Agriculture du Maghreb N°131 Novembre 2020

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Plein champ

Fertilisation de la pomme de terre En culture de pomme de terre, les pratiques de fertilisation influent grandement sur le rendement et la qualité de la récolte. Le raisonnement des apports doit intégrer des contraintes multiples telles que les besoins de la culture, le passé de la parcelle, les conditions pédo-climatiques, ... La pomme de terre crée son système racinaire et sa surface foliaire en deux mois. L’exploration par les racines se limite aux 60 premiers centimètres de profondeur du sol, pourtant la plante mobilise des quantités importantes d’eau et d’éléments nutritifs. Dans sa période de croissance végétative, la pomme de terre mobilise des quantités importantes d’azote et de potassium. Elle a besoin également de phosphore, de soufre, de magnésium, de calcium et d’oligo-éléments qui interviennent sur la tubérisation, la productivité et la qualité de la récolte. Azote La fertilisation azotée constitue un enjeu majeur de la conduite de la pomme de terre. Ses effets sont multiples sur le rendement, la qualité des tubercules ainsi que sur le plan environnemental au travers de la quantité d’azote minéral restant dans le sol à la récolte. Lors de l’élaboration du programme de fertilisation azotée, il faut prendre en considération de nombreuses considérations : ►Assurer un rendement satisfaisant, en couvrant les besoins de la culture ► Obtenir des tubercules dont la qualité de présentation, la qualité culinaire

et la qualité sanitaire satisfont aux exigences du marché : - Adapter la dose d’azote apportée au débouché envisagé (la proportion de gros calibres augmente avec la dose d’apport jusqu’à la dose optimale qui maximise aussi le rendement total, alors que la teneur en matière sèche diminue), - Eviter les excès d’azote qui favorisent les accidents physiologiques (cœur creux, repousse), qui entraînent la production de tubercules immatures (peau peu résistante, faible teneur en matière sèche et taux de sucres solubles élevé) et des teneurs élevées en nitrate. L’excès en azote peut également retarder la tubérisation au profit de la croissance foliaire, en plus de diminuer la qualité des tubercules et de rendre le défanage plus difficile. ► Limiter les risques de fuite du nitrate vers les eaux superficielles et profondes, en adaptant la dose de fertilisant azoté aux besoins de la culture et aux fournitures du sol. De la nutrition azotée dépend en partie la durée du cycle végétatif, et donc la maturité de la culture de la pomme de terre. La croissance des parties aé-

riennes est en bonne partie dépendante de l’azote disponible dans le sol ainsi que de l’apport d’engrais azoté. Néanmoins, si cette croissance est trop importante, elle se fait au détriment de l’allocation des assimilats vers les tubercules. Par ailleurs, un feuillage trop développé peut favoriser le développement de maladies. A contrario, un stress azoté peut provoquer une diminution importante de la croissance des parties aériennes, compromettant pour la suite les possibilités de transfert en quantité suffisante vers les tubercules. Il y a donc un optimum autour duquel il est souhaitable de se situer tout au long du cycle de la culture : la quantité d’azote minéral nécessaire et suffisante à la croissance optimale du couvert peut être estimée par la méthode du bilan. Bien choisir la forme à apporter Le choix de l’engrais est important pour optimiser l’itinéraire technique. La pomme de terre a le plus souvent besoin d’apports d’engrais en complément des fournitures du sol pour satisfaire ses besoins nutritionnels. Au-delà de la quantité, le choix de la forme d’engrais revêt une importance particulière pour optimiser la conduite selon les objectifs de production quantitative et qualitative retenus par l’agriculteur. A noter que l’adjonction de certains additifs aux engrais azotés traditionnels pourrait permettre de limiter les pertes lors de l’épandage, un vrai plus environnemental comme économique.

Engrais PK

le positionnement avant tout La pomme de terre est une des cultures les plus exigeantes en potassium et en phosphore, à la fois pour assurer son rendement et pour accéder à certains critères qualité (pour le potassium surtout). Une bonne alimentation en potassium améliore la résistance aux endommagements, diminue la sensibilité au brunissement enzymatique et au noircissement après cuisson, et diminue la teneur en sucres réducteurs 66

Agriculture du Maghreb N° 131 - Novembre 2020

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