Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 1
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N u m é r o
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Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich
M a i
Production animale Projet «Quelle vache pour la pâture?»: problématique et description de l’essai Production végétale Gluten humide des variétés de blé en condition extenso et PER Page 206 Environnement Rétrospective phénologique de l’année 2010
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Le projet «Quelle vache pour la pâture?» a comparé les performances globales des trois principales races laitières suisses (Tachetée rouge, Brune et Holstein) aux performances de Holstein-Friesian néozélandaises, sur des exploitations pratiquant la pâture intégrale avec vêlages saisonniers de fin d’hiver. (Photo: Peter Thomet, HESA)
Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires b A groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofen b Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Department of agricultural and foodscience Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Sommaire Mai 2011 | Numéro 5 199
Editorial
Production animale 200 Projet «Quelle vache pour la pâture?»:
problématique et description de l’essai Valérie Piccand, Fredy Schori, Josef Troxler, Marcel Wanner et Peter Thomet Production végétale 206 Gluten humide des variétés de blé en
condition extenso et PER Geert Kleijer, Andreas Dossenbach, Christian Städeli, Martin Rychener et Thomas Weisflog Production végétale 212 Assolement, travail du sol, variété et
protection fongicide en production céréalière Raphaël Charles, Edouard Cholley et Peter Frei 220
Economie agricole ffet d’échantillonnage – La comparaison E
avec l’année précédente est-elle pertinente? Andreas Roesch 226
Environnement
étrospective phénologique de l’année R 2010 Claudio Defila
232
Eclairage
ecensements des pratiques phytosaniR taires: évolution dans l’UE et en Suisse Simon Spycher, Ruth Badertscher, Robert Baur et Otto Daniel
235
Portrait
236
Actualités
239
Manifestations
Listes variétales Encart Liste recommandée des variétés de colza
d'automne pour la récolte 2012 Didier Pellet, Alice Baux et Jürg Hiltbrunner
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS Berner Fachhochschule Haute école spécialisée bernoise Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft SHL Haute école suisse d’agronomie HESA
Editorial
La production laitière suisse à la croisée des chemins Chère lectrice, cher lecteur,
Peter Thomet, HESA
Les rails de la politique agricole sont posés. Celui qui les suit sera confronté, dans les années à venir, à deux défis majeurs: pour survivre sur un marché toujours plus concurrentiel, le producteur de lait devra premièrement, comme tout entrepreneur, améliorer son efficacité et réduire ses coûts de production. Deuxièmement, comme il ne vend pas que du lait mais qu’il est rémunéré pour de nombreux services d’utilité publique, le producteur de lait devra aussi répondre aux attentes de la société. Pour réduire ses coûts de production, chaque producteur est libre de sa stratégie sur son exploitation. Pour relever le deuxième défi, il ne pourra agir efficacement que collectivement. C’est là qu’apparaît le cœur du problème: dans un contexte de libéralisation économique, la production laitière suisse risque de chercher son salut à l’étranger, en important des aliments concentrés à bas prix pour atteindre des rendements laitiers élevés, au lieu de se tourner vers l’utilisation optimale de ressources locales: nos herbages. Dans une optique de productivité, ce comportement serait compréhensible à l’échelle d’une exploitation, parfois même nécessaire économiquement. Toutefois, si la majorité des producteurs en venait à choisir cette voie, qui va aussi dans l’intérêt des acteurs de l’alimentation du bétail et de la sélection génétique, nous risquerions fort de quitter les rails de notre politique agricole, ancrée depuis 1996 dans la Constitution. La reconnaissance sociale, qui existe encore, menacerait alors de disparaître. Le lait perdrait une part précieuse de sa valeur ajoutée, il deviendrait quelconque sur le marché européen et soumis à la pression des prix. Confrontée à ce dilemme, la filière laitière suisse devrait se décider pour une stratégie de qualité sans compromis: une production laitière cohérente, basée sur le potentiel remarquable de la production fourragère de la Suisse et non sur des aliments importés. Un lait «vert», issu de la valorisation de nos herbages, «vertueux dedans» car, entre autres, riche en acides gras bénéfiques pour l’être humain, et «vertueux dehors», car respectueux de notre environnement et du bien-être des animaux. Ces valeurs revêtent une importance croissante aux yeux de notre société. De même, les consommateurs n’aimeraient pas être dupés par l’image de vaches qui broutent dans une campagne verdoyante. Le lait suisse est un produit de qualité, dont la production, basée sur les fourrages grossiers, bénéficie d’une image de marque en Europe et lui permet de se distinguer de la concurrence internationale. Les discussions sur l’avenir de l’agriculture, appelée à être durable et tournée vers l’utilisation efficace des ressources locales, offrent au «lait vert» un avantage concurrentiel à long terme. Il s’agit maintenant de mettre en place des conditionscadres permettant de préserver et de renforcer cet avantage. C’est maintenant à l’ensemble de la filière laitière suisse de faire le bon choix et de décider du cap à suivre pour assurer son avenir.
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199
P r o d u c t i o n
a n i m a l e
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: problématique et description de l’essai Valérie Piccand1, Fredy Schori2, Josef Troxler3, Marcel Wanner4 et Peter Thomet1 Haute école suisse d’agronomie HESA, 3052 Zollikofen 2 Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux 3 Institut für Tierhaltung und Tierzucht, Université de médecine vétérinaire, 1210 Vienne, Autriche 4 Institut de nutrition animale, Faculté Vetsuisse, Université de Zurich, 8057 Zurich Renseignements: Valérie Piccand, e-mail: valerie.piccand@bfh.ch, tél. +41 31 910 22 18 1
Le projet «Quelle vache pour la pâture?» a comparé les performances globales des trois principales races laitières suisses (Tachetée rouge, Brown Swiss et Holstein) aux performances de Holstein-Friesian néo-zélandaises, sur des exploitations pratiquant la pâture intégrale avec vêlages saisonniers de fin d'hiver. (Photo: projet «Quelle vache pour la pâture?»)
Introduction La Suisse, un pays d’herbages à valoriser En Suisse, près de 60 % de la surface agricole se constitue de surfaces herbagères permanentes (sans les alpages), contre seulement 36 % dans l’Europe des 15. Seuls l’Irlande (76 %) et le Royaume-Uni (62 %) ont des proportions d’herbages équivalentes ou plus importantes (Office fédéral de la statistique 2007). Le potentiel de croissance de l’herbe sur le plateau suisse est parmi les meilleurs du monde, avec un potentiel de production
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proche de 15 tonnes de matière sèche par ha et par an. Par ailleurs, le coût des aliments concentrés est nettement plus élevé en Suisse que chez nos voisins. L’utilisation efficace des ressources disponibles – les herbages – est donc essentielle. L’industrie laitière suisse doit pouvoir disposer à cet effet de systèmes de production appropriés et d’animaux au patrimoine génétique adapté. Le projet «Quelle vache pour la pâture?» est la suite logique de précédents projets conduits par la HESA, qui ont notamment abouti à l’introduction du système de production laitière en pâture intégrale avec vêlages saisonniers de
fin d’hiver, calqué sur le système dominant en NouvelleZélande ou en Irlande (Blättler et al. 2004; Steiger Burgos et al. 2007; Hofstetter et al. 2010). Pour atteindre une utilisation optimale des ressources herbagères, ce système de production demande un niveau très élevé de performances, notamment d’efficacité de transformation de l’herbe en lait et de reproduction. Pour que la courbe des besoins alimentaires des vaches s’ajuste à la courbe de production d’herbe, les vaches doivent vêler chaque année à une même période fixe. Cela exige donc des vaches avec d’excellentes performances globales de reproduction. Ces vaches doivent ensuite être capables de couvrir la majorité de leurs besoins avec des fourrages grossiers et de l’herbe pâturée. Reproduction et sélection Les deux pays produisant la majeure partie de leur lait à partir de pâture et de manière saisonnière, la NouvelleZélande et l’Irlande, ont subi une augmentation de la part de génétique nord-américaine dans leurs populations de Holstein-Friesian (HF) et par là-même un déclin des performances de reproduction et de longévité de leur cheptel bovin laitier (Harris et Kolver 2001; Evans et al. 2006; Harris et al. 2006). En effet, la HF nord-américaine a été sélectionnée pour produire avant tout un volume de lait élevé dans un environnement confiné, à partir de rations complètes contenant une part importante de concentrés, avec peu d’intérêt porté sur les performances de reproduction. A l’inverse, la HF néozélandaise a été sélectionnée dans des systèmes de pâture intégrale avec vêlages saisonniers, pour produire efficacement des matières utiles (matière grasse et protéique) à partir d’herbe pâturée, tout en maintenant de très bonnes performances de reproduction et une grande longévité. Interaction génotype x environnement Pour des environnements bien contrastés, les interactions génotype x environnement sont bien documentées, tant pour la production laitière que pour la reproduction, l’ingestion ou les performances économiques (Kolver et al. 2002; Horan et al. 2005; Horan et al. 2006; McCarthy et al. 2007; Fulkerson et al. 2008). Ces études ont comparé différentes lignées de HF se distinguant par leur origine et leur pourcentage de sang nord-américain. La conclusion globale est que les vaches sélectionnées dans des systèmes alimentaires avec accès ad libitum à des régimes très riches en énergie ne sont pas nécessairement adaptées aux systèmes très pâturants, avec peu de complémentation, et en vêlages groupés. Cependant, une récente étude de Coleman et al. (2009) suggère qu’un indice de sélection combinant production et
Résumé
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: problématique et description de l’essai | Production animale
La Suisse est un pays d’herbages, dont la bonne valorisation est essentielle pour la filière laitière suisse. Celle-ci nécessite des systèmes efficaces de production laitière et des vaches adaptées à ces systèmes. L’existence d’interactions entre le génotype et l’environnement, lorsque l’on compare des conditions de production contrastées, pose la question de l’adaptation de nos races suisses à des systèmes à bas intrants et vêlages saisonniers, alors qu’elles sont largement influencées par la génétique nord-américaine particulièrement adaptée aux environnements confinés et rations complètes. La Nouvelle-Zélande, où le système pâturant saisonnier domine depuis des décennies, a sélectionné des vaches fertiles et efficaces en production de lait riche en matières utiles à partir d’herbe pâturée. Dans cet essai, il s’agissait de comparer les performances globales des trois principales races laitières suisses (Tachetée rouge, Brown Swiss et Holstein) aux performances des Holstein-Friesian néo-zélandaises, sur des exploitations pratiquant la pâture intégrale avec vêlages saisonniers de fin d’hiver.
reproduction permettrait d’obtenir à la fois de hautes performances laitières et de hautes performances de reproduction dans des systèmes pâturants. En Suisse, malgré la grande diversité des systèmes de production laitière, les fédérations d’élevage ne disposent pas d’informations relatives au système dans lequel évoluent les vaches. De ce fait, il n’est pas possible aujourd’hui d’évaluer l’aptitude des races suisses aux systèmes de production à bas intrants et vêlages groupés et d’en sélectionner les meilleurs individus. D’autre part, contrairement à la Nouvelle-Zélande ou à l’Irlande, les schémas de sélection des différentes races sont séparés et compliquent la comparaison des performances entre races. Influence nord-américaine sur les races suisses Tout comme les populations néo-zélandaises ou irlandaises, les races suisses ont fait l’objet ces 40 dernières années d’une introduction massive, voire d’une substitution, par de la génétique nord-américaine (USA et Canada). Dès la fin des années 1960, les races à deux fins Tachetée noire Fribourgeoise, Simmental et Brune originale ont été croisées avec des races laitières spécialisées, afin d’obtenir une augmentation rapide de la producti-
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201
Production animale | Projet «Quelle vache pour la pâture?»: problématique et description de l’essai
Tableau 1 | Caractérisation des vaches présentes dans l’essai «Quelle vache pour la pâture?» (moyenne ± écart-type) NZ HF
CH HF
CH FV
CH BS
58
24
27
25
11 (74 % des animaux issus de 5 pères)
18
21
17
≥ 2 générations NZ HF
-
68 ± 12 % de Red Holstein
6 ± 5 % de Brune Originale
Valeur d’élevage pedigree
NZ$ 89 ± 13,5
IPQ 103 ± 6,5
ILM 106 ± 6,0
MIW 103 ± 5,6
Valeur d’élevage de la population de référence (vaches nées en 2005)1
NZ$ 87 ± 42,0
IPQ 104 ± 9,3
ILM 101 ± 9,82
MIW 104 ± 7,9
Vaches Nombre de pères différents Caractéristiques
Sources: communications personnelles de R. Wood (New Zealand Animal Evaluation Limited, Hamilton, New Zealand), E. Barras (Fédération suisse d’élevage Holstein, P osieux), A. Bigler (swissherdbook, Zollikofen) et B. Bapst (Fédération suisse de la race Brune, Zoug). 2 Population des vaches vivantes. 1
7.0
30
6.5
25 NEL
6.0
20
PB
5.5
Protéines brutes (%MS)
Densité énergétique (MJNEL/kgMS)
vité laitière. La Fribourgeoise a été complètement substituée par la HF nord-américaine en une dizaine d’années. La Brune originale a été croisée massivement avec des Brown Swiss (BS) américaines. En 2002, la population BS de Suisse contenait plus de 78 % de gènes provenant de BS américaines (Hagger 2005). La population Simmental a quant à elle commencé à être croisée avec des Red Holstein nord-américaines dès 1968. Aujourd’hui, la population Simmental ne représente plus que 12 % de la population, celle de Red Holstein par contre 65 % (swissherdbook 2011). Ainsi, la taille et les performances de production laitière de l’ensemble de ces races n’ont cessé de croître (chaque année, 80 kg de lait en plus par lactation depuis les années 1960; Fédération suisse d’élevage Holstein, Fédération suisse de la race Brune 2011). Par contre, suivant les tendances internationales des dernières décennies, les races suisses ont subi dans le même temps un déclin de leurs performances de reproduction et les problèmes de reproduction représentent aujourd’hui la première cause de réforme des vaches laitières (27 % des réformes, Fédération suisse de la race Brune, 2008).
15 1 Avr.
1 Mai
1 Juin
1 Juil. 1 Août
1 Sept. 1 Oct.
1 Nov.
Figure 1 | Evolution de la qualité de l’herbe offerte sur l’année, de 2007 à 2009, sur les exploitations du projet «Quelle vache pour la pâture?».
202
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Pourtant l’introduction des quotas laitiers dès les années 1970 a limité la production et augmenté le poids des traits fonctionnels (notamment longévité, santé et reproduction) dans les schémas de sélection suisses. En 2008, le poids des caractères de production dans les indices de sélection était de 54 % pour la race Brune, de 53 % pour la Holstein et de 40 % pour la Fleckvieh, contre par exemple 66 % en Nouvelle-Zélande (Fédération suisse d’élevage Holstein, swisserdbook, Fédération suisse de la race Brune, New Zealand Animal Evaluation Limited 2008). Objectifs de l’essai Cet essai «Quelle vache pour la pâture?» visait à tester l’adéquation des vaches laitières suisses contemporaines à un système de pâture intégrale avec vêlages saisonniers. Les performances de production, de reproduction et de santé ainsi que la qualité du lait des races suisses répondent-elles aux exigences d’un système à bas intrants et vêlages groupés? Pour le savoir, les performances globales de vaches de race Holstein-Friesian suisse (CH HF), Tachetée rouge suisse (CH FV) et Brown Swiss suisse (CH BS) ont été comparées à celles de vaches de race Holstein-Friesian néo-zélandaise (NZ HF), sélectionnée pour ce type de système de longue date et connue pour son efficacité laitière et ses bonnes performances de reproduction. Cet essai a abordé différentes thématiques, dont l'une a déjà été abordée dans Agrarforschung Schweiz en 2009 (élevage; Burren et al. 2009). D'autres thématiques comme la production, la reproduction, le comportement d'ingestion et l'économie seront abordées prochainement dans Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz. Des résultats connexes concernant le bien-être, la physiologie et la qualité du lait seront publiés dans d’autres revues. Ce projet a été réalisé et financé par la Haute école suisse d’agronomie HESA, la station de recherche Liebe-
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: problématique et description de l’essai | Production animale
Tableau 2 | Caractérisation des 15 exploitations impliquées dans le projet «Quelle vache pour la pâture?» Nombre d’exploitations selon le type Localisation géographique
Plateau: 9
Zone
Préalpes: 4
Jura: 2
Plaine: 10
Altitude
Collines et zones montagne I et II : 5 430 à 1050 m (moyenne ± écart-type : 633 ± 172 m)
Durée de végétation1, 2 Aptitudes climatiques pour les herbages1, 3
170 à 230 jours Note 1: 4
Note 3: 3
Note 4: 6
Note 6: 2
Système de pâture
Tournant: 11
Gazon court: 4
Type d’exploitation
Production intégrée: 13
Agriculture biologique: 2
Avec ensilage: 8
Sans ensilage: 7
Affouragement
Source: Carte des aptitudes climatiques pour l’agriculture suisse, Office fédéral de l’agriculture. Période de végétation: 7,5 °C au printemps, 5 °C en automne. 3 1 = très favorable en plaine; 8 = approprié aux alpages. 1 2
Animaux, matériel et méthodes Les résultats qui seront présentés dans cette série d’articles sont issus d’une expérimentation sur trois ans (2007 à 2009). En automne 2006, des génisses NZ HF gestantes ont été importées d’Irlande et réparties de manière aléatoire sur 15 exploitations en janvier 2007. Chaque NZ HF a été appariée selon sa date de vêlage et son âge à une vache de race suisse présente sur l’exploitation. Sur chaque ferme, les vaches de l’essai étaient gérées de la même manière que le reste du troupeau. Le chef d’exploitation était en charge de toutes les décisions concernant la gestion de son troupeau. Le projet a impliqué 14 exploitations en 2007, 13 en 2008 et 10 en 2009, incluant au final 259 lactations de 134 vaches des quatre races NZ HF (n=131 lactations, 58 vaches), CH HF (40, 24), CH FV (43, 27) et CH BS (45, 25). Les vaches se trouvaient en 1ère lactation en 2007, en 2e en 2008 et en 3e lactation en 2009. Animaux Les NZ HF sont une lignée de HF originaire de NouvelleZélande, sélectionnée dans des systèmes de production laitière au pâturage avec vêlages saisonniers pour leur haute efficacité de production de matières utiles (matière protéique et matière grasse), de bonnes performances de reproduction et une grande longévité. Les CH HF sont une lignée de HF d’origine nord-américaine mais sélectionnée avec un indice de sélection équilibré incluant la production laitière et les caractères fonctionnels. Les CH FV sont issues de croisements entre des Sim-
mental et des Red Holstein. Leur indice de sélection inclut la production laitière, les critères fonctionnels et la production de viande. Les CH BS sont des BS principalement originaires d’Amérique du Nord mais avec un indice de sélection équilibré incluant la production laitière et les critères fonctionnels. Tous les groupes d’animaux expérimentaux étaient représentatifs de leur population d’origine (tabl. 1). Exploitations Les exploitations ont été choisies selon différents critères, en particulier leur système de production: pas d’affouragement complémentaire au pâturage et limitation des apports de concentrés. Ces exploitations
Biomasse au-dessus du sol (kgMS/ha)
feld-Posieux ALP, la faculté Vetsuisse de Zurich, l’Université vétérinaire de Vienne, la Commission pour la technologie et l’innovation CTI, l’OFAG, Swissgenetics et IG Weidemilch.
3500
entrée
3000 2500 2000
sortie
1500
gazon court
1000 500 0 1 Avr.
1 Mai
1 Juin
1 Juil.
1 Août
1 Sept. 1 Oct.
1 Nov.
Figure 2 | Evolution sur l’année de la quantité d’herbe offerte en entrée et résiduelle en sortie de parcelle en pâture tournante, et de la quantité d’herbe offerte en gazon court, de 2007 à 2009, sur les exploitations du projet «Quelle vache pour la pâture?». Les hauteurs d’herbe mesurées à l’herbomètre néo-zélandais ont été converties en kg MS biomasse / ha par la formule 500 + 140 × nombre de clics, où un clic représente 0,5 cm d’herbe compressée.
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Production animale | Projet «Quelle vache pour la pâture?»: problématique et description de l’essai
Eté
Hiver
Tableau 3 | Caractéristiques des rations hivernales et estivales offertes aux vaches en lactation dans le projet «Quelle vache pour la pâture?» (moyenne ± écart-type)
Type de ration
Foin/regain: 7 exploitations Foin/regain et ensilage d’herbe: 6 exploitations Ensilage d’herbe et de maïs: 2 exploitations
kg concentrés / vache / jour
3,2 ± 1,6 kg
Valeur nutritive de la ration
Energie: 6,2 ± 0,5 MJ NEL/kg MS Protéines brutes: 14 ± 2 % de la MS
Type de ration
Pâturage seul (complémentation possible en cas d’offre en herbe insuffisante)
Date de début de pâture
25 mars ± 13 j
Date de fin de pâture
11 novembre ± 11 j
Valeur nutritive de l’herbe offerte
Energie: 6,2 ± 0,3 MJ NEL/kg MS Protéines brutes : 21 ± 4 % de la MS
Total kg de concentrés sur la lactation
260 ± 130 kg
représentaient une large gamme de situations en Suisse (localisation géographique, type de production, système de pâture etc.; tabl. 2), cependant leur système de production était très homogène: toutes pratiquaient un système de production laitière à bas intrants basé sur la pâture, avec une majorité de vêlages de fin d’hiver. Alimentation L’alimentation hivernale était basée principalement sur de l’herbe conservée (ensilage et foin). L’été, la pâture n’était complémentée qu’en cas de déficit d’herbe passager (tabl. 3). La variation saisonnière de la qualité de l’herbe offerte a été conforme aux variations généralement observées (fig. 1). En pâturage tournant, les hauteurs d’entrée et de sortie (fig. 2) ont été en moyenne supérieures aux hauteurs conseillées en NouvelleZélande (Eastes et van Bysterveldt 2009). En gazon court, les hauteurs correspondent aux conseils de l’ADCF (fiches techniques 4.4.4 et 8.2.2). Santé et reproduction Tous les événements sanitaires, traitements et dates d’insémination et de vêlage étaient enregistrés par le chef d’exploitation. La saison d’insémination a débuté chaque année environ à mi-avril (16 avril ± 15 jours). Pour les exploitations qui n’avaient pas tout leur troupeau en vêlages saisonniers (5 exploitations en 2007, 3 en 2008 et 1 en 2009), une date de début des inséminations a été calculée pour chaque vache en additionnant à sa date de vêlage l’intervalle vêlage-1ère insémination le plus court observé sur l’exploitation. En 2008, des profils de cyclicité ont été établis par dosage de la progestérone dans le lait, à raison d’un échantillon tous les deux jours, du vêlage à la 1ère insémination.
204
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Production laitière et état corporel La quantité de lait, les teneurs ainsi que les numérations cellulaires ont été mesurées mensuellement lors des contrôles laitiers officiels. L’état corporel a été évalué mensuellement sur une échelle de 1 (décharnée) à 5 (obèse) avec des pas de 0,25 points. Les vaches ont été pesées trois fois par lactation à 38 ± 22, 124 ± 27 et 281 ± 33 jours post-partum sur une balance électronique mobile (Tru-Test, Palmerston North, New Zealand). Sur l’exploitation de l’Abbaye de Sorens, les vaches étaient pesées automatiquement après chaque traite. Pour calculer les variables d’efficacité de production laitière (production laitière par poids vif métabolique), le poids vif moyen de la lactation a été calculé comme la moyenne des trois pesées. Des courbes de lactation ont été ajustées selon l’équation de Wood Yt = a × tb × e(-ct). Où Yt est la quantité de lait au jour t, a le niveau de production laitière au début de la lactation, b la pente d’augmentation de production et c la pente de déclin. Analyses statistiques Les variables continues ont été analysées par des modèles linéaires mixtes et les variables binomiales par des régressions logistiques mixtes, qui incluaient la race comme effet fixe, ainsi que l’année, l’exploitation dans l’année et la vache comme effets aléatoires (lmer et glmer). Les biais de comparaison multiples ont été pris en compte pour les comparaisons des moyennes ajustées entre les races (multcomp). Ces analyses ont été effectuées à l’aide du logiciel de statistiques R. n
Remerciements L’équipe du projet souhaite remercier vivement tous les agriculteurs qui ont investi temps, moyens financiers et énergie pour la réussite de ce projet.
Progetto «la mucca da pascolo e la sua genetica»: problematica e descrizione della prova La Svizzera è un paese da pascolo da valorizzare. L’uso efficace di questa risorsa è essenziale per la filiera lattiera svizzera. Per rendere validi dei sistemi di produzione lattieri sono necessarie delle mucche a loro adatte. Le attuali razze svizzere sono fortemente influenzate dalla genetica nordamericana e pertanto adattate a condizioni di stalla e ad un foraggiamento totale misto. A causa delle comprovate interazioni tra genotipo e ambiente in condizioni di produzione molto contrastanti, si pone la domanda relativa all’idoneità delle nostre razze ai sistemi low-imput con parto stagionale. In Nuova Zelanda, dove questo tipo di sistema è praticato da decenni, si sono selezionate mucche fertili e adeguate ad una produzione lattiera di qualità. Nella prova qui descritta si è confrontato, in aziende agricole a pascolo permanente con parto stagionale a fine inverno, la prestazione complessiva delle tra principali razze svizzera (pezzata rossa, razza bruna e Holstein) con la Holstein-Friesian neozelandese.
Bibliographie ▪▪ Blättler T., Durgiai B., Kohler S., Kunz P., Leuenberger S., Müller R., Schäublin H., Spring P., Stähli R., Thomet P., Wanner K., Weber A. & Menzi H., 2004. Projekt Opti-Milch: Zielsetzung und Grundlagen. Agrarforschung 11, 80–85. ▪▪ Burren A., Reist S., Piccand V., Stürm C., Rieder S. & Flury C., 2009. Züchterische Aspekte der Tiere im Projekt Weidekuh-Genetik. Agrarforschung 16, 302–307. ▪▪ Coleman J., Pierce K. M., Berry D. P., Brennan A. & Horan B., 2009. The influence of genetic selection and feed system on the reproductive performance of spring-calving dairy cows within future pasture-based production systems. J. Dairy Sci. 92, 5258–5269. ▪▪ Eastes D. & van Bysterveldt A., 2009. Optimiser la qualité de l'herbe pour plus de performance en pâture tournante. 1 | Méthodologie. Rev. suisse Agric. 41, 105–112. ▪▪ Evans R. D., Wallace M., Shalloo L., Garrick D. J. & Dillon P., 2006. Financial implications of recent declines in reproduction and survival of Holstein-Friesian cows in spring-calving Irish dairy herds. Agricultural Systems 89, 165–183. ▪▪ Fulkerson W. J., Davison T. M., Garcia S. C., Hough G., Goddard M. E., Dobos R. & Blockey M., 2008. Holstein-Friesian dairy cows under a predominantly grazing system: Interaction between genotype and environment. J. Dairy Sci. 91, 826–839. ▪▪ Hagger C., 2005. Estimates of genetic diversity in the brown cattle population of Switzerland obtained from pedigree information. J. Anim. Breed. Genet. 122, 405–413. ▪▪ Harris B. L. & Kolver E. S., 2001. Review of Holsteinization on Intensive Pastoral Dairy Farming in New Zealand. J. Dairy Sci. 84, E56 – 61.
Summary
Riassunto
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: problématique et description de l’essai | Production animale
Which cow for pasture-based production systems?: Problematics and experimental design Switzerland is a country of grasslands. The effective use of this resource is essential for the Swiss dairy industry. To ensure this, efficient milk production systems and cows suited to these systems are necessary. The existence of interactions between genotype and environment when comparing contrasting conditions of production raises the question of the suitability of our Swiss breeds, mainly influenced by North American genetics selected in confined environments with total mixed rations, to low-input, seasonal-calving systems. New Zealand, where this type of system dominated for decades, has selected cows that are fertile and efficient for the production of milk solids. The objective of this trial was to compare the global performances of the three main Swiss breeds (Red and White, Brown and Holstein-Friesian) with those of New Zealand Holstein-Friesian on pasture-based, end-of-winter seasonal calving farms. Key words: pasture, seasonal calving, dairy production, breeds.
▪▪ Harris B. L., Pryce J. E., Xu Z. Z. & Montgomerie, W. A., 2006. Development of new fertility breeding values in the dairy industry. Proc. N. Z. Soc. Anim. Prod. 66, 107 – 112. ▪▪ Hofstetter P., Steiger Burgos M., Petermann R., Münger A., Blum J. W., Thomet P., Menzi H., Kohler S. & Kunz P., 2010. Does body size of dairy cows, at constant ratio of maintenance to production requirements, affect productivity in a pasture-based production system? J. Anim. Physio. Anim. Nutr. (in press). ▪▪ Horan B., Dillon P., Faverdin P., Delaby L., Buckley F. & Rath M., 2005. The interaction of strain of Holstein-Friesian cows and pasture-based feed systems on milk yield, body weight, and body condition score. J. Dairy Sci. 88, 1231–1243. ▪▪ Horan B., Faverdin P., Delaby L., Rath M. & Dillon P., 2006. The effect of strain of Holstein-Friesian dairy cow and pasture-based system on grass intake and milk production. Anim. Sci. 82, 435–444. ▪▪ Kolver E. S., Roche J. R., Veth M. J. de, Thorne P. L. & Napper A. R., 2002. Total mixed rations versus pasture diets: Evidence for a genotype x diet interaction in dairy cow performance. Proc. N.Z. Soc. Anim. Prod. 62, 246–251. ▪▪ McCarthy S., Horan B., Dillon P., O'Connor P., Rath M. & Shalloo L., 2007. Economic comparison of divergent strains of Holstein-Friesian cows in various pasture-based production systems. J. Dairy Sci. 90, 1493–1505. ▪▪ Office fédéral de la statistique, 2007. Indicateurs de l'agriculture en c omparaison internationale 2000 – 2007. ▪▪ Steiger Burgos M., Petermann R., Hofstetter P., Thomet P., Kohler S., Münger A., Blum J. W., Menzi H. & Kunz P., 2007. Quel type de vache laitière pour produire du lait au pâturage? Revue suisse d’Agriculture 39 (3), 123 – 128.
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 200–205, 2011
205
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Gluten humide des variétés de blé en condition extenso et PER Geert Kleijer1, Andreas Dossenbach2, Christian Städeli3, Martin Rychener4 et Thomas Weisflog5, Station de Recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 2 Fachschule Richemont, 6006 Lucerne 3 JOWA, 8604 Volkertswil 4 Swissmill, 8005 Zurich 5 swiss granum, 3001 Berne Renseignements: Geert Kleijer, e-mail: geert.kleijer@acw.admin.ch, tél. +41 22 353 47 26 1
Le gluten, élément indispensable pour faire du bon pain. (Photo: ACW)
Introduction Le gluten est le complexe protéique viscoélastique constitué d’un mélange hétérogène de gluténines et gliadines qui permet à la pâte de gonfler en présence de levure et ainsi de fabriquer du pain avec une bonne texture et un bon volume. Il existe logiquement une étroite corrélation entre le taux de gluten humide et le taux de protéines, puisqu’environ 80 % des protéines du blé constituent le complexe du gluten.
206
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 206–211, 2011
Ces dernières années, les utilisateurs de la récolte de blé produit en Suisse ont constaté une baisse du taux de gluten humide. Un taux de gluten humide élevé est un caractère important pour plusieurs applications, telles que les pâtes feuilletées, les pâtes congelées ou encore la pousse au froid. Cette baisse du taux de gluten humide s’explique par plusieurs raisons:
Gluten humide des variétés de blé en condition extenso et PER | Production végétale
Résumé
••la part des variétés à très haute teneur en gluten (Runal et Arina) a diminué dans les classes top et 1 depuis 2003. ••Il existe une corrélation négative entre le taux de protéines et le rendement (Fossati et al. 2011). Le rendement des nouvelles variétés de blé sélectionnées par ACW a été amélioré, impliquant pour certaines un taux de protéines légèrement plus faible. Ces variétés ont toutefois maintenu une très bonne ou bonne qualité boulangère (Brabant et al. 2006; Fossati et al. 2003). ••La fumure azotée pratiquée en Suisse est modérée et ne favorise pas des taux de gluten humide très élevés. ••Les conditions climatiques de ces dernières années ont limité la disponibilité en azote, son assimilation par la plante et son allocation au grain. Un groupe de travail, mis sur pied par swiss granum, composé des auteurs de cet article et de Sonja Basler (Forum Ackerbau), Pascal Favre (Provimi Kliba), Jürg Häfeli (Groupe minoteries), Pierre Yves Perrin (FSPC), Fritz Rothen (IP-Suisse), Andreas Rüegger (Swisssem) et Fortunat Schmid (Fenaco), a élaboré des seuils de taux de gluten humide pour les différentes classes de qualité (Top, 1 et 2). Ces seuils sont uniquement utilisés pour la classification de nouvelles variétés sur la liste recommandée de swiss granum. Ils sont présentés dans la rubrique «résultats» de cet article. La classe de qualité d’une nouvelle variété est déterminée lors des deux ans d’essais d’homologation gérés par Agroscope ACW pour l’inscription sur le catalogue national, et complétée par deux ans d’essais gérés par swiss granum pour l’inscription à la liste recommandée. Les essais pour l’inscription sur le catalogue national sont conduits en mode extenso et les essais pour l’inscription sur la liste recommandée sont conduits en mode PER (Prestations Ecologiques Requises). Le niveau de la fumure azotée étant en général de 30 unités inférieur dans les essais extenso par rapport aux essais PER, il influence le taux de protéines et le taux de gluten humide. Pour étudier l’effet du mode de culture sur le taux de gluten humide, des analyses ont été effectuées chaque année sur les mêmes variétés, cultivées dans les mêmes lieux en extenso et en PER.
Les utilisateurs de la récolte de blé suisse ont constaté une baisse du taux de gluten humide ces dernières années. Pour assurer un bon niveau, des seuils de gluten humide ont été introduits par swiss granum, soit 31 % pour la classe Top, 29 % pour la classe I et 27 %pour la classe II. Un facteur de correction a été introduit pour compenser les années avec un taux de gluten humide bas ou élevé. Un ringtest a été réalisé par plusieurs laboratoires pour déterminer le taux de gluten humide des mêmes variétés, cultivées dans le même lieu en condition extenso ou PER. Une différence principale entre les procédés extenso et PER est la quantité d’azote apportée, soit 30 unités en moins en mode extenso. Les corrélations entre les résultats obtenus par les différents laboratoires étaient très élevées. Les variétés cultivées en condition extenso avaient dans tous les lieux un taux de gluten humide plus bas que ces mêmes variétés cultivées en PER. Le niveau moyen de gluten humide était plus élevé en 2010 qu’en 2009. La différence de taux de gluten humide entre PER et extenso était en moyenne de 3,6 % en 2009 et de 2,7 % en 2010. Pour déterminer le seuil de gluten humide, il s’avère difficile d’inclure un facteur de correction tenant compte des résultats des essais extenso sans devoir effectuer des analyses détaillées chaque année. Pour cette raison, seuls les résultats des deux années d’essais PER ont été considérés pour déterminer si une variété atteint le seuil fixé pour sa classe de qualité.
Matériel et méthodes Les analyses de gluten humide ont été effectuées sur la récolte de 5 lieux en 2009 (Grangeneuve, Grange-Verney, Strickhof, Nyon, Zollikofen) et de 3 lieux en 2010 (Grangeneuve, Nyon, Zollikofen). Comme les résultats concordaient entre les 5 lieux en 2009, le groupe de travail a décidé de limiter les analyses à 3 lieux en 2010. Chaque
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 206–211, 2011
207
Production végétale | Gluten humide des variétés de blé en condition extenso et PER
Tableau 1 | Seuils de gluten humide pour les différentes classes de qualité. Gluten humide Top
31 %
1
29 %
2
27 %
année, 6 variétés ont été analysées, 4 étant communes aux 2 années. Il s’agissait en 2009 des cultivars suivants: Runal et Siala (Top), Arina, Forel et Zinal (classe 1) et Levis (classe 2), et en 2010 des cultivars Runal et CH Claro (Top), Arina et Zinal (classe 1), Suretta (candidate à l’inscription sur la Liste recommandée 2012 en classe 1) et Levis (classe 2). Les variétés Siala et Forel ne se trouvaient plus dans les deux essais en 2010 et ont été remplacées par CH Claro et Suretta. Les essais ont été conduits en mode extenso ou PER. La fumure azotée variait de 140 à 170 unités en mode PER. Les responsables des différents lieux décidaient de la quantité d’azote et de son fractionnement. La quantité de fumure pour l’extenso était toujours inférieure d’au moins 30 unités par rapport au PER. La fumure était fractionnée en 3 ou parfois 4 apports (Nyon 2009 et Grange-Verney 2010). Après récolte et conditionnement par Agroscope ART (essais PER) ou Agroscope ACW (essais extenso), trois kilos de grains par variété et par lieu ont été moulus
par le moulin Meyerhans Hotz à Weinfelden, avec un Bühler MLU202, pour obtenir de la farine 550. La farine a été distribuée dans 4 laboratoires en 2009 (Agroscope ACW, JOWA, Richemont et Swissmill) et 3 laboratoires en 2010 (Agroscope ACW, JOWA et Richemont). En 2009, JOWA a analysé les variétés issues de l’essai PER et Richemont les variétés issues de l’essai extenso. ACW et Swissmill ont analysé la totalité des échantillons. En 2010, chaque laboratoire a analysé la totalité des échantillons. Le taux de gluten humide a été déterminé avec la méthode standard ICC 137/1 (sauf pour Swissmill, méthode ICC 155) avec un Perten Glutomatic 2100. L’humidité a été déterminée d’après la méthode ICC 110/1. Les résultats ont été corrigés à 14 % d’humidité.
Résultats et discussion Le groupe de travail de swiss granum s’est mis d’accord sur les seuils à fixer pour les différentes classes de qualité en mars 2009 (tabl. 1). Ces seuils ont été validés par la Commission technique «céréales panifiables» de swiss granum en 2009. Comme le taux de gluten humide peut varier considérablement d’une année à l’autre, un facteur de correction a été introduit. Le facteur de correction, pour une année donnée, est composé de la moyenne des valeurs des variétés standards et de comparaisons des classes Top 1 et 2, divisé par la moyenne pluriannuelle des valeurs moyennes des 10 années précédentes des variétés standards et de comparaisons. L’influence de cette correction sur les valeurs seuils des dif-
Tableau 2 | Valeurs limites de taux de gluten humide et facteurs de correction annuelle, valeurs obtenues dans les essais PER. Valeur limite
208
31
29
27
Facteur de correction
Top
I
II
Moyenne globale pluriannuelle
Moyenne annuelle des standards et variétés de comparaisons
2001
32,6
36,6
1,12
34,8
32,5
30,3
2002
32,6
32,5
1,00
30,9
28,9
26,9
2003
33,3
40,9
1,23
38,1
35,6
33,2
2004
33,2
31,2
0,94
29,1
27,2
25,3
2005
33,5
33,9
1,01
31,4
29,4
27,4
2006
33,8
32,6
0,96
29,9
27,9
26,0
2007
34,2
31,2
0,91
28,3
26,5
24,7
2008
33,5
30,5
0,91
28,3
26,4
24,6
2009
33,1
29,5
0,89
27,7
25,9
24,1
2010
33,3
34,5
1,03
32,1
30,0
27,9
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Gluten humide des variétés de blé en condition extenso et PER | Production végétale
Tableau 3 | Moyennes des taux de gluten humide en 2009 et 2010 2009 (5 lieux)
2010 (3 lieux)
Extenso
PER
Différence PER/Extenso
Extenso
PER
Différence PER/Extenso
Arina
30,3
34,8
4,5
35,0
39,1
4,1
Levis
22,3
26,0
3,7
26,.4
27,8
1,4
Runal
30,1
33,0
2,9
36,4
39,9
3,5
Zinal
23,8
26,7
2,9
27,6
29,4
1,8
Forel
25,6
30,1
4,5
Siala
28,1
31,2
3,1
CH Claro
30,9
34,1
3,2
Suretta
36,6
38,6
2,0
32,1
34,8
2,7
Moyenne
26,7
30,3
férentes années est présentée dans le tableau 2. La valeur du seuil pour la classe Top peut monter à 38,1 % lors d’une année avec des valeurs de gluten humide très élevées, comme en 2003, ou descendre à 27,7 % lors d’une année très médiocre comme 2009. Ce facteur de correction est justifié par les grandes différences dans les taux de gluten humide moyens d’une année à l’autre. La concordance entre les analyses effectuées par les 4 laboratoires en 2009 était élevée, avec un r2 de 0,83 entre les laboratoires de Richemont /JOWA et ACW, r2=0,83 entre Richemont/JOWA et Swissmill et r2=0,96 entre Swissmill et ACW. En 2010, le r2 était le même (0,98) entre les 3 laboratoires. Bien que les moyennes obtenues par les différents laboratoires soient légèrement différentes, les corrélations entre laboratoires étaient très élevées. Le taux de gluten humide était toujours plus élevé pour les variétés cultivées en conditions PER et dans tous les lieux, sauf à Zollikofen en 2010 où les différences étaient très faibles pour certaines variétés (Suretta), voir inexistantes (Zinal et Levis). Ceci pourrait être dû au fait que la différence de 30 unités d’azote concernait seulement le deuxième apport, qui était de 30 unités pour le mode extenso et de 60 pour le mode PER. En cas de faible absorption de l’azote du deuxième apport en raison de conditions climatiques défavorables, les différences de taux de gluten humide entre extenso et PER diminuent. La moyenne du taux de gluten humide des variétés analysées était nettement plus élevée en 2010 qu’en 2009
3,6
(tabl. 3), ceci également en comparant les moyennes des trois lieux en commun en 2009 et 2010. Le taux de gluten humide des variétés est très variable mais correspond aux caractéristiques variétales connues: taux élevé pour Arina, Runal et Suretta, assez élevé pour Forel, Siala et CH Claro, moyen pour Zinal et faible pour Levis. La différence entre le taux moyen des modes PER et extenso, toutes variétés, lieux et laboratoires confondus, était de 3,6 % en 2009 et de 2,7 % en 2010. Certaines variétés réagissent très fortement à une augmentation de la fumure azotée, comme Arina qui présente une forte différence en 2009 et 2010. D’autres variétés comme Levis, et dans une moindre mesure Zinal, réagissent fortement à l’année. Ces résultats confirment les résultats précédemment obtenus (Pechanek et al. 1997; Szafranska et al. 2008; Zecevic et al. 2010) montrant qu’une augmentation de la fumure azotée permet d’augmenter le taux de gluten humide.
Conclusions La différence de taux de gluten humide des variétés cultivées en conditions extenso ou PER est importante mais fluctue d’une année à l’autre. Pour déterminer le seuil de gluten humide, il s’avère difficile d’inclure un facteur de correction incluant les résultats des essais extenso sans devoir effectuer des analyses détaillées chaque année. Pour cette raison, il a été décidé de tenir compte uniquement des résultats des deux années d’es-
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 206–211, 2011
209
Production végétale | Gluten humide des variétés de blé en condition extenso et PER
sais PER pour déterminer si une variété atteint le seuil fixé pour sa classe de qualité. Ces seuils sont uniquement utilisés pour la classification de nouvelles variétés sur la liste recommandée de swiss granum. Le taux de gluten humide varie beaucoup d’une année à l’autre en fonction des conditions climatiques et particulièrement de la pluviométrie et de la température. Comme les conditions climatiques ne sont pas maîtrisables, une augmentation des apports d’azote permet d’influencer de manière positive le taux de gluten humide. L’influence de la variété sur le taux de gluten humide est capitale. Malgré des résultats réjouissants en 2010, il est indispensable de continuer à surveiller l’évolution de ces teneurs ainsi qu’à fournir des efforts pour garantir une haute qualité boulangère des variétés. Le programme de sélection du blé d’Agroscope ACW fournit de telles variétés (Brabant et al. 2006; Fossati et al. 2003). n
Bibliographie ▪▪ Brabant C., Fossati D. & Kleijer G., 2008. La sélection du blé de p rintemps en Suisse. Revue suisse d’Agriculture 38 (2), 73–80. ▪▪ Fossati D. & Brabant C., 2003 La sélection du blé en Suisse. Le programme des stations. Revue suisse d’Agriculture 35 (4), 169–180. ▪▪ Fossati D., Brabant C. & Kleijer G., 2011. Yield, protein content, bread making quality and market requirements of wheat. 61. Tagung Vereinigung der Pflanzenzüchter und Saatgutkaufleute Osterreichs 2010 (in press). ▪▪ Pechanek U., Karger A., Gröger S., Charvat B., Schöggl G. & Lelley T., 1997. Effect of nitrogen fertilization on quality of flour proteins components, dough properties, and breadmaking quality of wheat. Cereal Chem . 74 (6), 800–805.
210
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 206–211, 2011
▪▪ Szafranska A., Cacak-Pietrzak G. & Sulek A., 2008. Influence of nitrogen fertilization and retardants on baking value of the winter wheat. E lectronic J. of Polish Agricultural Universities 11 (4). Accès: [www.ejpau.media.pl/volume11/issue4/art-28.html] ▪▪ Zecevic V., Knezevic D., Boskovic J., Micanovic D. & Dozet G., 2010. Effect of nitrogen fertilization on winter wheat quality. Cereal Res. Commun. 38 (2), 243 – 249.
Tenore di glutine umido nella coltivazione di frumento in condizione di coltivazione extenso e PER Negli ultimi anni, gli utilizzatori del raccolto di frumento in Svizzera hanno constatato una diminuzione del tenore in glutine umido. Per garantire un buon livello, swiss granum ha introdotto delle soglie di glutine umido, ovvero il 31 % per la classe top, il 29 % per la classe I ed il 27 % per la classe II, oltre a un fattore di correzione per compensare gli anni con un tasso di glutine umido elevato o basso. Diversi laboratori hanno condotto un ring test per determinare il tasso di glutine umido delle stesse varietà, coltivate nello stesso luogo secondo le condizioni extenso o PER. Una delle principali differenze tra le varianti extenso e PER è stata la quantità di azoto apportata, la quale è risultata per la prima minore di 30 unità. Le correlazioni tra i risultati ottenuti dai diversi laboratori erano molto elevate. Le varietà coltivate secondo le linee guida extenso presentavano in tutti i siti un contenuto in glutine umido inferiore rispetto alle coltivazioni secondo PER. Il livello medio di glutine umido nel 2010 è stato superiore rispetto al 2009 e il tenore in glutine umido tra extenso e PER si differenziava, in media, del 3,6 % nel 2009 e del 2,7 % nel 2010. Per determinare il valore di soglia del glutine umido, è difficile introdurre un fattore di correzione tenendo conto dei risultati delle prove extenso senza dover eseguire annualmente delle analisi dettagliate. Per questo motivo è stato deciso di considerare solo i risultati dei due anni di prove PER per determinare se una varietà raggiunge la soglia fissata per la sua classe di qualità.
Summary
Riassunto
Gluten humide des variétés de blé en condition extenso et PER | Production végétale
Wet gluten of wheat varieties cultivated under extenso and PER conditions The users of the Swiss wheat harvest noted a decrease in the wet gluten content over the past years. To assure a good level of wet gluten, the branch organization swiss granum introduced thresholds for each wheat quality class. These thresholds are for the Top class 31 %, for the class I 29 % and for the class II 27 %. A correction factor will be applied to compensate in years with low or high levels of wet gluten. A ringtest by several private and public laboratories has been carried out to determine the level of wet gluten of the same varieties, cultivated at the same site, produced under extenso or PER conditions. The main difference is 30 units less nitrogen fertilizer used under extenso conditions. Correlations between the results obtained by the various laboratories were very high. The same varieties cultivated under extenso conditions showed a lower level of wet gluten than those cultivated under PER, at all trial sites. The average level of wet gluten was higher in 2010 than in 2009. The difference of wet gluten level between PER and extenso was on average 3,6 % in 2009 and 2,7 % in 2010. For the determination of the wet gluten thresholds it proved to be difficult to include a correction factor taking into account the results of the extenso trials without carrying out detailed analyses each year. For this reason, it was decided to take into account only the results of the two years PER trials to determine if a variety reached the threshold for its quality class. Key words: wheat, wet gluten, nitrogen fertilizer, baking quality.
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 206–211, 2011
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Assolement, travail du sol, variété et protection fongicide en production céréalière Raphaël Charles, Edouard Cholley, Peter Frei, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Renseignements: Raphaël Charles, e-mail: raphael.charles@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 46 59
La rotation céréalière se doit d’être équilibrée. Les techniques culturales ne compensent que partiellement les risques phytosanitaires.
Introduction La pression est grande de simplifier les systèmes de culture: rotation des cultures dominée par la production céréalière, travail du sol sans labour et limitation de la protection phytosanitaire sont autant de voies de réduction des coûts ou d’extensification. Le choix variétal intervient également dans ces processus. Selon les bases de la protection intégrée (Häni et al. 1990), une rotation des cultures diversifiée réduit les risques phytosanitaires. De même, le travail du sol enfouit les résidus de récolte et réduit la transmission de maladies ou de ravageurs
212
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 212–219, 2011
d’une culture à l’autre. Enfin, le choix variétal permet de disposer de tolérances aux bio-agresseurs. Chacun de ces facteurs apporte une contribution spécifique au système de culture, qu’il s’agit d’intégrer au mieux. Dans un essai de longue durée consacré à la rotation céréalière, Vullioud (2007) a observé une perte de rendement de 15 % avec un blé en monoculture comparativement à un blé en rotation. Les différents modes de travail du sol, de gestion des résidus de récolte, de la fumure azotée ou du déchaumage testés dans le but d’atténuer les effets négatifs de la monoculture n’ont pas eu d’effet significatif. Par contre, l’effet des traite-
Assolement, travail du sol, variété et protection fongicide en production céréalière | Production végétale
Résumé
ments fongicides était significatif, mettant en évidence les risques phytosanitaires plus élevés avec une charge céréalière supérieure à 50 %. Cet essai de longue durée a été adapté dès 2006, les facteurs variété et protection fongicide venant s’ajouter aux facteurs assolement et travail du sol déjà existant. Par ce complément, il s’agissait d’évaluer dans quelle mesure la tolérance variétale aux maladies et la protection fongicide permettaient de compenser les risques phytosanitaires dus à une charge élevée en céréales. Certains travaux ont démontré qu’aucune fertilisation supplémentaire ou protection phytosanitaire renforcée ne pouvaient compenser les effets d’une rotation des cultures déséquilibrée (Berzsenyi et al. 2000). Toutefois, les conséquences de la monoculture varient selon les régions du globe et peuvent être acceptables dans certaines conditions culturales (Lithourgidis et al. 2006). Ces observations sont-elles applicables dans les conditions pédoclimatiques et culturales de nos régions ? Cet article étudie le rendement du blé d’automne sous la contrainte des facteurs assolement, travail du sol, variété et protection fongicide, avec l’hypothèse que seul un système intégré permet d’atteindre des performances élevées. Les observations sur l’état phytosanitaire des plantes pendant la phase de végétation et sur la qualité des récoltes seront présentées dans un article à suivre.
Matériel et méthode Le dispositif expérimental consacré à la rotation céréalière a été installé en 1967 à Nyon (Changins, 430 m). Le sol est du type sol brun lessivé, avec 25 % d’argile, 48 % de silt et 27 % de sable, pour une profondeur utile de 70 à 100 cm. En 2004, la teneur en matière organique se situait entre 2,0 et 2,3 % et les indices de fertilité P, K et Mg étaient satisfaisants (Vullioud 2007). Les cultures de blé d’automne durant la période 2006 à 2010 font l’objet de la présente étude. Quatre procédés du schéma expérimental de longue durée (Vullioud 2007) ont été retenus. Ils correspondent à la combinaison des facteurs assolement (monoculture ou rotation blé d’automne, colza d’automne, blé d’automne, maïs) et travail du sol (labour ou techniques culturales simplifiées). Ces quatre procédés ont été complétés par deux sous-variantes supplémentaires (choix variétal et protection fongicide). Deux variétés aux caractéristiques agronomiques et technologiques contrastées ont été comparées: Arina de la classe I, présente dans le dispositif depuis 1992, ainsi que Tapidor de type fourrager (Levy et al. 2010). Deux niveaux de protection fongicide ont été introduits: aucune protection, ou 3 traitements ciblés sur les maladies du pied (prochloraze, BBCH
Dans le cadre d’un essai de longue durée consacré à la rotation céréalière, les facteurs variété et protection fongicide ont été ajoutés durant trois années (2006, 2008 et 2010) aux facteurs assolement et travail du sol déjà étudiés depuis 1967. Par ce complément, il s’agissait d’évaluer dans quelle mesure la tolérance variétale aux maladies et la protection fongicide permettent de compenser les risques phytosanitaires dus à une charge élevée en blé d’automne, et comment le travail du sol interagit. La monoculture a pénalisé le rendement de 8 à 22 q/ha, principalement en raison de la réduction du nombre grains produits par unité de surface. Deux années sur trois, l’effet du travail du sol était significatif, avec un écart de 8 q/ha en faveur du labour. L’écart entre variétés a atteint 8 à 15 q/ha, correspondant aux différences connues entre les deux types de blé testés. Le gain de rendement par la protection fongicide variait entre 4 et 7 q/ha. Les effets d’une charge élevée en céréales n’ont pas pu être compensés. Les contributions spécifiques de chacun des facteurs et les nombreuses interactions relevées rappellent la nécessité d’intégrer au mieux les techniques culturales pour une production de haut niveau.
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213
Production végétale | Assolement, travail du sol, variété et protection fongicide en production céréalière
Tableau 1 | Rendement (q/ha), poids de 1000 grains (g) et nombre de grains/m ² du blé d’automne pour les différents facteurs et leurs interactions Rendement
Poids 1000 grains
Nb 1000 grains/m²
Assolement - A
2006
2008
2010
2006
2008
2010
2006
2008
2010
monoculture
61,5
52,0
47,5
38,0
44,2
40,1
1,61
1,17
1,18
rotation
69,2
65,6
69,9
40,0
45,8
45,5
1,73
1,43
1,54
**
**
**
**
p=0,08
**
**
*
**
tcs
61,2
58,4
54,6
38,8
44,6
41,8
1,57
1,30
1,29
labour
69,5
59,2
62,8
39,2
45,4
43,8
1,77
1,30
1,43
**
p=0,47
**
p=0,22
*
**
**
p=1,00
**
Arina
61,5
51,4
53,7
38,3
44,6
43,5
1,60
1,15
1,23
Tapidor
69,2
66,2
63,7
39,7
45,4
42,1
1,74
1,45
1,49
**
**
**
**
*
**
**
**
**
non traité
62,1
55,5
56,7
38,2
43,5
41,8
1,62
1,27
1,35
traité
68,6
62,1
60,7
39,8
46,5
43,8
1,72
1,33
1,37
**
**
**
**
**
**
**
**
p=0,15
Travail du sol - T
Variété - V
Protection fongicide - P
Interactions; valeur de p A*T
*
0,41
*
0,10
0,40
0,17
0,24
0,57
0,09
A*V
1,00
**
**
0,07
0,93
*
0,51
**
** 0,43
A*P
0,43
0,23
0,29
0,65
0,51
0,37
0,54
0,58
T*V
0,60
0,88
0,23
0,16
0,10
0,74
0,24
0,61
0,21
T*P
0,53
0,19
0,92
1,00
*
0,55
0,68
0,48
0,81
V*P
0,23
*
0,07
0,38
**
0,11
0,17
0,89
0,54
A*T*V
0,29
0,47
0,48
0,24
0,61
0,88
0,18
0,40
0,31 0,16
A*T*P
0,13
1,00
*
0,39
0,89
0,32
0,47
0,97
A*V*P
0,83
0,98
*
0,12
0,49
0,67
0,26
0,80
0,12
T*V*P
**
0,61
0,10
0,08
0,44
0,63
0,08
0,81
0,12
0,07
0,56
0,12
0,56
*
*
0,20
0,96
0,54
A*T*V*P *
significatif (p < 0,05); hautement significatif (p < 0,01). **
31 – 32), du feuillage (azoxystrobine et cyproconazole, dès BBCH 45) et de l’épi (prothioconazole, dès BBCH 61). Aucun régulateur de croissance n’a été appliqué. Les résidus de récolte ont été laissés sur le champ. Selon les années, entre 140 à 190 kg N/ha ont été apportés conformément aux données de base pour la fumure (Sinaj et al. 2009). Les autres soins aux cultures ont été réalisés selon les bonnes pratiques agricoles. L’étude s’est concentrée sur les années avec du blé sur tout le dispositif. Pour les procédés en rotation, cela concernait des cultures après maïs en 2006 et 2010, et après colza en 2008. Le rendement (15 % d’humidité), et ses composants (poids de 1000 grains, nombre de grains/m²) ont été relevés sur chaque parcelle. Des observations complémentaires ont été réalisées sporadiquement (nombre d’épis/m²). Les mesures concernaient aussi la qualité des récoltes et le développement
214
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 212–219, 2011
des maladies du blé. Ces résultats seront présentés dans une publication ultérieure. Le schéma expérimental initial est constitué de blocs randomisés répétés quatre fois. L’introduction des deux facteurs supplémentaires pour la présente étude conduit à un schéma expérimental interprété statistiquement en split-split-split plot (Gomez et Gomez 1984). Pendant les années d’étude, les températures ont été généralement plus élevées que la moyenne des 30 ans. Les mois de janvier et février ont été plutôt secs durant les 3 ans. Les mois de mars à mai 2006 étaient humides (>100 mm/mois). Mars et avril 2008 étaient pluvieux. En novembre et décembre 2009, les précipitations ont été particulièrement élevées (140 mm/mois). Le printemps 2010 était sec, hormis un mois de mai moyennement arrosé (80 mm).
Assolement, travail du sol, variété et protection fongicide en production céréalière | Production végétale
100
Rendement (q/ha)
80 60 40 20 0 Arina 2006
Tapidor
Arina
tcs
Tapidor
Arina
labour
Tapidor
Arina
tcs
monoculture
Tapidor
labour rotation
100
Rendement (q/ha)
80 60 40 20 0 Arina 2008
Tapidor
Arina
tcs
Tapidor
Arina
labour
Tapidor
Arina
tcs
Tapidor
labour
monoculture
rotation
100
Rendement (q/ha)
80 60 40 20 0 Arina 2010
Tapidor
Arina
tcs
Tapidor
Arina
labour
Tapidor
Arina
tcs
monoculture
Tapidor
labour rotation
traité
non traité
Figure 1 | Rendement du blé d’automne en fonction des facteurs assolement, travail du sol, variété et protection fongicide pour les années 2006, 2008 et 2010. Interprétation statistique dans le tableau 1.
Résultats Rendements Les rendements moyens de l’essai ont atteint 65 q/ha en 2006 et 59 q/ha les années suivantes. Les variations entre procédés étaient grandes, situées notamment entre 39 et 87 q/ha en 2010. Les quatre facteurs ont influencé
significativement les rendements chaque année (tabl. 1). Ces résultats sont nuancés par de nombreuses interactions simples ou complexes (fig. 1 et tabl. 1). La monoculture a pénalisé le rendement de 8 à 22 q/ ha selon les années, soit une diminution de 11 % en 2006, 21 % en 2008 et 32 % en 2010. En 2006 et 2010, l’effet du travail du sol était significatif, avec un écart de
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Production végétale | Assolement, travail du sol, variété et protection fongicide en production céréalière
Tableau 2 | Composantes de la variance pour le rendement, le poids des grains et le nombre de grains par unité de surface, e xprimées en pourcentage des carrés moyens pour les quatre f acteurs étudiés et l’ensemble des interactions 2006
2008
2010
Assolement
24
39
66
Travail du sol
28
0
9
Variété
24
45
13
Fongicide
17
9
2
Interactions
7
6
10
Assolement
38
16
70
Travail du sol
1
3
9
Rendement
Poids 1000 grains
Variété
18
4
5
Fongicide
22
57
9
Interactions
21
20
7
15
38
53
Nb 1000 grains/m² Assolement Travail du sol
41
0
8
Variété
21
54
29
Fongicide
11
2
0
Interactions
12
6
10
8 q/ha en faveur du labour, tandis qu’en 2008 aucune différence n’a été observée. L’écart entre variétés a atteint de 8 à 15 q/ha, correspondant aux différences connues entre un blé panifiable de qualité (Arina) et un blé fourrager (Tapidor; Levy et al. 2010). La protection fongicide était efficace chaque année avec un gain de rendement situé entre 4 et 7 q/ha. L’interdépendance entre les facteurs du système de culture est soulignée par l’interaction entre les quatre facteurs proche d’un niveau significatif en 2006 et 2010. Ces mêmes années, la supériorité du labour par rapport aux techniques culturales simplifiées (TCS) était plus marquée en monoculture qu’en rotation. Combinés, ces deux facteurs ont de plus interagi significativement avec la protection fongicide (tendance en 2006). En 2010, la monoculture a limité le rendement des deux variétés à un niveau identique. Par contre, en rotation, Tapidor a pu exprimer son potentiel de rendement supérieur à Arina. En 2008, cet écart a atteint 20 q/ha. Les variétés ont réagi de manière spécifique à la protection fongicide, avec une efficacité supérieure pour Tapidor en 2008 et 2010. La protection fongicide a généralement eu un effet identique, quel que fût le travail du sol
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Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 212–219, 2011
et l’assolement. Par contre, elle a contribué à des interactions entre plusieurs facteurs, dans des relations relativement complexes. En 2006, les traitements fongicide ont systématiquement favorisé le rendement de Tapidor, tandis que la protection phytosanitaire était efficace pour Arina uniquement après labour. En 2010, Tapidor a davantage bénéficié de l’effet de la rotation et de la protection fongicide que Arina, pour atteindre un rendement de 83 q/ha. L’assolement, mais également le choix variétal expliquent pour une large part les variations du rendement (tabl. 2). La contribution du travail du sol a varié selon les années et s’est même révélée nulle en 2008. Ces trois facteurs ont contribué de manière égale à la variance du rendement en 2006, année la plus productive (8 q/ha d’écart entre variantes d’un même facteur). En 2008, la variété et l’assolement étaient les facteurs les plus influents. En 2010, l’assolement a déterminé 66 % de la variance, pour une réduction du rendement de 22 q/ha en monoculture. L’effet du fongicide n’a jamais été aussi déterminant que celui des autres facteurs. L’ensemble des interactions a atteint une part maximale de 10 % de la variance. Poids des grains Le poids de mille grains (PMG) a été plus particulièrement favorisé par la rotation et par le labour en 2010, ainsi que par les traitements phytosanitaires en 2008 (tabl. 1). Des différences entre variétés sont aussi apparues, mais la meilleure variété a varié selon les années. L’interaction significative entre les quatre facteurs en 2008 et 2010 souligne la complexité des processus relatifs au grossissement du grain. En 2008, la protection fongicide a été fortement bénéfique pour Tapidor et son absence limitait plus particulièrement les TCS. L‘assolement et la protection fongicide ont exercé un rôle majeur sur la variance du PMG (tabl. 2). Les interactions entre la variété et les autres facteurs ont expliqué une part importante de la variance du PMG, en particulier en 2008 avec la protection fongicide (14 % de la variance). Nombre de grains Les quatre facteurs ont influencé de façon significative le nombre de grains produits par unité de surface (tabl. 1). En 2010, un gain de 360 grains/m² distinguait la rotation de la monoculture. En 2008 et 2010, une forte interaction assolement x variété a été observée, l’écart entre les deux assolements étant nettement plus important pour Tapidor que pour Arina. En termes de variance, le nombre de grains par unité de surface dépendait principalement de l’assolement et de la variété en 2008 et 2010, tandis que le travail du sol constituait le facteur
Assolement, travail du sol, variété et protection fongicide en production céréalière | Production végétale
déterminant en 2006 (tabl. 2). L’effet du traitement fongicide était généralement faible. Le peuplement d’épis (observations sur Arina uniquement) était significativement supérieur en rotation, avec respectivement 550 épis/m² en 2008 et 500 en 2010, soit 100 épis de plus qu’en monoculture. La travail du sol a exercé un rôle significatif en 2008 seulement, avec 60 épis de plus en TCS. Formation du rendement Le rendement est formé du nombre de grains multiplié par leur poids. Au cours des 3 années, les variations du nombre de grains ont été proportionnellement plus grandes que celles du PMG (tabl. 1). Le nombre de grains a donc exercé un effet plus important. D’autre part, le rapport entre ces deux caractères varie sous l’effet des facteurs de production. Relier les rapports des variantes permet d’identifier l’influence majeure de chaque fac-
teur en termes de fertilité (nombre de grains) et de conditions de croissance (poids du grain; fig. 2). Le nombre de grains et leur poids ont réagi presque systématiquement dans le même sens aux facteurs de production: nombreux grains lourds pour les meilleurs variantes ou petits grains légers dans les conditions limitantes (fig. 2). De façon générale, la protection fongicide a eu un effet sur le PMG plus prononcé que les autres facteurs. L’unique effet compensatoire entre le nombre de grains et leur poids est apparu pour le facteur variété en 2010. Cette même année, l’assolement et le travail du sol ont eu un effet analogue sur les caractères de formation du rendement. L’assolement a été à l’origine de la grande variabilité des rendements comme l’illustre l’écart au niveau du nombre de grains/m². L’année 2006 se distingue par un nombre de grains élevés, un PMG relativement bas. Dans ces conditions, la relation nombre et poids des grains était proche pour tous les facteurs.
47
assolement travail du sol
46
variété
2008 45
protection
44
Poids de 1000 grains (g)
43
42 2010 41
40
39 2006
38
37 1,1
1,2
1,3
1,4
1,5
1,6
1,7
1,8
Nombre de 1000 grains/m² Figure 2 | Relation entre le nombre de grains par unité de surface et le poids des grains du blé d’automne pour les quatre facteurs et les trois années d’observation. Résultats des variantes dans le t ableau 1.
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Production végétale | Assolement, travail du sol, variété et protection fongicide en production céréalière
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Discussion
Conclusions
Plusieurs travaux ont montré que l’assolement dominait les effets de la protection phytosanitaire, du travail du sol (Deike et al. 2008) et de la fertilisation (Sieling et al. 2005). La baisse de rendement est régulièrement proportionnelle à la charge en céréales dans la rotation (Berzenyi et al. 2000). Sieling et al. (2005) ont relevé des valeurs situées entre 8 et 57 % dans la littérature. Vez (1975) relevait une diminution de rendement de 35 % au cours des premières années d’une monoculture, de 15 à 18 % par la suite. Ce dernier niveau a été observé sur le long terme par Vullioud (2007). La stabilité de cette réduction est nuancée par la présente étude, qui montre une très forte variation selon les années, dépendante en partie de l’intensité de production. L’origine des pertes de rendement en monoculture peut être attribuée avant tout à la réduction du nombre de grains par unité de surface. Ce résultat est corroboré par d’autres travaux (Sieling et al. 2005; Berzsenyi et al. 2000). Comparativement au labour, le travail réduit du sol a été limitant deux années sur trois. Les travaux conduits précédemment sur ce même dispositif avaient montré une similitude des rendements entre labour et TCS (Vullioud 2007), ceci toutefois sur le long terme et dans des conditions de production moins intensives. Les nombreux cas d’interaction impliquant la variété et la protection fongicide, ainsi que la variabilité des réactions selon les années, montrent que la tolérance des variétés aux maladies a influencé les performances du blé, mais aussi que l’assolement et le travail du sol ont exercé un effet significatif sur l’état phytosanitaire des cultures. Gindrat et al. (2003) et Schürch et al. (2009) ont mis en évidence les relations entre les systèmes de culture céréaliers et les attaques fongiques dans les conditions pédoclimatiques similaires. Ces études pourront être confrontées aux observations de maladies réalisées dans cet essai.
••Après 43 ans de monoculture, le rendement du blé a atteint 54 q/ha en moyenne. Cette charge excessive en céréales a pénalisé le rendement de 10 à 20 q/ha. L’écart entre variétés a atteint 10 à 15 q/ha. L’effet du travail du sol a produit un écart de 10 q/ha. La protection fongicide permettait un gain de rendement d’environ 5 q/ha. ••Ces variations de rendement mettent en évidence les effets spécifiques de chacun des facteurs étudiés et la nécessité d’intégrer au mieux les facteurs de production. ••La rotation des cultures est un facteur essentiel pour obtenir des rendements élevés. Aucun des autres facteurs n’a compensé les effets défavorables de la monoculture. ••L’assolement, mais aussi le travail du sol, influencent davantage la fertilité des plantes et des épis que le grossissement des grains, qui est davantage favorisé par la protection fongicide. ••La combinaison entre variété productive et protection fongicide intensive a été particulièrement favorable en cas de labour. En termes de potentiel de rendement, les différences variétales se sont révélées importantes et valorisables pour l’élaboration de systèmes de culture intégrés. ••Un article à suivre montrera les relations entre les performances des cultures et le développement des maladies. Les incidences sur la qualité des récoltes seront également présentées. n
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Rotazione delle colture, lavorazione del suolo, varietà e protezione fungina nella produzione cerealicola Nell’ambito di una prova a lunga durata dedicata alla rotazione cerealicola, i fattori varietà e protezione fungina sono stati aggiunti durante tre anni (2006, 2008 e 2010) ai fattori rotazione delle colture e lavorazione del suolo già studiati dal 1967. Attraverso questo complemento si trattava di valutare in quale misura la tolleranza varietale alle malattie e la protezione fungina permettono di compensare i rischi fitosanitari dovuti a un carico elevato di frumento autunnale e come interagisce la lavorazione del suolo. La monocoltura ha penalizzato la resa da 8 a 22 q/ha, riduzione dovuta principalmente al numero minore di grani per unità di superficie. Due anni su tre, l’effetto della lavorazione del suolo era significativa con uno scarto di 8 q/ha in favore dell’aratura. La differenza tra le varietà ha raggiunto i 8 – 15 q/ha, corrispondente alle differenze note tra i due tipi di frumento testati. Il guadagno di resa attraverso la protezione fungina varia tra 4 e 7 q/ha. Gli effetti di un carico elevato di cereali non possono essere compensati. I contributi specifici di ciascun fattore e le numerose interazioni rilevate sottoliniano la necessità di integrare al meglio le tecniche colturali per una produzione di alto livello.
Summary
Riassunto
Assolement, travail du sol, variété et protection fongicide en production céréalière | Production végétale
Crop rotation, soil tillage, variety and fungicide protection in cereal production Within the framework of long-term experiment devoted to cereal production, the factors variety and fungicide protection were added during three years (2006, 2008 and 2010) to the factors crop rotation and soil tillage already studied since 1967. By this complement, the aim was to evaluate to what extent variety disease tolerance and fungicide protection may compensate for phytosanitary risks due to high ratio of winter wheat in rotation, and how far soil tillage interacts. Monoculture penalized grain yield from 8 to 22 q/ha, mainly because of the reduction of the grains number produced per unit of area. Two years out of three, the effect of soil tillage was significant, with a variation of 8 q/ha in favor of the ploughing. The difference between varieties reached 8 to 15 q/ha, corresponding to the known variation between the two types of wheat tested. The additional yield by fungicide protection varied between 4 and 7 q/ha. The effects of a high ratio of cereals in rotation could not be compensated. The specific contributions of each factor and many stressed interactions point out the need for better integrating the cropping techniques for a high-level production. Key words: winter wheat, crop rotation, monoculture, soil tillage, fungicide.
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219
E c o n o m i e
a g r i c o l e
Effet d’échantillonnage – La comparaison avec l’année précédente est-elle pertinente? Andreas Roesch, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen Renseignements: Andreas Roesch, e-mail: andreas.roesch@art.admin.ch, tél. +41 52 368 34 70
La composition de l'échantillon peut changer de manière significative au cours du temps. (Photo: ART)
Introduction et méthode En 2009, le Dépouillement centralisé (DC) des données comptables a saisi et analysé les données comptables de 3372 exploitations de référence. Le rapport de base, qui paraît chaque année (Dux et Schmid 2010), publie les moyennes de l’année concernée ainsi que celles des deux années précédentes. Ceci permet au lecteur de comparer rapidement les résultats actuels et ceux de l’année précédente. Mais cette comparaison est-elle toujours pertinente? Il n’est pas possible de répondre systématique-
220
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 220–225, 2011
ment par l’affirmative, car la composition de l’échantillon peut varier considérablement d’une année à l’autre. Certaines exploitations quittent l’échantillon tandis que d’autres y sont admises. Cette variation de la composition de l’échantillon peut dans certains cas influencer considérablement les résultats (effet d’échantillonnage). Pour quantifier l’effet d’échantillonnage, il est nécessaire d’analyser la structure des exploitations qui quittent l’échantillon et celle des exploitations qui y entrent. Il se peut par exemple que l’admission dans l’échantillon d’exploitations très prospères et le départ d’exploita-
tions à faibles revenus indiquent à tort une augmentation des revenus par rapport à l’année précédente. Inversement, le départ d’exploitations à revenus élevés peut conduire à sous-estimer l’évolution réelle des revenus. Pour éliminer l’effet d’échantillonnage, il suffit de se référer uniquement aux exploitations qui ont participé au dépouillement non seulement durant l’exercice en cours, mais aussi l’année précédente (exploitations dites «comparables»). Sur les 3372 exploitations de référence de l’année 2009, 2818 (83,5 %) avaient également fourni leur bouclement comptable l’année précédente. En moyenne, il faut s’attendre à une mutation de 15 à 20 % par an; par conséquent, une exploitation reste en moyenne un peu plus de cinq ans dans l’échantillon avant de le quitter. Près de la moitié des exploitations fait déjà partie de l’échantillon depuis cinq ans et environ une exploitation sur cinq fournit sa comptabilité depuis dix ans au Dépouillement centralisé.
Résumé
Effet d’échantillonnage – La comparaison avec l’année précédente est-elle pertinente? | Economie agricole
En 2009, le Dépouillement centralisé des données comptables a enregistré les données comptables de près de 3400 exploitations de référence. La comparaison de ces données avec les résultats de l’année précédente est d’une importance capitale pour l’analyse. Or, la présente étude montre que les pourcentages de variation par rapport à l’année précédente dépendent largement de la composition de l’échantillon. En 2009 par exemple, le revenu agricole de l’ensemble des exploitations de référence en région de montagne a baissé seulement de 0,9 % par rapport à 2008, tandis que les exploitations comparables affichent une baisse de 5,3 %.
Résultats Départ des exploitations: influence sur le revenu Le tableau 1 présente le revenu agricole de toutes les exploitations de référence et des exploitations qui sont sorties de l’échantillon fin 2008, ainsi que les pourcentages d’écart entre ces deux groupes. Pour permettre la
Tableau 1 | Influence du départ (démission) des exploitations de référence sur le revenu agricole Nombre d'exploitations Type d'exploitation
Grandes cultures
149
132
Départs
2
de toutes les exploitations
des exploitations qui ont quitté l'échantillon en 2008
Ecart en pourcentage
17 (11 %)
76 180
61 330
-19,5
Cultures spéciales
114
98
16 (14 %)
88 890
75 260
-15,3
1285
1086
199 (15 %)
62 880
57 520
-8,5
Vaches-mères
206
170
36 (17 %)
44 830
49 140
9,6
Autre bétail bovin
189
155
34 (18 %)
37 810
29 650
-21,6
64
42
22 (34 %)
33 540
20 760
-38,1
Transformation Comb. Lait commercialisé / Grandes cultures
2
dont exploitations présentes également en 2009 (exploitations «comparables»)
Lait commercialisé
Chevaux/Ovins/Caprins
1
Total 2008
Revenu agricole 20081
71
58
13 (18 %)
106 530
81 090
-23,9
299
239
60 (20 %)
80 490
79 850
-0,8
Comb. Vaches-mères
57
48
9 (17 %)
56 000
58 940
5,3
Comb. Transformation
523
442
81 (15 %)
98 400
103 800
5,5
Comb. Autres
419
348
71 (17 %)
68 790
69 970
1,7
Région de plaine
1434
1195
239 (17 %)
85 660
82 520
-3,7
Région des collines
1046
890
156 (15 %)
65 340
64 880
-0,7
Région de montagne
896
733
163 (18 %)
49 920
41 930
-16,0
Ensemble de la Suisse
3376
2818
558 (16 %)
69 880
65 730
-5,9
Moyenne non pondérée, les valeurs peuvent différer considérablement des valeurs pondérées. entre parenthèses: pourcentage des exploitations qui ont quitté l'échantillon fin 2008 (év. début 2009).
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 220–225, 2011
221
Economie agricole | Effet d’échantillonnage – La comparaison avec l’année précédente est-elle pertinente?
Tableau 2 | Influence de l’arrivée (admission) des exploitations de référence sur le revenu agricole Nombre d'exploitations Arrivées2
147
130
17 (12 %)
72 347
61 636
-14,8
116
103
13 (11 %)
98 844
97 291
-1,6
Total 2009
Grandes cultures Cultures spéciales Lait commercialisé
des exploitations qui sont entrées dans l'échantillon en 2009
Ecart en pourcentage
1323
1098
225 (17 %)
57 289
51 852
-9,5
198
168
30 (15 %)
41 925
37 783
-9,9
Autres bétail bovin
175
147
28 (16 %)
37 109
37 841
2,0
43
40
3 (7 %)
36 712
27 220
-25,9
Comb. Lait commercialisé / Grandes cultures
79
62
17 (21 %)
84 890
75 082
-11,6
274
225
49 (18 %)
73 274
70 358
-4,0 -10,4
Comb. Vaches-mères
66
50
16 (24 %)
52 158
46 726
Comb. Transformation
525
438
87 (17 %)
79 576
80 025
0,6
Comb. Autres
426
357
69 (16 %)
62 912
61 575
-2,1
Région de plaine
1444
1192
252 (17 %)
74 377
69 177
-7,0
Région des collines
1057
890
167 (16 %)
59 463
52 420
-11,8
Région de montagne
871
736
135 (15 %)
49 160
49 997
1,7
Ensemble de la Suisse
3372
2'818
554 (16 %)
63 189
59 452
-5,9
Moyenne non pondérée, les valeurs peuvent différer considérablement des valeurs pondérées. Entre parenthèses: pourcentage des exploitations qui sont entrées dans l'échantillon en 2009.
comparaison, nous avons renoncé à pondérer les exploitations. La différence entre le revenu moyen des exploitations qui restent dans l’échantillon et le revenu de celles qui ont quitté l’échantillon fin 2008 («Départs»), peut être considérable. En 2008 par exemple, les 64 exploitations appartenant au type «Chevaux/ Ovins/ Caprins» affichaient un revenu moyen de Fr. 33 540.–, tandis que les 22 exploitations qui ont quitté l’échantillon fin 2008 avaient réalisé un revenu moyen de Fr. 21 000.– seulement. Inversement, le revenu des exploitations de vaches-mères qui ont quitté l’échantillon fin 2008 était de près de Fr. 4300.– (9,6 %) au-dessus de la moyenne du revenu de l’ensemble des exploitations de vaches-mères (Fr. 44 830.–). Si l’on considère les régions isolément, on constate qu’en région de montagne notamment, le revenu moyen de l’ensemble des exploitations (près de Fr. 50 000.– en 2008) est nettement au-dessus de celui des exploitations qui ont quitté l’échantillon fin 2008 (Fr. 41 930.–). C’est pourquoi il n’est pas étonnant que le revenu de toutes les exploitations suisses qui ont quitté l’échantillon fin 2008 soit nettement en dessous de la moyenne de l’ensemble (6 % plus bas).
222
de toutes les exploitations
Vaches-mères
Transformation
2
dont exploitations présentes également en 2008 (exploitations «comparables»)
Type d'exploitation
Chevaux/Ovins/Caprins
1
Revenu agricole 20091
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 220–225, 2011
Arrivée de nouvelles exploitations: influence sur le revenu L’ampleur de l’effet d’échantillonnage dépend de la structure des exploitations qui ont quitté l’échantillon fin 2008 et des caractéristiques de celles qui ont été admises dans l’échantillon en 2009 (Arrivées). Le tableau 2 indique qu’en ce qui concerne le revenu agricole, les différences entre toutes les exploitations et le groupe des arrivées peuvent varier considérablement d’un type d’exploitation à l’autre. Ainsi, la différence (négative) pour les types d’exploitation «Grandes cultures», «Chevaux/ Ovins/ Caprins», «Transformation» et «Combiné Vaches-Mères» est supérieure à 10 %. Par conséquent, le revenu moyen des exploitations admises dans l’échantillon en 2009 se situe nettement en dessous de la moyenne de l’ensemble des exploitations du type correspondant. La comparaison des tableaux 1 et 2 montre que les écarts entre les entrées et les départs d’un certain groupe peuvent être importants. Le revenu moyen des exploitations de montagne nouvelles dans l’échantillon en 2009 ne se situe que légèrement au-dessus de la moyenne de l’ensemble des exploitations de la région de montagne, tandis que le revenu des exploitations sortantes (tabl. 1) était inférieur de 16 % à ladite
Effet d’échantillonnage – La comparaison avec l’année précédente est-elle pertinente? | Economie agricole
Tableau 3 | Pourcentage de variation par rapport à l’année précédente avec et sans effet d’échantillonnage Ensemble de la Suisse
Région de montagne
Zone de montagne II
Zone de montagne III
Exploitations de référence
Exploitations comparables
Exploitations de référence
Exploitations comparables
Exploitations de référence
Exploitations comparables
Exploitations de référence
Exploitations comparables
Surface agricole utile
%
1,2
1,0
2,7
2,4
2,8
3,0
2,7
2,1
UGB
%
5,0
2,8
9,4
4,3
7,5
3,6
9,0
5,4
Prestation brute
%
0,5
-0,8
3,8
-1,2
2,1
-1,2
2,8
-1,5
Coûts réels
%
2,7
1,2
5,6
0,4
4,8
0,8
1,8
-0,9
Revenu d'exploitation
%
-3,6
-4,3
0,1
-3,6
-3,4
-4,3
3,8
-2,8
Revenu agricole
%
-6,0
-6,5
-0,9
-5,3
-4,8
-6,4
5,9
-3,1
Revenu du travail/ UTAF
%
-2,2
-3,0
6,2
-0,2
-3,7
-6,3
16,9
2,8
Revenu extra- agricole
%
8,6
8,8
8,4
6,7
13,4
14,9
4,9
9,4
Revenu total
%
-2,0
-2,4
2,2
-1,5
-1,9
-2,0
9,3
-0,1
Sur la base des moyennes pondérées. Le calcul des «exploitations comparables» repose sur les exploitations qui ont participé au dépouillement les deux années (2008 et 2009). L'effet d'échantillonnage se calcule à partir de la différence entre la colonne «exploitations de référence» et la colonne «exploitations comparables». Remarque: on trouve un tableau avec l'effet d'échantillonnage des principaux chiffres-clefs techniques et économiques dans le rapport de base, tableau V7 (Dux et Schmid 2010) ainsi qu'en annexe du rapport principal (Schmid et Roesch 2010). 1
moyenne. Alors que des exploitations à faibles revenus ont quitté l’échantillon, les nouvelles exploitations se situent légèrement au-dessus de la moyenne. Le pourcentage de nouvelles exploitations dans l’échantillon est du même ordre pour les différents types d’exploitation et pour les trois régions. Sur ce plan, seul le type d’exploitation «Chevaux/ Ovins/ Caprins» sort un peu du lot avec l’arrivée de trois nouvelles exploitations seulement (7 %), soit nettement en dessous de la moyenne de 15 %. Ce même type d’exploitation s’était également démarqué des autres avec le départ de près d’un tiers des exploitations (34 %; tabl. 1). Il reste à espérer que le nombre d'exploitations de ce groupe présent dans l'échantillon du DC ne continue pas à baisser car en 2009, à peine 1,5 % des exploitations de type «Chevaux/Ovins/ Caprins» de la population de base du DC étaient encore présentes dans l'échantillon du DC. En 2009, à l’échelle de toute la Suisse, le pourcentage d’exploitations de référence représente tout de même encore 6,8 % de la population de base (3372/49 446). Variation par rapport à l’année précédente La structure et la situation économique des exploitations qui ont quitté l’échantillon en 2008 ou qui sont entrées dans l’échantillon en 2009 se distinguent nettement de celles des exploitations qui ont participé au dépouillement les deux années. C’est pourquoi la comparaison avec l’année précédente peut, selon la base des exploitations considérées (exploitations de référence ou comparables) et la pondération, conduire à des résultats différents.
Le tableau 3 indique que le pourcentage de variation par rapport à l’année précédente dépend largement des données de base, notamment en région de montagne. Les résultats sont pondérés en fonction de leur pourcentage dans le relevé des structures agricoles, car la structure des exploitations de référence et des exploitations comparables peut différer de celles des exploitations agricoles en général. Avec la méthode de calcul habituelle, sur la base de toutes les exploitations de référence pondérées, le recul du revenu des exploitations de montagne est de seulement 0,9 %. En revanche, si l’on détermine la variation du revenu uniquement à partir des exploitations qui ont participé au dépouillement les deux années (2008 et 2009), la baisse pondérée des revenus s’élève à 5,3 %. La différence de 4,4 % est due à la modification de la composition de l‘échantillon («effet d’échantillonnage») des exploitations avec un revenu nettement en dessous de la moyenne ayant quitté l’échantillon, tandis que les exploitations nouvellement admises en 2009 ont des revenus légèrement au-dessus de la moyenne. Des effets d’échantillonnage encore plus importants s’observent dans les différentes zones de montagne. L’effet d’échantillonnage pour le revenu agricole de la zone de montagne III est par exemple de +9,0 % (5,9 % moins -3,1 %) = 5,9 % + 3,1 % = 9,1%), tandis que l’effet est seulement de +1,6 % dans la zone de montagne II. Le tableau 3 montre qu’en zone de montagne III surtout, l’effet d’échantillonnage est très net pour d’autres paramètres du revenu ainsi que pour des variables structu-
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 220–225, 2011
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Economie agricole | Effet d’échantillonnage – La comparaison avec l’année précédente est-elle pertinente?
relles, comme l’effectif animal. L’effet d’échantillonnage se fait plus sentir dans les petits groupes que dans les groupes bien représentés comme les exploitations de lait commercialisé, car dans un petit échantillon, les résultats «inhabituels» d’une exploitation individuelle se répercutent davantage sur la moyenne. A l’échelle de la Suisse, l’effet d’échantillonnage est nettement moins important. En ce qui concerne le pourcentage de variation du revenu agricole, les différences entre les exploitations comparables et les exploitations de référence sont par exemple réduites (deux premières colonnes du tableau 3). Les effets des revenus en dessous de la moyenne des exploitations quittant l’échantillon et de ceux des nouvelles exploitations se compensent en grande partie. D’autres chiffres-clés importants comme l’effectif animal total sont cependant sujets à un important effet d’échantillonnage même à l’échelle de la Suisse. Le pourcentage de variation d’unités de gros bétail des exploitations de référence est de 5 %, soit près du double du pourcentage de variation des exploitations comparables (2,8 %). D’autres analyses de l’effet d’échantillonnage pour les années 2003 à 2008 ont montré que cet effet est particulièrement marqué pour les deux années 2008/2009. Dans les années 2003/2004 à 2006/2007 notamment, la variation de la composition de l’échantillon a moins de répercussions qu‘en 2008/2009.
Conclusions Déterminer l’évolution des conditions économiques par rapport à l’année précédente constitue une tâche importante du DC. Ces estimations reposent sur les moyennes pondérées des exploitations de référence. La présente analyse a montré que cette méthode pouvait conduire à des résultats discutables, lorsque la composition de l’échantillon varie de manière défavorable. Cette erreur s’amplifie lorsque, sur le plan des conditions économiques, le groupe des exploitations qui quittent l’échantillon ou celui des nouvelles exploitations se différencie
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Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 220–225, 2011
considérablement des exploitations qui sont restées dans l’échantillon pendant deux années consécutives. C’est ainsi qu’en 2009, la baisse des revenus des exploitations de montagne par rapport à l’année précédente est de -0,9 % pour l’ensemble des exploitations de référence et de -5,3 % pour les exploitations comparables. Il est donc recommandé de se baser davantage sur les exploitations comparables pour évaluer la situation des revenus. A partir de l’exercice comptable 2009, ART publie les résultats correspondants dans le rapport principal (Schmid et Roesch 2010), ainsi que dans le rapport de base (Dux et Schmid 2010). Dispositif de collectes des données Etant donné la divergence des résultats, il semble nécessaire de réviser le dispositif de collectes des données. ART a établi un concept pour le développement futur du Dépouillement centralisé (Lips et al. 2009). Il est prévu de sélectionner les exploitations au hasard et d’organiser un panel tournant: une fois que l’exploitation a été sélectionnée au hasard et s’est déclarée prête à fournir ses données au Dépouillement centralisé, elle reste environ cinq ans dans l’échantillon. Puis, elle quitte l’échantillon et est remplacée par une autre exploitation, également sélectionnée au hasard. On peut ainsi espérer disposer d’un instrument qui réduise les fluctuations annuelles dans les livraisons de données. A court terme, il est difficile d’influer sur le dispositif de collectes des données, car ce n’est pas ART qui décide de la livraison des données des exploitations individuelles. Seule l’indemnisation des données fournies représente une possibilité d’apporter plus de continuité dans l’échantillon. C’est pourquoi le mode d’indemnisation a été adapté à partir de l’exercice comptable 2010 (livraison des données en 2011). Chaque exploitation ayant déjà fourni son bouclement l’année précédente bénéficiera d’une somme supplémentaire. Sachant que le budget total des indemnisations reste constant, cela signifie que l’indemnisation de base, elle, sera réduite. n
Effetto del campionamento: quant’è esaustivo il confronto con l'anno precedente? Nell'ambito dell’analisi centralizzata del 2009 sono stati rilevati dati contabili di circa 3400 aziende di riferimento. In fase di analisi dei dati il confronto con i risultati dell'anno precedente è di grande importanza. Dal presente studio emerge che le variazioni percentuali, rispetto all'anno precedente, possono dipendere dalla composizione del campione. Il reddito agricolo di tutte le aziende di riferimento nella regione di montagna, ad esempio, è diminuito soltanto dello 0,9 % nel 2009 rispetto al 2008, mentre il numero di aziende comparabili è sceso del 5,3 %.
Summary
Riassunto
Effet d’échantillonnage – La comparaison avec l’année précédente est-elle pertinente? | Economie agricole
Sample effect - how conclusive is a comparison with the previous year? In 2009, the Farm Accountancy Data Network collected accountancy data for just under 3400 reference farms. Comparison with the previous year’s results is extremely important when analysing data, although the present study shows that percentage changes compared to the previous year can depend considerably on the particular composition of the sample. For example, in 2009, the agricultural income of all the reference farms in the mountain region fell by only 0.9 % compared with 2008, while comparable farms showed a corresponding reduction of 5.3 %. Key words: FADN, agricultural income, sample effect, changes in sample composition.
Bibliographie ▪▪ Dux D. & Schmid D., 2010. Rapport de base 2009, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Lips M., Mühlethaler K., Roesch A., Schmid D. & Hausheer Schnider J., 2009. Vorschlag der Arbeitsgruppe ZA 2015 für ein neues Konzept der Zentralen Auswertung von Buchhaltungsdaten, Abschlussbericht der A rbeitsgruppe ZA 2015.Station de recherche Agroscope Reckenholz- Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Schmid D. & Roesch A., 2010. Evolution économique de l’agriculture s suisse en 2009, rapport principal n° 33 du Dépouillement centralisé des données comptables (série temporelle 2000–2009). Rapport ART 734. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 220–225, 2011
225
E n v i r o n n e m e n t
Rétrospective phénologique de l’année 2010 Claudio Defila, Office fédéral de météorologie et de climatologie MétéoSuisse, 8044 Zurich Renseignements: Claudio Defila, e-mail: claudio.defila@bluewin.ch, tél. +41 44 737 23 52
Le printemps phénologique 2010 peut être qualifié de normal à tardif. A part quelques exceptions au Tessin, les fruitiers (cerisiers, pommiers et poiriers) ont fleuri aux dates habituelles. (Photo: ACW)
Introduction Depuis 1989, une rétrospective météorologique et phénologique est publiée chaque année dans cette revue. La présente contribution est cependant la dernière que j’écris, car je pars à la retraite. Au cours de ces 22 années, l’évolution a été rapide dans le domaine de la phénologie; dans les années 1980, elle était encore peu connue. Dans les congrès internationaux de météorologie ou de climatologie, il n’y avait que quelques rares présentations sur ce thème et les publications à ce sujet n’étaient pas fréquentes. Dans les années 1990, l’influence du
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Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 226–231, 2011
réchauffement climatique sur les phases phénologiques a été décelée. Le nombre de contributions lors de congrès et le nombre des publications scientifiques ont dès lors fortement augmenté. La phénologie représente, comme la mesure de l'évolution de glaciers, un très bon indicateur du réchauffement climatique. Au printemps et en été, la température influence beaucoup les dates d’occurrence des phases phénologiques. Il a ainsi été montré, en Suisse, que le développement des feuilles et la floraison des espèces printanières interviennent en moyenne 15 et 20 jours plus tôt par rapport aux années 1950. Les facteurs qui modulent les phases automnales,
comme la coloration et la chute des feuilles, n’ont par contre par encore été assez étudiés. Malgré les incertitudes des données automnales, une prolongation de la durée de la saison de végétation de 2,7 jours par décennie (1951 – 2000) a été mise en évidence (Defila et Clot 2001). Des chiffres équivalents ont été obtenus dans les pays voisins. Ainsi, le réseau d’observations phénologiques de MétéoSuisse délivre des données précieuses et il faut espérer qu’il en sera encore de même dans les prochaines décennies.
Résultats En 2010, un léger excédent de chaleur a été mesuré en Suisse et, dans l’ouest du pays surtout, un déficit de précipitations. Du début de l’année jusqu’au milieu du mois de mars, le temps est resté hivernal et froid, avec de fréquentes chutes de neige en plaine. Des phases de beau temps printanier se sont installées dès la deuxième partie du mois de mars et ont culminé pendant la deuxième moitié d’avril. De début mai jusqu’à mi-juin, le début de l’été s’est montré pluvieux, frais et inhabituellement pauvre en soleil. Une période continue de beau temps estival s’est ensuite installée de mi-juin à mi-juillet; il a fait chaud et la sécheresse a régné dans l’ouest du pays. Des conditions changeantes ont dominé le reste de l’été et l’automne. La neige a plusieurs fois blanchi les sommets et elle est arrivée en plaine en novembre déjà. Juste au début de l’hiver, toute la Suisse a été recouverte de neige pendant quelques jours.
Résumé
Rétrospective phénologique de l’année 2010 | Environnement
En raison des très légers excès de chaleur enregistrés en 2010, cette année phénologique a été dans l’ensemble proche de la moyenne. Le printemps phénologique – identifié par la floraison du pas-d'âne – a été un peu retardé à la suite des températures restées basses jusqu’à mi-mars, mais les phases phénologiques printanières suivantes ont été observées aux dates normales. L’été phénologique 2010 peut être qualifié de normal à précoce. Pendant l’été, les températures ont parfois dépassé la norme saisonnière. Comme c’est souvent le cas, l’automne phénologique s’est révélé assez peu homogène: les phases automnales ont été enregistrées à des dates soit précoces, soit tardives, selon les stations.
Hiver 2009/10 L’hiver 2009/10 a commencé en décembre 2009 avec des températures inférieures à la moyenne dans les régions d’altitude, tandis qu’en plaine au nord des Alpes, il faisait doux et des excès de précipitations étaient enregistrés. Les régions à föhn connaissaient au contraire des déficits de précipitations. Janvier 2010 a été le plus froid depuis 20 ans: en-dessous de la norme de 1 à 1,5 °C en plaine et de 2 à 3 °C en montagne. Le temps était également très sec: les quantités de précipitations ont été inférieures à la moitié de la norme mensuelle dans de nombreuses régions. En février, les températures étaient encore 1 degré en-dessous de la norme; la température est descendue jusqu’à -35,6 °C à La Brévine, mais aussi jusqu’à -17 °C dans l’Oberland bernois. Dans les régions de basse altitude des Alpes et dans le sud de la Suisse en revanche, les températures étaient normales. Dans les Alpes, comme en janvier, il a fait trop sec. Régionalement, des excès de précipitations ont pu être mesurés au sud, dans l’ouest et le nord-ouest du pays.
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 226–231, 2011
227
Environnement | Rétrospective phénologique de l’année 2010
Figure 1 | Le déploiement des feuilles de hêtre est une phase phénologique printanière. (Photo: MétéoSuisse)
Printemps Mars a été légèrement plus chaud en plaine et légèrement plus frais en montagne que la norme 1961 – 90. Le 9 mars, -28,6 °C ont été mesurés à Buffalora (Ofenpass) et le 25 mars, la température atteignait 23 °C dans l’ouest du Plateau. A l’exception de quelques régions du sud des Alpes, d’importants déficits de précipitations ont été enregistrés. Avril est resté également sec dans tout le pays et les températures ont dépassé la norme de 2 °C dans de nombreuses régions; le soleil a largement régné. Les excès de chaleurs ont été cependant moins marqués au sud et dans les Grisons. Le mois de mai a été à l’inverse du précédent: très humide, en particulier dans les Alpes centrales et sur le versant sud des Alpes. En Valais, il est tombé trois fois plus de pluie que normalement. Dans le nord du pays, les températures sont restées un peu inférieures à la norme, tandis qu’elles étaient légèrement supérieures au sud. Eté En juin, dans toute la Suisse, il a fait plus chaud que la moyenne 1961 – 90. Le foehn s’est installé du 8 au 10 juin pour une durée inhabituelle à cette période de l’année. Il s’est même fait sentir au-delà des frontières nord, en Allemagne. Dans les régions à foehn, la température a dépassé 30 °C le 9 juin. Dans la plupart des régions, un déficit de précipitations a été enregistré; des quantités de pluie supérieures à la normale n’ont été mesurées
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Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 226–231, 2011
que dans l’ouest du Plateau et dans certaines régions du sud des Alpes. Le mois de juillet a été l’un des plus chauds depuis le début des mesures en 1864, avec des températures de 2,5 à 3 °C au-dessus de la norme saisonnière. Seuls les mois de juillet 1983 et 2006 avaient été plus chauds. Les températures ont dépassé les 35 °C. Il a beaucoup plu en Valais, sur le versant nord des Alpes et dans le nord-est du pays. Des déficits importants de précipitations ont en revanche été enregistrés dans l’ouest et au sud. En août, les températures se sont rapprochées de la normale, avec de grandes variations en quelques jours: le 26 août, les maximas atteignaient 28 à 32 °C et le 30 il neigeait en-dessous de 2000 mètres. Un excès de précipitations a été enregistré dans la plupart des régions ce mois. Automne Septembre a été un peu plus frais que la moyenne 1961 – 90. Il a fait trop sec dans l’ouest du pays, mais des excès de pluie ont été mesurés sur le versant nord des Alpes et dans quelques régions du Tessin et des Grisons. Octobre a manqué de pluie, sauf dans le sud du pays. Il a fait assez froid: le déficit de chaleur a dépassé 1 °C aux altitudes moyennes. Novembre a été doux à basse altitude, mais plus froid que la moyenne en montagne. Dans les régions les plus basses du nord des Alpes, un excédent de chaleur de 3,5 à 4,5 °C a même été enregistré. Les quantités de pluie étaient excédentaires, en particulier au sud des Alpes et en Engadine.
1020
24.05 +
14.06 -
Les Ponts-de-Martel
1120
26.04 +
26.05 +
25.06 +
Floraison du pissenlit officinal (Taraxacum officinale)
05.05 o
03.05 o
22.05 --
23.04 o
29.04 o
26.04 o
22.05 -
12.05 o
01.06 +
25.05 +
24.06 o
12.04 o
29.04 o
20.04 o
28.04 o
13.05 o
Floraison du colchique d’automne (Colchium autumnale)
Le Locle
26.04 o
Vendanges
12.07 +
25.05 o
Floraison de la vigne
22.05 -
18.04 o
Fenaison
29.04 o
23.03 o
Floraison du poirier
24.03 o
660
Floraison du pommier
530
L’ Abergement
Floraison du cerisier
Floraison du tilleul à larges feuilles (Tilia platyphyllos)
Moutier
Floraison du pas d'âne (Tussilago farfara)
Floraison de la marguerite vulgaire (Leucanthemum vulgare)
Rétrospective phénologique de l’année 2010 | Environnement
1. Jura
22.07
02.09 o
17.05 o
2. Valais/Vallée du Rhone Leytron
480
23.03 o
09.04 o
Fiesch
1100
23.03 -
04.05 o
26.05 o
Les Plans-sur-Bex
1100
Gryon
1100
11.03 o
01.05 o
10.06 o
St. Luc
1650
08.04 o
20.05 o
15.06 o
Sarnen
500
28.02 -
01.04 -
09.05 -
Entlebuch
765
05.04 o
28.04 o
31.05 o
Escholzmatt
910
29.03 +
26.04 -
04.06 o
Gadmen
1205
22.05 o
09.06 o
02.07 o
14.06 o
11.10 o
21.06 o
23.08
28.05 +
25.10 ++
25.05 o
05.05
30.05
15.07 ++
20.08 ---
19.06 o
18.04 o
27.04 o
24.04 o
17.04 --
27.06
20.10
05.09 +
17.06 o
25.04 o
07.05 -
29.04 -
22.05 o
23.06 o
15.10 o
20.08 -
28.06 -
30.04 -
19.05 o
10.05 o
05.06 o
21.06 o
04.10 o
22.06 o
15.10 o
07.09 +
18.06 o
22.10 o
22.10 ++
01.07 o
09.10 o
3. Suisse centrale
07.06 o
23.06 -
4. Plateau Liestal
350
22.03 +
13.04 o
08.05 -
14.06 o
14.04 o
25.04 o
13.04 o
05.06 +
Cartigny
400
28.03 ++
22.04 +
19.05 o
09.06 -
12.04 o
27.04 o
23.04 o
03.06 o
Rafz
515
23.03 o
19.04 o
21.05 o
23.06 o
22.04 o
30.04 o
26.04 o
Wiliberg
650
20.03 o
21.04 o
Posieux
680
Wyssachen
850
25.03 o
01.07
22.04 o
30.04 -
28.04 o
27.04 o
22.05 o
29.06 o
27.04 o
02.05 -
30.04 o
20.05 o
28.04 o
22.05 o
28.06 o
28.04 o
12.05 o
28.04 -
22.05 -
14.06 o
5. Suisse orientale et centre des Grisons Sargans II
480
06.04 ++
12.04 o
17.05 o
16.04 o
20.04 o
23.04 o
26.05 +
Wattwil, SG
625
30.03 +
29.04 o
23.05 o
28.04 o
08.05 o
29.04 o
22.05 o
Thusis
700
26.03 o
28.04 o
19.05 o
19.04 o
26.04 -
25.04 o
22.05 -
Seewis Dorf
960
20.03 -
10.05 +
05.06 o
26.04 o
11.05 o
30.04 -
04.06 o
Andeer
985
08.04 ++
10.05 o
29.05 o
08.07 o
02.05 o
14.05 o
09.05 o
04.06 -
Wildhaus
1100
02.04 o
30.04 -
01.06 -
14.07 o
19.05 ++
29.05
04.06 -
14.09 o
Vals
1250
08.04 o
21.05 +
11.06 o
21.05 +
24.06 -
09.09 +
Davos-Dorf
1560
22.04 o
03.06 o
16.06 -
24.06 o
05.09 o
21.05 o
21.05 o
18.09 o 30.08 o
6. Engadine et sud des Grisons Brusio-Piazzo
800
Stampa
1000
10.04 +
12.05 -
Martina
1050
09.04 o
06.05 o
09.06 +
Scuol
1240
18.04 ++
05.05 o
15.06 +
St. Moritz
1800
28.04 +
22.05 o
19.06 o
09.04 o
30.04 -
16.04 o
16.05 o
28.04 o
12.06 ++
17.05 +
11.06 ++
12.06 -
27.05 o
27.04 +
29.04. o
03.05 o
03.05 o
20.05 o
15.05 o
25.05 ++
25.05 ++
06.05 30.06 o
07.05 o
25.05 -
23.06 o
21.09 ++
10.06 -
10.09 o
06.07 o
06.09 +
7. Tessin Vira / Gambarogno
210
Cevio-Cavergno
430
Prato-Sornico
750
Vergeletto
1100
05.04 o
10.04 ++
30.06 ++
19.04 ++
19.04. o
23.04 +++
17.05 o
08.06 o
14.04 +
27.04 +
24.04 +
23.05 -
12.06 o
26.06 ++
28.04 +
25.04 +
25.04 +
21.06 ++
08.07 +
28.04 +
22.05 +++
15.05 ++
19.06 o
01.10 o
20.09
Légende du tableau 1: --- nouveau record -- très précoce - précoce 0 normal + tardif ++ très tardif +++ nouveau record Pas de qualification: série d’observations trop courte ou pas de données pour cette année.
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 226–231, 2011
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Environnement | Rétrospective phénologique de l’année 2010
Développement de la végétation proche de la normale en 2010 A la station de Sent, en Basse-Engadine, aucune observation n’a pu être réalisée en 2010. En moyenne, 2010 a enregistré un léger excédent de chaleur et l’année phénologique peut être qualifiée de plus ou moins normale. Les seuls écarts à mentionner concernent le début tardif du printemps et le début légèrement précoce de l’été phénologique. Printemps Le printemps phénologique 2010 peut être qualifié de normal à tardif. De toutes les phases phénologiques, 64 % sont dans la classe «normale», 23 % peuvent être qualifiées de «tardives et très tardives» et 13 % classées comme «précoces et très précoces». A basse altitude, au sud des Alpes, en Valais et dans le nord du pays, les noisetiers ont déjà fleuri en février (non inclus dans le tableau); dans les autres régions, ils ont fleuri en mars. Le pas-d'âne a fleuri entre la fin mars et le début avril dans la plupart des régions. Dans certaines stations, cette phase phénologique a été observée tardivement, même très tardivement dans certains cas. A part quelques exceptions, le pissenlit a fleuri à des dates normales. La floraison de la marguerite a également été observée à des dates normales, même si elle a été tardive et même parfois très tardive en Engadine, au sud des Grisons et au Tessin. Le même décalage régional a été observé lors de la floraison des arbres fruitiers (cerisier, pommier et poirier). La floraison des fruitiers a même eu lieu exceptionnellement tard au Tessin, avec deux valeurs extrêmes: la floraison du poirier n’avait jamais été observée si tardivement à Vira/Cambarogno, ni celle du pommier à Vergeletto. Ce retard est probablement à mettre sur le compte du peu d’excédent de chaleur enregistré en avril et du mauvais temps au mois de mai dans ce canton. Eté L’été phénologique est caractérisé dans le tableau par la floraison du tilleul à grandes feuilles, la vendange et le début de la fenaison. Dans l’ensemble, il peut être classé comme normal à précoce. 27 % des phases phénologiques se situent dans la catégorie «précoce à très précoce». Dans la classe «normale» peuvent être classées 58 % des observations, tandis que 15 % sont rangées dans la catégorie «tardives ou très tardives». Avec la floraison du tilleul à grandes feuilles, le schéma vu précédemment avec les observations printanières s’est reproduit: au Tessin, cette phase n’a été observée qu’à des dates tardives, tandis que partout ailleurs le tilleul a fleuri à des dates habituelles. La fenaison a souvent débuté assez tôt. Par contre, la floraison de la vigne a eu
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Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 226–231, 2011
lieu à des dates normales partout où cette phase est observée. Les températures fréquemment supérieures à la norme ont favorisé dans certaines régions un développement précoce de la végétation. Automne La coloration automnale et la chute des feuilles des arbres ont eu lieu à des dates normales (pas montré dans le tableau), tandis que la floraison des colchiques a été tardive dans de nombreuses stations d’observations. Situation paradoxale à St-Luc (Valais), où un nouveau record a été enregistré: la floraison du colchique n’y a jamais été si précoce. De telles valeurs extrêmes isolées doivent cependant être considérées avec une certaine prudence, car il pourrait éventuellement s’agir d’une erreur de notation. Les facteurs qui influencent le début de la floraison du colchique ne sont cependant pas connus. Les vendanges ont pu être faites à des dates normales, faisant suite à la floraison normale de la vigne. L’année phénologique 2010 est donc caractérisée par un début du printemps plutôt tardif, un été légèrement précoce, un automne normal si l’on considère la vendange, et légèrement tardif en ce qui concerne la floraison du colchique. n
Retrospettiva fenologica dell’anno 2010 La temperatura annuale del 2010 ha presentato uno scarto positivo minimo rispetto alla norma e, di conseguenza, un’evoluzione della fenologia vicino alla media. L’inizio della fase fenologica primaverile, identificata con la fioritura del Tussilago, è avvenuta un po’ in ritardo, a causa delle temperature relativamente basse avute fino a metà marzo, mentre le fasi fenologiche più tardive del periodo primaverile sono coincise, perlopiù, con le date normali. Il periodo estivo, caratterizzato da periodi con temperature sopra la media, è risultato da normale a precoce. Le fasi fenologiche autunnali hanno presentato, come spesso accade negli ultimi anni, un andamento irregolare, cosicché numerosi stadi terminali sono risultati anticipati o ritardati.
Summary
Riassunto
Rétrospective phénologique de l’année 2010 | Environnement
Phenological retrospective 2010 In 2010, the temperatures were only slightly above the norm; therefore, 2010 was an average phenological year. The spring however started late at the time of coltsfoot flowering, because of the cold temperatures registered until mid March. The following spring phenological phases were observed on average dates. The phenological summer 2010 can be considered as normal or slightly early. During summer, the temperatures were sometimes above the norm. As it is frequently observed, the phenological autumn was inhomogeneous: the phases were either early or late, depending on the station. Key words: phenology, seasonal growth, meteorology, climate change.
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 226–231, 2011
231
E c l a i r a g e
Recensements des pratiques phytosanitaires: évolution dans l’UE et en Suisse Simon Spycher1, Ruth Badertscher2, Robert Baur1, Otto Daniel1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil 2 Office fédéral de l’agriculture OFAG, 3003 Berne Renseignements: Simon Spycher, e-mail: simon.spycher@acw.admin.ch, tél. + 41 44 783 62 96
1
Vers une harmonisation des recensements des pratiques phytosanitaires dans l’UE. (Photo: ACW)
Dans tous les pays de l’UE, des statistiques des ventes de produits phytosanitaires (PTP) existent déjà depuis longtemps. Cependant, les modifications de ces données ne permettent guère d’évaluer l’évolution des pratiques agronomiques pour chaque culture. C’est pourquoi bon nombre de pays européens procèdent depuis un certain temps déjà à des relevés sur l’utilisation
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Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 232–234, 2011
effective de différentes substances actives dans les principaux types de cultures. En novembre 2009, le Parlement européen a adopté un règlement relatif aux statistiques sur les pesticides (1185/2009), qui prévoit l’introduction de tels recensements dans tous les pays membres dès 2010 et la publication des résultats de ceux-ci à partir de 2014.
Recensements des pratiques phytosanitaires: é volution dans l’UE et en Suisse | Eclairage
Recensement: fortes divergences des pratiques nationales Le recensement par culture de l’utilisation de PTP suppose l’engagement de moyens importants, car les données doivent être obtenues à partir d’un échantillon d’exploitations suffisamment grand. Dans les pays disposant déjà de systèmes de recensement, l’utilité de ceux-ci est incontestée. Comme l’a montré un sondage mené en 2008 dans l’OCDE, 13 des 20 pays sondés disposaient déjà cette année-là de systèmes de recensement et 5 prévoyaient d’en introduire (OCDE 2009). Le tableau 1 présente l’exemple de trois pays de l’OCDE et d'un Etat nord-américain disposant déjà depuis un certain temps de systèmes de recensement bien rodés. Les plus longues séries de données ont été obtenues dans le Royaume-Uni (UK), où des recensements sont effectués depuis 1965 sur la base de visites d’exploitations et où, depuis 1990, les données se présentent sous un format unifié. Ces données sont utilisées à des fins très diverses (UK Pesticides Forum 2009): ••Agronomie: par exemple pour la gestion des résistances, les demandes d’autorisations spéciales et l’estimation de l’importance de certaines stratégies de protection phytosanitaire. ••Ecologie: par exemple pour l’amélioration de l’échantillonnage des eaux superficielles et souterraines. ••Protection des utilisateurs: par exemple pour évaluer les préférences en matière de techniques d’application. Les Etats-Unis disposent également depuis 1990 d’un système basé sur des visites d’exploitations effectuées par des «agents de recensement», soutenu également par les associations d’industries. Les données servent notamment à évaluer les mesures en matière de production intégrée, à interpréter les données relatives à la qualité des eaux, mais aussi à identifier les tendances en matière de résidus (Engelhaupt 2008 ). Outre l’utilisation de PTP, les Etats-Unis recensent l’utilisation de fertilisants, ainsi que toute une série de mesures agronomiques dans le domaine phytosanitaire. La Californie constitue un cas spécial, car cet Etat applique depuis 1990 un système de recensement intégral: toute application de produits phytosanitaires doit être enregistrée et annoncée aux inspecteurs de district. Dans d’autres pays, par exemple en Allemagne, le recensement se fait à l’aide de questionnaires. Grâce au soutien des organisations de producteurs, le Réseau pour le suivi de l’utilisation de produits phytosanitaires dans les différents milieux naturels d’Allemagne («Netzwerk zur Ermittlung des Pflanzenschutzmitteleinsatzes in unterschiedlichen Naturräumen Deutschlands NEPTUN») est également bien accepté pour la plupart
des cultures. Pour les grandes cultures, un système intégrant des exploitations de comparaison a été créé. Aucun pays ne publie de données permettant de remonter aux communes, voire aux exploitations individuelles et d’obtenir des informations sur celles-ci. L’Allemagne ne publie que des chiffres sur les groupes de substances actives, tandis qu’aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, les données sur la consommation des différentes substances actives par culture sont disponibles sur Internet. Sondage, visites d’exploitations et saisie en ligne S’agissant du nouveau règlement de l’UE, Eurostat a décrit dans un manuel les exigences que doivent remplir les méthodes de relevé (Eurostat 2008) pour être conformes au règlement. Les Etats membres peuvent choisir eux-mêmes la méthode proprement dite: sondage, visites d’exploitation ou saisie en ligne. Il est très probable que les pays disposant de systèmes de relevés n’adapteront que le dépouillement aux normes de l’UE, sans apporter de modifications majeures à la méthode des relevés. La Suisse dispose elle aussi de données sur les pratiques phytosanitaires dans les différentes cultures. Le plus important lot de données a été obtenu dans le cadre du projet dit des trois lacs (Keller et Amaudruz 2005; Poiger et al. 2005): de 1997 à 2003, l’utilisation de PTP a été recensée sur environ 1600 parcelles dans les bassins d’alimentation du lac de Greifensee, du lac de Morat et du lac de Baldegg. Depuis 1992 déjà, Agridea gère au Tessin et en Suisse romande un réseau d’une trentaine d’exploitations totalisant 500 à 700 hectares selon l’année (Dugon et al. 2010). Elle a ainsi recueilli des données très intéressantes sur l’évolution des pratiques phytosanitaires dans les grandes cultures. Par ailleurs, dans le cadre de l’observation nationale des sols (NABO), une cinquantaine de parcelles font l’objet d’un suivi qui implique non seulement des mesures de la pollution des sols, mais aussi des bilans d’apports de sources diverses, intégrant donc aussi les applications de PTP (Keller A. et al. 2008). Toutefois, une solution à l’échelon national faisait jusqu’ici défaut, en Suisse. Procédure en Suisse En vertu des dispositions de l’Ordonnance sur l’évaluation de la durabilité de l’agriculture (RS 919.118), l’évaluation écologique doit notamment se baser sur des indicateurs relatifs aux cycles de la matière et de l’énergie, aux émissions de polluants, à la productivité des sols, à la biodiversité et à la détention d’animaux de rente. Ce mandat est rempli pour l’essentiel via le projet de Dépouillement centralisé des indicateurs agro-environ-
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 232–234, 2011
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Eclairage | Recensements des pratiques phytosanitaires: é volution dans l’UE et en Suisse
Tableau 1 | Quelques pays ou Etats fédérés disposant d’un système de recensement des pratiques phytosanitaires. L’année indique à quand remontent les séries chronologiques disponibles sur Internet Méthode de recensement
Données disponibles remontant à
Source
UK
Visites d’exploitations (culture de plein champ tous les 2 ans, cultures spéciales tous les 4 ans)
1990
http://www.fera.defra.gov.uk/plants/pesticideUsage/
Allemagne
Dépouillement de questionnaires, exploitations
2000
http://nap.jki.bund.de/index.php?menuid=6
USA
Visites d’exploitations
1990
http://www.nass.usda.gov/Statistics_by_Subject/ Environmental/index.asp
Californie
Recensement intégral (mensuel) depuis 1990
1974
http://www.cdpr.ca.gov/docs/pur/purmain.htm
Pays/Etat fédéré
234
nementaux (DC-IAE). La station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART est le centre de compétences IAE sur mandat de l’Office fédéral de l’agriculture. Le but est de collecter les données d’exploitations volontaires, avec la collaboration de l’Association suisse des agrofiduciaires (ASAF), d’ART et d’Agridea. Les exploitations utilisent à cet effet le logiciel Agro-Tech, qui permet de saisir et de dépouiller toutes les données importantes en matière de techniques de production (PER, SwissGAP, etc.). Le programme est actualisé deux fois par année. Les données relatives à la consommation de PTP peuvent être ainsi recensées par surface et par culture. Les relevés portent également sur les quantités appliquées et le moment des interventions. Le mode d’application n’est par contre pas enregistré. Agroscope ACW assume la responsabilité méthodologique pour l’indicateur des pratiques phytosanitaires et dépouille les données. Le DC-IAE est encore phase de construction. Le dépouillement des premiers chiffres pour l’année PER 2009 est actuellement en cours. Dès 2011, le dépouillement des données relatives à l’utilisation de produits phytosanitaires deviendra routinier pour les cultures importantes. Avec 2000 parcelles, le DC-IAE couvre déjà à ses débuts une plus grande superficie que les études menées auparavant en Suisse. En comparaison internationale toutefois, la part des exploitations analysées est faible, et ce pour toutes les cultures. C’est pourquoi on
ne peut compter sur des résultats consolidés que pour les cultures des champs d’une certaine importance en termes de surface. Les plus importantes quantités de PTP sont appliquées dans les grandes cultures. Dans le Royaume-Uni, celles-ci absorbent plus de 93 % des quantités appliquées et représentent plus de 95 % des surfaces traitées (Eurostat 2008). Certaines substances actives ne sont toutefois pas utilisées dans les grandes cultures, ce qui signifie que le recensement comporte encore des lacunes et qu’il serait très utile de pouvoir recruter pour le DC-IAE davantage d’exploitations avec des cultures spéciales, ou effectuer le cas échéant des recensements séparés pour les cultures spéciales. L’approche développée en Suisse, par la collecte annuelle de données pour les cultures recensées, présente un avantage précisément pour les cultures soumises à une pression variable de nuisibles. En effet, elle permet de mieux faire la distinction entre les fluctuations annuelles et les tendances à long terme. Le recensement simultané d’autres indications, telles que l’application de fertilisants ou le rendement, est un autre atout du DC-IAE. En effet, les programmes de recensement de nombreux pays n’analysent que la protection phytosanitaire. L’intégration des données sur la consommation de PTP dans le dépouillement centralisé devrait permettre d’obtenir, avec un investissement relativement modeste, un bon aperçu des pratiques phytosanitaires en Suisse. n
Bibliographie ▪▪ Dugon J., Favre G., Zimmermann A. & Charles R., 2010. Pratiques phytosanitaires dans un réseau d’exploitations de grandes cultures entre 1992 et 2004, Recherche Agronomique Suisse 1 (11 – 12), 416–423. ▪▪ Engelhaupt E., 2008. Government pesticide and fertilizer data dropped. Environmental Science and Technology 42 (18), 6779–6780. ▪▪ Eurostat, 2008. A common methodology for the collection of pesticide usage statistics within agriculture and horticulture. Luxembourg: Office for Official Publications of the European Communities, 66 p. ▪▪ Keller A., Rossier N. & Desaules A., 2005. Bilans des métaux lourds sur les parcelles agricoles du réseau national d'observation des sols en Suisse NABO – Réseau national d'observation des sols. Les Cahiers de la FAL 54. ▪▪ Keller L. & Amaudruz M., 2005. Evaluation Ökomassnahmen: Auswertung der Pflanzenschutzmittel-Verbrauchsdaten 1997 – 2003 in drei aus-
gewählten Seengebieten, rapport final (rév. 24.01.05), 109 p. ▪▪ OECD, 2009. OECD Survey on Countries' Approaches to the Collection and Use of Agricultural Pesticide Sales and Usage Data: Survey Results, OECD Environment, Health and Safety Publications, Series on Pesticides - 47. ▪▪ Poiger T., Buser H. R. & Müller M. D., 2005. Evaluation des mesures écologiques et des programmes de garde d'animaux. Agroscope FAW Wädenswil, 71 p. ▪▪ UK Pesticides Forum, 2009. Pesticides in the UK - The 2009 report on the impacts and sustainable use of pesticides.
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 232–234, 2011
P o r t r a i t
Jürg Hiltbrunner: impliqué dans pratiquement toutes les listes de variétés C’est impressionnant de voir Jürg Hiltbrunner ouvrir la chambre froide et montrer des caisses entières remplies d’une multitude d’échantillons d’essais. Il explique que seule une petite partie des quelque 1000 échantillons traités est stockée là et attend encore d’être analysée pour certains paramètres. «Il s’agit de sélectionner, parmi les nouvelles variétés de plantes, celles qui sont les mieux adaptées à la Suisse en les testant sur le terrain.» Selon la saison, jusqu’à six collaborateurs prennent en charge des tâches légales1 dans le cadre des essais variétaux, menés par Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, sous la direction d’Agroscope Changins-Wädenswil ACW et sur mandat de l’Office fédéral de l’agriculture. «Les directives des essais en matière d’aptitude à la culture et à l‘utilisation sont définies pour chaque culture dans les annexes de l’Ordonnance sur les semences et plants», explique Jürg Hiltbrunner. Les essais variétaux ont lieu dans toute la Suisse Les différentes grandes cultures sont testées sur le terrain dans les régions de cultures adaptées, dans toute la Suisse. L’ampleur des sites d’essai dépend aussi de l’importance de la culture. La publication de la liste des variétés est le point d’orgue annuel qui clôt chaque cycle d’essai. «Jusqu’à ce qu’une variété puisse être admise sur cette liste, il peut s’écouler entre deux et cinq ans suivant la culture», déclare Jürg Hiltbrunner pour donner la dimension temporelle des essais variétaux – un travail de sélection de longue haleine. Le cœur du chercheur bat pour la durabilité A cela il faut encore ajouter la participation de ce père de famille de 37 ans à différentes commissions techniques de Swiss granum (plantes oléagineuses, céréales panifiables, céréales fourrages et plantes protéagineuses). L’agronome apprécie particulièrement la diversité de son travail aujourd’hui. Au départ, son cœur de chercheur s’est enthousiasmé pour la régulation durable des adventices. Cet intérêt l’a conduit, après des études à l’EPF qu’il a financées lui-même, tout d’abord au CABI (Centre for Agricultural Bioscience International) à Delémont, puis à ART. Principe de durabilité oblige, Jürg Hiltbrunner est heureux que le développement de cultures alternatives contribue à la (bio)diversité de l’agriculture/ des grandes cultures suisses. C’est pourquoi il s’intéresse beaucoup aux projets actuels sur le lin oléagineux, le pavot et les variétés de millet (millet commun et sorgho). Ces cultures
nécessitent, outre des essais variétaux, des essais de technique culturale et de fertilisation. Durant son temps libre, Jürg Hiltbrunner reste fidèle à ses racines agricoles et à la nature: il aime faire des randonnées et jardiner. Dormir est la seule activité qu’il ait encore ajoutée à la liste de ses loisirs. Avec trois enfants en bas âge – tous ont moins de cinq ans – on peut comprendre pourquoi. Etel Keller, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen
1
A l’exception des essais variétaux pour les pommes de terre.
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A c t u a l i t é s
Actualités Invitation Agroscope Changins-Wädenswil, en collaboration avec l’International Society for Horticultural Science (ISHS), a le plaisir de vous inviter à participer au «1er Symposium international sur les plantes médicinales, aromatiques et nutraceutiques des régions de montagne», qui aura lieu à Saas-Fee (Valais, Suisse) du 5 au 9 juillet 2011. Ce symposium s’adresse aux scientifiques, professionnels ou étudiants intéressés à échanger sur l’avancée de leurs recherches scientifiques actuelles. L’objectif du symposium est de présenter et discuter les différents sujets scientifiques relatifs à l’utilisation des plantes médicinales, aromatiques et nutraceutiques des régions de montagne. Ces plantes de haute altitude, considérées comme riches en métabolites secondaires, font depuis des siècles l’objet de récoltes en nature. Cependant, la quantité de plantes demandées par l’industrie a considérablement augmenté ces dernières années, et seule la culture de ces plantes peut assurer leur conservation en milieu naturel. Par ailleurs, la domestication et la sélection des nouvelles variétés permet de développer des génotypes bien adaptés, possédant le profil phytochimique désiré, une gestion optimale des cultures ainsi qu’une source durable de matière première. Des participants du monde entier, de la Corée à l’Argentine, présenteront plus de 100 exposés sous forme orale ou de posters, répartis dans 4 sessions: 1) ressources génétiques et botanique, 2) domestication, croisements et sélection assistée par marqueur, 3) culture, protection des plantes et récolte, 4) traitements post-récolte: séchage, extraction, transformation du produit. La langue officielle du symposium est l’anglais (sans traduction simultanée). Informations: http://www.agroscope.admin.ch/mapmountain/index.html?lang=en
6th – 9th July 2011 / Saas-Fee, Switzerland
1st International Symposium on Medicinal, Aromatic and Nutraceutical Plants from Mountainous Areas
Organising Committee
Scientific Program
CARLEN Christoph, Convenor Agroscope Changins-Wädenswil Research Station ACW, Switzerland BAROFFIO Catherine Agroscope Changins-Wädenswil Research Station ACW, Switzerland VOUILLAMOZ José Agroscope Changins-Wädenswil Research Station ACW, Switzerland CHASSOT Chantal, Symposium Secretary Agroscope Changins-Wädenswil Research Station ACW, Switzerland
July 5 : Arrival at Saas-Fee, evening reception July 6 to 8 : Oral presentations and posters July 9 : Botanical excursion
www.agroscope.admin.ch/mapmountain Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra Swiss Confederation
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Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 236–239, 2011
Federal Department of Economic Affairs FDEA Agroscope Changins-Wädenswil Research Station ACW
A c t u a l i t é s
Nouvelles publications
Aktuell
Détention des vaches d‘Hérens
Rapport ART 743
Détention des vaches d‘Hérens Stabulation entravée avec sorties régulières et stabulation libre
Hygiène dans les installations de distribution d’aliments liquides
mars 2011
Auteurs Isabelle Castro, Rudolf Hauser, Beat Wechsler, Office vétérinaire fédéral, Centre spécialisé dans la détention des ruminants et des porcs; ART rudolf.hauser@art.admin.ch Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576
Fig. 1: Les vaches d’Hérens ont un caractère belliqueux marqué et se battent pour déterminer leur position hiérarchique dans le troupeau (photos: ART).
Les vaches d’Hérens sont célèbres pour leur caractère belliqueux. C’est pourquoi les exigences de cette race, en ce qui concerne les sorties hivernales en groupes et la stabulation libre, sont complexes. Deux études expérimentales ont été réalisées dans des exploitations en Valais afin d’analyser d’une part l’effet de la durée de l’intervalle entre deux sorties (dans le cas de la stabulation entravée) et d’autre part l’effet de la durée de la séparation d’une vache d’avec le reste du troupeau (dans le cas de la stabulation libre) sur la combativité de l’animal et les blessures qui s’ensuivent. Les résultats montrent que l’intervalle entre deux sorties hivernales ne devrait pas dépasser trois jours pour les vaches d’Hérens. En stabulation libre, la fréquence des combats lors de la réintroduc-
tion d’une vache dépendait de la durée de sa séparation d’avec le troupeau. En conséquence, la durée de séparation doit être raccourcie autant que possible. Il est intéressant de noter que le stress des animaux pendant la phase de séparation était supérieur à leur stress au moment de leur réintroduction dans le troupeau. Une troisième étude a cherché à savoir si les conditions de détention des vaches d’Hérens pendant la période d’affourragement hivernal se répercutent sur leur combativité lors du mélange des troupeaux au début de la saison d’alpage. Il s’est avéré que ni les sorties régulières des animaux détenus en stabulation entravée, ni la stabulation libre n’avaient une influence négative sur les chances de remporter les combats au début de la saison d’alpage.
Rapport ART 743 Les vaches d’Hérens sont célèbres pour leur caractère belliqueux. C’est pourquoi les exigences de cette race, en ce qui concerne les sorties hivernales en groupe et la stabulation libre, sont complexes. Deux études expérimentales ont été réalisées dans des exploitations en Valais afin d’analyser d’une part l’effet de la durée de l’intervalle entre deux sorties (dans le cas de la stabulation entravée) et d’autre part l’effet de la durée de la séparation d’une vache d’avec le reste du troupeau (dans le cas de la stabulation libre) sur la combativité de l’animal et les blessures qui s’ensuivent. Les résultats montrent que l’intervalle entre deux sorties hivernales ne devrait pas dépasser trois jours pour les vaches d’Hérens. En stabulation libre, la fréquence des combats lors de la réintroduction d’une vache dépendait de la durée de sa séparation d’avec le troupeau. En conséquence, la durée de séparation doit être raccourcie autant que possible. Il est intéressant de noter que le stress des animaux pendant la phase de séparation était supérieur à leur stress au moment de leur réintroduction dans le troupeau. Une troisième étude a cherché à savoir si les conditions de détention des vaches d’Hérens pendant la période d’affourragement hivernal se répercutent sur leur combativité lors du mélange des troupeaux au début de la saison d’alpage. Il s’est avéré que ni les sorties régulières des animaux détenus en stabulation entravée, ni la stabulation libre n’avaient une influence négative sur les chances de remporter les combats au début de la saison d’alpage.
ALP actuel 39 Les installations de distribution d’aliments liquides sont très répandues dans l’alimentation des porcs, car elles offrent bien des avantages. Il est par exemple facile d’intégrer dans une ration des produits de l’exploitation ou des sous-produits de l’industrie alimentaire. Ces installations permettent par ailleurs de maintenir les coûts d’alimentation à un bas niveau et offrent une grande flexibilité à bien des égards. Par exemple, il est possible de procéder à une alimentation par phases ou d’adapter rapidement la composition de la ration selon la disponibilité des différentes matières premières. Toutefois, toute médaille a son revers. Les aliments humides ou liquides sont très périssables et donc très exigeants en matière d’entreposage et d’hygiène. Les exploitations équipées d’installations de distribution d’aliments liquides courent un risque sensiblement plus élevé de mortalité animale. La présente fiche technique aborde la façon dont on peut réduire les risques et traite les points suivants: ••biofilms, ••valeur d’orientation microbiologique, ••valeurs relatives à l’hygiène à respecter dans la soupe, ••concept d’hygiène, ••points faibles des installations de distribution des aliments liquides, ••qualité microbiologique insuffisante de la soupe. Peter Stoll, ALP
Isabelle Castro, Rudolf Hauser et Beat Wechsler, Office vétérinaire fédéral, Centre spécialisé dans la détention des ruminants et des porcs; ART
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 236–239, 2011
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Actualités
M C oem d ime un nmi iqtut e é isl ud ne gperne s s e
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 20.04.2011 / OFAG Bernard Lehmann est le nouveau directeur de l’Office fédéral de l’agriculture
04.04.2011 / ACW Une méthode de lutte biologique contre le feu bactérien à l'essai sur le terrain
Sur proposition du conseiller fédéral Johann N. Schneider-Ammann, chef du Département fédéral de l’économie (DFE), le Conseil fédéral a, le 20 avril 2011, nommé Bernard Lehmann directeur de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG). Bernard Lehmann, qui a grandi dans une ferme, a travaillé pour l’Union suisse des paysans et est actuellement professeur à l’Ecole polytechnique fédérale, prendra ses nouvelles fonctions le 1er juillet 2011. Il succédera à Manfred Bötsch, qui a souhaité quitter ses fonctions à la fin du mois de juin pour relever un nouveau défi en dehors de l’OFAG.
En Amérique du Nord et en Nouvelle-Zélande, la bactérie Pantoea agglomerans est considérée comme efficace dans la lutte biologique contre le feu bactérien. En occupant l'espace vital de l'agent pathogène dans les pommiers et les poiriers, elle empêche ainsi leur infection. Cette bactérie peut-elle être utilisée en Suisse contre le feu bactérien? Si les spécialistes de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW répondent par l'affirmative, ce serait un pas important pour la mise au point d’une méthode de lutte biologique contre le feu bactérien.
19.04.2011 / ART Les revenus agricoles ont baissé en 2010
02.04.2011 / SNG L’élevage chevalin suisse s’est présenté au Haras national suisse
Les premières estimations des tendances de l’année 2010 indiquent que le revenu agricole a baissé par rapport à l’année précédente. Selon les résultats provisoires, le revenu par exploitation est d’environ 56 000 francs contre 60 000 en 2009. La chute des prix à la production et la baisse des rendements n’ont pas pu être compensées par des paiements directs plus élevés et des coûts plus bas. Le revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale est estimé à tout juste 40 000 francs.
18.04.2011 / ACW Agroscope ACW lance «Mattmark», la première variété de Rhodiola rosea, la plante anti-stress Rhodiola rosea est une plante médicinale des zones alpines et arctiques reconnue pour ses vertus anti-stress et énergisantes. Afin de conserver des populations naturelles, la Station de recherche Agroscope ChanginsWädenswil ACW a sélectionné une variété pouvant être cultivée. Baptisée «Mattmark», cette variété est issue de souches originaires des Alpes suisses, de la vallée de Saas dans le canton du Valais. «Mattmark» est la toute première variété de Rhodiola rosea disponible sur le marché. Elle offre une bonne teneur en principes actifs (salidroside et rosavines) et une vigueur permettant d’envisager une production agricole.
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Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 236–239, 2011
Le samedi 2 avril 2011, plus de 2500 personnes se sont retrouvées au Haras national suisse HNS pour la 6e Journée d’élevage. La manifestation a réuni 30 races et plus de 200 chevaux. Elle se profile comme la plateforme annuelle de l’élevage chevalin suisse, ainsi que comme vitrine de la filière équine.
Actualités
Liens Internet
Global Learning and Observations to Benefit the Environment (GLOBE) www.globe-swiss.ch GLOBE a été lancé en 1994 aux USA, sous le patronage d’Al Gore, le vice-président de l’époque. GLOBE Suisse s’est constituée en association le 30 octobre 2009. L’objectif de GLOBE est de favoriser la mise en réseau et la collaboration mondiale d'élèves, d'enseignants et de chercheurs ainsi que de personnes concernées par une meilleure compréhension des liens complexes qui animent notre système Terre, désireux de développer des comportements et des actions durables à l’échelon local, régional et mondial.
Dans le prochain numéro Juin 2011 / Numéro 6
Manifestations
Juin 2011 05.06.2011 Breitenhoftagung 2011, Treffpunkt der Steinobstbranche Agroscope Changins-Wädenswil ACW Steinobstzentrum Breitenhof, Wintersingen 15. – 16.06.2011 Agrartechniktage Tänikon Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon 17. – 19.06.2011 Nutri11 Manifestation commune de l'Institut agricole de Grangeneuve (IAG), d'Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Vetsuisse Berne et la Haute Ecole Suisse d'Agriculture (HESA) Posieux Juillet 2011
Les émissions d'ammoniac font partie du cycle des éléments nutritifs de la production animale. En diminuant les teneurs en matières azotées dans les aliments pour porcs et en appliquant une alimentation par phase, l'agriculture peut déjà mettre en place des mesures de réduction des émissions à la source. La HESA et Agroscope Liebefeld-Posieux ALP ont dressé un état des lieux des pratiques en matière d’alimentation des porcs en Suisse.
••Teneur en matière azotée des aliments pour porcs: Etat des lieux 2008, Annelies Bracher et Peter Spring, ALP et HESA ••Projet «Quelle vache pour la pâture?»: production, reproduction et santé, Valérie Piccand et al. HESA, ALP, et Université de Zurich ••Mise à l’épreuve de nouvelles et d’anciennes variétés de fétuque des prés, Daniel Suter et al. ART et ACW ••Extension arboriculture: recherche et développement taillés sur mesure dans le dialogue avec la pratique, Simon Egger et Heinrich Höhn ACW
06. – 09. 07.2011 International Symposium on Medicinal, Aromatic and Nutraceutical Plants from Mountainous Areas International Society for Horticultural Science (ISHS) et Agroscope Changins-Wädenswil ACW Saas-Fee Août 2011 20.08.2011 Güttingertagung 2011 Agroscope Changins-Wädenswil ACW et BBZ Arenenberg Versuchsbetrieb Güttingen, Güttingen TG 30. – 02.09.2011 EAAE 2011 Congress XIIIth Congress of the European Association of Agricultural Economist Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et IED-ETH ETH Zürich Hauptgebäude
••Influence du système de culture sur l’apparition de maladies du blé d’automne et leurs incidences sur le rendement, Raphaël Charles et al. ACW ••Stratégie climatique pour l’agriculture, Martina Wiedemar et Daniel Felder OFAG •• Recherche et conseil pour les femmes dans l'agriculture, Ruth Rossier et Rita Helfensberger, ART et Agridea •• Recherche systémique axée sur la résolution des problèmes – Aperçu du travail d'Agroscope, Paul Steffen ART
Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations
Recherche Agronomique Suisse 2 (5): 236–239, 2011
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Sonntag, 5. Juni, 9.30 Uhr
Breitenhof-Tagung 2011
Steinobstzentrum Breitenhof in Wintersingen BL
Referate • Begrüssung zur Breitenhof-Tagung Jean-Philippe Mayor, Direktor Agroscope Changins-Wädenswil ACW
Betriebsrundgang • «Blue Lamp» – mit dem neuen Test die Sharka im Visier! • Möglichkeiten und Grenzen der Zwetschgen-Ausdünnung • Kirschenfliege – aktuelle Bekämpfung und Perspektiven
• Ausblick auf die Schweizer Steinobsternte und Vermarktung 2011 Hansruedi Wirz, Früchtezentrum Basel
Ausstellung und Infostände Informationen – Gespräche – Gemütlichkeit www.agroscope.ch
Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra
Eidgenössisches Volkswirtschaftsdepartement EVD Forschungsanstalt Agroscope Changins-Wädenswil ACW
Mittwoch/Donnerstag, 15./16. Juni 2011
Tänikoner Agrartechniktage Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, Ettenhausen TG
Themen • Trends und Aussichten der Agrartechnikbranche • Motortuning bewirkt hohe Emissionen • Sensoren retten Wild vor Mahd • Roboter füttert Milchvieh automatisch • Spritspar.at – Österreichische Inititative zum Spritsparen • Ansatzpunkte zur Verbesserung der überbetrieblichen Zusammenarbeit
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Patronat Agrartechnikforum Schweiz Tagungsort Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Refental, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen TG Detailprogramm und Anmeldung: www.agroscope.ch >Veranstaltungen
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