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Regard Botanique
• Regard botanique sur la prise de substances psychotropes.
• Introduction
Les plantes à propriétés psychoactives prouvent que les états de conscience chamaniques peuvent avoir une base physiologique. Mais, comme pour les percussions et la danse (ou le jeûne et la privation de sommeil), la cause n’explique ni le contenu ni l’attrait affectif de ces états. Bien qu’il existe des plantes psychotropes partout sur terre, on en fait le plus grand usage dans les nouveaux mondes comme le continent américain et certaines régions de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique. Pour les chamanes, les plantes sont en réalité des maitres-esprits et, en les consommant, ils s’approprient les différentes qualités de l’esprit. Le réel que révèle alors la substance psychoactive est une réalité sociale commune à toute la communauté. La consommation d’espèce végétale psychotropes offrira alors aux membres d’une communauté la possibilité de partager un champ de vision commun.
Avant le XVIIe siècle, il n’existait en botanique ni classification ni nomenclature logique généralement acceptées. Dans les divers pays d’Europe, on connaissait les plantes sous leur nom populaire, les savants utilisant des périphrases latines souvent lourdes.
Vers le milieu du XVe siècle, l’invention de l’imprimerie permit la publication d’un certain nombre d’ouvrages botaniques consacrés aux plantes médicinales.
Entre 1470 et 1670, la botanique et la médecine s’affranchirent des anciens principes de Dioscoride et des autres naturalistes de l’Antiquité́, qui avaient régi la science pendant près de mille six cents ans.
Mais il fallut attendre le XVIIIe siècle pour que Carl von Linné, médecin et naturaliste suédois, professeur à l’université d’Uppsala, mit au point le premier système de classification scientifique et de nomenclature des plantes, dans son monumental Spicies Plantarum de 1.200 pages, publié en 1753.
Parmi les centaines de substances chimiques composant une plante, une ou deux, tout au plus une demi-douzaine, sont à l’origine de ses effets psychotropes.
On ne connait pas encore la fonction spéciale que ces substances occupent dans la vie de la plante et il existe plusieurs théories à ce sujet : la plupart des éléments psychotropes propres à ces végétaux contiennent de l’azote, et l’idée a été émise qu’il s’agissait peut-être de déchets du métabolisme comme l’acide urique dans les organismes animaux, déchets par lesquels est éliminé l’excèdent d’azote. D’après cette théorie, toutes les plantes devraient contenir de tels composants azotés, or ce n’est pas le cas. Autrement, bien des substances psychotropes sont toxiques à haute dose : il a donc été suggèré qu’elles servaient à protéger les plantes des animaux. Cette théorie n’est pas plus convaincante, car de nombreuses espèces toxiques sont en fait consommées par des animaux insensibles à ces poisons. Nous nous trouvons donc devant l’une des énigmes non résolues de la nature.
Il existe nettement plus de plantes hallucinogènes que celles utilisées par l’homme. La flore du monde comprend environ un demi-million d’espèces, mais on n’en connait qu’une poignée utilisée comme inébriants. Rares sont les régions du globe où il n’existe pas au moins une plante psychotrope jouant un rôle important dans la vie des habitants.
• Les psychotropes communs dans les cultures mélanésiennes :
La Mélanésie est une région insulaire composite de l’océan Pacifique peuplée par de nombreuses populations. Elle abrite de nombreuses espèces végétales diverses et uniques, dont certaines ont des propriétés psychotropes stimulantes et hallucinogènes. En voici quelques exemples :
• Le bétel (Areca catechu) implique deux plantes : une pipéracée, Piper betle, et une arécinée, l’Areca catechu. Ces deux phanérogames1 ont des caractéristiques morphologiques bien différentes. Le bétel est le nom donné à la mixture aux caractéristiques psychotropes brumeuses composée d’une noix d’arec, d’une feuille de poivrier nommé bétel et de chaux.
Le Piper betle, ou bétel, est une plante grimpante qui pousse précisément dans les endroits plantés d’arecs. C’est une liane, vraisemblablement originaire de Java, qui pousse dans les zones humides de l’Asie orientale et du Sud-Est. Cette plante aux tiges ligneuses et rampantes qui portent de nombreuses racines adventives, aux feuilles obovales et lisses et aux petites fleurs dioïques a été l’objet, de nombreuses tentatives de culture commerciale, surtout au début du XXe siècle. Les feuilles du Piper betle contiennent une huile essentielle volatile, isolée par Kemp en 1885, et qui traitée par la potasse donne un phénol antiseptique puissant connu sous le nom de « chavical ». Selon le Hitopadesha (un texte indien ancien), la feuille de bétel possède treize propriétés : elle est acide, amère, échauffante, douce, salée, astringente ; elle chasse les gaz, le phlegmon, les vers, elle dissipe la mauvaise haleine, nettoie et embellit la bouche et excite les sensations voluptueuses.
L’aréquier (Areca catechu), parfois surnommé palmier à bétel, est très commun dans les contrées méridionales de la Chine, en Indonésie et Nouvelle-Guinée.
Sa tige annelée, mince et élancée peut atteindre jusqu’à 25 mètres de hauteur. Sa cime est couronnée par un panache de feuilles pennées. Les fruits sont des baies ovoïdes de la grosseur d’un œuf et jaune rouge ; ils renferment une brou fibreuse et une amande qui, débarrassée de son péricarpe, constitue la noix d’arec, dure, cornée, marbrée de blanc et de brun.
Le fruit non mûr est laxatif et carminatif. En revanche, très frais, il a des propriétés toxiques et produit ivresse et vertige. Les fruits secs s’emploient pour modérer la respiration. La poudre d’arec torréfiée constitue en outre un excellent dentifrice. L’arec contient environ 15 % d’une substance tannique et 14 % de matière grasse, des colorants et plusieurs alcaloïdes, en particulier l’arecolina, qui est le principe actif du masticatoire consommé.