Les Cahiers du Numérique #1 - Décembre 2011

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innovation / business / politique Numéro 1 /// décembre 2011 www.lescahiersdunumerique.fr

Parution trois fois par an / 45 €

internet mobile :

la révolution

ne fait que commencer !

Le grand entretien Eric Besson

« Aucun gouvernement n’a autant soutenu les PME du numérique » page 8

L’essentiel French Cloud

et clouds souverains en Europe page 12

Communautés World of Warcraft La génération WoW page 36



Directeur de la publication : Patrick Bertrand

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Comité éditorial : Patrick Bertrand, Cegid Valérie Ferret Dassault Systèmes Romain Hugot, Sage Marc Jalabert, Microsoft Laurent Lefouet, SAP Pierre-Marie Lehucher Berger Levrault Directeur de la rédaction : Loïc Rivière Rédacteur en chef : Reynald Fléchaux Chef de projet : Stéphanie Jullien Directrice artistique : Pilar Cortés Secrétaire de rédaction : Dominique Friocourt Journalistes : Guillaume Barrière Isabelle Bellin Stéphane Bouleaux Christophe Cayenne Romain Chabrol Pierre-Frédéric Degon Richard Malterre Florence Puybareau Philippe Richard Jean-Baptiste Su Communication : Fabrice Larrue Toute reproduction, représentation, traduction ou adaptation, qu’elle soit intégrale ou partielle, quel qu’en soit le procédé, le support ou le média, est strictement interdite sans autorisation de l’Association française des éditeurs de logiciels (Afdel), sauf cas prévu par l’article L.122-5 du code de la propriété intellectuelle. Les Cahiers du numérique sont édités par

Association française des éditeurs de logiciels (Afdel) - Association loi 1901 Siège : 11-17, rue de l’Amiral Hamelin 75016 Paris SIRET : 489305367 00018 ©2011 AFDEL - Tous droits réservés Dépôt légal : à parution Imprimé en France Vous souhaitez vous abonner aux Cahiers du numérique : rendez-vous sur le site www.lescahiersdunumerique.fr ou flashez ce code tarif pour un numéro : 45€ / tarif annuel (soit 3 numéros) : 100€ (soit une économie de 35€)

Avantpropos

Avec « Les Cahiers du numérique », nous porterons le débat sur l’innovation au-delà de notre écosystème

À

l’heure du tout numérique et de la convergence des supports, lancer une revue papier pourrait relever d’une idée saugrenue… Et pourtant ! Nous croyons fermement aux vertus et aux atouts du papier… s’il ne fait pas l’impasse, bien entendu, sur une déclinaison numérique. Nos industries vivent une véritable révolution qui est autant portée par l’appétit du public et des professionnels pour de nouveaux usages de l’IT que par des lames de fond technologiques, comme le Cloud computing, qui permettent à ces usages de se concevoir et se réaliser. Mais notre dossier consacré à l’Internet mobile le confirme : cette révolution ne se fait pas sans heurts. Jusqu’à quand nos infrastructures tiendront-elles ? Comment financer leur renouvellement ? Les phénomènes d’intégration verticale et de convergence à l’œuvre dans l’industrie sont-ils à même de garantir la liberté des usages du consommateur ? Toutes ces questions ont besoin d’être débattues et portées au-delà de notre environnement. Institutionnels, politiques, décideurs économiques, citoyens et consommateurs : tous ont le devoir de participer à ces enjeux et aux débats qu’ils suscitent. Une revue répondant à un modèle précis peut porter ce débat au-delà d’un écosystème bien défini, au-delà d’un entre soi, à terme sclérosant. Ce qui rassemble notre communauté doit également être présent dans Les Cahiers. Ce dénominateur commun, c’est, bien entendu, l’innovation. Les pépites, que l’Afdel défend ardemment, auront ici, bien plus qu’ailleurs, leur droit de cité. Les nouveaux modèles économiques seront passés à la loupe, les sociologues, économistes et juristes et, bien sûr, hommes et femmes politiques seront sollicités pour s’exprimer dans les colonnes des Cahiers. Des Cahiers du numérique qui souhaitent rendre compte du numérique dans sa diversité, avec un mot d’ordre : donnons la parole à l’innovation et, par làmême, à la compétitivité de notre économie ! Patrick Bertrand, Président de l’Afdel

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8.

12.

« Aucun gouvernement n’a autant soutenu les PME innovantes du numérique ! » éric Besson, ministre de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique

Quarter Back French cloud et clouds souverains en Europe

Sommaire Numéro 1 /// décembre 2011

06. édito Réconcilier l’état et l’innovation : tout un programme ! 07. I ls ont dit, ils ont twitté, ça a buzzé

Le Grand Entretien

08. « Aucun gouvernement n’a autant soutenu les PME innovantes du numérique ! » éric Besson, ministre de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique

L’essentiel

11. L’événement Les Assises du numérique : Comment éviter que la France creuse son retard ? 12. Quarter Back French cloud et clouds souverains en Europe 15. Best of blogs Quand l’entreprise digère les médias sociaux Par Frédéric Cavazza 16. Cent jours : la France digitale L’Observatoire du numérique voit enfin le jour

La vie des pépites

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18. Kobojo, ITN, Arkoon, Sinequa, SAB 21. Start Up, what’s up Pretty Simple, Mixvibes,Tigerlily

les cahiers du numérique /// numéro 1 /// décembre 2011


28.

36.

Un Business Model à la loupe Les marques à l’assaut du social commerce

le dossier

Zoom World of Warcraft, la génération WoW

22. Décryptage Internet Mobile. La révolution ne fait que commencer ! 25. L’immensité morcelée : le marché de la mobilité est alléchant... mais risqué 26. Investir… Oui, mais comment ? 27. La bataille des brevets est le signe de la nervosité des acteurs

innovation

28. Un Business Model à la loupe Les marques à l’assaut du social commerce 30. Business 2.0 Le chaos organisé : cherche et trouve ! 31. Idées Écouter l’innovation ascendante pour échapper au darwinisme technologique Par Stéphane Hugon, sociologue 32. E-gov Adm’innov : imaginer l’administration électronique de demain 33. Chronique juridique Données personnelles in the Air 34. La parole à l’innovation « Le logiciel, une nouvelle culture pour un industriel » Emmanuel Joumard, directeur domotique et systèmes de contrôle de Somfy

communautés

36. Zoom World of Warcraft, la génération WoW

financement

38. Tendances Les technologies sont-elles immunisées contre la crise ? 40. Bourse Le logiciel français rattrapé par la crise 41. Les échos de la Valley Le « Freemium », nouvelle frontière de l’économie du logiciel 42. Tableau de bord L’essentiel de l’économie du numérique en chiffres

Illustrations iStockphoto

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édito Réconcilier l’état et l’innovation : tout un programme ! « Jamais l’État n’aurait soutenu la création d’un Facebook ou d’un Twitter ! », me confie, dépité, un entrepreneur qui vient de se voir refuser un financement grand emprunt après avoir consacré plusieurs centaines d’heures à en élaborer le dossier… Le Web et le logiciel sont en effet très généralement considérés par l’administration comme incompatibles avec la notion d’« aléas techniques » qui conditionne l’octroi des aides publiques R&D, improprement appelées « aides publiques à l’innovation ». « Le rôle de l’État n’est pas de financer de l’innovation fondée sur de l’ergonomie ou du marketing mais de la R&D, rien de choquant à cela », m’oppose un haut fonctionnaire chargé d’évaluer notre système d’aide. Est-il besoin de l’évaluer ? Enrichi du considérable volet numérique du grand emprunt, il est l’un des mieux dotés dans le monde. Mais fragmenté, opaque, coûteux à instruire et récemment raboté (JEI), tout le monde en convient, ce dispositif se révèle, hélas, peu à même de soutenir les pépites du secteur qui a révolutionné nos vies depuis vingt ans : le numérique.

D. Peraldi

Les économies de rente bousculées par l’innovation Une situation d’autant plus regrettable que le secteur du capital risque perd de l’argent en France et s’est amoindri au profit du capital développement, conférant alors à la Caisse des dépôts un rôle contracyclique devenu crucial pour les PME. En dépit d’initiatives gouvernementales louables depuis 2007 (Loi TEPA, avantage Madelin, FSN-PME), l’épargne des Français reste aussi très majoritairement orientée vers les rentes que procurent l’immobilier ou l’assurance vie... Côté ressources humaines, ces PME innovantes rencontrent des difficultés croissantes à trouver les compétences requises, faute de formations suffisantes et du fait d’une politique migratoire (circulaire Guéant du 31 mai) à bien des égards anti-économique. Beaucoup de pépites ont donc fait le choix de s’expatrier ou d’externaliser tout ou partie de leurs développements... Enfin, bon nombre de nos success stories du Web (Meetic, Priceminister) ou du logiciel (Business Objects, Ilog) passent régulièrement sous bannière étrangère sans que l’État ne sourcille. Dans d’autres domaines du numérique, où l’on dispose de champions historiques (telcos, audiovisuel), ces derniers semblent plutôt subir les révolutions en cours que les susciter ou les accompagner en générant des écosystèmes vertueux dans leur sillage. D’autant que l’État régulateur tend plutôt à prendre fait et cause pour les économies de rente de ces historiques que pour les business models de rupture, qui ont le désavantage de venir de l’Ouest… Cloud computing, Internet mobile, télévision connectée sont déjà en train de changer nos usages, malgré les lignes Maginot que nous dressons et qui empêchent finalement surtout la naissance d’un écosystème innovant. Réconcilier l’État et l’innovation, tout un programme, donc ! loïc Rivière,

Délégué général de l’Afdel

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D. R

le grand entretien

ministre de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique

éric besson

« Aucun gouvernement n’a autant soutenu les PME innovantes du numérique ! » Propos recueillis par Loïc Rivière et Reynald Fléchaux Vous avez inauguré la fonction de ministre en charge du développement du numérique créée par Nicolas Sarkozy. Quel bilan tirez-vous de cette intégration du numérique dans les portefeuilles ministériels ?

Pour la première fois, un membre du gouvernement a été chargé du développement de l’économie numérique en France. Cette volonté du président de la République a conduit à la présentation du Plan France numérique 2012, le 20 octobre 2008. Mon ambition était de placer la France à la pointe de la révolution numérique mondiale. Ce plan comportait plus de 150 mesures opérationnelles. Aujourd’hui, 95 % de ces mesures ont été réalisées ou sont en cours de réalisation. Je voudrais souligner quelques réalisations majeures : tout d’abord, le haut débit pour tous, quel que soit le lieu d’habitation et pour moins de 35 euros par mois équipement compris. Il existe aujourd’hui quatre offres qui sont opérationnelles et qui fournissent ce service sur l’ensemble du territoire. Ensuite, le passage à la télévision numérique terrestre, qui sera achevé le 30 novembre prochain. Tous les Français auront alors basculé vers la télévision numérique et auront accès à 19 chaînes gratuites en qualité numérique pour le son et l’image. Avec la TNT, nous aurons réussi la principale révolution audiovisuelle depuis le passage à la télévision couleur. En outre, le passage au tout numérique a libéré des fréquences qui ont permis le lancement du très haut débit mobile. Avec l’attribution des premières licences 4G le 11 octobre dernier, la France est l’un des premiers pays au monde, avec la Suède, l’Allemagne et les États-Unis, à lancer le très haut débit

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mobile. Les débits disponibles seront multipliés par 50 et de nouveaux services seront développés. Enfin, le plan a conduit à la création du Conseil national du numérique, le 27 avril dernier. Son rôle est d’éclairer le gouvernement et de participer au débat public dans le domaine du numérique. La mise en œuvre du Plan France numérique 2012 a donc permis des réussites majeures au service de tous les Français. Notre rôle est désormais de préparer une nouvelle étape de développement de notre économie numérique et d’affirmer une ambition nouvelle. Tel est l’objectif du Plan France numérique 2020. Vous êtes un « twitto » zélé. Comment percevez-vous l’appétence… et la compétence de vos collègues ministres et élus pour les technologies numériques ?

Le numérique offre une proximité inédite et unique entre les élus et les citoyens. De plus en plus de responsables politiques utilisent les nouveaux réseaux sociaux, comme Twitter. C’est devenu un élément central du fonctionnement de notre démocratie. Pour les Français, Internet est désormais le premier espace public de liberté d’expression et de manifestation des opinions. Pour ma part, je suis depuis longtemps un adepte des smartphones et, depuis le printemps, un « twitto » convaincu et assidu. J’y fais deux tiers de messages sur mon activité politique et un tiers de messages dans lesquels j’interagis directement avec mes followers. C’est un formidable vecteur d’échange et de circulation de l’information. D’ailleurs, on ne pourra pas dire qu’en tant que ministre du Numérique je n’ai pas payé de ma personne pour l’usage des réseaux sociaux…

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Dans le débat sur neutralité du Net, vous avez pu donner le sentiment de défendre le point de vue des opérateurs télécoms face aux acteurs de l’Internet, donnant ainsi l’impression de défendre une position plus « patriotique » que soucieuse de la pérennité du modèle actuel de l’Internet...

Tout d’abord, je voudrais souligner que la neutralité de l’Internet est d’une importance majeure pour les libertés fondamentales, l’innovation et le développement de notre économie numérique. C’est pourquoi, pour la première fois, le gouvernement a mis en place un cadre réglementaire pour assurer la neutralité des réseaux avec la loi du 22 mars 2011. Pour la première fois également, le gouvernement a inscrit la nondiscrimination des flux échangés sur Internet comme objectif dans la loi. Le cadre réglementaire que nous avons adopté est à la fois ambitieux et pragmatique : il protège la concurrence et les utilisateurs d’Internet sans freiner ni l’innovation, ni l’investissement dans les réseaux. C’est grâce à ce cadre réglementaire que nous pourrons garantir la pérennité d’un Internet libre, ouvert et non saturé. Le rapport Maurey pointe sévèrement nos défaillances dans la gouvernance française de la fibre. Partagez-vous ce constat ?

Non, je ne partage pas ce constat. Et je voudrais y répondre en deux points. Premièrement, la majorité des propositions contenues dans ce rapport ont déjà été mises en œuvre. En voici quelques exemples : le gouvernement a mobilisé un investissement majeur de 2 milliards d’euros pour éviter toute fracture numérique entre les territoires. Les collectivités locales ont un rôle essentiel à jouer dans l’aménagement numérique de nos territoires, et le soutien financier de l’État sera important. Le gouvernement a mis en place des commissions régionales pour l’aménagement numérique du territoire, qui réunissent collectivités et opérateurs sous l’égide des préfets. Les services de l’État, centraux et déconcentrés, sont entièrement mobilisés pour accompagner les collectivités dans leurs projets. Deuxièmement, le rapport d’Hervé Maurey ne préconise pas de concentrer l’investissement public sur les zones où il y a une carence d’investissement, mais de le développer également dans les zones où les opérateurs privés déploieront leurs réseaux. Il s’agit d’une erreur pour au moins trois raisons. C’est incompatible avec le cadre européen qui régit les aides d’État. Or, ces règles ont été adoptées à l’unanimité des vingt-sept États membres. Elles interdisent de subventionner sur fonds publics des projets concurrents de projets privés existants. C’est un principe essentiel, car aucune entreprise privée n’investira si elle est menacée par la concurrence d’un projet bénéficiant d’aides publiques. Cela conduira à la duplication des réseaux, puisque des projets publics et des projets privés seront menés en parallèle. Le coût sera donc largement supérieur aux 25 milliards d’euros prévus. Si l’on souhaite éviter cette duplication, il faudrait remettre en cause la liberté d’installation des réseaux, qui est inscrite dans la loi, et empêcher le déploiement de réseaux par les opérateurs. Interdire l’investissement privé pour préserver des projets publics est contraire à tous les principes de notre économie. Je souhaite vous alerter sur les risques d’un modèle de déploiement du réseau entièrement public : rappelons-nous l’échec du Plan câble ou celui du Minitel, qui n’était ouvert ni à

la concurrence, ni à l’innovation. Or, c’est précisément l’ouverture à la concurrence et une régulation avisée qui ont permis l’essor de l’Internet haut débit, en France comme partout dans le monde. L’ensemble du cadre réglementaire et financier est aujourd’hui en place pour le déploiement du très haut débit en France. Nous bénéficions d’ores et déjà des premières retombées de ce programme : le FTTH Council a identifié la France comme le pays européen où le nombre d’abonnés au très haut débit a le plus progressé, avec 550 000 abonnés et une croissance de 50 % par an. La France est le premier pays européen en termes de foyers éligibles au très haut débit, avec plus de 5 millions de foyers éligibles. Ces chiffres doivent nous encourager à poursuivre nos efforts, afin que la France et l’ensemble de ses territoires entrent de plain-pied dans l’ère du très haut débit.

L’ensemble du cadre réglementaire et financier est en place pour le déploiement du très haut débit en France L’industrie française du logiciel est reconnue pour sa créativité. Mais les champions français sont passés l’un après l’autre sous bannière étrangère ces cinq dernières années. N’est-ce pas un problème critique pour notre écosystème de l’innovation ?

L’industrie française du logiciel a connu de formidables réussites au cours des dernières années, grâce aux compétences mondialement reconnues de nos informaticiens. Les 100 premiers éditeurs français de logiciels représentent ainsi un chiffre d’affaires annuel de 4,7 milliards d’euros et une croissance de 16 % sur un an. Pour ces entreprises, la mondialisation représente de formidables opportunités. Dassault Systèmes est ainsi devenue la troisième entreprise européenne dans l’édition de logiciels, grâce à l’ouverture des marchés étrangers. Exalead est devenu en quelques années un leader mondial des applications de recherche pour entreprise. Faire le choix de la démondialisation serait une erreur. Cela conduirait à interdire à nos entreprises de remporter des marchés à l’étranger. Comment pourrions-nous, nous qui sommes quatrième exportateur mondial et qui tirons beaucoup d’emplois de l’exportation, plaider pour la recréation de lignes Maginot ? Au contraire, l’action du gouvernement est pragmatique et vise à donner les meilleures chances aux entreprises de logiciels. Ainsi, le gouvernement a engagé les actions suivantes depuis 2007 : la création du fonds national d’amorçage. Ce fonds de 400 millions d’euros va garantir l’émergence des PME les plus innovantes et soutenir leur croissance ; la création du fonds stratégique d’investissement (FSI) : doté de 20 milliards d’euros, ce fonds prend des participations dans des entreprises porteuses de croissance et de compétitivité pour l’économie française ; enfin, le lancement des investissements d’avenir, avec plusieurs dizaines de millions d’euros consacrées à la R&D en matière de cloud computing, ainsi que le lancement d’un fonds d’investissement de 1,4 milliard d’euros.

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le grand entretien

Il y a un véritable clivage entre la droite et la gauche en termes d’ambition numérique

Êtes-vous satisfait du succès du volet numérique du grand emprunt ?

Le gouvernement a engagé, avec les investissements d’avenir, un effort absolument inédit de financement de notre économie numérique. 4,5 milliards d’euros sont mobilisés pour accélérer le déploiement du très haut débit et inventer les nouveaux usages numériques : le cloud computing, l’e-éducation, l’esanté, la nanoélectronique, etc. Grâce aux investissements d’avenir, nous n’avons pas seulement réalisé les engagements du Plan France numérique 2012, mais sur certains points nous les avons dépassés. L’open data peut-il rénover la relation entre les administrés et les collectivités publiques ?

L’ouverture des données publiques (l’open data) a deux objectifs : renforcer la transparence sur les données collectées par les administrations et rapprocher le service public de l’usager ; permettre, à partir de ces données, le développement de nouveaux services pour la vie quotidienne de nos concitoyens, en particulier de nouvelles applications mobiles. L’open data est donc un moyen d’enrichir le fonctionnement de notre démocratie et d’utiliser le numérique pour impliquer nos concitoyens dans l’élaboration des politiques publiques. Dans de très nombreux secteurs d’activité, les administrations de l’État et les grands établissements publics collectent un grand nombre de données et en conservent l’usage. J’ai demandé aux services de mon ministère et aux établissements publics qui en dépendent de s’engager activement dans cette démarche et d’ouvrir la plus grande quantité possible de données. Comme le prévoyait le Plan France numérique 2012, le gouvernement ouvrira en décembre le portail interministériel www.data.gouv.fr, pour mettre à disposition les données publiques. Je m’en félicite. À travers la mise en cause des dispositifs JEI et CIR, les PME ont eu l’impression d’être injustement pointées du doigt dans le cadre du débat sur les niches fiscales. Que répondez-vous ?

Je réponds qu’aucun gouvernement n’a autant soutenu les PME innovantes du numérique. Depuis 2007, le gouvernement a adopté des mesures majeures en faveur de ces entreprises : le crédit impôt recherche (CIR) a été triplé en deux

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ans, pour un montant total de 4,7 milliards d’euros en 2009. Oséo n’a jamais autant investi dans le secteur du numérique : 1 122 projets, provenant majoritairement de PME, ont été accompagnés en 2010. Cela représente un montant total d’aides de 158 millions d’euros. Le CNN a fêté le mois dernier ses six mois d’activité. A-t-il trouvé sa place et sa légitimité ?

Le Conseil national du numérique (CNN) a pour mission d’éclairer le gouvernement et de participer au débat public dans le domaine du numérique. Il peut être consulté par les pouvoirs publics sur tout projet de disposition législative ou réglementaire susceptible d’avoir un impact sur l’économie numérique. Il peut également formuler des recommandations en faveur du développement de l’économie numérique en France. Depuis son installation par le président de la République en avril dernier, j’ai consulté le CNN sur l’ensemble des textes qui touchaient le numérique : transposition du « paquet télécom », projet de loi relatif à la protection des consommateurs, décrets d’application, etc. Ses avis ont permis, à l’instar des avis rendus par la CNIL ou l’Arcep, d’enrichir ces textes. Le CNN a un rôle essentiel pour mieux faire comprendre les enjeux du numérique à nos concitoyens et aux pouvoirs publics. Il a toute sa place pour aider le gouvernement à tirer tous les bénéfices du numérique. La campagne présidentielle est lancée. Selon vous, y at-il une politique du numérique de droite et une politique de gauche ?

Oui, il y a un véritable clivage en termes d’ambition numérique. Le projet du PS est archaïque : tout d’abord, il repose sur la création d’une taxe pour l’accès à Internet. Évaluée à un euro par accès par mois, elle pourrait en réalité s’élever à 4 ou 5 euros par mois pour compenser la dépénalisation du téléchargement de musique sur Internet. Ensuite, le PS veut également abolir Hadopi et créer une licence globale. Cette proposition n’a été retenue nulle part dans le monde. Ce serait la fin du droit d’auteur au pays de l’exception culturelle ! Enfin, le PS propose la création d’un opérateur public unique pour très haut débit fixe, mais aussi pour le mobile. Il n’a toujours pas compris que l’ouverture à la concurrence est le facteur clé du déploiement du haut débit en France et de la croissance de notre économie numérique.

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l’événement

Les Assises du numérique :

Comment éviter que la France creuse son retard ? Un constat alarmant : la France recule dans le classement des puissances technologiques. Pourtant, les initiatives se multiplient, et les aides sont là. Pistes à suivre aux Assises du numérique pour relever le défi. par Florence Puybareau l y a quelques mois, l’Institut Montaigne, l’un des principaux think tanks français, tirait la sonnette d’alarme : « Notre pays ne pourra pas conserver son rang de puissance économique s’il ne fait pas un effort important pour rattraper son retard dans le domaine du numérique. Investir dans le numérique est une condition sine qua non pour restaurer la compétitivité, créer de la richesse et des emplois. » Cette réflexion faisait suite à un rapport du FMI estimant que la France avait perdu cinq places dans le classement mondial des puissances numériques, entre 2009 et 2010. Le constat est sévère car, en quelques années, la situation a beaucoup évolué et les initiatives se sont multipliées : crédit impôt recherche, pôles de compétitivité, investissements d’avenir avec 4,5 milliards d’euros pour le numérique… Les 4èmes Assises du numérique, qui se tiennent à Paris le 30 novembre, sont l’occasion d’aborder ce lien entre compétitivité et numérique. Cette question se lit en filigrane dans le plan France numérique 2020, que dévoile Éric Besson, le ministre de l’économie numérique, lors de ces Assises. Lancé en juin dernier, ce plan s’articule autour de quatre priorités stratégiques : permettre à tous les Français d’accéder aux réseaux et aux services numériques ; développer la production et l’offre de contenus numériques ; accroître et diversifier les usages et les services numériques dans les entreprises, les administrations et chez les particuliers ; enfin, moderniser la gouvernance de l’économie numérique.

La complexité des aides, frein au développement des start-up

Les différents types de régimes d’aides (subventions, crédits d’impôt, exonérations de charges, etc.) et les différents interlocuteurs en présence rendent en effet le système français opaque. Pour une start-up, les questions sont récurrentes : quelles sont les aides ? À qui s’adresser ? Comment mettre en avant son savoir-faire technologique ? Comment trouver un partenaire ? Pas facile de s’y retrouver. Près de 7 000 aides sont recensées, entre celles de l’Europe, de l’État et des collectivités locales ! Pour une jeune pousse comme Nomalys, spécialisée dans les solutions de CRM pour plateformes mobiles, trouver le bon interlocuteur et le bon financement relève parfois du parcours du combattant : « Le système d’aide en France est très compliqué. Les dossiers sont difficiles à lire et à remplir. Cette complexité est un frein pour le développement des start-up », regrette Fabrice Jarry, son P.D.G. Parmi les critères pénalisants fréquemment soulevés : un périmètre technique d’éligibilité restrictif, l’aspect collaboratif, qui impose de trouver un laboratoire partenaire, le niveau élevé des tickets d’entrée peu adapté aux petites PME… autant de facteurs qui viennent aggraver la complexité du système. C’est pourquoi si, comme le note l’Institut Montaigne, « le retard qu’a pris notre pays peut encore être comblé », il est urgent de ne pas attendre, afin d’adapter le soutien de l’innovation aux nouveaux enjeux de ce siècle numérique.

Trois questions à... Serge Pilicer, président fondateur des Assises du numérique Quelle est la vocation des Assises ?

Les Assises du numérique, dont nous organisons la quatrième édition cette année, sont nées dans la foulée du Plan France numérique 2012, lancé par Éric Besson en 2008. Cette manifestation a pour objectif de se positionner comme le rendez-vous des décideurs privés et publics dunumérique, tous sujets confondus (territoire, innovation, santé, compétitivité, croissance, etc.).

Qu’est ce qui différencie les Assises des autres manifestations consacrées au numérique ?

Il y a en effet beaucoup de colloques où l’on parle du numérique, mais il n’y a qu’aux Assises que l’on fait des points bilanciels. C’est une plateforme d’échanges et de mutualisation qui porte le message de fond de France numérique 2012, puis 2020.

D. R

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Une seule journée pour tant de sujets, est-ce suffisant ?

En 2012, nous allons faire évoluer le format. Les Assises se dérouleront sur deux jours, dont une journée de groupes de travail. Cela nous permettra d’aborder certains sujets sous des angles plus techniques.

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quarter back

French Cloud et clouds souverains en Europe La Commission européenne en est convaincue : entreprises et citoyens européens ont besoin d’infrastructures informatiques en nuage auxquelles ils puissent confier leurs données avec la certitude qu’elles seront protégées des cyber attaques. Pour réussir, les systèmes d’information devront s’appuyer sur les écosystèmes industriels existants. par Guillaume Barrière À côté des infrastructures de cloud computing développées par les grands fournisseurs pour les particuliers et les entreprises et dont le cadre législatif est voué à se préciser (voir page 33), la France, avec le projet Andromède, et d’autres États européens (Danemark, Pays-Bas) ont souhaité s’engager dans la construction de Governement Clouds pour l’hébergement des données stratégiques et souveraines. Au niveau de l’Union européenne, le Parlement a saisi la Commission cet été, afin de revoir la directive sur la protection des données datant de 1995 et de l’adapter aux craintes que fait peser l’extra-territorialité intrinsèque au cloud computing. En mai 2010, dans son Digital Agenda, la Commission européenne avait déjà clairement affiché son ambition de définir une stratégie commune pour les États membres en matière de cloud computing. Avec le projet Andromède, la France assume deux de ses missions stratégiques. Tout d’abord, celle de la protection des biens et des personnes attachés à notre territoire. Ensuite, en soutenant ce chantier d’infrastructures pour l’avenir, l’État joue également son rôle d’investisseur économique à long terme et de fédérateur des initiatives privées. Puisés dans les 4,5 milliards d’euros consacrés au numérique dans le cadre du grand emprunt national de 2010, les 135 millions d’euros d’argent public investis dans Andromède devraient permettre à Orange Business Services, à Dassault Systèmes et à Thales d’unir leurs compétences et leurs forces dans ce projet stratégique. Enfin, si les gouvernements perçoivent dans le cloud un enjeu de sécurité nationale et de développement de l’économie numérique, ils n’en oublient pas pour autant leurs propres budgets. L’administration elle-même voit en effet dans le cloud un moyen de réduire ses coûts via la mutualisation des infrastructures, voire des applicatifs, et d’aligner ses politiques de sécurité. C’est par exemple la démarche dans laquelle se sont engagés le Royaume-Uni (stratégie G-Cloud) et le gouvernement catalan. Une stratégie qui ne pourrait pas

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Le cloud au sein des administrations européennes Adoption en cours : 30 % Adoption planifiée : 28 % Aucun plan en la matière : 23 Ne sait pas : 19 %

%

Source : IDC, novembre 2011

se concevoir en France sans s’appuyer sur l’écosystème d’éditeurs travaillant déjà avec les administrations, sauf à créer des systèmes d’information étatiques déconnectés du rythme de l’innovation… Les premiers chiffres donnés par le gouvernement fédéral américain (premier budget IT dans le monde, 80 milliards d’euros), un pionnier en la matière, ont, il est vrai, de quoi motiver les administrations soucieuses d’économies : via leur stratégie cloud, les États-Unis comptent supprimer pas moins de 800 centres de calcul servant les besoins de leur propre administration.

les cahiers du numérique /// numéro 1 /// décembre 2011


en bref Google + Motorola : quel est le plan secret ? D’ici le début de l’année prochaine, Google versera 12,5 milliards de dollars aux actionnaires de Motorola Mobility, afin de prendre le contrôle d’une entreprise qui perd de l’argent depuis quatre ans. Depuis l’annonce de ce rachat, en août dernier, impossible de trouver une analyse consensuelle pour expliquer cette acquisition surprise. Certains avancent que Google s’intéresse aux brevets de Motorola pour renforcer la position de son système d’exploitation Android face à Apple et Microsoft, qui brandissent les leurs devant les tribu-

naux. D’autres supposent que Google veut un constructeur de référence pour Android… Au risque de froisser ses actuels partenaires. La DiSIc fait l’inventaire des centres de calcul de l’administration Créée par décret à la fin février 2010, la Disic (Direction interministérielle des systèmes d’information et de communication) vient d’achever le recensement des salles informatiques de l’État, susceptibles d’être optimisées dans les années à venir. Elles sont au nombre de cent vingt-huit. C’est sur cette infras-

tructure que devraient se concentrer les efforts de la Disic, à qui a été confiée une mission d’élaboration et de pilotage de la stratégie globale du système d’information de l’État sur fond de mutualisation. Considérée par certains comme une DSI (direction des systèmes d’information) en raison de sa mission et par d’autres comme un simple organisme de coordination, étant donné que les budgets informatiques restent attachés à chaque ministère, la Disic doit fixer sa stratégie de mutualisation d’ici à la fin de l’année. Avant de définir un schéma cible de mutualisation interministérielle.

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Corbis

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quarter back

« Les systèmes d’information sont en danger » Patrick Pailloux, directeur général de l’ANSSI, tire la sonnette d’alarme : « les systèmes d’information des entreprises françaises sont en danger. » En clôture de l’édition 2011 des Assises de la sécurité et des systèmes d’information, le patron de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information a instamment invité les responsables informatiques à revenir aux fondamentaux de la sécurité. À l’entendre, le niveau de protection actuel s’apparente plus à un cache-sexe ou à une ligne Maginot qu’à un système de défense en profondeur. Ce que celui-ci devrait pourtant être, en ces temps de cyber guerre économique exacerbée. L’actualité officielle des derniers mois lui donne raison. En janvier dernier, le Minefi a été victime d’une attaque d’espionnage informatique, au cours de laquelle 150 ordinateurs ont été pillés des informations qu’ils contenaient concernant la préparation du G20 présidé par la France. En mars, Areva, une des entreprises françaises les plus sensibles, a découvert que son SI était poreux depuis deux ans. Deux exemples qui illustrent l’inefficacité des systèmes de sécurité mis en place… et le perfectionnement des techniques des assaillants. Cette sensibilisation fait suite à l’obligation légale, depuis août dernier, de notifier une faille de sécurité. Cette ordonnance est la transposition dans le droit français d’une directive européenne datant de 2008.

Le FSI entre au capital de Bull Le Fonds stratégique d’investissement (FSI), détenu par la Caisse des dépôts et l’État, devient un actionnaire de référence du groupe Bull, en prenant plus de 5 % du capital du constructeur français (soit un investissement d’environ 25 millions d’euros). Le FSI devient ainsi le troisième actionnaire de référence de la société, derrière Crescendo (la holding du P.D.G. du constructeur Philippe Vannier, qui contrôle 22 % de Bull) et France Télécom (8%). Conformément à sa pratique,

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le FSI souhaite s’associer à la gouvernance de la société et a demandé la nomination d’un administrateur. Bull a réalisé en 2010 un chiffre d’affaires de plus de 1,2 milliard d’euros, dont près de 50 % à l’international. Le groupe emploie environ 8 600 salariés. La société est présente sur des segments stratégiques, comme la sécurité, le calcul haute performance ou le cloud. Sur ce dernier créneau, Bull a lancé le projet Numinnov, dédié au calcul intensif et présenté dans le cadre du programme investissements d’avenir.

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HP se cherche une nouvelle stratégie… avec le PC Ecarté de la direction de SAP en février 2011 après avoir travaillé chez l’éditeur pendant vingt-trois ans, Leo Apotheker a quitté celle de HP après seulement onze mois. Il est remplacé par Meg Whitman. Cette femme, qui fut à la tête d’Ebay pendant dix ans, récupère un géant (126 milliards de dollars de chiffre d’affaires) qui a vu s’évaporer près de la moitié de sa valeur en Bourse en quelques mois. Sous l’impulsion de son prédécesseur, le premier constructeur mondial a réorienté brutalement sa stratégie vers le logiciel. Il a acheté pour 10,3 milliards de dollars l’éditeur britannique Autonomy, spécialiste de l’indexation de données en entreprise. Mais ses plans pour se séparer de l’activité micro-informatique, un des socles du groupe, n’ont pas convaincu. Symboliquement, Meg Whitman est d’ailleurs rapidement revenue sur la décision de Leo Apotheker : l’activité micro-informatique demeure donc bien au sein du groupe. Mais la nouvelle stratégie du géant californien reste à écrire. D’autant que cet épisode a laissé des traces. « Nous avons semé la confusion dans le marché », a reconnu Meg Whitman devant les analystes. Après le Japon, la Thaïlande : l’IT à nouveau menacée de pénurie Après les difficultés d’approvisionnement en semi-conducteurs ayant ébranlé l’économie numérique à la suite du tsunami de mars dernier au Japon, doit-on s’attendre à une pénurie de disques durs ? L’inquiétude grandit du fait des inondations qui ont touché finjuillet la Thaïlande, un pays qui assemble près de la moitié des disques durs vendus dans le monde. Interrogé par le magazine américain CNet, un analyste du cabinet Piper Jaffray estime que les effets de cette pénurie se font sentir depuis la fin novembre. Selon lui, la demande de disques durs atteindra 180 millions d’unités au quatrième trimestre, mais l’industrie ne sera capable d’en livrer qu’entre 100 et 120 millions. Citant les impacts des inondations en Thaïlande, les analystes de la banque Barclays ont d’ailleurs revu à la baisse leurs perspectives de croissance du marché du PC en cette fin d’année (de 7,2 à 4,3 %). Et la pénurie devrait encore se renforcer au début de 2012. Piper Jaffray juge qu’au total, le phénomène réduira les ventes de PC de 10 à 20 millions d’unités sur les trimestres qui viennent.


best of blog

Lu sur le blog http://www.entreprise20.fr/

Quand l’entreprise digère les médias sociaux Ne l’appelez plus entreprise 2.0 mais entreprise sociale (rien à voir avec l’acception couramment admise en France). Le blogueur Frédéric Cavazza décrypte les enjeux de ce chantier titanesque.

V

oilà plus de quatre ans que nous parlons de l’entreprise 2.0. En quatre années, cette notion a eu le temps d’évoluer et de succomber à la vague sociale. Tout comme nous avons remplacé Web 2.0 par médias sociaux, l’entreprise 2.0 est maintenant reconnue comme l’entreprise sociale. Il n’existe pas de définition communément admise, mais on peut décrire une entreprise sociale comme une organisation ayant mis en œuvre les outils, processus et modèles de gouvernance permettant de maximiser sa performance au travers d’interactions sociales entre collaborateurs, partenaires, clients et prospects. Pour vous aider à y voir plus clair, je vous propose de décrypter la notion de social enterprise au travers de trois prismes : celui des métiers, celui du système d’information (SI) et celui de l’organisation.

fonctionne dans les deux sens : une hiérarchie à l’écoute, mais des collaborateurs volontaires et autonomes. (Données + applications + collaborateurs + clients + …) X social

Ces trois visions vous donnent donc une idée un peu plus précise du grand ensemble qu’englobe l’entreprise sociale. Il s’agit bien d’une vision stratosphérique incluant l’information, les savoirs, les données, les applications, les processus et l’ensemble des participants (collaborateurs, partenaires, clients, prospects…). Cette métavision convergente est très bien décrite par Dion Hinchcliffe (voir ci-dessous). Les chantiers qu’induisent les transformations nécessaires sont titanesques mais, au final, tout le monde sera bénéficiaire de cette fameuse couche sociale étendue, qui vise à rendre l’entreprise plus performante, plus agile, plus intelligente.

1. Un décloisonnement des métiers

2. Un SI plus ouvert et modulaire

Il est quasiment impossible d’envisager une modification profonde de l’entreprise sans impact sur le SI. La vision la plus holistique de l’entreprise sociale se traduit par un découpage du SI en trois couches logiques : la couche sociale, qui héberge les interactions sociales avec les clients/prospects, ainsi que les employés ; la couche applicative avec l’ensemble des applications métiers et génériques ; la couche de données (internes et externes). De plus, le fait d’héberger les données dans les nuages est un atout pour garantir leur disponibilité auprès des différentes applications métier et sociales.

bio express fréderic cavazza

T. Plaire

Puisque l’entreprise sociale mobilise à la fois les collaborateurs, partenaires, clients et prospects, elle est forcément cousine de la notion de social business. L’entreprise sociale s’inscrit dans cette logique, car elle exploite le levier social auprès, d’une part, des clients et prospects (social CRM), d’autre part, des collaborateurs et partenaires (social intranet).

1997

Première confrontation avec le Web dans un cadre professionnel.

2001

Premier licenciement. Il y trouve la motivation pour prendre sa carrière en main et construire sa marque personnelle.

2003 2011

Ouverture de son premier blog FredCavazza.net.

Ouverture de son neuvième blog http://blogs.forbes.com/fredcavazza/

3. Une organisation centrée sur les collaborateurs

Dernière possibilité d’aborder l’entreprise sociale : le point de vue de l’organisation et des RH. Point d’entreprise sociale sans une gestion plus aboutie des équipes que la traditionnelle pyramide hiérarchique. À ce sujet, notons que cette approche

En savoir plus Lire l’article de Dion Hinchcliffe Converging on the Social Enterprise sur http://www.dachisgroup.com/2011/09/converging-on-the-social-enterprise/

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cent jours : la france digitale

L’observatoire du numérique voit enfin le jour

D. R

Une petite révolution dans le monde de la statistique et de l’analyse de l’économie numérique s’est produite, le 28 novembre dernier, avec la création de l’Observatoire du numérique. Cette initiative, portée par Jean Mounet et Guy Roussel, dans le cadre du Comité de la filière STIC installé par le ministre de l’économie numérique, est placée sous la bienveillance de la DGCIS (Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services). Cet observatoire économique devra « fournir aux pouvoirs publics, aux décideurs économiques et, plus généralement, au public une information régulière sur l’état et l’évolution des secteurs du numérique et sur la diffusion des technologies numériques dans l’économie et la société ». La création de cet Observatoire est une première en Europe et s’inscrit dans les actions menées au titre du Plan France numérique 2012, piloté par le ministre en charge de l’Industrie et de l’économie du numérique, Éric Besson. Fruit de plusieurs mois de travail du comité de filière, cet Observatoire était appelé de leurs vœux par les acteurs économiques depuis de nombreuses années. L’enjeu pour l’Observatoire réside dans la géométrie variable de l’économie numérique et dans les attentes d’un secteur en manque de données fiables, du fait de leur multiplicité (OCDE, Insee, EITO, Arcep…) et de leur caractère souvent contradictoire ou incomplet (manque de comparaisons internationales, prise en compte de critères comme la RSE, les bassins d’emplois, etc.). Doté d’une gouvernance à deux voix entre les pouvoirs publics et les organisations professionnelles, l’Observatoire du numérique publiera un bulletin trimestriel d’information, mettra en ligne les chiffres clés de l’économie numérique et organisera une conférence annuelle sur l’évolution du secteur.

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Jean Mounet Vice-président de Sopra Group

les cahiers du numérique /// numéro 1 /// décembre 2011

la Fibre : on l’a ou on ne l’a pas ? Plusieurs nouvelles automnales viennent donner un peu de souffle au Plan national très haut débit (PNTHD) du gouvernement qui vise une couverture en très haut débit de 70 % de la population en 2020, et de 100 % en 2025. La Commission européenne a pris la décision de débloquer 9,2 milliards d’euros pour favoriser le développement des infrastructures numériques en Europe et a autorisé l’octroi d’une aide publique française de 750 millions d’euros, prévue dans le grand emprunt pour le déploiement des réseaux très haut débit en France, ce qui devrait permettre le déploiement de réseaux d’initiative publique (RIP) dans les zones rurales dites moins denses. Le développement de ces réseaux est toutefois conditionné à l’absence de projets de déploiement de la part des opérateurs privés. Une caractéristique de la gouvernance du PNTHD français : les déclarations d’intention d’investissement des opérateurs, même à dix ans, conditionnent les projets d’investissement des collectivités locales... Cette approche est dénoncée dans le rapport du sénateur Hervé Maurey qui y voit un frein pour le déploiement du très haut débit en France, alors que d’autres pays, comme la Finlande ou l’Australie, ont fait le choix d’une participation active des opérateurs publics. Ces pays font partie de ceux au sein desquels le taux de couverture très haut débit est en très forte progression. L’enjeu est de taille car rappelons que le THD permettra de meilleurs services pour les publics (IPTV haute définition, TV 3D, applications de e-santé, e-éducation, e-administration, etc.) et pour les entreprises via les déclinaisons du cloud computing. L’open data obtient sa licence La publication du régime de la « licence ouverte / Open Licence » est un pas de plus dans la mise à disposition des données publiques. Ce régime est très ouvert, en conformité avec la nature même de l’Open Data. Les informations publiques mises à disposition pourront être réutilisées, reproduites, diffusées, et exploitées commercialement très librement et gratuitement. La seule contrainte réside dans la mention de la source de l’information. De nature internationale, cette licence est notamment compatible avec les licences Open Government Licence (OGL) du RoyaumeUni, Creative Commons Attribution 2.0


(CC-BY 2.0) de Creative Commons et Open Data Commons Attribution (ODCBY) de l’OpenKnowledge Foundation. Lifting parlementaire en vue pour le statut du Jeu vidéo Au printemps dernier, Patrice MartinLalande, député UMP du Loir-et-Cher, a été chargé par le Premier ministre François Fillon d’une mission sur l’important sujet du statut juridique du jeu vidéo. Inquiet de ce que « l’absence de régime juridique spécifique » du jeu vidéo soit « source d’incertitude pour les entreprises du secteur » et désireux de « favoriser la diversité de la création française et la vitalité de l’industrie » vidéoludique, le Premier ministre a confié au député la mission de « formuler des propositions permettant de sécuriser le cadre juridique du jeu vidéo ». Actuellement en cours, sa mission s’inscrit dans un contexte de très forte concurrence internationale pour le secteur et de profondes mutations des marchés du jeu vidéo. Dans ce contexte, l’écosystème législatif et réglementaire joue un rôle déterminant dans la capacité des producteurs de jeux vidéo à concurrencer leurs homologues situés aux quatre coins du monde. Le régime juridique du jeu vidéo aujourd’hui applicable en France est tiré du droit d’auteur et d’une succession d’interprétations jurisprudentielles contradictoires, créant ainsi une très forte insécurité juridique pour les producteurs français de contenus. A contrario, les législations auxquelles sont soumises les entreprises concurrentes des sociétés françaises sont

la plupart du temps très favorables au développement du jeu vidéo sur leur territoire. L’objectif de cette mission parlementaire est de permettre l’adaptation de la législation actuelle à ce contexte et aux évolutions futures, dans le respect des principes du droit français et des contraintes communautaires. Le député Patrice Martin-Lalande devrait remettre son rapport au Premier ministre en décembre, avec comme objectif de préconiser une adaptation du droit actuel, afin de favoriser le développement de la première industrie culturelle dans notre pays. Data protection : l’Europe revoit sa copie de 1995 Tandis que l’Inde vient de se doter d’un nouvel arsenal juridique relatif à la protection des données, l’Union européenne et les États-Unis discutent de la révision de leur régime de protection. Du côté des autorités américaines, le Congrès examine plusieurs lois qui pourraient faire passer le pays de son système sectoriel actuel à un cadre plus global. En Europe, la Commission européenne a entamé le processus de révision de la directive 95/46 relative à la protection des données depuis un an. Cette directive définit les conditions générales de licéité des traitements de données personnelles et les droits des personnes dont les données font l’objet d’un traitement. La directive de 1995 avait notamment donné lieu à l’accord Safe Harbour avec les États-Unis pour encadrer le transfert de données à caractère personnel.

Cet accord est aujourd’hui critiqué car il consiste en une série de principes que 2 850 entreprises américaines s’engagent à respecter sur une base volontaire. La proposition de révision de la directive de 1995 devrait intervenir au début de 2012 et pourrait affecter les conditions de l’accord Safe Harbour si de nouvelles notions comme le droit à l’oubli ou le droit à la vie privée dès la conception (by design) étaient adoptées. Régime prorogé pour la copie privée Le régime de la rémunération pour copie privée va connaître des aménagements, à la suite de plusieurs décisions du Conseil d’État. Ce système a été créé il y a vingt-cinq ans, afin de rémunérer les artistes dont les œuvres étaient copiées sur des supports légaux (cassettes audio, VHS, puis DVD), postérieurement à leur mise sur le marché. Le législateur va préciser le champ d’application de la rémunération pour copie privée. La loi prévoira ainsi que la rémunération pour copie privée ne pourra servir qu’à compenser les « copies réalisées à partir d’une source acquise licitement » et exclura les supports d’enregistrement acquis notamment à des fins professionnelles du champ de cette rémunération. La loi devrait en outre comporter un volet pédagogique pour le consommateur en faisant mention du montant de la rémunération versée à l’ayant droit.

télex___________________________________________________________________________________________________ Le Conseil national du numérique a fêté ses six mois d’existence, le 26 octobre 2011 – Mise en ligne du portail data.gouv.fr en décembre 2011 – Une nouvelle instruction sur le CIR est en préparation à Bercy – TNT : la norme de diffusion DVB-T2 sera généralisée en 2015 et demandera à changer d’équipement – Annonce de la création d’une semaine dédiée au numérique et d’un forum de la compétitivité du secteur du numérique par le président de la République – Le 4e colloque Nouveau Monde aura lieu le 5 et 6 janvier 2012, sous la présidence d’Éric Besson – Isabelle Falque-Pierrotin remplace Alex Türk à la tête de la CNIL – Vente liée : la Cour de cassation a précisé le 6 octobre dernier l’existence d’une obligation d’information du prix d’un logiciel indépendamment de celui de son support – Deux femmes, Meg Withman et Virginia Rometty, prennent respectivement la tête des géants de l’informatique HP et IBM Pascal Buffart devient président du Cigref – La FIEEC crée un fonds d’investissement, le FIMIEEC – Fleur Pellerin, nommée conseillère de François Hollande pour le numérique.

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La vie des pépites

par Philippe Richard

futur numéro un européen des jeux sociaux ? Créée en 2008, cette start-up se développe à l’international et prépare des jeux multiplateformes.

L

e grand public ne connaît certainement pas son nom. Mais tout le monde ou presque a déjà joué à l’un de ses jeux sur Facebook, et notamment à PyramidVille. En trois ans, Kobojo s’est imposé comme un acteur incontournable du social gaming en Europe et en France. Après avoir commencé avec les jeux Petites questions entre amis puis Goobox, la société, fondée par quatre anciens de l’Epita, dont un vainqueur de l’Imagine Cup (Vincent Vergonjeanne), a installé sa notoriété avec PyramidVille. Le titre a séduit des millions d’internautes sur Facebook. Comme de nombreux jeux sur les réseaux sociaux, le modèle économique de PyramidVille repose sur les achats de biens virtuels permettant aux joueurs de progresser plus vite. En avril 2011, la société a franchi une nouvelle étape dans son développement en réalisant sa première levée de fonds d’un montant total de 5,3 millions d’euros auprès d’Endeavour Vision, en tant qu’investisseur principal, et d’IDinvest Partners. Cette opération vise un double objectif. Premièrement, assurer le développement à l’international. Deuxièmement, rester compétitif face aux poids lourds nord-américains, et notamment Zynga, en développant de nouveaux jeux offrant une expérience utilisateur de qualité.

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Pour relever ce double défi, Kobojo mène une stratégie très habile. Plutôt que d’affronter les autres éditeurs en frontal sur le marché américain, la société française se concentre sur des marchés plus fragmentés en termes d’audience (à savoir l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie, l’Amérique du Sud et bien sûr la France), qui représentent ensemble une base d’utilisateurs sousexploitée de premier ordre. C’est la raison pour laquelle la start-up a ouvert en septembre dernier un premier bureau en Espagne où travaillent une dizaine de personnes, portant l’effectif total de 15 salariés, en janvier 2011, à 80 salariés. À la différence de Zynga, qui se contente de traduire ses productions, Kobojo s’efforce de les localiser en fournissant du contenu adapté à la culture et aux codes d’un pays. Par exemple, un jeu comme PyramidVille pourrait très bien s’appeler Mayaville en Espagne, en changeant seulement une partie du contenu et en conservant les mécaniques de jeu. La filiale espagnole se focalise d’ailleurs sur l’adaptation et la monétisation des jeux maison. Cette adaptation aux particularités locales est facilitée par le moteur de jeu conçu en interne. Réutilisé d’un titre à l’autre, il permet d’accélérer les développements tout en minimisant les risques financiers.

les cahiers du numérique /// numéro 1 /// décembre 2011

Plusieurs nouveaux jeux sont actuellement en cours de développement par l’éditeur français, et certains seront disponibles avant la fin de cette année. L’objectif, à terme, est de proposer des jeux multiplateformes, c’est-à-dire disponibles sur les réseaux sociaux (Facebook et peut-être demain Google+) et sur les terminaux mobiles comme les smartphones et les tablettes tactiles. Une stratégie qui pourrait permettre à Kobojo de détrôner son concurrent allemand Wooga, pour devenir le leader européen du secteur. wwwfr.kobojo.com

5,3

millions d’euros

C’est la levée de fonds réalisée par Kobojo, en avril dernier, pour assurer son développement.

2 joueurs sur 3

Sont... des joueuses.

2,5 millions

C’est le nombre de joueurs actifs sur un mois à PyramidVille, titre phare de la start-up.


40

millions d’euros

C’est le chiffre d’affaires visé pour 2015. Celui-ci doit évoluer parallèlement au rythme d’un marché estimé à plus de 1,5 milliard d’euros pour la prochaine décennie.

17 %

C’est la croissance du chiffre d’affaires au premier trimestre 2011 par rapport à la même période de 2010. Une croissance à deux chiffres qui se poursuit.

ITN : l’innovation au service de l’assurance

Arkoon protège les entreprises sensibles

Numéro un en France, cet éditeur de progiciels et de composants pour l’assurance ambitionne la première place en Europe.

Fondée en 2000, cette société est leader européen des solutions de sécurité informatiques pour les entreprises et organisations sensibles.

Créée en 1985, ITN a su s’imposer dans l’assurance, un secteur très réglementé et aux spécificités bien marquées. Pour relever ce défi, son fondateur François Petit a multiplié les innovations durant les vingt premières années. L’éditeur de progiciels d’assurance a été le premier à concevoir des applications conformes aux enjeux de rentabilité et de retour sur investissement des assureurs de l’époque : modélisation de tarifs, comparaison interassureurs chez les courtiers, réassurance, etc. Deuxième pari technologique : la mise en place d’un modèle systémique global afin de préparer les compagnies à toutes les évolutions naissantes. Jusqu’alors, ces entreprises opéraient majoritairement selon une organisation en mode silo sur des systèmes informatiques complexes. Dernière évolution majeure : un investissement massif dans les innovations technologiques, pour accompagner les activités des assureurs dans la distribution multicanal étendue, le développement d’activités de bancassurance ou la montée en puissance d’Internet…

Piratage de plusieurs ordinateurs du ministère de l’Économie et des Finances début 2011, attaque informatique contre un serveur du ministère de l’Intérieur fin août, intrusions depuis deux ans sur le réseau informatique d’Areva… Les attaques, ciblées, visant à récupérer des données confidentielles, se multiplient. Pour les contrer, de nombreuses entreprises et organisations « sensibles » appartenant aux secteurs de l’énergie, des transports, des finances, de la santé ou au secteur public, font appel aux solutions d’Arkoon Network Security. Une dizaine d’années après sa création à Lyon, cette société est devenue un leader européen spécialisé dans la protection des systèmes d’information des entreprises opérant dans ces secteurs sensibles, pour lesquels assurer la continuité des opérations et la confidentialité des échanges est d’importance vitale .

Ces vingt premières années ont ainsi permis à ITN de passer de la conviction de son fondateur pour les progiciels à la position de numéro un français. Menée durant ces cinq dernières années, la seconde phase de cette croissance se caractérise par un changement d’échelle. En 2005, ITN comptait 50 personnes. Moins de 10 % de son activité provenait des grands comptes. Et sa diffusion restait nationale. L’éditeur s’appuyait sur une technologie client-serveur limitée et ne disposait pas de réseau d’intégrateur. Aujourd’hui, ITN compte 500 intervenants (120 collaborateurs et 380 experts extérieurs). Les quatre cinquièmes de son activité sont réalisés auprès des grands comptes et sa diffusion s’étend à douze pays. La société conçoit désormais ses progiciels avec une technologie moderne (dite « n-tiers »), qui procure de nouveaux atouts aux systèmes d’information des assureurs : portabilité des solutions, diversité des serveurs d’application et indépendance éditoriale. Concrètement, cela facilite la réalisation de partenariats ou l’intégration aisée de nouvelles filiales, contribue à la rénovation d’offres produits et à l’amélioration des réseaux de vente. Enfin, ITN s’est entourée d’intégrateurs de renom déjà membres de son réseau, et désormais promoteurs de sa gamme de progiciels multilingues.

Arkoon, présidé par Thierry Rouquet, propose un portefeuille de solutions pour la protection des réseaux avec la gamme d’appliance FAST360, des serveurs et des postes de travail avec le logiciel StormShield, et des données avec la suite logicielle SecurityBox. Ces solutions ont en commun de bénéficier des certifications attestant du niveau de sécurité requis pour la protection des infrastructures sensibles et des moyens d’administration permettant leur déploiement à grande échelle. Les solutions s’appuient sur un service clients très performant, permettant d’assurer que ces derniers sont en permanence au niveau de service et de sécurité requis. Les entreprises et organisations de ces secteurs sensibles font face à des menaces de plus en plus précises, dans un contexte où mobilité des collaborateurs, convergence voix-données et collaboration interentreprise sont des tendances incontournables et imposent de nouveaux moyens de protection. Ainsi, malgré la crise, la demande reste forte et permet à Arkoon d’enregistrer une croissance à deux chiffres.

Aujourd’hui, l’ambition d’ITN est de passer de sa place de leader national à celle de champion européen. En surfant sur la propension croissante des assureurs à recourir aux progiciels métier pour des projets d’ampleur.

Le cloud computing, la multiplication et l’hétérogénéité des terminaux mobiles, les nouvelles attaques qui combinent différents vecteurs sont au cœur des préoccupations de ces entreprises. Arkoon Network Security fait évoluer en permanence ses solutions pour répondre à ces enjeux et travaille au développement de nouvelles technologies de sécurité. Elle dispose d’un centre de R&D spécialisé de plus de 50 ingénieurs, et entretient des partenariats avec de nombreux centres de recherche externes.

www.itnsa.com

www.arkoon.net

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La vie des pépites

en 2010, le groupe SAB a consacré

60 %

Sinequa met la recherche au niveau business

de ses moyens de production à la R&D

Récompensée par de nombreux prix internationaux, cette société a développé une solution de recherche très performante couvrant toutes les données de l’entreprise. Les entreprises croulent sous les données. Une récente étude d’IDC montre que les volumes de données connaissent un rythme moyen d’augmentation de… 400 % par an et que les données non structurées atteignent 90 % des données d’une entreprise. Résultat, les employés perdent au minimum cinq heures par semaine à rechercher les informations utiles pour leurs activités quotidiennes, ce qui coûte aux entreprises entre 4 000 et 16 000 euros par an et par employé. C’est la raison pour laquelle de grands comptes et de grandes administrations s’appuient sur le « Business Search », la solution de recherche professionnelle de Sinequa. Capitalisant sur vingt-cinq années d’expérience en recherche linguistique, la solution de Sinequa exploite l’analyse statistique et sémantique au maximum de son potentiel pour accroître la pertinence des résultats. Rien à voir avec Google, dont les résultats s’appuient sur la popularité d’une information d’un point de vue statistique. Dans l’univers de la recherche d’information en entreprise (voir également page 30), il s’agit de trouver l’information pertinente dans d‘importants volumes de données qui sont à la fois structurées (bases de données, applications métier) et non structurées (emails, documents, fichiers, audio, vidéo, etc.). Un challenge relevé par le moteur de Sinequa avec des performances extrêmement compétitives. Pour les clients de Sinequa, le retour sur investissement est évident, via les gains de productivité générés pour un grand nombre d’utilisateurs. En sus, dans certains cas comme chez Siemens, un axe de recherche unique peut rapporter des centaines de milliers d’euros, voire plus, par l’identification d’une technologie existante qui peut être employée dans un nouveau projet au lieu d’être redéveloppée. Les performances de sa solution ont permis à Sinequa d’augmenter de plus de 20 % son chiffre d’affaires en 2010. Disponible depuis la mi-novembre, la version 8 de Sinequa Business Search propose des nouveautés au niveau de l’interface utilisateur, du nombre de sources de données traitées en standard et une amélioration des performances. Atteignant aujourd’hui un niveau élevé de maturité, cette solution va permettre à la société de renforcer sa présence en France, mais aussi à l’étranger (Allemagne, Royaume-Uni et États-Unis). Elle peut aussi compter sur sa politique de partenariats très forte avec les grands éditeurs et sociétés de services du marché. www.sinequa.com

1

seconde

Avec Sinequa Business Search, toutes les réponses – structurées et catégorisées automatiquement – s’affichent en moins d’une seconde, quel que soit le type de recherche.

SAB : cap sur l’international L’éditeur mise sur l’international et la R&D pour développer de nouveaux relais de croissance. Éditeur de progiciels intégrés pour le segment de la banque de détail et d’entreprise, SAB part à la conquête de l’international. Le 7 novembre, le groupe (500 personnes) a annoncé la création de SAB International. Installée à Dubaï, cette filiale est la base de déploiement à partir de laquelle un réseau commercial sera constitué pour couvrir le Moyen et Proche-Orient, les pays du Golfe, l’Asie, l’Afrique anglophone et l’Extrême-Orient. L’international, qui représente 25 % de la clientèle de l’éditeur, est devenu un des axes majeurs du développement de SAB. Dans ces pays « émergés », pour reprendre l’expression d’Olivier Peccoux, le président du groupe, les établissements financiers veulent se développer et ont besoin de s’aligner sur la réglementation bancaire internationale. Avec SAB International, le groupe entend accompagner ces entreprises dans leur développement. Mais ce lancement n’éloigne pas le groupe de son objectif premier : devenir un acteur des solutions globales intégrées incontournable en Europe et reconnu à l’international. Pour relever ce double défi, l’éditeur va continuer à investir dans la R&D, qui reste la clé fondamentale de son métier. Depuis sa création en 1989, l’entreprise a consacré entre 40 et 50 % de ses moyens de production à la R&D. Pour Olivier Peccoux, « l’innovation est la clé du futur car nous sommes dans un secteur où il faut proposer en permanence à nos clients des solutions qui soient optimisées d’un point de vue opérationnel, qui apportent des réponses fonctionnelles et qui soient en adéquation avec l’état de l’art technologique ». C’est la raison pour laquelle, le groupe a créé en 2010 une entité spécialisée dans le cloud computing (SAB Services), qui propose des services de type SaaS (Software as a Service). Cette priorité à l’innovation n’empêche pas le groupe de réaliser des acquisitions de solutions éprouvées et fiables apportant une valeur ajoutée, à la périphérie de son portefeuille de produits, comme ce fut le cas, en 2005, avec le rachat de Samic. www.sab-tm.com Illustrations : Sophie Nathan

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les cahiers du numérique /// numéro 1 /// décembre 2011


what’s par Isabelle Bellin

pretty simple : Le jeu en accès gratuit, à diffusion sociale

Pretty Simple mise sur les micro-paiements issus de la personnalisation des jeux. Année de création :

En à peine deux ans, l’éditeur de jeux vidéo sociaux Pretty Simple – jeux vidéo sur réseaux sociaux tels que Facebook – compte déjà 25 collaborateurs. Une progression rapide grâce à son premier jeu, My Shops, lancé en décembre 2010. Il consiste à créer un magasin et à le personnaliser en achetant des objets virtuels (0,5 à 1 dollar). En revanche, l’accès au jeu est gratuit, selon les principes du free-to-play inventé en Corée il y a dix ans. Ce nouveau modèle économique s’impose de plus en plus face aux plateformes de jeux classiques : de nombreux jeux de rôle, auparavant sur abonnement, optent désormais pour le free-to-play. Sa rentabilité repose sur ces micropaiements, autrement dit sur la capacité à réunir rapidement une large communauté de joueurs, ce que permettent les réseaux sociaux via les communautés d’amis. Après une seconde levée de fonds de 2,5 millions d’euros en avril 2011 (auprès d’IDInvest Partners), Pretty Simple, fondée par Corentin Raux et Bastien Cazenave, prépare son deuxième jeu pour le premier trimestre 2012. www.prettysimplegames.com

2010 Localisation :

Paris Chiffre d’affaires 2010 :

20 000 euros Croissance du chiffre d’affaires en 2011 :

5 000 % Chiffre clé :

10 millions de joueurs, majoritairement anglo-saxons, ont joué à My Shops

mixvibes : DJ virtuels

Mixvibes transpose les outils traditionnels des DJ dans l’univers numérique.

Année de création :

2003 Localisation :

Gennevilliers Chiffre d’affaires 2010 :

1,7 million d’euros Croissance du chiffre d’affaires en 2011 :

60 % Chiffre clé :

70 % du chiffre d’affaires à l’export

Éric Guez, fondateur de MixVibes (17 personnes), a compris dès les années 1990 que les DJ abandonneraient un jour leurs platines vinyles pour mixer des fichiers digitaux à partir d’ordinateurs. Il conçoit son premier logiciel dès 1999 et crée son entreprise en 2003 en lançant sa première version du Digital Vinyl System (DVS) : CD et vinyles sont timecodés (la position de lecture est repérée par un son, lui-même récupéré par un logiciel de mixage), les fichiers digitaux, au format MP3, peuvent ainsi être mixés et scratchés (en modifiant vitesse et sens de lecture), grâce au contrôleur qui pilote le logiciel. La technologie est soit embarquée dans des consoles intégrées comportant des plateaux tournants (mais sans disques), soit proposée sous forme de logiciels, vendus dans la grande distribution jusqu’aux États-Unis. En 2005, MixVibes lance un système qui permet de contrôler du bout des doigts la vidéo comme le son, de visionner les images en arrière, de créer des samples (courts extraits lus en boucle), etc. La solution sur PC devrait être déclinée sur Mac dans un an. Et l’entreprise continue de s’adapter à toutes les technologies innovantes. Dernière application en date : un contrôleur tactile sur iPad, pour piloter en WiFi les logiciels de mixage ! www.mixvibes.com

tigerlily : Des marques plus efficaces sur les réseaux sociaux

Tigerlily fait bien plus que du buzz sur Facebook et Twitter. Tigerlily, c’est d’abord une histoire de créateurs passionnés d’applications Web, autour de Matthieu Chéreau et Nicolas Mérouze. En 2007, ils créent une agence interactive et se spécialisent dans les médias sociaux. En 2009, ils développent un prototype pour mieux interagir avec les fans de Facebook et les fidéliser. Rapidement plébiscité et primé (@LeWeb’09), ce logiciel devient le fer de lance de Tigerlily, créée en 2010. Une petite équipe de cinq ingénieurs développe alors une véritable plateforme de marketing social pour les grands groupes et leurs agences. Elle est rapidement choisie par des grandes marques de luxe, beauté, santé, média, dont Orange, Disneyland, Yves-Saint-Laurent, Longchamp, Universal Music, etc. Les outils de gestion de Tigerlily, vendus en licences annuelles, leur permettent de mieux interagir avec leur communauté de fans, de mesurer leurs performances en termes de visibilité, de fidélité et de ventes, et de monétiser ce trafic. Tigerlily (25 personnes) est le premier acteur européen à développer cette approche. En mai dernier, Tigerlily a levé 900 000 euros auprès du fonds Seventure Partners et du club de business angels Seed4Soft. www.tigerlilyapps.com

Année de création :

2010 Localisation :

Paris et Londres Chiffre d’affaires 2010 :

premier exercice sur 18 mois, jusqu’à décembre 2011. Chiffre clé :

50 grands comptes clients

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décryptage

Dossier coordonné par Reynald Fléchaux

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les cahiers du numérique /// numéro 1 /// Novembre décembre 2011 2011


t i a f e n n o i la révolut cer ! n e m m o c rnet mobile te e In l’ u e d q s a p e les premiers

artphone, ète en plein n m s la p n e ’u n d ’u n d ra e c ll é e Vus de l’ bservée à l’éch o is a M ur faire de cet o t. p n r a é ri g u o n rc ’u a d p x à u sont ce tance qui reste is d la des utilisateurs , e té u ri q jo ri a é m m u la n r n u o o mutati quotidienne p ûtent leurs té ff li a a é ré h e rc n a u m e il u b d Internet mo rands acteurs g s e L . e s n e m im assez vierge… re o c n e e iv apparaît encore it n fi é ce marché en d r u o p s ie g té a tr s par Guillaume Barrière et Loïc Rivière

J

amais une mutation technologique n’a démarré si rapidement. Selon la banque Morgan Stanley, le nombre de propriétaires de smartphones ou de tablettes devrait dépasser cette année celui des ordinateurs. Cette révolution est évidemment celle du matériel : les téléphones sont de nos jours dix fois plus puissants que les PC de 1995. Bien plus que le signe d’une prétendue ère post-PC, l’Internet mobile a plutôt transformé les téléphones en PC… miniaturisés et surpuissants, et a imposé la convergence des écrans ! Indéniablement, il s’agit donc aussi d’une révolution du logiciel qui accomplit sa mue vers plus de démocratisation, de standardisation et de consumérisation : l’expérience utilisateur est désormais au cœur des développements, en univers B2C comme en B2B. Loin d’être une réplication de l’informatique fixe, la mobilité recèle ses fonctionnalités propres, comme la géolocalisation ou le push mail qui ont révolutionné certains marchés ou métiers (forces de vente). Selon l’analyste Gartner, 18 milliards d’applications ou « apps » ont été téléchargées depuis leur lancement en 2008, et ce chiffre atteindra 49 milliards en 2013, un développement rendu possible grâce à celui des plateformes de cloud computing mises en place par les grands fournisseurs Apple, Google, Microsoft et RIM.

Né d’un rapprochement entre deux univers numériques – celui d’Internet et des réseaux sans fil–, l’Internet mobile profite, il est vrai, d’infrastructures existantes. À la mi-2011, le taux de croissance mondiale du nombre d’abonnés à des réseaux 3G s’établissait à 35 % par an. Mais si l’on comptait déjà plus de 900 millions d’abonnés à ces réseaux haute vitesse, ils ne représentaient que 17 % du nombre total d’abonnés au GSM… De plus, être raccordé à un réseau 3G n’implique pas nécessairement de l’utiliser à plein. Ainsi, selon Morgan Stanley, 100 millions d’abonnés à la 3G n’ont pas de smartphone. Les livraisons de ce type d’appareils ne dépassent d’ailleurs celles des combinés GSM qu’en Europe et aux États-Unis. Ailleurs, exception faite du Japon, ils n’atteignent pas 20 % des ventes de terminaux GSM. Pourtant, c’est dans les pays émergents que la 3G enregistre ses taux de croissance les plus élevés : ils y sont trois à six fois supérieurs à ceux que connaissent les pays occidentaux. Ces pays entrent de plain-pied dans l’époque du sans fil sans passer par les étapes intermédiaires, alors qu’en Europe l’Internet mobile imposera à terme, quoi qu’il advienne, une rénovation des infrastructures fixe (fibre optique) et mobile (4e génération).

Les smartphones prennent le pouvoir sur les ordinateurs Évolution des ventes d’unités dans le monde (en millions)

800

Prévisions

700 600 500

PC Desktop PC portables Smartphones Tablettes

Terminaux en utilisation

de terminaux mobiles connectés

400

1 milliard

300 200

10 milliards

100 millions de PC

de PC

100

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

0

en 1993

en 1998

d’ici à 2020 (Prévisions)

Source : Cisco

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décryptage

je remercie les milliers de développeurs qui enrichissent nos téléphones avec leurs applications Paiements mobiles : le chaînon manquant

Michel Combes, CEO de Vodafone Europe. Digiworld 2011, Montpellier.

L’accès à des contenus multimédias (films, VOD) est désormais techniquement possible de tous les appareils connectés disposant d’un écran. En revanche, les moyens de paiement pour y parvenir sont encore en phase de gestation. Les expériences de paiement sans contact, afin d’harmoniser et simplifier l’acte d’achat en ligne, se multiplient dans le monde entier. Pourtant, seul Osaifu-Keitai (porte-monnaie mobile), à l’initiative de l’opérateur nippon NTT, est parvenu à se hisser au rang de plateforme opérationnelle. Mais à l’usage exclusif des Japonais.

Stratégies verticales et convergence à l’assaut du marché

L’Internet mobile représente tout à la fois cette autre approche de l’IT, ce besoin d’infrastructures nouvelles et un mode de consommation des services dématérialisés qui est encore en train de se définir. C’est pourquoi il catalyse aujourd’hui la compétition entre les principaux acteurs du marché. Une évolution qui a déjà fait le succès d’Apple sur ce marché, ces dernières années. Sa stratégie d’intégration verticale (caractérisée par la maîtrise de tous les maillons de la chaîne, du matériel aux contenus) a autorisé une forte approche marketing unifiée, susceptible de séduire plus facilement le grand public, mais son positionnement de gamme et son modèle clos a freiné la démocratisation de ses produits, sans le mettre pourtant à l’abri d’un relèvement de la concurrence sur le terminal. Pour Microsoft, l’accord de commercialisation de Windows Phone avec Nokia est stratégique. Il doit renforcer les ventes et l’attrait de sa plateforme pour les développeurs de contenus et de services. La nouvelle version annoncée Windows 8 promet, elle, d’unifier l’expérience utilisateur entre systèmes d’exploitation de téléphones, de PC et de tablettes. Les évolutions récentes de l’interface de la console Xbox, développée selon un modèle d’intégration verticale, vont dans le même sens. Parti avec trois ans de retard sur Apple et Microsoft, Google a pris, depuis, le contrepied du marché et mis gratuitement sa plateforme Android à disposition des fabricants (en contrepartie d’une insertion discrète de ses services), afin de s’assurer un développement rapide. Une stratégie d’écosystème qui a permis à Android de rattraper son retard d’adoption. Mais elle a pour revers une fragmentation – plusieurs versions coexistent – qui freine la standardisation et pourrait à terme rebuter les utilisateurs ou les partenaires inquiets du rachat de la filiale terminaux mobiles de Motorola, qui annonce également un souhait de verticalisation. Il faut surtout retenir de cette compétition que, d’une part, « Device is the King ! », comme s’intitulait cette année le thème

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du Digiworld, le forum des acteurs télécoms, réuni en novembre à Montpellier : on ne peut réussir sur ce marché sans un terminal qui rencontre le public – design, performances ou nouvelles fonctionnalités en dur en constituant les principaux ressorts. Et que, d’autre part, l’expérience utilisateur, le software donc, est la véritable clé du succès, confirmant la consumérisation de l’IT. Et il ne faut plus parler ici de systèmes d’exploitation, car nous avons affaire à des « plateformes » dont la performance se jauge à travers la convivialité et, surtout, à la capacité d’agréger un écosystème d’acteurs et de services. Si bien que c’est la profondeur du catalogue des « apps » qui est devenue l’indice de progression des différentes plateformes. Il faut en retenir également un changement du rapport de force, car la présence sur ces plateformes ne s’obtient pas automatiquement et impose un reversement de royalties (30 % dans le cas d’Apple) de la part de l’éditeur de logiciels ou du média qui souhaite y commercialiser ses services. C’est bien un changement de paradigme que porte cette révolution de la mobilité. L’internet mobile est-il neutre ? Certaines fonctionnalités ou protocoles sont bloquées ou restreintes (téléphonie sur IP, peer to peer) par les opérateurs. Certaines technologies (Flash) sont également exclues par une partie des navigateurs, et l’accès à certains contenus peut être également filtré en fonction de la nature ou de la taille. Les raisons : les infrastructures actuelles, qui ne résisteraient pas à un usage véritable de l’Internet mobile. Et, surtout, les modèles d’affaires des opérateurs, qui reposent sur la segmentation voix, Internet, données et… musique. Les opérateurs intègrent en effet désormais à leur offre générique de la musique en streaming (Deezer, Spotify) qui, à la différence d’offres concurrentes, n’est pas contrainte par les limites en volume associées au forfait… Aujourd’hui, l’Internet mobile est en fait le marché où la notion de neutralité du Net est la plus fragile.

les cahiers du numérique /// numéro 1 /// décembre 2011


L’immensité morcelée : le marché de la mobilité est alléchant… mais risqué Un boom qui suscite bien des espoirs, tant parmi les grandes entreprises que les PME et les start-up. Mais toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour que ce marché prenne son plein essor. par Stéphane Bouleaux

L

e Web est en pleine mutation. S’il n’est clairement plus ce qu’il était, il n’en est encore qu’aux balbutiements de sa transformation. L’explosion du nombre de smartphones, dont les ventes talonnent celles des micro-ordinateurs, et l’éligibilité de tous les appareils électroniques (TV, consoles de jeux, etc.) à l’accès à Internet dessinent bien un « réseau des réseaux », à proprement parler universel. Cette dynamique rejaillit évidemment sur le marché des applications en ligne, d’autant plus mirobolant qu’il est loin d’avoir pris son véritable envol. Car, à ce jour, il n’a pas encore réuni les conditions essentielles à son plein essor, comme des applications suffisamment décorrélées des plateformes matérielles pour être aussi universelles que le réseau qu’elles empruntent, ou comme un modèle économique viable. Quelles que soient leurs qualités, les outils de développement multiplateforme échouent à rendre compatible ce qui ne l’est pas. Un seul exemple : iOS, le système d’exploitation d’Apple, n’accepte ni Flash, sésame pour le multimédia en ligne sur 99 % des PC, ni Java, langage avec lequel sont écrites la plupart des applications pour Android, l’OS de Google. L’annonce de l’abandon de la version mobile de Flash par Adobe est emblématique de la situation. Cet éditeur se concentre désormais sur HTML5 pour le multimédia sur mobile. Dans le même temps, le paysage qui s’offre à la vue des développeurs s’enrichit encore avec l’arrivée du tandem de poids lourds Microsoft-Nokia.

Fixe – mobile : vers la convergence des applications

Le marché a aussi besoin d’un écosystème plus rentable. Parmi les centaines de milliers d’applications grand public qui se bousculent sur les portails applicatifs des plateformes mobiles (Apple Store, Android Market, etc.), la plupart sont gratuites. Les autres se vendent pour une poignée d’euros. Dans cette déferlante, seuls de rares jeux, comme Angry Birds, surnagent. Sauf à tuer la poule aux œufs d’or, cette confusion ne peut pas s’éterniser. D’autant que ce marché des applications mobiles porte en germe un autre trésor, celui de la convergence fixe – mobile. Entamée pour la gestion des équipements, elle doit s’étendre aux applications afin que chacun dispose d’un espace de travail identique, quel que soit l’écran de l’appareil qu’il utilise. La solution ne réside pas dans les terminaux, mais dans l’infrastructure à travers laquelle ils

existent. Seules les capacités de traitement du réseau, ce que l’on appelle l’informatique en nuage (cloud computing), permettront de réinstaurer une harmonie indispensable à une expérience satisfaisante de l’utilisateur.

18 3,7

milliards

C’est le nombre de téléchargements prévu sur les places de marché d’applications mobiles en 2011. Une progression de 144 % par rapport à 2010 (source : Ovum).

milliards de dollars

C’est le chiffre d’affaires des applications payantes vendues sur les places de marché, une progression de 92 % sur un an (source : Ovum).

Terminaux mobiles : le déclin des Européens

L’Europe et ses industriels ont perdu l’avance qu’ils avaient prise avec le GSM, technologie numérique que les Américains ont tardé à adopter. Après le désengagement de Siemens en 2005, celui de Sagem en 2008 et la cession par Ericsson de sa part dans sa co-entreprise avec Sony à la mi-octobre pour 1,05 milliard d’euros, il ne reste plus que Nokia sur le marché des téléphones mobiles. Flamboyant numéro un mondial jusqu’en 2008, le finlandais s’est laissé submerger par la vague des smartphones. Délaissant le système d’exploitation Symbian, dont il venait de prendre le contrôle total, il vient de s’allier avec Microsoft et parie sur Windows. Le Vieux Continent reste toutefois très présent sur le créneau des infrastructures avec les équipementiers réseau Alcatel-Lucent, Ericsson et NSN (Nokia Siemens Networks). Leurs concurrents les plus agressifs sont aujourd’hui chinois (Huawei et ZTE).

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D. Peraldi

Décryptage

analyse

Investir… oui, mais comment ?

L

’engouement a été rapide. Massif. Tout ce qu’Internet comptait de médias, d’applications sociales, de boutiques en ligne voulait sa ou ses déclinaisons mobiles. Sauf que, face à l’incertitude qui règne sur l’avenir des plateformes, la pérennité de ces investissements continue à susciter des interrogations. D’où les débats incessants opposant les tenants des applications mobiles développées pour tel ou tel système d’exploitation aux défenseurs de sites Web mobiles, accessibles depuis plusieurs terminaux au prix de compromis fonctionnels et ergonomiques. Débat qui montre bien que chacun s’attend encore à voir ce marché de l’Internet mobile muter une fois, voire plusieurs, au cours des mois à venir. Dans ce contexte, les organisations en sont réduites à rechercher en permanence un équilibre précaire entre la réponse aux attentes actuelles de leurs clients et le maintien d’une grande capacité de réaction, afin d’encaisser sans trop de dommages les bouleversements à venir. Reynald Fléchaux,

Rédacteur en chef

Europe : la vidéo pèsera 69 % du trafic mobile en 2015

Vidéo sur mobile : boom annoncé, les infras suivront-elles ? Présentée au colloque Nouveau Monde mobile dans quatre ans. Environ trois fois le trafic généré par le Web mobile selon organisé par Bercy en janvier dernier, une étude publiée par Cisco estime que le tral’étude ! En Europe de l’Ouest, la part de fic Internet – tous terminaux confondus la vidéo frôlerait même les 69 % au milieu de la décennie. Devant cette avalanche – sera multiplié par quatre entre 2010 et 2015. Une flambée largement due aux annoncée, la grande question à laquelle usages dans le grand public (87 % des est confrontée l’industrie réside dans flux en 2015). Les perspectives de Cisco l’évolution des modèles économiques : sont particulièrement explosives concerdans un contexte où les chiffres d’affaires tendent à plafonner, comment encaisser nant le trafic mobile, dont la croissance annuelle est attendue à plus de 90 % ces progressions soutenues du trafic ? D’autant que cette croissance dépenpour la période 2010-2015. Sur les smartphones et autres tablettes, dra de l’évolution des infrastructures en c’est l’appétit des consommateurs pour très haut débit, c’est-à-dire des normes 4G, mais aussi de la pose de la fibre, la vidéo qui explique largement ce boom : cette source de trafic représenterait qui interconnectera tout les nœuds du ainsi plus de 65 % des flux sur l’Internet réseau…

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les cahiers du numérique /// numéro 1 /// décembre 2011

Croissance annuelle moyenne entre 2010 et 2015 : 95 % Jeu : 1,1 % Petaoctets/mois Pair à pair : 4,5 % Web/données : 25,3 % 1 800 Vidéo 68,6 % 1 600 1 400 1 200 1 000 800 600 400 200 0

2010

2011

2012

2013

2014

2015

En 2015, la voix sur IP devrait représenter 0,5 % du trafic mobile en Europe de l’Ouest. Source : Cisco


propriété intellectuelle Les actions en justice se multiplient autour des mobiles Pour se protéger et accélérer le développement commercial de leurs produits dans les mobiles et les tablettes, les grands du secteur s’attaquent à tout-va.

Procédure en cours Procès croisés Différend résolu Accord de licence Utilisateur du système Windows Phone de Microsoft Utilisateur du système Android de Google

Données Reuters

Conseil en stratégies de l’innovation spécialisé dans les médias numériques et les métiers de l’image

D. Peraldi

Olivier Ezratty

L

a guerre des brevets dans le monde des nouvelles technologies n’est pas un phénomène nouveau. Et malgré toute la médiatisation autour des brevets dans les mobiles, c’est une routine installée depuis longtemps. Tout le monde attaque tout le monde. Les grands acteurs signent des accords de licence croisés pour enterrer la hache de guerre avec leurs

La bataille des brevets est le signe de la nervosité des acteurs concurrents. D’autres vont devant les tribunaux, puis négocient des accords à l’amiable en fonction de la tournure des évènements. Cette guerre est caractéristique des technologies émergentes et en forte croissance, comme le mobile. Mais cette recrudescence n’est pas un très bon signe : elle souligne la nervosité des acteurs face à un marché instable.

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un business model à la loupe

les marques à l’assaut du social commerce Version Web 2.0 du bouche à oreille, le social commerce est présenté comme l’un des modèles économiques les plus efficaces du moment. Décryptage en sept questions essentielles. par Philippe Richard Qu’est-ce que le social commerce ?

À la différence du marketing social, qui consiste à valoriser une marque sur le Web, et les réseaux sociaux, le social commerce s’appuie sur les avis des internautes pour développer les ventes et attirer de nouveaux clients. Un concept très efficace. Selon une étude publiée en 2011 par IBM (et réalisée par Ipsos Moris), la moitié des actes d’achat se décident aujourd’hui sur les médias sociaux. « Tous les produits qui sont fortement impactés par le bouche à oreille sur le Web – par exemple, des billets de spectacle – fonctionnent très bien sur ce modèle », explique Bertrand Lenotre, rédacteur en chef du site FrenchWeb.fr. Pour simplifier, le social commerce se présente sous trois variantes : l’achat collectif (group buying), les communautés de consommateurs (social shopping) et le partage d’achats (purchase sharing). Qui sont les pionniers ?

Il est difficile de nommer précisément le premier à avoir eu l’idée d’exploiter la caisse de résonance qu’est Facebook pour faire du commerce. Parmi les précurseurs, citons Event Brite (voir encadré). Quels sont les différents modèles économiques ?

« Beaucoup de sites s’appuient sur l’affiliation, explique Julien Chaumond, entrepreneur et auteur du livre Social Commerce. Ils sont rémunérés par les marchands à la performance, en touchant un pourcentage du montant des achats qu’ils ont générés. On parle de modèle CPA (Cost per acquisition ou Cost per action), par opposition au

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CPM (Cost per mille, utilisé pour la publicité). Les autres modèles économiques utilisés sont les partenariats et les services issus directement de sites de e-commerce. » Quel que soit le modèle retenu, l’objectif consiste à favoriser l’intégration à des réseaux sociaux populaires comme Facebook ou Twitter, afin de « mixer » toutes les relations sociales des internautes. Pourquoi tant d’espoirs ?

« Un post sur un mur Facebook engendre 2,1 visites additionnelles sur Voyages-sncf.com », souligne Yves Tyrode, le directeur général de ce site. Et le taux de transformation – autrement dit la concrétisation de l’acte d’achat sur ces visites – est très supérieur aux autres sources d’acquisition de trafic, ajoute les responsables du site. Un point qui intéresse tous les marchands confrontés à la faible rentabilité de leurs investissements marketing traditionnels (e-mailing, bannières, etc.). Même constat pour l’affiliation, qui affiche un retour sur investissement élevé. Selon l’observatoire de l’e-pub SRI Capgemini, les ventes générées par l’affiliation ont connu au premier semestre 2011 une progression de 18 % avec 13 millions de ventes, contre 11 millions un an plus tôt. Un euro investi dans les programmes d’affiliation permet de générer 14,84 euros de revenus. Résultat, la croissance des investissements dans l’affiliation au premier semestre 2011 s’élève à 18 %, contre 13,7 % entre 2009 et 2010.

les cahiers du numérique /// numéro 1 /// décembre 2011

La croissance des investissements dans l’affiliation

1er

au

semestre 2011

18 %

s’élève à

contre 13,7 % entre

2009 et 2010


Deux business models à la loupe

Et en France ?

De nombreuses marques ont lancé des applications et des plateformes. Fin octobre, Voyages-sncf a mis au point l’application collaborative baptisée « Petits voyages entre amis » sur Facebook. Elle permet de créer son propre voyage ou de s’inscrire à un voyage affiché par le cyber commerçant. Le client qui organise son séjour peut sélectionner plusieurs horaires et plusieurs prix et les proposer à ses amis. Comme il n’est pas possible d’acheter directement sur le

réseau social, l’achat est finalisé sur le site marchand du voyagiste. Des fausses bonnes idées ?

Blippy est l’exemple type des limites à ne pas franchir : sur ce site, dès qu’on achète quelque chose avec sa carte bancaire, l’achat se retrouve posté sur un réseau social. Après une pic d’audience très fort au début, ce site américain ne décolle pas. En savoir plus Télécharger gratuitement le livre « Social Commerce » de Julien Chaumond (Éditions Digital Mammouth) sur http://prodca.st/product/2953801200-social-commerce

Personne n’a envie d’aller voir un concert ou un spectacle seul. C’est sur ce constat que repose le modèle économique du service de billetterie en ligne américain Event Brite. Dès qu’une personne vient d’acheter un billet, elle le publie sur son profil pour inciter ses contacts à l’accompagner. Pour les convaincre ? L’intérêt de se retrouver ensemble... et aussi de bénéficiert d’un tarif réduit. En mai 2011, le site a annoncé une levée de 50 millions de dollars. Cela porte l’ensemble des fonds levés par Event Brite à 80 millions de dollars, depuis sa création en 2006. Ce succès a inspiré Ticketlib, l’équivalent français. Diesel

La marque de prêt-à-porter italienne Diesel a mis en place un dispositif de social commerce d’un genre nouveau, pour optimiser ses ventes. Il permet à ses clients de flasher les codes barres 2D en magasin, afin d’afficher ses préférences dans Facebook et de recueillir l’avis de ses amis sur chaque modèle. Le partage et la recommandation ne se font plus seulement en ligne, mais également directement en magasin.

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I. Bonjean

Event Brite


business 2.0

le chaos organisé

cherche & trouve ! Les nouvelles applications métier à base de moteurs de recherche révolutionnent la façon dont les utilisateurs accèdent et traitent les informations dans l’entreprise. Deux des leaders du secteur sont français. par Christophe Cayenne

C

omment faire face à l’explosion des volumes de données dans les entreprises et, surtout, à la montée en puissance des données non structurées, issues des applications collaboratives, des réseaux sociaux, etc. ? Une des réponses à cette question qui taraude les entreprises réside dans une nouvelle famille de logiciels, à la frontière entre bases de données traditionnelles et moteurs de recherche. Ces applications, qui combinent les avantages des deux mondes, sont appelées SBA (Search Based Applications). Jusqu’au milieu des années 2000, la frontière entre données structurées (celles des bases de données) et données non structurées (documents Word, Excel, e-mails, etc.) était nette. Les bases de données stockaient, indexaient et traitaient les informations de systèmes clés de l’entreprise, comme les progiciels de gestion (ERP) ou les outils de gestion de la relation client (CRM). À l’opposé, les moteurs de recherche se concentraient sur les applications Web, afin d’aider à l’indexation et à la localisation de pages ou de documents textuels. En 2004, le norvégien Fast a commencé à parler de convergence entre ces deux domaines. À sa suite, l’industrie s’est intéressée à ce rapprochement entre deux mondes, jusqu’alors vus comme disjoints. Puis le français Exalead (aujourd’hui dans le giron de Dassault Systèmes) a défini le concept de Search Based Application, qui a largement été adopté depuis par l’industrie, en France par des sociétés comme Sinequa, ou aux États-Unis avec des sociétés comme Endeca, qui vient juste d’être rachetée par Oracle.

Corréler de multiples informations, identifier les experts

La frontière entre ces deux mondes n’a cessé, depuis, de s’estomper, donnant naissance à une nouvelle génération d’applications, les SBA. Ces dernières, dont le cœur est bâti sur un moteur de recherche, permettent un accès et une mise en valeur inédite des informations de l’entreprise sous la forme de portails ou de tableaux de bord aisément accessibles aux utilisateurs. Dans de très grandes organisations, elles servent également à identifier des experts, détenteurs de connaissances ou de savoir-faire précieux. Tout en masquant la complexité des bases de données, les SBA savent accéder à de multiples sources d’informations sans imposer la maîtrise de technologies complexes, comme le langage SQL ou les outils de Business Intelligence (BI) traditionnels. Tous les analystes s’accordent sur le fait que les SBA ont aussi un rôle clé à jouer dans de nouveaux domaines, comme la relation clients, la BI, la détection de fraudes, l’analyse de menaces, la veille économique, etc., en raison de leur aptitude à corréler de multiples sources d’informations, structurées ou non. Et les entreprises semblent convaincues. En 2010, le marché des SBA aurait atteint les 2 milliards de dollars.

éditeur Pays

France

France

États-Unis

États-Unis

États-Unis

Chiffre d’affaires

13 millions d’euros (2009)

12,8 millions de dollars (2010)

29,32 milliards de dollars (2010)

62,5 milliards de dollars (2010)

870 millions de dollars (2010)

Solution

CloudView

Sinequa Enterprise Search

Google Search Appliance

Fast Search Server 2010 for SharePoint

IDOL Universal Search

Références

AFP, Altares, CNP Assurances, CommerzBank, Natixis, SNCF

Bouygues construction, Crédit Agricole, Dixons, EADS, Europ Assistance, MMA, Sagem, Siemens

BP, British Airways, Essilor, Honeywell, Reuters, Société Générale, Vodafone, Xerox

Best Buy, eBay, Market America, The Financial Times

BBC, HBO, Ernst & Young, Jane’s Information Group

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les cahiers du numérique /// numéro 1 /// décembre 2011


Idées

Écouter l’innovation ascendante pour échapper au darwinisme technologique es marchés technologiques sont mystérieux, parfois facétieux. On dit même qu’ils sont faits de surprises et de contrepieds. Et le monde du numérique, tel qu’il se déploie depuis une quinzaine d’années, alimente ce sentiment. On se demande ainsi par quel subterfuge certaines innovations techniques arrivent à séduire les publics d’utilisateurs, ou, pour le dire de manière plus lucide, quelles sont les services numériques qui profitent de nos dynamiques sociétales. Car voici l’enjeu : l’industrie alimente copieusement le marché de dispositifs toujours plus puissants, plus subtils, qui sont l’œuvre de développeurs et d’hommes d’entreprise toujours plus malins. Pourtant, ce même marché est saturé d’inventions qui ne seront jamais rentables, car, comme on dit pudiquement, « elles ne trouvent pas leur public ». Comme une ironie dans le darwinisme technologique, ce ne sont donc pas toujours les offres les plus puissantes ni les mieux préparées, ni même celles qui ont bénéficié des meilleures solutions technologiques, qui s’imposeront. Le numérique est un espace d’outsiders. Il a donc ses surprises. Et cela nous rappelle que les publics, entendons ici les personnes qui font la réalité du marché, ressemblent de moins en moins à l’utilisateur idéal tel que les modèles marketing l’ont enfanté pendant longtemps. Le Net, dans ses derniers développements, a souligné ce phénomène. Nous vivons donc un moment particulier de notre histoire sociale de la technique. Car, durant toute la période industrielle et jusqu’aux années 1990, les écosystèmes technologiques étaient caractérisés par une offre bien moins importante qu’aujourd’hui. De même, les bio express Stéphane Hugon Sociologue, fondateur du cabinet Eranos, Paris (Imaginaire et prospective technologique)

compétences nécessaires à la maîtrise des offres étaient moins répandues. Les référents imaginaires des usagers étaient plus proches de ceux des concepteurs des offres, les uns et les autres partageaient une même culture technologique. Aujourd’hui, au contraire, le numérique se caractérise par une augmentation de l’offre et une appropriation plus importante de la part de publics toujours plus larges et variés. On doit donc considérer que ce marché est soumis désormais aux dynamiques qui organisent les cultures de masse. D’où une sollicitation appuyée de la part des grands opérateurs pour les sciences Ce ne sont pas humaines et sociales, afin de toujours les offres mieux cerner ce qui fait la sinles plus puissantes, gularité des comportements, des cultures d’usages, bref, ce ni même celles qui par quoi les usagers donne un ont bénéficié des sens – et donc une valeur – aux meilleures solutions offres technologiques.

technologiques,

La valeur des offres est donc qui s’imposeront bien celle que l’utilisateur voudra lui accorder. Cela signifie que les acteurs du marché doivent probablement accueillir les détournements d’usage comme des contributions de l’utilisateur à la technologie. C’est ce processus qu’on appelle l’innovation ascendante : « Ce que l’utilisateur fait de mon offre, c’est mon offre ». Cela contraint les acteurs du marché à se doter de patience et d’humilité. Et à savoir construire une relation nouvelle vis-à-vis des publics d’utilisateurs. La première qualité d’un acteur du numérique est donc probablement de savoir les observer. Et, au besoin, de savoir leur donner les moyens de construire, avec lui, l’offre la plus proche de leur imaginaire.

Chercheur associé au CEAQ-Sorbonne, il enseigne la sociologie de l’imaginaire appliquée au design d’interaction à l’ENSADLab (Arts Décoratifs Paris) et à l’ENSCI-Les Ateliers (Paris). Professeur invité à l’USP-Atopos, Sao Paulo (Brésil).

Auteur de Circumnavigations, l’imaginaire du voyage dans l’expérience Internet (CNRS Éditions, 2010), et L’Étoffe de l’imaginaire, design relationnel et technologies (Éditions Pleins Feux, 2011).

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Photo : D. Peraldi

L


e-gov

Adm’innov : Imaginer l’aministration électronique de demain Via une plateforme Web, ce sont les agents de l’État eux-mêmes qui sont sollicités pour déposer leurs idées d’amélioration de service, commenter les propositions déjà émises et voter pour celles qu’ils jugent les plus utiles. par Philippe Richard

M

ise en place par la Direction générale de la modernisation de l’État (DGME), le portail Web Adm’innov est ouvert depuis la mi-septembre. Ce « site des agents innovants » peut être comparé aux « réunions qualité », puisqu’il permet aux agents de la fonction publique d’exprimer leurs idées ou leurs souhaits visant à améliorer leur service. Pour Valérie Pécresse, ministre du Budget et de la Réforme de l’État, il s’agit d’« instituer une culture du changement permanent pour coller aux besoins, eux-mêmes changeants, de la population ». Le choix des technologies Internet participatives, pour faire émerger, consolider ces innovations « de terrain » et sélectionner les plus pertinentes, favorise les échanges spontanés, où s’effacent les structures hiérarchiques. Parmi les propositions émises sur ce portail collaboratif par les agents, on trouve ainsi la clarification et la simplification du parcours d’inscription à la Sécurité sociale et à la mutuelle étudiante ; l’amélioration du référencement des Pages Jaunes et des indications d’accès aux administrations, ou encore la création d’une plateforme Internet de dépôt de renseignements administratifs pour la candidature aux marchés publics. La première campagne de contributions se termine le 30 novembre prochain. Les usagers des services publics peuvent également participer à ce recueil d’initiatives en se connectant

à un second site qui leur est dédié (www.ensemble-simplifions. fr). Ou encore voter en faveur des propositions qu’ils jugent intéressantes pour l’amélioration des services de l’État. Un club de l’innovation à Bercy

Les avis et les idées les plus pertinents seront pris en compte dans le programme des « cent mesures pour simplifier les démarches administratives » qui doivent être mises en œuvre d’ici à la fin 2011. Parallèlement à la mise en place de « ces boîtes à idées », quatre communautés de pratique de l’innovation seront constituées. Elles se réuniront régulièrement autour de quatre thématiques : l’écoute des usagers, l’innovation des agents, les nouvelles technologies et la mise en réseau. Elles rassembleront des agents de la fonction publique issus des différents ministères. Les débats et échanges émanant de ces communautés alimenteront la réflexion d’un club de l’innovation rassemblant des décideurs de l’administration. Ce dernier se réunira tous les deux mois à Bercy, dès novembre prochain. Pour beaucoup, cette démarche structurée ne constitue toutefois qu’une facette de l’innovation dans la sphère publique : la constitution d’un véritable écosystème réunissant industriels, PME et laboratoires de recherche autour de la problématique des usages du numérique dans l’administration reste encore largement en chantier.

D. R

En savoir plus sur http://adminnov.modernisation.gouv.fr

L’innovation est le creuset de la modernisation de l’État. Mais, au-delà de la nécessaire volonté politique, la réforme de l’État ne peut se faire que par l’envie des acteurs publics. L’innovation vient du terrain Valérie Pécresse, ministre du Budget et de la Réforme de l’État.

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chronique juridique

D. R

données personnelles in the air Béatrice Delmas-Linel, avocate au barreau de Paris et associée du cabinet de Gaulle Fleurance & associés.

L

’informatique se dématérialise…et nous ne savons plus où sont désormais stockées nos données personnelles. Nous nous étions déjà habitués depuis des décennies à ce qu’elles soient numérisées et conservées électroniquement. Mais nous pouvions avoir quelque assurance qu’elles étaient bien stockées sur un serveur ou un disque dur déterminé, physiquement installé chez nous, chez notre employeur ou chez un prestataire. Aujourd’hui, dans notre environnement tant personnel que professionnel, de plus en plus dominé par Internet, nos données personnelles sont collectées, traitées, transférées virtuellement et peuvent tout aussi bien faire le tour du globe.

seul ce dernier assume l’entière responsabilité de la conformité du traitement des données à caractère personnel à la législation, alors qu’il peut n’en avoir ni le contrôle ni les garanties face à son prestataire ? Quelle est la loi applicable lorsque les moyens de traitement sont démultipliés, les serveurs localisés dans des pays différents ? Comment mettre en œuvre les exceptions au principe de l’interdiction du transfert en dehors de l’Union européenne, devant la multiplicité des prestataires, la complexité des chaînes de contrat, le caractère international des scénarios de flux des données du cloud computing ? Bref, faut-il changer la loi ?

Or le régime juridique des données à caractère personnel varie de pays en pays, offrant des degrés de protection très variables quant à leur confidentialité et leur sécurité. Avec l’émergence des solutions de cloud computing, cette question est devenue un vrai casse-tête tant pour les autorités régulatrices que pour les prestataires de ces services et leurs clients, entreprises ou particuliers. En France, la loi dite « Informatique et Libertés », dès 1978 (enrichie par la loi du 6 août 2004 transposant la directive européenne 95/46/ CE), a défini le cadre juridique du traitement de telles données selon des principes simples. Nos données personnelles ne peuvent être collectées et « traitées » par un tiers qu’avec notre autorisation et pour une finalité précise et ce tiers lui-même, qualifié de « responsable du traitement », doit déclarer auprès de la Commission informatique et libertés (CNIL) cette finalité ainsi que les conditions du traitement, sous peine de sanctions tant civiles que pénales. En outre, la loi pose le principe de l’interdiction de tout transfert de données personnelles en dehors du marché européen, sauf à ce que le niveau de protection soit jugé suffisant dans le cadre d’exceptions limitées et strictement encadrées*.

Ces questions sont l’objet d’une consultation publique lancée par la CNIL, le 17 octobre dernier. L’enjeu est de débloquer la

nos données personnelles sont collectées, traitées, transférées de manière virtuelle et peuvent tout aussi bien faire le tour du globe

Confrontée à la réalité du cloud computing, l’application de ces principes devient problématique : faut-il maintenir le fait que, entre le prestataire de services dits « cloud » et son client,

situation actuelle où se trouvent dans la balance la protection des données à caractère personnel d’une part, et d’autre part, le « décollage » du cloud computing porteur de promesses économiques impossibles à ignorer. Au-delà de l’évolution de la loi, la solution pourrait s’orienter vers l’encouragement d’une démarche d’autorégulation, européenne ou internationale, complétant le cadre réglementaire par des normes techniques, adaptées et exigeantes, permettant de garantir, par-delà les frontières, l’information des personnes dont les données personnelles sont concernées, le respect de la finalité du traitement autorisé et la sécurité et confidentialité de ces données. (*) Articles 68 et 69 de la loi de 1978 ; au titre des exceptions, les outils permettant d’encadrer ce type de transferts sont les clauses contractuelles types, les règles internes d’entreprises (BCR), le Safe Harbor.

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la parole à l’innovation

directeur du Business Group Controls & home Automatisation de Somfy

Emmanuel joumard

Le logiciel, une nouvelle culture pour un industriel L’un des leaders mondiaux de la motorisation et de l’automatisation des ouvertures de l’habitat, Somfy s’ouvre à de nouveaux marchés grâce au logiciel. Et s’engage dans la domotique pour se placer au premier rang en Europe, explique le directeur de la division outils de contrôle et domotique. Propos recueillis par Reynald Fléchaux Comment le numérique s’est-il peu à peu immiscé dans la stratégie de Somfy ?

L’origine de Somfy se situe dans les métiers de la mécanique, puis nos métiers ont évolué vers la mécatronique. Pour mettre de l’intelligence dans nos systèmes, nous y avons intégré du logiciel. Mais le vrai déclencheur réside dans la décision stratégique de Somfy de s’engager sur le créneau de la domotique, avec l’ambition d’en devenir un des leaders européens. Cette réflexion, démarrée il y a environ cinq ans, s’est effectuée avec pour toile de fond le développement d’Internet et des terminaux mobiles. En s’inscrivant dans cette dynamique et en ayant la chance de partir d’une feuille blanche, nous avons construit une approche radicalement différente par rapport à nos lignes de produits classiques, une approche basée sur une connexion permanente et le Cloud Computing. Cette solution, Tahoma, permet de piloter nos équipements, mais également ceux de partenaires, via une application sur smartphone.

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Comment intègre-t-on le développement logiciel dans les processus d’un industriel ?

Nous avons fait converger les deux mondes en plusieurs temps. Une large partie des développements a été effectuée au travers d’une start-up, afin de conserver une grande liberté dans le projet et de travailler dans un environnement déconnecté de l’entreprise. Nous avons co-construit Tahoma avec cette jeune pousse, Overkiz, qui a fait converger les idées et concepts qui avaient germé chez Somfy avec le projet d’un entrepreneur. Cette société a développé une plateforme permettant de passer d’une domotique filaire à une architecture sans fil, ouverte, connectée au Web. Avec cette start-up, pour laquelle Somfy a fait office d’incubateur – Overkiz cherche aujourd’hui d’autres applications pour sa technologie –, nous avons inventé un mode de fonctionnement qui a ensuite été adapté aux exigences de qualité de nos métiers industriels. Cette phase a fait émerger de nouveaux métiers dans notre

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Standard de communication : un préalable indispensable

Avant de se lancer dans son projet domotique, Somfy s’est associé à d’autres industriels (Honeywell, Niko, Velux, Groupe Atlantic, etc.) regroupés au sein de l’association io-homecontrol. Cette dernière a mis au point un standard de communication sans fil, protégé par cryptage, qui permet d’assurer l’interopérabilité entre les systèmes de contrôle et les différents équipements. « C’est une première étape, explique Emmanuel Joumard. Nous souhaitons désormais dialoguer avec d’autres protocoles pour gérer un maximum d’équipements. »

organisation, par exemple la conception d’interfaces hommemachine évoluées, d’applications mobiles, les fonctions de validation des logiciels, etc. Les métiers autour des sujets de la domotique représentent d’ailleurs l’essentiel de nos embauches récentes. Quels nouveaux positionnements et marchés vous ouvrent un projet comme Tahoma ?

Ce projet, qui est entré en commercialisation au début de l’année en France [d’autres pays ont suivi, NDLR] change clairement le périmètre de notre réflexion. Nous sommes passés d’une ère avec des systèmes mécaniques couplés à des outils de contrôle dédiés à une époque où notre réflexion s’étend à la maison toute entière. En plus de sécuriser notre marché d’origine, ce projet nous ouvre un certain nombre d’autres perspectives que nous adressons via des partenariats (avec des chauffagistes, des spécialistes de l’éclairage…). Même si, parallèlement, cette ouverture à un périmètre plus large nous amène aussi à faire face à de nouveaux concurrents. L’arrivée sur ce marché nous confronte enfin à de nouvelles attentes : les consommateurs assimilent la domotique à l’électronique grand public. Ils veulent donc des produits à l’ergonomie sans reproche et au cycle de vie très court, donc fréquemment mis à jour. Pour notre organisation, c’est une nouvelle culture à assimiler. Aujourd’hui, les besoins d’automatisation pour des problématiques comme les économies d’énergie et la sécurité

sont là ; les ventes de systèmes Tahoma connaissent d’ailleurs des progressions à deux chiffres mois après mois. Mais nombre de solutions restent à développer : capteurs permettant d’adapter automatiquement le chauffage à l’ensoleillement, automatismes générant des alertes, mettant en œuvre des sécurités ou permettant de s’adapter au mieux aux tarifs modulés de l’électricité. La généralisation des compteurs intelligents (projet Linky) générera donc de nouveaux besoins ?

Oui, car les tarifs de l’électricité varieront dans des proportions plus importantes qu’aujourd’hui, et ces modifications seront plus fréquentes. Il faudra donc des automatismes pour gérer ces fluctuations. Nous travaillons déjà sur ce sujet, Somfy étant impliqué dans le projet pilote Linky sur le Grand Lyon. Le challenge consiste à créer des algorithmes permettant de prendre en compte les fluctuations de tarifs, sans créer de gêne chez les consommateurs. Le numérique vient donc enrichir vos lignes de produits. Mais que modifie-t-il dans le fonctionnement interne d’une entreprise comme Somfy ?

Parmi les dernières initiatives, signalons la création de communautés en ligne focalisées sur des sujets précis et exploitant les technologies du Web 2.0. Même si le mail reste l’outil prépondérant dans l’entreprise.

Somfy est adhérent d’Ignes (Les Industries du génie numérique, énergétique et sécuritaire). Ce syndicat, rassemblant soixante entreprises industrielles de toute taille, s’est fixé pour mission de définir et de promouvoir une infrastructure énergétique et numérique interopérable pour les bâtiments résidentiels et tertiaires, que ce soit dans le domaine du neuf ou de la rénovation. L’Ignes est par ailleurs membre de la FIEEC (Fédération des industries électriques, électroniques et de communication), qui regroupe vingt-sept syndicats dans les domaines de l’énergie et du numérique.

bio express Directeur du Business Group Controls & Home Automatisation de Somfy, division créée au moment de son arrivée, il y a dix-huit mois. Cette division regroupe les outils de contrôle classiques (télécommandes) et la partie domotique de l’industriel.

Photo : D. Peraldi

Emmanuel Joumard a travaillé pendant seize ans chez Salomon. Pendant ses quatre dernières années dans l’entreprise, il dirigeait les activités skis et fixations alpines. Il est ingénieur aéronautique et diplômé d’un IAE (Institut d’administration des entreprises).

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zoom

La génération WoW Wow ! par Rich ard Malterre et Romain Chabrol

Le plus populaire des jeux de rôle massivement multijoueurs est à l’origine d’une communauté originale, faite d’échanges entre joueurs et entre fans, mais aussi avec les développeurs. Créé en 2004, World of Warcraft (WoW) du géant américain Activision Blizzard réunit à travers le monde 10,3 millions de personnes, dont plus de 150 000 en France. Les joueurs et leurs avatars interagissent simultanément dans Azeroth, un environnement persistant, de type médiéval fantastique. Les joueurs sont organisés en équipes structurées, des « guildes », de 5 à 40 joueurs. Les membres d’une guilde communiquent entre eux par un canal de discussion privé et planifient leurs actions. Mais la guilde sort très souvent du jeu : nombre d’entre elles ont en effet leurs propres forums et organisent des évènements IRL (In Real Life), afin de favoriser la cohésion. Très singulière est aussi la mise en relation entre les développeurs et les joueurs. WoW est en effet en perpétuelle évolution : nouveaux lieux, nouvelles créatures et nouveaux objets à découvrir. Amélioration, mais également « extensions », c’est-à-dire nouvelle série d’aventures, se succèdent. Les développeurs sont à l’écoute des joueurs… Célébration sous toutes leurs formes des univers de ses trois jeux multijoueurs (WoW, StarCraft et Diablo) et de toutes les communautés qui les soutiennent, Blizzard organise tous les ans en Californie une « Blizzcon », à laquelle participent plus de 20 000 personnes, dont les meilleurs joueurs mondiaux et les développeurs. Facebook : do I Like WoW ? Activision Blizzard a parié sur Facebook en 2010 pour enrayer la perte d’audience de son produit phare (12 millions d’abonnées en 2009). Une application permet même de publier des données de son avatar WoW sur son profil facebook. Le succès ne semble pas au rendez-vous… Certainement présents sur Facebook, les joueurs de WoW ne s’y affichent pas comme tels. L’anonymat du jeu de rôle reste essentiel.

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Corbis

World of Warcraft réunit plus de

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millions de joueurs dans le monde de messages du joueur peut ainsi être spammée par des publicités renvoyant vers des sites spécialisés dans ce type d’échanges. Pour 2011, Activision Blizzard, numéro un mondial du divertissement interactif (contrôlé par Vivendi), prévoit un chiffre d’affaires de 4,33 milliards de dollars.

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Blizzard Entertainment

Un business model à succès WoW reste fondé sur le modèle économique de l’abonnement : un joueur débourse 20 euros pour avoir accès au jeu, 11 à 13 euros par mois ensuite, et environ 30 euros pour une nouvelle extension. De plus en plus de jeux utilisent pourtant aujourd’hui le modèle économique free-to-play, où l’accès est gratuit, mais les contenus additionnels payants. De très nombreux sites, officiels et non officiels, sont par ailleurs consacrés aux personnages, aux astuces du jeu et à ses évolutions. Une activité économique réelle, dérivée de la vente d’atouts du jeu, existe même. Des vendeurs y proposent par exemple 1 000 pièces d’or contre 5 euros. En cours de jeu, la boîte


tendances

Après 2001 et 2008 les technologies sont-elles immunisées contre la crise ? Les premiers nuages obscurcissent le paysage des sociétés de technologie. Mais les opportunités de croissance restent importantes à l’international et sur certains secteurs d’activité. par Florence Puybareau et Reynald Fléchaux

H

abituellement, dans les périodes de crise, comme en 2001 et 2008, les valeurs technologiques ne font qu’amplifier le mouvement baissier. Lors de l’éclatement de la bulle Internet, certains cours ont même connu une chute abyssale, perdant en quelques semaines plus de 90 % de leur valeur. Une sanction des marchés qui correspondait alors à un fléchissement des dépenses des ménages et des entreprises en produits technologiques et à une crise qui touchait tous les pays consommateurs. En cette année 2011, au contraire, la tendance mondiale reste bien orientée. Les dépenses IT des entreprises progresseront ainsi cette année de 5,9 %, selon le cabinet d’études Gartner et, malgré un ralentissement net, la croissance devrait rester favorable en 2012 (3,9 %, selon les mêmes analystes). Le scénario est en revanche un peu moins optimiste pour l’Europe de l’Ouest, engluée dans la tourmente des dettes souveraines. Ainsi, d’après PAC (Pierre Audoin Consultants), les dépenses des entreprises hexagonales dans les TIC devraient enregistrer une hausse de « seulement » 1,5 % en 2012, à 84,2 milliards d’euros. Cloud, sécurité, mobilité : une santé insolente

Néanmoins, si beaucoup d’industriels de l’IT restent prudents pour les prochains mois, rares sont ceux qui manifestent de profonds signes d’inquiétude. Tout du moins parmi les grands du marché. Dans les mentalités s’est installée peu à peu l’idée que la technologie était devenue indissociable de l’activité et que couper dans les budgets IT – ou tout au moins dans toutes leurs composantes – pouvait se révéler contre-productif. Vaccinées par les précédentes crises, les sociétés du secteur auraient, elles, développées une certaine forme d’immunité. C’est en tout cas l’avis de Laurent Foata, qui dirige les fonds d’Axa Private Equity dédiés à l’innovation : « En temps de crise, les entreprises technologiques sont paradoxalement plus résistantes car plus flexibles et plus innovantes. Elles savent mieux s’adapter que quiconque à une nouvelle donne économique et jouent un rôle majeur dans le redémarrage de la croissance ! En fait, elles sont les premières à en récolter les fruits... » Sans oublier le fait que, contrairement aux deux crises précédentes, certains secteurs continuent à afficher une santé

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insolente. Dans cette catégorie, on peut citer la sécurité informatique (12,8 % de croissance dans le monde en 2011), les services de cloud computing (taux de croissance prévu supérieur à 20 % sur les cinq prochaines années) ou la mobilité (74 % de progression pour les ventes de smartphones en 2011). Profiter de la crise… pour entreprendre !

Les pays occidentaux et le Japon ne sont plus les seuls consommateurs. Aujourd’hui, la croissance est tirée par l’Inde, la Chine, le Brésil, l’Afrique… des pays qui ignorent (ou presque) la crise. Les grands fournisseurs ont bien compris ces enjeux et réalisent désormais une bonne partie de leur chiffre d’affaires dans ces régions en fort développement, à l’image d’IBM, Apple, Microsoft, Google, SAP ou Capgemini. D’où des résultats globalement en hausse pour tous ces acteurs. Les risques se concentrent aujourd’hui sur les sociétés qui opèrent dans des secteurs en difficulté (comme les équipementiers télécoms, à l’image d’Alcatel-Lucent qui a annoncé un profit warning) et les petits fournisseurs qui, s’ils ne sont pas jugés suffisamment innovants, risquent de voir tarir leurs sources d’investissement. Même s’il dit n’investir que dans un dossier sur cent qui lui parviennent, Franck Delorme, président de Seed4Soft, club d’investisseurs qui accompagne les start-up du logiciel, reste positif : « Une crise est une bonne période pour lancer des projets, car le démarrage d’une activité dans le logiciel est consacré à la création des produits, que les tensions sur le marché n’affectent pas. Par ailleurs, les crises permettent aux jeunes sociétés de trouver des talents à des tarifs raisonnables. » Et de rappeler que des éditeurs aujourd’hui en vue, comme Oodrive ou SideTrade, se sont créés en 2001, en plein éclatement de la bulle Internet. « Mieux vaut démarrer un projet de logiciel en mode Saas (logiciel vendu comme un service, sur abonnement, NDLR) en 2011, qu’une activité d’édition plus traditionnelle il y a cinq ans », tranche Franck Delorme. Pour lui, des modèles comme le Saas, mais aussi l’Open Source, sont très adaptés aux périodes de crise, car ils ne forcent pas les entreprises à se lancer dans des projets coûteux, forcément discutés en période de disette budgétaire.

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il faut des systèmes d’investissement plus simples Comment est né Commodesk ?

Commodesk est une société spécialisée dans l’analyse de l’information internationale sur les matières premières. Avec mes associés, nous avons créé le site en 2009 en partant d’un besoin – trouver de l’information sur les matières premières – et d’un constat – les informations disponibles étaient parcellaires. Quelles pistes avez-vous explorées pour financer votre start-up ?

Pour les entreprises de notre taille, le financement est un vrai parcours du combattant. Deux exemples parmi d’autres : Oséo nous a fait comprendre que nous n’étions pas assez innovants. Alors que notre site n’existe nul part ailleurs en Europe !

D. R

Trois questions à... Jacques Farine, cofondateur et dirigeant de Commodesk Nous sommes également allés voir des business angels, mais les conditions sont très contraignantes et ils ont une vision à court terme. En fait, ce dispositif n’est pas vraiment adapté à la dynamique et à la souplesse d’une start-up comme la nôtre. Quel bilan tirez vous de cette expérience ?

Il faut parvenir à des systèmes de financements plus simples car, aujourd’hui, il y a trop de rigidités. Et puis, il faut viser haut pour intéresser les investisseurs. Commodesk avait besoin de 300 000 à 500 000 euros, mais nous aurions trouvé plus facilement des investisseurs avec un projet nécessitant 800 000 euros !

BonitaSoft : quand la gestion de processus séduit les investisseurs La start-up vient de lever 11 millions de dollars qui vont lui permettre d’accélérer son développement à l’international.

M

algré la crise mondiale, il est encore possible pour les jeunes entreprises innovantes de trouver des investissements. BonitaSoft fait partie de ces heureuses élues : la société a conclu à la mi-septembre une levée de fonds de série B de 11 millions de dollars. BonitaSoft est un éditeur de solutions de BPM (Business Process Management, soit la gestion des processus métier) en Open Source. La société a été cofondée en 2001 par Miguel Valdés-Faura, « avec la vision que le BPM serait présent dans le portefeuille de chaque entreprise IT ». Le nouveau tour de table a été emmené par la société de capital risque Serena Capital. Les investisseurs qui étaient

déjà présents dans le capital de l’éditeur, à savoir Ventech et Auriga Partners, ont également pris part à cette opération. « Grâce à une bonne approche et à une équipe de direction solide, BonitaSoft renverse les obstacles rencontrés habituellement dans ce genre de projet, en permettant aux entreprises de toutes tailles et de tous secteurs de tirer profit de la mise en place d’une suite BPM, grâce à un outil accessible et facile à déployer », explique Xavier Lorphelin, Managing Partner chez Serena Capital. L’équipe dirigeante de BonitaSoft a annoncé que cette levée de fonds servira à « accélérer le développement des produits et à étendre la présence à l’international de l’entreprise ».

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bourse

Le logiciel français rattrapé par la crise Si les performances boursières des éditeurs de logiciels français avaient bien résisté sur le long terme aux turbulences de 2008, les secousses des marchés boursiers des derniers mois ont été beaucoup plus sévères pour le secteur. Par Pierre Marty, associé PwC

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ntre le 1er juillet et le 1er novembre 2011, la moyenne des cours de Bourse des éditeurs français a chuté d’environ 19,5 %. C’est un peu mieux, certes, que le CAC 40 (- 23 %), mais beaucoup moins bien que le Nasdaq (- 2,2 % – exprimé en euros), indice regroupant les valeurs technologiques outreAtlantique. Seules deux sociétés parmi les trente de notre panel d’éditeurs français, Dassault Systèmes et E-Front, ont vu leur cours progresser légèrement sur la période.

Les valeurs européennes dans la tourmente

Cette évolution est révélatrice des tensions sur les marchés européens en général, reflet de la crise de la dette. Celle-ci semble tout emporter sur son passage, le secteur du logiciel n’ayant ainsi pas réussi à convaincre, globalement, que l’anticipation du ralentissement des budgets de dépenses informatiques pouvait être contrebalancée par un maintien des investissements logiciels générateurs de gains de productivité.

Des résistances / performances contrastées

Pour autant, à y regarder de plus près, la performance est très contrastée. En moyenne, les petites sociétés cotées s’en sortent un peu mieux que les plus importantes. La moitié de notre panel est composé d’entreprises dont le chiffre d’affaires logiciel est inférieur à 25 millions d’euros sur une base annuelle. Dans ce groupe, seules deux sociétés affichent des performances inférieures au CAC 40 sur la période étudiée. A contrario, la moitié des sociétés plus importantes font moins bien que l’indice parisien et, parmi les cinq plus importantes d’entre elles, seul Dassault Systèmes excède (de très loin) la performance du CAC 40. D’ailleurs, l’évolution des cours de Bourse de ce dernier est très similaire aux deux autres leaders européens du logiciel (SAP et Sage), au cours des quatre derniers mois.

Top 10 des capitalisations boursières françaises

évolution de la moyenne des cours de bourse en 2011

en Millions d’euros

Moyenne éditeurs français côtés CAC 40 NASDAQ

Société

au 1er juillet 2011

au 1er novembre 2011

Dassault Systèmes

7 185

7 534

110,00

Sopra Group

715

527

105,00

Cegedim

533

302

100,00

Lectra

170

158

GFI Informatique

213

151

Cegid

199

149

80,00

Pharmagest

146

132

75,00

Sword

182

117

70,00

Linedata Services

132

106

65,00

Esi Group

77

75

95,00 90,00 85,00

01/07

40

21/07

10/08

30/08

19/09

09/10

29/10

les cahiers du numérique /// numéro 1 /// décembre 2011

évolution


les échos de la valley

Le « Freemium », nouvelle frontière de l’économie du logiciel Corollaire du cloud computing, ce nouveau modèle économique est basé sur la distribution gratuite de la version complète d’un logiciel, tout en suggérant des options additionnelles payantes. Radical. par Jean-Baptiste Su, correspondant à San Francisco

U

ne fois encore, les éditeurs de logiciels de la Silicon Valley montrent la voie. Et la direction est claire : consumérisation de l’informatique, cloud computing, mobilité et réseaux sociaux rythment le crû technologique 2011. « Les logiciels professionnels vont devoir s’adapter et ressembler à Facebook ou Google plutôt qu’à Oracle. Car c’est cette nouvelle génération de logiciels, plus faciles à utiliser, plus sociaux et moins chers, qui attire clients et investisseurs », souligne Charlene Li, analyste au sein de l’Altimeter Group. Les exemples abondent. Yammer, qui édite un logiciel de réseau social pour entreprise, a levé 17 millions de dollars en septembre, une somme qui s’ajoute aux 40 millions déjà engrangés. Des segments plus traditionnels, revisités par la vague du Cloud, ne sont pas en reste. Des start-up spécialisées dans la BI en mode Saas – où le logiciel est vendu comme un service –, comme MapR (20 millions), Kaggle (11 millions) ou Euclid (5,8 millions), ont également levé des fonds récemment. La jeune pousse d’origine parisienne myERP.com (ERP en mode Saas) a, elle, reçu cet été près de 3 millions de dollars d’Altos Ventures, un investisseur de la Silicon Valley.

mais limitées dans le temps ou bridées en fonctionnalités. Désormais, le modèle qui a le vent en poupe, c’est le Freemium », insiste l’analyste Rob Enderle. Le modèle « Freemium » consiste à proposer aux clients une version complète, mais gratuite (free) du logiciel, tout en suggérant des options additionnelles payantes – c’est la partie « premium ». « Grâce à ce modèle, on ne dépense pas un centime en marketing ou ventes. Les gens essayent et s’ils aiment, ils payent. C’est un peu comme le “shareware”, mais pour le “cloud computing” », explique Phil Libin, le P.D.G. d’Evernote, un logiciel de prises de notes et d’organisation. Même son de cloche chez Dropbox ou myERP.com. « Pour que le modèle Freemium fonctionne, il faut avoir un excellent produit, sinon les clients s’en vont aussi rapidement qu’ils sont venus. Mais s’ils restent, alors le phénomène devient viral et les ventes explosent », renchérit Francois Nadal, le P.D.G. de myERP.com, dont le logiciel est entièrement gratuit pour deux utilisateurs, puis coûte 29 dollars par mois et par utilisateur supplémentaire. Un modèle qui lui a permis d’attirer plus de 40 000 PME en moins d’un an !

« Plus un centime en marketing et ventes »

Une évolution des technologies qui va de pair avec le bouleversement des modèles économiques existants. « On ne vend plus le logiciel aujourd’hui comme on le faisait il y a encore quelques années avec la commercialisation de licences perpétuelles, l’Open Source ou des offres d’essai gratuites,

L’Afdel étend sa présence dans la Silicon Valley Les éditeurs de logiciels français ont enfin leur point de chute au cœur de la Silicon Valley. Inaugurée en octobre dernier par son président Patrick Bertrand, l’antenne californienne de l’Afdel est située

dans les bureaux de Talend, qui édite des solutions Open Source d’intégration de données. Les membres auront accès aux locaux de l’Afdel comme espace de travail ou pour leurs réunions, ainsi qu’au réseau de partenaires sur place, dont Ubifrance et

le cabinet d’avocats Nixon Peabody. « Je regrette seulement que ce bureau n’ait pas existé à notre arrivée, l’année dernière, à San Francisco. Cela nous aurait économisé beaucoup de temps et d’argent », souligne Francois Nadal, P.D.G. de l’éditeur d’origine française myERP.com.

41


tableau de bord

l’essentiel de l’économie du numérique en chiffres Chaque trimestre, Les Cahiers sélectionnent les indicateurs qui font l’économie du secteur. Un best of qui montre combien le numérique est en train de s’installer dans le quotidien des Français. Crise ou pas. Près de 13 millions de joueurs sur le téléphone mobile en France Le Syndicat national du jeu vidéo (SNJV) estime à 12,8 millions le nombre de joueurs sur téléphone mobile en France. Les jeux arrivent en tête des applications payantes utilisées tant sur les smartphones que sur les tablettes. Au niveau mondial, le chiffre d’affaires de ce marché devrait passer de 5,2 milliards de dollars cette année à 10,6 milliards en 2015. Chez les développeurs français, l’iPhone arrive en tête des plateformes. 60 % des Français se connectent plusieurs fois chaque jour La France est un pays d’internautes fervents. Selon Ipsos, parmi les 72 % de Français qui se connectent à Internet, 60 % le font plusieurs fois par jour. Si l’ordinateur reste leur point d’accès principal, ils utilisent aussi leur smartphone (34 %), leur console de jeux vidéo (9 %) et leur tablette (5 %). La météo et le GPS chez plus de 7 mobinautes sur 10 Un smartphone accueille en moyenne 27 applications, selon un sondage TNS Sofres réalisé l’été dernier. Les plus utilisées sont celles pour la météo (74 % des mobinautes) et pour des services de navigation GPS (70 %). Près d’un tiers des mobinautes a téléchargé une application bancaire ou d’assurance. Par ailleurs, 71 % des possesseurs de ces appareils utilisent la géolocalisation près de sept fois par mois.

Les catégories d’applications les plus utilisées Pourcentage de mobinautes possédant au moins une application des applications suivantes :

61 % des entreprises ont connu un incident de sécurité en 2011 La côte d’alerte est atteinte, prévient le cabinet PwC, qui estime que plus de 6 sociétés françaises sur 10 ont connu un incident de sécurité en 2011. Elles n’étaient que 39 % dans ce cas en 2010. Même si cette étude (9 600 dirigeants interrogés dans 138 pays) fait apparaître une situation hexagonale légèrement plus satisfaisante que la moyenne mondiale, les conséquences de ces incidents s’aggravent nettement. 20 % des entreprises françaises disent avoir subi des pertes financières en 2011 (8 % en 2008) ; 17 % ont été victimes de vol de propriété intellectuelle (6 % en 2008) ; 13 % ont vu leur image se dégrader (6 % en 2008). Conséquence : les organisations ont moins confiance dans la sécurité de leurs systèmes d’information. Elles ne sont plus que 55 % dans ce cas. Une chute de 32 points en un an ! Plus de 550 000 abonnés à la fibre en France Selon le FTTH Council et l’EITO, 87 300 abonnés supplémentaires se sont raccordés à la fibre optique en France, au cours du premier semestre 2011. Soit un total de 556 000 abonnés. Ce mouvement devrait s’accélérer avec l’annonce d’un partenariat entre France Télécom et SFR pour le déploiement accéléré de la fibre dans les zones moins denses. Sur le mobile, d’après l’EITO et l’Idate, 85,3 millions d’abonnés seront connectés à la technologie LTE (Long Term Evolution), fin 2015, en Europe de l’Ouest, dont 8,6 millions en France. Ergonomie des progiciels : seulement un tiers des entreprises satisfaites Selon une étude IDC, plus des deux tiers des entreprises françaises critiquent l’intuitivité et la simplicité d’utilisation des progiciels de gestion en place dans leur organisation. Seules 32 % d’entre elles se satisfont de l’ergonomie de ces outils. 34 % des dirigeants français interrogés se plaignent également des pertes de temps que génèrent les progiciels. Les indicateurs clefs du numérique en 2011

Jeux et divertissements - 69 % Utilitaires (calculatrice, réveil, etc.) - 69 %

Source : TNS Sofres.

42

type

montant

variation

source

Dépense informatique des entreprises européennes

604 milliards d'euros

Gartner Group

Marché du logiciel en France

9,7 milliards d’euros

Baromètre Cockpit-Software, Afdel

Nombre de microordinateurs vendus en Europe au 3e trimestre

26,7 millions

IDC

8,7 milliards d'euros

Fevad

Chiffre d'affaires du e-commerce en France au 2e trimestre

les cahiers du numérique /// numéro 1 /// décembre 2011


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