ZYVA MAG #25

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zyvamusic.com ı Mars / Avril 2013 #25

DISCUSSIONS AVEC :

VITALIC FUNERAL SUITS LESCOP LIQID & TCHEEP Chroniques :

Mat3r Dolorosa Ben Harper Wave Machines Lilly Wood and the Prick...

Zoom sur : les festivals du printemps Cuvée Grenobloise Du son à l’image : les Biopics

Ne pas jeter sur la voie publique



Ce magazine est imprimé avec des encres végétales sur du papier blanchi sans chlore. Ce magazine a été imprimé par une entreprise Imprim’Vert certifiée ISO 141 qui intègre le management environnemental dans sa politique globale.

SOMMAIRE

Keskiss pass dans l’coin ? p. 4 & 5 Discussion : Liqid & Tcheep p. 6 à 8 Zoom sur le local p. 10 à 13 Discussion : Vitalic p. 14 à 16 Concerts Coups de cœur p. 18 Chroniques CD p. 19 à 22 Sortie CD p. 22 Live Reports p. 24 & 25 Discussion : Lescop p. 27 à 29 Discussion : Funeral Suits p. 30 à 33 Du son à l’image : Biopics p. 34 Mars / Avril 2013 | Edité à 20.000 exemplaires

1000 Points fixes dans la région Rhône-Alpes Rédacteur en chef : Grégory Damon redaction@zyvamusic.com Directeur de publication et responsable commercial : Hedi Mekki commercial@zyvamusic.com Rédacteurs : Jagunk,Yoch, Kymmo, Nicolas Gil, Violette, Alizée, Sarah, Thomas Guillot, Anto, Léo, Roland Roque, Julie, Léa, Mo Photographe : Kymmo www.kymmo.com Maquette et graphisme : David Honegger Chargé de communication / Presse : Nicolas Tourancheau communication@zyvamusic.com Siège social : 12 rue Jubin 69100 Villeurbanne Bureau / adresse postale : 6 Grande rue de Saint Clair - 69300 Caluire et Cuire Imprimerie : Pure Impression Zyva 2004 : Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. Aucun élément

de ce magazine ne peut être reproduit d’aucune manière que ce soit, ni par quelque moyen que ce soit, y compris mécanique et électronique, online ou offline, sans l’autorisation écrite de l’association Zyva.

EDITO R

ien ne va plus dans ce bas monde. Le Pape déserte son poste, les homosexuels vont enfin pouvoir se marier en France, Bernard Tapie rachète des entreprises qui lui ne rapporteront pas un sou (d’ailleurs, si tu nous lis Bernard, tu peux investir chez nous, on te rapportera sûrement plus que La Provence et Nice Matin) et on ne peut plus faire confiance à Findus (c’est toute une approche publicitaire à revoir). Et, enfer et damnation ! le groupe de Rock The Mars Volta vient d’annoncer sa séparation. Cruelle nouvelle pour ceux qui, comme moi, ne les ont jamais vus en live... Bref, séchons nos larmes et parlons de ceux qui sont encore vivants. Pour ce nouveau numéro, on a appelé notre ami Vitalic. Nouvel album, nouvelle approche, le Dijonnais nous explique tout ! On s’est intéressé ensuite à Funeral Suits, un groupe venu tout droit de Dublin, avec qui on a partagé quelques bonnes réflexions sur le téléchargement musical, leurs fans et leurs cartes postales. Puis, retour en France avec Lescop, ou quand un gars se met à faire de la Cold-Wave et que tout le monde crie au génie. Nous, on ne crie pas, mais on a quand même voulu savoir ce qui se cachait derrière l’ex-chanteur d’Asyl. Et pour finir, on est allé rencontrer Liqid & Tcheep, anciens membres des Gourmets, groupe de Rap lyonnais qui a marqué son époque. Le Rap Kung-Fu est en marche ! Pour le reste, comme d’habitude, ce sera surprises, découvertes et bons plans. C’est à vous ! Grégory Damon

Passionnés de musique, vous souhaitez partager notre aventure, pour nous contacter : contact@zyvamusic.com Retrouvez les numéros précédents et les points de dépôt du magazine en téléchargement sur zyvamusic.com/mag Remerciements pour ce numéro : Brice Robert, Laurent Pierson (Les Derniers Couchés), Amélie Vaissié (Épicerie moderne), Gaël Michel (Totaal Rez), Arthur Lorella (Les Abattoirs), Sandrine Bruneton (Le Fil), Fabien Hyvernaud (Ninkasi), François Arquillière (Transbordeur), Eric Fillon (Mediatone), Maïlys Pointelin-Pivard (Radiant-Bellevue), Amélie Hernando et Bertrand SaintLager (TNT Festival), Catherine Quiblier (Le Toboggan), Val (La Stickerie), Elodie Pommier (Eldorado & Co), Jawad (Wailling trees), Virginie Freslon (Rone), Virginie Rossel (GiedTé), Roger Wessier (Base production), Martin Leclercq (DV1), Marie Neyret, Margot, PC, Marie Neyret, Perrine Mekki, Florence Damon-Bernard, Fanélie Viallon, Blaise Diop, Marianne Balleyguier, Romain Gentis, Clémentine Bouchié, Thomas Bouttier, Antoine Chaléat, Sylvain Vignal, Maxime Lance, Camille Raffier, Alexis Larrive, Sarah Metais Chastanier, et tous les bénévoles.

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Scratch Bandit crew / Par Kymmo

KESKISS PASS DANS L’COIN ?

L’actualité des structures et groupes Rhône-Alpins

Trance à Porcieu-Amblagnieu Pour la 8 édition des soirées organisées par Hadra à Porcieu-Amblagnieu (entre Lyon, Chambéry et Grenoble) l’ambiance sera cette année Chemical Forest ! Comme d’habitude avec les soirées Hadra il n’est pas question que de musique mais bien d’une ambiance générale avec des décors toujours très travaillés et diverses animations. Le 23 mars donc à la salle des Marinières se produira une dizaine d’artistes prêts à vous faire voyager au cœur d’un grand laboratoire. Seront donc présents Braincell, Soul Kontakt, Illegal Machines, Amazon, Alezzaron, Shotu, D_Root, Tilt et Papaya. + d’infos : www.hadra.net ème

Salamah au Scarabée

Les Giboulées du Creusot Chaque année on vous le répète, Le Creusot ça peut valoir le coup pour se dépayser et se faire un petit festival au début du printemps. Cette année ça se passe du 3 au 6 avril, avec 2 jours de petits concerts gratuits dans la ville et 2 grosses soirées de têtes d’affiche. Le 5 avril deux légendes de la Roots music seront présentes : Horace Andy chanteur Reggae de 60 ans qui collabore avec Massive Attack depuis leurs débuts et Mad Professor, la référence des DJ Dub anglais qui sera accompagné du chanteur Joe Ariwa. Pour ce premier soir vous aurez également droit à Max Romeo, Johnny Clarke, Dub Pistols, Naïve New Beaters et Kanka. Le lendemain place à une ambiance plus Electro avec Etienne de Crecy, Sebastian, Don Rimini, Joris Delacroix et Popof. L’ovni Sebastien Tellier sera également présent ainsi que Stuck In The Sound, Goose et Your Happy End. + d’infos : www.lesgiboulees.com Karnaval au campus !

L’association Salamah, qui s’est spécialisée depuis près de 10 ans dans le suivi et l’accompagnement de groupes de la région savoyarde, organise le 12 avril un concert au Scarabée de Chambéry. Très ouverte musicalement, cette soirée sera à l’image de la structure. Seront présents Robert Spline (ex Spline et la mauvais herbe) et son Indie Rock en français, Lakay avec son Electro world, Uzul qui a fait évoluer son Dub plus classique vers un son Dubstep, et Captain XXI, Dj multifonction aux influences Hip Hop. Une performance de peinture live réalisée par Matt B est également prévue. + d’infos : www.salamah.fr

Le Campus de la Doua accueille de nouveau cette année le Karnaval Humanitaire du 18 au 23 mars, toujours sous chapiteau ! Comme on ne change pas une recette qui fonctionne, il sera toujours question de culture, de danse, de musique, de rires et d’émotion. Les trois derniers soirs seront placés sous le signe de la musique, avec le jeudi 21 une soirée Reggae, Musiques du Monde où se produira Salamafrica suivi de Somogo spécialisé dans la Tribal Fusion et un invité surprise. Le lendemain place à l’Electro Dub avec Volfoniq suivi de Pad Brapad et de Panda Dub pour terminer. Le dernier jour c’est soirée festive pour vous faire danser avec la fanfare Hip Hop Radio Kaizman. Santa Macairo Orkestar prendra le relais, suivi des explosifs Monstroplantes (photo) et leur electro cuivrée. + d’infos : www.karnaval.fr

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Escale Féminine à Grenoble, Lyon et Aubenas Le Festival national Les Femmes s’en mêlent se plait à Grenoble et chaque année plusieurs concerts s’y déroulent. Pour cette 16ème édition c’est carrément 5 dates de suite qui y sont organisées, du 26 au 30 mars dans 3 salles différentes, Le Ciel (26,27 et 29), la Chaufferie le 28 et La Bobine le 30. On commencera ces 5 jours avec un concert de la chanteuse de Blues Rock américain Molly Gene One Whoaman Band suivi du Rock suédois de Tiger Bell. Le 28 c’est la scène Hip Hop féminin anglais qui envahira la Chaufferie avec les 2 rappeuses RoxXxan et Lady Leshurr. Deux soirées Pop auront lieu le 27 et 29 : la première avec Kaki King et la Belge Liesa Van der Aa, la seconde avec Tiny Ruins et Peau, la régionale de l’étape. On terminera ces 5 jours avec un gros concert à la Bobine. La révélation du moment Skip & Die sera présente accompagnée de l’Electro allemande de Tubbe et du groupe taïwanais déjanté Go Chic ! Deux autres dates auront lieu dans la région : le 30 mars au Marché Gare de Lyon avec l’envoûtante et glaciale Canadienne Camilla Sparksss et le groupe de dream Pop, The Luyas. L’Ardèche aura également droit à son concert avec Christine & The Queens, Go Chic et Tubbe le 23 mars à la salle Le Bournot d’Aubenas. + d’infos : www.lfsm.net Festival Les Nuits du Loup La ville de Marcy l’Étoile (tout près de Lyon) accueille pour la 4ème année Les Nuits du Loup, festival très varié qui mélange à la fois le Classique, le Jazz, la Chanson, le Rock ou encore la musique Celtique. On retiendra trois dates de cette édition qui a lieu du 22 au 30 mars. La première, c’est le passage de Miss White & The Drunken Piano, Trio de Jazz, Hip Hop à l’énergie débordante qui sera de passage le 26 mars. Le lendemain place à l’Incredible Drum Show du duo de batteurs Fills Monkey (photo). Leur spectacle entre humour et performance musicale vaut le détour, à ne pas louper pour leur unique passage dans la région. La dernière date à retenir est le concert de la chanteuse Evelyne Gallet qui a lieu le 29 mars. + d’infos : nuitsduloup.fr

La Chanson à Lyon

Le festival les Chants de Mars fête sa 7ème édition du 14 au 24 mars. Fidèle à ses principes, l’évènement proposera des concerts, conférences, apéro-concerts, concerts jeune public, tremplins chanson, scènes ouvertes et autres bals festifs. Pour les concerts, les artistes présents lors de cette édition seront Alexis HK, Mathieu Boogaerts, Loïc Lantoine, Bernard Adamus, Michèle Bernard, Suissa, Fred Bobin, Denis Rivet, Jeanne Garraud ou encore Des Fourmis dans les Mains. + d’infos : www.leschantsdemars.com D-Viation à Albertville Nouvelle édition pour le Festival D-Viation organisé par l’association ADN à la Halle Olympique d’Albertville le 13 avril. Une seule date pour cette année mais toujours deux salles pour deux ambiances. La première sera plutôt Punk Rock avec les Sales Majestés, Gerilla Poubelle, Dr Soil et Les Cobras. La deuxième salle elle sera plutôt Métal avec Nocaine, 91 All Star, Hellixxir et Nowhere. + d’infos : facebook.com/dviation.redzone.hall.fest Festival 100 % Stoner !

La Nuit du Slam et plus si affinités ! Cette année la Nuit du Slam ne durera pas qu’un soir mais bien 5 jours, du 12 au 16 mars à Oullins. Toujours dans le but de faire découvrir le Slam à un maximum de personnes et le rendre accessible à tous, la Tribut du Verbe a donc décidé d’organiser des ateliers, conférences, spectacles et concerts. Le 12 à La Mémo aura lieu une (re)lecture Slam de Char, Bernanos et Senghor intitulée “Le temps des mots enragés”. Le 13 toujours à la Mémo place à un atelier autour du livre suivi de “conféslam” dernière création de la Tribu du Verbe. Les 14, 15 et 16 seront trois journées d’ateliers Slam au Clacson avec des initiations ou des cours plus spécifiques comme la découverte de la percussion corporelle. Le 16 au soir enfin aura lieu la fameuse Nuit du Slam avec sa classique scène ouverte, le concert de Double Hapax, le tournoi Yes We Slam et la performance Slam de Kacem Wapalek (photo), parrain de la soirée. + d’infos : www.latributduverbe.com

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Voilà un petit nouveau qui souhaite faire parler de lui : le Stone Rising Festival se déclare comme “Le seul Festival de Stoner en France”, rien que ça. On n’est pas allé vérifier mais la programmation s’annonce plutôt sympathique avec des gros noms allemands, écossais et français. L’évènement se déroulera donc sur 2 jours les 12 et 13 avril au Clacson de Oullins. Le premier soir se produiront les Allemands de My Sleeping Karma suivis de Loading Data, Cosmic Death et Kaylz. Le lendemain place à Kadavar, Abrahma, Mars Red Sky et Slut Machine. + d’infos : stonerisingfestival.com


DISCUSSION

P KUNG FU LE RA

Liqid & Tcheep

Ninkasi Kafé 15/02/201 Par Jagunk / Photos : Kym3

mo

De gauche à droite : Liqid, Arom et Tcheep

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009 : feu Les Gourmets (un des groupes de Rap les plus actifs et talentueux de ces dernières années dans la capitale des Gaules) sort l’album “Tout Doit Disparaître”. Un titre malheureusement annonciateur, puisque le groupe se séparera l’année suivante. Mais deux d’entre eux ont malgré tout décidé de continuer l’aventure musicale, en créant un nouveau duo beatmaker-rappeur, sous leur précédent nom de scène : Liqid & Tcheep. C’est donc armés de questions en tous genres que nous sommes allés à leur rencontre au Ninkasi Kafé, afin d’en savoir plus sur leur nouveau duo, leurs projets personnels, et une certaine structure appelée Mutant Ninja. ZYVA : Je pense que les trentenaires de la région connaissent bien Les Gourmets ; par contre, pour les plus jeunes, il faudrait que vous vous présentiez. Liqid : Tu crois que les moins de 30 ans ne connaissent pas Les Gourmets ? Z. : Disons entre 25 et 30 (rires) ! L. : Ouais, donc effectivement, nous sommes Liqid & Tcheep, deux anciens membres de feu Les Gourmets, un groupe de Rap de Lyon qui était en activité de 2002 à 2010. Avec Les Gourmets, on a sorti pas mal de projets : “Fini D’Planer”, un E.P. Cd en 2004 ; “Le Plus Gourmand”, une mixtape internet ; “Trop Jeune Pour Mûrir” qui était notre premier vrai album, en 2006 ; “Soyons Sales”, sorti en vinyle en 2008 ; et “Tout Doit Disparaître”, en 2009… Avec un nom assez prémonitoire, car le groupe a cessé ses activités en 2010. Z. : La raison ? Tcheep : Divergence musicale ! L. : On a commencé, on était très jeunes et on a tous eu envie à un moment donné de faire notre vie de notre côté... T. : On n’avançait pas tous au même rythme non plus, donc voilà... Puis on avait envie de faire des choses différentes, aussi. Z. : Du coup, vous vous êtes dit : pourquoi ne pas continuer ensemble ? T. : Ouais, disons que naturellement, on a continué à

pas mal traîner ensemble, à s’échanger du son. Je lui envoyais des prods et lui, il kickait dessus. Du coup, on en est venu à faire un album qui, j’espère, sortira cette année. Ça s’appellera “Imbéciles Heureux”. L. : Tout est parti d’un morceau qui nous a donné envie de faire un album en entier. Et puis, disons qu’à la fin de tout groupe, il y a toujours un moment de blanc qui suit, ou alors tu fais des trucs tout seul dans ton coin. Petit à petit ensuite, l’envie de faire de la musique avec tes potes, de faire de la scène revient, et ça installe une petite dynamique. Après, autour de ça, on ne se voyait pas partir tous les deux, tous seuls, en conquérants, donc on a créé un collectif, qui s’est fait de lui même en fait, et qui s’appelle Mutant Ninja. Dedans, il y a Bonetrips, Andy Kayes, Arom,... Ca nous permet de sortir nos projets plus facilement, d’organiser des soirées,... Ca nous permet aussi d’avoir chacun nos projets solos en parallèle. D’ailleurs, le premier projet qui va sortir, c’est l’E.P. vinyle de Tcheep d’ici peu. Ensuite, il y a mon E.P. solo, “Liqid Contre Le Reste du Monde”, dans les prochains mois. Pareil pour Arom et son E.P. “John Connor”,... Z. : Et qu’est-ce qui différencie Liqid ? Tcheep ? Et Liqid & Tcheep ? L. : Bah, disons que Lidiq & Tcheep avec “Imbéciles Heureux”, le projet reflète bien l’état d’esprit dans lequel on l’a fait. Ça a été super spontané, ça s’est fait très vite. Il a un côté vraiment à l’ancienne, freestyle et pas prise de tête du tout. Même la production et la réalisation du disque ont été très simples. Moi je rentrais en studio, je

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faisais une prise, voire 2, et c’est tout. Il y a plein de morceaux sur lesquels il n’y a pas de back. Ça donne un truc super brut. T. : Il y a une véritable couleur dans les morceaux qu’on a faits ensemble. Alors que par exemple, sur l’E.P. de Liqid, il a pris d’autres styles de son qui donnent un rendu vraiment différent de Liqid & Tcheep. L. : Et toi, sur ton projet, tu travailles avec d’autres rappeurs, donc...

“Si on veut vraiment être précis sur notre son commun, disons qu’on reprend souvent des samples de Kung-Fu à l’ancienne, donc on peut dire que c’est un peu Kung-Fu Jaz zy” Z. : Oui, voilà, c’est ce que je voulais demander à Tcheep. Pour ton projet, tu travailles avec d’autres gens, c’est ça ? T. : Oui, oui, c’est ça. J’ai travaillé avec différents rappeurs, mais à l’avenir je voudrais me concentrer sur des projets plus instrumentaux. J’aime beaucoup écouter des instrus seules, c’est un truc qui me tient à cœur. Mais pour revenir à ta question de départ, en gros Liqid & Tcheep, ça sonne comme on t’a dit : assez brut. Tcheep tout seul, ça sonne différemment, et Liqid pareil, il a sa patte. D’ailleurs, sur scène, tu vas pouvoir t’en rendre compte, car dans notre set, il y a de tous les projets.

L. : Après, si on veut vraiment être précis sur notre son commun, disons qu’on reprend souvent des samples de Kung-Fu à l’ancienne, donc on peut dire que c’est un peu Kung-Fu Jazzy (rires) ! T. : Ouais, c’est absolument ça ! C’est cool comme définition, on la reprendra (rires) ! Z. : Et pour toi, Liqid, est-ce qu’on peut dire que ton son est légèrement plus “pop” ? Tu acceptes cette étiquette ? L. : Oui, j’accepte ! Je suis pour, mais je ne m’en suis pas forcément rendu compte. Z. : C’est une impression générale, autant dans le son que dans l’imaginaire. L. : Oui exact, mais ça vient aussi de mon écriture qui est très influencée par ce qui m’a entouré lors de mon adolescence. Donc évidemment, ça va parler à tous ceux qui ont vécu en même temps que moi. C’est un peu la culture Pop, quoi !

“Quand on était avec Les Gourmets, on a vu de loin ces de qu’était l’univers des maison disques... Ca te donne qu’une seule envie : arrêter de faire de la musique !” Z. : Et dernièrement, on a pu te voir sur une vidéoweb de Piège de Freestyle (ndlr : une émission qui fait rapper les Mc’s sur des sujets d’actualité sur internet), comment ça s’est passé ? L. : En fait, le gars qui fait les Piège de Feestyle, Antoine Smith, c’est un mec qu’on connaît depuis un moment. Il avait réalisé un clip des Enfants des Ténèbres (ndlr : projet de Tcheep, Arom et Blazé, un Mc de Lille). Et aussi, Tcheep avait fait une ou deux prods pour les premiers Piège de Freestyle. Z. : Et c’est un exercice qui t’a plu ? L. : Oui, carrément. Et puis un truc dans lequel tu as des contraintes, c’est toujours bien. C’est un défi. Surtout quand tu n’as que 4 mesures pour traiter de la guerre au Mali ! Moi d’habitude, je suis habitué à parler de jeux vidéo, et de ma tristesse profonde et personnelle. Donc sur des sujets un peu plus globaux, plus sérieux, je n’ai pas envie de dire de la merde. C’est aussi pour ça que je ne me risque pas souvent à faire des morceaux avec des thématiques trop lourdes, que je sens que je ne maîtrise pas forcément. Z. : Donc finalement, ça t’a donné envie d’en faire plus, ou pas ? L. : Bah non, pas forcément (rires) ! Mais j’ai kiffé le faire.

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en live, on a aussi “On a aussi un tout un gong, ce qui va bien va i qu ce , ng go avec notre esprit Kungbien avec notre Fu (rires), et moi j’ai petite application esprit Kung-Fu une magique. On va développer ça petit à petit. (rires)”

Z. : Je reviens un peu sur le délire Mutant Ninja. Au final, ce collectif vous permet de maîtriser totalement les différentes phases de la diffusion musicale ? T. : Oui, c’est clair, après ce n’est que le début... Malgré tout, on voulait vraiment sortir ces trucs en indépendant, sortir les projets qu’on veut, et l’organisation de soirées est venue comme ça, sur le tas, sans trop se poser de questions. Pour l’instant, ça se passe plutôt bien. L. : En plus, on a vraiment envie de sortir des trucs style objets collectors, formats originaux,... T. : On est des gamins jusqu’au bout et c’est pour retrouver un peu ce qu’on avait en enfance, avec un esprit un peu collectionneur. L. : Des trucs qu’on kiffe sur des labels comme Death Row, Strange Music,... Et puis quand on était avec Les Gourmets, on a vu de loin ce qu’était l’univers des maisons de disques... Ca te donne qu’une seule envie : arrêter de faire de la musique ! Et puis quand tu as enlevé le facteur argent de ta tête, vu le style de musique que l’on fait, c’est plus facile ! On est un peu des fondamentalistes ! T. : C’est pour ça que tu te laisses pousser la barbe, d’ailleurs (rires) !

Z. : Un mec comme Orelsan, ça doit te parler alors, ce qu’il fait avec son personnage un peu looser et ses nombreuses références geek et années 90 ? L. : Ouais carrément. Par contre, je n’ai pas écouté son album en entier. Le Raelsan, par exemple, était vraiment mortel, mais les morceaux plus Pop, ça me parlait moins. T. : C’est vrai que Raelsan est vraiment mortel ; par contre, le reste est moins bon, je trouve. Je ne sais pas si c’est dû à sa maison de disques ou pas. L. : C’est vrai que lui est signé, il n’est pas chez Mutant Ninja (rires) ! Il faut qu’il passe en radio, nous on s’en fout ! Après, même avec ce compromis-là, il s’en sort pas trop mal, je trouve. Titre d’un autre artiste ou d’un groupe qui pourrait vous représenter vous ou votre musique : Dr Octagon (projet solo de Kool Keith) – Blue Flowers Parce que la prod, quoi ! Un truc mi-onirique, mi-triste, mi-perché. On passe par beaucoup de sentiments différents sur ce morceau. C’est une vraie référence pour nous deux. Et en plus (ndlr : attention, exclusivité ZYVA !) on aura Kool Keith dans les featurings de l’album.

Z. : Et sur scène, ça se passe comment, Liqid & Tcheep ? L. : On voulait un live qui bouge, même avec nos petits moyens. Donc par exemple, Tcheep a 2 MPCs et il joue

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Mister Modo & Ugly Mac Beer feat. Liqid (45T EP) soundcloud.com/liqid

DR

Z. : Et au niveau des thèmes abordés, tu t’es dirigé vers quoi ? L. : Alors, on a un morceau qui parle de Kung-Fu, parce que c’est important (rires), et puis le reste ça correspond au thème “Imbéciles Heureux”. C’est pas mal de morceaux de loosers sublimes. C’est un peu mon délire dans la vie de manière générale (rires). C’est un terrain que je maîtrise assez bien.


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ZOOM SUR LE LOCAL

LYON Who’s ready to rumble ?

Du 06 au 17/03

Par Violette

A

vis aux amateurs de Bass Music (mais pas que !), le Rumble Festival est de retour pour une troisième édition et ce du 6 au 17 mars. Une première édition très ambitieuse a eu lieu en 2011, truffée d’artistes incroyables, mais en manque cruel d’affluence. La revanche de 2012, s’est avérée plus que réussie ; un sans faute grâce aux concerts complets chaque soir. Qu’en sera-t-il pour la belle ? Cette édition s’articule autour de plusieurs soirées, dont une nouveauté ; une Happy End le dimanche soir, histoire de ralentir la cadence en douceur avec un peu d’Abstract / Hip-Hop. Ce sont plusieurs structures lyonnaises qui ouvriront le bal avec des cartes blanches à Jarring Effects et Airflex Labs, entre autres. Le gros du festival ; les deux soirées principales au Ninkasi Kao le vendredi et au Transbordeur le samedi. Des têtes d’affiches comme Andy C pour la Drum & Bass, style très timide cette année, Hudson Mohawke & Rustie, un duo de chez Warp rarement formé ou encore la Sound Pellegrino Thermal Team, pour ainsi dire la House de Teki Latex et Orgasmic. Mais pas seulement.

Du 28/03 au 28/04

U

C’est justement là qu’est la différence ; le reste de la programmation nous dévoile des noms que l’on qualifiera sûrement de “belles-découvertes” après l’événement, alors qu’en outre-manche, ces artistes sont déjà de “belles-révélations”, qu’il s’agisse de Trap, Deep House ou UK Garage. Vous l’aurez compris, le monde de l’électronique ne s’en tient pas qu’aux décibels. C’est pourquoi plusieurs expositions, en musique bien sûr, auront lieu un peu partout dans la ville, dès le mercredi 6. Sans oublier le VJing de Wiiskiller Krew et bien d’autres, atout désormais indispensable à l’atmosphère du rendez-vous. Un travail de qualité et de diversité à tous les niveaux, en synergie avec maintes associations locales ; c’est ce à quoi travaille l’équipe de Totaal Rez depuis septembre. Maintenant, c’est à vous de jouer. + d’infos : totaalrez.com

Le Printemps du Rap

ne décennie de Rap, ça se fête ! Et cette année encore, l’Original Festival propose un large panel d’artistes Hip-hop plus ou moins différents. On commence par les choses qui fâchent, avec le retour dans la programmation d’Oxmo Puccino et de 1995, déjà présents en 2011. On peut, à juste titre, se demander s’il n’y a pas assez d’artistes de renom en France pour que deux groupes comme ceux-là se payent le luxe de revenir 2 années consécutives… Bref, passons au reste de la programmation qui, ne soyons pas mauvaise langue, reste de qualité. Jugez plutôt : une sélection qui sent bon la fin des années 80 et le début des années 90, avec Public Enemy, Kery James, Psy 4 de la Rime, Disiz, Scred Connexion, Rocé, les Sages Poète de la Rue, Triptik ou encore MF Doom. L’Original a donc décidé de fêter ses dix ans en rappelant les anciens. Ça permettra à ceux qui les ont oubliés de leur rafraîchir un peu la mémoire, et aux plus jeunes de découvrir ceux qui ont contribué à faire du Rap français ce qu’il est aujourd’hui. Espérons seulement que ce ne soit pas des come-backs financiers qui

Par Jagunk

proposeraient une parodie de spectacle pour cinquantenaires en mal de variété française d’antan, du type “Age Tendre et Tête de bois”. Pour ceux qui ont peur d’un tel revival, on ne saurait que trop vous conseiller d’aller voir Akua Naru le 28 mars au Transbordeur. Une globetrotteuse venue tout droit de Philadelphie, accompagnée de son live band Digflo, qui ravira nos oreilles de son univers musical dépassant allégrement les cadres du Hip-hop conventionnel. Ça fait du bien aux tympans ! Du coup, si vous venez voir l’Américaine, vous pourrez profiter du talent de Cody ChesnuTT, qui se produit le même soir, et vous laisser bercer par ses titres Soul, Blues, R’n’B, Folk et Funk. Et si vraiment il vous reste encore un peu de jus pour vous refaire une soirée, et que votre banquier ne vous fait pas la tête, vous pouvez aller au Ninkasi Kao le lendemain pour profiter du flow rageux de la Suissesse La Gale, accompagnée de l’ex Saïan Supa Crew, Vicelow, ou encore du “rookie” Deen Burbigo. Pour le reste, plus d’infos : loriginal-festival.com

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Du 29 au 31/03

T

Tu prends tes Boules Quies ou pas ?

oujours étalé sur 3 jours, situé au beau milieu du complexe étudiant villeurbannais de La Doua et très facilement desservi par le tramway, le Reperkusound reste un rendez-vous printanier à ne pas manquer. Niveau programmation, on est quand même assez bien servi et on en a pour notre argent si on aime un tant soit peu la musique qui tabasse ! Vendredi, ça commence fort. Les Bloody Beetroots sont de retour ! Ceux qui étaient là en 2010 peuvent témoigner de leur prestation plutôt explosive (et je pèse mes mots), on peut donc fortement parier sur une prestation de la même ampleur. Ils seront accompagnés de Feadz, estampillé Ed Bangers et à tendance Electro-Hip-hop, ainsi que de l’allemand Fukkk Offf, le psychopathe des remixes en tous genres. Ça, c’est pour la partie du haut ; le bas sera réservé à la structure ED’n Legs et son univers plutôt Techno Minimale, avec Dusty Kids, Tiefschwartz ou encore N’To. Samedi, on passe à tout autre chose avec une sélection à la fois Drum’n’bass, Hip-hop et Hard-Core. Dans le désordre, les Australiens de Pendulum viendront passer quelques disques (dommage, car en live, ils sont vraiment très bons), pareil pour le Russe aux influences anglo-saxonnes Dj Vadim et ses ambiances Hip-hop Jazz ; ou encore les Micropoint, formation pionnière du mouvement Hard-Core. A signaler pour ceux qui s’en

Par Jagunk Photo : Kymmo

souviennent encore : la reformation pour l’occasion du duo de choc : Karlit & Kabok. Un grand moment à base de Moustafette. Dimanche, on repasse à quelque chose de plus “ lisse “. On passe vite sur le fait que Skip The Use et Yuksek sont des habitués de Lyon (les premiers sont passés dans le cadre du festival Just Rock en octobre dernier et en janvier 2013 au Ninkasi Kao, et le deuxième à Hypnotik en octobre) et on s’intéresse aux autres. Il y aura notamment la venue de Rappeur Abstract Grems, l’Electro-Disco festive du duo Jupiter soutenu par Kitsuné, et les improbables punks Sexy Sushi qui font revivre l’esprit de l’Electroclash. Par contre, soyons franc ! Le Reperkusound présente quand même quelques désavantages : une proportion importante de personnes qui viennent juste d’avoir leur majorité, le taux d’alcoolémie avancé de ces mêmes personnes (et de ce fait, qui ne tiennent pas l’alcool), d’où des situations assez burlesques, voire pénibles. La mauvaise configuration du site du Double Mixte entraîne aussi des files d’attentes conséquentes lors des changements de salles. Passés ces désagréments, on prend les Boules Quies dans sa poche, son Doliprane et on se bouge à la Doua. La vie est courte. + d’infos : reperkusound.com

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ZOOM SUR LE LOCAL

Bourgoin-Jailleu

Du 02/03 au 20/04

Programmation hybride et assumée !

I

l est évident que devant le flot de festivals qui se profile à l’horizon, il est difficile, pour le fan de musique, de trancher. Malgré tout, s’il y a bien un festival qui se démarque des autres dans la région, c’est Electro Choc. Organisé depuis 2006 par les Abattoirs de Bourgoin-Jallieu, l’évènement rayonne désormais sur un vaste territoire, allant de la Capi (la Communauté d’Agglomération des Portes de l’Isère) à Annemasse (au Château Rouge), en passant par Saint-Etienne (à la salle du Fil). Alors pourquoi cet événement est-il si particulier ? Déjà, parce qu’il intègre une large partie d’arts numériques, ce qui habille considérablement la partie musicale. Cette année, Electro Choc s’est acoquiné à CreArtCom et nous donne rendez-vous avec un thème appelé “Territoires Infinis”. Au programme, comme souvent : la direction artistique des arts numériques, l’écriture et le montage des actions pédagogiques, la conception scénographique de l’exposition globale et la création de l’œuvre centrale du festival. Mais Electro Choc, ce n’est pas que ça. C’est aussi une programmation musicale assumée, en dehors des sentiers battus, qui ne vise pas à tout prix la tête d’affiche “hype” du moment. Et ça, ça change tout, puisque ça permet au public de découvrir des artistes qui passent peu dans la région. Et rien que pour ça, ça vaut le coup de se déplacer. Au hasard, voici quelques dates à ne pas louper : Le 23/03, au Fil à Saint-Etienne : mis à part Brain Damage et Dub Invaders ultra connus, Virus Syndicate apportera sa touche Grime venue de Manchester. Maz-

Par Jagunk / Photo : Kymmo tek (pote de Dope D.O.D.) représentera quant à lui l’Italie avec un son plutôt Drum’n’bass, Breakbeat, et le Grenoblois Kptn Nemo viendra nous présenter son univers apparemment ultra-éclectique. Le 06/04, aux Abattoirs à Bourgoin : la présence de Dj Cam est déjà en soi une chose à ne pas manquer, mais la deuxième partie de soirée l’est tout autant avec la projection de The Snorks : A Concert for Creatures. Imaginez : un projet vidéo hybride qui réunit des experts, artistes, scientifiques du monde entier pour filmer les fonds marins, et même entrer en contact avec des créatures abyssales vivant dans le noir absolu, le tout musicalement accompagné par le groupe Antipop Consortium. Incroyable, non ? Le 13/04, aux Abattoirs à Bourgoin : c’est la soirée 100% Hip-hop d’Electro Choc, avec que du bon : La Fine Equipe, l’expérimenté Dj Fly, le récent champion du monde 2011 DMC, Dj Nelson, les Toulousains de Dilemn, et surtout Juke Box Champions, deux mordus de MPC qui, à l’instar de Tha Trickaz (pour les plus connaisseurs), font en sorte que le public voie ce qu’ils font en direct avec leurs machines. Énorme ! Le 19/04, aux Abattoirs : la soirée Ninja Tune. C’est tellement rare qu’on se doit de le signaler avec The Herbaliser, le Californien Daedelus et son look dandy, et surtout la moitié de Coldcut, Matt Black, le boss du label qui devrait normalement nous sortir un Dj et Vj set à l’image du collectif. A ne pas rater ! Pour le reste, rendez-vous sur electrochoc-festival.com et soyez prêt à vous en prendre la vue... et les oreilles !

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Grenoble

P

La cuvée grenobloise : un très bon cru !

lanqués au fond des bars, dans quelques caves ou autres bibliothèques, les petits musiciens isérois triment dur pour se faire entendre et n’y parviennent pas toujours. Heureusement, Dynamusic met tout en œuvre (ou en tout cas le maximum) pour que leurs voix puissent résonner outre la cuvette grenobloise. Cette année, l’association a reçu près de 80 candidatures pour sa compilation de talents locaux : un peu moins que les précédentes éditions mais suffisamment pour prétendre à un 17 titres éclectique et représentatif du son dauphinois. Sur ce douzième volume, on retrouve nos copains de Chocolate Pain et leur Rock Noise qui décoiffe mais également le collectif de rappeurs Contratakerz dont on n’a pas fini d’entendre parler. Il y a aussi Apple Jelly, les Barbarins Fourchus et Djemdi ; The Hankies, LCS et Nabil Baly Othmani : soit tous les mecs qui font vivre et virevolter la scène grenobloise, judicieusement accompagnés de petites pépites surprises des plus sirupeuses. Benoît, directeur de l’asso, avoue que les choix sont souvent difficiles : “À un moment, on se dit qu’on ne peut pas tous les prendre ! Après c’est des sélections

Par Anto

classiques, ça se fait au coup de cœur ou au son !” Alors les sessions d’écoute se succèdent, d’abord à l’aveugle puis le dossier de presse en main. Les jurés, subtil regroupement de programmateurs, d’ingés son et d’oreilles vierges, s’acharnent dans des débats sans fin et n’hésitent pas à défendre leurs convictions corps et âme : “Parfois ça finit au doigt levé et à la fin ça se frite un peu gentiment !” confie Benoît. De ce long travail d’écoute et d’écrémage naissent 1000 exemplaires physiques, pressés POUR DE VRAI et vendus entre 5 et 10 €. Une aventure périlleuse quand on connaît l’état actuel du marché du disque : Benoit le sait mais s’en contrefout. Pour lui, le support n’est pas une fin en soi, ce qui compte c’est que les locaux puissent se développer : “On fait beaucoup d’accompagnement artistique, d’économie solidaire, de formations, d’envois aux médias […] C’est de la promo aussi. On met en relation les pro avec les groupes. Le but c’est qu’ils soient diffusés et que les gens découvrent les artistes !” Puis, avec un peu de chance, les gens en profiteront pour voir ce que ces Grenoblois ont dans le ventre sur scène ! + d’infos : dynamusic.free.fr


Vincent Arbelet

DISCUSSION

Vitalic

Le loup solitaire Au téléphone, le 14/02/13 Par Alizée Photos Live : Brice Robert

D

ouze ans se sont écoulés depuis le “Poney EP” qui aura valu à Vitalic sa première signature sur le label de DJ Hell, International Deejay Gigolo. Depuis, ce loup solitaire a poursuivi sa voie à travers les montagnes aventureuses de la musique électronique, faisant fi des obstacles Disco et autres fleuves de nappes synthétiques, fonçant dans le tas à grands renforts de basses calibrées. ZYVA a passé un coup de fil à Vitalic, qui défend bec et ongles son dernier album, à l’attitude Pop assumée.

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ZYVA : Rentrons tout de suite dans le vif du sujet : ton dernier album est un peu schizophrène, non ? Des turbines à la Bloody Beetroots par-ci, des nappes à la Jean-Michel Jarre par-là… On a l’impression d’un truc à la fois très brutal, mais en même temps très romantique. Est-ce que je plane ou… ? V. : Non, tu ne planes pas, c’est vrai qu’il y a de ça… C’était aussi le cas sur mon dernier album, d’ailleurs. Le côté dur était plus inspiré de Rock et de Punk sur le premier album, là c’était plus la Techno. Sur le premier, il y avait aussi des orgues et des choses plus calmes. Il y a cette dualité dans toute ma prod, sauf que sur cet album-là, l’écart est vraiment très grand. Du coup, on sent plus la différence entre les deux. A chaque fois que je sors un LP, il y a un petit moment de latence où les gens se disent : “mais qu’est-ce qu’il a voulu faire ?”. Après, ça s’installe, et on voit où je voulais en venir. Z. : C’est parce-que tu dois te réapproprier tes machines à chaque fois aussi, non ? V. : C’est plus parce que mes goûts évoluent, j’ai mes périodes : mes périodes Rock, mes périodes Disco… Je suis une véritable éponge de ce que j’écoute. Et puis, je n’ai pas envie de me répéter ou de faire deux fois le même disque. Z. : Alors, figure-toi qu’en faisant mes recherches, j’ai appris que c’était le collectif 1024 Architecture qui s’était occupé de la scénographie de ton dernier live, VTLZR ; le même qui a créé le Beats’N’Cubes d’Etienne De Crécy. V. : Oui, c’est le même collectif qui a travaillé sur nos lives, et c’est vrai qu’on retrouve une patte. C’est pas le même résultat, évidemment. 1024 s’adapte au son et à ce que le musicien a envie de dire. Sur la tournée V Mirrors, la musique était plus calme, plus suspendue, apaisée, donc la scénographie (ndlr : également orchestrée par 1024 Architecture) était aussi adaptée. “Rave Age”, c’est plus un album pour les festivals, pour faire danser. Ce n’est donc pas le même résultat sur VTLZR. Et puis tout de même, c’est un gros synthétiseur de lumière, très nerveux, très puissant, donc ce n’est plus du tout le même angle d’approche, c’est plus du tout le même résultat. Z. : Et toi, tu prends part à l’élaboration de la scénographie ? V. : Bien sur ! On en discute ensemble, on écoute la musique ensemble. Je ne pensais pas du tout, au départ, embaucher deux musiciens sur la tournée, donc on en a parlé. On discute des concepts ensemble et on s’adapte. Z. : Justement, à propos des mecs qui t’accompagnent sur scène (ndlr : un batteur et un claviériste) : qu’est-ce qui s’est passé ? C’est le côté “groupe de Rock” qui te manquait ? V. : J’aime bien l’idée d’être ensemble sur scène, ça faisait très longtemps que je tournais seul, en tous cas sur

scène. J’aimais l’idée d’être en équipe, même si c’était à la technique ou dans les loges, ou encore avec 1024. L’idée, c’était surtout de contrebalancer le côté très technologique de la pluie d’écrans LCD par quelque chose de plus humain. Pas juste envoyer des lumières qui clignotent en rythme avec la musique, mais que le show soit aussi balancé par des musiciens, pour un show plus complet. Et aussi pour le fun, pour moi. Z. : Tu trouves que ça manque d’humain dans les lives aujourd’hui ? V. : Ca fait un petit moment qu’on voit des scénos, mais on voit aussi des musiciens. Les Bloody, justement... C2C, Birdy Nam Nam... Mais disons qu’en ce qui me concerne, ce n’était pas ce qu’on attendait de moi. Moi, je suis plutôt le loup solitaire.

“Je fais souvent exactement le contraire de ce que je dis.” Z. : Mais n’est-ce pas ce qu’on devrait attendre de toi, au final ? L’inattendu ? V. : Oui, peut-être, je fais souvent exactement le contraire de ce que je dis. C’est une façon de bouger et de ne pas s’encroûter. Pendant des années, j’ai dit que je jouerais en live et que je ne ferais jamais le DJ. Et puis un jour, je me suis dit que je tenterai, et que si ça me plaisait, je ferais des sets ! Pareil avec les musiciens, ou avec la scénographie. Pareil avec le côté Pop sur l’album, ce n’était pas quelque chose qu’on attendait du tout. Le prochain pourrait être sans aucun guest ou sans voix. Z. : Tout le monde dit qu’on ne s’attendait pas à quelque chose d’aussi Pop, mais je trouve qu’il y a toujours eu un côté Pop très assumé dans ta musique. V. : Je ne sais pas… Tu sais, tout le monde a son angle de vue. Comme il y a du temps qui passe entre chaque album, j’ai l’impression que mes évolutions sont normales puisque je les vis doucement, avec le temps. Donc forcément, je ne m’attends pas à ce que ça fasse de grands écarts à chaque album. Mais oui, moi aussi je trouve que j’ai toujours fait de la Pop. J’ai toujours fait des chansons. J’aime bien utiliser des voix. Sur cet album-là, il n’y a pas de vocodeur, les voix sont nues, et je pense que c’est peut-être ce qui a dérouté les gens. Z. : En même temps, les voix nues, c’était aussi les voix House des nineties, donc c’est quand même la base…

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“Très honnêtement je ne connais pas Korn ! Je n’ai jamais écouté ce qu’ils font, le nom me dit juste vaguement quelque chose.”

Paléo festival 2010 / Par Kymmo

V. : Je n’ai pas pensé en termes de genres. D’ailleurs, je n’ai jamais vraiment fait de House. J’ai juste pensé à ce que j’avais envie de faire, en fait. C’est pour ça qu’on passe de No More Sleep, avec des turbines un peu méchantes, à Fade Away, qui est une chanson Pop un peu plus sucrée... C’est juste ce que je ressentais sur le moment. No More Sleep, c’est simplement parce que je n’arrivais pas à dormir sur plusieurs jours, donc j’étais sur les dents. Fade Away, c’était juste après une soirée. Donc voilà, les morceaux ne sont pas calculés. On dit de cet album qu’il est commercial, mais en fait il ne l’est pas. J’ai fait de la musique pendant un an, et je ne réfléchissais pas à un public particulier. C’était juste fluide. C’est donc un album à tiroirs, mais ça me convient. Les autres l’étaient plus ou moins aussi, d’ailleurs. Z. : Ce n’est pas un secret : tu es né à Dijon et tu y habites toujours. Est-ce que tu étais un habitué de l’An-Fer ? (ndlr : célèbre club de musique électronique dijonnais, fermé en 2002, où de grands noms tels que Jeff Miles, Laurent Garnier ou Daft Punk, entre autres, se sont produits)

V. : C’était ma deuxième maison, du jeudi au dimanche. De ‘97 à 2001, j’y étais vraiment tout le temps. Z. : Il y a un rapport avec “Rave Age” ? V. : C’est vrai que le côté Techno peut faire penser à ça. Mais “Rave Age” ne correspond pas à ça, c’est plus un truc un peu hippie. Le côté “délire” (rave, en anglais) et puis “age” pour le côté “être ensemble”. C’est ce que dit la pochette, d’ailleurs. Z. : Je voyais plus un clin d’œil aux raves, à l’époque Heretik, tout ça... J’étais complètement à côté de la plaque ! V. : Non, c’était une bonne idée ! (Rires) Mais non, ce n’était pas ça… Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait te représenter toi ou ta musique : Kelsh - All That Matters. Parce que je suis dans une période un peu hippie : la chaleur, le voyage… Dansant et mélancolique. Complètement à l’opposé de ce que je fais, d’ailleurs !

Discographie : www.vitalic.org

Ok Cowboy - 2005

Flashmob - 2009

V Live - 2007

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Rave Age - 2012



LYON

03/04

Balthazar (Rock) Ninkasi Kao / 20€ / 20h

11/04

19/03 21/03

Joe Bel (Chanson/Folk) Le Radiant / 9€ / 20h

Alice Russell (Soul) Epicerie Moderne / 16€ / 20h30 Bonaparte (Electro-pop) Marché gare / 13€ / 20h30

23/03

Foals (Pop/Rock) Transbordeur / 30€ / 20h

19/04

Disiz + Kefyr (Rap) Le Fil / 20€ / 20h

CHAMBERY

BOURGOIN JALLIEU

20/03

Datune + Mad Professor (Reggae) Les Abattoirs / 16€ / 20h30

Les doigts de l’homme (Jazz/ Chanson) Le Totem / 15€ / 20h30

ANNECY 7/03

The Ex (Rock) Le Brise Glace / 14€ / 21h

15/03

Buridane + Mesparrow (Chanson) Le Brise glace / 14€ / 21h

28/03

Jil is lucky + Julien Pras (Folk) Le brise glace / 16€ / 21h The Ataris (Métal) Marquise / 17€ / 19h

24/04 28/03

D.A.D + Bukowski (Métal) Ninkasi Kao / 25€ / 19h

Rammstein (Métal) halle Tony garnier / 60€ / 20h

30/03

L’Original festival: Keny Arkana + Rocé + Scred Connexion (HipHop) Transbordeur / 27€ / 19h

And also the trees (Rock) Le Ciel / 12€ / 17h30

9/03

Neil Dixon (Rock progressif) Le Totem / 22€ / 20h30

16/04

28/04

GRENOBLE 04/03

The Skints (Reggae) L’Ampérage / 10€ / 20h

27/03

Les Femmes s’en mêlent : Kaki King + Liesa Van Der AA (Rock) Le Ciel / 12€ / 20h30

28/03

Punish Yourself (Métal) La Bifurk / 16€ / 20h30

15/03

22/03

Casey + La Gale + Ladea (Rap) Les Abattoirs / 15€ / 20h30

06/04

Festival Electrochoc : Antipop consortium (Hip-hop) Les Abattoirs

19/04

Festival Electrochoc : Coldcut + Daedelus + The herbaliser (Electro) Les Abattoirs / 22€ / 20h30

20/04

Festival Electrocho : Black strobe + Chet Faker + DJ Kentaro + Ebony Bone (Electro) Les Abattoirs / 22€

AUBENAS 23/03

Les femmes s’en mêlent : Christine and the queens + Go chic + Tubbe (Electro) Centre culturel le Bournot

29/03

Lo’Jo (Chanson) Centre culturel le Bournot / 15€ / 20h45

BOURG EN BRESSE 30/03

Diego Pallavas + One thousand directions + Tringles (Métal/ Punk) la Tannerie / 11€

05/04

Melissmell (Chanson) Théâtre de Bourg / 3 à 26€ /20h30

ST ETIENNE

MACON

23/03

Festival Electrochoc: Brain Damage + Dub invader (Electro) Le Fil / 20€ / 23h

02/04

Hypocrisy (Métal) Le Fil / 23€ / 19h30

10/04

Puggy (Pop/Rock) Le Fil / 25€ / 20h30

facebook.com/zyvamag

27/03 30/03

Les femmes s’en mêlent : Go Chic + Skip&Die + Tubbe (Electro) La Bobine / 10€ / 20h30

24/04

Jean-Louis Murat + Olivier Depardon (Chanson) La cave à musique / 26€ / 20h

05/04

Mathieu Boogaert (Chanson) La cave à Musique / 16€ / 21h

AN Pierlé (Folk) Le Ciel / 12€ / 20h30

Photos : Kymmo


CHRONIQUES CD SHADOW CIRCUS | On a Dark and Stormy Night

Circuit BrEakers | Fragmented reality

Label : 10t Records

Label : Nono RecordsMusik

Un concept album de rock symphonique tout ce qu’il y a de plus classique mais qui reste dans votre lecteur toute une semaine. Ce disque est basé sur le fameux roman de science-fiction / heroic fantasy de Madeleine L’Engle, “A Wrinkle in Time” (Un raccourci dans le temps), à l’occasion du cinquantième anniversaire de la publication originale. “A Wrinkle in Time”, roman écrit pour les ados, a en effet été publié en 1962. Shadow Circus est un groupe américain de rock symphonique et c’est leur troisième disque. Qui sont donc ces gars-là ? Après 15 ans de musique dans différentes formations de New York, le guitariste John Fontana décide de composer de la musique qui fleure bon la grande époque du prog, les seventies. Son compère, le batteur Corey Folta, insiste pour que sa musique soit interprétée par un groupe. Ils rencontrent le chanteur David Bobick. Le savant mélange de la voix rock de David et de son expérience dans le domaine du théâtre fait merveille, ajoutant de la sensibilité ainsi qu’un élément dramatique. Alors qu’ils répètent pour leur premier CD, le combo recrute le bassiste Matt Masek et le claviériste Zach Tenorio, qui à 17 ans a déjà joué avec Keith Emerson (ELP) et Rick Wakeman (Yes), pas moins ! Cette formation publie son premier opus, “Welcome to the Freakroom” (2006), puis “Whispers and Screams” en 2009, deux très bons albums. Mais rien ne pouvait présager un tel chef d’œuvre. A la fois des échos de Yes et de Pink Floyd viennent à l’esprit. Un concept fantastique, une musique innovatrice avec une texture 70’s, un style complexe et de multiples dialogues musicaux, des atmosphères et des effets prenants, des vocaux expressifs, des solos à couper le souffle... Chapeau bas ! Roland Roque

Circuit Breakers est né de la rencontre entre un vieux loup de la Trance Progressive, Dickster, et de Burn in Noise, plutôt tourné vers la Psytrance, qui écume les festivals Trance depuis presque dix ans. Signés chez le label britanique Nano Records, les deux compères ont produit un EP très prometteur en 2010, “Overload”. Leur premier album “Fragmented Reality”, sorti en janvier, poursuit la même voie : une Trance Progessive très électronique, aux sonorités plutôt occidentales. Et surtout d’une efficacité à même de faire danser n’importe quelle foule sur la planète. Le minimum syndical vu le CV des deux DJ’s. Dick Trevor, alias Dickster, a explosé depuis les Greens Nuns of The Révolution, à l’époque où la Trance s’est imposée dans les free party anglaises, remplaçant l’Acid Techno. Il a ensuite connu un succès ininterrompu, en parallèle avec le renouveau électronique de la musique Psychédélique. Le second, Gustavo Manfroni, alias Burn in Noise, a commencé dans un groupe de Rock ! Il découvre la musique Trance en 1999, lors d’un voyage à Londres... Et achète ses premiers samplers dans la foulée. Il acquiert sa notoriété grâce à ses performances live, parcourant la planète entre les festivals Trance les plus prestigieux : Ozora, Fullmoon, Goa, Universo Parallelo... Album très homogène, Fragmented Reality donne un bon aperçu du talent réuni des deux DJ’s. Et certains titres plus agressifs, comme Imagine The Impossible, laissent présager des live exceptionnels. Pour ça, il n’y a pas cinquante solutions : le duo n’est programmé que sur une seule scène, en juillet 2013 : le Fullmoon Festival, en Allemagne. Léo

MAT3R dolorosa | think about the futur now | Label : Jarring Effect Derrière Mat3r Dolorosa se cache Tristan Spella, musicien de formation et graphiste de profession. Inconnu auparavant, ou presque, Mat3R Dolorosa s’écrit bien avec un 3, à ne pas confondre avec la mère douleur devant le tombeau de son fils... Son premier album, “Think about your futur now” est un mélange de plusieurs genres, de l’électro-progressive à l’abstract hip-hop en passant par l’éléctronica et l’énergie rock en toile de fond. Mais l’artiste définit lui-même son registre comme “un voyage épique”. On lui accorde. Mat3r Dolorosa est l’un de ces artistes qui au-delà de la musique, propose un univers. Sensibilité, intensité et noirceur caractérisent ce premier opus, qui n’est pas sans rappeler les productions d’Ez3kiel. Il sait façonner l’image et le son. En live, à la 2.0, il collabore avec Johnooded, Vjing. Il met alors sa propre musique en image : on oscille entre une ambiance apaisante et plus noire. Bruits mécaniques, sirènes, horloges et extraits de films se retrouvent souvent dans sa musique. Une immersion sonore où les sons organiques comme industriels, presque saturés, sont adoucis par les samples et les mélodies au clavier. Ces dernières années, il a déjà partagé la scène avec Brain Damage, Aucan, Metastaz, ou encore l’as du mashup Bong-Ra. Mat3r Dolorosa nous laisse le temps de rentrer progressivement dans son atmosphère, doucement guerrière avec Way Of Samourai, bercée par le Ghost dog de Jim Jarmush, mélancolique avec Laissez les hommes pleurer, certainement l’un des plus beaux joyaux de cet album. On poursuit avec Shadows book une balade contée par Black Sifichi, artiste poète écossais qui a déjà travaillé avec Brain Damage. Enfin dans Fighting inside, on reconnaît des airs de Naô, son collègue chez Jarring, voire de certaines tracks de Doctor Flake. Côté inspirations, Mat3r Dolorosa cite volontiers Massive Attack, NIN, Radiohead, Bjork ou encore Dj Krush. Une inspiration riche et diverse, entre mélancolie et fantaisies, à l’image de sa musique. Julie

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CHRONIQUES CD

Solange Knowles | true | Label : Terrible Records

BEN HARPER | Get UP | Label : Stax Records Avec “Get Up !” le prolifique Ben Harper poursuit sa série des collaborations réussies. Lui et Charlie Musselwhite, harmoniciste de blues au pedigree impressionnant, se sont rencontrés lors d’un enregistrement avec John Lee Hooker (excusez du peu) en 1998. Des années plus tard et un projet d’album affiné, les voici posant sur la pochette de “Get Up !” tout sourire et dans une posture qui fleure bon le sud des États-Unis. Accompagnés par les musiciens d’Harper, les Relentless 7, on ne s’y trompe pas : riffs de guitare bruts, voix haut perchée et solos d’harmonica, les deux compères ont puisé dans les racines du Blues pour concevoir l’album. À travers cette création-hommage, Musselwhite et Harper réutilisent les sujets classiques du blues, y ajoutant des touches désuètes et des teintes de la palette des traditions musicales américaines. Touches de gospel (We Can End This Way), teintes de rock (I Don’t Believe A Word You Say, qui rappelle Hendrix) et de folk (Don’t Look Twice a un côté Bob Dylan)... “Get Up !” n’est pas un album révolutionnaire mais à son écoute, le blues connaît une petite renaissance et Ben Harper excelle dans ce qu’il fait de mieux : réunir les talents et créer, avec un feeling certain. Marie

1995 | Paris Sud minute | Label : Undoubleneufcinq Si l’exercice du premier album est périlleux pour tous les groupes, on peut sans hésiter dire qu’il était franchement casse-gueule pour le crew des 1995. Après deux EP salués par la critique, une enfilade de dates sold-out à travers la France et surtout une couverture médiatique incroyable pour un si jeune groupe, c’est peu dire que les gars étaient attendus au tournant avec “Paris Sud Minute”. Comme s’ils n’étaient pas touchés par la pression, les six livrent un album à la hauteur de nos (grosses) attentes. Mieux, ils sont parvenus à gommer les défauts de leurs EP, notamment en réajustant les écarts techniques des MCs, ne laissant personne de côté. Et ce dès l’excellent morceau d’intro Big Bang Théorie, où chacun appose sa patte si personnelle, dans un entremêlement de flows caractéristique. Leurs textes, calibrés, sont toujours un gage de qualité, et développent dans l’ensemble une atmosphère positive (J’aime ça, Baisse ta vitre) doublée d’un regard lucide sur leur parcours (Le Passage, Réel, Souviens-toi). Mais le véritable tour de force de cet opus, c’est sans nul doute les prods de Hologram Lo’. En signant 12 des 17 titres du skeud, il montre qu’il a franchi un palier, et vient titiller notre fibre nostalgique via des sonorités léchées, millimétrées et inventives, comme sur Flingue Dessus ou le très bon instru 103. “PSM” est au final un album brillant, à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre de la part des gars. Convoquant toujours autant les plus belles heures du rap français, 1995 évite de se perdre dans les écueils malsains qui gangrènent la scène hexagonale, mais a surtout réussi à se sortir avec panache d’une épreuve qui avait tout du traquenard. Chapeau bas. Nicolas Gil

Avec “True”, Solange Knowles a trouvé sa voix. Ne vous fiez pas à son patronyme racé, après avoir évolué dans l’ombre de la frangine, Solange a trouvé son expression musicale chez un label indépendant et rencontré son double, le parolier Dev Hynes. It girl du monde de la mode (ce n’est pas moi qui le dit mais Vogue), les tenues de Solange sont l’incarnation physique de son univers musical et de la lumineuse sensualité qui les irradie. Sa musique, comme ses improbables costumes, est colorée et faite de superpositions et surplombant le tout, cette coupe afro qui achève de confirmer des influences africaines en fond sonore. Plus que tout, chez Solange Knowles, la musique est une affaire de (bon) goût. Elle déroule, tout au long de son EP le prisme de ses influences eightie’s, Hip Hop ou Funk, laissant l’auditeur dans une posture ambiguë : doit-il entamer une danse lascive (Losing You, Some Things Never Seem To Fucking Work) ou une réminiscence nostalgique (Locked In Closets, Don’t Let Me Down, Bad Girls) ? Portée incontestablement par le titre Losing You (et le clip du single, tourné en Afrique du Sud), Solange affirme avec “True” un talent de parolière (Locked In Closets) qui achève de parfaire un EP de qualité. En attendant son prochain album, “True” est une capsule musicale unique, fraîche et mélancolique. Marie

Twenty one pilots | vessel | Label : Fueled by Ramen Après avoir créé le buzz en 2012 avec une signature chez le prestigieux label Fueled by Ramen (Fun., Paramore…) et un EP remarqué (“Three Songs”), le duo le plus chaud du moment passe en ce début 2013 l’épreuve périlleuse du premier album. Présentée sous l’étrange étiquette “schizoid-pop”, la musique de Twenty One Pilots est en effet assez complexe à définir : mélange de rap, de pop, d’électro et d’une belle énergie rock, elle brille avant tout par son originalité et sa fraîcheur. Et sur “Vessel”, la formule n’a pas bougé d’un poil, reposant essentiellement sur l’épatant frontman Tyler Joseph. Capable de passer d’un flow typiquement “white boy” - qui n’est pas sans rappeler Eminem – à des envolées vocales purement pop, il jongle en même temps entre mélodies au piano et nappes électro, apportant tout un lot de nuances qui fait de TOP un groupe totalement à part. Le trio d’entrée Ode to Sleep / Holding on to You / Migraine illustre pleinement la variété du duo, soulignée par le jeu de batterie plus rock de Josh Dun. Mieux, les compères sont aussi capables de se spécialiser, que ce soit dans une pop sensible sur House of Gold ou Truce, ou dans une électro barrée sur Semi-Automatic et Fake You Out. Mais s’il ne fallait en retenir qu’une, ce serait sans nul doute l’exceptionnelle Car Radio : démarrant sur un piano/rap, la track décolle peu à peu avec l’entrée de la batterie et de nappes de synthé, pour une splendide montée en intensité jusqu’à l’explosion finale. Si 2012 nous avait donné le droit de placer de grands espoirs dans TOP, “Vessel” nous aura donné raison : passant avec maîtrise d’un genre à l’autre, créant des textures musicales fraîches et enthousiasmantes, le duo a définitivement frappé un grand coup. Nicolas Gil

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Claire Diterzi | Le salon des refusées

Dandi E ugo | Everything or nothing

Label : Naïve

Label : italobusiness

Être en marge des canons de beauté imposés par la société, c’est un peu ce que revendique “Le Salon des Refusées” nouvel album de l’artiste singulière Claire Diterzi ! Le titre fait référence à l’exposition tenue en 1863 d’œuvres qui avaient été refusées par le jury du Salon annuel d’art, dit Officiel. Elle a conçu cet album lors de sa résidence à la Villa Medicis, première artiste de musiques actuelles à y accéder. Cela fût l’objet de polémique et ce titre, ainsi que la chanson portant le même nom, sont une réponse explicite et bien envoyée à toutes les mauvaises langues : “Tu peux maudire mes ritournelles, me bannir de ta citadelle, tu m’as coupé l’herbe sous le pied, je n’ai pas chanté mon dernier mot...”. Un album qui sort bien évidemment des sentiers battus, mélangeant un univers très classique avec des guitares rock qui grincent. On aime la première chanson Le roi des forêts qui illustre tout à fait ce côté hybride. Tout au long de l’album on se délecte d’arrangements très bien conçus et de mélodies toutes aussi surprenantes et belles les unes que les autres. On glisse à travers des tableaux très personnels de l’artiste, des chansons mélancoliques ou drôles qui reflètent cependant toujours une grande légèreté. Une très belle reprise de Riders on the Storm des Doors se glisse au milieu, avec l’accompagnement joué à la kalimba et on retrouve un délicieux clin d’oeil aux surréalistes avec la chanson Cadavre exquis. Il faut plusieurs écoutes de cet album pour apprécier toutes les subtilités dont il regorge. Sarah

Zeds Dead | hot sauce EP | Label : Mad Decent

Mes oreilles saignent à force d’entendre parler en boucle du son de Berlin. Comme si les Allemands avaient le monopole de la Techno ! En Italie aussi les DJ savent envoyer du lourd : Dandi e Ugo, originaires de la Romagne, au Nord près de la côte adriatique, rivalisent de génie et n’ont rien à envier à leurs cousins européens. Les discographies ne mentent jamais et ceux-là en ont une bien solide, accompagnée d’une liste de club sans fin où ils se sont produits depuis le début des années 90. Sur cet EP, les deux comparses prouvent encore une fois, grâce à leurs beats sombres aux sub bass percussives, répétitives et étouffées, qu’ils sont capables de faire péter le dancefloor tout en finesse. Les quatre titres illustrent bien la maîtrise totale des ritals sur leurs machines : du simple accord plaqué au riff saccadé, ils frôlent la perfection à chaque note. Les cymbales, parfaitement placées, s’engouffrent dans les réverbérations sans fin des vocaux d’Everything or Nothing, ou se baladent dans le panorama de Strictly Groove en rebondissant sur un léger snare raffiné. Quant au remix de Jack Beuys, il magnifie simplement My Broken Piano sans le dénaturer : le principe même d’une interprétation réussie. À noter aussi que la version digitale offre deux titres supplémentaires, le génialissime Seduction, ainsi que Achille’s Moutain, plus chill que bagarreur mais tout aussi excellent. Pour dire vrai, cet Ep est tellement fou qu’il est sorti sur Kol Mojito Records, un label... berlinois ! Anto

JINA | Call the doctor | Label : Studio de la Ruche

Aujourd’hui, la plupart des artistes veulent se défaire au mieux de ces “étiquettes”, tantôt maudites, tantôt fuies. Bien que je doute que les deux Canadiens se posent vraiment la question, on pourrait croire que ce qu’ils cherchent à faire depuis quelque temps est en quelque sorte un catalogue des sous-genres de la Bass Music qui fonctionnent actuellement. Un exercice de style qui ne leur fait pourtant pas peur puisqu’il est impeccablement exécuté. Malgrè tout, comment s’orienter à travers ce méli-mélo de basses, tantôt au service du Drumstep, tantôt à celui du UK Funky (oui, on en apprend tous les jours) ? DC et Hooks jouent les gros bras et sortent le scénario classique pour Demons ; notre très cher Dubstep joue la carte destructrice et malsaine d’entrée de jeu. Puis les grosses basses étouffées de l’attendu Mr. Trap (style dérivé du Dubstep, très en vogue actuellement) entrent en scène de manière plutôt incongrue chez Mr. Sub, et viennent prendre le rôle principal dans Playa. Dans ses premières secondes, Rave semble bien porter son nom, jusqu’au moment où Lady Drum & Bass s’immisce délicieusement dans le scénario. Fin de partie avec Trouble, non loin de nous rappeler le précédent essai de Zeds Dead, Adrenaline EP. Celui-ci, moins mélodique et plus redondant, n’était pas encore assez prêt pour arborer le fameux statut de sauce piquante. Le verdict du goûteur ? N’ayez pas peur de l’utiliser pour assaisonner vos playlist, même s’il ne faut pas s’attendre à un résultat si... intense. Violette

Après un premier EP plutôt remarqué sortie en 2010, “Deal me”, Jina nous revient en ce début d’année 2013 avec leur nouvel EP, “Call The doctor”. La recette est efficace et directe, du rock brut saupoudré de gros riffs à la limite du grunge et du punk, des mélodies pop ravageuses et une voix toujours à la limite de la rupture,

rocailleuse et déchirée. Jina alterne allègrement tout au long de ce nouvel EP entre morceaux punk, Kill you again, Kiss you ou encore Mrs Boy, et morceaux rock grunge comme Bloody tale ou encore Deal me. Le tout a été enregistré avec un son très proche du live ce qui donne un rendu global assez garage collant parfaitement avec le groupe et son univers. Au final le combo lyonnais nous livre un EP de très bonne facture et vraiment prometteur pour l’avenir et pour on l’espère un futur album ! Un dernier petit conseil, une fois que vous aurez écouté et réécouté Call the doctor, courez vite les voir sur scène car ce groupe est définitivement fait pour ça, tout y est décuplé, l’énergie, l’émotion et bien sur la voix de Jeanne qui vous prend aux tripes dès les premières notes. Définitivement, Jina, un groupe à suivre expressément ! Kymmo

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EELS | Wonderful glorious | Label : Coopertive Music

Sorties d’albums

Après une trilogie rondement menée et magnifiquement conclue par le sublime “Tomorrow Morning”, Eels revient trois ans plus tard avec “Wonderful, Glorious”, 10ème album studio éclectique au regard tourné vers l’avenir. Sans bouleverser les fondamentaux identitaires du groupe, on décèle rapidemment que la donne a changé pour Mark Oliver Everett. Si les aléas de la vie (le suicide de sa soeur, la maladie de sa mère et la mort de son père entre autres) ont fait de lui un compositeur fabuleux à l’image des très biographiques Cancer For The Cure, Going to Your Funeral ou encore Guest List. On entrevoit sur “Wonderful Glorious” les indices d’une allégresse (re?)trouvée qui sied tout aussi bien à son écriture. Eels continue d’explorer son propre univers et y découvre les nombreuses facettes qu’il peut revêtir. Tantôt bouleversant (The Turnaround), parfois poignant (On The Ropes), souvent dansant, “Wonderful, Glorious” varie les plaisirs et surprend tant au niveau de sa construction que de ses compositions. Mr Everett pourfend ses vieux démons avec pour seules armes Rock et sincérité, et nous ne pouvons qu’être émus en assistant au dénouement heureux d’un combat auquel il se livre depuis maintenant 18 longues années. “Wonderful, Glorious” n’est peut-être pas le meilleur album du groupe, mais c’est un exutoire du passé qui augure de très bonnes choses pour l’avenir. Si Eels a toujours été considéré comme un outsider de la scène Indie, ce 10ème album annonce un renversement imminent d’une hiérarchie faussée depuis deux décennies. Barth

MARS 04/03

BASTILLE “Bad blood” STEREOPHONICS “Graffiti on the train” FICTION “The big other” RODDY WOOMBLE “Listen to keep” KATE NASH “Girl talk” CLINIC “Free reign II” NIGHT WORKS “Urban heat island” ON AN ON “Give in” YOUNG DREAMS “Fog of war” AUTECHRE “Exai” SUUNS “Image du futur” CANKUN “Culture of pink” CHELSEA LIGHT MOVING “Chelsea light moving” ALPHA BLONDY “Mystic power” ROCE “Gunz n’ Rocé” HOLLIS BROWN “Ride on the train” JULIA KENT “Character” THE MEN “New moon” MARIJUANA DEATHSQUADS “Top down” JULES “Le sale gosse”

05/03

Almond’s Drive “Hymne à l’Homme”

11/03

STRNOWAY “tales from terra firma” STEVE MANSON “ Monkey minds in the devil’s time” HURTS “Exile” AMPLIFIER “Echo street” DAVID BOWIE “The next day” PETER VON POEHL “Big issues printed small” DEVENDRA BANHART “Mala” WILD BELLE “Isles” THE DESOTO CAUCUS “Offramp rodeo”

NIGHT WORKS “Urban heat island” JOHN GRANT “Pale green ghosts” FLUME “Flume”

THE STROKES “Comedown machine” THE POPOPOPOPS “Swell” ELEPHANT “Skyscraper” THEME PARK “Theme park”

FEEDING PEOPLE “Feeding people”

15/03

26/03

15/04

IMPERIUM DEKADENZ “Meadows of nostalgia”

18/03

AND SO I WATCH YOU FROM AFAR “All hail bright futures” DAUGHTER “If you leave” JAMES YUILL “These spirits” SUEDE “Bloodsports” TEAM GHOST “Rituals” LOW “The invisible way” PONI HOAX “A state of war” PHOSPHORESCENT “Muchacho” WOODKID “The golden age” BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB “Specter at the feast” DAUGHTER “If you leave” GABLE “Murded” SHANNON WRIGHT “In film sound” VIETNAM “An A.merican D.ream” INTRONAUT “Habitual levitation” DEPFORD GOD “Life after deffo”

21/03

IAMX “The unified field”

25/03

WIRE “Change becomes us” EDWYN COLLINS “Understated” PEACE “In love” JEAN-LOUIS MURAT “Toboggan” WIRE “Change becomes us” RACHID TAHA “Zoom” BROADCAST “Berberian sound studio” THE HORRORS “Higher”

DEPECHE MODE “Delta machine”

AVRIL 01/04

THE LEISURE SOCIETY “Alone aboard the ark” BRITISH SEA POWER “Machineries of joy” HELENA “Année zéro” COLD WAR KIDS “Dear miss lonelyhearts” THE FLAMING LIPS “Terror” PSY 4 DE LA RIME “4ème dimension” CHASSOL “Indiamore” CHARLES BRADLEY “Victim of love”

03/04

ANAKRONIC ELECTRO ORKESTRA “Noise in sepher” PLANTS AND ANIMALS “The end of that”

08/04

THE HOUSE OF LOVE “She paints words in red” BILL RYDER-JONES “A bad wind blows in my heart” TOMORROW’S WORLD “Tomorrow’s world” THE KNIFE “Shaking the habitual” JEREMY JAY “Abandoned apartments” THE POSTAL SERVICE “Give up” DEAR READER “Rivonia” JAMES BLAKE “Overgrown” YANN DESTAL “Let me be mine”

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09/04

MELISSMELL “Droit dans la gueule du loup” KILLING JOKE “The singles collection 1979-2012” ALESSI’SARK “The still life” SIMIAN MOBILE DISCO “Live” DAVID GRUBBS “The pain where the palace stood” IRON AND WINE “Ghost on ghost”

16/04

STEPHEN BRODSKY “Hit or mystery”

18/04

OMD “English electric”

22/04

FRANCK TURNER “Tape deck heart” JUNIP “Junip” HANNI EL KHATIB “head in the dirt”

29/04

NEON NEON “Praxis makes perfect” THE PIGEON DETECTIVES “We met at sea” !!! “Thr!!!er” THE PHOENIX FOUNDATION “Fandango”



LIVE REPORTS

Texte & photos : Kymmo

Transbordeur | Lyon | 06/02/2012

LILLY WOOD & THE PRICK

C

e soir c’est un Transbordeur archi complet depuis quelques mois déjà qui accueille les petits frenchy de Lilly Wood & The Prick, mais avant ça nous avons le plaisir de découvrir la chanteuse Owlle. Avec son style très girly, paillettes et talons, nous découvrons une personnalité à la voix envoutante, sensuelle et aérienne. Owlle nous fait découvrir son EP “Ticky Ticky” aux sonorités électroniques, mélange entre une vocale hors du commun et des instru à base de synthétiseurs, un clin d’œil au style musical avec lequel elle a grandi, le trip-hop, et l’électro des années 90. Après cette belle découverte, c’est au tour du duo français de faire son entrée sur scène et de nous présenter son nouvel album, “The fight”. Lilly Wood & the prick nous propose une folk teintée d’accents pop et électro, toujours aussi efficace. Les titres de leur premier album font mouche dès leur premières notes, Down the drain ou encore This is the love song sont toujours aussi efficaces sur scène. A cela se rajoutent les nouveaux titres comme Where I want to be (California), qui ouvre le set, ou encore le très pop Joni Mitchell. Les nouvelles compositions paraissent un brin moins pop mais se fondent à merveille dans le nouveau set du groupe. Le public du transbordeur est visiblement très réactif à leur musique et n’hésitent pas à chanter de vive voix leurs paroles, se laissant volontiers guider par le rythme et la voix à la fois folk et mélancolique de la chanteuse. Après un set très complet et plutôt réussi, le groupe nous offre encore 3 titres de plus en rappel, puis nous laisse repartir...

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+ OWLLE


Soirée

Fantasy

Transbordeur | lyon | 30/11/2012

P

our réunir la grande famille de la Techno, au sens le plus large et générique du terme, il faut se lever de bonne heure ET se coucher tard. D’un côté les clubbers, une bande de snobinards acquis au système et convaincus de n’écouter que le meilleur du meilleur. De l’autre, les teuffeurs, clochards ignares accrocs aux bpm comme aux drogues dures. Les soirées Fantasy parviennent tout de même (tout de même!) à faire voler les clichés en éclat et réconcilier cette petite faune une fois par an au Transbordeur. C’est dire s’il y a du monde qui les attend au tournant ! Organisée conjointement par Elektro System et le Hadra Crew le 2 février, la dernière nuit de Fantasy

promettait d’être longue : la salle psytrance, revêtue de sa parure psychédélique, accueillait DJ Kalifer, DJ Yamaga, Antispin, Lovpact et DJ Pan Papason ; la grande salle, plongée dans le noir et rideaux ouverts, Kiko, Oxia, Spencer K et Matador. Mais les choses se gâtent dès l’arrivée au Transbo’. Le public est déjà chaud et les videurs à bout de nerfs : certains abandonnent même malgré les vingt balles investis dans leur place. À l’intérieur, ce n’est pas mieux : il faut (re)faire la queue pour le vestiaire, le bar, les chiottes et même l’accès au coin fumeur. Heureusement, le son est au rendezvous. Du moins, côté Psytrance : ici on ne lâche rien, les arpeggiators s’enflamment et débitent les notes à toute vitesse. Le beat est saccadé et le public conquis d’avance. On the other side, ce n’est pas la même ambiance : tout le monde finit par

Texte : Anto / Photo : Brice Robert

capter que Matador a du retard, et ce soir, c’est lui la star. Forcément, le set d’Oxia paraît longuet à force d’impatience. Il y a même un mec qui refuse de danser, sobre, excédé, les bouchons enfoncés dans les oreilles et les poings dans les poches, prêt à engrainer tous ceux qui passeraient trop près de lui. Il est 4h45, Matador se pointe enfin. Comme si de rien n’était, il balance ses titres les uns après les autres au lieu du live attendu. Trahison qu’on lui pardonne (vite fait) devant la puissance de son Kingswing, capable de réveiller les pulsions dansantes de toute la piste en un quart de seconde. Mais en vérité... Ses transitions étaient foireuses et son set improvisé sans grande conviction. Terminer sa soirée Fantasy annuelle tant attendue sur cette note, ça fout la mort.

Epicerie Moderne | lyon | 12/02/2013 Texte & photo : Kymmo

A

près un début 2013 plutôt calme niveau concert, me voila reparti pied au plancher. Au programme ce soir : de la pop saupoudrée d’électronique avec le concert des Wave Machines à l’Epicerie Moderne. O.K. Press, nouveau venu dans le paysage musical lyonnais, ouvre la soirée avec son Electro-pop plutôt bien travaillée. Après avoir fait récemment la première partie de Skip the Use au Ninkasi, les voici de retour cette fois à l’Epicerie Moderne avec un set efficace collant à merveille avec la suite de la soirée. Tout juste le temps d’aller boire une bière est c’est reparti avec les Anglais de Wave machines qui viennent nous présenter leur nouvel album fraichement sorti, “Pollen”. Le concert commence en douceur avec quelques superbes titres du nouvel opus, mais il faudra attendre 3, 4 chansons pour que le public

lyonnais se réveille un peu. A l’écoute des nouveaux titres, on peut noter un changement d’atmosphère, on reste dans une pop très travaillée mais plus mélancolique que celle proposée dans le premier album, “Wave if you’re really there”. Le combo originaire de Liverpool nous offre une prestation de haute voltige, alternant à merveille énergie et douceur, et nous montre qu’ils savent tout faire, tout le monde chante à tour de rôle et joue de tous les instruments. Après un bon set de plus d’une heure marqué par des titres phares comme Ill fit, The greatest escape we ever made ou encore Keep de lights on, Wave machines nous gratifie d’un rappel intense composé de deux de leur titres far, le tubesque I Go I Go I Go et le mélancolique Counting Birds, rien de mieux pour finir la soirée en beauté.

Wave Machines + OK Press www.zyvamusic.com | 25


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Lescop L’amoureux français Marché Gare, Lyon 14/12/2012 par Alizée / Photos : DR

où la chanson française ne serait même pas servie en soupe à la cantine, un jeune guérillero de Apourl’heure la Pop du terroir façon Taxi Girl se soulève et décide d’utiliser le pouvoir de la Cold Wave Mancunienne mettre une claque à tous les présomptueux. Mathieu Peudupin a.k.a Lescop donne un gros coup de peinture noire sur les ruines de la scène Pop française. Rencontre avec l’intéressé pour une mise au point sur ses influences littéraires et son idée de la violence. ZYVA : Salut Lescop ! C’est un plaisir de te rencontrer ! Mathieu Lescop : C’est un plaisir pour moi aussi !

Z. : Parlons un peu d’écriture en français... M.L. : Oui, c’est mon point commun avec les Fatals Picards.

Z. : La dernière fois qu’on t’a vu, c’était dans cette même salle en première partie de La Femme, il y a déjà deux ans ! On peut dire qu’il s’en est passé des choses depuis, puisque tu as tourné dans l’émission La Musicale de Canal+ et que tous tes concerts affichent complet... C’est un peu la folie ! M.L. : Ouais, c’est cool ! Je prends tout ça avec plaisir, même si je suis un peu dans l’œil du cyclone (rires) !

“Quand je tombe amoureux, je tombe en français, tu vois ?“

Z. : C’est comment, l’œil du cyclone ? M.L. : J’ai pas trop le temps d’y réfléchir, je bosse. Moi je suis un bosseur, il n’y a que comme ça que je ne deviens pas fou. Disons que, ma vie se passe là-dedans, et je suis super touché du monde que je vois aux concerts, de voir que tout se passe bien. C’est super touchant de se dire que t’as écrit des chansons tout seul dans ta chambre pendant que t’étais au RSA, et maintenant on remplit des salles pour venir t’écouter ! C’est assez génial ! C’est aussi de la pression, parce que t’es là pour divertir les gens, quand-même. Bien sûr, je n’essaye pas seulement de les divertir. J’ai envie d’éveiller des sentiments poétiques, chez moi et chez d’autres gens... sans prétention, hein ! Mais si tu ne te fixes pas d’objectifs, tu fais un groupe genre... Les Fatals Picards, quoi ! Et pour moi, les gens ne ressortent avec rien si ce n’est qu’ils se sont bien amusés. Bon, je ne porte pas de jugement sur le truc, c’est juste que c’est pas ma démarche.

Z. : J’avais rencontré Le Prince Miiaou, qui m’avait expliqué qu’elle avait décidé de chanter en anglais plutôt qu’en français parce qu’il était plus facile pour elle d’exprimer ses sentiments ainsi. Visiblement toi, tu t’y prends vraiment autrement : comment tu fais ? M.L. : C’est juste que le français, c’est d’abord la langue dans laquelle je pense. Par exemple, je déteste faire des interviews en anglais parce que j’arrive pas à m’exprimer, dès que ça devient des idées un peu complexes. Je ne sais pas m’exprimer en anglais, et comme je veux écrire sur ce que je ressens, bah... Quand je tombe amoureux, je tombe en français, tu vois ? Mon langage émotionnel c’est le français. Si j’étais tombé amoureux d’une Américaine, peut-être que je chanterais en américain. Quoique... Et puis, je trouve ça vite ridicule, les groupes français qui chantent en anglais. Bon, pas tous hein, Le Prince Miiaou, par exemple, je trouve ça intéressant. Mais sinon, on se demande de quoi ils parlent, quand même. Il y a un groupe nantais, qui s’appelle les Von Pariahs, et eux ils chantent en anglais, mais parce que

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DISCUSSION

ZOOM SUR LE LOCAL


leur chanteur est Anglais. Quand t’écris en français, t’écris pas juste pour avoir une mélodie. Et puis je sais pas, c’est important de chanter dans sa langue. Bowie, quand il a débarqué, il chantait avec un vrai accent cockney, alors que tous les groupes anglais de l’époque chantaient avec l’accent américain. C’est comme ça qu’il a fait la différence. C’est aussi pour ça qu’il était hyper populaire. Il était super cultivé, en plus, il n’avait pas des références évidentes, comme le kabuki ou des trucs comme ça … Il s’est inspiré de textes sacrés juifs, super ésotériques. C’était pour “Station To Station”, il y avait une histoire de cercles... En passant de station to station, il passait de cercle en cercle... enfin voilà.

“Ce n’est pas forcément l’aspect littéraire qui m’intéresse. Si tu regardes bien, mes textes sont assez simples, accessibles.”

Z. : J’ai l’impression que tu utilises beaucoup de métaphores pour parler de choses qui te sont propres. M.L. : Non, c’est pas des métaphores. Peut-être que tu trouves qu’il y a un côté littéraire, parce que j’écris mes textes en premier. Comme la mélodie vient après, bon voilà... J’aime bien des auteurs comme Mishima, Pierre Drieu La Rochelle, Mathias Enart, Emmanuel Carrère, Céline... Même des trucs plus classiques, comme Stevenson, des trucs comme ça. Mais ce n’est pas forcément l’aspect littéraire qui m’intéresse. Si tu regardes bien, mes textes sont assez simples, accessibles. Z. : Je m’imaginais que c’était pour masquer leur véritable sens. S’il n’y avait pas quelque chose de caché derrière. M.L. : Si, mais plus dans le cinéma. J’aime bien la Nouvelle Vague, le classique américain... Les trucs français comme Louis Malle... C’est un peu des images comme ça que j’ai dans la tête pour écrire mes chansons. Il y a une économie de mot, dans Louis Malle. C’est tout l’inverse de Robert. Tu l’as vu Lacombe Lucien ? Z. : Non. M.L. : C’est un film de Louis Malle. Au début tu vois un gamin qui décapite une poule à mains nues. C’est une image beaucoup plus parlante que n’importe quelle phrase. Z. : C’est ce genre d’images que t’as en tête quand tu écris tes chansons ? M.L. : Non, mais c’est un truc fort, quand même. Dans mon album, j’essaye de revendiquer ce que je suis. Il faut revendiquer ce que t’es, dans toute ta bizarrerie. Je pense qu’il y a un truc hyper dangereux en France en ce moment, c’est que tout le monde se déteste. C’est hyper dangereux, Non mais c’est fou. Je sais pas si c’est à cause de Sarko, mais quand même ! Quand j’étais gamin, c’était moins la haine à tous les niveaux ! Avant, les gens votaient pour quelqu’un qui leur promettait d’améliorer leurs conditions de vie, maintenant ils votent pour quelqu’un qui leur promet de rabaisser les conditions de vie des autres ! C’est grave quand même ! Je ne comprends pas que les gens ne trouvent pas ça scandaleux. C’est dingue ! Enfin bon, Sarko n’est plus au pouvoir, avec tous ses trucs sur les chômeurs et les profiteurs du pouvoir... Mais tu me dirais, ça n’a pas vraiment changé. J’ai vu la une du Point l’autre jour : “Les Enfants Gâtés De La République”. Mais allez vous faire enculer ! Tu sais ce que c’est de faire ton statut d’intermittent, faire tes œuvres, courir la France dans un camion à te casser le dos ? Sérieux ! Oh et puis les journalistes, il n’y a pas plus “tendance niche fiscale”. Enfin bon, tout ça

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“ce n’est pas parce que c’est violent que c’est agressif.”

pour dire que moi, je veux fédérer. Toutes proportions gardées, hein, je ne suis pas Johnny Hallyday. Ce qui me plaît, c’est de voir le mélange des gens aux concerts. Des vieux, des riches, des darons, des pauvres, des jeunes... Attention, je suis pas en train de me prendre pour Zedba ni de dire “Ouais, ouais, tomber la chemise, machin”. Je trouve juste ça poétique qu’on puisse être ensemble au moins pendant une heure et demie. C’est ce que j’essaye de dire dans mon album : il faut arrêter de se détester. Z. : Ah ouais ? Je ne l’avais pas du tout vu comme ça... M.L. : Non mais c’est vrai qu’il y a un sentiment mélancolique, mais t’es pas non plus mal après l’avoir écouté. Il y a une part d’ombre dans la vie, et cette ombre est créée par la lumière. Voilà, ça te donne une idée de ce qu’on veut faire avec Lescop. Z. : Tu n’as pas toujours été Lescop d’ailleurs. On s’était déjà rencontrés quand tu avais formé le groupe Asyl, il y a quatre ans. C’était un univers très différent de celui dans lequel tu évolues aujourd’hui. Quand as-tu ressenti que tu avais besoin de faire autre chose ? M.L. : Il n’y a pas eu de moment, c’était juste une idée qui s’est faite de plus en plus grosse. Z. : Tu voulais déjà fédérer les foules, à l’époque ? M.L. : Pas vraiment, non. On était jeunes, c’était différent. On voulait transmettre de l’énergie, de la violence. C’était notre mode de communication ; on était des jeunes frustrés, et on l’exprimait comme ça. Mais c’était positif aussi. C’est bien la violence, c’est intéressant. Enfin, ça dépend comment tu l’exprimes, mais... ce n’est pas parce que c’est violent que c’est agressif. Un sentiment violent, c’est juste un truc puissant. Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait te représenter toi ou ta musique : Jeremy Jay – Gallop Cette chanson, c’est une clef. Quand je l’ai entendue, je me suis dit : “Tiens, je peux composer comme ça”. Cette chanson a créé une méthode chez moi, elle a ouvert la bonne porte !

Lescop Label : Pop Noir popnoire.com

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DISCUSSION

FUNERAL SUITS

From Dublin with love !

vous parle de l’Irlande, vous pensez à la bière, au whisky, aux roux, aux leprechauns, à Ldeorsqu’on U2 et aux Cranberries. Non, il n’y a pas seulement deux groupes qui ont existé dans toute l’histoire la musique irlandaise, on vous le promet. La preuve : des hommes en costume d’enterrement ont débarqué en France le 21 janvier dernier avec un disque intitulé “Lily of the Valley”, véritable perle du Rock Alternatif. Leurs activités principales : haïr les pirates du net, écrire des cartes postales à leurs fans marocains et faire des vidéos inspirées de “Sa Majesté Des Mouches”. ZYVA a rencontré le groupe dans les loges du Transbordeur juste avant leur concert. ZYVA : Ce soir, vous jouez avec Great Moutain Fire. Vous avez déjà fait quelques dates avec eux, n’estce pas ? Brian : Nous avons fait 4 dates avec eux ce mois-ci. Il y a eu Clermont-Ferrand, Bordeaux, Angers et La Rochelle. On a aussi joué à Paris avec eux. Z. : Ils sont Français c’est ça ? B. : Non, ils sont de Bruxelles. Z. : Vous aimez ce qu’ils font ? Mickael : Ils sont géniaux ! B. : Je suis très heureux d’avoir eu la chance de les rencontrer. Ce sont des gens géniaux, et leur musique l’est tout autant. Greg : Plus on les écoute, plus on les aime. B. : Tous les soirs, ils jouent quelque chose de différent, on a l’impression de les redécouvrir à chaque fois ! Même si, en les entendant tous les soirs, on a appris à connaître leurs morceaux de mieux en mieux. M. : Hier soir, on a joué à Mulhouse et ils ne jouaient pas avec nous. C’était notre premier jour en France et on trouvait l’ambiance un peu bizarre avant le concert, puisque d’habitude nous traînons tous ensemble avant de jouer... B. : Ils nous ont manqués. (Rires) Z. : Vous les connaissiez avant de jouer avec eux ? M. : Non ! Nous connaissons seulement d’autres artistes plus célèbres d’origine francophone comme Daft Punk, Justice, Phoenix, The Teenagers, M83...

Z. : Votre premier album, “Lily Of The Valley”, est sorti en France et en Italie le 21 janvier 2013, soit 7 mois plus tard que dans les autres pays d’Europe où il est disponible. Pourquoi avoir choisi d’attendre pour ces deux pays ? Daren : Les labels sont assez petits en Irlande, du coup on n’a pas vraiment le choix, il faut faire ça petit à petit. On n’a pas signé chez une major, on n’a pas une distribution aussi large que les groupes qui l’ont fait. Au départ, nous étions seulement distribués au RoyaumeUni et en Irlande. Mais notre musique a pris de l’ampleur et on a pu sortir l’album ici. Nous ne sommes pas très riches donc ça a été compliqué ! B. : Nous sommes un petit groupe donc c’est également très difficile de se faire connaître ! Z. : Comment ça se passe avec Model Citizen, votre label ? B. : Super bien ! Ils nous ont beaucoup aidés et ont travaillé très dur. D. : Il n’y a que 3 ou 4 personnes qui travaillent dans ce label, c’est sympa et plus simple de construire une relation avec eux. Quand on a un petit label, c’est plus simple de communiquer, de faire ce que tu veux et de travailler avec eux en tant qu’équipe et pas les uns contre les autres. Z. : Comment vous avez découvert ce label ? B. : Nous avons un manager, Bradley, qui vit à Brighton et est Irlandais d’origine. Il nous les a fait connaître. Du coup, on leur a envoyé une démo et ils ont adoré.

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Timothy Saccenti

Transclub, Lyon 24/01/13 par Léa / Photos : Kymmo


“C’est énorme de jouer pour de plus en plus de gens, de voir son public croître de jour en jour.” Z. : Et cette première tournée internationale alors, comment ça se passe ? Comment vous ressentez le truc ? M. : C’est magnifique ! Tous nos concerts en France se sont bien passés. On avait déjà joué ici il y a 3 ans, à Clermont-Ferrand, avec Europavox. A Paris aussi l’année dernière au Nouveau Casino. Mais ce n’était pas une tournée, là c’est différent. B. : Dans une tournée, tous les soirs il y a énormément de gens ! C’est énorme de jouer pour de plus en plus de gens, de voir son public croître de jour en jour. Ils semblent vraiment apprécier notre musique, nos concerts, et ils s’intéressent également aux groupes qui jouent avec nous. Toutes nos soirées ont été géniales durant cette tournée. G. : Oui et puis ce qui est super ici c’est que les gens font preuve d’hospitalité, ils nous accueillent extrêmement bien par rapport à ce qu’on a pu constater au RoyaumeUni ou en Irlande. C’est comme si ils passaient leur temps à essayer de te rendre heureux en France ! (Rires). B. : Exactement, on parlait avec les mecs de Bruxelles tout à l’heure (Great Mountain Fire, ndlr) et ils nous disaient la même chose. Bref, nous avions vraiment hâte de faire notre grand tour d’Europe ! Z. : Avez-vous le temps, l’occasion de découvrir quelques bribes de culture des pays dans lesquels vous jouez pendant cette tournée ? G. : Pour le moment nous n’avons pas encore eu le temps... Comme je l’ai dit précédemment nous avons déjà joué à Clermont-Ferrand et nous y sommes restés 5 jours, alors nous avons pu visiter la ville. D. : Nous avons eu deux jours de congé à Paris aussi une fois, on a passé ces deux jours à jouer les touristes ! (Rires) La Tour Eiffel, le Louvre, le fromage ! Z. : Au niveau de l’alimentation vous devez en voir de toutes les couleurs oui ! Qu’en pensez-vous ? B. : Il y a un restaurant français à Dublin que nous avons beaucoup fréquenté alors bon, on n’est pas trop dépaysés ! M. : Cool, une interview sur la bouffe ! (Rires) Non sérieusement ce n’est pas un mythe, la nourriture française est bien meilleure que la nourriture irlandaise. B. : D’ailleurs c’est quoi la bouffe irlandaise ? Des trucs surgelés et gras ? Z. : De la Guinness ! B. : Ah oui, c’est bien meilleur que les trucs surgelés. Z. : Revenons à la musique. Alors que tous les groupes émergents font dans le high-tech et le téléchargement gratuit sur internet, vous avez

récemment sorti un vinyle en édition limitée à 200 exemplaires seulement, contenant les titres “Hands Down” et “All Those Friendly People”. Pourquoi ? B. : Pour sortir un vinyle, il faut que tu sois sûr que les gens vont l’acheter parce que c’est assez risqué de nos jours. On voulait juste sortir un single classique, mais on s’est dit qu’un vinyle ça pourrait être cool, c’est plus original. Si tu regardes bien la pochette du vinyle, tu peux constater que son texte est écrit en espagnol. Nous avons pris cette décision parce que nous voulions remercier nos nombreux fans d’Amérique du Sud. En Irlande nous sommes un petit groupe, mais en Amérique du Sud nous avons des centaines et des centaines de fans. Z. : Comment vous expliquez ça ? B. : On ne l’explique pas ! Mais nous avons vraiment besoin de ces gens-là, nous avons besoin que des gens soient derrière nous, qu’ils nous encouragent, comme le font de plus en plus les Français. Si les gens ne venaient pas nous voir, notre histoire serait radicalement différente. Comme hier par exemple, Europavox nous a fait jouer à Mulhouse, nous ne pensions pas avoir énormément de fans dans cette ville mais au final le concert était complet. Et heureusement que tous ces gens viennent, sinon nous n’aurions pas grand-chose à faire... Donc si on a écrit en espagnol sur la pochette du vinyle, c’est principalement pour toucher ces personneslà, nos fans. Z. : Selon vous, quel est le meilleur moyen de communiquer en tant que groupe à l’étranger ? M. : A Noël nous avons envoyé des cartes postales à des gens du monde entier, on a fait imprimer 200 cartes postales et on a demandé sur Facebook qui en voulait. Nous avons eu approximativement 600 réponses, et nous avons envoyé ces fameuses cartes. On trouvait ça cool et convivial. B. : Quelqu’un m’a envoyé un mail hier soir, il m’a dit “J’ai pas eu de putain de carte postale !”, il était super agressif ! Et ensuite il m’a dit “J’ai regardé vos vidéos sur Youtube et je ne les ai pas aimées du tout. Mais je suis quand même venu au concert et je suis très content de l’avoir fait.” (Rires) On a aussi eu deux e-mails d’un mec, un Marocain, qui nous engueulait parce qu’il n’avait pas eu de carte postale. Dans ma tête, je me disais “mais quelle tête de bite ce mec !” On a écrit les cartes postales tous ensemble, et il y avait quelques cartes postales qui étaient destinées au Maroc, et je me demandais “Mais combien de Marocains peuvent bien nous demander une carte postale, à nous ?” Il était très impoli mais au final on lui en a envoyé une, je suis quand même content qu’il l’ait reçue. D. : (En murmurant) Connard. (Rires) Z. : En dehors des cartes postales, quel usage faitesvous d’internet en tant qu’outil de communication ? D. : On l’utilise beaucoup : site internet, réseaux sociaux...

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Z. : Vous ne téléchargez pas du tout illégalement ? B. : Mon Dieu, non ! Tu ressens cette vague de terreur qui vient de tous nous envahir ? (rires) D. : Personnellement je me fiche que les gens téléchargent notre album. Tu sais, le mec de Grizzly Bear pense que de nos jours, acheter un disque c’est comme aller dans un restaurant étoilé... Moi j’ai en tête cette idée des gens qui téléchargent comme des porcs, eux ils vont à McDonalds ou à Burger King. Pour moi, ces gens-là pensent que le travail de quelqu’un d’autre ne vaut rien. “la musique On pense qu’on peut y échapper, est maintenant mais personne ne le peut. Si les gens volent la musique, c’est qu’ils gratuite, il est n’ont plus aucun respect pour elle. B. : Les gens ne voient même aussi simple ça comme du vol ! Dans leur d’y accéder que pas tête ce n’est pas “Je vais voler d’ouvrir un robi- cet album”, c’est plutôt “Je vais obtenir cet album !” Sérieusement, net pour boire de vous avez déjà entendu quelqu’un dire “J’ai volé un album hier” ? l’eau.” Ce n’est même pas une question de respect, le phénomène s’est tellement démocratisé que les B. : Oui, ça et les concerts ce sont les meilleurs gens ne voient plus ça comme du vol mais comme moyens de rester connectés avec nos fans. quelque chose de légitime. M. : Comme l’a dit Brian, le but d’internet est en fait M. : En ce moment je lis un livre dans lequel il y a un d’inciter les gens à venir à nos concerts et à écouter gamin qui terrorise ses camarades. Mais il n’a aucun notre musique. Tout le reste, ce sont les pièces d’un concept de bien ou de mal, dans son monde ce n’est puzzle à assembler pour aller plus loin dans l’utilisation pas grave de frapper quelqu’un. Il voit ça comme une d’internet. action banale, il ne voit pas que ça affecte les autres, alors il le fait. C’est pareil pour le téléchargement, Z. : Qu’est ce qui est le plus important pour vous : maintenant que c’est la norme, personne ne voit que créer et vendre des disques ou faire des concerts ? c’est néfaste. D. : Et bien, nous voulons tout simplement que les gens écoutent notre musique d’une manière ou d’une Z. : A cela on peut opposer l’argument du prix des autre. Le téléchargement illégal a totalement changé albums que l’on trouve chez les grands distributeurs l’industrie de la musique. C’est un peu comme une de disques et chez les petits disquaires : quand toile d’araignée : quand une partie est arrachée, tout le on est étudiant ou un peu fauché et qu’on a une reste est affecté. HMV, Virgin Megastore... Tous sont en consommation de musique importante, il est difficile difficultés financières à cause de ça. J’ai lu une citation d’acheter 10 albums par mois. de David Bowie l’autre jour, cette citation date d’il y a B. : Je sais pas... Si tu achètes en ligne, tu peux environ 15 ans. Il a dit : “Dans le futur, la musique sera facilement t’en sortir pour 5€ par album... Il y a un comme l’eau du robinet”. A savoir que la musique est groupe irlandais qui s’appelle Villages et qui fait la maintenant gratuite et qu’il est aussi simple d’y accéder plupart de son chiffre sur les téléchargements légaux que d’ouvrir un robinet pour boire de l’eau. Mais nous de ses disques. Non, moi je pense que les gens sont voulons vraiment que les gens écoutent notre musique juste idiots ! (Rires) et nous vivons dans une période où le téléchargement D. : Tu peux acheter un café pour 3,50€ et en deux illégal est une réalité, alors il faut tout simplement s’y minutes tu l’as terminé, alors autant acheter quelque faire. Nous aimerions beaucoup vivre de notre musique, chose qui dure et que tu peux utiliser plusieurs fois, c’est hélas compliqué. comme un album. B. : Les choses vont s’adapter je pense... Nous sommes dans une période de transition mais nous trouverons Z. : Pouvez-vous nous expliquer le lien entre les une solution, tout va se réguler.

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vidéos de “All Those “Nous aimons Friendly People” et de “Hands Down”, l’une étant travailler avec la suite de l’autre ? M. : En fait ça a commencé nos amis, beauavec la vidéo de Health. coup d’entre eux La vidéo est inspirée du sont artistes.” roman de William Golding “Sa Majesté des Mouches”. C’est un ami à nous qui a fait ces vidéos, il s’appelle Shaun Ryan et il est taré. (Rires) Ce mec est génial. Dans la dernière vidéo, ça se termine comme dans le livre, les garçons qu’on voit à l’écran perdent la raison et deviennent des sauvages. Ils perdent toute humanité. Dans la seconde vidéo, la fille dans sa robe blanche a été adoptée par une espèce de taré qui veut lui faire du mal, et elle arrive finalement à s’échapper. Dans la troisième vidéo, elle a réussi à se sauver et elle arrive sur l’île des garçons. Z. : Que signifie ce symbole du masque que l’on retrouve dans les 3 vidéos ? M. : Je ne sais pas vraiment, il faut demander à Shaun Ryan. B. : On l’a laissé prendre la musique et faire ce qu’il veut avec. Nous avons confiance en son travail. D. : Nous aimons travailler avec nos amis, beaucoup d’entre eux sont artistes. Nous leur faisons confiance

et nous construisons une œuvre tous ensemble. Pour le moment ça marche. Nous sommes comme une équipe, il y a des gens qui travaillent avec nous depuis le début et qui font partie intégrante du groupe. Nos vidéos sont souvent faites par des personnes différentes en dehors de ces trois-là. Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait vous représenter vous ou votre musique : Astrud Gilberto & Stan Getz - The Girl From Ipanema Dans deux minutes tu l’auras dans la tête ! (rires) C’est la chanson qu’on met tout le temps quand on est sur l’autoroute, dans le van. Elle est relaxante, elle a un côté “musique de road trip” assez cool. Il n’y a pas de raison profonde. Tu sais, le soleil brille, t’es dans ton van... (Rires)

Lily of the valley

Label : Model Citizen Records

funeralsuits.com


DU SON A L’IMAGE

Chez Zyva, vous le savez, la musique est notre raison de vivre. Albums, festivals, discussions... Nous la traitons sous différentes formes. Zyva a choisi également de se concentrer sur la musique au cinéma. Au programme, des films, des compositeurs, des coups de cœur... bref, Zyva mettra dorénavant du son à l’image. ERRATUM Il y a deux mois Du son à l’image a fait une fausse note : en effet, sur un article, j’ai attribué la bande originale Beattle Juice à Hans Zimmer. Or, elle a été réalisée par Danny Elfman. Rendons à Danny, ce qui est à Danny.

BIOPICS Par Mo

Q

uel est le point commun entre Ray Charles, Ian Curtis, Edith Piaf, Bob Dylan et Cloclo ? Ils ont tous eu un biopic. De plus en plus, ces biographies picturales rendent hommage à des artistes musicaux. Retour sur les raisons d’un tel engouement. Pour un public averti ou non, c’est une occasion de connaître la personnalité d’un artiste extrêmement populaire en son temps et ainsi d’en apprendre plus sur ses influences issues de sa vie, le poussant à devenir le grand chanteur ou chanteuse qu’il fut. Ces films fascinent dans la mesure où les talents abordés ont eu une vie mouvementée et semée d’embûches du fait souvent de leurs propres démons ou handicaps : dans Ray (de Taylor Hackford, 2004) Ray Charles est freiné par sa consommation de drogues et Ian Curtis (chanteur de Joy Division) par ses crises d’épilepsie dans Control (2007 Anton Carbijn). Un film biographique c’est aussi un film sur une période accompagnée d’une nostalgie vintage dont les spectateurs raffoleront du style pour rappeler des souvenirs pour certains, et découvrir une époque pour d’autres... Pour les acteurs, c’est l’occasion de se révéler au grand jour et de vivre une consécration. En effet, en 2005 et 2008 Jamie Foxx remportait un oscar pour son interprétation pour Ray et Marion Cotillard se fit connaître à Hollywood pour avoir joué Edith Piaf avec brio dans La Môme d’Olivier Dahan (2007).

Enfin, c’est l’industrie de la musique qui se frotte les mains. Même si le succès du film n’est pas forcément au rendez-vous auprès du grand public, c’est l’occasion pour les productions de (re)lancer la vente de produits dérivés autour du film. La sortie de Cloclo a été aussi marquée par la vente de produits à l’effigie de ClaudeFrançois : des montres, des pièces, des albums et cartes Panini. Cet opportunisme a été également ressenti lors de la sortie de This is it racontant les dernières répétitions de Michael Jackson à Londres, remarquée également par la sortie de nombreuses compilations d’un artiste controversé pendant la fin de sa carrière. La cerise sur le gâteau étant attribuée à Never say never (2011) racontant l’ascension de Justin Bieber jusqu’à ce qu’il devienne un artiste connu mondialement. En clair, du public aux productions musicales en passant par les acteurs eux-mêmes, tout le monde trouve son compte sur ces biopics. A l’heure où on parle de nombreux projets comme d’un film sur la collaboration Iggy Pop / David Bowie, on sait que le genre aura de beaux jours devant lui. Allez ! Je suis sûr que Johnny Hallyday passera par là. On prend le pari ?

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