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D’ici et D’aille u rs — La cuvée beLge des amériques
améLie mOuTON Photographies dOug cOOmbe
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des amériques
En Amérique du Nord, les micro-brasseries se multiplient à grande vitesse. Adieu la Budweiser, cette blonde sans goût ! Désormais, les Américains trempent leurs lèvres dans des stouts, des triples ou des blanches fabriquées maison qui se revendiquent de la tradition belge. Et ils font ça tellement bien que, selon certains, nos célèbres trappistes risquent bientôt d’être « has been ». Reportage au Michigan, dans la région des grands lacs, où le coq wallon sert carrément d’emblème à une bière locale.
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améLie mOuTON Photographies dOug cOOmbe
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des amériques
En Amérique du Nord, les micro-brasseries se multiplient à grande vitesse. Adieu la Budweiser, cette blonde sans goût ! Désormais, les Américains trempent leurs lèvres dans des stouts, des triples ou des blanches fabriquées maison qui se revendiquent de la tradition belge. Et ils font ça tellement bien que, selon certains, nos célèbres trappistes risquent bientôt d’être « has been ». Reportage au Michigan, dans la région des grands lacs, où le coq wallon sert carrément d’emblème à une bière locale.
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D
e l’eau à la bière, on le sait, il n’y a qu’un peu de chimie : du malt, du houblon et des levures, dosés par le grand alambiqueur en chef, le brasseur. Est-ce pour cela qu’au Michigan, cette main de terre posée au milieu des grands lacs d’Amérique du Nord, les micro-brasseries se sont mises à pousser comme des champignons ? Toujours est-il que cet État de dix millions d’habitants, planté à mi-chemin entre New York et Chicago, en compte aujourd’hui plus de 130. Un chiffre spectaculaire si on songe que voici 25 ans, il n’y en avait que trois. « On ne peut plus rouler vingt kilomètres sans boire une bière », plaisante un gars du coin. La Budweiser n’a qu’à bien se tenir. Les habitants des grandes plaines trempent désor-
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mais leurs lèvres dans des triples, des blanches, des stouts, des blondes houblonnées, des Saison, des Ale à la pêche ou au potiron ; on trouve même des bières acidulées, style gueuze. La créativité est telle que des petits farceurs, dans un fanzine étudiant, délirent sur une bière à la couleur orange.
« La meilleure bière, c’est celle du Michigan ! » Boire de la bière artisanale, ici, est une ode au réveil des papilles, au retour au goût, après des années à subir d’insipides mets industriels. C’est aussi un acte de soutien au petit commerce local, créateur d’emplois dans une région ravagée par les délocalisations. Le secteur ne cesse d’embaucher, au point qu’il devient difficile de trouver de bons candidats pour surveiller
les brassages. Alors, les occasions de célébrer la formidable générosité du dieu houblon ne manquent pas. Comme lors de ce festival de la bière artisanale, un samedi d’octobre, à Detroit.
Quelques jours plus tard, en mettant le cap sur Grand Rapids, deuxième plus grande ville de l’état, le patron tout en moustache, Jason Spaulding, donne l’explication. Il a fait, il y a quelques années, un voyage inoubliable au sud de Un drapeau wallon La capitale mythique de l’automola Belgique. C’était avant d’ouvrir bile et de la techno a beau être sa propre brasserie-restaurant, se balance dans le vent. rongée par la crise industrielle, aménagée dans cet ancien funéÇa fait quelque chose l’ambiance est surchauffée, à mirarium dont le décor, avec ses vide le voir là, à plus chemin entre l’Oktoberfest de traux et ses boiseries, évoque celui Munich et le Festival du film fand’une abbaye. Un Anglais installé de 6 000 kilomètres tastique de Bruxelles. Le public, en Allemagne lui avait concocté, à de son terroir natal. souvent déguisé, se balade avec lui et à son épouse, une petite tourdes colliers de Bretzel et rugit dès née. Jason se souvient bien d’Orque quelqu’un se met à pousser un cri guttural. Un val et « de villages où on brasse la bière de manière groupe joue du rock des années 1990. On se sent artisanale, mais où on n’a jamais goûté celle qu’on loin de la ville en ruines et de sa population à 80 % fabrique à 30 kilomètres de là ». Une carte gravée sur afro-américaine. Ici, l’amateur de bière est souvent un la paroi vitrée de la brasserie lui sert d’aide-mémoire : homme blanc, la trentaine, avec un goût prononcé Achouffe, à Houffalize, Grain d’Orge à Hombourg, du pour les tatouages. Un type rougeaud s’empare du côté de Liège, et puis tout au sud, entre Arlon et Virmicro : « On n’est pas ici pour la bière du Colorado ton, la brasserie Millevertus. Jason a même traversé la ou de Californie, hurle-t-il. La meilleure bière, c’est frontière française pour découvrir une ferme brasserie celle du Michigan ! » Il faut dire que la région natale à Rarecourt, entre Metz et Reims. d’Iggy Pop a quelques rivaux de taille. L’association des brasseurs américains tient les comptes. Leader incontestable : la Californie, avec ses 381 brasseries artisanales. Elle est suivie par Washington, Oregon et Colorado. Le Michigan caracole en cinquième position, ce qui n’est pas mal sur 51 États et explique sans doute cette crise de chauvinisme aigu. Autour de la bière artisanale, tout un monde s’est développé, avec des festivals, Un coq rouge dans le vent des chroniqueurs spécialisés, des chaînes sur Dans le ciel limpide d’automne, un détail incongru YouTube. Et un personnage incontournable : retient soudain l’attention. Un drapeau wallon, coq le beer geek. Marc DeNote, auteur rouge sur fond jaune, se balance dans le vent. Ça fait spécialisé sur les bières de Floride, le décrit quelque chose de le voir là, à plus de 6 000 km de comme un insatiable curieux qui goûte son terroir natal. Et ce n’est pas tout : le volatile écartoutes les nouveautés et dont la principale late s’est aussi installé sur les casquettes, tee-shirts et préoccupation se résume à « et maintenant, chemises en coton noir d’une armée de types barbus on invente quoi ? ». Pour lui, le beer geek et souriants. Jamais l’emblème régional n’a paru si joue un rôle essentiel dans l’expansion du décontracté. « Brasserie Vivant : Belgian tradition, local marché de la bière artisanale, car il pousse mission », peut-on lire sur une banderole. Ben, chargé constamment les brasseurs à innover. des relations publiques, ne sait pas très bien comment Ce passionné est aussi un passeur. le gallinacé a atterri là. La Wallonie a l’air d’être pour Il commande les dernières nouveautés lui un concept un peu vague. Par contre, il peut parler sur Internet ou voyage pour visiter des microdes bières, « des interprétations très libres de la tradibrasseries, avant de revenir chez lui pour tion belge », avance-t-il avec prudence. Les noms à partager ses découvertes. Les beer geeks eux seuls valent le détour : la « big red coq », la « hoppy font ainsi circuler et découvrir de nombreuses belgo-american red ale », ou encore une toute noubières artisanales à travers le monde. velle création : la « tart side of the moon », une bière foncée « inspirée par les fermes brasseries belges ».
Les « beer geeks »
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e l’eau à la bière, on le sait, il n’y a qu’un peu de chimie : du malt, du houblon et des levures, dosés par le grand alambiqueur en chef, le brasseur. Est-ce pour cela qu’au Michigan, cette main de terre posée au milieu des grands lacs d’Amérique du Nord, les micro-brasseries se sont mises à pousser comme des champignons ? Toujours est-il que cet État de dix millions d’habitants, planté à mi-chemin entre New York et Chicago, en compte aujourd’hui plus de 130. Un chiffre spectaculaire si on songe que voici 25 ans, il n’y en avait que trois. « On ne peut plus rouler vingt kilomètres sans boire une bière », plaisante un gars du coin. La Budweiser n’a qu’à bien se tenir. Les habitants des grandes plaines trempent désor-
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mais leurs lèvres dans des triples, des blanches, des stouts, des blondes houblonnées, des Saison, des Ale à la pêche ou au potiron ; on trouve même des bières acidulées, style gueuze. La créativité est telle que des petits farceurs, dans un fanzine étudiant, délirent sur une bière à la couleur orange.
« La meilleure bière, c’est celle du Michigan ! » Boire de la bière artisanale, ici, est une ode au réveil des papilles, au retour au goût, après des années à subir d’insipides mets industriels. C’est aussi un acte de soutien au petit commerce local, créateur d’emplois dans une région ravagée par les délocalisations. Le secteur ne cesse d’embaucher, au point qu’il devient difficile de trouver de bons candidats pour surveiller
les brassages. Alors, les occasions de célébrer la formidable générosité du dieu houblon ne manquent pas. Comme lors de ce festival de la bière artisanale, un samedi d’octobre, à Detroit.
Quelques jours plus tard, en mettant le cap sur Grand Rapids, deuxième plus grande ville de l’état, le patron tout en moustache, Jason Spaulding, donne l’explication. Il a fait, il y a quelques années, un voyage inoubliable au sud de Un drapeau wallon La capitale mythique de l’automola Belgique. C’était avant d’ouvrir bile et de la techno a beau être sa propre brasserie-restaurant, se balance dans le vent. rongée par la crise industrielle, aménagée dans cet ancien funéÇa fait quelque chose l’ambiance est surchauffée, à mirarium dont le décor, avec ses vide le voir là, à plus chemin entre l’Oktoberfest de traux et ses boiseries, évoque celui Munich et le Festival du film fand’une abbaye. Un Anglais installé de 6 000 kilomètres tastique de Bruxelles. Le public, en Allemagne lui avait concocté, à de son terroir natal. souvent déguisé, se balade avec lui et à son épouse, une petite tourdes colliers de Bretzel et rugit dès née. Jason se souvient bien d’Orque quelqu’un se met à pousser un cri guttural. Un val et « de villages où on brasse la bière de manière groupe joue du rock des années 1990. On se sent artisanale, mais où on n’a jamais goûté celle qu’on loin de la ville en ruines et de sa population à 80 % fabrique à 30 kilomètres de là ». Une carte gravée sur afro-américaine. Ici, l’amateur de bière est souvent un la paroi vitrée de la brasserie lui sert d’aide-mémoire : homme blanc, la trentaine, avec un goût prononcé Achouffe, à Houffalize, Grain d’Orge à Hombourg, du pour les tatouages. Un type rougeaud s’empare du côté de Liège, et puis tout au sud, entre Arlon et Virmicro : « On n’est pas ici pour la bière du Colorado ton, la brasserie Millevertus. Jason a même traversé la ou de Californie, hurle-t-il. La meilleure bière, c’est frontière française pour découvrir une ferme brasserie celle du Michigan ! » Il faut dire que la région natale à Rarecourt, entre Metz et Reims. d’Iggy Pop a quelques rivaux de taille. L’association des brasseurs américains tient les comptes. Leader incontestable : la Californie, avec ses 381 brasseries artisanales. Elle est suivie par Washington, Oregon et Colorado. Le Michigan caracole en cinquième position, ce qui n’est pas mal sur 51 États et explique sans doute cette crise de chauvinisme aigu. Autour de la bière artisanale, tout un monde s’est développé, avec des festivals, Un coq rouge dans le vent des chroniqueurs spécialisés, des chaînes sur Dans le ciel limpide d’automne, un détail incongru YouTube. Et un personnage incontournable : retient soudain l’attention. Un drapeau wallon, coq le beer geek. Marc DeNote, auteur rouge sur fond jaune, se balance dans le vent. Ça fait spécialisé sur les bières de Floride, le décrit quelque chose de le voir là, à plus de 6 000 km de comme un insatiable curieux qui goûte son terroir natal. Et ce n’est pas tout : le volatile écartoutes les nouveautés et dont la principale late s’est aussi installé sur les casquettes, tee-shirts et préoccupation se résume à « et maintenant, chemises en coton noir d’une armée de types barbus on invente quoi ? ». Pour lui, le beer geek et souriants. Jamais l’emblème régional n’a paru si joue un rôle essentiel dans l’expansion du décontracté. « Brasserie Vivant : Belgian tradition, local marché de la bière artisanale, car il pousse mission », peut-on lire sur une banderole. Ben, chargé constamment les brasseurs à innover. des relations publiques, ne sait pas très bien comment Ce passionné est aussi un passeur. le gallinacé a atterri là. La Wallonie a l’air d’être pour Il commande les dernières nouveautés lui un concept un peu vague. Par contre, il peut parler sur Internet ou voyage pour visiter des microdes bières, « des interprétations très libres de la tradibrasseries, avant de revenir chez lui pour tion belge », avance-t-il avec prudence. Les noms à partager ses découvertes. Les beer geeks eux seuls valent le détour : la « big red coq », la « hoppy font ainsi circuler et découvrir de nombreuses belgo-american red ale », ou encore une toute noubières artisanales à travers le monde. velle création : la « tart side of the moon », une bière foncée « inspirée par les fermes brasseries belges ».
Les « beer geeks »
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celui qui répond à l’affectueux surnom de « duckfat » se remémore avec gourmandise les festins de saison dupont, de baguettes et de pâté. c’est son meilC’est son meilleur leur souvenir : boire de souvenir de Belgique : la bière en mangeant, « une chose qu’on ne fait boire de la bière en aux États-Unis ». il mangeant, « une chose jamais est revenu en amérique qu’on ne fait jamais avec ce concept, qu’il a reproduit ici, à la brasaux États-Unis » serie vivant. mais bien DUckFat sûr, sans sacrifier aux exigences de la gastronomie locale. ainsi parle-t-il fièrement de son best-seller, le canard confit. « Que j’ai mixé avec des Nachos », ajoute-t-il avec un petit air content. une énorme assiette arrive un peu plus tard et les serveurs en rajoutent : « Mangez-les vite, autrement je m’en chargerai pour vous ! » ces chips de maïs nappés de sauce blanche, dans lesquels se promènent des morceaux de canard, évoquent un lointain vol-au-vent.
L’école artistique belge et le drapeau, alors ? Jason l’aimait bien, alors il l’a emporté dans ses bagages. un peu embarrassé, il précise que la copie n’est pas tout à fait identique à l’original : la queue de son coq compte plus de plumes. s’il est là, aujourd’hui, à affronter les bourrasques glaciales du lac michigan, c’est pour rendre hommage à la créativité des brasseurs belges. Pour appuyer ses propos, il se lance dans une comparaison. « Les Allemands sont très précis, ils font de la bière comme des ingénieurs. Les Belges ont une approche plus artistique, ils osent tenter des choses, changer un peu le dosage pour obtenir un goût différent ». Pré-
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cisons tout de suite qu’en belgique, les amateurs de bière sont loin de tous partager cet avis, soupirant au contraire sur le manque d’innovation. mais Jason se considère membre de cette école, et ses brassages sont des traductions pour le moins audacieuses de recettes typiques de chez nous. chaque année, la brasserie vivant produit 5 800 hectolitres de bières. une grande partie est écoulée ici, dans le restaurant qui ne désemplit pas. une cinquantaine d’employés et leur coq rouge s’activent pour servir les clients, vendre des tee-shirts ou surveiller la fermentation de la bière. Jason, 42 ans, est le plus âgé. son entreprise est à l’image d’une génération préoccupée par l’environnement et la qualité de vie : on vient autant que possible travailler en vélo, ce qui lui a valu une médaille décernée par la Ligue des cyclistes américains. elle est aussi la première à avoir reçu un label pour son efficacité énergétique. « Lorsque nous avons rénové le bâtiment, nous avons recyclé 72 % des matériaux », ajoute Jason. il paie 400 heures supplémentaires par an pour que ses employés fassent du volontariat dans la communauté locale. « Ce n’est pas qu’on cherche à donner des leçons aux politiciens de Grand Rapids, mais en tout cas nous voulons être une entreprise modèle. » que le coq wallon soit recyclé comme argument marketing par une petite brasserie du michigan n’est finalement pas si surprenant. La belgique représente, pour bien des brasseurs américains, une des terres promises de la bière, avec l’allemagne et l’angleterre. un voyage dans nos contrées pluvieuses a souvent les allures d’un pèlerinage. rockne van meter, grand gaillard blond, en rêve depuis longtemps. ce brasseur autodidacte est fou des bières belges, comme
Une traPPiste aMéricaine il fallait bien que ça arrive. depuis décembre 2013, les états-unis ont leur propre trappiste, la spencer ale, brassée par des moines de l’abbaye saint-Joseph, dans le massachusetts. si cette communauté cistercienne est l’héritière de moines trappistes venus aux états-unis au début du XiXe siècle, elle s’est longtemps contentée de faire des confitures et des gelées. elle avait pourtant reçu des renforts en 1857 : onze moines de sint sixtus de Westvleteren qui, pour de nombreux
amateurs, produit la meilleure bière du monde. sentant la nécessité de développer une activité supplémentaire, les moines sont finalement passés à l’acte, en commençant par un voyage de deux ans pour « visiter chaque brasserie trappiste et apprendre tout ce qu’ils pouvaient de leurs frères européens ». spencer ale est la première bière trappiste non européenne, et la dixième au monde aux côtés de six belges, deux néerlandaises et une autrichienne.
l’indique la chemise rouge qu’il a lui-même customisée : sur la manche gauche, l’étendard noir-jaunerouge et sur la droite, la bannière étoilée de l’amérique. rockne passe ses journées dans une cave, à brasser des doubles, des triples et des blanches. il fait aussi des bières plus houblonnées, saveur incontournable en amérique. mais c’est le style belge qu’il préfère et c’est d’ailleurs de là que viennent ses levures et ses grains. rockne est amoureux de son travail, même si la lumière du jour lui manque et qu’il a souvent rêvé de déplacer la brasserie à l’étage. comme ce n’est pas lui le patron, il se contente de son royaume exigu, où il guette avec bonheur la montée de la mousse dans les grands baquets de fermentation. ces écumes, dit-il, lui rappellent la consistance des nuages qu’on survole en avion.
bastogne en amérique des dizaines de tuyaux courent sur le plafond pour transporter ses préparations à l’étage. Là, derrière un long bar en bois, des pompes déversent la main street Pilsner, la monumental blonde, la double vision et la triple Nectar des dieux. Le pub restaurant s’appelle bastone. un g s’est perdu dans la bataille, « par souci de simplification », mais oui, le nom fait bien référence
à bastogne, cette ville belge où se sont égarés tant de chars américains. demandez à un anglophone de prononcer un mot se terminant par « gne », vous verrez. L’établissement a pris ses quartiers à royal Oak, « Je crains que la gare une banlieue aisée de d’arrivée des brasseurs detroit, dans un ancien supermarché qui, détail américains ne soit surprenant, était doté le continent européen. » d’une superbe voûte en bois. une des sections jean Van roy de bastone, le monk, est tout entière dédiée à la gastronomie belge. On peut y manger des moules frites accompagnées de chimay, d’Orval ou de golden draak, une bière de la brasserie flamande van steenberge, qu’on a souvent vue de ce côté de l’atlantique. Ou des bières de rockne, qui se défendent bien. ces dernières sont des raretés : impossible de les goûter ailleurs qu’entre ces murs. elles ne sortent que pour les concours, où elles ont raflé plus d’une centaine de prix, dont deux médailles d’or récentes dans une grande rencontre annuelle de la bière aux étatsunis. c’est une consécration pour le modeste rockne qui a tout appris sur le tas en lisant des dizaines de
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D’ici et D’aille u rs — La cuvée beLge des amériques
celui qui répond à l’affectueux surnom de « duckfat » se remémore avec gourmandise les festins de saison dupont, de baguettes et de pâté. c’est son meilC’est son meilleur leur souvenir : boire de souvenir de Belgique : la bière en mangeant, « une chose qu’on ne fait boire de la bière en aux États-Unis ». il mangeant, « une chose jamais est revenu en amérique qu’on ne fait jamais avec ce concept, qu’il a reproduit ici, à la brasaux États-Unis » serie vivant. mais bien DUckFat sûr, sans sacrifier aux exigences de la gastronomie locale. ainsi parle-t-il fièrement de son best-seller, le canard confit. « Que j’ai mixé avec des Nachos », ajoute-t-il avec un petit air content. une énorme assiette arrive un peu plus tard et les serveurs en rajoutent : « Mangez-les vite, autrement je m’en chargerai pour vous ! » ces chips de maïs nappés de sauce blanche, dans lesquels se promènent des morceaux de canard, évoquent un lointain vol-au-vent.
L’école artistique belge et le drapeau, alors ? Jason l’aimait bien, alors il l’a emporté dans ses bagages. un peu embarrassé, il précise que la copie n’est pas tout à fait identique à l’original : la queue de son coq compte plus de plumes. s’il est là, aujourd’hui, à affronter les bourrasques glaciales du lac michigan, c’est pour rendre hommage à la créativité des brasseurs belges. Pour appuyer ses propos, il se lance dans une comparaison. « Les Allemands sont très précis, ils font de la bière comme des ingénieurs. Les Belges ont une approche plus artistique, ils osent tenter des choses, changer un peu le dosage pour obtenir un goût différent ». Pré-
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cisons tout de suite qu’en belgique, les amateurs de bière sont loin de tous partager cet avis, soupirant au contraire sur le manque d’innovation. mais Jason se considère membre de cette école, et ses brassages sont des traductions pour le moins audacieuses de recettes typiques de chez nous. chaque année, la brasserie vivant produit 5 800 hectolitres de bières. une grande partie est écoulée ici, dans le restaurant qui ne désemplit pas. une cinquantaine d’employés et leur coq rouge s’activent pour servir les clients, vendre des tee-shirts ou surveiller la fermentation de la bière. Jason, 42 ans, est le plus âgé. son entreprise est à l’image d’une génération préoccupée par l’environnement et la qualité de vie : on vient autant que possible travailler en vélo, ce qui lui a valu une médaille décernée par la Ligue des cyclistes américains. elle est aussi la première à avoir reçu un label pour son efficacité énergétique. « Lorsque nous avons rénové le bâtiment, nous avons recyclé 72 % des matériaux », ajoute Jason. il paie 400 heures supplémentaires par an pour que ses employés fassent du volontariat dans la communauté locale. « Ce n’est pas qu’on cherche à donner des leçons aux politiciens de Grand Rapids, mais en tout cas nous voulons être une entreprise modèle. » que le coq wallon soit recyclé comme argument marketing par une petite brasserie du michigan n’est finalement pas si surprenant. La belgique représente, pour bien des brasseurs américains, une des terres promises de la bière, avec l’allemagne et l’angleterre. un voyage dans nos contrées pluvieuses a souvent les allures d’un pèlerinage. rockne van meter, grand gaillard blond, en rêve depuis longtemps. ce brasseur autodidacte est fou des bières belges, comme
Une traPPiste aMéricaine il fallait bien que ça arrive. depuis décembre 2013, les états-unis ont leur propre trappiste, la spencer ale, brassée par des moines de l’abbaye saint-Joseph, dans le massachusetts. si cette communauté cistercienne est l’héritière de moines trappistes venus aux états-unis au début du XiXe siècle, elle s’est longtemps contentée de faire des confitures et des gelées. elle avait pourtant reçu des renforts en 1857 : onze moines de sint sixtus de Westvleteren qui, pour de nombreux
amateurs, produit la meilleure bière du monde. sentant la nécessité de développer une activité supplémentaire, les moines sont finalement passés à l’acte, en commençant par un voyage de deux ans pour « visiter chaque brasserie trappiste et apprendre tout ce qu’ils pouvaient de leurs frères européens ». spencer ale est la première bière trappiste non européenne, et la dixième au monde aux côtés de six belges, deux néerlandaises et une autrichienne.
l’indique la chemise rouge qu’il a lui-même customisée : sur la manche gauche, l’étendard noir-jaunerouge et sur la droite, la bannière étoilée de l’amérique. rockne passe ses journées dans une cave, à brasser des doubles, des triples et des blanches. il fait aussi des bières plus houblonnées, saveur incontournable en amérique. mais c’est le style belge qu’il préfère et c’est d’ailleurs de là que viennent ses levures et ses grains. rockne est amoureux de son travail, même si la lumière du jour lui manque et qu’il a souvent rêvé de déplacer la brasserie à l’étage. comme ce n’est pas lui le patron, il se contente de son royaume exigu, où il guette avec bonheur la montée de la mousse dans les grands baquets de fermentation. ces écumes, dit-il, lui rappellent la consistance des nuages qu’on survole en avion.
bastogne en amérique des dizaines de tuyaux courent sur le plafond pour transporter ses préparations à l’étage. Là, derrière un long bar en bois, des pompes déversent la main street Pilsner, la monumental blonde, la double vision et la triple Nectar des dieux. Le pub restaurant s’appelle bastone. un g s’est perdu dans la bataille, « par souci de simplification », mais oui, le nom fait bien référence
à bastogne, cette ville belge où se sont égarés tant de chars américains. demandez à un anglophone de prononcer un mot se terminant par « gne », vous verrez. L’établissement a pris ses quartiers à royal Oak, « Je crains que la gare une banlieue aisée de d’arrivée des brasseurs detroit, dans un ancien supermarché qui, détail américains ne soit surprenant, était doté le continent européen. » d’une superbe voûte en bois. une des sections jean Van roy de bastone, le monk, est tout entière dédiée à la gastronomie belge. On peut y manger des moules frites accompagnées de chimay, d’Orval ou de golden draak, une bière de la brasserie flamande van steenberge, qu’on a souvent vue de ce côté de l’atlantique. Ou des bières de rockne, qui se défendent bien. ces dernières sont des raretés : impossible de les goûter ailleurs qu’entre ces murs. elles ne sortent que pour les concours, où elles ont raflé plus d’une centaine de prix, dont deux médailles d’or récentes dans une grande rencontre annuelle de la bière aux étatsunis. c’est une consécration pour le modeste rockne qui a tout appris sur le tas en lisant des dizaines de
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prolongements
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sanales connaissent une folle expansion. Il en naîlivres. En octobre prochain, il aura sa récompense : un trait au moins une chaque jour. En 2000, elles étaient voyage en Belgique. Il est déjà sûr qu’il ira à la bras1 500. Aujourd’hui, 2 768, un chiffre qui n’est plus serie Cantillon, à Anderlecht, qui n’est pas loin d’être très éloigné des 4 000 brasseries que comptaient le Saint-Graal pour les Américains. La famille Van Roy les états-Unis à la fin du XIXe siècle. Au point que les n’a jamais succombé aux sirènes de l’industrie et des additifs. Depuis un siècle, ses lambics et gueuzes ont géants brassicoles commencent à voir leurs ventes pour seuls alliés l’amour, le temps et reculer. Ils contre-attaquent en tenla nature. Jean Van Roy, qui a pris la de racheter leurs petits concur« Les Américains repro- tant succession de son père, ne brasse rents. Ou, comme Budweiser, en duisent des bières de diffusant à prix d’or une pub lors qu’en hiver, dans de grandes cuves en cuivre rouge. La fermentation s’efdu dernier Superbowl, la mythique tradition belge, fectue sous un toit ouvert aux quatre du championnat de football mais ils le font mieux finale vents, question de dosage des levures américain. La marque s’est fendue que chez nous. » et des bactéries qui se chargent d’un spot très controversé qui se spontanément du travail. Puis vient moque des buveurs de bières artiJean Van Roy le lent vieillissement dans des fûts sanales, représentés comme des de chêne. « Nous recevons près de intellos coincés. « Fier d’être une 28 000 visiteurs chaque année, et parmi eux, il y a bière macro. Laissons-les siroter leur ale à la pêche plus d’Américains que n’importe quelle autre nationaet au potiron. » lité », témoigne Jean Van Roy. Le continent, qui lui a déjà sauvé la mise en des temps plus durs, représente Le boom est tel que plusieurs observateurs prédisent entre 15 et 20 % de ses ventes. Il pense qu’il pourrait que le marché sera bientôt à saturation. Pour Jean multiplier par vingt le volume de ce qu’il expédie outreVan Roy, de la brasserie Cantillon, la Belgique a du Atlantique : tout se vendrait. souci à se faire, car les bières américaines sont d’excellente qualité. « Ils reproduisent des bières de tradition belge, et ils le font mieux que chez nous, où elles Un train lancé à toute vitesse sont souvent produites de manière industrielle. Ils font Ces hommages appuyés à notre patrimoine brasmême désormais de très bonnes bières à fermentasicole ne doivent cependant pas nous tromper. tion spontanée. » Il compare le mouvement craft beer Comme le dit en substance Ron Jeffries, le boss de à un train lancé à toute vitesse. « Je crains que sa Jolly Pumpkin, une autre brasserie star de la région, gare d’arrivée ne soit le continent européen. » Signe « c’est en Amérique que ça se passe aujourd’hui ». qui ne trompe pas, la brasserie californienne Stone, Avec son bonnet sur la tête et sa boucle d’oreille, le une des pionnières, va bientôt ouvrir un bistrot-brassecapitaine Spooky n’éprouve pas de vénération parrie à Berlin. D’autres pays commencent aussi à déveticulière pour la Belgique. Même si ses bières, acclalopper leur propre production, comme le Danemark, mées par le New York Times et la critique spécialisée, l’Espagne ou l’Italie (cette dernière compterait déjà ont un parfum de plat pays : elles font partie de la 200 micro-brasseries). On trouve aussi des scènes très grande famille des bières acidulées. Fermentées avec dynamiques en Angleterre ou au Québec, qui régale des levures sauvages ajoutées manuellement, elles les palais avec ses Dieu du ciel et ses Fin du monde. vieillissent dans d’immenses fûts de bourbon. Voici Pendant ce temps, la Belgique, un peu figée dans ses deux ans, confrontés à une demande exponentielle, habitudes, commence à peine à se réveiller. Ron et sa femme Laurie ont déménagé leur brasserie du centre de Dexter, joli petit village américain avec une gare vert pistache du XIXe siècle, vers un zoAmélie Mouton ning où ils occupent un immense hangar de plus de 6 000 m2. C’était nécessaire. En 2013, Jolly Pumpkin a vendu environ 5 000 hectolitres de bières, un bond vertigineux au regard des 187 hectolitres écoulés la première année de son existence, en 2004. Jolly Pumpkin et le Michigan ne sont pas des cas uniques. Partout aux États-Unis, les brasseries arti-
étymots
in numeros ce que l’industrie de la bière artisanale a rapporté à l’économie américaine en 2012. approximativement le volume de production de bière artisanale américaine en 2013, soit plus de 17 millions d’hectolitres.
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les ÉtatsUnis sont le quatrième plus gros importateur de bières belges derrière la France, les Pays-Bas et l’Allemagne. Ils ont importé 1,5 million d’hectolitres en 2013.
c’est ce qu’un Belge consomme comme bière annuellement. Un chiffre qui ne cesse de diminuer, la consommation ayant enregistré un recul de 26,12 % depuis le début des années 1990. Les brasseurs belges ont lancé la campagne « Fiers de nos bières » pour tenter d’enrayer le phénomène.
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litres
Stout : À l’origine, cet adjectif désignait quelque chose de « brave », mais dans son contexte il désigne quelque chose de « fort ». Aujourd’hui, c’est une bière de fermentation haute brassée à partir d’un moût caractérisé par sa teneur en grains hautement torréfiés. Moût : Mixture obtenue après pression ou cuisson de fruits ou autres produits destinés à la fermentation. Il est caractérisé par sa teneur en sucres et par sa densité (facteur qui conditionne la production d’alcool). Pour le brassage de la bière, un moût de céréales est utilisé.
3 PLUS ++ Sur le Net : James et Martin, les patrons de Brewdog, une brasserie anglaise qui connaît un succès foudroyant, sillonnent les États-Unis à la rencontre de brasseurs américains. Reportages à voir sur http ://tv.esquire.com/shows/brew-dogs. ++ L’histoire du mouvement craft aux États-Unis et les derniers chiffres : brewersassociation.org. Côté belge, connectez-vous au site bierebel.com où officie notamment un fin connaisseur des scènes américaine et belge (et bien au-delà, de l’Afrique à la Suède), Sébastien Jadot. Il contribue aussi au site qui établit le classement des meilleures bières du monde : ratebeer.com. Ou faites connaissance avec Kevin, quincaillier le jour et beer geek la nuit belgianbeergeek.be/ ++ Des livres : Il y en a beaucoup ! En français, citons Les meilleures bières du monde de Ben MacFarland, le carnet d’un voyage à la découverte de brasserie dans trente pays du monde. Ainsi que le récent Bières d’Artisans en Wallonie et à Bruxelles de Michel Verlinden et Alexandre Bibaut.
la journaliste raconte « Jamais je n’aurai autant utilisé mes papilles gustatives pour faire un reportage. C’est un sens que je mobilise rarement dans mon travail, où j’utilise plutôt la vue et l’ouïe, parfois l’odorat. Dommage, parce que c’est bien agréable. » Pour lire l’intégralité du making-of d’Amélie Mouton, rendez-vous sur notre site (http://www.24h01.be/?p=2166) ou directement ici :
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prolongements
D’ici et d’aille u rs — La cuvée belge des Amériques
sanales connaissent une folle expansion. Il en naîlivres. En octobre prochain, il aura sa récompense : un trait au moins une chaque jour. En 2000, elles étaient voyage en Belgique. Il est déjà sûr qu’il ira à la bras1 500. Aujourd’hui, 2 768, un chiffre qui n’est plus serie Cantillon, à Anderlecht, qui n’est pas loin d’être très éloigné des 4 000 brasseries que comptaient le Saint-Graal pour les Américains. La famille Van Roy les états-Unis à la fin du XIXe siècle. Au point que les n’a jamais succombé aux sirènes de l’industrie et des additifs. Depuis un siècle, ses lambics et gueuzes ont géants brassicoles commencent à voir leurs ventes pour seuls alliés l’amour, le temps et reculer. Ils contre-attaquent en tenla nature. Jean Van Roy, qui a pris la de racheter leurs petits concur« Les Américains repro- tant succession de son père, ne brasse rents. Ou, comme Budweiser, en duisent des bières de diffusant à prix d’or une pub lors qu’en hiver, dans de grandes cuves en cuivre rouge. La fermentation s’efdu dernier Superbowl, la mythique tradition belge, fectue sous un toit ouvert aux quatre du championnat de football mais ils le font mieux finale vents, question de dosage des levures américain. La marque s’est fendue que chez nous. » et des bactéries qui se chargent d’un spot très controversé qui se spontanément du travail. Puis vient moque des buveurs de bières artiJean Van Roy le lent vieillissement dans des fûts sanales, représentés comme des de chêne. « Nous recevons près de intellos coincés. « Fier d’être une 28 000 visiteurs chaque année, et parmi eux, il y a bière macro. Laissons-les siroter leur ale à la pêche plus d’Américains que n’importe quelle autre nationaet au potiron. » lité », témoigne Jean Van Roy. Le continent, qui lui a déjà sauvé la mise en des temps plus durs, représente Le boom est tel que plusieurs observateurs prédisent entre 15 et 20 % de ses ventes. Il pense qu’il pourrait que le marché sera bientôt à saturation. Pour Jean multiplier par vingt le volume de ce qu’il expédie outreVan Roy, de la brasserie Cantillon, la Belgique a du Atlantique : tout se vendrait. souci à se faire, car les bières américaines sont d’excellente qualité. « Ils reproduisent des bières de tradition belge, et ils le font mieux que chez nous, où elles Un train lancé à toute vitesse sont souvent produites de manière industrielle. Ils font Ces hommages appuyés à notre patrimoine brasmême désormais de très bonnes bières à fermentasicole ne doivent cependant pas nous tromper. tion spontanée. » Il compare le mouvement craft beer Comme le dit en substance Ron Jeffries, le boss de à un train lancé à toute vitesse. « Je crains que sa Jolly Pumpkin, une autre brasserie star de la région, gare d’arrivée ne soit le continent européen. » Signe « c’est en Amérique que ça se passe aujourd’hui ». qui ne trompe pas, la brasserie californienne Stone, Avec son bonnet sur la tête et sa boucle d’oreille, le une des pionnières, va bientôt ouvrir un bistrot-brassecapitaine Spooky n’éprouve pas de vénération parrie à Berlin. D’autres pays commencent aussi à déveticulière pour la Belgique. Même si ses bières, acclalopper leur propre production, comme le Danemark, mées par le New York Times et la critique spécialisée, l’Espagne ou l’Italie (cette dernière compterait déjà ont un parfum de plat pays : elles font partie de la 200 micro-brasseries). On trouve aussi des scènes très grande famille des bières acidulées. Fermentées avec dynamiques en Angleterre ou au Québec, qui régale des levures sauvages ajoutées manuellement, elles les palais avec ses Dieu du ciel et ses Fin du monde. vieillissent dans d’immenses fûts de bourbon. Voici Pendant ce temps, la Belgique, un peu figée dans ses deux ans, confrontés à une demande exponentielle, habitudes, commence à peine à se réveiller. Ron et sa femme Laurie ont déménagé leur brasserie du centre de Dexter, joli petit village américain avec une gare vert pistache du XIXe siècle, vers un zoAmélie Mouton ning où ils occupent un immense hangar de plus de 6 000 m2. C’était nécessaire. En 2013, Jolly Pumpkin a vendu environ 5 000 hectolitres de bières, un bond vertigineux au regard des 187 hectolitres écoulés la première année de son existence, en 2004. Jolly Pumpkin et le Michigan ne sont pas des cas uniques. Partout aux États-Unis, les brasseries arti-
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in numeros ce que l’industrie de la bière artisanale a rapporté à l’économie américaine en 2012. approximativement le volume de production de bière artisanale américaine en 2013, soit plus de 17 millions d’hectolitres.
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les ÉtatsUnis sont le quatrième plus gros importateur de bières belges derrière la France, les Pays-Bas et l’Allemagne. Ils ont importé 1,5 million d’hectolitres en 2013.
c’est ce qu’un Belge consomme comme bière annuellement. Un chiffre qui ne cesse de diminuer, la consommation ayant enregistré un recul de 26,12 % depuis le début des années 1990. Les brasseurs belges ont lancé la campagne « Fiers de nos bières » pour tenter d’enrayer le phénomène.
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Stout : À l’origine, cet adjectif désignait quelque chose de « brave », mais dans son contexte il désigne quelque chose de « fort ». Aujourd’hui, c’est une bière de fermentation haute brassée à partir d’un moût caractérisé par sa teneur en grains hautement torréfiés. Moût : Mixture obtenue après pression ou cuisson de fruits ou autres produits destinés à la fermentation. Il est caractérisé par sa teneur en sucres et par sa densité (facteur qui conditionne la production d’alcool). Pour le brassage de la bière, un moût de céréales est utilisé.
3 PLUS ++ Sur le Net : James et Martin, les patrons de Brewdog, une brasserie anglaise qui connaît un succès foudroyant, sillonnent les États-Unis à la rencontre de brasseurs américains. Reportages à voir sur http ://tv.esquire.com/shows/brew-dogs. ++ L’histoire du mouvement craft aux États-Unis et les derniers chiffres : brewersassociation.org. Côté belge, connectez-vous au site bierebel.com où officie notamment un fin connaisseur des scènes américaine et belge (et bien au-delà, de l’Afrique à la Suède), Sébastien Jadot. Il contribue aussi au site qui établit le classement des meilleures bières du monde : ratebeer.com. Ou faites connaissance avec Kevin, quincaillier le jour et beer geek la nuit belgianbeergeek.be/ ++ Des livres : Il y en a beaucoup ! En français, citons Les meilleures bières du monde de Ben MacFarland, le carnet d’un voyage à la découverte de brasserie dans trente pays du monde. Ainsi que le récent Bières d’Artisans en Wallonie et à Bruxelles de Michel Verlinden et Alexandre Bibaut.
la journaliste raconte « Jamais je n’aurai autant utilisé mes papilles gustatives pour faire un reportage. C’est un sens que je mobilise rarement dans mon travail, où j’utilise plutôt la vue et l’ouïe, parfois l’odorat. Dommage, parce que c’est bien agréable. » Pour lire l’intégralité du making-of d’Amélie Mouton, rendez-vous sur notre site (http://www.24h01.be/?p=2166) ou directement ici :