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Le confl it en Europe nuit au tourisme

Boeing a déjà annoncé la suspension de sa coopération avec son partenaire russe VSMPO-Avisma, premier fournisseur de titane pour l’aéronautique mondiale. L’avionneur américain affirme sa volonté de se réorienter vers « d’autres marchés »… Or, l’Afrique du Sud dispose des deuxièmes réserves au monde de ce métal, également présent en Sierra Leone, au Mozambique et au Kenya. Le poids lourd d’Afrique australe est aussi le deuxième producteur mondial de palladium. Même scénario pour le nickel, un métal dont le fabricant de voitures électriques Tesla estime ses besoins à pas moins de 750 000 tonnes dans la prochaine décennie ! L’Afrique du Sud et Madagascar sont respectivement 10e et 13e producteurs mondiaux, avec 3,7 et 1,6 millions de tonnes en réserve, mais ils ont produit moins de 80 000 tonnes en 2019 : les deux pays ont « tout intérêt à attirer les investisseurs », selon l’agence Ecofin. La Tanzanie, elle, a signé l’an dernier un contrat avec la société britannique Kabanga Nickel afin d’exploiter un important gisement et de fabriquer sur son sol les batteries destinées aux voitures électriques.

Mais les conséquences pour l’Afrique ne sont pas uniquement positives : les groupes russes travaillant sur le continent sont déjà impactés, comme le sont, par conséquent, leurs partenaires africains. En Guinée, le groupe Rusal, qui y exploite plusieurs mines de bauxite et est contrôlé par l’oligarque Oleg Deripaska, pâtit du conflit. Le minerai extrait de ses mines de Dian-Dian et Kindia ne peut plus être exporté vers le port de Mykolaïv… situé en Ukraine ! Et la déconnexion de la Russie du système interbancaire SWIFT restreint les activités du groupe : les 4 000 employés guinéens des filiales locales de Rusal pourraient ainsi se retrouver au chômage. ■

Le Pyramisa Beach Resort Sahl Hasheesh, à Hurghada, station balnéaire égyptienne.

Le conflit en Europe nuit au tourisme

Égypte, Maroc et Tunisie vont devoir se passer des importantes clientèles russes et ukrainiennes.

« C’était nos deux plus gros marchés », a déploré le ministre égyptien du Tourisme, Ghada Shalaby. Environ 1,5 million de Russes et d’Ukrainiens ont visité le pays ces derniers mois, se concentrant notamment dans les stations balnéaires de Charm el-Cheikh et de Hurghada. La guerre est donc une très mauvaise nouvelle pour le tourisme égyptien, à peine remis du Covid-19. D’autant que les Russes revenaient tout juste dans le pays après six ans d’absence – leurs compagnies aériennes refusaient de desservir l’Égypte en raison de l’attentat de Daech contre un vol entre Charm el-Cheikh et Saint-Pétersbourg, qui avait fait 224 victimes le 31 octobre 2015. Aucune restriction formelle n’interdit aux citoyens des deux nations slaves de partir en vacances en Afrique, mais en pratique, les Ukrainiens sont mobilisés par la défense de leur pays. Quant aux Russes, du fait des sanctions internationales, ils ne peuvent plus utiliser à l’étranger leurs cartes de paiement, bloquées par le réseau interbancaire SWIFT. Enfin, la dévaluation de leurs monnaies (le rouble et la hryvnia) ampute le pouvoir d’achat des ménages et restreint donc leurs loisirs. L’Égypte n’est pas la seule concernée : la Tunisie avait accueilli « 639 000 touristes russes en 2019 », a rappelé le ministre du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine. Et le Maroc sera également impacté : ces dernières années, l’office du tourisme du royaume avait pour objectif d’attirer 2 millions de Russes, notamment à Agadir. ■

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