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C H A P I T R E I I JOURS DE SIÈGE
Sa grand-mère descend tout de suite, nous dit-il. Les stores blancs de la fenêtre de devant sont baissés. Le salon est plongé dans l’obscurité. On aperçoit deux canapés beiges, un fauteuil assorti, ainsi qu’une grande télévision à écran plat. Au fond de la pièce trône une cheminée de pierre dont le manteau est surmonté de photos de famille encadrées. La pluie fouette les vitres. Boomer nous explique qu’il vient de terminer une formation. Le jeune homme, en surpoids, se prépare un sandwich au beurre de cacahuète et à la confiture.
MON PÈRE ET MA MÈRE CRAIGNAIENT DIEU.
ON ALLAIT À L’ÉGLISE TOUS LES DIMANCHES, ET AUSSI LE MERCREDI SOIR.
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Lolly grandit à Philadelphie, avec neuf frères et sœurs. C’est l’une des dernières nées.
« Mon pèr e était cha r tier, mais penon n’était jamais sa lumière… ns
dur, « Le plus ais t j’é d n a u q tait petite, c’é l’hiver.
isait « Il économ gent r assez d’a r e pour pay les t le loyer e . s e r u t c fa
« La n ture, ourriune a c’était histo utre ire. »
Pour nourrir convenablement sa famille, son père va chasser dans les montagnes Ponoco. Il rapporte des faisans, des lapins, des marmottes, et même des ours.
« On mang souvent eait de la marmotte .
Lorsqu’elle commence à travailler, Lolly rencontre un prénommé James. Ils s’installent à Camden, où il trouve un emploi chez Campbell’s Soup.
« On se débrouilla it comme ça en hiver. » ,
Ils ont trois filles ensemble. Elle est enceinte de la quatrième quand il est tué par balles dans un bar. Juste avant leur mariage.
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Quelques années plus tard, leur fille de sept ans, Tammy, succombe à une allergie.
« Je n’ai jamais demandé à Dieu pourquoi. Je ne is lui ai jama demandé pourquoi ma fille devait mourir. »
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Lolly raconte qu’à ce moment-là, elle a entendu la voix de son père décédé. Il lui a dit :
IÈTE NE T’IONUQRU ELLE. PAS PVA BIEN… ELLE ELLE EST AVI.EC MO
« Alors, je suis levée me comme si , jour nouv un e venait de au commenc e Un jour r. ensoleillé . Tout allait bien .
«Je pens e qu’il est au paradis.
«Mes angois ses s’étaient calmées. »
ses En plus de aura lle (e ts n fa n e ), ls fi n u i auss upe Lolly s’occ et de parents ances. s de connais de t Notammen doptif, a e èr fr son ort depuis la m e de sa mèr avait (quand elle 19 ans).
C’EST CALME ICI, COMPARÉ À L’ENDROIT OÙ JE VIVAIS AVANT.
LE MATIN, QUAND JE ME RÉVEILLE, JE DESCENDS… JE NE SAIS JAMAIS QUI EST CHEZ MOI.
J’AI TOUJOURS DES PARENTS QUI S’INSTALLENT. ILS NE PAIENT PAS DE LOYER, RIEN.
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Lolly a perdu le fil ; elle ne compte plus les gens qui ont vécu sous son toit.
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CINQ, SIX, SEPT, HUIT… NEUF GOSSES. J’AI TOUJOURS EU DES ENFANTS CHEZ MOI. MÊME LES ENFANTS DES VOISINS.
QUAND ILS AVAIENT DES PROBLÈMES AVEC LEURS PARENTS, ILS VENAIENT CHEZ MOI.
« Il fallait que j’arra nge tout. »
Un temps, Lolly garde aussi deux enfants blancs.
« Les parents vivaient dans notre rue. La mère a commencé à traîner avec un type noir, puis elle est partie. [Le père] travaillait. Il n’avait personne pour s’occuper des enfants.
« Je lui ai dit de les amener. Que j’allais m’en occuper.
Parlant de Boomer, qu’elle finira par adopter, elle dit :
« Ma voisine voulait se faire avorter. Je lui ai dit : TU TE VOIS TE PRÉSENTER DEVANT DIEU ET LUI DIRE POURQUOI TU T’ES DÉBARRASSÉE DE CE BÉBÉ ?
NON. DONNEMOI CET ENFANT.
« Ils ont commencé à vivre chez moi. »
Lolly s’occupe de Boomer quasiment depuis sa naissance ; elle garde aussi son frère.
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Lorsque leur tutrice légale se meurt d’un cancer. « J’allais chercher ses enfants, je lui préparais à dîner.
« Elle n’avait personne pour l’aider. Je lavais son linge, sa vaisselle, tout ça.
J’emmenais les garçons à la maison, je les aidais à faire leurs devoirs, je lavais et séchais leurs vêtements.»
ON N’A PAS BESOIN D’ÊTRE DU MÊME SANG POUR SE SENTIR DE LA MÊME FAMILLE.
Lolly n’a plus qu’une sœur et deux frères. Les garçons se sont tous engagés dans l’armée ; la plupart en sont revenus aigris.
L’un d’eux, qui a fait plusieurs séjours au Vietnam, « s’est saoulé à mort ».
C’EST CE QUE JE DIS À MES ENFANTS.
Un autre a succombé à des problèmes de foie.
« Presque tous mes frères étaient a lcooliques », dit-elle.
Lolly a assisté au déclin de Camden, elle aussi. Pour elle, il date des émeutes de la fin des années 60-début des années 70.
Elle se rappelle son frère, venant l’avertir qu’on brûlait les maisons des Blancs.
Il lui a conseillé de mettre un linge rouge à sa fenêtre, pour que sa maison soit épargnée.
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Elle s’est empressée d’aller prévenir une voisine blanche, de l’autre côté de la rue. METTEZ TOUS DU ROUGE À VOS FENÊTRES.
NE DIS À PERSONNE QUI T’A PRÉVENUE. ILS ME TUERAIENT.
« Ils ont m is une chaus sette de Noël rouge.
« Je suis allée le scotcher à la fenêtr e. »
« J’ai acc ché le calerorouge de çon mon frère …
Lolly sait que tout e parti d’un st e révolte c o la police, ntre mais elle condamne qui « pillen ceux les magas t prennent ins, les meuble et tout ». s, , Selon elle s le s è r p a émeutes, « Camden a dévalé la pente ». , Pourtant e o J e m m co elle Balzano, s reste trè e é h c a att . à sa ville
J’AIME CAMDEN. IL Y A DES GENS BIEN, ICI.
Et elle e ne manqu ipas d’opt misme.
JE PENSE TOUJOURS QUE DEMAIN SERA MEILLEUR QU’AUJOURD’HUI.
ON A PARFOIS DES ÉPREUVES DANS LA VIE. JE NE CHERCHE PAS À SAVOIR POURQUOI…
POURVU QUE LE SEIGNEUR ME DONNE LA FORCE DE LES SURMONTER.