zyvamusic.com ı Janvier / Février
2013 #24
LE MAG
MUSICAL
GRATUIT
Ï Une voisine un peu folle Métal Cinématique
LUCA TURILLI’S
RHAPSODY Electro Bohu !
RONE
WAILING TREES
Du bon Reggae local
ZOOM SUR
L’animalerie
Ï
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Le TOP 10 de des ALBUMS la REDAC’ 2012
Ne pas jeter sur la voie publique
LIVE REPORTS Garbage The Black Keys Oxmo Puccino
Ï
EDITO
S
Ce magazine est imprimé avec des encres végétales sur du papier blanchi sans chlore. Ce magazine a été imprimé par une entreprise Imprim’Vert certifiée ISO 141 qui intègre le management environnemental dans sa politique globale.
SOMMAIRE Keskiss pass dans l’coin ? p. 4 & 5 Discussion : Wailing Trees p. 6 à 8 Zoom sur le local p. 10 & 11 Discussion : Rone p. 13 à 15 Dossier photo p.16 Coups de cœur & Sortie CD p. 18 & 19 Chroniques CD p. 20 & 21 Dossier : 10 albums 2012 de la rédac’ p. 22 & 23 Live Reports p. 24 & 25 Discussion : Giedré p. 26 à 29 Discussion : Luca Turilli p. 30 à 32 Du son à l’image : Hans Zimmer p. 34 Janvier / Février 2013 | Edité à 20.000 exemplaires
1000 Points fixes dans la région Rhône-Alpes Rédacteur en chef : Grégory Damon redaction@zyvamusic.com Directeur de publication et responsable commercial : Hedi Mekki commercial@zyvamusic.com Rédacteurs : Jagunk,Yoch, Kymmo, Nicolas Gil, Violette, Alizée, Sarah, Thomas Guillot, David, Anto, Léo, Teddy, Léa, Mo Photographe : Kymmo www.kymmo.com Maquette et graphisme : David Honegger Chargé de communication / Presse : Nicolas Tourancheau communication@zyvamusic.com Siège social : 12 rue Jubin 69100 Villeurbanne Bureau / adresse postale : 6 Grande rue de Saint Clair - 69300 Caluire et Cuire Imprimerie : Pure Impression
Zyva 2004 : Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. Aucun élément de ce magazine ne peut être reproduit d’aucune manière que ce soit, ni par quelque moyen que ce soit, y compris mécanique et électronique, online ou offline, sans l’autorisation écrite de l’association Zyva.
Passionnés de musique, vous souhaitez partager notre aventure, pour nous contacter : contact@zyvamusic.com Retrouvez les numéros précédents et les points de dépôt du magazine en téléchargement sur zyvamusic.com/mag Remerciements pour ce numéro : Brice Robert, Laurent Pierson (Les Derniers Couchés), Amélie Vaissié (Épicerie moderne), Gaël Michel (Totaal Rez), Arthur Lorella (Les Abattoirs), Sandrine Bruneton (Le Fil), Fabien Hyvernaud (Ninkasi), François Arquillière (Transbordeur), Eric Fillon (Mediatone), Maïlys Pointelin-Pivard (Radiant-Bellevue), Amélie Hernando et Bertrand SaintLager (TNT Festival), Catherine Quiblier (Le Toboggan), Val (La Stickerie), Elodie Pommier (Eldorado & Co), Jawad (Wailling trees), Virginie Freslon (Rone), Virginie Rossel (GiedTé), Roger Wessier (Base production), Martin Leclercq (DV1), Marie Neyret, Margot, PC, Marie Neyret, Perrine Mekki, Florence Damon-Bernard, Fanélie Viallon, Blaise Diop, Marianne Balleyguier, Romain Gentis, Clémentine Bouchié, Thomas Bouttier, Antoine Chaléat, Sylvain Vignal, Maxime Lance, Camille Raffier, Alexis Larrive, Sarah Metais Chastanier, et tous les bénévoles.
i vous lisez ces lignes, c’est que vous n’avez pas succombé aux foudres divines des prévisions mayas et que vous allez dignement attaquer une nouvelle année. Oublions les déconvenues du millésime précédent : la chute inévitable, et de plus en plus profonde, de la carrière de Madonna, le nouvel album de Céline Dion, le traitement innommable du vocodeur sur le dernier Booba, le come-back inévitable des BB Brunes, ou encore l’effet souffléretombé du retour de Justice... Dure année pour nos oreilles. On attaque donc 2013 de la meilleure des manières, notamment avec le retour des Daft Punk (oui je sais, on annonce ça tous les 6 mois). Déjà, on s’est débarrassé de notre animal encombrant, le Singe. Squattant depuis bien trop longtemps nos locaux, on a profité de la nouvelle ligne Lyon-Dubaï pour l’envoyer directement au pays des émirs. Notre petit doigt nous dit qu’il va bien s’y plaire... En tout cas, c’est tout le mal qu’on lui souhaite. Mais revenons à nos moutons. Ce mag de rentrée nous permet de mettre en avant une artiste féminine francolituanienne : Giedré, adepte des mots crus politiquement incorrects et remplis d’humour cinglant. Un vrai brin de fraîcheur qui mérite d’être vu et entendu. Ensuite, récemment élu meilleur artiste, album et clip de l’année par nos confrères de Trax, plébiscité par Télérama et Libération (oui, ça fait rêver), Rone est le gars qui va se révéler cette année. On se devait d’en parler un peu avant que tout le monde ne le compare à son pote Agoria. Après, Messieurs, Mesdames, si vous aimez les cheveux longs, vous risquez d’être servis. Fini Rhapsody of Fire ; bonjour Luca Turilli’s Rhapsody. L’ancien guitariste soliste génial se met désormais à son compte, suite à quelques distorsions entre les membres du groupe, et nous explique la différence entre Hollywood Metal et Cinematic Metal. Pour finir, on s’arrêtera sur le groupe de Reggae rhônealpin Wailing Trees aux influences diverses, telles que Sebastian Sturm, The Wailers ou Groundation. Un groupe à découvrir en live ! Tout ceci ne serait rien sans notre dernière surprise, qui se situe en fin de magazine. Finie la Bd, place désormais à la musique dans le cinéma. Une nouvelle rubrique proposée par Mo, un spécialiste du genre à qui on souhaite la bienvenue dans la ZYVA Team. Pour le reste, comme d’habitude, ce sera surprises, découvertes et bons plans. C’est à vous ! Grégory Damon
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Mû au Ninkasi Kao / Par Kymmo
Ï KESKISS PASS DANS L’COIN ?
L’actualité des structures et groupes Rhône-Alpins
UNCIVILIZED Festival
Le Bournot en Feu !
L’association AxiOme remet ça en ce début d’année 2013 avec la 2ème édition de son festival Uncivilized du 16 au 20 janvier dans plusieurs salles lyonnaises. Comme l’année dernière ce sera la rencontre de différents styles de musiques avec des arts numériques en tout genre et une petite touche de théâtre. On commence le 16 aux Valseuses avec une ambiance Worldbeat, Eléctro, le tout accompagné de vidéo mapping (animation visuelle projetée sur une structure en relief). Le même jour à la galerie H+ aura lieu une performance Impronum mêlant théâtre d’improvisation et art digital. Le 17, soirée Beam au ToïToï le Zinc avec un mélange de danse, vidéo mapping, DeepBass et Rock Psychédélique. On continue le 18 au Spacejunk avec une nouvelle performance Impronum, suivie au Marché Gare d’une soirée dédiée au collectif de Rap L’animalerie également mise en image par des VJs, des designers et du Light Painting. Le samedi soir on continue au Marché Gare avec une soirée Trek Electronique ambiance Techno, Bass music. Enfin, le dimanche, un peu de repos au Dikkenek Café avec Five Keys (KalyLiveDub crew) et les Djs de AxiOme pour reprendre des forces dans une atmosphère Chill Out. + d’infos : http://axiome-asso.com/uncivilized-festival
La salle d’Aubenas va être secouée le 26 janvier par la première édition du Burn Now Festival. Cette soirée Electro Rock se déroulera dans 2 salles et proposera des groupes locaux et nationaux. Côté Rock le duo Singtank sera la tête d’affiche avec sa Pop Glamour, et côté Electro ce sera le duo Tambour Battant. Le groupe The Lemon Queen sera également là pour faire dans l’Electro-Pop. Pour vous lâcher sur le dance floor Noone sera présent avec ses sons Electro-BreakBeat et également le duo electro Lyonnais Paral-Lel. Pour terminer il y aura également Baikal ainsi que La Brigade Verte. + d’infos : http://www.sallelebournot.fr
IN YOUR FACE PARTY #6 C’est au Fil de St Etienne, c’est le 19 janvier et tu vas en prendre plein la tête avec la 6ème édition de la In Your Face Party ! On retrouvera dans cette soirée le groupe stephanois totalement déjanté Schlaasss rappelant un certain Crew nommé Stupeflip. Sera également présent le duo masqué Tha Trickaz qui manie à merveille ses MPC pour balancer ses gros beats bien lourds. Les 4 DJ du Scratch Bandits Crew viendront eux aussi animer la soirée mais également Al’Tarba accompagné de Dj Son of a Pitch ainsi que Nestor Kéa. + d’infos : www.le-fil.com
GOODSTUFF A 2 ans
L’assocation Goodstuff fête ses 2 ans d’activisme avec deux soirées au Brise Glace d’Annecy les 18 et 19 janvier. La face A sera consacrée au Hip Hop avec un plateau 100% Rap français composé de A2H, Greg Frite, Deen Burbigo, Moudjad, Nemir, Jazzy Bazz, Eff Gee, Esso Luxueux et Nirmou. La face B sera quant à elle Reggae avec un côté dancefloor puisque Admiral T sera là pour vous faire danser ainsi que Kenyon et Soopa Ju. + d’infos : www.le-brise-glace.com
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LYON DUB STATION
LES FANFARONNADES !
Après avoir éclos un peu partout en France et en Europe, les soirées Dub Station sont arrivées à Lyon l’année dernière, organisées par Mediatone et Musical Riot. Nées en 2007 à Paris, elles sont devenues une référence en Europe. Leur particularité est qu’à chacune d’entre elles l’un des groupes vient avec sa propre sono artisanale, véritable marque de fabrique des Sound Systems Dub, de quoi écouter et ressentir cette musique à fond. Celle du 15 février (la 5ème à Lyon) au Double Mixte accueillera l’un des meilleurs représentants de la scène française, l’un des plus importants Sound System d’Europe : le Blackboard Jungle Sound System. Ils seront accompagnés ce soir là de Jah Tubby’s World System de Londres et de Riddim Tuffa feat El Fata d’Édimbourg. + d’infos : http://mediatone-lyon.net
Comme vous avez dû le remarquer, les fanfares reviennent à la mode ces dernières années. Elle sont notamment de plus en plus présentes dans les festivals d’été pour tenir le public en haleine entre deux concerts, avec comme principal avantage leur mobilité. Terminée l’image militaire de la fanfare, il est désormais question de fanfare festive avec souvent les déguisements qui vont avec. À Grenoble il existe notamment la Fanfare Pink It Black qui organise les Fanfaronnades 2013 le 11 janvier à l’Ampérage. Trois fanfares seront présentes : Les Garces Embouchées, La Fanforale du Douzbekistan et bien sur Pink It Black. + d’infos : www.pinkitblack.fr
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ème
Festival Hors Piste
Paroles de Chanteurs
Ca se passe à Grenoble du 19 au 26 janvier au Théâtre Ste-Marie-d’en-Bas de Grenoble, et c’est 100% bons moments, Paroles de Chanteurs ! Comme chaque année la programmation sera un mélange de jeunesse et d’expérience avec une touche de local. On commence le 19 avec Nilda Fernandez, suivie le lendemain de Barbara Carlotti. Mathieu Boogaerts sera lui présent sur deux dates, les 22 et 23. Le 24 ce sera au tour de O Brigitte, spectacle de la Cie Musiques à Ouïr reprenant les chansons de Brigitte Fontaine. Xavier Machault & Roberto Negro (image ci-dessus) seront accompagnés de Mayor pour la date du 25, et enfin le 26 c’est Pauline Croze qui clôturera le festival. + d’infos : www.theatre-grenoble.fr Week-end Electro au Kao Les deux soirées sont indépendantes mais si tu veux te faire un petit week-end 100% electro il faudra être dans le coin de Gerland les 25 et 26 janvier. Pour débuter, ça sera la Techno Party organisée par l’association stephanoise 1001 Bass. Vous y retrouverez Scan X, Anthony X, D’Jamency, Electric Rescue et Matt Minimal. Le lendemain, on repart avec cette fois la classique soirée Destructuré organisée par Elektro System où seront présents Julian Jeweil, Yaya, Laurent Caligaris & Mr Jack et Rule. A noter une information des plus surprenantes : les soirées organisées par Elektro System sont désormais interdites aux moins de 20 ans, carte d’identité à l’appui ! + d’infos : www.1001bass.net www.elektrosystem.org
Du 20 au 25 février se déroulera à Annecy et ses alentours le Festival Hors Piste qui porte bien son nom de plusieurs manières. Déjà au niveau de la programmation très pointue qui sort des sentiers battus et propose des groupes peu mis en avant dans les circuits musiques actuelles et des découvertes sorties de leur chapeau. On pourra donc retrouver notamment Jungle Julia, Jeanne Added (photo), The Wave Pictures, Gilles Poizat, Hyphen Hyphen, Crâne Angles ou encore Skip & Die. L’autre côté Hors Piste est qu’il va justement sortir du lieu principal et organisateur de l’évènement, le Brise Glace. Certains groupes iront jouer en plus de leur concert dans la salle, sur les pistes du Grand Bornand ou encore dans la galerie d’art Chambre Claire ou bien à l’Université de Savoie. Des concerts jeune public seront également proposés en après-midi avec les groupes jouant le soir même ainsi qu’une soirée gratuite dans différents bars de la ville. + d’infos : www.le-brise-glace.com COURANT D’AIR sur Thonon Le Festival de Chansons Françaises de Thonon les Bains fête sa 8ème édition cette année du 8 au 23 février. On notera la présence d’Emilie Loiseau et Jeanne Garraud. Pour le reste ce sera découvertes, tremplins, bien sûr le tout en chanson. + d’infos : http://mal-thonon.org
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Wailing Trees
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ÏDISCUSSION
Chacun sa Tasse, Lyon, 14/12/2012 Par Sarah
’est après que le nom ait circulé dans les petites oreilles de plusieurs journalistes de ZYVA et après les Cample avoir aperçus sur la scène du Blogg, qui fêtait son premier anniversaire, qu’on a décidé de faire plus connaissance avec les Wailing Trees. Le jeune groupe de la région, qui a su se démarquer assez
rapidement sur la scène locale, voire nationale, a sorti son premier EP “Selon ma nature” le 24 octobre dernier. C’est autour d’un petit thé que l’on retrouve le chanteur lead du groupe, Riwan, pour parler de leur projet, leurs inspirations et la sortie de leur disque.
ZYVA : Peux-tu présenter ton groupe ? Riwan : On est un groupe composé de sept membres sur scène, ainsi qu’un ingénieur du son, un ingé lumière et un manager, ce qui fait dix sur la route. C’est une formation Reggae classique, mais pas que. En plus de la basse / batterie / clavier / guitare, on a une section cuivre. Au final, ce n’est pas vraiment une particularité puisqu’on revient à ce qui se faisait au début du Reggae, c’est à dire des harmonies vocales, comme des groupes qui s’appellent The Abyssinians and The Congos, des choses comme ça... Donc on est quatre voix sur scène. Une majeure partie du groupe est de Vienne. Z. : Vous jouez ensemble depuis longtemps ? R. : Notre dernier membre est arrivé en avril dernier. Sinon, les premières ébauches du groupe ont commencé en septembre de l’année dernière et le groupe a eu sa structure finale en avril dernier. Z. : C’est cool, vous avez eu une belle progression en un an ! R. : On a une très grande motivation, comme tous les groupes qui débutent. Dans le groupe, on veut tous être musiciens, que ce soit avec les Wailing ou autres... C’est notre vocation je dirais. C’est ce qu’on s’est dit quand on s’est rencontré. Ce n’était pas la condition sinéquanone mais c’était quand même très important. La question ne se posait même pas... On est donc allé très vite pour composer. On doit beaucoup de cette fluidité à notre manager Cédric, qui fait un travail de fou. On book tous,
“Dans le groupe on veut tous être musicien, on veut en faire notre vie, que ce soit avec les Wailing ou autre.” on recherche tous des dates mais il est vraiment un moteur pour nous, on a vraiment commencé à s’organiser avec lui. Il nous a dit “On va essayer de voir le truc sur le long terme, de faire ça bien, quoi”. Il a donné une dimension professionnelle au projet. Ce qui nous a donné encore plus envie est une date énorme que l’on a faite cet été. On a fait les inter-plateaux au Théâtre Antique de Vienne, pour le festival des Authentiks, avec Groundation, Bigga Ranx, Broussaï et le Klub des Loosers. On a eu que des bons retours. Un deux titres était déjà sur le net, qui a également eu de supers retours. Ça nous a donné une envie folle ! On a donc travaillé sur un EP, puis on a booké partout. On a été jusqu’à Hericourt, vers Montbéliard dans le nord. Ce n’est pas fini d’ailleurs on a encore quelques dates, donc nickel quoi ! Z. : Justement ça s’est bien passé votre petite tournée ? Vous êtes allés jusqu’à Paris non ? R. : Ouais. En gros, c’est dix-neuf dates sur un bon mois et demi. On a commencé par la sortie de l’EP le 24 octobre au Ninkasi Kafé, c’était un truc de fou ! Un mercredi soir, semaine de partiels avant les vacances pour les étudiants et on a fait quatre cents entrées ! Les mecs
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Z. : Vous comptez beaucoup sur la communication ; vous faites des émissions de radio, vous utilisez beaucoup Facebook... R. : On est dans l’air de la communication, donc tout passe par là. Par rapport aux radios, on a pu rencontrer l’équipe de Croc’Radio, à Vienne, grâce à Cedric. Tout est parti de cette première émission de radio faite avec eux. Elle a donné un regard aux gens sur notre groupe. On a ensuite envoyé notre deux titres à une radio qui s’appelle Party Time à Paris, qui est une des plus grosses radios Reggae françaises. Elle n’a accueilli que du beau monde. Les plus grands, comme Groundation, les Congos, Dub Inc., Bigga Ranx, Broussaï, Danakil et j’en passe, sont passés là-bas. Z. : Tout le gratin de la scène Reggae française (rires) ! R. : Exactement ! On est donc monté à Paris pour ça ! Encore une fois, superbe accueil. Une info est tombée dans la semaine : on est dans le top 10 des chansons préférées de Party Time pour le mois de Novembre, donc troisième avec des gars comme General Levy, Fu Steps, Sizzla, donc ça fait plaisir ! On est d’ailleurs le seul groupe français de la liste il me semble... Z. : Ah ouais, pas mal ! Et avec quel titre ? R. : Lack of Knowledge. Un des morceaux de notre premier deux titres. Z. : On peut sentir, dans votre musique, beaucoup de références au Jazz, au Ska... R. : A vrai dire, si je dois donner une des particularités du groupe, c’est que... on ne vient pas vraiment du reggae. Le batteur est un jazzman / soulman, fan de batteurs Soul. Il parle tout le temps de Erikah Badu, John Legend, des gens avec de grandes voix, très Soul et HipHop, avec des rythmes bien saccadés comme on fait maintenant. Le guitariste vient du Punk, le trompettiste et le claviériste viennent du Jazz et le saxophoniste du Classique. Ceux qui viennent vraiment du Reggae et ont commencé par là, c’est le bassiste et moi. Pour certains, ils ont appris le genre en rentrant dans le groupe, les autres en ont appris les codes. On n’a pas envie de dire qu’on fait du Reggae, l’étiquette sert pas à grand-chose. Nous sommes tous des mordus de musique. Moi qui vient de là, je n’écoute pas que ça et fort heureusement ! C’est aussi une ambition que de faire du Wailing Trees,
sans dire qu’on va révolutionner le monde de la musique ou qu’on va inventer un truc nouveau. On veut juste faire un truc qui nous ressemble, sans faire un énième groupe de ce genre. Beaucoup de groupes Reggae sont passés par là, nous influencent, sont énormissimes. Mais si un jour on a envie de partir dans un délire qui n’a aucun rapport, genre Country ou autre, on le fera. C’est le terreau Reggae qui nous fait tous nous rejoindre...
“On connait pas forcément bien les codes tu vois, donc on touche à tout ce qu’on a envie et on recherche notre identité là dedans.” Z. : Est-ce que c’est par rapport au fait que c’est une musique qui dénonce, qui parle de sujet important ? R : Ça joue, c’est mon rôle personnel. Ma voix est un instrument de plus. Je tends à dire que le message est dans chaque note qu’on joue. C’est pour ça que je préfère qu’ils composent la musique pour que ça puisse ensuite m’inspirer pour écrire les paroles. Ou vice-versa ; j’écris les paroles et on compose en rapport avec elles. A la base, on voulait trouver des musiciens issus de ce style et il s’est avéré que ceux qu’on a recrutés avaient envie de s’y mettre. On a très vite vu que ça pourrait être une force... On ne connait pas forcément bien les codes, donc on touche à tout ce dont on a envie, on recherche notre identité là-dedans. Pour le moment, on est dans une phase où dès que l’on a envie de faire quelque chose, on le fait. On sculpte notre univers à travers toutes ces influences. Z. : Comment est-ce que vous vous voyez avancer dans cette grande famille du reggae ? R. : C’est un super terme que tu utilises, car c’est vraiment familial. A chaque fois qu’on croise un groupe, il n’y a vraiment pas de compèt’. On s’est fait plein de potes, des groupes avec qui on espère tourner ou juste les recroiser. On adore quand les gens nous disent : “Je n’écoute pas de Reggae, j’aime ce que vous faites, mais pour moi, vous ne faites pas du Reggae”. C’est ça qui nous plaît. Donc dans cette grande famille, on a envie d’être non pas, passe partout car cela a une connotation
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de la salle nous ont dit que ça n’arrivait pas souvent. On a également fait la première partie de Tiken Jah Fakoly cet été, en acoustique, donc on a même flyé dans le sud... On n’a pas arrêté de faire de la promo de partout. À chaque fois qu’on passe quelque part, ça se passe super bien, que ce soit au niveau de l’accueil, du public... On y croit mais on ne réalise pas. Et il faut y croire pour avoir de l’ambition. Mon père m’a toujours dit ça. Pour la petite histoire, (rires), il disait : “Si tu veux l’Himalaya, vise la lune, et si tu veux la lune, vise le soleil. Tu iras toujours plus loin.” C’est un peu le leitmotiv du groupe. En tous cas, ce qui nous arrive est franchement cool.
“... Au Blogg, il n’y avait que des groupes de Rock et le fait qu’on soit là prenait sens. On ne s’est pas senti comme un cheveu sur la soupe.” péjorative, mais on a envie de se dire qu’on va épouser, embrasser la famille de la musique. Dans ce milieu, on va faire notre petit nid. Mais par exemple, à un de nos concerts au Blogg, il n’y avait que des groupes de Rock et le fait qu’on soit là prenait sens. On ne s’est pas senti comme un cheveu sur la soupe. Donc si on veut nous booker demain dans un endroit où ils jouent de la Salsa ou de la Musique du Monde, on ira... parce qu’on aime la musique ! Pour revenir au milieu Reggae, c’est vrai qu’on a déjà une certaine reconnaissance. Régionale, mais aussi nationale grâce à Party Time. Z. : Pourquoi ce nom, Wailing Trees ? Un rapport avec Bob Marley and The Wailers ? R. : C’est tout bête, Wailing c’est pour les Wailing Wailers et Trees c’est en rapport avec “Young Tree”, le premier album de Groundation, que l’on aime particulièrement. On aimait bien l’idée de mélanger ces deux influences très Roots. Avec Bob Marley et les Wailers, on ne fait pas plus Roots, ce sont les précurseurs et avec “Young Tree”, on aimait l’image du jeune arbre. La moyenne d’âge du groupe est de 20 ans. On est une jeune formation avec de jeunes musiciens. On aime bien se figurer comme des jeunes arbres, qui ont du chemin à faire, des choses à apprendre. C’est une métaphore qui marche bien, parce que plus les racines sont profondes, plus l’arbre est grand. Ce n’est pas paradoxal du tout en fait, parce que les racines reviennent à savoir d’où on vient et la taille de l’arbre à l’endroit où il va. Le présent est la manière dont il grandit, dont il croît. Et nous avions vraiment envie de retourner aux racines du Reggae mais également
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“Wailing signifie “se plaindre”, ce qui est propre aux Wailers, qui se plaignaient tout le temps. Les Wailing Wailers sont les plaigneurs qui se plaignent.”
de croître vers quelque chose de différent. Même si tu peux reconnaitre un sapin, tu remarqueras que chacun est différent, même si ça reste un sapin ou un hêtre. Chaque arbre est différent, tout comme l’être humain et donc comme chaque membre du groupe. C’est notre métaphore. On a des choses à dire, des choses à se rappeler. Wailing signifie “se plaindre”, ce qui est propre aux Wailers, qui se plaignaient tout le temps. Les Wailing Wailers sont les plaigneurs qui se plaignent. Se plaindre c’est une manière primaire de revendiquer, quand tu te plains c’est que t’as un truc à dire. Nous ne sommes pas dans la complainte mais dans la revendication. Titre d’un morceau ou d’un artiste qui pourrait te représenter toi ou ta musique : Ibrahim Maalouf - Maeva In Wonderland C’est un thème tribal. Il y a une modulation (partie musicale, ndlr) au milieu du morceau qui part en Salsa, ce qui n’a rien à voir. C’est un morceau qui part dans un délire, qui va vers un autre. Nous, on adore faire ça.
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Selon ma nature Autoproduction
http://wailingtrees.bandcamp.com
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Ï ZOOM SUR LE LOCAL
Par Alizée
ST-ETIENNE
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harivari est un label de musique électronique qui a vu le jour il y a bientôt trois ans, à Saint-Etienne. La première release est alors celle d’un duo de producteurs Techno parisiens, accompagnés de musiciens de Jazz : Prime Time, “Jeudi Noir EP”. Le ton est lancé, à Sharivari, on fait dans la singularité. On a passé un petit coup de fil à Olivier Mutschler, l’heureux papa du sharivari en question, pour qu’il nous raconte lui-même l’histoire... “J’avais déjà une idée du label depuis un moment. Je faisais de la musique depuis longtemps, mais je bossais plutôt avec des mecs de Détroit et Chicago. Ceci dit, je n’ai pas monté mon propre label parce que j’avais dans l’idée de sortir ma musique ! D’ailleurs, je ne l’ai toujours pas fait sur Sharivari”. Qu’est ce qui l’anime, alors ? “La volonté de sortir des disques qui sortent de l’ordinaire.” Ces disques, Mutschler les voit plutôt comme des projets, avec leur propre identité, leur histoire : “J’aime que les maxis soient complets, quitte à ce que ça parte dans tous les sens... J’aime bien sortir des trucs un peu barjos.” Exemple : le fameux “Aphex Kink EP”, hommage du producteur bulgare à Aphex Twin. Techno, House, Dubstep... Sharivari explore des scènes différentes, et
prône une diversité et une ouverture qui peuvent quand même jouer des tours, si l’on prend en considération la quantité d’autres labels qui constellent le monde de la musique aujourd’hui. Cela n’inquiète pas pour autant Mutschler, qui poursuit son petit bonhomme de chemin en découvrant de nouvelles (ou de vieilles) bombes au gré de ses chineries sur le net. En nostalgique de “la forte identité des années quatre vingt-dix”, il a gardé ses réflexes de vinyl digger (ou “archéologues du vinyle”), et revendique l’importance du disque en lui-même. Noble cause, en ces temps de la toute puissance du mp3 à usage unique. En véritable amoureux d’une musique électronique moteur de sa génération, Olivier Mutschler nous a également révélé quelques uns de ses projets à venir, toujours dans le souci de transmettre son amour inconditionnel de la galette old-school. Au programme : une autre sortie de Kink, un repressage de vieux classiques compilés dans de beaux maxis tout neufs, et un maxi entièrement produit par quatre artistes japonais : Ken Ishii, United Future Organization, Haruki Matsuo et Kuniyuki. Qui c’est qui va avoir chaud cet hiver ? www.sharivari-records.com
Par Anto
Grenoble
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artout dans la région, c’est la même rengaine : chaque fois qu’un Grenoblois vous raconte ses soirées, il ne peut s’empêcher de mentionner l’Ampérage. Un peu comme la spécialité locale qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte. Et pour cause. Avec son petit bar maison, ses prix abordables et ses 350 places, la salle est idéale : juste assez grande pour une soirée survoltée, juste assez petite pour un concert intime. De nombreux artistes de la scène alternative s’y sont produits : The Hacker, Keny Arkana, Vitalic, Nightmare, Speech Debelle ainsi qu’un nombre épatant de petits artisans locaux, tous styles confondus. La qualité de la programmation est la conséquence directe d’un mode d’organisation particulier : qu’il soit question de productions autonomes, co-réalisations ou création de projets, la porte est ouverte à tous. Ainsi, les organisateurs grenoblois tels que Hadra, Night Klébar, Musact et plus de 70 autres partenaires proposent des soirées trance, musiques extrêmes, reggae, rock, dubs-
tep, et ainsi de suite. L’objectif fixé par le Stud, l’association en gérance, est autant de favoriser l’émergence artistique que de permettre au citoyen de s’approprier les pratiques artistiques – un combat de tous les jours pour lutter contre le phénomène de consommateur culturel. C’est pourquoi l’équipe s’investit tant la diffusion que la transmission de savoirs et la création. Les ateliers pratiques, rencontres et formations, croisent les résidences, expérimentations et expressions. Tout un chacun peut librement en profiter : associations, collectifs, habitants, groupes de musique et DJs, mais aussi les compagnies de théâtre ou de danse, et ce, quelque soit leur degré de développement. Né en 1968, l’Ampérage ne pouvait avoir que cette vocation pluri-culturelle et politique. Un tel héritage, ancré dans un idéal de partage et de libre expression, a tout pour plaire. Il suffit d’y goûter pour adhérer et recommander chaudement cette salle ! www.amperage.fr
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LYON
L’animalerie
La révolution au poil
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epuis quelques années, les MC se multiplient sur la presqu’île et dans les caves des cités. Lyon rugit, mais quantité ne signifie pas qualité. Parmi tous ces mecs qui, dans un énième ego-trip, prétendent faire du rap, combien se prennent pour la révélation de l’année ? Combien ne parlent que de sapes lorsqu’ils s’égosillent sur le mic ? Les gars de L’animalerie ne sont pas de ceux-là. Ils ont choisi d’étaler leurs tripes avec technique et lucidité. La cage aux fous n’est pas un crew, ni un label ou une écurie. C’est une horde, loin des normes, capable de déchiqueter n’importe quelle instru’ à coup de rimes croisées et d’alexandrins cadencés. Formé au gré des rencontres, des featuring et des soirées, L’animalerie est un fourmillement infini d’artistes indéfinis, du graffeur au beatmaker, du DJ au MC. Hyperactifs et ultra-productifs, ils remplissent les salles et font leur job avec sincérité. En live comme en vidéo, le public est touché et le critique séduit.
Par Anto
Photo : Lionel Faure
Les productions s’enchaînent et déchaînent les internautes : des millions de clics et au moins autant de claques. Forcément ! Le verbe est authentique et le flow spontané. Les maîtres des mots savent nous prendre à rebrousse poil, s’inspirent de la Scred Connexion et expirent leur lyrics avec conviction. Les loulous ont les crocs et ne loupent pas une occasion de montrer les dents : freestyles à foison, mixtapes dingos, EP à gogo, la toile regorge de morceaux, tous frappés et rarement décevants. Beatmaker et MC chevronné, le parrain de leur mifa, c’est Oster Lapwass. C’est chez lui que tout se passe. Au 5ème étage, la porte est ouverte, les Mc défilent et lâchent sans se défiler : Kacem Wapalek, Illenaz, Anton Serra, Nadir, CDK, Lucio Bukowski... L’oeil dans l’objectif, ils s’apprêtent encore à poser. L’animalerie ce n’est pas simplement une renaissance lyonnaise, mais le renouveau de la scène française que l’on attendait depuis longtemps. Comme ils disent, c’est “du rap crapuleux, qui pue la rue pelo”. Les albums arrivent les enfants, sortez les billets et soyez patients ! www.osterlapwass.fr Prochains concerts :
05/01 Bourg en Bresse / La Ferme à Jazz 18/01 Lyon / Marché gare
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DISCUSSION
Sur Skype 24/10/2012 Par Alyzée. Photos Live : Yann Nguema
Timothy Saccenti
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Par Skype, 12/10/2012 Par Alizée. Photos Live : Brice Robert
e fût toute une aventure, cette conversation avec Erwan Castex, a.k.a Rone. Tout d’abord, on avait pris Cproblèmes rendez-vous à la Plateforme, quelques heures avant son live, le 12 octobre dernier. Mais des petits techniques ont eu raison de l’interview (saloperie de dictaphone !) : “Pas de souci ! T’as
Skype ?”, propose le monsieur. Sympa. C’est donc confortablement installés dans nos canapés respectifs qu’on a pu tailler le bout de gras sur ses nombreuses collaborations, sa rencontre avec High Priest d’Antipop Consortium et son idée de la musique : contemporaine et bestiale. Chaud !
ZYVA : Pour commencer, j’aimerais que tu me parles de ta collaboration avec Alain Damasio (écrivain lyonnais réputé pour ses travaux de science fiction, entre autres), l’homme qu’on entend parler sur ton morceau Bora. Il évoque la recherche personnelle, le dépassement de soi, le difficile processus de création... Ça correspond à ton approche de la musique ? Rone : Oui ! En fait il y a vraiment un lien entre ce qu’Alain dit sur le morceau et ce que je vis en studio. Ce qu’on entend sur Bora, c’est un extrait de son journal intime, qu’il a enregistré sur un petit dictaphone quand il s’est exilé en Corse. En fait, ce mec, quand il écrit ses bouquins, il a besoin de se couper du monde, de ses amis, de sa famille... Et donc il s’installe pendant six mois en Corse et il écrit. Comme il est vraiment isolé, pour ne pas devenir fou, il s’enregistre sur un petit dictaphone, il se parle à lui-même. J’ai donc récupéré son journal intime, qui doit constituer à peu près neuf heures de bandes sur lesquelles on l’entend s’encourager lui-même, exprimer ses doutes... Il y a des moments où il est super enthousiaste, car il se rend compte qu’il est en train de faire un truc important. C’est pareil pour moi en studio. C’est-àdire que, je fais tout le temps de la musique, mais parfois je m’égare un peu, je ne fais pas des trucs très intéressants, et tout d’un coup, je tiens une mélodie qui jaillit de nulle part et je suis complètement surexcité ! Je me sens transcendé, je sens que je suis en train de faire un truc important, ça me rend tout nerveux. C’est pour ça que j’ai été touché par ce que dit Alain dans son journal.
Z. : Le visuel joue aussi un rôle extrêmement important dans ta musique, je dirais même dans ton univers... Je n’aime pas trop employer ce mot, mais... R. : Oui, mais je vois ce que tu veux dire. (rires) Z. : On ressent ce besoin d’identité visuelle, notamment à travers tes collaborations avec Studio FÜNF, qui a réalisé le clip de So So So, mais aussi Vladimir Mavounia-Kouka, qui a fait celui de Spanish Breakfast. R. : C’est vrai qu’il y a pas mal d’images qui accompagnent ma musique. C’est parce que j’ai beaucoup d’amis qui bossent là-dedans, en fait. Vladimir Mavounia-Kouka, qui a fait toutes mes pochettes de disques, je le connais depuis que j’ai quatorze ans, c’était mon voisin de palier ! C’est un super bon pote, je fais la musique de ses films. Z. : C’est lui qui a réalisé le court métrage La Femme A Cordes, dont tu as fait la musique. R. : Oui, tout à fait ! Et Studio FÜNF, c’est un autre pote. Il est en train de préparer une scénographie pour mon nouveau live. En fait, je pense que je tiens vachement à l’image parce que c’est le domaine dans lequel je travaillais avant. Je voulais être réalisateur. Bon... je n’ai pas réussi (rires) ! Je suis autant influencé par les films que par la musique, finalement. Je consomme plus de DVDs que de CDs. Les musiques de films m’inspirent beaucoup.
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“Je consomme plus de DVD que de CD. Les musiques de films m’inspirent beaucoup.” Z. : J’ai un pote qui adore écouter des musiques de films tout le temps lui aussi ; il prend le métro en écoutant la B.O. d’Indiana Jones. R. : Ah ! C’est pas mal pour colorer son quotidien, ça (rires) ! Z. : Tu as invité High Priest, d’Antipop Consortium, pour un featuring sur ton dernier album... Tu voudrais te tourner vers le Hip-Hop (rires) ? R. : Non, mais c’était assez rigolo de faire un truc avec lui parce que je suis un gros fan d’Antipop depuis mon adolescence. Je les avais vus au Sonar quand j’avais seize ans, j’avais trouvé ça dingue ! J’ai un peu mis le Hip-Hop de côté ensuite, bon... Quand j’étais en train de bosser sur mon album, c’est Alex, l’homme de l’ombre d’InFiné, qui travaille aussi pour Warp, qui m’a appelé un jour pour me demander si ça m’intéresserait de faire un truc avec Antipop. On a donc été mis en contact, puis j’ai échangé beaucoup de mails avec High Priest, avec qui j’ai eu un super bon feeling. On s’est donc envoyé des fichiers et on a composé le morceau comme ça, à distance. Je l’ai vu pour la première fois la semaine dernière à Paris. C’était une super rencontre ! On a passé la journée ensemble, on a joué le morceau en live, on s’est
bien amusés. Je l’inviterais bien à venir rapper sur mon morceau en live. Z. : J’allais justement te demander si c’était dans tes projets. R. : Oui, mais bon après c’est un peu compliqué de faire venir le gars pour rapper sur un seul morceau, donc... Mais sur une grosse date, de temps en temps, je me dis que ça pourrait être cool. Et puis on pourrait peut-être faire d’autres trucs ensemble, mais je ne sais pas trop quoi encore... Z. : Tu as aussi fait la musique d’une expo de Stéphane Couturier à la Gaité Lyrique en Avril 2011. C’est un photographe passionné par la ville, dont le travail est très axé art contemporain. Est-ce que tu crois que, au même titre que Stéphane Couturier, on peut dire que toi, tu fais de la musique contemporaine ? R. : Franchement, j’espère ! Il y a une phrase de Rimbaud que j’adore : “Il faut être absolument moderne”. Pour moi, c’est hyper important d’être dans mon temps... que ma musique, d’une manière ou d’une autre, traduise quelque chose de moderne. L’art contemporain, j’y suis un peu étranger, mais c’était cool de bosser avec ce photographe qui évolue dans un domaine complètement différent du mien. C’était une super rencontre ! Bon, pas le même délire qu’avec High Priest, évidemment (rires) ! Il m’a emmené dans son atelier, il m’a fait découvrir son travail, ses photos, ses vidéos, on a discuté... Ce qui est génial avec les collaborations, c’est que ça t’emmène sur des territoires où tu ne serais pas forcément allé tout seul. Là par exemple, j’ai vraiment fait un morceau très
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DISCUSSION
“J’adore jouer mes morceaux en live, mais je suis incapable d’écouter mon disque à la maison, ça me rend malade.” bizarre, je ne sais même pas si je peux appeler ça un morceau... C’est plus du sound design, avec des drones, des nappes électroniques qui peuvent marcher en boucle pendant des heures et des heures... c’était ça l’idée ! Comme sa vidéo était destinée à être diffusée en boucle, pour moi le challenge c’était de réussir à faire une musique qui pouvait être jouée en boucle, sans être trop lassante, mais en étant quand même efficace. C’est de l’exercice de style ! Z. : Ça me fait penser à Matthew Herbert, qui a fait un album uniquement en utilisant des bruits de cuisine et d’ustensiles de cuisine. Ça te brancherait de faire un truc comme ça ? R. : Oui ! J’ai toujours trouvé ça drôle ! J’y avais pensé une fois, j’avais trouvé des CDs avec des bruits d’insectes dans une vieille médiathèque de quartier. C’était complètement dingue, parce qu’il y avait cinquante pistes avec que des bruits d’insectes, des grillons, des trucs comme ça... Ça ressemblait vraiment à une drum machine. Je m’étais dit que ça serait drôle de faire un disque à partir de ça... peut être qu’un jour je le ferais ! Le seul truc qui m’embête un petit peu là-dedans, c’est que ça peut vite devenir un peu trop intellectuel, et quand la musique devient trop intellectuelle, ça m’emmerde vraiment. Pour moi, la musique, c’est l’art qui doit rester instinctif, direct. Quand je fais de la musique, j’essaye de réfléchir le moins possible. Il faut que ça reste spontané. Je peux réfléchir après, par contre. Une fois que le disque est sorti, je peux me dire : “Bon, et là, qu’est ce qui s’est passé ?” (rires) Je n’aime pas trop mettre de réflexion dans ma musique. Il faut que ça reste bestial, sensuel, primaire... mais pas intellectuel.
savoir qu’ils étaient tellement constamment immergés dans leur musique, qu’ils n’avaient plus le temps d’en écouter d’autre. C’est pareil pour toi ? R. : Moi je n’en suis pas encore là (rires) ! C’est vrai que c’est assez bizarre... A une époque, j’étais un boulimique de musique. Je ne m’arrêtais pas. Toute la journée j’essayais de découvrir des nouveaux trucs, je craquais de la musique en permanence sur internet. Aujourd’hui, je n’ai plus le même rapport à la musique, et c’est vrai que j’en écoute beaucoup moins. Mais ce n’est pas triste pour autant (rires) ! Quand t’as passé la journée au studio, tu n’as pas forcément envie d’écouter de la musique quand tu rentres chez toi, et le silence te parait même assez agréable ! Moi, je fonctionne plus par phases. Pendant trois mois, j’ai bossé comme un taré sur l’album et j’écoutais très peu de musique à ce moment là. Maintenant que j’ai fini, je suis incapable d’écouter mon disque. J’adore jouer mes morceaux en live, mais je suis incapable d’écouter mon disque à la maison, ça me rend malade. Par contre, j’écoute plein d’autres choses ! Z. : Qu’est ce qui t’a plu, dernièrement ? R. : Ça va un peu dans tous les sens, mais je suis en train de découvrir le nouvel album de Matthew Dear. J’aime bien ce mec. Attends, je vais chercher dans mon iTunes en même temps... Je n’écoute pas trop de nouveaux trucs en fait. J’ai beaucoup écouté Odezenne, c’est un pote qui m’a fait découvrir. Je trouve ça super bien foutu, les sons sont très bien produits, leur flow est cool. Je leur ai demandé de me faire un remix, on va voir s’ils acceptent ! Sinon il y des morceaux que j’aime bien sur le dernier album de Nathan Fake. Je réécoute beaucoup de musique classique en ce moment, Chopin, tout ça... J’adore ! J’ai découvert un truc assez dingue aussi, un certain Benjamin Britten. C’est un compositeur anglais, que j’ai entendu dans un film, d’ailleurs. Le dernier Wes Anderson. C’est hyper bizarre, il y a des enfants qui chantent... c’est super beau. Ah et j’ai écouté un super mix dernièrement... Putain, comment il s’appelle déjà ? Marcel Dettmann ! Z. : Oui ! Je l’ai vu à Dour, c’était excellent ! Le même soir que toi, d’ailleurs, si je me souviens bien. R. : Il jouait après moi oui, je crois. Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait te représenter toi ou ta musique : David Bowie - Life On Mars Parce que parfois j’ai un peu l’impression d’être un extraterrestre.
Z. : J’ai rencontré WhoMadeWho il y a quelque jours, et ils m’ont dit un truc que j’ai trouvé un peu triste, à
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Tohu Bohu
Label : Infiné
rone-music.com
“100% non-objectif mais assumé” Par Kymmo
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Ï MINI DOSSIER
Le TOP 8 des Lives en Photo 2012
A place to bury strangers
School is cool / Ninkasi Kafé / 05/10/2012
Epicerie Moderne / 09/10/2012
Hyphen Hyphen / Club Transbo / 26/10/2012
Shakaponk / Halle Tony Garnier / 14/11/2012
Skip the use / Transbordeur / 24/10/2012
Orelsan / Transbordeur / 5/04/2012
The Hives / Transbordeur / 6/12/2012 www.zyvamusic.com | 16
Stuck in the sound / Kao / 11/04/2012
Les prochains Concerts coups de Cœur Grand LYON
C2C (Scratch Music) Halle Tony Garnier / 30€ / 20h30
12/01 Super Fudge Chunk (Rock/Métal) Marquise 18/01 Carte blanche à L’animalerie : Kacem Wapalek + Anton Serra + Oster Lapwass (Hip hop) Marché gare / nc
20h30
12/02 Wave Machines (Pop) Epicerie moderne / 12€
AUBENAS
18/01 Gnawa Diffusion (Reggae) Mc2 / nc
26/01 Singtank + Noone + Paral-el + Tambour battant / The lemon queen (Electro/Pop) Centre culturel le Bournot / 10€ / 19h30
22 & 23/01 Mathieu Boogaert (Chanson) Théâtre Sainte Marie d’en Bas
/ 18€ / 20h
29/01 Bumcello (Electro) Ninkasi Kao / 24€ /
GRENOBLE
26/01 Pauline Croze (Chanson) Théâtre Sainte Marie d’en Bas / 20h30
23/02 Slow Joe & The ginger accident + Dj Click + Mad Sheer Khan (Soul) Centre culturel le Bournot / 10€ / 20h45
ST ETIENNE 19/01 Golden Zip (Rock) Le Larsen / nc
02/02 Eugene Mc Guiness (Rock) Le Ciel / nc 14/02 Zenzile (Electric Soul) La Bifurk / 12-15€ / 21h
/ 20h30
BOURG EN BRESSE 25/01 Carmen Maria Vega (Chanson) La Tannerie / 24€ / 20h30
CHAMBERY
20/02 Royal Republic (Rock) Ninkasi Kao / 24€ /
23/02 Jehro (World) Totem /
20h30
22€ / 20h30
ANNECY 16/02 Gallon Drunk (Punk) Le Brise Glace / 8-16€
21/02 Crystal Castle (Electro) Transbordeur / 27€ / 20h
In Your Face Party #6 : Tha trickaz + Scratch bandits crew + Al’Tarba @ Dj Son of kick + pitch + Schlaasss + Nestor kéa (Electro/Hip hop) Le fil / 14€ / 20h30 02/02 Laurent De Wilde (Jazz) Théâtre Copeau
/ 21h
20/02 Skip&Die (Electro) Le Brise Glace / 8-16€ / 21h
BOURGOIN JALLIEU
/ 14€ / 20h30
01/02 Lofofora (Métal) Abattoirs / 16€ / 20h30
facebook.com/zyvamag
09/02 Jill is lucky + Neeskens (Pop) Abattoirs / 16€ / 20h30
26/02 BlackOut Invaders (Dancefloor) Double mixte / 20€ / 22h
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MACON 02/02 Belphegor + Fodt + Hellixxir (Métal) Cave à Musique / 20€ / 20h 22/02 Don Cavalli + Wovenhand (Rock/ Folk) Cave à Musique / 19€ / 21h
Photos : Kymmo
Sorties d’albums Ï JANVIER 07/01
BROADCAST “Berberian sound studio” ALINE “Regarde le ciel” SOLANGE “True”
14/01
DUTCH UNCLES “Out of touch in the wild” EVERYTHING EVERYTHING “Arc” VILLAGERS “(Awayland) I AM KLOOT “Let it all in” L PIERRE “The island come true” SERAFINA STEER “The moths are real” YO LA TENGO “fade” ADAM GREEN & BINKI SHAPIRO “Adam & Binki Shapiro” CHRISTOPHER OWENS “Lysandre” PANTHA DU PRINCE “Elements of light”
19/01
PUSCIFER “The donkey punch EP”
21/01
NEW ORDER “The lost sirens” WAVE MACHINES “Pollen” ESBEN AND THE WITCH “Wash the sinsnot only the face”
THE JOY FORMIDABLE “Wolf’s Law” THIS TOWN NEEDS GUNS “13.0.0.0.0” THE PICTISH TRAIL “secret sound Vol.1” SINKANE “Mars” JULIEN PRAS “Shady hollow circus” RACHEL ZEFFIRA “The deserters” THE DELANO ORCHESTRA “EISTSOYAM” RA RA RIOT “Beta love” FOXYGEN “We ar 21st century ambassadors” BAD RELIGION “True north” THE BLACKOUT “The blackout”
28/01
BIFFY CLYRO “Opposites” FUNERAL FOR A FRIEND “Conduit” THE HISTORY OF APPLE PIE “Out of view” FIONN REGAN “The bunkhouse Vol.I: Anchor black tattoo” DELPHIC “Collections” RICK REDBEARD “No selfish heart” RACE HORSES “Furniture” DUCKTAILS “The flower lane” LOCAL NATIVES “Hummingbird”
TROPICAL POPSICLE “Tropical popsicle” THE RUBY SUNS “Christopher” INDIANS “Somewhere else”
DARWIN DEEZ “Song for imaginative people” BULLET FOR MY VALENTINE “Temper temper” ROCE “Gunz n’Rocé”
FEVRIER
14/02
PURE LOVE “Anthems” THE VIRGINMARYS “King of conflict” FRIGHTENED RABBIT “Pedestrian verse” THE COURTEENERS “Anna” VERONICA FALLS “Waiting for something to happen” CHEATAHS “EP collection” GUARDS “In guards we trust” DARKSTAR “News from nowhere” TOSCA “Odeon” DON CAVALLI “Temperamental” GRANVILLE “Les voiles” RON SEXSMITH “Forever endeavour”
18/02
04/02
11/02
FOALS “Holy fire” PROHOM “Un monde pour soi” FEAR OF MEN “Early fragments” OCEAN COLOUR SCENE “Painting” PVT “Homosapien”
COMANECHI “You owe me nothing but love” MAZES “Ores & minerals” GIRLS NAMES “The new life” INC. “No world” CLOCL OPERA “Ways to forget” MATMOS “The marriage of true minds” JAMIE LIDELL “Jamie Lidell” BEACH FOSSILS “Clash the truth” NICK CAVE AND THE BAD SEEDS “Push the sky away”
25/02
ATOMS FOR PEACE “Amok” THE CRIBS “payola” MOGWAI “Les revenants OST” POST WAR YEARS “Galapagos” JOHNNY MARR “The messenger” SALLY SHAPIRO “Somewhere else” YOUNG DREAMS “Fog of war”
Prochains concerts : 29/01 Lyon - Ninkasi Kao 02/02 Annecy - Le Brise Glace
CHRONIQUES CDÏ Bumcello | Al | Label : Tôt ou Tard
Mesa Cosa | Infernal cakewalk EP | Label : Casbah
A-t-on encore besoin de les présenter ? Non. Mais pour le plaisir : à ma gauche Cyril Atef, le Bum side, et, à ma droite, Vincent Segal, le Cello side. Tous deux musiciens hors-pairs ayant longtemps navigué dans l’ombre de Matthieu Chedid, ils se sont lancés dans une aventure acidulée il y a déjà quelques années. Un projet Electro-acoustique, violoncelle versus batterie, inspiré de musique du monde, de Funk, de Hiphop et bien d’autres genres encore. Sonorités multiples, influences éclectiques, technicité sans reproche : Bumcello a toujours eu les cartes en mains pour réussir et y est même parvenu. Pourtant... on s’ennuie. Les morceaux s’enchaînent les uns après les autres sans véritables surprises. Moins expérimental (cure de désintox ?), moins risqué (coup de vieux ?), plus pop (contraintes financières ?), “Al” représente mal le génie du duo et poursuit la route tracée par “Animal Sophistiqué”, l’album du début de la fin. Envolées lancinantes faussement psychédéliques (Bow and Horses), petites mélodies Bossa à la Devendra Banhart (How to ride), Blues sans sincérité (Wet), cet album est une vraie déception. Surtout qu’il n’a rien de mauvais au fond : on traverse de nombreux univers, on se laisse facilement porter par le groove, émouvoir par les harmonies, et les sampleurs fous vont s’amuser comme... des fous. Mais je pose la question : où sont passées les TRIPES bordel ?! Pour la première fois, je me suis surpris à regretter le bon vieux temps, l’époque d’un skeud éponyme qui virevoltait, surprenait, tournoyait sur lui même avant de vous gifler la face sévère. Tant pis si je passe pour un vieux con : Bumcello, c’était mieux avant.
Une bonne dose de Psychobilly Garage pour lutter contre le froid, qu’est ce que vous en dites ? Mesa Cosa, c’est un combo Punk de six sales gosses de Melbourne, Australie. Attention les gars, ces Australo-Mexicains fous sont de vrais Stooges sous acides. Imaginez une bande de déglingués dans la fleur de l’âge qui s’appliquent à faire le plus de bruit possible, tels des Black Lips tombés dans un baril de tequila. Bien qu’ils n’inventent rien (en même temps, il est difficile d’inventer quoi que ce soit dans le Rock aujourd’hui, non ?), ces six allumés du bocal mettent tellement de gouaille dans leurs compositions que ça force le respect. Chanté à moitié en anglais et à moitié en espagnol, cet album sent bon le soufre et les relents de bière un lendemain de cuite. L’idiome hispanique confère d’ailleurs un certain pouvoir de déglinguitude à ce qui ne serait qu’un album Punk parmi tant d’autres, s’il n’y avait cette connexion satanique des plus substantielles. Le groupe le dit lui-même : “Les chansons à propos du Diable sont tellement plus cool en espagnol !” En effet : 666, Day Of The Dead, Hijo Del Mal, Diablo... autant de titres qui transpirent l’héritage de notre pote Lucif’. En plus de s’acoquiner avec le Malin, Mesa Cosa sont des hommes de goût, en témoigne Alcatraz, leur reprise de Los Saicos, un des premiers groupes de Garage Péruvien, qui eu une forte influence en la matière sur toute la scène Latino-Américaine dans les années soixante. Ca braille, ça désaccorde sa guitare, ça larsen à qui mieu-mieu, et ça tabasse sa grosse caisse comme un malade : à Melbourne, on ne fait pas dans la délicatesse. Edité pour la première fois en France par Casbah Records, jeune maison valentinoise, “Infernal Cakewalk” risque de vous contaminer pour l’hiver ! Alizée
Anto
PAUL Kalkbrenner | Guten tag | Label : Paul K Musik Dans un genre musical où la surproduction de matière ne nous permet pas d’y voir bien clair, une sortie d’album d’un des artistes majeurs de ce mouvement arrive comme une éclaircie. C’est à s’y méprendre, car les productions de ce fameux compositeur d’Electronica Minimale pourraient vite commencer à devenir une routine. Si les plus désabusés ont tranché bien avant, mes dernières réjouissances et bonnes surprises quant à notre cher Paul datent de Berlin Calling. Il avait alors trouvé LA recette de ses meilleurs morceaux, loin d’être inépuisable puisqu’on en a vu les limites dès Icke Wieder en 2011. Une mélodie accrocheuse et entêtante, le tempo nous est donné, puis arrivent les coups de shirley en contretemps. Ça y est, on est partis pour cinq, six, voire sept minutes de cette mixture. De ce nouvel opus, on décompte un peu plus de trois titres basés sur le modèle ; entre autres Der Stabsvörnern, Das Gezabel ou Der Buhold. Même si aucun de ses titres ne dépasse les six minutes, on arrivera à trouver le temps long. Et oui, le trentenaire Berlinois a beau avoir des idées géniales, on reste toujours sur cette idée de “peut mieux faire”. Heinrich Zur See en est la preuve, avec une tension intenable et un manque cruel de dénouement. Heureusement, on se rattrape avec l’apaisante Des Bieres Meuse, ou en se déchainant sur Trümmerung. Pour le reste, on tentera bien de dénicher quelque trouvaille, même dans les nombreux interludes qui comblent le tout, mais en vain. Un album simple comme bonjour, qui ne fait de mal à personne mais dont on peut aussi très bien se passer ! Violette
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B.O. The man with the iron fists | Label : Soul Temple RZA qui sort un film de kungfu, c’est peu surprenant quand on connait le goût prononcé du leader du Wu-Tang Clan pour les films du genre. Le film (“L’Homme aux poings de fer”) sort le 2 janvier en France, soit deux semaines avant le prochain Tarantino, ce qui promet un bon début d’année, mais la bande originale est
déjà disponible. Dotée d’un casting extraordinaire jusqu’aux seconds rôles (Wiz Khalifa, The Revelations, BADBADNOTGOOD, Corinne Bailey Rae et toute une garnison de rappeurs de la côte est), c’est toujours surprenant de voir la totalité du Wu-Tang s’entendre assez longtemps pour enregistrer une poignée de morceaux (dont le titanesque Rivers of Blood). Et puis il y a les Black Keys sur The Baddest Man Alive, ça devrait suffire à tout le monde. Malgré quelques ratés comme Kanye West qui hulule son amour à une des Kardashian (White Dress) et un morceau horriblement cliché de Talib Kweli, la bande originale remplit parfaitement son rôle d’excellente compilation. On se rend vite compte qu’on tient dans les mains le meilleur nouvel album de la galaxie Wu-Tang depuis le dernier Raekwon. Le disque rend un très beau double hommage à ce qui a toujours été les principales influences du producteur : la soul sudiste (rien que sur le disque on entend Isaac Hayes et Booker T.) et les films de kung-fu. La seule différence c’est que maintenant c’est RZA qui écrit les dialogues. Thomas Guillot
örfaz | magnetik Ep | Label : Migal Prod Voilà plus de dix ans que Jarring Effects règne en maître sur l’Electro-Dub français. Et en dehors du fourmillement créatif du label lyonnais, on voit trop peu de groupes qui sortent du lot, qui innovent, qui imposent vraiment leur patte. Örfaz est de ceux-là. Alors quand on a eu leur “Magnetik EP” entre les mains, on ne pouvait que le chroniquer. Ça commence par un éclat de voix et une rythmique en sourdine. Puis la batterie, saccadée, et la basse, imposante, entrent en scène. Le son se construit peu à peu, la tension monte. Jusqu’à ce que le temps s’arrête, un dixième de seconde. Le calme avant la tempête. Le calme avant l’explosion, et la machine Örfaz s’abat sur vos tympans. Le Dub électrisé est devenu un Dubstep mastodonte, tout en puissance. Mais, et c’est là que le groupe impressionne : cela reste foutrement mélodique ! Oubliez le beat qui part dans tous les sens, ici, les notes s’accordent tout en décalage. Le Dubstep n’est plus que le prolongement du Dub. Cette sorte de retour aux sources transcende la musique. On pourrait presque imaginer que c’est la face B d’un vinyle de Skrillex ! En un seul morceau, Örfaz réécrit l’histoire du Dubstep, qui serait le résultat du Dub appliqué à l’Electro, et non plus un croisement hybride. Trêve de supputations : Örfaz a créé une brèche ; un son qui fait le liant entre les cousins Dub et Dubstep. On attendait ça depuis longtemps, quelque chose qui régénère le style. Alors forcément on est emballé. Mais si l’EP est très bon, Örfaz est surtout une machine à faire danser les foules. À ne rater sous aucun prétexte en live ! Léo
Gravité zero | Bestiols Label : Autoproduction “Résolument très peu inspiré par notre présent, Gravité Zéro préfère vivre le futur plutôt que de l’attendre” : la baseline du communiqué de presse est plus qu’alléchante et donne envie d’aller creuser plus loin. Tout d’abord, derrière Gravité Zéro, il y a Le Jouage et James Delleck, deux Mc’s que la scène Rap alternative française a fait naître dans les années 2000 sans jamais en sortir. Leur premier opus date déjà de 2003, il était donc temps de remettre le couvert. Bestiols, titre de cet EP (qui annonce un album début 2013), pourrait se décliner en 3 temps. Les deux premiers morceaux : Bestiols et Humain-Quantic, 2 morceaux aux instrus ultra-minimalistes, où seules les paroles comptent. Alf Vs E.T. qui vient ensuite est un peu mystérieux pour moi. Autant le titre est explicite, autant l’ensemble du morceau l’est moins. On sent que Alf et E.T. ne s’aiment pas beaucoup mais on peut se poser la question existentielle : Why ? Un égo-trip déguisé sûrement. Les deux derniers titres Pixel Puppet et G Zone sont plus attrayants musicalement parlant (grosse basses, gros kicks, et sample rappelant celui de Toxic Avenger feat Orelsan) mais le contenu reste aussi flou pour mon petit cerveau. Jugez plutôt : “Il n’est plus question de ne pas y croire, moi qui les croyait tous saouls, cherchant l’erreur parmi les dires et les écrits, se dandinait la fantaisie plus que la folie, mon erreur a été de me croire en sécurité, protégé par une immunité futile”. Le futur, les gars c’est cool mais si personne ne peut vous comprendre avant 30 ans, il faudra trouver une DeLorean pour remonter le temps et ré-écouter l’album. Jagunk
IGORRR | Hallelujah Label : Ad Noiseam Je ne sais pas vous mais cette récente histoire d’apocalypse recyclée à toutes les sauces m’a vraiment donné envie d’un bon massage crânien. Or le destin - parfois conciliant m’a glissé entre les mains cet album, “Hallelujah”, la nouvelle création d’Igorrr. Une thérapie idéale, efficace comme une séance de kiné pratiquée par un char soviétique. Une bénédiction donc. Jamais vous n’avez entendu un tel bouillonnement de genres s’entrechoquer avec autant de violence et d’ironie. Sur 11 pistes se mêle toute l’emphase de la musique de chambre avec la brutalité du métal hurlant. D’improbables cocottements de poules et de fiévreuses guitares flamenco se joignent aux chants baroques, et l’émotion jaillit de nulle part. Chacun des éléments ainsi rapportés, d’un genre ou même d’une époque différente, est savamment cousu à travers une rythmique breakcore fracassante. La lutte qui s’opère entre les influences schizophrènes de la musique post-renaissance et du hardcore/death metal offre une identité iconique à l’album et lui confère cette résonance de barbarie pieuse. À l’image du mouvement baroque, Igorrr veut nous prouver à sa façon que tout et son contraire dans la musique peut finalement s’harmoniser en une seule pièce. Certes exubérante, cette perle musicale à l’antithèse du minimalisme actuel s’impose par la tension et le contraste qui en émane. Un écartèlement qu’on subit pour finalement en redemander. Teddy
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2012, année de la fin du monde, année du fameux 12/12/12 à 12h12, année de la chauve-souris (si si je te jure), mais aussi une année chargée d’albums à la fois étonnants, frais et géniaux. Voici donc pour vous, ce qu’il ne fallait pas louper. Attention, le top qui va suivre est 100% non-objectif mais assumé.
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Label : Young God Records
Trente ans d’existence que le groupe de Michael Gira fait dans la noise sans concessions et soudain, sans prévenir, le groupe sort son plus bel album. Swans expérimente à tout va, torture l’espacetemps, récite ses incantations et martyrise ses instruments sur des morceaux qui frôlent la demi-heure sans frémir. Un double album dantesque maitrisé dans ses moindres détails, de la pochette à la liste des invités.
Label : Pias
Ça sera assez court pour définir un des meilleurs albums de Rap français cette année : “du Rap populaire dans tous les sens du terme” (dixit le rappeur lui-même) pour pouvoir passer sans crainte chez Ruquier le samedi soir, des rimes ultraefficaces pour ravir les puristes du genre, et des instrus très travaillées. Déclaré disque de platine (100 000 albums vendus) sans trop de relais médiatique (télé, radio) pour du Rap, ça devient de plus en plus rare.
Label : Smalltown Supersound
Synthétiseur semi-modulaire légendaire, le ARP 2600 réussi à mettre tout le monde d’accord. Utilisé par Brian Eno, David Bowie, Herbie Hancock, Tangerine Dream, The Who et un tas d’autres, il est aussi connu pour faire le son de R2D2. Alors quand un DJ norvégien décide de sortir un Ep qui lui est exclusivement réservé, avec en prime le tube house de l’année, je dis OUI. Alabama Shakes Boys and Girls
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Youssoupha Noir Désir
Todd Terje It’s The Arps EP
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Swans The Seer
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Ï MINI DOSSIER
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Le TOP 10 des ALBUMS de la REDAC’ 2012
Label : Ato Records
Ces 4 musiciens tout droit venus d’Alabama ont apporté un vent de fraicheur à la soul, la vraie. Brittany Howard, la chanteuse à la voix gospel et rocailleuse y est pour beaucoup. Les guitares Rock et les batteries Garage aussi. Ils ont signé cette année leur premier EP sur Third Man Records, le label de Jack White qui les a repérés. En concert, Aretha Franklin semble croiser Creedance Clearwater Revival. Du Blues qui vient du Sud et qui nous réchauffe...
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Label : Polydor
C’est une véritable histoire de la Pop contemporaine que nous raconte Orlando Higginbottom tout au long de cet album. Des sonorités chaudes (des percus tropicales), une construction rythmique imaginative (des petits samples partout) et une ambiance générale dansante et étonnamment maîtrisée (de l’abondance, mais pas de fouillis)... TEED crée sans cesse la surprise en fracassant les normes de l’Indé, et ce grâce à une créativité sans bornes et une énergie catalysée avec maestria. Envoûtant.
Label : Fueled By Ramen
Sorte de supergroupe indé, Fun. a tout fracassé en 2012. Facile avec un album aussi brillant, biberonné aux envolées lyriques de Queen. “Some Nights” déroule une Pop grandiloquente, démesurée, comme le faisait si bien le combo mené par Freddie Mercury. Loin de n’être qu’une pâle copie de ce dernier, Fun. parvient à graver sa propre identité à travers une modernité rythmique qui emprunte beaucoup au HipHop, et permet aux gars de créer une tessiture musicale souvent complexe et toujours brillante, d’une flamboyance et d’une théâtralité redoutables.
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Le Klub Des Loosers La Fin de L’Espèce
Fun. Some Nights
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Totally Enormous Extinct Dinosaurs Trouble
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Label : Les Disques du Manoir
Hot Chip In Our Heads
Label : Domino, Pias
Le deuxième volet de cette trilogie n’a, en apparence, rien de bien réjouissant. Et il n’est pas là pour ça. A défaut d’être l’album le plus original, le plus travaillé, ou le plus décalé, c’est surtout le plus sincère. Fuzati grave dans nos esprits ces paroles qui nous décrivent tous, sans en épargner un seul, grâce aux accents musicaux tantôt Gospel, tantôt Hip-Hop de Detect.
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Jonathan Boulet We Keep The Beat, Found The Sound, See The Need, Start The Heart
Electro-pop aux rythmes entêtants, l’écouter te donne envie de danser comme un robot, chaussé de baskets qui clignotent. Ce n’est pas tant que l’album porte les stigmates des années 1990 mais plutôt que les sons robotiques, alliés à la voix suave et jeunette du chanteur, lui confèrent un charme désuet, un brin démodé mais tellement rafraîchissant...
La frénésie du morceau d’ouverture You’re an animal reflète bien le décalage de l’Australien Jonathan Boulet. Même si le lien de parenté avec Vampire Weekend saute aux oreilles dès la première écoute, Jonathan Boulet fait oublier cette ressemblance en quelques morceaux et installe son propre style, une folk frénétique qui s’accouple avec une pop mélancolique.
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Label : Modular-La Baleine
Odezenne Edition Louis XIV (Ovni réedition)
Label : Universeul
L’année 2012 restera incontestablement l’année du Rap français. Après le collectif Entourage et les jeunes trublions 1995, le collectif lyonnais L’animalerie est prêt à reprendre le flambeau. A côté de ça, les Bordelais d’Odezenne incarnent un Rap plus adulte, porté par les mots et la poésie. L’année dernière, leur album magistral O.V.N.I mettait tout le monde d’accord. En 2012, ils sortent une réédition sous nommée Louis XIV. Aux antipodes de la plupart des MCs , jusqu’à l’apparence, Odezenne, dans les inédits, mélange remix instrumental avec Alice au pays des merveilles ( “Des lapins dans des chats”), spleen “Fable”, et LE single “Tupuducu” et ses punchlines qui claquent.
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Ï LIVE REPORTS
Garbage + SUCCESS
Transbordeur | Lyon 23/11/2012 Texte & photo : Kymmo
Cette année 2012 fut plutôt riche en concerts, mais la fin d’année nous réserve encore quelques beaux évènements dont le retour sur scène de Garbage ! Rendez-vous donc au Transbordeur pour l’une des deux dates françaises du groupe, mais avant d’accueillir la toujours aussi belle Shirley Manson, place à l’electrorock barré des Rennais de Success. Mené de main de maître par l’exubérant Mister Eleganz, Success envoie un son à la fois dansant et bien énervé, de quoi chauffer à blanc le public lyonnais ! Après cet échauffement, rien de tel qu’un petit passage au bar pour recharger les accus et repartir de plus belle ! ça y est, il est l’heure, les lumières du Transbordeur s’éteignent et laissent place aux membres du groupe le tout sur Time will destroy everything. La scène est très épurée laissant un vaste terrain de jeu à Shirley Manson et Duke Erikson. Butch Vig quant à lui impose la cadence au rythme de sa batterie et nous fait voyager de tube en tube.
La setlist est parfaite, tout y passe, de Queer, en passant par I think I’m paranoid ou encore Cherry lips, sans oublier Why do you love me ou #1 crush. Shirley Manson ne tient pas en place et ne cesse de se balader sur toute la scène, elle nous gratifie même de nombreuses phrases en français et partage beaucoup avec son public lyonnais. Après un final tout en beauté enchaînant Push It et Only happy when it rains, le combo fait une petite pause pour mieux nous revenir et ainsi prolonger notre plaisir de 3 derniers titres dont l’excellent Vow ! Pour conclure sur cette belle soirée, le retour de Garbage était très attendu par tout le monde depuis un bon moment maintenant, mais ça valait vraiment le coup car c’est un retour réussi aussi bien sur CD que sur scène !
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THE BLACK KEYS
Texte : Marie Photo : Kymmo
Halle tony garnier | lyon | 30/11/2012 Une foule hétéroclite se pressait vendredi soir dans la Halle Tony Garnier. S’ils avaient tous bravé le froid, c’était pour se réchauffer au rythme de la musique du duo américain le plus en vogue du moment. Mais avant d’accéder à la tête d’affiche, place à The Maccabees, un groupe anglais qui, malgré une jolie prestation, offre un show qui va s’avérer un peu mou. Les instrus Rock sont pourtant efficaces, mais quelque peu plombées par la mélancolie de la voix du chanteur. Devant un public impatient, le célèbre duo pointe enfin son nez, il enchaîne les titres des vieux albums et de “El Camino” comme s’ils n’avaient fait qu’une longue série de tubes. Pour ceux et celles qui craignaient l’aspect beaucoup plus Pop du dernier album, leur live semblait retourner aux essentiels : domination des guitares, son beaucoup plus brut... un côté “Garage” qui nous rappelle clairement leurs précédents albums.
Loin d’une prestation scénique démentielle (le batteur Patrick Carney restera impassible), c’est à un show bien rôdé et rythmé auquel on assiste. Projections arty, bon équilibrage des morceaux... Lonely Boy est l’apogée dancefloor du concert : si ce n’est pas le meilleur morceau de l’album, c’est en tous cas le plus dansant. Autour de moi, les jeunes sautent, les middle age hochent la tête vigoureusement, un type derrière moi attrappe les seins de sa copine, l’ambiance est bon enfant et la salle baragouine le refrain. Le groupe a le sens du spectacle ; le rappel, assez court (I got mine et Everlasting light), se fait avec une gigantesque boule à facette et une enseigne lumineuse “The Black Keys” qui clignote au rythme de la batterie. Le concert se boucle après 1h45 de show et l’envie de les revoir sur scène pour leur prochain album...
OXMO| PUCCINO | Transbordeur Lyon 27/11/2012
Trois ans après le triomphe de son cinquième Album, “L’arme de paix”, après un disque d’or, une victoire de la musique et une tournée intense, Oxmo Puccino nous revient en septembre dernier avec un nouvel opus, “Roi sans carosse”. Oxmo se présente donc ce 27 novembre sur la scène du Transbordeur pour défendre ses nouveaux titres sans oublier ses plus anciens ; tous aussi excellents les uns que les autres ! Pour ce retour au Transbordeur, le public lyonnais est présent en masse et ce n’est pas une première partie très moyenne qui va l’empêcher de faire la fête ! Les musiciens arrivent et lancent le show. Puis c’est au tour d’Oxmo de se présenter à nous confortablement installé sur son trône central en nous balançant son flow léché.
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Texte & photo : Kymmo
Bien sûr le rappeur parisien fait la part belle à son nouvel album avec des titres comme le Sucre pimenté ou encore Artiste, dernier single en date. Mais on a aussi le droit aux classiques d’Oxmo comme 365 jours, Où est Billie ou encore Mes fans. On aurait pu croire que l’approche de la quarantaine aurait calmé notre Black Popeye, mais non bien au contraire, Oxmo est toujours aussi chaud et nous le prouve une fois de plus ce soir ! Après deux rappels, il est déjà l’heure de partir... comme nous l’a répété si souvent Oxmo : le temps passe trop vite, mais grâce à lui et à son excellent groupe, la soirée fut une totale réussite. Alors à très vite l’artiste !
Ï DISCUSSION
06/11/2012 par Violette / Photos live : Studio Tamagoo
David Dain/Didier Fraisse
umoriste ? Engagée ? Cynique ? Je suis sûre que c’est la première chose qui vous vient à l’esprit H quand vous écoutez cette belle blonde à la guitare, nommée Giedré. Pourtant, ces désignations là, elle ne manque pas de s’en défaire, même après avoir balancé les pires horeurs au public du Transclub, plein à craquer et l’avoir fait se tordre de rire pendant plus d’une heure et demie. Il suffit de regarder un peu autour de vous pour vous rendre compte que la demoiselle n’est pas allée chercher si loin que ça pour garnir ses paroles... Parce qu’il paraît difficile d’être plus humain, on ne peut que vous inciter à lire cette discussion, où prône la sincérité, avec une pointe de second degré. ZYVA : Toi qui fonctionnes de cette manière, pensestu que c’est important de rester indépendant, de faire les choses par soi-même et de ne pas rentrer dans le business qu’est la musique ? Giedré : Bien sûr. Je suis indépendante par choix, clairement. J’aurais pu signer, avoir un chemin beaucoup plus classique mais ça ne m’intéresse pas du tout. C’est toujours très étrange de parler avec des mecs qui sortent d’école de commerce et qui te disent : “Je vais prendre tes chansons, puis je vais en faire un peu ce que je veux.” Toi tu as envie de lui dire : “Rends moi tout, je me débrouille !” (rires) Z. : C’est vrai que tu fais tout toi-même, même ton site, tes pochettes d’album, ... G. : Oui, l’important est de savoir bien s’entourer, de gens qui fonctionnent de la même manière et qui te comprennent. Donc je fais tout avec mon petit graphiste, dans ma maison. Z. : Avant de te lancer, tu as sûrement été influencée par quelqu’un qui t’a donné envie de faire tout ça. Quand est-ce que tu t’es dis “Tiens, je vais faire des chansons et parler de sujets dont personne ne parle” ? G. : Je crois que ma plus grande chance dans cette histoire, c’est que je n’avais pas du tout envie de faire ça, professionnellement. Je n’y pensais même pas, je n’avais aucune ambition. Je faisais du théâtre et un jour j’ai écrit des chansons. Vu que je n’avais pas beaucoup
d’argent, je suis allée chanter mes chansons au bar du coin pour faire le chapeau, comme font plein de gens. Mais je ne me demandais même pas si ça allait plaire ou non. Et quand tu ne cherches pas à plaire, tu fais juste ce que tu as envie de faire. Je ne me suis pas dis : “Ah, je vais trop dénoncer les tabous de la société”, puisque de tout façon personne ne m’écoutait. Tous les mecs au bar étaient bourrés, mangeaient leurs frites et s’en foutaient. J’ai eu la chance de rencontrer un producteur qui avait envie de faire quelque chose de différent. Pendant que le bateau de l’industrie est en train de couler, au lieu de vouloir ramasser les restes d’argenterie qui flottent à la surface, on s’est dit : “Allez, viens, on se fait notre radeau à nous !” Ce que je trouve dégueulasse dans le système - je n’aime pas dire le système, vu que c’est un peu galvaudé - ce qui m’insupporte, c’est que le public, donc les gens qui vont aux concerts et achètent les albums, sont vraiment la dernière roue du carrosse. Alors que ce sont eux qui font que ça marche ! Ce n’est pas parce qu’on va te mettre une campagne de pub à un millions d’euros, s’il n’y a personne pour les voir... Donc ce n’est pas sans l’industrie du disque que tu ne peux rien faire, c’est sans les gens. Z. : Comment est-ce que tu caractérises ta musique ? Est-ce une musique avec des paroles rigolotes, ou bien des paroles mises en valeur par de la musique afin de dénoncer certaines choses ? G. : J’ai pas vraiment la prétention de faire de la musique, je pense que je fais de la chanson. Pour moi, ce sont
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chose qui m’intéresse pour l’instant. J’aime trop le rapport exclusif que j’ai au public. Ce sont mes seuls interlocuteurs, on est vraiment deux et je n’ai pas envie de perdre cela. Z. : Tu as une mise en scène également ? Un petit décor ? G. : Avant, j’avais une petite maison qui recréait une ambiance forestière et maintenant que je suis dans le showbiz et que j’en ai plus rien à foutre, j’ai ramené ma vraie maison sur scène. J’ai une peau de loup chassée par mon Papa. Quand tu es tout seul, tu as besoin de te rassurer, vu que parfois ça peut faire peur. Là au moins je suis chez moi partout.
“Je voulais vraiment faire des chansons puisque la musique, en mon sens, est l’art le plus généreux et le plus populaire.” vraiment deux choses différentes. Je fais d’autres choses à côté de ça. J’écris des nouvelles, je fais de la BD, ... En tous cas, je voulais vraiment faire des chansons puisque la musique, en mon sens, est l’art le plus généreux et le plus populaire. Tout le monde peut s’approprier une chanson. Quand tu es dans ta douche, tu chantes faux mais tu chantes la chanson que tu aimes. Alors que si tu es fan de Picasso, tu ne vas pas gribouiller un tableau sur une feuille de papier quand tu es au resto. J’aime ce côté populaire de la musique. Z. : Ça répond donc à ma question qui consistait à savoir pourquoi tu n’avais pas éventuellement essayé de passer dans des petits théâtres en tant qu’artiste un peu plus humoriste. G. : Je ne penses pas du tout être humoriste. Je pense que quand tu l’es, le rire est un but. Alors que pour moi, c’est un moyen. C’est une étiquette que je n’assume pas. C’est très loin de moi. Z. : En somme, tu ne t’es pas trop posé de question. G. : Moi je ne me suis posé aucune question ! (rires)
(L’interview continue le lendemain au téléphone) Z. : C’était un bon concert pour toi à Lyon hier ? G. : Oui c’est sûr ! C’était cool, ça m’a beaucoup plu. J’ai passé un super moment. Z. : Les spectateurs étaient plutôt sympas, je ne sais pas comment ils sont dans les autres villes avec toi... G. : Oui, j’ai de la chance d’avoir un public vraiment chouette et participatif. C’est aussi lié à ma manière de fonctionner, parce qu’ils ont vraiment choisi d’être là. Comme je fonctionne de manière indépendante, ils sont venus me chercher et ne sont pas venus parce que je suis passée sur NRJ ou autre. Z. : Ça t’est déjà arrivé de tomber sur un public pourri, qui n’était pas d’accord avec tes paroles et qui les a mal prises ? G. : Bizarrement, ça ne m’est jamais arrivé. Il y a plusieurs raisons, déjà parce que je suis une fille et qu’ils doivent se dire : “La pauvre, elle ne comprend pas trop ce qu’elle chante, elle a l’air gentille donc ce n’est pas grave, on va rigoler !” Je pense qu’ils ne peuvent pas ne pas être d’accord du tout. Si quelqu’un est choqué par mon concert, je ne sais pas comment il vit sa vie. En même temps je suis jalouse de ces personnes, car si elles sont choquées de mes paroles, c’est quelles doivent toujours voir la vie d’un côté merveilleux. Je ne sais pas où ils habitent mais ça a l’air plutôt chouette.
Z. : Lorsque tu composes, au niveau musical, comment ça se passe ? C’est différent de ton écriture ? G. : J’avais juste ma guitare jusqu’à maintenant mais j’ai rajouté un clavier récemment. Je compose mes parties de guitare à partir du clavier, en même temps que j’écris. L’un ne va pas sans l’autre. J’ai toujours des bouts de textes et de mélodies dans la tête et je les imbrique tout de suite ensemble.
Z. : D’ailleurs, vises-tu une catégorie de personne en particulier ? G. : Non, pas personnellement. Je ne veux pas être une grande cynique qui dit : “Je déteste l’univers entier”. On est tous de la même espèce que Einstein, enfin on est aussi tous de la même espèce que Guy Georges tu vois ! (rires) Au final, je suis un peu comme les gens que je déteste. Donc je suis plus humaniste que cynique.
Z. : Tu n’as pas dans l’idée d’avoir plusieurs musiciens sur scène, d’étoffer un peu ta musique ? G. : Pour ce qui est des musiciens, ce n’est pas quelque
Z. : Est-ce que tu arrives à te revendiquer humaniste, comme tu viens par exemple de le faire, ou même féministe par exemple ? G. : Le féminisme est quelque chose qui ne m’intéresse
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“Les personnes qui m’ont donné envie de faire de la chanson sont Céline Dion et Christophe Rippert. Je me suis dis que je ne voulais surtout pas faire ça.”
pas trop car il est très réducteur. Si tu luttes pour une égalité, lutte d’abord pour une égalité entre tous les gens. Qu’ils soient hommes, femmes, vieux, jeunes. Z. : Est-ce que tu écris tes textes pour faire réfléchir les gens ou juste parce que tu as envie d’écrire ce que tu penses, sans réfléchir à l’impact de tes paroles ? G. : Je n’ai pas cette prétention. Comme je te disais hier, je pensais que mes chansons n’allaient jamais être entendues par personne, donc j’écrivais juste ce que j’avais envie d’écrire. Si ça fait juste rigoler certains, tant mieux, si ça interpelle à un autre niveau, tant mieux aussi. Je ne veux pas que ce soit didactique. Les gens prennent ce qu’ils veulent dans mes chansons et s’ils peuvent prendre au moins les blagues, c’est déjà cool ! Z. : Je m’étais posée la question à cause du côté très cru, très direct. Tu aurais très bien pu détourner un peu le sens, faire des métaphores comme ils font tous... G. : Je pense que la vie est trop courte pour faire des métaphores, tout simplement. Z. : Tu parles de la société en général mais tu n’as pas l’air de vouloir toucher la politique de manière précise. G. : Oulala, la politique... ! (rires) Je suis quelqu’un de très politisé et c’est pour ça que je ne m’intéresse pas à la politique. Ce n’est qu’une vaste blague pour moi, tu prends un politicien et tu le remplaces par n’importe lequel, ça sera la même chose. Ça fait bien longtemps que ce n’est plus le peuple qui a le pouvoir. Z. : Cette espèce de personnage que tu joues, est-ce une partie de toi que tu te plaîs à ressortir ou est-ce que tu surjoues vraiment ? G. : Pas mal de gens me posent cette question. Pour savoir vraiment ce qu’est interpréter un personnage – je suis actrice à la base, donc je sais ce que c’est, ce n’est pas du tout quelque chose que je retrouve là. Quand tu fais tes chansons, elle sortent vraiment de toi. Ensuite, quand tu es en représentation, tu choisis simplement ce que tu veux montrer de toi. Contrairement à la vraie vie. C’est d’ailleurs à peu près la seule différence avec celleci, où les gens ne voient en toi que ce qu’ils veulent voir.
et Christophe Rippert. Je me suis dis que je ne voulais surtout pas faire ça. L’écrivain que j’aime trop d’amour pour la vie, c’est Jean Teulé. J’ai lu ses romans trois mille fois. Il a fait beaucoup de biographies, de Verlaine ou Rimbaud entre autres et ce qui m’intéresse chez lui, c’est qu’il désacralise tout le romantisme qu’on met autour du passé. Il va parler du vrai Versailles, où les gens se baladaient avec des petits bouquets de violettes sous le nez à cause de l’odeur. C’est un peu comme ça que j’écris aussi. Je crois qu’il ne faut rien sacraliser et ce n’est que comme ça que tu peux être vraiment humain. C’est quand tu dis que oui, les grandes comtesses chiaient dans leurs robes. C’est la triste vérité. Je pense que c’est dangereux de tout fantasmer. Donc j’admire beaucoup cet homme. Sinon, pour le côté un peu plus con, je suis une grande fan de John Lajoie. Il est Canadien, habite maintenant aux États-Unis et me fait mourir de rire. Il fait des chansons, des sketchs, des choses comme ça. Quelqu’un de plus engagé socialement, George Carlin, qui n’est malheureusement plus là. En chanson, ce n’est pas bien original mais c’est sûr que je connais tout Brassens par cœur, Jean Yanne, Barbara... Z. : Et quand tu fais des concerts, tu aimes voir quel genre d’artistes ? G. : J’ai de la chance de beaucoup tourner donc quand je suis en festival, je peux voir beaucoup de choses très actuelles. J’aime beaucoup Stupeflip, pour en citer au pif, Youssoupha... J’aime bien le rap en général. Si non je vais beaucoup au théâtre. J’aime bien le spectacle vivant en gros. Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait te représenter toi ou ta musique : Georges Brassens - Le pornographe J’espère que ça ne va pas être mal pris ! (rires) Genre Panninni Autoproduit
www.giedre.fr
Z. : Question un peu bateau : si tu pouvais me donner quelques références qui t’ont poussé à faire ce que tu fais, que ce soit au niveau musical, humoristique ou littéraire ? G. : Pour te dire la vérité, les personnes qui m’ont donné envie de faire de la chanson sont Céline Dion Prochain concert :
27/02 Saint Etienne - Le Fil
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Ï DISCUSSION
Transbordeur, Lyon le 26/11/12 Par Léa.
C
e qui nous vient directement à l’esprit quand on nous parle de Rhapsody Of Fire, ce sont les hordes elfiques, les dragons, les orcs et autres terres enchantées de la Comté. Ce groupe de Power Métal/ Métal Symphonique aux morceaux épiques a réussi à écrire toute une série d’albums racontant la même histoire, une histoire sur le thème du médiéval-fantastique. Le groupe a dû se séparer en 2011 et Luca Turilli (guitariste soliste) a monté son projet perso : Rhapsody. En juin 2012, Rhapsody sort son album “Ascending to Infinity”, dont le thème principal est le “Cinematic Metal”. ZYVA a rencontré Luca Turilli juste avant son concert au Transbordeur pour en savoir plus sur ce nouveau concept radicalement différent de celui des albums de Rhapsody Of Fire. ZYVA : Quand tu étais dans Rhapsody of Fire, ton ancien groupe, tu as fait toute une série d’albums qui racontait une seule et même histoire, comme un album-concept en plusieurs volumes. Certaines personnes vous reprochent même d’aller trop loin dans le genre épique. Est-ce que tu penses faire la même chose avec ton nouveau groupe, Rhapsody ? Luca Turilli : Non, je ne pense pas. Je pense qu’on a réussi un exploit, on pourrait entrer dans le Guiness des records (rires) ! Tu sais, pendant quinze ans on a parlé du même sujet avec Rhapsody of Fire. Ce que je veux maintenant, avec mon nouveau groupe, c’est vraiment pouvoir me lâcher, me libérer de toute contrainte. Avant, je n’avais pas la possibilité d’écrire à propos de tout ce qui me passait par la tête. Maintenant, je peux faire ce que je veux. J’ai écrit des chansons qui parlent des mystères du passé, d’autres qui parlent des mystères du futur... Nous sommes tous attirés par le mystère, les choses cachées, inaccessibles et compliquées à comprendre. Nous aimons tout ce qui a un rapport avec le mystère de la vie, c’est un sujet autour duquel nous pouvons écrire beaucoup de chansons. Z. : Quand on vous demande de définir le style musical de votre dernier album, “Ascending to Infinity”, vous répondez qu’il s’agit d’un album créé autour du concept de “Cinematic Metal”. Peux-tu
nous expliquer de quoi il s’agit exactement ? L.T. : Absolument ! Avec ce nouveau groupe, Rhapsody, j’ai réellement voulu me rapprocher de plus en plus de mes passions, celles qui m’ont fait fonder Rhapsody of Fire en 1993 avec Alex Staropoli (claviériste du groupe). Et maintenant, plus que jamais, j’aimerais vraiment repousser toutes les limites, me mettre à fond dans ma passion. Je veux que Rhapsody représente la connexion entre le cinéma et la musique. Je suis passionné par les bandes originales de films, l’impact visuel que certains films peuvent avoir sur les gens, et que nous essayons maintenant de reproduire dans nos nouvelles vidéos. Bien sûr, nous adaptons également notre style musical pour qu’il paraisse plus grandiose, épique. Z. : Votre musique a toujours été considérée comme épique, cependant maintenant on pourrait également la qualifier de futuriste. L.T. : Oui, exactement ! Mais tu sais, les films peuvent traiter de sujets très différents, et donc inspirer des morceaux aussi différents. L’important, c’est ta façon de souligner l’émotion que tu veux faire passer et ta créativité. Les bandes originales que je préfère sont pleines de chœurs, d’énergie. J’adore Danny Elfman par exemple. Chaque compositeur a son propre style. J’adore le côté gothique de Danny Elfman, quand on pense à lui on pense directement à l’univers de Tim
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Burton et à Johnny Depp bien sûr. J’adore vraiment le trio qu’ils forment. J’aime aussi le style d’Hans Zimmer (voir l’article page 34), et toutes les musiques de tradition italienne qu’on peut trouver dans les vieux films western, qu’on appelle plus communément les western spaghetti (rires). Mais dans leur genre, on peut aussi les qualifier de musiques épiques !
“Il ne restait plus qu’une entité qui croyait encore en nous : c’était Nuclear Blast.”
Z. : Avant, vous qualifiez votre musique de Hollywood Metal. Quelle est la différence entre le Hollywood Metal et le Cinematic Metal ? L.T. : Contrairement à ce que tout le monde pense, ce n’est pas nous qui avons décidé de ce nom mais le label ! Quand on a envoyé notre première démo à SPV, le label allemand qui a découvert Helloween et Angra, ils ont pensé que la meilleure définition de notre style pourrait être “Hollywood Metal”. Ça nous allait parfaitement parce que ça nous rappelait tous les grands films d’action de Hollywood, le style de Schwarzenegger... Mais quand tu parles à un Américain, lui, il trouve que ce nom est ridicule parce que quand tu lui parles de Hollywood, la première chose qui lui vient à l’esprit est le Hard Rock.
où nous avons eu ces problèmes. Nous, nous nous sentions enfermés, comme si nous étions en prison. Nous ne pouvions plus exprimer nos émotions dans notre travail, c’était déstabilisant. Il ne restait plus qu’une entité qui croyait encore en nous : c’était Nuclear Blast. Pour nous c’était très important de finir cette espèce de saga à dix épisodes qu’on avait créée, c’était quelque chose que peu de groupes osaient faire. On en était au septième. Nous savions parfaitement que nous devions attendre d’avoir terminé ce projet pour pouvoir se séparer en tant qu’amis. Maintenant, on l’a fait et on reste très amis. On a gardé le mot “Rhapsody” dans chacun de nos groupes, mais on a pu évoluer en toute liberté chacun de notre côté. Pour ma part j’ai également gardé le logo de Rhapsody. C’est un nom pour lequel je me suis battu, j’ai tout fait pour le protéger et pour qu’on puisse toujours évoluer en tant que Rhapsody. Pour Alex (Staropoli, ndlr) et pour moi, c’était très important de garder ce nom puisque ça nous donnait des chances égales pour recommencer quelque chose chacun de notre côté.
Z. : Oui, et votre musique ressemble plutôt à celle des artistes Métal de Scandinavie. L.T. : Je ne sais pas vraiment en fait. Mais bon, dans tous les cas, l’expression “Hollywood Metal” n’était pas très représentative de tout l’imaginaire cinématographique qu’on voulait faire passer à travers notre musique. Du coup, on leur a proposé le terme de “Cinematic”, et ils nous ont laissés libres de l’utiliser. Maintenant, on est plus libres puisqu’on est chez Nuclear Blast. Ce sont des gens vraiment fantastiques. Nous avons la possibilité d’évoluer comme bon nous semble. La liberté, c’est tout pour nous. “Cinematic” inclut le mot “cinéma”, qui est un mot international. Tout le monde comprend directement ce qu’on veut faire ressentir aux gens quand on évoque ce mot. Z. : Avec Nuclear Blast, c’est le grand amour apparemment ! L.T. : Totalement, oui ! Ils nous ont soutenus dans les pires moments de l’histoire du groupe, quand nous risquions de devoir arrêter notre carrière à cause des problèmes légaux qu’on avait eus avec notre ancien label. Z. : De quels problèmes légaux parles-tu ? L.T. : On n’a pas le droit de le dire à qui que ce soit. Mais à cause de ces problèmes légaux, nous avons dû arrêter toute activité pendant quatre ans. On était très proches de la fin. Nous avons passé un contrat avec notre label stipulant que nous ne devions pas parler de cela. Cependant, malgré ces gros problèmes qui menaçaient l’existence de Rhapsody of Fire, nous avons osé demander l’aide de Nuclear Blast. Et très franchement, peu de labels nous auraient proposé un contrat aussi avantageux que celui qu’ils nous ont proposé. Certains parlaient même de la séparation du groupe à l’époque
Z. : Est-ce que tu es toujours en contact avec Alex Staropoli ? L.T. : Oui oui, je sais qu’il travaille sur son nouvel album en ce moment. Mais tu sais, avant nous étions ensemble 24h/24. Mais après 20 ans passés comme ça, il y a un moment où tu dois te poser et te dire : “OK. On va faire une pause là.” (rires). Maintenant nous suivons notre route chacun de notre côté sans forcément s’appeler toutes les cinq minutes pour se demander “Qu’est ce que tu fais ?”. Z. : C’est une personne qui ne t’intéresse plus ? L.T. : Ce n’est pas ça, mais je pense juste qu’il fera des choses extraordinaires avec son nouvel album, je sais qu’il m’enverra une copie et que je l’adorerai. Mais perdre le contact de cette manière, c’est quelque chose de faisable dans notre cas puisque ça fait vingt ans que nous nous connaissons. C’est ce qu’on montre explicitement dans notre musique : ce qui nous plaît c’est la paix et le respect, nous ne sommes pas intéressés par toute forme de guerre, on n’aime pas trop se prendre la tête. Nous avons des personnalités qui rendent ces choses plus faciles de ce côté-là. Z. : On a remarqué qu’il y avait de plus en plus de musique électronique dans vos morceaux. Estce que c’est une chose sur laquelle vous aimeriez mettre l’accent plus tard ? L.T. : Oui, c’est assez différent des éternelles guitares
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“Très honnêtement je ne connais pas Korn ! Je n’ai jamais écouté ce qu’ils font, le nom me dit juste vaguement quelque chose.” mélangé à de la musique électronique, tu parles de l’Indus ? Z. : Non pas du tout, simplement des groupes de Métal qui se lancent dans le Dusbtep ! Certains jeunes groupes de Métal ou de Hardcore rajoutent des touches Dubstep dans leur musique. L.T. : Personnellement, je n’y connais rien ! (rires). Z. : Bon, alors on suppose que ce n’est pas la peine de te demander ton opinion à ce sujet ! (rires). L.T. : Oui en effet, mais après ça ne m’empêche pas d’aimer rajouter des notes électroniques sur du Métal, dans les films, les musiques sont la plupart du temps agrémentées de sons Électro. Par exemple on peut citer la bande son de Transformers, et d’autres gros films de Hollywood. J’adore observer la grande évolution de la musique, du Classique à ces musiques ultra-modernes que j’adore vraiment. Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait te représenter toi ou ta musique : Crimson Glory - Eternal World
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des groupes de métal mais j’aime ça. J’aime le clavier, la guitare, le piano, et j’adore commencer à composer sur ces instruments-là. Mais on est en recherche d’évolution avec le nouveau Rhapsody, on veut quelque chose de plus moderne qui corresponde aux thèmes futuristes qu’on évoque. J’ai enfin l’occasion d’utiliser ces supers sons que j’adore, et que je garde également pour mes productions artistiques futures.
Parce que cette chanson est féerique. Elle est sortie en 1988, quelque chose comme ça... J’adorais leur chanteur de l’époque, Midnight. On avait même pensé faire un duo Midnight-Rhapsody. Cétait un groupe tellement grand à cette époque... Le chanteur était un génie, totalement drogué et toujours bourré (rires) mais ça lui a valu des problèmes de santé, son foie était totalement détruit. Mais c’était un artiste, tu le savais directement en écoutant ses morceaux. Il te donne des frissons. Pour Alex Staropoli et moi, l’album “Transcendance” est le meilleur de tous les temps. On y trouve cette chanson un peu spéciale dedans, Eternal World, qui te transporte dans un autre espace-temps. C’est difficile à expliquer, c’est quelque chose de très émotionnel.
Z. : Que penses-tu de ces groupes de Métal qui se mettent au Dubstep, comme Korn par exemple ? L.T. : Très honnêtement je ne connais pas Korn ! Je n’ai jamais écouté ce qu’ils font, le nom me dit juste vaguement quelque chose. Quand tu parles de Métal
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Ascending to Infinity Label : Nuclear Blast
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DR
Ï DU SON A L’IMAGE
Chez Zyva, vous le savez, la musique est notre raison de vivre. Albums, Festival, Discussions... Nous la traitons sous différentes formes. Zyva a choisi également de se concentrer sur la musique au cinéma. Au programme, des films, des compositeurs, des coups de cœur... bref, Zyva mettra dorénavant du son à l’image.
Par Mo
Hans Zimmer
O
n lui doit La Bande Originale de Beetlejuice, Le Roi Lion ou encore de la trilogie Batman. Hans Zimmer a réussi en une dizaine d’années à être incontournable quand on parle de bandes originales. Focus sur un homme qui nous vend plus que de la musique. Intégrant le groupe des Buggies en 1979 et Ultravox par la même occasion, c’est en 1988 que Hans Zimmer fait ses débuts remarqués au cinéma en composant la musique du film Rain Man qui lui a valu une nomination aux Oscars. Il donna le coup de grâce à l’industrie cinématographique en étant l’auteur de la composition du Roi Lion et Gladiator pour ainsi devenir un compositeur incontournable. S’étant fait un nom dans son milieu, c’est auprès du grand public qu’il est remarqué grâce à ses compositions pour The Dark Knight (2005, 2008 et 2012) et Inception (2010) réalisés par Christopher Nolan avec lequel il est en étroite collaboration. La mécanique est bien huilée, les grandes productions ont compris que la musique est un argument pour attirer les publics visés dans les salles obscures. En 2011, Hans Zimmer crée le buzz en démarrant la promotion du film The Dark Knight Rises sorti le 27 juillet dernier en twittant une demande directe au public : il cherche des voix pour sa Bande-Originale. Dorénavant, chaque internaute pourra enregistrer sa voix en suivant un extrait audio pour être sélectionné par le compositeur
lui-même (s’il vous plaît) et ainsi être entendu parmi les chœurs durant la BO du film. Bonne technique de marketing viral qui provoqua des centaines de participants en provenance d’une centaine de pays pour finalement ne pas s’entendre parmi une centaine de voix. Et il ne s’arrête pas là parce que le compositeur se sert également de son nom pour en faire profiter les produits de haute technologie en lançant une application pour Smartphone intitulée The Dark Knight Rises Z+, suivant les règles de la “réalité augmentée”. Le principe ? La Bande originale de Batman que vous écoutez s’adapte aux lieux où vous êtes, au temps qu’il fait, aux mouvements que vous exécutez... Pour un prix allant de 1 à 79 € en ajoutant des morceaux et options supplémentaires. L’application comptait séduire grâce à la renommée du compositeur couplée au long métrage. Hans Zimmer est donc un outil marketing puissant faisant gage de qualité du film : Man of Steel qui sera sur nos écrans le 12 juin 2013 sera composé par l’Américain. A cette annonce, les fans ont déjà davantage hâte d’aller assister au film, comme si Hans Zimmer garantissait sa qualité.
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