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24 heures avec Sébastien Buemi

24 heures avec sébastien

Sébastien Buemi, quadruple vainqueur de la plus grande course d’endurance de la planète. Clap de fin des 24 heures du Mans, l’une des courses les plus exigeantes de l’univers du sport automobile. Par Megan Kohler

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Je vous emmène aux 24 Heures du Mans avec l’un de nos pilotes helvètes, et pas des moindres, puisque, j’ai nommé : Sébastien Buemi. Il n’est plus vraiment nécessaire de le présenter, Sébastien fait partie de la fine fleur du sport automobile suisse depuis de nombreuses années. Ancien pilote F1 avec la Scuderia Toro Rosso durant trois saisons, il est aujourd’hui très présent dans divers championnats du monde des sports motorisés, et a la rare distinction de détenir des titres de pilote dans deux séries différentes de la FIA de niveau élite. Pilote au sein de l’écurie Nissan e-Dams dans le championnat du monde de formule E, il évolue également depuis de nombreuses années au sein de l’écurie Toyota GR dans le championnat du monde d’endurance. Son palmarès est impressionnant : plusieurs fois champion du monde d’endurance et de formule E, il détient aussi de nombreux records comme celui du plus grand nombre de participations et de victoires dans la série de formule E et d’endurance. Pour conclure avec cet emploi du temps, comme si cela ne suffisait pas, l’Aiglon est aussi pilote de réserve, et de tests au sein de l’écurie Red Bull Racing.

Le championnat du monde d’endurance comprend six courses durant l’année, le championnat du monde de formule E en comprend seize, ce qui fait un total de vingt-deux courses à travers le monde. Je vous laisse imaginer la logistique et le travail que cela nécessite tout au long de l’année. N’oublions pas qu’à ce programme s’ajoutent les journées de tests, les journées simulateurs, ainsi que différentes réunions avec chaque équipe, sans compter les journées passées dans les opérations promotionnelles.

Comment se déroulent ces week-ends de course et comment se prépare-t-il physiquement et mentalement à de telles compétitions ?

Cette année fut plutôt intense pour Sébastien, qui a enchaîné la semaine des 24 Heures du Mans à la 9e manche du championnat de formule E à Jakarta, en Indonésie. Arrivé au Mans le dimanche précédant la course, ce qui lui permet de prendre ses marques, et de se retrouver avec l’équipe afin de préparer les prochaines journées. Les équipes commencent leur week-end de course avec le «track-walk», ou «marche sur piste». Les pilotes et les ingénieurs de l’équipe parcourent l’entièreté du circuit à pied ou à vélo. Cet exercice leur permet de se refamiliariser avec le circuit, mais aussi de prendre note du moindre changement de revêtement, de toute bosse qui aurait pu changer d’une année à l’autre. À la suite de cela, les journées sont intensives et rythmées par énormément de réunions. Groupées avec les pilotes des deux voitures, avec les différents ingénieurs moteurs, mais aussi avec les ingénieurs du système hybride, stratégie, briefing, débriefing : voilà quelques exemples des nombreuses réunions au sein de l’équipe. À cela s’ajoute le cœur du sujet, les roulages, les séances d’essais et la qualification, avant la course.

LA PArAdE

Au Mans, il y a une journée particulièrement importante notamment pour les fans et la ville qui s’appelle la «Parade». Il s’agit d’une grande fête au cœur de la ville du Mans, où tous les pilotes qui participent à la course défilent dans des véhicules afin d’interagir avec le public. Des milliers de personnes attendent dans la joie et l’euphorie l’heure d’approcher tous les pilotes de l’édition, mais aussi de recevoir un cadeau, ou un autographe de la part de son héros. Cette édition 2022 fut tout particulièrement intensive, après deux années d’interruption causée par le Covid-19.

JOUr dE COUrSE

C’est Sébastien qui a pris le départ de la course après que l’équipe de la Toyota N° 8 avait décroché la pole position, grâce à un magnifique chrono réalisé par Brandon Hartley, l’un

ébastien buemi…

des deux coéquipiers de la voiture des futurs vainqueurs. Seize heures, départ des 24 Heures du Mans, avec un très bel envol de Sébastien qui maintient sa pole position avec autorité. Durant plus de dix heures, les deux LMPH de l’équipe Toyota Gazoo Racing N° 8 et N° 7 se sont battues l’une contre l’autre avec un écart de temps de moins de deux secondes tout au long de l’épreuve. À moins de cinq heures de la fin de la course, l’écart s’est creusé à trois minutes en faveur de la voiture de Sébastien, suite à un problème technique sur la N° 7.

LES SPONSOrS

Comme dans beaucoup de sports, le soutien de sponsors est indispensable pour accompagner la carrière d’un pilote. Sébastien a la chance d’en compter plusieurs, principalement suisses, qui l’accompagnent depuis plusieurs années. Marque horlogère, marque de bijoux, mais aussi banque privée et société dans la technologie numérique sont quelques exemples de partenaires sur lesquels il peut compter. «J’ai la chance d’avoir plusieurs sponsors qui me suivent depuis de nombreuses années, et je leur suis très reconnaissant de pouvoir compter sur eux.» Ces partenariats réclament de l’attention et du travail de la part de Sébastien lors de certains week-ends de courses. Diverses demandes lui sont formulées, telles que de la création de contenu pour les différentes plateformes digitales, présence dans les différents lounges afin de rencontrer les VIP ou partenaires de la marque, etc. «C’est toujours un plaisir pour moi de rencontrer et revoir ces personnes qui me soutiennent depuis toutes ces années.»

ALIMENTATION ET SPOrT

En ce qui concerne l’alimentation, Sébastien n’a pas de programme défini, mais fonctionne avec du bon sens. Des repas sains composés de féculents, légumes et poulet sont un exemple typique d’un plat d’avant course qu’il consomme deux heures avant son relais : «Je mange deux heures avant de sauter dans la voiture, parce que si je ne respecte pas cet horaire, j’ai tendance à ne pas me sentir bien une fois derrière le volant.»

Pour le sport, c’est un peu différent, le rythme est intensif et occupe une grande partie de son emploi du temps tout au long de l’année, et plus spécialement en ce qui concerne l’endurance. «Si vous voulez mettre toutes les chances de votre côté, l’idéal est d’être endurant, mais léger. Pour arriver à ceci, j’ai besoin d’une routine d’une à deux séances de sport quotidiennes.» Au programme, un mix d’exercices pour renforcer le cardio, bien évidemment, mais aussi des exercices de musculation. «L’équipe travaille avec deux physiothérapeutes qui sont d’une grande importance afin d’aider les pilotes à récupérer des efforts physiques de manière optimale après chaque relais.»

hABITUdES

Comme tout le monde, nous sommes tous attachés à certaines de nos habitudes, ou «TOC», et Sébastien ne fait pas exception à la règle. «Je ne rentre et sors de ma voiture que du côté gauche. Facile à faire dans ma formule E, car je peux y avoir accès des deux côtés, mais plus compliqué dans un prototype, car vous ne pouvez entrer et sortir que d’un seul côté. Heureusement pour moi, le volant de la Toyota est à gauche.»

fIN dE COUrSE

Après plusieurs relais intensifs et difficiles pour le pilote, notamment lors de sa session du matin où il se sentait extrêmement mal, la Toyota N° 8 a passé le drapeau à damier en première position. Nouveau titre pour Sébastien Buemi, qui est désormais quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans. Ce résultat est exceptionnel, et tous, nous nous réjouissons d’ores et déjà de suivre la suite des aventures de ce nouveau héros de l’endurance.

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