Désherbage de la betterave à sucre
Pour un meilleur rendement et qualité
Quand le traitement des mauvaises herbes est effectué avant que le feuillage de la betterave ne couvre les lignes, l’agriculteur peut s’attendre à un meilleur rendement en tonnage et en qualité.
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La betterave à sucre est l’une des plantes les plus sensibles à la présence des mauvaises herbes. Leur présence dans un champ est nuisible non seulement à cause de la concurrence vis-à-vis des éléments minéraux, de l’eau, de la lumière et de l’espace, mais également par le fait qu’elles peuvent héberger des insectes nocifs, des champignons et des virus pouvant entrainer de lourdes pertes. Les études menées dans les différents périmètres irrigués du Maroc indiquent que les dommages dépassent les 85%. Si aucune mesure de lutte n’est prise, notamment lors des premiers stades de la betterave à sucre qui sont généralement les plus sensibles, les pertes économiques peuvent même aller jusqu’à 100%.
n effet, pour la betterave à sucre, tout peut se jouer pendant les premières semaines après le semis. Cette période correspond à la levée de la majorité des adventices qui entrent rapidement en concurrence avec la culture à un moment où sa croissance est très lente et la fermeture de ses lignes trop tardive. Le développement des adventices doit être contrôlé au moins jusqu’au stade 6 feuilles et avant que le feuillage de la betterave ne couvre les lignes. Si les mauvaises herbes arrivent à prendre le dessus sur la culture, le désherbage deviendra plus difficile et plus coûteux, imposant le recours à beaucoup de main d’œuvre. Les pertes seront importantes non seulement au niveau du rendement mais aussi de la qualité (teneur en sucre). Les adventices contribuent par ailleurs à constituer un important stock grainier dans le sol
- les dicotylédones sont plus compétitives que les graminées - les espèces annuelles à port érigé sont plus compétitives que celles à port rampant - les espèces à port haut sont plus compétitives que celles à port bas.
Stratégie de lutte
Le désherbage manuel Utilisant une main d’œuvre occasionnelle ou familiale, il présente plusieurs handicaps liés à : - son efficacité très limitée, - son coût élevé - le manque de disponibilité des ouvriers, - des dégâts sur la culture (piétinement et non distinction entre adventices et plantules de la betterave), - des interventions relativement tardives.
Il est très important de mettre en place une stratégie de désherbage avant et après l’installation de la culture. Il faut tout d’abord établir un inventaire de la flore adventice existante (voir encadré) qui servira à l’élaboration d’un programme de lutte approprié. Elle permettra ainsi de choisir les produits de traitement adaptés et de déterminer les espèces à combattre en priorité. En effet, selon leur nature, les espèces adventices ne présentent pas le même degré de danger pour la culture : - les vivaces sont plus compétitives que les annuelles 86
Agriculture du Maghreb N° 131 - Novembre 2020
La lutte contre les mauvaises herbes peut commencer avant l’installation de la culture par 1 ou 2 passages superficiels de herse à quelques jours d’intervalle. Cette opération a pour but de détruire les adventices en germination. En effet, dans le cas de rotations trop courtes, les espèces adventices salissantes (produisant en fin de cycle une grande quantité de semences), laissent un important potentiel d’infestation dans le sol qui assure la colonisation rapide du champ dès les premières irrigations des jeunes betteraves.
Types de désherbage
La lutte chimique Elle présente l’avantage de la rapidité de son exécution, de la précocité des interven-
tions et assure une meilleure préservation de la culture et sa croissance. C’est donc la méthode qui présente le plus d’intérêt pour l’agriculteur. Cependant, il faut tout de même signaler ses effets sur l’environnement et sa possible phytotoxicité. En plus, elle doit
L
es adventices de la betterave à sucre se répartissent essentiellement en quatre groupes : - Groupe des graminées annuelles comme les repousses de blé ou de maïs, les ivraies (Lolium rigidum, Lolium multiflorum), l’avoine stérile (Avena sterilis), les alpistes (Phalaris brachystachys, P. minor, P. paradoxa), le pâturin annuel (Poa annua), le polypogon (Polypogon monspeliensis), etc. - Groupe des dicotylédones annuelles comme la bette à gros fruits (Beta macrocarpa), le coquelicot (Papaver rhoeas), la moutarde des champs (Sinapis arvensis), la chicorée (Cichorium intybus), les chénopodes (Chenopodium album, C. opulifolium, C. murale, C. vulvaria), l’émex épineux (Emex spinosa), les mauves (Malva parviflora, M. nicaeensis), l’aneth des moissons (Ridolfia segetum), le torilis (Torilisnodosa), l’ajouan (Ammi majus), le cure dents (Visnaga daucoides), etc. - Groupe des vivaces comme les liserons (Convolvulus arvensis, C. althaeoides), le souchet (Cyperus rotundus), le chiendent (Cynodon dactylon), le sorgho (Sorghum halepense), la morelle (Solanum elaeagnifolium), le gouet (Arisarum simorrhinum), etc. - Groupe des plantes parasites comme www.agri-mag.com la cuscute.