La vie, c'est mortel

Page 1

LA VIE, C’EST MORTEL ! À Félix.

CLAIRE LECŒUVRE - CHARLOTTE GASTAUT

À Maïka et Mamita, pour leur étonnante concordance. À mon parrain, Michel, qui a ouvert la porte du voyage. À ceux qui m’accompagnent encore. C. L.

À mon père qui jouait petit avec les Tsantsas de la collection de crânes de mon Grand-Père. À cette tête Mundurucu qui était belle comme Claudia Cardinale dans le Guépard. À Éric, pour le crâne-Nuage. À la mort qui nous va si bien. C. G.

Éditrice : Isabelle Péhourticq assistée de Noémie Seux-Sorek Directeur de création : Kamy Pakdel Maquette : Christelle Grossin © Actes Sud, 2020 – ISBN 978-2-330-14161-5 Loi 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. Reproduit et achevé d’imprimer en septembre 2020 par l’imprimerie Printer Portuguesa pour le compte des éditions ACTES SUD, Le Méjan, Place Nina-Berberova, 13200 Arles Dépôt légal 1re édition : octobre 2020 – Imprimé au Portugal

ACTES SUD junior


“Vivons heureux en attendant la mort.” Pierre Desproges

SOMMAIRE 1. PERCEVOIR

P. 8

2. FAIRE DANSER LES VIVANTS

P. 16

3. ESPRIT, ES-TU LÀ ?

P. 26

4. DEVENIR IMMORTEL

P. 36

Son absence nous rend triste. Mais si l’on regarde la mort

5. PALAIS CHERCHE FANTÔME

P. 42

pour ce qu’elle est, celle-ci reste une partie de la vie.

6. ÉCOLO JUSQU’AU BOUT

P. 48

D’ailleurs on en parle tous les jours sans même s’en rendre compte.

7. LA MORT SANS TABOU

P. 52

On l’emploie même pour désigner quelque chose de génial :

Triste, la mort ? Pas du tout ! Bien sûr, voir disparaître quelqu’un de proche n’est jamais gai.

Pour de très nombreuses cultures, elle n’est qu’une étape.

“Trop mortel ce jeu”, ou quelque chose qui nous énerve : “Ça me tue !” Alors, en définitive, la mort, c’est quoi ?


CHAPITRE 1 •

PERCEVOIR

LA MORT, C’EST QUOI ? Tout ce qui est vivant meurt. C’est un cycle. Les êtres vivants naissent, mangent, grandissent, se reproduisent puis meurent. Et chaque fois qu’un organisme s’éteint, il permet à un autre de vivre. Lorsqu’un chien meurt, des bactéries et des mouches vont se nourrir de ses tissus et de ses organes. Elles transforment ces éléments en matière organique que d’autres êtres vivants vont pouvoir consommer. Cela va, par exemple, servir à enrichir le sol et à nourrir les plantes. Les mouches, elles, sont un mets parfait pour les lézards, les grenouilles et les araignées. Ces derniers animaux vont servir de nourriture à d’autres plus gros comme des reptiles, des oiseaux tels les aigles, des serpents ou des petits mammifères comme la musaraigne. Des mammifères encore plus gros, comme les renards, les chiens, les lynx…, chasseront ces animaux. L’ensemble de ce cycle forme les chaînes alimentaires et permet l’équilibre de la nature. Pour que nous, êtres humains, puissions vivre, nous mangeons des plantes et tuons des animaux. En mourant, nous devrions nous aussi servir la nature. Les êtres humains ont rompu ce cycle depuis qu’ils utilisent des tombeaux et des produits chimiques qui empêchent la dégradation des corps par les autres êtres vivants.

L’ÉNIGME DES VIRUS Malgré les connaissances scientifiques, même la question de la vie est compliquée, on ne sait pas toujours définir ce qui est vivant. Les virus, par exemple, sont des organismes qu’on ne parvient pas encore à bien classer. Ils sont constitués de morceaux d’ADN, une molécule qui forme les gènes, protégés par une membrane. Ils ne mangent pas, ne produisent pas de déchets, ne se reproduisent pas. Donc on pourrait dire qu’ils ne sont pas vivants et qu’ils ne peuvent pas non plus mourir. Certains scientifiques disent qu’ils sont vivants uniquement au moment où ils entrent dans une autre cellule et l’utilisent pour dupliquer leur ADN.

RENAÎTRE SANS CESSE Dans notre corps, nos cellules meurent tout le temps. Elles se régénèrent aussi ! Avant de naître, lorsque notre corps se forme, nous avons besoin de supprimer certaines cellules. Pour former nos mains par exemple, les cellules entre les doigts vont mourir pour créer les espaces entre eux. Ensuite, pour conserver sa santé, le corps a besoin de supprimer les cellules qui ont un défaut ou qui pourraient attaquer les organes. Elles ont donc un programme spécial pour s’autodétruire. Lorsque l’on est malade, on est attaqués par des organismes avec une ou plusieurs cellules. Dans ces cas-là, certaines de nos cellules sont spécialisées pour réagir et tuer celles qui sont étrangères. Certaines maladies graves abîment trop de cellules et nous empêchent de réagir correctement. Mais parfois, à l’inverse, nos cellules ne meurent pas assez et se multiplient trop, cela est aussi mauvais pour nous. On parle alors de cancer. Au final, notre corps connaît sans cesse des petites morts et des renaissances.

8


ÉLÉMENTAIRE , MON CHER WATSON Il est difficile de savoir si quelqu’un est vraiment mort. Il nous faut le vérifier de façon médicale. Pendant longtemps, le fait de ne plus sentir la respiration ou d’entendre le cœur battre suffisait à déterminer la mort. On mettait un miroir devant la bouche d’un patient pour vérifier s’il respirait. Si c’était le cas, de la buée se formait sur le miroir. On raconte que les croque-morts mordaient les doigts des défunts avant de les enterrer pour s’assurer qu’ils ne se relèveraient pas, d’où leur nom ! Ce n’est probablement pas vrai, ils utilisaient plutôt un objet piquant. Pour un inspecteur comme Sherlock Holmes, il existe un élément catégorique. Observer la présence de mouches bleues et vertes signifie le décès. Selon leur espèce, elles permettent même d’estimer l’heure de la mort. On le voit dans les films : les médecins légistes, ceux qui étudient le corps lors d’un décès suspect, connaissent bien ces mouches.

PAS UNE MAIS PLUSIEURS MORTS En réalité, il n’existe pas de définition de la mort qui convienne à tout le monde. En Occident, on distingue plusieurs morts. Lorsque le cœur et la respiration s’arrêtent, on parle de mort clinique. On appelle mort cérébrale le fait que le cerveau ne fonctionne plus. On peut aussi observer une différence entre un corps vivant et un corps mort lorsque le cadavre devient rigide et pâle. Il s’agit de la mort physiologique. Notre corps est composé d’organes, de tissus et de cellules. La mort biologique correspond à la destruction de ces éléments. Des chercheurs ont observé que certaines cellules vivaient encore dix-sept jours après l’arrêt de l’activité cérébrale. Enfin la mort la plus avancée est appelée fonctionnelle. Il s’agit du moment où plus aucun organe ne fonctionne. On a constaté à plusieurs reprises que les ongles et les poils continuaient à pousser un certain temps après la mort. Depuis à peine soixante ans, la loi française intègre une définition officielle de la mort. Il faut obligatoirement trois critères : l’absence totale de conscience, la fin de tous les réflexes et l’absence de respiration. Pour mesurer l’activité du cerveau, on utilise une machine appelée électroencéphalogramme. Comme il est encore difficile de savoir quand le cerveau arrête réellement de fonctionner, la loi demande deux électroencéphalogrammes réalisés pendant trente minutes avant de noter l’arrêt de la vie.


LES PLUS VIEILLES MORTS Depuis quand, nous autres êtres humains, reconnaissons-nous la mort ? Difficile de répondre à cette question car nous ignorons comment pensaient nos ancêtres. On sait cependant qu’il y a cent mille ans, Homo sapiens enterrait les morts. Les archéologues cherchent à savoir si à l’époque déjà, l’enterrement était un acte volontaire. Cela permettrait de savoir depuis quand Homo sapiens a développé des rites funéraires, des évènements particuliers pour accompagner les morts. Les endroits où ont eu lieu de tels rites sont appelés des sépultures. La plus vieille tombe a été découverte en Israël, à Mugharet es-Skhül. Les squelettes se trouvaient dans une position particulière, les jambes repliées sous le corps. Ailleurs, il reste parfois des traces de parures et de bijoux. C’est le cas dans la tombe de Sungir, en Russie. L’homme qui y a été enterré voilà plus de vingt-cinq mille ans était paré de vêtements cousus avec de nombreux bracelets et pendentifs en ivoire de mammouth. Des lances et des statuettes l’entouraient. Sans doute avait-il été un personnage important. Avec le temps, l’être humain a développé des rites très différents pour s’occuper des morts. On sait qu’il y a déjà onze mille ans, Homo sapiens utilisait des grottes, la mer, ou creusait dans le sol pour déposer les corps de ses proches. Il les installait seuls ou à plusieurs dans des sortes de cimetières, ou bien encore les brûlait. Mais Homo sapiens n’est pas le seul à percevoir la mort. L’homme de Néandertal lui aussi enterrait ses morts. On a retrouvé une quarantaine de sites avec des sépultures. Dans l’une d’entre elles, le sol avait été fleuri de plusieurs plantes. Muscaris bleus, centaurées jaunes, achillées jaunes et blanches et séneçons jaunes coloraient l’ensemble. Pour certains chercheurs, la disposition de ces plantes serait liée à un rite particulier.


DANSE DE CORBEAUX ET BALLETS D’ÉLÉPHANTS Tous les animaux perçoivent-ils la mort ? Et pourquoi pas ? Il est difficile de savoir réellement ce que pensent ou ressentent les animaux. Mais les éthologues, spécialistes du comportement animal, ont accumulé de nombreuses observations intrigantes.

ACCOMPAGNER LES PROCHES Différentes espèces d’animaux ont été observées près des corps de leurs semblables. Chez les girafes, les lémuriens, les éléphants, les otaries, les mères peuvent rester plusieurs jours auprès du corps de leur petit. Chez les primates, les dauphins et les orques, le bébé mort est porté ou poussé par la mère puis escorté par d’autres membres du groupe pour le protéger des attaques de prédateurs. Chez les adultes aussi, des comportements d’entraide ont été observés. Des grands dauphins ont ainsi accompagné plusieurs jours durant le corps d’un autre dauphin. Ils se concentraient tant sur leur proche qu’ils en arrêtaient de manger.

RITUELS D’OISEAUX S’il vous arrive de voir des corbeaux transporter des branches ou divers objets, ce n’est peut-être pas pour faire leur nid. Lorsqu’un des leurs est mort, les corbeaux comme les geais et les corneilles le repèrent vite et changent de comportement. Cela peut être le signe d’un danger. Ils se mettent donc à croasser, à appeler d’autres oiseaux pour ensuite foncer en piqué sur l’ennemi supposé. On les a aussi vus utiliser des bouts de bois pour recouvrir le corps du congénère décédé. Il semble donc bien qu’ils perçoivent le moment où la vie quitte leurs semblables.

CURIEUX COMME UN ÉLÉPHANT Les éléphants sont très intrigués par leurs semblables mourants. Au Kenya, une matriarche morte a été l’objet de rites étranges. Les éléphants venaient la toucher, la pousser et lui mettre de l’herbe dans la bouche. Face à son absence de réaction, ils ont jeté sur son corps de la terre, des branchages, des feuilles et sont restés deux jours à ses côtés. Il est même arrivé qu’une femme endormie se réveille sous un tas de branches et de terre. Les éléphants l’avaient crue morte ! Dans ce même pays, plusieurs chercheurs ont remarqué que les éléphants d’Afrique inspectaient beaucoup plus les restes de défenses et de crânes d’éléphants que les os d’autres espèces. Certains racontent même qu’un groupe aurait rapporté sur le lieu de la mort les os d’une femelle transportée ailleurs. Est-ce un moyen pour eux de se souvenir de l’être mort ? Difficile à dire, mais peut-être est-ce de là que vient la légende des cimetières d’éléphants.

DES SOINS ATTENTIONNÉS Les réactions des grands singes face à la mort des leurs ont fait l’objet de nombreuses observations. L’histoire la plus impressionnante reste celle d’un groupe de chimpanzés dans un parc écossais. L’une des chimpanzés, Pansy, était gravement malade. Avant de mourir, Pansy s’est installée dans le nid de sa fille Rosie. Le reste de la communauté est venu la caresser régulièrement tandis que Rosie veillait sa mère la nuit entière. Tous lui bougeaient les bras et la bouche, comme pour vérifier qu’elle était morte. Plusieurs jours plus tard, les singes étaient plus calmes que la normale. Ils refusaient de revenir sur la plateforme où était morte Pansy.


CHAPITRE 2 •

FAIRE DANSER LES VIVANTS

DRÔLES DE FUNÉRAILLES Il est temps de danser, de manger, de profiter de la vie ! C’est ainsi que beaucoup de populations célèbrent le décès d’une personne. Ces fêtes servent à plusieurs choses. Tout d’abord il est important d’aider l’être qui part à affronter les obstacles pour atteindre un autre monde, ou pour favoriser son retour sur terre. Ensuite cela permet aux vivants d’accepter la disparition de la personne, de conserver sa mémoire et d’intégrer la mort à la vie. Pour accepter la mort d’un proche, il faut prendre du temps. C’est pour cela que, dans plusieurs cultures, on enterre deux fois le mort, ou bien on attend un certain temps avant de l’enterrer. C’est aussi pour cela qu’on éloigne la famille pendant plusieurs jours. Le temps de faire son deuil, c’est-à-dire d’accepter la tristesse qu’on éprouve. Il faut aussi trouver le meilleur endroit pour le repos du défunt. En Corée, on place d’abord le corps dans une tombe temporaire que l’on recouvre de plantes. Pendant trois à cinq ans, des fêtes sont célébrées en son honneur, ensuite le chaman choisit le lieu idéal. On y enterre les os, qui ont été nettoyés et placés dans un cercueil. À Madagascar, on pratique le retournement des morts, le famadihana. Il s’agit d’une cérémonie durant laquelle on sort le squelette de son tombeau provisoire pour le placer dans un autre. On en profite pour changer les linges qui l’entourent. Les nattes sur lesquelles reposait le mort sont très convoitées car on dit qu’elles aident les femmes à avoir des enfants. Tout au long de la fête, des artistes chantent et dansent pendant que les gens mangent. On éprouve de la tristesse face à la mort d’un être parce qu’il était proche de nous. Dans nos esprits, il n’est pas imaginable de ne pas donner de sépulture à un être humain. En revanche, ce n’est pas un problème pour les animaux. Et pourtant, les propriétaires d’animaux domestiques souhaitent souvent les enterrer, ou leur organiser une cérémonie spéciale. Ils éprouvent le besoin de leur dire au revoir. Dans des histoires très anciennes, certains personnages sont tués par des ennemis qui ne veulent pas leur accorder de funérailles. Dans l’Iliade d’Homère, lors de la guerre de Troie, le héros Achille tue Hector qui avait lui-même tué un de ses proches. Achille attache le corps de son ennemi à son char. Il ne veut pas le rendre à sa famille et, pire, l’humilie en le traînant derrière lui. C’est une punition et un moyen de dominer le vaincu jusque dans la mort. La famille d’Hector réussit ensuite à récupérer le corps et lui organise de grandes funérailles. Hector est brûlé et ses cendres sont placées dans une urne en or, enterrée près des remparts de Troie. L’auteur du récit note qu’il fut ainsi dignement honoré. Respecter le mort en lui accordant des funérailles et en préservant son corps est très important car cela lui permet de partir correctement vers le royaume des morts.

16


MUSIQUE , MAESTRO ! La Nouvelle-Orléans, aux États-Unis, est une ville réputée pour la musique jazz. Cette tradition musicale se retrouve aussi dans les enterrements. Depuis plus de cent ans, des orchestres accompagnent le cercueil de l’église jusqu’au cimetière. Au cours de ces “funérailles en musique”, la famille et les proches marchent lentement, sous des parapluies décorés de toutes les couleurs ou noir et blanc. Tout le monde se met ensuite à danser. Dans les pays des Balkans, en Europe de l’Est, la musique ponctue tous les événements ´ un musicien très connu qui a composé la musique de beaucoup importants. Goran Bregovic, de films, joue d’ailleurs avec un “orchestre des mariages et des enterrements”.

PLEURER AVANT DE CRIER DE JOIE Le fait de pleurer, de hurler de tristesse est très important dans certaines communautés. Cela permet de signifier son attachement à la personne décédée. C’est un moyen de montrer à l’esprit du mort qu’on l’honore. Il existe même un métier pour cela, le métier de pleureuse. En Égypte antique, il y a plus de trois mille ans, des pleureuses étaient convoquées pour les funérailles des pharaons. Placées devant le cortège funéraire, elles devaient crier, pleurer, chanter et réciter des lamentations. Ce métier existait encore en France jusqu’à peu : les pleureuses auraient disparu il y a à peine soixante ans. En Chine encore aujourd’hui, les familles louent des pleureuses. On appelle ces femmes des “kusangren”. Elles organisent de véritables fêtes que les gens viennent admirer. Si elles se lamentent le plus fort possible pour montrer la douleur des proches, elles préparent aussi des spectacles de danse, de chant et de clowns très joyeux. Elles permettent ainsi aux familles d’évacuer leur tristesse et de retourner à la vie. Dans de nombreuses cultures, il est important que ce ne soit pas les familles qui expriment leur chagrin : cela retiendrait le défunt dans le monde des vivants. Il faut qu’une personne étrangère à la famille coupe les liens entre le mort et ses proches. Dans l’islam, il ne faut pas pleurer ni montrer sa tristesse en se déchirant les vêtements juste après la mort, cela pourrait brûler le défunt. On raconte l’histoire d’une mère qui avait trop pleuré ses enfants, ses larmes ont formé une rivière qui empêcha ces derniers de revenir l’aider lorsqu’elle en avait besoin. Chez les Karanga, au Zimbabwe, si le mort entend des pleurs, il sera retardé dans son voyage vers l’au-delà.

À TABLE ! Quoi de plus vivant que le fait de manger ? Pour fêter la vie et la mort, de nombreux peuples organisent des repas. En Russie, ce repas est tellement important qu’on peut voir des tables et des bancs en ciment à côté des tombes. Depuis l’Antiquité, les Grecs préparent des festins au moment de l’enterrement mais aussi trois, neuf et trente jours après. Les Romains eux aussi faisaient un banquet au pied du bûcher où le corps était brûlé avec des offrandes, de la viande et de la vaisselle. Neuf jours plus tard, un sacrifice était réalisé et un autre repas préparé. En Chine, durant la fête des fantômes, des mets sont offerts pour libérer les esprits. En Allemagne, on fabriquait un gâteau en plaçant de la pâte sur la poitrine du mort. Cette préparation était censée absorber les vertus du défunt. La mort a inspiré les cuisiniers pour fabriquer des gâteaux en forme de squelettes, de crânes, d’os. On trouve ainsi le pan de muerto et les calaveras au Mexique, le qingtuan en Chine ou encore le pain des morts en Corse.


FÊTES DES MORTS, FÊTES DES VIVANTS Chaque année, des fêtes dédiées aux morts sont célébrées partout dans le monde. Ces moments sont là pour se souvenir de ceux qui sont partis. Ce sont souvent les fêtes les plus importantes de l’année. Los días de los muertos, c’est-à-dire “les jours des morts”, est une fête particulière au Mexique. Il s’agit en réalité de deux fêtes car les Aztèques organisaient une cérémonie spécifique pour les enfants et une pour les adultes, à vingt jours d’écart. Aujourd’hui les traditions aztèque et chrétienne se sont mélangées et les fêtes sont rassemblées sur deux jours. Les familles préparent de grands buffets avec les plats que les défunts préféraient. Ils rassemblent aussi des objets qui leur appartenaient. Ensuite les habitants portent l’ensemble au cimetière, nettoient les tombes et les décorent. Longtemps auparavant ont été semées des graines de cempoalxúchitl, une fleur dont on répand les pétales dans le cimetière pour que les morts trouvent le chemin vers l’autel préparé par leur famille. Toute la nuit, les gens mangent en chantant et en jouant de la musique. Tous les villages sont illuminés par les lumières orangées des bougies. Aujourd’hui, de grands carnavals sont organisés : c’est à qui sera le mieux déguisé et maquillé ! Cette fête est le sujet d’un récent dessin animé produit par Walt Disney : Coco. En France, la fête des morts issue de la religion catholique a lieu le 2 novembre, le lendemain de la Toussaint, qui rend hommage aux saints. Les gens habillés de noir vont au cimetière pour rendre visite aux morts ; ils déposent des fleurs, souvent des chrysanthèmes, sur les tombes. Une messe est célébrée pour les défunts et les laver de leurs péchés. Cette tradition date du XVe siècle. Avant, la famille pleurait près du défunt, en général dans la maison où il habitait. Petit à petit s’est propagée l’idée que l’on pouvait racheter ses fautes en organisant des prières et des messes lors de son enterrement. Les plus riches se sont mis à payer des prêtres ou des pauvres, habillés tout en noir, pour former de grands cortèges marchant jusqu’à leurs tombes. Depuis cette époque, le noir est devenu la couleur du deuil.


JACK O’ LANTERN, ÉTATS-UNIS Aux États-Unis, pour Halloween, les enfants se déguisent en fantômes et en monstres et vont demander des friandises. Ils fabriquent les Jack O’ Lantern avec des potirons. Accrochées aux portes des maisons, ces lanternes devaient chasser les revenants. À l’origine, il s’agissait de navets géants ou de pommes de terre. Cela vient d’une vieille histoire. Une nuit de Halloween, Jack but une fois de trop. Le diable apparut à ses côtés pour prendre son âme. L’homme n’avait cependant pas envie de partir avec lui. Jack lui proposa de boire un dernier verre mais, n’ayant pas assez d’argent, il demanda au diable de se transformer en pièce de six sous. Dès que ce fut fait, Jack attrapa la pièce, la mit dans son porte-monnaie qu’il ferma avec une attache en forme de croix. Le diable essaya de sortir mais la croix l’en empêchait. – Je ne te laisserai partir que si tu promets de ne jamais venir me chercher, lui lança Jack. Très énervé, son adversaire accepta. Jack reprit le cours de sa vie. Cependant son corps était trop fatigué. Peu de temps après, son âme dut le quitter. Elle monta au paradis, mais on lui en refusa l’accès. Il descendit alors aux portes de l’enfer. Là, le diable le chassa : – Tu m’as fait promettre de ne pas prendre ton âme. Tu ne peux pas entrer ici, retourne d’où tu viens. – Comment trouverai-je mon chemin dans le noir et le vent ? Le diable attrapa un morceau de charbon ardent et le jeta à Jack. Ce dernier prit la braise qu’il mit dans le navet qu’il était en train de manger au moment de sa mort. Depuis ce temps-là, il erre sur la terre, sans savoir où aller, avec son Jack O’Lantern.


LE SOURIRE DE LA VIE, NÉPAL Il y a bien longtemps, dans le royaume montagneux du Népal, vivait un roi très puissant, Pratap Malla. Le royaume était prospère et le roi était heureux avec sa femme et ses enfants. Mais un jour, une maladie se répandit dans le royaume et de nombreuses personnes perdirent la vie. Le plus jeune fils du roi, lui aussi, mourut. La reine, sa mère, ne parvenait pas à se remettre de cette mort. Elle avait perdu le goût de vivre. Le roi ne savait que faire pour la réconforter et lui redonner le sourire. Alors il demanda à son peuple de l’aider. Celui qui ferait sourire sa femme serait couvert d’or et de biens. À la suite de la procession annuelle des vaches, Gaï Jatra, tous les habitants se déguisèrent et réalisèrent des danses, des sketchs, des acrobaties ou encore des spectacles. La reine s’étonna de cette étrange pratique puis se mit à sourire. Il y avait tant de monde qu’elle finit par rire aux larmes, ne pouvant plus se retenir. Alors elle pensa à toutes les autres familles qui avaient perdu un être cher. Eux avaient accepté que la mort fasse partie de la vie. Avec le roi Pratap Malla, elle décida que désormais on commémorerait les morts pendant le Gaï Jatra, en faisant la fête. Depuis lors, les jeunes Népalais se déguisent et organisent des danses et des spectacles comiques le jour de Gaï Jatra. Armés de petits bâtons et de costumes de toutes les couleurs, ils dansent en rythme dans toute la ville. Certains jouent des spectacles comiques. Ce jour est aussi devenu l’occasion de se moquer de la vie et de ce qui se passe dans le pays.


CHAPITRE 3 •

ESPRIT, ES-TU LÀ ?

BIENVENUE SUR LES CHAMPS ÉLYSÉES Les fantômes ? Même pas peur. Gentils ou méchants, ils peuplent notre imaginaire. Ils restent ceux qui nous ont aimés et nous protègent ; parfois ils peuvent aussi jouer des tours aux vivants. Impossible de dire si les fantômes existent vraiment, mais on les rencontre dans toutes les cultures, où ils occupent des fonctions bien particulières. Peu de gens sont convaincus que nous disparaissons purement et simplement après notre mort. Certains croient que l’âme se sépare du corps et commence un long voyage qui conduit dans un lieu spécial ou bien lui permet de revenir dans un autre corps. Différentes religions évoquent des endroits merveilleux. Cela peut être le paradis pour les chrétiens, le Valhalla pour les Vikings, les champs Élysées dans la Grèce antique... Il s’agit parfois de plusieurs lieux qui accueillent des esprits différents. Dans les Enfers grecs, les champs Élysées sont un jardin éternel accessible seulement aux humains justes et aux héros. À côté, on trouve la plaine des asphodèles où arrivent les âmes des humains qui n’ont rien accompli de particulier durant leur vie. Dans la mythologie nordique, le royaume de la déesse Hel accueille les morts de vieillesse, celui de la déesse Rán est destiné aux morts en mer et le Valhalla, demeure du dieu Odin, est le lieu des guerriers morts au combat. Dans de nombreux cas, les âmes doivent d’abord être jugées avant d’atteindre ces royaumes des morts. Les Égyptiens de l’époque des pharaons croyaient que le mort se retrouvait devant le tribunal du dieu Osiris pour la pesée de son âme, représentée par le cœur. Si ce dernier était plus léger que la plume de la déesse Mâat, cela signifiait que le défunt avait eu une vie juste. Il accédait alors aux champs d’Ialou pour un séjour éternel. Si ce n’était pas le cas, il se faisait manger par un monstre.


SUR LES AILES DES ANGES Entre le pays des morts et celui des vivants existent généralement des messagers ou des êtres capables de relier les deux. Au Japon, une drôle de créature, coiffée d’un bonnet et d’un tablier rouge, avec parfois un bâton de pèlerin, protège et accompagne les enfants. C’est le Jizô Bosatsu, un bouddha en devenir qui aide les âmes des enfants morts trop tôt pour pouvoir se réincarner. On dit que ceux-ci sont condamnés à rester dans les limbes, un lieu entre les vivants et les morts, où ils construisent des colonnes de pierre. Le Jizô Bosatsu éloigne les démons qui s’amusent à détruire ces colonnes.

FACILITER LE PASSAGE VERS L’AU-DELÀ Aider les mourants à moins souffrir et à partir plus vite a souvent été considéré comme normal. En Bretagne, lorsqu’une personne souffrait trop longtemps, la plus vieille femme du village lui donnait un coup léger avec un “marteau de la bonne mort” et lui disait de se préparer à quitter la terre. Chez les chrétiens, l’extrême-onction a pour but d’aider le mourant à se débarrasser de sa vie sensorielle, c’est-à-dire quitter le monde matériel pour libérer son âme. Les musulmans, eux, doivent dire la chahada, la profession de foi, avant de mourir. Si le mourant est trop faible pour cela, quelqu’un peut le dire à sa place en lui maintenant l’index levé. Cela lui permet ainsi de partir en paix avec Dieu. Plusieurs populations d’Afrique ont des techniques pour que l’âme sorte vraiment du corps : il s’agit d’arracher un cheveu, de maintenir la bouche ouverte ou encore de tirer l’oreille du mort. De même au Japon, pour être sûr que l’âme s’en est allée, il faut verser du saké ou remuer des grains de riz près de l’oreille de la personne décédée. À votre santé !

AU LOIN, ESPRITS MALINS ! Si les esprits sont parfois des ancêtres, il vaut mieux éviter les fantômes en colère qui pourraient être dangereux. Les Japonais changent de route au retour d’un enterrement, pour éviter de croiser le mort. Avant l’enterrement, ils font tout à l’envers : ils plantent les baguettes dans un bol de riz, ils retournent la porte de la pièce où repose le mort, ferment le kimono en nouant la ceinture dans le sens inverse de la pratique habituelle. Pour laver le corps, ils puisent l’eau de la main gauche avec une louche à l’envers. Ils n’essuient pas le corps et adressent même des insultes au défunt. La veille du Nouvel An, ils posent de nouveau des bols de riz avec des baguettes plantées dedans pour que les âmes ne viennent pas gâcher la fête. Dans la Rome antique, on organisait la fête des carrefours. Il s’agissait d’accrocher des poupées de laine et des masques à des arbres placés à la croisée des chemins. La population demandait aux esprits des ténèbres d’accepter ces objets représentant les membres de la famille et de laisser les vivants en paix. Cette tradition existait aussi en Picardie, en France, où l’on plaçait des croix aux carrefours. Près du Tibet, dans la région du Zanskar, on enfouissait sous terre des images d’ibex, des chèvres sauvages, pour éviter que les fantômes ne viennent hanter les villages. En Argentine, les diaguitas entourent le mort de lances plantées dans le sol pour éviter que son esprit ne soit attaqué par de mauvais esprits. On retrouve ce rite en Irlande, où l’on dessine un cercle avec des joncs enflammés, et au Burkina Faso où l’on fait de même avec des cendres.


EN ROUTE La mort est souvent considérée comme un voyage. La nourriture et la fête permettent d’accompagner le défunt dans cette nouvelle aventure. On dépose aussi près de lui des objets qui lui sont familiers, de la nourriture et de l’argent. Au Cambodge, on lui enfile même des chaussures pour la route !

TRAVERSÉE DU DÉSERT Se défendre face à des moutons et des chiens, marcher dans une grande plaine, traverser une rivière... : au Mexique, le voyage des morts est long et difficile. Pour les aider, on leur offre des objets bien précis. Tout d’abord, de l’eau et des galettes pour se nourrir. Un petit bâton permet de repousser les chiens, le sel sert à éloigner les moutons, les graines de cacao doivent payer le passage de la rivière. Enfin, un morceau de roseau rempli d’eau bénite protège l’esprit.

CORPS DE RIZ Comment voyager sans corps ? Les Népalais considèrent qu’il faut nourrir l’esprit du mort, le preta, avant qu’il puisse accomplir son voyage vers l’au-delà. Pour cela, pendant neuf jours, ils apportent des boulettes de farine de riz. Ces dernières formeront le corps du preta.

LA ROUE DE LA VIE L’âme peut parfois revenir parmi les vivants sous différentes formes. Elle peut passer dans un corps animal, végétal ou dans un minéral. Dans les îles Salomon, le mourant invite sa famille pour lui indiquer dans quel animal il va renaître. Un esprit peut aussi se réincarner chez un autre être humain. Il s’agit soit d’ancêtres qui reviennent dans le corps des nouveau-nés, soit d’une âme qui vient d’ailleurs. Selon ces croyances, il n’existe qu’un certain nombre d’âmes qui se réincarnent sans cesse. Qu’un ancêtre renaisse dans un enfant est souvent considéré comme un grand privilège. En Inde, le peuple khond sacrifie un oiseau de la basse-cour pour demander à un esprit défunt d’entrer dans un nouveau-né. Sept jours après la naissance, une fête est organisée au cours de laquelle un magicien déclare quel esprit est reparu dans le bébé. L’enfant reçoit alors le nom du défunt. De même, au Nigeria, au moment d’une naissance, les Yorubas demandent au dieu de la famille quel ancêtre s’est réincarné dans l’enfant. Au Togo, chez les Bassars, les enfants vont apprendre au cours d’une cérémonie spéciale ce qu’ils ont reçu de leurs ancêtres. En Amérique du Nord, le peuple huron enterrait les enfants le long des routes pour que leurs âmes retrouvent le chemin de leur maison et se réaniment dans des nouveau-nés. Les Hopis, eux, traçaient un chemin entre la tombe d’un enfant et sa maison. Au Nigeria, les femmes kwottos se rendaient dans un lieu spécial fréquenté par les esprits, appelés les ombres, pour essayer que l’un d’entre eux entre dans leur sein et se réincarne dans leur bébé.


PORTE-BONHEUR On a beaucoup utilisé la mort pour faire peur. À la suite de batailles, les vainqueurs voulaient montrer leur puissance. En Serbie, des soldats ottomans ont érigé en 1809 la tour des crânes, ´ appelée Cele kula, avec le squelette de leurs opposants serbes. Ils voulaient effrayer leurs ennemis. Bien que très abîmée, cette tour est aujourd’hui protégée. À l’inverse, les squelettes ont aussi été considérés comme des porte-bonheur. Dans la chapelle d’Oppenheim en Allemagne, les visiteurs s’empressent de caresser le front des crânes empilés là pendant des siècles. Ils croient que cela porte chance. Dans différents ossuaires, chapelles, églises où ont été accumulés des squelettes, certains ont même fait l’objet de vols. Les voleurs emportaient des morceaux d’os, des dents ou encore des crânes qui servaient de talismans.

TEMPS MORT Prendre le temps d’accepter le départ d’un proche est important. Dans la plupart des coutumes, le temps du deuil est très marqué. Les proches du mort doivent se retirer dans un endroit particulier, porter des vêtements précis ou une coiffure spécifique. À la fin du deuil, on fête le retour à la vie. Dans certaines tribus amérindiennes, la personne en deuil doit adopter une autre personne et recréer les liens qui l’unissaient au défunt. C’est un autre moyen de laisser le parent partir en paix. On organise alors une fête d’adoption. Au Brésil, les hommes kaingangs qui ont perdu leur femme doivent s’éloigner de leur maison. Le conjoint dort en tenant des tiges de fougère pour repousser l’âme de la morte. Il garde aussi son arc, ses flèches, une hache et une couverture. Pendant tout le temps du deuil, il ne mange que des plantes et du miel. Les deuilleurs kanaks de Nouvelle-Calédonie ont un rôle précis : veiller le chef mort. Lors de la cérémonie, ils portent le masque de deuilleur, qui représente un visage avec un nez immense et recourbé, un grand sourire, des cheveux et une barbe faite de plumes d’un pigeon noir, de cheveux humains et d’un filet de pêche.

32


“AU PAYS DES MORTS”, CONTE DU PEUPLE EKONDA, AFRIQUE CENTRALE Les fêtes ekondas qui clôturent la période de deuil sont très connues tant elles sont festives. La famille du défunt organise des danses, des acrobaties, des chants, entrecoupés de contes. Plus les familles sont généreuses et préparent une fête impressionnante, mieux elles sont considérées. Malheur à ceux qui ne veulent pas clôturer le temps du deuil... Dans le pays du roi Kitamba, tout le monde était en deuil. La reine Muhongo venait de partir pour le pays des morts. Après plusieurs jours, les anciens expliquèrent au roi que le deuil devait se terminer. Tous les sujets devaient reprendre leurs activités normales le lendemain. Mais le roi s’y opposa. – Puisque ma reine est partie, je ne quitterai pas le deuil et ma ville non plus. On ne parlera pas, on ne rira pas, on ne chantera pas, on ne criera pas, on ne se réjouira pas. – Sire, cela n’est pas possible. Les gens doivent manger et vivre. Le roi s’entêtait. Alors les anciens appelèrent un kimbanda, un homme-médecine, et lui demandèrent de ramener la reine. Ce dernier conseilla aux rois et aux sujets de pratiquer des ablutions rituelles. Ensuite, il creusa une fosse chez lui, se coucha dedans et se fit recouvrir de sable. Il recommanda à sa femme de l’arroser chaque jour. Là, il trouva un passage pour atteindre la ville de Kalunga, le roi des morts. Il reconnut la reine Muhongo et lui raconta ce qu’il se passait et pourquoi on l’envoyait la chercher. Cette dernière lui répondit qu’elle était prisonnière du roi Kalunga. – Vois l’homme enchaîné ici, c’est mon roi Kitamba. Son corps semble peut-être encore sur la terre mais son esprit est déjà ici. Il ne lui reste que quelques jours à vivre. Toi, homme instruit, retourne sur terre et soigne les malades. Ne prends ici ni à manger ni à boire, car sinon tu ne pourrais pas repartir. Nous sommes les morts et nous ne quittons pas le royaume des morts. Prends mon anneau et donne-le au roi pour témoigner que ce que tu diras est vrai. L’homme-médecine quitta le royaume des morts. Il se leva de sa tombe, faisant craqueler le sable, et se lava. Le lendemain, il expliqua tout aux anciens qui se chargèrent de raconter au roi son histoire et lui montrèrent l’anneau. Le roi Kitamba reconnut l’anneau de sa femme et comprit que c’était vrai. Quelques jours plus tard, il mourut. Les habitants recommencèrent à vivre normalement.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.