6 minute read

Épargner, un mal nécessaire

Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent.

Nous connaissons un paradoxe économique à Maurice. Tout semble indiquer (enfin) une reprise économique, avec le pays qui sort de la liste grise de la Financial Action Task Force on Money Laundering (FATF) et la réouverture des frontières apportant un flux de touristes dans nos hôtels, ainsi que des investisseurs pour les nombreux programmes immobiliers. Paradoxe, car on aurait pu penser que la reprise tant attendue se traduirait immédiatement par une vie quotidienne plus facile et plus abordable, un allègement des coûts ; mais force est de constater que la vie semble plus chère. Une roupie maintenue à un taux faible, la hausse du fret, la demande énergivore mondiale, la faiblesse de production, ou encore les intempéries climatiques, qui ont causé une faible production de certaines matières premières agricoles (le blé, par exemple) peuvent expliquer cet état de choses. Paradoxe aussi, car on aurait pu s’attendre à une baisse dans la consommation des ménages ; mais il semblerait que les statistiques officielles indiquent une hausse. En effet, la consommation des ménages en 2020 a atteint Rs315 milliards, affichant une baisse de 63 milliards par rapport à 2019. Mais les deux premiers trimestres de 2021 indiquent que nous avons consommé 14 milliards de plus que pour les deux premiers trimestres de 2020. Paradoxe aussi, car cette reprise annoncée est encore faible, et surtout fragile, étant dépendante de facteurs qu’aucun humain ne peut contrôler. La reprise d’autres vagues pandémiques, des variants plus agressifs et plus contaminants, un ralentissement économique mondial causé par des scandales dans la nouvelle économie dominante chinoise, des bruits de guerre en Mer de Chine, des scandales financiers fragilisant notre socle, ne sont que quelques possibilités non farfelues. D’ailleurs, nous, chrétiens adventistes, ne croyons pas en un monde qui va s’améliorer, mais attendons plutôt les bouleversements finaux, qui annonceront le retour de Jésus. Enfin, j’ose espérer que nous ne perdons pas de vue notre patrie céleste en hurlant avec les loups pour une Terre qu’on aimerait voir aller mieux. Et, pour autant, ces paradoxes font que nous avons tout de même besoin de prévoir. Prévoir, c’est prendre des précautions, prendre des mesures d’avance ; mais je propose surtout cette définition : faire les préparatifs nécessaires. Un exemple biblique probant : Joseph proposant au Pharaon des mesures d’épargne nationale après son songe sur les temps des vaches grasses et ceux des vaches maigres. La Bible, notamment le Livre des Proverbes, parle aussi de préparatifs nécessaires : Proverbes 6.6–8 : Va vers la fourmi, paresseux ; considère ses voies, et deviens sage. Elle n’a ni chef, ni inspecteur, ni maître ; Elle prépare en été sa nourriture, elle amasse pendant la moisson de quoi manger. Mais la même Bible enseigne aussi dans Matthieu 6.19 : Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent. Devons-nous donc prévoir ? Avons-nous besoin de faire les préparatifs nécessaires ? Plusieurs versets bibliques nous donnent une indication que la sagesse encourage la bonne gestion des ressources qui sont à notre disposition, spécialement Proverbes 21.20 : De précieux trésors et de l’huile sont dans la demeure du sage ; mais l’homme insensé les engloutit. Mais aussi que nous avons besoin de faire face à nos responsabilités en tant que membre d’une famille, au risque d’être traité de pire qu’un non-croyant : 1 Timothée 5.8 : Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle. Ce n’est pas le sujet de ce partage ; mais on peut réconcilier ces idéaux opposés en comprenant que nous devons préparer le nécessaire, en espérant que Dieu nous bénisse au-delà de ce dont nous avons besoin pour notre bien, le bien de Sa cause et le bien d’autrui. Mais, surtout, que nous ne devons pas aimer ces biens terrestres plus que ceux qui sont éternels : 1 Jean 2.15–17 : N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui ; Car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. Et le monde passe, et sa convoitise aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. Alors, en ces temps favorables de bonus de performances, de rapport du PRB, du bonus de 13ème mois, j’encourage tout un chacun à épargner, à faire les préparatifs nécessaires. Plusieurs écoles de pensée et plusieurs méthodes existent et se valent ; mais je vais rester dans ce qui est connu et simple à mettre en action immédiatement. Faire un budget Un budget est la base de toute chose. Ceci exige de la discipline et de l’organisation. Le modèle proposé par le Département de la Gestion chrétienne de la vie (disponible auprès de la FEAM) est totalement adapté. Étape 1 – Faire un bilan de tous vos paiements/dépenses obligatoires Étape 2 – Rationaliser en s’imposant les proportions à ne pas dépasser par rapport au modèle Étape 3 – Respecter ce que vous avez modélisé Avoir un fonds d’urgence Un marchand de plage rencontré récemment m’expliquait que ces 18 derniers mois ont été difficiles, mais que ses réserves amassées durant les années précédentes avaient été sa planche de salut. Les paradoxes précités nous imposent un fonds d’urgence. Les normes varient entre 3, 6 ou 12 mois de survie en cas de perte de revenus ; mais ce serait bien de se fixer un minimum de trois mois de fonds d’urgence. Étape 1 – Totaliser vos dépenses obligatoires sur un mois ; par exemple : nourriture, loyer, factures. Étape 2 – Viser à économiser deux fois le montant totalisé à l’Étape 1. Ce fonds va financer vos dépenses mensuelles pendant au moins trois mois. Donc, si le total à l’Étape 1 est de Rs25.000, votre fonds doit contenir au moins Rs 75,000. Information supplémentaire. Cet argent doit être liquide et facilement disponible, puisque vous l’utiliserez pour parer aux imprévus. Il est donc recommandé de le conserver dans un compte d’épargne, et non pas dans un investissement à maturité longue. Il est toujours difficile de commencer un fonds d’urgence lorsque nos moyens sont limités ; d’où la proposition de commencer à partir des surplus qui seront à notre disposition en cette fin d’année.

Advertisement

This article is from: