AGENDA CONCERTS Détachable
Ne pas jeter sur la voie publique
DiscussionS Avec :
Mensch Breton
FOWATIle / Ka Records / stuck in the sound / BD : Terreur graphique + scène locale, chroniques, agenda concerts / cd...
!
EDITO
rofitant d’un moment d’inattention du Singe (qui a enP vahi notre rédaction - voir communiqué de presse en page centrale), je vous écris rapidement cet édito sur un
bout de table. Passé le cap des 3 ans, nous nous tournons rapidement vers l’avenir. Des changements sont présents au sein même de nos pages : “The World News” s’arrête, car l’info va désormais tellement vite via internet que sa durée de vie est très limitée, donc moins légitime pour un bimensuel tel que le nôtre. On les retrouvera désormais sur notre site internet, au jour le jour : www.zyvamusic. com, ainsi que sur notre page Facebook. Notre rubrique “ZYVA Berlin” prend également fin après trois ans de découvertes, d’histoires et de bons plans concernant cette ville unique. Je ne saurais que trop vous conseiller, vous qui lisez ces lignes, d’aller déambuler dans les rues gigantesques de cette capitale magnifique, chargée d’histoire.
Au revoir Berlin ; mais pas adieu, on l’espère. Niveau musique, on ne s’est pas moqué de vous. On vous fera découvrir le duo féminin Electro-Rock lyonnais Mensch, on se penchera sur le phénomène Rap parisien atypique de cette année, 1995 (c’est leur nom, pas l’année), et on discutera un moment avec les Britanniques Breton (et non l’inverse). Toujours avec le souci de représenter le plus de styles de musiques, structures et évènements différents, nous proposons davantage de pages de “Zoom sur le local” et de chroniques d’albums. Je vous laisse : le Singe m’épie du coin de l’œil, avec le type de regard qui veut dire : “maintenant, c’est moi le Boss” et il s’apprête à me virer de mon propre bureau... Un comble. Pour le reste, comme d’habitude, ce sera surprises, découvertes et bons plans. C’est à vous ! Grégory Damon
Passionnés de musique, vous souhaitez partager notre aventure, pour nous contacter : contact@zyvamusic.com Retrouvez les numéros précédents et les points de dépôt du magazine en téléchargement sur zyvamusic.com/mag
SOMMAIRE
Keskiss pass dans l’coin ? p. 4 & 5 Discussion : Mensch p. 6 à 8 Zoom sur le local p. 10 à 12 Discussion : 1995 p. 13 à 17 Comment tout a commencé p. 18 & 19 Chroniques CD p. 21 à 22
Chroniques de Concert p. 24 Discussion : Breton p. 26 à 28 BD : Terreur Graphique & Dampremy Jack p. 30 Zyva Berlin : Lettre à Berlin p. 31 Extraits de discussions p. 32 Agenda CD p. 34
Mai / Juin 2012 | Tiré à 20.000 exemplaires | 1000 Points fixes dans la région Rhône-Alpes
Rédacteur en chef : Grégory Damon, redaction@zyvamusic.com, Directeur de publication et responsable commercial : Hedi Mekki commercial@zyvamusic.com, Rédacteurs : Jagunk, Yoch, Kymmo, Sarah, Coquin, Violette, Alizée, Marine, Moka, Roland Roque, Tobi, Delphine, Blast, Shakalak, Marie, Léa. Photographe : Kymmo www.kymmo.com, Dessins : Coquin Maquette et graphisme : David Honegger, Chargé de communication/Presse : Nicolas Tourancheau, communication@zyvamusic.com Zyva Berlin : Magdalena Von Sicard, Sabine, Tobi, Gwenn contact@zyvaberlin.de Siège social : 12 rue Jubin 69100 Villeurbanne, Bureau / adresse postale : 6 Grande rue de Saint Clair - 69300 Caluire et Cuire Imprimerie : Pure Impression, Photo couverture : Kymmo Zyva 2004 : Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. Aucun élément de ce magazine ne peut être reproduit d’aucune manière que ce soit, ni par quelque moyen que ce soit, y compris mécanique et électronique, online ou offline, sans l’autorisation écrite de l’association Zyva.
Remerciements pour ce numéro : Stéphy (Mensch), Naomi Jauneaud (Fowatile), Laura Bris (Bleu citron), Shirley Ropero & Amélie Vassié (Epicerie moderne), Nina Irrmann (Ephélide), Eric Fillon (Mediatone), Val (La stickerie), Aurélie Dubois (Jazz à Vienne), Cathy Serra et Thibaut Giuliani (Mairie de Villeurbanne - Les Invites), Elodie Pommier (Eldorado & Co), Delphine Gaillard & Laura Lamboglia (L’original), Elodie Bernheim et Jean-Loup Perrin (Arachnée Concerts), Line Heimroth (Les Fêtes Escales), Jean-Paul Berney (Un Eté côté Saône - Ville de Villefranche), Morgane Chanal & Gaël Michel (Démon d’Or), Nolwenn Yzabel & Florian Santos (Muzz en Fêtes), Alexandra Berne (Les Authentiks), Audrey Morlat (En Grangeons la Musique), Elsa H. (Lez’Arts de Rue), Frédéric Grivolat (Grim Edif), Marino Le Bleis & Véro Broyer (Lollypop Communication - Ardèche Aluna Festival), François Arquillière (Le Transbordeur), Sébastien Séchaud & Benjamin Senechal (Du Bruit au Balcon), Laurent Pierson (Les Derniers Couchés), Marie Neyret, Perrine Mekki, Florence Damon-Bernard, Fanélie Viallon, Anais Guillot, Blaise Diop, Romain Gentis, Clémentine Bouchié, Sylvain Vignal, Maxime Lance, Camille Raffier, Alexis Larrive, Sarah Metais Chastanier, toute l’équipe de distribution et tous les bénévoles. Ce magazine est imprimé avec des encres végétales sur du papier blanchi sans chlore. Ce magazine a été imprimé par une entreprise Imprim’Vert certifiée ISO 141 qui intègre le management environnemental dans sa politique globale.
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KESKISS PASS DANS L’COIN ?
Caribou / Nuits Sonore 2011 par Kymmo
L’actualité des structures et groupes Rhône-Alpins
24h de l’insa !
La Rue des Artistes
Les 24H de l’Insa ne durent plus 24h depuis un moment déjà, en revanche elles regroupent toujours autant d’étudiants, sportifs et publics en tous genres pour trois jours de festivités : courses diverses (vélo, natation, rollers…), animations allant du Volley au Kung Fu en passant par la Pâte à sel, mais également trois jours de concerts. Le tout se déroule sur le Campus de la Doua du 25 au 27 mai et c’est 100% gratuit ! Au programme des concerts cette année : Skip The Use, Macadam’s, Lyre le Temps, Sidilarsen, Greg Di Mano et l’excellent duo Electro Hip Hop Tha Trickaz ! D’autres groupes vont venir se rajouter à cette belle programmation. + d’infos : www.24heures.org
Et voilà 15 ans que le Festival la Rue des Artistes investit le Jardin des Plantes de la petite ville de St-Chamond près de St-Etienne ! Histoire de fêter ça dignement, une belle petite programmation a été annoncée. On commence le 14 juin avec une soirée carte blanche à un groupe de 18 jeunes qui proposeront des groupes de la région avec en tête d’affiche Barrio Polulo. Pour les 3 jours suivants (15, 16 et 17 juin) trois belles têtes d’affiches seront présentes : Danakil, l’un des groupes de Reggae français les plus reconnus, l’ancien Yuri Buenaventura et sa Salsa et le vieux baroudeur français Sergent Garcia. Pour le reste, d’autres groupes viendront compléter l’affiche et des compagnies d’Art de Rue venues de toute la terre (Australie, Israël, Allemagne…) seront là pour animer vos journées. + d’infos : www.laruedesartistes.com
Les Dindes Folles ! L’été approche et t’as une petite envie d’aller prendre l’air à la campagne, alors va faire un petit tour au Petit Festival des Dindes Folles du 25 au 27 mai à Rivolet près de Villefranche. L’évènement pluridisciplinaire propose aussi bien une programmation musicale éclectique que des arts de la rue (cirque, théâtre de rue...), durant toute la journée et dans un cadre champêtre au milieu de quatre hectares de prés et sous-bois. Côté musique, on retrouvera Molow, véritable homme orchestre allant de la guitare acoustique au beatbox et Mac Abbé et le Zombi Orchestra le vendredi. Pour le samedi, on aura droit au Nu-Jazz de Chromb, à la musique hybride de Cabadzi (beat box et instruments classiques), au mélange de musiques tsigane et du maghreb d’Imaz’elia, au Sound System Dub de Arbana et pour finir la nuit, ce sera Mazalda et ses mélanges de musiques festives venues du monde entier. + d’infos : www.dindesfolles.com Micro-ondes Festival ! Un nom à coucher dehors mais un évènement intéressant qui prend le relais du Festival talentsonnerock qui aura duré 10 ans. Rendez-vous donc le 12 mai à Reyrieux près de Lyon pour une soirée consacrée aux groupes lyonnais émergents Fallaster, Babybro, Abslolut Bacchus, Freaky Hopes et Novembres. + d’infos : www.mjc-reyrieux.fr/mof.html
Les Démons en puissance ! Et voilà la nouvelle édition du festival Démon d’Or organisée les 29 et 30 juin à Poleymieux (près de Lyon). Trois scènes, une bonne programmation et un cadre champêtre : voilà ce qui fait la recette de cet évènement depuis 8 ans. Cette année encore l’ambiance sera festive avec le retour des rappeurs marionnettes allemands PuppetMastaz le vendredi 29. Ce soir-là ils seront accompagnés d’une dizaine d’autres groupes dont le très bon trio Hiphop A State Of Mind, le Fat Bastard Gang Band (Balkan, Electro, Punk !) ou encore de Dj Fly pour le côté Electro et Rod Taylor pour le côté Reggae. Le lendemain place à Max Roméo pour le Reggae, DOP D.O.D pour le côté Hip Hop, Dubstep bien sombre, Flavia Coehlo (photo) la nouvelle pépite franco-brésilienne et des groupes comme Iration Steppa, Slonovski Bal, Palmwine ou encore Dr Roots & Mc Runigga. Si cela ne vous suffit pas, un Village Festif proposera dans la journée du samedi Batucada, Théâtre, Cirque, Jeux… + d’infos : www.demondor.com
Gagnez vos places !
Pour le festival Les Oreilles du Renard à Privas le 26 Mai. Festival Electro-Clique à Besançon le 2 Juin. Festival Jazz à Vienne du 28 Juin au 13 Juillet. Ecrivez-nous à l’adresse concourszyvamusic@gmail.com
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Dans ton Kulte #3
Du Rock en Montagne
On restera poli pour aujourd’hui et à la question où se déroule le Festival Dans Ton Kulte le 30 juin, on répondra : au Skate Park de Viriat dans l’Ain. Au menu : Théâtre, Bmx, Roller, Skate, Cinéma, Cirque, Expos et bien sûr Concerts. La tête d’affiche sera le groupe de Hip Hop (rap, batterie, machines) Lyonnais Fowatile qui vient de sortir son 1er LP, ils seront accompagné sur scène par Elektric Geisha, Lezir et Data’s Game. + d’infos : www.facebook.com/festivaldtk
Le Festirock a lieu à Belledonne près de Grenoble les 8 et 9 juin pour deux jours de concerts gratuits. La soirée du vendredi sera à tendance Rock World avec Eyisso (photo), Cood’Bar, Yoca et Le Tram des Balkans. Le lendemain on aura droit à du Rock avec Chupp’a Chupp, Pul’s N’Wood, Holophonics, The Spritz, T.N.T et Ellipse. + d’infos : myspace.com/festirockenbelledonne
Un Monde à Lyon
DMF Festival !
2012 est l’année du changement pour le Festival du 6ème continent : l’idée nouvelle est de rassembler des artistes uniquement lyonnais mais originaires des quatre coins du monde avec un évènement intitulé “Un Monde à Lyon” du 22 mai au 2 juin. Une touche de proximité est apportée avec des concerts dans différents lieux du quartier de la Guillotière. Le grand concert pouvant accueillir plus de 7000 personnes aura toujours lieu à Gerland. Au niveau des thématiques des soirées ce sera : scène Orientale le 24 mai place Guichard, puis les 25 et 26 place St Louis scène Folk et scène Latine. Le 31 c’est tout le quartier de la Guillotière qui sera en fête avec une dizaine de concerts et spectacles. Enfin, le nouveau Parc des Berges à Gerland accueillera deux soirées : le 1er juin scène africaine et le 2 juin scène Balkanique. + d’infos : www.sixiemecontinent.net
L’association stéphanoise Saintelectro grandit de plus en plus. En ce mois de juin ils organisent le 1er Dance Music Festival avec trois jours de festivités électroniques (du 8 au 10) dans 8 lieux de la ville. A la manière des Nuits Sonores à Lyon ils investissent les bars de la ville pendant ces trois jours et nuits, proposent également des Matinée Electro le samedi et dimanche et réunissent les festivaliers sur plusieurs grosses soirées. La principale se tiendra au Fil le samedi dans les 2 salles : la nuit High Kontrast ! Au programme DOPE D.O.D, Manu le Malin aka The Driver, Djedjotronic et des artistes locaux. Pour le reste du festival les ambiances seront des plus variées avec des soirées à tendance House, d’autres plus Hip Hop ou encore de la bonne vieille Techno Minimale sans oublier la tendance Dubstep du moment ! + d’infos : www.saintelectro.com
Le Bus Magique : 12ème ! Toujours présent en ce mois de mai à Grenoble, le Festival Magic Bus a lieu cette année pour la première fois au parc Paul Mistral. Le principe reste le même avec à la fois des artistes d’envergure qui sont là pour mettre en avant une scène régionale très dynamique. La première soirée sera Reggae Dub avec Inna De Yard et Bush Chemist en tête d’affiche accompagnés des locaux de Kalakuta Orchestra, Scotty et Roots Collective. Le lendemain l’ambiance sera plus éclectique avec General Elektriks, Emzel Café, Lull et Roots Collective. + d’infos : dynamusic.free.fr
Du lourd en Ardeche ! L’Aluna Festival, c’est une programmation surprenante pour l’Ardèche qui est habituée à des évènements plus familiaux ou festifs avec une capacité plus raisonnable. Quand on prend la programmation on trouve tout de même quelques noms qui rentrent dans ce cadre : Manu Chao, Caravan Palace, Hubert Felix Thiéfaine ou encore la chanteuse Ayo. Mais pour le reste ça change un peu des habitudes mais ça reste du très lourd : The Cramberries, Izia, Shaka Ponk, Dionysos ou encore Arthur H auxquels viennent s’ajouter des groupes que nous préférons ne pas citer... bon ok on en lâche un : Johnny Hallyday en concert exceptionnel le 26 juin ! Une dizaine d’autres artistes viennent s’ajouter à l évènement qui aura lieu du 22 au 24 juin à Ruoms. + d’infos : www.aluna-festival.fr
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DISCUSSION
Festival Avatarium, St-Etienne le 29/03/12 Par Jagunk / Photos live : Chloé Prigent
Romain Etienne
MENSCH
n ne va pas se mentir, un duo Rock 100% féminin en France, c’est déjà très rare, mais alors en plus, O quand elles font les choses bien, on ne peut qu’applaudir des deux mains. Déjà connues sous des projets différents, Vale Poher (son projet solo du même nom et Doctor Flake par exemple) et Carine Di Vita (Rzatz et Spade & Archer entre autres) se sont associées début 2010 pour créer Mensch. Entre Rock sombre et rythmes entraînants, ce projet a quelque chose de Lcd Sound System, Metric ou encore Foals et les murs du Musée de la Mine à St-Etienne lors du festival Avatarium ont pu s’en rendre compte... ZYVA : On leur explique que chez Zyva, tout ce qui se dit est réécrit tel quel. Carine Di Vita : Ok, donc pas de censure, pas de manipulation. On va éviter de dire des bêtises alors, car on est un peu les reines pour ça ! (Rires) On rigole, on rigole et puis... Vale Poher : Surtout toi ! (Rires) C.D.V. : Me taire. Surtout me taire. (Rires) ZYVA : Vous connaissiez le festival Avatarium avant que vous soyez programmées cette année ? C.D.V. : Oui, il y a très longtemps. J’étais venue voir Le Tigre (ndlr : groupe féminin d’Electro Punk américain). V.P. : Non, moi jamais, c’est la première fois. En fait, j’ai souvent suivi la programmation de loin mais je ne suis jamais venue. ZYVA : C’est un lieu historique en plus, ça doit être sympa de jouer dans ce genre d’environnement. V.P. : Vu qu’on n’a pas encore joué… (Rires) On te dira ça après ! C.D.V. : Ça n’a pas toujours été là par contre. La fois où j’étais venue, c’était dans une espèce de grand hangar, mais là oui, effectivement ça risque d’être pas mal du tout ! ZYVA : J’ai vu que vous aviez fait quelques dates sympathiques avant celle-là ! V.P. : Oui, 2 dates hier et avant-hier à Paris. ZYVA : Et ça s’est bien passé ? C.D.V. : (gros blanc) Je n’ose plus rien dire (Rires) Oui, oui ça s’est bien passé. C’était dans le cadre des Femmes S’en Mêlent (ndlr : festival qui célèbre la scène féminine indépendante depuis maintenant 15 ans partout en France) au Divan du Monde.
On fait aussi la date à Lyon au Transbordeur le 31 mars. ZYVA : Vous avez aussi un album à défendre. V.P. : Il est sorti la semaine dernière, donc oui justement, on a pas mal de dates suite à ça. ZYVA : J’ai vu aussi que vous organisiez des petites soirées pour le promouvoir d’ailleurs, non ? V.P. : Disons qu’on a fait un after pour la Release à Paris où on fêtait la sortie de l’album, et après on organise une soirée au Sonic à Lyon aussi le 7 avril. ZYVA : Il y aura un Dj set aussi, c’est vous qui mixez ? V.P. : Mixer est un grand mot ! On passe des disques. On voulait juste faire une fête pour la sortie mais sans jouer, parce que quand tu joues tu ne vois personne. Et on a voulu faire ça au Sonic parce qu’on y a souvent joué et que Stéphane de S’étant Chaussée (ndlr : association qui organise des concerts, voire des tournées, pour des artistes ou des groupes majoritairement féminins, aux styles musicaux divers et variés, en France et plus particulièrement à Lyon) nous a toujours soutenues, donc... Ça s’appellera une “Kermensch” ! (Rires) On passera des disques, il y aura des jeux,... On est vraiment contentes de ce premier album, donc on voulait marquer le coup en faisant un truc un peu décalé. ZYVA : Et imaginons que la soirée se passe demain, quels genres de son vous passeriez ? V.P. : Oula, j’ai pas préparé ça ! Ça sera sûrement des trucs dansants... Un peu classiques... Non, franchement je n’ai pas trop réfléchi à ça. ZYVA : Des trucs qui se rapprochent de ce que vous faites vous, ou plus décalés ?
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V.P. : Non, pas forcément mais... C.D.V. : Mais un peu si, quand même, parce que c’est aussi ce qu’on a écouté pendant longtemps. V.P. : Là on est plus dans l’organisation que dans le son. ZYVA : Et vous êtes du genre à encore aller dans les disquaires pour dénicher la perle rare ? C.D.V. : Moins. Disons que j’ai été disquaire pendant 11 ans, donc quand j’ai arrêté de travailler à la FNAC, je pense que j’ai aussi un peu lâché... Plus envie de voir des disques pendant un moment. V.P. : Et moi depuis que Carine n’y est plus, j’y vais plus ! (Rires) Non, sérieusement, j’y vais toujours, mais moins. Avant j’y allais deux fois pas semaine pour voir ce qui sortait, pour écouter, alors que maintenant je le fais moins, mais je le fais d’une autre manière. Je le fais de chez moi, en streaming par exemple. C.D.V. : Ou alors moi je vais dans des niches. Chez DangerHouse par exemple (ndlr : un des plus anciens disquaires indé de Lyon situé dans le 1er arrondissement), pour trouver du vinyle, des choses plus pointues. ZYVA : Un petit truc que vous avez découvert récemment ? C.D.V. : Ghostpoet en Hip-hop que je trouve vraiment très très bon. Mark Lanegan. V.P. : Speech Debelle. Le E.P. de A Place To Bury Strangers. C.D.V. : Après, là, comme on était en phase d’enregistrement d’album, de mixage... C’est un peu compliqué d’écouter des choses. V.P. : Moi j’écoute Metronomy en ce moment, j’ai un an de retard. J’ai détesté l’album à sa sortie et puis maintenant je l’adore. C’est ce genre d’album des fois que tu as chez toi mais que tu n’écoutes pas tout de suite finalement. C.D.V. : Oui, des fois tu peux être saoulé par l’emballement médiatique qu’il y a autour. V.P. : Oui, puis des fois, c’est des albums que tu n’as pas envie d’entendre à ce moment là. Il y a des périodes, et je me souviens qu’à cette période là, je n’avais pas envie d’écouter Metronomy. ZYVA : Bon, sinon, on va parler un peu de votre projet. Alors déjà, pourquoi ce nom ? C’est en rapport avec le film ? (ndlr : film policier français de 2009 réalisé par Steve Suissa) C.D.V. : Non, non rien à voir. On ne savait même pas que ce film existait. De toute façon, le projet m’a été proposé par Vale un peu avant. On a eu une période trio avec une batteuse, qui est partie par la suite pour des raisons personnelles, et suite à ça, Vale m’a proposé ce duo et ce nom, donc il faut voir ça plutôt avec elle. (Rires) V.P. : J’ai entendu une émission qui parlait de lin-
guistique et plus particulièrement de “mensch” qui désignait un nom allemand qui n’avait pas de genre, qui était neutre et qui représentait l’Homme. Ce n’est pas traduisible en français. J’ai trouvé ça bien, c’était court, pas anglais et ça sonnait bien. ZYVA : Moi, je vous ai découvertes avec la chanson Swim Swim et son clip un peu bizarre. D’ailleurs, il y a une véritable signification à ce clip, ou bien vous avez laissé libre court à l’imagination de son réalisateur ? V.P. : Vergine Keaton (ndlr : c’est son nom) faisait ce qu’elle voulait. Moi, j’avais fait la musique de son premier court métrage, donc là c’était un peu le contraire. Je connais son univers d’animation et c’est une réelle proposition de sa part. C.D.V. : Oui c’est vraiment son univers à elle et en aucun cas une commande comme on aurait pu le faire avec une boîte de prod. V.P. : Alors c’est sûr, ça fait un peu décalé ! (Rires) ZYVA : (Rires) Oui, on essaie de saisir le lien qu’il y a entre la chanson en elle-même et ses images! V.P. : Du coup on le regarde jusqu’au bout ! (Rires) C.D.V. : En fait c’est surtout quelqu’un qu’on aime bien. Alors certes, en terme de marketing, il y a des choses sans doute plus... ZYVA : Et en terme de paroles, les thèmes des chansons sont assez terre à terre ou c’est très poétique ? V.P. : Pour le clip par exemple... Euh... Disons que... Je le dis ou pas ? (Rires) ZYVA : Ah, maintenant tu en as trop dit, ou pas assez ! (Rires) V.P. : En fait au départ, je n’aimais pas trop nager, puis petit à petit je m’y suis mise. Et au moment où j’ai écrit cette chanson, je rêvais que je nageais. Mais tout le temps. C’était bizarre mais c’était bien. ZYVA : C’était ta thérapie. V.P. : Oui, disons qu’il y a des moments où on a des rêves récurrents et des rêves d’eau, sans faire tomber dans l’interprétation des rêves, c’est des rêves de bien-être et ça coïncidait avec le moment où on jouait ensemble. Pour le reste de l’album, c’est onirique. Godard disait, sans me comparer à lui loin de là, que son cinéma était un collage poétique. J’ai trouvé que c’était assez proche de ce que je voulais. Souvent, il y a des choses qui me plaisent d’une phrase, je les mets dans un carnet puis je reprends tout ça ensuite. Chacun y entendra ce qu’il veut, moi je sais ce que je voulais dire. ZYVA : Et la musique se base sur l’ensemble de tes textes finalement, ou vous faites ça en même temps ?
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“On croyait vraiment faire un truc où tu te dis : “c’est la fête !” On n’a pas calculé.”
V.P. : Ça se fait en même temps. Enfin, disons que les textes arrivent souvent après car au début, j’écris un peu ça en yaourt. On recherche toujours la mélodie en premier. ZYVA : Je demande car le titre Swim Swim est vachement dansant, au final. Tout le reste de l’album l’est aussi ? Vous l’avez pensé comme ça ? V.P. : Oui, oui, on voulait un truc énergique, dansant, joyeux. ZYVA : Oui, un truc plus dans l’esprit anglo-saxon qui est à la fois Rock, sombre mais aussi super dansant. V.P. : Oui, on peut dire ça comme ça. Un groupe comme les Foals par exemple nous a particulièrement marquées toutes les deux. C’était à l’Epicerie Moderne, il n’y avait pas grand monde d’ailleurs, et c’est là où on a eu le déclic. Ça joue et ils tiennent la musique, c’est... Il y a un truc incroyable qui se passe. C’était juste au moment où on commençait à écrire et on s’est dit : “il faut qu’on fasse un truc comme ça”. Tu vois les Foals, ils sont toujours dans mon I-Pod et c’est un des albums que j’ai le plus écouté. C.D.V. : Oui, moi pareil. C’est sombre mais tu ne peux pas t’empêcher de bouger. Et métaphoriquement, c’est la même chose pour nous. En gros, c’est la merde, on sait mais on s’en fout, faut danser quand même ! (Rires) En plus, en France, on a ten-
dance à tout séparer, tout labelliser, tu dois absolument faire soit de la musique triste, soit dansante... Et bien non ! V.P. : Tu vois nous, en faisant ça, on croyait vraiment faire un truc où tu te dis : “c’est la fête !”. On n’a pas calculé. ZYVA : Et vos autres projets, vous les avez laissés tomber ou pas ? C.D.V. : Moi je joue dans un autre projet qui s’appelle Rzatz et on a sorti un deuxième album, donc non, on a toujours un peu d’actualité avec Rzatz parallèlement. V.P. : Moi je n’ai plus le temps ! Mon truc solo, je ne peux pas, je n’ai plus le temps. J’aimerais faire un autre truc, mais je n’ai pas le temps. ZYVA : Oui parce qu’il y a un moment où tu faisais des trucs avec Doctor Flake. V.P. : Oui, oui, bah ça je continue, mais là il y a moins d’actualité parce que l’album est sorti et ça ne me prend pas beaucoup de temps non plus. On n’a pas eu autant de dates qu’on espérait... Mais je jouais avec lui il y a à peine une semaine, donc voilà. ZYVA : Et dans un futur proche, pour Mensch, ça va se passer comment ? V.P. : Des concerts cet été, pourquoi pas, on attend des réponses. L’album vient juste de sortir donc on va voir comment ça se passe.
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ZYVA : Il est bien distribué ? V.P. : Oui, il est distribué par Module et on peut le trouver de partout. ZYVA : Vous allez pouvoir vous rendre compte si la distribution en magasin reste encore efficace ou si la vente en fin de concert redevient de plus en plus appropriée. V.P. : Je pense que c’est compliqué parce qu’on est obligé d’y être, mais en même temps... C.D.V. : On est dans une période particulière car on ne sait plus trop ce que ça représente. ZYVA : Disons qu’il y aussi peut-être un acte militant de l’acheteur derrière le fait d’acheter son cd en fin de concert. Il sait que l’argent qu’il va donner ira directement dans la poche de l’artiste.
V.P. : Oui, c’est sûr. Paradoxalement, on revient au début quand il n’y avait pas de grosse distribution. C.D.V. : Dans le fond, ce n’est pas un mal. Pour avoir travaillé dans le monde de la musique, je peux dire qu’ils se sont bien gavés. Moi, ça me pose pas de souci, quand on dit : “oh mon dieu, le marché du disque se casse la gueule !”. Les artistes, ce n’est pas eux qui en bénéficiaient dans tous les cas. Ils essayent de nous faire pleurer car ce sont eux qu’on voit le plus dans les médias, alors que c’est les artistes qui en pâtissent le plus bien entendu. Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourraient vous représenter vous et votre musique : The Stone Roses - I Wanna Be Adored C’est un titre qu’on aime bien toutes les deux et qu’on a repris un soir.
Mensch
Label : Tsunami Addiction
www.menschband.com
ZOOM SUR LE LOCAL
Par Blast
Thomas Bohl
FOWATILE
f
OwATilE, la contraction de “fowl” (la volaille) et “volatile”, c’est de l’autodérision sur délire de danse de dindon entre Elby, Dawatile, Ben et Greg : Y’a rien de plus chiant qu’un rappeur qui se prend au sérieux. Ce qui est paradoxal ! La musique c’est un truc sérieux, mais faut pas se prendre au sérieux. [...] Tu fais de la musique, quoi, tu ne sauves pas des vies. Le 19 mars dernier, ils sortent leur premier opus, “Fowl Steps” (grosso merdo, la danse de la volaille), trois ans après leur formation : On est un groupe de scène, on est arrivé par là. On a fait pratiquement un an de dates. [...] C’est peut-être le domaine où on a le plus travaillé. Et notamment la relation avec leur public : Tu peux avoir 15 pèlerins, mais tu donnes la même intensité aux 15 pèlerins que tu donnerais à 1 500 personnes ! S’ils bossent avec quelques grosses têtes d’affiches en tant que première partie ou collaborateurs, comme General Elektriks, Asian Dub Foundation, Scratch Bandits Crew pour ne citer qu’eux, c’est tout simplement parce que leur approche de la musique et de la performance scénique est assez inédite : Sur le marché, y’a pratiquement aucun live comme ça, totalement électronique avec des musiciens. [...] Du coup ça a très vite plu. [...] Nous notre projet est un petit peu “barré” pour les puristes. [...] On n’est pas dans les carcans du truc Hip-Hop de base. [...] On est un peu des ovnis. Lyonnais de souche, ils s’expriment sur la scène locale
Delphine Pincet
Hiphop volant non identifié !
et Rap en général : Dans le Hip-Hop, finalement, il n’y a pas beaucoup de projets comme on l’entend, à savoir : chanter en anglais, un peu groovy, tout ça. Après, en Rap français, y’a une belle scène lyonnaise, surtout en ce moment. Malgré tout, étant à la fois acteurs et spectateurs du milieu, ils sont particulièrement attentifs, et même critiques, à l’encontre de ce style : Aujourd’hui, dans le Rap tu ne vas pas apprendre aux gens que dans la vie y’a des problèmes, y’a des factures à payer, etc. et que les politicards ils font chier, que les flics ils sont comme ça. [...] On est plutôt là pour amener du “love life”. [...] Tu peux faire des trucs dark, mais toujours avec une petite note d’humour. [...] La musique, elle, n’est pas là pour servir des idéologies à la con. [...] Faisons de la musique, point barre ! Quant à la musique en règle générale et à son évolution, là, c’est sans concession : Ces dernières années, on va dire que... Tout le monde se renifle un peu le cul ! [...] T’es précurseur de quoi ? De rien, parce qu’en fait, tu ramènes un truc qui a 10-15 ans ! fOwATilE, un groupe local et indépendant, délirant et original, et à la verve bien pendue ! + d’infos : www.fowatile.com
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F
Par Jagunk
De l’Electro dans la Bresse
raîchement débarqué sur la scène de musique Électronique régionale, 2WAK veut quand même jouer sa carte à fond. Cette association créée en juillet 2010 par dix passionnés de musique a pour but de promouvoir et diffuser la musique Électronique dans son ensemble en se basant principalement “sur une notion de partage et briser ainsi les quelques tabous qu’il peut encore exister autour de cette musique (ndlr : surtout dans des moyennes et petites villes de province)” nous explique Robin Borget, président et manageur de DJs de 2WAK. Leurs actions se concentrent dans un premier temps à organiser des Apéro Mix dans différents bars de Bourgen-Bresse (leur ville) et pendant lesquels certains membres de leur association s’essayent au mix. À tout ça, ils intègrent petit à petit d’autres activités artistiques annexes comme le VirtualJing, Graph’, Photographie, Vidéo... et une certaine vision de l’écologie : “on travaille avec des associations qui proposent des structures métalliques artistiques dans lesquelles on peut retrouver
Alexandre Mouchet
2WAK
plusieurs bacs pour les mégots, le plastique, le verre... histoire de faire une espèce de tri. On peut faire la fête tout en respectant l’environnement” nous précise Robin. Mais leurs activités ne s’arrêtent pas là. Au jour d’aujourd’hui, deux de leurs DJs : Acidity et DeepFrakt ont sorti des EPs sur des labels tels que Zipped Record (UK) et Black Pearl Music (Fr). L’association prépare deux évènements assez importants. En mai, tout ce petit monde se retrouvera à Lyon pour un moment convivial à la Fée Verte durant le festival des Nuits Sonores et le 2 juin, à la Ferme à Jazz (à Bourg-en-Bresse) en collaboration avec le collectif UNIS-SONS (fédération des sound systems techno amateurs) pour une grosse soirée. L’objectif à moyen terme : évoluer en entreprise, et pourquoi, pas vivre de leur passion ! C’est tout le mal qu’on leur souhaite. + d’infos : www.facebook.com/WhereWeAreKollectif
ZOOM SUR LE LOCAL
Par Marine
C
aché au fond d’une galerie marchande de l’avenue Victor Hugo, le Webster Café est le café/barconcert qu’il faut connaître à Valence. Installé depuis un an, Robin Fernandez, gérant du Webster, constate un bilan plutôt positif avec un total de 152 concerts et près de 10 000 personnes. “Le but était à la base de proposer aux gens de boire un coup, tout en découvrant de la musique”. De 19 heures à 2 heures du matin, le Webster propose deux salles différentes : une salle de concerts, qui peut contenir jusqu’à 200 personnes, et une partie bar avec canapés et fauteuils. Concernant la programmation mu-
KA Records
P
sicale, on retrouve de l’Electro, du Blues, du Rock, du Hip-hop, du Reggae ou encore du Jazz. Avec 4 à 5 concerts de genres différents par semaine, autant dire qu’il y en a pour tous les goûts ! Le tout avec un prix plus qu’abordable : une entrée comprise entre 3 et 5 euros, et gratuit les mardis et jeudis. Côté boisson, le choix est large, même s’il vous est conseillé de goûter la bière du Webster ! Et si vous avez un petit creux, vous pourrez goûter aux tapas faits maison ! Tous les éléments sont réunis pour passer une bonne soirée, dans un lieu convivial et chaleureux. Mais Robin Fernandez ne compte pas s’arrêter là ! “Nous avons plusieurs projets, avec notamment la mise en place d’une terrasse pouvant contenir jusqu’à 70 personnes. On prévoit également un agrandissement de la salle de concert, ainsi que des écrans-projection pour la partie bar…” Alors que les cafés-concerts se font de plus en plus rares, le Webster semble plutôt bien parti pour dynamiser la ville de Valence sur du long terme. + d’infos : www.webstercafelive.fr
Par Jagunk
Roots Reggae à l’ancienne !
our beaucoup en France (et sûrement un peu ailleurs aussi) le Reggae reste généralement des mecs avec des dreadlocks qui fument de la Marie-Jeanne, portant fièrement les couleurs de la Jamaïque et qui colportent cette parole lourde de sens : la vie, c’est cool. Pour le label KA Records, ce n’est pas tout à fait ça. Guillaume et Clément nous l’ont bien expliqué : “On a monté le label Ka Records, il y a un an et demi maintenant pour produire un Reggae Roots style années 70. Un style qui se fait très peu aujourd’hui en France, et même en Europe. On essaye de donner une image différente du Reggae, plus mature. On vise un autre public. Toute la nouvelle vague du Dub, qui aujourd’hui est devenu plus ou moins de l’Électro, ne nous correspondait pas, que ce soit au niveau du son, ou dans la manière de travailler, ni même le côté français qui mélange Rock et Chanson Française ne fait pas partie de notre culture musicale non plus.” Ok, on comprend dès le début qu’on est dans un autre registre. Et pour cela, ils s’en sont donnés les moyens avec un studio d’enregistrement bien à eux et une méthode
de fonctionnement qui leur est propre : “On fonctionne comme les labels ou les studios jamaïcains des années 70 : il y a un Backing Band, un groupe qui enregistre des instrumentaux régulièrement, on les compose et on les enregistre nous-mêmes ensemble pour une direction artistique précise. De plus, on enregistre en analogique sur bande, avec de vieux micros, pour avoir un grain particulier. Après, une fois qu’on a les instrumentaux, on les propose à un chanteur pour sortir une prod’. On n’est donc pas un label qui va produire des groupes mais plutôt des chanteurs exclusivement Lyonnais. On sort chacun de nos maxis en vinyle et sous le nom du chanteur.” Nous explique Guillaume. Alors bien sûr, comme chaque règle, il faut une exception et celle-ci se nomme : The Mighy Lions. C’est Clément qui nous en parle : “En fait, c’est le groupe racine qui a donné vie au label. C’est le seul groupe qui se produit en live et dont la plupart des musiciens font partie du Backing Band. On est sur un créneau qui est entre deux chaises : un truc un peu Soul-Jazz, car on a des cuivres aussi, et un truc un peu Reggae.” Alors, un conseil pour ceux qui voudraient découvrir des mecs en costard qui jouent un Reggae différent : The Mighty Lions passe le 8 mai au Rail Théâtre à Lyon en première partie d’Inna De Yard. On vous aura prévenus. + d’infos : karecords.com
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L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
Bière, café, concerts à Valence.
DR
Webster
Prochains Concerts : 17/05 Paroles et Musiques / St-Etienne 26/05 Europavox / Clermont-Ferrand
Antoine Durand
DISCUSSION AVEC :
Photos live : Kymmo
Festival l’Original / Transbordeur, le 08/04/12 Par Jagunk
Alpha Wann, Fonky Flav’, Nekfeu, Areno Jaz, Sneazzy West, Lo’
ans les années 1990, en France, le Rap avait déjà 10 ans, si on en croit les pionniers Dle calcul du genre Sydney, Dee Nasty, N.T.M. ou Assassin. Aujourd’hui en 2012, on ne fera pas (par peur de prendre un coup de vieux) mais le Rap a bien grandi. Malgré tout,
cela ne l’empêche pas de regarder en arrière pour prendre ce qu’il y a eu de meilleur (les samples et l’insouciance) et pour en faire un Rap plutôt dans l’air du temps. C’est le cas du crew 1995. Composé de Alpha Wann, Areno Jaz, Fonky Flav’, Nekfeu, Sneazzy West et Lo’, les jeunes Parisiens n’en sont pourtant pas à leur coup d’essai. Formés en 2008, ils se sont dans un premier temps forgés une identité en live avant de réaliser que grâce à internet et les réseaux sociaux, tout était possible. Car c’est bien de ça qu’il s’agit : 1995 a su fédérer autour de lui un maximum de gens en postant leurs sons et vidéos sur la toile, tout en entretenant une relation avec leurs fans via Facebook et Twitter. Résultat : 250 000 fans sur Facebook, une première tournée sold-out sans aucun moyen derrière et une vingtaine de festivals programmés pour cet été. Et c’est de tout ça (entre autres) que l’on a parlé avec Fonky Flav’ lors de leur venue au Transbordeur.
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Fonky Flav’
DISCUSSION ZYVA : La dernière fois que vous êtes passés à Lyon, c’était il n’y a pas si longtemps que ça (23/10/2011) et la rumeur (nous n’étions pas présents) dit que vous avez éclipsé la tête d’affiche américaine du soir, c’est vrai ? Fonky Flav’ : En fait, au départ on était programmé juste avant eux dans l’ordre de passage (il y avait encore deux groupes avant eux : Ming8HallStarf et Sear Lui Même) et lorsqu’ils ont annoncé notre présence sur cette date, ils se sont rendus compte que les places partaient beaucoup plus vite. Donc ils ont préféré inverser pour éviter que les autres ne se retrouvent à rapper un peu seuls. Ça, c’est ce que je crois me rappeler, si ça se trouve ce n’est pas ça du tout. Malgré tout, quand les gars sont passés, il n’y avait vraiment pas grand monde. C’était étonnant et un peu dommage en même temps, car Sean Price, ce n’est pas n’importe qui dans le Rap et c’est mieux si les gens s’intéressent. ZYVA : Tu sais que les derniers qui l’ont fait, il y a déjà un moment, c’est NTM au Parc des Princes, et ils avaient éclipsé le Wu-Tang Clan ! (Rires) F.F. : (Rires) Oui ! En même temps, c’est cool que les gens se déplacent pour nous ! On ne va pas se leurrer. Et puis la dernière tournée qu’on a faite, là en 2011, c’était complet partout... ZYVA : Et il y a peu de temps, vous étiez à Londres aussi ! F.F. : Oui alors là, c’était le début de la tournée de La Suite. Notre première date à Londres. Mortel ! On a joué au Jazz Cafe qui n’est pas une salle énorme, et qui n’est pas la plus accueillante du monde néanmoins, c’est une salle mythique où tu as beaucoup de stars qui y sont passées et dans plein de styles différents. On a joué avec Raashan Ahmad, qui est un mec vraiment cool, et c’était très bien. On a rempli la salle alors qu’on ne s’y attendait pas du tout. ZYVA : Vous n’êtes pas distribués là-bas encore ? F.F. : Non, mais on est sur I-Tunes là-bas, et puis de toute façon, maintenant vu que l’on peut commander les disques via le net, tout le monde peut s’en procurer. ZYVA : Youssoupha, en point presse, disait hier qu’en France, il y a environ 2 500 festivals et qu’il était un peu déçu car il ne se trouvait programmé que dans une dizaine d’entre eux, alors qu’il est disque d’or avec son nouvel album Noir Désir. Vous, on a fait le compte, vous serez dans une vingtaine de festivals, dont les plus gros. Comment ça se fait ? F.F. : Oui c’est ouf. J’en sais trop rien, pourquoi. Et pour Youssoupha non plus, car j’aime bien ce qu’il fait. Je n’ai pas vu son set live mais j’imagine que c’est assez cool. J’ai entendu dire qu’il avait des instruments sur scène.
ZYVA : Oui, oui on a pu constater ça. F.F. : On se croise sur le Printemps de Bourges, donc j’ai hâte de voir ça. Pour nous, tout ce que je sais, c’est que pour notre première tournée, on était complet de partout alors qu’on n’avait pas de tourneur, pas d’ingé son et lumière, pas de régisseur... On faisait tout, tout seul ! Je pense que les programmateurs, à un moment, se sont dit : “si ça a marché tout seul, avec un tourneur ça va marcher aussi”. En tout cas, c’est super plaisant. Dès qu’on a commencé avec notre tourneur, Bleu Citron, on a eu des tonnes de dates, dont des gros festivals, donc c’est vraiment cool. L’Original, c’est un festival qui nous tient vraiment à cœur, car déjà ils nous ont programmés l’année dernière au Transbordeur, qui n’est pas une petite salle et on n’était pas des stars internationales. On ne l’est toujours pas, mais on a plus de visibilité maintenant. J.M. (directeur du festival l’Original) est un mec qui connaît vraiment le Rap et qui fait pas ça par intérêt. Il est vraiment cool et monte des bons plateaux Rap. ZYVA : Pour en revenir aux festivals en général, ça veut aussi dire que vous ne parlez pas uniquement à un public Rap et que votre musique touche beaucoup de monde, non ? F.F. : Oui, oui je te confirme ! Déjà, nos premières parutions dans les médias, ce n’était pas dans les médias Rap. Dans notre public, on a souvent des gens qui nous disent qu’ils n’écoutent pas de Rap d’habitude : des rockeurs, des musiciens, des “darons de 45 piges” qui nous disent : “c’est cool ce que vous faites, vous avez une bonne énergie sur scène !” Donc oui, on a un public assez éclectique mais ce n’est pas pour ça qu’on néglige le public Rap, bien au contraire. ZYVA : L’explication de votre popularité vient peutêtre du fait que vous avez déjà tout fait vous-mêmes de A à Z, et que malgré tout, vos sons sont super travaillés. On n’est pas uniquement dans la production Cubase (séquenceur musical) faite à la va-vite. C’est ça qui fait la différence aussi, non ? F.F. : Oui, oui, je vois ce que tu veux dire, mais tu sais qu’avec un Cubase, tu peux faire des purs trucs ! ZYVA : Oui, oui c’est sûr ! F.F. : Moi, tu vois, Comme un grand, je l’ai fait sur Fruity Loops, et les gens, quand tu leur parles de Fruity Loops, ils te disent : “mais c’est pour faire de la Dance non ?” (Rires) “T’inquiètes pas mon ami, on va faire autre chose avec tu vas voir !” En fait, cette coloration samplée qu’on a, nous tient à cœur parce que c’est ce que l’on kiffe. C’est vrai qu’elle était devenue invisible médiatiquement. En 2004, 2005, il n’y avait que des gros synthés sur les prod’. La mode du Dirty aussi était là, et on n’est pas du tout rentré dedans. Ça, c’était vraiment notre environnement quand on a commencé. Après il y a toujours des
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DISCUSSION
“Dans notre public, on a souvent des gens qui nous disent qu’ils n’écoutent pas de Rap d’habitude : des rockeurs, des musiciens, des darons de 45 piges” mecs comme Rocé qui continuent à faire du sample depuis longtemps mais ils étaient moins visibles médiatiquement. Nous, on a eu de la chance, on a eu une grosse visibilité, tout en n’étant pas obligés de se mettre dans le délire actuel, copié-collé des gros sons du Rap US d’il y a 3 ans. Je ne sais pas si ça explique le succès relatif que l’on connaît mais c’est cool. Moi, je trouve que les sons que l’on fait sont assez accessibles pour les gens qui aiment la musique. Après, ce n’est pas une volonté non plus, on fait notre musique telle qu’on la sent. ZYVA : Et les samples, vous allez les chercher où ? F.F. : Il n’y a vraiment aucune règle. Depuis que je fais des instrus, mon oreille est ouverte tout le temps. Genre, quand je suis avec ma meuf dans un supermarché, elle va péter un câble parce que je vais lui dire : “cette musique là, elle déchire ! ” et elle : “mais il n’y a pas de musique là !” Et en fait, ce que j’entends, ça peu-être un tout petit truc d’une chanson, “rincé” qui passe sur Nostalgie par exemple. Et je vais me dire : “elle tue cette boucle !” Pareil quand je suis dans les restaurants, et des fois, je le reconnais, c’est chiant pour l’entourage parce que tu es ailleurs quand tu te concentres sur ça. À mon avis, ça le fait pour tous les beatmakers ou les mélomanes. ZYVA : Et tu as deux, trois noms de samples à nous donner comme ça ? F.F. : Les samples que moi j’ai utilisés pour le dernier
E.P. et notamment pour le titre Comme un grand, c’est tiré de... Merde, je m’en souviens plus, j’en fais tellement... Sinon pour Temps Perdu, c’est un arrangement de... Ah pareil je m’en souviens plus ! Et puis franchement même si je m’en souvenais, je ne sais même pas si je te les aurais dits. (Rires) Après, moi, je ne fais pas forcément des samples ultra-découpés, je préfère les bonnes boucles, mettre deux, trois effets, arrangements et une grosse batterie, et c’est tout. Par contre, Lo’, lui il découpe comme un salaud ! (Rires) ZYVA : Donc toi, ton rôle dans le groupe, c’est plus les samples, ou vous faites tout ensemble ? F.F. : Moi, je suis Mc et beatmaker. Lo’, il est beatmaker, et les autres ils sont Mcs à part Areno jaz qui fait aussi des instrus. Il a beaucoup de vynils. Mais moi quand je fais des instrus, je les fais de A à Z car j’ai déjà essayé de bosser des prods avec d’autres mais c’est impossible. Le mec, il veut mettre un autre pied de batterie que celui que tu veux mettre... C’est pas possible ! (Rires) ZYVA : Et un mec comme Disiz qui vient chercher certains d’entre vous pour participer à son nouvel album, ça doit vous faire plaisir j’imagine ? F.F. : Oui c’est clair ! Disiz, c’est un mec qu’on a écouté. À l’époque je kiffais même si ce n’était pas mon Mc de référence. J’ai beaucoup aimé son album “This Is The End”. Tu te le prends du début à la fin, il tue ! Du coup, oui on s’est rencontrés. C’est le mec le plus humble que j’ai pu rencontrer dans la musique en général, de pouvoir autant parler des trucs qu’il a réussi, qu’il a raté. Alors que d’habitude, les mecs ils te disent qu’ils ont tout réussi. Il est vraiment lucide comme le nom de son disque d’ailleurs. Moi, je n’ai pas pu être dessus car au dernier moment j’étais malade, fatigué, tout ça... Sinon, on aurait tous été dessus. Mais j’espère qu’on refera des trucs ensemble car il prépare des trucs chauds donc c’est cool.
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DISCUSSION ZYVA : Tu penses qu’il arrivera à se relever de sa période Rock-Rap-Chanson, Disiz Peter Punk ? F.F. : Pour être honnête, je ne m’y suis pas forcément beaucoup penché dessus. En fait, ce qui est fou avec ce mec, c’est qu’il dit ce qu’il pense et il pense ce qu’il dit. Il ne s’est pas posé de questions plus que ça. Là, il revient dans le rap pur et dur, et je pense que tant qu’il fait de la bonne musique et qu’il fait les choses bien, il n’y aura pas de souci. Et puis il y a peu de gens qui me disent qu’ils détestent Disiz. ZYVA : Vous, votre succès vient aussi surtout du fait que vous êtes ultra-présents sur les réseaux sociaux et que vos vidéos-clips sont assez sympas, assez identifiables pour le public. Je pense que tout le monde peut sentir une certaine sincérité dans ce que vous faites et c’est ce qu’une partie du public attend aujourd’hui. F.F. : Oui, c’est sûr, puis nous on a commencé par la scène bien avant de commencer à poser des morceaux. On avait une base d’amis qui venait nous voir au début et qui s’est élargie assez rapidement. Tout était spontané. Puis on a réalisé quand on a pris un peu d’ampleur, qu’internet ça tue ! Tu peux parler directement avec les gens. Tu n’es pas obligé d’appeler telle ou telle radio, ou mag pour faire un communiqué de presse. On a 250 000 fans sur Facebook et si on a envie de leur raconter nos vies on peut. S’ils ne sont pas contents, ils peuvent aussi s’en aller par exemple. Pour les vidéos, là, on a eu beaucoup de chance. C’est qu’autour de nous, on a eu des gens qui étaient chauds sur ça. Là pour l’instant, et je l’espère pour un moment encore, on travaille avec une équipe qui s’appelle Le Garage. Dedans, il y a des réalisateurs, des monteurs, des photographes, des designers... On aime leur délire et ils aiment le nôtre, donc à chaque fois qu’il y a un clip à faire on leur propose. On évolue avec eux donc ça tue ! ZYVA : J’ai vu aussi que vous étiez fans de basket... F.F. : Pas moi forcément mais plus Alpha Wann, Areno Jaz et Lo’ qui connaissent le truc. Moi j’en ai fait au collège et je ne suis pas dedans. Alpha et Areno, ils se sont connus à la Jeunesse Athlétique de Montrouge et c’est là d’où je viens aussi.
“Le préjugé du rappeur qui a des revendications, qui parle de politique... c’est fini. Manau, c’est autant du Rap que La Rumeur pour moi.” qu’autre chose. Nous, on rappe avec des gens du 9-3, on rappe avec des gens du 5ème (arrondissement), c’est la musique avant tout. Le préjugé du rappeur qui a des revendications, qui parle de politique... C’est fini. Manau, c’est autant du Rap que La Rumeur pour moi. Après c’est sûr, tu ne l’écoutes pas pareil. Nous, on ne vient pas de quartiers chauds mais on n’est pas des “Boloss Life” (Bobo). On n’habite pas la cité, mais on a tous des potes et on sait de quoi il s’agit. Ce n’est pas un délire de bobo ou quoi-que ce soit. ZYVA : Le fait que vous n’étiez pas forcément engagés dans vos textes, c’est un truc qui revient souvent non ? F.F. : Ça, c’est souvent des gens qui n’ont vu que le clip de La Suite. Et puis, même dans le clip de La Suite, t’as Nekfeu qui dit : “Nique le FN nous c’est la France offensée”. Je te l’accorde, ce n’est pas la rime la plus poussée du monde mais c’est déjà un petit truc. Moi je dis aussi : “Tourne ta langue sept fois dans ta grande bouche avant de faire le malin”, et ça c’est vraiment un truc que je pense car au moment où on a écrit le texte, il y avait trop de gens qui parlaient dans le business sans savoir quoi-que ce soit. Nous, on parle de notre quotidien, donc il y a des trucs qui nous prennent la tête politiquement parlant ou pas. Après, on n’estime surtout pas être des messies comme certains. Moi je préfère dire aux gens qu’ils doivent réfléchir par eux-mêmes que de dire ce que je pense. Titre d’un artiste qui pourrait vous représenter vous ou votre musique : Flynt - 1 pour ma plume C’est sûrement une des plus grosses bastos de ces dix dernières années.
ZYVA : Oui, d’ailleurs le fait que vous ne portez pas forcément les clichés des rappeurs de banlieue chaude de Paris a dû jouer dans cette espèce de rapport identitaire vis-à-vis de votre public. En gros, le Rap n’appartient pas seulement à la banlieue mais à tout le monde ! F.F. : Mouais... Mais le Rap appartient à tout le monde de toute façon ! Je connais pas mal de gens du 9-3 qui font du bon son, et ces préjugés-là sont quelque chose qu’ont plus entretenus les médias
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La Suite
facebook.com/undoubleneufcinq
encéRom...ain ometm Comment tout a Illucstratio ns Texte : Coquin et “J’ai une gueule à bouffer des graines moi ?”
C
’est comme ça qu’on s’est rendus compte qu’il parlait. C’est Greg, notre rédac’ chef, qui lui en proposé. Bon, force est de constater qu’il n’avait effectivement pas une gueule à bouffer des graines... On l’a trouvé sur un V’love. Enfin je dis “on” mais je devrais dire Hedi. Je nous revois encore piler à s’en manger le tableau de bord. Hedi, c’est le responsable commercial qui ramène les sous-sous qui permettent de faire le journal. Un type bien, un Tunisien mais ça se voit pas. Genre Arabe albinos. Bref... A quelques mètres, posé sur un vélo, la bave aux lèvres et ronflant comme pépé après 3 bières, un singe ! Enfin un singe... un gorille ! Mais violet. On a commencé par lui piquer les jarets avec un bâton pour voir s’il se réveillait jusqu’à ce qu’on se dise qu’on pouvait pas le laisser comme ça. Ce n’est qu’une fois la bestiole chargé dans le coffre qu’on s’est posé la question. Qu’est-ce qu’on allait bien pouvoir en faire ? Avec le recul, on aurait sûrement pu trouver mieux que de l’emmener dans les bureaux du mag’. Deux, trois jours de coma plus tard, le singe se réveillait, visibement pas très frais. On s’est dit qu’il devait avoir faim...
Le singe
Nous revoilà donc avec un sachet de graines et un singe violet décidé à nous les mettre où je pense. Greg est sorti acheter des bananes pendant qu’Hedi et moi tentions d’en apprendre plus sur le primate. On apprit par exemple que son caractère aurait fait passé Staline pour un mec plutôt facile à vivre. Lorsqu’il ne nous envoyait pas balader, notre ami le singe nous expliquait qu’on lui devait respect et obéissance. Greg revenu, on a laissé le singe s’empiffrer dans son coin, pensant qu’avec un peu de chance, il nous laisserait bosser pénard. Faute grave.
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Le singe, prit ses aises. Allez savoir comment il mit la main sur l’ordinateur de Greg ou comment il finit par tomber sur “Never say never “de Justin Bieber qui traïnait sur le disque dur... Il se mit à hurler, grimper au mur et frapper sa tête pour en sortir les notes indigestes. L’animal avait l’oreille musicale. Pire, dans son esprit venait de s’immiscer l’idée selon laquelle nos goûts musicaux penchaient dangeureusement du côté de la fosse septique.
C’est à ce moment là que les choses ont commencé à tourner coton. “Vous allez vite comprendre ce que c’est que la musique” qu’il a dit. Et nous avons compris : le singe se mit en tête de prendre le magazine en main. Perché sur un rebord de fenêtre, un stock de bananes dans les mains, le gourgandin balance ses obus à la tronche du premier qui ose l’ouvrir. Notifications facebook au nom du mag et factures de Web Designeurs défilent sans aucune explication. Nous pensons qu’il prépare quelque chose... Combien de temps pourrons-nous tenir ? Restez branchés...
PS : sinon il arrive à se gratter les fesses avec les pieds et ça c’est cool !
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DOSSIER
CHRONIQUES CD The chromatics | Kill for love | Label : Italians Do it Beter Ceux qui ont découvert les Chromatics en 2003, avec leur premier album bruitiste “Chrome Rats vs. Basement Rutz” ne doivent pas trop comprendre où ils foutent les pieds avec ce quatrième LP, “Kill For Love”. Il faut dire que de l’eau a coulé sous les ponts en dix ans : la line up originelle n’est plus et l’interchangeabilité des membres semble avoir fait de ce groupe de Portland une machine à explorations musicales. Entre side-projects et aspirations au septième art, Adam Miller, Johnny Jewel et Nat Walker biberonnent leur chérubin multicolore à l’expérimentation minimaliste, qui se penche de plus en plus dangereusement vers l’Electronique pour délaisser le pseudo-Punk des débuts. Il faut dire qu’entre temps, les Chromatics ont figuré sur la B.O d’un des meilleurs films de 2011, Drive, et comme en écho à leur album précédent, ils continuent sur la pente glissante de la Dark-Disco (tout de même plus dark que Disco). Les paroles désillusionnées (These Streets Will Never Look The Same) s’acoquinent avec des guitares synthétiques aussi froides que les restes de Joy Division (Back From The Grave, The Page). La touche noise caractéristique du quartet est quelque peu délaissée au profit de véritables mélodies pop aériennes, toujours épaulées par une rythmique sèche et simple (Kill For Love). La part belle est faite à la voix flottante de Ruth Radelet (Lady, Candy), souvent épaulée par un piano classique et mélancolique (Birds Of Paradise). Survolant des couches d’effets Ableton délicatement mesurés (There’s A Light Out On The Horizon), la rêverie planante est toujours au rendez-vous (Dust To Dust), voire même un peu menaçante parfois (Broken Mirrors). En somme, cet album est l’équivalent sous LSD d’un bon vieux tube de Air. À noter pour la prochaine fois : il faudra quand même nous expliquer pourquoi l’ouverture sur une reprise de Neil Young (Into The Black), et penser à arrêter avec l’auto tune (Running From The Sun). Alizée
THE Mars Volta |Noctourniquet | Label : Warner Bros Après le défouloir qu’était “The Bedlam in Goliath”, “Octahedron” ramassait à la petite cuillère ce qu’il restait de cette énergie déstructurée au possible ; un résultat pas si mauvais que ça. Il était temps d’une petite pause, histoire de tourner autour de soi même pour ne pas faire tourner sa musique en rond. Une envie de simplicité, d’escapades nocturnes plutôt que de travaux acharnés en studio. The Whip Hand inaugure donc l’album “Noctourniquet” de manière beaucoup plus cadrée que d’habitude. De très bons ingrédients de base, propres au groupe, confinés dans une structure couplet-refrain. Ce qu’on ne pourra pas reprocher à Dyslexicon, qui, à première vue, donne une impression de fouillis intouchable, sorte de mélange de tout ce que le couple Rodriguez-Bixler n’aurait jamais pensé mettre dans ses compositions. Côté chant, on est agréablement surpris d’un timbre beaucoup moins frêle et plus imposant, même dans les grandes envolées lyriques qu’on aime tant. De quoi rabattre le caquet d’un certain monsieur Bellamy, qui, lui, ferait bien de s’abstenir certaines fois. On garde certains points non critiquables, comme le travail de percussif du nouveau venu Deantoni Parks, particulièrement appréciable sur Molochwalker ou Aegis. A défaut de leur reprocher cet album, on ne peut qu’attendre de voir le tournant que prendra leur carrière pour être réellement déçu. “Noctourniquet” est sans doute à prendre comme un point final à dix ans d’un travail musical digne d’une perle rare de nos jours. Même si un changement de planète s’impose, les membres de The Mars Volta ne sont pas prêts de se faire enterrer, ni de s’enterrer eux-mêmes ! Violette
Scratch Bandits crew | 31 Novembre Label : Infrasons
Après un dernier opus datant d’il y a pile poil deux ans, celui-ci arrive un peu comme une curiosité. “31 Novembre”, jour inexistant pour une musique énigmatique. Ces jeunes Lyonnais nous plongent dans un univers musicalement samplé, traversant Hip-Hop, scratch et musique électronique. Une entrée en matière cérémonieuse, voire presque lugubre nous attend. Heart Beat attaque, le rêve démarre. Le point de non retour est atteint. Les harmonies s’entremêlent et chacun dans son rôle, on découvre de multiples éléments présents tout le long de l’album. S’ajoutent à ça des cœurs, samples vocaux, une trompette scratchée à la Birdy Nam Nam, le tout sur un rythme doux et enveloppant... On s’abandonne à cette musique complète, aux sonorités qui jaillissent dans tous les sens. C’est avec Do Your Thang qu’on entre dans le vif du sujet. Carte blanche à la spécialité de ce trio : le turntablism. Un peu moins maîtrisé, le sample de You Turn Me Down s’avère assez long et plutôt en désaccord avec le reste de l’album. Celui-ci sera un peu plus terre à terre, plus ardu et rythmé, comme le montre Oriental Wildstyle et Check It Out. Pour finir, Light Graffiti reprend l’envolée onirique pour les dernières minutes du voyage grâce à une partie de piano délicatement berçante et à la limite de la dissonance. Un voyage particulier que nous ont fait vivre les Scratch Bandits Crew en seulement une demi-heure. Une sphère entre deux états, à mi-chemin entre éveil musical et un goût amer d’une mélancolie lointaine. Un peu comme un 31 novembre... Violette
Prochains Concerts : 17/05 Paroles et Musiques / St-Etienne 18/05 Nuits Sonore / Lyon
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CHRONIQUES CD MGK | Half Naked & Almost famous | Label : Bad Boy
Shakalak
Le Klub des loosers | La fin de l’espece Label : Disques du Manoir
Delaney Davidson | Ghost SOngs | Label : Casbah Que l’on se rassure, Delaney Davidson n’est pas un fantôme. C’est un homme solitaire, un musicien qui erre entre deux “gratouillages” de guitare mélancolique. Le fantôme, c’est son orchestre, brillant par son absence. D’abord autoproduit en 2007, “Ghost Songs” est édité en ce mois d’avril par Casbah Records, jeune label valentinois qui ne jure que par le vinyle (grand bien leur en fasse). Douze pistes subtiles et saisissantes s’emparent donc de nos oreilles, oscillant sans cesse entre tristesse et nostalgie (c’est pour dire la teneur en joie de vivre). La voix d’un Dylan désabusé accompagne à merveille des paroles d’une noirceur mais d’une clarté surprenante (Poison Song, Hate A Man). Les arrangements sont roots, bruts de décoffrage, pour un rendu que l’on pourrait qualifier de “garage-folk” : seul un orgue ou un trombone viennent de temps à autre perturber le gentleman voyageur. C’est avec des histoires de femmes regrettées et des vieilles boots trouées (Wayfaring Stranger) que le Néo-Zélandais Davidson nous prouve que le Do It Yourself n’est pas réservé aux punks des caves. Tantôt lancinant (Sleeping Woman), tantôt (presque) enjoué (Girl In White), l’homme-orchestre se sert de sa guitare comme d’une base rythmique efficace et sans fioriture. De complaintes (I’m A Fool) en “sifflotis” légers (Ophelia), on se laisse flotter le long de la route 66, même si on sait l’issue de notre périple plus qu’incertaine. Pour continuer le voyage, se référer à la discographie complète. D’urgence ! Alizée
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Prochains Concerts : 24/05 Le Sonic / Lyon 25/05 Mistral Palace / Valence
“Allez coucher les enfants, je ne connais pas de belles histoires”. C’est dit pour votre progéniture si vous en avez une. Si vous ne voulez pas la voir défenestrée ou pendue sous peu. Oui, parce que c’est, entre autres, de ça dont traite “La fin de l’espèce”, et par où il commence : à la fin de “Vive la vie” (2004), Fuzati se pendait. Mais (mal)heureusement pour nous, non, la Vieille branche qui devait l’aider l’a lâché. Huit ans après, il se venge de ce raté et nous en fout plein la gueule ! Pour changer. Oui parce qu’il faut le dire, le Versaillais masqué est peut-être sadique, mais nous, on est foutrement masochistes ! Il en est même la définition : il nous fait mal, et on l’aime pour ça, le détestons pour ça. Par conséquent, le fait que l’album soit presque moitié moins long que son prédécesseur est un premier blâme : moitié moins de bonheur ! Argument pourri, mais quand même ! Et quand je dis “on” ou “nous”, c’est parce que tout le monde en prend plein la gueule : les femmes, les hommes, les enfants (surtout), l’Humanité, la vie, etc. Tout le monde. Cependant, là où “Vive la vie” s’en prenait majoritairement aux femmes, “La fin de l’espèce” s’attaque à leur action biologique primaire : l’enfantement, illustré avec l’atroce morceau aux allures de cauchemar qu’est Mauvais rêve. Deuxième blâme ! Je rigole. J’adore. Tout ça pour dire qu’en gros, c’est un album à tenir loin du petit monde heureux. Et des gens malheureux qui le peuplent. Surtout des gens malheureux... Blast
C’est avec pour leitmotiv “La tristesse durera toujours” que Tristesse Contemporaine prend place dans le monde, un motto assez inapproprié pour ce premier album éponyme. L’introduction, Empty Hearts, en est le premier contre-exemple : rythmé mais sans emballement, posé mais dans la tension. Une bonne préparation pour le morceau suivant, In The Wake, sur lequel se greffe un côté fraîchement libéré et sauvage. Le temps de Hell Is The Other People, on oublie un peu cet univers pour passer sur la face un peu dégueulasse de la Cold Wave (et de l’opus) : introspection, dégoût de soi, vomissement etc. On s’en serait un peu dispensé. Tout ce que les deux précédents morceaux du même genre avaient préparé prend forme sous le jouissif et noir I Didn’t Know. On s’imagine facilement en mode Best Mother Fucka Superstar, les gants, le volant, les lunettes de soleil, la nuit, la clope, la Ford Mustang, la ville. Il y a, par la suite, l’anecdotique Hierarchies, chuchotant, ennuyant, et l’amusant Daytime Nighttime, lyrique, dynamique. La virée en muscle car s’achève, moteur et cœur battants, en la douceur instrumentale qu’est 51 Ways To Leave Your Lover tandis que le reste de l’album s’éteint avec lenteur sur les vaseux America et Uptown Top Ranking, symboles du vide et de vie intestinale après que l’on ait rendu nos tripes. Bref, de la (lugubre) descendance de Joy Divsion, cet effort est un must have ! À condition seulement d’accrocher à la voix de Maik... Blast
Prochain Concert : 25/05 Ninkasi Kafé / Lyon
Machine Gun Kelly n’est peut-être pas le meilleur rappeur du monde, mais le jeune Blanc surexcité et sur-tatoué de l’Ohio n’a pas fini de faire parler de lui. Du charisme, un débit nerveux et de l’énergie à revendre, MGK a de sérieux atouts à faire valoir et pourrait bien devenir un phénomène. “Half Naked & Almost Famous” est son premier projet officiel, un EP de cinq titres sorti pour capitaliser sur le succès de son single Wild Boy (on reconnaît bien là le flair de Diddy). On ne va pas se mentir : le résultat est plutôt décevant. Quelques refrains foireux et des productions passables viennent plomber irrémédiablement ce qui aurait pu être une première sortie intéressante. Et pourtant cet EP mérite bien une écoute, et il y a une bonne raison à cela : Wild Boy. Ce morceau est un hymne régressif totalement jubilatoire, un pur concentré de furie. En partie grâce à Waka Flocka Flame et ses cris d’idiot du village. L’autre morceau phare, Halk Naked & Almost Famous, tire son titre de son sample ultra connu de The Naked and Famous. Ce n’est ni novateur, ni audacieux, mais cela produit son petit effet. L’ensemble n’est donc pas indispensable mais confirme le potentiel de MGK au micro. S’il ne se fait pas engloutir par la direction artistique douteuse de son label, il sera un rappeur à suivre.
Tristesse contemporaine | eponyme | Label : Pschent
Aqme | Epithete, dominion, Epithaphe | Label : At(H)ome “Epithète, Dominion, Epitaphe”, dernier album d’AqME, est sorti le 10 avril dans des conditions particulières. Un mois avant sa sortie, Thomas, chanteur du groupe depuis 13 ans, annonçait qu’il le quittait. Cet album est pourtant la meilleure production d’AqME. Pas de virage de style, on garde ce Métal chanté en français, peu subtil, souvent tellement néo qu’il en deviendrait presque pop. Cela dit, de réelles améliorations techniques ont été réalisées. En premier lieu : riffs et guitares rythmiques. On salue un travail qui n’a rien laissé au hasard. Les suites d’accords sont finement trouvées, articulées sur des rythmiques variées, avec des mélodies qui se posent harmonieusement sur elles. Second élément qui permet au premier de fonctionner : Thomas a nettement progressé. Désormais, il chante juste, en hurlé comme en clair, dans les graves comme dans les aigus. Sa voix est aussi plus puissante. Du coup, ses textes résonnent plus sombres. Sans qu’ils soient forcément mieux écrits, on perd enfin la sensation d’écouter un adolescent en crise. Là où sa voix claire avait quelque chose de plaintif, on en apprécie désormais le timbre sur les très aboutis My English Is Pretty Bad ou Epithète, Dominion, Epitaphe, qui a donné son nom à l’album. Seul point noir : les solos. Leur rareté ne serait pas problématique si les quelques uns existants n’étaient pas si courts, et surtout si peu harmonieux, voire dissonants. Ils contrastent d’ailleurs avec la qualité de la plupart des phrasés guitares de l’album. C’est ainsi qu’on assassine un My English Is Pretty Bad en quinze secondes. Pour finir, mention spéciale au titre 110.587, dont l’intro et les couplets sortent vraiment du lot (et en bien). Un album qui ravira à coup sûr les fans, et saura peut-être convaincre d’anciens réfractaires à AqME. Moka
Nemo | Revolu$ion | Label : Quadrilfonic
Batlik | Le poids du Superflu
Cela fait un bon bout de temps que je n’ai pas écouté un disque de rock progressif français avec autant de plaisir ! Peut-être depuis le tout dernier album d’Ange. Nemo, vous le savez sûrement, est un des meilleurs groupes de la nouvelle scène prog française. Menés par l’excellent guitariste Jean-Pierre Louveton, ces gars-là construisent courageusement depuis leur Puy-en-Velay natal une carrière loin des sentiers battus, loin du show business et du buzz parisien, créant même leur propre label et structure dédiés à la promotion du prog indépendant (Quadrifonic). Ce nouvel album (leur septième déjà !), un concept, est une satire de la société de consommation (notez le jeu de mots du titre), un appel à la protestation, à la rébellion, dans un monde de solitude, de cupidité, qui devrait toucher tous les rockers que nous sommes. Remember Lennon? Pour ce qui est de la musique, le disque comporte plusieurs pépites (!) typiques du prog à la française, c’est-à-dire avec accent mis sur les paroles et le chant, théâtralité et emphase. L’ensemble sonne un peu comme du Trust et du Téléphone (textes) rencontrant Ange (mélodies et superbes guitares dans la lignée d’Hassan Hadji). Je citerais par exemple le splendide “Seul dans la foule” avec son solo de guitare envoûtant ou la majestueuse composition “Loin des yeux” (la suite de “Barbares” de l’opus précédent) avec des cornemuses bienvenues et de somptueux claviers (Guillaume Fontaine). Déjà un classique, pas moins.
Label : A Brule Pourpoint
Une nouvelle fois armé de sa guitare, Batlik nous offre de la qualité avec “Le poids du superflu” ! À force d’engagement, on pourrait croire que quand on arrive au 8ème album (toujours autoproduit, soit dit en passant), les mots s’épuisent. Pourtant, l’artiste nous parle toujours aussi habilement de sa vision de la société actuelle. De plus, la musicalité n’en est en rien appauvrie par les messages que l’on veut faire passer ; au contraire, l’accompagnement aux sonorités plus rock que d’habitude (où se glisse une batterie de temps en temps) donne du corps aux textes un peu plus sombres que les précédents. On aime Encore et son rythme saccadé, où Batlik dénonce une population endormie par la société, mais aussi Carnaval, pour son flot de mots dégoulinants de vérité. D’autres chansons aux allures plus positives se glissent parmi ces coups de gueule, comme De la même façon, où avec légèreté, Batlik nous décrit l’échec comme “un objet d’art que l’on produit sans même le savoir”. Egalement Les transitoires, où “celui qui part” réussit à changer de vie. C’est en tout cas sans superflu que le chanteur et ses comparses nous offrent de belles chansons et nous invitent simplement à réfléchir. Sarah
Roland Roque
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Stuck in the sound Ninkasi KAO | lyon | 11/04/2012 Texte et photos : Kymmo
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rois ans après l’excellent “Shoe-
qui dès le début du set donne le ton de la soirée. Après deux chansons du deuxième album, place aux nouveaux titres comme Brother ou encore Pursuit qui reçoivent un très bon accueil du public lyonnais. Le groupe est toujours aussi à l’aise sur scène et se présente sur cette nouvelle tournée avec un guitariste en plus. José Reis Fontao, leader du combo, fait le show autant pendant les chansons qu’entre les chansons et partage beaucoup avec le public. Après quelques interludes, le concert repart avec les titres que tout le monde attend, Cramp, push and take it easy et bien sûr Toy Boy toujours aussi efficace sur scène! La fin approche, le groupe salue une première fois le public lyonnais, puis refait une apparition pour 3 nouveaux titres avant de repartir... puis de revenir une toute dernière fois ! Stuck In The Sound fait un retour plus que réussi sur la scène du Ninkasi kao et laisse les Lyonnais partir avec du bon son plein les oreilles!
gazing kids”, Stuck In The Sound revient en 2012 avec un nouvel album “Pursuit” et un nouveau live ravageur! Le combo parisien nous donne donc rendez vous au Ninkasi Kao pour nous présenter toutes leurs nouvelles chansons sans oublier leurs classiques. Première surprise, il ne fallait pas être en retard car ce soir il n’y a pas de première partie et c’est donc les Stuck qui arrivent sur scène dès 21h. Le concert débute avec l’excellent Zapruder, qui fait monter la pression petit à petit jusqu’au survolté Shoot shoot
Les Sans Pattes, Combas Musée d’art moderne | lyon | 06/04/2012 Texte et photo : Marie
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n ce moment, et jusqu’au 15 juillet, l’artiste originaire de Lyon, Robert Combas s’expose au MAC. Sur trois étages, une expo colorée, pop et aussi riche que décalée. Mais l’artiste n’est pas seulement peintre, il est aussi musicien, une passion qui ne l’a pas lâché depuis la fin des 70’s, date à laquelle il a formé son premier groupe Les Démodés. Vendredi, c’était avec Les Sans Pattes qu’il se produisait dans une salle de l’expo, tableaux projetés et ambiance cosy. Il est assez difficile de décrire la musique des Sans Pattes mais disons qu’on serait dans un registre rock à tendance psychotique. Les rythmes répétitifs et lancinants et les sons aigus des instruments installent une ambiance dérangeante mais intéressante quand elle n’est pas insupportable. Les Sans Pattes, c’est aussi beaucoup d’envolées de synthé
- qui rappellent les performances du pape du new age Iasos -, des paroles décousues et la voix si désagréable de Combas. Impossible de le nier, il chante faux et il a ce phrasé si particulier qui nous fait toujours hésiter sur la compréhension des paroles. En fait de traditionnel concert, c’était plutôt d’une performance artistique qu’il s’agissait. Sous couvert d’un groupe, Robert Combas continue en musique ce qu’il a commencé sur ses toiles : le goût d’un fourmillement d’influences, de la déstructuration, de ce perpétuel fouillis organisé et cet enthousiasme enfantin. Il se fiche de ce que le premier “pélo” pensera. Mais le problème est peut-être là : Combas semble si détaché de la réception de ses œuvres qu’il en est désagréable. À de nombreuses reprises, il s’attaque à l’ingénieur du son et son attitude devient si pesante qu’une sympathie sous-jacente pour le
sondier se met en place au sein des spectateurs ; l’un d’eux ose un timide “C’est peut-être pas de sa faute ?” Mais rien n’y fait, il est déjà aux yeux de tous une personnalité antipathique et pas aussi drôle que les cartels de ses toiles le laissent suggérer. Alors ce concert a installé une ambiance binaire, divisant la salle entre ceux qui aiment (qui enregistrent le concert, soupirent des “c’est magnifique” et expriment leur admiration à l’artiste) et ceux qui se demandent bien ce qu’ils font là (ce sont ceux-là qui ont contribué à faire d’une salle pleine une salle à moitié pleine à mi-concert). Robert Combas a dit en parlant de sa peinture “c’est du rock, la recherche du feeling”, sa musique c’est ça aussi : la recherche du bon rythme, l’expérimentation, des émotions abstraites, mais parfois imperméables...
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breton
DISCUSSION AVEC :
13/04/12 Epicerie Moderne, Feyzin, le Magnien Par Léa, Photos live : Antoine
ière du matin n’effraie pas le pèlerin”, disent les Bretons, en référence à l’humidité ambiante de “B la région. La maxime de notre Breton version british est bien différente. Remplacez la petite bière par une douche alternativement glacée puis brûlante, synonyme d’une expérience musicale superbe et à
vivre intensément. Évincez le pèlerin pour mettre à sa place tous les fanatiques de musique électronique et de rock. Vous voyez un peu le truc? Et bien, le collectif Breton a retourné l’Epicerie Moderne de Feyzin le 13 avril dernier. On aime leurs accents dubstep qui viennent se poser sur une base électro-rock et leurs œuvres multimédias, un chouïa conceptuelles mais sans en faire trop. C’est juste avant que le groupe n’entre en scène que ZYVA a discuté avec Roman Rappak, chanteur de cette formation. ZYVA : On a entendu dire que vous étiez en tournée. Comment ça se passe ? Roman Rappak : On a commencé une grande tournée en fait, on a fait le Texas, puis New York, Londres, Manchester, quelques dates en France, la Belgique, et puis on est retourné en France. ZYVA : Par le passé, vous êtes souvent venus en France ? R. R. : Ouais, pas pour des tournées mais des concerts individuels, comme ça. ZYVA : On est bon public! En parlant de concert, la photo de profil du Facebook de Breton change avant chaque nouvelle date, elle représente un cube blanc sur un fond coloré avec le lieu et la date du concert juste en dessous. Pourquoi ce côté énigmatique du cube ? Que représente-t-il réellement ? R. R. : C’est une référence à la première vidéo qu’on a faite. On habite dans une ancienne grande banque au sud-est de Londres. Et tu sais, il y a beaucoup de choses qui sont automatiques dans ce qu’on fait, spontanées quoi. Un peu comme le cadavre exquis, et tous ces jeux surréalistes. Je trouve ça très intéressant de trouver quelque chose qui est en dehors de tes influences habituelles. Tu commences par ça, et tu utilises ça pour t’inspirer parce que tu sais que ça va quand même se terminer dans quelque chose de familier. Bref, ce qui s’est passé, c’est qu’il y avait plein de fêtes, d’installations et de projets qui se sont
passés dans la banque avant qu’on l’envahisse… ZYVA : Cette banque, c’était le fameux BretonLABS, votre atelier de travail ? R. R. : Ouais c’est ça, le BretonLABS. Et au milieu du LABS, on avait trouvé un cube en perspective, sans aucune raison ni aucune fonction, c’était juste au milieu d’une chambre. On s’est dit qu’on pourrait faire une vidéo avec, alors on l’a fait pour The Well. C’était un peu comme cette boite-là (ndlr : il montre le cube d’Étienne de Crécy sur le ZYVA Mag de Mars-Avril). On l’a mise sur une chaise de batteur que tu peux faire tourner, on a mis du papier sur l’une des faces et on a projeté des images du LABS, et de nous, et d’autres trucs sur le carré. Et grâce à la perspective, la lumière est rentrée dans des endroits bizarres. Quand c’était transparent, l’image passait à travers, et sinon elle se reflétait sur le papier. Et c’était aussi parce qu’on était dans un endroit qui était un genre de huis-clos, un environnement à part. C’était très important pour nous de tout avoir dans un seul endroit parce que ça nous permettait vraiment d’expérimenter et de faire des recherches. ZYVA : C’était ce concept de huis-clos qui vous a vraiment aidés, en fait ? R. R. : Je pense que ça aide. Tu peux pas vraiment dire que t’as recherché une idée si t’as pas passé beaucoup de temps dessus parce que c‘est ce
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DISCUSSION qui est intéressant avec de l’art, que ce soit de la photographie ou du journalisme, ou autre. Quand tu regardes le point de départ et la fin, il faut qu’il y ait une narration, une conclusion. Ça peut pas seulement être “voilà une image, voilà une vidéo”. C’est toujours intéressant de comprendre comment quelqu’un est arrivé là où il est et comment il a réfléchi. Savoir pourquoi ils ont pas fait ceci, pas rajouté cela, au lieu de se contenter de voir que leur résultat, c’est ça, et qu’il est comme il est. ZYVA : Pour résumer, quand vous créez, vous avez un fil directeur et vous brodez autour de ce fil? On a vu que vous étiez inspirés par le cinéma, que vous réalisiez des films pour vous et pour d’autres artistes, comme Tricky notamment. Vous créez en utilisant à la fois l’audio et le visuel. Faire une œuvre globale et multimédia, c’est votre base de travail ? R. R. : Ouais en effet, on est fasciné par le cinéma, la musique, les autres artistes. Plus tu seras informé sur ce qui se passe dans le domaine de la technologie, des films d’art et d’essai, de la musique, plus ça se reflétera dans ton travail. Et d’ailleurs, ça fait seulement deux semaines qu’on a cet album. Moi je suis assez naïf et je me sens un peu comme un enfant parce que je sais pas vraiment ce que je fais. Mais les gens qui ont entendu l’album et à qui ça dit quelque chose, quand je leur parle ils sont un peu sur la même longueur d’ondes que moi. Je pourrais traîner avec eux, être ami avec eux. Y’a des gens pour qui cet album est un peu bizarre, c’est pas le délire dans lequel ils sont, pour eux c’est un peu trop abstrait. Mais pas mal de personnes ont répondu favorablement, c’est un album qu’ils aiment écouter. Je voulais que cet album soit quelque chose que je puisse avoir envie d’écouter. J’ai trouvé qu’il y avait
“Mais on veut pas non plus faire quelque chose de totalement conceptuel et trop intellectuel, inaccessible.” beaucoup de stratégies dans les relations entre les gens qui forment des groupes parce que c’est une structure vraiment traditionnelle. Y’a cinq personnes, ils font des chansons, et puis y’a un single qui va avec et qui se retrouve sur un album, et puis t’as l’album qui sort… C’est tellement encadré pour quelque chose qui est sensé être une protestation, un chaos révolutionnaire. C’est du genre “tu fais ça, puis après ça”. C’est une habitude que les gens ont prise, ils continuent sans penser qu’il pourrait y avoir autre chose. Ils pensent : “il faut former un groupe, il faut qu’on fasse un truc qui sonnera comme les Arctic Monkeys par exemple, ensuite on sortira un album qui sera produit par le label qui sort les disques des Arctic Monkeys”. Nous, on se dit “moi, je veux pas être ce groupe-là, faire ce qu’ils ont fait avant, je veux seulement faire un album qui plaise aux gens”. C’est pour ça que chez nous, on ne
trouve pas de gros singles à la mode, de moments explosifs dans un album. Mais on veut pas non plus faire quelque chose de totalement conceptuel et trop intellectuel, inaccessible. ZYVA : On voit là une certaine volonté de démocratisation de la musique. C’est pour cette raison que vous avez proposé votre EP “The Blanket Rule” en téléchargement gratuit ? R. R. : En fait, on est un produit de ce qui est autour de nous, de la musique qu’on écoute, de ce qui s’est passé dans la musique électronique, mais aussi ce qui s’est passé avec les vieux groupes de guitares. Ce qui s’est passé avec la technologie, que tu puisses filmer ou avoir ton propre studio, faire tout ça sur un PC portable, ça a tout changé. Être un groupe dans le vieux modèle, c’est fou de faire ça maintenant parce que la musique n’existe plus sous ce format, les gens la consomment de façon différente. Ca serait obsolète. ZYVA : Ce n’était donc pas pour protester contre les moultes lois interdisant le téléchargement gratuit ? R. R. : Non, c’était pas vraiment pour dire ce qu’on pensait, on voulait pas inventer un slogan, lâcher des mots révolutionnaires. On a eu tellement de discussions sur la valeur de la musique, du style “cette chanson m’appartient parce que je l’ai écrite” ou “ça t’appartient parce que tu l’as téléchargée” : pour nous la musique est à tout le monde. C’est un peu stupide qu’après ça on se dise qu’en tant que groupe traditionnel comme je l’ai expliqué plus tôt, on pourrait sortir un album comme ça se faisait avant. Le monde change, les gens n’écoutent plus de disques. Et c’est assez excitant. Le vieux modèle de promotion des groupes est au final assez démodé (albums de onze chansons chez les grands disquaires, tournées…). Nous, on voulait, avant tout, donner aux gens. Il suffit qu’ils aient une connexion internet pour qu’ils puissent écouter de la musique. Il y a eu une histoire assez marrante que notre manager nous a racontée d’ailleurs, quand trois labels voulaient nous signer. On continue à leur parler d’ailleurs, on les connaît. Au final, on a signé avec un label indépendant parce que ça change tout. Je voulais pas qu’il y ait des posters, des vidéos avec nous dedans, ayant l’air d’un groupe et tout ça. Je voulais pouvoir contrôler le truc. ZYVA : C’est pour ça que vous avez choisi le label FatCat donc ? R. R. : Ouais, c’est pour ça. L’histoire, c’est que les autres labels que l’on connaît ont parlé à notre manager et lui ont dit qu’on était fous de proposer notre EP gratuitement, qu’on n’aurait jamais pu faire ça chez eux. Et ça m’a fait réaliser que c’était la bonne décision parce qu’ils étaient plus dans le délire “marché de la musique”. Un album coûte tant à telle période, tant à telle autre période, et puis si tu vends suffisamment de disques tu peux t’acheter une voiture de sport avec un appartement, et tout… Et ça, ça nous intéresse pas du tout ; déjà
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DISCUSSION Avec BRETON
parce que c’est démodé de faire de la musique en jouant un genre de jeu, en se disant “moi je veux avoir ça, je veux payer pour ça”. Moi, je veux faire des concerts comme ce soir, et je veux sortir plus de disques et toujours pouvoir en écouter. J’ai pas besoin d’argent pour faire tout ça. Je veux pouvoir donner des chansons aux autres. ZYVA : Et dans l’un de vos clips, vous avez également fait appel à un poète de Boston, Patrick Lyons. Pour quelle raison ? R. R. : Quand on parle de pourquoi on joue dans un groupe, et des avantages que ça comporte… Et bien ces avantages sont tels qu’ils l’ont toujours été. Pendant les deux années précédentes, j’ai pu aller dans plusieurs pays. J’ai rencontré des gens extraordinaires comme des photographes, des journalistes, des réalisateurs de films, des poètes... Et c’est seulement grâce au groupe, ça attire des gens de différentes disciplines, des artistes. Et il y en a qui sont incroyablement talentueux, et personne ne le reconnaît. Tu vois, il y a des blogs pour la poésie, il y a des fanzines pour la poésie... Mais les gens ne se ruent pas dessus, contrairement aux blogs qui parlent de musique, ou au journalisme musical. Alors, la musique est toujours le mécanisme le plus articulé pour diffuser des idées et pour générer un peu d’intérêt chez quelqu’un, soit un photographe qu’on aime, soit un poète qui selon nous a quelque chose à dire.
Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait vous représenter vous ou votre musique : The Fools - Big Prints Parce que chaque fois qu’ils l’ont jouée en concert, c’était différent. Le live, maintenant ça a changé, c’est plus seulement la retranscription exacte d’une chanson, c’est la forme de protestation la plus positive contre le peer 2 peer et Pirate Bay (ndlr: site permettant l’échange de fichiers torrents). Tu peux télécharger l’album, tu peux regarder sur Youtube, en faire des liens sur Facebook, mais tu pourras jamais répéter l’expérience de voir un groupe que tu aimes dans une grande salle. The Fools, même s’ils pouvaient jouer de la même façon à chaque fois et on sait qu’ils pourraient vraiment pas parce que les mecs sont trop bourrés. (rires)
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Other people’s problems Label : FatCat Records
facebook.com/bretonlabs
Par Coquin
TERREUR GRAPHIQUE et DAMPREMY JACK
mois de février de cette année est sorti chez Warum “La musique actuelle pour les sourds et malentendants”, Asa uunhaine livre rock’n’roll dans lequel chaque petite histoire permet à Georges, le personnage principal, de cracher ou son amour de telle ou telle musique ou de tel ou tel groupe, avec généralement une bonne dose de subjectivité qui donne à l’ensemble un ton trash et savoureux. Bref, l’occasion rêvée pour ZYVA de poser quelques questions à ses auteurs, Terreur Graphique au dessin, et Damprémy Jack au scénario. ZYVA : Le titre de la BD pourrait faire croire à une sorte de guide pour s’y retrouver dans la surproduction musicale actuelle. Mais le bouquin parle finalement très peu de la musique actuelle au sens artistique du terme (on va pas tellement parler d’un groupe et essayer d’expliquer pourquoi c’est bien, pourquoi c’est pas bien). Il en parle plus dans le sens social, à savoir “est ce que l’on ressemble à ce qu’on écoute, comment la découverte d’un son peut changer ta vie” ... Estce que, pour vous, c’est le meilleur moyen de retranscrire la musique en BD ? Dampremy : On voulait surtout éviter de faire un bouquin de plus sur la musique, quitte à parler de groupes ou de musiciens qui nous plaisent vraiment mais qui ne sont pas pour autant connus du “grand public”. Du coup, il fallait qu’on trouve une manière différente de raconter. Pas simplement parler de la musique mais de ce qu’elle pouvait représenter pour des gens comme nous. Et comme on est plutôt du genre radical et pas très tolérant envers la merde, il nous fallait un personnage qui aille dans ce sens-là, à l’extrême. Terreur : On a quand même pas mal tâtonner au départ sur la forme graphique la plus pertinente pour parler de musique, pour donner le ton. On a fait plusieurs versions, des trucs plus classiques qui ont fini à la poubelle, des formes courtes et puis on s’est dit que le meilleur moyen était d’y aller en roue libre, en ne se donnant pas de règle de narration graphique. Je ne sais pas si on a trouvé le bon angle mais en tous cas je me suis fait plaisir dans la construction, et dans le trait. J’espère avoir donné une musicalité de lecture. ZYVA : Qu’est-ce que tu entends par “donner une musicalité de lecture” ? Terreur : donner un rythme et une dy-
namique de lecture. La fluidité ou non de lecture renvoit directement à de la musique, plus ou moins facile à écouter, entraînante ou pas, nerveuse ou mollassonne, suivant le sujet et le style musical qui entourent chaque histoire... ZYVA : Dans “La musique actuelle...”, votre personnage est un peu dans la lignée de ceux de High Fidelity (ou même du Buddy Bradley de Peter Bagge) dans ce qu’on qualifie de “Geeks musicaux”. Est-ce qu’il est plus facile de parler de la musique à travers des personnages un peu extrêmes comme cela ? Est ce que le fait d’utiliser des personnages qui vont aussi loin dans leur passion et leur comportement aide finalement à toucher une certaine vérité qui ne serait pas accessible autrement ? Dampremy : Je ne sais pas si c’est le truc de chercher la vérité ou pas. Franchement, ce n’était pas vraiment le but. Personnellement, je n’ai pas l’impression qu’il aille si loin que ça. La plupart des conneries que le personnage profère, je les pense vraiment (excepté peut-être son avis sur les femmes, et encore...). Sinon oui, comme Hornby, j’ai la sale manie des listes, des tops, etc. Mais Hornby, il écoute quand même pas mal de daubes... Terreur : Georges est un personnage radical mais pas un alien. On est tous comme ça, enfin les gens passionnés (les autres doivent quand même s’ennuyer). Tu cites Buddy Bradley et Rob Gordon,deux personnages dans mon panthéon personnel, on aurait pu rajouter Christian Slater dans Pump Up The Volume, ou même Lester Bangs. Je pense que Georges aurait pu aller plus loin, devenir mass murderer du mauvais goût, mais le livre se serait appelé “La Rupture Tranquille Pour les Sourds et Malentendants” huhuhu. (ndlr : en référence à un de ses livres au ton beau-
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coup plus trash et sanglant) ZYVA : Terreur, tu as dis dans une interview qu’il existait un lien entre le rock et tes dessins. De quelle manière le rock influe sur ta manière de dessiner ? Terreur : Le fait d’écouter de la musique en travaillant influence beaucoup, par la rythmique et l’énergie qu’elle dégage, mon trait. Ça lui donne le gras et la nervosité nécessaire. Je ne dessine pas pareil suivant ce que j’écoute, en ce moment j’écoute des trucs jazz modernes comme Pierrick Pédron ou Médérick Collignon et mon dessin est relativement différent de celui de la Musique Actuelle ZYVA : Dans le livre, il y a un très beau passage sur Daniel Johnston. C’est un peu également grâce à lui que ce projet existe vu que c’est à la suite d’une chronique de Terreur sur ce mec que vous avez commencé à travailler tous les deux ensemble. Qu’est-ce qui vous attire dans la musique et le personnage de Daniel Johnston ( je colle les deux car ils me semblent indissociables ) ? Dampremy : Ah les pages sur Johnston, c’est du 100% Terreur ! Elles sont tellement belles que c’est ce qui m’a donné envie de bosser avec lui. Puis de divorcer et d’emménager chez lui sous sa couette. Terreur : Haha ! Je ne peux rajouter grand chose à ça et aux pages du livre. Écoutez Don’t let the Sun Go Down on Your Grievances ou Devil Town et vous comprendrez.
Lettre à Berlin
près 3 ans de découvertes, de partages et d’avenA tures, la page ZYVA Berlin s’arrête...Une page se tourne mais ne se referme jamais complètement sans un véritable adieu...À très bientôt ! Chère Berlin, Entre nous, c’est désormais fini... Pardonne-moi d’en venir si vite au fait, mais je sais que tu apprécies les propos directs et francs. Tergiverser, ce n’est pas ton truc, ni le mien. Sache que j’ai passé de magnifiques années à tes côtés. Je n’oublierai jamais l’époque où nous nous sommes rencontrés. A vrai dire, les débuts furent difficiles : tu étais trop grande pour moi, un peu trop branchée, superficielle et trop en vogue. Tu étais un peu comme la fille à l’école dont tout le monde est amoureux ; moi, en revanche, le fayot timide assis au premier rang, je me retournais envieusement. Et je suis follement tombé amoureux de toi, j’ai eu le coup de foudre. Doucement, nous avons fait connaissance, et en grattant la surface, j’ai pu découvrir ton caractère véritable. Tu m’as montré tes côtés sombres, sales et cachés - toutes ces choses que je n’oublierai jamais. Bien sûr, nous avons traversé de mauvais moments. Tes hivers sont les plus rudes que je connaisse. Et j’en ai assez de tous ces gens qui te courent constamment après... J’aurais voulu t’en protéger. Sans oublier les innombrables changements de décor et divers travaux en cours qui ne vont probablement jamais s’arrêter. Évidemment, tout cela fait partie de toi car tu es en perpétuel mouvement. Et c’est quelque chose que j’aime en toi – rien ne reste vraiment tel qu’il est. Mais de temps en temps, une petite pause te ferait peut-être du bien. En plus de toutes ces belles expériences partagées, je me souviendrai surtout d’une chose: notre amour commun de la musique. Le musicien sud-américain dans le métro, l’ensemble de Jazz intellectuel de Bielefeld, les punks des années 60 de la Bavière, les symphonistes de la Russie ou encore les fans de Techno de Londres...
Par Tobi
Tu les aimes tous, tu les trouves géniaux et tu t’amuses avec eux, grâce à ton incroyable tolérance. C’est quelque chose que tu m’as appris et que je n’oublierai pas. Tu étais aussi une véritable source d’inspiration pour beaucoup de personnes, qui t’ont même dédié une bande sonore. Notre musique, la musique que nous avons écoutée pendant nos diverses promenades et randonnées, c’était les Beatsteaks, Gods of Blitz, David Hecker et Peaches ; puis plus tard, ce fût Ton, Steine, Scherben, les Einstürzenden Neubauten, David Bowie et Tangerine Dream, ou plus récemment Modeselektor, Apparat, Scuba et Ricardo Villalobos. La musique restera toujours indissociable de toi, ma chère Berlin. Évidemment, beaucoup de lieux où nous avons été heureux ne sont plus là, ou ont changé. La galerie d’art Tacheles qui ferme prochainement, les années palpitantes du Berghain et du karaoké au Mauerpark qui sont probablement finies, les “pub-crawlers” anglais, les touristes de Techno ou encore le Prenzlauer Berg qui est devenu une forteresse de prospérité, tout ça ne t’a jamais trop dérangé. Tu inventes toujours quelque chose de nouveau... Et ça repart ! Mais tu sais, pour moi, ça n’a pas toujours été facile. Pourquoi je pars ? A vrai dire, cela n’a pas grand chose à voir avec toi. Peut-être qu’on s’est un peu trop habitué l’un à l’autre. Je crois que nous sommes devenus le vieux couple que nous ne voulions jamais être. Beaucoup de choses que j’ai tant aimées chez toi m’apparaissent aujourd’hui banales. J’ai toujours cru que notre histoire ne pourrait jamais devenir atone et ennuyeuse, parce que tu changes et évolues constamment. Mais justement, changer en permanence peut aussi devenir difficile et lassant après quelques temps. C’est pour cela que je dois partir : j’ai besoin d’alternance, de quelque chose de différent ; j’ai peut-être tout simplement besoin d’une pause. Je te connais bien, je sais que tu comprendras. Et pourtant, je sais que tu me manqueras. Mais je reviendrai, c’est sûr. Avec tout mon amour et mon admiration éternelle, ZYVA Berlin
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DISCUSSION
Extraits DE DISCUSSIONS[...]
Avec ZYVA, pas d’interview, que des discussions. Un seul principe : tout ce qui est enregistré est retranscrit à l’identique, nous finissons toujours par la même question.
Metronomy
ZAO
ZYVA : Lorsque l’on écoute Metronomy, on a l’impression que tu as particulièrement mis du cœur à l’ouvrage en travaillant sur tes compositions, un peu comme un orfèvre qui travaillerait avec une certaine minutie. Je ne sais pas si tu vois où je veux en venir... Joseph Mount : Si, je vois tout à fait. C’est d’ailleurs quelque chose de très important pour moi, mais bizarrement, lorsque l’on se produit en live, je ne suis plus si minutieux que ça, comme tu dis. On se base plutôt sur la sincérité du truc, on n’essaye jamais de rejouer l’album exactement comme il a été enregistré, on fait en fonction de ce que l’on ressent sur le moment. Invariablement, plus tu es excité, plus ton show sera pêchu et réussi. Mais je crois que... (il réfléchit). Attends, qu’est-ce que je voulais dire déjà...
ZYVA : Avec l’informatisation de la musique, toi tu as un coté humain très présent, c’est une autre approche de la musique. Zao : Moi en tant qu’Africain, je suis très content de cette vulgarisation de l’information parce-que, nous, en Afrique, avant l’Internet on était très loin de vous, on ne pouvait pas savoir ce qui se passait en France, mais maintenant on est très proche, tout se fait en un clic. Et la nouvelle génération chez moi est sans cesse à la recherche de nouveaux sons sur Internet, mais moi je suis peut-être un peu trop conservateur pour faire ça.
Les Invites de Villeurbanne | 22/06/2007
Punish yourself
Transbordeur | 14/04/2012
Kymmo
Transbordeur | 08/11/2011
Kymmo
FiliaMotSa
Printemps de Bourges | 16/04/2010 ZYVA : Ok ! Et vous n’avez pas peur qu’à long terme le côté minimaliste de votre musique soit dur à tenir pour un concert d’une heure et demie ? Emilie : Si, si ! On a peur de ça, mais même une demiheure, c’est déjà beaucoup pour les oreilles, parce que c’est beaucoup dans les fréquences aigues, et ça peut vite devenir fatiguant. Par contre, ce qu’on ne veut pas, c’est rajouter une troisième ou quatrième personne. On veut vraiment garder la config’ duo. Pourquoi pas rajouter du chant. Parce qu’on vit, on aime chanter, c’est pas forcément que dire des textes... on ne sait pas encore. On va commencer par expérimenter. ZYVA : Et c’est pas facile à “vendre” en plus, comme projet, non ? On n’est pas dans une config habituelle chant, guitare, basse, batterie. Emilie : Oui, c’est vrai. Disons que nous-mêmes, au niveau du style, on ne sait pas trop où on se situe. On a des influences assez diverses et communes à la fois. On est tous les deux fans de rock psyché des années 60, et puis on est des fans très basiques de Nirvana. Anthony : Tout ce qui est grunge, tout le début des années 90 : les Rage. Emilie : Et en même temps, on a un passif différent. Je viens du milieu de l’improvisation libre et bruitiste. Anthony vient plus du rock. Il aime bien tout ce qui vient du label Constellation, pas moi. (Rires)
ZYVA : Que pensez-vous pouvoir ajouter à votre jeu scénique que vous regrettez de ne pas avoir ajouté avant ? Quelque chose d’un peu fou ? Vx69 : Tout à l’heure, je proposais aux autres un cochon volant mais ils m’ont dit : “c’est déjà fait !” Je leur dis : “ça fait dix ans que je vous le propose et vous me répondez à chaque fois la même chose, je ne comprends pas”. Donc, vu que le cochon volant ça ne marche pas, j’ai proposé un panda, mais pas un gonflable hein, un homme déguisé en panda pour refaire la pub Panda au milieu du concert... Mais je suis pas sûr que ça... Enfin, peut-être en y revenant pendant dix ans...
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AGENDA CD MAI 02/05
CAPTAIN KIDS “67 songs”
07/05
KING CHARLES “Loveblood” PLAN B “iLL manors” RICHARD HAWLEY “Standing at the sky’s edge” REVEREND AND THE MAKERS “@ Revenrend_Makers” THE CRIBS “In the belly of the brazen bull” THE HEARTBREAKS “Funtimes” KEANE “Strangeland” CROCODILES “Endless flowers” GET CAPE, WEAR CAPE, FLY “Maps” DAMON ALBARN “Dr Dee” I LIKE TRAIN “The shallows” THE MAGNETIC NORTH “Orkney: Symphony of the magnetic north” HERE WE GO MAGIC “A different ship” FANFARLO “Rooms filled with light” THE WAKE “A light far out” TU FAWNING “A momument”
12/05
REGINA SPEKTOR “What we saw from the cheap seats”
14/05
GARBAGE “Not your kind of people” VIOLENS “True” BEACH HOUSE “Bloom” BEST COAST “The only place” YHOMAS BELHOM “Rocephine” FIXERS “We’ll be the moon” SIMIAN MOBILE DISCO “Unpatterns” ZULU WINTER “Language” CORNERSHOP “Urban turban” THE SCHOOL “Readind too much into things like everything” SHOES AND SOCKS OFF “Miles of mad water” SQUAREPUSHER “Ufabulum”
21/05
SOULSAVERS “The light, the dead see” SMOKE FAIRIES “Blood speaks” THE ENEMY “Streets in the sky”
GAZ COOMBES “Here come the bombs” SLASH “Apocalyptic love” SAINT ETIENNE “Words and music” CHROMATICS “Kill for love” THE SUGARMAN 3 “What the world needs now” THE POPOPOPOPS “A quick remedy” POLDER “White out” THE CULT “Choice of weapon”
28/05
LADYHAWKE “Anxiety” SPAIN “The soul of spain” SIGUR ROS “Valtari” EDWARD SHARPE & THE MAGNETIC ZEROS “Here” SCISSOR SISTERS “Magic hour” PIL “The is PiL” FUTURE OF THE LEFT “A plot against common sense” CHILDREN “Apnea” 2:54 “2:54” CITIZENS! “Here we are” ALT-J “An awesome wave” BECOMING REAL “Solar dreams/Neon decay” ARCHITECTS “Daybreaker”
29/05
MARISSA NADLER “The sister”
JUIN 01/06
MUM “Early birds”
04/06
KAISER CHIEFS “Souvenir : The singles 24-2012” FUNERAL SUITS “Lily of the valley” BIRDPEN “Global lows” MAN WITHOUT COUNTRY “Foe” GAGGLE “From the mouth of the cave” THE BAMBOOS “Medecine man”
04/06
LIARS “Liars” COCOROSIE “We are on fire” THE WALKMEN “Heaven”
05/06
FEAR FACTORY “The industrialist”
PATTI SMITH “Banga” SPINESHANK “Anger denial acceptance”
11/06
TOTALLY ENORMOUS EXTINCT DINOSAURS “Trouble” HOT CHIP “In our heads” THE INVISIBLE “Rispah” BEAK> “tba” VISIONS OF TREES “Visions of trees” MAXÏMO PARK “The national health” A PLACE TO BURY STRANGERS “Workship” MANCEAU “Life traffic jam” THE HUNDRED IN THE HANDS “Red night” ALTAM “Tout le Monde Vibre”
12/06
METRIC “Synthetica”
18/06
EXLOVERS “Moth” THE CAST OF CHEERS “Family”
25/06
EUGENE MCGUINESS “The invitation to the voyage” GOJIRA “L’enfant sauvage”