Extrait de "Migrants en Guyane"

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ISBN : 978-2-7427-9868-1 dépôt légal : juin 2011 Prix : 22 euros TTC France

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Migrants en Guyane

Migrants en Guyane

L’auteur est maître de conférences à l’université de Reims et chercheur au CePeD-Centre population et développement. En accueil à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) à Cayenne, il travaille sur les circulations migratoires et les réseaux transnationaux en Guyane. Il pratique la photographie depuis 1990.

ACTES SUD / MUSÉE DES CULTURES GUYANAISES

Ce livre rassemble une série de portraits d’immigrés, tous réalisés par Frédéric Piantoni entre 2006 et 2010, en Guyane et à ses frontières. Ces photographies n’avaient encore jamais été présentées au public ; elles sont le fruit du travail personnel du géographe, que ses recherches sur les processus migratoires conduisent sur ce territoire depuis une quinzaine d’années. Cet ouvrage s’inscrit dans le prolongement de l’exposition présentée successivement à Angoulême, La Rochelle, Paris, mais aussi en Guyane, au Suriname et au Brésil, dans le cadre de l’année 2011 des outre-mer français. Toutes les photographies de l’exposition sont ici reproduites, accompagnées d’un texte de Frédéric Piantoni sur le fait migratoire en Guyane. Considéré sous un angle sociologique, ce livre fournit une documentation globale et riche sur une réalité migratoire complexe et multiforme.

ACTES SUD / MUSÉE DES CULTURES GUYANAISES

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ISBN : 978-2-7427-9868-1 dépôt légal : juin 2011 Prix : 22 euros TTC France

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Migrants en Guyane

Migrants en Guyane

L’auteur est maître de conférences à l’université de Reims et chercheur au CePeD-Centre population et développement. En accueil à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) à Cayenne, il travaille sur les circulations migratoires et les réseaux transnationaux en Guyane. Il pratique la photographie depuis 1990.

ACTES SUD / MUSÉE DES CULTURES GUYANAISES

Ce livre rassemble une série de portraits d’immigrés, tous réalisés par Frédéric Piantoni entre 2006 et 2010, en Guyane et à ses frontières. Ces photographies n’avaient encore jamais été présentées au public ; elles sont le fruit du travail personnel du géographe, que ses recherches sur les processus migratoires conduisent sur ce territoire depuis une quinzaine d’années. Cet ouvrage s’inscrit dans le prolongement de l’exposition présentée successivement à Angoulême, La Rochelle, Paris, mais aussi en Guyane, au Suriname et au Brésil, dans le cadre de l’année 2011 des outre-mer français. Toutes les photographies de l’exposition sont ici reproduites, accompagnées d’un texte de Frédéric Piantoni sur le fait migratoire en Guyane. Considéré sous un angle sociologique, ce livre fournit une documentation globale et riche sur une réalité migratoire complexe et multiforme.

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ISBN : 978-2-7427-9868-1 dépôt légal : juin 2011 Prix : 22 euros TTC France

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Migrants en Guyane

L’auteur est maître de conférences à l’université de Reims et chercheur au CePeD-Centre population et développement. En accueil à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) à Cayenne, il travaille sur les circulations migratoires et les réseaux transnationaux en Guyane. Il pratique la photographie depuis 1990.

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Ce livre rassemble une série de portraits d’immigrés, tous réalisés par Frédéric Piantoni entre 2006 et 2010, en Guyane et à ses frontières. Ces photographies n’avaient encore jamais été présentées au public ; elles sont le fruit du travail personnel du géographe, que ses recherches sur les processus migratoires conduisent sur ce territoire depuis une quinzaine d’années. Cet ouvrage s’inscrit dans le prolongement de l’exposition présentée successivement à Angoulême, La Rochelle, Paris, mais aussi en Guyane, au Suriname et au Brésil, dans le cadre de l’année 2011 des outre-mer français. Toutes les photographies de l’exposition sont ici reproduites, accompagnées d’un texte de Frédéric Piantoni sur le fait migratoire en Guyane. Considéré sous un angle sociologique, ce livre fournit une documentation globale et riche sur une réalité migratoire complexe et multiforme.

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polarisé sur la bande littorale. Le voyageur aura probablement l’impression d’une segmentation à laquelle échappe l’agglomération cayennaise : celle d’un espace pratiquement vide, bordé par l’épaisse forêt amazonienne, et soudainement peuplé, au croisement de la route et d’un fleuve, à la rupture des dynamiques parallèle et méridienne. Au bout de l’asphalte, s’il remonte le cours du fleuve Maroni, la même organisation hachée autour des “sauts” (rapides), ruptures de charge dans la ligne d’écoulement, ne manquera pas de lui rappeler qu’il s’agit d’une autre route, structurant un autre espace, fluvial celui-là. Localement, l’existence de bordures, de limites et de marges est perceptible dans les carrés urbains nichés dans la trame orthogonale des villes : “villages” chinois, brésiliens, saamaka, quartiers haïtiens de Bonhomme et Eau-Lisette. Elle est également évidente aux abords des fleuves, où le peuplement se hiérarchise en fonction du gradient d’intégration au centre urbain de l’estuaire. Là, les “pays” des Noirs Marrons ndjuka, paamaka, aluku, et des amérindiens kali’na et wayana se substituent aux “villages” urbains. Cerner la Guyane dans un espace de référence revient à décliner des marges successives. Evidemment sud-américaine par son ancrage continental, elle est cependant incluse dans l’ensemble des Guyanes, isolat elliptique défini par le fleuve Orénoque, le canal du Casiquiare, le Rio Negro, l’Amazone et l’océan Atlantique. Le géographe Elisée Reclus1, en

GUYA

Popula

démontrant la cohérence géomorphologique et historique du “bouclier granitique” des Guyanes, leur offre un ancrage identifié et dissocié de l’espace sud-américain. Paul Vidal de la Blache2, établit les limites d’un

Population Effectifs es Source : In

1. Elisée Reclus (1895) in “Les Guyanes”, Géographie universelle, livre XIX. In “L’Amazonie et La Plata”, pp. 8-34, Paris. 2. Paul Vidal de la Blache (1902), La rivière Vincent Pinzon. Etude sur la cartographie de la Guyane, vol. XV, p. 72 , Félix Alcan Editeur, Paris.

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La Guyane dans son environnement frontalier

Paramaribo

OCEAN

Awala-Yalimapo (1989) Mana Moengo Iracoubo Sinnamary Albina Onverwacht Kourou Patamacca Saint-Laurent-du-Maroni Montsinéry Galibi

(Sous-Pref.)

Brokopondo Brownsweg

Macouria

Cayenne (pref.)

Apatou (1976)

Fl. Maroni

Langatabiki

SURINAME

Matoury

Saint-Elie

Roura Régina Ouanary

Grand-Santi (1993) Papaïchton (1993)

Djoemoe

Benzdorp

ATLANTIQUE

Rémire-Montjoly

Cabo Orange

Saint-Georges-de-l’Oyapock

Maripa-Soula

ock

Batavia

NouvelleAmsterdam

Saül

Oiapoque Clevelandia do Norte

yap

GUYANA

Totness

Camopi

Fl. O

Nickerie

Ilha Bela Vila Brasil

Cunani

Laurenço

Calcoene

Amapá

BRESIL Etat fédéral du Pará Populations communales en 2007 Cayenne (58 369)

Saint-Laurent-du-Maroni (34 336) K ourou (25 918) M atoury (25 191) M ana (8 322) M aripa-Soula (5 584)

Population légale cartographiée : 215 036 Effectifs estimés en 2009 : 229 000 Source : Insee, 2007, 2010

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Capitale administrative, capitale d’Etat fédéral, préfecture Villes majeures

BRESIL Etat fédéral d’Amapá

Cabo Norte Tartarugalzinho Serra do Navio Ferreira Gomes Porto Grande

Commune de Guyane (création récente) Routes principales Pistes principales

Macapá

Population urbaine Cayenne

58 369 hab.

Paramaribo

250 000 hab.

Macapá

366 484 hab.

Estuaire de l’Amazone Laranjal do Jari

0

100 km

Conception et réalisation : F. Piantoni, CePeD, 2011

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du dispositif réglementaire relatif à l’exploitation minière, il est à l’origine de l’engouement actuel – malgré la chute des cours de l’or et la difficulté d’accès aux sites d’orpaillage – des groupes internationaux spécialisés dans l’extraction aurifère. La création de filiales locales a favorisé l’augmentation du nombre de permis de recherche et d’exploitation et, en conséquence, créé un appel de main-d’œuvre compétente et expérimentée. Ce regain d’activité est principalement soutenu par des entreprises multinationales et des PME-PMI enregistrées en Guyane. Aussi constate-t-on une diversification des espaces d’émigration traditionnels et des typologies migratoires. Des mineurs (garimpeiros) émigrent aujourd’hui de l’ouest du Pará, du nord du Mato Grosso et du sud du Roraima vers les grands chantiers d’extraction aurifères. Cette dynamique est majoritairement illégale et concerne des hommes seuls originaires des espaces ruraux. ̀​̀Si

la période 1984-1986 constitua les prémices de l’activité aurifère, on peut considérer que le “Gold Rush” dirigé par des acteurs guyanais aluku s’étend jusqu’en 1997. L’exploitation de l’or fut croissante et permit un ralentissement des flux migratoires vers les villes estuariennes (Saint-Laurent, Mana). Cela permit d’endiguer les crises sociales, compte tenu de la faiblesse du marché de l’emploi local. Cependant, les années 1997 et 1998 furent marquées par une chute des cours sur les marchés internationaux, provoquant la faillite d’un nombre important de structures d’exploitation (barges ou placers). L’importance de la demande de travail amena nombre d’artisans orpailleurs à exploiter la main-d’œuvre brésilienne en situation illégale et à racheter des placers et des barges. Les conséquences furent immédiates sur le plan social : l’insécurité grandit, jusqu’à son autolégitimation dans le cadre d’une situation de non-droit.

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La mobilité associée à l’exploitation aurifère Lignes quotidiennes avec les Caraïbes et l’Amérique du Sud

aramaribo ne Belém-P uotidien Ligne q

Paramaribo Gröningen Batavia

NouvelleAmsterdam

Awala-Yalimapo Mana Iracoubo

Galibi Moengo Albina

Onverwacht

Patamacca

Saint-Laurentdu-Maroni

Brokopondo

Sinnamary Kourou Montsinéry Macouria

Cayenne

Apatou Langatabiki

SURINAME

Stoelmans

St-Elie

Roura

Matoury

Rémire-Montjoly

Gran Santi

Djoemoe

Papaïchton Benzdorp Lawatabiki Antinon Cabane Afo

Passage par Boa Vista (Etat du RoraIma), puis le sud du Guyana et du Suriname

Saint-Georgesde-l’Oyapock MaripaSoula

Oiapoque Clevelandia do Norte

Saül

Anapaïké

Camopi

Ilha Bela Vila Brasil

Cunani

Laurenço Passage par le fleuve Paru (Etat du Pará), puis le sud du Suriname (Brownsberg)

BRESIL Etat fédéral du Pará

Calcoene

BRESIL Etat fédéral d’Amapá

Amapá Cabo Norte Tartarugalzinho Serra do Navio

Zone des placers artisanaux. Exploitation illégale majoritaire Villes et villages dont l’économie est tributaire de l’orpaillage

Ferreira Gomes Porto Grande

Gisements aurifères Zones de pistes, de rivières et de chemins empruntés par les orpailleurs légaux et illégaux (ex. Petit-Inini, Grand-Inini, Eaux Claires, Petit Palafini, Ouaqui, Sapokaï, Sileini et Kwata) Concessions et permis exclusifs d’exploitation Itinéraires terrestres empruntés par les orpailleurs et circuits d’acheminement du matériel d’exploitation

Macapá Estuaire de l’Amazone 0

100 km

Itinéraires par lignes aériennes lignes internationales

Aéroports internationaux

Capitales administratives

lignes intérieures régulères ou irrégulières (”avions-taxis”, avion particulier)

Aérodrômes (officiels et illégaux) utilisés par les orpailleurs

Villes, villages majeurs Axes routier pricipaux Pistes Conception et réalisation : F. Piantoni, CePeD, 2011

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4. Chantier naval, quartier de la Crique, Cayenne, 2007. La réparation et la construction de bateaux de pêche fait appel à un savoir-faire amapaense, diffusé par ces habitants de l’Etat fédéral d’Amapá. Mais, sur la place dédiée à ce chantier informel, point de formes de radoub ni de grues de halage. Les bateaux sont tirés, puis maintenus par des rondins. Ouvriers et charpentiers de marine, présents depuis longtemps ou arrivés plus récemment, commencent à travailler dès l’aube, dormant sur les bateaux, dans leurs membrures, et formant un monde à part. Le regard de cet homme illustre la lassitude, mais aussi la conscience de ce paradoxe : l’utilisation de l’immigration dans l’économie régionale et son déni.

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5. Pont de la Crique, Cayenne, 2006. Le pont, ou plutôt la passerelle de la Crique, à Cayenne, le lien et le passage obligé, l’entre-deux. C’est évidemment un lieu de concentration commerciale, dévolu le mercredi et le samedi aux étals de poissons, frais ou séchés. Cette photographie est née d’une rencontre fortuite qui se transforma en entretien. Derrière cet homme, la frange de la Crique, et, devant, Cayenne : passer le pont ? Il a retracé sa biographie, débutant par sa jeunesse au Brésil, son pays de naissance. Arrivé en Guyane dans les années 1970 pour participer à la construction du Centre spatial Guyanais, il a ensuite exercé d’autres activités, dont celle de marin, très longtemps. A la retraite, logeant dans ce quartier, il était toujours en attente du renouvellement de sa carte de séjour de dix ans et tentait de sensibiliser des élus. Passer le pont, comme d’autres frontières à d’autres échelles, prenait une dimension métaphorique.

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28. Quartier de Balata-Ouest, Matoury, 2007. Au pied de la colline, supportant l’habitat illicite au sein duquel tout adressage est impossible, ont fleuri les allées de boîtes aux lettres. Les noms révèlent les origines des occupants, mais aussi et surtout la concentration des immigrés dans les hauts, non constructibles en raison des glissements de terrain.

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53. Saint-Georges-de-l’Oyapock, 2010. Après une mission au Brésil, j’étais rentré la veille au soir à Saint-Georges, trop tard pour retourner à Cayenne, la route étant parfois dangereuse la nuit. Au lever du jour, le dimanche, se tenait le petit marché de la ville : une dizaine de revendeurs proposaient de la farine de manioc et du poisson achetés sur la rive opposée. Une famille vivait sur ce caboteur de pêche. Les pirogues-taxis entamaient leurs aller-retours incessants, transportant touristes et passagers habituels.

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