi
remarquablement en évidence les traits d’une religiosité liée à toutes les croyances, résistant aux dogmes exclusifs des monothéismes : croire en un Dieu unique n’est pas si évident, et s’en remettre à des Saints, à des figures mi-humaines, persiste malgré les interdits, et constitue un fait populaire partagé, qui renvoie aux polythéismes...
Tragédies politiques
Le 29 avril une table ronde à la Villa Méditerranée, co-organisé avec le MuCEM autour des enjeux politiques des religions, a remarquablement complété l’exposition. La soirée était exceptionnelle. D’abord, symboliquement, parce que la Villa Méditerranée, dirigée désormais par l’Avitem, et le MuCEM ont signé une convention de collaboration qui précise leurs complémentarités, et déclare leur intention de travailler vraiment ensemble. Ensuite parce que le public rassemblé débordait la salle, le grand hall et les petits espaces où le débat était retransmis, prouvant par leur nombre et la qualité de leurs questions, qu’il y a lieu à Marseille d’organiser de grands débats politiques publics sur l’espace méditerranéen. Enfin et surtout, parce que la pertinence des intervenants rassemblés était évidente. Intitulée Géopolitique des Lieux saints en Méditerranée, la table ronde laissait de côté la question du partage pour se consacrer à celui du conflit, c’est-à-dire, essentiellement,
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criminogènes ?
Jean-Paul Chagnollaud, Régis Debray, Jacques Huntzinger, Leïla Shahid, Elie Barnavi, Dionigi Albera © Villa Méditerranée-Christophe Gomi
à Jérusalem. Leïla Shahid fut comme toujours émouvante, rappelant les souffrances du peuple palestinien, l’abandon international, l’illégalité des territoires occupés, la violence des expropriations des musulmans d’Israël, la tragédie inextricable. Jean-Paul Chagnollaud, professeur de sciences politiques, rappela l’histoire, la colonisation anglaise, le sionisme des débuts, les frontières qui s’outrepassent et s’établissent, pour les Palestiniens, comme autant d’enceintes carcérales. Elie Barnavi, ancien diplomate israélien et compagnon de combat de Ben Gourion, rappela que l’État d’Israël fut édifié sur d’autres bases, socialistes, par des «juifs athées»... et que le fait religieux et ses fanatismes avaient surgi et gagné à cause de l’échec politique, du mépris de la loi internationale, de l’installation consentie de la domination oppressive. Plus pessimiste que Dionogi Albera, il dit sa conviction que les monothéismes sont intrinsèquement criminogènes, parce qu’ils tolèrent au mieux les autres religions : les périodes de partage, la convivencia et le cosmopolitisme ne sont qu’une trêve entre deux guerres : On ne peut pas altérer la parole de Dieu, fondamentalistes musulmans et juifs tiennent le même discours. C’est pourquoi il faut
stériliser la religion, et c’est ce qu’on appelle la laïcité. Une solution pour Jérusalem ? Régis Debray, avec un cynisme drolatique, proposa que le siège de l’ONU, qui n’a rien à faire à New York centre de l’impérialisme capitaliste, soit déplacé à Jérusalem, qui deviendrait une ville internationale sous haute protection de tous. Loufoque ? Pas tant que ça. Quelle autre solution trouver à ce conflit interminable qui ne cesse d’acheminer le monde vers le tragique ? Car partout, en Inde et en Chine Tibétaine, dans le monde musulman qui se déchire, en Israël où la droite au pouvoir installe un État Juif, le fait religieux s’est emparé du politique, qui n’est pas son affaire, par essence : La politique c’est le compromis, et la religion n’est pas négociable... AGNÈS FRESCHEL
Géopolitique des Lieux Saints a eu lieu à la Villa Méditerranée, Marseille, le 29 avril Lieux Saints Partagés jusqu’au 31 août MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org
Avant l’été
U
n beau programme pré-estival est annoncé au MuCEM, en matière de rencontres, débats et conférences. Tout d’abord, dans le cadre du temps fort Fragments d’une Tunisie contemporaine, (voir aussi p. 52) une série de quatre conversations à deux voix introduites par Anissa Bouayed (l’historienne mettra en perspective chaque thème abordé -Liberté, Droit, Religion et Violence- avec une figure marquante du passé tunisien). Le 22 mai, la juriste Farah Hached dialoguera avec la dessinatrice Nadia Khiari, fameuse pour avoir commenté les événements de la révolution de 2011 par l’intermédiaire de son personnage, le chat Willis from Tunis. Le 29, Amira Yahyaoui, fondatrice de l’ONG Al Bawsala, rencontrera Yadh Ben Achour, juriste également, pour évoquer le lien entre droit et révolution. Le lendemain, Thierry Fabre recevra Youssef Seddik, philosophe et anthropologue, afin de questionner l’Islam politique. Enfin le 5 juin, Basma Khalfaoui Belaïd, veuve du leader de gauche Choukri Belaïd et Azyz Amami, blogueur et activiste, traiteront de l’usage de la terreur dans un contexte de transition démocratique. En parallèle, on pourra suivre jusqu’à son terme le cycle La peur : raisons et déraisons, animé par Fethi Benslama (écouter son interview sur la Webradio Zibeline ). Le 28 mai, c’est le psychanalyste lui-même qui sera interrogé par un journaliste de Médiapart, Joseph Confavreux. S’ensuivra le 11 juin une rencontre avec le dernier des grands juges anti-mafia, sous escorte policière en continu, Roberto Scarpinato. Pour conclure le 12 juin avec Jacques Sémelin, spécialiste mondial de la question génocidaire et des violences de masse. Autre venue exceptionnelle, celle d’Hélène Cixous le 1er juin, dans le cadre du cycle Au comptoir de l’ailleurs. Lors d’un grand entretien avec Sofiane Hadjadj, la romancière, dramaturge, essayiste et poétesse évoquera certainement ses luttes féministes et ses amitiés avec Ariane Mouchkine ou Jacques Derrida. Pour célébrer en beauté l’approche de l’été, on ne manquera pas non plus la nocturne du MuCEM consacrée le 12 juin à une réflexion sur l’art. Peut-il contribuer, avec ses outils propres, à la réflexion scientifique ? Via «la poésie, la musique, la danse, ou la performance», peut-on interroger des notions «telles que le dérèglement climatique, ou l’influence de l’activité humaine sur l’environnement» ? Réponse pluridisciplinaire à l’urgence écologique lors de cette Nuit dans un jardin. GAËLLE CLOAREC
MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org
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Marseille, bouquet final !
What The Body Does Not Remember, Cie Ultima Vez © Danny Willems
Apolline Quintrand a annoncé la 20e édition du Festival de Marseille et le nom de son successeur...
L’
édition 2014 avait laissé un goût amer : l’annulation de la plupart des spectacles, le conflit musclé avec les intermittents, la présence policière, le désarroi des artistes déprogrammés, des dissensions graves avec d’anciens employés... n’auguraient pas du retournement que la directrice du Festival et son équipe ont su opérer ! Le programme du Festival de Marseille est plus alléchant que jamais, et le successeur enthousiasmant : c’est Jan Goossens, actuel directeur du KVS, le Théâtre royal flamand à Bruxelles, qui prendra les rênes du Festival 2016, après une transition en douceur avec l’actuelle directrice. Lorsque l’on sait comment il a transformé le KVS, pour y proposer des formes innovantes, le sortir de son exclusivité flamande, et faire rayonner ses productions dans le monde, on ne peut que se réjouir de l’arrivée de cet homme engagé et imaginatif ! «Depuis vingt ans le Festival de Marseille danse sur la ligne de faille de l’art et de la politique», affirme l’édito d’Apolline Quintrand. Si faille il y a (l’art n’est-il pas intrinsèquement politique ?), il est certain que le
Festival danse, équilibriste, sur ce fil ténu : depuis 20 ans Apolline Quintrand propose des spectacles insoumis par leurs formes, et parfois par leur propos, aux collectivités de gauche mais surtout de droite qui le financent. La Ville de Marseille, en particulier, est indéfectible, et n’a jamais fait partie de ceux qui crient à l’élitisme et voudraient un art prétendument populaire, et volontiers populiste : affirmant sa volonté d’un festival exigeant, de création, international, quitte à n’y rien comprendre, Jean-Claude Gaudin apparaît comme le protecteur tutélaire d’un festival chic, mais qui va aussi dans les quartiers difficiles, offre des places aux CE et aux spectateurs à faibles revenus, est distingué pour ses actions envers les handicapés, et sait parfois s’encanailler avec Marseille Objectif DansE dans un bal tango... Aussi le public s’y renouvelle année après année, jeune, divers, bigarré, même si les pros de la culture y sont aussi en nombre ! Cette année d’ailleurs l’édition commencera par une incursion participative dans les arts de la rue : Willi Dorner travaille avec la chorale des hôpitaux, la Croix rouge et le Samu social, la fanfare des pompiers et des associations d’étudiants, pour explorer les cicatrices de la ville et proclamer We are the City ! Au programme aussi des ciné-danse, un ciné-concert Fado (Gisela João), un bal tango pour clôturer, des restitutions d’ateliers, mais surtout beaucoup de spectacles ! Une seule proposition théâtrale, mais c’est un événement : Mission, produit par KVS, est le bouleversant parcours au Congo d’un prêtre belge, et pose la question de ce que les hommes font au nom de Dieu... Et puis il y aura… de la danse ! Presque toutes les danses d’ailleurs, celles inspirées par les traditions
populaires portées par les plus grands contemporains du genre ; Rocio Molina en solo, Ana Perez et Cristina Hall en duo et la Cie Manuel Linan pour le flamenco, et le Ballet du Capitole pour danser le tango réimaginé par Catherine Berbessou... On y retrouvera aussi deux chorégraphes de notre région qui ont accompagné le festival pendant 20 ans : Guests de Josette Baïz et Zef ! de Michel Kelemenis décoiffent toutes deux, et confirment la vitalité de la danse faite par les gens d’ici... À ne pas rater non plus : la Cie Candoco qui bouleverse nos idées sur le handicap en faisant danser les corps dits «empêchés», le Ballet de Lyon qui danse néoclassique (Millepied et Forsythe), Hofesh Shechter et sa sublime danse insurrectionnelle, un Sacre du printemps (Daniel Linehan) et puis, en cadeau d’adieu, deux fois Wim Vandekeybus, et deux fois Anne Teresa De Keersmaeker. Pour ceux qui auraient prévu des vacances ailleurs, il va être difficile de quitter Marseille en juillet ! AGNÈS FRESCHEL
Festival de Marseille du 14 juin au 17 juillet 04 91 99 02 50 festivaldemarseille.com
20 ans, une fête à deux temps Mes mains sont plus âgées que moi © Victor Tonelli
L
e festival Uzès Danse a 20 ans et s’apprête à fêter dignement cet anniversaire après une édition 2014 tristement annulée par le Centre de Développement Chorégraphique, suite au mouvement des intermittents. 20 ans ça se fête, et pour mieux en profiter l’événement se décline sur deux grands week-ends de trois jours, avec 14 spectacles de 13 compagnies françaises et européennes, et le retour de nombreux artistes qui ont marqué l’histoire de ce festival. Laurent Pichaud et Rémy Héritier ouvriront le bal, très pédagogiquement, avec des Jeux chorégraphiques à la recherche des figures de la danse contemporaine, alors que le parcours-conférence Mon nom des habitants, un projet à long terme sur la mémoire de la Grande Guerre inscrira ce premier week-end sur le territoire du Gard. Malika Djardi dansera le solo-rituel d’Alexandre Roccoli Longing à partir des femmes kabyles tisserandes, la Libanaise Danya Hammoud interrogera la condition féminine dans Mahalli, puis l’histoire dans Mes mains sont plus âgées que moi, et la pièce Weaving chaos de Tânia Carvalho, plus spectaculaire, embarquera 12 danseurs infatigables dans l’Odyssée d’Homère. Pour clore ce premier temps, Christophe Haleb présentera CommunExtase. 2e temps fort avec Arnaud Saury et Mathieu ma fille Foundation sur les traces de Jack London dans Mémoires du Grand Nord ; puis Kat Válastur qui interroge le thème de la ronde dans Ah ! Oh ! A contemporary ritual, Matthieu Hocquemiller qui fouille le corps intime, et Fabrice Ramalingom les multiples identités de l’homosexualité dans D’un goût exquis. À découvrir, la performance Des miss et des mystères qui associe danse et fiction radio. Parmi les retours, Boris Charmatz et Dimitri Chamblas reforment 20 ans plus tard la pièce À bras-le-corps, Thierry Thieû Niang et Eric Lamoureux reprennent leur délicat duo Une douce imprudence. L’édition mise sur la force du collectif, en clôture le Collectif Mobil Casbah lancera une invitation générale à danser sur tous les styles dans La Piste à Dansoire. En piste ! DE.M.
Festival Uzès Danse du 12 au 14 juin et du 18 au 20 juin Divers lieux, Uzès 04 66 03 15 39 www.uzesdanse.fr
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e Goethe-Institut, dont les bureaux sont situés à La Friche depuis 2014, est associé à la conception des prochaines 48h Chrono. Organisation à but non lucratif visant à promouvoir l’apprentissage de la langue allemande à l’étranger, il est le symbole de l’Allemagne et sa plus importante institution culturelle. C’est donc à l’heure berlinoise que l’on vivra le deuxième week-end de juin, avec une programmation franco-allemande coproduite par le Goethe-Institut. Ah, Berlin, capitale réputée pour sa créativité, ses avant-gardes artistiques, ses cabarets et ses marathons de clubbing ! Il paraît que l’on y joue aussi beaucoup au ping-pong, comme on le verra lors des tournois organisés sur le toit-terrasse, et que les supérettes y forment un haut lieu de sociabilité : on visitera donc avec intérêt celle de la plasticienne Meggie Schneider. Parmi un programme très touffu, permettant aux fêtards comme aux enfants ou aux amateurs de DJ set, films expérimentaux pointus ou performances chorégraphiées de trouver leur bonheur, on retiendra notamment le Social Muscle Club proposé par Das Haus, spectacle participatif pour 350 personnes désireuses de revoir leurs capacités de don/contre don. De même que
Death is certain © Lucas Fester
La Friche à l’heure allemande Le monde est à Gardanne L C
omme chaque année la ville de Gardanne célèbre les cultures du monde et fête l’amitié entre les peuples en organisant Arts et Festins du monde, une manifestation conviviale qui allie artisanat, restauration et musique. C’est la fanfare afro-cubaine Tanga Libre, une comparsa (danse collective de marche) de la région marseillaise, qui lancera les festivités le 22 mai et fera monter la température pour accueillir les danseuses de Calypso Samba et le groupe Orisamba : au programme batucada, reprises de Gilberto Gil, Seu Jorge, Revelaçao et bien d’autres ! Musique à nouveau le lendemain, dès 15h : le groupe Bekar et les imposteurs mêlera des sonorités klezmer à un répertoire rock et pop folk ; la danseuse Paca Santiago sera accompagnée sur scène par sa Cie Abilyelar et son frère Vincent Santiago pour un spectacle de Flamenco, entre tradition et modernité ; les neuf musiciens et les trois voix solistes de la formation marseillaise Mariachis Fanfare Corazon de Mexico donneront à entendre un répertoire de standards mariachis, de boleros mexicains, de valses traditionnelles de Veracruz et de chants aztèques ; le blues garage énergique de The Wanton Bishops, qui fit ses débuts aux côtés des Gun’s n’Roses et de Lana Del Rey, clôturera ce tour du monde musical. Vos papilles seront bien sûr régalées avec des mets préparés dans la tradition de chaque pays représentés, des ateliers vous seront proposés sur la découverte et pratique des musiques du monde et sur les peintures de visages, plus de 70 artisans vous feront découvrir tissus, vêtements de créateurs, bijoux… Do.M.
les propositions de marseille objectif DansE : la pièce d’Eva Meyer-Keller, death is certain, basée sur un parallèle entre les cerises et les humains, car elles ont «une peau tendre, de la viande et une sorte d’os à l’intérieur. Leur jus est rouge comme le sang». Et l’installation Grandeur nature conçue par Martine Pisani et Oscar Loeser, poursuivant leur travail sur l’idée de paysage, à la suite du film qu’ils avaient réalisé, As far as the eye can hear. GAËLLE CLOAREC
48h Chrono du 12 au 14 juin La Friche la Belle de Mai, Marseille 04 95 04 95 95 www.lafriche.org
Direction le sud !
Azul et son duo aérien dans une sphère d’acier ; de la musique avec la pop du trio Husbands, la soul et le hip hop du groupe Dafuniks, les rythmes explosifs de la Cumbia Chicharra, le spectacle lyrico-déjanté du duo Cathy Heiting et Jonathan Soucasse ; du théâtre et du cirque, pour les plus jeunes, avec la Cie Guy Simon dans une adaptation libre des Fables de La Fontaine, Le Chat botté de la Cie Le Mille Feuille, les clowns poétiques de la Cie Eponyme, les jongleurs fous de Gandini Juggling, Arsène et coquelicot de la Senna’ga compagnie… Do.M.
C’est Sud du 22 au 24 mai Aix-en-Provence 04 42 91 99 19 www.aixenprovence.fr
Arts et Festins du monde les 22 et 23 mai Centre ville, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr The Wanton Bishops © Balazs Gardi
L
a 14e édition du festival C’est Sud s’installe largement sur le territoire aixois pour en faire une scène festive à ciel ouvert. Sur une quinzaine de sites, les propositions artistiques se succèdent durant 3 jours, faisant la part belle à la diversité du partenariat associatif culturel aixois avec de la danse, du théâtre, de la musique et du cirque. En outre, le festival expose aussi les travaux effectués dans l’année par les écoliers dans le cadre du Plan Enseignement Artistique et Culturel, en partenariat avec l’Éducation nationale et la DRAC, et durant les activités du Plan Organisant les Interventions de la Ville sur le Rythme Éducatif (POIVRE). Laissez-vous porter par le programme copieux avec, entre autres : de la danse avec le Groupe Urbain d’Intervention Dansée qui présente des extraits du répertoire du Ballet Preljocaj, la Cie Grenade de Josette Baïz et ses Guests, le hip hop de Saïdo Lehlouh dans Wild Cat, la Cie
Fêtons les cultures du monde ! Vaisseau Voyageur © Gérard Bonnet
À
Mouans-Sartoux, le 13 juin, 100 artistes de la Région PACA feront vivre en 10 spectacles les musiques régionales et les musiques du monde. Portée par la Régie Culturelle Régionale, Le Monde est en région est une journée exceptionnelle, conviviale et gratuite, initiée par la Région PACA. Elle émane d’une rencontre réalisée à Aubagne dans le cadre de Marseille-Provence 2013, et mettra en valeur de 10h à 23h, place de la Mairie et dans le parc du Château, les patrimoines culturels immatériels coexistant sur le territoire. Et ils sont nombreux ! Musiques orientales avec Arabesques et l’atelier de création de Fouad Didi ; russes et slaves avec Lena Lenok et des musiciens issus de Poum Tchack ; joutes verbales dansées et chants soufis comoriens avec Le vaisseau Voyageur dirigé par Ahamada Smis avec, entre autres, les chants dansés des femmes mahoraises (Debaa) récemment récompensés par un Prix France Musique. Il y aura encore des musiques populaires traditionnelles avec l’école d’accordéons de Mouans-Sartoux ; tziganes d’Europe de l’Est avec l’Ensemble du Conservatoire de musique de Grasse ; folkloriques avec Palomar Trio, locales avec Gigi de Nissa ou méditerranéennes avec Jean-Louis Ruf-Costanzo et son mandoloncelle. Et pour clôturer cette fête de la diversité culturelle inspirée des biennales régionales des arts populaires, le groupe Massilia Sound System sera suivi par un Grand Baléti de danses et musiques du centre-France et du Pays d’Oc. Notre région est riche de talents, écoutons-les et fêtons-les ! DE.M.
Le Monde est en Région le 13 juin Mouans-Sartoux entrée libre sans réservation www.laregie-paca.com www.regionpaca.fr
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Les Alpins dans l’espace Extension, Cirque Inextremiste © X-D.R
Tous dehors (enfin) ! La Scène nationale de Gap clôture sa saison par trois jours de spectacles de cimes
À
Gap, l’arrivée du temps estival n’a pas le même sens qu’ailleurs ! Mettre le nez dehors pour y sentir la chaleur se déployant dans la pureté de l’air a quelque chose d’exceptionnel, et recouvrer l’espace public, extérieur, est déjà un partage. Lorsqu’en plus il est animé d’art, de la rue mais surtout de la nature et des horizons montagneux, que les spectacles se partagent entre petits et grands, alors on se dit que La Passerelle fait bien les choses pour nous attirer jusque là-haut, et pour donner de la joie à ses spectateurs alpins, si fidèles. L’édition 2014 nous avait fait vivre des moments exceptionnels, entre les feux allumés de Carabosse et la rencontre d’un texte de Jehan Rictus. Cette année s’annonce plus cirque et centrée sur des formes plus modestes, sans doute par manque de moyens... Mais le choix n’en est pas moins poétique ! On peut s’étonner de la programmation spectaculaire du Mur de la Mort (4 motards qui défient les lois de la gravité en montant un mur vertical) soutenu par Moto Magazine. D’autant que les autres propositions jouent sur des mécaniques moins polluantes : dans le magnifique Domaine de Charance qui surplombe la vallée, il faudra aller visiter les D’ébauches de deux acrobates Presque Siamoises, la magie mentale de Kurt Demey et son contrebassiste (L’Homme Cornu), les équilibres sur poutre de la Mondiale générale (Le
Mots et jardins
Braquemard, petite forme du Braquemard du pendu, concentrée, drôle et métaphysique...). En ville sur les places il y aura un peu de théâtre, déambulatoire ou forain : L’Illustre famille Buratini qui détourne les contes et transforme les fées en sorcières (et l’inverse !) avec malice (T’as de beaux yeux Carabosse), le Begat Théâtre qui vous munit d’un casque à entendre les pensées des passants, et leurs Histoires cachées. Mais ce sont surtout des acrobates que l’on croisera dans les rues : le solitaire Corvest, dans la tradition burlesque du ratage de tours... vertigineux ; le trio 3xrien, qui en Roue Libre joue et monte à l’échelle au
Vincent Gougeat © X-D.R
P
our sa 13e édition, le Festival Contes et Jardins de La Valette effectue une petite mutation. Les bons contes font les bons amis, dit-on. Depuis cette année, le proverbe pourra s’écrire avec son orthographe correcte. La manifestation varoise devient en effet payante, mais la participation sera raisonnable (entre 2 et 4 euros) et de nombreux spectacles et animations resteront gratuits pour les enfants. Dans l’écrin de verdure du parc des Troènes, le public sera sans aucun doute au rendez-vous. Engagé sur les questions environnementales depuis son origine, Contes et Jardins se définit comme un éco-festival. Jeux, ateliers et actions concrètes (éclairage en lampes LED, décorations en objets recyclés...) sensibiliseront tous les participants à ces enjeux majeurs. Quant aux spectacles, il y en a pour tous les goûts. Quatre espaces scéniques seront installés, la Yourte, pour les tout-petits (6 mois-2 ans), Caïdale, Zéfir et Cassiopey pour les plus grands. Dans une édition placée sous le signe du voyage, les artistes feront sonner mots et merveilles aux oreilles de tous les passagers.
son d’un cor de chasse ; le Cirque inextrémiste, qui fait du cirque sur un engin de chantier, et joue avec nos peurs. D’autres petites formes sont proposées en continu dans les rues : la Cabane de Pépé qui trimballe sa marionnette à saluer les passants, un Don Quichotte et son Sancho cathodiques qui cherchent une Isabella gapençaise, un homme flanqué sur un énorme culbuto, un autre qui reproduit à la craie le Joueur de luth de Caravage... La plupart des propositions sont offertes au public. Mais attention : certains spectacles sont payants (pas chers !), et la billetterie n’est pas mobile ! Il faut réserver au théâtre pour Le Mur de la Mort, les Histoires cachées et l’Homme Cornu... Mais pas d’inquiétude : les spectacles s’enchaînent pour qu’on puisse tout voir, du matin au soir, et des navettes entre Charance et Gap sont prévues. Il suffit de se laisser guider ! AGNÈS FRESCHEL
Tous dehors (enfin) ! du 29 au 31 mai 04 92 52 52 52 La Passerelle, Gap www.theatre-la-passerelle.eu
Sept conteurs ou compagnies proposeront chacun plusieurs spectacles. Parmi eux, Lalunelanuit, de Claire Pantel, s’adresse aux moins de 2 ans, la Cie Audigane s’inspire de la culture tzigane avec Michto ! (dès 8 ans), Fiona MacLeod narre les Contes de ma ferme en Ecosse (4 ans), Sonia Koskas partage sa drôle de recette de Couscous aux enfants (6 ans), ou Vincent Gougeat, qui connaît Le lapin qui n’aimait plus les carottes (3 ans). JAN-CYRIL SALEMI
Festival Contes et Jardins du 28 au 31 mai Parc des Troènes, La Valette 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr
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L’Afrique est à Marseille ! L’éphémère
C’
s’installe L
Imany © Barron Claiborne
est un rendez-vous rituel et attendu, celui qui transforme le Cours et l’Espace Julien en village africain pour l’Africa Fête. Avant que ne se succèdent les concerts, le premier soir sera consacré à un ciné-conférence : le film Quitte le pouvoir d’Aïda Grovestins relate la résistance du mouvement citoyen sénégalais Y en a marre qui a conduit à l’éviction de l’ancien président Abdoulaye Wade ; la projection sera suivie d’un échange avec le rappeur Fou Malade, directeur artistique du mouvement. Dès le lendemain, et pour deux soirées consécutives à l’Espace Julien, place à la musique : avec l’alliance des Chœurs et le Nzimbu Project de Ray Lema, trois générations qui s’unissent et puisent leurs sources dans l’Afrique d’hier et d’aujourd’hui ; le Rio Mandingue qui allie les voix et les guitares brésiliennes à la kora et au balafon guinéen ; l’afro-jazz du groupe Nkul Obeng ; Imany et son grain de voix unique, qui sera en formule duo afin de présenter les titres de son prochain album prévu pour septembre ; avec les sénégalais Fou Malade & Bat’Haillons Blin-D, qui s’engagent activement pour offrir une prise de conscience citoyenne ; Sessimé, chanteuse et danseuse béninoise qui façonne son style de musique afropoprock ; et le FAFIBand, constitué des artistes Noumoucounda Cissoko, Fou Malade, Sessimè, Dominique Essam et Joos qui affirment leur spécificité culturelle en chantant d’une seule voix. Le 13 juin, sur le Cours Julien, une trentaine d’associations feront partager à tous leurs convictions et horizons communs, transformant la place en espace de libre expression : entraide, éco-responsabilité,
artisanat social, économie solidaire… autant de sujets qui permettront la confrontation d’opinions et le brassage des cultures ! Do.M.
Africa Fête du 11 au 13 juin Cours et Espace Julien, Marseille 04 95 04 96 36 www.africafete.com
a mairie des 9 et 10e arr. de Marseille, dite Maison Blanche, n’a rien à voir avec Washington, même si elle possède un très beau Parc ! Le Festival des Arts éphémères qu’elle y organise en est à sa 7e édition, et n’a cessé de prendre une ampleur remarquée : il faut dire que la mairie réunit des artistes de renom venant créer dans les recoins de son vaste jardin, et dans les salles de mariage, des œuvres s’inscrivant dans ce paysage surprenant d’un parc discrètement paysagé dominé par des horizons urbains. Les promeneurs et les novis y ont vu ainsi durant les éditions précédentes des animaux africains, un lit autour d’un arbre, du béton éclaté, des feuilles frissonnantes... Cette année, le festival se veut plus indisciplinaire, invite le théâtre du Centaure, le Bamboo Orchestra, Arnaud Sauguet et Jean Marc Montera, se tourne vers le Design, le dessin (Emilie Perotto)... Le Frac, le Mac, le Pac (respectivement Fonds régional, Musée et Printemps de l’Art contemporain) sont associés à la manifestation, de même que les écoles supérieures d’Art de Marseille et Toulon, tandis que les Ateliers Publics de la Ville de Marseille exposent les créations des élèves amateurs dans les bosquets... A.F. Festival des Arts éphémères du 28 mai au 14 juin 04 91 14 63 50 www.marseille9-10.fr
A
u cœur de la Provence verte, dans le village varois de Correns, les nouvelles musiques traditionnelles du monde se déclinent en Joutes Musicales de printemps. Un festival mené par Le Chantier, lieu laboratoire de création des musiques de tradition orale, qui se consacre à valoriser la diversité culturelle, entre formes patrimoniales et expérimentales. Une 18e édition placée sous le thème de la migration, en cette sombre année qui vient à nouveau de connaître de récents drames en Méditerranée, et qui présentera, du 22 au 24 mai, 22 concerts et 5 créations (dont le Trio Brou/Hamon/Quimbert, les chants brodés des femmes de Tétouan avec Françoise Atlan…). Agora et les chants migratoires du groupe Chet Nuneta ouvriront le festival. Le lendemain, Laurence Bourdin (et sa vielle à roue électroacoustique) présentera une création multimédia, le duo Henri & Idriss Agnel fera vibrer les musiques médiévales et traditions arabes, Alex Grillo fera entendre les
Chet Nuneta © Jean-Jacques Abadie
Écouter le monde
poèmes frioulans de Pasolini en provençal. Et puis encore Nicolas Repac, le Quartette Drailles, la musique amérindienne/blues de Pura Fé, le groove afro-pop de Debademba. Le 24, la journée débutera avec Nü, une sieste musicale dans le noir du violoniste Baltazar Montanaro, suivi par Tarek Abdallah et ses suites musicales Egyptiennes, le concert solo de mandoloncelle de Jean-Louis Ruf-Costanzo, l’incontournable musique persane du Trio Chemirani, ou encore
Polifonic System et le chant occitan de Manu Théron. Des scènes ouvertes parcourront le village pour un week-end complet de découvertes partagées. DE.M. Joutes Musicales de printemps Divers lieux, Correns du 22 au 24 mai 04 94 59 56 49 www.le-chantier.com
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7e édition des Eauditives ésormais un classique ! Le mois de mai retrouve le Festival de poésie (mais pas que) contemporaine organisé par les éditions Plaine Page de Barjols. Cette année est marquée par un changement de taille, le festival s’ancre davantage en Provence verte, avec trois lieux emblématiques : Tourves et le Musée des Gueules Rouges, La Celle et le Parvis de l’Abbaye, Châteauvert enfin et son tout jeune Centre d’Art Contemporain. Trois jours pour une véritable fête de la poésie et de la création. L’École Supérieure d’Art et Design Toulon Provence Méditerranée, ravie de son partenariat de l’an dernier, le renouvelle. Des voix du monde entier se conjuguent là, slameurs espagnols ou liégeois (Dani Orviz et Dominique Massaut), mezzo-soprano libanaise (Roula Safar), et des poètes, expérimentaux (Sylvie Nève et Jean-Pierre Bobillot), «verbo-moteur» (Patrick Sirot), giratoire (Cédric Lerible), définiteur (Antoine Simon), et d’autres, poète du corps graphique (Cécile Richard), réfléchissant son miroir (Pauline Catherinot), ou mêlant les contrées, occito-américaine (Nicole Peyrafitte)… Le festival est aussi éditorial, avec la publication de huit des poètes précités. Ces derniers se plient au jeu des tables rondes, offrent d’inoubliables performances, nous apprennent à vivre l’art dans l’instant même de sa création. Le jeune public est initié par le biais d’une série d’ateliers de pratique artistique mis en œuvre en amont dans les écoles du territoire avec les artistes et auteurs invités. À cela il faut ajouter la visite guidée du Centre d’Art Contemporain de Châteauvert et l’exposition Résonance aquatique (sic) prêtée par le FRAC, par Micheline
© Mariel Colombani
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Simon, la conférence sur la poésie médiévale Les Congiés de Jean Bodel (XIIe) et l’intervention de Georges Olivari, Directeur de la Maison Régionale de l’Eau à propos des inquiétudes sur la fracturation hydraulique. Que l’eau symbole de création ne soit pas utilisée à la destruction ! MARYVONNE COLOMBANI
Festival Les Eauditives le 29 mai Musée des Gueules Rouges, Tourves le 30 mai Parvis de l’Abbaye, La Celle le 31 mai Centre d’Art Contemporain, Châteauvert www.plainepage.com
Publications d’artistes
Privilégiant la créativité à l’événementiel, la manifestation dédiée à la production d’artistes et/ou éditeurs qu’organise la maison d’édition La Fabrique sensible revient avec ses livres, ses revues, ses vidéos d’artistes et ses rencontres, dans divers lieux du magnifique village des Bauxde-Provence. Deux personnalités de l’art contemporain aux pratiques opposées, mais liées par une forte inscription commune dans le contexte social et politique et une revendication d’indépendance envers les formes traditionnelles du marché, sont à l’honneur de cette 4e édition de Publications d’artistes : l’artiste multimédia espagnol Antoni Muntadas présentera ses cartons d’invitations et publications (il expose également à la Galerie arlésienne Espace pour l’Art du 3 au 27 juin), et la philosophe Anne Mœglin-Delcroix livrera ses coups de cœur dans une carte blanche à Hubert Renard, Jean-Claude Lefevre, les éditions Incertain Sens, Zédélé éditions. Trois jours (et une nocturne, le 6 juin) de rencontres avec les éditeurs et les artistes, d’expositions, de présentations de livre, de projections vidéo. En entrée libre. DE.M. du 5 au 7 juin Divers lieux, Les Baux-de-Provence 06 07 59 62 67 www.publicationsdartistes.org
Tous en scène
a 4e édition des Rendez-vous du Kiosque se déclinera en 5 dates dans 4 lieux marseillais. Un programme nomade donc, pluriel aussi, musical bien sûr et, cerise sur le gâteau non négligeable, totalement gratuit pour le public. Un dispositif festif idéal ! Premier rendez-vous le 19 mai au WAAW, avec Les 400 coups orchestrés par Nassim Dj qui lancera la saison avec des activités ludiques et un blind test enjoué. Le Kiosque à musique des Réformés accueillera deux dates : le 24 mai se relaieront la Torpédo Swing de la Cie Dynamogène, un engin infernal qui réveillera la ville au son du rock’n’roll, le trio Surfin’K de Karim Tobbi sur les musiques nord-américaines des années 20 aux années 60, le groupe Date with Elvis qui distillera toute «l’énergie du rock et les lamentations guitaristiques du blues», le
mekanik kantatik © brx
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set rock électro enflammé de Pola Facettes and the Garbage men. Le 28 juin, passage à L’heure d’été avec la chanteuse Clarcèn, le post rock de Maycad, ou le Dj set très féminin intitulé Indiscipline. À L’Estaque (Espace
Mistral), le 13 juin, Nicolas Cante présentera son projet entièrement électronique Nikoll. Il sera présent également le 27 juin à l’Opéra Noir (Place Lulli) avec son piano préparé et son projet Mekanik Kantatik, précédé par Bab et l’orchestre des chats, un concert interactif pour le jeune public, suivi pour les plus grands du duo dansant Massy Inc. Dernière bulle estivale concoctée par l’équipe du BIP, le 23 juillet, avec un rendez-vous Ciné sous les étoiles au Kiosque. DE.M.
Les Rendez-vous du Kiosque Divers lieux, Marseille Les 19 et 24 mai, 13, 27 et 28 juin www.rendezvousdukiosque.fr
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La 10e édition de Lire Ensemble, fête du livre intercommunale initiée par Agglopole Provence, s’est tenue dans les 17 communes de ce territoire du 10 au 25 avril. Lors de la soirée de clôture, le 24 avril au Portail Coucou à Salon-deProvence, furent remis les trois Prix des concours de nouvelles. Le Grand Prix Agglopole Provence pour le concours de nouvelles adultes, sur le thème Imagine la Méditerranée si J. n’était pas mort, a été remis à Claude Arnoult pour Atlantropa dont nous publions ici le début. La suite est à lire sur www.journalzibeline.fr.
ATLANTROPA par
Catastrophe à Gibraltar - Barrage des Colonnes d’Hercule détruit – 66 000 km2 de terres en proie aux flots dévastateurs - Dépêche de l’AFP - 12 décembre 2030 - 12h20 - J’étais sûre que ça arriverait s’exclame Marsi ! La nature se venge, reprend ses droits. Quelle folie d’avoir laissé ce projet se réaliser… - Pourtant, dès le début, il semblait voué à l’échec lui fait remarquer Fréjus. Tous deux, installés au restaurant Mare Nostrum à Cassis, restent interloqués par la nouvelle. Marsi est atterrée. Cela fait des années qu’elle lutte au sein d’une ONG contre cette aberration qu’est Atlantropa. Elle ne décolère pas d’avoir eu, avec tant d’autres, raison. En vain ! - C’est le fruit, reprend Fréjus, de l’entêtement d’Herman Sörgel, initiateur de ce projet en 1928 : assécher une partie de la Méditerranée en fermant le détroit de Gibraltar et le passage entre la botte italienne, la Sicile et la Tunisie. À l’instar de son père, une admiration sans borne pour cet architecte allemand du Bauhaüs transparaît dans ses propos. - Satisfaire les besoins énergétiques de l’Europe en créant des barrages hydroélectriques monumentaux, abaisser le niveau des eaux de plus de deux cents mètres, gagner ainsi des terres d’une superficie aussi grande que l’Allemagne et l’Italie, voilà comment il imaginait le bassin méditerranéen, lui rappelle-t-il. Sörgel y voyait le seul moyen de relancer l’économie, vaincre le chômage, s’assurer une indépendance énergétique, adosser l’Afrique à l’Europe, concurrencer l’Asie et le continent américain. - Au début, on l’a pris pour un illuminé, l’interrompt la jeune femme. Je me souviens qu’il avait essayé de convaincre Hitler de lancer ce programme titanesque, lui faisant miroiter la découverte de l’Atlantide, de ses trésors et de l’Arche d’Alliance, rumeur qui a circulé dans les années soixante. - À ce moment-là, le projet est resté dans les cartons, renchérit Fréjus. Trop coûteux en hommes et en moyens. Plus encore, ces barrages représentaient une cible facile en cas de conflit. Et puis, Hitler était trop absorbé par ses ambitions à l’Est. - Heureusement, conclut Marsi. Pourtant, dès l’après-guerre avec le Plan Marshall, ce projet faillit ressurgir. - À l’époque, les avis étaient très partagés, reprend Fréjus. La priorité
Claude Arnoult
fut donnée à la reconstruction. Substituer au pétrole et au gaz une ressource hydroélectrique n’était pas une mauvaise idée. Mais le bas prix de ces énergies fossiles et l’engouement naissant pour le nucléaire l’emportèrent. Déjà, à ce moment-là, tes amis écolos, farouches adversaires des énergies polluantes, auraient dû adhérer à cette aventure. - Tu oublies tout le reste, lui objecte Marsi : destruction des côtes, émergence de sols pollués par des années de rejets toxiques de nos villes et industries, épidémies, salinité accrue de la mer détruisant une grande partie de sa faune et flore, traumatisme des habitants en rupture avec leurs traditions ancestrales, économie touristique anéantie… L’apocalypse quoi ! C’est ce que nous avons connu dès 2015 lorsque les communautés européennes ont accordé leurs subventions et donné leur feu vert à l’Atlantropa. Voilà pourquoi nous étions contre. - Peut-être, rétorque Fréjus, mais ça n’a duré qu’un temps. Il fallait en passer par là, unique solution pour sortir l’Europe du marasme économique et unir l’Afrique à notre destin. En fin de compte, l’idée n’était pas si utopique. - Encore une vue de post-colonialiste nostalgique des temps où vous nous exploitiez sans vergogne. Originaire du Rwanda, Marsi sait de quoi elle parle. - Comme tu y vas. Ce sont des clichés. Tout ça c’est dépassé. Conviens que ce continent a pris un essor considérable ces dix dernières années. D’ailleurs, d’Atlantropa est né Transaqua1. N’est-ce pas fantastique d’avoir réussi à fertiliser une grande partie du Sahara grâce au barrage du Congo, à aménager le lac Tchad, les avoir reliés à la Méditerranée ? Certes, cela n’a pas été sans mal et même nécessité des travaux pharaoniques au coût astronomique. Tout le paysage de cette partie de l’Afrique et son avenir en ont été bouleversés. Le Transaqua est un projet de transfert d’eau interbassins au départ de certains affluents du fleuve Congo vers le lac Tchad et ce par un gigantesque canal qui utiliserait la vallée du fleuve Chari, principal tributaire du lac. Longtemps en sommeil, ce projet connaît en ce début de XXIe siècle un brusque regain d’intérêt étant donné l’urgence des problèmes qu’il est censé régler. •••
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Aimer ou s’en sortir Casimir et Caroline © Raphaël Arnaud
s’abimer quant à elle dans une quête d’ascension sociale par la séduction de capitalistes avinés, quant à lui dans la délinquance. Si aucun des deux n’en paye le prix fort, ils n’en seront pas moins, au bout de la nuit, irréconciliables. Comment le contexte social, la crise économique, pèsent-ils sur l’amour ? La force de cette proposition est de ne pas s’y appesantir, mais de jouer à toute vitesse, sans excès, avec un sens du jeu choral, sans détacher les caractères du fond noir où ils reposent : une société qui, hélas, ressemble à celle que nous offrons à nos enfants, et qu’ils semblent (re)connaître comme étant la leur. AGNÈS FRESCHEL
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asimir et Caroline est un de ces drames écrits pendant la crise de 29 qui résonnent dans l’actualité sociale et politique d’aujourd’hui : les dramaturges de langue allemande, de Büchner à Brecht en passant par Schnitzler, ont fait entrer les problématiques du peuple sur les scènes, à l’heure où les Français restaient dans le théâtre bourgeois. La pièce de Horváth, jouée en 1932, fut brûlée et mise à l’index par les Nazis. Mais c’est sans doute son ancrage dans la modernité qui a attiré la jeune actrice metteure en scène Léa Chanceaulme (Caroline) et
sa tout aussi jeune compagnie Que Mas. Le Zeppelin et le grand huit qui font rêver d’envol, l’automobile, le chômage, l’ivresse de la fête de la bière, la délinquance et la prostitution occasionnelle, mais aussi le découpage en courtes saynètes, la force des personnages féminins, le déplacement continuel des groupes, le bruit et les musiques qui se croisent, ont inspiré à la troupe, qui taille largement dans le texte, une mise en scène qui file à toute allure et ne s’attarde pas dans les tergiversations du cœur. Caroline l’employée et Casimir le chauffeur au chômage vont se séparer,
Casimir et Caroline, production du Théâtre du Gymnase, Marseille, a été créé du 11 au 13 mai
À venir le 22 mai Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 39 www.theatre-semaphoreportdebouc.com
Libre sur la terrasse eux jeunes comédiennes, récemment issues de l’excellente école d’acteurs ERAC, ont créé la Cie Caractère(s) et se sont lancées dans un exercice courageux. L’une, Cécile Le Meignen, assure une mise en scène à la fois rigoureuse et inventive ; l’autre, Mikaëlle Fratissier, incarne avec énergie et sensibilité le personnage de Fatma. Peut-être un peu lourd encore pour de frêles épaules. 5 juillet : c’est la Fête de l’Indépendance en Algérie. Les échos en parviennent à peine. Tout le monde est dans la rue mais Fatma profite de la liberté de la terrasse de l’immeuble. Une fois par mois elle y a droit et il n’est pas question de passer son tour. Tout en étendant le linge de ses employeurs, elle raconte son histoire, accrochant au fil ses souvenirs en même temps que les draps et les vêtements. Très jolie scénographie, d’ailleurs, d’Anaïs Blanchard. La vie de Fatma n’a pas été rose. Aînée d’une famille nombreuse, elle s’est retrouvée après le décès de ses parents avec la charge de ses frères et sœurs. Finies les études avec Fatima qui, elle, deviendra médecin... C’est femme de ménage qu’elle sera. Courageuse, seule
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et indépendante. Elle évoque la politique, la situation des gens du peuple, le destin des filles en Algérie et, notamment, leur rapport délicat avec les pères qui changent d’attitude dès que les premiers signes de féminité apparaissent. Les filles sont des «bombes à retardement» : les pères s’empressent de les refiler à un autre. Cette métaphore de M’Hamed Benguettaf éclaire l’ensemble de la pièce. Disparu l’an dernier, le directeur du Théâtre National Algérien offre avec ce
portrait de femme celui de la société algérienne avec ses clivages. Quel destin pour ces femmes ? La pièce se termine par ces mots amers de Fatma : «Dieu m’a créée pour être. Mais être quoi ?». Lors de la conférence de presse, Mikaëlle avait confié que son grand-père était instituteur en Algérie et qu’elle devait s’y rendre pour la première fois avec son père. Ce qui lui a donné certainement une part de la ferveur avec laquelle elle joue. CHRIS BOURGUE
Fatma, le bruit des autres s’est joué du 7 au 9 mai à la Friche du Panier, Marseille, dans le cadre du Festival Voyages en solitaire(s)
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Quel corps pour le ballet ? e programme présenté par le Ballet National de Marseille à l’Opéra confirme le talent du duo Emio Greco / Peter C. Scholten, mais aussi le drôle de chemin sur lequel ils ont engagé le ballet marseillais. En effet la première partie du programme est une pièce dansée par deux solistes de leur ballet hollandais ICK, et la deuxième partie par Emio Greco lui-même, entouré par huit danseurs du BNM qui reprennent sa gestuelle en la simplifiant autour de lui, dans la pénombre alors qu’il est dans la lumière : si les choix chorégraphiques ont un sens symbolique, que signifie une telle disposition ? Quelle place ont les danseurs du ballet, et où sont les femmes ? Que font les danseuses depuis tant de mois ? Dans la prochaine création, qui sera donnée en Hollande avant Marseille (en septembre à la Criée), les 24 danseurs du BNM seront-ils sur le même plan que les six solistes d’ICKAmsterdam, ou serviront-ils encore de corps de ballet ? On se souvient encore des polémiques autour du Sakountala de Marie Claude Pietragalla, où la soliste s’élevait dans les airs alors que les danseurs rampaient autour d’elle... Le BNM est il destiné à ce type de schéma ? Qu’en est-il de la danse proposée ? Le duo Two, sur un montage musical de Peter C. Scholten, architecture l’espace en lignes croisées entre un homme et une femme, tous deux en robes, dont les jambes tremblent et piaffent comme des chevaux à l’arrêt, qui parfois dansent côte à côte les mêmes gestes, parfois se tournent le dos, et explorent toutes les directions, verticales et obliques, et toutes les dynamiques, du geste balbutié jusqu’à la vitesse ou l’arrêt brusque. Ces mêmes principes régissent la danse d’Emio Greco dans Boléro, qu’il dansait auparavant en solo : tremblement,
Boléro © Agès Mellon
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questionnement sur le genre (les neuf hommes sont également en robe), rudesse, alternance de poses aux lignes marquées, d’ondulations des bras, avec une progression dans la vitesse des gestes qui suit le crescendo de la célèbre partition. (Exécutée ici par l’orchestre de Marseille : si l’on doit se réjouir d’une nouveauté, c’est de la collaboration de l’Orchestre de l’Opéra et du Ballet, malgré quelques couacs incompréhensibles aux cuivres). Le programme proposé, rude, exigeant, risque de désorienter un peu le public du ballet, habitué à des formes plus ludiques ou narratives. Qu’importe, l’univers chorégraphique est là.
On aimerait que ce soit réellement le BNM qui le porte, et avoir davantage l’occasion de voir l’activité des danseurs (et danseuses !) dans la ville qui les finance. AGNÈS FRESCHEL
Two et Boléro ont été dansés à l’Opéra de Marseille les 8 et 9 mai
Sous la catastrophe, le rire !
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décidément perdue. Derrière les saillies cocasses et le réel des ponctuations bartokiennes, tout se déglingue donc, et la situation burlesque provoque le rire autant qu’elle pourrait faire pleurer de désolation. Dans leur dialogue de sourds et leurs habitudes hiérarchiques, ces deux survivants restent incompétents à laisser leurs corps flottants se parler, alors que leur chair hurle du désir de vivre, préférant une pensée impensée. Catastrophique jusqu’à en rire !
© iFoupolemedia
ur le ring, un couple qui n’en est pas un, rescapé d’une catastrophe, prévient dès le prologue que «tous les systèmes ont quelque chose de dingue». Elle (énergique et charismatique Olivia Côte), cadre supérieur coincée dans ses dominations bureaucratiques qui veut tout rentabiliser ; lui (Salim Kechiouche, plus sobre et subtil), son assistant qui en a marre d’assister. L’immeuble dans lequel ils travaillent s’est effondré, le chaos est survenu, mais la marche des affaires doit toujours s’échafauder… même s’il ne reste rien ni personne ! Et «le travail à faire» de continuer à se penser, et tenter de s’organiser… malgré une impossibilité matérielle flagrante et le vide béant, signifié par la scénographie adroite et radicale d’Alain Timár. Pour cette nouvelle création,
Pédagogies de l’échec, une pièce inédite de Pierre Notte, le metteur en scène contraint ses deux acteurs à jouer dans un dispositif réduit en équilibre et en mouvement. Au bord du précipice, il leur impose une formidable et surprenante aire de
jeux chorégraphiques qui donne de l’aplomb, et de la profondeur, à un texte qui se confond parfois dans ses dédoublements et se répète pour vouloir tout dire, entre comédie et absurde, vaudeville et cynisme, et le drame irrésolu d’une humanité
DELPHINE MICHELANGELI
Pédagogies de l’échec s’est joué du 23 au 26 avril au Théâtre des Halles à Avignon, la pièce sera reprise au Festival Off du 4 au 26 juillet
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«Éblouissante» symphonie ès la fin de l’après-midi du 2 mai, le grand hall de La Criée est rempli de curieux. On se tient en grappes autour des musiciens du CEFEDEM (Centre d’enseignement supérieur de la musique basé à Aix). Le compositeur Georges Bœuf présente un florilège de pièces de jeunesse : le saxophone de Thomas Dubousquet vibre et cliquette (Espaces, Monodies), la trompette de Jonathan Guidaliah résonne pour un beau Concertino en hommage à Henri Tomasi, avec Samuel Magot au piano. De jeunes interprètes, Goritsa Spasova, Mathilda Papa, Laura Tardieu se relayent pour des opus écrits «à la manière de» (Sonates à quatre mains, En avril 81) ou dialoguent aux percussions dans Jadis avec Pierre Andreïs (vibraphone) et Axel Renaud (marimba). Après cette entrée intime dans l’univers du compositeur marseillais, on est frappé par son chemin parcouru depuis les années 1960-80, lorsque, réunis en foule dans la grande salle du théâtre, on découvre, en création mondiale, les premières notes de sa 2e symphonie intitulée «Les neiges éblouies». C’est Mallarmé, Verlaine ou Rimbaud qui sont convoqués pour une partition riche en couleurs mixées dans la tradition française : la pudeur et l’intime, la simplicité de façade, la clarté d’expression cachent un travail profond sur la forme, la prosodie, l’orchestration, les alliages sonores, le contrepoint... Roland Hayrabedian dirige Musicatreize, le Chœur contemporain et l’Orchestre Philharmonique de Marseille dans une «Préface» debussyste,
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un tableau où la brume vert tendre» côtoie «l’onde», le «ciel laiteux», mais dont le cadre s’élargit plus loin vers des espaces nocturnes : des blocs harmoniques se heurtent, en écho à Stravinski ou Varèse, vers une continuité sonore d’où surgissent quelques traits solitaires et que l’orchestre enrobe, commente dans une langue où les modes, gamme par tons, chromatismes, génèrent dissonances et atonalité. L’orchestre se fait agile, pointilliste, à l’image des scherzi classiques, avant que la texture sonore se diffracte en voix multiples qui, au final, s’élèveront vers des cimes lumineuses. C’est superbe, et le public, conquis, fait un triomphe à Georges Bœuf et ses interprètes. AGNÈS et JACQUES FRESCHEL
Concerts donnés lors de la soirée d’ouverture du Festival Les Musiques du GMEM le 2 mai à La Criée, Marseille
Mélophobie d’amour e Festival Les Musiques a programmé cette année deux adaptations pour la scène du plus célèbre essai de Pascal Quignard, à priori peu engageant pour un compositeur : La Haine de la musique. Et des dix courts traités qui composent l’ouvrage, Benjamin Dupé ne choisit ni le plus facile pour titre (Il se trouve que les oreilles n’ont pas de paupières), ni les passages les plus évidents : laissant de côté les références volontiers historiques et philologiques du texte, le compositeur se concentre avant tout sur les passages les plus oraux -donc, stylistiquement, les plus musicaux- et, paradoxalement, les plus mélophobes. Tantôt du côté d’un rejet de la musique, plus freudien que platonicien, préconisé par l’auteur, tantôt soucieux, avec ironie ou sérieux, d’y opposer un autre point de vue, Benjamin Dupé laisse le texte libre de toute altération musicale, malgré
© Agnès Mellon
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le travail évident sur le rythme, le timbre et la respiration du comédien Pierre Baux. Mais il illustre jusqu’à saturation les images sonores les plus redoutées : des «fredons surgissants» au son glaçant de hautparleurs, en passant par l’horloge de Bergson… La scénographie d’Olivier Thomas, jouant des pleins et des vides, des ombres nettes et des
lumières glissantes, se fait parfois sonore, tandis que les cordes du Quatuor Tana accompagnent tout en dissonance et raideur la tension latente du discours, mais laissent, au détour d’un beau solo de violoncelle, presque sériel -par la percutante Jeanne Maisonhaute- entendre la possibilité d’une «ritournelle conjuratrice».
Plus historicisée que les extraits choisis, la partition de Dupé évoque tour à tour l’atonalité, les pizzicati d’un Ligeti ou les boucles de la musique répétitive, et brille par son utilisation de sons électroniques brouillant habilement la frontière si redoutée entre sensuel et sensoriel. C’est que, pour reprendre les mots de Frédéric Sounac : «Toute phobie, on le sait, n’est bien souvent qu’une «philie» retournée», et la haine du pourtant musicien Quignard s’apparente davantage à une méfiance qu’à un véritable procès. Le plaidoyer de Dupé n’en est pas moins convaincant ! SUZANNE LAY
Il se trouve que les oreilles n’ont pas de paupières a été joué à La Criée, Marseille, le 5 mai, dans le cadre du Festival les Musiques du GMEM
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Fantastique épave ! ne vieille épave, immense, est venue s’échouer sur la scène de l’Opéra de Marseille pour la dernière du Hollandais volant à la fin du mois d’avril. Au gré des projections imaginées par Charles Roubaud, c’est un vaisseau qui apparaît, pour une image fantastique du meilleur effet. En arrière-plan, la mer en flots mouvants et ses nuages filent de la tempête à l’apaisement… Puis, en un instant, c’est une façade de maison qui se révèle, demeure de Daland au 2e acte du drame de Richard Wagner : tout s’enchaîne sans pause dans cette nouvelle production phocéenne (coproduite avec les Chorégies d’Orange). Sur le plateau, on a ce qui se fait de mieux : les solistes font les beaux jours du festival de Bayreuth et son Graal wagnérien. Samuel Youn (Le Hollandais) possède une belle prestance, sa voix est puissante, son timbre très égal a ce qu’il faut de tranchant pour passer la rampe symphonique. Son éphémère compagne à la scène, Riccarda Merbeth (Senta) est impressionnante : en un sourire son soprano d’airain remplit la salle du parterre aux balcons. On est bluffé ! Kurt Rydl (Daland) et Marie-Ange Todorovitch (Marie) ont la déclamation large de vieux habitués des rôles. Les ténors Tomislav Muzek (Erik) et Avi Klemberg (Steuermann) remplissent leur office avec brio. Tout roule à souhait, d’autant que les Chœurs d’hommes et de femmes (dir. Pierre Iodice) rivalisent de puissance compacte et les double-chœurs en dialogues fantomatiques (en off) font illusion. Dans la fosse, Lawrence Foster laisse la place au chant et dirige
© Christian Dresse
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l’Orchestre de l’Opéra, les solistes et les masses chorales, comme du Mozart : avec netteté et simplicité. Ce Wagner à Marseille, couronné par une fin lumineuse, à la mort de l’héroïne dans les flots bouillonnants au pied du vaisseau, est une formidable réussite. Une de plus cette saison !
Le Vaisseau fantôme a été donné du 21 au 29 avril à l’Opéra de Marseille
JACQUES FRESCHEL
Esprit de lumière u bout du mois d’avril et d’une route droite montant de la vallée de la Durance, entre Savines-le-Lac et Embrun, surgit au travers d’une brume nuageuse les murs antiques d’une de nos plus belles abbayes romanes : Boscodon ! À l’intérieur, sous la voûte en berceau adossée au cloître, son monastère où vivent encore Bénédictines et Dominicains, alors que le jour s’éteint, le chœur s’illumine de vert et les bancs sont tapissés de monde. Pour une première venue du Festival de Chaillol en ce lieu historique, c’est une réussite ! Il ne fait guère chaud, mais on se serre, venus de partout pour profiter de la chaleureuse présence d’artistes animés d’un esprit de lumière : celui de la Convivencia ! Partisane du dialogue des Trois cultures (bien mis à mal ces derniers temps) Françoise Atlan chante en trois langues : hébraïque,
Francoise Atlan © Shelomo Sadak
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judéo-espagnole et arabe. En compagnie de Nidhal Jaoua au qanun (cithare), cette interprète majeure des répertoires méditerranéens, arabo-andalous, tisse de sa voix chaleureuse, charnue dans le grave et si claire lorsqu’elle s’envole vers les hauteurs, des vocalises en dentelle.
Les cordes pincées dessinent les plans d’un tableau sonore où la pulsation se cherche… et se fuit à peine s’est elle trouvée. Au taksîm (prélude instrumental improvisé), tout en suspension, succèdent des dynamiques dansantes, pulsées finement au bendir (tambour).
Et c’est Tanger qui est à la noce, ou le Cantique des Cantiques et son jardin d’amour, ses rivières où coule le miel ! Robe noire tombant aux pieds, Françoise Atlan prend la voix de Myriam… de Marie, la mère et la fille… de l’universel féminin. Le duo chemine au gré des modes orientaux traditionnels, de trémolos en ornements cristallins, de l’éclatante Grenade avec ses guirlandes en arabesques, à la troublante berceuse Nani Nani… C’est la beauté qui est chantée, avec ce qu’elle possède, en germe, de douleur… Une ode au Créateur aussi, unique, commun aux religions du Livre, qui par un temps de lumière, belle parenthèse historique, vécurent en relative harmonie dans le sud de l’Espagne ! J.F.
Le concert a eu lieu à l’Abbaye de Boscodon le 25 avril
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Aix en juin
On est désormais habitués au beau programme concocté par l’équipe de Bernard Foccroulle en prélude au Festival d’Aix, ses concerts, récitals, master classes et répétitions d’opéras. Des rendez-vous quotidiens (près de 35) qui permettent en 2015 d’explorer les univers de Haendel, Mozart, Tchaïkovski, comme de grands compositeurs contemporains, ou même Shakespeare, en échos et préparations aux productions de juillet (pour des accès gratuits ou peu onéreux) ! C’est aussi l’occasion de découvrir de jeunes talents de l’Académie, des musiciens de renom, avec pour point d’orgue la traditionnelle PARADE[S], grand concert gratuit sur le cours Mirabeau sur des airs de Haendel (le 26 juin). Tout débute par une invitation du directeur du festival pour une présentation de sa programmation, nourrie d’intermèdes musicaux (le 9 juin à 19h - Hôtel Maynier d’Oppède). C’est ensuite l’Académie du festival qui décline une série de concerts travaillés en coulisse (et master classes publiques) sous la supervision d’artistes, professeurs, chefs de chant renommés : Cantates italiennes de Haendel, musique sacrée et airs d’opéras de Mozart et Gluck, extrait de l’opéra Svabda d’Ana Sokolovic, musique de chambre sont donnés à Aix et dans des villages alentour, avec en bonus des Lauréats HSBC promis (si ce n’est fait !) à des carrières florissantes, comme les Quatuors Zaïde, Van Kuijk, les mezzo-sopranos Anna Stéphany, Kitty Whately, les pianistes Alphonse Cemin, Edwige Herchenroder. On ne manque pas les «concerts spectacles» qui jalonnent le mois de juin : la fable La Colombe, le Renard et le Héron mise en musique par Maneim Adwan et mise en scène par Olivier Letellier, avec le Chœur Ibn Zaydoun, l’Arménie mise à l’honneur par le Quintette à vents de Marseille et le doudouk d’Araïk Bartikian, le récital Tchaïkovski avec l’Orchestre du Conservatoire Darius Milhaud, ou Encor sur le pavé sonne mon pas nocturne, spectacle musical, conçu et mis en scène par Vincent Huguet autour de la correspondance de Marcel Proust et Reynaldo Hahn. La belle acoustique de l’abbaye de Silvacane sert d’écrin sonore aux ensembles vocaux Musicaeterna, Dialogos et au concert Mozart sacré. JACQUES FRESCHEL
Aix en juin du 9 au 30 juin 08 20 92 29 23 www.festival-aix.com
Quatuor Zaïde © Neda Navaee
La Roque ? Immanquable !
Lugansky Nikolaï © Marco Borggreve Naïve
Double première pour l’annonce du 35e Festival international de piano de La Roque d’Anthéron ! Le 28 avril dernier, c’est dans l’ancienne Bergerie du Parc de Château de Florans que René Martin a dévoilé son programme pour l’été 2015, alors que la conférence de presse se tenait traditionnellement, et sans véritable pertinence, à Marseille. Ce fut aussi la première sortie et prise de
parole de la nouvelle déléguée aux affaires culturelles du Conseil départemental des BdR, Sabine Bernasconi, qui a confirmé son soutien à la manifestation faisant rayonner le petit village du 13 et toute sa région dans le monde entier. C’est que le must artistique est à nouveau au rendez-vous cette année ! Les plus grands pianistes s’y bousculent, posent leurs doigts sur les claviers de concerts, de la grande conque acoustique élevée en plein air au soleil de La Roque, jusqu’à Aix, Mimet, Rognes, Lambesc et l’Étang des Aulnes, ou la frontière du Vaucluse vers Gordes, Cucuron ou Lourmarin... Durant un mois, on peut s’y rendre les yeux fermés ! Les jeunes pianistes sont les stars de demain et chaque concert, du jazz au classique, du grand piano romantique concertant au clavier solitaire en récital, du clavecin ou à la musique de chambre, réserve de formidables surprises, génère ses propres émotions... et dans des lieux remarquables ! C’est à voir, en famille aux concerts de 18h pour des prix très «cheap», à déguster lors des «Nuits» semimarathoniennes, ou les grands récitals à la tombée du jour lorsque les cigales cessent de chanter... Immanquable !
J.F.
35e Festival International de piano de La Roque d’Anthéron du 24 juillet au 21 août 04 42 50 51 15 www.festival-piano.com
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«Cité» printanière !
En cette fin de printemps, la Cité de la musique de Marseille fleurit de mille couleurs sonores. L’espace créatif contemporain trace son sillon dans un Méli-mélo drâma organisé par le MIM (laboratoire Musique et Informatique Marseille) où textes écrits, parlés, arts de la scène, vidéo, performance et supports informatiques se mêlent dans un discours inouï (le 21 mai à 20h30 – Auditorium, entrée libre). Libres est le titre du nouvel album réunissant le saxophoniste Raphaël Imbert et le pianiste & compositeur Karol Beffa. À découvrir à sa sortie (le 22 mai à 20h30. Villa Magalone) ! Le Chœur Multi culturel Ibn Zaidoun (dir. Moneim Adwan) chante les folklores arabes du Maghreb et du Moyen-Orient (le 22 mai à 20h30 –Auditorium, entrée libre). Ce sont ensuite les Caraïbes qui ont à l’honneur au Festival Kadans Caraïbes : spectacles, concerts, performances, conférences sont à l’affiche à la rue Bernard du Bois et à l’Alcazar (les 29 et 30 mai). Un Grand balèti festif accueille les danseurs pour un bal traditionnel
des pays d’Oc (le 5 juin à 20h30 - Villa Magalone). Les élèves de la Cité de la Musique jouent en fanfare, chorales, ensembles, hors-les-murs (les 9 et 10 juin à 19h30 - Théâtre Sylvain). Le quartier Belsunce est à la fête (Association Le pied Nu) pour les Belsunciades : chants, danses et poésies du désert (le 12 juin à 20h30 - Auditorium). Murielle Tomao chante Nino Rota en compagnie d’Anne DerivièreGastine (Pictur’Music) au piano (le 12 juin à 20h30 - Villa Magalone). On arrive à l’été avec Una tarde de verano par l’ensemble Parnassie du Marais et des musiques de trouvères et troubadours, chants séfarades et arabo-andalous, en langues d’oil et d’oc du XIIe au XVe siècle... Un sacré voyage dans le temps (le 19 juin à 20h30 - Villa Magalone) ! J.F. du 21 mai au 19 juin Cité de la Musique de Marseille 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Brigandes et fadas !
Brigitte Peyré (soprano), Murielle Tomao (mezzo soprano), accompagnées de Rémy Chaillan (batterie, percus), Eric Chalan (contrebasse), Gérard Occello (trompette), Jean-Christophe Selmi (violon), Ludovic Selmi (piano), se mettent au diapason des comédies musicales... et c’est le jazz, le swing et la joie de vivre des années folles qui résonnent dans le théâtre Silvain, joyau de plein-air. Les mélodies remises au goût du jour par Ludovic Selmi dans l’esprit de Pink Martini ou de Gothan Project pour une soirée d’été festive, légère et jubilatoire mise en scène par Olivier Pauls ! Ces Brigandes du Château d’If interprètent des chansons célébres, extraits d’opérettes, de revues ou de music-hall et osent casser les codes et conventions de l’époque, rire des rôles dans lesquels la tradition musicale a enfermé les femmes : égéries d’un amour impossible ou totales admiratrices du Marseillais musclé et galégeur. Moqueuses et sensibles, délurées et romantiques, joyeuses et ingénues, elles ont du tempérament et ne se gênent pas pour railler «ces jobastres de Marseillais» qui affirment qu’ils ont
Muriel Tomao & Brigitte Peyré © Arts et Musiques
«tout pour plaire» et que «la Canebière est la capitale des marins de l’univers» ! En 1re partie, Les Fadas du music-hall rendent hommage aux Voix de l’Alcazar avec le groupe Drôles De Drames. Un jeu de miroir entre jazz, chansons marseillaises, ragtime, boléros, sirtaki... Une invite à partager un étonnant music-hall qui revisite les standards, avec Jean-Jacques Blanc (chant, flûtes), Rémy Chaillan (batterie / percus), José Dos Santos, (guitares) ! J.F.
le 5 juin à partir de 20h30 Théâtre Sylvain, Marseille www.artsetmusiques.com resa@artsetmusiques.com Espace Culture 04 96 11 04 61
Sur cour... au féminin
René Martin, directeur artistique des Folles Journées, à Nantes ou ailleurs, du Festival de la Roque d’Anthéron invite, pour deux soirées dans un lieu historique de la ville de Nîmes, quelques noms de son formidable «pool» musical : le pianiste Jean Dubé, les soeurs Lidija & Sanja Bizjak pour un bouillonnant duo à quatre mains, ou le Trio Georges Sand (trio avec piano)... C’est un panorama musical, au cœur du Cloître des Jésuites, où les femmes compositrices sont mises à l’honneur... une fois n’est pas coutume ! Un moment convivial, inédit, à ravir les mélomanes à la nuit tombante... qu’on souhaite étoilée ! J.F.
Musique sur cour les 12 et 13juin à 20h et 22h Cloître des Jésuites, Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
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Rêve d’étoiles
Quatuor Prazak
AIX. Le 28 mai à 19h. Conservatoire D. Milhaud 04 42 96 96 96 www.musiquenquestions.com
Vivien Guy
Chrétien © X-D. R
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Ils avaient dû annuler leur récital à l’automne 2014. Séance de rattrapage à la Société de Musique de Chambre de Marseille pour entendre l’un des plus beaux quatuors à cordes au monde dans Janacek (Quatuor n°1 Sonate à Kreutzer) ou Brahms (3e quatuor en si bémol majeur). Ce concert étant à l’abonnement, il sera offert gratuitement pour toute adhésion à la saison prochaine qui, en 2015-2016, s’avère somptueuse avec sept concerts annonçant, dans des programmes classiques ou originaux, des artistes comme Pierre Génisson (clarinette), David Bismuth (piano), le Quintette à vent québecois Pentaèdre, le Quatuor Danel, l’Ensemble Syntonia, le Trio Talweg, le jeune prodige Rémi Geniet au piano et Le Cercle, ensemble composé de fameux chambristes (Arnaud Thorette au violon, Mathieu Herzog à l’alto, Dana Ciocarlie au piano...). Du beau monde ! J.F.
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Le spationaute au CNES, astronaute NASA, pionnier de l’aventure spatiale française Jean-Loup Chrétien nourrit deux passions : l’espace et l’orgue. Invité de marque du nouveau rendez-vous du cycle Musique en Questions au Conservatoire d’Aix, il présente un film original utilisant des séquences inédites délivrées par la NASA. Les images sont accompagnées en direct par l’organiste concertiste Jean-Pierre Rolland... et Jean-Loup Chrétien lui-même se prête volontiers aux jeux de l’instrument. Le spectacle est aussi l’occasion d’une réflexion sur la Musique des Sphères, les capacités du cerveau humain ou la destinée de l’homme... Passionnant !
MARSEILLE. Le 2 juin à 20h. Auditorium de la Faculté de médecine 04 91 11 04 60 www.musiquedechambremarseille.org
Quatuor Strada & Jean-François Heisser
Falstaff
ARLES. Le 7 juin à 11h. Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com
MARSEILLE. Du 4 au 14 juin. Opéra 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr Rencontre avec les artistes à l’Alcazar le 3 juin à 17h Conférence le 30 mai à 15h. Foyer Opéra
Massilia Sounds Gospel
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MARSEILLE. Le 13 juin. Théâtre du Gymnase 08 20 13 20 13 www.massilia-sounds-gospel.net
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L’heure du grand spectacle a sonné pour ces trente choristes passionnées de Gospel. Ils ont des fourmis dans les jambes, les mains prêtes à claquer, du grain dans la voix... Ils interprètent avec une folle énergie leur nouveau spectacle et des standards du genre, mixant le swing, le blues, la soul ou le Rb’B, d’Amazing Grace (1771) à Prayed Up (2011) avec des arrangements originaux. La belle équipe, sous la direction de Greg Richard, est accompagnée par des musiciens experts : Jonathan Soucasse (piano), Franck Lamiot (Hammond), Emmanuel Soulignac (basse), Arthur Billès (batterie). Grande fête assurée ! J.F.
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Pierre Fouchenneret et Sarah Nemtanu (violons), Lise Berthaud (alto) et François Salque (violoncelle) jouent le 11e quatuor de Beethoven et créent le Quatuor à cordes du pianiste prodige et compositeur JeanFrédéric Neuburger. Ils marient leur archet au clavier de Jean-François Heisser pour le fameux Quintette en fa mineur de Brahms. J.F.
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L’ultime Verdi (et dernier opéra de la saison à Marseille) est une comédie tirée des Joyeuses Commères de Windsor de Shakespeare. La musique y est chatoyante, virtuose... c’est du théâtre chanté, drôle et grinçant. Le plateau est superbe avec Patrizia Ciofi (Alice Ford) et Sabine Devieilhe (Nenetta), Nicola Alaimo dans le rôle-titre et JeanFrançois Lapointe (Ford) dans une mise en scène signée Jean-Louis Grinda (coproduction Opéras de Monte-Carlo et MetzMétropole). Lawrence Foster dirige les Chœurs et l’Orchestre de l’Opéra de Marseille. Du beau spectacle ! J.F
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Israel Vibration
Le pianiste et compositeur Franck © Avitabile est accompagné sur scène par Mathias Allamane à la contrebasse et Mathieu Chazarenc à la batterie. Avec plus de huit cent concerts de par le monde et sept albums à son actif, Franck Avitabile est depuis longtemps reconnu par ses pairs et par le public. Ses compositions éclairent d’une lumière nouvelle des standards mille fois entendus, avec un jeu dont les influences peuvent rappeler Bud Powell ou Michel petrucciani. Un récital exceptionnel ! le 29 mai Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 39 www.theatre-semaphore-portdebouc.com
le 28 mai Espace Julien, Marseille 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
Les Nuits Flamencas
Crossover
le 19 juin Hi Beach, Nice www.laregie-paca.com
Ma
Etc...
ernandez © X-D .R za F ran pe
En partenariat avec la Régie culturelle régionale, le festival Crossover investit la plage du Hi-Beach, sur la Promenade des Anglais à Nice, pour une soirée, gratuite, de musique électro consacrée aux talents régionaux. Quatre groupes se succèderont sur scène : L’Amateur, Dj marseillais éclectique qui développe une vision panoramique du mix, entre Bass music et House ; HVN, quatuor niçois qui délivre un électro rock à l’atmosphère dense et moderne ; Martin Mey dont la voix singulière claire et aérienne se pose sur des sons à l’inspiration folk, électro et soul ; Husbands, un groupe formé des Marseillais Nasser, Oh! Tiger Mountain et Kid Francescoli, pas des inconnus donc !, qui allie leurs trois styles, pop, rock et électro (ces deux derniers sont par ailleurs soutenus par la Région dans le cadre des Conseils Artistiques à la Création).
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Pour la 2 édition, Avignon se met à Es l’heure andalouse avec le Festival d’Art Flamenco. Six lieux partenaires s’associent à la fête qui promet d’être chaleureuse : les Théâtres du Chêne Noir et du Balcon, Les Hivernales, la Tâche d’Encre, le Délirium et le Centre Européen de poésie. Des expositions, des stages, un concours de Cante et 12 spectacles (danse et musique) se partageront la ville, avec trois «stars internationales» : la cantaora gitane Esperanza Fernandez, la danseuse étoile Sara Calero et l’immense chanteur flamenco Antonio Mejias. Le maestro Luis de la Carrasca sera également présent, et des représentants de la scène régionale : Manuel Gomez y familila, Antonio Negro grupo, Cecile Barra et le groupe Sangre Flamenca. Et chaque jour, de midi à minuit, une bodega avec des scènes ouvertes, des tablaos et des apéros flamencos au cœur de la rue des Teinturiers… e
du 26 au 31 mai Divers lieux, Avignon 06 12 02 58 23 www.lesnuitsflamencas.com
Franck Avitabile trio
.R X-D
D.R X-
Le groupe légendaire de reggae © jamaïcain de la fin des années 70, célèbre ses 40 ans de carrière avec la sortie d’un nouvel album (Play it real) et une tournée européenne. Aujourd’hui devenu un duo, Israel Vibration est toujours aussi populaire, et ses deux charismatiques protagonistes, qui se déplacent avec des béquilles après une atteinte commune de poliomyélite, continuent de défendre les valeurs traditionnelles du reggae et du roots : liberté, partage, tolérance et communion. Un message spirituel délivré avec une énergie et un plaisir de communiquer sans pareils.
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Complètement toquée
du 21 au 23 mai Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org
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Touchée par les fées
Rivages Ariane Ascaride © Jean-Louis Fernandez
Un spectacle de Florence Demay, c’est comme une recette douce-amère : deux cuillères d’humour et de questions sociétales, saupoudrées de littérature gastronomique et de poésie. Florence Ernst (alias Florence Demay, dont l’improvisation remettra en question nos habitudes alimentaires), comédienne et épouse de chef, a été parmi les pionniers de la tendance actuelle des lieux de restauration rapide. Passionnée par la cuisine authentique, elle joue telle une équilibriste du contraste entre l’engouement pour la cuisine et celui de la malbouffe, vrai phénomène de société. Le spectacle sera suivi de découvertes culinaires.
le 18 juin Lieux publics, Marseille 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.com
Chansons sans gêne Nathalie Joly © Chantal Depagne Palazon
© Jean Claude Carbonne
Ariane Ascaride nous raconte son histoire. Son père, coiffeur d’origine napolitaine, mettait en scène et jouait des pièces du répertoire avec une troupe de théâtre d’amateurs marseillais issus de la Résistance. Naïve, tendre et drôle dans ce monologue, l’actrice a fait appel au chorégraphe Thierry Thieû Niang et à la romancière Marie Desplechin qui a transcrit ses confidences dans un texte où tact et puissance s’entremêlent. Ariane Ascaride a cinq ans, huit ans, quinze ans et c’est aussi la femme d’aujourd’hui qui porte son enfance comme les ailes d’une elfe.
Quand le théâtre de rue devient le théâtre de route. Pour Rivages, le collectif La Folie Kilomètre installe les spectateurs au volant de leur propre voiture. L’autoradio les guidera sur les chemins à suivre, pour découvrir l’inattendu au milieu de nulle part. Le spectacle devient une visite urbaine, transformant la ville en terrain de jeu étonnant, d’où surgissent d’improbables rencontres. En résidence de création à Lieux Publics, le collectif présente une étape de travail, avant l’aboutissement du projet, prévu en 2016.
du 28 au 30 mai Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net
Confidences… Angelin Preljocaj a repris les deux premières parties de sa pièce la plus innovante, et rajoute une troisième aventure. Ce quatuor mixte invente un nombre de combinaisons de corps, explore le vocabulaire des muscles et des tendons, pousse au bout les limites de la mémorisation des combinaisons, se joue des provocations de John Cage soliloquant des «mots vides» (Empty words) devant un public médusé, puis révolté. Brillant ! du 10 au 12 juin La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
L’humoriste Arnaud Tsamère a beaucoup de qualités : une belle écriture, un tempérament bouillonnant, une belle présence et de l’énergie à revendre. Il s’impose au fil des saisons comme une référence de l’humour. Cet homme aux cheveux coiffés avec un pétard longiligne est décalé, absurde, d’une grande finesse, le pied au plancher. Il réussit l’exploit de se démultiplier au point qu’on en oublierait presque qu’il est seul sur scène. Cet humoriste-là ne copie personne ! Confidences sur pas mal de trucs plus ou moins confidentiels du 21 au 23 mai Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net
Après Je ne sais quoi et En v’là une drôle d’affaire, Nathalie Joly, dans une mise en scène de Simon Abkarian, revient au Lenche pour la création du 3e volet du destin d’Yvette Guibert. Cette pionnière du féminisme a consacré sa vie à la recherche et à la transmission de l’art du «parlé chanté». Luttant contre les préjugés, l’endoctrinement de la mode et de la beauté, elle a contribué par son travail à l’émancipation de la femme jusqu’à la fin de sa vie, en 1944. Un an avant le droit de vote des femmes. du 26 au 30 mai Le Lenche, Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
Roman-Photo
le 30 mai Théâtre JolietteMinoterie, Marseille 04 91 90 74 28 www.theatrejoliette.fr
… bel itinéraire
Après les Cies Tandaim, Lanicolacheur et Cartoun Sardines, la Cie Didascalies and Co entame une longue résidence qui accompagnera le projet du Théâtre Joliette-minoterie. À l’occasion de cette soirée festive, dès 18h, la compagnie fêtera ses 20 ans autour de plusieurs propositions artistiques : lecture-spectacle de Des Tulipes, de Noëlle Renaude, par un chœur amateur ; Pierre est un Panda de Christophe Pellet, par quatre comédiens ; et des Pages arrachées à un journal musical, moment plus intime au cours duquel Renaud Marie Leblanc, accompagné de deux musiciens, dévoilera un peu de son jardin secret… Et c’est aussi la date de sortie officielle du livre des 20 ans de créations de la compagnie ! Pour un long et bel itinéraire le 4 juin Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 www.theatrejoliette.fr
L’épopée du Grand Nord
Le Théâtre du Merlan et François Cervantes créent une œuvre sur les quartiers Nord de Marseille. Une épopée dans laquelle réalité et fiction se frottent pour mieux révéler les richesses des divers endroits. Pour cela, le Merlan accompagne François Cervantes «sur le terrain» à la rencontre des habitants durant leur vie quotidienne ou leurs déplacements dans les quartiers, au café, en transport ou encore durant leurs courses. Tout est mélangé : les langues, les nationalités, les espaces géographiques... L’écriture se fait à partir des paroles et des observations. du 3 au 7 juin Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org
© Compagnie Hielos
Roman-Photo a été écrit avec les habitants du quartier de La Joliette et du Panier, rencontrés par l’intermédiaire d’associations locales comme Petitapeti, le Centre social... Les participants ont été auteurs, acteurs, ont participé à la mise en page ou sont intervenus à différents moments de la création. La restitution se fera sous le nom de P’tit ciné roman-photo sous forme de projection des histoires, lues en direct par les différents participants de ce projet.
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Le Purgatoire
Festival du Livre…
Madame K © Cordula Treml
7 ans, l’âge de raison pour le Festival du Livre de la Canebière, qui par goût du paradoxe se place sous le signe du/des Désir(s). On pourra se laisser troubler par les muses lors d’ateliers d’écriture, de rencontres littéraires (avec Marie Neuser, Léonora Miano notamment), ou bien à l’occasion d’une lecture théâtrale par Sabine Tamisier. Mais également s’offrir une escapade du côté des arts visuels (trois expositions sont au programme : Doriane Souhiol, Fanny Ducassé et Red !) ou du cinéma, le Festival Panafricain de Ouagadougou proposant une série de courts-métrages.
Guidés par les artistes du Théâtre Nono, 150 chanteurs et acteurs amateurs marseillais participent à la création de Purgatoire, un texte de Marion Coutris d’après Dante, mis en scène par Serge Noyelle assisté de Grégori Miège. Devenu installation plastique, le Théâtre permet aux visiteurs de traverser «la chambre d’errance», «la question des hommes», «la forêt renversée», «la cold room», «le bar des délices»… autant d’espaces qui utilisent la puissance des visions et l’impression d’errance heureuse au sortir du boyau infernal.
Festival du Livre de la Canebière du 3 au 7 juin La Canebière, Marseille 06 60 39 65 54 www.couleurs-cactus.com
(En)quête…
le 21 mai Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Médée Kali © Olivier Mori
© X-D.R
le 5, 6, 12, 13, 19 et 20 juin Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 64 59 www.theatre-nono.com
La vie de Madame K est un véritable cauchemar. Dans une angoisse permanente, elle a peur de ses voisins, des chiens, des hommes, des enfants, des accidents, du froid, du chaud, en bref, de tout. D’ailleurs, son nom complet est Madame Kapeurdetou... Qui l’aidera à trouver une issue ? Autour du thème de l’omniprésence de la peur dans nos sociétés, la Cie Demain il fera jour crée ce spectacle tragi-comique. Sur un plateau tournant comme un manège, Vincent Clergironnet met en scène et joue son propre texte, aux côtés de Dominique Posca.
Road Tripes Inspirée des livres d’art de Katsumi Komagata, l’installation, mise en jeu, en musique et en lumières par Daniela Labbé Cabrera et Aurélie Leroux s’adresse aux tout-petits, dès 6 mois, pour construire un dialogue entre eux et les artistes, entre l’art et l’enfance. Opus1 – Blancs, premier volet créé au Massalia (le projet en compte trois), cherche à désinstaller tout ce qui fige nos perceptions, à prendre le large pour le pays des sens… (En)quête de notre enfance le 30 et 31 mai Le Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com
Vitrolles se déguste à la sauce américaine, ou à peu près, le temps d’une demi-journée ! Au programme : une rencontre avec Marc Rosmini autour de son livre Road Movies (éd Images en Manœuvre) proposée par les médiathèques de la ville ; l’excellente Cie Kitschnette qui rend hommage au western spaghetti, aux cartoons et aux séries Z dans un Road Tripes décoiffant et jubilatoire où se côtoient braquages de banques, courses-poursuites, gros flingues, cowboys… ; et ciné de plein air avec la projection de Thelma & Louise de Ridley Scott ! le 30 mai Domaine de Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 www.vitrolles13.fr
Le mythe antique de Médée est ici revisité par l’auteur contemporain Laurent Gaudé. De sa rencontre, à Marseille et au Maroc, avec des femmes répudiées et séparées de leurs enfants, est né ce texte. La femme infanticide, devenue Médée Kali, est une intouchable originaire d’Inde, qui porte trois visages : Médée, Gorgone et Kali, déesse de la mort pour les hindous. Frédérique Fuzibet (Théâtre de la Mer), signe la mise en scène en confiant le rôle-titre à trois comédiennes, Christiane Cayre, Rukmini Chatterjee et Hélène Force. le 23 mai Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Nous autres
Au XXXe siècle, le Bienfaiteur et l’État Unique régissent la vie des habitants de la ville idéale, soumis au bonheur obligatoire. D-503, mathématicien au service du pouvoir, invente la machine parfaite, qui permettra de forcer l’univers entier à être heureux. À moins qu’un grain de sable n’enraye tout le processus... La rencontre de D-503 avec I-330 pourrait bien changer le cours des choses. Dominique Sicilia et Patrick Ponce (Cartoun Sardines) adaptent un roman d’Eugène Ziamatine, l’un des premiers du genre, inspirateur d’Huxley ou d’Orwell. le 28 mai Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Vers un protocole…
Vers un protocole de conversation ? les 21 et 22 mai Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr
Le Sorelle Macaluso
Le dernier spectacle d’Emma Dante, et de sa troupe palermitaine Atto UnicoCompania Sud Costa Occidentale, est d’une sobriété scénographique qui n’a d’égale que la force du texte et des comédiens. Sept sœurs siciliennes égrènent leurs souvenirs d’enfance, encombrés par la mort de l’une des leurs. La réalité sociale de la Sicile apparaît, la complexité des relations familiales, la rudesse du soleil et de la mer, l’amertume des défis qui tournent court... les 27 et 28 mai Pavillon Noir, Aix-en-Provence en coréalisation avec les ATP Aix 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org les 30 et 31 mai Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
© Pascale Hugonet
La Cie La Liseuse confronte les expressions et les langages. Le corps parle avec la danse, les mots bougent grâce à la parole. Un homme et une femme sont sur la scène, elle danse, lui parle. Ce pourrait être l’inverse, peu importe, l’essentiel est qu’ils s’adressent l’un à l’autre et avancent ensemble vers un protocole de conversation. Pas à pas, mot à mot, leurs chemins convergent. Georges Appaix signe la chorégraphie et les textes, avec la contribution des interprètes, Mélanie Venino et Alessandro Bernardeschi.
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Création
Swan Lake
Inépuisable Lac des cygnes ! Le ballet romantique par excellence revisité par Dada Masilo, issue de la Dance Factory de Johannesburg, fusionne avec la danse africaine et prend une jeunesse incroyable. Les tutus s’accommodent, les pointes du corps de ballet sont abandonnées avec virtuosité. Les amours du Prince Siegfried sont un tantinet différentes… Les clichés éclatent, pour un moment d’anthologie !
le 2 juin Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org
3 jours et plus
du 8 au 13 juin Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com les 16 et 18 juin Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 www.theatredelenche.info
le 6 juin Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com
Les arts numériques sont à l’honneur en cette fin de saison à Velaux, avec un festival qui leur est entièrement dédié. S’insérant dans le thème de l’année, Utopie et Liberté, la culture numérique est ici envisagée comme un outil de fabrication de nouvelles utopies, de collaborations fructueuses, dans un esprit de partage vraiment citoyen. L’inventif Collectif Nomade Village apporte sa force créatrice avec Des corps de Ville qui inclut la participation de tous. Vidéomaton, conférences, apéros citoyens, performances, scène ouverte, grand atelier… quelle fête ! du 27 au 30 mai Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com
Hansel & Gretel © X-D.R
Ils sont © X-D.R
Vingtième édition et toujours un bel enthousiasme pour le Festival 3 jours et plus qui aura lieu au Théâtre Vitez et au Théâtre de Lenche. On aura le loisir d’y applaudir quatorze pièces, concoctées durant l’année par les ateliers de pratique théâtrale, organisés par le Théâtre Vitez, Pratik Teatr et l’Université d’Aix-Marseille. Création, inventivité, approche des techniques théâtrales, du jeu à la mise en scène, travail de passionnés, amateurs éclairés ou en voie de professionnalisation. Le choix des œuvres présentées, souvent des créations, donne à voir une perception du monde riche, inquiète parfois, lucide souvent, portée avec une belle fraîcheur.
Overclock © John Hogg
En résidence au Pavillon Noir depuis avril, Abdalah Ousmane Yacouba côtoie et observe les danseurs du Ballet Preljocaj pour construire sa création. Dans ce solo, le danseur nigérien, qu’un héritage familial prédestinait à devenir grand marabout, s’interroge sur l’essence de l’individu. Qui sommes-nous ? Comment cerner ce que les autres attendent de nous ? Quel est notre regard sur nous-mêmes ? Où se joue l’influence de l’entourage sur ce que nous devenons ? À l’issue de la représentation, une rencontre aura lieu avec l’artiste.
Une pièce
Vague ? La formulation elliptique et claire cependant donne le ton, il s’agira bien d’une pièce, nous sommes au théâtre, tout reste donc fort classique… à ceci près qu’elle est en création avec les jeunes acteurs de la Compagnie d’entraînement du Théâtre des Ateliers, qu’elle a été choisie par eux après un travail de recherche et un séminaire avec l’auteur, Michel Deutsch, éponyme de la promotion de cette année. Huit représentations à la clé sous la houlette bienveillante d’Alain Simon… et la tentation d’aller à toutes pour apprécier l’évolution du spectacle… du 4 au 6 puis du 10 au 13 juin Théâtre des Ateliers, Aix-en-Provence 04 42 38 10 45 www.theatre-des-ateliers.com
Le conte des frères Grimm est l’un des plus anciens et célèbres contes populaires du répertoire européen, intégralement revisité par la Cie La Cordonnerie. Car dans cette version, Hansel et Gretel ne sont plus les enfants mais les parents, qui ont à prendre en compte la charge matérielle et affective de leurs ascendants. Un film muet réalisé par les comédiens-musiciensbruiteurs accompagne leur jeu, et fait se croiser deux univers surprenants ! le 6 juin Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net
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Tania’s Paradise
Hôtel à ciel ouvert
du 20 au 22 mai Forum de Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
le 23 mai Marais du Vigueirat, Salin de Giraud 04 42 48 40 04 www.lecitronjaune.com les 28 et 29 mai et du 1er au 3 juin 3bisf, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 www.3bisf.com
Figaro © X-D.R
le 26 et 27 mai Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr
Ce que le jour…
En adaptant le roman de Yasmina Khadra, Hervé Koubi replonge dans ses racines, à l’image du héros ordinaire du roman parti en explorateur de sa propre histoire. Il crée pour douze danseurs algériens et burkinabés -qui avaient déjà dansé dans sa pièce précédente El Din- une chorégraphie entre hip hop, capoeira et danse contemporaine à l’énergie communicative. Ce que le jour doit à la nuit le 6 juin Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr
© Camille Morhang
© Sebastien Armengol
Le corps de l’artiste israélienne Tania Sheflan se contorsionne, livre ses indignations et ses chagrins, ses élans et ses amours, porteur d’un conte livré sur le ton de la confidence. Dans une yourte kirghize elle se tient au centre d’une piste minuscule, racontant l’intime et le politique, accompagnée par l’écriture et la mise en scène de Gilles Cailleau.
Rencontre des ateliers
Au Citron Jaune et au 3bisf les sorties de chantier se poursuivent pour les compagnies en résidences. Dans sa nouvelle création, L’Insomnante invite explorer le monde du sommeil et de l’insomnie, et plus particulièrement à réhabiliter le temps de la sieste, entre siestes-écritures et siestes-sonores…
De la Comp.marius on connaissait déjà la savoureuse adaptation de l’œuvre de Marcel Pagnol (Manon des sources, Jean de Florette, Marius, Fanny et César et Le Schpountz). Toujours jouée en plein air, et toujours en français, leur dernière création revisite cette fois l’œuvre de Beaumarchais, avec une adaptation du Barbier de Séville et du Mariage de Figaro sous le titre Figaro : un héros à leur démesure, indépendant d’esprit et maître de l’ironie et du divertissement. Et qui, comme eux, aura certainement l’accent flamand ! du 4 au 7 juin En plein air, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
Le festival de pratiques amateures initié il y a 25 ans par la Compagnie Mises en Scène se tiendra du 29 mai au 7 juin, à L’Entrepôt de la Cie (infos 04 90 88 47 71). Des Rencontres d’ateliers qui dépassent les frontières des remparts avignonnais en se produisant au Théâtre des Halles les 5 et 6 juin, poursuivant le but de sa fondatrice, Michèle Addala, de faire se rencontrer l’ensemble de la population. Préparées pendant plusieurs mois avec des professionnels aguerris, les petites formes théâtrales et spectaculaires de ces jeunes artistes en herbe, touchent, souvent, par leur qualité et leur pertinence. Et réjouissent, toujours. les 5 et 6 juin Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com
Bleu violon
Dans ce nouveau spectacle créé au Théâtre d’Arles, Le Boustrophédon poursuit le travail amorcé autour du cirque et de la marionnette. Sur le thème de l’enfermement, de l’emprisonnement et plus largement des chaînes qui nous entravant, le collectif continue à se poser des questions sur l’être humain avec humour et causticité. Les disciplines se croisent et se complètent, les comédiens de la compagnie étant, pour la grande majorité, circassiens, marionnettistes, comédiens et musiciens. le 26 et le 27 mai Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com
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Olympe, fille de Zorro
L’homme cornu
le 4 juin Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 www.lesdoms.be
Requiem et So blue
les 11 et 12 juin Musée Angladon, Avignon les 14 et 15 juin Emmaüs Pointe rouge, Marseille le 17 juin Quartier de la Barbière, Avignon Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org
Requiem © Erik Damiano
© Gilbert Scotti
les 6 et 7 juin Communauté Emmaüs, Arles
Dans son dernier spectacle, en solo, Zimmermann construit des moments brillants et drôles, et impose son univers : la scénographie est faite de boîtes qui se désossent, de murs qui tombent et se plient, de trappes facétieuses. Frêle et seul, le clown retient des murs qui ne cessent de s’écrouler, de se mettre en route quand on les attendrait immobiles, de refléter infidèlement. Et son inadaptation à un réel hostile nous rappelle la nôtre, ces moments où on parierait que les objets nous résistent, et que la matière vivante des murs a des yeux, et des oreilles… du 3 au 5 juin Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
Marche
Serge Barbuscia continue de donner la voix aux sans voix, et prépare pour sa nouvelle création, un «rituel théâtral d’avant le coucher du soleil», à partir du texte de Christian Petr qui pose son regard sur la pauvreté, accompagné musicalement par une création électro-acoustique sur-mesure de Dominique Lièvre. Un projet atypique et sensible, qui implique cinq comédiens pour incarner des personnages universels et raconter l’histoire d’un homme de la rue, un laissé-pour-compte qui vécut sur une place avignonnaise pendant six ans, et que l’auteur observa de sa fenêtre dans son énigmatique marche quotidienne. Marcher pour survivre ? Un questionnement universel qui sera joué à la lumière crue du jour, au coucher du soleil «avant qu’arrivent les peurs ancestrales…».
Hallo © Satya Roosens
La comédienne Mylène Richard, formée au clown, prépare avec sa compagnie avignonnaise Simple Manœuvres, sa deuxième création. Elle présente au Théâtre des Doms une sortie de résidence, à partir du personnage clownesque de son invention Olympe, fille de Zorro. Une jeune femme, dont le destin pourrait sembler tracé, donne libre cours à son imagination et dévoile, dans un univers poético-burlesque, la face cachée de ses aspirations profondes. Entrée libre à 19h, sur réservation.
Associant le théâtre et le mentalisme, l’artiste flamand Kurt Demey a la faculté de lire en vous comme dans un livre ouvert... Il vous donne rendez-vous en pleine nature, dans le cadre des Curieux de Nature de La Passerelle, au Domaine de Charance. Là il livrera ses pensées les plus intimes et vous conviera à participer à d’étranges rituels pour deviner avec génie les vôtres. Don ? Manipulation ? Coup de bluff ou réalité ? Une chose est sûre : la fascination est bien réelle ! les 30 et 31 mai La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
Roue libre
Présentée en Excentrés dans les villes et villages des Alpes du Sud, voici l’histoire d’un diablotin et d’une mini-fanfare qui tente désespérément de faire de la musique à ses côtés. Trois artistes circassiens et musiciens se jouent des notes et de l’apesanteur et nous entraînent dans une fantaisie acrobatique drôle et inventive. Trouvailles, facéties, créativité, émotion et poésie sont au rendez-vous de cette pièce de la compagnie 3 x rien... qui avec trois fois rien, amuse et enthousiasme petits et grands. Une réjouissante partie de cirque. du 21 au 29 mai La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu
Deux pièces chorégraphiques à Châteauvallon ce 21 mai : à 19h, Requiem de la Cie Zampa. Un «entre-deux de la chair et de la conscience» déterminé par cette prière rituelle pour le repos, que la compagnie interroge au moment précis où le corps résiste encore, lorsque la vie le rappelle au lien de s’en défaire. Puis à 20h30, So Blue par Louise Cavalier et son partenaire Frédéric Tavernini, qui mettent en jeu la musique rythmique et viscérale de Mercan Dede. Cette fois-ci, le corps dicte ses lois pour nous transporter dans un tourbillon intense et cathartique. le 21 mai CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
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Les particules…
Les particules élémentaires le 10 juin Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
Voyage…
Voyage au bout de la nuit les 12 et 13 juin Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
L’arrière-boutique
En résidence permanente à La Garde, la compagnie Le Cabinet de Curiosités mise en œuvre par Guillaume Cantillon, programme à nouveau une soirée-fleuve (plus de 4h et un entracte) au Théâtre du Rocher, pour faire se rencontrer artistes et spectateurs. Ainsi, pour ce 4e événement, des formes courtes, impromptues, proposées par une dizaine d’artistes (plasticiens, danseurs, acteurs…) seront présentées au public. Des tentatives d’un soir, éphémères, ou des étapes de création. Un aperçu privilégié de la richesse de la création régionale. le 31 mai Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr
Soirée cirque
Dans le monde merveilleux et surréaliste de la Needcompany, tout est possible ! Cinq danseurs, acteurs, peluches, chorégraphiés par Grace Ellen Barkey (complice de Jan Lauwers), offrent un jeu de cache-cache absurde et réjouissant. D’étranges créatures débarquent sur scène et tout un monde imaginaire et indiscipliné se met en place, offrant une véritable ode à l’amusement. Incroyable ? mais vrai ! le 30 mai Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.fr
Le Théâtre de la Licorne se fait circassien pour un soir, avec une programmation en deux parties. Tout d’abord la promotion 2013/2015 de Piste d’Azur, Centre régional des Arts du cirque, présentera son savoir-faire dans différentes disciplines (jonglerie, équilibres, aériens, acrobaties...) reliées par une réflexion chorégraphique et un travail de mise en scène. Puis la compagnie Blizzard Concept livrera son Opéra pour sèche-cheveux, une oeuvre où «toute loi scientifique est réinventée au service du cirque», un monde dans lequel «plus aucun objet n’est sous utilisé»... le 12 juin Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com
Imprévus 3 Ballets Monte Carlo © Alice Blangero
Rodolphe Dana porte seul en scène le roman de Céline. Il y fait des coupes sombres, mais garde des pans entiers : la guerre de 14, fondatrice, s’étale pendant près d’une heure et le comédien, sans autre accessoire que son corps et quelques praticables noirs qu’il déplace, incarne les personnages tour à tour, d’un geste, d’un ton. Et la langue éclate, de même que l’aspect décidément visionnaire de ce roman qui, en 1932, disait déjà tous les problèmes du siècle : la guerre qui n’allait pas s’éteindre, la banlieue qui s’enfonçait dans la misère, les colonies. Et la danse, pour s’affranchir du réel.
Incroyable ?... © Fred Debrock
Adapté du roman de Houellebecq par Julien Gosselin, le spectacle possède une énergie fondée sur un montage cut, et sur le talent transformiste de jeunes acteurs qui savent faire rire et vibrer d’émotion. Mais que raconte Houellebecq ? Les personnages profèrent des abjections parfois racistes, un mépris affiché pour le féminisme, un recours aux putes, des sexualités sans plaisir, relie meurtres, tortures, castration littérale et éjaculation, en des scènes que l’auteur se complait à décrire. Contre utopie, ou désir réel ? L’emploi de l’ironie ne résout pas l’ambiguïté terrible du propos…
les 3 et 5 juin Espace culturel du Val de Siagne Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com le 9 juin La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr
Ma vie rêvée
Michel Boujenah jure de dire «toute la vérité, rien que la vérité» sur... sa vie rêvée ; parce que «la vie c’est beau, c’est con, et c’est compliqué», et qu’un peu d’imagination suffit parfois à améliorer la situation ! Il évoque tour à tour son enfance, l’exil précoce de Tunisie en France, ses amours, mai 68, avec l’humour tendre (non dénué de nostalgie) et ce sens de l’improvisation qui le caractérisent. les 23 et 24 mai La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr les 5 et 6 juin Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net
Jean-Christophe Maillot, directeur des Ballets de Monaco, organise régulièrement des représentations -sinon réellement improvisées du moins pleines d’imprévusdirectement aux Ateliers de la troupe. Si l’édition de février était centrée sur Cendrillon, celle de juin restera mystérieuse jusqu’au jour J. Ou plutôt aux jours J, puisque la manifestation se déclinera lors de quatre soirées et une après-midi. Attention, l’entrée est réservée aux possesseurs de la Carte «Ballets de Monte-Carlo». du 6 au 13 juin Ballets de Monte-Carlo, Monaco +377 99 99 30 00 www.balletsdemontecarlo.com
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Nouvelle Vague
A bout de souffle de Jean-Luc Godard © Imperia
Qu’est-ce que c’est : «dégueulasse» ? La question de Jean Seberg résonnera à nouveau, le 22 mai au cinéma Les Lumières, où Charlie Free en collaboration avec les Amis des Lumières, organise un week-end Nouvelle Vague. À 19h, conférence de Pierre-Henri Ardonneau : jazz et cinéma de 1925 à 1945. À 21h, À bout de souffle de Jean-Luc Godard sur la partition de Martial Solal. Le 23 mai à 21h, au Théâtre de Fontblanche, concert-ciné aux intermèdes vidéos concoctés par Adrian Smith, avec Stéphane Kerecki (contrebasse), JeanCharles Richard (saxo), John Taylor (piano), et Fabrice Moreau (batterie).
Insurrectionnel
Dans ce mois consacré par le Gyptis aux révolutions, il n’était pas envisageable d’ignorer Peter Watkins dont le cinéma éminemment rebelle s’affranchit des contraintes de formes, de genres et de durée, contre le «monoforme», modèle audiovisuel dominant, normatif, infantilisant. Le 2 juin à 19h30, JeanJacques Hocquard présentera La Commune (Paris, 1871), un des derniers films du réalisateur britannique. Tourné à Montreuil en 1999, avec plus de 200 participants non professionnels pour la plupart, liant théâtre et cinéma, journalisme et fiction, passé et présent. Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 www.lafriche.org/content/le-gyptis
Cinéma tunisien
Dans le cycle Fragments d’une Tunisie contemporaine proposé par le MuCEM jusqu’au 6 juin, le 30 mai à 15h, des regards seront portés sur la jeune création tunisienne. 9 courts métrages indépendants réalisés entre 2003 et 2013 faisant la part au cinéma expérimental ou d’avant-garde, à l’art vidéo, aux essais documentaires… Autour de Geneviève Houssay, un débat suivra la projection avec les réalisateurs Nadia Touijer, Youssef Chebbi, Ridha Tlili. À 21h30, un ciné-concert en plein air, Babylon, explorations électroniques de l’artiste Zied Meddeb Hamrouni réalisées à partir du son du documentaire éponyme. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org
La Ligne de couleur de Laurence Petit-Jouvet © Avril films
Des hommes et des femmes, citoyens français de culture française, aperçus comme étant arabes, noirs ou asiatiques, s’adressent dans une «lettre filmée» à une personne de leur choix, pour parler de cette expérience intime et sociale : vivre dans la France d’aujourd’hui avec cette différence qui les distingue, et croiser régulièrement des regards qui les réduisent à leur «couleur». C’est cette parole qu’a filmée Laurence Petit-Jouvet dans son dernier film, La Ligne de couleur, conçu en écho à son documentaire précédent, Correspondances. Elle sera au Gyptis le 14 juin à 19h pour en parler avec le public. Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 www.lafriche.org/content/le-gyptis
Cinéma Les Lumières, Vitrolles 04 42 77 90 77 www.cinemaleslumieres.fr
Création tunisienne
Couleurs
Les Silences du palais de Moufida Tlatli © Trigon films
Dernier week-end du cycle Fragments d’une Tunisie contemporaine au MuCEM le 6 juin. À 18h, hommage à Ahmed Bahaeddine Attia, producteur, figure du cinéma tunisien. En 1991, il donne carte blanche à 5 réalisateurs tunisiens, libanais, marocain et palestinien pour réaliser chacun un court métrage en réponse à la guerre. Le résultat : La guerre du Golfe et après ? Ce film sera suivi, à 22h, de Les silences du palais de Moufida Tlatli, la vie cachée de femmes dans la solitude du palais du Bey. Ce film, mention spéciale de la Caméra d’or à Cannes 94, sera projeté sur la place d’Armes du Fort Saint-Jean. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org
Un jeune poète
... Mais par où commencer ? Contempler longuement la mer ? Grimper au sommet d’une montagne ? Écouter le chant des oiseaux ? Aller à la bibliothèque ? Trouver sa muse ? Dans les bars ? Au cimetière ? Sous l’eau ? À peine sorti de l’adolescence, Rémi qui rêve de devenir poète et d’enchanter le monde est à la recherche de l’inspiration à Sète. Damien Manivel sera au Gyptis le 13 juin à 20h pour présenter son premier long métrage, Un jeune poète qui «n’est pas du tout dans le réalisme ni pour le personnage ni pour les décors». Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 www.lafriche.org/content/le-gyptis
L’Art en famille
Dans le cadre du Théma #17 L’Art en famille, au Théâtre Liberté à Toulon, projection le 26 mai à 20h de Umberto D. de Vittorio de Sica (1952), la tentative d’un homme pour maintenir sa dignité dans une société où toute humanité semble avoir été perdue au profit de la modernité. Et le 28 mai à la même heure, Palerme d’Emma Dante qui joue aux côtés d’Alba Rohrwacher et Elena Cotta. Un régal ! Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
La Grâce humaine
La Relève de Christophe Previte © Bambule Films 2015
Soirée Courts le 4 juin dès 20h à l’Eden Théâtre. Précédant les films réalisés par les lycéens ciotadens du Lycée Lumière, projection en première publique de La Relève, fiction de 15 mn de Christophe Previte. En présence du réalisateur et des comédiens Olga Shuvalova et Gilles Azzopardi. Tourné dans les Bouchesdu-Rhône et dans le Var, le film suit un cadre licencié, accusé de harcèlement et de violence, qui quitte tout, prend la route, et croise sur un chemin de campagne une femme «tombée», le Cahier de Douai à ses côtés. Un film politique et poétique, spinozien et rimbaldien sur la rédemption terrestre par les mots et la tendresse. Cinéma Eden Théâtre, La Ciotat 04 42 83 89 05 www.edencinemalaciotat.com
Tiens bon la barre
Du 5 au 7 juin, Art et essai Lumière présente Cinéphiles à la barre ! L’homme et son voilier à L’Eden théâtre de La Ciotat. Documentaires, rencontres avec les réalisateurs, producteurs, pour tous ceux qui aiment la mer, la voile et le cinéma. Sont proposés, entre autres, La Yole de Bantry de Sacha Bollet et Marie Daniel, l’histoire maritime d’une bande de jeunes Marseillais, Huis Clos sous les Étoiles d’Emmanuel et Maximilien Berque ou Tabarly-Colas Vents Contraires de Grégory Magne. On pourra voir aussi une exposition de photographies avec le concours du photographe Nicolas Claris à l’Espace Gare de l’Escalet. Art et Essai Lumière, La Ciotat 06 64 85 96 40 www.artetessailumiere.fr
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La Ciotat, berceau du cinéma L’Eden Théâtre accueille, du 26 au 30 mai, la 33e édition du Festival du 1er Film francophone qui met en lumière de jeunes réalisateurs et des premiers films. Yves Alion, directeur artistique, en a choisi dix pour «leurs qualités esthétiques, leurs propos, leur originalité, leur ton…». Que ce soit des comédies comme Un peu, beaucoup, aveuglément de Clovis Cornillac, précédé du délicieux court de Julien Hallard, People are strange, en ouverture le 26 à 19h. Ou l’original Vincent n’a pas d’écailles de Thomas Salvador. On pourra voir vivre des adolescents dans À 14 ans d’Hélène Zimmer et Bébé Tigre de Cyprien Vial ; plonger au cœur d’années d’enquête dans L’Affaire SK1 de Frédéric Tellier, suivre les efforts pour s’en sortir d’employés dans Discount de Louis Julien Petit, de Cherif dans Qui vive de Marianne Tardieu, ou partager le parcours et l’amour d’un jeune Camerounais et d’une Nigériane dans Hope de Boris Lojkine. Nicolas Castro nous entraine
Terre battue de Stéphane Demoustier © Les Films Velvet
dans Des lendemains qui chantent, une épopée drôle, tendre et nostalgique, des années 80/90 et Stéphane Demoustier trace un portrait
de famille, se demandant si un fils peut s’élever alors qu’un père s’effondre
Les quinze de Saint-Henri Pour tous les cinéphiles qui ne sont pas allés à Cannes, pour les festivaliers qui n’y ont pas tout vu, pour tous ceux qui brûlent de découvrir en avant-première «le meilleur du cinéma indépendant», comme toutes les années depuis 11 ans, l’Alhambra, en partenariat avec la Région, offre du 26 mai au 2 juin, une reprise de 15 films de la Quinzaine des Réalisateurs. En ouverture, en présence de Philippe Faucon accompagné du directeur de la Quinzaine, Edouard Waintrop, Fatima, l’itinéraire d’une mère et femme courage, immigrée «invisible» et héroïque parmi tant d’autres. La programmation fait la part belle au cinéma français : Philippe Garrel (L’Ombre des femmes), Arnaud Desplechin (Trois souvenirs de ma jeunesse) et Thomas Bidegain, le talentueux scénariste qui viendra parler le 28, de sa première réalisation : Les Cowboys. Une tragédie familiale sur fond d’intégrisme musulman, où on suit jusqu’au Pakistan, un père (François Damiens) et son fils, en quête de leur fille et sœur disparue. Le reste du monde sera aussi à St Henri : les ÉtatsUnis avec Songs my brothers taught me (Chloé Zhao) et Dope (Rick Famuyiwa), la Colombie avec El Abrazo de la Serpiente (Ciro Guerra),
Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin © Lou Roy Lecollinet, Quentin Dolmaire
la Suède avec The here After (Magnus von Horn), l’Espagne avec A perfect day (Fernando León de Aranoa), le Maroc avec Much Loved (Nabil Ayouch), la Turquie avec Mustang (Deniz Gamze Ergüvenet ) et même la Belgique avec Le Tout Nouveau Testament de Jaco Van
Dormael qui met en scène Catherine Deneuve et Yolande Moreau aux côtés de Benoît Poelvoorde. Temps fort : Les Mille et une nuits du Portugais Michel Gomes, film fleuve
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Hors Cadre au même moment dans Terre battue produit par les frères Dardenne. Les dix longs métrages ainsi que les dix courts les précédant seront en compétition : les prix, dont le Lumière d’Or, seront décernés par un jury de professionnels et par le public. Les spectateurs ont de la chance ! Tous les réalisateurs seront à l’Eden pour présenter leurs films et les rencontrer. ANNIE GAVA
Festival du 1er Film francophone du 26 au 30 mai Eden Théâtre, La Ciotat www.edencinemalaciotat.com Berceau du Cinéma, La Ciotat 04 42 71 61 70
le triangle mérite son sommet de Florence Pazzottu © Altravoce Marseille
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en trois volumes de plus de 2 heures, dans lequel Shéhérazade, sans générer un ennui qui lui serait fatal, raconte les tristes histoires de la triste réalité d’un triste pays, passant de L’inquiet (vol 1) et du Désolé (vol 2) à L’Enchanté (vol 3). Car le cinéma c’est tout ça, l’inquiétude, la tristesse et l’enchantement. À 4 euros la séance, sur le bel écran de l’Alhambra, à travers tous ces films, c’est bien ce que nous chercherons, non ? ELISE PADOVANI
Quinzaine des Réalisateurs du 26 mai au 2 juin Cinéma Alhambra, Marseille 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com
e 23 avril au cinéma Les Variétés, l’occasion était donnée d’organiser la première soirée du collectif Hors cadre. Composé de réalisateurs, d’une comédienne et d’une programmatrice, il se propose d’explorer les marges de la création, d’imaginer des propositions différentes dans le domaine de la création et de la diffusion contre une logique de marchandisation et d’uniformisation, de partager largement les œuvres et la réflexion. Une soirée autour d’une projection d’œuvres de membres du collectif et une discussion sur le thème «entre nécessité et liberté : création, production, diffusion». La projection est une première démarche : il s’agit de prendre en charge les différents formats, d’en assurer leur projection dans un lieu dédié. Ainsi donc se sont mêlés films poèmes de Florence Pazzottu, S’il naît poème, Open poème, Le triangle mérite son sommet ; fiction de Julien Sicard, Sale réput’ ; de Stéfan Sao Nélet, Les Ames délaissées ; reportage de Julien Sicard, De l’image du quartier ; court métrage d’Avicen Riahi, La Putain ; fiction d’Adam Pianko, Balle au centre ; documentaire de Jonathan Trullard, Quel avenir pour le cinéma ? Animée par Linda Mekboul, la discussion a permis de saluer la mutualisation de la réflexion dans un domaine où le créateur est souvent solitaire. Il est aussi question
de la manière de montrer le cinéma -et quel cinéma ?-, de découvrir un monde par une création susceptible de régénérer le cinéma par son engagement formel et/ ou politique. L’accent peut être mis sur l’autoproduction ou la coproduction, mais aussi sur l’association entre production et distribution dans une même structure. Ce passage au collectif soulève la question des points communs, il en est pourtant un, très stimulant, celui de montrer un monde qui existe mais qu’on ne voit généralement pas. Energie et volonté de ce collectif qui a fixé son prochain rendez-vous le 11 juin. ANDRÉ GILLES
La soirée a eu lieu au Cinéma Les Variétés, à Marseille, le 23 avril
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«Cousines» Noite Escura de Joao Canijo ©Midas Filmes
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eureuse idée qu’a eue AFLAM d’inviter le «Cousin» Joao Canijo aux 3es Rencontres Internationales des Cinémas Arabes. Une occasion de découvrir ce cinéaste portugais, peu connu du public français, qui aime travailler avec les femmes : «Je ne trouve jamais d’aussi bons comédiens que des femmes !»... Au point d’avoir écrit le scénario de Sangue do meu sangue (Liens de sang, 2011) avec trois comédiennes pour parler de l’«amour inconditionnel, dans une cité». L’extraordinaire Rita Blanco est Marcia, une mère
prête à tout pour sauver sa fille Claudia (Cleia Almeida) tombée amoureuse d’un homme marié. Sa sœur, Ivete (Anabela Moreira), a mis tout son amour en son neveu, qu’elle soigne, caresse, qui va risquer sa peau pour le sauver des dealers qu’il a tenté d’escroquer. Deux histoires qui s’entremêlent d’autant plus que tout le monde partage le même appartement dans la banlieue Nord de Lisbonne et que le cadre du directeur de la photo préféré du cinéaste, Mário Castanheira, souligne, surligne, et place le spectateur dans une tension visuelle et sonore permanente. Les plans sont souvent morcelés et deux scènes se jouent, un face à face au premier plan, une explication à l’arrière plan, auxquels s’ajoutent des conversations hors champ. Remarquable. C’est Cidália, véritable Antigone des années 2000, qu’interprète Rita Blanco dans Ganhar a Vida (Gagner la vie), un film tourné dans la communauté portugaise d’une banlieue parisienne. Son fils Alvaro a été tué et rien ne compte plus pour elle que savoir par qui et pourquoi. «Je veux vivre triste. Transformé en tristesse est le bonheur du passé» dit la chanson qu’elle va chanter à la demande du prêtre. La caméra de Castanheira ne la lâche pas, cadrant
souvent en gros plan son visage superbement expressif : dans la manif qu’elle organise pour exiger la vérité, malgré l’hostilité de toute la communauté qui préfère enterrer un de ses membres en silence, quand elle danse langoureusement avec un jeune, substitut à son fils mort, quand elle affronte ses collègues au travail, sa sœur ou son mari à la maison. Dans Noite Escura (Nuit noire, 2004), adaptation libre d’Iphigénie à Aulis, elle joue Céleste (inspirée par Clytemnestre), ancienne prostituée devenue la patronne d’une boite à hôtesses, dans une petite ville de province, mère de deux filles dont l’une d’elle, Sonia (Cleia Almeida), doit être sacrifiée pour payer une dette du père. L’aînée, Carla-Electre (Beatriz Batarda), va tout mettre en œuvre pour éviter à sa sœur d’être livrée à des proxénètes russes. Écrit à
Les irradiés du désert L
At(Home) d’Elisabeth Leuvrey © Bruno Hadjih
e 15 avril, en partenariat avec Films Femmes Méditerranée, les 3es Rencontres Internationales des Cinémas Arabes avaient invité la réalisatrice Elisabeth Leuvrey et le photographe Bruno Hadji pour présenter At(Home). Carnet de voyage, extraits d’archives, images fixes de paysages, portraits en noir et blanc ou haut en couleurs, les éléments disparates de ce documentaire reconstituent une histoire mal connue, occultée, oubliée, tragique, grotesque, ironique. Agathe, Topaze, Émeraude, Rubis, Améthyste... : ils portaient de jolis noms les treize essais nucléaires français opérés de 1961 à 1966, au centre du Sahara, en accord avec le tout jeune gouvernement algérien. Douze ne furent pas parfaitement contrôlés, dont Béryl, contaminant le 1er mai 1962, toute
la région d’In Ecker. Le désert dans sa pureté de pierres et de sable semble s’être refermé sur ce passé gênant. Pourtant, les traces y sont encore lisibles aujourd’hui, semblables dans le film à des installations artistiques mystérieuses, magnifiées par la photo de Bruno Hadji : piste parcheminée, animaux vitrifiés, roches bleuies, reliefs d’infrastructures en torsion, hérissements de béton ferraillé, entrelacs de barbelés posés sur des murets en pierres sèches, accumulation de fûts écrasés, ruines des bureaux d’Oasis 2, soufflés par l’explosion, restes de matériaux récupérés par la population pour être vendus ou recyclés en dépit de leur radioactivité. La réalisatrice revient sur les lieux du «crime», donne la parole aux survivants. Tandis que, saturées de lumière,
partir d’une observation du réel, avec l’aide de prostituées qui jouent leur propre rôle, ce huis clos dans ce «bordel» d’où les femmes ne sortent pas vivantes est filmé en plans séquences, morcelés parfois au montage, faisant partager au spectateur le vertige des personnages. Inspirées par Hou Hsiao-hsien, les couleurs du décor et la lumière, mettent en valeur les visages des protagonistes mais aussi tous les personnages et la caméra, mobile, rend palpables la tension et la violence des rapports dans ce cabaret où l’on n’échappe pas à son destin. Joao Canijo et Mário Castanheira, présents aux projections, ont répondu avec une grande générosité aux questions du public ANNIE GAVA
Les Rencontres Internationales des Cinémas Arabes ont eu lieu du 14 au 19 avril à Marseille Aflam, Marseille 04 91 47 73 94 www.aflam.fr
leurs photos s’affichent en gros plans sur l’écran, leurs récits reconstituent en voix off ce passé fantôme : l’eau empoisonnée, les animaux malades, les cancers, les morts prématurées, les malformations des nouveau-nés, l’ignorance de ce qui se passait. Comme le rayonnement nucléaire mortel et persistant, l’histoire ne s’arrête pas là. Le film suit la piste, évoque ces touristes innocents en quête d’un désert imaginaire, ignorant la toxicité du lieu. Il nous conduit du Sahara à Alger, du passé au présent. Sur le même mode, surgissent des souvenirs plus récents, ceux de la guerre civile des années 90, durant laquelle 24 000 opposants politiques furent détenus dans des camps aménagés dans les zones irradiées. La dernière image montre une pierre aux reflets bleus tenue entre les mains d’un ancien prisonnier du désert. Comme lui, séduits par leur beauté, beaucoup ont ramené «at home» ces cailloux radioactifs venus d’une autre Histoire, comme un mal invisible, que le film aurait circonscrit. ELISE PADOVANI
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Dans les chambres secrètes d’Alicia Les projets de l’artiste espagnole Alicia Framis -performances, installations, vidéos- font l’objet d’expositions en Europe et aux ÉtatsUnis, plus rarement en France. Le 3bisf l’a attrapée dans ses filets le temps d’une résidence ultra productive autour de son programme de recherches Forbidden Rooms, qui interroge le rapport de l’individu à l’espace intérieur, tribal, social, intime ou urbain. «Elle touche ce qui a trait au quotidien, à la ville, aux espaces que l’on habite. Elle travaille sur la question du process et ce qu’elle montre est une expérience» précise Diane Pigeau qui a découvert son travail à la Biennale d’art contemporain de Lyon et a œuvré à son séjour à Aix. Quatre ateliers, une conférence et deux créations plus tard, le spectateur expérimente physiquement et psychiquement The Room of Reflection, l’artiste ayant parfaitement intégré la dimension particulière de l’environnement. Il pénètre dans une cabine en forme de long corridor et découvre sa propre image filmée en direct, confronté à lui-même par la face qui, habituellement, se dérobe à sa
vue : son dos. Ses mouvements évoluent en léger décalé dans un silence total. Il entre par une porte et sort par une autre quelques secondes plus tard, ou quelques minutes s’il n’est pas mal à l’aise, voire claustrophobe. Expérience troublante de l’enfermement dans une cellule en bois construite dans une ancienne salle d’hôpital ! Celle-ci vient s’ajouter à une liste de 32 «chambres à soi» initialement répertoriées, construites dans une banque (les employés sont confinés dans un espace isolé phoniquement), au musée national Picasso à Vallauris (La chambre des livres interdits) ou dans une galerie à Amsterdam (le Confessionarium aux parois transparentes)… I’m in the Wrong Place to be Real, 2015, Alicia Framis © Jc Lett
Portrait fragmenté de la Tunisie «Il y a quelque chose d’une sobriété heureuse chère à Pierre Rabhi» dans Traces, au MuCEM, pour Thierry Fabre qui signe le commissariat avec Sana Tamzini, présidente du Forum des associations culturelles en Tunisie. Car c’est de la Tunisie, justement, dont il est question dans le corpus d’images photographiques et vidéos assemblées comme les pièces d’un puzzle. Des fragments qui jouent les uns par rapport aux autres sans volonté de croire à une «école tunisienne» mais, au contraire, d’éclairer des regards multiples posés sur une histoire commune, un présent et un avenir à construire. L’exposition en diptyque (Fragments I jusqu’au 28 sept, Fragments II du 4 nov au 29 fév 2016) réunit dix artistes dans une scénographie épurée, voire austère, par la volonté de Sana Tamzini qui «préfère laisser un temps de latence pour voir les œuvres et garder l’intimité de chaque artiste sans interférence». Sont ainsi privilégiés les espaces de respiration entre les pièces, peu nombreuses, et les points de suspension entre les artistes, cinq à chaque Fragments, pour mieux s’immerger dans leurs univers. Celui d’Ismaïl Bahri requiert 11 minutes d’attention richement récompensée : son Film déroule des écritures et des images en transition tirées de journaux, révélées lentement par le truchement d’un miroir invisible. Expérience magnifique de la lenteur, de l’apparition et de la disparition,
Souad Mani, Souvenirs du présent © Souad Mani
de l’effacement de la mémoire. Dans la série photographique Chokran ya siédété al raiis (Merci, Monsieur le Président), Fakhri El Ghezal questionne le vide laissé par les politiques déchus, les traces de l’absence, l’après événement : que reste-t-il lorsque les portraits officiels disparaissent des cadres ? Un travail philosophique qui dit le vacillement des choses à l’heure où le drapeau tunisien et les sourates
du coran apparaissent dans l’espace public… Dans l’histoire tunisienne bouleversée, il est une chose qui ne change pas : ses paysages. Souad Mani s’en empare pour les recomposer, à sa manière, dans des images floutées, vibrantes. Dans un temps infini, allongé,
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Framis
Très Sm’Art !
Autre installation, autre process, autre rapport au corps. Cette fois autour du vêtement iconique et à découvert. Inspirée d’une parole de chanson entendue dans les rues de New-York, I’m in the Wrong Place to be Real emprunte à la vie quotidienne du personnel et des patients de l’hôpital Montperrin leurs objets d’usage : une armoire à linge, une cabine d’essayage, un pyjama, des cintres. Au public de se dévêtir pour revêtir l’uniforme. De se transformer. D’être un autre. Une nouvelle expérience dont il ne sortira pas indemne. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
I’m in the Wrong Place to be Real Alicia Framis jusqu’au 19 juin 3bisf, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 www.3bisf.com
Max.B © Chris Bourgue
Anna Preiss © Anne Loubet
P
suspendu. Là encore ses captures vidéo requièrent patience et concentration. Autre paysage, interdit celui-ci mais néanmoins photographié par Zied Ben Romdhane : l’oasis de Gabès et son groupe chimique qui déverse ses déchets depuis quarante ans ! Clichés cruels et lumineux sur un désastre écologique impuni. Si Zied Ben Romdhane dénonce les traces industrielles sur le paysage, les traces politiques n’échappent pas à son regard accusateur. Pour preuve sa série réalisée à la frontière tuniso-libyenne où les réfugiés survivent dans des camps d’infortune. Enfin, puisant dans ses archives familiales, Héla Ammar compose un patchwork de photos noir et blanc rebrodées de fil rouge dont la similitude thématique et stylistique flirte bizarrement avec l’œuvre de l’artiste franco-marocaine installée à Marseille, Carolle Benitah (lire aussi p. 15)… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Traces, Fragment I Fragments d’une Tunisie contemporaine jusqu’au 28 septembre MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org
our sa 10e édition, le Sm’art, Salon d’Art Contemporain d’Aix-en-Provence, a confirmé son succès. Sous les 12 000 m2 ombragés du Parc Jourdan, la fréquentation a dépassé les 22 000 visiteurs, mille de plus encore que l’an dernier. Il faut dire que le beau temps était de la partie et les exposants étrangers, venus pour certains de régions plus froides, s’en sont réjoui. Belle affluence donc et 2 111 ventes exactement dont Christiane Michel, fondatrice et commissaire, se félicite. Les galeries y sont de plus en plus nombreuses, notamment les aixoises qui mettent en avant les artistes locaux. Une galerie japonaise venue de Hyogo augure d’échanges créatifs. On retrouve la galerie Berthéas qui se taille la part du lion et a d’ailleurs ouvert une antenne à Paris. Ses dirigeants déclarent que le Street Art appartient désormais aux galeries comme à la rue. Comme dans les années précédentes, force est de constater des inégalités dans les propositions, mais il vous sera dit que cela permet de toucher le plus grand nombre... On a retrouvé avec toujours autant de plaisir Myriam Paoli et ses dessins en 3 D, Sourski et ses hommes-oiseaux, qui conjuguent toutes deux à l’infini leur sensibilité. Puis la jeune Mila et sa peinture des Femen très présente, les étonnantes peintures avec béton de Patrick Montagnac -qui fait un tabac au Japon-, les Titan métalliques pour jardins d’Anna Preiss ou les paysages très colorés entre rêve et réalité
de la Suisse Sylvie Rumo. Habituée de l’événement, Yo Bastoni a créé pour l’occasion une installation participative sur les escaliers du parc et présente cette année un travail sur le lien. Pour cet anniversaire le Sm’Art a mis à l’honneur le travail de deux artistes de la scène internationale. Céramiste, sculpteur et peintre, Van Lith présente des créations diverses et colorées qui ne rendent pas compte des travaux monumentaux qu’il a réalisés de par le monde. Le rebelle et secret Max.B, l’ermite de Pernes-les-Fontaines, montre quant à lui, pour la première fois dans sa région, une œuvre originale, proche de la Nouvelle Figuration, que s’arrachent pourtant les collectionneurs. Notons la participation de la Fondation du Camp des Milles qui rend hommage à la résistance par l’art. 400 œuvres ont en effet été créées par des artistes internés et certaines peuvent encore se voir dans le Site-Mémorial. Saluons enfin la présence des étudiants de l’ICART Bordeaux, école des métiers de la culture, qui ont réalisé des reportages journaliers visibles sur le site du Sm’Art avec beaucoup de professionnalisme. CHRIS BOURGUE
Le Sm’art s’est déroulé du 7 au 11 mai à Aix-en-Provence
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Énigme artistique non identifiée Au CAC d’Istres, l’icône qui subjugua les surréalistes se rejoue dans des fictions affabulées par Pierre Bendine-Boucar. Fantômas en irréductible portrait Dès les premières lignes de leur roman, les auteurs de Fantômas installaient leur créature dans une duplicité interlope : «Fantômas» «Qu’avez-vous dit ?» «J’ai dit Fantômas» «Et qu’est-ce que cela signifie ?» «Rien… Tout !» «Mais qu’est-ce que c’est ?» «Personne… Et à présent, oui, c’est quelqu’un !» «Et que fait ce quelqu’un ?» «Il sème la terreur !». S’inspirant essentiellement du personnage du film de Hunebelle, incarné dans les années soixante par un Jean Marais masqué de latex bleuâtre, Pierre BendineBoucar sème au cours des quatre salles du Centre d’art contemporain (et une vitrine en centre-ville) autant d’indices affabulatoires pour tenter de circonscrire l’identité du mythe. Avec une jubilation manifeste, culminant au dernier étage, l’artiste multiplie les propositions de représentations. Il convoque de nombreux médiums -peinture, vidéo, photographie,
No one is Fantômas, vue partielle. © Pierre Schwartz-ADAGP_Paris 2015
wall-painting, dessin, transfert, sculpture, installation...- comme pour conjurer le sort d’une «identité plastique, volatile et mouvante» selon la formule d’Élisabeth Philippe. Le visiteur n’en saura donc pas plus à l’issue de ce parcours. Pas de biographie tangible (malgré une «enfance de Fantômas») ni artefact morbide en figure de cire. D’ailleurs, dès les premiers pas, une vidéo sert d’alerte générique au visiteur. Dans le noir, trois bouches en gros plan (on ne
voit pas de visage) donnent leur avis sur la couleur du masque, divergents. Au-delà de la créature de papier et d’encre, de latex et de gélatine filmique, Fantômas conservera son aura énigmatique que cultive Bendine-Boucar en objets artistiques non identifiés. Le fictionnel bat
La pop attitude de Le Gall Le designer Hubert Le Gall allie humour, confort et littérature versus conte pour enfants ! Son monde ressemble aux cartoons américains peuplés de lapins aux longues oreilles qui jouent les trouble fêtes et de miroirs dorés moins cruels que celui de la Reine de Blanche neige… Au musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode, la scénographie bouscule les sages reconstitutions historiques pour provoquer des situations cocasses ou inattendues. Dans la Salle à manger du nord, les chandeliers de la série La compagnie des lapins, baptisés Odilon, Lucien le Magicien et Olympia, s’invitent à la table dressée en grande pompe, tandis que les sculptures Zooles en bronze patiné trouvent refuge dans les vitrines du Salon des cuirs entre une écuelle à bouillon, une aiguière et une boite à savon du XVIIIe siècle. Arrondies et patinées, les sculptures ont des excroissances de formes mi-humaines mi-animales : ici un œil grand ouvert et une langue bien pendue, là une oreille de lapin et une patte palmée… Plus intrusives, trois lampes Spot Dog montrent leurs crocs lumineux au cœur de la collection contemporaine dans le Grand salon-Salon de billard. À contrario, fondus dans le décor
Pop art design, Hubert Le Gall, Marseille 2014 © MGG/Zibeline
d’Indiennes de la Chambre d’apparat, deux vases Vice verso ne peuvent s’empêcher de se faire des clins d’œil complices par dessus le lit de la duchesse. Tout au long du parcours, les créations jouent à cache-cache avec les objets et le mobilier, et s’immiscent entre eux dans un immense pied de nez. Comme ce fauteuil
Placide le lapin câlin en fausse fourrure et drap de laine (avec la biche, le lapin est son animal fétiche) qui attend l’hôte fatigué dans le Cabinet de curiosités. Hubert Le Gall en profite pour camoufler l’incontournable
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son plein, l’artiste incite à se perdre en conjectures. Un regret cependant : que la dimension transgressive du criminel aristo/dandy ne réapparaisse pas ici, probablement due à l’emprise de l’imagerie imposée par le film d’Hunebelle/Jean Marais. La figure mythique reste un siècle plus tard rétive encore à toute figuration définitive. Juan Gris, Magritte, Yves Tanguy, Yves Klein, Jonathan Meese s’y sont frottés avec plus ou moins de portée. Trop plastique, Fantômas défie aussi le pouvoir de la représentation. Un comble pour un peintre !
Les folles journées du PAC
CLAUDE LORIN
No one is Fantômas jusqu’au 17 juillet Centre d’art contemporain intercommunal, Istres 04 42 55 17 10 www.ouestprovence.fr
cheminée avec un Readymade de la bourgeoise orné d’un motif central de coquille, juché de candélabres et de bouquets de fleurs en bronze noir. Rien n’échappe à sa vigilance moqueuse ! Mais, au-delà du plaisir de briser les conventions liées au mobilier de luxe et à leurs contraintes, chaque pièce est le fruit d’un savoir-faire d’excellence, d’un goût pour les matériaux nobles et précieux (le bronze, l’or, l’acier doré à la feuille), d’un respect des traditions et de l’héritage. C’est facétieux, certes, mais pas hérétique ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Pop art design jusqu’au 6 septembre Château Borély, Marseille 8e 04 91 55 33 60 www.marseille.fr
Détail de l’installation de Guillaume Leblon, Le poids que la main supporte, Panorama Marseille, 2015 © MGG/Zibeline
Ce n’est pas si fréquent de voir le public envahir les espaces d’exposition de La Friche la Belle de Mai ! Du Petitrama underground au Panorama, une foule compacte a participé à la soirée de lancement du 7e Printemps de l’art contemporain, avant d’entamer un marathon de trois jours dans plus cinquante lieux associés. Les clefs du succès des vernissages, ouvertures d’ateliers, performances et œuvres dans l’espace public, nocturnes et balades urbaines tiennent à l’évolution de la manifestation. Marseille Expos a pris les bonnes décisions : inviter une commissaire indépendante, Caroline Hancock, qui donne au PAC une «hauteur de vue» supplémentaire ; lui laisser libre choix d’un sujet de réflexion et de création fédérateur, la carte postale photographique, créée à Marseille par Dominique Piazza ; travailler la communication et la médiation au-delà des cercles professionnels. Le résultat ne s’est pas fait attendre : «Destination Mars» propose une belle constellation de propositions. La Compagnie revisite la carte postale, «monument miniature», à travers des regards d’artistes installés à Marseille (Raphaëlle Paupert-Borne, Frédérique Lagny, Sara Millot, Pascal Navarro) et d’artistes étrangers, notamment l’Égyptien Basim Magdy qui s’interroge : «Le texte est-il soluble dans la couleur ?». À La Friche, Fomo de Sextant et Plus atteint un niveau de qualité et de cohérence rarement égalé, tandis qu’Astérides regarde dans le
rétroviseur avec ses ex-résidents (Après avoir tout oublié) et pointe le présent avec quatre jeunes résidents (Aperçu avant impression). La Straat galerie et le Château de Servières offrent un instant T de la création de deux artistes que l’on aime à retrouver : respectivement Sylvain Couzinet-Jacques (Post-, installations photographiques) et Michèle Sylvander (À mon retour, je te raconte, photos et vidéos). La plateforme Hybrid invite Chourouk Hriech à naviguer dans l’espace urbain pour un corps à corps avec l’architecture… Et mille et une autres expositions qui quadrillent la ville du nord au sud tout l’été, voire plus… Ce n’est pas si fréquent d’utiliser Zibeline comme élément d’une œuvre d’art pour ne pas zoomer sur l’installation monumentale de Guillaume Leblon, Le poids que la main supporte, produite par la Fondation d’entreprise Ricard. L’artiste reconstitue Marseille à partir d’objets clefs de son paysage : carcasses de voiture, porte de Frigidaire, coque de bateau… Son œuvre habite littéralement le Panorama au point d’obliger le public à l’arpenter pour en découvrir les moindres recoins, y compris la couverture de notre numéro 84 ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Le lancement du Printemps de l’art contemporain a eu lieu du 13 au 17 mai, à Marseille Programme complet sur www.marseilleexpos.com Plus d’infos sur les expositions du PAC sur www.zibeline.fr
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Le pixel et l’infini
Micro Macro, objets qui parlent © Maryvonne Colombani
Cinq sites à Martigues (théâtre des Salins, salle du Grès, musée Ziem, cinémathèque Prosper Gnidzaz, ancien Conservatoire) sont dédiés aux arts numériques lors de la manifestation Micro Macro, sous le commissariat éclairé de Charles Carcopino, avec 22 installations d’artistes venus de France, des USA, du Japon, des Pays-Bas, d’Allemagne de Turquie et de Belgique. Le directeur de la Scène nationale des Salins, Gilles Bouckaert, précise : « Cette exposition, déjà passée par Maubeuge et Créteil, est ici réinterprétée, ne se situe plus sur un lieu unique, mais réunit d’autres lieux culturels de la ville. On tisse une nouvelle géographie, dans une autre appropriation de la ville (seule ombre, quelques points sont inaccessibles aux personnes à mobilité réduite). Vingt médiateurs, étudiants en art et médiation donnent des clés. Quatre-vingts classes de primaire, collège, lycée sont aussi attendues.» On est ainsi conviés à observer l’infiniment petit au microscope, avec des commentaires décalés (Micro Events de Tom Kok et Britt Hatzius), ou à discerner les pixels de la trame d’une toile blanche à travers un jeu de lentilles suspendues et délicatement mouvantes/ émouvantes (MAKROMIKRO de Candas Sisman), ou encore voir se matérialiser des algorithmes, représentations de forces invisibles supportés par la sculpture minimaliste de Ryoichi Kurokawa. On passe à l’infiniment grand, quasi hypnotique, avec cette porte de science-fiction qu’est CYCL (Candas Sisman), inspiré des mouvements cycliques qui régissent notre univers ; ou l’envoûtante installation d’Olivier Rasti sur une création sonore de Thomas Vaquié, Onion Skin, qui construit et déconstruit les espaces géométriques en
Micro Macro, théâtre qui n’a jamais existé et scénario jamais monté © Maryvonne Colombani
utilisant la technique de l’anamorphose. On traverse l’architecture avec des constructions improbables, des maquettes d’espaces en mouvement, qui deviennent l’objet même de la narration (Delay Room de Bernd Oppl) ; ou encore avec des maquettes de théâtres qui n’ont jamais vu le jour et sont habitées par des scripts jamais adaptés, pourtant d’Oscar Niemeyer, Le Corbusier, Bergman, Haneke, Godard… Ces témoignages de ce qui aurait pu être, surplombant la salle réelle du théâtre, ont quelque chose de profondément poétique, évoquant les fantômes de ce qui n’a pas été. La sélection de films s’ancre dans un esprit potache et décline la Pataphysique du rien et du tout (Charlotte Léouzon). Il est aussi des œuvres ludiques où chacun devient acteur de ce qu’il voit ou entend, ainsi une hétéroclite construction de 120 robots ménagers, donne lieu à un dialogue ébouriffant : vous racontez une histoire dans un mégaphone et les objets la traduisent en leur langage vibrant soufflant ronflant… Quel vocabulaire ! (Boris Petrovsky). Interactive encore SolarHelix/Ceremonial Chamber (collectif MSHR) et ses sculptures fractales, qui réagit aux mouvements, aux frottements, évolue, crée des sons. Bonheur interactif encore avec le Kronofoto de Philippe Decouflé et son écran qui démultiplie notre image à l’infini, le corps devient acteur, dans une chorégraphie démultipliée qui met en question notre reflet ; sans compter la magique Hexaboite, kaléidoscope géant dans lequel on entre, ou la cocasse Grosse tête, ou la cloche de verre qui sublime la râpe à fromage et la passoire (Decouflé toujours), ou encore le délicieux Cabinet de curiosités de Germaine, Simone et Rita qui multiplie trompe-l’œil et effets d’optiques. Enfin, après les animaleries
félines de la toile rassemblées par Anne Roquigny qui avec son «Webjays» surfe sur le net pour découvrir des œuvres créées spécifiquement pour le réseau (11100Z00111), puis le délire canin et ses réactions en chaîne de Kris Verdonck (Monster), l’inquiétude peut vous gagner avec Stranger Visions de Haether DeweyHagborg : à partir de l’ADN prélevé sur mégots de cigarette collectés dans des lieux publics, elle recrée les visages des inconnus qui ont laissé ces traces. Entre déterminisme et surveillance génétique, le problème éthique se pose. L’art n’est plus ici conçu comme vecteur de beauté et d’émotions, même si certaines œuvres nous touchent intensément, mais aussi comme une mise en garde des usages d’une technologie aux expansions infinies. Où l’humain trouvera-t-il son aune ? MARYVONNE COLOMBANI
Micro Macro jusqu’au 25 mai Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net
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Hannibal Renberg
«Photographe de rues», Hannibal Renberg n’en perd pas une miette ! Muni de son téléphone portable, il dégaine plus vite que son ombre pour piquer ici ou là des instants de vie. Avec humour, toujours : pour preuve son portrait des deux vieilles dames sur lesquelles il pose un regard amusé et tendre. Avec lui, le peuple des rues a son quart d’heure de célébrité. M.G.-G. Iphoneographies de rue du 15 juin au 14 juillet Espace Jal, Marseille 6e 04 91 54 08 88
© Hannibal Renberg
Visionnaires
Matisse, Miró, Calder, Moholy-Nagy, Erró, une centaine d’œuvres du début du XXe siècle à nos jours rendent compte de l’intérêt des artistes pour l’innovation technologique dans l’architecture, la science, la robotique ou l’imagerie spatiale. Livret-jeu pour les enfants et sélection de films et documentaires au cinéma Le Miroir. C.L. Futurs. Matisse, Miró, Calder... du 22 mai au 27 sept Centre de la Vieille Charité, Marseille 04 91 14 58 56 www.futurs.marseille.fr Victor Brauner, Prestige de l’air,1934, huile sur toile. Centre Georges Pompidou, MNAM, Paris © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RmnGrand Palais _ Philippe Migeat © Adagp, Paris 2015
Regards sur la Provence
Deux expositions, un livre, trois raisons de voir Alfred Lombard. Couleur & intimité et Lumières du sud et de lire la prose de Bernard Plasse, fin connaisseur de l’univers coloré et alangui de Lombard. Si la seconde puise dans les collections de la Fondation Regards de Provence (dont un étonnant paysage de Francis Picabia !), la première emprunte au Musée de l’Annonciade et aux collections privées des œuvres rares. M.G.-G.
© Ponson Raphael, Pecheurs entree du Vieux Port
Alfred Lombard. Couleur & intimité jusqu’au 23 août Lumières du sud jusqu’au 6 septembre Musée Regards de Provence, Marseille 04 96 17 40 40 www.museeregardsdeprovence.com
William Guidarini
Au pied du massif des Calanques, Le garage photographie promeut la photo amateur et professionnelle contemporaines. William Guidarini, son fondateur, a parcouru de 2008 à 2013 les villes de l’Europe de l’Ouest. Son travail tout en N&B est restitué à travers une exposition et un livre éponyme chez Arnaud Bizalion Éditeur. Vernissage le 30 mai à 18h30. C.L. Ceux qui restent du 30 mai au 14 juin Le garage photographie, Marseille 09 53 84 57 00 http://legaragephotographie.com © William Guidarini
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Gérard Titus-Carmel
Espace restreint mais fourni au Cipm pour recevoir une sélection d’œuvres de Gérard Titus-Carmel. Peintures, dessins, gravures au carborundum, collages, ouvrages d’édition... des pièces issues de séries comme La bibliothèque d’Urcée, Viornes et Lichens... Le poète plasticien maintiendra sa présence au sud cet été à Forcalquier. C.L. Dire et tracer l’amble jusqu’au 27 juin Cipm, Marseille 04 91 91 26 45 www.cipmarseille.com
Gérard Titus-Carmel, de la série La Bibliothèque d’Urcée, Cipm, Marseille, 2015 © Jean-Marc de Samie
Sylvain Couzinet-Jacques
«Dans le bouillonnement actuel des clichés disponibles à toute forme de manipulation et de média, Sylvain Couzinet-Jacques s’intéresse aux images sombres ou trop exposées, aux images floues, froissées, presque impossibles à décrypter. Qu’est-ce qui fait image, s’interroge-t-il ?», remarque Sandra Adam-Couralet. S’agit-il pour l’artiste de rejouer le réel, sa trivialité, ses stéréotypes ? C.L. Post jusqu’au 27 juin Straat Galerie, Marseille 06 98 22 10 85 www.straatgalerie.com
Sylvain Couzinet-Jacques, _Sans-titre_, 85 x 100 x 85 cm, tirage inkjet backlit, verre teinté, acier, halogène, 2015 © Christophe Asso
Vous restez pour dîner ?
De la nature morte aux déjeuners sur l’herbe, l’aliment, ses symboles et ses rites, est indissociable de la représentation picturale. Arteum s’en empare avec gourmandise pour inviter à sa table 13 convives et dresser un menu gargantuesque ! Par leurs approches singulières, les artistes interrogent plusieurs enjeux, notamment le rapport à la matière, à travers des vidéos, des installations et des photographies. À déguster sans modération… M.G.-G. du 9 mai au 18 juillet Arteum, Châteauneuf-le-Rouge 04 42 58 61 53 www.mac-arteum.com
Cynthia Lemesle & Jean-Philippe Roubaud, L’être et le néon © Lemesle & Roubaud
Éric Bourret
Pour Éric Bourret, chaque dénivelé, chaque pierre, chaque arête de la SainteVictoire, de la Sainte-Baume et des Alpilles n’ont plus de secrets. L’arpenteurphotographe capte les mouvements de la nature à l’allure de sa marche, s’immisçant dans le paysage jusqu’à s’y laisser absorber. Dans un silence qui affleure la surface du papier et résonne particulièrement dans l’abbaye de Montmajour dont la solennité et le dénuement sont un écrin exemplaire. M.G.-G. Le temps de la marche jusqu’au 7 juin Abbaye de Montmajour, Arles 04 90 54 64 17 www.ericbourret.com © Eric Bourret - 2015 - Montmajour
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Vincent, Roni : dessins
Après la couleur dans l’œuvre de Vincent, c’est le dessin qui sera célébré cet été. Travaux graphiques du maître d’Arles et œuvres qui l’ont inspiré. Pour le volet contemporain, Roni Horn est invitée avec une nouvelle série de dessins Hack Wit ainsi que des photographies et trois nouvelles sculptures en verre. C.L. Les dessins de Van Gogh : influences et innovations Roni Horn : Butterfly to Oblivion du 12 juin au 20 sept Fondation Van Gogh, Arles www.fondation-vincentvangogh-arles.org
Vincent van Gogh, Le Jardin de l’hôpital, 1889 © Van Gogh Museum, Amsterdam (Vincent Van Gogh Foundation)
Projet Dusk
Après la très réussie expo collective Trames, Look&Listen invite l’artiste newyorkaise Ky Anderson pour une résidence et un projet de commissariat présentant une quinzaine de créateurs d’outre-Atlantique. Une avant-première dévoilée ensuite à la galerie Molly Krum de New-York. Vernissage et premier anniversaire de l’Espace d’Art fondé par Yifat Gat le 30 mai à 18h. C.L. Dusk Embossed du 30 mai au 20 juillet Look&Listen, Parc de la poudrerie, Saint-Chamas 06 80 45 03 32 www.looklisten.com © Ky Anderson
Odetka Tuduri
Odetka Tuduri travaille principalement par séries. Pour ses dernières peintures l’artiste s’est tournée vers les Papes en Avignon : «Il a fallu que je passe des centaines de fois devant le Palais des Papes pour finalement me décider à vivre pendant quelques semaines avec ses principaux locataires. Je les ai invités et ils se sont gentiment prêtés au jeu». C.L. Habemus Papas jusqu’au 13 juin Galerie Le Parcours de l’art, Avignon 04 90 89 89 88 www.parcoursdelart.com Benoit XIII, acrylique sur contreplaqué, 50x50 cm, 2015 © O. Tuduri
Anne-Marie Pécheur
Fruits, fleurs, légumes : dans ses peintures animées, Anne-Marie Pécheur tire un trait d’union entre la nature et la couleur éclatée. Parfois même, elle leur donne une seconde vie à travers une installation vidéo. Comme l’olive, «ellipse proche de l’étoile», qui sert de trame narrative à ses images numériques mises en orbite par le biais d’un scénario, puis orchestrées par le vidéaste Sylvain Deleuneville. À Volx, l’expérience n’est pas seulement «végétale», elle est lumineuse et spatiale. M.G.-G. Or l’olive du 24 avril au 2 nov Écomusée l’Olivier, Volx 04 92 72 66 91 www.ecomusee-olivier.com Olive étoilée © Anne-Marie Pécheur
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De Chine
Sur une proposition de Liang Kegang et Ge Feng, artistes installés à Forcalquier, plus de quarante artistes chinois contemporains sont réunis par Liang Kegang, autour de l’Anitya, principe bouddhiste de l’impermanence universelle questionnant notre humanité. Cette exposition itinérante est accueillie en plusieurs lieux et au Prieuré de Salagon de Mane. C.L. Confronting Anitya Oriental Experience in Contemporary Art du 30 mai au 1 juillet Centre d’art contemporain Boris-Bojnev, Forcalquier 04 92 70 91 19 www.confrontinganitya.org
© Guo Gong, Un pin, installation 180x150x500cm, 2013
Jean-Philippe Charbonnier
Le photojournaliste Jean-Philippe Charbonnier, né à Paris en 1921, entretenait une relation particulière avec la Provence et la Côte d’Azur où il mourut en 2004, faisant don en 1978 d’une série de photographies annotées de cinq textes au Musée d’art de Toulon. Aujourd’hui, Toulon fait un focus sur un pan méconnu de son vaste talent : la photographie de mode ou l’art de témoigner des bouleversements de la société française de 1945 à nos jours. M.G.-G. La mode jusqu’au 20 juin Maison de la photographie, Toulon 04 94 93 07 59 Bettina devant la vitrine de Van Cleef and Arpels, place vendôme, 1953 © Jean-Philippe Charbonnier _ Rapho
Diversité
Sous le signe du vivant, la galerie des Arts en Luberon fait entrer en résonance trois univers, trois pratiques, trois matières : la céramique (porcelaine) de Beatrijs van Rheeden (Pays Bas), la peinture acrylique de Ineka Croon (Pays Bas), les papiers de la série Les preuves du feu et les sculptures en bronze de Pierre Vallauri. Une «confrontation» qui a tous les atours d’une douce conversation… M.G.-G. Diversité jusqu’au 14 juin Galerie des Arts en Luberon, Reillanne 04 92 76 58 71 www.galerie-des-arts-en-luberon.com Double spirale, 58x78 cm © Pierre Vallauri
2e Festival Land Art
Le Festival Land Art met à l’honneur les installations extérieures de l’artiste allemande Cornelia Konrads et les œuvres in situ de Karin Van der Molen, Gaël Gicquiaud & William Moreau, Maxime Dédiat & Manon Dieny, Vincent Prévost & Marion Soulairol. Leurs projets ont conquis le jury présidé par Gilles Clément, réuni autour du thème «Art et paysage au Jardin des Méditerranées» et plus particulièrement «les frontières du jardin/le minéral». M.G.-G. du 7 juin au 5 oct Domaine du Rayol, Rayol-Canadel-sur-Mer 04 98 04 44 00 www.domainedurayol.org Art et Paysage au Jardin des Méditerranées © Domaine du Rayol
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Démythifier les héritages musées de société est vraiment à remettre en perspective et à analyser. Il y a pour le moins une ambiguïté à relever. Ainsi pour la première collecte de Pierre Martel avec l’Association Les Alpes de Lumière, on entend Péguy. Dans la muséographie, on a essayé de présenter les objets de façon esthétisante. Il s’agit aussi d’articuler ces objets, de la vie paysanne ou pastorale avec la société qui est la nôtre. Le travail des classes de primaire exposé en est une belle démonstration ! Il faut confronter le passé au monde contemporain. Ce sera le sujet de prochaines expositions. À la fois passionnant et beau ! Entretien réalisé par MARYVONNE COLOMBANI
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Salagon sur le modèle des ATP où personnages fantômes et tenues suspendues par fils de nylon © M.C
epuis octobre dernier, Isabelle Laban-dal Canto est à la tête de l’ensemble complexe du prieuré de Salagon et ses jardins ethnobotaniques. Entretien. Zibeline : Pourquoi Salagon ? Isabelle Laban-dal Canto : Je suis à la fois conservatrice du patrimoine et spécialiste d’art contemporain, on m’a donc choisie sans doute dans l’optique de faire entrer l’art contemporain à Salagon, même s’il est déjà présent (vitraux d’Aurélie Nemours). Les jardins sont très aboutis, le monument est un véritable palimpseste d’occupations. Salagon est une très belle réussite, avec un énorme potentiel qui mérite un nouveau chapitre de développement. Comment ? Avec quels fonds ? Il y a un travail à faire dans la médiation, et la mise en valeur des paysages. Une campagne de travaux de rénovation des espaces d’exposition temporaires et des jardins, leur aménagement pour être accessibles à tous, est financée par le Département, maître d’ouvrage, et la Région. Le coût ? Un million d’euros. Je me dois de souligner que le Département, pauvre et en restrictions budgétaires, a choisi de ne rogner ni le budget de la culture ni celui de l’éducation. Une ambition de musée national ? Non, nous sommes trop petits ! Nous sommes déjà classés Musée de France, et être musée départemental a du sens avec notre ancrage territorial fort. La nouvelle exposition, C’est quoi, exactement, un musée d’ethnologie ?, propose un double mouvement d’exposition et d’interrogation sur elle-même. Une nouvelle perspective pour le musée ? Les musées de société sont en crise et peinent à trouver leur identité et donc des subventions. Comment redonner du sens? Il est essentiel de partir de conclusions scientifiques et de les mettre en perspective, de les interroger. La première partie de l’exposition donne
un aperçu historique, depuis l’hommage à Georges Henri Rivière, le fondateur des ATP1, et son idée de musée des gens du peuple pour les gens du peuple, à la fermeture du Musée de l’Homme en 2009 et le passage de témoin au Musée Branly et au MuCEM. Une nouvelle conception ? On se situe dans l’invention d’un nouveau modèle. Il y a le fonds Albert Blanc qui a donné ses vêtements de travail, témoignage d’une société de non-consommation. Cela participe de la mythification du paysan, et des positions politiques, morales qui sont à discuter et éclairer. Cette idéalisation est à mettre en question. L’économie dont il est question était celle du manque, pas d’une volonté «éco-citoyenne». Le contenu des
C’est quoi, exactement, un musée d’ethnologie ? jusqu’au 30 sept À venir Rendez-vous aux jardins les 6 et 7 juin de 10 à 19h Salagon, Musée et Jardins, Mane (04) 04 92 75 70 50 www.musee-de-salagon.com ATP : Musée des Arts et Traditions populaires
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Néo !
La nouvelle grande exposition temporaire du Musée de la Préhistoire de Quinson permet de comprendre le véritable tournant dans la Préhistoire que fut le Néolithique. Les chasseurs cueilleurs nomades deviennent agriculteurs éleveurs sédentaires. Le Néolithique marque un véritable tournant dans la Préhistoire. Le préhistorien Jean Courtin a largement contribué à la compréhension de cette période grâce à ses fouilles réalisées en Provence. Les découvertes effectuées sont exposées pour la première fois. Une occasion exceptionnelle de découvrir le quotidien ainsi que l’univers symbolique du Néolithique Provençal et Méditerranéen. Le jour de l’ouverture, le 29 mai à 18h, une conférence de Jean Courtin lui-même apportera un éclairage passionnant (à l’auditorium Jean Gagnepain, entrée gratuite dans la limite des places disponibles). M.C.
Néo ! Marins-Bergers de la Provence, il y a 8000 ans, Fouilles Jean Courtin du 29 mai au 30 nov Musée de la Préhistoire de Quinson 04 92 74 09 59 www.museeprehistoire.com