SAISON 1 ÉPISODE Entre le ciel et l’enfer
À mon père, Claude et à mon frère, Thierry. Pour mes enfants, Hugo et Téo.
En préambule, le générique de la série, réalisé par l’auteur... www.soleilprod.com/actus/news/no-body.html
Springboro, Indiana, USA, 1987.
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merci.
Montana, USA, 2008.
c’est étonnant qu’il vous raconte tout cela. Il était totalement silencieux depuis son arrestation.
visiblement, il me fait confiance. je ne sais pas pourquoi.
entre ce que l’on sait des faits, ceux pour lesquels il est jugé et ce qu’il raconte, on est clairement dans la psychose. Il y a pour moi une dissociation avec la réalité. mais j’ai besoin de vérifier ce qu’il dit, et comme vous le savez, le fbI m’empêche d’accéder à tout un tas d’informations.
et c’est là que je peux vous aider.
à propos… tous les détails qu’il donne sur l’assassinat de kennedy sont, comme par hasard, un copier-coller du livre où le milliardaire texan, billie sol estes, accuse johnson. et bien sûr, on a retrouvé ce livre chez lui.
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hum… cela ne veut pas dire pour autant qu’il a puisé dedans. c’est un sujet qui le concerne, il a pu lire ce livre par simple intérêt personnel. tout le problème est là avec cet homme. Il est difficile de faire le tri dans ce qu’il raconte.
on a tous plus ou moins construit notre histoire à partir de vrai et de faux...
qu’est-ce qu’il y a ?
non… je réfléchis. c’est quoi... votre histoire ?
moi ? oh. je suis… un vrai cliché sur pattes.
c’est-à-dire ?
eh bien… une mère mexicaine et un père irlandais. deux caractères très différents. elle, latine, jalouse… très jalouse. et lui, un taiseux avec un penchant pour l’alcool. un travail dur. Il était docker... alors... l’alcool au quotidien.
petit à petit, la violence s’est installée à la maison. pas envers moi, mais envers maman… et elle l’a toujours couvert.
et puis… il y a eu ce jour où... je suis rentrée de l’école...
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j’avais huit ans à peu près, et j’avais une habitude en rentrant, c’était d’aller donner à manger à mes oiseaux.
des inséparables que ma mère avait réussi à avoir très difficilement. je les adorais. dès que j’ouvrais la porte, ils se mettaient à chanter. c’était un bonheur.
Il y avait le mâle, dad, et la femelle, mum. oui… j’étais petite quand je les ai eus et pour moi, des inséparables qui s’aimaient pour toujours, c’était forcément papa et maman.
ce jour-là, en arrivant, mon père m’a appelée.
Il était au chômage depuis quelques semaines et hélas, il se retrouvait à errer à la maison toute la journée. je ne suis donc pas allée nourrir mes oiseaux tout de suite.
Il était dans le salon et écoutait sa musique. Il voulait que je vienne et que je m’asseye à côté de lui. c’était rare... alors, je me suis assise.
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Il écoutait du jazz. je ne sais plus trop quoi. Il me regardait en souriant.
Il m’a dit « c’est beau, hein ? » j’ai répondu que oui, même si je ne me souviens pas avoir été particulièrement émue par cette musique.
et puis, il a baissé le son, totalement. « t’entends ? »
naïvement, j’ai dit « non ».
« si », m’a-t-il dit « écoute. » Il a remis le son, puis a coupé à nouveau. « alors ? t’entends ? »
puis il m’a dit : « le silence. pas un bruit. »
Il l’a refait deux ou trois fois encore, je commençais à avoir peur. Il avait ce sourire que je n’aimais pas. Il souriait, mais pas ses yeux.
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j’ai compris immédiatement.
« pas un foutu piaf pour m’emmerder » !
… effectivement, mes oiseaux ne chantaient pas.
Ils étaient dans leur cage, la porte était ouverte...
Ils baignaient dans leur sang.
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