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Rétrofit : aussi silencieuse qu’une bête à bon dieu
Aussi silencieuse qu’une bête à bon dieu
La transformation de cette Coccinelle de 1972 est à mettre au crédit de la société Revive Conversions, à Brügg, près de Bienne. D’autres modèles classiques sont prêts à passer au 100% électrique, confirme Serge de Wilde, CEO de l’entreprise. Par Pierre Thaulaz
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AUTO ACS: Votre société a été créée fin 2020 ?
Serge de Wilde: La première étape a consisté à réunir une équipe d’ingénieurs spécialisés dans divers domaines qui vont de l’électricité au digital en passant par le design intérieur. Ils ont travaillé durant 2 ans pour convertir cette Coccinelle en voiture 100% électrique. La partie conversion électrique s’est avérée assez rapide, mais avant de créer l’entreprise, il s’agissait que le véhicule soit encore plus abouti, d’où la réalisation d’un gros travail d’électronique. Le système classique 12 volts a été remplacé par un système digital. L’idée est que tout puisse être contrôlé, même à travers une application mobile.
Une opération qui sera généralisée à tous les modèles?
Oui. On va pouvoir savoir en permanence quelles sont les performances des batteries, du moteur, en résumé si tout fonctionne bien.
Votre Coccinelle est-elle expertisée?
Oui, et vous pouvez le constater à ses plaques bernoises. La partie certification relève de la responsabilité de Jean-Christian Bucher, un spécialiste reconnu en Suisse de l’homologation. Toutes les voitures qui passeront entre nos mains ressortiront avec une carte grise classique.
La partie homologation coûte cher?
C’est une partie qui aujourd’hui effectivement coûte cher en raison des différents tests qui sont demandés. On a établi une liste de véhicules qualifiés de stratégiques dont on estime qu’ils seront particulièrement demandés et pour lesquels on a un intérêt à obtenir un certificat par châssis. Une fois que le modèle aura été certifié une première fois avec notre conversion électrique, le coût de la deuxième homologation sur le même type de châssis sera moindre. Du coup, le prix baissera pour ce deuxième véhicule transformé.
Quel est le budget pour un rétrofit?
Pour une voiture légère revendiquant 100 km d’autonomie, ça va vous coûter environ 30’000 francs avec l’homologation. Mais pour des véhicules plus lourds nécessitant davantage de puissance, cela peut monter jusqu’à 45’000, voire 70’000 francs. On peut atteindre 4 modules de batteries et un double moteur dans la configuration la plus haute du catalogue.
Aussi silencieuse qu’une bête à bon dieu
Un Range Rover de 1992 pourrait-il être faire l’objet d’un rétrofit?
Oui. Il figure d’ailleurs dans notre liste de véhicules stratégiques.
Une certaine réticence chez les propriétaires de voitures anciennes?
Une précision tout d’abord. On ne touche pas à la carrosserie, on va juste adapter certains éléments qui vont nous être demandés au niveau de l’homologation. Comme notre Coccinelle a augmenté de quelque 20% en termes de puissance, on a prévu des freins à disque à l’avant. Mais attention, on ne dit pas que toutes les voitures classiques devraient être modifiées en électriques. Un client s’est présenté à nous avec une Porsche 930 turbo, on lui a indiqué qu’il était préférable de ne pas y toucher, ne serait-ce que parce que son moteur est un mythe. Après, la décision finale reste celle du client.
Plus simple si le moteur électrique occupe le même emplacement que le moteur thermique?
Oui. Après, la question est de savoir où l’on place les batteries. Pour un véhicule comme la Fiat 500 première génération, on peut se contenter d’un module de batterie de 10 kW. Par contre, pour un Land Rover Series 2 ou 3, il faudra prévoir deux, voire trois modules de batteries parce que le véhicule est beaucoup plus lourd, moins aérodynamique et il est équipé d’une traction intégrale. Mais dans le cas d’espèce, le véhicule a beaucoup plus de place à offrir sous le capot qu’une Fiat 500.
Impossible d’avoir l’autonomie d’une Tesla...
C’est une question qui revient souvent. Les Tesla ont en moyenne 70 et 80 kW de batteries incorporées, alors que notre Coccinelle en a 20. Tesla place tous les modules dans le sol, alors que nous sommes contraints de composer avec l’espace conçu pour un moteur thermique, le réservoir essence, et d’autres endroits encore. L’autonomie est importante, mais elle n’est pas au centre de la prise de décision de nos clients.
Qui sont vos premiers clients?
Cela peut être le grand collectionneur qui a envie de transformer l’une de ses voitures classiques. Il y a aussi la personne qui dit: «J’ai toujours rêvé avoir un bus VW T2 mais je le conçois uniquement en électrique.» Autre exemple, un quarantenaire rêvait d’acquérir une Fiat Panda 4x4 des années 80 et il veut maintenant la convertir à l’électrique.
Cette Coccinelle de 1972, n’importe qui peut l’essayer?
Absolument. On nous contacte, on vient nous voir et on explique rapidement comment elle fonctionne. La boîte de vitesses est en place, vous n’êtes pas obligé de la toucher. Vous pouvez la laisser en 3e, vous démarrez sans débrayer et vous pouvez rouler jusqu’à 110 km/h en 3e, puis passer la 4e!
INFOS ET CONTACT www.revive.swiss/fr