Numéro 9, 2010

Page 1

Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 0

|

N u m é r o

9

Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich

S e p t e m b r e

Production animale Agents conservateurs d’ensilage et stabilité ­aérobie: tests 2009 Economie agricole

Page 308

Haute performance et de pâture intégrale: attitudes des producteurs

Production végétale Nématodes de quarantaine dans les cultures maraîchères suisses

Page 326

Page 340


La qualité des ensilages est primordiale dans l’alimentation des bovins. La Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP est mandatée pour tester l'efficacité des nouveaux agents d’ensilage pour l’amélioration de la fermentation lactique ou de la stabilité aérobie des ensilages d’herbe et de maïs. (Photo: Olivier Bloch, ALP)

Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

Sommaire Septembre 2010 | Numéro 9 307

Editorial

308

Production animale Agents conservateurs d’ensilage et

stabilité aérobie: résultats des tests 2009 Ueli Wyss Production animale 314 Stabilité des ensilages pour chevaux lors

de l’affouragement

Editeur Agroscope Partenaires b A groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofen b Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Department of agricultural and foodscience Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch

Ueli Wyss, Regina Klein, Kathrin Mund, Ruedi von Niederhäusern, Brigitte Strickler et Brigitta Wichert Environnement 320 Conditions agrométéorologiques du

Plateau suisse de 1864 à 2050 Pierluigi Calanca et Annelie Holzkämper Economie agricole 326 Stratégies de haute performance et de

pâture intégrale: attitudes des ­producteurs

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Eliane Rohrer (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Ivo Baur, Martin Dobricki et Markus Lips Production végétale 334 Essais de variétés de ray-grass hybride et

de vulpin des prés (2007 – 2009) Rainer Frick, Eric Mosimann, Daniel Suter et Hans-Ueli Hirschi Production végétale 340 Les nématodes de quarantaine dans les

cultures maraîchères suisses Reinhard Eder, Irma Roth, Catherine Terrettaz et Sebastian Kiewnick Eclairage 346 Phoma du tournesol: faut-il traiter selon

des seuils de température? Peter Frei 350

Portrait

351

Actualités

355

Manifestations

Berner Fachhochschule Haute école spécialisée bernoise Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft SHL Haute école suisse d’agronomie HESA


Editorial

Les sciences agricoles: plus ­importantes que jamais à l’EPFZ Chère lectrice, cher lecteur,

Bernard Lehmann Doyen du Département des sciences agroalimentaires

La surprise fut grande, ce printemps, quand le rectorat de l’EPFZ annonça qu’à partir de 2012, le Département des sciences agroalimentaires n’existerait plus en tant que tel et qu’un «Département des sciences et des techno­ logies de la santé» verrait le jour. Le monde agricole s’est en partie indigné. Pour le corps professoral, la situation était tout sauf facile. Bien que, d’un point de vue interne, il semble peu pertinent d’opérer une telle division en plein cœur de la filière agroalimentaire, il faut toutefois reconnaître qu’en raison de motifs supérieurs, cette nouvelle constellation est peut-être, et même vraisemblablement, légitime. Notre département s’est donné pour orientation stratégique et pour approche systémique le système alimentaire mondial. C’est là l’une des priorités de l’EPFZ, reconnue comme telle par le rectorat. Il doit prendre à l’avenir la forme d’un centre de compétences faisant principalement le lien entre agronomie et sciences alimentaires. Ce centre de compétences se penchera sur les défis actuels et futurs et, en collaboration avec les centres de recherche des nouveaux départements, cherchera des solutions novatrices en impliquant les enseignants et les étudiants. Le Département des sciences et des technologies de la santé qui sera créé regroupera les sciences alimentaires et d’autres disciplines telles que les sciences du mouvement et les neurosciences. Cette structure souligne l’importance d’une bonne alimentation pour la santé humaine. L’utilisation durable des ressources naturelles servant à la production agroalimentaire jouera un rôle prépondérant au sein du nouveau département qui intègre les sciences de l’environnement et les sciences agricoles. À ce titre, le corps professoral sera élargi de plusieurs professeurs en agro-­ nomie qui se pencheront sur l’exploitation durable des écosystèmes agraires. En ce sens, cette réorganisation conduit à un véritable renforcement des sciences agricoles, car elle permet une collaboration plus intense entre recherche et enseignement, par-delà les départements. À long terme, une agriculture productive ne peut être qu’écologique, c’est-à-dire qu’elle doit parvenir à s’intensifier tout en protégeant toujours mieux ses ressources. Les enseignements de la filière Agronomie, au niveau Bachelor comme au niveau Master, seront fortement imprégnés de cette notion d’intensification durable et proposeront des solutions pour y parvenir. Ainsi, les futurs agronomes seront à même de faire face aux défis posés par la croissance exponentielle de la demande en denrées alimentaires et par le besoin de protéger les ressources dans l’intérêt des générations futures. En ce sens, il convient de saluer la décision du rectorat de l’EPFZ.

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 307, 2010

307


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Agents conservateurs d’ensilage et stabilité ­aérobie: résultats des tests 2009

Photo: ALP

Ueli Wyss, station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: ueli.wyss@alp.admin.ch, tél. +41 26 407 72 14

Le maïs est réputé facile à ensiler. Les problèmes apparaissent surtout au moment du prélèvement en raison des post-fermentations.

308

Introduction

Matériel et méthodes

Le maïs est réputé facile à ensiler. Si des problèmes apparaissent, c’est surtout au moment du prélèvement de l’ensilage en raison de sa sensibilité élevée aux post-fermentations. Un tassement insuffisant et surtout un prélèvement de quantités trop faibles lors de l’affouragement en sont les causes principales. L’utilisation ciblée d’agents conservateurs permet d’améliorer la stabilité aérobie des ensilages. L’efficacité des produits Fireguard et Sil-EM censés prévenir les post-fermentations a été testée dans des essais en automne 2009 avec du maïs d’ensilage.

Du maïs d’ensilage de la variété Amadeo a été ensilé le 8 (1re récolte) et le 25 septembre 2009 (2e récolte) avec une teneur moyenne en matière sèche (MS) de respectivement 31,9 et 40,3 %. Les plantes de maïs ont été coupées à la main au champ et passées au hachoir (longueur de coupe théorique: 5 mm). Cinq silos de laboratoire de 1,5 l ont été remplis par récolte et par variante. Les teneurs des plantes de maïs au moment de l’ensilage figurent dans le tableau 1. Les coefficients de fermentation, calculés à l’aide de la teneur en MS et du rapport sucre/capacité tampon, ont donné des valeurs

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 308–313, 2010


allant de 55 à 69. Au-dessus de 45, le fourrage est considéré comme facile à ensiler (Kaiser et Weiss 2007). Une variante sans additif a servi de contrôle négatif et une variante traitée avec du Luprosil de contrôle positif. Le produit Fireguard a déjà fait l’objet de tests en 2005 et en 2008 (Wyss 2006; Wyss 2009). Les dosages exacts des agents conservateurs d’ensilage utilisés figurent dans le tableau 2. En plus, deux dosages de 30 et 60 g de Fireguard par 100 kg de fourrage ont été testés. Le Fireguard est un produit combiné qui contient, en plus du sorbate de potassium et du benzoate de sodium, des bactéries lactiques homofermentaires. Le produit Sil-EM quant à lui se compose de microorganismes effectifs. Selon l’étiquette du Fireguard, le nombre de bactéries lactiques s’élève à 2,5 × 10 8 unités formant colonies (UFC) par g d’agent conservateur. Il ressort du dénombrement des germes dans les ensilages des deux récoltes les valeurs suivantes: 3,9 × 10 6 et 5,5 × 105 ufc/g. Quant au Sil-EM, son étiquette précise que ce produit contient 1,4 × 10 8 ufc/g; le contrôle effectué a révélé des valeurs de 1,9 × 10 8 et de 2,0 × 10 8 ufc/g. Pour déterminer la vitesse d’acidification, un silo par variante a été ouvert après trois jours et le pH mesuré. Les autres silos ont été ouverts après huit semaines. Une 

Résumé

Agents conservateurs d’ensilage et stabilité ­a érobie: résultats des tests 2009 | Production animale

La station de recherche Liebefeld-Posieux ALP a testé deux agents conservateurs d’ensilage, conçus pour améliorer la stabilité aérobie des ensilages de maïs: le Fireguard et le Sil-EM. En outre, un contrôle négatif sans additif et un contrôle positif avec du Luprosil ont été pris en compte dans le test. Les essais ont été effectués avec du maïs d’ensilage de la variété Amadeo, avec des teneurs en matière sèche (MS) de 32 et 40 %. Le maïs a été ensilé dans des silos de laboratoire d’une contenance de 1,5 litre. La durée d’ensilage a été de 56 jours. A l’exception de ceux traités avec le Sil-EM, tous les ensilages ont présenté une très bonne qualité de fermentation et donc un nombre de points DLG élevé. L’utilisation de l’agent conservateur d’ensilages Sil-EM a certes entraîné des teneurs en acide acétique et des pertes plus élevées, mais aussi une amélioration de la stabilité aérobie. Dans le cas de l’agent conservateur Fireguard, le dosage s’est révélé déterminant pour l’amélioration de la stabilité aérobie. Les deux produits Fireguard et Sil-EM ont dès lors été définitivement autorisés.

Tableau 1 | Teneurs en matière sèche et en nutriments du maïs à la mise en silo 1er récolte

2e récolte

%

31,9

40,3

Cendres

g/kg MS

44

32

Matière azotée

g/kg MS

74

74

Cellulose brute

g/kg MS

195

158

ADF

g/kg MS

216

190

NDF

g/kg MS

421

338

Sucres

g/kg MS

86

84

Nitrates

g/kg MS

0,7

0,1

Pouvoir tampon

g/kg MS

28

23

55

69

Sans conservateur (contrôle négatif)

Teneur MS

Coefficient de fermentation

Tableau 2 | Agents conservateurs d'ensilage testés et dosages ­u tilisés (dosage par 100 kg de maïs frais) 1er récolte

2e récolte

500 g

600 g

MJ/kg MS

6,3

6,6

Luprosil (contrôle positif)

PAIE

g/kg MS

68

71

Fireguard

15 g (200 g)

15 g (200 g)

PAIN

g/kg MS

47

47

Sil-EM

250 g (250 g)

250 g (250 g)

MS: matière sèche. ADF: lignocellulose. NDF: parois. NEL: énergie nette pour la production laitière. PAIE: protéines absorbables dans l'intestin, synthétisées à partir de l'énergie ­ disponible. PAIN: protéines absorbables dans l'intestin, synthétisées à partir de la matière ­ azotée dégradée.

Indications entre parenthèses = quantité d'eau

Foto: ALP

NEL

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 308–313, 2010

309


Production animale | Agents conservateurs d’ensilage et stabilité ­a érobie: résultats des tests 2009

semaine avant l’ouverture des silos, les ensilages ont été soumis à un stress aérobie pendant 24 heures en ouvrant les orifices (en haut et en bas dans le verre). Le contenu de trois silos par variante a été utilisé pour les analyses. La stabilité aérobie a été déterminée en relevant et en enregistrant la température toutes les 30 minutes pendant au moins huit jours. Les ensilages ont été considérés comme stables du point de vue aérobie tant que leur température ne dépassait pas la température ambiante de plus de 1 °C.

Résultats et discussion Teneurs des ensilages Le tableau 3 présente les teneurs en nutriments des ensilages en fonction de la date de récolte et de la variante. Les différences les plus importantes ont été

enregistrées dans la teneur en sucre qui, selon la variante, a été plus ou moins fortement dégradée. D’autres différences ont été observées au niveau des constituants pariétaux, ce qui est aussi dû à la dégradation différente des sucres. Les constituants pariétaux ont eu des répercussions sur les teneurs en NEL. Dans ce cas, le contrôle positif a enregistré les valeurs les plus élevées pour les deux dates de récolte. Paramètres de fermentation des ensilages Le tableau 4 présente les divers paramètres de fermentation. Dans les ensilages des deux récoltes et dans toutes les variantes, le pH n’a pas beaucoup baissé au cours des trois jours. Par contre, après la durée d’ensilage de deux mois, la plupart des ensilages ont enregistré des valeurs basses, à l’exception des ensilages traités avec le produit Sil-EM. La faible formation d’acide lac-

Tableau 3 | Teneurs en nutriments des ensilages de maïs Traitement

Récolte

Cendres

Matière azotée

Cellulose brute

ADF

NDF

Sucre

NEL

PAIE

PAIN

(g/kg MS)

(g/kg MS)

(g/kg MS)

(g/kg MS)

(g/kg MS)

(g/kg MS)

(MJ/kg MS)

(g/kg MS)

(g/kg MS)

Sans conservateur

1

47

75

198

225

370

51

6,2

63

47

Luprosil

1

41

74

169

196

327

57

6,5

65

46

Fireguard

1

43

77

178

211

359

15

6,4

65

48

Sil-EM

1

45

78

178

210

360

7

6,4

65

48

Sans conservateur

2

35

77

180

201

390

14

6,5

67

48

Luprosil

2

31

74

158

180

347

48

6,6

68

46

Fireguard

2

33

75

163

191

336

25

6,6

67

47

Sil-EM

2

37

75

190

222

386

6

6,4

65

47

Points DLG

Tableau 4 | Paramètres fermentaires et points DLG des ensilages de maïs.

Traitement

pH jour 3

pH

30,6

4,7

4,2

32,1

4,8

3,9

Récolte

MS

Sans conservateur

1

Luprosil

1

(%)

Acide lactique

Acide acétique

Acide propionique

Acide butyrique

Ethanol

AGV/. A tot.

N-NH3 /N tot.

Pertes gazeuses

(g/kg MS)

(g/kg MS)

(g/kg MS)

(g/kg MS)

(g/kg MS)

(%)

(%)

(%)

48

7

0

0

7

14

5,0

1,5

100

49

5

17

0

2

31

2,6

0,8

100

Fireguard

1

31,5

4,7

4,0

51

24

0

1

7

32

4,3

2,4

100

Sil-EM

1

30,4

4,5

4,4

10

52

9

1

11

87

5,8

4,3

63

Sans conservateur

2

38,4

4,7

4

56

8

0

1

15

14

4,5

2,7

100

Luprosil

2

39,8

4,8

3,9

49

6

15

0

1

29

2,7

0,7

100

Fireguard

2

37,6

4,6

3,9

60

8

0

0

8

12

4,4

1,8

100

Sil-EM

2

36,3

4,6

4,5

7

41

2

0

33

86

6,5

5,5

81

AGV/A. tot.: proportion d'acides gras volatils par rapport au total des acides. N-NH 3/N tot.: proportion d'azote ammoniacal par rapport à l'azote total.

310

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 308–313, 2010


Agents conservateurs d’ensilage et stabilité ­a érobie: résultats des tests 2009 | Production animale

traités avec l’agent conservateur Fireguard ont atteint le nombre de points maximal pour les deux récoltes. Les ensilages traités avec le Sil-EM ont obtenu 63 et 81 points DLG ont été qualifiés de perfectibles (63) et de bons (81).

Tableau 5 | Stabilité aérobie des ensilages de maïs

Traitement

*

Récolte

Stabilité aérobie

Diff, maximale de température

pH à la fin du test

(h)

(°C)

33

7,2

7,3

Sans conservateur

1

Luprosil

1

60

5,5

4,3

Fireguard

1

203

1,8

4,6

Sil-EM

1

216

0,2

4,4

Sans conservateur

2

22

14,1

7,9

Luprosil

2

192*

0,6

5,2

Fireguard

2

21

10,8

7,7

Sil-EM

2

192*

0,3

4,5

*

Le test de post-fermentation a été interrompu après 216 ou 192 heures.

Photo: ALP

tique et la forte formation d’acide acétique sont à l’origine de cette baisse. En outre, on a constaté que ce produit entraînait une formation importante d’acide acétique dans les ensilages les plus humides. Des teneurs élevées en acide acétique ayant des effets négatifs sur la consommation de fourrage, cet agent conservateur ne doit pas être utilisé pour les fourrages avec des teneurs en MS inférieures à 30 %. Dans tous les ensilages, aucune trace d’acide butyrique n’a été détectée ou seulement en très faible concentration. La variante traitée avec le Luprosil en particulier présentait de l’acide propionique. Les deux ensilages traités avec le Sil-EM ont présenté les teneurs en éthanol les plus élevées. La proportion d’azote ammoniacal dans l’azote total était inférieure à 10 % dans tous les ensilages. C’est le contrôle positif qui a enregistré les valeurs les plus basses. Les pertes de gaz fermentaire étaient relativement faibles dans la plupart des variantes, à l’exception des ensilages traités avec le produit Sil-EM. Cette forte production d’acide acétique a entraîné un doublement des pertes. Selon la clé d’évaluation DLG (Deutsche Landwirtschafts-Gesellschaft ; DLG 2006), les ensilages sans additif, ceux traités avec du Luprosil ainsi que ceux

Figure 1 | Les levures sont les principales responsables des post-fermentations.

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 308–313, 2010

311


Production animale | Agents conservateurs d’ensilage et stabilité ­a érobie: résultats des tests 2009

Stabilité aérobie Dans les ensilages de la première récolte, le contrôle négatif s’est échauffé très rapidement et la valeur pH a fortement augmenté (tabl. 5). La stabilité aérobie de l’ensilage du contrôle positif a été prolongée d’un jour. L’altération n’a pas été trop importante dans ce cas : le fourrage ne présentait pas de moisissures et la valeur pH était encore basse. Les deux agents conservateurs d’ensilage Fireguard et Sil-EM ont agi efficacement dans ce fourrage. Pour les ensilages de la deuxième récolte, les deux produits Luprosil et Sil-EM ont eu une bonne efficacité et les ensilages ne se sont pas échauffés pendant les 192 heures au cours desquelles la température a été relevée. Par contre, le contrôle négatif et l’ensilage traité avec le produit Fireguard se sont rapidement échauffés et la valeur pH a fortement augmenté, principalement à cause de l’activité des levures (fig. 1). Il ressort des analyses supplémentaires effectuées avec des dosages plus élevés du produit Fireguard que la dose joue un rôle important dans la prévention des postfermentations. Seul le dosage de 60 g a réussi à améliorer la stabilité aérobie de 21 à 61 heures. Pourtant la température a moins fortement augmenté dans le traitement avec le dosage le plus élevé (fig. 2).

Conclusions ••La qualité fermentaire de la plupart des ensilages s’est révélée très bonne. ••Le produit Sil-EM a entraîné une augmentation des teneurs en acide acétique, des pertes plus élevées et des points DLG plus bas. ••Le produit Sil-EM a amélioré la stabilité aérobie des ensilages. ••Le produit Fireguard a montré une bonne efficacité pour le maïs d’ensilage à 32 % de MS. Dans le cas du maïs d’ensilage à 40 % de MS, le dosage recommandé n’a pas suffi. Ce n’est qu’en augmentant celui-ci que l’on est parvenu à améliorer la stabilité aérobie. ••Les deux agents conservateurs d’ensilages Fireguard (adaptation du dosage) et Sil-EM (à n‘utiliser qu’avec une teneur en MS supérieure à 30 %) ont été autorisés avec des restrictions. n

12,0 Differences de température (ºC)

10,0 8,0 6,0 4,0 2,0

0,0 Temperaturdifferenz, °C -2,0 0

24

48

Dosage 15 g

72

96 Durée (h) Dosage 30 g

120

144

168 Dosage 60 g

Figure 2 | Influence du dosage du produit Fireguard sur le développement de la température après le désilage.

312

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 308–313, 2010

192


Coadiuvanti per insilati e stabilità aerobica - risultati dei test 2009 La Stazione di ricerca Liebefeld-Posieux ALP ha testato l'efficacia dei coadiuvanti per l'insilamento Fireguard e Sil-EM per il miglioramento della stabilità aerobica in insilati di mais. Oltre a un controllo negativo senza additivi è stato preso in considerazione un controllo positivo con Luprosil. I test sono stati eseguiti su insilato di mais della varietà Amadeo con tenori in sostanza secca compresi tra il 32 e il 40 per cento in silos di laboratorio da 1,5 litri. L'insilamento è durato 56 giorni. Fatti salvi quelli trattati con Sil-EM, tutti gli insilati hanno dimostrato un'ottima qualità fermentativa, ottenendo un elevato punteggio DLG. L'impiego di Sil-EM ha determinato un aumento dei tenori in acido acetico e delle perdite, ma anche un miglioramento della stabilità aerobica. Per quanto riguarda il coadiuvante per l'insilamento Fireguard, il giusto dosaggio riveste un importante ruolo per il miglioramento della stabilità aerobica. I due prodotti Fireguard e Sil-EM sono stati autorizzati in via definitiva per il miglioramento della stabilità aerobica.

Summary

Riassunto

Agents conservateurs d’ensilage et stabilité ­a érobie: résultats des tests 2009 | Production animale

Silage additives and aerobic stability: test results 2009 Agroscope Liebefeld-Posieux Research Station ALP investigated the efficacy of the silage additives Fireguard and Sil-EM for the improvement of aerobic stability in maize silages. Beside a negative control without additives, a positive control with Luprosil was also tested. The trials were conducted with maize of the variety Amadeo, harvested at 32 % and 40 % dry matter content and ensiled in 1.5-litre laboratory scale silos. The storage period lasted 56 days. Except for the silages treated with Sil-EM, all the others showed good fermentation quality and therefore high DLG points. The application of Sil-EM increased the acetic acid contents and the losses, but improved the aerobic stability. For the silage additive Fireguard, the right dosage is important to improve the aerobic stability. Based on these results, both products Fireguard and Sil-EM are definitively authorized for the improvement of aerobic stability. Key words: aerobic stability, fermen­ tation quality, maize silage, silage additives.

Bibliographie ▪▪ DLG 2006. Grobfutterbewertung. Teil B – DLG-Schlüssel zur Beurteilung der Gärqualität von Grünfuttersilagen auf Basis der chemischen Untersuchung. DLG-Information (2). ▪▪ Kaiser E. & Weiss K., 2007. Nitratgehalt im Grünfutter – Bedeutung für Gärqualität und Siliertechnische Massnahmen. Übersichten Tierernährung 35 (1), 13 – 30. ▪▪ Wyss U., 2006. Agents conservateurs d´ensilage et stabilité aérobie ­r ésultats des tests 2005. Revue suisse Agric . 38 (5), 253 – 256. ▪▪ Wyss U., 2009. Agents conservateurs d`ensilage et stabilité aérobie ­r ésultats des tests 2008. Revue suisse Agric . 41 (6), 343 – 346.

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P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Stabilité des ensilages pour chevaux lors de l’affouragement Ueli Wyss1, Regina Klein2, Kathrin Mund2, Ruedi von Niederhäusern3, Brigitte Strickler3 et Brigitta Wichert4 Station de recherche Agroscope Liebefeld- Posieux ALP, 1725 Posieux 2 Haute école suisse d’agriculture HESA, Zollikofen, 3052 Zollikofen 3 Haras national suisse HNS, Avenches, 1580 Avenches 4 Institut pour l’alimentation animale, Faculté Vetsuisse, Université de Zurich, 8092 Zurich Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: ueli.wyss@alp.admin.ch, tél. +41 26 407 72 14

Photo: ALP

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Avant l’affouragement, les ensilages sont souvent décompressés et entreposés tels quels par les détenteurs de chevaux. Dans l’affourragement du bétail laitier, où l’on utilise en général des ensilages avec des teneurs en MS de 30 à 50 %, il est recommandé de ne pas décompresser le front d’attaque du silo (Thaysen 2004; Pahlow 2007); en effet, dans les ensilages décompressés, l’air peut pénétrer dans le fourrage et provoquer des postfermentations indésirables. Pour les prévenir, on utilise des agents conservateurs d’ensilage lors de la mise en silo. Dans le cadre de deux travaux de semestre de la Haute école suisse d’agronomie, Klein (2009) et Mund (2009) ont étudié de quelle façon la teneur en MS ou l’utilisation d’un agent conservateur d’ensilage influence la stabilité des ensilages durant l’affouragement.

Les ensilages conviennent également à l’affouragement des chevaux.

Matériel et méthodes Introduction Dans l’alimentation du cheval, les ensilages sont fréquemment utilisés depuis quelques années comme alternative au foin. Ils sont appropriés en particulier pour les chevaux qui souffrent d’allergie à la poussière ou d’autres maladies chroniques des voies respiratoires (Müller 2007). Les détenteurs de chevaux préfèrent les ensilages secs dont la teneur en matière sèche (MS) dépasse 60 %, aussi appelés haylage. Dans les ensilages secs, la fermentation lactique est moins intensive, et donc le pH moins bas. Les risques d’échauffement, voire de post-fermentations et de prolifération de moisissures, lors du prélèvement d’ensilage sont ainsi plus élevés (DLG 2003). Un bon compactage de l’ensilage au pressage et un conditionnement étanche à l’air sont des ­facteurs déterminants pour la bonne qualité de l’ensilage.

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Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 314–319, 2010

Les essais ont été effectués au Haras national suisse HNS à Avenches avec de l’ensilage en balles rectangulaires. L’herbe qui a servi à la fabrication de l’ensilage provenait d’une culture pure de ray-grass italien de la variété Gemini, elle a été fauchée début juin 2008. Des balles ont été réalisées avec et sans agent conservateur. Pour celles avec agent conservateur, du Lupro-Grain a été ­pulvérisé avec trois buses sur le fourrage lors du pressage. Les balles ont été traitées avec 1,0 litre et 1,5 litre d’agent conservateur, correspondant à un dosage de respectivement 2,3 et 3,5 litres par tonne de fourrage. La recommandation du fabricant est de 5 l par tonne de fourrage. Les balles rectangulaires ont été emballées dans douze couches de film plastique et pesaient en moyenne 430 kg. Elles ont été entreposées à l’extérieur. Après le prélèvement de l’ensilage, des analyses ont été faites à deux reprises (avril et mai 2009). L’influence de la teneur en MS et celle de l’agent conservateur d’ensilage


(Lupro-Grain) sur la stabilité des balles de haylage ont été étudiées. A cet effet, les balles ont été stockées dans un local à une température moyenne de 16 (première fois) et 18 °C (deuxième fois). Une partie de l’ensilage des balles a été décompressée et le reste a été stocké de façon compacte (fig. 1). Aux jours 0 (ouverture des balles), 3, 7 et 14, la température a été mesurée dans les balles et dans l’ensilage décompressé. Un examen sensoriel a été effectué dans les deux cas (Kamphues et al. 2004). Par ailleurs, des échantillons ont été prélevés pour déterminer en laboratoire les teneurs en MS, les valeurs pH, les acides gras, les substances nutritives, les levures, les moisissures et les bactéries aérobies mésophiles. A l’échantillonnage, seul du fourrage apparemment sans moisissure était prélevé, le fourrage moisi ne devant pas être affourragé aux ­animaux.

Résultats et discussion

Dans l’alimentation du cheval, il est devenu fréquent depuis quelques années d’utiliser des ensilages à teneur élevée en MS, également appelés haylage. Or, des questions restent en suspens à propos de leur conservation et des conditions d’entreposage. L’influence de la teneur en MS et d’un agent conservateur sur les capacités de conservation du haylage en balles au moment de l’affouragement ont été étudiées dans le cadre de deux travaux de semestre. A cet effet, une partie de l’ensilage a été décompressée après l’ouverture de la balle rectangulaire et le reste de la balle stocké de façon compacte. Les résultats de l’essai ont montré que la teneur en MS du fourrage influence fortement l’intensité de la fermentation et la baisse du pH. La mesure de la température représente un bon instrument pour estimer l’altération du fourrage. Les ensilages dont la teneur en MS dépasse 60 % et qui sont décompressés après l’ouverture sèchent davantage pendant le stockage que les balles entreposées de façon compacte. Par conséquent, les moisissures s’y développent moins. L’utilisation d’un agent conservateur a partiellement ralenti l’altération du fourrage. Il est recommandé de distribuer le contenu des balles ouvertes en l’espace d’une semaine. Pour les fourrages à teneur en MS supérieure à 60 %, le décompressage améliore la qualité microbienne. Avec un fourrage humide, il est préférable de stocker les balles de façon compacte.

Photo: ALP

Mesures de températures Sous l’influence de l’air, les microorganismes se multiplient, cette activité provoque une hausse de la température de l’ensilage, ce qui engendre des post-fermentations. Dans les ensilages à deux teneurs en MS différentes (50 et 60 % de MS), la température a continuellement augmenté. Pourtant, ce n’est que sept et quatorze jours après l’ouverture des balles que l’on a pu mesurer des températures partiellement supérieures à la température ambiante (fig. 2). Les augmentations de température dans le fourrage sec et dans le fourrage stocké de façon compacte étaient plus élevées que dans le fourrage plus humide. D’une part, dans le fourrage décompressé, l’air peut pénétrer plus facilement et favoriser 

Résumé

Stabilité des ensilages pour chevaux lors de l’affouragement | Production animale

Figure 1 | Après l’ouverture des balles, une partie de l’ensilage a été décompressée et le reste stocké de façon compacte pendant les 14 jours de mesures.

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 314–319, 2010

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Production animale | Stabilité des ensilages pour chevaux lors de l’affouragement

Température (˚C)

Teneur en MS: 60 %

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Jours apès l'ouverture des balles décompressé compact

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Température (˚C)

Teneur en MS: 50 % 40 35 30 25 20 15 10 Temperatur, °C 5 0 0 3 7 14

Sans conservateur 40 35 30 25 20 15 10 Temperatur, °C 5 0 0 3 7 14

Dosage 1

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Jours apès l'ouverture des balles décompressé compact

Figure 2 | Influence de la teneur en MS et de l'utilisation d'un agent d'ensilage sur les températures dans les ensilages.

Teneurs en MS et paramètres de fermentation Au décompressage, le fourrage sèche surtout en surface. Les microorganismes indésirables tirent du fourrage l’eau dont ils ont besoin pour leur croissance. La teneur en MS d’une part et le type de stockage d’autre part jouent donc un rôle dans le processus de séchage. Comme il ressort des résultats, la teneur en MS reste plus ou moins constante dans le fourrage plus humide, qu’il soit stocké décompressé ou de façon compacte (fig. 4). Dans le fourrage à teneur en MS supérieure à 60 %, la teneur en MS a augmenté continuellement dans le fourrage décompressé. En outre, l’altération microbienne influence aussi la teneur en MS. Lorsque les levures se multiplient fortement, les substrats nutritifs sont dégradés en dioxyde de carbone et en eau donc la teneur en MS du fourrage augmente (Pahlow 2007). Dans le fourrage plus humide, la production d’acide ­lactique et d’acide acétique a été plus abondante (fig. 4), ce qui a aussi influencé les valeurs du pH, qui atteignait 4,6 dans le fourrage à 50 % de MS et 5,6 dans celui à 60 % de MS. La hausse des concentrations en acide lactique et en acide acétique dans la balle avec le dosage le plus élevé en agent conservateur (3,5 l/t) est probablement due aux différences de teneurs en MS. Ces résultats se recoupent avec ceux des études menées par Wyss (2000), qui démontrent que la teneur en MS du fourrage influence l’intensité de la fermentation.

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Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 314–319, 2010

Pendant les quatorze jours de l’essai, aucune modification systématique des acides gras n’a été observée, contrairement à la teneur en éthanol. D’un côté, les balles avec les teneurs en MS les plus élevées en contenaient une concentration plus importante. D’un autre côté, la teneur en éthanol dans le fourrage décompressé a fortement diminué pendant les quatorze jours, à cause de l’évaporation (fig. 4). Une légère odeur d’alcool a déjà été constatée à l’ouverture des balles. Signalons que l’utilisation d’un agent conservateur d’ensilages a entraîné, avec les deux dosages, une réduction de la ­formation d’éthanol. Seules des traces d’acide butyrique ont été décelées dans toutes les balles. Toutes les valeurs étaient inférieures à 2 g par kg de MS. Lors de l’examen sensoriel, ces faibles concentrations d’acide butyrique n’ont pas été détectées. A l’ouverture, les balles traitées à l’agent conservateur contenaient 1,1 g d’acide propionique par kg de MS avec le dosage 1 et 1,8 g avec le dosage 2. Dans les balles non traitées, aucune trace d’acide propionique n’a été dé­celée.

Photo: ALP

ainsi l’activité des microorganismes. D’autre part, la ­chaleur est mieux évacuée grâce à la circulation de l’air. Dans le fourrage traité avec l’agent conservateur et décompressé avant l’affouragement, aucune augmen­ tation de la température n’a été observée. Par contre, aucun des deux dosages de l’agent conservateur utilisé dans le fourrage stocké de façon compacte n’a été en mesure d’empêcher une hausse de la température (fig. 2). Les mesures montrent que la température représente un indicateur pertinent et simple à déterminer, capable de mettre en évidence l’activité des microorganismes (fig. 3).

Figure 3 | Les mesures de température représentent un indicateur pertinent et simple pour déterminer l’altération du fourrage.


Stabilité des ensilages pour chevaux lors de l’affouragement | Production animale

Teneur en MS (%)

Teneur en MS: 60 %

Teneur en MS: 50 %

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Teneur en MS: 60 %

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Teneur en MS: 60 %

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Teneur en MS: 50 %

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Sans conservateur 90 80 70 60 50 40 30 TS-Gehalt, % 20 10 0 0 3 7 14

30 25 20 15 10 5 0

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Sans conservateur

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Dosage 1

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Dosage 2

0 3

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Sans conservateur

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Dosage 1

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Dosage 2

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Dosage 2

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Sans conservateur

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Teneur en MS: 60 %

Dosage 1

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Ethanol (g/kg MS)

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Ethanol (g/kg MS)

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Acide lactique (g/kg MS)

30 25 20 15 10 5 0

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Acide acétique (g/kg MS)

Acide acétique (g/kg MS)

Acide lactique (g/kg MS)

Teneur en MS (%)

Teneur en MS: 50 % 90 80 70 60 50 40 30 TS-Gehalt, % 20 10 0 0 3 7 14

férences ont aussi été relevées entre les deux dosages de l’agent conservateur: le plus bas (2,3 l/t) n’a pas permis de stopper la multiplication des levures dans les deux types de stockage, tandis que le dosage le plus élevé (3,5 l/t) a inhibé leur multiplication pendant sept jours. On peut se demander si un dosage plus élevé aurait été plus efficace. En cas d’apport d’oxygène, les moisissures peuvent, elles aussi, se développer facilement. Dans les balles stockées de façon compacte en particulier, là où le film plastique n’a pas été enlevé, de l’eau de condensation s’est formée sous le film, favorisant le développement de foyers de moisissures. Du fait que seul du matériel apparemment sans moisissures a été prélevé pour l’échantillonnage, la charge microbienne en moisissures était très basse. Les valeurs indicatives de bonne qualité Foto: ALP

Qualité microbiologique Les levures sont les principaux agents responsables des post-fermentations, en particulier des échauffements, après le prélèvement d’ensilage sous l’action de l’air (Wagner et al. 2007). Lors du prélèvement de fourrage, la charge en levures relevée dans les balles à différentes teneurs en MS, de même que dans les balles traitées avec un agent conservateur d’ensilage était en dessous du seuil critique de 100 000 unités formant colonies (ufc) par g de fourrage (fig. 5). Or, selon Pahlow (2007), un dépassement de cette limite entraîne l’altération du fourrage et donc une augmentation de la valeur pH. Une charge en levures plus élevée dans le fourrage stocké de façon compacte comme dans le fourrage décompressé a été relevée le septième jour déjà et surtout le quatorzième jour par rapport au jour 0. Des dif-

0

3

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14 0 3 7 14 0 Jours apès l'ouverture des balles décompressé compact

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Figure 4 | Teneur en MS, acide lactique, acide acétique et éthanol dans les ensilages à diverses teneurs en MS, respectivement sans ou avec agent d'ensilage.

Ethanol, g/kg TS

Ethanol, g/kg TS Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 314–319, 2010

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Teneur en MS: 50 %

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Teneur en MS: 60 % Moisissurs, CFU/g

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Teneur en MS: 60 % Levures, CFU/g

Teneur en MS: 50 % 10 000 000 1 000 000 100 000 10 000 1000 100 Hefen,10 KBE/g 1 0 3 7 14

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Schimmel,Sans KBE/g conservateur 100 000 000 10 000 000 1 000 000 100 000 10 000 1000 100 10 1 0 3 7 14

Teneur en MS: 60 %

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Schimmel, KBE/g Teneur en MS: 50 % 100 000 000 10 000 000 1 000 000 100 000 10 000 1000 100 10 1 0 3 7 14

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Sans conservateur 10 000 000 1 000 000 100 000 10 000 1000 100 Hefen,10KBE/g 1 0 3 7 14

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Bactéries CFU/g

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Production animale | Stabilité des ensilages pour chevaux lors de l’affouragement

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Figure 5 | Influence de la teneur en MS et de l'utilisation d'un agent d'ensilage sur les levures, les moisissures et les bactéries aérobies ­m ésophiles. Bakterien, KBE/g Bakterien, KBE/g

(5000 moisissures par g de fourrage; Wagner et al. 2007) n’ont été dépassées que dans quelques rares cas (fig. 5). Le fait que les valeurs les plus élevées aient été trouvées dans le fourrage stocké de façon compacte pourrait indiquer que le séchage du fourrage a limité les conditions de croissance des moisissures. Les concentrations de bactéries aérobies mésophiles dans les ensilages avec respectivement 50 et 60 % de MS se situaient – à une exception près – toutes en dessous du seuil d’un million d’ufc par g, ce qui peut être qualifié de bon résultat selon Wagner et al. (2007). Aucune différence n’a été observée entre les deux types de stockage (fig. 5). Pendant les quatorze jours de stockage, l’ajout d’agent conservateur d’ensilage a occasionné une hausse du nombre de bactéries aérobies mésophiles uniquement dans les deux échantillons qui présentaient par ailleurs des concentrations de moisissures élevées.

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Conclusions ••La mesure des températures est un bon paramètre pour indiquer une altération. ••Dans le cas du fourrage le plus sec, la fermentation est moins intensive et la valeur pH baisse moins ­fortement. ••Lors de l’ouverture des balles, le film plastique doit être complètement enlevé, car de l’eau de conden­ sation peut se former sous le film et favoriser le ­développement de moisissures. ••Dans le cas de fourrage à teneurs élevées en MS ­(supérieures à 60 %), un décompressage après l’ouverture des balles se révèle positif. Le fourrage sèche davantage en se montrant moins sujet aux ­moisissures. ••Le fourrage à teneur en MS de 50 % doit être stocké plutôt de façon compacte. ••Les essais ont montré que l’altération commence souvent à partir du septième jour, raison pour laquelle les balles ouvertes doivent être distribuées aux chevaux en l’espace d’une semaine. n


Stabilità degli insilati per cavalli durante il foraggiamento Da alcuni anni, per il foraggiamento dei cavalli, in alternativa al fieno viene usato sempre più di frequente insilato ad elevato tenore in SS, il cosiddetto fienosilo. Tuttavia restano ancora aperte alcune domande relative alla stabilità e alle condizioni di stoccaggio. Nell'ambito di due prove sono stati analizzati gli effetti del tenore in Sostanza secca (SS) e dell'impiego di un agente per l'insilamento sulla stabilità degli insilati durante il foraggiamento. A tal fine una parte dell'insilato in balle quadrate è stata aerata dopo la sua apertura e il rimanente della è stato conservato nella sua forma compatto. Dai risultati è emerso che il tenore in SS del foraggio incide fortemente sull'­ intensità di fermentazione e sulla diminuzione del valore pH. Un valido indicatore per determinare il deterioramento dell’insilato è la misurazione della temperatura. Gli insilati con tenore in SS superiore al 60 per cento, arieggiati dopo l'apertura delle balle , essiccano meglio durante lo stoccaggio rispetto a quelli compatti con un conseguente minore sviluppo di muffe. L'impiego di coadiuvanti ha permesso, in parte, di ritardare il deterioramento. Si ­raccomanda di consumare il foraggio delle balle aperte nel giro di una settimana. L’ arieggiamento del foraggio con un tenore in SS superiore al 60 per cento migliore porta a un miglioramento della sua qualità. D’altro canto uno stoccaggio compatto aumenta la qualità dei foraggi con un minore tenore in SS.

Bibliographie ▪▪ DLG, 2003. Praxisgerechte Pferdefütterung. Eine Information des DLGArbeitskreises Futter und Fütterung. Arbeiten der DLG/Band 198, 95 p. ▪▪ Kamphues J., Coenen M., Kienzle E., Pallauf J., Simon O. & Zentek J., 2004. Supplemente zu Vorlesungen und Übungen in der Tierernährung. Verlag M. und H. Schaper, Alfeld-Hannover. ▪▪ Klein R., 2009. Aerobe Stabilität von Haylages mit unterschiedlichem Trockensubstandgehalt unter Pferdestallbedingungen. Semesterarbeit SHL Zollikofen, 45 p. ▪▪ Müller C. E., 2007. Wrapped forages for horses. Doctoral dissertation. Uppsala, 57 p.

Summary

Riassunto

Stabilité des ensilages pour chevaux lors de l’affouragement | Production animale

Stability of silages for horses during feeding Since some years, hay in horse diets has been partly replaced by silage with high dry matter contents, also known as haylage. There remain still some questions concerning the stability of haylage as well as the conditions during storage. In this context, the influence of dry matter (DM)-content and the addition of silage additives on the stability during the feed-out was investigated in two tests. In this study a part of the forage of a big bale was aerated after opening the bale while the remaining part was compactly stored. The results showed that the DM-­content of the silages does influence the intensity of the fermentation and the reduction of the pH-value. The measurement of the temperature is a good indicator for the deterioration of the silage. Silages with DM-contents over 60 %, which are aerated after opening of the bales, dry better during the feed-out period than compactly stored forage and thereby moulds develop less. The application of a silage additive partly prevented the silages from a rapid deterioration. It is recommended to feed the opened bales within one week. The aeration of forage with DM-contents higher than 60 % leads to an improvement of its quality. On the other hand, it is the compact storage which improves the quality in forages with lower DM-­ contents. Key words: silage, haylage, horses, feeding.

▪▪ Mund K., 2009. Aerobe Stabilität von Haylages mit unterschiedlichen ­D osierungen eines Säurezusatzes unter Pferdestallbedingungen, ­S emesterarbeit SHL Zollikofen. 56 p. ▪▪ Pahlow G., 2007 Grundlagen und Grundsätze der Silierung. Übersichten zur Tierernährung 35 (1), 1 – 11. ▪▪ Thaysen J., 2004. Die Produktion von qualitativ hochwertigen Grassilagen. Übersichten zur Tierernährung 32 (1), 57 – 102. ▪▪ Wagner W., Wolf H. & Losand B., 2007. Die Beurteilung des mikrobiologischen Status von Silagen. Übersichten zur Tierernährung 35 (1), 93 – 102. ▪▪ Wyss U., 2000. Grassilagen: TS-Gehalt beeinflusst Gärung und aerobe Stabilität. Agrarforschung 7 (4), 170 – 175.

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 314–319, 2010

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E n v i r o n n e m e n t

Conditions agrométéorologiques du Plateau suisse de 1864 à 2050

Photo: Gabriela Brändle, ART

Pierluigi Calanca et Annelie Holzkämper, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Pierluigi Calanca, e-mail: pierluigi.calanca@art.admin.ch, tél. +41 44 377 7512

Même à l'avenir le climat restera un facteur déterminant de la production végétale.

Introduction L’agriculture suisse bénéficie aujourd’hui de conditions climatiques relativement favorables. Elle ne subit que rarement des pertes de production notables à l’échelle nationale, comme celles consécutives aux sécheresses de 1947, 1949, 1976 (Pfister 1999) et, en partie aussi, de 2003 (Keller et Fuhrer 2004). Il n’empêche qu’à l’échelle régionale, les dommages dus aux intempéries peuvent être importants. En sera-t-il encore ainsi à l’avenir? Cette question est au cœur des activités de la recherche internationale (Eitzinger et al. 2009) et nationale. Des considérations d’ordre général sur les effets potentiels d’une augmentation de la température et d’une diminution des précipitations estivales sur l’agriculture suisse sont exprimées dans le rapport «Les changements climatiques et la Suisse en 2050» de l’Organe consultatif sur les changements climatiques (OcCC/ProClim 2007). Calanca (2007) a étudié les effets à long terme du changement climatique sur l’intensité des sécheresses en été. En outre, Fuhrer et Jasper (2009) ont donné des indications sur

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l’importance des sécheresses estivales et le besoin en eau d’irrigation des herbages et des grandes cultures. Bon nombre de ces études sont fondées sur les mêmes bases que les scénarios climatiques existants et représentent une synthèse des résultats du projet européen de recherche PRUDENCE (Christensen et Christensen 2007). Entre-temps, de nouveaux scénarios climatiques ont été élaborés pour l’Europe dans le cadre du projet ENSEMBLES (Hewitt 2005; voir aussi http://ensembles-eu. metoffice.com). A la différence du projet PRUDENCE, le projet ENSEMBLES calcule l’évolution du climat pour la première fois sans interruption de 1950 à 2050, voire parfois jusqu’à 2100. Les résultats de ce projet sont actuellement analysés par un groupe d’experts dans le but d’actualiser les scénarios de OcCC/ProClim (2007). Même s’il n’est pas encore possible d’en tirer des conclusions précises, le projet ENSEMBLES fournit des renseignements et réflexions sur les conséquences potentielles des tendances agrométéorologiques qui se dessinent. Afin d’élargir la perspective des scénarios, l’évolution du climat de ces 150 dernières années est


prise en compte à l’aide des séries de données homo­ généisées de la température mensuelle moyenne et de la somme mensuelle des précipitations. Ces données issues de l’Office fédéral de météorologie et de climatologie (MétéoSuisse) sont disponibles sur http://www. meteoschweiz.admin.ch/web/de/klima/klima_heute/ homogene_reihen.html. Exigences climatiques des plantes cultivées Des conditions climatiques optimales durant toute la période de végétation sont à la clé d’une haute productivité végétale. Toutefois, chaque culture possède ses exigences propres vis-à-vis des facteurs climatiques ou des risques d’intempéries (Lang et Müller 1999), variant fortement selon les espèces et les stades phénologiques: croissance végétative, floraison, formation et remplissage des grains. Pour de nombreuses plantes cultivées, les températures optimales se situent entre 25 et 30 °C, tandis que des températures plus élevées limitent le rendement (Hess 1991). Cette situation ne se produisant que rarement sous nos latitudes, les températures minimales revêtent généralement plus d’importance. Par ailleurs, les dégâts dus au gel peuvent entraîner une forte réduction du rendement, voire la perte totale des récoltes. Pour croître de façon optimale, les plantes ont aussi besoin de suffisamment d’eau. Les pertes par évapotranspiration doivent être constamment compensées par le système racinaire. Si le sol ne dispose pas d’une réserve suffisante, les plantes peuvent subir un stress hydrique. Elles réagissent alors en refermant leurs stomates, ce qui diminue les pertes en eau, mais cette modification de leur métabolisme limite l’absorption de CO2 et entraîne des baisses de rendement voire des modifications de la qualité, si la sécheresse persiste. Les précipitations ont un effet positif sur l’emmagasinement d’eau, mais peuvent aussi être directement ou indirectement néfastes (grêle, érosion, engorgement du sol, inondation) ou favoriser les infections fongiques par une humidification fréquente des feuilles. Indices agrométéorologiques Les indices agrométéorologiques permettent de caractériser les liens entre le climat et les systèmes agricoles (Eitzinger et al. 2008). Ils décrivent les effets des paramètres climatiques sur la croissance des plantes cultivées, permettant ainsi de répertorier divers processus, comme l’évolution phénologique, les effets de la sécheresse, de l’humidité, des grandes chaleurs et du froid, ou l’apparition de maladies et la propagation de ravageurs. Les phases de croissance sont généralement représentées sur la base de valeurs en degrés-jours (Growing

Résumé

Conditions agrométéorologiques du Plateau suisse de 1864 à 2050 | Environnement

En Suisse comme ailleurs, le changement climatique aura des répercussions sur l’agriculture; il pourrait améliorer les conditions de production mais aussi augmenter les risques. Dans ce contexte, les indices agrométéorologiques peuvent aider à mieux comprendre les interactions entre le climat et la croissance des cultures. Ils constituent une base d’information nécessaire au développement de stratégies d’adaptation. Ce travail examine deux aspects importants de la production végétale : la durée de la période de végétation et les risques de sécheresse. Les données climatiques utilisées comprennent des séries homogénéisées de la température et des précipitations entre 1864 et 2009, ainsi que les derniers scénarios climatiques du projet européen ENSEMBLES. Nos résultats indiquent que la période de végétation sur le Plateau se prolonge d’environ 40 jours d'ici à 2050 par rapport à la référence des années 1970. Ces résultats coïncident avec ceux obtenus précédemment. En revanche, ils montrent que les risques de sécheresse sont moins dramatiques que prévu, principalement parce que les scénarios ENSEMBLES ne prévoient en moyenne qu’une faible diminution des précipitations estivales pour la première moitié du 21e siècle. Toutefois de grandes incertitudes subsistent sur ce point.

Degree Days). Des données fiables sont disponibles pour beaucoup de plantes cultivées (p. ex. Lang et Müller 1999) permettant de dater avec précision les stades de développement. Pour la production four­ragère, l’indicateur souvent utilisé est le nombre de jours dont la température journalière moyenne dépasse 5 °C. Par ailleurs, l’influence du froid est prise en considération dans plusieurs études en utilisant un seuil fixé à – 2 °C pour la température journalière minimale. Diverses valeurs-seuil peuvent entrer en jeu pour intégrer l’impact de la chaleur. Les jours d’été sont par exemple caractérisés par une température journalière maximale dépassant 25 °C. Pour les jours de chaleur tropicale et de chaleur caniculaire, ces valeurs se situent à  30, respectivement 35 °C.

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Figure 1 | Effet d’une augmentation de 2 °C sur la croissance des pommes de terre et sur le risque de développement des tubercules, pour le site de Reckenholz, dans l’hypothèse que la date de plantation n’a pas été adaptée. Les principaux stades phénologiques au bas de la figure: plantation (plant); levée (lev); tubérisation (tubér); floraison (flor); épaississement des tubercules (éptu); maturité (mat), ont été déterminés sur la base des valeursseuil en degrés-jours. Dans la partie supérieure, une représentation graphique de la probabilité que la température journalière maximale dépasse 30 °C; en noir: résultats d’une évaluation de la météorologie journalière entre 1981 et 2009; en rouge: résultats avec une augmentation de la température de 2 °C, telle que l’esquissent les scénarios climatiques du projet ENSEMBLES pour 2050.

L’apparition de la sécheresse et le stress hydrique qui s’ensuit sont des phénomènes relativement complexes nécessitant un large choix d’indices agrométéorologiques. La sécheresse est d’abord une conséquence de l’absence de précipitations significatives. Toutefois, les variations de l’offre en eau sont largement dépendantes de l’effet tampon du sol, voire de la nappe phréatique. Par ailleurs, les plantes dotées d’un enracinement profond peuvent utiliser l’eau présente dans les couches inférieures du sol et résistent donc mieux aux périodes pauvres en précipitations. Selon le point de vue, la sécheresse peut être étudiée grâce aux seuls indicateurs de précipitations, comme l’indice standardisé des précipitations (Standardized Precipitation Index ou SPI) introduit par McKee et al. (1993) ou à d’autres indices plus spécifiques reflétant le bilan hydrique du sol et l’utilisation d’eau par les plantes, comme l’indice de sécheresse de Palmer (1965; Palmer Drought Severity Index ou PDSI), l’évapotranspiration relative (Fuhrer et Jasper 2009) ou la disponibilité moyenne en eau dans la zone racinaire (Milly 1993; Keller et Fuhrer 2004). Dans de nombreuses applications, il importe de connaître non seulement l’intensité de la sécheresse, mais aussi sa durée. C’est pourquoi la longueur des phases de sécheresse est aussi souvent utilisée comme indice. Les indices agrométéorologiques peuvent être calculés aussi bien pour toute la période de végétation que pour une phase particulière de la croissance des plantes. Le calcul de ce dernier facteur permet par

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exemple de mettre en évidence un décalage des stades phénologiques dû à une hausse des températures. L’exemple de la croissance des pommes de terre représenté à la figure 1 montre que cette option est judicieuse lors de l’appréciation des risques, car elle fournit des données plus précises. Evolution de la phénologie Les premières analyses des scénarios ENSEMBLES montrent que, dans l’arc alpin, la température pourrait augmenter de 2 °C d’ici à 2050. Pour les précipitations estivales, aucune tendance négative ne se profile clairement d’ici là, contrairement à ce qu’indiquent les scénarios de l’OcCC/ProClim (2007). Que signifient ces chiffres pour les conditions agrométéorologiques dans l’agriculture? Ils permettent tout d’abord de considérer la phénologie. La durée de la période de végétation des prairies et des pâturages ainsi que son évolution de 1864 à 2050 sont représentées à la figure 2. La tendance à un prolongement de la période de végétation se remarque clairement dans cette figure, notamment à partir de 1960. Mais on note aussi d’évidentes variations à court et à moyen terme. Vers 1860, les valeurs des années favorables équivalaient déjà à celles des environs de 1940, tandis que la période de 1890 à 1910 semble avoir été plus froide que la moyenne et défavorable à la production fourragère. La variabilité annuelle entre 1900 et 1930 est nettement plus faible que dans la deuxième moitié du 19e siècle ou que depuis 1940.


Conditions agrométéorologiques du Plateau suisse de 1864 à 2050 | Environnement

Selon les résultats du projet ENSEMBLES, la tendance observée depuis 1980 se poursuivra jusqu’en 2050. A ce terme, la période de végétation comptera 250 jours en moyenne, soit 40 jours de plus qu’en 1970. Cela signifierait une coupe supplémentaire par an dans les prairies productives.

Discussion Les variations constantes du climat imposent un relevé quantitatif des conditions agrométéorologiques afin de repérer les risques et d’anticiper le développement de stratégies adaptées. Une analyse à l’aide d’indices agrométéorologiques a le double avantage de reposer sur des modélisations simples et de fournir des résultats faciles à interpréter. Elle intègre aussi divers facteurs climatiques en fonction des stades phénologiques d’une plante, ces indices pouvant être calculés de façon ciblée pour des phases de développement critiques. Dans ce travail, l’évolution des conditions agrométéorologiques sur le Plateau suisse a été esquissée à l’aide de deux de ces indices pour la période de 1864 à 

Durée période végét. (jours)

Evolution de la sécheresse La sécheresse est indiquée ici à l’aide du SPI. Comme McKee et al. (1993) l’expliquent, cet indice représente une standardisation des précipitations cumulées sur une période allant de 3 à 24 mois, selon la question posée. Dans le cas présent, une période d’intégration de six mois a été choisie et la somme des précipitations est examinée pour les mois d’avril à septembre, période représentative des longues phases de sécheresse persistante, qui peuvent conduire à des pertes de rendement. La période de référence choisie pour la standardisation s’étend de 1981 à 2009. Les valeurs négatives du SPI indiquent une sécheresse, voire une grave sécheresse lorsqu’elles sont inférieures à –1,5 unités. La figure 3 montre clairement que dans le passé, le cumul des précipitations entre avril et septembre a fortement varié. Les décennies 1860, 1890 et 1940 ont été particulièrement touchées par la sécheresse. Celle de 1947 fut la plus grave pour l’agriculture suisse (Pfister 1999). Mais des pertes considérables ont aussi marqué l’été 2003 (Keller et Fuhrer 2004). Les deux événements se distinguent principalement par le fait qu’en 1947, la

phase d’anomalies négatives en termes de précipitations avait déjà commencé l’hiver précédent pour culminer à la fin de l’été. En 2003, la sécheresse a surtout sévi en avril, juin et août. En intégrant toute la période d’avril à septembre, l’anomalie est alors nettement plus faible qu’en 1947. Concernant l’évolution future de la sécheresse, aucune tendance significative du régime des précipitations ne se profile d’ici à 2050. Toutefois, sa marge d’incertitude est presque aussi grande que la variabilité climatique annuelle actuelle. Cela signifie que des événements climatiques comme la sécheresse de 2003 pourraient se répéter en tout temps dans un proche avenir.

Année Figure 2 | Durée de la période de végétation dans les prairies et les pâturages sur le site de Berne, de 1864 à 2050. En noir: Rétrospectives ­r econstituée sur la base de données homogénéisées des températures de MétéoSuisse. La ligne fine indique les valeurs annuelles, tandis que la ligne épaisse illustre les tendances à moyen terme. En bleu: Evolution jusqu’à 2050 calculée sur la base des 15 scénarios du projet ­E NSEMBLES. Dans ce cas, la ligne épaisse représente l’évolution probable tandis que les lignes fines délimitent la marge d’incertitude.

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Figure 3 | Graphique semblable à celui de la figure 2, mais se rapportant à l’évolution du SPI de la Station d’observation de Berne, de 1864 à 2050. Il s’agit ici des valeurs du SPI semestriel pour septembre, qui reflètent les anomalies des précipitations cumulées pour les mois d’avril à septembre. Les valeurs négatives du SPI indiquent la sécheresse. Les valeurs inférieures à –1,5 correspondent à une sécheresse persistante. Les deux flèches pointent sur 1947 et 2003.

2050. Les données utilisées sont fondées sur une rétrospective des observations météorologiques ainsi que sur des scénarios climatiques issus des résultats du projet de recherche européen ENSEMBLES. En ce qui concerne la température, nos résultats sont comparables à ceux des travaux précédents. Pour la sécheresse estivale par contre, des divergences notables apparaissent qu’il s’agira d’élucider lors de prochains travaux. Rappelons dans ce contexte que les simulations explicites réalisées dans le projet PRUDENCE avec des modèles climatiques régionaux ne portent que sur la période 2071 - 2100 tandis que, dans le rapport OcCC/ ProClim (2007), ces résultats sont échelonnés sur les années 2030, 2050 et 2070 à l’aide d’une méthode statistique. Il convient donc de réexaminer les hypothèses émises sur la base des connaissances actuelles. Un examen plus large des résultats du projet ENSEMBLES montrera dans quelle mesure et à partir de quand il sera nécessaire de prélever des quantités accrues d’eau pour irriguer les terres (Fuhrer et Jasper 2009).

Conclusions et perspectives ••L’interprétation des scénarios relatifs à l’agriculture suisse continuera de nous occuper ces prochaines années. L’un des grands objectifs est de mettre en œuvre l’analyse des liens entre le climat et la croissance des plantes pour établir des directives à l’intention des praticiens. ••Il s’agit concrètement d’actualiser la carte des aptitudes climatiques, à partir de l’appréciation des

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aptitudes spécifiques à l’agriculture suisse établie par Jeanneret et Vautier (1977). ••La carte des aptitudes climatiques utilisée jusqu’à présent se base sur des données climatiques relevées entre 1901 et 1960. Comme l’indiquent les figures 2 et 3, le climat a changé depuis lors et il serait opportun d’actualiser cette carte avec de nouvelles données. ••Toutefois, la méthode d’appréciation développée par Jeanneret et Vautier n’est que partiellement reproductible et doit donc être reformulée. Ce travail est actuellement réalisé par Agroscope ART dans le cadre de la recherche nationale prioritaire accordée au climat (http://www.nccr-climate.unibe.ch). ••La nouvelle méthode reposera sur l’appréciation d’experts des aptitudes climatiques spécifiques aux cultures. La quantification de la sensibilité au climat est effectuée sur la base d’indices agrométéorologiques calculés pour des stades phénologiques critiques. Cette méthode sera facilement reproductible et modifiable, ce qui permettra d’actualiser et d’étendre en tout temps le calcul des aptitudes climatiques et de prendre en compte ces évolutions pour la culture de nouvelles espèces ou variétés. ••Les aptitudes climatiques pourront également être évaluées pour divers scénarios sur l’évolution future n du climat.


Condizioni agrometeorologiche sull'Altipiano svizzero dal 1864 al 2050 I cambiamenti climatici si ripercuoteranno anche in Svizzera sulle le condizioni agrometeorologiche per la campicoltura e la foraggicoltura. Ciò potrà comportare un miglioramento della produzione, ma anche un aumento dei rischi legati alle intemperie. L’esame degli indici agrometeorologici può aiutare a meglio comprendere l'interazione tra clima e colture, nonché a creare le basi per lo sviluppo di strategie di adattamento. In questo ambito sono stati analizzati due aspetti importanti della produzione vegetale, cioè la durata del periodo di vegetazione e il rischio di siccità, basandosi su dati meteorologici per gli anni 1864-2009 e sui più recenti scenari climatici emersi dal progetto europeo di ricerca ENSEMBLES. Riguardo al periodo di vegetazione sull’Altipiano, i risultati si sono rivelati coerenti con quelli di studi precedenti, indicando per il 2050 un prolungamento di circa 40 giorni rispetto al 1970. Riguardo al rischio di siccità il quadro emerso è meno drammatico di quanto prospettato finora, poichè negli scenari ENSEMBLES la tendenza al calo delle precipitazioni estiva è minima nella prima metà del XXI secolo. A questo proposito rimangono però notevoli incertezze.

Summary

Riassunto

Conditions agrométéorologiques du Plateau suisse de 1864 à 2050 | Environnement

Agrometeorological conditions on the Swiss Plateau from 1864 to 2050 Climate change will affect the agrometeo­ rological conditions for crop and forage farming also in Switzerland. This can improve agricultural production but also increase weatherrelated risks. In this context, agrometeorological indices can help to better understand the interactions between crops and climate and thus serve as a basis for the development of adaptation strategies. This study investigates two important aspects of crop production, namely the length of vegetation period and drought risks. Our investigation relies on homogenized data series for temperature and precipitation spanning the period 1864 – 2009 and the latest climate scenarios from the European research project ENSEMBLES. Concerning the length of vegetation period, our results are consistent with the findings of earlier studies. For the Plateau, they suggest by 2050 an extension of about 40 days relative to the reference in the 1970s. Regarding drought risks the picture is less dramatic than previously assumed. This can be explained by the fact that for the first half of the 21st century the ENSEMBLES scenarios show on average only a small tendency toward reduced summer precipitation. On this aspect, however, even the new scenarios are fraught with uncertainty. Key words: climate change, agrometeorological indices, growing season's length, drought risk.

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E c o n o m i e

a g r i c o l e

Stratégies de haute performance et de pâture intégrale: attitudes des producteurs Ivo Baur1, Martin Dobricki2 et Markus Lips2 Université de Zurich, Institut de géographie, Ecologie sociale et industrielle 2 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Martin Dobricki, e-mail: martin.dobricki@art.admin.ch, tél. +41 52 368 31 46

Photo: Iris Pulfer

1

Introduction Une comparaison entre la stratégie de pâture intégrale et celle de haute performance pour l’affouragement du bétail laitier est en cours au Centre de formation professionnelle Nature et Alimentation (BBZN), à Hohenrain (LU). La présente étude est un projet partiel qui vise à répertorier les motivations et les attitudes des producteurs de lait face à ces deux stratégies.

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La pâture intégrale consiste à maximaliser la part de pâture. Des concentrés sont tout au plus utilisés au début du stade de lactation. La haute performance est beaucoup plus difficile à décrire, car elle est très hétérogène. Elle comporte tout de même un objectif commun, celui de produire une grande quantité de lait par vache, respectivement par stalle. Les rations sont typiquement constituées d’un mélange de fourrage de base et de concentrés.


Stratégies de haute performance et de pâture intégrale: attitudes des producteurs | Economie agricole

Entretiens de groupe Un entretien de groupe a été organisé pour chacune de ces deux stratégies, puis transcrit et analysé à l’aide de la «grounded theory», une méthode d’analyse systématique de données qualitatives (p. ex. transcriptions d’interviews). Ces données, soit ici les déclarations des membres du groupe, sont codées et catégorisées. Cette démarche sert ultérieurement à développer des réseaux de catégories, dont les relations sont étudiées et vérifiées systématiquement (Strübing 2008). Chaque groupe se composait exclusivement de ­représentants d’une stratégie d’affouragement, soit haute performance:10 participants, le 3 février 2009, et pâture intégrale : 7 participants, le 4 février 2009. Les entretiens furent principalement axés sur les motivations et les attitudes des participants à ce propos. Dans leur perception des stratégies, le groupe «haute performance» s’est révélé hétérogène, tandis que celui de la pâture intégrale était plus homogène. De grandes différences apparaissent dans l’application de ces deux stratégies. Une enquête représentative menée auprès des exploitations laitières de Suisse orientale montre que, dans les régions de plaine, comme Hohenrain, seul un pour-cent des pâturages sont utilisés comme système d’affouragement estival (Gazzarin et al. 2008). Modèle de décision Pour structurer les attitudes observées lors des deux entretiens de groupe, trois niveaux (valeurs, objectifs et stratégies) distinguent le processus de décision. Les valeurs déterminent les objectifs fondamentaux poursuivis à long terme et servent de référence lorsqu’il s’agit de faire des choix. Les valeurs s’expriment dans le contexte social, les normes jouant ici un rôle essentiel. Les objectifs concrets se définissent à partir des valeurs. Enfin, la stratégie s’impose pour atteindre les objectifs. La stratégie d’affouragement ou d’exploitation est ainsi le résultat du processus de décision. Le modèle de décision est schématisé dans la figure 1. Les trois niveaux sont concrétisés à l’aide d’un codage comparatif. Si les stratégies peuvent être définies avec précision, ce n’ est pas le cas des objectifs et surtout des valeurs, car ce sont des dimensions latentes et difficilement saisissables.

Résumé

Méthodes

Deux entretiens de groupe ont été réalisés avec des producteurs de lait afin de connaître leurs motivations et leurs attitudes face à deux stratégies d’affouragement: «haute performance» et «pâture intégrale». Ces entretiens ont été analysés à l’aide de la méthode qualitative fondée sur la «grounded theory» ou entretien en profondeur. L’étude vise à déterminer les facteurs influençant les chefs d’exploitation dans le choix de leur stratégie d’affouragement. Tout en se gardant de généraliser les résultats, cette analyse offre un aperçu des stratégies, motivations et attitudes des acteurs concernés. Des différences notables apparaissent aussi bien dans les stratégies (d’exploitation) que dans les objectifs et les valeurs. Les deux stratégies représentant des philosophies de production fondamentalement différentes, les questions posées aux agriculteurs étaient ciblées en fonction de leur appartenance, soit sur les quantités de lait produites (haute performance), soit sur une production écologiquement efficiente (pâture intégrale). Tandis que les représentants du groupe «haute performance» se considèrent comme des entrepreneurs modernes et s’engagent pour une production laitière axée sur le marché, ceux du groupe «pâture intégrale» accordent une plus grande importance à l’écologie et au bien commun.

Stratégies d’affouragement et d’exploitation L’analyse qualitative révèle, pour les deux groupes, que la structure de l’exploitation, notamment les surfaces disponibles et l’aménagement foncier, sont des facteurs 

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Economie agricole | Stratégies de haute performance et de pâture intégrale: attitudes des producteurs

Figure 1 | Modèle de décision.

déterminants pour la stratégie d’affouragement. Dans une deuxième étape, ils estiment tous que la stratégie d’affouragement découle de leur stratégie d’exploitation. Cette dernière est un concept d’activité économique établi pour une dizaine d’années, selon les chefs d’exploitation. Les deux groupes la considèrent comme une adaptation à l’évolution actuelle et anticipée de la politique agricole et du marché. Pour le groupe «haute performance», la stratégie d’affouragement est principalement dictée par la disponibilité des surfaces. Pour une bonne partie de ce groupe, la pâture intégrale est exclue d’emblée, à cause du manque de pâturages et du site où ils se trouvent. De plus, à part les facteurs déterminant la structure de l’exploitation – surfaces disponibles et emplacement des parcelles – leur plan fourrager doit être adapté à la nature du sol et au relief du terrain. Ils estiment que la structure de l’exploitation restreint considérablement les moyens d’action. L’hétérogénéité des plans fourragers leur paraît une conséquence logique de l’utilisation optimale des diverses structures de l’exploitation. La stratégie d’affouragement vise à produire une quantité optimale de lait en fonction de la disponibilité des facteurs de production. La haute productivité est importante, mais ils ne cherchent pas à maximaliser le rendement laitier. Face à leur perception du contexte politique et économique qui se dégrade de plus en plus – baisse des prix du lait, augmentation des coûts du fourrage et de la construction – la majorité désire augmenter les quantités. Ils réaliseront cet objectif en augmentant le cheptel plutôt que le rendement laitier par vache. Le groupe «pâture intégrale», lui, s’estime moins limité par les surfaces disponibles dans le choix de la stratégie

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d’affouragement. Pour lui, une production peu polluante et efficiente sur le plan énergétique est davantage une question de volonté que de place disponible. La stratégie d’exploitation qu’ils choisissent est principalement motivée par une production respectueuse de l’environnement. La faible structure des coûts est uniquement un corollaire économique de la gestion écologique de l’exploitation. La minimalisation des coûts est toutefois un élément porteur pour une gestion durable de l’exploitation. Mais une telle réduction est aussi dictée par la nécessité de s’adapter au contexte politique et économique. Tout comme le groupe «haute performance», les adeptes de la «pâture intégrale» sont confrontés aux évolutions défavorables du marché et estiment que la baisse des prix de production, et donc la perte de valeur ajoutée qui s’y rapporte, représente un déséquilibre structurel. Les faibles coûts de machines et de fourrage, et le rendement laitier réduit qui va avec, leur permettent de faire face au pouvoir de marché des industries en amont et en aval. Bien que les deux groupes aient la même perception du contexte économique, leurs stratégies d’adaptation se distinguent fondamentalement: le groupe «haute performance» tente de lutter contre la baisse des recettes en augmentant les quantités et en ciblant mieux les intrants, comme les machines ou les fourrages, tandis que le groupe «pâture intégrale» diminue surtout les coûts.

Résultats Objectifs L’économie, l’écologie, le bien-être des animaux et la charge de travail sont des aspects importants à prendre en compte dans les objectifs. Economie et écologie Les représentants de la haute performance placent au premier plan les motivations d’ordre économique. Leur volonté d’optimiser s’allie au désir de produire de grandes quantités. Pour eux, les quantités de lait par heure de travail et la performance de vie de la vache sont les indicateurs d’une gestion fructueuse de l’exploitation. Ils cherchent à maximaliser les quantités de lait par heure de travail par l’automatisation. Le rendement laitier par surface est donc primordial, car ces chefs d’exploitation misent sur un équipement de production fourragère moderne pour générer un rendement maximal sur les surfaces (grandes cultures) disponibles. La modernisation des étables permet d’améliorer la productivité des surfaces, mais également la performance de vie des vaches, élément important puisqu’il traduit un comportement responsable envers les animaux. Par


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contre, une efficience écologique allant au-delà des exigences PER dans la gestion de l’exploitation semble être un facteur de décision peu important, en tout cas pas abordé explicitement. Au contraire, le groupe «pâture intégrale» conçoit la minimalisation systématique des coûts dans le but de rendre la production écologiquement efficiente. Pour ce groupe, les dépenses en éléments nutritifs et les coûts d’énergie par kilogramme de lait, ainsi qu’une production la moins polluante possible, sont des critères de performance. Il estime aussi que les efforts déployés pour économiser des frais d’énergie et de fourrage vont de pair avec une production responsable. En maximisant la part de pâture, il désire minimiser la perte d’éléments nutritifs. La faible structure des coûts est ainsi la conséquence économique de motivations écologiques. Bien-être des animaux Le bien-être des animaux est important pour les deux groupes. Les représentants de la haute performance expliquent que leur choix de moyens de production modernes relève aussi de leur responsabilité envers l’animal. L’utilisation de concentrés et de méthodes de production fourragère modernes garantissent aux animaux l’apport d’une alimentation complète en tout temps. L’affouragement est la condition essentielle de la fertilité et de la longévité des vaches, mais les animaux profitent aussi d’une infrastructure moderne à l’intérieur et autour de l’étable: l’aération, l’espace, les brosses à bétail favorisent le confort et la santé des vaches. Le groupe «pâture intégrale» attribue aussi une grande importance au bien-être des animaux, mais il le favorise par la détention au pâturage. Cette solution englobe de brèves périodes à l’étable, suffisamment de mouvement, une alimentation constituée d’une part maximale de pâture et une mise-bas saisonnière. Durant les grandes chaleurs estivales notamment, les agriculteurs de ce groupe évitent la détention en étable, qu’ils assimilent par ailleurs à un problème de suralimentation et à une production de lait qui n’est pas naturelle. Charge de travail La détention en étable permet au groupe «haute performance» de planifier le travail de façon plus précise et donc d’avoir un meilleur contrôle des ressources. Elle rend aussi l’agriculteur moins dépendant du climat et des influences saisonnières, ce qui lui permet de mieux planifier ses loisirs. L’infrastructure moderne de l’étable atténue aussi la pénibilité du travail. La standardisation et l’automatisation de la production permettent également de confier plus facilement le travail à un remplaçant.

A l’inverse, le stratège de la pâture bénéficie de la saisonnalité de son système. Son année de travail est liée au cycle naturel de reproduction des animaux. La misebas saisonnière et l’interruption de la traite qui l’accompagne permettent de réduire la charge de travail pour un temps. Ces pauses déchargent les gestionnaires de l’exploitation. Pour la famille, l’époque de mise-bas est particulièrement captivante et éveille chez les enfants l’intérêt pour l’agriculture. Les adeptes de la «pâture intégrale» préfèrent un travail très varié, en harmonie avec l’environnement et les ressources naturelles, alors que le groupe «haute performance» cherche à contrôler ces deux derniers facteurs. Valeurs La représentation des valeurs découle, en partie du moins, de l’image que l’on a de soi et de l’autre. Le type de chef d’exploitation que l’on aimerait être influence nettement le choix de la stratégie d’affouragement. L’image de soi apparaît tout particulièrement lorsqu’on se démarque clairement des autres stratégies d’affouragement. Image de soi et image de l’autre Les représentants de la stratégie «haute performance» s’identifient à l’image d’un entrepreneur moderne. Ils se sentent davantage destinés à favoriser une production axée sur le marché qu’à contribuer à une agriculture multifonctionnelle. Pour eux, la rationalité économique ne peut être négligée que si le confort de la vache est en jeu. Ils se démarquent clairement des éleveurs et des représentants de la pâture intégrale. Pour eux, l’orientation économique des «éleveurs» et des «passionnés» serait en premier lieu de bien se classer lors des concours de bétail. Ces objectifs et motivations (réussite de l’élevage et prestige) ne sont guère conciliables avec le principe de rationalité ni avec la tâche par excellence des producteurs de lait. Ici aussi, la différence se marque avec le groupe «pâture intégrale», même si on admet que ce groupe nourrit des visées économiques, les points suivants sont critiqués: (i) la pâture intégrale n’est pas axée sur un haut ­ rendement laitier, et donc ses représentants ­ n’assument qu’imparfaitement leur véritable tâche qu’est la production laitière (ii) la pâture intégrale ne peut pas garantir un ­ affouragement de haute valeur, ce qui n’est pas conforme à une stratégie d’exploitation axée sur le bien-être des animaux (iii) la décision d’opter pour la pâture intégrale est ­ motivée par la perspective d’alléger la charge  de travail.

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Economie agricole | Stratégies de haute performance et de pâture intégrale: attitudes des producteurs

Les praticiens de la pâture intégrale se considèrent comme des producteurs agissant de façon durable. Le petit nombre d’exploitations de pâture intégrale et leur contribution plutôt modeste dans l’acquisition d’intrants, les font considérer leur rôle comme marginal, même s’ils reconnaissent que leur stratégie d’exploitation est la meilleure solution pour le bien commun et l’agriculture multifonctionnelle. Sur ce point, le groupe «pâture intégrale» est tout aussi critique sur la production laitière ultra-intensive. A leur avis, cette production est écologiquement inefficiente en raison de la surmécanisation et de l’affouragement intensif. L’inefficience écologique serait due en outre aux causes suivantes: (I) l’ambition du prestige qui conduit à surdimension- ner les parcs à machines (II) le marketing et les conseils de l’industrie en amont qui présentent la stratégie de haute performance comme l’unique voie à suivre. Orientation des valeurs des deux groupes En supposant que l’identité des groupes repose sur plusieurs valeurs, celles-ci peuvent être définies à l’aide des deux entretiens. Les deux groupes ont été invités à s’exprimer sur trois valeurs, en sachant qu’il ne s’agit pas de données quantifiées, mais uniquement d’hypothèses méritant d’être vérifiées, dans le but de différencier les deux groupes dans leur manière de structurer les valeurs. Deux des valeurs contiennent chaque fois deux éléments opposés. Alors que, chez le groupe «pâture intégrale», les valeurs «Orientation vers le bien commun», «Confiance/ Laisser-faire», et «Autodétermination/Réflexion» figurent au premier rang, le groupe «haute performance» privilégie «Orientation vers la réussite», «Contrôles/Certitude» et «Conformité/Adaptation» (tabl. 1). Le groupe pâture intégrale accorde beaucoup plus d’importance à la contribution au bien commun. Sa stratégie d’affouragement est largement axée sur les effets

Tableau 1 | Orientation hypothétique des valeurs des deux groupes Stratégies d’approche face aux …

Haute performance

Pâture intégrale

Intérêts personnels et intérêts généraux

Orientation vers la réussite

Orientation vers le bien commun

Contrôles/ Certitude

Confiance/ Laisser-faire

Conformité/ Adaptation

Autodétermination/ Réflexion

Incertitudes Attentes

Remarque: la répartition de ces orientations de valeurs ainsi que leur rapport avec les stratégies sont purement hypothétiques.

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Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 326–333, 2010

externes qu’elle produit. En renonçant à une utilisation intense de concentrés, ils compriment les coûts sociaux et écologiques (émissions dues au transport des fourrages, utilisation des grandes cultures et pertes d’éléments nutritifs pour la production fourragère). En outre, leurs vaches au pâturage (au lieu d’être détenues en étable) donnent au public une image positive de l’agriculture. Le groupe «haute performance», par contre, ne met guère l’accent sur sa contribution au bien commun. Pour lui, le rendement économique de l‘exploitation est au premier plan, ce qui indique une orientation vers la réussite. L’entretien montre que le groupe «haute performance» favorise la détention en étable, car elle permet de mieux contrôler les facteurs environnementaux et de mieux planifier le travail. Leur prédilection pour la mécanisation et les processus de travail structurés traduit leur besoin d’exercer un contrôle – au moins pour les moyens de production. Les réserves de fourrage leur assurent de plus d’avoir un volume suffisant en tout temps. A l’opposé, la pâture intégrale représente certainement une stratégie permettant de moins intervenir dans la nature. Les chefs de ce type d’exploitation adaptent plutôt leur production aux conditions naturelles. Pour eux, la pâture intégrale est en harmonie avec la nature. Leur rapport avec l’environnement correspond donc à une notion de confiance ou de laisser-faire. Le groupe «haute performance» est beaucoup plus disposé à adopter un comportement conforme aux normes ou aux attentes. Si, pour les producteurs de lait, la haute productivité et une infrastructure moderne représentent effectivement un idéal, la stratégie de haute performance est la mieux appropriée pour remplir ces exigences. Inversement, il semblerait que l’autodétermination ou l’autonomie soit plus importante pour le groupe «pâture intégrale», qui n’hésite pas à suivre une stratégie non conventionnelle, moins prestigieuse et plus éloignée des voies tracées par l’industrie. Cela laisse supposer que les adeptes de la pâture intégrale sont davantage disposés à adopter un comportement moins normatif. Autres résultats Les deux entretiens montrent clairement que les producteurs de lait sont confrontés à de grandes incertitudes, principalement sur l’évolution du prix du lait et les changements du système des paiements directs. Les décisions en matière de stratégie sont aussi influencées par le milieu. Les représentants du groupe «pâture intégrale» se sont spécialement exprimés à propos des normes régissant le milieu agricole, critiquant


Foto: Iris Pulfer

Stratégies de haute performance et de pâture intégrale: attitudes des producteurs | Economie agricole

L'affouragement à l'étable.

notamment le rôle de l’industrie en amont, qui cherche à faire croire que la haute performance est l’unique stratégie possible. En outre, ce groupe se sent en minorité à cause de son faible effectif, mais aussi parce qu’il investit moins dans des moyens de production modernes, souvent acquis pour des raisons de prestige.

Perspectives et conclusions Les deux entretiens de groupe ont été analysés à l’aide de la «grounded theorie», une méthode d’analyse systématique de données qualitatives. Les résultats font apparaître des différences considérables sur les trois niveaux étudiés: stratégies, objectifs et valeurs, avec deux philosophies de production complètement différentes, l’une axée sur les quantités de lait produit et l’autre sur une production écologiquement efficiente.

Encadré 1 | Comparaison des systèmes de production laitière à Hohenrain Partenaires du projet: Centre de formation professionnelle Nature et Alimentation (BBZN), Hohenrain/Schlüpfheim, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Association pour le développement de la culture fourragère (ADCF), Division agriculture et forêt du canton de Lucerne (lawa), Profi-Lait, Producteurs Suisses de Lait (PSL), Haute école suisse d’agriculture (HESA) Zollikofen, Zentral­ schweizer Milchproduzenten (ZMP), Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART. Pour en savoir plus: www.beruf.lu.ch/bbzn_lw_pv_milchprojekt_hohenrain.htm

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331


Economie agricole | Stratégies de haute performance et de pâture intégrale: attitudes des producteurs

Les deux groupes s’accordent à reconnaître que différents objectifs sont à poursuivre en même temps: en plus des critères économiques et écologiques, le bienêtre des animaux et une charge de travail acceptable sont des facteurs importants pour choisir leur stratégie d’affouragement – c’est dire toute la complexité de la gestion de l’exploitation. Dès lors, les comportements économiques de maximalisation sont soumis à certaines limites; en d’autres termes, les producteurs de lait ne choisissent pas obligatoirement la stratégie d’affou­ ragement la plus intéressante au point du vue économique. Ils préfèrent trouver celle qui correspond le mieux aux préférences personnelles pour le gain, les quantités de lait, la protection de l’environnement et des animaux. Ils se rallient ici à la théorie des choix rationnels (Rational Choice Theorie) selon laquelle leurs intérêts, préférences, motivations et désirs sont à la clé de telle ou telle option d’action (Kunz 2004). Mais il est aussi évident que l’évolution du prix du lait et des paiements directs est source de profondes incertitudes pour les chefs d’exploitation, surtout lorsque leurs stratégies d’exploitation ou d’affouragement sont engagées à long terme.

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Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 326–333, 2010

Les résultats de ce travail n’étant fondés que sur deux entretiens de groupe, ils sont de nature purement exploratoire et ne sauraient être généralisés. Néanmoins, cette étude donne un aperçu des attitudes et des raisons motivant les chefs d’exploitation dans leurs décisions. A l’étape suivante, une enquête représentative standardisée permettra d’examiner les différences perçues. Les attentes de la société vis-à-vis des producteurs de lait constituent un aspect à ne pas négliger. Il convient aussi de dresser le bilan des valeurs, ce qui est réalisable en passant par l’approche de Schwartz (1994). Selon les résultats donnés ici, le groupe «haute performance» serait davantage attaché aux valeurs telles que la tradition, la certitude et le pouvoir, tandis que le groupe «pâture intégrale» accorderait plus d’importance à la bienveillance, à l’autodétermination et au bien commun. Si l’on admet que ces valeurs alimentent les motifs d’action, les différences observées dans les procédés de production laitière et dans les attitudes et opinions qui les accompagnent pourraient alors trouver n une explication.


Due colloqui, condotti con gruppi di produttori lattieri sulle loro motivazioni e posizioni relative alle strategie di foraggiamento «alta prestazione» e «pascolo integrale», sono stati valutati in base alla procedura qualitativa della «grounded theory». Lo studio mira a determinare i fattori che dettano la scelta del capoazienda per quanto concerne la strategia di foraggiamento. Sebbene non sia possibile generalizzare i risultati, l'analisi permette di farsi un'idea delle strategie, motivazioni e posizioni degli interessati. Emergono nette differenze a livello sia di strategie (aziendali) che di obiettivi e valori. Le due strategie di foraggiamento sono rappresentative di due filosofie di produzione fondamentalmente diverse, basate una (alta prestazione) sul quantitativo di latte prodotto e l'altra (pascolo integrale) su una produzione ecoefficiente. I produttori del gruppo orientato all'alta prestazione si vedono come imprenditori moderni e si impegnano per una produzione lattiera indirizzata al mercato, mentre i fautori del pascolo integrale danno maggior importanza all'ecologia e al benessere sociale.

Summary

Riassunto

Stratégies de haute performance et de pâture intégrale: attitudes des producteurs | Economie agricole

Attitudes to strategies of high-output and full-time grazing Two focus group discussions were conducted with milk producers about their motives and attitudes to both «high output» and«full-time grazing» feeding strategies and analyzed through grounded theory qualitative method. The study was designed to determine the factors which guide farm managers in their choice of feeding strategy. Although the analysis gives an insight of the strategies, motives and attitudes of the farm ­managers involved, results cannot be generalized. Considerable differences appeared at farm strategy level as well as in aims and values. The two feeding strategies are representative of two fundamentally different production philosophies which, in the view of the farmers interviewed, focus on the quantity of milk produced (high output) on the one hand, and ecologically efficient production (full-time grazing) on the other. Whereas the high-output group sees itself as modern businessmen and is committed to market-oriented milk production, environment and common welfare are more important for the full-time grazing group. Key words: focus-group, decision making, attitudes, milk production.

Bibliographie ▪▪ Gazzarin Ch., Bloch L., Schneitter O. & Lips M., 2008. Wie reagieren ­Verkehrsmilchbetriebe auf die aktuellen Herausforderungen? Eine re­ präsentative Umfrage in der Ostschweiz vor Aufhebung der Milch­ kontingentierung. ART-Bericht n° 698, Ettenhausen. ▪▪ Kunz V., 2004. Rational Choice. Campus, Frankfurt. ▪▪ Schwartz S. H., 1994. Are there universal aspects in the content and structure of values? Journal of Social Issues 50, 19 – 45. ▪▪ Strübing J., 2008. Grounded Theory: Zur sozialtheoretischen und epistemologischen Fundierung des Verfahrens der empirisch begründeten Theoriebildung. 2. Auflage. VS Verlag für Sozialwissenschaften, Wiesbaden.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Essais de variétés de ray-grass hybride et de vulpin des prés (2007 – 2009)

Photo: ACW

Rainer Frick et Eric Mosimann, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Daniel Suter et Hansueli Hirschi, Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zürich Renseignements: Rainer Frick, e-mail: rainer.frick@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 46 87

Figure 1 | Le ray-grass hybride, issu du croisement entre ray-grass d’Italie et anglais, ressemble plus à l’un ou l’autre des géniteurs ­s elon ses origines.

Introduction Les ray-grass hybride (Lolium x hybridum Hausskn.) et d’Italie (Lolium multiflorum lam.) sont des graminées fourragères à croissance rapide, concurrentielles et de bonne valeur nutritive. Associés au trèfle violet pour le semis de prairies de courte durée (un à deux hivernages),

334

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 334–339, 2010

ils sont récoltés pour l’affouragement en vert et l’ensilage. En conditions optimales de sol et de climat, ces mélanges produisent les plus grandes quantités de matière sèche. En raison de leur croissance rapide, ils peuvent être fauchés à la fin avril déjà. Toutefois, leur potentiel de rendement annuel est meilleur avec une première coupe effectuée début mai. De plus, à cette époque et peu avant l’épiaison, les teneurs en sucre des ray-grass sont maximales. Le ray-grass hybride est issu du croisement entre les ray-grass d’Italie et anglais (Lolium perenne L.). Les sélectionneurs s’efforcent de combiner les caractéristiques positives des deux espèces. Selon l’origine des géniteurs, les variétés ainsi obtenues ressemblent davantage à l’un ou à l’autre des parents. Un objectif est notamment de combiner la taille élevée du ray-grass d’Italie avec la forte capacité de tallage du ray-grass anglais. Le ray-grass hybride, comme celui d’Italie, est très sensible à deux maladies pouvant occasionner d’importants dégâts: le flétrissement bactérien et la pourriture des neiges. Les essais précédents ont révélé toutefois qu’il existe des différences significatives de sensibilité entre les variétés (Suter et al. 2005). La résistance à ces deux pathogènes est un but de sélection prioritaire pour assurer un bon niveau de rendement et la persistance de la prairie. Enfin, les exigences en température du raygrass hybride sont inférieures à celle du ray-grass d’Italie. Le vulpin des prés (Alopecurus pratensis L.) est destiné à l’ensemencement des prairies de longue durée dans les situations défavorables aux ray-grass, en particulier en conditions de revers. Cette graminée apprécie les sols bien fertilisés et prospère bien en conditions ­climatiques fraîches et humides. Elle supporte très bien les hivers rigoureux et une longue période d’enneigement. Riches en protéines, les jeunes pousses ont une très bonne valeur nutritive. Comme la pousse printanière se lignifie rapidement, il doit être rapidement ­utilisé. Très précoce, il épie généralement un mois avant la plupart des autres graminées.


Essais de variétés de ray-grass hybride et de vulpin des prés (2007 – 2009) | Production végétale

Résumé

Matériel et méthodes De 2007 à 2009, les Stations de recherche Agroscope ACW et ART ont examiné 29 variétés de ray-grass hybride et 8 variétés de vulpin des prés dans diverses conditions de culture en Suisse. Les essais de comparaison des cultures pures ont eu lieu dans cinq lieux. Pour évaluer leur force de concurrence, les variétés ont également été semées en association avec des trèfles blanc et violet. La taille des parcelles était de 1,5 m x 6 m. En plus d’une fumure de fond, les cultures pures ont reçu à chaque pousse un apport de 40 à 50 kg N/ha sous la forme de nitrate d’ammonium. Ces quantités ont été réduites de moitié sur les associations avec le trèfle. Le tableau 1 précise les caractéristiques des cinq lieux et le mode de conduite des essais. Au cours des trois années d’essais, les cultures pures ont été notées selon les critères suivants : vitesse de levée du semis, aspect général (densité et vitesse de croissance), résistance aux maladies du feuillage et au flétrissement bactérien, capacité d’hivernage, ainsi que persistance. L’aptitude aux conditions d’altitude élevée a également été prise en compte pour l’examen des variétés de vulpin des prés. Les notations ont été faites selon une échelle de 1 à 9, 1 étant la meilleure note et 9 la moins bonne. Les récoltes ont été pesées et les rendements annuels en matière sèche convertis en notes de 1 à 9 par un traitement statistique. La détermination des valeurs de digestibilité de la matière organique (MOD) a été réalisée sur des échantillons prélevés à Reckenholz en 2009 lors des trois premières pousses et analysés par spectrométrie du rayonnement proche de l’infra-rouge 

La valeur agronomique et culturale de 29 variétés de ray-grass hybride et 8 variétés de vulpin des prés a été évaluée de 2007 à 2009. Les semis ont été réalisés en cultures pures et en associations simples avec du trèfle. Les caractéristiques suivantes ont été prises en compte: rendement en matière sèche, vitesse d’installation, aspect général, force de concurrence, persistance, résistance aux maladies et digestibilité de la matière organique, ainsi que l’aptitude à la culture en altitude des variétés de vulpin des prés. Quatre nouvelles obtentions de ray-grass hybride, Palmata (LH 9925), Daboya (LH 9865), Ocadia (LH 0105) et LH 9905, ont obtenu des résultats supérieurs à la moyenne. Seules les trois premières sont inscrites dans la «Liste des variétés recommandées de plantes fourragères», compte tenu du fait que LH 9905 ne remplit actuellement pas les conditions légales requises pour une commercialisation. L’ancienne variété recommandée Delicial, quant à elle, sera retirée de l’assortiment. Les résultats pour le vulpin des prés ne permettent pas de recommander de nouvelles variétés. Le seul changement concerne le retrait de la variété Vulpera qui, après 20 ans d’inscription dans la Liste, a montré des performances insuffisantes dans ces essais.

Tableau 1 | Caractéristiques des essais variétaux de ray-grass hybride et de vulpin des prés 2007 – 2009 Ray-grass hybride Lieu (canton)

Altitude (m)

Date de semis

Nombre de répétitions

Vulpin des prés

Nombre de coupes pesées

Nombre de répétitions

Nombre de coupes pesées

pur 1

mélange 2

2008

2009

pur 3

mélange 4

2008

2009

4*

2

4

2

1*

Changins (VD)

430

12.4.2007

Reckenholz (ZH)

440

12.4.2007

4

5

5

4

3

5

5

Oensingen (SO)

460

11.4.2007

4

3

5

5

4

3

5

5

Ellighausen (TG)

520

12.4.2007

4

5

5

4

5

5

Goumoens (VD)

630

16.4.2007

3

2

4

4

La Frêtaz (VD)

1200

18.4.2007

3

3

3

3

Maran (GR)

1850

23.5.2007

3

* une répétition pour la détermination de l'indice de précocité 1 culture pure: 230 g/are ray-grass hybride (variété témoin pour la densité de semis: «Antilope») 2 culture en mélange: 200 g/are ray-grass hybride (variété témoin pour la densité de semis: «Antilope») + 150 g/are trèfle violet "Temara" 3 culture pure: 150 g/are vulpin des prés (variété témoin pour la densité de semis: «Vulpera») 4 culture en mélange: 100 g/are vulpin des prés (variété témoin pour la densité de semis: «Vulpera») + 10 g/are trèfle violet «Merviot» + 25 g/are trèfle blanc «Seminole» + 15 g/are trèfle blanc «Sonja»

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 334–339, 2010

335


Production végétale | Essais de variétés de ray-grass hybride et de vulpin des prés (2007 – 2009)

Tableau 2 | Essais variétaux de ray-grass hybride: provenance, indice de précocité et classement des variétés testées Indice de précocité 2

Sorte

Type 1

Ploïdie

Requérant, pays

Classement 3

1

Leonis

IR/ER

4n

DSP/ART, CH

52b

1

2

Marmota

ER

4n

DSP/ART, CH

52b

1

3

Dorcas

IR/ER

4n

DSP/ART, CH

53a

1

4

Redunca

IR

4n

DSP/ART, CH

53a

1

5

Enduro

ER

4n

R2n, FR

52b

1

6

Antilope

IR/ER

4n

DSP/ART, CH

52b

1

7

Ibex

IR

4n

DSP/ART, CH

53a

1

8

Rusa

IR/ER

4n

DSP/ART, CH

52b

1

9

Tirna

IR/ER

4n

DLF-Trifolium, DK

53b

1

10

Delicial

IR/ER

4n

R2n, FR

52b

11

Palmata (LH 9925)

ER

4n

DSP/ART, CH

52a

12

Daboya (LH 9865)

IR/ER

4n

DSP/ART, CH

52b

1

13

LH 9905

ER

4n

DSP/ART, CH

52a

1*

14

Ocadia (LH 0105)

IR/ER

4n

DSP/ART, CH

52a

1

15

TRHP 223

IR/ER

4n

R2n, FR

52a

3

16

AberEcho (bAB 567)

ER

4n

Germinal Holdings, GB

53a

3

17

Novial (TRHP 176)

ER

4n

R2n, FR

52b

3

18

ADV LH 519

IR/ER

4n

DLF-Trifolium, DK

53b

3

19

ADV LH 518

IR/ER

4n

DLF-Trifolium, DK

53a

3

20

Saracen (DP 40 – 9711)

ER

4n

DLF Trifolium, DK

53b

21

DP 40 – 9407

ER

4n

Životice, CZ

53a

4

22

DP 40 – 4565

ER

4n

DLF-Trifolium, DK

53a

4

23

Pletor

IR/ER

2n

Eraf, FR

53a

4

2/3 1

4

24

DP 40 – 9703

ER

2n

DLF-Trifolium, DK

53b

4

25

Cador

IR/ER

2n

DLF-Trifolium, DK

53b

4

26

Antal

ER

2n

Eraf, FR

53b

4

27

LHF 021072

ER

4n

EURO GRASS, DE

53b

4

28

Gala

IR

4n

IHAR Bartążek, PL

53a

4

29

Mega

IR

4n

IHAR Bartążek, PL

53b

4

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. 1 Type: IR = type multiflorum, IR/ER = type intermédiaire, ER = type perenne 2 Indice de précocité: période à laquelle débute l'épiaison. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début; b = fin). 3 Classement (sur la base des résultats des essais): 1 = variété recommandée en Suisse 1* = ne peut être recommandée qu'après avoir rempli les exigences légales pour la commercialisation en Suisse (voir Ordonnance du DFE sur les semences et plants RS 916.151.1) 2/3 = ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1.1.2013 3 = variété moyenne, sans caractéristiques particulièrement intéressantes 4 = variété ne convenant pas à la culture en Suisse

(NIRS, Norris et al. 1976). L’étalonnage a été effectué sur base de la méthode in vitro selon Tilley et Terry (1963). De même que pour le rendement, les valeurs de MOD mesurées en g/kg MS ont été converties en notes de 1 à 9. La force de concurrence a été déterminée en évaluant la part des trèfles dans les associations. A Changins, ­l’indice de précocité a été déterminé par des obser­ vations phénologiques au printemps, en deuxième et ­troisième année.

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Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 334–339, 2010

Pour le classement des variétés, toutes les notations ont été prises en compte sous la forme d’un indice global. Certaines caractéristiques ont un poids plus important dans cette évaluation finale. Ainsi, les notes de rendement, d’aspect général, de force de concurrence, de persistance, d’aptitude aux conditions hivernales et de résistance au flétrissement bactérien comptent double pour le ray-grass hybride. Pour le vulpin des prés, il s’agit du rendement, de l’aspect général, de la résistance aux


Essais de variétés de ray-grass hybride et de vulpin des prés (2007 – 2009) | Production végétale

Tableau 3 | Résultats des essais variétaux de ray-grass hybride 2007 – 2009

Variété

Rendement 1 *

Aspect général*

Vitesse d'installation

Force de concurrence*

Persistance*

1

Leonis

2,8

4,6

4,2

4,7

5,0

2

Marmota

3,9

4,8

4,3

4,7

3

Dorcas

4,8

4,4

3,6

4,3

4

Redunca

4,5

4,5

3,4

5

Enduro

4,4

4,8

4,7

6

Antilope

4,8

4,5

3,7

4,4

7

Ibex

3,8

4,6

3,4

4,4

8

Rusa

3,4

4,5

4,4

9

Tirna

5,5

4,7

10

Delicial

5,1

5,2

Moyenne des témoins

4,3

4,7

11

3,8

4,0

Palmata (LH 9925)

Résistance/tolérance: Conditions hivernales*

Maladies foliaires

Flétrissement bactérien*

MOD2

Indice

4,7

2,8

2,2

6,0

4,06

4,7

5,1

3,3

1,6

5,3

4,17

5,1

4,9

3,0

2,3

4,7

4,18

4,7

5,3

4,4

3,3

2,3

5,3

4,21

4,8

5,1

5,6

3,2

1,8

3,3

4,29

5,5

4,7

3,3

2,2

5,3

4,30

5,5

4,9

3,4

2,4

7,3

4,35

5,3

5,0

5,3

3,5

2,1

6,3

4,35

3,7

4,8

5,0

5,2

3,4

2,8

3,7

4,45

4,2

5,7

5,1

6,1

3,3

2,5

4,0

4,72

4,0

4,8

5,1

5,1

3,2

2,2

5,1

4,31

3,4

4,6

4,3

5,0

2,8

1,4

7,0

3,95

12

Daboya (LH 9865)

2,1

4,4

3,8

5,3

5,1

4,9

3,0

2,1

4,7

3,97

13

LH 9905

4,0

4,1

4,0

5,0

4,4

4,9

3,3

1,5

4,7

3,99

14

Ocadia (LH 0105)

3,5

4,4

3,9

4,7

4,7

5,4

3,1

1,5

5,0

4,03

15

TRHP 223

3,5

4,8

4,0

5,3

5,2

5,4

2,9

2,4

4,0

4,29

16

AberEcho (bAB 567)

4,6

5,0

3,9

4,6

5,9

5,4

5,0

2,3

2,7

4,47

17

Novial (TRHP 176)

4,4

5,0

4,5

4,8

5,1

5,6

3,1

2,5

5,0

4,47

18

ADV LH 519

5,9

4,9

3,8

5,5

5,9

5,3

3,6

2,0

4,7

4,72

19

ADV LH 518

5,4

5,1

4,3

5,7

5,9

5,4

4,0

2,2

4,0

4,76

20

Saracen (DP 40 – 9711)

6,0

5,1

4,7

5,3

5,1

5,9

3,6

2,7

3,7

4,80

21

DP 40 – 9407

6,1

5,1

4,5

5,0

5,4

5,7

4,5

2,6

5,0

4,95 5,02

22

DP 40 – 4565

6,8

5,3

3,8

4,7

5,7

6,1

3,4

3,2

4,7

23

Pletor

6,6

5,3

3,9

5,0

6,1

5,5

3,3

4,0

5,0

5,16

24

DP 40 – 9703

7,4

5,2

4,6

5,3

5,9

6,4

4,8

2,3

5,0

5,29

25

Cador

6,8

5,4

3,7

4,9

6,5

6,1

3,8

4,1

5,7

5,37

26

Antal

6,5

5,5

3,6

5,7

6,2

6,1

3,4

3,9

6,0

5,37

27

LHF 021072

7,1

5,8

4,1

6,4

6,5

5,9

3,0

4,8

2,7

5,52

28

Gala

8,3

7,0

3,8

5,1

8,4

6,4

4,2

5,7

5,0

6,32

29

Mega

8,0

7,0

3,9

5,6

8,2

6,3

4,0

6,3

5,7

6,42

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins) * Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice Notes : 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais 1 Notes de rendement des 4 lieux avec 4 à 5 coupes pesées en 2008 et avec 2 à 5 coupes pesées en 2009 2 MOD = matière organique digestible: moyenne de 3 prélèvements en 2008 à Reckenholz

maladies foliaires et de la digestibilité de la matière organique. Une nouvelle variété est recommandée si sa valeur d’indice globale est de 0,2 meilleure que la moyenne des variétés témoins, anciennement inscrites à la Liste des variétés recommandées de plantes fourragères. Une ancienne variété est éliminée si son indice global est de 0,2 points supérieur à la moyenne des témoins. De plus, une variété est écartée si sa note pour l’une des caractéristiques s’écarte positivement de 1,5 points de la moyenne.

Résultats Ray-grass hybride: trois nouvelles variétés recommandées Les 29 variétés testées sont décrites dans le tableau 2 par leur forme de croissance, leur degré de ploïdie et leur indice de précocité. Les dix premières sont les variétés témoins déjà recommandées sur la base des essais antérieurs et les autres sont des obtentions plus récentes. Les résultats (tabl. 3) permettent de recommander trois nouvelles variétés: Palmata (LH 9925), Daboya (LH 9865) et 

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 334–339, 2010

337


Production végétale | Essais de variétés de ray-grass hybride et de vulpin des prés (2007 – 2009)

aspect général et leur grande persistance. De même que Ocadia, elles se sont en outre révélées très résistantes au flétrissement bactérien. La force de concurrence de Daboya et de LH 9905 n’a cependant pas atteint le niveau des autres nouvelles obtentions recommandées. La digestibilité de la matière organique de Palmata n’était guère meilleure que celle du témoin Ibex. Enfin, l’ancienne variété recommandée Delicial sera retirée de l’assortiment dès 2012, en raison de notes insuffisantes pour la plupart des critères examinés.

Tableau 4 | Essais variétaux de vulpin des prés: provenance, indice de précocité et classement des variétés testées Variété

Requérant, pays

Requérant, pays 1

1

Alopex

DSP/ART, CH

42b

1

2

Alko

SZ-Steinach, DE

42b

1

3

Vulpera

DSP, CH

42b

4

Alpha

SZ-Steinach, DE

42b

3

5

Zuberska

OSEVA Pro, CZ

42a

3

6

Vulpina

Životice, CZ

42a

3

7

Gufi

HBLFA, AT

43a

3

8

AP 0305

DSP/ART, CH

43b

Classement 2

2/3*

Vulpin des prés: aucune nouvelle recommandation Aucune des cinq nouvelles obtentions de vulpin des prés testées n’a donné une valeur d’indice global justifiant son inscription à l’assortiment (tabl. 4 et 5). Bien que parfois supérieures pour l’un ou l’autre des critères d’évaluation, elles ne présentent pas d’amélioration générale par rapport aux anciennes variétés. Inscrite en Suisse

4

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. 1 Indice de précocité: période à laquelle débute l'épiaison. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début; b = fin). 2 Classement (sur la base des résultats des essais): 1 = variété recommandée en Suisse 2/3* = ancienne variété recommandée probablement déclassée en vue d'une ­ radiation dès le 1.1.2013. Décision sera reévaluée en automne 2011, sur la base du marché des semences de vulpin des prés. 3 = variété moyenne, sans caractéristiques particulièrement intéressantes 4 = variété ne convenant pas à la culture en Suisse

Ocadia (LH 0105). LH 9905 remplit également les conditions pour être inscrite dans la Liste des variétés recommandées. Du fait qu’elle ne satisfait pas encore les exigences légales définies par l’Ordonnance du DFE sur les semences et plants pour une commercialisation, elle ne peut pas être recommandée pour l’instant. Chacune de ces nouvelles variétés obtient une meilleure valeur d’indice global que la meilleure des variétés témoins, ce qui illustre les progrès considérables accomplis dans la sélection du ray-grass hybride. Daboya a produit des rendements largement supérieurs à celui des autres variétés. Palmata et LH 9905 se sont distinguées par leur bon

Photo: ACW

Figure 2 | Le vulpin des prés est très précoce et devrait être utilisé tôt au printemps.

Tableau 5 | Résultats des essais variétaux de vulpin des prés 2007 – 2009

Variété

Rendement 1*

Aspect général*

Vitesse d'installation

Force de concurrence

Persistance

Résistance aux maladies foliaires*

MOD 2*

Adaptation à l'altitude

Indice

1

Alopex

4,9

3,0

3,6

2,7

2,5

2,8

4,3

3,3

3,50

2

Alko

4,6

3,4

3,8

3,2

3,1

3,1

4,7

3,4

3,75

3

Vulpera

5,6

3,1

3,6

2,5

2,9

3,6

6,3

3,6

4,16

5,0

3,1

3,6

2,8

2,8

3,2

5,1

3,4

3,80

Alpha

5,0

3,9

4,5

3,3

3,3

2,5

4,0

3,3

3,77

5

Zuberska

4,6

3,8

4,3

3,2

3,6

2,7

4,7

3,6

3,86

6

Vulpina

4,1

3,4

3,5

3,1

3,1

4,2

5,0

3,3

3,87

7

Gufi

6,3

3,5

3,2

3,3

2,8

3,5

4,0

4,0

3,98

8

AP 0305

5,3

3,1

4,0

2,8

2,9

3,3

7,3

3,8

4,29

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins). * Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice. Notes : 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais. 1 Notes de rendement des 4 lieux avec 4 à 5 coupes pesées en 2008 et 4 à 5 coupes pesées en 2009. 2 MOD = matière organique digestible: moyenne de 3 prélèvements en 2008 à Reckenholz.

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Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 334–339, 2010

Foto: G. Brändle, ART

Moyenne des témoins 4


Essais de variétés de ray-grass hybride et de vulpin des prés (2007 – 2009) | Production végétale

Loglio ibrido e coda di volpe comune: prove varietali dal 2007 al 2009 Dal 2007 al 2009 è stato esaminato il valore agronomico e colturale di ventinove varietà di loglio ibrido e otto varietà di coda di volpe comune. Le semine sono state realizzate in colture pura e in associazione con del trifoglio. Sono state prese in considerazione le seguenti caratteristiche: resa in materia secca, rapidità di copertura del suolo, aspetto generale, forza di concorrenza, persistenza, resistenza alle malattie, e digeribilità della materia organica. Inoltre per la coda di volpe comune è stata valutata l’idoneità alla coltivazione in altitudine. Per il loglio ibrido le quattro nuove varietà Palmata (LH 9925), Daboya (LH 9865), Ocadia (LH 0105) e LH 9905 hanno ottenuto risultati superiori alla media. Solo le prime tre sono iscritte nella lista delle varietà foraggere consigliate, in quanto LH 9905 al momento non soddisfa i presupposti giuridici per la commercializzazione. La vecchia varietà Delicial, iscritta nella lista, sarà stralciata. I risultati ottenuti dalle varietà di coda di volpe non permettono la loro iscrizione nel catalogo ufficiale. L’unica modifica riguarda la nota varietà Vulpera che ha ottenuto risultati insufficienti e, dopo essere stata presente per 20 anni nella lista delle varietà consigliate, sarà stralciata.

Bibliographie ▪▪ Dietl W., Lehmann J. & Jorquera M., 1998. Wiesengräser. Landwirtschaftliche Lehrmittelzentrale LmZ, Zollikofen, 191 p. ▪▪ Frick. R., Jeangros B., Bertossa M., Suter D., Hirschi H. U. & Briner H. U., 2008. Liste 2009 – 2010 des variétés recommandées de plantes fourragères. Revue suisse Agric. 40 (5), I–VIII. ▪▪ Mosimann E., Frick R., Suter D. & Rosenberg E., 2008. Mélanges standard pour la production fourragère. Révision 2009–2012. Revue Suisse Agric . 40 (5), 1–12.

nible. Une décision sera prise en automne 2011 concernant une prolongation possible du délai de retrait de Vulpera, afin d’assurer un approvisionnement suffisant en semences de vulpin des prés. n

Summary

Riassunto

depuis plus de 20 ans, Vulpera n’a pas obtenu un indice global satisfaisant et doit être retirée dès 2012 de la Liste des variétés recommandées. Pour lui succéder, la nouvelle variété Alopex n’est cependant pas encore dispo-

Varietal tests of hybrid ryegrass and meadow foxtail (2007 – 2009) From 2007 through 2009 the Agroscope Reckenholz-Tänikon ART and Agroscope Changins-Wädenswil ACW research stations tested in total 29 varieties of hybrid ryegrass and 8 varieties of meadow foxtail in comparative variety trials at five locations. All varieties were grown in pure stands and in mixture with clover. The parameters assessed were forage yield, juvenile development, vigour, competitive ability, persistence, resistance to diseases and digestibility of organic matter, as well as adaptation to higher altitudes for meadow foxtail. Four new breeds of hybrid ryegrass attained extraordinary results in comparison to the standard: Palmata (LH 9925), Daboya (LH 9865), Ocadia (LH 0105) and LH 9905. For the moment, only the three former will be added to the «List of recommended Varieties of Forage Plants», because LH 9905 is not eligible for trade in Switzerland yet. The formerly recommended variety Delicial will be crossed off the list. Concerning meadow foxtail, there was no change as none of the new varieties tested reached the index-value required for recommendation. The formerly recommended variety Vulpera will be removed from the list. Key words: Lolium hybridum, Alopecurus pratensis, hybrid ryegrass, meadow foxtail, variety testing, yield, disease resistance.

▪▪ Norris K. H., Barnes R. F., Moore J. E. & Shenk J. S., 1976. Predicting forage quality by infrared reflectance spectroscopy. Journal of Animal Science 43, 889–897. ▪▪ Suter D., Briner H. U., Mosimann E., Jeangros B & Stévenin L., 2005. Sortenversuche mit Italienischem und Bastard-Raigras. Agrarforschung 12 (6), 242 – 247. ▪▪ Tilley J. & Terry R., 1963. A two stage technique for the in vitro digestion of forage crops. Journal of the British Grassland Society 18, 104–111.

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339


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Les nématodes de quarantaine dans les cultures maraîchères suisses Reinhard Eder1, Irma Roth1, Catherine Terrettaz2 et Sebastian Kiewnick1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil 2 Département des finances, de l’agriculture et des affaires extérieures, Service de l’agriculture, 1951 Châteauneuf Renseignements: Reinhard Eder, e-mail: reinhard.eder@acw.admin.ch, tél. +41 44 783 63 37

Photo: ACW

1

Racines de salade infestées par le nématode à galles Meloidogyne fallax.

Introduction Les nématodes à galles (Meloidogyne spp.) sont d’importants ravageurs des cultures maraîchères suisses qui peuvent provoquer chaque année de sérieux dégâts et occasionner des pertes de rendement. En Suisse, il s’agit le plus souvent de l’espèce de type septentrional Meloidogyne hapla, présente aussi bien dans les cultures en pleine terre que dans les cultures sous abri. Les espèces M. incognita, M. arenaria et M. javanica,

340

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 340–345, 2010

originaires des régions tropicales et subtropicales, ne prolifèrent en revanche que dans les serres ou les ­tunnels chauffés. En 2002, lors de prélèvements de ­routine, la présence du nématode de quarantaine Meloidogyne chitwoodi a été décelée pour la première fois dans un échantillon provenant d’une serre du canton du Valais. Suite à cette découverte, de 2002 à 2006, des contrôles réguliers ont été effectués dans les exploitations touchées et avoisinantes. Ces contrôles ont mis en évidence que certaines exploitations étaient


également infestées par M. fallax, une espèce de nématode de quarantaine étroitement apparentée. Leur présence était cependant limitée à un petit nombre d’exploitations de la région de Saillon. Des mesures de confinement visant à éviter la propagation de l’infestation ont alors été ordonnées par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) et par le service cantonal de protection des plantes. En 2007 et 2008, Agroscope Changins-Wädenswil (ACW) a entrepris de nouvelles investigations qui ont montré que les mesures prises avaient empêché la propagation de ces nématode. Seule une espèce, M. fallax, a été retrouvée dans les exploitations infestées (Eder et al. 2009). De nouvelles investigations poussées et systématiques ont été réalisées durant l’automne 2009 et le printemps 2010 dans les surfaces autrefois répertoriées comme envahies, afin de vérifier si l’espèce M. chitwoodi était encore présente dans les cultures sous serre de Suisse. Qu’est-ce qu’un nématode? Les nématodes sont des petits vers généralement allongés, de couleur blanche à transparente. Ils préfèrent les milieux humides et se rencontrent dans le sol, ainsi que dans les eaux douces ou salées, mais peuvent aussi parasiter les plantes, les animaux ou les êtres humains. Les nématodes font partie des animaux comptant le plus grand nombre d’espèces; plus de 20 000 ont été répertoriées jusqu’ici. Leur diversité va du petit ver d’à peine 0,2 mm de long aux espèces longues de plusieurs mètres parasitant les animaux à sang chaud (Decker 1969). En grandes cultures ou au jardin, 100 ml de terre peuvent contenir plusieurs milliers de nématodes. Les espèces présentes varient en fonction des conditions environnementales, du climat, du type de sol et du mode d’exploitation. Les différents nématodes se distinguent aussi les uns des autres par leur alimentation: certains se nourrissent de bactéries et de champignons, tandis que d’autres sont prédateurs d’autres espèces de nématodes. Pour l’agriculture, les plus déterminants sont les nématodes parasites des végétaux, causant, de manière directe ou indirecte, des dégâts aux plantes cultivées aussi bien en serre qu’en pleine terre. Les nématodes ponctionnent avec leur rostre les cellules du système racinaire pour se nourrir de leur contenu. Certaines espèces s’introduisent également dans les tiges, les feuilles ou les inflorescences pour prélever de la sève. Quelques nématodes endommagent aussi les plantes de manière indirecte par la transmission de virus. En cas d’infestation, les dommages peuvent aller d’une petite baisse de rendement à  l’anéantissement de la récolte.

Résumé

Les nématodes de quarantaine dans les cultures maraîchères suisses | Production végétale

Les nématodes à galles (Meloidogyne spp.) constituent le plus grand groupe de nématodes parasitant des végétaux en Suisse. Ils sont la cause de sérieux problèmes en horticulture. En Suisse, il s’agit le plus souvent de l’espèce de type septentrional Meloidogyne hapla. Les espèces M. incognita, M. arenaria et M. javanica, originaires des régions tropicales et subtropicales, ne prolifèrent que dans les cultures sous abri. Lors d’études menées de 2002 à 2006, les nématodes de quarantaine Meloidogyne chitwoodi et M. fallax ont été trouvés dans un petit nombre de serres et d’exploitations en Suisse. Les mesures prescrites ont permis d’empêcher avec succès leur propagation. Entre 2006 et 2008, seule la présence de M. fallax a pu être décelée dans les échantillons provenant des serres et des tunnels chauffés infestés. Une étude approfondie menée de 2009 à 2010 a confirmé l’absence de M. chitwoodi. La présence de l’espèce M. fallax a de nouveau été constatée dans les serres et les tunnels chauffés. Les surfaces en pleine terre ou les serres non chauffées adjacentes aux serres infestées ne contenaient pas de nématodes de quarantaine.

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Production végétale | Les nématodes de quarantaine dans les cultures maraîchères suisses

Figure 1 | Racines de salades avec différents degrés d’infestation par le nématode à galles Meloidogyne fallax . À gauche: racines ­s aines; au milieu: invasion moyenne; à droite: forte invasion.

Nématodes à galles: biologie et dégâts Les nématodes à galles sont des parasites racinaires très communs qui peuvent survivre assez longtemps au stade d’œuf dans le sol ou les restes de végétaux. Au printemps, les larves une fois écloses pénètrent dans les racines des plantes hôtes. Elles s’y développent et deviennent des femelles adultes qui grandissent et prennent une forme sphérique, provoquant la formation d’une galle racinaire typique (fig. 1). Chaque femelle peut pondre jusqu’à 500 œufs. Les larves qui en sont issues pénétreront à leur tour dans les racines, provoquant de nouveaux dégâts. En fonction de la température, on dénombre 3 à 6 générations par année. En Europe, les nématodes de quarantaine M. chitwoodi et M. fallax sont considérés comme particulièrement dangereux pour les cultures. En effet, leur large spectre de plantes hôtes (entre 400 et 500 espèces) leur permet de se disséminer et de s’établir rapidement, rendant tout contrôle quasiment impossible. Presque toutes les espèces de légumes peuvent être attaquées, principalement les tomates, les concombres, les carottes, le céleri, les scorsonères, les salades et les petits pois. Les betteraves sucrières, les fraises, les plantes ornementales, les céréales, le maïs, les pommes de terre et les surfaces herbagères sont également menacés. En Suisse, pour toutes ces raisons, la présence de ces nématodes doit obligatoirement être annoncée, conformément à l’Ordonnance sur la protection des végétaux (RS 916.20). Des mesures de lutte ou de confinement doivent alors être mises en œuvre.

Résultats Suivis 2002 – 2006 et mesures En 2002, ACW a conduit en Suisse une recherche sur la propagation des nématodes à galles. Cette étude a permis de mettre en évidence la présence d’espèces déjà connues M. incognita, M. arenaria, M. javanica et

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Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 340–345, 2010

M. hapla, mais aussi de détecter pour la première fois, dans un échantillon provenant d’une serre du canton du Valais, le nématode de quarantaine M. chitwoodi. Cette découverte a donné lieu, de 2002 à 2006, à des contrôles réguliers dans les exploitations touchées et avoisinantes. Certaines exploitations se sont avérées également infestées par M. fallax, un nématode de quarantaine étroitement apparenté (tabl. 1). Leur présence était cependant limitée à un petit nombre d’exploitations de la région de Saillon (fig. 2). En cas de présence d’organismes de quarantaine, l’article 29 de l’Ordonnance sur la protection des végétaux (RS 916.20) prescrit de détruire le foyer primaire. À cet effet, les services compétents doivent prendre les mesures adéquates pour sa destruction (voir encadré). Toutefois, ces mesures sont difficiles à appliquer lors d’infestation par des nématodes à galles. Tous les travaux entrepris se sont révélés inefficaces pour éliminer les foyers de nématodes de quarantaine dans les exploitations infestées (Grunder et al. 2007). Les résultats du suivi ont indiqué que ces deux espèces de nématodes avaient vraisemblablement été introduites avec du matériel végétal infecté et propagées par la terre adhérant aux tracteurs et autres outils. Les machines et les appareils ont été partiellement partagés entre les exploitations, permettant ainsi la propagation des nématodes de quarantaine. Des mesures visant à éviter la propagation de l’infestation ont ensuite été ordonnées par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) et par le service cantonal de protection des plantes (voir encadré).

Figure 2 | Régions infestées par les nématodes à galles (NG) en Suisse: NG de type septentrional: Meloidogyne hapla NG tropicaux: M. incognita, M. javanica, M. arenaria NG de quarantaine: M. chitwoodi et M. fallax


Les nématodes de quarantaine dans les cultures maraîchères suisses | Production végétale

Suivis 2007 et 2008 Les études menées en 2007 et 2008 avaient pour but de vérifier si les mesures prescrites en vue d’empêcher la propagation des nématodes de quarantaine avaient été efficaces. Pour ce faire, les exploitations infestées et les surfaces en pleine terre environnantes ont fait l’objet d’investigations poussées. Il s’est avéré que l’espèce de quarantaine M. fallax s’était établie dans les serres et les tunnels chauffés. L’autre espèce de quarantaine M. chitwoodi n’a, quant à elle, plus été détectée. Les échantillons provenant de tunnels non chauffés ne contenaient pas de nématodes de quarantaine. Les échantillons des cultures en pleine terre environnantes n’en contenaient pas non plus. Ces résultats indiquent que les mesures prises ont permis d’enrayer l’infestation.

Tableau 1 | Résultats des études menées en Suisse sur la présence des nématodes de quarantaine Meloidogyne chitwoodi et M. fallax de 2002 à 2010

Année 2002

Nombre de serres et de tunnels ­chauffés infestés

Nombre de serres et de tunnels chauffés analysés

M. chitwoodi

M. fallax

Total

57

1

0

1

2003

3

1

2

3

2004

56

0

15

15

2005

29

5

9

9

2006

2

0

2

2

2007

18

0

12

12

2008

18

0

9

9

2009

22

0

18

18

2010

4

0

4

4

De 2003 à 2006, les analyses ont été effectuées par des laboratoires externes. Suivis 2009 et 2010 En 2002 et de 2007 à 2010, elles ont été réalisées par ACW. Les études menées en 2007 et 2008 avaient montré que la présence de l’espèce M. chitwoodi n’était plus attestée, même avec des prélèvements systématiques. En automne 2009 et au printemps 2010, toutes les surfaces auparavant envahies par M. chitwoodi ont fait l’objet une nouvelle fois de contrôles poussés. Comme les années précédentes, toutes les surfaces de cultures en pleine terre et les tunnels non chauffés se sont montrés indemnes de nématodes de quarantaine M. chitwoodi et M. fallax. En outre, Meloidogyne fallax a été repéré uniquement dans les serres ou les tunnels chauffés. Par 

Encadré 1 | Mesures contre les foyers d’infestation Éradication La lutte chimique contre les foyers d’infestation repose sur l’emploi du Basamid-Granulé (dazomet). Ce produit n’est toutefois pas utilisable en agriculture biologique. Une alternative consiste à affamer les nématodes par la mise en jachère noire des surfaces infestées, soit en supprimant toutes les plantes sur une période assez longue (régulation des adventices). Une autre méthode de lutte consiste à traiter le sol à la vapeur, en éliminant les ravageurs par la chaleur. Ce procédé engendre toutefois des coûts importants et n’a qu’un effet réduit en pro­fondeur. Différentes méthodes de décontamination biologique des sols ont également été testées.

Confinement Afin d’éviter la propagation des nématodes de quarantaine à partir des exploitations infestées, seules des personnes informées de l’infestation peuvent y travailler. Les travaux réalisés dans des serres contenant des nématodes de quarantaine doivent toujours être effectués à la fin de la période de travail. À la sortie des serres, les chaussures de travail doivent être nettoyées à l’aide d’une brosse et d’un désinfectant. Tous les appareils, les ­machines et les tracteurs, doivent être débarrassés préalablement en serre du gros de la terre et des restes de plantes puis soigneusement lavés dans un lieu approprié. Les machines et les tracteurs provenant d’autres exploitations doivent être systématiquement nettoyés avant et après chaque utilisation.

Recherche Agronomique Suisse 1 (9): 340–345, 2010

343


Production végétale | Les nématodes de quarantaine dans les cultures maraîchères suisses

ailleurs, les investigations ont à nouveau confirmé que M. chitwoodi n’était présent dans aucune des surfaces analysées (en serre, tunnel ou pleine terre).

Discussion Les nématodes de quarantaine, comme les nématodes à galles M. chitwoodi et M. fallax, posent souvent de graves problèmes aux producteurs et aux services de protection des plantes. Vu le large spectre des plantes hôtes et leur multiplication rapide, les nématodes sont capables de provoquer de gros dégâts dans l’agriculture. En outre, les mesures de surveillance et d’éradication sont rendues difficiles par le fait que seule l’analyse des sols permet de détecter la présence des nématodes à galles et que les dégâts aux racines et aux plantes hôtes ne sont souvent pas détectés d’emblée. Afin d’avoir un aperçu de la situation actuelle en Suisse, quelque deux cents surfaces dans plus d’une centaine d’exploitations ont été contrôlées depuis 2002, qui ont pemis de constater l’établissement de M. fallax dans les exploitations infestées. En 2009, des 22 surfaces étudiées situées dans des serres ou des tunnels chauffés, 18 étaient infestées par M. fallax. En 2009, tout comme en 2007 et 2008, la présence de M. chitwoodi n’a pas pu être établie. Le prélèvement d’un nouvel échantillon au printemps 2010 a confirmé ce constat. En revanche, conformément aux attentes, l’espèce M. fallax était bien présente. Durant la période d’investigation 2002 à 2008, M. chitwoodi et M. fallax n’ont jamais été trouvés dans les surfaces en pleine terre ou les tunnels non chauffés. Les analyses les plus récentes menées en 2009 et 2010 ont permis à ACW de confirmer l’efficacité des mesures prises pour enrayer l’infestation.

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C’est ainsi que les nématodes de quarantaine n’ont pas été trouvés dans les surfaces en pleine terre ou en tunnels non chauffés. Il s’agit de savoir pourquoi, entre 2002 et 2006, un petit nombre de surfaces ont été déclarées infestées par M. chitwoodi. Les deux espèces M. chitwoodi et M. fallax, initialement décrites comme une seule et même espèce, sont très proches et difficiles à distinguer l’une de l’autre d’après leur morphologie. Elles ont pu être confondues, et ce d’autant plus que, pour certaines surfaces, les échantillons pouvaient contenir près d’un millier de vers à identifier. Les méthodes de diagnostic ont néanmoins été améliorées au cours de ces dernières années. Outre les procédés classiques basés sur la morphologie, on dispose aujourd’hui de méthodes de biologie moléculaire permettant de différencier les espèces avec une plus grande précision. À l’avenir, ACW aura de plus en plus recours à ces méthodes modernes pour le diagnostic des nématodes parasites des végétaux. Cela permettra de poursuivre la lutte contre la propagation des nématodes de quarantaine à partir de foyers locaux en Suisse et d’empêcher l’introduction d’autres espèces de quarantaine. L’exemple des nématodes de quarantaine Meloidogyne chitwoodi et M. fallax a montré que des investigations méthodiques sont indispensables en cas de d’infestation présumée, pour prévenir les dégâts dans l’agriculture suisse. L’efficacité de ces mesures dépendra toutefois de la poursuite de la bonne collaboration entre tous les protagonistes: producteurs, ­services cantonaux, Office fédéral de l’agriculture et ACW. n


Nematodi di quarantena nell’orticoltura svizzera I nematodi galligeni (Meloidogyne spp.) sono il gruppo più importante di nematodi parassiti delle piante in Svizzera. Ogni anno arrecano grossi problemi nelle regioni orticole. La specie più frequente in Svizzera è il nematodo galligeno Meloidogyne hapla, mentre le specie tropicali e subtropicali M. incognita, M. javanica e M. arenaria, sono state riscontrate solo in serra. Durante i monitoraggi condotti nel periodo fra il 2002 e il 2006 si è evidenziata la presenza dei nematodi di quarantena M. chitwoodi e M. fallax in alcune serre e aziende svizzere. Le misure fitosanitarie prescritte hanno impedito un ulteriore diffusione dei parassiti. Tra il 2006 e il 2008 solo M. fallax è stato riscontrato nei campioni provenienti da serre e da tunnel riscaldati nei quali i nematodi di quarantena erano stati precedentemente riscontrati. Il monitoraggio intensivo condotto nel 2009 e 2010 ha confermato l’assenza di M. chitwoodi e la sola presenza di M. fallax. Tunnel non riscaldati e campi adiacenti alle serre infestate sono risultati liberi da nematodi di quarantena.

Summary

Riassunto

Les nématodes de quarantaine dans les cultures maraîchères suisses | Production végétale

Quarantine nematodes in Swiss vegetable growing Root-knot nematodes (Meloidogyne spp.) are the most important group of plant-parasitic nematodes in Switzerland causing significant problems in vegetable production areas. The most common root-knot nematode species is Meloidogyne hapla, followed by the tropical and subtropical species M. incognita, M. arenaria and M. javanica, which are found in greenhouses only. In surveys conducted in the years 2002 to 2006, the quarantine nematodes M. chitwoodi and M. fallax were found in greenhouses in Switzerland. However, they were confined to a few greenhouses only and have not yet spread further confirming that the phytosanitary measures were successfully implemented. From 2006 to 2008, only M. fallax could be identified in samples from infested greenhouses and heated plastic tunnels. An intensive survey conducted in 2009 and 2010 confirmed the absence of M. chitwoodi. The species M. fallax was still present in greenhouses and heated tunnels, but unheated plastic tunnels or open fields adjacent to the infested greenhouse proved to be free of quarantine nematodes. Key words: nematodes, quarantine, root-knot, Meloidogyne chitwoodi, Meloidogyne fallax, survey, plant protection.

Bibliographie ▪▪ Decker H., 1969. Phytonematologie. VEB Deutscher Landwirtschaftsverlag, Berlin, 526 p. ▪▪ Eder R., Roth I., Frey J. E., Oggenfuss M. & Kiewnick S., 2009. Quarantine nematodes in Switzerland – current situation. J. of Plant Diseases and Protection 116 (4), 189 – 191. ▪▪ Grunder J., Daniel O. & Kiewnick S., 2007. Neue Nematodenarten bedrohen die Schweizer Kulturen. Der Gemüsebau / Le Maraîcher (3), 19 – 21.

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E c l a i r a g e

Phoma du tournesol: faut-il traiter selon des seuils de température?

Photo: ACW

Peter Frei, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Renseignements: Peter Frei, e-mail: peter.frei@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 43 77

Figure 1 | Phoma macdonaldii tiges de tournesol sévèrement ­a tteintes.

La longue période d’infection et la période de traitement très limitée ont rendu peu rentable jusqu’à aujourd’hui l’application d’un fongicide pour la lutte contre le phoma du tournesol. Une nouvelle approche consiste à tenir compte de seuils de température pour déterminer la période de vol des ascospores, un modèle validé par plusieurs années d’expérimentation.

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Le champignon Phoma macdonaldii (forme sexuée: ­Leptosphaeria lindquistii) parasite le tournesol depuis le début de sa culture en Suisse. Les symptômes de cette maladie sont des taches brun foncé à noirâtres, situées sous les aisselles des feuilles, entourant souvent la totalité de la circonférence des tiges (fig. 1). Les pétioles atteints sèchent et entraînent la mort précoce de la feuille, ce qui diminue drastiquement la surface d’échange photosynthétique et l’approvisionnement des grains. Il n’est pas rare que les plantes desséchées meurent à cause de ce pathogène. Les symptômes de phoma peuvent être confondus avec ceux de phomopsis (Phomopsis heliantii), une autre maladie des tiges provoquant des taches rousses à brunâtres. Notons que les tiges atteintes de phomopsis se cassent très facilement et versent au champ, ce qui n’est jamais le cas pour les plantes atteintes de phoma. Depuis 2003, des fongicides sont autorisés pour la lutte contre le phoma des tiges. Malgré ces traitements fongicides, la maladie est mal maîtrisée et des augmentations significatives de rendement sont plutôt rares. La littérature scientifique à ce sujet est assez rare et seuls quelques articles datant des années 50 sont disponibles. Jusqu’à présent, les seuls points connus sont que le pathogène pourrait survivre entre deux cultures sur les débris de récolte et que les infections des nouvelles cultures sont dues à des asco­ spores libérés au printemps. Le moment d’émission des spores n’est pas connu et on suppose que les infections ont lieu au stade bouton étoilé (BBCH 51). C’est donc à ce stade que l’on recommande d’effectuer le traitement fongicide. Il s’agit en outre du dernier moment où on peut passer dans la culture avec un équipement standard sans causer des dégâts importants. Pour toutes ces raisons, une étude a été lancée par Agroscope ChanginsWädenswil (ACW) afin de mieux connaître la biologie et l’épidémiologie de cette maladie.

Méthodes Des tiges de différentes variétés de tournesol atteintes de phoma ont été prélevées au champ après la récolte et stockées en plein air en conditions naturelles. La forma-


Phoma du tournesol: faut-il traiter selon des seuils de température? | Eclairage

but d’établir les conditions idéales pour le vol des spores, les résultats ainsi obtenus ont été comparés aux données météorologiques (http://www.agrometeo.ch).

Photo: ACW

Résultats

Figure 2 | Leptosphaeria lindquisti (Phoma macdonaldii) formation des asques et ascospores dans le périthèce (avril 2006).

tion des périthèces a été suivie pendant l’hiver et le printemps par des observations au microscope photonique. Pour cela, des morceaux de tiges ont été découpés très finement au moyen d’une lame de rasoir, colorés au bleu coton et observés au microscope. Un piège à spores (Sporetrap), avec un ventilateur alimenté par un panneau solaire, était installé à proximité des dépôts de tiges. Les ascospores aspirées restent collées par électricité statique sur une fine bande de plastique montée sur un tambour. Ce tambour tourne une fois par semaine autour de son propre axe. Les sections journalières de la bande sont partagées en deux. Une partie, après coloration, était observée au microscope et les ascospores dénombrées. Parallèlement, une méthode moléculaire, développée par ACW, permet de détecter l’ADN de ce champignon sur les bandes plastiques et dans les tissus végétaux (tabl. 2). La deuxième partie de la bande était examinée à l'aide de cette méthode moléculaire. Dans le

Observations et suivi des ascospores Les observations microscopiques effectuées en hiver ont permis de suivre la formation de la forme parfaite (sexuée) du champignon (fig. 2). A partir de mi-février, le phoma commence à former des périthèces et, selon les conditions météorologiques, les premières ascospores mûrissent pour être éjectées des fructifications entre fin mars et début mai. Les observations de ces cinq dernières années ont permis d’établir un seuil de température précis pour l’apparition des premières ascospores: le cumul des températures supérieures à 9 °C depuis le 1er octobre de l’année de récolte jusqu‘à la première capture des ascospores (tabl. 1). Au début, seules peu de spores sont libérées des périthèces, mais plus tard des masses en sont éjectées (fig. 3). Un deuxième seuil de température correspondant à la première période principale d’émission des spores a pu être fixé, généralement atteint 7 à 15 jours avant le stade phénologique «bouton étoilé» de la culture. De 2006 à 2009, seuls les résultats du bassin lémanique sont disponibles. En 2010, deux autres régions (Gros-de-Vaud et Berne) ont été incluses dans cette étude, afin de vérifier les seuils de température établis. Ces deux lieux n’ont été suivis que par des observations microscopiques, sans capteur de spores. Les observations de la formation des périthèces ont montré que le seuil établi pour Changins (Nyon) est aussi valable pour Goumoens-la-Ville et Zollikofen (Rütti). Suivi de l'évolution du champignon dans les plantes Ces dernières années, en même temps que l’observation des ascospores, un suivi du phoma a été entrepris dans les tissus végétaux. Le pathogène ne peut pas être isolé par des méthodes traditionnelles pendant sa phase latente (avant l’apparition des symptômes). Pour cette raison, vingt à trente plantes non traitées ont été prélevées chaque semaine entre les stades 2-feuilles et fin ­floraison. Comme l’infection commence toujours à l’aisselle des feuilles, ces parties ont été préparées individuellement et testées par diagnostic moléculaire pour la présence de P. macdonaldii. Cette méthode a permis de suivre l’évolution du champignon dans la plante (tabl. 2). Les résultats montrent que, déjà très tôt au stade 4-feuilles, les cotylédons (55 %) et les aisselles de la ­première paire de feuilles (40 %) étaient atteints. Au stade bouton étoilé, les taux d’infection suivants ont été

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Eclairage | Phoma du tournesol: faut-il traiter selon des seuils de température?

Figure 3 | Ascospores de Leptosphaeria lindquisti ( Phoma macdonaldii ) sur bande de Sporetrap.

observés aux aisselles: 2e paire de feuilles 75 %, 3e paire de feuilles 75 % et 4e paire de feuilles 70 %; à ce moment, les cotylédons étaient desséchés et n’ont plus pu être ­testés. Essais fongicides Durant trois années, des essais de fongicides ont été menés sur la variété «Sanluca» à Changins. Les contrôles d’efficacité ont eu lieu vers la fin de la végétation (BBCH 83) et les parcelles ont été battues séparément pour ­évaluer le rendement. En 2007, le fongicide Tenor (difénoconazole + carbendazim) et, en 2008, le fongicide Priori Top (difénoconazole + azoxystrobine) ont été appliqués une seule fois au stade bouton étoilé (BBCH 51). La troisième année, en

2009, le seuil de température de 450 °C (depuis la 1re ascospore jusqu’au vol principal) a été utilisé pour déterminer la date de la première application fongicide. Un traitement au stade BBCH 51 (somme de température 700 °C) et un témoin non traité ont permis de compléter l’essai. Les deux traitements ont été espacés de quatorze jours. Pour ces deux traitements, le fongicide Priori Top a été utilisé. Durant les deux premières années, aucune différence n’a été constatée en termes de rendement. Lors des contrôles de l’intensité des attaques, des infections nettement moins prononcées et une diminution des plantes desséchées ont été observées dans les parcelles traitées; toutefois, l’effet était plus cosmétique que rentable.

Tableau 1 | Seuils de températures à Nyon de 2006 à 2010 et date de la première observation des ascospores (période 1.10. année de récolte-1re ascospore)

Somme °C positif

Base 8 °C (°C)

Base 9 °C (°C)

Base 10 °C (°C)

Précipitations Somme (mm)

2005 /2006

0918,60

1013,10

205,20

154,40

109,80

382,30

25.4.06

2006 /2007

1255,10

1279,80

223,30

157,40

101,80

514,40

30.3.07

2007 /2008

1273,80

1306,30

215,00

162,10

119,50

491,10

8.5.08

2008 /2009

1074,50

1124,30

225,10

161,70

116,50

383,70

26.4.09

2009 /2010

1097,80

1176,60

218,30

157,50

113,00

583,40

24.4.10

Années

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Date observation 1re ascospore

Somme température (°C)

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Phoma du tournesol: faut-il traiter selon des seuils de température? | Eclairage

Tableau 2 | Phoma macdonaldii : suivi des infections par test PCR selon les dates de prélèvement (Nyon p.18 2009) Cotylédons positifs (%)

Paires de feuilles positives (%)

Date

N*=

1

05.05.09

30

40

33

55

2

3

4

5

13.05. 09

20

40

60

19.05. 09

20

35

40

35

27.05. 09

20

70

85

65

03.06. 09

20

75

70 75

70

70

100

65

65

60

6

7

8

65

45

55

10.06. 09

20

17.06. 09

20

24.06. 09

20

35

35

40

01.07. 09

20

65

50

65

08.07. 09

20

50

40

15

15.07. 09

20

65

90

50

12.08. 09

20

60

N* : nombre de plantes testées

En 2009, des différences significatives ont été observées entre le témoin et les parcelles traitées (+9 % de rendement). Aucune différence cependant n’a pu être mise en évidence entre les deux dates de traitement, ni en termes d’infection ni en termes de rendement. Ce fait peut être expliqué par une situation très particulière pour le bassin lémanique cette année-là, à savoir la quasi-absence de pluie et d’ascospores entre les deux traitements. Seuls les quatre jours précédant le deu­­x­ième traitement, quelques averses ont été enregistrées et des spores ont été massivement éjectées. Vu l’efficacité du premier traitement, le fongicide semble avoir une action assez persistante en l’absence de précipitations. Cet essai sera répété en 2010 sur la même variété de tournesol.

Traiter contre le phoma du tournesol en se basant sur des seuils de température paraît ainsi prometteur, mais d’autres essais doivent être conduits dans toute la Suisse pour pouvoir valider le modèle définitivement. Remerciements Nous remercions Yves Grosjean pour la réalisation des essais au champ. n

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P o r t r a i t

Lieu de travail de Steven Bacon: aéroport de Kloten Les pièges de Steven Bacon sont de couleur vive, de formes différentes et leurs phéromones ne dégagent pratiquement aucune odeur perceptible. Ils attirent les insectes du monde entier. Steven Bacon se sert de ces pièges dans le cadre d’un projet financé par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Au moment où on les ouvre par centaines pour les contrôler à l’aéroport de fret de Zurich Kloten ou chez un négociant en légumes dans le canton de Berne, les caisses peuvent laisser échapper des insectes de tous les continents. Les espèces les plus fréquentes sont les drosophiles, les mineuses, les cochenilles et les thrips. Sur tous les sites où des marchandises sont transportées dans le monde, et pas seulement en Suisse, des plantes et des animaux étrangers peuvent être introduits chaque jour sans que l’on s’en rende compte. Si ces plantes ou ces animaux s’installent et se propagent, on parle alors d’espèces envahissantes. Normalement, des barrières naturelles empêchent la migration d’un continent à l’autre et d’une zone climatique à l’autre. Mais avec la globalisation, les règles ne sont plus les mêmes. Une détection rapide peut aider à limiter les pertes économiques «C’est pourquoi nous utilisons des pièges à insectes pour étudier quelles sont les principales espèces qui arrivent ici et comment les attraper le plus efficacement possible.» L‘entomologiste Steven Bacon compare ses résultats avec une base de données sur les insectes nuisibles des aéroports européens. Des pièges similaires sont également installés sous égide française et italienne dans les aéroports de Milan, de Venise et de Paris. L’étude est coordonnée par Alain Roques de l’INRA d’Orléans. «Ce qui nous intéresse, c’est de voir si avec les pièges que nous posons, nous attrapons effectivement les espèces d’insectes, considérées jusqu’ici comme menaçantes pour l’environnement local et les cultures agricoles. Il se pourrait qu’à cause du changement climatique et des nouvelles routes commerciales, de nouvelles espèces d’arthropodes se propagent en Suisse», pense Steven Bacon. «L’objectif de ce travail est de mettre sur pied un système de monitoring qui surveille l’importation d’arthropodes étrangers, car la concurrence des espèces exotiques entraîne parfois l’éviction des espèces indigènes. L’exemple le plus connu est celui de la coccinelle asiatique qui se développe massivement et supplante de plus en plus nos coccinelles portebonheur européennes.» Les dommages économiques causés par une espèce d’insecte invasive peuvent parfois être importants.

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Des insectes du monde entier atterrissent à Kloten dans les pièges de l‘entomologiste Steven Bacon (ART).

Sous la direction d’Alex Aebi, Steven Bacon étudie à ART les risques d'établissement d'insectes exotiques en Suisse. Dans le cadre de sa thèse de doctorat, il veut également savoir quelles sont les principales voies d’introduction. «Peut-être que nos recherches apporteront de nouvelles idées sur la façon d’éloigner les arthropodes envahissants. Sous les tropiques par exemple, lorsque les avions de fret sont chargés de nuit à la lumière des projecteurs, cela revient à offrir aux insectes un billet gratuit pour l’Europe. Souvent les animaux ne sortent des fruits qu’au bout de quelques jours. Avec de meilleures connaissances de la question, on pourrait réduire le coût des pertes économiques et indirectement l’emploi d’insecticides», déclare le Britannique qui a grandi à Leicester. «En outre, je souhaite établir des modèles simulant l’influence du changement climatique sur l'établissement des nouvelles espèces en Europe.» Mais d’où tiret-il les connaissances nécessaires à une telle entreprise? «Mon expérience professionnelle dans le domaine des investissements bancaires m’est très utile. A l’origine, je suis mathématicien et j’ai travaillé dans le domaine de la finance. Puis j’ai cherché une solution pour sortir de cet environnement très citadin et j’ai entamé de nouvelles études avec un aspect plus tourné vers l’extérieur, comme l’entomologie». «Pour ce projet, les deux métiers de Steven conviennent parfaitement: modélisation mathématique et entomologie», se réjouit le chef de ­projet. Etel Keller-Doroszlai, Station de recherche Agroscope ReckenholzTänikon ART, 8356 Ettenhausen


A c t u a l i t é s

Actualités La recherche agronomique européenne est insuffisante Par le passé, l’Europe a tellement négligé les investissements dans la recherche agronomique qu’elle s’est privée de progrès en matière de productivité. Le prof. Harald von Witzke a montré, lors d’une soirée parlementaire, que l’UE a augmenté ses importations ces dernières années en séquestrant une surface considérable de terres assolées dans des pays tiers. Une augmentation de la productivité aurait pu au moins limiter ces importations «virtuelles» de terres. Le prof. von Witzke a plaidé pour la création d’un environnement plus favorable à la recherche en Europe. Du point de vue sociétal, la recherche agronomique est selon lui plus avantageuse qu’aucun autre investissement. «Plus nous pouvons produire sur un hectare, mieux c’est», a-t-il souligné. Le déficit d'importation des pays pauvres dans le domaine des denrées alimentaires ne pourrait être comblé que si les pays riches augmentaient leur production et leurs exportations. A cet égard, l’orateur est d’avis que le changement climatique amplifiera encore dans l’ensemble les défis que doit relever l’agriculture. Les ­organismes génétiquement modifiés sont selon lui sûrement un élément de la solution, mais il faut aussi prendre en considération d’autres aspects. AGRA-EUROPE 20/10, 17 mai 2010

Une meilleure coordination des ­recherches agronomique et alimentaire s'impose en Europe Selon Máire Geoghegan Quinn, commissaire européenne en charge de la recherche, les pays membres de l’UE doivent mieux coordonner leur recherche entre le champ thématique «agriculture, changement climatique et sécurité alimentaire» et celui de la prévention des maladies liées à l’alimentation. Les gouvernements nationaux devraient élaborer des concepts communs sur la contribution qu’ils peuvent apporter à la maîtrise des défis à venir par une collaboration plus étroite en matière de recherche au niveau de l’UE. A cette fin, il faut développer une stratégie commune comprenant des objectifs à long et à moyen terme, des priorités et des calendriers. Les pays membres sont appelés à mettre sur pied des structures administratives communes pour les domaines «agriculture, sécurité alimentaire et changement climatique» et «alimentation saine». En outre, il y a lieu d’élaborer les règles et procédures régissant la collaboration et d’assurer la surveillance de la mise en œuvre des plans stratégiques

de recherche. La réalisation de ces plans doit passer par des efforts communs, mais aussi par les programmes de recherche et d’autres activités de niveau national. La Commission se propose de lancer des initiatives destinées à soutenir le travail des pays membres de l’UE. Le 28 avril 2010, la Commission a édicté la recommandation sur l’initiative de programmation conjointe de la recherche dans le domaine «agriculture, sécurité alimentaire et changement climatique», lancée avec la participation de 20 pays européens. Dans cette recommandation, la Commission s’est aussi engagée à apporter son concours par le soutien du secrétariat et du Comité scientifique, représentant environ 2 millions d'euros. L’initiative commune a pour objectif de compléter les efforts déjà déployés au niveau de l’UE. Par l’intermédiaire de son programme de recherche, la Commission européenne a déjà mis à la disposition de projets communs quelque 300 millions d’euros durant les cinq dernières années dans les domaines relevant de l'initiative. En outre, des programmes nationaux de recherche sont mis en réseau grâce à douze mesures ERA-NET (cf. http://netwatch. jrc.ec.europa.eu/nw/). Le changement climatique est l’un des plus grands défis que dois relever l’agriculture, appelée à nourrir une population qui atteindra 9 milliards en 2050. La demande en denrées alimentaires devrait augmenter de quelque 50 % d’ici à 2030 et s’accompagnera d’une hausse comparable de la demande de biomasse destinée à d’autres fins (p. ex. biocarburants). L’agriculture ne devra pas seulement faire face à des températures plus élevées, à la pénurie d’eau et à des conditions climatiques imprévisibles, mais aussi trouver les moyens de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, qui représentent environ 14 % des émissions mondiales. Au sujet de l’«alimentation saine», la Commission souligne que la santé des citoyens est décisive pour la croissance et la prospérité au sein de l’Union. Or, le surpoids et l’obésité ont drastiquement gagné du terrain dans la population de l'UE, en particulier chez les enfants. La Commission voit dans la planification commune des programmes de recherche portant sur les denrées alimentaires et la santé une contribution à la création d'un espace européen de recherche fonctionnel servant à prévenir les maladies liées à l'alimentation. En même temps, il s’agit de renforcer la compétitivité internationale de la recherche de l’UE. Urs Gantner, Office fédéral de l'agriculture

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Actualités

M N oe ud vi ee nl lm e si t p t euibl u l inc g ae t ino n s

www.agroscope.ch

réduite et engrais azotés réduits, culture extenso, PER)

Rapport ART 722

26.04.2010 / ACW Comparaison entre production intégrée et Wegen sauberer Luft Gemüse düngen production biologique – essai anders de Burgrain Dank Résultats Luftreinhalte-Verordnung hat der Ausstoss von de l’essai sur les systèmes de production à Burgrain de 1991 à 2008 Schwefel in die Atmosphäre seit den 1980er Jahren um Juillet 2010 mehr als 80 % abgenommen. Parallel dazu ist auch die Schwefel-Menge zurückgegangen, die via Niederschläge in Auteurs landwirtschaftlich genutzte Flächen gelangt. Experten der Urs Zihlmann, Werner Jossi, Caroline Scherrer, Heinz Krebs, Forschungsanstalt Agroscope Changins-Wädenswil ACW Hans-Rudolf Oberholzer, Gregor Albisser Vögeli, Thomas Nemecek, Walter Richner, Ernst Brack, Lucie fanden heraus, Gunst, Jürg Hiltbrunner, Marcel dass viele Gemüsekulturen an Schwefelvan der Heijden, Peter Weisskopf, David Dubois, Fritz Oehl, Mangel leiden, wenn ihnen dieser essentielle PflanzenART urs.zihlmann@art.admin.ch nährstoff nicht gezielt bei der Düngung verabreicht wird. Ruedi Tschachtli, Centre de formation professionnelle Nature et Nutrition BBZN, Schüpfheim

Fig. 1: Le essais comparatifs avec différents systèmes de production, comme ceux mis en place sur le site de Burgrain de 1991 à 2008, s’intègrent très bien dans la formation professionnelle et continue des agricultrices et des agriculteurs (Photo: Urs Zihlmann, ART).

22.04.2010 / ART Immer weniger Biodiversität Andreas Nussbaumer, Exploitation agricole Burgrain, Alberswil Impressum Edition:

L’essai sur les systèmes de production mis en place à Burgrain en 1991 dans des conditions proches de la pratique avait pour but d’étudier l’impact d’un apport réduit en éléments nutritifs et d’une protection phytosanitaire extensive dans les grandes cultures en quantifiant les performances environnementales et les rendements. Il s’agissait également d’évaluer la rentabilité de trois systèmes de production d’intensités différentes. Pour ce faire, les parcelles de l’exploitation mixte de Burgrain à Alberswil LU ont été divisées en trois bandes de 0,65 ha chacune et cultivées dans le cadre d’une rotation de six ans, grandes cultures – prairies temporaires. Trois systèmes de production ont été pratiqués: PIintensif (intensité d’exploitation locale habituelle, 2,3 UGBF/ha, PER), PIextensif (protection phytosanitaire réduite et apport réduit en engrais azotés, culture

Extenso, PER) et biologique (1,7 UGBF/ha, selon les directives de l’agriculture biologique). Les principes de base de la production végétale ayant été respectés, une production de qualité a pu être obtenue autant dans les grandes cultures qu’en production fourragère, et ceci également avec les méthodes biologique ou extensive; toutefois, certaines années se sont caractérisées par une mauvaise formation du grain dans les céréales fourragères. La bonne qualité du sol sur le site d’essai et le savoir-faire des exploitants ont permis de réaliser de bons rendements Extenso et de très bons rendements Bio. Ce sont les céréales fourragères et le colza qui ont accusé les déficits de rendement les plus lourds par rapport au système PIintensif – jusqu’à 40 pour cent certaines années. Grâce aux paiements directs actuels pour l’agriculture biologique et aux prix plus élevés des

Station de recherche eines Agroscope Im Rahmen grossen Forschungsprojekts haben über Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART 80 Wissenschaftlerinnen und Fachexperten gezeigt: Die Les Rapports ART paraissent Biodiversität environ 20 fois par an. in der Schweiz ist nach wie vor bedroht. Das Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements Ziel, bis 2010 den Verlust zu stoppen, wurde klar nicht et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 erreicht. F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch

15.04.2010 / ACW Nachhaltiger Obstbau für Bulgarien ISSN 1661-7576

Den Obstbau in Bulgarien auf eine nachhaltige Produktionsweise umstellen – dazu beigetragen haben Insektenspezialisten der Forschungsanstalt Agroscope ChanginsComparaison productions et der in Wädenswil ACW.entre Im Zentrum stand derintégrée Apfelwickler, ­Bulgarien biologique : essai de Burgrain wegen eines intensiven Insektizid-Einsatzes weitRésultatsgegen de l’essai sur les systèmes de production gehend herkömmliche Pflanzenschutz­ mittelà resisBurgrain de 1991 à 2008 tent geworden war. Mit innovativen, umweltfreundlichen Bekämpfungsstrategien er-zielten ACW-Fachleute und bulRapport ART 722 garische Wissenschaftler darauf gemeinsam Erfolge. So Un essaidie surMenge les systèmes de production a étéreduziert mis en konnte an Insektiziden mass­geblich placedie à Burgrain en neuer 1991 dans des conditions proches de und Entstehung Resistenzen verhindert werden. la pratique pour étudier l’impact d’un apport réduit en Der Schweizerische Nationalfonds hat das Projekt finanéléments nutritifs et d’une protection phytosanitaire ziert. extensive en grandes cultures en quantifiant les perfor12.04.2010 / ART mances environnementales et les rendements. Il s’agisTiefere landwirtschaftliche Einkommen 2009 sait également d’évaluer la rentabilité de trois systèmes Erste Trends für das Jahr 2009 zeigen ein tieferes landwirtde production d’intensités différentes. Pour ce faire, les schaftliches alsmixte im Vorjahr. Gemässà den proviparcelles deEinkommen l’exploitation de Burgrain Alberswil sorischen Ergebnissen beträgt das Einkommen prochacune Betrieb (LU) ont été divisées en trois bandes de 0,65 ha 61 800 Franken gegenüber 64 100cultures im Jahr –zuvor. Tiefere et cultivées en rotation (grandes prairies temProduzentenpreise bei der Milch können poraires) durant sixinsbesondere ans. durch höhere Direktzahlungen und gute nur teilTrois systèmes de production ont Erträge été pratiqués: weise aufgefangen werden. Der Arbeitsverdienst je Famili­PIintensif (intensité d’exploitation locale habituelle, enarbeitskraftPER), und Jahr bleibt (protection mit 42 000 Franken auf Vor2,3 UGBF/ha, PIextensif phytosanitaire jahresniveau.

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06.04.2010 / ACW et biologique (1,7 UGBF/ha, selon les directives de l’agriJede Masche zählt – Qualitätsstandards fürla producculture biologique). Les principes de base de Schutznetze gegen Insekten tion végétale ayant été respectés, une production de Schutznetze landwirtschaftliche vor qualité a pubewahren être obtenue autant dans Kulturen les grandes gefrässigen Insekten, aberfourragère, auch Menschen in Malariacultures qu’en production et ceci également Gebieten vor krankheitsübertragenden Mücken. Die Wiravec les modes de production biologique ou extensif; kung dieser Netze kann durch eine Imprägnierung mit toutefois, certaines années se sont caractérisées par une Insektiziden gesteigertdu werden, Rückstände auf mauvaise formation grain ohne dans dass les céréales fourraNahrungsmittel gelangen Menschen damit in Kontakt gères. La bonne qualité oder du sol sur le site d’essai et le kommen. Pflanzenschutzchemie-Experten Forschungssavoir-faire des exploitants ont permis der de réaliser de anstalt Agroscope Changins-Wädenswil ACW rendements arbeiten mit bons rendements extenso et de très bons internationalen und Firmen an der Entbio. Par rapport Organisationen au système PIintensif, les déficits de renwicklung vonplus Qualitätsstandards fürenregistrés solche Netzeavec – etwa dement les lourds ont été les Waschfestigkeit, Insektizidgehalt und Maschengrösse. céréales fourragères et le colza, atteignant jusqu’à 40 pour-cent certaines années. Néanmoins, grâce aux 30.03.2010 / SNG actuellement attribués à l’agriculture paiements directs Equigarde -Abgänger 2009 feiern biologique ®et aux prix plus élevés desihren produits bio, les Abschluss marges brutes des grandes cultures bio ont été nette® Die Equigarde -Schüler 2009 des haben AnfangPIMärz 2010 am ment meilleures que celles cultures intensives et Schweizerischen Nationalgestüt ihren Abschluss extensives. Toutefois, la chargeSNG de travail était plusgefeiéleert. wurde der Anlass mit einer Bilanz des contre Kurses vée Eröffnet dans la production bio, notamment la lutte und der Information zur neuen obligatorischen les rumex dans les prairies temporaires. Le semis Ausbildirect dung für Pferdehalter gemäss Nach des prairies temporaires dansTierschutzverordnung. le système bio a permis de einer Vorstellung des Schweizerischen Verbandes der Pferréduire considérablement cette charge de travail. dehalter erfolgte die Vergabe der Diplome, BescheiGrâce(SVPH) aux bons rendements, le bilan écologique des nigungen und Plaketten. grandes cultures bio et extenso était également meilleur que celui du système PIintensif. L’intensité du travail du sol et les apports d’engrais de ferme étant similaires dans tous les systèmes, on n’a observé aucune différence de qualité du sol. Notons encore que cette évaluation des systèmes de production ne prenait pas en compte la situation globale de l’exploitation. Avant de se décider pour ou contre un système de production donné, d’autres facteurs doivent également être considérés, dont les coûts structurels (coûts fixes pour les machines, coûts des bâtiments, etc.), les directives de production dans le domaine des cultures spéciales et de la production animale, la main-d’oeuvre disponible, ou encore les préférences personnelles.


Actualités

Rapport ART 723

Aires d’exercice des stabulations libres à logettes: comparaison de différents types de sol sur le plan de la santé des onglons et du comportement des animaux Juin 2010

Auteurs Helge Christiane Haufe, Katharina Friedli, Beat Wechsler, Office vétérinaire fédéral, Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs, ART Beat Steiner, ART katharina.friedli@art.admin.ch Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576

Fig. 1: Le sol de l’aire d’exercice est un élément important du système de détention.

Les aires d’exercice des stabulations libres à logettes destinées aux vaches laitières ont fréquemment des sols en dur, en béton ou en asphalte coulé. Depuis quelques années, les sols de ces aires d’exercice sont de plus en plus souvent recouverts d’un revêtement en caoutchouc à la recherche d’effets positifs sur le comportement des animaux et la santé des onglons. La présente étude avait pour but d’évaluer l’impact de trois types de sol (asphalte coulé, caillebotis en béton et sol non perforé avec revêtement en caoutchouc) sur le comportement des animaux, la santé et les différentes propriétés des onglons. En outre, il est intéressant de savoir dans quelle mesure les sorties au pâturage influencent la santé des onglons des vaches laitières. Pour ce faire, nous avons

étudié 36 exploitations agricoles, le même type de sol étant représenté dans douze étables. Sur la moitié des exploitations, les vaches sortaient au pâturage en été. La santé des onglons a été enregistrée à trois dates de soin fixes sur dix animaux à chaque fois. Les problèmes saisis étaient les suivants: présence d’hématomes sur la sole, d’ulcères de la sole, de fissures de la ligne blanche, d’érosion de la corne du talon et Dermatitis Digitalis (Mortellaro). C’est sur le revêtement en caoutchouc que les vaches laitières faisaient les pas les plus longs, ce qui prouve que le sol était antidérapant. A l’opposé, les pas les plus courts ont été enregistrés sur le caillebotis en béton. La présence d’hématomes sur la sole, d’ulcères de la sole et de Dermatitis Digitalis ne se différenciait pas d’un type

Aires d’exercice des stabulations libres à ­logettes: effet de différents types de sol sur la santé des onglons et le comportement des animaux Rapport ART 723 Les aires d’exercice des stabulations libres à logettes destinées aux vaches laitières ont fréquemment des sols en dur, en béton ou en asphalte coulé. Depuis quelques années, ces sols sont de plus en plus souvent recouverts d’un revêtement en caoutchouc à la recherche d’effets positifs sur le comportement des animaux et la santé des onglons. La présente étude avait pour but d’évaluer l’impact de trois types de sol (asphalte coulé, caillebotis en béton et sol non perforé avec revêtement en caoutchouc) sur le comportement des animaux, la santé et les différentes propriétés des onglons. En outre, il est intéressant de connaître l’influence des sorties au pâturage sur la santé des onglons des vaches laitières. Pour ce faire, nous avons étudié 36 exploitations agricoles, le même type de sol étant représenté dans douze étables. Dans la moitié des exploitations, les vaches sortaient au pâturage en été. La santé des onglons a été enregistrée à trois dates de soin fixes sur dix animaux à chaque fois. Les problèmes saisis étaient les suivants : présence d’hématomes sur la sole, d’ulcères de la sole, de fissures de la ligne blanche, d’érosion de la corne du talon et de Dermatitis digitalis (Mortellaro). C’est sur le revêtement en caoutchouc que les vaches laitières faisaient les pas les plus longs, ce qui prouve que le sol était antidérapant. A l’opposé, les pas les plus courts ont été enregistrés sur le caillebotis en béton. La présence d’hématomes sur la sole, d’ulcères de la sole et de Dermatitis digitalis ne se différenciait pas d’un type de sol à l’autre. Les fissures dans la ligne blanche et dans la paroi étaient légèrement moins fréquentes chez les animaux détenus sur des sols en asphalte coulé. La pourriture du talon était plus rare sur les caillebotis en béton. Dans les exploitations avec sortie au pâturage, Dermatitis digitalis était présent chez un plus petit nombre d’animaux. S’agissant du comportement des animaux, la préférence doit être donnée aux sols non perforés recouverts d’un revêtement en caoutchouc. Pour ce qui est de la santé des onglons, aucun des trois types de sols étudiés ne s’est nettement distingué des deux autres.

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Actualités

Moem C dm i e un nmi iqtut é e isl ud ne gperne s s e

www.agroscope.admin.ch/communiques 30.08.2010 /ACW Bien fertiliser les épinards les rend meilleurs pour la santé Un légume insuffisamment approvisionné en soufre présente une coloration pâle. Les spécialistes de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW viennent en outre de démontrer que, dans le cas de l'épinard, une carence en soufre se traduit par une teneur inférieure en lutéine et en bétacarotène, des phytocomposants qui contribuent à la prévention de maladies des yeux.

27.08.2010 /ART Miss Jachère est bernoise Les jachères florales et les jachères tournantes sont des parcelles semées spécialement et remplies de fleurs. Elles stimulent la diversité des espèces végétales et animales. Aujourd’hui, la plus belle d’entre elles vient d’être couronnée.

24.08.2010/ACW Quand la vigne peut nous faire du bien en tuant ses ennemis Des nouveaux cépages, résistants au mildiou, à l’oïdium et à la pourriture, sélectionnés par la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, permettent de diminuer le nombre de traitements phytosanitaires contre ces parasites. Ces cépages se défendent naturellement en produisant des composés toxiques pour les champignons, mais supposés bénéfiques pour la santé humaine et qui se retrouvent dans les vins : ils auraient une action préventive contre les maladies cardio-vasculaires et le cancer.

22.07.2010/ART Une prairie de Soleure fournit des données pour étudier le changement climatique Les écosystèmes naturels et agricoles peuvent contribuer à renforcer le changement climatique. En effet, plus il fait chaud, plus ils émettent de CO2 et plus ils renforcent l’effet de serre. Pourtant, une étude montre aujourd’hui que l’émission de CO2 des forêts et des prairies de la planète n’est que peu modifiée par la hausse des températures.

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06.07.2010/ACW Les plantes ne sont pas des souvenirs de vacances! Ca serait joli dans le jardin, non? Les touristes ramènent facilement à la maison des plantes vivantes ou des boutures de leur lieu de vacances, sans réfléchir aux conséquences. Pourtant, de nombreuses espèces font l’objet de restrictions, voire d’interdictions d'importation, pour éviter l’introduction de maladies végétales en Suisse. Les spécialistes de l'inspectorat phytosanitaire de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW recommandent donc de renoncer à ramener des végétaux comme souvenir.

05.07.2010/ACW L'ambroisie va bientôt fleurir: il faut l’arracher maintenant! L'ambroisie peut pousser dans un jardin, au bord d'une route, dans un champ ou un pré. Bientôt, cette plante originaire d'Amérique du Nord va produire son pollen potentiellement allergène en Suisse. Afin d'enrayer la prolifération de l'ambroisie, les spécialistes de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW appellent à l'arrachage de cette plante exotique dans le cadre de la stratégie de lutte.


Actualités

LNieeunes II nn tt ee rr nn ee tt l i n k s

AGROMETEO: prévision et gestion des risques pour l'agriculture www.agrometeo.ch La plate-forme www.agrometeo.ch d’Agroscope met à disposition des données climatiques et météorologiques locales pour les agriculteurs, de même que des informations utiles pour gérer les problèmes phytosanitaires en grandes cultures, arboriculture et viticulture.

Dans le prochain numéro Octobre 2010 / Numéro 10 Femelles de l’espèce Hoplitis adunca butinant des fleurs de ­vipérine commune (Echium vulgare). Les abeilles sauvages sont d’indispensables pollinisatrices de la flore sauvage et cultivée. Elles sont ainsi d’une grande utilité sur le plan écologique et économique. Cependant, la moitié environ des 600 espèces d’abeil­les sauvages présentes en Suisse sont menacées.

••De courtes distances entre sites de nidification et zones de butinage favorisent la richesse de la faune d'abeilles sauvages, A. Zurbuchen et al. ETH Zürich ••Evaluation du risque des produits phytosanitaires pour l’écosystème aquatique, K. Knauer et al. BLW ••Traitements pour améliorer l’efficacité de l’azote du lisier, C. Bosshard et al. ART ••Matière grasse et composition en acides gras des fourrages conservés, Y. Arrigo ALP ••Influence des déjections bovines sur les pertes par lixiviation sous un gazon de graminées, J. Troxler ­ et al. ACW ••Actualité des programmes de recherche d’Agroscope, U. Bütikofer et M. Lobsiger ALP; A. Crole-Rees ACW et C. Flury ART ••Liste 2011-2012 des variétés recommandées de plantes fourragères, R. Frick, M. Bertossa ACW et D. Suter, H. U. Hirschi ART

V earnainf se tsat lattui o M nn g se n

Septembre 2010 16.09.2010 Agrarökonomie Informationstagung Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen 16. – 19.09.2010 Equus helveticus 16 - 19 septembre / Journées familiales, Haras national suisse, 17 – 19 septembre 2010 Haras national suisse HNS Avenches 28.9.2010 Journée d'information ALP 2010 Agroscope Liebefeld-Posieux ALP + Agridea Lausanne Posieux Novembre 2010 24.11.2010 Ökobilanzen in der Landwirtschaft, ein Wegweiser zur Nachhaltigkeit - Abschlusstagung Projekt ZA-ÖB Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Reckenholz 25. – 29.11.2010 Agroscope à l’AGRAMA «Analytique pour une agriculture saine» Stations de recherches Agroscope ACW, ALP et ART Berne Décembre 2010 2.12.2010 Bioforschungs-Infotag Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Yverdon 9.12.2010 Bioforschungs-Infotag Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Arenenberg 9.12.2010 Aktuelles aus der Aromaforschung Agroscope Liebefeld-Posieux ALP Liebefeld

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

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AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe

Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique: Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch

VEAU

NOU

Commandez un numéro gratuit! Nom / Société Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école suisse d’agronomie de zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Department of agricultural and foodscience. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch

Mardi, 28 septembre 2010

Journée d’information ALP 2010

Les thèmes de la journée seront les suivants: • Métabolisme énergétique des vaches au pâturage • Streptococcus uberis – un nouveau germe problématique en production laitière? • Influence des ensilages ou du foin humide sur la qualité des ali ments pour animaux, la consommation des vaches, la production laitière et la qualité du fromage • Actualités sur la production de lait de brebis et de chèvre en Suisse • Efficacité de différents traitements antibiotique dans la préven tion de la pneumonie chez les veaux à l’engrais lors de leur mise en étable • Un intervenant invité de l’INRA: Lactation et reproduction

DÉVELOPPE M ENT DE L’AGRICULTURE ET DE L’ESPACE RURAL

rappel

sont-elles conciliables chez la vache laitière? Résultats d’essais en systèmes pâturants, avec des vaches de races Holstein et Normande • Observatoire de la tendreté de la viande bovine en Suisse: première collecte d’échantillons Lieu: ALP salle de conférence, Tioleyre 4, 1725 Posieux Inscription: Immédiatement: Agridea, cours, Jordils 1, 1000 Lausanne 6, www.agridea.ch www.agroscope.ch Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra ALP fait partie de l'unité ALP-Haras

Département fédéral de l'économie DFE Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP


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