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de l’émergence
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août-octobre2018 janvier-mars 2018
Énergie
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Sommaire
Transformer le Commerce en Afrique African Export-Import Bank Banque Africaine D’Import-Export
5 6-7 8-9 10-11 12-13
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15 Ǻ Commerce Intra-Africain Ǻ Commerce Afrique-Pays du Sud et du Monde Ǻ Accès au Financement du Commerce Ǻ Financement des Infrastructures facilitant le Commerce
Ǻ Financement des exportations GLYHUVLƬÂHV HW ¹ IRUWH YDOHXU DMRXWÂH Ǻ Initiatives de Renforcement des &RPSÂWHQFHV GDQV OH &RPPHUFH Ǻ Services Consultatifs sur le Commerce
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PERFORMANCE 2016:
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août-octobre 2018
L’éditorial de Gerba Malam
Marchés Africains Économie informelle : Composante essentielle des économies africaines Manufactures : Les pièges du transfert de technologie à l’Afrique Tourisme en Afrique : Les nouveaux circuits de développement Industrie automobile : Les chaînes de montage se multiplient en Afrique
Partenariats Partenariat NAFASO-PlanBio : 25 milliards de F CFA pour conquérir l’Europe
Tendances La cuisine africaine s’invite sur les tables du monde L’intelligence économique au service du Business en Afrique
Bon à savoir
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Voyages. Naviguer entre l’Amérique du Nord et l’Afrique
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Paul Biya et l’émergence 2035 : des pôles majeurs. Économie : Promotion des PME. Une attention particulière Carte sanitaire : Une croissance qualitative d’infrastructures de haut niveau Gestion des ressources humaines . Le grand ménage dans la fonction publique Agriculture : Les sillons d’une nouvelle génération Défense de l’environnement : Le Cameroun en première ligne
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Ressources humaines : La très rentable formation sur mesure Microfinance et développement. Lente reprise en Afrique Santé : La pharmacopée africaine à la conquête des parts de marché Logements collectifs en Afrique : Un vaste marché à conquérir Pertes agricoles post-récoltes : Le recours à la technologie pour limiter les dégâts.
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Énergie : les grands chantiers Africains Hydroélectricité : entre contraintes économiques et obligations environnementales. Le solaire illumine l’avenir de l’Afrique. Energies renouvelables : La biomasse, plus énergétique que le pétrole.
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Actif Total: US$11.726 Milliards; Encours de crédit bruts: US$10.316 Milliards; Résultat d’Exploitation: US$305 Millions; Résultat Net: US$165.03 Millions; Notations: Fitch: BBB-/F3 (Negative); Moody’s: Baa1 (stable); GCR: BBB+.
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Supplément d’information
Opportunités d’affaires
Dossier spécial
Perspectives Développement : La diaspora africaine se saisit du numérique
Portrait Fahad Awadh : Un jeune Tanzanien à l’assaut de la noix de cajou
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Lifestyle Kigali la coquette
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Éditorial Gerba Malam
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La guerre commerciale de Donald Trump :
l’Afrique n’est pas épargnée. Dans la guerre commerciale qui l’oppose aux États-Unis, le Rwanda se trouve face à deux options : trouver un arrangement avec les ÉtatsUnis ou saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans un cas comme dans l’autre, la bataille s’annonce très difficile.
Comme suite logique à ses promesses électorales de mettre fin aux «injustices» dont sont victimes les États-Unis dans les relations commerciales avec leurs partenaires, le président américain Donald Trump a engagé une guerre commerciale tous azimuts. Il est en guerre avec la Chine qu’il accuse de pratiques commerciales déloyales et de vol de propriété intellectuelle. Il a donc décidé d’imposer, depuis juillet, des droits de douane de 25 % sur les marchandises chinoises entrant sur le territoire américain. Cette pression vise à amener la Chine à réduire son colossal excédent commercial avec les États-Unis qui est de 375 milliards $ sur les seules marchandises. Il est en guerre également avec l’Union européenne, le principal partenaire commercial des États-Unis, à qui il vient d’imposer des taxes douanières de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium. Donald Trump reproche aux Européens de taxer lourdement les produits américains. Par ailleurs, le chef de la Maison-Blanche a remis en question l’accord sur le libreéchange nord-américain (ALENA) qui liait les États-Unis au Mexique et au Canada depuis 1994 et a engagé les hostilités avec ces deux pays voisins. Ainsi, ceux-ci n’ont pas échappé aux taxes douanières sur l’acier et l’aluminium. Comme si ce n’était pas déjà assez, il vient de rétablir les sanctions commerciales contre l’Iran et d’ouvrir un nouveau front avec la Turquie. Ce dont on parle peu, c’est le bras de fer commercial qu’il vient d’engager avec un petit pays d’Afrique, le Rwanda. Il a suspendu fin juillet les avantages commerciaux dont bénéficiaient les vêtements importés du Rwanda. C’est une mesure de représailles à l’endroit de Kigali qui, pour protéger et renforcer son industrie textile, avait décidé en 2016 d’imposer des droits de douane sur les importations de vêtements d’occasion qui inondent la région. Et comme ces vêtements viennent principalement des États-Unis, Washington s’est senti visé. Mais quel mal y a-t-il à vouloir l’émergence d’une industrie textile locale ou d’une industrie tout court ? Cela passe nécessairement par une certaine forme de protectionnisme auquel ont eu recours les pays occidentaux à travers leur histoire. Ainsi, en 1886, quand l’Italie voulut protéger ses jeunes industries, elle se tourna vers le protectionnisme, en mettant fin à son accord commercial avec la France. Elle imposa des droits de douane allant jusqu’à 60 % sur les importations françaises. Aux États-Unis, la loi HawleySmoot, qui augmenta les droits de douane sur plus de 20 000 marchandises importées, fut adoptée en 1930 dans le but de sauver les usines américaines. Autre exemple : en 1963, la France et l’Allemagne qui se plaignaient de l’importation de poulets bon marché en provenance des États-Unis imposèrent des droits de douane sur le poulet importé américain, la «chicken tax». Hier comme aujourd’hui, ces mesures protectionnistes, souvent prises unilatéralement, sont considérées comme une déclaration de guerre commerciale. Et comme dans toute guerre, il faut prendre en compte les rapports de
force. Les multiples guerres commerciales déclenchées par Donald Trump, nous en donnent une parfaite illustration. Il a attaqué la Chine, deuxième puissance économique mondiale. Elle a rendu coup pour coup : taxe américaine sur 50 milliards$ de marchandises chinoises importées ? Taxe chinoise sur 50 milliards $ de marchandises américaines importées ! L’Union européenne ne s’est pas laissé faire non plus. Après les taxes douanières punitives américaines, elle a répliqué en relevant les droits de douane sur 2,8 milliards d’euros de produits américains. Mêmes réactions vigoureuses du Canada et du Mexique qui ont imposé des taxes douanières équivalentes. Cette politique de «œil pour œil, dent pour dent», qui n’est possible que dans une situation de rapport des forces assez équilibré, semble porter des fruits. Ainsi, des négociations discrètes se poursuivent pour tenter d’éviter le pire entre Pékin et Washington. De même, Donald Trump a annoncé fin juillet un armistice commercial entre l’Union européenne et les États-Unis. Autre surprise : Washington vient de parvenir à un accord commercial avec le Mexique et s’entendra sans doute bientôt avec le Canada. Malheureusement pour l’Afrique, le Rwanda n’a pas les mêmes moyens de pression pour faire plier Washington en cas d’escalade. On sait que les Américains n’ont suspendu pour le moment que les avantages commerciaux pour les vêtements provenant de ce pays. Ils pourraient aller plus loin en retirant au Rwanda d’autres avantages dont il bénéficie dans le cadre de l’AGOA, un accord commercial mis en place en 2000 pour faciliter les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique. Grâce à cet accord, de nombreux pays africains, comme le Rwanda, ont un accès libre de droits de douane au marché américain pour 6400 produits. Mais si le Rwanda venait à perdre un tel avantage, ce serait un coup dur pour son économie, car il exporte (2,16 millions $) beaucoup plus qu’il n’importe (130 000 $) des États-Unis. Kigali a donc plus à perdre dans cette guerre commerciale. En réalité, deux options s’offrent au président rwandais, Paul Kagamé : trouver un arrangement avec les États-Unis ou saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans le premier cas, ce serait un recul de sa part, car les Américains exigent, pour lever la suspension, qu’il annule les droits de douane imposés à la friperie américaine. Dans le second cas, il risque plutôt d’être confronté à l’impuissance de l’OMC. Son organe de règlement des différends est en effet paralysé, car les États-Unis bloquent le remplacement de 3 juges (sur 7) de la Cour d’appel de cet organe. Sans oublier la longueur de la procédure à l’OMC pour régler un conflit ! C’est un choix très difficile qui s’annonce donc pour le président Kagamé. Mais connaissant l’homme, sa fierté et son nationalisme, il y a peu de chances qu’il recule devant la toute-puissante Amérique, quel que soit le prix à payer.
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Marchés Africains
Régine Ella Zilli
Économie informelle
Composante essentiel le des économies africaines. L’économie informelle occupe une frange importante de la population de plus en plus croissante de la population active, notamment dans les pays en développement et en Afrique, en particulier, au point de susciter un regain d’intérêt dans les politiques des États et dans les débats d’économistes. Le Fonds Monétaire International (FMI) pour sa part, en fait désormais «une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes».
Le Monde Diplomatique, «on observe une coupure, voire un morcellement du corps social : dans l’économie formelle, on trouve une Afrique moderne, aisée, sophistiquée et mondialisée, qui vit à l’heure du XXIe siècle.
C’est pour cette raison que, pendant longtemps, on a pensé qu’il fallait lutter contre l’économie informelle en «formalisant l’informel». En d’autres termes, le secteur informel devait progressivement disparaître
«En plus de ce qu’il n’existe pas de frontière étanche entre l’informel et le formel, le premier peut aider à nourrir le second. Cela est possible si l’on aménage des passerelles entre les deux.»
Yvon Pesqueux, professeur titulaire de la «Chaire Développement des systèmes d’organisation» au Conservatoire national des arts et métiersm, définit l’économie informelle comme l’ensemble des activités productrices de biens et services dissimulées au regard de l’État et qui échappent donc à son pouvoir régulateur. La conception de l’économie informelle diffère selon qu’il s’agit des pays développés ou des pays sous-développés. En effet, pour F. Schneider et A. Bruehn (2010), dans les pays développés, on réduit «l’économie informelle à des activités économiques et commerciales qui seraient effectuées sur les logiques de l’évitement, donc en dehors du champ des institutions». Conception soutenue par Lautier, De Miras et Morice qui la définissent comme étant «les actes (ou ensemble d’actes) économiques marchands qui échappent aux normes légales en matière fiscale, sociale, juridique ou d’enregistrement statistique».
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Des activités qui échappent aux normes légales Dans les pays sous-développés, par contre, l’économie informelle est considérée principalement comme «une économie de survie et de pauvreté – donc indispensable – mêlant réseau social, famille, faible dimension de l’activité, etc., et qui, malgré la succession des rapports des institutions internationales, résiste à la régulation». D’aucuns l’assimilent à la débrouillardise, on parle alors de système «D», alors que pour d’autres, il ne s’agirait, ni plus ni moins, que d’un chômage déguisé. «Étrangeté vouée à se diluer dans le formel, stade intermédiaire de développement ou puissance créatrice riche d’expérimentations», selon la formule de Yvon Pesqueux, l’économie informelle est, en tout cas, un phénomène en expansion constante. Ce secteur est en effet parvenu depuis 1990 à représenter près des 3/4 de la population
active non agricole en Afrique subsaharienne, contre plus des 2/3 dix ans auparavant, selon un rapport du Bureau international du Travail, et près de 55 % du produit intérieur brut (PIB) cumulé de cette région, selon la Banque africaine de développement (BAD) citée par Le Monde diplomatique .
Un phénomène en expansion Une proportion importante qui connaît cependant quelques variantes. L’Agence française de développement (AFD) a relevé en 2006, après enquête sur le terrain, que 90 % des personnes actives exercent dans l’informel au Cameroun et au Sénégal, contre 80 % en Afrique du Sud, 50 % en Éthiopie et moins de 40 % au Maroc. Selon Mahamadou Lamine Sagna, ancien professeur d’économie à Princeton (EtatsUnis) et spécialiste du rapport à l’argent dans les sociétés subsahariennes, cité par
Dans le secteur informel, en revanche, se renforcent des logiques traditionnelles parfois féodales, autour d’une solidarité organique que l’on ne retrouve ni dans la logique financière occidentale, ni dans les services des banques classiques». Des commerçants «à la sauvette» aux artisans divers, en passant par les motos-taxis et les tenanciers de call-box, les vendeurs et vendeuses des vivres frais, ce sont souvent des «métiers» appris sur le tas, exercés par dépit, mais qui représentent une véritable planche de salut pour ceux qui en vivent. Le secteur informel agit alors comme une soupape de sécurité qui permet de lutter contre la pauvreté. Mais, il est loin d’être considérée comme une source pérenne de revenus et de croissance.
Le résultat d’échecs multiples Cette situation est de toute évidence loin d’être choisie ou voulue, ni par les États, ni par les individus eux-mêmes qui n’en sont finalement que des victimes résignées. Le développement de l’économie informelle est, en effet, dans la majorité des cas, la conséquence de l’échec de l’État : échec des choix économiques, échec des politiques scolaires et de formation professionnelle, etc., avec comme conséquences la marginalisation et la paupérisation croissantes de larges couches de la population, qui initient des stratégies alternatives faites d’activités multiformes généralement peu viables.
et être absorbé par le secteur moderne. Or, c’est l’inverse qui s’est produit : l’informel, soutient Pesqueux, a révélé «une dynamique d’expansion et de renforcement de son rayon d’action qui laisse penser qu’il continuera durablement à occuper une part importante de la population active». D’où donc le changement de paradigme observé au niveau du FMI.
Faire avec l’économie informelle C’est donc finalement son importance qui a conduit la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international à prendre des résolutions pour, au lieu de la supprimer, encourager et considérer plutôt l’économie informelle dans les stratégies de développement en Afrique. Il est, croit-on savoir, possible de faire rimer économie informelle et développement économique et social. Ceci d’autant que, pour nombre d’économistes, celle-ci ne doit pas être, à tout prix, opposée à l’économie formelle. En effet, Comme l’indique Bangbola (2010), «l’économie informelle est plus qu’un avatar de l’économie formelle avant de s’y déverser». L’économiste suggère de prendre en compte le rôle possible du secteur informel comme sous-traitant à bas prix des entreprises du secteur moderne.
Et comme le relève l’économiste Kako Nubukpo, chercheur invité à Oxford, le secteur informel «n’est pas clairement séparé du secteur formel».
Aménager des passerelles entre l’informel et le formel En plus de ce qu’il n’existe pas de frontière étanche entre l’informel et le formel, le premier peut aider à nourrir le second. Cela est possible si l’on aménage des passerelles entre les deux. Pour s’en convaincre, deux exemples peuvent être cités : au Cameroun, l’homme d’affaires Paul Fokam a monté Afriland First Bank, un empire bancaire à l’échelle de l’Afrique centrale, en commençant par un vaste réseau de microfinance se nourrissant lui-même de tontines qui collectaient dans l’informel, les épargnes des petits ménages souvent modestes. Le Monde Diplomatique cite aussi le banquier ivoirien Jean-Luc Konan, qui a fondé en 2013 la Compagnie financière africaine (Cofina) à Abidjan et Dakar. Aujourd’hui, cette banque dessert en crédit un immense marché constitué de 80 % d’opérateurs ignorés par les grandes banques. Il estime que c’est là que se trouvent «les multinationales africaines et les champions de demain». Au final, il ne s’agit donc point d’opposer l’informel au formel, ou d’en faire un moteur de croissance en soi, mais plutôt de reconnaître le continuum d’activités imbriquées dans les deux secteurs. Pour la croissance économique, il est souhaitable que le premier n’affaiblisse pas le second, mais que le dynamisme de l’informel profite au bout du compte au développement du formel.
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Supplément d’information
Dossier réalisé par Marc Omboui, Jean-Mathias Kouemeko et Parfait Siki
Paul Biya et l’émergence 2035
Des pôles majeurs. L’économie, l’agriculture, la gouvernance, la santé et l’environnement constituent quelques-unes des priorités du chef de l’État en vue de l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035. Ce supplément d’information d’Afrique Expansion Magazine présente les résultats positifs obtenus dans le domaine économique à travers la promotion et l’encadrement des PME qui constituent l’essentiel du tissu industriel du Cameroun. L’agriculture étant la base de cette économie, le chef de l’État a, depuis 2011, lancé et mis en œuvre le concept novateur de l’agriculture de deuxième génération qui vise à moderniser ce secteur. En matière de gouvernance, un accent est mis sur l’amélioration du service public et une meilleure gestion des ressources financières de l’État. La santé, quant à elle, occupe une place de choix dans l’ambitieux programme présidentiel. Depuis une dizaine d’années, en effet, la carte sanitaire du Cameroun connaît une amélioration pour le moins spectaculaire. Avec le Plan d’urgence triennal lancé en 2015, le maillage territorial par des structures sanitaires de haut niveau va se renforcer. Problème global qui affecte l’humanité tout entière, les changements climatiques et la protection de la nature constituent une préoccupation des pouvoirs publics. En attestent la création d’un ministère et d’autres institutions en charge de ces problématiques, la participation du président Paul Biya à de nombreux forums internationaux au cours desquels, il a pris d’importants engagements afin que son pays apporte sa contribution effective à la résolution des problèmes liés au climat et la protection de l’environnement. Toutes choses qui permettent de dire que le Cameroun est sur la bonne voie. Le monument de la Réunification à Yaoundé AFRIQUE EXPANSION • 60
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Dossier spécial
Marc Omboui / Jean-Mathias Kouemeko et Parfait N. SIKI
Énergie
Les
grands chantiers africains.
Le tissu industriel africain ne pourra s’étendre et se diversifier qu’en ayant un accès fiable à l’énergie. En fait, au cœur de la transformation industrielle du continent, l’énergie connaît un engouement sans précédent.
Considérée comme un grand gâchis compte tenu du potentiel hydraulique du continent, l’hydroélectricité est de nouveau au-devant des priorités. Les leçons apprises avec le temps autorisent la mise sur pied de projets crédibles et compatibles avec le développement durable. Après les grosses infrastructures, l’Afrique ajuste sa démarche en multipliant des ouvrages de moyenne dimension, mieux adaptés aux flux électriques. Par ailleurs, convaincu que l’hydroélectricité seule ne saurait suffire, l’on tente de mettre en valeur des sources alternatives telles que l’énergie solaire et la biomasse. S’agissant particulièrement de l’énergie solaire, les pays africains disposent d’une irradiation solaire parmi les plus importantes qui, si elle était exploitée, pourrait contribuer de manière significative à réduire le déficit du continent en matière d’électricité. Par ailleurs, déjà championne du monde de l’utilisation de la biomasse comme source d’énergie, l’Afrique est à la recherche des solutions pour innover dans l’usage des bioressources en évitant de mettre en péril la sécurité alimentaire. Ce volet satisfait aujourd’hui 49 % de la demande en énergie primaire de l’Afrique, et même plus de 60 % dans sa partie sub-saharienne. Selon les perspectives de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), elle restera la première source d’énergie du continent à l’horizon 2040, loin devant le pétrole ou les autres énergies renouvelables. Plusieurs cabinets sont penchés sur la R&D dans le secteur. Le présent dossier vous propose un tour d’horizon des chantiers majeurs des secteurs en développement hors pétrole.
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Dossier spécial
Parfait N. Siki
Energies renouvelables
La biomasse, plus énergétique que le pétrole.
Des solutions sont actuellement recherchées sur le continent pour innover dans l’usage des bioressources en évitant de mettre en péril la sécurité alimentaire. Produite à partir de matières organiques, comme le bois, les végétaux ou les déchets agricoles, la biomasse ne manque pas d’intérêt. L’Afrique est championne du monde de l’utilisation de la biomasse comme source d’énergie. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la biomasse satisfait aujourd’hui 49 % de la demande en énergie primaire de l’Afrique, et même plus de 60 % dans sa partie sub-saharienne. C’est 73 % de la consommation d’énergie finale dans la zone Afrique de l’Ouest. Selon les perspectives de l’AIE, les bioressources resteront la première source d’énergie du continent à l’horizon 2040, loin devant le pétrole ou les autres énergies renouvelables. Cette réalité tient à la disponibilité séculaire de la biomasse pour les ménages africains, notamment les plus pauvres, qui trouvent bois de chauffe, charbon de bois et des produits de l’agriculture dans leur environnement de vie. L’autre raison est le coût élevé de l’énergie à partir des produits pétroliers, comme le gaz domestique, ou de l’électricité, produite en quantité insuffisante et mal répartie sur le continent (moins de 43% d’Africains ont accès à l’électricité, selon la Banque mondiale). La biomasse est donc une solution idoine, mais la poussée démographique qui portera la population africaine à 2,5 milliards d’hommes et de femmes à l’horizon 2050 amène à s’interroger sur la meilleure manière d’utiliser la biomasse disponible sans devenir une menace pour l’environnement. On a déjà vu comment un usage inconsidéré de la biomasse peut se retourner contre l’environnement. En effet, les biocarburants,
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fabriqués à partir des produits comestibles, se sont révélés être une menace à la sécurité alimentaire, provoquant une flambée sans précédent des prix des produits de consommation courante comme le maïs, le riz, le soja, etc. en 2008. De plus, les biocarburants à base des produits alimentaires n’ont pas été l’alternative qu’on espérait aux énergies fossiles polluantes, car le coût climatique de ses matières premières était bien plus élevé, gourmand en terres arables, en eau et enénergie.
Les biocarburants de deuxième génération Pourtant, l’idée n’a pas été d’abandonner les biocarburants, mais de trouver des solutions innovantes pour une fabrication qui concilie les impératifs de sécurité alimentaire et de préservation de l’environnement. Ce sont les biocarburants dits de deuxième génération, produits à partir de ressources végétales dites non alimentaires (comme les feuilles, les tiges, les déchets agricoles et forestiers, etc.). Les recherches se poursuivent pour parvenir à produire des biocarburants à partir des algues nourries au CO2. En attendant, la Côte d’Ivoire a annoncé en 2017 des travaux de construction d’une centrale biomasse à Aboisso, une localité située à une centaine de kilomètres à l’est d’Abidjan. D’un coût global estimé à 105 milliards de francs CFA, ce projet fournira une puissance finale de 46 mégawatts à partir de 400 000 tonnes de biomasses par an. Un projet
de construction d’une centrale biomasse est aussi prévue à Harding, à environ 200 km au sud de Durban, en Afrique du Sud. Le projet va fournir 10 MW d’électricité à partir de la transformation du bois, de déchets agricoles et forestiers, associée à une technologie de gazéification. D’autres projets de ce type existent en Guinée-Bissau, au Ghana, au Cameroun et dans d’autres pays africains. Mais ils ne peuvent résoudre le problème de l’accès au plus grand nombre à la bioénergie. «Promouvoir de nouveaux combustibles dérivés de la bioénergie et utilisés pour la cuisson alimentaire est une priorité. En effet, l’utilisation du bois comme combustible est une cause majeure de la déforestation et crée une pollution toxique à l’intérieur des foyers», note une étude réalisée en 1999 dans huit pays d’Afrique de l’Ouest pour l’UEMOA (Union économique et monétaire ouestafricaine).
Une alternative aux importations des hydrocarbures La recherche et le développement se poursuivent pour tirer le maximum de la biomasse. Des organismes comme le Cirad (organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes) encadrent des projets de valorisation énergétique de la biomasse. L’Agence internationale des énergies renouvelables relève, dans un rapport publié en 2015, le potentiel en matière de biomasse non traditionnelle (à l’exemple des fours sans évacuation extérieure) et prône le passage à des solutions de biomasse «moderne» pour la cuisson. Par exemple, l’utilisation des déchets, cuisinières améliorées, etc. «réduirait l’utilisation de fourneaux traditionnels inefficaces de plus de 60 %», estime l’Arena. Des voix s’élèvent pour encourager les pays africains à concilier l’agriculture et la production de la bioénergie. La transformation des biomasses en carburant pourrait constituer une alternative pour réduire l’importation des hydrocarbures, ainsi que les factures d’électricité. Mais il manque d’organismes locaux de recherche et de développement sur les bioressources, parce que les financements sont difficiles à trouver et que les subventions sont rares. Les promesses de financement des énergies renouvelables faites dans les sommets internationaux pour la protection de l’environnement doivent se concrétiser. L’Afrique a tant à apporter au projet de réduction des gaz à effet de serre. Il faut simplement lui apporter la contrepartie de ses efforts.
25 A 25 AN ANS NS DE NS DE D DÉ DÉV DÉVELOPPEMENT ÉV ÉVEL ÉVEL ÉVE VE VELO VELO EELOPPE ELOP ELLOPPE LO LOP OPP OP OPP PPPE PPEM PEME PPEMEN PEM PE EEM EME MEN M ENT NT NT AFRIQUE EN AFRIQU EN A AFR AFFRIQ FR FRI RIIQU RIQ RIQUE IIQUE QU QUE UE UE MAROC NIGER NIGERIA
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