/advancedadventures Collection #1 Français

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Adventures Collection

Franaรงais

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L’aventure commence à l’endroit où l’homme quitte sa zone de confort et prend un risque qu’il assume.


Get inspired

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Get inspired

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Depuis 30 ans, nous avons développé à ADVANCE des produits pour le parapente avec beaucoup de passion et d’engagement. C’est donc un plaisir pour nous de voir une telle variété de petites - mais aussi de grandes - aventures qui se vivent chaque jour autour du globe avec nos parapentes, nos sellettes et nos sacs. Les possibilités sont presque sans limites. On a l’impression que le coffre au trésor d’idées nouvelles et de créativité de la part de nos pilotes est sans fond. Elles font toutes avancer (« Advancer »!) notre sport dans son ensemble, et pour nous en tant que constructeur cela représente un encouragement permanent à créer de nouveaux produits et de petits détails encore mieux pensés. Profite d’un coup de pouce à ton inspiration - tu sais que tu le mérites bien! Savoure les récits stimulants et uniques des « advancedadventures » dans ce Magazine pour encourager les Projets Personnels et les Micro-Aventures. C’est exactement l’objectif de notre « Adventure Platform » – qu’elle soit en ligne ou sur papier. Par le biais de la qualité de la présentation de ces récits et de leurs intéressants contextes, ici en version imprimée, notre désir est de conférer à ces aventures particulières davantage de profondeur, de sens et de pérennité. On te souhaite donc beaucoup de plaisir à feuilleter les pages de ce premier opus des « Adventures Collection ». N’oublie pas de taguer et de partager tes propres aventures sur le réseau social #advancedadventures. Ton récit apparaîtra peut-être sur le tableau virtuel « /advancedadventures », ou même dans un de nos prochains volumes des « Adventures Collection » ...

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Aventures autour du Monde 7

Climb & Fly Peru S’envoyer en l’air dans la C ­ ordillera Blanca

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Lake to Lake

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Sommaire

Une escapade merveilleuse en paramoteur, entre Bavière et Tyrol

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XC Adventure Brazil Une véritable aventure – même pour les pros

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Direttissima 2.0 45‘000 m accumulés sur une ligne droite de 330 km à travers la Suisse

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Go with the Flow “Allez, j’y vais!”

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Fascinant ­Kilimanjaro Un vol fabuleux du toit de l’Afrique

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Projet BZ’ALPS De Nice à Ljubljana sans assistance

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Soaring Giants Une fois dans sa vie

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Garder l’équilibre Sur une highline entre deux parapentes

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Trans Kyrgystan En pleine nature sauvage du Kyrgystan à pied et en vol

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Crossing Borders À travers l’Himalaya, de l’Inde au Népal

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Peak Trilogy L’Eiger, le Mönch et la Jungfrau en un jour

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19


12 34

66 48 26 54

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Sommaire

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Climb & Fly Peru 6

Le but est toujours en vue - ici en route vers le Tocllaraju.


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Climb & Fly Peru

Climb & Fly Peru

#climbandfly #flyinghigh #peru

S’envoyer en l’air dans la ­Cordillera Blanca

Les quatre alpinistes et pilotes de parapente Simon Blaser, Julian Zanker, Wolfgang Rainer et Peter Salzmann avaient des projets ambitieux pour leur voyage de Grimpe et Vol (Climb & Fly) dans la Cordillera Blanca. L’un deux était de réunir cette cordée alpine suisse-autrichienne et la plus haute montagne du Pérou, les 6,768 m du Huascarán, où ils voulaient à la fois voler et grimper une grande face. Le vent fort et les conditions difficiles leur garantissaient de vivre une véritable aventure.

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Climb & Fly Peru 8

Vol final du Vallunaraju 5686 m (Ă gauche) vers Huaraz.


Climb & Fly Peru 9

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Climb & Fly Peru 10

Les apparences sont trompeuses : décoller à plus de 5000m n’est pas chose facile.

Avec tout juste 2.2 kg, notre équipement de vol complet était tellement léger que nous l’avions toujours avec nous. Ça nous a souvent permis d’écourter un peu une partie de la descente. Simon Blaser On compte plus de 50 sommets de plus de 5,700 mètres dans les 180 kilomètres de long de la Cordillera Blanca, la plus haute chaîne de montagnes de l’Amérique. Le plus haut sommet à la fois de cette « cordillère blanche » et du Pérou est le Huascarán avec ses 6,768 m. C’était l’un des objectifs de ce quartet de montagnards suisse-autrichien, Mais la tempête et les problèmes de santé d’un des membres de l’équipe ont mis fin à ce rêve de sommet. Malgré tout les quatre alpinistes ont pu s’envoyer en l’air pendant leur séjour au Pérou. Peter raconte: « Après avoir fait tous les préparatifs dans la ville de Huaraz à 3,052 m d’altitude, on a monté tout notre équipement, avec l’aide de quatre ânes, jusqu’au camp de base dans la vallée de Ishinca (à 4,350

m). Une des choses que nous voulions faire en partant de là était l’ascension du Tocllaraju (6,032 m). Mais il fallait avant tout s’acclimater avec l’altitude et le système local des vents.

Le vent, le Vent ... On a attendu en vain pendant deux jours un vent de vallée. Une forte tendance locale d’est dominait, qui renforçait le vent du glacier, faisant souffler de fortes rafales d’air froid descendant dans la vallée. On a commencé à enregistrer les forces du vent et puis on a essayé de déterminer une fenêtre possi­ ble de vol en se basant sur les résultats.  Le vent se levait brusquement vers 9 h du matin, gagnait en force et en turbulence durant la journée et ne commençait à

baisser que le soir. La dernière demi-heure de lumière du jour semblait la plus prometteuse. On a donc décidé de monter les 5,350 m de l’Urus Este pour un vol du soir.

Une ascension hors-norme Contre toutes les règles de l’alpinisme on s’est mis en route à midi. Comme il y avait peu de difficultés techniques et presque pas de crevasses sur le glacier, c’était possible sans trop de problème. Malgré tout, on a croisé quelques regards interrogateurs de la part des alpinistes qui descendaient.  Peu de temps avant le coucher du soleil, comme quatre parapentes planaient vers le camp de base devant l’impressionnante langue du glacier, l’expression de leur visage a quelque peu changé. On avait bien senti le vent. Quand on avait atteint le sommet, un léger vent d’est dominait et l’air était particulièrement doux. Des conditions parfaites de décollage et de vol. On était remplis d’un sentiment de joie et de motivation. C’était le premier décollage à plus de 5,000 m pour nous quatre ».


Climb & Fly Peru

Ascension matinale sur le Vallunaraju.

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Ascension matinale du Tocllaraju.

Changement de décor

About Les Suisses Simon Blaser et ­J ulian Zanker tout comme les Autrichiens Wolfgang Rainer et Peter Salzmann aiment combiner leur passion pour le vol (parapente et wingsuit) avec l’alpinisme. Dans leurs projets d’ascensions aventureuses ils affrontent tous les quatre de nouveaux défis.

Equipment

PI 2

Simon et Julian on grimpé la face nord du Ranrapalca (6,162 m) dans la vallée de l’Ishanka tandis que Peter et Wolfgang gravissaient l’Ishinca (5,530 m), mais aucune des deux équipes n’avait pu décoller à cause de la force du vent. Ils ont donc changé de plan en faisant étape à Huaraz dans la vallée du Paron. Là ils ont escaladé les 750 m du Bigwall (6b/A0) de la formation rocheuse de La Esfinge (5,325 m). Ils ont dû abandonner le dernier circuit sur le Huascaran Sur (6,768 m) à cause des problèmes de santé d’un des membres et des conditions météo critiques. Mais ils ont tout de même pu raccourcir la longue descente en volant en parapente. Le vent trop fort a été aussi le plus grand problème dans les jours qui ont suivi.

ont donc étalé leurs voiles sur un replat bien au calme et ont décollé directement en direction du soleil vers le nord-est. Leur vol s’est déroulé dans une douceur absolue, au-dessus de glaciers et de formations rocheuses impressionnants, directement vers Huaraz. Après une descente de 2,700 mètres, ils ont atterri sur un terrain de football dans les environs de cette ville de 119,000 habitants. « On n’a pas vraiment réalisé notre objectif – voler depuis le Huascaran Sur – mais on peut considérer qu’on a bien utilisé notre temps avec beaucoup de nouvelles expériences et d’autres succès. » comme l’explique Peter.

Vol direct vers Huaraz

STRAPLESS

A nouveau Peter et Wolfgang ont profité du temps qui restait à Huaraz pour faire l’ascension du Vallunaraju (5,684 m). Ils sont partis à minuit pour conquérir cette face de 1,600 mètres de dénivelé, et ils ont atteint le sommet une heure après le lever du soleil. Il n’y avait pas de vent! Ils advance.ch /advancedadventures


Lake to Lake

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Lake to Lake

#paramotor #explore #sightseeing

Une escapade merveilleuse en paramoteur, entre Bavière et Tyrol

Il y a longtemps qu’Adi Geisegger portait cette idée en lui : rallier les plus beaux lacs de montagne de trois régions limitrophes, l’Allgäu, le Tyrol et la Haute-Bavière, en un seul vol sous forme de triangle. Pas de problème, avec un paramoteur, se disent sans doute certains libéristes. Mais sur un parcours de 140 km au total, avec un seul plein d’essence, des systèmes de vents de vallée compliqués et peu d’atterros potentiels, il s’agit bien d’une aventure d’un genre particulier. Le récit d’Adi…


Lake to Lake 13 Les nuages ĂŠpais demandent beaucoup de flexibilitĂŠ.

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Lake to Lake 14

La CaraĂŻbe ? Non le lac Eibsee au pied du Zugspize!


Lake to Lake 15

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Le lac de Plansee offre peu de possibilités d’atterro.

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Lake to Lake

Le plan originel

Ce parcours est loin d’être une autoroute pour paramoteur.

L’aérodrome d’Agathazell, près de Sonthofen, dans l’Allgäu, s’extirpe tout juste de l’obscurité tandis que nous préparons nos moteurs pour le départ. À cette heure-ci, le vent de montagne domine encore et les conditions de décollage sont idéales pour nous. Malgré nos réservoirs remplis à ras-bord, nous quittons le sol sans problème après seulement quelques pas voilà un bon début pour notre aventure. Nous pensons que nous avons un plan idéal permettant de tirer parti des capacités du paramoteur pour survoler des sites naturels et touristiques exceptionnels Notre plan, c’était de survoler la vallée de Tannheim et le lac de Haldensee à basse altitude avec le vent d’ouest, jusqu’à la vallée de Lech, puis de rallier directement le lac d’Eibsee, au pied de la Zugspitze, via Reutte et le lac de Plansee. Face aux flancs de la falaise de la plus haute montagne d’Allemagne, nous voulions ensuite revenir à Reutte avec le vent d’est, en

Adi Geisegger

Equipment

EPSILON 8

MOTOR RISERS Le château de conte de fées paraît petit vu du ciel.

altitude, puis rallier deux châteaux di­gnes de conte de fées, Neuschwanstein et Hohenschwangau, et revenir à Agathazell par les lacs d’Alpsee et de Forggensee, près de Füssen.

Prendre des décisions rapides Mais rien ne s’est vraiment passé comme prévu. Le vent froid qui descend de la montagne et ne constitue d’habitude qu’une couche de quelques centaines de mètres monte à près de 1500 m ! No­ tre vitesse/sol est en conséquence, bloquée à un chiffre. Les minutes s’écoulent péniblement. Puis nous plongeons enfin dans une autre masse d’air. Le vent d’ouest nous porte rapidement par-delà la vallée de Tannheim et le lac de Haldensee jusqu’à la vallée de Lech. Même à faible altitude, ça progresse bien, maintenant. Nous atteignons Reutte, dans le Tyrol, et volons vers le lac de Plansee, le passage clé du projet. La vallée dans laquelle se trouve le lac de Plansee est étroite et très boisée, les berges sont peu


Mais nous devons soudain faire demi-tour. Un banc nuageux à basse altitude nous bloque la route vers le lac d’Eibsee ! Plan B. Nous faisons un détour par le lac de Heiterwangersee afin d’atteindre le lac d’Eibsee via Leermoos et Ehrwald. Sachant pertinemment que notre consommation va augmenter, ce qui met notre projet en péril…

Coup de chance

Map Source: xcontest.org, Topo XC | Google Maps

Pourtant, le vent de vallée est de no­ tre côté, maintenant. Filant parfois à 70 km/h, nous sommes plus rapides que les nombreux vacanciers dans leurs voitures, sous nos pieds. Finalement, le lac d’Eibsee apparaît – un paysage lacustre vraiment merveilleux, avec ses couleurs qui paraissent surréelles et les nuages qui se reflètent dans le miroir de sa surface lisse. Huit petites îles brillent d’un vert turquoise, dû aux eaux peu profondes qui les entourent, au milieu d’une eau bleu foncé. Leur origine remonte à 3400 ans. Lors d’un éboulement, d’immenses blocs de pierre ont été précipités dans le lac. L’énergie qui s’est alors dégagée est estimée à 2.9 mégatonnes de TNT.

sommes heureux de voir que le lac de Plansee est maintenant dégagé ! Nous reprenons espoir : dans le courant d’est, en altitude, et avec un minimum de gaz, nous devrions pouvoir rallier Reutte et poursuivre vers Füssen et nos deux derniers lacs, l’Alpsee et son merveilleux château Neuschwanstein, et le Forggensee aux couleurs émeraudes.

About Adi Geisegger vole en parapente et en delta depuis le début des années 90, et

Impossible sans des thermiques

plus récemment en paramoteur. Dans

Ici, le calculateur d’approche du vario indique encore une heure de vol. Contre le vent d’ouest, à une vitesse toujours en-dessous de 30 km/h et avec seulement 2.5 litres dans le réservoir, ça risque d’être juste…

ce circuit des mythes et légendes, ce photographe professionnel était accompagné de Melanie Weber et de Robert Blum. Melanie est une para-motoriste enthousiaste et une fan de Marche et Vol, Robert, lui, est pilote de bi professionnel et champion d’Allemagne 2013

Mais le dieu de la météo est avec nous. Le ciel se dégage et les thermiques nous permettent d’économiser de l’essence. Avec des pompes allant jusqu’à 4 m/s, nous glissons, moteur parfois au ralenti, jusqu’à l’aérodrome. La sensation qui s’empare de nous est incroyable – comme si nous sortions d’un rêve.

de distance - célèbre pour ses choix d’itinéraires insolites et ses vols bivouac extrêmes. Voler avec un moteur était une expérience complètement nouvelle pour lui en 2017.

Neuschwanstein

Sonthofen

Un château digne d’un conte de fées Après deux survols, c’est fini. La jauge du réservoir indique 4.2 litres – il est temps de rentrer ! Le retour va prendre deux bonnes heures. Nous remontons et

Zugspitze Allgaü – Tyrol – Haute Bavière : sautiller entre lac et montagne en paramoteur.

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adaptées à un atterrissage. Nous décidons de prendre le risque.

Lake to Lake

Le lac Eibsee est l’un des plus beaux de Bavière.


XC Adventure Brazil 18

Voler jusqu’à 11 heures par jour a permis de bien tester le proto de l’OMEGA.


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XC Adventure Brazil

XC Adventure Brazil

#xcflying #flatlands #winch

Une véritable aventure – même pour les pros

Voler le plus loin possible, c’est le rêve originel de nombreux parapentistes. En automne, le nord-est du Brésil invite justement les cracks du vol de distance à le réaliser. Chrigel Maurer, Patrick von Känel, pilote d’essai ADVANCE, et quatre autres cracks suisses du parapente, voilà l’équipe qui, en octobre dernier, a fait le voyage jusqu’à Ceará, où les pilotes ont relevé un défi particulier – une aventure de vol de distance d’un autre genre.

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XC Adventure Brazil 20

Même l’orientation dans les immensités du Brésil est une aventure en soi.


XC Adventure Brazil 21

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XC Adventure Brazil 22

Vol de plaine dans les plus belles rues de nuages.

Nous avons pris notre envol sur un petit aérodrome d’où aucun parapente n’avait jamais décollé auparavant. Rendre cela possible, ça n’a pas été simple. Patrick von Känel Chaque journée de vol dure jusqu’au coucher du soleil.

Au Brésil, les deux fameux hauts-lieux du vol de distance, Quixadá et Tacima, ne sont pas sans difficultés. L’un dispose d’un déco exigeant, l’autre implique de survoler des terres difficilement praticables alors que le dénivelé est faible. Cela faisait donc longtemps qu’Andy Flühler, organisateur de voyages de vol li­ bre et spécialiste du Brésil, cherchait un

nouveau point de départ pour réaliser de longs vols.

Nouveaux territoires, nouveaux défis Lorsqu’il a fini par trouver son bonheur, sur l’aérodrome provincial de Caico, il a d’abord fallu mener des négociations acharnées avec les autorités. Après cette


XC Adventure Brazil 23

Toujours voler en direction du soleil - jusqu’à ce qu’il se couche.

étape obligée, il a enfin été possible de treuiller les premiers parapentes vers le ciel et de s’attaquer à un projet de longue date : avec le soutien de l’équipe d’Andy, un groupe des meilleurs membres de la ligue XC suisse allait tenter de battre le record de distance actuel de 564 km.

L’avenir appartient aux lève-tôt La journée débute dès 6 h 30. Avec un vent qui souffle à 30 km/h, le gonflage cobra est indispensable. Ensuite, le pilote se retourne, le câble est légèrement tendu et les véhicules démarrent lentement, puis accélèrent avant de foncer sur la piste longue de 1‘000 m. Les deux treuils haut débit qui ont fait le voyage, eux aussi, sont efficaces et permettent à chaque fois à deux parapentes de décoller parallèlement. Une fois le largage effectué, à 950 m/sol, les câbles redescendent lentement sous leur parachute de freinage. Avant même qu’ils aient touché le sol, ils sont de nouveau enroulés. Les pilotes des treuils et les assistants maîtrisent chaque geste. Sept minutes après le décollage, les pickups sont à nouveau en début de piste. Prêts à décoller, les deux pilotes suivants lèvent le pouce.

Dès les premiers vols, les pilotes suisses prennent conscience qu’au-dessus de la plaine brésilienne, le vol de distance nécessite des capacités très différentes de celles dont ils ont l’habitude dans les Alpes. Orientation, étendues infinies, vent fort, vautours urubus capricieux et tant d’autres défis les attendent… « Sans GPS, impossible de savoir dans quelle direction voler », raconte Patrick.

Direction la boule de feu Si l’orientation est difficile, le jour, tout devient plus simple le soir. Une seule chose compte encore : voler droit vers le soleil jusqu’à ce qu’il disparaisse derrière l’horizon, à 17 h 50. Et quand ce moment est venu, il reste précisément un quart d’heure pour glisser le plus loin possible, choisir un atterro, se poser quelque part dans la pampa et plier son aile pendant les ultimes minutes qui diffusent encore un peu de clarté. À 18 h 05, il fait alors nuit noire. C’est le seul moyen d’exploiter une journée entière, jusqu’à la dernière minute. C’est le seul moyen qui permet d’avoir une chance de voler plus loin que tous les pilotes avant nous.

Entamer le dernier vol plané à 2500 m, le regard plongé dans le soleil, alors qu’en bas les paysages sont dans l’ombre depuis longtemps et que la nuit tombe, c’est tout simplement indescriptible. Chrigel Maurer

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XC Adventure Brazil

Chaleureuse hospitalité Ce qui rend cette aventure de vol de distance au Brésil si particulière, c’est à quel point cette région est isolée et la vie encore dénuée de tout, ici. Les gens sont d’une rare gentillesse et rayonnent de joie de vivre, alors qu’ils n’ont quasiment rien et vivent à la campagne dans des conditions extrêmement simples. Après l’atterrissage dans la pampa, à part le Spot, on se retrouve généralement sans aucun contact avec le team et donc livré à soi-même. Souvent, il faut alors marcher un peu avant de tomber sur une maison ou une zone habitée. Un « Bom dia » chaleureux permet presque toujours de nouer un lien avec la population locale. La communication se fait essentiellement à base de signes et gesticulations des pieds et des mains. Toujours prêts à rendre service, les Brésiliens enfourchent volontiers une mobylette et vous emmènent à travers la piste poussiéreuse jusqu’à la route goudronnée la plus proche, où le service de récupération finira par venir nous chercher.

About Plus forts ensemble : six pilotes de la ligue suisse, deux pilotes locaux de distance XC, Andy Flühler de « Vole avec Andy » et son équipe bien organisée de vol au treuil ont fait l’expérience de nombreuses aventures au cours de ce camp de cross brésilien de deux semaines. Les peronnes sur la photo sont : ­Adrian Seitz, Michael Sigel, Jan Sterren, ­Leandro Padua, chauffeur Dio, chauffeur Zoio, le pilote d’essai ADVANCE Patrick von Känel, Vagner Campos, Christian Erne, Gebi ­Aberbächerli, Simone organisation, chauffeur ­Wagner and Chrigel Maurer.

Des prototypes à l‘épreuve Sur les réseaux sociaux, les followers attentifs de Chrigel Maurer ont déjà reconnu les prototypes ADVANCE sur les photos et les films. Oui, une IMPRESS 4 avec prolongement dorsal a bien été testée et oui, elle est équipée d’une planche d’assise. Qui d’autre que Chrigel Maurer, le père de la série des IMPRESS, nos sellettes position allongée adaptées à tous, serait capable de tester et d’évaluer sous toutes les coutures cette nouvelle sellette

Grâce aux longues heures de vol, les pilotes suisses sont devenus des pilotes de plaine.


Kartendaten © 2018 Google Track: Mario Arque

Art moderne? non, les traces GPS sur la carte.

Ensemble, plus forts « Nous avons abordé cette aventure en tant que team ; ensemble, nous avons pu atteindre bien plus que si chacun l’avait vécue seul », résume Chrigel Maurer. « Même si les journées se sont avérées moyennes à cause du vent faible, quatre pilotes de notre groupe ont pu réaliser des vols de plus de 500 km, alors que seuls cinq pilotes y étaient parvenus jusqu’alors. » Après le décollage par équipes de deux, les pilotes ont résolument tenté de réaliser chaque vol ensemble afin de trouver plus facilement la meilleure ligne possible. Si le team a été particulièrement efficace dans les airs, il l’a aussi été au sol. « Sans un service de récupération parfaitement organisé, nous n’aurions jamais pu réaliser tout cela en

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au cours de vols de onze heures et plus ? Concernant les parapentes ADVANCE, en revanche, ce fut plus compliqué. Après quelques jours, l’aile de distance à deux rangées de suspentes conçue pour Chrigel était tellement déréglée qu’elle ne permettait plus de voler de manière satisfaisante. Les pros du parapente et les pilotes d’essai ont l’habitude de travailler sur les ailes et de les trimer, la nuit, afin de rajuster les réglages. Mais sur place, les moyens étaient trop restreints et Chri­ gel a dû reprendre sa Boomerang, n’utilisant que rarement le proto OMEGA de Patrick. En revanche, Patrick a pu accumuler plus de 50 heures de vol sous cette nouvelle merveille, et transmettre ses premiers feedbacks à notre service développement, à Thoune, depuis le Brésil.

XC Adventure Brazil

En équipe de deux on trouve plus vite la meilleure ligne.

Patrick von Kännel en test d’endurance.

l’espace de deux semaines », indique Chrigel. Et même avec ce service, il n’a pas été possible de voler tous les jours parce que le voyage retour prenait généralement plus de temps que le vol.

A suivre… Si ça n’a finalement pas suffi pour battre le record du monde, ça a permis à chacun de vivre d’innombrables expériences personnelles et événements marquants. Chrigel en est sûr : « Nous referons une tentative l’année prochaine, parce que le vol de distance dans ces contrées reculées du nord-est du Brésil fait encore partie des aventures authentiques. »

C’était passionnant de voir à quel point en tant que team, nous avons été bien plus forts que si chacun avait volé en solitaire. Chrigel Maurer

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Direttissima 2.0

#climbandfly #hikeandfly #direttissima

Direttissima 2.0 45‘000 m accumulés sur une ligne droite de 330 km à travers la Suisse

Au mois de juillet, dans le cadre d’un projet Hike & Fly, Thomas Ulrich a traversé la Suisse d’ouest en est à l’endroit où elle est la plus étendue. Défi supplémentaire : cette tra‑ versée a eu lieu dans les limites d’un corridor d’un kilomètre de largeur. Tout au long de cette « Direttissima », le fameux aventurier et photographe a gravi 45‘000 m de dénivelé positif, au total, venant à bout de parois rocheuses friables, de gorges abruptes, de glaciers et de rivières déchaînées. Il a répondu à nos questions sur ce défi.


Direttissima 2.0 27 L’orientation est nécessaire pour ne pas s’écarter du couloir d’un kilomètre de large.

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Direttissima 2.0 28

Des champs de neige criblés de crevasses, des séracs qui croulent, des rochers et de la glace en équilibre instable… ne laissent pas beaucoup de choix d’itinéraires.


Direttissima 2.0 29

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Direttissima 2.0 30

Descente exposée! Les kilomètres parcourus en parapente offrent une alternative bienvenue.

Ce qui était important pour moi, avec ce projet, c‘était de pouvoir mettre en application toutes les aptitudes acquises au cours de ma vie. Thomas Ulrich

ADVANCE: Tout d’abord, toutes nos féli­ ci­ tations pour cette Direttissima, Thomas ! Merci!

et physique. Ce projet se voulait aussi un hommage à toutes les expériences que j’ai vécues lors de mes autres expéditions, par le passé.

Normalement, tes expéditions te mènent jusqu’aux régions les plus reculées et les coins les moins accueillants du monde. Quel a été le plus grand défi, pour toi, sur cette voie en ligne droite à travers la Suisse, qui est par ailleurs si bien desservie ? Est-ce que ça a été aussi exigeant que tes autres expéditions, du point de vue psychique et physique ? Non, (Thomas sourit) je dirais plutôt qu’il s’agissait d’une variante de luxe, puisque ma femme m’accompagnait en minibus. Souvent, quand j’atteignais une route de montagne quelconque, le soir, après dix à douze heures de marche, le dîner m’attendait déjà. Contrairement à mes expéditions dans l’Arctique, où je devais d’abord monter la tente, tout préparer et cuisiner, c’était le luxe intégral. Mais c’était aussi l’idée. Je ne voulais pas en faire un de ces voyages comme j’en ai tant vécus, où il était essentiellement question de privations, de performances et de pression psychique

En plus d’un SUP, tu as aussi utilisé un parapente. Combien de fois as-tu mis ta PI 2 16 à contribution pour voler depuis une montagne ? J’ai pu l’utiliser souvent. Je l’ai utilisée dès la première élévation, près de Gruyère, après la partie de plaine du départ. Il s’agissait plus de petits vols qui m’ont permis de me poser de l’autre côté d’une vallée, dans un secteur, avant de replier puis de remonter à pied. Il m’est alors arrivé d’utiliser la PI 2 trois ou quatre fois dans une journée. Cependant, je me suis rendu compte que sortir l’aile, me préparer, me poser puis tout replier, ça ne prenait pas forcément moins de temps. Mais ça permet d’économiser ses forces. Et c’est évidemment bien plus fun ! Quels étaient les défis, en vol ? Le plus grand défi, pour moi, c’était de ne pas quitter le corridor, en fait ! Même à pied, au début, j’ai dû faire très attention, mais en vol, c’était encore plus exigeant.


Project Un pays, une ligne droite - 330 kilomètres, 45 000 mètres de dénivelé cumulé, un couloir d’un kilomètre de large : la « Direttissima“ en ligne droite d’ouest en est à travers la Suisse n’est pas une nouveauté. Défis sans fin : arêtes et rochers.

La première a été faite par un groupe d’alpinistes conduits par Markus Liechti en 1983, accompagné par une équipe

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Direttissima 2.0

de la radio suisse.

Au milieu des gorges, ou bien perdu dans le brouillard…

...heureusement Thomas est un alpiniste complet.

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C’est sans doute aussi pourquoi tu n’as quasiment fait que des vols de vallée. Quel a été ton vol le plus long ? Sans doute le vol qui m’a permis de traverser les gorges de la Rofla jusqu’au flanc opposé depuis le Teurihorn, au-dessus de Sufers, dans les Grisons. Grâce à une convergence, ça portait vraiment bien. J’aurais même pu voler plus loin, mais je n’avais pas les cartes à portée de main et je ne voulais prendre aucun risque concernant le corridor. Ce vol-là a bien dû faire 12 kilomètres. Quelle a été ta plus grande surprise au cours de cette excursion ? En fait, on pourrait dire que la Suisse est surpeuplée ; il y a des routes et des accès partout. Compte tenu du corridor, j’ai

été obligé de passer par de tels endroits, mais ailleurs, j’ai aussi été surpris de croi­ ser si peu de monde et si peu de civilisation. La Suisse reste quand même encore très sauvage… En abordant ce parcours de 1983, tu avais hâte de voir à quel point la Suisse avait changé, au cours de toutes ces années. Quels changements as-tu constatés ? Le changement le plus marquant, c’est sans doute le réchauffement climatique. Les glaciers ont énormément reculé. J’avais aussi accès aux cartes que les pion­niers du projet ont utilisées, il y a 34 ans. À de nombreux endroits, ils a‑ vaient encore traversé de petits glaciers qui n’existent plus aujourd’hui.

About Thomas Ulrich est un aventurier, guide de haute montagne et chef d’expédition. Il est non seulement un charpentier qualifié mais il s’est aussi fait un nom comme photographe, cameraman et conférencier. Pour plus d’information, voir www.thomasulrich.com

Direttissima 2.0

Equipment

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PI 2

Un repas chaud : la conclusion d’une journée bien remplie.

STRAPLESS


Direttissima 2.0 33

Le chemin le plus direct : descendre la falaise en rappel.

Et ils parlaient beaucoup de sommets depuis lesquels ils redescendaient en glissant sur des champs de neige. Moi, je n’ai pas croisé beaucoup de champs de neige sur lesquels j’aurais pu glisser ! À un endroit, au Tessin, ils ont écrit que les Alpes n’étaient plus exploitées. Que plus personne ne voulait le faire. Et quand je suis repassé par-là, il y avait à nouveau des exploitations. Il y a donc aussi d’autres changements. Tu as encore d’autres projets cette année, ou une nouvelle expédition prévue en 2018 ? Il y aura évidemment les voyages commerciaux que je propose au Pôle Nord via le Groenland. Mais j’ai aussi un projet avec Stefan Glowacz. Les détails seront publiés bientôt.

La descente en parapente met visiblement de bonne humeur.

Le changement le plus marquant, c’est sans doute le réchauffement climatique. Les glaciers ont énormément reculé. Thomas Ulrich

Nous avons hâte d’en savoir plus et te souhaitons beaucoup de réussite pour ton expédition. Merci pour cet entretien.

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Go with the Flow

#crosscountry #epicxc #sightseeing

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Les rues de nuages et les montagnes montrent le chemin vers l’Autriche.

Go with the Flow “Allez, j’y vais!”

Lors d’un vol XC dans le Valais, Bernhard « Beni » Kälin met le cap à l’est ; il fait alors spontanément trois vols de distance impressionnants lors de trois journée successives. Total : 694 km en vol – sans préparation ni brosse à dent. Son bilan : « Le cross sans plan de vol ni mal du pays, il n’y a pas mieux ! »


Vers l’est, spontanément Avec des taux d’ascension globalement faibles, les conditions préalables n’étaient pas des meilleures quand Bernhard Kälin s’est élancé de la Riederalp, dans le Haut-Valais, pour un vol vers l’est, le 4 juillet. En 9 h 2 min, l’instructeur de l’école « Chill Out Paragliding » avale la piste de course valaisanne et rallie la Surselva via le col de la Furka et Andermatt, et passe ensuite Coire, Klosters et la Silvretta avant de rejoindre le Tyrol, où il se pose dans la vallée de l’Inn peu avant Tösens. Après un combat pénible sur 213 km, il se rend vite compte qu’il lui sera difficile de rentrer à la maison. Il décide donc de passer la nuit en Autriche et de voir venir, le lendemain. Venise - déserte : matinée sur le Grand Canal.

Go with the Flow

L’itinéraire de la Suisse vers l’Italie via l’Autriche.

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Map Source: xcontest.org, Topo XC | Google Maps

Le vol retour, pas une option Il y a un vent d’ouest modéré. Un vol retour n’est pas une option, Beni déteste voler contre le vent. En plus, c’est la première fois que le pilote de 31 ans est en Autriche. Alors, pourquoi ne pas découv­rir les Alpes autrichiennes depuis les airs ? Les vallées de Pitztal, d’Ötztal et de Zillertal, ou encore Stubai et Brenner – autant de noms connus qu’il a déjà souvent entendus. Au cours de son vol de huit heures et long de 233 km, il peut enfin mettre un paysage sur ces noms. Le parcours de Beni passe par le Kaunertal, le Pitztal, l’Ötztal, le Zillertal, puis côté sud du Pinzgau et le long du Kitzsteinhorn. À cause d’un fort vent latéral, il décide de virer vers le sud – une mauvaise décision. Dix minutes plus tard, il se pose 2,000 m plus bas dans le foehn du nord, près de l’autoroute A10. Il fait alors du stop pendant une heure avant qu’un pilote autrichien ne l’emmène jusqu’à Antholz.

min et après avoir découvert les Riesenferner et les Alpes carniques, il se pose près de Givigliana, un petit village du Frioul, en Italie. Son commentaire : À quoi bon se demander comment rentrer à la maison… :) Après une nuit passée à Venise, Beni prend le train pour Interlaken via Milan. Il vient de vivre trois journées très intenses, au cours desquelles il a passé plus de temps dans les airs qu’à dormir.

About Bernhard « Beni » Kälin est né en 1986 et vole en parapente depuis 2005. Il est moniteur dans l’école « Chill Out

Rien ne se passe comme prévu

Paragliding » depuis 2009. Outre le

Au matin du troisième jour, Beni a un plan : rallier la Suisse depuis le déco de Grente. Il a déjà mémorisé chaque gare des Grisons et pour chacune, il sait précisément à quelle heure part le dernier train en direction d’Interlaken. En vol, Beni bataille contre le vent, qui devient de plus en plus fort. Le Piz Palü et le Piz Bernina paraissent infiniment loin. À l’ouest de Meran, il abandonne l’idée de rentrer en Suisse. Il préfère profiter de cette belle journée pour voler loin. Et ça lui réussit ! Avec 246 km, il réalise son plus long vol à ce jour. Au bout de 8 h 50

speedflying, ce natif d’Interlaken est aussi fasciné par le vol de distance XC. Son site favori est le Niesen sur la rive

À quoi bon se demander comment rentrer à la maison… :)

sud du lac de Thoune.

Equipment

Beni Kälin

SIGMA 10

LIGHTNESS 2

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Fascinant ­K ilimanjaro

#hikeandfly #explore #tanzania

Fascinant ­Kilimanjaro Un vol fabuleux du toit de l’Afrique

A 5,895 m le massif du Kilimanjaro est le point culminant de l’Afrique. Si tu veux voler sur ce site, un permis est nécessaire. Depuis 2017 il est relativement facile de l’obtenir. Le dénivelé total de près de 5,000 m, les conditions météo et la forêt primaire très dense au pied de cette montagne représentent indiscutablement un défi très exigeant pour un pilote de parapente. Julian Beermann a voulu en faire l’expérience.


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Fascinant ­K ilimanjaro

Bild Highres von FLO rein

Un moment d’éternité : Julian profite de la vue aérienne dans la douce lumière du matin.

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Fascinant ­K ilimanjaro


Fascinant ­K ilimanjaro 39 Vue d’avion : depuis un parapente à 4,500m d’altitude, on ne vit pas ça tous les jours

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Une situation qui ne se rencontre pas tous les jours pour un pilote de parapente. Julian Beermann

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Fascinant ­K ilimanjaro

Un fenêtre minuscule Julian avait déjà tenté de voler de la plus haute montagne d’Afrique en 2017, muni du permis spécial, mais la météo avait contraint le guide haute montagne suis­se et son client à tirer un trait sur leur projet. Le massif du Kilimanjaro s’étend dans la dépression climatique équato­ riale, c’est pourquoi il y a souvent peu de vent météo local, mais une tendance au sur-développement des nuages pendant la journée, ce qui signifie que le décollage doit se faire tôt dans la matinée. “Seuls ceux qui sont en mesure d’atteindre le sommet avant le lever du soleil ont une chance de trouver de bonnes conditions de vol”, dit Julian. Ceux qui qui ont la chance rare d’y parvenir vont faire l’expérience d’un vol de superlatifs, au-dessus d’un paysage unique au monde.” Au loin s’étend le pays des Masai avec ses vastes plaines arides. Un peu plus haut, sur les pentes de la montagne, on trouve des plantations de bananes, de café et de mangues ainsi qu’une région boisée naturelle, tandis que près du sommet domine un paysage lunaire fait d’empilements de rochers et de glaciers.

L’acclimatation fait tout Comme toujours pour une Marche et Vol (Hike & Fly) il faut monter avant de décoller. Depuis la fin du tout dernier bout de route – selon l’itinéraire - il reste à peu près 4,200 mètres de dénivelé à avaler. On peut dire que la montée ne présente pas de difficulté technique particulière, mais une acclimatation physique adaptée

à cet énorme dénivelé est décisive pour réussir. Pour minimiser le risqué sérieux de mal des montagnes, une durée d’une semaine est recommandée. Comme il n’avait pas pu décoller avec son client lors de sa première tentative, il était clair pour Julian qu’il ré-essaierait lors de sa prochaine visite au Kili. L’effort exigé pour la montée n’avait rien de nouveau pour lui ; après tout, il avait déjà emmené des clients six fois jusqu’au somment de la plus haute montagne d’Afrique. Et pour sa septième ascension avec d’autres guides et tout un groupe de clients, il avait emporté son parapente. Si cette tentative était couronnée de succès, les autres guides pourraient descendre les clients en toute sécurité. Mais sa réalisation concrète dépendait d’un grand nombre de facteurs.

Une préparation minutieuse C’est pourquoi il n’est pas étonnant que Julian ait préparé son vol jusque dans les moindres détails. En-dehors des conditions météo, l’immense forêt vierge qui s’étend au pied de la montagne représentait le plus grand défi. “Dans la partie la plus basse, très plate, la forêt couvre encore de vastes espaces où il est impossible d’atterrir,” explique Julian. Donc pendant la phase de préparation il a recherché des vachages possibles et les a enregistrés sur son GPS. En comparant la finesse nécessaire pour un atterro particulier avec la performance effectivement observée durant le vol il serait en mesure d’estimer quelle marge il avait jusqu’au prochain atterro possible.


Fascinant ­K ilimanjaro 41

Un regard en arrière: vers le site du Patrimoine Mondial de l’Humanité depuis 1987.

La photo obligée du sommet : le Kilimanjaro est l’un des « Seven Summits ».

L’éclat su soleil crée ces pénitents blancs géants.

Au loin s’étend le pays des Masai. Un peu plus haut, sur les pentes de la montagne, on trouve des plantations de bananes, de café et de mangues ainsi qu’une région boisée naturelle, tandis que près du sommet domine un paysage lunaire fait d’empilements de rochers et de glaciers. Julian Beermann

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Fascinant ­K ilimanjaro 42

Un site parfait, un vent de face : autorisation de décoller!

On ne peut jamais tout prévoir Une chose à laquelle il ne pouvait pas se préparer était la sensation physique de s’élever au-dessus du Kibo, le cratère sommital central. Les conditions du petit matin étaient parfaites, un petit vent de face. Cette fois-ci le décollage ne représentait pas un obstacle. Les clients ont aidé Julian à étaler sa voile sur un petit névé. Puis juste quelques petits pas, le bruit des froissements de la voile qui s’ouvre – et le voilà en l’air. “Je suis submergé par une sensation que je n’avais pas prévue et à laquelle je ne m’attendais pas,” se souvient Julian. Après le champ de neige, il survole les bords dentelés du cratère en direction des étendues sans fin de l’Afrique. Maintenant tout le cratère est sous ses pieds, avec son long con­tour désolé. Au loin s’étend la forêt. “L’atmosphère dans cette lumière du matin était absolument unique. J’avais l’impression que le ciel n’appartenait qu’à moi”, dit Julian.

Autorisation de décollage Mais ça ne s’est pas passé exactement comme ça. Avant de partir, Julian devait obtenir l’autorisation de décoller de la

tour de contrôle de l’aéroport du Kilimanjaro. Comme il avait à survoler la basses plaines au pied de la montagne à environ 3,500 m d’altitude, il a entendu la tour, à la radio, dire à un avion en approche de faire attention à lui, et de se re-router par précaution. “Je suppose que c’est une situation dont on n’a pas beaucoup l’habitude en tant que pilote de parapente”, dit Julian avec un sourire. Après une bonne heure de vol, représentant environ 30 km et 5,000 m de dénivelé, il s’est posé en toute sécurité à moins de 800 m d’altitude. Il a regardé en arrière : Quel vol! Quelle expérience! Une chose était claire : il s’en souviendrait toute sa vie.

L’atmosphère dans cette lumière du matin était absolument unique. J’avais l’impression que le ciel n’appartenait qu’à moi. Julian Beermann


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Fascinant ­K ilimanjaro

Montée de nuit vers le sommet.

Jeu de lumière devant un ciel étoilé impressionnant.

About Julian Beermann est né en 1985. Ce guide de haute montagne et pilote d’hélicoptère vole en parapente depuis 2010. Ce natif de Berne organise régulièrement des circuits de Marche et Vol. Il a fait le sommet du Kilimanjaro sept fois.

Je suis submergé par une sensation que je n’avais pas prévue et à laquelle je ne m’attendais pas. Julian Beermann

Equipment

PI 2

EASINESS 2

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Projet BZ’ALPS 44

Une rue de nuages fantastique au col de la Cayolle.

Premier bivouac sur le décollage du Gourdon près de Nice.


De Nice à Ljubljana sans assistance

Parcourir l’arc des Alpes de Nice à Ljubljana, seul, avec un parapente et une tente : Bendicht « Bänz » Erb, le graphiste d’ADVANCE, avait pris des vacances tout le mois de juillet pour réaliser ce rêve. Après 36 jours, il se trouve maintenant à Ljubljana. Bänz, instructeur et pilote de biplace, n’a pu voler que sur un tiers des 1‘000 km du parcours, à vol d’oiseau ; il a parcouru 767 km et 42‘800 m de dénivelé positif à pied. Nous lui avons posé quelques questions au sujet de son projet « BZ’Alps ».

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Projet BZ’ALPS

Projet BZ’ALPS

#bzalps #volbiv #crosscountry


J’ai vécu beaucoup de coup de blues et de temps forts. Bänz Erb

ADVANCE: Tu t’es préparé de manière intensive pour ce projet, physiquement et mentalement. Pendant combien de temps, en tout ? Mon plan d’entraînement s’est étendu sur six mois. L’aspect mental m’occupe déjà depuis une éternité. Pour mon dossier de sponsoring, j’ai estimé à peu près ce qu’exigerait l’ensemble du projet et je suis arrivé à environ 1000 heures pour six mois. Ça comprenait tout, de la planification du parcours à la comparaison de modèles météo haute résolution en passant par l’entraînement physique et mental, choisir et tester l’équipement, trouver des cartes de randonnée en ligne pour cinq pays à travers les Alpes, vérifier les espaces aériens, trouver des stations météo et bien plus encore.

Ta préparation méticuleuse t’a-t-elle aidé au cours de ton excursion ? Oui, absolument ! Physiquement, j’étais très satisfait. Évidemment, je savais précisément quelle longueur mes étapes pouvaient avoir pour me permettre de récupérer la nuit. Ce sont des enseignements tirés de 2015, alors que j’étais moins entraîné. À l’époque, 50 km et 2000 m de dénivelé, c’était trop. Même si j’ai réussi de telles étapes, je ne pouvais pas récupérer, la nuit. Les deux jours suivants, je n’arrivais alors plus à grand-chose… Je savais donc que des étapes journalières de 35 km et 2000 m de dénivelé, ça allait, mais que je ne devais pas aller au-delà.

Comment es-tu alors parvenu à te remotiver ? Il réfléchit un instant… Chaque journée est une nouvelle journée. Tu dois alors lâcher prise, par rapport au vol, plier ton aile et te concentrer sur des mini-tâches. C’est aussi ce que m’ont appris Katrin Ganter, qui est coach mental, et d’autres personnes avec lesquelles j’ai discuté. Ce qui m’aide le plus, c’est quelque chose de relaxant. Me baigner dans un lac, par exemple, ou prendre une douche ; manger et boire. Ou un lit d’hôtel douillet, parfois. Ça aide énormément. Et le lendemain, je repars, tout frais. Les coups de blues sont toujours très courts, quand on ne s’y attache pas.

Project Comme la plupart des entreprises de ce type, le projet « BZ’Alps » a mûri lentement. Bänz avait déjà pris deux fois deux semaines de vacances au cours de l’été 2015 : une fois pour marcher et voler d’Interlaken à Monaco, une autre fois pour rallier Interlaken à Lienz/Matrei de la même manière. Finalement, il a tellement apprécié l’aventure qu’il a bloqué tout le mois de juillet 2017, dans son agenda, pour entreprendre quelque chose de similaire. À partir de là, son projet s’est peu à peu concrétisé. « C’était un rêve, tout simplement, un désir fort de vivre ça sur une période aussi longue. C’est le seul moyen de vraiment t’immerger dans une telle histoire. » Die Route Vue d’ensemble über 36 : l’itinéraire Tage complet des cinq semaines.

Map Source: © 2018 GeoBasis-DE/BKG (©2009), Google, Inst. Geogr. Nacional

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Projet BZ’ALPS

Jour 35 à Kanin, en Slovénie, un des rares jours de vol.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile, en cours de route ? As-tu eu un coup de blues ? J’ai vécu de nombreux coup de blues et temps forts. Ce qui m’a le plus sapé le moral, c’est quand j’ai passé mon temps à couler, régulièrement. Ou quand, l’air étant trop turbulent, je ne me suis pas suffisamment battu, poursuivant le vol en espérant trouver de meilleurs thermiques plus loin. En vain.


Quelles ont été tes plus belles expériences ? L’évolution du terrain. Quand j’ai pu enrouler depuis le déco d’Arpille, près du col de Bleine, dans le sud de la France, par exemple. D’un côté, tu as la mer. En-dessous, un paysage brun et sec – puis viennent les premières chaînes montagneuses. Quand, le troisième jour, j’ai réussi à atteindre les Préalpes, je venais de vivre toute l’évolution du paysage en très peu de temps quand soudain, je me suis retrouvé dans les Alpes. C’était magnifique.

Quels conseils donnerais-tu spontanément à d’autres pilotes qui envisageraient de faire quelque chose de similaire ? De commencer par un coup d’essai. Et je me suis fixé deux règles : « du connu vers l’inconnu », « du plus simple au plus difficile ». Adapter le projet à son niveau de pilotage et à sa forme physique. J’ai sciemment choisi les Alpes, par exemple. Simplement parce que du point de vue de l’accessibilité, et donc des sources alimentaires, mais aussi des possibilités de sauvetage et d’abandon, c’est du gâteau. Du point de vue météo, ça reste cependant aussi exigeant qu’à d’autres endroits.

Projet BZ’ALPS

Belle vue du jour 18 sur l’Alpe de Rossvoden, Tavanasa et la Suisse.

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Ça a encore été le cas par la suite ? Oui, bien sûr. Quand tu ne progresses pas, au cours d’une journée qui n’est pas idéale pour le vol libre, tu as parfois l’impression de t’éterniser dans le Valais ou le val Pusteria, par exemple. Mais trois jours après, le terrain est à nouveau totalement différent. Je me disais alors : tu progresses, ça va. Toutes les rencontres avec de nouvelles personnes et le temps passé à communiquer avec les amis, à la maison, ont été autant de bons moments. J’avais choisi de partir seul ; tu es alors plus ouvert, du coup. Plus j’étais mal mentalement parce qu’en vol, ça ne fonctionnait pas, et plus mes rencontres avec les gens se sont avérées intéressantes. Je me suis vraiment rendu compte à quel point l’échange avec les autres est précieux. Quand ça ne va pas, pendant quelques temps, et que tu ne peux pas en parler, tu peux finir par t’entêter.

Le meilleur vol de distance le 4ème jour, bien au-dessus du col du Galibier en France.

About Bendicht « Bänz » Erb travaille comme graphiste chez ADVANCE. Son ex-

Neige fraîche en juillet à Pitzal en Autriche.

Equipment

périence d’organisateur de circuits et de Marche et Vol permettent à ce moniteur

Nous sommes heureux que tu nous sois revenu en pleine forme et te souhaitons maintenant une bonne récupération ! Merci pour cet entretien tout à fait intéressant, Bänz.

et pilote de bi d’avoir la capacité d’intervenir dans des stages de formation « Hike & Fly Know How » à l’école de parapente « Chill Out » d’Interlaken.

OMEGA XALPS 2

LIGHTNESS XALPS

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#historical #soaringextreme #eigermoenchjungfrau

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Soaring Giants

Timeless Story

Soaring Giants Une fois dans sa vie

Il est rare de pouvoir décoller du haut des 3,500 m du Jungfraujoch et de survoler l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau. Un vol au-dessus du célèbre trio de géants compte parmi les expériences de vol les plus impressionnantes des Alpes. Quand le vent et la météo sont finalement favorables, et que tout s’harmonise, cela appartient à la catégorie de l’expérience à faire « une fois dans sa vie ». Max Mittmann revient sur son aventure intemporelle de 2012.


Soaring Giants 49 4,000 mètres en plein hiver : un plaisir rare.

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Soaring Giants


Soaring Giants 51 Vue sensationnelle sur les sommets enneigĂŠs des Alpes Bernoises.

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On est à la mi-janvier, c’est le premier vol de l’année, et on a déjà réalisé notre plus grand rêve de vol en parapente.

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Soaring Giants

Max Mittmann

Il y a peu de montagnes qui aient excité l’imagination des alpinistes depuis un siècle autant que l’Eiger. Les tentatives dramatiques pour escalader les 1,650 m de dénivelé de sa face nord dans les années 1930 ont conféré à cette montagne un statut mythique. Et encore, cela n’est qu’une partie de la formation géologique la plus fascinante des Alpes, complétée par le Mönch et la Jungfrau. Quiconque voit pour la première fois ce panorama qui s’offre en regardant vers le sud depuis « l’entre-deux-lacs » d’Interlaken ne peut être que fasciné, quelle que soit la saison, par cet univers colossal et glacé qui se révèle à ses yeux. C’est précisément là que nous décidons de voler - Greg Blondeau, Chrigel Maurer et moi. C’est une entreprise qui sera finalement plus exigeante pour nous que nous le pensions.

Une préparation minutieuse Jour après jour nous surveillons la météo, vérifiant et re-vérifiant toutes le données disponibles pour finalement décider que ce n’est pas le moment de tenter. Neuf fois je me prépare cet automne-là à partir pour le Joch, toujours dans l’espoir de survoler ces géants Bernois - ne serait-ce qu’une fois. Tantôt le vent était trop faible, ou trop fort, ou beaucoup trop Est. J’ai fini par être presque convaincu que ces trois sommets voulaient simplement ne pas être dérangés. Mais alors, après des semaines d’attente c’est enfin le moment. Totalement prêts mentalement, on monte dans le train de l’Oberland Bernois à la gare d’Interlaken Ost. Après une heure de montée en train on arrive à Kleine Scheidegg où nous prenons le Jungfraubahn. Ce chemin de fer à crémaillère, ouvert en 1912, est unique en Europe. Son trajet de dix kilomètres traverse l’intérieur de l’Eiger et du Mönch et gagne encore 1,400 m de dénivelé en une heure environ. La gare terminale de Jungfraujoch est la plus

haute d’Europe. L’air ici à 3,500 m commence nettement à se raréfier. Notre regard est attiré vers le haut. Le sommet de la Jungfrau est encore à un bon mille mètres plus haut. On voit la neige poudreuse soufflée depuis le sommet, une bonne indication de la force du vent. On se sent petits et hésitants. Mais immédiatement après, un nouveau contrôle des données chiffrées sur le vent au Joch le confirme : les conditions sont parfaites : 30 kmh, avec des rafales à 40. Aujourd’hui ça pourrait marcher! Quelques minutes plus tard, nous voilà prêts. Il fait nettement froid, mais on s’est bien emmitouflés et on a mis des sachets chauffants dans nos gants. Alors on s’engage sur le plateau du glacier. Le vent siffle, glacial et en rafales - mais heureusement dans la bonne direction.

About Chrigel Maurer (5 fois vainqueur de la Xalps, plusieurs fois champion toute catégorie de la PWC et champion suisse

Contrôle pré-vol

d’acro parmi de nombreux autres suc-

Le choix du site de décollage requiert notre pleine attention. Si on va trop haut sur l’épaule, on encourt le risqué d’être soulevés par le vent et de se faire reculer, de l’autre côté de l’arête sommitale. Mais si on avance, chaque pas doit être évalué avec précision : il y a de nombreuses crevasses qui nous guettent sur le plateau. Maintenant, en hiver, on peut à peine les distinguer - elles sont recouvertes de neige glacée. Mais sa portance ne résisterait pas au poids, et elle céderait si l’on marchait dessus. On est tous conscients du danger, et notre préparation est aussi concentrée qu’il convient. Le vent arrache régulièrement nos ailes du sol. Pour couronner le tout, la surface convexe de la pente du décollage fait que la voile nous tire très fort quand on essaie de la monter.

cès) est l’un des rares pilotes de para-

Prêts à décoller C’est le moment, enfin! L’aile monte bien, quelques pas, une montée rapide, puis un creux, quelques pas de plus. Finalement les pieds quittent le sol. Je me suis à peine remis dans la sellette en gigotant

pente qui se soit fait un nom à lui connu dans le monde entier. Greg Blondeau a été pilote d’essai pour ADVANCE pendant de nombreuses années et travaille maintenant comme pilote de bi professionnel. Pendant son temps libre, ce champion d’Europe 2008 aime faire du vol de distance – dans son propre pays, la France, et en Suisse, sa patrie d’élection. Max Mittmann était l’un des trois participants allemands à la X-Alps en 2013. Sa grande expérience du « Hike and Fly » lui permet de combiner au ­mieux sa passion pour l’alpinisme et sa fascina­tion pour le vol.


Soaring Giants 53

Des 4,000 qu’on pourrait toucher (ici la Jungfrau), tout est une affaire de perspective.

que je suis secoué dans tous les sens de façon alarmante. C’est une turbulence bien inconfortable ; le rotor de l’arête revient jusqu’ici. Il faut donc rester totalement concentré. Une fois passé la crête, tout est calme et soudain je monte : vite! Les touristes sur le plateau d ­ eviennent des points minuscules. On reste groupés en trio dans la large zone ascendante devant le monticule du Mönch. Chrigel vole en direction du nord-est vers l’Eiger et il réapparaît soudainement 500 mètres au-dessus de nous. Il se trouve bien plus haut que le sommet du Mönch. Nous nous dirigeons aussi Greg et moi vers le Mönch et plaçons nos ailes dans le vent une centaine de mètres devant sa face nord. On monte comme un ascenseur, on dépasse le sommet et on revient vers la Jungfrau.

Comme dans un courant-jet

neige. On s’habitue à la sensation du vol stationnaire dans le courant-jet. Le Jungfraujoch se trouve mille mètres plus bas, les plaines embrumées, encore quatre mille mètres en-dessous. Au loin vers l’horizon se déroulent les douces collines du Jura. On traverse en direction de l’Eiger, on jette un coup d’oeil à sa face nord en glace. C’est un jeu d’enfant de survoler le sommet de l’Eiger, puis de revenir vers le Mönch. Le soleil est déjà bas, et on continue de monter. Même cinq cent mètres plus loin, on continue à monter doucement dans l’air du soir. C’est un état de transe - on est submergés par cette expérience et on a du mal à croire à notre chance. On est à la mi-janvier, c’est le premier vol de l’année, et on a déjà réalisé notre plus grand rêve de vol en parapente.

Une fois là, c’est encore mieux. En un rien de temps, on monte, de trois cent mètres devant le mur sommital. Nous voi­là bientôt bien au-dessus de la troisième plus haute montagne (4,158 m) des Alpes Bernoises. Sous nos pieds s’étendent de nombreux pics recouverts de advance.ch /advancedadventures


Extrême à tous points de vue.

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Garder l’équilibre

#extreme #highline #basejumping

Garder l’équilibre Sur une highline entre deux parapentes

Certains aiment la difficulté, d’autres cherchent les sensations extrêmes. Eliot Nochez, lui, allie les deux lors de ses aventures. Ce pilote d’acro adore planifier des projets que d’autres jugent impossibles. « Bob je quitte le navire » constitue justement un tel projet. Il l’a réalisé avec Thibaut Cheval, professionnel de la slackline, et Julien Millot, des Flying Frenchies.


« Nous sommes sans doute de grands enfants, en fait », déclare Eliot Nochez en riant. On peut aussi le dire comme ça, quand quelqu’un a l’idée de tendre une slackline entre deux parapentes. « Un jour, je me suis demandé s’il ne serait pas possible de relier deux parapentes avec une telle sangle », raconte Eliot. « J’ai sans doute été influencé par les ”Flying Frenchies”, sur ce coup. » En 2014, les basejumpers français avaient tendu une highline entre deux montgolfières.

Eliot Nochez

Cinq vols par jour Le plus grand défi lors de cette tentative innovante : organiser le projet en toute sécurité. Entre temps, Julien Millot, des Flying Frenchies, s’est joint à eux pour piloter le deuxième parapente. Ils commencent par un entraînement intensif. Le problème majeur, dans un premier temps, c’est de piloter les deux parapentes à la même hauteur, à la même vitesse et dans la même direction. Pour y parvenir, Eliot et Julien volent cinq fois par jour pendant près d’une semaine. Le tournage du film s’étend ensuite sur huit jours. Chaque tentative s’avère très exigeante. Il leur faut d’abord atteindre le déco à pied, puis préparer les ailes et les caméras avant de décoller. Avec une équipe complète, deux caméramans et un photographe inclus. La véritable tentative sur la highline ne dure alors que quelques secondes, en général, et Thibault doit être

très rapide. Une fois la highline larguée, il s’agit d’atterrir, de tout ranger et d’entamer une nouvelle ascension de la montagne avant le décollage suivant. « Ça prenait un temps fou et c’était épuisant », raconte Eliot. « Mais c’est précisément pourquoi ce projet s’est avéré aussi ex­ traordinaire, pour moi. »

About Eliot Nochez vole depuis qu’il a dix

Trouver le bon équilibre

ans. Quand il n’est pas suspendu sous

La plus grande difficulté réside dans la nécessité de garder la sangle tendue tout en veillant à ne pas trop déformer les ailes. En plus d’une même vitesse et, a priori, d’une même direction, les deux parapentes doivent aussi légèrement dériver l’un par rapport à l’autre afin de conserver la tension de la sangle. Trouver ce bon équilibre nécessite une très grande finesse, d’autant qu’il faut aussi voler assez lentement. Eliot et Julien passent donc la plupart de leur temps à se coordonner. Quand ils parviennent enfin à s’harmoniser, Thibault peut commencer son exercice d’équilibre sur la slackline.

un parapente, on croise le triple Champion de France de vol acrobatique et vainqueur de la Coupe du monde 2015 au bout d’un kite, d’un parachute ou d’une aile de speedriding. Julien Millot Julien ne s’est mis à l’escalade qu’à 24 ans avant d’être très vite infecté par le virus de la highline. C’était en 2008. Pilote de parapente, basejumper et acrobate de la wingsuit, il a cofondé l’équipe des Flying Frenchies. Thibault Cheval Thibaut pratique l’escalade depuis toujours. En 2012, le film « I believe I can fly » des Flying Frenchies l’a poussé à passer de la slackline à la highline. Il a débuté le basejump en

Pour Eliot, avec le recul, leur plus grande réussite fut de ne pas avoir eu trop peur et, bien sûr, que personne ne se soit blessé. « Nous voulions accomplir quelque chose que personne n’avait réalisé avant nous et étendre encore les possibilités offertes par notre sport », ajoute-t-il.

2015.

Aucun doute, les trois compères y sont parvenus. Eliot, Julien et Thibaut ont tiré un film de leur aventure : « Bob je quitte le navire ».

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Garder l’équilibre

Nous voulions briser les frontières et nous montrer créatifs, parce que c’est notre manière de nous accomplir.

« Et puis je vais parfois voler… en basejump. »

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« Thibaut Cheval m’a contacté précisément au moment où cette idée m’est venue », se souvient Eliot. Professionnel de la slackline, il avait eu la même idée et voulait absolument essayer. « Au début, tout ça paraissait totalement absurde. Nous pensions que c’était impossi­ ble, mais l’idée ne nous a plus quittés. » Après de longues réflexions, ils arrivent tous les deux à la même conclusion : « C’est faisable. »


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Trans Kyrgystan

#volbiv #crosscountry #kyrgyzstan

Trans Kyrgystan En pleine nature sauvage du Kyrgystan à pied et en vol

Kirgistan, Kirgisistan, Kirgisien ou Kyrgystan? Quel que soit son nom au départ, ce qu‘il signifie se propage dans sa langue, sa culture et sa situation géographique. En Occident, presque personne ne connaît quoi que ce soit sur cette république d‘Asie située entre la Chine et le Kazakhstan. C‘était une raison suffisante pour que Fred Souchon et son collègue Martin Beaujouan aient cherché à découvrir ce pays bien caché – en parapente.


Trans Kyrgystan 57 Des sites de vol paradisiaques : avec seulement 4% de surfaces de forêt, le Kyrgyzstan est l’un des pays d’Asie qui compte le moins d’arbres.

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“En fait c‘est un simple coup d‘oeil sur la carte qui nous a décidés à aller au Kyrgystan“ comme l‘explique Fred Souchon. Le jeune français travaille dans le secours en montagne à Chamonix et vole régulièrement dans le massif du Mont Blanc et les sommets de Haute-Savoie. “Mais les paysages du Kyrgyzstan nous semblaient intéressants, et spécialement les montagnes de l‘est du pays qui promettaient de bons vols.” Et c‘est ainsi qu‘ils se sont mis en route pour partir à l‘aventure à travers ce pays, à pied et en parapente.

Communiquer avec nos mains C‘est ainsi que nous avons fait l‘expérience de l‘amabilité des Kyrgyzes pour les étrangers : “On avait emporté une tente avec nous mais beaucoup des gens du cru nous invitaient à dormir dans leur your­te. Ils nous disaient que c‘était dangereux de rester dehors.“ Au début, Souchon et Beaujouan voulaient payer, mais ils ont vite compris que les Kyrgyzes trouvaient l‘offre offensante. “Pour eux, l‘hospi­ talité envers l‘étranger est très impor­tante. Tous partageaint avec nous ce qu‘il avaient - même s‘il avaient à peine assez pour leur propre famille.”

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Trans Kyrgystan

Jusqu‘à 40km/jour Souchon et Beaujouan ont parcouru jus- On s‘habitue au lait de jument qu‘à quarante kilomètres par jour, en es- Tandis que les deux Français comsayant de voler aussi souvent que pos- mençaient à s‘habituer au lait de jument, sible. Cet objectif n‘était pas facile à qui est là-bas l‘aliment de base, leurs hôtes regardaient l‘équipement de leurs atteindre parce que la météo et les vents de ce pays présentaient de plus gros dé- deux visiteurs avec beaucoup de curiofis que prévu. Malgré tout, ils ont réus- sité. Personne là-bas n‘avait jamais vu de parapente. „Pour leur expliquer poursi à réaliser des vols spectaculaires , qui se finissaient généralement quelque part quoi nous faisions ce voyage, je leur ai dans la steppe du Kyrgyzstan. „Et c‘est montré des photos de Chamonix. Comlà que nous avons rencontré les gens me ça ils ont pu voir que nous aussi on du coin. Généralement quand ils nous vivait dans les montagnes, et qu‘on volait apercevaient en vol ils levaient les yeux tout le temps là-bas. Tel ou tel d‘entre eux avait même déjà entendu parler du vers le ciel à la recherche d‘un avion. Ils pensaient que nos ailes étaient des para- Mont Blanc.” chutes. Certains étaient même si étonnés de voir deux hommes avec des voiles Des vautours dans les thermiques de parapente qu‘ils nous demandaient „On peut atteindre facilement à pied la si quelqu‘un nous y avait obligés con- plupart des sommets du Kyrgyzstan. tre notre volonté. Sinon pourquoi au- C‘est comme ça qu‘on s‘est finalement rions-nous voulu nous retrouver là-haut?“ retrouvés sur une montagne au nord du raporte Souchon. Issyk Kul (le lac chaud). Au bout d‘un moment, on a vu deux vautours enrouler

Camping avec vue : dîner dans les steppes sans fin des montagnes Tian Shan.

un thermique. C‘était le moment d‘y aller.“ Après avoir décollé, les deux pilotes ont volé vers l‘est, dans le but d‘attein­ dre un sommet à 4 500 mètres d‘altitude. Au début, les conditions étaient parfaites des puissants thermiques et presque pas de vent. Les deux pilotes ont profité d‘un vol de distance en longeant les sommets. “Là-bas, il est possible de faire 250 kms”, déclare Souchon. “Juste en volant le long de cette chaîne avec des sommets entre 3000 to 4000 mètres.” Mais après environ 50 kms le ciel s‘est brutalement fermé. Des gros cumulonimbus ont commencé à se développer. Souchon et Beaujouan savaient qu‘ils n‘avaient pas d‘autre choix - ils devaient se poser.

Le sacrifice rituel d‘un agneau En fait il y avait une maison tout près de l‘endroit où ils s‘étaient posés : dans le genre assez décati pour être plus précis qui ressemblait plus à une ruine qu‘à une habitation humaine. Pourtant un homme y vivait avec sa fille. Souchon et Beaujouan leur ont demandé s‘ils pouvaient s‘y abriter pour une heure ou deux. Finale­ment une heure ou deux sont deve­ nues deux jours. L‘homme les a suppliés de rester. Le matin du second jour, il a réveillé les deux Français avant l‘aube et leur a demandé de le suivre dehors. Là il a saisi un agneau et s‘est agenouillé pour prier. Pendant qu‘il priait le soleil s‘est levé derrière la montagne. Quand il a eu fini de prier, et sans plus de façon, il a tué et découpé l‘agneau et a commencé à le faire cuire. Les Français ont pensé que c‘était une supplique rituelle


Tous partageaint avec nous ce qu‘il avaient même s‘il avaient à peine assez pour leur propre famille. Fred Souchon

Trans Kyrgystan

envers les dieux, mais en fait cela s‘est révélé être juste un gage d‘amitié envers ses visiteurs.

Des lunettes pour les enfants Il était évidemment impensable que les deux Français quittent leur hôte sans lui faire de cadeau. Fred Souchon avait toute une collection de lunettes de soleil qu‘il avait trouvées sur le Mont Blanc - pour les enfants. Le dernier jour, il a offert les siennes au propriétaire, comme une forme de remerciement pour l‘agneau. Celui-ci était complètement ravi parce qu‘il passe presque tout son temps en montagne avec ses agneaux.

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Bilder © 2018 TerraMetrics, Kartendaten © 2018 Google

Avec 96% de montagnes, le Kyrgyzstan est le pays rêvé du Marche et Vol (Hike &Fly).

On reviendra L’itinéraire de Fred et Martin à l’ouest du lac Yssykkoï.

“Même si on n‘a pas pu voler autant qu‘on l‘aurait souhaité, le Kyrgyzstan est un merveilleux pays pour voler.“ La plupart des sommets sont facilement accessi­ bles à pied, et dans la vallée il y a des immensités d‘étendues herbeuses pour se poser. C‘est pourquoi Fred Souchon et Martin Beaujouan y retourneront, quoi qu‘il arrive - avec plein de cadeaux à offrir.

Equipment

IOTA

Au fait, tu peux appeler ce pays Kirgisistan or Kirgisien aussi bien que Kyrgyzstan. Ca veut dire le pays des „quarante filles“ car selon la tradition, cette terre a été colonisée par quarante familles, originaires d‘une grande variété d‘ethnies différentes.

LIGHTNESS 2

About Fred Souchon, alpiniste et parapentiste passionné, est un guide de haute montagne diplômé. Il travaille comme secouriste en montagne à Chamonix. Martin Beaujouan est devenu professionnel du parapente en 2017. Il pratique le Hike & Fly, le Climb & Fly et le vol de distance.

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Crossing Borders 60

Quelle météo pour demain? Bivouac solitaire au sommet dans l’Himalaya.


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Crossing Borders

Crossing Borders

#volbiv #crosscountry #himalaya

À travers l’Himalaya, de l’Inde au Népal

1,200 km à travers l’Himalaya, à des altitudes dépassant parfois 7,000 m : pour leur aventure en parapente du Ladakh, en Inde, à Pokhara, au Népal, Sebastian « Basti » Huber et Stefan « Boxi » Bocks se sont donné six semaines autour du mois d’octobre. Les deux Bavarois ont dû faire face à plusieurs difficultés, en cours de route, et voler s’est avéré le moindre de leurs problèmes.

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Crossing Borders

Un froid glacial attend Basti à 7,106 mètres

Ce vol du 9 octobre 2017, Sebastian ne l’oubliera jamais. « C’était du côté du Cachemire. Nous profitions de thermiques bleus, nous étions montés jusqu’à 7,106 m et je ne manquais absolument de rien ! J’étais pleinement conscient et le froid était loin d’être aussi glacial qu’on aurait pu s’y attendre à cette altitude ! » Il en fut tout autrement les jours suivants. « Nous étions plus bas, vers 6,500 m, et les thermiques dépendaient des nuages. À cause d’une humidité de l’air plus importante, on sentait bien le froid », raconte Basti.

La préparation Bien acclimatés, Basti et Boxi étaient prêts pour cette aventure. Le 3 octobre, ils sont partis de Leh, dans le Ladakh, à 3,500 m avant de marcher pendant quatre jours dans la vallée du Zanskar et le long de l’Indus pour atteindre 5,000 m. Ils ont ensuite effectué ce vol à 7,000 m, qui s’est achevé au beau milieu d’enfants en liesse, à l’atterrissage – une véritable apothéose. Les deux Bavarois étaient aussi équipés pour affronter les faibles températures auxquelles ils s’attendaient. « Les gants se sont avérés l’un des éléments essentiels », souligne Basti. Lors de leur préparation, ils ont pu profiter d’un grand nombre d’expériences, comme leurs deux participations au X-Alps, mais aussi d’autres aventures bivouac effectuées en solo, par le passé. Ils ont utilisé chaque élément de l’équipement qu’ils avaient emporté, même leurs guêtres. « À la toute fin ! », se réjouit Basti.

Des sommets sans fin : l’Himalaya est la plus grande chaîne de montagnes du monde.

Quand tu papillonnes à plus de 7,000 m pour la première de ta vie – c’est du délire. Sebastian Huber


« Le vol était le dernier de nos soucis. »

Les méandres de la bureaucratie

Map Data @ 2017 Google

En revanche, la bureaucratie est bien plus compliquée, en Inde. Le jour où Basti se pose à 200 m du poste de police, à Keylong, il est immédiatement arrêté. Il ne savait pas que le parapente n’est pas autorisé, dans la région. Après

Crossing Borders

L’entraînement fait tout Après une longue journée de vol, ils tentaient de se poser au sommet d’une montagne. Il fallait alors faire très attention, à des altitudes dépassant généralement 3,500 m et au-delà. Non seulement à cause du terrain difficilement prati­cable, mais aussi et surtout parce qu’on vole alors bien plus vite. Le décollage aussi est alors bien plus exigeant, à cause du vent en altitude, généralement plus fort. « Mon entraînement pour le X-Alps et les nombreuses heures passées sous l’OMEGA XALPS 2 m’ont beaucoup servi », assure Basti.

une journée d’âpres discussions, il s’avère qu’il ne peut pas être sanctionné parce qu’il a décollé d’un autre district. Il peut finalement récupérer son équipement contre un don de dix dollars. Avec Boxi, qu’il avait perdu de vue au cours du vol et qui a finalement rallié Keylong à pied, ils prennent alors le bus pour rejoindre le col de Rohtang, d’où ils effectuent ensuite un vol de rêve avec des vautours jusqu’à Bir Billing, le fameux spot XC indien.

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Comme ils avaient oublié d’acheter des cartouches de gaz, au Ladakh, pour faire chauffer l’eau et la soupe, ils ont fait du feu.

Arrestations et longs vols Le 16 octobre, deux jours de vol bivouac après Bir et six jours après la première arrestation, ils se font arrêter une deuxième fois – au check-point du parc national de Gangotri. Ici, le vol libre est interdit. Les deux compères ne veulent alors pas voler, mais simplement récupérer leurs passeports! Après de longues négociations qui se soldent par une amende de 200 dollars, ils ont finalement le droit de poursuivre en bus jusqu’à Gangotri. Le lendemain, ils poursuivent leur voyage vers la vallée, toujours en bus – au bord d’un précipice. Une descente aux enfers. Les gens vomissaient par les fenêtres et « le

L’itinéraire : 1,200 km à travers l’Himalaya.

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About Champion de vol de distance, troisième puis cinquième du X-Alps, en 2001 et 2005, Stefan „Boxi“ Bocks vole depuis 1988 et fait régulièrement parler de lui par le biais d’aventures en vol bivouac, comme ces 1,000 km parcourus à travers le massif du Pamir, du Tadjikistan Un jour nouveau, une nouvelle chance - malgré la neige fraîche.

au Kirghizistan. Lors de son aventure à travers l’Himalaya, il volait avec une LIGHTNESS XALPS 2017 et utilisait un LIGHTPACK.

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X-­Alps 2015, Sebastian „Basti“ ­Huber

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Depuis qu’il a fini deuxième lors du

des sports de montagne et véritable

n’est plus un inconnu dans le milieu du parapente. Bûcheron de formation, Basti a débuté le parapente en 2008 pour s’épargner les redescentes à pied, quand il était en montagne. Passionné aventurier, le pilote du team ADVANCE aime passer un maximum de temps à l’extérieur, dans la nature.

Equipment

Les drapeaux de prière en plein vent : le Népal des livres d‘images.

OMEGA XALPS 2

Le transport en Tuk-Tuk : le prix est négociable.

LIGHTNESS XALPS


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Dialogue entre ombre et lumière dans l’ouest de l’Himalaya.

chauffeur roulaient comme un fou », raconte Basti. Au bout de 10 km, ils quittent précipitamment le bus. Mais ils sont largement récompensés au cours des deux jours suivants, avec des vols de 110 et 75 km au-dessus de douces collines couvertes d’herbe et de forêts. Le choc suivant survient le 21 octobre. Après s’être posé discrètement près de Darchula, à la frontière entre l’Inde et le Népal, Boxi est finalement cueilli par la police en ville. Il est alors interrogé régulièrement, les policiers lui braquant des lampes de poche sur le visage. Son commentaire sur son blog : « Comme la Stasi. » Basti, lui, s’était volontairement posé dix kilomètres plus loin et à 2,000 m d’altitude pour éviter tout problème avec les autorités. Mais quand il retrouve Boxi à l’hôtel, ce dernier est entouré de policiers ! Basti est interrogé pendant une heure dans sa chambre d’hôtel, son équipement et son téléphone portable sont fouillés. Puis on finit par laisser les deux pilotes en paix. Ils peuvent récupérer leurs passeports le lendemain, mais ils ne sont pas autorisés à quitter le pays ici.

Une sortie difficile Ils ne pourront le faire que près de Mahendranagar, 250 km plus au sud et en plaine. Après une journée passée dans un bus sur des routes cahoteuses, le passage de la frontière pour entrer au Népal et une balade en taxi pour rejoindre la montagne, Basti et Boxi reprennent leur aventure de vol bivouac. Sur des terres difficilement praticables et peuplées de tigres, où Basti doit régulièrement grimper aux arbres pour ne pas perdre l’orientation, ils progressent en direction de Pokhara. Le 27 octobre, ils finissent par se perdre de vue dans un nuage.

« J’ai vu tant de choses », raconte-t-il. « Tout ce que j’ai pu vivre avec Boxi, mais aussi seul, c’est vraiment du délire ! » Il arrive pourtant un moment où ça suffit. En concertation avec Stefan, il finit par avancer son vol retour d’une semaine.

L’arrivée Basti poursuit au sud pour échapper à une base peu élevée et au mauvais temps qui menace, au nord, et cherche à atteindre Pokhara par la voie la plus directe. Une tactique qui lui sourit. Il atteint le haut-lieu népalais du parapente au soir du quatrième jour. Bloqué au nord par la neige, Boxi, lui, doit s’armer de patience. Sebastian a du mal à résister à l’appel de son chez-soi, de sa petite amie et de sa famille. Son baluchon imaginaire est plein à craquer de nouvelles impressions. advance.ch /advancedadventures


Peak Trilogy

#climbandfly #speedclimbing #eigermoenchjungfrau

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Nicolas sur l’arête sud-est du Mönch, avec l’Aletschhorn à l’arrière-plan.

Peak Trilogy L’Eiger, le Mönch et la Jungfrau en un jour

Lorsque Nicolas Hojac, 24 ans, se met en marche à Stechelberg pour une traversée Jungfrau, Mönch et Eiger, le 18 juin, il n’emporte pas seulement un piolet et des crampons, mais aussi une PI 2 16, dans son sac à dos. Quand le jeune alpiniste arrive à Grindelwald, moins de 12 heures plus tard, il a établi un nouveau record de vitesse. Voici le récit qu’il fait de son aventure.


Qui ne les connaît pas ? Eiger, Mönch et Jungfrau, ce trio de réputation mondiale au cœur des Alpes. Chaque année, des milliers de touristes affluent au Jungfraujoch pour découvrir un peu du monde fantastique de la montagne.

Jamais sans mon aile Ces trois sommets, justement, ont inspiré mon projet. Il n’est pas question d’une traversée classique. Dans mon sac à dos, j’emporte un petit parapente qui doit me faciliter un peu chaque descente. Mon idée, c’est d’aller le plus vite possible de Stechelberg à Grindelwald en passant par les sommets de l’Eiger, du Mönch et de la Jungfrau.

Un vent de nord-est soufflant par rafales me fouette le visage à mon arrivée au sommet et je prends vite conscience qu’un décollage en parapente est trop risqué. C’est surtout l’atterrissage qui me fait réfléchir : mon prochain atterro se trouve directement sous le vent de l’Eiger. Les turbulences générées à cet endroit pourraient devenir dangereuses, à l’atterrissage.

Eiger 3.970 m

Mönch 4.107 m

Jungfrau 4.158 m

Descente à pied Je redescends donc à pied par la paroi nord et traverse les Eigerjöcher jusqu’au sommet de l’Eiger. Là, le vent est un peu plus favorable, mais pas vraiment optimal non plus. Le déco, à l’Eiger, est très exposé et ne laisse aucun droit à l’erreur. Là-haut, on ne peut pas se permettre une interruption du décollage – encore moins un décollage raté. Je décide donc de descendre un peu et décolle depuis le Genferpfeiler, où le terrain est un peu plus plat.

Peak Trilogy

Départ à minuit Sans avoir dormi avant de partir, je quitte Stechelberg à minuit et prend la direction de la Jungfrau. Après environ cinq heures, j’atteins déjà le sommet. J’étale ma PI 2 et glisse jusqu’au Jungfraujoch. Sans mon aile, je n’aurais pas osé traverser seul le glacier lacéré jusqu’au col. Après un atterrissage un peu rude, je replie rapidement mon aile et entame l’ascension vers le Mönch.

Décollage réussi du pilier Genève de l‘Eiger

About

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Ces dernières années, le parapente sportif a encore fait un grand bond en avant. Non seulement les ailes sont devenues plus légères et sûres, mais leur volume de pliage a diminué. Avec la PI 2 16, qui pèse tout juste 2.05 kg, je peux rester léger et me déplacer rapidement, en montagne, tout en emportant un parapente.

C’est grâce à un stage linguistique que Nicolas Hojac est venu à la monta­gne et à l’escalade. A 18 ans l’étudiant de

De zéro à trente degrés

l’école polytechnique de Berne a fait

Je quitte l’isotherme zéro en direction de la vallée, où il fait 30 degrés. Avant de replier mon aile, je dois d’abord m’as­ seoir. La descente en spirale a refoulé tout mon sang dans les jambes, et le manque de sommeil commence à se faire sentir. 11 heures et 43 minutes se sont écoulées depuis mon départ à Stechelberg ; après 4300 m de dénivelé positif et 31.5 km de distance, me voici à Grindelwald. Les nombreuses expériences vé­ cues ces dernières heures sont difficiles à décrire. Mais elles vont encore résonner longtemps en moi.

la face nord de l’Eiger pour la première fois. Depuis, il l’a refaite une dizaine de fois, dont une à l’âge de 24 ans où il a établi un record de vitesse avec Ueli Steck en 3h46 mn. Ce jeune grimpeur professionnel a remarquablement maîtrisé des chaînes de montagnes lointaines dans d’autres parties du monde, comme le Tian Shan ou le Korkoran. Equipment

PI 2 16

Non seulement les ailes sont devenues plus légères et sûres, mais leur volume de pliage a diminué. Nicolas Hojac advance.ch /advancedadventures


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Éditeur : ADVANCE Thun AG, Uttigenstrasse 87, 3600 Thun, Schweiz Concept & idée : Simon Campiche Rédaction: Mirjam Hempel Mise en page : Bänz Erb Cartes & rendus d’image : Mark Oertig Coordination : Rahel Wittwer Traduction : Lazare Paupert, David Fouillé Relecture : Lazare Paupert Photo de couverture : Alex d’Emilia Get inspired | Photos : Thomas Ulrich (P. 74) Climb & Fly Peru | Texte : Peter Salzmann | Photos : Peter Salzmann (P. 6, 8, 10), Wolfgang Rainer (P. 11) Lake to Lake | Texte : Adi Geisegger | Photos : Adi Geisegger (toutes) XC Adventure Brazil | Texte : Simon Campiche | Photos : Jan Sterren (P. 18, 20, 22, 24, 25), Adi Seitz (P. 23, 25) Direttissima 2.0 | Texte : Mirjam Hempel | Photos : Thomas Ulrich (P. 27, 29, 30, 31, 32, 33), Bruno Petroni (P. 31), Valentin Luthiger (P. 32) Go with the Flow | Texte : Mirjam Hempel | Photos : Beni Kälin (toutes) Fascination ­K ilimanjaro | Texte : Christian Mörken | Photos : Julian Beermann (P. 37, 39, 41, 43), Yitzhack Mmasi (P. 41), Bruno Piller (P. 42, 43) Project BZ’ALPS | Texte : Mirjam Hempel | Photos : Bänz Erb (toutes), Irantzu Olondo Elorduy (P. 46) Soaring Giants | Texte : Max Mittmann | Photos : Greg Blondeau (P. 49), Max Mittmann (P. 51, 53), Jérôme Maupoint (P. 52) Keeping your ­B alance | Texte : Christian Mörken | Photos : Alexandra Cuper (P. 67, 55) Trans Kyrgyzstan | Texte : Christian Mörken | Photos : Martin Beaujouan (P. 57, 59), Fred Souchon (P. 58) Crossing Borders | Texte : Mirjam Hempel | Photos : Basti Huber (toutes) Peak Trilogy | Texte : Nicolas Hojac | Photos : Daniel Bleuer (P. 66, 67, 68), Thomas Senf (P. 67 ) Été 2018 © ADVANCE


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