"L'enfer c'est les autres", Pietro Ruffo

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PIETRO RUFFO

PIETRO RUFFO

PIETRO RUFFO du 25 mars au 28 mai 2011

L’enfer c’est les autres

ISBN 978-2-916277-30-1 20 €

9 rue des Beaux-Arts 75006 Paris – www.dimeo.fr



Exposition du 25 mars au 28 mai 2011

Pietro ruffo L’enfer c’est les autres

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Pietro Ruffo est né en 1978 à Rome en Italie. Il vit et travaille à Rome.



Introduction C’est avec un grand enthousiasme que nous présentons la première exposition de Pietro Ruffo en France. Son travail, d’une grande force visuelle, est le fruit d’une profonde réflexion philosophique et géopolitique – deux sujets aussi passionnants que complexes ! Nous avons donc demandé à Patrick Amine, écrivain, essayiste et curateur, de rencontrer Pietro Ruffo et d’écrire un texte traitant avec élégance de son travail. Stefano Casertano, docteur en politique, a, lui, écrit un texte comparatif entre l‘Empire romain et la politique d’expansionnisme de la Chine contemporaine, thématique mise en avant dans plusieurs tableaux de l’exposition.

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È con grande entusiasmo che presentiamo la prima mostra francese di Pietro Ruffo. Le sue opere, di grande forza visiva, sono il frutto di una profonda riflessione filosofica e geopolitica – due temi appassionanti e complessi! Abbiamo quindi chiesto a Patrick Amine, scrittore, saggista e curatore, d’incontrare Pietro Ruffo e di scrivere un testo elegante sulle sue opere. Stefano Casertano, dottore in scienze politiche, ha scrivato un testo comparativo tra l’Impero Romano e la politica espansionistica della Cina moderna, tematica valorizzata da alcuni quadri della mostra. It is with great pleasure that we are presenting Pietro Ruffo’s first exhibition in France. His powerful work is the culmination of a profound reflection on geopolitical and philosophical issues, two fascinating and complex domains. We thus asked writer, essayist and curator Patrick Amine to meet Pietro Ruffo and to write about his work. Stefano Casertano, a political science phD, wrote a text comparing the Roman Empire with China’s current political expansionism, the subject of several paintings in the exhibition. Claire Di Meo & Martin Schmitt

Vous retrouverez la version italienne/anglaise des textes qui suivent sur notre site www.dimeo.fr Potete trovare la traduzione per i testi seguenti sul nostro sito web : www.dimeo.fr Please visit our website to download the English version of the following texts: www.dimeo.fr 5


AllĂŠgorie sauvage Patrick Amine

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En regardant en détail ce qui s’ordonne dans les ima-

Sa recherche s’appuie sur les mouvements géopolitiques, internationaux, mais aussi sur les idéologies et les religions.

ges de Pietro Ruffo, nous avons la nette impression que les choses se passent dans divers espaces, qu’il y a une simultanéité entre l’espace (d’un territoire à un autre) et le temps où s’effectuent les gestes de l’artiste, ses interventions sur les « cartes », comme si nous étions dans une autre pièce de la réalité et du monde. L’imaginaire de Pietro Ruffo a pour fonction de nous donner à voir autre chose, à travers ses dessins, ses coléoptères découpés en deux dimensions et ses « infiltrations », que la seule représentation d’une réalité tout au moins saisissable par tous. Il nous entraîne vers un autre monde aux repères transformés et nous inspire des interrogations. L’esthétique de Pietro Ruffo s’appuie sur plusieurs paramètres. Ses images de paysages insolites aux arborescences éclatées sont dessinées au graphite et à l’encre de Chine. Il s’approprie les cartes géographiques et les transforme par des signes dont les particularités apparaissent ou sautent à l’œil du spectateur. Ces cartes ont été contaminées, les territoires ont subi ce que l’on pourrait appeler les « nouvelles plaies d’Egypte » – en référence, bien sûr, à la Bible. Sa recherche s’appuie sur les mouvements géopolitiques internationaux, mais aussi sur les idéologies et les religions. Lorsque nous regardons en détail les œuvres imaginées et conçues par Pietro Ruffo, elles nous interpellent au-delà de l’attrait qu’elles peuvent exercer sur le spectateur par leur charge émotionnelle. Ces scarabées, ces libellules, ont quelque chose d’insolite. Les sinuosités des tableaux, les dessins, la couleur, inventent un espace scénique inédit dans la circulation humaine. Pietro Ruffo dit que ses œuvres « trouvent leur ancrage dans l’espace sociologique et dans l’Histoire dans laquelle nous vivons. » On peut 7


Les coléoptères qui figurent dans son œuvre sont autant d’allégories des comportements humains.

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suggérer ici qu’il y a une entité relationnelle entre le public et l’œuvre d’art. L’artiste établit, entre son œuvre et le regard qu’on porte sur elle, un ensemble de métaphores, tout en privilégiant une vision poétique. Les coléoptères qui figurent dans son œuvre sont autant d’allégories des comportements humains, de même que La Fontaine inventa des modèles et un langage, en représentant les caractères humains par des animaux. « La relation humaine qui s’établit avec les libellules, par exemple, évoque la contamination des territoires les uns par les autres : l‘Afrique par la Chine ou l’Amérique latine par l’Amérique du Nord. » Ainsi, Ruffo superpose le drapeau de la Chine sur l’Afrique pour mettre en exergue les conflits latents, les instrumentalisations politiques qui s’exercent audelà des continents. Les insectes sont des armées qui dorment. « Les cerfs-volants (variété de scarabée) font éclore leurs œufs dans les plantes ; ils dévorent les feuilles pour prendre vie, pour se régénérer, ce sont en fait des formes parasitaires. Ils mangent le support à partir duquel ils s’envoleront. » Pietro Ruffo a consacré une autre séquence de son travail à une réflexion sur des thèmes philosophiques et sur des théories d’économie politique, en utilisant dans ses images infusées d’informations quelques textes des traités politiques entre les nations. Ces textes apparaissent en filigrane dans ses œuvres. Dans telle œuvre, les traités sont rongés par les insectes. Mais n’est-ce pas Hugo qui disait que « L’homme est un rongeur. » ! Ici et là, ce sont de nombreuses cartes du Moyen-Orient : Syrie, Irak, Liban, Palestine, Israël et Iran, qui relatent les formes stratégiques de son discours. L’artiste détourne les drapeaux des pays, change leurs emblèmes et leurs couleurs pour les transposer en d’autres contrées.


Pietro Ruffo contamine par sa poétique la réalité ordonnée. Ainsi il élabore de nouveaux territoires, subtilement modifiés, qui expriment son esthétique. Il formule de nouvelles hypothèses qui interagissent sur le regard du spectateur. Pourquoi les scarabées ou les libellules, ces demoiselles si fines et jolies, à l’instinct carnassier, semblent-ils sortir de la carte dessinée en relief ? Les divers éléments se fondent avec des crânes et des mâchoires non identifiés, sur le papier dessiné parfois au Bic. Tel ce Beetle flag, drapeau composé de scarabées sur des textes de prières hébraïques, et comme ce char de bois et de papier où figurent les mêmes insectes sculptés, Youth of the hill ; tel encore ce drapeau du Commonwealth, Union Jack, où sont reproduits des traités politiques. Les références aux œuvres d’Alighiero Boetti, de Pino Pascali et ses « canons » ou bien aux Flags de Jasper Johns sont implicites chez Ruffo. Ses proliférations révèlent une idée récurrente : le « parasitage » qui s’opère constamment. Pour la série de portraits de philosophes, I sei traditori della libertà, les « Six traîtres de la liberté », les libellules semblent perforer le papier, en surimpression. Qui sont-ils ces six traîtres de la liberté ? « En 1952, lors d’une émission à la BBC, Isaiah Berlin, le philosophe anglais, donne six conférences sur ce thème, en évoquant les philosophes matérialistes et idéalistes Helvétius, Rousseau, Hegel, Fichte, Joseph de Maistre, Saint-Simon – le rival de Charles Fourier, l’utopiste anglophile, qui avait élaboré son système productiviste pour réduire les maux de la collectivité, il s’est finalement trompé, car nous vivons dans ce modèle historique… Une vision en rien utopiste ! C’est moi qui souligne. » Selon Isaiah Berlin, chacun d’eux a forgé une concep9


tion de la liberté collective pour les individus. « Les régimes totalitaristes s’en sont inspirés en partie. J’ai voulu montrer à travers ces six portraits comment les libellules pouvaient déstructurer leur image. Ces coléoptères se déplacent et bougent constamment, comme chacun peut l’observer. Je tenais à introduire l’idée de fragilité à travers la conception de mes images. Cette fragilité – par métaphore – instaure une relation avec le concept de liberté. » Le philosophe anglais a publié ses Deux concepts de liberté, en 1958. Il y développe ses idées sur la liberté positive et la liberté négative, auxquelles Ruffo se réfère, en dessinant ces territoires « grignotés » par les nouvelles puissances mondiales. Le monde glisse jour et nuit en silence, comme l’écrit Pline l’Ancien. « La liberté individuelle doit se libérer de l’Etat. J’appartiens à une société qui est arrivée à une forme de liberté plus grande dans la mesure où l’on peut donner quelque chose à la collectivité, à l’autre. Isaiah Berlin considérait, de ce point de vue, que le système soviétique (durant la guerre froide) devait être à l’avantgarde. Mais il n’en a rien été ! Le modèle russe s’est avéré être une contrainte plus qu’autre chose. » En vue d’une nouvelle exposition, Ruffo a interviewé six philosophes italiens sur les échecs de ces six traîtres… Il s’agit d’Aldobrandini, Maffettone, Marramao, Santambrogio, Lecaldano et Carter qui ont apporté leurs propres réflexions sur le monde libéral. Le sujet de la liberté est un sujet « géographique », culturel et spirituel, ajoute-t-il : une des raisons pour lesquelles artistes et philosophes participent à sa réflexion artistique. Lors de l’exposition à Paris, on verra le rapport entretenu entre les territoires et l’empreinte sur les drapeaux : la Chine sur l’Afrique, la Chine sur l’Amérique latine, la Chine sur la Russie. « Toutes 10


Je tenais à introduire l’idée de fragilité à travers la conception de mes images. Cette fragilité – par métaphore – instaure une relation avec le concept de liberté.

ces œuvres sont pour moi une expression d’une autre vision de la liberté plus individuelle. Les drapeaux dessinés avec des crânes sur des cartes géographiques sont une manière de réintroduire une réflexion sur les vanités et l’espèce humaine. » Une de ses visions m’évoque Stanley Kubrick quand il dit : « L’homme du XXe siècle a été lâché sur une mer non cartographiée. S’il veut rester sain pendant son voyage, il lui faut quelqu’un à aimer, quelqu’un qui soit plus important à ses yeux que lui-même. » Le monde des images est extrême. Il faut retrouver cette faculté de regarder – car elle réunit toutes les sciences – à partir de laquelle celles-ci doivent se développer, comme le suggère Peter Handke. Avec les documents et les ruines se forme l’histoire telle que l’entend l’Europe. La structure capillaire et macroscopique des espaces et des territoires doit se planifier comme le révèlent les images de Ruffo. Ainsi l’œil existe à l’état sauvage. Le naturaliste Buffon a observé le monde libre des animaux – des merveilles de précision – et des insectes en poète et en styliste, non comme l’entomologiste Jean-Henri Fabre plus tard. La nature invente toujours des situations indéchiffrables et des phénomènes prodigieux. Quand on nomme les animaux, ils prennent les formes multiples de l’allégorie et du symbole. Ils réactivent notre imaginaire en se portant sur les événements du monde pour les investir d’une dimension poétique. L’alphabet et le geste de Pietro Ruffo recèlent des combinaisons inédites, qu’il ravive en leur donnant une tridimensionnalité. Tenons-nous alors devant un tableau comme devant un personnage, disait Schopenhauer. Attendez qu’il vous parle. L’œil écoute ! Patrick Amine, Bologne-Paris, 2011 11


Le Limes romain, la Grande Muraille de Chine et le souffle des empires Stefano Casertano

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L’Empire romain connut sa plus grande expansion en 116 après J.-C., sous le règne de l’empereur Trajan. Ce chef romain réussit, en effet, à conquérir l’Arménie et la Mésopotamie, jusqu’à Ctésiphon, la capitale de l’Empire parthe. La domination de Rome s’étalait donc à l’époque sur trois continents : l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Romain était l’ordre de l’ancien monde, romaines les voies de communication, romain le système économique et diplomatique qui reliait entre eux des peuples aux cultures extrêmement différentes. Mais pourquoi l’expansion de Rome s’arrêta-t-elle donc en si bon chemin ? L’élan expansionniste de Rome ne s’arrêta pas à cause d’une confrontation avec des peuples particulièrement doués sur le champ de bataille. Pendant une grande partie de son histoire, les limites de l’Empire romain furent tracées sur les lieux d’affrontement avec des armées qui ne se battaient pas de façon traditionnelle, mais qui préféraient plutôt dresser des embuscades inattendues, suivies par un rapide retrait. Comme a écrit Luttwak dans son livre La grande stratégie de l’Empire romain : « Les Romains eux-mêmes ne pouvaient utiliser efficacement leur forces contre des nations constituées par des guerriers à l’habitat dispersé dans les campagnes et dont les forces ne dépendaient pas de la survie d’une structure économique et sociale fondée sur les villes. Il y avait donc une raison technique et militaire à la base des limites géographiques de l’expansionnisme de l’Empire. Ces limites n’étaient pas simplement dues à des questions de place, de distance ou de population ; il s’agissait plutôt de limites de type qualitatif et, bien plus important, elles concernaient en même temps la diplomatie coercitive et la guerre. C’est pour cette raison que les Romains ne pénétrèrent jamais dans la zone semi-désertique 13


[1] Edward N. Luttwak, La grande stratégie de l’Empire romain, (1976), Economica.

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de l’Afrique septentrionale, dans les régions d’Europe centrale encore couvertes de forêts, dans les plaines de l’Ukraine moderne, dans le haut plateau aride de l’Iran ou dans les déserts d’Arabie[1] ». Environ deux siècles avant Trajan, Marcus Licinius Crassus, dans sa tentative de gagner du prestige visà-vis des deux autres triumvirs, Jules César et Pompée le Grand, essaya de vaincre les Parthes, dont le règne s’étendait de l’Iran moderne jusqu’à l’Afghanistan. Crassus fut impressionné par la tactique militaire de cette population du Proche-Orient, qui consistait en des attaques éclairs éphémères par ses chevaliers et ses archers à cheval. Il pensait par contre que ces sorties n’étaient pas dictées par une finesse militaire, mais uniquement par de la couardise. En réalité, les attaques des Parthes furent extrêmement efficaces et affaiblirent la résistance des Romains, jusqu’à leur déroute dans la seule bataille rangée, celle de Carrhes, en 53 av. J.-C. Crassus paya sa défaite de sa mort sur le champ de bataille. Ce fut la tragique conclusion d’un dessein militaire mû par l’ambition et la convoitise qui s’éloignait de façon substantielle des préceptes stratégiques propres de l’Empire romain. Les campagnes de conquête et les guerres menées par Rome ne se fondaient pas sur le courage de l’armée ou sur l’héroïsme des soldats : leur principe fondamental était emprunté « à la méthode et à la prudence » (toujours Luttwak). L’organisation, la préparation et la gestion avisée des ressources étaient les clés de leur succès militaire. On comprend mieux avec ces bases le sens du rapport entre les Romains et l’espace : l’expansion était motivée par l’intérêt et le calcul et, contrairement à l’attitude des multinationales modernes, la croissance s’arrêtait quand les coûts de l’annexion dépassaient les


L’expansion était motivée par l’intérêt et le calcul et, contrairement à l’attitude des multinationales modernes, la croissance s’arrêtait quand les coûts de l’annexion dépassaient les bénéfices.

bénéfices. Les professeurs de lycée qui, en observant le Limes européen, nous disaient que les Romains s’étaient trompés en ne repoussant pas leurs frontières jusqu’à la partie la plus étroite du continent, qui joignaient idéalement l’actuelle Odessa à Kaliningrad, avaient tort. Se limiter aux rives du Danube était une attitude dictée par la règle de la prudence et de l’intérêt ; dompter les populations de la Germanie n’aurait desservi aucun but stratégique et aurait été bien trop onéreux. C’est pour cette même raison qu’en Bretagne on préféra bâtir la frontière fortifiée du « Mur d’Hadrien », longue de 118 kilomètres, plutôt que de stabiliser le « Mur d’Antonin », plus au nord et long seulement de 59 kilomètres. L’essence du rapport des Romains avec l’espace s’exprimait également dans la structure des frontières, qui évolua progressivement au fil des siècles. Sous le système « julio-claudien », en gros d’Auguste à Néron, on atteignit le niveau militaire minimum, avec une armée composée de vingt-cinq légions seulement. Il n’existait pas de frontières armées comme on pourrait les imaginer aujourd’hui et la sécurité était garantie par un réseau d’« états clients » qui étaient récompensés par leur fidélité à Rome. En cas d’émeutes ou d’invasions d’une certaine importance, les légions mobiles interceptaient l’ennemi à l’intérieur même du territoire de l’Empire. Ce fut seulement avec la succession dynastique des Flaviens que démarrèrent les grands travaux de fortification des frontières. Toutefois, l’élévation des murailles et des tours de garde n’arrêta pas le développement des stratégies romaines : dans un premier temps, la force de frappe militaire consistait dans la capacité des milices de sortir des frontières armées et d’intercepter les ennemis à l’extérieur. Progressive15


Le succès de la plus importante ville-état de l’Antiquité fut rendu possible aussi grâce à sa capacité de créer une « structure économique » interculturelle, qui la transforma en un « empire hégémonique »

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ment, surtout lors de la « grande crise du IIIe siècle », la tactique se mua en une sorte de défense « en profondeur », avec un système de protection « intérieur » pour la surveillance des principaux axes de communication et des agglomérations. Pendant ce long parcours, ce ne fut pas seulement la conception militaire que Rome avait d’elle-même qui changea, mais également son rapport avec les « états clients ». Le succès de la plus importante ville-état de l’Antiquité fut rendu possible aussi grâce à sa capacité de créer une « structure économique » interculturelle, qui la transforma en un « empire hégémonique ». Ce fut justement la croissance des anciens « états clients » qui commença à représenter la principale menace pour la sécurité des populations romaines des frontières. Une des raisons qui motiva la métamorphose progressive de l’approche défensive en stratégie de fortification. Aujourd’hui, on pourrait dire que la Rome républicaine, et, en partie, la Rome impériale, fondaient leur pouvoir non seulement sur la force, mais également sur le « soft power ». Si les frontières furent par la suite « armées et surveillées », cela dépendit de causes internes et externes. Les luttes de pouvoir pour le contrôle du siège impérial obligeaient fréquemment à rappeler les troupes des périphéries pour les affecter à des batailles sur le front interne ; au-delà du Limes, on craignait que des nouveaux « états clients » puissent devenir trop forts, en remettant en question le pouvoir et l’intégrité de Rome. Ce fut à ce moment-là qui naquit le premier concept historique d’« empire territorial », concept qui a par la suite caractérisé le rapport de beaucoup d’autres puissances nationalistes avec l’étranger. On compare souvent la Chine à l’Empire romain juste-


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« […] il était nécessaire que les peuples qui vivaient au-delà des frontières fussent sensibles aux menaces et aux suggestions exercées par le système romain de contrôle indirect. »

[2] Edward N Luttwak, op. cit.

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ment pour cette caractéristique de la territorialité. La Grande Muraille était non seulement une ambitieuse œuvre architecturale, mais également la réalisation matérielle d’une attitude politique. Dès les premières palissades érigées au Ve siècle av. J.-C. et jusqu’aux immenses fortifications de la dynastie Ming (13681644), l’idée chinoise était de séparer le territoire contrôlable de celui habité par des tribus indomptables, d’origine mongole ou manchoue. En citant encore une fois Luttwak, on peut employer à propos de cet aspect historique chinois une description relative au système frontalier romain sous la dynastie des Flaviens : « […] les méthodes de planification utilisées par les Romains dans les zones frontalières nécessitaient que les habitants et le territoire fussent adaptés à l’établissement et au développement, de façon à permettre une sorte d’auto-romanisation volontaire de la part d’une population florissante, en réponse à l’introduction des idées et des produits manufacturés romains. D’autre part, du point de vue diplomatique, il était nécessaire que les peuples qui vivaient au-delà des frontières fussent sensibles aux menaces et aux suggestions exercées par le système romain de contrôle indirect[2] ». Si on veut comparer le progrès stratégique de l’Empire romain avec celui de la Chine, on ne peut par contre pas adopter une théorie « déterministe » du développement. Il n’est pas dit qu’une phase hégémonique (ou, selon notre définition, de « soft power ») soit suivie par une phase « territoriale » (qu’on devrait donc définir comme « hard power »). Il s’agit plutôt de phases qui alternent pendant les cycles longs des empires. L’hégémonie permet des périodes de conquête, parce qu’elle ne se fonde pas sur des frontières tracées dans la pierre. La territorialité représente quant à elle le sommet de l’expansion, c’est-à-dire le moment où la com-


[3] Pour éviter de citer l’omniprésent Luttwak (Edward N. Luttwak, From Geopolitics to Geoeconomics. Logic of Conflict, Grammar of Commerce, The National Interest, 1990), nous vient en aide l’école française des années 1990 : Bernard Esambert, (1990), La guerre économique mondiale, (1990), Olivier Orban ; et Christian Harbulot, La machine de guerre économique, (1992), Economica. [4] Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe -XVIIIe siècle, (1986), Armand Colin ; et aussi Giovanni Arrighi, Il lungo XX secolo: denaro, potere e le origini del nostro tempo, (1996), Il Saggiatore.

plexité du système extérieur dépasse celle du système intérieur. La muraille définit une frontière et permet donc de se concentrer sur la situation domestique, jusqu’à la reprise de l’expansion. Il est évident que, pour un empire, les deux aspects de l’hégémonie et de la territorialité coexistent, car l’un n’exclut pas l’autre ; il faut toutefois imaginer le « Souffle des Empires » comme étant caractérisé par des phases qui voient une des deux caractéristiques prévaloir sur l’autre, pour ensuite décliner et laisser la place à sa concurrente. La territorialité renferme dans ses frontières ce qui, pour l’empire, peut être défini comme l’« idée politique nationale », c’est-àdire l’ensemble de toutes les cultures qui partagent une même idée culturelle – et donc économique et sociale – compatible. La Chine moderne est passée d’une phase de « territorialité », prédominante jusqu’à l’arrivée de Deng Xiaoping, à celle d’une plus importante expansion de sa prétention hégémonique, grâce à l’outil de la « guerre économique[3] ». Ce n’est pas une stratégie « nouvelle » : elle a, en effet, caractérisé le développement des grands « cycles d’accumulation du capital » de l’époque moderne et contemporaine, dictant les possibilités de naissance de la Venise des marchands, des Pays-Bas, de l’Empire britannique et des EtatsUnis[4]. Deng Xiaoping a représenté la fin du « colonialisme interne » de la Chine : en 1978, le processus de nationalisation Han était pratiquement terminé et le territoire chinois était devenu une zone de compétence semiexclusive de l’ethnie centrale. Avec la fin de Mao avait aussi disparu la tension civile qui découlait du contraste entre la désormais chétive opposition du Kuomintang 19


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[5] Karl Schlögel, Terror und Traum, (2010), Fischer Taschenbuch Verlag. [6] Braudel et Arrighi soulignent comme les grands cycles d’accumulation ne devraient pas être interprétés de façon « séquentielle », mais nous ne pouvons pas nous abstenir de remarquer comme chaque réalisation impérial-capitaliste ait repris des aspects des cycles précédents, en les peaufinant et en les exprimant à nouveau. Ceci a été surtout vrai pour le passage du cycle britannique au cycle américain et cela arrive de nouveau pour le passage au cycle chinois.

et le Parti communiste. Le système national domestique était revenu à un niveau de complexité gérable ; au-delà de la Grande Muraille, les opportunités offertes, dans un premier temps par la crise soviétique et, ensuite, par la fin de la guerre froide, furent des exhortations à l’expansion. La Chine, dans son rôle d’empire socialiste, a été plus chanceuse que son homologue soviétique. Moscou a vécu sa phase de complexité interne jusqu’en 1937, l’année « de la terreur et du rêve », quand le fou lucide Staline transforma Moscou et tout le pays en un système parfait pour la persécution des dissidents et pour le développement de l’idéal « utopique d’une nouvelle société[5] ». La phase d’expansionnisme se prolongea pendant les courtes et très violentes années de la deuxième Guerre mondiale, en refaisant ensuite régulièrement surface seulement pendant de courtes périodes, jusqu’à la catastrophe de l’intervention en Afghanistan dans les années 1980. L’URSS dut se confronter à la stratégie impérialiste américaine le long de ses propres frontières, en une globalisation du conflit qui réduisit les prétentions de Moscou dès 1945. Beijing n’a pas rencontré sur son chemin récent ce genre de limites et sa croissance se poursuit sur tous les continents. Arrivés à ce point, on pourrait se demander si le développement d’un « empire commercial » a un sens. Le principe, comme pour la territorialité, est que le développement sur des nouveaux marchés a un sens tant que les avantages dépassent les coûts. Beijing, de ce point de vue, est une réalisation ultérieure des grands cycles d’accumulation du passé, mais de façon bien plus évoluée[6]. Le grand Empire britannique a été critiqué par les historiens marxistes pour ses concepts 21


[7] Niall Ferguson, Empire. How Britain Made the Moderne World, (2003), Allen Lane.

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de domination et de vexation ; mais il a été également désapprouvé par les libéraux, car « […] le fait que l’impérialisme ait déformé le marché – en se servant de tout, de la force aux tarifs préférentiels, pour le modeler à l’avantage de la mère patrie – a également desservi sur le long terme l’économie britannique[7] ». Les Etats-Unis ont résisté à la tentation de coloniser le territoire ou, du moins, de le faire à la façon anglaise. Washington a stimulé la croissance d’économies démocratiques, libérales et intégrées, afin de protéger des frontières claires en Europe et en Asie (voir, par exemple, son soutien au Japon) ; là où les frontières n’étaient pas clairement définies, comme au Moyen-Orient ou en Afrique, il a financé la croissance d’« états clients », en récompensant le chef de la tribu du moment, qu’il s’appelle Reza Pahlavi (en Iran) ou Hosni Moubarak (en Egypte). La Chine contemporaine n’impose pas de modèles politiques à ses principaux partenaires commerciaux et elle se limite à créer un système de « protection économique » avec les réalités étrangères. La cohésion du système politique interne, incarnée par l’hyperconservateur Parti central, permet de gérer l’expansion extérieure sur la base d’un concept « prudent et administratif » plutôt qu’« héroïque et éphémère ». C’est sur la stabilité domestique que se fonde le pouvoir extérieur ; et les objectifs internationaux prennent appui sur les nationaux. La pulsion vers la croissance impériale est offerte par des idéaux qui outrepassent l’économie : c’est l’idée d’exceptionnalisme, qu’il soit anglais, américain ou chinois, qui crée l’anxiété de conversion du monde ; l’économie n’en est que l’instrument. Il n’est pas crédible de penser que la logique du « désintérêt » chinois pour les questions politiques des autres puisse représenter l’axe de travail sur le long terme


La Chine contemporaine n’impose pas de modèles politiques à ses principaux partenaires commerciaux et elle se limite à créer un système de « protection économique » avec les réalités étrangères.

des relations de Beijing avec le reste du monde. Cela est possible uniquement pendant la phase « expansive » de l’empire. Au fil des années, d’autres risques apparaîtront : qu’on le veuille ou pas, des significations politiques sont attachées aux marchandises échangées. Beijing fait de la politique quand, en marge de la crise de 2008, elle injecte des milliards de dollars pour revitaliser l’industrie énergétique de Moscou, au cœur de l’économie russe. Beijing fait de la politique en étant aussi timide dans ses critiques vis-à-vis de l’Iran et de la Corée du Nord pour leurs respectives ambitions nucléaires. Le soutien de la Chine à Robert Mugabe dans son rôle très discuté de président du Zimbabwe est aussi un fait politique. Si l’on prend tout cela en considération, on peut conclure que la Chine n’est, en réalité, pas encore un empire, mais seulement une force nationale en pleine phase de conquête. Elle deviendra un empire seulement si elle réussit à imposer un système de valeurs et de notions sociales, économiques et politiques. Si elle accepte la responsabilité d’être un empire. Aujourd’hui sont déjà à l’œuvre certaines dynamiques qui pourraient contraindre Beijing à revenir à une phase territoriale. Les conflits intérieurs sont en augmentation et, de plus, il y a des zones où l’idée nationale est en déclin. La frontière russo-chinoise, lieu d’affrontements très violents pendant les derniers siècles, pourrait être la première à vaciller dans le cas d’un retour à la territorialité. Pendant la dernière période de vie de l’Empire romain, les troupes en garnison le long du Limes germanique avaient désormais acquis la physionomie et l’aspect culturel des tribus barbares, avec des légionnaires blonds et bien plus hauts que leurs collègues romains. En Chine, à cause des décennies 23


D’autres pays, considérés comme des « états clients », sont en train d’apprendre des Chinois l’organisation du travail et la productivité.

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de politique de l’« enfant unique », il y a aujourd’hui une majorité d’hommes ; à la frontière avec la Russie, cela a encouragé les unions transnationales. A l’Ouest de la Chine, la population ouïgoure du Xinjiang est de moins en moins attirée par le modèle central et l’« avantage attendu de la rébellion » est en train de dépasser celui de la fidélité. La Chine, pour le moment, n’est un « empire » qu’à l’intérieur de ses frontières et ces signaux suggèrent que dans ce domaine Beijing est déjà revenu à la territorialité (si jamais il en était sorti). D’autres pays, considérés comme des « états clients », sont en train d’apprendre des Chinois l’organisation du travail et la productivité. Même les Etats-Unis sont en train de se réorganiser et essayent de s’intéresser de moins en moins aux questions politiques d’autrui, en rêvant de plans pour la renaissance des exportations. La circularité entre hégémonie et territorialité peut être interrompue si des éléments destructeurs de ce type se produisent. C’est pour cette raison que l’empire chinois, pour se démontrer tel, devra les affronter. Le monde extérieur à la Chine est en train de redevenir plus complexe que dans les années 1990 et c’est pour cela que les appareils internes de Beijing doivent être capables de répondre par des réformes. Le modèle dirigiste du Parti central a été un succès dans un système fragmenté – comme celui de l’après 1989 – mais maintenant la Chine va être soumise à des nouvelles impulsions. Comme dans la Rome antique, ces impulsions pourraient se traduire par des tentations de lutte entre factions et groupes de pouvoir, en amenant ainsi le pays à la désagrégation. Ou, au contraire, elles pourraient inspirer la naissance d’une Chine nouvelle qui colorera de rouge une grande partie du monde. Ou peut-être que le système a conduite étatique réussira à


lire correctement la situation et à conserver l’avantage national : il s’agirait, dans ce cas, d’un réel changement d’époque. Mais nous, vieux Européens, au fond, nous ne croyons pas que cela soit possible.

Stefano Casertano (Rome, 1978) est professeur de politique internationale à l’Université de Potsdam, en Allemagne, MBA de la Columbia University et Ph.D. de l’Université de Potsdam. Depuis 2011, il est Senior Fellow du think tank allemand BIGS. Son domaine de prédilection est l’histoire des rapports entre les grandes puissances depuis l’après-guerre, en particulier dans le secteur de l’énergie. Il est l’auteur d’une trilogie sur la géopolitique énergétique qui sera complétée en 2011. Le premier volet de la série a été Sfida all’Ultimo Barile (Brioschi Editore, 2009), soit Défi au Dernier Baril, une histoire de la guerre froide pour le contrôle du pétrole de 1945 à nos jours. En 2010, ce travail a été développé par la publication de Oro Blu (Fuoco Edizioni), Or bleu, ouvrage dédié aux rapports énergétiques entre Chine, Russie et Europe. Et cette année sortira donc La Guerra del Clima (Francesco Brioschi, 2011), La Guerre du Climat, analyse de la géopolitique des énergies renouvelables. Stefano Casertano a été conseiller aux affaires internationales pour le ministère du Développement économique italien en 2010 et contribue aux revues de l’Aspen Institute, de l’Institut des Affaires Internationales de Rome et de l’Institut des Etudes Politiques Internationales de Milan.

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œuvres œuvres Opere Works


Sans titre 4.10 2010 Crayon et papier découpé 226 x 196 cm

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Sans titre 5.10 2010 Crayon et papier découpé 197 x 218 cm

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Sans titre 10.10 2010 Crayon et papier découpé 195 x 225 cm

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Sans titre 12.11 2010 Crayon et papier découpé 290 x 245 cm

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Sans titre 4.10 2011 Encre de Chine et papier découpé 133 x 117 cm

36



Sans titre 11.10 2011 Encre de Chine et papier découpé 125 x 99 cm

38



Sans titre 10.10 2011 Encre de Chine et papier découpé 101 x 131 cm

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Sans titre 12.11 2011 Encre de Chine et papier découpé 110 x 145 cm

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Chinese Flag, Russia 2011 Crayon et acrylique sur papier 205 x 166 cm

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Chinese Flag, South America 2011 Crayon et acrylique sur papier 205 x 166 cm

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Chinese Flag, Africa 2011 Crayon et acrylique sur papier 205 x 166 cm

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France 2011 Stylo Bic sur papier 71 x 85 cm

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Iran 2011 Stylo Bic sur papier 71 x 85 cm


Europe 2011 Stylo Bic sur papier 71 x 85 cm


U.S.A. 2011 Stylo Bic sur papier 71 x 85 cm


U.K. 2011 Stylo Bic sur papier 71 x 85 cm


China 2011 Stylo Bic sur papier 71 x 85 cm


U.R.S.S. 2011 Stylo Bic sur papier 71 x 85 cm



Expositions


EXPOSITIONS PERSONNELLES (sélection) 1998 Air Terminal Duemila, Performance, Air Terminal Ostiense, Rome 1999 Pietro Ruffo, Cortile di Palazzo Ruspoli, Rome Pietro Ruffo, Magazzini Generali, Rome 2003 Geologia umana, Spazio Lavoratorio, Milan Mostra d’Oltremare, Presidenza Italiana dell’Unione Europea, Naples Pietro Ruffo, Palazzo dei Congressi, Riva del Garda, Trente 2005 Flag, Galleria AKA, Rome 2006 12 Mani-festi, Villa Mercede Library, Rome Beslan doppia mappatura, Studio d’arte contemporanea Pino Casagrande, Rome 2007 Galleria Lorcan O’Neill Roma, Rome 2008 Nothing New Under the Sand, Testori U.K., Londres 2009 La gioventù delle colline, MAR (Museo d’arte della città di Ravenna), Ravenne Un’istante complesso, Centro arti visive la Pescheria, Pesaro GRASWEG, Galleria Lorcan O’Neill, Rome 2010 ROOMMATES, MACRO, Rome Premio Cairo, ShowRoom Cassina, Soho New York l canto della terra, Icario, Montepulciano Expositions de groupe (sélection) 1999 Exposition organisée par le ministère des Affaires étrangères Italien, Alger, Algérie Mattatoio-Testaccio, Rome; Terza Università degli Studi, Facoltà di Architettura, Rome 2001 Pueri et Magistri, Pianella (Pescara), Italie Duetto all’italiana, jeunes artistes sélectionnés par la Galerie Nationale d’Art Moderne, Sendai, Japon 2002 Interno FM, Ex Pastificio Cerere, Rome Rassegna di Arte Contemporanea, Carpegna (Pesaro Urbino) 2004 Bioma Urbano, Banca ABN Amro Antonveneta, Rome InsideOut, A temporary art collection, Red bull music Academy, Rome Otto monache nigre, Todi (Perugia) Premium+, Postdamerplatz, Berlin 60


2004 TERRITORIALE: project room, Milano Flash Art Fair, Milan Premio Mario Razzano, Museo del Sannio, Benevento 2005 Residenti, Fondazione Pastificio Cerere, Rome Fragments of time, Yellow bird gallery, New York 2006 Notte della Ricerca, Istituto Nazionale di Fisica Nucleare, Frascati (Rome) Crave, Raw Space, Londres Out art, villa dei Quintili, Rome Un quadro per un fondo, Palazzo della Cancelleria, Rome 2007 Apocalittici e Integrati, MAXXI (Museo nazionale delle arti del XXI secolo), Rome 2008 Esplorazioni nell’arte contemporanea Gallery of art – Université Temple (Rome) 2009 Slash, paper under the knife, M.A.D. (Museum of art and design), New York Force du passé, Hangar 7, Salzburg, commissaire d’exposition : Lioba Reddeker Aqua, Time in Jazz, Berchidda, commissaire d’exposition : Laura Barreca, The Italian Sigh, TEA (Tenerife Espacio de Las Artes), Tenerife, commissaire d’exposition : Laura Barreca Altre realtà, Museo comunale di arte contemporanea di Casacalenda, commissaire d’exposition : Giovanna Sarno Cosi lontano, cosi vicino, Centre Culture Contemporain de Rome Emergency Room, Un progetto di Thierry Geoffroy/Colonel, PAN (Palazzo delle arti Napoli), Naples Cromofobie, Ex Aurum, Pescara, commissaire d’exposition : Silvia Pegoraro

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Les catalogues édités par la Galerie Di Meo - Fautrier Jean, Œuvres 1940-1964, oct.-déc. 1986, préface de Castor Seibel - Dubuffet Jean, Dessins et collages, 1978-1981, mai-juillet 1987, préface d’Olivier Kaeppelin - Michaux Henri, Œuvres 1939-1984, oct.-nov. 1987, préface de Geneviève Bonnefoi - Mainolfi Luigi, Œuvres récentes, oct.-nov. 1988, préface de Lea Vergine - Accardi Carla, Œuvres récentes, janvier-mars 1989, préface de Giovanni Caradente - Nunzio, Œuvres récentes, mai-juin 1989, préface d’Henri-François Debailleux - Twombly Cy, Peintures et dessins 1958-1970, sept.-oct. 1989, préface de Bernard Blistène - Melotti Fausto, Œuvres 1971-1991, mars-avril 1990, préface de Serge Fauchereau - Haas Michel, Œuvres récentes, mai-juin 1990, préface d’Yves Peyré (épuisé) - Olitski Jules, Œuvres 1964-1968, sept.-oct. 1990, préface d’Agnès Musetti - Fautrier Jean, Œuvres 1925-1961, oct.-déc. 1990, préface de Christian Derouet - Lyth Harald, Œuvres 1988-1990, janvier-février 1991, préface d’Henri-François Debailleux et Sören Engblom - Nunzio, Tirelli, Pizzi Cannella, Rome aujourd’hui, janv.-fév. 1991, préface d’Yves Peyré - Piacentino Gianni, Œuvres 1971-1991, mars-avril 1991, préface d’Achille Bonito Oliva - Gilardi Piero, Inverosimile et Tapis Natures, mai-juillet 1991, préface d’Anne Tronche - Theimer Ivan, Apollo et Hyacinthus, janv.-mai 1992, préface de Frantisek Drtina et Myriam Tanant (épuisé) - Sima Joseph, Lavis d’encre, avril-mai 1992, préface d’Yves Peyré - Haas Michel, Œuvres récentes, mai-juillet 1992, préface de Gilbert Lascault - Briant Jean-François, juillet-août 1992, préface d’Yves Peyré - Gallo Giuseppe, Œuvres récentes, oct.-nov. 1992, préface de Ramon Tio Bellido - Paolini Giulio, Œuvres de 1963 à 1978, nov. 1992-janv. 1993, préfaces de Francesco Poli et Yves Peyré - Pizzi Cannella Piero, Œuvres récentes, mai-juin 1993, préface de Michel Nuridsany (épuisé) - Pommereulle Daniel, Les Egorgeurs d’Epaisseurs, oct.-nov. 1993, préface d’Olivier Kaeppelin - Dessi Gianni, Vista d’insieme, février-mars 1994, préfaces de Lóránd Hegyi et Giovanni Careri

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- Lyth Harald, Œuvres récentes, juin-juillet 1994, préface de Garret Siegel - Nunzio, Œuvres récentes, sept.-nov. 1994, préface d’Henri-François Debailleux - Mainolfi Luigi, Œuvres récentes et anciennes, mars-avril 1995, préface de Francesco Poli - Tirelli Marco, Œuvres récentes, mai-juillet 1995, préface de Lóránd Hegyi - Haas Michel, Œuvres récentes, sept.-nov. 1995, préface de Pierre Schneider - Myonghi, Œuvres récentes, déc. 1995-janvier 1996, préfaces de Jean-Christophe Bailly et Philippe Lacoue-Labarthe - Scialoja Toti, Dix années de peinture, fév.-avril 1996,préface de Fabrizio d’Amico - Arcangelo, Verso il Mare, sept.-nov. 1996, préface de Danilo Eccher - Hamada Toru, Œuvres récentes, janv.-mars 1997, préfaces de Pierre Fageolle-Bergame et Junichi Kami - Briant Jean-François, Sculptures récentes, mai-juillet 1997, préfaces d’Itzhak Goldberg et Yves Peyré - Castellani Enrico, Œuvres récentes, février-mars 1998, préface d’Adachiara Zevi - Pommereulle Daniel, Flüchtig, 1998, préface de Jean-Christophe Bailly - Dessi Gianni, Dessein Dessin Dessi, avril-mai 1999, préfaces de l’artiste et Giovanni Careri - Gallo Giuseppe, Tempus edax rerum, mai-juillet 1999, préface de Nicoletta Lanciano - Nunzio, Noir qui glisse, sept.-nov. 1999, préfaces de Gabriella Drudi et Mario Codognato - Briant Jean-François, Atterrissage, mai-juillet 2000, préface de l’artiste - Tirelli Marco, Horizons, oct.-nov. 2001, préface de Franco Rella et poème de Giacomo Leopardi - Fautrier Jean, Les dessins des années 40, avril-mai 2006,préface de Castor Seibel - Tirelli Marco, Sans titre, juillet-sept. 2006, préface de Vincenzo Cerami - Pizzi Cannella Piero, Omaggi, oct.-déc. 2006, préface de Laurent Boudier - Haas Michel, Les bouquets, mars-avril 2007, préface de Michel Anthonioz - Nunzio, œuvres récentes, mai-juillet 2007, préface d’Emanuele Trevi - Mainolfi Luigi, Sphères, février-avril 2008, préface de Guido Curto - Fassianos Alecco, Erotikon, avril-mai 2008, préface de Lóránd Hegyi - Gallo Giuseppe, Symphonie en trois mouvements, mai-juillet 2008, interview de G. Gallo et texte de Nicolas d’Estienne d’Orves - Novelli Gastone, oct.-nov. 2008, préface de Brigitte Ferrato-Combe - Magnelli Alberto, Pierres, oct.-déc. 2009, préface d’Antonio Tabucchi - Degottex Jean,1976-1978, février-avril 2010, préface de Maurice Benhamou - Reimondo David, mai-juillet 2010, préface de Raphaël Turcat - Ruffo Pietro, L’enfer c’est les autres, mars-mai 2011, textes de Patrick Amine et Stefano Casertano

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Remerciements : Giuseppe Gallo Galerie Di Meo 9, rue des Beaux-Arts 75006 Paris Tél. : 33 (0)1 43 54 10 98 – Fax : 33 (0)1 43 54 88 65 contact@dimeo.fr – www.dimeo.fr Création, édition : COMMUNIC’ART Directeur de la création : François Blanc Design : Georges Baur Coordination : Pascale Guerre 216, bd Raspail 75014 Paris Tél. : 33 (0)1 43 20 10 49 info@communicart.fr www.communicart.fr Photos : Giorgio Benni, Han Yang Lee (portrait) Traduction : Diego Lorenzetti, Jérôme Reese, Chris Atkinson, Elizabeth Ayre. Imprimé en France

© ISBN : 978-2-916277-30-1 Dépôt légal : mars 2011



PIETRO RUFFO

PIETRO RUFFO

PIETRO RUFFO du 25 mars au 28 mai 2011

L’enfer c’est les autres

ISBN 978-2-916277-30-1 20 €

9 rue des Beaux-Arts 75006 Paris – www.dimeo.fr


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