zyvamusic.com ı Septembre / Octobre 2013 #28
LE MAG MUSICAL
GRATUIT DOSSIER :
1 Le
seapunk
MAIS Qu’est-ce que c’est ?
A
B
D
C
E
Discussions avec :
Ne pas jeter sur la voie publique
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The inspector cluzo Airbourne manu le malin LIVES REPORTS Tchopdye FESTIV
Zoom sur : ABSCHAUM / MA GUITARE DANS TA FACE / LE SUCRE Chroniques : AUSTRA / WAILLING TREES / franz ferdinand / barry + Actualité locale, Concerts coup de cœur...
ALS
EDITO SOMMAIRE
Ce magazine est imprimé avec des encres végétales sur du papier blanchi sans chlore. Ce magazine a été imprimé par une entreprise Imprim’Vert certifiée ISO 141 qui intègre le management environnemental dans sa politique globale.
Keskiss pass dans l’coin ? p. 4 à 6 Discussion : Tchopdye p. 7 à 9 Zoom sur le local p. 10 & 11 Discussion : The Inspector Cluzo p. 13 à 17 Concerts Coups de cœur p. 18 Sortie CD p. 19 Chroniques CD p. 21 à 23 Best of festivals p. 24 & 25 Discussion : Manu le Malin p. 26 & 37 Dossier : Le Seapunk p. 28 & 29 Discussion : Airbourne p. 30 à 32 Du son à l’image p. 34
Septembre / Octobre 2013 | Edité à 20.000 exemplaires 1000 Points fixes dans la région Rhône-Alpes Rédacteurs en chef : Grégory Damon & Anthony Dreano redaction@zyvamusic.com Directeur de publication : Hedi Mekki Responsable commercial : Gabriel Perez commercial@zyvamusic.com Rédacteurs : Barth, Jagunk, Yoch, -HMK-, Anto, Philippe « Pippo » Jawor, Violette, Kymmo, Thomas Guillot, Teddy, Nicolas Gil, David, Sarah, Julie, Germain, Mo, Léo, Léa. Photographe : Kymmo www.kymmo.com Maquette et graphisme : David Honegger Chargé de communication / Presse : Nicolas Tourancheau & Margot Roulin communication@zyvamusic.com Bureau / adresse postale : 6 Grande rue de Saint Clair - 69300 Caluire et Cuire Imprimerie : Pure Impression Zyva 2004 : Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. Aucun élé-
ment de ce magazine ne peut être reproduit d’aucune manière que ce soit, ni par quelque moyen que ce soit, y compris mécanique et électronique, online ou offline, sans l’autorisation écrite de l’association Zyva.
S
alut à tous ! ZYVA fait sa rentrée musicale, pour le plus grand plaisir de vos yeux ... Et de vos oreilles ! Pour cette 28ème édition de Zyva mag, nous vous avons préparé un contenu ô combien savoureux ! Tout d’abord, on a rencontré le groupe lyonnais TchopDye, mené par le rappeur Gas que l’on avait rencontré en 2010 sous la formation Dialect Music. Les mélanges des genres sont parfaits et la production travaillée : ce projet risque de rapidement faire parler de lui. Ensuite, on a retrouvé les Australiens de Airbourne, qui, dans notre esprit, font forcément référence à AC/DC. Et après quelques déboires dus au rachat de leur maison de disques, ils donnent une seconde jeunesse aux anciens (et aux jeunes) rockeurs fans de Hard-Rock. On est aussi allé à la rencontre de Manu le Malin. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Emmanuel Dauchez, de son vrai nom, est un des pionniers de la scène Techno Hardcore française, et à 40 ans, il continue encore à mixer et à enchaîner les dates. Et pour finir, la crème de la crème : les Gascons de The Inspector Cluzo, un groupe vraiment à part dans le paysage musical français, autant par sa musique (à 2, ils font autant de bruit qu’à 10 !) que par son état d’esprit. Le Do It Yourself étant leur leitmotiv, ils font tout eux-mêmes... Et ils le font bien ! Un vrai exemple à suivre pour les jeunes groupes qui débutent. Je suis d’autant plus fier de les avoir dans ce magazine car c’est un groupe que j’affectionne particulièrement. Mais aussi parce que cet édito sera mon dernier au sein de ZYVA. Rassurez-vous, je m’en vais vers d’autres contrées, mais vous laisse entre de bonnes mains. The show must go on ! Pour le reste, comme d’habitude, ce sera surprises, découvertes et bons plans. C’est à vous !
Grégory Damon
Passionnés de musique, vous souhaitez partager notre aventure, pour nous contacter : contact@zyvamusic.com Retrouvez les numéros précédents et les points de dépôt du magazine en téléchargement sur zyvamusic.com/mag Remerciements pour ce numéro : Viviane Fargier (Many Ways production), Sissi Kessai (The inspector cluzo), Tiffaine Blanquart (Dour), Nina Irrmann (Ephélide/eurockéennes), Maud Mantelin (Nuits de fourvière), Laurent Pierson (Les Derniers Couchés), Charline Pouzet (Arachnée), Juliette Lassard (théâtre Villefranche), Line Heimroth (Bizarre), Franck Charousset (Le Bournot), TchopDye, Val (La Stickerie), Elodie Pommier (Eldorado & Co), Marie Neyret, Perrine Mekki, Florence Damon-Bernard, Fanélie Viallon, Blaise Diop, Marianne Balleyguier, Romain Gentis, Clémentine Bouchié, Marine Nicolas, Thomas Bouttier, Antoine Chaléat, Sylvain Vignal, Maxime Lance, et tous les bénévoles.
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Kymmo
Festival du Tonton !
Pour sa 3ème édition le festival du Tonton revêt un habit encore plus festif avec comme têtes d’affiche le chanteur Pep’s et l’As de Trefle. L’affiche est complétée avec Frero Delavega, Alexandra Tan, Black Lilys, Wendy Nazare, Raz’Rocckette (photo), Tikno Swing, Orchestra Sound System et Blind 6. Ça se passe les 13 et 14 septembre à St Just Chaleyssin à 30 minutes de Lyon. + d’infos : www.festival-du-tonton.fr Séance de rattrapage !
Du gros son à Pont de Claix Cette année encore c’est aux Papeteries de Pont de Claix en Isère que se déroulera le festival Rocktambule du 16 au 19 octobre. Les fans de Hip Hop américain seront servis avec la présence de Masta Killah et Inspectah Deck du Wu Tang Clan. Ils ne seront pas seuls puisqu’il y aura le duo M.O.P ainsi que le rappeur Oddatee. Côté Métal on trouvera les légendaires vieux rockeurs de Suicidal Tendencies accompagnés des français non moins connus de Mass Hysteria (photo). Pour le reste ça part dans tous les sens avec le Duo Rock venu tout droit de Gascogne, The Inspector Cluzo, ou encore le groupe hybride Skip & Die et sa chanteuse déjantée, le jeune prodige du Reggae français Biga Ranx, les spécialistes du Dub lyonnais Kaly Live Dub, le Dj parisien Para One, le duo Burning House ou la rencontre entre Chief Xcel (Blackalicious) et General Elektriks. + d’infos : www.rocktambule.com Ça va tabasse à St-Etienne !
Suite à l’annulation du concert du 29 juin dans le cadre du Festival Les Travailleurs Alpins, une nouvelle date a été trouvée. C’est donc le 30 octobre à St Martin d’Hères que se produiront Les Ogres de Barback (photo) ainsi que les Barbarins Fourchus. Prévente 15€ au siège du Travailleur Alpin. http://www.travailleur-alpin.fr
C’est la 2ème édition pour le 1001Bass Music Festival, et ça se passe sur 3 jours à St-Etienne du 31 octobre au 2 novembre. A chaque soirée son ambiance et on commence au Fil avec une soirée Electro, House, Dubstep avec comme tête d’affiche Etienne de Crécy, The Toxic Avenger, Maelstrom ou encore le Dj sud-africain Sibot spécialisé dans le Hip Hop (Playdoe, The Real Estate Agents...). Le lendemain tout commencera à 19h avec un parcours electro dans les bars de St-Etienne suivi d’une grosse soirée Hardcore, Hardtechno au Hall C où 4000 personnes seront attendues ! Elles pourront se lâcher sur les sons de Manu le Malin, Suburbass, Zone 33, Le Bask, Gotek et Mempamal. On retourne au Fil pour le dernier soir pour une ambiance Techno, Trance, Progressive et Psyche. La scène grenobloise sera bien représentée avec Miss Kittin et Oxia. Pour le reste il y aura Dusty Kid, Da Fresh, Jules & Moss, Journey, Ganesh et Groove Inspektorz. + d’infos : www.1001bass.net
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Kymmo
PASS DANS L’COIN
L’actualité Musicale en Rhône-AlpES
Métal Stephanois au Fil
Arnaud Rebotini et le Transbordeur s’associent pour créer les soirées Don’t Mess With Us ! L’artiste aussi connu pour ses performances Live en solo que pour son groupe Blackstrobe aura donc carte blanche pour faire danser les rockeurs et faire pogoter les clubbeurs. Pour la première date de l’année, le 27 septembre à partir de 23h30, sont invités les Japonais de Polysics avec leur “Pogo Punk Technicolor” suivis du duo electro lyonnais Spitzer qui proposeront pour l’occasion un set original puisqu’ils ressortiront leurs disques de Post Punk et de New Wave du placard ! + d’infos : www.transbordeur.fr
Kymmo
Rebotini vs Transbordeur La 20ème Bold Session du Fil de StEtienne aura lieu le 5 octobre et sera consacrée à la scène Métal stéphanoise. Deux jeunes groupes ouvriront le bal : Heavylution fortement inspiré du Heavy Métal des années 80 et Hollow Graph X qui oscille entre Métal et Rock. Pour clôturer la soirée le groupe Holy Cross (photo) viendra présenter pour la première fois son deuxième album sorti sur le label allemand Pure Steel Records. + d’infos : www.le-fil.com Les Sons d’Automne #2
Pierre Terrasson
Rhino Jazz 35ème ! Fans de Jazz en tout genre, le festival Rhino Jazz va vous ravir avec ses 30 concerts répartis sur trois départements (Loire, Rhone, Isère) du 2 octobre au 9 novembre. Du petit cloitre de 100 places au concert devant 2000 personnes, du Swing au Be Bop en passant par la Funk, le Blues ou même le Flamenco il y en a vraiment pour tous les goûts. Le Festival mise encore et toujours sur un mélange de têtes d’affiches venues des quatre coins du monde, de découvertes mais également de créations originales comme le Sounds of Freedom avec l’artiste Ilene Barnes. Pour le reste des gros noms vous retrouverez pêle-mêle, John Mac Laughlin, Dirty Dozen BB, Fatoumata Diawara, Juan De Lerida, Antonin Tri-Hoang, Mountain Men, James Blood Ulmer, Laurent De Wilde, Yom & Wang Li, Imperial Quartet, OrTie, Elodie Pasquier ou encore Ben Toury Corporation. + d’infos : www.rhinojazz.com La rentrée sur scène Du côté de Grenoble, l’association Retour de scène est aussi en forme pour la rentrée. Avec comme vocation la promotion et la diffusion des musiques actuelles, c’est tout un programme qui vous attend pour la rentrée, riche d’authenticité et de diversité musicale. Comme par exemple la soirée de concerts gratuits “J’peux pas, j’ai piscine” le 12 Septembre avec Naâman (Reggae Ragga), Iphaze (Electro Drum&Bass) Smokey Joe & the Kid (Electro Swing), Mû (Piano & BeatBox), ou encore le 20 Septembre soirée aux accents “World”, et le 2 Octobre Mister Valaire. A noter aussi la première édition du festival “Vous êtes bien urbain” du 22 au 27 Octobre. Ce projet est le fruit d’une collaboration entre 2 assos locales, Retour de scène et Contrattak prod. La thématique de l’évènement est orientée sur les cultures urbaines, toutes les infos et détails de l’organisation seront disponibles début Septembre. A surveiller ! + d’infos : www.retourdescene.net
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Comme l’automne dernier C’Kel Prod et le Fil de St-Etienne organisent les Sons d’Automne, avec cette année 3 concerts à la thématique Pop-FolkElectro. Le premier a lieu le 18 octobre avec Lilly Wood & The Prick et le duo Lyonnais Erotic Market. Le 26 octobre c’est au tour de Ayo et sa Folk accompagné de Citizen Cope. Un mois plus tard, le 26 novembre, c’est Gaétan Roussel qui se produira sur la scène du Fil. Malgrés l’éloignement des dates, un pass à 40€ les 2 concerts ou 50€ les trois est mis en place pour l’évènement. + d’infos : www.le-fil.com Surf Invasion #2
La deuxième édition de la Surf Invasion aura lieu le 25 octobre au Ninkasi Kafé à Lyon. La soirée est gratuite et propose 4 groupes, suivis d’un Dj Set et une Tombola Surf ! Les amoureux du style auront donc droit à 6h de Surf Music avec les italiens Surfer Joe and His Boss Combo, Surf Invasion Super Groupe créé spécialement pour l’évènement, Demon Vandetta et Pirato Ketchup venu de Blegique. + d’infos : www.ninkasi.fr
Just Rock ! Le festival itinérant de Médiatone, Just Rock?, est encore là pour animer l’automne Lyonnais. Pour la première soirée c’est un parcours Folk qui est proposé le 19 octobre puis on débute les concerts en douceur avec Emily Jane White et Denis Rivet le 22 octobre au Marché Gare. Le lendemain c’est au Transbordeur que ça se passe avec les révélations françaises des deux dernières années : Rover et Cascadeur. Les hostilités reprennent le 1er novembre au Kao avec le Duo Body/ Head composé de Kim Gordon (Sonic Youth) et Bill Nace qui seront sur scène avec Oiseaux-Tempete. Le 6 novembre place au concert de Juveniles et son univers pop au Marché Gare. Le 9 novembre à l’Épicerie Moderne ce sera le spectacle concert du duo de batteurs Fills Monkey. Ils présenteront leur “Incredible Drum Show” qui oscille entre spectacle clownesque et performance musicale. Retour au Kao le 11 novembre pour le concert de Half Moon Run. + d’infos : mediatone.net
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KESKISS PASS DANS L’COIN ?
Music + Surf à Grenoble
Le Snow Garden Festival investit cette année le Stade des Alpes à Grenoble les 10-11-12 octobre. Divers évènements culturels (concerts, films, animations...) auront lieu jour et nuit avec des concerts tous les soirs. La tendance sera forcement festive et electronique avec les sets de Missill et Jukebox Champions ou encore les déjantés Naïve New Beaters et la rappeuse londonienne Ms Dynamite. + d’infos : snowboardgardenfestival.fr Ça fait Zizir de retour !
La rentrée de Bizarre ! Du 9 au 11 octobre le projet Bizarre! fera sa rentrée à l’Amphithéâtre de l’Opéra de Lyon. L’association propose tout au long de l’année des résidences artistiques a de jeunes artistes de la région dans diverses disciplines (musique, danse, arts numériques). Ces projets souvent innovants et bizarres proposent ensuite une représentation de leur travail à la Salle Eric Satie de Venissieux. Pour cette rentrée à l’Opéra c’est un rendu des résidences de la saison passée qui sera proposé. Le 9 octobre à midi c’est Ibraima Cissoko @ le Mandingue Foly qui présenteront leur travail. Le jeudi soir l’ambiance sera Jazz-Hip Hop avec 14 musiciens qui entourent un rappeur : Fish le Rouge. Le vendredi place à la slameuse Barbie Tue Rick à midi suivi le soir de deux projets. Celui de Pj Pargas intitulé Locus qui mélange danse, musique electronique et contrebasse et La Lune Bleue de la Cie de danse Madjem. + d’infos : www.projetbizarre.fr Jour & Nuit bis Le petit nouveau des festivals grenoblois remet le couvert cette année du 20 au 22 septembre. Pas moins de six lieux différents seront investis pour sept concerts. Les trois journées gratuites (14h-19h) seront consacrées aux Dj locaux qui investiront le parvis de la Bibliothèque Centre Ville les 20 et 21 et le Parvis de la Belle Electrique le dimanche. Le soir se suivront un concert en salle de concert et une soirée dans un lieu original. Le vendredi c’est Rover (photo) et Mesparrow qui se produiront à La Source en début de soirée suivis à 23h d’un plateau féminin au musée du Dauphinois composé de Dinky, Steffi et Virginia. Le samedi soir le concert a lieu à La Bobine avec le retour très surprenant sur scène du groupe de Rap La Caution qui n’a plus rien sorti depuis 2005. Place ensuite à la grosse soirée Electro au Stade des Alpes avec Le Bateau Îvre, Sebo-K, Anja Schneider, To Van Kao, Acid Washed, Daniel Avery et The Hacker ! + d’infos : jouretnuitfestival.com
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Reviendra, reviendra pas ? Le festival gratuit Ça Fait Zizir sera bien là du 13 au 15 septembre, Place Ambroise Courtois dans le 8ème à Lyon. De plus en plus articulé autour des Arts de la Rue (cirque, danse, théâtre...), la musique sera tout de même bien présente les deux soirs. Le Triangle et Le Bonk seront présents le vendredi avec respectivement leurs sons Hip Hop et Electro cuivré. Le samedi soir place au collectif de Rap L’Animalerie avec Anton Serra et les Bavoog Avers, suivits d’Anakronic Electro Orkestra puis de Ni. + d’infos : cafaitzizir.fr Chansons d’automne
Festival de “chanson vivante” - comme ils disent - organisé par la salle Le Rabelais à Meythet dans l’agglomération d’Annecy qui se déroulera entre le 9 et le 20 octobre avec autant de dates que de lieux, passant de la salle Le Rabelais aux différentes médiathèques et MJC de l’agglomération, au Brise Glace, au BD Fugue Café, et bien d’autres encore... On pourra y retrouver entre autres Thomas Pitiot, Barcella, Melismell, Suissa, Enzo Enzo, Alexandre Poulin, Zoufris Maracas, Les Fourmis dans les Mains... préparez vous à un bel été indien ! + d’infos : rabelais-spectacles.com
DISCUSSION Ninkasi Kafé 14/06/2013 Par Violette / Photo : Matthieu Labbe
lors d’une journée d’été touchant à sa fin. Je m’apprête à rencontrer les membres de Vpourilleurbanne, TchopDye au Culbuto, leur local de répétitions, quelques jours après leur passage au Ninkasi Gerland une soirée Night Groove. Partant d’une curiosité liée à leur projet vidéo, Canal Fat, consistant à
filmer leurs répétitions pour en faire de réels épisodes d’une mini série, la rencontre avec Gas (chanteur), Sylvain (claviériste), Martial (batterie) et Balthazar (basse), va peu à peu nous prouver que le groupe ne sort pas de nulle part. Complexe et limpide à la fois, ce projet est l’aboutissement de quatre parcours musicaux conséquents, reliant toute leur énergie à un élément manquant ; vous, tout simplement. ZYVA : En regardant votre actualité sur internet, on a l’impression que tout est calculé au millimètre près, que rien n’est laissé au hasard, comme les dates de sorties de vos vidéos Canal Fat ou prochainement de votre EP. Gas : Pas forcément, c’est plutôt la façon dont on essaye de présenter notre projet et celle avec laquelle on partage notre musique avec les gens, qui sont calculées. On avait un projet, de la musique et on s’est dit : “Comment partager ça de manière originale ?” Les gens autour de nous étaient curieux de savoir comment se passait notre travail, alors on a trouvé un moyen de les faire entrer dans notre univers grâce à Canal Fat. De plus, les morceaux sonnent comme en live, ce qui peut donner envie de venir nous voir sur scène. Pour le reste, ce n’est pas vraiment calculé. Notre proposition artistique se base aussi sur la façon dont notre public l’accueille. Il faut qu’il y ait un sens pour les gens. On veut avant tout partager quelque chose d’original, de frais et rester indépendant. Z. : C’est donc une façon de tester votre musique avant même de la proposer en live ? Car vous n’avez pour l’instant que très peu de représentations à votre actif. G. : Exactement. On a chacun une expérience bien aboutie dans la musique. D’habitude, on teste les morceaux sur scène. Là on a déjà commencé à tâter le terrain en jouant certains morceaux, comme il y a un an et demi lors du festival Afro Soul, date suite à laquelle nous n’avons pas joué pendant un an. TchopDye est un projet fait pour le live, d’où l’intérêt Canal Fat. Après, beaucoup de gens ne se rendent pas compte que c’est
du live, mais le but pour nous était de voir comment notre musique sonne en direct. Z. : Vous jouez donc des morceaux qui ont déjà quelques années alors ? Sylvain : On les a triturés dans tous les sens pour être sûrs que ce soit la forme que l’on voulait. On a commencé à penser aux morceaux avant même de former le groupe. G. : On faisait déjà tous partie d’un projet musical avant cela. Martial est batteur dans beaucoup de groupes, dont Zen Zila. Balthazar a grandi dans la musique, en passant par le Jazz ou l’’Electro, Sylvain et moi-même faisons partie du groupe Dialect Music, avec lequel on a fait plus de 250 dates en cinq ans et avons sorti trois disques. On était donc dans une dynamique où l’on a eu besoin de s’arrêter et c’est à ce moment là que l’on a rencontré Balthazar et Martial. C’est donc plus Sylvain et moi qui avons fait mûrir le projet. Lui compose, j’écris les paroles. Martial et Balthazar amènent leur touche, qui a une place importante sur scène. ne redoutable efficacité. Z. : C’est vrai que votre style de musique tend plutôt à une ambiance festive. G. : Oui, c’est une musique dansante, avec laquelle on peut faire la fête, c’est en tous cas ce que l’on recherche. Mais pas que. Festif ne veut pas forcément dire léger. Je pense que ce qui nous intéresse est plus une énergie. C’est beaucoup plus global que l’idée de message ou de sens. C’est un mouvement, manger-mourir, ce que veut dire TchopDye en camerounais. La vie ne s’arrête pas au fait d’être triste ou de faire la fête, c’est bien plus complexe, plus nuancé. Ce qui compte, c’est l’énergie,
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DISCUSSION avec Tchopdye
“On se classe dans la catégorie Hip-Hop, ce qui nous laisse le plus de liberté, mais en réalité c’est de l’Afro-Futurisme.”
qui pour nous est incandescente. Elle est chaude, animale, dévorante. On est tous à la fois dans l’appétit, l’envie de voir et faire des choses, et à la fois un peu dans l’autodestruction. Cet appétit là n’est pas toujours bon pour nous mais c’est grâce à ça que l’on survit. On ne veut pas que les gens retiennent des mots, mais des émotions. Ce groupe est un peu la conclusion de nos parcours à tous. On a croisé beaucoup de monde pendant ces années d’expériences, des gens qui ont fait des années de conservatoire. Je viens du Hip-Hop, Martial a été punk, Balthazar a traîné dans des endroits inavouables. (Rires) Avec ce projet, on va vers quelque chose de naturel, qui conclut tout ce qu’on a appris jusqu’à maintenant. B. : Ce qui nous relie c’est que l’on est tous très curieux. G. : Donc à toi de l’être et si tu cherches du sens dans TchopDye, tu en trouveras. On ne fait rien pour rien, nous ne sommes pas dans une posture de groupe festif, même si on a envie de faire la fête avec les gens, ça c’est sûr. Pour ce qui est du sens, est-ce vraiment important ? Quand tu regardes un tableau, tu n’as pas forcément envie d’entendre le peintre t’expliquer pendant des heures ce que tu dois ressentir, tu veux juste voyager. Les gens perçoivent d’ailleurs notre musique de manières différentes. Certains disent que c’est de la Funk, d’autres de l’Electro, d’autres la trouvent un peu
Pop. On se classe dans la catégorie Hip-Hop, ce qui nous laisse le plus de liberté, mais en réalité c’est de l’Afro-Futurisme. C’est cette culture là que l’on revendique.
Z. : Tu pourrais nous éclairer un peu plus sur l’AfroFuturisme ? G. : Si tu veux, ce terme a été inventé il y a bien des années par tout un courant d’artistes venant du Jazz, pouvant passer par la Funk ou la P-Funk, voire le HipHop, que l’on retrouve dans plusieurs disciplines comme la peinture, les mangas ou le graphisme. Pour nous, c’est venu de façon assez évidente car les goûts et les envies de chacun se rapprochaient forcément d’artistes appartenant plus ou moins à ce courant. Comme George Clinton en P-Funk, Outkast pour le Hip-Hop, il y a aussi Erykah Badu, Janelle Monae, etc. En somme, c’est tout un univers développé par des artistes n’étant pas forcément à l’aise dans la société dans laquelle ils vivent. Ce sont souvent des artistes Afro-Américains ou Africains, qui développent un monde parallèle, dans lequel ils reprennent divers éléments empruntés à leur culture, qu’ils mélangent à d’autres complètement fantasmagoriques ou futuristes. Si on devait nous mettre dans une case, ce serait celle qui nous correspondrait le mieux. Elle nous laisse une liberté qui correspond vraiment à ce que l’on veut faire. On n’est plus dans un
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style musical, mais dans un mouvement. Le plus important n’est pas la façon dont on se définit mais comment les gens nous perçoivent. Z. : C’est assez rare de tomber sur des groupes qui se rapprochent d’un mouvement non d’un style. G. : En vingt ans, on a eu le temps de brosser chaque style. On a vite compris, que ce soit en étudiant les genres ou la vie des artistes, que tout était poreux, tout était lié. Les genres musicaux sont juste des tendances. Et aujourd’hui particulièrement, ça ne veut plus rien dire à partir du moment où un artiste utilise plus de trois styles différents pour se définir. S. : Ils cherchent tous à se mettre dans des cases alors qu’il n’y a pas forcément lieu d’être. Z. : En voyant le clip de Tell Me Something, je me suis dit que vous souhaitiez peut-être introduire une certaine dimension politique à votre démarche, avec la figure des dictateurs… G. : A partir du moment où tu t’exprimes publiquement, c’est un positionnement politique, plus ou moins important certes, mais qu’est-ce que la politique à part une vision de la vie ensemble, du partage, de la société ? Balthazar : Être artiste est foncièrement être politique puisque l’on s’expose devant des gens et qu’on leur propose quelque chose. Après on est surtout pas un groupe militant, nuance.
“On n’est plus dans un style musical, mais dans un mouvement. Le plus important n’est pas la façon dont on se définit mais comment les gens nous perçoivent.” G. : Si on a utilisé l’image des dictateurs, ce n’est pas pour rien. Ce qui nous plaît est l’idée d’amener les choses sous un angle différent. Z. : Connaissant maintenant votre parcours musical, l’utilisation d’internet comme outil de diffusion doit être un moyen plutôt nouveau pour vous... G. : Justement, une personne m’a dit récemment que c’était intéressant que l’on renouvelle notre démarche. Le fait de nous arrêter un peu nous a permis de mieux réfléchir à cela. Après je pense que l’on est pas obligé de passer cette case là. On fait avec les outils que l’on a. En l’occurrence, pratiquement tout le monde a un ordinateur maintenant. C’est quelque chose de plus accessible. Puis d’un côté, tu ne peux plus t’en passer aujourd’hui. Mais la scène est également un outil très puissant, qui touche plus les gens et qui peut te permettre d’être plus léger sur internet. Certains groupes pensent que des centaines de connexions vont faire des centaines de personnes dans les salles, alors que c’est faux. Ce qu’on apprend est qu’il faut être un peu de partout et c’est ce qu’on essaye de faire. On va essayer d’être playlistés sur des petites radios. Z. : Et pourquoi pas sur des plus grandes ? G. : Il faut faire les choses dans l’ordre, surtout que si tu n’as pas de tournée derrière, ça ne sert à rien de passer sur une radio nationale. Mais le jour où l’on voudra le faire, on pourra. On se laisse une marge d’erreur mais on a tout de même un but et on se donne les moyens pour ne pas rester à une échelle régionale. B. : On est réalistes.
Tell Me Something youtube.com/user/canalfat
F
Next show : 27/10 La Tannerie / Bourg en Bresse
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Z LE
ZOOM SUR LE LOCAL Abschaum T
rois albums et deux EP à son actif et un plébiscite qui tarde à pointer le bout de son nez, Abschaum est un mec discret, acharné et talentueux qui force l’admiration, mais qui ne connaît malheureusement pas encore la notoriété qu’il mérite. Éduqué très jeune aux lignes de guitares de Nirvana, le lyonnais a des horizons musicaux variés et se sent aujourd’hui aussi bien influencé par des groupes comme Can et Spacemen 3 que Yan Wagner ou Dinosaur Jr. Chris (de son vrai nom). Abschaum mixe les influences qui l’ont forgé en tant qu’artiste et mélange le tout dans une Cold-Wave efficace, ravageuse et déchaînée produite par the guy himself. Car non Abschaum n’est pas l’arbre qui cache la forêt d’artistes qui l’accompagnent profitant du travail acharné d’hommes de l’ombre pendant que lui se fait un nom. Non ! Abschaum s’est fait tout seul, écrit, compose et joue
Prochain concert : 3/10 au Sonic / Lyon
+ d’info : abschaum.bandcamp.com
l’intégralité de ses chansons qu’il enregistre lui même dans son home studio. Abschaum est un stakhanoviste acharné, qui n’a plus rien a prouver localement et qui gagnerait à
ma guitare dans ta face E
n ce qui concerne le Rock, Le Brin de Zinc est sans aucun doute l’un des hauts lieux de la région. Impossible de passer à côté de la salle chambérienne sans s’arrêter sur sa prog’ et goûter sa bière. Sa petite capacité (180 personnes) ne l’empêche pas d’enchaîner 250 dates par an, ce qui permet aux groupes locaux de se produire et de rayonner un peu plus, mais aussi de partager la scène avec des artistes parfois venus de loin. Parmi les grandes dates passées et futures, on pourrait retenir Patrick Rondat, ETHS, Ange, Punish Yourself, Parabellum, Golden Animals, Aqme et bien d’autres. Pour la deuxième année consécutive, la rentrée sera l’occasion pour le lieu d’organiser
Par Barth s’exporter. Comme une récompense pour l’intégralité du travail fourni, il s’apprête à partir en tournée européenne avec le groupe Grave Babies pour une quinzaine de dates, dont une lyonnaise qu’il ne faudra en aucun cas manquer. Enfin, il se murmure en coulisse qu’un quatrième album devrait voir le jour d’ici la fin de l’année 2013... On l’espère ! En attendant il y a déjà de quoi s’occuper sur son bandcamp.
le festival Ma Guitare dans ta Face qui se déroulera du 10 au 13 octobre et confie bien évidemment la scène à des guitaristes expérimentés. Au programme de cette seconde édition, Mörglbl, le groupe du mythique Christophe Godin, Tim O’Connor, l’international de l’acoustique venu d’Irlande, Thomas Schoeffler Jr (photo), et notre ami lyonnais Zero Absolu, qui clôturera les festivités. Et tout cela à petit prix avec des soirées de 6€ à 10€ et un pass quatre jours à 25€ ! À noter également, le gagnant du tremplin BDZ partagera la scène avec Lizzard qui présentera son premier album enregistré à Los Angeles et produit par Rhys Fulber (Paradise Lost, Fear Factory, Front + d’infos : www.brindezinc.fr
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Par Anto Line Assembly...). Autant dire que les gros riffs et solo de génie seront de mises, dans une ambiance à la fois intime et transpirante. Les amplis vont frétiller de plaisir lors de ce long week-end.... Et vous ?
LE SUCRE
S
i vous avez passé l’été à faire bronzette sur les plages en sirotant des cocktails plutôt que de zoner à Lyon, vous avez probablement raté l’ouverture du Sucre. Si l’on en croit les rumeurs, il s’agirait là du nouveau lieu culturel des années 10-20 : un rooftop où culture et club s’entremêlent, où le lien social se tisse, où les générations se comprennent,
Rooftop, Culture & Club
où... N’en faisons pas trop. Outre les tonnes de blabla sur l’identité du lieu, son projet transdisciplinaire et son intégration urbaine, ce qui nous intéresse plus c’est qu’il s’agit avant tout d’un club, dont le son est de très bonne facture – tant au niveau de l’acoustique que de la programmation. Derrière tout ça, l’équipe d’Arty Farty qui s’est acoquinée pour l’occasion (une fois n’est pas coutume) avec Laurent Garnier et Agoria, présentés comme les ambassadeurs artistiques du lieu. L’été lyonnais aura donc été marqué par des lives et Dj set de qualité puisque nous avons pu admirer l’inimitable Siriusmo, les gars de CLFT, mais aussi Dixon et Medlar pour ne citer qu’eux : les sold out sont déjà de coutume et quelques petits malins se font une joie de revendre des places le soir même, histoire d’arrondir les fins de mois. La bonne nouvelle, c’est que
Par Anto les festivités continuent à la rentrée : du 5 au 8 septembre, sur le toit de la Sucrière, aura lieu l’inauguration officielle de la salle. Quatre jours qui seront l’occasion pour les premiers habitués comme les vacanciers de retour à Lyon de profiter d’un all day long de Laurent Garnier et des prestations d’Erol Alkan, Alejandro Paz ou encore Daniel Avery. Le reste du mois risque également d’être bien chargé avec de nombreuses tête d’affiches attirantes : parmi les premières dates annoncés il ne faudra pas rater l’après-midi Item & Things qui réunira Marc Houle, Troy Pierce et Tomas More dimanche 15 septembre, ni la soirée du 21 opposant Dawn Record vs Paradisium avec Perc, Renart et Mondkopf. Sans oublier Ben Klock, Kink, et Skream... Reste à voir si les Lyonnais tiendront le rythme ! + d’infos : www.le-sucre.eu
Heart of glass / Heart of gold
Into the wild
L
e festival Heart of Glass/Heart of Gold fait partie de la petite famille des manifestations musicales qui essayent de changer notre manière de consommer la musique. Qu’on ne se trompe pas, il y aura toujours des groupes qui joueront de leurs instruments sur une scène devant des spectateurs en furie. Ce qui change, c’est avant tout le lieu : les festivités se déroulent dans un complexe hôtelier en Ardèche, où vous pourrez aussi bien profiter des têtes d’affiches que de la beauté du paysage. Le concept ? Vous partez entre en potes, en groupe de 4, 6 ou 8, et partagez un bungalow tout équipé. Plus vous êtes de fous, plus grande est la cabane et moins chère est la place, même si le premier prix est tout de même de 97,50 € ! Heureusement, il y a toujours les gorges de l’Ardèche,
la piscine et tous les équipements aquatiques, ainsi qu’une très jolie affiche pour justifier la facture. Au programme de ce week-end à la sauvage, Fuck Buttons, Efterklang, Zombie Zombie, Au revoir Simone, Aline, Rebotini, Fairmont et une vingtaine d’autres noms oscillants entre electronica, indie pop, rock chelou et hip hop hybride... Bref, pas vraiment La Compagnie Créole au camping. Né du partenariat d’un camping déjà connu pour son amour pour la musique live (l’Aluna Vacances) et d’une association de la région lyonnaise (Génération Spontanée), le festival aura lieu du 20 au 22 septembre près du riant village de Ruoms. Histoire de repousser l’automne. + d’infos : www.heartofglass-heartofgold.com
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Par Thomas Guillot
DISCUSSION
Art Sonic, Briouze 20/07/2013. Interview et photos live : Philippe “Pippo” Jawor
“Les derniers des Mohicans”
the inspector cluzo S
tars jusqu’au Japon, les Gascons de The Inspector Cluzo ouvrent leur nouvelle tournée en Normandie à la veille de la sortie de leur quatrième album. L’occasion de discuter avec Laurent, le guitariste/chanteur de ce groupe à quatre mains, de ce nouvel opus qui arrive, de la Gascogne, et de la philosophie toute particulière de ce groupe, qui quelques heures après montera sur scène pour “marcher sur la gueule” d’un public déjà conquis par son énergie.
ZYVA : Vous sortez bientôt un nouvel album, “Gasconha Rocks” ; enregistré à la maison, j’ai vu que vous aviez acheté une petite machine... Laurent Lacrouts : À la maison, cette fois-ci de A à Z, le mix, tout. On a acheté une vieille console de 1979, qui a appartenu à quelqu’un d’assez glorieux... Z. : Qui donc ? L. : Chichin. mais on l’a su qu’après hein, c’était pas dans l’argument de vente (rires). C’est une vieille table, analogique pure, faite seulement pour du rock, ça c’est sûr. C’est vraiment pas du tout adapté à la musique et aux artistes d’aujourd’hui. Z. : Vous ne vous considérez pas comme des artistes d’aujourd’hui ? L. : Pas vraiment non, on est un peu les Derniers des Mohicans (rires). Il y a un concept analogique à la base aussi puisqu’en live on joue tout à quatre mains, y a pas de tracks. Z. : C’est une de vos fiertés, quelque chose que vous revendiquez... L. : C’est pas une fierté c’est devenu une rareté, déjà ! Surtout en France, la moitié des groupes jouent sur tracks, des bandes. Eux ne diront pas que c’est du playback, mais bon, à partir du moment où t’en mets (rires)... Y en a de plus en plus, y compris dans le rock, qui était pas touché avant. On a appuyé là-dessus. Sur cet album et même en live, on fait tout ce que tu ne peux pas faire avec les tracks justement : s’arrêter, repartir, accélérer, improviser. On improvise énormément.
Impro totale, jamais le même show. On a enregistré en prises complètement live, pour vraiment capter cette espèce de pression qu’on arrive à coller en live, que les gens aiment, qu’on avait pas sur les albums précédents. Sans faire un live non plus, parce que c’est un piège, un faux chemin. On a fait des prises un peu style à la Kravitz : deux micros sur la batterie, pas douze comme aujourd’hui. Dans une pièce qui réverbe énormément, j’ai fait deux prises de guitare, pas dix-huit. Y a pas d’artifice, c’est chanté tout d’un coup. Z. : Chant enregistré séparément ou pendant que tu jouais ? L. : Je faisais un témoin avec Mathieu mais ça fait 21 ans qu’on joue ensemble, pas besoin que je lui chante la berceuse (rires) ! Le studio, ça le gonfle grave : c’est un batteur en disparition : un batteur de rock, à la Dave Grohl. Un cogneur, un grooveur, il a besoin d’adrénaline ! Quand y a pas le concert il joue moins bien, pour résumer. Ça le fait chier en fait ! Z. : À ce point ? L. : Ouais, puisqu’il se passe rien ! (Rires) On s’est mis dans des conditions tranquilles : déjà, on a fait une pause, parce que ça faisait quasi cinq ans qu’on avait jamais arrêté, qu’on enregistrait au fur et à mesure. Là on a fait six mois de pause, la première depuis le début du groupe, ce qui est exceptionnel. Z. : Vous avez pris de vraies vacances ? L. : On a pris deux mois pour se reposer, mais ça on le fait régulièrement parce qu’on a la chance de vivre dans
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“On est dans une période de transmission de certaines valeurs”
un endroit qui est vraiment préservé du monde ; dès qu’on rentre on est coupé. Là on s’échappe des fêtes de chez nous, les fêtes de la Madeleine. Ce soir je devrais être à la corrida. On avait une tournée en Afrique du Sud en mars, ça nous a un peu coupé les choses en deux, ça nous a fait du bien. On a pris le temps ; sur celui-là il y a moins de groove, plus de songwriting. On a passé plus de temps ; faut qu’on change aussi, c’est la fin d’un cycle ! Z. : Vous aviez ce besoin de vous renouveler ? L. : Oui, au bout d’un moment Cluzo n’a plus rien à prouver en live. On était devenu une machine de live mais c’était pas ce qu’il fallait faire. On a acquis ça aux quatre coins du monde : plus tu tournes plus tu deviens une machine, surtout quand tu joues avec un type depuis 21 ans (rires) ! On avait vraiment besoin de ça. On s’est concentré sur autre chose aussi : on a acheté une ferme chez nous, on a élevé, gavé des canards, aidé, accompagné les gars du rugby dans leur saison en Top 14, très dure. Faire plein d’actions en local, une asso qui s’appelle Mousquetaires de Gasconha qui porte sur la langue, pour ouvrir une école, la parler, rencontrer des vieux. On s’est refoutu à fond au gascon. Là on est venu avec un jeune de Mont de Marsan qu’on avait emmené en Afrique du Sud, qui va nous suivre, venir avec une quinzaine d’autres. On est dans une période de transmission de certaines valeurs, parce qu’on a pris conscience qu’on était, musicale-
ment et de par nos origines, un peu dernier Mohican. Ça s’est très accéléré depuis un ou deux ans : on avait pas vu la scène française depuis un moment, on a un peu halluciné quand on est revenu. Souvent on nous disait “ça c’est un groupe de rock !” C’est un groupe de rock ça ? Ah ouais, bon... Z. : Des noms précis ? L. : Non... On l’a fait une fois parce que c’était vraiment un gros connard et qu’il fallait arrêter mais c’est pas le style. C’est global quoi. C’est à l’image de la société française aussi hein, aseptisée, consensuelle, sans relief, du McDo quoi... Du coup on s’est dit : on va faire l’inverse (rires) ! Z. : Contrepied total... L. : Ça fait 27 ans qu’on joue ; quand t’arrives à l’âge qu’on a et au nombre de dates qu’on a fait, t’arrives à faire certaines choses. Aujourd’hui, le niveau des groupes c’est beaucoup de concept, beaucoup de trucs mais le niveau d’instrumentistes est très faible ; passés les deux premiers morceaux de concept il se passe plus grand chose. C’est vrai que des groupes comme nos potes landais de Gojira ou nous on est un peu des Mohicans parce que ça part de l’artistique, c’est pas un marketing qui va faire que. C’est comme ça, c’est l’époque. Z. : Le concert de ce soir est la première date officielle de la tournée ; je me demandais, puisque tu parlais d’actions en local, si vous aviez déjà commencé à tester de nouvelles choses chez vous, dans des petites salles ? L. : Euh... non. En Afrique du Sud, on a essayé plein de
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longtemps, plus on digère, plus on enchaîne, plus on s’améliore. Aujourd’hui, étant donné que tout est très marketé, forcément en live ne peut arriver qu’un produit très marketé, qui fait du billet. Évidemment quand ils veulent se faire plaisir ils vont chercher nous, ils vont chercher Didier Wampas... Ce qui nous rassure, c’est que sur la dernière tournée, par tous les endroits où on était pas repassé depuis un moment, en Hongrie ou même Tokyo où on avait pas été depuis très longtemps, il y avait toujours 300, 350 fans.
“Une approche assez stratégique mais qui est toujours basée sur l’humain”
trucs, on s’est embrigadés encore plus dans ce rock ‘70 qui permet beaucoup de libertés, des plages instrumentales où on va envoyer deux trois riffs parce qu’on sent la tension commencer à monter avec le public. On se regarde et on se dit “ là on commence à appuyer”. Ce soir c’est un set “classique” mais joué comme on le fait maintenant, en essayant que ce soit pas un encéphalogramme plat – surtout à deux, il faut mettre du relief – essayer de moduler, la musique quoi ! On était venus ici il y a deux ans. À l’époque c’était gros boulet, gros groove, toujours en interaction. Ce qu’on essaie de travailler et qui est apparu depuis un an et demi, qui ne peut apparaître qu’avec le temps, c’est une recherche de musicalité. Des fois t’es sur la corde raide grave, des fois ça marche pas parce que tu prends des risques énormes, t’envoies le truc et l’autre n’a pas compris, qui te regarde, qui sait pas (rires). En ce moment on est un peu dans des trips où j’envoie des riffs, il les connaît pas, et lui pareil. On regarde comment on réagit l’un et l’autre, mais c’est vrai qu’il y a plus de mystère, aucun stress. Au contraire, on est là “yeaaah” et puis on rentre dedans !
Z. : Comme de petites piques ? L. : Toujours ! Toujours – musicalement encore plus – cette liberté, cet état d’esprit ‘70 et toujours cette liberté permanente de “on fait ce qu’on veut”. On a cette grande chance là, on a réussi à se forger un public, pas énorme mais mondial, qui attend ça. C’est cool un public non formaté, en étant parti sans qu’il y ait personne qui ait mis de l’argent. Là-dessus on est aussi dernier des Mohicans, ça c’est un peu triste par contre. Z. : Tu regrettes ça ? L. : Des fois c’est tristounet : à chaque fois on joue sur des festivals avec les groupes de l’année. Parfois il y en a des super hein, mais ce qui est important c’est durer. La musique c’est comme tout, plus on le fait
Z. : C’est votre musique, votre attitude ? L. : C’est un ensemble. C’est culturel aussi, je crois : quand t’arrives en Hongrie, ils en chient, et ils voient un show américain – qui part dans tous les sens, gros son tout ça – mais pas américain. Les gens paient : il faut faire quelque-chose, les faire participer, sans tomber toujours dans le festif bas de gamme. On est là-dedans, et durant tout l’été on va commencer à inclure petit à petit des nouvelles chansons. On a toujours fait comme ça. Début octobre on va démarrer la grosse grosse tournée, là ça va être assez... Mais on est obligés de jouer Fuck The Bass Player... Two Days on est obligés, il y a 250 000 vues sur la vidéo, c’est LA chanson, qui représente le plus la musique qu’on fait. On a été obligés d’enlever des trucs, mais il y a des grosses plages de liberté. Ce soir il y a pas mal de riffs qui vont être envoyés à droite à gauche, qui sont des riffs du nouvel album mais pas plus. Je peux même pas te dire qu’est-ce qu’on va faire exactement. Le public veut entendre Two Days, Fuck The Bass Player, mais au deuxième qu’est-ce qu’ils vont faire ? (rires) Ça c’est vachement important ! Z. : Vous observez la réaction du public ? L. : En jouant toujours. On vient du funk, la base du funk c’est ça. James Brown c’est en direction du public. On fait partie des rares groupes à l’ancienne où on module en fonction du public. On est en observation : on voit si on les tient ou pas. On se donne des consignes sur scène : on se dit accélère, mets la pression, détends... C’est une approche assez stratégique, mais toujours basée sur l’humain, au feeling. Des fois y a des riffs qui partent mais c’est parce qu’on a vu qu’il fallait remettre un coup de pression pour pas que ça tombe un peu. Z. : Tu m’as parlé de votre région, la Gascogne, qui est une part importante de votre groupe. J’ai entendu dire que vous vous baladiez toujours avec un pot de foie gras de la maison, de l’Armagnac... légende ou pas ? L. : C’est pas une légende c’est vrai. À chaque concert on amène toujours un foie qu’on a fait, qu’on offre aux gens qui nous reçoivent et une bouteille d’Armagnac de Colette, qui est notre copine productrice d’Armagnac. On a pas tous le droit de faire de l’Armagnac, c’est de père en fils, ça dure depuis mille ans, super codifié. On fait la distillation avec elle, toujours fin décembre, et on invite nos partenaires.
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Z. : J’ai vu ça : les dates de gavage et de distillation sont des dates de la tournée ! L. : Ouais, parce que c’est la fin du premier chapitre de la tournée et c’est un moment de fête, c’est le banquet, ça dure toute la nuit et ça distille en même temps. L’année prochaine il y aura le programmateur des Charrues qui est un ami : on fait pas que jouer aux Charrues, on a un échange avec eux. Jean Louis Brossard des Transmusicales, qui est un fan. Des gens comme ça, et puis des taïwanais, des japonais, toute la nébuleuse Cluzo à qui on veut faire partager ce moment, comme eux nous on fait partager leur culture. C’est un échange, et nos différences font qu’ on est tous intéressants. C’est un truc qu’on prône à mort : faut qu’on soit hyper différents. On adore le monde anglo-saxon, la musique qu’on fait est anglo-saxonne mais leur philosophie, ça c’est pas possible, c’est anti-humain. Il faut qu’on soit tous différents, qu’il y ait des normands, des bretons, qu’on s’engueule, qu’on se chambre et qu’on s’échange nos spécialités, nos langues. C’est vachement important, la diversité...
“Y a une chanson sur Monsanto justement, Move Over Monsanto. Si ça marche on prendra un procès, forcément (rires).”
Z. : D’où la présence du Gascon dans certains de vos titres ? L. : Voilà. Sur le prochain y en a pas. C’était vraiment sur le précédent. Le titre “Gasconha Rocks”, c’est parce que ça parle de la terre. En photo, y a un monsieur qui s’appelle Jean Barrère, qui est maire d’Escalans, qui élève des vaches de courses landaises. C’est un pur gascon, il le parle, il est au taquet et c’est un mec qui le vit, tu le sens quand tu lui parles. Il a les yeux bleus, un peu comme tous chez nous. On a voulu ça. On a hésité, on aurait pu mettre un écossais, un gaucho argentin mais on voulait parler de la terre, du rapport à la terre et de l’oubli parce que tout le monde vit en ville aujourd’hui et ça me paraît quand même important, pour pas laisser la place des campagnes à Monsanto. L’album parle vraiment de ça.
Z. : C’est un fil conducteur ? L. : Ah ouais. La terre, la terre, la terre, les humains, la terre. Y a une chanson sur Monsanto justement, Move Over Monsanto. Si ça marche on prendra un procès, forcément (rires). Il y a dix chansons, et ça parle vraiment de ça, de l’évolution, de la nécessité, qu’on le veuille ou non à un moment donné, nous humains, de revenir dans nos terres. Accepter ce que nous impose la nature et pas vouloir toujours cette croissance, cette productivité permanente. Lavoisier disait “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. Mat’ et moi on a fait des études de physique, où tout est en équilibre. C’est une philosophie : la table sur laquelle on discute est en équilibre parce que les forces s’annulent, tout est comme ça dans la nature. À partir du moment où l’humain veut forcer un paramètre il en diminue un autre, ça créé un déséquilibre. Il y a toujours un effet papillon, et le fait de toujours vouloir, avoir plus ça n’est pas possible. À un moment tu ne peux plus avoir plus. C’est pour ça que ces quêtes absolues de croissance sont débiles parce qu’on est à fond là, c’est bon (rires) ! Il y a aussi ce retour à la ferme qui est hyper important, pour être vraiment en autonomie, se faire à manger : on est quasi à 80% autonome. Z. : C’est une idée que vous voulez pousser à fond ! L. : On fait pas que le dire, on le fait ! On voulait acheter une ferme : il y a un énorme travail, deux hectares. C’est à un quart d’heure de la maison, en plein Chalosse, petit village de trois cents habitants sur un tuc – une colline – il y a les Pyrénées d’un côté... C’est magnifique, déjà ! Après on va mettre nos oies, nos canards, en liberté, simplement. La vie. (rires) Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait vous représenter vous ou votre musique : Curtis Mayfield – Move on up C’est une chanson que l’on a reprise justement parce qu’elle nous met d’accord. Et puis elle transpire le positif aussi, ce qui nous représente bien aussi !
Discographie
Gasconha Rocks septembre 2013
The 2 Mousquetaires 2012
The Frensh Bastards 2010
F
Prochain concert : 16/10 Rocktambule / Grenoble
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The Inspector Cluzo 2008
Concerts coups de cœur
Photos : Kymmo
Is Tropical
Asaf Avidan
LYON 10/09 Junip (Folk Krautrock) Epicerie Moderne / 14€ / 20h30
25/09 “Le french kiss” des Salmon Fishers (Pop) Club Transbo / Gratuit / 20h00 The Black Angels + Elephant Stone (Rock psyché) Epicerie Moderne / 18€ / 20h30
26/09 Moderat + Anstam (Electro) Transbordeur /
/!\
On attend avec impatience ! 13/11 Dilated Peoples (Hiphop) Ninkasi Kao
24€ / 19h
27/09 Don’t mess with us : Arnaud Rebotini présent Polysics + Spitzer! (Electro/Rock/Techno) Club Transbo / 15€ / 23h30 28/09 Is Tropical (Pop/Rock) Marché gare / 15€ / 20h00 29/09 Dillinger Escape Plan (Hardcore) Transbordeur / 30€ / 19h00
04/10 I AM LEGION (Noisia + Foreign Beggars) Transbordeur / 24€ / 23h30 Eléphant + Fake Oddity (Chanson/pop) Radiant / 21€ / 20h00
09/10 Shout Out Loud (Pop/ Rock) Marché gare / 17€ / 20h30 Finntroll + TYR + Skälmold (Métal) Ninkasi Kao / 28€ / 19h30
18/10 Bertrand Belin + H-Burns & Cuivres (Chanson/Folk) Epicerie Moderne / 16€ / 20h30 20/10 Ska-P + The Skints (Ska/ Punk) Radiant / 29,80€ / 19h30
23/10 Rover + Cascadeur + Daisy Lambert (Pop) Transbordeur / 23€ / 19h 24/10 New Model Army (Rock) Ninkasi Kao / 27€ / 19h00 26/10 Mister Valaire + Mû (Electro Jazz) Le Clacson / 14€ / 20h30
27/10 Savage (Rock) Club Transbo / 15€ - 18€ / 20h00 30/10 Crystal Fighters (Electro) Ninkasi Kao / 20€ / 20h30 31/10 Deehunter (Rock) Epicerie moderne / 16€ / 20h30
St Etienne 18/10 Lilly Wood & the Prick + Erotic Market (Pop) Le Fil / 25€ / 20h30
23/10 La Femme + Aline (Pop) Le Fil / 20€ / 20h30 25/10 Von Pariahs + The Panther party (Rock) Le Fil / 10€ / 20h30
Mister Valaire
31/10 Etienne De Crécy + Maelstrom + Toxic avenger (Electro) Le Fil /
24€ / 22h
Chambery 26/09 Hypno5e (Métal) La soute / 20h00
24/10 Debout sur le Zinc (World) Totem / 7€ / 15h
Grenoble 28/09 Asaf Avidan (Pop) Summum / 32€ / 20h00 02/10 Mister Valaire (Electro/ Pop) L’Ampérage / 15€ / 20h30
14/10 Texas (Rock) Summum /
40€ / 20h00
16/10 Rocktambule : Golden Zip / Mass Hysteria / No Shangsa / Suicidal Tendencies / The Inspector Cluzo (Rock) Les papeteries au Pont de Claix / 20€-27€ / 19h30
BourgoinJallieu 05/10 Punish yourself + Trap (métal/electro) les Abattoirs / 15€ / 20h30
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Salmon Fisher
19/10 Hasna El Becharia + Interzone (Teyssot Gay & Aljarami) (World) Les Abattoirs / 15€ / 20h30 26/10 Deluxe + Nasser + Tambour Battant (Electro/ Rock) Les Abattoirs / 15€
/ 21h30
Annecy 03/10 Bob Log III + The Pork Torta (Blues/Rock) Le Brise Glace / 13€ / 21h 24/10 The Arrs (Métal) Le Brise Glace / 16€ / 21h00 26/10 Girls in hawaii (Pop) Le Brise Glace / 17€ / 21h 31/10 Flynt + La Gale (Rap) Le Brise Glace / 16€ / 21h
Macon 28/09 And also the trees + Oh! Tiger Mountain (Rock) La cave à musique / 12€ / 21h 26/10 Tank + The Arrs + Uncolored Wishes (Métal) La cave à musique / 12€ / 21h00
31/10 Wailing Trees + Biga Ranx (Reggae) La cave à Musique / 12€ / 21h
Sorties d’albums SEPTEMBRE 01/09 MASS HYSTERIA “Live à l’Olympia” 03/09 SPLASHH “Comfort” FENECH-SOLER “Ritual” GLASVEGAS “Later...When the TV turns to static” BABYSHAMBLES “Sequel to the prequel” NINE INCH NAILS “Hesitation marks” JACKSON AND HIS COMPUTER BAND “Glow” 06/09 MINISTRY “From beer to eternity” 09/09 GOLDFRAPP “Tales of us” LANTERNS ON THE LAKE “Until the colours run” SUMMER CAMP “Summur camp” FACTORY FLOOR “Factory floor” THE 1975 “The 1975” ARCTIC MONKEYS “AM” LONDON GRAMMAR “If you wait” THE STRYPES “Snapshot” KATATONIA “Dethroned & uncrowned” THE STEPKIDS “Troubadour” EMILIANA TORRINI “Tookah” MUM “Smilewound” WILLIS EARL BEAL “Nobody knows” DOLOREAN “Apar” 16/09 DELUXE “The Family Show”
PLACEBO “Loud like love” GOD IS AN ASTRONAUT “Origins” MANIC STREET PREACHERS “Rewind the film” 65DAYSOFSTATIC “Wild light” SKY LARKIN “Motto” SEBADOH “Defend yourself” BILL CALLAGAN “Dream river” TRISTESSE CONTEMPORAINE “Stay golden” NIGHTMARES ON WAX “Feelin’ good” 21/06 SABATON “Swedish empire Live” 23/09 LAURENT LAMARCA “Nouvelle Fraîche” POLLY SCATTERGOOD “Arrows” CHVRCHES “The bonew of what you believe” PIERS FACCINI “Between dogs & wolves” SKUNK ANANSIE “An acoustic Skunk Anansie: Live in London” JAY-JAY JOHANSON “Cockroach” PENDENTIF “Mafia douce” MAZZY STAR “Seasons oy your day” 27/09 RM HUBBERT “Breaks & bone” MYSTIC PROPHECY “Killhammer” 30/09 THE ANSWER “New Horizon” PINS “Girls like us” TURIN BRAKES “We were here” JOHNNY FLYNN “Country mile” THE TELESCOPES “Harm” BASIA BULAT “Tall tall shadow”
OCTOBRE 01/10 Iced earth “Plagues of babylon” 07/10 NYPC “NYPC” ISLET “Released by the movement” ANNA CALVI “One breath” 08/10 OF MONTREAL “Lousy with sylvanbriar” 14/10 TINDERSTICKS “Across six leap years” MORCHEEBA “Head up high” MIDDLEMAN “Counterstep SAINT MICHEL “Making love & climbing” KATERINE “Magnim” LUKE TEMPLE “Katie” 15/10 MONSTER MAGNET “Last patrol” PEARL JAM “Lightning bolt” 21/10 THE WAVE PICTURES “City forgiveness” PSYKICK LYRIKAH “Jamais trop tard” MICKY GREEN “Daddy I don’t want to get married” ARCADE FIRE “tbc” CANDIDE “Au pays du ralenti”
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Chroniques d’albums AUSTRA | OLympia | Label : Domino
Deafheaven | Sunbather | Label : Deathwish Inc.
On pourrait passer des heures à décrire la musique d’Austra rien qu’en citant leurs influences les plus évidentes. La voix de Katie Stelmantis, à la fois le meilleur et le pire de l’album, renvoie à toutes les scandinaves du monde. La proximité avec Kate Bush, sainte patronne des voix blanches, est plus qu’évidente. On pense également aux premiers albums de The Knife, Björk ou Portishead avec même un brin de Cat Power (Home). Ce qui lui manque en originalité, le groupe le rattrape facilement en énergie et en façonnant sa propre image, en se reposant bien entendu sur le charisme évident de Katie Stelmantis. Responsable à elle seule de l’ambiance gothique et glacée de ce deuxième album du groupe de Toronto, sa voix contraste quelque peu avec la musique électronique dansante qui lui sert de fond sonore. Austra recycle le concept de la Pop Synthétique, les basses de la New Wave et les effets de la House Music avec le doigté d’un Dr. Frankenstein des grands jours. Quelques erreurs de débutants agaçantes et un excès de confiance dans la production font parfois lever les sourcils mais il faut bien que jeunesse se passe. D’autant plus que les canadiens se montrent parfaitement capables de pondre des petits tubes sans difficulté (l’introductif What We Done? ou encore Painful Like et son clip de série B eighties). Et puis la pochette est bien jolie. Thomas Guillot
On déconne pas avec le Black Metal. La première moitié furibarde de Dream House, le morceau qui introduit le deuxième disque du groupe, est là pour faire fuir les inconscients qui se seraient aventurés loin de leur terre. Un fracas de tôle, un séisme, un cataclysme. Pourtant après cinq minutes, le son s’apaise et prend sa forme définitive. Il y a bien des hurlements gutturaux, il y a bien la double-pédale épileptique, il y a le déluge de guitares mais il y a aussi de nombreux passages acoustiques (Irresistible), quelques poussées vers l’Ambient, la Noise ou le Post-Rock et une citation de Kundera lue par le chanteur du groupe français Alcest. Exigeant dans sa structure mais généreux avec les émotions, le disque de Deafheaven est d’une beauté rare, épique et intimiste à la fois. Une heure en flux tendu où l’on nage en pleine félicité. La dualité de Sunbather est importante et repose sur un équilibre parfaitement maîtrisé par Clarke et McCoy, les fondateurs du groupe, mais il ne faudrait pas oublier l’extraordinaire travail du batteur. Avec des compositions qui frôlent le quart d’heure (Vertigo) et qui défient les conventions, la musique du groupe de San Francisco dépasse les frontières de son genre de naissance. C’est presque devenu un label mais ça ne veut pas dire que nos amis satanistes à poils longs doivent bouder leur plaisir : ce serait même “Le meilleur album de Metal de l’année pour les gens qui n’écoutent pas de Metal”, il paraît ! Thomas Guillot
Shigeto | No Better time than me now | Label : Ghostly International Depuis Flying Lotus, ils sont de plus en plus nombreux à se frotter à l’exercice pas facile du hip hop instrumental, abstract et glitch-hop. Zach Saginaw aka Shigeto incarne une nouvelle génération très productive qui fourmille d’idées et de talent. Après avoir sorti successivement Full Circle (2011) et Lineage (2012), il revient avec No Better Time Than Now toujours chez Ghostly international. Pour Shigeto, pas question de procrastination : en guise d’amuse-bouche, il nous avait fait découvrir une première cartouche, “Detroit Part 1”, pleine de trouvailles sonores, à la fois planantes, atmosphériques et groovy ! Et comme il ne fait pas les choses à moitié, il avait accompagné ce premier extrait d’une vidéo assez extraordinaire où le morceau est joué en live dans une voiture qui traverse le désert de l’Idaho… Dans ce nouvel album, on retrouve tout ce qui fait la particularité de l’artiste d’origine japonaise : les synthés flous, l’influence du jazz et de la soul ainsi que ses bruitages complexes. Sur “Perfect Crime”, on découvre même des sonorités 8 bit inattendues. Sur le titre “Ringleader”, la mélodie envoûtante se laisse peu à peu envelopper par un beat venant crescendo : irrésistible ! Shigeto signe également des partitions plus posées où le beat se fait plus discret comme sur “Miss You” ou “Olivia”. Enfin quelques voix lointaines viennent embellir “Silver Lining” qui clôt l’album. No better Time Than Now s’écoute le jour, la nuit, dans les transports, en ballade où en allant au travail, bref, partout où vous ressentirez le besoin de vous évader. La preuve que Shigeto a visé juste une nouvelle fois ! Julie
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Barry | marvin | Label : Africantape Trois ans après l’abrasif “Hangover To The Top”, le sulfureux trio Marvin revient nous tabasser la gueule avec Barry, deuxième album burné, frénétique, violent et.... romanesque. Le trio montpeliérain n’a jamais été réputé pour sa grande finesse, et on est heureux de voir que Marvin n’a pas l’intention de trop sophistiquer son jeu. Ici, la batterie est toujours aux commandes d’un autiste dont le seul but semble être de taper le plus fort et le plus vite possible (Giorgio Morricone). Le Korg analogique est déstructuré au possible, tandis que la six cordes oscille entre Heavy Metal et Surf Rock, nous acheminant sans sommation dans un cadre irréel dans lequel les vagues de l’océan indien viendraient s’écraser sur les côtes de l’imposant désert texan. Car oui, même si il ne veut pas le montrer, derrière ses airs bruts, Marvin est un mec sympa avec un coeur qui bat (sisi) et cela se ressent sur sa musique. En conséquence, ne soyez pas surpris si vous entendez entre deux roulements brutaux ou planquée entre deux riffs dégueulassement bruyants, une once de poésie, car c’est elle qui fait le charme du trio. Marvin suinte la bière low-cost, l’ersatz de whisky, et le squat improvisé en salle de concerts : c’est un type pas clair, carburant au synthemesc et ayant pour seul Leitmotiv, Burnes et poésie. Barth
Franz ferdinand | Right Thoughts, Right Words, Right Action | Label : Olsen Records Contrairement à ce qui avait été fait sur le précédent opus “Tonight : Franz Ferdinand”, Alex Kapranos voulait rester discret quant à l’enregistrement de ce nouvel album. Trois ans de travail pour arriver à ce “Right thoughts, right words, right action” qui surprend d’abord par sa durée : trente-cinq minutes à peine, en dix petits morceaux seulement. Right action ouvre l’album sur une intro presque hiphop, vite remplacée par un riff incisif et une ambiance festive, où le groupe demande comment il aurait pu nous laisser – nous, auditeur – seul un samedi soir. Franz Ferdinand a l’air décidé à nous faire danser, comme l’atteste ce Love Illumination et ses cuivres qui rappellent Electric Six, suivi par un Stand the Horizon à la basse ravageuse. Plus doux mais tout aussi efficace, Fresh Strawberries marque joliment la moitié de l’album, tandis que le morceau suivant, le bien nommé Bullet (2:43, le titre le plus court du disque) nous rappelle ce pour quoi nous sommes là : danser. Alors que Treason! Animals. ou The universe expanded font la part belle aux claviers presque doorsiens de Nick McCarthy, l’album se clôt sur un Goodbye Lovers and Friends qui sonne comme un testament. Les dernières volontés de Kapranos et sa bande ? Nous faire taper du pied, assurément. Philippe “Pippo” Jawor
Diamond rugs | diamond rugs | Label : Pias
Wailing trees | Selon ma nature | Label : Hands up
À la base c’est juste l’histoire d’un mec qui en rencontre un autre après un concert et qui lui propose de passer chez lui, pour s’amuser dans son home studio, avant d’être rejoint par d’autres potes musiciens. À la base c’est une histoire banale qui ne présente à première vue que très peu d’intérêt, sauf que... Quand les protagonistes en question s’appellent John Mc Cauley (The Deer Tick) et Steve Berlin (Los Lobos) on commence à tendre l’oreille. Mieux ! Quand on apprend que les guests ne sont autres que des musiciens en provenance de groupes d’envergure tel quel The Black Lips, The Dead Confederate ou encore Six Finger Satellite, on se dit que finalement on est bien loin du simple bœuf entre potes et que l’on tient entre nos mains l’une des collaborations les plus séduisantes de cette année 2013. Tour à tour Bluesy, Country (Totally Lonely), Pop ou Rock’n Roll (Hightail), de l’hymne estival crétin (Gimme A Beer), au pastiche de la kermesse de village Texan (Country Mile), ce premier opus décline avec maîtrise une incroyable variété stylistique sans jamais sombrer dans la caricature ou la parodie. Certes l’on pourrait s’épancher des heures à décortiquer les influences et les coups d’éclat qui parcourent cet album, au même titre que l’on pourrait écrire des paragraphes entiers de louanges sur le talent de chacun des guests qui composent cette œuvre, mais au final il n’y a qu’une chose à retenir : Diamond Rugs c’est du rock et ça s’écoute avec une bière.
Wailing Trees, c’est Riwan, Jawad, Romain, Thibs, Lucas et deux Pierre ; une bande de potes basée à Vienne unie autour du reggae. En préproduction pour un premier album prévu pour la rentrée 2014, le groupe profite de sa tournée estivale pour rééditer son premier EP de six titres. Aussi bien chantés en français qu’en anglais, les textes de Wailing Trees abordent des thèmes aussi divers que l’ignorance des uns (Lack of knowledge) ou l’amitié entre les peuples malgré les différences (Borders and gaps). Mention spéciale pour ce titre, qui musicalement n’en reste pas au reggae stricto sensu : le groupe s’aventure avec brio dans des contrées plus jazzy qui mettent en exergue les qualités de chaque musicien, comme peut aussi le faire ce pont Dub dans Appartenir, un titre aux nombreuses variations de rythme, où Riwan – le chanteur – n’hésitera pas à partir dans un chant plus toasté, plus proche encore du Dancehall. En attendant un premier album prévu dans un an, il est temps de découvrir ce groupe à travers cet EP, ou en concert, puisqu’il tournera dans la région jusqu’à la fin de l’année, de Lyon (au Festival Emergence et au Ninkasi Kao) à Saint-Etienne, en passant par Vienne ou Annecy, pour des sets énergiques qui nous rappelleront le soleil de cet été qui s’achève. Philippe “Pippo” Jawor
Barth
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Chelsea wolfe | Pain is beautY | Label : Sargent House
T.t. Twisterz | Nowhere to hide
Peut-on trouver un compromis entre la musique folk et le métal gothique ? À priori la réponse est non. Pourtant il y a Chelsea Wolfe. Remarquée en 2011, la belle brune au teint pâle a fait du chemin et nous livre pour la rentrée un nouvel album intitulé Pain is Beauty. Décorticage. Dès les premières secondes du disque le ton est donné : froid et lugubre. Pas de doute, l’influence du black métal sur la jeune américaine a forgé en elle un penchant pour les ambiances sombres et tourmentées. Les rythmiques entêtantes, mélange d’électronique et de grosse caisse, appellent les guitares saturées. Mais il n’en est rien, les pistes de six cordes se font tout au plus menaçantes. En revanche un sentiment presque mystique nous traverse lorsque la voix à la fois sévère et vulnérable s’élève. C’est la voix de Chelsea, comme un soupir glacial, qui nous transporte à travers le minimalisme des harmonies, denses et profondes. Parfois une guitare sèche quelque peu désaccordée, un piano en retrait, ou de fragiles violons accompagnent le chant. La progression très lente ajoute un côté funeste et torturé. La puissance tout en retenue se fait grondante sans jamais déborder. Le tout donne naissance à cette tension insaisissable et oppressante. Onze titres s’enchainent ainsi, et font de cet album l’écoute idéale pour une méditation solitaire d’humeur maussade.
Tout droit sorti d’un bar mexicain dans le film de Tarantino Une Nuit En Enfer, les lyonnais de T.T. Twisterz sortent son premier album auto-produit à 100% et appelé Nowhere To Hide. Je ne vais pas faire dans la dentelle, ni dans la prose, le son de T.T. Twisterz est brut de décoffrage. Les influences sont clairement annoncés : Nirvana, Danko Jones, Foo Fighters, The Presidents Of The United States Of America, Rage Against The Machine , Queens Of The Stone Age,...en gros du Rock-Grunge-Punk-Stoner (c’est eux qui le disent). Je ne vous détaillerai pas l’album en entier mais quelques titres ont vraiment attirés mon oreille. Notamment Poupidou avec ses breaks guitares et de batterie bien posé et les quelques cris venus de nulle part, Tonx avec ces petits passages mélodieux et les quelques secondes de guitare sèches qui viennent bien adoucir le morceau et Insecurity Feelings où on peut vraiment apprécier une autre facette de la voix de Brutus qui malheureusement de temps en temps tombe dans le “ yaourt anglais “. Vous l’aurez compris T.T. Twisterz, c’est du Do It Yourself à l’ancienne comme on en fait plus avec un son bien à eux, et ils nous l’ont promis ça sera encore meilleur en live. Ça tombe bien ils seront le 4 septembre au Ninkasi Kafé de Lyon. Tu viens ?
Moderat | II | Label : Monkey Town Records
Neil Catlin | Boys and girls | Label : Second Step Records
Beaucoup de «supergroupes» rock sont nés récemment, Atom for peace ou encore the dead weather, mais l’electro n’est pas en reste avec l’arrivée cette année de I Am Legion et celle en 2008 de Moderat. Le combo Allemand est donc composé de pointures de la scène électro Berlinoise, d’un coté Modeselektor et de l’autre Apparat. Après un premier EP, produit en 2002, le trio commence réellement son aventure en 2009 avec la sortie de leur premier album, «Moderat» Moderat nous revient en 2013 avec un nouvel album ultra prometteur, sobrement intitulé «II». On est tout de suite dans le bain avec The mark, interlude posant les bases du son du groupe : la touche lyrique d’Apparat alliée à la basse et la rythmique de Modeselektor. L’album attaque avec leur premier single, Bad Kingdom, peut être l’un des titres le plus accessible, une electro pop au beat imparable! Toujours dans un style pop atmosphérique, on retrouve Let In The Light et ça cette mélancolie attachante. Bien sûr, la touche Berlinoise est présente avec par exemple Version ou encore Milk, mêlant sonorités hiphop et touche Berlinoise. Après la seconde interlude de l’album, Clouded, on repart de plus belle et l’on retrouve tout de suite cette mélancolie attachante. L’album atteint son paroxysme avec dans un premier temps Damage Done qui en plus de cette atmosphère mélancolique nous apporte un coté sombre, qui va s’accentuer avec This Time, qui clôture tout en beauté ce nouvel album du combo Berlinois Moderat.
Le label Second Step Records vient à peine de naître, ça ne l’empêche pas d’être intransigeant. C’est peut-être plus facile quand on a pour grand frère Deep Water Recordings, déjà bien installé sur Londres (et tout aussi inflexible) mais là n’est pas la question. L’engagement de la structure n’est ni plus ni moins que de vous dénicher le meilleur de la house underground. Un poil prétentieux mais pas forcément hors de portée. La première sortie – une compilation franchement réussie à la sélection soignée – avait attiré l’attention et ce deuxième release risque fort d’en faire autant. Les trois titres que propose Neil Catlin, sont complètement addictifs et représentent à la perfection ce que Second Step Records semble vouloir achever : vous faire vibrer sur une minimale aussi deep que dub, aussi groovy que dark, et foutrement bien produite. D’autant que si le DJ a quelques années de mixe derrière lui, l’exercice de la composition nouveau pour lui ! Sur cet EP, les titres alternent vocaux discrets et distordus avec de jolies basses rondes et subtiles (Tanzen) et les delay comme les effets de profondeurs sont parfaitement maîtrisés (Zirkus). Pour un coup d’essai, la barre est haute. Franchement haute.
Teddy
Jagunk
Anto
Kymmo
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On y était, on vous raconte !
LE Best of DES LIVES REPORTS été 2013
Photos : Kymmo / Maxime Lelong / David Heang.
C
et été, l’équipe Zyva n’a pas chômé : pendant que vous vous prélassiez au soleil, les rédacteurs ont écumés les festivals de France et de Navarre, carnet et stylo en main. Galères improbables et bons moments, concerts de folie et bides monumentaux, voici un petit aperçu de nos escapades estivales.
SylaK Open air Un étrange manège se trame sur la scène une demie-heure après le set d’Oliveri et ses copains : un zombie à la blouse maculée de sang fait la navette entre la scène et la tour régie pour un souci apparent de balances, les mots “Gore” et “Roll” sont disposés de part et d’autre de la scène… C’est au tour de Banane Metalik d’envoyer son Gore & Roll ! Une énergie incroyable, des maquillages dignes des plus grands films d’épouvante, un chanteur qui n’hésite pas à aller à la rencontre de son public, de le faire monter sur scène, un groupe français injustement trop méconnu tant sa puissance en live est impressionnante !
Eurockéennes Vient ensuite l’un des moments les plus attendus de la journée, à savoir la prestation du groupe le plus hype du moment, Fauve. Pour preuve, un monde incroyable est venu se tasser devant la minuscule scène du Club Loggia. Si le collectif parisien ne réinvente pas vraiment ses morceaux en live, l’intensité de leur musique, couplée à l’énergie et aux textes viscéraux du frontman suffisent à faire le boulot. L’ambiance est électrique, nerveuse, à fleur de peau, pour une prestation à la hauteur de l’attente.
Les Invites de Villeurbanne
Un pantalon taille haute, quatre synthés alignés sur le devant de la scène, les cheveux de Plastic Bertrand, les lunettes de Tom Cruise... La Femme assure, les hipsters dansent.
Rock’n’Poche Le salut viendra de la scène régionale et des ardéchois de Bottle Next. Deux jeunes mecs, une guitare acoustique, une batterie, à la rigueur un saxo, mais quelle énergie ! On sent que ces deux là se connaissent bien et prennent du plaisir à se produire sur scène. Le résultat ne se fait pas attendre : le public s’approche et certains commencent à secouer la tête en rythme. À une heure un peu plus avancée c’est certain, un pogo serait parti ! Probablement la meilleure découverte de cette scène régionale, à voir au plus vite (entre autres à Lyon à la rentrée) !
Dour
“Mykki Blanco débarque enfin sur scène, nu-torse, froufrou de stripteaseuse collés aux tétons et porte-jarretelles. Aussi sexy que cramé, l’artiste propose une performance comme on en fait peu et n’hésite pas à prendre des risques, se lançant dans de longs a cappella avant de renvoyer ses beats ultra balourds. L’effet est immédiat sur la foule, conquise. Ghetto et osé, on aurait bien voulu prolonger les festivités avec lui !”
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LE LI ét Les nuits de Fourvière
Musilac
Accompagnée par ses musiciens, Sinead O’Connor affiche son amour pour le christianisme et son ordination avec des accessoires pour le moins discrets : col de prêtre, croix autour du cou, cheveux rasés… Elle reste dans son univers mais on ne la sens pas au mieux de sa forme lors de son interprétation. On ressent de la douleur intense chez cette artiste, et les 6 chansons qui précédaient son tube n’auront pas répondu totalement aux attentes des spectateurs, et pour couronner le tout, les problèmes techniques se sont enchainés perturbant le show de la chanteuse. C’est avec regret que l’on voit le théâtre se vider au milieu du concert, un aspect décevant pour cette date qui promettait un grand spectacle.
Dans ton kult Le festival nous a fait venir une petite pépite australienne très peu connue en Europe pour l’instant mais dont on va entendre parler dans les prochaines années : Les Sticky Fingers. Ils auraient pu/du nous ramener le soleil, mais la foule ne s’est pas débinée quand la pluie a recommencé à tomber, nous faisant découvrir tous les morceaux de leur nouvel album !
Démons d’or Après l’annulation, quelques semaines plus tôt, de Benny Page, c’est ShockOne, l’une des pointures australiennes de la Drum & Bass qui a annulé à la dernière minute pour cause d’acouphènes. On se dit que les amateurs de Bass Music comme nous n’ont vraiment pas de chance ! En tous cas, pour ce remplacement de dernière minute, le collectif démoniaque a choisi de donner la chance à des artistes locaux : le lyonnais Mc Fly et le grenoblois Jayh Mo’ Fire. Ce n’est donc pas un des titans du Dubstep qui nous martèle ironiquement une grosse Drum & Bass des plus gracieuses et délicates depuis minuit passé mais les deux membres respectifs du True Lyon Crew et de Bass Jump. Défi relevé, performance grandement saluée !
Néanmoins, tout est relatif, car pour voir une vraie GRANDE performance scénique, il faudra faire quelques pas de côtés et rejoindre la scène Lac sur laquelle les Hives n’allait pas tarder à incendier Musilac. Intraitable, inégalable, irrésistible… autant de qualificatif collant parfaitement à la prestation du groupe emmené par un Howlin’ Pelle Almqvist en très grande forme. Une heure de punk rock d’une efficacité renversante, qui laissera pantois des festivaliers exténués à la fin d’une heure de concert mené tambours battants.
Garorock Mélange unique de mauvais goût et de provoc, frôlant la médiocrité jusqu’à la fascination, Die Antwoord n’était certainement pas le meilleur concert du festival mais facilement le plus inoubliable. -Les tubes s’enchaînent au son des guitares et du saxophone. Contorsions, danses obscènes, jeu avec la fosse... les Stooges assurent mais c’est Iggy Pop la star. On a beau se douter que le spectacle est le même pour tous les festivals, le savoir-faire est là.
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DISCUSSION
MANU le malin A Dour, 20/07/2013. Par Julie
V
oilà plus de 20 ans qu’Emmanuel Dauchez aka Manu Le Malin écume les festivals, raves et autres free party du monde entier. Et pour cause, c’est LE représentant français de la Techno hardcore internationale. La quarantaine aujourd’hui, il produit peu mais continue de mixer un son toujours plus dark, indus, aux nappes de basses qui accrochent. À Dour, cet été, il jouait tard dans la nuit, comme d’hab... ZYVA : Salut Manu, alors nous sommes ici à Dour, où tu avais déjà joué il y a bien une dizaine d’année si je ne me trompe pas. Que représente pour toi ce festival ? Manu : Gros festival quoi ! Je le ressens déjà aujourd’hui en arrivant de bonne heure. Ça ne ressemble pas à ce que je fais d’habitude : d’habitude c’est plutôt dans un cadre “rave” ou si c’est des festivals, c’est 100 % électronique. Donc là ça me plaît de changer de cadre, de me retrouver sur la même scène que ETHS, Mass Hysteria, Venetian Snare, des gens comme ça… C’est plaisant de changer d’univers. Z. : Et dans un festival comme celui-ci assez éclectique c’est aussi l’occasion de faire découvrir au public votre style de musique pas forcément accessible à tous … M. : Oui c’est sur si t’es pas au courant des fêtes... on va dire “taggés” hardcore, c’est sûr ! Ce genre de festival ça permet d’écouter Hellfish, Venetian Snare ou moi, qui représentons des styles différents de la musique électronique dure. Z. : Tu fais beaucoup de festoches ? M. : Oui, pas mal de gros festivals hardcore en Belgique, en Hollande ou dans des clubs vraiment orientés hardcore. En France, plus de club mais sous mon autre nom, The Driver, donc dans un format beaucoup plus groove et techno. En 20 ans de Djing j’ai pu faire
le tour du monde, mais en ce moment je suis plutôt en Hollande/Belgique, et en France, pratiquement tous les week-ends, j’ai encore cette chance. Z. : Sur scène justement préfères-tu mixer uniquement ou l’exercice du live est quelque chose que tu aimes et qui t’attire ? M. : Foncièrement je suis vraiment un Dj. Avant tout. La preuve, je n’ai pas fait de musique depuis 7 ans, pas sorti de disque depuis 7 ans. J’ai sorti un double album en vingt ans, ensuite il y a eu toute la série des Biomechanik, plus des maxis sur mon label et d’autres. En ce qui concerne les prestations scéniques en dehors d’une session avec Torgull et un orchestre philarmonique je n’ai jamais fait de live. Voilà, je suis vraiment un Dj, old school, qui mixe aux vinyles. Ma personnalité c’est ça vraiment. Z. : Et au niveau du public tu ressens des réactions différentes quand tu joues dans des gros festivals comme aujourd’hui, ou alors devant un public de rave party ? M. : Sur Dour, par exemple, les gens ne viennent pas uniquement pour venir écouter de la musique électronique. Il y a des fans de funk, de dub, roots, dance, pop, métal et puis depuis quelques années Dour programme de l’électro. Donc c’est un grand mélange ! Après il y a des gens qui vont peut être passer me voir, écouter ce que je fais mais ils ne vont pas rester sur tout mon set.
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Il y en a même qui ne savent pas qui je suis et ils vont passer sur le floor à ce moment la : si ça leur plaît ils restent sinon ils vont ailleurs. Pour moi c’est une sorte de challenge que j’aime beaucoup. Z. : Quel regard portes-tu sur la scène hardcore/ frenchcore française ? Elle se développe beaucoup à ton avis ? M. : Elle s’est développée depuis longtemps, mais moi je n’ai jamais été très fan de la mouvance frenchcore, mais voila il en faut pour tout le monde… Ce n’est pas forcément mon truc, ça à évolué en plus. Sur les dix dernières années c’était plus des gens comme Micropoint. Aujourd’hui c’est d’autres artistes et j’aime moins leur musique. Mais voila c’est la nouvelle génération, c’est vraiment une question de goût en ce qui me concerne. Z. : Venons en tout naturellement à tes inspirations… Quand tu as commencé à faire de la musique il y a des choses qui t’ont marqué et t’ont donné l’envie d’aller dans cette direction ? M. : Par rapport à pas mal d’artistes, ou simplement des gens qui aiment la musique électronique, je n’ai pas de culture ni électro body music, ni funk, ni indus… Moi je viens du Rocksteady, de la soul, rock alternatif, du punk noise. Donc il n’y a pas tellement de pont avec ce que je fais. Après j’aime les musiques extrêmes donc c’est le seul mini pont qu’on peut faire. On ne peut pas dire que j’ai vraiment d’influences. Quand je me suis plongé dans la musique électronique, j’ai découvert des gens comme PCP ou Aphex Twin... J’ai vite compris que c’était ça que j’aimais donc c’était à moi après de développer une identité sans même savoir que j’allais le faire. Voila c’est né comme ça.
je suis quelqu’un d’assez gentil je crois (rires), plutôt fleur bleue... Z. : Et cette dureté dont tu parles et qui t’attire dans le son elle vient de ta personnalité ou pas ? M. : Non pas vraiment car dans la vie de tous les jours je suis quelqu’un d’assez gentil je crois (rires), plutôt fleur bleue... Après dans toute forme d’expression artistique, que ce soit en image, peinture, sculpture, il est vrai que je préfère les choses qui choquent, qui ne te laissent pas indifférent. On aime ou on n’aime pas donc forcément ma musique est sans doute inspirée de cette philosophie. Après dans la musique, mes origines comme je le disais, sont plutôt black music, soul, Rocksteady donc j’aime le groove aussi. C’est peut être pour ça que dans le hardcore j’ai une position un peu différente, j’essaye de mélanger tout ça et pas seulement me contenter d’un
gros kick bête et méchant. Sans partir dans les choses trop compliquées ni trop intellects non plus mais ouais… j’aime bien les choses bien faites quand même ! Z. : Pourquoi avoir arrêté de travailler sur ton label Bloc 46 ? M. : Je me suis rendu compte très vite que j’étais très mauvais en gestion. Torgull et moi on avait des goûts tellement personnels, on sortait vraiment la musique qui nous plaisait et ça ne touchait pas forcément les gens. D’un point de vue simplement financier c’était difficile donc on a confié le label à UWE, on fait quelques sorties… C’est pareil, on aimait bien rester sur vinyle. On pressait entre 500 et 1000 vinyles donc voila il n’y avait pas vraiment l’appât du gain. Ce qu’on voulait c’était au moins récupérer l’argent des ventes de vinyles pour un sortir un autre. Et puis très vite gérer les egos et les demandes de certains artistes, et être mis en avant en tant que patron de label, ça ne me plaisait pas trop. Alors on a arrêté l’aventure voilà. Ça nous a plus pendant trois ou quatre ans et après... la page se tourne. Z. : Aujourd’hui c’est quoi tes projets ? M. : Sur septembre je vais me remettre à faire des collaborations avec certaines personnes, je ne donne pas encore les noms vu que cela ne s’est pas encore fait [ndlr : désormais on sait qu’il sera aux côtés d’Electric Rescue]. Cela va me permettre de me remettre le pied à l’étrier au niveau de la production. Mais question projet solo pour l’instant il n’y a vraiment rien de prévu. On va voir où j’en suis, la technique a changé, l’attente des gens aussi même si ce n’est pas une chose qui vraiment m’importe, je fais ce que j’aime et si ça plaît tant mieux si ça ne plaît pas tant pis quoi. Mais voila je m’y remets petit à petit on verra bien. Z. : Et tout ce qui se passe sur internet, tu ne suis pas trop… M. : Non je suis un peu dépassé même par tout ça… Z. : Dépassé dans le sens où tu t’en moques ? M. : Non non… Mais voila même au niveau de la technique, du matos, pour le studio, je me suis retrouvé confronté à un problème, toute mes machines analogiques sont mortes les unes après les autres, donc maintenant c’est beaucoup digital numérique et il faut que je reprenne tout à zéro. Je ne pense pas être plus stupide qu’un autre mais ce n’est pas évident non plus. Donc quand je vois les mômes de 20 ans qui en trois jours ont capté le logiciel, comment ça se passe, et qui vont faire trois tracks par jour, voilà c’est une autre approche. À moi peut être de me mettre un peu au diapason, mais je n’ai pas vraiment non plus envie de perdre mon identité... J’ai un peu le cul entre deux chaises quoi ! Le titre d’un groupe ou d’un artiste qui pourrait vous représenter vous ou votre musique ? Micropoint - Hardbreak
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DOSSIER
Par Léa
Mais c’est quoi ce truc ?
L
es origines du mouvement Seapunk sont à la fois très claires et très difficiles à cerner, du fait qu’il soit né du virtuel, qu’il y trouve sa principale source d’inspiration et qu’il y périra probablement. Avant que cela n’arrive, jetons-y un œil et une oreille, ne serait-ce que pour se marrer un peu... Photos de dauphins en 3D façon nineties, couleurs criardes, thèmes windows 98, cuir argenté, gifs alliant une phrase pas très polie à une image kawaii, culture “enough internet for today” : le Seapunk est un mouvement composé de jeunes ayant entre 20 et 30 ans, né sur la toile en 2011. On retrouve dans le Seapunk tous les codes de son enfance et de son adolescence. Qui ne s’est jamais essayé aux très laids forums des années 90-2000 agrémentés d’animations scintillantes et d’images douteuses sur son énorme PC vibrant ? Qui n’a jamais supplié sa mère d’acheter des billets pour Marineland ? Cheveux roses, verts ou bleus, sandales compensées argentées, tshirt de pieuvre... la seule limite qu’ils s’imposent est celle de leur imagination : comme tout adulescent qui se respecte, le Seapunk est nostalgique de sa décennie chérie et compte bien le montrer au monde entier. Et tant pis pour la fashion police.
ressemble à du Happy-Hardcore japonais ralenti ou de la Trap accéléré, au choix. Et avec des cris de dauphins par dessus. Enfin non, ne soyons pas médisants : dire que le Seapunk est un sousgenre de musique électronique aux sonorités plutôt douces, utilisant certains sons pouvant être assimilés aux thèmes musicaux des mecs se baladant au bord de la mer dans les séries des années 90 serait plus juste. Les artistes fondateurs du mouvement sont affiliés au label américain Coral Records Internazionale. On peut citer par exemple Ultrademon, cheveux verts sur fond de gueule de rocker à la Jared Leto, très actif sur Tumblr et Soundcloud, la plateforme de partage de mix préférée des Seapunks. Entre sons 8bits rétro, bruits marins et samples de vieux jeux vidéos, cet artiste est considéré comme le prophète du mouvement. Il a su répondre à la demande tant par le côté graphique et esthétique de ses œuvres que par des sons rétro nineties. Sur le même label, on peut également citer les noms de Zombelle, Fire For Effect ou encore Kevin Heckart.
Plus concrètement, le Seapunk
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On trouve également Unicorn Kid en Angleterre, dont les morceaux et mix sont déjà un peu plus travaillés : bien que l’univers graphique soit le même que celui d’Ultrademon, Unicorn Kid a eu la merveilleuse idée d’ajouter à ses créations musicales un côté eighties, époque qui revient en force dans le paysage musical sur la décennie 2010, tous genres confondus. Le côté agressif et cliché du Seapunk est moins présent dans ses compositions, plus inspirées par des groupes comme MGMT ou à la BO d’un beat-them-all ringard de SEGA.
En Italie, le Sea Punk Gang est le plus représentatif du mouvement. À eux seuls, ils explosent les records de clichés nineties et du nombre d’animations de dauphins et de triangles 3D de Tumblr. Ils sont ceux qui sont allés le plus loin dans le mouvement, utilisant une communication qui passe exclusivement par les réseaux sociaux, sur lesquels ils sont clairement hyperactifs. Leur musique est à l’image de leur identité graphique, cependant le gang a des influences beaucoup plus mainstream et se rapproche de la House la plus clichée entre Sound Factory et clubbing TV. En France, le mouvement n’est pas très actif. Cependant, un groupe se distingue des autres : Ideal Corpus, qui dit chercher à créer un lien entre l’URL et l’IRL (In Real Life). Ces parisiens ont décidé de suivre la mode française du moment : la musique et les visuels liés aux jeux vidéos, façon 2080 et son titre “My Megadrive”.
Bien que les artistes du mouvement soient très actifs, essayant sans cesse de se renouveler face à une mode née sur internet et qui évolue très vite, la musique passe au second plan dans le mouvement Seapunk : c’est avant tout une partie de rigolade. De là à dire que le Seapunk est une philosophie de vie ? Non, pas franchement. Tout ce qu’il y a à retenir de ce mouvement, c’est qu’il est uniquement visuel et musical, un point c’est tout. Les seules “valeurs” que l’on puisse éventuellement attribuer au Seapunk sont la nostalgie, le courage (il en faut pour sortir dans la rue avec un tshirt imprimé de dauphins argentés), l’autodérision, et un sens de l’humour à toute épreuve.
un genre Le Seapunk n’est pas, à la base, Le nom de musique à proprement parler. tweet “Seapunk” vient à l’origine, d’un é en du DJ Lil Internet (@Lilinternet), publi JACKET 2011 : “SEAPUNK LEATHER littéWHERE THE STUDS USED TO BE”, de la ralement “Une veste en cuir de punk par mer dont les clous ont été remplacés ulé un des coquillages”. De ce tweet a déco peu difhashtag #seapunk qui s’est peu à autres fusé sur Twitter avant de gagner les cible réseaux sociaux avec pour principale la plateforme de blogging Tumblr.
Vidéo à visionner : Azelia Banks - Atlantis
Capture d’écran - Google images
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DISCUSSION
Aux Eurockéennes, 05/07/2013 Par Nicolas Gil / Photos live : Kymmo
AIRBOURNE Quelque peu portés disparus après leur deuxième album “No Guts. No Glory.”, les fils spirituels d’AC/DC ont fait un retour fracassant cette année avec l’excellent “Black Dog Barking”. Zyva a profité du passage du groupe par les Eurockéennes pour aller taper la discut’ au guitariste David “Roadsy” Roads, histoire de dépoussiérer notre accent australien et de s’offrir une virée old school dans un Rock comme on n’en fait plus assez.
Zyva : Comment ça va ? David Roads : Super, on s’éclate sur la tournée jusqu’ici, tout va bien ! Z : La dernière fois qu’on vous a vu ici c’était en 2010, ça vous fait plaisir de revenir jouer eux Eurocks ? D. R. : Oui, bien sûr ! Je crois que c’est le quatrième festival qu’on fait en France cet été, et jusqu’ici ça s’est super bien passé. Z. : Le public français est assez rock’n’roll pour vous ? D. R. : (Rires) Ça oui ! En fait la France est un des pays où on préfère jouer, le public est toujours chaud, il y a chaque fois une ambiance incroyable. C’est très important pour nous. Z. : Vous aviez un peu disparu des radars ces deux dernières années, c’était pour mieux vous concentrer sur l’écriture du nouvel album ? D. R. : Principalement, oui. On est retourné à Melbourne courant 2011 pour commencer à écrire “Black Dog Bar-
king”, on s’est posé tranquillement en studio. On aurait du être sur les routes l’été dernier, mais notre maison de disques Roadrunner Records a été rachetée par Warner et les choses se sont compliquées. Heureusement, tout a fini par s’arranger pour nous, on a trouvé un nouveau studio fin 2012 et on a pu terminer l’album. Au final, on n’a pas vraiment vu le temps passer je pense… Z. : Justement, avec tous ces contretemps, vous avez quand même pu faire l’album que vous vouliez ? D. R. : Complètement, oui. On a enregistré avec un producteur canadien qui s’appelle Brian Howes, qui a fait un boulot fantastique. On tenait vraiment à revenir au style de “Runnin’ Wild” (leur premier album, ndlr), d’où ce format très direct, avec seulement 10 pistes mais très percutantes. Et travailler avec Brian Howes a vraiment été bénéfique pour nous, il était un peu le cinquième membre du groupe, il nous a permis d’arriver à ce qu’on voulait. On songe très sérieusement à bosser de nouveau avec lui dans le futur. Z. : Tu dis ça parce que c’est le troisième producteur
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différent auquel vous faites appel en trois albums ? D. R. : Oui, exactement ! On a toujours voulu trouver un producteur fixe comme avaient Def Leppard ou AC/DC avec Mutt Lange, mais ce n’était pas le cas jusqu’ici. Une fois que tu as trouvé le bon, tu as envie de travailler avec lui le plus longtemps possible, et j’espère qu’on pourra faire ça avec Brian, parce qu’on bosse vraiment bien ensemble.
“On avait a peine fini la tournee qu’il fallait déjà retourner en studio.” Z. : Tu as mentionné tout à l’heure votre volonté de rester dans un Hard Rock pur et dur, très direct. Vous n’avez jamais eu envie d’essayer de nouvelles choses avec votre son, d’explorer de nouveaux territoires ? D. R. : Non, pas vraiment. Tu sais, tous les groupes avec lesquels on a grandi, les grands groupes du passé, ils ne l’ont jamais fait. C’est un style de musique qui n’a pas besoin d’être changé. C’est mieux de s’en tenir aux bases. Prends Motörhead, par exemple. Ils n’ont jamais changé de style durant toute leur carrière, ils font juste ce qu’ils savent faire, et ils le font bien. Nous, c’est pareil. On ne fera jamais une chanson acoustique (rires) ! Z. : On a quand même la sensation que ce nouvel album est plus abouti, plus complet. C’est aussi ton sentiment ? D. R. : Oui, c’est ce qu’on voulait faire. Tu sais, sur l’album précédent on a cherché à prendre quelques risques, avec des chansons comme Blonde, Bad and Beautiful ou Bottom of the Well, qui ne nous ressemblaient pas vraiment. Du coup, on a vraiment tenu à revenir aux fondamentaux, à ce qu’on faisait sur “Runnin’ Wild”, à savoir dix pistes Rock vraiment excitantes. Donc on a profité du temps qu’on avait pour déterrer de vieilles idées, re-
venir sur des chansons qu’on avait enregistré il y a des années, des riffs qu’on avait laissé de côté ; et de mixer tout ça avec des idées nouvelles. Pour le deuxième album, on a un peu tout fait dans la précipitation, on avait à peine fini la tournée qu’il fallait déjà retourner en studio. Pour “Black Dog Barking”, on a pu prendre notre temps, et faire les choses comme il faut. Vraiment revenir au bon vieux temps du Rock’n’Roll. Z. : Tu dis ça avec un air de nostalgie, tu trouves que le Rock est trop aseptisé de nos jours, trop propre ? D. R. : Un peu, oui. Il n’y a pas beaucoup de groupes qui font ce qu’on fait, c’est-à-dire vivre vraiment ce dont on parle dans nos chansons. Beaucoup de nos titres sont inspirés par ce qu’on expérimente en tournée, parce que c’est un style de vie difficile. On adore boire et faire la fête, passer du bon temps, et c’est ce dont on parle dans nos chansons. Ce n’est pas franchement politique ni même profond (rires). Z. : Effectivement, c’est assez rare aujourd’hui ! D. R. : Ouais, t’as raison ! C’est sûr que dans les années 60, 70, 80, il y avait plein de groupes qui étaient comme ça. On est ‘old school’, mais on le vit à notre manière, au 21e siècle. Je pense que les choses sont très différentes, à cause de la technologie et de la façon dont l’industrie de la musique fonctionne, mais on a la chance de pouvoir vivre et faire les choses comme on l’entend. Z. : D’ailleurs, pourquoi avoir choisi ce titre pour le nouvel album, “Black Dog Barking” (littéralement “Chien noir qui aboie”, ndlr) ? D. R. : C’est une idée de John (O’Keeffe, chanteur et guitariste lead) il a différentes significations pour nous. L’une d’elles est liée aux hauts et aux bas qu’on a pu traverser tout au long de notre carrière, à ces moments difficiles où tu as un peu l’impression d’être un “chien noir”, d’être maudit. C’est une expression qu’on a toujours utilisé
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label et vraiment lancer l’aventure. Et pour y arriver, on savait qu’on devait se serrer les coudes. Z. : Et c’est ce qui vous aidé à rester ensemble pendant tout ce temps ? D. R. : Oui, et puis on s’est toujours bien compris, on a les mêmes objectifs et la même passion. Déjà, Joel et Ryan sont frères, ça aide, ils jouent ensemble et partagent la même vision depuis leur plus jeune âge. Justin (Street) et moi on a rejoint le groupe à l’époque où on travaillait avec Joel dans le même pub, on a vécu ensemble à Melbourne… On est un groupe vraiment soudé, on ne se bat jamais. Z. : Et au cours de ces dix ans d’existence, c’est quoi ton meilleur souvenir ? D. R. : Bonne question, il y en a tellement… Mais c’est marrant, l’autre jour justement on était posé tous ensemble, et on se remémorait les premiers concerts qu’on avait donnés à Melbourne, dans des coins un peu pourris, avec des courses de chevaux qui passaient à télé pendant qu’on jouait et personne qui ne nous écoutait vraiment (rires) ! Et on disait qu’on avait vraiment de la chance d’être passé de ça à des festivals comme le Sonisphère ou le Wacken, à faire des sets devant 80 ou 100 000 personnes… Tout ça c’est que des bons souvenirs.
“Les gens choisissent de se tenir de notre côté pour supporter le Rock’n’Roll...” entre nous, et on s’est dit que “Black Dog Barking”, ça ferait un super nom d’album. Et puis il y a aussi la chanson éponyme, qui est une espèce de cri de ralliement, comme si elle traçait une ligne dans le sable, et les gens choisissent de se tenir de notre côté pour supporter le Rock’n’Roll ou d’aller de l’autre côté. Ce sont quelques significations pour nous, et puis ça nous a aussi permis de trouver des idées au niveau de l’artwork. Je trouve que c’est un super titre !
Z. : Et ouvrir pour Iron Maiden, ça devait être énorme pour vous, non ? D. R. : Oui, évidemment, on a aussi fait la première partie des Rolling Stones avant même de sortir “Runnin’ Wild”, c’était pour un show à Melbourne et ça reste un souvenir incroyable ! C’est toujours un grand honneur de jouer avec des groupes de légende. Le titre d’un groupe ou d’un artiste qui pourrait vous représenter vous ou votre musique ? AC/DC - Fire Your Guns C’est typiquement le genre de chanson que j’ai écouté en boucle en grandissant, et qui m’a donné envie de faire la musique que l’on fait aujourd’hui. C’est un modèle de titre Rock pour moi.
Z. : Vous fêtez vos dix ans cette année, et ce qui est assez impressionnant, c’est que vous avez le même line-up que quand vous avec commencé. Ça aussi, ça devient rare ! D. R. : (Rires) C’est clair ! Avec les gars du groupe, ça fait onze ans qu’on se connaît, mais effectivement on a dix ans d’existence cette année. Même si ça ne fait vraiment que cinq ou six ans qu’on est vraiment connus, et qu’on a la chance de pouvoir tourner partout dans le monde. Mais tout ça s’est passé tellement vite… On vient de Warrnambool, une petite ville en Australie, et on a vite du bougé à Melbourne pour pouvoir se trouver un
Black Dog Barking Label : Roadrunner
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Prochain concert : 13/11 Le Radient Bellevue / Caluire
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Bande original avec tarantino A
lors que Quentin Tarantino s’apprête à nous rendre visite à Lyon pour recevoir son prix d’honneur au Festival Lumière du 16 au 20 Octobre prochain, nous verrons sûrement pulluler les têtes de gondole dans les magasins vendant les films et les musiques des films du réalisateur. En attendant sa venue, nous, on regarde dans le rétroviseur et on admire les bandes son qui font des films de Tarantino des œuvres uniques.
La musique, c’est vraiment ce qui définit le cinéma de Quentin Tarantino. Il l’avoue lui-même, elle lui permet de trouver l’inspiration et d’écrire ses scènes grâce aux différentes mélodies qu’il entend. Tout au long de ses œuvres, on s’aperçoit que les morceaux qu’il utilise sont aussi importants que les scènes dans lesquelles ils apparaissent, au point, parfois, d’être liés à jamais. Est-il encore possible d’écouter You Never Can Tell de Chuck Berry sans penser à la fameuse scène où John Travolta et Uma Thurman se déhanchent afin de gagner un concours de twist ? Savoir assembler le son à l’image, ça donne des moments de cinéma cultissimes. Après le blues et le surf rock de Pulp Fiction, Quentin Tarantino affiche davantage un côté soul et jazzy dans Jackie Brown. Un hommage à peine voilé aux blaxplotations, ces films conçus pour séduire un public afroaméricain. Le titre notoire ? Accross 110th Street de Bobby Womack, indissociable de l’esthétique du film, mais aussi les Delfonics et leur Didn’t I Blow Your Mind : le morceau lie définitivement Jackie à Max, son ange gardien, au point de devenir le leitmotiv de leur complicité. Cette sensualité musicale, on la retrouve régulièrement dans les films du réalisateur, parfois exacerbée : on pense à la danse sexy/macabre de Salma Hayek sur After Dark de Tito et Tarantula, dans Une Nuit en Enfer, ou le lap dance de Vanessa Ferlito sur Down in Mexico de The Coasters dans Le Boulevard de la Mort... En 2003, Quentin est de retour sur le devant de la scène avec un autre long métrage désormais culte : Kill Bill.
Dans ce diptyque filmographique, le réalisateur s’éloigne de ses habitudes musicales et propose une véritable compilation d’influences pour parvenir à ses fins : de la partition de Bernard Hermann sifflée par le personnage d’Elle Driver (Daryl Hannah), au duel entre Béatrix (Uma Thurman) et Oren I-Shii (Lucy Liu) sur une reprise entraînante de Don’t Let Me be Misunderstood par Santa Esmeralda, M. Tarantino accorde ambiance et son avec délicatesse et style. Et n’oublions pas le défilé de couloir au ralenti, rythmé par Battle Without Honor or Humanity de Tomoyasu Hotei (repris par Téléfoot aussi mais ça on s’en serait bien passé...). Du plus bel effet ! Django Unchained, la nouvelle perle de Quentin Tarantino, n’échappe pas à sa règle d’or : mélanger les genres avec subtilité, en fonction des émotions recherchées. Dans ce western spaghetti, on trouve donc du rap, de la soul, et même les deux avec ce mix de James Brown et 2pac, sur une scène de fusillade mémorable. Une autre BO originale et contemporaine s’ajoute donc à l’œuvre de Tarantino, même si, pour cette fois, il s’est appuyé sur Ennio Morricone, LE compositeur western, pour fignoler l’atmosphère du long métrage. Toujours est-il que la discographie du réalisateur prouve à maintes reprises que le cinéma peut tisser des liens forts avec la musique, et encore plus l’exercice est maîtrisé : fort de ses inspirations musicales, Quetin Tarantino a su donner une dimension unique aux Bandes Originales. Alors si elles se retrouvent en tête de gondole, foncez !
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DU SON A L’IMAGE
Par Mo
Jeu des 7 Différences Sauras-tu les retrouver toutes ?
Relie les points pour retrouver l’animal préféré des seapunks !
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