Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 3
Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich
J u i l l e t – A o û t
Production végétale Qualité boulangère du seigle en Suisse Page 316 Production végétale Dactyle: résultats de l’examen de 31 variétés Page 324 Eclairage Série ProfiCrops: Le colza HOLL en Suisse Page 344
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N u m é r o
7 – 8
Sommaire La production de seigle est en augmentation en Suisse. La qualité meunière et boulangère des variétés de seigle est étudiée par les chercheurs d’Agroscope, afin de mieux répondre aux exigences des utilisateurs de cette céréale. (Photo: Carole Parodi, ACW)
Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse A LP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58 Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
Juillet – Août 2013 | Numéro 7 – 8 315 Editorial Production végétale Qualité boulangère du seigle en Suisse 316 Cécile Brabant et al. Production végétale Dactyle: résultats de l’examen de 31 variétés 324 Daniel Suter, Hansueli Hirschi, Rainer Frick et Philippe Aebi Production végétale 20 ans d’étude variétale du maïs ensilage 330
en Suisse Alice Baux 338
Production animale I nfluence de la variété de maïs et du
stade de développement sur la stabilité aérobie de l’ensilage Ueli Wyss et Yves Arrigo Eclairage – Série ProfiCrops Le colza HOLL en Suisse: de la production 344
pilote à la production à grande échelle Alice Baux, Paul Sergy et Didier Pellet Eclairage Poulets de chair: performances 348
d’engraissement, qualité des carcasses et de la viande Cédric Hoffmann, Anton Grub, Danielle Albiker et Ruedi Zweifel Eclairage Poulets de chair: utilisation de l’aire à 352
climat extérieur Cédric Hoffmann, Anton Grub, Danielle Albiker et Ruedi Zweifel Eclairage Les micro-organismes – une contribution 356
à la fumure de demain Antonia Maria Müller, Floris Heim et C hristian Folberth 359 Portrait 360 Actualités 363 Manifestations
Editorial
Programmes de recherche Agroscope: les leçons de ProfiCrops Chère lectrice, cher lecteur,
Anna Crole-Rees, cheffe du p rogramme ProfiCrops
Lukas Bertschinger, responsable de ProfiCrops; vice-directeur – chef du département recherche & développement, Agroscope Changins-Wädenswil ACW
L’aventure de la première génération des programmes de recherche Agroscope tire à sa fin. Il est temps de synthétiser les résultats et de tirer les leçons de cette expérience. Le programme ProfiCrops livre ici quelques-unes de ses principales leçons: ••L’hypothèse centrale du programme est toujours pertinente: le secteur de la production végétale doit continuer à améliorer son efficience, innover et ajouter de la valeur, renforcer la confiance des consommateurs pour les produits d’origine Suisse et adapter les conditions-cadres pour maintenir sa compétitivité. Ces quatre «axes» ont permis d’aborder la recherche sous un nouvel angle et de stimuler l’exploration de solutions novatrices. ••Une condition nécessaire au développement de solutions à cette thématique complexe est une recherche interdisciplinaire et transdisciplinaire. Cela requiert des objectifs et des visions communs à tous les participants et exige donc du temps, un peu de patience, d’ouverture et de flexibilité ainsi que des ressources. Plus le nombre et la variété des disciplines sont grands, plus il est important de définir les concepts et les frontières du système traité. Par exemple, lorsqu’on parle d’innovation: qui innove? Et un producteur de salades en serres sur toit en zone urbaine, est-il un «producteur agricole»? Pour certains, oui; pour d’autres, cela dépend! ••La mise en œuvre du programme, au travers de sa dimension interdisciplinaire, a contribué à la promotion de nouveaux et précieux contacts et partenariats au sein d’Agroscope, qui n’auraient pas eu lieu dans le cadre du programme d’activité. ••Trouver des solutions est un fort moteur de recherche pour les chercheurs. Toutefois, leur budget temps et compétences ne peuvent être étendus à l’infini, surtout lorsque les nouveaux partenariats et collaborations interdisciplinaires doivent s’effectuer en parallèle avec la réalisation des prestations usuelles. ••Les bénéficiaires des résultats de la recherche sont en général plus concernés par les résultats que par la différenciation projet vs. programme de recherche. La communication doit en tenir compte. A moyen et long terme, ce sont les chercheurs et les bénéficiaires qui décideront si cette valeur ajoutée est positive. Les leçons tirées de l’expérience ProfiCrops ont aussi contribué à la réflexion et l’élaboration de la prochaine génération de programmes de recherche Agroscope. Les travaux de capitalisation et de synthèse de ProfiCrops sont en cours et sont communiqués au travers une série d’articles dans cette revue. Un rapport de synthèse, prévu en 2014, complétera ces contributions. Bonne lecture!
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 315, 2013
315
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Qualité boulangère du seigle en Suisse Cécile Brabant1, Ruedi Schwaerzel1, Bernhard Augsburger2, Hubert, Jaquet3, Jean-Jacques Bitz4, Nelly Claeyman5 et Andreas Dossenbach6 1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil, 1260 Nyon, Suisse 2 Moulin du Rhône, 3904 Naters, Suisse 3 Moulin de Sion SA, 1951 Sion, Suisse 4 Association valaisanne des artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs 5 Association du pain de seigle valaisan AOC, 1964 Conthey, Suisse 6 Fachschule Richemont, 6006 Lucerne, Suisse Renseignements: Cécile Brabant, e-mail: cecile.brabant@ agroscope.admin.ch, tél. +41 22 363 47 27
Figure 1 | Le seigle (Secale cereale L.) est une céréale rustique adaptée à la culture en altitude: elle est résistante au froid, à la s écheresse et aux terrains pauvres.
Introduction Le seigle (Secale cereale L.) est une céréale rustique adaptée aux conditions climatiques et géographiques extrêmes: résistante au froid, à la sécheresse et aux terrains pauvres (fig. 1). Dans le monde, le seigle est plutôt employé comme céréale fourragère. Seuls les pays comme l’Autriche, la République tchèque, l’Allemagne, la Pologne, la Suède, la Russie et la Communauté européenne utilisent le seigle pour la panification. Apparu au Néolithique en Asie centrale, le seigle s’est ensuite répandu au nord de l’Europe, notamment en Scandinavie et en Allemagne à l`âge de bronze. Sous
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Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 316–323, 2013
la pression de l’explosion démographique qui eut lieu au Moyen Âge, la culture de cette céréale a ensuite gagné des terres marginales, comme celles des régions montagneuses des Alpes (jusqu’à 2000 m d’altitude). En Suisse, son importance dans l’alimentation courante est attestée par des écrits datant de 1209. Cette céréale est transformée en un pain noir et nourrissant qui se garde plusieurs semaines. Mais depuis la Seconde Guerre mondiale, avec le développement d’autres céréales, le pain de seigle est devenu symbole du pain des pauvres et sa consommation a fortement diminué dans le monde. Ces dernières années, grâce à un sursaut d’intérêt pour les produits locaux et traditionnels, cette céréale est cependant remise à l’honneur. En Allemagne, le «Pumpernickel» est un pain noir de seigle complet traditionnel, de même que les «Knäckebröd» en Suède, des pains croustillants produits avec des grains de seigle concassés. En Suisse, la consommation de pain de seigle représente environ 1,2% de l’ensemble de la consommation de pain. En Valais, ce sont 11%, soit environ 10 fois plus (Moulin du Rhône 2013). L’obtention officielle de l’AOC en 2004 pour le pain de seigle valaisan a permis de revitaliser la production de seigle en Valais. En effet, avant la mise en œuvre de la procédure d’enregistrement AOC en Valais, les surfaces cultivées ont diminué de plus de 60% en cinq ans, passant de 321 hectares en 1994 à 125 ha en 2000. La raison de cette chute: un prix très bas et une faible demande. Depuis, la production de seigle en Valais a triplé et représente 670 tonnes en 2012 (Association du pain de seigle valaisan AOC 2013). L’enregistrement du pain de seigle valaisan en tant qu’AOC garantit que la culture des céréales, le stockage de la récolte, la transformation en farine dans les moulins (Moulin de Sion et moulin du Rhône 2013), ainsi que la fabrication du pain
s’effectuent uniquement en Valais. Ces étapes suivent un cahier des charges très précis (Office fédéral de l’agriculture 2002). Le pain de seigle valaisan AOC est constitué au minimum de 90 % de farine complète de seigle, au maximum de 10 % de farine de blé, de levain ou levure, de sel et d’eau. Le mélange de ces constituants donnera un pain complet de forme ronde, d’aspect craquelé et de couleur gris-brun avec un arôme spécifique légèrement acidulé de levain. Son poids est de 250 g, 500 g ou 1 kg. Mais malgré ce cahier des charges, chaque pain de seigle valaisan se distingue de l’autre, car chaque boulanger a la possibilité d’apporter son savoir-faire. La panification a lieu dans une soixantaine de boulangeries artisanales en Valais, d’après une recette traditionnelle à fermentation très longue d’au moins 12 heures. Le seigle possède aussi une haute valeur nutritive et une richesse en minéraux appréciable, principalement en manganèse, sélénium, magnésium, phosphore, fer et cuivre. Il contient également de précieuses vitamines issues du groupe B, de la vitamine E et de l’acide folique. De plus, sa richesse en fibres en fait un aliment déclaré intéressant pour faire baisser le taux de cholestérol, combattre la constipation et prévenir ainsi le cancer du côlon (Gråsten et al. 2000). Cet article a pour but de mieux cerner la qualité meunière et boulangère des variétés de seigle, afin de mieux répondre aux exigences des utilisateurs de seigle. Un schéma de qualité est proposé pour déterminer la qualité du seigle en Suisse, en partie analogue au schéma utilisé depuis 20 ans pour le blé (Saurer et al. 1991). Qualité boulangère souhaitée en Europe et en Suisse Qualité rhéologique, meunière Les critères de qualité boulangère du seigle ne sont pas comparables à ceux du blé. La valeur boulangère du seigle se base sur les qualités de rétention d'eau et de gélification de l'amidon. Ainsi, l'analyse de l'activité amylasique importe bien plus que le taux de protéine, qui semble un critère peu intéressant pour le pain de seigle. C’est en Allemagne, pays utilisant 40 à 50 % de seigle pour la panification, que commencèrent les premières études sur la qualité boulangère du seigle. Dès 1973, des critères de qualités ont été mis en place pour définir un seigle panifiable sur grains concassés (Seibel et Steller 1988). Suite à ces études, des normes européennes ont été établies (Nouat 1984): ––Teneur en eau: max. 15,5 % –– Poids à l’hectolitre (PHL): min. 68 kg
Résumé
Qualité boulangère du seigle en Suisse | Production végétale
Cet article a pour but de mieux cerner la qualité meunière et boulangère des variétés de seigle en Suisse, afin de mieux répondre aux exigences des utilisateurs de seigle. Un schéma de qualité est proposé pour déterminer la qualité du seigle cultivé en Suisse. Ce schéma prend en compte le rendement en farine (PHL, taux de cendre) et la qualité de l’amidon (temps de chute, viscosité de l’amylogramme), et un total de 40 points peut être obtenu. En 2007 et 2008, ce sont les variétés VISELLO et GISETTO qui obtiennent le nombre de points le plus élevé avec chacune 27 points en 2007 et 34 points en 2008, tandis que la variété CADI obtient le nombre de points le plus faible.
–– Grain brisé (endommagé): max. 5 % –– Impuretés: max. 3 % –– Grains germés: max. 2,5 % –– Grains échaudés ou échauffés: max. 0,05 % –– Amylogramme du grain concassé: ••température de gélification: min. 63 °C, facteur avéré important et bien corrélé avec l’élasticité de la mie ••Viscosité max.: min. 200 UB En France, pour faire du pain de seigle, la farine doit avoir une bonne absorption en eau, une bonne «machinabilité» (pâte peu collante) et une farine pas trop grasse, donc avec une faible quantité d’amidon endommagé. Afin de répondre à ces qualités et d’obtenir un pain plus allégé, le seigle ne peut pas être utilisé seul et doit toujours être mélangé avec du blé qui contient plus de gluten. En France, pour la vente du pain de seigle, la réglementation exige un mélange avec au minimum 65 % de seigle (Calvel 1997). De plus, le poids à l’hectolitre (PHL) est un facteur de qualité très important. Un PHL supérieur à 72 kg/hl est très bon et permettra d’obtenir un bon rendement en farine. Une bonne variété de seigle permet d’obtenir de 40 à 50 % de farine au minimum. La teneur en pentosanes est aussi un facteur important et de plus en plus pris en considération en France. Les pentosanes sont des polysaccharides, constituants des parois végétales. Bien qu’ils ne représentant que 2 à 3 % du poids de la farine, ils jouent un rôle important pour la fixation de l’eau et la viscosité de la pâte. Afin qu’il y ait une bonne absorption de l’eau, le rapport pen-
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 316–323, 2013
317
Production végétale | Qualité boulangère du seigle en Suisse
gramme et le taux de protéine ne semblent pas être des critères déterminants pour le pain de seigle. Ces deux paramètres ont tout de même été mesurés dans nos essais afin de pouvoir le confirmer.
Figure 2 | L’obtention officielle de l’AOC en 2004 pour le pain de seigle valaisan a permis de revitaliser la production de seigle en Valais.
tosane sur amidon doit avoisiner 1/16, soit 6,6 % d’amidon (Uzac, communication personnelle). En Suisse, il n’existe actuellement pas de normes sur la qualité boulangère du seigle comme en Europe. Seule la qualité du seigle à la récolte rentrant dans la fabrication de pain de seigle valaisan AOC doit respecter les normes qualitatives suivantes: ––Temps de chute supérieur à 160 s. –– PHL à 69 kg/hl –– Charge inférieure à 5% –– Humidité inférieure à 15% –– Ergot inférieur à 0,05% –– Absence de défauts sensoriels manifestes. Cet article propose un schéma de qualité afin de mettre en valeur les spécificités qualitatives du seigle cultivé dans toute la Suisse. Pour les différents acteurs suisses de cette filière, les paramètres tels que le PHL, le taux de cendres, le temps de chute et la viscosité (mesurée par l’amylogramme) sont des paramètres prioritaires pour évaluer la qualité boulangère d’une variété de seigle. Un PHL élevé et donc un taux de cendre bas sont souhaités afin d’avoir plus de farine et moins de particules de son, et ainsi obtenir le meilleur rendement en farine possible. Le temps de chute est la première analyse faite sur la farine complète après la récolte, car il permet de savoir si la variété a germé ou pas. Si cette dernière obtient un temps de chute en-dessous de 160 s., la variété a germé et sa farine ne pourra pas être utilisée pour la panification. La viscosité de la pâte mesurée par l’amylogramme est un critère important pour le seigle car une bonne qualité d’amidon influence le pouvoir de rétention d’eau et permet d’obtenir une pâte peu collante et de faible viscosité. Par contre, la température de gélification de l’amylo-
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Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 316–323, 2013
Qualité en panification Le pain de seigle de type valaisan AOC doit avoir une forme ronde et un fond plat, une croûte craquelée assez foncée et saupoudrée de farine (fig. 2). La couleur de la mie est brun-foncé avec des nuances grisâtres. La texture de la mie peut varier de très compacte à plus aérée. Mais en général, elle est assez dense. A la différence du blé, le volume du pain n’est pas un critère important pour juger sa qualité panifiable. Environ 5 à 10 % des boulangers font aussi du pain 100% seigle en Valais. Les pains de seigle valaisan AOC subissent régulièrement des contrôles, de la part de l’Organisme intercantonal de certification (OIC). Cet organisme neutre et indépendant contrôle la conformité des pains au cahier des charges AOC Valais. Ces pains sont pris à l’improviste dans différentes boulangeries. Dix experts se réunissent pour faire cette taxation et évaluent dix à vingt pains par jour. Six critères sont évalués manuellement: la forme du pain, l’aspect extérieur (la croûte), la couleur et la texture de la mie, le goût et une appréciation générale. Une note de 1 à 5 est mise pour chacun de ces six critères, ce qui donne une note totale de 30 points. Si le pain jugé obtient une note inférieure à 18, il est considéré comme non-conforme. Qualité olfactive et gustative Le goût du pain de seigle recherché est très différent selon les pays. Le boulanger français souhaite obtenir un pain à goût herbacé et peu acide afin qu’il se marie bien avec les huîtres. De plus, il ne doit surtout pas avoir le goût de farine de froment, ni le goût du pain de campagne. Pour cela, les meuniers n’utilisent pas les seigles hybrides qui ne possèdent pas suffisamment ce goût d’herbe et continuent à utiliser des lignées uniquement dans ce contexte (Uzac, communication personnelle). En Allemagne au contraire, les consommateurs préfèrent des pains de seigle au goût bien acidulé. En Suisse, le goût du pain de seigle varie selon les régions. Dans le Haut-Valais et en Suisse alémanique, les consommateurs préfèrent un pain acidulé comme en Allemagne, tandis que dans le Bas-Valais et en Suisse romande, ils aiment des pains moins acidulés avec un goût plus neutre. Les boulangers doivent jouer sur le temps et la température de fermentation ainsi que sur la quantité et le type de levain pour faire varier le goût de leurs pains afin de l’adapter au goût du consommateur.
Qualité boulangère du seigle en Suisse | Production végétale
Wegenstetten AG Zurich ZH
Hindelbank BE Delley FR Goumoëns VD Nyon VD
Conthey VS Vollèges VS
Figure 3 | Les lieux en Suisse où sont semés les essais Agroscope ACW de seigle.
Evaluations de la qualité de différentes variétés en Suisse Résultats des essais d’Agroscope ACW Des essais pour l’inscription dans La liste recommandée des variétés de seigle ont été mis en place en 2007 et 2008 en huit lieux (fig. 3). Trois parcelles de 7 m2 (trois répétitions) par variété et par lieu ont été semées. Ces essais ont pour objectif d’évaluer les aspects agronomiques et qualitatifs de 19 variétés de seigle panifiable dans toute la Suisse: sept hybrides et douze variétés populations, en vue de leur inscription dans la liste recommandée, ont été utilisées. Différents paramètres de qualité (Kleijer 2002) ont été mesurés par le laboratoire qualité d’Agrocope Changins-Wädenswil ACW: le taux de protéine par spectrométrie en proche infrarouge (NIRS), le taux de cendre par calcination de la farine à 600 °C (méthode de référence AACC no 08 – 01.01), le temps de chute, la viscosité et la température maximale de l’amylogramme (fig. 4) et le PHL. Le tableau 1 présente les résultats de ces analyses qualité. En moyenne, les résultats qualité de 2007 sont inférieurs à 2008. En effet, en 2007, les variétés de seigle ont obtenus des temps de chute très bas, variant de 105 à 212 s. Les pluies au moment de la récolte ont provoqué beaucoup de germination sur pied. Onze variétés sur 19 ont ainsi obtenu des temps de chute inférieurs à 160 s. (norme du cahier des charges AOC Valais) et n’auraient donc pas été acceptées pour être panifiées. Malgré cette forte germination de 2007, les résultats de viscosité et de température de gélification obtenus par l’amylogramme sont bons et se situent bien au-dessus des normes européennes (>200 UB et > 63 °C). Le résultats par variété entre les deux années sont assez bien corrélés (R2>0,7) à part pour le taux de protéine (R2=0,45) et le taux de cendre (R2=0,2). Ces moins bonnes corrélations peuvent s’expliquer par le fait que
les variétés obtiennent des taux de protéine et de cendre très proches. Seule l’ancienne variété CADI se différencie des autres variétés avec un taux de protéine (12,4%) et un taux de cendre (1,76%) bien plus élevés. Un taux de cendre trop élevé donne un rendement en farine faible, ce qui n’est pas souhaité. Par contre, cette variété obtient les plus mauvais résultats pour les autres critères de qualité, malgré un bon taux de protéine. Le taux de protéine montre ainsi que ce critère influence peu la qualité boulangère d’une variété de seigle. Le PHL de CADI en 2007 de 68,8 kg/hl (inférieur à 69 kg/hl) n’aurait pas été accepté par le cahier des charges AOC. De plus, cette variété est très sensible à la verse (note éliminatoire de 4,1 sur deux ans). Sa verse peut expliquer sa germination sur pied et son temps de chute, le plus mauvais des variétés testées. Les variétés hybrides VISELLO, GISETTO et PALAZZO ainsi que les variétés populations DANKOWSKIE DIAMENT et CAROTRUMPF obtiennent de très bons résultats pour tous les paramètres de qualité mesurés. Les variétés hybrides VISELLO (71,6 q/ha), GISETTO (75,2 q/ha) et PALAZZO (75,9 q/ha) obtiennent des meilleurs rendements que les variétés populations DANKOWSKIE DIAMENT (59,9 q/ha) et CAROTRUMPF (58,6 q/ ha). D’ailleurs, suite à ces résultats, la variété PALAZZO combinant le meilleur rendement sur deux ans et une très bonne qualité boulangère, se trouve depuis 2009 sur la liste recommandée suisse. Résultats d’essais en bande de l’association du pain de seigle valaisan AOC Ces essais en bande ont été menés sur deux ans, en 2005 et 2006, et sur deux lieux en Valais: Vollèges et Susten.
UB 1000
T °C
50
60
70
80
90
900 800 700 600 500 400 300 200 100 0
min
Figure 4 | Amylogrammes de la variété GISETTO (en bleu), de bonne viscosité (gélatinisation maximale: 851 UB,T °C de gélatini sation: 81,8 °C) et de la variété CADI (en rouge), de moins bonne viscosité (gélatinisation maximale: 314 UB,T °C de gélatinisation: 71,8 °C)
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 316–323, 2013
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Production végétale | Qualité boulangère du seigle en Suisse
Tableau 1 | Résultats des analyses qualité de la récolte 2007 et 2008 des essais Agroscope
PHL (kg/hl)
Temps de chute (s)
Taux de protéines (%)
viscosité de l'amylogramme (UB)
Température maximale (°C)
Taux de cendre (%)
2008
2007
2008
2007
2008
2007
2008
2007
2008
2007
2008
2007
TREVISO
hybride
73,5
71,1
313
161
9,6
9,2
536
515
75,8
72,5
1,59
1,46
PICASSO
hybride
73,8
70,4
334
188
9,2
9,8
739
584
78,4
74,5
1,58
1,48
VISELLO
hybride
75,8
72,6
379
212
9,3
8,9
809
611
82,1
75,8
1,54
1,57
GISETTO
hybride
75,4
72,9
354
192
9,5
8,9
851
605
81,8
74,8
1,57
1,54
PALAZZO
hybride
75,7
72,7
327
167
9,4
8,6
723
485
78,5
74,8
1,61
1,58
FUGATO
hybride
74,5
70,6
310
121
9,4
9,9
437
300
75,3
69,5
1,58
1,63
AGRONOM
hybride
75
71,4
323
130
8,9
9,8
628
384
77,3
71,5
1,63
1,68
WALET
population
75,7
73,2
282
108
9,6
10,0
350
289
75,3
69,5
1,59
1,54
MATADOR
population
75,4
72,5
268
123
9,5
9,9
447
359
73,9
70,3
1,64
1,59
CHD 17
population
73,7
71,4
287
115
9,9
9,6
351
283
74,8
69,8
1,64
1,59
DANKOWSKIE DIAMENT
population
75,3
72,4
341
182
10,5
10,0
553
387
83,1
72,8
1,68
1,60
CONDUCT
population
75,7
73,1
295
132
10,2
9,3
442
362
74,8
69,5
1,61
1,55
CAROTOP
population
74,9
72,5
306
185
10,1
9,5
451
415
78,3
74,3
1,60
1,53
CAROASS
population
75,7
72,4
296
158
10,0
9,1
478
383
77,4
72,0
1,51
1,60
CAROTRUMPH
population
75,5
72,6
325
180
10,1
9,4
575
415
80,0
72,8
1,47
1,57
CAPITÄN
population
74,7
72
295
123
10,0
8,7
559
368
74,1
69,0
1,58
1,67
ROTARI
population
76,5
73,5
325
158
10,2
9,6
461
423
77,3
72,3
1,58
1,58
RECRUT
population
75,1
72,1
321
108
10,5
9,7
603
342
75,8
68,8
1,58
1,50
CADI
population
70,7
68,8
231
105
12,0
12,7
314
261
71,8
68,0
1,78
1,73
min
70,7
68,8
231
105
8,9
8,6
314
261
71,8
68
1,47
1,46
max
76,5
73,5
379
212
12
12,7
851
611
83,1
75,8
1,78
1,73
moyenne
74,9
72,1
309,2
148,2
10,0
9,7
536,7
397,1
77,2
71,5
1,6
1,6
Variétés en gras: variétés aussi dans les essais en bande Chiffre en bleu: bon résultat Chiffre en rouge: mauvais résultat
Quatre variétés populations ont été testées: ••Les variétés PICASSO (hybride) et MATADOR (population), variétés se trouvant sur la liste recommandée suisse, ••La variété RECRUT (population) sur le catalogue européen ••La variété CADI, variété population ancienne des années cinquante. Le comportement des variétés en meunerie est apprécié pour les critères suivants: PHL, le temps de chute, la viscosité de l’amylogramme, le taux de protéines et le taux de cendre (méthode de référence AACC no 08 – 01.01). Ces analyses ont été effectuées par le laboratoire du Groupe Minoteries SA à Granges-Marnand. Le tableau 2 donne un aperçu des résultats obtenus en 2005 et 2006. En moyenne sur deux ans, les variétés RECRUT, PICASSO et MATADOR ont des PHL, taux de cendre et temps de chute meilleurs que la variété CADI. PICASSO obtient une viscosité (904 UB sur deux ans) supé-
320
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 316–323, 2013
rieure aux autres variétés. CADI obtient un taux de protéine (14,4% sur deux ans) et un taux de cendre (2,12% sur deux ans) supérieurs aux autres variétés. Tous ces résultats confirment ceux obtenus dans les essais Agroscope. La variété hybride PICASSO (50 q/ha) est la plus productive, suivie par les variétés populations MATADOR (46 q/ ha) et RECRUT (43 q/ha). L’ancienne variété CADI (32 q/ha) présente un rendement sensiblement inférieur. Des analyses sensorielles ont été réalisées par un jury expert de dix personnes, formé par le laboratoire Emosens du Groupe Minoteries SA, afin de déterminer les différences de goût et d’arômes entre ces quatre variétés. L’évaluation a eu lieu dans des cabines d’évaluation sensorielle, sous lumière blanche. Les descripteurs, établis par Emosens, sont utilisés pour décrire les pains de seigle AOC. Ces dégustations ont consisté à quantifier les différents aspects olfactifs (six descripteurs) et gustatifs (neuf descripteurs). Les pains de ces quatre variétés ont tous été façonnés dans trois boulangeries différentes et dégustés à Granges-Marnand le jour suivant.
Qualité boulangère du seigle en Suisse | Production végétale
Tableau 2 | Résultats des analyses qualité de la récolte 2005 et 2006 des essais en bande PHL (kg/hl)
Viscosité amylogramme (UB)
Temps de chute (s)
Taux de protéines (%)
Taux de cendre (%)
2005
2006
moyenne
2005
2006
moyenne
2005
2006
moyenne
2005
2006
moyenne
2005
2006
moyenne
76
74,8
75,4
299
269
284
524
556
540
11,9
11
11,45
1,92
1,97
1,945
Matador
76,7
74,8
75,75
260
310
285
466
846
656
11,7
9,8
10,75
1,9
1,77
1,835
Picasso
75
74,5
74,75
298
294
296
910
898
904
10,8
9,7
10,25
1,97
1,88
1,925
Cadi
71
73,1
72,05
230
267
248,5
465
766
615,5
15,7
13,7
14,7
2,36
2,12
2,24
Recrut
Les profils olfactifs et gustatifs (fig. 5 et 6) représentent la moyenne des notes d’intensité des trois boulangeries et cela pour chaque descripteur. Du point de vue olfactif, les profils sensoriels pour chaque variété sont très similaires: l’odeur herbacée prédomine. Du point de vue gustatif, il y a davantage de différences entre les variétés. Pour la variété MATADOR, les différences significatives trouvées sont, pour les descripteurs: doux/sucré, cacahuète/noix et acide. Cette variété a un goût plus sucré et moins acide que les autres variétés. La variété RECRUT est la moins appréciée par le jury au niveau olfactif et gustatif. Cela est peut-être dû à une odeur plus prédominante du son et un goût plus amer et fruité/fermenté, même s’il n’y a pas de différences significatives. Mise en place d’un schéma de qualité Après les résultats obtenus sur ces deux années d’essais d’Agroscope et les discussions entre les professionnels
de la filière seigle, quatre paramètres principaux ont été retenus: le PHL, le temps de chute, la viscosité de l’amylogramme et le taux de cendre. Chacun de ces paramètres peut obtenir dix points au maximum (tabl. 3). Le taux de protéine n’est pas pris en compte dans ce schéma qualité car il varie très peu d’une variété à l’autre et il n’est pas bien corrélé avec les autres paramètres (r2 variant de 0,23 à 0,35 selon les paramètres). La température de l’amylogramme joue un rôle sur l’élasticité de la mie, mais ce critère n’est pas primordial pour le pain de seigle suisse comparé aux autres pays d’Europe. Ce paramètre ne sera donc pas pris en compte. Le tableau 4 montre la transformation en points des résultats des analyses obtenues par Agroscope. Le maximal atteignable par une variété est de 40 points. En 2007 et 2008, les variétés VISELLO et GISETTO obtiennent le nombre de points le plus élevé avec chacune 27 points en 2007 et 34 points en 2008. La variété CADI obtient le nombre de point le plus faible.
Cacahuète/noix
Doux/sucré
Miel
Son
Son grillé/torréfié
Acide
Fruité/fermenté
Fruité/fermenté
Amertume
Acidulé
Herbacé
Herbacé
Picasso Recrut Figure 5 | Profil sensoriel olfactif.
Matador Cadi
Cacahuète/noix
Miel
Son
Picasso Recrut
Matador Cadi
Figure 6 | Profil sensoriel gustatif.
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 316–323, 2013
321
Production végétale | Qualité boulangère du seigle en Suisse
Tableau 3 | Pour le schéma d'appréciation de qualité du seigle, quatre paramètres ont été retenus. Chaque paramètre pouvant obtenir dix points au maximum pas pris en compte Points
Temps de chute (secondes)
PHL
Amylogramme viscosité UB
Taux de cendres en %
Amylogramme (température maximum °C)
Protéines en %
1
<69
<120
<150
>2,70
<62
<7,00
2
69,00-69,99
120-139
150-199
2,56-2,70
62,0-63,9
7,00-7,49
3
70,00-70,99
140-159
200-249
2,41-2,55
64,0-65,9
7,50-7,99
4
71,00-71,99
160-179
250-299
2,26-2,40
66,0-67,9
8,00-8,49
5
72,00-72,99
180-219
300-399
2,11-2,25
68,0-69,9
8,50-8,99
6
73,00-73,99
220-279
400-499
1,96-2,10
70,0-71,9
9,00-9,49
7
74,00-74,99
280-339
500-599
1,81-1,95
72,0-73,9
9,50-9,99
8
75,00-75,99
340-379
600-799
1,66-1,80
74,0-75,9
10,00-10,49
9
76,00-76,99
380-420
800-999
1,50-1,66
76,0-77,9
10,50-10,99
10
>77,00
>420
>1000
<1,50
≥78
>11,00
10
10
10
10
10
10
maximum 40 points
Conclusions Le schéma proposé dans cet article vise à mieux mettre en valeur les analyses de qualité du seigle et de les pondérer dans la recherche de nouvelles variétés de seigle, en intégrant les spécificités de la qualité de cette céréale. Les analyses mesurant le rendement en farine (PHL, taux
de cendre) et la qualité de l’amidon (temps de chute, viscosité de l’amylogramme) sont fortement pris en compte dans ce schéma. Le seigle est plus pauvre en protéine que le blé et c’est la qualité de son amidon qui joue un rôle important dans sa rétention d’eau. Ainsi, plus une variété absorbera de l’eau, moins sa pâte sera collante et plus le pain se conservera longtemps.
Tableau 4 | Résultats qualité ACW transformés en points
PHL (kg/hl) 2008
322
2007
Temps de chute (s)
Viscosité de l'amylogramme (UB)
Taux de cendre (%)
2008
2008
2008
2007
2007
2007
Total de points 2008
2007
TREVISO
hybride
6
4
7
4
7
7
9
10
29
25
PICASSO
hybride
6
2
7
5
8
7
9
10
30
24
VISELLO
hybride
8
5
8
5
9
8
9
9
34
27
GISETTO
hybride
8
5
8
5
9
8
9
9
34
27
PALAZZO
hybride
8
5
7
4
8
6
9
9
32
24
FUGATO
hybride
7
3
7
2
6
5
9
9
29
19
AGRONOM
hybride
8
4
7
2
8
5
9
8
32
19
WALET
population
8
6
7
1
5
4
9
9
29
20
MATADOR
population
8
5
6
2
6
5
9
9
29
21
CHD 17
population
6
4
7
1
8
4
9
9
30
18
DANKOWSKIE DIAMENT
population
8
5
8
5
7
5
8
9
31
24
CONDUCT
population
8
6
7
2
6
5
9
9
30
22
CAROTOP
population
7
5
7
5
6
6
9
9
29
25
CAROASS
population
8
5
7
3
6
5
9
9
30
22
CAROTRUMPH
population
8
5
7
5
7
6
10
9
32
25
CAPITÄN
population
7
5
7
2
7
5
9
8
30
20
ROTARI
population
9
6
7
3
6
6
9
9
31
24
RECRUT
population
8
5
7
1
8
5
9
9
32
20
CADI
population
3
1
6
1
5
4
8
8
22
14
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 316–323, 2013
Qualité boulangère du seigle en Suisse | Production végétale
Qualità panificabile della segale in Svizzera Questo articolo ha come scopo di meglio comprendere la qualità di macinatura e panificabile delle varietà di segale in Svizzera, in modo da poter meglio rispondere alle esigenze degli utilizzatori della segale. Per determinare la qualità della segale coltivata in Svizzera è proposto uno schema di qualità. Questo schema considera la resa in farina (PHL, tasso di ceneri) e la qualità di amido (tempo di caduta, viscosità dell’amilogramma) ed è possibile ottenere un punteggio totale di 40 punti. Nel 2007 e 2008 sono le varietà VISELLO e GISETTO ad aver ottenuto il numero di punti più elevato, raggiungendo ognuno 27 punti nel 2007 e 34 punti nel 2008, mentre la varietà CADI raggiunge il numero di punti più basso.
Bibliographie ▪▪ Association du pain de seigle valaisan AOC, 2013. Accès: http://www. paindeseiglevalaisan.ch ▪▪ Calvel R., 1997. Le goût du pain. Jérôme Villette (éd.), 68–69. ▪▪ Gråsten S. M., Juntunen K. S., Poutanen K. S., Gylling H. K., Miettinen T. A., Mykkänen H. M., 2000. Rye bread improves bowel function and decreases the concentrations of some compounds that are putative colon cancer risk markers in middle-aged women and men. Journal Nutrition 130 (9), 2215–2221. ▪▪ Kleijer G., 2002. Sélection des variétés de blé pour la qualité boulangère. Revue suisse Agric. 34 (6), 253–259. ▪▪ Moulin de Sion, 2013. Accès: http://www.minofarine.ch/fr/societe/ moulin-de-sion.html ▪▪ Moulin du Rhône, 2013. Accès: http://www.rhonemuehle.ch/index. php?id=94&L=1
Remerciements
Nous remercions nos collègues Jean-François Parisod, Philippe Esselborn et Carine Oberson pour la réalisation des analyses qualités, de même que Mario Del Rizzo, Martin Anders et l’équipe de Delley Semences et Plants (DSP) pour leur assistance technique dans les essais Agroscope ACW. De plus, nous remercions Emosens et le laboratoire qualité du Groupe Minoteries SA pour la réalisation des analyses sensorielles et des analyses qualité des essais en bande.
Summary
Riassunto
De plus, une nouvelle méthode d’analyse se développe pour mesurer l’absorption de l’eau par la farine, le temps de développement de la pâte et sa consistance lors du pétrissage. Il s’agit d’un farinographe spécifique pour le seigle, tenant compte de sa pâte de faible viscoélasticité, supportant un pétrissage moins intensif. Ce nouveau farinographe est couplé à un pétrin P600 et la méthode a été optimisée par Mun-Yong K. et Freund F. en 2007. A l’avenir, elle pourra peut-être compléter ces analyses et permettre alors une meilleure appréciation de la qualité des nouvelles variétés de seigle en essai d’inscription à la n liste recommandée suisse.
Baking quality of rye in Switzerland This paper aims to better understand the milling and baking quality of rye varieties in Switzerland, in order to better meet the needs of users for rye. A quality scheme is proposed to determine the quality of rye grown in Switzerland. The analyzes measuring the flour yield (PHL, ash content) and the starch quality (falling number, Amylogram viscosity) are included in this scheme and a total of 40 points can be obtained. In 2007 and 2008, the varieties GISETTO and VISELLO got the highest points number with each 27 points in 2007 and 34 points in 2008. In contrast, the variety CADI got the lowest points number. Key words: rye, varieties, baking quality.
▪▪ Mun-Yong K. & Freund F., 2007. Neue Methode zur Bestimmung der Wasseraufnahme von Roggenmehlen. Leibniz Universität Hannover, Tagung für Getreidechemie,1–60. ▪▪ Nouat E., 1984. Les enceintes de la normalisation des céréales en France, en Europe et au niveau mondial. Guide pratique des analyses dans les i ndustries des céréales. Lavoisier (éd.). p. 9. ▪▪ Office fédéral de l’agriculture, 2002. Cahier des charges du Pain de seigle valaisan. Registre des appellations d’origine et des indications géographiques. ▪▪ Saurer W., Achermann J., Tieche J-D., Rudin P. M. & Mandli K., 1991. Das B ewertungsschema ’90 für die Qualitätsbeurteilung von Weizenzüchtungen. Landwirtschaft Schweiz 4 (1–2), 55–57. ▪▪ Seibel W. & Steller W., 1988. Bedeutung als Kulturpflanze. In: Roggen: Anbau, Verarbeitung, Markt. Behr (éd.), 17–20.
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 316–323, 2013
323
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Dactyle: résultats de l’examen de 31 variétés Daniel Suter1, Hansueli Hirschi1, Rainer Frick 2 et Philippe Aebi2 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1, Suisse Renseignements: Daniel Suter, e-mail: daniel.suter@agroscope.admin.ch, tél. +41 44 377 72 79
1
lorsque la proportion de ray-grass a diminué à cause de leur longévité limitée, ou lorsque la productivité des autres graminées est réduite par une période sèche. Il n’est donc pas surprenant que le dactyle soit l’une des composantes les plus importantes des mélanges de graminées et de trèfles pour les prairies temporaires. Le dactyle peut être utilisé fréquemment et valorise très bien les éléments nutritifs du sol et les engrais. Durant sa phase juvénile, il ne se développe cependant que lentement, laissant de la place aux ray-grass qui fournissent l’essentiel du rendement durant cette période. Au gré des utilisations et du temps, il devient de plus en plus concurrentiel, voire même domine les autres espèces moins persistantes et prend donc la relève des ray-grass, moins persistants. Les mélanges standards (Mst) pour une durée de trois ans et plus sont élaborés selon ce même principe de complémentarité des espèces au cours du temps. Par exemple, le dactyle est utilisé comme graminée de «substitution» dans les Mst 330 et Mst 430 (Mosimann et al. 2012).
Abb. 1 | Dactyle ( Dactylis glomerata). Dessin tiré du manuel Wiesengräser» de Walter Dietl et al ., Landw. Lehrmittelzentrale, « Zollikofen, 1998. (Dessins: Manuel Jorquera, Zurich. Tous droits r éservés. Copyright: ADCF, Zurich. Avec l’aimable autorisation de l’ADCF.)
Introduction Une graminée fourragère importante Grâce à sa robustesse et à sa régularité de production le dactyle (Dactylis glomerata L.) est l’une des plus importantes de nos graminées fourragères (fig. 1). Il complète les forts et productifs ray-grass et sécurise le rendement
324
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 324–329, 2013
Productif et robuste La production du dactyle est comparable à celle des autres graminées à haut rendement, telles que le raygrass d’Italie, et se répartit uniformément sur l’année. Comme la fétuque élevée, le dactyle est l’une de nos graminées fourragères les plus tolérantes à la sécheresse. Il produit toutefois les plus hauts rendements dans des conditions fraîches. Les différences variétales de précocité sont importantes et s’échelonnent sur trois semaines entre les plus précoces et les plus tardives (fig. 2). Cela permet de mieux synchroniser l’utilisation du dactyle avec les autres espèces présentes dans les mélanges. Le dactyle a une digestibilité plutôt médiocre (Schubiger et al. 2001), en revanche, de grandes différences sont observées entre les variétés. Le dactyle est modérément sensible aux maladies. Hormis les diverses taches foliaires qui apparaissent du printemps à l’automne, les rouilles et le flétrissement bactérien peuvent survenir en été (Michel et al. 2000). Sa robustesse, en particulier sa résistance aux conditions
hivernales, rend possible la culture de cette graminée fourragère en montagne. Par des utilisations et une fertilisation adaptées, les prairies semées avec du dactyle se laissent convertir en prairies permanentes. Ses touffes très persistantes peuvent cependant disparaître lors d’utilisations fréquentes empêchant le ressemis et le renouvellement des plantes.
Matériel et méthodes Test au champ En 2010, les stations de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Agroscope Changins-Wädenswil ACW ont semé des essais dans sept lieux permettant de comparer 31 variétés de dactyle durant trois ans. Les 14 variétés déjà recommandées ont été à nouveau examinées. Elles ont en même temps été utilisées comme variétés témoins et ont fourni les valeurs de référence qui doivent être atteintes pour l’inscription d’une nouvelle variété. Comme les graminées et les trèfles sont presque exclusivement utilisés en mélanges en Suisse, il est important de connaître la force de concurrence des variétés testées. Dans ce but, des parcelles expérimentales supplémentaires ont été semées dans trois lieux, où chacune des variétés à tester était associée à du trèfle blanc (Trifolium repens) et du trèfle violet (Trifolium pratense). Toutes les autres observations et mesures ont été faites sur les cultures pures. Les parcelles des mélanges et des cultures pures mesuraient 6 sur 1,5 m. À chaque pousse, les cultures pures recevaient 50 kg d‘azote par hectare sous forme de nitrate d’ammoniac. Ces doses ont été réduites de moitié sur les parcelles en mélange avec les trèfles. D’autres informations sur les sites d‘essai,
Figure 2 | Essai variétal de dactyle en première pousse. Les différences de précocité conduisent à des hauteurs de végétation très contrastées entre variétés. (Photo: ART)
Résumé
Dactyle: résultats de l’examen de 31 variétés | Production végétale
De 2010 à 2012, 31 variétés de dactyle ont été évaluées dans sept lieux par les stations de recherche Agroscope ART et ACW. La série d’essais comprenait 17 nouvelles obtentions, en plus des anciennes déjà recommandées. Les caractéristiques évaluées étaient le rendement en matière sèche, l’aspect général, la vitesse d’installation, la force de concurrence, la persistance, la tolérance aux conditions hivernales, la résistance aux maladies foliaires, ainsi que la teneur en matière organique digestible. Dans l’assortiment précoce, la variété Berta peut être nouvellement recommandée; elle s’est distinguée par sa très bonne digestibilité. Près de trente ans après son inscription, Loke est retirée de la Liste des variétés recommandées de plantes fourragères en raison de résultats insuffisants. Dans l’assortiment tardif, Barlegro est nouvellement recommandée. Cette nouvelle obtention s'est rélévée la meilleure de toutes les variétés tardives testées, se distinguant notamment par son excellente digestibilité, sa rapidité d’implantation, son aspect général et sa force de concurrence. Les résultats des anciennes variétés recommandées Accord et Foly ne remplissent plus les exigences pour une recommandation. Pour cette raison elles sont à supprimer de la liste.
les densités de semis et le nombre des récoltes se trouvent dans le tableau 1. Toutes les évaluations ont été effectuées selon une échelle de 1 à 9, 1 étant la meilleure note et 9 la moins bonne. Les critères observés sur les cultures pures concernaient la vitesse d’installation, l’aspect général (capacité de repousse et densité), la tolérance aux maladies, ainsi qu’aux conditions hivernales, et la persistance (aspect général de la culture notée au terme des essais). Pour l’évaluation de la productivité, les rendements annuels en matière sèche mesurés au champ ont été convertis en notes à l’aide de méthodes statistiques: la différence entre le rendement annuel de la variété et la moyenne de l'essai est calculée. Si elle dépasse un tiers de la plus petite différence significative (ppds, niveau à 5 %), la variété obtient une note de 4 en cas d'un rendement supérieur et de 6 en cas d'un rendement inférieur. Si l’écart représente deux tiers de la ppds (5 %), la note
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 324–329, 2013
325
Production végétale | Dactyle: résultats de l’examen de 31 variétés
Tableau 1 | Dactyle: caractéristiques des essais de variétés terminés en 2012 Lieu, canton
Altitude (m)
Date de semis
Nombre de répétitions
Nombre de coupes pesées
pure
mélange
2011
2012
16/04/2010
3*
–
5
3
440
17/04/2010
4
3
5
5
460
16/04/2010
4
–
5
5
520
13/04/2010
4
3
5
5
1
Changins, VD
430
Reckenholz, ZH Oensingen, SO Ellighausen, TG
2
Goumoëns, VD
630
15/04/2010
3
–
5
4
La Frêtaz, VD
1200
28/04/2010
3
2
–
–
Maran, GR
1850
09/06/2010
2
–
–
–
Une répétition pour la détermination de l'indice de précocité. 1 Culture pure: 200 g/100 m2 variété témoin pour la densité de semis : «Intensiv» 2 Culture en mélange: 120 g/100 m2 variété témoin pour la densité de semis : «Intensiv» + 10 g/100 m2 trèfle violet «Mont Calme» + 25 g/100 m2 trèfle blanc «Seminole» + 15 g/100 m2 trèfle blanc «Sonja» *
est de 3 en cas de différence positive et de 7 en cas de différence négative. Pour un écart équivalent à la totalité de la ppds (5 %), la note est de 2 (différence positive) et de 8 (négative). Une note de 1, respectivement 9, est attribuée lorsqu’il y a une différence d’au moins une ppds entière au niveau de 1 %. De manière similaire, les valeurs mesurées de la teneur en matière organique digestible (MOD) ont été converties en notes. Ces valeurs mesurées ont été obtenues par spectrophotométrie à infrarouge (Norris et al. 1976.) et ont été validées d’après la méthode de Tilley et Terry (1963), en utilisant du jus de panse. Les échantillons provenaient des prélèvements effectués lors des trois premières coupes de la deuxième année d’exploitation principale, dans les cultures pures de dactyle sur trois répétitions du site de Reckenholz. La note de la force de concurrence a été calculée à partir de la part de la variété à tester dans le rendement total du mélange, selon la formule: Note = 9 – 0,08 × pourcentage de rendement %. Le classement des variétés dans les deux groupes de précocité résulte de l’observation des stades phénologiques effectuée à Changins au printemps en 2011 et 2012. Evaluation à l’aide d’un indice global Pour le classement des variétés, toutes les notations ont été prises en compte sous la forme d’un indice global. L’aspect général, la persistance et la matière organique digestible (MOD) comptent double par rapport aux autres caractéristiques. Une nouvelle variété est inscrite à la liste des variétés recommandées (Frick et al. 2012) si sa valeur d’indice global est meilleure d’au moins 0,20 par rapport à la moyenne des variétés témoins. Une
326
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 324–329, 2013
ancienne variété est éliminée si son indice global est moins bon de plus de 0,20 points par rapport à la moyenne des témoins. De plus, une variété est écartée dès que sa note pour l’une des caractéristiques est moins bonne de 1,50 points par rapport à la moyenne.
Résultats et discussion Berta s’illustre par sa bonne digestibilité Parmi les quatre nouvelles variétés précoces testées, «Berta» s’est distinguée par la meilleure note 1 de MOD (tabl. 2). En revanche, elle n’a atteint que 90 % du rendement de «Reda», la variété précoce la plus productive de l’assortiment, ce qui lui vaut une note de 5,7 pour ce critère. Avec une valeur de MOD supérieure de 3 % à celle de «Reda» (données non présentées), «Berta» devrait toutefois avoir un rendement énergétique similaire, en admettant que son ingestion soit meilleure. Au final, son excellente digestibilité lui a valu la deuxième meilleure note d’indice global et son inscription dans la liste des variétés recommandées (tabl. 3). L’ancienne variété «Loke» n’a pas atteint les exigences requises, en particulier pour ce qui concerne les notes d’aspect général, de persistance et surtout de MOD qui étaient bien inférieures aux témoins. Après presque trente ans de présence dans l’assortiment, «Loke» est retirée de la liste recommandée. Elle pourra encore être vendue comme variété recommandée jusqu’en 2015. Barlegro: de bonnes performances Egalement dans le groupe des tardives, une nouvelle obtention s’est distinguée par sa bonne MOD (tabl. 2). «Barlegro» a obtenu la note 2,3, ce qui la place pour ce
Dactyle: résultats de l’examen de 31 variétés | Production végétale
Tableau 2 | Dactyle: résultats des mesures de rendement et des observations de 2010 à 2012
Variété
Rendement1
Aspect général*
Vitesse d'installation
Force de concurrence
Persistance*
Résistance/tolérance: Conditions hivernales
maladies foliaires
MOD2)*
Indice
variétés précoces 1
Oberweihst
5,0
3,4
3,9
2,8
4,1
4,9
4,1
3,3
3,86
2
Barexcel
4,6
3,5
4,2
3,1
4,2
4,8
3,2
4,0
3,94
3
Reda
4,0
3,6
6,4
2,9
4,0
5,7
2,9
5,0
4,28
4
Padania
5,3
3,6
3,1
3,4
4,3
4,6
4,1
5,7
4,33
5
Loke
5,2
3,6
4,1
3,4
4,4
4,9
3,8
6,7
4,62
Moyenne des témoins
4,8
3,5
4,3
3,1
4,2
5,0
3,6
4,9
4,20
6
Berta (BAH 180)
5,7
3,7
4,7
3,7
4,9
6,0
3,3
1,0
3,87
7
10DGL 12R
4,8
3,7
4,1
3,5
4,2
5,0
3,3
3,7
3,98
8
ZDg 080101
5,2
3,5
3,0
3,4
4,4
4,8
3,7
5,3
4,22
9
Profit
5,0
3,4
3,3
3,1
3,9
4,5
3,1
6,7
4,26
3,3
4,1
2,8
4,1
4,7
2,9
2,7
3,62
variétés tardives 10
Intensiv
5,1
11
Brennus
5,2
3,7
3,7
3,0
3,5
4,3
2,1
4,0
3,69
12
Lazuly
4,9
3,5
3,5
3,0
3,2
4,7
2,3
5,0
3,81
13
Beluga
4,5
3,4
4,1
3,0
3,8
4,8
2,5
4,3
3,82
14
Pizza
5,9
3,7
5,0
2,9
4,5
5,2
3,3
2,0
3,88
15
Prato
5,1
3,6
4,7
3,2
3,9
4,9
3,1
3,7
3,95
16
Greenly
4,6
3,7
3,9
3,1
3,5
4,7
2,9
5,3
4,01
17
Accord
5,1
3,8
4,0
2,9
3,5
4,7
2,4
6,0
4,15
18
Foly
5,1
3,9
4,3
3,0
3,8
4,9
2,4
5,7
4,21
Moyenne des témoins
5,1
3,6
4,1
3,0
3,8
4,8
2,6
4,3
3,90
19
Barlegro (6DGL 83)
5,0
3,3
3,8
2,7
4,2
4,6
2,7
2,3
3,50
20
DG 0415
4,8
3,8
4,4
3,4
4,1
5,0
2,5
3,3
3,86
21
Balzac (PX 3197)
4,6
3,3
3,3
3,3
4,0
4,9
3,1
5,0
3,97
22
Revolin (ZDg 024068)
4,7
3,7
2,9
3,2
3,8
4,7
2,1
6,0
4,06
23
Diceros (DG 0025)
4,8
3,7
4,5
2,9
3,9
5,0
3,1
5,0
4,14
24
Dragoner (BOR KL 278/04)
4,9
4,0
4,4
3,5
4,5
4,8
2,9
4,3
4,18
25
Duero (ZDg 024069)
4,9
3,8
3,6
2,9
3,6
4,9
2,4
6,7
4,27 4,38
26
SW Luxor
5,1
3,6
3,2
3,5
4,4
4,9
4,1
5,7
27
Manolo
4,6
3,7
3,6
3,0
3,8
4,5
2,4
7,7
4,39
28
Felixis
5,5
3,8
3,9
2,8
4,0
4,8
2,6
7,0
4,48
29
Galibier
5,2
3,7
3,7
2,7
3,9
4,7
2,5
7,7
4,49
30
Baticho (ZDg 024063)
5,7
4,2
4,1
3,6
3,8
5,2
2,7
6,3
4,54
31
Lucullus
5,3
3,8
4,4
3,4
3,9
4,7
2,5
7,7
4,64
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. Notes: 1 = très élevé, très bon; 9 = très faible, très mauvais. 1 Notes de rendement de 5 lieux avec 5 coupes pesées en 2011 et 3 à 5 coupes pesées en 2012. 2 MOD = matière organique digestible: moyenne de 3 prélèvements en 2011 à Reckenholz. * Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice.
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 324–329, 2013
327
Production végétale | Dactyle: résultats de l’examen de 31 variétés
Tableau 3 | Dactyle: variétés testées, indice de précocité et c lassement Variété
Requérant
Indice de précocité1
Classement2
variétés précoces 1
Oberweihst
2
Barexcel
3
ZG, DE
52a
1
Barenbrug, NL
52a
1
Reda
DSP/ART, CH
52a
1
4
Padania
CRA-FLC, IT
52a
1
5
Loke
Svalöf-Weibull, SE
52b
6
Berta (BAH 180)
7
10DGL 12R
Barenbrug, NL
52b
8
ZDg 080101
Euro Grass, DE
52b
3
9
Profit
Ampac Seed, US
52b
3
52b
2/3 1 1*
variétés tardives 10
Intensiv
Barenbrug, NL
53a
1
11
Brennus
R2n, FR
61a
1
12
Lazuly
R2n, FR
53a
1
13
Beluga
DSP/ART, CH
61a
1
14
Pizza
DLF-Trifolium, DK
53a
1
15
Prato
DSP/ART, CH
53b
1
16
Greenly
R2n, FR
53b
1
17
Accord
R2n, FR
53a
2/3
18
Foly
R2n, FR
53b
2/3
19
Barlegro (6DGL 83)
Barenbrug, NL
61b
20
DG 0415
DSP/ART, CH
53b
3
21
Balzac (PX 3197)
Euro Grass, DE
53a
3
22
Revolin (ZDg 024068)
Euro Grass, DE
53b
3
23
Diceros (DG 0025)
DSP/ART, CH
61a
3
24
Dragoner (BOR KL 278/04)
SZ-Steinach, DE
53a
3
25
Duero (ZDg 024069)
Euro Grass, DE
53a
3
26
SW Luxor
Svalöf-Weibull, SE
53a
4
27
Manolo
Jouffray-Drillaud, FR
61a
4
28
Felixis
Jouffray-Drillaud, FR
61a
4
29
Galibier
Jouffray-Drillaud, FR
61a
4
30
Baticho (ZDg 024063)
Euro Grass, DE
53a
4
31
Lucullus
Jouffray-Drillaud, FR
53b
4
Conclusions Les améliorations identifiées au cours de cette série de tests, en particulier dans les teneurs en MOD, indiquent que de nouveaux progrès peuvent être attendus dans la sélection. Ainsi, les bonnes propriétés de cette graminée à haute valeur agronomiques pourraient être mieux utin lisées à l’avenir.
1
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. 1 Indice de précocité : Période à laquelle débute l'épiaison. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début, b = fin). Exemple: 61a = début épiaison du 1er au 5 juin. 2 Classement basé sur les résultats des essais: Classe 1 : Variété recommandée en Suisse. Classe 1* : Ne peut être recommandée qu'après avoir rempli les exigences légales pour une commercialisation en Suisse. (voire Ordonnance du DFE sur les semences et plants RS 916.151.1) Classe 2/3 : Ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1er janvier 2016. Classe 3 : Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété moyenne, sans caractéristique particulièrement intéressante. Classe 4 : Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété ne convenant pas à la culture en Suisse.
328
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 324–329, 2013
critère au deuxième rang des variétés tardives, derrière Pizza, surpassant de deux points la moyenne des témoins. Pour la plupart des autres caractéristiques, «Barlegro» était également supérieure de quelques dixièmes de point aux variétés témoins. Elle a obtenu le meilleur indice global dans le groupe tardif et est dès lors inscrite à la liste des variétés recommandées (tabl. 3). «Barlegro» s’est illustrée en particulier par sa vitesse de levée, son aspect général et sa force de concurrence. Elle n’a en revanche pas été particulièrement persistante en fin d’essai.Les anciennes variétés recommandées «Accord» et «Foly» ne pourront à l’avenir plus figurer sur la liste des variétés recommandées. Elles n’ont pas atteint les valeurs requises pour l’aspect général et, surtout, pour la MOD. De manière similaire à «Loke», «Accord» et «Foly» pourront encore être vendues comme variétés recommandées jusqu’en 2015.
Erba mazzolina: risultati delle analisi su 31 varietà Negli anni 2010 - 2012, le stazioni di ricerca Agroscope Reckenholz-Tänikon ART e Agroscope Changins-Wädenswil ACW hanno analizzato l'idoneità alla coltivazione di 31 varietà di erba mazzolina sul campo in 7 siti. Oltre a 17 novità varietali, sono state riesaminate varietà già raccomandate. Le seguenti caratteristiche sono state prese in considerazione: resa, aspetto generale, precocità, forza di concorrenza, persistenza, idoneità allo svernamento, resistenza a malattie fogliari e digeribilità della sostanza organica. Nella gamma delle varietà precoci, può essere raccomandata la varietà «Berta». Essa si è distinta per l'ottima digeribilità. Dati i risultati insufficienti, la varietà «Loke» viene stralciata dalla Lista delle varietà raccomandate di piante foraggere, in cui figurava da quasi 30 anni. Nella gamma di varietà tardive, viene raccomandata la varietà «Barlegro». Questa novità varietale è risultata la migliore di tutte quelle tardive analizzate, distinguendosi in particolare per la digeribilità, la precocità, l'aspetto generale e la forza di concorrenza. Considerati i risultati ottenuti, le varietà «Accord» e «Foly» non adempiono più le esigenze e quindi devono essere stralciate dalla lista.
Bibliographie ▪▪ Frick R., Bertossa M., Suter D. & Hirschi H. U., 2012. Liste 2013–2014 des variétés recommandées de plantes fourragères. Recherche Agronomique Suisse 3 (10), 1–8. ▪▪ Michel V., Schori A., Mosimann E., Lehmann J., Boller B. & Schubiger F., 2000. Krankheiten der Futtergräser und Futterleguminosen. Agrarforschung 7 (2), I–XII. ▪▪ Mosimann E., Frick R., Suter D. & Rosenberg E., 2012. Mélanges standard pour la production fourragère 2013-2016. Recherche Agronomique Suisse 3 (10), 1–12.
Summary
Riassunto
Dactyle: résultats de l’examen de 31 variétés | Production végétale
Cocksfoot: test results of 31 varieties From 2010 to 2012, the Agroscope Reckenholz-Tänikon ART and Agroscope Changins-Wädenswil ACW research stations tested 31 varieties of cocksfoot in the field at seven sites for their suitability for cultivation. In addition to the 17 new varieties, the previously-recommended varieties were re-tested. The characteristics evaluated were yield, vigour, juvenile development, competitive ability, persistence, winter-hardiness, resistance to leaf diseases, and digestible organic-matter content. Of the early varieties, «Berta» can now be recommended, having distinguished itself by its excellent digestibility. Almost thirty years after its inclusion, «Loke» has been deleted from the List of Recommended Varieties of Forage Plants owing to unsatisfactory results. Of the late varieties, «Barlegro» has been newly recommended. The best of all late varieties tested, this new variety shone in particular in terms of digestibility, juvenile development, vigour, and competitive ability. The results for the formerly recommended varieties «Accord» and «Foly» no longer satisfy the requirements for recommendation, for which reason they are to be removed from the list. Key words: Dactylis glomerata, orchard grass, cocksfoot, variety testing, yield, disease resistance.
▪▪ Norris K. H., Barnes R. F., Moore J. E. & Shenk J. S., 1976. Predicting f orage quality by infrared reflectance spectroscopy. Journal of Animal Science 43, 889–897. ▪▪ Schubiger F. X., Lehmann J., Daccord R., Arrigo Y., Jeangros B. & Scehovic J., 2001. Nährwert von Wiesenpflanzen: Verdaulichkeit. Agrarforschung 8 (9), 354–359. ▪▪ Tilley J. & Terry R., 1963. A two stage technique for the in vitro digestion of forage crops. Journal of the British Grassland Society 18, 104–111.
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 324–329, 2013
329
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
20 ans d’étude variétale du maïs ensilage en Suisse Alice Baux, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse Renseignements: Alice Baux, e-mail: alice.baux@agroscope.admin.ch, tél. +41 22 363 47 22
Apparition des soies: lors de la récolte du maïs ensilage, l'épi représentera 30 à 60% de la matière sèche totale. Cette proportion peut dans certains cas influencer la teneur en matière organique digestible.
Introduction Grâce à la création d’hybrides dans les années 60 et à l’obtention de variétés précoces, la production de maïs est devenue possible dans le nord de l’Europe et fournit un fourrage de qualité pour le bétail. Depuis 1988, des variétés de maïs sont inscrites dans le Catalogue national suisse et dans la liste recommandée de swiss granum avec la mention «ensilage». Avec plus de 40’000 ha, le maïs destiné à être ensilé représente environ 2/3 du maïs semé en Suisse.
330
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 330–337, 2013
Les variétés de maïs sont évaluées grâce à un réseau piloté par Agroscope sur plusieurs sites choisis pour leur diversité de conditions pédoclimatiques et représentatifs de l’ensemble des régions productrices de maïs en Suisse. Outre une évaluation du potentiel génétique, ces données nous permettent d’évaluer la variabilité liée à l’environnement. En effet, tous les sites de production ne présentent pas le même potentiel. Meisser et Weiss (2003) ont notamment montré que les plantes récoltées à Changins étaient en moyenne plus petites que celles
20 ans d’étude variétale du maïs ensilage en Suisse | Production végétale
Résumé
récoltées à Reckenholz. Ceci a des conséquences non seulement sur le rendement du maïs ensilage, mais peut également influencer la proportion de grain. Un effet des conditions climatiques, en particulier la température et la disponibilité en eau, sur la qualité du maïs ensilage a été constaté par plusieurs auteurs (Struik et al. 1985; Meisser et Wyss 1999; Kruse et al. 2007). Cependant, Argillier et al. (1997) ont montré que différentes variétés soumises à des environnement différents se comportaient de manière similaire. Si cette hypothèse était confirmée par nos données, cela justifierait le classement des variétés sur la base des résultats moyens observés sur plusieurs lieux. L’objectif de ce travail est d’une part d’identifier les progrès réalisés et mis à la disposition des producteurs grâce à l’établissement de listes variétales et, d’autre part, de décrire les effets de l’environnement sur le rendement et la qualité de différentes variétés de maïs ensilage.
Matériel et méthode Essais variétaux Pour être inscrites dans la liste recommandée de swiss granum, les nouvelles variétés doivent, après deux années de tests dans différentes régions de Suisse, présenter des avantages par rapport aux meilleures variétés déjà cultivées. Les nouvelles variétés de maïs ensilage sont évaluées sur la base de critères précis, décrits dans l’annexe de l’Ordonnance sur les semence et les plants de l’Office fédéral de l’agriculture. Les principaux critères sont la précocité, la productivité et la qualité (teneur en matière organique digestible). La sensibilité à la verse, à la casse à la récolte et au charbon sont également observées (tabl. 1). Les variétés sont testées dans leur groupe de précocité, à savoir «précoce» (FAO 190 – 220), «mi- précoce» (FAO 220 – 250) et «mi-tardif» (FAO 250 – 280), et comparées aux variétés standard du groupe correspondant. Le groupe précoce (FAO 190 – 220) correspond aux variétés destinées aux zones marginales, froides ou en altitude, ou semées tardivement et qui doivent atteindre un niveau de maturité suffisant avant les premières gelées. Le groupe mi-précoce est le mieux représenté en Suisse. Ces variétés peuvent être cultivées partout sauf dans les régions élevées. Le groupe mi-tardif correspond aux variétés destinées aux zones les plus favorables du nord des Alpes comme le bassin lémanique et le Chablais. Des variétés plus tardives et plus productives pourront être cultivées au Tessin et dans la vallée du Rhône où les températures douces et la bonne disponibilité en eau sont très favorables au maïs (FAO 270 – 550). La précocité des variétés est estimée en comparant la teneur en matière sèche à la
En 20 ans, le rendement des variétés de maïs ensilage mi-précoces (les plus cultivées en Suisse) a progressé en moyenne de 2 dt MS/ha/an, tout en conservant un bon niveau de précocité. Les variétés présentant des défauts agronomiques majeurs, comme une trop grande sensibilité à la verse, ont été éliminées. L’évolution de la teneur en matière organique digestible (MOD) est plus délicate à estimer, du fait du fort impact des conditions environnementales sur ce critère. On observe des différences de rendement et de qualité entre les sites et les années. Au-delà de 30% de MS, le niveau de maturité à la récolte n’influence plus la teneur en MOD. Par contre, une récolte trop anticipée peut pénaliser la qualité du fourrage, du fait d’une trop faible proportion de grain, non compensée par la meilleure digestibilité des parties vertes. Les données de plusieurs sites ont été comparées. Les sites de Changins (Nyon, VD) et de Reckenholz (Zurich, ZH) présentent des caractéristiques très différentes: à Changins, où les étés sont plus chauds et plus secs, on atteint des teneurs en MS satisfaisantes pour la récolte (environ 33 %) 2 à 4 semaines plus tôt qu’à Reckenholz et les rendements y sont généralement plus faibles. On n’observe pas de différence aussi nette pour la qualité nutritionnelle. La MOD est moins bien corrélée à la proportion de grain à Reckenholz (R2=0,01, ns) qu’à Changins (R2=0,21***) où les plantes sont plus petites et où le développement des épis semble pouvoir compenser la diminution de la digestibilité des parties végétatives liée aux températures plus élevées. La mise en valeur des résultats de l’étude variétale du maïs ensilage sur 20 ans (1991–2010) montre que des progrès génétiques significatifs ont été enregistrés et mis à disposition des producteurs, notamment pour ce qui concerne le rendement en MS et la qualité du maïs ensilage.
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 330–337, 2013
331
Production végétale | 20 ans d’étude variétale du maïs ensilage en Suisse
Tableau 1 | Critères d’évaluation pondérés pour les variétés de maïs ensilage et de maïs grain Ensilage Pondération Grain Pondération
Teneur en MOD
Rendement
Précocité ( Teneur MS)
Vigueur au départ
Verse végétation
Verse récolte
Plantes cassées
Charbon
0,4
0,5
1,25
0,5
0,25
0,75
0,75
0,25
Rendement
Précocité ( Teneur MS)
Vigueur au départ
Verse végétation
Verse récolte
Plantes cassées
Charbon
Fusariose
1,0
2,5
0,5
0,25
0,75
0,75
récolte (MS) aux teneurs en MS de variétés standard. Dans cette étude, la variété Attribut, présente dans les essais de 1996 à 2007, est la variété de référence pour comparer les variétés entre elles sur ces 12 années. Chaque année, les différentes variétés sont semées sur 7 à 9 lieux sur des parcelles de 8 à 12 m2, avec 3 répétitions. La récolte se fait à l’ensileuse lorsque le niveau de maturité est suffisant pour que, dans la mesure du possible, la majorité des variétés ait atteint au moins 30 % de matière sèche. Chaque variété peut être abandonnée après une année d’essai si elle est jugée insuffisante, testée plus longtemps pour une éventuelle inscription ou, une fois acceptée, être reprise comme variété de référence. Par conséquent, on ne dispose pas d’un nombre équivalent de données par variété. Par contre, les variétés qui ont été largement commercialisées en Suisse sont également les mieux décrites. Les variétés Attribut, Banguy et LG 22.65 sont présentes dans les essais pendant 12 ans. Une analyse de variance est effectuée chaque année afin d’évaluer la variabilité liée au site, à la variété et à l’interaction site x variété. L’interaction site x année x variété n’a pas été étudiée car la liste des variétés testée change chaque année. Sur cette base et pour chaque année de culture, les carrés moyens du terme d’interaction site x variété ont été comparés à ceux de l’effet variétal pour le rendement, la teneur en MOD et la teneur en amidon (trois années présentées). On considère que si le rapport est faible, l’effet de l’interaction est négligeable en comparaison de l’effet génotypique. Analyse des données qualité La teneur en matière organique digestible (MOD) est un critère important pour la production laitière et l’engraissement des bovins. Il détermine en partie la valeur énergétique du fourrage. D’autres critères, comme les teneurs en amidon, en fibres totales, en protéines et en cellulose, sont également estimés indirectement par spectrométrie dans le proche infrarouge (NIRS). Ces mesures, rapides et non destructives, permettent d’analyser un grand nombre d’échantillons, ce qui est indis-
332
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 330–337, 2013
0,25
0,25
pensable dans le cadre de l’étude variétale. Ces mesures nécessitent un calibrage régulier de l’appareil sur la base d’analyses chimiques. Les teneurs en MOD sont calculées en fonction de la variété Attribut afin de différencier l’effet variétal de l’effet environnemental et de mettre en évidence les différences variétales. Données météorologiques En combinant les sites et les nombreuses années, on obtient une grande diversité de conditions environnementales. Les données météorologiques (précipitations, températures moyennes de l’air à 2 m du sol) sont enregistrées à proximité des sites de Changins, Reckenholz et Eglisau. La date d’apparition des soies est notée chaque année à Reckenholz et Eglisau. Ce moment marque la fin de la période végétative et le début de la période reproductive.
Résultats et discussion Progrès génétique On enregistre dans les essais variétaux une augmentation annuelle du rendement en MS de près de 2 dt/ha (fig. 1). Cette augmentation est une moyenne établie sur plusieurs sites et sur toutes les variétés inscrites dans la liste recommandée. Le niveau de précocité, mesuré par la teneur en MS, est assez variable entre variétés mais reste centré autour de la variété Attribut (fig. 2a). Au cours des 20 dernières années, les teneurs en MOD sont restées assez stables (pente positive mais non significative de +0,3 g/kg MS/an, fig. 2b). L’amélioration de la productivité n’est donc pas due à une dérive vers des variétés plus tardives ou à une diminution de la qualité, mais bien à un réel progrès génétique. Effets de l’environnement Les résultats des essais variétaux ont mis en évidence de larges différences entre sites et années. La figure 3 illustre la variabilité du rendement et des teneurs en amidon et en MOD entre les sites. Les deux sites de Suisse
20 ans d’étude variétale du maïs ensilage en Suisse | Production végétale
300
Rendements en MS (dt/ha)
250 200 150 100 50 0 1985
1990
1995
2000
2005
2010
2015
Année d'inscription sur la liste recommandée Figure 1 | Rendement moyen obtenu par les variétés inscrites sur la liste recommandée (LR) selon leur année d’inscription (1 à 4 variétés selon l’année). Y=1,90x-3593,4, R 2=0,74, p<0,0001
maturation du grain explique un tiers de la variabilité du rendement sur les sites de Reckenholz et Eglisau. Des températures plus faibles sur cette période sont favorables pour le rendement en MS (fig. 4). Le cumul des précipitations sur la même période a un effet plus faible et difficile à dissocier de l’effet des températures. On peut supposer que l’alimentation en eau n’a pas posé de problème pour les sites et les années considérés (Reckenholz et Eglisau de 1996 à 2009). L’évaluation du progrès génétique pour les critères de qualité (teneurs en amidon, MOD) est difficile car ceux-ci sont aussi influencés par les conditions pédoclimatiques ainsi que par le niveau de maturité à la récolte. Le stade de maturité peut être discriminant pour certains critères de qualité comme la teneur en amidon ou la proportion de grains. La comparaison avec des variétés standard de précocité équivalente permet d’estimer
alémanique (Eglisau/Hüntwangen et Reckenholz) sont caractérisés par des potentiels de rendement légèrement plus élevés que ceux de Suisse romande (Changins et Delley), mais la teneur en MOD est en règle générale plus élevée à Changins qu’à Reckenholz. La différence de rendement est plus marquée pour le maïs ensilage que pour le maïs grain, ce qui concorde avec les observations de Weiss et Meisser (2003). Certains sites de production, comme Changins, donnent en général de plus petites plantes et donc un moindre rendement pour la plante entière. La meilleure qualité du maïs ensilage observée à Changins peut ainsi s’expliquer par une plus forte proportion de grains dans la plante entière. Outre l’effet variétal, les différences climatiques enregistrées entre sites et années sont en partie responsables des écarts de rendement observés. La température enregistrée pendant la période de formation et de
2,0
20,0
a Différence de teneur en MOD
Différence de teneur en MS
3,0 1,0 0,0 -1,0 -2,0 -3,0 -4.0
-5,0 1990
1995
2000
2005
Année d'inscription liste recommandée
2010
15,0
b
10,0 5,0 0,0 -5,0 -10,0 -15,0 -20,0 -25,0 1990
1995
2000
2005
2010
Année d'inscription liste recommandée
Figure 2 | Teneurs en matière sèche (MS) (a) et en matière organique digestible (MOD) (b) relatives par rapport à la variété Attribut ( présente dans les essais de 1996 à 2007) selon l’année d’inscription des nouvelles variétés. a) y=-0,003x+5,19, R 2=0,0003, p=0,95, b) y=0,30x-600,32, R 2=0,08, p=0,32. Les barres d’erreur représentent l’écart type.
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Production végétale | 20 ans d’étude variétale du maïs ensilage en Suisse
250,0
800 750 700 650
150,0
600 550
100,0
500 450
50,0
Teneurs en amidon et MOD (g/kg)
Rendement en MS (dt/ha)
200,0
400 350
0,0 Changins
Eglisau / Hüntwangen
Delley
300
Grain Ensilage Teneur en MOD Amidon
Reckenholz
Figure 3 | Rendement moyen (dt/ha) de 1991 à 2010 des variétés de maïs ensilage et de maïs grain mi- précoces pour différents sites. Teneurs moyennes en amidon (g/kg MS) et en matière organique digestible (MOD, g/kg MS) pour les variétés de maïs ensilage. Les barres d’erreur correspondent à l’écart type.
plus correctement la qualité. D’après nos résultats, la teneur en MOD est effectivement réduite si la teneur en matière sèche est trop faible, mais elle n’est plus influencée par le stade de maturité dès que la récolte a lieu au-delà de 30 % de MS (fig. 5). Les essais sont donc récoltés lorsque le seuil de 30 % de MS est dépassé pour la plupart des variétés, mais les variétés les plus tardives peuvent parfois être pénalisées si la différence de précocité avec le reste du groupe est importante. La teneur en amidon est très bien corrélée à la proportion de grain (r=0,88***), mais pas la teneur en MOD qui dépend aussi d’autres facteurs. En effet, si la frac-
tion «grain» du maïs ensilage est beaucoup plus digeste que le reste de la plante, de grandes différences de digestibilité sont observées au niveau des parties végétatives (Meisser et Wyss 1999). L’environnement influence donc la teneur en MOD du maïs ensilage par i) la proportion de grain, ii) la digestibilité du reste de la plante. En comparant les sites de Changins et de Reckenholz, on constate que la teneur en MOD est mieux corrélée à la proportion de grain à Changins qu’à Reckenholz (fig. 6). Cela suggère que la part du grain dans la détermination de la digestibilité est plus importante dans le premier cas que dans le second. Ceci est cohérent avec
350
Rendement en MS (dt/ha)
300 250 200 150 100 50 0 10
12
14
16 18 20 Température moyenne de la floraison à la récolte ( °C)
22
24
Figure 4 | Rendements en MS (dt/ha) en fonction de la température moyenne enregistrée de la floraison femelle à la récolte pour les sites de Reckenholz et Eglisau. Y=-8,65x+361, R 2=0,31, p<0,0001.
334
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20 ans d’étude variétale du maïs ensilage en Suisse | Production végétale
850
Teneur en MOD (g/kg)
800 750 700 650 600 Teneur MS<30%
550
Teneur MS>30% 500 15
20
25
30
35
40
45
Teneur en MS à la récolte (%) Figure 5 | Variation de la digestibilité de la matière organique (MOD, g/kg MS) du maïs ensilage selon la teneur en MS à la récolte (%); régression pour des teneurs en MS i) inférieures à 30 %: y=14,72x+304,67 (n=397, R 2=0,38, p<0,0001) et ii) supérieures à 30 %: y=0,25x +730,92 (n=2602, R 2=0,001, p=0,14).
les résultats de Struik et al. (1985) qui ont suivi l’évolution de la teneur en MOD pendant la croissance du grain. Ils ont mis en évidence, dans un premier temps, une forte diminution de la teneur en MOD liée aux hautes températures; cette diminution a ensuite été compensée par une meilleure croissance du grain. A maturité, la qualité des plantes cultivées à hautes températures a ainsi rattrapé celle des plantes cultivées à des températures plus basses. Lorsque la qualité des parties «vertes» est moins bonne, la qualité de la plante entière peut être satisfaisante grâce à une forte proportion de grain, à condition de ne pas récolter trop tôt. Une récolte légè-
rement anticipée aura moins d’impact sur la teneur en MOD dans un site relativement frais comme Reckenholz que dans un site plus chaud comme Changins où la teneur en MOD dépend davantage de la proportion de grain. Effets de l’interaction variété x environnement L’analyse de variance réalisée en 2008, 2009 et 2010 sur le rendement, la teneur en MOD et la teneur en amidon, montre que l’effet du site est de loin le plus important (tabl. 2). L’effet de la variété est toujours significatif, mais beaucoup moins important. L’effet de l’interaction
850 Changins Reckenholz
Teneur en MOD (g/kg MS)
800
750
700
650
600 15
25
35
45 Proportion de grain (%)
55
65
75
Figure 6 | Teneur en matière organique digestible (MOD, g/kg MS) en fonction de la proportion de grain pour les années 1991–2010 et les sites de Changins (n=136; y=1,66x+667,4; R 2=0,36; p<0,0001) et Reckenholz (n=150; y=0,42x+720,25; R 2=0,01; p=0,1992).
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335
Production végétale | 20 ans d’étude variétale du maïs ensilage en Suisse
Tableau 2 | Carrés moyens des effets de l’environnement (site), de la variété et de l’interaction environnement x variété (site x var) pour le rendement (Rdt), la teneur en matière organique digestible (MOD) et la teneur en amidon dans les essais variétaux de 2008 à 2010 2008
2009
dl
Rdt (dt/ha)
MOD (g/kg)
Amidon (g/kg)
Site
7
62027***
24906***
Répétition
16
546ns
204ns
2010
dl
Rdt (dt/ha)
MOD (g/kg)
Amidon (g/kg)
dl
Rdt (dt/ha)
MOD (g/kg)
Amidon (g/kg)
107982***
6
62164***
70934***
584ns
14
1455ns
835ns
48703***
7
73941***
28655***
80497***
862ns
16
756ns
608ns
1417ns
Variété
24
1914***
17773***
4847***
24
1050***
1510**
825*
24
1069***
2589***
11264***
Site x var.
168
328***
666***
1128***
144
398***
936*
762**
168
296***
421ns
1338***
Erreur
384
150
354
633
336
202
715
440
384
151
351
751
dl: degrés de liberté. *, ** et ***: carré moyen significatif à p=0,05, 0,01 et 0,001. ns: carré moyen non significatif.
est encore un peu plus faible, mais reste très souvent significatif. Les résultats des années précédentes montrent des résultats similaires (données non présentées). Contrairement aux résultats de Argillier et al. (1997), on ne peut pas conclure que l’effet de l’interaction génotype x environnement sur la qualité est négligeable par rapport à l’effet variétal. Cet effet est faible sur la MOD, comparé à l’effet de la variété, mais l’effet sur la teneur en amidon est le plus souvent du même ordre de grandeur. L’effet de l’interaction génotype x environnement sur le rendement est en général significatif et assez important. Ces résultats confirment qu’il serait possible d’optimiser la qualité et le rendement du maïs en sélectionnant les variétés les mieux adaptées pour chaque région. Le choix actuel des variétés sur la base de moyennes nationales permet de sélectionner les variétés présentant la qualité et les performances agronomiques les meilleures et les plus stables, quelles que soient les conditions de l’année. Une caractérisation préalable des sites de production et de la variabilité des conditions météorologiques pour chaque site serait nécessaire pour conseiller les variétés en fonction de leurs performances régionales.
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Conclusions Au cours des 20 dernières années, les rendements du maïs ensilage des variétés inscrites sur la liste recommandée ont augmenté significativement, tout en conservant un bon niveau de précocité. La qualité suit également une tendance à la hausse, mais avec des différences marquées entre les sites et les années. La teneur en MOD varie entre les sites et les années ainsi qu’entre les variétés. L’interaction génotype x environnement est faible, suggérant qu’une variété à forte teneur en MOD sera performante quel que soit le lieu de production en Suisse. Néanmoins, cette interaction est significative pour le rendement et les paramètres de qualité, indiquant qu’une sélection de variétés par région pourrait être intéressante. Une telle approche nécessiterait une caractérisation préalable des sites. Pour atteindre le potentiel qualitatif d’une variété, il est essentiel de la récolter à une teneur en matière sèche d’au moins 30%. Ceci est d’autant plus important que la zone de production a des étés chauds, le grain ayant dans ces zones un rôle déterminant dans le déterminisme de la qualité. n
20 anni di studio varietale del mais da silo in Svizzera In 20 anni la resa delle varietà di mais da silo semi-precoci (le più coltivate in Svizzera) è aumentata in media di 2 q SS/ha/anno, mantenendo un buon livello di precocità. Le varietà che presentano i maggiori difetti agronomici come un’eccessiva sensibilità all’allettamento, sono state eliminate. L’evoluzione del tenore in materia organica digeribile (MOD) è più difficile da stimare, a causa del forte impatto delle condizioni ambientali su questo criterio. Osserviamo delle differenze di resa e qualità tra i siti e gli anni. Oltre al 30 % di SS, il livello di maturità alla raccolta non ha più nessun influsso sul tenore MOD. Per contro, un raccolto troppo anticipato può penalizzare la qualità del foraggio, a causa di una proporzione dei granelli troppo debole, non compensata dalla migliore digeribilità delle parti verdi. Sono stati confrontati i dati provenienti da diversi luoghi. I siti di Changins (Nyon, VD) e di Reckenholz (Zurigo, ZH) presentano delle caratteristiche molto diverse: a Changins, dove le estati sono più calde e più secche, raggiungiamo dei tenori in MS soddisfacenti per il raccolto (ca. 33 %) 2–4 settimane prima di Reckenholz dove le rese sono, generalmente, inferiori. Non si osserva una differenza altrettanto netta per la qualità nutrizionale. La MOD è meno correlata alla proporzione di granelli a Reckenholz (R2=0,01, ns) rispetto a Changins (R2=0,21***) dove le piante sono più piccole e pertanto lo sviluppo delle pannocchie sembra essere in grado di compensare la diminuzione della digeribilità delle parti vegetative, legata alle temperature più elevate. La valorizzazione dei risultati dello studio varietale del mais da silo sull’arco di 20 anni mostra come siano avvenuti progressi genetici significativi, in particolare per quanto riguarda la resa in SS e la qualità, a beneficio dei produttori.
Bibliographie ▪▪ Argillier O., Barriere Y., Traineau R., Emile J. C. & Hébert Y., 1997. Genotype x environment interactions for digestibility traits in silage maize estimated from in vivo measurements with standard sheep. Plant Breeding 116 (5), 423–427. ▪▪ Kruse S., Herrmann A., Kornher A., & Taube F., 2008. Evaluation of genotype and environmental variation in fibre content of silage maize using a model assisted approach. European Journal of Agronomy 28, 210–233.
Summary
Riassunto
20 ans d’étude variétale du maïs ensilage en Suisse | Production végétale
20 years of variety testing in forage maize in Switzerland In the last 20 years, the yield of mid-early forage maize increased by 2 dt dry matter/ha/ year. Varieties with major agronomical problems such as lodging were eliminated. The improvement of quality, and more specifically the content of digestible organic matter (DOM), is more difficult to evaluate, as it is highly influenced by environmental condition. Both yield and quality vary among locations and years. Dry matter content at harvest only influences the DOM up to 30 %, when seed filling is not complete and therefore grain content too low. This is one more reason not to harvest variety trial too soon, so that the late varieties can reach the minimum DM content (30 %). Data from several locations were compared. For example, differences appeared between Changins (Nyon, VD) and Reckenholz (Zurich, ZH): in Changins, summers are warmer and dryer. Satisfying dry matter content for harvest was usually reached 2 to 4 weeks earlier than in Reckenholz. Yields were lower but with similar content of DOM. DOM was less correlated to grain content in Reckenholz (R2=0.01, ns) than in Changins (R2=0.21***), where plants are smaller and ear development seems to be able to compensate the lower digestibility of the rest of the plant. New varieties showed significant improvement compared to older ones, especially for yield and quality parameters such as DOM. Variety trials over 20 years allowed these improvement to be available for the farmers. Key words: forage maize, variety, digestible organic matter, genotype x environment interaction.
▪▪ Meisser M. & Wyss U., 1999. Influence du climat sur la croissance et le développement du maïs d’ensilage. Revue suisse d’Agriculture 31 (2), 71–76. ▪▪ Meisser M. & Weiss G., 2003. Valeur nutritive du maïs d’ensilage: quelle est l’importance des facteurs de variation. Revue suisse d’Agriculture 35 (1), 5-10. ▪▪ Struik P. C., Deinum B. & Hoefsloot J. M. P., 1985. Effects of temperature during different stages of development on growth and digestibility of forage maize (Zea mays L.). Netherlands Journal of Agricultural Sciences 33, 405-420.
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P r o d u c t i o n
a n i m a l e
Influence de la variété de maïs et du stade de développement sur la stabilité aérobie de l’ensilage Ueli Wyss et Yves Arrigo Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 1725 Posieux, Suisse Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: ueli.wyss@agroscope.admin.ch, tél. +41 26 407 72 14
Le maïs haché a été ensilé dans des cuves en polyester de 700 litres.
Introduction Excellent fourrage, le maïs fait partie des plantes faciles à ensiler. Pourtant, les ensilages de maïs, en particulier ceux de bonne qualité, sont sujets aux post-fermentations ou aux échauffements, car les teneurs en sucres résiduels ou en acide lactique sont parfois élevées et celles en acide acétique basses. Selon Wilkinson et Davies (2012), les conditions environnementales (influence de
338
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l’année) et la technique d’ensilages sont aussi des facteurs importants, susceptibles de provoquer des échauffements, de la production de l’ensilage jusqu’au désilage. Selon les études de Spiekers et al. (2002) et de Wyss (2002), certaines variétés de maïs sont davantage sujettes aux échauffements. Dans ces essais, le classement des variétés envers l’échauffement s’est différencié selon l’année. En outre, les études de Borreani et Tabacco (2012) montrent que le prélèvement de l’ensilage est un
facteur déterminant dans l’apparition de l’échauffement. La question s’est donc posée de savoir si la tendance aux échauffements est influencée davantage par l’année et les conditions climatiques que par la variété. Pour vérifier la prédiction de la valeur nutritive des ensilages de maïs et l’améliorer, les variétés de maïs Amadeo et LG 32.52 ont été cultivées et récoltées pendant deux années aux stades laiteux, pâteux-mou et pâteux-dur puis ensilées (Arrigo et Stoll 2012). Ce matériel a permis d’analyser la qualité d’ensilagée et la stabilité aérobie des ensilages. Le but de cette étude était de déterminer dans quelle mesure la variété de maïs et le stade de développement, voire l’année, influencent la stabilité aérobie des ensilages.
Matériel et méthodes En 2008 et en 2010, les deux variétés de maïs Amadeo (typé «amidon») et LG 32.52 (typé «digestibilité») ont été cultivées à Posieux FR (640 m). Les plantes de maïs ont été récoltées à trois stades de développement différents: stade laiteux avec en moyenne 23 ± 2,4 % de matière sèche (MS), stade pâteux-mou avec 29 ± 1,9 % de MS et stade pâteux-dur avec 41 ± 0,9 % de MS. Pour la variété LG 32.52, aucun maïs n’a pu être récolté au stade pâteux-dur en 2008. Le maïs a ensuite été haché au champ à une longueur de 5 mm et ensilé sans agent de conservation dans deux cuves en polyester (capacité: 700 l) par variante. Celles-ci ont été refermées par un film plastique et recouvertes de sable. Après une durée d’entreposage d’environ 118 ± 30 jours, les cuves ont été ouvertes et des échantillons ont été prélevés au moyen d’une sonde afin d’en déterminer les paramètres de fermentation et la stabilité aérobie. Les éléments nutritifs bruts ont été déterminés dans le fourrage qui a été distribué à des moutons pendant les essais de digestibilité. La stabilité aérobie a été relevée en mesurant et en enregistrant la température des ensilages toutes les 30 minutes pendant neuf jours. Les ensilages ont été considérés comme stables du point de vue aérobie aussi longtemps que leur température ne dépassait pas de plus de 1 °C la température ambiante.
Résumé
Influence de la variété de maïs et du stade de d éveloppement sur la stabilité aérobie de l’ensilage | Production animale
Lors d’essais réalisés en 2008 et en 2010, les deux variétés de maïs Amadeo et LG 32.52 ont été cultivées et récoltées aux stades laiteux, pâteux-mou et pâteux-dur puis ensilées dans des cuves d’une capacité de 700 l. A l’ouverture de celles-ci, des échantillons ont été prélevés pour en déterminer la qualité fermentaire et la stabilité aérobie à l’aide de suivis de température. Plus le stade de développement était avancé, plus les teneurs en cendres brutes et en constituants pariétaux étaient basses et la teneur en amidon élevée dans les ensilages des deux variétés de maïs. La teneur en sucre résiduel était relativement basse aussi bien pour les deux variétés que pour les trois stades de développement. La fermentation lactique a été plus intense dans l’ensilage des deux variétés récolté au stade laiteux qu’aux stades pâteux-mou et pâteux-dur. C’est aussi au stade laiteux que les pertes en matière sèche (MS) étaient les plus élevées. En ce qui concerne la stabilité aérobie, les deux variétés se sont comportées de façon similaire. Par contre, malgré des conditions d’ensilage semblables, de grandes différences entre les deux années ont été constatées. Les conditions environnementales ont eu à ce propos une influence plus importante sur la stabilité aérobie que la variété.
Résultats et discussion Teneurs en nutriments Plus le stade de développement était avancé, plus les teneurs en cendres brutes et en constituants pariétaux (cellulose brute, lignocellulose et parois) étaient basses et la teneur en amidon élevée (tabl. 1) pour les deux variétés de maïs. Au cours des deux années, la teneur en amidon de la variété Amadeo était plus élevée que celle
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339
Production animale | Influence de la variété de maïs et du stade de d éveloppement sur la stabilité aérobie de l’ensilage
Tableau 1 | Composition chimique des ensilages de maïs des deux variétés aux trois stades (teneurs en g/kg de MS) Variété
Année
Stade
Amadeo
2008
pâteux-dur
33
laiteux
47
pâteux-mou
42
laiteux pâteux-mou pâteux-dur
32
80
laiteux
44
80
pâteux-mou
40
74
pâteux-dur
36
68
LG32.52
2008
Amadeo
2010
LG32.52
2010
Cendres
Matière azotée
Cellulose brute
ADF
NDF
Sucres
Amidon
laiteux
45
77
290
338
564
26
79
pâteux-mou
39
76
233
258
446
23
279
76
191
223
426
30
366
83
294
337
536
23
46
86
225
250
448
27
255
43
80
229
250
459
31
182
34
74
193
223
467
27
351
178
205
404
28
409
256
284
494
32
166
224
256
472
38
314
203
231
449
31
396
ADF: Lignocellulose; NDF: parois.
de la variété LG 32.52. Pour la teneur en matière azotée, aucune tendance marquée n’a été observée: généralement, les valeurs étaient semblables entre les deux variétés et entre les trois stades. Le sucre (sucre soluble dans l’éthanol) a été fortement décomposé par le processus de fermentation dans tous les ensilages et se situait à un niveau bas pour les deux sortes de maïs aux trois stades de développement. Paramètres de fermentation De manière générale, les ensilages ont enregistré des valeurs pH basses (tabl. 2). Uniquement en 2010, des valeurs pH plus élevées (4,4) ont été enregistrées pour les deux variétés de maïs au stade de développement pâteux-dur. La fermentation lactique a été la plus intense
dans le maïs avec les teneurs en MS les plus basses. En conséquence, les teneurs en acide lactique de même que celles en acide acétique étaient plus élevées dans les ensilages au stade laiteux qu’aux stades pâteux-mou et surtout pâteux-dur (tabl. 2). Aucun acide propionique ni butyrique ne se s'est formé, ou alors en très faibles quantités. Les teneurs en éthanol et en acide lactique ont diminué en fonction du stade croissant de développement pour les deux variétés et au cours des deux années. Avec des valeurs situées entre 3,6 et 7,4 %, la proportion d’azote ammoniacal par rapport à l’azote total était relativement faible dans tous les ensilages. Selon l’échelle d’évaluation DLG, tous les ensilages ont enregistré des valeurs entre 99 et 100 points. En d’autres termes, ils étaient tous de très bonne qualité.
Tableau 2 | Paramètres fermentaires des ensilages de maïs des deux variétés aux trois stades
Variété
Amadeo
LG32.52
Amadeo
LG32.52
Année
2008
2008
2010
2010
Stade
MS %
pH
Acide lactique g/kg MS
Acide acétique g/kg MS
Acide propionique g/kg MS
Acide butyrique g/kg MS
Ethanol g/kg MS
NH3-N/ N tot %
Points DLG
laiteux
22,5
3,8
73
27
0
1
23
5,2
100
pâteux-mou
27,4
4,0
49
22
0
0
15
4,8
99
pâteux-dur
41,2
4,0
46
12
0
0
8
4,5
100
laiteux
22,2
3,8
83
27
0
1
24
6,0
100
pâteux-mou
27,5
4,0
53
22
0
0
20
3,6
100
laiteux
24,3
3,7
86
19
0
1
20
7,4
100
pâteux-mou
31,7
3,8
51
17
0
0
10
6,7
100
pâteux-dur
41,0
4,4
16
9
0
0
9
5,2
100 100
laiteux
23,5
3,7
95
21
0
1
18
5,3
pâteux-mou
29,8
4,0
38
16
0
0
10
6,0
99
pâteux-dur
38,7
4,4
17
11
0
0
10
5,0
100
N-NH3/N tot.: proportion d'azote ammoniacal par rapport à l'azote total.
340
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 338–343, 2013
Influence de la variété de maïs et du stade de développement sur la stabilité aérobie de l’ensilage | Production animale
10
2008
2010
9
Pertes de conservation en MS, %
8 7 6 5 4 3 2 1
Amadeo LG 32.52
0 laiteux
pâteux-mou
pâteux-dur
laiteux
pâteux-mou
pâteux-dur
Figure 1 | Pertes de conservation des ensilages de maïs des deux variétés aux trois stades.
Pertes en matière sèche Les pertes en MS relevées sont illustrées dans la figure 1. Dans le premier essai, les pertes en MS ont légèrement diminué en fonction du stade de développement croissant, et ce pour les deux variétés de maïs. Dans le deuxième essai, les pertes ont diminué du stade laiteux au stade pâteux-mou. Les pertes se sont cependant de nouveau accrues du stade pâteux-mou au stade pâteux-dur. Stabilité aérobie En ce qui concerne la stabilité aérobie, les deux variétés Amadeo et LG 32.52 se sont comportées de façon très similaire. Il y a eu cependant des différences entre les
2008
deux années (fig. 2). En 2008, les ensilages récoltés au stade laiteux se sont échauffés beaucoup plus rapidement que ceux récoltés aux stades pâteux-mou et pâteux-dur. En 2010, tous les ensilages se sont échauffés plus rapidement que ceux de 2008. Plus le stade de développement était avancé, plus les ensilages s’échauffaient rapidement. Selon Kung (2010), en plus de la teneur en sucre résiduel, la teneur en amidon joue un rôle important dans l’échauffement. Cette teneur était plus élevée dans les ensilages récoltés aux stades pâteux-mou et pâteux-dur qu’au stade laiteux. Pour les essais, deux cuves par variante ont été utilisées. Elles ont été ouvertes après différentes durées de
2010
144
Stabilité aérobie, heures
120 96 72 48 24 Amadeo LG 32.52
0 laiteux
pâteux-mou pâteux-dur
laiteux
pâteux-mou
pâteux-dur
Figure 2 | Stabilité aérobie des ensilages de maïs des deux variétés aux trois stades.
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 338–343, 2013
341
Production animale | Influence de la variété de maïs et du stade de d éveloppement sur la stabilité aérobie de l’ensilage
Figure 3 | Après une durée d’entreposage de 118 jours en moyenne, les cuves ont été ouvertes et des échantillons prélevés.
stockage (fig. 3). Les ensilages des cuves ouvertes en moyenne 22 jours plus tard se sont moins vite échauffés dans 5 cas sur 7. Les résultats obtenus dans cette étude confirment les résultats de Spiekers et al. (2002) et ceux de Wyss (2002), selon lesquels les conditions environnementales (influence de l’année) et le stade de récolte ont une plus grande influence sur la stabilité aérobie des ensilages que la variété.
Conclusions ••La présente étude sur les deux variétés de maïs Amadeo et LG 32.52 montre qu’un stade de développement avancé entraîne une fermentation lactique moins intense et par conséquent une formation d’acide lactique et d’acide acétique plus faible. ••Aucune différence au niveau de la stabilité aérobie n’a été observée entre les deux variétés de maïs.
342
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 338–343, 2013
••Des différences ont été constatées au niveau de la stabilité aérobie entre les trois stades de développement, mais l’influence du stade n’était pas la même lors des deux années. ••De grandes différences au niveau de la stabilité aérobie ont été relevées entre les deux années de récolte alors que les conditions d’ensilages étaient identiques, ce qui peut être dû aux différentes n conditions environnementales.
Influenza della varietà di mais e dello stadio di sviluppo sulla stabilità aerobica di insilato Nel 2008 e nel 2010 sono state raccolte due varietà di mais Amadeo e LG 32.52 agli stadi di maturazione latteo, pastoso precoce e pastoso tardivo, successivamente insilate in contenitori da 700 l. Dopo l'apertura dei contenitori sono stati prelevati campioni per rilevare la qualità fermentativa e la stabilità aerobica attraverso la misurazione della temperatura. Con l'avanzare dello stadio di sviluppo di entrambe le varietà, negli insilati si osservava un calo dei tenori in ceneri grezze e in frazioni fibrose nonché un aumento di quello in amidi. Il tenore di zucchero residuo era relativamente basso in entrambe le varietà e a tutti e tre gli stadi di maturazione. Nel mais, raccolto allo stadio latteo, per entrambe le varietà la fermentazione dell'acido lattico era più intensa di quella agli stadi pastoso precoce e pastoso tardivo. Di conseguenza, si potevano riscontrare le perdite di SS maggiori. Per quel che riguarda la stabilità aerobica entrambe le varietà presentavano comportamenti molto simili. Nonostante le stesse condizioni d'insilamento, invece, si riscontravano notevoli differenze tra i due anni. Le condizioni meteorologiche, quindi, hanno un'incidenza maggiore sulla stabilità aerobica della scelta della varietà.
Bibliographie ▪▪ Arrigo Y. & Stoll P., 2012. Estimation de la valeur nutritive de l’ensilage de maïs. Recherche Agronomique Suisse 3 (9), 442–449. ▪▪ Borreani G. & Tabacco E., 2012. Effect of silo management factors on aerobic stability and extent of spoilage in farm maize silages. Proceeding of the XVI international Silage Conference, Hämeenlinna, Finland, 71–72. Optimising the application technique for silage. ▪▪ Kung L., 2010. Aerobic stability of silage. Proceedings of California A lfalfa & Forage Symposium and Corn/Cereal Silage Conference.
Summary
Riassunto
Influence de la variété de maïs et du stade de d éveloppement sur la stabilité aérobie de l’ensilage | Production animale
Influence of the maize variety and the stage of development on the aerobic stability In the years 2008 and 2010, the two maize varieties Amadeo and LG 32.52 were harvested in the milk ripeness, in the early and late dough stage and ensiled in 700 l containers. After opening the container, samples were taken to determine the fermentation quality and the aerobic stability with temperature measurements. With increasing development stage of the two varieties, the ash contents and fiber fractions in the silages decreased while the starch increased. The sugar content was relatively low in both varieties and in all three stages of development. In the maize silage, harvested in the milk stage, a more intensive lactic acid fermentation took place in both varieties than it did in the early and late dough stage. Furthermore, this is where the highest dry matter losses were observed. Regarding the aerobic stability, both varieties were very similar. Despite the same management conditions, big differences between the two years could be made out. The environmental conditions therefore have a greater impact on the aerobic stability than the choice of the variety. Key words: maize silage, maize varieties, stage of development, aerobic stability.
▪▪ Spiekers H., Miltner R. & Mues N., 2002. Einfluss der Maissorte auf Gärqualität, Gärverluste und aerobe Stabilität. Kongressband 2002. VDLUFA-Schriftenreihe 58, 308–313. ▪▪ Wilkinson J. M. & Davies D. R., 2013. The aerobic stability of silage: key findings and recent developments. Grass and Forage Science 68 (1), 1–19. ▪▪ Wyss U., 2002. Einfluss verschiedener Maissorten auf aerobe Stabilität. Agrarforschung 9 (9), 380–385.
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 338–343, 2013
343
E c l a i r a g e
Série ProfiCrops
Le colza HOLL en Suisse: de la production pilote à la production à grande échelle Alice Baux1, Paul Sergy2 et Didier Pellet1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 2 fenaco, route de Siviriez 3, 1510 Moudon Renseignements: Alice Baux, e-mail: alice.baux@agroscope.admin.ch, tél. +41 22 363 47 22
1
limiter les problèmes dus aux repousses, car après quelques années de spécialisation, le précédent colza est lui aussi HOLL et ne déprécie plus la qualité. Les nouvelles variétés assurant de meilleurs rendements et une meilleure qualité devraient permettre d’inscrire cette production dans la durée.
Introduction
Le colza HOLL atteint aujourd’hui 30 % de la surface totale de colza cultivée en Suisse.
Entre 2003 et 2013, la production de colza HOLL s’est installée en Suisse. De quelques hectares à ses débuts, elle a atteint aujourd’hui 30 % de la surface totale de colza. Destinée à la production d’huile de friture, elle doit répondre à des critères de qualité exigeants, en particulier en ce qui concerne la teneur en acide gras alpha-linolénique (oméga-3) qui doit être aussi basse que possible. En 2006, durant la phase de production pilote, plusieurs producteurs ont participé à une enquête destinée à caractériser les pratiques culturales Bildlegende et à les mettre en relation avec la qualité de la production. Cela a permis d’identifier les repousses de colza classique comme le frein majeur à une qualité optimale, alors que la distance entre parcelles de colza classique et colza HOLL ne semble pas affecter la qualité. Par conséquent, la distance de sécurité entre types variétaux différents a pu être réduite. A l’inverse, on recommande des rotations longues et un travail du sol superficiel avant l’implantation du colza HOLL (faux semis). Aujourd’hui, le regroupement des parcelles de colza HOLL autour de centres collecteurs spécialisés devrait
344
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 344–347, 2013
Le colza est la principale culture oléagineuse produite en Suisse. Son utilisation est avant tout alimentaire (fig. 1). En 2003, environ la moitié de l’huile produite était consommée sous forme d’huile alimentaire raffinée et l’autre moitié transformée en margarine et milieux de friture. Pour ces utilisations, l’huile de colza doit être partiellement hydrogénée afin d’améliorer ses propriétés technologiques et sa résistance au chauffage. Afin de limiter ce processus industriel qui génère des acides gras «trans» aux effets indésirables pour la santé (augmentation du «mauvais cholestérol» entre autres), de nouvelles variétés à teneurs réduites en acides gras polyinsaturés ont commencé à être cultivées (variétés HOLL pour «high oleic low linolenic»). Cette production a débuté sur une surface limitée avec un suivi des parcelles. Pour
Figure 1 | L’huile de colza HOLL est adaptée aux températures élevées de la friture, grâce à sa composition particulière.
Le colza HOLL en Suisse: de la production pilote à la production à grande échelle | Eclairage
ProfiCrops
colza HOLL en Suisse jusqu’à aujourd’hui et les stratégies adoptées qui ont permis à cette nouvelle culture de s’implanter avec succès.
Le programme de recherche Agroscope ProfiCrops (www.proficrops.ch) a pour objectif de contribuer à garantir la compétitivité de la production végétale suisse dans un cadre de plus en plus libéralisé et de renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses. Les hypothèses posées en début de programme stipulaient que l’efficience de la production devait être améliorée, l’innovation et la valeur ajoutée augmentées, la confiance des consommateurs renforcée et les conditions cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet de recherches inter-disciplinaires, sous forme de modules: Efficience, Innovation, Consommateurs et Conditions cadres, et de projets intégrés et associés: Feu Bactérien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coopération assolement, ProfiViti, WIN4 et FUI. La série d’articles «ProfiCrops» publiée dès cette édition dans Recherche Agronomique Suisse permet de diffuser une sélection de résultats et de solutions pour le maintien de la compétitivité de la production végétale en Suisse. Ces résultats et solutions sont exemplaires. Un rapport de synthèse sera disponible début 2014. L’article «Le colza HOLL en Suisse: de la production pilote à la production à grande échelle», liée au projet intégré ProfiVar (http:// www.agroscope.admin.ch/proficrops/05371/ index.html?lang=fr) examine l’évolution de la production de colza HOLL et met en lumière les conditions du succès de cette production apportant une valeur ajoutée et permettant une différenciation réussie.
La production pilote Entre 2003 et 2006, la production de colza HOLL a commencé en Suisse chez des agriculteurs pilotes. La production est passée de 260 ha à environ 1200 ha. Après les premiers essais avec la variété MSP01, la variété semée en 2006 était Splendor, variété HOLL sélectionnée par Monsanto et promettant une teneur en acide alphalinolénique (ALA) inférieure à 3 %. 97 producteurs ont répondu à une enquête donnant des informations sur i) la parcelle de colza HOLL (sol, taille, lieu, altitude) et ii) l’itinéraire technique. Le profil des acides gras d’échantillons de colza récoltés sur ces mêmes parcelles a été analysé par chromatographie en phase gazeuse et leur teneur en huile déterminée par spectrométrie dans le proche infra rouge (NIRS). Les données de l’enquête et les résultats des analyses de chaque parcelle ont été analysés sous forme d’une analyse en composantes principales, à l’aide du logiciel Canoco (version 4.5 pour Windows). Les résultats de l’enquête mettent en relation les caractéristiques de la récolte (rendement, teneur en huile, poids de mille grains (PMG), teneur en acides oléique, linoléique et linolénique (ALA), trois principaux composants de l’huile de colza) et les caractéristiques des parcelles. Les pratiques des agriculteurs ont également été mises en relation avec les caractéristiques de la récolte (rendement et qualité). Les teneurs en ALA de la récolte, analysées sur 97 parcelles réparties sur le territoire suisse, sont très variables (fig. 2). Si la majorité des parcelles présente une qualité satisfaisante, en regard des caractéristiques de la variété choisie, un cinquième des parcelles atteint néanmoins des teneurs trop élevées (>3,5 %). Ces parcelles marginales ne peuvent être éliminées qu’en cas de contrôle systématique de la qualité par parcelle avant le stockage en silos, ce qui impliquerait un refus de la pro-
assurer un suivi de la qualité de cette production, une enquête a été conduite auprès des agriculteurs concernés et a permis non seulement de déterminer les pratiques usuelles en Suisse pour la production du colza, mais aussi d’identifier les points importants permettant d’assurer la qualité. L’objectif de ce travail est de synthétiser les résultats des enquêtes auprès des agriculteurs, ainsi que de présenter l’évolution de la production de
Teneur en acide alpha-linolénique (%)
6,00 5,00 4,00 3,00
moyenne=2,7%
2,00 1,00 0,00
Figure 2 | Teneurs en acide alpha-linolénique analysées sur 97 parcelles de la variété HOLL Splendor cultivées en Suisse, récolte 2006.
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 344–347, 2013
345
Eclairage | Le colza HOLL en Suisse: de la production pilote à la production à grande échelle
PMG
Teneur en huile Extenso
Sol sableux
Rotation moyenne
Teneur en acide oléique Pierrosité moyenne
N élevée
Basse altitude Non labour
Sol superficiel
Repousses dans les bords
N faible
Pas de repousse (champ) Pas de repousse (bords) Sol argileux Rotation longue
Pierrosité élevée
Retiré d‘Extenso Repousses dans le champ Labour Rotation courte Sol moyen Haute altitude (>500m) N moyenne
Pas Extenso Sol profond
Pierrosité faible
Teneur en acide linolénique
Teneur en protéines
Rendement
Figure 3 | Analyse en composantes principales des résultats d’enquête auprès de 97 producteurs pilotes de colza HOLL en Suisse et d’analyse de leur production. Les deux premiers axes expliquent 74,1 % de la variabilité. Récolte 2006, variété Splendor. Extenso= système de prime si aucun fongicide ni insecticide n’est appliqué sur la culture. Pas extenso= insecticides et/ou fongicides ont été appliqués.
duction et la perte de la prime pour les producteurs concernés. Ce contrôle n’étant pas envisagé dans un premier temps, l’objectif visé est de comprendre et maîtriser ces variations de qualité. L’analyse en composantes principales (fig. 3) met en évidence les relations entre divers paramètres de la récolte d’une part, les caractéristiques des parcelles et les pratiques d’autre part. Les teneurs en acides oléique et ALA sont très bien corrélées négativement entre elles (flèches opposées), mais sont peu corrélées au rendement (leur flèche forme un angle presque droit avec la flèche du rendements. Une fumure azotée modérée (110 – 140 kg/ha) et l’utilisation de produits phytosanitaires (fongicide et insecticide) sont associées aux rendements élevés, mais ne sont pas liés à la composition de l’huile. Par contre, la présence de repousses de colza classique (puisque du colza HOLL est semé pour la première fois sur ces parcelles) sur la parcelle et dans les bordures explique bien de fortes teneurs en ALA. D’autres facteurs liés à des teneurs élevées sont une rotation courte et, dans une moindre mesure, le labour des parcelles. Ces deux facteurs peuvent agir de manière indirecte en favorisant la présence de repousses.
346
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 344–347, 2013
Les parcelles ont été regroupées en fonction de leur altitude. La zone de production du colza en Suisse s’étend de 300 à 800 m d’altitude environ. Les parcelles situées au-delà de 500 m présentent en 2006 des teneurs plus élevées en ALA. Pour une même région, les parcelles situées en altitude sont généralement soumises à des températures plus basses et sont caractérisées par une maturité plus tardive. La qualité obtenue en Suisse en 2006 était globalement satisfaisante. Les résultats des analyses et de l’enquête ont pu mettre en évidence une corrélation négative entre acide oléique et ALA. Les teneurs les plus élevées en ALA correspondent généralement à des parcelles où ont été observées des repousses de colza classique, favorisées par une rotation courte et un labour qui peut faire remonter en surface des graines de colza classique enfouies après la culture de colza précédente. L’altitude de la parcelle est également un élément important de la variabilité. Les teneurs en ALA augmentent avec l’altitude, les température plus fraîches favorisant les teneurs élevées en ALA. Des analyses supplémentaires ont permis de déterminer que c’est la température pendant la formation du grain qui se montre déterminante pour la qualité (composition en
Teneur en C18:3 en moyenne de tous les essais (%)
Le colza HOLL en Suisse: de la production pilote à la production à grande échelle | Eclairage
colza HOLL, le problème des repousses de colza classique n’est que passager. En effet, après une rotation complète, lorsque le colza revient sur une parcelle qui a produit du colza HOLL quelques années auparavant, les éventuelles repousses de colza seront essentiellement du colza HOLL et ne déprécieront plus la qualité.
4,0 3,8 3,6
V141OL
3,4
MSP01
3,2
Splendor
3,0
Conclusions
2,8 V280OL
2,6 2,4 2,2
60
70 80 90 Rendement relatif par rapport aux standards actuels (%) Visby - Adriana - Compass
100
Figure 4 | Rendements relatifs et teneurs moyennes en C18 :3 (ALA, acide linolénique) des variétés de colza HOLL cultivées en Suisse depuis 2004 (MSP01: 2004 (n=5), Splendor: 2004-2007 (n=26), V141OL: 2007-2011(n=44), V280OL: depuis 2012 (n=19). Les barres d’erreur représentent l’écart type.
acides gras de l’huile). Par conséquent, on peut néanmoins obtenir une qualité satisfaisante en altitude, du fait d’une floraison plus tardive qui retarde la période de formation du grain et qui lui permet souvent de se dérouler par des températures assez douces. Les nouvelles variétés Les variétés de colza HOLL ne cessent de progresser, tant au niveau de leurs caractéristiques agronomiques que du point de vue de la qualité. La figure 4 montre l’augmentation progressive du rendement et la diminution de la teneur en ALA. Ce progrès a été renforcé par l’apparition des premiers hybrides HOLL qui ont permis à ces variétés de suivre la progression des rendements des variétés classiques au cours des dernières années. Les variétés HOLL restent en règle générale un peu moins productives que les variétés classiques, leur production étant encouragée par une prime d’environ CH 10.–/dt qui correspond à la différence de rendement avec les standards du moment. La qualité ne doit pas être négligée et des teneurs en ALA les plus faibles possibles restent recherchées, tout en maintenant une teneur élevée en acide oléique. La variété joue un rôle prépondérant sur la qualité, mais son effet peut être renforcé par quelques précautions lors de la production et du stockage. La «régionalisation» de la production La répartition de la production autour de centres collecteurs «spécialisés» dans le colza classique ou HOLL permet d’éviter tout mélange, depuis le semis jusqu’au stockage. De plus, lorsqu’une région se spécialise dans le
La production de colza HOLL en Suisse a permis de remplacer un processus industriel, l’hydrogénation de l’huile de colza, par un processus biologique: de nouvelles variétés avec une composition en acides gras différente. Aujourd’hui, les variétés HOLL représentent environ 30 % des surfaces, le plus souvent regroupées autour de centres collecteurs spécialisés afin de limiter au maximum les risques de contamination qui pourraient déprécier la qualité. La transition s’est faite progressivement avec un accompagnement des producteurs. Cela a permis de déterminer les points essentiels à contrôler afin d’assurer la qualité et la productivité de ces variétés pour que cette production soit rentable pour les agriculteurs. Le développement des variétés HOLL, avec une valeur ajoutée reconnue, a donc permis de répondre à la demande du marché et des consommateurs et contribue à la compétitivité et au maintien des grandes cultures en Suisse. n
ProfiCrops Programmes de recherche Agroscope
Remerciements
Ce travail a été réalisé dans le cadre d’un projet co-financé par la CTI, en collaboration avec swiss granum, fenaco, Florin, Sabo, Monsanto et l’INRA, qui sont ici vivement remerciés.
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 344–347, 2013
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E c l a i r a g e
Poulets de chair: performances d’engraissement, qualité des carcasses et de la viande Cédric Hoffmann1, Anton Grub1, Danielle Albiker2 et Ruedi Zweifel2 Micarna SA, 1784 Courtepin, Suisse 2 Fondation Aviforum, 3052 Zollikofen, Suisse Renseignements: Danielle Albiker, e-mail: danielle.albiker@aviforum.ch, tél. +41 31 915 35 33 1
Figure 1 | Aperçu de la détention des poulets de chair dans un compartiment. (Photo: Aviforum)
Un essai d’engraissement a été mené sur l’exploitation d’Aviforum à Zollikofen avec cinq hybrides de chair – Ross 308, Ross PM3, Cobb 500, Hubbard F15 et Cobb 99. L’objectif de cet essai était de déterminer les performances actuelles de ces différents hybrides de chair en matière d’engraissement, ainsi que de qualité de carcasse et de viande, et de les comparer.
Matériel et méthodes 1120 poussins non sexés (as hatched) par hybride d’engraissement ont été répartis au hasard dans quatre compartiments (280 animaux par compartiment; fig. 1). La litière était composée de 1,2 kg de granulés de paille moulue par m², des copeaux de bois ayant été rajoutés
348
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 348–351, 2013
au 35e jour dans la zone proche des portillons d’accès à l’aire à climat extérieur. Tous les animaux ont reçu le même aliment de démarrage, d’engraissement et de finition de l’entreprise UFA SA à Sursee et ont été détenus dans les conditions habituelles pratiquées en Suisse. L’engraissement a duré 37 jours. Le croisement Cobb 99 a été obtenu par Grelier à partir de poules Cobb x coqs Hubbard. Tous les animaux, excepté les hybrides Ross 308, étaient issus d’œufs importés de France. Les œufs Ross 308 provenaient de souches parentales suisses de Micarna SA. Tous les œufs ont été incubés dans le couvoir Wüthrich à Belp. Les animaux ont été abattus à l’abattoir de Micarna SA à Courtepin. Les cinq hybrides de chair ont été traités par groupes d’expérimentation (sans répétitions) au cours du processus normal d’abattage et
Poulets de chair: performances d’engraissement, qualité des carcasses et de la viande | Eclairage
Tableau 1 | Performances d’engraissement Hybride
R308
RPM3
C500
HF15
C99
Sign.2
N
SEM3
Poids vif au 1er jour en g
37,88a
38,93ab
38,46ab
36,03c
39,46b
*
20
0,27
Poids vif au 37 jour en g
2078
2196
2194
2130
IC (kg aliment/kg PV)
1,596a
1,629ab
1,655b
1,589a
2332
*
20
12,43
1,617ab
*
20
IC calculé pour 2150g PV
1,652a
1,595a
1,622a
1,604 a
0,011
1,491b
*
20
0,015
Mortalité au 37e jour en %
3,03
5,18
3,21
4,55
3,66
*
20
0,59
Critère
e
a
b
b
a
c
= p < 0,05, n.s. = non significatif; des lettres différentes désignent des différences significatives. 2 SEM standard error of means. 1*
Tableau 2 | Qualité des carcasses Hybride
R308
RPM3
C500
HF15
C99
Poids mort froid (PMF) au 37e jour (g)
1444
1546
1554
1513
1656
Rendement de la carcasse entière (%)
69,5
70,4
70,8
71,0
71,0
Cuisses (% PMF)
33,0
33,5
32,5
34,0
33,3
Ailes (% PMF)
10,2
10,2
10,0
10,5
10,2
Coffre (% PMF)
39,0
38,1
39,7
36,3
38,4
Viande de poitrine (% coffre)
49,2
49,0
57,3
49,3
50,1
Critère
Mini-filet (% coffre)
10,1
9,8
8,3
12,1
10,2
Viande de poitrine + mini-filet (%PMF)
23,1
22,4
26,0
22,3
23,2
Saisies (%)
1,11
3,38
4,34
1,40
3,98
de découpe de Micarna SA. La qualité de la viande de poitrine a été déterminée par des mesures du pH (pH-mètre Knick Portamess 913) et de la couleur de la viande (spectrocolorimètre de DR Lange).
Résultats Poids vif, indice de consommation et mortalité Le poids vif des hybrides s’est situé entre 2078 g et 2332 g (tabl. 1) et a ainsi atteint un poids final dans la fourchette des poids standards (Ross 308, 2012; PM3, 2012; Cobb 500, 2012; Hubbard F15, 2011). Une différence significative du poids vif s’est dessinée entre les hybrides dès le premier jour. A la fin de l’engraissement, les Hubbard F15 (HF15) ont présenté un poids comparable à celui des hybrides Ross 308 (R308). Les hybrides Cobb 500 (C500) et Ross PM3 (RPM3) ont été significativement plus lourds que les hybrides Ross 308 et Hubbard F15. Avec le poids le plus élevé, les animaux Cobb 99 (C99) se sont démarqués des autres de manière significative. Le poids vif au 30e jour est important pour la vente des poulets entiers, compte-tenu des exigences de la
détention dans des systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux (SST). D’après l’Ordonnance sur les éthoprogrammes (DFE 2008), il faut au moins atteindre cet âge pour percevoir des contributions SST. Excepté les hybrides Ross 308, les hybrides testés dans cet essai avaient déjà dépassé le poids cible fixé par Micarna SA (1530 g) avant le 30 e jour. Afin de comparer l’indice de consommation (IC) des cinq hybrides, l’indice a été extrapolé linéairement pour un poids cible de 2,15 kg. Avec l’IC extrapolé le plus bas, les animaux Cobb 99 se sont le mieux démarqués de manière significative. Le tableau 1 présente le taux de mortalité en fin d’engraissement. Pour tous les hybrides, il s’est révélé supérieur à la moyenne de 2,3 % des essais de l’année précédente (Aviforum 2011). Pour les hybrides Ross, la mortalité totale s’est révélée légèrement plus élevée que chez les autres hybrides. Plus d’animaux ont dû être éliminés pour les hybrides Cobb et Hubbard F15, principalement à cause de problèmes de pattes ou de sousdéveloppement (chétifs). Les hybrides Cobb 500 ont présenté le taux le plus élevé de crises cardiaques.
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 348–351, 2013
349
Eclairage | Poulets de chair: performances d’engraissement, qualité des carcasses et de la viande
14,0% 12,0% 10,0% 8,0% 6,0% 4,0% 2,0%
R308
RPM3
C500
HF15
50 20
50 19
50 18
50 17
50 16
50 15
50 14
50 13
50 12
0 11 5
50 10
0 95
0 85
75
0
0,0%
C99
Figure 2 | Répartition des poids morts froids exprimés en g par hybride.
Rendement d’abattage et de découpe Le poids mort froid des hybrides s’est situé entre 1444 g et 1656 g (tabl. 2), les hybrides Ross 308 étant les plus légers et les hybrides Cobb 99 les plus lourds. Les hybrides Ross 308 ont présenté le rendement d’abattage le plus faible. Les hybrides Hubbard F15, également plus légers, ont atteint un rendement d’abattage de 1,5 % plus élevé par rapport aux Ross 308. Dans cet essai, les hybrides Hubbard F15 ont présenté la part de coffre la plus faible, soit 25,8 %. Denzler (2012) décrit une valeur bien plus basse de 22,5 % pour ces hybrides, ce qui peut être dû à des influences génétiques. Le rendement en cuisse et en aile s’est révélé légèrement plus élevé par rapport aux autres hybrides.
Contrairement à l’essai de Denzler (2012), les hybrides Cobb 500 ont montré le rendement en poitrine sur coffre le plus élevé, suivis de près par les hybrides Ross 308 et Cobb 99 (tabl. 2). Les motifs principaux de saisie des carcasses ont été les infections sous-cutanées et les altérations de peau. Les hybrides Ross 308 et Hubbard F15 ont montré le taux de saisie le plus faible. Le nombre de carcasses confisquées a été le plus important pour les hybrides Cobb 500, suivis de près par les animaux Cobb 99. La répartition des poids morts froids des animaux Cobb 99 a présenté une uniformité moindre que celle des autres hybrides. Les poids morts froids des hybrides Hubbard F15 ont été les plus uniformes (fig. 2).
Tableau 3 | Qualité de la viande de poitrine1 Hybride
R308
RPM3
C500
HF15
C99
Valeur pH (36 p.m.)
5,86c
5,85c
5,89c
5,73a
5,78b
Luminosité (L)
48,07a
48,69a
47,87a
50,24 c
50,11b
Critère
Intensité de la couleur rouge (a)
1,12
1,07
1,17
1,03
0,95
Intensité de la couleur jaune (b)
11,23ab
11,11ab
10,93a
11,91c
11,55bc
des lettres différentes désignent des différences significatives (p < 0,05)
1
350
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 348–351, 2013
Poulets de chair: performances d’engraissement, qualité des carcasses et de la viande | Eclairage
Qualité de la viande Les animaux Hubbard F15 et Cobb 99 ont présenté des différences significatives de qualité de la viande par rapport aux autres hybrides (tabl. 3). Denzler (2012) confirme une valeur de pH plus basse, et ainsi des pertes en jus de viande plus élevées chez les hybrides Hubbard F15. Dans cet essai, les animaux Cobb 500 ont atteint les valeurs de pH les plus élevées. De manière globale, les valeurs mesurées ne diffèrent pas des valeurs empiriques pour la viande de poulet. Pour les mesures de couleur, les résultats de cet essai concordent également avec ceux de Denzler (2012). La viande des hybrides Hubbard F15 et Cobb 99 est apparue significativement plus claire, un peu moins rouge et jaune que celle des autres hybrides.
Conclusions ••L’essai d’engraissement a révélé des différences significatives au niveau des résultats techniques (poids mort froid, IC), de la composition de la carcasse et de la qualité de la viande entre les différents hybrides de chair. ••De bonnes performances d’engraissement peuvent être obtenues avec les animaux Cobb 99, mais seulement pour la production de poulets destinés à la découpe du fait de l’atteinte du poids cible de 1,530kg avant le 30e jour. ••Les hybrides Cobb 500 et Ross 308 ont présenté la part de coffre la plus élevée. ••La quantité d’animaux saisis à cause d’infections du tissu sous-cutané a été la plus faible pour les hybrides Ross 308. ••Les résultats de cet essai indiquent que, suivant l’objectif de l’entreprise (poids mort froid, IC, rendement d’abattage de la carcasse entière, part de viande de poitrine, couleur de la viande), l’hybride qui constitue la meilleure alternative n’est pas toujours le même. n
Bibliographie ▪ Aviforum, 2011. Rapport annuel. Accès: http://www.aviforum.ch/ downloads/D_%20JB_Aviforum_11.pdf [8.3.13]. ▪ Cobb 500 – Broiler Performance and Nutrition Supplement, 2012, Cobb Europe Ltd., Colchester, UK. Accès: http://www.cobb-vantress.com/contactus/brochures/Cobb500_BPN_Supp_English.pdf [21.12.12]. ▪ Denzler M., 2012. Vergleich verschiedener Mastpoulet-Hybridlinien bezüglich deren Mastleistung und Fleischqualität. Travail de semestre effectué à la HAFL, essai réalisé à Aviforum, Zollikofen. ▪ Département fédéral de l’économie (DFE), 2008. Ordonnances sur les éthoprogrammes 910.132.4, article 6.5. Accès: http://www.admin.ch/ ch/d/sr/9/910.132.4.fr.pdf [21.12.12]. ▪ Hubbard F15 - Performance Summary, 12/2011. Hubbard S.A.S., Quintin, France. Accès: http://www.hubbardbreeders.com/managementguides/ index.php?id=20 [21.12.12]. ▪ PM3- Broiler Performance objectives, 2012. Aviagen, Scotland, UK. Accès: http://en.aviagen.com/assets/Tech_Center/Ross_Broiler/RossPM3BroilerPerfObj2012R1.pdf [21.12.12]. ▪ Ross 308 – Broiler Performance Objectives, 2012. Aviagen, Scotland, UK. Accès: http://en.aviagen.com/assets/Tech_Center/Ross_Broiler/ Ross308BroilerPerfObj2012R1.pdf [21.12.12].
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 348–351, 2013
351
E c l a i r a g e
Poulets de chair: utilisation de l’aire à climat extérieur Cédric Hoffmann1, Anton Grub1, Danielle Albiker2 et Ruedi Zweifel2 Micarna SA, 1784 Courtepin, Suisse 2 Fondation Aviforum, 3052 Zollikofen, Suisse Renseignements: Danielle Albiker, e-mail: danielle.albiker@aviforum.ch, tél. +41 31 910 35 33 1
du plumage a également été évaluée. La description de l’essai correspond à la publication «Performance d’engraissement, qualité des carcasses et qualité de la viande de différentes lignées d’hybrides de chair» publiée dans ce même numéro.
Figure 1 | Compartiments de l’aire à climat extérieur avec caméras. (Photo: Aviforum)
En Suisse, près de 90 % des poulets de chair sont détenus d’après les normes SST. Ils ont ainsi accès à une aire à climat extérieur (ACE). Aviforum a comparé l’utilisation de l’ACE par cinq différentes lignées d’hybrides de chair, car on ne disposait à ce jour d’aucune donnée à ce sujet. A titre d’indicateur du bien-être des animaux, la qualité de la litière, de la surface plantaire, des tarses et
352
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 352–355, 2013
Utilisation de l’ACE L’utilisation de l’ACE au 22e, 23e, 26e, 30e et 35e jour a été évaluée de manière quantitative sur la base de photographies. Pour cela, une caméra (MxControlCenter V2.5.2 de MOBOTIX AG) a été installée pour des blocs de deux compartiments; cette caméra prenait automatiquement une photo toutes les heures depuis 0,5 h après l’ouverture des portillons de sortie jusqu’à 0,5 h avant leur fermeture (fig. 1). L’ACE était accessible aux animaux chaque jour de 8h00 à 17h00. Le nombre d’animaux dans l’ACE a été calculé en comptant les animaux visibles sur les photos. Il n’a pas été déterminé quels animaux de chaque groupe ont utilisé l’ACE, c’est-à-dire s’il s’agissait toujours des mêmes animaux ou non. Depuis le premier jour, les hybrides Hubbard F15 ont utilisé l’ACE de manière significativement plus fréquente que les quatre autres lignées d‘hybrides (fig. 2 et 3). Il n’y avait pas d’heures de préférence. Avec la proportion la plus élevée de 38,6 % de ces animaux dans l’ACE, la place a été bien utilisée. Avec une proportion maximale de 23,6%, la lignée Cobb 500 a montré le taux d’utilisation de l’ACE le plus faible (fig. 4 et 5). En prenant de l’âge, tous les hybrides ont de plus en plus souvent utilisé l’ACE. Au 30e jour d’engraissement, les hybrides Ross 308 ont dépassé les animaux Cobb 99 et au 35e jour d’engraissement, ces hybrides présentaient la plus grande progression en termes de sortie. Litière, consommation d‘eau, surface plantaire et tarses Au 29e et 37e jour de l’essai, la qualité de la litière a été évaluée en se basant sur la proportion de surface croûtée par rapport à la surface totale et sur l’humidité. Des différences significatives entre les hybrides ont été observées (tabl. 1). La meilleure qualité de litière a été constatée pour les animaux Hubbard F15.
Poulets de chair: utilisation de l’aire à climat extérieur | Eclairage
AKB Nutzung Tag 22 8% Part d‘animaux dans l‘ACE en %
7% 6% R308
5%
RPM3
4%
C500
3%
HF15
2% 1%
C99
0%
Tous 08h30
09h30
10h30
11h30
12h30
13h30
14h30
15h30
16h30
Figure 2 | Utilisation de l’ACE par les hybrides au 22e jour.
AKB Nutzung Tag 22
30% 8% 25% 7%
Part d‘animaux dans l‘ACE en %
Part d‘animaux dans dans l‘ACE en %
35%
6% 20% 5%
R308 RPM3 R308 C500 RPM3
15% 4% 3% 10%
C500 HF15
2% 5% 1%
HF15 C99 C99 Tous Tous
0% 0% 08h30 08h30
09h30 14h30 14h30 15h30 09h30 10h30 10h30 11h3011h3012h3012h3013h30 13h30
16h30 15h30
Moyenne 16h30
Figure 3 | Utilisation de l’ACE par les hybrides au 35 e jour, y compris la valeur moyenne du jour 22 au jour 35.
La consommation d’eau influence la qualité de la litière. Les hybrides Hubbard F15 ont consommé significativement moins d’eau que les autres hybrides (tabl. 2). C’est aussi chez ces animaux que le facteur eau/aliment est apparu le plus bas. Les hybrides Cobb ont en revanche consommé le plus d’eau. Sur l’ensemble de la période d’engraissement, aucune différence significative du facteur eau/aliment n’a été relevée entre les différents hybrides. Le relevé de l’aspect de la surface plantaire et des tarses a été effectué lors de l’abattage par hybride. Les hybrides Ross 308 ont présenté le nombre le plus élevé d’animaux avec des lésions de la surface plantaire, les hybrides Hubbard F15 le nombre le plus bas. Les hybrides Cobb ont montré plus de lésions des tarses que les autres hybrides (tabl. 3). En ce qui concerne la litière, les animaux Cobb 99 ont présenté une qualité légèrement meilleure par rapport aux hybrides Ross et Cobb 500, ce qui ne s’est toutefois pas répercuté de manière positive sur l’état de la surface
Figure 4 | 38,6 % des animaux F15 utilisaient l’ACE à 09h30 au 35 e jour.
Figure 5 | 23,6 % des animaux Cobb 500 utilisaient l’ACE à 10h30 le 35 e jour.
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 352–355, 2013
353
Eclairage | Poulets de chair: utilisation de l’aire à climat e xtérieur
Tableau 1 | Evaluation de la qualité de la litière R308
RPM3
C500
HF15
C99
Sign.1
N
SEM2
28e jour
58,75ab
62,5ab
63,75b
43,75c
50,00ac
*
20
3,11
37 jour
93,75
92,50
92,50
66,25
83,75
*
20
4,39
Croûtage (%)
e
a
a
a
b
ab
Humidité3 28e jour
1a
1a
1a
0b
0,75a
*
20
0,11
37 jour
2,25
2,00
2,25
1,125
1,375
+
20
0,27
e
=p< 0,05, + = p < 0,1, n.s. = non significatif; des lettres différentes désignent des différences significatives. 2 SEM standard error of means. 3 Echelle: de 0 pas humide à 3 très humide et pâteuse. 1*
Tableau 2 | Consommation d’eau en dl par animal et par jour et facteur consommation d’eau/consommation d’aliment en ml d’eau par g d‘aliment (en moyenne par groupe d’expérimentation) Consommation d‘eau (dl)
R308
RPM3
C500
HF15
C99
Sign.1
N
SEM2
1 au 37 jour
1,81
1,97
2,04
1,63
a
2,11
*
20
0,057
2
2,03
1,76
2,05
n,s,
20
0,069
er
e
ab
bc
bc
c
Facteur eau/aliment (l/kg) 1er au 37e jour
2,05
= p < 0,05, + = p < 0,1, n.s. = non significatif; des lettres différentes désignent des différences significatives. SEM: standard error of means
1* 2
plantaire et des tarses. Les hybrides Hubbard F15 ont en revanche montré le taux le plus faible de lésions de la surface plantaire et des tarses. La moins bonne qualité de litière a été observée pour les hybrides Ross 308, ce qui a provoqué d’importantes lésions de la surface plantaire, malgré le poids vif le plus bas. Contrairement aux hybrides Ross 308, les hybrides Ross PM3 ont montré de meilleures valeurs pour les lésions de la surface plantaire que les hybrides Cobb 500, avec le même poids vif et une litière tout aussi mauvaise. Evaluation du plumage Pour évaluer la souillure du plumage, la méthode de Weeks et al. (1994) a été utilisée, adaptée d’après Forman et Keeling (2009), mais uniquement appliquée au ventre et au dos des animaux, comme suggéré par la
Tableau 3 | Evaluation des animaux présentant des lésions de la surface plantaire et des lésions des tarses
Hybride
354
Animaux avec lésions de la surface plantaire en %
Animaux avec lésions des tarses en %
R308
74
18
RPM3
26
46
C500
53
68
HF15
10
16
C99
40
58
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 352–355, 2013
RSPCA (2011). Le degré de souillure est indiqué à l’aide d’une échelle allant de 0 (propre) à 2 (très sale avec croûtes). L’évaluation a été réalisée sur la base de photographies des animaux vivants prises le 22e et 36e jour. Le degré d’emplumement a en outre été évalué. Il s’agit d’un critère important du point de vue de la protection des animaux, car un bon plumage protège les animaux tant du froid que de la chaleur durant le transport. Le plumage des hybrides n’est apparu que légèrement souillé sur le dos, tandis que quelques animaux ont présenté des croûtes de saleté sur le ventre. Les hybrides Cobb 500 ont montré le degré de souillure le plus élevé déjà à partir du 22e jour, mais sans différence significative par rapport aux autres hybrides. Au 22e jour, le développement du plumage était plus ou moins le même pour tous les hybrides. En fin d’engraissement, les animaux Cobb 99 étaient significativement plus couverts que les hybrides Cobb 500 (tabl. 4). Malgré la mauvaise qualité de la litière, le degré de souillure du plumage des hybrides était en général moyen sur le ventre et aucune différence significative entre les différents hybrides n’a été observée. La possibilité d’utiliser une ACE peut avoir contribué à réduire quelque peu le degré de souillure (Forkman et Keeling 2009). Les hybrides Cobb 99 et Hubbard F15 ont présenté le plumage le plus propre, ce qui était lié à la meilleure qualité de leur litière. Contrairement à ce que supposait l’OIE (2010), il n’y a pas eu de corrélation claire entre le
Poulets de chair: utilisation de l’aire à climat e xtérieur | Eclairage
Tableau 4 | Evaluation du plumage R308
RPM3
C500
HF15
C99
Sign.1
N
p
0
0,083
0,167
0,083
0
n.s.
60
0,461
Jour 22 Dos sale2 2
0,25
0,5
0,5
0,333
0,583
n.s.
60
0,474
Degré d’emplumement 3
2
1,833
2
2
2
n.s.
60
0,050
Dos sale2
0,545
0,333
0,600
0,417
0,583
n.s.
57
0,671
Ventre sale2
1,455
1,333
1,600
1,208
1,125
n.s.
57
0,306
0,273ab
0,667ab
0,917a
0,750ab
0,200 b
*
57
0,470
Ventre sale Jour 36
Degré d’emplumement 3
= p < 0,05, + = p < 0,1, n.s. = non significatif; des lettres différentes désignent des différences significatives. 2 Notation d’après la RSPCA (2011) et Weeks et al. (1994): 0 propre à 2 très sale avec croûtes. 3 Echelle: 0 fort emplumement à 2 faible emplumement. 1*
degré de souillure et l’apparition de lésions du tarse. Le développement du plumage n’avait aucune influence sur la performance ou sur le comportement des animaux. Il ne différait du reste de manière significative que vers la fin de l’engraissement, et seulement entre les animaux Cobb 99 qui étaient bien emplumés, et les hybrides Cobb 500, dont le plumage ne couvrait pas encore complètement l’animal. Le degré d’emplumement semble être dû principalement à des facteurs génétiques.
Conclusions ••La méthode utilisée convient bien pour évaluer l’utilisation de l’ACE par les hybrides de chair. ••L’ACE a été utilisée régulièrement, de manière bien répartie durant toute la journée par tous les hybrides. ••Les hybrides Hubbard F15 ont présenté la meilleure litière à la fin de l’engraissement, ont utilisé le plus souvent l’ACE et ont montré le moins de lésions de la surface plantaire et des tarses. ••Avec l’âge, le nombre d’animaux utilisant l’ACE augmente. ••Le plumage se développe de manière légèrement différente en fonction de la génétique et reste sans influence sur la performance ou le comportement durant l’engraissement. Dans cet essai, les hybrides Cobb 500 ont présenté le plumage le plus incomplet. ••La combinaison des bonnes performances de croissance des poules Cobb et des propriétés des coqs Hubbard concernant la qualité de la litière et la propreté du plumage peut être observée chez les animaux Cobb 99. ••Tous les hybrides testés peuvent être recommandés pour la garde d’après les dispositions SST. n
Bibliographie ▪▪ Cobb 500 – Broiler Performance and Nutrition Supplement, 2012, Cobb Europe Ltd., Colchester, UK. Accès: http://www.cobb-vantress.com/ contactus/brochures/Cobb500_BPN_Supp_English.pdf [21.12.12]. ▪▪ Département fédéral de l’économie (DFE), 2008. Ordonnances sur les éthoprogrammes 910.132.4, article 6.5. Accès: http://www.admin.ch/ ch/d/sr/9/910.132.4.fr.pdf [21.12.12]. ▪▪ Forkman B. und Keeling L., 2009. Assessment of Animal Welfare Measures for Layers and Broilers. Welfare Quality Reports No. 9, Cardiff University, UK, ISBN 1-902647-79-3 ▪▪ Hubbard F15 - Performance Summary, 12/2011. Hubbard S.A.S., Quintin, France. Accès: http://www.hubbardbreeders.com/managementguides/ index.php?id=20 [21.12.12]. ▪▪ OIE ad hoc Group on animal welfare and broiler chicken production s ystems / June 2010. Accès: http://www.oie.int/doc/ged/D9693.PDF [20.12.12]. ▪▪ PM3- Broiler Performance objectives, 2012. Aviagen, Scotland, UK. A ccès: http://en.aviagen.com/assets/Tech_Center/Ross_Broiler/RossPM3BroilerPerfObj2012R1.pdf [21.12.12]. ▪▪ Ross 308 – Broiler Performance Objectives, 2012. Aviagen, Scotland, UK. Accès: http://en.aviagen.com/assets/Tech_Center/Ross_Broiler/Ross308BroilerPerfObj2012R1.pdf [21.12.12]. ▪▪ RSPCA, 2011. Welfare Standards for Chickens, Royal Society for the P revention of Cruelty to Animals, UK. Accès: http://www.rspca.org.uk/ ImageLocator/LocateAsset?asset=document&assetId=1232725466971& mode=prd [20.12.12].
Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8): 352–355, 2013
355
E c l a i r a g e
Les micro-organismes – une contribution à la fumure de demain* Antonia Maria Müller1, Floris Heim2 et Christian Folberth1 Département des sciences des systèmes de l’environnement , EPF Zurich, 8006 Zurich, Suisse 2 Institut de géographie, Université de Zurich, 8057 Zurich, Suisse Renseignements: Antonia Müller, e-mail: antonia.mueller@alumni.ethz.ch, tél. +41 52 354 91 32
1
tèmes» organisé à l’EPF Zurich par Emmanuel Frossard et Astrid Oberson (10 –11 janvier 2013), plusieurs projets de recherche ont été présentés autour du thème «Les micro-organismes utiles pour une nutrition efficace et écologique des plantes». L’utilisation ciblée de microorganismes en agriculture est relativement récente et va probablement gagner de l’importance dans le futur, spécialement dans les régions où l’azote, le phosphore ainsi que l’accès aux pesticides sont restreints.
Pleurotes sur un bloc de substrat, entreprise Romanens Pils Sàrl. (Photo: Antonia Müller)
De meilleurs rendements dans les systèmes de production végétale sont une nécessité, en regard des pronostics de croissance démographique. Lors de la nutrition des plantes, les micro-organismes jouent un rôle pratiquement invisible. En fixant l’azote atmosphérique, certains micro-organismes fournissent aux plantes l’azote nécessaire, alors que les mycorhizes améliorent la disponibilité du phosphore dans le sol. Les micro-organismes peuvent ainsi améliorer la santé des plantes et l’accès aux éléments nutritifs. Lors du séminaire «Aspects actuels du cycle des nutriments dans les agroécosys-
356
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Nutrition optimale grâce à la symbiose avec des mycorhizes Les champignons mycorhiziens arbusculaires (CMA) forment des associations symbiotiques avec les racines des plantes et s’approvisionnent ainsi en carbone. En contrepartie, ils livrent aux plantes d’importants nutriments tels que le phosphore. Dans les cellules des racines, les hyphes des champignons forment des structures appelées arbuscules, agrandissant la surface servant à l’échange de nutriments. Les composantes moléculaires de la symbiose plante-CMA ont été expliquées de manière plus détaillée par Uta Paszkowski (Université de Cambridge) avec l’exemple du riz. Les recherches montrent que tous les plants de riz qui sont en symbiose avec des mycorhizes contiennent également les protéines PT11 et PT13 issues de la famille de gènes PHOSPHATE TRANSPORTER1 (PHT1). Des mutants, démunis de PT11 et PT13, ont été significativement moins bien colonisés par les CMA et ont présenté des arbuscules plus petits que chez les plantes sans mutations. De plus, ces mutants ont accumulé moins de phosphore dans leurs racines et leurs tiges. Comme les CMA ne sont pas adaptés à des conditions anaérobies, les effets positifs d’inoculation avec des CMA sont observables uniquement en milieu aérobie dans la riziculture de hautes terres. En plus d’une meilleure compréhension des composantes moléculaires, la taxonomie des CMA a fondamentalement changé grâce aux nombreuses découvertes d’ordres, de familles et de *Traduction: Valentin Theubet
Les micro-organismes – une contribution à la fumure de demain* | Eclairage
genres. En 2011, les CMA ont été répartis dans trois nouvelles classes, nommées Paraglomeromycetes, Archaeosporomycetes et Glomeromycetes. Fritz Oehl (ART Reckenholz) a souligné l’influence de l’utilisation agricole des CMA sur leur diversité. Des recherches menées sur plusieurs sites européens (comprenant l’essai DOC à Therwil, Suisse) ont démontré que la diversité des CMA est influencée par le système de production (conventionnel, biologique), son intensité et le travail du sol (labour, travail réduit). Une étude a démontré que beaucoup d’espèces de CMA sont présentes essentiellement, et parfois même uniquement, dans les systèmes d’agriculture biologique. Cela est probablement dû à la disponibilité réduite du phosphore dans le sol. Matthias Rillig (Université libre de Berlin) a expliqué les effets des CMA sur les processus majeurs d’agrégation du sol. Les interactions symbiotiques des champignons peuvent particulièrement modifier la composition de la végétation en favorisant certains phytosymbiotes. Ainsi, la production de matière organique peut être améliorée. Le sol est enrichi en matière organique ce qui modifie son rapport C/N. De telles modifications ont des répercussions aussi bien sur les propriétés du sol en tant que substrat que sur les propriétés des agrégats du sol. Un enrichissement de la rhizosphère en carbone peut aussi être engendré par une symbiose plante-CMA, ce qui peut ensuite favoriser l’activité biologique du sol ou modifier sa composition microbienne. Un lien vers des applications pratiques a été présenté par Hannes Gamper (EPF Zurich). En effet, ses recherches portent sur la formation de populations de mycorhizes en mélangeant des sols colonisés par des communautés différentes. Ainsi, il espère comprendre les effets de telles inoculations ciblées et identifier les communautés de CMA les plus prometteuses pour l’agriculture. Les résultats de Hannes Gamper sont donc spécialement importants pour les applications pratiques et la production d’inoculum de champignons mycorhiziens. La production d’inoculum a été présentée par Ewald Sieverding (Université de Hohenheim). Le terme inoculum décrit une substance ou un substrat qui contient des spores ou une partie du mycélium et qui est utilisé pour la multiplication d’un champignon. Comme l’espèce Rhizophagus irregularis se cultive facilement et est adaptée à divers environnements, elle est souvent utilisée. Selon Ewald Sieverding, le développement de méthodes simples et peu coûteuses pour déterminer les besoins en CMA dans la pratique est crucial afin de promouvoir l’utilisation d’inoculum.
Fixation biologique de l’azote: de nouvelles connaissances Les principes de base de la fixation biologique de l’azote par des bactéries (rhizobiums) en symbiose avec des légumineuses sont connus. Par contre, la communication entre les organismes impliqués (plantes et bactéries) reste mal comprise et est au centre de la recherche actuelle selon Hans-Martin Fischer (EPF Zurich). Récemment, un récepteur qui reconnaît les lipo-oligosaccharides de rhizobiums a été identifié. Ce récepteur induirait l’enroulement des poils absorbants des racines rendant possible l’association symbiotique avec la bactérie. De plus en plus, des procédés qui rendent certains gènes inactifs (knock-out) permettent de comprendre de telles interactions spécifiques. Par exemple, si un gène de rhizobium qui contrôle la suppression des mécanismes de défense chez la plante est inactivé, des zones nécrotiques apparaissent sur celle-ci et aucune association symbiotique n’est possible. A l’avenir, l’identification des molécules impliquées dans ce processus rendrait possible le contrôle artificiel de la symbiose. Un thème supplémentaire de recherche sur la nutrition des plantes porte sur l’importance d’autres éléments nutritifs, notamment le phosphore. JeanJacques Drevon (INRA Montpellier) a communiqué les derniers résultats d’un programme de sélection ayant pour but d’améliorer l’utilisation du phosphate lors de la fixation symbiotique d’azote. Un accent particulier a été mis sur la sélection de légumineuses dans des conditions proches de celles de la pratique. Il existe en effet des lignées génétiques capables de fixer efficacement l’azote aussi bien dans des sols limités que riches en phosphore. Par contre, certaines lignées ne montrent que de bonnes performances dans l’un des deux cas de figure. Comme certains rhizobiums disposent de différents niveaux de tolérance au phosphore variant en fonction de l’hôte, on comprend l’importance de la sélection de ces symbiotes. En lien avec la fixation d’azote dans les prairies, Andreas Lüscher (ART Reckenholz) a présenté une étude sur la composition de mélanges de trèfle et de graminées qui engendre une fixation d’azote optimale. Les données récoltées sur 31 sites en Europe montrent que les mélanges trèfle-graminées produisent dans 98 % des essais davantage de biomasse que les monocultures. Les meilleurs résultats sont obtenus avec 40 – 60 % de trèfle (matière sèche) dans les mélanges. Ainsi, les graminées absorbent l’azote du sol, ce qui stimule le trèfle à fixer l’azote atmosphérique. Avec des proportions de trèfle inférieures à 40 %, la fixation biologique ne suffit pas à couvrir les besoins en azote de la prairie. D’autre part, avec des proportions de
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trèfles supérieures à 60 %, l’absorption d’azote par les graminées est trop faible et le trèfle n’est pas incité à fixer l’azote atmosphérique. Le dernier sujet présenté dans le cadre des rhizobiums portait sur l’inoculation de plantes, n’appartenant pas à la famille des légumineuses, avec des champignons mycorhiziens arbusculaires et des bactéries du genre Pseudomonas. De plus, les effets positifs des légumineuses dans les rotations de cultures ont été abordés. Paul Mäder (FiBL) a présenté une série de projets situés en Inde qui ont pour but d’améliorer la production d’aliments de base dans les petites exploitations paysannes. Ces projets font partie d’un programme de coopération Suisse-Inde. Ainsi, des plants de blé, de riz et de haricot urd ont été inoculés avec des Pseudomonas et/ou des CMA produits sur place à base de racines de blé. Les rendements obtenus ont été meilleurs que dans les conditions habituelles. Dans le blé, des rendements jusqu’à 80 % plus élevés ont été mesurés. Dans les cultures inoculées avec un seul type de micro-organismes, une augmentation des rendements de 40 % en moy-enne a été observée. Dans les cultures de haricots urd (légumineuses), l’inoculation des plants n’a montré aucun effet significatif, ce qui est probablement dû à la présence de rhizobiums dans le sol. Les rendements de riz n’ont été que faiblement améliorés, contrairement à ceux du blé. Finalement, l’utilisation de légumineuses (Sesbania sesban) comme engrais verts a permis de gagner 30 % supplémentaires sur les rendements de riz. Micro-organismes: des pesticides biologiques En plus d’influencer la nutrition des plantes, les microorganismes du sol peuvent avoir des effets sur la santé des plantes et leur croissance en sécrétant des substances antimicrobiennes ou des hormones végétales. Carolin Schwer (EPF Zurich) a inoculé des racines de maïs avec différentes combinaisons d’un CMA nommé Rhizophagus irregularis et de deux souches bactériennes. Alors que les bactéries stimulent la croissance des racines par la production d’hormones végétales, les CMA influencent l’assimilation de nutriments tels que le phosphore. Une augmentation de la production de matière sèche a été observée en combinant le champignon Rhizophagus irregularis avec l’une ou l’autre des bactéries. L’absorption du phosphore par les plantes de maïs a été positivement influencée alors qu’aucune différence n’a été constatée pour l’azote. Aucun effet additionnel n’est apparu en assemblant les trois organismes. Néanmoins, on se demande s’il n’aurait pas fallu utiliser une terre pauvre en nutriments afin de favoriser davantage la symbiose des plantes avec des bactéries fixatrices d’azote.
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Les bactéries Pseudomonas vivent dans le sol associées aux racines de végétaux et influencent positivement la croissance et le développement de ces derniers. Par la sécrétion de substances actives antimicrobiennes, par exemple le 2,4-diacetylphloroglucinol (DAPG), ces bactéries ont la capacité d’empêcher l’émergence de maladies racinaires. Cela a été démontré par Monika Maurhofer (EPF Zurich) et a pu être confirmé dans des sols suppressifs de plantations de tabac à Morens (Suisse). En effet, malgré la forte présence du pathogène (pourriture noire des racines du tabac) dans les champs, les racines de tabac sont restées saines. D’autres études ont montré que des variétés de blé favorisent certains génotypes de Pseudomonas par rapport à d’autres et ainsi sont capables d’influencer les populations de bactéries qui leur sont utiles. En outre, des exsudats racinaires de plants de blé infectés par le pathogène du genre Pythium influencent l’expression de gènes et ainsi la production de DAPG par les bactéries. L’équipe de recherche de Monika Maurhofer, en collaboration avec Syngenta, a également montré que des applications foliaires de Pseudomonas réduisent la vitalité des larves de lépidoptères sans pour autant être toxiques pour les larves et les bourdons adultes! Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si les bactéries Pseudomonas pourront un jour être utilisées en tant qu’insecticide. La présentation de Brion Duffy (ACW Wädenswil) a souligné l’importance du zinc pour la santé des plantes en donnant un exemple fascinant: le traitement de fusarioses avec des Pseudomonas productrices de DAPG. Etonnamment, les bactéries Pseudomonas produisent la substance antimicrobienne DAPG en moindre quantité en présence d’acide fusarique, toxine produite par le pathogène Fusarium. En ajoutant du zinc qui se lie à l’acide fusarique, les Pseudomonas produisent ainsi des quantités de DAPG suffisantes pour réduire les dégâts de fusarioses. Le séminaire s’est terminé par une visite très instructive de l’entreprise Romanens Pilz Sàrl. On y produit des shiitakés et des pleurotes en respectant les directives de qualité Bio pour le marché suisse. Monsieur Romanens et ses collaborateurs ont présenté les difficultés mais aussi les satisfactions de la production de champignons Bio. Les visiteurs les plus curieux sont même repartis avec un bloc de substrat préalablement inoculé afin de s’essayer à la culture de champignons chez eux. n
P o r t r a i t
Cécile Brabant: la science du pain – du champ de Aktuelles blé au pétrin
Einladung
A la voir évoluer sur le site de Changins, si épanouie dans Agroscope Changins-Wädenswil ACW und die «Internatison bleu de for travail et ses chaussures de terrain, Cécile onal Society Horticultural Science (ISHS)» freuen sich, Brabant semble avoir poussé dans un champ. Il n’enAroest Sie zum «1st International Symposium on Medicinal, rien: jeune femme a vu le jour à Paris, où elle aAreas» passé maticlaand Nutraceutical Plants from Mountainous toute son enfance. «En fait, je findet suis super la einzuladen. Dieses Symposium vom urbaine 5. bis 9.àJuli base!», s’exclame chercheuse, de ces 2011 in der Schweizlainjeune Saas Fee statt unddans ist anun Personen éclats de rire la caractérisent. gerichtet, diequi in der Forschung, Produktion und Bildung Sasind. profonde affinité avec la nature remonte à l’âge tätig de 12 ses parents maison à la Dasans, Ziellorsque des Symposiums istachètent es, neusteune Informationen campagne. Elle y découvre aussiAnbau les joies de die l’équitation, aus der Wissenschaft über den und Nutzung qu’elle pratique aujourd’hui. Au moment und de von Pflanzen aus encore dem Berggebiet zu präsentieren choisir une carrière professionnelle, Cécile hésite zu diskutieren - Pflanzen, die in Medikamenten sowielonals guement entre animale et végétale, caresAromastoffe undproduction Zusatzstoffe in Nahrungsmitteln Versant mêmefinden. l’idée de vétérinaire d’opter wendung Diedevenir in höheren Lagen avant gedeihenden définitivementsind pour production reich végétale, plus riche Wildpflanzen imlaallgemeinen an sekundären en débouchés. und wurden seit Jahrhunderten zu Inhaltsstoffen Après des gesammelt. études en biologie végétale généHeilzwecken Doch der Bedarf et aneneinigen tique populations à l’Université Pierre et Marie Curie, dieserdes Pflanzen ist in den letzten Jahren gestiegen, daher Cécile Brabant se spécialise dans la sélection et l’améliokann die Nachfrage nur über deren professionellen ration des plantes durant une annéeerlaubt à l’Ecole Anbau gewährleistet werden. Zudem ein d’ingésolcher nieurs de à Clermont-Ferrand. Elle optimalen enchaîne Anbau einel’Enita, nachhaltige Produktion mittels ensuite plusieurs stages dans le Genotypen domaine demit la Anbaubedingungen und variés angepassten sélection et de la pathologie: sélection des fraises d’ingewünschtem phytochemischem Profil, das durch dustrie chez Pernod-Ricard, virus du vanillier en PolynéDomestikation und Züchtung erzielt wurde. Damit könsie française, sélection de l’oignon à l’INRA de Dijon. Engagée à Agroscope Changins-Wädenswil en 2001 comme sélectionneuse de blé de printemps, Cécile Brabant devient également responsable du laboratoire de qualité boulangère dès 2012. Avec sa double casquette professionnelle, la jeune chercheuse vit des journées aussi denses que passionnantes. «Ces deux domaines sont complémentaires, car le premier objectif de la sélection du blé à Agroscope est d’obtenir une haute qualité boulangère.» La sélection est un travail de longue haleine, qui exige de savoir observer et... patienter. En effet, il faut une douzaine d’années entre le premier croisement et l’homologation d’une nouvelle variété, et encore 3 – 4 années supplémentaires jusqu’à sa mise sur le marché. «Mais les efforts sont payants», remarque Cécile Brabant. «Ces 10 dernières années, nous avons créé de nombreuses variétés, aujourd’hui principalement cultivées en Suisse, mais aussi dans le monde entier – notamment au Maroc, en Ukraine, en Nouvelle-Zélande, aux USA et au Canada». A noter que ce travail s’effectue en étroite collaboration avec Agroscope ART et Delley Semences et Plantes (DSP).
nen natürlicherweise vorkommende Pflanzenpopulationen geschützt werden. Mehr als 100 Vorträge und Poster werden von Forschenden aus der ganzen Welt von Korea bis Argentinien in vier Sessionen präsentiert: 1) Genetische Ressourcen und Botanik, 2) Domestikation, Züchtung und markergestützte Selektion, 3) Anbau, Pflanzenschutz und Ernte und 4) Nachernte-Verfahren wie Trocknung, Extraktion und Produktherstellung. Das Symposium wird in Englisch gehalten, ohne Übersetzung.
Weitere Infos unter: http://www.agroscope.admin.ch/ mapmountain/index.html?lang=en
Cécile Brabant et son équipe travaillent sur de nombreux aspects de la qualité boulangère et la sélection: influence de la variété sur le goût du pain, impact de la fumure azotée sur la teneur et la qualité de gluten des variétés en production bio et extenso, sélection de variétés pour la panification à partir de pâte congelée, détermination des protéines par électrophorèse et chromatographie, création de variétés offrant un haute teneur en certains nutriments, comme les lutéines, ou encore effet de farines de blé enrichies en fibres et en antioxydants sur la qualité boulangère. Attachée à son pays natal, Cécile Brabant habite en Franche-Comté avec son mari et leurs deux filles, en pleine nature, dans une ferme qu’ils retapent progressivement. Là-bas s’ébattent plusieurs animaux - «uniquement des animaux qui s’autogèrent», précise la jeune femme: 2 juments, 18 poules de races différentes et 4 moutons appliqués à tondre l’hectare de terrain. Sibylle Willi, Agroscope Changins-Wädenswil ACW
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Actualités 2013
> L’environnement pratique
> Agriculture
> Protection des sols dans l’agriculture Un module de l’aide à l’exécution pour la protection de l’environnement dans l’agriculture
Protection des sols dans l’agriculture Un module de l’aide à l’exécution Protection de l’environnement dans l’agriculture La présente aide à l’exécution commente les bases légales pour les parties consacrées à l’érosion et à la compaction. Elle concrétise les notions juridiques non précisées en rapport avec l’exploitation agricole du sol. Elle s’adresse avant tout aux autorités d’exécution de l’OSol. Anton Candinas, Office fédéral de l’agriculture OFAG Jean-Pierre Clément, Office fédéral de l'environnement OFEV L’aide à l’exécution «Protection des sols dans l’agriculture» n’est publiée que sous forme électronique. Téléchargement: http://www.bafu.admin.ch/UV-1313-F
L’esparcette: une plante miracle inconnue Dans le cadre du projet UE LegumePlus (PITNGA-2011-289377), plus de 30 scientifiques se sont réunis à Zurich pour discuter des derniers résultats de recherche. L’esparcette est une ancienne plante fourragère tombée dans l’oubli qui possède de nombreuses et précieuses qualités. Outre une qualité fourragère élevée et une bonne résistance à la sécheresse, sa forte teneur en composants bioactifs, notamment en tanins, rend cette légumineuse fourragère particulièrement intéressante. Dans le cadre du projet interdisciplinaire LegumePlus, les chimistes analysent la composition des différents tanins. Les parasitologues et les spécialistes de l’alimentation animale étudient son effet sur la santé animale et sur la qualité des denrées alimentaires. Les spécialistes en sciences végétales cherchent de meilleures méthodes culturales et des possibilités de faire progresser la sélec-
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tion. Les premiers résultats montrent que l’esparcette est une légumineuse fourragère qui a un gros potentiel. Plus d’informations sur www.legumeplus.eu. Roland Kölliker, station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
A c t u a l i t é s
Nouvelles publications
Rapport ART 760
Investissements dans les machines et économies d‘impôts Une analyse des liquidités du ménage agricole
Juin 2013
Auteurs Hans-Rudolf Zahnd, Agro-Treuhand Rütti AG, Molkereistrasse 23, 3052 Zollikofen, Suisse Christian Gazzarin et Markus Lips, Agroscope, 8356 Ettenhausen, Suisse Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576
«Der Kauf eines neuen Traktors will gut überlegt sein. ‹Steuern sparen› darf kein Motiv sein.»
Les économies d’impôts sont parfois invoquées pour justifier un investissement dans les machines alors qu’en termes d’économie d’entreprise, l’investissement ne serait pas forcément nécessaire. Un exemple concret d’exploitation a servi à comparer deux cas de figures: la poursuite de l’utilisation du tracteur existant et un investissement de remplacement anticipé. Une simulation sur dix ans permet d’étudier les répercussions sur les charges fiscales cumulées et sur les moyens financiers cumulés à disposition (liquidités) du ménage agricole. Ces derniers représentent la différence entre les recettes et les dépenses à l’échelle du ménage agricole et peuvent par conséquent être interpré-
tés comme variation des fonds propres. Afin de tenir compte de l’influence du canton en matière fiscale, l‘analyse a été effectuée dans quatre communes des cantons de Berne, Schwyz, Soleure et Thurgovie. En conséquence, les économies d’impôts cumulées varient entre 9600 et 23 800 francs. Au vu des fluctuations qu’elles génèrent au niveau des moyens financiers à disposition, ces économies apparaissent comme sans importance. En cas d’achat, et ce, dans tous les cantons, il n’est pas possible de constituer des réserves pendant six à sept ans et les moyens financiers cumulés sont 75 000 à 81 700 francs plus bas qu’en cas de poursuite de l’utilisation du vieux tracteur. Enfin, dans l’exploita-
Investissements dans les machines et économies d‘impôts Rapport ART 760 Les économies d’impôts sont parfois invoquées pour justifier un investissement dans les machines alors qu’en termes d’économie d’entreprise, l’investissement ne serait pas forcément nécessaire. Un exemple concret d’exploitation a servi à comparer deux cas de figures: la poursuite de l’utilisation du tracteur existant et un investissement de remplacement anticipé. Une simulation sur dix ans permet d’étudier les répercussions sur les charges fiscales cumulées et sur les moyens financiers cumulés à disposition (liquidités) du ménage agricole. Ces derniers représentent la différence entre les recettes et les dépenses à l’échelle du ménage agricole et peuvent par conséquent être interprétés comme variation des fonds propres. Afin de tenir compte de l’influence du canton en matière fiscale, l‘analyse a été effectuée dans quatre communes des cantons de Berne, Schwyz, Soleure et Thurgovie. En conséquence, les économies d’impôts cumulées varient entre 9600 et 23 800 francs. Au vu des fluctuations qu’elles génèrent au niveau des moyens financiers à disposition, ces économies apparaissent comme sans importance. En cas d’achat, et ce, dans tous les cantons, il n’est pas possible de constituer des réserves pendant six à sept ans et les moyens financiers cumulés sont 75 000 à 81 700 francs plus bas qu’en cas de poursuite de l’utilisation du vieux tracteur. Enfin, dans l’exploitation considérée, l’investissement de remplacement anticipé représente un risque financier, même compte tenu des économies d’impôts réalisées. En termes d’économie d’entreprise, les impôts ont un certain effet, mais ne justifient pas, et de loin, l’anticipation de l’investissement de remplacement. Dans la situation de l’exploitation donnée, l’investissement ne se défend financièrement que s’il peut être cofinancé par les revenus annexes extra-agricoles. Hans-Rudolf Zahnd, Agro-Treuhand Rütti AG, 3052 Zollikofen Christian Gazzarin et Markus Lips, station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
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Actualités
Communiqués de presse
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 28.06.2013 Avant-première du film «D’alpagistes à alpagistes»
20.06.2013 Les Jeudis au Haras: deux après-midis riches en émotions
Il faut beaucoup de savoir-faire pour gérer un alpage. Dans le cadre du programme de recherche AlpFUTUR, coordonné par Agroscope et l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL, trois courts métrages ont été réalisés sur l’exploitation et l’entretien des pâturages d’estivage. Des alpagistes chevronnés des cantons de Berne, des Grisons et du Valais y transmettent leurs connaissances pratiques. Les films traitent avant tout d’exploiter les alpages avec des vaches, du jeune bétail et des chèvres laitières dans le respect de l’environnement.
Les traditionnels Jeudis au Haras se dérouleront cette année les 18 juillet et 8 août prochains au Haras national suisse HNS à Avenches. Des présentations et des visites originales qui s’adressent à un large public figurent au programme.
AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe
Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique : Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch Commandez un numéro gratuit! Nom / Société
Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires hAfL, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Département des Sciences des Systèmes de l’environnement. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
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Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch
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Liens internet
Manifestations
Base de données ecoinvent – leader mondial des analyses de cycle de vie www.ecoinvent.ch ecoinvent, la base de données des inventaires environnementaux, constitue le fondement des projets d’analyses de cycle de vie, d’écoconception ou des informations environnementales sur les produits. La nouvelle version 3.0, qui vient d’être lancée, représente un jalon supplémentaire dans l’analyse du cycle de vie: des données nouvelles et actualisées, notamment dans les domaines de la production chimique, des denrées alimentaires et des légumes, ainsi que dans le domaine de l’électricité, offrent davantage de possibilités d’application aux utilisateurs d’ecoinvent.
Doa rnssc hl ea up r o c h a i n n u m é r o V
Août 2013 17.08.2013 Journée d'information Baies Agroscope Changins-Wädenswil ACW Centre de recherche Conthey 22.08.2013 Journée d'information cultures maraîchères sous serre Agroscope Changins-Wädenswil ACW Centre de recherche Conthey 23.08.2013 Journée d'information plantes médicinales et aromatiques Agroscope Changins-Wädenswil ACW Attiswil BE 29.08.2013 AGFF-Strickhoftagung Agroscope ART, AGFF Strickhof, Eschikon, 8315 Lindau
Septembre 2013 / Numéro 9 Changements à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL: un bâtiment neuf, une nouvelle direction et une nouvelle régie (la HES bernoise). (Photo: HAFL)
Septembre 2013 05.09.2013 Informationstagung Agrarökonomie Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Ettenhausen Octobre 2013
••Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse, Bruno Patrian et al., ACW ••Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures, Patrik Mouron et al., ART et ACW
01.10.2013 AlpFUTUR - wissenschaftliche Schlusstagung AlpFUTUR Verbund (Agroscope, WSL) Schüpfheim LU 02.10.2013 7. Ökobilanzplattform Agroscope Agroscope, 8046 Zurich
••Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre, Stève Breitenmoser et Robert Baur, ACW ••Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices, Claude-Alain Gebhard et al., ACW, HAFL et ETH Zurich ••Serie Proficrops: Renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses: le rôle de la différenciation, Anna Crole-Rees et al., ACW
Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations
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Donnerstag, 5. September 2013
36. Informationstagung Agrarökonomie Agroscope, Tänikon, Ettenhausen
Tagungsort Agroscope, Tänikon 1, CH−8356 Ettenhausen
Schwerpunktthemen • Agrarstrukturelle Entwicklung • Buchhaltungsergebnisse 2012
Detailprogramm und Anmeldung: www.agroscope.ch >Veranstaltungen >Informations tagung Agrarökonomie
Weitere Themen • SAK-Faktoren • Qualitätsproduktion • Wirtschaftlichkeit der Pensionspferdehaltung
Anmeldeschluss: 28. August 2013
Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra
Eidgenössisches Departement für W irtschaft, Bildung und Forschung WBF Agroscope
Mardi 1er octobre 2013
Conférence finale du programme de recherche AlpFUTUR Avenir des pâturages d’estivage en Suisse
www.alpfutur.ch
e ultané m i s ion is aduct r t rança c f e – Av d an allem
Lieu Berufsbildungszentrum BBZN Chlosterbüel 28 CH – 6170 Schüpfheim LU Programme détaillé et inscription www.alpfutur.ch/conference inscription obligatoire code QR : programme détaillé