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L’adéquation formation-emploi

Chaque année, 34 000 étudiants sortent diplômés alors qu’il n’existe que 9 900 emplois stables dans les secteurs du public et du privé confondus. Ici, l’usine Tomates de Côte d’Ivoire (Tomaci), près d’Abidjan.

Accentuer la compétitivité de l’économie, ouvrir de réelles opportunités, c’est aussi faire correspondre les filières d’études au marché du travail. par Francine Yao

La « Vision Côte d’Ivoire 2030 » projette de faire de la locomotive de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (entre 3 996 dollars et 12 375 dollars de revenu national brut par habitant), une catégorie qui, dans le jargon de la Banque mondiale, précède celle des pays à revenu élevé. Pour y parvenir, l’État devra procéder à de profondes mutations, qu’elles soient économiques ou sociales. Et parmi elles figure le volet formation-marché du travail.

En effet, les résultats de l’enquête sur l’emploi en 2015 sont éloquents. On y apprend qu’en ce qui concerne l’enseignement supérieur, 34 000 étudiants sortent diplômés alors qu’il n’existe que 9 900 emplois stables dans les secteurs du public et du privé confondus. Et ce chiffre va croissant d’année en année. Selon Adama Diawara, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, chaque année, ils seraient 400 000 jeunes à arriver sur le marché du travail.

La Côte d’Ivoire fait donc face au défi de l’adéquation formation-emploi. Qui forme-t-on ? Pour quels emplois ? Ces questions sont précisément au centre de toutes les préoccupations, aussi bien au sein du secteur privé que du gouvernement.

Dans cette optique, Adama Diawara a lancé à l’université Félix Houphouët-Boigny, le 21 octobre 2021, la réalisation d’une étude pilote sur les secteurs et métiers porteurs, dans le but d’actualiser la carte des formations universitaires, en lien avec les branches professionnelles et en fonction des besoins de l’économie. Les résultats de cette étude sont attendus en octobre 2022.

Elle est conduite par le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et le Centre de prospective de l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (INP-HB). Le projet est financé par l’Agence française de développement (AFD), dans le cadre de la mise en œuvre des activités du deuxième contrat de désendettement et de développement (C2D), concernant le quatrième volet éducationformation de l’Appui à la modernisation et à la réforme des universités et grandes écoles de Côte d’Ivoire (AMRUGE-CI). Selon le ministre, cette étude permettra de trouver une solution durable au problème de l’inadéquation entre la formation et le marché du travail.

Adama Diawara promet aussi, entre autres innovations, de réformer le BTS grâce à un financement de la Banque mondiale, dans le cadre du Projet d’appui au développement de l’enseignement supérieur (PADES). Il s’agira d’identifier les filières porteuses d’emplois afin de les maintenir, et, en toute logique, de supprimer celles qui ne le sont pas. Aussi, il avance que les curriculums seront revus. « En concertation avec le secteur privé, nous verrons quels sont les référentiels de compétences recherchés par le monde du travail. »

DES UNIVERSITÉS DANS LES RÉGIONS

Fort de cette ambition, le gouvernement s’est orienté vers la création d’universités thématiques, en tenant compte des aspirations du pays. L’objectif étant de coller aux besoins actuels et futurs des apprenants, afin de soutenir le développement économique de chaque région.

Ainsi, depuis 2012, Abidjan et Bouaké ne sont plus les seules villes du pays à abriter des universités publiques. Elles ont été rejointes par Daloa, Korhogo, Man et San Pedro. L’université de Man (U-MAN), qui a procédé à sa rentrée officielle en 2017-2018, est la dernière-née des établissements d’enseignement supérieur, construite dans le cadre du Programme de décentralisation des universités (PDU). L’U-MAN est principalement orientée dans les domaines des sciences de la terre et de l’atmosphère, des mines et de l’énergie, de la métallurgie, de la mécanique et de la maintenance industrielle, ainsi que des sciences des matériaux. Elle regroupe quatre unités de formation et de recherche (UFR), cinq grandes écoles, un centre de recherche et un institut.

De son côté, l’université Jean Lorougnon Guédé, à Daloa, compte cinq UFR (agroforesterie, environnement, sciences sociales et humaines, sciences économiques et de gestion, et sciences juridiques) ainsi qu’une école de formation continue. Cette université, qui reçoit environ 7 000 étudiants, a pour mission principale la formation de spécialistes en développement local, rural et communautaire.

Par ailleurs, le pays compte dorénavant dans ses rangs l’université Peleforo Gon Coulibaly, à Korhogo. Cette ancienne Unité régionale de l’enseignement supérieur (URES) est désormais une université autonome. Elle est spécialisée en gestion agropastorale et en sciences biologiques.

Quant à l’université de San Pedro, elle a ouvert ses portes en octobre 2021. Son offre de formation conçue en conformité avec les priorités économiques du pays s’oriente particulièrement vers les sciences de la mer et la construction navale, le BTP, l’agriculture, l’agro-industrie et les ressources halieutiques, la logistique et le tourisme. Elle comprend aussi une unité de formation et de recherche en médecine, au sein du centre hospitalouniversitaire régional. Ces programmes de formation seront proposés dans le cadre de licences académique ou professionnelle. Par ailleurs, les travaux de construction de l’université de Bondoukou sont en cours.

Autant d’initiatives qui devraient permettre d’atteindre l’objectif escompté. ■

Fort de cette ambition, le gouvernement s’est orienté vers la création d’universités thématiques,

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