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94 DU 26.03 AU 23.04.2016

Exemplaire offert avec La Marseillaise le 26 mars 2016

JOURNALZIBELINE.FR

2€ Société

politique culturelle

évènements

Métropole : la réconciliation ! Le Food : for a new society Provençal ou occitan

Les reculades de l’extrême droite La diversité à Babel Med Le Bleuet des Alpes

Escapades littéraires Eva Doumbia l’Afropéenne Réouverture du musée Angladon



MARS AVRIL 2016

RETROUVEZ ZIBELINE SUR JOURNALZIBELINE.FR CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant un samedi par mois Édité à 18 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 Imprimé par Riccobono

Qui sommes nous ? Nous sommes tous à la fois dans la cale et sur le pont. C’est ce que répondait Patrick Boucheron au public du MuCEM qui lui demandait de quel côté ce Nous de la Nation Française était aujourd’hui, après les attentats. Enfants d’esclaves, enfants de négriers, tous, et chacun

Imprim’vert - papier recyclé Crédit couverture : © Alouette sans tête

d’entre nous. Victimes de la colonisation, de la Shoah, de la violence

Conception maquette Tiphaine Dubois

économique, sexiste et homophobe, tous, et tous aussi complices de la Collaboration et d’Hiroshima, de l’Algérie Française et de la

Directrice de publication & rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10

planète, pillards de l’avenir de nos enfants. Celui qui se pense victime de siècles d’histoire française écrite avec son sang oublie ce qu’il fait subir d’oppression. Celui qui veut rester seul sur le pont, riche du travail des autres et préservé des reproches, dénie qu’il est aussi fils et parent de migrants, de chômeurs, d’opprimés.

06 25 54 42 22

LIVRES Fred Robert fred.robert.zibeline@gmail.com MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel jacques.freschel@gmail.com

Pourtant il faudrait cesser d’expliquer, parce qu’on risquerait d’excuser ? Il faudrait s’interdire de critiquer la politique d’Israël,

06 82 84 88 94

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Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

parce que ce serait antisioniste et donc antisémite ? Il faudrait mettre à sa fenêtre un drapeau français, et dire que dans ce camp du Nous il n’y a pas d’explication

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à chercher, pas de nuance à apporter ? Il est interdit de manifester contre la loi travail parce

André Gilles a-gilles@wanadoo.fr

ÉDITO

ARTS VISUELS Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr

CINÉMA Annie Gava annie.gava@laposte.net

Françafrique, exploiteurs des ouvriers chinois, destructeurs de la

que, nous dit-on, nous sommes en guerre. Mais contre qui ? Contre nous-mêmes ? Pourquoi en Côte d’Ivoire compter les victimes Françaises, comme si les Ivoiriens n’étaient

Polyvolants Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr

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Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com Maryvonne Colombani mycolombani@gmail.com

pas Nous, pas autant que les victimes Belges ? Les monstres qui nous terrorisent sont nés de notre échec à admettre que les droits de

06 62 10 15 75

l’homme, l’universel, ne s’imposent pas par les armes, l’exploitation

Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr

et le capital, mais par la culture partagée, et l’estime de l’étranger. Par

Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56

l’hybridation, et l’acceptation de l’autre en nous. De celui qui fut dans

Jan Cyril Salemi jcsalemi@gmail.com

la cale, de celui qui fut sur le pont. Plus que jamais c’est par la pensée complexe, l’analyse, le partage,

Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com

que nous pourrons fonder véritablement du commun, et sortir de la 06 19 62 03 61

WRZ-Web Radio Zibeline Marc Voiry marcvoiry@hotmail.com Directrice Commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Franck Marteyn, Marie Michaud Administration Axelle Monge admin@journalzibeline.fr Houda Moutaouakil contact@journalzibeline.fr

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terreur qu’ils nous imposent. AGNÈS FRESCHEL


Exposition 27 avril—29 août 2016

Un génie sans piédestal Picasso et les arts & traditions populaires

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Pablo Picasso, Torero, 12 avril 1971, huile sur toile. Collection Particulière. Courtesy Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte. © FABA Photo : Éric Baudouin © Succession Picasso 2016


sommaire 94

SociÉtÉ Métropole Aix-Marseille, le dénouement (P.6) Réussir au féminin à la Région (P.7) EHESS, la préservation du littoral (P.8) Hors les Vignes, un nouveau festival Food (P.9) Forum d’Oc au Département (P.10)

Politique culturelle L’extrême droite aux Chorégies et à la Busserine (P.12) La diversité à Babel Med, l’enfant et l’artiste au Massalia (P.13) Librairie Le Bleuet à Banon (P.14) Exposition au Musée de Salagon (P.15)

© Creative Commons-Christophe Sertelet

Évènements MuCEM (P.16) Printemps de la Francophonie (P.17) Escapades Littéraires, Rencontres du 9e art (P.18) Le Train Bleu (P.19)

El Orgullo de la nada © fmprovensal

critiques Spectacles (P.20-24) Musique (P.25-26)

L’intrépide soldat de plomb © Alain Baczynsky

au programme Musique (P.28-31) Spectacles (P.32-50)

Une seconde mère d’Anna Muylaert © Memento films

cinéma [P.52-56] Arts visuels [P.58 À 64] livres [P.65-70]


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société

INTRIGUES EN

ET

TRAHISONS

MÉTROPOLE

«L

a politique est partout, mais la politique n’est pas tout. » Toujours théâtral, Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, lançait ses mots lors de sa déclaration de candidature à la présidence de la métropole Aix-Marseille-Provence (AMP). Le 17 mars, au Palais du Pharo à Marseille, les 240 conseillers d’AMP rejouaient le film du 9 novembre dernier. Jean-Claude Gaudin avait alors été élu président de la métropole dans des conditions rocambolesques, puis son élection était invalidée et la métropole suspendue (voir Zibeline 92 et 93). La suite du feuilleton était programmée au Conseil constitutionnel, qui remettait en piste AMP, rejetant les recours de ses opposants. La scène suivante, au Pharo, ne devait être qu’une formalité. Scénario écrit à l’avance, Gaudin sera élu et par un savant jeu d’équilibre les territoires et les forces politiques (à l’exception du Front national) se distribueront les vingt postes de vice-présidents. Mais la politique est aussi un art de l’esbroufe et de la feinte. Manœuvres et coups bas sont souvent au programme, et il est parfois difficile de savoir qui tire vraiment les ficelles. Surtout quand les fils sont à ce point emmêlés. Machiavel ou Shakespeare n’auraient sûrement pas renié ce qui s’est déroulé dans l’enceinte du Pharo. L’élection de Jean-Claude Gaudin était facilement acquise, comme prévu. Tout le reste relève de la stratégie politicienne, de jeux d’intrigues et de trahisons très élaborés.

Le PS divisé

Les socialistes des Bouches-du-Rhône ne présentaient pas de candidat à la présidence et appelaient même à voter Gaudin. Avant l’élection, le futur président expliquait que pour une saine gouvernance métropolitaine, il fallait dépasser les clivages gauche-droite, actant ainsi la présence d’élus PS dans l’exécutif. Jean-David Ciot, le chef du PS 13, misait avec assurance sur trois vice-présidents pour les siens. C’était sans compter sur ses « amis » du PS marseillais. Ni sur la volonté de la droite de casser l’accord entre Gaudin et le PS 13. Le premier coup de canif venait donc de Samia Ghali, qui, au nom des socialistes marseillais, annonçait la candidature de Florence Masse à la présidence. Ni elle, ni Gaby Charroux

Élection présidence métropole AMP 2016 © Jan-Cyril Salemi

(PC), ni Stéphane Ravier (FN), les autres rivaux, ne pesaient lourd face à Gaudin, qui emportait le fauteuil avec 152 voix. L’élection des vice-présidents approchait, mais quelques signes laissaient entrevoir qu’elle ne se déroulerait sans doute pas comme prévu. Dénonçant une alliance contre-nature, Samia Ghali estimait que le PS 13 s’était fait « piéger » et que ces petits arrangements faisaient le jeu du FN. Le résultat de Ravier, avec une douzaine de voix de plus que son score théorique, le confirmait déjà. Quant à Maryse Joissains, la maire d’Aix, opposante farouche à la métropole, elle indiquait « être dedans pour construire et dehors pour continuer à contester. » Pour cette double stratégie, il faut une certaine influence sur les élus. C’est peut-être ce qui a été démontré par la suite. .

Candidats surprises

Car lors de l’élection des vice-présidents, le scenario bien huilé s’est totalement enrayé. Les dix premiers candidats, tous de droite, à l’exception de Georges Rosso, maire PC du

Rove, sont élus sans problème et surtout sans rival. C’est à partir du onzième que cela s’est corsé. Loïc Gachon, maire PS de Vitrolles, en vertu de l’accord passé avec Gaudin, n’imaginait pas devoir affronter un adversaire. Mais Martine Césari, maire de Saint-Estève-Janson, petite commune du Pays d’Aix, se présente. Elle est facilement élue, 105 voix contre 70. Dans les rangs du PS 13, on gronde. Dans ceux du PS marseillais, on ricane. Et du côté de la droite, on jubile. Même sanction pour Frédéric Vigouroux, maire PS de Miramas, battu de huit voix par le candidat surprise Michel Roux, premier adjoint de Salon. L’accord de gouvernance partagée vient de voler en éclats, Jean-David Ciot demande une suspension de séance. Samia Ghali a beau jeu de parader, sur l’air de « je vous l’avais bien dit ». Elle parle d’une véritable humiliation pour le PS 13, et laisse clairement entendre que Jean-Claude Gaudin ne pouvait ignorer ce qui se tramait dans ses rangs. Les socialistes des Bouches-du-Rhône, eux, sont abasourdis. Les voix des collègues marseillais leur ont


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Percer le plafond de verre LE 8 MARS, POUR LA JOURNÉE DE LA FEMME, SE TENAIT À L’HÔTEL DE RÉGION UNE LONGUE JOURNÉE DE TABLES RONDES, INTITULÉES RÉUSSIR AU FÉMININ certainement manqué, mais ils préfèrent accabler la droite qui n’a pas joué franc jeu. Selon Loïc Gachon, Gaudin lui aussi a été trahi, ou tout au moins il a été lâché par ses troupes, qui n’ont pas respecté ses consignes. Et il reconnaît qu’au PS, ce coup fourré n’avait pas été envisagé. Excès de naïveté ou de confiance, le résultat est le même. Le but était de participer à la construction de la métropole, le verdict est d’avoir contribué à faire élire largement Gaudin et d’avoir un peu plus divisé le PS local.

Influence à la marseillaise Au final, les luttes de clans et de pouvoirs ont lourdement pesé sur ce premier acte de la métropole. Le bilan pour le Pays d’Aix (cinq vice-présidents) et l’Agglopole SalonBerre-Durance (trois vice-présidents) laisse supposer une alliance entre les deux territoires. Dans le dos de Jean-Claude Gaudin ? Difficile d’imaginer qu’en vieux routier de la politique, tel qu’il se décrit lui-même, il ait découvert ces manigances au dernier moment. Mais dans ce coup de billard à plusieurs bandes, c’est aussi son leadership à droite qui est contesté. Son projet de gouvernance équilibrée est tombé à l’eau et il devra composer avec un exécutif bien plus opposé à la métropole que ce qu’il espérait. Au PS 13, une fois la déception encaissée, on regrettait que les intérêts politiciens strictement marseillais aient parasité la naissance d’AMP. Car en fond de scène de la tragi-comédie qui s’est jouée au Pharo, apparaît la prochaine élection municipale. Qui sera désigné successeur de Gaudin d’un côté, et qui s’imposera comme candidat socialiste de l’autre côté ? De quoi donner des arguments à ceux qui redoutaient le poids de Marseille dans le fonctionnement d’AMP. La métropole est sur les rails et elle a un chauffeur. Mais il est impossible de connaître l’itinéraire qu’elle va suivre. JAN-CYRIL SALEMI

© Jean-Pierre Garufi

N

ora Preziosi, conseillère régionale déléguée aux droits des femmes, ouvrait la séance en rappelant les difficultés que les femmes rencontrent dans leurs carrières. Elle soulignait aussi l’ambiguïté de cette journée. « Que défend-on au juste ? » L’égalité, certes, et elle soulignait les écarts de salaire qui persistent. Mais, elle le précisa, la Région avait choisi ce jour là de ne pas s’attacher aux difficultés (« les bas salaires, les femmes battues, les agressions sexuelles ») mais de mettre au contraire en avant des réussites, et des sourires, à travers une exposition de Sophie Vernet (Sourires à la vie, 20 portraits photographiques de femmes de la région). Sur la scène le premier plateau était composé de femmes de culture : les deux directrices des centres dramatiques de Nice et Marseille, et celle de la scène nationale du Merlan : notre région a placé des femmes à la tête de ses plus grandes institutions culturelles. Irina Brook sut rappeler que la célébrité de Peter Brook son père, et de sa mère comédienne, l’avait aidée à choisir le théâtre, mais elle dit qu’en tant que femme elle avait mis longtemps à admettre qu’elle était metteur en scène, directrice de troupe, et pas comédienne. Que l’obstacle était en elle. Macha Makeïeff renchérit, parlant de son long compagnonnage avec Jérôme Deschamps, et de la difficulté pour une femme d’être seule,

parce que « comme naturellement » on a tendance à oublier les femmes artistes « dans nos admirations » : le répertoire reste dans l’imaginaire collectif exclusivement masculin. D’où son désir de citer, comme une litanie ininterrompue, toutes les femmes artistes qu’elle admire, et dont les noms défilent aujourd’hui dans le hall de la Criée... Francesca Poloniato, directrice d’une scène dans les quartiers nord, inscrivit son parcours dans une réalité sociale différente : son passé d’éducatrice la pousse à travailler concrètement avec les femmes du quartier, à lier pratique et programmation, à savoir que pour la plupart des femmes le problème n’est pas la réussite sociale, mais le sexisme et ses violences, au quotidien. Hafsia Herzi, magnifique actrice de La Graine et le Mulet, sut faire la synthèse des deux points de vue, expliquant la difficulté de vivre dans les Quartiers Nord, mais aussi son envie aujourd’hui de prendre la parole, de réaliser des films elle-même, parce qu’il faut « que les femmes des quartiers fassent entendre directement leur parole ». Car pour les femmes le combat est double, triple, si elles veulent « réussir » : c’est leur milieu proche, familial, les préjugés sociaux, et leur propre vision d’elles-mêmes qu’elles doivent, souvent et sans cesse, remodeler... AGNÈS FRESCHEL


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société

Évaluer les valeurs «L ittoral : faut-il protéger à tout prix ? » C’est le titre -légèrement provocateurde la prochaine conférence publique organisée par l’EHESS* à Marseille. Traitant de sujets d’actualités, le cycle de rencontres À l’écoute des sciences sociales croise les approches de différentes disciplines. Le 27 avril, c’est ainsi une économiste, Dominique Ami, et un géographe, Samuel Robert, qui interviendront à la Bibliothèque Départementale des Bouches-du-Rhône. Entretien avec Dominique Ami, enseignante-chercheuse au sein du Greqam Aix-Marseille Université.

Zibeline : Quel est l’objet de cette conférence ? Dominique Ami : L’idée est d’être un peu critique vis à vis des politiques actuelles de préservation du littoral, de montrer qu’il y a peut-être des arbitrages plus complexes à faire. C’est intéressant de travailler sur la grande baie de Marseille, de La Ciotat à la Côte Bleue : il y a des endroits très urbanisés, d’autres très protégés et à la fois très touristiques, comme le Parc National des Calanques, ce qui crée des tensions entre impératifs de protection et objectifs de développement. La protection a des bénéfices, mais aussi des coûts, parfois sur le long terme. Si demain on interdit la pêche, ce ne sera pas sans coût social. Ce qui est fait jusque là vous semble trop contraignant ? Le cas du Parc est bien sûr un peu particulier, surtout en ce moment. Mais l’intérêt du regard des sciences sociales, c’est de se demander pour qui et pourquoi on protège. Comment on intègre les usagers ? Longtemps la question de la protection a été réservée à des spécialistes ; nous, contrairement aux sciences « inhumaines », on s’intéresse aux humains, les pêcheurs, baigneurs, riverains, en menant des enquêtes auprès de la population, le plus grand panel possible... Inhumaines ? Oui... les sciences de la terre et de la vie. En tant qu’économistes, nous travaillons sur le bien être global, au niveau le plus général possible. Certains vont gagner à ce qu’une situation change, d’autres vont perdre, et il faudra alors compenser. Réglementer de façon à ce que l’on reste sur des chemins balisés plutôt que de s’éparpiller dans la nature, les riverains peuvent considérer qu’il s’agit d’une contrainte.

© Creative Commons-Christophe Sertelet

Pour un économiste, cela fait baisser le bienêtre. Nous avons des outils qui permettent d’effectuer un arbitrage : la monnaie est un étalon de mesure pour traduire dans la même unité des choses qui ne sont pas similaires. Le plaisir de se baigner, par exemple, une fois valorisé, on peut le comparer avec d’autres valeurs économiques plus directes, comme l’immobilier. Le risque n’est-il pas, en donnant une valeur marchande à ce genre de choses, que le marché s’en empare ? Eh bien oui. Notre objectif n’est pas de créer des marchés, on ne le fait pas pour ça, mais c’est vrai qu’il suffit d’un pas… Beaucoup s’y opposent, et pensent qu’on marchandise ainsi la nature. Je défends la position qu’on ne peut pas tout monétariser, et personnellement je trouve que c’est dangereux d’essayer. Il y a des valeurs qui ne sont pas économiques, comme l’imaginaire culturel, l’économie n’a rien à dire dessus, il faut savoir le reconnaître. Le marché par définition ne permet d’échanger que des valeurs marchandes, d’où la grande question des biens communs, qui peut difficilement être gérée ainsi. Comment aborder ces aspects ? D’autres sciences sociales travaillent sur la prise en compte de ces valeurs différentes, même si c’est souvent assez difficile de les comparer. Dans la pratique, on sollicite régulièrement

les économistes pour que l’on montre que les choses ont une valeur monétaire, économique. On nous somme de prouver que c’est vrai. Or moi je n’ai pas le résultat des études avant de les avoir réalisées ! Si votre objectif n’est pas celui-là, quel est-il ? Je pense qu’il ne faut pas prendre les valeurs économiques comme l’alpha et l’oméga des décisions publiques. Il existe par exemple en Méditerranée des Prud’homies de pêche, depuis le XVe siècle, qui préservent les ressources de poisson. C’est un savoir qui peut être mobilisé pour améliorer la gestion. Notre intention est de réfléchir à la façon de mieux intégrer la vie des gens, avec toutes les difficultés que cela implique, pour que les décisions soient prises dans la concertation. Mais je ne suis pas sûre que l’on ait beaucoup de solutions miracles à apporter ! D’où l’intérêt du débat. PROPOS RECUEILLIS PAR GAËLLE CLOAREC *

École des Hautes Études en Sciences Sociales

À venir Littoral : faut-il protéger à tout prix ? 27 avril Bibliothèque Départementale des Bouches-du-Rhône, Marseille 04 91 14 07 27 ehess.fr


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La gastronomie et les arts véritables Bouches-du-Rhône - Château Romanin © Marion Lefebvre

UN FESTIVAL QUI ALLIE VIN, CUISINES ET VRAIES PROPOSITIONS ARTISTIQUES ? LA PREMIÈRE ÉDITION D’HORS LES VIGNES VEUT TENIR LE PARI...

Coteaux des Baronnies - Mas Sylvi © Marion Lefebvre

L

e Food est à la mode. Partout on propose des « bonnes adresses mode, beauté, food, design, culture »... dans un esprit marchand qui monnaye les œuvres, à l’encontre de l’économie habituelle de la culture française et de son service public. C’est-à-dire loin de la mise à disposition pour les citoyens, puisque chacun d’entre nous possède légalement des « droits culturels », des œuvres de l’art et de l’esprit. Le Food donc, comme le Design ou le Jardin, croise ce qui relève du nécessaire (manger, habiter, cultiver...) et ce qui s’apparente à une recherche esthétique, qu’elle soit ou non gustative. Ces arts de vivre en pleine expansion et en quête d’une reconnaissance culturelle, font partie d’une économie privée puisque leurs produits se vendent, et peuvent vite déraper vers une consumérisation caricaturale de produits typés, genre tapenade, aïoli et soupe au pistou sans âme... Mais la recherche actuelle du mieux manger, depuis la militance du Slow Food jusqu’à la mode du Vegan, en passant par les arts culinaires créatifs, et le vin nature, s’apparente sans conteste à une volonté de changer de culture, de croiser les pratiques pour en faire surgir les saveurs, et de s’affranchir d’une surproduction qui tue le goût et la terre. Préoccupations culturelles s’il en est ! Les festins, repas, dégustations, fleurissent donc partout, souvent au cœur des propositions artistiques. Ainsi Mars en baroque a su, à son ouverture à l’U-percut, mais aussi à la Criée après L’Oristeo, ou à la Magalone, aux Grandes Tables, proposer aux Marseillais de croiser hardiment musique baroque et saveurs

de grands chefs revisitant ou rêvant les goûts des œuvres musicales...

Trios multi-sensoriels

Le Festival Hors les Vignes veut également travailler dans cet esprit de rencontre entre les arts de vivre, ceux de la table, et les arts du spectacle. Pensé et produit par Intervins (association des vins méditerranéens IGP, Indication géographique protégée) avec Gourméditerranée, le festival associe un vin, un chef et un (ou des) artiste, pour une création originale qui sera vue, dégustée, entendue... Ce sont 9 propositions qui se déclineront donc, le 23 avril de 11h à 22h, au Dock des Suds, autour de vins de caractère venus de vignes voisines (Drôme, Ardèche, Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Baronnies, Alpilles...). Les chefs qui accorderont leurs créations au caractère particulier de chaque domaine sont parmi les plus créatifs de la région (Emmanuel Perrodin, Roland Schembri, Jean-François

Bérard, Christophe Négrel...) et même si l’on regrette une fois encore que les chefs soient exclusivement masculins, il est certain que les dégustations seront savoureuses, inventives et juste ce qu’il faut d’étrange. Autour de ces duos vin/chef des artistes ont répondu à un appel à projet, et composé des œuvres. On y rencontrera Fanny Broyelle (auteure) et Benjamin Carbonne (peintre), Madame Bambou et Lili B (illustratrices), Catherine Burki (plasticienne), Guillaume Miard (illustrateur), Margaux Keller (designer)... Tous y proposeront des œuvres à dimension performative, chaque dégustation/performance s’inscrivant dans un parcours s’étendant sur la journée... Il ne sera question que de quelques bouchées et quelques gorgées à chaque étape, mais des stands viticoles et de restauration pourront compléter les amuses papilles. De même un programme off, musical et de rue, s’adjoindront aux 9 trios principaux, pour une journée sans temps mort. Pour une première édition, l’ensemble s’annonce très complet et inventif, et particulièrement abordable : vous pourrez goûter à tout pour un prix d’entrée de 10 €, dans une manifestation qui sert certes à la promotion des vins et des tables, mais promet aussi des moments de plaisir véritablement esthétique... AGNÈS FRESCHEL

Hors les Vignes 23 avril de 11h à 22h Dock des Suds, Marseille 04 90 42 90 04 vinsmediterraneens.org


10 société

Avenir de Provence « POURQUOI VOUS LEUR APPRENEZ PAS PLUTÔT L’ANGLAIS ? » CETTE REMARQUE, LES ENSEIGNANTS DE PROVENÇAL L’ENTENDENT RÉGULIÈREMENT...

tiers sud de la France, une petite partie du nord de l’Espagne et des vallées du Piémont en Italie. L’occitan est d’ailleurs plus valorisé à l’étranger qu’en France : il est langue officielle en Val d’Aran (Espagne) et en Italie, le terme « vallées occitanes » est devenu un argument touristique.

Forum d’Oc © Jan-Cyril Salemi

Nouveaux réseaux

À

l’heure de la globalisation, où serait l’intérêt d’enseigner aux enfants une langue qu’ils n’auront pas l’occasion de pratiquer ? Le 12 mars, à Marseille, le Forum d’Oc, qui rassemble cinq structures œuvrant à la promotion de la langue d’oc en PACA, se réunissait en congrès. Au menu, quelques arguments à opposer à ce type de propos. Le thème de la journée L’occitan-langue d’oc dans un territoire mondialisé plaçait clairement la langue régionale sur une perspective d’avenir. Economie, tourisme, enseignement, culture, web, comment l’usage du provençal dans tous ces domaines peut-il être encouragé et en quoi peut-il être porteur ?

Traditions et modernité

Au Conseil Départemental qui accueillait le congrès, c’est d’abord la dénomination « Provence » qui a été l’objet des débats. Le mot est le plus souvent associé aux marques de souvenirs touristiques ou à une vision passéiste du territoire. « Réhabiliter le vocable Provence », notamment grâce à la pratique de la langue, est un objectif. Mais sur ce terrain, les dissensions sont vives entre deux approches : celle du Collectif Provence, tenant d’un certain repli sur les traditions, et celle représentée au Forum d’Oc, davantage ouvert à la modernité.

Bruno Genzana, vice-président du CD 13, délégué à la langue d’oc et aux traditions provençales, soulignera, dans un esprit conciliateur, que l’apaisement serait préférable entre les deux courants. N’empêche, Mandy Graillon, proche du Collectif Provence et désormais conseillère culture de Christian Estrosi à la Région PACA, n’a pas apprécié que le Département accueille le Forum d’Oc et l’a fait savoir. Bruno Genzana, également conseiller régional, précisera bien qu’il n’était pas là à ce titre, la Région n’ayant pas demandé à être représentée au congrès.

Le patrimoine ou l’usage

La volonté affichée lors du Forum d’Oc de faire de la langue régionale un élément d’avenir se heurte au sein même de l’assemblée à d’autres ambiguïtés. Ainsi, le Museon Arlaten va accroître la place du provençal, mais en le considérant comme une langue d’étude, non comme une langue vivante. Pas de panneaux indicatifs en provençal lors de la visite, plutôt une plongée sonore vers l’époque de Mistral. Ce choix de favoriser le patrimoine au détriment de l’usage a fait réagir l’assistance : pour beaucoup, l’enjeu est de communiquer en provençal. Difficile pour une langue dont les locuteurs courants sont quelques centaines de milliers sur tout l’espace occitan, soit un

Cette piste pourrait être reprise en Provence. Thierry Hours, directeur des Gîtes de France alpins, explique l’intérêt pour l’économie locale d’« intégrer la langue et la culture », en particulier sur le web, pour attirer une clientèle en quête d’authenticité, et pour résister aux prestataires touristiques devenus tout-puissants sur Internet. Dans un autre registre, Christian Philibert (voir entretien sur journalzibeline.fr) auteur des 4 saisons d’Espigoule ou d’Afrik’aïoli a rappelé qu’il fait « un cinéma qui n’est pas dans les bons tuyaux du centralisme français ». Ces deux films n’ont jamais été diffusés sur les télés publiques, et les projets du réalisateur n’intéressent pas les canaux de financement classiques. Pour son prochain film, sur Massilia Sound System, il a eu recours à une collecte participative sur internet. Car « le seul soutien, c’est le public ». Nouveaux médias, réseaux sociaux, le web et ses usages peuvent relancer le développement de l’occitan, notamment pour les jeunes qui, aujourd’hui, le parlent parce qu’ils l’ont choisi. Il n’y a plus de locuteurs natifs, seulement des locuteurs tardifs, qui n’ont plus « la honte » que pouvaient avoir leurs grands-parents de s’exprimer en langue régionale. Avec ces perspectives, la question de l’enseignement se pose : de la maternelle à l’université, il reste très marginal. Les atouts du bilinguisme sont pourtant incontestables, ainsi que le rapporte Céline Limongi, enseignante en maternelle dans les quartiers nord de Marseille. Elle s’exprime en provençal trois heures par semaine dans sa toute petite section : rituels, lectures, comptines. « Les échanges en français tendent à creuser les écarts entre les bons parleurs et les petits parleurs, explique-t-elle. En provençal, tout le monde part de zéro, et l’on voit des enfants allophones participer et se révéler, ce qui leur permet par la suite d’être plus à l’aise en français. » JAN-CYRIL SALEMI

Le Forum d’Oc s’est tenu le 12 mars au Conseil Départemental 13, à Marseille


┇à la friche la belle de mai

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┅┊21-22 avril

29e saison printemps-été 2016

GRAND MAGASIN ◼ Éloge et défense de la routine en partenariat avec l’Ecole Supérieure d’Art et de Design Marseille-Méditerranée

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LUCINDA CHILDS ◼ Pastime, Carnation, Museum piece ┅┊6-7 mai

MONTAINE CHEVALIER ◼ Plié en 3 ┅┊26-27 mai

CORINNE PONTANA et FRANÇOIS BOUTEAU ◼ Après tout tarifs de 12 € à 3 € | Carte FLUX 2016

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ESZTER SALAMON ◼ MONUMENT 0.1 : Valda & Gus en coréalisation avec le Festival de Marseille_danse et arts multiples tarifs de 20 € à 10 € | Carte FLUX 2016

RÉSERVATIONS 04 95 04 96 42 info@marseille-objectif-danse.org friche la belle de mai, 41 rue Jobin, 13003 Marseille www.marseille-objectif-danse.org

Théâtre

Nos serments

MARDI 26 AVRIL À 20H30 MERCREDI 27 AVRIL À 19H30

©P. Sautelet

Mise en scène Julie Duclos Compagnie L’In-quarto ++ EN ÉCHO AU SPECTACLE SUR LA THÉMATIQUE DU TRIANGLE AMOUREUX PROJECTION DU FILM LE BONHEUR D’AGNÈS VARDA LUNDI 25 AVRIL À 20H30 EN PRÉSENCE DE JULIE DUCLOS AUX CINÉMAS ACTES SUD/ARLES.

www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51


12 Politique Culturelle

LA CULTURE DANS LES VILLES D’EXTRÊME DROITE : COUPES ET REVIREMENTS

Faut-il financer les Chorégies ?

L

a démission de Raymond Duffaut, Directeur général des Chorégies, a fait ressurgir toute l’ambiguïté du soutien public au grand festival lyrique. Depuis 1995 et l’élection de Jacques Bompard, alors Front national, à la mairie, la question est (mal) posée. Raymond Duffaut avait alors clairement déclaré que « s’il arrivait que la présidence de l’association revînt au maire de la Ville ou à l’un de ses adjoints, il s’ensuivrait [sa] démission immédiate, car les valeurs qu’[il] portait ne pouvaient [lui] permettre de continuer à travailler dans un tel contexte ». La mairie avait alors renoncé à vouloir prendre la présidence, mais avait du même coup drastiquement diminué les subventions de ses prédécesseurs. Et, depuis 20 ans, elle subventionne à des hauteurs ridicules une manifestation qui fait vivre la ville qu’elle administre. L’arrivée aujourd’hui d’une adjointe à la présidence des Chorégies déclenche donc logiquement la démission de Raymond Duffaut, par ailleurs assez âgé pour s’en retirer. Mais ne change que peu les données de base, qui sont une mésentente totale entre une manifestation culturelle d’envergure, et une mairie FN, ou Ligue du Sud. Car après des hésitations l’État et la Région avaient décidé, dès 1995, de maintenir les Chorégies et de compenser le désengagement de la

Aida, 2011 © Philippe Gromelle

ville. Jacques Bompard s’en est plusieurs fois publiquement réjoui, disant à ses administrés : « Vous garderez les Chorégies, sans les payer ! ». Aujourd’hui il semble impossible à tout le monde de revenir en arrière, d’abandonner les Chorégies, de les déplacer vers une ville qui les soutiendrait davantage, et ne les obligerait pas à passer éternellement du Verdi et Carmen et à frôler la banqueroute dès qu’ils osent Wagner... La billetterie représente près de 85% des recettes d’un festival condamné à faire amphithéâtre comble. On se souvient encore, pourtant, des concerts intimes dans les parcs, des cycles de lieder de 18h, au temps où les Chorégies pouvaient prendre le risque de jauges moins surhumaines... Aujourd’hui la mairie de Bompard a renoncé à la Présidence, pour garder le Festival. Toujours sans les payer. L’État et la Région s’apprêtent à continuer à subventionner, faiblement, une

manifestation qui s’est lentement dégradée, non dans la qualité de ce qu’elle présente, mais dans la diversité de son programme, les risques pris, l’ouverture du répertoire, les stars lyriques qu’elle est obligée d’inviter même lorsque leurs voix déclinent. Lorsque le financement repose à 85% sur la billetterie, le risque artistique est impossible à prendre. Il existe d’autres amphithéâtres magiques dans la région, dans des villes moins rétives à la culture. Les Chorégies de Vaison, de Nîmes, d’Uzès, d’Arles… pourraient redonner vie et inventivité au concept ? Et peut être que les Orangeais, privés de ce qui les fait vivre, comprendraient qu’il faut aussi le financer, et mieux voter ? Cela pourrait même être un exemple pour toute une région, Vaucluse et Gard, qui plébiscite un parti si prompt à couper les subventions culturelles (lire aussi ci-dessous). AGNÈS FRESCHEL

Revirement pour l’Espace Busserine

À

la mairie du 13-14, on s’efforce de le relativiser, mais c’est (pourtant) bien un total revirement qui a eu lieu dans le dossier Espace Culturel Busserine (ECB). Depuis le début de l’année, le centre culturel des quartiers nord de Marseille était fermé. Des travaux de rénovation, finalement reportés au moins jusqu’à l’an prochain, avaient permis à Stéphane Ravier, le maire de secteur, de tenter une reprise en mains du lieu (voir Zibeline 93). Le 23 février, les salariés avaient tous été affectés en mairie et le plus grand flou régnait sur l’avenir de l’ECB. Entretemps, un collectif de soutien associé à une forte mobilisation populaire et l’écho médiatique ont certainement conduit la mairie Front national à revoir ses positions. Jusqu’à la mi-mars, le discours de

l’équipe municipale consistait à affirmer que l’ECB n’était pas fermé (il l’était pourtant de fait) et que les employés étaient censés travailler à la fois en mairie et à la Busserine. Ils étaient en réalité tous les jours à la Bastide du 13-14, sans mission précise. Mais rapidement, il est apparu évident qu’il était inutile de garder les salariés dans un placard et peu à peu, ils ont repris leur travail à l’ECB. Dans un premier temps, l’entourage de Stéphane Ravier indiquait que la situation était celle prévue depuis le début, une affectation sur les deux sites selon les besoins. Mais une nouvelle approche du dossier est à l’ordre du jour. Elle s’est traduite par la venue, dans les locaux de l’ECB, de Jean-Jacques Cambier, Directeur Général des Services du 13-14. Lors

de ce déplacement, le 17 mars, il a assuré aux agents qu’ils resteraient en poste principalement à l’ECB et a donné quelques garanties sur le devenir du lieu. L’ensemble des spectacles scolaires prévus d’ici l’été se dérouleront bien à l’ECB et certains ateliers vont reprendre. La programmation tout public de la saison prochaine, qui était menacée, notamment en raison de son coût, devrait se tenir, du moins en partie, à la Busserine. La nouvelle donne semble vouloir faire de l’ECB une sorte de pivot de l’action culturelle dans les arr. 13-14. Un changement de méthode et de stratégie radical qui, en attendant les actes concrets, marque au moins une volonté d’éteindre l’incendie. JAN-CYRIL SALEMI


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La diversité, une utopie ? À BABEL MED, À MASSALIA, LA VOLONTÉ DE CONCERNER TOUS LES CITOYENS S’AFFIRME...

B

abel Med est un festival rassemblant des milliers de fans (voir journalzibeline.fr), mais aussi un grand marché des musiques du monde, et un lieu de conférences ouvertes au public et posant des problématiques culturelles essentielles. Ainsi il a été question des femmes dans les musiques actuelles, (le matrimoine musical si important et si peu présent sur les scènes), des « droits culturels », de la diversité musicale (entre reconnaissance des traditions orales, hybridations réelles et aseptisation des marchés) et... de la diversité tout court. Un mot qui a aujourd’hui fait son entrée officielle dans les politiques culturelles : le ministère de Fleur Pellerin a, en décembre, créé un Collège de la diversité, et c’est Karine Gloanec-Romain, Inspectrice générale récemment chargée de ce Collège, qui animait cette rencontre aux côtés de Ferdinand Richard, directeur de l’AMI (festival Mimi) et de Frédéric Ménard, directeur de Zutique Productions (Dijon).

Egalité et inclusion

La création du Collège part d’un constat multiple, et difficile à cause des lois françaises qui interdisent d’établir de statistiques ethniques : nos scènes, nos lieux culturels, nos écrans, nos orchestres... sont monochromes (dans le genre blanc), les artistes sont souvent issus de la même classe sociale, le milieu est dominé par les hommes. Bref il manque de diversité ethnique, sociale et fonctionne avec des clichés genrés très tenaces*... Que propose donc de neuf le Gouvernement ? De mesurer la diversité, dans les programmations et dans les publics, mais aussi de réfléchir à la sémantique : dans quelle mesure les diversités ethnique, sociale, genrée se recoupent-elles ? Plus pragmatiquement, le Collège veut mettre en place de nouveaux procédés d’inclusion, en favorisant la diversité des genres artistiques et des pratiques, et en veillant à l’égalité des droits culturels sur le territoire.

Le projet est ambitieux, et soulève immédiatement des questions : Frédéric Menard, qui a installé les bureaux de son Festival dijonnais dans une barre HLM en triste état, démontre que les artistes sont capables de créer du lien, des ateliers de pratique, un tajine géant, des moments de partage entre générations. Mais il souligne aussi la condescendance des institutions qui méprisent un prétendu « sociocul ». Gilbert Ceccaldi (Ville de Marseille) souligne combien les crédits d’État consacrés à la Politique de la Ville ont drastiquement baissé depuis 2002, passant de 1,9 millions en 2002 à 500 000 € aujourd’hui. Ferdinand Richard quant à lui plaça le curseur ailleurs, parlant d’égale dignité des cultures et rappelant que l’enjeu de la culture n’est

Les artistes sont-ils les pompiers impuissants d’un incendie sans cesse attisé dans d’autres sphères ? pas de faire société mais humanité. Un beau discours même si, à Zibeline, on a maintes fois souligné l’absence de femmes du Festival Mimi, preuve qu’une diversité peut souvent en chasser une autre...

De la volonté aux actes : des couacs ! C’est de la salle que Sébastien Cornu (Président de la Fédurok) souleva l’objection la plus notable : comment amener les populations à la reconnaissance de la pluralité agissante des cultures, lorsque le Gouvernement maintient un État d’Urgence liberticide, et une déchéance de nationalité inégalitaire ? Les artistes sont-ils les pompiers impuissants d’un incendie sans cesse attisé dans d’autres sphères ? Karine Gloanec-Romain reconnut la pertinence de l’objection, et la nécessité de penser enfin

le passé colonial : la création du Collège de la diversité est concomitante des attentats de novembre, de la prise de conscience de la fracture de la société française. La volonté paradoxale de l’État était patente également lors de la rencontre régionale L’enfant et l’artiste organisée par le Théâtre Massalia à l’issue de La Belle Saison. Le ministère incite les acteurs culturels à changer de terrain, mais dans le même temps peine à reconnaître et financer les initiatives visant à s’adresser à tous. Ainsi les expériences rapportées lors de la journée furent passionnantes, émouvantes, appuyées sur de nombreux témoignages d’enfants et d’adolescents qui affirmaient que le passage des artistes dans leur vie les avaient profondément changés. Mais le constat de l’assignation systématique de ces missions d’action culturelle à des femmes parce que les hommes s’en désintéressent et visent « plus haut », était évident. De même que les faibles moyens assignés par les théâtres... L’idée que tout enfant a droit à un parcours culturel durant son passage dans l’école française reste une utopie. Le recensement même de ce qui est proposé régionalement n’est pas commencé, et les belles histoires de Massalia, du Théâtre Durance, des scènes nationales de Martigues ou de Cavaillon, concernent, au fond, peu d’adolescents. L’accès à la culture pour tous devra forcément passer par des dispositifs systématiques, et sans doute par les programmes scolaires, et les professeurs. AGNÈS FRESCHEL

*Voir journalzibeline.fr/lart-est-il-bourgeois et journalzibeline.fr/societe/ decolonisons-les-scenes

La rencontre sur la Diversité culturelle a eu lieu à Babel Med, au Dock des Suds, le 18 mars La rencontre L’enfant et l’artiste a eu lieu au Massalia, la Friche, le 12 mars


14 Politique Culturelle

Toujours vivace,

C

élébrissime, objet de maints articles, détour incontournable des guides touristiques de la région des Alpes de Haute-Provence, connue de tous au moins de réputation, la librairie Le Bleuet de Banon doit son nom à la simplicité de ces fleurs bleues plantées le long des allées de la maison d’enfance de son fondateur Joël Gattefossé (en 1990). La librairie tient d’ailleurs du rêve d’enfant, avec ses quatre niveaux, ses 560m2 d’exposition, ses circonvolutions, dignes du labyrinthe de la bibliothèque du Nom de la rose, ses paliers décalés, ses volées d’escaliers, dans une architecture qui ménage ses surprises, désoriente délicieusement le lecteur, le menant à des découvertes inattendues, privilégiant le « hasard objectif » cher à André Breton. Une cheminée ici, un antique fourneau bleu là, un tabouret avec un ouvrage abandonné, un bureau d’écolier et un livre ouvert, une porte-fenêtre qui donne sur un petit jardin… Malgré le foisonnement, l’importance de la surface occupée, on a une sensation immédiate d’intimité chaleureuse. Mais… Il y a eu les rumeurs, de fermeture, d’échec, de volonté de concurrencer Amazon, de mort programmée… Certes difficultés il y eut, liées à une certaine démesure, mais Christine Rey, qui a repris ce temple du livre en mars 2015, se défend d’avoir investi, mue par un esprit chevaleresque -venue à la rescousse de… Pas de

© Maryvonne Colombani

© Maryvonne Colombani

LE BLEUET…

cape et d’épée ou de super héros Marvel, mais une envie qui a coïncidé avec une opportunité, affirme-t-elle en souriant. Et une fois pour toute, Christine Rey souhaite revenir sur toutes les idées reçues à propos du Bleuet : non, il n’y a pas de volonté de concurrencer Amazon, la librairie vend par Internet comme beaucoup d’autres, sans avoir d’aspiration au monopole ; non, la librairie n’est pas fermée et ne fermera pas, si ce n’est deux jours par an, le 25 décembre et le 1er janvier. Zibeline : Qui vient dans cette librairie, qui se trouve en milieu rural… la population locale ? Christine Rey: Il y a 10% de la population de Banon, ce qui est peu, ce sont des lecteurs de Forcalquier de Manosque, des personnes en vacances, beaucoup d’allemands, d’anglais, de suisses, de belges qui « font le plein » ; chez eux le prix du livre est libre, et les ouvrages sont inabordables… Les périodes de vacances sont celles qui voient le plus de clients. Est-il compliqué de gérer un fonds aussi important ? De petites affichettes disposées dans les différents lieux de la librairie prient les lecteurs de replacer au même endroit les ouvrages feuilletés… Sans me compter, la librairie emploie onze salariés, les étagères sont codées, et le personnel très compétent. On a dû beaucoup

trier, enlever ce qui faisait nombre mais n’était pas pertinent, fait entrer 60 000 nouveautés, travaillé sur la diversité des thèmes, apporté à la librairie un nouveau fonctionnement, plus littéraire. Nous présentons plus de 12 000 poches en littérature, mettant en avant nos coups de cœur, et en effectuant une sélection en fonction des publics. Quelles sont les actions menées pour faire venir les lecteurs ? Dernièrement, pour le Printemps des Poètes, nous avons lancé un appel à écriture de la part de nos lecteurs, dans une démarche participative. Nous organisons aussi des concerts, sont venus des groupes de jazz, des chorales, des comédiens pour des lectures… Et puis il y a les écrivains invités, on a une moyenne d’une signature par mois. Dernièrement, nous avons accueilli René Frégni, André Bucher. Le mois prochain, le 10 avril, Alysa Morgon viendra signer son dernier livre, Le Jardin des anges (éditions Lucien Souny), puis le 23 avril ce sera le tour d’Elisabeth Martinez-Bruncher… N’oublions pas le 22 mai et la fameuse fête du livre de Banon avec quinze auteurs invités… Nous viendrons ! ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI


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À

l’occasion de l’exposition C’est quoi exactement un musée d’ethnologie ? , le fonds Albert Blanc, laissé à Salagon dans les années 80, avait été sorti des réserves. Parmi les vêtements, émouvants par leurs moult rapiéçages, se trouvaient sept tabliers, uniques pièces rappelant l’épouse anonyme de cet agriculteur de Cereste. Nous l’avons baptisée Simone, sourit la directrice du Musée Départemental de Salagon, Isabelle Laban Dal-Canto, et c’est l’un de ses tabliers qui vous accueille à l’entrée de l’exposition Simone, Alexandra et les autres… Sortons les femmes de l’ombre. Épousant la structure multiple du lieu, entre les bâtiments du prieuré médiéval, son église romane et les jardins remarquables, l’exposition regorge de surprises, depuis les aphorismes populaires disséminés à l’extérieur, les Robes d’Alice de Béatrice de Germay, figeant la femme dans leurs plis de béton, aux œuvres brodées du collectif de femmes Arroseur Art osés et de Cécile Angèl(e). Les proverbes en version bilingue, provençal/français, se détachent sur les murs rouges, blancheur faussement candide qui souligne leur effarant sexisme, « l’eau gâte le vin, la charrette le chemin, la femme l’homme »…

Portraits majeurs

En face de ces dictons, des femmes-cloches et des fesses de la Fanny des joyeux boulistes (la femme est soit sotte, soit réifiée, objet d’humiliation), quelques grandes figures de femmes qui ont vécu en Provence : poète, Lazarine de Manosque (1848-1899) qui, férue de littérature, intégra le monde très fermé et masculin du Félibrige ; écrivain, Maria Borrély (1890-1963) enthousiasma Gide et Giono ; peintre, Marie Caire (1860-1934), artiste militante, s’intéresse à la représentation de la figure humaine, on peut admirer dans une autre salle sa Famille aux champs dont le personnage central est une femme ; peintre encore, et bergère, Aimée Castain (19172015) « conduit » ses tableaux, comme on dit en Provence « conduire un troupeau » ; poète, Lucienne Desnoues (1921-2004) tente de « prolonger le furtif par l’écrit » ; orientaliste, écrivain, exploratrice, Alexandra David-Néel (1868-1969) fut la première femme européenne à entrer à Lhassa au Tibet, sa maison à Digne se visite toujours ; enfin, il semblait essentiel

de rendre hommage à l’ethnologue Germaine Tillon (1907-2008)… Plus loin, discrète, dans l’église, en écho aux jardins des simples du prieuré, l’érudite botaniste Hildegarde de Bingen (1098-1179) a récemment reçu le titre de « Patronne des médecines douces ».

Et quotidien…

On suit aussi la femme dans les étapes de la vie, à travers une émouvante collection d’objets : youpala d’osier tressé -il faut échapper à l’animalité rampante ou à quatre pattes, et chercher le plus tôt possible la verticalité-, cape de baptême, berceau étroit, chapeau d’enfant, matériel d’écolier, plumes, buvards, cahiers de couture, marquette au point de croix, trousseau, souvenir de communiante, robe de mariée, de veuve… photographies et travaux d’aiguille, mobilier évoquent silhouettes et traditions. Les métiers, les travaux, les occupations, entre vie sociale et vie intime se dessinent. On découvre la femme à sa toilette (avec une œuvre de Marie Caire), mais aussi en lavandière (bugadière), dont la tâche harassante (ne nous attardons pas à cette fameuse convivialité du lavoir décrite par les observateurs masculins !) va être soulagée par les premières lessiveuses en fer (1910)… La mode fait son intrusion, de la tenue

provençale traditionnelle, ses fichus, ses coiffes, ses jupes piquées et l’indispensable tablier, à la tenue bourgeoise, les manches à gigot de la fin du XIXe, les tenues longilignes des années 20, mode à la garçonne, signe d’émancipation… Couturières, coiffeuses, modistes, offrent leurs collections (dons et prêts des familles Paul-Robion et Contet-Mérope), les instruments de leur art, et même, dans le catalogue de l’exposition vous livrent la « recette » pour fabriquer un chapeau de feutre façon modiste… La nouvelle exposition de Salagon, remarquablement documentée, met en lumière avec finesse et humour la vie de cette moitié de l’humanité qui, en France, a voté pour la première fois en 1945. MARYVONNE COLOMBANI

Simone, Alexandra et les autres… Sortons les femmes de l’ombre 2 mars au 15 décembre Salagon, Mane 04 92 75 70 50 musee-desalagon.com Catalogue de l’exposition, indispensable complément, 15€

Les âges de la femme. Anonyme. Impression en couleurs. Première moitié du XXe siècle. Collection musée de Salagon © Maryvonne Colombani


16 événements Alberto Giacometti, Portrait de Jean Genet, 1954-1955 Paris, Centre Pompidou MNAM-CCI © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Adam Rzepka © Succession Alberto Giacometti (Fondation Alberto et Annette Giacometi, Paris / ADAGP, Paris) 2015

un marché aux plantes en accès libre, avec les conseils de pépiniéristes spécialistes de l’espace méditerranéen. Pour les enfants, des formules « Explorateur en herbe » et « Histoires à croquer » sont prévues, avec goûter en « éco-dégustation » à la clef. À noter : la présence de structures écologistes telles que les Colibris ne devrait pas faire oublier que le Jardin des Migrations bénéficie du soutien de la fondation Engie, ex GDF-Suez, qui ne brille pas particulièrement par son engagement environnemental...

Rencontres et conférences

Visite au MuCEM Le Musée des Civilisations et de la Méditerranée côté jardin et côté cour

Nouveautés, visites et spectacles Tandis que Made in Algeria court jusqu’au 2 mai, une nouvelle exposition s’annonce au MuCEM : le Fort Saint Jean accueille du 15 avril au 18 juillet le fruit d’un partenariat avec l’Institut mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) : Jean Genet, l’échappée belle. Soit un retour sur le parcours méditerranéen de l’écrivain, qui de l’Espagne au Maroc, en passant par l’Algérie et la Palestine, sillonna passionnément les pays du sud. Le 2 avril, le Train Bleu (manifestation culturelle ayant pour fil conducteur la ligne ferroviaire de la Côte Bleue, voir p 18) fait étape au musée.

Une proposition d’Eva Doumbia produite par le TNM La Criée, sous la forme d’une lecture musicale. On entendra les textes de deux romancières descendantes d’esclaves, voix majeures de la littérature insulaire : Jamaïca Kincaid et Fabienne Kanor. Les 4 et 7 avril, cap sur le fort ! Une visitejeu est prévue pour les 7-12 ans, invités à se glisser dans la peau des premiers occupants du Fort Saint Jean : les Templiers, le Roi René, les soldats et armateurs marseillais... Et les 9 et 10, c’est la Fête des plantes ! La nature s’éveille au Jardin des Migrations, ses concepteurs proposent de dévoiler les secrets de cette collection botanique vivante lors d’une visite-découverte. Tout le week-end se tiendra

Le rythme des rencontres et conférences se ralentit nettement avec l’approche des beaux jours. Toutefois, le 31 mars et le 14 avril, l’Institut Méditerranéen des Métiers du Patrimoine poursuit son séminaire consacré à La fabrique des images dans les mondes arabe et musulman contemporains (sur inscription : i2mp@mucem.org). Dans le cadre de la Fête des plantes, le naturaliste Olivier Filippi présentera lors d’une conférence ses stratégies pour un jardin sans arrosage (le 10 avril à 17h, Auditorium Germaine Tillion). Le réchauffement climatique s’intensifiant, il va bien falloir s’adapter aux épisodes de sécheresse extrême qui se profilent, et les garrigues méditerranéennes, économes en eau, sont une bonne source d’inspiration... Enfin le 18 avril, Michel Pezet retracera la légende et les funérailles de Gaston Defferre, enterré le 12 mai 1986 en présence de François Mitterrand et d’une foule immense. N’oublions pas que l’ancien Maire de Marseille était aussi le dernier homme politique français à avoir disputé un duel, ce qui dénote un certain panache ; une qualité de moins en moins requise de nos jours. C’est Emmanuel Laurentin qui animera la rencontre, intégrée au cycle Le temps des archives. GAËLLE CLOAREC

Retrouvez comme chaque mois sur notre Webradio Comme au MuCEM, une émission sous forme de traversée, consacrée aux temps forts, découvertes et coulisses du Musée des Civilisations d’Europe et de Méditerranée.

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org


Printemps de la

Francophonie L

ROCCO EMIO GRECO PIETER C SCHOLTEN

a 4 édition du Printemps de la Francophonie a lieu à Marseille depuis le 12 mars, et jusqu’au 30 avril. Contes, lectures, performances, ateliers d’écriture, tout un programme est prévu sur le territoire afin de célébrer « le goût des mots et l’amour des langues ». Si la « mise en bouche » du festival Avec le temps a connu une réussite autant publique qu’artistique, la journée d’ouverture à la Criée a vu se succéder un débat, un concert et des propositions participatives issues d’ateliers de qualité très diverse, et souvent très mal exposées. Un résultat peu étonnant, au 21, 22, 23 AVRIL 2016 vu de la nature de ce Printemps organisé par la Ville de Marseille : AU BALLET NATIONAL il s’agit de fédérer les propositions d’associations culturelles DE MARSEILLE et sociales de toute nature, amateures ou professionnelles, fabriquées pour l’occasion ou venant opportunément s’ajouter au catalogue. Mais on se réjouit de l’ouverture à « toutes les RÉSA 04 91 327 327 langues françaises » qui permet d’échapper à la défense souvent néocoloniale d’une Francophonie tournée vers l’ancien Empire d’une langue imposée, et méprisante des trésors de langue qui SCÈNE CONVENTIONNÉE 2 place Henri Verneuil se créent loin des centres bourgeois, ou parisiens. ZIBELINE.indd 1 29/02/20 POUR LES EXPRESSIONS T H É Â T R E 13002 Marseille CONTEMPORAINES 04 91 90 74 28 On retiendra donc particulièrement certaines dates, pour leur J O L I E T T E saison III resa@theatrejoliette.fr 2015-2016 M i n o T E R i E pertinence ou leur originalité : ainsi, le 26 mars, une plongée dans www.theatrejoliette.fr er l’univers de Bobby Lapointe au Non-Lieu, qui se poursuivra le 1 avril par un concert à La Maison du chant. Le 30 mars à la BMVR Alcazar, après la projection du film d’Isabelle Boni-Claverie 21 AU 23 AVRIL Trop noire pour être française, aura lieu une table ronde sur l’identité noire au féminin avec la réalisatrice, Maryse Condé LE CAS bLANCHE-NEIgE Howard barker / Carole Errante et Eva Doumbia. Du 4 au 15 avril, les habitants de la Verrerie Cie La Criatura rédigeront le glossaire de leur quartier, tandis que les 12 et 13 [création] l’association Ancrages propose une balade patrimoniale sur les traces des écrivains et chanteurs marseillais. Mais c’est surtout autour des dix mots choisis cette année par La metteure en scène Carole Errante fait un surprenant et singulier pari. articuler la Semaine de la langue française que va s’articuler une grande les mots violents et à forte puissance poétique du dramaturge britannique Howard partie de la sélection : entre « vigousse », « ristrette » et « chafouin », Barker, dans sa réécriture crue et cruelle du conte de Blanche-neige, à l’univers exubérant, sensuel et potentiellement inquiétant du music hall... c’est notre « fada » qui a été sélectionné ! Le 9 avril par exemple, on pourra suivre la conteuse malentendante Patricia Mazoyer dans son jonglage linguistique avec ces dix mots en langue des 28 & 29 AVRIL signes. Et sur toute la période, retrouver les expositions Dis-moi dix mots à la Bibliothèque de la Grognarde, au Merlan ou encore NO wORLd/FPLL au Centre Social Mer et Collines. ©Alwin Poiana

e

GAËLLE CLOAREC ET AGNÈS FRESCHEL

Printemps de la Francophonie jusqu’au 30 avril culture.marseille.fr/actualites/marseille-celebre-la-francophonie

Ruth Rosenthal / Xavier Klaine winter Family

« Célébrons le simulacre ! » L’injonction sonne comme un défi pour un spectacle de théâtre documentaire. sur le plateau, trois performers et un conférencier nous plongent au coeur du flot incessant des images et des mots qui saturent nos quotidiens hyperconnectés.

www.theatrejoliette.fr


18 événements

Un petit voyage en Orient A

près le Chili, l’Italie, les USA, l’Espagne et la Scandinavie, c’est à un voyage vers le Moyen-Orient que nous convient Les Escapades Littéraires. La 6e édition de la manifestation, qui se déroulera à Draguignan du 22 au 24 avril, mettra cette année le Liban à l’honneur. Un long weekend de printemps pour découvrir un pays « dilué dans sa pluralité et dans la convoitise des autres », ainsi que l’a écrit la poétesse Hyam Yared. Et comme le souligne l’association Libraires du Sud, en charge -avec le soutien actif de la municipalité- de l’organisation du festival : « Au-delà du simple instantané de l’actualité artistique libanaise, c’est plus largement d’un état des lieux de la situation dans le monde arabe qu’il sera question. » Vaste programme… que trois jours ne suffiront sans doute pas à épuiser, mais que les nombreux événements proposés devraient permettre d’aborder selon des perspectives variées et toujours dans le plaisir des rencontres et de l’échange.

Un festival porté par les structures et les acteurs locaux… Toute la ville se mobilise chaque année pour les Escapades Littéraires, mettant à disposition le superbe écrin de la Chapelle de l’Observance et le pôle culturel Chabran. Le cinéma CGR sera également investi cette année par l’association Entretoiles, qui programmera Peur de rien de Danielle Arbid et Chaque jour est une

Dessin-carte postale fait pour Zibeline par Zeina Abirached en 2013 © Zeina Abirached-tous droits réservés

fête de Dima El-Horr. Quant aux libraires, ils seront là bien sûr : la librairie toulonnaise Contrebandes, ainsi que les dracénoises Lo Païs et Papiers Collés proposeront leurs tables bien achalandées, leurs conseils avisés et des séances de dédicaces toujours très appréciées des lecteurs.

… et résolument tourné vers l’ailleurs C’est là l’originalité de la manifestation : mettre l’accent sur un pays étranger, sur sa culture, sa littérature. Pour inciter à de nouveaux regards, à d’autres entrées que celles des grands médias. Le Liban donc cette année. Un pays que beaucoup croient connaître, la crise des migrants l’ayant à nouveau mis récemment

sous les projecteurs de l’info. Un pays en réalité souvent perçu à travers le prisme d’un orientalisme désuet. Les Escapades entendent donner à voir et à lire le Liban d’aujourd’hui dans sa complexité. C’est pourquoi les formes seront variées : rencontres croisées, petits déjeuners littéraires, grands entretiens, ateliers, expositions… Et les invités très divers. Au rayon BD on retrouvera avec plaisir Zeina Abirached et son Piano oriental ; on découvrira également le jeune Joseph Safieddine. Les romanciers Charif Majdalani, Rachid El-Daïf et Georgie Makhlouf ont aussi répondu présent, de même que la romancière et poétesse féministe Hyam Yared. Il y aura en outre des rencontres passionnantes avec des chercheurs, des traducteurs, des universitaires : Mathilde Chèvre (éditrice marseillaise, spécialiste de la littérature jeunesse dans les pays arabes), Bruno Barmaki, Yves Gonzalez-Quijano, Farouk Mardam-Bey (auquel on doit une importante anthologie de la poésie arabe contemporaine, publiée chez Actes Sud). Et une exposition des photographies de Serge Najjar, Beyrouth entre les lignes. Et des ateliers, de contes, d’arts visuels… Comme chaque année, une belle variété de propositions. Et de nombreux temps forts en perspective. FRED ROBERT

Escapades littéraires du 22 au 24 avril Divers lieux, Draguignan librairie-paca.com

Aix capitale de la BD

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lus de cinquante auteurs internationaux invités, dix lieux, treize expos, dix créations, un week-end BD de trois jours et deux mois d’expositions… les Rencontres du neuvième art investissent la ville d’Aixen-Provence entre musées, galeries, écoles d’art, Office de Tourisme (structure organisatrice), boutiques, bibliothèques, et jouent sur trois fronts, « culturel, économique et citoyen », souligne Maryse Joissains, maire de la Ville. Il y a d’indéniables retombées

économiques, un effort environnemental, une volonté de rendre cette manifestation populaire et démocratique : l’ensemble des évènements liés aux Rencontres est gratuit, les publics scolaires participent à la fête avec de nombreuses activités. Des ateliers seront offerts à tous -BD, peinture à l’eau, Street art prolongeant celui d’Alëxone et Niark1, le Mur à dessins de Brecht Evens ou celui de Vincent Mathieu consacré à Bobby Dollar. Cette année encore, qualité et éclectisme sont

indéniablement au rendez-vous ! « 90% des propositions sont des créations » sourit Serge Darpeix, directeur artistique et technique des Rencontres, et plus de trois cents titres seront présentés lors des signatures ou des discussions publiques. L’originalité de ce festival tient aussi au fait que tout est scénographié, pensé, en concertation directe avec les artistes dont l’œuvre fait l’objet d’une exposition, dessinant une approche illustrant à la fois l’esthétique et les thèmes abordés. On sera


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Fumiers © Philippe Savoir

Un itinéraire côtier et artistique

L

e Train Bleu reprend du service pour la deuxième année consécutive sur la ligne mythique de la Côte Bleue ! Et parce que la manifestation a connu l’année dernière un beau succès, le trajet s’en trouve rallongé, de quelques gares et quelques jours. Proposé par Les Salins (Martigues), La Criée (Marseille), L’Olivier (Istres), La Colonne (Miramas), Le Sémaphore (Port-de-Bouc), Le Cadran (Ensuès), le Théâtre-Joliette-Minoterie (Marseille) et le collège Matraja (Sausset-les-Pins), ce projet artistique itinérant s’allie avec le train de la Côte Bleue et les réseaux de bus pour vous faire découvrir le territoire et des spectacles dans chacun des théâtres ou en extérieur. Début des réjouissances le 29 mars à 19h à Sausset, au collège Matraja, avec Tchatchades folies de François Tosquelles, une réflexion en forme de clin d’œil sur l’enfermement à laquelle participent des professeurs et élèves du collège, suivi à 21h aux Salins de Fumiers de Thomas Blanchard, librement adapté

sensibles à la finesse des Cabanes de Nylso ; à la palette colorée de Brecht Evens et son Meilleur des mondes (il est aussi le graphiste du Festival d’Art Lyrique) ; on découvrira un Rembrandt truculent (Typex) ; l’univers rétro entre Hitchcock et Edward Hopper de Jean-Claude Göttin ; la fausse innocence de Guillaumit et ses personnages légo ; Cédric Fernandez et les premiers vols de Saint-Exupéry ; l’étonnante architecture de FranDisco imaginée par Thierry Van Hasselt

du film éponyme de la fameuse émission Strip Tease. Le 31, après un concert du Nine Spirit Brass Band, le Cadran, à Ensuès, reçoit les chorégraphes Léa Canu Ginoux, Geneviève Sorin et Gatinho Angola pour des Liaisons ternaires qui donnent à voir trois temps dansés, reliés par des fils d’histoire d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Le 1er avril direction Port-de-Bouc avec un concert de Jean-Jacques Lion à la gare à 19h, puis à 20h au Sémaphore pour l’histoire burlesque et musicale Sit Ozfars Wysr que mettent en scène Jeanne Béziers (Macompagnie) et Mike Solomon (Ensemble 101) ; la soirée se termine à Martigues, au cinéma Jean Renoir, où le duo Ildi ! Eldi revisite la saga culte Alien à sa manière… jubilatoire ! Grosse journée le 2, qui commence dès 13h15 à Marseille, au théâtre Joliette-Minoterie, avec Notre Petit théâtre de bouche ou comment Renaud Marie Leblanc et sa Cie Didascalies and Co revisitent Phèdre de Racine en 20 minutes d’un théâtre accéléré et débridé ; la Cie La Part du Pauvre/Nana Triban prend la relève avec une visite des collections de la Vieille Charité à 15h, suivie de deux spectacles d’Eva Doumbia : au MuCEM à 16h30 Insulaires, trois monologues de trois auteures majeurs -Yanick Lahens, Jamaïca Kincaid, Fabienne Kanor- qui racontent trois moment de l’histoire des Antilles, et à 18h à La Criée Ségou et La Vie sans fard à partir de l’œuvre de Maryse Condé (voir p 32) ; c’est un bus qui vous conduira à Istres (et vous ramènera à Marseille après !), à l’Olivier, pour assister à 20h30 à Ali 74 le combat du siècle de Nicolas Bonneau, cinéconcert rock agrémenté d’images d’archives passionnantes sur ce combat épique qui fit se

et Marcel Schmitz ; l’art kaléidoscopique d’Arnaud Lourmeau ; l’étrange et onirique récit d’espionnage de Léo Quiévreux ; le curieux inventaire d’Anouk Ricard ou le délirant et inquiétant monde Méroll…Une 13e édition pour nous rendre tous amoureux des bulles. MARYVONNE COLOMBANI

confronter sur le ring Mohamed Ali et George Foreman. Dernier jour et dernier parcours qui commence dans l’anse d’Ensuès avec le Chœur multiculturel Ibn Zaydoun et une lecture de textes de Blaise Cendrars par les comédiens de l’ERAC (à 13h) ; puis, après un pique nique bien mérité, et un court voyage jusqu’à Miramas, il sera temps d’écouter l’ensemble baroque Café Zimmermann qui jouera trois œuvres de Mozart avec une grande virtuosité. À noter que pour les participants du Train Bleu, 400 cartes Zou valables pour une famille de quatre personnes sont offertes par la Région (coupon à récupérer dans les théâtres partenaires). DOMINIQUE MARÇON

Le Train Bleu 29 mars au 3 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com Le cadran, Ensuès 04 42 44 88 88 mairie-ensues.fr Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

Rencontres du 9e art Week-end BD 1er, 2 & 3 avril Cité du Livre, Aix-en-Provence Expositions Avril-mai Office de tourisme d’Aix-en-Provence 04 42 16 11 61 aixenprovencetourism.com


20 critiques spectacles

Misanthropes sans Molière epuis plusieurs années Alexis Moati et sa troupe revisitent avec un grand bonheur notre mémoire classique, pour en montrer les rouages, l’actualité, la pertinence intemporelle des conflits exposés. Leur Malade Imaginaire était explosif, leur Avare épatant. On y voyait comme une évidence les intentions de Molière, que des siècles d’interprétation avaient mis à distance de notre perception : la force de la dénonciation de la gérontocratie, et l’apologie de la force vitale de la jeunesse. Leur Misanthrope(s) procède du même désir, et repose sur les mêmes atouts : une bande de comédiens brillants, très bien dirigés, s’adressant directement au public avec une belle complicité ; la jeunesse assumée des personnages, Alceste et Célimène en tête, et leur dégoût pour la société hypocrite qu’on leur propose ; la volonté de décrypter ce qui, sous les alexandrins, nous parle aujourd’hui de nous. Mais cette fois-ci la distance avec le texte est trop grande : la langue de Molière disparaît sous un fatras de confessions misanthropiques : celle d’une Célimène trop désirable qui prend son pied à provoquer le désir et se plaint d’être trop belle ; celle insipide, ennuyeuse, d’un gars qui ne sait pas être bien avec les

© Matthieu Wassik

D

autres ; puis des coups de colères d’Alceste (oui oui, c’est bien un atrabilaire amoureux...), quelques mauvaises idées, quelques meilleures, mais trop de moments où on perd le fil de Molière au profit d’un tissu mal taillé, qui escamote la magie d’une langue pour des clichés contemporains. Dommage se dit-on, mais avec quelques coupes, et un autre équilibre entre le texte et ces excroissances, on pourra retrouver la

magie des autres Molière de Vol Plané. Après tout, une création, ça murit, surtout lorsqu’on tourne autant que cette compagnie ! AGNÈS FRESCHEL

Misanthrope(s), mis en scène par Alexis Moati et Pierre Laneyrie, a été créé à La criée, Marseille, du 27 février au 5 mars

Enfin la cruauté ne fois de plus le Théâtre de la Joliette a placé dans le mille en programmant Schitz, produit par KVS. La pièce de Hanokh Levin est drôle et cruelle, décrivant à grand renfort de caricature une famille qui ne pense qu’à manger et à accumuler les richesses. Comme dans un conte de fée la fille veut se marier, et trouve chaussure à son pied, qu’elle a énorme, dans la personne d’un anti prince charmant, jeune homme cynique qui l’épouse clairement pour la fortune de son père, et cherche d’ailleurs à le tuer. Mais celui-ci a la peau résistante... La mise en scène de David Strosberg, minimale dans ses moyens (trois chaises, et l’essentiel est dit face public), s’avère maximaliste dans sa débauche tapageuse de couleurs criardes, de jeu outré, de postiche. On crache, on se bat, on s’insulte, les répliques de

bête et cruelle touche juste. D’une avidité à toute épreuve, sans sentiments, sans désir sinon que de satisfaction immédiate et de possession sans limite, des velléités de petits bourgeois conformistes les guident pourtant, le mariage, les petits-enfants, l’Amérique, les voyages... Mais seul le meurtre et la guerre surviendront : la pièce est écrite pendant la Guerre des 6 jours (Israël y tripla son territoire en une semaine), et la volonté d’expansion est aussi symbolique : l’énorme embonpoint cumulé des parents a fabriqué des monstres sans morale, aux corps insatiables... © Danny Willems

U

haine sont échangées dans une bonne humeur monstrueuse... Les acteurs, extraordinaires de précision, ne reculent jamais devant leur propre ridicule. Affublés de postiches grossissants, ils s’inventent chacun des voix hallucinées et s’empoignent pour se tuer ou s’accoupler, dansent, chantent... C’est constamment drôle, et la caricature d’une bourgeoisie parvenue

A.F.

Schitz a été joué au Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille, du 25 au 27 février


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Label au bois Merlan a scène Nationale du Merlan semble se réveiller d’une longue nuit. On y a découvert ces dernières années de très grands artistes, mais ce qui s’y passe aujourd’hui, depuis l’arrivée à la direction de Francesca Poloniato, relève d’un autre projet, profondément ancré dans le territoire, mais intéressant toute la ville. Et, au-delà, ce travail semble un laboratoire, vivant et joyeux, de ce que peut faire une scène possédant un label national dans une banlieue gagnée par le FN, et rongée par la pauvreté. La prochaine saison s’y prépare, avec les 7 artistes de la Bande, ceux de la Ruche, et ces termes ont du sens tant la démarche collective est en un an devenue une évidence. Nathalie Pernette, interrogée sur son propre travail au sein de la Bande, répond au nom de tous, disant que « le projet de Francesca est bel et bien en route », que « le lien avec le quartier s’affirme dans le partage », et que la saison prochaine promet « des formes pointues, d’autres tout public, jeune public »… et qu’elle même entame un travail avec une classe de collège pour sa prochaine création, un autre avec des personnes âgées dont elle veut recueillir l’expérience... Le hall et la salle sont pleins avant le spectacle, et longtemps après le public reste, parle, échange, jeunes et

© Pierre Grosbois

L

adultes ensemble, venus de tous les horizons marseillais. Car le soir du 16 mars, les artistes de la Bande et de la Ruche sont présents. Le matin ils ont partagé leurs idées avec tout le personnel, les associant à leurs projets. Bientôt la saison va être rendue publique... En attendant on assiste à un spectacle de Pauline Bureau, Dormir cent ans. L’auteur metteur en scène

y parle de l’adolescence, de cet âge où les corps se transforment, où les parents agacent, ne comprennent rien, où on s’éloigne. Théo, solitaire, noue un dialogue avec un crapaud imaginaire, tandis qu’Aurore compte ses pas, ses bouchées, ses mots... Enfermés chacun dans sa bulle ils se rejoindront grâce au rêve, dans lesquels ils vaincront leur terreur des tigres et leur incapacité à pleurer... La fable est poétique, les vidéos du rêve et la scénographie souvent magiques, et la salle est embarquée dans ce voyage initiatique même si les deux adolescents, joués par deux jeunes femmes adultes, ne sont pas toujours convaincants : la rencontre amoureuse, timide, manque vraiment de chair et de désir. Mais on croise le lapin d’Alice, les parents dansent le tcha-tcha, le crapaud disparaît dans le frigo et le tigre est si fascinant ! AGNÈS FRESCHEL

Dormir cent ans a été joué au théâtre du Merlan, Marseille, du 16 au 18 mars

À venir 23 avril L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr

Au cœur amer et vif de la jeunesse D

© Olivier Quéro

ans le cadre de L’Atelier des Écritures Contemporaines mis en place par l’ERAC pour la formation des acteurs, Renaud-Marie Leblanc a pris à bras le corps le texte de l’auteur suédois Jonas Hassen Khemiri, et en a proposé une version magistralement rythmée sur un plateau pratiquement nu. Sept comédiens en 2e année de formation se présentent pour la première fois de leur cursus face au public, et chacun d’entre eux a une énergie folle, et un vrai talent. L’auteur, inédit en France, propose une analyse

économique de notre société en mettant en jeu le profit et l’exploitation, et en s’appuyant sur les thèses économiques qui ont rationalisé le capitalisme. Ainsi est-il question de l’UX, coefficient de la valeur du divertissement attendu par l’utilisateur, qui permet d’apprécier la rentabilité d’une entreprise ou d’une expérience -un spectacle de théâtre par exemple. Les situations sont celles d’un quotidien sordide : le SDF est violenté, le couple pauvre se sépare, le Pôle emploi n’a rien à offrir, les diplômes ne servent à rien, la vendeuse fauche dans la caisse... On rit des démonstrations de l’auteur et des trouvailles de la mise en scène. Certains personnages sont déplacés à travers le plateau, juchés sur des disques à roulettes, comme sur des autos-tamponneuses ou des sièges éjectables ; un petit entracte avec barres chocolatées propose une illustration de la thèse de satisfaction ; une chanson sur

la culture bio utilise la ritournelle de Peau d’âne... Du point de vue du spectateur c’est indubitablement un spectacle dont l’UX est très élevé ! D’autant qu’il permet de découvrir un auteur suédois remarquable, à l’écriture dramaturgique efficace, qui livre un point de vue à la fois désespéré et drôle sur les impasses dans lesquelles nos sociétés acculent les jeunes. Les comédiens de l’ERAC ont choisi ce texte avec un grand discernement, et l’incarnent sans rechigner, en donnant beaucoup d’eux-mêmes, avec une grande maturité et beaucoup de technique : une belle génération d’acteurs se profile... CHRIS BOURGUE ET AGNÈS FRESCHEL

Presque égal à s’est joué du 14 au 16 mars à l’IMMS à la Friche-Belle de mai, Marseille Le texte provient du premier jet de traduction de Marianne Ségol-Samoy et sera publié aux éditions Théâtrales


22 critiques

© fmprovensal

Viva la putrefaccion !

T

roisième invitée du cycle de spectacles Objets Déplacés initié au MuCEM, Angelica Liddell dans un splendide discours de derrière les tombeaux sublime le pourrissement… « Je veux la roue, la coiffe et le pain ! » voilà les objets que la terrible performeuse espagnole avait décidé spontanément de sortir du Centre de conservation pour répondre à l’insolite protocole : un artiste choisit un objet, le dépose ailleurs et crée autour de son geste un moment scénique forcément inédit. La règle du jeu est simple et Angelica Liddell s’y est bien sagement conformée dans un premier temps, désarmant ainsi les attentes du public qui se retrouve assis comme au

théâtre face à une actrice sobrement vêtue, quasi-doublure de l’auteure, serrant dévotement un exemplaire des Métamorphoses d’Ovide ; Victoria Aime, superbe jusqu’à son effacement définitif, monologue à vive allure entre les pieds troués du Christ Mort de Mantegna, flanquée d’une perceuse et de gants blancs au repos sur une caisse sépulcrale. Mais c’est dans le rebours, la récusation-accusation-éructation (« où est l’animal mort que j’avais demandé ?» et le démenti formel des premières apparences que jaillit la force d’un texte qui pulvérise l’idée même de conservation muséographique et les fondements sinon les fondations du MuCEM

rebaptisé -merci la traductrice- Musée de la Mémoire Gourde ! De l’haleine fétide du gardien à la langue grouillante de vers jusqu’aux débris de pacotille qui aspirent à l’exactitude de la classification et aux déjections amoncelées, la visite guidée des réserves prend des allures dantesques ; le récit, épopée infernale et démesurée, alterne invective cosmique (les rats marseillais et le Tonic Hôtel sont des motifs récurrents de ce vaste tour de « l’inépuisable laideur ») et percées métaphysiques (« Dieu vous punira »). Vanité et vacuité de la conservation muséale face à la décomposition du vivant, force de suggestion de la charogne (Baudelaire revisité par le scalpel de l’œil andalou) qui ouvre les portes des gouffres intérieurs, réflexion sur les sources effroyables du Beau El Orgullo de la Nada, « L’Orgueil du Rien », touche, avec son langage dégoupillé traversé de ricanements, à l’éternité de la poésie. Lorsque l’actrice sort de scène pour ne plus y revenir et que les images de corps dépecés à la morgue (film expérimental réalisé dans les 70’ par Stan Brakhage) occupent inutilement et naïvement toute la place de manière redondante on se prend à espérer qu’il restera quelques éclats de ce rien dans notre mémoire gourde. MARIE JO DHO

El Orgullo de la Nada a été créé au MuCEM, Marseille, les 4 et 5 mars

U

lysse est un clown un peu inadapté comme le sont souvent les clowns, avec ce regard neuf et étonné sur le monde dont ils ne connaissent pas les codes. Sa Pénélope se nomme Jeanne et il l’a vue brandissant un drapeau rouge lors d’une manifestation des travailleurs. Cendrillon moderne, « emportée par la foule », elle y a perdu sa chaussure. Ulysse la ramasse et interroge les spectateurs. Que faire pour offrir des cadeaux à sa belle ? Il faut travailler, lui dit-on. Alors il va s’y mettre et signe un contrat de son sang, mais enrage de n’avoir pas d’augmentation. L’intrigue est simple. Évidemment Ulysse ne retrouve pas Jeanne et repart avec son drapeau. Le comédien, Francis Lebarbier, joue avec talent, occupe parfaitement le plateau dans une mise en scène de Marie-Claude Morland.

© Nilo Pardo Garcia

Pour l’amour d’une belle On apprécie le beau travail vocal basé sur la lenteur et les borborygmes qui laissent savamment deviner parfois les mots. Cependant des textes émergent aussi, empruntés à Pasternak, aux chansons de Piaf ou de Brel. Chansons d’amour, chansons d’espoir. L’amour est-il encore possible dans une société qui ne donne pas les moyens de vivre ? La Cie Malapeste est une société coopérative ouvrière de production basée à Niort, qui s’intéresse au clown sous toutes ses facettes. CHRIS BOURGUE

Ce spectacle s’est donné à La Friche du Panier, Marseille, les 18 et 19 mars, dans le cadre de la 3e édition des Voyages en solitaires qui se tient jusqu’au 2 avril au Théâtre de Lenche


SAISON 15/16

T G S TA N

& DE KOE

© Cordula Treml

MY DINNER WITH ANDRÉ

Illusions et vieilles dentelles

26 > 29 / 04

©

AVRIL 2016

est où la scène ? Y aura de la musique ? On entre par les loges ? On pourra sortir pendant ? Paroles saisies au vol, injonction technique piquante ou paniquante… la répétition publique du Barocco des Nono a fait le plein le 12 mars et le public fébrile, chaleureux, curieux n’a pas manqué de manifester sa satisfaction avant d’aller se restaurer ! « 10 jours de répétition, encore un an pour aboutir, 60% du spectacle mis en place » précise le metteur en scène Serge Noyelle et donc du travail en perspective pour faire bouger les horizons. Gros chantier (17 artistes, européens comme le baroque) ouvert par tranches successives car tout est fait maison, paroles, musique, costumes, jeux d’ombre et clair obscur ; on appelle ça création originale : rien à dire puisque la vie est un (men)songe et le théâtre un présent renouvelé. Le projet est ambitieux et très spectaculaire : l’espace scénique tout en long, spectateurs de part et d’autre, musiciens à un bout et en face une mystérieuse figure du pouvoir déchu, homme (libertin ?) tantôt décharné tantôt en majesté, roi nu ou pape drapé dans sa cape pourpre vers qui tout converge, regards qui percent les brouillards bleus et processions lentes de danseurs-chanteurs somptueusement parés et maquillés (les costumes magnifiques foisonnent de blancs assemblés avec des matières disparates). C’est à un jugement dernier ou à une revue des troupes humaines que semblent nous convier les cortèges qui constituent l’essentiel de la chorégraphie tout en cercles ou en diagonales totalement maitrisés : une vieille femme en noir (Marion Coutris) va et vient doucement en lançant de terribles paroles pas toujours intelligibles ; on y entend la mort, le sexe, l’amour et quelques grandiloquences ; les parties chantées sont fluides et âpres à la fois comme la musique qui ne lâche pas où dominent accordéon et clarinette, où flottent des fragments d’airs connus ; après tout il y a du revenant là-aussi ! Le spectacle fait la démonstration que « notre monde remue sans bouger » et que l’esthétique baroque réinventée n’a pas dit son dernier mot.

TIM WOUNTERS

C’

2016

t arif s : 15 / 10 / 5 / 3 € T HÉÂ T RE

DU MARDI 26 AU VENDREDI 29 AVRIL 2016

MY DINNER WITH ANDRÉ TG STAN & DE KOE Drôles et irrévérencieux, les tg STAN bousculent les codes du théâtre depuis plus de 25 ans. Pour le Merlan, ils remettent le couvert avec une adaptation du film éponyme de Louis Malle, un spectacle devenu culte. Une performance en temps réel servie par deux acteurs truculents, à consommer sans modération ! « My Dinner with André provoque un vrai bonheur, tant il sait allier le cabotinage à la virtuosité, l’esprit du cabaret et la finesse de la liberté, la contrainte et l’improvisation. » Le Monde SAISON 15/16

MARIE JO DHO

La répétition publique de Barocco a eu lieu au théâtre Nono, Marseille, le 12 mars

duré e ± 3h30


24 critiques spectacles

© Laurent Philippe.

Contact interrompu

O

n avait tant aimé voir Philippe Decouflé revenir sur trente ans de créations tumultueuses, avec son Panorama ! On était sorti ébloui, et les mains douloureuses d’avoir applaudi les talentueux artistes de la Compagnie DCA (Diversité, Camaraderie, Agilité).

Sur son dernier opus, Contact, Decouflé fait du Decouflé... en moins bien. Et pourtant tous les ingrédients sont là, qui nous ont si longtemps séduits : une pointe prononcée de cirque sur un léger tapis de danse, de l’humour en veux-tu en voilà, une bande originale soignée... Mais

c’est ainsi, l’esprit farfelu des débuts sent la redite, la magie ne prend pas ou à peine, la chaleur humaine, un brin forcée, ne parvient pas à réchauffer la salle. Il est vrai que la fantaisie du chorégraphe ne s’est pas plantée en terrain favorable : le mythe de Faust, les tourments du savant pactisant avec le diable, les tension qui naissent entre une science vaine, une religion absurde, les écueils de la sensualité et les illusions de l’art, rien de tout cela n’est très propice à une comédie musicale enlevée. On espère que ses prochaines productions retrouveront le sel de ses précédentes œuvres, d’autant que ses interprètes n’ont rien perdu de leur fougue, et que visuellement, les tableaux qu’il compose sont toujours époustouflants. GAËLLE CLOAREC

Contact était programmé du 25 au 28 février au GTP, à Aix, et du 10 au 12 mars au Théâtre Les Salins, à Martigues

L’art du sable A

des tourtereaux. De sa gestuelle de danseur, le dessinateur, béat, et sans parole, bâtit (et abat) ses châteaux de douceur en d’infinies variations, orchestre le livre de ses souvenirs de voyages qui pourrait filer et se renouveler sans discontinuer… C’est le seul petit bémol qui enraye cette si délicate machine à fabriquer des images, un manque de réelle dramaturgie qui finit par laisser s’envoler la magie initiale © Delphine Michelangeli

vec la pièce jeune public Rêves de sable qui vit une belle tournée cette saison, le plasticien-marionnettiste Borja Gonzáles et la compagnie catalane Ytuquepintas soufflent un vent de créativité sur l’imaginaire collectif à partir d’éphémères petits grains de sable… En ouverture, une marionnette géante trace sur un tableau noir un chapiteau rudimentaire. Son rêve de cirque. Il cède la place à son double animé, petit personnage de sable que dessine comme par magie et en direct l’illustrateur très doué, sur une table de verre rétro-projetée sur écran géant. Place au spectacle ! En mouvements perpétuels, les paysages éphémères défilent au fil de la musique jouée par un pianiste d’ambiance, et nous font presque penser au télécran de notre enfance… sauf qu’ils semblent fabriqués avec une facilité déconcertante, prenant forme d’un coup de pouce, du plat de la main ou au creux des poings, et s’effacent d’un seul souffle. Les rencontres s’égrainent, le petit bonhomme grandit, trouve l’amour (sous le pont d’Avignon, l’artiste, facétieux, s’adapte), le temps passe, le moindre grain saupoudré prend vie, donne le rose aux joues

de la contemplation. Mais, heureusement, ce marchand de sable en puissance accroche aussi des sourires aux lèvres… DELPHINE MICHELANGELI

Rêves de sable s’est joué le 4 mars à l’Auditorium Jean Moulin, au Thor, le 2 mars au Théâtre Comoedia, à Aubagne, et le 1er mars à l’Alpillum, à Saint-Rémy


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Six ans déjà

© Karl Pouillot

F

idèle à son noble dessein, le Festival Présences Féminines a essaimé à travers le territoire de Toulon Provence Méditerranée. Pour son concert d’ouverture le 15 Mars au Foyer Campra de l’Opéra, cheminement historique du clavecin au piano à travers leur usage chez les femmes interprètes comme compositrices, le propos musical ouvertement chronologique était accompagné d’une mise en espace théâtrale un peu caricaturale mettant en évidence l’évolution du machisme de la société au fil des siècles. Ces pastilles verbales privaient malheureusement le spectateur du temps nécessaire à l’appréciation du répertoire, dont la cohésion était brisée par excès de pédagogie. Pourtant exécuté avec superbe par trois interprètes talentueuses, Marie Van Rhijn au clavecin, Lucie de Saint Vincent au pianoforte et Maroussia Gentet au piano, on pouvait y entendre moult compositions masculines et féminines dignes d’intérêt. Lors de la soirée du 18 Mars, la chanteuse Karen Vourc’h et la pianiste Anne Le Bozec investissaient les locaux du Musée de la Marine pour un concert où l’alchimie était en tous points parfaite. Le répertoire,

consacré aux compositrices scandinaves sur une période allant de la moitié du XIXe au XXe, lorgnait allègrement du côté du lied allemand. Bizarrement, on pouvait éprouver un étrange malaise à l’évocation du nom des maîtres l’ayant influencé, tous masculins à l’exception de la singulière Kaija Saariaho, plus contemporaine et visiblement plus affranchie. C’est sur un spectacle hors-norme, hybridation poétique entre la musique électroacoustique, la vidéo, la percussion et le chant traditionnel coréen en pansori que se clôturait le Festival cette année, belle invitation au voyage de la compositrice Marie-Hélène Bernard secondée par deux interprètes exceptionnelles, Kwong Song-Hee au chant et Françoise Rivalland au zarb (instrument à percussion digitale) et au santour (instrument à cordes frappées), preuve qu’au-delà du travail de mémoire, l’avenir d’un tel festival sur le long terme est aussi de soutenir la création. ÉMILIEN MOREAU

Le Festival Présences féminines a eu lieu sur le territoire de Toulon Provence Méditerranée du 15 au 20 mars

Chœur d’Amy u sud des ballons Vosgiens, se détache tout en rondeur la Chapelle de Ronchamp dessinée par Le Corbusier et dont fut célébré le cinquantenaire de la construction en 2005 avec la création des Litanies pour Ronchamp composées par Gilbert Amy. C’est cette même œuvre que revisitait Roland Hayrabédian et son ensemble Musicatreize dont l’engagement vocal contemporain et ses expérimentations contribuent à un renouvellement fructueux de nos conditionnements auditifs. L’argument littéraire composite inspiré par le matériau architectural de base puise ses fondements dans une culture chrétienne grégorienne millénaire. Le sens pose d’ailleurs question dans son principe d’incantation, de répétition tempéré par un habillage musical stylistique évolutif au cours des siècles. Dans ce contexte, Kyrie puis Hymne, Verset, répons à la gloire de la Vierge justifient le côté litanique sur le fond architectural et immaculé de Notre Dame : G. Amy habille en une indispensable variété toute contenue les… 51 énumérations du Sancta Maria de

Ensemble Musicatreize © Guy Vivien

A

Horstius dans des ponctuations alternées et évolutives de ses huit choristes sur le Ora pro nobis. Le langage musical rappelle ce temps de flottement des années 60 où tout fut permis et expérimenté pour rompre avec une tradition tonale jugée à bout de souffle. C’est dans ce contexte libre et atonal que sonne son chœur, polyphonique, en déchant voir en solo, inspiré par la conduite de voix novatrice de l’École médiévale parisienne de Notre Dame et la liturgie orthodoxe en conclusion. Y font écho les cloches tubulaires du percussionniste qui rappellent la vibration sereine et méditative

des vitraux et de Ronchamp, agrémentées de la douce diffusion du puits de lumière et de la toiture surélevée. En contrepoint, les interventions de deux chantres et la profonde voix de basse qui en émane rappellent tout en ondulation les inflexions du cantus planus. Au deux tiers de l’œuvre émerge l’Adagio du XVe quatuor à cordes de Beethoven (Quatuor Gustave) dont l’enchaînement extatique de sa conclusion avec le retour du chœur justifie à lui seul la greffe de ce mouvement sur les Litanies : un moment de grâce qui n’a pas échappé à Musicatreize, au sein d’une œuvre parfois redondante et néanmoins méditative au gré de nos sensibilités respectives. PIERRE-ALAIN HOYET

La XXXIe Semaine sainte s’est tenue à la Chapelle du Méjan, à Arles


26 critiques

Mortel papillonnage ! adama Butterfly est un formidable « mélo » qui, s’il est bien chanté et mis en scène, fédère les opinions positives, de celle d’un ingénu qui mettrait pour la première fois les pieds dans une maison d’opéra à celle, argumentée, d’un « lyricomane » accompli. C’est le cas à Marseille pour la reprise de la production de 2007, signée Numa Sadoul, de l’œuvre de Puccini, rehaussée d’un superbe plateau vocal. Dans le rôle titre, écrasant, la soprano Svetla Vassileva fait des prouesses. C’est une belle découverte sur la Canebière. La soprano possède ce qu’il faut de fragilité, silhouette gracile au jeu scénique hypersensible pour une adolescente geisha, et une puissance vocale impressionnante. Dans ce registre Teodor Ilincai n’est pas en reste. Son chant incisif passe sans souci l’obstacle naturel de la fosse d’orchestre et parvient jusqu’au dernier rang d’un théâtre plein à craquer. De surcroît, le ténor interprète le lieutenant Pinkerton avec davantage de nuances qu’on avait entendues dans Roméo (2011). Leur duo est la clé de voûte du spectacle, dont la réussite est couronnée par les rôles adjacents. On retrouve Paul Szot avec bonheur depuis ses débuts marseillais dans Oneguine (2004) : dans le rôle du consul Sharpless il est confondant de compassion et son baryton rayonne. Toute la distribution est à la hauteur de l’enjeu puccinien qui mêle théâtralité et ampleur vocale avec Cornelia Oncioiu (excellente

© Christian Dresse

M

servante Suzuki), Jennifer Michel (sensible femme américaine Kate Pinkerton), Rodolphe Briand (l’entremetteur et burlesque Goro), Jean-Marie Delpas (affreux et fantasmagorique Bonze !), Camille Tresmontant (le prétendant éconduit Yamadori), Mikhael Piccone (parfait commissaire impérial au mariage) et jusqu’aux choristes-maison... L’Orchestre de l’Opéra de Marseille moule son souffle symphonique dans la pâte vocale du plateau, en vertu d’une direction vigilante où Nader Abbassi fait preuve à la fois de souplesse et d’autorité. On se rend donc les yeux fermés aux représentations de l’Opéra de Marseille, pour profiter

des voix et de la scénographie, de la direction d’acteurs, sobre mais efficace, soulignant les contrastes de cultures et sociaux du livret, la psychologie propre de chaque personnage, la sensualité des scènes et de la ligne mélodique... et l’on pleure comme il se doit, lorsqu’au bout de l’ouvrage Cio-Cio San s’immole, tel un papillon épinglé à son poteau de vigie, sur les cris de remords de son mari d’opérette ! JACQUES FRESCHEL

Madama Butterfly a été donné à l’Opéra de Marseille du 16 au 24 mars

Hugh Coltman © Dan Warzy

Le côté obscur des mots

C’

est sans doute la mère de Hugh Coltman qui lui aura fait entendre, alors qu’il était encore adolescent, les chansons du crooner Nat King Cole (1917-1965) : le concert du 11 mars est un hommage à ces deux personnes. Le crooner (fredonneur en français) est un chanteur de charme à la voix veloutée qui aujourd’hui ne s’entend plus guère. Hugh Coltman, issu du pop-rock-blues, a fait le

chemin à rebours, à la découverte du jazz et des racines du répertoire chanté sur la côte Ouest des États-Unis dans les années 1940 à 1970. Il collabore aux projets du pianiste Eric Legnini et s’imprègne de ce jazz. Le Théâtre du Merlan lui a ouvert ses portes pour un récital au caractère intime mais non dépourvu d’énergie. Les deux premières chansons de son projet Shadows sont de belles ballades au swing langoureux. Are you disenchanted ? Certes non : le swing de I can’t be bothered met en lumière les musiciens qui l’accompagnent : le guitariste Thomas Naim aux démonstrations d’une grande sensualité, le piano inventif de Gaël Rakotondrabe qui parvient à opérer une belle fusion avec le chanteur. Hugh Coltman rappelle à nos mémoires la ségrégation de l’époque de Nat King Cole, sa tentative d’enlèvement par le Ku Klux Klan : Remember, anyone can

dream... fait remonter la face obscure de cette époque. La voix de Hugh Coltman est précise et chaleureuse et son corps tout entier est impliqué, grimaçant, pour donner cette texture si particulière entre l’effort et l’humour. Il joue également de l’harmonica dans Walkin’, hérité de son expérience bluesy. Le batteur Franck Agulhon se dévoile dans un solo étrange et inquiétant puis nous subjugue ainsi que le contrebassiste Christophe Minck qui a largement contribué à la magie de cette soirée. Le chanteur remercie son large public de s’être déplacé, quand aujourd’hui on peut tout avoir sans bouger de chez soi. La musique se consomme décidément sur place. DAN WARZY

Hugh Coltman Shadows-Songs of Nat king Cole / SONY MUSIC 2015 Ce concert a eu lieu au Théâtre du Merlan, Marseille, le 11 mars


Théâtre La passerelle, Gap Mars-avril 2016 THÉÂTRE & MUSIQUE

Looking for Alceste

Du 29 au 31 mars à 19:00

CIRQUE DÈS 8 ANS

L’Instinct du déséquilibre

Samedi 2, lundi 4, mardi 5 avril à 19:00

AIRS D’OPERA

Operetta

Vendredi 22 avril à 20:30

100% SHAKESPEARE

Le Tour complet du cœur

Mardi 26, mercredi 27, vendredi 29 avril à 19:30 samedi 30 avril à 16:00

EXPOSITION PHOTO

L’Illusion

du tranquille

Photographies François Deladerrière

Exposition du 26 avril au 2 juillet Vernissage samedi 23 avril à 18:30 renseignements i réservations

04 92 52 52 52

www.theatre-la-passerelle.eu

SCène Conventionnée PôLe régionaL de déveLoPPement CuLtureL PôLe tranSfrontaLier

ven 01 avril

21:00

KALOTASZEG TRIO LiCenCeS 1-1083117 2-1083118 3-1083119

lede moLière Misanthrope CoLLeCtif KobaL’t

ven 15 avril 19:00

Vendredi 1er Avril 20h30

théâtre

Auditorium 12€ / 10€

FADO FADA

muSiQue ©Jean louis Neveu

Répétition publique

Création © breSt breSt breSt

:passage: ottilie [B] saM 23 avril théâtre

1 soirée / 2 spectacles

la Brique la nuit de doMino

La Magalone 10€ / 8€

LYAKAM

Vendredi 29 Avril 20h30

19:00

Auditorium

Cie hdvZ

12€ / 10€

21:00

Cie PirénoPoLiS

infos résa 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

Vendredi 22 Avril 21h00

04160 Château–arnoux Saint–auban

CITÉ DE LA MUSIQUE

04 91 39 28 28

Billetterie en ligne : www.citemusique-marseille.com

Auditorium (Marseille 1er) La Magalone (Marseille 9e)


28 au programme musiques marseille

bouches-du-rhône

Cosi fan tutte

Fado Fada

Fiordiligi (Guanqun Yu) et sa sœur Dorabella (Marianne Crebassa) sont aimées respectivement de Guglielmo (Josef Wagner) et Ferrando (Marc Barrard). Ces derniers parient, à tort, sur la constance de leurs amantes avec Don Alfonso (Frédéric Antoun) qui, aidé par la servante Despina (Ingrid Perruche), pousse à la trahison des amants. La musique mozartienne joue des ambiguïtés et des désirs de nos personnages, dans une mise en scène de Pierre Constant, sous la direction musicale de Lawrence Foster avec l’orchestre et des chœurs de l’Opéra de Marseille.

Chanteurs de rue, ils s’aiment, mais crèvent de faim et ce ne sont pas les séguedilles et les complaintes qui vont remplir leurs estomacs. Lui, Piquillo (Rémy Mathieu), ne voit d’issue que dans le suicide, elle, La Périchole (Emmanuelle Zoldan) songe plutôt à céder aux avances de Don Andrès de Ribeira, vice-roi du Pérou (Alexandre Duhamel). Une série de confusions, de retournements s’ensuit. Bien sûr tout finit bien, dans les vives envolées de la musique d’Offenbach, dirigée par Jean-Pierre Burtin, et la mise en scène de Jean-Jacques Chazalet.

Entre le destin et la fée, la folie et la ligne de vie parcourue de rencontres, d’amours, de joies de désespérances, le chant de Guida Bastos et la danse de Marjorie d’Amora tissent de mouvantes connections. Un fragile équilibre s’instaure, rêve, réalité… Le quotidien s’irise d’une poésie onirique. L’écrin de la cour de la Magalone (avec repli dans le salon si la météo s’oppose) s’ouvre à ces précieux instants. 22 avril Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com/

©X-D.R

19 au 28 avril Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr 04 91 55 11 10

Orchestre philharmonique de Marseille

2 & 3 avril Odéon, Marseille opera.marseille.fr

De Carmen à Brodway

© X-D.R

Il est une région rurale de Transylvanie qui se nomme Kalotaszeg. Pas de Dracula dans le tas, mais trois musiciens d’exception, le violoniste virtuose et aussi chanteur Tcha Limberger, Toni Rudi (dit brac) au luth et Berki Victor à la contrebasse. Ils sont tsiganes, avec un répertoire de musiques traditionnelles d’Europe centrale, des airs de fête aux mélodies doucement ourlées de nostalgie. Violon, luth et contrebasse se conjuguent entre rythmes hongrois, roumains, bohémiens.

© Czellar Gabriella.

Sarah et Deborah Nemtanu © Marco Borggreve

Kalotaszeg

S’échappant de l’écrin de l’opéra, l’orchestre philharmonique de Marseille s’offre des escapades, et se glisse dans le bel auditorium du Pharo pour un concert où l’on entendra la célèbre Moldau de Smetana, et la non moins célébrissime Symphonie n°5 en ut mineur op.67, dite Symphonie du Destin, de Beethoven, pom pom pom pom ! Sans compter le concerto pour deux violons (Sarah Nemtanu et Deborah Nemtanu) et orchestre et le concerto pour deux pianos (Mari Kodama et Momoyo Kodama) et orchestre de Martinú le tout sous la direction enlevée de Lawrence Foster. 1er avril Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

© X-D.R

© Danielle Pierre

La Périchole

1er avril Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com/

Elle figure parmi « l’une des meilleures Carmen de la décennie » : la mezzo-soprano Annie Vavrille pose sa voix le temps d’un unique spectacle à l’espace Léo Ferré. Jonglant entre opérette et opéra, elle incarnera successivement les « icônes » féminines qui peuplent les imaginaires, libres, anticonformistes, et tragiques, depuis Carmen à Dalida en passant par Marylin Monroe. Pou pou pidou ! 30 mars Théâtre Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 toursky.fr


La Création de Haydn Sans doute l’œuvre la plus célèbre de Haydn, conçue comme un acte de foi, Die Schöpfung (La Création) est un oratorio en trois parties qui dessine les origines depuis le chaos à la rencontre entre Adam et Eve. La Genèse, le Livre des Psaumes et le poème épique de John Milton, Paradise Lost, nourrissent le livret. L’ensemble Ad Fontes Canticorum, sous la houlette de Jan Heiting, interprète cette somptueuse partition dans une version piano à quatre mains (Sandrine Schipani et Sabine Pizzicoli), transcrite par Alexander Zemlinsky et Arnold Schönberg. La soprano Cécile Limal, le ténor Jean-Christophe Born, la basse Jean-Christophe Maurice rivaliseront de sensible virtuosité aux côtés du récitant Jean-François Héron. 22 avril Basilique de Saint-Victor, Marseille 06 25 02 36 79

Théâtre national de Marseille

La Criée

L’Heure exquise

21 > 23 avril

Étonnant

© T.L.M.

3 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

Back to Bach Jean-Sébastien Bach fut l’un des premiers à composer pour la flûte traversière. On lui doit sept sonates pour flûte et clavecin (BWV 1020 en sol mineur, 1030 en si mineur, 1031 en mi bémol majeur, 1032 en la majeur, 1033 en do majeur, 1034 en mi mineur et 1035 en mi majeur). L’église Saint Julien à Arles aura le privilège d’accueillir pour interpréter ces œuvres, aux couleurs variées, le « Paganini du piccolo » Jean-Louis Beaumadier et la pianiste Véronique Poltz. Le piano ici remplacera, bravant les puristes, les sonorités du clavecin et le piccolo celles de la flûte traversière... 17 avril Église Saint Julien, Arles 06 07 60 88 53 piccolo-beaumadier.com

Festival du  © Macha Makeïeff

Sur le modèle d’Arsène Lupin, les trois amis, Rodrigue, Albert et Boris, s’introduisent dans la grande soirée organisée par le marquis Orlovski afin de dérober bijoux et parures…Mais tout ne se déroulera pas comme prévu, entre le concert, les gages, les airs à interpréter, les rivalités… Cette création de la talentueuse Troupe Lyrique Méditerranéenne, sur un livret de son directeur et metteur en scène Mikhael Piccone, reprend airs d’opérette et d’opéra, avec une jubilation de potache. (à lire sur notre site www. journalzibeline.fr)

court métrage ! LaCriéeToutCourt#4

Le meilleur du Festival international de Clermont-Ferrand, avec la complicité du Festival international du Film d’Aubagne

Pass’ 3 jours

10 €

Pour toute la famille de 2,5 à 5 €

www.theatre-lacriee.com - 04 91 54 70 54


30 au programme musiques bouches-du-rhône vaucluse

alpes

Operetta

Chaillol 2

L’Alpilium, à Saint-Rémy-de-Provence, propose en avant-première une création en partenariat avec l’association Musicades et Olivades qui en est aussi le mécène. Le compositeur, lauréat 2010 du prix Nadia et Lili Boulanger, et pianiste moult fois primé Jean-Frédéric Neuburger a dédié cette partition écrite pour piano, clarinette et deux guitares (Thibaud Garcia et Antoine Morinière), à Raphaël Sévère qui, à 21 ans, est considéré comme l’un des plus grands clarinettistes français. Des œuvres de Beethoven, Bartók et Rodrigo s’ajouteront au concert (à partir de 12 ans).

C’est la blue note délicate et inspirée du batteur Simone Prattico auquel est donnée carte blanche avec ses complices Dano Haider, guitariste et compositeur, et Gerson Saeki, bassiste. Dans la lignée des grands, comme Art Blakey, l’un des inventeurs du style de batterie bebop moderne à qui il ressemble par sa rythmique sans faille, Simone Prattico se nourrit aussi de diverses influences, tradition populaire méditerranéenne, musique afro-américaine. Le Centre culturel Valléen de Le Fayore (21 avril), la Salle polyvalente de Saint-Etienne Le Laus (22), le Château de Tallard (23), l’église de La Roche des Arnauds (24) auront le bonheur d’accueillir ce trio virtuose.

© X-D.R.

Jean-Frédéric Neuburger

C’est fou tout ce qui peut sortir d’un piano vide ! Celui posé sur le plateau d’Operetta laisse s’échapper une foule de chanteurs, acteurs, sportifs, mimes, clowns, qui enchaînent airs d’opéra et scènes de théâtre, dans une succession délirante de tableaux hilarants. Caricature, non pas, mais une capacité à revisiter l’opéra avec amour et humour. Les 25 chanteurs lyriques catalans de Cor de Teatre, mis en scène par Jordi Purti, interprètent avec bonheur Rossini, Wagner, Verdi, Bizet, Offenbach, Saint-Saëns. Des voix magnifiques propres à réconcilier les plus difficiles avec le Bel Canto ! (dès 9 ans).

Ils sont trois, Julie Roset au chant, Dorine Lepeltier au violoncelle, Elies Tataruch au clavecin, jeunes et passionnés par la musique ancienne, c’est-à-dire celle qui est antérieure à la fin du XVIIIe. Ils se produisent dans la région, et c’est le théâtre du Balcon qui aura le bonheur de les recevoir sur un programme baroque où se croiseront les airs de Lully, des cantates de John Stanley, des œuvres religieuses de Salomone Rossi et d’autres…

04 90 85 00 80

22 avril Le Balcon, Avignon theatredubalcon.org

Les églises de Chabottes (31 mars), Aspremont (2 avril), Chauffayer (3 avril) et la salle des fêtes de Montgardin (1er avril) recevront tour à tour la soprano Tehila Nini-Goldstein et le duo Sferraina, qui réunit le percussionniste Tobias Steineberger et le luthiste David Bergmüller. Le programme offrira une palette éclectique, où morceaux de bravoure du haut-baroque italien côtoieront les mélodies yéménites de l’enfance de l’interprète virtuose. Le 2 avril une rencontre entre cette immense chanteuse et le compositeur Gilad Hochman aura lieu à la librairie Au coin des Mots Passants, à Gap. 31 mars & 1er, 2 & 3 avril festivaldechaillol.com

Est-il encore besoin de présenter les deux virtuoses que sont l’altiste Lise Berthaud et le pianiste Adam Laloum ? Ils offrent un programme où verve et sensibilité se conjuguent, que ce soient les quatre tableaux des Märchenbilder (Images de contes de fées) de Schumann, partition incontournable des altistes, la Sonate « Arpeggione » en la mineur de Schubert transcrite pour alto et piano (l’arpeggione, instrument à six cordes était nommé la « guitare d’amour »), ou la Sonate n°1 en fa mineur de Brahms, à l’origine conçue pour la clarinette et remaniée pour l’alto, au timbre chéri du compositeur. Délicates voix de l’âme…

Adam Laloum © Carole Bellaiche-Mirare.

Chaillol 1

23 avril L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr

Ensemble la Mascarade

Lise Bertaud / Adam Laloum

22 avril La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

Trio Tehila Nini Goldstein © Gilad Baram

Jean-Frederic Neuburger © Rikimaru Hotta

04 92 52 52 52

21 au 24 avril festivaldechaillol.com

29 mars Opéra du Grand Avignon, Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr


bouches-du-rhône vaucluse musiques au programme

Epistola

31

Le Grand bazar

© Jazzpilon

Paolo Fresu quintet

Carmen Souza et Théo Pascal unissent leurs univers musicaux dans ce nouvel opus où s’entremêlent les rythmes traditionnels africains et capverdiens et le jazz contemporain. Sur la voix inimitable de Carmen Souza, à la fois sensuelle, suave ou frénétique, le bassiste Théo Pascal pose ses notes subtiles qui révèlent ce qu’ils appellent « un jazz organique ». L’album recèle huit chansons nées de cette complicité, mais aussi trois reprises, Moonlight Serenade de Glenn Miller, Cape Verdean Blues d’Horace Silver et Mira Me Miguel, une chanson traditionnelle du Nord Est du Portugal.

© X-D.R

Le groupe de chanson rock Weepers Circus revisite les grands standards de la chanson enfantine et ça déménage ! Il était un petit navire fait onduler façon hawaïenne, Pirouette Cacahuète devient un rap déjanté, Promenons-nous dans les bois swingue comme un vieux rock… tous les styles sont là pour faire chanter et danser petits et grands ! 13 avril Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com

Before the wall

29 mars La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

08 2013 2013

Still Point

22 avril GTP, Aix lestheatres.net

04 91 54 70 54

Le «tribute band» Encore Floyd, spécialisé comme son nom l’indique dans le répertoire de ces géants du rock planant, reprend dans ce spectacle le meilleur des albums du groupe psychédélique. Sous-titré De Syd Barrett à Animals, il fait référence aux années 1967 à 1977. Si l’interprétation d’Encore Floyd se veut la plus fidèle possible en se rapprochant du son de l’époque, elle intègre aussi les technologies actuelles dans une scénographie originale avec images mixées en temps réel, clips vidéo et documentaires, et animations 3D.

C’est bien l’esprit de Woodstock, mythique festival de l’histoire du rock et de la culture hippie qui se déroula durant 3 jours dans l’État de New York en 1969, que tente de faire revivre ce concert riche en couleurs et en émotions ! Dans une atmosphère très flower power, les musiciens reprennent les titres célèbres de Bob Dylan, des Beach Boys, The Who, Cat Stevens, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Joe Cocker, Santana…

7 & 8 avril Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr

© Artists Live

© X-D.R.

Woodstock’Spirit

Quand les sons traditionnels des musiques africaines croisent des harmonies classiques occidentales, ça donne Still Point, un projet musical mené par le musicien congolais Ray Lema et l’ensemble de musique de chambre Des Équilibres, dans sa formation en quatuor à corde. Les compositions créées par Ray Lema dépassent les frontières, inventent des dialogues musicaux inédits qui associent son blues jazzy à la richesse harmonique du quatuor.

© Charlotte Spillemaecker

@ Lorenzo di Nozzi

04 91 54 70 54

Le dernier album du trompettiste Paolo Fresu et de son quartet -constitué de Tino Tracana (saxophone), Roberto Cipelli (piano), Attilio Zanchi (contrebasse) et Ettore Fioravanti (batterie)- célèbre leurs 30 ans de collaboration et d’amitié. Les treize compositions originales du bien nommé ¡30! se caractérisent par des mélodies qui alternent polyrythmie, rythmes africains et ponctuations de silence en un équilibre parfait.

19 avril La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

04 42 87 75 00

22 avril Espace NoVa, Velaux espacenova-velaux.com


32 au programme spectacles marseille bouches-du-rhône

La Traversée dans la complexité de leurs destins. Dans La Grande chambre, enfin, le texte de Fabienne Kanor (le seul à être conçu pour le théâtre) fait référence à la traite négrière, au XVIIIe siècle, par l’évocation de ces chambres situées dans l’entrepont des négriers, où l’on parquait les captives durant la traversée ; au Havre, une femme, « antillaise de France », raconte ce que fut l’histoire de ses ancêtres, premiers « Noirs de France », domestiques achetés au statut d’homme libre (31 mars). À noter que l’intégrale sera jouée le 1er avril, et que le diptyque (La Vie sans fards (précédé de) Ségou et La Grande chambre), joué le 2 avril, s’inscrit dans le cadre de l’itinéraire du Train Bleu (voir p 18). Insulaires © X-D.R.

La metteuse en scène française afropéenne Eva Doumbia, fondatrice de la Cie La Part du pauvre/Nana Triban, présente trois spectacles qui font la part belle à la figure féminine noire. Dans Insulaires (créée à la Criée), trois voix majeures de la littérature –Yanick Lahens, Jamaïca Kincaid, Fabienne Kanorracontent, en trois monologues, des moments de l’histoire des Antilles, lors d’un parcours littéraire et musical qui fait résonner le passé et le présent d’une histoire mal traitée et souvent oubliée (29 mars). Le lendemain, place à La Vie sans fards (précédé de) Ségou, deux œuvres de Maryse Condé : en premier lieu son autobiographie qu’Eva Doumbia adapte en un montage qui entremêle le récit à de la musique et des chants ; et, en prélude à cette épopée, des extraits de Ségou donnent à entendre trois portraits de femmes noires

Voyages en solitaire(s)

La Traversée – Invasion Eva Doumbia 29 mars au 2 avril La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com

Le Cas Blanche-Neige

Suite et fin du temps fort consacré aux spectacles « seul en scène » avec les deux derniers spectacles : Dans ton jardin à toi, mis en scène par Céline d’Aboukir et joué par Emeline de la Porte des Vaux, repose sur une prise de parole drôle, pleine de dérision et de sensibilité qui interroge la place de chacun dans la société et les moyens de la trouver (29 et 30 mars) ; J’ai tué maman, sur un texte d’András Visky, relate le chemin qui va de la privation d’identité et de liberté jusqu’à leur réappropriation. Eszter Nagy incarne une fille élevée dans plusieurs orphelinats de Transylvanie qui se décide à rechercher ses racines après la chute du régime communiste (1er et 2 avril). 04 9191 52 22

Le Lenche, Marseille theatredelenche.info

04 9191 52 22

12 au 16 avril Le Lenche, Marseille theatredelenche.info

© Caroline Victor

La poésie du Hongrois Attila József sera au centre du spectacle de la Cie Flacara mis en scène par Frédéric Grosche. Plusieurs extraits de poèmes ont été choisis en fonction de leur qualité de résonnance au plateau, les deux comédiens naviguant entre deux langues, deux cultures, incarnant par ses mots, les obsessions, les exaltations et les craintes du poète qui a traversé en grand témoin la première moitié du XXe siècle.

© X-D.R.

J’ai tué maman © Studio M

Ta blessure est ce monde ardent

La metteuse en scène Carole Errante fait le très intéressant et singulier pari de créer une forme ludique et libérée autour de la figure de la féminité, en mêlant les mots du dramaturge Howard Barker dans sa réécriture crue et drôle du conte de Blanche-Neige à l’univers exubérant, sensuel et potentiellement inquiétant du music-hall. Au final, cette figure hybride est une créature tour à tour effrayante, grotesque et tragique, simplement fascinante… 21 au 23 avril Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr


Hikikomori le refuge

Scène conventionnée pour la création jeune public tout public

15 > 16 AVRIL

© Siegfried

Une longue peine

Au Japon, certains individus, des adolescents pour la plupart, vivent cloîtrés dans leur chambre et refusent toute communication, incapables de montrer le moindre intérêt pour le monde réel. C’est le cas du jeune Nils, qui vit le casque vissé sur les oreilles, dans sa chambre. Par un inventif dispositif scénique, Joris Mathieu crée une fiction qui prend la forme d’une aventure subjective et propose trois histoires différentes, trois versions, selon le point de vue entendu, celui du père, de la mère et de l’enfant.

Théâtre et Arts numériques

« Les longues peines », c’est le terme qui désigne des hommes et des femmes qui restent enfermés en prison de nombreuses années. Didier Ruiz, La compagnie des Hommes, qui a rencontré cinq anciens détenus, met en scène leur parole qui raconte la punition, le chagrin, l’abîme de la disparition et l’échappée intérieure d’un autre monde. Une rencontre animée par Jean-Michel Gremillet précède le spectacle, avec Bernard Bolze, François Cervantes et Serge Portelli. En parallèle, les 30 et 31 mars, le cinéma le Gyptis programme 3 projections : À côté et À l’ombre de la République de Stéphane Mercurio, et Visages défendus de Catherine Réchard.

04 91 64 60 00

THÉÂTRE MASSALIA COLLECTIF LE NOMADE VILLAGE

15 > 17 AVRIL Installation mise en jeu, en musique et en lumières

COLLECTIF I AM A BIRD NOW & LA COMPAGNIE D’À CÔTÉ

23 > 24 AVRIL

1er avril La Friche, Marseille lesbancspublics.com

Théâtre sonore

+ 7 ans

+J’AVANCE +LE CHEMIN S’ÉTIRE THÉÂTRE DE L’ARPENTEUR

Friche la Belle de Mai 41 rue jobin / 12 rue François Simon 13003 Marseille 04 95 04 95 75 { Billetterie } www.theatremassalia.com

© Jorge Perez

© Denis Rouvre

Pour ce spectacle, Josette Baïz a demandé à des femmes, chorégraphes françaises ou étrangères, reconnues ou émergentes, une de leurs pièces les plus typiques de leur répertoire : Blanca Li, Sun-A Lee, Katharina Christl, Eun-Me Ahn, Dominique Hervieu et Germaine Acogny. Des univers forts et singuliers qui donnent des visions décalées et personnelles du monde, dans un bel ensemble. 21 & 22 avril Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

+ 6 mois

(EN)QUÊTE DE NOTRE ENFANCE

Si Fellag se méfie des gens « qui n’ont pas le sens du second degré », ça ne l’empêche heureusement pas de continuer à brandir le rire comme seule arme, surtout lorsqu’il parle de son Algérie réelle comme rêvée à travers le prisme de sa fantaisie sans limites. Toujours mis en scène par Marianne Épin, il présente Bled Runner comme un voyage au cœur des textes puisés au fil de des spectacles écrits ces vingt dernières années pour la scène, qui mettent notamment en lumière son combat pour l’acceptation et la connaissance de l’autre.

Welcome

+ 12 ans

LA FILLE DES PLATEFORMES

Bled Runner

30 mars & 1er avril Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

2016

21 au 23 avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr 20 avril La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr


34 au programme

spectacles

marseille bouches-du-rhône

Petits crimes conjugaux

La fille des plateformes

© Ludo Leleu

Rocco

30 mars au 1er avril Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

15 au 16 avril Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com platformshift.eu

(En)quête de notre enfance

© Jean-François Garraud

© Simon Gosselin

La Cie Duzieu poursuit son enquête sur la façon dont l’Europe se construit, en fantasmes, idéologies et frontières matérielles, vis à vis de l’étranger. Troisième et dernier volet du cycle Spectres de l’Europe, ce spectacle adapté aux 15 ans et plus est une fiction contemporaine située dans un aéroport. Le médecin qui dirige le service médical est arabe ; un jeune homme, arabe également, vient d’y mourir : peur et et incompréhension se font jour. Face aux tensions qui s’exacerbent, Nathalie Garraud (mise en scène) et Olivier Saccomano (écriture) résument en un mot leur théâtre : fraternité.

29 au 31 mars Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com En partenariat avec Les Théâtres

© Franck Frappa

Soudain la nuit

Les Affaires sont les affaires

5 au 9 avril Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

Au Théâtre Massalia, un groupe d’adolescents travaille régulièrement depuis la saison dernière avec une auteure, Karin Serres, et un artiste multimédia, Philippe Domengie, dans le cadre d’un projet de coopération européenne intitulé Platform shift +. Issue de leurs rencontres, La fille des plateformes, quête mystérieuse d’une légende urbaine, allie les arts numériques au théâtre, qui gagne ainsi en souplesse narrative et interactivité. À partir de 12 ans.

21 au 23 avril Ballet National de Marseille 04 91 327 327 ballet-de-marseille.com

19 avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

Isidore Lechat, brasseur d’affaires et prédateur sans scrupules, fait de l’argent de tout et accumule les millions volés sur le dos des plus faibles et des plus pauvres… Mais l’argent roi qui corrompt aussi bien les intelligences que les cœurs et les institutions le perdra. Claudia Stavisky met en scène l’œuvre d’Octave Mirbeau, dans laquelle la société du début du XXe qu’il dépeint ressemble étrangement à la nôtre.

© X-D. © Alwin Poiana

Gilles revient enfin chez lui, après une semaine passée à l’hôpital : un mystérieux accident l’a rendu amnésique. Lisa, sa femme depuis quinze ans, l’aide à essayer de recouvrer la mémoire. Du moins c’est ce qu’elle dit… Car Gilles est méfiant, et cherche à comprendre qui il était, quelle relation l’unissait à sa femme et comment elle le considérait. Marianne Epin signe une mise en scène fluide et rythmée de la pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt, qui analyse avec lucidité et humour la vie à deux.

En s’inspirant du cinéma de Visconti dans Rocco et ses frères, et du destin de la légende de la boxe Mohamed Ali, Emio Greco et Pieter C. Sholten transforment un combat de boxe en une danse sculpturale. Quatre danseurs s’affrontent deux par deux sur un ring, et deviennent des boxeurs à coups de poing, de jeux de jambes rapides et de tactiques virtuoses.

La Compagnie d’à Côté et le collectif I am a bird now s’inspirent librement de l’œuvre de l’artiste japonais Katsumi Komagata, auteur et éditeur de délicats livres jeunesse. Sous la forme d’une « installation performative pour tous, dès six mois », Aurélie Leroux et Daniela Labbé Cabrera proposent leurs Opus 1 et 2. Courts et empreints de douceur (1/2h + 25 minutes d’exploration libre), ces formats chorégraphiques et musicaux envisagent les couleurs, formes, traces et ombres à hauteur d’enfant. 15 au 17 avril Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com 19 & 20 avril Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

04 42 11 01 99

1 & 2 avril Théâtre de Fos scenesetcines.fr



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Invasion Doumbia à la Criée, Le forum de la Méditerranée et Gaza inédite au MuCEM, Maryline Desbiolles et Bernard Pages à la galerie Béa-Ba, Le Parc Bougainville et Euromed 2, Picasso et les arts et traditions populaires...


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bouches-du-rhône marseille spectacles au programme

+ j’avance, + le chemin s’étire

39

Dîner art et inspiration

Danse, vins et menus raffinés : il ne s’agit pas là d’une orgie à la romaine, mais d’une soirée organisée par le Ballet National de Marseille pour présenter des extraits de son nouveau spectacle, Rocco, pièce chorégraphique inspirée de l’ambiance d’un match de boxe. Le chef Emmanuel Perrodin orchestrera la partition culinaire, accompagnée de vin de Bandol (Le Moulin de la Roque), et les bénéfices de cette soirée en cinq rounds financeront les actions en développement au Ballet. © K. Kajiyama

Enfin un spectacle qui prend le handicap en compte, de manière sensible et pénétrante ! Le théâtre pour voyants et non voyants d’Hervé Lelardoux raconte l’histoire de Noémie, une fillette aveugle qui rêve de pouvoir aller toute seule à l’école. La « curiosité au monde qui caractérise l’enfance » est décuplée chez elle, qui s’imagine tout ce qu’elle ne voit pas. Mention spéciale au travail de réalisation sonore de David Segalen, permettant au spectateur d’accompagner Noémie dans son parcours sensoriel. À partir de 12 ans.

Les résidences d’artistes s’achèvent à Klap par une découverte dansée, offerte au public sur réservation. Le tour de Mikiko Kawamura est venu : cette jeune japonaise a été « repérée pour son audace, sa capacité à représenter une féminité asiatique contemporaine, une écriture singulière de l’espace et un mouvement caractérisé par l’authenticité ». Elle séjourne en France pour quelques mois, investissant tour à tour différents centres chorégraphiques, un peu à la manière des Compagnons.

© X-D.R.

© Nicolas Joubard

Mikiko Kawamura

22 au 24 avril Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

04 91 32 73 27

19 avril BNM, Marseille ballet-de-marseille.com

19 avril Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr

UtopiK

Antoine Duléry fait son cinéma

Que nous réserve la Sirène d’avril, comme chaque 1er mercredi du mois à midi pile, sur le parvis de l’Opéra de Marseille ? Une performance musicale et chorégraphique orchestrée par Philippe Fenwick, co-directeur artistique de la compagnie Zone d’Ombre et d’Utopie (ZOU). Première étape de travail de Transsibérien je suis, sa prochaine création, UtopiK remonte le temps, 40 ans en arrière : un haut dignitaire soviétique est attendu pour discourir de politique culturelle... mais rien ne se passe comme prévu. 6 avril Parvis de l’Opéra Lieux Publics, Marseille 04 91 03 81 28 lieuxpublics.com

© Patrick Gaillardin

La chorégraphe Tânia Carvalho s’inspire pour cette création de l’écriture intranquille de Fernando Pessoa, l’homme aux mille « proliférations de soi-même ». Sur scène avec Luís Guerra et Marta Cerqueira, elle juxtapose des solitudes, « songes les unes des autres ». Quarante minutes d’intense intériorité, où l’on guettera l’ombre provocante, mystique et mélancolique du poète.

Tania Carvalho © Rui Palma

© Benoit Fortyre

Aperçu - 5 Room Puzzle

19 & 20 avril Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr

Pascal Serieis met en scène Antoine Duléry dans un one-man-show dédié aux héros des salles obscures : ses anciens compagnons de tournage, côtoyés au fil des ans et dont il apprécie le travail, ou bien ceux qui l’ont influencé. Belmondo, Serrault, Arditi, Delon, mais aussi Jouvet, Galabru ou Luchini... un casting de rêve ! L’acteur déploie un don d’imitation certain, et d’anecdote malicieuse en anecdote émouvante, il rend un vibrant hommage au métier de comédien. 1er avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr


40 au programme spectacles bouches-du-rhône

Bulle

Torobaka

Les artistes de la compagnie Okkio chantent les quatre saisons pour les tout-petits, avec un spectacle musical évolutif, dont ils livreront la version printanière au Comoedia. Isabelle Lega (chant, bruitages vocaux) et Eric Dubos (chant, guitare) proposent un répertoire tendre et malicieux, tantôt jazzy, tantôt folk, composé de reprises ou bien d’airs de leur cru. Adapté au jeune public à partir de 2 ans, qui reprendra en chœur ses comptines favorites...

Hubert Colas était attendu avec impatience sur la scène du Bois de l’Aune. Le voici de retour avec trois courtes pièces du dramaturge britannique Martin Crimp. Travaillant « l’effroyable au milieu du calme et du banal », les deux compères s’entendent à faire sortir l’humanité de sa zone de confort. À force de troquer sa liberté contre une illusion de sécurité, l’individu contemporain se ferme à l’inattendu : voilà qui devrait réveiller, sinon une conscience sociale, du moins une perception du monde engourdie. Entrée libre sur réservation.

© Jean-Louis Fernandez

© Thomas Bohl

Face au mur

Entre tradition indienne et flamenco, peu de relations apriori, et pourtant, la rencontre entre ces deux mondes où geste et sens sont intimement liés, offre un spectacle d’une profonde unité. Akram Khan et Israel Galván, mêlent le kathak indien et le flamenco, remontant aux principes des deux danses et y découvrent une pulsation commune et envoûtante. Torobaka séduit tous les publics. 7 au 9 avril Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

© Patrick Laffont

20 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

L’Affaire Dussaert

Pierre et le loup

31 mars & 1er avril Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune

Démonter les rouages fort graissés de l’art contemporain, sur scène, avec intelligence et lucidité, c’est l’entreprise salutaire à laquelle se livre Jacques Mougenot, sous la forme d’une conférence théâtralisée. En partant du cas de Philippe Dussaert, peintre initiateur du mouvement « vacuiste » dans les années 80, dont la carrière culmina par l’exposition d’une galerie... vide, il pointe avec humour les dérives d’un univers souvent plus porté sur la spéculation financière que sur l’artistique. 22 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

Princesse vieille reine unit la délicate interprétation de Marie Vialle et les mots de Pascal Quignard. Il y a les robes des contes, couleur du temps, du ciel ou du soleil, il y a celles des princesses qui deviennent de vieilles reines, belles et tristes. Les poèmes se tressent, enlacent les récits où se dessinent entre autres les figures d’Emmen, la fille de Charlemagne, Emily Brontë, George Sand, la fille du gouverneur d’Ise au Japon en 888… Poésie subtile où les entrechats du verbe tissent l’étoffe des rêves. 15 au 19 avril Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune

© JC Carbonne

© Ben Dumas

Princesse vieille reine

Émilie Lalande reprend le principe de Prokofiev qui apprend à découvrir et reconnaître les instruments par la vertu de son conte musical, Pierre et le loup, accordant à chaque personnage un thème et un instrument. Ici, ce sont les gestes qui diffèrent pour chaque protagoniste de l’histoire. Les aventures de Pierre sont ainsi transcrites dans le vocabulaire de la danse avec cinq interprètes, sur la musique de Prokofiev et la voix de conteur de Lambert Wilson. Un spectacle familial à partir de 5 ans. 17 & 18 avril Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org


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L’enfance politique

La journée de Lila

Première pièce de la trilogie Pièces du Vent et second cycle du projet Injonglabilité Complémentaire des Éléments, L’après-midi d’un Foehn Version I, présente sur la musique de Debussy un ballet chorégraphique inattendu de marionnettes confectionnées sur place. Tout est si simple ! Ciseaux, scotch, sacs plastiques et sept ventilateurs et une ronde fragile et multicolore. Beauté aérienne, poésie délicate des envols, qui n’ignorent pas la nuisance du retour au sol Un spectacle onirique de Phia Ménard, accessible dès 5 ans. 25 minutes de bonheur (lire chronique sur journalzibeline.fr).

Spectacle conçu pour les tout-petits et offert par la ville de Gardanne aux quatre crèches, La journée de Lila, joué par la Compagnie du Kafoutch, appartient au genre du théâtre d’objet et de chansons. Le quotidien devient sujet à chansons et inventions joyeuses. On suit la petite Lila de son réveil à la nuit, on partage avec elle les moments-clé de la journée, repas, sieste, toilette, mais aussi ses découvertes. Un joli moment intime qui joue à enchanter le réel. Une belle initiation à la vie…

20, 22 & 23 avril Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

14 avril 3bisf, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com

Les culs-terreux Tentative de fugue Dans la suite logique de Un Diptyque, Tentative de fugue (Et la joie ?… Que faire ?), constitue une nouvelle expérience commune du collectif En Devenir, fondé en 2012. Le travail présenté interroge la relation entre la multiplicité et le singulier, partant de la « vieille idée romantique qu’il ne peut y avoir de joie sans souffrance ». Fulgurances et moments se succèdent, offrant un patchwork de la société. Un chœur, à l’instar de ceux des origines du théâtre, apportera sa voix, sa fougue, ses élans, l’ensemble recherchant la source de l’enthousiasme. Un théâtre contemporain et dionysiaque ? 30 & 31 mars Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

Dans le cadre des créations universitaires, intégrées au cursus de formation Arts du spectacle de l’université de Provence, on pourra voir Les culs-terreux, mis en scène par Franck Dimech (metteur en scène professionnel invité pour cette création). La pièce s’articule autour de trois textes, L’épi monstre de Nicolas Genka, Arrière-fond de Pierre Guyota et A.lp_r.v.A de Maxime Reverchon. Les étudiants ont comme consigne de fabriquer un « objet de langue » à partir de ces œuvres et d’explorer « la notion d’oralité rurale et de travailler son énonciation ». 19 & 23 avril Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

© X-D.R

La compagnie Vol plané adapte au théâtre le roman de Noémie Lefebvre, L’enfance politique. Il s’agit d’un long monologue : Martine, à la quarantaine, après un séjour en HP, revient vivre chez sa mère. Journées à fumer à regarder des séries TV… elle recherche ce qui a provoqué cet effondrement, traumatismes liés à la violence du monde ? Marianne Houspie interprète cette voix singulière qui réinvente grammaire et syntaxe dans une mise en scène de Pierre Laneyrie. Une étape de travail sera présentée au 3bisf.

18 & 19 avril Divers lieux, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

Zaza et les zanimos Et voilà, les parents de Zaza ont été très fermes et ont refusé l’adoption d’un animal, cette source de poils, de saletés, de contraintes. Aussi la petite fille décide d’inventer un zoo (tant qu’à faire, voyons grand !). Bien sûr ce sont des animaux « pour de faux », mais ils peuplent toute la maison. Magali Braconnot (Cie du Kafoutch) avec un humour communicatif nous plonge dans une délicieuse et poétique fantaisie. Spectacle conçu pour les petites sections maternelles (3€).

© X-D.R

© Jean-Luc Beaujault

© Cie Vol plané

L’après-midi d’un Foehn

20 & 21 avril Maison du Peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr


42 au programme spectacles bouches-du-rhône

Ruptures

Demain il fera jour

Illustrant à merveille le thème de la saison de l’espace Nova, Le Bonheur, la compagnie La Naïve nous invite à une exploration sensitive et sensuelle du monde à travers une Conférence théâtralisée autour des plaisirs culinaires. À nous les trésors des potagers et les lectures qui assaisonnent ces agapes gourmandes de leurs anecdotes ! Fruits et légumes offriront leurs histoires parfois étonnantes et leurs saveurs… Le bonheur se partage, et c’est gratuit.

Ce spectacle est le premier volet d’un diptyque (avec Maintenant !, de la même Cie Demain il fera jour) qui « se veut un hommage à tous ceux qui, n’ayant pas renoncé à être les héros de leur propre vie, tentent de s’inventer un destin ». Seul en scène, accompagné par la musique de Cédric Le Guillerm, Vincent Clergironnet fait jouer les reflets d’un miroir sans tain pour glisser d’un costume à l’autre, d’un personnage à l’autre : jeune cadre, paysan, gendarme, soldat, voyou, clochard… tous tentent de changer le cours de leur vie de héros ordinaires.

Pour créer ce spectacle, l’auteur Michel Bellier et la comédienne et metteure en scène Isabelle Bondiau-Moinet se sont nourris de rencontres et de témoignages avec les habitants de la ville qui ont comme point commun une rupture, qu’elle soit amoureuse, social, familiale, géographique… Les mots recueillis donneront naissance à un personnage, à une histoire qui se jouera en appartement.

2 avril Espace Nova, Velaux espacenova-velaux.com

Agamemnon

18 au 22 avril Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com

Comme la tragédie grecque mêlait les formes, D’ de Kabal et Arnaud Churin revisitent l’Agamemnon d’Eschyle en alliant rap, opéra, danse, human beatbox et slam. Les cultures et les disciplines se mélangent dans un déferlement d’énergie pour remettre au goût du jour l’histoire de ce roi victorieux de la guerre de Troie et en faire une tragédie moderne.

L’Intrépide soldat de plomb

© Xavier Ruinart

04 42 87 75 00

© Albert Wolff 2011

Les Billevesées du potager

04 42 10 23 60

1er avril Forum de Berre forumdeberre.com

13 avril Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

30 mars Forum de Berre forumdeberre.com

© Christophe Raynaud

21 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Il était une fois vingt-cinq soldats identiques, tous frères car nés d’une vieille cuillère de plomb. Un seul était différent, il n’avait qu’une jambe. Une chose en entraînant une autre, ce petit héros téméraire va entreprendre un voyage initiatique… Stefan Wey met en ombre, en lumière et en jeu le conte d’Hans Christian Andersen, sous une gigantesque toile de parachute qui devient l’écrin de cette suite vertigineuse d’obstacles au bonheur d’un intrépide soldat de plomb.

04 66 36 65 10

04 42 10 23 60

Chez certains enfants, l’adolescence arrive comme un boulet de canon, chez d’autres, progressivement, elle s’installe. Mais c’est toujours un moment crucial, celui où l’on rebat les cartes avant d’entrer dans le grand jeu de la vie. Pauline Bureau de la Cie La part des anges a écrit son texte en collaboration avec les acteurs du spectacle : Aurore et Théo, deux préados, s’y rencontrent en rêve après avoir traversé des épreuves et accompli des exploits, et tout devient possible. À partir de 8 ans.

© Pierre Grosbois

© Alain Baczynsky

Dormir 100 ans

04 42 56 48 48

23 avril L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

29 avril La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com


bouches-du-rhône gard spectacles au programme

De l’enfer au paradis

43

Chroma

Inspiré de La Divine Comédie de Dante, le spectacle d’Emiliano Pellisari et Mariana Porceddu emprunte autant à la danse qu’à la magie nouvelle et au cirque. Sur fond d’électro, de rock ou de classique, six danseurs forment et déforment les images d’un kaléidoscope, s’envolent, retombent, semblent flotter. Treize tableaux se succèdent pour évoquer le voyage initiatique du poète à travers l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis.

04 42 56 48 48

19 avril L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

En résidence de création au Citron Jaune, Centre national des arts de la rue, le duo aérien Les Sélène va y créer le Second mouvement des Heures séculaires dont deux présentations auront lieu les 6 et 7 avril au Citron Jaune. Laura de Lagillardaie et Olivier Brandicourt sont réunis « dans un travail qui puise sa force de l’air, dans cet espace baigné de lumière et de silence, qui laisse à entendre et voir cet endroit invisible et indicible… ». Ils donneront par ailleurs le Premier mouvement du spectacle le 10 avril au Marais du Vigueirat, à l’occasion de la journée des producteurs.

© Bruno Geslin

© X-D.R.

Heures séculaires

Bruno Geslin adapte l’ouvrage autobiographique Chroma, un livre de couleurs de Derek Jarman et signe, avec la compagnie La Grande Mêlée, un poème théâtral et musical (Mount Analogue) autour des souvenirs de jeunesse, des expériences artistiques et du journal d’hospitalisation de l’artiste anglais qui revisite à chaque chapitre, en rentrant progressivement dans la cécité, une couleur différente. Une lumineuse immersion dans l’image qui célèbre la vie lorsque la nuit approche (spectacle bilingue français-anglais, surtitré en français).

6, 7 & 10 avril Marais du Vigueirat, Arles 04 42 48 40 04 lecitronjaune.com

Sacré printemps À partir de l’histoire tunisienne et des bouleversements du monde arabe, les chorégraphes Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou offrent une réponse bouleversante au Sacre du Printemps de Stravinski. Le duo tunisien met sous tension un groupe de danseurs qui tente sans cesse de se mouvoir, se relever et tenir debout, en solo ou collectivement, animé par les gestes de la révolte et le désir de vivre. Une pièce exaltante, portée par la sublime voix de la cantatrice Sonia M’Barek sur la bande son d’Eric Aldéa et Ivan Chiossone et la scénographie de Dominique Simon qui s’appuie sur les dessins de Bilal Berreni représentant les martyres de la révolution tunisienne.

© Dieter Hartwig

L’heure où nous en savions trop l’un sur l’autre

« Il était une fois une histoire vraie qui n’a jamais existé. » C’est ainsi que commence le spectacle d’Olivier Sauton, dans lequel il incarne un comédien débutant qui croise son idole dans la rue par hasard et lui demande de lui donner des cours de théâtre. Ce dernier accepte et va lui prodiguer au fil des rendez-vous des leçons de théâtre mais également de vie. Le comédien, qui est aussi l’auteur du texte, passe finalement d’un personnage à l’autre, sans jamais tomber dans la caricature. 1er avril Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr

© Blandine Soulage

© Gaelic

Fabrice Luchini et moi

04 66 36 65 10

04 90 52 51 51

22 avril Théâtre d’Arles theatre-arles.com

31 mars & 1er avril Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

Clin d’œil à la pièce de répertoire sans parole de Peter Handke, la compagnie berlinoise Nico & The Navigators questionne ici l’identité et les liens entre les individus avec son théâtre musical inclassable et son sens de l’autodérision grisant. Sur une place animée d’incessantes allées et venues, une vieille dame, un groupe d’hommes d’affaire, un jogger… autant de personnages hauts en couleurs, pris dans une suite de réactions en chaîne, qui rendent le quotidien plus léger de leur délirant langage visuel et sonore…

04 66 36 65 10

6 avril Théâtre de Nîmes theatredenimes.com


44 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse

Une Semaine du petit Elfe Ferme-l’œil

La Tempête

Avec cette comédie amère sur la mécanique du pouvoir, adaptée de l’œuvre ultime de William Shakespeare, la compagnie Les Têtes de bois boucle sa trilogie élisabéthaine Divine Tragedia. La Tempête est construite autour du personnage de Prospero, dépossédé du Duché de Milan et réfugié avec sa fille Miranda sur une île inconnue, qui deviendra son « théâtre des événements », après qu’il ait appris l’art de la magie…et de la vengeance. À partir de 12 ans.

Après la pièce À l’ombre de nos peurs accueillie en Nomade(s) en début d’année, Laurance Henry poursuit son compagnonnage avec La Garance en présentant Murmures au fond des bois, l’autre moitié de son diptyque autour de la peur. L’auteure-metteur en scène et sa compagnie de théâtre jeune public AK Entrepôt, plongent ses comédiens (et les jeunes spectateurs dès 7 ans) à l’orée d’un bois, une nuit de pleine lune, pour une partie de cache-cache au milieu des ombres… et de la peur. C’est si bon d’en jouer…

Programmée au Claep de Rasteau par Arts Vivants en Vaucluse, dans le cadre de Festo Pitcho, voici un conte d’Andersen revisité par l’Agence de Fabrication Perpétuelle qui promet aux enfants dès 6 ans un voyage enchanté au pays des songes. C’est en compagnie du personnage d’Ole Ferme-l’œil, qui viendra durant 7 soirs raconter des histoires pour endormir le petit Viktor, que la comédienne Valérie Paüs et le musicien Sebum illustrent tout en douceur ce voyage temporel qui fait place à l’imaginaire et la rêverie.

© X-D.R.

21 avril L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr

© X-D.R.

© JM Collaniza

Murmures

20 avril La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 l lagarance.com

L’usage du monde

04 90 33 96 80

25 & 26 mars Claep, Rasteau artsvivants84.fr

Les deux frères et les lions

© Matieu Hillereau

La Compagnie STT (Super Trop Top) et l’artiste associé à La Garance, Dorian Rossel, reprennent leur création autour du récit initiatique de l’écrivain-voyageur Nicolas Bouvier. Sur scène, cinq comédiens et musiciens « à la recherche d’une compréhension d’eux-mêmes par l’exploration du monde » se fondent dans la langue singulière de l’auteur, se font baladins et conteurs pour s’offrir au monde, et à son usage, s’engouffrent dans la musique et les silences, au confins des mots. En tournée dans les villages Nomade(s) du Vaucluse. Super Trop Top !

Les enfants sont décidément gâtés à La Garance ! Avec Macaroni !, une création belge du Théâtre des Zygomars accueillie en tournée Nomade(s) six soirs durant, ils découvriront, dès 8 ans, le témoignage poignant de l’auteur de BD Vincent Zabus sur les mémoires d’un ancien mineur, immigré italien en Belgique. Ils iront à la rencontre, en chair et en marionnettes, entre un jeune garçon de 10 ans et son grand-père. Transmission, immigration, secrets de famille, relations intergénérationnelles… de quoi apprendre à grandir en creusant au fond de soi. Et du monde.

© Bertrand Thomas

© Rodolphe Tombe

Macaroni !

6 au 9 avril La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com 21 au 27 avril La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

Des jumeaux en survêt et cheveux gominés viennent nous raconter leur histoire (véridique) de petit gamins de banlieue anglaise devenus milliardaires. Des nouveaux riches, autodidactes, reclus dans leur paradis fiscal, qui ont usé sans scrupule de méthodes impitoyables pour conquérir le monde. Des vrais pros du libéralisme qui trouveront la parade pour sauver leur fortune quand le droit féodal interdit (encore) aux femmes d’hériter. Délicieusement odieux quoi ! Une magistrale interprétation de Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre et Lisa Pajon (lire chronique sur journalzibeline.fr). 21 avril Théâtre Benoit XII ATP, Avignon 04 86 81 61 97


vaucluse spectacles au programme 45

On t’appelle Vénus Sherlock Holmes et le chien des Baskerville

Elle © Patrick Berger

© V. Semensatis

En mettant ses pas, et les nôtres, dans ceux de la Vénus hottentote, cette femme sud-africaine à la morphologie hors norme qui, au début du XIXe, vécut l’enfer des foires européennes, exposée comme un animal exotique, la danseuse chorégraphe Chantal Loïal et sa Cie Difé Kako interrogent le regard de l’Occident sur le différent. Philippe Lafeuille et Paco Décina collaborent à la chorégraphie. Une pièce vibrante et essentielle, à voir dans le cadre des 10 ans du Café des Sciences accueillis au Théâtre des Halles. Une conférence, Devenir humain… et le rester, aura lieu en amont ; un débat suivra la représentation.

22 & 23 avril Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 theatredescarmes.com

© Cie le Kronope

2 avril Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com

Identités et paysages humains

Fin de série

© Geraldine Aresteanu

31 mars au 2 avril Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr

Les filles aux mains jaunes En coréalisation avec La Garance et en partenariat avec la Chartreuse, le Théâtre des Halles accueille l’œuvre du Dynamo Théâtre consacrée à un quatuor de femmes lâchement oubliées par l’Histoire. Mis en scène par Joëlle Cattino, le texte de Michel Bellier éclaire un angle particulier de la Grande Guerre et les prémices d’une émancipation féminine structurée par les luttes ouvrières. Courrez-y pour vous émouvoir et savoir pourquoi ces filles-là avaient les mains jaunes… Un remarquable manifeste ! (lire critique sur journalzibeline.fr)

« Deux vieux sont chez eux. Ils ne sont pas malades, ils ne sont pas isolés, il n’y a pas de canicule. Leur projet : passer le temps. » Voilà le pitch de cette comédie, féroce, burlesque et cocasse ! Accompagnée à la production par Les Déchargeurs/Le Pole Diffusion, la Cotillard Compagnie met en lumière la part d’enfance que chaque vieux garde en lui. Un hommage drôle et sans complaisance à la vieillesse…et à une fin de partie parfois si cynique.

30 & 31 mars Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com

20 & 21 avril Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com

Née sous une étoile clownesque, la compagnie avignonnaise La sauce aux clowns crée aussi pour le théâtre. Ici, sur un texte de Marie-Pierre Cattino, Ivan Ferré met en scène un huis clos familial dans lequel le personnage d’Elle revient après 10 ans d’absence. Un père, une mère, une fille (Pierre Azaïs, Aïni Iften, Laure Vallès) se retrouvent… comment chacun s’arrangera-t-il avec un passé dont le conflit, et les non-dits, sont encore si présents ?

Ce projet européen sur « le côté migrant de l’être humain » réunit trois écrivains autour d’un travail polyvocal (Françoise Berlanger, Maria-Pia Selvaggio et Stéphane Oertli), une traductrice (Eugénie Fano) et une metteure en scène (Anna Romano) qui croisent les écritures et les rencontres. Soutenu par la Cie Mises en Scène, il fait escale au Théâtre des Doms, et ouvre ses portes au public (en entrée libre) après 10 jours de résidence.

© X-D.R

Œuvre noire et angoissante, Le Chien des Baskerville d’après Arthur Conan Doyle s’assimile à un cauchemar éveillé : interné dans un asile psychiatrique, traumatisé par sa dernière enquête, Sherlock Holmes et son indissociable Watson retricotent pour le meilleur et pour le pire l’intrigue du chien des Baskerville. Le Théâtre du Kronope s’inspire de Shutter Island de Scorsese pour partir sur la piste d’un criminel et s’emparer, avec toute l’imagination qu’on lui connaît et son esthétique masquée, de la dimension fantastique de cette œuvre mise en scène par Guy Simon !

8 avril Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.be


46 au programme spectacles vaucluse alpes

Les Ailes du désir

Festival Escales Voyageuses

Voilà un projet passionnant : l’adaptation du road-movie poétique Les Ailes du désir de Wim Wenders au théâtre. Si l’action de cet inoubliable film sur l’humanité se passe à Berlin avant la chute du mur, la pièce mise en scène et adaptée par Gérard Vantaggioli se situe de nos jours à Avignon, filmée dans ses moindres recoins et projetée sur l’espace scénique. Deux anges invisibles des humains assistent au bruissement du monde, l’un d’entre eux est fasciné par Marion, qui suit les directives de son metteur en scène sur un plateau de théâtre. Pour la rejoindre, il devra renoncer à sa condition d’immortel… Avec Nicolas Geny, Stéphanie Lanier, Sacha Petronijevic et Philippe Risler.

19e festival aux couleurs du monde et des « escales voyageuses » concocté par l’association Aventure et Découverte du Monde : trois jours de rêve, d’émotion et de rencontres authentiques autour du voyage et de l’aventure humaine. Des ateliers d’écriture, des expositions, des stands, des librairies, un concours photo et des projections avec des conférenciers-voyageurs qui viendront débattre de leurs aventures, à découvrir dans trois théâtres avignonnais (Benoit XII, Chien qui Fume et La Luna), et dans le nouveau lieu de rencontres le Glob’Trot (rue des Teinturiers). Ouste !

Tact La compagnie de hip hop Stylistik est une fidèle d’Avignon et du Théâtre Golovine, elle y a déjà présenté trois créations et rencontré de beaux succès. Elle revient avec un nouveau projet porté par le véloce Abdou N’gom autour de la notion de toucher, auquel s’associe le musicien concepteur en arts et interactions numériques Damien Traversaz. Une expérience sensorielle dans laquelle « tout est histoire de conTact »… Tout public dès 6 ans.

1er au 3 avril Divers lieux, Avignon 06 65 24 78 41 asso-adm.fr

© Clémence Richier

22 au 24 avril Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 chienquifume.com

Là San Sol

Le Misanthrope (ou l’atrabilaire amoureux)

22 avril Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 theatre-golovine.com

Dans le cadre du temps fort de spectacles vivants pour publics jeunes Festo Pitcho, le Théâtre du Balcon reçoit la compagnie Point C avec un conte sur la solitude et l’amitié, écrit et mis en scène par Laure Vallès. Le comédien Arny Berry et le marionnettiste Renaud Gillier interprètent cette délicate histoire autour de la rencontre d’un certain Monsieur Ossol et de l’enfant Sansol, ayant fui son pays qui ne l’accueille plus…

04 90 85 00 80

2 et 3 avril Le Balcon, Avignon theatredubalcon.org

© Collectif Kobalt

Initiés l’an passé et portés avec énergie par Surikat Production, les « rendez-vous secrets » de spectacles d’art de rue, adroitement dénommés Venez voir !, reviennent à Avignon ! Des évènements gratuits, ouvert à tous, en plein air, auxquels il est possible de s’inscrire en ligne (venezvoir.net) pour connaître la teneur avant tout le monde et en avant-première ! De mars à juin, réservez vos derniers dimanches à l’heure du gouter (27 mars, 24 avril, 29 mai et 26 juin) et admirez le spectacle ! Prochain rendez-vous de mars au Tri Postal à 16h (rue du Blanchissage) en compagnie de… chut… allez voir !

Le Collectif Kobal’t mené par Thibault Perrenoud revisite le Misanthrope de Molière, en suivant l’amoureux Alceste et son combat contre la société du paraître. Invités dans le salon de la mondaine Célimène en pleine crise, nous assistons à une fête de notre siècle sur un plateau à nu… En alexandrins toujours, la modernité et le génie de Molière frappent en plein dans le mille. 1er avril Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

© Nadia Slimani

© Cie Point C

Venez voir !

27 mars Tri postal, Avignon venez.voir.net


alpes

var spectacles au programme

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L’instinct du déséquilibre

Le Misanthrope

À découvrir en solo ou en écho, voici deux histoires personnelles touchant à l’universel délivrées par deux sensibles passeurs. Dans La brique, Guy Alloucherie, fils de mineur, remonte le fil de sa vie en feuilletant son album de souvenirs autour du matériau emblématique du Pas-de-Calais. Une conférence sur la question de l’homme-patrimoine, drôle et touchante. Suivra La nuit de Domino avec Stéphan Pastor qui, à partir de son deuil, a créé un double théâtral (Domino) pour crier sa rage et sa douleur. Un voyage de colère et de sensualité, poignant et jamais larmoyant, pour faire reculer la nuit.

Michel Belletante transpose la pièce de Molière dans la société virtuelle d’aujourd’hui : pour adapter l’histoire « d’un pétage de plomb » en direct, il plonge ses personnages dans un bain d’images vidéo (Benjamin Nesme) et de lumières. Les alexandrins résonnent avec la musique live (Patrick Najean), le cynique Alceste, la volage Célimène et le sage Philinte se fondent dans le décor très moderne et interrogent les errements du temps présent.

© Daniel Michelon

La brique & La nuit de Domino

© Isabelle Fournier

Nouvel opus de la compagnie de cirque Iéto qui s’ouvre sur une image contemporaine du Radeau de la Méduse : réfugié sur une frêle embarcation de bois, instable, un quatuor doit s’entraider pour éviter la catastrophe. S’ils s’opposent au départ, les réfugiés devront écouter leur instinct de survie pour s’en sortir. Un espace commun à remodeler, terrain d’aventures et prétextes à toutes les inventions spaciales et autres acrobaties étonnantes. Entre le vide et la chute, un nouveau monde se dessine.

Pekka

Looking for Alceste

04 92 52 52 52

29 au 31 mars La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

Samedi détente

© Théâtre des petites âmes

23 avril Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

Nicolas Bonneau suite les traces d’Al Pacino dans Looking for Richard pour s’aventurer en quête de l’irréductible Alceste, personnage du XVIIe siècle toujours d’actualité. Une variation libre du Misanthrope de Molière, mêlée à un collectage de paroles, pour raconter l’histoire d’un comédien soudainement pris d’un accès de lucidité sur le monde qui l’entoure. Alceste devient son double fantasmé, il décide de monter la pièce… le besoin de vérité et la contrainte d’une vie en société se trouveront confrontés, sinon opposés.

1er avril Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

Originaire du Rwanda, la jeune danseuse et chorégraphe Dorothée Munyaneza mêle ses souvenirs intimes à l’histoire de son pays. Samedi détente, c’était l’émission radio de divertissement qu’elle et sa famille écoutaient avant de fuir devant les machettes. Dans cette première pièce chorégraphique elle rend sensible l’horreur vécue, où joie et gravité se superposent en une catharsis nécessaire pour contrer la mort et l’oubli.

En tournée dans les écoles du Grand Briançonnais, ce spectacle de conte empreint de poésie et de douceur est idéal pour initier les tout-petits à l’art de la marionnette. La petite tortue Pekka, la vieille Jacynta, Mamzelle Lune… autant de petits personnages délivrés par le Théâtre des Petites Âmes, à hauteur d’yeux écarquillés, qui créent une bulle d’intimité pour rêver à yeux ouverts. Dès 2 ans. 29 mars au 1er avril Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

© Laura Fouquere.

La Brique © Jérémie Bernaert

2 au 5 avril (relâche 3 avril) La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu

30 & 31 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr


48 au programme spectacles var

Au pied du mur sans porte

Gants de toilette, gants de vaisselle ou gants de ski, qui n’a jamais joué à transformer ces accessoires en marionnettes ? La Toute Petite Compagnie développe l’idée et en crée un spectacle musical destiné aux enfants de 3 à 10 ans. Clément Paré et Grégory Truchet incarnent deux personnages loufoques, qui courent le monde, récupèrent toutes sortes de gants et leur donnent une deuxième vie. Pour un résultat, tout en rythme, en fantaisie et complètement déganté...

Lazare revient au Théâtre Liberté après y avoir présenté Petits Contes d’amour et d’obscurité la saison dernière. Ce deuxième volet évoque allégoriquement les problèmes de l’enfance mis au ban de la société, par le biais de l’histoire de libellule, sept ans, un enfant en grande difficulté, écorché vif, qui va devoir appréhender tout seul l’errance et les limites de ce qui fait un homme…

© X-D.R.

22 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 19 avril Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

Tout mon amour

Novecento

© Christian Ganet

© Jean Louis Fernandez

Adaptée du roman d’Alessandro Baricco et interprétée par André Dussollier, voici l’histoire d’un nourrisson né en 1900 et abandonné par ses parents sur le piano d’un paquebot qui devient la mascotte de l’équipage. Prénommé Novecento, devenu pianiste surdoué, il grandit entre l’Europe et l’Amérique… sans jamais mettre pied à terre. L’acteur, accompagné par un quartet de jazz, nous transporte au milieu de l’Océan pour une croisière surprenante !

7 et 8 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

À la mort de son père un homme revient dans le village où il a passé son enfance. Une jeune fille, surgit de nulle part, prétend être l’enfant qu’ils ont mystérieusement perdu 10 ans plus tôt. Si la mère refuse de la croire, le père doute et demande à leur fils, absent à l’enterrement, de les rejoindre. En 14 tableaux, le Collectif Les Possédés adapte le roman de Laurent Mauvignier, qui conjugue intrigue psychologique et drame familial autour de la douleur du deuil d’un enfant, de la filiation, et de la difficulté à croire l’impossible…

Spectateur : droits et devoirs Vous qui fréquentez les salles de spectacle, avez-vous déjà réellement pris conscience de votre rôle, de vos responsabilités ? Le public qui se rend au théâtre ne peut ignorer quels sont ses objectifs, ses missions. Pour atteindre l’excellence en ce domaine, un Observatoire des Comportements du Spectateur était indispensable. La compagnie L’Outil, la bien-nommée, a mis au point ce dispositif, et propose une conférence aussi sérieuse que délirante afin de former « les spectateurs de demain ».

© Vincent Arbelet

31 mars & 1er avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

© Helene Bozzi

Boite à gants

Après le phénoménal Henry VI créé à Avignon en 2014, Thomas Jolly poursuit et clôt son travail sur Shakespeare avec cette pièce qui en est le prolongement, le premier acte mettant en scène l’enterrement d’Henri VI assassiné par le futur Richard III. « Il ne s’agit pas seulement du magnétique et fascinant personnage, souligne T. Jolly, c’est davantage la peinture d’une société meurtrie et dévastée, propice à l’éclosion d’un monstre, dont il est question. »

© Nicolas Joubard

Richard III

1er avril Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com 20 avril Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr


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...de là-bas

Pochée À travers l’histoire de la petite tortue Pochée, ce spectacle, destiné aux enfants de 4 à 7 ans, aborde tout en délicatesse le thème du deuil. Quand elle était jeune, Pochée partit sur les routes, où elle rencontra Pouce, qui devint son ami. Désormais grand-mère, Pochée raconte sa longue vie à ses petits-enfants. Elle leur parle de Pouce et de comment elle surmonta son chagrin après la disparition de son ami. La compagnie Artefact signe l’adaptation de ce texte de Claude Ponti.

© Romain Bertet

Contes chinois

21 & 22 avril Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

© Nathalie Prébende

Le danseur Romain Bertet bénéficie du soutien de la ville de la Valette-du-Var et sa compagnie, L’Oeil Ivre, s’y est installée en résidence pour réaliser cette dernière création. Le chorégraphe, seul en scène, propose dans ce nouveau spectacle une « danse des temps et des lumières, des cris et des murmures ». Dans un espace fait de terre, un homme erre, avance, tombe, attend, cherche, se cherche, emprunte des passages qui le conduisent vers de possibles mémoires. Programmé hors les murs, à l’Espace Pierre Bel.

À partir des textes et des illustrations de Chen Jiang Hong, ce spectacle nous invite à un voyage musical et visuel. Afin de s’adresser aux enfants dès 5 ans, François Orsoni, le metteur en scène, crée un univers rempli de poésie et de couleurs. Les images et la musique se répondent dans une subtile harmonie. Tout en douceur, les instruments, bâton de pluie, guitare ou tambour, ouvrent les sensations vers un imaginaire de mélodies et d’émotions.

16 avril Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

Ballet de l’Opéra National de Bordeaux

20 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

L’enfant racine

Il était une fois, une jeune fille, Leslie, qui vivait dans une cabane isolée au coeur d’une forêt, avec ses poules pour seule compagnie. Le conte de Kitty Crowther commence ainsi. La comédienne et violoncelliste Fabienne Van Den Driessche, seule en scène, nous plonge dans cet univers magique et féerique. Qui mènera Leslie à la rencontre d’un enfant racine, tout aussi seul qu’elle, perdu et en pleurs au beau milieu de cette immense forêt. 22 avril Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

© S. Colomye

Dans une sorte de laboratoire un peu bizarre, quelques nichoirs sont éparpillés. Deux hommes veillent les petites cages, guettant l’éclosion des œufs. Tout est blanc immaculé, les tenues, les nichoirs, le décor. Au milieu de cette blancheur va tout à coup surgir la couleur. Un œuf rouge, venu d’on ne sait où. Les deux hommes s’interrogent. Faut-il le rejeter ou l’accueillir ? Les Écossais de la Catherine Wheels Theater Company proposent cette fable sur la diversité, pour les enfants dès 2 ans.

Moments de grâce en perspective. La troupe du Ballet de l’Opéra National de Bordeaux, dirigée par Charles Jude, danseur étoile à l’Opéra de Paris, nous plonge dans un univers d’exception. Finesse, délicatesse, subtilité et technique parfaitement maîtrisée, les danseurs girondins enchaînent les extraits du répertoire classique et néo-classique. Avec au programme, entre autres, Le Lac des Cygnes, Casse-Noisette, Don Quichotte ou Les Indomptés. © X-D.R.

© Veronique Nicaise

White

30 mars au 2 avril Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr

1er & 2 avril La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 st-maximin.fr


50 au programme spectacles var alpes-maritimes

Le Père Noël est une ordure

Imprévus ! L’histoire du radeau de la méduse

16 & 17 avril La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 st-maximin.fr

Armstrong Jazz Dance Company La danse, comme la musique, porte parfois une forte dimension politique. C’est le cas du jazz, devenu patrimoine américain mais pourtant issu de décennies d’esclavage et de discriminations. Avec ses danseurs, Geraldine Armstrong met en avant cette lutte du peuple noir aux USA, qui se poursuit encore de nos jours. Car si les contextes évoluent, le racisme demeure. Au son du gospel ou du blues, les interprètes donnent corps à cet éternel combat contre l’injustice.

04 93 40 53 00

04 93 40 53 00

20 avril Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

Comme son nom l’indique, on ne peut pas vraiment savoir quelle chorégraphie sera répétée dans le laboratoire qu’est l’Atelier des Ballets de Monte-Carlo. Sera-ce un extrait des chorégraphies de Jiri Kylian, dont trois œuvres seront données au Grimaldi Forum de Monaco (28 avril au 1er mai), Bella Figura, Gods and Dogs, Chapeau, ou encore des passages de Roméo et Juliette de Jean-Christophe Maillot, nominé dans la catégorie Best New Dance Production dans le cadre de la 40e édition de la cérémonie des Olivier Awards (3 avril). Peu importe, le décryptage des codes, paradoxalement, ajoute à la magie ! (réservé aux possesseurs de la carte Ballets de Monte-Carlo).

Les fourberies de Scapin Farce indémodable, l’oeuvre de Molière entre au répertoire de la compagnie Les Géotrupes. Les comédiens, mis en scène par Christian Esnay, s’appuient sur leur jeunesse pour revisiter ce grand classique. La pièce, l’une des plus jouées du théâtre français, garde toute sa vitalité et son esprit à la fois léger et frondeur. Art de la bouffonnerie et de l’outrance, de l’irrévérence et de la naïveté, toutes les dimensions majeures du texte sont portées au sommet dans ce spectacle jubilatoire.

8 & 9 avril Atelier des Ballets de Monte-Carlo, Beausoleil +377 97 70 65 20 balletsdemontecarlo.com

© Alain Fonteray

Qui ne connaît pas au moins une réplique de ce classique des temps modernes ? Thérèse, Pierre, Félix, Zézette ou M. Preskovitch, les personnages de cette comédie créée par la troupe du Splendid, sont ancrés dans la mémoire collective. Presque 40 ans après la première de la pièce, Pierre Palmade, à la mise en scène, et sa troupe de comédiens rouvrent le standard de SOS Détresse Amitié. À déguster, façon doubitchou. C’est fin, c’est très fin, ça se mange sans faim...

© Guillaume Plisson

© X-D.R.

© Th. Gericault, le radeau de la méduse

En juillet 1816, un bateau sombra au large des côtes mauritaniennes ; seuls quinze marins furent rescapés, ce qui scandalisa la France de l’époque. Le Groupe Maritime s’appuie sur le tableau de Géricault en s’installant dans l’atelier du peintre et donne vie à ce terrible naufrage. En écho à cette histoire, et à la nôtre toujours d’actualité, un homme racontera sa traversée dans une embarcation clandestine vers l’Europe.

31 mars & 1er avril Théâtre de Grasse theatredegrasse.com 04 93 40 53 00

22 & 23 avril Théâtre de Grasse theatredegrasse.com


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52 au programme cinéma marseille bouches-du-rhône

Cinéma grec

Hong Sang-Soo

Prisons

Archipels, Granites Dénudées de Daphné Hérétakis © Le Fresnoy

Du 29 mars au 4 avril, le Vidéodrome 2 propose Cinéma grec : nouvelle vague par temps de crise. Projection de courts et longs métrages : de L’Héritage de la chouette de Chris Marker (1989) à Archipels, Granites Dénudées, le journal filmé de Daphné Hérétakis (2014), en passant par Unfair World de Filippos Tsitos (2011) ou le réjouissant Attenberg d’Athina Rachel Tsangari. Le 2 avril, le cycle se terminera par un concert du duo Alcalica qui revisite les voix et musiques traditionnelles.

Les 30 et 31 mars, le Gyptis ouvre une fenêtre sur l’univers carcéral en présentant le 30 à 19h deux films de Stéphane Mercurio. À 19h, À Côté où la cinéaste a filmé l’espace d’attente des femmes et parents de détenus, et à 21h À l’Ombre de la République où elle a suivi des contrôleurs des Lieux de Privation de Liberté. Le lendemain, à partir de 19h30, une soirée avec Bernard Bolze, fondateur de l’Observatoire International des Prisons : courts métrages suivis de Visages défendus de Catherine Rechard.

Vidéodrome 2, Marseille 04 91 42 75 41 videodrome2.fr

À l’Ombre de la République de S.Mercurio © Grégoire Korganow

Week-end tsigane

Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis

In Another Country de Hong Sang-Soo © Diaphana

Dans le cadre de l’année France/Corée, le critique Mathieu Macheret présentera au Gyptis deux films de Hong Sang-Soo, le 12 avril. À 19h, son 13e long métrage, In Another Country : Isabelle dans un pays qui n’est pas le sien, une femme (Isabelle Huppert) qui n’est à la fois ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, a rencontré, rencontre et rencontrera au même endroit, les mêmes personnes qui lui feront vivre une expérience inédite… À 21h, Un jour avec, un jour sans avec Jae-yeong Jeong, Kim Min-Hee et Yeo-jeong Yoon. Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis

La Corée à l’Alhambra

Good Luck Algeria

Flamenco Flamenco de Carlos Saura © Bodega Films

Du 25 au 27 mars, danse, musique et cinéma au Gyptis. Le 25, après La Fabia-cabaret, projection du film de Carlos Saura, Flamenco Flamenco. Les 26 et 27, six films en présence des réalisateurs dont Le Pendule de Costel de Pilar Arcila ; ou Qu’ils reposent en révolte où Sylvain George montre les conditions de vie des migrants à Calais de 2007 à 2010. Le 27 à 17h30, se tiendra une conférence débat Les Roms à Marseille, 10 ans, quel bilan ? avec les réalisateurs présents et Caroline Godard de l’association Rencontres Tsiganes.

Le 1er avril à 20h, à l’Alhambra CinéMarseille, Farid Bentoumi présentera « une histoire positive sur l’immigration », son film Good Luck Algeria, comédie inspirée par l’histoire de son frère, drôle et émouvante. Sam et Stéphane, deux amis d’enfance fabriquent avec succès des skis haut de gamme jusqu’au jour où leur entreprise est menacée. Pour la sauver, ils se lancent dans un pari fou : qualifier Sam aux Jeux Olympiques pour l’Algérie, le pays de son père. Au-delà de l’exploit sportif, ce défi improbable va pousser Sam à renouer avec une partie de ses racines.

Good Luck Algeria de Farid Bentoumi © Ad Vitam

Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis

Cinéma Alhambra, Marseille 04 91 03 84 66 alhambracine.com

Haewon et les hommes de Hong San-Soo © Les Acacias

À l’occasion de l’année de la Corée en France, l’Alhambra jette un coup de projecteur sur le cinéma contemporain de la péninsule, du 13 au 16 avril avec deux longs métrages de Hong San-Soo. Un jeune Japonais qui s’immerge dans Séoul, à la recherche d’une amoureuse disparue est le point de départ du chassé-croisé Hill of Freedom ; Haewon et les hommes remet en relation une étudiante et son professeur. Suneung de Shin Su-Won et Hard Day de Kim Seong-Hun prennent la forme de thrillers aux styles différents. Six courts métrages d’animation complètent ce coup de projecteur coréen. Cinéma l’Alhambra, Marseille 04 91 03 84 66 alhambracine.com


53

Trieste

De Rome à New-York

Mon voisin, mon tueur

Quatrième rendez-vous avec la cinémathèque de Bologne le 22 avril au MuCEM. À 19h, le manifeste du néo-réalisme italien, Rome, ville ouverte de Rossellini. À travers la lutte des résistants antifascistes en 1944, Rossellini crée une œuvre quasi documentaire dont l’influence résonnera durablement dans l’histoire du cinéma. Un film indispensable illuminé par l’image inoubliable d’Anna Magnani. À 21h, On the bowery, du nom d’un quartier de Manhattan, celui de la dépression et des clochards, suit les traces du néo-réalisme à la fin des années cinquante. Trois jours dans la vie de clochards qui jouent leur rôle sous la caméra de Lionel Rogosin dans une œuvre puissante.

Le 12 avril à 18h, à l’Eden Théâtre de La Ciotat, la Fondation Camargo, en partenariat avec Art et Essai, propose Mon voisin, mon tueur (Sélection officielle Cannes 2009) en présence de la réalisatrice Anne Aghion et de la directrice de la Fondation Camargo, Julie Chenot. En 1994, au Rwanda, des centaines de milliers d’Hutus sont incités à exterminer la minorité Tutsi. Filmé sur près de dix ans sur une même colline, Mon voisin, mon tueur retrace l’impact des gacacas (tribunaux de proximité) mis en place, sur les survivants et les bourreaux… Anne Aghion nous donne à voir le chemin émotionnel vers la coexistence.

Terra di Nessuno de Jean Boiron-Lajous © Prima Luce

Le 25 mars à partir de 18h, Image de ville vous donne rendez vous au Vidéodrome 2 à Marseille. À 20h, projection de Terra di Nessuno en présence de Jean Boiron-Lajous (lire interview du réalisateur sur journalzibeline.fr). Trieste ressemble à ses habitants : perturbés par le vent, confrontés aux montagnes et attirés par le large. Biljana, Alessandro, Adama et Lisa vivent ici, dans le reflet de ce port, où se dessine une Europe inquiète de son devenir. Image de Ville, Aix-en-Provence 04 42 63 45 09 imagedeville.org

Robert Guédiguian à l’Eden Mon voisin, mon tueur de Anne Aghion © Gacaca Films

04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com

On the bowery de Lionel Rogosin © 1956 Lionel Rogosin

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.-org

Magallanes La Criée Tout Court#4 Du 21 au 23 avril, 4e édition de « l’étonnant Festival du court métrage ! » où sera projeté à La Criée, en complicité avec le Festival du Film d’Aubagne, le meilleur du Festival international de Clermont-Ferrand. Des fictions, des documentaires et des films d’animation, de courte durée mais de haute tenue, signés par les cinéastes de demain qui mixent le 7e art avec la danse, le street-art, les arts numériques… À voir en famille les 21 et 22 avril à 20h (ainsi que trois séances scolaires par jour), et le 23 de 10h à 18h (pass 3 jours à 10 €). En clôture le 23 à 20h, ciné-concert et projections des travaux du département SATIS de l’Université Aix-Marseille.

Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian © Agat Films

Yves Alion, rédacteur en chef de la revue L’Avant-scène Cinéma, propose un rendez-vous avec Robert Guédiguian. On pourra voir le 27 mars à 18h30 Les Neiges du Kilimandjaro, auquel le dernier numéro de la revue est consacré. On aura aussi l’’occasion de (re)voir sa trilogie de l’Estaque : le 26 à 18h Dernier été (1981), « la fin d’un monde, la fin d’un mode de vie, un prélèvement archéologique » ; puis à 21h Rouge Midi (1985), où le réalisateur veut « approfondir le film précédent et dresser le catalogue de la morale de la classe ouvrière avant qu’elle ne disparaisse ». Enfin, le 27 à 16h, ce sera À la vie, à la mort où l’on retrouve les comédiens de sa tribu, Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin ainsi que Jacques Gamblin.

04 96 18 52 49

la Criée Tout Court © Macha Makeïeff

Théâtre La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com

Le 17 avril à 18h30 à l’Eden Théâtre, Art et Essai Lumière, en partenariat avec l’ASPAS, propose Magallanes, premier film du comédien péruvien Salvador del Solar. L’histoire d’un homme dont la vie est bouleversée lorsqu’il voit monter dans son taxi une femme qu’il a connue durant les violentes années au cours desquelles il était soldat de l’Armée Péruvienne, en lutte contre le Sentier Lumineux. La projection sera suivie d’un débat animé par l’équipe des Rencontres du cinéma sud-américain.

Magallanes de Salvador del Solar © Cinerama

Art et Essai Lumière, La Ciotat 06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr


54 critiques cinéma

Ouverture en mode « mère » reproche sa mère, inversant même les rôles comme dans cette scène réjouissante où la « patronne » se retrouve à lui préparer son petit-déjeuner. Alternant moments drôles et scènes remplies d’émotion, cette comédie tonique, grinçante et lucide pose la question de la place dans la société et la famille. Aujourd’hui, qu’est-ce qu’être au service des riches ? Qu’est ce qu’une mère ? Celle qui met au monde ? Ou celle qui élève réconforte et cajole ? Anna Muylaert, à travers ces deux générations de femmes, esquisse des réponses et la fin du film -que nous ne révélerons pas- permet d’entrevoir un avenir meilleur pour les femmes. Un excellent choix que ce film pour la soirée d’ouverture des Rencontres de Salon, surtout le 8 mars !

Fernando Rey, l’acteur préféré de Buñuel, porte avec conviction le film d’un bout à l’autre ; aussi bien dans les séquences où il essaie de récupérer son acte de baptême, courant de prélat à cardinal, que dans les moments de désir avec sa cousine, Pilar, dont il est amoureux depuis l’enfance et qui lui rappelle qu’il a été un « petit garçon cruel »,ou encore les cours particuliers qu’il donne à son jeune voisin à qui il lit des textes rebelles et explique la vie. « Certaines questions n’ont pas de réponses,

on ne peut que les laisser irrésolues » lui dit-on pour le décourager ! Certes, mais Gonzalo Tamayo est décidé à aller jusqu’au bout, quitte à marcher à reculons ! Dieu, ma mère et moi, mention spéciale du jury au festival de San Sebastián, sort en salles en le 13 avril et vaut le détour !

Une seconde mère d’Anna Muylaert © Memento films

Val (géniale Regina Casé), venue du Nordeste où elle a laissé sa fille, Jessica (Camila Mardilà), est la domestique d’une famille bourgeoise de Sao Paulo ; c’est elle qui a élevé le fils, Fabinho, plus proche d’elle que de sa propre mère. Val, dévouée, cuisine, nettoie méticuleusement la maison d’architecte, avec piscine dont, bien sûr, elle n’est pas « autorisée » à profiter, logée dans une chambre exigüe. Et même si sa « patronne » lui répète qu’elle fait partie de la famille, chacun doit rester dans sa classe, à sa place. L’arrivée à Sao Paulo, pour ses études, de sa fille, que Val n’a pas vue depuis dix ans, va perturber les rapports dans la maison ; véritable révélateur de l’hypocrisie et d’une exploitation de classe. Jessica, libre et peu encline à respecter ces codes, peu à peu, naturellement, prend possession des espaces réservés aux « maîtres », « ne sachant pas ce qu’on peut faire ou pas » comme le lui

C’

est dans la salle comble du Club qu’ont démarré allégrement le 8 mars les 26e Rencontres Cinématographiques de Salon. En chansons d’abord en compagnie des Poulettes, et en photos avec de superbes portraits de comédiennes défilant sur l’écran. Et après le traditionnel discours d’ouverture par la Présidente des Rencontres, Michèle Fraysse, c’est aussi un magnifique portrait de femme que nous a offert la cinéaste brésilienne Anna Muylaert, dans son film, primé à la Berlinale 2015, Une seconde mère.

ANNIE GAVA

Les Rencontres Cinématographiques ont eu lieu à Salon-de-Provence du 8 au 15 mars rencontres-cinesalon.org

Dieu, adiós ! armi les 5 films en avant-premières au Festival nouv.o.monde de Rousset, était présenté le 13 mars le 3e long métrage du réalisateur uruguayen Federico Veiroj, El apóstata, Dieu, ma mère et moi, pour le titre français -comme l’essai de Franz-Olivier Giesbert- plus parlant que la traduction littérale. Inspiré par la tentative d’apostasie d’un de ses amis, Álvaro Ogalla, Federico Veiroj campe un Madrilène d’une trentaine d’années, Gonzalo Tamayo, qui poursuit ses études de philosophie, sans grande conviction et qui, un jour, entreprend des démarches pour être radié des livres de l’Église, pensant ainsi couper le cordon avec sa mère, se libérer du poids de l’enfance, de la famille.et de la religion. Et c’est tout naturellement qu’il demande à Álvaro Ogalla de jouer ce personnage, immature, rempli de doutes, se réfugiant souvent dans l’imaginaire, ce qui donne lieu à des scènes cocasses et parfois délirantes comme la promenade, nu dans le jardin d’Eden -on pense à un tableau du Douanier Rousseauou le trajet en bus où il se fait « draguer » et caresser par sa voisine de siège. Le comédien dont les expressions variées, filmées en gros plan, font souvent penser à

El apostata de Federico Veiroj © Paname Distribution

P

A.G.

Le Festival nouv.o. monde organisé par Les Films du Delta s’est déroulé à Rousset et en Pays d’Aix du 7 au 13 mars


La petite bibliothèque de

Commande par courrier auprès du journal. 1 livre = 1.90€ de frais de port. 17-19, cours d’Estienne d’Orves 13001 MARSEILLE

Ecrivons ensemble l’histoire populaire de Marseille Sous l’égide de Robert Guédiguian, La Marseillaise, l’association Promémo et les Editions de l’Atelier préparent un livre s’appuyant sur les photos d’archives familiales pour raconter l’histoire du peuple de Marseille et de sa ville. Nous avons besoin de vos photos et témoignages, qui seront recueillis par des historiennes et des historiens. Les photos vous seront immédiatement restituées après avoir été scannées. Des permanences sont assurées dans les locaux de La Marseillaise et annoncées dans le journal. Vous pouvez contacter l’historien Gérard Leidet, au 06 27 75 17 44 et sur gerard.leidet@neuf.fr


56 critiques cinéma

Militant et d’art et d’essai ! es Rencontres du cinéma écocitoyen de Gardanne se sont achevées le 15 mars sur deux salles combles et le film de François Ruffin, Merci patron !, qui, par un récit anecdotique, digne des meilleurs fabliaux, prend une dimension exemplaire, démonstration que la lutte contre les abus de pouvoir du capital est non seulement possible mais peut se couronner de succès On aurait aimé voir autant de monde pour le génial documentaire de Christophe Cupelin, Capitaine Thomas Sankara, porteur d’une parole digne et extraordinairement lucide, humble et progressiste, avec ce président qui, refusant l’aide internationale, chercha à rendre son pays indépendant dans ses productions, à vaincre l’illettrisme, la discrimination subie par les femmes, promouvant une culture de haut niveau et accessible à tous. Ses propos sur la nécessité de non-paiement de la dette africaine, prennent d’ailleurs un curieux écho lorsque l’on pense à la dette actuelle des pays européens et le montage bancaire inique qui les asphyxie. Les documentaires de la sélection avaient la grâce de capter chez les personnes filmées une dimension humaine, attachante, bouleversante parfois : ainsi, dans Cinq caméras brisées de Emad Burnat et Guy Davidi, les habitants de Bil’in (Cisjordanie) et leur lutte pacifiste

Capitaine Thomas Sankara de Christophe Cupelin© Vendredi

L

malgré les répliques armées et violentes des Israéliens (de nombreux Israéliens les refusent et se rangent aux côtés des Cisjordaniens résistants) ; le père de famille de la Jezira, Farraj, dans Je suis le peuple d’Anna Roussillon est émouvant dans son approche politique, et nous donne un leçon de démocratie, le peuple dans la rue défait le pouvoir qu’il a mis en place s’il ne le satisfait pas… Malek Bensmaïl souhaite, en suivant les journalistes de El Watan, dans Contre-pouvoirs, la « mise en place d’un imaginaire collectif à travers/ grâce au documentaire », et montre une Algérie qui travaille, a de l’humour, « malgré… ». Enfin,

gardons aussi le très beau film de Lucy Walker, Waste land, qui suit l’artiste Vik Muniz dans la plus grande décharge du monde et sa démarche artistique mais aussi humaine auprès des catadores (les trieurs), rappelant la magie de l’art qui consiste dans le passage de la matière, quelle qu’elle soit, à l’idée. MARYVONNE COLOMBANI

Les Rencontres du cinéma écocitoyen se sont déroulées du 9 au 15 mars au cinéma 3 Casino de Gardanne

Journalistes en Algérie Le documentaire Contre-pouvoirs sur El Watan, quotidien algérien francophone, est une démonstration du journalisme de résistance

L

e film de Malek Bensmaïl est fascinant à plusieurs égards. Avant tout il est un documentaire dont on peut admirer les cadres, les respirations, le montage qui passe du huis clos du journal à des échappées, la baie d’Alger, une escapade... Cependant la singularité du documentaire repose dans son sujet même : plongé dans la rédaction du quotidien, le réalisateur y a vécu toute la comédie de la réélection de Bouteflika, pour son quatrième mandat, après un AVC qui l’a laissé dans un état quasi végétatif. Et c’est l’affirmation d’une liberté d’expression sans retenue qui

sidère : dans ce pays où 120 journalistes ont été assassinés, dans cette rédaction qui s’abrite dans une maison de la presse parce que ses locaux ont sauté, et qui attend depuis 10 ans de sortir de l’étroitesse de ses bureaux de fortune ; dans un pays où la démocratie est une mascarade, des journalistes écrivent ce qu’ils pensent sans jamais s’autocensurer ! Leur manière de traiter l’actualité est particulière : Omar Belhouchet regarde tout, oriente les choix, suggère les dessins de Une avec précision, relit et discute les articles avec ses journalistes... Il suggère les angles sans doute plus fermement que dans une rédaction française, mais jamais ses choix ne sont dictés par un impératif économique : le traitement des sujets obéit toujours à la volonté d’informer, de combattre, d’affirmer. Sa rédaction est d’ailleurs composée d’un journaliste plutôt marxiste, d’un croyant, d’un militant de Barakat (Ça suffit). Ils s’opposent, dans la promiscuité des locaux, échangeant

des idées, mais luttant ensemble pour sortir l’Algérie de ses ornières. Avec humour et ténacité (la Une Bouteflika réélu dans un fauteuil est hilarante, et désespérée), El Watan constitue bien un contre-pouvoir, très différent de celui de la presse française. Comme l’explique Kamel Daoud : « En Algérie, le contre-pouvoir est un lieu de désobéissance, pas de contrepoids comme dans les démocraties. » Et nous pouvons, en France, admirer la liberté de journalistes qui ne peuvent voir ce film, interdit en Algérie... AGNÈS FRESCHEL

Contre-pouvoirs a été projeté au MuCEM le 12 mars et suivi d’un débat avec Malek Bensmaïl et Omar Belhouchet dans le cadre du cycle Algérie, entre la carte et le territoire Il a également été projeté lors des Rencontres du cinéma écocitoyen de Gardanne (voir ci-dessus)


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58 critiques arts visuels

Chaque jour est un nouveau jour Le Frac PACA reçoit jusqu’au 5 juin la première exposition personnelle de l’artiste belge Lieven De Boeck en France

U

n Frac n’est pas un musée. On peut l’investir (presque) à sa guise et l’artiste Lieven De Boeck ne s’en prive pas, en proposant un parcours qui questionne le statut même de l’exposition et de l’institution qui l’accueille. Un parcours composé d’une exposition, d’une série de performances et d’un espace de documentation dédié notamment à sa Bibliothèque éphémère. Le tout ouvert à heures fixes sur rendez-vous, selon un protocole mis au point par ses soins mais libre d’évoluer dans le temps. De fait, tous les jours diffèrent et le « spectateur » pénètre à cette occasion dans les coulisses du Frac !

Le titre Image Not Found ressemble à un postulat. Une constatation comme une évidence : « C’est comme une incessante mise au point entre Lieven De Boeck et Los Angeles (là où le ciel est limpide et l’air transparent, ndlr) : ses questions sur la lumière et l’air, sur la présence et l’absence -la recherche sans fin d’une explication à la question de l’enfant : Pourquoi le ciel est-il bleu ? » De bleu, justement, il en est peu question qui apparaît ici ou là dans une pièce : un Lego en pâte de verre réalisé dans la fournaise du CIRVA (Centre International du Verre et Arts Plastiques, Marseille), un moulage, ou un tapis au sol. Mais la sensation première est d’abord d’être enveloppé de blanc et de transparence. Dès le seuil, un ciel de drapeaux passés à la Javel surplombe les têtes et intrigue. Inspirés des 193 drapeaux dressés devant le siège des Nations unies à New-York, ceux-ci ont la particularité d’être disposés en désordre de bataille afin de créer un nouvel alphabet formel. La langue anglaise usitée à l’international n’y retrouverait plus ses petits ! D’ailleurs Lieven

Image Not Found, Lieven de Boeck © Matthias Van Rossen

« Pourquoi le ciel est-il bleu ? »

De Boeck préfère inventer sa propre langue à partir d’un alphabet créé de toutes pièces, un univers de formes et de signes difficile à décrypter pour les néophytes mais dont les lignes, les matières, les jeux d’opacité et de transparence sont suffisamment puissants pour nous pousser hors de nos retranchements. On peut y voir des formes et seulement des formes, on peut aussi saisir son énoncé politique sur l’analphabétisme, facteur d’exclusion… Image Not Found se joue des codes et des conventions, monstration classique au départ puis évolutive comme un work in progress

lorsque sur le plateau 2, deux performeurs rejouent la scène à partir d’éléments, d’œuvres et de textes. Une performance théâtralisée qui ouvre de nouvelles connexions entre le langage et l’objet, entre le corps et l’œuvre, entre le faire et le rêver, entre art et savoirfaire. Et laisse le champ libre à un monde moins normatif. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

jusqu’au 5 juin Frac, Marseille 2e 04 91 91 27 55 fracpaca.org


Un Autre journal, la Friche, mars 2016 ©Alain Marsaud

Besoin d’évasion

«C’

LIBRAIRIES

RENCONTRES

AT E L I E R S

Liban

De l’hôpital à la rue La Biennale des écritures du réel a vite compris l’intensité du projet dont elle partage la philosophie : créer des passerelles entre artistes professionnels et amateurs. Dekadrage a donc été invité à publier dans son programme deux photos de Wilfreed Obame, et à exposer sur bâches, en plein air, photographies remarquables, textes épars et un mur kaléidoscopique d’images. Des photos et des textes forts, engagés, créés par « des gens à la marge qui font tomber les barrières ». Des traces indélébiles d’une histoire collective qui est aussi la nôtre car, comme le rappelle Stephanos Mangriotis : « On ne peut pas parler de folie sans parler de société. » Une fois décroché des murs ou décoloré par le vent, Un Autre journal continue. Les ateliers sont reconduits dans les établissements, et les expériences trouveront un prolongement éditorial en 2016 chez Images plurielles. M.G.-G.

Un Autre journal a été présenté du 10 au 26 mars à la Friche la Belle de Mai, dans le cadre de la Biennale des écritures du réel dekadrage.org/unautrejournal

w w w. l i b r a i r i e - p a c a . c o m

C H A P E L L E D E L ’ O B S E R VA N C E

PÔLE CULTUREL CHABRAN

© Casterman Zeina Abirached

est un cri, c’est une voix. Des images qui ont besoin d’exprimer ce qui est caché et des gens qui sont souvent isolés. » Le photographe Stephanos Mangriotis, de la plateforme collaborative Dekadrage, peut être fier du projet qu’il déplace du cercle de l’hôpital psychiatrique à la rue intérieure de la Friche la Belle de Mai. Aux regards de tous. 3 ans, 4 cycles d’expériences photographiques et textuelles avec la complicité du poète Andrea Franzoni, 3482 images, 4 journaux et 15 mini expositions plus tard, Un Autre journal voit le jour dans sa dimension rétrospective et publique. Sans compter l’adhésion et le soutien de 3 organismes : l’AP-HM, l’Agence régionale de santé et le CUCS. Un projet au long cours mais à petite échelle qui a permis à une vingtaine de personnes de pratiquer quotidiennement la photographie, de mettre des mots sur les maux et de regarder la vie -leur vie- droit dans les yeux. Car chaque participant muni d’un appareil compact argentique a pu s’adonner à la photo durant les ateliers, mais également dans leur vie de tous les jours, pendant et en dehors de leurs séjours en psychiatrie. D’abord par l’apprentissage du noir et blanc « plus simple pour les amener à la photographie », puis de la couleur, avant de choisir selon leurs propres inclinaisons esthétiques. Au fil des mois, « ils ont développé collectivement un regard », appris à commenter les images, à les sélectionner, puis naturellement les mots sont apparus « sans jamais être illustratifs ». L’idée d’Un Autre journal s’est faite tout aussi naturellement…


60 critiques arts visuels

Pour fêter ses 20 ans, le Musée Angladon se paye une cure de jeunesse !

À

Avignon, chacun a pu croiser le profil débonnaire du collectionneur Jacques Doucet, croqué par Cappiello en 1903, qui habillait les visuels du Musée Angladon. Le couturier-mécène apparait affublé d’une canne et d’un haut-de-forme d’une élégance manifeste. Remise au goût du jour, épurée, son impressionnante collection abritée dans la maison-musée de Jean et Paulette Angladon-Dubrujeaud garde cet indéniable charme ! Aujourd’hui, passé l’éclatant puits de lumière à l’entrée, les portraits de ces deux artistes avignonnais accueillent et guident le visiteur vers les onze salles du magnifique

large amplitude historique. Ici, pas de séries, mais des choix inspirés, guidés par un style de vie dédié à l’art et un désir de modernité. Et des cadres designés par le couturier dans des matériaux spécifiques. On passe de l’École de Paris « où les gens font des selfies devant la star du musée, notre Joconde !» (Femme à la blouse rose, Modigliani), à une peinture de jeunesse de Vuillard, d’un Bouddha sur soie du XIIe à un portrait miniature de Mme Pompadour, d’un ensemble de vaisselle de Chantilly à une table d’écriture du XVIIe. Tout est précieux, extrêmement bien conservé et aiguise singulièrement l’attention : « L’art peut être un temps de pause » confirme la directrice. Nommée en mai 2015, l’historienne d’art Lauren Laz a entièrement réorganisé le musée et redéfini le parcours dans la collection permanente autour de la figure de Doucet, « son intérieur était une œuvre d’art. Plus il a vieilli, moins il Musée Angladon, caricature Jacques Doucet, Cappiello © D. Michelangeli

Entrez dans la lumière

bâtiment du XVIIIe, où se logent sur deux étages, comme dans un écrin de velours, les chefs-d’œuvre hérités de leur grand oncle.

La collection permanente dépoussiérée Manet, Cézanne, Picasso, Foujita, Degas, Sisley, Van Gogh, Vernet, mais aussi les Arts extrême-orientaux, africains... Du 7e siècle aux années 1920, la liste des acquisitions, riche des plus belles curiosités, comporte une

Matières en forme Au Centre d’art contemporain intercommunal, Quand la matière devient forme explore les métamorphoses de la matière, parcours éclectique où se mêlent pièces archéologiques, antiques et œuvres contemporaines

quand il s’agit de la question de la matière. Le projet se nourrit de pièces anciennes venant du musée d’Istres (une vitrine en face à l’extérieur), du Musée départemental de l’Arles antique, et d’œuvres sélectionnées principalement dans les collections privées du collectionneur marseillais Sébastien Peyret et de la fondation créée par Bernar Venet au Muy.

Ambivalences

Quand la matière devient forme, Istres, 2016. Vue partielle, œuvres de B. Venet, R. Laskey, J.A. Corre, J. Béna © C. Lorin/Zibeline

L

e titre de l’exposition fait allusion à un événement qui fit date dans l’histoire de l’art, en Suisse en 1969*. Toute proportion gardée, et dans la cohérence de la programmation

menée par Catherine Soria pour le Centre d’art contemporain, la proposition istréenne revendique sa part d’attention aux postures plurielles que peuvent adopter les artistes

Ce parcours hétérogène peut s’apprécier sans nécessairement en suivre les thématiques développées dans les différentes salles (Pli et accumulation, Impression matière, Le rigide...). Une opportunité car bien des œuvres se répondent selon divers registres, qu’il s’agisse de la matière : techniques usuelles sur toile ou papier, feutre, métal, goudron, charbon, caoutchouc… devenues communes dans l’art contemporain qui fait feu de tous bois depuis les révolutions esthétiques du XXe siècle ; ou de la variété des mises en forme : sculpture, assemblage, photographie, dessin, hybridations, installation, vidéo... Au côté d’œuvres historiques de Robert Morris ou Bernar Venet, plus récentes de Michèle


61 est devenu conservateur. Il est notre objet le plus précieux ». Et pour mettre en relief les œuvres jusqu’alors absorbées par leur abondance, elle a diminué leur nombre de moitié (150 ont été remisées), les a abaissées à hauteur d’yeux et revu l’accrochage. Six semaines de travaux ont eu lieu début 2016 pour repeindre les murs, dépoussiérer les salons XVIIIe, déplacer les 2000 livres de la bibliothèque... Et pour re-fidéliser l’équipe (11 salariés) autour d’un projet commun, et économiser (le musée ne reçoit aucune aide publique), chacun a prêté la main. Le résultat est remarquable !

Place à l’art contemporain Pour continuer à « satisfaire les touristes » et « renouer avec le public local », Lauren Laz souhaite amplifier l’offre de médiation et les ateliers artistiques, organiser des expositions temporaires et ouvrir à l’art contemporain dans un nouvel espace (le 2e étage en travaux ouvrira mars 2017). En mai, une vidéo prêtée par le FRAC sera installée ; des liens se nouent déjà avec la Collection Lambert. Pourquoi ne pas rajouter un appel d’air supplémentaire, en ouvrant en permanence la délicate cour minérale attenante, où a été jouée l’été dernier la pièce Marche, par le Théâtre du Balcon ? Une autre entrée dans la lumière…

3 AVRIL / 18 SEPT. 2016

DELPHINE MICHELANGELI

Musée Angladon, Avignon 04 90 82 29 03 angladon.com

ABBAYE DE MONTMAJOUR / ARLES GIOVANNI ANSELMO / JEAN-PIERRE BERTRAND

stanley brouwn / HELMUT FEDERLE HANS JOSEPHSOHN / HILMA AF KLINT BERND LOHAUS / GÉRARD TRAQUANDI

CLAUDE LORIN

* Quand les attitudes deviennent formes, Kunsthalle, Berne, 1969 Quand la matière devient forme jusqu’au 1 juillet Centre d’art contemporain intercommunal, Istres 04 42 55 17 10 ouestprovence.fr

www.montmajour.monuments-nationaux.fr Gratuit pour les moins de 26 ans* * Ressortissants et assimilés de l’UE ou de l’EE ou non ressortissants titulaires d’un titre de séjour ou visa de longue durée délivré par un de ces Etats.

Conception graphique : Gérard Traquandi & Romain Hisquin © Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l’architecture et du patrimoine - diffusion RMN

Sylvander ou Moussa Sarr (visionnement vidéo peu commode dans l’escalier), on remarquera les réalisations de deux artistes en production. Yannick Daverton élabore un Arrangement N°2 à base de tissu, doublement mamelonné, irréductible à toute catégorie. Floryan Varennes signe de suggestifs cols de veste ou manches de chemise dont le corps leur a échappé mais reste présent allusivement (Hiérarques, Réminiscence). Son Illuvium, conçu pour l’exposition, invite à une intime expérience perceptive dans une salle étroite recouverte de plis en velours noir. Le lieu à la perspective rétrécie agit un peu comme chambre sourde, interfère sur nos facultés perceptives, en appelant davantage au corps, au tactile qu’au visible. Plus chargée de sens, associant plusieurs médium, l’installation d’Eva Kotátková met en scène l’inquiétante emprise sociétale sur l’être humain. L’exposition propose un cheminement éclectique dans la matière et la matérialité de l’art sans pour autant sauter le pas jusqu’à l’immatériel suggéré par certains artistes dans la lignée duchampienne. Un autre chapitre à venir ?


62 au programme arts visuels marseille bouches-du-rhône

Serial Painter Remodelés par l’architecte Marjorie Bolikian, les nouveaux espaces de la Galerie du 5e font place à la bande de Nice, Pascal Pinaud, Cédric Teisseire et Xavier Theunis, tous diplômés de la Villa Arson. Trois Serial Painter qui se sont saisis du motif de la répétition dans la série, cher à Buren, pour inventer leur propre vocabulaire. Trois Serial Painter qui jouent des cimaises de la galerie comme de larges paysages abstraits. M.G.-G. jusqu’au 16 avril Galerie du 5e, Marseille 1er 04 91 56 82 14 marseilleexpos.com

Vue de l’exposition Serial Painter © jcLett

Délicatement brutal Sacré remue ménage à la Halle des antiquaires ! Dire, Dok, Eldiablo, Geb74, MEO, Nassyo, Ripley et Zest sèment leurs graffitis dans l’espace de la galerie Saint Laurent de manière, disons, délicatement brutale. Toutes les facettes de l’art urbain s’y déploient qui dévoilent ainsi la richesse esthétique et stylistique d’un art engagé, sans cesse en mouvement. Qui passe de la rue, où il est né, à la galerie avec la même énergie explosive. M.G.-G. jusqu’au 30 avril Galerie Saint Laurent, Marseille 15e 04 91 47 45 70 galeriesaintlaurent.com

Green Music, 2015 © MEO

Ces obscurs objets du désir Inauguré fin 2015, L’Atelier trois de Carolle Benitah est non seulement dédié à son travail mais il est également ouvert à d’autres pratiques. Celles actuellement de Julien Levy, Louise Narbo, Didier Petit, Michael Serfaty, Edith Laplane, Anna Nathalie Cohen et Tché Van Thuan. Des pièces uniques comme autant d’objets de son désir exposés au milieu du mobilier scandinave vintage et des livres d’artistes qui lui tiennent à cœur. M.G.-G. Cet obscur objet du désir jusqu’au 3 juin L’Atelier trois, Marseille 1er 04 84 33 15 49

Shoes © Julien Lévy

Cody Choi Première exposition monographique en France de l’artiste coréen Cody Choi. Les œuvres de ce sociologue de formation interrogent la civilisation et l’histoire de l’art avec un humour caustique. En écho, le nouvel accrochage de la collection permanente du musée, Zoo Machine, présente des œuvres incluant des machines ou des animaux et s’interroge sur les divers aspects de la place du vivant dans l’art. C.B. Cody Choi-Culture Cuts 8 avril au 28 août Musée d’art contemporain, Marseille 04 91 25 01 07 marseille.fr

The Thinker, December © Courtesy PKM Gallery


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Obscènes Quand les œuvres de treize plasticiennes s’entrecroisent avec les écrits d’artistes, auteurs, psychanalystes et psychologues... se dévoile la question d’une poïétique de l’obscène. L’œuvre d’art s’avoue ici dans ce qui est présenté comme le représenté, l’intime, l’(in)acceptable. Avec F. Buadas, C. Ricoul, C. Bouvet, J.C. Sarpi, G. Wacjman... Lectures et performances en soirées. C.L. Les Inmontrables 25 mars au 16 avril Galerie LeLAB, Marseille 09 93 69 63 39 lelab13006.com L’Inmontrable © photo LeLAB

Laurent Dessupoiu À la pointe de son stylo comme de son pinceau, Laurent Dessupoiu peint, sculpte, assemble, découpe, colle et joue avec les signes, les graphes, les aplats de couleurs tranchantes. Et les mots qu’il déroule dans des formules choc (« la solitude est une condition nécessaire de la liberté ») ou poétiques (« l’espérance est le songe d’un homme éveillé »), écrivant sans faux-semblants une autobiographie sincère. M.G.-G.

J’habiterai mon nom jusqu’au 28 mai Fondation Saint-John Perse, Cité du livre, Aix-en-Provence 04 42 91 98 85 fondationsaintjohnperse.fr ​ rayon Spatial, Ecrire, c’est hurler sans bruit, C laque et marqueur indélébile sur aluminium et acier 2014. Tribute to Marguerite Duras © Laurent Dessupoiu

Antoine Rozès C’est sur un petit bout de chemin surplombant la Dordogne qu’Antoine Rozès a débuté cette série nocturne en 2012. Avec des outils fabriqués par lui, la prise de vue numérique, sur le principe de la chronophotographie, se veut sans retouche. Ce protocole, s’inspirant du non-agir taoïste, laisse la plus grande latitude à l’aléatoire pour laisser venir à soi les images. C.L. L’Hors de moi en bois 25 mars au 7 mai Anne Clergue Galerie, Arles 06 89 86 24 02 anneclergue.fr Fôret B-O2h57-2015 © Antoine Rozès & Anne Clergue Galerie

La mesure des choses Giovanni Anselmo, Jean-Pierre Bertrand, Stanley Brouwn, Helmut Federle, Hans Josephsohn, Hilma af Klint, Bernd Lohaus seront les invités d’une carte blanche offerte à Gérard Traquandi par le Centre des monuments nationaux. Les œuvres choisies ou réalisées spécifiquement sollicitent la rencontre entre l’esprit des lieux et la sensibilité de nos contemporains. C.L. La règle et l’intuition 3 avril au 19 septembre Abbaye de Montmajour, Arles 04 90 54 64 17 abbaye-montmajour.fr

Hilma af Klint, No 4 - Séries VIII, huile sur toile, 1920, 47x47 cm © The Hilma af Klint Foundation


64 au programme arts visuels Bouches-du-rhône

var alpes

Hans Hartung À Aubagne, deux lieux embrassent une partie de l’œuvre de Hans Hartung (1904-1989), maître de l’abstraction lyrique et précurseur, entre autres artistes, de l’action painting. Au musée de la Légion étrangère, pièces d’archives et œuvres inédites de sa période figurative ; au centre d’art Les Pénitents noirs, 17 acryliques sur toiles peintes dans l’urgence de ses derniers jours… Concerts et intermèdes musicaux donnés par les élèves et professeurs du conservatoire de musique et de danse rythmeront les expositions. M.G.-G. Beaux gestes, Hans Hartung, peintre et légionnaire 16 avril au 28 août Centre d’art des Pénitents noirs & Musée de la Légion étrangère, Aubagne 04 42 18 17 26 / 04 42 18 10 99 hanshartung-aubagne.net

Sans titre, huile sur papier, 31,50 x 24 cm, 1940 © Hans Hartung © Fondation Hartung Bergman

Gottfried Honegger L’exposition propose une sélection comprenant des œuvres de jeunesse jusqu’aux dernières productions de l’artiste disparu en janvier dernier. Aux débuts figuratifs de la peinture de chevalet succéderont les expérimentations menant à une abstraction géométrique et dépouillée, à une nouvelle conception de l’espace pictural avec les célèbres tableaux-reliefs, les tableaux-espaces ou encore les artefakts. C.L. Gottfried Honegger, Sans titre,1958, Huile sur toile, 70 x 70 cm, FNAC, Dépôt du Centre National des Arts Plastiques, Espace de l’Art Concret-Donation Albers-Honegger

Gottfried Honegger-alpha omega jusqu’au 22 mai Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux 04 93 75 71 50 espacedelartconcret.fr

Dessins contemporains Dix artistes actuels et singuliers réunis dans la diversité du dessin et de ses multiples détournements. De Georges Bru ou Sylvie Pic à Pascal Navarro, et aussi Adami, Cartereau, Ceccarelli, Lauro, Masi, Pons et Roux. C.L. L’oeil et la main jusqu’au 24 juillet Centre d’Art Contemporain, Châteauvert 09 64 44 64 04 cc-comtedeprovence.fr

Sylvie Pic, Quadriptyque, série The Myth of Interiority (B), 2016 © C. Almodovar

Didier Petit Posséder, porter en soi, sur soi, détenir… l’exposition Habere de l’artiste marseillais Didier Petit se déploie par le biais d’une série de 100 dessins, en papiers découpés de coquillages, chacun représenté à l’échelle 1. Évocation d’un territoire, d’un corps céleste, organique ou sentimental… une façon d’être à l’intérieur de soi mais ouvert au monde. En écho à l’exposition, Didier Petit donnera une conférence et présentera son ouvrage mardi 31 mai à 18h. M.G.-G. Habere 1er avril au 3 juin Cairn centre d’art, Digne-les-Bains 04 92 31 45 29 cairncentredart.org

Didier Petit, Epitonium scalare (Scalaire précieuse), papier découpé, 40x41cm, 2014 © Jean-Christophe Lett


livres critiques

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Le printemps de la francoquoi ? Le linguiste Médéric Gasquet-Cyrus et l’écrivain Gauz ont débattu au Théâtre La Criée pour un événement sujet à controverse

C’

est sur un mode polémique et incisif que Gauz a pris la parole le 12 mars lors d’une rencontre intitulée : La littérature francophone n’a pas de frontières... Parce que le terme de francophonie, aux allures de nostalgie coloniale, provoque derechef des allergies langagières et parce qu’il porte en lui de manière inexorable le mouvement ascendant et multiséculaire de la France sur le reste du monde. Pour l’auteur, né et vivant en Côte d’Ivoire, il y a là mépris et méprise : Canadiens, Ivoiriens, Maliens, Sénégalais, Wallons parlent et écrivent français au même titre que ceux qui peuplent l’hexagone, un français qu’ils ont d’ailleurs enrichi. Loin des règles académiques austères, des joutes orales des rues d’Abidjan naît une langue joueuse, rieuse et renouvelée. Le langage de Gauz est imprégné de contes, de marabouts, de sept langues journalières, des nuits de sa mère, d’une africanité dans le français bien vivante et qui préfigure le monde de demain. Il évoque Céline, Romain Gary et Ahmadou Kourouma, leur obsession

pour le rythme, l’évolution du style en fonction de leurs œuvres. À l’écrit, le texte, ou plutôt le contexte impose sa langue : pour son prochain roman, il cherche celle d’un Français du dix-neuvième siècle qui aurait passé © Amandine Tamayo dix ans en Afrique. Médéric Gasquet-Cyrus, sociolinguiste, souligne le caractère hyperbolique et la vacuité du mot « excellence » servi à toutes les sauces, rappelle que l’oralité est le code premier d’une langue qui n’existe que dans le réel et le vécu des gens, aborde le mythe de Marseille-Babel, mythe devenu topos littéraire et qui n’est vrai qu’en partie si l’on tient compte de l’organisation des langues, montrées ou cachées dans l’espace social. Sur Pagnol les avis divergent : si son oeuvre est bien plus qu’un cliché pour le sociologue, pour le romancier, sa trilogie marseillaise

est caricaturale et emprunte des raccourcis régionalistes. MARION CORDIER

L’événement a eu lieu le 12 mars dans le cadre de la journée d’ouverture du Printemps de la francophonie organisée par la Ville de Marseille (lire également p 17). Gauz, auteur d’un premier roman très remarqué Debout-payé, est en résidence d’écriture à Peuple et Culture Marseille jusqu’à fin mars et a été en rencontre croisée avec Laurent Bonneau à La Réserve à Bulles le 25 mars.

Liste d’attentes

M

es Pénélopes a d’abord été un spectacle. Présenté en mars 2015 au Théâtre des Bernardines. Sur le plateau, la danseuse Carol Vanni, Alain Fourneau l’homme immobile, et des femmes, des amatrices, avaient donné corps et parole à toute une série de Pénélopes. Des attentes incarnées. Et proférées (lire la critique de Marie-Jo Dhô dans Zib’83). Le texte en était alors au stade du manuscrit. Carol Vanni se mettait d’ailleurs en scène à sa table, en Pénélope qui écrit, attendant, peutêtre, que le livre advienne. C’est chose faite aujourd’hui. Mes Pénélopes est récemment paru aux éditions esperluète (Belgique). Un petit recueil pour « entrer dans l’attente. Le secret de chaque attente » et « percevoir la patience du monde. » Un livre, en somme, pour aider à débrancher, à accepter l’étirement du temps, à y trouver un « présent de vivre. » Ces Pénélopes, qui sont-elles ? Chaque texte ou presque commence par : « Je m’appelle Pénélope » ; suit un âge (le plus souvent, mais

pas toujours) et la brève évocation d’une attente. On comprend alors que ces Pénélopes sont des fillettes, des femmes, des hommes aussi, et parfois des animaux, des végétaux ou des objets (un message parti d’un téléphone mobile, une tasse…). Micro fictions apparemment aléatoires qui insensiblement se répondent, se croisent, en un système d’échos émouvant. On peut les lire une à une, dans le désordre, filer la lecture jusqu’au bout, peu importe, les pièces du puzzle ne sont pas tenues de s’assembler. À chaque Pénélope, son moment, son atmosphère. D’une poésie ténue. D’une grande humanité. En regard de ces attentes personnifiées, les peintures de Véronique Decoster offrent des fragments de scènes quotidiennes, des détails corporels ou vestimentaires… Autre puzzle ; autres instantanés de vie à savourer. FRED ROBERT

Mes Pénélopes Carol Vanni (texte) Véronique Decoster (peintures) Éditions esperluète, 16 €


66 critiques livres

Ce que nous fait le cinéma

T

outes les femmes sont des Aliens, dit-elle. Olivia Rosenthal, pourtant, fabrique à partir de films très communs, une interprétation inattendue, et étrangement familière. C’est sûr, Bambi et Le Livre de la jungle nous arnaquent avec leur musique apaisante, alors qu’ils tuent les mères, offrent un enfant nu à la balourdise d’un ours et à l’inquiétant (inquiétante ?)

Bagheera, panthère aussi noire qu’anorexique au genre indéterminé. Walt Disney perd des orphelins sans défense dans des forêts peuplées d’animaux faussement rassurants et d’humains franchement assassins... tandis qu’Hitchcock, plus sadique encore, punit une blonde coupable de s’intéresser trop librement à un homme encombré d’une mère abusive et d’une sœur qui pourrait être sa fille (sa mère donc serait ?). Les Oiseaux déchaînés, soudain transformés en prédateurs collectifs d’une bourgade trop tranquille, chassent les humains de leurs terres... L’ironie d’Olivia Rosenthal est cruelle, même si elle confie aussi son désarroi intime face aux chocs éprouvés lorsqu’elle décrypte les images. Car le cinéma est toujours présent dans ses œuvres, et les animaux hybrides, inquiétants. Comme Alien, monstre sûrement femelle, comme Ripley, attirée par le monstre, comme elle-même, qui projette ses interprétations subjectives et révoltées par dessus et dessous ces histoires communes dont on ne connait pas le poids, mais qui ont fabriqué nos imaginaires. C’est le rapport des enfants à leur mère, des filles surtout au corps des mères, qui est évidemment le sujet central de la « Tétralogie » des Aliens. Ripley perd son enfant dans le

dédale des temps, sauve un autre enfant qu’elle tue encore, plonge dans la matrice du monstre avec délice, enfante un monstre qu’elle tue pour s’échapper avec « une jolie brune ». C’est évident, il est question du plaisir et de la douleur des femmes entre elles. Les phrases sans répit nous entrainent vers des images que l’on ne voit pas mais dont on comprend enfin pourquoi elles nous terrifient. Sans doute sommes-nous toutes des Aliens. AGNÈS FRESCHEL

Toutes les femmes sont des Aliens, suivi de Les Oiseaux reviennent et Bambi & co Olivia Rosenthal Éditions Verticales, 10 €

Déposer les armes A

ttila, hongrois, 40 ans, décide tout d’un coup de quitter son épouse, son métier frauduleux pendant 20 ans au service de son bandit de beau-père, sa maîtresse et ses trois enfants. Au volant d’une voiture volée, il part travailler comme peintre en bâtiment le temps de « se refaire ». Puis s’installe à Budapest. Désormais libre, seul et terriblement triste, il trouve un travail de nuit et s’adonne à la peinture le jour. Dix ans passent ainsi dans une sorte de torpeur et de rage. Jusqu’à la rencontre, en 2007, de Theodora sa cadette de 25 ans. Autrichienne, de Vienne, ce qu’il y a de pire pour lui. Riche héritière, fille d’un ténor héroïque universellement célèbre. Tout les oppose. Pourtant dans les heures qui suivent leur rencontre ils se retrouvent au lit. Deux étrangers, bêtes sauvages qui peu à peu se découvrent, s’apprivoisent. Comment une riche Autrichienne peut-elle aimer un pauvre Hongrois dépossédé de sa propre vie ? Pourquoi ne peut-il oublier les multiples déplacements des frontières de son pays, les souffrances de son peuple sous le régime des

conquêtes. Écrit du point de vue d’Attila qui livre souvent ses doutes et ses interrogations, le livre tient à la fois d’une longue métaphore de la passion amoureuse et d’un conte moderne de princesse et de berger. « L’amour est une chose sérieuse comme la terre (...), l’amour remonte le cours du temps, il revient aux origines. » Une auteure à suivre. Assurément. CHRIS BOURGUE

Le dernier amour d’Attila Kiss Julia Kerninon La brune au Rouergue, 13,80 €

Habsbourg ou des Soviétiques, la misère de sa famille ? Cependant leur amour devient étonnamment plus fort que tout cela. Second roman d’une très jeune auteure de 31 ans, Julia Kerninon dont le premier avait reçu le Prix Françoise Sagan, ce livre à la fois très sensible et très intelligent dans sa construction présente une histoire d’amour comme une succession de batailles, de redditions et de


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Requiem en eaux douces

B

ertrand Belin a du succès et parfois la voix qui tremble, il chante très près du micro et ça vibre ; on ne comprend pas toujours les paroles mais on entend bien le souffle alors on se dit que c’est de la poésie ; quand il écrit c’est

un peu pareil. Son deuxième roman Requin paru il y a déjà quelque temps semble avoir beaucoup plu et on a bien envie d’imaginer pourquoi. Primo certitude reposante, on est bien conscient que ce qu’il raconte n’a pas eu lieu et n’aura jamais lieu ainsi car « je me noie » ou « je meurs » conjugué au présent progressif à tout bout de page exclut toute tentative d’identification intempestive, d’autant que la scène unique de cette lente agonie méditative se déroule entre la surface et le fond du contre-réservoir de Grosbois (!) ; comme la diva qui dilate le temps de ses dernières vocalises sous l’effet subtil du poison bien dosé, l’homme qui coule victime d’une crampe sournoise dévide la bobine parfois pas très au clair de sa vie passée sinon classée. Deuzio il est vraiment plaisant de dériver avec ce narrateur modeste et malin, pas requin même si voler des squelettes mérovingiens (des « Méros ») dans la nécropole n’est pas joli joli pour un archéologue amateur, mais bon quand il était plus jeune encore il avait « péché le lait » et contrepèterie ou pas ça c’est un beau geste ; d’ailleurs « la nuit-du-lait » s’insinue, prend forme et s’installe enfin comme un leitmotiv

plutôt refrain d’ailleurs car cette voix n’aspire à rien d’autre qu’à fredonner du bizarre entre les lignes de flottaison .Tertio l’affirmation précédente tombe dès qu’on lâche le fil de l’onirique et de l’anecdotique pour mettre un peu la tête sous l’eau : alors on les repère tout flous, tout déformés et bien mouvants les Montaigne et les Pascal qui apprennent à mourir en philosophant après nous avoir enseigné que les sens nous trompent, « Rien ne soulage mieux de la crainte de mourir que mourir en acte » ; digressions brillantes, motifs énigmatiques et variations existentialistes sur la contingence et tout ça en cadence. Bertrand Belin s’écoute sans doute écrire parce qu’il sait bien que « chacun marche à côté de soi-même » ; c’est toujours dans cet interstice que l’on perd pied si l’on n’y prend garde. Fascinant, envoûtant, dense ou peut-être creux comme un os sans moelle qu’importe puisque c’est sûr on est pris dans les filets ! MARIE-JO DHÔ

Requin Bertrand Belin Éditions P.O.L, 14 €


68 critiques livres

Vies parallèles S

ans vouloir suivre le modèle de Plutarque, Kéthévane Davrichewy livre un ouvrage dans lequel se croisent les vies de son arrière-grand-père paternel et celle de Staline. Les deux naissent dans le même village de Géorgie, Gori, portent le même prénom, Joseph, auraient, souffle la rumeur, le même père, l’athlétique Damiané qui gère la ville. L’auteur nous entraîne dans cette plongée familiale, intimement liée à l’histoire. Les deux Sosso (diminutif de Joseph) vivent des enfances parallèles, se heurtent, perpétuels rivaux, et pourtant subissent une attirance qu’ils n’expliquent pas, de même que leur troublante ressemblance. Ils vont prendre part aux premières révoltes qui secouent l’empire du tsar, puis les destinées se séparent. L’un est bolchevik, l’autre se bat pour une Géorgie indépendante. Staline deviendra le « petit père des peuples » et dictateur, Joseph Davrichachvili/Davrichewy sera un pionnier de l’aviation, héros de la première guerre mondiale, résistant de la deuxième et finira dans l’ombre. Kéthévane Davrichewy

vie intellectuelle de la communauté russe à Paris… Le peu de documentation familiale (quelques photographies, des souvenirs) est suppléé par la matière romanesque. C’est un véritable art poétique qui est exposé au cœur de chapitres où la romancière se met en scène et souligne avec finesse les limites du vrai, du possible, et de l’imaginé. L’autre Joseph tient ainsi à la fois de la saga familiale et du roman historique, dans une reconstitution passionnante et enlevée, servie par un style rapide, précis, qui épouse les méandres de cette réinvention du passé. C’est ici que l’ouvrage dépasse le propos singulier et entre en littérature. offre un roman qui mêle avec intelligence la grande histoire et le récit familial. En phrases courtes, percutantes, elle transcrit, recrée la vie quotidienne de la fin du XIXe, évoque les histoires légendaires qui ont nourri l’imaginaire de ses personnages, celle de Tato le bandit ou de Guiorgui Saakadzé, bandit d’honneur, la pauvreté, les relations entre les différentes strates de la société, offre un panorama de la

MARYVONNE COLOMBANI

L’autre Joseph Kéthévane Davrichewy Sabine Wespieser éditeur, 21 €

Une enfance chinoise

I

l serait imprudent de se fier au titre, Don Quichotte sur le Yangtsé, du romancier chinois BI Feiyu, magnifiquement traduit en français par Myriam Kryger. Pas de roman picaresque certes, mais est-il besoin d’une Rossinante pour s’emparer des rênes de l’imaginaire ? À califourchon sur un buffle, l’enfant fouette « une armée de roseaux »… « Cervantès a plongé au plus profond de l’âme humaine » souligne l’auteur, dans une superbe confrontation entre les termes

de la fiction et la réalité vécue. BI Feiyu, né « droitiste » parce que tel était étiqueté son père, qui avait le tort d’être un intellectuel dans la Chine des années 60, va être balloté toute son enfance dans les divers lieux où ses parents, tous deux instituteurs, seront mutés. Déracinements multiples, « ici, est le seul endroit auquel je n’ai jamais appartenu », souvenirs éclatés, auxquels l’écriture enfin accorde un ancrage… L’ouvrage rassemble une série de micro-récits, d’anecdotes, de tableaux, kaléidoscope qui offre dans son émiettement la possibilité de cerner au plus près la complexité des sensations, des sentiments, constituant un vaste panorama de la Chine par les yeux d’un enfant. Le point de vue de l’écrivain adulte donne à chacun de ces récits une dimension d’apologue. Il y a les désobéissances de l’enfance, les relations avec ses camarades d’école, les gens des différents villages, le rythme des saisons, les privations, la misère, la fabrication du tofu… tout un monde réparti en grandes sections, « Se vêtir, se nourrir, se loger, se déplacer », « Nos jeux », « Avec les bêtes », « Dans les champs », « Scènes », « Certains d’entre eux ». Apparaît au détour des pages un conteur captivant, avec

un sens du mot juste, de l’image éclairante. BI Feiyu raconte, évoque, avec un sens aigu du détail signifiant, brosse avec une humaine délicatesse les portraits de ses personnages, nous donne à voir, à vivre, à comprendre. Les fautes anciennes le taraudent, il a l’honnête humilité de mesurer sa vie d’adulte à celle de son enfance, et interroge son présent et son avenir à l’aune de ce qui fut. Le poids des erreurs devient force, dans ce « connaistoi toi-même » éprouvé. Un texte dense et profond, quel régal ! MARYVONNE COLOMBANI

Don Quichotte sur le Yangtsé BI Feiyu traduction Myriam Kryger Éditions Philippe Picquier, 18 €


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Constance, agent très spécial L

orsque Jean Echenoz se frotte au roman d’espionnage, on s’attend à ce que les règles du genre souffrent de quelques détournements. Il y a bien un gradé des services secrets pour monter un coup dans son coin, de jolies filles, des armes, du sexe et un voyage en zone dangereuse. Mais les boulons d’Envoyée spéciale sont comme vissés à l’envers. Le lecteur volète aux côtés de son narrateur qui, s’il se vante d’être bien informé et n’est pas avare de commentaires, semble souvent découvrir les ressorts de l’intrigue en même temps que lui. Pour mener à bien son opération clandestine, le vieux général Bourgeaud a besoin d’une

femme « qui ne comprend rien à rien, qui fait ce qu’on lui dit de faire et qui ne pose pas de questions. Plutôt jolie si c’est possible. » Ce sera Constance, oisive et flegmatique Parisienne du XVIe, enlevée à la sortie du cimetière de Passy. Pourquoi elle ? Pour quoi faire ? On ne le saura que bien plus tard, à l’issue d’une « bonne cure d’isolement » au fin fond de la

L’Europe en nocturne C’

est le premier livre de William Guidarini, photographe, fondateur d’un lieu dédié à la photographie à Marseille, Le Garage Photographie. Alors que ses activités sont tournées essentiellement vers la pratique, la formation et la diffusion de la photographie (Didier Ben Loulou, Klavdij Sluban), le formateur a passé désormais le pas pour assumer son travail d’auteur. L’ouvrage se présente dans un format presque carré, rappelant un carnet de voyage, tout en noir et blanc. Ce sont un peu plus de quarante clichés qui se succèdent sans commentaires, ni repères géographiques ou temporels. De ses voyages en Europe de l’ouest entre 2008 et 2013, William Guidarini retient des villes et de leurs marges des ambiances obscures où la présence humaine se fait discrète sinon de solitude ou absente. Les cadrages serrés sont mis en valeur par l’impression des noirs intenses qui retiennent les quelques points de lumière encore possibles. Le photographe marche sur les traces de la veine humaniste, sociale aussi mais empreinte d’expressionnisme contenu voire de poésie un peu triste. L’ensemble est accompagné d’un texte de Laura Serani traduit en anglais. Un tirage de tête est édité, comprenant le livre, signé et numéroté lui aussi accompagné d’un tirage sur papier Hahnemühle reprenant l’image de couverture (80 €). CLAUDE LORIN

Ceux qui restent William Guidarini Arnaud Bizalion Éditeur, 25 €

Creuse. Il faut dire que le narrateur prend son temps, dévoilant une galerie de personnages, empêtrés dans les aléas de la vie quotidienne, des états d’âme et des impulsions qui les rendent peu prompts à réagir comme prévu. Nos préférés sont sans conteste Jean-Pierre et Christian, inséparables et tendres geôliers de Constance, auprès desquels la jeune femme passera un séjour paisible à la campagne, plongée dans la lecture de l’encyclopédie Quillet. Un seul regret : on se laisse parfois emporter par le plaisir plutôt que de ralentir le pas, pour une lecture plus attentive. Car Jean Echenoz est un orfèvre du style, qui manie avec la plus grande finesse la syntaxe et les ruptures de ton, ouvrant le récit sur des digressions inattendues, aussi hilarantes que poétiques. MARIE MICHAUD

Envoyée spéciale Jean Echenoz Les Éditions de Minuit, 18,50 €


70 critiques livres

Le temps, le corps et le monde

E

ntre les deux il n’y a rien et Lisières du corps, deux livres avec force, souffle et faconde que nous livre l’écrivain Mathieu Riboulet.

« Le sexe, ça n’est pas séparé du monde » Entre les deux il n’y a rien parcourt une décennie (1968-1978) pendant laquelle l’auteur-narrateur passe de l’enfance à la maturité et découvre, de manière indivisible, simultanée, la naissance du désir et d’une conscience politique, avec tous les espoirs et les désillusions que cela suscite : la joie spontanée, sensorielle, amoureuse, obstruée par le déclassement social vécu quand on est homosexuel, quand il faut composer avec une hostilité ambiante qui met en état d’alerte, change indéfectiblement sa vision du monde, fait émerger la rage de « mettre cul par-dessus tête » les mécanisme de l’injustice et du plaisir ; la violence des États dit « légitimes », en France, en Italie, en Allemagne, et celle des mouvements d’extrême gauche engagés dans la lutte armée, qui précisément questionnent ces régimes nés de la seconde guerre mondiale et plongés dans la spirale fallacieuse de l’économie capitaliste. Mathieu Riboulet sort ici de l’inutilité, de l’oubli, les militants qui ont payé de leur vie ; il énumère les corps tombés, revient sur les événements, tournant comme en boucle la tragédie, la martelant, faisant sienne et leur et de manière filée la métaphore du chien dans toutes ses acceptions : « chien errant, chien galeux, traiter, abandonner, mourir comme un chien. » En flash forward, il annonce aussi les morts à venir, emportés par le sida : le narrateur a 18 ans en 1978, et seulement 5 ans de liberté sexuelle devant lui, 5 années au gré de l’instinct avant d’être rattrapé par cette épidémie mortifère qui frappera Martin son proche ami/amant de jeunesse, renié par ses parents. Pour l’auteur, l’écriture libère de la confusion, permet l’ordonnancement d’une pensée à tout-va ; elle dit aujourd’hui ce qui émergea alors politiquement et corporellement en lui de façon limpide, mais qu’il n’était pas encore capable de formuler ; elle questionne le désarroi d’arriver dans la force de l’âge et de ne pouvoir, à peu de choses près, un

léger mais fatal décalage temporel, se saisir des grands enjeux dont il rêvait précisément de se saisir. Entre les deux il n’y a rien résulte d’un projet très ancien devenu nécessité ; il précède, dans sa force et son essence Prendre dates, qu’il rédige avec l’historien Patrick Boucheron au lendemain des attentats de janvier 2015 dans un souci de retenir le temps, quand l’émoi individuel rejoint le collectif, dans la sidération de l’instant.

« Nos désirs sont innombrables » Entre les deux il n’y a rien et Lisières du corps paraissent en 2015 de manière concomitante. Lisières du corps est un autre versant : rédigé après le premier, ce livre s’en distingue par la matière et la forme, se fait échappée belle, respiration, calme après la tempête. Six courts textes le composent, six contemplations des corps, de la vie à la mort, dans la suavité, la précision, la poésie, l’évidente fluidité des mots. Des corps de peau de muscles de nerfs de sang et de sexe, désirés sans être pris, qui s’offrent, s’abandonnent et déploient leur splendeur. Des corps croisés aux bains ou dans la rue, qui dealent ou qui se vendent, dont le regard se saisit et n’en démordra plus. Plus avant dans le texte, des corps dans le plus cru d’une étreinte multiple. Ou bien le corps à corps des acrobates lancés en l’air et ne faisant plus qu’un ; la photo d’un homme torse-nu, à l’arrière-plan une combe pyrénéenne dont il est à la fois l’épaisseur et la courbe ; et le corps de Ljubodrag, gisant, mais avec quelle clarté ! On trouve au creux du texte des parenthèses qui n’en ont que le nom, un rythme qui ne suspend pas son vol, le flux et le reflux d’une langue à vous couper le souffle. En décrivant ainsi, au plus près, au plus juste de l’oeil et du toucher, Mathieu Riboulet met des mots sur ce qui ne s’exprime pas par le langage, fascine, apaise, traverse le lecteur presque instantanément, de part en part. MARION CORDIER

Entre les deux il n’y a rien Verdier, 14 € Lisières du corps Verdier, 11,50 €

Mathieu Riboulet

Mathieu Riboulet

Mathieu Riboulet était de passage à la librairie Maupetit le 11 mars et sera l’invité de l’association Peuple et Culture Marseille à la fin du mois d’avril


SPECTACLES 2015/2016 JE T’AI RENCONTRE PAR HASARD - PIETRAGALLA DEROUAULT mardi 29 - 20h30 LOUISE ATTAQUE jeudi 31 - 20h

AVRIL 2016

LES ECHOS-LIÉS mercredi 06 - 20h30 PATRICK BRUEL «TRES SOUVENT, JE PENSE A VOUS...» mercredi 20 - 20h jeudi 21 - 20h LES CHOEURS DE L’ARMEE RUSSE jeudi 28 - 20h30 GERARD FERRER vendredi 29 - 20h30 BALLET REVOLUCION samedi 30 - 15h30 et 20h30

MICHEL JONASZ QUARTET SAISON 2 samedi 19 - 20h30 ROLAND MAGDANE

MAI 2016

LE WOOP samedi 07 - 20h30 LILAN RENAUD vendredi 13 - 20h30 EMMANUEL MOIRE mardi 17 - 20h ZAZIE jeudi 19 - 20h vendredi 20 - 20h samedi 21 - 20h

vendredi 25 - 20h30

DÉCEMBRE 2016

3E ÉTAGE, ÉTOILES ET SOLISTES DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS samedi 18 - 21h

ELIE SEMOUN jeudi 01 - 20h BELCANTO samedi 03 - 20h30 JEREMY FERRARI mercredi 07 - 20h30 JEAN-MARIE BIGARD vendredi 16 -20h30 ARNAUD DUCRET samedi 17 - 20h30

NOVEMBRE 2016

JANVIER 2017

JUIN 2016

TROTRO FAIT SON CIRQUE mercredi 02 - 14h30 LARA FABIAN lundi 07 - 20h LA TROUPE DU JAMEL COMEDY CLUB mercredi 09 - 20h30 PATRICK TIMSIT jeud 10 - 20h30 LE LAC DES CYGNES SUR GLACE samedi 12 - 21h dimanche 13 - 14h L.E.J mardi 15 - 20h

ONE NIGHT OF QUEEN mercredi 25 - 20h30

FEVRIER 2017

PATRICK SEBASTIEN samedi 04 - 20h30

FEVRIER 2017

CEPAC DDCIM - 03/2016

MARS 2016

CHANTAL GOYA samedi 04 - 15h ARNAUD TSAMERE mardi 21 - 20h30 GOSPEL POUR 100 VOIX samedi 25 - 20h

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