Actu'elle n° 06 janvier 2014

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Le magazine qui s’offre à vous

Femmes d’Afrique Femmes de média

Société Contre les violences faites aux femmes

Beauté Conseils anti-taches Mode Business Class

Rencontre

gERMAINE ACOgNY

ACTU’ELLE ISSN:2337-1501

Lier traditions et modernité à travers la danse

N°6 Janvier 2014 DISTRIBUTION GRATUITE



édito

C’est avec joie que nous accueillons l’année 2014, que nous souhaitons belle et heureuse pour chacune et chacun d’entre vous, ainsi que pour vos familles. Prospérité dans vos activités ! Notre ambition de vous informer sur des sujets variés, aussi bien légers que graves qui touchent notre société, reste intacte. Nous nous efforçons de conserver en l’améliorant notre ligne éditoriale et d’intégrer de nouvelles rubriques pour vous satisfaire autant que se peut. Nous abordons ce mois-ci le sujet délicat des violences faites aux femmes, véritable fléau mondial, touchant toutes les classes sociales. Les victimes se replient sur elles-mêmes, souffrent en silence, ne sachant plus vers qui se tourner pour trouver de l’aide et du soutien. Elles subissent… parfois jusqu’à un point de non retour. Nous voulons souligner l’effort de toutes ces associations et ces anonymes qui travaillent dans l’ombre pour leur apporter du réconfort, de la confiance en soi et en l’avenir. Et surtout retrouver l’estime de soi ! La Maison Rose, centre d’accueil pour les femmes violentées, est un des plus beaux exemples qui existe ici au Sénégal. De leur côté, des juristes s’attèlent à faire évoluer les lois. Nous nous devons de relayer l’information pour faire évoluer les mœurs, inciter tout un chacun à tendre une main salvatrice vers toutes celles qui endurent une vie bien trop cruelle. La presse se doit donc de relayer les informations en restant incorruptible, comme nous le démontrent deux journalistes extraordinaires, Sputnik Kilambi et Denise Epoté, deux femmes de média connues pour leur francparler qui honorent notre rubrique Femmes d’Afrique. L’art jouant aussi un rôle important dans la transmission des valeurs, nos coups de cœur du mois sont Germaine Acogny, danseuse incroyable, ancienne élève de Maurice Béjart, et Ndoye Douts, artiste plasticien, qui partagent tous les deux leur art avec beaucoup de générosité. L’esthétique fait partie de la vie de tous les jours, et c’est un plaisir pour nos yeux d’assister à des spectacles ou des expositions de qualité. Certains évènements se passant loin de chez nous, tel le Festival International de la Mode Africaine qui se déroule au Niger chaque année, nous avons décidé d’y aller pour vous et de vous rapporter les plus belles images du défilé. Car, oui, vous lectrices d’Actu’elle avez le goût des belles choses. Nous vous proposons donc une sélection de tenues vestimentaires conçues pour les femmes actives, celles qui se lèvent chaque jour, s’occupent de leur famille et ensuite prennent le chemin du bureau. En suivant les petits conseils beauté et bien-être, vous irez travailler en restant séduisante et bien dans votre peau. Nous vous souhaitons une bonne lecture ! Et vous donnons rendez-vous au mois prochain, le mois des amoureux… Sonia Elamri

Notre couverture : Germaine Acogny Photographe : Antoine Tempé


sommaire


Janvier 2014

Société 18 La philosophie du coeur, contre les violences faites aux femmes

24 A la rencontre de Germaine Acogny 30 Ndoye Douts, coup de coeur

03

Edito

06

Brèves

Santé & bien-être 34 Les recettes de grand-mère 35 L’acupuncture 36 Astro 2014 40 La crise d’adolescence

10

Madiba, itinéraire d’un héros planétaire

14

Femmes d’Afrique

Sputnik Kilambi et Denise Epoté

Beauté 42 Nailpatchme 44 Faîtes la peau aux taches noires 50 Beauté hommes Mode 52 Le Fima 56 Total color 58 Business class 74 Blazers et bottines

Maison 76 Recettes de chef 78 Osez les mélanges

93

Courrier des lecteurs

94

Carnet d’adresses

Culture Evasion au Costa Rica 80 Roman 84 Une énigme trop sensible

88 Retour sur l’actualité 90 Livres du mois


© AFP

LA STAR DE FAST AND FURIOUS MEURT DANS UN ACCIDENT DE VOITURE

Paul Walker, âgé de 40 ans, a trouvé la mort dans un accident de voiture. L’acteur avait donné le volant de sa Porsche à un ami, lorsque celuici a perdu le contrôle de la voiture qui s’est écrasée contre un poteau, avant de prendre feu. Ce décès est un véritable choc pour le personnel de Universal Studio qui travaillent sur les films FAST and FURIOUS. Reste à savoir si cette tragédie affectera le tournage de FAST and FURIOUS 7.

BIENTÔT UNE MESSAGERIE INSTANTANéE SUR INSTAGRAM

UN MILLION DE DOLLARS D’OR RETROUVé DANS LES TOILETTES D’UN AVION

L’application de partage de photos et réseau social mobile Instagram pourrait accueillir une nouvelle fonctionnalité dans le cadre d’une prochaine mise à jour : un service de messagerie instantanée. Ceci permettra en effet de créer des discussions de groupe, l’application à photo d’origine Instagram va évoluer au vu du nombre important de sa clientèle vers la concurrence à d’autres réseaux sociaux.

L’or était caché dans les toilettes d’un avion, une équipe de nettoyage a retrouvé 24 barres dans les toilettes de l’appareil qui était stationné à l’aéroport de Calcutta à l’est de l’Inde. Une découverte estimée à plus d’un million de dollars. L’Inde, plus gros consommateur d’or au monde, voit la contrebande augmenter. Jusqu’à aujourd’hui, aucune réclamation n’a été faite.

PREMIER CŒUR ARTIFICIEL IMPLANTé à PARIS UN NOUVEAU BILLET DE 10 EUROS APRÈS L’éTé 2014

Les deux derniers membres du groupe punk-rock russe emprisonnées dans des camps de travail depuis février 2012 ont été libérées le 23 décembre dernier grâce à une amnistie. Leurs performances artistiques pour promouvoir les droits de la femme et leur lutte pour la démission de Poutine, surtout, avaient conduit à leur arrestation. Un vaste mouvement de soutien international s’était organisé pour demander leur libération et le droit à la liberté d’expression en Russie. 6

© AFP

LES PUSSY RIOTS LIBéRéES

Il s’agit d’une première mondiale dans le domaine de la médecine. Un cœur entièrement artificiel a été implanté le 20 décembre à l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris. C’est une avancée extraordinaire, et surtout une lueur d’espoir pour tous les malades en attente de greffe.

A partir de l’été 2014, un nouveau billet de 10 euros, plus sécurisé, va être mis en circulation par la Banque Centrale Européenne. La date précise sera annoncée au moment de la présentation du billet, le 13 janvier 2014. Pour rendre la contrefaçon difficile, un hologramme portrait de la princesse Europe est présenté. Perceptible en inclinant le billet, un filigrane portrait, visible par transparence, et un chiffre en couleur, avec effet lumineux et changement de teinte.


...

Mireille Ballestrazzi a réussi le concours de commissaire de police, seulement deux ans après qu’il a été ouvert aux femmes. Elle devient ainsi commissaire en 1976. Agée de 59 ans, considérée comme une battante, elle est la seconde femme à occuper ce prestigieux poste. Elle était présidente d’Interpol depuis l’année dernière, une première pour une femme.

ANGELA MERKEL RééLUE CHANCELIÈRE D’ALLEMAGNE

© afp

MIREILLE BALLESTRAZZI à LA TÊTE DE LA DIRECTION CENTRALE DE LA POLICE JUDICIAIRE PARISIENNE

FLORA COQUEREL, MISS ORLéANAIS, éLUE MISS FRANCE 2014 Le 7 décembre dernier, Flora Coquerel, franco-béninoise de 19 ans, a été élue Miss France 2014 à Dijon. Elle se dit fière de représenter une France cosmopolite. La jeune fille, qui était Miss Orléanais a devancé Miss Tahiti. Elle succède à la Bourguignonne Marine Lorphelin qui a préconisé lui conseiller d’en profiter dès le début.

Angela Merkel a été élue mardi à une écrasante majorité chancelière d’Allemagne pour la troisième fois par les députés. La dirigeante de 59 ans est chancelière fédérale depuis 2005 et c’est la première femme à assurer ces fonctions dans son pays. Physicienne de formation, elle entame un nouveau mandat de quatre ans, à la tête de la première puissance économique européenne.

CHRISTIANE TAUBIRA éLUE FEMME DE L’ANNÉE PAR ELLE

MICHELLE BACHELET A NOUVEAU PRESIDENTE DU CHILI Michelle Bachelet a été élue présidente du Chili, avec un peu plus de 62 % des suffrages devant la conservatrice Evelyn Matthei. Appréciée de ses compatriotes pour son style chaleureux, la candidate de centre gauche, pédiatre de formation, a déjà dirigé le pays de 2006 à 2010. Elle est la première exprésidente à remporter un deuxième mandat en plus de soixante ans.

Le Grand prix de l’urbanisme en France a été décerné à Paola Viganò, architecte, enseignante et chercheure. Elle a mis en avant le concept de “ville poreuse“. Professeur d’Urbanisme et d’Urban design à l’Université IUAV de Venise et à l’EPFL de Lausanne, Docteur de recherche, elle dirige le doctorat en Urbanisme à Venise. Sa recherche développe une réflexion sur les nouveaux territoires, ce qui naît d’un champ, la ville et le territoire contemporain et d’une hypothèse, celle du projet comme dispositif de connaissance.

© AFP

LE PRIX DE L’URBANISME ATTRIBUé à UNE FEMME POUR LA PREMIÈRE FOIS

Christiane Taubira a été la cible pendant plusieurs semaines d’attaques racistes plus désagréables les unes que les autres. Pour son parcours et courage extraordinaire, le magazine féminin ELLE a décidé de lui décerner le titre de femme de l’année. Une distinction qui est une sorte d’hommage pour cette femme qui pour tous ses combats menés n’a jamais baissé les bras. 7


LA PREMIÈRE DAME DU SéNéGAL éLUE FEMME DE L’ANNéE

BOURSE SCIENTIFIQUE AGRICOLE POUR LES FEMMES EN AFRIQUE

PRIX SCIENTIFIQUE KWAME NKRUMAH POUR LA FEMME

La Première Dame du Sénégal, Marème Faye Sall, a reçu, le 5 décembre à Dakar, la distinction de Femme de l’année 2013, décernée par le Centre international des affaires stratégiques (CIAS), pour son “action sociale en faveur des personnes défavorisées, mais aussi son engagement en tant que femme musulmane active, dynamique et d’une grande humilité’’. C’est la première musulmane et africaine à obtenir cette distinction qui salue son action au service des défavorisés, par l’association “Servir le Sénégal“ qu’elle a créée. “C’est une dame qui a toujours servi dans l’anonymat’’ a souligné le président du CIAS, Docteur Moustapha Aziz.

AWARD est un nouveau programme de développement de carrière qui équipe les meilleures femmes scientifiques dans le domaine agricole à travers l’Afrique sub-saharienne à accélérer les gains agricoles en renforçant leurs compétences en recherche et en leadership grâce à des bourses sur mesure. AWARD est un catalyseur d’innovations à fort potentiel pour contribuer à la prospérité et au bien-être des petits exploitants agricoles africains, dont la plupart sont des femmes.

Le 9 décembre, le professeur Libona Yvonne Bonzi/Coulibaly, enseignante chercheur au département de chimie à l’université de Ouagadougou, a décroché le Prix scientifique Kwamé Nkrumah pour la femme, catégorie sciences fondamentales technologie et innovation, décerné par l’Union africaine. Le professeur Bonzi/ Coulibaly Libona Yvonne, enseignante chercheur au département de chimie à l’université de Ouagadougou a été honorée pour ses travaux en recherche fondamentale, technologie et innovation.

ATHLéTISME : AMINATA KEÏTA éLUE PRéSIDENTE DE LA FéDéRATION MALIENNE

PRIX NOBEL ALTERNATIF : DENIS MUKWEGE, LE DéFENSEUR DES CONGOLAISES, RéCOMPENSé

LE MAGAL DE TOUBA, JOUR CHÔMé ET PAYé ! La commission des lois de l’assemblée nationale a adopté dans sa majorité le projet de loi qui a institué le jour du Magal de Touba comme chômé payé. Désormais férié, le Magal de Touba qui souligne le départ en exil de Sérigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba, réunit tous les ans pas moins de deux millions de pèlerins dans la ville sainte de Touba.

LE PREMIER SITE LéGAL DE TéLéCHARGEMENT DE FILMS AFRICAINS EST EN LIGNE Découvrez : www.africafilms.tv 8

Mme Sangaré Aminata Keita est élue présidente de la fédération d’athlétisme malienne pour un mandat de quatre ans. Ancienne athlète, elle a été recordwomen d’athlétisme au Mali. Elle est également directrice de l’école sportive Ben Omar Sy. Mme Sangaré succède ainsi au sieur Idrissa Ba et compte concrétiser le développement de l’athlétisme malien au cours des quatre ans à venir.

Le gynécologue congolais Denis Mukwege est le lauréat du prix Right Livelihood, aussi appelé Prix Nobel alternatif. Il est récompensé pour son travail en faveur des femmes victimes de violences sexuelles en RDC. Avec son équipe, à l’hôpital Panzi de Kinshasa, Denis Mukwege a soigné quelque 40 000 femmes et enfants qui ont été violés et mutilés dans les combats de l’est de la RDC.

RéUSSITE, NOUVELLE éMISSION SUR CANAL+ AFRIQUE A partir du 17 janvier, “Réussite“ présentée par Elé Asu, mettra l’accent sur les réussites économiques du continent. Diffusée tous les seconds vendredis du mois à 20h30 sur Canal+Centre et Canal+Ouest.



© AFP

Madiba

itinéraire d’un héros planétaire

Depuis la fondation de l’Union d’Afrique du Sud en 1910, la loi a interdit aux Noirs d’être propriétaires de terres en dehors des “réserves“. De nombreux paysans sont expropriés. Rolihlahla Mandela, né le 18 janvier 1918, dans le petit village de Mveso, à l’est du Cap-oriental, est le fils de la troisième épouse, Nosekeni Fanny, de Gadla Henry Mphakanyiswa, chef du village de Mvezo, frère du Roi du Transkei. En conflit avec les autorités coloniales, son père quitte le village, et part avec sa famille dans le village de Qunu. Atteint d’une tuberculose, Gadla Henry décède alors que Rolihlahla n’a que 9 ans. Le régent, son tuteur, l’envoie à l’école méthodiste. Dès le premier jour, l’institutrice donne aux élèves un nom anglais. Rolihlahla sera Nelson. Son clan lui donne aussi une éducation traditionnelle. A seize ans, il est initié suivant la coutume de son clan, qui le nomme Madiba. 10

Emancipation politique

La cour royale le désigne, à 19 ans, comme conseiller. Il entre à l’université de Fort Hare, la seule qui accepte les Noirs, en 1939. Pendant ses études de droit il découvre l’existence de l’ANC, le nationalisme afrikaner, adhère à la résistance non violente de Gandhi (en Afrique du Sud de 1893 à 1914), sur qui il écrira un essai, la révolution cubaine et Che Guevara. En 1940, Madiba, exclu de l’université pour avoir participé à une grève, retourne dans son village. Son oncle lui impose de se marier. Il refuse, part vers Pretoria, où il travaille comme garde dans une mine. Son ami Walter Sisulu le place comme employé dans un cabinet d’avocat. Madiba termine sa licence par correspondance, et rallie Johannesburg en 1941. A 23 ans, il découvre le racisme violent qui régit la vie sociale de la capitale économique. Plus de 50 000 noirs y travaillent 12 heures par jours, 7 jours sur 7, dorment dans des dortoirs


en ciment appelés townships, à l’écart des blancs. Nelson Mandela, Oliver Tambo et Walter Sisulu fondent la ligue des jeunes de l’ANC en 1944, et proposent d’appliquer la désobéissance civile. Madiba épouse Evelyne Ntoko Mose, infirmière, témoin de Jehovah, donc apolitique, avec qui il aura trois enfants. Le 28 mai 1948, le Parti national remporte les élections présidentielles et met en place l’apartheid. Oliver Tambo et Nelson Mandela, les deux premiers avocats noirs du pays, encouragent l’ANC à renforcer les alliances avec les petits partis blancs et indiens. Le 6 avril 1951, Nelson Mandela et 8500 manifestants sont arrêtés. L’état d’urgence est instauré, Madiba placé en résidence surveillée. Il organise l’ANC en cellules clandestines. Le congrès du peuple adopte la “Charte de la liberté“, en 1955. Madiba divorce en 1957, épouse l’année suivante Winnie Madikizela, aussi originaire du Transkei, première travailleuse sociale noire. Le 21 mars1960, à Sharpeville, lors d’une manifestation, les policiers tirent sur une foule en fuite, non armée : 69 morts, 180 blessés. Le gouvernement déclare l’état d’urgence, interdit les mouvements nationalistes Noirs, les dirigeants sont emprisonnés ou assignés à résidence. Le Conseil de sécurité des Nations unies invite le gouvernement à abandonner l’apartheid. Albert Lutuli, président de l’ANC, est gratifié du prix Nobel de la Paix. Entre 1960 et 1980, plus de 3,5 millions de paysans Noirs seront dépossédés de leurs terres sans dédommagement. En 1961, Madiba lance l’aile armée de l’ANC, MK. Il en est le commandant en chef. En deux ans, 190 actions de sabotage, une grève générale sont organisés. Madiba part suivre une formation militaire en Algérie, puis en Tanzanie, Ethiopie, Nigéria, Sierra Leone, rencontre les chefs d’état. L’ANC est répertoriée comme “organisation terroriste“, à tendance communiste, par les États-Unis.

Libre de penser et d’éduquer

Nelson Mandela est arrêté le 5 août 1962, les autres dirigeants de l’ANC quelques jours après. Winnie et leurs deux filles sont assignées à résidence. Des documents impliquant Mandela sont découverts, il est inculpé de sabotage et haute trahison. Au procès, qui débute le 9 octobre 1963 à Pretoria, Mandela, en tenue traditionnelle, devant les médias du monde entier, prononce un long discours sur ses motivations. Le 11 juin 1964, lui et ses compagnons sont condamnés au bagne à perpétuité, échappant de justesse à la peine de mort. Le Conseil de sécurité des Nations unies condamne le procès, recommande des sanctions internationales contre l’Afrique du Sud. Les condamnés sont envoyés sur l’île de Robben Island. Le matricule 44664 est attribué à Nelson Mandela ainsi qu’une chambre de 5 m2. Il va pendant des années être soumis à des travaux forcés dans une carrière de chaux, quand il ne casse pas des cailloux. Les prisonniers sont séparés et traités selon leur couleur de peau. Le fils de Mandela, Thembi, est tué à 23 ans dans un accident de voiture en 1969. Il n’est pas autorisé à assister aux

funérailles. Nelson Mandela apprend l’afrikaner, dialogue avec son gardien, et finit par estimer que l’afrikaner est aussi un africain. Il partage ses connaissances, par exemple de la philosophie zulu “ubuntu“, par laquelle les individus se définissent avec les autres, interdépendants. Robben Island devient rapidement “’université Mandela“ pour les membres de l’ANC. Ils en sortent plus dangereux pour le pouvoir. En 1971, Mandela quitte la carrière et est transféré au ramassage d’algues. Le 6 décembre, les Nations-Unies déclarent l’apartheid “crime contre l’humanité“. En 1976, Mandela reçoit la visite d’un membre du gouvernement. Il lui propose la libération à condition qu’il se fixe au Transkei. Mandela refuse. Le gouvernement impose que l’éducation soit dispensée en afrikaner, donc inaccessible aux noirs.

Nous prenons l’engagement de bâtir une société dans laquelle tous les sud-africains, blancs ou noirs, pourront marcher la tête haute, sans ressentir de crainte au fond de leur cœur, assurés de leurs droits inaliénables à la dignité humaine. Une nation arc-enciel, en paix avec le monde et avec elle-même. Nelson Mandela, 1994 Le 16 juin, à Soweto, le plus grand township du pays, plus de 300 manifestants pacifiques sont tués, dont beaucoup d’écoliers. La photo de l’un d’eux fait le tour de la planète et révolte l’opinion internationale. Steve Biko, fondateur du mouvement Conscience noire, meurt torturé par la police en septembre 1977, et en novembre, l’embargo sur les ventes d’armes vers l’Afrique du Sud est décrété. Nelson Mandela et ses compagnons sont placés en isolement. Mandela étudie par correspondance à l’université de Londres. En 1979, il revoit, après 15 ans, Winnie. En 1980, il a enfin accès aux nouvelles de l’extérieur. Alors que Ronald Reagan inscrit les responsables de l’ANC sur la liste noire du terrorisme, Mandela, honoré de plusieurs prix pour son action, est transféré avec les principaux dirigeants de l’ANC, en mars 1982, dans une prison du Cap. Le MK relance la guérilla, occasionnant la mort de nombreux civils, et dans l’autre camp, des escadrons de la mort assassinent des militants. 11


En 1983, le Projet Coast, dirigé par Wouter Basson (“Docteur La Mort“), met au point et fabrique en quantité un poison capable de tuer seulement les Noirs ! En février 1985, le président Pieter Willem Botha propose à Nelson Mandela la liberté en échange d’un renoncement à la lutte armée. Mandela refuse. Botha abolit les lois sur les laissez-passer et les mariages mixtes. Mandela réclame “un homme, une voix“. Le pays est ingouvernable, l’embargo qu’appliquent les USA et l’UE étrangle l’économie. Mandela est transféré en 1986 dans une villa. Un concert pour ses 70 ans, en juin 1988 à Wembley, est retransmis dans 67 pays. Le 7 décembre 1988, Mandela est en résidence surveillée à domicile. L’état d’urgence est imposé depuis quatre ans quand Botha est remplacé par Frederik de Klerk .

Liberté, vérité et réconciliation

Nelson Mandela est libéré le 11 février 1990. Le 30 juin 1991, l’apartheid est enfin aboli. Nelson Mandela, élu président de l’ANC, mène les négociations pour une nouvelle constitution. Les pourparlers s’interrompent à la suite du massacre de Boipatong, car Mandela accuse le gouvernement de Klerk de complicité. Les négociations reprennent cependant. Le prix Nobel de la paix est décerné en 1993 à Nelson Mandela, conjointement avec Frederik de Klerk. Les premières élections démocratiques du 27 avril 1994 sont remportées par l’ANC. Nelson Mandela, président, forme un gouvernement d’unité nationale avec l’ANC, le Parti national et le parti zoulou (IFP). A ses côtés, deux vice-présidents : Thabo Mbeki et Frederik de Klerk. A la Commission Vérité et Réconciliation, présidée par l’archevêque et prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, les récits des exactions et crimes commis sous l’apartheid, par toutes les parties, dévoilent l’horreur. Mais on pardonne, il va falloir vivre ensemble. Des programmes à grande échelles sont initiés pour améliorer les conditions de vie des sud-africains. Mandela divorce de Winnie, avec qui il ne vit plus depuis quatre ans, en mars 1996, quitte la présidence de l’ANC en décembre 1997 et épouse Graça Machel, veuve de Samora Machel, ancien président du Mozambique, le jour de ses 80 ans, en 1998. L’année suivante, il demande officiellement à Israël de se retirer des territoires occupés et aux pays arabes de reconnaitre le droit à Israël d’exister, puis se retire de la présidence, qui revient à Thabo Mbeki. Il crée une fondation pour l’éducation, le devoir de mémoire, et la lutte contre le sida, qu’il admet ne pas avoir assez combattu pendant son mandat, et qui fait des ravages avec plus de 5 millions de séropositifs ! Il est plusieurs fois sollicité comme médiateur pour des conflits en Afrique. Bien que gratifié de la médaille présidentielle de la liberté par George W. Bush, lors de l’International Women’s Forum, en 2003, il n’hésite pas à s’opposer à l’attaque des États-Unis et de leurs alliés contre l’Irak, et à revenir sur le respect des droits de l’Homme par le passé. “S’il y a un pays dans le monde qui a commis des

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atrocités indescriptibles, ce sont les États-Unis d’Amérique“. Son fils, Makgatho, meurt du sida le 6 janvier 2005. Mandela se retire de la vie publique, demande que son visage soit retiré de tous les produits vendus par sa fondation. Le 18 juillet 2007, avec Richard Branson, Peter Gabriel, Graça Machel et Desmond Tutu, ils fondent le conseil des Global Elders. Mandela explique que “Nous travaillerons ensemble pour soutenir le courage là où il y a la peur, pour encourager la négociation là où il y a le conflit, et donner l’espoir là où règne le désespoir“. Mandela est enfin retiré de la liste des terroristes répertoriés par les USA en 2008. Jacob Zuma est élu en 2009 à la présidence. L’Assemblée générale des Nations-Unies déclare le 18 juillet “journée internationale Nelson Mandela“. Mandela, hospitalisé en 2011 pour une infection pulmonaire, séquelle d’une tuberculose contractée en prison, subit cinq autres hospitalisations en 2013, et le 8 septembre, quitte l’hôpital et regagne son domicile, au grand étonnement des médias qui le disaient déjà mort.

Mandela a fait son temps. A nous de savoir ce que nous allons faire du nôtre. Réaction d’un jeune sud-africain à l’annonce de son décès. Le 5 décembre, à 95 ans, Madiba est parti discrètement, entouré de sa famille, laissant le monde entier orphelin. Dix jours de deuil national ont été décrétés. Ses funérailles officielles ont eu lieu à Soweto, son corps a été inhumé le 15 décembre dans son village de Qunu. Mandela a eu 6 enfants, 20 petits-enfants et de nombreux arrière-petitsenfants. Il a reçu plus de 250 prix et récompenses en 40 ans. Laure Malécot

L’Afrique du Sud évolue rapidement, au niveau économique, technologique, mais revient de très loin. Le fossé immense creusé par l’apartheid met du temps à se résorber. Plus d’un million de maisons et des cliniques ont été construites, des dizaines de milliers de sud-africains ont bénéficié de terrains, de l’eau potable et, dans une moindre mesure, de l’électricité. L’extrême pauvreté a reculé. Mais 42% des noirs sont au chômage, la criminalité a presque doublé, et le sida fait des ravages. Le pays phare de la modernité du continent, à la culture riche, aux artistes innombrables, maîtrise, malgré tout, l’art de la paix depuis maintenant plus de vingt ans. Sur la base de ses richesses immenses (diamant, or, pétrole, etc), et à l’allure vertigineuse à laquelle le pays enchaîne les innovations, il est possible que l’Afrique du Sud soit, dans quelques dizaines d’années, un exemple de réussite et de résilience.



Femmes d’Afrique, femmes de média

Sputnik Kilambi

Sputnik Kilambi en cours au Ghana

Le journalisme africain a été marqué, sans conteste, par les deux femmes dont nous retraçons ici le parcours. Souvent citées en exemple dans le métier, Sputnik Kilambi et Denise Epoté, ont chacune fait évoluer la déontologie, l’éthique et la pratique de ce métier sur le continent.

Par Laure Malécot 14

Sur tous les fronts

Sputnik Kilambi voit le jour le 4 octobre 1957, à Hyderabad en Inde, dans une famille plutôt aisée, alors même que la Russie envoyait “Sputnik” dans l’espace, le premier satellite de l’Histoire, initiant la course technologique et stratégique mondiale qui suivra. La jeune Sputnik, après ses études secondaires, suit un BA en sciences politiques, économiques et des cours de journalisme. Elle rencontre son premier amour en Inde, avec qui elle aura une fille, Arusha, et part avec lui en Allemagne. En 1982, le couple s’installe en France. Sputnik reprend ses études à l’Université de Nanterre. Elle obtient rapidement un DEA en ethnologie et sociologie comparée. En 1986, Sputnik Kilambi a 29 ans lorsqu’elle entre à Radio France Internationale où elle va exercer 14 ans. Productrice, présentatrice, elle égrène de sa voix chaude et un peu rauque, pleine de passion, les nouvelles de ce monde injuste qu’elle voudrait meilleur. Très vite, elle s’engage sur des documentaires qui analysent les retombées humanitaires et socio-économiques des conflits, donne la parole à ceux qui souffrent et à ceux qui luttent. En 1994, Sputnik Kilambi débarque en Afghanistan, et réalise, en collaboration avec le Comité International de la Croix Rouge, plusieurs reportages sur la situation des Droits de l’Homme. Elle va poursuivre cette démarche au Sri Lanka l’année suivante, et en 1997 en Colombie. En 1998, la chaîne anglaise Channel 4 lui demande


d’enregistrer, au Brésil, une émission sur la mondialisation de l’économie, ce qu’elle fait avec la conviction que l’information est mère de l’action. Sputnik Kilambi revient en Inde à cette période, pour réaliser un documentaire radio de 90 minutes, diffusé sur France Culture. Il porte sur les droits bafoués des femmes du sud du pays, qui ont bien du mal à faire condamner les violeurs. Aujourd’hui, le viol dont on parle peu est devenu un véritable fléau en Inde. En parallèle, elle va réaliser pendant ces années, pour la RTE (Irish National Radio), plusieurs carnets de route politiques sur l’Afghanistan, le Sri Lanka, la Colombie et l’Inde, tout en continuant à intervenir régulièrement sur RFI. Sa réputation est faite. Infatigable, courageuse, engagée, profondément humaniste et très professionnelle, elle étonne ceux qu’elle rencontre et provoque l’admiration. Bientôt sonne pour elle le moment de quitter la Maison de la Radio.

correspondante pour Nouvelles de Radio et Discours Libres, station de radio locale. De retour au Kosovo, de mars 2002 à décembre 2003, elle est productrice et rédactrice en chef à Radio UNMIK, un composant clé du département de l’ONU d’informations publiques au Kosovo. Elle est responsable du développement et supervise la production d’émissions quotidiennes en quatre langues (albanais, serbe, turque et anglais) sur le développement au Kosovo, avec un accent particulier sur la réconciliation et la résolution de conflits. Ces émissions étaient émises par des stations de radio locales.

Une femme engagée dans un monde en guerre En 2000, Sputnik Kilambi quitte RFI, et s’engage au Kosovo, dans le développement de radios et de télévisions dans les zones de conflits, pour l’ONU et la fondation américaine Knight. Elle dénonce courageusement la complicité de certaines troupes de l’ONU avec les réseaux de prostitution dans les Balkans, au péril de son poste. Elle est directrice de la chambre de Consultants des Actualités, et rédactrice pour Radio Ciel Bleu, à Prishtina, première radio multiethnique locale, dans le Kossovo d’après-guerre, parrainée et a financée par l’ONG suisse Hirondelle. Elle y travaille avec quarante jeunes journalistes et techniciens de communautés différentes, qu’elle qualifie d’équipe forte. Elle est responsable du développement de programme et de contenu, ainsi que de la formation. Radio Ciel Bleu, plus tard gérée par la section Radio-Télévision de l’Union Européenne, a ensuite été fusionnée avec le service public au Kosovo, RTK. Sputnik reprend le journalisme en free-lance, travaille pour plusieurs stations de radios européennes et américaines, abordant surtout les questions socio-économiques et politiques. Les retombées de la tragédie du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis sont mondiales. Sputnik Kilambi en fait état dans des reportages en Inde, puis pendant l’invasion de l’Afganistan, et le conflit du Cachemire. Comme à son habitude, Sputnik n’est pas élitiste, et ce sera dans une petite chaine de télévision locale, la Télévision du Peuple, à Paris, qu’elle produira et présentera un rendez-vous d’analyse économique Euro-business. Elle est aussi à cette époque présentatrice pour TV5 Monde. En 2001, Sputnik est aux Etats-Unis, 15


Pour une information éthique et efficace en Afrique En 2004, la Côte d’Ivoire est en pleine crise quand Sputnik Kilambi atterrit à Abidjan pour y prendre les fonctions de Directrice de la radio ONUCI FM. Sa mission consiste à mettre en place la fréquence de la paix, les programmes, encadrer le personnel d’une quarantaine de journalistes et techniciens, locaux et internationaux. Sputnik quitte la Côte d’Ivoire en 2006, et après une courte pause à Paris, elle se consacre à partir de 2007, d’abord au Rwanda, à la formation. Elle suit le développement des programmes de Contact FM, radio privée à Kigali bénéficiant d’un grand taux d’écoute, crée des nouvelles trilingues. Elle sera distinguée de l’ordre de Chevalier pour le Journalisme International du Rwanda. Puis, elle part pour la Sierra Leone, en 2009, où elle est Directrice de la radio de l’ONU, et formatrice. Elle aide à la transition vers les prémices du journalisme public indépendant, lorsque la Radio de l’ONU fusionne avec la radio nationale. De 2009 à 2011, elle effectue différentes missions de formation au Sénégal et dans d’autres pays d’Afrique, et retourne de plus en plus fréquemment en Inde. Elle continue à former des journalistes au Ghana en 2011, pour la radio Joie DE, encourageant les jeunes journalistes à aborder de front les questions sociales. Elle achèvera sa mission avec le Centre International pour Journalistes, qui lui confiera la formation en ligne de soixante-dix journalistes africains. Mais en 2012, Sputnik découvre qu’elle est atteinte d’une tumeur au foie. Elle est alors dans sa maison de Goa, en Inde, et décide plutôt de suivre un traitement non conventionnel. La maladie ne l’arrête pas dans son travail, et elle se consacre pleinement à la formation des journalistes africains que l’ICFG lui a confiés. Elle reprend ses activités pour la presse écrite, après 30 ans plutôt consacrés à la radio et à la télévision. D’après le témoignage de sa fille, Arusha, elle vit bien. Le 8 juillet dernier, Sputnik décède, à 55 ans, d’une hémorragie cérébrale, à Paris. Selon ses vœux, ses cendres ont été dispersées à Goa, en Inde. Elle laisse derrière elle une fille et un compagnon qui gardent d’elle une vision consciente des enjeux de l’existence, du monde, et de la vérité. Tous les journalistes, toutes les personnes qui l’ont rencontrée, ont unanimement reconnu que cela avait été une vraie chance. Je suis de ceux-là, j’ai eu ce privilège, de connaître sa franchise, sa générosité, ses yeux pétillants d’intelligence, son humilité, et d’avoir reçu ses conseils avisés. C’est sûrement grâce à elle que je suis toujours journaliste, et avec passion. A ce jour, ses amis, collègues et stagiaires, souhaitent organiser un prix Sputnik Kilambi qui récompenserait l’éthique journalistique.

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Une véritable vocation Aînée d’une famille de quatre enfants, Denise Laurence Djengué Epoté est née le 22 novembre 1954 à Nkongsamba au Cameroun. Ses parents, fonctionnaires, souhaitent ardemment que Denise devienne avocate, elle s’inscrit donc sans contester à la faculté de droit. Dans le secret de sa chambre d’étudiante, elle prépare pendant deux ans le concours d’entrée à l’Ecole Supérieure Internationale de Journalisme de Yaoundé. Elle est la seule femme à réussir ce concours, ce qu’apprendront ses parents en lisant la presse. Son père admet alors la direction qu’elle veut prendre, et l’autorise à s’inscrire dans cette école prestigieuse. Elle entre alors dans un monde exclusivement masculin, mais rien ne peut ébranler la ferme conviction de Denise. Le journalisme, c’est son destin. Après sa formation, elle fait sa carrière à la radio, puis entre en 1985 à la télévision camerounaise (CRTV) qui vient d’ouvrir, et devient la première femme à présenter le journal de 20 heures. Elle y retrouve son ancien professeur de français au lycée, qui en est devenu le directeur ! Pendant des années, elle va représenter pour les camerounais l’image d’une déontologie journalistique ferme, et affirmer un franc-parler qui lui est propre. Elle se marie en 1991 à Eric Durand, qu’elle rencontre à Yaoundé en 1989. Cet ingénieur civil était le numéro deux de la Direction générale des grands travaux. Lorsqu’en 1993 il est rappelé en France, Denise va le suivre. Presque accusée de trahison par ses compatriotes, elle va vite leur montrer qu’elle est toujours en phase avec le continent.


Femmes d’Afrique, femmes de média Makeda-Balqis, Reine de Saba

Denise Epoté

© TV5 Monde

Lorsque TV5 Monde crée TV5 Afrique, en 1992, Denise Epoté rejoint naturellement l’équipe que dirige Mactar Sylla. Pendant quatre ans, elle va y être chargée de la mise en forme des programmes. Lorsqu’en 1998 Mactar Sylla démissionne, elle lui succède à la tête de la Direction Régionale Afrique. En 1996, Denise Epoté, dont la réputation de journaliste incorruptible et perspicace est établie, a été élevée au grade de chevalier de l’Ordre du Mérite national du Sénégal. En 2003, elle est faite chevalier du Mérite National du Cameroun, et en 2006 Chevalier de l’Ordre du Mérite français. En mars 2009, elle est promue Officier des Arts et des Lettres du Burkina Faso, dans le domaine de la télévision et de la presse écrite. C’est la seule femme à ce jour à être distinguée par ce titre. En 2013, elle a été promue Officier du Mérite National du Cameroun et Chevalier de la Légion d’Honneur par la France. Elle est toujours Directrice Régionale Afrique de TV5 Monde, et anime avec Assane Diop l’émission Afrique presse sur TV5 et RFI, ainsi qu’une chronique dominicale sur RFI. Sur TV5 Monde, elle présente depuis 1999 le magazine Et si vous me disiez toute la vérité dans lequel elle a, entre autres, reçu de nombreux chefs d’Etat.

© Julien Knaub / TV5 Monde

Reconnaissance internationale

Denise Epoté et Assane Diop

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© Laure Malecot

Société

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La violence à l’égard des femmes n’est pas l’apanage d’un pays, d’une culture particulièrement. C’est malheureusement un drame mondial. Les statistiques sont effarantes. Un rapport de la Banque Mondiale, relayé par diverses ONG, fait état de plus de 70 % de femmes ayant déjà eu un conjoint violent. Les risques de décès suite à ces violences occasionnent plus de morts que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme ! Les femmes violentées, traumatisées, sont, de plus, souvent rejetées par leur famille. La question se pose sérieusement de ce qui peut être fait pour les soutenir, et endiguer cette folie des hommes, qui abusent de leur pouvoir et de l’ascendance que la société leur donne, de fait, sur les femmes. La moitié des femmes dans le monde décède suite aux coups assénés par leur compagnon, ou ex-compagnon. Les violences faites aux femmes vont des violences domestiques, aux mariages forcés et précoces, aux mutilations génitales, viols, harcèlement sexuel, traite, et prostitution. Dans 30 % des cas, l’agresseur est l’homme avec qui elles partagent leur vie. Les chiffres d’une femme sur cinq potentiellement victime de viol au cours de sa vie ont été avancés. Le viol est utilisé comme “arme de guerre“ dans certains pays, comme au Congo Kinshasa (nord-Kivu). On humilie l’ennemi pour posséder ses biens et le réduire à néant… Dans cette région, plus de 1 000 viols par mois sont déclarés, soit près de 36 par jour. L’Europe n’est pas en reste. En 2013, selon le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, en France, 83 000 femmes ont été victimes de viols ou de tentatives de viol, et plus de 140 sont mortes sous les coups de leur conjoint soit une tous les trois jours.

La philosophie du cœur

contre les violences faites aux femmes Plus d’un tiers des femmes dans le monde sont agressées sexuellement, selon un nouveau rapport publié par l’Organisation mondiale de la Santé en partenariat avec le London School of Hygiene & Tropical Medicine et le Conseil Sud-Africain de la Recherche Médicale. La situation au Sénégal, qui n’est pas parmi les pays les plus visés dans les rapports d’ONG internationales, est aussi très inquiétante. Entre 2011 et 2013, 400 cas de viols ont été recensés au Sénégal, et les cas de violences faites aux femmes enregistrés dans les tribunaux a plus que doublé en l’espace de cinq ans. 19


Après l’agression

Une femme qui a subi les coups de celui qu’elle aimait, le viol d’une personne en qui elle avait confiance, ou d’un inconnu répugnant, est abîmée tout autant physiquement que psychologiquement. Humiliée, dénigrée, dévalorisée, ayant perdu l’estime de soi, la confiance, la femme violentée subit les conséquences de son agression pendant longtemps, et de diverses manières : fractures, complications de la grossesse, dépression, problèmes de santé mentale, de consommation d’alcool, plus de risques de contracter le VIH, et finalement, au bout, la mort précoce. On estime que 38 % des femmes assassinées -dans le monde- l’ont été par leur partenaire. Bien souvent, le violeur n’utilisant pas de préservatif, la femme se retrouve porteuse d’un enfant qu’elle ne désire pas, et qui lui rappellera l’agresseur. Dans un pays où il n’existe aucune aide pour les mères célibataires, quand on est rejetée par sa propre famille, comment parvenir à élever l’enfant, à le nourrir ? Un problème crucial se pose, et certaines peuvent penser à ne pas garder l’enfant. Au Sénégal, l’interruption volontaire de grossesse est interdite sauf lorsqu’elle est autorisée par la loi. En aucun cas, elle ne saurait être considérée comme une méthode contraceptive (article 15, loi sur la santé et la reproduction, 2005). Quand on parle d’avortement thérapeutique autorisé, c’est uniquement lorsque la vie de la mère est menacée. L’Association des Juristes Sénégalaises signale, dans son dernier rapport, qu’à cause de cette interdiction, les sénégalaises recourent fréquemment à des avortements provoqués, clandestins et dangereux, surtout à la suite de viol ou d’inceste. Dans l’année, suite à ces avortements clandestins, 55 femmes sont décédées. D’autres ont été atteintes de lésions graves internes, d’infections, de stérilité, de troubles psychologiques. Certaines vont même jusqu’à commettre des infanticides (cf. Actu’elle n°1). En 2013, au Sénégal, 23 femmes ont été emprisonnées pour infanticide, 8 pour avortement clandestin, et condamnées à des peines de 5 à 10 ans d’emprisonnement. L’Association des Juristes Sénégalaises demande l’accès à l’avortement médicalisé, arguant qu’en Afrique du Sud, dès la libéralisation de l’avortement, les décès des femmes liées à l’avortement ont chuté de 90 % ! Mais en aucun cas l’avortement ne peut être considéré comme un acte anodin. Il entraîne, immanquablement, un bouleversement hormonal et psychologique sévère, qui doit être suivi. La décision doit être mûrement réfléchie, au risque de le regretter toute une vie….Le suivi médical et psychologique doit être vraiment sérieux. Il convient de se demander si la société sénégalaise est prête à cela, économiquement et moralement. 20

Accueillir la vie

La seule possibilité légale de survivre est d’accepter l’enfant à venir. A la Maison Rose, dans la banlieue dakaroise de Guediwaye, une soixantaine de bébés ont vu le jour depuis sa création il y a cinq ans. La fondatrice, Mona Chasserio, explique sa manière d’aborder ce désespoir-là : “Quand les femmes enceintes arrivent, elles refusent leur grossesse et n’ont qu’un désir, c’est l’abandon du bébé. Au fil des jours et avec le temps et les entretiens, elles finissent par l’accepter avec joie. Nous n’avons eu que trois abandons de bébés, placés à la Pouponnière de la Médina. Dans cet accompagnement, le temps et la patience sont nécessaires à l’équipe pour cette transformation. Une des choses les plus importantes est de dialoguer avec la famille afin qu’elles soient réintégrées. Puis, au-delà de leur acceptation dans la famille, il faut aussi qu’elles acceptent l’enfant à venir après un rapport non désiré et violent“ précise Mona Chasserio. Préoccupée aussi par le suivi de ces femmes en tant que mères, futures mères, à qui échouent la tâche d’éduquer, de transmettre des valeurs, elle entend porter une attention particulière à leur développement personnel autant qu’à la guérison physique et psychologique. “L’humanitaire ce n’est pas faire de l’autre un mendiant, mais de le remettre debout afin qu’il devienne autonome“.

La Maison, c’est comme un ventre. Elles posent leurs histoires pour apprendre à se connaître, transformer le négatif en positif et repartir vers un avenir meilleur.

Mona Chasserio

Mona Chasserio évolue avec douceur et sollicitude entre ses pensionnaires du moment. Elles passeront là le temps qui leur sera nécessaire à se remettre sur pied. Plus de 300 femmes ont à ce jour trouvé refuge, pour quelques jours ou quelques mois, voire une année ou plus à la Maison Rose ; des femmes, des adolescentes et des petites filles victimes de viols, d’attouchements ou en fugue. Les femmes victimes de violences conjugales viennent plus rarement


La philosophie du cœur

à la Maison : “Des femmes sont venues ici qui ne tenaient plus debout. La plupart des femmes battues restent quand même dans leur famille. Elles ne disent pas, cachent. Le secret c’est très important ici. Elles finissent parfois par être secourues par un voisin qui ne supporte plus. Mais si elles ne partent pas, c’est surtout parce que quand elles se retrouvent seules avec les enfants, la survie est difficile. Partir sans aide, comment faire ? Surtout quand elles ont beaucoup d’enfant !“. Les femmes et filles, les plus jeunes pouvant avoir entre cinq et six ans, accueillies à la Maison Rose viennent de toutes les régions du pays. Elles sont victimes de violences, de viol, d’inceste, et souvent porteuses de grossesses non désirée. L’agresseur est souvent un voisin, quelqu’un de la famille, de l’entourage proche. A l’agression physique s’ajoute le sentiment d‘une profonde trahison, et comme si ce n’était pas assez, le rejet de la famille. Quand elles échouent à la Maison Rose, elles sont complètement brisées. Sur la terrasse, des petites filles suivent un cours d’alphabétisation. Au rez-de-chaussée, une artiste plasticienne, Marie Ngom, anime un atelier avec des jeunes femmes attentives. Ainsi, pour Mona Chasserio, “les ateliers journaliers sont des supports pour réhabiter son corps et faire remonter l’inconscient. Ils participent à la connaissance de soi“. Un tableau affiché répertorie toutes les activités proposées : école du cirque, basket, yoga, jogging, théâtre, arts plastiques… “ Il faut stimuler tous les sens, pour réhabiliter le corps. Après un viol, le corps se coupe en deux. Elles peuvent s’acheminer vers la prostitution, le corps n’étant plus qu’un objet différencié; il faut leur apprendre à réunifier leur corps.“ Mona se rappelle des réussites marquantes : “On a eu trois enfants avec leur mère qui vivaient dans la rue. Les enfants étaient comme handicapés, passifs. En un mois, ils se sont mis à marcher, à jouer, à chanter…. Une petite fille de 13 ans, violée par un de ses voisins… Quand son père l’appris, il voulait la tuer, ainsi que le violeur. Quand elle est arrivée ici c’était encore une enfant. Le bébé est né, elle est restée quelques mois après la grossesse. Elle est retournée dans sa famille, et va maintenant à l’école“. Mais la fondatrice de Cœur de Femmes sait aussi qu’il y a des limites “On ne peut pas aider celle qui ne veut pas être aidée“. L’équipe de la Maison Rose est composée de personnels spécialisés et d’animateurs culturels, développe un accompagnement spécifique où la prise en compte des ethnies, des traditions et des rituels est partie prenante.

Une des pensionnaires de la Maison, Binta, accepte de me confier son histoire. Je m’attendais à voir une jeune fille abattue, et c’est une adolescente souriante, jolie, soignée, au regard franc et clair, qui s’assoit et se raconte sans grande timidité. Binta est à peine majeure. “Mon père me battait depuis longtemps. Il battait aussi ma mère. Je savais tout de ses actes comme la pédophilie et je l’ai dit à ma mère. Ils se sont séparés quand j’avais 7 ans. Mon père m’a laissée au village. Ca se passait mal, mais j’ai étudié jusqu’en 3ème. Mais à un moment, mon père a refusé de payer mes études. Un garçon m’a payé l’école, et j’ai eu des relations avec lui. Je suis tombée enceinte. Là-bas, au village, je devais me débrouiller seule avec mes sœurs et frères. Mon copain a quitté le village et est venu en ville. Je suis venue avec lui. Mon père s’est fâché, et il l’a envoyé en prison. Il menaçait de tuer l’enfant, me frappait dans le ventre. Il m’a prise pour me ramener au village. Je me suis enfuie. C’est comme ça que je suis arrivée au centre. La famille du père de mon enfant est aussi contre moi. Ils me promettent des choses qui ne tiennent pas“. Mona prend le relai du récit : “Quand elle est arrivée, elle était dans un état de faiblesse extrême, rejetée par sa famille, pleine de coups. On a pris soin d’elle, on l’a écoutée, soignée“. Le bébé vient de naître, il est en bonne santé. Le père de l’enfant a été libéré, il est reparti loin de la ville. Binta part dans quelques jours avec son fils rejoindre sa mère, accompagnée par des membres du centre dans son voyage. Bien loin de son père, elle élèvera son enfant dans un environnement paisible. Binta voudrait continuer les études, aime beaucoup la médecine. Je lui souhaite tout le bonheur possible, elle sourit de tout son cœur et part vers sa nouvelle vie. En quittant la Maison Rose sur les murs de laquelle fleurissent des cœurs, des photos de groupes où les femmes sont souriantes, des dessins d’enfants, je suis saisie d’une grande tristesse à la vue d’une jeune femme étendue sur un transat, manifestement très faible, qui prend un peu le soleil de cette fin de journée dans la cour centrale. Mona lui parle, elle sourit faiblement. Son visage est maculé de taches violacées, elle est très maigre et semble ne plus avoir de forces. Mona m’expliquera que cette jeune trentenaire va bientôt mourir. “Elle a été mariée de force à 13 ans. Rapidement enceinte, elle n’a pas pu accueillir le développement du fœtus dans son très petit bassin. Il est mort et a pourri dans son ventre. On lui a fait une césarienne et une ovariectomie. Un streptocoque l’a infestée pendant l’opération. Elle souffre par conséquent d’une maladie évolutive qui agit sur ses muscles. Il n’existe aucun traitement. Même les poumons sont atteints, elle ne peut presque plus respirer. Son corps se détruit peu à 21


peu. Quand elle est arrivée à la Maison il y a cinq ans, on ne lui donnait pas une heure à vivre“. Depuis, ses force s‘amenuisent, toutes les fonctions de son corps sont atteintes. Mona et son équipe tentent de lui apporter un peu de réconfort, et accompagnent son départ, en douceur, avec du cœur. Nous revenons sur le fait que beaucoup de femmes ici, souffrent des conséquences d’un mariage forcé trop jeune. Mona Chasserio ne juge pas, elle cherche à comprendre, constate, souligne les évolutions : “Le Sénégal est entre la tradition et la modernité. Les gens ont peur, en lâchant la tradition, d’aller à la dérive. En attendant ce sont les femmes qui souffrent. La pratique du mariage de filles très jeunes était très fréquente chez les peuls, mais comme cela leur est constamment reproché, ça commence à se réduire“.

Quel châtiment pour l’agresseur ? Quelle protection pour les victimes ?

Mona Chasserio évoque deux filles de 14 ans enfuies de mariage forcé, qui voulaient continuer leurs études. Elles ont été placées sous AEMO (Action Educative en Milieu Ouvert, mesure judiciaire civile) qui les a dirigées vers la Maison Rose. Par contre, il arrive que la démarche judiciaire ne se fasse pas. Mona se souvient de cette fille de 13 ans violée régulièrement par son père. Ni elle ni sa mère n’ont voulu poser plainte, même si Mona a tenté de les convaincre que d’autres pourraient être violées, si on n’appliquait pas la loi. Souvent, à la douleur de s’être faites violées, ou battues presque à mort, s’ajoute la honte, et tout ce qui va avec la problématique de porter plainte contre l’agresseur, bien souvent un membre de la famille, l’époux lui-même, ou un membre de l’entourage proche. L’Association des Juristes Sénégalaises a publié un rapport sur les décisions de justice pour les cas de viol, rendues entre 1999 et 2013. Ce rapport fait état d’agresseurs âgés de 15 à 50 ans, et de victimes âgées de 3 ans et demi à 50 ans. De plus en plus de violeurs sont condamnés. Les peines peuvent aller jusqu’à 20 ans en cas de viol collectif ou pédophilie, mais ce n’est pas souvent appliqué. Aucune condamnation n‘excède 10 ans. En cas de viol sur une jeune fille de plus de 13 ans, la peine ne dépasse pas souvent

Témoins ou victimes, voici deux numéros (24h/24) qui peuvent sauver des vies : Maison rose : 33 877 34 46 / Gindi : 33 827 89 80 La Maison Rose Dar As Salam, et le Centre Gindi (à Front de terre) sont les seuls lieux d’accueil pour filles et femmes en détresse. 22

deux ans. Alors que la législation prévoit 5 ans minimum (article 320 du code pénal). Beaucoup de relaxes ont lieu en l’absence de certificat médical. L’Association des Juristes Sénégalaises recommande une moins grande indulgence des juges pour les viols sur des victimes de plus de 13 ans, la constitution de tribunaux spécialisés sur les violences faites aux femmes, la mise en place d’un fond de soutien judiciaire aux victimes, et d’un dédommagement pour la victime. Lors d’un atelier sur la prévention et la prise en charge des violences basées sur le genre, organisé le 19 septembre 2013 à Dakar, le Premier ministre sénégalais Aminata Touré a rappelé l’engagement du gouvernement à punir les actes de violence envers les femmes. Le Sénégal devrait adopter les Procédures Opérationnelles Standard (POS), élaborées par ONU-Femmes, l’Unfpa, l’Unicef et plusieurs autres ONG. Ces procédures comprennent la prévention, la répression des violences basées sur le genre, et la garantie de la sécurité et la confidentialité des informations rapportées par les victimes. Un nouveau dispositif des procédures pénales repousse le délai de prescription à la majorité de la femme. Ainsi, les femmes victimes de viol pendant leur enfance, et qui n’ont pas osé porter plainte au moment des faits, pourront maintenant le faire à l’âge adulte.

Traitez bien vos femmes et soyez gentils avec elles, car elles sont vos partenaires. Dernier sermon du Prophète Mohamed (PSL), au Mont Arafat

Il faudrait pouvoir prévenir avant que les coups ne viennent, déceler la violence potentielle

de l’homme avant de lui confier son corps, sa vie, de s’allonger à ses côtés en toute confiance… Aucune classe sociale n’est épargnée par cette violence qui gangrène la société, et on trouve des intellectuels qui battent leurs femmes. Elles restent souvent, non seulement paniquées par la perspective de vivre seules, mais en plus, elles compatissent à la douleur de leur homme violent qui regrette, bien sûr, à chaque fois. L’exercice d’un sport de combat, d’un art martial, au moins pour avoir des notions


La philosophie du cœur

Mona Chasserio

de Cœur de Femmes à Unies vers’elles

prendre des distances et l’engager à se faire soigner, mais surtout ne pas avoir pitié et continuer comme si de rien n’était. Chaque jour, une femme meurt dans le monde sous les coups de son conjoint, qu’elle a sûrement déjà excusé trop souvent. Laure Malécot

© Laure Malecot

de self-défense, peut être utile… Mais notre principal avantage, ce “petit truc“ que les femmes sont les seules à avoir, ce sixième sens mystérieux, devrait en principe allumer une lumière rouge dans notre cerveau dès qu’un homme lève la main sur nous, et nous guider, rapidement, vers la sortie. Il faut savoir qu’un homme violent avec une femme a un problème psychologique à régler avec luimême. Ses excuses ne lui servent qu’à gagner du temps. Bien souvent doublé d’un manipulateur, l’homme violent veut montrer sa maîtrise de la femme, physiquement et psychiquement, parce qu’au fond, il doute que ce ne soit pas, en fait le contraire. Il est perdu. Au mieux, il faut

Des situations critiques et désespérantes, Mona Chasserio en a été souvent témoin… Cette bretonne, ex-pharmacienne, est la première à avoir organisé en France l’accueil des femmes échouées à la rue. Le récit de ce qu’elle y a vu fait froid dans le dos. Elle est Officier de la Légion d’Honneur Française pour ses actions, et a reçu le Prix de l’Humanité (The Economist) et de la Soildarité (lecteurs de la Sélection du Reader Digest) . Pour elle, la femme est la base de la société. Issue d’une fratrie de six sœurs, dans une famille plutôt aisée de La Baule, c’est au scoutisme qu’elle va apprendre des bases qui vont la suivre toute sa vie, et qu’elle va transmettre à celles qui perdent pied : aimer la nature, l’observer et vivre avec les autres et, surtout, dominer ses peurs. Mona Chasserio sait ce que c’est que d’avoir un enfant et de l’élever seule. Le père de sa fille, qu’elle a rencontré en plein mai 68, à 21 ans, n’a pas voulu de l’enfant. Elle se souvient d’avoir accouché seule, une nuit… Puis Mona s’est mariée, avec un homme brisé, avec qui pendant vingt ans elle a peaufiné l’art du dialogue et de la compréhension. Quand elle finit par le quitter, elle travaillait alors dans l’industrie pharmaceutique, mais se sent de plus en plus attirée par la nature, la réflexion, la spiritualité. Elle démissionne. Mona veut analyser les sources des maux plutôt que soigner les conséquences. Agir en profondeur plutôt qu’en surface. “Notre monde meurt d’avoir perdu son humanité. On traite en surface sans chercher à comprendre“. Après une retraite silencieuse, elle entre en action, rencontre l’Abbé Pierre, constate que l’on parle d’exclus en y englobant les femmes, mais que rien n’existe pour elles spécifiquement. Mona crée donc le premier centre d’accueil pour femmes en France, « Cœur de Femmes », à Paris, en 1993. Elle y verra défiler des femmes venues du monde entier, victimes de toutes sortes de sévices, parfois même tellement abîmées qu’il ne reste plus qu’à les accompagner vers la mort en douceur. Pour mieux les comprendre, elle va passer du temps à partager leur quotidien, dans la rue. Proche de Théodore Monod, célèbre explorateur et humaniste français, elle va l’inviter à rencontrer les femmes dans Cœur de Femmes. Il leur dira, à chaque fois qu’il viendra : “Ne brûlez pas les étapes, c’est marche par marche“ . Parallèlement, Mona Chasserio participe à la naissance des scouts musulmans, en lien avec les scouts catholiques, travaille sur le dialogue interreligieux entre juifs, musulmans et catholiques dans des groupes de réflexion. Après être venue au Sénégal une première fois en tant que visiteuse de prison, Mona Chasserio a ouvert la Maison Rose il y a 5 ans. Dans le conseil d’administration d’Unies vers’elle, l’association dédiée à son action au Sénégal, sont réunis l’arrière petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba, et l’épouse d’Aboul Aziz Sy. “Le Sénégal est un pays qui me convient. C’est un pays de fraternité, et de dialogue“. Mona Chasserio a développé, grâce à son expérience auprès des femmes en détresse, une philosophie, qu’elle a enseignée à Paris à des magistrats, des médecins. A la base, un constat : on peut transformer la victimisation pour renaître. Mona Chasserio a écrit Cœur de femmes, de l’inexistence à l’existence et La croisade des exclues, Cœur de Femmes.

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A l’Ecole des Sables, dans le petit village de Toubab Dialaw, la chorégraphe Germaine Acogny propose depuis bien des années de recevoir des danseurs professionnels du monde entier pour des stages de perfectionnement. La danse africaine y est enseignée comme une noble technique, qui comprend de nombreuses variations, et porte bien haut les couleurs de la danse contemporaine. Pour les habitants de Toubab Dialaw, l’Ecole des Sables “Jant Bi“ est non seulement une entreprise qui emploie une quinzaine de personne, mais aussi leur fenêtre sur le monde, dont ils sont fiers. Les rencontres rythment les saisons, et le village peu à peu s’est développé, et a accueilli d’autres artistes. Actu’elle est revenu avec Germaine Acogny sur son parcours, et c’est tout un pan de l’Histoire culturelle du Sénégal qui s’est révélé. Dans la lignée de son “mentor“, ou “père“, Maurice Béjart, Germaine Acogny pense la danse comme une marque de respect et de communication avec son environnement, les traditions, au-delà du temps et de l’espace. Un art universel par excellence.... © Jant-Bi 24


A la rencontre de

gERMAINE ACOgNY Lier traditions et modernité par la danse Actu’elle : Nous savons que vous êtes béninoise, mais aussi sénégalaise. Depuis quand êtes vous au Sénégal ? Germaine Acogny : Je suis arrivée à l’âge de 5 ans à Gorée. Mon père s’était remarié avec une sénégalaise, MarieRose Mendy, institutrice et directrice de l’Ecole de Gorée. Après l’école primaire à Gorée, je suis allée à l’école St Joseph de Cluny, où j’ai été éduquée avec les jeunes filles à la Médina. Je me sens tout à fait sénégalaise, étant donné que j’ai été adoptée par le Sénégal, et que quand je vais au Bénin, où je suis née, on me dit sénégalaise. J‘ai l’instinct béninois, le geste sénégalais. Quand on vit dans un milieu, on prend les habitudes… Et je parle wolof ! A : Comment définiriez-vous votre instinct béninois ? GA : Mes parents sont béninois, et cela transparait dans ma façon de danser. J’apprends facilement les danses du Bénin. J’ai eu beaucoup plus de mal à apprendre le Sabar, par exemple ! A : La musique sénégalaise en particulier les rythmes du Sabar sont assez complexes, en effet… GA : La musique béninoise aussi. L’Afrique n’est pas une marmelade ! On n’a ni le rythme ni la danse dans le sang. On apprend à danser. On apprend les rythmes. J’ai appris le wolof, le geste sénégalais, et le geste

béninois. En tant que danseuse, j’ai eu besoin d’apprentissage, et je sais comme c’est important, un centre de formation pour les danseurs. A : Quand et comment avez-vous eu la révélation que vous vouliez être danseuse ? GA : Je dansais tout le temps. On m’appelait “la folle“ ! Je me suis

professeur d’anglais, Mme Coin, disait déjà que j’étais un peu spéciale ! J’étais indisciplinée, ce qui mécontentait mon père. Il voulait que j’aille à l’université… Mais la directrice lui a dit, quand j’étais en 3ème, que je pourrais être professeur d’éducation physique. J’étais en effet très forte en gym ! J’ai donc décidé, après avoir eu mon fils, de faire l’école Simon Siegel (directrice Marguerite Lamotte - Paris 16) avec de

La danse n’est pas qu’un sport complet, c’est aussi la virtuosité, du corps, du geste, l’harmonie.

toujours demandé pourquoi, puisqu’en Afrique, c’est normal, les petites filles qui dansent. Mon oncle, Amadou Barry, maire de Gorée, un grand homme extraordinaire, me disait toujours “danse !“ et il partait d’un éclat de rire formidable ! Je devais avoir quelque chose de spécial déjà. J’avais une folie, une gestuelle particulière, et surtout, le goût de ça. A : Avez-vous ensuite suivi une formation ? GA : J’ai fréquenté le collège de jeunes filles de Dakar. J’étais meilleure en français qu’en mathématiques… Mon

la gymnastique harmonique, et la danse. J’ai donc ensuite travaillé comme professeur d’éducation physique car professeur de danse, cela n’existait pas. Quand je suis revenue en 1965, j’ai été affectée aux lycées Diniabo et CEG de Ziguinchor. Les deux premières femmes professeurs d’éducation physique au Sénégal sont Félicité Ndiaye et moi-même (toutes les deux originaires de Gorée). J’ai commencé à donner des cours de rythmique, en tapant simplement dans les mains. Je trouvais que les cours d’éducation physique sans danse, le geste sans musique, ça n’avait pas de “sucre“! J’ai ainsi commencé à travailler sur le 25


© Jant-Bi

Germaine Acogny

A : Il y a d’ailleurs beaucoup de liens entre ce que l’on appelle “la danse contemporaine“ et la danse africaine ! GA : De toute façon, contemporain cela veut dire danse d’aujourd’hui. En France, quand on dit danse contemporaine, on veut dire la différencier de la danse “moderne“, de salon, pour parler de danse artistique. 26

A : Cela rappelle le lien entre art moderne en peinture (Picasso par exemple), et culture africaine … GA : La danse africaine est la mère de toutes les danses. L’homme est né en Afrique, le mouvement, ce geste, aussi. Même quand je danse les folklores des autres pays, j’essaie de voir les similitudes avec ma danse. Nous avons tous deux bras, deux jambes, un cou etc., alors nos danses ne sont pas très différentes ! Mais les danseurs de la forêt ne dansent pas comme ceux de la savane. La danse est l’image de l’environnement. La danse hip-hop est l’image de l’urbain. Il y aura toujours des nouvelles danses. Le corps humain est là pour créer le geste à foison, et il évolue avec le temps. Nos danses traditionnelles ne restent pas figées. La façon dont nous dansions le sabar est différente de celle des jeunes de maintenant. Ça évolue, ça vit, ça danse. Heureusement, car tout ce qui n’évolue pas meurt ! Je trouve cette prolifération de danses extraordinaire. Mais je n’admets pas la vulgarité, que l’on montre trop à la télévision par exemple. J’aime l’élégance, c’est devenu ma marque de fabrique ! Avec la discipline, que j’impose dans mes cours… A : Et il y a eu la rencontre avec Maurice Béjart… GA : Le président Senghor voulait faire du Sénégal la Grèce de l’Afrique, avec la littérature, les arts plastiques, le premier festival des arts nègres. Il ne manquait plus que la danse. J’avais ma petite école pour pallier aux difficultés de fins de mois, parce que je venais de divorcer, avec deux enfants. Je ne pensais même pas être une grande artiste, c’était utilitaire ! Roger Garaudy a vu un cours, il a dit “mais ce que vous êtes en train de faire, c’est une technique !“. Il en a parlé au Président Senghor, qui a voulu voir mon travail. Mais estimant

ne pas s’y connaitre assez en danse pour juger, il a souhaité avoir l’avis de son ami Maurice Béjart. Nous sommes allés à Bruxelles le rencontrer, en 1975. Quand je l’ai vu la première fois, je n’ai

© Jant-Bi

geste, son prolongement. La danse n’est pas qu’un sport complet, c’est aussi la virtuosité du corps, du geste, l’harmonie. J’ai voulu vraiment allier tout cela. Quand je suis allée enseigner au lycée Kennedy, j’y ai initié les premières majorettes sénégalaises, dans les années 70, avec Doudou Ndiaye Rose, et 9 autres musiciens. Il y avait cinquante jeunes filles. Le Président Senghor avait trouvé cette première édition extraordinaire, le peuple sénégalais s’est mis debout ! C’est ce qui m’a vraiment fait connaitre. Comme si j’avais libéré un mouvement populaire, c’était extraordinaire. J’ai pris des mouvements de hanche, très distingués, très classe, dont l’essence venait de la danse du sabar, pour le transposer en danse contemporaine. J’ai ainsi démontré que l’on pouvait de la danse traditionnelle arriver vers le contemporain, et faire une création artistique.

Maurice Béjart et Germaine Acogny

pas baissé les yeux, je me disais que sinon ça n’allait pas marcher ! J’ai donné un cours devant lui, et il était stupéfait. Il a dit au Président Senghor “C’est extraordinaire ! “. Puis Maurice Béjart est allé à une conférence de l’Unesco au Kenya. Il lui a été demandé d’ouvrir une école MUDRA (geste en Sanscrit) en Afrique. Il a souhaité le faire au Sénégal, ou il y avait son ami Senghor, et “Germaine Acogny qui commence à faire quelque chose de nouveau“. Quand il est arrivé ici pour cette école, on a visité les lieux, le Musée dynamique, réservé auparavant pour les arts plastiques, qui nous a été donné pendant 5 ans. Je collaborais beaucoup avec Doudou Ndiaye Rose et Julien Jouga,


A la rencontre de Germaine Acogny

A : Maurice Béjart avait développé toute une réflexion philosophique autour de la danse, avez-vous des points communs avec cette approche ? GA : Dès que je l’ai vu, je n’arrivais pas à lui dire vous. Il disait que nous nous étions rencontrés dans un autre monde, que j’étais la fille noire qu’il aurait pu avoir, puisqu’il a un quart de sang noir. Je l’appelais même Papa quelquefois ! Pour Maurice Béjart, la tradition ne doit pas être une eau dormante. Ce doit être une vague qui vient, qui rejaillit, pour redonner vie à la contemporanéité. Je suis dans cette démarche. Je m’inspire aussi beaucoup de la nature. Nos danses traditionnelles sont un dialogue permanent avec le cosmos. Le symbole de ma danse, c’est le fromager, un arbre énorme, qu’on trouve beaucoup en Casamance, avec de larges racines profondes. On prend l’influence du ciel et de la terre, et d’autres cultures, mais on reste toujours qui on est. C’est à la fois l’enracinement et l’ouverture. Je prends en fait l’essence des danses traditionnelles pour en faire des danses modernes, d’aujourd’hui, contemporaines. A : Vous parlez de lui toujours au présent… GA : Pour moi il est toujours présent.

Grâce à Maurice Béjart et à Senghor, à leur regard, j’ai retrouvé mes racines, et ils m’ont vraiment soutenue pour donner à la danse africaine ses lettres de noblesse. A : Quand et comment avez-vous créé Jant-bi, l’Ecole des sables ? GA : Une idée ne meurt jamais. Quand Mudra Afrique a fermé et que je suis partie, je me disais qu’on ne pouvait plus rien faire en Afrique. Mais chaque année j’ai donné des cours à travers le monde. Et puis j’ai eu une sorte de crise psychologique, quand j’ai été invitée en Chine en 1982. Je m’y suis fait soigner de manière traditionnelle (acupuncture) mais je voulais aussi consulter un guérisseur sénégalais. Ma tante m’a parlé d’un guérisseur, mais celui-ci ne voulait me soigner que dans son village, à Fangoumé en Casamance. J’y suis allée, il nous a adopté, Helmut et moi, nous a donné un terrain, on a construit notre maison dans ce village d’à peine 200 habitants. J’y amenais chaque année des danseurs de partout dans le monde, qui vivaient dans les cases avec l’habitant. Nous voulions

guerre. J’ai téléphoné à Gérard Chenet, qui était à l’Institut des Arts avec moi (on y faisait un peu de théâtre), le premier étranger dans le village de Toubab Dialaw ! Il a loué des maisons dans tout le village, et on a commencé

© Anne Mbaye

et des professeurs que Maurice Béjart envoyait. Nous avons en tout formé près de 200 danseurs. Nos premiers élèves ont pour un certain nombre fait des carrières à l’internationale (comme Irène Tassembedo). La plupart vivent de la danse, en Europe, aux Etats Unis. C’est difficile de faire carrière dans la danse en Afrique. Quand le président Senghor est parti, le gouvernement d’Abdou Diouf n’a pas suivi. Mudra Afrique a été fermé, j’ai été obligée de m’expatrier en Europe. J’y ai rencontré Helmut, mon époux jusqu’à présent.

Jant-Bi, Toubab Dialaw

deux stages dans la cour de sa villa. Cela lui a amené une certaine notoriété, et pas mal d’aisance au village. En 1996, nous avons posé la première pierre de Jant bi. Au moins 500 personnes étaient là, les ambassades, les médias internationaux, tout le monde ! C’était

la tradition ne doit pas être une eau dormante. Ce doit être une vague qui vient, qui rejaillit, pour redonner vie à la contemporanéité. [...] Nos danses traditionnelles sont un dialogue permanent avec le cosmos.

faire le centre là-bas. Nous sommes restés 6 ans. Tout le monde venait voir nos spectacles de fin de stages, on était connu comme le loup blanc dans la région. C’est là aussi que ma carrière a commencé à prendre de l’ampleur ! En 1992, il y avait des problèmes avec la

assez extraordinaire ! Nous annoncions ainsi au monde notre intention. Nous n’avions pas un sou, le ministre Elimane Kane nous a soutenus. Tous les sénégalais que l’on voyait disaient qu’ils priaient pour nous ! Nous avions aussi envoyé l’information à tous nos 27


A la rencontre de Germaine Acogny

© Jant-Bi

anciens étudiants, soit 5000 contacts, dans le monde, en leur demandant de penser tous à nous à 16h (en temps universel), en même temps. Je crois que la prière est une grande force. Nous avons mis notre propre argent, mais on a aussi trouvé des aides, de l’Union Européenne, Art International, entre autre. Cela a été un vrai parcours du combattant ! Mais nous y sommes

Spectacle Fagaala

A : Parmi les ballets que vous avez créés, y en a-t-il un que vous préférez ? GA : Fagaala (2000), à propos du génocide au Rwanda, le génocide en général. Je trouvais que ce travail, que j’ai fait avec un japonais, Kota Yamazaki, a été une réussite extraordinaire. Ce spectacle a beaucoup tourné aux Etats Unis, au Sénégal pendant le Festival Kay Fecc. En France seulement à Biarritz, malheureusement.

chorégraphique, des résidences d’artistes. Nous formons des professionnels, mais tous les deux ans il y a des stages pour amateurs. Nous projetons de faire aussi des ouvertures aux enfants et aux adolescents, les samedis, et de l’initiation pour les amateurs. A : On dirait que le temps n’a pas eu de prise sur votre physique. Quel est votre secret ? GA : Je vais bientôt avoir 70 ans et j’en suis fière. Ce qui me maintient, apparemment, si jeune, je pense que c’est la passion de la danse, et sa pratique. Propos recueillis par Laure Malécot

A : Des projets pour 2014 ? GA : Des créations sont prévues, pour hommes et pour femmes. Nous organisons aussi régulièrement des stages de formation, d’outillage

e Te © Antoin

mpé

arrivés. Nous sommes la seule école de danse panafricaine. Nous recevons des danseurs de toute l’Afrique, qui s’échangent leur savoir, leurs gestuelles. Le cours le plus fort, le plus important, c’est quand chaque danseur doit apporter un pas, une gestuelle, de son pays, et l’apprendre aux autres. Ce doit être une base de données, des échanges, pour qu’ils puissent puiser dans leurs danses patrimoniales, et traditionnelles, pour en faire une danse contemporaine. Il faut toujours savoir

d’où l’on vient. Patrick, mon fils, qui a un doctorat dans les arts du spectacle, a développé la déconstruction des danses patrimoniales, dans le temps, et l’espace. Ces danses deviennent abstraites, tout à fait contemporaines. L’Afrique a des milliers de danses différentes. C’est important que chacun garde sa particularité, afin que tout le continent soit représenté dans sa diversité. Mais nous avons une base commune, et c’est cette essence que j’ai gardé dans ma technique de danse : l’ancrage au sol, l’élévation vers le ciel, le contact du ciel et de la terre, toute cette philosophie de la nature, être en contact et dialoguer avec elle.

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société

La Ville Bleue 1

Omar Victor Diop

NDOYE DOUTS Photos © Gogo Sy

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s, est e Dout y o d N n ye, dit romotio o p d e N d r u ajo ado 99, Moham talent. M e Dakar en 19 e d n ie d es. tic s facett un plas des Beaux-arts le ip lt u ns le x m de l’éco rtiste au ine d’expositio e a n u t s a ltitud Douts e sé une quinz ne mu u li à e, a é r le mond Il a articipé s p r e v , s a r e t ll e à oduit personn ns collectives mix, pr nt e R a io ic it r s d’expo égaleme use Af ie , a ig t t s e e r p de les dont la fresques mura . La commune n s en io r plusieu ’animat mmage d o s h u lm d fi es ue ren conçu d Espagne lui a de presq le a t n e n m n Gijon e e statue monu eprésentant so r un édifiant es de hauteur r t . è tte huit m toile caméléon“ de cœur à ce la nt p œuvre “ dédie son cou te actuelleme n e e s Actu’ell gagé qui pré Wema. n e ie r e le t a is t G r a la ion 40 à l’exposit


Votre définition de la femme La femme est le complément de l’homme comme l’homme est le complément de la femme. Dans le Coran, il est dit que la femme a été créée avec la côte de l’homme. Donc il manque quelque chose à l’homme, qu’il a sacrifié pour que la femme existe, et l’un sans l’autre ne sont pas complets ! Ce sont deux entités différentes, qui produisent ensemble une énergie, comme en électricité le plus et le moins… Les femmes, parce qu’elles peuvent donner la vie, et savent prendre soin d’un enfant, ont le sens du partage. Elles comprennent les choses profondes, et sont plus sensibles que les hommes.

Votre définition de la féminité La finesse, la délicatesse, dans la manière de marcher, les gestes, les attitudes. On en a besoin. C’est notre complément, cette subtilité. Je suis très proche des femmes qui m’entourent, ma mère, ma femme, ma fille. J’essaie de comprendre à travers ma fille de quatre ans comment elle évolue. Comme je vis entre la France et le Sénégal, les périodes d’éloignement permettent de voir au retour les changements de manière plus flagrante…Elle est en train de devenir une petite femme, dans ses attitudes, ses réflexions. C’est fascinant et merveilleux !

Comment pourriez-vous définir les lignes directrices principales de votre travail pictural? Le thème de prédilection de ma peinture est le désordre architectural en milieu urbain, les problématiques de ces grandes villes qui grandissent à un rythme très rapide, peut-être trop pour l’humain : la construction d’architectures anarchiques, l’encombrement automobile des infrastructures et de l’espace commun qui tend à être menacé par le surpeuplement, les graffitis.

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pressio

Jaune Im


Dans toute votre œuvre, les chiffres reviennent, pourquoi ? J’ai toujours raisonné de cette manière, en donnant une grande importance aux chiffres. Joe Ouakam m’a dit que cela vient des traditions lébou, qui utilisent beaucoup les chiffres dans la divination, leur manière d’interpréter la vie… Je suis, il est vrai, lébou, mais je ne sais pas vraiment comment cela m’est venu. Par exemple j’ai fait une série de cent toiles, que l’on pourrait qualifier de « centiple », car elles sont les éléments d’un discours commun, et peuvent être vues et comprises différemment, selon la manière de les disposer, de les associer, tout en continuant à former un ensemble cohérent. Les unes à côté des autres, elles ont un sens, empilées, elles ont aussi une cohérence telle la statue de Gijon. Dieu a cent noms dans le Coran. Il peut donc y avoir cent manières d’exprimer la même chose. Quand je réunis les cent toiles en une seule pile, elles deviennent une unité. Cent devient égal à un. C’est la diversité dans l’unité, l’unité dans la diversité. Le monde est fait d’une infinie subdivision de pays, de régions, mais c’est le même monde !

Pourquoi ce titre d’exposition, 40 ? J’y expose 40 toiles et j’ai 40 ans. On dit que c’est l’âge de la sagesse, de la maturité… Cette exposition est très importante pour moi. Elle marque une étape dans ma création artistique et dans ma vie. 32

King City Quarante


Ndoye Douts Vous êtes réputé comme quelqu’un de généreux, qui n’hésite pas à partager… J’aime partager. Il y a des jeunes de la Médina qui venaient de temps en temps me voir à l’atelier, qui sont maintenant devenus des artistes, et en vivent. Cela me fait vraiment plaisir, c’est important. Par contre, en 2007, dans le village de Diender, quand j’ai construit, avec mes fonds personnels et quelques bailleurs, une école (CEM) sur un hectare, ainsi qu’une case des tout petits, une salle polyvalente et une bibliothèque, dont vingt-trois villages profitent, j’ai été très encouragé par le village, mais pas à l’unanimité. Pourtant, ce CEM aide beaucoup l’état du Sénégal dans sa politique d’éducation. Je ne fais pas partie du lobby, et la réussite crée malheureusement la jalousie, même si tu es dans l’énergie du partage... Je me suis senti très seul, et j’ai fini par partir. Certains me jugent mal pour cela. Mais l’inspiration est là où on se sent le plus encouragé ! Propos recueillis par Laure Malécot Ville Silhouette Performance lors du vernissage

Lors de votre vernissage, vous avez réalisé une performance, avec trois autres artistes… Devant le public, nous partons d’une toile blanche, la naissance de quelque chose, sur une base pure. Nous sommes quatre, comme les points cardinaux. La toile est ronde comme la planète. Le public voit comment une œuvre, née du néant, évolue. Le peintre intervient sur la toile, comme chacun intervient sur ce monde. Le son est aussi très important, contribue à faire entrer le spectateur dans l’œuvre. J’explique à l’ingénieur du son les émotions que je veux transmettre, nous utilisons des bruits de la ville, des musiques... Je fais souvent des performances, pour que l’on comprenne que les artistes ne sont pas fous. Ce processus de création permet au spectateur de faire partie de la démarche de l’artiste, et donc de l’œuvre. La performance est à l’art plastique ce que sont les lunettes 3D au cinéma ! Les spectateurs entrent dans l’image, car ils font partie de la source d’inspiration, de la force de l’artiste. L’artiste et les spectateurs, ainsi reliés les uns aux autres, produisent un ensemble, unique, qui est transmis sur la toile. Il faut, pour cela se ressentir comme tel, que le public se sente dans l’action de l’artiste. La création c’est la force de partager, c’est le but de l’art. Dans ce monde l’artiste doit beaucoup donner, car il joue un rôle important de libérateur d’émotions. 33


L’Aloe Vera Les scientifiques et phytothérapeutes prêtent à l’aloe vera des vertus médicinales très particulières. Au Japon, après les deux attaques atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, les professionnels se sont rendus compte que les personnes ayant appliqué de l’aloe vera sur leur peau ou en ayant bu la pulpe avaient un nombre de cancers de la peau largement inférieur aux pronostics avancés. Ils constatèrent donc que tous les patients irradiés et traités avec cette plante guérissaient nettement plus vite que les autres. Les traces de son utilisation remontent à plus de 5 000 ans dans de nombreuses civilisations antiques. Les guérisseurs s’en servaient contre le vieillissement de la peau, le traitement des brûlures ainsi qu’en interne pour stimuler le métabolisme. L’aloe Vera est une plante des plus puissantes, riche en minéraux elle est considérée comme un hydratant profond. Elle est utilisée également pour assainir la flore intestinale, renforcer le système immunitaire et améliorer la circulation sanguine. Cette plante est très prolifère dans nos contrées et sa pulpe est facilement extractible naturellement. Nous vous donnons ici quelques recettes faciles.

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Santé et bien-être

L’acupuncture

rétablir l’équilibre du Yin et du Yang

L’acupuncture est une des branches de la médecine traditionnelle chinoise. Le praticien procède par implantation de fines aiguilles, en douceur bien sûr, en divers points du corps très précisément définis. Si vous êtes allergique aux piqures, n’ayez crainte, l’acupuncture se fait dans la délicatesse et la rapidité, et les aiguilles sont très fines ! Inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO depuis 2010, cette médecine douce est pratiquée en Inde depuis des millénaires. En Afrique, elle se développe avec l’installation de ressortissants chinois, mais pas seulement, puisque l’on y trouve aussi des praticiens européens formés en France ou en Chine. Il y a plusieurs acupuncteurs certifiés au Sénégal. Dans la base de la médecine chinoise, un bon médecin est celui dont le patient ne tombe pas malade. Ainsi, l’acupuncture est curative (plutôt pour les maladies bénignes, et même pour des problèmes psychologiques), et elle peut être aussi très utile pour prévenir les dysfonctionnements. Elle est d’ailleurs plutôt utilisée en ce sens en Chine et en Inde. Selon la tradition chinoise, l’être est formé de matière (yīn) et d’énergie (yáng), dont l’harmonie est la condition d’une bonne santé. Il faut donc contrôler cet équilibre délicat, qui peut être bousculé par un évènement mal vécu, une agression climatique, un surmenage. Une séance d’acupuncture régulière permet par exemple de retrouver le sommeil. Un excès d’énergie (yang) peut provoquer des spasmes, migraines, une montée de tension subite. Cette même énergie, en excès et en mouvement, peut provoquer un blocage musculaire. L’acupuncteur va chercher l’origine du blocage, et sa cause. Grâce à l’aiguille implantée à la source, puis dans les différents méridiens par où elle circule, le praticien contrôle et dirige le flux, et le régule. L’énergie, comme le sang, se répand dans tout le corps et participe au bon fonctionnement des organes, qui sont eux considérés comme des barrières, des filtres, contre toutes les formes d’agression. Les points d’acupuncture sont regroupés en méridiens, sortes de lignes stratégiques de points répartis sur tout le corps, considérés comme portes d’entrées et sorties des énergies. Les méridiens principaux sont chacun associés à un organe. Ils débutent (ou se terminent) à l’extrémité d’un doigt (ou d’un orteil). Laure Malécot

Le physique et l’émotionnel sont intimement liés en médecine chinoise. On distingue cinq couples d’organes, qui influent autant sur la santé que sur les humeurs et émotions : Reins et vessie : protègent du froid et des peurs. En cas de dysfonctionnement, on résiste moins à la frilosité, aux craintes, à l’envie de pleurer. Foie et vésicule biliaire : régulateurs du système hépatique, et des défenses immunitaires, préservent des effets de la colère et du vent. Poumons : protègent de la sécheresse et des angoisses. Cœur et intestin grêle : protège des effets de la chaleur et de la surexcitation, et donc des accidents vasculaires. Rate et pancréas : protège des atteintes d’un climat humide, de l’anxiété, de la rumination. Consulter toujours un acupuncteur certifié formé soit par des écoles en Chine (11 ans d’études, pour une formation de médecine traditionnelle, dans laquelle l’acupuncture est une matière parmi d’autres), soit en France (3 à 4 ans d’études). Pour tout séance d’acupuncture les aiguilles doivent être stérilisées.

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Santé et bien-être

Bélier

21 mars - 19 avril

Astro 2014

Amour : la chance passe dans votre maison 7, celle de l’union et de la vie de couple. Jusqu’à octobre, vous vivrez une très bonne période. Beaucoup de projets pour les jeunes couples et de dévotion pour les couples rodés. Si 2013 a été difficile pour vous, c’est le moment de faire un certain nombre d’efforts. Les célibataires qui n’ont encore rien vu arriver depuis le début de l’année verront leurs vœux se réaliser à partir de juillet. Un nouvel amour pourrait donc voir le jour. Travail : en ce début d’année, ce sera le moment pour certaines de se remettre en question, apprendre, faire une formation… Vous bénéficierez du soutien de Jupiter jusqu’au mois d’octobre si vous faites preuve d’ambition ou si vous envisagez de grands projets. Il faudra agir tout le long de l’année car les derniers mois stagneront. Fixez-vous de nouveaux buts. Argent : une première moitié de l’année assez tranquille, c’est à partir d’octobre que tout risque de s’agiter pour vos finances. Certes, vos rentrées pourront être correctes mais gare à vos dépenses ! Apprenez à gérer ou à canaliser si vous ne voulez pas vous retrouver sur la paille. Santé : Vous débordez de vitalité et de tonus. Uranus semble faire de l’effet dans votre maison 12, celle de la santé. Toutefois, cette planète pourrait tout autant avoir des effets indésirables tels que la nervosité et l’angoisse… et par làmême vous exposer à certains troubles vers le milieu de l’année. Décontractezvous, savourez le temps et faites un peu de sport en douceur.

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Taureau

Gémeaux

Amour : les couples vivront une période stable et équilibrée en 2014. A partir d’octobre, Jupiter vous chouchoutera dans votre maison de l’union. Il peut s’agir d’un renouveau affectif au sein du couple. Ce sera une bonne période pour prendre un certain nombre de résolutions. Vénus n’oublie pas les célibataires. Déjà au mois d’août, une relation d’amitié amoureuse pourra s’installer et la passion pourrait l’emporter à partir de novembre.

Amour : les célibataires sont à l’honneur. Vous trouverez le partenaire idéal d’ici la fin de l’année. Après une période difficile, vous allez reprendre du tonus et le moral sera à la hausse. Il s’agira d’une relation solide tournée vers l’avenir. Profitez de votre vie amicale et mettez-vous en évidence. Pour les couples, si vous êtes enlisés dans des difficultés avec votre partenaire, une séparation pourrait être envisagée. Un nouvel élan commence pour les couples qui ont connu des difficultés dernièrement.

20 avril - 20 mai

Travail : jusqu’au mois d’octobre, vous vivrez une période évolutive avec une soif d’entreprendre et un état d’esprit de compétition. A la recherche d’emploi, une embauche ne devrait pas tarder, mais Jupiter qui vous soutient depuis le début de l’année va s’estomper à partir de novembre qui verra une période plus ardue. Ne baissez pas les bras et redoublez d’efforts dans votre travail. Argent : malgré votre inquiétude, Pluton va bien s’occuper de vous et vous pourriez percevoir de nouvelles rentrées d’argent ou une augmentation de vos revenus. Mais restez prudente pour les trois derniers mois de l’année. Santé : une très bonne année pleine de vitalité, mais attention pour certaines qui auront tendance parfois à aller à l’excès. Mangez équilibré et surveillez vos poids et cholestérol.

21 mai - 21 juin

Travail : Uranus vous promet une année mouvementée, c’est le moment d’agir si vous voulez changer de cap et même une bonne opportunité pour se mettre à son propre compte. Il vous faudra éviter les pièges tout au long de l’année et serez récompensée vers la fin de celle-ci. Argent : Soyez très prudente question finances. Mettez-vous à l’abri en vous fixant un budget pour éviter de mettre en péril votre situation. Avec un peu de patience, la situation ira mieux en progressant sur la fin de l’année. Santé : les dix premiers mois, les astres semblent vous laisser tranquille et donc pas de quoi s’inquiéter. Bon dynamisme et bonne force morale. Mais en fin d’année, des petits maux en tout genre feront leur apparition sans gravité. Jupiter veille.


amour, travail, argent et santé !

Vierge

23 août - 22 sept.

Cancer

Lion

Amour : si votre couple connaît des désaccords, profitez de cette année pour enterrer la hache de guerre. Célibataire, pas d’inquiétude, l’été s’annonce chaud en amour. Vous aurez l’âme d’une séductrice. Vers le mois d’octobre, une relation pourrait se conclure. La famille aura une grande importance.

Amour : C’est l’année des célibataires ! En passant dans le secteur de vos amours, le Soleil va créer un climat très chaud en amour et Vénus viendra renforcer votre côté amoureux. Ce sera l’amour avec un grand A. Pour les couples qui sont dans la tourmente, ce sera plutôt délicat avec une possibilité de déviation amoureuse ou une grande tentation.

22 juin - 22 juillet

Travail : un état d’esprit combatif et bien déterminé à faire avancer la situation vous permettra de vous épanouir dans votre travail. Vous bénéficierez du soutien de Saturne jusqu’à l’été. Vous comprenez que la passivité n’aide pas à avancer.

23 juillet - 22 août

Travail : vous vous donnerez à fond professionnellement. Saturne vous apportera son aide à partir du mois de juillet. C’est l’année de continuer vos engagements et de se fixer des objectifs.

Amour : Uranus pourrait remettre de l’ordre dans votre vie de couple. Il pourrait y avoir de grandes remises en questions si vous étiez dans un train-train quotidien. Il est important de rompre avec la routine. Allez ! Un petit effort, il faut réagir, votre avenir sentimental en dépend. Célibataires, vous aurez du mal à trouver la stabilité. Certaines vivront des amours compliquées. Travail : vous débordez d’idées et d’initiatives pour l’avenir. Trouvez-vous de bons collaborateurs et faites le tri dans vos projets. Vous aurez le soutien de Jupiter à l’automne.

Argent : Neptune, planète qui vous est très favorable, tirera les ficelles jusqu’au mois de mai. Elle aura la devise de tenir votre budget. A partir du mois de juillet, soyez très vigilante quant à vos finances.

Argent : Vous avez envie de jouer dans les placements, vous avez le goût du risque. Attention à bien évaluer les risques. Flambez moins et établissez un budget à respecter.

Argent : un bon climat astral jusqu’au mois d’octobre avec Jupiter dans votre secteur financier va vous permettre d’améliorer vos revenus. La chance sera au rendez-vous mais vous devrez faire quelques efforts pour aider votre destin. Jouez les investisseurs pour les dix mois à venir. Vous pourrez faire fructifier votre argent.

Santé : Saturne aura tendance à vous perturber l’esprit avec des angoisses, maux de tête et baisse de moral. Aérezvous l’esprit par des promenades ou un peu de sport.

Santé : Même si vous avec la grande forme jusqu’à juillet, vous aurez une baisse de régime accompagnée de douleurs musculaires, et la fatigue pourrait voir le jour.

Santé : les premiers mois de cette année arriveront sous le signe de la bonne forme. La Lune Noire et Saturne feront leur apparition chargés de petits maux mais rien de bien méchant.

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Balance

Scorpion

Sagittaire

Amour : quelques conflits sont à craindre pour les couples. Célibataires, faites le tri dans vos relations. Certaines déceptions sont à craindre.

Amour : l’année sera plus sensible pour les couples. Une fin d’année agitée avec votre partenaire. Du conflit dans l’air, essayez de contrôler vos impulsions. Pour les célibataires, Uranus promet un bon programme. Tirez un trait sur le passé et allez de l’avant ! La période la plus favorable se situera entre mars et septembre.

Amour : vous serez comblée sur le plan sentimental. Vous pénétrez dans un cycle rempli d’évènements inusités mais très enrichissants sur le plan moral. Soyez à la hauteur pour votre partenaire, plus originale et pleine d’humour. Célibataires, ce n’est pas l’année du grand amour. Mais certaines pourront trouver l’âme sœur entre juillet et octobre.

Travail : le premier semestre ne devrait connaître aucun bouleversement. L’arrivée de Saturne en deuxième partie d’année apportera une touche dynamique à vos activités. Malgré votre envie d’apprendre et de prendre des responsabilités, il faudra penser à faire quelques sacrifices.

Travail : une période tranquille pour les dix premiers mois, continuez votre chemin jusqu’à la fin de l’année où il risque d’y avoir de l’action. Profitez de la période calme pour réfléchir sereinement à votre avenir et préparer des projets.

23 sept. - 23 oct.

Travail : en cette année, les astres vous demandent de faire des efforts et de ne pas vous la couler trop douce. Vous aurez le soutien de Saturne, Uranus et Jupiter. Certaines pourront saisir de nouvelles opportunités, d’autres un poste à responsabilités. C’est le moment de se lancer dans de nouveaux projets pour changer de cap. Argent : Jupiter vous est particulièrement favorable pour vos comptes en banque. Chance aux jeux, augmentation de salaire, héritage, tout est envisageable en cette année. Mais attention, certaines rentrées auront tendance à vous faire tourner la tête et vous risquez de vous laisser tenter à certaines dépenses. Attention en fin d’année. Santé : l’énergie est là. C’est le moment de prendre de bonnes résolutions comme faire du sport et arrêter la cigarette.

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24 oct. - 22 nov.

Argent : grâce à l’aide de Pluton et Jupiter, vous ferez tout en cette année pour améliorer vos finances et augmenter votre pouvoir d’achat. Santé : Jupiter placera votre vitalité au zénith. Attention cependant aux excès alimentaires.

23 nov. - 21 déc.

Argent : ce n’est pas toujours dans vos habitudes de vous soucier de vos dépenses, mais cette année, apprenez à gérer votre budget. Pour le bien de vos finances et de votre porte-monnaie, faites un peu de sacrifices. Santé : vous bénéficierez d’une bonne forme jusqu’au mois d’octobre. Mais Mars et Jupiter feront alors leur apparition et influeront sur votre santé. Fatigue et excès pourront être à l’ordre du jour. Soyez donc adepte d’une alimentation équilibrée.


Astro 2014

Capricorne

Verseau

Poissons

Amour : les couples passeront une mauvaise période en début d’année. Il est important de renouer le dialogue avec votre partenaire plutôt que de laisser la situation s’envenimer. Célibataires, l’amour n’est vraiment pas au rendezvous en 2014, mais aucune n’est à l’abri d’un coup de foudre sans lendemain. Pour certaines, un ex pourrait refaire son apparition mais ça n’apportera que perturbations et troubles plutôt qu’un véritable équilibre.

Amour : pendant l’année, vous pourrez obtenir de très importantes satisfactions dans le domaine affectif et sentimental. Qui vit dernièrement une histoire un peu compliquée verra Saturne mettre un peu d’ordre dans sa relation, sa vie à deux. Célibataires, vous pourrez vous laisser aller à une amitié amoureuse entre mai et juillet.

Amour : les moments tendres à partager en couple et en famille. Vous vivrez une année délicieuse sur le plan sentimental. Célibataire, vous pourriez rencontrer l’âme sœur dans les six premiers mois. Mais il faut donner un coup de pouce au destin, faites un minimum d’efforts. Prenez du bon temps en sortant et rencontrant du monde.

Travail : beaucoup de bonnes choses en perspective en cette année grâce à Neptune. Mais attention, il faut y mettre du sien, faire un minimum d’efforts. Ce n’est pas dans vos habitudes mais il faudra donner le meilleur de vous. Un nouveau sens de responsabilités vous apportera une charge plus lourde de travail. Certaines pourront entrevoir une formation, un voyage à l’étranger ou une reconversion professionnelle. Foncez sans hésitation !!! Vous serez récompensée en fin d’année.

Travail : une année en mouvement. C’est le moment des changements et des remises en question. Vous pouvez vous permettre de tout envisager. Uranus vous promet les changements que vous espériez depuis longtemps, que ce soit au sein de votre entreprise comme une promotion, un nouveau poste ou même une mutation.

22 déc. - 19 janv.

Travail : Jupiter fera de vous son petit chouchou de l’année et vous serez donc privilégiée. Toute évolution ou lancement de projet connaitra le succès. L’engagement est de mise et il ne faut surtout pas hésiter à demander, prendre des contacts. Faites preuve d’audace, les portes s’ouvriront. Argent : prudence dans les dépenses. Ne vous laissez pas séduire par vos coups de cœur. La raison vous protégera de mauvaises surprises, ou un appel de votre banquier pour remettre les pendules à l’heure. Santé : grâce à la présence de Pluton, vous bénéficierez d’une bonne vitalité et le grand air ne vous fera que du bien.

20 janv. - 18 fév.

Argent : Uranus sera votre porte-bonheur, votre grigri. Cette planète vous aidera à dénicher les bons coups, les bonnes affaires. La période la plus prospère viendra en fin d’année. Cependant, prudence !! N’accumulez pas les crédits. Santé : une première moitié de l’année sous mauvaise influence de Saturne et la Lune Noire. Elles ne vous laisseront pas tranquille, vous serez sujette à des petits maux. N’hésitez pas à consulter votre médecin. La forme reviendra aux alentours de l’été.

19 fév. - 20 mars

Argent : une très bonne année côté financier, votre situation va évoluer à la hausse (gain, augmentation de salaire...), vous bénéficierez du soutien de Jupiter mais gardez la tête froide et n’allez pas trop à la dépense. Contrôlez vos impulsions. Santé : vous aurez quelques petits désagréments mais rien de bien grave. Que ça ne vous évite pourtant pas de faire un bilan médical et d’avoir un bon équilibre de vie tout au long de l’année.

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Santé et bien-être

La crise d’adolescence réagir aux signes inquiétants

Avec la collaboration de Nathalie Fanja Haaby, psychologue, Art-thérapeute Votre adolescent se montre brusquement très pudique, a des sautes d’humeur… Il demande de plus en plus à sortir, voit davantage ses amis que vous… Il vous tient des discours idéalistes, contestataires, se sent incompris ou s’oppose carrément à vous… Il n’est plus un enfant, mais pas encore un adulte… Votre fils/fille vit sans doute sa crise d’adolescence. Qu’est-ce que la crise d’adolescence ? L’adolescence est la période qui succède à l’enfance. Son début est marqué par la puberté, vers 11-12 ans. Ainsi, le corps de l’enfant se modifie dans sa morphologie, son fonctionnement et son apparence : en peu de temps, il devient un corps d’adulte, sexualisé (pilosité, mue de la voix, règles, poitrine). La fin de ce processus se situe généralement vers 18 ans, mais cela peut être variable. Lors de cette période de changements corporels, l’adolescent commence à être regardé d’une manière différente par son entourage. Par conséquent, c’est en partie à travers le regard des autres (parents, pairs ou autres adultes de l’entourage), donc dans la relation à ces personnes, que l’adolescent tente de s’adapter à ces changements. La pensée, la capacité d’abstraction, caractérisent également la période adolescente et sont perceptibles dans la réflexion et le discours de l’adolescent concernant lui-même, les autres ou encore la vie, la mort, l’amour, l’amitié, la société, la justice, la religion, la moralité… Souvent ce discours revêt même un certain idéalisme. L’enjeu de l’adolescence étant la préparation au statut d’adulte, soit le passage du familial au social, l’adolescent, à travers ses demandes de sorties, d’activités avec les pairs, 40

va rechercher autonomie et ouverture sur le monde extra familial. L’adolescent peut chercher à se démarquer de ses parents. C’est pourquoi cette période peut être parfois conflictuelle. En quête d’une identité singulière, ce dernier tend à se poser ces questions : « Qui suis-je ? Quel homme/femme devenir ?». Notons que dans les sociétés traditionnelles, le concept d’adolescence n’existe pas ou du moins il est envisagé d’une toute autre manière. Ce sont les rites de passage ou “initiations” qui “officialisent” le passage directement du statut d’enfant à celui d’adulte. Par ce rite, l’individu est reconnu comme adulte par les membres de la communauté et on lui a enseigné à cette occasion ce qu’est être un adulte. Ainsi, ces jeunes, autonomes beaucoup plus tôt, de par ces rites de passage, possèdent une place reconnue dans la communauté. En un sens, la disparition progressive de ces rites dans les sociétés “modernes” signe aussi une perte de sens pour les adolescents qui se retrouvent entre deux états - l’enfant, l’adulte- sans être vraiment reconnu par l’un ou par l’autre. La crise correspond à l’ensemble des troubles liés à cette période de changements (physiques, psychologiques, affectifs, sociaux) : sautes d’humeur, irritabilité, attitudes


de défi, opposition aux parents, comportements excessifs, mutisme, repli sur soi même, incompréhension… Ainsi, les changements impliquent des déséquilibres, attitudes et comportements parfois extrêmes. Comment gérer la crise ou comment accompagner votre adolescent dans sa quête d’identité ? L’important est de considérer la crise comme un tournant dans la vie de votre adolescent et non comme une catastrophe ou une attaque contre vous. Ainsi, vous envisagerez ses provocations et manifestations d’opposition comme une recherche de limites et d’affirmation de soi. En expliquant à votre adolescent vos décisions et interdits, en échangeant sur les enjeux de l’âge adulte, en instaurant un réel dialogue, vous lui démontrerez qu’il n’est plus un enfant. Toutefois, il ne s’agit pas de tout permettre ou de rentrer dans une relation de copinage. Il faut continuer à lui poser des limites tout en favorisant l’autonomie et la responsabilisation. Votre adolescent a besoin de repères et de modèles d’identification solides pour traverser cette crise. C’est pourquoi, plus vous serez serein, plus il le sera. Cette période peut également confronter les parents à leurs propres angoisses (voir leur enfant grandir, devenir adulte, se voir eux-mêmes vieillir), à des questions irrésolues (quel adulte, quel type de parents être ?) et les pousser à une réflexion sur leur identité, leur fonctionnement. Car l’adolescent peut pointer leurs contradictions, remettre

en question les valeurs et dynamiques familiales. Cela peut être aussi l’occasion pour les parents de consulter un professionnel. Il s’agit pour les parents d’écouter, comprendre, supporter, guider, rassurer l’adolescent, ce qui implique également de trouver la bonne distance relationnelle et respecter son intimité. A partir de quel moment, faut-il demander de l’aide à un professionnel ? (psychologue, pédopsychiatre) Si la crise d’adolescence est un phénomène transitoire normal, il faut rester attentif à certains signes qui peuvent refléter une souffrance dépassant ce cadre : l’ado est dans l’agir, le passage à l’acte, ne parvient pas à mettre de mots, a tendance à s’enfermer dans le déni de ses actes déviants, de sa souffrance. Quand en somme, il n’y a plus de dialogue. Absentéisme scolaire, comportements à risques répétitifs, violence (tournée vers les autres ou lui-même), fugues, vols, addictions, dépression, tentatives de suicide, troubles alimentaires… sont autant de signes à prendre au sérieux. Ainsi, consulter un professionnel, donc une personne extérieure aux enjeux familiaux qui écoutera sans jugement, pourra permettre à l’adolescent de se sentir compris, de parvenir à mettre des mots sur sa souffrance, de trouver sa place et de cheminer sereinement vers son statut d’adulte. Sonia Elamri 41


Beauté

Nailpatchme la mode s’invite sur vos ongles La folie des nails continue, aujourd’hui tout comme pour les vêtements et le maquillage, il existe des tendances à suivre pour ne pas être Out question ongles ! Il existe tellement de couleurs de vernis à ongles différents qu’il est difficile de faire un choix. Un vrai casse-tête, mais l’essentiel est de se faire plaisir. Oubliez le vernis rouge classique, le nude ou la tendance vernis craquelé, place au patch fun et coloré, une tendance à ne pas manquer ! 42

E-shop www.nailpatchme.com 1 kit de 20 nail patchs + 1 mini lime à ongles à 9€


Nailpatchme, la marque de vernis adhésifs résolument Mode lance sa nouvelle collection automne/hiver à l’occasion de son premier anniversaire. Nailpatchme dévoile plusieurs modèles exclusifs comme Future, un patch fluorescent. La marque des nails designers d’origine camerounaise Sarah et Nina Yinda, a créé 13 nouveaux imprimés tendances et innove avec deux kits Play. Des couleurs éclatantes, des prints pointus et inspirés, du fun, et une réelle sensibilité mode. Les ongles s’associent à tous les looks ! Un look, un imprimé, tel est le pari de cette nouvelle collection aux noms évocateurs : Mystic Flower, Inuits, Egyptian Girl, Rose Illusion, Gang, Nudy Kaki, The Woman… Pour les fans d’imprimés africains, testez les patchs Na lingui (je t’aime en Lingala, Congo).

Aïssata Kamara 43


Beauté

Râpez une pomme de terre et frottez directement sur la partie à traiter. Rincer à l’eau claire.

La tomate a des qualités astringentes et purifiantes. Elle peut aider à réduire les taches noires. Ce fruit est également un bon traitement contre la peau grasse. Commencez par couper les tomates en deux, frottez la peau avec. Laissez reposer pendant 15 mn puis rincez abondamment à l’eau claire.

Faîtes la Il n’est pas toujours facile de se débarrasser des taches noires cutanées. Le meilleur conseil que l’on puisse donner est de consulter un dermatologue. Mais il Mélangez une cuillère à existe des solutions naturelles “faites maison”. soupe de farine de maïs avec Elles sont faciles à faire, bon marché, efficaces un blanc d’œuf battu, appliquez et bénéfiques pour vous et votre peau ! Il le mélange sur votre peau surtout faudra être patiente, ce n’est pas en quelques l’endroit ou vous avez les taches noires. Laissez agir pendant 15 min jours que vous en constaterez l’efficacité… puis prenez un linge sec et essuyer Avant de vous livrer quelques conseils, faisons votre peau en frottant sur les un petit tour rapide en cours de dermatologie . points noirs chaque soir au Mesdames retenez que : la couleur de notre peau coucher. est due à la présence de pigments mélaniques sur la couche supérieure de l’épiderme. Ces grains de mélanine ont pour mission de protéger la peau du soleil. Tant qu’ils sont produits en quantité voulue, tout va bien. Mais pour peu que notre épiderme subisse une agression traumatique, que notre organisme connaisse des modifications hormonales (grossesse ou prise de contraceptifs oraux), ou encore que nous nous exposions au soleil après nous être parfumées, rien ne va plus : la production de mélanine s’accroît, et les taches sombres apparaissent. 44


Utilisez un mélange d’oignon et de jus d’ail sur les points noirs et laissez-le pendant environ 15 mn, il est connu pour aider à estomper les imperfections de la peau. Oignon et ail ayant une forte odeur, lavez soigneusement la peau après application.

peau aux taches noires grâce aux recettes maison Mélangez 3 cuillères à soupe de miel et 1 cuillère à café de cannelle en poudre et appliquez cette pâte sur les taches au coucher. Au réveil, retirez à l’eau chaude ou tiède avec un gant.

Prenez un citron et pressez-le. Ajoutez un peu de sel et mélangez le tout dans une petite bouteille. Prenez ensuite un coton et nettoyez les tâches noires matin et soir.


Faîtes la peau !

Attention mesdames, les soins clarifiants, unifiants, antitaches ne sont pas pour la dépigmentation. Il s’agit d’estomper des taches ou d’unifier le teint, en aucun cas de changer votre couleur de peau naturelle. Avant tout, vous devez vous sentir belle, quel que soit votre teint d’origine. Une peau bien entretenue sera radieuse et lumineuse. Ne cherchez surtout pas à décolorer votre peau, vous risquez d’aller au devant de bien des soucis et de risques inutiles. 46


Faîtes la peau aux tâches noires

aux tâches noires grâce aux crèmes éclaircissantes

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IL Y A CEUX QUI AIMENT S’AVENTURER

DANS L’INCONNU POUR Y DÉCOUVRIR LA BEAUTÉ

DE L’ÉTRANGE ET DE L’INEXPLORÉ. CEUX QUI NE CESSENT DE

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Beauté

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Gel de rasage Extrait végétal, dérivé de vitamines A, E, F et H. Ce gel de rasage permet à votre peau de résister à l’agression quotidienne et de garder souplesse et éclat. Appliquer sur le visage préalablement mouillé, appliquer une noix de gel et faire mousser par un massage circulaire. Bien rincer. 7 000 F

Gel de gommage La sève de bouleau assure une action nettoyante. Sous l’effet du massage, les billes de silice libèrent la peau des impuretés et des cellules mortes qui assombrissent le teint. Appliquer une à deux fois par semaine sur peau humide. Masser quelques instants puis rincer à l’eau claire. Appliquer ensuite la crème hydratante. 7 000 F

Gel nettoyant visage Spécialement formulé pour les hommes, ce gel nettoie le visage en douceur et débarrasse la peau de toutes ses impuretés. S’utilise en complément du soin fraîcheur anti-fatigue. Appliquer sur le visage humidifié, faire mousser puis rincer abondamment. 8 500 F

Crème hydratante Cette émulsion hydratante des couches supérieures de l’épiderme, enrichie aux extraits d’aloe vera et de riz, redonne tonus et fermeté, et régularise le micro-relief cutané. Le teint redevient clair, les rides s’estompent et le visage retrouve éclat de jeunesse. Appliquer sur le visage matin et soir. 8 500 F

Publi-reportage pour 50



Mode

Le FIMA Festival International de Mode Africaine Du 20 au 24 novembre 2013, le Festival International de Mode Africaine a célébré les 15 ans de sa création au Niger avec pour thématique “la créativité au service de la paix en Afrique”. C’est dans les falaises de Tiguidit au Niger que nait en 1998, le Festival International de Mode Africaine (FIMA), une idée, un rêve pour le jeune et talentueux Seidnaly Sidhamed, déjà connu à l’époque sous le nom d’Alphadi. Autrefois dans le désert, cette 9ème édition a lieu au cœur de la ville de Niamey. Pour cette édition anniversaire symbolique, Alphadi met à l’honneur un personnage emblématique, une icône mondiale, symbole de paix et de tolérance : Nelson Mandela, le grand Madiba qui nous a quittés récemment. A l’heure où de nombreux pays africains sont en plein conflit, le styliste créateur Alphadi a choisi de promouvoir la culture de paix et de solidarité. Le FIMA c’est la paix, le partage, la tolérance, un festival qui encourage les échanges, et ce n’est pas par hasard que l’UNESCO et les Nations Unies accueillent la Conférence de presse du FIMA. Le “Magicien du Désert”, enfant du Niger, véhicule une image positive de son pays, et du contient, mais surtout il 52

met un point d’honneur à promouvoir les talents d’Afrique et de la diaspora Africaine. Pour sa cérémonie d’ouverture le créateur a choisi le blanc, participants, organisateurs, mannequins et créateurs… tous sont vêtus de blanc et réunis pour une marche de la paix dans les rues de Niamey.


Le FIMA c’est de la Mode mais c’est avant tout un moyen fort de célébrer la paix, la culture et le développement. Rares sont les moments où l’Afrique et une partie du monde a les yeux rivés sur le Niger pour des raisons autres que l’actualité politique et religieuse. La Paix pour réunir les peuples, les cultures, les religions. Après 15 ans de FIMA, le bilan est plus que positif avec une contribution forte à l’économie, au tourisme mais aussi à l’enseignement avec l’Ecole Supérieure de la Mode et des Arts (ESMA). Une école de la transmission des savoir-faire, mais surtout une école de la reconnaissance avec en fin de cursus un vrai diplôme reconnu à l’international. L’importance du FIMA n’est plus à démontrer, au-delà de la Mode, Alphadi a également contribué à l’essor du tourisme au Niger. De même, l’artisanat du pays s’exporte pour être présenté lors d’expositions-ventes et autres salons, notamment à Paris aux Galeries Lafayette et dans d’autres parties du monde occidental. Lors de la conférence de presse du 20 novembre 2013, Alphadi dévoile à la presse le programme de cette 9ème édition mais surtout son souhait de voir le FIMA traverser les frontières du Niger et s’exporter dans d’autres capitales africaines, pour devenir “Le Festival International de Mode en Afrique”, une manière de tendre les bras aux créateurs et talents du monde entier, un moyen pour l’Afrique de prendre part au circuit des évènements majeurs de la mode tels que la célèbre semaine de la mode : Fashion Week !

FIMA est l’occasion de révéler de nouveaux talents, pour la plupart en manque de visibilité dans leur pays d’origine et à l’international. Pour cette édition 2013, le concours est dédié au styliste ivoirien Pathé’o, grand homme de la mode connu pour son talent mais surtout pour sa discrétion.

Le FIMA permet à ses jeunes créateurs de rencontrer le public mais aussi les financiers, clients et autres institutions qui un jour peut-être leur permettront d’exporter leur travail, d’ouvrir une boutique, car le problème reste souvent le même : le financement et la visibilité.

Côté animations, artistes locaux et internationaux sont au rendez-vous: la diva ivoirienne Aicha Koné grande amie d’Alphadi qui lui rend un bel hommage, Mali Yaro, mais aussi Ben-J des Neg-Marrons et Passi venus spécialement de Paris pour prendre part aux festivités. Cette année encore les jeunes créateurs sont venus de toute l’Afrique pour présenter leurs collections, chaque 53



Le FIMA

Malik Diallo pour le Niger, Mamadou Fall pour le Sénégal, Khouloud El Amrani du Maroc... ces jeunes talents, enfants d’Afrique impressionnent, surprennent, émeuvent l’audience ; leurs créations sont dignes des plus grands. C’est la créatrice béninoise Sonia Damala qui remporte le premier prix, et au passage une enveloppe d’une valeur de cinq millions de francs CFA octroyé par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) pour la création, le second prix revient au jeune camerounais Parfait IKouba.

Cette fois une nouvelle catégorie voit le jour, Les Horsconcours, composée de talents issus de la diaspora, de jeunes créateurs basés hors Afrique qui ne peuvent prétendre au prix jeunes talents. Une catégorie qui fait débat auprès de la presse et des jeunes créateurs mais qui révèle de vraies perles : Akou par Norbert Kouassi (USA/ Côte d’Ivoire), Chicissime par Michaella Rugwizangoga (Rwanda-Allemagne) et Norst par Noëlla Tapasu Koy (RDCFrance). Le FIMA c’est aussi le concours Top Models qui permet aux jeunes femmes et depuis 2011 aux jeunes hommes de se lancer dans une carrière de mannequin. Débutants pour la plupart, un évènement d’une telle envergure est un tremplin pour d’autres défilés, show, couvertures de magazines en Afrique et pourquoi pas à l’international. Beaucoup rêvent d’une carrière à la Ndèye Ndack Touré, Alek Wek ou Iman. Défilés après défilés, créations après créations, ces beautés africaines gardent sourire, classe et élégance.

Les heureux gagnants sont la pétillante et attachante Amanda Ethel du Cameroun et le charmant et discret Aliou Haidara du Mali.

Il n’y a pas de perdant au FIMA car chacun repart avec la fierté d’avoir présenté son travail, représenté son pays, et le bonheur de contribuer au rayonnement de tout un continent. Comme à son habitude le festival s’achève par le défilé des grands créateurs : Adama Paris et Lamine Diassé pour le Sénégal, Elie Kuame (Côte d’Ivoire), Mariam Bocum pour le Mali, Wafaa Lahlah pour l’Algérie... et plus inattendus Irem Parvez pour le Pakistan et Jorge Vega Umana pour les USA. Le créateur marocain Karim Tassi fait partie ce soir-là des coups de cœur du public. Alphadi et ses créations illuminent le podium, ses créations résume son festival et son message, les mannequins défilent tout de blanc vêtus, paix, force et douceurs se mêlent dans les créations de ce grand homme pour qui le plus grand rêve est de voir un jour le travail et les talents des enfants d’Afrique reconnu par tous.

Textes de Aïssata KAMARA - Photos © osiphoto.fr 55


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1. Tissu Velours stretch navy Decotex 2 500F/M - 2. Tissu Poly coton navy Decotex 1 500F/M - 3. Chapeau KADEL 12 000 F 4. Serviettes en papier Scrupuldos 1 090 F - 5. Bottines simili daim JENNYFER 23 900 F 6. Pochette cuir vernis EVOLUTION 59 000 F - 7. Sac bandoulière EVOLUTION 139 000 F 8. Boite à bijoux cuir Cocktail du senegal 9 000 F - 9. Ceinture cuir vernis Evolution 59 000 F 10. Rasoir Gilette TMC 250 F - 11. Montre Guess EVOLUTION 120 000 F - 12. Vernis à ongles SCRUPULDOS 8 900 F 13. Short paillettes vendu avec caraco assorti LOUBESS 48 000 F - 14. Pull coton LOUBESS 32 000 F

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Robe droite en crêpe jaune citron Chaussures à talon aigu jaune poussin à bout ouvert Sautoir doré BY OMBELICO BMW série 428i by CARREFOUR AUTOMOBILES



Chemisier blanc by 1-2-3 Chemisier beige sans manche by 1-2-3 Pantalon noir 7/8 by 1-2-3 Chaussures beiges et transparentes à bout ouvert chez CARACTERE BMW série 428i by CARREFOUR AUTOMOBILES


Ensemble gilet pantalon rayures noires et blanches Boucles d’oreilles argentées by OMBELICO Chemisier blanc by 1-2-3 BMW série 428i by CARREFOUR AUTOMOBILES


Ensemble gilet long pantalon noir Chemisier rouge en soie Collier Statement perlé couleur bronze by MANGO Robe beige rouge vichy chez DIARISTO Tailleur jupe rouge et noir bouton doré Boucles d’oreilles dorées chez OMBELICO



Haut noir en soie chez DIARISTO Pantalon large jaune chez DIARISTO Chaussures à talon noir doré Zara chez OMBELICO Valisette marron chez CARACTERE


Robe Spandex/Jax blanche à motifs jaunes et noirs chez EXTREME COLLECTION Sac noir et beige by KADEL Chaussures noires à talon by KADEL


Pull Lewis MC en coton col perlĂŠ by 1-2-3 Jean en coton Domitille 7/8 by 1-2-3 Sac jaune citron Yves Saint-Laurent chez OMBELICO Chemisier vert en soie by 1-2-3 Jupe en velours petit pois noirs by 1-2-3 Sac en cuir vert chez CARACTERE Tablette Apple 4 chez MULTIMEDIA STORE



Chemisier blanc en soie by 1-2-3 Jupe taille haute bleue marine en dentelle by 1-2-3 Sac Luijoe bleu marine chez EVOLUTION


Ensemble veste/pantalon bleu en coton chez LOUBESS Chemisier noir en soie by 1-2-3


Robe courte en coton, manches 3/4 chez LOUBESS Sac Longchamps marron by CLASS Sac vernis rouge Roccobarroco chez CARACTERE


Chemisier rouge bordeaux 7/6 by 1-2-3 Pantalon super cent gris by 1-2-3


Pull en coton à paillettes dorées by 1-2-3 Jean slim bleu électrique by 1-2-3 Bracelet doré by KADEL Sac croco simili cuir bleu électrique by KADEL Iphone 5 blanc chez MULTIMEDIA STORE



Mode

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1. Blazer coton gNEMEMA 25 000 F 2. Veste real wax gNEMEMA 25 000 F 3. Blazer wax SOA 25 500 F 4. Veste coton imprimé SOA 25 500 F 5. Veste imprimée fleurs ExTREME COLLECTION 75 000 F 6. Bottines simili daim noir KADEL 25 000 F 7. Bottines vernis EVOLUTION 139 000 F

Blazers et bottines

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10 1. Veste peinte à la main Doline 190 000 F - 2. Veste coton DIARISTO 40 000 F 3. Blazer wooding SOA 25 500 F - 4. Veste velours ExTREME COLLECTION 220 000 F 5. Blazer lin lourd ExTREME COLLECTION 220 000 F - 6. Veste rouge DIARISTO 30 000 F 7. Bottines cuir croco geox 115 900 F - 8. Bottines cuir beige geox 116 900 F 9. Bottines cuir à talon geox 116 900 F - 10. Bottines vernis gris geox 181 900 F

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Maison

entrée

Préparation Crostini - Enlevez la croûte du pain de mie et coupez-les en forme de triangle - Disposez sur le pain de mie le fromage de chèvre coupé en rondelles - Versez un filet d’huile d’olive sur les toasts et enfournez-les à une température de 180° pendant 5 min

Crostini de chèvre frais de Keur Moussa et sa vinaigrette au miel Temps de préparation 1h15 Pour 4 personnes 4 bûches de chèvre 8 tranches de pain de mie 2 càs de miel 4 càs d’huile d’olive 1 càc de moutarde 2 càc de vinaigre rouge ou blanc

Vinaigrette - Dans un saladier, mélangez la moutarde, le miel, le vinaigre et l’huile d’olive Servez les crostini avec une salade ou du mesclun

plat

Croustillant de poulet sauce à l’orange et son gratin de pommes de terre Temps de préparation Pour 4 personnes

Pour le croustillant 4 blancs de poulet 4 feuilles de brick 3 oranges 2 oignons 2 càs d’huile végétale 2 gousses d’ail hachées 1 branche de persil

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30 minutes

Pour le gratin ½ l de lait 4 grosses pommes de terre 200 g de fromage râpé Herbes de Provence ou laurier Sel, poivre, ail


LES RECETTES DE CHEF Préparation - Râpez le zeste de 2 oranges et pressez-les - Dans une casserole, mélangez les zestes, le jus des oranges, le sucre en poudre et les jaunes d’œuf - Faites épaissir le mélange dans un bain-marie à feu doux sans porter à ébullition et laissez refroidir - Battez les blancs en neige avec le sel et incorporez-les délicatement à la préparation refroidie - Placez la mousse au réfrigérateur pendant 3 heures - Epluchez l’orange restante, divisez-la en quartiers, retirez la peau et les pépins - Mettez l’orange au freezer pour la ramollir légèrement pendant 10 min Sortez la mousse du freezer et décorez-la avec les quartiers d’orange

Temps de préparation 45 minutes Temps d’attente 3h Pour 4 personnes 3 œufs 3 oranges à peau fine 150 g de sucre en poudre 1 pincée de sel

dessert

Mousse à l’orange

Préparation Croustillants - Poêlez les blancs de poulet jusqu’à coloration et terminez la cuisson au four pendant 10 min à 180° - Après la cuisson, laissez refroidir et disposez les blancs de poulet dans chaque feuille de brick - Pliez les feuilles de brick avec la farce, en forme de triangle ou en roulade - Mettez au four pendant 5 min jusqu’à ce que les feuilles soient croustillantes et réservez Sauce - Faites suer les oignons avec l’ail, déglacez avec le jus d’orange, préparez à côté un fond blanc avec les carcasses de poulet cuites dans de l’eau avec des herbes aromatiques, un oignon et une carotte - Mélangez l’ensemble et laissez réduire - Passez la sauce au chinois et réservez. Gratin de pommes de terre - Dans une casserole, coupez les pommes de terre en rondelles, ajoutez le lait, l’ail haché, le laurier ou les herbes de Provence et laissez cuire pendant 5 min - Disposez dans un plat à gratin, saupoudrez de fromage et laissez cuire jusqu’à avoir un plat gratiné Dans une assiette, disposez le croustillant et le gratin de pommes de terre. Nappez d’un cordon de sauce et parsemez de persil haché

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Maison Serviettes de toilette

Serviettes 100% coton 500 g Disponibles en 15 couleurs en 3 dimensions Tapis de bain assortis disponibles Eurotex à partir de 3 500 F

Peignoir

Eponge et wax Cocktail du Sénégal 20 000 F

Drap de bain

Spécial plage 160 x 75 Cocktail du Sénégal à partir de 8 000 F

Osez les mélanges

matières et couleurs

Tapis de bain Poisson

Cocktail du Sénégal 7500 F

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Nappes

Marion Talon 40 000 F

JetĂŠ de lit

Marion Talon 60 000 F

Coussins

Marion Talon 6 000 Ă 8 000 F

Plaid

Marion Talon 60 000 F

Draps

Marion Talon 60 000 et 70 000 F

Serviettes de toilette Disponibles en plusieurs coloris et dimensions Orca

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Evasion au Costa Rica

la petite Suisse de

La faune, la flore, la géographie et les habitants font de ce petit pays d’Amérique centrale la destination plein air à ne pas rater ! A bord du bateau qui nous transporte sur la merveilleuse réserve biologique de l’ile Del Cano, les dauphins nous escortent. Parfois des requins s’approchent, mais ils sont d’une variété qui n’attaque jamais l’homme. C’est pourquoi les plongeurs n’hésitent pas à accourir des quatre coins du monde pour découvrir à Drake’s Bay les plus beaux fonds marins et une nature encore vierge. Puisque nous sommes dans cet endroit paradisiaque, profitons-en pour enfin partir à la rencontre des dauphins. Qui n’a pas rêvé d’en toucher un ou qui sait, nager avec? Nous allons avoir sans doute cette chance, mais le guide nous fait bien comprendre qu’il faut être très patient, attendre de longues heures dans l’eau et ne pas bouger. Les heures ont passé et enfin la chance nous a souri. Ils sont venus, ils étaient si proches, presque incroyable de pouvoir les toucher. Nous les avons vus repartir comme ils sont venus, en silence! Nos cœurs battaient la chamade, nos yeux humides de larmes pour avoir eu cette chance presque unique de vivre un court moment un passage du Grand Bleu.

San José

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Oui, nous sommes au Costa Rica, en Amérique centrale, l’un des plus beaux pays d’Amérique latine. Une étroite mais riche bande de terre de 51.000 km située entre le Nicaragua au nord et Panama au sud. Ce pays d’un peu plus de 4 millions d’habitants, dont la langue nationale est l’espagnol, est bordé par l’océan Pacifique à l’ouest et la mer des Caraïbes à l’est. Le Costa Rica, dont 70% du territoire a été classé zone naturelle, n’arrêtera pas de vous surprendre par ses couleurs et ses odeurs tout au long de votre périple. Ouvrez grand les yeux ! Longtemps ignoré par les voyageurs internationaux, le Costa Rica est de plus en plus convoité. Depuis une dizaine d’années le


l’Amérique centrale tourisme s’est accru de près de 300%. Les japonais plus particulièrement s’y intéressent suivis des nord-américains et des européens pour finir.

Banane et Café

Découvert en 1502 par Christophe Colomb, le Costa Rica, Côte Riche en Espagnol, doit son nom aux explorateurs qui s’y sont établis pour chercher de l’or. Après son indépendance en 1821, un système démocratique fut établi, le premier en Amérique Latine. Le pays est stable et beaucoup plus sécuritaire que ses voisins. Fait à signaler et pas des moindres, le Costa Rica est le seul pays de la région à ne pas avoir d’armée nationale. C’est dans ce pays de forêts, de montagnes et de plaines que prit naissance en 1899, la célèbre multinationale américaine, que nous connaissons tous, United Fruit. M.C Keith. Un américain chargé par le gouvernement costaricain de construire un chemin de fer afin de faciliter le transport et l’exportation du café, reçut gratuitement plus de 320.000 hectares de terre. Il décida de faire l’exploitation de bananes à grande échelle et fit bientôt du Costa Rica le plus important exportateur de ce fruit.

Nature et Aventure

A la jonction de l’Amérique du Sud, de l’Amérique centrale et tout près des Antilles, Le Costa Rica recèle une flore caractéristique de chacune de ses régions. On trouve 109 volcans sur ce territoire ainsi que des montagnes dont certains sommets atteignent plus de 3800 mètres. C’est un

pays de rivières et de jungles impénétrables où grouille une variété surprenante d’oiseaux, d’iguanes, de crocodiles, de tortues et de grenouilles au venin mortel. La moitié de la population vit dans la capitale San José, 81


Le Costa Rica

même si cela commence à changer. Si certains prétendent que la ville est dépourvue d’intérêt, d’autres diront qu’il faut la connaitre pour mieux découvrir le pays. Il y a mille et une façons de découvrir ce pays et pour commencer en faisant une excursion dans la jungle accompagné par un Tico, surnom donné aux habitants du Costa Rica. Celui-ci ne demandera pas mieux que de vous faire connaitre son pays, ses traditions et ses ambitions. Pour le marcheur averti Cerro Chirripo est à conseiller. A 3820 mètres d’altitude, c’est l’un des plus hauts sommets d’Amérique centrale. Si vous aimez la pêche sportive… à 30 minutes d’avion de San José, sur la côte de la mer des Caraïbes, vous vous rendrez à Tortugero. Ici on arrive à pêcher des tarpons, gros poissons de plus de 35 kilos. Et encore, ce ne sont pas les plus gros, nous confie Edouardo, le gérant du Tortugero Lodge, célèbre lieu de rendez-vous des pêcheurs. Plusieurs rivières sont praticables pour le rafting et croyezmoi ça en vaut la peine. C’est une attraction très appréciée des étrangers, précise Tamara, responsable d’une entreprise locale qui organise des descentes de rivières. Ils viennent au pays pour faire du rafting à travers la forêt vierge. C’est comme nulle part ailleurs! Il ne faut pas manquer les volcans, dont Poas, Irazu et Arenal que l’on visite en randonnée pédestre. Pour en faciliter l’accès, des sentiers et des chemins ont été aménagés pour plusieurs d’entre eux. Mais le plus beau reste sans nul doute le Poas, situe à 30 minutes en voiture de la capitale. Avec son cratère, le plus large du monde, il vous procurera surement des sensations fortes. Le train, The Jungle Train, fut construit au XIXème siècle au 82

prix de milliers de vies humaines. Vestige d’un passé pas si lointain, le train de la jungle traversait le pays en largeur, en 7 heures et 75 arrêts. Traversait… car depuis quelques années, faute d’entretien, il est devenu impossible de faire rouler ce train. Et pourtant il faisait bon sentir tout le long du trajet ces odeurs de beignets, de cafés ou churros que les Ticos montaient à bord à chaque arrêt. Vous pouviez admirer la jungle, les cascades et des paysages à couper le souffle et tout cela sans bouger de votre place … les vitres en moins. Alors faute de train mais si vous avez encore du temps, visitez les deux îles du Pacifique, Isla Del Cao et Isla del Coco, perles rares perdues dans une immensité d’eau turquoise. Sur l’une d’elle vous trouverez un gardien et sa maison, il vous proposera peut être de vous loger si vous décidez de profiter de cette magnifique île et de sa plage quelques jours. Sur l’autre vous ne trouverez rien si ce n’est La Jungle ! Bon Séjour ! Jack Scala

infos Langue officielle Espagnol

Capitale

Population totale

4 millions habitants

Monnaie

San José

Colon CRC

Superficie

Indicatif téléphonique

51 000 km2

+506

De Dakar la compagnie Iberia via Madrid vous emmènera jusqu’à San José , sinon via Bruxelles avec Brussels Airlines (moins économique et plus long). Pour tout renseignement consultez : www.costa-rica.fr



Une enquête trop sensible

de Laure Malécot

Résumé des épisodes précédents : Enquêtant sur le cambriolage de la maison d’Awa et Fabien, le détective privé Malik découvre des indices qui rappellent à sa cliente, et à son amie Saba, une agression dont Awa a été victime adolescente. Malik découvre la cachette de l’agresseur, qui voue un véritable culte à celle qu’il a jadis violentée. Mais celui-ci le précipite dans l’océan… Saba, qui ne parle plus avec son père depuis la mort de sa mère, décide d’aller le voir au village.

Après l’orage…

Episode 5 et fin

Profondément ancrés dans la terre écrasée de soleil, les baobabs dessinent une foule étrange. Saba reconnait l’embranchement. Le bitume se raréfie, de larges ornières l’obligent à slalomer sur la petite route, pour bientôt rouler sur la terre battue. Au loin, l’horizon bleu électrique jaillit entre les arbres, souligné d’un trait gris anthracite, et annonce l’orage. L’iode mêlé à la pluie qui s’annonce, et l’odeur de terre qui se prépare à l’accueillir, montent en puissance. L’enfance et l’innocence des deux petites filles … Avant le choc. A l’idée de ce qu’Awa a subi, les yeux de Saba s’emplissent de larmes. Elle dirige sa pensée, ses prières, toute son énergie positive, vers Malik, souhaitant de tout son cœur qu’il parvienne au bout de sa mission. La houle se lève. Abdou pousse la manette du moteur de la pirogue à fond. Ses compagnons se tiennent droits face au vent, fermement accrochés à leur belle pêche du jour. La pluie tombe, soudaine, violente. Entre deux bourrasques, Abdou repère un homme échoué dans un creux de rocher, qui leur fait signe. L’accès va être difficile. Les autres pêcheurs lui font signe d’y aller, Abdou contourne une vague, ralentit, avant de se lancer, d’un coup. Le tonnerre gronde, les éclairs zèbrent le ciel, le temps presse. “Sonné. Médicaments ou traumatisme ? Qu’est ce qui bouge encore ? La douleur... Ma jambe !“ Malik se lève et constate que son genou droit est bandé, que le tissu blanc commence à se teinter de sang. Il ne sent plus sa jambe. Il est déshabillé, couvert d’un drap de cotonnade. Sur les murs de la chambre, des portraits de lutteurs, et celui d’Ibrahima Fall, en grand, encadré de bambous. Un pilon rythme 84

les glissements des vagues sur le sable, un enfant rit. Malik tente de se lever, quand un jeune homme souriant ouvre la porte. Il apporte de l’eau et lui tend un téléphone. Heureusement, Malik se souvient du numéro d’Abby… Quand le docteur Khan annonce à Abby que son frère ne retrouvera jamais l’usage de sa jambe, il est désorienté par son expression subitement figée de désespoir, sans larme, glacée. Son amie Khadija lui a semblé exprimer une sorte de peur. Le patient luimême est resté impassible, comme s’il savait déjà. Détective privé, quel métier ! Il aurait pu mourir, qu’il s’estime heureux ! L’Inspecteur Colombo boite, lui, non ? On fait des jambes articulées de toute beauté, très pratiques, suffit d’y mettre le prix et d’accepter de couper ! Mais ça, il ne vaut mieux pas le leur dire maintenant. Ou bien ? Allez… Aïe, c’est dur ! La jolie fille est carrément cachée derrière sa main, l’autre pleure. Vraiment...! cette partie du métier, quelle plaie ! Si seulement il savait exprimer toute la sollicitude qu’il ressent… Sa femme lui a toujours dit qu’il avait l’air de marbre, en permanence. Les apparences sont souvent trompeuses. Pas indifférent, mais très timide, est le docteur Khan, paralysé devant la détresse d’Abby. La jeune infirmière, souriante, a de larges cernes sous les yeux. Le bandage fini, elle lui annonce, d’une voix douce : « Vous avez de la visite ! ». D’un geste, Malik l’invite à faire entrer. Awa, simplement vêtue d’un tee-shirt et d‘un jean, sans bijoux ni maquillage, toujours aussi belle, est suivie de près par Fabien. Elle prend la main de Malik, et sourit, contrite. - C’est à cause moi, ce qui vous est arrivé. Je suis désolée. Le sourire s’évanouit en grimace, ses yeux s’emplissent de larmes. Malik prend sa main entre les siennes.


- Ne vous inquiétez pas pour moi. Ce sont les risques du métier. J’aurais pu mourir demain, sur une autre affaire. Vous m’avez peut être sauvé la vie ! Dieu seul sait… Passez-moi votre téléphone, on appelle la police maintenant. On a de quoi le faire coffrer longtemps, ce dingue. Fabien réagit, comme s’il sortait d’un rêve : - Attendez, c’est quoi cette histoire ? Awa et Malik échangent un regard complice, et lui expliquent à deux voix comment cette enquête, de plus en plus sensible, a commencé, à son insu… Marcher côte à côte avec lui, en silence, écouter le vent. Saba avait oublié ce bonheur. - Tu es venue au bon moment. J’accepte mieux sa disparition, maintenant. J’écris beaucoup, cela me défoule. Parfois je lui parle… Cela me fait du bien et personne ne me voit ! Tu commençais à me manquer, bou jigen ! - Il était temps ! plaisante Saba, bien consciente aussi que leur deuil loin l’un de l’autre a été nécessaire. Ils quittent la côte et reprennent le chemin de la case ronde au milieu des arbres, le havre de paix qui le sauve. - Puis-je espérer te voir avec un mari, une famille, ou vas-tu te laisser user par ton travail sans profiter de la vie ? Est-ce que tu as du sérieux en vue, au moins, à ce niveau ? Saba rougit - Plus ou moins…Disons que quelqu’un me plait… - C’est déjà un grand pas ! Et que fait dans la vie celui qui a su enfin plaire à ma fille sauvage ? Saba hésite, puis lâche -Détective privé… Son père éclate d’un grand rire. - Ne me regarde pas comme ça ! Ta mère aussi, ça la ferait rire ! Viens, entre, raconte-moi… Le père et sa fille unique vont prendre le thé. L’érudit hyperactif a enfin le temps. Un appel d’Awa interrompt les confidences. Ce qu’elle lui annonce lui glace le sang. - Que se passe-t-il bou jigen ? - Le détective en question est à l’hôpital. Avec une jambe définitivement brisée, murmure Saba, des sanglots dans la voix. Son père rétorque sèchement : - Respire. Rien n’est définitif sauf la mort. Ce n’est pas le moment de le lâcher. Allez, file.

Abby tourne comme un chat dans la maison, ne sait plus quoi faire pour s’occuper, finit par allumer l’ordinateur de Malik. Dernier document ouvert. Elle parcourt d’un regard distrait la liste de noms, de sociétés, et son regard s’arrête. Elle se souvient d’une affaire, il y a quelques années, de corruption où cette femme apparaissait déjà. Tant qu’à utiliser le temps…. Abby a une mémoire photographique exceptionnelle. Les enchaînements se font avec une logique imparable. Tout cela raconte une histoire… Khadija entre brusquement dans le bureau, pose son sac de voyage à ses pieds. Solidement campée sur ses deux jambes fuselées de noir, bottines plates, teeshirt large, “destin“ inscrit en lettre d’or sur sa poitrine, cheveux naturels brossés en afro, elle explique, mais Abby a déjà compris. - Abby, soyons claires. Il n’a jamais été question que je passe ma vie à côté d’un handicapé. A cet instant, Abby déteste Khadija de toute son âme. Handicapé…Il va juste boiter un peu ! Mais pour qui se prend-elle ? Il est temps de lui dire ses quatre vérités. - Khadija, je ne connais personne de plus égoïste que toi. Tu n’as jamais pensé qu’à te mettre en valeur. Tu te sers des autres, tu lis, tu t’éduques pour ça. Mon frère est ce qui aurait pu t’arriver de mieux. Il est intelligent, gentil, beau, sincère, honnête. Et malheureux. Et toi, au lieu d’avoir de la compassion, tu ne penses qu’à toi ! Un mari boiteux pour la belle Khadija, ça non ! - Abby, je ne l’aime pas assez ! Je ne vais pas l’épouser par pitié ! C’est triste pour lui, mais moi, je me sauve. J’en ai marre de ton cinéma. Tu ne peux pas organiser la vie des autres pour remplir le vide de la tienne. Khadija regrette aussitôt sa dernière phrase. Abby est blessée, une longue amitié vient de se briser. Il ne lui reste plus qu’à partir, sans donner de place aux regrets pour être libre de chercher l’envol, le vrai. Ces portes d’entrée d’hôpital pèsent une tonne. Saba court jusqu’à l’accueil, puis dans les couloirs. Son cœur résonne dans tout son corps, et se serre à la vue de Malik, assis sur le lit, la jambe bandée en suspension, les yeux tristes. Saba dépose un baiser franc et sincère sur sa joue. Il sourit, visiblement touché. - Ca va aller. Par contre, il faudra que je change de métier… - Ou bien travailler en équipe. Détective, c’est un 85


métier de réflexion, aussi, non ? le rassure Saba - Ce qui est bien avec vous, c’est que vous êtes résolument optimiste. Un peu utopiste ? Saba sourit. Le silence s’installe, rempli de leur émotion, l’impalpable certitude qu’ils vont poursuivre cette histoire ensemble. D’un même élan, ils se rapprochent, et échangent le premier d’une longue série de baisers passionnés, scellant d’instinct cette prescience commune. Abby débarque en trombe, un dossier volumineux en main. - Oh, désolée ! Malik, c’est une urgence. Saba s’assoit sur le rebord du lit, il passe un bras autour de ses épaules. Les yeux brillants et les visages radieux du couple gênent un peu Abby, qui ne se démonte pas. - Félicitations. Je dois te parler de ton affaire en cours, la partie du cambriolage… Tu te souviens de l’affaire Sevado il y a cinq ans ? - Corruption, détournement de fonds, couverture humanitaire, oui. - Madame Setina, ça ne te dit rien ? Saba blêmit, murmure - C’est ma patronne… Abby saisit la balle au bond. - De mieux en mieux. C’est peut-être vous le lièvre ! Saba regarde Malik avec surprise. - Le lièvre, c’est celui qui montre le chemin, en cross. Continue, Abby. - Donc, cette dame a des liens ténus avec une société qui employait Fabien Orianato, le mari de ta cliente. 86

- Tu as tapé fort, p’tite sœur. - Associée. Va falloir compter avec moi, j’y prends goût. Donc, il semble que cela aurait été dans son intérêt de faire disparaitre les données collectées par Awa pour le client de Fabien, qui voulait la faire plonger. Ca n’a pas dû être difficile de le retrouver en suivant Saba, puis Awa. Malik réfléchit en silence un instant - A peu près tous les clients de Fabien étaient louches, ils avaient tous des raisons de voler les données ! - Pour elle, c’est urgent, elle s’apprête à mener une carrière politique, et doit nettoyer les traces de son passé douteux ! - Et toi, Saba, c’est ta “boss“… On va donc travailler en équipe pour finir ce job ! - Et après ? ne peut s’empêcher de demander Saba - On verra… répond Malik en l’amenant tout contre lui. L’avion décolle avec à son bord un couple qui veut changer de vie, un homme qui veut se faire un peu oublier, une femme qui veut tourner définitivement une page de son passé. Un inspecteur ravi s’apprête à coincer une anguille qu’il guette depuis longtemps, que lui apporte sur un plateau une équipe hétéroclite de détectives privés. Une métisse, une albinos et une grand type athlétique boiteux, une liste en main et un raisonnement bien solide à l’appui, lui permettent bien tranquillement d’aller cherche un mandat, et de trouver dans les tiroirs de cette dame un peu hautaine que son personnel n’aimait pas, de quoi l’amener devant le juge. Les rues de Dakar ne sont pas assez sombres pour cacher le désarroi et l’excitation mélangée de la belle qui a honte de revenir au village et ne souhaite rien tant que les paillettes, les frissons de la nuit, l’aventure. Le danger ne lui a jamais fait peur. Au village, on dit qu’elle est folle. Elle, elle est sûre d’être juste… différente. Dans une cellule minuscule, un homme un peu voûté qui n’a plus toute sa raison s’obstine à gratter du bout de l’ongle de son pouce la peinture grise du mur, trace courbes et lignes et dessine, sans se lasser, l’ovale du visage de l’humiliée, sa faute à jamais, son pêché mortel. Fin



Culture Dans le silence du vent

de Louise Erdrich Éditions Albin Michel, décembre 2013 Dans une réserve indienne du Dakota du Nord, à la fin des années 1980, Géraldine, la mère de Joe, est violée dans des circonstances mystérieuses. Son fils mène l’enquête, tandis que la fragile cellule familiale implose collatéralement. Sélection France-Culture/ Nouvel Obs, ce livre s’est vendu à 300.000 exemplaires aux Etats-Unis. Dans la postface à ce roman, Louise Erdrich rappelle que la plupart des viols de femmes amérindiennes sont commis par des Américains blancs qui retournent aussitôt, sans être inquiétés, à leurs vies de bons pères de famille.

Trop de bonheur

de Alice Munro, Prix Nobel de littérature 2013 Editions de l’Olivier, 2013 Les personnages courent après le bonheur et tentent de surmonter un deuil, une crise conjugale, une humiliation. L’histoire qui clôt le livre évoque une mathématicienne russe qui vécut à la fin du XIXe siècle. Les personnages d’Alice Munro courent après le bonheur. Quête vaine, éperdue, étourdissante, mais qu’ils poursuivent sans relâche. Dans ce recueil de nouvelles, on croise une étudiante qui accepte les propositions indécentes d’un vieillard, une mère en deuil qui change d’identité ou une femme affrontant enfin sa part de cruauté. D’une écriture précise et sensible, Alice Munro met en évidence les lignes de force invisibles guidant chaque destin.

Ramata

de Abasse Ndione Éditions Gallimard, 2000 puis est sorti en poche chez Folio policier Dans un village de pêcheurs, un homme croise le destin de Ramata, une femme pleine de mystères qui va lui raconter sa vie mêlée à l’histoire du Sénégal. Un film a été tiré de ce livre, avec Katoucha Niane. Le livre est notoirement meilleur que le film, et mérite donc que l’on y consacre quelques heures…

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LA SELECTION DES LIVRES DU MOIS Standard

de Nina Bouraoui Éditions Flammarion, janvier 2014 Bruno Kerjen avait la certitude que le monde réel était fait d’hommes et de femmes à son image, qui pouvaient être remplacés sans que personne ne remarque la différence de l’un, l’absence de l’autre. Employé d’une entreprise de composants électroniques, cet homme de 35 ans n’attendait rien de la vie. À l’occasion d’un week-end passé chez sa mère, il recroise la toxique Marlène de ses années de lycée. Bruno Kerjen, qui s’était comme protégé jusquelà d’éprouver tout sentiment, a désormais un rêve : Marlène. Portrait d’un antihéros de notre temps, d’un homme sans qualités, replié sur lui-même, mû uniquement par la peur, Standard est aussi un roman tragique : un homme va chuter, inéluctablement et sous nos yeux, parce qu’il s’est décidé à aimer.

Les saveurs d’Onomo

Recettes de Seyni Bodian Hôtel Onomo, Dakar Airport, décembre 2013 Passionné(e)s de cuisine, à vos casseroles ! L’hôtel de prestige Onomo fait part de ses petits secrets culinaires. Du millefeuille aux poissons fumés aux profiteroles au poulet, en passant par une panacotta à la mangue, vous aurez de quoi varier vos menus ! Un petit livre pratique à mettre entre toutes les mains ! En vente à l’hôtel Onomo (4 000 FCFA).

Pensées pour moi-même de Nelson Mandela. Editions Points, 2011

Un sage et un héros nous a quittés, mais ses écrits et ses paroles restent. Parmi tous les livres sur Nelson Mandela, Actu’elle donne sa préférence à Mandela par lui-même et a sélectionné pour vous quelques citations : L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde. En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant. J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre. A méditer… 89


Culture

Dakar Trottoir

une romance urbaine sans complaisance

Siirou, qui côtoie des individus troubles, corrompus, doit protéger la bande de jeunes garçons et filles dont il est le chef. Il aime passionnément l’une d’elles, Salla, à ses côtés depuis l’enfance, qui rêve à une autre vie. Actu’elle a rencontré l’équipe du film. Ce film peut choquer car les personnages subsistent grâce à des trafics illicites. Ils ont leurs propres codes, forgés depuis l’enfance. Le scenario de Léandre-Alain Baker et Pape Tall, est inspiré de La leçon, nouvelle de ce dernier publiée en 1990, écrite alors qu’il était travailleur social à Enda Tiers Monde : “J’ai eu le privilège et l’honneur d’avoir travaillé avec des jeunes de la rue, que je respecte beaucoup. Ils 90

se sont accaparés la rue pour fuir le misérabilisme de leur famille, ont essayé de se construire des codes de conduite. Ils cherchent les graines de l’espoir dans une société qui se perd”. Quand Pape Tall fait lire au producteur Moctar Ba ses nouvelles, il rejoint celui-ci dans ses motivations : “J’ai toujours eu envie de raconter la jeunesse urbaine africaine. Quand j’ai choisi de faire de la production, c’était ma ligne éditoriale. En 1993, dans “Bandit Cinéma” de Bouna Meydoune Sèye, on racontait la même chose”. Bien connu pour avoir photographié sans complaisance Dakar et ses marginaux, le directeur artistique, Bouna Meydoune Sèye, avec Moctar Ba et Pape Tall, revendiquent la mémoire de Djibril Diop Mambety, qui s’intéressait aussi à la rue, aux talents inconnus, et a ouvert des portes à la créativité cinématographique. Les motivations de Pape Tall sont les mêmes aujourd’hui. “Du point de vue du travailleur social, c’était essayer, utopiquement, de changer…. La société, où les gens qui font la société ? Grande question. Je n’y réponds pas. C’est à chacun d’entre nous d’avoir sa parcelle de Dakar Trottoir, de voir ce qu’il faut faire. Ce film n’est pas tendre. Dakar, la vie, non plus. L’espoir est dans la fuite du misérabilisme ; ces jeunes s’émancipent, sont libres”. “ Ce n’est que la réalité de la jeunesse urbaine, dans le monde entier ” dira en conférence de presse le réalisateur Hubert Laba Ndao, né à Grand Dakar, quartier populaire réputé dangereux. Entré à Médiatik, comme stagiaire, en 2001, choisi par Moctar Ba, dix ans plus tard, après avoir été assistant réalisateur, et avoir réalisé son premier film de fiction, Tuss Tuss, à propos de la jeunesse huppée , “Il a la légitimité pour raconter cette histoire, il l’a côtoyée” précise Moctar Ba. Eriq Ebouanney, producteur associé qui joue Mare Yacine, souligne : “ Dans les métropoles africaines, le fléau de la drogue se répand, c’est une grande tristesse. Cette violence fait partie de la réalité de la jeunesse africaine”. A ceux qui pourraient dire que ce film n’a pas de morale, Moctar Ba rétorque : “Nous ne sommes pas là pour faire de la morale. Cette jeunesse urbaine n’a pas été éduquée dans les valeurs morales. Ce sont des gosses de rue qui ont des rêves. Le film parle de leurs rêves”. La qualité principale du film est sans conteste la justesse des acteurs. Recrutés lors d’un casting sauvage de rue, ils


L’équipe du film

n’avaient jamais joué avant. “Cette histoire parle d’une certaine jeunesse urbaine. C’était difficile de prendre des acteurs connus, qui ne sont pas dans ces réalités”, explique Hubert Laba Ndao. De l’aveu d’Eriq Ebouaney, acteur camerounais à la carrière internationale : “Etre face à ces acteurs, c’était comme être face à un diamant brut”. Pendant trois ans, le réalisateur a travaillé avec ces jeunes. Le seul conseil qu’Eriq Ebouanney avoue leur avoir donné : “Qu’ils adaptent aussi l’émotion du personnage à leur émotion à eux, de façon à ce que ce soit au plus juste”. On remarquera des seconds rôles touchants : Betty Fall, en Mabinta, et son sourire généreux, Aminata Sarr, Mariette, qui a hérité de scènes difficiles qu’elle a interprétées avec naturel. La mystérieuse et bienveillante Mame Maty Sall, est Mame Sega. D’après Pape Tall, elle est essentielle : “C’est la seule qui “regarde” les enfants, d’une certaine manière. Qui les couve, les conseille, les comprend. Cette dame aveugle est la sagesse qui couvre tous ces gosses”. Des comédiens confirmés apportent leur contribution. Charles Foster (Colonel Beuze), drôle autant que dramatique, les inquiétants Ibrahima Mbaye (inspecteur Diop), et Abdel Aziz Mbodj (Padre Niambi). L’actrice principale, Prudence Maïdou, en Salla déterminée, “est une actrice phénoménale. Elle est bien dans sa tête, dans son corps, et ça se voit à l’écran”, souligne Eriq Ebouanney. Charles Corréa, chef de bande bourru mais bienveillant, amoureux éconduit, désespéré, furieux, fugitif aux aguets, campe un Siirou crédible. La majeure partie du film été tournée la nuit, dans les rues

peu éclairées du Plateau. Filmer dans cette pénombre est un exploit, relevé par le chef opérateur Nicolas Pernot. Hubert Laba Ndao souligne : “Le paradoxe de ce quartier mythique, c’est que la journée, il est envahi par toute une masse humaine, et on a l’impression d’être dans une fourmilière où chacun se faufile pour échapper un peu à cet engrenage. La nuit, il est vidé, laissant place à une faune nocturne ; la grâce, la violence et la misère s’y côtoient. Tous les rêves sont permis, mais tournent parfois au cauchemar”. La musique du film a été composée par Didier Awadi, qui a fait un travail particulier. Moctar Ba entendait des percussions. Awadi y a vu un beau challenge. Mention particulière aux décors qui montrent encore une fois que Dakar est une ville éminemment cinématographique. Malheureusement le récit est entrecoupé d’ellipses brutales, qui font que l’on perd le fil du récit. De l’aveu du producteur Moctar Ba, suite à l’avant-première au Théâtre Sorano, Dakar Trottoir a été perçu comme borderline. Mais il faut rendre hommage au courage des cinéastes et producteurs sénégalais, qui malgré la raréfaction des salles de cinéma localement, continuent de se battre. Hubert Laba Ndao précise : “la réalisation d’un film est un chemin long, difficile et fastidieux. Il vaut mieux avoir un sujet qui touche à la fois le cœur, l’esprit et l’âme”. Laure Malécot 91


Culture Consécration Le sculpteur sénégalais Ousmane Sow est entré à l’Académie française des Beaux-Arts. Ses sculptures monumentales l’ont rendu célèbre dans le monde entier. Après une formation de kinésithérapeute, métier qu’il a exercé pendant des années en France, Ousmane Sow s’est dédié à magnifier le corps humain par des créations qui ont unanimement provoqué l’étonnement et l’admiration. Deuxième artiste africain à entrer à l’Académie, il a tenu à dédier cet évènement à l’Afrique : “Comme mon confrère et compatriote sénégalais Léopold Senghor, élu à l’Académie française, il y a trente ans, je suis africaniste. Dans cet esprit, je dédie cette cérémonie à l’Afrique toute entière, à sa diaspora et aussi au grand homme qui vient de nous quitter, Nelson Mandela”.

© Omar Victor Diop

© AFP

Ousmane Sow à l’Académie Française

DÉCOUVERTE

Les danseuses d’Onomollywood Lors du vernissage de l’exposition d’Omar Victor Diop et Antoine Tempé, le 6 décembre à l’hôtel Onomo, la prestation chorégraphiée par Ablaye Kane et Tiné Cissé, a été très remarquée. Les danseuses, Kaisha Essiane, Marie Agnès Gomis, Audrey Ozouaki, et Tiné Cissé, suivaient des carrières différentes jusqu’à cette rencontre. Après ce succès, elles projettent de continuer ensemble…

MUSIQUE

Yé, nouvel album

© Canal Plus

Yacine Ndiaw et Edmond Scali, nouvel opus chansons originales. En concert le 11 janvier au Charly et tous les derniers vendredis du mois au Casino du Cap Vert.

à voiR

DVD

Afrique au féminin

Darling

Sous l’égide de Canal + et de CFI, 13 réalisatrices ont été sélectionnées pour une formation d’aide au montage, dans le cadre du projet Afrique au féminin. Le thème : Réussir en Afrique. Les documentaires de 8 à 12 minutes, seront diffusé par Canal+ à partir de mars 2014. Hélène Gnahih (Bénin) Reine des perles / Maimouna Ndiaye (Burkina Faso) Les 3 pierres / Diande Kaneza (Burundi) Made in Burundi / Mylène Enanamond Ndoumbe (Cameroun) Les bottes du succès / Nadège Batou (Congo) Tchalkou et alors ?/ Alexandra Amon (Côte d’Ivoire) 2 femmes créatrices de rêve et de beauté / Siam Marley (Côte d’Ivoire) Couvre-feu / Samantha Biffot (Gabon) The best / Aminata Sylla (Guinée) Mangoye / Aminata Bakhoum (Sénégal) Le défi / Essivi Névamé Akpandza (Togo) La septième passion / Mariam Ibrahim Keita (Niger)- Tanti la battante

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Une femme battue par son conjoint finit par briser ses chaînes. Le plus beau rôle de Marina Foïs, en duo avec Guillaume Cannet.

à déguster

Dakar Restaurant Week Du 31 janvier au 7 février 2014, les plus belles tables de Dakar proposent des menus “gastronomiques“ à prix modique. Plus d’infos sur www.dakarrestaurantweek.com


Bonjour, De passage au Sénégal pour les vacances, je viens de prendre connaissance de votre magazine et j’apprécie énormément vos articles et la qualité des photos. Je suis dans le métier aussi et je suis ravie de voir qu’un tel magazine ait pu voir le jour dans mon pays natal. Bonne continuation et surtout félicitations à toute l’équipe de rédaction. Bien à vous. Aïssatou N. via email

Félicitations à votre équipe de rédaction, votre magazine donne une très bonne image de la femme sénégalaise, cela nous change des articles racoleurs et des clichés. Surtout gardez le cap ! Sabel D. via facebook Bravo pour votre article sur les Seychelles. J’ai vécu 2 ans dans cet archipel et je trouve que le contenu est très objectif et très complet. Je suis dans l’enseignement des métiers du tourisme et j’apprécie cette rubrique évasion qui apporte pour moi et mes étudiants un sujet tout trouvé. J’ai hâte de voir votre prochaine destination. Bonne continuation. Mirabelle via email

Félicitations à toute l’équipe pour ce nouveau numéro, aussi riche et intéressant que les premiers. Très clair, attrayant et instructif, tout le monde y trouve son compte. Bravo donc à toute l’équipe et mention spéciale pour les photos d’excellentes qualité. Continuez ! Coumba D. via email

A toute l’équipe de la rédaction, je voudrais dire “bravo”. Votre magazine est aussi intéressant par la qualité du contenu qu’agréable par sa mise en page et en plus il est gratuit ! Je l’ai lu avec beaucoup d’intérêt du début à la fin. Bonne continuation ! Maryse C.

Super, j’adore, avant-gardiste, fashion, bonne continuation. Aware! Shahnaz K. via facebook J’ai beaucoup apprécié la version web du magazine. C’est une très bonne idée pour toutes celles et ceux qui n’ont pas pu en trouver sur la place. Merci !! Aïda via facebook

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carnet d‘adresses 1-2-3

CC Sea plaza - Dakar

CARACTÈRE

CC Sea Plaza - Dakar Tél : 33 825 99 19 / 33 825 92 92 www.68markavenue.com/ direction@68markavenue.com

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107, Avenue Lamine Gueye - Dakar 179, Avenue Lamine Gueye - Dakar 75, Rue Abdou Karim Bourgi - Dakar Tél : 33 842 66 80 / 70 728 78 44

est édité par IDDESIGN&COMMUNICATION SARL Directrice de publication Rédactrice en chef Sonia Elamri Directrice artistique Jenny Gatien

Croisement Cambéréne X Autoroute - Dakar Té l: 33 889 86 86 www.carrefour-auto.com

LOUBESS

Directrice commerciale Rama Fofana Tél. 77 179 39 89

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Responsable mode Coumba Suzanne Ndao Tél. 77 357 35 34

34, avenue George Pompidou - Dakar Tél: 33 821 75 05 / 77 649 01 90 Email : lindabkh@hotmail.fr

COCKTAIL DU SENEGAL

40, rue Victor Hugo - Dakar Tél : 33 823 53 00 / 77 544 40 41 CC Sea Plaza – Dakar Tél : 33 825 60 00

MARION TALON CREATION

108, rue moussé DIOP - Dakar Tél : 77 638 80 90

Facebook : mariontaloncreation Tél : 77 479 15 35 Email : mariontaloncreation@gmail.com

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Sicap Baobab - Rue ENI - Villa n° 576 - Dakar Tél : 33 825 35 49 / 77 201 34 93

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Facebook : Design by Do Tél : 77 665 35 03 Email : do.creations@gmail.com

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Psychologue, Art-thérapeute Plateau médical - Tél : 33 821 74 29 Plateau médical Ouakam - Tél : 33 860 60 60 Email : nathartherapie@gmail.com

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Sicap Mermoz 1ère porte villa n° 7144 - Dakar Tél : 77 195 85 15 Email : gnememacreation@gmail.com

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Bd Martin Luther King – Dakar Tél : 33 839 90 39 92, Avenue George Pompidou - Dakar Tél : 33 821 72 67

YVES ROCHER

52, rue Jules Ferry - Dakar Tél : 33 842 42 87

Assistante mode Bineta Diop Photographe mode Lionel Mandeix contact@milk-africa.com Ont collaboré à ce numéro Laure Malécot / Jack Scala / Nathalie Fanja Haaby / Aminata Dia / Aïssata Kamara Impression Polykrome - Dakar Distribution IdDesign & Communication IDDESIGN&COMMUNICATION SARL Almadies extension, lot N°63 Appt 2 Tél/fax. 33 868 16 55 RC SN DKR - 2013 -B -1567 NINEA 004732617 2Y2 ISSN 2337_1501




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