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Rahel Frey «Go fast and never give up !»
Rahel Frey : «Go fast and never ever give up !»
Cette devise titre affichée sur la page d’intro du site internet de Rahel Frey résume parfaitement la détermination de la Bernoise, qui n’en finit plus d’aligner les podiums au volant de la Ferrari F488 des «Iron Dames». Par Gérard Vallat
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Cette devise titre affichée sur la page d’intro du site internet de Rahel Frey résume parfaitement la détermination de la Bernoise, qui n’en finit plus d’aligner les podiums au volant de la Ferrari F488 des Iron Dames
Venue tardivement au sport mécanique par le karting en 1998, Rahel Frey avait déjà 12 ans à ses débuts, ce qui ne l’a pas empêchée de faire une ascension vers le professionnalisme en sport automobile. Commençant la monoplace par le championnat suisse de formule Renault en 2004, «l’effrontée» a rapidement donné le ton en s’imposant dès sa deuxième course à Dijon. Ce jour-là, ses compagnons de boîte se nommaient Nicolas Maulini et Jonathan Hirschi, deux futurs champions des joutes helvétiques. Après trois saisons de formule Renault, en Suisse, Italie et Allemagne, au cours desquelles elle enregistrait encore deux victoires, la Bernoise passait à l’étage supérieur, tout d’abord en Formula Master, avant la F3 allemande, où elle décrochait une nouvelle victoire. En 2010, Rahel Frey tournait le dos à la monoplace, (en cause la banale raison du manque de budget), pour se diriger vers les voitures fermées. Tout d’abord dans le baquet d’une VW Scirocco R-Cup, avant d’être engagée en championnat du monde GT1, dans les rangs du team Suisse Matech qui lui confiait le volant d’une Ford GT1 qu’elle partageait avec Cyndie Allemann et Natacha Gachnang. Cette année-là, elle prenait le départ de ses premières 24 Heures du Mans. En 2011, absolument tout changeait dans la vie sportive de Rahel Frey, avec la signature de son premier contrat de pilote professionnelle avec Audi. Engagée en DTM sur les saisons 2011 et 2012, la jeune Suissesse passait les six saisons suivantes en GT3, toujours pour le compte du constructeur aux anneaux, mais avec quelques apparitions Suite page suivante
dès 2018 dans le cockpit d’une Ferrari GT3 de l’équipe du Tessinois Ronnie Kessel. Durant cette période, Rahel Frey accomplissait plusieurs tours du monde pour disputer une moyenne de 25 à 30 courses par saison au volant de diverses Audi R8 GT3 LMS et R8 GT-Cup. Un parcours qui l’a amenée à se dédier entièrement au projet Iron Dames depuis 2019. Essentiellement derrière le volant de la Ferrari F488 GTE qu’elle partage avec Michelle Gatting et Sarah Bovy, elle se positionne en «capitaine» de l’équipe, mais elle est maintenant également en charge de la détection et du suivi de jeunes talents féminins. pas seulement jolies, mais aussi et surtout rapides. Notre équipage fonctionne très bien, nous avons l’habitude, Sarah, Michelle et moi, de rouler ensemble, la communication passe très bien entre nous et tous les ingénieurs. C’est vraiment très important. Il faut aussi que divers autres facteurs soient réunis, comme la BOP , notamment, qui peut être, ou pas, favorable au bon moment. Par exemple, au Mans, elle ne nous était pas favorable, contrairement aux Porsche et Aston Martin qui étaient beaucoup plus rapides que nos Ferrari. Alors oui, nous avons terminé 7es et deuxième Ferrari, mais ce n’était pas réellement ce que nous espérions.
Beaucoup d’observateurs sont surpris par la montée en puissance actuelle du trio que vous formez avec Sarah Bovy et Michelle Gatting
Tant mieux, mais nous ne sommes pas réellement surprises, il s’agit du résultat d’un travail d’équipe entamé depuis les débuts de l’aventure. Au Mans, nous étions qualifiées pour la superpole, et, de ce fait, beaucoup de journalistes sont venus parler avec nous. Je crois que, maintenant, les gens comprennent et réalisent quels sont les objectifs du projet Iron Dames. En fait, nous avons gagné du respect parmi les journalistes qui ont compris ce que nous faisons. J’espère qu’ils pensent maintenant que nous ne sommes
Au moment de cet entretien, vous préparez les 24 Heures de Spa ?
Oui, c’est une course très importante de notre calendrier. Les 24 Heures de Spa sont un exercice très exigeant physiquement et mentalement, beaucoup plus que Le Mans. D’ailleurs, la plupart des équipages roulent à quatre pilotes. C’était pour notre trio habituel l’occasion d’accueillir Doriane Pin, une très jeune fille de 18 ans qui fait une saison incroyable en menant Challenge Pirelli Europe. L’autre principale différence avec Le Mans est qu’il n’y a que des GT3 en piste, que le circuit est plus court et que 65 voitures sur sept kilomètres génèrent beaucoup de trafic. C’est un vrai challenge pour tous.
Finalement, vous êtes passées au travers de tous les problèmes à Spa, pour remporter votre catégorie ?
Je dois avouer que nous étions sur un petit nuage à l’arrivée de la course. Au départ, on avait évidemment l’objectif du meilleur résultat possible, voire d’un podium, mais finir dans le top 5 nous aurait satisfaites, comme se classer autour de la 25e place du général aurait déjà été génial. Je l’ai dit, les 24 Heures de Spa c’est comme une montagne du GT, alors remporter la catégorie Gold, et terminer 18es du classement général a dépassé toutes nos attentes. L’ensemble de la formation Iron Dames peut vraiment être fier de ce magnifique résultat.
Il est parfois difficile pour les spectateurs de comprendre les différentes catégories de voitures dans une même course ?
C’est vrai que c’est un peu compliqué, notamment aux 24 Heures de Spa, où il y a cinq catégories qui distinguent des voitures d’apparences identiques qui se différencient notamment par leur poids, mais surtout par une catégorisation des pilotes qui, selon qu’ils soient Gold, Silver ou Bronze, définit leur temps de roulage. Ce n’est pas toujours facile à comprendre pour les spectateurs. La classe qui se bat logiquement pour la victoire au général est la Pro-Cup. Une évidence, puisque
l’équipage est composé exclusivement de pilotes professionnels, qui disposent des voitures les plus pointues, généralement engagées par les constructeurs, au travers de teams privés. Ensuite, pour faire court, je peux expliquer notre classe Gold, que nous avons remportée. Elle concerne les équipages de trois pilotes qui disposent d’un pro, donc Gold aux côtés d’un Silver et d’un Bronze. En l’occurrence, Michelle Gatting, comme Doriane Pin, est Silver, Sarah Bovy est Bronze, et je suis Gold. Pour approfondir l’explication, il est possible de consulter le site de la FIA.
Pour revenir à vous et jeter un œil dans le rétroviseur, on constate que vous avez beaucoup d’expérience de courses, disputées dans diverses catégories, ce qui vous a permis de monter sur de très nombreux de podiums ?
Cela fait effectivement quelques années que j’évolue dans ce sport, depuis 1998 si je compte mes années karting. Alors naturellement il s’est passé beaucoup de choses, beaucoup d’événements, bons et parfois moins bons. Dans une carrière comme la mienne, qui est celle de beaucoup de pilotes, il faut distinguer les résultats. Ceux acquis lorsque j’étais seule dans la voiture, monoplace, DTM et toutes courses sprint, et ceux que tu partages avec des équipiers. La monoplace et le DTM étaient bien différents des courses d’endurance, chaque podium représente une énorme satisfaction, mais cette satisfaction est encore amplifiée dès lors que tu la partages avec des équipiers. Ce que je relève, comme je l’ai dit précédemment, et que je souhaite voir se développer encore, c’est que le regard porté sur une femme dans un cockpit a changé. Il n’était pas du tout le même lorsque j’étais en monoplace ou en DTM, il y a dix ans maintenant.
Vous avez également franchi une autre étape avec ce poste de «responsable» de la détection de jeunes talents féminins ?
C’est une autre approche du sport, aujourd’hui avec mon expérience et mon âge (rires) j’assume déjà un rôle de leader de l’équipage Iron Dames. Alors, je peux et je veux apporter mon soutien aux jeunes femmes pilotes, en les faisant bénéficier de mon expérience. Dans cet esprit, après différents entretiens avec Deborah Mayer et la FIA, je suis maintenant de très près l’évolution de ces jeunes, dès le karting. Nous nous concentrons actuellement sur quelques filles prometteuses, en F4 et dans d’autres disciplines. Parmi celles-ci, il y a bien sûr Doriane Pin, qui mène le challenge Ferrari Europe. L’ensemble de tous ces efforts vise un objectif clairement affirmé : donner toujours davantage de visibilité aux femmes dans le sport automobile.