Belgique
Galerie Daniel Templon
5 novembre – 31 dÊcembre 2015
Belgique
Galerie Daniel Templon
MichaĂŤl Borremans Peter Buggenhout Berlinde De Bruyckere Thierry De Cordier Wim Delvoye Jan Fabre Hans Op de Beeck Luc Tuymans Jan Van Imschoot
avant-propos foreword
Lettre : à Daniel Templon
I
l y a un peu moins d’un an, tu m’avais parlé d’un projet d’exposition collective d’artistes belges dans ta galerie à Paris. “En hommage à ce que signifie l’art belge pour moi”, m’avais-tu confié, “par respect pour les artistes que ce pays a engendrés”. Cet entretien avait pour toile de fond les œuvres de
Berlinde De Bruyckere alors accrochées dans son exposition au S.M.A.K. à Gand. Il y a quelques semaines, nous nous sommes de nouveau entretenus de la présente exposition, mais cette fois-ci, c’est le sort tragique de milliers de réfugiés en Europe ou en route vers l’Europe qui occupe les coulisses de notre entretien. Voilà des décennies qu’un tel événement historique ne s’était plus produit en Europe ; peut-être la chute du mur de Berlin en 1989 était-elle de même envergure. Il est clair que le vieux continent européen est mis sous pression ; ses valeurs et son seuil de tolérance sont éprouvés. Le défi consiste
Philippe Van Cauteren, directeur artistique du S.M.A.K., musée d’Art contemporain, Gand, Belgique.
non seulement à élaborer, ici et maintenant, une solution pratique et matérielle, mais également à réagir avec vigilance sur les plans politique et social, tandis que les valeurs européennes doivent servir d’appuis et de leviers. Depuis que j’ai personnellement visité plusieurs camps de réfugiés dans le nord de l’Irak, je perçois différemment ce que les médias nous apprennent chaque jour. Je suis curieux de savoir si, d’ici quelques mois, quelqu’un sera encore capable de dire qui est Aylan Kurdi. L’actualité nous contraint – indépendamment du drame vécu par chacun des réfugiés – à réfléchir à ce que les notions de frontières, nationalité et identité peuvent signifier aujourd’hui dans une Europe présumée unie. Mais nous, nous parlons d’art, plus précisément d’artistes originaires de Belgique. Je constate, sans trop savoir pourquoi, que les artistes sélectionnés pour cette exposition proviennent tous de cette partie de la Belgique appelée la Flandre. Plus que politique, ce choix me semble lié davantage à la tradition de l’image, c’est-à-dire à l’art de décortiquer et d’interroger l’image. Quand on parle d’art belge à l’étranger, par ailleurs, on pense sans doute instantanément à la triade James Ensor, René Magritte et Marcel Broodthaers, décrite par de nombreux historiens de l’art et d’autres, comme le fondement autour duquel l’art belge contemporain se serait cristallisé. Toute réduction d’une réalité artistique sert souvent une fin en rapport avec le marché ou le marketing. Comme si, dans les arts en Belgique, tout était né d’un big bang initial. Ne serait-il pas plus utile de voir la richesse et la complexité de l’art de ce pays comme un écheveau d’œuvres entrelacées où – il faut en convenir – l’ironie et la sémantique sont très souvent présentes ? Dès que tu as arrêté la sélection d’artistes participant à cette exposition, je me suis empressé de t’apporter, autant que possible, le soutien nécessaire. Car la galerie Daniel Templon est plus qu’une galerie ; c’est une institution qui, grâce à son passé et à son impressionnant palmarès d’artistes, sait également concevoir une exposition dans une perspective autre que purement mercantile. L’œil et le regard forment le motif de cette exposition, plus que le profit et le gain. Philippe Van Cauteren, Noncourt-sur-le Rongeant, 11 septembre 2015
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Letter: to Daniel Templon
J
ust under a year ago, you and I spoke about an exhibition of Belgian artists that you were planning to put on in your gallery in Paris. “Out of gratitude for what Belgian art means for me”, you told me; “out of respect for the artists that this country has produced”. Our conver-
sation took place against the backdrop of works by Berlinde De Bruyckere during her show at the Municipal Museum of Contemporary Art (S.M.A.K.) in Ghent. We spoke about this exhibition again a few weeks ago, but this time the backdrop to our discussion was the tragic fate of thousands of refugees within and en route to Europe. It is decades since such a momentous event has occurred in Europe; the fall of the Berlin Wall in 1989 was perhaps an event of comparable magnitude. The old European continent is manifestly under pressure; its values and tolerance are being put to the test. The challenge is not only to devise a practical and pragmatic solution to the immediate crisis, but also to produce a socially and politically alert response, buttressed and empowered by the values of the European continent. Since I have myself visited several refugee camps in the northern region of Iraq, I experience what we see every day in the media in a different way. I wonder whether anyone will still be able to remember a few months from now who Aylan Kurdi was. Quite apart from the collective tragedy of individual refugees, the current situation forces us to reflect on what borders, nationality and identity might mean today in what we like to think of as a united Europe. But we are talking about art, and more specifically about Belgian artists. For whatever reason, the artists selected for this exhibition all come from the region of Belgium that is known as Flanders. To my mind, this has to do not so much with politics as with the tradition of the image, or rather the deciphering and questioning of the image. When people in other countries talk about Belgian art, it is likely that their thoughts immediately turn to the triad of James Ensor, René Magritte and Marcel Broodthaers, described by many art historians and others as the substrate on which contemporary Belgian art has crystallized. Whenever an artistic reality is simplified, this is often driven by a purpose that is connected to the market or marketing. As if there had been a Big Bang in the world of Belgian art from which everything originated. Wouldn’t it be more helpful to see the wealth and complexity of the artistic output of Belgium as a ragged tangle of stitched-together œuvres, in which there is often a good dose of irony and semantics? The choice of artists in this exhibition was yours; where it was possible, I gave you unhesitating support. A gallery such as Galerie Daniel Templon is more than just a gallery; it is an institution whose history and impressive artistic pedigree enables it to see an exhibition as something more than a purely commercial event. It is the eye and the gaze of the viewer that are the motif of this exhibition, much more than profit or gain.
Philippe Van Cauteren, Noncourt-sur-le Rongeant, 11 September 2015
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Philippe Van Cauteren is the artistic director of S.M.A.K., Museum for Contemporary Art in Ghent.
Bernard Marcelis
Singulière Belgique Belgium, one of a kind
Bernard Marcelis, historien de formation, critique d’art et commissaire d’exposition. Historian Bernard Marcelis is an art critic and curator of exhibitions.
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quel héRITAGE ?
Précédés depuis quelques années
What Affiliation?
d’une réputation flatteuse, les ar-
Despite the flattering reputation preceding them for some years
tistes belges sont finalement peu
now, Belgian artists have in the final
exposés en France, du moins d’une façon collective
analysis few exhibitions to show for it, at least with any
que l’on pourrait qualifier d’identitaire 1. Entendons
form of what might be considered a group identity 1 .
par là un type de représentation nationale qui ne se-
What we mean by this is some sort of national repre-
rait liée à aucun contexte officiel telle qu’une année
sentation that is in any way linked to an official context
politique (comme une présidence tournante de
in the political calendar (such as the rotating presi-
l’Union européenne) ou de grands événements bila-
dency of the European Union) or major bilateral events
téraux habituellement générateurs de ce type de
which give rise to this kind of manifestation. Nor does
manifestation. Il n’est pas question non plus d’une
it involve a manifestation devoted to any particular
manifestation axée sur une thématique particulière .
theme 2.
Rien de tout cela donc, en premier lieu sans doute
Nothing like that, then, because in the first place “Bel-
parce que “l’art belge” n’existe pas en tant que tel,
gian art” does not exist as such, other than as the sum
si ce n’est comme une somme d’individualités dont
of individualities whose particularity might paradoxi-
le particularisme pourrait être paradoxalement ce
cally just be what identifies them. Besides a link of
qui les identifie. En dehors d’un lien générationnel
generation and a shared culture, nothing really unites
et d’une culture commune, rien ne rassemble vrai-
the artists presented in this selection, except perhaps
ment les artistes présents dans cette sélection, si ce
a shared artistic ancestry (extending from Ensor to
n’est peut-être des pères communs (allant d’Ensor à
Broodthaers) and a shared mentor who accompanied
Broodthaers) et un mentor commun qui a accompa-
and formed several of them in his wake on the interna-
gné et entraîné plusieurs d’entre eux à sa suite sur la
tional scene, Jan Hoet.
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scène internationale, Jan Hoet. Of course, but it is commonplace to recall it, they all Bien sûr, mais c’est un lieu commun de le rappeler, tous
are in one way or another the distant heirs in thought
sont, d’une façon ou d’une autre, les lointains héritiers
(more than in practice) of Rops, Khnopff, Ensor,
de la pensée (plus que de la pratique) de Rops, Khnopff,
Spilliaert, Magritte, Broodthaers and, to a certain
Ensor, Spilliaert, Magritte, Broodthaers et, dans une
extent, of Flemish Expressionism.
certaine mesure, de l’expressionnisme flamand.
However, this legacy is conceivable only if we remain
Cependant cet héritage n’est concevable qu’à condi-
in an artistic affiliation that is predominantly national,
tion de se maintenir dans une filiation artistique à
which is not at all the case with the generation of artists
prédominance nationale, ce qui n’est plus du tout le
we are interested in here. Their horizon is considerably
cas avec la génération des artistes qui nous concerne.
wider and so are their frames of reference.
Leur horizon s’est considérablement élargi et leurs
Rather than speaking always of legacy, we ought per-
références par la même occasion.
haps to consider things differently and talk in terms
Plutôt que de toujours parler d’héritage, peut-être fau-
of perspective. A good number of Belgian artists
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Belgique drait-il considérer les choses autrement et évoquer la
have often been at the forefront of what was known
notion de perspective. Bon nombre d’artistes belges
in the 20th century as the avant-garde, and clearly
ont souvent été à la pointe de ce que l’on appelait,
things are still the same in our day. Wasn’t it Harald
au xxe siècle, les avant-gardes, et manifestement les
Szeemann himself who, for the last show put on in his
choses se confirment toujours de nos jours. N’est-ce
lifetime, had taken a look at creativity in Belgium and
pas Harald Szeemann lui-même qui, pour la dernière
had indeed entitled his exhibition Visionary Belgium
exposition conçue de son vivant, s’était penché sur
just ten years ago? 3 When we realize that, with just one
la création en Belgique et avait précisément intitulé
exception, all the artists presented here appeared in
son exposition La Belgique Visionnaire, il y a tout juste
the Szeemann show, we can consider this selection
dix ans ? Quand on se rend compte qu’à l’exception
with this fact in mind: what perspectives on our world
d’un seul, tous les artistes présents ici figuraient dans
do these artists now propose to us?
3
l’exposition de Szeemann, on peut regarder cette sélection avec cette question en tête : quelles perspectives sur notre monde nous proposent désormais
As Things Stand
ces artistes ?
The profound change with this generation starting their career at the beginning of the 1990s was the
way it opened up to international ideas. This was noCe qui a profondément changé
tably initiated by Panamarenko, Jan Vercruysse, Lili
avec cette génération qui a débuté
Dujourie, Didier Vermeiren, Marthe Wéry, Jacques
sa carrière au début des années
Charlier, Guillaume Bijl. Another major element was
1990, c’est son ouverture à l’international. Elle fut ini-
the personality and activity of Jan Hoet, the emblem-
tiée par les Panamarenko, Jan Vercruysse, Lili Dujou-
atic founder and director of Ghent’s Contemporary
rie, Didier Vermeiren, Marthe Wéry, Jacques Charlier,
Art Museum (S.M.A.K.), named director of Documen-
Guillaume Bijl notamment.
ta for 1992. Hoet contributed to internationalizing the
Un autre élément majeur a été la personnalité et
Belgian cultural scene, not only by inviting to Kassel a
Un état des lieux
dozen Belgian artists, of whom Thierry De Cordier, Wim Delvoye, Jan Fabre and Luc Tuymans are present here 4, but also by making Ghent, and thus Flanders in
il ne s’agit pas d’un mouvement […], mais d’un rassemblement de personnalites here is no question of a movement […] , but of an assembly of personalities
particular and Belgium in general, a focus, meetingplace and even residence for foreign artists. Belgian artists could thus meet up with them at institutions such as Ghent’s S.M.A.K., as well as Antwerp’s Contemporary Art Museum (MUHKA) and in the highly active network of contemporary art galleries of this port-city (Szwajcer, Zeno X, etc.). And we should not forget some famous collectors who played a far from negligible role in the emergence of this generation, even if the promotion of local artists with an international standing has never been the strong point of all of them. Paradoxically, the contemporary art galleries, whose importance is recognized in the work achieved, bear a share of responsibility in this state of affairs, somewhat as if they did not feel the need to defend these artists on the national scene 5, when only recently major Belgian museums (the Wiels, the
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l’action de Jan Hoet, l’emblématique fondateur et directeur du musée d’Art contemporain de Gand (S.M.A.K.), nommé directeur de la Documenta IX de 1992. Celui-ci aura contribué à internationaliser la scène belge, non seulement en invitant à Kassel une douzaine d’artistes belges, dont Thierry De Cordier, Wim Delvoye, Jan Fabre, Luc Tuymans présents ici 4, mais aussi en faisant de Gand, donc de la Flandre en particulier et de la Belgique en général, un lieu de convergence, de rencontres et même de résidencepour les plasticiens étrangers. Les artistes belges pouvaient ainsi les croiser dans les institutions telles que le S.M.A.K., mais aussi à Anvers au MUHKA (musée d’Art contemporain) et dans le très actif réseau de galeries d’art contemporain de la ville portuaire (Szwajcer, Zeno X, etc.), sans oublier celui de célèbres collectionneurs qui ne sont pas pour rien dans l’émergence de cette génération, même si la mise en avant des artistes locaux d’envergure internationale n’a jamais été le point fort de tous. Paradoxalement, les galeries d’art contemporain, dont on reconnaît l’importance du travail effectué, portent une part de responsabilité dans cet état de fait, un peu comme si elles ne res-
Félicien Rops, Pornocrates, 1878 Aquarelle, gouache à la détrempe, pastel avec rehauts de gouache et d’or/watercolor, gouache, pastel with gold 74 x 48 cm/29 V x 18 Y in. Collection fédérale Wallonie-Bruxelles, dépôt au musée Félicien Rops de Namur
sentaient pas le besoin de défendre ces artistes sur la scène nationale 5, alors que depuis peu des institutions muséales belges d’envergure (le Wiels, le S.M.AK., le MUHKA, et le Mac’s du Grand Hornu) ont commencé à les programmer plus régulièrement 6.
S.M.A.K., the MUHKA and the Mac’s of the Grand
Des figures singulières
Hornu) have begun to schedule them more regularly 6.
Les choix opérés ici par Daniel Templon ont le mérite de la cohérence, peut être à une exception
près, Wim Delvoye, celle qui vient confirmer la règle.
Singular Figures
La matière, qu’elle soit picturale ou sculpturale, prédomine ici au détriment du burlesque (quoique), de
The choices made here by Daniel Templon have the merit of coherence, with perhaps one exception,
l’ironique, du mental ou de l’installatoire.
Wim Delvoye, which serves to prove the rule. Matter,
C’est bien de figures singulières dont il faut parler
whether it be in a painting or a sculpture, is predomi-
quand on aborde les artistes travaillant en Belgique
nant here at the expense of the comic (although…), the
et particulièrement ceux-ci. On l’aura compris, il ne
ironic, the cerebral or the “installational”. We must
s’agit pas d’un mouvement et encore moins d’un
indeed speak of singular figures when we are dealing
groupe, mais d’un rassemblement de personnalités
with artists working in Belgium and particularly these.
ayant pour point commun de vivre dans le même
We have understood already that there is no question
(petit) pays, à la limite dans la même région, per-
of a movement and even less of a group, but of an as-
méable aux influences extérieures, qu’elles soient
sembly of personalities who happen to all live in the
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Belgique anglo-saxonnes, germaniques ou françaises. Dans
same (small) country, even in the same region, subject
la sélection ici proposée, on trouve des peintres dans
to external influences, whether they be English, Ger-
l’acception la plus classique du terme (Borremans, De
man or French. In the selection proposed here we find
Cordier, Tuymans, Van Imschoot), des sculpteurs (De
painters in the most classic acceptance of the term
Bruyckere), parfois tentés par l’assemblage (Bug-
(Borremans, De Cordier, Tuymans, Van Imschoot),
genhout) ou maniant l’ironie en calembours visuels
sculptors (De Bruyckere), tempted sometimes by as-
(Delvoye),et deux artistes multidisciplinaires, avec un
semblage (Buggenhout) or playing with irony in visual
univers homogène pour l’un (Op de Beeck), extrême-
puns (Delvoye) and two multidisciplinary artists, with
ment diversifié pour l’autre (Jan Fabre).
a homogeneous universe for one (Op de Beeck) and an extremely diversified one for the other (Jan Fabre).
Jan Fabre fait partie de ce cercle très restreint d’artistes multidisciplinaires, à l’instar de créateurs tels
Jan Fabre belongs to the very select circle of multi-
Bob Wilson ou William Kentridge. Aussi pertinent et
discipline artists such as Bob Wilson or William Ken-
incisif en tant que metteur en scène que comme cho-
tridge. Equally pertinent and incisive as a theatre
régraphe ou plasticien, ses créations ne laissent ja-
director, choreographer or visual artist, his creations
mais indifférents, bien au contraire. Quoique toujours
never leave us indifferent, quite on the contrary. Al-
ancrée dans sa ville d’Anvers, son œuvre possède une
though always firmly attached to his home town of
portée universelle, puisque c’est de l’humain avant
Antwerp, his work possesses a universal appeal, since
toute chose dont elle traite, tant au travers de ses
it is the human above all else that is its subject. Both
spectacles que de ses œuvres plastiques. Ces deux
through his theatre shows ashis sculptural works. These two disciplines are, however, fairly different from each other. They involve two different worlds, each with its specific qualities. Jan Fabre constitutes a true producer of images, fixed in the domain of the plastic arts, animated and repetitive in that of the theatre show. This distinction between two universes makes all the difference with the universe of Hans Op de Beeck and his multi-form work, functioning a little like realitytheatre. Resorting equally to sculpture, water-colour and video – which, regrouped, form evocative and memorable installations – the artist is constantly developing a personal world created with an ambivalent strangeness, as it touches, for instance, on time passing. Op de Beeck possesses the faculty for creating atmospheres quite unlike any other, with a rare technical mastery. This faculty leads him inexorably to the world of the theatre, as shown in his collaboration as set-designer for the opera Orpheus and Eurydice, a total work of art if ever there was one 7. Involvement in the world of the opera provides a link
James Ensor, Ensor aux masques, 1899 Huile sur toile / oil on canvas, 120 x 80 cm/ 47 N x 31 K in. Komaki, Menard Art Museum, Japon/Japan
with the work of Berlinde De Bruyckere, who has also just created her first set-design for Penthesilea, the
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creer des ambiances a nulle autre pareilles creating atmospheres quite unlike any other
disciplines sont cependant assez éloignées l’une de l’autre. Il s’agit de deux univers différents, avec chacun ses spécificités. Jan Fabre est un vrai producteur d’images, fixes dans le domaine des arts plastiques, animées et répétitives dans celui du spectacle. Cette distinction entre deux champs d’activité fait toute la différence avec l’univers de Hans Op de Beeck et son œuvre multiformelle, fonctionnant un peu comme un théâtre des réalités. Utilisant tant la sculpture que l’aquarelle et la vidéo – qui, regroupées, forment des installations évocatrices et mémorables – le plasticien n’a de cesse de développer un monde personnel fait d’une étrangeté ambivalente, car elle aborde notamment le temps qui passe. Op de Beeck possède cette faculté de créer des ambiances à nulle autre pareilles, avec une rare maîtrise technique.
new production of Pascal Dusapin 8. We see there once
Cette faculté l’a mené vers le monde du spectacle,
more her obsessive universe which similarly investi-
comme l’atteste sa collaboration, en tant que scé-
gates human destiny, in a doubtless more personal
nographe, à l’opéra Orphée et Eurydice, œuvre d’art
manner. Human bodies, animal carcasses, vegetation
totale s’il en est .
chopped down are dissected in the same way, as if it
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was a question of perpetually stripping them naked in L’insertion dans le monde de l’opéra permet de faire le
revealing their faults and their weaknesses. The result is
lien avec le travail de la sculptrice Berlinde De Bruyc-
an astonishing work, a kind of expressionistic sculpture
kere qui, elle aussi, vient de signer sa première scéno-
which, although it is done with perfect mastery, sends
graphie avec Penthesilea, la nouvelle création de Pas-
a shiver down your spine. With their cadaverous allure,
cal Dusapin 8. On y retrouve son univers obsessionnel
the characters seem always capable of coming back to
qui, lui également, interroge la destinée humaine, de
life, the horses continuing their race as if only momen-
façon sans doute plus dramatique. Corps humains,
tarily interrupted, the trees and its branches standing
carcasses animales, végétaux abattus sont disséqués
erect again as if the storm had only been transitory. De
de la même façon, comme s’il s’agissait perpétuelle-
Bruyckere speaks of life and death with a stupefying
ment de les mettre à nu en révélant leurs failles et
energy which we feel flowing in from everywhere.
leur fragilité. Il en résulte un travail étonnant, sorte de sculpture expressionniste qui, bien que parfaitement
It is a devastating energy which seems to have sub-
maîtrisée, fait froid dans le dos. Ses personnages à
merged the world of Peter Buggenhout. It could be
l’allure cadavérique semblent toujours pouvoir res-
said that some of his sculptures and constructions
susciter, ses chevaux poursuivre leur course comme
on a vaster scale evoke an apocalyptic universe, that
si elle avait été momentanément interrompue, ses
of the collapse of the postmodern era in which the in-
arbres et ses branches se redresser, comme si la tem-
terlocking of the structures beneath a thick layer of
pête n’avait été que transitoire. De Bruyckere parle de
dust makes all identification impossible. As a result,
la vie et de la mort avec une stupéfiante énergie que
these ruins give the impression of being less rough
l’on sent sourdre de partout.
than they might appear to be, as if this layer of dust revealed sediments of another life, perhaps from an-
C’est une énergie dévastatrice qui semble avoir sub-
other planet, in any case from a universe with which it
mergé le monde de Peter Buggenhout. Ses sculptures,
is hard to identify ourselves.
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Belgique ses constructions pourrait-on dire pour certaines
The four approaches evoked possess both a utopian
d’entre elles d’une plus vaste amplitude, renvoient à un
dimension and an emphatic humanist implication,
univers apocalyptique, celui de l’effondrement de l’ère
by a kind of hybrid process melting content and
postmoderne dont l’enchevêtrement des structures
form. Thus the human profile sees itself metamor-
sous une couche de poussière épaisse rend toute iden-
phosed in a subtle manner as far as the sculptures
tification impossible. Du coup, ces ruines donnent l’im-
of Hans Op de Beeck are concerned, undergoing a
pression d’être moins brutes qu’il n’y paraît, comme si
liquefaction in De Bruyckere’s tormented bodies,
cette poussière révélait les sédiments d’une autre vie,
and transforming with Jan Fabre into a mutant body,
peut-être ceux d’une autre planète, en tout cas d’un
via grimacing self-portraits or equipped with a vari-
univers dans lequel il est difficile de s’orienter.
ety of artificial body-parts. If in their imagery they all seem to touch on the universe of science fiction,
Les quatre démarches qui viennent d’être évoquées
they nonetheless keep their distance from it thanks
possèdent à la fois une dimension utopique et une
to the quality of the materials used (bronze, wax,
portée humaniste affirmées, par une sorte de pro-
resin) which also seem ready to touch on the field
cessus d’hybridation entre le fond et la forme. Ainsi
of alchemy.
le profil humain se voit métamorphosé, de façon discrète dans les sculptures de Hans Op de Beeck,
What characterizes, among other things, these Bel-
en voie de liquéfaction dans les corps torturés de De
gian artists is the diversity of their approach and
Bruyckere, transformé en corps mutants chez Jan
the heterogeneity of their language, in short, their
Fabre par le biais d’autoportraits grimaçants ou affu-
singularity. That is of course also true of the paint-
blés de prothèses les plus diverses. Si tous, dans leur
ers, because there is little in common in their works
imagerie,semblent ainsi frôler l’univers de la science-
other than their medium, the picture, and, always,
fiction, ils en restent néanmoins à distance grâce à
the creation of a genuine universe.
la qualité des matériaux utilisés (bronze, cire, résine) qui, eux aussi, semblent prêts à cotoyer les parages
One might say that there is something of the cinemat-
de l’alchimie.
ographical in the work of Michael Borremans, as much in the personal references of the artist as in their narrative dimension, even if it is extremely elliptical. Masterfully constructed, his pictures constitute veritable
Une dimension utopique et une portee humaniste affirmees a utopian dimension and an emphatic humanist implication
genre scenes (if we must, we can see a relationship to a certain tradition of Flemish painting), as much in his portraits as in his still lifes, with their old-fashioned dimension, this lack of definition in time which contributes to the enigmatic aspect of his paintings. As we saw in his recent retrospective 9, when hung in a one-man show, his pictures seem all to belong to an ensemble, necessarily incomplete, like the pieces of a puzzle of different dimensions and formats. Impossible to fit together, they nonetheless are part of a same family, as if they made up an endless fresco, the elements of which are brought to live autonomously after leaving the painter’s studio. He, too, stages human destiny, delves into the characters, asks questions of life and does not hesitate to stare at death, but always with restraint.
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Ce qui caractérise entre autres ces artistes belges c’est la diversité de leur démarche et l’hétérogénéité de leur propos, bref leur singularité. Cela vaut bien entendu pour les peintres aussi, car il y a peu de rapports entre leurs œuvres, si ce n’est un support identique, le tableau, et, toujours, la constitution d’un véritable univers. On pourrait dire que celui de Michaël Borremans possède quelque chose de cinématographique, tant par les références personnelles de l’artiste que par sa dimension narrative, même si elle est des plus elliptiques. Éminemment bien construits, ses tableaux constituent de véritables scènes de genre (s’il le faut, on peut y voir un rapport à une certaine tradition de la peinture flamande), autant dans ses portraits que dans ses “natures mortes”, avec leur côté passéiste, cette indéfinition temporelle qui contribue à l’aspect énigmatique de ses peintures. Comme l’a démontré sa récente rétrospective 9, accrochés dans une exposition monographique, ses tableaux semblent tous appartenir à un ensemble, forcément incomplet, comme les pièces d’un puzzle de dimensions et formats différents. Impossibles à emboîter, ils font néanmoins partie d’une même famille, comme s’il s’agissait d’une fresque infinie dont les éléments sont amenés à vivre en autonomie, après avoir quitté l’atelier du peintre. Lui aussi met en scène la destinée humaine, creuse dans les caractères, s’interroge sur la vie et n’hésite pas à toiser la mort, toujours avec retenue.
Luc Tuymans, Mwana Kitoko, 2000 208 x 90cm/ 82 N x 35 W in. Huile sur toile/oil on canvas Collection S.M.A.K.
Distance, peut-être même associée à de la froideur, est sans doute le maître mot pour qualifier, mais en apparence seulement, la peinture de Luc Tuymans. En dépit de leur côté abstrait, tous ses tableaux se réfèrent à des moments de l’Histoire, à des événe-
Distance, perhaps even coupled with a certain cold-
ments retenus ou des scènes vécues par l’artiste.
ness, is no doubt the key word to define, if only in
Chacune des œuvres de Tuymans constitue en fait
appearance, the painting of Luc Tuymans. Despite
une synthèse, parfois pour le moins ramassée, de
their abstract side, all these pictures refer to histori-
tel ou tel de ces moments. Cette impression d’ellipse
cal moments to events recalled or scenes lived by the
est renforcée par le caractère diaphane de certaines
artist. Each of Tuymans’ pictures in fact constitutes a
toiles et l’aspect détaché de sa peinture. Chacune
synthesis, sometimes concentrated, to say the least,
s’inscrit donc dans une réalité bien particulière, que
of one or other of these moments. This impression of
l’artiste n’hésite pas à dénoncer avec ses moyens, qu’il
an ellipsis is reinforced by the diaphanous character
s’agisse de dictature ou de colonialisme. Les peintures
of certain canvases and the detached aspect of his
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Belgique de Tuymans cristallisent les événements et les sujets
painting. Each is part of a very particular reality, a re-
en une seule composition, mieux, en un seul jour de
ality which the artist does not hesitate to denounce
peinture, comme si un fondu-enchaîné avait gommé
with his own means, whether it be dictatorship or co-
toutes les aspérités de l’image pour en donner une
lonialism. Tuymans’ paintings crystallize the events
synthèse, en extraire la quintessence, parfois à la
and subjects in just one composition, if possible in
limite de l’abstraction. Toutes les interprétations
one day’s painting, as if a slow dissolve had erased all
s’avèrent dès lors possibles et c’est au spectateur
the rough edges of the image to provide a synthesis,
d’y faire face à son tour.
to extract the quintessence, sometimes bordering on the abstract. All interpretations become possible and it is for the spectator in turn to confront it.
Autant la distance est de mise à propos de Tuymans, autant elle s’efface devant les tableaux de Thierry De Cordier. Le spectateur plonge littéralement son
Whereas distance is appropriate for Tuymans, it disap-
regard dans ses grandes marines – autres peintures
pears in looking at Thierry De Cordier’s pictures. The
de genre s’il en est – figurant des mers démontées,
spectator’s look literally plunges to the depths of his
comme autant de tumultes du monde. Le constat est
great seascapes – more genre painting without ques-
le même pour ses paysages ruraux ou ses montagnes,
tion – depicting seas in turmoil, like so many tumultu-
comme si le peintre avait pour ambition constante
ous moments of the world. The observation applies,
de se confronter à la nature, sinon hostile, du moins
too, to his rural landscapes or his mountains, as if it
inhospitalière. Tour à tour philosophe, écrivain, poète,
were the painter’s constant ambition to confront na-
il regarde le monde vraiment autrement, avec un sens
ture, if not hostile, then at least forbidding. In turn phi-
rare de la formule, l’usage d’une écriture manuscrite
losopher, writer and poet, he looks at the world truly in another way, with a rare sense of the mot juste, using a handwritten text in the old manner, before plunging himself fully into his pictures. Their mass erupts onto the canvas like a pictorial inferno, all the more powerful in that none of his paintings offers the slightest perspective, or very little. The horizons are totally blocked, no escape route possible in face of this tsunami whose brilliant darkness adds to this feeling of finding ourselves confronted by a world submerged. It is completely different with the painting of Jan Van Imschoot, vividly colourful, its narrative dimension clearly stated, reinforced by a principle of composition which superimposes the different levels articulating the work. In turn joyful and dramatic, ironic and disturbing, Van Imschoot’s paintings occupy a separate place in the constellation with which we are dealing. More, perhaps, than any of the others, his references can be seen to be drawn from all over the spectrum, putting tradition firmly in its place. With him more than with the others, the Belgian art scene’s porosity to outside influences is immediately obvious, as is
René Magritte, L’empire des lumières, 1954 Huile sur toile/oil on canvas, 146 x 114 cm/57 K x 45 in. Bruxelles/Brussels, Musée Magritte Museum
his extreme singularity. We find references to British pop art, as well as to German painting, with the artist
16
La tradition n’a qu’a bien se tenir… putting tradition firmly in its place.
à l’ancienne, avant de s’investir pleinement dans ses tableaux. Leur masse fait irruption dans l’espace comme une déflagration picturale, d’autant plus puissante qu’aucune de ses peintures n’offre la moindre perspective, ou si peu. Les horizons sont totalement bouchés, aucune échappatoire n’est possible face à ce tsunami dont la noirceur brillante concourt à ce sentiment de se retrouver face à un monde submergé. Il en est tout autrement avec les peintures de Jan Van Imschoot, fortement colorées, à la dimension narrative manifeste, renforcées par un principe de composition qui fait se superposer les différents plans qui articulent l’œuvre. Tour à tour joyeuses et dramatiques, ironiques et inquiétantes, les tableaux de Van Imschoot occupent une place à part dans la
creating a veritable “sampler”, engaging everybody’s
constellation qui nous occupe. Peut-être plus que
everyday life with the necessary dose of caustic hu-
tout autre, on voit que ses références sont puisées
mour to avoid sinking into despair.
tous azimuts et que la tradition n’a qu’à bien se tenir… Chez lui plus qu’ailleurs, la porosité de la scène belge
We find this same caustic and ironic spirit, but at a
aux influences venues d’ailleurs saute aux yeux, tout
completely different level, in the work of Wim Del-
comme son extrême singularité. On y trouve des réfé-
voye, often considered the “bad boy” of the Belgian
rences au pop art anglais, tout comme à la peinture
art scene. But Delvoye is much more than that: he is
allemande, l’artiste pratiquant en véritable “sampler”,
one of those rare artists with an imagination that is
embrayant sur le quotidien de tout un chacun avec la
not only corrosive but also developed over the long
dose de causticité nécessaire pour ne pas sombrer
term. He is one of the few to use the new technologies
dans le désespoir.
with a full command of the techniques, that is to say in creating works that grapple directly with the soci-
On retrouve ce même esprit caustique et ironique,
ety of our day. He is probably one of the only artists
mais à un tout autre niveau, dans l’œuvre de Wim
we can consider to be worthy heirs of the Surrealist
Delvoye, souvent considéré comme le trublion de la
movement in all that is most innovative: juxtaposing
scène artistique belge. Mais Delvoye est beaucoup
images, sometimes inappropriate, to aim a criticism,
plus que cela : il fait partie de ces rares artistes à
subtle or not, at our society. From his Cloaca to his
l’imagination non seulement décapante mais aussi
Christs in twisted aluminium, via his cement-mixers
développée sur la longueur. Il est l’un des seuls à utili-
or his tattooed pigs, Wim Delvoye telescopes images
ser les nouvelles technologies en toute connaissance
while surfing on those propagated by today’s world,
de cause, avec une volonté affirmée d’être en phase
always on the lookout for an apt image, as we might
avec la société contemporaine. C’est probablement
say an apt punchline.
l’un des dignes héritiers du mouvement surréaliste dans ce qu’il avait de plus novateur ; juxtaposer les
The reader or French visitor may not have noticed but,
images, parfois inappropriées, pour en faire une
for his Belgian counterpart, the selection presented
critique, subtile ou pas, de notre société. Depuis sa
here, as subjective as it is, may appear to be playing
Cloaca jusqu’aux Christs torsadés en aluminium,
fast and loose with its title, Belgium. It in fact involves
en passant par ses bétonneuses ou ses cochons ta-
only the Flemish art scene, whose representatives
17
Belgique
ce choix personnel […] met en lumiere les paradoxes de ce pays This personal choice […] spotlights the paradoxes of this country
toués, Wim Delvoye télescope les images en surfant sur celles d’aujourd’hui, toujours à la recherche d’une bonne image, comme on dirait d’un bon mot. Le lecteur ou le visiteur français ne l’aura peut-être pas remarqué mais, pour son homologue belge, la sélection ici présentée, aussi subjective soit-elle, peut paraître quelque peu abusive sous son intitulé Belgique. Elle ne concerne en effet que la scène flamande, dont les représentants sont certes plus réputés à l’extérieur que les francophones. Il ne s’agit pas d’une question communautaire et encore moins linguistique, mais plutôt culturelle, même si, en Belgique, ce domaine relève politiquement du communautaire… Si personne ne met en cause la vitalité de la scène flamande, l’élargir ipso facto à la Belgique est un raccourci audacieux, à mettre au crédit d’un belgophile convaincu dont le point de vue ne manque pas d’in-
are indeed better known abroad than their French-
térêt et est inconsciemment révélateur du schisme
speaking counterparts. It is not a community-based
culturel qui divise les Belges. Mais il correspond mani-
choice and even less so linguistic, but rather a cultural
festement à une réalité, ce dont les francophones ont
one, even if, in Belgium, this domain is politically com-
bien conscience .
munity-based.
Ce choix personnel de Daniel Templon, qui connaît
If nobody questions the vitality of the Flemish art
particulièrement bien la Belgique au point d’avoir
scene, to extend it ipso facto to Belgium as a whole
ouvert une galerie à Bruxelles en 2013, met, sans le
is an audacious leap, to be credited to a convinced
vouloir, une nouvelle fois en lumière les paradoxes de
lover of Belgium whose point of view is not lacking
ce pays, culturellement coupé en deux à l’intérieur de
in interest and is unconsciously revealing of the cul-
ses frontières, mais pas vis-à-vis de l’extérieur.
tural schism dividing the Belgians. But it clearly cor-
La situation n’est pas neuve et ce sont par ailleurs les
responds to a reality, of which the French-speaking
intellectuels flamands qui se sont eux-mêmes pen-
population is keenly aware.10
chés sur la question .
This personal choice by Daniel Templon, who knows
10
11
Belgium particularly well, to the point of opening a gallery in Brussels in 2013, once more spotlights, without
Bernard Marcelis dédie ce texte/dedicates his text à/to Jean-Christophe Ammann (1939-2015)
wanting to, the paradoxes of this country, culturally cut in two inside its frontiers, while it is not viewed from the outside. The situation is not new and it is, we might add, the Flemish intellectuals who are themselves addressing the question11 .
Marcel Broodthaers, Fémur d’homme belge, 1965
18
1
L’art en Belgique. Flandre et Wallonie
1
Art in Belgium. Flanders and French-speaking
au XX siècle, Paris, Musée d’art moderne
Belgium in the 20th century, Paris, musée
de la Ville de Paris, en 1990. Et, plus
d’Art moderne de la Ville de Paris, 1990. And
récemment, “ABC. Art belge contemporain”,
more recently, ABC. Art belge contemporain
sous le commissariat de Dominique Païni,
(Contemporary Belgian Art), curated by
à Tourcoing, Le Fresnoy, en 2010.
Dominique Païni, at Tourcoing,
e
L’Abstraction géométrique belge, Mouans-
2
Sartoux, Espace de l’art concret, en 2015. La Belgique Visionnaire, Bruxelles,
3
Palais des Beaux-Arts, 2005. Parmi les autre artistes travaillant en
4
Le Fresnoy, 2010. Belgian Geometric Abstraction, Mouans-
2
Sartoux, Espace de l’art concret (Concrete Art Space) 2015. La Belgique Visionnaire (Visionary Belgium),
3
Belgique et présents à la Documenta IX,
Brussels, Palais des Beaux-Arts, 2005.
citons Guillaume Bijl, Marie-José Burki,
4
Patrick Corillon, Raoul De Keyser, Michel François, Bernd Lohaus, Marcel Maeyer et Panamarenko,
mention Guillaume Bijl, Marie-José Burki, Patrick Corillon, Raoul De Keyer, Michel
Ainsi lors du week-end d’ouverture des
5
Among the other artists working in Belgium
and exhibiting at Documenta IX, we should
François, Bernd Lohaus, Marcel Maeyer and
galeries bruxelloises en septembre dernier
Panamarenko.
(Brussels Art Days), une seule galerie sur
5
trente présentait un artiste belge. Situation difficilement imaginable en France par exemple. De fait sur la soixantaine de galeries présentant des expositions personnelles lors de l’ouverture de la saison cette année, la moitié d’entre elles étaient consacrées à des artistes français ou travaillant en France. Chaque année le Wiels leur offre une
6
exposition personnelle (Ann Veronica Janssens, Luc Tuymans, Francis Alys, Walter Swennen, David Claerbout, Anne Teresa De Keermaeker,etc) Le Smak a montré Berlinde De Bruyckere, Le MUHKA, Panamarenko, Jan Fabre, Le Macs, Bernd Lohaus, Patrick Corillon et bientôt Jacques Charlier Le M Leuven, Peter Buggenhout. 7
Orphée et Eurydice de Christophe W. Gluck
(version d’Hector Berlioz), dans une mise en scène de Frédéric Flamand pour le Ballet national de Marseille (représenté à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne en juin 2012 et à l’Opéra royal de Versailles en septembre 2012) Une coproduction entre le Théâtre royal de
8
Thus, during the Brussels Art Days staged
by the city’s art galleries last September, just one gallery in 20 presented a Belgian artist, a situation hard to imagine in France, for example. In fact, out of the 60 galleries presenting individual artists for the opening of this year’s season, half of them were devoted to French artists or those working in France. Each year, the Wiels offers them a personal
6
exhibition (Ann Veronica Janssens, Luc Tuymans, Francis Alys, Walter Swennen, David Claerbout, Anne Teresa De Keermaeker, etc.) The S.M.A.K. exhibited Berlinde de Bruyckere. The MUHKA, Panamarenko, Jan Fabre. The Mac’s, Bernd Lohaus, Patrick Corillon (and soon, Jacques Charlier). The M Leuven, Peter Buggenhout. 7
Orphée et Eurydice by Christophe W. Gluck
(in a version by Hector Berlioz), directed by Frédéric Flamand for the Ballet national de Marseille (also staged at the Opéra Théâtre de Saint-Étienne in June 2012 and the Opéra royal de Versailles in September 2012) 8
A co-production of the Théâtre royal de la
la Monnaie (Bruxelles, du 31 mars au 16 avril
Monnaie (Brussels, March 31 to April 16, 2015)
2015) et l’Opéra national du Rhin (Strasbourg,
and the Opéra national du Rhin (Strasbourg,
du 26 septembre au 1 octobre 2015)
September 26 to October 1, 2015).
er
9
Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, en 2014.
10
La récente réouverture du BPS 22 à
9
Brussels, Palais des Beaux-Arts, 2014.
10
The recent reopening of the BPS 22 at
Charleroi, devenu Musée d’art contemporain,
Charleroi, now the musée d’Art contemporain,
et la nouvelle direction attendue au Mac’s
and the new director expected at the Mac’s
(Grand Hornu) l’année prochaine, devraient
(Grand Hornu) next year should restore
contribuer à rééquilibrer le paysage, à
balance for the art scene, starting with the
commencer par l’institutionnel. 11
“Comment l’art belge devint flamand”, par
institutions. 11
“How Belgian art became Flemish” by Koen
Koen Braems et Dirk Pültau, dans “ABC. Art
Braems and Dirk Pültau, in “ABC. Art belge
belge contemporain”, in artpress2, n° 19, Paris,
contemporain” artpress2, n° 19, Paris, 2010,
2010, pp. 72-78.
72-78.
19
Ĺ“uvres Works
Michaël Borremans Né à Grammont en 1963, Michaël Borremans vit et travaille à Gand. Peintre avant tout, c’est également un excellent dessinateur et, plus surprenant, un auteur de maquettes de petit format qu’il anime avec des projections vidéo. Son monde apparaît avec un luxe de précisions dont ses peintures semblent être des détails parfois trop agrandis pour entrer dans la surface du tableau. Cet adepte du “hors-champ” produit des tableaux énigmatiques qui, sous leur aspect parfois désuet, trahissent une peinture d’inquiétude. Mais quelle peinture ! Born in 1963 in Grammont, he lives and works in Ghent. Above all a painter, Borremans is also an excellent graphic artist and, more surprisingly, a creator of small-scale models which he animates with video projections. His world appears with a luxury of minute precision of which his paintings seem to be details sometimes too enlarged to get into the surface of the picture. This specialist in off-camera treatments of his subjects produces enigmatic pictures which, beneath their sometimes old-fashioned look, betray a painting of anguish. But what a painting!
The Swan, 2006 Huile sur toile Oil on canvas 40 x 50 cm 15 O x 19 O in. Collection of Blake Byrne, Los Angeles Courtesy Zeno X Gallery,Antwerp
22
23
MichaĂŤl Borremans The Fruitbasket, 2000 Huile sur toile Oil on canvas 35 x 40 cm 13 O x 15 O in. Long term loan S.M.A.K. Collection Friends of S.M.A.K.
24
25
Peter Buggenhout Né à Termonde en 1963, Peter Buggenhout vit et travaille à Gand. Peintre de formation, il abandonne assez vite les tableaux pour se tourner vers la “sculpture”, si on peut appeler ainsi les concrétions ou les structures d’apparence informe qu’il réalise. Son travail joue de différents codes et de paradoxes, comme celui de l’élégance de ses socles en verre qui supportent une masse organique à première vue repoussante. À partir de ses rebuts et des détritus, Buggenhout nous offre un reflet peu identifiable de notre société de consommation, sans doute parce qu’elle lui paraît trop sombre. Born in 1963 in Termonde, living and working in Ghent. A painter by training, he quickly gave up pictures to turn to “sculpture”, if that is what we can call his concretions or apparently shapeless structures. His work plays with different codes and paradoxes, such as the elegance of his glass pedestals supporting an organic mass that is repulsive at first look. Starting out with the waste matter and debris of our consumer society, Buggenhout offers us a reflection difficult to identify, because it undoubtedly appears too dark to him.
Gorgo #35, 2013 Technique mixte : cuir, paille, crin de cheval, plastique, tissu Mixed media: leather, straw, horsehair, plastic, fabric 36 x 87,5 x 45 cm 14 V x 34 K x 17 ¾ in. Courtesy Galerie Laurent Godin, Paris
Peter Buggenhout Mont Ventoux #9, 2014 Technique mixte : estomac de vache, plastique, cire, polyuréthane, résine Mixed media: prepared cow stomach, plastic, wax, polyurethane, resin 49 x 106 x 110 cm 19 N x 41 O x 43 ¼ in. Courtesy Galerie Laurent Godin, Paris
Peter Buggenhout Mont Ventoux #10, 2014 Technique mixte : estomac de vache, plastique, cire, polyuréthane, résine, polystyrène, fer et Dacfill® Mixed media: prepared cow stomach, plastic, wax, polyurethane, resin, polystyrene, iron and Dacfill® 71 x 81 x 91 cm 28 x 31 Y x 35 Y in. Courtesy Galerie Laurent Godin, Paris
Berlinde de Bruyckere Née à Gand en 1964, où elle vit et travaille, Berlinde De Bruyckere a représenté la Belgique à la Biennale de Venise en 2013, avec une installation magistrale, Cripplewood, un arbre mort couché de tout son long dans le pavillon, plongé dans une semi-obscurité. L’artiste a poussé là à son paroxysme la dimension théâtrale et dramatique de son travail, profonde réflexion sur l’humanité, les nervures du végétal étant proches de celles de l’homme. Elle est également une remarquable dessinatrice, faisant passer à travers ses œuvres sur papier la même atmosphère que celle qui émane de ses sculptures. Born in 1964 in Ghent, where she lives and works. In 2013 she represented Belgium at the Venice Biennale with a masterful installation, Cripplewood, a dead tree lying at full length in the pavilion and plunged in semi-obscurity. The artist pushed to its veritable paroxysm the theatrical and dramatic dimension of her work, a profound reflection on mankind, the tree’s veins similar to those of a human being. She is also a remarkable graphic artist, communicating through her works on paper the same atmosphere conveyed by her sculptures.
Invisible Love, 2011 Cire, résine époxy, bois, armature en fer, fer, cuir, laine, corde, crin de cheval, toile de lin, mousse polyuréthane. Wax, epoxy, wood, iron armature, iron, leather, wool, rope, horse hair, linen, PU foam 242 x 122 x 62 cm 95 ¼ x 48 x 24 ½ in. Collection René Buggenhout, Belgium Courtesy the artist and Hauser & Wirth
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Berlinde De Bruyckere Lingam, 2007-2010 Cire, résine époxy, fer, sangles, bois Wax, epoxy, iron, straps, wood 242 x 120 x 64 cm 95 N x 47 ¼ x 25 ½ in. Olbricht Collection Courtesy the artist and Hauser and Wirth
34
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Thierry de cordier Né à Audenarde en 1954, Thierry De Cordier vit actuellement à Ostende. Cultivant un certain mystère par rapport à sa personne, vivant proche de la nature (quelle qu’elle soit), poète en son temps, De Cordier est un artiste rare, à la production limitée. Ses grandes marines, succédant à d’autres paysages, sont le fruit d’un travail pictural titanesque dans lequel le spectateur se plonge en y perdant le regard, la matière le submergeant et le fascinant. Aussi sans doute parce que sa pratique renoue avec l’ampleur romantique des peintures d’antan, dont subsiste toujours la nostalgie... Born in 1954 in Audenarde, he now lives in Ostend. Cultivating a certain mystery about his personal life, living close to nature, whatever it may be, a poet at one time, De Cordier is a rare artist, producing only a limited number of works. His great seascapes, following on rural landscapes, are the fruit of quite titanic works of painting in which the spectators lose themselves as they gaze into their depths which submerge and fascinate them. Also because his approach recalls the romantic scale of the pictures of the old paintings for which a nostalgia still subsists.
Mer Grosse, 2011 Huile sur papier montée sur panneau Oil paint on paper mounted on panel 163 x 150,5 cm 64 V x 59 N in. Collection particulière/Private collection Courtesy the artist and Xavier Hufkens, Brussels
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Thierry de cordier Mer Montée, 2011 Peinture à l’huile, peinture laquée et encre de Chine sur toile Oil paint, enamel and Chinese ink on canvas 170 × 270 cm 66 Y × 106 N in. Collection particulière /Private collection Courtesy the artist and Xavier Hufkens, Brussels
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Wim Delvoye Né à Wervik en 1965, Wim Delvoye vit et travaille à Gand. Si faire réagir ses contemporains et susciter régulièrement la polémique (même à son corps défendant) peut être considéré comme un critère déterminant l’importance de la place de l’artiste dans la société, alors Wim Delvoye fait partie de ce club influent. Cet adepte de l’hybridation en tout genre et du multiculturalisme n’a jamais cessé de pousser la création à ses limites visuellement les plus paradoxales, opérant souvent une synthèse ironique entre l’artisanat et les nouvelles technologies. Born in 1965 in Wervik, living and working in Ghent. If not leaving his contemporaries indifferent, regularly provoking a polemic (even entirely against his will), may be considered criteria that determine the importance of the artist’s place in society, then Wim Delvoye belongs to this influential club. This adept of all kinds of hybrid creations and multiculturalism has constantly pushed creativity to its limits in its visually most paradoxical forms, often employing an ironic synthesis between craft work and the latest technologies.
Trophy (scale model), 2011 Bronze, laque noire Bronze, black laquer 108 x 35 x 50 cm 42 K x 13 O x 19 O in. Unique Courtesy Galerie Perrotin
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Wim Delvoye Twisted Dump Truck (Clockwise), 2013
Acier inoxydable découpé au laser Laser-cut stainless steel 176 x 67 x 94 cm 69 N x 26 W x 37 in. Unique Courtesy Galerie Perrotin
JAN FABRE Né à Anvers en 1958, où il vit et travaille. Tout à la fois homme de théâtre et artiste plasticien, Jan Fabre y occupe une ancienne école, grouillante de collaborateurs et dont les anciennes classes font office d’espaces de conception, de réalisation, de répétition et de production. Si ses deux activités principales sont séparées et fonctionnent dans des sphères différentes, cette façon de concevoir le bâtiment comme un lieu de travail multidisciplinaire peut faire songer à un autre atelier anversois célèbre, celui de Rubens. Born in 1958 in Antwerp, where he lives and works. A man of the theater and a visual artist all at once, he occupies a disused school, swarming with collaborators, with the old classrooms serving as spaces for conception, creation, rehearsals and production.. If his two main activities are separated and function in different spheres, this way of conceiving the building as a multidisciplinary workplace may recall that other famous Antwerp artist’s studio, that of Rubens.
La fière extase, 2013 De fiere extase, Proud Ecstasy (Série : Vogelsculpturen) Élytres de scarabées, polymères, oiseau empaillé Jewel beetle wing-cases, polymers, stuffed bird 110 x 25 x 70 cm 43 N x 9 Y x 27 ½ in.
Le pillard sur l’échafaud, 2013 De plunderaar op het schavot, The Pillager on the Scaffold (Série : Vogelsculpturen) Élytres de scarabées, polymères, oiseau empaillé Jewel beetle wing-cases, polymers, stuffed bird 55 x 53 x 77 cm 21 X x 20 Y x 30 N in.
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JAN FABRE Chapitre XVIII, 2010 Bronze Bronze 51 x 32 x 31 cm 20 V x 12 X x 12 N in. éd. de 8 + 4 EA ed. of 8 + 4 AP
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JAN FABRE Chapitre VI, 2010 Bronze Bronze 63 x 31 x 32 cm 24 O x 12 N x 12 X in. ĂŠd. de 8+ 4 EA ed. of 8+ 4 AP
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Hans Op de beeck Né à Turnhout en 1969, Hans Op De Beeck vit et travaille à Bruxelles. Passant tour à tour de la vidéo au dessin, du film à l’installation, de la sculpture à la photographie, l’artiste est le maître du “blanc et gris” au travers des différents supports qu’il utilise. Uniformisés par un gris lumineux, ceux-ci contribuent à l’élaboration d’une œuvre d’art totale dont la maîtrise de la lumière confère à ses scènes parfois apocalyptiques une lueur d’espoir. Born in 1969 in Turnhout, he lives and works in Brussels. Shuttling between video and drawing, film and installation, sculpture and photography, Hans Op de Beeck is the master of the “white and grey” through the different media that he uses. Rendered uniform by a luminous grey, these media contribute to the elaboration of a total work of art in which the mastery of the light confers on his sometimes apocalyptic scenes a glimmer of hope.
Amusement Park (3), 2015 Aquarelle noire et blanche sur papier Arches Black and white watercolor on Arches paper in wooden frames 302,8 x 118,8 x 4,4 cm (encadré) 119 N x 46 O x 1 O cm (framed) Collection particulière/Private Collection
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Hans Op de beeck Merry-go-round (large), 2013 Aquarelle noire et blanche sur papier Arches Black and white watercolor on Arches paper in wooden frames 260 x 136,5 x 4,4 cm (encadrĂŠ) 102 W x 53 O x 1 O cm (framed) Firmensammlung Berlin
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Luc Tuymans Né en 1958, à Anvers, où il vit et travaille. Peintre, Luc Tuysmans a représenté la Belgique à la Biennale de Venise en 2001, avec son ensemble Mwana Kitoko (Beautiful White Man), évocation critique de la colonisation belge au Congo qui s’est achevée en 1960. Malgré l’aspect distancié de ses peintures, Tuymans est un artiste engagé, avec des points de vue sévères sur les contextes politiques, économiques, sociaux et culturels du xxie siècle, ne se limitant jamais aux frontières belges. Born in 1958 in Antwerp where he lives and works. As a painter, he represented Belgium at the Venice Biennale in 2001 with his ensemble Mwana Kitoko (Beautiful White Man), a critical view of Belgian colonization of the Congo, completed in 1960. Despite the distancing aspect of his paintings, Tuymans is a committed artist with radical points of view on political, economic, social and cultural situations in the 21st century, without ever limiting himself to Belgium’s frontiers.
Crucifix, 1999 Huile sur toile Oil on canvas 156 x 79,3 cm 61 W x 27 N in. Collection de la Communauté Flamande, en prêt à long terme au S.M.A.K. (Gand) Collection Flemish Community long term loan S.M.A.K.
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Luc Tuymans Reinhard de vos, 1993 Huile sur toile Oil on canvas 77 x 65 cm 30 N x 25 X in. Collection particulière/Private Collection
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Jan Van Imschoot Né à Gand en 1963, Jan Van Imschoot vit et travaille à Noncourt-sur-le-Rongeant (France). Multipliant les citations, ce peintre revisite l’histoire de l’art de façon décapante, en y distillant son propre vocabulaire pictural. Il peint des intérieurs dont il recompose les perspectives, établissant par là de nouveaux points de vue, comme il le fait pour les personnages qui occupent ses toiles dans un dynamique rapport d’échelle au corps. Born in 1963 in Ghent, he lives and works in Noncourt-sur-le-Rongeant in France. Multiplying his references, the painter reworks the history of art in a caustic way, distilling his own pictorial vocabulary. He paints interiors and remodels the perspectives, thus establishing new points of view, just as he does for the figures occupying his canvases in a dynamic scale-ratio to the body.
You can use my skin n°1, 2012 Huile sur toile Oil on canvas 120 x 100 cm 47 N x 39 W in.
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Jan Van Imschoot The construction of several denials, 2012 Huile sur toile Oil on canvas 160 x 120 cm 63 x 47 N in.
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Jan Van Imschoot La mythologie et l’inspiration, 2015 Huile sur toile, triptyque Oil on canvas, triptych 147 x 342 cm 57 Y x 134 X in.
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Catalogue édité à l’occasion de l’exposition Catalogue published for the exhibition
Belgique Du 5 novembre au 31 décembre 2015 From November 5 to December 31, 2015 Nos remerciements vont aux artistes, à Philippe Van Cauteren, au S.M.A.K. de Gand, aux galeries Laurent Godin, Hauser and Wirth, Xavier Hufkens, Emmanuel Perrotin et Zeno X, ainsi qu’aux prêteurs privés, pour leur précieuse collaboration. Special thanks to the artists, Philippe Van Cauteren, S.M.A.K. in Ghent, the Laurent Godin, Hauser and Wirth, Xavier Hufkens, Emmanuel Perrotin and Zeno X galleries as well as the exhibition’s private lenders for their invaluable help.
Galerie Daniel Templon 30 rue Beaubourg – 75003 Paris Tél. : +33 1 42 72 14 10 - Fax : +33 1 42 77 45 36 info@danieltemplon.com - www.danieltemplon.com Coordination : Victoire Disderot Traduction / Translation: Jack Altman (Bernard Marcelis), Michèle Deghilage, Julian Ross (Philippe Van Cauteren) Photos : Dirk Pauwels, Ghent : pp 15, 25, 55 © Berlinde De Bruyckere © Studio Wim Delvoye, Belgium © Studio Hans Op de Beeck © Angelos bvba : photo Lieven Herreman (pp 44-45), Pat Verbruggen ( pp 47, 49) Peter Cox p. 22-23 ; Gregory Copitet pp; 26-27, 28-29, 30-31 B.Huet/Tutti : pp 59, 61, 62-63 © Photothèque R. Magritte/ADAGP 2015 : p. 16 © ADAGP, Paris 2015 : p 12 ; DR p 18.
Création, édition : 23 rue du Renard – 75004 Paris Tél. : +33 1 43 20 10 49 info@communicart.fr Directeur de la création / Creative director: François Blanc Design : Georges Baur Coordination : Pascale Guerre Imprimé en Belgique / Printed in Belgium © Galerie Daniel Templon ISBN : 978-2-917515-19-8
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Galerie Daniel Templon
30 rue Beaubourg 75003 Paris 33 (0)1 42 72 14 10 - danieltemplon.com ISBN 978-2-917515-19-8 25â‚Ź