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L’heure de la relève
from Zut Strasbourg n°50
by Zut Magazine
Bon sang ne saurait mentir. Si l’expression est ancienne, elle conserve tout son sens chez les Letzelter, couple d’hôteliers de Morsbronn dont deux des trois garçons suivent avec panache la voix tracée par leurs parents au Ritter’hoft.
Par Jibé Matthieu Photos Grégory Massat
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À la croisée des chemins
Ritter’hoft 23, rue Principale Morsbronn-les-Bains 03 88 54 07 37 ritterhoft.com
Bien que l’histoire débute au basculement du millénaire, les prémices sont à chercher il y a près de quarante ans, au début des carrières de Claudia et Alain. Lorsqu’ils se rencontrent à Gstaad, tous deux œuvrent dans l’hôtellerie. Claudia, l’Allemande, et Alain, l’Alsacien, nourrissent alors l’idée d’ acquérir en juillet 2000 un petit hôtel à Morsbronn-les-Bains pour cultiver un savoir-faire patiemment acquis et jouer leur propre partition. Discret, l’établissement ne manque pas d’atouts. À commencer par la superbe maison alsacienne du xviiie à la façade rouge qui accueille le client et le guide vers la grande terrasse toute en longueur. Outre ses seize chambres, le Ritter’hoft dispose aussi d’ un restaurant de 60 couverts, animé par un duo de cuisiniers à la palette classique et au métier affirmé.
L’une des fiertés du couple est d’avoir su maintenir leur établissement au goût du jour. Ainsi entament-ils une première rénovation des chambres en 2005 en même temps qu’ une refonte du restaurant. « Pour changer les nappes saumon passées de mode, plaisante Alain. Mais si vous changez les nappes, il faut aussi modifier les chaises, l’éclairage… tout doit suivre dans un souci d’harmonie. » Jusqu’au contenu des assiettes dans lesquelles le duo de chefs se relayant au piano sept jours sur sept a su insuffler un vent de modernité, malgré une palette volontairement traditionnelle. Ainsi la carte d’été tout en fraîcheur décline-t-elle à l’envi le carpaccio de bœuf ou de saumon d’Ecosse, mais aussi le presskopf maison, les Gefelti Knepfle ou la souris d’ agneau confite comme les emblématiques rognons.
Une rénovation pour une montée en gamme
La dernière rénovation des chambres, achevée au printemps assure désormais clairement la montée en gamme du Ritter’hoft. « Nous conservons nos trois étoiles, mais nous voulions projeter l’hôtel vers les dix prochaines années et séduire une clientèle en quête de modernité, voire d’un certain raffinement », assure le couple, conscient aussi de la proximité d’établissements prestigieux comme La Merise à Laubach dont ils sont les plus proches voisins. Literie élargie et douillette, parquets flatteurs et tons anthracites, salles de bain et rangements à l’ergonomie repensée… « Claudia et moi avons imaginé la nouvelle palette des chambres disposées sur deux étages dont le dernier, en mansarde, est désormais climatisé. Pour l’exécution, nous avons privilégié des artisans locaux en veillant à obtenir quelque chose de moderne et d’épuré qui durera dans le temps »
Car d’ici 10 ans, « sait-on jamais », lancent les hôtes du Ritter’hoft, faisant allusion à deux de leurs garçons. Si l’aîné, féru d’informatique, tutoie les datas, les jumeaux Nicolas et Jérémie, 20 ans, se sont clairement engagés dans la voie de leurs parents. « On ne les a jamais poussés, mais pas freinés non plus. Ils baignent dans ce monde depuis qu’ils sont petits. » Cela leur a plutôt bien réussi : Meilleur Apprenti de France (MAF) dans la catégorie Arts de la table et du service décroché en 2019 et 2020. La fratrie suit actuellement un BTS en alternance : à Ferrandi Paris travaillant chez Yannick Alléno au Pavillon Ledoyen pour Nicolas, chez Stéphanie Le Quellec dans le restaurant La Scène pour Jérémie, deux tables respectivement 1 et 2 étoiles au guide Michelin.
Quant à reprendre l’affaire un jour… « On verra bien. C’est eux qui décideront ! » assurent les parents installés à l’arrière de l’établissement, sur la petite terrasse au calme et ombragée qui donne sur la piste cyclable et les cerisiers. Dans l’intervalle, Claudia et Alain sont bien décidés à faire ce qu’ils savent faire de mieux : bichonner leurs clients, impatients d’entendre la réaction des habitués lorsqu’ils découvriront leur nouvelle chambre.