Technique
La nutrition hydro-minérale de la
Carotte
Sur un sol bien travaillé la satisfaction des exigences d’une culture de carotte en eau et en éléments fertilisants conditionne l’obtention de la récolte désirée par le producteur : quantité produite, qualité commerciale, rentabilité, calendrier, … Les apports optimaux d’eau et d’engrais aux moments les plus adéquats, sont à même de garantir la satisfaction du producteur, des circuits de commercialisation et du consommateur tout en contribuant à la protection de l’environnement et la préservation du sol pour les cultures suivantes.
IRRIGATION
L’irrigation de la carotte est indispensable dans la majorité des situations afin d’optimiser les résultats de la culture. Les effets positifs de l’irrigation sont nombreux : - Augmentation du taux de germination notamment en périodes chaudes ou sèches, - Temps de germination raccourcis avec une meilleure homogénéité des plantules, - Réduction du problème de croûte de battance (durcissement du sol en surface), - Amélioration de rendement avec des gains significatifs sur la longueur et le diamètre des racines, - Meilleure qualité racinaires avec une amélioration de la lissitude des carottes. Attention : l’excès d’irrigation peut entrainer des conséquences néfastes pour la culture : - Eclatements des racines, - Développement de problèmes sanitaires : Cavity spot, Alternaria radicina. Dans le choix de la parcelle il ne faut pas négliger la qualité de l’eau d’irrigation. En effet la carotte est une culture sensible à la salinité. Une eau chargée avec un taux de salinité élevé peut affecter la germination, le rendement et la qualité. La conduite de l’irrigation est réalisée en fonction des différents stades de développement de la carotte, de la capacité de rétention du sol, des
conditions climatiques, etc. Ainsi, le sol doit être bien humidifié avant le semis. Après le semis, on réduit l’apport d’eau afin d’éviter les maladies et la pourriture des graines. Ensuite, un ou deux légers arrosages peuvent être effectués durant la période de levée afin que celle-ci soit homogène et accélérée. Après la levée, le sol doit toujours être à sa capacité au champ car tout déficit hydrique est suivi d’une perte de rendement. Par ailleurs, une alternance humidité-stress hydrique provoque la fissuration des racines. Sur le plan de la qualité, une irrigation bien menée favorise la bonne coloration des racines alors qu’un excès d’eau, résultant d’une irrigation impropre ou d’une mauvaise structure de sol (mal travaillé) provoque la mal-coloration et la forme fourchue des racines. Le manque d’eau est particulièrement préjudiciable à deux périodes du cycle : - Au cours de la levée : tout déficit hydrique réduit le pourcentage de germination et allonge la durée de levée. Il entraîne aussi des hétérogénéités entre plantes qui persisteront jusqu’à la récolte, et perturbe la descente de la racine. - Lors du développement végétatif, le stress hydrique peut stopper la croissance des feuilles et des racines. Cet arrêt de croissance est rattrapable en cas de culture à cycle long (grosse carotte) ou s’il survient avant les 3 dernières semaines précédant la récolte des jeunes carottes. Cependant, les à-coups dans l’alimentation hy-
drique provoquent des éclatements de racines. L’irrigation localisée présente un grand intérêt par rapport à l’irrigation gravitaire ou par aspersion et doit être assurée tout au long du cycle. Cependant, après la levée des graines, pour engendrer un allongement du pivot, il est conseillé de réduire progressivement la durée d’irrigation journalière. Quand la longueur souhaitée est atteinte (20-25cm), il faut augmenter les irrigations progressivement. Il ne faut surtout pas arrêter les irrigations ou les reprendre brusquement. Cette pratique courante, peut engendrer des défauts de formation de la racine et surtout une racine moins lisse « annelée ». La fréquence des irrigations et la quantité d’eau à apporter est très variable en fonction de type de sol, des précipitations et du stade de la culture. Mais globalement, les besoins en eau de la carotte se situent entre 350 et 400 mm pour tout le cycle, soit 3 à 5 mois avec un nombre de 25 à 30 irrigations sur toute la période de culture normale. Or force est de constater que pour certains producteurs, notamment dans la région de Berrechid, les apports en eau de la carotte peuvent atteindre 2.000 mm, soit 20.000 m3 par hectare, en raison de la durée supplémentaire pour la conservation des carottes dans le sol et l’échelonnement de la commercialisation (pratique courante) et de l’utilisation non rationnelle de l’eau même avec le recours à la micro irrigation. En outre, 1 kg de carotte nécessite 6 litres d’eau pour le lavage en sol lourd.
Indications pour le calcul des besoins en eau
Les quantités d’eau utilisées quotidiennement varient selon le coefficient cultural (Kc) qui varie selon la phase de croissance de la culture : - Germination : Kc = 0,3 - 4 feuilles : Kc = 0,5 - De 4 feuilles au stade racine à 10 mm de diamètre : Kc = 0,7 - Du stade racine à 10 mm de diamètre à la récolte : Kc = 1
Etalement des besoins en eau sur le cycle
Les besoins en eau de la carotte se répartissent sur 4 périodes : 40
Agriculture du Maghreb N° 128 - Juin 2020
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