Je veux un chat et des parents normaux - Le journal de Taloula, l'intégrale - Marion Achard

JE VEUX UN CHAT ET DES PARENTS NORMAUX

LE JOURNAL DE TALOULA, L’INTÉGRALE

www.actes-sud-junior.fr

Éditeur : François Martin assisté de Noémie Seux-Sorek Directeur de création : Kamy Pakdel Conception graphique : Christelle Grossin Maquette : Catherine Fantini

© Actes Sud, 2012, 2014, pour les premières éditions de Je veux un chat et des parents normaux © Actes Sud, 2014, pour la première édition de Échange caravane pourrie contre parents compétents © Actes Sud, 2016, pour la première édition de Comment j’ai survécu à la sixième

© Actes Sud, 2020, pour la présente édition ISBN 978-2-330-13122-7 Loi 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse.

MARION ACHARD

JE VEUX UN CHAT ET DES PARENTS NORMAUX LE JOURNAL DE TALOULA, L’INTÉGRALE

ACTES SUD junior

Pour Shemsi, Maéla et Léia.

Mon journal de CM1

Dimanche 30 août

Cher papier, Ce matin, papa m’a servi mon bol de céréales en lançant son habituel : – Tu préfères… manger un kilo de laine de mouton… ou…

Il m’a jeté un coup d’œil. J’ai mis une cuillère dans ma bouche et j’ai attendu la suite.

– … ou prendre un bain de limaces ?

Il s’est assis sur la chaise à côté de moi, très fier de lui.

J’ai soupiré en réfléchissant. Mon père a une imagination débordante pour ce jeu familial. Tous les matins, nous avons droit à une nouvelle ques­­tion.

Je préférerais qu’il me fasse réviser mes tables de multiplication ou qu’il pense à signer mon carnet de correspondance, mais ça semble impossible !

Néanmoins, comme j’aime bien papa, je lui ai souri et j’ai répondu :

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– Combien de temps, le bain avec les limaces ?

Je m’appelle Taloula. Encore une drôle d’idée de choisir un prénom comme ça ! Seulement quand je suis née, j’étais trop petite pour dire à mes parents que ce prénom ne m’irait pas.

C’est comme ça, c’est la faute à pas de chance… Je suis tombée sur la mauvaise famille !

Figure-toi que mes parents sont artistes.

Artistes de cirque.

Chaque fois que je dis ça, mes copines poussent un cri : “Du cirque ? T’as trop d’la chance !” Je laisse planer le doute…

Si encore il s’agissait d’un cirque avec des caravanes et des animaux. Je pourrais m’occuper des lions ou au moins des chiens, des chats… peut-être même monter à cheval.

Mais non, mon père est allergique !

On ne vit pas en caravane mais dans un appar­­tement, comme tout le monde. Mes parents travaillent avec des amis et jouent leurs spectacles dans des théâtres. Ils appellent ça le “cirque contemporain”.

Parfois, ils disent le “cirque content pour rien” et ils rigolent tous.

Mais je suis assez d’accord. Un cirque sans animaux, sans clown, sans chapiteau… y a vraiment pas de quoi être fiers !

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Mercredi 2 septembre

Cher papier, Je ne t’ai pas vraiment présenté la famille.

Déjà, il y a papa.

Puis maman.

Puis le truc qui me sert de grand frère : Lucas.

Enfin moi.

Même pas de chat, de chien, rien, papa est allergique.

Je sais, je te l’ai déjà dit, mais vraiment c’est trop triste d’avoir un père allergique. Si papa me demandait “Tu préfères… ton père allergique… ou… un chien ?”, je ne sais pas ce que je répondrais car j’aurais trop peur de lui faire de la peine.

Bref, papa fait du cirque, du jonglage, et il part souvent en tournée avec son spectacle pendant plusieurs jours.

Maman fait de la magie. Chaque fois que je dis que ma mère fait de la magie, mes copines poussent un cri : “De la magie ? T’as trop d’la chance !”

Seulement maman m’a montré que dans la magie, il n’y a rien de magique : tout-est-tru-qué ! (Mais ça, je ne le dis qu’à toi.) Maman a déjà essayé de m’apprendre quelques tours, mais il faut des heures de répétitions et d’entraînement pour réussir une passe qui ne dure que quelques secondes. J’ai mieux à faire.

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Ma famille ne serait pas trop mal comme ça, mais il y a aussi Lucas.

Lucas a dix ans, il entre en CM2. Il adore le roller, la console et ses copains.

Et puis il y a moi, Taloula. Mais tu peux m’appeler Pauline si tu veux.

J’ai huit ans, j’entre en CM1 dans quelques jours. J’ai sauté une classe, mais c’était ma grande section de maternelle, alors ça ne compte pas vraiment. J’adore l’école et les tables de multiplication.

Samedi 5 septembre

Cher papier, Ce matin, maman a eu une drôle d’idée : comme c’est bientôt la fin des vacances, elle nous a proposé à Lucas et moi d’inviter des copains à la maison. Lucas a téléphoné à Antoine qu’il a rencontré au centre aéré. Ils s’entendent bien parce qu’ils ont tous les deux des rollers et une console.

Moi j’ai téléphoné à personne parce que les copines et les copains, c’est, comme qui dirait, mon problème. Au centre aéré, je me suis un peu fâchée avec tout le monde.

Du coup, Antoine est venu toute la journée. Pendant deux heures, j’ai joué tranquillement dans mon coin comme maman m’avait dit de faire. Puis je suis allée leur proposer un jeu. Et là, les garçons ont répondu qu’ils

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jouaient déjà et qu’ils n’avaient pas besoin “d’une fille qui veut toujours commander”, puis Lucas m’a lancé une paire de chaussettes sales à la figure pour que je sorte de sa chambre.

Je suis donc de super mauvaise humeur. J’ai voulu jeter les chaussures d’Antoine par la fenêtre, mais j’ai eu trop peur qu’il ne puisse plus jamais rentrer chez lui. Alors j’ai juste claqué la porte de ma chambre en les insultant.

Et je me suis fait enguirlander par maman.

Depuis, je médite ma vengeance. Je veux une vengeance du tonnerre, du genre qui rende Lucas vert-blanc-pâle de rage. Et je crois bien avoir trouvé : je vais me débrouiller pour sauter une deuxième classe !

Comme ça, l’année prochaine, je serai en sixième, comme lui, et je suis sûre qu’il aura vraiment trop honte d’être avec sa petite sœur.

Voilà, cher papier, j’ajoute ça à la liste de mes objectifs pour mon année de CM1.

Avant, je voulais déjà : – me faire des amies (je peux toujours rêver), – avoir un chat (ça n’a rien à voir avec l’école, mais c’est un de mes rêves depuis mon entrée en petite section).

Et donc maintenant : – sauter une classe.

Petite note écrite au milieu de la nuit :

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J’ai beaucoup réfléchi et je pense que si je n’arrive pas à sauter une deuxième classe, je pourrai me débrouiller pour que Lucas redouble, ça reviendrait au même.

Lundi 7 septembre

Cher papier, Ce matin, papa était très enthousiaste car il avait trouvé un “tu préfères” spécial rentrée. C’était : – Tu préfères… arriver en retard à l’école tous les matins pendant un an… ou… que ta voisine te chatouille sous le bras chaque fois que tu lèves le doigt ?

Je suis restée perplexe devant mon bol, heureusement Lucas a répondu et ils ont bien rigolé.

Une fois arrivée en classe et devant la perspective de ne jamais pouvoir lever la main, j’ai choisi la fille qui avait l’air le plus triste pour m’asseoir à côté d’elle. Elle s’appelle Adèle, elle a des lunettes, un air renfrogné et des habits tout neufs. Impossible qu’elle ait de l’humour, c’est tout à fait ce qu’il me faut.

La maîtresse a fait l’appel : tous les prénoms, les uns après les autres, avec un petit coup d’œil chaque fois.

Pour moi ça n’a pas manqué : – Taloula ? C’est original ça comme prénom. Tu es nouvelle ? Ah, c’est toi dont les parents font du cirque ?

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Le visage de ma voisine s’est illuminé derrière ses lunettes : – Du cirque ? T’as trop de bol !

Et la maîtresse a mis la touche finale : – C’est bien, tu pourras demander à tes parents de nous faire un petit spectacle pour la fête de fin d’année.

J’ai hésité, puis j’ai renoncé à lui dire que mon père, en plus d’être allergique aux chats, était aussi allergique aux maîtresses.

Jeudi 10 septembre

Cher journal, En faisant les courses pour l’école, maman m’a acheté un cahier pour t’écrire. J’ai donc rangé mes “chers papiers” dans une pochette et je t’ai rebaptisé.

Désormais, tu t’appelleras : Cher journal.

L’école a bien commencé pour moi. Cette année, je suis arrivée avec tout mon matériel, dès le troisième jour de classe ! C’est pas la classe ?

Tu sais, j’ai des parents très “tête en l’air” qui oublient à peu près tout ce qui ne concerne pas leur travail. Ma maîtresse de CP m’avait dit que mon travail à moi c’était l’école et qu’y penser à la place de mes parents me responsabiliserait. J’ai essayé de résister un peu, mais je

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n’avais vraiment pas le choix : je suis donc une bonne élève très responsable !

Pour l’instant, en classe, tout se passe bien. En revanche, dans la cour, c’est plus énervant. Antoine et Lucas jouent ensemble et font exprès de m’ignorer complètement.

Maman m’a expliqué que Lucas me “snobe”, mais que c’est normal parce que c’est mon grand frère. Du coup, quand je vois qu’ils ne me voient pas, je rêve d’avoir un pied imaginaire pour leur faire des croche-pattes.

Et je les regarde en réfléchissant à ma stratégie pour sauter encore une classe.

J’ai déjà sauté ma grande section. Je savais lire, alors ils ont bien été obligés de m’envoyer directement en CP. Seulement, ce qui gênait la maîtresse et mes parents, c’était ma “maturité”.

La maturité, c’est quand on est grand dans sa tête : par exemple, quand on ne pleure pas comme un CP si on est en CE1, ou quand on est poli, ou encore quand on sait traverser la route en regardant des deux côtés.

Mais surtout… quand on est bien avec un groupe de copains. Et les copains… tu sais bien… c’est mon problème !

Ensuite pour sauter une classe, il faut avoir de bonnes notes.

Et puis, il faut aussi que la maîtresse m’adore, qu’elle m’écoute et me comprenne. Tout ça pour convaincre mes parents que ma seule chance de réussite, c’est un

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deuxième saut de classe. Et ça (que la maîtresse m’adore), ça va pas être facile non plus…

Dimanche 13 septembre

Cher journal, J’ai des pistes pour avoir un comportement ir-ré-prochable (tu sais, pour que la maîtresse m’adore !).

Par exemple, j’ai remarqué l’année dernière qu’une maîtresse déteste qu’on réponde avant les autres. Ou pire : à la place des autres. J’ai donc appris une chose très importante : garder ma langue dans ma bouche quand un camarade un peu stupide ne connaît pas la réponse.

De même, il est inutile de lever le bras en sautillant sur son siège et en poussant des petits : “Hum, hum, moi je sais, moi je sais !” La maîtresse n’aime pas non plus. Non. Quand une maîtresse a décidé d’interroger un élève, c’est qu’elle a décidé de s’en prendre à cet élève-là.

L’année dernière, j’ai également appris qu’une maîtresse préfère qu’on ait “timidement juste” plutôt que “fièrement juste”, alors je viens de passer une heure devant le miroir de la salle de bains pour répéter un petit sourire timide et tester le “visage de la victoire modeste”. Et sans me vanter, j’y arrive très bien !

Et puis figure-toi que j’ai aussi ma première amie (tu sais, pour prouver ma maturité).

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Enfin, je crois que c’est mon amie. Cela fait trois récrés que je suis avec Adèle, et on ne s’est pas encore disputées. C’est le début d’une amitié, non ?

Adèle, malgré ses lunettes et son air ronchon, est assez populaire. Elle a toujours des choses à donner. Maman me dit que c’est pour cela qu’elle a plein d’amies. Moi, je pense que c’est parce qu’elle est tout simplement gentille et prêteuse.

Pendant la récré, elle vient s’asseoir près de moi et on discute. Elle laisse les autres jouer avec sa corde à sauter, elle distribue ses cartes Pokémon, elle donne des chewing-gums.

C’est son père qui lui offre tout ça.

Je lui ai dit qu’elle avait de la chance mais elle m’a expliqué : – C’est parce qu’il n’est jamais là. Il me donne des choses pour se faire pardonner.

J’ai dit : – Tu crois ?

Elle a répondu : – J’en suis sûre, c’est la psychologue qui me l’a dit !

C’était une remarque tellement incroyable que j’en suis restée la bouche coincée. Heureusement, la cloche a sonné. Adèle a récupéré ses choses et les a remises dans son sac à goûter.

Je me souviens qu’une fois ma mère et la maîtresse m’ont menacée d’aller voir “une dame chez qui on peut parler”. Une dame.

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Adèle a dit une “psychologue” et j’ai trouvé ce mot très… mature.

Je crois que je tiens là une sacrée copine !

Mercredi 16 septembre

Cher journal, Antoine est venu jouer à la maison (encore !). Cette fois, je ne me suis pas laissé distraire. J’ai fait mes devoirs, puis j’ai lu sans leur adresser la parole.

Et tu sais ce qu’il s’est passé ? Antoine est venu me chercher pour jouer à La Bonne Paye parce que c’est plus marrant d’y jouer à trois.

J’ai voulu dire non, mais j’ai dit oui.

J’ai perdu et il a dit : “T’as bien joué !” Je lui ai répondu qu’à La Bonne Paye, il y a beaucoup de chance à cause des dés et des cartes et pas beaucoup de stratégie. Il a dit que j’avais bien joué quand même.

Je crois que si je saute une classe, ça embêterait bien Lucas. Mais je crois aussi que ce serait drôlement chouette d’être dans la même classe qu’Antoine !

Jeudi 17 septembre

Cher journal,

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Aujourd’hui, c’était la journée pire que nulle. Ça a commencé dès le matin au réveil.

Je t’ai déjà parlé de la “méthode toilette” ? L’année dernière, maman a peint la porte des toilettes avec une peinture noire “spéciale tableau”. Avec un gros stylocraie, elle peut écrire des choses qui s’effacent d’un coup d’éponge. Elle écrit donc dans nos toilettes tout ce qu’il faut apprendre par cœur, comme les tables de multiplication, les conjugaisons ou les mots d’orthographe compliqués (comme “orthographe” par exemple)…

Mais ce week-end, elle a tout effacé et elle a écrit en gros (et en rouge !) : Les règles du comportement familial et social : – On se parle correctement.

– On ne crie pas.

– On ne s’insulte pas.

– On ne répond pas.

– On partage.

C’est terrible ! J’ai l’impression qu’elle a écrit chaque phrase en pensant à moi ! Et dès que je vais faire pipi, je lis tous ces mots et ça me fait des frissons dans le ventre.

J’ai demandé à maman quand est-ce qu’on pourrait tout nettoyer pour écrire autre chose. Elle m’a répondu : “Quand ce sera acquis !”

Autant dire que je ne vais plus oser aller aux toilettes pendant le reste de ma vie !

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Je suis partie à l’école complètement désespérée, et c’est là que j’ai découvert qu’il y a quelque chose de plus horrible dans la vie que “les règles du comportement familial et social”. Je t’assure !

Figure-toi que pendant le contrôle de maths, Adèle a copié sur moi !

Dès le début de l’évaluation, j’ai vu qu’elle jetait des coups d’œil par-dessous ses lunettes sur ma feuille. Je ne savais pas quoi faire : la laisser copier sans rien dire ou cacher mes réponses ? J’ai tellement paniqué que j’ai failli rater la question suivante !

Alors je me suis concentrée et j’ai fait comme si je ne remarquais rien.

Après, pendant la récré, Adèle s’est assise sur le banc comme d’habitude, seulement je n’avais plus du tout envie d’aller à côté d’elle. Mais comme j’étais toute seule dans la cour et que je ne savais pas quoi faire, j’ai fini par la rejoindre. On n’a pas parlé de l’évaluation.

Je suis rentrée à la maison et, pour m’achever, papa est venu me dire qu’il partait samedi en tournée en Bretagne pendant deux semaines.

Tu parles d’une journée !

Samedi 19 septembre

Cher journal,

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Je déteste le samedi matin quand il n’y a pas école, car il faut que je supporte mon stupide frère toute la journée. Et il me sort par les yeux, même par les oreilles, les cheveux et par partout !

Ce matin au petit-déjeuner, papa nous a demandé : – Tu préfères… tourner pendant trois jours dans un manège qui donne mal au cœur… ou… faire le même métier que ton père ?

Lucas a hurlé : – Faire le même métier que mon père !

Je lui ai dit “Fayot”, Lucas m’a tiré la langue et je lui ai mis une claque. Papa s’est fâché et nous a envoyés dans nos chambres.

Tout le reste de la matinée, j’ai révisé mes ta­­bles de multiplication et de division, mais cette fois, ça ne sert plus à rien, je les connais vraiment par cœur.

Puis, papa est venu me dire au revoir parce que, ça y est, il part. Je n’aime pas trop quand il n’est pas là. La maison semble toute vide.

Le plus horrible, c’est quand ils travaillent tous les deux avec maman et qu’ils partent ensemble. C’est l’angoisse : c’est mamie qui nous garde ! Mamie croit qu’on a toujours quatre ans, elle nous fait des blagues pas drôles et on se sent obligés de rigoler pour lui faire plaisir. Un peu comme papa mais en pire. Moi, mon rêve serait d’avoir une mamie qui fasse des gâteaux

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quand on rentre de l’école et nous achète des cadeaux chaque fois qu’elle vient nous voir.

Pour me consoler du départ de papa, j’ai proposé à maman qu’on prenne un chat pour les jours où il est absent. Elle a dit non.

Lucas a proposé qu’on fasse une pyjama-party avec toute la classe, et qu’elle nous amène le petit-déjeuner au lit. Elle a dit non. Je pense qu’elle est de mauvaise humeur. On n’a plus rien demandé.

Lundi 21 septembre

Cher journal, Cette histoire de copiage ne va pas s’arrêter là, c’est sûr.

Cet après-midi, la maîtresse est arrivée en disant : – J’ai corrigé vos évaluations de maths.

Puis elle nous a dit que seulement deux d’entre nous avaient tout juste : Adèle et moi ! Mais elle ne s’est pas doutée qu’Adèle avait triché. Elle a dit : – Les grands esprits se rencontrent, vous avez bien fait de vous asseoir côte à côte ; pour les travaux pratiques, vous aurez le même niveau.

J’étais si surprise quand elle m’a rendu la feuille que j’ai oublié de faire le “visage de la victoire modeste” que j’avais si bien répété !

Je ne sais pas quoi faire… T’as pas une idée ?

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Ce soir, Antoine est venu manger et dormir à la maison.

C’était plutôt chouette. À table, les garçons ont raconté des blagues avec des histoires drôles ou stupides, ou même dégoûtantes.

Maintenant, je sais quelles blagues il ne faut pas raconter devant les adultes : ce sont celles où maman a un petit froncement de nez et attend la fin pour changer de sujet !

Tu sais, c’est toujours difficile de savoir ce qu’on a le droit de dire avec les adultes. Parfois les grands font une tête bizarre, mais quand tu t’arrêtes, ils te disent : “Non, non, continue !”

J’ai tout de même repéré que “caca, pipi, prout, zizi et zézette”, c’était pour l’école maternelle, et que même si en primaire ça nous fait bien rire, à table, ce n’est plus drôle du tout.

Bref on se racontait des blagues en mangeant puis Lucas a dit quelque chose comme : – À l’école, il y a deux couples dans ma classe.

Maman a pouffé en s’étranglant : – Deux couples ?

– Eh bien oui, il y a Julie et Simon et Antoine et Charlotte.

J’ai regardé Antoine pour voir la tête qu’il faisait et tu sais quoi ? Ça s’est coincé dans ma gorge. Tout est devenu étrange autour de moi, à tel point que j’ai eu envie de jeter mon assiette en l’air pour voir si la gravité existait toujours.

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Tu sais quoi encore ? Je crois que je suis amoureuse d’Antoine.

Pas amoureuse comme si je voulais me marier avec lui.

Amoureuse juste… comme si plus tard je voulais me marier avec lui.

Jeudi 1er octobre

Cher journal, Ce matin au petit-déjeuner, Lucas, qui se croit très malin, a voulu faire un “tu préfères”.

Il m’a demandé : – Tu préfères… que je te casse un œuf sur la tête… ou… que je te coince les doigts dans un tiroir ?

Je lui ai répondu : – Je préfère que tu me fiches la paix.

Et maman, qui a senti que ça allait dégénérer, a dit que si ça continuait, on n’aurait plus le droit de s’adresser la parole jusqu’à la fin de la semaine ! On a donc fini nos céréales en silence.

Arrivée à l’école, j’ai eu direct une production d’écrit à faire. Heureusement, Adèle a été assez intelligente pour ne pas copier sur moi. La maîtresse nous a demandé de parler de notre grand-mère. La mienne s’appelle Caroline et si Adèle avait copié, il y aurait eu deux grands-mères Caroline dans la même classe ! Ça serait devenu louche…

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J’en conclus donc que si Adèle n’est pas très bonne à l’école, elle est quand même bien maligne. À la récré du matin, on a bien discuté toutes les deux.

Je lui ai dit que j’aimais bien Antoine en lui précisant que “j’aimais bien”, pas que “j’aimais tout court”, mais qu’Antoine “aimait tout court” Charlotte.

Et tu sais ce qu’elle m’a dit pour me consoler ?

– Si tu veux me demander quelque chose qui te fait plaisir, vas-y.

J’ai failli lui demander de ne plus copier sur moi, mais finalement j’ai dit : – J’aimerais bien que tu m’appelles Pauline.

Et elle a dit : – D’accord, Pauline.

Après ça, on a observé Antoine et Charlotte et on s’est bien moquées d’eux : Charlotte reste avec ses copines et regarde Antoine tout le temps. Antoine joue au foot avec ses copains et regarde Charlotte chaque fois qu’il marque un but.

Sinon, il ne se passe rien.

Aujourd’hui, j’ai pris une grande décision pour l’avenir de mon futur : jamais je ne me marierai !

Juste avant que ça sonne, Lucie (une fille du CM2) est venue s’asseoir sur le banc à côté de nous et a dit : – C’est un beau couple, vous ne trouvez pas ?

J’ai failli m’étrangler ! Mais j’ai respiré trois petits coups et j’ai répondu :

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– Je t’avais déjà dit que ma mère était magicienne ?

Samedi 10 octobre

Cher journal, Aujourd’hui, c’était une belle journée.

Déjà, j’ai découvert que j’avais un avantage sur Charlotte.

Mon frère fait du roller et adore la console. Mon frère est le meilleur ami d’Antoine. Antoine vient presque tous les week-ends à la maison jouer avec mon frère.

Cher journal, c’est une grande révolution : je crois que pour la première fois de ma vie, je suis heureuse d’avoir un frère !

Ensuite, maman m’a montré son dernier tour de magie, en exclusivité rien que pour moi ! Première spectatrice de l’apparition d’une rose dans une tasse de café. En fait c’est une “transformation”, car elle transforme la petite cuillère en rose.

Je lui ai dit qu’elle devrait aussi transformer la tasse en vase et maman est restée perplexe en réfléchissant. Puis elle m’a remerciée de mon conseil. J’ai trouvé maman très chouette.

Pour être sympa, je lui ai proposé de lui réciter la table de 8.

Elle m’a répondu :

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– Non, Taloula, ce n’est pas nécessaire, je sais que tu la sais.

– Ah, je voulais te faire plaisir.

– Me faire plaisir ? Tu peux débarrasser le lave-­vaisselle si tu veux.

J’ai soupiré, mais je l’ai quand même fait sans râler !

Et le soir, papa est rentré. Tu sais ce qu’il m’a rapporté ?

Un chat en peluche !

Je ne lui ai pas dit que je n’avais plus l’âge des peluches parce que je pense que c’est un premier pas pour lui vers l’acquisition d’un chat vivant. J’ai fait ma “folle de joie” : – Merci, merci, il est presque aussi beau qu’un vrai, sauf qu’il ne ronronne pas, qu’il ne fait pas miaou, qu’il n’est pas tout chaud, vivant et aimant. Je suis très heureuse, papa… bon… pas autant qu’avec un vrai chat, mais contente quand même !

Et Lucas a dit : – Au moins, celui-là, il ne fait pas pipi partout !

J’ai failli lui jeter le chat dans la figure, mais comme papa me regardait toujours, je ne l’ai pas fait.

Mercredi 14 octobre

Cher journal, Cette semaine, l’instituteur de Lucas a conseillé à ses élèves d’essayer chez eux le “vivre ensemble”. Lucas

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nous a expliqué qu’il faut scotcher un papier dans un lieu stratégique (par exemple le frigo) et, sur ce papier, écrire ce qui nous gêne, nous cho­­que ou nous énerve…

Le dimanche matin, on relit le “vivre ensemble” en famille et chacun explique calmement les phrases qu’il a écrites et on en discute.

Je me demande s’il est vraiment nécessaire de faire son CM2 pour apprendre des choses comme ça.

Bref, en attendant, papa et maman ont trouvé l’idée très chouette et à partir de maintenant, nous allons régler nos comptes sur la porte du frigo !

Lucas a écrit : “Il ne me reste jamais rien à goûter quand je rentre du roller.”

Et j’ai ajouté dessous : “La lunette des toilettes n’est jamais baissée et la chasse pas toujours tirée.”

Maman a écrit vaillamment : “Il faudrait ranger la cuisine quand on l’utilise.”

Et papa : “J’ai retrouvé ma guitare basse avec une corde cassée.”

Vivement dimanche qu’on règle nos comptes en famille…

Samedi 24 octobre

Cher journal, Ce sont les vacances de la Toussaint.

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Ce matin, papa nous a trouvé un “tu préfères” qu’il a appelé le “tu préfères spécial vacances”. Moi, je l’aurais plutôt appelé le “tu préfères spécial angoisse”. Il m’a demandé : – Tu préfères devenir ton frère… ou… être en vacan­­ ces pendant vingt-cinq ans ?

Stupides vacances. J’ai proposé à Adèle de venir à la maison, mais elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas car son père l’envoie en colonie en Normandie pendant une semaine. Mais elle m’a promis que la semaine suivante, elle viendrait me voir. Je vais enfin inviter une amie à la maison… C’est maman qui va être surprise !

Maman et papa ont décidé de me mettre au centre aéré pendant qu’ils répétaient. J’ai bien proposé d’aller les regarder sagement en promettant de ne pas trop parler et de ne pas m’ennuyer. Mais ils ne m’ont pas crue capable de me taire pendant toute la journée.

Du coup, ils m’ont déposée au centre aéré, et tu sais quoi ? J’étais la seule fille à ne pas avoir un sac à dos avec une gourde, un goûter et un gilet pour la balade. J’ai eu tellement honte que j’ai menti en disant que j’avais oublié mon sac dans la voiture en arrivant.

Plutôt mourir que d’avouer à des étrangers que mes parents sont incompétents.

Mercredi 28 octobre

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Très cher journal, J’ai compris que le seul moyen d’avoir un chat à la maison est de trouver un chat de spectacle ou un chat magique.

Ce matin, je suis donc allée demander à maman si elle connaissait un tour de magie avec des chats.

Elle m’a répondu : – Non, seulement avec des colombes.

J’ai réfléchi à l’idée de la colombe et j’ai pensé que ce serait vraiment mignon d’avoir un petit oiseau qui se poserait sur mon épaule et viendrait me voir dans la cour de l’école pendant les récrés !

J’ai demandé : – Et tu n’as pas envie d’avoir une colombe pour tes tours de magie ?

Elle m’a répondu que non parce qu’il faut affamer les colombes avant les spectacles sinon elles font caca sur scène en s’envolant !!!

C’est tellement dégoûtant que même si ma mère avait une colombe, je ne l’approcherais pas.

Lundi 2 novembre

Cher journal, Encore une journée de vacances horrible !

Lucas et Antoine ont joué à la console tout l’après-midi !

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Ils jouaient à faire danser des nageuses. Il fallait répéter toujours le même mouvement avec la manette et c’était vraiment nul et agaçant. Quand ils m’ont laissée jouer, j’ai noyé la danseuse d’Antoine. Antoine s’est fâché et maman m’a grondée.

Je suis partie en hurlant dans ma chambre.

Je crois que ma vie est foutue.

Mardi 3 novembre

Cher journal, Tu sais quoi ?

Adèle a téléphoné pour venir à la maison. En fait, c’est pas Adèle qui a téléphoné, mais le monsieur qui s’occupe d’elle quand son père a trop de travail : Victor.

Quand ils sont arrivés chez nous, Victor avait dans les mains une boîte de gâteaux avec un gros ruban blanc dessus. Il a serré la main à maman et papa en les remerciant “très sincèrement” d’accueillir Adèle à la maison pour l’après-midi.

– C’est avec plaisir, a dit maman.

– Bonne journée, madame ! a dit Victor.

Quand il est parti en laissant son numéro de téléphone portable en cas de besoin, maman a demandé à Adèle qui il était exactement.

Adèle a répondu : – C’est mon nounou.

Papa a pouffé de rire puis a dit :

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– Pardon !

Et Adèle lui a dit : – Je vous en prie, c’est vrai que c’est assez drôle.

Je ne l’avais encore jamais entendue parler avec cette petite voix de “Je sais me conduire avec les grands”. Elle assure vraiment, cette fille !

Et dans sa poche, elle m’a apporté des petites por­ celaines en forme de chats que son papa lui a ramenées d’un voyage à Limoges. Elles étaient trop mi­gnonnes.

Lundi 9 novembre

Cher journal, C’est la rentrée des classes, enfin.

Ce matin, papa nous a demandé : – Tu préfères… manger des crêpes avec tes pieds sales… ou… manger des épinards au goût de poisson avec tes mains propres ?

Mon horrible frère dégoûtant a dit qu’il préférait manger des crêpes avec ses pieds sales !

Je lui ai demandé de préciser : – Même avec tes pieds nus qui sont restés dans tes baskets toute la journée ?

Devine ce qu’il a répondu ?

J’ai hérité du frère le plus répugnant du monde.

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Ensuite, en arrivant à l’école, je me suis rendu compte que je n’avais plus de feuilles pour mon classeur. Samedi dernier, j’ai demandé à maman d’en acheter aux prochaines courses. Je lui ai redemandé dimanche, mais les magasins étaient fermés. Lundi, elle n’a pas fait de courses et mardi elle a oublié ! Et moi ? À table, je lui ai dit : – Et moi ?

Et Lucas a répondu : – Et toi, tu fais comme tout le monde, tu en em­­pruntes aux copains !

Mais ça, ce n’est pas possible… plutôt mourir que d’être redevable !

Jeudi 12 novembre

J’en ai maaaaarrrrre !!!

Ce soir maman nous a servi de la soupe. À table pendant que je mangeais, j’ai bien vu qu’ils me regardaient tous les trois d’un air amusé. Je me suis méfiée un peu, mais pas assez.

Parce qu’à un moment, dans ma grosse cuillère, il y avait… un doigt !!! J’ai eu super peur. Papa avait caché les faux doigts en plastique de magicien de maman dans ma soupe !

C’était horrible !!!

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Et lui et Lucas et maman ont rigolé ! Jusqu’à ce que je hurle : – J’en ai marre d’être dans une famille débile !

Je me suis sauvée en courant dans ma chambre. Si ça continue comme ça, je vais demander à aller en internat !

Papa est venu me voir pour s’excuser et me dire qu’il aurait dû cacher les faux doigts dans le bol de Lucas.

Il m’a promis que la prochaine blague, il la ferait avec moi. Je n’ai pas voulu le décevoir, alors je suis retournée finir mon dîner.

Avant de me coucher, j’ai demandé à maman si à l’internat ils acceptaient les chats… elle m’a dit non en fronçant les sourcils.

Tout ça n’arrange pas mes problèmes.

Samedi 14 novembre

Cher journal, J’ai remis un papier du “vivre ensemble” sur le frigo.

Aussitôt, tout le monde a écrit son petit mot. Je te laisse deviner qui a mis quoi : “J’aimerais un peu plus d’enthousiasme le matin au réveil.”

“Les chambres sont trop dérangées.”

“Un animal dans la maison rendrait tout le monde plus zen.”

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“Parle pour toi, idiote.”

“Barre ce que tu as écrit, inconnu stupide, ou je jette ta console par la fenêtre.”

“On se calme, je vous rappelle que ce papier est censé nous aider à résoudre nos conflits et non à les envenimer.”

“Espèce de cornichon arriéré.”

Après, y avait plus de place pour continuer.

Vivement dimanche qu’on règle nos comptes en famille !

Mercredi 25 novembre

Cher journal, Avec Adèle, on a fait un truc terrifiant ! Terrifiant !

C’était trop bien, mais maintenant j’ai les mains toutes moites en t’écrivant.

Adèle est venue à la maison et nous sommes descendues à la brocante juste en bas dans la rue. Et là… Il y avait un panier en osier avec des petits minous trop chou !

On s’est arrêtées pour les regarder et j’ai dit : – Ils sont beaux… je rêve d’avoir un chat comme ça !

Le monsieur a dit : – Je t’en donne un si tu veux.

J’ai soupiré : – Non merci, mes parents ne voudront jamais.

Et là, Adèle a pris le chat, a regardé le monsieur et a dit : – Moi, mon père sera d’accord !

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Et elle est partie avec le chat dans les bras en direction de la maison. Je l’ai suivie en courant : – T’as de la chance, t’as trop de la chance !

Elle m’a regardée en souriant : – C’est toi qui as de la chance, Pauline. C’est ton chat.

Je l’ai pris pour toi. Moi je le garderai juste dans ma maison. Mon père ne dira rien, il ne peut rien me refuser !

Plus tard, le soir : Après le goûter, on est allées donner du lait au chat. Très discrètement.

J’étais tellement sûre d’avoir fait une bêtise que quand Adèle m’a dit : – Comment tu vas l’appeler ?

J’ai répondu en soupirant : – Je vais avoir de gros problèmes !

Elle m’a juste dit : – C’est un super nom pour un chat !

On a bien rigolé et puis on a décidé de l’appeler comme ça : Jevaisavoirdegrosproblèmes, le chat.

Et tu sais ce qu’il a dit, le nounou d’Adèle quand j’ai apporté le carton avec le chaton jusqu’à sa voiture ?

Rien. Il n’a rien dit !

Il a regardé le carton, le chat, Adèle, puis il a ouvert les portes et on a attaché le carton à l’arrière avec la ceinture de sécurité.

Puis ils sont partis tous les trois.

Cher journal, c’est incroyable, j’ai un chat.

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J’ai un chat. J’ai un chat !

Jeudi 26 novembre

Cher journal, Ce matin, papa nous a demandé : – Tu préfères… danser la valse sur un tas de crapauds… ou… te faire couper les ongles par des piranhas ?

J’ai répondu : – Papa, je me concentre pour mes évaluations de mathématiques.

Lucas a dit : – Tu t’en fous de te concentrer, tout le monde sait que tu es la meilleure en maths !

J’ai soupiré : – Si je suis la meilleure en maths, c’est parce que je suis concentrée !

J’ai voulu lui dire que si lui, il se concentrait un peu plus au lieu de répondre aux questions de papa, ça irait peut-être mieux à l’école, mais j’ai pensé que maman allait se fâcher, que Lucas et papa allaient se vexer et que tout le monde commencerait mal sa journée.

Je n’ai donc rien dit.

C’est une preuve de maturité, non ?

En arrivant devant la grille de l’école, j’ai laissé Lucas partir devant en faisant semblant de rattacher mon

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lacet et j’ai attendu Adèle. Quand Victor est arrivé en voiture, le chat était toujours sur le siège arrière ! Mais Adèle m’a dit qu’elle l’avait juste emmené pour que je le voie un petit coup… C’est drôlement gentil, non ?

Victor était toujours aussi stoïque (ça veut dire qu’il ne dit rien et fait comme si ce n’était pas absolument incroyablement farfelu d’emmener un chat à l’école).

Il est reparti avec le chat.

J’ai décidé de changer le nom du nounou : maintenant je l’appellerai Victor le Stoïque.

À la récré de l’après-midi, on a fait un pacte indestructible avec Adèle.

On voulait signer par terre avec une goutte de sang, mais on n’avait pas de compas pour se piquer le doigt, alors on a craché et tapé du pied en répétant : “Interdit de parler à qui que ce soit du secret du chat. Interdit de parler à qui que ce soit du secret du chat.”

J’ai trouvé ça un peu absurde, mais ça a fait plaisir à Adèle. Et puis c’est quand même moins bête que quand on jure à la manière de papa, en répétant “Oungagawa” en se tapotant la tête et en tournant sur soi-même trois fois.

Donc voilà, maintenant, c’est interdit de parler du chat…

C’est le plus beau secret de ma vie.

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Mercredi 2 décembre

Cher journal, Je suis invitée chez Adèle !

Comme ça, je vais pouvoir profiter de Jevaisavoirdegrosproblèmes.

J’ai cherché dans mon placard un habit pas trop… pourri. J’ai appelé maman et on s’est disputées parce qu’elle m’a dit que mes habits n’étaient ni sales ni troués donc que je pouvais les mettre sans crier au scandale.

J’ai dit qu’il fallait tout jeter et acheter des trucs neufs et que j’en avais marre d’avoir des parents sans argent.

Ma mère m’a répondu que ce n’était pas une question d’argent mais une question de principes.

Et je lui ai dit que j’en avais marre d’avoir des parents artistes et contents pour rien !

Cher journal, je n’ai pas d’habits chouettes, ma journée est gâchée…

Plus tard le soir : C’est incroyable ! Je suis allée chez Adèle et c’était trop !

Trop incroyable.

Jevaisavoirdegrosproblèmes a une litière de roi, un panier avec des beaux coussins à pompons que Victor le Stoïque a achetés dans un magasin spécial, rien que pour les chats. Adèle a dit que c’était ri-di-cule.

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Moi je lui ai dit que c’était incroyable, mais dans le sens génial.

On n’aurait jamais fait si bien à la maison…

Jeudi 10 décembre

Cher journal, À l’école, on continue les évaluations du premier trimestre.

Camille, la fille qui est assise juste derrière moi en classe, est très stressée. Elle m’a raconté que la taille de ses cadeaux de Noël dépendrait de ses notes. Y a vraiment des enfants qui ont de la chance !

Je vais proposer ça à mes parents, mais je suis sûre qu’ils vont encore dire non parce que ce ne serait pas juste pour Lucas.

Adèle continue de copier sur moi à chaque contrôle.

Je ne peux rien dire, elle a mon chat.

Et puis en fait, je m’en fiche.

Parce que je crois que c’est mon amie.

Lundi 14 décembre

Cher journal, Comme toutes mes évaluations se sont bien déroulées, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allée voir la maîtresse.

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– Maîtresse, j’ai des problèmes avec mes parents.

Elle a levé les yeux.

– Oui, Taloula, quel genre de problèmes ?

Comme j’ai vu qu’elle était très concentrée sur moi, j’ai lâché la bombe que j’avais trouvée dans le dictionnaire : – Je pense qu’ils sont anticonformistes.

Elle est restée la bouche ouverte, puis elle a cligné des yeux plusieurs fois et m’a demandé de préciser.

Alors je lui ai expliqué que c’était très délicat pour moi de ne pas pouvoir porter de chaussures cirées et de ne pas avoir un cartable neuf à chaque rentrée.

Qu’ils étaient très angoissés parce que j’étais première de la classe tout en étant nulle en dessin et en musique.

Et j’ai conclu en soupirant (et en regardant par terre) que… bref, que je ne faisais rien de bien.

La maîtresse s’est levée pour me raccompagner à la porte.

– Taloula, je pense qu’il est temps de convoquer tes parents pour discuter ensemble.

J’ai pris mon air “angoissé plein d’espoir” : – De mon avenir ?

– Oui Taloula… de ton avenir…

Mardi 15 décembre

Cher journal,

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Ça y est, la maîtresse a convoqué mes parents. Elle a mis un mot sur mon cahier de correspondance. J’ai traîné dans la cuisine toute la soirée avec mon stylo et j’ai refusé de manger tant que le cahier n’était pas signé.

Mais cette fois, ça y est, le cahier est dans mon cartable et les signatures de papa et maman sont sur le cahier !

Toute la journée à l’école, j’ai pensé à la réunion de ce soir. J’avais même du mal à me concentrer. Et la sonnerie de fin de journée a enfin retenti. J’ai regardé par la fenêtre dans la cour et j’ai vu arriver mes parents.

Maman était drôlement bien habillée, sauf qu’elle avait mis son chapeau bizarre (un chapeau qu’on dirait qu’un lapin va sortir, mais elle me dit qu’il lui tient chaud aux oreilles et c’est tout).

La maîtresse a dit à papa, maman et moi de nous asseoir pour discuter tous les quatre ensemble.

Elle a dit à mes parents que j’avais un niveau en maths de fin de CM2, un niveau en français très correct, des connaissances globales très bonnes et une logique à toute épreuve.

J’ai vu papa se décomposer au fil de la conversation.

Je lui ai pris la main et je l’ai réconforté : – C’est pas grave, papa, c’est pas ta faute…

Ils m’ont tous les trois regardée d’un air étrange et j’ai pensé qu’il valait mieux me taire et prendre mon visage de “victoire modeste”, en essayant d’enlever le côté “victoire” qui faisait prétentieux.

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– En théorie, a expliqué la maîtresse, elle aurait le niveau pour sauter une deuxième classe.

– Encore ? ont dit mes parents en chœur.

– Mais à son âge, c’est beaucoup, d’avoir déjà deux ans d’avance…

D’une petite voix, j’ai avancé : – Moi, ça ne me dérange pas du tout…

– Et puis, a repris la maîtresse, elle manque de maturité… De plus, elle serait dans la même classe que son frère… ce qui n’est pas très sain. Ça veut dire la sixième l’année prochaine ! Ce serait difficilement gérable pour elle.

Là, je n’ai pas pu m’empêcher de prendre mon air “très déçu”.

Et puis mes parents se sont ligués avec la maîtresse en disant qu’ils étaient d’accord avec l’ensemble de ses arguments. La maîtresse a conclu en leur proposant de m’inscrire à des activités extrascolaires : du piano, ou des échecs, ou du cheval… qu’il fallait m’occuper, car elle voyait bien qu’Adèle et moi on faisait une course pour savoir laquelle de nous deux serait la première de la classe.

Oui, c’est bien ce que j’ai écrit, elle a dit qu’Adèle et moi on faisait la course et qu’il fallait que je m’occupe autrement ! À peine rentré à la maison, papa a attaqué : – Tu préfères… faire du cheval… ou… apprendre la peinture ?

Lucas a dit :

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– Il est pas drôle ton “tu préfères” !

Papa a répondu : – C’est parce que je m’adresse à Taloula.

Il s’est tourné vers moi avec sa tête désespérée. J’ai failli choisir quelque chose pour lui faire plaisir, mais je me suis souvenue que mon père est un très bon acteur.

Alors je ne me suis pas laissé apitoyer par son regard et j’ai répondu : – Ni l’un ni l’autre.

– Des échecs ?

– Non. – Du piano ?

– Non. – … Du foot ?

J’ai éclaté de rire.

– Des acrobaties ? Du violon ? De la danse ? Du karaté ?

– Non, papa, rien.

– Mais qu’est-ce que tu voudrais, alors ?

Je l’ai regardé droit dans les yeux et j’ai dit : – Moi ? Je voudrais… un chat !

Lundi 21 décembre

Je déteste les vacances ! Mais là, comme je déteste aussi un peu la maîtresse… ça me convient. Et les vacances de Noël, c’est pas tout à fait pareil. À cause des cadeaux !

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Et puis je suis allée voir Jevaisavoirdegrosproblèmes toute la journée.

J’en ai profité pour raconter à Adèle le rendez-vous entre la maîtresse et mes parents. Et alors il s’est passé quelque chose de chouette : elle a beaucoup, mais alors beaucoup rigolé quand elle a su ce que la maîtresse pensait d’elle. Elle a dit : – Peut-être que cette année, ils ne vont pas vouloir me faire redoubler !

Elle s’est tournée vers moi : – Merci Pauline.

Je n’ai pas su quoi répondre, puis j’ai dit : – De rien.

Vendredi 25 décembre

Cher journal, Mes pères Noël de parents m’ont offert des habits qui sont très classes, une trousse neuve avec des stylos qui brillent dedans et des balles de jonglage.

Lucas a reçu une crosse pour ses rollers, un livre de quiz et un jeu pour la console.

J’ai échangé son quiz contre mes balles de jonglage.

Il était très content de l’échange, mais je suis sûre que papa va bientôt les lui piquer.

C’était un beau Noël.

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Comme c’est vendredi, j’ai voulu remettre le papier du “vivre ensemble”, mais tout le monde a dit “Non, c’est la trêve de Noël”, alors j’ai laissé tomber. J’espère que Lucas fera la “trêve de la stupidité” également…

Dimanche 27 décembre

Cher journal, Ah !

C’est horrible !

Ahhhhhhhh !!!

J’ai envie de crier, mais je ne peux pas parce que c’est horrible et ils vont savoir que c’est moi !

J’ai fait un truc affreux.

J’ai fait le truc le plus affreux de toute ma vie !!!

Mais je ne savais pas !

Avec Adèle, on a passé toute la matinée à brosser les poils de Jevaisavoirdegrosproblèmes. À la fin, y avait plein de petits poils tout blancs sur la brosse et je les ai mis dans un mouchoir en papier pour les ramener à la maison.

Je me suis dit que comme ça, je verrais bien si papa est vraiment allergique au chat.

C’est pas que j’ai cru qu’il mentait, mais j’ai juste voulu vérifier… pour voir.

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À la maison, j’ai pris tous les poils du mouchoir et je les ai étalés sur le coussin de papa, bien cachés sous la taie d’oreiller.

Papa et maman sont allés se coucher. Et… rien !

Alors je me suis dit : cool !

Et puis au milieu de la nuit, papa a éternué, et puis après il a toussé, et il a fini par dire à maman : – J’ai du mal à respirer.

Avec Lucas on s’est levés et on est venus le regarder dans la chambre et il faisait “Hhhin hhhin hhhin” chaque fois qu’il respirait et quand il a regardé ses bras, puis ses jambes, puis son ventre, il avait des plaques rouges, mais surtout des grandes cloques translucides qui grossissaient, qui grossissaient… et, du coup, maman a appelé les pompiers.

Je ne leur ai pas dit, mais j’ai bien vu qu’il en avait aussi plein le dos ! C’est horrible…

J’ai failli tuer mon père !

Les pompiers sont arrivés avec un brancard alors que papa était assis sur le canapé du salon, respirant de plus en plus mal. Les pompiers n’avaient pas de casques ni rien, mais ils ont quand même emmené papa à toute vitesse. Maman s’est mise à pleurer, et Lucas aussi, je crois. Maman est montée dans l’ambulance et nous a plantés là en nous disant d’être grands, d’être sages et qu’elle appellerait pour donner des nouvelles.

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Petite note dans la nuit : Je ne sais pas si j’écris aujourd’hui ou demain, c’est la nuit, et maman a téléphoné pour dire que papa va rester en observation, mais qu’on peut se rassurer. Je vais aller enlever tous les draps et les taies et faire une lessive vite, vite… !

Lundi 28 décembre

Cher journal, Maman est venue nous chercher et avec Lucas, on est allés voir papa. Il était allongé dans son lit tout blanc, mais ça avait l’air d’aller, car il nous a accueillis avec le “tu préfères” le plus pourri de la planète : – Tu préfères… dormir toute une nuit dans un bain d’huile d’olive… ou… manger une araignée vivante ?

C’est sûr, il est guéri !

Le médecin de l’hôpital a dit que c’était un asthme allergique accompagné d’une crise d’urticaire géant.

Mais ils ne savent pas pourquoi il a eu ça.

Quand papa et maman sont rentrés de l’hôpital dans l’après-midi, j’avais eu le temps de mettre les draps au sèche-linge et de tout replacer comme si de rien n’était. À côté de son lit, papa a mis un “pchit” au cas où ça recommence. Mais moi, c’est sûr, je ne vais pas recommencer !

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Puis comme il était très fatigué, maman nous a “casés” : Lucas chez Antoine et moi chez Adèle.

J’ai enfin pu lui raconter l’histoire la plus triste et la plus horrible qu’il me soit jamais arrivé (si on met de côté le fait d’avoir un frère).

Non seulement j’ai provoqué une catastrophe, mais cette fois, c’est ferme et définitif : je n’aurai pas de chat avant de quitter la maison ! Quand j’ai demandé à quel âge j’aurai le droit de partir, maman m’a dit que la majorité était à dix-huit ans. Dix-huit ans ! Ça fait encore un paquet d’années à attendre avec ma peluche.

Heureusement, Adèle m’a consolée et m’a promis qu’elle prendrait soin de Jevaisavoirdegrosproblèmes, qu’elle le peignerait, le laverait, lui nettoierait sa litière tous les jours, jusqu’à ma majorité. Ça fait quand même trois mille neuf cent quinze litières à changer ! Adèle est vraiment, vraiment, super sympa.

Victor le Stoïque nous a emmenées à l’animalerie pour acheter une sorte de porte-manteau pour chat. Ce n’est pas pour son manteau, mais pour faire ses griffes.

Et là, j’ai vu des poissons rouges dans un grand aquarium. J’ai demandé au vendeur s’il connaissait des gens allergiques aux poissons rouges et il m’a dit que non.

Victor m’a acheté deux poissons, un petit aquarium rond et une boîte de nourriture pour poissons qui sent tellement mauvais que j’espère que Lucas voudra bien les nourrir.

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Quand Victor le Stoïque m’a ramenée à la maison, j’avais un peu peur de l’accueil. Tout était silencieux, maman est arrivée et Victor lui a dit avec un air plein de gentillesse : – Je lui ai acheté des poissons pour la consoler, elle a eu tellement peur pour son père que je voulais lui changer les idées. Ça ne vous dérange pas j’espère ?

Maman n’a rien pu répondre d’autre que : – Non-non, bien sûr, merci pour elle.

J’ai bondi sur Victor le Stoïque pour lui faire une bise.

Eh bien tu sais quoi, il est resté stoïque… et puis il a souri !

Je suis allée voir papa encore dans son lit et je lui ai raconté quelques blagues que j’avais lues dans une revue de Lucas.

Quand je suis retournée dans le séjour, maman regardait les poissons avec un drôle d’air. Elle avait plusieurs de ses livres de magie ouverts devant elle, et elle m’a demandé : – Tu me prêteras tes poissons ? J’ai un super tour à essayer pour les faire apparaître dans un verre. Il faut les mettre dans un petit tube et j’ai besoin de savoir le temps qu’ils peuvent vivre dans très peu d’eau.

J’ai répondu : – Maman, si tu touches à mes poissons, je pars à pied vivre en Sibérie.

Elle m’a regardée en plissant les yeux :

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– Dis-moi, Taloula, on vient d’apprendre que ton père a eu une crise à cause de poils de chat… Tu veux qu’on en parle ?

J’ai soupiré en prenant le chemin de ma cham­­bre : – Bon d’accord, je te prête mes poissons…

Mardi 5 janvier

Cher journal, Les vacances sont passées très vite finalement.

Et aujourd’hui, la maîtresse nous a rendu nos évaluations. Chaque fois qu’elle passait vers moi elle disait : “C’est très bien.” Et chaque fois qu’elle passait devant Adèle, elle disait : “C’est très bien aussi.”

Adèle pouffait à tous les coups, mais moi, j’ai réussi à rester concentrée.

Voilà, on est toutes les deux les meilleures de la classe.

Moi je dirais plutôt les meilleures amies de la classe.

Je crois qu’en fait, ce n’est pas si grave de ne pas sauter une deuxième classe, parce que je vais être assise à côté d’Adèle pendant des années, et ça, ça me plaît !

Et puis pour m’occuper, je vais dire à papa que j’ai décidé d’apprendre le chinois !

Jeudi 7 janvier

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Cher journal, Il ne me reste plus qu’une page, il faut absolument que maman me rachète un cahier.

Mardi 12 janvier

Cher journal, J’attends mon nouveau cahier. Samedi, j’ai dit à ma­­ man de m’en acheter un aux prochaines courses. Mais le dimanche, tu sais bien, c’est fermé, et lundi, elle a oublié !

Elle me l’a promis juré avant la fin de la semaine.

Plus de place.

Bisous.

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L’été de mon CM2