Andy à Luxembourg #18

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STRAIGHT FROM THE SOURCE

LITTLE BIG LUXEMBOURG COVER STORY

SIMONE DELCOURT (CSSF) POLITICS

PIERRE GRAMEGNA : TOUR D’HORIZON DU LUXEMBOURG AVOCATS

MAÎTRE ROSARIO GRASSO : L’AUTORÉGULATION AU CENTRE DES PRÉOCCUPATIONS

#18 12 euros

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La banque d’un monde qui change


ÉDITO

#18 L’ART DU Pour sa 18e édition, Andy vous offre une nouvelle vision d’un Luxembourg en pleine évolution. Fintech, Santé, Logistique… Le Grand-Duché prouve une fois de plus que sa plus grande force est sa diversité. Bonne lecture

© 360Crossmedia/P.D.

CONTEXTE

Anne-Sophie Théodore Rédactrice en chef

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L’agence de communication des

esprits créatifs 传播创新思维 360Crossmedia Masterclass #3 “BE THE PUBLISHER”

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SIMONE DELCOURT : LA RÉGULATION EN MUTATION

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STEVE BERNAT : REHAUSSER LE PROFIL D’UN LEADER MONDIAL

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DOSSIERSPÉCIAL

LITTLE BIG LUXEMBOURG

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PIERRE GRAMEGNA : TOUR D’HORIZON DU LUXEMBOURG

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STEVE DAVID : CULTIVER LES TALENTS


SOMMAIRE 32

LUC DE VET : MAINTENIR LA COMPÉTITIVITÉ DU SECTEUR ALTERNATIF AU LUXEMBOURG

MONARCHIE 10. Adolphe de Nassau : Le triomphe de la persévérance POLITICS 12. Pierre Gramegna : Tour d’horizon du Luxembourg SUCCESS 16. Jérôme Bloch : 15 ans d’innovation POLITICS 18. François Bausch : Investir pour le changement de mentalité 20. Carlos Pereira Marques : Deux pays, un lien unique 23. DOSSIER SPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

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STEEN FOLDBERG : UN NOUVEAU MODÈLE D’ACTIVITÉ POUR LA BANQUE PRIVÉE ANDY A LUXEMBOURG N° 18 est une revue éditée par BGS Crossmedia 50 rue Félix de Blochausen L-1243 Luxembourg. www.andyaluxembourg.com Tél. : (+352) 35 68 77 Éditeur : Jérôme Bloch, jbloch@360Crossmedia.com Tél. : (+352) 621 264 416 Rédactrice en chef : Anne-Sophie Théodore, studio@360Crossmedia.com Tél. : (+352) 35 68 77 Direction artistique : Franck Widling Publicité : 360Régie, Pierre Rossi, Care@360Crossmedia.com Tél. : (+352) 35 68 77 Tirage : 10 000 ex. Périodicité : trimestrielle Photo couverture : © 360Crossmedia/M.M.

Founding Member

Promoting Luxembourg

24. Simone Delcourt : La régulation en mutation 28. Denise Voss : Les fonds du Luxembourg conservent un attrait mondial 30. Régulations : Décodage 32. Luc de Vet : Maintenir la compétitivité du secteur alternatif au Luxembourg 34. Herbert Muck : Consultation, préparation et anticipation des régulations 36. Steve David : Cultiver les talents 38. Christiaan Van Houtven : La force d’un groupe 40. Daniel Siepmann : Anticipation et adaptation 42. Michael Lange : L’esprit d’entreprise 44. Pierre Knoden : L’humain au centre des préoccupations 46. S teen Foldberg : Un nouveau modèle d’activité pour la banque privée 48. Steve Bernat : Rehausser le profil d’un leader mondial 50. Sven Muehlenbrock : Une proposition de service innovante pour plus de 3 000 fonds d’investissements 52. Anna M. Foster : Game of finance AVOCATS 54. Maître Rosario Grasso : L’autorégulation au centre des préoccupations 58. Benjamin Bodig : À la barre 62. Robert Badinter : Le défenseur public numéro 1 63. Guy Castegnaro : Faire du droit du travail un métier BUSINESS 64. Giovanni Ferrero : Un héritage de valeurs 66. V ictor Rockenbrod : Immobilier résidentiel, le bon moment pour acheter ? 68. Thierry Grosjean : Les compliance officers en 2015 70. T imothé Fuchs et Pierre-Yves Augsburger : Le Luxembourg et la Suisse, deux places financières différentes mais complémentaires 72. Totalserve : L’approche directe 74. Eric Crabié : Les vertus de la transparence

76. Jean-Noël Lequeue : La compliance à travers les frontières 78. Nicolas Xanthopoulos : Renforcer la proximité dans l’industrie des Fonds 80. Serge Thill : L’avantage compétitif du capital humain 82. Gary Coppers : Success story du voyage d’affaires FINTECH 84. Dominique Valschaerts : L’innovation au carré 86. Stéphane Ries : Sécurité connectée 87. Marco Houwen : Parole d’entrepreneur ! 88. Edouard Wangen : Connecter les entrepreneurs 90. Jean-Pierre Schmit : À la conquête du Luxembourg 92. MangoPay décroche la cagnotte 93. Marc Hemmerling : un changement d’état d’esprit SANTÉ 94. Lydia Mutsch : Granulométrique 96. Uwe Diegel : Faire rimer « Santé » et « Connecté » 98. Les petites histoires de la Grande Région 100. Social Typhoon : Recréer du lien social en ligne LOGISTIQUE 102. Daniel Liebermann : La Chine, un marché d’opportunités 104. Erik Hermans : L’esprit au service de l’équipe 106. Arnaud Lambert : Le monde comme terrain de jeu ART 108. SUMO : Poing par points 112. Maggy Nagel : Parlons culture 114. Alain Mestat : Une nouvelle ère pour l’art de la finance 116. Alexandre Farto : L’urbaniste de rue 117. Shigeru Ban : L’archi-solidaire TENDANCES 118. La grande histoire des taxis 119. The world’s 50 best : Iconoclaste ! EURO-TOQUES 122. Laurence Frank : Quand l’ambition porte ses fruits 124. Daniel Rameau : Confession 126. Philippe Bridard : Transmettre un savoir-faire et des émotions 128. Denis Laissy : Au fil des discussions 130. Stéphanie Jauquet : La précision au féminin LIFESTYLE 132. Slow Food : Fast briefing 133. Funds Europe Awards 134. 13e édition EY International Fund of Golf Day 136. Nicolas Courcoux : Le luxe connecté 137. J ean-Louis Rigaux : Par amour de l’automobile 138. M oods Trier 140. Event Duke

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MONARCHIE

Adolphe de Nassau :

LE TRIOMPHE DE LA PERSÉVÉRANCE LA VIE D’ADOLPHE, DUC DE NASSAU ET 4E GRAND-DUC DE LUXEMBOURG, RESSEMBLE À UN ROMAN DE VICTOR HUGO. EN EFFET, RIEN NE PRÉDESTINAIT CET HOMME À EMBRASSER UN DESTIN EXCEPTIONNEL QUI LE CONDUIRAIT AUX PLUS HAUTES FONCTIONS. RETOUR SUR L’HISTOIRE D’UN PERSONNAGE COMPLEXE ET SENSIBLE…

DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE Né le 24 juillet 1817 au château de Biebrich, Adolphe est le fils aîné de Guillaume de Nassau et de la princesse Louise de Saxe-Hildburghausen. Le garçon connaît une enfance difficile dans l’ombre d’un père autoritaire et extrêmement sévère. Il faut ajouter à cela la disparition de sa mère alors qu’il n’a que huit ans. Une douleur de plus pour le jeune Adolphe qui doit également s’accommoder d’une éducation austère où le moindre écart est sévèrement puni. À l’âge de 20 ans, il se rend à Vienne pour poursuivre ses études. Le 20 août 1839, Adolphe apprend le décès de son père. Le destin est en marche. Le jeune homme est intronisé Duc de Nassau. LE POIDS DES RESPONSABILITÉS Le nouveau Duc de Nassau fait la rencontre de sa première femme, la Grande-Duchesse Elisabeth Michailown de Russie, à l’occasion d’un voyage à Saint-Pétersbourg. De retour à Biebrich, le couple exerce une influence positive sur le peuple. De grandes avancées démocratiques voient le jour comme l’instauration de la liberté de la presse. Une période heureuse bientôt ternie par la disparition de la Duchesse en 1845. Il faudra attendre 1851 pour voir le Duc épouser en seconde noce la princesse Adelheid-Marie d’Anhalt-Dessau. Côté politique, les critiques des libéraux affaiblissent considérablement le Duché de Nassau. Adolphe doit faire face à la guerre entre la Prusse et l’Empire d’Autriche. Malgré les réprobations du par-

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lement, il se range aux côtés de l’Autriche. Un choix désastreux qui conduit à l’annexion du Duché de Nassau par la Prusse le 7 septembre 1866. Néanmoins, il parvient à trouver un accord avec la Prusse qui lui octroie une indemnisation et les châteaux de Biebrich, Weilbourg, Königstein et Platte. LA RENAISSANCE DU PHÉNIX Adolphe devra attendre 1884 et la mort du Prince Alexandre d’Orange-Nassau, pour espérer reconquérir le pouvoir. Après une période de tractations avec la famille royale des Pays-Bas et l’Empereur allemand Guillaume II, Adolphe devient le nouveau Grand-Duc de Luxembourg en 1890. Un retour triomphal marqué par l’acquisition des châteaux de Fischbach, de Berg et de Walferdange. Sur le plan politique, le nouveau Grand-Duc laisse les pleins pouvoirs au président du gouvernement luxembourgeois Paul Eyschen. Il en profitera tout de même pour réinstaurer l’Ordre de Mérite civil et militaire qu’il avait créé le 8 mai 1858. En 1902, le Grand-Duc âgé de 85 ans, confie les rênes du pouvoir à son fils, Guillaume. Il décèdera le 17 novembre 1905 au château de Hohenburg.

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« L’UNION ENTRE CE BEAU PAYS DE LUXEMBOURG ET L’ANTIQUE MAISON À LAQUELLE JE PRÉSIDE. »

© VdL

ADOLPHE, GRAND DUC DU LUXEMBOURG, LORS DE SON INTRONISATION EN 1890.

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POLITICS

TOUR D’HORIZON

DU LUXEMBOURG MINISTRE DES FINANCES DEPUIS 2013, PIERRE GRAMEGNA RÉPOND À NOS QUESTIONS SUR L’ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA FISCALITÉ ET L’ACTUALITÉ LUXEMBOURGEOISE.

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POLITICS

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QUELLE EST LA RÉCENTE ÉVOLUTION DU BUDGET DE L’ÉTAT APRÈS LES CHANGEMENTS DE TAUX DE TVA ET EN GÉNÉRAL ? L’évolution des chiffres est globalement satisfaisante. Les mesures du paquet d’avenir (« Zukunfspak ») commencent à produire leurs effets. Le FMI vient d’ailleurs de le confirmer dans son récent rapport. Nous sommes donc sur la bonne voie pour réaliser l’objectif de nous rapprocher de l’équilibre budgétaire au niveau de l’administration centrale à l’horizon 2018. Nous y parviendrons, tout en maintenant un niveau des investissements parmi les plus élevés en Europe. Entre 2014 et 2015, ils augmenteront de 15 %, pour atteindre un montant de pratiquement deux milliards d’euros. Cette tendance n’est pas limitée aux investissements. Entre 2014 et 2018, les dépenses de l’État augmenteront chaque année en moyenne de 4 %. En ce qui concerne la TVA, des ajustements de taux ont été nécessaires pour compenser partiellement la perte programmée des recettes au niveau de la TVA sur le commerce électronique, évaluée autour de 700 millions d’euros pour l’exercice en cours. Il est important de rappeler qu’il n’y a toutefois pas eu de hausse généralisée. Le taux de 3 %, appliqué aux aliments et autres produits de première nécessité, mais aussi aux livres, aux médicaments et aux évènements culturels, n’a pas bougé. Même pour les autres taux, ils restent les plus bas d’Europe.

« LE LUXEMBOURG N’EST PAS, ET N’A JAMAIS ÉTÉ, UN PARADIS FISCAL. » PIERRE GRAMEGNA, MINISTRE DES FINANCES

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LE LUXEMBOURG EST LOIN D’ÊTRE LE SEUL PAYS À PRATIQUER LES RESCRITS FISCAUX MAIS LA PRESSE INTERNATIONALE MENTIONNE AVANT TOUT LE LUXEMBOURG. POUR QUELLES RAISONS ? Je ne pense pas que ce soit toujours le cas. Dans un premier temps, certains médias se sont effectivement acharnés sur notre pays, en mettant en avant des documents volés à une entreprise luxembourgeoise. Si ce vol avait eu lieu dans un autre pays, c’est celui-ci qui aurait été sous le feu des projecteurs. Beaucoup d’efforts de communication ont donc été nécessaires pour expliquer que les rescrits fiscaux, c’est-à-dire les « rulings », ne sont pas une spécificité luxembourgeoise, mais constituent une pratique bien établie dans la majorité des États. Aujourd’hui, la Commission Européenne examine à ce titre l’ensemble des États membres de l’Union. De même, l’OCDE travaille à mettre en place un cadre juridique mondial pour la fiscalité des entreprises. Le Luxembourg contribue activement à ces travaux. Ce que nous souhaitons, c’est un « level playing field », c’est-àdire que les mêmes règles s’appliquent à tous. Par ailleurs, les progrès du Luxembourg en matière de transparence fiscale, initiés bien antérieurement aux attaques médiatiques, ont été largement reconnus par nos partenaires. Pour autant, les clichés ont la vie dure, surtout dans certains médias. Les efforts continueront donc pour rétablir l’image de marque du pays. BEAUCOUP DE CHANGEMENTS EN MATIÈRE DE FISCALITÉ SE PRÉPARENT ACTUELLEMENT TANT AU NIVEAU EUROPÉEN QU’INTERNATIONAL. DANS CETTE PERSPECTIVE, COMMENT LE LUXEMBOURG COMPTE-T-IL SE POSITIONNER ? Le Luxembourg n’est pas, et n’a jamais été, un paradis fis-


cal. En 2013, notre pays affichait un taux de prélèvements obligatoires de 39,3 % du PIB. Pour autant, le Luxembourg a toujours su maintenir un cadre fiscal compétitif, pour attirer les entreprises et leur permettre de se développer. Dans le cadre de la réforme fiscale actuellement prévue, le maintien voir l’amélioration de la compétitivité de nos entreprises est un des objectifs primaires. Les gouvernements successifs ont affiché leur attachement à une compétition fiscale loyale entre les pays, car elle seule permet d’éviter l’enclenchement d’une spirale tendant vers l’augmentation continue et excessive des taux d’imposition. Dans cet esprit, le Luxembourg participe aujourd’hui activement aux discussions « BEPS » (« base erosion and profit shifting ») de l’OCDE, visant à mettre en place des règles communes (« level playing field ») au niveau mondial. Je tiens à souligner que la fiscalité n’a jamais été que l’un des éléments de l’attractivité du Luxembourg. D’autres facteurs, tels que la stabilité, la prévisibilité, la qualité des infrastructures, la réactivité de l’administration, le cadre juridique en phase avec l’économie actuelle, la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée et multilingue, l’excellente situation géographique du pays, pour ne citer que ces exemples, comptent tout autant. RÉCEMMENT L’AGENCE DE NOTATION FITCH A CONFIRMÉ LE RATING AAA. QUELLE EST L’IMPORTANCE DE CETTE NOTATION POUR LE LUXEMBOURG ? Le « AAA » est un gage de stabilité. Le nombre de pays qui peuvent encore s’en prévaloir dans le monde est très limité. Il s’agit donc d’un atout compétitif non négligeable. Le « AAA » souligne la solidité de nos finances publiques et la confiance des investisseurs dans l’économie luxembourgeoise. Il est ainsi le garant de la création de nouveaux emplois dans les années à venir.

« LA FINTECH PRÉSENTE DES OPPORTUNITÉS INTÉRESSANTES POUR CONTINUER À DIVERSIFIER L’OFFRE DE NOTRE PLACE FINANCIÈRE. » PIERRE GRAMEGNA, MINISTRE DES FINANCES AMAZON, RAKUTEN, PAYPAL, ALIBABA, EBAY… DANS QUELLE MESURE LE LUXEMBOURG PEUT-IL OFFRIR UNE VALEUR AJOUTÉE DANS LE DOMAINE DE LA FINTECH À CES SOCIÉTÉS ? J’ai fait du développement du secteur Fintech une de mes priorités. À l’heure actuelle, il compte déjà plus de 150 entreprises et plus de 10 000 emplois au Luxembourg. Son potentiel de croissance est énorme. Le Luxembourg dispose d’une infrastructure inégalée. Nos datacenters comptent parmi les plus performants au monde. Les acteurs du secteur trouvent au Luxembourg non

seulement un cadre juridique adapté, mais un véritable écosystème à leur service, des prestataires hautement spécialisés, des employés très qualifiés, la proximité de centres de recherches, des incubateurs, du financement, pour ne citer que quelques éléments. Par ailleurs, du fait de notre centre financier, les entreprises du secteur établies à Luxembourg se retrouvent au plein milieu d’un champ d’expérimentation idéal, avec des centaines de clients potentiels directement à la clé. LE SECTEUR FINTECH POURRAIT-IL DEVENIR UNE CONCURRENCE POUR LE SECTEUR DE LA FINANCE TRADITIONNELLE ? C’est un développement intéressant de voir des sociétés comme Rakuten, spécialisée dans le commerce électronique, obtenir une licence bancaire et développer des activités correspondantes. Je ne le conçois pas toutefois comme une concurrence pour les acteurs historiques. Je vois surtout une grande complémentarité. La finance traditionnelle n’échappera pas à la révolution numérique et devra donc nécessairement s’adapter à cette nouvelle donne. La Fintech présente ainsi des opportunités intéressantes pour continuer à diversifier l’offre de notre place financière.

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SUCCESS

Jérôme Bloch (360Crossmedia) :

15 ANS

D’INNOVATION

QUEL BILAN FAITES-VOUS DE CES 15 ANNÉES D’EXISTENCE ? Nous avons beaucoup appris. Les cinq premières années étaient surtout centrées sur l’événementiel. C’était intéressant et excitant puisque nous étions reconnus comme une société très innovante, ce qui nous permettait d’exercer partout en Europe, en Chine et aux États-Unis, mais il fallait chaque année repartir à zéro. Nous étions rentables, mais nous ne parvenions pas à croître. La création en 2006 d’un premier magazine – Andy à Paris – a marqué notre entrée dans le monde du publishing qui représente aujourd’hui 90 % de notre chiffre d’affaires. À l’époque, la presse papier était déjà en crise, mais nous avons identifié un nouveau modèle de financement qui se passe de la publicité. Quelques années plus tard, nous avons publié plus de 400 magazines, dont 82 en 2014. QUELLES SONT LES CLÉS DU SUCCÈS ? Au Luxembourg, la clé, c’est le relationnel. C’est un pays où tout le monde se connaît. Il est donc très facile d’établir des relations de confiance sur le long terme, contrairement à des villes comme Paris ou Londres. Cela dit, à mes yeux, pour une PME, il faut distinguer 3 phases critiques : 1. la survie 2. la zone de confort 3. la croissance forte. Au début, c’est facile, il suffit de limiter les coûts au maximum et de concentrer tous ses efforts sur 1 ou 2 produits phares pour atteindre rapidement la rentabilité. Si aucun de ces produits ne fonctionne, c’est que soit le marché est inexistant, soit l’équipe en place n’est pas compétente pour permettre à la firme de survivre. Une fois la zone de confort atteinte, il faut s’interroger sur l’ADN de l’entreprise afin de mettre en place les investissements qui lui permettront de rester profitable

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© 360Crossmedia/M.M

360CROSSMEDIA FÊTE SES 15 ANS. LA SOCIÉTÉ LUXEMBOURGEOISE PRÉSENTE LA PARTICULARITÉ D’AVOIR BEAUCOUP PROSPÉRÉ DEPUIS 2008. UNE INTERVIEW DE SON PDG, JÉRÔME BLOCH.


JÉRÔME BLOCH, PDG DE 360CROSSMEDIA

sur une période de plusieurs années. Certains assistent à des conférences pour rester en phase avec les dernières tendances, notre ADN consiste à développer des solutions inconnues à ce jour : MyOfficialStory, les magazines gratuits, SocialTyphoon, SambaPrint, my360lab… La liste est longue ! Ce sont ces innovations qui ont permis à 360Crossmedia de grandir. Quant à la forte croissance, elle est synonyme pour nous de recrutement et de formation, ce qui est paradoxalement notre plus gros problème au Grand-Duché. Les meilleurs travaillent déjà dans des multinationales et ils sont souvent trop chers pour une PME. En attendant, nous capitalisons sur notre réseau des talents indépendants localisés dans 8 pays, mais nous ne perdons pas espoir ! QUELS SONT VOS PROJETS ACTUELS ? Nous sommes comme un avion qui vole avec 2 moteurs. D’un côté, nous avons nos activités Luxembourgeoises pour des sociétés aussi variées que des cabinets d’avocats, des res-

Vous êtes investisseur ? Demandez le BusinessPlan contact@360Crossmedia.com © DR

« NOTRE ADN CONSISTE À DÉVELOPPER DES SOLUTIONS INCONNUES À CE JOUR. »

taurants, des hôpitaux, des associations professionnelles ou des privés. C’est un travail passionnant, très gratifiant pour nos clients puisque nous leur permettons de devenir “éditeur” de leurs propres supports en un minimum de temps et le plus souvent sans dépenser le moindre euro. De l’autre, nous développons un businessplan à l’international pour finaliser une plateforme permettant aux utilisateurs – agences, entreprises, individus – de créer du contenu de haute qualité et de le publier d’une manière totalement inédite. Nous venons de participer au TechTour pour lever 2 millions d’euros dans un premier temps. Les discussions avec les investisseurs potentiels sont en cours.

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« AU 21E SIÈCLE, C’EST LA MULTI-MODALITÉ QUI JOUE UN RÔLE DÉTERMINANT DANS LES TRANSPORTS. »

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FRANÇOIS BAUSCH, MINISTRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DES INFRASTRUCTURES

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POLITICS

François Bausch (Ministre du Développement durable et des Infrastructures) :

INVESTIR POUR LE CHANGEMENT DE MENTALITÉ FRANÇOIS BAUSCH, MINISTRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DES INFRASTRUCTURES A ACCEPTÉ DE NOUS RECEVOIR POUR RÉPONDRE À NOS QUESTIONS SUR LA MOBILITÉ À LUXEMBOURG.

FACE AUX DÉFIS DES FLUX QUOTIDIENS DE FRONTALIERS SUR LES ROUTES, COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS LA PERFORMANCE DES INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT AU LUXEMBOURG ? La grande problématique de toutes les métropoles dans les pays industrialisés est de réorganiser la mobilité dans l’espace urbain et de mettre l’accent sur les transports en commun et la combinaison de différents transports. Pour faire face à ce défi, nous avons défini un programme d’investissement gigantesque de 1,4 milliard d’euros pour les 5 prochaines années. Ce programme est axé sur le rail avec notamment la mise en place du tramway et d’un funiculaire allant du Pfaffenthal au Kirchberg, sans oublier le dédoublement de la ligne ferroviaire Luxembourg-Bettembourg. EN QUOI L’ARRIVÉE DU TRAMWAY À LUXEMBOURG VA-T-ELLE CHANGER LA MOBILITÉ AU LUXEMBOURG ? Pour comprendre le changement, il faut regarder le tramway comme l’épine dorsale qui relie tous les centres d’activité dans, et autour, de la capitale. Le nouveau tramway comportera 9 pôles d’échanges, pour procéder à la permutation avec la voiture, le bus ou le train. D’une manière plus générale, au 21e siècle, c’est la multi-modalité qui joue un rôle déterminant. Actuellement, le système des bus est à saturation : nous avons besoin d’un mode de transport au cœur du Luxembourg qui dispose d’une plus forte capacité. LE BUDGET EST-IL EN ADÉQUATION AVEC LE GAIN VISÉ ? Le budget pour le tramway a été fixé à 565 millions d’eu-

ros : cela correspond au tracé qui va de l’aéroport jusqu’à la Cloche d’Or et qui s’étend sur 16,4 km. Les travaux avancent très bien et si je regarde les premières offres proposées au début du projet, je suis persuadé que l’enveloppe budgétaire sera respectée. Nous sommes entrés dans la phase finale du matériel roulant pour choisir le prestataire. QUELS SONT LES AUTRES « CHANTIERS » RELATIFS À LA MOBILITÉ LUXEMBOURGEOISE ? Le problème de capacité sur la ligne France-Luxembourg a fait naître le projet d’amener la ligne de chemin de fer provenant de France jusqu’au Pfaffenthal, afin d’établir la liaison avec le futur funiculaire vers le Kirchberg. Dans la même optique, nous sommes en pleine discussion avec la Belgique pour installer un parking pouvant compter jusqu’à 10 000 places à Sterpenich, afin de permettre aux frontaliers d’opter pour le train. Le troisième grand projet est bien sûr l’élargissement de l’autoroute A3 entre Dudelange et Gasperich sur 2 x 3 voies. Le but est, comme la station multimodale de Bettembourg, d’alléger la circulation des véhicules à Luxembourg. Notre objectif global est d’améliorer à la fois la capacité et la qualité de l’offre.

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« ARRIVER À UN NIVEAU D’INTÉGRATION DE LA COMMUNAUTÉ PORTUGAISE ENCORE PLUS ACCOMPLI RESTE TOUJOURS UN BUT MAJEUR ET UN CONSTANT DÉFI. »

© DR

L’AMBASSADEUR CARLOS PEREIRA MARQUES

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POLITICS

Monsieur l’Ambassadeur du Portugal Carlos Pereira Marques :

DEUX PAYS, UN LIEN UNIQUE LE NOUVEL AMBASSADEUR DU PORTUGAL, NOMMÉ LE 31 OCTOBRE 2014, ASPIRE À UNE MEILLEURE INTÉGRATION DES PORTUGAIS AU LUXEMBOURG.

LA COMMUNAUTÉ PORTUGAISE REPRÉSENTE ENVIRON 16,5 % DE LA POPULATION AU LUXEMBOURG. QUEL EST L’HISTORIQUE DE CES RELATIONS ? La présence des portugais au Grand Duché remonte à la deuxième moitié des années soixante. Cinquante ans donc, d’une relation basée sur le respect mutuel et le travail. Au long de ses cinq décennies les portugais se sont peu a peu intégrés, mais il y a encore du chemin à faire. L’apport de la communauté portugaise à la construction du Luxembourg moderne est aujourd’hui reconnu par tout le monde. EN TANT QU’AMBASSADEUR, QUELLES SONT VOS PRIORITÉS POUR RENFORCER ENCORE LES LIENS ENTRE CES 2 PAYS ET QUELS SONT LES GRANDS RENDEZ-VOUS ANNUELS ? Il faut tout d’abord renforcer les rapports économiques entre les deux pays, en explorant toutes les potentialités en termes de commerce et d’investissement. Dans ce contexte, il est important d’approfondir la connaissance mutuelle des deux marchés, dont les évolutions récentes sont parfois encore insuffisamment connues. Diversifier et intensifier seront nos mots d’ordre. Arriver à un niveau d’intégration de la commu-

nauté portugaise encore plus accompli reste toujours un but majeur et un constant défi, soit pour les autorités portugaises, soit pour nos homologues luxembourgeois, étant donné que nous serons tous gagnants. La dimension culturelle, la participation civique et l’éducation jouent dans ce contexte un rôle fondamental. Les liens entre le Portugal et le Luxembourg sont ainsi très intenses et se renforcent chaque jour, dans un processus de construction. COMMENT IMAGINEZ-VOUS L’ÉVOLUTION DES RELATIONS ENTRE CES 2 PAYS DANS LES ANNÉES À VENIR ? D’une façon très positive ! L’extraordinaire proximité déjà existante entre eux, soudée par des liens politiques, humains et dynastiques, en est la garantie. Avec de si bonnes prémisses, il ne nous faut que faire face aux défis avec confiance, sérénité et bien sûr, un peu d’audace.

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/carlospereiramarques www.gouvernement.lu

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Notre savoir-faire se dĂŠguste avec sagesse.


DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

©360Crossmedia/B.J.

PETIT PAR LA TAILLE, LE LUXEMBOURG JOUIT D’UNE GRANDE DIVERSITÉ, D’UN ECO-SYSTÈME DE PROFESSIONNELS DE LA FINANCE TRÈS RICHE ET D’UNE OFFRE CULTURELLE HORS DU COMMUN. DÉCOUVREZ DANS CE DOSSIER SPÉCIAL, LES ACTEURS QUI TRANSFORMENT LE PAYS, JOUR APRÈS JOUR.

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

SIMONE DELCOURT (CSSF)

LA RÉGULATION EN

MUTATION DIRECTRICE DE LA CSSF DEPUIS 2005, SIMONE DELCOURT RÉPOND À NOS QUESTIONS SUR L’ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA COMMISSION DE SURVEILLANCE DU SECTEUR FINANCIER.

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

« SUR LES DEUX DERNIÈRES ANNÉES, NOUS AVONS AUGMENTÉ NOTRE EFFECTIF DE 15%. » SIMONE DELCOURT, DIRECTRICE DE LA CSSF

QUELS SONT LES CHANGEMENTS QUE LA CSSF A CONNUS CES 3 DERNIÈRES ANNÉES ? Nous identifions des changements dans 2 grands secteurs. D’une part, dans le secteur bancaire, où la Banque Centrale Européenne a repris les rênes de la surveillance de toutes les banques. Ainsi elle surveille directement les « significant banks » et s’appuie sur la collaboration des autorités nationales pour les « less significant banks ». Nous ne sommes plus seuls maîtres à bord : les autorités nationales ont toujours une certaine

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responsabilité, mais c’est la BCE qui a le dernier mot. D’autre part, dans le secteur des fonds d’investissements, nous observons de grands changements notamment la mise en place de la régulation des fonds d’investissement alternatifs et le renforcement de la substance des sociétés de gestion. COMMENT LA CSSF A-T-ELLE À LA FOIS FAIT FACE AU TRAVAIL QUOTIDIEN, TOUT EN AUGMENTANT SON EFFECTIF DE 15 % ? La CSSF est gérée avec une culture

plutôt entrepreneuriale. Aujourd’hui l’effectif total est de 570 agents. Il a fallu embaucher des personnes avec des profils très spécifiques pour des tâches très précises et complexes. Pour intégrer ces nouveaux collaborateurs nous avons aussi dû renforcer notre équipe des ressources humaines. Toutes les équipes sont extrêmement engagées car elles réalisent qu’il s’agit d’un vrai défi pour la CSSF et pour le pays, qu’il faut relever vite et bien. Les employés avec le plus d’ancienneté ont joué un rôle de formateur pour les nouveaux arrivants. Je tiens à rendre


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hommage à nos agents qui ont énormément travaillé ces dernières années. Le seul regret que je peux avoir, c’est que nous n’avons pas pu embaucher plus de jeunes. Il faut à ce stade des profils expérimentés. QUELLES SONT LES OPPORTUNITÉS ET LES RISQUES QUE VOUS IDENTIFIEZ ? Comme opportunité, je pense au domaine du Fintech et au domaine des fonds d’investissement alternatifs, notamment le Private Equity, le Real

Estate et les ELTIF (European Long Term Investment Funds). Des niches existent : nous disposons d’atouts et avons notre rôle à jouer tout en veillant à maintenir une législation de qualité. Dans un autre domaine, beaucoup de gens semblent méconnaître les composantes et l’importance du secteur financier dans notre économie, qui représente un tiers du PIB. Au moment où on parle beaucoup de Nation Branding, il faut également atteindre les habitants du Luxembourg pour forger leur connaissance en relation avec le secteur financier.

« NOUS NE SOMMES PLUS SEULS MAÎTRES À BORD. » SIMONE DELCOURT, DIRECTRICE DE LA CSSF

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

Denise Voss (Franklin Templeton) :

LES FONDS DU LUXEMBOURG CONSERVENT UN ATTRAIT MONDIAL DENISE VOSS, CONDUCTING OFFICER CHEZ FRANKLIN TEMPLETON INVESTMENTS, NOUS EXPLIQUE COMMENT UNE MEILLEURE STABILITÉ RÉGULATOIRE DANS LE FUTUR, PERMETTRA À L’INDUSTRIE DES FONDS D’INTENSIFIER SON ATTENTION SUR LES BESOINS EN CHANGEMENT DES CLIENTS MONDIAUX. COMMENT ÉVALUEZ-VOUS L’INDUSTRIE DES FONDS AU LUXEMBOURG ET AILLEURS ? Depuis cinq ans, l’industrie a dû faire face à un grand nombre de nouvelles régulations, mais, il semble que nous comencions à voir la fin de ce cycle. Maintenant, notre défi est de penser aux innovations de produits, de nous assurer que nous restons attentifs aux besoins de nos investisseurs. Par exemple, comment devrions-nous répondre aux challenges démographiques auxquels l’Europe doit faire face? Le régime de la diréctive UCITS a maintenant 25 ans et il a joui d’un succès notoire non seulement en Europe, mais partout dans le monde. Des défis apparaissent en Asie, avec des mouvements pour créer leur propre régime de marketing de fonds transfrontaliers, mais les OPCVM luxembourgeois restent un énorme succès dans cette région – par exemple, 71 % de tous les fond étran-

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gers à Hong Kong sont luxembourgeois. L’adoption de la directive AIFMD pour les fonds alternatifs en est à ses premiers jours – la directive est pleinement entrée en vigueur en juillet dernier – mais elle offre l’opportunité de développer une seconde marque mondiale. Pour des sociétés telles que Franklin Templeton, la possibilité d’établir un prétendu SuperManCo pour mettre en place les deux directives UCITS et AIFMD au Luxembourg est critique, à cause du large chevauchement entre les deux régimes dans des zones telles que la gestion des risques, la conduite d’affaires et les conflits d’intérets. COMMENT LE LUXEMBOURG FAIT-IL FACE À CES CHANGEMENTS AU SEIN DE SON ENVIRONNEMENT ? Bien qu’il existe une loi dans la nouvelle législation, en réalité, le régulateur travaille depuis une décennie à améliorer des

« L’INDUSTRIE A MAINTENANT L’OPPORTUNITÉ D’ÊTRE UNE PLATE-FORME MONDIALE. » DENISE VOSS, CONDUCTING OFFICER, FRANKLIN TEMPLETON


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zones telles que la gouvernance de fonds, la surveillance des risques et les rapports. L’industrie a maintenant l’opportunité de gagner en reconnaissance et d’être une plate-forme mondiale dans des domaines tels que la gestion des risques et la gouvernance. Le pays doit faire face à des défis dans l’attraction d’un personnel hautement qualifié et des compétences que cela requiert, bien que le gouvernement fasse des efforts pour améliorer la disposition de logements et l’éducation. L’essor de l’Université du Luxembourg et plus particulièrement l’introduction d’un diplôme de master en banque et finance, est une étape importante.

QUELLES SONT LES QUALITÉS QUI DONNENT AU LUXEMBOURG UN AVANTAGE INTERNATIONAL ? Être petit est un avantage : les choses se font plus simplement et plus rapidement. Aussi, les personnes investies de l’autorité sont plus accessibles et plus faciles à approcher. Avoir autant de nationnalités et de cultures différentes au sein d’un même pays permet au Luxembourg de répondre aux besoins d’une base de clients internationaux, et de traiter leurs exigences particulières, des décalages horaires aux régles domestiques. Au même moment, l’industrie est utilisée

pour co-opérer au développement d’une image mondiale du pays et au développement de nouvelles capacités et zones de produits. C’est pourquoi, nous continuons à remporter de nouveaux business et à développer de nouveaux marchés, tels que des gestionnaires de fonds en Chine et au Brésil, qui souhaitent obtenir leurs propres directives UCITS au Luxembourg.

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

RÉGULATIONS : DÉCODAGE UN APERÇU DES PRINCIPALES RÉGLEMENTATIONS EN COURS D’IMPLÉMENTATION.

MISES EN APPLICATION

UCITS IV

(UNDERTAKINGS FOR THE COLLECTIVE INVESTMENT IN TRANSFERABLE SECURITIES) Favoriser la distribution des fonds UCITS entre les États de l’UE afin d’avoir une meilleure intégration du marché commun et de rendre l’information plus transparente auprès de l’investisseur. Secteur : Finance Deadline : Déjà mise en application depuis juillet 2011

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2

3

AIFMD

FATCA

Mettre en place au niveau européen un dispositif de régulation et de supervision des activités des fonds non UCITS.

Réglementation américaine qui oblige les banques des pays ayant conclu un accord avec les Etats-Unis à communiquer tous les comptes détenus directement ou indirectement par des citoyens américains ou personnes présumées comme telles.

(ALTERNATIVE INVESTMENT FUND MANAGERS DIRECTIVE)

(FOREIGN ACCOUNT TAX COMPLIANCE ACT)

Secteur : Finance Deadline : Déjà mise en application depuis juillet 2013

À VENIR

1

Secteur : Finance Deadline : 31 juillet 2015, sous réserve de la ratification de l’accord conclu avec les États-Unis


4 SOLVABILITÉ II Refondre le mode d’organisation des compagnies qui doivent placer la gestion des risques au centre de leurs préoccupations. Secteur : Assurance et Réassurance Deadline : 1er janvier 2016

5 MIFID II

(DIRECTIVE SUR LES MARCHÉS D’INSTRUMENTS FINANCIERS) Améliorer la compétitivité des marchés financiers de l’UE grâce à la création d’un marché unique des activités d’investissement et plateformes de trading et garantir une protection harmonisée de haut niveau aux investisseurs. Secteur : Finance

6 BÂLE III / CRR - CRD IV Renforcer la stabilité du système bancaire mondial en renforçant les fonds propres des banques et en améliorant la gestion des risques de liquidité. Secteur : Finance Deadline: 1er janvier 2019 (pour le ratio structurel de liquidité, le NSFR) et déjà mise en application le 1er janvier 2014

Deadline : 3 janvier 2017

Source : ABBL

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG Luc de Vet (Citco) :

MAINTENIR LA COMPÉTITIVITÉ DU SECTEUR ALTERNATIF AU LUXEMBOURG

« HORMIS LE PRIX, LA CLÉ POUR LES INVESTISSEURS, C’EST LE DÉLAI DE MISE SUR LE MARCHÉ. » LUC DE VET, CEO CITCO FUND SERVICES LUXEMBOURG

SELON LUC DE VET, PDG DE CITCO FUND SERVICES LUXEMBOURG, LE SECTEUR DE L’INVESTISSEMENT ALTERNATIF DOIT SE CONCENTRER SUR DES FACTEURS CRITIQUES POUR GARANTIR SON SUCCÈS FUTUR. LE LUXEMBOURG DISPOSE DE SÉRIEUX ATOUTS : UNE EXCELLENTE RÉPUTATION, UN RÉGULATEUR QUI COMPREND LE BUSINESS, UN CADRE JURIDIQUE ET RÉGLEMENTAIRE FORT AINSI QU’UNE MAIN-D’ŒUVRE COMPÉTENTE. CEPENDANT, DES OMBRES SUBSISTENT. INTERVIEW. COMMENT PROGRESSE LE SECTEUR DE L’INVESTISSEMENT ALTERNATIF AU LUXEMBOURG ? Le secteur alternatif va bien, en particulier le Private Equity et l’immobilier où le “Limited Partnership” – un produit non régulé – devient de plus en plus populaire. Ma seule hésitation, c’est de savoir ce que cela apportera au Luxembourg sur le long terme. En théorie, il est possible pour un gestionnaire d’établir une telle structure au Grand-Duché et de la gérer avec des prestataires de services situés ailleurs. À l’heure actuelle, nous disposons toujours de l’exigence dépositaire sous AIFM, mais lorsque le passeport dépositaire prendra effet, il

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se peut que seule une adresse subsiste au Luxembourg. Nous devons donc examiner comment nous assurer que les gestionnaires choisissent d’exercer leurs activités à partir du Luxembourg même quand ils n’y sont pas obligés. Si nous n’améliorons pas notre compétitivité, un risque existe de nous voir réduits à fournir de la domiciliation plutôt que des services plus substantiels tels que l’administration et l’audit des fonds. QUE RECOMMANDEZ-VOUS POUR PRÉSERVER LA COMPÉTITIVITÉ DU PAYS ? Le Luxembourg est un domicile reconnu pour les structures de Private Equity et

d’immobilier. Nous disposons d’un écosystème de professionnels spécialisés fournissant des services juridiques, fiscaux, d’audit pour les fonds et les SPV. Avec le besoin croissant de substance sur le terrain, de plus en plus de GP (General Partner, ndlr) pensent qu’il est bien d’avoir leur administration au Luxembourg. Pour les Hedge Funds, le Luxembourg se place derrière l’Irlande où le business « Hedge Funds offshore » est beaucoup plus important ce qui explique le fait que les prestataires disposent là-bas d’équipes plus grandes qui effectuent souvent des tâches plus


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sophistiquées, comme que le risk management support et les opérations de middle-office. Nous devons réduire le délai de mise sur le marché des fonds régulés. Il est tout à fait naturel qu’un premier fonds réglementé pour un nouveau gestionnaire des fonds prenne un peu plus de temps pour être examiné et approuvé mais cela ne doit pas prendre plus de trois mois. Concernant les coûts, les salaires sont élevés ici, donc pour atteindre la même marge que les concurrents localisés ailleurs, nous devons imposer des prix plus élevés, ce qui est difficile, voire impossible, en

l’absence de facteurs qui justifient une telle différence. Aujourd’hui, la question concernant l’existence de ces facteurs est ouverte, mais si le gouvernement, le régulateur et les professionnels de l’industrie travaillent ensemble pour améliorer le cadre réglementaire et commercial, dans deux ans, la réponse pourra être un « Oui » clair. COMMENT S’ADAPTE CITCO AUX CHANGEMENTS RÉCENTS ? Notre principale activité reste l’administration et nous continuons à nous adapter

pour répondre et dépasser les attentes de nos clients. La directive AIFM a modifié le paysage et nous avons renforcé notre offre pour aider nos clients à répondre aux nouvelles exigences réglementaires. Notre équipe dépositaire grandit et a mis en place de nouvelles capacités liées à la directive AIFM, comme un processus de supervision plus formel. Du côté de l’administration, les améliorations comprennent un reporting supplémentaire pour la réglementation et le risques, ainsi qu’un nouveau rôle d’évaluateur externe pour les Hedge Funds. Citco a également commencé une nouvelle activité visant à administrer les accords de distribution. Dans le Private Equity et de Real Estate, nous assistons à une activité soutenue au niveau des nouveaux fonds et des SPV. (Special Purpose Vehicle, ndlr) Citco est fidèle au Luxembourg. Des développements réglementaires et commerciaux pertinents nous permettront de continuer à prospérer et de développer notre activité.

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

Herbert Muck (Clearstream) :

CONSULTATION, PRÉPARATION ET ANTICIPATION DES RÉGULATIONS HERBERT MUCK, HEAD OF UNIT SALES & ACCOUNT MANAGEMENT, RÉPOND À NOS QUESTIONS SUR L’ÉVOLUTION DU REPORTING RÉGULATOIRE.

QUELLE EST VOTRE ANALYSE CONCERNANT LES DERNIÈRES ÉVOLUTIONS DU REPORTING RÉGULATOIRE ? J’identifie 3 tendances. D’abord la hausse des contraintes régulatoires. Cela concerne la quantité – avec EMIR, REMI (Remit), MiFID… – mais aussi le nombre d’informations à livrer, le nombre de pays et enfin le nombre de directives. Deuxième tendance, la volonté d’harmoniser au niveau européen. Cela permettra de rationaliser les coûts et les process vers l’AMF, l’AFC, la Bafin… Le régulateur a pris conscience qu’il fallait réduire

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le nombre de champs et anonymiser les données. Dernière tendance enfin, le besoin de réduire l’écart entre le régulateur et celui qui doit respecter la loi : chaque nouvelle régulation débute par une phase d’observation avant la transposition et l’intégration. Dans certains cas, le temps de latence atteint 6 mois à 1 an. Il n’y a pas d’« early adopters » dans le régulatoire. C’est cher, compliqué et multilingue ! L’éducation doit venir de l’offre, pas de la demande. C’est aux avocats, aux Big4 et à des acteurs comme Clearstream d’expliquer ce qui va se passer au lieu de se contenter de fournir

la solution au problème. En ce qui nous concerne, nous sommes à la source de l’information, très proches des acteurs et des régulateurs. En tant qu’organisme systémique, nous sommes un gros concentrateur de clients et d’activités. CONSIDÉREZ-VOUS CES DÉVELOPPEMENTS COMME UN DANGER OU COMME UNE OPPORTUNITÉ POUR LES ENTREPRISES ACTIVES AU LUXEMBOURG ? La régulation ne peut jamais être un danger en tant que tel. C’est lourd et


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cher, mais cela fait partie intégrante du business model. Ne pas la prendre en considération serait un danger. Dans un monde qui échange beaucoup nous pouvons nous comparer à nos paires grâce à la transparence du marché. C’est une opportunité en terme de « market intelligence ». Le seul danger, c’est d’ignorer la régulation. DANS CE CONTEXTE, COMMENT VOYEZ-VOUS CLEARSTREAM DANS LES PROCHAINES ANNÉES ? En tant qu’acteur global, nous avons

décidé de réaliser une évolution stratégique hors du commun. Plutôt qu’un fournisseur de solution, nous souhaitons être un fournisseur de service. Nous récupérons les données, nous les classons et nous les livrons au régulateur. Ainsi notre client garde la partie noble : optimiser son activité, superviser les transactions, se concentrer sur son cœur de métier… La vision de notre groupe consiste à être au milieu de tout. Le régulatoire est de moins en moins résolu par des solutions purement techniques. C’est pourquoi nous souhaitons être « le mouton à 5 pattes du marché ».

« IL N’Y A PAS D’EARLY ADOPTERS DANS LE RÉGULATOIRE. » HERBERT MUCK, HEAD OF UNIT SALES & ACCOUNT MANAGEMENT, CLEARSTREAM

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

Steve David (Northern Trust) :

CULTIVER LES TALENTS STEVE DAVID ESTIME QUE LA CROISSANCE CONTINUE DE NORTHERN TRUST AU LUXEMBOURG EST LIÉE À SON APPROCHE AXÉE SUR LA VALORISATION DE SES EMPLOYÉS EN LES AIDANT À ATTEINDRE LEURS OBJECTIFS DE CARRIÈRE, À TROUVER UN ÉQUILIBRE ENTRE VIE PROFESSIONNELLE ET VIE PRIVÉE ET À JOUER UN RÔLE ACTIF AU SEIN DE LA COMMUNAUTÉ.

QUELS SONT VOS OBJECTIFS POUR 2015 ? Nous souhaitons d’abord poursuivre notre croissance pour faire partie des 10 principaux acteurs au Luxembourg en termes d’actifs administrés, sachant que notre croissance a été de près de 20 % l’an passé et de 140 % ces cinq dernières années. Depuis nos débuts à Luxembourg en 2004, notre firme n’a cessé de se développer en soutenant plusieurs des gestionnaires d’actifs et des multinationales les plus importants au monde et en fournissant des solutions d’« Asset Servicing », tant pour des classes d’actifs traditionnels qu’alternatifs. Nous avons fêté notre dixième anniversaire en 2014 qui coïncide avec le 125e anniversaire de la fondation de la société à Chicago en 1889. Nous allons poursuivre notre croissance organique tout en gardant un œil sur les acquisitions qui pourraient correspondre parfaitement à notre entreprise. Néanmoins, la croissance est possible uniquement avec des collaborateurs talentueux. En 2014, nous avons recruté 54 employés et avons emménagé dans

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de nouveaux locaux à proximité de l’aéroport. Un de nos principaux objectifs est de veiller à ce que notre personnel favorise un juste équilibre entre vie professionnelle et vie privée. DE QUELLE MANIÈRE PROCÉDEZ-VOUS POUR ATTIRER DES CANDIDATS TALENTUEUX ? C’est une combinaison de plusieurs facteurs. Nous profitons d’une excellente réputation, mais nous avons aussi des employés fidèles et satisfaits qui font part d’opportunités éventuelles à leurs amis. C’est une source vitale de nouveaux talents ! Nous collaborons avec l’Université du Luxembourg et l’Université de Limerick en Irlande. Par ailleurs, nous publions des annonces, participons à des événements RH et coopérons avec des agences de recrutement, le cas échéant. Mais l’attraction de talents n’est que le début. La formation débute dès le premier jour de travail. Northern Trust s’engage à soutenir ses employés dans l’exploitation de leurs capacités et la réalisation de

leurs aspirations professionnelles. Nous disposons d’une riche panoplie de ressources, d’outils et de formations afin d’accompagner les différents parcours professionnels. Je rencontre chaque nouvel employé personnellement. Je


souhaite les inciter à grandir avec la tâche qui leur est confiée. Nous les encourageons à développer leurs compétences de leadership en faisant part de leurs idées, sans réticence aucune. Il y a quelques temps, un mémo m’a été remis de la part d’une recrue travaillant chez nous depuis six mois. Elle y propose des idées novatrices concernant une amélioration de la façon de travailler de son département. C’est exactement ce que nous essayons de réaliser.

« LA FORMATION DÉBUTE DÈS LE PREMIER JOUR DE TRAVAIL. » STEVE DAVID, COUNTRY HEAD, NORTHERN TRUST LUXEMBOURG

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QUEL EST LE RÔLE VISÉ PAR NORTHERN TRUST DANS LA COMMUNAUTÉ LUXEMBOURGEOISE ? Tout d’abord, je vous demanderais de regarder autour de vous. Vous constaterez que toutes les œuvres d’art de nos nouveaux locaux ont été réalisées par des artistes de talent luxembourgeois. Northern Trust a toujours été un pionnier lorsqu’il est question de jouer un rôle sociétal. L’année dernière, nous avons consacré 1 500 heures à des activités philanthropiques : les employés ont par exemple pu s’engager comme bénévoles chez Caritas, participer à des activités de jardinage, de peinture des murs ou de collecte de jouets. Nous avons également fait des dons en espèces au profit de diverses associations, chaque secteur d’activités pouvant décider lui-même de son bénéficiaire. En outre, nous sommes un des principaux sponsors de « Dress for Success Luxembourg ». Cette façon de procéder profite à tout le monde. Ces activités permettent d’acquérir un sentiment d’appartenance à la communauté plus large et de constituer des équipes solides. Et l’avantage pour Northern Trust, c’est que cela stimule encore plus la motivation des employés.

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

Christiaan Van Houtven (SGG Group) :

LA FORCE D’UN GROUPE UNE INTERVIEW DE CHRISTIAAN VAN HOUTVEN, CHIEF OPERATING OFFICER (COO) DE SGG GROUP ET DIRECTEUR GÉNÉRAL POUR LE LUXEMBOURG.

DE QUOI, UNE SOCIÉTÉ COMME SGG, A-T-ELLE BESOIN POUR SERVIR DES CLIENTS INTERNATIONAUX ? Il faut d’abord un mindset international, partout dans le monde. Nos employés ne doivent pas être limités par la géographie où ils travaillent. Toute personne en contact avec un client ayant une résonnance internationale doit garder ce scope en tête, en le connectant avec des collègues ou des partenaires localisés dans d’autres pays. Le défi pour le management est de construire une organisation qui permette de gérer cette dynamique pour fournir des services de manière transparente et uniforme dans tout le groupe. Nos clients internationaux sont pris en charge par un « Client Leader » pour la relation locale et par un « Key Relationship Partner » pour la relation groupe. COMMENT LES DERNIÈRES RÉGULATIONS IMPACTENTELLES LES CLIENTS DE SGG ? Les clients ont intégré que la règlementation fait partie intégrante d’une bonne gestion de leurs affaires, alors

que récemment encore, elle était souvent considérée comme un coût ou une contrainte. C’est une évolution majeure, car cela permet à la culture entrepreneuriale de SGG – notre marque de fabrique – de monter des projets impliquant nos clients, les conseillers et même les banques pour surmonter rapidement les défis que représentent chaque évolution réglementaire : cette approche collective a été couronnée de succès pour Fatca ; nous la mettons désormais en œuvre pour les Common Reporting Standards (CRS), et bientôt pour les règles Base Erosion and Profit Shifting (BEPS). Ce dialogue est d’autant plus efficace que tout le comité de direction du groupe est impliqué à servir nos clients. Nos discussions sont très concrètes ! QUELLES SONT VOS PRIORITÉS EN TANT QUE COO DE SGG GROUP ET DIRECTEUR GÉNÉRAL POUR LE LUXEMBOURG ? Les deux responsabilités sont en phase. Toutes les priorités du groupe s’appliquent au niveau du GrandDuché, à une autre échelle. Je vois d’ailleurs le même effet miroir entre nos

« LA COMPLIANCE EST UN ÉLÉMENT DE DÉVELOPPEMENT POSITIF. » CHRISTIAAN VAN HOUTVEN

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« LA MARQUE DE FABRIQUE DE SGG, C’EST SA CULTURE ENTREPRENEURIALE. »

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CHRISTIAAN VAN HOUTVEN, COO SGG GROUP

clients et nos employés : la clé pour établir de bonnes relations avec nos clients, c’est de soigner les relations avec nos collaborateurs ! Je décompose mes priorités en deux grandes catégories : d’abord la partie organique où je m’assure que nous agissons réellement comme un groupe. Cela couvre l’opérationnel, le commercial, les ressources humaines et l’informatique. Depuis 2012, nous avons accompli

énormément de choses, mais nous allons aller encore plus loin en harmonisant encore plus nos systèmes et nos procédures. Sur la partie nonorganique, nous allons développer les « corporate services » dans les zones géographiques où nous sommes peu présents et nous allons poursuivre le développement de l’activité « administration de fonds ». Nous sommes les premiers au Luxembourg à proposer

l’administration centrale, le dépositaire et la Management Company AIFM. Le potentiel à l’international est énorme car nos clients partagent nos convictions.

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

Daniel Siepmann (Credit Suisse) :

ANTICIPATION ET ADAPTATION CEO DE CREDIT SUISSE FUND SERVICES (LUXEMBOURG) S.A., DANIEL SIEPMANN RÉPOND À NOS QUESTIONS SUR L’ADAPTATION AUX NOUVELLES RÉGLEMENTATIONS ET LES PROJETS FUTURS.

COMMENT LA SOCIÉTÉ CREDIT SUISSE FUND SERVICES S’ADAPTE-T-ELLE AUX NOUVELLES RÉGLEMENTATIONS ? Le Credit Suisse prend très au sérieux les changements réglementaires tant sur le plan international que national, au Luxembourg dans le cas présent. Nous suivons en permanence l’évolution de toutes les réglementations ayant un impact sur nos clients, nos services et notre infrastructure. En règle générale, nous avons des exigences beaucoup plus strictes que celles pratiquées sur le marché. Nous anticipons les changements de manière systématique grâce à un suivi précis des différents projets nous impactant, ce qui nous permet de planifier à l’avance nos budgets et les ressources nécessaires à l’implémentation de ces derniers. Cette approche nous permet la mise en place de solutions adaptées à ces nouvelles réglementations dans des délais appropriés. Pour chacun de ces projets, nous impliquons systématiquement toutes les fonctions concernées et adoptons une approche intégrée entre nos différents centres opérationnels afin d’exploiter au maximum nos connaissances et compétences dans les différents domaines impactés. Le fait d’appartenir à un groupe bancaire international nous per-

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met de mobiliser rapidement l’expertise et les ressources nécessaires à la mise en place de nouvelles mesures réglementaires. Nous considérons également ces changements comme une opportunité de réexaminer et d’adapter notre gamme de services et notre positionnement stratégique. QUELLES SONT VOS PRIORITÉS EN TANT QUE CEO ? Mes priorités en tant que CEO de Credit Suisse Fund Services (Luxembourg) S.A. sont multiples. La satisfaction de nos clients est une de mes principales priorités au sein de la société. En effet, nous estimons qu’il est essentiel de veiller à l’accompagnement de nos clients tout au long de notre relation et leur accorder toute l’attention requise nécessaire afin de leur offrir un service de qualité. Cette démarche vise également à nous permettre de mieux anticiper tant leurs besoins que leurs aspirations. Un autre aspect important de mon mandat consiste à veiller à ce que les projets mis en œuvre soient conformes aux réglementations en vigueur, ainsi qu’aux critères d’efficacité et de qualité définis au sein du Credit Suisse. Cette approche est indispensable pour assurer notre croissance future. Autres éléments très importants, la collaboration et la culture du travail

sont deux éléments essentiels au sein de notre organisation. Nous avons pour objectif de transcrire ces éléments dans l’ensemble des entités du groupe, tant au niveau national qu’au niveau international. Et c’est sur la combinaison des éléments susmentionnés que je fonde l’ambition d’accroître de manière significative la satisfaction globale de nos clients ainsi que d’offrir à nos talentueux collaborateurs un environnement de travail attractif et dans le respect des normes de conformité les plus élevées. QUELLES SERONT LES OPPORTUNITÉS DE CREDIT SUISSE FUND SERVICES CES PROCHAINES ANNÉES ? Notre stratégie commerciale vise à renforcer notre positionnement non seulement dans le domaine des fonds traditionnels – dits liquides – mais également dans le domaine des fonds de placement alternatifs investissant dans des actifs illiquides tels que les fonds immobiliers ou de capital à risque. Afin de consolider notre position dans ce domaine en 2014, nous avons mis en place une administration de fonds dédiée à cette activité dont les compétences servent à la fois nos clients tiers mais également nos propres fonds immobiliers maison. Cette stratégie est confortée par le fait que la société de


« LA SATISFACTION DE NOS CLIENTS EST UNE DE MES PRINCIPALES PRIORITÉS AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ. »

gestion de fonds de notre Groupe a été le premier gestionnaire de fonds d’investissements alternatifs (AIFM) à être agréé par la CSSF au Luxembourg. En outre, je suis convaincu que notre expertise et notre engagement nous confèrent un potentiel de croissance qu’il sera possible d’atteindre grâce à l’ensemble des mesures prises en vue d’élargir notre gamme des services. Cela nous permettra de consolider notre position auprès de nos clients existants mais aussi d’étendre notre capacité d’attraction à l’égard de nouveaux clients à la recherche d’un prestataire possédant un savoir-faire étendu dans ces domaines. En élargissant le champ d’application de notre chaine valeur ainsi que notre gamme de services, nous comptons étendre nos activités à d’autres domiciles et ce afin d’équilibrer nos différents segments de clientèle et canaux de vente. En outre, nous surveillons en permanence le marché des prestataires de services de fonds de placement pour saisir les opportunités issues de la consolidation dans ce secteur d’activité.

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DANIEL SIEPMANN, CEO CREDIT SUISSE FUND SERVICES (LUXEMBOURG) S.A.

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

Michael Lange (MEBS) :

L’ESPRIT D’ENTREPRISE UNE INTERVIEW DE MICHAEL LANGE, CO-FONDATEUR ET ASSOCIÉ DE ME BUSINESS SOLUTIONS.

COMMENT ANALYSEZ-VOUS LE CONTEXTE ACTUEL AU LUXEMBOURG ? J’observe un changement très positif : l’écart entre l’état d’esprit des entrepreneurs et celui des fonctionnaires est en train de se réduire. Une véritable culture entrepreneuriale s’installe. C’est la première fois que je constate ce phénomène depuis mon arrivée au Luxembourg en 1992. Tout le monde a

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compris qu’il est devenu nécessaire de tout faire pour satisfaire les attentes de prospects qui s’intéressent au GrandDuché car le temps où les gens venaient d’eux mêmes au Luxembourg est révolu. Aujourd’hui, le pays est en concurrence avec d’autres destinations désireuses d’attirer des investisseurs, des industriels et des talents. Le Luxembourg doit montrer son ouverture d’esprit pour donner à chaque opportunité toutes ses

chances. Certains dossiers bloquent parfois sur un détail concernant la forme du dossier ou un a priori négatif, ce qui peut faire fuir des clients. L’administratif ne doit pas prendre l’ascendant sur le fond. QUELLES SONT VOS PRIORITÉS ACTUELLES POUR MEBS ? Nous veillons à faire connaître notre société au Luxembourg, mais égale-


MARKET GUIDE THE MAGAZINE OF MEBS

N°01

Téléchargez le magazine Market Guide n°01

8. COVER STORY

CINEMA A PROFITABLE INVESTMENT 12. GLOBAL BUSINESS

RISK MANAGEMENT AND THE AIFMD 16. FOCUS

CONDUCTING OFFICERS AND DAY-TO-DAY MANCOS OPERATIONS

« L’ADMINISTRATIF NE DOIT PAS PRENDRE L’ASCENDANT SUR LE FOND. » MICHAEL LANGE, CO-FONDATEUR DE MEBS

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Michael Lange et Eric Chinchon, Co-fondateurs de MEBS

ment à l’étranger en participant à des conférences et à des road-shows. Notre approche est assez singulière : nous écoutons le client pour identifier les services que nous sommes capables de fournir, puis nous agrégeons au projet d’autres fournisseurs pour délivrer une solution globale et transparente, à un prix compétitif. Notre méthode est en phase avec son époque, car les nouvelles régulations impliquent d’investir

dans de nouveaux systèmes informatiques et de recruter des employés supplémentaires capables d’interpréter les données. Cela crée une pression sur les prix, qui peut être résolue avec la mutualisation que nous préconisons. COMMENT GRANDIR DANS UN MONDE QUI CHANGE ? Nous avons observé récemment le cas d’une société qui souhaitait se réin-

venter et lancer des produits sur les marchés germaniques. Les fondateurs ont été approchés et ont accepté une fusion. Mais la nouvelle identité corporate a créé de nouvelles limites et a anéanti la flexibilité qui faisait la force de la petite entité. De nombreuses décisions sont désormais prises en dehors du Luxembourg. La morale, c’est qu’avant d’aller vers une fusion, il faut bien connaître les contraintes pour avoir une chance de réussir. Et les sociétés luxembourgeoises ont tout intérêt à se situer du côté de l’acheteur, plutôt que de celui de la cible. Mebs a reçu différentes propositions sans donner suite. Nous restons à l’écoute parce qu’une bonne fusion peut créer des synergies mais nous garderons notre capacité de décision et notre culture entrepreneuriale à tout prix. D’ailleurs nous étudions aussi l’ouverture de rachat ou l’implantation de bureaux à l’étranger. La croissance interne est une valeur sûre.

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/michaellange www.mebs.lu

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG Pierre Knoden (ING) :

L’HUMAIN AU CENTRE DES PRÉOCCUPATIONS RARES SONT LES BANQUES OÙ LE DRH AFFICHE 24 ANS D’ANCIENNETÉ DONT L’ESSENTIEL DANS LES VENTES ET LA DIRECTION D’AGENCE. RENCONTRE.

POURQUOI S’ÊTRE ORIENTÉ VERS LES RESSOURCES HUMAINES ? J’ai commencé à travailler chez ING en 1991, la banque s’appelait encore le « Crédit Européen » à l’époque. C’était très intéressant de travailler en agence, une expérience très riche au niveau commercial, puisque notre objectif était d’ouvrir des relations avec des nonrésidents qui venaient au Grand-Duché sans nécessairement avoir la volonté d’ouvrir un compte chez nous. Ensuite, je suis devenu assez rapidement directeur d’agence (en 1993) et c’est là que j’ai pu commencer à apprécier et à découvrir les nuances du leadership. En 2004, je fus appelé à conduire l’activité nonrésidente au niveau des agences et en 2007, le CEO de l’époque m’a proposé de reprendre l’activité locale à Luxembourg. L’enjeu et le challenge principal étaient de contrer la baisse d’activité internationale au sein des agences en se concentrant davantage sur le marché local. Ce fut un véritable challenge pour moi qui, jusque là, n’avais pas vraiment d’expérience de l’activité locale vu que je m’étais essentiellement concentré sur l’activité nonrésidente. Malgré l’impact de la levée du secret bancaire et de l’échange d’infor-

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mations, mes équipes et moi avons réussi à relever le défi grâce à nos capacités d’anticipation des besoins de nos clients et à notre flexibilité qui nous a permis de modifier rapidement notre organisation entre 2012 et 2013. Cependant, l’aspect humain se limitait au Département Retail et ne touchait pas le reste de la Banque ; alors, quand j’ai eu l’opportunité de laisser la place aux jeunes au niveau du Retail et de relever un nouveau défi aux Ressources humaines, je l’ai saisie. C’est finalement une suite logique : dans mon rôle actuel, je dois aborder nos équipes internes comme s’il s’agissait de clients externes. Le discours est le même : la transparence. ING a en effet bien compris qu’un employé impliqué et engagé peut créer de la valeur dans différents rôles. Nous sommes tous encouragés à la mobilité interne ! APRÈS 25 ANS D’EXPÉRIENCE DANS LE RETAIL, QUELLES SONT POUR VOUS LES GRANDES TENDANCES ? Depuis 15 ans, nous devons combiner la banque « directe » et le réseau traditionnel sans les opposer puisqu’ils sont complémentaires. Nous avons fait en sorte de tirer le meilleur des

deux mondes. Pour y parvenir, il faut se mettre à la place de notre clientèle, qu’elle soit active et jeune, ou plus âgée : les plus âgés veulent-ils continuer à se déplacer en agence pour des opérations simples ? Nous avons par ailleurs constaté qu’un client qui utilise beaucoup le canal mobile se rend plus


« CONSIDÉRER NOS CLIENTS INTERNES COMME NOS CLIENTS EXTERNES. »

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PIERRE KNODEN, DRH ING

en agence qu’un autre : c’est pour moi la preuve que les deux modèles sont nécessaires. Et la présence de notre groupe dans plus de 40 pays nous permet également de nous servir des expériences d’autres pays mais toujours en concentrant nos efforts sur l’innovation.

COMMENT VOUS SERVEZ-VOUS DE VOS 25 ANS D’EXPÉRIENCE DANS LES VENTES POUR FÉDÉRER EN INTERNE ? Tout part de la communication. Servir ne veut pas toujours dire « oui », mais il faut savoir expliquer pourquoi on dit « non ». Quant à la formation, un employé qui

veut prendre sa carrière en main peut être formé tout de suite, même s’il n’y a pas encore de poste vacant disponible directement. En matière de burnout, nous avons créé un comité de vigilance pour détecter les risques car nous savons qu’il est préférable d’être proactif dans la gestion de ce problème que de le subir. L’image du groupe a également une forte influence en interne : même si notre couleur orange nous démarque, nous devons sortir des sentiers battus avec des budgets parfois inférieurs à nos concurrents. Quant à la motivation du personnel, elle est évaluée régulièrement grâce à des enquêtes pour nous comparer à ces derniers et aux autres entités du groupe. Nous sommes la seule banque de plus de 500 employés à avoir été nommée 5 années de suite « Great place to work », sans doute grâce à toutes les initiatives que nous proposons à nos employés comme l’encouragement du télétravail ou le rachat de jours de congés… Enfin, nous travaillons sans cesse sur notre « Orange Code » qui résume bien les valeurs d’ING et les comportements à adopter par nos équipes.

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

Steen Foldberg (Julius Bär) :

UN NOUVEAU MODÈLE D’ACTIVITÉ POUR LA BANQUE PRIVÉE TROIS ANS APRÈS AVOIR ABSORBÉ LA DIVISION INTERNATIONALE DE GESTION DU PATRIMOINE DE MERRILL LYNCH, JULIUS BÄR EST EN FORTE CROISSANCE. LE DIRECTEUR GÉNÉRAL À LUXEMBOURG, STEEN FOLDBERG, AFFIRME QUE L’ABANDON DU MODÈLE DES COMMISSIONS A ÉTÉ CRUCIAL POUR ALIGNER LES INTÉRÊTS DE LA BANQUE ET DE SES CLIENTS. COMMENT VOTRE ENTREPRISE A-T-ELLE SURMONTÉ LA CRISE ? Nous avons assisté à des retraits massifs en 2008 et début 2009, mais depuis, nous nous sommes développés chaque année en termes de revenus et de clients. Cependant, bien avant la crise, nous étions conscients que nous devions modifier notre modèle d’activité. Notre analyse considérait que l’appartenance du Luxembourg à l’Europe mènerait à la disparition du secret bancaire à court terme. Nous avons commencé à nous préparer à ce changement dès 2006. Par exemple, nous avons cessé les retraits en espèces. En 2007-08, nous avons rendu visite à chaque client pour nous assurer que leur structure était solide et parfaitement conforme. COMMENT AVEZ-VOUS ADAPTÉ VOTRE MODÈLE D’ACTIVITÉ ? Depuis la transition vers Julius Baer, nous avons pu assurer la croissance de nos affaires et nos clients ont bénéficié d’une vaste gamme de solutions d’investissement. L’effort pour faire passer nos clients et leurs actifs de Merrill Lynch à Julius Baer a été massif. Notre équipe a travaillé très dur et a atteint à la fin de la transition un excellent résultat, car 99,6 % de nos clients ont choisi de suivre leurs conseillers chez Julius Baer. Nos clients sont typiquement des entrepreneurs avec en général entre 20 et 250 millions d’euros d’actifs à inves-

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tir. Ils sont très bien informés et pour faire affaire avec eux, vous devez justifier votre valeur ajoutée et être particulièrement convaincant. Les éléments clés sont donc un service haut de gamme à la clientèle, une relation de confiance, une attention particulière à la gestion des portefeuilles de nos clients, ainsi que des prix compétitifs. Nos employés jouent un rôle fondamental pour atteindre ces objectifs. Nous avons également changé notre modèle de tarification en basculant vers des prix « tout compris », afin d’aligner nos intérêts avec ceux de nos clients. La seule manière pour nous d’accroître nos revenus est d’attirer davantage d’actifs du client ou lorsque la valeur du portefeuille du client augmente. Le nombre de transactions ne joue plus aucun rôle. Aujourd’hui, beaucoup de banques vivent toujours du revenu de commissions des fonds communs de placement et des transactions, mais nous avons laissé cela derrière nous. La concurrence est féroce et nous savons très bien que les clients ont le choix. QUEL RÔLE JOUE LE LUXEMBOURG DANS CE NOUVEAU CONTEXTE ? La suppression récente du secret bancaire au Luxembourg a été une bonne décision et représente maintenant à la fois une opportunité et une menace. Les gagnants seront ceux qui s’adaptent. À

« LES GAGNANTS SERONT CEUX QUI S’ADAPTENT. » STEEN FOLDBERG mon avis, le Luxembourg est en excellente position pour refondre son modèle : nous avons l’infrastructure, les outils, un régulateur efficace et un environnement stable. Grâce à cela, les banques basées au Luxembourg sont capables de se mesurer aux banques européennes et internationales car nous sommes spécialisés sur la gestion du patrimoine. Les clients ont tendance à investir plus dans leurs titres domestiques : les belges dans les actions belges, les Allemands dans les obligations locales, etc. Les banques luxembourgeoises peuvent tirer profit de cela en capitalisant sur les relations de confiance dont elles disposent. Cela dit, les banquiers privés au Luxembourg doivent comprendre qu’il s’agit d’un jeu d’acquisition – vous ne pouvez attendre que le téléphone sonne !

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/steenfoldberg www.juliusbaer.com


« VOUS NE POUVEZ PAS ATTENDRE QUE LE TÉLÉPHONE SONNE ! »

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STEEN FOLDBERG, MANAGING DIRECTOR JULIUS BÄR

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG Steve Bernat (Carne) :

REHAUSSER LE PROFIL D’UN LEADER MONDIAL STEVE BERNAT, LE NOUVEAU PDG DE CARNE LUXEMBOURG, SOUHAITE QUE LA FIRME SOIT RECONNUE COMME ÉTANT LE FOURNISSEUR DE GOUVERNANCE INDÉPENDANT DE VÉRITABLE STATURE MONDIALE, AU SERVICE DES MEILLEURS GESTIONNAIRES DE FORTUNE AU MONDE À PARTIR D’UN RÉSEAU DE BUREAUX À TRAVERS LE MONDE. POURQUOI AVEZ-VOUS INTÉGRÉ CARNE ? J’ai été simplement convaincu par la vision à long terme de la firme. Carne est le seul groupe qui cherche à institutionnaliser les services de gouvernance à l’échelle mondiale. Notre but est d’être reconnu comme étant la norme communément reconnue dans ce secteur ; le Deloitte ou KPMG de gouvernance. Du point de vue du Luxembourg, j’entends bien faire en sorte que Carne soit plus visible dans le secteur des fonds. Nous sommes déjà hautement à la manœuvre, mais notre objectif est de nous valoriser parmi les professionnels des fonds. Je voudrais que Carne soit reconnue pour ce qu’elle est : le premier fournisseur de gouvernance indépendant de la véritable stature mondiale. L’atteinte de cet objectif dans un pays comme le Luxembourg concerne les gens, et en tant que l’un des rares Luxembourgeois nés et élevés entièrement dédiés au pays et à l’indus-

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trie des fonds, je pense pouvoir relever ce défi. QU’EST-CE QUI REND CARNE DIFFÉRENTE ? Nous profitons de certains avantages concurrentiels. Le premier est notre taille – nous travaillons avec 13 des 15 plus grands gestionnaires d’actifs au monde, y compris Barclays, HSBC, Allianz, Deutsche et BlackRock. Nous fournissons des services de gouvernance à presque 1 trilliard de $ en actifs, y compris des services de substance pour 200 milliards de $ d’actifs sous gestion, dont 20 milliards de $ se trouvent au Luxembourg. Nous sommes déjà un leader du secteur ayant des bureaux dans huit juridictions y compris au Luxembourg, en Irlande, au Royaume-Uni, en Suisse, aux Îles AngloNormandes, aux États-Unis et aux Îles Caïmans, et notre objectif est de devenir le fournisseur numéro un dans chacune des juridictions. Le second est notre

gamme de services. Nous nous concentrons sur les services de gouvernance dont les sociétés de gestion indépendantes, surtout ici au Luxembourg, mais aussi les services AIFM, les fonctions d’Administrateur et de Dirigeant. Notre taille nous permet de fournir des solutions sur mesure – par exemple, nous pouvons offrir le service d’enregistrement des fonds en tant que service autonome. Être capable de fournir les pièces manquantes essentielles constitue une partie importante de notre différentiation. Enfin, les gestionnaires d’investissement exigent une intelligence commerciale locale et


« NOUS TRAVAILLONS AVEC 13 DES 15 PLUS GRANDS GESTIONNAIRES D’ACTIFS AU MONDE. »

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STEVE BERNAT, PDG DE CARNE LUXEMBOURG

mondiale, leur permettant de prendre des décisions en matière de conformité, de distribution, de meilleures pratiques et de risque, parmi tant d’autres. Parce que nos clients sont mondiaux, ou aspirent à être mondiaux, et distribuent assurément à l’échelle mondiale, ils ont autant besoin de partenaires mondiaux en gouvernance que pour d’autres services. Carne a l’expérience requise et l’empreinte globale pour soutenir ces aspirations. OÙ VA LE SECTEUR DES FONDS DU LUXEMBOURG ? Le Luxembourg a concrétisé une réus-

site extraordinaire ces trois dernières décennies, une réussite qui je crois continuera grâce à tout le talent et à l’expertise que nous offrons en tant que centre financier. Nous sommes la seule plateforme transfrontalière capable de travailler avec n’importe-quel gestionnaire dans le monde. Le fait que 100 nouveaux promoteurs de fonds viennent au Luxembourg chaque année, y compris des États-Unis et de l’Asie, montre la notoriété de la marque. Si nous travaillons ensemble, le Luxembourg continuera d’étendre sa clientèle et ses volumes d’actifs. Cependant, nous devons nous

concentrer sur l’innovation. Alors que les tâches de back-office sont lentement transférées vers d’autres pays, la seule façon de proposer une forte valeur ajoutée est par le biais de services novateurs. Si le Luxembourg reste le précurseur de tendances du secteur international des fonds, son avenir sera brillant !

+ D’INFOS www.carnegroup.com www.myofficialstory.com/stevebernat

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

Sven Muehlenbrock (KPMG Value for Funds) :

UNE PROPOSITION DE SERVICE INNOVANTE POUR PLUS DE 3 000 FONDS D’INVESTISSEMENTS UN NOMBRE CROISSANT DE NOUVELLES RÉGLEMENTATIONS ET DES EXIGENCES DE RAPPORTS PLUS SOPHISTIQUÉS FAIT APPEL À DES SOLUTIONS INNOVANTES. KPMG A DÉVELOPPÉ UNE SOLUTION UNIQUE EN RÉPONSE À CE BESOIN.

RÉPONDRE EFFICACEMENT AUX RÉGLEMENTATIONS FINANCIÈRES ET AUX EXIGENCES DE REPORTING Les responsables des politiques publiques s’efforcent d’atteindre des objectifs clés tels que l’efficacité, l’intégrité des marchés et l’intégration financière. De ce fait, de nouvelles réglementations et exigences de reporting ont vu le jour. La fréquence de ces nouvelles réglementations ainsi que leur mise à jour semble devoir s’accélérer. Un des défis majeurs est et restera d’adresser de façon effective toutes ces exigences afin d’éviter une atteinte à la réputation et des coûts imposés par les régulateurs. D’autant plus que de nombreuses exigences ne font vraisemblablement pas partie de

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la principale activité des gestionnaires d’actifs. Un autre défi sera d’aligner la stratégie et le modèle de gestion aux préférences des investisseurs compte tenu du « nouveau monde » digital. TROUVER UNE SOLUTION INNOVANTE ET INTÉGRÉE POUR FAIRE FACE AUX DÉFIS RÉGLEMENTAIRES Répondre de manière adéquate aux nouvelles réglementations, augmenter l’efficacité des processus internes et répondre efficacement aux besoins des clients, sont des questions clés qui sont souvent interdépendantes. Le reporting AIFMD est l’un des bons exemples montrant la complexité des exigences réglementaires. Afin d’atteindre des résultats concrets et efficaces, de

nombreux gestionnaires d’actifs ont sélectionné KPMG comme prestataire. KPMG produit chaque année plus de 10 000 rapports AIFMD. Ces rapports sont souvent enrichis par des mesures de risque de liquidité et de marché calculées par le « KPMG RISK RACER ». De cette manière les gestionnaires d’actifs peuvent se focaliser sur leurs activités principales en économisant du temps et des coûts.


« DE NOUVELLES RÉGLEMENTATIONS ET EXIGENCES DE REPORTING ONT VU LE JOUR. »

© DR

SVEN MUEHLENBROCK,PARTNER, HEAD OF FINANCIAL RISK MANAGEMENT KPMG

UNE VISION GLOBALE Bien que chacune de ces questions soit en elle-même complexe, il sera important pour les gestionnaires d’actifs de les considérer de manière globale. Ne penser qu’à une seule risquerait de provoquer pour les gestionnaires d’actifs une perte significative de leur capital. « KPMG Value for Fund » est une proposition de service intégrée utilisant la plateforme « RACER » dont le déve-

loppement précoce a permis d’anticiper et de répondre aux défis auxquels les gestionnaires d’actifs font face. Ce service propose la production, entre autres, de rapports de risques et de performances, de rapports AIFMD, de « tax reporting », de CRD/CRR ainsi que de rapports relatifs à Solvency II. Le nombre important de clients et de fonds d’investissements ainsi que la demande de marché significative sur ce

segment donnent à KPMG la confiance quant à l’alignement de sa stratégie par rapport aux défis et aux besoins stratégiques auxquels ses clients font face.

+ D’INFOS www.kpmg.lu www.myofficialstory.com/svenmuehlenbrock

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DOSSIERSPÉCIAL LITTLE BIG LUXEMBOURG

Anna M. Foster (Comarch) :

GAME OF FINANCE INTERVIEW DE ANNA M. FOSTER – DIRECTEUR LUXEMBOURG – ET D’ADAM TYMOFIEJEWICZ – RESPONSABLE DE LA SÉCURITÉ DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION. NOUS SOMMES TOUS FATIGUÉS DES DISCUSSIONS AUTOUR DE LA RÉFORME SOLVENCY II, DE LA DIRECTIVE AIFM ( DIRECTIVE IMPACTANT LES SOCIÉTÉS DE GESTION ALTERNATIVE) ET DES DERNIÈRES RÈGLEMENTATIONS, CE QUI EST, JE SUPPOSE, VOTRE PAIN QUOTIDIEN. EST-CE QUE FINALEMENT, NOUS NE POURRIONS PAS AVOIR UNE APPROCHE LUDIQUE DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION DANS L’INDUSTRIE FINANCIÈRE ? En effet, je suis consciente que le secteur des fonds ou secteur bancaire voient les personnes actives dans les technologies de l’information comme des fous à lunettes élaborant des comptes rendus pour le compte de l’AIFM, mais laissez-moi mettre en évidence quelques domaines captivants qui transformeraient n’importe quel directeur de banque en un amateur de nouvelles technologies. Prenez par exemple la toute nouvelle tendance du marché, la gamification (ou ludification) ; des outils prenant la forme de jeux qui poussent les employés à avoir un meilleur rendement et qui donnent un encadrement aux responsables. Les employés de tous âges et profiles ne peuvent s’empêcher d’utiliser les réseaux sociaux que ce soit au travail ou dans la sphère privée. La gamification, elle, transforme une banale

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routine de travail en une activité ludique qui apporte de meilleurs résultats ! Les investigations de Gallup montrent que seulement 13 % des salariés s’impliquent dans leur travail, donc pour un grand administrateur de fonds avec 1 500 salariés, ce chiffre ne représenterait que 200 personnes! On estime que d’ici 2016, la plupart des sociétés européennes utiliseront d’une manière ou d’une autre la gamification et que d’ici 2018, le marché de la gamification pèsera 5,5 milliards de dollars. Vous avez probablement remarqué la nouvelle campagne de l’un des assureurs luxembourgeois, et je pense que d’autres suivront prochainement. EN DEHORS DE L’USAGE DE LA GAMIFICATION PAR COMARCH DANS L’INDUSTRIE FINANCIÈRE, QUELLES SONT LES TOUTES DERNIÈRES TENDANCES ? Il y a ce Yéti dans l’industrie, dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais vu! J’entends par là le « Big Data », l’un des plus grands défis pour les entreprises d’analyse et les sociétés de l’information, mais également pour les grandes institutions financières telles que les banques. Ces acteurs économiques gèrent quotidiennement un grand nombre de données, les stockent et les traitent. Cependant, pour les rendre utiles, certains outils devraient permettre de les extraire de manière rapide et effi-

« D’ICI 2018 LE MARCHÉ DE LA GAMIFICATION PÈSERA 5,5 MILLIARDS DE DOLLARS. » ANNA M. FOSTER, COMARCH

Anna M. Foster et Adam Tymofiejewicz


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cace afin de les traduire en un processus de prise de décision. Nous savons que les grandes entreprises locales essayent de s’attaquer au sujet par eux-mêmes (non pas pour ébranler leurs efforts) mais les partisans des technologies de l’information ne le voient que comme une gestion de données sous le couvert du « Big Data ». Les investigations de Gartner montrent qu’à l’heure d’affronter le marché, le plus grand défi du « Big Data » est de déterminer comment en tirer un avantage. Comarch propose en revanche une plateforme de services évolutive et encadrée du « Big Data » qui garantit le plus haut niveau possible de sécurité: nous l’appelons Business Intelligence et nous sommes parmi les seuls acteurs du marché à en être capables.

AVEZ-VOUS DES EXEMPLES CONCRETS DE TELLES INNOVATIONS À NOUS PRÉSENTER ? Nous avons un programme appelé Smart City que nous mettons en place à Montréal, au Canada, en partenariat avec la STM (la Société de Transport de Montréal). Comarch s’associe avec la STM pour installer des balises sur toute l’infrastructure de transport afin d’enrichir l’expérience passager des voyageurs. Comment? Les passagers recevront en plein trajet des notifications « Push » selon leurs intérêts. Par exemple, si vous aimez les sushis, vous recevrez les meilleures offres de la part des commerces locaux. Que ce soient les entreprises locales ou les citoyens, chacun tire parti du

programme ! Les balises utilisent (entre autres) le « Big Data » pour cibler la clientèle sans passer par le wi-fi. La plateforme est bien plus complexe que ce que j’ai pu décrire auparavant, mais je souhaite tout simplement illustrer l’incroyable utilité des nouvelles technologies dans la vie de tous les jours. Au Luxembourg, on pourrait également utiliser ces balises dans le but de nous dévoiler si notre banque nous accordera un prêt pour s’acheter la nouvelle Audi que nous avions repéré en passant devant le concessionnaire.

+ D’INFOS www.comarch.fr www.myofficialstory.com/comarch

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AVOCATS

L’AUTORÉGULATION

AU CENTRE

DES PRÉOCCUPATIONS INTERVIEW DE MAÎTRE ROSARIO GRASSO, NOUVEAU BÂTONNIER DU BARREAU DE LUXEMBOURG.

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AVOCATS

VOUS ÊTES LE NOUVEAU BÂTONNIER DE L’ORDRE DES AVOCATS DU BARREAU DE LUXEMBOURG, QUELS SONT VOS PROJETS PRIORITAIRES ? Un des objectifs principaux est de rappeler et de montrer que la profession d’avocat est autorégulée. Les avocats sont soumis non seulement à la loi sur la profession d’avocat du 10 août 1991 telle que modifiée, mais également au Règlement Intérieur de l’Ordre, notre code de déontologie. Je veillerai, à l’instar de mes prédécesseurs, que tous manquements soient suivis d’un rappel à l’ordre, sinon d’une procédure disciplinaire et sanction qui s’imposent. J’entends extérioriser de plus l’exercice de cet aspect de notre pouvoir d’autorégulation en rendant public sur notre site internet des statistiques concernant le nombre et type de procédure et sanctions prises. Chaque décision disciplinaire définitive de radiation d’un avocat du Tableau, doit être rendue accessible à tout justiciable. En revanche, selon les circonstances et s’il s’agit d’une sanction moins grave, la publication pourra se faire de manière anonymisée. Contrairement à ce que l’opinion publique semble croire, le Bâtonnier, respectivement le Conseil Disciplinaire et Administratif composés de seuls avocats est plus sévère que ne l’est le Conseil Disciplinaire et Administratif d’Appel où siègent deux magistrats et un avocat. Ceci dit il me semble utile de rendre plus accessibles les décisions prises en matière disciplinaire, ceci à des fins non seulement de transparence, mais avant tout comme preuve de l’exercice effectif de cet aspect du pouvoir d’autorégulation de notre profession et pour permettre aux avocats de suivre l’évolution des décisions rendues par les instances ordinales en matière de déontologie. Pour une meilleure visibilité du travail du Bâtonnier et du Conseil de l’Ordre, les contrôles effectués par notre commission antiblanchiment feront également partie des statistiques qui seront publiées sur notre site internet de même que celles concernant l’assistance judiciaire. Une autre des priorités est la formation des jeunes avocats. QUELS SONT LES OBJECTIFS DE CES FORMATIONS POUR LE JEUNE BARREAU DE LUXEMBOURG ? Avec l’aide du Comité du Jeune Barreau, nous avons mis en place des formations en matière de déontologie. Ces rencontres annuelles permettront de mieux comprendre ces règles et d’expliquer les décisions du Bâtonnier et de nos instances ordinales avec le but de développer un dialogue plus enrichissant entre confrères et améliorer ainsi nos rapports entre avocats, avec les clients et la magistrature. Avec l’Association luxembourgeoise des avocats pénalistes (ALAP) et le patronage du Comité du Jeune Barreau et l’ALAP, nous avons mis en place des formations en droit pénal et procédure pénale. Ainsi, nous entendons former de manière ponctuelle les avocats qui sont inscrits sur les listes de permanence via lesquelles nous assurons le droit d’accès à un avocat lors de l’arrestation d’une personne et de son audition par la Police ou de son inculpation devant un juge d’instruction. Ces formations sont également finalisées à sensibiliser les jeunes avocats aux obligations en matière de secret de l’instruction et de les rendre attentifs aux risques auxquels ils sont exposés : ils doivent garder l’objectivité et la distance

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« NOUS DEVONS AUSSI ÊTRE À L’ÉCOUTE DE CE QUI SE FAIT À L’ÉTRANGER. » MAÎTRE ROSARIO GRASSO

nécessaires à l’égard des clients qu’ils sont appelés à assister et à défendre. Nous avons également, toujours avec le soutien du Comité du Jeune Barreau, mis en place des formations en vue de la création et gestion d’études d’avocats. Les jeunes avocats qui entendent se lancer sur cette piste sous-estiment souvent le travail, les obligations et les enjeux financiers que cela peut comporter : la clientèle qu’il faut avoir, les cotisations sociales, loyers, charges, TVA, impôts qui doivent être payés avant toute distribution de bénéfices. Ce n’est pas lors de leur stage que les jeunes avocats sont préparés à ces obligations et contraintes. Ces formations ont le but d’y remédier.


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pays de l’Union Européenne. La participation financière d’un investisseur ne risque-t-elle pas de compromettre l’indépendance de l’avocat et de l’exposer à des conflits d’intérêts ? Le travail fourni sera-t-il dans l’intérêt du client ou d’une rentabilité finalisée à enrichir le tiers investisseur ? Nous devons rester à l’écoute de ce qui se fait à ce sujet dans l’Union Européenne, mais également aux États-Unis et même dans d’autres pays, alors que nous vivons dans un monde globalisé. Je sais que des possibilités et modalités d’ouvrir l’entrée de capitaux étrangers sont discutés de manière concrète à l’étranger. Pour ma part, je suis d’avis que l’avocat doit rester indépendant à tous les niveaux et qu’une participation de capitaux tiers ne saurait être admise que si elle est strictement réglementée et limitée, de sorte à ne pas pouvoir entraver l’indépendance de l’avocat et son travail dans l’intérêt de son client. À part ces chantiers je pense qu’il faudra aussi faire mieux comprendre aux justiciables ce que fait un avocat et de mettre en évidence les facettes multiples des prestations et services qu’il peut offrir.

LE MÉTIER D’AVOCAT ÉVOLUE CONSIDÉRABLEMENT EN CE MOMENT. QUELS SONT LES CHANGEMENTS LES PLUS SIGNIFICATIFS ? De nouveaux défis nous attendent et il faudra y faire face : les inscriptions au barreau sont croissantes, de plus en plus d’avocats ouvrent leur propre cabinet ou s’associent contribuant ainsi à stimuler la concurrence, le nombre d’avocats étrangers exerçant sous leur titre d’origine est en augmentation, pour ne citer que ceux-ci. La question de l’entrée de capitaux tiers de non avocats dans des cabinets est débattue dans de nombreux

QUEL EST VOTRE PARCOURS EN QUELQUES MOTS ? Je pense être le premier bâtonnier non luxembourgeois au Luxembourg, ce qui montre que notre barreau est moderne et bien ouvert à tous. J’en veux pour preuve aussi qu’il est constitué de plus d’une vingtaine de nationalités différentes qui enrichissent notre barreau. J’ai été assermenté en 1991 et après mon stage de 3 ans j’ai créé ensemble avec mon associé Me Marc KLEYR notre étude qui s’appelle aujourd’hui KLEYR GRASSO. Depuis mon assermentation j’ai toujours été lié aux activités du barreau et non uniquement celles de loisirs, comme notre troupe satirique de « La Revue du Barreau » jusqu’en 2008. J’étais membre du Comité du jeune Barreau en 1997/1998, puis membre du Conseil de l’Ordre en 1998/1999 et 2011/2012. J’ai été élu Vice-Bâtonnier pour les années judiciaires 2012/2013 et 2013/2014. Depuis septembre 2014 j’exécute mon mandat biennal de Bâtonnier.

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AVOCATS

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Benjamin Bodig (Etude Garcia et Bodig) :

BARRE

BENJAMIN BODIG, VICE PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE DU JEUNE BARREAU DE LUXEMBOURG, CANDIDAT À LA PRÉSIDENCE POUR L’ÉLECTION DU 9 JUILLET PROCHAIN. INTERVIEW.

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À LA

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AVOCATS

ACTUELLEMENT VICE-PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE DU JEUNE BARREAU, QUELLES PRIORITÉS FIXERIEZ VOUS POUR VOTRE PRÉSIDENCE À VENIR? Ma priorité est de continuer l’action que je mène conjointement avec la Présidente actuelle, Maître Anissa Bali. Nos actions sont basées sur 2 axes principaux. 1. Rapprocher la Conférence de ses 1 600 membres – ceux possédant moins de 11 ans de barreau –, mieux les connaître pour mieux les représenter. Pour cela nous devons continuer à proposer des activités sociales et contribuer à la formation continue à laquelle chaque avocat est soumis – tout avocat en activité est soumis à un minimum de 16 heures de formation par an-. 2. Communiquer ! Pour nous faire entendre et pour nous faire connaître. Nous ne sommes ni ne deviendrons un syndicat mais nous devons défendre les intérêts de nos membres auprès du Bâtonnier, du Conseil de l’Ordre mais également auprès du Ministère de la Justice. Nous avons notre propre opinion à exprimer afin de participer aux débats liés à la profession et l’évolution de la Justice. À titre personnel, la valeur n’attendant pas le nombre d’année, je souhaite améliorer l’image du jeune avocat, tant envers le public que vis à vis des autres avocats. QUELLE EST L’IMAGE DES AVOCATS ? Lorsque l’on demande à des enfants : « Quel métier souhaiteriez vous exercer plus tard ? », beaucoup s’accordent à dire « Pompier, médecin, infirmière… ». Du coté des parents, la réponse « avocat » revient souvent. Cependant, c’est une profession particulièrement impopulaire. L’image de ce métier est ternie par des préjugés depuis la création de la profession. « Ils ne sont pas de bonne fréquentation », « ils gagnent beaucoup d’argent », « ils défendent des criminels »… J’aimerai agir avec la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg pour mieux expliquer notre rôle, notre importance dans la société et surtout à dédramatiser. Faire appel à un avocat n’est pas un drame ! Cette mauvaise image n’est pas récente, Daumier caricaturait l’avocat de manière noire et sinistre. Effectivement, nous sommes « confrères », nous nous faisons appeler « maître » – ce qui peut créer une distance –, nous sommes gérés par un Ordre et revêtons une robe. Les exemples sont nombreux et tous favorisent la caricature obscure de notre profession. Les films et les séries télévisées participent aussi à l’élaboration de cette fausse image. Au Luxembourg, l’offre a même changé la perception de notre métier. Il existe énormément d’avocats, de très gros cabinets et la plupart de la population pense que nous sommes tous des avocats d’affaires. Depuis l’autorisation de la publicité dans notre profession, seuls les plus gros sont les plus visible, essentiellement dans ce domaine. Ce constat est vraiment dommage car nous sommes nombreux à aider et accompagner nos clients au quotidien. Dans leurs projets de vie : par exemple sur une question d’adoption, de la possibilité de devenir parent par l’intermédiaire d’une mère porteuse mais aussi dans leur vie de tous les jours : embaucher ou licencier un salarié, vendre un bien, mettre en location un immeuble, gérer ses locataires…

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« AVOIR RECOURS À UN AVOCAT N’EST PAS NÉCESSAIREMENT SYNONYME DE TRIBUNAL. C’EST LÀ OÙ IL FAUT DÉDRAMATISER LA SITUATION. » BENJAMIN BODIG, VICE PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE DU JEUNE BARREAU DU LUXEMBOURG

Avoir recours à un avocat n’est pas nécessairement synonyme de tribunal. C’est la où il faut dédramatiser la situation. La solution à un conflit ne se trouve pas obligatoirement devant un juge. La médiation, l’arbitrage et la conciliation peuvent être des solutions alternatives plus rapides et moins onéreuses, notamment quand le problème n’est pas financièrement élevé. Le montant du litige m’amène à éclaircir un point épineux souvent évoqué par nos clients : nos honoraires. Ce n’est pas un problème de prix mais plus un problème de transparence. Il faut que nos clients sachent et comprennent par avance non pas combien cela va couter exactement car c’est très difficile de réaliser une estimation précise en début de dossier mais plutôt une information claire sur notre taux horaire et sur ce que cela comprend pour qu’il n’y ait pas de surprises.


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QUELLE SOLUTION SOUHAITERIEZ-VOUS APPORTER À CE PROBLÈME D’IMAGE DURANT VOTRE PRÉSIDENCE ? Apres avoir discuté longuement avec des confrères nous en avons conclut qu’une majorité de l’opinion pense que notre tarification est opaque, ce qui ternit notre image. Pour remédier à cela, nous mettons en place une charte. Les avocats pourront librement choisir d’adhérer à cette charte qui est basée sur 3 axes : 1. la communication des tarifs horaires (librement fixés par l’avocat), 2. l’annonce d’un seuil en fonction du dossier, 3. l’engagement de l’avocat à signer cette charte avec le client. Cette charte sera un avantage pour les clients et pour les avocats. Cette situation « win-win » aidera certainement à réduire le nombre de litiges existants entre certains clients et leurs avocats.

« DAUMIER CARICATURAIT L’AVOCAT DE MANIÈRE NOIRE ET SINISTRE. » BENJAMIN BODIG, VICE PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE DU JEUNE BARREAU DU LUXEMBOURG

+ D’INFOS www.Cjbl.lu www.myofficialstory.com/benjaminbodig

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AVOCATS

Robert Badinter :

À 86 ANS, ROBERT BADINTER CONTINUE À PESER DANS LE DÉBAT PUBLIC. SES PRISES DE POSITION ET SES DÉCLARATIONS SONT TOUJOURS AUTANT SCRUTÉES ET ANALYSÉES. ANCIEN MINISTRE DE LA JUSTICE ET ANCIEN PRÉSIDENT DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL, IL EST L’UN DES DERNIERS GRANDS PERSONNAGES PUBLICS DE LA FRANCE. DE SON COMBAT POUR L’ABOLITION DE LA PEINE DE MORT À SON ENGAGEMENT EN FAVEUR DU TIBET, DÉCOUVREZ L’HISTOIRE MÉCONNUE DE L’ANCIEN TÉNOR DU BARREAU. UN HÉROS TRÈS DISCRET QUI AIME ENTRETENIR LE MYSTÈRE…

JEUNE ET AMBITIEUX Né le 30 mars 1928 à Paris, le jeune Robert Badinter est rapidement confronté à l’Histoire. Il a 15 ans quand son père est arrêté par les Allemands puis déporté vers le camp d’extermination de Sobibor en Pologne. De son père, il conserve l’image d’un homme droit pour qui la République était tout. En 1947, Robert Badinter entreprend des études de lettres et de droit à Paris. Diplôme en poche, le jeune homme part à New-York où il suit des cours de sociologie à la prestigieuse université de Columbia. De retour en France, Robert Badinter fréquente les hautes sphères de la capitale. C’est là qu’il rencontre Henry Torrès, célèbre avocat et homme de culture. Un moment décisif. Robert Badinter devient son collaborateur et fait son entrée au barreau de Paris. UN AVOCAT DES LUMIÈRES Insaisissable, Robert Badinter multiplie les expériences professionnelles. En parallèle de sa carrière d’avocat, il occupe un poste d’universitaire à Dijon avant d’être nommé à l’Université de Paris I en 1974. En tant qu’avocat d’affaires, Robert Badinter défendra notamment le baron Empain, l’Aga Khan… Mais c’est son combat contre la peine de mort qui le fera entrer dans l’Histoire. S’il ne parvient pas à obtenir la grâce de Roger Bontems, la consécration

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arrive quelques années plus tard. En 1977, sa célèbre plaidoirie contre la peine de mort permet à Patrick Henry, condamné pour le meurtre d’un enfant, d’échapper à la peine capitale. Le destin de Robert Badinter est en marche. En 1981, François Mitterrand fait appel à lui en lui confiant le ministère de la Justice. UN ANIMAL POLITIQUE SUR TOUS LES FRONTS Pendant 5 ans, le ministre de la Justice est de tous les combats avec en point d’orgue l’abolition de la peine de mort. Place Vendôme, Robert Badinter s’engage en faveur d’un renforcement des libertés individuelles. Sénateur des Hauts-de-Seine jusqu’en 2011, il est omniprésent sur le plan international. Il dirigera notamment la Commission d’arbitrage pour la paix en Yougoslavie et participera activement à l’édification de la Constitution roumaine. En 2011, il fonde un cabinet de consultation juridique destiné aux professionnels du droit.

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LE DÉFENSEUR PUBLIC NUMÉRO 1


Guy Castegnaro (CASTEGNARO-Ius Laboris Luxembourg Cabinet d’Avocats) :

FAIRE DU DROIT DU TRAVAIL UN MÉTIER GUY CASTEGNARO, FONDATEUR ET PARTNER DU CABINET D’AVOCATS CASTEGNARO-IUS LABORIS LUXEMBOURG, RÉPOND À NOS QUESTIONS EN MATIÈRE DE DROIT DU TRAVAIL AU LUXEMBOURG. RENCONTRE.

QUELLES SONT LES GRANDES TENDANCES DANS LE MILIEU JURIDIQUE AU LUXEMBOURG DE NOS JOURS ? J’identifie trois grandes tendances à Luxembourg. 1. Le rapport entre vie privée et vie professionnelle. Je pense par exemple à la protection des données personnelles du salarié ou encore aux croyances et aux pratiques religieuses sur le lieu de travail. 2. La négociation collective et le dialogue social. Il y a actuellement, par exemple, un projet de loi sur la reforme du dialogue social qui fait couler beaucoup d’encre. 3. Les absences sur le lieu de travail causées par la maladie. C’est aussi un domaine sensible. Les questions sont nombreuses : faut-il augmenter, ou non, les contrôles pour vérifier si ce ne sont pas parfois des certificats de complaisance ? COMMENT LA PROFESSION A-T-ELLE ÉVOLUÉE CES DERNIÈRES ANNÉES ? L’avocat luxembourgeois doit s’ouvrir à l’international car les

clients viennent souvent de l’étranger, il faut être plus flexible. Autrefois, les clients venaient vers les avocats, aujourd’hui la concurrence est forte. Les concurrents des avocats ne sont plus uniquement les confrères mais ce sont aussi les grandes sociétés fiduciaires. Néanmoins, contrairement à ces dernières, l’avocat est tenu d’exercer son activité de conseil dans le respect des règles déontologiques très strictes. Ainsi, le client de l’avocat bénéficie de sérieuses garanties. L’avocat est tenu de fournir un travail de qualité par le biais d’une connaissance approfondie de son expertise que nous retrouvons entres autres à travers les rédactions d’articles et de livres. À titre d’exemple, les collaborateurs de notre cabinet donnent des cours à l’université et participent à des séminaires. Enfin, il faut encore que l’avocat se manifeste de façon honorable par le biais de conférences et d’interviews pour communiquer sur notre profession.

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QUEL EST VOTRE PARCOURS EN QUELQUES MOTS ? J’ai fait des études de droit à Paris et en Allemagne avant de devenir avocat au Luxembourg. Membre du barreau de Luxembourg depuis environ 20 ans, je me suis spécialisé en droit du travail. Le cabinet, composé de 14 avocats et juristes, est dit « de niche » car nous nous intéressons exclusivement au droit du travail. Nous nous différencions aussi des autres cabinets en ne défendant que les employeurs. Nous sommes membres luxembourgeois et fondateur d’une alliance internationale d’avocats spécialisés en droit du travail : lus Laboris. Je suis aussi président d’une association européenne : European Employment Lawyers Association. C’est une association qui regroupe 1 400 avocats spécialisés en droit du travail, organisant 2 conférences par an et publiant une revue de droit du travail européen. Les projets d’avenir sont d’accueillir de nouveaux avocats et de nouveaux pays membres de l’UE pour permettre un plus grand échange entre tous les avocats de l’association.

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Giovanni Ferrero (PDG de Ferrero International) :

UN HÉRITAGE DE VALEURS GIOVANNI FERRERO, PDG DE FERRERO INTERNATIONAL, EST À LA TÊTE DU GROUPE DEPUIS 2011. APRÈS LA DISPARITION DE SON PÈRE DÉBUT 2015, GIOVANNI FERRERO MET UN POINT D’HONNEUR SUR LES VALEURS DE FERRERO. QUELS SONT LES POINTS CLÉS DE VOTRE STRATÉGIE QUI ONT PERMIS À FERRERO DE CRÉER CETTE PROXIMITÉ LÉGENDAIRE AVEC LES CONSOMMATEURS ? Lors de notre développement, notre objectif était d’être “glocal”, une entreprise qui est à la fois mondiale et locale, qui se concentre sur son développement international sans perdre de vue ses relations avec les communautés locales. Le consommateur et ses besoins restent toujours au centre de notre stratégie. Notre mission est de satisfaire les consommateurs du monde entier avec des produits de confiseries. C’est simple : des produits de hautes qualités, une récompense émotionnelle et du plaisir. Nous travaillons dur chaque jour pour trouver et établir de nouvelles façons de renforcer le lien émotionnel avec nos consommateurs. Mais ce n’est pas si simple car chacun d’entre nous est différent : italiens, britanniques et français, chinois, latinos, les générations X et Y. Pour nous, l’innovation réside tout d’abord dans la capacité à écouter et à comprendre profondément tous nos consommateurs, leurs besoins, leurs souhaits et à faire évoluer continuellement nos marques mondiales. QUELS SONT LES HÉRITAGES MANAGÉRIAUX QUE VOUS A LAISSÉ VOTRE PÈRE, MICHELE FERRERO ? Quand mon père – Michele Ferrero – a pris la relève de l’entreprise de confiserie familiale après la mort de son oncle, il a écrit une lettre à ses employés – elle disait – « Je m’engage à consacrer toutes mes activités et tous mes efforts à cette entreprise. Et je vous assure que je ne serais satisfait que si je réussis, avec des résultats concrets, afin de garantir à vous et à vos enfants un futur sûr et tranquille. » C’est le meilleur moyen d’expliquer comment le groupe se sent aujourd’hui. Je pense que mon père était un grand interprète de ce siècle. La quintessence de l’esprit d’entreprise est de changer la réalité pour qu’elle rencontre les attentes. Pour faire cela, il est nécessaire d’avoir une vision propre. Néanmoins, l’action permet aux visions de devenir réalité. « Une vision sans action est une rêverie ; l’action sans vision est un cauchemar. » Bien sur, il a rendu l’impossible possible, l’impensable a pu devenir quelque chose à laquelle on peut maintenant penser.

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QUELS SONT LES LIENS QUI UNISSENT LE GROUPE FERRERO ET LE LUXEMBOURG ? Ferrero a ouvert son premier bureau au Luxembourg en 1973. Mais c’est seulement en 1998, avec la constitution de notre holding Ferrero International, que nous avons commencé à être présents au Luxembourg. Le Luxembourg a été un choix naturel pour nous, à cause de sa proximité avec l’Allemagne, la France et la Belgique, trois de nos principaux marchés de confiseries, et les sièges de trois de nos principales entreprises et usines. Ensuite, nous avons fait ce choix car vivre au Luxembourg est une expérience unique ; le pays, géographiquement situé au centre de l’Europe, est un mélange de paysages différents, de cultures, de populations et de nationalités différentes. Tous cela assemblé ensemble forme un mélange unique d’expatriés et de communautés locales, ce qui nous a permis de nous établir au Luxembourg avec un vrai enrichissement culturel. C’est la raison pour laquelle le Luxembourg est le siège de Ferrero International et qu’il accueille aujourd’hui plus de 800 managers Ferrero et employés, qui nous aident à garder nos marques populaires tout autour du monde.

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« UNE VISION SANS ACTION EST UNE RÊVERIE ; L’ACTION SANS VISION EST UN CAUCHEMAR. »

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GIOVANNI FERRERO, PDG DE FERRERO INTERNATIONAL

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BUSINESS

Victor Rockenbrod (Agence Immobilière Rockenbrod) :

IMMOBILIER RÉSIDENTIEL, LE BON MOMENT POUR ACHETER ? VICTOR ROCKENBROD DE L’AGENCE ÉPONYME, RÉPOND À NOS QUESTIONS CONCERNANT L’ÉVOLUTION RÉCENTE DU MARCHÉ ET LES NOUVELLES TENDANCES DE L’IMMOBILIER LUXEMBOURGEOIS. QUELLES SONT LES ÉVOLUTIONS RÉCENTES DU MARCHÉ IMMOBILIER RÉSIDENTIEL AU LUXEMBOURG ? Le monde change rapidement mais paradoxalement l’évolution du marché luxembourgeois reste assez régulière. Nous constatons que l’arrivée d’employés de sociétés internationales se poursuit et parallèlement, des ressortissants de différents pays souhaitent devenir résidents luxembourgeois, ce qui soutient le marché à la fois à la location et à la vente. Le marché a récemment vécu un changement de TVA de 3 % à 17 % sur les biens d’investissement neufs destinés à la location, mais les premières indications laissent présager que cette mesure ne devrait pas avoir un impact majeur à moyen terme. En quelques mots, je dirais du marché luxembourgeois qu’il est sain et qu’il évolue sereinement. Par rapport à d’autres capitales européennes, le prix du mètre carré au Luxembourg reste compétitif.

ne pense pas que des signes annoncent un renversement de cette tendance dans un avenir proche. D’autre part, le marché est soutenu par les investisseurs car au niveau des rendements locatifs, nous sommes largement au-dessus de ce que l’épargne laisse espérer. Néanmoins l’évolution de l’immobilier reste étroitement liée au développement de notre économie et de l’activité bancaire. Quant aux risques internationaux pour lesquels le Luxembourg ne peut pas influencer les événements, l’histoire montre qu’en cas d’instabilité, la pierre reste un investissement refuge assez sûr. Les fluctuations au Luxembourg ont toujours été très limitées par rapport à d’autres pays comme par exemple Outre-Manche.

Les nouveaux bureaux boulevard Royal.

COMMENT ÉVOLUE VOTRE SOCIÉTÉ ? Outre le déménagement de nos bureaux dans des locaux plus modernes et fonctionnels du 16 au 26A boulevard Royal, nous poursuivons notre développement sur des bases qui font notre force. D’un côté, nous nous appuyons sur une équipe compétente et fidèle dans nos différents services ; de l’autre, nous misons sur un large éventail de médias pour mieux servir nos clients. Nous continuons notamment à publier des annonces dans des quotidiens luxembourgeois. C’est un outil efficace pour attirer l’attention et renvoyer ensuite les intéressés vers une page internet ou un de nos conseillers. TOUT LE MONDE SE POSE UNE QUESTION : « EST-CE LE BON MOMENT POUR ACHETER AU LUXEMBOURG » À mes yeux, c’est clairement « oui ». D’une part, le niveau historiquement bas des taux d’intérêt facilite l’accès à la propriété. Cependant, l’offre reste limitée, même en temps de crise, en particulier pour des biens exceptionnels ou très bien placés. Je

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VICTOR ROCKENBROD

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« LE MARCHÉ A RÉCEMMENT VÉCU UN CHANGEMENT DE TVA DE 3 % À 17 % SUR LES BIENS D’INVESTISSEMENT NEUFS DESTINÉS À LA LOCATION. »


« NOUS EXERÇONS UNE PROFESSION QUI N’EST PAS RÉELLEMENT INDUSTRIALISABLE. »

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THIERRY GROSJEAN, PRÉSIDENT DE L’ALCO ET CEO DE CENTURIA CAPITAL LUXEMBOURG

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BUSINESS

Thierry Grosjean (ALCO) :

LES COMPLIANCE OFFICERS EN 2015 UNE INTERVIEW DE THIERRY GROSJEAN, LE PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION LUXEMBOURGEOISE DES COMPLIANCE OFFICERS.

QUELLES SONT VOS PRIORITÉS EN TANT NOUVEAU PRÉSIDENT DE L’ALCO ? Nous allons tout d’abord poursuivre nos activités phares mises en place par mes 2 prédécesseurs, Jean-Marie Legendre et Jean-Noël Lequeue : d’abord la formation et le partenariat avec l’IFBL sur les formations en compliance qui ont un fort succès à Luxembourg. Ensuite la publication de notre magazine – le Bulletin – sans oublier la poursuite des groupes de travail, tables rondes, assurance, questions-réponses des membres et autres. Mes ambitions s’articulent autour de 2 axes : 1. Faire reconnaître la certification “Compliance Officer” de manière officielle au Luxembourg car pour l’instant, si la formation est une obligation règlementaire, notre certification n’est qu’implicitement recommandée. 2. Promouvoir les partenariats avec des associations équivalentes en Europe. Nous devons identifier les plus représentatives. Cela servira à mieux faire connaître l’ALCO et la réalité du Luxembourg qui est l’un des leaders européens en matière de Compliance. QUELS SONT LES DÉFIS AUXQUELS LES COMPLIANCES OFFICERS SONT CONFRONTÉS AUJOURD’HUI ? Ils sont énormes et variables en fonction de la structure qui les emploient. Souvent débordés, ils ont besoin d’une équipe pour disposer de toutes les compétences. Les temps où il avait juste un rôle d’AML (Anti-blanchiment, ndlr), vérifiant l’identité des clients et l’origine des fonds sont révolus. Maintenant il se doit aussi d’évaluer les risques inhérents à chaque activité et mettre à jour ses connaissances par rapport à une réglementation qui évolue sans cesse. C’est pourquoi les budgets des départements dévolus à la Compliance des acteurs financiers de la Place sont en constante augmentation. In fine cette fonction est devenue incontournable et la pression qui l’accompagne

en est la preuve. La tentation est alors grande d’émettre un avis défavorable notamment sur des dossiers complexes, alors que chaque dossier se doit d’être traité suivant la même approche (basée sur le risque), sans a priori. COMMENT VOYEZ-VOUS ÉVOLUER LA PLACE FINANCIÈRE DE LUXEMBOURG EN GÉNÉRAL ET LE RÔLE DU COMPLIANCE OFFICER EN PARTICULIER ? Les deux sont liés. Le compliance officer est un atout car il permet d’assurer une bonne réputation à l’entreprise, ce qui facilite un bon développement commercial. Il incarne un rouage essentiel du bon fonctionnement de sa société, et lui permet de se prémunir au maximum des risques de réputation. C’est un peu le « Monsieur Qualité » de l’entreprise et c’est une fonction qui s’étend à différents secteurs d’activité. Et l’Alco a su anticiper ce phénomène en ouvrant ses portes à d’autres professionnels comme : les avocats, Sociétés de gestion, PSF spécialisés…, elle qui était surtout représentée jusqu’ici par le monde bancaire, de l’assurance ou encore des fonds. L’avenir du pays dépend essentiellement de la capacité des entreprises présentes ici financières ou non à intégrer l’ensemble de la règlementation en vigueur les concernant tout en continuant à se développer. Mais aussi pour le GrandDuché à s’ouvrir à de nouvelles formes d’activité comme ces nouvelles tendances de devises électroniques qu’il faudra impérativement réguler et pour lequel l’Alco a un vrai rôle à jouer.

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BUSINESS

Timothé Fuchs et Pierre-Yves Augsburger (Fuchs & Associés) :

LE LUXEMBOURG ET LA SUISSE, DEUX PLACES FINANCIÈRES DIFFÉRENTES MAIS COMPLÉMENTAIRES LA SUISSE ET LE LUXEMBOURG SONT DEUX PLACES FINANCIÈRES INTERNATIONALES DE RENOM SUR LE CONTINENT EUROPÉEN. CEPENDANT, LEURS ÉVOLUTIONS RESPECTIVES ONT ÉTÉ TRÈS DIFFÉRENTES CES DERNIÈRES ANNÉES. LE GROUPE FUCHS, PRÉSENT DANS CES DEUX PAYS, VOUS PROPOSE DE FAIRE RESSORTIR LES FORCES ET LES FAIBLESSES DE CES DEUX PLACES INTERNATIONALES QUI SE CLASSENT PARMI LE TOP 10 AU NIVEAU MONDIAL.

QUELLES SONT LES SPÉCIFICITÉS DE CES DEUX PLACES FINANCIÈRES? Tout d’abord, la Suisse avec ses 3 000 milliards d’actifs en gestion est une place financière de tradition, essentiellement tournée vers la clientèle privée internationale. Les compétences sont axées principalement sur la gestion de fortune. Alors que le Luxembourg est avant tout une place de d’administration, de domiciliation et de distribution internationale de fonds de placements, que ce soit de fonds UCITS ou de fonds alternatifs (AIF). Le volume de ces fonds a dépassé récemment les 3.500 milliards d’euros, ce qui fait de Luxembourg la 2e place mondiale. Par contre, la clientèle privée est dix fois moins importante qu’en Suisse. Luxembourg a su développer un réel savoir-faire ainsi qu’un cadre réglementaire adapté et résolument moderne. MONSIEUR AUGSBURGER, QUE POURRIEZ-VOUS ENCORE CITER COMME DIFFÉRENCES? La Suisse doit réinventer son modèle de Private Banking avec Fatca et la transparence fiscale au niveau des pays de l’OCDE.

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En un mot, passer de l’off-shore à l’on-shore ! Alors que le Luxembourg porte ses efforts depuis une dizaine d’années sur la clientèle on-shore européenne. Aujourd’hui la Suisse a besoin des compétences luxembourgeoises dans ce domaine pointu et réglementé, surtout que le Luxembourg dispose d’une véritable boîte à outils en termes de structuration patrimoniale. En fait, les deux places financières sont plutôt complémentaires. QUELS SONT LES CHALLENGES DE CES DEUX PLACES FINANCIÈRES? Selon Timothé Fuchs, le Luxembourg se doit d’attirer une clientèle plus fortunée (UHNWIs) et aussi plus diversifiée en terme géographique. Le challenge sera aussi de faire venir des talents, non pas seulement dans le domaine des fonds d’investissements, mais aussi dans celui de la gestion d’actifs si Luxembourg veut pérenniser cette activité. La Suisse doit, elle, réinventer son modèle commercial et ne plus «chasser en eaux troubles». Les autorités de tutelles et les direc-


« AUJOURD’HUI LA SUISSE A BESOIN DES COMPÉTENCES LUXEMBOURGEOISES. »

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TIMOTHÉ FUCHS, ADMINISTRATEUR

tions des banques et des tiers gérants ont déjà ce point en tête de leur agenda. Ce sera un challenge d’une génération entière. Relevons que Fuchs & Associés Finance SA a depuis sa création en 2000 axé son développement au départ de Luxembourg. Ce n’est que plus tard, en 2008 que la filiale suisse basée à Genève a vu le jour. Aujourd’hui le Groupe Fuchs peut tabler sur cette expérience et offrir des solutions pérennes tant à des clients privés qu’institutionnels à Genève ou à Luxembourg.

+ D’INFOS Pierre-Yves Augsburger, consultant sénior

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BUSINESS

Totalserve :

L’APPROCHE DIRECTE UNE INTERVIEW DE CHRISTIAN TAILLEUR, JAMES BODY ET KEIMPE REITSMA, DIRIGEANTS DE TOTALSERVE LUXEMBOURG.

POUVEZ-VOUS DÉCRIRE L’ACTIVITÉ DE VOTRE SOCIÉTÉ EN QUELQUES MOTS ? Le groupe Totalserve a été créé en 1972. C’est une des plus grandes fiduciaires à Chypre, avec des bureaux dans le monde entier. L’entité luxembourgeoise a ouvert ses activités le 1er janvier 2010 en tant que fiduciaire, membre de l’ordre des experts comptables offrant des services de domiciliation, de gestion, d’administration et de comptabilité. Cela dit, ce sont nos clients qui rendent notre business intéressant. Notre grande force, c’est que nous les connaissons très bien et que nous sommes en contact étroit avec eux pour fournir nos services en temps réel (y compris la comptabilité). Ils sont actifs dans toute l’Europe, notamment dans l’immobilier ou la propriété intellectuelle : quand un événement survient chez nos clients, cela se reflète immédiatement dans notre organisation et n’importe quelle requête est traitée dans la journée. C’est facile à dire, mais nous y parvenons en nous appuyant sur une approche très directe et sur une équipe compétente, fidèle et réactive. COMMENT ÉVOLUE VOTRE INDUSTRIE AU LUXEMBOURG ? Pour l’instant, la tendance la plus forte chez nos clients concerne le renforcement de leur présence au Grand-Duché. Nous avions jusqu’à présent 7 bureaux occupés par des clients, mais nous venons de prendre 9 bureaux supplémentaires sur le même niveau, qui sont déjà presque tous complets. Pour nous, c’est un moyen supplémentaire de créer

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de la valeur ajoutée : d’une part, le fait d’avoir nos clients à quelques mètres de nous permet de renforcer encore notre proximité et notre efficacité. D’autre part, l’écosystème créé par les différentes entités provoque des échanges et de nouvelles opportunités. La bonne nouvelle pour Luxembourg, c’est que cette tendance génère de nouveaux emplois. COMMENT IMAGINEZ-VOUS TOTALSERVE ÉVOLUER ? Le maître mot, c’est la croissance organique. Nous n’aspirons pas à racheter d’autres sociétés ou à être rachetés par le plus offrant. Les fusion-acquisitions se multiplient dans notre industrie, mais vous ne pouvez pas à la fois satisfaire des actionnaires en vous focalisant sur les profits trimestriels tout en proposant un service ultra personnalisé et une approche très directe. Dans quelques années, avec quelques employés et clients supplémentaires, notre ADN restera le même : servir nos clients en temps réel et prendre soin de nos employés. C’est une culture entrepreneuriale assez unique en son genre qui correspond tout à fait aux attentes de nombreux clients internationaux.

+ D’INFOS www.totalserve.eu www.myofficialstory.com/totalserve Luxembourg@lu.totalserve.eu


Christian Tailleur

Keimpe Reitsma

« NOUS SERVONS NOS CLIENTS EN TEMPS RÉEL. »

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James Body

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BUSINESS

Eric Crabié (Kurt Salmon) :

LES VERTUS DE LA TRANSPARENCE ERIC CRABIÉ, CEO DE KURT SALMON, ESTIME QUE LA RÉGLEMENTATION CONSTITUE UNE IMPORTANTE SOURCE DE CRÉATION DE VALEUR.

AEOI L’échange automatique d’information (AEOI) ressemble à priori uniquement à une contrainte qui oblige les banques à fournir aux autorités des informations sur les revenus de leurs clients. Dans le cas de Fatca par exemple, certains acteurs sont d’avis que le reporting au Trésor Américain est perçu plus comme une contrainte avec des coûts élevés de mise œuvre et un très faible retour sur investissement. Mais à y regarder de plus près, si la collecte des premières informations requière des investissements importants, l’extension de ce processus à un grand nombre de données ne génère quasiment pas de dépense supplémentaire et permet de créer de la valeur. Au lieu de collecter 20 données, la banque en cible 2 000 et crée un nouveau service tels que tax reclaim, tax relief, services d’agent payeur en prélevant notamment sur les dividendes les sommes à reverser au fisc ! ÉTUDE DE CAS Aujourd’hui, pour permettre à leurs clients de payer le montant fiscal le plus juste, les banques doivent intégrer toutes les règles du jeu et mettre en place des alertes pour les exploiter au mieux. Ainsi, un résident allemand détenteur de titres depuis 11 mois et 21 jours et qui souhaite vendre serait bien avisé d’attendre 10 jours de plus : la loi prévoit après cette période une exonération de taxe. Au Luxembourg, le délai est de 6 mois. Dans un autre registre, l’encadrement du paiement

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des rétrocessions (MifidII) impose aux banques privées de démontrer qu’elles apportent de la valeur dans le processus de sélection de fonds de tiers, notamment en mettant en exergue leur capacité à prendre en compte le profil de risque des clients. Dans les deux cas, la mise en place d’un outil de simulation fiscale permet de satisfaire à la fois les clients et les obligations réglementaires. VERS UN MONDE TRANSPARENT La mutation vers un monde transparent passe par 3 idées


« LES BANQUES DOIVENT PASSER D’UNE LOGIQUE “PRODUIT” À UNE LOGIQUE ”CONSEIL”. »

novatrices pour les banques : 1. Ne pas subir la réglementation. 2. Offrir des prestations fiscales en passant d’une logique “produit” à une logique “conseil”. Plutôt que de chercher à attirer les très gros clients (HNWI, ndlr) qui ne sont pas les plus rentables, les banques doivent aujourd’hui identifier les “petits” clients à fort potentiel, et les accompagner sur le long terme. 3. Mettre en place une cohérence entre les données fournies aux autorités et celles fournies au client. Kurt Salmon a développé un service “analytics” permettant une collecte des données et la création d’une corrélation entre

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ERIC CRABIÉ, PDG DE KURT SALMON

des informations pas forcément connectées. Ces techniques viennent de la grande distribution et sont déjà utilisées dans la banque de détail, mais leur mise en place dans la banque privée marque l’entrée dans une nouvelle ère.

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/ericcrabie www.kurtsalmon.com

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BUSINESS

Jean-Noël Lequeue (ICE) :

LA COMPLIANCE À TRAVERS LES FRONTIÈRES ICE S’ALLIE À 99 ADVISORY POUR DEVENIR UN ACTEUR DE LA COMPLIANCE TOURNÉ VERS L’INTERNATIONAL. UNE INTERVIEW DE JEAN-NOËL LEQUEUE.

POUVEZ-VOUS DÉCRIRE LE MÉTIER DE VOTRE SOCIÉTÉ ? Nous sommes spécialisés dans le contrôle interne et particulièrement dans l’audit, la compliance et le risk management. Nous accompagnons des sociétés luxembourgeoises, de la création du dossier d’agrément pour la CSSF, à la sous-traitance totale quand cela estpermis. Nos clients aujourd’hui sont principalement des PSF ou des sociétés de gestion, ce qui implique de suivre les réglementations au jour le jour. La prochaine grande réglementation concerne par exemple le respect de la vie privée. Nous savons déjà qu’il y aura des liens avec notre activité. La veille réglementaire nous permet donc d’anticiper pour déterminer si nos clients vont être impactés et de quelle

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manière. Nous pouvons ensuite actualiser les procédures existantes dans ces entreprises ou en créer de nouvelles. VOUS VOUS ÊTES RÉCEMMENT ASSOCIÉ À 99 ADVISORY. POURQUOI ? Il y avait plusieurs options : soit s’inscrire comme un des grands acteurs de la place, soit se diversifier, ou enfin, s’orienter vers l’international. Nous avons opté pour cette dernière option. J’ai rencontré un entrepreneur français qui connaissait un certain succès depuis quelques années. Son entreprise avait une philosophie très semblable à la nôtre : fournir un service professionnel à des acteurs qui ne souhaitent pas forcément s’adresser aux grands de la place. Notre but est de satisfaire nos clients


« NOTRE BUT EST DE SATISFAIRE À LA FOIS NOS CLIENTS ACTUELS ET ÉGALEMENT DE DÉVELOPPER NOTRE CLIENTÈLE INTERNATIONALE. »

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JEAN-NOËL LEQUEUE, PDG DE ICE

actuels, tout en développant notre clientèle internationale en cernant parfaitement les régulations françaises, belges et suisses. Nous souhaitons à moyen terme trouver un partenaire en Grande-Bretagne qui nous permettra de répondre à toutes les demandes de l’industrie des fonds d’investissement. QUELLE EST VOTRE ANALYSE DE LA COMPLIANCE AU LUXEMBOURG ? Le nombre de réglementations dans le secteur de la finance ne cesse d’augmenter. D’une part parce que le parlement européen veut sévir suite à la crise financière. D’autre part, parce que le G20 et le GAFI intensifient leur lutte contre le blanchiment. Être compliance officer est de plus en plus complexe

car une personne seule peut difficilement absorber tous ces changements. De plus, il s’agit de plus en plus de règlements et non plus de directives. Du coup, la tendance est à la spécialisation. Aujourd’hui, même la CSSF est contrôlée par des équivalents internationaux. Malgré sa complexité, c’est un métier qui m’apporte une grande satisfaction, puisque nous créons une réelle valeur ajoutée chez nos clients.

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Nicolas Xanthopoulos (Alpha FMC) :

RENFORCER LA PROXIMITÉ DANS L’INDUSTRIE DES FONDS L’OPTIMISME EST AU CŒUR DE LA DISCUSSION AVEC NICOLAS XANTHOPOULOS, CEO DE ALPHA FMC LUXEMBOURG. RENCONTRE.

QUEL EST LE MÉTIER DE ALPHA FMC ? Nous sommes une société de conseil en management focalisée sur l’industrie des fonds d’investissement. La maison mère a été créée en 2003 à Londres. Luxembourg est ensuite le premier bureau à avoir ouvert, ont suivi Paris, New-York et les Pays-Bas. Le but est d’être présent sur les centres opérationnels de nos clients à travers le monde. Nous travaillons avec les plus grands asset managers, administrateurs de fonds mais également pour le compte des directeurs indépendants de fonds. Le groupe compte 130 personnes dont 120 sont sur le terrain. Nous travaillons sur 3 axes : le conseil en stratégie, la gestion des projets de nos clients et le Benchmarking. Ce dernier permet aux asset managers de vérifier que les frais supportés par leurs fonds pour l’administration de leurs opérations sont en lien avec les pratiques du marché. Nous étudions les détails quantitatifs et qualitatifs du contrat et comparons avec notre base de données, le tout en 5 semaines. Au travers du Benchmarking, nous souhaitons démontrer notre connaissance du marché et démarrer de nouvelles collaborations en bousculant un peu le marché traditionnel luxembourgeois. QUELLES SONT LES CLÉS DU SUCCÈS ? Le gros de notre activité est à Londres mais nous avons décidé de miser sur le Luxembourg et ainsi renforcer cette proximité avec notre clientèle. Pour cela, le recrutement est la clé du succès. Il faut savoir être difficile. Nous avons prévu de doubler nos effectifs luxembourgeois d’ici 2 ans, ainsi que notre chiffre d’affaires. Nous appliquons une politique

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de recrutement très stricte : l’année dernière pour 80 CV reçus, nous avons réalisé 36 entretiens préliminaires qui ont abouti à une sélection de 6 personnes que nous avons envoyées à Londres. Après cette dernière étape 4 candidats se sont vus proposer un contrat. Au final, seules 3 personnes nous ont rejoint sur les 80. Nous sommes dans une phase de croissance importante. L’équipe actuelle est constituée de 8 personnes, souvent des anciens des « big four ». Les retours des clients sont excellents et nos consultants sont très demandés. En 3 ans, nous sommes passés de 2 à plus de 20 clients au Luxembourg. Nous restons très focalisés sur les coûts et sur la qualité de nos prestations. QUELS SONT LES PROJETS ? Au départ spécialisé dans le « financial markets consulting », nous avons décidé de créer une nouvelle ligne de services orientée sur les technologies. L’idée est venue du fait que lorsque nous faisions une mission d’implémentation de systèmes, nous déléguions le volet relatif aux technologies. Nous avons également pour ambition d’ouvrir un bureau à Singapour dans les prochains mois et étendre notre présence en Europe. En ce qui nous concerne au Luxembourg, nous déménageons en septembre dans de nouveaux locaux.

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« NOUS SOUHAITONS DÉMONTRER NOTRE CONNAISSANCE DU MARCHÉ AUX ASSET MANAGERS. »

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NICOLAS XANTHOPOULOS, PDG DE ALPHA FMC LUXEMBOURG

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BUSINESS

Serge Thill (Accompany) :

L’AVANTAGE COMPÉTITIF DU CAPITAL HUMAIN LA CULTURE D’ENTREPRISE EST AU CŒUR DES PRÉOCCUPATIONS DES SOCIÉTÉS EUROPÉENNES : ACCOMPANY PERMET AUX DIRIGEANTS D’HARMONISER LES VALEURS AU SEIN DE LEUR FIRME.

COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS LES ACTIVITÉS DE VOTRE SOCIÉTÉ ? Notre métier est d’accompagner les entreprises et à développer le capital humain, principalement sur deux axes. La culture et les compétences de leadership. D’une part, nous analysons : l’intérêt de l’entreprise, la motivation des employés, les besoins des clients. D’autre part, nous cocréons avec les entreprises des solutions sur mesure : la communication interne, la mission et la vision de l’entreprise. Nous échangeons en profondeur avec nos clients dans le but de mieux cerner leur culture. Nous mettons en évidence : la culture que l’entreprise tente de transmettre, celle ressentie par les employés et celle qu’ils souhaitent. Notre logiciel « Cultural Transformation Tools » créé par le Values Centre de Richard Barrett, interroge et analyse les réponses et nous inspire beaucoup. Nous délivrons ensuite un rapport détaillé qui croise les données et c’est là que la co-création commence. QUELS SONT LES PARTICULARITÉS ET LES BESOINS DU MARCHÉ LUXEMBOURGEOIS ? Au Luxembourg comme ailleurs, les entreprises fonctionnent encore souvent suivant une certaine philosophie, qui est enseignée depuis plus de 50 ans en université. J’aime l’appeler le jeu des garçons : être toujours le plus fort, courir tou-

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jours plus vite, sauter toujours plus haut. Mais il s’agit d’une culture individualiste et destructive. Notre but est de nuancer cela, en incluant le jeu féminin également. Nous proposons un style de management scientifique et concret. Nous vivons une période où l’on pense que tout est mesurable, mais les chiffres ne nous permettent pas de tout éclaircir. Le profit des entreprises n’est pas la seule chose qui attire. Regardez Steve Jobs, il aimait l’argent, certes, mais c’est l’innovation qui le passionnait. Nous travaillons par exemple avec Airbus et les employés se lèvent chaque matin pleins d’enthousiasme à l’idée de fabriquer des avions qui transportent des


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« LES CHIFFRES NE PERMETTENT PAS DE TOUT COMPRENDRE. » SERGE THILL, ACCOMPANY

millions de passagers en sécurité, pas parce qu’ils donnent de l’argent aux actionnaires ! QUELLES SONT LES CLÉS POUR RÉUSSIR DANS VOTRE DOMAINE ? Le contact et la confiance que nous inspirons aux dirigeants des entreprises. C’est le numéro 1 que nous devons convaincre. Le changement comporte toujours un risque, et les effets bénéfiques de notre intervention demandent un temps raisonnable avant de se refléter dans des résultats numériques. Le changement doit venir d’en haut pour

permettre aux autres de s’impliquer. Nous organisons des workshops où tous peuvent donner leur avis, partager leur expérience. Il s’agit d’encourager les convaincus et de persuader les sceptiques. La clé est la communication, interne et externe.

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/sergethill www.accompany.lu

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BUSINESS

Gary Coppers (BCD Travel) :

SUCCESS STORY DU VOYAGE D’AFFAIRES EN 2014, BCD TRAVEL REMPORTAIT L’APPEL D’OFFRES DE LA BANQUE EUROPÉENNE D’INVESTISSEMENT. GARY COPPERS - COMMERCIAL & OPERATIONAL MANAGER LUXEMBOURG - NOUS CONFIE LES CLÉS DE CETTE SUCCESS STORY. QUEL EST VOTRE PARCOURS EN QUELQUES MOTS ? Pour résumer mon parcours, j’ai découvert le plaisir du voyage et du tourisme dès l’âge de 16 ans. Dans cette continuité, j’ai obtenu un diplôme en tourisme, puis j’ai commencé à travailler dans une agence de taille moyenne, près de Bruxelles. De fil en aiguille, je suis devenu copropriétaire de l’agence. Nous avons vendu l’agence à VIP Travel, qui est elle-même devenue BCD Travel à la suite d’une fusion. Je n’ai jamais changé de société, c’est la société qui a changé de nom. Depuis Bruxelles, je suis venu au Luxembourg pour l’implantation de la nouvelle agence. J’ai eu l’occasion de devenir par la suite, Commercial & Operational Manager à Luxembourg. QUELLES SONT LES TENDANCES QUI MARQUENT LES VOYAGES D’AFFAIRES ? De manière générale, le voyageur revient au centre des préoccupations car il est le réel moteur d’un programme de voyages d’affaires réussi. Avec nos solutions et nos services, nous aidons les entreprises à continuer de rationaliser les coûts de leurs voyages d’affaires, sans sacrifier pour autant le service et la sécurité de leurs voyageurs. Nous ne limitons pas nos services à la simple réservation de voyages, nous aidons nos clients à y voir plus clair et à anticiper. En matière de sécurité par exemple : on constate un pic des questions concernant les programmes de gestion des risques lorsqu’il y a des attentats, un accident majeur, ou

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« NOTRE FLEXIBILITÉ ET NOTRE VISION NOUS ONT PERMIS DE DEVENIR LES LEADERS SUR LE MARCHÉ LUXEMBOURGEOIS. »

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GARY COPPERS, COMMERCIAL & OPERATIONAL MANAGER LUXEMBOURG BCD TRAVEL

une catastrophe climatique, puis la demande revient subitement à la normale. BCD Travel met au point des programmes de gestion des risques pour répondre aux besoins des entreprises en la matière et leur permettre de réagir proactivement lors de catastrophes. L’avènement de la sharing economy est un autre exemple : les voyageurs utilisent déjà les Airbnb et les Uber du marché et souhaitent faire de même en voyage d’affaires. Nombreux sont les responsables de voyage qui hésitent à réévaluer leur politique pour en tenir compte. BCD Travel aide les responsables de voyage à peser le pour et le contre et déterminer la bonne approche à adopter pour leur programme. COMMENT TRADUISEZ-VOUS CES TENDANCES DANS LA PRATIQUE ? Les investissements réalisés en interne pour développer des outils font notre force : nous sommes les seuls à investir autant sur le marché luxembourgeois des TMC (Travel Management Companies). Les outils de reporting comme « DecisionSource » et les analyses de notre branche consultance Advito ont une grande valeur ajoutée pour les entreprises, qui font usage de leur propre business intelligence. Pour favoriser l’engagement des voyageurs, nous avons par exemple lancé avec succès

notre application mobile « TripSource », qui permet d’accéder sur smartphone à toutes les informations essentielles et qui permet à l’entreprise de communiquer au moyen d’alertes. En matière de gestion des risques, nous proposons « Travel Risk Management », qui permet de localiser les voyageurs et leur proposer des solutions en temps réel. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles la Banque européenne d’investissement nous a confié la gestion de ses déplacements. Notre flexibilité plaît. Nous n’avons pas la prétention de faire entrer les entreprises dans des modèles prédéfinis, nous nous adaptons aux demandes. Le marché luxembourgeois est en pleine mutation et nous sommes positionnés idéalement pour aider les entreprises à passer à une forme moderne de gestion des voyages d’affaires. Et c’est ce qui nous a permis de devenir les leaders sur le marché luxembourgeois.

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/garycoppers www.bcdtravel.lu www.advito.com

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« NOTRE OBJECTIF EST DE DEVENIR L’INFRASTRUCTURE UNIQUE ET GLOBALE POUR LA DISTRIBUTION TRANSFRONTALIÈRE DES FONDS D’INVESTISSEMENT. » DOMINIQUE VALSCHAERTS, PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL DE FUNDSQUARE


FINTECH

Dominique Valschaerts (Fundsquare) :

L’INNOVATION AU CARRÉ PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL DE FUNDSQUARE, DOMINIQUE VALSCHAERTS RÉPOND À NOS QUESTIONS SUR LE FONCTIONNEMENT DE CETTE PLATEFORME COLLABORATIVE DE MARCHÉ. POUVEZ-VOUS DÉCRIRE LES ACTIVITÉS DE FUNDSQUARE EN QUELQUES MOTS ? Fundsquare a été créée en juin 2013 par la bourse de Luxembourg qui en est l’actionnaire unique. Il s’agit d’une infrastructure collaborative de marché qui intègre différents acteurs auxquels nous fournissons des services pour leur permettre de réagir face aux nouvelles réglementations. Fundsquare se positionne comme facilitateur de la distribution transfrontalière des fonds. Nous fédérons les acteurs de l’industrie des fonds autour d’une plateforme collaborative, en fournissant une solution simple et rapide aux problèmes complexes des sociétés de gestion. Tous les acteurs peuvent échanger des informations et des ordres sur notre plateforme. Nous facilitons l’enregistrement des fonds auprès de la CSSF, le reporting, le service d’information aux actionnaires et les services de gestion d’ordres. Notre ambition est de devenir l’unique infrastructure qui facilite la distribution transfrontalière des fonds en standardisant les processus et en offrant de nouveaux services aux acheteurs de fonds. Si nous réussissons, nous renforcerons la position du Luxembourg en tant qu’infrastructure incontournable pour les fonds au niveau international. QUELLE IMPORTANCE L’ASIE EN GÉNÉRAL ET LA CHINE EN PARTICULIER JOUENT-IL DANS VOTRE STRATÉGIE INTERNATIONALE ? Pour beaucoup d’acteurs, la Chine est le marché qui connaît la plus forte croissance. Elle est dotée d’une “économie résiliente” avec une croissance régulière et forte. Les actifs sous gestions ne cessent de croître en Orient et attirent l’attention des assets managers internationaux. Les fonds UCITS – une spécialité luxembourgeoise – sont largement distribués en Asie notamment à Singapour, Hong-Kong, Macao et Taiwan. En termes de projets futurs, nous sommes sur le point d’activer une connexion entre notre infrastructure et la plateforme HKMA (Hong Kong Monetary Authority) qui facilitera la distribution des fonds, entre Hong-Kong et le Luxembourg. Ce lien permettra l’acheminement aisé d’ordres de souscription et de rachat de fonds, dans les deux sens.

COMMENT LES FINTECH PEUVENT IMPACTER LE LUXEMBOURG ET L’INDUSTRIE DES FONDS D’INVESTISSEMENTS? Par FinTech, on entend les technologies associées aux services financiers, qu’elles soient à destination des particuliers (B to C) ou des entreprises (B to B). Une vaste notion qui regroupe des firmes ou des start-ups qui misent sur la collaboration, la simplification, la transparence accrue et la démocratisation des services financiers permises par le développement du digital. Toutes ces entreprises ont un point commun : la volonté de bousculer le secteur bancaire et financier à coup d’innovations technologiques. L’intérêt du Luxembourg pour les FinTech est une excellente chose. Vu l’importance de la place financière et du secteur des fonds d’investissement, en particulier, le Luxembourg paraît tout à fait légitime à alimenter la réflexion sur ce thème et de suivre les évolutions en la matière afin de pouvoir s’y adapter rapidement. Dans le domaine technologique, l’industrie de l’asset management (« operates low-tech infrastructure ») reste en retard par rapport aux autres secteurs du monde financier : beaucoup d’ordres sont encore traités manuellement et transmis par Fax, notamment, les ordres en provenance du marché asiatique. Comme pour les banques et le secteur financier en générale, l’industrie de l’asset management sera soumise à l’avenir à la revolution dictée par les FinTech. Mais les capacités des sociétés de gestion pourraient dans le même temps s’en trouver renforcées car les FinTechs créent un écosystème autour d’elles et poussent à une réorganisation totale de la relation avec les clients finaux. Les Fintech devraient permettre à l’asset management de rentrer dans le 21e siècle tout en permettant aux jeunes générations de s’intéresser à l’achat de parts de fonds. Fundsquare jouera un rôle important au sein de cet écosystème, grâce à son positionnement de hub d’échange d’information. Elle facilitera le dialogue entre les nouvelles technologies propulsées par les FinTech et les modèles organisationnels traditionnels utilisés dans l’administration et la distribution des fonds d’investissement.

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/dominiquevalschaerts www.fundsquare.net

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FINTECH

Stéphane Ries (LuxTrust) :

SÉCURITÉ CONNECTÉE STÉPHANE RIES, DIRECTEUR GENERAL LUXTRUST RÉPOND À NOS QUESTIONS EN TERME DE SÉCURITÉ BANCAIRE. COMMENT FONCTIONNE LE TOKEN ET À QUOI SERT-IL ? Le Token LuxTrust permet à chacun de profiter d’un haut niveau de sécurité pour ses transactions en ligne, peu importe où l’utilisateur se trouve, depuis n’importe quel ordinateur ou tablette, sans devoir installer de logiciel spécifique. Le Token est un dispositif électronique ayant la forme d’un petit boîtier avec écran et bouton poussoir. Pressez sur le bouton et un code numérique à usage unique est généré, il est souvent appelé le One Time Password (OTP). À l’aide de ce code OTP à six chiffres, d’un nom d’utilisateur et d’un mot de passe, il est possible de s’authentifier pour l’utilisation d’applications en ligne et de réaliser des opérations de signature. Les trois informations, que l’utilisateur saisit, doivent être correctes. Cela permet à celui-ci d’accéder à distance aux informations contenues dans son certificat électronique, stockées sur un serveur central, sécurisé et protégé par LuxTrust. À l’aide des informations contenues dans un certificat

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Stéphane Ries Directeur Général Luxtrust

électronique LuxTrust, un utilisateur peut s’authentifier, c’est-àdire apporter la preuve de son identité en ligne avant d’accéder à une source d’information ou un service, comme une application étatique ou encore un service d’e-banking. Un utilisateur, à l’aide de son certificat, peut également opérer une vraie signature électronique qui sera considérée comme un élément de preuve par un juge de la même façon qu’une signature manuscrite. COMMENT LUXTRUST PEUT-ELLE GARANTIR UNE « VRAIE » SIGNATURE ÉLECTRONIQUE LÉGALE ? Lorsque nous parlons de LuxTrust, nous pensons naturellement au Token. LuxTrust est cependant bien plus qu’un fournisseur de certificat lié à un Token. LuxTrust est une autorité de certification qui délivre des services de confiance centrés sur l’identité numérique des personnes et des entreprises, tels que l’authentification, le service de signature électronique, le service d’horodatage certifié, etc. Tous ces services répondent aux exigences du nouveau Règlement Européen établissant un cadre juridique ainsi que des règles applicables aux moyens d’identification électronique et des services de confiance. Cela vous garantit que le service de signature de LuxTrust crée de « vraies » signatures électroniques légales. COMMENT VOYEZ-VOUS ÉVOLUER LA SÉCURITÉ BANCAIRE EN GÉNÉRAL DANS LES 5 PROCHAINES ANNÉES ? Depuis quelques mois à Luxembourg, nous observons un changement de comportement concernant la sécurité : les banques ont mené une campagne de sensibilisation en 2014 et équipent tous leurs clients d’un Token afin que l’identité de ceux-ci soit toujours prouvée avant la réalisation des transactions bancaires jugées à risque. Certaines banques demandent également de signer certaines transactions. Ce changement de comportement semble être en ligne avec les recommandations de l’Autorité bancaire européenne, qui a défini des exigences en matière de sécurité pour les paiements électroniques au sein de l’Union Européenne. À ce jour, nous comptons près de 300 000 clients équipés.

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/luxtrust www.luxtrust.lu

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Marco Houwen (Lu-Cix A.S.B.L.) :

PAROLE D’ENTREPRENEUR ! INTERVIEW AVEC L’AMBITIEUX MARCO HOUWEN, QUI S’INTÉRESSE AUX DIFFÉRENTS AXES DE L’ENTREPRENARIAT. RENCONTRE.

VOUS VENEZ DE PASSER LE RELAIS DANS LA GESTION QUOTIDIENNE DE LUXCLOUD. QUELS NOUVEAUX PROJETS OCCUPENT DÉSORMAIS TOUT VOTRE TEMPS ? Je me suis lancé un nouveau défi qui trouve en partie ses racines dans mes deux passions : la promotion du Luxembourg dans le monde de l’Internet et les modèles ayant un potentiel “révolutionnaire”. Dans cette optique, j’ai créé la société BHS Services avec mes associés Xavier Buck et Jean-Louis Schiltz. BHS Services supporte des sociétés du monde de la Fintech et plus particulièrement des sociétés de virtual currencies dans un cadre régulatoire et dans l’environnement d’ICT lors de leur implémentation au Luxembourg. De plus, nous accompagnons des start-up à plusieurs niveaux : la conception du Business model, la création de revenu et dans leur quête de marchés internationaux. EN TANT QUE SERIAL ENTREPRENEUR LUXEMBOURGEOIS, QUEL EST VOTRE ANALYSE DE L’ENTREPRENEURIAT AU LUXEMBOURG? L’entrepreneuriat au Luxembourg n’est pas si développé que nous l’aimerions. Les raisons sont multiples et se trouvent dans une multitude de facteurs, comme par exemple la sensibilisation dès le plus jeune âge ou la peur de prendre des risques. Cependant, nous voyons beaucoup de jeunes se lancer des défis entrepreneuriaux ces dernières années. Je suis d’avis que nous sommes sur la bonne voie mais qu’il reste encore du tra-

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EN TANT QUE PRÉSIDENT DE LU-CIX A.S.B.L., QUELLES SONT VOS PRIORITÉS ACTUELLES ? Les priorités pour LU-CIX sont d’un côté de continuer à faire la promotion du ICT hub au Luxembourg, de supporter ses membres dans leur quête d’optimisation des voies de communications Internet et enfin, d’optimiser nos capacités techniques au niveau de notre point d’échange. Dans le cadre de notre évènement « Luxembourg Internet Days », nos efforts s’inscrivent parfaitement dans la logique de promotion de Luxembourg. Les « Luxembourg Internet Days » ont comme vocation d’informer un public averti, intéressé, international et national sur les différents aspects de l’Internet allant du Cloud par le Fintech à la sécurité dans l’Internet.

« NOUS SOMMES SUR LA BONNE VOIE, MAIS IL RESTE BEAUCOUP DE TRAVAIL. » MARCO HOUWEN, PRÉSIDENT DE LU-CIX A.S.B.L. vail. Nous devons surtout trouver des solutions de financement adéquates aux différents stades des projets entrepreneuriaux. Il y aussi un manque de mentoring et de coaching de ces sociétés et la promotion du Luxembourg comme une start-up nation est trop discrète.

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/marcohouwen www.lu-cix.lu

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FINTECH

Edouard Wangen (LuxConnect) :

CONNECTER LES ENTREPRENEURS UNE INTERVIEW D’EDOUARD WANGEN, PDG DE LUXCONNECT.

QU’EST-CE QUE LE LUXEMBOURG ET LUXCONNECT OFFRENT POUR ATTIRER LES ENTREPRENEURS INTERNATIONAUX ? Le climat économique, légal et fiscal est un atout de taille, qui, combiné à une main d’œuvre douée et multi lingual, assure une performance aux entrepreneurs. Le Luxembourg attire les entrepreneurs internationaux grâce à son réseau électrique fiable et sa présence abondante d’opérateurs et d’intégrateurs nationaux et internationaux. LuxConnect attire les entrepreneurs internationaux grâce à ses centres de données « State-of-the-art » Tier 2 and Tier 4 ainsi que la professionnalité de ses équipes, leur flexibilité et leur orientation vers la clientèle. QUELLES SONT LES ENTREPRISES INTERNATIONALES UTILISANT L’INFRASTRUCTURE IT LUXEMBOURGEOISE ? Les entreprises internationales utilisant l’infrastructure IT Luxembourgeoise sont entre autres : SES, INTELSAT, PAYPAL, DIGICASH, PAYCASH, FLASHIZ, RTL GROUP,

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« LE LUXEMBOURG ATTIRE LES ENTREPRENEURS INTERNATIONAUX GRÂCE À SON RÉSEAU ÉLECTRIQUE FIABLE ET SA PRÉSENCE ABONDANTE DES OPÉRATEURS ET INTÉGRATEURS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX. » EDOUARD WANGEN, PDG LUXCONNECT JOIN, ROAMSYS, TIGO, SKYPE, VODAFONE, INNOVA, NEXON, iTUNES, VALVE, HUAWEI, EBAY, EURODNS, MEGA, AMAZON.COM… j’en oublie sans doute. COMMENT VOYEZ-VOUS LE FUTUR DE LUXCONNECT ET DU LUXEMBOURG DANS LE DOMAINE DE L’INFORMATIQUE ? Le Luxembourg a tous les atouts pour que le succès évident du nouveau pilier économique, qu’est le ICT, continue pendant de longues années. Le Luxembourg est une place forte dans l’ICT de par sa position géographique stratégique en Europe combinée à un environnement économique favorable et stable. On observe aussi un effet de boule de neige, engendré par les sociétés connues qui sont déjà sur place.

LuxConnect continuera à supporter le gouvernement dans sa stratégie de positionner le Luxembourg comme pays incontournable dans le choix d’une entreprise ICT ou du commerce électronique voulant s’établir en Europe. Pour ce faire, LuxConnect doit dans le futur, continuer à développer son réseau backbone de fibres noires, la qualité et l’espace des centres de données, ainsi que tout outil nécessaire à pallier à un éventuel déficit du pays en matière d’ICT.

+ D’INFOS www.luxconnect.lu www.myofficialstory.com/edouardwangen

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FINTECH

Jean-Pierre Schmit (Jemmic) :

À LA CONQUÊTE DU LUXEMBOURG APRÈS AVOIR FAIT SES PREUVES EN SUISSE, L’INNOVANTE ENTREPRISE JEMMIC SE DÉVELOPPE AU LUXEMBOURG POUR AIDER LES BANQUES À FAIRE FACE AUX CONCURRENTS DISRUPTIFS.

QUELLE EST L’ACTIVITÉ DE JEMMIC ? Notre activité primaire est le développement d’interfaces Web et Mobiles intuitives et sécurisées, essentiellement pour des banques qui souhaitent offrir à leurs clients un accès à l’intégralité de leurs services en ligne, 24/7. La réutilisation standardisée de notre framework de développement, régulièrement audité par nos clients, résulte en un time-tomarket très court pour le client ainsi que en des coûts très attractifs : dans beaucoup de cas, la banque peut avoir avec nous un développement sur-mesure au tarif d’une application standard offerte par un éditeur. Ensuite nous protégeons des applications tierces comme des applications internet banking existants avec notre plateforme d’authentification forte et de vérification de transactions. Nous avons réalisé plusieurs grands projets dont une plateforme d’échange d’informations structurés pour le financement de négoce de matières premières (Trade Finance) et comptons actuellement plus de 30 banques Suisses comme clients. QUELLE EST VOTRE PHILOSOPHIE DANS LES AFFAIRES ? Tout d’abord, nous misons toujours sur le long terme avec nos clients, en établissant une relation de partenariat et de confiance au lieu d’une simple relation client-fournisseur. Notre principal objectif est toujours que l’objectif business du client est atteint, et non seulement des objectifs techniques, ceci en comprenant son activité business et en anticipant ses besoins. Ensuite, la composante humaine est essentielle : la qualité des produits et services est toujours dépendante de la qualité de l’équipe, et de chaque individu à l’intérieur d’une entreprise. Enfin, l’aspect entrepreneurial me tient à cœur. Je trouve qu’il n’est pas encore assez développé au Luxembourg, et que chacun devrait y mettre du sien, ceci à tous les niveaux : l’éducation, le support de la créativité dans son entourage, la création en elle-même ainsi que le financement, aussi par des particuliers. Ceci changerait aussi la perception du patron d’entreprise : dans d’autres pays, il est

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perçu comme celui qui nourrit les gens, et moins comme le presseur de citron comme ici au Luxembourg. EN DEHORS DE CET ASPECT ENTREPRENEURIAL, QUELLE DIFFÉRENCE VOYEZ-VOUS ENTRE LE MARCHÉ SUISSE ET LE MARCHÉ LUXEMBOURGEOIS ? D’abord, en Suisse les gens peuvent faire beaucoup plus d’opérations bancaires en ligne, chez certaines banques cela va jusqu’au crédit hypothécaire. Puis, la tendance est à l’harmonisation : les apps mobiles sont remplacés de plus en plus sites « responsive design » – ou cross plateformes – qui vont pouvoir se décliner sur mobile ou sur tablette et ce, sans problème de compatibilité. Beaucoup de banques cherchent la standardisation de leur informatique et s’allient entre elles pour former des communautés qui financent ensemble de gros logiciels, moyennant des lignes budgétaires qui restent maitrisables pour chaque banque. Ainsi, les efforts de l’intégralité du cycle de vie de l’application sont mutualisés, y compris la spécification, l’implémentation, le testing et la maintenance. Et c’est entre autres avec cette démarche que nous comptons trouver notre clientèle au Luxembourg.

« NOUS VISONS TOUJOURS À ÉTABLIR UNE RELATION DE PARTENARIAT À LONG TERME ET DE CONFIANCE AU LIEU D’UNE SIMPLE RELATION CLIENTFOURNISSEUR. » JEAN-PIERRE SCHMIT, FOUNDER & CEO DE JEMMIC

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FINTECH

MANGOPAY DÉCROCHE LA CAGNOTTE FONDÉE PAR CÉLINE LAZORTHES, LA SOCIÉTÉ LEETCHI A LANCÉ EN 2013 UNE SOLUTION DE PAIEMENT CLEF EN MAIN BAPTISÉE MANGOPAY. DISPONIBLE PARTOUT EN EUROPE, LE CONCEPT A DÉJÀ CONQUIS DE NOMBREUX CLIENTS. UNE RÉVOLUTION DIGITALE QUI NE COMPTE PAS S’ARRÊTER LÀ… AU COMMENCEMENT ÉTAIT CÉLINE LAZORTHES À 32 ans, Céline Lazorthes est l’une des rares femmes à tirer son épingle du jeu dans le milieu très fermé des nouvelles technologies. Au Panthéon 2.0, la jeune entrepreneuse s’est distinguée en créant Leetchi, aujourd’hui leader du paiement communautaire en Europe. Fille de médecins, Céline Lazorthes entame une prépa scientifique avant d’opter pour un DESS Internet et gestion des médias. Elle intégrera par la suite HEC. C’est en organisant un week-end d’intégration au sein de la prestigieuse école qu’elle a l’idée de fonder Leetchi. Une cagnotte en ligne pour collecter et gérer de l’argent entre plusieurs personnes. Loin d’être rassasiée, la golden girl lance MangoPay en 2013. Imaginée et développée par les experts en monétique de Leetchi, la solution MangoPay ne tarde pas à faire le buzz. L’INNOVATION EN TOUTE SIMPLICITÉ MangoPay s’adresse principalement aux marketplaces et aux acteurs de la consommation collaborative. Flexible et facile à intégrer, cette technologie de paiement à des tiers est une petite révolution dans l’univers de l’économie digitale. En souscrivant à l’offre MangoPay, les clients ont ainsi la possibilité de gérer tous les flux monétiques de leur plateforme. La solution intègre des fonctionnalités adaptées aux besoins du crowdfunding : Visa/MasterCard, moyen de paiements locaux, virements (sepa) – one click payment, paiement récurrent – e-wallet en

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marque blanche… Cerise sur le gâteau, il est possible de gérer les remboursements ! Le succès de MangoPay trouve également son origine dans son faible coût puisque le service n’exige ni frais d’installation, ni abonnement. Alors que le marché du crowdfunding est en plein boom, la solution MangoPay semble avoir de beaux jours devant elle. LES PRÉMICES D’UNE SUCCESS STORY Avant de lancer MangoPay, les équipes de Leetchi ont dû faire preuve de patience et de ténacité. Il aura en effet fallu attendre deux ans pour que la start-up obtienne la licence européenne d’établissement de monnaie électronique. C’est fin 2013 que le précieux sésame leur est enfin délivré. En parallèle, la société multiplie les levées de fonds auprès de ses investisseurs : 4 millions d’euros d’ID Invest, 450 000 euros de Kima Ventures et 360 Capital Partners (fonds d’investissement de Xavier Niel et Jérémie Berrebi)... Après seulement quelques mois d’existence, MangoPay avait déjà conquis une trentaine de clients dont Ulule, Zenwego et Vestiaire Collective. Aujourd’hui, plus de 150 plateformes utilisent la solution MangoPay partout en Europe.

+ D’INFOS www.mangopay.com www.myofficialstory.com/celinelazorthes


Marc Hemmerling (ABBL) :

POUR MARC HEMMERLING, MEMBRE DU MANAGEMENT BOARD DE L’ABBL, L’INDUSTRIE DE LA FINANCE A TOUJOURS ÉTÉ À LA POINTE DES FINTECH. FACE AUX NOMBREUSES INNOVATIONS EN COURS, LA PEUR DES RISQUES FAIT PLACE À UN APPÉTIT D’OPPORTUNITÉS. LE CONTEXTE Le système bancaire luxembourgeois subit toujours les séquelles de la crise. La mise en œuvre du « Single Supervision Mechanism » en même temps qu’une nouvelle vague de réglementation mobilise de la main d’œuvre sans générer de revenus pour les établissements concernés. Les prestataires de services de paiement doivent faire face à une sur-réglementation où seul le prix reste l’élément différentiateur. Ceci, combiné avec des volumes transactionnels limités peut se révéler néfaste car il devient impossible de répercuter les coûts des nouvelles obligations réglementaires sans faire fuir les clients. Le développement de l’outsourcing, notamment suite à l’introduction de l’échange automatique des données est une solution qu’une taskforce de l’ABBL étudie mais pour l’instant, les établissements de crédit sous-traitent essentiellement à des PSF (professionnels du secteur financier de support) des tâches informatiques liées à des services d’infrastructure alors qu’il y aurait moyen de faire prendre en charge des processus plus complexes tels que la gestion de comptes de paiements par exemple. En mutualisant les services chers à faible valeur ajoutée, les établissements de crédit basés à Luxembourg pourraient se concentrer sur leur cœur de métier et limiteraient le risque de rapatriement d’activités dans les maisons mères situées à l’étranger. Mieux encore, le savoir faire accumulé au fil du temps resterait sur place et serait proposé via des services de Business Process Outsourcing divers, attirant ainsi de nouveaux établissements. On pourrait parler d’un cercle vertueux. FINTECH La réalité et surtout le hype du Fintech ont atteint le Luxembourg mi-2014. Les médias donnent l’impression que les banques découvrent seulement maintenant l’informatique, alors que dès les années 60, elles étaient parmi les premières à mettre en œuvre des systèmes informatiques dont aucun établissement financier ne peut se passer : en clair, sans IT, pas de services financiers. Aujourd’hui encore, elles disposent d’outils très complexes tournant 7 jours sur

Marc Hemmerling

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UN CHANGEMENT D’ÉTAT D’ESPRIT

7 et traitant des volumes considérables de données confidentielles. Le terme « FinTech » est synonyme de technologies, mais aussi de modèles d’affaire disruptifs. Si le nombre de projets répondant à cette définition reste limité, il convient de noter le changement de mentalité qui s’est opéré les derniers mois au Luxembourg. Avant mi-2014, les banquiers affichaient une certaine réticence car certains n’avaient pas les ressources nécessaires, et pour d’autres, des concepts comme le Blockchain étaient difficiles à comprendre et à mettre en œuvre concrètement. Certains parlaient de risque de désintermédiation par des nouveaux acteurs alors qu’une banque est elle-même un désintermédiateur! Aujourd’hui, les membres de l’ABBL écoutent, étudient les pistes et prennent position par rapport à ces opportunités. PROCHAINE ÉTAPE L’ABBL compte développer sa présence dans les activités de l’éco-système ICT à Luxembourg où la finance est le plus gros secteur utilisateur des services et technologies informatiques. Par ailleurs, l’ABBL – qui a fêté son 75e anniversaire en 2014 – dispose de statuts modernes qui permettent d’accueillir d’autres acteurs que des banques. Elle se démarque de quasiment toutes les autres associations bancaires en Europe. Parmi ses 140 membres, elle compte des banques, des établissements de paiement, de monnaie électronique, des PSF, des PSF de support, des avocats, des consultants, etc. L’association agit comme catalyseur dans cet écosystème financier. À terme, l’objectif est d’attirer de nouveaux acteurs tels que des start-ups FinTech ou encore d’autres acteurs bien établis dans l’e-commerce ou dans la gestion des cryptocurrencies telles que le Bitcoin.

+ D’INFOS www.abbl.lu www.myofficialstory.com/marchemmerling

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SANTÉ

Lydia Mutsch (Ministre de la Santé et de l’Égalité des chances) :

GRANULOMÉTRIQUE MINISTRE DE LA SANTÉ ET DE L’EGALITÉ DES CHANCES DEPUIS DÉCEMBRE 2013, LYDIA MUTSCH RÉPOND À NOS QUESTIONS SUR LES ENJEUX DU MINISTÈRE DE LA SANTÉ. QUELLES SONT LES MESURES QUE PREND ACTUELLEMENT LE LUXEMBOURG POUR OPTIMISER LE SYSTÈME MÉDICAL LUXEMBOURGEOIS ? Nous avons un des meilleurs systèmes de santé du monde : accès universel et équitable, libre choix du médecin et des autres professionnels de santé, remboursement très élevé. Le patient est au centre de notre système de soins. Avec la mise en vigueur au Luxembourg de la directive européenne sur les droits des patients, nous avons aussi mis en place une structure de médiation nationale dans les soins de santé dont l’objectif est d’informer, de prévenir les conflits et, en cas de difficultés, de

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rapprocher les parties. En cas de conflit, le patient peut utiliser gratuitement ce service qui permettra éventuellement d’éviter une procédure judiciaire. Par ailleurs, iI arrive que les patients se retrouvent dans un état de santé détérioré, mais sans réelle faute de la part des médecins. Par la création prévue d’un fonds d’indemnisation de l’aléa thérapeutique il sera possible d’indemniser ces malades. Nous révisons le plan hospitalier pour améliorer le système et la qualité des soins et aider à la maîtrise des coûts. Nous mettons en œuvre des plans nationaux pour diminuer les facteurs de risque et ainsi prévenir les maladies principales, et nous organisons des programmes de dépistage de certaines maladies.


« LE PATIENT EST AU CENTRE DE NOTRE SYSTÈME DE SOIN. »

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LYDIA MUTSCH, MINISTRE DE LA SANTÉ ET DE L’ÉGALITÉ DES CHANCES

L’E-SANTÉ REPRÉSENTE L’AVENIR, TANT DANS LES MILIEUX HOSPITALIERS QUE POUR LES PATIENTS À TITRE PERSONNEL. QUELLE EST VOTRE AMBITION DANS CE DOMAINE ? L’Agence eSanté a mis en place un système de partage et d’échange de données de santé (Dossier de Soins Partagé) qui permet de faciliter et d’améliorer la prévention, le diagnostic, la gestion de la santé et du mode de vie du patient. Il s’agit d’une solution innovante basée sur les nouvelles technologies. La mise en place est difficile car peu de pays sont déjà passés à l’acte. Nous avons attendu l’avis de la CNPD (La Commission Nationale pour la Protection des Données) et des ministères avant de lancer la phase pilote. Cette phase va viser prioritairement les patients qui ont un médecin référent. Nous voulons inciter le patient à prendre plus de responsabilités et améliorer la gestion au niveau du système de soins. L’UNE DE VOS PRIORITÉS EST LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION EN BONNE SANTÉ. POUVEZVOUS DÉTAILLER LES POINTS CLÉS DU PLAN GÉRIATRIE ? Le vieillissement de la population en bonne santé est en effet une de nos priorités et figure dans le programme gouvernemental. Le ministère de la Santé se concentre actuellement sur le Plan national Démence, fruit de la concertation de plusieurs ministères, adopté en mars 2013 par le Conseil de Gouvernement.

L’implémentation de ce plan a commencé et se fait en étroite collaboration avec différents acteurs nationaux. Nos principaux points d’intérêts sont la prévention, le diagnostic et la thérapie. Une attention particulière sera accordée au diagnostic précoce et à la prévention secondaire multidimensionnelle. Dans un avenir proche, les patients atteints de démence précoce seront suivis selon une méthode inédite. D’ailleurs, le sujet démence sera un des thèmes phares pour la Santé pendant la Présidence luxembourgeoise. Quant au Plan gériatrie, il continuera à être développé, comme le prévoit le programme gouvernemental. Pour le ministère de la Santé, les travaux sont basés sur le concept de garantir des soins gériatriques qui s’articulent autour du vieillissement en bonne santé dans la plus grande autonomie possible, mais aussi autour des mesures visant à éviter ou à retarder aussi longtemps que possible la dépendance aux soins et de garantir une prise en charge médicale en adéquation avec l’âge. Cet objectif sera atteint (pour le domaine de la santé) par la poursuite d’une prise en charge gériatrique intégrée couvrant à la fois les domaines de la prévention, des soins ambulatoires et stationnaires aigus ainsi que de la réhabilitation.

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SANTÉ

Uwe Diegel (iHealth) :

FAIRE RIMER « SANTÉ » ET « CONNECTÉ »

POUVEZ-VOUS NOUS RACONTER COMMENT L’IDÉE DE CRÉER IHEALTH VOUS EST VENUE ? Notre entreprise est le résultat de 20 ans de R&D dans les terminaux médicaux. J’ai effectué beaucoup de recherches afin de créer des appareils plus intuitifs à utiliser car les personnes qui s’en servent sont malades. Passé ce constat, nous avons décidé de déplacer notre stratégie du marché du traitement vers le marché de la prévention. Relever une donnée est très simple mais c’est ce qui est fait du résultat qui est important. En 2008, l’arrivée de l’iPhone a tout changé. Soudainement nous avions à disposition un outil qui nous permettait non seulement de prélever des mesures mais aussi d’expliquer les résultats à l’utilisateur final et de les partager avec son médecin ou sa famille via une application. QUELS SONT LES OBSTACLES AUXQUELS VOUS AVEZ DÛ FAIRE FACE ? Je pense que le plus gros problème quand nous avons lancé iHealth, a été que notre offre n’était pas en phase avec les besoins du marché. À ce moment là, le marché des iPhones était surtout un marché orienté vers une cible jeune, branchée et geek. Notre premier appareil était un dispositif de mesure de pression artérielle connecté à l’iPhone. Il y avait alors un gouffre entre les utilisateurs demandeurs – souvent des personnes âgées – et leurs capacités en terme de maîtrise de la technologie. L’autre problème majeur avec ce genre de technologies est qu’ils étaient perçus comme des gadgets et non comme des dispositifs médicaux. Nous nous sommes battus longtemps et pour changer cela afin de démontrer que les appareils de santé connectée doivent être perçus comme une assistance essentielle pour une meilleure santé. SELON VOUS, OÙ SEREZ-VOUS DANS 5 ANS ? Si l’on regarde le positionnement du marché aujourd’hui, c’est difficile de prédire comment il va évoluer. Quoiqu’il en soit, c’est de plus en plus facile de développer de nouveaux produits. Aujourd’hui, n’importe qui avec une idée peut la mettre sur une plateforme de crowdfunding et la faire financer pour lancer sa production. Cela signifie que le nouveau système

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IHEALTH EST AUJOURD’HUI LE LEADER MONDIAL DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ CONNECTÉE. UWE DIEGEL, PRÉSIDENT DE IHEALTHLABS EUROPE, RÉPOND À NOS QUESTIONS.

« LES APPAREILS DE SANTÉ CONNECTÉE DOIVENT ÊTRE PERÇUS COMME UNE ASSISTANCE ESSENTIELLE POUR UNE MEILLEURE SANTÉ. » UWE DIEGEL, PRÉSIDENT DE IHEALTHLABS EUROPE a éliminé du processus le besoin de validation et d’expertise médicale. Cette tendance « gadgétise » le marché avec des produits à la mode, plutôt qu’avec les dispositifs médicaux.

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LES PETITES HISTOIRES DE LA GRANDE RÉGION CE PROJET CONSISTE A INTERVIEWER 100 PERSONNES ÂGÉES DANS TOUTE LA GRANDE RÉGION. NOUS PRÉSENTONS ICI LES 4 PREMIÈRES INTERVIEWS. UN LIVRE SERA PUBLIÉ À L’AUTOMNE AVEC L’ENSEMBLE DES TÉMOIGNAGES. COLETTE LENTZ (FRANCE)

L’INSTITUTRICE

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NÉE EN 1923 À IMLING

Colette Lentz

Quelle est votre relation avec la grande région ? Je suis née près à Imling, près de Sarrebourg mais mon beau-père était Luxembourgeois. Il était né à Junglinster mais sa famille s’était installée à Moyeuvre-Grande quand il était jeune, à la fin XIXe siècle. C’était une époque où beaucoup de Luxembourgeois quittaient le Luxembourg pour émigrer, surtout aux Etats-Unis. Ils s’écrivaient et se passaient le mot. Eugène, mon mari est né en 1919 à MoyeuvreGrande. Juste après la guerre, il était instituteur à Sainte-Ségolène, comme moi. C’est là que nous nous sommes rencontrés. Alliez-vous souvent au Luxembourg ? Mon beau-père était un homme simple. Il avait 10 frères et sœurs à qui il écrivait un peu, mais je ne me souviens pas d’une visite de famille au Grand-Duché. Mon mari était fils unique,sa sœur aînée étant décédée jeune de la fièvre jaune. Des années plus tard, j’ai conduit une de mes petites-filles à Luxembourg. Elle était émerveillée de voir que le nom “Lentz” figurait un peut partout: sur les autobus, les camions et sur les

publicités. Nous avons même été voir une borne, près d’un cimetière, où était indiqué « Pierre Lentz et son fils ont élevé cette borne en hommage à sa famille ». Quelles relations entretenezvous avec la région de Trèves et d’Arlon ? J’ai été une fois au Luxembourg. Avec mes élèves, ce n’était pas envisageable. Nous n’étions pas assurés. Je n’ai jamais été en Allemagne. Je n’en avais pas envie. L’occupation allemande a marqué les esprits, même si je fais la différence entre les Nazis – que je détestais- et les allemands. Ma mère disait que l’occupation avant la 1re guerre mondiale en Lorraine n’a pas été trop difficile car on pouvait parler français et que les occupants n’étaient pas méchants. Ils faisaient juste les cours à l’école. La chance de la France et de l’Allemagne, c’est d’être cofondateurs de la CECA et de l’Europe. La réconciliation s’est faite très vite. (Madame Lentz est décédée le 1er janvier 2015, NDLR)

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SANTÉ LES PETITES HISTOIRES DE LA GRANDE RÉGION

JULIEN NOËL (BELGIQUE)

L’ARCHÉOLOGUE 83 ANS, NÉ À SAMPONT L’influence de la culture germanique Je suis content de vivre dans une ambiance dans laquelle j’ai toujours vécu. Nous allons toujours voir ce qui se passe ailleurs, mais nous revenons toujours à sa source d’origine. Jusqu’à il y a 2 ans encore, je dormais dans la chambre dans laquelle je suis né, dans la maison de mon père, qui était cultivateur. J’ai connu la présence de soldats belges en 1940 qui logeaient dans les annexes des maisons. Il n’y avait pas de problèmes avec les allemands : nous nous entendions bien car nous parlions allemand dans la région, à l’église ou à l’école. La frontière de la langue n’existait pas et cela facilitait énormément la communication. Je me souviens que je jouais souvent à côté de la cuisine des allemands et je revenais toujours chez moi avec une casserole de soupe.

Peter Schartz

Une vie de recherches Mon enfance était paisible avec tous les enfants du village. L’école était mixte et l’instituteur gérait toutes les classes dans la même salle, avec des enfants de 6 à 12 ans. Mes plus beaux souvenirs sont relatifs à la recherche : je parcourais des livres, j’interrogeais des gens et un jour – par hasard – j’ai trouvé du silex. C’était une merveilleuse découverte. Je suis un passionné d’archéologie, de géologie et de botanique. Je me suis marié et je me suis installé avec ma femme chez mes parents. Ma mère ne voulait pas nous voir habiter ailleurs, alors que la maison était si grande. Nous avons eu 4 enfants : 3 filles et un garçon. Tous nos enfants étaient travailleurs et ils sont pour nous une grande fierté. Des frontières virtuelles J’ai toujours trouvé que les frontières

ne devraient pas exister. Au cours de mes recherches, nous sommes tombés sur une frontière linguistique : le latin. J’ai eu l’habitude de me tourner vers la France et vers l’Allemagne pour approfondir mes travaux. Concernant le Luxembourg, je trouve cela mesquin d’avoir coupé le Luxembourg en 2 en 1839. C’est un peu comme 2 frères séparés qui devraient retourner dans la même famille. Dans la Grande Région, les frontières étaient brisées tout de suite après la guerre. J’ai pour habitude de dire que nous sommes un homme en plus, lorsque nous parlons une langue en plus. C’est une politesse de parler la langue de l’autre et c’est ainsi que les frontières tomberont pour de bon.

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PETER SCHARTZ (ALLEMAGNE)

LE DOCTEUR NÉ EN 1930 À TAWERN

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Comment la guerre a-t-elle influencé votre enfance ? J’avais 9 ans. Au début, c’était un jeu d’indiens. La propagande parlait seulement de victoires. Quand une fusée V-2 s’est écrasée près de chez nous, nous avons été voir le cratère et remplir nos pochez avec de la poudre ! Nous étions assez pauvres. Nous avons été évacués. Là, ça a été le Tohuwabohu ! 2 fois. La seconde, nous avions compris que la guerre allait être perdue.

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Quels rapports avez-vous entretenu avec la grande région après la guerre ? Mon meilleur souvenir au Grand-Duché date de mes 21 ans. J’avais fini le BAC et je voulais aller voir Luxembourg ville. Du haut de la colline à Tawern, on pouvait voir les antennes Luxembourgeoises, mais c’est tout. Avec un ami, nous avons pris une goggomobil jusqu’à Karthaus et de là le train. J’ai foncé au musée où j’ai pu voir mon premier Picasso. Cela m’a


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Julien Noël

Francis Schmidt

FRANCIS SCHMIDT (LUXEMBOURG)

LE BOUCHER DE BONNEVOIE

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NÉ EN 1929 À BONNEVOIE

marqué. J’ai aussi visité les casemates. Pour ma première visite en France, j’étais déjà marié, je devais avoir 32 ans. J’ai roulé vers metz et j’y suis retourné souvent, pour visiter et photographier les églises fortifiées, notamment celle de ScyChazelles où est enterré Robert Schuman. Quant à la Belgique, mon beau-père a voulu revoir la région d’Arlon où il avait été formé avant la guerre de 1914. Nous avons mangé et dormi là. Une super voyage ! Il est assez facile pour un Luxembourgeois de se faire comprendre à Tawern. Pourquoi ? Seulement par les anciens ! Dans la région, chaque village a son dialecte. A Tawern, c’est le Tawerner Platt. C’est assez proche du Luxembourgeois. A Nittel, qui est au bord de la Moselle, c’est encore plus similaire! En entendant parler quelqu’un, on peut savoir de quel village il vient. Les gens de la région comprennent donc le luxembourgeois, à l’exception de quelques mots spécifiques. Vraiment, c’est dommage que les jeunes aient perdu cela.

La boucherie a été le travail de toute votre vie ? La qualité était bien meilleure qu’aujourd’hui. Aujourd’hui les grandes surfaces baissent les prix et la qualité n’est plus la même. J’ai fais mes études à Mondorf les bains, j’habitais chez mon oncle. Pendant la guerre il a été emprisonné par la gestapo et je suis revenu a Bonnevoie pour finir l’école et devenir boucher. J’étais en alternance à Metz deux jours par semaine. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai rejoint la boucherie familiale dans la rue de Bonnevoie. Je ne me suis jamais marié. La boucherie c’est un beau métier mais c’est aussi beaucoup de travail : je pense qu’il n’y avait pas la place pour une femme. Qu’avez-vous pu vivre grâce au football ? La passion pour le football m’est venue très jeune. Pendant la Guerre, pour la Saint Nicolas, j’ai reçu le plus beau cadeau de ma vie : une paire de souliers de football et une vraie balle de football en cuir. Je ne suis pas un athlète mais j’adore le football. En 1942, je suis parti à Paris avec l’équipe de Bonnevoie, pour disputer un match : j’avais 13 ans. Plus tard, je suis devenu président du club de Bonnevoie. J’ai souvent passé les frontières pour des matchs ou pour les loisirs. Pour moi la Grande Région était très ouverte et nous les luxembourgeois, nous étions amis avec tout le monde! Quelle est votre recette du bonheur ? Mon père et mon oncle étaient aussi boucher. J’ai un frère, mais il est décédé depuis maintenant 6 ans. Il a eu 2 enfants et le fils de ma nièce est maintenant à l’université de Strasbourg. Après la guerre, nous n’avions pas de difficultés à aller en Allemagne. J’avais des amis de l’autre côté de la frontière et nous étions heureux de nous revoir. C’était une autre génération, nous n’étions pas rancuniers. Si je peux leur donner un conseil aux jeunes, c’est que la famille et la santé sont très importantes pour être heureux! Sur la route de Munich à Luxembourg, j’ai fait une attaque en décembre dernier. J’ai été paralysé du côté gauche et de la gorge. Ensuite j’ai fait 3 mois de rééducation à Steinfort. Je pense que beaucoup de personnes sont plus malheureuses que moi. Ce qui compte c’est d’être bien dans sa tête et d’avoir beaucoup d’humour !

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SANTÉ

Social Typhoon :

RECRÉER DU LIEN SOCIAL EN LIGNE

360CROSSMEDIA A DÉVELOPPÉ UNE INNOVATION TECHNOLOGIQUE DESTINÉE AUX ÉTABLISSEMENTS HOSPITALIERS ET POUR PERSONNES ÂGÉES. RETOUR SUR UNE TECHNOLOGIE D’AVENIR. LE PROJET «LES PETITES HISTOIRES DE LA GRANDE RÉGION» Dans ce projet, nous allons mettre au grand jour cent histoires de vie qui nous semblent être les plus révélatrices de l’histoire de chaque pays. Celles-ci seront alors traduites en trois langues afin de pouvoir être lues de tous les habitants de la grande région. L’objectif est de donner une identité commune aux quatre pays de la grande région : la France, le Luxembourg, l’Allemagne

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et la Belgique. Dans ce projet, nous sommes confrontés aux problèmes des cultures qui sont différentes dans chaque pays de la Grande Région. Monter un projet transfrontalier nécessite ainsi de connaitre l’histoire des pays participants, leurs usages, afin de ne pas faire d’impairs avec les partenaires. POURQUOI SOCIAL TYPHOON Vaincre l’isolement et la solitude des personnes âgées est un


« NOTRE TECHNOLOGIE PERMET AUX UTILISATEURS DE RESTER ACTIFS ET CRÉATIFS. » 360CROSSMEDIA

! t c a t on c e l z e d r a G

défi de société. Le partage en est l’un des remèdes. Grâce à Social Typhoon, les utilisateurs peuvent préserver et partager des informations et expériences qui risquent d’être perdues au fil des générations: recettes de cuisine, secrets de famille, savoir faire. De plus, ils ont la possibilité de publier leurs anecdotes sous forme de Tabloïd, livre ou magazine. Notre technologie permet de recréer du lien social. Les utilisateurs répondent à des interviews envoyées par leurs proches et en envoient. En recréant le contact avec les amis et la famille, les utilisateurs se sentent plus entourés, moins seuls. UNE TECHNOLOGIQUE DE 3 À 99 ANS Le système permet de créer 3 questions en moins de deux minutes et de les envoyer à ses proches, par email ou via les réseaux sociaux. Chaque personne peut alors répondre par texte, vidéo, son ou photo selon les options sélectionnées par

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SÉCURITÉ RAPIDITÉ SIMPLICITÉ le créateur de l’interview. Grâce à notre partenaire EBRC, la sécurité des données est assurée. De plus, les réponses aux interviews sont publiées sur une page dont l’utilisateur définit librement les paramètres de confidentialité. Social Typhoon soutient les visiteurs volontaires dans les établissements médicaux et encourage la création d’un cercle associatif à cet effet. Les volontaires souhaitant offrir leur aide à leurs prochains seront donc à même de manipuler le matériel afin de collecter les informations des utilisateurs.

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LOGISTIQUE

Daniel Liebermann (Ministère de l’Economie) :

LA CHINE : UN MARCHÉ D’OPPORTUNITÉS DANIEL LIEBERMANN, MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, EXPOSE LES OPPORTUNITÉS ENTRE LA CHINE ET LE LUXEMBOURG EN TERME DE LOGISTIQUE. LA CHINE : UN MARCHÉ PRIORITAIRE POUR LA PLATEFORME LOGISTIQUE DU LUXEMBOURG La Chine est un acteur industriel dynamique majeur et elle devient un leader dans les échanges internationaux. Puisque les entreprises chinoises ont augmenté leur chaîne de valeur pour devenir des marques mondiales reconnues, elles vont avoir besoin pour leur efficacité, de solutions de rapports temps et coût efficaces sur leurs chaînes d’approvisionnement. En parallèle au développement économique de la Chine, une classe moyenne robuste a émergé, créant et augmentant la demande en produits européens. Situé au coeur de l’Europe, le Luxembourg fournit aux entreprises chinoises de nombreux avantages stratégiques pour la réussite de la distribution de leurs biens, en Europe, de l’Europe et vers l’Europe. LOGISTIQUES: L’UNE DES CLÉS DES SECTEURS DE STRATÉGIE DE DIVERSIFICATION ÉCONOMIQUE DU LUXEMBOURG Depuis la dernière décennie, le Luxembourg a continuelle-

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ment amélioré son positionnement en tant que plateforme logistique intercontinentale et multimodale en Europe pour ajouter de la valeur à ses activités logistiques. Plus récemment, le Luxembourg a initié une stratégie de spécialisation multi produits dans son secteur logistique en se concentrant sur certains types de produits qui requièrent un traitement spécifique et des solutions de stockage. EN SE CONCENTRANT SUR LES CARGOS SPÉCIAUX ET LES SOLUTIONS MULTIMODALES Beaucoup de choses ont été faites ces dernières années pour renforcer la plateforme logistique du Luxembourg. L’aéroport du Luxembourg, l’un des principaux aéroport de frets connecté, a été renforcé avec l’établissement de LuxairCARGO dédié à la Pharmacie et aux Centres de Soins. En complément, les acteurs logistiques basés au Luxembourg ont mis en oeuvre avec succès un projet innovant qui fait du Luxembourg la première plateforme de frets aérien dans le monde, entièrement certifié par les dernières directives


« LA CHINE A TOUJOURS ÉTÉ UN MARCHÉ PRIORITAIRE POUR LA PLATEFORME LOGISTIQUE DU LUXEMBOURG. » © DR

DANIEL LIEBERMANN, MINISTÈRE DE L’ECONOMIE

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importants pors de la mer du Nord, tels que Rotterdam et Anvers. De plus, la plateforme CFL Multimodale par train ou par route est appuyé par leurs réseaux fiables et associés de conteneurs et de semi-remorques, ces connections permettent au Luxembourg d’avoir une passerelle étendue vers les plus importants ports européens.

WHO et de l’UE sur Les Bonnes Pratiques de Distribution de produits pharmaceutiques. De plus, le Port Franc du Luxembourg permet une solution de stockage sécurisée pour les biens de valeurs (par exemple, l’art, les objets de collections, les vins fins). Bien que le Luxembourg soit situé à l’intérieur de différents pays, il n’est qu’à 300 km des plus

LA CHINE EST UN MARCHÉ PRIORITAIRE Avec de nombreux vols cargo opérés chaque semaine, le Luxembourg et la Chine partagent déjà ensemble une longue relation et de profonds liens. À côté de nouvel actionnaire chinois Cargolux (HNCA) et de la stratégie de double plateforme entre le Luxembourg et Zhengzhou, la Chine a toujours été un marché prioritaire pour la plateforme logistique du Luxembourg. Aujourd’hui, nous sommes convaincus que le Luxembourg et la Chine pourraient bénéficier plus de leurs coopérations encore plus proche ensemble.

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LOGISTIQUE

Erik Hermans (DHL Express) :

L’ESPRIT AU SERVICE DE L’ÉQUIPE FORT D’UNE EXPÉRIENCE DE PLUS DE 30 ANS, ERIK HERMANS NOUS EXPOSE SA VISION DU MANAGEMENT. POUVEZ-VOUS RÉSUMER VOTRE PARCOURS EN QUELQUES MOTS ? Après des études en finance en Belgique, j’ai commencé par travailler à la chambre de commerce de Termonde en Belgique avant d’entrer chez DHL Int’l à Bruxelles en 1982. En 1985, j’ai rejoint l’équipe de DHL Int’l à Luxembourg où j’ai repris le poste de Directeur en 1988. COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS CETTE LONGÉVITÉ ? Notre société a connu de nombreux changements tout au long de ces années, mais notre culture d’entreprise, nos valeurs et la passion ont été les clés de notre succès. Tout comme dans le sport, mon autre passion , je peux compter sur une équipe solide et solidaire, ce qui a permis à notre société d’évoluer continuellement. Mon credo reflète également bien cet état d’esprit : « If you believe, you can achieve » QUELLES SONT LES SPÉCIFICITÉS DU MARCHÉ LUXEMBOURGEOIS ? Le marché luxembourgeois et notre société sont très similaires : assise internationale où toutes les cultures se rencontrent et avec des besoins parfois très spécifiques. Notre société qui est spécialiste de l’international s’est donc adaptée au marché luxembourgeois et est très bien placée pour répondre à la demande de tous les clients. C’est également un marché très évolutif et afin de pouvoir répondre à cette demande, nous nous remettons perpétuellement en question et essayons d’innover en matière de solutions à proposer au client. QUELS SONT LES PROJETS DE DHL EXPRESS LUXEMBOURG ? Notre société déjà très présente dans le B2B va maintenant accompagner le développement exponentiel de l’e-commerce. Notre but est de nous positionner dans les segments

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« ”AS ONE” POUR ATTEINDRE NOS OBJECTIFS… »

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ERIK HERMANS, PDG DE DHL EXPRESS LUXEMBOURG

du B2C qui répondront au mieux à la demande de nos clients et de notre organisation. Nous investissons également beaucoup dans la technologie car de nos jours, les informations qui concernent l’envoi sont aussi importantes que l’envoi luimême. Notre objectif est de mettre notre réseau mondial à la portée du plus grand nombre et ce tout en respectant nos engagements environnementaux tels que décrits dans notre politique « GoGreen ». Nous sommes aussi et avant tout une société de services et le succès repose donc sur les qualités personnelles de chaque employé. Pour tout recrutement, nous attachons une grande importance aux qualifications professionnelles du candidat mais également à ses qualités relationnelles qui lui permettront de se fondre dans notre culture d’entreprise. Nos employés sont effecti-

vement la vitrine de notre société et c’est aussi grâce à eux que notre société se développe. Outre le recrutement, nous investissons aussi beaucoup en formations pour continuellement améliorer les connaissances métiers et compétences relationnelles du personnel. Enfin, le rôle du management est primordial pour transmettre cette passion de l’excellence et la motivation des équipes pour atteindre nos objectifs tous ensemble, « As one ».

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LOGISTIQUE

Arnaud Lambert (CHAMP Cargosystems) :

LE MONDE COMME TERRAIN DE JEU LE PDG DE CHAMP CARGOSYSTEMS, LEADER MONDIAL DES SOLUTIONS INFORMATIQUES DE GESTION DE FRET AÉRIEN, RÉPOND À NOS QUESTIONS.

QUELLES SONT VOS PRIORITÉS EN TANT QUE PDG DE CHAMP CARGOSYSTEMS ? J’en ai 3. La première se concentre sur la satisfaction des clients, des actionnaires et des employés qui ont des attentes respectives pas toujours compatibles et leur équilibre est essentiel. Dans le cas de nos clients, nous veillons à leur permettre de se concentrer sur leur cœur de métier et nous nous occupons de la partie solution informatique. Ma deuxième priorité est celle du “operation &delivery excellence” car plus de 100 compagnies aériennes et 4 000 forwarders sont connectés à notre plateforme. Enfin, j’accorde beaucoup d’importance à l’innovation. Nos solutions équipent par exemple, outre Cargolux, Singapore Airlines, Japan Airlines et bientôt Cathay Pacific, ce qui crée une forte traction en Asie. Nous devons être irréprochables de qualité et perpétuellement innovant pour servir des “Tier 1”. COMMENT UNE SOCIÉTÉ COMME LA VÔTRE PART-ELLE À LA CONQUÊTE DU MONDE À PARTIR DU LUXEMBOURG ? L’ADN de CHAMP Cargosystems repose sur 3 éléments principaux : l’esprit entrepreneurial, la multi-culturalité – avec 37 nationalités différentes – et notre agilité. Le monde est notre terrain de jeu ! Nous avons la chance d’avoir 2 actionnaires forts : Cargolux au Luxembourg qui est dans le fret

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aérien et SITA (Société Internationale de Télécommunication Aéronautique) en Suisse qui est actif également au niveau des aéroports, des passagers et de l’avion. Ces deux acteurs clés de l’industrie aéronautique facilitent notre rayonnement mondial, notamment en terme de contacts. En tant que société luxembourgeoise, nous avons la chance de bénéficier d’une neutralité sur le plan international, ce qui nous permet de traiter avec n’importe quel pays, mais notre croissance internationale s’explique également par la puissance de nos solutions : nous permettons par exemple à des compagnies transportant des passagers de gérer jusqu’à 40 tonnes de fret dans le ventre de l’appareil. Une compagnie qui fait 4 aller-retours quotidiens vers l’Asie transporte ainsi autant de cargo en un jour qu’avec un “full freighter” de 140 tonnes !


ARNAUD LAMBERT, PDG CHAMP CARGOSYSTEMS

Cela peut contribuer jusqu’à 20 % de contribution de marge totale si c’est géré correctement. QUELS SONT LES OPPORTUNITÉS QUI SE PRÉSENTENT POUR UNE SOCIÉTÉ COMME LA VÔTRE ? CHAMP a la chance de se retrouver aujourd’hui au centre de la plus grande communauté de notre industrie puisque nous représentons 36 % du marché dans le monde. Cela nous permet désormais de fournir à l’industrie des données opérationnelles récupérées à la source et de travailler main dans la main avec des organisations comme IATA, TIACA ou ICAO pour définir les standards de demain. Notre rôle communautaire consiste également à permettre à tous les

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« LE LUXEMBOURG POSSÈDE UNE NEUTRALITÉ PRÉCIEUSE QUI NOUS PERMET DE TRAVAILLER AVEC LE MONDE ENTIER. »

acteurs d’accéder à l’e-business, quelle que soit leur taille. Dans ce domaine, il reste des choses extraordinaires à faire, notamment dans des économies émergentes. Si nous facilitons le raccordement de pays, d’aéroports et de prestataires au système mondial, nous préparons la croissance future et réduisons l’impact des risques classiques de l’aéronautique : prix du pétrole, récession, conflits, taux de change, sécurité, …

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ART

SUMO :

POING PAR POINTS RETRANCHÉ DANS SON ATELIER BIEN ENCOMBRÉ, SUMO NOUS ACCUEILLE AVEC UN AIR INTRIGUÉ. DÉCOUVERTE DE L’HOMME AUX MILLES BOMBES.

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ART

QUEL EST VOTRE PARCOURS ? Je suis né en Angleterre et j’ai grandi au Luxembourg. J’ai découvert l’art au lycée technique des arts et métier de Luxembourg. J’ai ensuite voyagé 4 ans en Angleterre pour faire des études de graphisme. J’avais décidé de ne pas revenir au Luxembourg, mon but étant de travailler à Amsterdam. Et finalement, je suis là ! J’ai commencé à créer mes autocollants pour me différencier des autres graffeurs. Puis, en 1995 je me suis lancé dans la peinture où nous avons exposé dans la galerie BC2 à Bettembourg avec mon ami Spike. Dès le début, j’ai essayé d’autofinancer ma passion en réalisant des œuvres pour les particuliers, mais aussi pour des magasins, qui me demandaient de leur peindre un mur par exemple. Je n’aurais jamais imaginé que les gens voudraient payer pour afficher mes toiles chez eux. Puis j’ai commencé à vendre des sérigraphies et au fur et à mesure j’ai pu m’équiper pour faire de la peinture. J’ai ensuite ouvert un magasin-galerie, c’était un concept nouveau au Luxembourg. J’ai revendu mes parts 4 ans après, pour me mettre en freelance. COMMENT EST NÉE L’IDÉE DE MARQUER VOTRE TERRITOIRE ? En fait, il y avait deux façons d’agir. Soit c’était quelque chose de très organisé, avec un repérage, soit c’était dans un coup de folie. Le but à l’époque était d’être le plus visible possible. Je ne me souciais pas du support ou de l’environnement. Aujourd’hui, l’environnement est beaucoup plus important, j’y prête attention et du coup, je ne suis plus obligé de détourer toutes mes œuvres ! Si cela avait été autorisé, je l’aurais fais aussi. En 1997, le skatepark d’Hollerich nous a accordé un mur pour peindre, il devait de toute façon être repeint en blanc tôt ou tard. C’était la première fois qu’on nous laissait le temps de bien faire les choses. Nous étions les seuls à avoir une autorisation. Un jour, Xavier Bettel a même annoncé « regardez à Hollerich, il y a un mur où il est tout à fait légal de tagger », seulement voilà, ce n’était qu’une vague autorisation, rien n’a jamais vraiment été légal et ça nous avait beaucoup fait rire. EXPLIQUEZ-NOUS COMMENT VOUS APPRÉHENDEZ VOS ŒUVRES ? Je n’ai pas de plan de carrière, ce ne sont que des accidents. En cours d’histoire d’art, rien ne me passionnait vraiment mais j’étais très intéressé par la typographie et par les pochettes de disques. C’est pourquoi j’ai décidé de faire les beauxarts et finalement de me lancer dans le graffiti. Les points reviennent beaucoup dans mon travail, ça donne aux œuvres

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un aspect d’infinité. Je commence toujours par détruire l’espace blanc. Je crée des couches. J’écoute beaucoup de musique, j’entends les choses et je les écris. Je documente mon temps. Mes toiles sont comme le temps qui défile. Peu importe si c’est bien ou non, le temps passe. J’arrête le temps lorsque la toile me plait. L’espace est aussi très important,


« JE N’AI PAS DE PLAN DE CARRIÈRE, CE NE SONT QUE DES ACCIDENTS. » c’est comme si la toile était un détail de quelque chose de beaucoup plus grand, une planète de la galaxie. Mes peintures peuvent continuer indéfiniment de tous les côtés. C’est très personnel comme art, un grand journal intime à coeur ouvert. Mais je ne cherche pas à raconter une histoire, c’est pourquoi je ne mets que la tête de mon personnage, qui devient un point parmi les autres de la toile. Une œuvre peut me prendre entre 4 semaines et 6 mois. Toutes mes toiles sont des « Shades of Happiness ». Je connais chaque détail de celle-ci, chaque point dans un point, chaque couche même si elle est recouverte de trois autres.

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SUMO

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ART

Maggy Nagel (Ministre de la Culture) :

PARLONS CULTURE INTERVIEW AVEC MAGGY NAGEL, MINISTRE DE LA CULTURE DU LUXEMBOURG QUI SE BAT POUR DÉVELOPPER L’IMAGE CULTURELLE DU PAYS.

QUE REPRÉSENTE L’ART ET LA CULTURE DANS L’ÉCONOMIE LUXEMBOURGEOISE? Pas assez ! Je suis d’avis que l’aspect économique de la culture est sous-estimé. On a un patrimoine culturel énorme au Luxembourg et on est bien placé en ce qui concerne les institutions culturelles et leur programmation. Il faudra renforcer les liens entre la culture et le secteur du tourisme. Cela pourrait aussi générer de nouvelles recettes. D’ailleurs je suis en contact avec la secrétaire d’État du Tourisme, Francine Closener, pour voir comment on peut rapprocher la culture et le tourisme. Parlant économie, je pense qu’il faut aussi promouvoir l’industrie créative au Luxembourg et je supporte d’ailleurs fortement l’initiative 1535°C à Differdange qui ouvre les portes aux créatifs. Toute initiative à dynamiser ce secteur est louable. QUELLES SONT LES ÉVOLUTIONS CULTURELLES À VENIR DANS LE CADRE DE LA STRATÉGIE EUROPE 2020 ? Cette stratégie de croissance européenne a trois priorités : une économie intelligente, durable et inclusive. La commission européenne veut promouvoir l’innovation dans la culture pour maximiser la contribution de ce secteur dans la création d’emplois et la croissance. La commission vise particulièrement les jeunes, pour promouvoir la diversité culturelle et pour aider au secteur culturel européen à atteindre de nouvelles audiences. Cela peut se faire avec le programme « Creative Europe », qui soutient des projets culturels. La stratégie Europe 2020 prévoit aussi l’aspect de la cohésion sociale. Celle-ci peut s’améliorer à travers la culture et je pense qu’il faut en profiter d’avantage. L’accès à la culture est un facteur important et on l’a amélioré avec le « Kulturpass » pour les personnes moins aisées. La culture peut rapprocher les générations, les couches sociales et les nationalités.

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QUEL EST L’IMPACT DU FREEPORT DANS L’ÉCOSYSTÈME ARTISTIQUE LUXEMBOURGEOIS? C’est difficile de le mesurer et je pense qu’il n’y a pas nécessairement d’impact pour les artistes résidents. Le Freeport ouvre les portes à une clientèle internationale et fait du Luxembourg une plateforme pour l’art à haut niveau. La présence du Freeport peut attirer de nouvelles activités autour de l’art, que ce soit dans la vente ou dans la restauration par exemple. En tout cas l’initiative aide à donner au Grand-Duché, une plus


« LE PATRIMOINE CULTUREL EST ÉNORME AU LUXEMBOURG. »

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MAGGY NAGEL, MINISTRE DE LA CULTURE

grande importance dans la scène internationale de l’art. QUELS LIEUX CULTURELS DOIT ABSOLUMENT DÉCOUVRIR UNE PERSONNE QUI VISITE LE LUXEMBOURG? Il y en a tellement que je ne pourrais jamais les citer tous. Comme je l’ai dit le patrimoine culturel est énorme au Luxembourg. Il ne faut surtout pas manquer la vieille ville classée patrimoine mondial par l’UNESCO, le quartier européen avec le musée d’art moderne Grand-Duc Jean et la Philharmonie ou encore

le patrimoine industriel à Belval. A travers tout le pays il y a des lieux culturels à découvrir, sans oublier les nombreux musées, centres culturels régionaux ou théâtres. En tout cas, il y a beaucoup à découvrir, d’ailleurs pas seulement pour les touristes.

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ART

Alain Mestat (PassionProtect®) :

UNE NOUVELLE ÈRE POUR L’ART ET LA FINANCE LE PDG DE PASSIONPROTECT® RÉPOND À NOS QUESTIONS ET APPORTE UNE VISION NOUVELLE SUR LE MONDE DE L’ART ET DE LA FINANCE.

QUEL EST LE CONCEPT DE PASSIONPROTECT® ? Il se définit selon deux axes : la structuration et le nantissement d’oeuvres d’art et d’objets de valeur. Ce projet est issu d’une longue expérience dans le domaine de la gestion de fortune : nous souhaitons fournir de nouveaux outils aux professionnels de la structuration patrimoniale, leurs permettant de disposer de solutions d’ingénierie adaptées au monde de l’art. Cela engendrera ainsi la protection des actifs passion de leurs clients et la pérennisation de ceux-ci. Le deuxième axe lié au nantissement d’œuvres d’art permet à des collectionneurs de monétariser leurs actifs art afin de subvenir à des besoins de liquidités momentanées. Le constat de départ, est que les grandes familles ont entre 10 à 18 % de leurs actifs constitués par l’art mais que les gérants de fortunes n’ont pas été en mesure de pouvoir profiter de cette classe d’actifs afin de développer des services rémunérateurs. Dès lors nous aidons les banquiers à trouver de nouvelles niches de compétences afin que cela profite aussi bien à leurs clients qu’à eux-mêmes. Nous garantissons ainsi une pérennité du client vis à vis de sa banque, tout en nous positionnant comme un partenaire indépendant capable de complémenter l’offre de service en matière de gestion de fortune. COMMENT L’ART EST-IL PERÇU AUJOURD’HUI PAR LES INVESTISSEURS ? L’art est devenu un facteur d’investissement patrimonial à long terme. Les personnes qui s’intéressent à l’art pour des raisons financières y trouvent un véritable retour sur investissement. Un investisseur avéré y trouve un moyen de diversi-

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fication au niveau des ses actifs. Pour certains, le seul intérêt est le rendement, mais heureusement, la plupart d’entre eux associent leur passion pour l’art avec leur intérêt financier. QUEL EST L’IMPACT DE L’OUVERTURE DU FREEPORT AU LUXEMBOURG ? Celui ci représente un élément majeur qui s’ajoute à la boîte à outils luxembourgeoise. C’est « le » catalyseur de l’industrie Art et Finance (ArtFin®) luxembourgeoise qui vient concréti-


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« NOUS NOUS POSITIONNONS COMME LE PARTENAIRE DE RÉFÉRENCE ARTFIN® AU LUXEMBOURG. » ALAIN MESTAT, PDG DE PASSIONPROTECT®

tant que fédérateur d’une activité ArtFin® grandissante au travers de l’établissement de prestataires de renommée internationale tel que Great Masters Art du célèbre Prof. Maurizio Seracini. L’intérêt grandissant pour ce secteur d’activité à fait que j’ai récemment initié la mise en place d’une nouvelle association qui regroupe les intérêts ArtFin® au Luxembourg : la Luxembourg Art & Finance Association (LAFA), qui va voir le jour courant juin. Entouré des membres fondateurs – David Arendt, Adriano Picinati di Torcello, Krystyna Gawlik – le but est de mettre en place un cluster de compétences ArtFin® qui vient complémenter les clusters Private Banking, Fonds d’Investissement, ICT ainsi que celui de la Logistique. En tant que lobby national, nous souhaitons incarner un vecteur de communication et de promotion à l’international afin que le Luxembourg puisse se positionner comme le centre de compétence ArtFin® en Europe. ser les efforts d’acteurs historiques tel que Deloitte, précurseur en la matière. Au niveau logistique et opérationnel, Le Freeport permet non seulement à des galeries internationales d’avoir un port d’attache européen, assurant ainsi une qualité d’entreposage exceptionnelle mais il agit également en

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ART

Alexandre Farto (Vhils) :

L’URBANISTE DE RUE

D’OÙ VIENT VOTRE INSPIRATION ? L’inspiration peut venir de tout ce que la vie nous offre. La plupart du temps, je trouve cela difficile d’identifier d’où vient l’idée. Le monde m’intéresse vraiment, comme tout ce qui se passe autour de moi, mais parfois c’est le plus petit détail qui suscite une émotion, même à un niveau de subconscient. J’aime l’histoire et visiter des villes, je trouve le chaos de l’environnement urbain très inspirant, surtout les différents contrastes qu’offre la ville et les différents niveaux sur lesquels elle fonctionne. J’ai toujours eu une fascination pour les murs et l’environnement urbain. Cela vient en partie de mon passé de graffeur, à l’époque où je commençais à laisser mon empreinte sur des murs publics. Cela me permet de comprendre le pouvoir de ces grandes images sur les murs publics comme un moyen de communication envers les gens ou pour exprimer un message. C’est assez clair de voir la manière dont la publicité utilise les mêmes espaces, même à notre époque de communication digitale. Les images à tailles réelles qui peuvent être vues par tout le monde sont très puissantes, mais pour moi, ce pouvoir ment par rapport au savoir que je peux donner aux gens gratuitement, tout en contribuant (je l’espère) à l’embellissement de la ville. D’OÙ VIENT LE CONCEPT DE VOTRE ŒUVRE AU FREEPORT ? COMMENT ÇA S’EST PASSÉ ? La pièce du Freeport du Luxembourg, crée en 2014, était une commande que j’ai acceptée comme un défi. C’est l’une des plus grandes pièce que j’ai pu faire – 10 x 26 m – elle m’a pris près d’un mois à être réaliser. Elle inclut différentes techniques combinées pour former la même pièce murale. La pièce murale fait partie du plus grand projet Scratching the Surface que j’ai lancé en 2007 et qui parle de notre identité et de l’interaction entre les gens et l’environnement urbain face au développement mondial et à l’augmentation de l’homogénéisation du monde. QUAND VOUS CRÉEZ UNE NOUVELLE PIÈCE URBAINE DANS UN QUARTIER, COMMENT VOULEZ-VOUS QU’ELLE INFLUENCE LES PERSONNES DE CETTE ZONE ? L’idée de travailler dans un espace public est fondamenta-

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© Vhils

L’ARTISTE ALEXANDRE FARTO AKA VHILS, RÉPOND À NOS QUESTIONS QUANT À SA VISION DE L’ART. INTERVIEW.

« CELA ME PERMET DE COMPRENDRE LE POUVOIR DE CES GRANDES IMAGES SUR LES MURS PUBLICS. » ALEXANDRE FARTO AKA VHILS lement d’humaniser cet environnement dans une certaine mesure. Je crois que les gens et leurs environnements sont coincés dans un cycle d’influence réciproque, prenant forme ensemble. C’est très clair que la géographie et le climat sont cruciaux dans la formation de différentes cultures et personnes autour du monde, alors ça doit être pareil pour les autres éléments de nos environnements. La relation entre une ville et ses habitants est un réseau complexe de stimuli réciproques, de cause à effet. La ville et les gens changent en permanence, s’adaptant aux nouveaux éléments tout en contribuant aux nouveaux éléments. Alors avec ce travail, j’espère contribuer à cette interaction dans un sens positif.

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© Centre Pompidou-Metz

© higeru Ban Architects Europe

Shigeru Ban :

L’ARCHI-SOLIDAIRE LE 13 JUIN DERNIER À AMSTERDAM, LE JAPONAIS SHIGERU BAN RECEVAIT LE PRIX PRITZKER D’ARCHITECTURE 2014. LA CONSÉCRATION POUR CET ARCHITECTE HORS-NORME QUI, DU RWANDA À LA NOUVELLE-ZÉLANDE, FAIT RIMER CONSTRUCTION ET HUMANISME. RETOUR SUR LE PARCOURS D’UN BÂTISSEUR VISIONNAIRE ET SOLIDAIRE. LE NOBEL DES ARCHITECTES Depuis 1979, le prix Pritzker récompense un architecte pour ses différentes réalisations et sa contribution à l’architecture. On doit cette initiative à Jay Pritzker, homme d’affaires américain qui, avec son frère Donald, créera le prestigieux groupe hôtelier Hyatt. Considéré comme le « Nobel de l’architecture », le prix Pritzker a notamment distingué Norman Foster, Frank Gehry et le Français Jean Nouvel en 2008. À propos de Shigeru Ban, le jury a tenu à féliciter « l’élégance et le caractère inventif » de son travail et « ses contributions significatives à l’humanité via l’architecture ». QUAND L’ASIE RENCONTRE LA LORRAINE Inauguré en 2010, le centre Pompidou-Metz illustre parfaitement le travail et la philosophie de Shigeru Ban. Lumineuse, organique et légère comme un papillon, la structure se distingue par sa charpente en bois de 8 000 m2 en forme de chapeau chinois. Au carrefour de Mère Nature et des prouesses techniques, le toit est protégé par une membrane étanche à base de fibre de verre et de téflon. Sous cette toiture de dentelle se croisent trois galeries ; chacune dispose d’une baie vitrée qui offre un panorama unique sur les différents emblèmes de la ville comme la cathédrale ou la gare. Un rapport intérieurextérieur typique des créations de l’architecte japonais. Les salles d’exposition alternent entre grands espaces et lieux

plus intimes. Les pièces modulables permettent à l’édifice de s’adapter à la scénographie des expositions. L’ARCHITECTE EST UN HUMANISTE C’est aux États-Unis que Shigeru Ban se forme au métier d’architecte en intégrant la Southern California Institute of Architecture à Los Angeles, et la Cooper Union School of architecture de New-York. Dans les années 80-90, l’architecte travaille essentiellement pour des clients fortunés… Mais les belles demeures des nantis n’intéressent guère Shigeru Ban. Il décide donc de venir en aide aux plus démunis. Du tremblement de terre de Kobe au Rwanda en passant par Haïti, l’architecte imagine des logements éphémères, des salles de classe à base de tubes de carton. Sa signature. De 1995 à 1999, il devient architecte conseiller auprès du Haut Comité aux réfugiés de l’ONU. Comme un leitmotiv, ce « rôle social de l’architecte » ne l’a plus quitté à l’image de la reconstruction de la cathédrale de Christchurch en NouvelleZélande détruite par un séisme en 2011.

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TENDANCES

LA GRANDE HISTOIRE DES TAXIS

© DR

LE TRANSPORT DES PERSONNES ET BIENTÔT DES MARCHANDISES EST PRIS D’ASSAUT PAR UBER. RETOUR SUR LA GRANDE HISTOIRE DES TAXIS…

LA FAMILLE THURN UND TAXIS : LA VOIE ROYALE Famille d’origine allemande, les Thurn und Taxis sont connus pour avoir été les premiers, en Europe, à mettre en place un service postal dès le XVIe siècle. C’est François de Taxis et son frère Janetto qui inaugurèrent un système de transport révolutionnaire pour le compte de Maximilien Ier du SaintEmpire. Nommé maitre des postes, François de Taxis imagine un procédé ingénieux : des relais installés tous les 30 kilomètres permettent aux messagers de faire valider une feuille de route et ainsi confirmer le bon acheminement du courrier jusqu’à sa destination finale. Un procédé novateur qui conduira la famille Thurn und Taxis à être anoblie. LES TAXIS DE LA MARNE DANS L’HISTOIRE L’histoire des taxis est parfois surprenante comme celles des Taxis de la Marne et de leur rôle majeur pendant la Grande Guerre. En septembre 1914, l’armée française doit faire face à l’avancée des troupes allemandes qui menacent Paris. Pour contrer l’ennemi, le général Joffre déclenche la bataille de la Marne. Malheureusement, les Français manquent de renforts. C’est alors que le général Gallieni ordonne aux taxis parisiens de conduire des soldats sur le front. Les 6, 7 et 8

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septembre 1914, 4 000 hommes de la 7e division d’infanterie sont ainsi transportés par taxi vers Nanteuil-le-Haudouin et Silly-le-Long. Les taxis font leur entrée dans l’Histoire… LA RÉVOLUTION UBER Fondée en 2009 par Garrett Camp, Travis Kalanick et Oscar Salazar, la société Uber est le leader mondial de la réservation de véhicule de tourisme avec chauffeur. Une véritable révolution dans le secteur du transport privé des personnes qui peuvent désormais commander un VTC via une simple application. Moins onéreux qu’un taxi traditionnel, ce service a complètement bouleversé nos habitudes. En l’espace de cinq ans, la start-up a conquis le monde. Elle est aujourd’hui implantée dans 46 pays et 150 villes. Selon plusieurs spécialistes, le chiffre d’affaires de la société américaine pourrait même atteindre 10 milliards de dollars l’année prochaine.

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© The World’s 50 Best Restaurants 2015, sponsored by S.Pellegrino & Acqua Panna, and on Edition Photography, the official photographers for 2015

The world’s 50 best :

ICONOCLASTE ! CHAQUE ANNÉE, LA RÉVÉLATION DU CLASSEMENT DES 50 MEILLEURS RESTAURANTS DÉFERLE DANS LES GRANDS MÉDIAS INTERNATIONAUX, AU GRAND DAM DU GUIDE MICHELIN ET DES GRANDS CHEFS FRANÇAIS. ANALYSE.

LA MÉTHODE Gérone, Modène, Copenhague, Lima, New York, San Sébastien, Londres, Tokyo, São Paolo, New York… Le top 10 effectue un tour du monde détonnant. Pire, il bouscule le mythique guide Michelin : ainsi, Mugaritz, un « simple » 2 étoiles est 6e alors qu’Arzac, le Bocuse Basque n’est que 14e. Le premier français est à côté de Monaco, mais ce n’est pas Ducasse et son Louis XV. La méthode agace tellement et l’impact médiatique est tel que les grands chefs craquent : ils publient une pétition contre ce classement (http://occupy50best.com). Nul ne sait comment le classement est établi, mais il bouscule les codes, et les gastronomes adorent cela. C’est finalement une simple réplication du modèle qui a galvanisé la gastronomie française dans les années 70 sous la houlette de Paul Bocuse, fondé sur des partenariats avec des entreprises et relations étroites avec la presse ! LE BILAN C’est sans doute Eléna Arzac, élue meilleure femme chef du monde en 2012 qui résume le mieux la situation : « Tout à sa place, même s’il y a des opinions différentes ». À une époque où

la gastronomie s’ouvre au grand-public, peu importe finalement si le visiteur a découvert l’extraordinaire savoir-faire des meilleurs chefs du monde dans un guide rouge ou sur un site internet. L’important est de faire le voyage avec des amis pour avoir la chance de vivre l’expérience d’un grand repas ! À charge pour les chefs de travailler 20 heures par jour, de gérer le recrutement, les commandes, les obligations sanitaires, les demandes spécifiques des clients, les problèmes de financement, etc. Alors oui, le world’s 50 best rend hommage à une bande de chefs doués et impertinents -personne n’a oublié le doigt d’honneur adressé par l’équipe de Noma l’an dernier lors de la cérémonie- mais les gagnants de cette année – les frères Roca – réalisent effectivement des prodiges de créativité, de saveurs et d’humour dans leur restaurant de Gérone. Youtube regorge de vidéos hallucinantes à ce sujet et la Catalogne est facile d’accès !

Les gagnants 2015 : les frères Roca

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LE CHATEAUBRIAND Un des symboles de ce classement est sans doute le Chateaubriand, un petit restaurant du XIe arrondissement qui figure à la 21e place, distancé uniquement par l’Arpège d’Alain Passard dans la capitale mais loin devant les monuments de la gastronomie hexagonale. Les réservations se font 2 semaines en avance à peine et beaucoup tentent leur chance avec succès en faisant la queue devant la porte à 22 heures. A l’intérieur, un menu unique à 70€, de la musique en cuisine et un service ultradécontracté. Le chef basque, Inaki Aizpitarte, ne passe pas de table en table, sûr de l’effet de ses compositions millimétrées. Il incarne l’esprit du classement World’s 50 centré sur l’innovation, la passion, le travail acharné et le talent. Un mélange qui passe souvent pour de l’arrogance aux yeux de ses détracteurs.

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EURO-TOQUES

Euro-Toques :

LA CÈNE LUXEMBOURGEOISE

LA PASSION DES SAVEURS A PERMIS DE RÉUNIR DE TALENTUEUX CUISINIERS AU RESTAURANT UM PLATEAU DANS LE BUT DE RECRÉER LA CÈNE, FAÇON LUXEMBOURGEOISE. PORTRAITS DE QUELQUES UNS DE CES PASSIONNÉS.

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Téléchargez le magazine Spoon #3

PASSION 16 Cyril Molard : De la gourmandise avant tout…

AUTHENTICITÉ 22 Stéphanie Jauquet : La précision au féminin

SPOON LE MAGAZINE DES EURO-TOQUES LUXEMBOURG

VOYAGE 32 Villa Lario : La déesse de Côme

No

03

Euro-Toques :

la Cène

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luxembourgeoise

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EURO-TOQUES

Laurence Frank (Brasserie Schuman) :

QUAND L’AMBITION PORTE SES FRUITS

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ACCOMPAGNÉE DE SON BULLDOG FRANÇAIS – LILI –, LA GESTIONNAIRE DE LA BRASSERIE SCHUMAN FAIT LE BILAN DES 4 PREMIÈRES ANNÉES D’UNE BELLE AVENTURE QUI NE FAIT QUE COMMENCER.

4 ANS APRÈS, QUEL EST VOTRE BILAN ? Les retours des clients sont très positifs et ils sont de plus en plus fidèles, qu’ils travaillent ou habitent en ville, qu’ils sortent du théâtre ou qu’ils viennent de l’étranger. La carte a beaucoup évolué en quatre ans, pour permettre de garantir un service de grande qualité même sous pression et avec beaucoup de couverts. Nous avons également aménagé une partie de la terrasse uniquement pour les visiteurs du théâtre, pour qu’ils puissent se détendre pendant l’entracte. La clé de tout c’est la communication. Il faut oser mettre cartes sur table et désamorcer les problèmes pour y voir plus clair. J’essaie de me poser les bonnes questions, je me demande comment je pourrais améliorer ceci ou cela. J’ai par exemple appris à refuser les gens, pour pouvoir assurer un service de qualité. C’est regrettable mais nécessaire. Enfin, une des clés du succès de la Brasserie a été la bonne relation avec la Ville

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de Luxembourg, d’un côté, et la Direction du Grand Théâtre, en personne de Monsieur Frank Feitler, de l’autre. La venue de Monsieur Tom Leick-Burns ne devrait que prolonger cette bonne entente. Mais aussi je remercie également nos fournisseurs pour leurs compétences, leur service et la qualité de leurs produits. AVEZ-VOUS CONSTATÉ DES ÉVOLUTIONS PENDANT CES QUATRE ANNÉES ? Il y a beaucoup plus de jeunes qui deviennent des habitués de la Brasserie. En fait, les jeunes ont commencé à accompagner leurs parents et maintenant ils viennent seuls. Nous avons toujours eu une clientèle d’affaires qui travaille au centre, mais depuis quelques mois maintenant, les gens se déplacent du Kirchberg par exemple pour venir entre midi ou le soir.


« NOS CLIENTS SONT DE PLUS EN PLUS FIDÈLES. » LAURENCE FRANK, BRASSERIE SCHUMAN

Plusieurs générations, des gens d’affaires du centre ou du Kirchberg. La presse nous ramène aussi pas mal de monde de l’étranger. DES PROJETS POUR LES QUATRE PROCHAINES ANNÉES ? Déjà, nous refaisons le Lounge, c’est un gros travail. Il s’agit de rendre l’endroit plus confortable pour une cinquantaine de personnes.

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EURO-TOQUES

Daniel Rameau (La Rameaudière) :

CONFESSION OFFICIANT À ELLANGE-GARE, DANIEL RAMEAU, PRÉSIDENT DES EURO-TOQUES LUXEMBOURG, SE CONFIE QUANT À LA CROYANCE DE SES MEMBRES, DÉFENSEURS DES BONS PRODUITS. CONFESSION.

EN QUOI LES EURO-TOQUES ONT-ILS FOI ? Avec les Euro-Toques nous sommes de fervents défenseurs de l’utilisation de bons produits. Nous souhaitons travailler des aliments de saison, des produits authentiques et de proximité. Pourquoi importer de la viande du bout du monde lorsque l’on trouve de la viande de qualité produite au Luxembourg ? Nous attachons aussi une importance particulière à la traçabilité, grâce à des fournisseurs reconnus comme la Provençale. Beaucoup des aliments sont 100 % Luxembourgeois et c’est aussi notre volonté de réaliser une cuisine locavore, pour sublimer les produits du terroir. Notre credo est simple, faisons des saisons de vraies saisons. Les clients sont malheureusement parfois trop exigeants, nous ne sommes pas en mesure de cuisiner des asperges en janvier ou des fraises en décembre. Ceci étant dit, cela fait partie de notre passion, éduquer et rééduquer les clients à manger autre chose que ce à quoi ils sont habitués. Ainsi nous fidélisons notre clientèle. Notre métier est fédérateur et nous nous efforçons aussi de fidéliser nos collaborateurs pour les garder le plus longtemps possible. QUEL EST VOTRE GRAAL ? Nous souhaitons regrouper les restaurateurs autour de l’association Euro-Toques, pour défendre l’utilisation de bons aliments. Nous ne sommes pas un syndicat ou une simple association, nous sommes des défenseurs du produit. À cette quête de qualité, s’ajoute aussi les nouvelles règlementations en vigueur avec lesquelles il faut composer. Je pense bien évidement aux allergènes et à la méthode HACCP. Nous nous efforçons alors de trouver des solutions

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pour répondre à ces nouvelles normes, en cuisinant sans gluten par exemple. Nous sommes restaurateurs, et nous devons tous gérer les mêmes problèmes. Les « petits restaurateurs comme nous faisons face à des contraintes », au Luxembourg nous sommes à la pointe de ces règlementations agroalimentaires européennes qui sont suivies scrupuleusement dans notre pays. QUELS SONT LES 10 COMMANDEMENTS D’UN BON CHEF ? 1. Le respect des produits 2. Le plaisir de cuisiner 3. La satisfaction du client


« NOTRE CREDO EST SIMPLE, FAISONS DES SAISONS DE VRAIES SAISONS. » DANIEL RAMEAU, LA RAMEAUDIÈRE

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4. La transmission de notre métier 5. Le travail en équipe 6. Se remettre en question 7. Perpétuer les traditions 8. Respecter les saisons 9. Diversifier les saveurs 10. Transformer les produits soi-même

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EURO-TOQUES

Philippe Bridard (La Bergamote) :

TRANSMETTRE UN SAVOIR-FAIRE ET DES ÉMOTIONS

PHILIPPE BRIDARD, RÉPOND À NOS QUESTIONS QUANT À SA VISION DE LA CUISINE. INTERVIEW. QUEL EST VOTRE PARCOURS EN QUELQUES MOTS ? J’ai obtenu mon CAP de cuisine à Pithiviers et j’ai enchaîné avec des petits boulots. Mais ce qui m’attirait, c’était les étoilés. Je me suis donc retrouvé commis chez Morot Gaudry à Paris. J’habitais dans une chambre de 5 m2, mais j’apprenais la cuisine gastronomique. J’ai par la suite intégré plusieurs restaurants étoilés parisiens, je suis monté en grade en passant par tous les postes. J’ai rencontré des chefs de tous les genres mais ils étaient tous exceptionnels. Mon objectif personnel était d’atteindre la place de chef, j’ai donc trouvé le restaurant « les ursins dans le caviar ». J’ai appris à faire ma carte, c’était motivant, très intimiste et apprécié par les célébrités. J’ai finalement atterri au Luxembourg en 1994

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chez Speltz. Mon arrivée devait et a provoqué de nombreux changements dans leurs habitudes, Michelin est venu nous voir et le travail a fini par payer puisque le restaurant a obtenu une étoile. Finalement, j’ai préféré prendre un plus petit restaurant, La Bergamote, place de Nancy, qui m’attendait en 2011 et là, une nouvelle aventure a démarré. QUE VOULEZ-VOUS FAIRE VIVRE À VOS CLIENTS ? Ma philosophie a toujours été la même, même si elle doit s’adapter un peu par rapport à la vie d’aujourd’hui. J’ai toujours voulu utiliser des bons produits, en les mettant en valeur avec mon imagination et ma créativité. Mes maîtres m’ont inculqué beaucoup et m’ont transmis un savoir faire :


Téléchargez le magazine de La Bergamote La Bergamote LA PASSION 2015

NO 1

INTERVIEW PHILIPPE BRIDARD

DES SAVEURS

ORIGINE

RECETTE

Guillaume Lempens

Nancy : le joyau de l’est

Carpaccio de noix de Saint-Jacques de Dieppe

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INTERVIEW DU CHEF

« J’AI TOUJOURS VOULU UTILISER DES BONS PRODUITS, EN LES METTANT EN VALEUR AVEC MON IMAGINATION ET MA CRÉATIVITÉ. » PHILIPPE BRIDARD, LA BERGAMOTE

c’est ce que je souhaite transmettre à mon tour, aux jeunes d’aujourd’hui. Le respect du produit est primordial, il y a aujourd’hui encore trop de gaspillage. Lorsque l’on utilise un produit avec une partie dite « noble », l’autre partie doit être sublimée aussi. Dans le bœuf par exemple, il n’y a pas que du filet. C’est aussi cela notre mission : faire redécouvrir ces « bas morceaux » à notre clientèle. Notre métier est difficile, avec les Euro-Toques nous nous employons à faire découvrir notre art. QU’EST-CE QUI FAIT QUE CE MÉTIER EST UNIQUE ? Il est unique car il demande beaucoup de passion et d’investissement. Mais si l’on arrive à maîtriser ces deux éléments,

les clients nous offrent la plus belle récompense. C’est très gratifiant de voir que votre cuisine plaît et qu’elle surprend vos clients en leur faisant découvrir ou redécouvrir des sensations. À travers ces sensations, nous partageons quelque chose avec notre clientèle et nous les considérons dès lors comme des amis. C’est aussi cela qui rend notre métier si unique.

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EURO-TOQUES

Denis Laissy (Bick Stuff) :

AU FIL DES DISCUSSIONS

BICK STUFF SIGNIFIE SALLE À MANGER EN LUXEMBOURGEOIS. VIRGINIE ET DENIS LAISSY NOUS RACONTENT LEUR HISTOIRE.

« NOUS OFFRONS À NOS CLIENTS UNE PAUSE SANS STRESS. » DENIS LAISSY, BICK STUFF

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QUELLE EST L’HISTOIRE DE BICK STUFF ? Nous avons commencé ce beau projet en novembre 2000 et avons pu ouvrir le restaurant fin janvier 2001. Ce qui fait le charme de cette aventure c’est que rien n’est simple. Il y a toujours un peu de piment à rajouter à l’assiette. C’est cela l’aventure de la restauration, il faut passer par différentes étapes pour arriver au résultat tant attendu : la satisfaction du client. QUELLE EST VOTRE PHILOSOPHIE ? Autour d’une table, tous les problèmes peuvent se régler. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu des tables espacées, pour que les discussions restent intimes. Accompagnées de belles assiettes, ces discussions n’en sont que meilleures. Les clients échangent sur leurs sensations, leurs goûts et les produits. La table est pour nous l’endroit de tous les


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ce que nos clients apprécient et recherchent en venant dîner au Bick Stuff. D’ailleurs, notre plus fidèle cliente a 94 ans et vient déjeuner ici tous les dimanches midi. COMMENT ONT ÉVOLUÉ LES ATTENTES DES LUXEMBOURGEOIS CES DERNIÈRES ANNÉES ? Pour les personnes qui avaient l’habitude de sortir, il n’y a pas de changement. Mais pour les « nouveaux habitués » c’est un peu différent. Ce qui a beaucoup changé, c’est que les clients baignent dans cet écosystème culinaire créé par la télé réalité. Tout le monde s’intéresse à la cuisine, ce qui est une très bonne chose pour notre métier, mais la réalité est différente de ce que l’on voit dans ces émissions. De ce fait, les attentes des clients ont peu à peu été modifiées. Ils sont peut être plus exigeants, mais ils s’intéressent plus à ce qu’il y a dans leur assiette, ce qui crée des échanges. En salle, mon épouse, fait un travail exceptionnel. Elle sait mettre en valeur les produits de notre maison et l’attente de nos clients. Mais la porte de ma cuisine est toujours ouverte ainsi, les clients peuvent venir me voir et me donner leurs impressions. échanges; l’assiette quant à elle est un facilitateur de communication. Le nom du Restaurant reflète bien notre philosophie. « La salle à manger » est une pièce conviviale d’échange et de partage. Nous mettons tout en œuvre pour que les clients se sentent comme à la maison. À l’heure actuelle, les gens ont l’habitude de déjeuner rapidement, ici nous leur offrons autre chose, une pause sans stress. C’est très certainement

LE MOT DE LA FIN ? Pour nous, c’est faire plaisir.

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« LA CLÉ, C’EST DE S’ENTOURER DE PASSIONNÉS. »

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STÉPHANIE JAUQUET, UM PLATEAU

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EURO-TOQUES

Stéphanie Jauquet (Umplateau – Les Cocottes) :

LA PRÉCISION AU FÉMININ PERCHÉE SUR SES HAUTS TALONS, STÉPHANIE JAUQUET GÈRE 3 ÉTABLISSEMENTS ET UNE SOCIÉTÉ DE CONSEIL, 6 JOURS SUR 7, 12 HEURES PAR JOUR. INTERVIEW. L’équipe Cocottes

COMMENT ÊTES-VOUS PARVENUE À LA TÊTE DE VOS ÉTABLISSEMENTS ? Je crois que c’est par passion mais aussi un peu par hasard. J’ai fait des études de sciences commerciales pendant 3 ans et je me suis redirigée vers une école de gestion hôtelière. En parallèle, je travaillais dans un hôtel restaurant à Gesves, où je faisais du baby-sitting pour les propriétaires. J’ai fini par passer du côté de la salle, passant par tous les postes. Ensuite, pendant leurs vacances, ils me laissaient les clés et gérer la boutique. C’est là que j’ai su que c’était cela que je voulais faire. Je suis arrivée au Luxembourg en juin 1997 où j’ai participé au succès de « La fourchette à droite ». L’aventure a continué avec le « Wengé », restaurant pour lequel j’ai dû beaucoup voyager pour trouver des idées de concepts. Forte de ces expériences et des nombreuses missions de consultance, j’ai lancé Um Plateau, ouvert un Red Beef, les Cocottes, et plus… QUELS SONT VOS FUTURS PROJETS ? J’ai créé une nouvelle société dont le concept consiste à mettre les compétences de mon équipe au service des clients. Elle est principalement destinée aux restaurateurs luxembourgeois, pour les aider sur plusieurs points : les labels, la sécurité, le calcul des coûts, l’hygiène, les lois par exemple pour les allergènes. Pour cela, nous disposons d’un ingénieur, d’un chef de production, de chefs de cuisine, d’une F&B manager… J’espère que nous pourrons, à terme, aider les entrepreneurs à monter leur business plan et créer leur restaurant. À part ce

gros projet, nous allons donner un coup de neuf au Umplateau mais sans renier l’esprit d’un restaurant simple et convivial. Je peux m’appuyer sur mon nouveau bras droit, Jonathan Germay, qui est en fait le fils de Dominique, gestionnaire de l’hôtel restaurant à Gesves où j’ai tout appris ! C’est lui que je gardais quand il était petit. Du côté des Cocottes, nous continuerons de développer les gammes de produits. QUELLES SONT LES CLÉS DU SUCCÈS POUR UN RESTAURATEUR À LUXEMBOURG ? L’honnêteté est primordiale : cela passe d’abord par la proposition dans l’assiette mais aussi par la qualité du service. Il faut rester fidèle à ses valeurs : convivialité et simplicité en ce qui me concerne. La clé, c’est de s’entourer de passionnés. Sans passion, nous ne pouvons pas réussir dans ce métier. C’est un métier très prenant. Mes semaines sont surchargées : 12 heures par jour, 6 jours sur 7, réparties entre l’administratif et les services. Le soir, je préfère rester au Um plateau ; pendant les fêtes par exemple, je reste aux Cocottes en ville. L’ambiance y est très particulière, nous avons plein d’habitués que nous voyons chaque jour. Et pendant l’été, la terrasse du Um plateau est très tentante.

+ D’INFOS www.umplateau.lu www.myofficialstory.com/umplateau

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LIFESTYLE

© 360Crossmedia/B.J.

Slow Food :

FAST BRIEFING SI VOUS AIMEZ LA BONNE NOURRITURE ET LE BON VIN, SI VOUS SOUHAITEZ STOPPER LA PROPAGATION DU FAST FOOD ET DU FAST LIFE, ALORS VOUS ÊTES PRÊTS À DÉCOUVRIR LE MONDE DE SLOW FOOD INTERNATIONAL. QUE FAIT SLOW FOOD ? Association à but non lucrative, financée par ses membres, fondée en 1989 pour promouvoir les traditions gastronomiques, les origines et les saveurs des produits et pour nous éduquer aux conséquences de nos choix alimentaires sur le reste du monde. C’est plus de 100 000 membres dans plus de 150 pays. Ses activités: éducation au goût, éducation au consommateur, travail sur la biodiversité avec 300 projets en cours pour sauver des variétés et 800 produits catalogués dans l’Arche du goût. Création d’un réseau international Terra Madre : lien entre les petits producteurs, les chefs cuisiniers, les universitaires et des jeunes engagés, pour améliorer le système de production des aliments. Convivium : localement, partout dans le monde, environ 1 500 convivia coordonnent des activités SF et organisent des événements suivant la philosophie de slow food. Au Luxembourg il existe 2 convivia : SF Luxembourg créé en 1999 et SF Grand-Duché en 2013. QUEL EST L’ENJEU ET QUELLE EST LA MOTIVATION ? Notre alimentation fait partie de notre patrimoine historique et culturel.Notre alimentation est le reflet de notre société. Nous devons la protéger. Nous voulons être des consommateurs actifs, tisser des liens avec les producteurs locaux et les artisans des métiers de bouche qui partagent la philosophie Slow Food. Nous sommes responsables de ce que nous mangeons, de ce que nous offrons à la jeune génération. Nous croyons en la convivialité, lien humain élément fédérateur de l’alimentation.

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« NOUS VOULONS TISSER DES LIENS AVEC DES PRODUCTEURS LOCAUX. » SYLVIE FERRARI

INTERTITRE Le convivum Grand-Duché promeut la philosophie de Slow Food International. Notre comité cosmopolite oeuvre pour la promotion d’une nourriture respectant les idées de Slow Food : BONNE, PROPRE, EQUITABLE et dans la convivialité. Nos activités: rencontres conviviales et gastronomiques autour de la connaissance de produits locaux pour la biodiversité et soutien des producteurs. Exemple : soirée Ebling, soirée pain, visite d’un verge, d’un élevage de bœufs … Ateliers d’éducation au goût dès le plus jeune âge.Conférences.Participation aux manifestations de Slow food international telles que Cheese Fair, Fish fair et Salon du Goût à Turin.Travail avec d’autres convivia dont le convivum Slow Food Luxembourg.

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/slowfood Rejoignez-nous : www.slowfoodgrand-duche.com


FUNDS EUROPE AWARDS

© DR

Le 27 novembre 2014 se tenait la 10e cérémonie des « Funds Europe Awards » dans la prestigieuse « Tower of London ». Ont été récompensés : en tant que personnalité Européenne de l’année : Helena Morrissey, et en tant que CIO européen de l’année : James de Upphaugh. Les dirigeants de plus de 100 entreprises se sont donc donné rendez-vous dans un cadre somptueux et très british. 360Crossmedia a été choisi pour remettre le « Thought Leadership Factory award ».

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LIFESTYLE

13E ÉDITION EY INTERNATIONAL FUND OF GOLF DAY LA 13E ÉDITION DE L’ÉVÉNEMENT EY INTERNATIONAL FUND OF GOLF DAY A EU LIEU AU PRESTIGIEUX GOLF DE LUXEMBOURG DOMAINE DE BELENHAFF LE 9 JUIN 2015. Plus de 100 personnes, joueurs ou non-joueurs, ont participé à ce tournoi devenu traditionnel. Les joueurs ont pu profiter d’une excellente ambiance, due notamment aux essais de Jaguar, à la dégustation de cigares, à la musique et à la superbe terrasse ensoleillée. Tous ont pu créer de nouvelles relations ou renforcer des relations existantes.

PLUS D’INFORMATIONS : www.360crossmedia.com/#!13th-edition-of-international-fugo/cmxn

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© Photos : 360Crossmedia

” “SO BRITISH EDITION

TITLE SPONSOR : EY CO-SPONSORS : MDO, BNP Paribas Securities Services, Jaguar PARTENAIRES : Citabel Golf, Funds Europe, Luxair, Duke, 360Crossmedia

PALMARES 2015 NETT SCORES VAINQUEURS 13TH EY INTERNATIONAL FUND OF GOLF DAY Stéphane Bourg, Tony Buche, Gregory Das Merces, Nicolas Bannier 2e place : Richard Neale, Tony Whiteman, Steven Brown, Alan Botfield 3e place : Tonika Hirdman, David Winters, Olivier Wurtz GROSS SCORES 1re place : Mark Houston, Marc Kriegsmann, Mark Philips, John Beavers ROOKIES Linda Lamri, Marylène Alix, Olivier Sibille, Thomas Fahl LONGEST DRIVE Men : David Winters NEAREST TO THE PIN Men : Steve Brown (6,59m) Women : Veronique de la Bachelerie (7,74m)

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LIFESTYLE

Nicolas Courcoux (Slyde) :

LE LUXE CONNECTÉ NICOLAS COURCOUX , DIRECTEUR COMMERCIAL DE LA MARQUE SUISSE D’HORLOGERIE DIGITALE SLYDE RÉPOND À NOS QUESTIONS. COMMENT A ÉTÉ CRÉÉ SLYDE? L’aventure SLYDE débuta sous l’impulsion de Alain Nicod – le CEO - et Jorg Hysek (Designer et co-fondateur). Leur vision était claire : la fusion de l’horlogerie Suisse et du digital. Comment appeler cette montre 100% tactile ? Tout simplement en s’inspirant de l’action que ferait un doigt pour la manipuler : « to Slide ». Comme elle est destinée à la génération « Y », son orthographe a été adaptée à : SLYDE. L’aventure débuta réellement en 2009 avec les esquisses et beaucoup de R&D pour présenter, à Baselworld 2011, la collection initiale de SLYDE. Celle-ci provoqua un bouleversement dans l’establishment horloger, habitué à une horlogerie traditionnellement mécanique ou quartz. En effet, SLYDE est la première montre à pouvoir offrir des complications téléchargeables et donc des visages à l’infini ! QUELLES SONT LES CARACTÉRISTIQUES QUI RENDENT CETTE MONTRE SI PARTICULIÈRE ? En tant que pionnier dans le digital horloger, tout était à inventer. Ce fut donc un vrai défi, notamment lorsque ses fondateurs ont établis le cahier des charges. Nos montres disposent d’une glace en saphir bombée et tactile -première mondiale-, il n’y a pas de poussoir, pas de couronne, aucun bouton -première mondiale- et une autonomie de la batterie d’au moins 5 jours. L’allumage de la montre se fait sur pivotement du poignet ou par pression tactile -breveté-, celle-ci dispose d’une réserve de marche et d’un capteur d’intensité lumineuse sur la tranche ainsi

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que d’une étanchéité à 30 m. Ainsi, SLYDE offre les mouvements mécaniques les plus spectaculaires sous forme digitale, tout en respectant les règles strictes du Swiss Made. DANS LE CONTEXTE DE LA MODE DES MONTRES CONNECTÉES, COMMENT VOYEZ-VOUS VOTRE SOCIÉTÉ ÉVOLUER DANS LES MOIS À VENIR ? De mieux en mieux car nous commencions à nous sentir un peu seul ! En effet, en tant que première « manufacture digitale suisse », nous manquions de visibilité par absence de concurrents et donc d’une prise de conscience de la clientèle. La manière d’interagir avec une SLYDE est également révolutionnaire. Tout ceci fait que nous devons pouvoir expliquer simplement quelque chose qui n’est pas encore une évidence. En revanche, depuis l’annonce du lancement de l’Apple Watch, c’est la « panique » pour une partie de l’horlogerie Suisse. Tous se posent la question : « quelle offre horlogère connectée vaisje bien pouvoir proposer ? » SLYDE a, quant à elle, déjà sa réponse depuis 2011 avec toute une stratégie d’évolution pour les 5 prochaines années.

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/slyde www.slyde.ch/fr


Jean-Louis Rigaux (Grand Garage de Luxembourg) :

PAR AMOUR DE L’AUTOMOBILE JEAN-LOUIS RIGAUX, MANAGING DIRECTOR GGL, RÉPOND À NOS QUESTIONS À PROPOS DU MARCHÉ AUTOMOBILE LUXEMBOURGEOIS.

COMMENT JAGUAR EN PARTICULIER ET LE GRAND GARAGE DE LUXEMBOURG EN GÉNÉRAL S’ADAPTENT-ILS À L’ÉVOLUTION DU MARCHÉ ? Jaguar Luxembourg fait partie de GGL – Grand Garage de Luxembourg SA – créé en 1960), qui fait partie du Groupe INCHCAPE plc, plus important groupe automobile indépendant de la planète. Inchcape cherche sans cesse à améliorer la satisfaction de ses interlocuteurs, clients ou fournisseurs, au travers des très nombreuses entreprises d’importation ou de distribution du Groupe. Chez Jaguar Luxembourg, comme chez GGL et Inchcape, tous les processus sont régulièrement revus, « benchmarkés »avec toutes les sociétés du Groupe. Les méthodes de communication évoluent sans cesse et la communication directe avec les consommateurs, via contacts « face to face » ou via le web, est privilégiée. Nous ne pouvons attendre les prospects. Nous devons leur offrir l’envie de nous rencontrer et faire la différence. En un mot, nous devons être leur 1ère recommandation.

Jean-Louis Rigaux, Managing Director GGL

© 360Crossmedia

QUELLE EST VOTRE ANALYSE DU MARCHÉ LUXEMBOURGEOIS ? Si le parc automobile luxembourgeois représente un exemple de qualité au niveau mondial, le marché de ces dernières années est devenu de plus en plus rude et le volume des ventes à particuliers a diminué. Tout d’abord, cette crise de 2008, extrêmement médiatisée, a plombé le moral des consommateurs. De plus, Internet a introduit une notion de prospection à domicile qui fait qu’il n’est plus autant nécessaire de se rendre dans des salles d’exposition pour choisir un véhicule, du moins, pour créer sa liste d’achats. Certes, sur internet, le consommateur peut déblayer une grande partie de son choix. Par contre il sera amené à valider ses options sur des forums et là j’émets les plus fortes réserves quant à l’objectivité des interlocuteurs. Le marché automobile des particuliers, à fin mai 2015, est à - 14,4 %. Seules les marques « premium » continuent à bien se vendre grâce à la passion des Luxembourgeois. L’envie créée par chaque nouveau modèle excite les acheteurs. Course à l’échalote, non, course à l’envie, sans doute…

QUELLE EST L’IMPORTANCE DU FACTEUR PASSION DANS VOTRE BUSINESS ? Si l’achat automobile est un peu filtré par un filtre économique, il reste qu’une voiture fait partie des achats où le cœur, l’envie et la passion interviennent immanquablement. Et, surtout au Luxembourg, le pouvoir d’achat et la qualité d’entretien du parc automobile permettent une mixité du parc automobile nourrie tant par des voitures de rêves, plutôt haut de gamme, que par des véhicules d’occasion « premium » accessibles. Il faut aussi remarquer que les Luxembourgeois entretiennent très bien leurs véhicules, dans les réseaux officiels, et, du coup, les occasions sont belles, bien soignées, attirantes. C’est aussi un indicateur significatif de la passion de ce pays pour l’automobile…

+ D’INFOS www.myofficialstory.com/jeanlouisrigaux www.ggl.lu

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LIFESTYLE

WEISSHAUSWALD

En arrivant du Luxembourg, un arrêt ici permet de visiter les animaux – biches, sangliers, faisans, avant de profiter de la vue panoramique sur Trèves à la Weisshaus. www.trier.de/KulturFreizeit/Gruenes-Trier/ Weisshauswald/

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#3

RESTAURANT

BECKERS

SCHLEMMEREULER

Le seul restaurant 2 étoiles de la ville. Le restaurant est divisé en deux parties : la partie classique et le bar à vin. Un hôtel est également intégré au site.

Le meilleur rapport qualitéprix de la ville, juste en face de la cathédrale. Le cadre, les assiettes et le service font penser à un restaurant étoilé. Pas l’addition.

www.beckers-trier.de

www.schlemmereule.de

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#2

GASTRONOMIE

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#1

PANORAMA

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MOODS TRIER #4

LOISIRS

TRIOLAGO

A 10 minutes de la frontière, ce centre de loisirs propose : luge, ski nautique, minigolf, baignade, pédalo,… www.triolago.com


GENUSSGESELSCHAFT Un concept ambitieux dans un bâtiment exceptionnel. C’est petit, assez cher, mais une visite reste recommandée. www.genussgesellschaft.de

MAMAISON

Un établissement invisible à partir de la rue mais spectaculaire une fois le bon étage atteint ! www.lamaisononline.de

#7 WINE WEINSINNIG

Un établissement idéal, en plein centre-ville, pour goûter les vins de la région. www.weinsinnig.com

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#6

SHOPPING

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#5 CAFÉ

#8

PROMENADE

FÜNFSEENBLICK

Le plus beau panorama de la région, accessible en marchant 4kms à partir de Mehring ou 500 mètres pour ceux qui garent leur voiture sur la route proche.

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LIFESTYLE

SOIRÉE DE LANCEMENT DU MAGAZINE DUKE 04 360Crossmedia a donné rendez-vous à une centaine d’invités le 22 avril 2015 pour célébrer la sortie du quatrième numéro de son magazine Duke. En présence de Josée-Lynda Denis – rédactrice en chef du magazine –, la soirée a eu lieu au UmPlateau à Luxembourg, dans un cadre chaleureux et ensoleillé.

PLUS D’INFORMATIONS : www.duke.lu Pour voir tous nos évènements : www.360Crossmedia.com

© 360Crossmedia/P.D.

Téléchargez le magazine Duke #04

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BEST ADDRESSES

© Photos : DR

OF LUXEMBOURG

La Bergamote.

Um Plateau.

EATING

UPSCALE

Bouquet garni: www.lebouquetgarni.lu Clairefontaine: www.myofficialstory.com/clairefontaine De jangeli: www.dejangeli.lu La maison lefèvre: www.lamaisonlefevre.lu La Mirabelle: www.espaces-saveurs.lu La Rameaudière: www.larameaudiere.lu Le Windsor: www.windsor.lu Léa Linster: www.lealinster.lu Les roses: www.casino2000.lu/restaurants/les-roses Ma langue sourit: www.mls.lu Mosconi: www.mosconi.lu

CASUAL

Bick Stuff: www.bickstuff.lu Boccon di vino: www.boccondivino.lu Brasserie k116: www.k116.lu Brasserie Mansfeld: www.mansfeld.lu Brasserie Schuman: www.myofficialstory.com/ brasserieschuman Boos K Fé: www.boos.lu House 17: www.house17.com Ikki: www.ikki.lu Kjub: www.kjub.lu La Bergamote: www.labergamote.lu Um Plateau: www.myofficialstory.com/umplateau

SPECIALITIES

Burger: Le Booster’s: www.booster.lu Italian: Voglia Matta: Tel.: (+352) 26 48 20 98 Indian: Maharaja: Tel.: (+352) 24 17 45 Asian: Opium: Tel.: (+352) 26 360 160 Sushi: Yamayu Santatsu Tel.: (+352) 46 12 49

Bick Stuff.

Sofitel Grand Ducal.

CIGAR

La tabatière: www.la-tabatiere.lu

LEASURE CASTLES

Beaufort: 24 Rue du Château, L-6310 Beaufort Bourglinster: 8 rue du Château, L-6162 Bourglinster Clervaux: Am Schlass, L-9774 Urspelt Vallée des sept châteaux: Leesbach, L-8363 Septfontaines Larochette: 4 rue de Medernach, L-7619 Larochette

CULTURE

Mudam: 3 Park Drai Eechelen 1499, Luxembourg www.myofficialstory.com/mudam Philharmonie: Place de l’Europe L-1499, Luxembourg Casemates: 30, place Guillaume II, Luxembourg Palais Grand ducal: 17 Rue du marché-aux-Herbes, Luxembourg

PARTY

Rives de Clausen: www.myofficialstory.com/ rivesdeclausen Bypass: www.bypass.lu White House: www.white.lu

HOTELS

Sofitel Grand Ducal: www.myofficialstory.com/sofitel Hotel Le Royal: www.hotelroyal.lu Le Place d’Armes: www.hotel-leplacedarmes.com Melia: www.melia-luxembourg.com

www.luxembourgofficial.com #18 #17 ANDY A LUXEMBOURG_141


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STRAIGHT FROM THE SOURCE

Andy est un magazine tiré à 10 000 exemplaires, deux fois par an.

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Nous recherchons des rédacteurs, des photographes, des graphistes et des webdesigners dans toute l’Europe. Envoyez vos coordonnées à contact@360Crossmedia.com

www.andyaluxembourg.com 360Crossmedia – (+352) 35 68 77 – contact@360crossmedia.com – www.360crossmedia.com



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